w
StCf 3t':Movo,^~P'3&
TORONT
TORONTO PUbLKÎ LIBI
cLjg^RV.
Référence Department.
THIS BOOK MUST NOT BE TAKE.N OUT OF THE ROOM.
MAY ZZ 1922
P O LY B I B L. I O N
BIBLIOGRAPHIQUE UNIVERSELLE
Janvier 1909. T. CXV. 1.
RENNES
IMPRIMERIE POLYGLOTTE FR. SIMON
POLYBIBLION
i'I
REVU K
BIOlJOGllAPlllûlIE IJNIVI^^IISELLE
PARAISSANT TOUS LES MOIS
PARTIE LITTÉRAIRE
(CliNT-yLlNZlliMlC Dli LA COI.LKCJIOn)
//"f-- //é
PARIS (71
AUX BUREAUX DU P0LYBIBL.10N
S, RUE DE SAINT-SIMON, 5
1909
I007
MA\ -i z IWi
POLYBIBLION
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE UNIVERSELLE
DERNIÈRES PUBLICATIONS ILLUSTREES
i.La Côte d'Azur russe {Riviera du Caucase), voyage en Bussie méridionale, au Caucase
occidental et en Transcausasie (Mission du gouvernement russe, 1903), par E. A.
Martel. Paris, Delagrave, s.d. (1909) ,gr. in-8 de 358 p., avec 388 gravures, 34 plans
et coupes et 1 carte en couleurs. Broché, 10 tr. ; relié, 15 fr. — 2. Autour de l'Afgha-
nistan {aux Frontières interdites), par le commandant de Bouillane de Lacoste.
Paris, Hachette, 1908, gr. in-8 de xxvi-223 p., avec 120 illustr. hors texte et 5 cartes.
Broché, 12 fr. ; relié, 19 fr. — 3. Sur les grandes routes de l'Asie Mineure. Les Par-
cours ferrés de la péninsule ,\>d.v Jean de Nettancourt-Vaubecourt. Paris, Leroux,
1908, gr. in-8 de 56 p., avec 40 planches offrant un choix des principales perspec-
tives.et 1 carte, 12 fr.— 4. Les M l'croèes, par le D'' P.-G. Charpentier. Paris, Vui-
bert et Nony,1909, gr. in-8, de vi-355 p., contenant de nombreuses gravures. Bro-
ché, 10 fr.; relié toile, fere spéciaux, tr. dorées, 14 fr. — 5. Au Pays des Binious,
par G. Sevrette. Paris, Cohn, 1909, in-18 de 251 p., illustr. de José Roy; relié
toile, tr. dorées (Bibliothèque du « Petit Français »), 3 fr. — 6. Le Mois littéraire et
pittoresque. T. XIX et XX. 10« année. Paris, VHP, 5, rue Bayard, 1908, 2 vol.
in-8 de chacun 768-192, plus des morceaux de musique paginés 1-96 et répartis
■par moitié dans chaque volume, illustré d'un nombre considérable de gravures.
Brochés, France, 12 fr.; Étranger, 14 fr. Reliés toile, plaque spéciale, tr. dorées,
17 fr. — 7. Les Veillées des chaumières, journal hi-hebdomadaire illustré. 31"^ année
(1907-1908). Paris, Henri Gautier, in-4 de 844 p., avec de nombreuses grav. Broché,
6 fr. ; cartonné toile, 7 fr. 50. — 8. La Poupée modèle. Revue des petites filles (men-
suelle). 45« année. Paris, 52, rue Saint-Georges, 1908, gr. in-8 de 292 p., avec de
nombreuses gravures en noir dans le texte et des planches en couleurs et en noir.
Paris, 7 fr. ; Seine, 8 fr. ; Province, 9 fr. ; Union postale, 11 fr.
Fin d'étrennes : la fête passée, adieu le saint, dit-on. Mais les volu-
mes retardataires que nous allons examiner conviennent à toutes
fins. Donc, ne leur reprochons pas d'enriver slu Polybiblioii avec l'op-
portunité des carabiniers d'Offenbach.
1. — Invité à la fin de l'année 1902, par le ministre de l'agriculture
et des domaines de Russie, M. A.-S. Yermoloff, à entreprendre au
Caucase occidental un voyage d'études géographiques, et particu-
lièrement de recherches hydrologiques relatives à la mise en valeur
du littoral nord-oriental de la Mer Noire, M. E.-A. Martel a visité,
du mois d'août au mois de novembre 1903, la Côte d'Azur russe
(Riviera du Caucase). Plus heureux que M. Jean Carol, qui, dans les
Deux routes du Caucase, constatait naguère parcourir ce pays « quel-
ques années trop tôt », M. Martel l'a vu à un moment particulièrement
favorable, alors que les voies d'accès étaient créées, et que, cependant,
il restait encore, en dépit des travaux des différents voyageurs, de
véritables découvertes à effectuer. De là le caractère mixte du rapport
que vient de publier l'auteur sous le titre que l'on a inscrit plus haut;
ici, M. Martel, trouvant un travail Men fait par ses devanciers, s'est
borné à contrôler les affirmations de ses prédécesseurs, à les complé-
t M' s'il y avait lieu, à les rcctifici' à l'occasion; là, au conti'airp, où rien
n'existait encore, il a vraiment exécuté œuvre d'explorateur, et non
pas seulement de touriste intelligent, mais de véritable explorateur
scientifuiue. Ainsi, nulle part, à proprement parler, la Côte d'Azur russe
n'est une pure et simple compilation, et c'est très souvent un livre
neuf et véritablement original, grâce aux observations recueillies
par M. Martel au cours de sa mission d'études au Caucase. Peut-être
un ouvrage de cette sorte semblera-t-il, à première vue, peu fait pour
un autre public que le public spécial des géographes et des savants;
ce serait mal connaître l'auteur que de s'arrêter longtemps à une
telle pensée; dans sa description de la « riviera du Caucase », M. Martel
a apporté les mêmes qualités de charme et de séduction, de poésie et
de style que dans ses ouvrages sur les Cévennes et sur l'Irlande et les
Cavernes anglaises, de telle sorte qu'on éprouve un plaisir extrême à
le suivre dans les différentes étapes de son voyage à travers la Russie
méridionale, le Caucase occidental et la Transcaucasie. Une énorme
quantité d'excellentes gravures établies d'après les photogi-aphies
recueillies en cours de route, des plans et des coupes, une belle carte
en couleurs à l'échelle de 1 : 420.000e, (pourquoi n'avoir pas dressé
une table de ce véritable album du Caucase occidental?) permettent
au lecteur de suivre ^I. E.-A. Martel dans ses pérégrinations et de se
faire une idée des pays qu'il a visités. Ainsi se trouve constitué, de
manière très habile, un remarquable exposé général, très ins-
tructif et très attrayant, de cette contrée encore neuve, à laquelle
M.Martel prédit un très brillant avenir. Ainsi la Côte d'Azur russe est
ce que l'a voulu son auteur, un tableau d'ensemble delarégion étudiée,
« une mise au point générale, une condensation documentaire et, par
•places, un complément de ce qu'on a dit jusqu'à présent » ; mais
c'est encore, — ce que ne dit pas M. Martel, — une œuvre géographi-
que excellente, qui fait grand honneur à son auteur et à la science
française, et qui restera.
2. — Comme l'Afrique, l'Asie a ses admirateurs, nous dirions même
volontiers ses fanatiques, parmi lesquels il convient de placer le com-
mandant de Bouillane de Lacoste. Cinq fois déjà ce voyageur a par-
couru des contrées différentes de l'Asie, débutant (suivant une heu-
reuse expression de M. Georges I^eygues) par la tâter sur ses confins,
en Indo-Chine, en Chine, en Mandchourie, en Sibérie, avant d'entre-
prendre l'étude de ses régions internes. Cette étude, c'est seulement
dans son plus récent voyage, dans son excursion Autour de l'Afghanis-
tan, qu'il l'a commencée. — Il est actuellement impossible, on le sait,
de pénétrer sur les terres placées sous la dépendance de l'émir de
Caboul et d'en faire une étude quelconque; c'est seulement en serrant
d'aussi près^que possible leurs frontières infranchissables (de là le
sous-titre du livre du commandant de Lacoste, « aux Frontières inter-
dites ») qu'il a quelque chance de se renseigner sur cette contrée mys-
térieuse et attirante qui s'appelle l'Afghanistan. Recueillir des données
nouvelles et précises sur la situation politique et économique des pays
fermés à l'exploration européenne, voilà, plus encore sans doute que
l'étude des régions qu'il traversait, ce dont s'est préoccupé le com-
mandant de Lacoste, au cours du voyage qu'il a accompli du 19 mai
1906 au 11 janvier 1907, de Mesched à Mesched, en suivant la voie
ferrée d'Askhabad à Andidjan, puis en traversant le Pamir, le petit
Thibet et le Kachemir pour pénétrer dans le bassin de l'Indus, d'où,
à travers le Béloutchistan et la Perse, il a regagné son point de départ.
N'était-il pas naturel qu'il en fût ainsi? D'ailleurs nous aurions mau-
vaise grâce à nier qu'au point de vue géographique même le volume
du commandant de Lacoste, accompagné de superbes illustrations
gravées d'après les photographies du voyageur, présente de l'intérêt;
mais c'est surtout et presque exclusivement un récit anccdotique du
voyage.
3. — Entre la Mer Noire et la Méditerranée extrême-orientale, baignée
du côté de l'ouest par les mers de Marmara et de l'Archipel, s'avance
un des pays les plus chers aux amis de l'antiquité comme à ceux des
aspects pittoresques et de l'exotisme, l'Anatolie. Le comte Jean de
Nettancourt-Vaubecourt, à qui noH.is devons déjà un joli voyage
En zigzag, de Singapour à Moscou^ a visité à son tour, après beaucoup
d'autres, cette terre éminemment classique, et en a rapporté des notes,
des impressions et de bonnes photographies dont il a formé un très bel
album. Sur les grandes routes de l'Asie Mineure^ — c'est-à-dire sur les
parcours ferrés de la péninsule : lignes des chemins de fer « ottomans
d'Anatohe » et « de Bagdad », « d'Aïdin » et de « Smyrne-Cassaba » —
tel est le titre de cet intéressant recueil de vues très variées, les unes
pittoresques, d'autres éminemment instructives au point de vue géo-
graphique, — d'autres encore ethnographiques ou archéologiques,
que l'auteur a fait précéder d'une longue et excellente Introduction.
Ce sont d'abord des notions précises sur les multiples aspects de la
géographie physique de la péninsule, sur ses ressources naturelles,
sur les races qui la peuplent et sur leur culture, « sur le passé du
pays et sur les monuments qui en subsistent, enfin sur les voies
ferrées en exploitation, sur la nécessité d'en accroître le nombre et sur
les trajets de voiture ou de cheval susceptibles de compléter leur
parcours. Ainsi se trouve constitué un ouvrage agréable et instructif
tout à la fois, qu'on a plaisir à lir-e et à regarder.
4. — C'est un livre à l'usage des jeunes esprits curieux des choses
de la science et se disposant à la carrière médicale, que celui du
D"* Charpentier intitulé : Les Microbes. Il a semblé à l'auteur que dans
la si'i'ir (les livres destinés aux jeunes gens et leur racontant, les uns
les (léeouvertes de Pasteur, les autres la vie intime du savant, il n'en
était pas qui leur montrât l'histoire de la microbiologie depuis son
origine jusqu'à l'heure actuelle. Il a tenu à combler cette lacune.
De Kà son ouvrage, dont il n'a point voulu, à la vérité, faire un véri-
table traité didactique; il a pris « à sa naissance, et même avant,
chacune des découvertes qui ont trait aux microbes », pour la suivre
dans toutes ses applications, ne faisant appel à la théorie que là où
elle était absolument indispensable pour permettre de mieux saisir
les phénomènes racontés, et évitant le plus possible les considérations
arides. Autant de questions traitées, autant de chapitres groupés sous
trois titres généraux : la science microbienne, les microbes bienfai-
sants, les microbes malfaisants. Chacune d'elles est étudiée avec
soin depuis ses origines les plus reculées, à ce que prétend le D^ Char-
pentier. Mais, il faut le reconnaître, malgré tous les mérites de son
travail, fort bien imprimé et copieusement illustré, d'ailleurs, on peut
y constater maintes lacunes et môme des erreurs : c'est que l'auteur
s'est laissé entraîner par son enthousiasme pour les théories micro-
biennes et son admiration pour celui à qui on en attribue la pater-
nité, et il a un peu trop négligé de remonter aux documents originaux.
Il eût été tout au moins équitable, à propos de la fermentation, de
parler de Béchamp qui fut, il est vrai, un adversaire de Pasteur, mais
a contribué pour une bonne part à établir la théorie des zymases. C'est
même lui qui, le premier, a fait une vérification expérimentale sérieuse
de l'hypothèse qui avait servi à Spallanzani, pour combattre la géné-
ration spontanée. Les idées de Pasteur sur la matière, d'ailleurs, n'é-
taient pas, en 1858, ce qu'elles devinrent plus tard. Le D^" Charpentier
accrédite en outre l'erreur qui attribue au D^ Lister la découverte de
la méthode antiseptique. Nous ne voyons pas non plus ce que le nom
de Pasteur vient faire dans ce chapitre. Le grand savant n'avait fait
avant 1874 aucune recherche sur les affections chirurgicales, et même
alors n'admit-il pas tout de suite les idées d'Alphonse Guérin sur la
pathogénie des maladies. Si ce dernier est, à proprement parler, par
son pansement ouaté, l'inventeur de la méthode aseptique, ce n'est
point à Lister qu'il faut attribuer la méthode antiseptique, mais bien
à un Français, aujourd'hui inconnu de la plupart des médecins, Le-
maire. Il est incontestable que ce savant modeste contribua à affer-
mir la croyance plus ou moins vague dans la pathologie animée, émise
depuis plus de deux siècles, et fut, par son traité de l'acide phénique
(publié en 1862), le véritable promoteur du pansement antiseptique.
Ces réserves faites, on ne peut que recommander le beau livre de
M. Charpentier. Il intéressera vivement à coup sûr les jeunes lecteurs
auxquels il est destiné.
— 9 —
5. — Au Pays des Binious est le récit, écrit dans un style alerte, des
vacances passées en Bretagne par une famille parisienne. Les types
des paysans sont vivants, les aventures des jeunes touristes sont
gaiment racontées et une couleur locale, très vécue, anime toutes les
pages de ce joli volume. Rien de plus moral que le récit: il s'y mêle
des leçons de charité, de bienfaisance et de dévouement, données
sous une forme gaie et intéressante. Peut-être pourrait-on regretter
que l'auteur n'ait pas établi une distinction plus nette entre la foi
profonde et tenace des Bretons et les superstitions qui, dans certains
cas, défigurent cette même foi. Cette légère critique n'empêche pas
que ce joli volume ne soit un livre d'étrennes bon à donner aux jeunes
lecteurs; il leur fera connaître des aspects et des usages qui, grâce
à la circulation fiévreuse de notre siècle, tendent à disparaître.
6. — L'écrivain ou l'homme du monde qui possède la collection
complète du Mois littéraire et pittoresque (vingt volumes ont paru)
dispose vraiment de l'une des plus curieuses, des plus variées et des
plus intéressantes du genre. Mais si chacun ne peut s'offrir d'un seul
coup ce luxe bibliophilique, du moins le prix de l'abonnement à ce
beau périodique est-il abordable pour la plupart des bourses. A
l'usage des coquets en matière de livres, c'est-à-dire pour ceux qui
aiment à caresser une jolie reliure en même temps qu'ils savourent
un texte, la Maison de la Bonne Presse présente annuellement, en
volumes gracieusement cartonnés, les deux derniers semestres écoulés.
Remarquons à ce propos que la première feuille des couvertures des
six livraisons de chaque semestre est conservée et placée en tête des
volumes : idée excellente, car ces couvertures mensuelles sont des
compositions artistiques qu'il serait fâcheux de négliger. Et puisque
nous insistons en premier lieu sur le côté matériel de cette excellente
revue, notons encore le beau papier sur lequel elle est tirée, son élé-
gante impression, enfin — et surtout — admirons franchement l'abon-
dante et magnifique illustration que l'on trouve à chaque page. Le
Mois littéraire et pittoresque apparaît donc à la fois comme un album
et comme un recueil de lectures utiles, agréables, reposantes, instruc-
tives et aussi édifiantes, car, ici, l'idée religieuse, la pensée chrétienne
brillent d'un éclat indiscuté. Jetons à présent, un regard sur le contenu
des deux volumes de l'année 1908. Nos lecteurs comprendront que
le très important ensemble composant ces volumes échappe non pas
à une analyse impossible, mais même à une simple mention générale.
Nous devons, à regret, nous borner; et cependant que de sujets ont
été traités en fait d'histoire, de littérature, de beaux-arts, de sciences,
d'industrie, etc. ! Nous citerons tout d'abord un travail aussi attachant
que vivant, de notre cher et très distingué collaborateur M. Geoffroy
de Grandmaison, sur la France d'il y a cent ans : l'an dernier, il nous
— 10 -
avail (li\i;'i (liiiim- 'un article |)(iilaiil \o mônio titro; mais aujour-
d'hui lo lal)loau s'applique à l'année 1808, alors que précédenimont
il s'a,i>issait do 1807. 11 serait à souhaiter que M. de Grandmaison nous
gratifiât tous les ans d'une étude analogue. Voici maintenant la Cité
fiinhhne. Venise à travers les âges, par M. Léra; Le Château de Chillon
dans la poésie et dans l'histoire, par M. J. Vézère; Le DaupJdn père de
Louis XVI, par M. le baron de Maricourt; En 1815, par M. E. Daudet;
Petite Novice, par M. d'Eseola; Les Cloches de Pâques, par M. J.-P.
Houzey; Un Peintre à la Grande Armée. Le Général Lejeune, par
M. L. Sonolet; Le Salon des refusés du siècle, par M. G. Hue; Le Graduel
Vatican et la Réforme du chant liturgique, par M. A. Gastoué; Au Pays
des KJudifes, par- M. L. Biesor; Londres au temps jadis; jeux et vieilles
coutumes, par M. J. Teincey; En Pays hongrois, par M D. Netterlé;
La Révolution et les savants, par M. A. Acloque; Le Radium serait-il
la pierre philosophale? ; Allain et Vannai par M. Reynès-Monlaur; Cour
de Christmas, par M. L. de Saint-Gall; Québec et Montréal, par M. N.
Aymès; Une Croisade au xvii^ «ècZe,par le même; Canrobert au camp
de Châlons, par M. G. Bapst; Les Salons de 1908, par M. E.-A.; Gustave
Doré, illustrateur, par M. J. Bertaut; Saint-Pierre de Rome, par M.
A. Fabre; Le Canada d'aujourd'hui, par M. J. Lionnet; Versailles,
ses jardins et ses eaux, par .M. d'Argyl ; Un Sé/o-ir à l'île de Ré, par
M. P. Delage; L'Ame de la guerre moderne, par M. H. de Fournay;
Berceau de saint Vincent de Paul, par M. L. Chollet; Le Pays du négus
Ménélik, par M. V. Goedorp; Dans une fromagerie moderne, par M. J.
Boyer; Les Êtres géants de l'époque secondaire, par M. l'abbé T. Moreux ;
Les Étapes de l'aviation, par M. L. de Saint-Fégor. Api'ès cet extrait
écourté, n'oublions pas de rappeler qu'en 1908, 1' « Album musical »
du Mois littéraire et pittoresque ?i été formé de plus de vingt morceaux.
7. — Tout le bien que nous avons dit le mois dernier (p. 506) du
journal illustré l'Ouvrier, nous le pensons également des Veillées des
chaumières. Les deux périodiques se ressemblent d'ailleurs beaucoup :
ce sont deux frères. Romans, contes, nouvelles, variétés, articles de
polémique,poésies,recettes et conseils pratiques se trouvent en si grand
nombre dans Les Veillées des chaumières que nous sommes obligé
de nous borner à citer les seuls romans importants donnés dans le vo-
lume de 1907-1908, qui vient de nous parvenir sous son cartonnage
rouge habituel. A tout seigneur tout honneur. Voici d'abord le Blé
'gui lève, de M. René Bazin. Viennent après : Chérie, par M. Pierre du
Château; Le Collier, par MM. M. \'iignault et R. \'aldor; L'Irrésis-
tible Force, par M"^^ Jeanne de Coulomb; Le Journal dcMadeleine,
par M. André Bruyère; Veuve de quinze ans et le Mari de la veuve,
par jVIn^e B. de Buxy ; Méprise, par M^^e ]\i. Maryan ; La Petite Beauté,
par M. d'Hauterive; Trop cher, par M'"*^ Marie Le Mière et Tâche
— 11 —
reprise, par M. Mario Donal, un bien joli récit que nous espérons bien,
quelque jour, pouvoir relire dans la collection des bons romans de la
librairie Henri Gautier. Tout cela est d'ailleurs très bien illustré.
8. — Rue Saint-Georges, 52, à Paris, s'élaborent, à l'usage des
dames, des demoiselles et même des fillottos, deux périodiques d'âge
respectable qui s'appellent : le premier. Journal des demoiselles et
Petit Courrier des dames (voyez ce qui en a été dit dans notre précé-
dente livraison, p. 503-504), le deuxième, la Poupée modèle. C'est de
ce dernier recueil (année 1908) que nous allons entretenir briève-
ment les papas et les mamans en quête d'abonnements à une revue
pour fillettes. Croiriez-vous que ce gentil périodique mensuel se com-
pose, tout comme le sérieux Polybiblion, qui sait rire cependant à ses
heures, de deux parties, l'une littéraire, l'autre technique. Parfaite-
ment. La partie littéraire offre aux petites lectrices de très jolis récits,
nouvelles ou comédies, où l'idée religieuse s'exprime fréquemment,
nette et franche. Citons, entre autres : La Fée Linotte, par M. Antoine
Alhix; Le Génie du vieux tilleul, par M"^^ Léo ; Mademoiselle, par
Mme Henriette Besançon; Les Mésaventures d'Odette, par Mi"° Mary
Floran ; Du Rêve à la réalité,^Q.Y 'M^^ Aigueperse ; La Guérison de Renée,
par M. de Harcoët, etc. On trouve là aussi des « Tableaux parlants »
destinés, au moyen d'explications fournies dans un numéro suivant,
à familiariser les jeunes esprits avec quelques points d'histoire; des
poésies, des devinettes, des causeries, des recettes^ des conseils. Quant
à ce que nous appellerons la partie technique du recueil, elle consiste
en « Annexes » (planches en couleurs et en noir, patrons en papier et
en étoffe, etc.) a'ccompagnées, dans chaque livraison, d'explications
pour les divers travaux à exécuter. C'est intéressant, moral, chrétien,
instructif, pratique. - Visexot.
ROMANS, CONTES ET NOUVELLES
Romans FA^•TAISISTES. — 1. Vile des Pingouins, par Anatole France. Paris,
Calmann-Lévy (1008), in-18 de xv-419 p., 3 fr. 50. — 2. Le Parasite, par
A. Conan Doyle; trad. par Ai.dert Savine et Georges Michel. Paris, Stoclc,
1909, in-18 de 323 p., 3 fr. 50. — ■ 3. Monsieur Gcndron va au peuple, par
René Thiry. Paris, Plon-Nourrit, 1908, in-16 de 319 p., 3 fr. 56. — 4. Timan-
dra, courtisane d'' Athènes, par le comte Paul d'Abbes. Paris, Ambert, s. d.
(1908), in-18 de 292 p., 3 fr. 50. — 5. La Folle Aventure, par André Lichten-
BERGER. Paris, Calmann-Lévy, 1908. in-18 de 383 p., 3 fr. 50.
Romans-feuilletons. — 6. Après le divorce, par Marie-Anne de Bovet. Paris,
Lemerre, 1908, in-18 de 304 p., 3 fr. 50. — 7. La Jolie Princesse, par Marie-
Anne nE BoYET. Paris, Lemerre, 1908, in-18 de 297 p., 3 fr. 50. — 8. Les
Camp-Volantes de la Riviera, par G. Réval. Paris, Galmann-Lévy, s. d. (1908),
in-18 de 353 p., 3 fr. 50. — 9. Le Maître de la terre, par Robert-Hugh Ben-
son; trad. de l'anglais par T. de Wyzewa. Paris, Perrin, 1908, in-16 de vix-
419 p., 3 fr. 50.
Romans de mœurs. — 10. Chez les heureux du inonde, par Edith Wuarton; trad.
de Charles du Bos. Paris, Plon-Nourrit, s. d. (1908), in-lG di xvi-431 p., 3 fr. 50-
— 12 —
Il Terre fertile, par Pal'I. Samy. Paris, Calmann-Lévy-, 1908, in-18 de 288 p.,
^ f,. 50 12. Les Trois Apôtres, par Gkouges Beaume. Paris, Nouvelle Librairie
nationale s. d. 1908, in-18 de 332 p., 3 fr. 50. — 13. La Vie lorraine. Contes de la
mute et de l'eau, par Emile Moseli.y. Paris, Nouvelle Librairie nationale, s. d.
(1908) in-18 de 179 p-, 2 fr.^ 14. Les Routes de Gascogne, contes et croquis de chez
moi, par Armand Puaviei.. Paris, Nouvelle Librairie nationale, s. d. (1908), in-18
de 179 p., 2 fr. — 15. Miguette de Cante-Cigale, par Emmanuel Delbousquet.
Paris, Nouvelle Librairie nationale, s. d. (1908), in-18 de 180 p., 2 fr. — 16. Mé-
moires d'une iieille fille, par René Bazin. Paris, Calmann-Lévy, 1908, in-18 de
iv-338 p., 3 fr. 50. — 17. /^s« Pages », par Énée Bouloc. Paris, Plon-Nourrit, s. d.
(1908), in-16 de vii-292 p., 3 fr. 50. — \%. Histoire d'une demoiselle de modes, par
Philippe Lautrey. Paris, Calmann-Lévy, s.d. (1908), in-18 de 453 p., 3 fr. 50. —
19. Camille Frison, par André Vernières. Paris, Plon-Nourrit, 1908, in-16 de
x-306 p., 3 fr. 50. — 20. Le Miracle de Courteville, par Jacques Nayral. Paris,
Oaslein-Serge, 1908, in-12 de 357 p., 3 fr. 50.
Romans psychologiques. — 21. Les Détours du cœur, par Paul Bourget. Paris,
Plon-Nourrit, s. d. (1908), in-16 de 383 p., 3 fr. 50. — 22. Le Petit Jardin de dame
Morel, ou Vldole favorite, par Louis Demonts. Paris, Lemerre, 1908, in-18 de
249 p., 3 fr. 50. — 23. Au Cœur de la vie, par Pierre de Coulevain. Paris, Calmann-
Lévy, s. d. (1908), in-18 de 413 p., 3 fr. 50. — 24. VÉpreuve de Julie Faurelle,
par Louis Riballier. Paris, Dujarric, 1908, in-18 de 243 p., 3 fr. 50. — 25. La
Vie secrète, par Edouard Estaunié. Paris, Perrin, 1909, in-16 de 408 p., 3 fr. 50-
Romans fantaisistes. — 1— L'Ile des Pingouins n'est pas une
fantaisie très amusante, mais c'est une polissonnerie d'écolier; et
comme il y a beaucoup d'écoliers en France (il y a tant d'écoles !)
elle se vend beaucoup et peut-être elle se lit. — En voici donc d'abord
l'analyse exacte — et impassible. Il y avait une fois un saint, qui
n'y voyait pas plus loin que son nez. Il prit des oiseaux pour des
hommes et les baptisa. Le baptême était-il valable? La question,
posée par Dieu le Père 'à son conseil de Docteurs et de Clercs, ne put
pas être élucidée. Pour se tirer d'embarras, le Seigneur décida de
changer les oiseaux en hommes, et aussitôt la grâce du baptême
opéra. Les nouveaux chrétiens s'entr'égorgèrent; les plus forts s'adju-
gèrent les femmes et les biens des. plus faibles : et c'est ainsi que la
civilisation commença, que la famille et la propriété furent fondées.
La religion ne tarda pas à prospérer en conséquence : une patronne
nationale fut choisie qui répandit les miracles à profusion sur son
peuple : c'était la nommée Orberose, une courtisane, morte dans
l'exercice de ses fonctions et dont le nom résume tous les mérites. Un
philosophe très malin fit accepter une morale sévère; comme elle était
contraire à la nature, personne ne la pratiqua; mais comme elle était
conforme à l'égoïsme (elle promettait de magnifiques récompenses)
et à la vanité (elle supposait la capacité des vertus qu'elle imposait)
elle fut proclamée intangible, protégée par les gendarmes et enseignée
par les prêtres d'Orbernse. • — Ainsi constituée, la nation pingouine
évolua à travers les siècles. Dans les temps anciens, elle eut de grands
capitaines, qui se faisaient battre aussi souvent qu'ils battaient les
autres, et des rois magnanimes, qui s'assuraient le trône en égor-
— 13 —
géant toute leur famille. Pendant le moyen âge, elle eut des moines
très savants, qui recherchaient tous les manuscrits grecs et latins
pour les effacer et y transcrire les saintes Ecritures, et des artistes
très habiles. — dits primitifs. — qui reproduisaient la nature en l'enlai-
dissant, mais qui amélioraient les âmes et les faisaient retomber en
enfance. La Renaissance remit la nature en honneur et donc rétablit
la paix chez les Pingouins, sinon tout de suite, du moins, quelques
siècles après, lorsque les élus de la nation, ayant proclamé que tous
les hommes étaient frères, envoyaient à la guillotine quiconque se
permettait d'en douter. Les temps modernes n'offrent rien d'inté-
ressant que les deux affaires Chatillon et Pyrot. Chose curieuse, elles
sont point par point pareilles aux affaires connues en France sous le
nom de Boulanger et Dreyfus ! Et chose plus curieuse encore ! elles
furent l'une et l'autre dirigées par les moines ! L'un de ces moines était
le P. Agaric, pédagogue achalandé, conseiller recherché; il était le
confesseur de toutes les dames du faubourg et de tous les officiers
titrés; on le voyait souvent errer à travers les quartiers riches» coiffé
d'un vaste chapeau noir dont les bords étaient pareils aux ailes de la
nuit » (p. 260). Ce fut lui le directeur des deux affaires; un autre
moine, le P. Cornemuse, distillateur et vendeur de la célèbre liqueur
d'Orberose, en fut le caissier. Ils s'étaient proposé de renverser la
République et avaieni choisi, à cet effet, l'émiral Chatillon, un bel
homme, qui avait une barbe blonde, un cheval blanc et pas une idée.
Le choix était habile, les imbéciles étant, en politique, des instruments
parfaits. Le complot n'en échoua pas moins, — par la faute des juifs,
pensa le P. Agaric, qui aussitôt résolut de se venger. Il accu a donc
le capitaine Pyhot d'avoir vendu à l'étranger du foin d'État. L'accu-
sation étant sans preuve fut accueillie avec enthousiasme; et .natu-
rellement elle fut combattue avec autant de passion et sans plus de
preuves. La nation fut partagée en deux camps, les pyrotins et les
anti-pyrotins, qui se déchirèrent l'un l'autre; à la faveur de quoi
les socialistes poussèrent leurs affaires et préparèrent les Temps fu-
turs, c'est-à-dire le « chambardement » général. Un des plus chauds
défenseurs de Pyrot, l'académicien Bidaut-Coquille, celui qui mérita,
après un éloquent discours, d'être embrassé publiquement par
M™e Maniflore, « une vieille cocotte, hors d'usage, devenue grande
citoyenne, qui se jeta à son cou, en lui criant : Vous êtes beau! »
(p. 275), n'a désormais plus d'illusions sur l'avenir. Le progrès maté-
riel continuera sans doute, mais pour augmenter et armer la barbarie
morale. Le machinisme issu de l'intelligence opprimera les intelli-
gences; les trusts feront des milliardaires, trop riches pour jouir même
de leur argent, et des pauvres plus envieux et plus révoltés que ceux
d'aujourd'hui. Le suprême résultat de la civilisation sera la révolte
- li -
des luivricrs de cette civilisulion; une pincéo de la poudre X, — aupi'ès
de laquelle les anciennes dynamites, mclinites et poudres B, n'étaient
que de la pommade — suffira à faire sauter une ville. Et toutes les
villes sauteront en efîet, et là où s'élevaient des Bourses, des Parlements,
des Musées, les temples d'Orberose, l'herbe poussera. Il est vrai que les
Pingouins feront passer la charrue sur ces ruines, et qu'ils les fécon-
deront, et qu'ils élèveront des maisons nouvelles, et de nouvelles
villes, et qu'ils recommenceront la mêm.e œuvre dite de civilisation
pour la détruire quand elle sera achevée, et ainsi de suite, éternelle-
ment, tournant toujours dans le même cercle imbécile, car, au fond,
ils sont des bêtes malfaisantes et stupides, mais immortelles ! — Telle
est cette Ytarodie du Discours sw l'histoire universelle et de l'Esprit des
lois. Elle est un peu longue et un peu lourde; la réfutation, si. on avait
la naïveté de la tenter, en tiendrait plusieurs volumes. J'aime mieux
en faire valoir les mérites, qui ne sont peut-être pas d'un ordre très
relevé, mais qu'il faut savoir apprécier. — Qu'on ne dise pas que la
forme allégorique en est désuète et scolaire, qu'elle n'a plus sa raison
d'être, que si elle était excusable autrefois, au temps des Rabelais et
des \'oltaire, quand la liberté de la satire exposait à la harl ou à la
Bastille, elle ne l'est plus aujourd'hui où l'on no risque rien à tout
dire, et où l'on peut appeler les successeurs des « tyrans » d'autrefois
« dindons », « polichinelles », « traîtres », sans qu'ils paraissent seule-
ment entendre ; ne dites pas cela, esprits frivoles ! La liberté de la
parole et de la pensée n'est pas aussi complète que vous. le croyez;
si elle ne fait pas courir les mêmes risques qu'autrefois, elle en fait
courir d'autres que redoutent beaucoup les âmes sensibles. Un pli
de dégoût aux lèvres d'une femme respectée peut donner « la petite
mort » à un homme délicat. Le droit de tout dire, s'il n'est plus limité
par les lois, l'est encore par les mœurs, dans une mesure, il est vrai,
qui varie selon les milieux. Chez les rôdeurs de barrières ou chez
les pitres forains, elle est moins étroite, je ne crains pas de le dire,
que chez les académiciens. Certaines libertés de langage tolérées
chez les uns, ne le sont pas chez les autres. Or, remarquez bien ceci :
il peut arriver que quelques-unes de ces libertés soient très appréciées,
pour toutes sortes de raisons, y compris même des raisons esthétiques,
par ceux à qui nos mœurs les interdisent; il peut arriver que le désir
d'en user soit un jour irrésistible. Comment le satisfaire, sans trop
risquer? C'est très simple; il n'y a qu'à se déguiser soi-même en pitre,
à mettre un masque. La littérature allégorique est une littérature
masquée. Grâce à elle, M. Anatole France a pu, malgré sa délicatesse
bien connue et la réserve dont il est coutumier, éi rire, page 251, lignes
24 et 25, une phrase qu'il n'aurait pas osé hasarder dans le monde où
il fréquente, — que vous no me j^ardonneriez pas de reproduire ici —
et qui est admii'al)lomont propre à l'aire rire un ivrogne. Il a pu en
écrire d'autres qui feront la joie des polissons de tout âge. Quelques-
unes sont à l'adresse des lettrés; la facétie, que j'ai citée, sur le cha-
peau du P. Agaric a dû faire à l'auteur lui-même un plaisir extrême.
Oh! écrire comme Eugène Sue, quand on e^t Anatole France! Oh!
mettre une tête de veau sur son front d'académicien, et s'en aller à
Bullier, en costume de carnaval, comme à vingt ans, la soixantaine
sonnée ! — Ce n'est pas tout. La littérature masquée permet de batif-
foler aux dépens des personnes, comme aux dépens de la morale et de
l'art. Insulter, bafouer, calomnier même, de braves gens, ■ — fussent-
ils des vaincus sans défense, des religieux déjà expulsés et volés par les
pouvoirs publics, — Arlequin le peut : il a tous les droits, et honny
soit qui mal y pense ! L'auteur des Pingouins a donc pu se mettre
à l'aise plus que dans ses précédentes arlequinades, où, malgré quelque
cynisme, on sentait encore un peu de gêne et comme un reste do
pudeur (les délicats sont malheureux !). Il a eu ici toutes les audaces;
il a eu, ou il a simulé toutes les fureurs d'un iconoclaste, d'un nihi-
liste, d'un anarchiste. Pas une idole qu'il n'ait outragée, pas un prin-
cipe qu'il n'ait bafoué; rien de ce qui passe pour nécessaire à la vie
des âmes ou des sociétés n'a été respecté. Sa raillerie ne vise pas tou-
jours à être spirituelle, elle est souvent une négation brutale, haineuse,
forcenée. « La nature est mauvaise; la morale est immorale; le pro-
grés n'est qu'une forme perfectionnée de la barbarie; les religions sont
des mensonges, les prêtres des exploiteurs, les savants des imbéciles,
les dreyfusistes des farceurs, ■ — mais oui ! les dreyfusistes ! La terre
est inhabitable.il reste une bonne action à accomplir: faii'o sauter cette
planète : quand elle roulera par morceaux, une satisfaction sera
donnée à la conscience universelle, qui d'ailleurs n'existe pas ». Est-ce
M. Anatole France qui parle? Mais non, mais non, vous dis-je. Il n'ose-
rait. C'est un Pingouin, c'est le docteur Obnubile, c'est Bidault-Co-
quille, que la IVIaniflore a détraqué; c'est Arlequin, c'est un masque.
Mais est-ce le masque de l'auteur? Pense-t-il ce qu'il fait dire à ses per-
sonnages? Allez le lui demander; il se moquera de vous. Décidément
la littérature masquée a du bon pour les écrivains qui n'aiment
pas les responsabilités et qui n'ont pas la sot^e et désuète prétention
d'être des chevaliers. Et n'oublions pas d'autres avantages ! Comme
elle est la plus artificielle de toutes, elle est plus propre que les autres
à donner une sensation « d'art » aux snobs. Comme elle permet l'éta-
lage de tous les secrets du métier, elle permet à l'auteur de jouir de
son propre esprit. Sans doute l'esprit de M. France a perdu de sa
légèreté; son « sourire », dont on vantait autrefois la grâce et la séré-
nité, a les dents jaunes ! Mais il n'a pas cessé de se complaire en lui-
même. M. Anatole France rit • — ou ricane • — devant le miroir. « Cet
esprit est une l'h'ur de l'esprit français », a dit un jour M. Jules Le-
maitre. Cette fleur un peu fanée est un Narcisse penché sur le cou-
rant d'une prose limpide qui lui renvoie sa propre image. M. France
est le Narcisse du nihilisme et de l'anarchie. Et il n'y a plus pour
comprendre et peut-être lui envier ses joies solitaires, que le pauvre
Bidault-C()(|uille à qui personne ne dit plus : \'ous êtes beau!
Post-stripUun. ■ — Je demande pardon à nos lecteurs d'avoir pris
tant de détours pour leur dire à quel point l'Ile des Pingouins est une
œuvre misérable.
2. • — Les traducteurs nous avertissent que le recueil publié sous ce
titre : Le Parasite, est tout à fait nouveau, en ce sens que les cinq
nouvelles « qui le composent n'ont jamais été réunies sous une même
couverture » même en Angleterre. Les plus intéressantes, la première :
Le Parasite et le Coup gagnant, nous transportent dans le domaine
de l'hypnotisme, du suggestionisme et autres occultismes. Une vieille
fille, laide, boiteuse, méchante, s'empare de l'esprit et de la liberté
d'un homme, au point qu'à plusieurs kilomètres de distance, elle le
gouverne et le dirige comme si elle tenait en mains sa volonté, tel un
wattman manœuvrant le volant d'une machine électrique. En vain
l'homme ferme-t-il sa porte à clef et jette-t-il la clef dehors, pour
s'empêcher d'obéir à l'ordre de sortir que l'Autre lui envoie de loin;
en vain s'enfonce-t-il dans son lit, les mains sur les deux oreilles, les
yeux énergiquement fermés, les couvertures solidement bordées ;
il voit, il entend, il est arraché de son lit, il saute par la fenêtre, il
court où elle l'attend ; il ne s'appartient plus, il n'est plus maître
chez lui, il est au Parasite installé chez lui et que d'ailleurs il méprise,
déteste et exècre ! De temps en temps, quand ce Maître horrible dort
ou est malade, l'esclave se reprend et s'épouvante à l'idée de ce
qu'il est devenu et de ce qu'il a conscience qu'il va devenir.
Et en effet, un jour, il se rend près de sa fiancée, une adorable et
adorée jeune fille, pour la tuer ! Déjà il avance la main, quand
soudain il s'arrête. Que s'est-il passé? Il ne sait; il s'enfuit, il court
à travers la ville comme un échappé de l'enfer, et un passant lui
apprend que l'exécrable Vampire vient de mourir, il y a cinq minutes.
Il est sauvé ! — Dans le Coup gagnant, sous l'influence d'une puis-
sance de même espèce, un jeune tireur tue son double, interposé
entre la cible et lui, et tombe foudroyé, tout en ayant mis dans le
mille ! Et ceci est un peu plus compliqué. — Le Duel d'acteurs nous
ramène sur la terre ferme des réalités. Un vieil acteur, ayant appris
que son gendre, acteur comme lui, est un coquin (la moindre de ses
fautes fut d'être bigame) le transperce de son épée démouchetée au
cours d'une représentation à'Hamlet. Fait divers s nsationnel, mais
point supernaturel, comme les précédents.' — La Grasse Sally est un
— 17 —
fait divers maritime, un duel entre un vaisseau anglais et un vaisseau
français, qui tourne à l'avantage du premier, grâce à l'intervention
inattendue d'un corsaire— un troisième larron ■ — qui se souvient
qu'il est anglais. ■ — Et il résulte de tout ceci que les éditeurs ont
« réuni sous la même couverture » des nouvelles un peu disparates.
3. • — Monsieur Gendron va au peuple est une œuvre humoristique,
faite, elle aussi, d'éléments un peu disparates; la grosse charge y est
associée à la romance sentimentale et à des vues d'économie sociale;
le mélange non condamnable en soi (le roman de Jérôme Paturot, que
M. R. Thiry connaît bien, en a donné, vers 1850, un exemple célèbre),
ne parait pas, en fait, assez bien réussi. Un ancien chartiste, archéologue
fervent, M. Gendron, vient, à la suite de je ne sais quelle insolation,
de renoncer à l'archéologie et de se consacrer à la sociologie. Dans
une séance publique de la plus archéologique des sociétés savantes
dont il était membre, il renie solennellement et scandaleusement
ses fiches, ses collections, ses bouquins, toutes ses convictions et
affections passées, pour mieux affirmer ses convictions présentes
(( Tout pour le peuple et par le peuple ! » Ce Polyeucte de la socio-
logie ne se contente pas de briser ses vieilles idoles; il injurie ses
anciens confrères, tant et si fort qu'il se fait mettre à la porte à coups
de poing et à coups de pied. Dans la rue il est assisté par un jeune
homme, qui lui remet sa carte sur laquelle on lisait ces mots : Claude
Farnèse, chef de l'Ecole simpliste. N'allez pas croire qu'il y ait un
rapport quelconque entre cette école et celle où vient d'entrer M. Gen-
dron; celle-ci se propose le bonheur du peuple, celle-là la restauration
« des gilets à personnage et des pantalons à pont ! » Le plus simpliste
des deux n'est pas celui qu'on pense. Ces deux détraqués deviennent
une paire d'amis, et partent en province pour étudier ensemble les
moyens de régénérer le peuple et le costume masculin. Inutile de vous
apprendre, vous le devinez, que, dès les premières étapes du voyage,
le peuple se révèle à son nouvel ami sous un aspect qu'il ne soupçon-
nait pas, et que le nouveau Jérôme Paturot sent, au contact des réa-
lités sociales, se refroidir ses ardeurs sociologiques. Mais peut-être
faut-il vous apprendre, pour que vous le sachiez, que le restaurateur
des pantalons à pont s'enflamme pour la nièce de la belle-sœur de
M. Gendron, dont le cousin avait un gendre qui était le frère... Les rap-
ports entre M. Gendron et M. Farnèse deviennent de plus en plus
étroits; mais le rapport entre leurs idées reste inaperçu. Et leur
histoire paraît longue. Cet « os » doit receler « une substantifique
moelle », lui ausssi; mais il est trop volumineux et tient trop de
place « Que d'os ! que d'os ! » comme dirait Claude Farnèse.
4.'' — Timandra pourrait prétendre à être classée sous une rubrique
plus honorable, celle des Romans historiques^ si l'élément historique en
Janvier 1909. T. CXV. 2.
— 18 -
était plus important, ot si l'autre, l'élément romanesque, l'était moins.
Comment Timandra, esclave d'un courtisane athénienne, devint
l'égale de sa maîtresse, après avoir failli être sa victime, comment elle
voulut se venger d'Alcibiade et organisa des machinations qui abou-
tirent à la rendre amoureuse de son ennemi, c'est ce que raconte
M. d'Abbes avec une prodigalité de détails qui n'ont pas tous un
intérêt ni une valeur historiques. Je dirais que la plupai-t font hon-
neur à son imagination, plutôt qu'à son érudition, s'il était possible,
en pareille matière, de parler d'honneur. Tout ce qu'on peut faire,
c'est d'adresser à l'auteur des condoléances sincères pour l'emploi
qu'il fait de ses dons d'écrivain.
3. — La Folle Aventure doit être une chose très drôle, du moins à
en juger par le plaisir évident que l'auteur a pris à l'écrire et à tirer
les ficelles des marionnettes archaïques qu'il met en scène : deux
médecins du xvii« siècle, un jeune seigneur, la douairière sa mère,
son précepteur, débitant tous et toutes de solennelles âneries et de
précieuses balourdises. On voit l'auteur qui se tord derrière la toile
de ce guignol. Quel malheur que sa gaîté ne soit pas communica-
tive ! c'est en vain qu'on essaye de la partager, qu'on, reprend le livre
après l'avoir quitté, qu'on le reprend deux fois, trois fois; au bout
de quelques pages, il vous tombe des mains, et le sommeil vous gagne !
« Le sommeil est-il une opinion? » On l'a dit; mais vous êtes libre de
ne pas le croire.
Romans-feuilletons. — 6 et 7. — Un mot sufïira pour Après le
divorce, histoire d'un mariage mal assorti et vite rompu, et aussi
pour la Jolie Princesse, recueil de six nouvelles. « C'est de la bonne
ouvrage », où il y a plus de métier que d'aï t, mais qui ne manque
pas d'Intérêt.
8. — Il y a, au contraire, trop d'art et pas assez de métier dans
les Camp-Volantes de la Riviera. Vous y trouverez : 1° Une Anglaise
millionnaire qui a épousé un Français pauvre mais malhonnête, et
qui enlève son mari en auto pour le rendre fidèle, et qui se tue, déses-
pérée d'avoir échoué, mais qui se tue de manière à faire croire
qu'elle a été tuée par sa rivale; 2^ une Espagnole, très intelligente
et très pieuse, qui prend un amant et qui prend ensuite le voile
pour expier sa faiblesse; 3° une petite Russe, qui a des con-
victions trè5 fermes et des mœurs relâchées, nihiliste qui tuera les
maîtres de la Russie, mais qui sera la maîtresse de qui lui plaît; 4° des
Américains et des Américaines qui ont toutes les qualités et même
des vertus ; 5° deux Français qui ont l'âme faisandée, dont l'un dépense
noblement ■ — il est comte ! ■ — l'argent de sa femme avec sa maîtresse,
• — et dont l'autre, qui est son ami et qui est baron, le dénonce à sa
femme, moyennant finance! Et sixièmement vous trouverez dans ce
— 19 —
méli-mélodrame le talent de l'auteur des Sévriennes, mais gâté par le
su€cès qu'on lui a fait, et par des affectations de bel esprit. A entendre
causer ces personnages, on se croirait par moments, non plus sur la
Riviera, mais dans quelque hôtel de Rambouillet '■ — un Rambouillet
aussi précieux, quoique moins pudibond que celui de la marquise.
9.' — On a dit que, par le Maître de la terre, M. R. H. Benson
s'était affirmé » le Jules Verne de TApocalypse », un Jules Verne
théologien, dont l'orthodoxie est aussi sûre que l'imagination
puissante. Ce « roman d'aventures, » comme l'appelle l'auteur lui-
même, est de ceux qui sont capables de rendre à un genre un peu
discrédité, Testime des lettrés et des penseurs. Le succès en a été pres-
que aussi universel que celui de Quo Vadisl Et du reste c'^est un Quo
Vadis? prophétique; le premier nous montre les catacombes du passé;
celui-ci nous ouvre les catacombes de l'avenir, — un avenir très
prochain, amené par la crise religieuse, qui aboutira à la formation
de deux camps opposés, « le camp du catholicisme et le camp de
l'humanitarisme », celui-ci devant triompher momentanément, en
attendant le triomplie définitif de l'autre. Quelles vont être les péri-
péties de la lutte, quelles armes et quelles ressources, fournies par la
science moderne y seront employées de part et d'autre, sur quels
train* aériens voyageront le dernier Pape et son ennemi, « le Maître de
la terre », l'anti-Pape, par quels explosifs, en quelques secondes,
une flotte d'aéroplanes, partie de Londres, anéantira la ville de Rome,
comment le Sacré-Collège reconstitué, sera trahi par un de ses mem-
bres, quel ordre religieux nouveau se consacrera à la défense du
Christ, et comment le Christ, qui règne et triomphe depuis deux mille
ans, établira son règne final, tel est le sommaire de la partie exté-
rieure de cette « histoire ». Quel sera l'état des âmes pendant le temps
de cette « abomination » et de cette « désolation », comment la foi
sera combattue et diminuée, comment ses adversaires pourront être
des esprits sincères et des cœurs généreux, mais quels admirables
génies et quels sublimes dévouements Dieu susciliera pour maintenir
et accroître l'honneur de son Eglise, — ■ c'en est la partie intérieure,
philosophique et psychologique. On devine l'intérêt de l'une et de
l'autre, ainsi que le nombre et la qualité des lecteurs assurés à cette
« Vision ».
Romans de mœurs. — 10. — Quelle belle œuvre et quel drame poi-
gnant que Chez les heureux de ce monde, ■ — malgré quelque préciosité
dans le style (laquelle n'est pas imputable à la traduction, d'une
fluidité et d'une aisance rare), et des longueurs dans le développe-
ment (comme il s'en ti'ouve dans les romans toujours un peu touffus,
qui nous viennent « de l'autre côté de l'eau »). C'est une peinture de la
vie mondaine aux États-Unis, et l'histoire d'u^e des victimes de cette
— 20 -
vio, une jeune fille, qui en était la parure, — « un roman collectif par
son effet d'ensemble, comme dit M. Paul Bourget, et particulier par
ses effets de détail ». — Lily était belle, bonne et même vertueuse, quoi-
que flirteuse très occupée et très hardie; elle traînait « tous les cœurs
après soi ». Un seul lui aurait sulTi qu'elle aurait pu fixer, si elle l'avait
bien voulu. Mais elle voulait mal; le courage lui manquait d'aban-
donner la parade sociale à laquelle l'avait trop bien préparée son édu-
cation. Restée orpheline et pauvre, après avoir vu dépenser des
millions par ses parents, elle essaye de se maintenir dans son milieu
natal, qui ne cesse pas de lui prodiguer dos hommages, mais com-
mence à lui témoigner moins de considération: les mères ont peur
d'elle pour leurs fils et les femmes pour leurs maris. La délicatesse de
sa conscience s'amoindrit de jour en jour dans cette lutte humiliante,
dans la recherche du beau mariage, dans l'acceptation d'hospitalités
équivoques et d'un demi-parasitisme dispendieux, et enfin dans
l'acceptation de certains services d'argent, sur la nature desquels son
entourage ne veut pas croire qu'elle puisse se faire illusion. Si bien
que lorsqu'elle se révolte en face du paiem.ent demandé — et quel
paiement ! — elle semble avoir joué le rôle d'une intrigante. Une
déchéance lente, mais fatale, la fait descendre peu à peu des sommets
où avait brillé sa jeunesse et sa beauté; un jour même une brut^ile et
féroce exécution, provoquée par la rancune d'une rivale, l'élimine
définitivement de la société des « heureux du monde ». — Tel est
le sommaire de cette tragédie mondaine, dont M. Paul Bourget, dans
une Préface, que nous venons de reproduire en partie, nous assure
que la publication à New York, produisit ;< voici trois ans, une sensa-
tion profonde d'une extrémité à l'autre du continent américain ».
11. • — Terre fertile est un beau livre qui peut être rangé parmi les
romans de m.œurs, quoiqu'il soit, peut-être, dans la pensée de l'au-
teur, un roman à thèse. C'est que les mœurs y semblent moins arti-
ficielles que la thèse, — laquelle est trop ATfie, trop facilement dé-
montrable et surtout trop facilement démontrée. En voici « l'argu-
ment », comme disaient les thésistes d'autrefois. Les descendants
des vieilles races n'ont pas besoin d'émigrer en Amérique pour être
heureux; ils peuvent rester en France et y faire le bonheur des autres
en même temps que leur propre bonheur; ils n'ont qu'à travailler,
et s'ils rencontrent « quelque brave fille », de race moins vieille, ils
peuvent l'épouser, « cette terre fertile de France » pouvant « être
régénérée par cette fusion des souches qui entremêle les jeunes et
souples rameaux aux branches des chênes séculaires ». ■ — C'est, on
le voit, la contre-partie de V Émigré, à l'auteur duquel elle est respec-
tueusement dédiée. Elle est du reste conduite avec la logique recti-
ligne et simpli.ste (malgré les complications et les entortillemenis de Ja
— 21 -
forme) que nous avons dû signaler souvent dans les démonstrations
autrement dramatiques aussi de M. Paul Bourget. Le drame même
est ingénu. C'est une idylle. L'héritier d'une très noble et
très ancienne famille, le comte Henri de Vigne, conçoit le projet de
dessécher et de fertiliser un coin de France, qui n'était qu'une sorte
de marais; le château patrimonial en occupait le centre. Il d(jit
acheter, par parcelles, toute une plaine. Quelques propriétaires
voisins s'opposent à son projet, parmi lesquels M. Martoret, maire du
village et candidat à la députation, démocrate gonflé et jaloux, qui se
pose en adversaire du châtelain. Lutte entre les deux adversaires;
ses diverses phases. Le comte de Vigne a de la volonté; le maire n'a
que de la vanité ; c'est donc le maire qui succombera et dans des con-
ditions à la fois piteuses et honorables.il a une fdle, qui est aussi belle
qu'il est bête, et aussi « distinguée )) qu'il est grossier. Le comte l'aime
et l'épouse. Et c'est ainsi que s'opère la « fusion des souches » sur
« cette terre fertile » de France. L'opération est bien « machinée ».
Mais si les trucs en sont trop visibles, les détails en sont intéressants,
et l'impression qu'elle laisse est salubre, si j'ose dire. Le comte Henri
assainit les marais; M. P. Samy assainit le roman.
12. ■ — Les Trois Apôtres sont deux gredins et un imbécile, les pre-
miers associés pour exploiter le dernier et y réussissant par les moyens
qui auraient dû les faire échouer. L'imbécile a une cassette pleine
d'or et une fdle; les coquins essayent de lui enlever l'une et l'autre.
Repoussés et à moitié assommés dans une première tentative contre
la cassette, ils sont d'abord plus heureux avec l'enfant. Ils l'emportent,
de nuit, ligottée et bâillonnée, sur une barque de pêche et l'emmènent
au large, décidés à l'abandonner sur un rivage désert; mais ils la
perdent, ils ne savent où, pendant un orage. Et ils rentrent penauds,
dans le port d'où ils sont partis; ils y rentrent en plein jour, accueillis
par les railleries de leurs compatriotes, qui connaissent leur exploit.
La fdle rentre de son côté, ramenée par de braves gens ; elle est sauvée !
Et ses ravisseurs ne sont pas perdus, le père n'osant pas se plaindre
à la police, la police du pays étant sans doute aveugle et sourde, et le
pays lui-même étant probablement peuplé de muets. ■ — Ce qui est
étonnant, attendu que nous sommes dans le Midi, à Meze (Hérault).
On ne s'en douterait pas, n'étaient quelques indications géographi-
ques, exactes d'ailleurs, comme celles d'un Baedeker, mal rédigé.
Et c'est — je regrette d'avoir à le dire • — ■ tout ce qu'il y a d'exact
et d'intéressant dans cette œuvre particulièrement mal venue parmi
celles où il est impossible de trouver soit de l'observation, soit du
style.
13, 14 et 15. ■ — La valeur littéraire des trois œuvres suivantes, qui
appartiennent, comme la précédente, à la « Collection des écrivains
— 22 —
régionaux », est de beaucoup supérieure. Si les dimensions, qui en
sont très modestes (presque des plaquettes ) ne nous permettent
pas d'en parler longuement, et si nous devons nous borner aujour-
d'hui à en indiquer le titre et le sujet {La Vie lorraine contient six
conter de la rout^ ^t de Veau; — Les Routes de Gascogne, douze Cro-
quis et neuf Coni£s\ • — Miguette de Conte-Cigale, une idyîie landaise);
— nous pouvons les recommander sans remords à l'attention des
<( gourmets ». Les gourmands, tout court, n'y trouveront peut-être
pas leur compte (sauf peut-être dans le troisième qui est à la fois
une «(histoire» et une œuvre d'art;) mais elles ont toutes le mérite
d'être faites de « main d'ouvrier de lettres j); (il y en a tant d'autres
qui le sont de main « de maçon »). Quant au mérite spécial des auteurs
d'être des écrivains « régionaux » et des collaborateurs d'une vaste
entreprise de décentralisation à la fois littéraire et sociale, on nous
permettra d'en renvoyer l'appréciation — et l'éloge — à plus tard.
16. • — Et nous pourrons être aussi bref sur les Mémoires d'une
vieille fiUe^ Nous avons si souvent parlé de l'auteur, si souvent essayé
de caractériser son talent, que nous -pourrons attendre pour recom-
mencer un éloge tant de fois répété. L'occasion serait bien tentante
cependant. Parmi les AÙngt-neuf morceaux de ce recueil (petites his-
toires, conversations, méditations, descriptions), il en est quelques-
unes qui sont de purs chefs-d'œuvre. Je signalerai le X\''^ (Les
Êtrennes), à cause de l'actuahté du titre et de la permanente utilité
du renseignement qu'on y trouve, et le XX IX^ {Les Lectures), pour
ses conseils si déhcats et si sûrs, et pour deux tableautins
délicieux (Une Salle de concert et la Mère Liseuse) — qui sont
d'un moraliste autant que d'un artiste. Et si quelqu'un me disait
ici : « le meilleur de Bazin est là, dans ces petites miniatures;
sa palette n'a pas assez de couleurs pour couvrir de larges toiles »,
je lui donnerais tort d'avoir raison. Powquoi essayer de gâter mon
plaisir?
17. — Les « Pages » ont eu « une bonne presse » et ils la méritent
par la consciencieuse application à faire vrai et à faire complet. C'est
une étude de mœurs rurales dans une partie du Rouergue. L'autem'
connaît admirablement son sujet, jusque dans les moindres détails.
Et comme il n'en est pas un qui l'ait laissé indifférent il s'est efforcé
de nous y intéresser nous-mêmes. L'effort est visible, mais il est pai"-
fois heureux, notamment au chapitre lY intitulé: Les Taureaux. Un
souvenir classique (« Europe en eût été cmioureuse )))(p.69),le retour d'un
leit-moùv lyrique : «Au-dessus des pensers grossiers, dans les plaines
radieuses du désir, l'âme de Mir s'était envolée » (p. 77) et : « dans les
plaines du désir, s'envolait l'âme du bouvier » (p. 78), n'enlèvent rien
— si même ils n'ajoutent pas quelque chose — à l'intérêt de cet épisode.
— 23 —
à la fois réaliste et poétique. C'est du reste le caractère de i'œflvre
entière de chercher et de trouver tous ses efî :ts poétiques dans» la
vérité réelle. Une idylle touchante (de chastes amours entre l:s en-
fants de deux « Pages » rivaux) en forme le cadre et le lien; la matière
principale en est « le Ménage agricole », comme disait Calemard de
La Fayette (un autre peintre de la vie rurale, voisin du Rouergue);
les objets les plus humbles et les plus prosaïques en apparence, sont
observés avec passion et précision à la fois et comme tout pénétrés
de l'âme de l'observateur. C'est cette âme qui anime tous les objets
« inanimés », c'est elle « qui donne à tout un esprit,un visage », elle « qui
s'attache à notre âme et la force d'aimer ! m et d'aimer tout, les tau-
raux, les vaches, la vacherie, y compris le vacher et le « patron « du
vacher, tels qu'ils sont, ni embellis ou affadis à la Berquin, ni enlaidis
à la Zola. A rencontre de quelques-uns de ses confrères en « paysan-
neries », qui semblent s'inspirer du mot de Chamfort : « Il faut choisir
d'aimer les hommes ou de les connaître », M. E. Bouloc aime les
paysans quoiqu'il les connaisse, — peut-être parce qu'il les connaît.
Son œuvre se termine par l'expression de ce vœu, qui résume tout
ce qu'il sait de leur passé traditionnel et tout ce qu'il craint pour leur
avenir : « Que Dieu conserve tous les foyers paysans ! » Et Dieu fasse
que les « propriétaires » n'aient pas 'besoin d'être <' poètes » pour s'asso-
cier tous à ce vœu !
18 et 19. ■ — Cette Histoire d'une demoiselle de modes est le roman
que rêvent beaucoup de modistes, filles de paysan ou de concierge :
avoir pour amant un prince ! Celle-ci a trois amants, l'un après l'autre,
d'ailleurs (car on est honnête, relativement), et tous les trois : ont
princes, le premier de lafinance (un coulissier qui lui donne des chèques
de cent mille francs, d'un coup, mais qui, hélas ! se ruine vite et se
suicide) ; le second, un prince de Ja science, un grand médecin de
Paris ; et le troisième, un comte, un vrai, et qui l'épouse en justes noces !
(Musique !) — Camille Frison, qui a pour héroïne une «ouvrière de la
couture », est conçue dans une autre esprit et rédigée d'une autre
plume; ce n'est plus un feuilleton romanesque destiné à faire rêver
de petites « oies » pas blanches; c'est de l'histoire et même de la sta-
tistique et de l'économie pohtique. Par sa documentation précise et
par les idées générales qui s'en dégagent, l'œ^uvre échappe à ma com-
pétence. Je la signale à mon éminent confrère, M. Rambaud, non sans
la recommander aux lecteurs qui aiment les romans « penseurs »
comme aurait dit M^^^ de Staël. Ils y verront à quels dangers est
exposée la jeune ouvrière de Paris, et quelles mesures pourraient en
diminuer le nombre et la gra^dté. Parmi ces mesures, les plus utiles
seraient celles qui accroîtraient la valeur morale des employées et celle
des employeurs. Comme la plupart des problèmes sociaux, celui-ci
— 24 —
ost d'ordre moral et religieux, autant que d'ordre économique. L'au-
teur en a le sentiment très vif et il l'exprime avec une conviction péné-
trante • — et sans phrases. On peut beaucoup attendre de cet esprit,
si net, et de ce cœur, si chaud.
20. — Mœurs politiques et électorales en province, dans une petite
ville, c'est le sujet du Miracle de CoiirteviUe : Le sujet n'est pas nou-
veau, mais il est tellement actuel, qu'il est toujours intéressant quand
il est traité par un observateur qui sait voir, et un artiste qui sait
choisir. — M. Nayral a vu à Courteville des imbéciles ambitieux, des
socialites arrivistes et jouisseurs. A-t-il bien vu? Je le voudrais. Mais
comme il a vu en outre un jeune homme d'âme si délicate que la
simple idée « du contact » avec les prêtres semblables à ceux de Courte-
ville, l'empêche d'entrer au séminaire et de rester chrétien, je suis
inquiet. J'ai peur que M. Nayral, s'il a de bons yeux, ne s'en servemal,
qu'il ne soit qu'un apprenti dansl'artderegarder et de juger, ■ — «des
organes mal servis par l'intelligence ! » comme n'a pas dit Bonald.
Et je le dis, dussè-je faire plaisir aux socialistes et aux imbéciles de
Courteville.
Romans psychologiques. • — 21.' — Nommons d'abord le maître,
toujours magistral, et aussi toujours intéressant, même quand il se
repose. Les douze nouvelles qui composent ce volume intitulé :
Les Détours du cœur nous introduisent dans un labyrinthe, dont nous
savons, dont tout le monde a dit que « AL Paul Bourget a le fd ». On
n'y fait pas des découvertes nouvelles; mais la visite n'en est pas
moins agréable, sauf peut-être un ou deux moments, où notre con-
fiance dans le cicérone pourtant si expérimenté, hésite un peu. C'est
ainsi que, dès le début, nous avons peine à trouver suffisants les motifs
qui ont déterminé un mari trompé à faire le Brutus, à feindre des
vices qu'il n'a pas mais que d'ailleurs (ceci est plus humain) il finira
par contracter, le masque collant au visage. — Le héros de la troi-
sième nouvelle, Complicité, met beaucoup de temps et éprouve trop
d'angoisses à résoudre un cas de conscience assez simple : il a surpris,
en flagrant délit d'infidélité, la femme de son meilleur ami. Doit-il
parler pour n'être pas complice? Ce qui est étrange c'est qu'il hésite
une seconde à répondre négativement. Et comme en outre il insiste,
plus que de raison, sur des détails qui sont moins psychologiques que
physiologiques, on se surprend à dire au guide du labyrinthe : Passons
plus vite ! — On a beaucoup loué, en revanche, la Menace par laquelle
une bru répond aux observations de sa belle-mère sur un flirt impru-
dent : « Pardon, Madame, vous avez fait pire dans votre temps ! Si
vous insistez, je le dirai à votre fils ». Ici la psychologie du personnage
n'est pas entortillée; elle est claire, simple et nature; mais il y a une
manière d'être simple avec force et nature avec « distinction »; et il
— 25 -
n'y a pas à vous apprendre que cette manière est celle de M. Paul
Bourget, à ses bons moments. S'il me fallait donner la préférence
à l'une de ces douze nouvelles, j'opterais pour la XI°, l'Expert, où
l'on voit un médecin de génie pénétrer à la fois l'âme d'un criminel
et celle d'un complice bien inattendu : un des internes qui l'assistent
dans son expertise. L'idée de cette complicité, la manière dont elle
est découverte et la manière aussi dont elle est punie (d'une peine
médicinale, c'est le cas de le dire) font infiniment d'honneur à l'ingé-
niosité du conteur et à l'étendue des informations scientifiques de
cet esprit si « curieux » et si ouvert qu'est M. P. Bourget.
22. — Le Petit Jardin de dame Morel n'est pas un jardin planté à
la française, avec de belles allées droites, où il fait clair ; il n'y a
même aucune espèce d'allées; ce n'est pas un jardin anglais, c'est un
jardin vierge, si j'ose dire ! Dès l'entrée on enfonce dans les brous-
sailles pleines d'ombres et d'épines : « Je... Moi... Je... Mon... Ma
culture n'avance pas; je ne sens pas plus profond. La pente au sein
des phénomènes disparates est une image qui m'est chère. Je vais où
le vent me mène, comme la feuille d'Arnault. Mais ne se voir qu'à tel
moment dans telle position, et ne pouvoir vraiment dessiner un schéma,
une courbe de sa vie; être à chaque seconde à l'état statique et ne
ne pas retrouver en soi la virtuosité dynamique que... » (p. 6). On
demande de l'air et de la lumière, et donc on s'évade de ce fouillis. Et
si on y revient, on se borne à le regarder de loin, et l'on peut deviner
alors que dans ce Jardin se trouve un jeune jardinier qui se livre à la
culture du Moi, c'est-à-dire à des exercices de narcissisme psycholo-
gique, contemplant et notant les phénomènes et les démarches de
son Moi sur son journal intime. Ces démarches et phénomènes sont
d'ailleurs très simples et ressemblent à ceux et à celles qu'on peut
observer chez tous les jeunes Moi. Seul le vocabulaire du journal
est extraordinaire, même un peu cryptographique. Passons.
23. — Il y a aussi beaucoup de Je... Moi... Mon... Ma... dans Au
Cœur de la vie; l'auteur se regarde vivre et prend des notes.
Seulement et on ne sait par quel mystère, ce Moi encom-
brant ■ — (je maintiens encombrant) — n'est pas haïssable du tout,
et même il est charmant ! Et au moment où on va dire : Ah ! non !
il y en a trop ! on se surprend à en demander encore. Soyons tran-
quilles, d'ailleurs, nous en aurons encore, la matière n'étant pas épui-
sée. — Et donc, comme dans Sur la branche et dans l'Ile inconnue,
jVime p^ de Coulevain rattache à un petit drame, dont elle est la ma-
chiniste (un mariage qu'elle prépare ou répare) une foule dé confi-
dences sur ses idées personnelles en matière de rehgion, philosophie,
physiologie, théologie, sociologie et même pâtisserie ! Elle a quel-
ques pages sur le café au lait aux châtaignes (p. 172-173) qui font venir
— 20 —
l'eau à la bnuclio ! et des théories sur la Genèse, qui sont « impaya-
bles» d'aplomb ! Et sa manière de dire : « Je crois que le cerveau avec
ses millions de cellules est le générateur de l'âme, tout bonnement?
(p. 332) ». Et des explications sur le rôle de la Providence dans les
variations de la mode, des corsages et des chapeaux de femmes?
(p. 273-276). Et sa démonstration de l'existence de Dieu? Et sa glose
sur la pipe et la cigarette comparées? Et ses vues sur l'avenir du
Vatican? Et son portrait de Pie X, dont la physionomie, paraît-il,
exprime « plus d'entêtement que de volonté?» Et ses niches au Cûté-
chisme de Paris^ qu'elle surprend en flagrant déht <ie contradiction
avec la Bible? Et ses aperçus sur les «radiances» et les «réflexes «phy-
siologiques et psychiques,... et csetera, et cœtera, et patati et patata?
Je leur ai dû une soirée exquise. Je n'avais pas encore rencontré
ime Philaminte pareille. Celle de Molière est pincée, acide, vinaigrée;
celle-ci est souriante, câline, confiante en son lecteur, autant qu'en
elle-même; elle laisse tomber ses aphorismes d'un ton à la fois tran-
chant et suave. Elle est crispante et délicieuse. De vous expliquer
cette contradiction {j'ai dit plus haut ce mystère) je ne l'essaierai pas.
Je constate et j'admire ! Il y a ici un ouvrier supérieur à son œuvre,
« une nature ,« un tempérament », une personnalité à qui l'on passe
tout et l'on permet tout. « Contez, contez, princesse ». Philosophez,
dogmatisez ! Conseillez le Pape et corrigez la Bible ! Vous ne parvien-
drez pas à n'être pas charmante ! — Le livre est divisé en cinq cha-
pitres : Baden^ Saint-Gervais^ iMusanne, Château du Mortin, Paris; il
contient, avec tout ce que j'ai déjà dit, "et, avec, en outre, des des-
criptions géographiques, des dissertations ethniques, des parallèles
entre la Vaudoise et la Genevoise, l'anecdote suivante, prise, quittée
et reprise en cinquante endroits différents : l'auteur rencontre, au
cours de ses voyages, une femme divorcée et son ex-mari; elle juge
que leur divorce est l'effet d'un malentendu. Elle met fm à ce malen-
tendu et remarie les deux divorcée — bien que, en soi, le divorce lui
•paraisse tout ce qu'il y a de plus légitime. « Je juge,... je pense,... je
crois,... j'afhrme... » Elle est délicieuse' — Post-Scriptum. Est-il
nécessaire d'ajouter que cette œuvre peut être très malfaisante pour
les snobs et les « primaires », à qui d'ailleurs elle s'adresse ?
24. — L'Epreuve de Julie Faurelle est destinée à prouver que le
divorce est légitime. Julie avait épousé un épileptique; elle fut obligée
de se séparer de lui, au risque de retomber dans la pauvreté d'où le
mariage l'avait fait sortir. Elle se mit vaillamment à l'œuvre et
parvint assez \àte à gagner sa vie. Sa vaillance fut remarquée par
un homme intelligent, qui lui demanda d'être sa femme, le mari
vivant toujours. Elle s'mforma si le -divorce lui était permis; comme
on lui répondit que non, elle se décida à se passer de permission, et,
— 27 —
ne pouvant être la femme, elle se décida à être la maîtresse. Son cas
est très touchant (ou du moins il pourrait l'être, s'il était bien
raconté)^ mais elle a eu tort de creire qu'il supprimait en sa laveur
une loi générale. Si elle ne voit pas dans quelle mesure les intérêts
particuliers doivent rester subordonnés à l'intérêt commun, son his-
torien le sait — et s'il l'ignore, lui aussi, qu'il daigne prendre la peine
de l'apprendre ■ — et qu'en même temps il demande quelques leçons
suplémentaii^es d' « écriture artiste ».
25. — Trois célibataires, un curé, une vieille fille, un vieux garçon
habitant le même village, se voient tous les jours, passent ensemble
quelques heures tous les jours, l'ont une partie de whist tous les jours,
et cependant ils ne se connaissent pas ! Chacun a une Vie secrète igno-
rée des deux autres ; le meillem- de leur esprit et de leur cœur est ab-
sorbé par une passion devenue leur raison même d'exister; l'objet de
cette passion venant à manquer, c'est pour eux la mort ou la folie. Pour
le curé, cet objet est une sainte, la patronne de sa paroisse. Il lui a voué
un culte où il entre, sans que le pauvre homme s'en doute, quelque
alliage peu spirituel. 11 est en train d'en écrire l'histoire, lorsqu'il
apprend, d'un savant allemand, qu'elle n'a jamais existé ! Ace coup
sa foi chancelle et même chavire. Il décide de quitter sa paroisse, de
renoncer au ministère; déjà il est sur le point de partir, il est à la gare,
il a pris son billet, lorsqu'on l'appelle pour un malade qui va mourir;
et la charité le ramène à ses anciennes habitudes, sinon à ses croyances.
Le malade qu'il va assister, c'est le partenaire du whist quotidien, le
vieux garçon, qui venait d'être frappé d'apoplexie. — La vie secrète
de eelui-là avait été consacrée à l'étude des iourmis, étude qui lui
avait donné : 1° la preuve que le progrès abolira « les lois, la religion
la propriété, dans les nations civilisées »; 2° l'ambition d'être nommé
membre de l'Institut. Qu'elle lui ait valu en outre un détraquement
dans son mécanisme cérébral, c'est ce qui ne paraîtra pas étonnant.
— Quant à la vieille fille, une austère dévote, une puritaine intran-
sigeante, c'était un neveu, fils naturel d'un frère exclu de la fanrille,
qui était sa passion cachée. Pour ce « bâtard », dont la naissance
n'avait pas cessé d'être un sujet de honte, son cœur de vierge avait
senti peu à peu s'éveiller une maternité, ardent/e, désordontiée, farou-
che, prête à la bataille contre quiconque, fût-ce l'Église, menacerait
d'y toucher. Cette dévote cessera d'être chrétienne si on lui défend
de tout accepter de «e neveu, même qu'il ait un « bâtard », lui aussi,
et ne veuille pas le légitimer ! Elle le dit en face à son curé, juste à
l'heureoùcelui-ci vient de renier l'Église dans son cœur! ■ — Je laisse
de côté quelques autres vies secrètes, notamment celle d'un chemi-
neau, amoureux platonique d'une bourgeoise, • — et celle de cette
jeune bourgeoise, fille d'un père athée, et qui reparaît dans ce roman,
- 28 —
à tiliv t'pisodiquo, après avoir été l'héroïne d'un autre roman, V Épave,
■ — et celle d'un capitaliste, qui fait du socialisme sincère, et en pâtit, —
et celle d'un médecin, et celle du neveu susdit, — toutes réunies ici
par un lien artificiel qui les laisse disjointes et disparates, et je me
demande ce qui a pu valoir à cette œuvre incohérente, dont les trois
principaux personnages sont des anormaux déjà fêlés avant que leur
fêlure soit apparente — les éloges de certains critiques. L'un d'eux a
dit qu'elle « ferait date dans le roman français ». En quoi? en ce qu'elle
y introduirait les sujets de la Salpêtrière? Ils y étaient déjà. Ces trois
joueurs de whist — des whislitis, comme disait une enfant moqueuse
et spirituelle ■ — ressemblent à beaucoup des animaux humains —
dont a trop longtemps vécu le roman naturaliste. Ou bien a-t-on
voulu dire qu'on ne soupçonnait pas encore le rôle de la vie secrète
et que, le premier, M. Estaunié nous l'aurait révélé? J'espère que non.
Avant les critiques et les romanciers, tout le monde, y compris M. ds
la Palisse, savait que, sous la vie extérieure, accessible au regard des
voisins et des amis, chacun de nous a une vie cachée, un sanctuaire
intérieur, où on ne laisse pénétrer personne et où s'entretiennent
nos forces, nos ambitions et même nos passions,- parmi lesquelles il
en est d'ailleurs de très légitimes et de très raisonnables. C'est même
là une des nécessités et des conditions de la vie sociale ; on y voile les
âmes comme les corps; on y observe la pudeur, qui empêche d'étaler
nos secrets, et la discrétion qui empêche de fureter dans les secrets
des autres. Et vous ne trouverez personne pour contester ces truismes.
Il n'y a donc pas lieu d'en faire honneur à M. Estaunié. Il ne reste
peut-être à son actif que de les avoir faussés et compromis, en don-
nant à la vie secrète de ses personnages un caractère équivoque
et même maladif. C'est d'ailleurs à des personnages de ce genre,
mal équilibrés, hyperesthésiques, dont la sensibilité, au contact des
choses et des hommes, a des « réactions » et des dépressions anormales,
que M. Estaunié a consacré tous ses romans, depuis V Empreinte jus-
qu'à cette Vie secrète. Disons qu'il est un peintre de névrosés. Mais
ajoutons qu'il l'est avec un talent non vulgaire, et que, pour
manquer d'aisance et d'aménité, pour être un peu pincée, d'une
gravité triste et quasi calviniste, sa manière n'en est pas moins, —
n'en est peut-être que plus pénétrante. Charles Arnaud.
ÉCOAOMIE POLITIQUE ET SOCIALE
1. Théorie du salaire et du travail salarié, par CHRi&Tïxy Cornélissen. Paris, Giard
et Brière, 1908, in-8 de 704 p., 14 francs. — 2. Le Problème de la misère et les Phé-
nomènes économiques naturels, par J. Novicow. Paris, Alcan, 1908, in-8 de 413 p.,
7 fr. 50. — 3. Les Forces productives de la France, conférences par P. Baudin,
P. Leroy-Beaulieu, Millerand, Roume, J. Thierry, E. Allix, J.-C. Char-
pentier, H. de Peyerimboef, P. de Rousiers, Daniel Zolla. Paris, Alcan,
— 29 -
1909, in-16 de 252 p., 3 fr. 50. — 4. Pourquoi et comment on fraude le fisc, par Ch.
Lescœur. Paris, Bloud, 1909, in-16 de 277 p., 3 fr. 50. — 5. Le Socialisme agraire^
ou le Collectivisme et révolution agricole, par Emile Vanderveldk. Pari.s, Giard
et Brière, 1908, in-18 de 487 p., 5 francs. — 6. Sociologie et Fouriérisme, par F. Jol-
livet-Gastelot. Paris, Daragon, 1908, in-18 de 233 p., 3 fr. 50. — 7. Quelques
écrits, par Adiiémar Schwitzguébel. Paris, Stock, 1908, in-18 de viii-172 p.,
1 fr. 50. — 8. La Démocratie vivante, par Georges Deher.me. Paris, Grasset, 1909,
in-8 de 402 p., 4 fr. 50. — 9. Les Colonies de vacances, par Louis Dei.périer.
Paris, LecofTre, Gabalda, 1908, in-12 de xx\ni-184 p., 2 fr. — 10. La Mutualité
scolaire, par Maurice Berteloot. Paris, Alcan, 1908, gr. in-8 de 224 p., 4 fr. —
11. Library of Congress. Select List of books with références to periodicals relating to
currency and banking, compiled unter the direction of Appleton Prentiss Clark
Griffin. Washington, Government printing Office, 1908, gr. in-8 de 93 p. —
12. Library of Congress. List of more récent works on fédéral control of commerce and
corporations, compiled unter the direction of Appleton Prentiss Clark Griffin.
Washington, Government printing Office, 1908, gr. in-8 de 16 p. — 13. Library
of Congress. List of books with références to periodicals relating to the eight hours
working day and to limitation of working hours in gênerai, compiled unter the direc-
tion of Appleton Prentiss Clark Griffin. Washington, Government printing
Office, 1908, gr. in-8 de 24 p. — 14. Library of Congress. List of books relating to
the first and second banks of the United States, compiled unter the direction of Ap-
pleton Prentiss Clark Griffin. Washington, Government printing Office,
1908, gr. in-8 de 59 p.
1. — M. Christian Cornélisscn, à qui nous devons sur .la Valeur un
ouvrage d'observations minutieuses et de jugements profonds, mais de
raisonnements parfois subtils, poursuit ses travaux en publiant une
Théorie du salaire et du travail salarié, où nous retrouvons les mêmes
qualités. C'est très mûrement étudié, et les vues ingénieuses y abon-
dent, tout autant que les conclusions solidement déduites. La lecture,
toutefois, ne laisse pas d'être un peu pénible et certaines idées très
communément répandues dans l'enseignement classique y sont par-
fois obscurcies plutôt qu'éclairées par la forme qu'elles revêtent. En
tout cas, la Préface, à elle seule,m'avait déjà conquis, ne fût-ce que par
une sage critique, soit de la méthode mathématique, soit de l'écono-
mie politique dite pure (pages 8, 11, etc.), M. Cornélissen rappelle
d'abord que, dans sa Théo/ne de la valeur., il avait défini le travail :
« l'énergie potentielle transformée par l'organisme humain en mou-
vement mécanique » et qu'il avait blâmé la substitution du mot force-
travail au mot travail, que le marxisme avait imaginée (p. 21 et 36).
Cette fois • — et l'idée en était déjà dans son autre volume ■ — il dis-
tingue pour le travail : 1° une « valeur d'usage », qui est ce que le
patron trouve d'avantage à faire travailler l'ouvrier, sans quoi il
n'achèterait pas le travail; 2" une « valeur de production », qui est le
prix de revient de la force ouvrière entretenue et renouvelée; enfin
3° une « valeur d'échange », qui est le prix effectif du travail (p. 131,
p. 37 en note, etc., etc.). Normalement la valeur d'échange ne peut
être ni inférieure à la valeur de production, ni supérieure à la valeur
d'usage, parce que, d'une part, si cette limite minimum n'était pas
- 30 —
atteinte, il n'y aurait plus d'ouvriers et que l'ouvrier doit pouvoir vivre
de son travail, et parce que, d'autre part, « les hommes n'attachent
en définitive une valeur au travail que parce qu'il pourra servir à
la satisfaction de leurs besoins (p. &1'8) » r or, le travail dont la valeur
d'échange excéderait la valeur d'usage, serait incapable de satisfaire
aucun besoin de l'employeur. Mais comment cette valeur d'échange
évoluera-t-elîe entre ces deux limites? Tous les éléments qui concou-
rent à la déterminer s'entrecroisent sans cesse dans leurs actions réci-
proques, de telle sorte qu'il y ait une concordance parfaite entre les
lois qui régissent le prix au travail et celles qui régissent le prix des
marchandises. ■ — L'auteur discute à fond les théories scientifiques
plus absolues qui ont régné dans les écoles : d'abord la loi du fonds
des salaires; puis la vieilte loi de Toffre et de la demande; puis la
théorie utilitaire ou utilitariste déduite de la productivité du travail;
enfin la loi du coût de production ou loi d'airain ou loi du salaire
nécessaire, loi qui a perdu, comme l'on sait, toute la vogue momen-
tanée que Lassalle et Mgr de Ketteler lui avaient fait conquérir, l'un
chez les socialistes et l'autre chez les catholiques. Dans cette partie
du volume nous avons trouvé tout particulièrement intéressante la
discussion de la théorie utilitaire, à cause de la critique à laquelle
sont soumises soit les formules de Fr. A. Walker et de Paul Leroy-
Beaulieu, soit les systèmes de Thûnen, de Bœhm-Bawerk et de Mar-
shall (p. 110 et s.). — Les deux parties qui suivent sont moins théo-
riques. Il s'agit d'abord des conditions du travail, suivant les profes-
sions et les métiers, puis de certaines influences qui agissent sur le
taux des salaires, telles que la législation ouvrière, les coalitions,
les syndicats et les gi"èves. Cette fois c'est une étude d'observation.—
Nous voudrions recommander cet ou\Tage aux hommes studieux qui
ont la capacité de le comprendre, et nous les y inviterons en leur signa-
lant à la fin du volume une table alphabétique très détaillée de tous
les sujets abordés, ne l'eussent-ils été que très incidemment. C'est
ardu et profond, me dira-t-on peut-être. Mais après tout Karl Marx
l'était bien autrement, et cependant on lui en a fait gloire, même et
surtout quand on ne l'avait pas seulement ouvert.
2. — M. Novicow, professeur à l'Université d'Odessa et en sociologie
l'un des défenseurs les plus actifs de l'école dite organique (par oppo-
sition à l'école ethnographique), se demande, dans son ouvrage : Le Pro-
blème de la misère et les Phénomènes économiques naturels, pourquoi la
misère existe et comment on peut la faire disparaître. Pourquoi elle
existe ? C'est bien simple. « Cet état lamentable, dit-il, vient de ce
que Ton ne comprend pas encore la notion exacte de la richesse (p. 1) ».
L'économie poUtique a manqué à sa mission; « les faits économiques
sont exposés d'une façon défectueuse » : par conséquent « les hommes
— 31 -
se sont fourvoyés dans les sentiers de l'erreur (p. 2 et 3). ))■ — Eh bien l
tout cela me met en délianee : je ne me livre pas volontiers aux gens
qui me disent qu'avant eux l'on n'avait rien fait de bon. Mais écou-
tons M. Novicow : « Les hommes les plus instruits, dit-il, les hommes
d'Etat et même des économistes célèbres (sic) ne comprennent pas la
véritable essence de la richesse (p. 103) »; elle n'est « ni une chose,
ni un état »; elle est « une possibilité de jouissance (p. 109) », ou mieux
encore « l'adaptation du miMeu réalisée dans le temps le plus court
possible (p. 111) ». Elle n'est donc pas «une chose ou un ensemble de
choses », mais un « état de choses » (ibid. p. 114, 117, etc.). Quoi!
un état de choses? mais justement on venait de nous dire qu'elle n'est
pas un état 1 Après cela, nous apprenons que la misère « vient actuel-
lement de trois sources principales : le malheur, le vice et les condi-
tions sociales (p. 156) »,et pour la guérir il faut combattre la spohation
sous toutes ses formes, y compris en elles les monopoles, le protec-
tionnisme et l'exclusivisme national (p. 165). On obtiendra ce résultat,
d'une part, par des réformes politique s, coinrae la fédération des États,
la suppression des guerres et des conquêtes; d'autre part, par des ré-
formes économiques^ qui accroîtront de beaucoup la production.
Ainsi <( la misère n'est pas une affaire de répartition (p. 149) ; elle
ne vient ni de la lutte pour l'exisLence ni de la concurrence; elle vient
du vol sous toutes ses formes, depuis le mouchoir dérobé par le pick-
pocket jusqu'à la province conquise par les monarques (p. 404) ».
Avec cela M. Novicow est un ennemi des socialistes, dont le règne ne
pourrait qu'augmenter la misère; un ennemi aussi du christianisme,
qui a « apporté dans le monde une masse de maux bien plus considé-
rable que ceux qu'il prétendait guérir (p. 198) »; un ennemi par con-
séquent de M. Jaurès, qui est « l'alUé du Pape (p. 199) ». Même la
libre pensée lui paraît dangereuse par ses conséquences sociales : car
celles-ci provoquent la réaction (lôtV/.), de même que « les socialistes
prêtent un appui au militarisme et aux doctrines réactionnaires en
religion, en pohtique et en philosophie (p. 200). » Alors qu'est dontic
M. Novicow? Eh bien, il croit à la biologie; et à ses yeux « le proces-
sus économique sera parallèle au processus biologique parce
qu'il en est la continuation immédiate », en conduisant lui^aussi
les sociétés au mieux-être, comme l'autre les fait monter vers un orga-
nisme de plus en plus parfait (p. 390, 12, etc.). • — Tout cela, dirons-
nous, n'est pa^ bien intéressant, ni bien sérieux, et ce ne sont pas ces
idées qui donneront du pain au pauvre monde.
3. — La Société des aneien& élèves de l'Ecole libre des sciences poli-
tiques a organisé des conférences dans lesquelles les sommités du
monde économique prennent tour à tour la parole. C'est ce choix
d'orateurs qui fait l'iatérêt du volume intitulé aujourd'hui : Les Forces
- 32 —
productives (le la Fronce. M. D, Zolla a traité de la « Productivité de
l'agriculture »; M. E. Allix, professeur à l'Université de Caen, a parlé
de « la Concentration industrielle et de son influence sur le sort des
classes ouvrières >>; M. P. de Rousiers, secrétaire général du Comité
central des armateurs de France, a entretenu de « la Marine mar-
chande et des forces productives de la France «•, M. J.-C. Charpen-
tier, de « l'Organisation du commerce extérieur »; enfin M. de Peyer-
imhoff, des « Forces nouvelles en formation dans l'Afrique du nord ».
On lit le volume avec fruit. En matière d'agriculture, par exemple,
M. Zolla discute ou plutôt dissipe très heureusement certaines illu-
sions : il montre que, pour calculer le produit de cette industrie, il
faut bien se garder d'additionner, comme on a parfois essayé, les
quantités ou valeurs de ses diverses récoltes et de compter séparément
le foin et le bétail, la paille de cette année et le blé ou les pommes de
terre de l'année prochaine. Pourquoi? C'est que l'agriculteur se fait
à lui-même, très ordinairement, la matière première de son industrie,
en utilisant son fourrage pour faire de la viande, et sa paille transfor-
mée en engrais, pour faire du grain. C'est bien clair : mais beaucoup
de citadins qui se croient très forts, ont tout de même besoin de l'enten-
dre dire. M. Paul Leroy-Beaulieu, qui avait présenté le conférencier,
l'a justement félicité, et il a eu la malice de disséquer par la même
occasion le fameux raisonnement de M. Jules Guesde, que puisque les
machines à vapeur font en France un travail équivalent à celui de
30 millions d'êtres humains, il est mathématiquement certain que les
38 millions de Français peuvent bien se contenter de 2 heures 30 de
travail et probablement même de 2 heures 20. — Parmi les présidents
de ces réunions, je trouve encore MM. Baudin et Millerand, anciens
ministres, M. Thierry, député de Marseille, et M. Roume. M. Baudin
laisse percer son esprit socialiste : il accuse la bourgeoisie de manquer
à son devoir. Quant à M. Thierry, sur la situation de la marine mar-
chande, il la note moins favorable que ne la trouvait M. de Rousiers.
On sait que nous sommes sur ce point beaucoup inférieurs aux autres
peuples; mais est-ce donc une conséquence toute naturelle de la
nature différente de nos articles d'exportation et d'importation, ou
bien encore de la dissémination plus grande de nos ports de commerce?
Nos lois, notre état social et le manque de suite de notre histoire à
travers nos vicissitudes politiques n'ont-ils pas exercé leur action
sur cette décadence sans doute inguérissable? Voilà ce que M. Thierry
lui-même n'a pas assez dit, et M. de Rousiers encore bien moins.
4. • — Quelques années après l'avènement de l'impôt progressif sur
les successions et devant l'imminence de l'impôt progressif sur le
revenu, à travers toutes les exagérations d'une fiscalité aussi rapace
que malhonnête, M. Lescœur donne une étude d'une frappante
— 33 —
actualité : Pourquoi et comment on fraude le fisc. Cependant l'ouvrage
ne comprend pas tout ce que son titre semble annoncer; il n'y est
question que des deux sujets que nous venons de citer, les successions
et le revenu. Là dessus, M. Lescœur discute avec soin tous les moyens
imaginés, simulation de passifs, dissimulation de valeurs mobilières,
dépôts à l'étranger, location de coffres-forts, transmissions de la main
à la main, etc. Seulement, à tout prendre, je crois que les fraudes sont
moins importantes que le fisc n'affecte de le croire, pai-ce que « l'éva-
sion fiscale », pour employer le mot nouveau, est gênée beaucoup par*
les situations juridiques des. successibles, telles que les minorités, les
tutelles et les reprises futures en vertu de contrats de mariage. Ce sont
des questions très pratiques de droit civil que M. Lescœur n'a pas fait
non plus entrer dans son plan. — Il finit en se demandant « si les décla-
rations inexactes et insuffisantes sont contraires à la loi morale ». Il
répond affirmativement (p. 258), sans se dissimuler qu'il a contre lui
l'unanimité de l'opinion commune et le sentiment de plusieurs mora-
listes. Et la solution à donner, demanderai-je, ne peut-elle pas être
influencée aussi par le caractère plus ou moins spoliateur des lois
fiscales et par le rôle plus ou moins malhonnête que l'Etat s'est donné
suivant les situations et les époques? Car enfin la confiscation, si un
temps venant il y a réellement atteinte au droit de propriété privée,
s'impose-t-elle moralement à la conscience du confisqué?
5. — Passons au socialisme.
Peu de sujets sont aussi graves que sa diffusion dans les campagnes
et la transformation ou la suppression de la propriété rurale. Aussi
le Socialisme agraire^ ou le Collectivisme et l'évolution agricole^de M.Van-
dervelde, est-il un volume fort instructif, encore que certaines des-
criptions qui s'y trouvent aient besoin d'être rectifiées ou complétées,
M. Vandervelde, dont le socialisme est bien authentique et bien connu,
se demande si les conditions préalables nécessaires à l'avènement
du collectivisme existent dans l'industrie agricole ou si du moins
elles sont en voie de s'y réaliser. Produit-on de plus en plus pour
l'échange au lieu de produire pour la consommation? La propriété
ou capital tend-elle à se séparer du travail? La petite production dis-
parait-elle devant la grande? M. Vandervelde répond affirmativement
aux trois questions (p. 134 et s.), après de nombreuses citations qu'il
emprunte à ses études diverses sur l'agriculture en Belgique, en
France et en Angleterre, un peu même en Allemagne. Cependant il
ne m'a aucunement convaincu, surtout sur l'évolution qui se ferait
actuellement dans le sens d'une séparation toujours plus grande du
travail et de Ja propriété. — Le volume renseigne aussi très heureu-
sement sur la querelle qui a surgi entre les « orthodoxes » avecKautsky,
d'une part, et, d'autre part, les « révisionnistes » avec David. Kautsky,
Janvier 4909. T. CXV. 3.
- 34 -
qui voit dans l'avenir do vastes exploitations gérées par des associa-
tions de travailleurs agricoles (p. 89), ne croit pas qu'on puisse, au
moins pour le moment, soutenir à la fois les intérêts contradictoires
des paysans producteurs et des ouvriers consommateurs : on sacrifiera
donc les premiers aux seconds (p. 220 et s.). David, au contraire, qui
attend de « petites exploitations rurales en nombre croissant, associées
entre elles pom' l'achat des matières premières, la vente et la manu-
tention des produits » (p. 89), réclame avec énergie, dès maintenant,
toutes les mesures qui peuvent améliorer la condition des petits culti-
vateurs (p. 225 et s.).Avant de prendre parti, M. Vandervelde examine,
selon le progamme d'Erfurt, les revendications communes aux prolé-
taires de l'industrie et à ceux de l'agriculture (p. 236), en plaçant
parmi ces derniers les petits propriétaires cultivateurs. Bien entendu,
(! l'impôt progressif sur le revenu et les successions, le suffrage univer-
sel et l'allégement des charges militaires », en un mot ce que nous
avons déjà ou allons avoir, forme la préface de ces revendications
(p. 237). Mais il y en a aussi qui sont spéciales à la campagne : régle-
mentation du travail agricole, réduction de sa durée, indemnité pour
plus-values, etc. etc. Finalement c'est la nationalisation du sol qui
est au bout, et le dernier chapitre de M. Vandervelde sur les colin-
siens et les marxistes est fécond en renseignements très utiles pour
l'histoire des idées (p. 435 et 447).- — Tout cela se réalisera-t-il? Qui
sait où nous allons et dans quelle révolte contre le bon sens, la
morale et Dieu le monde est destiné à finir?
6. ■ — Je sais franchement gré à M. Jollivet-Castelot de son petit
volume : Sociologie et Fouriérisme. Dans certaines milieux univer-
sitaires on fait actuellement de tels efTorts pour réhabiliter cette
espèce de fou que Fourier a été, qu'il est bon de le voir exposé aux
regards d'une façon aussi naïve et aussi complète, en un mot tel qu'il
fut. Or, M. Jollivet-Gastelot s'acquitte de ce soin avec toute la fer-
veur et toute la sincérité de son admiration. Au lieu de prendre çà
et là certaines tirades sur la vertu de l'association ainsi que fait
M. Gide, il décortique avec soin les ouvrages de son rêveur favori;
après une biographie et un exposé général du système, il consacre
des chapitres entiers à l'étude de la cosmogonie fouriériste, de l'im-
mortalité do l'âme et de ses réincarnations, de l'attraction passion-
nelle, des groupes et dos séries, du phalanstère enfin et do son fonction-
nement économique. L'auteur est tellement de bonne foi qu'à bien des
reprises il avoue qu'il se trouve en présence d'hallucinations incohé-
rentes. (( Nous ne continuerons point, n'est-ce pas? dit-il quelque part,
le jeu de ces modulations plus originales que valables (la Terre, par
copulation avec elle-même, sous l'action de ces deux atomes, le mas-
culin issu du pôle nord et le féminin issu du pôle sud, a engendré le
cerisier; copulant avec Mercure, elle a engendré la fraise, etc.)... Il
— 35 —
est singulier et regrettable que de tels écarts d'esprit viennent se
combiner aux méditations si vastes, si logiques et si belles, d'allure
parfois hautement mathématique, qui font de la cosmogonie entrevue
par Fourier une sorte de Genèse flamboyante, apocalyptique et ver-
tigineuse (p. 85 et 86; item, p. 118 et s.) ». Mais ces réserves sur le
chapitre des rêveries cosmogoniques n'empêchent pas le panégyriste
d'approuver les fantaisies les plus immorales et même d'y applaudir.
Suppression du mariage et de la famille, polygamie et polyandrie,
mœurs de haras et de chenil, tout cela est vanté comme un des côtés
les plus moraux et les plus élevés du fouriérisme (p. 8 et s.; p. 125,
153 et s.). Prétendre que les pages de Fourier contre le mariage et sur
les « neuf degrés du cocuage « sont « tracées de main de maître », voilà
qui ne fait honneur ni au sens moral, ni au sens littéraire de l'écrivain.
M. Jollivet-Castelot n'en conclut que plus résolument en faveur du
fouriérisme, seul moyen d'améliorer pacifiquement la société en la
transformant peu à peu, sans la jeter dans la Révolution; car l'auteur
appartient encore à la race à peu près éteinte des socialistes idylliques.
Aussi trouve-t-il que si les « Karl Marx, les Bebel, les Guesde, les Jau-
rès, les Viviani, les Briand ont démoli le capitalisme », il leur a pour-
tant manqué « jusqu'ici, de construire une théorie séduisante et syn-
thétique de l'ordre social de demain (p. 1 et 2) ». J'aime bien cette
classification de nos grands hommes politiques : MM. Viviani et Briand
collaborateurs et complices de Marx et de Jules Guesde, ce n'est pas
moi qui le lui ai fait dire. • — Le volume se termine par deux chapitres
de conclusions, dont le premier nous présente une « journée harmo-
nienne aux environs de l'an 2000 », avec les libertés peu chastement
décrites de l'attraction sexuelle et avec l'application de toutes les
découvertes scientifiques que nous avons faites depuis Fourier ou
que nous sommes en voie de faire. L'autre de ces chapitres adapte le
fouriérisme aux «problèmes sociaux actuels » : c'est la peinture de l'âge
d'or, car l'a associationnisme » aura tôt fait de porter à 900 milliards
la richesse de la France, qui n'est encore que de 200 milliards ou guère
plus (p. 224).
7. . — Adhémar Schwitzguébel, né en 1844, près de Saint-Imier, et
mort à Bienne en 1895, avait été graveur de son métier. Il s'était
enrôlé des tout premiers dans l'Internationale et pour ainsi dire dès
sa fondation. Membre influent de divers congrès socialistes révolu-
tionnaires, il fut un ardent apôtre de « l'organisation ouvrière géné-
rale » en lutte contre le patronat, dans la conviction que « les circon-
stances et la situation indiqueraient ensuite logiquement la tactique
à suivre ». 11 mérita ainsi les éloges du grand nihiliste russe, le prince
Kropotkine. Sa mort remonte déjà à treize ans : mais une main amie
vient de réunir quelques pages de genres très divers qu'il sema au
cours de ses tournées de propagande, dans la courte période entre
— 36 —
1869 et 1876. Ces Quelques écrits renferment des morceaux variés, des
manifestes, des articles pour VAlmanaeh du peuple, un dialogue pour
démontrer que l'intérêt de l'ouvrier n'est pas de verser à la Caisse
d'épargne, mais bien à des sociétés de résistance, enfin ■ — et c'est le
morceau le plus considérable • — une conférence qu'il lut à Berne, à
Saint-Imier, etc.,. sur « le radicalisme et le socialisme ». Les idées n'y
tranchent pas avec ce qu'elles sont d'ordinaire dans les déclarations
de ce genre : quant au ton, il est tout aussi affirmatif et brutal,
sans être aussi déclamatoire qu'on le trouve souvent ailleurs. On sent
bien que les haines sociales fermentent dans le cerveau de Schwitz-
guébel : mais il les exprime posément et froidement. Cela ne change
rien à la conclusion. « La Révolution sociale est inévitable », dit -il.
Il faut « que la Révolution, aux yeux de la miasse populaire, devienne
un but immédiat. Il suffît d'un bien faible effort dans ce sens : l'ou-
vrier, cessant d'envisager sa société de métier comme une simple
société d'assurance mutuelle, doit la considérer comme le levier d'une
nouvelle organisation sociale (p. 170) ». En voilà un qui avait bien
déjà, il y a trente ans, une idée très claire du rôle que le syndicalisme
était appelé à jouer plus tard dans la Confédération générale du tra-
vail. Mais je n'ai trouvé que cela d'intéressant dans le volume.
8. ■ — Après le socialisme nous abordons les œuvres dites sociales.
M. Georges Deherme, bien connu comme fondateur des « Universités
populaires », vient de s'ouvrir tout entier dans son volume la Démo-
cratie vivante. Il y est avec ses conviction&, ses illusions et ses décep-
tions. Aussi je connais peu de livres qui fassent mieux toucher du
doigt l'impuissance où se débattent éternellement tous les hommes
qui veulent fonder une société sans point fixe et sans base, parce
qu'ils la veulent fonder sans philosophie et sans Dieu. L'idéal, c'eBt
l'éducation de la démocratie; le patronage, c'est une préface de M. Cle-
menceau, parue il y a beau temps déjà dans le premier numéro de la
Coopération des idées. Mais depuis, hélas ! « notre confiance ingénue
en la démocratie ■ — dit M. Deherme à sa première ligne — résiste mal
à nos expériences... Les symptômes délétères se sont aggravés : au-
jourd'hui il nous semble que le souci de l'ordre doit l'emporter sur
celui de la liberté » (p. 1). Le livre comprend trois parties : 1° la Démo-
cratie par la liberté ou la Monarchie pour l'ordre ; 2° les Maladies
sociales de la démocratie (alcoolisme, laideur et tristesse, féminisme,
antimilitarisme et autipatriotisme, pessimisme et socialisme); enfin
3° l'Organisation de la démocratie. Le style est martelé, remarquable
par son énergique concision; il impressionne fortement le lecteur;
à chaque page se rencontrent des pensées profondes que l'on voudrait
pouvoir se graver dans l'esprit comme on ferait d'une maxime de Pas-
cal ou de La Bruyère. Ce sont généralement d' apures, critiques dirigées
contre les tendances ou les faits contemporains. Par exemple « il sem-
- 37 -
blerait, dit M. Deherme, que les pupilles de la République n'aient
appris à lire que pour les annonces alléchantes de « l'absinthe bien-
faisante » et pour assurer une clientèle à la littérature fangeuse des
feuilletons et des pornographes » (p. 236) ; ou bien : « le féminisme
n'est qu'une forme de l'esprit du sectarisme ; le mot lui-même est une
monstruosité... et en lisant les écrits féministes, nous avons été tou-
joui"s frappé du ferment de décomposition sociale qui s'en dégage...
On parle constamment des droits, jamais des devoirs '(sic) {p. 144
et 145) ». En un mot, dans ces vœux incessants pour une éducation de
la démocratie, tandis que M. Deherme, comme nous l'avons dit,
ne cache point que les déceptions lui feraient « corriger bien des
pages et peut-être des chapitres gitiers s'il avait à récrire ce livre
(p. 1)», on est frappé comme malgré soi par ce ton continu de décou-
ragement. M. Deherme a foi dans son idée, mais pas le moins du monde
dans le succès de son idée. A quoi bon? « Les heureux, dit-il, ce sont les
quiets qui mettent leur hygiène au-dessus de tout, ou ceux qui re-
tournent aux vieux dogmes. Mais nous, les inquiets, que tant de mys-
tères oppressent, où allons-nous? (p. 397) ». Voilà le cri de la fin et il
résonne en accord parfait avec le cri du commencement : « Il n'y a
pas de vérité absolue », disait-il au début de son œuvre. Et cela ne
devait pas être, faut-il dire, une légère difficulté pour « recons-
tituer • — ainsi qu'il se le proposait • — la société dissoute par la critique
révolutionnaire et la négation métaphysique, si le destin n'a pas
marqué que la civilisation doit ainsi finir » (p. 9). Pourquoi donc
M. Deherme, en niant qu'il y ait une vérité absolue, se fait-il à
son tour complice de cette « négation m-étaphysique » qu'il accuse
d'avoir dissous la société? Explique qui pourra! Quoi qu'il en soit,
on se sent pris d'une profonde pitié en voyant tant de bonne volonté
et de talent qui se dépensent, absolumlent impuissants, à lutter contre
le doute et la désespérance.
9. — On connaît toute l'importance que les institutions d'enfants
à la montagne, de colonies scolaires, etc., ont prise en ces dernières
années. Sous le titre : Les Colonies de vacances, M. Louis Delpérier
donne un petit volume, infiniment substantiel, destiné certainement
à devenir le manuel de tous les hommes qui se consacrent à cette
œuvre excellente. M. Delpérier en raconte les premiers essais, sous
l'inspiration de M. le pasteur Bion, de Zurich, en 1876; il décrit les
rapides progrès de cette idée et il en fait toucher du doigt les heureux
résultats au point de vue de la santé et du moral des enfants, d'après
des statistiques minutieuses; enfin, après ce que j'appellerai la partie
historique et descriptive, viennent les utiles discussions sur. l'orga-
nisation d'une colonie, sur les avantages comparatifs du « placement
familial » et de la « colonie collective », sur la responsabilité éventuelle
des directeurs d'œuvres, etc. Tout cela est expliqué clairement et
— 38 —
sobrement, comme peut le faire un homme qui aime et qui connaît
à fond ce dont il parle : aussi est-il difiicile d'imaginer quelque chose
de plus complet, au point de vue pédagogique comme au point de
vue statistique. ■ — M. Delpérier envisage ces colonies comme une
puissante « oeuvre de paix sociale », mais il le fait en dehors de toute
préoccupation religieuse, et je ne sais pas s'il ne regrette point que des
fondations catholiques qui s'en occupent y apportent un esprit « con-
fessionnel » de moralisation et d'apostolat. La neutraUté la plus abso-
lue lui suffît ou lui agrée. C'est en ce sens qu'il blâme les œuvres muni-
cipales qui, en ne permettant pas à l'enfant de continuer l'exercice
de ses pratiques religieuses, manquent à une «condition essentielle
de la neutralité d'œuvres qui doivent s'appliquer à ne rien changer
à cet égard à l'éducation familiale (p. 79) »; il désapprouve donc la
commission de VŒuvre mutuelle des colonies de vacances (Association
des instituteurs), pour avoir voté, à la presque unanimité de ses mem-
bres, la formule suivante : « Les enfants ne seront pas conduits aux
exercices du culte et ils ne seront pas autorisés à s'y rendre seuls
(p. 71) )).■ — ]\L Cheysson a mis une Préface où il célèbre l'influence bien-
faisante de la nature et de la campagne sous les points de vue les plus
divers. C'est fort bien écrit et tout à fait capable de faire aimer les
œuvres d'enfants à la montagne. Je regrette cependant, dans le sens
de M. Delpérier, une phrase qui donnerait à penser que les calculs
« religieux » sont contraires au « désintéressement de ceux qui vont
au peuple (p. xxiii) ». Quoi ! lorsque l'on va au peuple, il faut donc
au préalable se désintéresser de l'idée de Dieu? Est-ce que j'ai mal
compris ou bien est-ce à dessein que la phrase de M. Cheysson était
ambiguë ?
10. ■ — De son côté, et comme pour faire pendant aux colonies de
vacances, mais avec un esprit évidemment différent de M. Delpérier,
M. Bertheloot, inspecteur d'Académie, publie un volume sur la Mutua-
lité scolaire, qui peut être un vrai manuel à l'usage des directeurs de
ces intéressantes associations. L'histoire des mutuelles scolaires ou,
comme on dit, des « petites Cave », y est présentée avec beaucoup de
détails, à travers les diverses lois sous lesquelles elles ont eu à vivre
avant celle du 1^^ avril 1898. La statistique et la documentation
sont tout ce qu'il est possible de désirer. Même les essais tentés dans
les œuvres catholiques sont passés convenablement en revue. Bien
entendu, il ne faudrait pas demander à M. Bertheloot le moindre atome
d'esprit chrétien; il ne voit qu'à travers la Ligue de l'enseignement
ou par les yeux de M. Edouard Petit. Il compte sur là mutualité sco-
laire pour être vraiment l'école modèle de la prévoyance et de la soli-
darité ; « par la liberté dans l'égalité, elle enseignera la fraternité aux
«nfants de la République » (p. 199). Voilà, sans contredit, une jolie
phrase de style pompier ! Aussi, quand M. Bertheloot a constaté
— 39 —
qu'une société de secours mutuels a existé à Paris, dès 1694 et qu'il
s'y en est fondé douze au cours du xviii^ siècle, il ajoute qu'elles
« avaient un caractère corporatif et qu'elles subordonnaient leur
action à l'autorité ecclésiastique, toute puissante dans l'ancien
régime »; il trouve donc tout naturel que la Révolution « n'ait vu
en elles que des foyers d'abus séculaires et ne leur ait pas été favo-
rable (p. 3) ».
11, 12, 13 et 14. ■ — Enfin, sous le titre : Library of Congress,
travail dressé sous la direction de M. Appleton Prentiss Clark Griffîn,
chief bibliogrnpher^ et imprimé à Washington par l'imprimerie du
gouvernement, on trouve les nomenclatures très riches de tout ce
qui a paru en diverses langues, soit comme ouvrages, soit comme
article 5 de revues sur les sujets suivants : Currency and banking
(circulation et banque) au point de vue des conditions nouvelles de
l'émission; Fédéral contrôle of commerce a?id corporations ; The eight
hoiirs working-day (la journée de travail de huit heures et
généralement la limitation des heures de travail) ; puis First
and second banks of the United States. Sur ce dernier point tout le
monde sait que la circulation aux États-Unis a passé par les phases
les plus diverses : une, puis deux banques seulement d'émission et
par conséquent le régime du monopole; d'autres fois, la circulation
régie par la législation particulière de chaque État, avant qu'on arri-
vât au régime de la législation fédérale avec la liberté d'émission pour
tout le monde sous certaines conditions de cautionnement en fonds
fédéraux. J. Rambaud.
BEAUX-ARTS
{Siùle)
13. Histoire de l'art depuis les premiers temps chrétiens jusqu'à nos jours, publiée sous
la direction de André Michel. Tome lll.Le Réalisme. Les Débuta de la Renais-
sance. Première partie. Paris, Armand Colin, 1907, in-4 de 464 p., avec 5 pi. hors
texte et 257 grav., 15 fr. — 14. Manuel d'archéologie préhistorique, celtique et gallo-
romaine, par Joseph Déchelette. I. Archéologie préhistorique. Paris, Alphonse
Picard et fils, 1908, in-8 de xix-747 p., avec 249 grav., 15 fr. — 15. L'Art égyptien.
Choix de documents accompagnés d' indications bibliographiques, par Jean Cap.^rt.
Paris, Guilmoto, 1909, in-8 de 31 p. et 100 planches en phototypie, 10 fr. — 16.
Supplementarij papers of the American school of classical studies in Rome,
Vol. II. New York and London, Macmillan and C», 1908, in-4 de ix-293 p., avec
41 gravures. — 11. Le Forum romain et les forums impériaux,pAv'iiE:<R\' Thédenat.
Quatrième édition. Paris, Hachette, 1908, in-16 de xu-454 p., a*rec 3 grands plans,
62 grav. et 8 phototypies, cartonné, 5 fr. — 18. La Villa d'Hadrien près de Tivoli.
Guide et description, suii,'i d'un Catalogue des œuvres d'art, par Pierre Gusm.\.n.
Paris, Hachette, 1908, in-16 de iii-171 p., avec 129 grav. et plans, et 1 plan en
couleurs, cartonné, 5 fr. — 19. L' Art religieux de la fin du moyen âge en France,
étude sur l'iconographie du moyen âge et sur ses sources d'inspiration, par Emile
Mâle. Paris, Armand Colin, 1908, in-4 carré de xii-559 p., avec 250 grav., 25 fr.
— 20. La Vierge de Miséricorde, étude d'un thème iconographique, par Paul Perdri-
ZKT. Paris, Fontemoing, 1908, in-8 de i-260 p., avec 31 planches hors texte et
- 40
'4 prar.. 16 ïr. — 2L. Les Cloiiet, ppcntres ofliciek des rois de France, par Etienne
Morf.au-Nélaton. Paris, Emile Lévy, 190R, in-4 de 72 p., avec 12 planches et
19 grav., 20 îr. — 22. Les Frères Du Alonstier, peintres de la reine Catherine de
Médicis, par Étien-ne MoREAt-NÉLATON. Paris, Èmik Lévy, lOOS, in-4 de 15 p.,
.aîvecl2 planches, 10 fr. — 23. Trois Églises^et Trois Primitifs, ^ar J.-K. Hiysmat>;s.
Paris, Plon-Nourrit, 1908, in-18 de 289 p., 3 fr. 50. — 24. Bibliothèque de rensei-
gnement des beaua:-arts. La Sculpture espagnole, par Paul Lafond. Paris, Alcide
Picard, -s. d. (1908), Jn-S de 336 p., avec 120 grav., 3 tr. 50. — 25. Kiinstler-Mono-
graphien. Auguste Rodin, von Otto Grautoff. Bielefeld und Leipzig, Velhagen
urid Klasing, 1908, iiv-4 de 104 p., avec 107 grav., 3 fr. 75. — 26. Les Monuments
nationnux en Allemagne, par Eugène Poiré. Paris, Plon-Nourrit, 1908. in-18 de
"XV-SOS p., 3 fr. BO. — 27. Les Anciens Artistes-Feintres et décorateurs mulhou-
siens jusqu'au \ix<' siècle, par Ernest Meinin&er. Mulhouse et Paris, Champion,
1908, in-8 de x-95 ,p., avec 12 planches en phototypie, 10 fr. — 28. Soui'cnirs de
"Belgique et de Hollande. Vn Dessin de Colyer Edouard, pav 3. C.-Ai.frïd Prost. Paris,
imp. Picquoin. 1908, in-18 carré de ai-IOO p., 3 îr. — 29. Les Maîtres de Tart. Chir-
landaio, par Henri 'Hauvette. Paris, Plon-Nourrit, s. d. (1908), .in-8 de iii-191 p.,
avec 24 planches, 3 £r. 50. — 30. Petites Villes d'Italie. II. Emilie, Marches, Ombrie,
par ANDRÉ]MAUREi..Paris, Hachette, 1908, in-16de 340 p., 3fr. 50.— 31. Ruskin-
Pages choisies, svec une Inlroduction de Robert dt.xaSizeraane. Paris, Hachette,
1908, in-16 de xxxvi-.266 p., avec un portrait, 3 îr. 50.^- 32. Le Bepos de Saint-
Marc. Histoire de Venise pour les rares voyageurs qui se soucient encore de ses monu-
ments, par Rusicin; traduit de l'anglais par "K. Joxhston. Paris, Hachette, 1908,
in-16 de ix-272 p., 3 fr. — 33. Nouvelles Études sur l'histoire de Tart, par Emile
Michel. Paris, Hachette, 1908, in-16 de xai-35.9 p., 3 fr. 50. — 34. Les Doctrines
d'art en France. Peintres, amateurs, critiques. De Poussiji à Diderot, par André
Fo-NTAiNE. Paris, Laurens, 1909, in-8 de in-316 p., avec 12 planches, 9 fr. — 35.
Les Beaux- Arts et la Nation, par Ch.-M. Couyba. Paris, Hachette, 1908, in-16 de
vii-299 p., 3 fr. 50. — 36. Les Idées et les formes. Rapport au public sur les beaux -
arts, parPÉLADAN. Paris, Sansot, 1908, petit in-r2 de 67 p., 1 fr.
13. — La première partie du tome III de la tjrande Histoire de l'art
publiée sous la direction de M. André Michel contient des chapitres
particulièrement intéressants. Nous avons dit adieu à l'art gothique,
que nous ne retrouverons plus désormais que modifié sous l'influence
de l'art antique; nous sommes au début de ce que l'on est convenu
d'appeler la Renaissance, et nous constatons le progrès toujours
grandissant du réalisme. M. Enlart, poursuivant sa longue et minu-
tieuse enquête architecturale, a étudié dans toute l'Europe l'évolution
du style flamboyant; M. le comte Paul .Durrieu,. l'historien de la minia-
ture française, a écrit sur la peinture en Fraiice, de la seconde moitié
du xiv^ siècle jusqu'aux premières années du xv^, une dissertation
qui est un modèle de sagacité critique; M. de Fourcaud a raconté en
excellents termes la merveilleuse histoire des frères A'an Eyck, et
décrit les œuvres de leurs contemporains et successeurs immédiats;
-M. Maurice HaKiel, dans un texîte revu et 'complété par M. André
Michel, nous initie à 'la peinture allemande, aux écoles colonaise,
franconienne, souabe et tyrolienne.; IVI. Conrad de Mandach parle de
la peinture suisse, et M. Henry Marcel des' commencements, encore
bien mystérieux, delà peinture anglaise. Le dernier travail du regretté
Henri .Bouchot se trouve dans ce volume : c'est une étude sur les ori-
gines de la gravure sur bois et en taille-douce, où sont discutées et
— 41 —
tranchées — un peu -nettement peut-être, mais c'était la façon de
travailler de notre ami Bouchot — des questions fort complexes
de priorité et de fdiation. M. Guifîrey a traité de la tapisserie aux xiy^
et xy6 siècles; et M. André Michel a continué, avec cette ampleur
de vues et cette ardeur d'expression qui sont les dons précieux de ^a
critique, la longue et magistrale histoire de la sculpture française.
Quelques pages intéressantes de M. Enlart sur la sculpture anglaise,
et un petit traité de haute valeur de M. Maurice Prou sur l'art moné-
taire pendant la période gothique, terminent ce remarquable volume,
où l'illustration, toujours plus abondante et plus variée, se maintient
à la hauteur du texte. •
14. — Lorsque MM. Alphonse «t Auguste Picard entreprirent la belle
collection de Manuels d'archéologie, où les ouvrag-es de M. Enlart et
de MM. Salladin et Migeon tiennent déjà une place si honorable, il lut
convenu que trois volumes seraient réservés à l'archéologie préhis-
torique, celtique et gallo-romaine, paa' les soins de M. Joseph Déche-
lette, conservateur dm immée ée Roanne, dont l'autorité en ces sortes
de travaux est unanimement reconnue. Le premier des trois A'olumes :
L'Archéologie préhistorique, a paru récemment; on peut dire, sans
exagération, qu'il a une importance exceptionnelle. La préhistoire
n'est entrée que depuis peu dans la science, qui ne cherche pas à dis-
simuler l'énormité de ce nouveru champ d'investigations. Tout récem-
ment, la découverte de l'homme fossile de la Chapelle-aux-Saints
ranimait les discussions, qui ne sont pas près de finir, sur les origines
de l'humanité; et l'on peut prévoir que ces discussions dcA'iendronL
toujours plus passionnantes, à mesure que se préciseront les données
du problème. Nul livre n'est mieux fait que celui de M. Déchelette
pour nous aider « à déterminer la date relative de l'apparition de
l'homme par rapport aux âges géologiques, et à suivre cet homme
primitif 'dans son acheminement à un degré plus élevé de culture ».
Dans cette phase qui a précédé la connaissance des métaux, les silex
taillés et polis, les os sculptés, les peintures et les graffites des cavernes,
les dolmens sauvagement dressés dans les landes sont les premières
œuvres d'art d'un pays -auquel l'art gothique donnera un jour la
plus splendide parure. M. Déchelette a divisé son étude en deux
parties qui correspondent l'une à l'âge de la pierre taillée (paléolithi-
que), l'autre à l'âge de la pierre polie (néolithique). Dans la première,
après avoir seulement posé, de la façon la plus prudente et la plus dis-
crête, le problème archéologique de l'homme tertiaire, il analyse
les nombreuses traces qui subsistent de la race humaine, de son outil-
lage et de son art durant l'ère quaternaire. 11 y a là un classement fait
en perfection et de la lecture la plus attachante. La seconde partie
nous fait entrevoir les groupements humains en ateliers et en villages ; ■
elle commente les monuments mégalithiques et les sépultures ; elle
— 42 —
nous explique en ses moindres détails l'industrie, la céramique, et
ce que l'on peut deviner du vêtement et des tissus. Deux grandes
listes bibliographiques des cavernes et des stations terrestres ou
ateliers, un index général des plus minutieux complètent ce travail
de tout point remarquable, la meilleure Introduction que l'on puisse
avoir à l'histoire de la civilisation en France.
15. — ]\I. Jean Capart,conservateur-adjoint des antiquités égyptiennes
aux Musées royaux de Bruxelles, après avoir publié, en de somptueux
albums, des recueils photographiques reproduisant les principaux
monuments égyptiens, a eu l'excellente idée de donner, en cent plan-
ches de format plus modeste, mais d'une exécution très satisfaisante,
un choix de documents accompagnés d'indications bibliographiques
qui constituent non pas une histoire de l'Art égyptien^ mais la base
solide de cette histoire. « Dix ans, écrit-il fort justement, sont à peine
nécessaires pour qu'un livre d'archéologie égyptienne soit en majeure
partie démodé, et pour que seules les illustrations et les références
bibliographiques conservent encore de la valeur. « L'essentiel est donc
de publier, le plus rapidement possible, et de rendre accessibles au
grand public, par leur prix minime,tous les documents, groupés systé-
matiquement, qu'il faut connaître. D'autres volumes suivront celui-ci,
«t une table générale permettra un classement facile de toutes les plan-
ches parues. Celles que nous avons sous les yeux sont infiniment va-
riées. Temples et nécropoles, chapelles peintes, statues royales, sphinx,
stèles et colonnes, bas-reliefs, cuillers et boîtes, pièces de bijouterie
et d'orfèvrerie, ce sont toutes les manifestations d'un art merveilleux
qui se succèdent devant nos regards, période par période, depuis les
temps les plus archaïques jusqu'à l'époque gréco-romaine.
16. — ■L'Ecole américaine d'archéologie, ou, plus exactement, d'études
■classiques à Rome, vient de publier le second volume de ses Siipple-
me.nlary papers. C'est, comme le volume de 1905, un ouvrage de belle
et imposante érudition, dont l'exécution matérielle fait le plus grand
honneur à la librairie Macmillan; elle a été, d'ailleurs, grandement
facilitée, ainsi que nous l'apprend le comité de publication, par un
don généreux de l'Institution Carnegie. Il se trouve, cette année-ci,
que la partie la plus considérable du volume n'appartient pas à
l'archéologie, mais bien à la philologie : elle est constituée par une
transcription, véritable tour de force typographique, et par une étude
analytique des plus minutieuses, dues, l'une et l'autre, à un des élèves
de l'Ecole, M. WiHiam Van Buren, du fameux palimpseste du De
Repiiblica de Cicéron, le Vaticaniis bl51, dont la librairie Hoepli
éditait tout récemment la reproduction en photogravure. Dans la
partie qui vise plus spécialement notre compte rendu, voici une disser-
tation fort bien illustrée de M. Densmore Gurtis sur les arcs de triom-
phe romains; elle ne groupe pas moins de soixante-seize de ces monu-
— 43 —
ments, chronologiquement classés, dont dix-sept sont reproduits
dans le texte. La discussion initiale sur l'origine et l'explication de
ce genre de construction est fort bien menée; on peut regretter seule-
ment l'absence d'un index sommaire permettant d'apprécier la répar-
tition des arcs de triomphe dans les pays de culture grecque et ro-
maine; dans l'Afrique du nord je n'en compte pas moins de vingt-sept,
la plupart d'époque assez tardive, et le chiiïre est vraiment considé-
rable. Un article de M. James Egbert sur des inscriptions nouvellement
découvertes de Rome et de l'Italie centrale, accompagné de bonnes
reproductions, nous révèle quelques formules intéressantes, entre
autres l'épitaphe d'un dévot ou favori {deliciiis) de la Mater Matuta;
c'est la première inscription romaine où la déesse soit mentionnée,
17 et 18. — J'ai eu occasion de louer ici même l'excellent manuel de
M. l'abbé Thédonat : Le Forum romain et les forums impériaux. La
librairie Hachette vient de nous en donner une quatrième édition
mise au courant des dernières fouilles, et illustrée d'un grand nombre
de plans et de gravures. C'est le meilleur guide que puissent emporter
les voyageurs patients dont l'instruction aspire à dépasser les limites
du Baedeker. • — Quant au volume de M. Pierre Gusman sur la Villa
d'Hadrien, il est l'œuvre charmante d'un érudit et d'un artiste à qui
le sentiment du paysage n'est pas moins familier que l'histoire des
ruines. En 1904, M. Gusman avait publié sur la ville impériale de
Tibur une magnifique étude illustrée de reproductions de ses aqua-
relles, en même temps que d'ancienes gravures et de plans. Ce livre
nouveau diiïère de l'ancien en ce sens qu'il ne vise pas à autre chose
que d'être une description sommaire et pratique, un guide fidèle,
mais où le souci de l'érudition précise ne nuit jamais au goût du pit-
toresque. A côté des plans dont le texte est semé, une série considérable
de phototypies d'après les clichés ou les dessins de l'auteur nous pré-
sente les aspects les plus variés de ces ruines immenses. Toute la der-
nière partie du volume se compose d'un catalogue descriptif, accom-
pagné de gravures, des 303 objets d'art, peintures, mosaïques, mar-
bres et bronzes de toute sorte qui ont été retirés anciennement de la
villa d'Hadrien, et sont dispersés aujourd'hui dans les divers musées
d'Europe.
19. — C'est à peine si j'ai eu le temps de parcourir le magnifique
livre de M.Emile Mâle : L'Art religieux de la fin du moyen âge en France,
qui m'est arrivé tout juste pour mes étrennes. A la vérité, j'en con-
naissais les principaux chapitres, et les lecteurs de la Revue des Deux
Mondes, de la Gazette des Beaux- Arts et de la Renie de l'Art ancien et
moderne, et les auditeurs de la Sorbonne qui ont, durant ces dernières
années, suivi avec un vif intérêt les nouvelles études iconographiques
professées en partie et pubhées isolément par l'auteur, les retrouve-
ront avec joie, groupées er majestueux ensemble dans ce second
— 44 —
vîolirme, le compagmo-n, le firère j.mimeafu d'uLQ aortre ouvrage consa-
cré au xiiT^ Biècle, pt déjà imiemx que célèbre^ classique. Hevu^eux
M. Mâle ! il a su accomplir une oeuvre après laquedle plus d'un écrivain
dirait son Ntwc dimitUs- et il ^est encore à l'âge des nobles ambitions
et des vastes pensées. Ces deux volumes, qui portent l'un et l'autre
comme sous-titre : Etude svr l'iconographie du moyen âge et sur ses
sources d'inspiraiion^ sont manifestement ce que l'érudition fran-
çaise a d'onné de oaaedlleur et de plus solide en ces dernières années.
lis sont fait-s de main d'oTiryinier, R©!n seulement de belle architecture
et de nobles ppoportions, mais aussi d'harmonieux et plaisant décor.
Le plan de <^elui-ci ne pouvait continuer exactement le précédent;
la matière était toiïte autre. Plus d'unité grandiose, ploiis d'encyclo-
pédie religieuse; la cathédrale n'est plus l'unique centre et le sommaire
de l'ait chi^étien. Cet<irt se disperse ; il se mêle à la vie de chaque jour,
il en reçoit soqq i^ispiration. Les ordr-es nouveaux, et tout particulière-
ment celui des "franoiscains, le marquent de leur empreinte- Le théâ-
tre surtout, les représentations sacrées, mystères et moralités, qui sont
le pain quotidien de la foule, ne peuvent manquer d'offrir aux artistes
tout un décor nouveau d'une richesse extraordinaire; et c'est peut-être
'la partie la plus personnelle de ce livre si remarquable à tous égards que
le chapitre où d'une série de rapprochements lumineux résulte cette
conclusion indéniable. L'étude des nouvelles conceptions symboliques
de la destinée humaine, des images du vice at de la vertu, surtout des
images toujours plus fréquentes de la mort, infiniment diversifiées
dans l'iconographie comme dans la littérature, se poursuit jusqu'à la
fin du livre avec une logique admirable. Et A'oici que l'art du moyen
âge, que l'art chrétien traditionnel a cessé d'exister; au moment où
se réunit le concile de Trente, cet art n'a plus de raison d'être; une
législation sévère supprime ses dernières attaches aux vieilles et naïves
traditions ; et, comme le dit très justement M. Mâle : « Il n'y aura
plus à l'avenir qu'une ressource pour l'artiste chrétien : se mettre en
face de l'Evangile, et l'interpréter comme il le sent. » Lire ce grand
travail, c'est encore s'instruire par les yeux : le choix parfait des illus-
trations, leur grand nom.ba'e et leur beauté ajoutent im mérite in-
contestable à un texte dont la haute valeur littéraire sufiirait à elle
seule pour conquérir les suffrages des.déhcats.
20. — Sans avoir la portée considérable de l'ouvrage de M. Mâle,
un nouveau livre de M. Paul Perdrizet n'sst guère moins précieux
pour les historiens d'art. Ce hvre, qu'on est un peu surpris, au premier
abord, de r-encontrer dans la« Bibliothèque des Ecoles françaises
d'Athènes et de Rome '\ dont il forme le fascicule cent-unième, est inti-
tulé : La Vierge de Miséricorde, étude d'un thème iconographique. Et
l'origine n'en n'est nullement banale. M. Perdrizet, ancien membre
de l'Ecole d'Athènes, maître de conférences à l'Université de Nancy,
— 45 —
a regardé d'un œil curieux ua vénérable ex-voto lorrain,, souvenir de
la défaite de Charles le Téméraire, la statue de la Vierge de Mansuy
Gauvain, dans Téglise de Notre-Dame de Bon-Secours; il a voulu con-
naître^l'histoire de ce type singulier de la Vierge au manteau, et,
comme il ne la trouvait nulle part, il a été conduit tout naturellement
à l'écrire; son livre est à son tour une manière d'ex-voto^. La démons-
tration des origines cisterciennes de l'image dévote est admirablement
conduite, et l'on se sent en parfaite sécurité, lorsque,au sortir des récits
de Césaire d'Heisterbacii,.0n s'achemine, avec un guide d'une érudition
aussi sagace et ingénieuso,.dans le dédale des ordres religieux et des con-
fréries.Une des plus joHes démonstrations de M. Perdrizet est celle de
l'escamotage, si l'on peut dire, de la légende cistercienne au prolit
de l'ordre dominicain; les textes qu'il cite sont aussi probants que
cm'ieux. Un développement très riche et nouveau sur les Flèches de la
colère divine permet de grouper et de comparer les nombreux ta-
bleaux votifs et bannières processionnelles où la Vierge miséricor-
dieuse apparaît pour défendre son peuple de la peste; enfin voici que
la chrétienté tout entière s'agenouille et se presse sous les plis du
manteau protecteur; le type de la Mater omnium^ de Notre-Dame de
Bon-Secours est entré dans la grande iconographie. Un catalogue
descriptif des plus abondants donne, comme il convenait, la première
place à la Toscane et à l'Ombrie; puis viennent les diverses autres
images d'Italie, celles d'Espagne, de France, des Flandres, des Pays-
Bas et d'Allemagne. D'excellentes planches photographiques, dont
un certain nombre reproduisent des clichés de l'auteur, nous font
connaître les principaux parmi les- monuments qu'il a si bien décrits
et commentés.
21, 22. — Si nous commençons enfin à connaître l'a vie et l'œuvre
des Clouet, ces peintres célèbres et mystérieux de la cour des Valois,
c'est à M. Etienne Moreau-Nélaton que nous le devons. La longue
enquête conduite à travers l'Europe, depuis des années, par ce vail-
lant et charmant artiste, qui est en même temps un admirable érudit,
a eu déjà pour résultat la magnifique publication des dessins de Chan-
tilly. D'autres suivront bientôt, mais le succès le plus extraordinaire,
le plus triomphal, a été la découverte, à Vienne, dans une collection
privée, d'un portrait daté-, dédicacé et signé de François Clouet, qui
est maintenant un des trésors de notre Louvre. Ce portrait d'un
botaniste illustre en son temps et parfaitement oublié depuis, de nou-
veau identifié et reconnu, a fait surgir toute une littérature; mais à
qui appartenait-il mieux de le commenter et de le mettre en lumière
qu'au grand et modeste travailleur, son inventeur et père adoptif?
Le précieux volume que voici : Les Clouet^ peintres officiels des rois de
France, coordonne et complète merveilleusement les recherches déjà
tentées par des précurseurs comme Léon de Laborde et Henri Bour
— 46 —
cliot; il classe un certain nombre de dessins et de peintures qui
peuvent enfin recevoir une attribution certaine. II montre aussi de
façon indiscutable quelle influence, trop longtemps niée, l'Italie a
exercée sur ces artistes dont les chefs-d'œuvre ont pu être confon-
dus parfois avec ceux d'un Holbein. De très belles reproductions,
d'après les crayons de Jean et de François Clouet, ornent ces pages
excellentes, dont on trouvera la continuation et la conclusion en
une seconde brochure, non moins bien illustrée (d'après les pré-
cieux dessins conservés à l'Ermitage impérial de Saint-Pétersbourg),
sur les Frères Du Monstier, peintres de la reine Catherine de Médicis.
23. ■ — La librairie Pion, héritière des œuvres de J.-K.Huysmans,
uous donne un dernier livre de l'auteur des Foules de Lourdes, Trois
Eglises et Trois Primitifs. On y retrouvera les admirables qualités
descriptives qui assurent à certaines pages de la Cathédrale une beauté
presque parfaite, et cette acuité prodigieuse de la vision à laquelle
n'échappe pas un relief de sculpture, pas un ton de peinture, si effacé
soit-il. Les trois églises sont : Notre-Dame de Paris, Saint-Germain
l'Auxerrois et Saint-Merry, auquelles Huysmans a consacré trois
études isolées; les trois primitifs sont : Mathias Grùnewald, le maître
de FJémalle, et l'auteur inconnu de certain buste énigmatique de
jeune fille qu'expose le Musée Staedel, à Francfort-sur-le-Mein. Mais
cette partie du volume avait déjà été publiée isolément; ce qui appa-
raît comme vraiment nouveau, ce sont ces physionomies d'églises
qui nous sont rendues si vivantes, avec leur atmosphère particulière,
et même, ce qui ne surprendra point, avec leur odeur. On hume à
Saint-Germain, nous dit Huysmans, «une senteur spéciale qui n'existe,
semblable à Paris, que dans un autre sanctuaire, celui de l'Abbaye-
aux-Bois de la rue de Sèvres, certains jours,' — une senteur de salpêtre
relevée par une très fine pointe de cire consumée et d'encens. » Mais,
depuis que ces pages furent écrites, l'Abbaye-aux-Bois a disparu,
et Huysmans n'est plus là pour retracer,comnie seul il pouvait le faire,
la transformation prodigieuse de tout un quartier dont il a si bien fait
comprendre l'intimité pieuse.
24. ■ — ■ Lorsque M. Dieulafoy eut publié son magnifique travail sur
la Statuaire polychrome en Espagne, lorsque, surtout, M. Emile Ber-
taux nous eut donné, dans la grande Histoire de l'art de la libraire
Armand Colin, un chapitre des plus intéressants et neufs sur la Sculp-
ture espagnole au xiv^ siècle, nous pûmes espérer l'apparition d'un
manuel enfin complet qui nous fit connaître, dans tout son dévelop-
pement historique, cet art si riche et si mal étudié encore. Le livre
de M. Paul Lafond, conservateur du musée de Pau, sur la Sculpture
espagnole, qui vient à son rang dans cette féconde « Bibliothèque de
l'enseignement des beaux-arts », toujours active depuis plus de trente
ans, a devancé les travaux similaires entrepris de l'autre côté des
— 47 —
Pyrénées. On y trouvera une grande abondance de renseignements
nouveaux, un classement d'ensemble des monuments du moyen âge,
beaucoup plus nombreux qu'on ne le soupçonne, et de courtes mono-
graphies aussi précises que possible des grands artistes de la Renais-
sance et des temps modernes. Une illustration nombreuse et uni-
quement formée de reproductions directes par la photographie, une
bibliographie, un index alphabétique des noms d'artistes et surtout
un index topographique des plus précieux, compris à la manière du
Cicérone de Burckhardt, ajoutent grandement aux services que doit
rendre cet excellent volume; et, après avoir félicité l'auteur, il convient
de louer aussi l'éditeur, qui n'a rien épargné pour satisfaire la curio-
sité la plus exigeante.
25. ■ — M. Auguste Rodin est entré depuis longtemps dans l'immor-
talité. Les volumes se multiplient sur l'artiste et sur l'œuvre; et ce
grand sculpteur n'est pas moins prophète à l'étranger qu'en son
pays. Tandis qu'un volume vraiment splendide s'annonçait en Bel-
gique, un autre d'aspect plus simple,mais illustré de plus de cent gra-
vures, paraissait en Allemagne, à Leipzig, dans la précieuse collec-
tion de monographies artistiques éditées par M. Knackfuss. Le texte
de M. Grautofï est tout débordant de lyrisme, d'ailleurs fort bien
renseigné, et faisant la part très belle aux nombreux biographes et
critiques du maître; mais ce qu'on ne saurait trop admirer, c'est une
illustration choisie et exécutée avec un raffinement qui est la perfec-
tion même. Evidemment la plupart de ces photographies, sinon
toutes, ont été prises sous la direction de M. Rodin lui-même; elles
sont toutes frémissantes de vie et de volupté. On sent trop souvent
que l'art n'ira jamais plus loin, et l'on se demande non sans trouble
si l'art doit aller aussi loin.
26. ■ — Que l'on ne se méprenne pas au titre du hvre de M. Eugène
Poiré : Les Monuments nationaux en Aîleinagne. Il ne s'agit pas de
l'Allemagne d'autrefois, mais bien de l'empire allemand tel que l'a
fait la guerre de 1870, et des monuments par lesquels le pangermanisme
a voulu célébrer son triomphe, et préparer son avenir. Trois de ces
monuments, la Walhalla de Ratisbonne, la Bavaria et la Ruhmeshallo
de Munich, sont consacrés à la glorification en bloc, si l'on peut dire,
du génie allemand; le quatrième, la Befreiungshalle (temple de la
Délivrance) de Kelheim, commémore notre défaite à Leipzig et le
déclin de Napoléon; les' autres, la statue d'Arminius, la colossale
Germania, la colonne de la Victoire et le monument de Guillaume I^r
à Berhn, enfin le monument de Frédéric III à Wœrth et la Geden-
khalle (temple du Souvenir) de Gravelotte, doivent leur raison d'être
aux batailles de 1870. Il y a, pour des Français, à lire ce travail précis
et scrupuleusement impartial, une émotion par endroits assez poi-
— 4<S —
gnaiite et une leçon peut-être salutaire : l'iconographie guerrière a
une vertu éducatrice qu'il serait dangereux de méet)nnaître.
27. — Les Anciens Artistes- Peintres et décorateurs mulliousiens jus-
qu'au xix^ siècle ont été étudiés et classés en une série de notes pré-
cieuses, trop modestement qualifiées de « matériaux pour servir à
l'histoire de l'art à Mulhouse», par M. Ernest Meininger, un des érudits
qui ont le mieux célébré les gloires alsaciennes, le maître imprimeur
à qui est dû ce chef-d'œuvre de typograpliie somptueuse, l'édition
toute récente du Spéculum humanae salvationis. Le souvenir de la
France est partout présent dans ces pages cômsacrées siu'tout à célé-
brer l'industrie et l'art français; et lenomd'Ernest Meininger demeu-
rera inséparable de celui des Koechlin, des Dollfus, des Engelmann,
enfants illustres de Mulhouse,, et chers à no'ti'e pays. D'excellents
tableaux généalogiques et historiques, des reproductions d'armoiries,
de portraits et de compositions peintes ajoutent à la haute valeur
documentaire de ce Uvre, pour lequel M. André Girodie, le savant et
distingué directeur des Notes d'art et d'archéologie^ a écrit une affec-
tueuse et substantielle Préface.
28. — M. Alfred Prost a publié avec un luxe délicat et des soins
de bibliophile le petit livre, tiré à cent exemplaires, où il nous raconte
ses Souvenirs de Belgique et de Hollande^ souvenirs de deux- voyages,
dont le second eut pour occasion la magnifique Exposition de la
Toison d'Or, en 1907. Récit aimable mais trop sommaire, où j'aurais
préféré ne point rencontrer, à propos de visites à des musées incon-
testablement très. beaux, des allusions désobligeantes à l'adresse de
notre Lou\Te, qui renferme tout de même assez de chefs-d'œuvre
pour que nous puissions nous consoler de deux ou trois fâcheuses
acquisitions. Un chapitre intitulé : Petite Œuvre de grand maître^
analyse minutieusement un dessin d'un artiste hollandais presque
inconnu, Colyer, qui vécut 'dans la seconde moitié du xvii^ siècle.
Il parait charmant ce dessin dont M, Prost est l'heureux possesseur;
mais pourquoi n'en avoir pas joint à son texte une petite reproduction
photographique ?
29. ■ — • Un très bon Uvre encore dans cette collection des Maîtres
de l'a-t, qui n'en compte vraiment que de très bons. C'est le Ghir-
landaio de M. Henri Hauvette, un de nos italianisants les plus distin-
gués, que la Sorbonne a reçu de l'Université de Grenoble. Le grand
précurseur de Raphaël n'avait pas encore obtenu des historiens d'art
toute la justice à laquelle il a droit. Bien que M. Steinmann, l'historien
de la chapelle Sixtine, lui eût consacré, il y a quelques années, un tra-
vail des plus estimables dans les Kiinstler-Monographien de Knack-
fuss,il nous manquait l'étude méthodique et vraiment critique, présen-
tant dans son milieu, parmi ses protecteurs et ses amis, cet admirable
— 49 —
portraitiste de la riche bourgeoisie florentine, des Médicis et de leur
clientèle. On trouvera dans les pages de M. Hauvette, avec une con-
naissance parfaite de l'histoire de Florence, de l'art et de l'humanisme
dans la seconde moitié du xv® siècle, un sentiment très sobre et très
juste de l'œuvre décorative de Ghirlandaio, et de sa situation unique
parmi les créations si différentes des artistes contemporains, d'un
Verrocchio, d'un Botticelli, d'un Léonard. D'excellentes gravures
reproduisent ce qu'il est indispensable d'avoir vu d'un artiste qu'on
ne peut d'ailleurs connaître qu'à Florence, comme on ne connaît
Raphaël qu'à Rome.
30. — Il me semble bien avoir parlé jadis, avec une sévérité un peu
pédante, d'un livre de M. André Maurel : Petites Villes d'Italie. Un
nouveau livre, qui continue le premier, me désarme; je l'ai lu avec une
indignation joyeuse. Comment en vouloir à un pèlerin qui aime si
frénétiquement ■ ce pays-là, ce cher pays, notre seconde patrie en
deuil? Mais, grands dieux, quelle façon d'aimer! quels élans, quels
rugissements, quelles pâmoisons ! C'est une critique d'art nouvelle,
la critique pathologique. M. Maurel éclate de rire dans les rues de
Parme, il palpite en pensant aux caresses de Pérouse, il traite Ra-
venné de Messaline, Ravenne ! « Je suis ivre, éperdu, les membres
brisés, la tête vide, à la fois exalté et morne, titubant et volant à ras
de terre... Est-ce possible? Une telle magnificence fut-elle réalisée?
(p. 123-124) ». Lisons encore les titres des chapitres : La Pariétaire,
Le Labyrinthe, Le Vol nuptial. De ma barque légère. Les Muscles
d'Hercule, L'Eléphant à la rose, Il faut laisser tomber les flots. Le
Chant du Cygne... Cela signifie : Pavie, Plaisance, Parme, Modène,
Bologne, Rimini, Terni, Orvieto... Et auprès de ces phrases épilep-
tiques, et sous ces charades trop ingénieuses, il y a une vision nette
et colorée des paysages, un sens très juste et très fin de l'histoire,
un charme violent et singulier qui ne permettent point d'oublier ces
descriptions. Rome s'entrevoit à la fin du voyage; Rome nous
vaudra un troisième volume. Que sera-t-il? Je tremble !...
31 et 3.i. — Les titres étranges, mystérieux, attirants, Ruskin en eut,
tout le premier, le secret. La Hbrairie Hachette, qui vient de nous
donner un admirable recueil de ses Pages choisies, recueil composé
par M. Robert de la Sizeranne avec toute sa science et son goût le plus
déHcat, et qu'il faut souhaiter vraiment de voir dans toutes les mains,
nous donnait en même temps un de ses derniers et de ses meilleurs
livres : Le Repos de Saint- M arc, fort bien traduit par M^e K. Johnston.
C'est un Guide à Venise, mais un guide d'une poésie puissante et
autoritaire. « Tout d'abord nous irons sur la Piazzetta; et là, à l'ombre,
nous regarderons tout à notre aise les deux piliers de granit. » Telles
sont les premières Ugnes de Ruskin. Et l'on obéit, et vous reconnaissez
Janvier 1909. T.- CXV. 4.
— 30 —
là-bas ces i^iHiupcs de misses et de ladies absorbées dans la contem-
plation, et qui méditent « le châtiment de Tyr ». Le chapitre suivant
s'intitule : « Latrator Anubis », et vous y apprenez comment, dans
un bloc de fromage de gruyère, vous pouvez ciseler un chapiteau
byzantin. Et puis vous étudierez « Saint Jacques au profond courant »,
et « Saint Théodore, vendeur de chaises ». Mais il se trouve que, peu
à peu, sous un flot d'éloquence âpre, originale, combative, et mêlée
singulièrement des éclats de l'humour britannique, vous vous sentez
pénétré par l'intelligence de Venise. \'ous avez regardé, raisonné
avec Ruskin, vous comprenez avec lui; et avec quelle ardeur,
quelle magnificence, quelle générosité d'âme ne sait-il pas
comprendre, lui qui, ayant écrit sur Venise son chef-d'œuvre de jeu-
nesse, un livre où rayonne l'aube de son génie, est revenu désabusé,
meurtri et douloureux, mais plein de sérénité, pour visiter encore la
reine de l'Adriatique et nous la montrer une dernière fois étincelante
sous les rayons plus dorés du couchant !
33. — Dans ses yoin>elles Éludes sur l'histoire de l'art, M. Emile
Michel nous fait partager, une fois encore, avec une bonté toute
simple et une autorité affectueuse, les gains et les joies de sa longue
expérience d'artiste et de savant. Après nous avoir, en des "livres
splendides qui sont des modèles de méthode historique, initiés à la
connaissance de deux des plus merveilleux génies qui aient illustré
la peinture, Rubens et Rembrandt, il s'est proposé de nous conduire,
pas à pas. le long des chemins qui mènent à l'intelligence de l'art. Sa
grande étude sur la critique d'art et ses conditions actuelles peut être
considérée, sous une forme absolument impersonnelle, comme une
sorte de confession, le résumé d'une vie toute donnée aux beaux-arts.
Les jeunes gens, un peu trop nombreux peut-être aujourd'hui, qui
s'imaginent volontiers que pour avoir écrit quelques romans et
quelques poésies, pour avoir pénétré dans quelques ateliers et fait
un voyage d'Italie ou de Belgique, ils ont droit à leurs lettres de natu-
ralisation dans la critique d'art, feront bien de méditer ces pages
à la fois aimables et austères sur les devoirs et la conscience de l'his-
torien. Le chapitre sur le Musée du Louvre, son organisation, ses
richesses et ses lacunes, les progrès si faciles peut-être à réaliser avec
un peu plus de méthode et de concorde, mériterait aussi de longues
méditations. Plaidons tous avec ]\L Emile Michel contre la gratuité
si faussement démocratique de notre grand Musée ! Deux des cha-
pitres qui suivent, sur le Dessin chez Léonard de \'inci et sur les
Paysagistes et l'étude d'après nature, nous offrent d'excellents
exemples de cette critique dont nous étaient exposées tout à l'heure
les conditions et les lois, ici plus savante, là plus familière. Enfin
d'importants essais biographiques nous font connaître ces deux
— 51 —
illustres amateurs, Claude Fabri de Peîresc et Constantin Huygens,
amis de Rubens et de Rembrandt, dont l'existence droite, active, si
bien remplie, mérite d'être toujours imitée.
34. — Le très beau livre de M. André Fontaine sur les Doctrines
d'art en France, de Poussin à Diderot, nous fait assister à l'évolution
de l'art français durant un siècle et demi; mais au lieu de nous expli-
quer uniquement cette évolution, comme on le fait toujours, par
les œuvres, c'est-à-dire par le dehors, il entreprend de l'expliquer
par le dedans, par l'étude du milieu, des principes, des conceptions
esthétiques de l'époque; étude qui doit permettre de rectifier et de
compléter par endroits l'appréciation critique des œuvres. C'est un
l'Vi'e nouveau. Non seulement il repose sur les plus abondantes lec-
tures et l'utilisation de textes pour la plupart ignorés ou néghgés,
mais il emploie un grand nombre de documents inédits, particuliè-
rement tirés des correspondances d'artistes et d'amateurs. Les doc-
trines d'art, depuis longtemps cultivées en Italie, n'apparaissent en
France qu'avec Poussin; encore ne sont-elles pas codifiées, et, en
dehors des lettres de l'admirable artiste, il faut recourir, pour les
connaître, au curieux poème latin du peintre Du Fresnoy, et aux
Entretiens de Félibien, jusqu'au moment où commencent, en 1667,
les premières conférences de l'Académie de peinture, où Le Brun ne
tarde pas à prendre une influence prépondérante. Cette influence de
Le Brun, puis la réaction contre son autorité trop exclusive, les atta-
ques de Perrault contre les anciens, la critique libérale de Roger de
Piles, dont se rapproche le goût classique de Mariette, les préoccupa-
tions esthétiques des amateurs et des théoriciens au début du xviii^
siècle, enfin l'apparition des critiques des Salons, qui ouvrent une
ère nouvelle, voilà, dans ce livre si nourri de faits et d'idées, les points
essentiels traités. On goûtera particulièrement l'étude développée
sur La Font de Saint-Yenne, premier en date des critiques d'art,
et sur l'évolution du goût qui aboutit à la critique de Diderot. L'excel-
lent éditeur M. Laurens, a donné au travail de M. Fontaine la parure
d'une illustration documentaire, qui s'harmonise en perfection avec
ce texte ingénieusement érudit.
35. — M. Couyba, rapporteui' du budget des Beaux-Arts à la Cham-
bre des députés, a repris et développé sous forme de livre toute la
partie générale et durable de son Rapport. C'est un fort bon plaidoyer
pour « l'art li!)re dans l'Etat protecteur. » Étrange illusion, n'est-ce
pas, d'imaginer, en un temps où l'action de l'État se substitue tou-
jours plus à l'initiative individuelle, que l'art échappera seul a ia
socialisation menaçante ! Mais les artistes sont les premiers à solliciter
une protection, ce qui ne veut pas dire une direction, do l'État: et
la solution de M. Couyba, largt ment libérale, serait parfaite si jamais
— 52 —
elle était appliquée dans les termes où il la propose. Tout ce qu'il nous
dit de la décentralisation artistique et de la pédagogie esthétique
ne peut qu'être approuvé par des esprits non prévenus; qu'il y ait
des réformes indispensables à réaliser dans l'enseignement du dessin tel
qu'il est donné au lycée,dans l'enseignement à l'Ecole des beaux-arts et
à la Villa Médicis, personne ne le niera; seulement il n'est pas très
facile de s'entendre sur les points à réformer. Mais la Société natio-
nale de l'art à l'école, fondée en 1907 par M. Couyba, ne manquera
point de prospérer, parce que l'idée en est aussi simple qu'excellente.
Si l'on n'apprend pas grand'chose de nouveau dans les chapitres consa-
crés au Conservatoire, aux théâtres et aux manufactures nationales,
on lira certainement avec profit les pages où est traitée la question
des musées de province et l'on s'associera de grand cœur aux sages
déclarations finales sur la protection et la propriété artistique.
36. ■ — C'est également un Rapport au public sur les beaux-arts
qui fait l'objet de la nouvelle publication de M. Péladan; mais que
l'on se rassure, ce rapport, sous forme de plaquette, n'a rien d'officiel,
tout au contraire; ce qui ne signifie point que les conclusions en
soient à dédaigner. Dans la querelle qui se continue toujours entre
les anciens et les modernes, M. Péladan n'hésite pas : il est le champion
des anciens; et l'on ne peut que l'applaudir lorsqu'il combat, avec
des gestes parfois un peu solennels, contre nos petits barbouilleurs
si satisfaits de leurs barbouillages, la lutte méritoire pour la discipline
et pour l'idéal. André Pératé.
OUVRAGES SUR LA MUSIQUE
1. Giaduale sacrosaiictae Roinanae Ecclesiae. De temporeetde Sanctis; S. S. D. N. PU X.
PontificLs maximi jiissu rcstitutuni et cditum; cui addita sunt festa novissima. Romae,
typis Vaticanis, 1908, in-8 de 938 p. — 2. Le Chant de la sainte Église. Histoire^
théorie, pratique, par L. D. S. Paris, Poussielgue; Namur, Wfsmaël-Charlier,
1908, iii-8 de x-272 p., 3 fr. — 3. Grammatica di canto gregoriano ; primo corso,
nozioni fondamentali e pratica délie mélodie più facili, da A. Minetti. Roma, typ .
Vaticai>a, 1909, in-8 de 82 p. — 4. Traité de prononciation romaine du latin, par
Un religieux bénédictin. Montréal (Canada), Granger, 1907, in-12 de 15 p —
5. Les Subdivisions binaires et ternaires en rythmique grégorienne et la Musica sacra
belge, par l'auteur du « Psautier Vespéral 46 4 x 2. » Naraur, Picard-Balon, 1907,
in-16 de 70 p., 1 fr. — 6. Organum comitans ad Cantus Gradualis 0. Paer,
necessarios pro diebus dominicis et jestivis, necnon pro plurimis aliis diebus in quitus
or"anum pulsari licet,SLUCiov&-P.BRvyoNE M. Hespers. Ejusd. ord.Venlo '^Hollande),
in conventu « Trans Cedron », 1908, gr. in-8 de 224 p. — 7. Carmina scripturarum ,
scilicet, antiphonas et responsoria ex sacro Scripturae fonte in libros liturgicos Sanctae
Ecclesiae Romanae derivata, edidit Carolus Marbach. Argentorati, X. Le Roux,
" 1907, gr. in-8 de 165*-596 p., 10 fr. — 8. Cent Motets du xiii"^ siècle, publiés
d'après le ms. Ed. IV. 6. de Bamberg, par Pierre Aubry. Reproduction photo-
typique de l'original, 64 folios. Paris, A. Rouart et LeroUe; Paul Geuthner, 1908,
.150 fr.
— 53 -
1. — Le Graduelle de l'édition vaticane vient de voir le jour. Les
reproductions se font de tous côtés. Ont déjà paru les éditions des
maisons Desclée, Pustet, Schwann, etc. Il faut nous borner à signa-
ler celle des bénédictins de Solesmes avec signes rythmiques. Une
Note ajoutée à l'édition typique fait remarquer la légitimité de ces
adjonctions, et des nouveaux signes employés. Tous, en effet, sont
détachés des notes. Lin examen attentif nous autorise à croire que la
même composition typographique a servi pour les deux éditions, sans
signes et avec signes, sorties des presses de la maison Desclée; ce
qui garantit Inobservation parfaite du décret de la S. C. des Rites qui
permet l'adjonction de signes.
2. ---« Ouvrage très intéressant, écrit avec beaucoup de méthode,
cachant une belle érudition sous une grande simplicité, et très propre
à inspirer l'amour de notre sainte Liturgie. « Ainsi parle M. l'abbé
0. Pierre, en rendant compte à Mgr de Namur du Chant de la sainte
Église. On ne peut qu'applaudir à ce jugement. A proprement parler,
il n'y a rien de nouveau dans ce livre, mais ce qui a été dit jusqu'ici
sur YHistoire, la Théorie et la Pratique du chant grégorien y est
résumé simplement et suffisamment. L'auteur a beaucoup lu et bien lu;
les sources principales où il a puisé sont indiquées à la fin de chaque
chapitre. Puisse ce travail atteindre le but que se propose le pieux
auteur : « Exécuter le chant de l'Église aussi parfaitement que pos-
sible, en fécondant notre étude par l'amour qui doit être notre pre-
mier mobile )> !
3. — La Grammatica di canto gregoriano contiendra trois parties.
Le premier cours, le seul paru, comprend solfège, lecture des notes,
et application au texte. L'enseignement est simple, progressif ; cepen-
dant il manque de précision et de netteté. Il faut attendre la fin de
cette petite grammaire pour en porter un jugement définitif.
4. — Le petit Traité de prononciation romaine du latin est tout à
fait pratique. En quinze pages, il donne la prononciation des voyelles,
des diphtongues et des consonnes. Il nous vient du Canada; c'est
dire qu'il s'adresse à des Français voulant parler le latin comme en
Italie.
5. — Les Subdivisions binaires et ternaires en rythmique grégorienne
existent-elles.^ Non, dit la Musica sacra de Namur, en attaquant
l'école dite néo-solesmienne, qui enseigne, note et pratique ces sub-
divisions. Un vieil abonné de la Musica perd patience, et prend en
main la cause de Solesmes. Le piquant de sa brochure, c'est qu'il
démontre, au moyen de nombreux textes, que la Musica elle-même,
et tous les amis qu'elle invoque pour soutenir sa thèse, ont toujours
enseigné ces subdivisions, et que, par conséquent, ils sont, malgré
eux, d'accord avec l'école qu'il condamnent. Alors, pourquoi cette
— 54 —
animation, cette guerre contre Solesmes? On peut voir la réponse de
l'auteur dans son travail. En appendice, M. l'abbé P. ajoute un excel-
lent article du R. P. Dom Waedenschwiller, paru dans la Chiirch
Music de Philadelphie, sur l'état présent du plain-chant en Europe.
La théorie et la pratique du chant grégorien à Appuldurcombe-
Solesmes y est appréciée avec les plus grands éloges.
6. — On sait que les dominicains ont un Graduel dont le chant
s'écarte légèrement des mélodies traditionnelles de l'Église romaine.
Le R. P. B. Hespers a essayé d'appliquer un accompagnement —
Organum comitans — à quelques-uns de ces chants : Alléluia^ Tractas,
Kyrie, etc. La légèreté et la discrétion sont les qualités qui' distin-
guent ce travail. Il y aurait de nombreuses réserves à faire au sujet
du rythme.
7. — Depuis longtemps on désirait un répertoire fournissant l'ori-
gine exacte des différentes pièces liturgiques, antiennes, répons,
versets, en usage dans nos offices; jusque-là cette indication n'était
donnée que dans le Missel romain, et encore d'une manière très incom-
plète; les autres livres. Bréviaire, Rituel, Pontifical, ne contiennent
là-dessus aucun renseignement, Les Cannina Scripturarum sont desti-
nées à combler cette lacune. Ils nous donnent la source de toutes les
pièces liturgiques chantées, tirées de la sainte Écriture, et, cela, dans
l'ordre même des Hvres de l'Ancien et du Nouveau Testament. Une
table alphabétique, placée à la fin du volume, offre la facilité de
trouver en quelques instants le texte cherché. Une longue et intéres-
sante Introduction se trouve en tête de l'ouvrage. L'auteur ne se
contente pas de nous faire comprendre l'utilité de son œuvre et de
nous en donner la clef; dans une suite de chapitres, il passe en revue
les livres de la sainte Écriture mis à contribution, les variantes des
textes liturgiques empruntés à l'ancienne italique; il fait remarquer
les modifications qu'ils subissent soit à cause de leur adaptation à
telle ou telle fête, soit afin de les rendre plus aptes à recevoir une
mélodie et plus faciles à chanter. Partant de là, il n'a pas de peine à
nous montrer la supériorité des anciens offices sur les nouveaux : les
compositeurs récents paraissant ignorer qu'un office est fait, avant
tout, pour être chanté, et mettant souvent à la torture ceux qui doi-
vent adapter une mélodie à leurs textes. Puis chacune des pièces litur-
giques • — antiennes, versets, répons, traits • — est étudiée séparément
avec le rôle qu'elle joue à l'office' ou à la messe; l'auteur nous trace
le caractère de ces morceaux, leur vrai sens, ne craignant pas de faire
justice des idées fausses qui ont cours à cet égard. Tout au plus pour-
rait-on contester une explication du rôle des versets : l'auteur vou-
drait souvent les rattacher, comme préparation aux prières qui les
suivent, tandis qu'à notre avis, dans l'ofiice monastique, les versets
— 55 —
qui suivent les capitules des Petites- Heures y jouent le même rôle
que les répons, les graduels ou les traits après les leçons de matines
ou les prophéties des messes des Quatre-Temps ou du Samedi saint.
Un appendice contient les chants tirés des écrits des frères de l'Eglise;
et l'auteur nous laisse entrevoir la publication d'un supplément destiné
aux chants tirés des Actes des saints. Nous ne pouvons qu'applaudir
à la publication d'un tel ouvrage.
8. • — L'ouvrage de M. P. Aubry est un livre de luxe dans lequel
l'élégance de la forme ne nuit point à la solidité du fond. La musi-
cologie médiévale est comme son domaine : on sent qu'il est chez lui
et à l'aise. Il n'y a pas longtemps, il éditait du Roman du Fauvel les
interpolations musicales contenues dans un manuscrit unique de la
Bibliothèque nationale de Paris. Aujourd'hui, c'est le manuscrit
Ed. IV. 6. de la Bibliothèque royale de Bamberg qui a les honneurs
de l'impression. Tous ceux qui se sont occupés du Motet du moyen
âge connaissaient ce fameux codex. On en a étudié le texte, mais le
philologue est peu généralement doublé d'un musicien. M. Aubi^y prend
le manuscrit et dans un premier fascicule nous en donne un fac-similé
phototypique intégral :128 pages, grandeur de l'original, sans oublier
même les deux plats de la reliure qui témoignent sans doute de l'entrée
du manuscrit au Chapitre de Saint-Pierre de Bamberg en 1611 (ce
sont évidemment les armes du donateur qui ornent le deuxièmeplat).
Un second fascicule : c'est la transcription en notation moderne et
la mise en partition des mélodies du manuscrit, quelque peu énigma-
tiques dans leur forme originale pour le lecteur non averti. L'auteur
s'est tiré avec honneur des difficultés qui hérissent un tel travail,
mais il a dû traverser, musicien, quelques heures pénibles. Car tout
est loin d'être musical, au moins pour nos modernes oreilles, dans
ces pièces qui ont pourtant joui, il y a sept siècles, de la vogue popu-
laire, à en juger par les éloges décernés à certains de leurs auteurs
par les contemporains. • — Nous ferons ici une réserve au point de
vue typographique : on n'a tenu, semble-t-il, aucun compte des exi-
gences du texte généralement admises, lorsqu'il s'est agi de couper
les mots pour les mettre sous leur musique : on a écrit o- bitum, tran-
situm (p. 4), inte-ritum, prete-ritum(p. 17), i-nimicum (p. 97), etc.
on n'a pas manqué une occasion de mal faire. Il y a aussi quelques
erreurs : p. 16, on lit : mens inmiindicia pour in mundicia\ p. 25, à la
partie de motet, nous relevons une correction qui est peut-être justi-
fiable, mais n'est pas expliquée : la douce blonde au vis cler; le manus-
crit porte : la doucete au vis cler; p. 40, le ténor Portare a été omis.
Ce ne sont là que légères défaillances. Le troisième fascicule s'ouvre
par une étude historique du motet, son origine et son développement.
Puis, un à un,M. P. Aubry reprend tous ses textes,et nous donne en quel-
— 5G —
que sorte leur état-civil respectif : les éditions dont chacun a été robjet,
l'indication de sa tonalité (c'est souvent un casse-tête de la dégager
dans des œuvres qui paraissent faire précisément état d'indécisio»
tonale !), celle du mode rythmique, l'identification du ténor, et enfin
les particularités qui ont frappé l'éditeur et que ses vastes connais-
sances du sujet lui ont permis à la fois de découvrir et de mettre en
lumière. \'oilà un livre qui ne sera pas à refaire mais que beaucoup
trouveront un peu cher. 0. M. B,
{A suii're.)
THÉOLOGIE
Enrhiridioii symboloriini, définit ioniiiwi et déclaration
niini de rcbiis tidei et moriim, auclore Henrico Dexzingbr.
Edilio fiecima. emendaia el aucta, quam paravit Clemrns Bannwakt,
S. J. Friburgi Brisgoviae. Herder, f908, in-8 de xxvii-628 p. — Prix ;
6 fr. 25.
C'est en 1854 que Denzinger publia son Enchiridion. Sous une forme
modeste, mais commode et pratique, c'était un répertoire des prin-
cipaux documents dont les étudiants de théologie ont continuelle-
ment besoin : sj^mboles de foi, définitions conciliaires, décisions
dogmatiques des Papes et des congrégations romaines, c'était presque,
avec bien des lacunes évidemment et des imperfections, l'ensemble
des textes officiels, au moins les textes de valeur et de portée générale,
ayant rapport à la foi et aux mœurs.
Aussi l'ouvrage eut-il un éclatant succès. Il devint classique dans
l'enseignement de la théologie. Neuf éditions se succédèrent dans le
cours d'un demi-siècle. Tant que l'auteur vécut, il ne cessa de travailler
pour le mettre au point, en y insérant les décisions nouvelles, en per-
fectionnant çà et là le texte, en ajoutant quelques documents jusque-là
négligés. Après sa mort, 19 juin 1883, le professeur Stahl prépara
la septième édition, 1895. 11 corrigea quelques erreurs, fit quelques
améliorations, ajouta dans un supplément quelques pièces qup Den-
zinger n'avait pas recueillies. Mais, dans la refonte, les fautes d'impres-
sion se multiplièrent, qu'on fit disparaître peu à peu dans les éditions
subséquentes. L'ouvrage avait été publié à Wurzbourg, où Denzin-
ger enseignait. La maison Herder, de Fribourg, maintenant célèbre
dans, le monde entier par ses belles et nombreuses publications théo-
logiques, en acquit la propriété, il y a quelques années, et, Stahl étant
mort à son tour, demanda au P. Clément Bannwart, de la Compagnie
de Jésus, de préparer une édition mieux adaptée et plus au courant.
C'est presque un nouveau livre que nous offre le nouvel éditeur; c'est
du moins un li"\Te d'aspect tout nouveau, moins élégant et plus mas-
sif, mais combien plus riche et plus savant, combien plus critique !
Dans le titre même, un mot a été ajouté, pour mieux faire entendre
que, avec des symboles et des définitions, il y a dans le livre des docu^
ments où il ne faut voir que des déclarations ou explications.
Le principal souci du nouvel éditeur a été de donner un texte sûr
et correct. 11 a donc collationné les textes avec les sources imprimées;
il a comparé les éditions diverses; il indique avec soin où il a pris ses
textes et, presque toujours, il indique plusieurs sources des plus con-
nues, afin que les étudiants puissent facilement recourir au contexte.
Quelques documents ont été omis, soit qu'ils fussent d'origine ou
de valeur douteuse, soit qu'ils eussent peu d'importance. On a notam-
ment allégé le livre de ces longiies explications sur les mariages mixtes,
dont plusieurs faisaient double emploi. Mais il y a surtout des addi-
tions nombreuses. Il faut signaler en particulier les pages sur le sym-
bole des apôtres, beaucoup plus précises et plus critiques que celles
des précédentes éditions. On y trouve même les actes les plus lécents
de Pie X, jusqu'à l'encyclique sur le Modernisme.
Outre ce soin des textes, l'éditeur n'a rien négligé pour rendre l'ou-
vrage plus pratique et de maniement plus facile. Des titres courants
indiquent, à gauche, les noms et dates des Papes et des Conciles, à
droite le document. Les textes bibliques cités sont en italiques, et si la
citation est textuellement conforme, à la Vulgate (ou aux Septante),
ils sont entre guillemets. Les mots les plus importants sont en carac-
tèi*es espacés. Des renvois marginaux, fort bien combinés, permettent
de se référer, à propos d'un texte, à tous les textes sur la même ques-
tion. Enfin à la table systématique qui a été remaniée et rendue plus
commode, a été jointe une table alphabétique que tout le monde regret-
tait de ne pas trouver dans les précédentes éditions. Le P. Bannwart
demande à tous ceux qui profiteront de ce travail de remercier avec
lui tous ceux qui l'ont aidé à le rendre plus utile. Nous commencerons
par le remercier lui-même de n'avoir épargné ni temps ni peine pour
nous mettre entre les mains un ouvrage si commode.
J.-V. Bainvel.
De g;ratia C^iivieitî. ln-i-2 partem Snmmae Iheologicae S. Thomnf Aqiii-
natis a q. CIX ad q. CXIV, auctore Hichardo Tabarbli.i. Rooiae, BreL-
schueider, 1908, in-8 de xii- 533 p. — Prix : 7 fr. 50.
^ Bon traité de la grâce dont,- sans doute, ont bénéficié tout d'abord
les élèves du Séminaire pontifical, et qui peut rendre service à d'autres.
C'est clair, c'est didactique avec divisions nettes, titres et numéros
multipliés, marche uniforme : tout ce que l'on demande dans un
manuel. L'auteur est très affectionné à saint Thomas, et le cite
beaucoup. Mais il g-arde son allure à lui et son indépendance. Il ne
s'inféode à aucun système; mais il expose les opinions, et dit modes-
tement ses préférences. Il est ferme pourtant contre la prédétermina-
— f]8 —
tion physique,qu'il tient pour incompaLiblo avec la liberté. Sans blâmer
la division, devenue commune, en grâce sanctifiante et grâce actuelle,
il lui en préfère une autre, qui se rapproche davantage de saint Thomas,
mais qui laisse trop dans l'ombre la distinction capitale entre Vêtre
surnaturel et Vacte surnaturel. L'auteur n'est pas un penseur person-
nel, comme Schifllni ou Billot; mais c'est un bon professeur.
J.-V. Bainvel.
SCIENCES ET ARTS
Annuaire pour l'an 1909, publié par le Bureau des longitudes.
Paris, Gauthier-Villars, in-16 de vi-7iO + A. 116 + B 57 + G H + D 47 ; en
tout 947 p. — Prix : 1 fr. 50.
Le millésime étant impair, l'Annuaire des longitudes est muet cette
année sur la physique et la chimie, mais contient, de plus qu'en 1008,
les tableaux concernant la métrologie, les monnaies, la géographie
et la statistique, la météorologie. Il donne également les tables pour
le calcul des altitudes barométriques, les étoiles variables à période
connue, les parallaxes d'étoiles, les étoiles doubles télescopiques et
spectroscopiques, les mouvements propres, la spectroscopie stellaire.
D'autre part la gnomonique, la physique solaire et le tableau des
petites planètes ont été renvoyés à l'Annuaire pour 1910. — ■ Une éclipse
totale de lune, en partie visible à Paris, est prévue pour les 3 et 4 juin,
et, pour les 17 et 18 du même mois, une éclipse totale de soleil, mais
invisible à Pai'is.
Ariùvons aux Notices.
Elles sont au nombre de trois, dont la dernière, C, très courte, est
formée de la publication de deux discours prononcés aux funérailles
de M. Jansen, l'un par M. Radau, au nom du Bureau des longi-
tudes, l'autre par M. Deslandres au nom de l'Observatoire de Meu-
don et de la Société d'astronomie.
La notice A, due à M. Bigourdan, a pour objet les Étoiles variables.
11 y en a de bien des sortes. Les unes sont temporaires; on les ap-
pelle souvent Noi'œ: d'autres sont à longue ou à courte période. Il en est
qui sont dites à fluctuation^ dont l'éclat varie fréquemment sans loi
apparente, comme a d'Orion, a de Cassiopée. Enfin, certaines étoiles
à éclat habituellement fixe, subissent périodiquement une extinction
momentanée, ime sorte d'éclipsé : telle .,Abgol (8 de Persée). Ces varia-
tions, de formes si différentes, tiennent aussi à des causes très diverses
qu'on ne peut guère, jusqu'ici, que soupçonner. Cependant il en est,
comme cette dernière, qui paraissent devoir leur variabilité aux pas-
sages devant elles d'un compagnon obscur de même volume, tournant
comme elles autour de leur commun centre de gravité, et dans une
orbite « dix fois plus étroite que celle de Mercure autour du Soleil ».
— 59 —
II est d'autre cas où un astre lumineux gravite autour d'un astre
relativement obscur, mais un peu plus grand, comme il arrive pour
fi de la Lyre. Parfois les causes de variation d'éclat sont intérieures
à l'astre, provenant de révolutions ou do tourmentes dont il serait
le théâtre, comme celles que révèlent les taches de notre soleil. T)ans
les amas, ces groupes de nombreuses étoiles très rapprochées, les varia-
bles sont particulièrement nombreuses. Beaucoup d'étoiles se révè-
lent avec une densité très faible, inférieure à celle de notre air
atmosphérique. 11 arrive même que ces soleils vaporeux et très rap-
prochés se compénètrent mutuellement, d'où des modifications pro-
fondes de leur éclat en des temps très courts ! L'auteur conclut que
notre système solaire, comprenant un astre central avec des planètes,
comparativement à lui minuscules et gravitant autour de lui en des
orbites presque circulaires, est bien plutôt, dans l'univers, l'exception
que la règle.
Dans la notice B., M. Ch. Lallemand s'occupe des Mouvements et
déformations de la croûte terrestre, comprenant les Marées de Vécorce, les
exhaussements et affaissements séculaires du sol, et les altérations
lentes du géoide. — La double attraction du soleil et de la lune qui sou-
lève les marées océaniques, exerce aussi son action, bien que d'une
manière infiniment moins apparente, sur la partie solide de la super-
ficie terrestre. Ces sortes de «marées du sol » se manifestent par les
déviations et oscillations de la verticale que, à l'aide d'instruments
d'une extrême précision, l'on parvient non seulement à constater
mais à mesurer, et en précisant la part de l'action du soleil, celle de la
lune, et celle, étrangère à cette double action, des massifs monta-
gneux. — Les marées « de l'écorce » sont des mouvements périodiques;
Notre globe est sujet en outre à des déformations permanentes pro-
duites par le lent refroidissement du noyau igné intérieur qui, du fait,
se contracte, et que suit, dans ses retraits, l'écorce qu'il supporte.
Or, par là même, et par la suite de longues séries de siècles, notre
sphéroïde tend vers la forme d'un tétraèdre régulier, le solide qui
comprend le plus petit volume sous une surface donnée. Ce tétraèdre
aurait les trois sommets de sa base dans l'hémisphère boréal et son
quatrième sommet au pôle austral. Aux faces du tétraèdre corres-
pondraient les dépressions océaniques et celles de la mer arctique; à
ses sommets, des points pris, en l'hémisphère nord, dans les massifs
des Alpes,des Himalayas et des Montagnes Rocheuses, et le quatrième
au continent polaire antarctique. Les différences dans la vitesse de
rotation entre les protubérances boréales et les parties australes, ont
déterminé une sorte de torsion par suite de laquelle les continents
de l'hémisphèi-e sud ont été rejetés vers l'est comparativement aux
l'ontinents de l'hémisphère boréal, en même temps que se produisait
— HO —
\mo bi'isiir<^ représentée aujourd'hui par co qu'on appelle les fosses
méditerranéennes (a^olfe du Mexique, mer Méditerranée, golfe Per-
sique, mers de la Sonde, etc.).
Il va de soi que ces deux notices entrent dans tons les détails et les
calculs que comportent les développements de ce qui n'est ici
qu'indiqué, et dans lesquels ne saurait entrer un simple compte
rendu. C. de Kirwan.
LITTERATURE
Etymologisehes 1¥ûrtei*l>ucli der Sranzosiciclieu Spraelie,
von GusTAV KÔRTING. Paderborn, F. Schôningh, 1908, iii-8 de ii-414 p. —
Prix : 13 fr. 75.
M. Gustave Kôrting est un des meilleurs romanistes de l'Allema-
gne; et, pai*mi les langues romanes, le français a particulièrement
attiré son attention. Voilà de longues années qu'il publie avec M.
Kosch^^^tz une Zeitschrift jïir jranzôsische Sprachennd Literatnr; il est
également l'éditeur de Fnmzosischc Shidien gémn'alement estimée.
Le nouvel ouvrage qu'il nous donne et que nous annonçons ici est un
nouveau titre à la reconnaissance de ceux qui étudient le français.
Ce dictionnaire étymologique de la langue française, dans lequel
l'auteur a eu principalement en vue les mots de la langue moderne,
n'est pas une œuvre de discussion scientifique comme le grand
LateinischromanischesWôrterlnich dont le succès s'est affirmé récem-
ment par une troisième édition. Ici, M. Korting, visant un but essen-
tiellement pratique, s'est efforcé d'être concis, clair et précis et s'est
interdit d'apporter la preuve des étymologies qu'il propose. Pour les
cas qui lui ont paru plus délicats et plus propres à prêter matière à
contestation, il renvoie simplement le lecteur au grand travail auquel
nous venons de faire allusion. On trouvera donc ici simplement pour
chaque mot français : d'abord sa traduction en allemand, puis
son étymologie certaine, probable ou douteuse.
M. Kôrting déclare, dans un court Avant-propos, qu'il a écarté —
et il a eu raison — étant donné le caractère purement pratique de son
livre — les expressions dialectales, les termes d'argot, les vocables
d'un usage purement scientifique. Peut-être aurait-il pu en écarter
également des termes qui ne sont que la transcription pure et
simple des mots latins et dont l'étymologie, par suite, ne saurait faire
doute pour toute personne un peu cultivée, comme pareafis.
D'une autre' part, tandis que l'on rencontre dans ce dictionnaire
d'assez nombreux vocables d'un usage fort peu courant, l'on pourrait
s'étonner de n'y point trouver d'autres mots que l'on est appelé à
rencontrer plus fréquemment dans ses lectures. Cela n'empêchera
pas le livre de M. Korting d'être consulté très utilement et nous
- 61 —
espérons bien que l'accueil qui lui sera fait par le public amènera
l'auteur à nous donner bientôt une nouvelle édition, perfectionnée
encore, de cet instrument d'étude fort commode.
Nous ne pouvons nous empêcher, en terminant, de regretter que
nos romanistes français laissent à ceux d'Outre-Rhin la tâche d'exé-
cuter de semblables travaux. E.-G. h.
lies Grands Kcri vains de la France, mémoires de Saint-
Simon. Nouvelle éditiou coUatiounee sur le manuscrit aulographe, etc.,
avec noies et appemlices, par A. db Boislisle et L. Legestrk. T. XX.
Paris, Ilachetle, 1908, iii-8 de 1-637 p. — Prix : 7 fr. 50.
On ne peut assez louer l'édition des Mémoires de Saint-Simon publiée
par M. A. de Boislisle dans la collection des Grands Ècriçains. C'est
une véritable encyclopédie, un trésor de renseignements : il est, à
l'heure actuelle, impossible de traiter quelque question que ce soit du
XVII® siècle, sans se reporter d'abord à cette publication. Nous en
avons présentement le XX'î volume -(t. VIII de l'édition Chéruel) qui
embrasse les années 1710 et 1711. Ce sera le dernier qui paraîtra
sous le nom de M. de Boislisle : voici quelques mois qu'il a été enlevé,
laissant une œuvre immense et malheureusement inachevée; il n'aura
pas eu la joie de couronner l'entreprise à laquelle il avait consacré
les dernières années de sa vie. La notice, placée en tête du tome XX
des Mémoires de Saint-Simon, en même temps qu'elle déplore la mort
d'un éditeur si savant et si consciencieux, annonce que son œuvre sera
continuée. Depuis longtemps déjà, M. Lecestre était le collaborateur
de M. de Boislisle; la publication sera reprise par lui dans le même
esprit et avec la même méthode que lorsque M. de Boislisle y présidait
lui-même. Son fils, M.Jean de Boislisle, archiviste paléographe, éditeur
des Journaux du Conseil pour la Société de l'histoire de France, colla-
borera à l'entreprise : l'étonnant jeu de fiches, où l'éditeur de Saint-
Simon avait fait, pour ainsi dire, entrer tout le xvii° siècle, pourra
ainsi être mis à profit.
Le tome XX des Mémoires de Saint-Simon ne le cède en rien aux
précédents pour l'intérêt du texte, la documentation sûre et minu-
tieuse des commentaires et des notes, le choix de's appendices : on
y trouvera des détails sur la rébellion du cardinal de Bouillon, sur la
lettre insolente au Roi (à ce sujet Saint-Simon se livre à une discus-
sion juridique du plus haut intérêt). Nous devons signaler aussi,
comme particulièrement attachant, tout le récit, dramatique au plus
haut point, des derniers événements de la guerre de succession d'Es-
pagne : revers de Phillippe V, envoi du duc de Vendôme dans la pénin-
sule, enfin victoire de \'ilIa-Viciosa. 'Notons également les intrigues
nouées à la Cour contre l'auteur, et, pour l'histoire intérieure du
— 62 —
royaume, los pages où Saint-Simon, traitant du nouvel impôt du
dixième, se montre plus âpre et plus fougueux pamphlétaire que
jamais.
Les Appendices sont, à rordinaire,aussi précieux que le texte même.
On y peut trouver toutes les lettres do félicitations échangées entre
les deux Cours, lors de la victoire : celles de la reine Marie-Louise
d'Espagne, notamment, sont charmantes d'esprit et de grâce, sans
apparat ni solennité. — A propos de l'impôt du dixième, nous signa-
lons une histoire rétrospective de cet impôt nouveau qui souleva l'indi-
gnation générale; on retrouvera dans ces quelques pages la méthode
sûre et l'érudition avertie du savant éditeur de la Correspondance des
contrôleurs généraux. Robert Burnand.
HISTOIRE
Histoire des conciles, d'après les documents oyigi7mux,\)a.T Charles-
JosBPH IIefele. Trad. de l'allemand par Un religieux bénédictin de
Sainl-Michel de Farnborough. T. II. !'■<' partie. Paris, Letouzey el Ané,
1908, in-8 de 646 p. — Prix : 7 fr. 50.
La grande entreprise de la traduction de l'Histoire des conciles de
Hefele se poursuit rapidement : en moins de deux ans, voici déjà
la première partie du tome II, partie qui est à elle seule un gros volume.
Elle comprend la période qui va du deuxième concile œcuménique
(Constantinople, 381) inclus à la veille du concile de Chalcédoine.
L'hérésie des pneunaatomaques, le nestorianisme, les débuts de la
querelle monophysite, en Orient, en Occident le pélagianisme et le
développement de la hiérarchie et du droit canonique, tels sont les
principaux problèmes abordés dans les assemblées conciliaires de
cette période. La traduction est toujours fidèle et claire. Selon le
plan antérieurement adopté, Dom Leclercq accompagne le texte d'He-
fele, partout respecté, d'une très copieuse annotation qui le complète,
l'explique, le contredit parfois, et en met à jour les indications biblio-
graphiques. Quelques-unes de "ces lu^tes ont l'ampleur de petites
dissertations. J.
Correspondance générale de Carnot, publiée avec des notes
historiques et bio^raptiiques par ÊriiiNNB Charavay. Tome l\. Novembi-e
i793-Ma>s 1795. Paris, Imp. uatiouale ; Leroux, 1907, gr. in-8 de ix-So3 p.
— Prix : 12 fr.
Si le plan conçu par le regretté Ét.Charavay pour la publication
de la Correspondawe de Carnot et suivi par lui dans les premiers
volumes parus, avait pu être exécuté, il nous aurait mis en possession
d'un recueil de premier ordre, non seulement pour la biographie de
L. Carnot, mais pour toute l'histoire militaire de la Révolution. Ce
ne sont pas seulement les minutes de la main de Carnot, les arrêtés
- 63 -
du Comité de salut public, signés de lui qu'il publiait, mais toutes les-
lettres importantes des généraux ou des représentants du peuple
en mission, adressées à Carnot, ou leurs réponses à ses ordres, ou la
correspondance du ministre de la guerre. Un ordre chronologique
rigoureux, des notes explicatives, des biographies très précises, ren-
daient la lecture du recueil aussi intéresssante que celle d'un livre
sur ces campagnes.
Les 224 premières pages du volume I\'contenant la correspondance
de Carnot du 11 brumaire au 10 frimaire an II, préparée par Et. Cha-
ravay et publiée telle qu'il avait l'intention de nous la donner, font
encore plus regretter rinterrupti(m de ses travaux. Elles ont trait,
en effet, à la première réorganisation des armées, tentée par le Comité
de salut public, à la mise en mouvement des armées du Nord, du
Rhin et de la Moselle, à la correspondance avec leurs nouveaux chefs:
Jourdan, Pichegru et Hoche, à l'importante affaire de Watignies,
à l'échec de Kaiserslautern, et aussi à la tentative des Vendéens sur
Granville (p. 149) et aux opérations du siège de Toulon (lettre de
Marescot, p. 178).
L'on y remarque les détails les plus précis sur la misère des armées
(p. 40, 53, 57, 59), sur leur indiscipline (p. 137. Hoche, p. 68), sur
!a faiblesse des effectifs réels (p. 201), sur l'impopularité des premiers
aérostiers militaires (p. 24).
La correspondance de Hoche révèle déjà sa largeur de vue, le souci
de défendre ses officiers calomniés (p. ex. Hédouville, p. 33). De
même, celle de Turreau, général en chef de l'armée des Pyrénées
orientales (p, ex. pour défendre Dagobert, p. 56), qui flétrit le rôle
désorganisateur du représentant en mission Fabre (p. 59).
En revanche, jamais l'esprit sectaire du ministre de la guerre Bou-
chotte n'a été mieux démontré que par la publication de ses
lettres où il dénonce tous les officiers ci-devant nobles (p. 75), où il
reproche à Hoche de dire : « nos soldats >^ au lieu de dire les soldats
de la nation (p. 85 et 105), où il réclame les « 10.000 paires de souliers
des fainéants de Strasbourg '> {]\ 155), où il dénonce ou fait dénoncer
des généraux (85, 205).
Parmi les notes explicatives, il y aurait à citer celle sur Saint-Just
(p. 7), sur Augereau (p. 60).
Le successeur désigné pour continuer l'œuvre de Et. Charavay,
M. S. Mautouchet, publie dans les six cents dernières pages du volume,
toute la correspondance de Carnot jusqu'à sa sortie du Comité de
salut public, soit jusqu'au 15 ventôse an 111 (5 mars 1795). Il a fallu,
pour avancer aussi vite, renoncer au plan primitif, et restreindre
la publication aux seules lettres du Comité de salut public se rapportant
aux afi'aires militaires, écrites ou signées de la main de Carnot, et à
— 64 —
qm'lciiu'S autres lettres fort importantes adressées personnellement
à Carnol. Encore lorsqu'il s'agit de la correspondance avec les repré-
sentants eu mission, une très brève analyse supplée au texte intégral
publié, il est vrai, dans le Recueil des actes du Comité de salai public
de M. Aulard (T. XIII et XIV). Peu ou point de notes explicatives,
plus de ces notices historiques ni biographiques qui eussent été si
importantes pour cette période où les grands commandements sont
changés, où les armées sont remaniées et prennent d'antres noms.
Pourquoi appeler Jourdan, général en chef de l'armée de la Moselle,
le 2l> juin 1794, et ne parler de l'armée de Sambre-et-Meuse qu'à
partir du 5 juillet? Qui se doutera dos disgrâces momentanées de
Hoche et de Jourdan?
Cependant, même ainsi réduit, le recueil ne mérite pas d'être classé
avec ces fastidieuses publications des papiers des comités révolution-
naires dont le Polyhiblion a fait depuis longtemps justice. Rien que
les notes communiquées par la famille Carnot et publiées pour la
première fois, plusieurs au moins, assureraient son intérêt (p. 496,
vues sur la frontière au Nord; p. H17 : sur la situation de l'armée
qui assiège \'alenciennes; p. 716 : sur l'armée des Pyrénées occiden-
tales, etc.). La suite de la correspondance de Carnot montre sa modé-
ration bien avant le 9 thermidor (mise en liberté de citoyens dénoncés
p. 363, p. 377), respect de la religion des Belges (p. 506) et son esprit
militaire intraitable sur la question de la disciphne quelles que soient
les influences révolutionnaires qui solhcitent de lui des faveurs (p. 362 :
contre de soi-disant canonniers volontaires; p. 429 : refus de recevoir
à l'École mihtaire, un jeune sans-culotte, prétendu sujet hors ligne;
p. 435 : contre les nominations faites dans les états-majors par les
représentants en mission; p. 65H : contre l'inconduile scandaleuse
de Jacob et des oiïiciers républicains dans l'Ouest).
M. Mautouchet a bien fait de publier à la fin de ce volume, la nomi-
nation de Lazare Carnot au grade de chef de bataillon, sous-di secteur
des fortifications, le 16 septembre 1795, six mois après sa sortie du
Comité de salut public. Comme il était capitaine tlepuis 1783, cet
avancement lui était très lésitimement dû ! J. Bkrx.vrd.
li'Empire libéral, études, n-éeits, souvenirs, par Emile Olu-
ViER. T. XIII. Le Gniil-Apens Holienz-oUern. Le Concile œcuménique. Le Plé-
biscite. Paris, Garnier, 1908, in-lS de 670 p. — Prix : 3 fr. 50.
Comme on le peut deviner, l'intérêt qui s'attache à la longue his-
toire qu'écrit M. Emile OUivier sur le second Empire s'accroît et
grandit en projiortion que ses « récits » deviennent des « souvenirs ».
— Nous voici avec le XIII*^ volume en plein dans son ministère et
dans la période la plus captivante, au summum de son action, je
— 65 -
dirai de ses triomphes, à Ja veille de la grande catastroplie où va som-
brer le gouvernement impérial dont il tient les rênes d'une main à la
fois audacieuse, courageuse et prépondérante... On sent la très légi-
time préoccupation de l'auteur d'expliquer très à fond les prodromes
secrets de la guerre franco-allemande, de rechercher de près, dans tous
ses éléments, dans tous ses antécédents, le « guet-apens Hohenzollern»;
il suit cette aventure (dès le mois de février 1870) à Berlin, à Madrid
(envoi des ofllciers de Bismarck auprès de Prim; p. 49), à Ems (p. o55),
à ^'arzin (p. 560); il en note les péripéties et souligne déjà les consé-
quences qui vont changer l'intrigue en tragédie.
Parallèlement, il narre avec force détails la politique intérieure
du ministère du 2 janvier, son action au barreau, dans l'administration,
à l'Académie (et c'est la candidature spontanément offerte, quasi
unanimement votée en faveur d'Emile Ollivier lui-même, succédant
au fauteuil de Lamartine; p. 221); les débats à la Chambre, l'oppo-
sition secrète au Sénat, la pétition assez singulière des princes d'Or-
léans demandant à rentrer en France (p. 527). C'est surtout la grosse,
affaire du plébiscite du 8 mai, qui sanctionne la nouvelle constitu-
tion « libérale ». Il nous est fourni des chiffres éloquents sur les votes,
ceux de l'armée entre autres (l'idée de faire voter les troupes fut bien
malheureuse), chitîres qui étaient connus, mais qui sont accompagnés
de commentaires très intéressants. — A signaler aussi le récit de la
façon dont le duc de Gramont fut appelé au ministère des affaires
étrangères à la place de M. Daru, d'irritable caractère (p. 429); à
signaler encore les éclaircissements sur la maladie de Napoléon III
à l'été de 1870 (p. 615 et 653). Toutes ces pages méritent l'attention.
M. Emile Ollivier dem-cure sans doute un optimiste de ses actes; mais
il plaide, documents en main, avec une chaleur très éloquente.
Les chapitres les plus captivants sont ceux qu'il consacre au con-
cile du Vatican. Son déjà vieil ouvrage : L'Eglise et l'Etat an coticile
du Vatican^ paru il y a plus de trente ans, avait été une révélation du
plus haut intérêt; il y revient, résume, condense ses affirmations et
nous apporte des faits qui éclairent singulièrement bien l'histoire
religieuse contemporaine; les portraits de Mgr Darboy, de Mgr l)u-
panloup, de Mgr Strossmayer, du P. Gratry demeurent définitifs;
l'action de ces personnages célèbres est mise en pleine lumière; ce
sont des éclaircissements que désormais aucun esprit loyal ne saurait
oublier; on peut justifier les opinions de « l'opposition «, on ne pourra
plus défendre ses procédés; les faits montrent toutes les intrigues où
s'agitaient des théologiens qui se croyaient surtout de grands poli-
tiques, et prouvent une fois de plus que les théoriciens adeptes du
modérantisme sont, en pratique, des gens d'autorité qui, pour atteindre
leur but, s'embarrassent assez peu de la vivacité des moyens. Cette
Janvier 1909. ^ T CXV. 5.
— r>6 —
prossinii que les «libéraux » prétendaient exercer parle pouvoir eivil,
sur la liberté du concile est la condamnation nouvelle de leurs oroiioil-
leusrs menées, et, s'il en était besoin, la justification, par an contraste
à leur avantage, des catholiques qui suivaient le Pape, avec modestie,
confiance et respect. M. Emile Ollivier a raison de se faire honneur
d'avoir, même contre ses collègues, peut-être même contre ses propres
sentiments, voulu assurer l'indépendance du concile autant qu'il
dépendait de lui. G. de G.
IVIeBi4ali<é du peuple souverain. Cau8«$i et reiiiètiea, par
J. SCHALL. Paris, Librairie des Sainls-Pèies, iy08, iii-12 de 173 p. — Prix:
2 fr. 50.
La mentalité du peuple souverain, la mentalité de l'électeur est
déplorable. Elle est empoisonnée par un mal que M. Schall appelle
le laïcisme et qui consiste dans la croyance que la religion est affaire
personnelle, doit se limiter au for intérieur et demeurer étrangère à la
vie publique. De là le peu d'émotion causée, même dans les milieux
bien pensants, par tant d'attentats commis depuis trente ans contre
l'Église. Lfétat d'esprit dont nous souffrons est l'œuvre combinée de
l'école et de la presse. Moins heureux que les catholiques allemands et
belges, les catholiques français n'ont su ni barrer la route à la neutralité
scolaire ni balancer l'influence des mauvais journaux par la création
de feuilles populaires à large difïusion.
Au fond, leur action a été viciée par une erreur de tactique. Ils ont
cru apaiser l'ennemi en subissant avec docilité toutes ses exigences. Je
ne sais ce que vaut le système homéopathique en médecine; mais en
politique, il ne se recommande guère par ses résultats. Au surplus
i! y avait-il quelque apparence que l'on désarmerait par des conces-
sions, même sans mesure, une secte dont le but essentiel était moins le
triomplie d'une forme définie de gouvernement que la destruction
de l'idée chrétienne? C'est ce que note M. Schall, avec une discrétion
qu'impose aux catholiques le respect de la haute autorité dont les
conseils ont guidé leur conduite, tout en émettant le vœu que l'épis-
copat, délivré des entraves du Concordat, imprime désormais une
allure j)lus militante à la défense religieuse.
H. RUBAT DU MÉRAC.
Un i-]ta< neutre sous la liévolsition. ILa l'Biute de la ré-
pul»lif{ue de Venise (ï î»f^-l î»î), par André Bonnefons.
Parité, Periiii, 190S, peliL in-8 de xx-336 p. — Prix : 5 îv.
C'est une étude soigneusement faite, sans recherches de coloris
dans l'exposition, d'après les meilleurs travaux imprimés et les sources
manuscrites, tant de nos archives des Affaires étrangères que do
l'ArchU'io Veneto\ mais on ne saurait y trouver ni vues foncièrement
— 67 —
originales, ni faits complètement inédits. L'intérêt de ce sujet nait
de deux contrastes : d'abord celui qui existait entre la République
vénitienne, construite à l'ancienne mode, oligarchique, vouée à une
immobilité désormais incurable et la République française, démo-
cratique, se réclamant de l'ancienne Rome, toute en mouvement;
ensuite celui du petit État vénitien s'efîorçant de maintenir un*
neutralité impossible entre les deux grands Etats en lutte, en Italie
aussi bien qu'en Allemagne. Ce double point de vue, surtout le second,
est marqué dans Ifîs tableaux que M. Bonnefons nous présente dans ses
huit chapitres. ■
Le premier nous offre un aperçu des institutions et des mœuis
à Venise dans leur dernier état. Dans le second, nous voyons en fac3
les uns des autres les représentants diplomatiques des deux pays,
de 1789 à 1792. Les chapitres III et IV traitent le même sujet pour les
périodes de la Convention et du Directoire et montrent à l'œuvre
Noël et Lallemand à \'enise, Querini à Paris. Bonaparte, le conqué-
rant de l'ItaHe du nord, entre en scène. Il viole délibérément la neu-
tralité vénitienne (ch. V); devant le mouvement de réaction attesté
par les Pâques véronaises (ch. M), il déclare la guerre, occupe Venise,
renverse son gouvernement (ch. VII). Conclusion : à Campo Formio,
malgré le Directoire, il hvre cette conquête à l'Autriche, faible compen-
sation de toutes les concessions qu'il lui a arrachées (ch. VIII). Tout
le long de l'ouvrage se déroule épisodiquement l'odyssée deS émigrés
français, caractérisée par le séjour de leurs principaux représentants,
le comte d'Artois, les Polignac, d'Antraigues à Venise, le comte de
Provence à Vérone.
M. Bonnefons ne pousse pas plus loin son exposé et renvoie à un
historien local les lecteurs désireux de connaître ce qu'on pourrait
appeler la vie posthume de Venise. Il qualifie l'attentat qui a rayé
cet État de la carte de l'Europe un des plus scandaleux des temps
modernes. Scandaleux, soit; néanmoins inévitable et irréparable,
car il a mis fin à un état de choses décrépit; ceux qui en ont été vic-
times n'ont jamais songé à renaître que confondus avec les autres
Italiens dans la même indépendance nationale et sous le même ré-
gime monarchique. Il n'était peut-être pas inutile, en quelques pages
de conclusion, de le constater. L. P.
Un Girondin, François Buxot, député «le l'Eure a l'As-
scmltlée constituante et à la Convention (t960-1 994 ,
par Jacques IIérissay. Paris, Perriii, 1907, in-8 de xiii-iScS p. — Prix : o fr.
La légende a été fort indulgente pour les Girondins; l'histoire leur
devient sévère. Tous les documents qui les concernent, tous les récits
de leurs actions, toutes les études sur leur caractère ont prouvé j,
— 68 —
prouvent et prouveront la lâcheté de leur cœur et l'orgueil de leur
esprit. Ce contraste entre les vices politiques et les déclamations
vertueuses de ces faux braves gens rend leur mémoire peu sympa-
thique; ils sont responsables des pires crimes de la Révolution.
Buzot fut l'un deux ; mais il n'offre pas sans doute le « type » le plus
désagréable de ce groupe funeste; c'est un Girondin par ricochel,
qui a porté la prudence calme et tranquille d'un Normand, là où les
méridionaux de Bordeaux déployaient leur faconde théâtrale et en-
vieuse. Ce député de l'Eure aux États généraux et à la Convention
a, du reste, payé sa dette par le châtiment que ses anciens amis lui
infligèrent : la persécution, les outrages et la mort.
Petit avocat à Evreux, député du tiers, discoureur à l'Assemblée
constituante, président du tribunal criminel de son département,
membre de la Convention et du Comité de salut public, il fournit
la mesure de son modérantisme en demandant la mort contre les émi-
grés, la mort contre quiconque proposera de rétablir la Royauté,
en votant la mort du Roi. Sa liaison doublement adultère avec
]\|me Roland l'a rendu célèbre, on ne peut dire qu'elle le rende plus
sympathique ou moins mésestimable ; sa fin aiïreuse quand, fugitif
et proscrit, il se tue d'un coup de pistolet dans un bois où son cadavre
est dévoré par les chiens et les loups, jette un renom sinistre et
d'apparence shakespearienne sur sa mémoire.
Cependant l'homme est assez représentatif de son « groupe », et si
à propos de lui on peint les mœurs politiques du temps, la vie provin-
ciale à l'aurore de la Révolution, les scènes des Assemblées, on peut
fournir à l'histoire générale, par les détails particuliers, une contri-
bution précieuse.
M. Jacques Hérissay l'a fait avec une grande impartialité, un
souci constant de la vérité, un sens exact des personnes et des
choses; une prudence modeste, assez rare. Les tableaux qu'il donne
de la vie sociale à Évreux, le résumé qu'il présente des discussions
à la Convention offrent un intérêt très réel. Il y a des pages excel-
lentes et des documents caractéristiques dans son récit des fêtes
révolutionnaires en octobre 1791 (p. 145-147). La narration des
derniers jovu's de Buzot est tout à fait tragique et présente un mouve-
ment que l'on souhaiterait trouver dans les autres chapitres à qui
l'on pourrait repr.jci.er trop de froideur. Je signalerai comme devant
être retenus un portrait de Danton par BuzOt (p. 21G), un portrait
de Robespierre (p. 235), un tableau très vivant des montagnards
(p. 296). — Aux « Appendices » on lit de curieux papiers de famille,
toute une correspondance avec le conseil municipal d'Evreux, les
procès-verbaux de la mort de Buzot et de la façon dont fut traité
son cadavre. Un portrait, une gravure, une carte complètent bien
— (9 —
cette publication. Je remarquerai que Féron de la Ferronnaye (p. 33)
doit s'écrire : Ferronnays; et Goupil de Préfelne (p. 135) : Préfeln.
Le manuscrit de cet ouvrage avait été couronné en 1905, par la
Société libre des sciences et belles-lettres de l'Eure, qui lui avait
décerné le prix « Lucien Fouché ». — Cette distinction était fort
bien placée ; le public tout entier, admis aujourd'hui à lire ce livre
de bonne foi et de patiente documentation, ratifiera cet éloge; et la
critique, qui reconnaît, à certains détails, en M. Jacques Hérissay
un débutant, lui prédira de bon cœur des succès prochains, car sa
méthode est sage, son esprit pondéré et sa vue très lucide. Qu'il mette
un peu plus de relief dans son dessin, un peu plus de couleur sur sa
palette, qu'il étudie les bons modèles, et sa science déjà heureuse
des documents lui promet de les mettre en œuvre de la façon qui fait
les vrais historiens. G. de G.
L^Égérie «le IiOui!»>Pliilipiie. Adélaïile d'Orléans (I7?'3'-
1^4Î'), d'après des documents inédits, par Raoul Arnaud. Paris,
Perrin, 190S, in-8 de 373 p., avec portraits. — Prix : 5 fr.
A propos de cette fdle de Philippe-Égalité, sœur de Louis-Philippe,
on trouvera un récit des événements où elle a été mêlée « en son temps »
et même des digressions où elle figure de façon assez épisodique.
En dépit de l'attestation du titre «d'après des documents inédits »,
il semble bien que cette étude historique ait été uniquement composée
avec des articles de journaux et des passages de Mémoires, éléments
qu'il ne faut point dédaigner certes, mais dont l'emploi exclusif n'ap-
porte pes de couleur et ne donne pas le relief que seul sait fournir le
travail personnel puisé aux sources. C'est donc un livre banal, trop
long par certains endroits, avec des hors-d'œuvre et aussi des la-
cunes. L'auteur s'est efforcé d'être impartial de façon louable ; certains
paragraphes relatifs au temps de la Restauration indiquent une science
bien courte des choses religieuses; on eût aimé des éclaircissements
plus complets sur le rôle exact du général Athalin dans la vie do
]\|me Adélaïde; il y avait toute une étude à faire (elle est à peine ébau-
chée) de l'influence pratique de la princesse d'Orléans pendant la
monarchie de Juillet. Sur cette figure, sommé toute peu sympathi-
que, d'une ambition pleine d'égoïsme, d'une vertu assez douteuse,
d'une intelligence très vive, mais très terre-à-terre, ce volume n'atti-
rera pas de lumières nouvelles ; il donnera du moins un résumé d'en-
semble d'une existence agitée à ses heures, mais heureuse dans ses
calculs et satisfaite dans ses résultats. Une série de portraits de
l\|me Adélaïde, empruntés au Musée Condé, des collections de Chan-
tilly, nous montre la princesse à ses différents âges et nous permet
de suivre cette physionomie aux traits réguliers, aux yeux sans
franchise, au maintien distingué. G.
— 70 —
lie Capitaine «It; vaisseau Rolland, géiiérall coaikninixiaut
la 9^ (il vision niililaire et la |ilace de Besan^'on en
187<l-l>*'î I, par le D' Ghallan de Belval. Marseille, Imp. des Ate-
liers professionnels de Don Bosco, 1908, gr. in-8 de 287 p., avec portrait
du général et tiois planches reproduisant une série d'autres portraits.
J'étais là, j'ai vu. C'est donc comme témoin d'une partie — mettons
d'une faible partie — des faits racontés par M. Challan de Belval, que
je vais parler de son livre. A près de quarante ans d'intervalle, je vois
encore Rolland et sa canne légendaire, — car ce général à titre
auxiliaire, venu de la marine pour commander en chef dans la ville
de guerre qu'est Besançon, ne sortait pas et même ne montait jamais
à cheval qn'avcc sa canne à la main : c'était l'un des nombreux traits
originaux de son originale personnalité.
L'auteur, après avoir esqiùssé la vie de Rolland antérieurement
à 1870, — de laquelle vie je ne dirai rien parce que, si honorable ((u'elle
soit, cette période me parait relativement accessoire, — arrive à la
nomination du capitaine de vaisseau à l'emploi de général commandant
la subdivision de la Haute-Saône. Mais l'ennemi occupant déjà
Vesoul, Rolland ne put, à son arrivée en Franche-Comté, que s'arrêter
à Besançon où il se mit à la disposition du général de Prémonville,
qu'il ne devait pas tarder à remplacer (novembre 1870).
C'est alors que commence l'action directe, ininterrompue du nou-
veau chef. Il fait exécuter autour de la place confiée à sa vigilance
une série de fortifications. Intelligemment secondé par le colonel de
Bigot, qui connaissait admirablement tout le pays, il est partout,
pourvoyant à tout, rétablissant la discipline et payant de sa personne.
On peut être sûr que si la ville eût été assiégée comme Belfort, Rolland
ne se fût point tapi dans une casemate...
Besançon se trouvait donc, grâce à l'énergie du marin arraché à
son navire et transporté dans cette région montagneuse, à l'abii d'un
coup de main de l'ennemi — qui fut tenté, mais échoua — lorsque
l'armée de Bourbaki, en pleine retraite (en Franche-Comté, on a tou-
jours dit ; déroute) passa à travers la ville pour gagner les liauts pla-
teaux. M. Challan de Belval donne les détails les plus précis, les plus
exacts, sur ce lamentable et suprême épisode de la guerre franco-
allemande. Et l'on devine qiie Rolland, dans ces pénDiles circons-
tances, ne resta pas les pieds sur les chenets.
Ceux qui ont vécu les affreux jours ayant précédé et suivi cette
fl déroute de Bourbaki », ceux qui gardent la mémoire de la tentative
de suicide du malheureux général et de l'émoi qu'elle occasionna,
retrouveront, dans ces pages sincères, des souvenirs aigus, ineffa-
çables. Pour mon compte, je verrai jusqu'à mon dernier jour les
allées et venues se succédant dans la maison rue Sainte-Anne, n" 2,
à Besançon (actuellement rue du Général Lecoui-be) où Bourbaki
- 71 —
était couché dans une chambre du deuxième étage, en face de la
maison où j'habitais moi-même.
Egalement, je revois souvent, comme dans un cauchemar éveillé.
et obsédant, toute cette cavalerie, encore en bon état, de l'armée
vaincue, gagnant la porte de Tarragnoz, pendant que l'infanterie,
en cohue parfois, fuyait par la porte Pdvote, du côté opposé de la
presqu'île formée par le Doubs.
he livre de M. Challan de Belval suit le martyrologe de notre armée
de l'Est à travers ses luttes finales contre un ennemi qui n'avait pas
hésité un instant à bénéficier déloyalement d'un malentendu
trop connu pour que j'y insiste. Il fait aussi ressortir le rôle passif et
particulièrement néfaste du podagre Garibaldi, à qui incombe, de
l'avis de tous les écrivains militaires français, allemands, suisses et
autres, la responsabilité du passage en Suisse. Un simple lieutenant
intelligent et a\'isé eut certainement mieux compris la situation que
ce général d'aventure subi, plutôt qu'agréé, par le gouvernement de
la Défense nationale. La politique, déjà, nous étouffait.
La paix survint. Il eût été naturel, simplerm?nt juste, que Rolland,
capitaine de vaisseau au début de la guerre, fût promu contre-amiral :
il avait assez largement acquis des droits à cet avancement. Mais
l'envie et le sectarisme veillaient : pas assez républicain, le général :
il resta capitaine de "V'aisseau. On a dit que les rois étaient souvent
ingrats; mais en citant l'exemple de Rolland, que pensera-t-on de
la reconnaissance des peuples?
Certain jour, on eut l'idée, Rolland étant à la retraite, de le pousser
à la députation. Il avait, après Dieu, empêché l'ennemi de s'emparer
de Besançon; donc, on espérait que cette ville qui, de diverses ma-
nières, lui avait déjà témoigné sa vive sympathie et son admiration,
le choisirait pour la représenter à la Chambre. Il n'en fut rien. Et là-
dessus, j'aime mieux passer qu'entrer dans les détails. Depuis, le
silence s'est fait autour de l'énergique commandant de la 7^ division
militaire, que la mort a enlevé dernièrement; le livre du D'" Challan
de Belval ai'rive donc bien à propos pour faire revivre une mémoire,
qui, en dépit des sottises de la politique, ne s'effacera jamais à
Besançon. A l'hôtel de ville de la capitale de la province franc-com-
toise le périrait de Rolland est placé dans la salle d'honneur, à côté de
celui de Marulaz, le héros du blocus de 1815. Ce n'est que justice.
Cette image rappellera aux générations futures les traits de l'orga-
nisateur de la défense de Besançon en 1870-71 ; mais pour bien
connaître ses faits et g'estes, il leur faudra recourir à l'excellent
volume que nous présentons aujourd'hui à nos lecteurs.
E. Chapuis-Gaudot.
— 72 —
lies ITIari!^ île IWarîe-LoHÎse, d'après des documents nouveaux ou
inédits, par le docteur Max 13illard. Paris, Perrin, 1908, petit in-8 de
349 p., avec 35 grav. — Prix : 5 fr.
C'est évidemment une extraordinaire histoire et une étrange déca-
dence que ces trois « mariages » successifs de l'archiduchesse d'Au-
triche avec l'empereur Napoléon, le général de Neipperg et le comte de
Bombelles; le premier mari de la princesse est le conquérant de
son pays, le second le chambellan de son père le troisième un
étranger arrivé à la cinquantaine et sans grande situation dans 'le
monde. A tous les points de vue, Marie-Louise d'Autriciie a eu une
destinée singulière où elle paraît en même temps le jouet de la poli-
tique et de ses propres passions. Figure peu sympathique, âme mé-
diocre, cœur insensible aux grandes choses et tantôt au-dessous des
circonstances et tantôt au-dessus de ses alhances.
M. Billard raconte assez gracieusement, quoique dans une langue
trop familière, les anecdotes qui la concernent; il donne avec exacti-
tude les portraits de Neipperg et de Charles de Bombelles, a soin d'ac-
compagner ses personnages de notices bibliographiques et son texte
de références exactes; il l'agrémente de gravures. 11 narre les événe-
ments avec impartialité, appuyé sur de bons documents dont plusieurs
sont nouveaux ; sa méthode historique a certainement gagné
depuis ses débuts. Avec.lui, nous entrons fort avant dans la vie intime
(extrêmement intime) de l'archiduchesse en sa principauté de Parme,
de 1814 à 1847, date de sa mort. Les détails de santé tiennent une
large place et le docteur Max Billard s'y trouve dans son élément.
L'ensemble offre ini travail de vulgarisation très facile à lire. G.
BULLETIN
Las Iteliciosas seguii la disciplina vljjente. Comentarios ca'iônico-
morales, por el R. P. Juan B. Ferreres. Tercera ediciôn corre^ida y
aumenlada. Madrid, RazÔ7i y Fe, 1-908, in-16 de 309 p. — Prix : 2 fr. 30.
Comme les autres œuvres du P. Ferreres, ce traité des religieuses a d'abord
vu le .jour dans l'excellente revue Razôn y Fe, puis a été publié à part. Le
voici sous une forme encore améliorée, où, aux chapitres primitifs sur les
confesseurs de religieuses, sur le compte de conscience, la clôture et les
vœux simples qui doivent précéder les vœux solennels, le savant jésuite
a ajouté un cinquième commentaire sur l'élection des supérieures. Suivant
sa méthode habituelle, il a fait un usage très habile des plus récents décrets
des S. S. congrégations et des consultations diverses qui lui ont fourni ma-
tière à des applications pratiques. Exacte appréciation des textes, connais-
sance approfondie de son délicat sujet, clarté d'exposition des points con-
troversés, tels sont les mérites qu'un lecteur attentif reconnaîtra de plus en
plus, à mesure qu'il étudiera de plus près ce remarquable travail. G. P.
— 73 —
xo\ri\ et Yetei-a, par Claude-Charles Châraux. Paris, Pedone, 1208,
in-16 fie 100 p. — Prix : 1 fr.
Le vénérable auteur de ce petit livre est mort depuis sa publication, en
sorte qu'on peut bien dire que cette œuvre dernière est le testa-
ment philosophique et chrétien de celui qui l'a signé. Comme l'indique le
titre, on y trouve de l'inédit et du déjà publié, nova et cetera, les unes et les
autres pages écrites, comme un touchant sous-titre le dit, avec Vâme eriticre.
L'auteur a voulu, dans ces dernières pages portant sa signature, exposer
clairement et sans réticence, ce qu'il croyait de toute son âme, au point de
vue philosophique et à celui de la foi religieuse. La partie nouvelle com-
prend deux morceaux, l'un: Esprit et matière, où s'exprime sa foi philoso-
phique et spiritualiste; l'autre: U Eglise catholique^ à Vheure présente, où. se
formulent sa foi et ses espérances chrétiennes. « L'Église catholique, écrit-il,
qui n'a pas cessé d'être, depuis le jour de sa naissance, la grande persécutée,
n'en n'est pas moins la grande, l'éternelle recommenceuse. C'est en elle-même,,
dans la double force de conservation et d'expansion propre à la vérité; c'est
dans sa discipline, dans sa hiérarchie, sa doctrine, ses sacrements, ses mys-
tères, que sont les sources de sa vie, de sa grandeur, de ses heureux recom-
mencements. Or, ces sources, pour l'observateur attentif et impartial, sont
aujourd'hui ce qu'elles étaient hier, inépuisées et inépuisables. »
Les Vêlera comprennent divers morceaux déjà publiés ailleurs et où se
condensent les pensées et les doctrines exposées dans d'autres livres de
l'auteur: Les Eléments primitifs de la pensée; Une Loi de Vhistoire; Du Beau;
De V Expression « Lumière intérieure »; Jeunes Philosophes.
On retrouve partout, dans cette brochure si précieuse, la manière fluide
de l'auteur et son élégance toute classique, enveloppe charmante d'une
pensée fermement chrétienne. J'ai loué maintes fois l'auteur de son vivant;
c'est un devoir très doux pour moi de déposer ce dernier hommage sur sa
tombe. Edouard Pointal.
Ln Guillotine en l'jos, d'après des documenls inédits des Archives na-
lion;des, par Hector Fleischmann. Paris, Librairie dts Publications
modernes, lyns, iii-18 de 316 p., avec 150 illustrations documentaires. —
Prix : 3 fr. 50.
Ce volume est une compilation intéressante et judicieusement faite;
on y trouvera l'histoire de Guillotin et de sa machine : on verra quelle pensée
humanitaire avait porté ce médecin à substituer aux supplices variés de
l'ancien régime l'institution égalitaire et philanthropique dont la Consti-
tuante décréta l'adoption et dont la Convention fit l'usage que nous savons.
Après l'instrument, M. Fleischmann étudie ceux qui avaient à s'en servir,
les bourreaux, et particulièrement la famille des Sanson. Puis l'auteur s'oc-
cupe de ceux qui ont expérimenté le « rasoir national >; et les range par caté-
gories : le Roi, la Reine, les conventionnels, les généraux, les femmes; j'aurais
désiré trouver une rubrique concernant les prêtres, mais, sur ce point, il n'y
a à peu près rien, bien que la matière soit abondante. La documentation
est curieuse, non pas qu'elle ajoute grand'chose à ce que nous avons vu
ailleurs, mais parce que la réunion de mille menus détails facilite les vues
d'ensemble. Naturellement, je ne me porterai pas garant de l'aut'henticité
de certaines anecdotes, et je trouve que M. Fleischmann est sorti de son
ordinaire impartialité quand il a eu à parler de Marie-Antoinette, la seule
victime qu'il n'ait pas l'air de plaindre. On pourrait aussi chicaner sur quel-
ques points de détail : par exemple, à la page 63, parlant de l'habileté pro-
- 74 —
fessionnelle acquise par Sanson et ses aides ordinaires, J'auteur cite une
réflexion de Prudiiomnie qui (Ht : « On croirait qu'ils ont pris des leçons de
Conius », et en note, M. Fleischmann ajoute : « On sait que Cornus était le
dieu de la gastronomie »;raais qu'y avait-il de gastronomique dans le métier
de Sanson? On ne voit pas le rapport. En fait, il y avait en 1793 un célèbre
prestidigitateur, qui se faisait appeler Cornus et dont le vrai nom était
Ledru : c'était le grand-père de Ledru-Rollin. C'est à lui que Prudiiomnie
fait allusion, sans avoir l'idée de traiter Sanson d'anthropophage.
P. PiSANI.
L« iglesio j' oi obrt?i-o, por el P. E. GuiTART, S. F. Barcelona, Giislavo
Gili, 1908, in-12 de 296 p. — Prix : 2 tr. 50.
Cet ouvrage est à proprement parler une histoire de l'Eglise dans ses rap-
ports avec les travailleurs. L'auteur exyiose d'abord la situation des esclaves
sous le paganisme, il montre ce que l'Eglise a fait, prudemment mais avec
persévérance, pour leur hbération. Mais ce n'est pas tout d'affranchir les
travailleurs, il fallait assurer leur existence. L'Église n'a pas failh à ce nou-
veau devoir. Sous son inspiration se sont formées les corporations du moyen
âge détruites par la Révolution; depuis, ce sont encore les catholiques qui
ont créé les nouvelles institutions favorables à Fouvrier, en France, en Al-
lemagne, en Italie, en Belgique. L'Éghse s'est intéressée au soulagement
de toutes les misères; et elle a inspiré aux gouvernements chrétiens la même
sollicitude, vérifiant ainsi ce mot échappé à Louis Blanc en présence d'un
membre de la Société de Saint Vincent-de-Paul : Vous, catholiques, vous
servez le peuple; nous autres, nous nous servons de lui. D. V.
L.a Compilation île Bouliiei- et les r:ouliitiiicrs boiii-f;(ii^noiis du
XIV^ eiècle. l.C t;outiiiniei* l)oiia-^ui;;non de Mont pelliei*, par
Ernest Ch..vmpb.\ux. Paris, A. Picard eL tils ; Dijon, Nourry, 1907, in-8
de 111 p.
Comme le dit M. Champeaux, le président Bouhier fut bien mal inspiré
quand, pour faire connaître à ses contemporains le droit ancien de la Bour-
gogne, il eut l'idée de fc-ndre en une seule séné d'articles quatre coutumiers
différents de texte et de date. De cet amalgame de textes, il résultait que la
législation bourguignonne offrait bien des incohérences et des contradic-
tions; incohérences et contradictions que l'on chercha vainement à expliquer
jusqu'alors, aucun juriste n'ayant pu encore réussir à démêler les fils de Fé-
cheveau formé par Bouhier. Comme, jusqu'alors, on ne retrouvait pas les
manuscrits qui avaient servi à former cette compilation, on accusait la com-
pilation du président Bouhier d'avoir été la cause de leur disparition. Ce-
pendant M. Champeaux, mis en éveil par la découverte de l'un d'eux faite
par Giraud vers 1843, s'attacha à retrouver les autre? en recherchant sur-
tout dans quels dépôts pouvaient subsister des épaves de sa fameuse biblio-
thèque. Ces recherches furent couronnées de succès, car toutes les sources
de l'œuvre de Bouliier furent retrouvées à Beaune, à Troyes, à -Dijon et à
Montpellier et en plus encore deux autres manuscrits. M. Champeaux
donne une description très détaillée de ces manuscrits et, à l'aide d'un
tableau, montre l'ordre suivi par le conipilattur pour la composition du
texte qu'il ht connaître. au public. Ce volume, qui sera des plus utiles à con-
sulter pour l'étude de.s anciennes coutumes de notre pays, se termine par la
pubhcaticn d i coutumier bourguignon de Montpellier, faite d'après le
manuscrit H. 386 de la Bibliothèque universitaire de cette ville et par une
bonne table de ce coutumier. J. Viard.
— 75 —
Tlic Ellizal>elli:tu p:ii*i»li iii its ecclesiastical aud nnancial aspects,
by Sedlev Lynch Ware. Baltimore, Lhe John Hopkins Press, 1908, ia-8
de 93 p.
L'Université « John Hopkins », de Baltimore, figure au premier rang des
corporations américaines qui ont bien mérité de la science historique. Dès
1882, cette Université inaugurait, sous la direction de M. Herbert B. Adams,
une collection destinée à recevoir les travaux originaux des maîtres et des
meilleurs étudiants : Studies in historical and political science. L'exemple fut
peu à peu suivi par les diverses Universités d'Amérique. Le fascicule que
nous signalons ici appartient au vingt-sixième volume de la collection de
« John Hopkins » (p. 311 à 395). Ce sont deux chapitres d'un ouvrage que
M. Sedley Lynch Ware, jellofv (ou agrégé) d'histoire, prépare actuellement
sur le régime paroissial dans Fanglicanisnie, depuis le règne d'Elisabeth.
Premier chapitre : Gouvernement ecclésiastique de la paroisse. Autre chapi-
tre : Finances paroissiales.
L'importance qu'avait alors le cadre paroissial, Tétroitesse des hens
sociaux qui en résultaient, donnent à ce problème un très haut intérêt pour
l'histoire des mœurs et de la ci^nlisation en Angleterre. Bien documenté,
M. Sedley Lynch Ware traite son sujet d'une manière attachante : avec
ordre, avec clarté, avec le souci du détail concret. L'auteur est un de ces doctes
Américains qui savent apporter, dans les études historiques, les meilleures
qualités d'une race d'hommes d'affaires. Yves de la Bricre.
Mn-ies i-OJiiaiitîqiies. Uoi't -nf^e A.ll:«i-t de Mérîtens dan» ses rap-
ports avec Cliuteaub i-iantl, Itiiraiigei-, l^aiiieiinais, S:>iiilc-Beuve,
G. i^and, siiiie d'Agoiiit. Documents inélils publiés, par Léon Séché.
Paris, Mercare de Fratice, 19ns, ia-18 de 315 p. — Prix : 3 fr. 50.
IIORrBN.SB A.LLART DE MÉRITBNS. I..etti-es inédites à Sainte-Beuve
(i«=4l-iS48), avec une luirolucLion et des notes par Léon Séché.
l^aris, Merca-e le Franc-, I9ns, iti-lS de 3il p. — Prix : 2 fr. 50.
Longtemps on voulut croire que « l'héroïne » des Enchantements de Pru-
dence avait imaginé cette intrigue avec Chateaubriand. Aujourd'hui, il
convient de reconnaître les relations ultra intimes de cette jeune personne
avec René, vieilli. La publication de M. Séché nous révèle toutes les aven-
tures galantes de cette Hortense Allart, plus tard mariée à un M. de Méri-
tens, et qui « flirta » avec tant de gens, depuis le comte de Sampayo, un
inconnu, jusqu'à l'illustre Cliateaubriand, et peut-être Bérenger, et sûre-
ment Sainte-Beuve. Les chapitres de ce curieux volume nous font entrer
dans le vif de ces épisodes, documents à l'appui ; on voit passer en tout
bien tout honneur, la figure de Lamennais défroqué, de Libri, le voleur de
livres, et aussi de Madame d'Agoult. Bas-bleu, ainsi mêlée au mouvement des
lettres de l'époque romantique, Hortense écrivit des romans qui ne sem-
blent pas meilleurs que ceux qu'elle vécut ; elle mourut à soixante-dix-huit
ans, en 1879.
— Ses Lettres inédites à Sainte-Beuve ne laissent pas de doutes sur la fai-
blesse réciproque de ces deux « littérateurs » ; ici, la femme a poursuivi,
entraîné l'homme. Cette correspondance, dont la contre-partie sous la
plume de l'ami de Port-Royal eût été si curieuse, manifeste de la passion
vulgaire, de l'esprit gaulois, le goût de la poésie, et une absence de sens
moral qui explique comment en Hortense Allart, athée et anticatholique,
on peut reconnaître (en exagérant la note) une « muse romantique », mais
surtout le type anticipé de ces femmes de lettres actuelles, de talent
mince et de plus mince vertu.
- 76 -
M. Séché a mis beaucoup de patience et beaucoup de zèle à suivre sa
trace, à identifier ses entours, à recueillir ses travaux ; ces tristes révélations
ont leur importance, elles n'ajouteront pas à la gloire des hommes célèbres
qui ont traîné leur lyre en ce mauvais lieu. G.
CnUONIQUl^
Nécrologie. — L'Institut de France vient de perdre un de ses membres
les plus distingués, le D'" Hamy, l'anthropologiste universellement connu,
mort à Paris, le 18 novembre, à 66 ans. Né à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-
Calais), le 22 juin 1842, M. Théodore-Jules-Ernesl Hamy vint faire ses études
médicales à Paris et fut reçu docteur en 1868. 11 débuta comme préparateur
à l'Ecole des hautes études et fut nommé, en 1872, aide-naturaliste pour
l'anthropologie au Muséum d'histoire naturelle. Cet établissement le char-
geait, en 1874, d'une mission dans les pays Scandinaves, puis le ministère
de l'instruction publique se faisait représenter par lui au Congrès ethno-
graphique de Moscou, en 1879, et à celui de ^■ienne, en 1881, puis, en 1897, il
l'envoyait en mission en Tunisie. En 1892 il fut chargé du cours d'anthro-
pologie au Muséum; à cette fonction il joignait celle do conservateur du
musée ethnographique du Trocadéro, qui lui avait été confiée en 1880.
Enfin, le 24 janvier 1890, il avait été élu membre libre de l'Académie des
inscriptions et belles-lettres, en remplacement du général Faidherbe, et
quelques années plus tard il entrait à rAcadémic de médecine. II était en
outre membre de diverses sociétés savantes, entre autres de la Société de
géographie et de la Société d'anthropologie. Le D'' Hamy a publié de très
importants ouvrages. Voici les titres d'un certain nombre : Etude sur les
terrains quaternaires du Boulonnais et sur les débris d'industrie humaine
qu'ils renferment (Paris, 1866, in-8), avec]\I. Emile Sauvage; — L'Os inter-
maxillaire de l'homme à l'état normal et pathologique (Paris, 1868, in-8), thèse
de doctorat: — Précis de paléontologie humaine (Paris, 1870, in-8) ; —
Crania ethnica. Les Crânes des races humaines décrits d'après les collections
du Muséum d'histoire naturelle de Paris, de la Société d'anthropologie de Paris,
et les principales collections de la France et de l'étranger {Paris, 1875-1882,
gr. in-4), avec A. de Quatrefages; — Note sur les figures et les i?iscriptions
gravées dans la roche à El Hadj Mimoun, près Figuig (Paris, 1882, in-8) ;
— Les Origines du Musée d'ethnographie. Histoire et documents (Paris, 1890,
gr. in-8); — ■ Hommage à la mémoire de M. de Quatrefages de Bréau. Discours
prononcé à l'ouverture du cours d'anthropologie du Muséum d'histoire natu-
relle le 31 tnai 1892 (Paris, 1892, in-8); — Congrès international d'anthro-
pologie et d'archéologie préhistoriques, 10® session, Paris, 1889 (Paris, 1892,
in-8); — Etudes historiques et géographiques (Paris, 1896, in-8); — Décades
américaines; Mémoire d'archéologie et d'ethnographie américaines. \^'^ et
2^ décades (Paris, 1896, in-8); — Galerie américaine du Musée d'ethno-
graphie du Trocadéro. Choix de pièces archéologiques et ethnographiques
(Paris, 1897, in-fol.); — Le Muséum d'histoire naturelle il y a un siècle;
description de cet établissement d'après les peintures inédites de J .-B. Hilair
(1794) (Paris, 1896, in-4). Le D'' Hamy a rédigé, de plus, pour la Mission
scientifique au Mexique et dans V Amérique centrale la partie relative à
V Anthropologie du Mexique.
— Mgr Blampignon, protonotaire apostolique, théologien connu, est
mort à Vannes, au milieu d'octobre, à 79 ans. Né à Prôverville (Aube), le
— 11 -
15 novembre 1830, Emile -Antoine Blampignon entra «lans les ordres et
obtint les diplômes de docteur en théologie en 1850, puis de docteur ès-
lettres en 1862. Ayant la vocation du professorat plus que celle du minis-
tère ecclésiastique, il fit toute sa carrière dans l'enseignement. C'est ainsi
qu'il fut chargé d'un cours de philosophie successivement à l'École des
Carmes, au grand séminaire de Troyes et au lycée d'Angoulême. Nommé
plus tard aumônier du lycée de Vannes, il fut chargé en 1872 du cours de
droit ecclésiastique à la Faculté de théologie de Paris et devint titulaire
de cette chaire en 1876. Lors de la suppression des Facultés de théologie
il prit sa retraite avec le titre de professeur honoraire. L'abbé Blampignon
"laisse un certain nombre d'ouvrages d'histoire ecclésiastique, parmi les-
quels nous citerons : Histoire de sainte Germaine, vierge et martyre, patronne
de Bar-sur- Aube, d'après les documents, la plupart inédits, de la Bibliothèque
impériale et des archives de V Aube (Troyes, 1855, in-12); — De V Esprit des
sermons de saint Bernard (Paris, 1858, in-8), thèse de doctorat; — De
Sancto Cypriano et de primaeva Carthaginiensi Ecclesia disquisitio historica
atque philosophica. Cui subest Metaphrastae hagiographia hactenus inedita
(Paris, 1862, in-8), thèse de doctorat; — Etude sur Malebranche, d'après
des documents manuscrits, suivie d'une Correspondance inédite (Paris, 1861,
in-8); — Les Facultés de théologie de France (Paris, 1872, in-8); — Mas-
sillon d'après des documents inédits (Paris, 1879, in-12); — L'Episcopat de
Massillon d'après des documents inédits, suivi de sa Correspondance (Paris
1884, in-12) ; — Fleurs et fruits de saint François de Sales. Pensées recueillies
dans ses œuvres (Paris, 1889, in-i6); — Parfum de première communion.
Avant, pendant, après (Paris, 1891, in-o2); — Massillon, Supplément à son
histoire et à sa Correspondance (Paris, 1891, in-12); — Etude sur Bourdaloue,
avec quelques documents inédits (Paris, 1891, in-8); — Etudes critiques et
littéraires (Paris, 1897, in-12). L'abbé Blampignon a donné, en outre, une
édition des Œuvres complètes de Massillon, avec notes, variantes et notices
(Bar-le-Duc, 1865-1867, 3 vol. in-4) et une autre du Petit Carême de Mas-
sillon, suivi de sermons choisis de V Avent et du Grand Carême (Paris, 1882,
in-12).
— M. Gaudry. l'émincnt paléontologue et le doyen de l'Académie des
sciences, est mort à Paris, le 27 novembre, à 81 ans. M. Jean-Albert Gau-
dry était né à Saint-Germain-en-Laye, le 16 septembre 1827. Après avoir
terminé ses études secondaires au collège Stanislas, il suivit les cours de la
Faculté des sciences et fut reçu docteur. En 1853 il entreprit un voyage en
Orient et visita surtout l'île de Chypre, puis, en 1855, il se rendit en Grèce
où il devait rester cinq ans. A son retour en France, il fut nommé aide-
naturaliste pour la paléontologie au Muséum d'histoire naturelle, piiis, en
1872, professeiu' de cette science dans le même établissement. Le 16 jan-
vier 1882, il était élu membre de l'Académie des sciences en remplacement
de Sainte-Claire Deville et, le 16 décembre,! 883, il devenait membre associé
de l'Académie royale de Belgique. Enfin il obtint pour ses travaux, de la
Société géologique de I^ondres la médaille Wollaston. Pendant ses voyages,
M. Gaudry avait ama.ssé de nombreux matériaux, à l'aide desquels il a
rédigé d'importantes études géologiques, telles que : Recherches scientifiques
en Orient (Paris, 1855, gr. in-8); — Contemporanéité de l'espèce humaine
et de diverses espèces animales aujourd'hui éteintes (Paris, 1861, in-6); —
Géologie de l'île de Chypre (Paris, 1862, in-4); — Considérations générales
sur les animaux fossiles de Pikermi (Paris, 1866, in-8); — Animaux fossiles
et géologie de V Attique (Paris, 1862-1867, gr. in-4); — Animaux fossiles
- 78 -
du Mont-Lébt-ron (Paris, 1873, in-4), avec MM. Fischer et Tournouër; —
Matériaux pour Vhistoire des temps quaternaires (Paris, 1876-1888, in-4); —
Les Enchaînements du monde animal dans les temps géologiques (Paris,
1878-1890, 3 vol. in-8), l'un des ouvrages les plus complets sur les fossiles; —
Les Ancêtres de nos animaux dans les temps géologiques (Paris, 1888, in-16);
— Le Dryapithèque (Paris, 1890, in-4).
— On annonce encore la mort de MM.; Charles B.a.ltet, horticulteur très
connu par ses ouvrages concernant l'art de l'horticulture et du pépiniériste,
mort à Troyes, en novembre, à l'âge de 79 ans; — Raoul Baron, professeur
de zootechnie à l'Ecole nationale vétérinaire d'Alfort, mort au commence-
ment d'octobre, à Nogent-le-Rotrou, à 47 ans; — Prosper de Boutarel,
homme de lettres, mort à Pai'is, vers la fin de novembre dernier, à l'âge
de 77 ans; — le D'" Albert .Carrier, ancien professeur agrégé de la Faculté
de médecine de liVon, mort en cette ville, vers le milieu de novembre der-
nier, à l'âge de 68 ans; — Georges Chazeaud, directeur de V Agence fran-
çaise et de l'Echo des ministères, mort à Paris, à 42 ans, au milieu de dé-
cembre; — le D'' Ernest Delbet, député, fondateur et directeur du Collège
hbre des sciences sociales, où il enseignait les doctrines sociologiques de
l'école positiviste, mort à Paris, à 77 ans, le 9 décembre; — Vvère Edmo^jd,
directeur de Timportante institution Saint-Xicolas, mort dernièrement à
50 ans; — Henri Genevois, rédacteur à V Aurore, membre de l'Association
des journalistes républicains, mort à Paris, au milieu de décembre, à 56 ans,
lequel laisse divers ouvrages de droit et d'histoire mihtaire, entre autres :
La Vérité sur les finances égyptiennes et le Crédit foncier de France (Paris,
1876, in-8); La Nouvelle Législation des marchés à terme (Paris, 1885, in-8);
Les Coups de main pendant la guerre. Ablis, Châtillon-sur- Seine, Château-
neuf, Ham, Fontenoij (Paris, 1896, in-8); La Défense nationale jugée par
V Allemagne (Paris, 1897, in-12); — D"" Geoffroy, professeur à la Faculté
de médecine de Paris, mort en cette ville, à la fin de novembre dernier; —
Marc Legrand, journaliste parisien et poète distingué, qui avait fondé la
Revue du bien, mort au commencement de décembre, à 43 ans; — Hip-
polyte Lemaire, secrétaire-rédacteur à la Chambre des députés et lecteur-
examinateur à la Comédie-Française, auteur d'une Comédie en prose : Le
Mariage d'André, jouée en 1885, ancien critique dramatique du Monde
illustré, revue à laquelle il avait donné quelques nouvelles, mort à Paris
au commencement de décembre, à 59 ans; — le marquis de Lordat, ancien
député de l'Aude, qui, avec le chanoine Charpentier, a récemment publié
un important ouvrage intitulé : Un Page de Louis XV. Lettres de Marie-
Joseph de Lordat à son oncle Louis, comte de Lordat, baron de Bram, bri-
gadier des armées du roi (1740-1747) (Paris, 1908, in-8), mort au châ-
teau de )Sainte-Gemme, le 26 octobre dernier; — Albert Maron, rédacteur
au journal VUnivers, mort en novembre dernier; — Paul Padovam, colla-
borateur au Figaro, mort à Nice, à 43 ans, au milieu de décembre ; — Abel
Patoux, ancien avoué à Saint-Quentin, écrivain d'art, mort le 15 décembre,
à Saint-Quentin, lequel avait publié des études mxv les graveur Adolphe
Lalauze et le peintre Francis Tattegrain, ainsi que des notices et introduc-
tions pour des rééditions d'ouvrages du dix-huitième siècle; — Perchet,
principal du collège d"Eu, ancien directeur des collèges de Sézanne et
de Nogent-le-Rotrou, mort à la fin de novembre ; — Edmond Stapfer,
pasteur et doyen de la Faculté de théologie protestante de Paris, mort
en cette ville, le 14 décembre, à 64 ans, lequel avait publié: Les Idées reli-
gieuses en Palestine à Vépoque de Jésus-Christ (Paris, 1876, in-18); La
— 79 —
Palestine au temps de Jésus-Christ (Paris, 1884, in-8), ainsi qu'une tra-
duction critique du Nouveau Testament (Paris, 1888, gr. in-8) ; — Emile
Vanpoulle, rédacteur à VUnivers, et qui avait collaboré précédemment
au Journal de Rouhaix et au Télégramme de Boulogne, mort à 25 ans, à
Paris, au milieu de décembre; — Saturnin Vidal, avocat, ancien doyen
de la Faculté libre de droit de Toulouse, mort à 89 ans au milieu de
décembre ;
— A l'étranger on annonce la mort de MM. Arthur Azevedo, auteur
humoristique brésilien, mort à Rio de Janeiro, à la fin d'octobre, à 58 ans;
— - Georges Alonzo Bartlett, ancien professeur de langue allemande à
Cambridge, mort le 25 novembre; — Gustav Bruxs, éditeur allemand, mort
le 3 décembre, à Minden, en Westphalie, à 60 ans; — D'' Giuseppe Ciscato,
savant astronome italien, attaché à l'Observatoire de Padoue, mort au
commencement de décembre, à 30 ans, lequel avait publié des études sur
l'usage du micromètre et sur les formules fondamentales de la trigonométrie
sphérique; — Dr. Cylkov, hébraïsant polonais, mort à Varsovie, au mois
de décembre; — Albert Hermann Dietrich, compositeur allemand de
mérite, mort au commencement de décembre; — Dr. Hermann Guttmann,
écrivain allemand, auteur d'ouvrages sur la gymnastique, mort à Berlin,
le 21 novembre, à 60 ans; — Dr. Karl Theodor von Inama-Sternegg,
^professeur de sciences politique» à l'Université de Vienne, président de la
Commission centrale de statistique, mort à Innsbruck, le 30 novembre,
à 66 ans, auquel on doit, entre autres ouvrages: Deutsche Wirtschaftsge-
schichte (Leipzig, 1890-91, 2 vol. '\n-è)eiDie persônlichen Verhaeltnisse der
Wiener Armen. Statistisch dargestelt nach den Materialen des Vereines gegen
Verarmung' und Bettelei (Vienne, 1892, in-8); — Joseph Koch, éditeur
autrichien, mort à Prague, le 4 décembre; — Dr. William Ireland Knapp,
ancien professeur de philologie aux Universités américaines de Colgate, de
Chicago et de Yale, auteuf d'une intéressante biographie : Life of Borrow
(1899) et de divers ouvrages philologiques relatifs à la liittérature espagnole
mort le 8 décembre, à Paris, à 73 ans; — l'abbé Arthur Lefebvre, ancien
professeur à l'Ecole normale de Bonne-Espérance (Belgique), mort à Jumet-
Gohisart (Belgique), en novembre dernier; — M'"^ Levin-Akunian, femme
de lettres allemande, plus connue sous le pseudonyme d'Usé Frapan, morte
accidentellement à Genève, le 5 décembre, à 57 ans, laquelle a écrit de
nombreux romans, dont certains, qui décrivent la vie des habitants de
Hambourg, ont obtenu un vif succès, entre autres : Bekannte Gesichter
(Berlin, 1893, in-12) et Zu Wasser und zu Lande (Berlin, 1894, in-8); —
Hermann Luders, peintre et écrivain allemand, mort à la fin de novembre,
à Gross-Lichterfelde, à 72 ans, lequel a publié entre autres volumes : Solda,
tenleben iii Krieg und Frieden. Mit Illustration vom Verjasser (Suttgart,
1887, in-8); — • Alexander Makowsky, professeur de géologie à l'Ecole supé-
rieure technique de Brûnn, mort en cette \ille, au commencement de
décembre, à 73 ans, auquel on doit des ouvrages tels que : Ldssfunde bei
BrUnn und der diluviale Mensch. Erwiderung auf die kritische Studie der
Herrn Karl Maska (Vienne, 1889, in-4) : — le Frère Marusis, soTis-directeur
de la Maison des Frères des Ecoles chrétiennes de Tournai, mort à Lommel
(Belgique), au milieu de novembre dernier, à l'âge de 76 ans; — Oscar
Pyfferoen, professeur à l'Université de Gand, auteur de divers travaux
et études tels que : Réformes communales; L' Electoral politique et adminis-
tratif en Europe] Le Sénat en France et dans les Pays-Bas, et qui a, en outre,
collaboré à diverses revues françaises et belges, entre autres la Réforme
— 80 -
sociale, la Bei'ue générale, la Revue des questions scientifiques, mort, à Gand,
à la fin de novembre, à Tâge de 40 ans; — Dr. Georg vo^ Rindfleisch,
professeur d'analomie pathologique à l'Université de Wurzbourg, mort
en cette ville, le 6 décembre, à 72 ans; — Dr. Friedrich Schmidt, géologue
botaniste et paléontologue russe, membre de l'Académie des sciences de
Saint-Pétersbourg, mort en cette ville, le 20 novembre, à 77 ans; — Dr. Isidor
ScHNABEL, professeur de thérapeutique pour les maladies des yeux à Vienne,
mort en cette ville, le 4 décembre, à 66 ans; — Joseph-Zacha^ie-Balthazar
ScuNEUMLY, archiviste de l'État de Fribourg (Suisse), qui laisse, entre
autres publications : Les Seigneurs de Mézières (1891); Die deutsche Seelsorge
in der Staat Freiburg (1893); Jean de Saint-Thomas et Hermann de Mayence
(1906) et a collaboré au Fribourg artistique, aux Recès fédéraux, etc., mort
à Fribourg, le 4 octobre dernier, à l'âge de 70 ans; — Dr. Eduard Schulte,
philologue et historien allemand, mort dernièrement à Freienwalde, à
67 ans, auquel on doit : Erinnerungen an das acte JoachimsthaV sche Gytnna-
sium zu Berlin (Freienwalde, 1889, in-4); — Eugène Truyts, musicien
et compositeur de valeur, mort au château de Jabbeke (Belgique), en
novembre dernier; — l'abbé Albert Vico, qui, avant d'être curé à Bois-
d'Haine, puis à Anderlues, a été, pendant 17 ans, professeur aux collèges
de Binche et de Soignies, mort à Bruxelles, à la fin de novembre, à l'âge de
53 ans; — John-Henry Wright, professeur de langue et de littérature
grecques à Cambridge, mort en cette ville, le 25 novembre.
Lectures faites a l'Académie des inscriptions et belles lettres. —
Le 18 décembre, M. Salomon Reinach lit une note de M. Seymour de Ricci
relative à des objets découverts en Egypte. — M. Holleaux présente un
rapport sur les travaux de l'Ecole d'Athènes. — - Le 23, M. Heuzey ht
une notice sur une stèle de Goudéa, découverte par le commandant Gros.
Lectures faites a l'Académie des sciences morales et politiques.
— Le 12 décembre, en séance publique, M. de Foville parle de l'histoire
de l'Institut de France, rappelle le souvenir de M. Achille Luchaire, de
son œuvre capitale. Innocent III. Puis il signale l'utilité des prix Carnot,
Audiffred et Corbay. — ^I. G. Picot lit une notice historique sur les tra-
vaux et la vie de M. le comte Duchatel. — M. F. Rocquain présente le rapport
sur le prix Audiffred. — Le 19, M. Levasseur lit le début d'un ouvrage
sur Law et son système financier. — Le 26, M. Levasseur achève sa lecture.
— M. Espinas lit un travail sur M. Mentré, philosophe chrétien.
Prix. — Le 11 décembre dernier, à Stockholm, a eu lieu la dis-
tribution solennelle des prix Nobel. Ces prix, s'élevant chacun à la somme
de 192,827 fr. 24, ont été décernés comme suit : Prix de chimie au professeur
Ernest Rutherford, de l'Université de Manchester; — Prix de physique au
professeur G. Lippmann, de Paris; — Prix de médecine, partagé entre le
professeur E. Metchnikofï, de Paris, et le professeur Paul Ehrlich, de
Francfort-sur-le-Mein; — Prix de littérature au professeur Rudolf Euken ,
d'Iéna; — Prix pour la paix à M. Baju, Danois, et à M. K. V. Arnoldson,
Suédois.
MÉLANGES GoDEFRoiD KuKTii. — 11 v a deux ans, par une retraite
volontaire, notre éminent collaborateur, M." Godefroid Kurth quittait la
chaire de TL^niversité de Liège, qu'il a illustrée pendant trente-cinq années
par un enseignement aussi fécond que brillant. La reconnaissance que lui
ont vouée les générations d'étudiants qu'il a formés aux méthodes de
l'érudition moderne, l'estime et l'admiration que lui ont accordées les collègues
qu'il a eus dans son enseignement et les nombreux amis qu'il s'est acquis de
— 81 —
tous côtés ont voulu s'exprimer à cette occasion par la publication d'un
recueil de Mélanges en son^ihonneur. Plus de deux cent: cinquante^sous-
cripteursontsrépondu à l'appel du comité ; quatre-vingt-six érudits ont
collaboré laux Mélanges répartis en deux volumes (Liège, imp. A'aillant-
Carmannê; Paris, H. Champion, 1908, 2 vol. gr. in-S de 466 et 460 p., plus
Lxxxix p. communes aux deux volumes). C'est M.sKarl.Hanquet qui a
été chargé d'apprécier l'œuvre du maître,|_tandisique lajbibliographie, fort
complète, de ses œuvres (504 articles) était dressée par MM. J. Closon et
,1. P. Waltzing. La place nous fait défaut pour analyser ici, et même pour
simplement énumérer les quatre-vingt-six mémoires qui composent ces
deux volumes. Nous'avons parlé déjà de ceux de MM. P. Allard et M. Sepet.
Nous nous contenterons de relever ici encore quelques titres des mémoires
qui nous ont paru les plus intéressants : dans le t. I, la Translatio S. Mer-
eurii Beneventuin, par le P. J. Delahaye (n. 10-24); — la Vie la plus aneienne
de S. Lezin. h'êque iV Angers, et les vies de S. Arnulphe et de S. Lambert, par
J. TJemarteau (p. 25-39);- — i'n Diplôtiic de Charles le Gros, par L. Lahaye
(p. 53-60); — Codefroy de Bouillon et Varmerie du S. Sépulcre, par Ch.
Mœller (p. 73-83) ; — Vie ancienne de Guillaume de S. Thierry, par le P. Pon-
celet (p. 85-96); — Les Événements politiques liégeois pendant les années
1229-1230, par J. Closon (p. 137-148); — L'Abolition des guerres privées au
pays de Liège, une ordonnance inédite du 24 septembre 1334, par E. Fsiron
(p. 157-170); — Dom U. Berlière, La Commende aux Pays Bas (p. 185-201);
— V. Van der Haeghen, Les Députés de Tournai auprès de Louis XI et
d'Olivier le Dain en juillet 1477 (p. 207-212); — A. Fayen, Une Supplique
du XYi*^ siècle pour la création d'un collège belge à Bome (p. 233-239); —
P. Fredericq, Les Placards du 14 octobre et du 31 décembre 1529 contre les
protestants des Pays Bas (p. 255-260); — R. Van Bastelaer, Sur Vorigine de
la dénomination des Gueux (p. 261-271); — A. Cauchie, Belation d'un Père
jésuite réfugié en Flandre sur la situation de la France au début de 1595
(p. 279-293); — C. de Smedt, Les Fondateurs du bollandisme (p. 295-303); —
H. Lonchay, Les États généraux à.Q 1619-1620 (p. 321-329) ; — H. Van Houtte,
Un Colhert belge, Jean de Brouchhoven, comte de Bergeyck (1644-1725) (p. 343-
354). — E. Hubert, Le Protestantisme dans le duché de Luxembourg à la fin de
l'ancien régime (p. 355-360); — F. Magnette, Z-es Premières Belations entre
les patriotes liégeois et l'Assemblée constituante (p. 391-409); — P. Poullet,
Un Conseil d'arrondissement sous le consulat et l'Empire (p. 411-423); —
dans le t. II : H. Francotte, Lès Taxes du 20^ et du 10"^ dans la ligue de Délos
(p. 1-5); — J.-E. Demarteau, Le Vase planétaire de Jupille (p. 15-25); A.
Audollent, Sur le temple du Puy de Dôme (p. 27-40) ; — P. Lejay, Les Origines
de l'Église d'Afrique et l'Église romaine (p. 41-47) ; — P. Ladeuze, Cours
de Bome, le seul aloge connu (p. 49-60); — M. Laurent, Christus belliger
insignis (p. 103-111); — Baron F. Béthune, De quelques points de contact
entre la poésie narrative du midi de la France et celle du nord (p. 155-172) ; —
G. Doutrepont, Jason et Gédéon, patrons de la Toison d'Or (p. 191-208); —
J.-P. Waltzing, Un Humaniste arlonais, Petrus Jacobi Arlunensis (p. 209-231) ;
— B°" de Béthune, Le Théâtre dans les anciens collèges de Belgique (p. 251-
266); — A. Grégoire, Une Question de méthode en linguistique (p. 267-287);
— ^ A. Counson, De la légende de Kant chez les romantiques français (p. 327-
334); — G. Legrand, Joseph de Maistre et l'ancien régime (p. 335-340); —
H. Bischofï, Ërlebnis und Dichtung hei Lenau (p. 385-396); — H. Fierens-
Ge\dieTi. Le Clair-obscur dans la peinture des xv^, xvi*^ et xvn^ siècles (p. 439-
447).
Janvier 1909. T. CXV 6,
- 82 -
Paris. — La librairie Garnier frères vient d'achever la nouvelle édition
qu'elle avait entn'pi'ise,dans le format in-18, des Œuvres complètes d'Alfred
de Musset. Déjà, le Pohjhiblion en a présenté à ses lecteurs les quatre pre-
nmiers tomes concernant exclusivement la poésie et le théâtre, savoir :
tomes I et II, Premicrof Poésies (1829-1835) et Poésies nouvelles (1835-1852),
en août 1907 (t. (^X, p. 112) et tomes III et IV, Comédies et Proverbes, en
février 1908 (t. C.XII, p. 117). Aujourd'hui nous devons annoncer les.
tomes V à IX, qui comprennent : t. V. Nouvelles (391 p.), t. VI. Contes
(381 p.), t. VII. Confession d'un enfant du siècle (362 p.), l. \'III et IX.
Mélanges de littérature et de critique (2 vol. de 302 et 231 p.). Imprimée avec
soin sur bon papier, orné de 26 remarquables héliogravures, exécutées
d'après les dessins d'un premier grand prix de Rome, M. Maillart, cette
édition acquiert en outre une valeur particulière par ce motif que le regretté
Edmond Biré Ta non seulement revue, corrigée et augmentée de documents
inédits, mais aussi et surtout l'a enrichie de notes fort intéressantes et à la
■ fois historiques, littéraires, philologiques. Les œuvres d'Alfred de Musset,
qui ne sont pas toujours — il s'en faut — des modèles de moralité, sont
trop connues pour que nous ayions à en faire ressortir ici les bons et les
mauvais côtés. Bornons-nous, en signalant Tédition in-18 illustrée, du prix
de 3 fr. 50 le volume, à noter qu'une édition semblable, mais sans gravures,
ne coûte que 3 francs le volume, alors qu'une troisième édition (cette der-
nière de luxe, in-8 avec gravures) se vend 6 francs le volume. Le tome I,
rappelons-le, s'ouvre par un"" notice biographique sur Musset écrite par
M. E. Biré avec la conscience dont il était coutumier.
— Dans V Annuaire- Bulletin de la Société de r histoire de France, année
1907, qui vient seulement d'être mis en distribution (T. XLIV. Paris, Lau-
rens, in-8 de 259-xviii p.), nous remarquons d'abord une Lecture de M. le
comte Durrieu sur la légende et Vhistoirc de Jean Foucquet (p. 111-126); puis
un Supplément aux lettres de Charles VIII, publié par M. B. de Mandrot.
Ce supplément est le troisième qui voit le jour depuis l'apparition du tome V
et dernier de l'édition des Lettres de Charles VIII préparée par feu M. P.
Pélicier pour la Société de l'histoire de France. Le premier supplément était
formé de 78 lettres, le second de 15 lettres; celui qui a trouvé place dans ce
tome XLIV de V Annuaire- Bulletin n'en renferme pas moins de 53, allant
du 11 juin 1484 au 27 mars 1498 (p. 185-249). Enfin nous mentionnerons
Quelques lettres inédites du cardinal de Richelieu provenant de la collection
de M. Gordon- Bennett, publiées par M. Robert Lavollée (8 août 1630-
17 septembre 1641) (p. 250-258).
— De l'article qu'il avait publié dans le Correspondant du 10 novembre
1908, M. l'abbé Pisani a fait faire un tirage à part (Paris, imp. de Soye,
in-8 de 30 p.). Ce sera un excellent résumé du rôle et de la vie des Derniers
Évêques de F ancien régime depuis l'ouverture des Etats généraux en 1789
jusqu'à la mort de leur suprême représentant : Mgr de Bovet, évêque de
Sisteron sous Louis XVI, archevêque de Toulouse jusqu'en 1822, mort à
_ Paris, en 1838, à l'âge de 91 ans. A son habitude, M. Pisani a multiplié les
dates, les chiffres qui éclairent une question et en rendent les conclusions
inattaquables. Elles apportent aussi bien des renseignements nouveaux et
jettent un jour singulièrement heureux sur cette histoire si diversifiée et
une -époque si troublée.
— M. Paul Marmottan a tiré à part de la Revue historique son travail sur
les Débuts d'un grand diplomate, Jérôme Lucchesini à Rome, en Pologne
et à Sistow (1786-1792) (Paris, 1908, in-8 de 30 p.). Lucchesini, Italien émigré
- R3 -^
on Prusse, représenta son pays d'adoption en France sous le Consulat.
Il se fit remarquer à Paris par son compliment à Bonaparte lors de son
entrée en fonctions, compliment qu'il crut spirituel de prononcer dans leur
lajigue maternelle. Il devait finir en courtisan de la famille, dans sa patrie,
à Lucques, auprès d'Elisa Bacciochi. A-t-il vraiment -été, au cours de sa
carrière exoticjue, un « grand » diplomate ? Pour l'ésoudre cette question,
il eût fallu le juger par ses œuvres, en d'autres termes, d'après sa corres-
pondance. M. Marmottan n'a pas eu cette prétention; il s'est contenté de
rechercher dans les dépêches de Bernis, notre ambassadeur à Rome, et
dans un livre paru récemment en Pologne, la trace de ce genlilliomme cos-
mopolite. Aux renseignements qu'il en a extraits il a joint trois documents
inédits recueillis par lui dans les collections d'autographes du Brilish Muséum,
ayant trait aux afl'aires européennes en 1790 et 1791.-
— Plus brillant que jamais, le Grand AUnauach du monde catholique pour
Van de grâce 1909 nous arrive sous un cartonnage toile avec plaqué spé-
ciale or et argent, l'eprésentant de façon vraiment artistique les douze
signes du zodiaque avec le soleil au centre (Lille, Paris, Lyon, Bruges,
Bruxelles, Rome, etc.. Société Saint- Augustin, Desclée et de Brouwer, in-4
de 164 p.). Les illustrations dans le texte et hors texte sont aussi nombreuses
que soignées ; on admirera notamment 7 grandes chromolithographies
parmi lesquelles uii portrait de Pie X. Le texte, très varié, est aussi remar-
quai «le qu'attachant. Citons seulement- : Pour Notre-Dame et pour le Pope,
par M. Roger de Condé; La Moralité dans Part, par le P. M. -S. Gillet; Au
Mont-Athos, par XX***; Visions brugeoises, par M. Joseph Boubée; Lacs
d'Ecosse, par M. Léon Goudallier ; La Bienheureuse Madeleine- Sophie
Barat, fondatrice de la Société du Sacré-Cœur de Jésus; La Littérature d'' au-
jourd'hui, par M. C. Lecigne; Lérins, par Dom Lucien David; La Littérature
chez les noirs du Centre africain, par M. H. Trilles; Un Pèlerinage à travers
quelques champs de bataille, par M. A. Charaux. ,
— L'Agenda de l'école libre pour l'année scolaire 1908-1909 a tout der-
nièrement paru (3*^ année, Lyon et Paris, E. Vitte, petit in-18 de 264 p.,
relié toile. — Prix : 1 fr. 50.) De format très commode (135 x 95 millimètres),
il offre, à côté d'ingénieuses dispositions pour l'inscription journalière et
, mensuelle de notes, mémentos et comptes divers, une quantité de rensei-
gnements précieux. Il mentionne les sociétés, ligues, associations scolaires,
syndicats, mutualités, créés pour la défense, l'organisation et le soutien
de l'éducation chrétienne, donne les noms des directeurs diocésains des
écoles libres, une liste d'ouvrages à recommander, les tarifs postaux, etc.
Enfin, les pensées morales que l'on rencontre à chaque page sont de nature
à fournir des sujets à méditer ou à développer en public. Cet agenda ne sera
pas moins utile aux prêtres et aux catholiques d'action qu'aux membres
de l'enseignement. — Une correction à faire dans la prochaine édition :
au chapitre des Bibliothèques circulantes, nous voyons naturellement figurer
la Société bibliographique. Mais nous voyons aussi que la cotisation annuelle
de 10 francs payée par ses membres est réduite à 5 francs pour les prêtres.
C'est là une erreur : la cotisation de 10 francs s'applique invariablement à
tous les membres de la Société.
— Que dire de V Agenda agricole et çiticole que nous ofTre M. V. Vermorel
pour l'année 1909? Rien d'autre que ce que nous avons plusieurs fois répété,
à savoir que tous les intéressés y trouveront les renseignements les plus
utiles et les plus pratiques (24'^ année. Paris, Béranger; Montpellier et
Villefranche, aux bureaux du Progrès agricole, petit in-16 de 329 p., y
— 84 —
compris le « Caleiulrii'i' des agrieiilteuis el vilieiilleiu's n; carloinié toile, tr.
rouges. — Prix : 1 fr. 50). R'.
— Le même M. V. Vermorel nousj^adresse deux brocliures qui méritent
une mention favorable : la première, signée par^lui, a pour titre : Les Enne-
mis de nos jardins. Procédés de lutte contre les parasites du poirier et du
pommier (Villefranohe^du Rhône et Montpellier, librairie du Progrès agricole
et i'iticole, s. d. (1909), in-18 de 52 p., avec fig. — Prix : 2 francs). « Dans
cette brochure, toute pratique, déclare l'auteur dans sa Préface, nous nous
occuperons seulement des parasites qu'on peut atteindre facilement, écono-
mi(}uement et surtout de l'un d'eux, le principal, le carpocapse, qui fait
nos fruits véreux et qu'on verrait disparaître si chacun voulait bien se
donner la peine de ramasser et de détr\iire les fruits qui tombent au pied des
ai'bres. » Voilà certes un traitement à la portée du plus parfait débutant
en fait d'horticulture; mais le présent travail renferme bien d'autres choses
intéressantes. — Le deuxième opuscule est anonyme. Titre : Les Ennemis
des arbres fruitiers et des plantes cultivées. Procédés et matériel de destruction
(Villefranche du Rhône, V. Vermorel, 1909, in-18 de 64 p., avec flg. —
Prix : 0 fr. 50). Ce formulaire « facilitera aux agriculteurs la défense qu'ils
doivent nécessairement entreprendre contre les ennemis des plantes )>.
Il est ainsi divisé : 1° Nomenclature des plantes avec, pour chaque plante,
la liste de ses ennemis; 2° Table alphabétique des maladies et parasites;
3° Formules (dans l'ordre alphabétique) des insecticides et fongicides;
4° Instruments et appareils de défense.
— C'est avec plaisir que nous signalons la nouvelle édition, au prix très
réduit de 1 franc, du très intéressant roman de M. Ernest Daudet : Dans la
tourmente (Paris, Maison de la Bonne Presse, s. d. (1909), gr. in-8 de 138
p. sur 2 colonnes, illustr. de M. Lecoultre). Précédemment (janvier 1902,
t. XCIV, p. 6-7) le Polybiblion a rendu compte de cet excellent ouvrage.
Nous n'avons rien à ajouter à cet article, si ce n'est que le volume con-
vient à merveille pour les bibliothèques populaires.
— Nous recevons de la librairie Hetzel un volume des plus curieux et des
plus attachants : Le Château des merveilles (in-16 de 348 p., illustré par Des-
tez. — Prix 3 fr.). On croirait lire du Jules Verne; aussi les jeunes gens de
13 à 14 ans (et mêmes de plus âgés) y prendront un plaisir extrême, car à
travers des aventures de toutes sortes, ils s'initieront à beaucoup de cho-
ses instructives sur l'automobilisme, l'électricité, la navigation sous-marine,
etc. Le Polybiblion de décembre 1899 (t. LXXXVI, p. 503) a d'ailleurs
rendu compte en détail de cet ouvrage clans l'édition gr. in-8 à 7 fr. broché
et 10 fr. relié. Nous y renvoyons nos lecteurs.
Anjou. — De M. l'abbé Uzureau, signalons quelques brochures dans
lesquelles il reproduit des documents intéressant son pays : Les Eaux miné-
rales en Maine-et-Loire, en 1802, d'après un rapport du préfet (Paris, Imp.
nationale, 1807, in-8 de 8 p. Extrait du Bulletin des sciences économiques et
sociales du Comité des travaux historiques et scientifiques, année 1906). Ouireles
eaux de Jouanet à Chevagnes, on y parle de sources abandonnées à peu
près aujourd'hui à S. Silvin, Chalonnes, Quincé, Chaumont, Écuillé, Feneu,
Pouancé, S. Laurent du Motay et Montjean. Une statistique de l'hygiène
locale est jointe à ce rapport.
— Des Mémoires de la Société d'agriculture, sciences et arts d' Angers (1907)
(Angers, imp. Grassin), sont encore extraits les documents suivants, repro-
duits par M. Uzureau : Les Chouans dans le Craonnais (1794-196) (gr. in-8 de
54 p.). Rapports officiels naturellement peu favorables aux chouans, du
— 85 —
district de Segré, « l'un des théâtres les plus sanglants des guerres ». — Les
Divisions administratives de la province d'Anjou et du département de Maine-
et-Loire (gr. in-8 de 61 p.); — Le Présidial d'Angers, les dernières rentrées
publiques » avant la Révolution (gr. in-8 de 22 p.), d'après les Affichée d'An-
gers, «Tunique journal angevin d'alors», qui fut l'origine dn Journal de Maine-
et-Loire. — Une Page de V histoire littéraire de l'Anjou (gr. in-8 de 57 p.).
C'est l'Histoire de l'établissement de l' Académie royale des sciences et belles-
lettres d'Angers (en 1685), par l'érudil Jacques Rangeard, qui fut élu plus
tard député aux États généraux et laissa sur sa province de très bons tra-
vaux, comme celui qu'a eu la bonne idée de reproduire M. l'abbé Uzureau.
En manière d'Introduction, Rangeard passe en revue, avec de précieuses
notes, les célébrités angevines du xvi'' siècle, qu'il appelle le siècle des Cossé,
des Maillé, des Scépeaux, des du Bellay, des Robin du Faux, de Jean-An-
toine et Lazare de Baïf, citant encore d'Aubigné, Errault de Chemans,
Poyet, Grimaudet, Bodin, Chopin, Gourreau, Louet, Ayrault, Lesrat, Le
JjOyer, Boylesves, delaMorousière, — et oubliant cependant, comme presque
tous les historiens et critiques, parmi les plus dignes de la célébrité, /es Œ'ut'res
de Germain Colin Bûcher (ressuscité en 1890 par le beau livre de notre colla-
borate\u' M. Joseph Denais), soit parce que G. Colin avait mal fini, soit
parce que toutes ses œuvres furent perdues pendant trois siècles.
Boulonnais. — La Société académique de l'arrondissement de Bou-
logne-sur-Mer, si nous en jugeons par le tome VII de ses Mémoires, ne
manifeste pas souvent son existence en dehors de ses réunions particu-
lières, mais quand le fait se produit, c'est sous la forme d'un gros volume,
tel celui que nous venons de recevoir et qui porte les dates 1904-1907
(Boulogne-sur-Mer, imp. Hamain, in-8 de 781 p., avec fig. dans le texte et
un portrait et une planche hors texte. Là ont été groupés un grand
nombre d'articles, dont beaucoup nous apparaissent un peu trop comme
une poussière. Nous n'aurons garde cependant de dire qu'ils manquent
d'intérêt; leur variété est d'ailleurs très réelle et certains retiendront l'at-
tention des travailleurs. Quelques-uns même sont fort remarquables. Nous
allons citer : Les Jésuites anglais expulsés de Boidogne en 1752, par M. Alfred
Hamy (p. 12-65); — Mémoire sur Tingry et Hucqueliers vers 1641, par M. A.
de Rosny (p. 72-91); — Découverte de strobiles de Séquoia et de Pin dans le
portlandien des environs de Boulogne-sur-Mer, par MM. R. Zeiller et P.
Fliche (p. 92-96); — Lettres de confirmation des privilèges, franchises et
exemptions de la ville de Desvres, en Boulonnais, par M. Alph. Lefebvre
(p. 99-110); — Deux Combats sur mer devant Boulogne, épisodes de la cam-
pagne navale de 1666, par M. E.-T. Hamy (p. 111-123); — Lettre de M. J.
de Courtcville, s^ de Cormont, de la Bussière et de Preurelle, sur les fiançailles
de François I'^^ et de Claude de France, publiée par M. A. de Rosny
(p. 125-137); — Faramus de Boulogne. La Famille de Bolonia. en Angle-
terre. Descendance des comtes de Boulogne, par M. A. de Rosny (p. 148-185) ;
— Le Hareng du Boulonnais, par M. A. Giard; (p. 186-189); — Nouveau
Catalogue des poissons des formations secondaires du Boulonnais, par M. H .E.
Sauvage (190-212); — Le Premier Maître de Sainte-Beuve, Louis Blériot
(1813-1818), par M. E.-T. Hamy (p. 222-226); — Sépultures franques et
carolingiennes du Boulonnais, par M. H.-E. Sauvage (j). 229-253); — Sur
une flnrulc porllaïuUcnne des environs de Boulogne-sur-Mer, par MM. P.
Fliche et R. Zeiller (p. 254-256); — Séance des citoyens de Boulogne réunis
en la salle de la Société populaire le 25 thermidor, 2^ année républicaine une
et indivisible — et Séance du 26 thermidor, publication de M. Camille
- 86 —
Enlart (p. 256-274); — Le Lieutenant de vaisseau Eugène MarescoU
Duthilleul (1809-1839), par M. E.-T. Hamy (p. 275-296, avec portrait) ;
— Notes éthologiques sur le hareng des côtes du Boulonnais, par M. Alfred
Giard (p. 303-308); — Les Figurines en terre cuite gallo-romaine du musée
de Boulogne-sur- Mer, par M. H. E. Sauvage (p. 309-320, avec fig.) ; — Sur
quelques monnaies de Carausius et d'Alectus, par le même (p. 321-324); —
Le Corps médical de Boulogne-sur- Mer en Van II de la République, médecins,
chirurgiens, pharmaciens, apothicaires, élèves en chirurgie et pliarmacie, avec
les notes de conduite morale et politique, patriotisme et capacité données par
le Conseil général de la commune, par M. le D"^ E.-T. Hamy (p. 325-333);
— V Advis de la qualité de ceulx qui sont dedans Boullongne (1559), par
M. V.-J. Vaillant p. 334-355); — Documents intéressant le Boulonnais,
communiqués par M. le vicomte J. de Beaufort (p. 356-363); — Notice sur
les travaux historiques et archéologiques de M. J.-V. Vaillant, suivie de la
Bibliographie de ses œuvres, par M. Camille Enlart (p. 364-385); — Le
(i Gulo borealis » dans la grotte de la Grande-Chambre à Rinxent (Pns-de-
Calais), par M. E.-T. Hamy (p. 386-388); — Le Siège de Boulogne, d'après
Francis Godwin, traduit en français par le s^ de Loigny (p. 392-402); —
La Galerie égyptienne du Musée de Boulogne- sur- Mer, par M. H.-E. Sauvage
(p. 403-407); -— Notice sur quelques monuments égyptiens du musée de Bou-
logne-sur-Mer, par M. Valdémar Schmidt (p. 407-419); — La Fontaine et
Bernier, par M. le D"" E.-T. Hamy (p. 425-433); — Conférence pour la paix
entre V Angleterre et V Espagne tenue à Boulogne en 1600, étude historique
suivie d'un choix' 'de lettres relatives à cet événement, par le D'' E.-T. Hamy
(p. 434-460); — L' Apothéose du poète de Bclloy par le peintre Jollain et les
Critiques deVhistorien de Calais, Jacques- Barthélémy Lefebvre (1765). par
le Dr E.-T. Hamy (p. 464-473); — De Belloy et Morel-Disque. « Le Siège de
Calais» st le Tableau de Robert-Edge Fine, par M. le D^ E.-T. Hamy (p. 474-
478); — Un Document inédit sur Vacronaute Pilatre de Rozier, par M. A.
Lefe])vre (p. 479-485); — Note sur le genre Pélorosaure, par M. H.-E. Sau-
vage (p. 493-498); — Notes numisniatiqnes, par le même (p. 499-509); —
Observations sur quelques mollusques terrestres et d'eau douce du Boulonnais,
par M. Bouchard-Chantereaux fp. 510-514); — .Une Emeute à Samer le
10 mai 1793. Condamnation du. notable Lefehvj-e à ta déportation à c/'e, par
M. A. Lefebvre (p. 521-529); — Les Sigles figulins de la flotte de Bretagne,
par le D"" E.-T. Hamy (p. 530-562, avec fig.);-- De la présence d'un Cypraea
vinosa Gmelin dans une sépulture franco-mérovingienne, par M. P. Dautzen-
berg (p. 563-567, avec une planche); — De la. Confiance que mérite Lambert
d'Ardres, par M. Rigaux (p. 573-582); — Note sur des débris d'origine
romaine trouvés dans une fouille faite en 1898 sur la plage ouest de Boulogne-
sur-Mrr, par ]\I. ,T. \'oisin (p. 583-588); — Charte de l'abbaye de Beaulieu,
publiée par M. R. Rddièro (p. 589-592); — Livre de raison des Frest ou Fret,
sieurs d'Imbretun, par le D'' E. Dutertre (p. 596-608); — Une Lettre- de
marque sous Louis XV pour le corsaire boulonnais Jacques Coilliot, par
M. A. Lefebvre (p. 609-617); — Extraits de la Correspondance de Maugiron
relatifs à Vexpidsion des Anglais du Boulonnais (1545-1 549), par M. E.-T.
Hamy (p. 618-635); — Documents inédits relatifs et la domination bourgui-
gnonne dans le Boulonnais (1419-1478), recueillis et publiés par M. A. Hamy
(p. 636-652); — Antiquités gallo-romaines recueillies dans le Boulonnais et
récemment entrées au Musée de Boulogne-sur- Mer, par M. le D'' H.-E. Sau-
vage (p. 653-680, avec fig.); — Les Vases en verre gallo-romains avec ins-
criptiop trouvés dans le Boulonnais, par M. le D^" E. Sauvage (p. 681-690).;
- H7 -
— Souvenirs cVune visite à V Exposition de la Toison d'Or, à Bruges, par
M. E.-H. Hamy (p. 692-704^; — Le Capitaine de vaisseauG.-B.- M. Moras,
(1771-1824), par M. E.-T. Hamy (p. 705-719);— La Jeunesse de Georges
Mareschal, de Calais, chirurgien de Louis XIV, par M. E.-T. Hamy (p. 720-
725); — '■ Découverte de monnaies du xv® siècle à Marquise (Pas-de-Calais),
par M. le D' E. Dutertre (p. 727-758). Ce volume est complété non seulement
par une table des matières où tous les articles et études sont classés dans
un ordre méthodique, mais aussi d'une table des noms de lieux et d'une
autre des noms de personnes.
Dauphiné. — Le Bulletin de la Société dauphinoise d'ethnologie et d'anthro-
pologie paraît avec un retard d'une année. Du tome XIV, le n° 4 (décembre
1907) vient seulement de nous arriver (Grenoble, impv Allier, in-8, paginé
207-309). La majeure partie de ce fascicule (p. 207-2'57) est occupée par
un travail de M. E. Chabrand sur l'Occultisme en thérapeutique, qui, examiné
en détail, motiverait plus d'une réserve sérieuse. — Un sujet moins brûlant
est traité ensuite par M. le lieutenant-colonel Pansard, sous le titre de :
Céramique romaine. Poteries anciennes provenant de Tébessa (Algérie)
(p. 259-295), avec 2 fig. dans le texte et 3 planches). A noter enfin un article
de M. L. Jacquot : Notes d'édilité saharienne. Comment on numérote les
maisons dans les ksour (p. 296-298).
Franche-Comté. — Des Mémoires de la Société d'émulation du Jura>
M. Emile Longin a extrait des Notes sur le régiment de la Verne (xvii*' siècle)
(Lons-le-Sauni.er, imp. Declume, 1908, in-8 de 45 p.). Pour rédiger ces
« Notes » aussi érudites que curieuses. Fauteur a utilisé des documents,
au nombre de huit, reproduits à la fin de la brochure comme Pièces justi-
ficatives. Tout d'abord, il rappelle l'historique de ce « terce :j), mis sur pied
dans l'été de 1634 et qui, deux ans plus tard, devait s'illustrer en prenant
une large part à la victorieuse résistance de Dole aux*efforts de l'armée du
prince Henri de Condé. Or, cet historique est assez bref : il consiste dans la
défense, à peu près pour la forme, de la ville de Porrentruy, où la Verne et
ses soldats s'étaient jetés sur l'ordre de Charles IV de Lorraine. L'armée
française, commandée jiar le maréchal de la Force, ayant ouvert le feu
contre les murailles de cette place et y ayant pratiqué une brèche, les
Comtois la rendirent et obtinrent de se retirer avec les honneurs de la
guerre (juin 1635). Ce qui est ici particulièrement intéressant ce sont les
détails fournis sur la composition de ce régiment en hommes de troupe,
sous-ofïiciers et soldats, leurs attributions respectives et leur solde, choses
très généralement ignorées.
— Le même M. Emile Longin a tiré à part des Mémoires dç la
Société d'émulation du Jura une Belation lorraine de la bataille de Poligny
(19 juin 1638), l'un des épisodes les plus importants de la guerre de Trente
ans en Franche-Comté (Lons-le-Saunier, imp. Declume, 1908, in-8 de 16 p.).
Imprimée à Bruxelles, en 1638, par Velpius (in-4 de 10 p.), cette pièce est
un peu longuement intitulée : Relation faite à Son Altesse Royale le Sérénissi-
me Cardinal Infant par le sieur de Rommécourt, gentilhomme envoyé par son
Altesse de Lorraine : du combat fait en la Comté (ie Bourgogne, le 19 du mois
de juin dernier, entre l'armée de sadicte Altesse de Lorraine, et celle de France
commandée par le duc delLongueville. A ce propos, dans la notice, ample-
ment annotée, dont il a fait précéder son intéresante publication, M. Lon-
gin donne les indications suivantes : « Je l'avais inutilement cherchée [cette
relation] à Madrid, à Bruxelles et à Paris; rinsuccès de mes démarches me
— 88 —
portait à la croire perdue, comme bon nombre d'autres feuilles volantes,
quand le hasard me Ta fait découvrir à la bibliothèque de Besançon, reliée
avec divers avis à la main du temps. Elle n'ajoute pas grand'chose à ce qu'on
savait déjà de la rencontre après laquelle l'armée française recula jusqu'à
Château-Chalon; le vaillant marquis de Saint-Martin y est à peine nommé;
en revanche, elle est la seule qui mentionne le rôle du régiment de nouvelle
levée du sieur d'Antorpe; elle explique comment, indignés de la barbare
pendaison des commandants de Chaussin, de Rahon et de Frontenay, les
Lorrains ne firent point de quartier, et il importe de la remettre au jour
à cause de son extrême rareté. « Ce document, si. heureusement trouvé par
M. Longin, pourra être curieusement rapproché du récit que M. Julien
Feuvrier a fait de cette même bataille de Poligny dans une brochure parue
à Dole, chez Krugell, en 1 895, et qui a été signalée à cette place (t. LXXIV,
p. 89, livr. de juillet 1895).
■ — ■ Signalons encore deux tirages à part des Mémoires de la Société d'ému-
lation du Jura que nous envoie M. Julien Feuvrier. Le premier a trait à une
Tête de- Mercure gallo-romain en bronze trouvée à Samery (Côte-cVOr) (Dole,
Ledun, 1908, in-8 de 5 p., avec vignette). Cette pièce, qui fait aujourd'hui
partie du musée archéologique de Dole, décrite avec beaucoup de soin,
ornait, selon les déductions de l'auteur, un objet qui semble avoir été un
l'écipient quelconque. — La deuxième plaquette a pour titre : La Ville
d'Haibe, au territoire de Rochefort (Jura) (Dole, Ledun, 1908, in-8 de 12 p.
avec vignette et petit plan dans le texte). Il faut traduire ici ville par ~ villa,
Après un court exposé historique et critique, M. J. Feuvrier conclut que
l'on est à Haibe « en présence d'une villa rustica » fort ordinaire. Toutefois
il y eut en ce lieu une chapelle devenue « centre d'une paroisse qui engloba
toutes les petites localités d'alentour et les fermes éparses ». Cette chapelle,
tombant en ruines, finit par disparaître à une époque incertaine. L'auteur
a pratiqué sur une partie de son emplacement et sur l'emplacement du
cimetière qui l'entourait des fouilles qui, n'étant pas les premières exécu-
tées, n'ont produit que d'assez modestes résultats : les objets exhumés sont
allés cependant accroître le musée archéologique de Dole, dont M. Feuvrier
est depuis longtemps, si l'on peut dire, l'un des principaux fournisseurs
attitrés.
— Les empoisonneurs patentés, grands et petits, ne chanteront pas les
louanges du D'' Eug. Ledoux. On ne saurait douter d'ailleurs que AL Ledoux
n'a pas le moins du monde cherché à leur plaire. Il vise plus haut. Dans
une brochure très documentée, intitulée: L^ Absinthe et V ahsinthisme (Besan-
çon, imp. Dodivers, 1908, in-8 de 34 p., avec 2 tableaux et 2 cartes. —
Prix : 0 fr. 50), l'auteur mèn« contre la malfaisante « fée verte » une cam-
pagne scientifique fort vigoureuse. Il étudie successivement : 1" la com-
position de l'absinthe (l'absinthe, boisson alcoolique; les alcools de l'ab-
sinthe: les essences de raV)sinthe); 2° la symptomatologie de l'absinthe
(absinthisme aigu; absintliisme chronique; absinthisme héréditaire; la
psychologie de l'absinthique; les [irédispositions morbides de l'absinthisme) ;
3° la démographie de l'absinthisme, un peu pour la France en général et
beaucoup plus pour le dé|)ar{enient du Doubs, qui renferme de nombreuses
usines ou fabriques d'al^sinthe; 4" les moyens de combattre le fléau. — La
tuberculose et l'aliénation mentale, M. le D"" Ledoux le démontre de la
plus indiscutable façon, sévissent parmi nos populations en raison directe
de l'importance de la consommation de l'alcool. Il serait vraiment désirable
que tous nos députés et tous nos sénateurs pussent méditer ce travail : ceux
— 89 -
que n'aveuglent pas leurs intérêts électoraux n'en deviendraient que plus
ardents à soutenir le projet de loi prohibitif de l'absinthe, présenté le 22 juin
dernier par 112 membres du Sénat, qui n'ont pas hésité à déclarer que
« l'absinthe rend fou et criminel; qu'elle provoque l'épilepsie et la tuber-
culose; qu'elle tue chaque année des milliers de Français, qu''elle fait de
l'homme une bête, de la femme une martyre, de l'enfant ;^m dégénéré ».
Languedoc. — Il n'y a guère que deux études offrant un intérêt sérieux
dans la 2'' livraison du tome Vil de la troisième série du Bulletin de la
Société, archéologique, scientifique et littéraire de Béziers (Béziers, imp. générale
Barthe, Soueix, Bourdon et Rul, 1908, in-8 paginé 189-344, avec 3 pi.),
savoir: ies Moulins de Bagnols, par M. A. Soucaille (p. 189-249) eiClément
de Bonsi et la Bévolte de 1632, d'après des documents inédits, par M^^ Mathilde
Bellaud-Dessalles (p. 261-284). Le reste se compose surtout de rapports
sur des concours divers. Cependant nous pouvons noter spécialement encore
la Chronique numismatique de M. le D'' L. Tarrieux (p. 250-254) et la Chro-
nique archéologique de M. J. Dardé (p. 285-288, avec 3 planches).
Marche. — Un intéressant mémoire de M. Raoul Mortier met hors de
doute la possession, pendant quelques années, de la Basse-Marche par le
duc de Bei'ry, à titre de seigneur apanagiste : Le Duc Jean de Berry, sei-
gneur de la Basse-Marche (1390-1397). (Extrait des Mémoires de la Société
des antiquaires du centre, t. XXIX. Bourges, typ. Tardy-Pigelet, in-8 de
41 p., avec une carte et 1 tableau généalogique). C'est le mariage de son
fils, le comte de Montpensier, avec Anne de Bourbon qui fit tomber entre
ses mains la seigneurie de ce pays qu'elle avait reçu en dot; la mort du
jeune prince, sans enfants, obligea le beau-père de restituer la Basse-Marche
à sa bru, qui alla la porter en secondes noces à Louis de Bavière.
Alsace. — • M. Gass a publié une contribution à l'histoire des domini-
caines de Strasbourg sous le titre : Ein Beitrag zur Gesckichte von St.
Margaretha (Strasbourg, Le Roux. 1907, in-8 de 15 p., avec la reproduction
•d'un curieux dessin représentant les 25 religieuses qui composaient a
communauté in 1688.
— Mentionnons aussi les ouvrages suivants : Koehler : Das Elsass und
sein Theater (Strasbourg, Schleser et Schweickardt, in-8 de 300 p. — Prix:
6 fr. 25); — Ziegler : Die Politik der Stadt Strasburg im Bischu's, kriege
(1592-93) (Strasbourg. Herder. in-8 de 113 p. — Piix : 2 fr. 25): — Scho-
nemann : Das Elsass und die El laisser von den àltesten Zeiten bis zum Jahre6l0
(Strasbourg, Heitz, in-8 de 204 p. — Prix : 4 fr. 35), encore un livre à tendances
chauvines ext'êmes. — Muller : Die eU''ssischen Landstande. Ein Beitrag
zurGeschichte des Elsasses (Strasbourg, Schleser et Schweickhardt. 5 fr. 50);
— Heitz : Eine Abbildung der Hohkoidgsburg aus der ersten Ha''te dus
16. Jahrhunderts (Strasbourg, Hei'z, in-8 de 12 p. — Prix: 2 fr. 50). La
découverte de cette ancienne gravure montre que la restauration récente du
château est toute de fantaisie. — Après cette éclosion d'ouvrages en langue
allemande, qui témoignent des efforts de germanisation par lesquels la
constanc" des Alsaciens envers la l'rance est soumiso à un rude éprpuve,
il nous plaît de retrouver les ouvrages suivants en langue f ançaise : Clarac
Proverbes et curiosité'^ du dialecte strasbourgpois (Paris. Didier), in-18 de vii-
170 p.), recueil original des locutions le^ plussavoiu'euses de ce dialecte où l'on
trouve, à côté de savants commentaire^ linguistiques, d'agréables docu-
ments sur le passé, l'espr t, les mœurs et le coutumes de l'Alsace; — -
Le i^ Bataillon de la mobile du Haut-Bhin. Journal d'un sous-officier (Mul-
— m —
house, Meininger, 1908, in-8 de 150 p.). Remarquable par las-incérité de la
narration et la poignante émotion qui s'en dégage, ce récit est dû à un
Mulhousienqui fit, comme mobile, la terrible campagne de 1870-1871. — Enfin
nous r cevons un 1res beau volume : His'oire du cnVège libre d" Co'mar-
La Chapelle, pcir M. A.-M.-P. Ingold (Colmar, Jung, 1908, in-8 de 350 p.), où
l'on trouvera de» documents d^ valeur sur cetle ex e'ien'e éco^e, ses
professeurs et la pléiade d'Alsaciens remarquables qu'elle a produits.
Allemagne. — Jean Sébastien Bach, l'un des plus féconds et des plus
grands musiciens classiques de l'Allemagne, jouit depuis quelques années
d'un regain de faveur qui s'est manifestée en France comme dans son pays
natal. La Nouvelle Société Bach, qui a tenu récemment ses assises solennelles
à Chemnitz,ne compte pas moins de 731'membrep,et le musée qu'elle entretient
à Eisenach dans la maison du vieux maître a reçu dans la dernière année la
visite de plus de 3.700 personnes. Parmi les décisions prises dans l'assem-
blée de Chemnitz celle qui intéresse de plus près le Polybihlion est la réso-
lution de procéder à une revision de la grande et monumentale édition des
œuvres de Bach. Les résultats de ce travail paraîtront dans l'Annuaire de
la Société [Bachjahrhurh) et seront tirés également de manière à pouvoir
s'intercaler dans les feuillets de l'édition.
Angleterre. — L'on sait quelle est l'importance du manuscrit (iv^siècle),
connu aujourd'hui sous le nom de Codex sitiaiticus petropolitanus, que Ti-
schendorf découvrit en 1844 dans un couvent du Mont Sinaï et qui est entré
une vingtaine d'années plus tard dans la Bibliothèque impériale de Saint-
Pétersbourg. C'est surtout pour l'histoire du texte grec du Nouveau Testa-
ment que ce manuscrit est précieux; et c'est justement de cette partie des
saintes Ecritures que l'Université d'Oxford va nous donner une repro-
duction photographique sous le titre de Novum Testamentum sinaiticum
petrnpolitanum. Le volume, qui sera publié en 1909 comprendra une préface
de M. Kirsopp Lake et une notice chronologique sur les correcteurs du ma-
nuscrit, par M. Papadopoulo Kerameus.Le prix de souscription, est de 160 fr.
Espagne. — Les pèlerins français qui affluent à Lourdes n'ont que l'em-
barras du choix entre les divers Guides et Manuels^ qui leur fournissent les
renseignements dont ils ont besoin pour se rendre dans cette ville et y sé-
journer. Les pèlerins espagnols, qui, en assez grand-nombre, visitent le cé-
lèbre sanctuaire, n'en avaient pas encore. Cette lacune est maintenant com-
blée grâce à la publication de l'opuscule : Historia y Guia de Lourdes. M annal
del peregrino, por D. Rosendp Fortunet y Busquets (Barcelona, E.
Subirana, 1908 in-16). Ce petit volume, d'un aspect élégant et bien illustré,
contient, à la suite d'une excellente notice historique sur Lourdes, toutes
les indications pratiques que le voyageur transpyrénéen peut désirer, indi-
cations dont la sécheresse est corrigée par de nombreuses descriptions plei-
nes de charme, telles que celle, par exemple, qui est intitulée : «Actual flsio-
nomia de Lourdes. »
Hongrie. — M. Efiile Horn est un auteur très apprécié pour ses savantes
études sur l'histoire de la Hongrie. Sainte Elisabeth et son François Rakoczi,
prince de Transylvanie ont été couronnés par TAcad'^mie française. Sa
récente brochure": f/ne Niècfde sainte ElisabelhJ la Bienheureuse Marguerite
de Hongrie (xiiie siècle) (Paris, Librairie"des"Saints-Pères,'l908,'in-8 de'61 p.
— '^Prix": '1%. SOffixera^FattentionMes hagiographes'soucieuxdu' document
sûr misTen;œuvreydansTuneTparfaiteTcomposition et avec une littérature
- 91 -
choisie. L'auteur suit Marguerite de Hongrie dans son enfance et dans sa
vie religieuse. Et, à cette occasion, situant la Bienheureuse, il nous décrit
le cloître où elle vécut et mourut, foyer où l'on con.servait les belles-lettres
en les étudiant. Puis il s'occupe de la vie posthume de la B. Elisabeth,
nièce et fille de rois, et des diverses destinées du monastère, qui gardait
sa tombe. Sous le titre : Bibliothèque de moniales, M. Horn énumère et
accompagne de notes précieuses un certain nombre de mss. d'une grande
valeur qui appartenaient aux religieuses du monastère de la B. Elisabeth
et furent sauvés plus tard des mains des commissaires impériaux chargés
de les inventorier par les clarisses occupant alors l'antique monastère pat-
elles relevé de ses ruines.
Italie. — La Miscellanea di storia italiana (série 'IH, t. XIL Torino,
Bocca, in-4 de xix-400 p., avec 5 planches), parue en 1907, contient trois
publications d'intérêt divers et inégal : M. Ugo G. Oxilia y donne la Storia
italiana (1525-1546), de Migliore Cresci demeurée inédite. Ce Cre.scî, petit-
fils du poète florentin de ce nom, né en 1494, fut priore en 1531 ou 15314
et mourut après 1546. Il a composé, outre son histoire, un traité sur les
devoirs du Prince; il a des idées politiques plus proches de Nardi que de
Guichardin. Son histoire n'est plus la sèche et confuse chronique du moyen
âge, c'est une narration d'imitation classique, mais fortement imprégnée
de souvenirs personnels, en somme un document de haute valeur pour l'his-
toire générale du xvi^ siècle. M. Oxilia décrit en détail les dix manuscrits
de cette œuvre historique' (p. 31-41), puis vient le texte (p. 45-200) divisé
en dix livres et suivi de quelques pièces justificatives, mais dépourvu de
tout commentaire historique, discrétion trop modeste, car ce texte paraît
apporter sur bien des points des détails curieux et nouveaux. — M^negopetto
a étudié Margherita di Savoia, marchesa di Monferrato (1295-1313), prin-
cesse mal connue, et dont elle n'éclaircit que très imparfaitement la bio-
graphie. Le sujet primitif du mémoire était le gouvernement de Cirié,
ville dotale de Margherita ; il a été abondamment documenté au moyen des
comptes de châtellenies, mais aussi augmenté sans ordre et élargi sans
plan d'ensemble. — Le mémoire de M. Bollea sur VAssedio di Bricherasio
dato da Carlo Emanuele I, duca di Savoia (18 sept-23 oct. 1594) fait con-
naître à fond un épisode, insignifiant en soi, mais fort important quand on
le situe à son heure dans les relations franco et hispano-savoisiennes.
Capital dans l'histoire des rapports de Charles-Emmanuel avec Lesdi-
guières, il est encore plus symptômatique comme acte d'indépendance du
gendre de Philippe II envers son beau-père. Ce mémoire exhaustif est fort
utile à l'histoire diplomatique et militaire du xvi*^ siècle.
Publications nouvelles. — Les Prédécesseurs de Daniel, par E- Du-
jardin (in- 12, Fischbacher). — Le Messianisme chez les Juifs (150 avant
J.-C. à 200 ap. J.-C.]. par le P. M.-J. Lagrange (gr. in-8, Lecofîre, Gabalda).
— De Bethléem à Nazareth. Etude historique sur Venfance et la jeunesse du
Médenipteur. par lo R. P. M. -.T. Ollivier (in-12, Lethielleux). — V Apocalypse
interprétée par VEcriture, par M. Passama (in-8, Savaète). — Traduction
et citmmentaire des grandes antiennes ou O de FAçent et de Voffiee de Noël,
par les bénédictines du Temple (in-16, Oudin). — ' La Foi catholique, par
H. Lesêtre (in-16, Beauchesne). — Tractatils de vera religione, auctore
J. Muncunill (gr. in-8, Barcinone, G. Gih).— ■« ô-erf& «. /. Je crois en Dieu,
par l'abbé Lemoine (petit in-8, Lethielleux). — Exposition de la morale
catholique. VÏ.Le Vice et le péché. IL Leurs effets, leurs formes, leurs remèdes.
— 92 —
Conférences et Retraite. Carême 1^8, par E. Janvier (petit in-8, Lethielleux).
— Histoire des comniandenients de V Eglise, par A. Villien (in-12, Lecoffre,
Gabalda). — Le Sens catholique, par H. Couget (in-12, Bloud). — Dieu et
Science, par J. de la Perrière (2 vol. in-16, Lyon et Paris, Vitte). — Jésus.
Lectures éi'angéliques pour F Avent et le temps de Noël, par l'abbé A. Dard
(in- 12, LecofTre, Gabalda). — Triduum eucharistique et instructions sur la
communion quotidienne, d'après les décrets de Sa Sainteté Pie X, par le P. J.
Lintelo (in-8, Tournai et Paris, Casterman). — Fragments eucharistiques,
extraits des œuvres de Mgr C. Gay (in-32, Oudin). — Correspondance de
Monseigneur Gay, évêque d'Anthédon. auxiliaire de Son Eminence le car-
dinal Pie. Lettres de direction spirituelle. 4^ série (in-8, Oudin). — La Virilité
chrétienne, par P. Gillet (in-12, Desclée, de Brouwer). — Les Modernistes, par
le P. Maumus (in-16, Beauohesne). — Lettres sur les études ecclésiastiques,
par Mgr Mignot (in-12, LecofTre, Gabalda). — Traité de droit public belge.
Droit constitutionnel. Droit administratif, par P. Errera (in-8, Giard et
Brière). — Traité de droit civil comparé, par E. Roguin. Les Successions.
I et II (in-8, Librairie générale de droit et de jurisprudence). — Précis
théorique et pratique de procédure civile, par E. Glasson, avec le concours,
au point de vue pratique, de P. Colmet-Daage. 2® édition mise au courant
de la législation et de la jurisprudence par A. Tissier. T. II (in-8. Librairie
générale de droit et de jurisprudence). — Le Mariage et le divorce de demain,
par H. Coulon et R. de Chavagnes (in-18, Flammarion). — L'Impôt pro-
gressif en théorie et en pratique, par E. R. A. Seligman: trad. par A. Mar-
caggi (in-8, Giard et Brière). — Les Principales Théories de la logique con-
temporaine, par P. Hermont et A. Van de Waele (in-8, Alcan). — Les Pro-
blèmes de la science et la Logique, par F. Enriques; trad. de l'italien par
J. Dubois (in-8, Alcan). — Pragmatisme et Modernisme, par J. Bourdeau
(in-16, Alcan). — Le Déterminisme économique de Karl Marx. Recherches
sur Vorigine et l'évolution des idées de justice, du bien, de l'âme et de Dieu,
par P. Lafargue (in-18, Giard et Brière). — Leçons de philosophie et plans
de dissertations, par l'abbé J.-B. Domecq. I. Psychologie (in-8, cartonné,
Tours, Cattier). — IJ Idéal du xix<= siècle, par M. -A. Leblond (in-8, Alcan).
— Erreurs sociales et maladies morales, par le D"" C. Fiessinger (in-18, Perrin).
— Nicole. Le Prisme, etc. Introd. par H. Breniond (in-12, Bloud). — Guide
pour le choix d'une profession à l'usage des feunes filles et des dames, par
F. de Donville. Nouvelle édition entièrement revue, mise à jour et aug-
mentée, avec une Préface par G. Broquelet (in-18, Garnier). — Leçons de
pédagogie, par A. Mathieu et E. Blanguernon (in-8, Alcide Picard). —
Au Cœur du féminisme, par T. .Toran (in-8, Savaète). — La France écono-
mique et sociale à la veille de la Révolution. I. Les Campagnes, par M.Kova-
lewsky (in-8, Giard et Brière). — Lettre à un professeur d'anthropologie
(A much abused Letter), par G. Tyrrell (in-12, E. Nourry). — Mœurs
intimes du passé, par le D'' Cabanes (petit in-8 carré, A. Michel). — L'Hy-
giène des dyspeptiqurs, par le D"" R. Gaultier (in-18 carré, Delagrave). —
Neurasthénie et névrose. Leur guérison définitive en cure libre, par le D' P.-E.
Lévy (in-16, Alcan). — Contribution apportée à la notion d'hystérie par
l'étude de l'hypnose spécialement considérée dans son histoire, dans son essence,
da?is .'<es effets, paj* le D"" R.Van derElst (gr. in-8,Vigot). — Un Miracle d'au-
jourd'hui, discussion scientifique, par G. Bertrin (in-12,^Lecolïre, Gabalda). —
Histoire du développement de la chimie, depuis Lavoisier jusqu'à nos jours;
par A. Ladenburg; trad. sur la 4^ édition allemande par A. Corvisy (gr.
in-8, Hermannj. — Le Norfolk-Breton. Au Pays de Cornouaille, par le comte
— 93 — •
H. de^"Robion (gr. in-8, Ijaveur). — Le Porc, races, élevage, maladies, par
H.-L.-A. Blanchon (in-12, Laveur). — Culture des plantes oléagineuses et
textiles, par J. Fritsch (in-12, Laveur). — 'iLes Plantes oléagineuses. Colza,
nai>ette,yeillette,ïeic.,%pairgL.^Msi\peauxx(in-16, cartonné, Hachette). — Les
Gazons, par J.-C.-N. Forestier (in-r2 carré, «Laveur). — Conseils pratiques
sur la viticulture, par J.-M. Guillon (in- 16, Hachette). — Cours d'arith^né-
tique, classe de cinquième B, par C.-A. Laisant et E. Perrin (in-18, H. Pauhn).
— Leçons d'algèbre, par L. Zoretti !in-18, H. Paulin). — Leçons sur les
fonctions définies par les équations différentielles du premier ordre, professées
au Collège de France, par P. Boutroux (gr. in-8, Gauthier- Villars). — Cours
d'astronomie, par H. Andoyer. Seconde partie. Astronomie pratique {^v.m-%,
Hermann). — De la Restitution du plan au moyen de la téléphotographie en
ballon, par L. Pezet (in-8, Berger-Levrault). — Torpilles et projectiles auto-
mobiles, par H. Noalhat (gr. in-8, Berger-Levrault). — Le Service de ren-
seignements militaires en temps de paix, en temps de guerre, par le lieutenant-
colonel Rollin (in-18, Nouvelle Librairie nationale). — La Crise navale,
par^C. Chaumet (in-12, Chapelot). — U Art égyptien, choix de documents
accompagnés d'indications bibliographiques, par J. Capart (in-4, Bruxelles,
Vromant; Paris, Guilmoto). — Les Catacombes de Rome, par M. Besnier
(in-18, Leroux). — L'Art religieux de la fin du moyen âge en France, étude
sur l'iconographie du moyen âge et sur ses sources d'inspiration, par E. Mâle
(gr. in-4. Colin). — L'Esthétique des villes, par E. Magne (in-18, Mercure de
France). — La Sculpture espagnole, par P. Lafond (in-4, Alcide Picard). —
Souvenirs de Belgique et de Hollande. Un Dessin de Colyer Edouard (in-18
carré, imp. Picquoin). — Correspondance de Bory de Saint-Vincent, publiée
et annotée par P. Lauzun (gr. in-8, Agen, Maison d'édition et Imprimerie
moderne). — Comment on construit une automobile, par M. Zerolo. T. II et
111(2 vol. in-12, cartonnés, Garnier). — Science ou roman? par John-Gérard ;
trad. de J. d'Orlyé (in-8, Savaète). — La Langue française d'aujourd'hui.
Evolution. Problèmes actuels, par A. Dauzat (in-18, Colin). — Massillon,
sa prédication sous Louis XIV et sous Louis XV. Les Maîtres de la prédica-
tion en France, par l'abbé L. Pauthe (in-8, Lecofïre, Gabalda). — L'Elite
de la Révolution. Discours et rapports de Robespierre, avec une Introduction
et des notes par C. Vellay (in-12, Fasqu lie). ^ Selected Poems of Pierre
de Ronsard, chosen by St. J. Lucas (petit in-12, Oxford, Clarendon Press).
— Quelques vers, par H. des Portes de la Fosse (in-12, Lemerre). — Près
du foyer et dans les champs, par E. Pinçon (in-18, Lemerre). — Du Grave
au doux, par A. Collin {in-18, Lemerre). — Heures de brume, par A. Barratin
(in-18, Lemerre). — Le Sentier sonore, par R. de Fay (in-16, Pl<»n-Nourrit).
— La Rose enti-' ouverte, par R. Turpin (in-16, Plon-Nourrit). — Le Prisme
des heures, par L. Maigue (in-18. Société française d'imprimerie et de
librairie). — ^ Par ces longues nuits d'hiver, par R. Gaubert-Saint-Martial
(petit in-8, Éditions de l'Abbaye). — ■ Le Voyage d'Afrique, par G. Demnia
(in-18, Gastein-Serge). — Les Voix de la forêt, par M"e M. Berthet (in-12,
Bibliothèque générale d'édition). — Dans les brumes des cités, par M. Ber-
thet (in-18, BibUothèque générale d'édition). — Au Caprice des heures, par
J. Mauclère (in-12, Rousseau). — Le Chemin qui monte, par N. Beauduin
(in-18, Sansot). — Mis Canciones, obras poéticas, por P. R. del Valle Ruiz
(petit in-8, Barcelona, Gustavo Gili). — Ménandre. L'Arbitrage, édition
critique, accompagnée de notes explicatives et d'une traduction, par M. Croiset
(in-8, Leroux). — Alkestis, pièce en cinq actes, en vers d'après Euripide,
par B. Vadier (in-18, Lemerre). — La Route infinie, pièce en 2 actes, par
- 94 —
1j.-M. Trémanlys (in- 12, Jouve). — Le Fantôme du prissi-, par nelodda;
trad. de Titalien par G. Hérelle (in-18, Calmann-Lévy). — Immortelle
Pologiie\ par G. Dauchot {in-16, Perrin). — Jean-Luc persécuté, par C.-F.
Ramuz (in-16, Perrin). — Le Don de soi, par A. Delacour (in-16, Plon-
Nourrit). — V Ame libre, par Brada (in-16, Plon-Nourrit). — Haine de
femme, par M. Crawford (in-16, Hachette). — Le Trèfle rouge. Le Secret du
capitaine, par N. Sevestre (in-16, Hachette). — Le Voueur, par C. Géniaux
(in-16, Hachette). — Criminelle par amour, par A. Clavering Gunter; trad.
do ranglai.s par M'^e l Zeys (in-16, Hachette). — Le Petit Faune, par G. Hue
(in-18. Société française d'imprimerie et de librairie). — La Race qui récit,
par le vicomte du Motey (in-12. Librairie 'des Saints-Pères). — Au Blanc
et Noir, par R. Kipjing; trad. d'A. Savine (in-18, Stock). — Paysages pas-
sionnés, par G. F^^re (in-18 carré, Sansot). — Le Miracle de Courteville,
par J. Xayral (in-12, Gastein-Serge). — Histoires de tous les jours, par L.
Dupont (in-12, Bloud). — Aventures de Bécot, par P. Leclercq (in-r2. Édi-
tions de la « Vie parisienne »). — La plus forte Chaîne, par M. -T. Alem (in-lS,
Orsoni). — L'Anneau fatal, par C. Fole^v (in-12. Tours, Marne). — Jean
Chouan, par R. Duguet et J. Rochebonne (in-16. Maison de la Bonne Presse).
— Au temps de V Empereur, par E. Daudet (gr. in-8. Maison de la Bonne
Presse., — En 1815. Récits d'une grand'mère, par E. Daudet (gr. in-8. Maison
de la Bonne Presse). — Par le dur chemin, par J. Ducluseau (in-16, Maison
de la Bonne Presse). — Le Franc-Maçon de la Vierge, par F. Bonheurs
(in-16. Maison de la Bonne Presse). — Au But, par M. Thiéry (in-12, Abbe-
vile, Paillart). — Le Clergé à r Académie. Silhouettes et portraits, par Mgr de
Moucheron (petit in-8, Perrin). — Les Bonaparte littérateurs. Essai biblio-
graphique, par G. Davois (in-8. Edition bibliographique). — H. Taine,
par C. Picard (in-12, Perrin). — Sur Mérimée, notes bibliographiques et
critiques, par L. Pinvert (in-8, Leclerc). — Du Dilettantisme à Vaction,
études contemporaines, par C. Lecigne, 1'"*' série (in-12, Lethielleux). —
Pages choisies des grands écrivains. Emerson; trad. et Introd. par M. Du-
gard (in-18. Colin). — La Perse d'aujourd'hui. Iran, Mésopotamie, par E.
Aubin (in-18, Colin). — L'Ile de France contemporaine, par H. de Banville
(in-18. Nouvelle Librairie nationale). — Sao Paulo du Brésil, notes d'un
colon français, par L. Casabona (in-18 carré, Guilmoto). — Au temps des
Pharaons, par A. Moret (in-13, Colin). — Les Idées et les formes. Antiquité
orientale, par Péladan (in-18, j\Iercure de France). — Vue générale de l'his-
toire de la civilisation, par E. Driault (2 vol. in-16, Alcan). — Le Monde
actuel. Tableau politique et économique, par E. Driault (in-8, Alcan). —
Les Martyrs. VIII. La iîé/orme, 1573-1642, par le R. P. Dom H. Leclercq-
(petit in-8, Oudin). — Les Livres de saifit Patrice, apôtre de l'Irlande. Introd .,
trad. et notes, par G. Dottin (in-12, Bloud). — Vida de santa Teresa de Jésus,
poi el P. F. de Ribera; nueva ediciôn aumentada con una introducciôn
copiosas notas y apendices por el P. J. Pons (gr. in-8, Barcelona, G. Gili). —
Autour d'une brochure. Sept lettres à M. Arthur Savaèie, directeur de la
'( Revue du Monde catholique » sur le prétendu mariage de Bossuet, avec un
article posthume de Mgr Justin Fèvre (in-8, Savaète). — Lettres de Louis XI,
roi de France, publiées d'après les originaux pour la Société de l'histoire de
France, par J. Vaesen et E. Charavay. T. X. Lettres de Louis XI, 1482-1483,
et Supplément, publiées par J. Vaesen et B. de Mandrot (in-8, Laurens). — ■
Œuvres inédites de l'abbé de Bonneval sur la Révolution, publiées par l'abbé
E. Griselle (in-8, Savaète). — Autour de Bonaparte. Journal du comte P.-L.
Rœderer, ?ninistre et conseiller d'Etat. Notes intimes et politiques d'un familier
— 9y —
des Tuileries. IntrodiK tion et notes par ^I. Vilrac (in-8, Daragon). ■ — La
Jeunesse libérale de 1830. Lettres d' Alphonse d' H erbelot à Charles de Mon-
talembert et à Léon -Cornudet (1828-1830), publiées pour la Société' d'histoire
contemporaine par ses petits-neveux (in-8, A. Picard et fils). — Duchesse de
Diuo, puis duchesse de Talleyrand et de Sagan. Chronique de 1831 à 1862,
publiée avec des annotations et un Index bibliographique, par la princesse
Radziwill, née de Castellane. I. 1831-1835 (in-8, Plon-Nourrit). — Histoire
de la France contemparaine (1871-1900), par G.Hanotaux. T. IV. La Répu-
blique parlementaire (gr. in-8, Société d'édition contemporaine). — La
Religion au temps du duc de Saint-Simon, d'après ses écrits rapprochés de
documents anciens ou récents, avec un commentaire et des notes, par E. Pilastre
(in-8, Alcan). — Père et fille. Philippe de Champagne'et sœur Catherine de
Sainte- Suzanne à Port-Royal, par C. Gailly de Taurines (ln-16. Hachette).
— Les Intendants de province sous Louis XVI, par P. Ardaschefï; trad.
du russe par L. Jousserandot (gr. in-8, Alcan). — Lettres à un ami (1845-1880),
par E. Rousse (2 vol. in-16. Hachette). — Mémoires de Martin et Guillaume
du Bellay, publiés pour la Société de Vhistoire de France, t. \^^, par V.-L.
Bourrilh' et Vindry (in-8, Laurens). — Souvenirs d'une mission à Berlin
en 18'i8, par A. de Circourt; publics paur la Société d'histoire contemporaine
par G. Bonrgin (in-8, A. Picard et fils). — • La France et les Alliances. La
Lutte pour Vequilibre, par A. Tardieu (in-16, Alcan). — La Guerre en pro-
vince. Campagnes de la Loire et du Mans, 1870-71 , par E. Gay (in-8, Ducrocq).
France et Angleterre. Cent années de rivalité coloniale, par J. Darcy. L'Af-
faire de Madagascar (in-8, Perrin). — Les Comptes du roi René, publiés
d'après les originaux inédits conservés aux archives des Bouches-du-Rhône,
par l'abbé G. Arnaud d'Agnel. T. I. (gr. in-8, A. Picard et fils). — Histoire
de r abbaye royale et de V ordre des chanoines réguliers de Saint-Victor de Paris.
2« période. (1500-1791), par F. Bonnard. T. II. (gr. in-8, chez l'auteur, au
Tremblay-sur-Mauldre, par Montlort-l'Amaury (S.et.-O.). — Paris sous
Napoléon. Assistance et bienfaisance. Approvisionnement, par L. de Lanzac
de Laborie (petit in-8, Plon-Nourrit). — Abrégé de Vhistoire de Port-Royal,
par J.-B. Racine, avec un Avant-propos, un appendice, des notes et un
Essai bibliographique, par A. Gazier (in-18. Société française d'imprimerie
et de librairie). — ■ Régions naturelles et Noms de pays. Etude sur la région
parisienne, par L. Gallois (in-8, Colin). — Notes historiques. Châtillon-sur-
Loing (Loiret), sa seigneurie et ses anciennes institutions religieuses, ])as E.
Tonnellier (gr. in-8, Champion). — Les Disciplines de la France par P. Adam
(in-18, Vuibert et Nony). — La Presse contre l'Eglise, par L.-C. Delfour
(in-12, Lethielleux). — La Tolérance protestante \ \ \ par E. Camut (in-8,
Librairie Saint-Paul). — 'La Conjuration juive contre le monde chrétien, par
Copin-Albancelli (in-16, Lyon et Paris, 'Vitte). — Geschichte der Hohens-
taufen und ihrer Zeil, von H. Gerdes (in-8, Leipzig, Dunker und Humblot).
— Marie-Louise et la Cour d' Autriche entre les deux abdications (1814-1815),
par le baron de Méneval (in-8, Emile-Paul). .— Les Toumaisieus et le Roi
de Bourges, par M. Houtart (in-8. Tournai, Casterman). — - La Hongrie au
xx^ siècle. Etude économique et sociale, par R. Gonnard (in-18, CoUn). —
Joachim Murât, roi de Naples. La Dernière Année de règne (mai 1814-mai
1815), par le com* M. -H. Weil. T.I. Les Préliminaires du Congrès de Vienne
(mai-novembre 1814) (in-8, Fontemoing). — L'Expiation. L'Escadre de
Port-Arthur, carnet de notes du capitaine de frégate W. Sémenoff, préparé
par le commandant de Balincourt (in-18 carré, Challamel). — Basile I^^,
empereur de Byzance{SQl-S86) et la Civilisation byzantine à la fin du ix^ siècle,
- 96 -
par A. Vogt (gr. in-8, A. Picard et fils). — Le Maroc cVaujourd'hui et
demain. Rabat. Etudes sociales, par le D"" Mauran (in-16, Paulin). — UEn-
.'ieigneinent au Maroc, par C. René-Leolero (in-8, Alger, imp. S. Léon). —
Canada et Canadiens, par D'' A. Loir (in-8, Guilmoto). — Descartes, la prin-
cesse Elisabeth et la reine Christine, par le comte Foucher de Careil (in-8,
Akan). — Un Missionnaire de 93. Marc- Antoine Baudot, député de Saône-
et-Loire à la Législative et à la Convention, par A- Trimqulier (in-8, Dorbon
aîné). — Le Vrai Baron de Batz. Rectifications historiques, d'après des docu-
ments inédits, par C. de Batz-Trenquelléon (gr. in-8, Bordeaux, Feret;
Paris, ^lulot). — Le P. Lacordaire, apôtre et directeur des jeunes gens, par
le R. P. H.-b. Noble (in-12, Lethielleux). — M. l'Abbé de Préville et les
Œuvres de jeunesse, par Fabbé E. Occre (in-16, Lyon et Paris, Vitte). —*■
L'Abbé Beraud, ancien curé de Blanzy et de Montceau-les-Mines, fondateur
d'orphelinats, par l'abbé J.-B. Chaillet (in- 18. Lyon et Paris, Vitte). —
Figures de femmes. Marie .Jenna ijitime, par M'^*^ M. Pesnel (in-12, Librairie
des Saints-Pères). — Une belle Vie. Histoire intime de Jean de Rochevieille,
par H. Cahiat. 1^ éd. (gr. in-8. Tours, Cattier). — Les Grands Hommes de
l'Eglise au xix^ siècle. Windthorst, par J. Lespinasse-Fonsegrive (in-12.
Librairie des Saints-Pères). — An alphabetical suhject inde.v and index
Encyclopaedia to periodical articles on religion 1890-1899, by E. C. Richard-
son (in-8 cartonné, New York, Seribner's Sons). — Bihliografia de la guerrn
de la 1 ndependencia, por el teniente coronel L Marin (gr. rn-8, Madrid imp.
de la « Revista ténica de Inf* y Cab»).
ViSENOT.
Le Gérant CHAPUIS-
Imprimerie polyglotte Fr.' Si.MO.y, Rennes.
POLTBIBLION
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE UNIVERSELLE
OUVRAGES D'ENSEIGNEMENT CHRÉTIEN ET DE PIÉTÉ
Enseignement. — 1. Catéchistes et catéchismes, ou Traité théorique et pratique de
pédagogie catéchistique, par le chanoine F. Finot. Paris, Lecoffre, Gabalda, 1908,
petit in-8 de xi-498 p., 4 fr. — . 2. Le Catéchisme et sa pédagogie, ou Nouvelle Mé-
thode pratique d'enseignement sûre et rapide de la doctrine, par l'abbé Louis Reign AT.
Paris, Haton, petit in-12 oblong de viii-vi 160 p., 2 fr. — 3. L'Essentiel de la
religion catholique, directoire pour les catéchistes d'adultes, par l'abbé P. Coqueret.
Paris, Lethielleux, s. d.., in-12 de 167 p., 1 fr. 50. — 4. Credo. I. Je crois en Dieu, pai
l'abbé Lemoine. Paris, Lethielleux, s. d., petit in-8 de vni-290 p., 3 fr. — 5. Les
Péchés capitaux. Quinze discours pour prônes, sermons, conférences d'hommes, par
Ph.-G. Laborie. Paris, Téqui, 1908, in-12 de vin-248p.,l fr. — 6. Les Fêtes sociales,
ou les Fêtes chrétiennes au point de vue social, par l'abbé L. de Gasamajor. Lille et
Paris, Société Saint-Augustin, s, d., in-8 de yiii-280 p., avec grav., 2 fr. 50. — 7.
Instructions sur les fêtes de l'année, par l'abbé Morisot. Paris, Téqui, 1908, 2 vol.
in-12 de 379 et 421 p.,4fr.
Prédication. — 8. La Prâctica del Pulpito. Estudios homilélicos, por A. Meyenberg;
trad. de la quinta edicion alemane por el D. Ramon Ruiz Amado. Madrid, «Razon
y Fe », 1908, in-8 de xv-660 p. ,8 fr. — ^.Œuvres oratoires du P.Henri Chambellan.
T. IL Retraite ecclésiastique. Conférences sur l'éducation. Retraite pascale. Paris,
Beauchesne, 1908, in-8 de xn-725 p., 4 fr. — 10. Le Prédicateur de la doctrine chré-*
tienne, par l'abbé J. Sabouret. T. IIL Belley,Chaduc,1907, in-16 de 395 p., 3 fr. 50.
11. — La Virilité chrétienne. Conférences universitaires, par le P.GiLLET.Lille,Desclée,
de Brouwer,1909, in-12 de vi-442 p., 3 fr. 50. — VI. Pour le peuple, conférences dialo-
guées, par Joseph et Paul Gaboreau. Paris, Beauchesne, 1908, in-16 de xvi-297p.,
3fr.
Jésus-Marie. — 13. La Bible des fidèles. La Lettre et l'esprit. Le Saint Évangile de
Jésus-Christ selon S.' Mathieu, S. Marc, S. Luc et S. Jean. Commentaire tradi-
tionnel extrait des S S. Pères, d'après la ^Chaîne d'or » de S.Thomas d' Aquin, par l'abbé
Claude-Eugène Bouvier. Lyon et Paris, Vitte, 1908, petit in-8 de iv-751p., 7 fr.
— 14. Jésus. Lectures évangéliques pour l'Avent et le temps de Noël, par l'abbé
A. Dard. Paris, Lecoffre, Gabalda, s. d., in-12 de x-267 p., 2 fr. 50. — 15. La
Royauté de Jésus-Christ, par le R. P. Félix. Œuvre posthume. Huitième Retraite de
Notre-Dame de Paris. Paris, Téqui, 1908, in-12 de vii-331 p., 3 fr. — 16. Marie,
reine de France, par droit d'héritage, par droit de conquête, par droit d'élection, par
l'abbé FuziER. Paris et Lyon, Vitte, s. d., petit in-8 de 368 p., 2 fr. 50.
Eucharistie-Sacerdoce. — 17. Méditations sur l'Eucharistie, par Bossuet. Édition
par l'abbé Max Caron. Paris, Haton, 1908, in-18 de x-324 p., 2 fr. — 18. Fragments
eucharistiques extraits des Œuvres de Mgr Charles Gay. Paris, Oudin, 1908, in-32
de xvi-366 p., 2 fr. 50. — 19. Le Décret sur la communion quotidienne et son appli-
cation aux fidèles, par le R. P. J.-M. Lambert. Paris, Beauchesne, 1908, in-16 de
190 p., 2 fr. — 20. Triduum eucharistique et instructions sur la communion quo-
tidienne, d'après les décrets de S. S. Pie X, par le P.Jules Lintelo. Tournai, Caster-
man, 1908, in-8 de 125 p., 0 fr. 75. — 21. Vers la vie eucharistique, par P. Lejeune.
Paris, Lethielleux, 1908, in-32 de 92 p., 0 fr. 30. — 22. Le Sacerdoce et le Sacrifice
de Notre- Seigneur Jésus-Christ, par J. Grimal. Paris, Beauchesne, 1908, in-18
de xxif-405 p., 3 fr. 50. — 23. Ce que sera le prêtre au W^ siècle, par Mgr Henry
BoLo. Paris, Haton, s. d., in-18 de 354 p., 2 fr. 50.
Spiritualité. ^ — 24. Œuvres de saint François de Sales, évêque et prince de Genève et
docteur de l'Eglise. Edition complète publiée par les soins de religieuses de la Visi-
tation du premier monastère d'Annecy. T. XV. Lettres. Vol. V. Paris et Lyon,
Vitte, 1908, gr. in-8 de xiii-468 p., 8 fr. — ■ 25. Méditations sur les évangiles du
dimanche à la portée des simples fidèles pour tous les fours de rannée,pa.v le chanoine
FÉvaiER 1909. T. CXV. 7.
- 98 —
François Fournieu. Paris, Halon, s. d., in-12 de 602 p., 3 fr. — 26. Méditations
(lu soir, tirées de nos saints Livres, pouvant servir pour la méditation, la lecture
spirituelle, etc., par lo R. P. André Prkvot. Paris et Tournai, Gasterman, s. d.,
in-18 de viii-748 p., 3 fr. 50. — 27. La Bondad divina, por José M. de Jésus
Portugal. Barcelona, Subirana, 1908, in-18 cartonné de 258 p.
Piété-Dévotions. — 28. Marie et les Mystères de Jésus. Un Mot sur chaque mystère
du Rosaire. Extraits des écrits de Mgr Charles Gay. Paris, Oudin, 1908, in-32
de 90 p., 1 fr. 50. — 29. Dialogue sur Veselavage de la Sainte Vierge, d'après le
B. Louis-Marie Grignion de Montfo'rt, par Un ancien Aumônier. Paris et Lyon,
Vitte, 1909, in-32 de 63 p., 0 fr. 25. — 30. Oficiode la Santisima Virgen Maria y
de difuntos. 9^' edic. Barcelona, Subirana, 1908, in-32 cartonné de 171 p. — 31.
Ancora de Salvaciôn 6 devocioïiario, por e\ R. P. José Mach. Barcelona, Subirana,
1908, in-18 cartonné de 690 p., avec grav.
Enseignement. — 1 à 7. — La science de la religion devient de
plus en plus nécessaire et il importe beaucoup qu'elle puisse être sérieu-
sement enseignée. A cette œuvre éminemment opportune M. le
chanoine Finot collaborera très efficacement par son livre : CaiéchisUs
et catéchismes. Dans son « Avant-propos » il expose brièvement, mais
avec une vive clarté, l'urgence d'une instruction religieuse en rapport
avec les besoins contemporains; il indique en deux mots la division
de son ouvrage en deux grandes parties, dont l'une sera consacrée aux
qualités, aux aptitudes, aux vertus du catéchiste, et l'autre traitera
des lois, des industries, des secrets distincts de la personne même.
D'où le sous-titre du volume : Traité théorique et pratique de pédagogie
catéchistique. L'auteur a su ne rien omettre de ce qui incombait à sa
mission ; son travail témoigne d'un esprit judicieux et surtout d'une
grande expérience. Qui sera catéchiste? Excellence et utilité de cette
tâche; instruction, foi et dévouement nécessaires aux catéchistes;
le but à atteindre et les moyens; méthode d'enseignement et enfin
nécessité de favoriser la persévérance. Voilà ce que d<àt s'efforcer de
faire le catéchiste; tel est son apostolat. L'auteur passe ensuite à
l'histoire du catéchisme dans l'église; il expose les lois pédagogiques,
les modes, les formes, les procédés d'enseignement, la préparation des
leçons, Torganisation des cours suivant les âges; l'instruction reli-
gieuse dans les cercles d'études; la pratique des sacrements et des
exercices spirituels au catéchisme. Ce livre est un vrai traité de péda-
gogie catéchistique, comme l'appelle l'auteur; l'œuvre justifie plei-
nement le titre et il ne nous reste plus qu'à nous en servir.
■ — Avec le CalécJiisme et sa pédagogie, M. l'abbé Reignat complète le
livre de M. le chanoine Finbt; il a sa Métliode pratique, sûre et rapide,
mais il montre qu'on peut très bien réaliser ce que suggère et conseille
l'ouvrage précédent. L'examinateur chargé du rapport sur cette inno-
vation pédagogique se plaît à constater que ce travail est « d'une
extoême clarté pour l'étude ». A ne le considérer même que sous le rap-
port typographique « les questions sont placées en « manchettes »,
les mots les plus importants sont mis les uns en relief, les autres en
— 99 —
accolades; le jeune étudiant aime davantage son livre, travaille avec
plus de facilité, apprend mieux et plus vite ce qui a frappé ses yeux
d'une manière particulière ». Pour exposer ainsi la doctrine, la faire
comprendre et la graver dans la mémoire, il faut la posséder" soi-
même pleinement et dans toute sa lumineuse clarté. C'est ce qu'on se
hâte de constater en parcourant les pages ou les tableaux de ce livre,
qui est en quelque sorte un album ou un panorama de la doctrine.
On soupçonne de quelle utilité il peut être pour le catéchiste, qui saura
d'ailleurs se conformer aux conseils si judicieux de l'auteur.
— C'est d'après une méthode particulière et, dans le bon sens, très
originale, que M. l'abbé Coqueret expose aux adultes ce qu'il appelle :
L'Essentiel de la religion catholique. Cette méthode consiste d'abord à
faire connaître aussi brièvement que possible ce qu'il est absolument
nécessaire de savoir ou ce qui est essentiel; puis à y ajouter ce qui est
utile à apprendre pour tout chrétien soucieux de raisonner sa foi, ou
qui est de nature à l'intéresser; à proposer enfin quelques exercices
destinés à exciter un raisonnement capable de fixer la connaissan-
ce. Le livre est divisé en 18 articles qui comprennent en effet toute la
substance même de la doctrine : 1° Dieu, les anges et l'univers; 2°
l'homme, l'âme, et la tache originelle; 3° Notre-Seigneur Jésus-Christ;
4^ la vraie religion; 5° les enseignements de Jésus-Christ; 6° Comman-
dements; V^la piété; 8"-18° la grâce, la prière et les sacrements. Sur
Dieu, par exemple, l'auteur résume la doctrine de l'Église en une
petite page ; il fait suivre les explications succinctes de ce résumé;
puis il groupe les mots de cet exercice qui doivent s'expliquer et enfin
il condense le tout en quelques lignes. Un questionnaire très détaillé
permet au catéchiste d'interroger son catéchumène sur l'enseigne-
ment qui vient de lui être donné. Et ainsi pour chacun des articles
que nous avons indiqués. Evidemment cette méthode ne peut être
que très utile; l'auteur nous dit qu'il en a obtenu le meilleur
résultat et nous le croyons sur parole.
— Dans son Creclo^ M. l'abbé Lemoine nous promet de plus longs
développements, et il le faut bien pour satisfaire le désir des esprits
sérieux, avides d'approfondir la vérité religieuse. Il développera, l'un
après l'autre, les douze articles du symbole et il commence aujour-
d'hui par l'explication de ces mots : Je crois en Dieu, dont il fait le
titre de son premier opuscule. Une Introduction magistrale traite
de la préparation à la foi par l'humilité, l'effort moral, la prière,
et la parole de Dieu. Entrant ensuite dans son sujet, il démontre l'exis-
tence de Dieu; il nous révèle la vie intime de Dieu; il parle de la
création du ciel et de la terre, d'Adam et Eve. Dans de remarquables
appendices, il étudie les preuves thomistes de l'existence de Dieu,
en particulier la prouve du premier moteur; il traite des créations
— 100 —
soudaines on général et de la liberté de l'homme. Nous sommes d'a-
vis (jue ce livre est «d'une lecture tout à l'ait attachante, dont toutes
les pages sont bien méditées et substantielles, doctrinales et lumi-
neuses». Mgr Baunard dit à son tour : « J'ai rarement lu quelque
chose qui m'ait autant satisfait, fond et forme, et qui m'ait plus
entièrement conquis, esprit et cœur ».
— Le livre de M. l'abbé Laborie sur les Péchés capitaux aurait été
toujours opportun; il l'est encore mieux à notre époque contemporaine,
où le vice semble vouloir prendre la première place et s'étaler au
grand jour. L'auteur s'applique, d'abord, à préciser la notion même
du péché; il le considère dans ses causes, dans ses variétés, dans ses
pénalités. 11 donne ensuite des considérations judicieuses sur le nom
et le nombre des péchés capitaux. Et alors abordant de front son
sujet, il développe la doctrine de l'Église sur chacun de ces péchés,
l'étudiant dans sa nature, sa gravité, et en indiquant le remède.
Quelques notes terminent l'ouvrage de M. l'abbé Laborie, insistant
sur les conséquences des péchés capitaux et énumérant quelques con-
seils pratiques pour les combattre et les vaincre. L'auteur nous assure
qu'il a fait passer dans son travail « le plus de doctrine possible »,
doctrine qu'il a recueillie, non sans peine, et recherchée dans de nom-
breux auteurs ». C'est bien, en effet, l'impression que produit sur le
lecteur cette étude si substantielle sur les péchés capitaux: on y trouve,
selon le vœu bien légitime de l'auteur, « la doctrine nécessaire qui sait
instruire et convaincre, console et fortifie ».
— Avec les Fêtes sociales de M. l'abbé de Casamajor, nous passons
du grave au doux, sans rompre toutefois avec le grave. C'est même cet
heureux mélange qui fait le mérite de cet ouvrage, où les Fêtes chré-
tiennes sont considérées au point de vue social. Ces titres ne pouvaient,
ne devaient que plaire aux regards et aux goûts du lecteur contem-
porain ; il faut, à cette heure que tout se réduise à une question sociale :
pour([uoi n'y aurait-on pas ramené la question des fêtes religieuses
puisque l'avantage incontestable de ces fêtes est d'être en harmonie
avec notre nature, nos besoins, nos aspirations? Vous le constaterez en
lisant les pages si intéressantes de M. l'abbé Casamajor. 11 y a, en
outre, dans son livre un parfum de piété qui embaume l'âme, des con-
sidérations élevées qui plaisent à l'intelligence et l'éclairent. C'est court,
mais c'est complet, c'est clair. Ajoutez encore à ces avantages celui
d'une illustration très choisie, distribuée avec autant de discerne-
ment que de prodigalité. Quelle bonne fortune pour un livre de nos
jours d'être ainsi privilégié, en réunissant tout ce qui mérite et pré-
pare le succès !
— M. l'abbé Morisot se propose le même but.S9S Instructions sur les
fêles de Vannée en sont à leur deuxième édition. N'est-ce pas assez
— 101 —
dire quelle faveur ont obtenue ces considérations à la fois si doctrinales
et si intéressantes? Elles ont subi avec honneur l'épreuve de la publi-
cité et il devait en être ainsi. Cette œuvre est remarquable sous tous
les rapports : elle a surtout cet avantage de révéler aux fidèles le sens
ou la signification des fêtes et les enseignements qu'elles donnent. Il y
a là comme un traité de morale et de spiritualité, sous une forme plus
attrayante et la leçon peut se faire accepter plus aisément. On ne
saurait trop populariser ces ouvrages où le peuple chrétien se forme
à l'étude et à la connaissance de nos fêtes religieuses ; étant mieux ins-
truit, il prend plus d'intérêt aux cérémonies du culte et cet attrait,
qui n'est pas fait seulement de vaine curiosité, le porto à fréquenter
davantage les églises et à tirer un excellent profit des enseignements
qu'ils voient se traduire pour ainsi dire en actes.
Prédication. — 8 à 12. ^ — La Prâctica del Piilpito, du professeur
Meyenberg, est en faveur au sein du clergé allemand, et le R. P.
Amado a voulu, en la traduisant, la faire connaître au clergé espagnol.
Nous aimons à espérer que notre clergé français pourra bientôt, à son
tour, avoir sa traduction et profiter d'un ouvrage qui est à juste titre
si apprécié. La Civilia caitolica, organe autorisé de la critique catho-
lique, a publié, à l'occasion de la cinquième édition allemande de ce
livre, un article remarquable où elle loue « ce manuel si neuf, si fécond,
si suggestif, par conséquent très utile aux jeunes ecclésiastiques et
aux prêtres qui se destinent à l'apostolat de la prédication ». Elle
analyse ensuite l'œuvre et termine en exprimant le vœu — que nous
formions tout à l'heure pour la France — de voir un traducteur sérieux
et intelligent doter l'Italie de cet auxiliaire si utile pour la prédi-
cation et pour la formation du jeune clergé dans la mission d'annoncer
dignement et avec fruit la parole de Dieu. L'ouvrage est divisé en
trois livres. Le premier traite de l'essence même de l'éloquence sacrée
et de ses suprêmes règles. Dans le deuxième livre, l'auteur énumère
les sources de l'éloquence sacrée : l'Écriture sainte, la liturgie, etc.
Au troisième livre se trouvent indiqués les moyens qu'emploie l'élo-
quence sacrée, ses divers genres, la forme extérieure du discours sacré.
Ce traité, bien complet, clairement développé, se termine par la lettre-
circulaire sur la prédication sacrée, émanant, par ordre de S. S. Léon
XIII, de la Congrégation des évêques et une table alphabétique par-
faitement comprise.
— Après les règles de l'éloquence, le modèle. C'est avec ce quali-
ficatif que le R. P. Longhaye nous présente dans une « Préface » cri-
tique les Œuvres oratoires du P. Henri Chambellan. « Étant ce qu'ils
sont, dit-il, je n'ose prétendre que ses sermons s'élèvent au rang des
grands maîtres de la chaire. Au moins les peut-on prendre pour mo-
dèles, et pai'fois excellents, du genre, tel que l'entendront toujours le
— 102 —
zèle pur et la foi conséquente avec elle-même. » Les Œuvres oratoires
du P. Chambellan (tome II) consistent en une retraite ecclésiastique,
en plusieurs conférences sur l'éducation, en une retraite pascale. Ce
volume s'adresse donc à une catégorie spéciale de lecteurs,aux prêtres,
qui pourront y trouver des considérations bien adaptées à leurs subli-
mes fonctions et à leurs obligations. Il n'omet rien de ce qui ressort
de la dig-nité du sacerdoce, de la vie de prière, de dévoument, de
sacrifice qui est la vie du pasteur des âmes; il a une trop haute idée du
ministère qu'il remplit auprès de ses vénérés confrères pour ne pas
apporter dans l'accomplissement de cette tâche toute la sollicitude
et tout le zèle qu'elle réclame. Quant à la forme, il n'y attache qu'une
importance secondaire; elle est ce que la fait la pensée. « A ce religieux
très grave et très humble, ne demandez pas de vous amuser en cher-
chant la poésie ou l'émotion pour elles-mêmes; il n'en sera, dans l'oc-
casion, ni moins coloré ni moins chaleureux. N'attendez pas davan-
tage qu'il coure après l'originalité ». Les quelques sermons de la
retraite pascale que renferme ce volume ont trait aux grandes vérités,
à la divinité de Jésus-Christ, à la confession et à la communion. Quel-
ques-uns sont de véritables chefs-d'œuvre : à la simple lecture, on
éprouve encore une vive et profonde émotion que la voix de l'orateur
devait accroître pour assurer dans les cœurs le triomphe de la grâce.
■ — Le troisième volume de TŒuvre de M. l'abbé Sabouret : Le
Prédicateur de la doctrine chrétienne^ contient de courtes instructions
sur la troisième partie du catéchisme ou les moyens de sanctification :
la grâce, la prière, les sacrements. Le reste du livre, c'est-à-dire la
plus grosse part, contient plusieurs suppléments : instructions pour la
première communion, sur la révélation, la messe, les commande-
ments de Dieu, pour des missions et des retraites, sur la confirmation,
les fruits du Saint-Esprit, les Sacramentaux, pour la plupart des asso-
ciations et des confréries paroissiales; il se termine par le décret sur
le communion quotidienne et quelques instructions pour le Carême.
C'est donc bien le « Manuel du prédicateur » de la doctrine chrétienne.
Il y a là une matière inépuisable et pour toutes les circonstances de la
vie pastorale; l'ouvrage a fait ses preuves et sera de plus en plus
apprécié.
-^ Aux jeunes gens, M. l'abbé Gillet offre ses conférences sur la
Virilité chrétienne; eWes ont pour but et doivent réaliser la formation
du cœur et de l'esprit selon les préceptes de la morale évangélique.
Dans une première partie sont réunies onze conférences où l'auteur
établit un saisissant parallèle entre l'idéal chrétien et l'éducation
chrétienne du caractère. La deuxième partie contient neuf conférences
sur les vertus ou sur l'action intérieure de l'éducation chrétienne et
à la troisième partie appartiennent les six dernières, traitant de
— 103 —
l'action extérieure de cette éducation ou du culte et des œuvres.
Cet ouvrage nous paraît de la plus incontestable opportunité : ce
qui manque surtout à notre société contemporaine, même à nos chré-
tiens, à nos catholiques pratiquants, c'est le caractère, c'est la virilité.
Il ne faut plus se contenter d'un christianisme d'habitude, de routine,
de tradition : il est nécessaire d'avoir une conviction personnelle et
profonde et c'est là l'état d'âme qu'il convient de former dans la
jeune génération. « Alors, dit l'auteur, alors seulement l'homme pourra
songer à devenir un chrétien de caractère et à construire solidement
sur le roc des énergies humaines l'édifice imposant de la grâce».
La doctrine n'a rien à redouter d'une étude approfondie et elle n'a
pas non plus à s'effrayer de la tâche qu'elle est appelée à rempHr de
nos jours; elle est de tous les temps, elle a été en harmonie avec tous
les besoins des sociétés auxquelles elle a été mêlée. La piété est
utile à tout, dit l'apôtre. On peut en dire autant de la doctrine catho-
lique : elle est utile à tout et doit suffire à tout. Que nos jeunes gens
se pénètrent donc de l'enseignement de M. l'abbé Gillet et ils ne pour-
ront que s'applaudir de s'être laissés former à la vérité chrétienne.
— Pour le peuple : ce SDnt surtout des conférences dialoguées qui
conviennent le mieux et qui sont bien à la portée de l'auditoire. AL le
chanoine Crosnier nous les présente en les recommandant à notre
attention. Il nous fait connaître gentiment les deux auteurs, Joseph
et Paul Gaboreau, deux frères, prêtres du diocèse d'Angers qui ont
très bien réussi dans ce genre de prédication. Modestes autant que
zélés et intelligents, ils n'attribuent pas ce succès flatteur à leurs qua-
lités personnelles, à leur propre éloquence; ils en reportent tout le
mérite — après Dieu — à la forme même de leur apostolat. Il y a
beaucoup d'objections contre leur assertion, bien des préjugés contre
ces conférences dialoguées. L'auteur de la Préface s'est fait fort de dis-
siper ces préjugés et de réfuter victorieusement ces objections.
Nous ajouterons que son plaidoyer nous paraît d'une documentation
sérieuse et qu'il pourrait bien faire triompher cette cause. Comme
de nouveaux apôtres vontsm'gir naturellement pour mettre en œuvre
ce mode d'enseignement, M. le chanoine Crosnier se hâte, et avec
raison, de leur donner quelques conseils pratiques, recommandés
particulièrement par les deux frères conférenciers. Les sujets traités
sont l'indifférence religieuse, le péché mortel, la sanctification du
dimanche, la divinité de Jésus-Christ, la résurrection, la confession, etc.
Les conférences dialoguées pour le peuple sont un vrai modèle du genre ;
nou* conseillons aux prêtres de les imiter, d'en profiter même lar-
gement pour la prochaine station du carême, ou pour une mission :
ils seront étonnés des résultats qu'ils obtiendront.
Jésus. — Marie. — 13 à 16. — Le code de notre morale est contenu
— 104 —
dans l'Evangile : il nous vient de Jésus-Christ lui-même et c'est à le
connaître que doivent tendre tous nos eiïorts. M. l'abbé Bouvier a
voulu nous faciliter cette tâche en nous offrant un commentaire du
Saint Evangile de Jésus-Christ, commentaire (ju'il appelle traditionnel,
parce qu'il est extrait des saints Pères d'après « la Chaîne d'or » de
saint Thomas d'Aquin. Nous le félicitons de son œuvre qui contribuera
si heureusement à vulgariser parmi les fidèles la connaissance, hélas !
si négligée et si rare de nos saintes Écritures. Dans ce nouveau com-
mentaire, la traduction littérale du texte est suivie d'une explication
spirituelle empruntée aux œuvres des Pères de l'Église, exphcation
brève, mais suffisante pour aider le lecteur à bien pénétrer le sens de
la parole divine. Chaque évangile vient à son tour rappeler les ensei-
gnements du Christ et les faits principaux de sa vie, et le livre cons-
titue bien en elTet ce que l'auteur appelle : « La Bible des fidèles ».
Nous en augurons le plus grand bien pour les âmes et nous croyons
que ce livre ne manquera pas d'avoir sa place de choix dans tous
les foyers chrétiens, où il est destiné à opérer un réveil merveilleux
en faveur de nos saintes Lettres en nous ramenant à la pratique des
siècles chrétiens : la lecture de la sainte Bible expliquée par la Tradition.
"Lfs Lectures évangéliques, de M. l'abbé Dard, ont encore pour objet
notre divin Jésus, mais seulement considéré pour le temps de VAçent
el le temps de Noël, c'est-à-dire Jésus annoncé et venant au monde-
Le travail de l'auteur s'ouvre par la méditation et le commentaire
du premier chapitre de l'Évangile selon S. Jean, où Jésus entre en
scène avec son caractère de Verbe de Dieu. Au chapitre deuxième,
Jean-Baptiste fait son apparition et nous assistons à son ministère de
précurseur. Le troisième, le quatrième et le cinquième chapitres nous
rappellent les mystères de l'Annonciation et de la A'isitation. Au
chapitre sixième, c'est la naissance de Jésus, l'Enfant-Dieu que des
bergers viennent adorer (chapitre septième); les Mages leur succè-
dent aux chapitres huitième et neuvième. Les cinq derniers chapitres
nous racontent la fuite en Egypte, le massacre des Innocents, le retour
de l'exil, la vie à Nazareth. M. l'abbé Dard nous offre ces diver • épisodes
de l'enfance de Jésus, en nous recommandant de les lire, comme il con-
vient, (( avec humilité, simplicité et persévérance », non pas avec le
désir de satisfaire une curiosité, d'ailleurs assez légitime, mais cher-
chant seulement ce qui peut nous être occasion de profit spirituel. Il
veut aussi nous aider à saisir le vrai sens de ces pages inspirées, car
l'Evangile n'est pas seulement une histoire, elle est aussi et surtout une
doctrine : « interprétée par les saints Pères ou les exégètes autorisés,
elle sera mieux comprise et mettra notre pensée et notre cœur en
contact avec la pensée et le cœur même de Dieu ». En tête du livre se.
trouve une carte de la Judée au temps de N.-S. J.-C.
— 10a —
■ — Dans sa huitième retraite de Notre-Dame, le R. P. Félix traite
ex professa de la Royauté de Jésus-Christ; il en établit l'existence et
en énumère les caractères; mais comme le Christ est mi signe de con-
tradiction, sa royauté a rencontré et rencontre encore une opposition,
souvent puissante, opposition judaïque dès le début, puis opposition
païenne et césarienne, opposition hérétique et schismatique, opposition
révolutionnaire et de la libre pensée. A nous de garder notre foi au
Clirist, de reconnaître toujours sa souveraineté, et de remplir nos de-
voirs de bons et loyaux sujets, ceux de croire à sa parole, d'obéir à ses
lois et de l'aimer. Mieux encore, il faut que nous donnions à notre
Christ-Roi un dévouement absolu pour le suivre contre Satan et pour
vaincre cet ennemi qui est le nôtre comme le sien. Ce dévouement
doit aller jusqu'à l'imitation aussi complète que possible des vertus de
notre roi; il est notre modèle surtout par l'humilité et la charité et
ce qui nous aidera très efficacement à l'imiter, c'est l'amour que nous
devons avoir pour lui. Aussi bien n'est-ce pas par l'amour qu'il veut
régner lui-même sur nous? Nous répondrons ainsi fidèlement à ses
désirs; nous rendrons notre obéissance plus facile et plus douce; nous
mériterons plus sûrement les bienfaits de ce règne du Christ sur nous
et en nous. Lisons avec ces sentiments les instructions du P. Féhx, qui
continue ainsi, après sa mort, un apostolat fécond en fruits si pré-
cieux : elles nous aideront à aimer notre Christ- Roi et à le faire
aimer autour de nous.
— Et Marie sa mère est notre reine : Marie, reine de France par droit
d'héritage, par droit de conquête et par droit d'élection. Le titre du livre
de M. l'abbé Fuzier est parfaitement justifié au cours des 35 chapitres
dont se compose ce travail que nous pourrions qualifier de « patrio-
tique ». Aidé par tous les documents qu'il a pu trouver et puisant
abondamment aux sources les plus autorisées, l'auteur étudie le culte de
Marie en France avant l'ère chrétienne et depuis l'origine du christia-
nisme dans les Gaules, en s'arrêtant à chaque siècle et dans chaque
contrée : c'est le royaume de Marie par droit d'héritage. Le second
livre nous montre Marie répondant par des bienfaits au culte de véné-
ration et de confiance filiale que lui rend la France et méritant ainsi
d'être notre reine par droit de conquête; elle nous délivre de tous nos
ennemis soit d'ans l'ordre temporel, soit dans l'ordre spirituel. Dans le
troisième livre nous voyons Marie se plaire à choisir la France comme
sa nation privilégiée et à lui témoigner le plus maternel amour : appa-
rition à Paris en 1830, en 1846 à La Salette, en 1858 à Lourdes, en
1870 à Pontmain, elle affecte de s'affirmer notre reine et ne cesse, par
ses prévenances, de provoquer notre amour, notre gratitude, notre
union indissoluble. Un prêtre français félicitait un de ses confrères
italiens de posséder à Lorette la maison même de la Sainte \ ierge.
— 106 —
« Oui, certes, répondit l'Italien, nous avons bien sa maison, mais Elle
n'y est jamais; elle vient toujours chez vous, en France ». Cette prédi-
lection témoigne bien de l'amour que Marie a pour nous; mais elle nous
oblige d'autre part à lui prouver notre fidélité et notre confiance iné-
branlables. 11 dépend de nous que le royaume de France soit toujours
le royaume de Marie.
Edch.vristie. — Sacerdoce. — 17 à 23. — Les Méditalions sur
V Eucharistie, par Bossuet, sont des considérations extraites des
œuvres complètes de l'illustre évêque de Meaux et mises en ordre par
M. l'abbé M^x Caron. Elles en sont à une deuxième édition : ce qui
prouve bien que ce petit livre a été apprécié et goûté. 11 fallait s'y
attendre. Le pieux et judicieux éditeur a réparti en cinquante médi-
tations tout ce qui est relatif au divin mystère de l'autel : l'institution
de la sainte Eucharistie avec toutes les circonstances qui la précèdent,
l'accompagnent ou la suivent; l'essence même du Sacrement, les
dispositions qu'il réclame, les bienfaits qu'il apporte, les sentiments
qu'il suggère, l'utilité qu'il convient d'en retirer, l'action de grâces.
Chaque méditation ou chapitre se subdivise en un certain nombre
d'alinéas qui servent à saisir plus facilement le sens du texte évangé-
lique qui est commenté; à la fin se trouvent «une prièreet une résolu-
tion qui résument les pensées et condensent les sentiments ».
■ — Un autre maître de la vie spirituelle, mais notre contemporain,
Mgr Gay, nous offre à son tour ses Fragments eucharistiques, où la
doctrine est la même que dans l'opuscule précédent, mais exposée et
développée d'après une autre méthode. La première partie considère
l'amour de Dieu comme source de l'Eucharistie et nous fait connaître
nos devoirs envers elle. Avec la deuxièm.e partie nous pénétrons dans
le Cénacle, et, à l'heure que Jésus se plaît à appeler son heure, tout on
méditant à l'immolation mystique du Sauveur, nous nous réjouissons
de l'universalité et-de la perpétuité du don de l'Eucharistie. La vie de
Jésus-Christ dans l'Eucharistie fait l'objet de la troisième partie : il
y est traité des actes principaux de Jésus dans son état eucharistique,
de la triple vie céleste, terrestre et divine de Jésus, de notre gratitude
envers Dieu pour ce don si excellent. Dans la quatrième partie nous
apparaissent les trois aspects de la divine Eucharistie : Jésus y est
l'hostie de Dieu son Père, notre pain vivant, l'hôte fidèle et perpétuel
de l'Eglise. Voici maintenant le sacrifice eucharistique, le même que
celui de la croix, véritable sacrifice, festin de Dieu et de l'Eglise : c'est
la cinquième partie". La sixième est consacrée à la communion eucha-
ristique; la septième à la visite au Saint-Sacrement et la huitième et
dernière à Notre-Dame du T.-S. Sacrement, Mère et modèle des
adorateurs.
■ — Nous arrivons ainsi préparés, logiquement, à la réception de la
— 107 —
divine Eucharistie, réception que le décret du 20 décembre 1905 nous
presse de rendre quotidienne. L'opuscule du R. P. Lambert sur ce
document pontifical nous instruit pertinemment de tout ce qui se
rapporte à cette pratique. Il a pour titre : Le Décret sur la communion
quotidienne et son application aux fidèles. Divisé en neuf entretiens, il
développe la raison qui justifie la communion fréquente, même quo-
tidienne et traite ensuite de la communion pour tous et de la commu-
nion à travers les siècles, des dispositions soit de nécessité, soit de
convenance pour communier, du contrôle du confesseur, do la prépa-
ration et de l'action de grâces, de l'idée de communion, de la commu-
nion et du purgatoire. Dans l'appendice qui termine le travail sont
réunis le texte latin du décret et de la lettre de la Sacrée Congrégation
à l'épiscopat ainsi que d'autres pièces relatives à la communion quo-
tidienne. Le rapport des censeurs appelle ce travail « un guide sûr
et pratique, une bonne œuvre », à laquelle il présage le plus flatteur
succès.
• — Le Triduum eucharistique du P. Jules Lintelo développe le même
enseignement en quelques Instructions sur la communion quotidienne
d'après les décrets de S. S. Pie X. C'est le complément de l'ouvrage
qui précède. La lecteur y trouvera beaucoup à prendre pour sa propre
direction, et, s'il est prêtre, pour la direction des âmes pieuses. Au
début, les documents, décret, lettre, appel aux prêtres; puis, indus-
tries propres à assurer le succès du triduum, mot d'ordre de Rome.
Dans le corps de l'ouvrage, instructions sur le désir de N.-S. J.-C,
les besoins de la vie surnaturelle, les dispositions requises, la commu-
nion des enfants, la communion fréquente pour les hommes, la commu-
nion réparatrice, etc. En terminant : triduum et la communion quo-
tidienne dans les maisons d'éducation, abstention d'un jour par
semaine.
— En fréquentant ainsi la sainte Table nous nous acheminerons
Vers la çie eucharistique que vient nous faire connaître et aimer M. le
chanoine Lejeune. Cette petite brochure devrait être entre les
mains de tous les fidèles. Dix chapitres les renseigneront exactement
sur la notion de la vie eucharistique, son utilité, sa source, sa pratique
et ses œuvres; ils leur donneront une réponse à l'objection contre la
fréquente communion et quelques conseils pour la visite au saint
Sacrement, sur la vie d'union avec Jésus-Hostie.
— Le dogme de l'Eucharistie est considéré d'un point de vue plus
élevé et plus étendu dans le livre de M. J. Grimai : Le Sacerdoce et le
Sacrifice de Notre- Seigneur Jésus-Christ. Dans une lettre, qui sert
d'Introduction, Mgr l'évêque de Nevers fait l'analyse de ce travail et
confirme la doctrine du savant théologien : le portrait du prêtre
saint y est tracé en raccourci, mais de main de maître. Ainsi introduit
— 108 —
chez l'autoui', on peut parcourir avec utilité et agrément les pages
d'un livre si plein d'une doctrine élevée, puisée aux meilleures sources,
exposée et développée dans une langue facile, claire, parfois élégante,
toujours exacte et précise, qui exprime facilement les pensées même
les plus abstraites. La première partie — la préparation — considère
Jésus-Christ comme prêtre et victime, figuré et présagé par le sacer-
doce et le sacrifice antiques; la deuxième nous montre la réafisation
de cette figure et de cette prophétie dans Jésus-Christ, constitué le
prêtre par excellence qui ofiresur l'autel delà Croix le sacrifice infini
dont la sainte messe est la reproduction ou la commémoraison. La
troisième partie nous invite à assister, au Ciel, à la consommation du
sacrifice qui est comme la confirmation et la conséquence nécessaires de
son efficacité. Dans la quatrième partie nous voyons Jésus souverain
Prêtre « renouveler jusqu'à la fin des temps l'Eucharistie d'oblation de
la croix qui doit donner à son Église le sacrifice parfait pour faire com-
munier les chrétiens à l'hostie qui les conduit à la consommation du
ciel en les incorporant à la mort du Calvaire ». L'auteur appelle cela
« le prolongement eucharistique »; il invite alors les fidèles à acquérir
l'intelligence de la messe et à pratiquer la communion, source de
grâce et de vie qui doit entretenir et développer en nous les germes
de la sainteté. Les prêtres tireront le plus grand avantage de la lecture
et de la méditation de ce remarquable ouvrage.
— Il serait alors facile de présager : Ce que sera le prêtre au xx^ siècle.
Mgr Bolo nous fait du prêtre contemporain un portrait qui est loin
d'être flatté. A-t-il complètement raison de lui adresser maints et
maints reproches sur son attitude, sur ses procédés, sur ses relations
avec le pouvoir, etc? Sans doute, il y a le côté humain, même dans
le sacerdoce, et il peut y avoir ici ou là par trop d'accentuation. Mais
il ne faut pas transformer l'exception en règle générale. Un fait capital
suffit à juger le clergé français actuel : c'est l'unanimité, c'est l'em-
pressement désintéressé avec lesquels évêques et prêtres ont répondu
à la direction du Pape condamnant la loi de séparation et du
même coup exposant la France catliulique au dépouillement complet,
à la détresse ; c'est ce beau geste, qui fait l'admiration du monde et
qui d jeté nos ennemis dans le désarroi. Ils se faisaient de nos prêtres
une idée qui leur permettait d'espérer une humble soumission : que
ne ferait pas le clergé pour conserver ses trésors? Et par son attitude
digne, généreuse, noble, disons même héroïque, il a prouvé que sa
fidélité à l'Église, son attachement à la hiérarchie, à la discipline, lui
tenaient plus à cœur que les richesses temporelles. Cette réserve faite,
nous sommes d'avis qu'il faut harmoniser les méthodes d'enseignement
et d'action avec les besoins de l'époque contemporaine et c'est ce que
l'Eglise a fait à toutes les époques de son histoire; ce qui se traduit
— 109 —
dans cette formule : Non noua, sed noue. Entendu dans ce sens, le
livre de Mgr Bolo pourra être utile; on y trouvera des conseils à
suivre, des procédés à étudier et à mettre en pratique, et alors le
prêtre au xx® siècle sera toujours le prêtre selon la tradition, le vrai
prêtre de Jésus-Christ, se faisant tout à tous, au xx^ siècle comme
dans chaque siècle.
Spiritualité. — 24 à 27. — Donnons dans cette série la première
place à qui la mérite : au nouveau tome des Œuvres complètes de saint
François de Sales. C'est le cinquième volume des Lettres à? VéxèqwQ
de Genève, écrites au cours des années 1611 à avril 1613. «L'ensemble
de cette correspondance, dit l'érudit éditeur, le R. P. Navatel, peut
fournir de précieux documents sur la vie pastorale de l'évêque, mais
surtout les lettres adressées à la Mère de Chantai sont des pages incom-
parables qui nous livrent naïvement les plus touchantes confidences
de sa vie intime et surnaturelle ». Les lettres de ce volume sont au
nombre de près de quatre cents; elles ont été revues avec soin, et,
souvent, accompagnées de notes qui en éclairent le texte. Un appen-
dice renferme: 1° quelques lettres adressées à saint François de Sales,
2^ des pièces diverses, parmi lesquelles les grands pardons d'Annecy;
suit un glossaire des locutions et des mots surannés. Puis vient un
index des correspondants par ordre alphabétique et enfin la table des
lettres de ce volume avec quelques indications sommaires. C'est une
onivre soigneusement faite et qui est digne de l'éminent évêque dont
la radieuse figure nous apparaît ainsi entourée d'une auréole encore
plus éclatante.
— Les Méditations sur les Évangiles du diniancJie sont destinées à
l'usage des simples fidèles et mises à leur portée pour tous les jours
de l'année. « C'est une œuvre louable, écrit Mgr l'évêque de Digne, à
l'auteur de ce travail, M. le chanoine Fournier, de facihter le saint
exercice de la méditation aux âmes qui veulent s'y livrer ». Et chaque
méditation se déroule, développée selon le même plan. Le sujet, comme
l'indique le titre du livre, est l'évangile même du dimanche, divisé pour
suffire aux sept jours de la semaine. Et le commentaire embrasse
ainsi, dans tous le cours de l'année, l'ensemble de la doctrine évangé-
lique et de tous nos devoirs. Cette méthode est, semble-t-il, plus favo-
rable pour la pratique de ce pieux exercice. Chaque méditation, ainsi
que le dit justement l'auteur, est substantielle quant au fond, tout en
étant onctueuse quant à la forme; elle est assez courte, en évitant de
rendre les sujets trop abstraits et trop arides; elle est suffisamment
longue pour développer comme il convient le sujet qui s'offre à la
réflexion sans grossir le volume démesurément. « Nous les offrons, dit
l'auteur, à tout le monde, mais particulièrement à la classe laborieuse
et peu éclairée des campagnes et des villages ». Plaise à Dieu que ce
livre se propage pour le plus grand bien de ces familles !
- 110 —
■ — Le psalmiste aurait voulu méditer tout le jour. Sans nous inviter
à suivre cet exemple, le R. P. Prévôt veut au moins nous faire aimer
et pratiquer les Méditalions du soir, pouvant servir à double lin, ou à
une méditation ordinaire, ou à une simple lecture spirituelle. Ces
Méditations du soir sont rédigées d'après une méthode autre que celle
du précédent auteur. Le but du P. Prévôt est « d'aider les âmes à mieux
entrer dans l'esprit de l'Église selon les différents temps de l'année,
à devenir des âmes liturgiques » et alors il s'applique à suivre les pen-
sées du saint office. Ce sont des méditations courtes, doctrinales,
mystiques, dirigées principalement « en vue de venir en aide aux âmes
de plus en plus nombreuses qui sentent le besoin de s'animer de
l'esprit de supplication et de réparation pour la sainte Église, en
union avec Marie réparatrice ». Ce sera là, pour ces âmes généreuses,
un stimulant tout-i)uissant de la vie d'amour et de sacrifice qui ne se
sépare pas de la vie d'amour, de paix et de joie.
— A méditer encore avec le plus grand fruit la Bondad divina, de
Mgr M. de Jésus Portugal. Le pieux auteur consacre dix-huit chapitres
à considérer la bonté de Dieu dans son principe, sa nature et ses mani-
festations : Dieu est bon, il est la bonté même, le souverain bien,
la bonté la plus aimable, qui s'est manifestée dans l'œuvre de la créa-
tion, dans l'Incarnation, dans la Passion, dans l'Eucharistie, soit
envers les pécheurs, soit envers nous. Quelle doit être alors notre dis-
position à l'égard de cette divine Bonté, sinon do la désirer d'un grand
désir et d'exalter ses bienfaits? Il est seulement à regretter que cet
excellent opuscule n'ait pas trouvé encore un traducteur qui puisse
nous le faire lire en notre langue. Espérons que nous ne tarderons pas
à jouir de cet avantage, et ce sera pour nos pieux fidèles une bonne for-
tune de pouvoir goûter ces pages si remplies de belles considérations et
de touchantes exhortations.
Piété. — Dévotions. — 28 à 31. — Nous no dirons qu'un mot sur
les quatre opuscules qui forment cette petite catégorie. Serait-il, aussi
bien, nécessaire d'insister pour recommander Marie et les Mystères de
Jésus, courtes méditations sur chaque mystère du Rosaire, extraites
des écrits de Mgr Gay ?11 suffit de les annoncer pour les faire rechercher.
Les mêmes sympathies sont acquises au Dialogue sur l'esclavage de
la Sainte Vierge, d'après la doctrine du B. Grignion de Montfort.
Les lecteurs aimeront cet exposé qui s'appuie sur la tradition de
l'Église, d'après Bossuet et l'enseignement officiel : ils seront surpris
de l'intérêt et du charme qu'ils y trouveront. — Le petit livre intitulé :
Oficio de la Santisima Virgen Maria y de difuntos, segiin el rito romano
n'a de l'espagnol que le titre et les premières pages où sont rappelées les
rubriques et les indulgences propres à la récitation de l'office ; le
reste est dans la langue Uturgique, en latin. Le livre se compose de
— 111 —
l'office de la Sainte Vierge, de l'office des morts, des sept psaumes de
la pénitence, des litanies des saints, des prières pour le voyage et de
quelques hymnes. • — Enfin le R. P. José Mach offre aux âmes pieuses
son livre : Aucora de Salvacion, ou Manuel de dévotion qui enseigne
aux âmes dévotes de nombreux moyens pour suivre la voie de la per-
fection et aux pasteurs qui doivent les diriger d'abondants secours
pour sanctifier leurs paroisses. Cet opuscule est riche de pratiques
de piété, de prières, de lectures spirituelles. Mais encore, il nous
faut exprimer le même désir que plus haut, celui de voir cet opuscule
espagnol passer en notre langue : fidèles et prêtres de France y
trouveront grand profit. F. Chapot.
POÉSIE — THEATRE
1. Les Muses françaises. Anthologie des femmes- poètes (1200 à 1891). Morceaux
choisis accompagnés de notices biographiques et bibliographiques par Alphonse
SÉCHÉ. T. I. Paris, Louis-Michaud, s. d., in-12 de 400 p., avec portraits, 3fr. 50. —
2. Le Prisme des heures, par Louis Maigue. Paris, Société française d'imprimerie
et de librairie, 1908, in-18 de 147 p., 3 fr. 50. — 3. Près du foyer et dans les champs,
par E. Pinçon. Paris, Lemerre, 1908, in-18 deiv-106 p., 3 fr. — 4. A la Source d'eau
vive, par André Besson. Lille, Société Saint- Augustin, 1908, in-12 de 47 p., 1 fr.
— 5. L'Année mystique, par le même. Même éditeur, 1908, in-12 de 16 p., 0 fr. 50.
— 6. Du Grave au doux, par Paul Collin. Paris, Lemerre, 1908, in-18 de 206 p.,
3 fr. — 7. Comme au temps joli des marquises, par Henri Allorge. Paris, Plon-
Nourrit, 1908, petit in-8 de 62 p., 1 fr. 50. — 8. Au Caprice des heures, par Jean
Mauclère. Paris, Rousseau, 1909, in-12 du 163 p., 3 fr. 50. — 9. Le Don de soi,
par André Delacour. Paris, Plon-Nourrit, s. d., in-16 de 171 p., 3 fr. 50. — 10.
Quelques vers, par H. des Portes de la Fosse. Paris, Lemerre, 1908, in-18 de
415 p., 3 fi\ — 11. Heures de brume, par A. Barratin. Paris, Lemerre, 1908, in-18
de xii-259 p., 3 fr. 50. — 12. Au Jardin des roses mourantes, par R. Christian-
Frogé. Paris, Sansot, 1908, in de 177 p., 3 fr. 50. — 13. Poésies, par A. Couvreur.
Paris, Henry Paulin, 1908, petit in-16 carré de 109 p., 2 fr. — 14. Le Chemin soli-
taire, par Blanche Sahuqué, Paris, Sansot, 1908, in-12 de 173 p., 3 fr. 50. — 15.
Dans les brumes descités, par Marguerite Berthet. Paris, Bibliothèque générale
d'édition, 1909, in-18 de 221 p., 3 fr. 50. — 16. Les Voix de la forêt, par la même.
Même éditeur, 1907, in-18 de 164 p., 3 fr. 50. — ll.VEssor, parla baronne Antoine
de BiiiMONT. Paris, Plon-Nourrit, 1908, in-16 de 135 p., 3 fr. 50. — 18. Le Chemin
qui monte, par Nicolas Beauduin. Paris, Sansot, 1909, in-8 de 164 p., 3 fr. 50. —
19. Le Voyage d" Afrique, par G. Demnia. Paris, Gastein-Serge, 1908, in-18 de 206 p.,
3 fr. — 20. Le Sentier sonore, par Robert de Fav. Paris, Plon-Nourrit, s. d., in-16
de 181p., 3fr. 50. — 21. 2,a /îose e/Ur'oHcez-te, par René Turpin. Paris, Plon-Nourrit,
1908, in-16 de 148 p., 3 fr. 50. — 22. Les Iles fortunées, par Gaston Beauvais.
Paris, Société générale d'éditions, s. d., in-12 de 112 p., 2 fr. — 23. Le Cantique des
Cantiques, psLV Guy d'Aveline (M""" Gazala). Paris, Vie et Amat, 1908, in-12 de
244 p., 3 fr. 50. — 2i. Les Fardeaux chéris, pantoums, parL R.-G. Paris, Lemerre,
1908, in-18 de 220 p., 3 fr. — 25. Pauca Paucis, par Raymond Darsilks. Fouge-
roUes, imp. Reuchet-Ougier, 1907, in-8 de 172 p. — 26. Poèmes, par Archag Tcho-
BANiAN (traduction française). Paris, Mercure de France, 1908, in-12 de xii-263
p. 3 fr. 50. — 27. Rêves païens, par C. Psycha. Paris, imp. de Vaugirard, s. d.,
in. 8 de 100 p.
Théatri:. — 1. Un Divorce, pièce en trois actes, par Paul Bourget et André Cury.
Paris, Plon-Nourrit, 1908, in-16 de xxiv-205 p., 3 fr. 50. — 2. Alkestis, pièce en
cinq actes en vers, d'après Euripide, par Berthe "Vadier. Paris, Lemerre, 1908,
in-18 de 82 p., 2 fr. — 3. Théâtre de Léon Duvauchel. Paris, Lemerre, 1908, in-18
— 112 —
de 245 p., 3fr. 50. — 4. Z,a Bonne Lorraine, chronique nationale, par Jules de Mar-
THOLD. Paris, Daragon, 1908, in-16 de 87 p. — 5. VAube sur Béthanie, poème
dramatique en un acte, par Jules Leroux. Roubaix, Édition du Beffroi, 1908,
in-12 de 33 p., 0 fr. 75. — 6. La Route infinie, pièce en un acte, par L.-M. Thé-
M.\NLYS. Paris, Jouve, 1908, in-12 de 84 p., 1 fr.
Poésie. — 1. — M. Alphonse Séché a réuni sous ce titre : Les Muses
françaises, une Anthologie des femmes poètes. Cinquante-cinq noms
figurent dans ce recueil, qui va du douzième siècle jusqu'à nos jours.
On y rencontre donc toutes les muses célèbres, et même quelques
autres, dont on n'avait guère entendu parler. Il est vrai que les
inconnues font parfois de jolies choses. Mais peut-être aurait-on
besoin d'une autre petite anthologie pour réduire encore à sa quin-
tessence celle de M. Alphonse Séché. • — Chaque femme poète a sa
notice. Beaucoup de ces notices rendent le lecteur mélancolique. La
proportion des égarées et des dévoyées est malheureusement forte,
plus forte dans le monde des dixièmes muses que dans la société
ordinaire. Dans les poésies citées, l'amour élégiaque tient une place
un peu encombrante. Un peu, c'est bien, mais il y en a trop. M.
Séché observe d'ailleurs avec raison que « la femme excelle dans la
narration douloureuse de ses peines ». Mais cette « excellence » n'ex-
clut pas la monotonie. On voudrait plus de muses dans le genre de
]\jme Anaïs Ségalas, qui a si gentiment écrit pour les enfants. C'est
encore une spécialité où les femmes excelleraient, si elles le voulaient
bien. Dans l'ensemble, le recueil est intéressant et représente un
travail des plus méritoires,
2. ■ — A ceux qui goûtent la vraie poésie, la poésie sincère, sérieuse,
profonde, pénétrée, nous pouvons signaler sans crainte le Pris?ne
des heures, de M. Louis Maigue. La critique austère, après avoir
blâmé quelque recherche de modernisme dans les expressions, noté
quelques accès de subtilité psychologique et fait ses réserves sur
l'emploi, rare d'ailleurs, de l'hiatus, peut louer sans réserves la fraî-
cheur de l'inspiration, la sincérité du sentiment et, très souvent, la
cadence des strophes. M. Louis Maigue n'est pas sans analogie avec
Sully-Prudhomme, qu'il aime, mais il est franchement chrétien, et
sa profondeur est vivifiante. L'amour n'est pas absent, mais revêt
une forme noble, voilée, discrète, qui n'enlève aucun charme à son
expression. Des pièces comme Revoir, Sagesse, la Maison de province,
J'ai dit à ma douleur... sont des bijoux que les amateurs sauront appré-
cier. L'auteur a un éloge original de la Poussière. Il faudrait de trop
longues citations pour faire apprécier dignement le talent du poète.
Voici toutefois les deux strophes par lesquelles débute Revoir :
Je l'ai revue après deux ans,
Celle à qui je songeais sans cesse :
Elle avait rempli ma jeunesse,
Et ses yeux chers m'étaient présents.
— 113 —
Je l'ai revue un soir d'automne,
Sous des cieux froids et dépouillés...
Nos cœurs étaient dépareillés,
Et je n'ai retrouvé personne.
M. Louis Maigue dit des choses intimes dans une note contenue, et
des choses graves sur un ton qui n'est pas celui du prêche. Il évoque
avec une émotion communicative les souvenirs du passé. Vers la fin
du volume il descend de plus en plus dans les profondeurs de la, vie^
intérieure, et y projette la lueur de beaux vers qui obligent le lecteur
à penser.
3. — On savoure aussi de beaux vers, sonores, bien frappés, ryth-
miques, dans le recueil vraiment remarquable de M. E. Pinçon :
Près du foyer et dans les champs. Que les sujets soient bien originaux
on peut le contester, et la banalité trouve en quelques pages son
petit coin. Les petits vers de six syllabes sont parfois insignifiants.
Mais, cette part faite à la critique, nous avouons avoir été charmé
à la lecture de ce volume, où les sentiments les plus délicats sont traduits
dans une langue harmonieuse, animée d'un vrai lyrisme comme on
n'en voit plus beaucoup aujourd'hui. Voici une fin de pièce :
Soyez béni, Seigneur, dans vos soleils superbes.
Dans l'insecte qui dort caché parmi les herbes,
Dans les chênes altiers, dans les fleurs du sillon !
Qu'ils chantent votre nom, l'oiseau sous la ramure,
La fleur, l'étoile d'or et toute la nature !
Seigneur vous êtes grand ! Seigneur vous êtes bon !
Les souvenirs d'enfance, les veillées au coin du feu, la vieille maison
■qu'on démolit, le nuage qui passe, le sous-bois mystérieux, la lampe
fidèle, inspirent le poète. — Voici maintenant le chrétien qui se relève
après un instant de « lassitude » :
Mais d'un robuste effort il relève la tête.
Et, vaillant, le front haut, bravant l'âpre tempête.
De l'enfer déchaîné, des passions en feu.
Sans laisser s'égarer son regard en arrière,
Sans laisser sa charrue échouer dans l'ornière.
Il poursuit son labeur dans le grand 'champ de Dieu.
M. Pinçon atteint donc par moments la grande poésie. Il a le coup
d'aile, et nous l'en complimentons.
4. — Le court recueil de M. André Besson : A la Source d'eau vive,
ne respire pas seulement la piété la plus pure et la plus ardente; il
brille encore par la spontanéité du mouvement, le pittoresque du
coloris et, si l'on nous passe l'expression, par une naïveté courageuse
qui n'est pas sans charme. Le poète parle avec élan et simplicité à la
fois.
Je viens souffrir ver.s vous, mon Dieu, j'ai de la peine.
FÉVRIER 190y. T. CXV. 8.
— 114 —
et sa foi confianlo lui dicte de beaux vers d'une forme achevée.
Il dit encore à Dieu :
Je baise votre main qui frappe ma misère,
Plus vous m'aurez meurtri, plus je vous bénirai.
Je sais, ô mon bourreau, que vous êtes mon père;
.S'il vous plaît que je souffre encor, je veux le faire,
Et je vous remercie, ô mon maitre adoré.
M. André Besson imagine, quand il veut, des rythmes ingénieux
et sait vaincre des difficultés qu'il a recherchées en artiste. On peut
lui reprocher, çà et là, un peu de décousu, d'où résulte quelque obscu-
rité, mais, en somme, c'est assez rare.
5. ■ — La plaquette encore plus courte du même auteur, intitulée
U Année mystique, se recommande par les mêmes qualités cl.'édification
et d'entrain à la fois poétique et mystique. On y rencontre des vers
bien frappés comme ceux-ci :
Tout homme a son Carême et sa Semaine sainte...
Avoir peur de souffrir, c'est avoir peur de Dieu...
Jésus-Christ n'est pas mort sur une croix d'argent...
Pour contempler la mort il faut être à genoux.
Aussi mâle que pieux : telle est la formule qui peut définir le talent
de M. Besson.
6. • — La faciUté est une des qualités maîtresses de M. Paul Collin.
C'est ce qui lui permet de passer Du Grave au doux. Hâtons-nous
d'ajouter qu'il réussit mieux dans le doux que dans le grave, bien
qu'une pointe de mélancolie et d'attendrissement léger conviennent
tout à fait à son talent. Cette facilité a le tort de se doubler parfois de
prolixité, mais des strophes gracieuses arrivent bien vite pour plaider
la cause du poète. Certains passages, nuancés de mièvrerie, rappellent
Charles d'Orléans. Comme le royal trouvère, M. Collin aime à mettre
en relief la nature, le côté joli. Du reste, il a du bon sens, n'oublie pas
la note chrétienne et, dans ses poésies amoureuses, respecte le lecteur.
La langue est assez pure, et c'est par exception qu'on rencontre des
mots comme « introublé ».
LYspace nous manque pour citer un Sonnet mélancolique et Dieu
nous aime, qui sont des pages d'exceptionnelle valeur. Bornons-nous à
la bluette suivante, intitulée : • Trop d'obéissance :
Quand j'avais huit" ans. elle enavait^quatrc.
Pour bien affirmer mes droits de garçon,
Je me permettaits souvent, sans la battre,
De la rudoyer do belle façon.
Aloi-s elle allait chercher sa famille
Pour qu'à ma colère on mît le holà.
« Monsieur, embrassez la petite fdie,
Dit un jour son père, et puis, aimez-la !»
— 115 —
L'aimer?... J'obéis quand on me commande;
Docile à l'aimer je me résolus,
Oui; mais à présent, la petite est grande;
Ce sont les parents qui ne veulent plus.
M. Collin pourrait faire d'autres jolies choses dans ce genre... s'il
savait plus souvent être court.
7. — Plusieurs fois déjà nous ' avons remarqué l'originalité et
l'ingéniosité de M. Henri Allorge. Son nouveau recueil : Comme au
temps joli des marquises^ orné de gracieuses vignettes, mérite l'in-
térêt des amateurs. C'est une série, très courte d'ailleurs, de madri-
gaux, rondeaux, ballades, pastichant artistement la galanterie du
grand siècle. L'ensemble est gentil et amusant. Voici un sonnet où
l'auteur imite jusqu'aux inversions d'autrefois :
Cupidon, l'enfant rieur,
D'une sayette acérée
A mon àme déchirée,
Dont j'ai cuisante douleur.
Belle dame au ris moqueur,
Pour quelle cause ignorée,
L'ardent fils de Cythérée
Épargna-t-il votre cœur?
Cette injustice est extrême ! .
Qui résoudra ce problème?
Hélas ! je viens d'y penser.
Marquise, la chose est claire :
C'est qu'il n'osa vous percer,
Vous ayant pris pour sa mère.
(•'. Pris » pour « prise ». La licence grammaticale peut-elle passer mêm^.^
en un pastiche?
8. — M. Jean Mauclère est un courageux. Il ose faire des « odes », de
véritables odes comme on en faisait autrefois, et son recueil Au
Caprice des heures, en renferme quelques-unes qui ne sont pas mal
tournées. Nous aimons l'ode sur la Comète, celle sur la Petite Ville.
En revanche, le morceau sur Sodome est écrasé par la comparaison
avec le Feu du Ciel, des Orientales. Du reste, ces odes sont entremêlées
de pièces de diverse nature qui témoignent d'un talent souple et
alerte. Le mouvement et la faciUté sont deux qualités notoires chez
M. Mauclère.
Voici un assez joli sonnet sur ]\Ion Chat :
C'est encore un enfant : son petit nez froncé
Surmonte drôlement sa fine bouche rose; >
A le voir, par moments, on jurerait qu'il pose.
Tellement il est grave, austère et compassé.
— 116 —
Appuyé sur le bord de son panier tressé
11 nous regarde tous d'un air digne et morose;
Peut-être il réfléchit à la métempsycose,
Considérant s'il fut un homme, au temps passé;
Ou peut-être qu'il songe aux peines de la vie,
Aux chagrins, aux douleurs, par qui fut assombrie
La destinée humaine... et celle aussi des chats.
Non, son souci présent est plus proche et plus grave :
Un papillon voltige, et Minet, pas très brave,
Se demande, anxieux, s'il ne s'enfuira pas.
Détail grammatical : M. Mauclère écrit quelque part : « pour ne pas
qu'il s'attriste ». Rappelons-lui doucement que ce n'est pas français.
9. — Un spiritualisme ardent est la note dominante dans le Don
de soi, de M. André Delacour. Ce « don de soi », lui apparaît surtout
sous deux formes, l'amour et la pitié. L'auteur a des emportements
platoniques, mais il ne réussit pas toujours à planer et le remords arrire.
Il se repent et dit, très orthodoxe :
L'amour n'est pas heureux qui n'est pas l'amour juste.
Reconnu par le Droit et sublime par Dieu,
Haut comme les clochers, pur comme le Saint-Lieu,
Et qui fonde un foyer sur une base auguste.
M. Delacour plaint ensuite les douleurs humaines, les misères du
peuple, les tristesses des isolés. 11 célèbre le dévouement des sauve-
teurs, salue les Vendéens :
Vous êtes les héros d'une ardente épopée
Où l'amour et la foi brandissaient seuls l'épée,
Lui donnant des lueurs d'éclair;
Car, n'ayant pas souci d'intérêt et de gloire,
Vous ne faisiez la guerre et vouliez la victoire
Que pour un but splendide et fier.
L'auteur a du soufïle, de l'éloquence, de la noblesse. Il regarde
constamment en haut. Beaucoup de pièces se terminent par le mot
« Dieu ». Son vers est correct et appliqué, mais le prosaïsme et les che-
villes n'en s'ont pas toujours exclus. 11 arrive à M. Delacour de glisser
dans le genre nébuleux, et même dans le genre ennuyeux. Mais il lui
arrive aussi de trouver des vers splendides.
10. — Sous ce titre modeste : Quelques vers, M. H. des Portes de la
Fosse, diplomate de profession et poète à ses heures, publie un recueil
d'une allure franche et pittoresque où un petit grain de rêverie
ne nuit pas à de sobres et nettes descriptions. Il a, de ses voyages,
rapporté des impressions diverses; mais nous préférons encore ce
début de sonnet, rapporté du Bois de Boulogne ( Tour du lac).,
Passez dans vos landaus et vos automobiles,
O mondains, affublés de vos plus beaux atours.
Montrez le dernier cri des couturiers habiles,
Étalez votre faste et faites mille tours;
— 147 —
Avalez à longs traits le sable et la poussière,
Échangez cent propos d'intérêt dépourvus;
Votre âme n'en sera plus haute ni plus fière,
Mais vous serez heureux, car Paris vous a vus.
M. des Portes de la Fosse laisse passer des négligences, comme il con-
vient à un poète amateur et quasi grand seigneur. Certaines pages
sont faibles et insignifiantes. Mais plus d'une strophe, çà et là, est
joliment travaillée et l'auteur connaît l'art des chutes harmonieuses.
11. — M"i*^ A. Barratin a déjà écrit plusieurs recueils de pensées
dont quelques-unes témoignent d'une âme vraiment profonde. Cette
profondeur de sentiments nous apparaît dans les Heures de brume.
La moitié du volume est l'écho d'un deuil récent qui a bouleversé
l'âme de l'auteur. Puis viennent des pièces de fantaisie, qui prouvent
la variété de son talent. A travers un certain vague qui se confond
avec la « brume » du titre, on entrevoit une âme élevée, généreuse,
conduite au détachement par la douleur. Certaines pages apparaissent
au lecteur dénuées d'intérêt, bien qu'elles en aient sans doute beaucoup
pour l'auteur. Voici, en revanche, un morceau pénétrant intitulé :
Oubli :
Je n'ai jamais voulu, dans mes heures terribles,
Invoquer ton secours, oubli que je maudis;
J'aime mieux les regrets, même les plus sensibles,
Que ton soufïle glacé qu'on nomme un paradis.
J'aime mieux trop sentir que de sentir à peine;
J'aime mieux trop souffrir que de souffrir trop peu;
Pour ma douleur je sens plus d'amour que de haine,
Et la garder toujours est mon plus tendre vœu.
Oubli ! crime du cœur, tombe sans fleur aimable.
Sans soupirs, sans oiseaux, sans le moindre frisson,
Plus froide que la mort et plus abominable,
Je n'applaudirai pas ta cynique chanson.
Les deux premiers vers de la deuxième strophe sont dignes des plus
grand poètes. On en trouve çà et là d'aussi beaux. Ailleurs, les Heures
de brunie pèchent par des négligences et des prosaïsmes, mais c'est
peut-être la rançon d'une qualité, l'absence de recherche, qui dis-
tingue heureusement M™"^ Barratin.
12. — Le soufïle poétique ne manque pas Au Jardin des roses mou-
rajites. L'imagination y touche à l'exubérance, et l'exubérance verse
dans l'égarement. D'autre part, peu de poètes, parmi les jeunes, con-
naissent mieux que M. Christian-Frpgé l'art de balancer mélodieuse-
ment une strophe et d'imprimer à une pièce un mouvement continu.
Ce qui est fâcheux, c'est l'emploi qui est fait de ce talent. L'auteur
revendique « le droit au blasphème ». Il chante la débauche avec fré-
nésie ; puis, par une réaction bien connue, conçoit pour la femme une
haine furieuse. Il laisse entrevoir que certaines de ses poésies sont
— lis - ,
écrites sous l'influence de l'opium ou de l'éther. Il rime une Prière à
Satan qui commence ainsi :
Satan, je suis à toi ! Prends ma vie et mon âme !
Parfois ce sont des cris à la Musset, mais avec un accent plus âpre.
Les vers suivants donnent à la fois une idée de l'état d"àme désolant
du poète et de sa manière harmonieuse, qu'il faut bien constater :
Oh ! quel que soit le but où le Destin m'entraîne,
Quel que soit le néant qui me reprenne un jour,
Je saurai bien pleurer, en secouant ma chaîne.
Le deuil de l'espérance et le deuil de l'amour.
.Nous avons tant souffert que nous pouvons maudire.
Mes malédictions se pressent sur ma lyre,
Car Dieu méconnut l'Homme après l'avoir créé.
Niant la Providence en ma douleur sublime
Mes larmes de Damné ruissellent dans l'abîme
Comme un reproche amer à la divinité !
Beau talent, mais âme malade pour la guérison de laquelle nous
faisons des vœux.
13. — Sous le simple titre de Poésies, M'"*^ A. Couvreur a rassemblé
ce qu'on peut appeler les impressions d'une « intellectuelle » moderne,
notamment celles qu'elle a rapportées de l'Ecole normale de Sèvres,
où elle fut professeur. Son état d'âme témoigne de ce que devient le
christianisme en passant par le laminoir du lycée de filles perfectionné.
M™^ Couvreur est une stoïcienne, au style discret et contenu, maniant
le vers avec une certaine vigueur, plutôt virile. Çà et là perce l'éru-
dition de l'universitaire qui a pioché ses programmes. Elle met Hegel à
côté de Platon. Ailleurs, elle compare le même Platon à Kant, que
d'ailleurs, et avec raison, elle trouve rébarbatif :
Dans les brouillards lointains du Nord,
L'impératif catégorique
Surgit, spectre frigorifique
Qui nous congèle tout d'abord.
Et les froides Antinomies,
Qu'un démon polaire évoqua,
Tour à tour pour « Nein » et pour « la »
Ouvrent leurs lèvres de momies.
Sur les glacis de Kœnisberg,
Le phénomène et le Noumène
Dressent leur statue inhumaine
Comme un gigantesque iceberg.
Toutefois, c'est l'alexandrin qui est le vers préféré du poète, qu
en use d'une façon parfois un peu poncive,. mais dans im rythme
généralement large et harmonieux.
14. — Le Chemin solitaire où se promène M'"*' Blanche Sahuqué
— 119 —
n'a pas sur la promeneuse une influence calmante. Il y a beaucoup
d't-xaltation dans ee recueil. Il est vrai que c'est de l'exaltation esthé-
tique. Voici le début d'un sonnet intitulé Nuances :
En tons et demi-tons, mon cœur blasé s'invite,
En frissons nuancés, il bat sur l'Infini;
L'achevé le déçoit. Il esquisse à demi
L'informulé latent, vague espoir qui l'entraîne.
Autre définition du cœur de l'auteur :
Mon cœur, mystique épave où veille un ostensoir.
Cela n'empêche pas M"^^ Sahuqué d'être plus païenne que chré-
tienne. Sa manière généralement alambiquée vise parfois à la gran-
deur :
Et notre amour grondait en nous comme la mer.
j\jme Blanche Sahuqué ne manque pas de flamme poétique. Mais
elle aurait surtout besoin de pondération et parfois aussi de gram-
maire.
15. — C'est Dans les brumes des cités que M^i^ Marguerite Berthet
recueille ses inspirations. On ne peut donc s'étonner que sa poésie en
demeure un peu brumeuse. Sans doute ce n'est pas l'imagination
qui manque à l'auteur, mais cette imagination se perd dans le vague,
dans le bizarre, dans l'abstrait. AP^*^ Berthet a des pages attendries sur
la misère et des aspirations vers un idéal qu'atteindra plus tard l'hu-
manité. On ne peut que louer certaines effusions charitables :
Nous vivons isolés, rêvant d' œuvres fécondes;
Nous passons dans la foule, ignorants et distraits;
Nous heurtons sans les voir les détresses profondes;
Lorsque nous les voyons, nous ne sommes pas prêts.
Malgré tout il y a dans ce volume plus de rêveries humanitaires
que de sens chrétien. La forme n'a aucun relief spécial. Elle dénote
toutefois chez l'auteur une réelle habitude de la versification.
16. — Un autre recueil de M^i^ Berthet : Les Voix de la forci, a été
honoré d'une lettre-préface de M. SuUy-Prudhomme, qui probable-
ment reconnaissait quelque chose de sa manière dans ce symbolisme
un peu pâle et ces aspirations philosophiques vers un lointain idéal.
■NPis Berthet décrit un peu sa forêt, mais elle se livre surtout à des
méditations à propos de la dite forêt. A un moment surtout, elle éprouve
le besoin de dire son mot contre le moyen âge, la féodalité et les moines.
En un mot, on voit bien 1' « intellectuelle » moderne. S'il faut l'en
croire,
La fleur naît de la fange
Et l'harmonie est fleur des révolutions.
Hâtons-nous d'ajouter que M^^^ Berthet déploie, dans ce recueil
— 120 —
comme dans l'autro, ses qualités de versificatrice exercée et son ardeur
enthousiaste. Voici un exemple de ce qu'elle sait faire avec le vers de
neuf syllabes. C'est tiré du Semeur de perles :
Entends-tu, dans les bois, le grelot
Qui tinte, très grêle'/
Quand tout dort, oiseaux bleus, sur le flot
La tête sous l'aile.
C'est le pas très léger d'un liilia
Qui sème des jierles,
Et qui fuit comme un trait au malin,
Aux rires des merles.
Ces rythmes peuvent être discutés, mais l'eïïort est méritoire et les
résultats gracieux.
17. — Il n'y a pas beaucoup de mouvement dans l'Essor, do M'^^^' îa
baronne Antoine de Briment, Mais il s'y trouve de la délicatesse et un
certain raffinement dans le tracé des contours. Ce sont tantôt des
tableautins antiques, tantôt des rêveries familières où la ciselure ne
perd pas ses droits. Certaines images sont d'une hardiesse païenne
un peu risquée, surtout si l'on considère le sexe et le nom de l'auteur;
mais, d'une façon générale, il y a de la modération, et le ton est celui
d'un virtuose. Nous reproduisons les deux quatrains d'un sonnet sur
le Bonnet :
L'aïeule du village est là, tirant l'aiguille
Malgré ses mauvais yeux et ses quatre-vingts ans.
Fidèle, elle a posé — blanc sur ses cheveux blancs —
Le bonnet de linon qu'a renié sa fille.
O Bonnet qui s'en va, blanc Bonnet qu'émoustille
La ruche de dentelle aux retroussis galants,
Pourquoi vous préférer des chapeaux désolants,
D'affreux chapeaux couverts de fleurs de pacotille ?
Les bluettes de l'Essor sont souvent jolies, mais, sauf exception, les
chutes manquent de nerf et de piquant.
18. — M. Nicolas Beauduin est plus que grave, il est sombre; il est
plus que triste, il est pessimiste. Telle est du moins la note qui domine
dans une bonne partie du Chemin qui monte. L'auteur nous apparaît
d'abord sous les traits d'un stoïcien véhément, et même violent, qui
anathématise tout autour de lui. Puis, sous ce stoïcien, perce un chré-
tien qui implore Dieu avec une énergie désespérée, déteste ses fautes,
se débat contre le doute, aspire à la lumière, tient le langage d'un
ascète. Vers la fin du recueil, c'est un hymne enflammé à l'amour
divin, d'un style vibrant, soutenu, et même tendu, où passe un souffle
ardemment lyrique. La langue de M. Beauduin est éloquente, farou-
che, parfois énergiquement triviale. Voici une constatation sociale :
Les ventres creux font équilibre aux ventres pleins.
— 121 —
On sent dans ce livre comme un écho lointain du livre de Job. Il y a
d'ailleurs des redites. Los strophes suivantes donneront une idée du
ton général :
Ne plus crier, ne plus souffrir, ne plus se plaindre,
Ne plus chercher l'amour qui ment, l'amour trompeur,
Être calme, être sage, être grand, ne plus craindre,
Et regarder l'amour sans angoisse et sans peur !
N'attendre rien du jour décevant qui se lève,
Illusoire et stérile en son vain appareil,
Se dire qu'en la vie atroce qu'on achève,
A ce jour mensonger demain sera pareil.
Que rien ne changera la destinée amère.
Que tout est vain, que tout est faux, que tout nous ment.
Et que tout ce qui vit en ce monde éphémère
Comme une fleur d'avril ne dure qu'un moment.
Mais le poète serait plus poignant s'il n'abusait pas de cette corde.
19. — L'Algérie continue à inspirer, de temps en temps les poètes.
M. G. Demnia, qui a fait le Voyage d'Afrique, nous en rapporte des
impressions pittoresques, avec beaucoup de couleur locale et de sin-
eérité. La note dominante est gaie et légère.
Le sonnet suivant, sur Constantine, donnera une idée assez approxi-
mative de sa manière :
L'âpre rocher se dresse en haute citadelle.
Nid d'aigles qui domine un horizon lointa'in.
Sûr repaire où les Beys entassaient leur butin,
A l'abri du ravin d'où s'élève un bruit d'ailes;
Le torrent qui s'attarde en claires cascatelles
A ciselé le roc au cœur du travertin.
En un fort où, longtemps, leur cortège hautain,
Méprisant sa menace, a ri de l'infidèle.
Vertigineux, l'abîme emprisonne ce bloc
Dont la fauve paroi semble éventrée au choc
Héroïque ou divin, d'une lame géante.
Et l'Étranger, du bord où pendent des lambeaux
De verdures, s'étonne, en la faille béante.
De voir planer sous lui tout un vol de corbeaux.
Comme on le voit, M. Demnia manie habilement la rime, et cultive le
coloris. On peut lui reprocher de ne pas toujours choisir, dans les
mœurs arabes, ce qu'il y a de plus décent.
20. - Il y a dans M. Robert de Fay un romantique et un éclectique.
Une émotion assez sincèi'e, l'amour du pittoresque, l'accompagnent
dans le Sentier sonore. Ce sentier nous promène un peu partout, en
Algérie, en Italie, dans l'antiquité, à travers des paysages où l'auteur
rêve. Certaines pages sont imprégnées d'une ingénuité douce. Ailleurs
éclate l'entrain, et les rimes rares, les noms propres, les mots à effets
— 122 —
arrivent à la rescousse. La banalité aussi a sa place. Notons, par
exemple, quelques vieux lieux communs sur les Borgia. Certaines
expressions sont plutôt bizarres. L'auteur aime, à Tunis,
Voir la lune apparaître habile et gigantesque.
Pourquoi liabile? On peut critiquer aussi l'entrelacement des vers
qui ne distingue pas les rimes masculines des rimes féminines. Le
lecteur n'en rencontre pas moins de belles strophes, celle-ci, notamment,
qui prêche l'optimisme :
Car nous voyons parmi nos plus mauvais chemins
Où se blessent nos fronts et s'écorchent nos mains,
Des minutes si belles,
Qu'elles ont à nos yeux un prestige sacré.
Et qu'il faut quelquefois avoir su les pleurer
Pour les rendre éternelles.
2L • — La Rose entr' ouverte est l'œuvre d'un jeune, et cela se voit,
tant par la fougue de la sensualité que par l'empressement à imiter
dans les expressions, certains tics à la mode. La décence est peu res-
pectée, et, à chaque instant, hanche vient rimer avec blanche. La
grammaire aurait aussi quelque droit de se plaindre.
Nous nous étions causé toute une après-dinée.
Causé quoi? Des désagréments? Peut-être, car
J'ai respiré l'amour, son parfum est amer.
Déjà? C'est que l'amour, pour n'être pas amer, a besoin d'être
approuvé par la morale. M. R. Turpin nous brosse d'ailleurs des pay-
sages d'un coloris qui tient à ne pas être banal :
Dans le ciel ardoisé monte la lune rouge.
Si la lune est rouge, les gazons sont « noirs ». Bien entendu, le bleu a
sa place d'honneur sur la palette :
Le clair de lune est bleu, mais, s'il ne l'était pas,
.Te le dirais quand même.
A la bonne heure, voilà de la franchise, et, si les Philistins ne sont
pas contents, tant pis pour eux !
22. — I^L Gaston Beauvais est de ceux qui ont cru trouver le bon-
heur dans le plaisir. Aussi s'est-il embarqué pour les Iles fortunées,
et a-t-il chanté l'amour avec un lyrisme sensuel et fougueux. Puis,
comme toujours en pareil cas, le dégoût est venu, et le poète, dans les
dernières pages de son volume, nous confie qu'il est horriblement triste.
Il aurait pu s'y attendre, et nous concevons fort bien que « la Muse de
l'Ennui » le laisse
Le cerveau sans pensée et le cœur sans amour.
10O
Il dit encore :
Pourquoi nos cœurs sont-ils comme des arbres nus?
Tous les libertins éprouvent quelque chose de ce genre, et, si nous
le mentionnons, c'est que cela influe sur leur poésie, qui tourne alors au
maladif.
23. — Nous voudrions être galant pour M. Guy d'Aveline, qui trahit
son vrai nom de M^^^ Gazala. En fait, il y a de jolies choses dans son
Cantique des Cantiques et dans les Poésies qui y font suite dans le même
volume, finement illustré. L'auteur a souvent le « sens artistes. Elle a
des descriptions gracieuses et léchées, des répétitions agréables et
ingénieuses. Puis, ce sont des banalités de ce genre : « Si j'étais pa-
pillon... Si j'étais le ruisseau... si j'étais l'oiselet... » ou des strophes
comme celle-ci :
Le voilà revenu, ce joli mois des roses !
Ce mois du clair soleil, ce mois du grand ciel bleu !
Où l'oiseau dit tout bas les plus charmantes choses
A l'aubépine en fleur qui reçoit son aveu.
Cela est gentil, mais pas trop neuf. Dans les morceaux épiques,
l'auteur est plus faible encore, et les pièces de circonstances sont sur-
tout pavées de bonne intentions. C'est déjà beaucoup, et, pour ter-
miner par un éloge, nous féliciterons Guy d'Aveline de la hauteur de
ses aspirations morales.
24. — L'auteur des Fardeaux chéris (sous-titre bizarre : Pantoums)
est une femme qui signe I. R.-G. Toutes ses pièces, sauf quelques" ron-
dels » sont de seize vers et construits sur le type de 1' « Avant-propos >>
suivant, qui donne la note de l'ensemble :
Dans un monde qui n'est qu'embûches et que pièges,
Dans un monde où chacun est avide et jaloux.
Ce livre est d'une femme, au cœur faible entre tous,
Qui frissonne à l'appel de l'hiver et des neiges.
Dans un monde où chacun est avide et jaloux,
Ce livre est d'une femme, hélas ! qui ne désire.
Pour parer son front pur, ni perle, ni bijoux;
Plus rien de ce qu'on veut même sans se le dire.
Ce livre est d'une femme au cœur faible entre tous,
Qui demande pardon de ses regards moroses.
Dont l'azur n'était fait que pour sourire aux roses,
Et voir de blancs agneaux à la place des loups !
Qui frissonne à l'appel de l'hiver et des neiges,
Mais qui comprend pourtant les grands cœurs éperdus,
Harcelés, près du sien, sur nos sentiers ardus,
Dans un monde qui n'est qu'embûches et que pièges.
Il y a des vers gracieux (relire le onzième ci-dessus) mais
on voit le système. Le premier quatrain fournit le thème, et, on même
— 124 —
temps, les vers initiaux des trois autres. Le dernier ^■ers répète le premier.
Il en résulte à la longue, pour le lecteur, une insupportable impression
de monotonie. Malgré le mérite de la difficulté vaincue, il y a là une
erreur fondamentale qui gâte tout le volume, et le rend lourd.
25. — Il est relativement heureux que Pauca Paucis, de M. Ra^nnond
Darsiles, ne s'adresse qu'à peu de lecteurs. Le volume a quelque
chose de morbide et de pervers. Le poète chante l'antiquité païenne,
pastiche le moyen âge, passe d'une crise de sensualité à un élan de prière
décadente. La langue, pas trop maltraitée en certains endroits, admet
ailleurs des « luisures d'yeux », des « fronts irrorés », des parfums « doux
fleurants », des « pensers obsolètes », des « tristesses nuiteuses ». Le-
diable préoccupe l'auteur :
Satan, je voudrais être loi !
OU encore :
0 mes frères et sœurs en Satan, je vous plains !
Mais tout compte fait, il y a plus d'enfantillage que de blasphème.
Il y a aussi une vague teinture de socialisme. Parfois, l'auteur essaye
de la subtilité :
Il ne faut pas m'aimer, ô mes aimées...
Ne m'aimez pas, je vous aimerai toutes.
Mais le lecteur rit. Et il rit encore plus fort devant tel trait d'élo-
quence macabre :
N'est-ce pas qu'il est doux d'être en proie aux helminthes?
Après cet exemple on nous excusera de n'avoir pas cité des strophes
et de nous êtres contentés de ... vers solitaires.
26. — M. Aichag Tchobanian est un poète arménien qui a souffert
pour la cause de ses compatriotes et que l'exil a amené à Paris. Lettré
intensif, il a composé en arménien, puis traduit en français, des poèmes
qui ne sont pour le lecteur français que des lignes de prose découpées
comme des vers. Mais on voit que l'imagination, un peu fantastique
parfois, est vraiment d'un poète. M. Archag Tchobanian est pessimiste,
ce qui comporte dans sa situation des circonstances atténuantes.
Quoique représentant d'une race chrétienne, M. Tchobanian, au con-
tact des livres d'Occident sans doute, nous apparaît comme ayant
perdu la foi. Il a des passages amers sur « le sinistre Jéhovah » et
« l'absurde création ». Cette note fâcheuse est d'ailleurs rare. Ce qu'il a
de mieux, ce sont ses morceaux lyrico-descriptifs sur la mer. Citons la
bluette saisissante intitulée : Le Couteau.
Sous la lune claire qui resplendit,
Un voilier passe d'un vol rapide,
Dressant sous les eaux teintes de lumière
Sa longue aile sombre et pointue.
— 125 —
Et cette aile, dont le corps reste invisible,
Semble un couteau énorme, levé dans l'air.
Et qui court terrible sur la face de la mer,
Sous la lune claire qui resplendit.
Ce morceau prouve que l'on voit bien les paysages à travers un
prisme intérierir.
27. — Les Rêves païens, publiés sous la signature C. Psycha, sont
des poésies on prose, mais d'une prose qui ne justifie pas ses préten-
tions poétiques. Ce sont de vagues évocations, moitié récits, moitié
rêveries, mettant en scène des dieux ou des personnages antiques,
mais peu intéressantes dans le fond et sans qualités saillantes de forme.
L'auteur vise à la simplicité dans le style. Peut-être, du reste, plaira-
t-il à certains amateurs qui trouvent du charme à ces « tranches de
mythologie » découpées par l'intellectualisme moderne. Le volume est
illustré de vignettes assorties.
Théâtre. — 1. — La presse a déjà longuement parlé d'Un Divorce^
pièce tirée du roman de M. Paul Bourget, pai^ M. Bourget lui-
même et M. André Cury. On sait le sujet : M. Darras a épousé une
femme divorcée, Gabrielle, qui a un fds, Lucien. Celui-ci s'éprend
d'une étudiante, Berthe Planât, libre penseuse absolue, qui ne recon-
naît que l'union libre. Quand Darras semonce Lucien, celui-ci riposte
par des discours qui peuvent se résumer dans cette formule : « Et
vous? » Sur ce, Gabrielle, revenue à la foi, éprouve des remords, qui
éclatent dans ce cri : « Et nous non plus, nous ne sommes pas mariés ! »
Le premier mari vient à mourir et l'épouse devenue libre voudrait
bien régulariser sa situation par un mariage religieux. Refus de
Darras. Trouble complet au foyer. Lucien est parti. Gabrielle voudrait
partir aussi; mais Darras a menacé d'élever sa fdle en libre penseuse
si ce départ a lieu, et un religieux, le P. Euvrard, est le premier à
représenter à la fugitive que son devoir est de rester.
Cette œuvre est la plus forte de celles qui, depuis quelque temps,
ont mis en relief les conséquences antisociales du divorce. Au point de
vue du style, on y retrouve les qualités de M. Paul Bourget, c'est-à-
dire qu'il y a peut-être plus de psychologie que de drame proprement
dit, bien que l'action soit réelle et vraiment tragique. L'exposition
renferme des longueurs. Le caractère de Darras est d'une conception
vigoureuse, mais un peu factice. M, Bourget, du reste, en a fait exprès
un homme « de conscience » pour rendre le plus de points possible à
ses adversaires et ne pas encourir le reproche de mauvaise foi. A la
dernière scène, nous eussions préféré, au point de vue littéraire,
quelque procédé autre que l'apparition de Darras venant écouter
sans être vu. Mais ce sont là des détails et l'œuvre, dans son ensemble»
mérite le succès qu'elle a obtenu dans l'élite du public.
— 126 —
2. — M'"'' Bei'the Yadier n'a pas mal réussi, dans son Alkeslis, à
nous donner une impression « antique ». Il règne dans cette pièce une
simplicité et une brièveté grandioses. L'auteur a su faire passer dans
ses dialogues, parfois saisissants, quelque chose du pathétique d'Euri-
j)ide. Certains vers reproduisent les allures sentencieuses du théâtre
ancien. En un mot, l'antiquité est serrée de très près ■ — de trop près
])eut-être — car tous les détails du drame d'alors n'ont plus aujour-
d'hui leur raison d'être. On peut discuter sur l'utilité des chœurs. On
peut également noter un soupçon d'affectation dans l'emploi des
noms propres grecs. Nous avons goûté spécialement les interrogations
d'Admète à ses proches et à ses amis pour savoir qui s'est dévoué,
ainsi que les adieux d'Alceste à ses esclaves. Il y a là des scènes
pleines de nuances délicates. Voici un extrait de la tirade dans laquelle
Phérès, père d'Admète, s'excuse de ne pas s'être dévoué pour son fils :
L'oracle m'a promis de nombreuses années;
Devais-je donc changer l'ordre des destinées?
Jeune, épris de périls, un héros cher aux dieux
Préfère à de longs jours un trépas glorieux;
Mais une illustre mort plus tard fait moins d'envie,
Et plus on a vécu plus on tient à la vie.
La vie ! oh ! oui, mon fils, tu sauras quelque jour
Qu'un vieillard la chérit d'un véhément amour.
Le noir penser d'Hadès est de ceux qu'il repousse.
A ses yeux affaiblis la lumière est si douce !
Si fraîches à son front les brises du printemps !...
L'homme vit toujours peu, mourût-il à cent ans.
Ce couplet seul suflirait à montrer combien M'"^ Berthe Vadier
s'est sincèrement pénétrée de la 'poésie des grands dramaturges grecs
et avec quel talent elle l'interprète.
3. • — Le Théâtre de L. Duvauch'el, publication posthume, com-
prend une pièce en cinq actes et en vers : Jean Sauvegraiu, épisode
de la Frondé, daux comédies en un acte et en vers : Le Chapeau bleu^
Mademoiselle Molière et une comédie en prose, en un diCte: l'Absente.
Jean Sauvegrain est un paysan qui défend les villageois contre les dé-
prédations des mihtaires, conquiert ainsi le cœur d'une jeune châtelaine
et meurt au moment où celle-ci consent à l'épouser. Il y a de l'en-
train, mais aussi des longueurs et des lieux communs de philan-
thropie agricole. Le Chapeau bleu est une piécette nettement
immorale. L'héroïne, tentée de fuir des liens illégitimes pour se marier
honnêtement, résiste à cette honnête tentation et se réconcilie avec
son séducteur. Dans Mademoiselle Molière, l'auteur évoque la mélan-
colie du grand comique et son amour malheureux pour Armande
Béjart. L'Absente est une analyse psychologique du cœur de deux
amoureux qui se revoient après vingt-cinq ans de séparation. Au
point de vue littéraire, peu de défauts bien saillants, mais aussi peu
— 127 — V
do qualités saillantes. Pas do vers brillants à citer. Nous on mention-
nerons un qui fait plutôt l'effet d'un anachronisme. Ce sont des paysans
qui crient :
A bas les exploiteurs du peuple !
Plus loin une paysanne dit qu'elle a eu jadis « des plats de vieille
porcelaine ». Quoi ! sous la Fronde ?
4.^ — La pièce de M. Jules de Marthold : La Bonne Lorraine^ semble
se ressentir d'une certaine imitation de Shakespeare. Ce sont des
scènes extrêmement courtes et très nombreuses dont le décor change
à chaque instant. Il est vrai que l'auteur intitule cela « chronique
nationale ». C'est une quintessence de chronique en action. Les vers
sont variés, plus souvent courts que longs, et les chants lyriques s'entre-
mêlent au dialogue. L'ensemble est'légèrement bizarre et l'on regrette
dans les vers l'absence de qualités bien spéciales, si l'on en excepte
la brièveté qui a, il est vrai, son mérite.
5. — L'Aube sur Béthanie, de M. Jules Leroux, est moins un « poème
dramatique en un acte », comme le dit le titre, qu'un dialogue mystico-
philosophique où Jésus apparaît un peu comme un rêveur. La pensée
demeure vague et les alexandrins du poète, où l'alternance des rimes
masculines et féminines n'est pas observée, ne sont pas faits pour
diminuer le caractère languissant de l'ensemble. On rencontre néan-
moins, à certaines pages, quelques beaux fragments de descriptions
qui jettent sur les dissertations un certain reflet pittoresque.
6. — La Boute infinie, de M. L.-M. Thémanlys, appartient fran-
chement au genre ennuyeux. Les deux actes de la pièce ne sont
qu'une série de dialogues fantaisistes où l'abstraction le dispute à
l'exaltation. LIne jeune fdle émancipée y parle de « devenir », de « col-
lectivité amorphe », de« conception latente », de « cité fossilisée », de
« tribu régressante ». Elle rompt en visière avec les .préjugés du monde
et épouse un poète qui rompt lui-même avec ses parents. Le poète
réussit, chose facile dans les livres. Puis survient un autre monsieur
qui, aux yeux de la jeune toquée, représente encore mieux la Vie,
l'Idéal, la Lumière et tout le tremblement. Madame est sur le point
de lâcher son poète pour ce nouveau venu qui lui permettra de mieux
perfectionner son être, etc., quand le mari, à la suite d'une conversa-
tion où il est question de Gœthe et de Nietzs.che, se convertit à l'idéal
de l'autre monsieur. Sur quoi celui-ci revient, et, tout attendri, donne
aux époux sa bénédiction. L'incohérence du style est à la hauteur de
la cocasserie du sujet. Gabriel d'Azambuja.
— 128 —
HISTOIRE, ART ET SCIENCES MILITAIRES
1. Vers la Bérésina (1812), diaprés des documents nouveaux, par le général-major
B. R. F. Van Vlijmen. Paris, Plon-Nourrit, 1908, petit in-8 de vi-328 p., avec
2 cartes, 5 fr. — 2. Waterloo (1815), par le général Albert Pollio; trad. de l'ita-
lien par le général Goiran'. Paris, Charles-Lavauzelle, s. d., in-8 de 640 p., 12 fr. 50.
— 3. Anglais et Français. Les Anglais au combat. Fontenoy, Lignyet Waterloo, par
le général Zurlinden. Paris, Chai-les-Lavatizelle. s. d., in-8 de 154 p.. 3 fr. 50 —
4. La Intervenciùn jrancesa en Mexico segun cl archiva del mariscal Bazaine.Textos
espaTiol y francés. Cuarta y quinta partes, publicados por GE^ARO Garcia. Mexico,
Viuda de Gh. Bouret, 1908, 2 vol. petit in-8 de 275 et 270 p., 10 fr. — 5. Soucenirs
du .second Empire. Les Etapes douloureuses. E Empereur, de Metz à Sedan, par le baron
Albert Verly. Paris, Daragon, 1908, in-8 de 274 p., avec 6 planches, 6 fr. — 6.
Le Haut Commandement des armées allemandes en 1870 (d'après des documents
allemands), par le lieutenant-colonel Rousset. Paris, Plon-Nourrit, 1908, inl6 de
x-336 p., avec carte, 3 fr. 50. — 7. Une Campagne dans le Haut-Tonkin (janvier-mai
189o, parle capitaine Bernard. Paris, Charles-Lavauzelle, s. d., 1908 in-8 de 178 p.,
5 fr. — 8. L' Education patriotique du soldat, par le lieutenant M. Roland. Paris,
Perrin, 1908,in-16de xviii-261 p..3fr.50. — 'è. Honneur militaire. Italie, \9>h^. Cochin-
chine, 1862. France, 1870, par ***. Paris, Plon-Nourrit, 1908, in-16 de xv-245 ■\^.,
3 fr. 50. — 10. Vers la fusion. Conférences faites en 1907-1908 A Saint-Maixent.
Paris, Charles-Lavauzelle, s. d., in-8 de 496 p., 6fr. — W.Lettres à un sous-officier, pari»
commandant Roche. Paris, Charles-Lavauzelle, s. d., in-16 de 80 p., 1 fr. — 12.
Vieille Routine, par le général Devaureix. Paris, Charles-Lavauzelle, s. d., in-lS
de 70 p., 1 fr. 50. — 13. Réalité. Études tactiques, par le commandant Passarga.
Paris, Charles-Lavauzelle, s. d., in-8 'le 120 p., 3 fr. — 14. U Artillerie de campagne
en liaison avec les autres arma iar le général H. Langlois. Paris, Chapelot, 1908,
2 vol. in-8 de iv-477 et 383 p . avec 6 cartes hors texte, 15 fr.
1. — Lo passage de la Bérésina fut-il, comme l'écrit le général hollan-
dais Van Vlijmen, un chef-d'œuvre de tactique; condense-t-il, comme
il le dit encore, toute la campagne de Russie? Tout le monde ne sera
pas sans doute d'accord en ce point avec l'éminent écrivain. Quoi qu'il
en soit à cet égard, le nouveau volume sur la campagne de 1812 :
Vers la Bérésina, que nous avons sous les yeux, n'en demeure pas
moins un livre intéressant; mais il est inexact de dire qu'il est ' écrit
avec des documents nouveaux, comme l'indique le titre, puisqu'il
est composé presque uniquement avec les Mémoires des contempo-
rains, dont certains sont publiés déjà depuis fort longtemps, tels
ceux de Roguet, Gourgaud, Fain, Marco-Saint-Hilaire, Gouvion Saint-
Gyr, Las Cases, La Baume, etc. Et, à cet égard nous dirons qu'on est
étonné de ne pas trouver dans la bibliographie citée par l'auteur
des ouvrages classiques comme celui du marquis de Chambray, par
exemple, qui demeure, sur la campagne de Russie, l'étude d'ensemble
la meilleure et la plus sûre qu'on possède. Quant aux sources manus-
crites, tels les Mémoires inédits du général Du Monceau, ceux du
général List, du colonel d'Auzon de Boisminart, du général Geisweit,
etc., ils ne paraissent pas avoir fourni à l'auteur des renseignements
de grande importance. On n'en lira pas moins avec profit ce nouve^au
Résumé d'un événement qui tient trop de place dans notre histoire
nationale pour nous laisser jamtds indifférents. En le feuilletant, on
- 129 —
devra se souvenir que les proposde Fain, de Gourgaud, de Marco-
Saint-Hilaire, de Las Cases, etc., sont sujets à caution, leurs auteurs
étant des admirateurs de l'Empereur qui n'admettaient chez lui ni
une faute ni même une défaillance. Quant au roman écrit par le
sergent Bourgogne, nous nous étonnons que le général Van Vlijmen
lui attache une importance quelconque.
.2. — Le Waterloo que vient de traduire le général Goiran est encore
une œuvre due à une plume étrangère, celle de M. le général italien
Albert Pnllio. C'est une entreprise bien délicate que d'écrire aujour-
d'hui quoique chose sur Waterloo, journée à propos de laquelle ont
coulé depuis bien près de cent ans des flots et des flots d'encre. En
admettant que les contemporains comme Grouchy, Gourgaud, Gérard,
Duruette, etc., n'aient pas dit tout ce qu'ils savaient ou aient même
dissimulé une partie de la vérité, des écrivains récents comme Hous-
saye, Lettow-Vorbeck, le colonel Grouard ont apporté une telle lumière
sur la joiirnée du 18 juin 1815 qu'il reste bien peu de nouveau à trouver
et à dire. A la vérité M. le général Pollio ne nous paraît pas avoir une
telle prétention, et son travail a été plutôt rédigé, ce nous semble,
})0ur oiïrir aux ofïiciers, ses compatriotes, dans sa langue mère, une
œuvre de vulgarisation composée surtout avec des documents
connus. 11 existe pourtant, à propos de Waterloo, un fait qui n'est pas
élucidé, dont ni Lettow, ni Houssaye, ni Grouard n'ont donné la clé :
c'est la conduite du corps de d'Erlon le 16, la question de savoir qui
lui a porté l'ordre de venir à Ligny, en quel endroit ce messager a
rencontré d'Erlon, etc., etc. Ce qui reste à expliquer encore, c'est que
Napoléon, quand on lui signala l'approche d'une masse considérable
sur sa gauche, n'ait pas immédiatement conclu que c'était le corps
de d'Erlon, puisqu'il l'avait appelé. Ce qui est incompréhensible,
c'est qu'il n'ait pas envoyé un officier d'état-major reconnaître ces
nouveaux arrivants et presser leur venue. Tout cela, comme nous
venons de le dire, demeure jusqu'ici un mystère, le seul qui plane
encore sur la journée de \>'ater]o(». A vrai dire, quand nous avons
ouvert le livre de M. le général PoIIio, nous avons couru tout de suite
à la table et en voyant l'en-tête du chapitre XIX: « La Fausse Ma-
nœuvre de d'Erlon », nous avons éprouvé un sentiment de joie, nous
disant : « Enfin, voilà peut-être la clé de l'énigme ». Hélas ! après avoir
lu ce chapitre, nous n'avons pas été plus éclairé qu'auparavant et
nous avons terminé notre lecture en désespérant de connaître jamais
là vérité. Au fond, nous sommes d'accord avec M. le général Pollio
à peu près sur toutes les causes qui amenèrent le désastre du 18 juin:
nous eussions désiré néanmoins qu'il insistât davantage sur ce point
que la défaite finale était sinon nécessairement obligatoire, tout au
moins probable. Shjis doute, au point de vue intellectuel. Napoléon
Février 1909. T. CXV. 9.
- 130 -
est encore en 1815 le Napoléon des grands jours; mais, que de fautes,
d'erreurs commises, dont beaucoup pouvaient être évitées '.L'une d'elles,
irrémédiable, était l'affaissement physique de l'Empereur, constaté
par Pelet, par de Monthyon, Thiébault et quantité d'autres, mais
que dire du choix des généraux, de l'affectation donnée à chacun
d'eux ! En 1815, Napoléon a vu beaucoup de ses anciens lieutenants
se détacher de lui. Il lui reste cependant deux commandants de corps
d'armée, peut-être les meilleurs qu'il ait jamais eus : il crée l'un
ministre de la guerre (Davout); il fait de l'autre son chef d'état-major
(Soult) ! Jamais il n'eût été aussi nécessaire d'appliquer le proverbe
anglais : The right man at the right place; Napoléon fait tout juste le
contraire. Et il paie cher son erreur. Avec Davout à la tête de l'aile
gauche, l'engagement des Quatre-Bras eût probablement été une
victoire et les Anglais battus le 16 c'était le désastre du 18 certaine-
ment évité. Comme l'écrit très justement M. Pollio, l'intervention
de la Providence est manifeste dans la campagne de 1815 : Dieu avait
dit de tout temps : Tu n'iras pas plus loin, et les événements, quoique
pût faire l'Empereur, devaient concourir nécessairement à sa chute.
3. — C'est de Fontenoy,mais aussi et surtout de Ligny et deWaterloo
que nous entretient le général Zurlinden dans son travail:. 4 n^/aw et
Français. L'éminent écrivain a jugé le moment venu de faire le récit des
rivalités qiii pendant huit siècles ont mis aux prises les deux grands
peuples de l'Europe pour les amener, par les nécessités de la politique,
à se donner aujourd'hui la main. L'étude relative à Fontenoy est
écrite non seulement d'après le récit de \'oltaire, mais surtout avec
la relation de la bataille que nous a donnée le duc de Broglie dans la
Revue des Deux Mondes d'abord (15 juin 1887), puis dans son beau
livre Marie-Thérèse impératrice, paru en 1890. Le général Zurlinden
y défend vaillamment le maréchal de Saxe et il a peut-être raison.
Toutefois la chose n'est pas certaine. Où que soit la vérité, son influence
à Fontenoy fut décisive et M. ZurUnden la met bien en évidence.
Quant à la deuxième partie d'Anglais et Français, elle est surtout
l'analyse des journées des 16 et 18 juin 1815, telles que les a marquées,
dans un livre récent, un écrivain allemand de valeur : le général
Lettow-Vorbeck. Là encore, rien sur d'Erlon ou des appréciations,
des hypothèses, au lieu de faits concrets.
4. — Du premier Empire nous passons au second avec les deux nou-
veaux volumes de M. Genaro Garcia, directeur de ce qu'on pourrait
appeler le « Collège de France » de Mexico : La Intervention jrancesa
en Mexico segun el archiva del mariscal Bazaine. Ces deux volumes
forment les tomes quatrième et cinquième de cette publication impor-
tante, dont nous avons signalé déjà l'apparition aux lecteurs du
Polybiblion. Ces deux derniers venus nous donnent les événements du
— 131 —
26 février au 15 avril 1864. Nous sommes là en pleine occupation et,
bien que la funeste influence de Bazaine n'apparaisse pas encore
aussi nettement qu'on la verra se produire à la fin de la cam-
pagne, on la devine, on la sent poindre, même on peut déjà
en découvrir des traces. Cependant le futur maréchal prend en-
core à cette époque certaines mesures qui sont de nature à lui
faire honneur, comme celle par laquelle il institue une Commis-
sion scientifique, artistique, littéraire, chargée de reconnaître et
classer tout ce qui pourrait appartenir à ces trois branches des
connaissances humaines dans le Mexique ancien ou moderne.
Malheureusement d'autres prescriptions font oublier l'esprit libéral
qui avait dicté les premières. Parmi celles-là, il faut citer la destruction
par le feu de villes où avaient été commis des vols et des assassinats
(Thacolulam) comme si cette malheureuse cité aurait dû être rendue
responsable d'excès auquels elle n'avait pris aucune part. Le tome
cinquième comprend d'intéressantes lettres inédites de Napoléon,
des ministres Drouyn de Lhuis et Chasseloup-Laubat et de quantité
de personnages importants du Mexique. Plus nous allons, plus la
publication de M. Garcia s'annonce comme ayant de l'intérêt. Nous la
signalons encore avec plaisir à l'attention des érudits.
5. — Nous ne quittons pas le second Empire avec le livre du baron
Albert Verly : Les Etapes douloureuses. L'Empereur., de Metz à Sedan,
hommage rendu au souverain tombé à Sedan, par un de ses partisans
les plus dévoués. Les convictions d'un honnête homme sont toujours
respectables,et encore que nous ne soyons pas d'accord avec l'écrivain
sur sa façon d'apprécier le régime qui a fait l'unité de l'Italie et la
guerre du Mexique, qui a laissé faire Sadowa et par suite l'unité
actuelle de l'Allemagne — sans compter 1870 — nous avons lu avec
intérêt les Etapes douloureuses et elles méritent d'être signalées. Le
livre a d'ailleurs, en plus d'une de ses pages, la valeur d'un document.
Oh y Ht, en effet, de nombreuses lettres du baron Jacques Albert Verly,
colonel des Cent-Gardes, qui accompagna l'Empereur dans toute la
campagne et qui fut à même de voir bien des choses ignorées. Ces lettres
— et d'autres tout aussi inédites — jettent un jour nouveau sur plu-
sieurs points mal connus du début de la guerre. D'autres documents
permettent de réfuter définitivement certaines inepties dont, après
le 4 septembre, quelques ennemis de l'Empire gratifièrent trop gra-
tuitement le souverain déchu. De très jolies phototypies donnent à
la publication du baron Verly un cachet artistique qui ajoute encore à
l'intérêt du texte même.
6. — Il est certain qu'à quarante ans bientôt de distance nous ne
jugeons déjà plus les responsabilités du second Empire avec la même
sévérité que le firent les contemporains. D'autre part, des documents
— 132 —
récents de source allemande, témoignent chaque jour davantage du
peu qu'il s'en est fallu que la lutte eût une autre issue, et, comme le
dit l<î colonel Housset dans son livre sur le Haut Commandement des
armées allemandes en 1870, si ces constatations ravivent nos regrets,
elles fortifient aussi nos espoirs. On sait aujourd'hui pertinemment
que la Relation officielle de la guerre de 1870-71, publiée en une ving-
taine de volumes par le grand état-major allemand, fourmille d'er-
reurs voulues, que notamment cette Relation décrit les événements
comme ayant été méthodiqiiement prévus et de longue main par de
Moltke, alors que ceux-ci naquirent très souvent, sinon le plus sou-
vent de situations absolument imprévues par le chef d'état-major
général. Et ce ne sont pas des Français qui ont fait cette découverte,
ce ne sont point des Français qui ont révélé cette vérité, ce sont des
Allemands, des Prussiens de bonne marque, le colonel \'erdy du
Vernois, le colonel Cardinal von Widdern, le capitaine F. Hœnig,
tous militaires appréciés et historiens de talent. Le colonel Rousset.
bien connu par son Histoire de la guerre franco-allemande, a
entrepris de vulgariser chez nous ces révélations qui paraîtront
nouvelles à beaucoup de lecteurs. Son livre, extrêmement intéressant,
analyse toutes les grandes rencontres de l'armée de Metz et les fait
voir sous un jour entièrement inattendu. C'est une étude à
lire, une étude qui donne confiance en l'avenir.
7. — Une Campagne dans le Haut-Tonkin, du capitaine d'infan-
terie coloniale Bernard, est le récit des opérations qui se déroulèrent
au nord du Fleuve Rouge, entré Bac-Quang et Tuyen-Quang, de
janvier à mai 1896. Ce n'est pas là, comme le précédent volume, de la
grande tactique ou de la stratégie, c'est au contraire de la tactique
de petites unités, non moins instructive et plus souvent usitée que
sa sœur ainée. Ce livre a d'ailleurs un autre mérite que de montrer
à nos jeunes officiers la façon dont on doit conduire une petite colonne
en pays ennemi. En racontant l'expédition peu connue dont il nous
dit les détails, en montrant la façon modeste mais résolue, presque
héroïque, dont sont tombés là quantité de nos officiers, le com-
mandant Bernard combat à sa façon le pacifisme, travaille à réveiller
notre énergie, à raviver par l'exemple ce culte de la patrie que tant
d'inconscients ou de criminels tendent à détruire de nos jours.
8. — Et comment les théories des Hervé et consorts ne feraient-
elles pas de progrès dans un pays qui oublie de plus en plus son passé,
qui fait ff de ses gloires nationales les plus pures ! Voici un livre :
L' Education patriotique du soldat, dû à la plume d'un olficier de notre
armée, le lieutenant Roland, qui, sous ce rapport, est bien tristement
instructif. M. Roland a eu la constance d'interroger pendant cinq
nu six années de suite les recrues arrivant à sa compagnie et il a cons-
— 133 -
taté chez ces jeunes gens une ignorance tellement extraordinaire en fait
d'histoire nationale, qu'elle dépasse tout ce qu'on peut imaginer. Sur
cent de ces recrues : 63 pour cent ignoraient ce qu'a été Louis XIV;
56, ce qu'a été Bayard; 55, ce qu'a été Napoléon I^^; 42 ce qu'est l'Al-
sace-Lorraine ; 36, ce qu'a été la guerre de 1870; 32, ce qu'a été la
Révolution française; 25, ce qu'a été Jeanne d'Arc. Et avant de syn-
thétiser les résultats de son enquête, M. Roland nous cite des réponses
qui seraient bien comiques si elles n'étaient aussi attristantes. Pour
l'un de ces conscrits, Napoléon vivait en 1870, il a été tué au pont
de Montereau, après avoir été livré aux Prussiens par Bazaine; pour
l'autre, l'amiral Courbet vivait sous le premier Empire, Gambetta
était un grand général vivant en 1789; pour celui-là, léna est un grand
général, Victor Hugo a inventé la vaccine, etc. Et il y a, comme cela,
des pages et des pages d'âneries monumentales. On se demande
comment, dans un pays qui a dépensé pour son instruction primaire les
sommes que l'on sait depuis trente ans, une ignorance semblable peut
être constatée. Que font donc nos instituteurs, si trente-neuf ans
après 1870, 36 pour cent de leurs élèves ignorent ce qu'a été la guerre
franco-allemande, si 42 pour cent ne connaissent même pas de nom
l'Alsace-Lorraine. Comment cette situation lamentable n'attire-t-elle
pas l'attention des pouvoirs publics? Espérons que le livre de M. Roland,
que le cri d'alarme qu'il pousse trop justement sera entendu non
seulement du public mais avant tout et surtout des pouvoirs qui sont
en mesure de remédier à un état de choses aussi lamentable. Il y va,
en vérité, de la valeur morale de notre armée, c'est-à-dire du salut
même de notre pays.
9. — Existe-t-il un Honneur militaire? Au premier abord, il semble
que l'on soit tenté de répondre par la négative, d'assurer que l'honneur
est le même, qu'il soit civil ou qu'il porte l'uniforme. C'est toujours
et partout ce sentiment qui pousse l'homme à se conduire avec cette
dignité, cette intégrité, cette délicatesse, cette hauteur de vues qui
constituaient le Pi> probus des anciens. Il est cependant bien vrai
que chez les militaires, dans l'armée, l'honneur revêt une caracté-
ristique spéciale, très souvent celle de la foi chrétienne et toujours
celle du dévouement, du désintéressement, partant, du culte envers
la patrie. L'expression honneur militaire est donc bien, au fond, une
appellation qui représente à l'esprit quelque chose de distinct, de par-
ticulier, la synthèse la plus élevée d'un sentiment déjà sublime par
lui-même. Ces réflexions nous venaient à l'esprit en lisant un livre
que vient de publier un écrivain qui a voulu conserver l'anonyme, un
livre dans lequel une main filiale a rendu un hommage mérité à trois
soldats jadis tombés sur le champ de bataille, trois soldats qui lui appar-
tenaient par les liens les plus étroits du sang: un père, deux frères.' —
- 13i —
Le commandant Lesèble, du 72^ régiment d'infanterie, était à Dieppe
avec un bataillon détaché, quand, le 23 avril 1859, vers minuit, il reçut
une dépêche olficielle. On lui annonçait que son régiment était désigné
pour prendre part à la campagne d'Italie, que le 72^ était attaché au
1er corps (Baraguey d'Hilliers), que le bataillon de Dieppe devait s'em-
barquer pour Paris le 24, à 6 heures du matin. Il avait donc six heures
pour faire ses préparatifs. Le jour du départ était le jour de Pâques :
Lesèble entend à quatre heures du matin une messe dite par l'abbé
Pillaud, celui qui devint plus tard évêque de Carcassonne, va à la
gare, serre dans ses bras sa femme et sa fille, et part. De ses deux
autres enfants, l'un est officier en Algérie, l'autre est au Borda : il ne
pourra les voir ni l'un ni l'autre; peut-être a-t-il l'espoir d'en retrouver
un en Lombardie. Le désire-t-il, le craint-il, on ne sait. Six heures ! la
machine souffle, le train s'ébranle au milieu des vivats de la population,
des adieux bruyants des soldats, et sur le quai deux femmes, seules
au milieu de la foule qui les entoure, muettes, regardent encore le
convoi qui disparaît peu à peu à l'horizon, comprimant l'angoisse qui
étreint leur poitrine, n'osant se dire leurs craintes, leurs pressentiments.
Quelques semaines après on se battait en Italie; nous étions vain-
queurs à Montebello, à Palestro, à Magenta, et la campagne s'annon-
çait comme une suite de triomphes. Le commandant Lesèble écrivait
de temps en temps à sa femme et à ses enfants : il exprimait l'espoir
que tout cela finirait bientôt, qu'il reverrait à brève échéance les
deux êtres aimés dont il devinait les tortures morales, et leurs inquiétu-
des, car ce vaillant n'aimait pas la guerre pour elle, il la faisait en
brave, en en comprenant les conséquences souvent désastreuses, en en
redoutant les horreurs. D'ailleurs son cœur de père subissait d'autres
atteintes. Dans cette même plaine lombarde, à quelques lieues de lui
dans un autre corps d'armée, son fils Jean, âgé de vingt ans, com-
battait comme lui, et, comme lui aussi, pouvait disparaître. Il espérait
que cette souffrance lui serait épargnée. Il l'espérait en vain. Le 24 juin
1859, le commandant Lesèble tombait sur le champ de bataille, à Sol-
férino, l'épaule fracassée par une balle. A quelques pas de là
à l'assaut de Cavriana, Jean s'affaissait à son tour, frappé de deux
balles, l'une au front, l'autre au coeur. Le père, mutilé, impropre dé-
sormais à tout service actif, devait cependant guérir — quelle gué-
rison ! — de son horrible blessure; quant au- fils, il était tombé pour ne
plus se relever. A l'heure où, en Italie, se passaient ces tristes événements,
le second fils du commandant Lesèble était au Borda, comme nous le
disions un peu plus haut. C'est là qu'il apprit l'amputation subie par
son père, la mort de son frère aîné. Ni l'une ni l'autre de ces catas-
trophes ne l'empêchèrent de poursuivre une carrière qui paraissait si
implacable pour sa famille; il s'y montra digne des siens, devint un
- 13o -
brillant marin, mais, grièvement blessé lui-même en 1870, achevé
quelques années plus tard pai le climat de la Guyane, il mourut comme
son père et son frère, victime du devoir militaire. M'^^ Lessèble, seule
survivante aujourd'hui de cette famille éprouvée, garde précieusement
les lettres écrites par son père, le journal de marche de son frère Jean,
la correspondance plus nombreuse de son second frère, le marin. C'est
H l'aide de ces documents qu'elle a écrit Honneur militaire, et bien qu'ils
ne constituent que des pages détachées, n'ayant entre elles qu'une
liaison à peine sensible, elle a su le relier par un commentaire si
habile et si touchant tout ensemble que son livre est un des plus
intéressants, parfois des plus poignants qu'on puisse lire. A voir la
façon dont sa plume retrace les angoisses passées, on sent qu'elles
ont laissé dans son cœur des traces qui ne sont point fermées encore.
A un autre point de vue, Honneur militaire a une valeur qui dépasse
celle d'une œuvre littéraire remarquable. En un temps où l'antimili-
tarisme, l 'antipatriotisme affecte les allures provocatrices que l'on
sait, l'exemple de ces trois soldats sacrifiant sans compter leur vie à
leur pays est une leçon qui doit donner des fruits. Un sentiment qui
produit de tels sacrifices est le plus puissant élément de grandeur
qu'une nation soit capable d'entretenir : du jour où il n'existera plus
en France, c'en sera fait de notre patrie.
10. • — En 1908, le lieutenant-colonel Lavisse, directeur de l'Ecole
d'infanterie de Saint-Maixent, lui-même ancien saint-maixentais,
a introduit dans sa maison des conférences sur des sujets d'intérêt
général faites depuis quelques années à Saint-Cyr, et ce sont ces con-
férences dont il nous donne aujourd'hui les principales. 11 les a fait
précéder d'un Avant-propos destiné à détruire les idées erronées
qu'ont encore certaines gens sur la composition de Saint-Maixent, et
le colonel Lavisse a parfaitement raison de vouloir qu'on sache la
vérité sur son école. Quant à son argumentation sur la nécessité de
fusionner Saint-Maixent avec Saint-Cyr — Vers la fusion — elle ne
nous a pas paru avoir la même raison d'être, là tout au moins. Cette
seconde partie est un commentaire du projet déposé sur le bureau de
la Chambre des députés par le ministre de la guerre actuel, mais ce
projet ne sera sans doute pas accepté par tout le monde sans contes-
tation, et il faut s'attendre à le voir vivement critiqué. La raison
d'être du volume est d'ailleurs bien moins dans la Préface du colonel
Lavisse que dans les conférences mêmes dont certaines sont intéres-
santes. Celle de M. Lapie sur la Pédagogie contemporaine et l'Édu-
cation du soldat nous a paru tout à fait remarquable.
11. — Les Lettres à un sous-officier, du commandant Roche, con-
tiennent • une série d'indications législatives et réglementaires qui
seront fort utiles au public spécial auquel elles s'adressent. L'écri-
— 13G —
vain a partagé son travail en dix-sept cliapitres dans lesquels il
examine les diverses fonctions du sous-olficier dans les corps de troupe
et dit la façon dont ce rouage si important dans la composition d'une
armée, doit fonctionner pour donner son maximum d'effet. Ouvrage
d'envergure modeste, mais d'une utilité pratique très certaine.
12. — De prétentions plus élevées apparaît la petite brochure de
M. le général Devaureix : Vieille Routine. Ce résumé des procédés
employés dans l'armée du second Empire aussi bien pour l'instruction
que pour le combat, nous a paru renfermer beaucoup de vérités et un
certain nombre d'exagérations. Là où, en particulier, l'écrivain nous
semble aller trop loin, c'est quand il donne à supposer que nous étions,
avant 1870, la seule armée à user de procédés aussi éloignés de la réalité
qu'étaient à cette époque les nôtres, alors que partout en Europe, y com-
pris l'Allemagne, on suivait ces méthodes ou des méthodes identiques.
En réalité, dans beaucoup de régiments actuels, on est encore aussi
routinier que sous l'Empire et, sous l'Empire, des colonels de la valeur
d'un Trochu, d'un Ducrot, d'un Ardant du Picq, avaient en main
des régiments aussi entraînés que les meilleurs régiments d'aujourd'hui.
Gomme nous le disait naguère le général Dragomiroff, tous les règle-
ments d'exercice actuels sont bons; il suffit d'en entendre l'esprit et
de savoir Jes appliquer : un esprit ingénieux tirera de bons efîets
d'un mauvais règlement, tandis qu'un officier inintelligent appliquera
mal les meilleures théories. Il y a eu des routiniers dans tous les temps
et il y en aura toujours : nous n'en possédons que trop aujourd'hui
encore.
13. — Sous le titre : Réalité, titre un peu étrange pour le sujet, M. lo
commandant Passarga nous donne une étude intéressante dans laquelle
il développe cette thèse, peut-être risquée, que la victoire n'est pas la
conséquence de la destruction des forces matérielles de l'ennemi, mais
bien celle de la destruction de ses forces morales. Or. il semble évident
que la destruction de forces matérielles entraîne généralement la des-
truction de la force morale, comme cela s'est vu après léna, et plus
récemment chez les Boërs. Le chapitre sur les armes à tir rapide, sur les
efîets matériels du tir du combat, sur le tir de guerre, etc., etc., sont
moins sujets à controverse; on ne les lira pas sans profit.
14. — Le livre du général Langlois sur l'Artillerie de campagne en
liaison avec les autres armes était, croyons-nous, épuisé depuis long-
temps. L'auteur nous en donne aujourd'hui une deuxième édition,
réimpression textuelle — sauf la suppression de courts passages
un peu trop vieilHs aujourd'hui — de l'édition principale parue en
1892. Pour expliquer qu'après seize ans passés son livre n'ait point
besoin de remaniements, l'écrivain nous cite une appréciation du colo-
nel Belaieiï, de l'artillerie russe; cependant, cette manière de voir,
- 1?7 -
estimable sans doute, n'émane pas d'une autorité telle qu'elle puisse
s'imposer sans réserve. Nous croyons savoir que beaucoup d'artilleurs
pensent le contraire et il est en effet bien difficile d'admettre que,
depuis l'époque où a paru le livre dont nous nous occupons, il n'y
ait rien de nouveau à dire sur l'artillerie. Ne serait-ce que la question
du canon extra rapide, du pom-pom comme on l'a baptisé,nous eussions
aimé voir le général Langlois la traiter à fond. Sa haute compétence
lui eût permis de nous dire sur ce chapitre des choses intéressantes, et
l'annexe de six pages dans laquelle il en parle paraîtra à beaucoup
insuffisante. Peut-être le général se réserve-t-il d'étudier cette ques-
tion à part et de lui consacrer un volume spécial; tous les amis de
l'armée font le vœu que nous émettons nous-même«à cet égard.
En dépit de ces réserves, V Artillerie de campagne en liaison avec les
autres armes demeure ce qu'elle était auparavant, un œuvre d'indis-
cutable valeur. Comte de Sérignan.
OUVRACiES SUK LA MUSIQUI']
(Suite)
'è. Les Maîtres de la tyiusique. Rameau, ^^âT hovis L,AhOY. Paris, Alcan, 1908, petit
in-8 de 247 p., 3 fr. 50. — 10. Les Maîtres de la musique. Haydn, par Michel Bre -
NET. Paris, Alcan, 1909, petit in-8 de 208 p., 3 fr. 50. — 11. Les Maîtres de la musi-
que. Mnussorgsky, par M.-D. Calvocoressi. Paris, Alcan, 1908, petit iii-8 de 245 p.,
3 fr. 50. — 12. Vies des hommes illustres. Beethoven, par Romain Rolland. Paris,
Hachette, 1907, in-16 de viii-159 p., 2 francs. — 13. Un Romantique sous Louis -
Philippe. Hector Berlioz, 1831-1842, par Adolphe Boschot. Paris, Plon-Nourrit,
1908, in-16 de 673 p., avec portraits, 5 francs. — 14. Œuvres en prose de YiiciiKKxy
Wagner; trad. par L.-G. Prod'homme et D'' phil. F. Holl. T. II des Gesammelte
Schrijten. Paris, Delagrave, s. d. (1908), in-12 de vi-233 p., 3 fr. 50. — 15. Musi-
ciens d'aujourd'hui, par Romain Rolland. Paris, Hachette, 1908, in-16 de 281 p.,
3 fr. 50. — 16. La Main et l'âme au piano, d'après Schiffmacher, par M'"'- Aline
Tasset. Paris, Delagrave, s. d. (1908), petit in-4 de 88 p., 3 fr. 50. — 17. Répertoire
encyclopédique du pianiste, analyse raisonnée d'œuvres choisies pour le piano. T. 1 1
(Auteurs modernes), par Hortense Parent. Paris, Hachette, s. d. (1907), in-12 de
xxxi-351 p., 3 fr. 50. — 18. La Sonate pour clavier avant Beethoven (Introduction
à l'étude des sonates pour piano de Beethoven) , par Henri Michel. Paris ,Fischba-
cher, 1908, in-8 de 127 p., 4 francs. — 19. Le Livre de l'évolution. L'Homme (Psy-
chologie musicale des civilisations), par Ricciotto Ganudo. Paris, Sansot, 1907.
in-18 de 326 p., 3 fr. 50. — 20. Esquisse d'une esthétique musicale scientifique, par
Charles Lalo. Paris, Alcan, 1908, in-8 de 326 p., 5 fr.
9. — Pour écrire la vie de Rameau, analyser ses œuvres, en dire la
genèse, l'esprit et le développement, il fallait à la fois un historien,
un artiste, doublé d'un mathématicien. M. Laloy est tout cela et, de
plus, un écrivain de premier ordre ; aussi son i?a/?/ea?f est-il absolument
réussi. La vie de Rameau reste assez calme, malgré les combats
qu'il eut à soutenir. Dans la maison paternelle, à Dijon, il commence
ses études musicales. A dix-huit ans, il erre çà et là, violoniste, orga-
niste; enfin il se fixe à Paris. Il travaille, il approfondit les règles de
- 138 —
son art, il tente d'en pénétrer les lois. « L'effort de toute sa vie sera
de faire régner dans la musique entière et, particulièrement dans
l'harmonie, l'ordre et la clarté dont témoignent... la géométrie, par
exemple, ou la physique... Rien de nouveau dans cette conception;
mais pour arriver au but qu'il se propose, il suit un chemin qu'il s'est
tracé et où toute l'harmonie moderne a passé après lui. » Ce dernier
trait est un magnifique éloge. Cependant le savant ne fera-t-il pas
tort à l'artiste? Non. M. Laloy nous montre comment le profond pen-
seur « créa l'artiste », comment l'intelligence claire des lois de la mélodie,
de l'harmonie, a mené le compositeur à une expression de plus en plus
parfaite de la beauté musicale. En 1722, Rameau publie son premier
livre : Traité de l'harmonie. Le succès ne se dessine pas. En 1726,
nouveau volume. Cette fois les polémiques commencent; elles ne
cesseront qu'avec sa vie. En même temps, il s'essaie à la composition :
quelques pièces de clavecin et cantates voient le jour. Mais la musique
dramatique l'attire, il cherche un poème. A cinquante ans, il n'a
encore produit que des « bagatelles ». Enfin il trouve Hippolyte et
Aricie. Son premier opéra est représenté en 1733; le succès, disputé
d'abord, devient bientôt incontestable. Dès lors, les écrits théoriques
et les œuvres musicales se succèdent rapidement. Chacun de ses
ouvrages est l'occasion de combats qui finissent presque toujours par
la victoire des Ramoneurs. Chacun est aussi une marche progres-
sive de son intelligence et de son génie vers des hauteurs artistiques
que personne, avant lui, n'avait encore atteintes. i\L Laloy le suit
pas à pas dans cette marche, et nous décrit les découvertes harmo-
niques du chercheur, avec la sûreté d'un harmoniste consommé, et
les applications pratiques du compositeur, avec la finesse du critique
le plus délicat. Rameau est avant tout un symphoniste. Les paroles
le gênent; dans le chant il est inférieur. Si « la voix n'assume qu'un
rôle décoratif, dans les airs de danse, par exemple. Rameau retrouve
pour eux toute sa grâce, sa verve et sa poésie. » En réalité ces airs
font partie de la symphonie. Il réussit mieux les chœurs que les airs
de chant et mieux encore la symphonie. « La clarté^ la précision, le
] elief, continue M. Laloy, voilà ce qui saute aux yeux dans la sympho-
nie de Rameau. Pour peindre, elle est sans rivale; il suffit qu'elle
pai'aisse, et d'un coup tout le tableau se dessine : sommeil de Darda-
nus, enchanté de songes heureux; héroïsme vainqueur des compa-
gnons de Pollux, douceur des ombres lieureuses, mélancolique et voilée
de lumière... etc. » Harmonie, mélodie, tonalité, rythme, tout est
analysé par ^L Laloy. 11 faudrait tout citer. Encore ceci pour finir. « A
mesure que Rameau vieillit, sa manière s'élargit; dans ses dernières
œuvres, après 1745, on voit poindre un nouveau sentiment d'har-
monie... Il écrit des pages « où l'harmonie en sa simplicité candide
— 139 —
ot la mélodie au frais sourire « font « songer à Mozart ». Il s'élève plus
haut encore, « jusqu'à la cime d'où se découvre un avenir plus loin-
tain.» Beethoven? Oui, ce que Rameau rencontre dans ses ouvertures,
(( c'est la symphonie classique ». Il ne lui a pas été donné d'aller au
delà. C'est le dernier sommet : plus loin, «la nuit froide commence avec
ses œuvres pâlissantes.» Mais avant d'y descendre, il a vu «les premières
lueurs d'une grande aurore. »
10. — Le centième anniversaire de la mort d'Haydn (1809), qui sera
célébré à ^'ienne au mois de mai, l'année prochaine, nous faisait
espérer de nouveaux travaux sur la vie et les œuvres de cet aimable
et gracieux compositeur, et voici que, déjà, V Haydn de M.Michel Brenet
remplit cet espoir. Haydn ! c'est avec lui que les musiciens nés dans
la première partie du xix*^ siècle, ont commencé de prendre contact
avec la musique classique, par les trios, les quatuors, les symphonies
qui réjouirent leur jeunesse. Aujourd'hui « les contemporains relè-
guent volontiers Haydn parmi les classiques de l'enfance, et pensent
f[ue pour l'aimer il faut être très jeune. » Ce livre a ravivé en moi
l'affection pour Haydn; je l'ai lu avec l'intérêt ému et respectueux
d'un fds qui s'attendrit aux récits des hauts faits d'un ancêtre. Tout
est simple, charmant dans cette vie. Il naît sous le chaume, passe à
l'école rurale. Là, un recruteur d'enfants l'engage pour le chœur de
la cathédrale à Vienne. Il est enjoué, taquin, rieur. La voix mue, il
faut partir. A dix-sept ans, sur le pavé de Vienne, que faire? Un
chantre de paroisse le loge. Pour gagner quelques sous, il se joint à
de petits orchestres et bat avec eux le pavé de la ville, un violon à
l'épaule ! Pas toujours gaie, cette vie ! 11 songe à la quitter pour entrer
dans l'ordre des servîtes; il apprécie surtout « dans cette vocation »
la certitude « d'avoir à manger tous les jours. » Enfin il s'installe chez
lui. Il compose; peu à peu on le connaît, on l'apprécie, et bientôt il
entre au service du prince Esterhazy. \'ers cette époque il se marie.
Sa femme, fantasque, sèche, querelleuse, « bête infernale » qui ne s'oc-
cupe de lui que pour le « faire enrager » et de ses œuvres que pour en
découper les feuillets en papillotes et en moules à pâtés ». Haydn,
doux et patient, se résigne. Trente ans il reste au service du prince.
Il se lève à l'aube pour écrire les œuvres nouvelles qui doivent être
exécutées le soir pour le plaisir du maître, et ensuite entassées dans
les armoires de musique. La mort du prince l'allège un peu; il reste
attaché à son fils avec une pension et l'entière liberté de son temps
et de son talent. A ce moment commence pour Haydn le triomphe
public . Deux voyages en Angleterre le portent au faîte de la gloire
De retour à Vienne, il s'éteint paisiblement dans une vieillesse hoaorée.
Les œuvres de Haydn sont ensuite analysées par M. Michel Brenet.
Ses opéras ne présentent rien de bien saillant. Sa musique... religieuse
— no-
ue l'est guère, et « l'impropriété de ses messes est aussi incontestable
que l'intégrité de sa croyance ». Ses oratorios, il suffit de nommer la
Création et les Saisons, pour rappeler les deux immortels chefs-d'œuvre
de sa vieillesse. La musique instrumentale, là, Haydn est chez lui,
là, il triomphe. La lecture de V Haydn de M. Brenet est aussi attrayante
que le héros lui-même. M. Brenet fait aimer l'homme et les œuvres :
l'homme, à cause de" sa bonhomie et de sa douceur; les œuvres,
« pour leur sincérité, leur probité, voire leur douce naïveté, autant
que pour leur saine et heureuse vigueur, leur constante sérénité. »
11. — Déjà plusieurs écrivains avaient appris aux lecteurs français
la « douceur intime » et la « rudesse atroce / de Monssorgsky, le plus
indépendant des musiciens russes; à son tour, M. Calvocoressi nous
fait connaître plus à fond ce maître. Né dans un village au centre de
la Russie, il fait à Saint-Pétersbourg des études qui le conduisent au
régiment. Jeune et brillant officier, il compose pour ses camarades.
Bientôt le joug lui pèse, il veut plus de liberté, donne sa démission
et se rapproche du peuple pour chanter les inconnus, les pauvres,
les désespérés. Hélas ! dit M. Bellaigue, il allait connaître de pires
servitudes que la servitude militaire: celles de la maladie et de la pau-
vreté. Après une triste vie, presque sans gloire, il mourut dans un
hôpital militaire, à quarante-deux ans. Son éducation musicale est
incomplète, mais le génie y supplée. Le fil conducteur à travers les
œuvres de Moussorgsky c'est le réalisme; aussi le livre de M. Calvo-
coressi n'est-il qu'un long traité du réalisme en musique, appliqué
à la manière du compositeur russe. A l'encontre de Rameau et de
Haydn, Moussorgsky ne réussit pas dans le musique pure, instru-
mentale. Pour éveiller sa verve, il lui faut des paroles, et alors son
procédé c'est l'équivalence exacte de sa musique avec le langage
parlé. Pour arriver à ce but, Moussorgsky prend toutes les libertés :
liberté dans la tonalité, il ne craint pas les modulations les plus inat-
tendues, les duretés les plus « atroces » et ne se gêne pas pour terminer
une pièce dans un ton éloigné de celui où elle a commencé; liberté
dans le rythme, les changements de mesure sont fréquents, tel mor-
ceau de cinquante-trois mesures renferme quarante-trois change-
ments. La forme générale est régulière ou irrégulière, selon les sujets.
Ainsi l'exige le réalisme. En somme, cette musique ne ressemble à
rien de ce qui a été écrit jusqu'à ce jour, et c'est dans les mélodies de
Moussorgsky, une quarantaine, qu'on reconnaît son génie. M. Calvo-
coressi les repasse une à une et en fait ressortir les beautés de tout
genre. 11 s'étend avec plus de complaisance encore sur l'œuvre dra-
matique de Moussorgsky, Boris Godoiinov, son chef-d'œuvre, qui
vient de paraître sur notre première scène avec un réel succès. L'étude
de M. Calvocoressi sera, elle aussi, bien accueilhe du pubhc, car elle
— 141 -
fait connaître un musicien de génie qui, jusqu'ici, lui était presque
inconnu.
12. — La Vie de Bcethoi'en, par M. R. Rolland, a été publiée poui'
la première fois, en janvier 1903, aux « Cahiers de la Quinzaine ». Elle
devient aujourd'hui le premier volume d'une collection des Vies des
hommes illustres entreprise par le même auteur. Il dédie ces Vies
à ceux qui fléchissent dans ce triste monde sous leur peine, à ceux
qui souffrent, aux malheureux. Il «veut leur offrir « le baume de la
souffrance sacrée ». Bonne et généreuse pensée ! C'est aussi ce que
voulait faire François Coppée dans son livre si touchant de la Bonne
Souffrance ». Je crois que le poète a mieux réussi que M. Rolland
parce que, devenu catholique, il a offert aux malheureux le baume
de la souffrance chrétienne, le seul qui console et fortifie. Quoi qu'il en
soit, M. Rolland veut ressusciter le peuple des héros, de ceux qui
furent grands par le cœur. En tête de cette légion, l'auteur place
Beethoven. La vie et les œuvres de ce génie qui a si cruellement souf-
fert sont retracées avec une plume émue et respectueuse. Fidèle à
son but, M. Rolland en fait ressortir plus la force héroïque que la
grandeur artistique : Beethoven est à ses yeux « le plus grand et le
meilleur ami de ceux qui souffrent et qui luttent ». Le plus grand?
le meilleur? Pour soutenir cette affirmation, il faudrait oublier Celui
qui a dit : Venite ad me omnes qui laboratis et onerati estis, et ego
reficiam vos. Je forme sincèrement le va^u que le nouveau Plutarque
fasse un choix judicieux et ne nous présente que des hommes vraiment
grands, forts, dignes de servir de modèle et de consolation aux malheu-
reux.
13. — M. Boschot publie son second volume de la vie de H. Berlioz,
sous ce titre : Un Romantique sous Louis-Philippe. J'ai déjà dit, en
analysant ici le premier volume (Cf. Polybiblion janvier 1907, p. 37) la
manière précise et empoignante avec laquelle l'auteur met en scène
son héros. Mêmes qualités, même intérêt, même animation dans le
récit de. ce drame ou plutôt de cette comédie qui est l'existence de
Berlioz; car on le plaint, on souffre, on triomphe avec lui, mais, sou-
vent aussi, on ne peut s'empêcher de rire devant les excentricités, les
folies de ce grand enfant de génie. Ce volume nous conduit du faux
suicide de Berlioz, en 1831, à sa fuite de Paris en 1842, après son
échec à 1 Institut. Le troisième et dernier : Le Crépuscule d'un roman-
tique, terminera le trasail de M. Boschot qui restera fondamental et
mêma définitif.
14. - Le 2^ volume des Œuvres enprose de Richard Wagner, traduites
en français par MM. Prod'Jiomme et Holl, correspond au tome second
des Gesammelte Schrifien und Dichtungen et contient les écrits con-
temporains de Thannhàuser (iS^ii), Lohengrin (1846), et la ,Mort de
- 142 -
Siegfried (1848); ils se rapportent au séjour de Wagner à Dresde en
qualité de kapellmcister de la Cour. Après un compte rendu de la
translation des cendres de Weber, et une autre notice à propos d'une
exécution de la 9^ symphonie de Beethoven, vient une étude du mythe
des Nibelungen interprété par l'histoire, curieuse fantaisie de l'ima-
gination de Wagner. Les lecteurs français verront avec intérêt dans
ce document, non seulement les raisons qui portèrent Wagner à puiser
ses sujets dans la légende, mais aussi l'exposé fait par le poète lui-
même des idées politiques, sociales et mystiques qu'il y découvrait
et devait développer dans ses futurs drames. Cette étude est suivie
d'une rapide esquisse des Nibelungen comme thème qui servira plus
tard. Enfin, nous trouvons encore dans le présent volume, à côté d'un
toast et d'un discours politique, un plan d'organisation d'un théâtre
national en Saxe, où se dessine déjà l'idée de Bayreuth.
15. — Les études qui composent le nouveau volume de M. R. Rol-
land : Musiciens d'aujourd'hui, ont paru d'abord, séparément, dans
diverses revues; les voici réunies, pour la plus grande commodité des
lecteurs. Je n'ai qu'à les énumérer brièvement. Berlioz vient en tète
de ces pages : c'est une esquisse brillante de ce génie, « qui, malgré
ses défauts, a ouvert à l'art de magnifiques chemins ». Wagner est
ensuite étudié, en quelques pages seulement, à propos de Siegfried
et de Tristan. Voici M. Saint-Saëns, qui a «la gloire très rare de se voir
devenu, de son propre vivant, classique ». Vincent d'Indy, l'ar-
tiste à l'intelligence ouverte et richement cultivée, dont la marque
essentielle est le caractère moral et presque religieux de sa person-
nalité; il a la foi, foi en Dieu, foi en l'art, il se fait éducateur pour le
communiquer; Richard Strauss, poète et musicien, pour lequel
M. Rolland professe une grande admiration ; le malheureux Hugo
Wolf, compositeur de lieder, « tous d'une individualité admirable, »
qui meurt fou ! Enfin, Don Perosi, le jeune prêtre, auteur d'oratorios
qui « suffisent pour le mettre au premier rang de la musique contem-
poraine ». L'article qui suit : Musique française et Musique allemande
est le récit et la critique du premier Musikfest qui eut lieu à Stras-
bourg en 1905, et où les deux nationalités furent mises en présence.
Suit une étude sur Pellëas et Mélisandre, de Cl. Debussy; sans être
un debussyste, M. Rolland rend hommage à un grand artiste dans
des pages d'analyses fines et délicates qui rappellent celles de M. Laloy
sur le même sujet. Enfin, sous ce titre : Le Renouveau, le brillant
historion nous raconte brièvement le mouvement musical à Paris
depuis 1870 : c'est un réveil, une poussée de foi et d'énergie qui a
recréé la musique française. Dans toutes ces études, la critique de
M. Rolland est forte, ferme, faite d'objectivité et de droiture. Qu'il
parle de compositeurs allemands ou français, d'incroyants comme
— 143 —
Berlioz et Saint-Saëns, ou de croyants comme V. d'Indy et Perosi,
il se met simplement en face de leurs œuvres, et s'efforce de les juger
avec la plus grande impartialité.
16. — Schiffmacher est un pianiste né à Strasbourg en 1827. Les
notes qui nous sont restées de lui ont permis de dévoiler aux pianistes
une technique originale et des procédés mécaniques intelligents par
lesquels les exécutions deviennent poétiques et colorées. C'est ce
que s'est proposé de faire M"^^ Aline Tasset dans son livre : La Main
et l'âme au piano^ d'après Schiffmacher. Schiffmacher se porte de pré-
férence à ce qu'il y a de plus rude dans le travail; comme la perfec-
tion, l'effort l'attire. Les musiciens dont le talent influença ses études
ne lui donnèrent jamais de direction suivie; un maître infaillible —
la nature — a inspiré son enseignement. Dans la nature, l'intensité
des vibrations sonores est en rapport direct avec la force impulsive
qui les émet; de là quelques principes sur lesquels repose l'art de la
sonorité au piano. C'est par la force et par les gestes qu'on amène la
variété dans un même timbre et que se trouve rompue la monotone
sécheresse de l'instrument. Le son est un effet dont le geste est la
cause, et le geste, c'est le mouvement, la force. Donc, pour jouer, il
faut bouger. Si vous voulez varier les sons, variez les gestes. — Mais
comment se mouvoir? Ici encore, la nature intervient. Sur le terrain,
il y a deux manières de franchir une distance : le pas ou le saut. De
même au piano. Le clavier est une piste. Les pas, ce sont les petites
articulations régulières, serrées, adhérentes, ne quittant pas plus le cla-
vier que nos pieds ne quittent la terre. Les sauts ce sont les élans pris
comme à pieds joints. A l'imitation du violoniste qui modifie ses
coups d'archets, le pianiste doit modifier ses articulations et ses gestes.
Ainsi les notes mélodiques libres et souples seront émises par un geste
spécial, le lancé; les finales faibles des rythmes, par le retiré; le lancé,
qui accentue, ampHfie le son; le retiré qui l'efface, l'éteint. Du mélange
de ces articulations longues et courtes naissent les accentuations,
les contrastes de sonorités qui favorisent l'imitation des voix et de
l'orchestre. Les notes recevant le lancé seront : toutes les notes mélo-
diques graves ou hautes; chaque première note des coulés de deux
notes; certains accents, soit rythmiques, soit pathétiques; les notes
syncopées, les bonnes notes des accords et les retards; en général
tous les sons accusant certaines parties du dessin et rompant l'unifor-
mité du décor. Toutes les finales faibles des phrases et des rythmes,
au contraire, toutes les dernières notes des coulés de deux notes, et
certains sons effacés, murmurés, recevront le geste du retiré. La classi-
fication des notes sans geste comprend tous les groupes de son
formant l'accompagnement, le remplissage, et en général, ce qui est
au second plan. Guidés par Schiffmacher, les pianistes arriveront
— 14'i —
à un langage musical juste, simple et vrai. Ils reconnaîtront dans ses
découvertes des moyens précieux répondant à de légitimes besoins;
des principes enfin et une direction.
17. — Dans son second volume du Réperloire encyclopédique du pia-
niste^ qui est la première partie du Répertoire moderne, M"^^ Hor-
tense Parent donne les couvres classées par noms d'auteurs, un
volume nouveau devant contenir ces œuvres classées par degrés de
difficultés et genres de compositions. Le but de ce travail est avant
tout de présenter aux professeurs et aux amateurs de piano les com-
positeurs qui ont écrit spécialement pour cet instrument; ensuite les
grands compositeurs qui, sans être spécialistes, ont cependant écrit
pour le piano quelques œuvres de premier ordre ; puis les compositeurs
dont les œuvres dramatiques ou symphoniques ont donné lieu à des
transcriptions qui sont de vt'ritables morceaux de piano; — les sym-
phonistes surtout qui exercent une grande influence sur la compo-
sition pianistique; — puis les compositeurs, professeurs, novateurs,
dont la carrière offre un intérêt historique, un enseignement. Une
large place y est faite à la musique étrangère, allemande surtout,
dont on ignore en France la force du mouvement musical. Chaque
nom d'auteur est suivi d'une notice retraçant les événements mar-
quants de la vie du compositeur, les grandes lignes de sa carrière et
les titres de ses principales oeuvres. Souvent on nous fait connaître
le nom du maître de chaque compositeur. De nombreu?es citations de
critiques musicaux autorisés apprécient le génie ou le talent des C')m-
positeurs présentés dans cet ouvrage. Les tableaux d'œuvres s^nt
divisées en œuvres originales et en œuvres transcrites — et cela par
ordre alphabétique. En retraçant brièvement la vie de tant de grands
artistes, l'auteur a voulu non seulement les faire connaître, mais les
faire admirer, assurant que si, comme l'a dit Joubert, « la multitude
des affections élargit le cœur », la multitude des admirations élargit
l'esprit; — ^ il faut avoir, au début de la vie, un trop plein d'enthou-
siasme, pour qu'il- en reste quelques parcelles dans la maturité de
l'âge.
18. — Dans une suite de cinq conférences, réunies en un volume
intitulé : La Sonate pour clavier avant Beethoven, M. Henri Michel
a donné une histoire sommaire de la sonate avant Beethoven. L'ori-
gine de la sonate se confond avec celle de la musique instrumentale.
Primitivement, dans le moyen âge, la musique instrumentale est tou-
jours associée, soit au chant, soit à la danse. A partir du xvi^ siècle,
nous remarquons une substitution ad libitum de la musique instru-
mentale à la musique vocale et à la danse; séparation qui laisse pré-
voir une séparation définitive. La musique instrumentale, séparée du
chant religieux, devient la sonate d'église dont les premiers essais
- I4t; —
atteignent la perfection, orâre à son (ujoine; car elle héritait de tonte
la technicjue riche et complexe d'nn art déjà vieux de plusieurs
siècles. Séparée de la danse, elle devient d'abord simplement un air de
danse que l'on écoute sans danser; puis une suite composée de diffé-
rents airs de danses, qu'on nomme partita ou suite; enfin parallèle-
ment à la sonate d'église, la sonate de chambre, toutes deux se faisant
des emprunts continuels. Le plan de la sonate consistait uniquement
dans l'alternance de deux mouvements lents et de deux mouvements
rapides. ■ — Un siècle s'écoule avant qu'il ne soit question de la sonate
pour clavier; n'ayant d'abord d'autre rôle que de soutenir les voix,
on s'avisa que le clavecin était un instrument complet, une sorte
d'orchestre; la première sonate confiée au clavecin fut composée en
1695 par Jean Kuhnau, de Leipzig. Prédécesseur de Bach et de Haen-
del, qui subirent son influence, il annonce dans ses sonates bibliques,
un siècle à l'avance, le style véhément de Beethoven et son inspiration
passionnée. Un demi-siècle après Kuhnau, Emmanuel Bach marque
une ère nouvelle de la musique. Dans ses sonates pour clavecin, il a
fixé la forme classique que Haydn et Mozart imposeront encore après
lui à la symphonie et au quatuor. A la méthode harmoniqvie il substitue
celle du contrepoint, oifre une organisation plus complexe et plus
symétrique, tant au point de vue de la tonalité qu'à celui de la coupe
du discours musical et du traitement des thèmes; et enfin recherche les
effets expressifs et d'un style dramatique et coloré. A la sonate ébau-
chée au xvii^ siècle, puis itiodelée presque à souhait par les mains
d'Emmanuel Bach, il ne mancjuait que la vie; or c'est précisément
à ce moment que la musique va prendre son plus grand essor. Haydn
et Mozart, héritiers de la tradition allemande et italienne, n'en con-
serveront que la part la meilleure ; ils y ajouteront l'inattendu qu'ap-
porte toujours le génie. Avec eux, peu de changements au plan de la
sonate classique, il leur suffira de quelques traits légers pour en
jiarfaire le dessin; c'est la beauté des choses vivantes que la sonate
va recevoir d'eux.
19. — Il est im})ossible d'analyser le Livre de l'évolution. L'Homme,
de M. Ricciotto Canudo; il faut laisser la parole à l'auteur : « Dans ce
livre de Vévoliilion je présente une métaphysique musicale des civili-
sations... Je suivrai l'Homme , manifestation suprême et mobile
de la Nature, dans sa marche dite de l'Orient vers l'Occident, et
j'expliquerai l'âme et l'ordre de ce naouvement, en prenant comme
paradigme de la vie, la musique... Le style de ce livre est fait parti-
culièrement de visions, d'intuitions positives et de reconstructions
lyriques ». L'auteur entre dans son sujet en décrivant, à sa manière,
l'origine de la danse et du chant. C'est au milieu d'un orage effroyable,
qui mit en mouvement et en hurlement toute la nature, que «tout
Fkvrier 1909. T. CXV. K».
— 146 —
d'un coup Ins animaux so mirent à luirlor « et quo l'hommo et la femme
barbares trouvèrent la danse, le rythme et la voix « en répétant avec
leurs corps furieux le mouvement des arbres... et en surpassant de
leurs cris tous les (;ris de la nature... C'est ainsi que l'homme connut
la nécessité de se mouvoir et de hurler selon les rythmes de l'orage «.
Telle est la première vision. L'auteur suit, dans le cours de l'histoire,
l'Homme dansant et chantant depuis Adam jusqu'à Debussy. Quant
à l'avenir, M. Ganudo y plonge son regard, il y voit un Homme nou-
veau, une Musique qui sera la Religion, un Théâtre qui sera le Temple.
Ainsi finit ce livre étrange où l'imagination, et non la meilleure, la
vision, le rêve l'emportent toujours sur la science solide d'une saine
philosophie de l'art.
20. — Les systèmes d'esthétique sont restés jusqu'ici trop partiels
et subjectifs. Le plus souvent ils n'ont qu'une valeur littéraire : aussi
ces œuvres d'art pour l'art tombent d'elles-mêmes. M. Ch. Lalo, qui
fait ces remarques en nous présentant son Esquisse d'une esthétique
musicale scientifique^ se place au point de vue philosophique pour
soutenir l'application au problème musical de la méthode synthé-
tique expérimentale, appuyée sur les faits concrets. Sa thèse se réclame
de la critique et de la connaissance. Les divers ordres de réalités acces-
sibles à la science sont irréductibles, et subordonnés dans une hiérar-
chie où le supérieur ne contient l'inférieur que pour y surajouter
une nouveauté pai'ticulière qui ne saurait lui être réduite. Ce processus
va grandissant de l'abstrait au concret. Les éléments les plus abs-
traits des faits esthétiques nous sont fournis par la science des nom-
bres : ils présentent l'œuvre d'art comme l'unité d'une multiplicité.
A l'aide de la psycho-physiologie, cette unité du multiple apparaît
sous la forme plus concrète de l'agrément. Le point de vue psychologi-
que précise davantage : il montre l'art comme une activité de jeu,
c'est-à-dire désintéressée. Cette donnée est toute négative. Enfin la
valeur positive est atteinte avec la sociologie, qui introduit une dis-
cipline dans l'ordre esthétique. Cette discipline, c'est la technique.
En elle réside l'essence de l'art, car elle fournit les éléments les plus
concrets, partant le point de vue le plus scientifique et définitif pour
établir les lois des faits esthétiques. La science musicale a d'ailleurs
suivi cette progession dans son évolution historique. Elle fut presque
uniquement arithmétique dans l'antiquité et le moyen âge; avec
Descartes, Mersenne, Sauveur, Rameau, le P. André, elle devint à la
"fois physique et mathématique; Helmholtz ne l'appuie plus que
sur la psycho-physiologie; elle est rendue essentiellement psycholo-
gique par Stumpf, Tipps, H. Riemann; enfin de nos jours on com-
mence à entrevoir la réalité sociale. M. Lalo développe sa thèse en dis-
cutant la valeur de ces divers systèmes. En chacun il fait ressortir
— 147 -
rprreiir commune d'avoir érigé en absolu les résultats d'une étude
partielle. Ainsi, par exemple, les théories mathématiques sont très
exactes, à la condition de rester dans l'indétermination qui les carac-
térise. Appliqué à un ordre de réalités plus concret, le système ne vaut
plus. L'octave théoriquement pure 2/1 sonne positivement faux;
tandis qu'un rapport physiologiquement simple se trouve être arith-
métiquement très complexe. Toute cette partie de discussion tech-
nique est très riche d'informations et traitée avec beaucoup de savoir.
Enfin la critique étant terminée, M. Lalo se décide à bâtir sur le ter-
rain de la sociologie. Parcourant les quatre grandes périodes de l'histoire
musicale en Occident, il retrouve en chacune d'elles la série des
mêmes états esthétiques : pré -classique, classique, post-classique. Ses
aperçus sont vraiment intéressants et surtout suggestifs. Cependant
les résultats réels n'oiïrent pas la précision qu'une si rigoureuse
méthode pouvait faire espérer. M. Lalo s'attendait bien à des
objections; il répond d'avance que la méthode importe plus que le
résultat : elle pourra être reprise. 9ouhaitons-le avec lui, car il importe
d'étudier les faits esthétiques par la méthode d'induction qui convient
pour découvrir les lois de tous les faits. Le travail de M. Lalo contri-
buera à ramener la question sur un terrain plus sûr. On le fera
peut-être avec moins de métaphysique, et ce sera plus séduisant.
Mais le mérite reste à l'étude présente d'avoir ouvert des voies
nouvelles et fécondes. O. M. B.
THÉOLOGIE
Dictionnaire fie tiftéologie catlioliqiie, publié sous la direc-
tion (ie Tabbe Mangknot. Fasc. XXV, XXVI et XXVII (T. III, col. 2.209
à 2.384 et T. IV, col. 1 à 640. Paris, Letouzey et Aué, 1908, gr. in 8. - Prix
de chaque fascicule : 5 fr.
Les fascicules XX\', XXVI et XXVII du Diclionnaire de théo-
logie qui ont paru au cour de l'année 1908 ne contiennent pas beau-
coup d'articles relatifs au dogme proprement dit et à la théologie
sacramentaire. Je signalerai cependant : Descente de Jésus aux Enfers
(Quillet), Démon (90 colonnes, de M. Mangenot), Dépôt de la foi (Du-
blanchy), et surtout les 100 colonnes du P. Gardeil sur la. Crédibilité.
La morale est mieux partagée : je citerai les articles Décalogue et Dé"
sespoir (Dublanchy), Crérnalion, Crime (Valton), Délectation et Désir
(Moureau), Dépôt (Antoine). L'article Danse, par le P. Ortolan, est excel-
lent; l'auteur fait preuve d'une érudition (je n'ose dire d'une expé-
rience) chorégraphique qui n'est pas commune dans le clergé et ses
décisions prudentes et solidement démontrées me remettent en
mémoire les solutions absolues, assises sur des assertions gratuites, du
saint prêtre qui nous faisait le cours de diaconales. Le P. Schwalm
— 148 -
consacre OU culomies au mut Dcniocratie et M. Constantin expose
avec talent et compétence Ja question de la Déclaration de 1682.
Dans l'article Déisine, M. Forgvl saute un peu vite de l'ancien régime
à la Restauration; j'aurais aimé qu'il dise quelque chose de ce que
Robespierre fit pour établir le culte déiste de l'Être suprême. M. Man-
gcnot a défini avec beaucoup de précision les caractères de la vraie
Critique. La notion générale du Culte est bien analysée par M. Choll(>t,
(^t, M. Quillet a écrit des pages fort instructives sur le Culte rendu à la
Vraie Croix. M. Vacandard a traité magistralement la question de la
Déj)osition et dégradation des clercs (70 colonnes). Dans l'article Curés,
M. Dolhagaray a vigoureusement réfuté la thèse gallicane sur l'ori-
gine divine des bénéfices curiaux; le reste de son étude est un mo-
dèle de clarté et d'exactitude. Pour l'Écriture sainte, il y a l'article
Daniel (45 colonnes) de M. Bigot. Pour la Patrologie : Saint Cyrille
d'Alexandrie (Mahé), Saint Cyrille de Jérusalem (Le Bachelet), Saint
Cyprien (GodeljT et ce dernier collaborateur a démontré victorieu-
sement le caractère apocryphe des œuvres de saint Denis l'Aréo-
pagiste. Parmi les très nombreuses biographies de théologiens, phi-
losophes et autres écrivains, je n'en ai pas trouvé de plus complète
que celle de Descartes dont M. Chollet étudie successivement (30 co-
lonnes) la Théodicée, l'Anthropologie et la Morale. P. Pisani.
modernisme et tradition eatiiolique en France, par Gh.
GuiGNEBERT. Paris, Collection de la Grande Revue, 1908, in-8 de iii-189 p. —
Prix : 3 fr.
Simple réimpression ou tiré à part des articles publiés dans la
Grande Revue., d'octobre 1907 à janvier 1908. On a relevé de tous
côtés les bévues, les erreurs, les ignorances du professeur improvisé
d'iiistoire du christianisme; on lui a montré qu'il ne savait pas mieux
l'état vrai du catholicisme actuel que son histoire dans le passé; dans
la Bévue pratique d'apologétique, notamment, une série d'articles ont
paru, où l'on prouve à l'évidence que l'auteur, pour employer le mot
de M. Touzard, dont la compétence est connue et le langage toujours
si mesuré, au lieu d'un travail de professeur, a fait <( un essai qu'un bon
élève... n'ciit pas voulu signer. » Mais M. Guignebort ignore ou semble
ignorer ces articles, et peut-être se flatte-t-il dans son cœur d'avoir
fait une œuvre très forte. J.-V. Bainvel.
SCIENCES ET ARTS
li'HoMinae selon in seience, sou présent, son passé, son avenir,
par le docteur Louis BCchner ; traduit de l'allemand par le
D' Ch. Letourneau. Paris, Schleicher, s. d., petit in-8 de 4''«0 p., avec
37 grav. — Prix : 2 fr.
- 149 —
lies Croyances religleiities et la S^eienee de la nature.
par I. GuiBBRT. Paris, Beauchesne, 1908, in-Ifi rie 320 p. — Prix : 3 fr.
Le premier de ces deux ouvi'ages se résume en la soi-disant réponse
à ces trois questions, rubriques de ses trois divisions : « D'où venons-
nous? » — Qui sommes-nous? » — « Où allons-nous? »
D'où nous venons"^ D'une extrême antiquité remontant jusqu'au
pliocène, peut-être jusqu'au miocène, où nous nous distinguions à
peine de l'animalité. — Qui nous sommes"^ Un animal perfectionné
qui, ayant pu franchir, dans le lointain des âges, la faible distance
entre l'instinct et l'intelligence, s'est élevé peu à peu à une civilisation
de plus en plus développée. — Où allons-nous? Vers une organisation
sociale bien supérieure où l'Etat étant seul détenteur de la richesse
publique, en répartira la jouissance également à chacun; où la femme,
devenue l'égale de l'homme, ne sera plus assujettie, par un mariage
indissoluble, au despotisme du sexe fort; où l'éducation des enfants
sera l'œuvre exclusive de l'Etat; où la morale seî-a fondée sur la
science à l'exclusion de toute religion et même de toute philosophie,
et où l'humanité réalisera ainsi, sur terre, la seule fin à laquelle elle
puisse atteindre.
Matérialisme, athéisme et socialisme résument, commme on le voit,
toute la pensée de ce livre. Les notions d'anthropologie, de paléon-
tologie et de biologie qui y sont mises en œuvre, sont interprétées
et dirigées exclusivement dans ce sens, et cela au moyen d'arguments
et de considérations d'autant plus souvent réfutées que le volume, qui
ne porte pas de millésime, n'est que la traduction ou la réimpression
d'un ouvrage remontant à une quarantaine d'années. D'ailleurs,
abstraction faite des éléments scientifiques qui y sont mis en œuvre et
de l'esprit qui y règne, la composition de l'ouvrage prête à la critique :
les subdivisions y sont insuffisamment indiquées; un grand nombre
d'observations rejetées dans un Appendice de 45 pages de petit texte,
eussent été mieux à leur place dans le cours du texte principal. Enfin
l'exécution matérielle elle-même laisse à désirer; le papier est commun,
l'impression un peu floue.
— Le nouveau volume de M. l'abbé Guibert se trouve être une réfu-
tation complète et victorieuse de l'ouvrage (exhumé de l'an 1869) de
Jjouis Rûchner, comme au surplus de toute son école.
L'auteur examine d'abord la nature et les causes de ce qu'il appelle
« le conflit », c'est à-dire le désaccord apparent entre les vérités de la
foi et les constatations de la science; il en montre l'inexistence lorsque
l'on va au fond des choses et que l'on place la discussion sur son vrai
terrain. A propos des « Commencements », il s'appuie peut-être un
peu trop sur le prinrij^e de la conservation et de la dégradation de
l'f'norgio, fort contestt' depuis quelques années en tant que s'appli-
- 150 -
quant à l'ensemble de l'univers. Mais sur la cause première, sur l'ori-
gine de la vie, l'ordre du monde, l'auteur a des pages excellentes.
Excellente aussi son exposition sur la théorie de l'évolution, laquelle,
si elle n'est pas donnée comme un procédé de création dont se serait
servi l'Intelligence souveraine, n'explique ni l'ordre ni l'origine du
monde.
Pas plus que l'évolution, la biologie ne résout le problème de la vie
humaine, n'en explique tous les phénomènes et surtout ne rend
compte ni de la pensée ni du sens moral.
Dissertation très développée sur le déterminisme en général et sur
la part,d'ailleurs considérable, qui lui revient dans les actions humaines,
mais tempérée, dans une plus ou moins forte proportion, suivant les
cas et les personnes, par le libre arbitre; celui-ci, malgré tout, ne fait
jamais entièrement défaut chez l'homme sain et normal.
IjB chapitre sur les origines de l'homme constitue une réfutation
éclatante des rêveries pseudo-scientifiques de l'auteur du précédent
ouvrage, et montre comment l'homme, doué de raison, est plus que
la bnite, et comment le développement de l'humanité ne peut provenir
d'une évolution animale.
Sur l'étude comparée de la Bible par rapport aux sciences de la
nature qui contient d'ailleurs d'excellents choses, l'auteur ne repousse-
t-il pas d'une manière trop absolue les systèmes appelés concor-
disme et idéalisme^ Sa « Théorie des emprunts scientifiques « est-elle
suffisamment claire et résout-elle vraiment toutes les difficultés?
Sans doute, pris exclusivement et absolument, ie concordisme et l'idéa-
hsme soulèvent chacun de très grosses objections. Mais il y a, dans
l'une et l'autre théories, certaines données qui, sagement combinées
et judicieusement appliquées, semblent suffire à tout. L'espace nous
manque ici pour développer ce point de vue.
Au résumé, malgré les deux petites réserves que nous nous sommes
pprmis d'pxprimer, et dont la seconde nous est exclusivement person-
nelle, le nouvel ouvrage du savant abbé Guibert vient à son heure
pour venger la vérité et remettre chaque chose à sa place. Les leçons
d'apologétique qu'il représente, ne peuvent que faire honneur à l'au-
teur et à l'Institut catholique de Paris, où elles ont été données dans
le second semestre de l'année scolaire 1906-1907. C. de Kirwan.
liettres à ma petite-fiille, par le marquis de Charnagé Paris,
ÉiQile-Paiil, 1908, in-8 «le 418 p., avec portrait. — Prix : 5 fr.
Si l'auteur ne l'écrivait pas quelque part, non sans quelque coquet-
terie peut-être, on ne croirait pas, à lire son livre, qu'il était, quand
il le publia, âgé de quatre-vingt-six ans. Le volume tout entier garde
en effet un grand air dé jeunesse : jeune par l'enthousiasme et l'ar-
- 151 —
deur des convictions, jeune aussi par le style, d'un tour élégant et sou-
ple, aisé et coulant; on peut dire de lui ce que disait Louis Veuillot,
je crois, d'un grand poète classique : c'est le bon sens qui parle bon
français. Après une longue carrière littéraire, fort bien remplie, ma
foi ! si j'en juge par la longue liste de ses œuvres, et qui a mis son
auréole de notoriété de bon aloi autour de ce beau nom de gen-
tilhomme de grande race, le marquis a comme écrit son testament,
où il résume, au profit de sa petite-fdle, M™^ Claude de Charnacé,
vicomtesse de Saint-Priest, son œuvre d'éducation française et chré-
tienne, commencée dès le berceau et dont profiteront ainsi les nou-
velles générations qui recueilleront son héritage.
Mais, pour être un livre d'éducation, ce n'est pas un livr»^ de péda-
gogie, et il n'a rien de ce pédantisme qui est trop souvent la marque
des ouvrages d'enseignement. Au gré des événements de tout ordre
qui se déroulent sous ses yeux, l'auteur nous fait, en des pages fami-
lières, sa profession de foi littéraire, artistique, religieuse, politique,
et même mondaine, et à ce point de vue, son volume a la valeur et aussi
le charme d'un témoignage. Sur certains points, et ce n'est pas la
politique et la religion que je vise, car là les principes ne changent
pas, le livre porte avec lui sa date, l'auteur étant resté très, d'autres
diront trop fidèle à ses amours de jeunesse, et ne jugeant pas avec
assez d'impartialité les générations nouvelles qui se sont écartées de
son chemin. En art et en littérature, il a raison sans doute de défendre
contre les injustices d'aujourd'hui ses admirations d'autrefois, mais
il a tort, c'est du moins mon avis, de méconnaître la valeur de certains
nouveaux maîtres qui ont à la fois fait sortir de l'ombre quelques
grandes figures du passé injustement oubliées et ajouté quelques pages
nouvelles et fort belles, à l'histoire de l'art français. César Franck
n'est pas nommé, si je ne me trompe, et c'est un tort, et d'Indy y est
fort maltraité, et c'est injuste. N'est-il pas aussi un peu sévère pour
René Bazin, dont, il est vrai, l'Isolée n'est pas le meilleur livre. Donc,
sans insister sur les détails, je ne suis pas toujours d'accord avec
l'auteur, mais je me suis volontiers laissé prendre par le charme de
beaucoup de très belles pages, poétiques, émues, vigoureuses, qui
donaent une excellente idée du lettré fervent qu'est resté M. de Char-
nacé et de l'admirable grand-père qu'il est devenu. Je recommande
son livre à tous ceux qui aspirent à bien connaître et à bien pratiquer
le bel « art d'être grand-père », Mais je lui souhaite aussi, car il le
mérite, beaucoup d'autres lerteurs. Edouard Potn'tal.
— 152 —
LITTÉRATURE
CloeisRire ôl;nto]offif|iie ci liiBlori<iiie dfs patois et «les
pni'lerc* «le l'Ali|4i«i, conipreucint... des clialogiirs, coules, réals cl
nouvelles en patois, le folklore de la province, ]vdv A.-J. Verrier et
11. Omllon. Angers, Germain et Grassin, 1908, 2 vol. gr. in-8 de
xxxii-529 et 587 p. sur 2 colonnes. — Prix : 25 fr.
Un vocabulaire n'étant jamais trop riche, il est à souhaiter qu'on
fasse un inventaire minutieux des mots et des expressions usitées dans
la langue populaire. On y trouvera du déchet, mais on y retrouvera
certainement aussi des manières d'exprimer les diverses nuances de la
pensée, sans avoir recours, comme on le fait trop souvent, à des
idiomes étrangers qui ont, chez nous, des équivalences absolues.
C'est presque innover que s'inspirer des anciens textes, reproduire
Lacurne de Sainte-Palaye et Godefroy, ou répéter ce jargon des cam-
pagnards,en ce qu'il a de littéraire ou de pittoresque, et l'on peut citer
déjà, en ce sens, les utiles travaux du comte Jaubert, du D'' Bos, de
MM. Dottin, Éveillé, Favre, Guillemaut, Lepaire, Moisy, etc., sur les
pari ers du Nivernais, du Bas-Maine, de la Saint onge, du Poitou, de
la Bresse ou du Berry; sans oublier, pour les villes, les dictionnaires
de l'argot et de la langue verte, parfois plus riches qu'on ne le croirait.
Aussi nous devons féliciter MM. \errier et Onillon, qui n'ont pas
craint d'employer trente années à collectionner, classer, délinir, rap-
procher et interpréter, en Anjou, tout ce qu'ils ont lu et tout ce qu'ils
ont entendu de la bouche des « patoisants ». Ils peuvent être assurés
de n'avoir pas perdu leur temps. Les disciples du regretté Gaston
Paris ne seront pas seuls à en témoigner et leur œuvre sera sans doute
encore plus appréciée dans le nord de l'Europe, et partout où l'on
s'intéresse à notre langue, que dans leur province elle-même, malgré
l'excellente faveur qui l'accueillit.
Pour donner une idée de l'importance de l'ouvrage, il sutlit d'em-
prunter à la Préface quelques chiffres : les deux volumes comprennent
2.194 colonnes, 145.057 lignes, lesquelles, mises bout à bout, auraient
presque un myriamètre de longueur; ils renferment 18.293 mots sans
compter les chapitres spéciaux consacrés aux noms propres, aux
sobriquets (seigneuries), les dialogues, contes, récits et nouvelles (en
patois, parfois même en patois assez... gaulois), les chansons et rondes,
coutumes, pratiques et remèdes populaires, proverbes, adages, dictons,
formulettes, légendes et croyances superstitieuses, qui ofTriront de
curieux matériaux aux folk-loristes, et c'est là encore un des mérites
de ce travail qui ne parait avoir, comme importance, aucun équi-
valent en France.
Peut-être, pourrait-on reprocher aux auteurs, si c'est un reproche,
d'avoir été trop coubeiencieux, trop gourmands, d'avoir étendu leurs
— 153 —
l'eeJid'rclics jusqu'aux variétés indéfinies, de n'avoir dédaigné aucune
do ces altérations orthographiques dues à toutes les fantaisies de
l'itreille et de la bouche les moins lettrées. Ainsi était-il indispensable
de noter que l'on prononce influenza, filanza, ou flûte en l'ar? Géranium^
Geromion,Girômion,Gerômiom et Giroiniom? Qu'on dit manifique, pour
magnifique, comme certaines illettrées maniérées, qui chantent aux
vêpres le Manifica? tandis que des superstitieuses voient la Chasse-
Aleqidn, ou d'autres disent la Chasse-Hannequin?... Sans doute,
comme il était fort malaisé d'opérer une sélection, valait-il mieux,
en somme, pour ne rien omettre, tout relever et tout prendre. Et
c'est, peut-être, aussi ce qui a décidé les auteurs du Glossaire, à men-
tionner des mots et des locutions qui ne sont pas spécialement ange-
vines, voire des néologismes parisiens, bien vite colportés partout,
comme autoinahoule et enlolage, ou des expressions déjà anciennes,
comme affiquet, objet usagé, Philippine, ehix\ rococo, par exemple;
et encore, « travailler pour le roi de Prusse ». Partout aussi l'on connaît
les chansons : « Quand Biron voulut danser », « Mon père m'a donné
un mari, » etc. ; mais il peut y avoir des variantes non sans intérêt, et
je ne crois pas qu'on se plaigne d'une trop riche- documentation. Au
contraire, les folk-loristes seraient sans doute plus satisfaits, si le
chapitre des us et coutumes traditionnels était sans lacunes; pur
rêve, évidemment... Je me permettrai toutefois, de regretter que les
auteurs n'aient pas poussé davantage leurs recherches de ce côté :
les revues et collections angevines, les ordonnances synodales, les
chroniques locales, fourniraient, à qui les voudrait interroger nombre
de renseignements à ajouter à ceux déjà très copieux qu'on peut y
lire : ainsi sur « la Jetée des Pelotes » à Beaufort, jusqu'à la fin du
xviii^ siècle, le « Repas de Corné », la « platée d'abelettes du roi René »,
« les veillées et érussées », etc. D'autre part, est-il bien nécessaire
de donner in extenso des documents de rédaction prolixe et qui n'a-
joutent rien à l'intérêt, comme pour la«Boite des Trépassés »(II, p. 425),
qui n'est pas du fameux abbé Bernier mais, comme il était facile de
s'en convaincre, de Urbain Besnier, curé de Chalonnes jusqu'à la
Révolution.
A part ces remarques, nous avons plaisir à louer grandement les
auteurs du Glossaire de la peine, fort méritoire qu'ils ont prise de
déiinir, aussi clairement et aussi sobrement que possible, les parlers
de leurs contemporains, en même temps que le vocabulaire des anciens
poètes et prosateurs, des xvi^ et xvii^ siècles, notamment de Rabe-
lais, le moine de la Baumette, près Angers, de Charles de Bourdigné, le
narrateur de la Légende de -Pierre Faifeu et do son frère, le naïf chro-
niqueur Jean de Bourdigné, de Noël du Fail (dont le nom a été omis),
l'auteur des Contes d'Eutrapel, qui, certainement, fut élève à l'Uni-
— 1^4 -
versité d'Angers, de Ronsard, qui avait des parents en Anjou, de
Germain Colin Bûcher, dont le signataire de ces lignes a eu la bonne
fortune de retrouver et de publier en 1890, les œuvres perdues depuis
trois siècles. Que de mots, aujourd'hui abandonnés, ont été conservés
dans le patois angevin ! M. Ménière avait recueilli dans celui-ci tout
un dictionnaire emprunté à Gargantua et à Pantagruel. Sur le terrain
circonscrit qui nous occupe, la prononciation, les mots eux-
mêmes changent parfois de village à village : dans le nord-est de la
province, on ne prononcera jamais « Mossieu le cureu », comme dans
certaines localités du sud-ouest; ici. Veau devient lieau, et, là-bas,
léou] mouman et moumin (pour maman). Il faut donc savoir gré au
Glossaire de nous indiquer la provenance des mots.
Pour les étymologies, les difficultés étaient bien autres : on a souvent
cité ironiquement : « le cheval vient d'equus sans doute ». Je me souviens
avoir rappelé à l'érudit Célestin Port que la prée d'Alloyau (près
d'Angers), venait du latin Lupellus. Je ne pus l'en convaincre qu'en
ouvrant son propre Dictionnaire : avec les textes qu'il cite, on peut
suivre les métamorphoses de cette étymologie, dans la bouche et dans
les écrits des générations successives, par altération, transformation,
suppression et permutation (ou, comme diraient les linguistes, par
aphérèse, matathèse, prostèse, syncope et apocope), du xi^ au
xvii^ siècle, Lupellus devient successivement Lue/, puis Loheal,
Loiheiau et Loyeau, Loyau, enfin prée Daloyau. Cet exemple, qui a
échappé à MM.Verrier et Onillon, est assez caractéristique pour qu'on
me pardonne de l'avoir évoqué. Les auteurs du Glossaire d'Anjou
n'ont pas eu souvent de pareilles généalogies écrites, pour les mots
de patois : c'est avec de plus grands efforts qu'ils ont essayé de les
retrouver, et j'ai remarqué qu'en l'espèce, ils auraient pu arriver
presque au même résultat, rien que par leurs propres observations
mentionnées au tome I, p. 2, 303, 465, et tome II, p. 305, 306, etc.
Tel qu'il est, l'excellent Glossaire de MM. Verrier et Onillon est
indispensable aux philologues qui s'intéressent à la langue française.
Et c'est justice de joindre, dans nos éloges, aux noms de ces auteurs,
celui de M. G. Grassin, le maître imprimeur angevin, au désintéres-
sement de qui l'on doit, en grande partie, la publication de ces deux
volumes,, appelés à rendre de réels services à la littérature contempo-
raine et à honorer la petite patrie angevine. Joseph Denais.
Dietionuaire tlu patois Yaldôtain. précédé de la Petite Gram-
maire, par l'abbé Jean-Baptiste Cerlogîne. Aoste, Imprimerie catho-
lique, 1907, gr. in-8 de 316 p., avec portrait. — Prix : 5 fr,
La vallée d'Aoste est peu connue chez nous, quoique ce soit un
pays de langue franccdse et que son nom figure dans une œuvre connue
— 155 —
de Xavier de Maistre. C'est, au-delà du Petit Saint-Bernard, la haute
vallée de la Doire, à peu près jusque vers Bard ou Ivrée; c'est un pays
de langue française comme la Savoie dont il est la continuation ;
mais depuis la cession de la Savoie à la France et depuis que la monar-
chie piémontaise s'est transformée en royaume d'Italie, la langue
italienne y est devenue langue officielle, et l'italianisation y fait son
œuvre par l'administration, par l'école, par l'armée et par toutes les
influences de l'État moderne. C'est surtout parmi les habitants de
cette vallée ou les Valdôtains (comme on dit par contraction), que se
recrutent les bataillons alpins de l'itahe qui montent, contre nous, la
garde sur la frontière.
Il y a cinquante ans, le français était la langue officielle en
même temps que la langue courante du pays, mais recouvrant un
patois roman peu ou point cultivé. Quelques dilettantes, là comme
ailleurs avec les dialectes populaires, l'écrivaient dans des poésies,
par patriotisme local. Un de ces rares amateurs d'Aoste était ' — et est
encore, nuus l'espérons — M. l'abbé Cerlogne, auteur du livre que
nous annonçons et âgé déjà de 82 ans en 1907. Avant que sa langue
maternelle s'altère par l'influence du piémontais voisin et de l'itahen
officiel, M. Cerlogne a voulu en fixer le dictionnaire ; pour être com-
plet, il a réimprimé en tête du volume une grammaire qu'il avait anté-
rieurement publiée.
Un glossaire patois est toujours intéressant pour la comparaison
lexicologique, et celui de M. l'abbé Cerlogne est d'autant plus intéres-
sant qu'il nous arrive d'une région peu étudiée et peu accessible aux
recherches de Français que le gouvernement italien, très soupçon-
neux, sur la frontière, prendrait sans doute pour des espions. C'est
donc un glossaire de plus à mettre sur la hste de nos glossaires gallo-
romans. Mais nous sommes étonné de voir que certaine classe de
termes y est pauvrement représentée, ceux qui ont rapport à la
nature, aux animaux, aux plantes, aux minéraux, les termes de la
vie rurale, de l'agriculture, etc. L'auteur nous dit dans sa Préface
que pour dresser son Dictionnaire il a consulté des dict'onnaires
français, latin et italien. C'est en effet ce que font le plus jouvent les
auteurs des dictionnaires patois, et cette lecture leur rappelle ou leur
suggère des mots qui souvent. sont du français patoisé : c'est ainsi
que tous les termes de la langue abstraite, de la terminologie légale
ou administrative se retrouvent dans les glossaires patois, quand ils
ne sont pas vraiment patois, je veux dire locaux et traditionnels.
Un langage populaire, par cela seul qu'il n'est pas fixé dans une
littérature, n'est pas partout semblable à lui-même et il se subdivise
en sous-dialectes. Notre auteur a adopté pour son dictionnaire le parler
dé la Haute Vallée, mais dans sa grammaire il distingue en somme trois
- 156 —
dialectes, ceux de la Haute Vallée, de la Basse Vallée, et du centre
avec la ville d'Aoste. Quoique cette grammaire ne soit pas dressée
d'après la méthode actuelle des linguistes de profession (nous le
mentionnons sans en faire une critique à l'auteur), elle permet de se
rendre compte des particularités du patois, et les romanistes en
tireront profit.
M. l'abbé J.-B. Cerlogne avait, plus que personne, autorité pour
écrire ce livre, cai* le langage décrit par lui est celui de son enfance,
celui dans lequel il a écrit des poésies et des opuscules humouristiques.
Nous croyons volontiers ce qu'un de ses confrères dans le sacerdoce
nous dit au cours d'une Préface, que M. Cerlogne « est le premier écri-
vain du patois... et peut-être aussi le dernier,.. Malheureusement,
non seulement le français , mais même le patois tend à disjjaraitre
de chez nous...» Dans la Basse dallée, le patois se corrompt au contact
du piémontais, et partout l'italien littéraire tend à supplanter le patois
du même coup que le français. M. l'abbé Cerlogne aura donc fait une
œuvre utile et les philologues lui en sauront gi'é comme ses compa-
triotes. H. Gaidoz.
Eàe Théâtre ronteni|ioraiit. par J. Barbey d'Aurevilly {iS6e-iS6S)-
(IS6S-IS6U). Paris, Stock, 19(18, 2 vol. iu-18 de xxiii-300 p. et 318 p. —
Prix du vol. : 3 fr. 50.
L'Esprit de «f. Barbey d'Aurevilly. DicUonnaire de pensées,
traits, porLrails el jngemenls tii-és de son œuvre critique. Préface par OCTAVB
UzvNNB- Paris, Mercure de France, 1908, in-18 de 354 p. — Prix : 3 fr. 50.
« Les plus hautes justices, avait dit le fier et solitaire auteur des
Prophètes du passé, ce sont les justices lentes à venir. » Et, se campant
avec orgueil dans son originalité, se raidissant dans son indépendance,
il renouvela souvent cette profession de foi qui, caractère et style,
le peint presque tout entier : « Ce n'est pas pom' moi une mauvaise
note d'être obscur. Par ce temps de ruée vers une publicité insolente,
il y a quelque chose de virginal dans l'obscurité que je ne puis m'em-
pêcher d'aimer. . . Les absurdes gloires qu'on nous fait en quatre
jours avec les trompes (et les tromperies !) des journaux, me la font
trouver une chose charmante, — comme un bandeau noir sur des
cheveux blonds. Seulement il faut que les cheveux soient très blonds,
et que le talent ait l'éclat de l'or, dans son ombre... ')
L'éclat de l'or était vraiment dans le sien; et voici qu'après qu'il
a payé d'un isolement, c(ui lui fut plus douloureux, je crois, qu'il ne
disait, la quadruple originalité qu'il eut, et qu'il entretint amoureu-
sement en lui, de rester au milieu de la grande saturnale parisienne,
un cathohque violent, sans peur d'aucune idée, sinon sans reproche,
un romanti(|ue à tous crins, un provineial un peu sauvage et excen-
trique, mais aussi, un écrivain in'M)rruptiblo, d'uno franchise do pon-
— ir.7 —
séo et lie pliiinc iiiti r'pidc voici, jxmr pai'lcr dans sa manièro trop faci-
lement contagieuse, que la gloire tire dans la lumière et agite cette
chevelure rutilante, crinière du lion mort qui n'est plus à craindre...
Si l'avenir ne devait vraiment une réparation à l'injustice, au
parti-pi'is d'étouiïement dont tout franc-tireur de l'idée catholique
dans notre âge est victime, je serais même tenté de trouver que peut-
être on exagère. On lui dresse un monument à Valognes : il y a tous
les droits. On le réimprime : cela devenait nécessaire. On écrit sur lui
des thèses de doctorat : tant mieux, cela peut-être apprendra à M. Lan-
son et aux universitaires qui l'ignorent le nom do ce maître écrivain.
La ferveur de quelques fanatiques — ce t)on Quichotte en a dans tous
les partis — et la belle piété de M""-" Louise Read, qui s'est consacrée à
sa mémoire comme M"<^ de Gournay à celle de Montaigne, entrepren-
mmt même une Édition du centenaire : soit. Mais j'aurais osé, moi,
voir, il me semble, que dans toute œuvre de journaliste il y a des
choses d'un jour et qui n'ont pas droit à l'éternité; que dans le tas
énorme de ces feuilletons il gît des feuilles mortes; et peut-être eût-
on mieux servi la cause de Barbey d'Aurevilly en réduisant à un petit
nombre les soixante ou quatre-vingts volumes dont il y a peu de
bibliothèques, même publiques, qui.puissent s'offrir le luxe et l'embar-
ras. Je n'aurais même pas cru sacrilège de réunir tous ces membres
en désordre d'une pensée qui ne fut dispersée que par force; et, s'il
s'agit de théâtre, par exemple, de mettre bout à bout tout ce qui fut
écrit au cours de vingt ans de critique théâtrale, à la gloire de Shakes-
peare, à la honte de Ponsard, de Scribe ou de M. Sardou. Tandis qu'un
tas de « squelettes tirés du charnier des imbéciles et pendillant au vent
de l'oubli )>, — c'est lui qui parle ainsi ■ — des vaudevilles, des mélos,
des féeries, des revues, des Mesdames de Jlontanbrèche, des Crimes de
Faverne, des Château à Toto ou des Paris tohu-bohu font une ombre
fâcheuse aux articles toujours très curieux, souvent très clairvoyants
en leur férocité, sur les auteurs, Mallefille, Dumas père, Dumas fds,
Augier, Sardou, Meilhac et Halévy, voire Frédéric Soulié ou Anicet
Bourgeois, dont l'œuvre, après trente ans, ou tout au moins le
nom, ne sont pas encore morts tout à fait. . .
11 est vrai que Barbey va là dedans tout comme Don Quichotte à
travers les marionnettes. C'est un simple massacre. Pas de danger
qu'il s'attarde à nous raconter les imbroglios de ces pièces éphémères :
presque jamais il n'analyse; il juge, ou mieux, il exécute. Car il croit,
avec raison, à nion sens, l'art dramatique un art inférieur, un art
grossier, un art mendiant, « valet du succès à tout prix », et il lui en
veut du tort qu'il fait de plus en plus à la littérature vraie, celle du
livre. Il hait, comme un trait de décadence, l'histrionisme de notre âge,
et il a beau jeu de mettre en lambeaux le scrihisme, le ponsardisme et
— 158 —
lo matérialisme, qui, l'im ou l'autre, gâtent les œuvres les moins mau-
vaises. Il est vrai aussi qu'il n'ennuie jamais, qu'il est toujours savou-
reux dans ses boutades, amusant dans sa hardiesse à déshabiller les
actrices pour glorifier lyriquement leur beauté ou pour donner verte-
ment le fouet à leur insuffisance; et il a des phrases .éclatantes, des
paradoxes pétillants, des mots précieux, voire des calembours, qu'il
est d'autant plus juste de lui garder qu'un tas de filous du journalisme
dans l'ombre les lui volent . . .
• — Mais, précisément, un recueil comme celui qu'a inspiré et préfacé
M. Octave Uzanne : L'Esprit de Barbey d'Aurevilly, aurait pu servir
de magasin pour toute cette mitraille d'esprit des articles qu'on n'eût
pas conservés. Il a été conçu dans une pensée plus ambitieuse, celle
de donner la quintessence de son génie, non pas seulement des traits
de sa verve, mais, en courts fragments ou en formules flamboyantes,
le résumé même de ses jugements sur les hommes et les œuvres, de
toutes ses idées. Or chacun, sans doute, conçoit un tel livre à sa manière,
Mais il me semble que l'homme d'esprit, le causeur prestigieux que
fut Barbey pouvait suffire à le remplir; et j'ai peur que beaucoup
pour le connaître s'en tiennent à cette poussière de phrases : poussière
diamantée, mais poussière.
J'aurais aussi préféré un autre ordre, et séparé plutôt — comme
on l'a un peu fait dans l'index — les portraits qui ne sont généralement
que des traits littéraires, ou historiques, des pensées sur l'art, sur la
morale, la philosophie, la politique, au lieu que, suivant l'alphabet,
une phrase de deux lignes. sur Jeanne d'Arc se trouve entre une page
sur Jules Janin et « un mot » sur le jeu; qu'une variation sur Ninon de
Lènclos tombe entre une définition du Naturalisme et une poétique
déclaration de tendresse à la Normandie.
Tel quel, le livre, outre qu'il est commode, trop commode aux collec-
tionneurs d' « expressions », est d'une variété amusante. D'ailleurs,
il donne du Barbey d'Aurevilly tranchant, à l'emporte-pièce, une idée
qui n'est point fausse. On voit bien sa manière de penser qui fut, en
tous sujets, rapide, sans retours et sans nuances, comme de quelqu'un
qui a du coup d'reil plus que de la finesse, qui est sûr de ses principes
et trop sûr de lui-même. Mieux encore peut-on déjà connaître son
style qui, tout à l'opposé du français limpide et souple de Voltaire,
de Sainte-Beuve ou de M. Jules Leniaître, fut un grand orgueilleux
de style romantique à panache et à traîne, en la façon de Chateau-
briand, de Victor Hugo et do. Paul de Saint-Victor... Mais, ni tout le
critique n'est là (que de noms manquent au dictionnaire ! et comme
ces arrêts mutilés rendent mal les libres bonds de sa pensée et les
beaux éclats de son indépendante justice); ni le moraliste non plus
qui, pour être entraîné par son tempérament et sa rage d' « emmuré »,
— 159 —
à crior fort, à fi'apper dur, no manquait cependant ni de pénétration
ni de tendresse. . Gabriel Audiat.
HISTOIRE
Voyage «le deux bénédictinfi aux inouaiitères du Iflont
AtliOB, par D. Placide de Mekstrr. Paris et Lille, Desclée, de
Brouwer, 1908, petit in-S carré de vi-321 p. — Prix : 4 l"r. 50.
Deux religieux bénédictins du collège grec de Saint-Athanase à
Rome ont entrepris un voyage à la sainte montagne d'Athos. L'un
d'eux, le P. Placide deMeester, bien connu pour ses travaux d'érudition,
livre au public ses notes de voyage. Disons tout de suite qu'il aurait
pu opérer un tri plus rigoureux. La description de la Puszta danu-
bienne ou celle de Belgrade n'ont rien à voir avec l' Athos ; quant aux
chicanes de douaniers et aux irrégularités des caboteurs helléniques,
elles ne présentent aucun intérêt. Pour le style, il est trop souvent
barbare. Nous ne savons si, en Belgique, des expressions comme
dare-dare sont reçues dans la langue de la bonne société. Dit-on aussi
un auberge ? Et que signifie : en déansl La syntaxe du Révérend
Père est parfois embrouillée, au point de rendre certaines phrases
absolument incompréhensibles. De telles imperfections, beaucoup
ti'op nombreuses, choquent et blessent le lecteur français. Ces critiques
énoncées, nous n'en sommes que plus à l'aise pour dire que l'ouvrage
du P. de Meester sera très utile à consulter. Les deux bénédictins
n'ont rien découvert, et ne se flattent pas d'avoir découvert quoi que
ce soit. Mais ils ont bien regardé et bien décrit les monastères atho-
nites, leurs églises, leurs bibliothèques, leurs offices, leurs règles reli-
gieuses. Ils étaient préparés à cette exploration par leur connaissance
approfondie de la liturgie et du chant grecs, et aussi par la pratique
de la vie monastique. A travers toutes ces observations circule comme
un courant de chaude sympathie pour l'ascétisme hellénique, qui
n'étonne pas de la part d'hommes occupés par vocation à la régéné-
ration du clergé oriental de rite grec. Nous souhaiterions que le P. de
Meester condensât le livre qu'il vient de nous donner en un opuscule
plus serré et plus documenté, qui pourrait devenir la meilleure et la
plus pratique des introductions à l'étude du monachisme athonite.
J. Labourt.
Ei» Frontière de l^Euplirate, de Peuifiée à la «ouquète
arabe, par Victor Chapot. Paris, Fontemoing, 1907, gr. in-8 de iv-
408 p., avec 22 illustr. et une carte hors texte. — Prix : 12 fr. 50.
Ce n'est nullement une histoire des guerres qui, durant plusieurs
siècles, ont presque sans interruption ensanglanté la frontière orien-
tale de l'empire que s'est proposé d'écrire M. V. Chapot. Tout autre
— 100 —
ost son (lossoin. C'ost la fruntièn» flli^-inômo qu'il ('tudii^ et avoc la
frontièro, les moyens de défense. On peut donc tliro que ce livre com-
prend en somme deux études d'ordres bien distincts : l'une militaire
v[ administrative, l'autre purement géographique. Celle-ci, la plus ardue
et la plus importante, intéresse surtout les spécialistes. Bien entendu
l'auteur a parcouru lui-même les lieux qu'il s'elTorce d'identifier; il
connaît d'ailleurs parfaitement la bibliograpliie de son sujet et a
tiré bon parti des travaux des explorateurs qui se sont risqués avant
lui dans la région de l'Euphrate, mais il insiste surtout, et avec raison,
sur les résultats de ses observations personnelles. Cette seconde partie
de son ouvrage présente donc l'aspect d'uue contribution plutôt que
d'\ui tableau d'ensemble embrassant tous les détails avec des déve-
loppements proportionnés à leur importance. Il passe ainsi eix revue
les rives syriennes de l'Euphrate, la Mésopotamie, la Syrie et ses res-
sources défensives, de deuxième ligne, l'Euphrate supérieure et la
Petite-Arménie, la Grande-Arménie, enfin les régions caucasiques,
s'efforçant de compléter la connaissance des voies romaines, de relever
les traces des forteresses et des villes, d'identifier celles-ci au moyen
de la topographie et de l'onomastique, tâche particulièrement délicate
dont il s'acquitte avec prudence et perspicacité. Nous manquons de
la compétence nécessaire pour dire jusqu'à quel point il a réussi, mais
il nous paraît certain que son travail devra désormais être consulté
par les historiens qui s'occuperont de la domination romaine et by-
zantine en Orient.
Les chapitres qui précèdent cette étude surtout géogra})liiqne pré-
sentent au contraire un intérêt plus général en ce qu'ils complètent
très heureusement nos connaissajices sur l'organisation et la tactique
des armées romaines. Ils pourront, à cet égard, être rapprochés du
beau livre (ie M. Gagnât sur l'Armée romaine d'Afrique.
C'est d'abord une très vivante description des divers peuples alliés,
sujets ou ennemis qui occupèrent la région frontière. Arméniens,
Arabes, .luifs, Parthes et Perses, caractérisés surtout sous le rapport
de leurs aptitudes et de leurs mœurs militaires. Puis, vient l'armée
romaine, légions, alliés, auxiliaires, milices locales, en temps de paix
et en temps de guerre; analyse de la tactique; attaque et défense
des places, etc., le tout en tenant compte des différences chronolo-
giques qui ne manquent pas de se manifester au cours d'une longue
suite de siècles. L'auteur ne craint pas d'entrer dans le détail. C'<>st
ainsi qu'il nous présente les espions, les transfuges, qu'il décrit la
discipline, et aussi indique- la fréquence des trahisons parmi ces
populations peu sûres, s'inquiète des approvisionnements, du culte,
des travaux publics, comme aussi du service sanitaire. Tout cela très
précis, très documenté, très vivant.
- u;i -
L'impression qui ressort de tout cela est une admiration raisonnéo
pour la merveilleuse souplesse avec laquelle les Romains, puis leurs
disciples les Byzantins, savaient adapter leur formation, leur arme-
ment, leur tactique, leur poliorcétique à toutes les nécessités locales.
Un des résultats curieux de cette interminable lutte avec les Perses,
et que l'auteur ne manque pas de signaler, est la quasi identité dans
les moyens d'attaque et de défense qui finit par s'établir entre les
belligérants, équilibrer leurs forces et balancer leurs succès.
André Raudrillart.
!Le P. liacordaire, apôtre et directeur des jeunes j^ens,
par le P. Henri-Dominique Noble, O. P. Paris, Lethielleux, s. d.
(1908), in-16 de xi-367 p., avec portraits. — Prix : 3 fr.
L'action que Lacordaire a exercée sur ses contemporains fut consi-
dérable : la jeunesse et l'âge mûr, les hommes et les femmes, les classes
les plus diverses de la société ont subi son influence salutaire et cédé
à l'attrait de sa parole éloquente. Mais on peut dire que dans son
enseignement doctrinal, ce sont les hommes surtout qu'il a eus en vue,
et parmi les hommes les jeunes gens. C'est à ce point de vue spécial
que le R. P. Noble étudie la vie et l'œuvre de Lacordaire dans un
beau livre dont nous ne saurions recommander trop vivement la
lecture.
La prédilection que Lacordaire manifesta aux jeunes gens, les
raisons de cette affection, les raisons aussi qui le firent payer de retour
par la jeunesse nous sont exposées avec beaucoup de justesse.
Le P. Noble insiste surtout sur l'admirable jeunesse d'âme qui fut
une des caractéristiques du grand prédicateur. Il passe ensuite en
revue les caractères généraux de sa direction et les principales vertus
qu'il essaya d'inculquer à ses dirigés et qui peuvent se résumer dans
une grandeur d'âme inspirée et soutenue par le culte de Jésus-Christ.
En même temps qu'il nous expose les principes de Lacordaire, l'au-
teur nous le montre appliquant ces principes dans sa propre vie et
donnant ainsi l'exemple avec le précepte. En sorte que son livre n'est
pas seulement un aperçu dé la doctrine spirituelle de l'illustre domi-
nicain, mais aussi une étude de sa vie à un point de vue particulier.
II insiste sur des traits qui, dans une biographie générale, sont naturel-
lement laissés plus ou moins dans l'ombre ou qui, dispersés çà et là,
ne sauraient frapper autant l'esprit du lecteur.
C'est pourquoi son volume nous parait aider à mieux comprendre,
partant à mieux aimer le saint restaui'ateur en France de l'ordre des
frères prêcheurs.
L'ouvrage, qu'illustrent un portrait de Montalembert, un de
Perreyve et plusieurs de Lacordaire lui-même, se termine par deux
Février 1909. T. CXV. 11.
- m -
appendices. Le pi-emier, qui, à notre avis, aurait été mieux placé en
tête du livre comme Introduction, est une in»tic(! brève, mais intéres-
sante sur Lacordairc; le second est une visite à l'école de Sorèze,
si pleine des souvenirs de son zèle apostolique pour les jeunes geiis
au milieu desquels il a passé les dernières années d'une existence bien
remplie. E.-G. Ledos.
Taille, liistoriéià de la Kévoliilion li'ançai.«ie, par A. Aulard.
Paris, Colin, 1907, in-18 de xi-333 p. — Prix : 3 fr. 50.
fli^uvres inédites de l'abbé de Bonnevâl f>iir la Itévo-
lution, publiées par Fabbé Eugène Griselle. Paris, Savaète, s. d.,
in-8 de 204 p. — Prix : 3 fr. 50.
Quand il s'agit "de signaler et d'apprécier un ouvrage de M. Aulard,
le bon point de vue est, croyons-nous, celui-ci : l'auteur a, d'une façon
générale, consacré son talent en premier lieu à l'apologie systématique
de la Révolution et, en second lieu seulement, à son histoire. Selon
que le premier objet laisse plus ou moins de place au second, la valeur
historique et critiqu'e de tel ou tel de ses travaux augmente ou diminue
dans la même proportion. Celui que nous avons sous les yeux se rat-
tache principalement au premier, à l'apologétique de parti pris^ Le
dessein de M. Aulard est de diminuer autant que possible, au profit
de la Révolution, la réputation acquise à Taine par son grand ouvrage:
Les Origines de la France contemporaine. Du haut de la chaire dressée
pour lui en vSorbonne dans une intention prédéterminée, il a, vigilant
inquisiteur, soumis le célèbre écrivain à une sévère et pointilleuse
censure. « Cette étude sur Taine historien de la Révolution française,
nous dit-il, est le résumé d'un cours public que j'ai fait à la Sorbonne
pendant les années scolaires 1905-1906 et 1906-1907. )> Après un cha-
pitre d'introduction sur l'éducation littéraire et historique de Taine^
les tendances et dispositions générales ou spéciales de son esprit, lo
projet, la préparation et la rédaction du livre des Origines, M. Aulard
en examine les diverses parties relatives à l'histoire de la Révolution,
savoir : Chapitre IL L'Ancien Régime; III. L'Assemiblée constituante:
IV. La Conquête jacobine : première étape; V. La Conquête jacobine :
seconde étape; VI. L'Établissement du gouvernement révolutionnaire ;
VIL Le Gouvernement révolutionnaire : le programme jacobin; VI IL
Le Gouvernement révolutionnaire: les gouvernants, les gouvernés; ÎX.
La Fin du gouvernement révolutionnaire. — La méthode du censeur,
dans cette revue critique, tient à la fois du régent de collège et de
l'avocat chicanier; elle se complaît en remarques et reproches de
détail, pas toujours parfaitement exacts, souvent sans réelle signi-
fication, mais dont l'accumulation, et c'en est le but, ne laisse pas de
•j)roduire un certain effet sur l'auditeur ou sur le lecteur naïf. Les vraies
qualités du livre de Taine en sortent, selon nous, indemnes aux yeux
— 163 -
de toute personne suffisamment informée et de sens rassis. La cri-
tique très peu impartiale de M. Aulard ne laisse pas pourtant d'avoir
quelque utilité en ce qui touche aux défauts du même ouvrage, sur
lesquels une admiration bien naturelle, mais inspii'ée quelquefois
par des sentiments un peu trop étrangers à la raison historique et à la
méthode critique, induit un certain nombre d'esprits, même de boas
esprits, à fermer les yeux. Le second caractère général, celui-là histo-
rique, des travaux de M. Aulard, n'est pas d'ailleurs tout à fait absent,
quoique rarement sensible, en celui-ci. Nous y avons remarqué, par
exemple, et goûté, toute déduction faite, le i'ésumé des événements
entre le 10 août 1792 et le 31 mai 1793 (p. 169 et suiv.), et il y a de fort
justes observations dans la page consacrée à Robespierre (p. 262-263).
Cela nous fait d'autant plus regretter que, chez M. Aulard, la fonction
officielle et la passion personnelle d'apologiste et de censeur révo-
lutionnaire nuisent au point qu'elles le font à ses dons très réels
d'érudit, et d'historien.
— Ce serait un grand progrès de la science historique, si ceux qui
la cultivent s'attachaient moins à imposer leur propre état intellec-
tuel aux faits et aux personnages qu'ils étudient ou qu'ils exposent, et
davantage à bien connaître et à bien rendre celui des auteurs et des
spectateurs de ces faits et des contemporains de ces personnages. C'est
à quoi pourra beaucoup servir une branche peu développée de cette
science, savoir l'histoire des idées en général, et en particulier l'histoire
des opinions et des systèmes politiques. M. le chanoine Grisolle y apporte
une intéressante contribution par la publication qu'il a entreprise des
• Œuvres inédites de l'abbé de Bonneval sur la Révolution. L'abbé de
Bonneval, chanoine de Notre-Dame de Paris, député du clergé aux
Etats généraux de 1789, émigra dès l'année 1790 et ne revint plus
jamais en France. Son exil finit avec sa vie, à Vienne, en Autriche,
le 1®^ mars 1820. Mais il ne cessa de considérer avec un vif intérêt la
destinée de sa patrie et de prodiguer d'une plume féconde, au sujet des
événements qui s'y déroulaient, ses observations, ses avis, ses vues
de théologien et d'homme politique. C'est en même temps une intel-
ligence originale, quoique de valeur secondaire, et un curieux échan-
tillon de toute une famille d'esprits, qui n'a pas laissé d'avoir son
influence dans la période dont il s'agit, et dont on pourrait signaler
encore l'existence et l'importance, peut-être la filiation, à une époque
plus récente. Les écrits de Bonneval publiés ici par M. le chanoine
Grisolle sont les suivants : 1. Observations sommaires adressées à la
Cour de Rome sur les entreprises de l'Assemblée dite nationale contre
la religion catholique en France (15 décembre 1790); 2. Mémoire contre
les prêtres jureurs, composé à Rome en octobre 1793, et qui, en raison
de certains passages, (c'est l'auteur lui-même qui nous l'apprend,.
— 164 —
déplut au Saint-Père; 3. Point de serment à la prétendue République
(avril 1795); 4. De l'acte de soumission aux lois de la République. A
Messieurs les prêtres français émigrés rentrés en France (décembre
1795); 5. Observations sur la décision du Conseil d'administration
du diocèse de Paris, permettant l'acte de soumission à la police exté-
rieure du culte (1796); 6. Mémoire sommaire sur la restitution des
biens du clergé (7 novembre 181,4); 7. Observations sommaires sur la
note remise par le Lord Castlereagh relativement aux objets d'art
enlevés par la Révolution française et sur celle adressée, le 20 no-
vembre 1815, à M. le "duc de Richelieu, par les quatre ministres des
puissances alliées (décembre 1815). — Les commentaires et notes que
M. le chanoine Grisolle a joints aux textes publiés par lui ajoutent
beaucoup à l'intérêt de cette publication, qu'ils éclaircissent par des
remarques judicieuses, conçues dans un esprit véritablement histo-
rique, et par des rapprochements empruntés à des publications du
même temps, inspirées par des opinions différentes. Un éloge parti-
culier est dû ici aux indications bibliographiques diligemment recueil-
lies sur certains points par M. Griselle (la presse religieuse sous le
Directoire, le Consulat et l'Empire, p. 83 et suiv., 142.). Le docte
chanoine n'a pas épuisé son sujet dans ce volume. 11 se propose de
nous faire connaître, dans une publication ultérieure, une autre série
de traités inédits de l'abbé de Bonneval, qui se rapportent surtout à
l'histoire du premier Empire et de la Restauration. M. S.
Quinze ans à la rue des Postes (1SS<I-1S9.>). Souvenirs,
par l'iibbe Léon Joly. Paris, Lecolîre, Gabalda, 19o8, in-12 de 285 p. —
Prix : 3 fr.
Quand les Pères jésuites furent expulsés, en 1880, l'autorité ecclé-
siastique fit appel au clergé séculier pour les remplacer dans leurs col-
lèges ou pour servir d'auxiliaires aux quelques rehgieux dont les ins-
pecteurs toléraient encore la présence dans les établissements qu'ils
avaient fondés. C'est ainsi que M. Joly s'egt trouvé amené à vivre
dans l'intimité de quelques jésuites restés à la rue des Postes : les
ayant vus de près, il n'a pu se défendre de les admirer. Que ce fussent
des hommes éminents, comme le P. Joubert, le P. Mazelier ou le
P. Cosson, que ce fussent simplement de bons religieux, un peu origi-
naux, comme le P. Auguste ou le P. Montazeau, ils avaient tous cette
caractéristique que, sous la loi de l'obéissance, ils s'étaient dévoués
tout entiers à l'œuvre de l'Ecole Sainte-Geneviève, et qu'ils donnèrent
à la formation chrétienne des futurs officiers toutes les forces, tous
les talents et toutes les vertus dont la Providence les avait largement
pourvus.
Tel est l'hommage que M. Joly leur rend dans son livre. Ce ne sont
— 165 —
pas précisément des biographies, moins encore des panégyriques.
c'est la déposition sincère et parfois émue d'un témoin qui raconte ce
qu'il a vu. Or, la puissance de la vérité fait que ces notices sans apprêt
ont autant de portée que la plus pompeuse des oraisons funèbres.
P. PiSANI.
Au alplialietieal iiiibjeet index and index eiicyelopaeilia
to pcriodicttl articles ou religiou, 1^90-1^99 compiled
and edited by Ernest Gushing Richardson, with the coopération of
Charles S. Thayer, William C. Hanks, Paul Martin and mem-
bera nf the Faculty of the Hartford theological seminary, and some
help from A. D. Savage New York, Charles Scribner's son, 1907,
in-8 de xlii-1168 p. — Prix : 52 fr. 50.
L'énorme multiplication des périodiques, surtout depuis quelques
années, rend de plus en plus difficile la tâche de ceux qui veulent se
tenir au courant de ce qui a été publié sur tel ou tel sujet. 11 faut donc
savoir gré à ceux qui, comme M. Richardson et ses collaborateurs,
s'imposent le labeur ardu et considérable de mettre à la disposition
du public érudit.une table d'un certain nombre de ces recueils.
On jugera de l'ampleur do ce répertoire quand on saura que plus de
quinze cents périodiques ont été dépouillés pour le dresser, périodiques
de tous pays presque et de toutes les langues : allemands, anglais,
danois, espagnols, français, italiens, néerlandais, suédois, suisses
tchèques, voire orientaux et japonais. Les dépouillements n'ont pas
toujours été faits de première main et, paria même, n'offrent pas tou-
jours toutes les garanties d'exactitude; mais on a eu soin d'indiquer
les périodiques pour lesquels on a dû ainsi recourir à un dépouillement
de seconde main; et dans ces conditions l'on ne saurait blâmer
^L Richardson d'avoir essayé de rendre de cette manière son réper-
toire plus complet.
Le nombre des périodiques dépouillés suffit à montrer qu'il ne
s'agit pas seulement d'un index des revues traitant habituellement
et par programme de matières religieuses; les recueils les plus divers
ont été examinés: mémoires de sociétés, revues religieuses, historiques,
philosophiques, littéraires, etc. De même le mot « religion » a été
compris dans un sens fort large, et nul ne contestera la vérité de ce
qu'affirme M. Richardson dans sa Préface quand il dit que cet index
sera aussi précieux pour ceux qui étudient l'histoire et les sciences
sociales que pour ceux qui étudient la théologie.
Les articles sont ici classés par ordre alphabétique de matières.
Chaque rubrique est accompagnée d'une courte définition, indiquant
par exemple pour les personnages leurs dates de naissance et de mort
et disant d'un mot ce qu'ils ont été (Bossuet, Jacques-Bénigne, 1627-
1708. French Bishop, orator and historian), puis de références aux
- 166 —
encyclopédios qui, le cas échéant, pourraient fournir aux lecteurs des
éclaircissements supplémentaires.
Quand une rubrique est considérable (Jésus-Christ, par exemple),
elle est subdivisée en plusieurs sous-rubriques. Naturellement le
même article peut se trouver répété sous plusieurs rubriques. C'est
ainsi qu'un article de M. Lefebvre de Behaine sur Léon XIII et M. de
Bismarck se trouve à la fois mentionné à ces deux noms. Mais la
règle n'est pas toujours rigoureusement appliquée : c'est ainsi qu'on
ne trouve qu'à Haeckel et non pas à Hamann l'article de Dennert,
Hamann contra Haeckel; de môme à Eiinomiiis on trouve relevé l'ar-
ticle de Funk, Zwei Biicher des Basiliiis des Grossen gegen Eunomius et
point celui de Diekamp, Ein angebliches Brief des hl. Basilius gegen
Eunomius, bien que l'un et l'autre figurent à l'article Basilius Magnus\
on ne voit pas pourquoi la rubrique Clericalism figure un article
Klerikalismus und Antiscmilismus in Oesterreich, et point un article
du P. Martin le Cléricalisme et l'armée devant la Chambre, qui est
mentionné à la rubrique France; il est vrai que par compensation le
premier de ces articles n'est relevé ni à Austria ni à Antisemitism.
Les exemples de pareilles défectuosités pourraient être multipliés.
On ne voit pas non plus toujours très nettement les raisons qui ont
fait classer un article sous telle ou telle rubrique. Jésus-Christ, par
exemple, comporte une sous-rubrique Art représentation où figure,
entre autres, un article sur un tableau représentant le baptême du
Christ; on ne voit pas pourquoi c'est à Baptism qu'a été classé l'ar-
ticle de Mgr de Waal sur les représentations du même événement
dans les catacombes ; pourquoi l'on a créé une sous-rubrique carrying
the cross pour le seul tableau d'Andréa Solario Le Christ portant la
croix. On s'étonnera de même de ne pas rencontrer à la sous-
rubrique J esus-Christ ( coins andmedals) des articles sur les médailles
à l'effigie du Christ relevées à la rubrique Xumismaiics: il est vrai
qu'on y trouve, en revanclie, un article sur une monnaie d'évêque
des Innocents, dont ce n'était peut-être pas la place, et qui ne figure,
je crois, nulle part ailleurs. Pourquoi encore un article sur l'histoire
de la monarchie de .Juillet, de Thureau-Dangin, figure-t-il à France,
sous la rubrique Révolution?
Une faute, hem^eusement plus rare, est le double emploi d'un même
article; un des exemples les plus caractéristiques se rencontre à la
rubrique Manning, où le même article de M. Hemmer est mentionné
deux fois de suite.
Nous ne voulons point nous attarder outre mesure sur ces taches
fâcheuses. Elles n'empêcheront pas le répertoire de M. Richardson
d'être fort utile, fort consulté. Nous ne pouvons que souhaiter que
l'accueil fait à ce volume J'encourage à lui donner une suite pour la
période 1900-1909. E.-G. L.
-r \m —
3500 ex-librns italiaiii. Ulmlrati con 7So pgw-e e da oitre WOO molli,
sentisnzf. e devise che si leggoiio augli stemmi e sugli ex-libris, con 8'iOtncisioni,
da JaCOPO Gelli. Mil^no, IJoepli, 1908, iii-12 cartonné de xii-535 p. —
Prix : 9 fr.
Le catalogue d'ex-libris que donne M. Gelli est le plus riche qui ait
été composé en Italie. Il sui^passe notablement en ahon4&nce le beau
livre de MM. Bertarelli et Prior qui a paru il y a quelques années.
Pour arriver au chiffre prestigieux de 3.500 numéros, l'auteur a
joint aux ex-libris des collectionneurs, des étiquettes de libraires et
de relieurs, et des marques de livres de prix.
Autant que possible, il identifie les pièces qu'il décrit en donnant
non seulement les noms et prénoms des propriétaires avec les dates
extrêmes de leur vie, mais encore en faisant connaître les phases princi-
pales de leur existence. Ce n'était pas inutile pour e:fpliquer la pré-
sence, parmi les Italiens, de quelques étrangers, comme les Français
Gueulette (et non Guculette) et Floncel, auxquels M. Gelli a accordé
droit de cité en raison de leur dévouement aux lettres italiennes.
D'autres de nos compatriotes se retrouvent ici à cause des séjours
prolongés qu'ils tirent dans la péninsule : Seroux d'Agincourt, Hugues
de Bassville, le cardinal Dupont, le maréchal Junot. Les ex-libris de
Murât et de la reine Caroline, celui de la duchesse de Berry intéres-
sent la France autant, au moins, que l'Italie.
Les très nombreuses reproductions qui illustrent l'ouvrage, sont
malheureusement de dimensions si réduites qu'elles ne permettent
pas d'apprécier exactement les caractères et les mérites des gravures
originales. On peut cependant se rendre compte de l'heureuse compo-
sition de bon nombre d'entre elles. Les ex-libris d'Ottavio Coleschi,
d'Ignazio Gigh, de Giacomo Gabriel, de la Biblioteca Marci^na de
Venise, de la Zecca de Milan, sont tout à fait remarquables.
M. Gelli a f^it précéder sori travail de pQ^seiJs ,a]ux collectionneurs,
ses confrères, qu'il met en garde contre les procédés des faussaires?
A la suite du catalogue, il expose quelques données de blason; et il
termine le volume par une série de tables fort utiles. Celle des devises
a été particuHèrement soignée; elle rendra service non seulement aux
amateurs d'ex-libris, mais encore à tous ceux qui s'intéressent aux
objets d'art anciens. 11 est regrettable que l'auteur n'ait pas jugé
à propos de donner une table des meubles et pièces héraldiques. C'est
un instrument de recherche absolument nécessaire pour l'identifica-
tion des ex-libris anonymes. Max Priînet.
— 168 —
BULLKTIN
Le» Viei-ge» luèfes et les IVuieMîincca miraculeuses. Essai de mytho-
logie comparée, par P. Saintyves. Paris, Emile Nourry, 1908, in-16 de
i!80 p. — Prix : 3 fr. 50.
Livre où, sous prétexté de folk-lore et de mythologie comparée, on accu-
mule faits et textes de toute provenance et de toute valeur, sans ordre,
sans critique, sans discernement, pour amener à conclure, sans autre souci
de l'histoire, que la naissance de Jésus et la maternité virginale de Marie
ne sont qu'un cas, analogue à tant d'autres, de légendes populaires et de
vieux mythes rajeunis et adaptés. Il est bien à sa place dans la « Bibliothè-
que de critique religieuse », sous le pseudonyme de Saintyves, à la « librairie
critique « d'Emile Nourry. On en verra l'esprit par la dernière page : « Des
légendes comme celles de la naissance de Jésus chez les chrétiens, ou comme
celles de la naissance de Baptiste chez les Sabéens, sont les dernières fleurs
d'une longue et intense culture... La première s'est trouvée associée à l'une
des manifestations les plus hautes de l'effort humain vers la Sainteté, ou,
comme eussent dit les Grecs, vers la Sagesse. Elle vit encore de la pleine
existence des croyances vivantes... Et beaucoup sont persuadés que le sort
de la moralité est indissolublement Hé à cette légende merveilleuse. Je serais
désolé que, si l'un de ceux-là me lisait, il considérât mon hvre comme l'atta-
que méprisante d'un sceptique. Persuadé que la moralité a des liens effec-
tifs avec la religion, je suis non moins assuré qu'elle est indépendante de l'ac-
ceptation d'un récit légendaire. Et je souhaiterais qu'eux-mêmes pussent
s'en persuader... Même découronné de sa divinité, du moins au sens scolas-
tique du vieil enseignement chrétien, ils continueraient de l'aimer et d'ado-
rer le Père céleste, qui fut son Père et qui demeure le nôtre, véritable Uen
des esprits et source idéale de la fraternité des générations humaines ».
Pvenan eût mieux dit; mais qu'importe? J.-V. Bainvel.
Le Uodei*nisine tinns la ■>eliKioii. Etude sur le roman « Il S in la », de
Fctrazzaro, par l'abbé J -A. Chollet. Paris, Leihielleux, . s. d. 0907).
iii-18 de 112 p. — Prix : 0 fr. fiO.
Etude et critique des idées et théories religieuses du fameux roman. La mise
à l'Index et l'encyclique Pascendi ont pleinement donné raison à M. Chol-
let. J.-V. Bainvel.
■«'iKUi'es de pèi-e's et de mères cliréticns, par l'abbé (I. BeLS,
1'» série. Paris, Téqni, 19()s, in-li3 de 286 p. — Prix : 2 fr.
La pensée qui a présidé à la composition de ce bon et suggestif livre est
celle ci : si l'homme tient de ses parents la vie naturelle et s'il reçoit au
baptême la vie surnaturelle, l'homme et le chrétien, en grandissant, se
façonnent principalement et prennent leur physionomie intellectuelle,
morale et religieuse par l'éducation, par les paroles entendues, les actes
vus et les habitudes contractées au foyer de famille. C'est ce que prouve
l'auteur, faisant autant œuvre d'apologétique que d'instruction et d'édi-
fication. Sa thèse se dégage, se développe et se confirme, sans avoir même
à l'énoncer, par les traits habilement choisis autant que présentés d'une
façon attrayante, dans ces pages où apparaissent, en une glorieuse galerie,
les figures suivantes qui appartiennent, pour la plupart, à l'histoire chré-
tienne : Le Père et la mère de Pie X — la Mère de saint Jean Chrysostome
— 169 — '
—Sainte Monique — la mère de saint Dominique — Saint Louis, père de
famille — le père de saint Pierre Fourier — Sainte Jeanne de Chantai —
le père de JM^ie Le Gras — la mère de saint Alphonse de Liguori — la
reine Marie Leczinska — la mère de dom Bosco — la mère de Mgr de Ségur
— la mère de Mgr Berteaud — la mère de Mgr Gerbet — la mère de Mgr de
la Bouillerie — la mère de Gounod — la mère de Mgr Bougaud — la mère
de Mgr Pie — Formation familiale de Lacordaire — de Ravignan — de
Mgr Plantier — de Lamartine — de Mgr Mermillod — de Mgr Dupanloup —
du maréchal Bosquet — du cardinal de Bonald — du président Bonjean, etc.
A voir ces transmissions de l'âme du père et de la mère dans tant de
grands et saints personnages on sentira grandir en soi le culte de la famille.
Louis Robert.
IteM<>>*<is on Ml l'ière. I^es B*réfi«<-«ai tie « Is» Qiiîiizuîiio », par G.
FONSBGRiVE. Paris, Blou'i, 1908, in-16 de ix 345 p. — PriK : 3 fr. oO.
Ce livre est simplement le recueil des Préfaces écrites chaque année par
l'auteur pour la Quinzaine, de 1897 à 1907, époque de la disparition de cette
revue.
Nous ne dirons pas que, composé de pièces détachées, cet ouvrage se lit
cependant avec plaisir, qu'il est écrit d'un style très intéressant, et que
l'unité de vues remédie à la dispersion des matériaux. Ce serait un éloge
trop banal pour l'excellent écrivain qu'est M. Fonsegrive. Nous dirons
que presque toutes les vues nous en paraissent justes, qu'il a parfaitement
raison de pousser les catholiques à être de leur temps, à se livrer aux œuvres
sociales, à n'avoir point peur de la démocratie.
Pourquoi donc n'avons-nous pu faire cette lecture sans un sentiment
d'inquiétude? Ah ! c'est que si les principes sont justes, on sent que l'appli-
cation en est parfois imprudente. Sans doute si les principes sont bons, il
faut en pousser les conséquences jusqu'au bout; mais ce bout est marqué
par la rencontre d'autres principes également justes. Nous sommes d'accord
qu'il faut satisfaire aux tendances légitimes des masses; nous ne serions
peut-être pas toujours d'accord sur celles qui sont légitimes. Nous sommes
d'accord sur la nécessité d'abandonner facilement ce qui ne touche pas à
l'intégralité du dogme; nous ne serions pas toujours d'accord sur les notions
que l'on peut abandonner sans danger. Il est surtout un point où nous ne
serons point d'accord avec M. Fonsegrive. Il regarde la philosophie enseignée
de nos jours d^ns l'Université comme un progrès: nous la regardons comme
un péril et un recul. Nous reconnaissons que la bonne foi de l'auteur est
parfaite, que son sentiment est profondément chrétien; nous regrettons
seulement que son éducation universitaire ait introduit une tare dans sa
mentalité si catholique d'ailleurs. D. V.
Étuclos jijn- 5'liîsloîpe fin iic-Sère <l'Allièiies nu V^ sëèclt-. I^«' ffé-
«ioi- ci'AtiièneM Je 4*o à ^o<a, par E. (JAVAiciNAC Paris, Fontemoing,
lyO-t, in-8 de i.xxv-l92 p.. avec 29 illusir. dans le texte e;, 3 planchfs.
Ce travail a pour objet de rectifier sur quelques points importants les
recherches du dernier historien des finances athéniennes, M. Edmond Meyer:
Antiquité du trésor de l'Acropole et ses ressources à l'époque des guerres mé-
diques (selon M. Cavaignac, il n'y avait pas de trésor monnayé d'AtJiêna à
cette date); réserves du trésor fédéral transporté sur l'Acropole en 454;
richesse du trésor d'Athêna au temps de Périclès (M. Cavaignac établit que
- 170 -
les grands travaux furent beaucoup moins onéreux qu'on ne le dit commu-
nément) ; état du trésor avant l'expédition de Sicile.
L'auteur se défend de toute intention polémique à l'égard d'un savant
pour lequel il professe la plus haute admiration. Son propre travail ne doit
être considéré que comme une série d'errata à un ouvrage général qui
doit être pris comme point de départ des recherches qu'on est amené à faire
à propos d'un document nouveau ou sur un point spécial. A. B.
ciiiioiMuui:
Nécrologie. — Le doyen des musiciens français, l'illustre compositeur
Ernest Reyer, est mort au Lavandou (Var), le 16 janvier, à 86 ans. Louis-
Etienne-Ernest Rey, dit Reyer, était né à Marseille le l^r décembre 1823.
Envoyé, à seize ans, dans les bureaux de l'administration à Alger, bien que
sa vocation l'attirât vers la musique, il consacra ses loisirs à composer
quelques mélodies et même une messe solennelle qui fut chantée devant le
duc d'Aumale. Dès qu'il put se soustraire à des fonctions qui répugnaient à
sa nature, il vint à Paris, auprès d'une de ses tantes, M°^<^ Farrenc, pianiste
de grand talent, qui dirigea dès lors ses études musicales. Il n'eut pas d'autre
maître, et ce fut regrettable, car l'insuffisance de cette éducation première
s'est fait sentir jusque dans les plus remarquables de ses œuvres. En 1850,
Théophile Gautier écrivit pour lui le Sélam, ode symphonique avec chœurs,
qui fut exécutée avec succès au Théâtre italien. Quatre ans plus tard, il fit
ses débuts sur la scène avec Maître Wolfram, opéra en un acte, paroles de
Méry, qui fut joué au Théâtre lyrique et a passé au répertoire de l'Opéra-
Comique. En 1858 il donna à l'Opéra un ballet, Sakountala, dont le livret
avait été rédigé par Théophile Gautier, et qui fut bien accueilli. L'œuvre
la plus importante qu'il eût encore composée, la Statue, opérB. en trois actes,
fut représentée trois ans plus tard au Théâtre lyrique et obtint un succès
mérité. Un autre opéra en deux actes, Érostrate, qu'il fit jouer à Bade
en 1862, et à l'Opéra en 1871, après l'avoir développé en cinq actes, ne
réussit pas. C'était le début d'une disgrâce qui devait durer de longues
années. M. Reyer avait composé, avec MM. Du Locle et Blum comme colla-
borateurs pour les paroles, son opéra de Sigurd, d'après VEdda et les Niebe-
lungen. Mais l'étrangeté du sujet et le wagnérisnie que l'on reprocliait à
l'auteur firent fermer à cette œuvre les portes des théâtres français. Celle-ci,
portée sur la scène de la Monnaie, à Bruxelles, puis sur celle de Covent
Garden à Londres, en 1884, acquit une telle notoriété qu'elle força enfin
l'entrée de l'Opéra en 1885, et 'l'on sait quel extraordinaire succès elle
obtint. Le sort de Salammbô, opéra en cinq actes tiré du roman de
Gustave Flaubert, fut en tout semblable. Joué d'abord au théâtre de la
Monnaie de Bruxelles en 1890, il ne revint à Paris, pour être représenté à
l'Opéra, qu'en 1892. Après ces deux grandes œuvres qui ont placé M. Reyer
au premier rang parmi les compositeurs, celui-ci crut que l'âge de la retraite
était venu pour lui. En effet, il n'a plus rien produit après Salammbô.
Toutefois on peut citer encore de lui quelques œuvres de moindre impor-
tance, telles qu'une scène dramatique, Madeleine au désert, et des chœurs
à quatre voix : Hymne du Rhin, les Buveurs, Chant de paysans, les Assié-
gés, etc. M. Ernest Reyer a présenté la défense de ses théories musicales
dans un certain nombre d'articles donnés à la i?(?fz/e/ra/(Çfl;se, à la Pressa, au
Courrier de Paris et an Moniteur, et, en 1866, il avait remplacé, mais pour
— 171 —
peu de temps, M. Berlioz au Journal des Débals comme chroniqueur musical.
Enfin, en 1875, il avait réuni quelques-unes de ses chroniques en un vo-
lume, sous le titre: Notes de musique (Paris, in-12). Il fut pendant un cer-
tain temps bibliothécaire de l'Opéra et, en 1876, il avait été élu membre
de !' Académie des beaux-arts, en remplacement de Félicien David.
— M. Gabriel Marcel, conservateur-adjoint à la Bibliothèque natio-
nale et chef de la section géographique de cet établissement, est mort le
27 janvier, à 66 ans, à Paris, où il était né en 1843. La perte de cet infati-
gable travailleur sera vivement ressentie dans le monde des géographes,
non seulement de France, mais encore de l'étranger. M. Marcel s'était en
efTet attiré une réputation universelle par d'admirables travaux, dont nous
citerons seulement les principaux : Cartographie de la Nouvelle-France,
supplément à l'ouvrage de M. Harrisse, publié avec des documents inédits
(Paris, 1885, in-8); — Factuni du procès entre Jean de Biencourt, s^ de Pon-
trincourt, et les PP. Biard et Massé, jésuites, publié avec une Ititroduction
(Paris, 1887, in-4); — Une Expédition oubliée à la recherche de Lapérouse
(Paris, 1888, in-8); — Lapérouse; récit de son voyage; expédition envoyée
à sa recherche; le capitaine Dillon; Dumont d'Urville; reliques de V expédi-
tion. Edition du centenaire (Paris, 1888, in-12); — Quatrième centenaire de
la découverte de V Amérique. Catalogue des documents géographiques exposés
à la Section des cartes et plans de la Bibliothèque nationale (Paris, 1892, in-12) ;
— Les Fuégiens à la fin du xvii^ siècle, d'après des documents français
inédits (Paris, 1892, in-8); — Beproduction de cartes et de globes, relatifs à la
découverte de V Amérique, du xvi<^ au xviii*^ siècle, avec texte explicatif
(Paris, 1894, in-4 et atlas in-fol.), ouvrage couronné par l'Institut; — Choix
de cartes et de mappemondes des xiv*' et xv*^ siècles (Paris, 1896, gr. in-fol.).
En outre, M. Marcel a traduit de l'anglais et publié :Xa Vie et les voyages
de Livingstone (Paris, 1875, in-16); Autour du monde de A. D. Carlisle
(Paris, 1877, in-12), et il a donné une édition de Un Français en Birmanie
du comte de Mahé de la Bourdonnais (Paris, 1884, in-12) et de Mémoire en
requête de Champlain pour la continuation du paiement de sa pension (Paris,
1888, in-12).
— Le célèbre acteur Coquelin aîné est mort le 27 janvier, dans la maison
de retraite de Pont-aux-Dames (Seine-et-Oisej, à 68 ans. M. Benoît-Cons-
tant Coquelin était né le 23 janvier 1845 à Boulogne-sur-Mer. Destiné à
suivre la profession de son père, qui était boulanger, il fut bientôt entraîné
vers le théâtre par une vocation irrésistible. Venu à Paris, il fut admis au
Conservatoire en 1859 et y devint un brillant élève. Ayant obtenu Tannée
suivante le second prixde comédien, il débuta peu après au Théâtre-Français
et y obtint un succès qui ne cessa dès lors de s'accroître. Nous n'avons pas
à retracer ici la carrière de comédie de M. Coquelin, mais nous devons rappe-
ler qu'il est l'auteur d'un certain nombre d'ouvrages se rapportant en
général à la poésie et à l'art dramatique, tels que : U Art et le Comédien
(Paris, 1880, in-16) ; — U Arnolphe de Molière (Paris, 1882, in-16) ; — Molière
et le Misanthrope (Paris, 1881, in-16); — Un Poète du foyer. Eugène Manuel
(Paris, 1881, in-16); — Un Poète philosophe. Sully Prudhomme (Paris,
1882, in-16); — Tartuffe (Paris, 1884, in-16); — L'Art de dire le monologue
(Paris, 1884, in-12), avec son frère Coquelin cadet; — Scène tirée de « Démo-
crite », de Regnard (Paris, 1887, in-18); — L'Art du comédien (Paris, 1894,
in-16)
— La Belgique a perdu un compositeur et un musicologue de très grand
talent, M. Gevaërt, mort dernièrement à Bruxelles, à 81 ans. M. François-
- 172
Auguste Gevaert étaitné à Huysse, près Gandje 31 juillet 1828. Fils d'un
cultivateur, il composait d'instinct, tout en se livrant aux travaux des
champs. Bien conseillé, heureusement, son père réussit à le faire entrer au
Conservatoire de Gand et en peu de temps le jeune Gevaërt obtenait le
premier prix d'harmonie et celui de contrepoint; puis le prix de Rome,au
Conservatoire de Bruxelles. Il n'avait alors que 18 ans. Peu de temps après,
il débutait en faisant jouer au théâtre de Gand un opéra-comique en un
acte, la Comédie à la ville, et un opéra en trois actes, Hugues de Zonnerghem.
De 1849 à 1853, il parcourut, aux frais du gouvernement belge, la France,
l'Italie, l'Espagne et l'Allemagne, puis il vint se fixer à Paris, où il écrivit
Georgette, pièce bouffe (Théâtre lyrique, 1853); Le Billet de Marguerite,
partition en trois actes (Théâtre lyrique, 1854); Les Lavandières de San-
tarem, opéra en trois actes (1856); Quentin-Durivard (Opéra-Comique, 1857) ;
Le Diable au moulin, en un acte (1859); Château-Trompette (1860); Le Capi-
taine Henriot (1864), joués également à l'Opéra-Comique, etc. En 1867, il
fut nommé directeur de la musique à l'Opéra. Mais en 1870, lorsque Paris
fut menacé par les Allemands, il quitta la France et retourna dans son pays
natal. L'année suivante, à la mort de Fétis, il fut nommé directeur du Con-
servatoire de Bruxelles et maître de chapelle du roi des Belges. En 1872, il
devenait membre de l'Académie de Belgique et, le 18 janvier 1873, il était
élu associé étranger de notre Académie des beaux-arts, en remplacement
de Mercadante. M. Gevaërt, qui était dans le domaine de la musique un
érudit de premier ordre, a publié un certain nombre d'ouvrages dont plusieurs
jouissent d'une très grande estime dans le monde savant et font autorité.
En voici les titres : Traité général d'instrumentation (Gand, 1864, gr. in-8);
-- Traité de composition, les gloires de Vltalie, chejs-d'' œuvre de la musique
vocale italienne (Gand, 1868, in-8) ; — Histoire et théorie de la musique de Van-
tiquité (Gand, 1875-1881, 2 vol. gr. in-8), ouvrage capital, où tous les docu-
ments concernant la théorie musicale des Grecs anciens sont magistralement
exposés; — Nouveau Traité d'instrumentation (Paris, 1886, in-4); — Cours
méthodique d'orchestration (Paris, 1890, in-4); — Les Origines du chant litur-
gique de V Église latine. Étude d'histoire musicale (Paris, 1890, in-4); — La
Mélopée antique dans le chant de V Église latine (Paris, 1895-96, gr. in-8); —
La Musique, V Art du xix^ siècle (Gand, 1896, in-4); — Les Problèmes musi-
caux d'Aristote (Gand, 1899-1903, in-8), avec J.-C. Vollgraff.
— Un des plus remarquables poètes, romanciers et auteurs dramatiques
de l'Allemagne, M. de 'V\'ildenbruch, est mort à Berlin, le 15 janvier, à 64 ans.
M. Ernst Adam von Wildenbruch était né le 3 février 1845, à Beyrouth
(Syrie), où son père était consul général de Prusse. Appartenant à la famille
des Hohenzollern par son grand-père paternel, le prince Louis-Ferdinand
de Prusse, fils lui-même de Frédéric-Guillaume II, il était par conséquent
un cousin de l'empereur Guillaume IL Après avoir suivi son père dans ses
différents postes, par exemple à Athènes et à Constantinople, il vint en
Allemagne à l'âge de douze ans et fit ses études à Halle, à Berlin et à l'École
des cadets de Potsdam. Officier dans l'armée prussienne, il fit les campagnes
de 1866 et de 1870. Mais, utilisant les études de droit que, dans l'intervalle,
il avait faites à Berlin,il abandonna la carrière militaire et fut successivement
juge et attaché au ministère des affaires étrangères. Il renonça enfin à toute
fonction pour se livrer exclusivement à la littérature. L'œuvre de M. de
Wildenbi'uch, dans le domaine de la poésie, du roman et du théâtre, est
considérable. C'est ainsi qu'on lui doit les volumes de vers et les nouvelles
dont voici les titres: Die Philologen am Parnasse (Berlin, 1868, in-8); — Die
173 -
Sôhne der SihyUei} und yornen (Berlin, 1872, in-8); — Vionville (Berlin,
1874, in-8); — Sedan (Francfort, 1875, in-8); — Lyrische Gedichte (Berlin,
1877, in-8); — Der Meister von Tanagra (Berlin, 1885, in-8); — Novellen
(Berlin, 1883, in-8); — Dichtungen und Balladen (Berlin, 1884, in-8); —
Kinderthraenen (Berlin, 1884, in-8); — Das neiie Gebot (Berlin, 1886, in-8); —
Humoresken und anderes (Berlin, 1886, in-8); etc. Parmi les pièces qu'il a
données au théâtre, nous citerons : Auf der Hohenschule, drame (1874); — •
Harold, drame (1883); — Opfer und Opfer, tragédie (1883); — Generalfel-
doherst, tragédie (1883); — Die Haubenlerche (1890); — Der Neue Herr,
drame historique et politique (1891); — Das Heilige Lachen (1892), etc.
Son dernier succès a été la Rabensteinerin, dont une traduction doit être jouée,
paraît-il, prochainement à Paris.
— On annonce encore la mort de MM. le général Victor-Joseph Altmayer,
qui a publié, entre autres ouvrages, un Manuel de connaissances militaires
(1873) et une Étude sur le service des troupes en marc/ie( 1876), mort à Limoges,
où il commandait le 12^ corps d'armée, le l^r décembre dernier, à l'âge de
64 ans; — le D"^ Audouin, médecin principal de la marine en retraite, biblio-
thécaire de la ville de Piochefort, mort au commencement de janvier, à
67 ans; — Jules Berranger, doyen de la.presse départementale, connu comme
critique musical, mort à Rennes, à la fin de novembre, à l'âge de 86 ans; —
M'"e Camille Bias, doyenne des femmes de lettres, morte en décembre, à
l'âge de 85 ans; — Armand Billard, éditeur parisien, mort à Paris, au
commencement de janvier, à 70 ans; — Fernand Bournon, ancien archi-
viste du département de Loir-et-Cher et de la ville de Saint-Denis (Seine),
collaborateur du Journal des Débats, co-directeur, avec M. Mareuse, de la
Correspondance historique et archéologique, auquel on doit divers ouvrage»,
notamment : Paris. Histoire; Monuments; Administration; Environs de
Paris (Paris, 1887, in-8), et Patite Histoire de Paris, à Vusage de renseigne-
ment primaire (Paris, 1888, in-12), et qui a rédigé, en 1893, la Table ana-
lytique de la nouvelle édition de VHistoire de la ville et du diocèse de Paris,
de l'abbé Lebeuf; — Delaroy, le doyen de la presse landaise, directeur
du Journal des Landes, à l'aide duquel, pendant près d'un demi-siècle, il a
vigoureusement combattu pour l'Eglise et pour la France, mort à Mont-de-
Marsan, au commencement de janvier; — Henri Demesse, mort derniè-
rement à 55 ans, lequel a collaboré à divers journaux parisiens et publié
un grand nombre de ces romans et pièces de théâtre qui n'ont eu qu'un succès
transitoire, tels que : Gant-de-fer (Paris, 1883, in-12); Partie troublée,
comédie en un acte (Paris, 1884, in-12); LesVices de M. Benoît (Paris, 1884,
in-12); La Vénus de bronze (Paris, 1887, in-12); Les Mères rivales, drame en
cinq actes (Paris, 1889, in-12); — Dréolle, ancien rédacteur au Journal
des Débats, mort au Chesnay, près Versailles, à la fin de décembre, à l'âge
de 81 ans; — le D'' Georges-Marie Félizet, secrétaire général de la Société
de chirurgie, à qui l'on doit notamment un ouvrage sur le Mécanisme des
fractures du crâné (1873) et des Études de chirurgie infantile (1894), mort à
Paris, le 19 novembre dernier, dans sa 64^ année; — Emile Hornez, le poète
et chansonnier lillois, mort à Lille, au milieu de janvier, à 69 ans; — Célestin
Hy, auteur du Calendrier perpétuel, mort à Angers, au milieu de janvier, à
81 ans; — Alphonse Legoux, ancien doyen de la Faculté des sciences de
Toulouse, mort au milieu de janvier, à 63 ans; — le D"" Justin Lemaitre,
correspondant de l'Académie de médecine, mort à Limoges, au milieu de
décembre; — René Le Parquier, censeur honoraire des études au lycée
de Coutances, mort dans cette ville, au commencement de janvier, à 76 ans;
— 17i —
— ■ Albert Mérat, sous-bibliothécaire du palais du Luxembourg, mort à
Paris, dans le courant de janvier, à 67 ans, lequel a collaboré au livre de
Verlaine : Avril, mai, juin (Paris, 1863) et a publié lui-même quelques
volumes, tels que : Les Chimères. Sonnets. Le Livre de Vannée. Tableau de
voyage. Fleurs de Bohême (Paris, 1866, in-12) et les Villes de marbre, poèmes
(Paris, 1869, in-12); — Perceval de Loriol Le Fort, connu par ses
paiblications géologiques et paléontologiques, mort à la fin de décembre; —
Charles Sandoz, qui a raconté, comitte officier de mobiles, ses souvenirs de
guerre dans une brochure intitulée : Opérations militaires dans les montagnes
du Haut-Doubs, pendant la campagne 1870-1871 (Besançon, 1895, in-12) et
a publié une fort intéressante étude sur/es Horloges et les maîtres horlogeurs
à Besançon , du xv^ siècle à la Révolution /ronf aise (Besançon, 1905, in-8), mort
à Besançon, le 20 décembre, à Tâge de 61 ans; — Saturnin Vidal, ancien
doyen de la Faculté catholique de droit, mort à Toulouse, au milieu de dé-
cembre, à 89 ans;
— A l'étranger on annonce la mort de MM. : T. H. Aschehoug, juriste,
économiste, journaliste et homme politique norvégien, mort le 20 janvier,
à 86 ans, lequel a publié divers ouvrages de droit et d'économie politique
très estimés; — Henri Banning, qui, ayant dirigé pendant un certain
nombre d'années V Illustration catholique de Bois-le-Duc, avait la réputation
d'être le plus grand des romanciers des Pays-Bas, mort à Vught-lez-Bois-le-
Duc, le 10 janvier, à l'âge de 90 ans; — John L. Bashford, journaliste
anglais, professeur à l'Université de Berlin, correspondant des journaux
The Westminster Gazette et The Daily Telegraph, mort à Bridport, à la fin
de décembre; — Dr. Adam Belcikowski, professeur au gymnase de Var-
sovie, chargé de cours à l'Université de Cracovie, auteur de diver.s ouvrages
et d'articles sur la littérature polonaise parus dans V Athenaeum de Londres,
mort le 12 janvier, à 69 ans;— le P. Béringer, de la Compagnie de Jésus,
originaire de Mayence, dont le célèbre Traité des indulgences a eu quatorze
éditions en Allemagne, et quatre dans la version française, mort au milieu
de janvier, au collège germanique de Rome, à 71 ans; — Théophile Bormaxs,
jurisconsulte belge, qui a pviblié, entre autres ouvrages, un Commentaire de
la loi sur la compétence civile, un Répertoire des constructions et a aussi écrit
plusieurs pièces en langue wallonne, mort en janvier; — Dr. C. Brusa, pro-
fesseur de droit criminel à l'Université de Turin, mort à Rome, le 14 décem-
bre, à 65 ans; — Anton Semjonovitch Budilovitch, professeur de philo-
logie slave à Saint-Pétersbourg, mort en cette ville, le 25 décembre, à 63 ans ;
— A. -G. Butler, professeur au collège anglais de Rugby, mort en janvier,
lequel laisse : The Three Friends : a Story of Rugby in the Forties, The Choice
of Achilles, and other Poems, ainsi que deux drames historiques ; — Emil
Egli, professeur d'histoire de l'Eglise à Zurich, mort en cette ville, le 31
décembre, à 60 ans, lequel est l'auteur d'ouvrages appréciés, tels que :
Kirchen geschichte der Schweiz bis auf Karl d.en Grossen (Zurich, 1893, in-8)
et Zwinglis Tod nach seiner Bedeutung jilr Kirche und Vaterland (Zurich,
1893, in-8); — Reginald S. Faber, bibliographe anglais, ancien secrétaire
de la « Huguenot Society », mort le 18 décembre, à 60 ans; — Robert- Jean
Fabri, sculpteur, professeur à l'École industrielle d'Anvers, mort en cette
ville, au commencement de janvier, à l'âge de 70 ans; — Jean-Baptiste ï>v
Fief, professeur honoraire à l'Athénée royal de Bruxelles, secrétaire général
de la Société royale belge de géographie, dont les traités de géographie ont
été adoptés dans l'enseignement en Belgique, mort à Bruxelles, le 13 décem-
bre, à l'âge de 80 ans; — Syed Mahomed Abdul Ghafur, plus connu sous
— 175 —
le nom de professeur Sbahbaz, écrivain hindou des plus distingués, mort
dernièrement à Calcutta, lequel a publié plusieurs ouvrages fort estimés et
éditait le premier journal liindou, Darul- Sultan ut; — Dr. Wolcott Gibbs,
l'éminent professeur de chimie de l'Université Harvard, aux États-Unis,
connu pour les remarquables travaux par lesquelles il a fait progresser la
chimie analytique, mort au commencement de janvier; — Ludwig Habicht,
nouvelliste allemand, mort dernièrement à Amalfi, en Italie, à 79 ans,
lequel laisse divers romans, tels que : Zut^r schein. Erzaehlung aus dem
Fo/A-s/e(f>e'n (Leipzig, 1886, in-8) et Am Gardasee (Leipzig, 1890, in-8); -—
George Washington Hough, astronome américain de grand renom, profes-
seur d'astronomie à ^'Université du Nord-Ouest d'Evanston, près Chicago,
et directeur de. l'Observatoire Dearborn de la même ville, auteur de nom-
breux mémoires parus dans V Astronomical Journal de Boston, dans le
Bulletin de la Société astronomique de Chicago et dans les Monthly Notices
de la Société royale astronomique de Londres, mort dernièrement, à 73 ans;
— Hermann Iahnke, fondateur et président de l'Association allemande
des auteurs de livres d'enseignement scolaire, qui laisse un certain nombre
d'ouvrages écrits en bas-allemand et un volume sur Bismarck , qui a eu
beaucoup de succès, mort à Poetscha, près de Wehlen, en décembre, à
63 ans; — le P. Arnold Janssen, originaire de Goch, dans le duché de
Clèves, ancien professeur au collège ecclésiastique de Bocholt en Westphaliç,
lequel avait fondé, en plein Kulturkampf, à Steyl en Hollande, une société
de missionnaires allemands, mort dernièrement en cette ville, à 72 ans; —
Nikolaï Nikolaïevitch Karasin, dessinateur et écrivain russe de valeur,
mort à Saint-Pétersbourg, le 19 décembre, à 67 ans, lequel avait fourni de
nombreuses illustrations à diverses revues russes et laisse plusieurs récits
d'aventures dont les sujets sont empruntés aiix conquêtes des Russes dans
l'Asie centrale; — Georg Krusé, auteur dramatique allemand, ancien
directeur du Théâtre national de Berlin, mort en cette ville, en décembre,
à 79 ans, auquel on doit diverses pièces de théâtre, pubhées sous le pseudo-
nyme de Silesius, notamment Sie weint (Berlin, 1891, in-8) et Sie ist stumm
(Berlin, 1894, in-8); — Dr. Lindemaînn, directeur de l'École de commerce
d'Osnabruck en Westphalie, mort en cette ville, le 21 décembre; — J. G.
LoERscHER, missionnaire connu comme sinologue, mort à Bâle, en décem-
bre; — le T. R. P. Henri-M. Lucq, , prieur des dominicains de Bruxelles,
provincial, à deux reprises, de son ordre pour la Belgique, à qui l'on doit
une Histoire du Très Saint Sacrement de miracle, de Bruxelles, mort à
Bruxelles, en janvier, dans sa 72<^ année; — Thomas Mckie, écrivain anglais,
qui fut l'ami de Carlyle et qui a publié, entre autres volumes : Lyrics and
Sonnets et Summer Ramhles, mort le 22 décembre, à Edimbourg, à 78 ans;
— l'abbé MÉvis, professeur au petit séminaire de Matines, mort le 3 janvier,
à l'âge de 36 ans; — Dr. Hermann Minkowski, professeur de mathéma-
tiques à l'Université de Goettingue, mort dernièrement en cette ville; —
Donald G. Mitchell, écrivain américain, ancien consul des États-Unis à
Venise, mort dernièrement à 86 ans, lequel, continuant la tradition de
Washington Irving, avait publié quelques volumes dans le genre sentimental,
tels que Dream Life et Rêveries of a Bachelor; — le major anglais Percy
B. MoLESwoRTH, astrouome, connu par les observations planétaires qu'il
a faites à Trikomali, dans l'île de Ceylan, où il était en garnison, mort der-
nièrement à 42 ans; — Dr.Josef Pernter, professeur de météorologie à l'Uni-
versité de Vienne, mort à Arco, dans le courant de décembre, à 61 ans; —
Ugo Pesci, journaliste et écrivain italien, qui avait joué un rôle politique
- 176 -
important vers 1870 et a publié plusieurs volumes intéressants, tels que
Firenze Capitale et Roma Capitale, mort dernièrement à Bologne; — Dr.
Franz von Preuschen von Liebenstein, professeur de gynécologie à l'Uni-
versité de Greifswald, mort en cette ville, au commencement de janvier,
à 64 ans; — Karl Rethwisch, poète allemand, mort à Altona, le 14 janvier,
à 70 ans, lequel laisse plusieurs volumes écrits en bas-allemand, parmi
lesquels les plus connus sont : Knospen et Weinachtsbilder; — Wilhelm
ScHAEFER, ancien professeur d'économie politique à l'École technique
supérieure de Hanovre, mort en cette ville, le 16 décembre, à 75 ans, lequel
laisse plusieurs ouvrages, notamment : Lehrbuch der Milchwirtschajt. Ein
Leitfaden fiir den Unterricht an milchwirtschaftlichen und landwirtschaftlichen
Lehranstalten (Stuttgart, 1892, in-8), et Lehrbuch der Hauswirtschaft. Ein
Leitfaden fiir den Unterricht an Hausaltungsschulen un zweckverwandten
Lehranstalten (Stuttgart, 1893, in-8); — Dr. Gustav-Heinrich Schneideck,
écrivain allemand, mort dernièrement à Berlin, lequel a publié un certain
nombre de poèmes et de romans, entre autres : Neue Berliner Maerchen
(Leipzig, 1892, in-8), Ijn Osten Berlins. Ein zozialistiches Roman (Leipzig,
1892, in-8) et Berliner Tracuniereien (Berlin, 1893, in-8);- — Harry Govier
Seeley, ancien professeur de géologie au « King's Collège » de Londres
et au « Royal Indian Engineering Collège >' de Cooper's Hill, dont les nom-
breux ouvrages de géologie, principalement sur les fossiles, sont très estimés,
mort dernièrement à Londres, à 70 ans; — Friedrich SchOtz, journaliste
viennois, qui pendant de longues années fut un des principaux rédacteurs
de la Neue Freie Presse, mort dernièrement à Vienne, à 63 ans; — - Charles
Tardieu, un des membres les plus en vue de la presse belge, directeur de
V Indépendance belge jusqu'en 1903, ancien directeur de la revue parisienne
Y Art, ancien correspondant du Temps à Bruxelles, membre de l'Académie
royale de Belgique, mort à Bruxelles, le 17 janvier, à 71 ans; — le comte
Salias de Tournemir, romancier russe, mort à Moscou, le 17 décembre, à
66 ans; — Karl Vollers, orientaliste allemand, professeur de philologie à
l'Université d'Iéna, mort en cette ville le 5 janvier, à 51 ans, lequel laisse
les volumes suivants : Volkssprache und Schriftsprache ini alten Arabien
(Strasbourg, 1906, in-8) et Katalog der islamischen christlich-orientalischen ,
judischen und samaritanischen H andschriften der Universitnts-Bibliothek
zu Leipzig (Leipzig, 1906, in-8) ; — ■ Aloïs Walgraeve, artiste peintre, qui s'est
fait une place dans les lettres flamandes en publiant une série de romans qui
comptent parmi les meilleurs ouvrages populaires, mort à Heyst-sur-
Mer, au commencement de janvier.
Lectures faites a l'Académie des inscriptions et belles-lettres. —
Le 18 janvier, M. Besnier lit un rapport, accompagné de photographies,
sur des nécropoles romaines découvertes auprès de Tanger. • — M. Pinart
lit un rapport de M. le docteur Vaillant au sujet des fouilles de MM.
Pelliot et Nonetti en Asie centrale. — M. Loth parle d'un calendrier
gaulois trouvé à Coligny. — Le 11, M. Cordier prononce l'éloge de M. de
Boislisle, récemment décédé. — M. Bouehé-Leclercq lit une note exposant
la méthode employée par M. Foucart dans la composition de son ouvrage
sur r Histoire des religions. — Le 22, M. Cagnat explique, au nom de M. de
Merlin, des inscriptions découvertes sur le chemin de Ghadames, et rela-
tives à un fortin établi au temps de Septime Sévère. — M. M. Roy
établit que le Livre de fortune publié par M. Lalanne, est l'œuvre du second
des Cousin. — M. S. Reinach lit un travail de MM. Piroutet et Déchelette au
sujet des fouilles pratiquées à Salins dans le Jura.
— 177 —
Lectures faites a l'Académie des sciexces morales et politiques.
— Le 9 janvier, MM.de Foville et Stourm prononcent les allocutions d'usage
iors du changement de président.— Le 16, M. Maurice Bellom lit un mémoire
sur le Juste Salaire qui, sous les auspices de la liberté, doit résulter, d'après
lui, de la pratique de l'indépendance des contrats par une combinaison
■de l'assurance des ouvriers contre le chômage et des patrons contre la grève.
— Le 23 ,M. d'Haussonville lit un mémoire sur le travail des femmes à domi-
cile. — Le 30, MM. Paul Leroy-Beaulieu et Passy discutent les conclusions de
M. le comte d'Haussonville.
Concours. — La Faculté juridique et économique de l'Liniversité de Fri-
bourg en Brisgau met au concours, pour le prix Rudolf Schleiden (1.250 fr.),
une étude sur l'influence exercée par la philosophie classique de l'Allemagne
sur la science économique au xix^ siècle.
Prix. — Voici la liste des prix décernés le 26 novembre 1908, au cours
de la séance publique de l'Académie française.
Prix d'éloquence (4.000 francs). — Sujet : Un Discours sur Taine.
Prix de 3.000 francs à M. Charles Picard et un prix de 1 .000 francs à M. A.
Ferey. ■ — Une mention à M. Codorniu.
Prix Montyon (19.500 francs). — Quatre prix de 1.000 francs : L'Alerte
par M. Pierre Baudin; — Christian Garnier (1872-1898). par Dom Paul
Denis; — iSeuf ans à Madagascar, par M. le général Galliéni; — Explo-
rations au Maroc, par M. Louis Gentil.
Trente et un prix de 500 francs : Le Désir de vivre, par ]M. Paul Acker; — -
Le Lieutenant de Trémazan. Un Officier de VEst, par M. Pierre d'Aulnoye; —
Londres et la vie à Londres, par M. F. de Bernliardt; — L'Invasion^ par
M. Louis Bertrand; — Isographie de F Académie française, par M. R. Bon-
net;— Gréard. Un moraliste éducateur, par M"e p. Bourgain; — Le Pardon
du grand-père, par M^^^ Julie Borius; — Une Amoureuse, par W^^ Bouyer-
Karr; — De Port- Arthur à Tsou-Chima, par M. Marc des Courtis; — Sous
le ciel gris, par M. Simon Davaujour; — Maître Josias, par M^'e Marie
Diemer; — Vie de William Hazlitt V essayiste, par M. Jules Douady; —
Heures d'Ombrie, par M. Gabriel Faure; — Souvenirs et impressions de
1870-1871, par M. Gustave Fautras; — Un Soldat. Le Lieutenant Burtin
(1874-1905), par Je commandant de Fonclare; — Sur quelques idéalistes
par M. Gaillard de Champris; — Espagne, impressions de voyage et d'art,
par ]\L H. CTuerlin; — Souvenirs d'hier. Rome. Gascogne, par M. Fernand
Laudet; — La Grande Ile de Madagascar, par M. Marins Ary-Leblond ; —
Frère et sœur, par M. Victor Lesté; — Ames de soldats, par le commandant
Le Tersec; - - Quarante bêtes, par M. Pierre Louit; — Les Vies nécessaires,
par M. Georges Maze-Sencier; — Étude sur la pensée scientifique chez les
Grecs et chez les modernes, par M. G. îMilhaud; — Fantasias, par ]\L Max
de Nansouty; — Souvenirs d'un engagé volontaire (Belfort, 1870-1871)
par i\L ]\larcel Poilay; — La Marquise de Lage de Volude (1764-1842), par
M"^fi de Reinach-Foussemagne ; — Pour nos soldats, par le capitaine Romain ;
— L'Évolution du théâtre contemporain, par MM. Alphonse Séché et Jules
Berthaut; — Les Sentiers de l'amour, par M. Abert-Émile Sorel; — Une
Française au Maroc, par M"»"^ Mathilde Zeys.
Prix Juteau-Duvigneaux (2.000 francs). — Un prix de 1.000 francs. Le
Cœur et ses richesses, par M. le chanoine Lenfant; — Deux prix de 500 francs
(%acun : L'Abbé Camille Rambaud, de Lyon, par M. Joseph Biiche; —
Saint-Martin (316-397), par M. Adolphe Régnier.
Prix Sobricr- Arnould (2.000 francs). — Un prix de 1.000 francs à M.
Fkvrieu 1909. T cxv. 12.
— 178 —
Albert Cim, pour : Le Livre. — Deux prix de 500 francs chacun : Robin-
sons sous-marins, par le capitaine Danrit; — Le Théâtre au collège, du
moyen âge à nos jours, par M. L.-Y. GoRîot.
Prix Furtado (de Bayonne) (1.000 francs). — Deux prix de 500 francs
chacun : à M. de Maricourt : Madame de Souza et sa famille; — à M. Aloys
de [Molin : Les Procès de M. de Montyon dans le canton de Vaud.
Prix Fabien (3.200 francs). • — Deux prix de 600 francs chacun : La Vie
à In campagne, par M. Cunisset-Carnot ; — La Chine novatrice et guerrière,
par M. le capitaine d'Ollone. — Quatre prix de 500 francs chacun : L'Aurore
australe, par M. Biard d'Aunet. — Le Pérou contemporain, par M. Garcia
Calderon; , — Histoire de la commune du Tronquai/, par M. L. Legras. —
Le Pérou économique, par M. Walle.
Prix Charles Blanc (1.800 francs). — Un prix de 800 francs à M. Jules
Comharieu : La Musique, ses lois, son évolution. ■ — Deux prix de 500 francs
chacun : Un Romantique sous Louis- Philippe, Hector Berlioz (1831-1842),
par ^I. Adolphe Boschot; — Baphaël, par M. Louis Gillet.
Prix Gobert (10.000 francs). — Le grand prix à M. Camille Jullian :
Histoire de la Gaule; — le second prix à M. Paul Courteaidt : Biaise de
Montluc, historien.
Prix Thérouanne (4.000 francs). — Deux prix de 1.000 francs chacun :
La Russie et le Saint-Siège (études diplomatiques), par Isl. l'abbé Pierling;' —
Règne de Charles III d'Espagne (1759-1788), par M. François Rousseau. —
Quatre prix de 500 francs chacun : U Architrésorier Lebrun, gouverneur
de la Hollande (1810-1813), par M. de Caumont La Force; — Mandrin, par
M. Funck-Brentano; — Paul I^^ de Russie avant V avènement (1754-1796),
par M. Pierre Morane ; — L'Europe et la Résurrection de la Serbie (1804-1834),
par M. Grégoire Yakschitch.
Prix Halphen (2.000 francs). — Quatre prix de 500 francs chacun :
M'illiam Blake, mysticisme et poésie, par M. P. Berger; — Littérature italienne,
par M. Henri Hauvette; — Un Poète réaliste anglais. George Crabbe (1754-
1832), par M. R. Huchon; — Un Évêque assermenté (1790-1802), Le Coz,
évêque d' I lie- et- Vilaine, par M. l'abbé Roussel.
Prix Bordin (3.000 francs). — Un prix de 1 .000 francs à M. Louis Dela-
ruelle : Guillaume Budé. — Quatre prix de 500 francs cli,acun : La Théorie
de Vart pour Vart, par M. Albert Cassagne; — La Poésie amoureuse de la
Renaissance italienne, par M. de Gubernatis; — Molière et V Espagne, ]iav
]\I. Guillaume Huszar; — Les Philosophes grecs. Socrate. Aristote. Platon,
|iar ]\L Clodius Piat.
Prix Marcelin Guérin (5.000 francs). — Un prix de 1.000 francs à M.
Christian ^laréchal : Lamennais et Victor-Hugo. Lamennais et Lamartine.
— Huit prix de 500 francs chacun : La Comtesse de Mirabeau (1752-1800),
par M. Dauphin Meunier; — La Légende de Don Juan, par M. Gendarme
de Bévotte; — La Louisiane sous la Compagnie des Indes (1717-1731), par
M. Pierre Heinrich; — La Manœuvre de Lutzen (1813), par M. le colonel
Lanrezac; — Théodore de Neuhoff, roi de Corse, par M. André Le Glay; —
La Bérénice de Racine, parM. G. Michaut; — La Philosophie de V impérialisme,
par M. Ernest Seillière; — Le Conseiller François Tronchin et ses amis, par
M. Henry Tronchin.
Prix Guizot (3.000 francs). — Un prix do 1.000 francs à M. Etienne
Dejean : Un Préfet du Consulat, Jacques-Claude Beugnot. — Quatre prix
de 500 francs chacun : Ralph-Waldo Emerson, sa vie et son œuvre, par
Mlle Dugard; — Psychologie de deux Messies positivistes : Saint-Simon et
— 170 -
Auguste Comte, par M. Georges Dumas; — Le Poète J.-F. Regnard en son
chasteau de Grillon, par M. Joseph Guyot; — Venise au dix-huitième siècle,
par M. Philippe Monnier.
Prix Langlois (2.000 francs). — Un prix de 800 francs : La Reine Victoria
(Correspondance inédite), traduit par M. Jacques Bardoux. — Un prix de
700 francs : Newman. Grammaire de V assentiment, traduit par M""" Gaston
Paris. — Un prix de 500 francs : Johan Bojer. La Puissance du mensonge,
traduit par M. Guy-Cliarles Gros.
Prix Saintaur (3.000 francs). — ■ Deux prix de 1.000 francs cha un :
]'etit Glossaire des classiques français du dix-septième siècle, par M. Edmond
Huguet; — Recherches sur la syntaxe de la conjonction « que » dans V ancien
français, par M. Graème Ritchie. — Deux prix de 500 francs chacun :
Œuvres de Tristan F H ermite, par M. Edmond Girard; — Lexique de la langue
de Bossuet, par M. l'abbé J.-A. Quillacq.
Prix Jules Janin (2.500 francs). — Deux prix de 1.000 francs chacun :
Tcrtullien, par M. Pierre de Labriolle; — Les Drames d'Eschyle, de Sophocle,
(V Euripide, par M. Martinon. — Un prix de 500 francs à M. l'abbé G. Albin
de Gigala : L'Imitation de Jésus-Christ.
Prix Archon-Despérouses (2.500 francs). — Un prix de 1.000 francs : Le
Chemin de la mer, par M. Emile Poirier. — Trois prix de 500 francs chacun :
Les Lauriers de V Olympe, par M. Pierre de Bouchaud; — Jeunesse, par
j\imQ Fernand Grech ; — Celles qui attendent, par M"'*^ Jane Perdriel-Vaissière.
Prix Capuran (1.600 francs). — Un prix de 600 francs à M. Théodore
Botrel : Notre-Dame Guesclin. — Deux prix de 500 francs chacun : Estelle,
par Mlle Eugénie Houchard; Bayard, par M. de Wils.
Prix I^efèvre-Deumier (1.000 francs). — Les Bouffons, poésies, par M.
IMiguel Zamacoïs.
Prix Toirac (4.000 francs). — Egalement partagé entre MM. de Caillavet
et de Fiers : U Amour veille, pièce représentée en 1908 au Théâtre-Français.
Prix Emile Augier (5.000 francs). — Deux prix de 2.000 francs à M.
Emile Fabre : I^es Ventres -dorés, pièce représentée au théâtre de l'Odéon,
en 1905; — à M. Catulle Mendès : Glatigny, pièce représentée au théâtre
de l'Odéon, en 1905. — Un prix de 1 .000 francs à MM. Bouchinet et Guinon :
Son Père, pièce représentée au théâtre de l'Odéon en 1907.
Prix Kastner-Boursault (2 . 000 francs). — Décerné à M. Maurice Maindron.
Prix Née (3.500 francs). — Décerné à M. Le GofTic.
Prix Viiet (2.500 francs). — Décerné à M. Georges Goyau.
Prix M aillé-Latour- Landry (1.200 francs). — Décerné à M. Georges
d'Esparbès.
Prix Lambert (1.600 francs). — Décerné à M. Paul Gaulot.
Prix Xavier Marmier (850 francs). — Décerné à M. Léon Barracand.
— Pour le tome P'' de son importante Bibliographie française, 1900-1904,
que le Polybiblion a présenté à ses lecteurs (juin 1908, t. GXII, p. 530-532),
M. H. le Soudier, proclamé lauréat de la Société d'encouragement dans sa
séance du 22 janvier dernier, a obtenu comme tel, une médaille de vermeil :
très juste distinction dont nous félicitons sincèrement le bénéficiaire.
Index. — La S. Gongrégation de l'Index vient de condamner les ouvrages
suivants : La Fin du catholicisme, par Jehan de Bonnefoy; Vers V unité de
la croyance, par le même; Le Catholicisme de demain par le même; U Autorité
des Évangiles, par Henri Loriaux; Les Ephémérides de la Papauté, par Jean
Vrai; The Christ founded order on the secular priesthood, par S. Vaudry;
/ problemi delV Italia contemporanea, par R. Murri ; Éléments de psycholo-
gie concrète et métaphysique, par Melchior Ganal.
— 180 —
Paris. — Le dimanche 14 février courant a eu lieu, au Restaurant des
Sociétés savantes, le 4^ déjeuner des rédacteurs et collaborateurs du
Polybiblion. Le 5" se fera en mai prochain, à une date qui sera ultérieure-
ment fixée.
— Signalons la récente apparition du tome X des Lettres de Louis XI,
roi de France, publiés d'après les originaux pour la Société de l'histoire
de France (Paris, Laurens, 1908, in-8 de 502 p. — Prix : 9 francs). Dans
ce volume dont la préparation est due à MM. Joseph Vaesen et B. de
Mandrot, ont été réunies des lettres du Roi (numérotées MDCCCX à
MDCCCCXIV) allant du 14 octobre 1482 au 19 août 1483, plus un Supplé-
ment (li^5-lil3) composé de pièces numérotées MDCCCCV à MMCLXIV.
Rappelons que chaque lettre est précédée d'une brève analyse, avec indi-
cation des sources et que l'annotation, très soignée, est copieuse.
— Il faut rendre justice aux intentions de M. Jules Bertaiit : en sa ferveur
balzacienne, il a voulu donner sur l'auteur de la Comédie humaine deux
petits volumes qu'il s'est efforcé de rendre intéressants — qui le sont, en
efîet, pour les " débutants » — mais qui n'échappent pas à la critique. Le
premier a pour titre : Honoré de Balzac. La Femme et V Amour, pensées et
observations recueillies et précédées d'une Introduction (Paris, Sansot, 1908,
petit in-12 de 85 p. — Prix : 1 fr.). M. J. Bertaut ne semble pas se douter
que. longtemps avant lui (en 1866), Alphonse Pages avait publié chez Michel
Lévy un très compact volume intitulé : Balzac moraliste. Pensées de Balzac
extraites de la » Comédie humaine », mises en regard des Maximes de Pascal,
La Bruyère, La Bochefoucauld, Vauvenargues. Or, on trouve là non seule-
ment tout ce que M. Bertaut a puisé lui-même dans l'œuvre de Balzac, mais
beaucoup d'autres choses en plus, c'est-à-dire les pensées que le maître a
exprimées sur l'homme, la femme, l'amour, la société, etc. Donc, le travail
de M. J. Bertaut ne peut être considéré que comme un simple abrégé de celui
de son devancier. — Si, ensuite, nous examinons le second volume : Balzac
anecdotique. Choix d'anecdotes recueillies et précédées d'une Introduction
(Même librairie, 1908, in-12 de 94 p. — Prix : 1 fr.), nous aurons alors à dire
que le compilateur a un peu trop écourté le sujet. Il nous répondra, il est vrai,
que la collection dans laquelle figure son recueil exigeait qu'il en fût ainsi.
— Soit; mais aussitôt nous ferons observer que les anecdotes citées man-
quent de références précises : inscrire à la fin de la plupart d'entre elles un
nom d'auteur (Lamartine, Gozlan, Théophile Gautier, Werdet, etc.) ou un titre
de périodique (par exemple : Gazette anecdotique) ne nous paraît nullement
suffisant : il eût été nécessaire de donner le titre du livre d'où l'anecdote a
été tirée et même la page où l'on peut la retrouver; également, quand il
s'agit d'une revue, le titre seul est une trop vague meation : la date et aussi
la page de la livraison étaient indispensables. Ce qu'il y a de mieux dans ces
deux brochures, c'est l'Introduction, brève, nette, et d'ailleurs bien écrite.
— Dans le quarante et unième fascicule du Dictionnaire des antiquités
grecques et romaines (Paris, Hachette, gr. in-8. — Prix : 5 fr.), récemment
paru, entre un grand nombre d'articles de droit et de religion au bas desquels
nous retrouvons les noms de MM. Saglio, Lafage, Toutain, Liermann, Gauc-
Ider, Thédenat, etc., nous signalerons plus particulièrement une magis-
trale étude sur la Bomanorum respublica, la constitution de Rome aux
diverses époques, sous une signature qui démontre quelle prévoyante sol-
licitude M. Saglio a toujours apportée à la rédaction de son magnifique
monument, la signature de Fustel de Coulanges. Mentionnons aussi l'article
Bustica res, un véritable traité qui ne compte pas moins de cinquante-six
colonnes, par M. Sorlin-Dorigny.
— 181 —
— A tout dernièrement paru le fascicule II du tome II de la Bibliogra-
phie annuelle des travaux historiques et archéologiques publiés par les Sociétés
savantes de la France, pour les années 1905-1906 (1906 surtout) (Paris, Imp.
nationale; Leroux, 1908, in-4 de 202 p.). MM. Robert de Lasteyrie et
Alexandre Vidier ont apporté à ce dépouillement tout le soin désirable,
toute la science qu'on leur connaît. Sous les n" 18687 à 22764, ils ont inven-
torié les productions si nombreuses des sociétés de la France proprement
dite, rangées par ordre alphabétique des départements. Ils ont accompli
la même besogne pour les colonies et les instituts français à l'étranger
(no 22765 à 22990).
Anjou. — Dans la Revue de V Anjou de 1908, à noter, parmi ]es œuvres
d'histoire angevine, la suite de l'étude sur la Justice révolutionnaire en Maine-
et-Loire (1793-1794), par M. Queruau-Lamerie; Un Rempart régionnairf> en
Anjou, ayec vestiges reconnus sur une longueur de 5 kilom. environ, à Livré
dans le Craonnais, par le commandant A. Pommerais; Les Écoles libres laï-
ques à Angers, pendant le xix^ siècle, par feu M.F.-L. LaBessière; le commen-
cement des Recherches historiques sur l'enseignement primaire en Anjou,
depuis les origines, par M.B. Bois, qui a voulu reprendre aux sources et con-
tinuer les recherches faites sur cette question si intéressante par MM. Céles-
tin Port, Jules Spal et M. le chanoine Ch. Urseau. L'auteur s'occupe, dans
cette première partie de son travail, du moyen âge, et, en « accusant prin-
cipalement l'organisation politique et sociale », plus propre à la construc-
tion des châteaux-forts que des écoles », il tient à « rendre justice
à l'Église d'avoir maintenu dans, ces temps de demi-barbarie quelque
trace d'instruction » et à « ramener à de justes proportions l'appréciation
optimiste, à son avis, de M. Urseau, sur l'état florissant de l'instruction
primaire en Anjou au moyen âge. » Dans la suite de son Porte-
feuille d'un curieux, M. Joseph Denais reproduit le texte à peu près incon-
nu de la Carmagnole de . la Vendée, chantée en 1793 par les Bleus,
plusieurs documents sur le château de Beaufort sous Louis XIII, et de
curieux documents sur les Francs-Maçons de la loge de Beaufort à la fin
du xviii^ siècle, et sur leurs rapports avec les autres loges, notamment
celle de Lille, également disparue.
Beauvaisis. — Si le Bulletin de la Société archéologique et historique de
Clermont-de-VOise pour l'année 1907 n'est pas très gros (Abbeville, impr.
Paillart, 1908, in-8 de 147 p., avec 21 planches et figures), on devra cepen-
dant constater qu'il est aussi intéressant par les sujets traités que gracieux
par son impression soignée et son illustration abondante. La plus impor-
tante des études cjue l'on trouve ici est celle que M. le chanoine L. Marsaux
a composée sur VÉglise de Maignelay (p. 16-61, avec 14 planches et 4 fig.). — •
M. E. Laurain donne ensuite un travail plus court sur Une Pierre tombale
dans Véglise de Maignelay (p. 62-71, avec une reproduction hors texte). —
Nous mentionnerons encore : Bornes seigneuriales des environs de Clermont
(p. 76-80); — Une Lettre autographe de Vabbé Tondu, curé de Neuilly-sous-
Clermont (1776-1790), publiée avec une notice historique par M. Amédée
Beaudry (p. 88-97); — Documents pour servir à Vhistoire des mœurs clermon-
toises, publiés par M. E. Laurain (p. 105-107); — Intailles et monnaies
romaines trouvées à Vendeuil-Caply, par M. Paul Binant (p. 131-135, avec
une planche).
Bourgogne. — Trois ouvrages ont suffi pour former le tome XXIV des
Mémoires de la Société bourguignonne de géographie et d'histoire (Dijpn,
imp. Jacquot et Floret, 1908, in-8 de li-531 p.). Le premier est une étude
— 182 -
biographique très érudite et non moins passionnante sur Hugues Aubriot
(p. 2-249), par M. Arsène Perier. L'auteur a divisé cette étude en deux
parties. Dans la première, assez courte par rapport à la seconde (p. 2-48),
il parle de la famille et des débuts de son personnage, puis de son rôle comme
bailli de Dijon. La seconde partie, sensiblement plus importante (p. 49-248),
raconte en détail les faits et gestes de Hugues Aubriot comme prévôt de
Paris sous Charles V, jusqu'à sa chute lamentable après la mort de ce prince
et à ses dernières' années. « Nous essayons, dit M. Périer, de retracer la vie
d'un homme qui fut pour ses contemporains l'objet d'opinions, de senti-
ments, de passions les plus opposés et dont la carrière, marquée par les
étapes d'une fortune toujours croissante, s'est abîmée dans la plus effroyable
chute; nous voudrions retrouver les traits puissants d'une figure, dont le
relief effacé dans le lointain du passé, fut une des plus caractérisées d'un
siècle troublé, rechercher les pièces d'un procès, reviser une sentence, sur
lesquels la génération qui y a concouru et les siècles suivants ne sont pas
tombés d'accord ». Ce travail est parfaitement présenté et documenté; on
eût aimé cependant à y trouver joint un portrait d'Aubriot et surtout à le
voir complété par une table onomastique. — Nous avons eu déjà l'occasion,
à propos d'un tirage à part, d'analyser la très intéressante publication faite
par C. Oursel de Deux Livres de raison bourguignons. Le Livre de Dominique
de Cuny, chronique dijonnaise du temps de la Ligue et le Livre de la famille
Robert, notes sur le village de Couchery, qui occupe dans le présent volume
les pages 253 à 387 : nous renvoyons nos lecteurs à cette notice {Polybiblion
de juillet dernier, t. CXIII, p. 88-89). — Le troisième et dernier mémoire
a pouf auteur M. le vicomte d'Avout et pour titre : Quatre Capitales au-delà
du Rhin (1907) (p. 391-531). Nous n'avons là encore que- la première partie
de cette relation dont l'intitulé n'est pas tout à fait exact. M. d'Avout avait
« primitivement restreint son récit aux quatre grandes villes, Berlin, Dresde,
Vienne et Budapest ». Mais, réflexion faite, il a beaucoup élargi son cadre
et ceux qui liront son travail ne s'en plaindront pas.
Champagne. — Ne chei'chez pas la quantité dans le tome XI (années
1907-1908) des Mémoires de la Société des lettres, des sciences, des arts, de
Vagriculture et de l'industrie de Saint-Dizier (Saint-Dizier, imp. Brulliard,
1908, in-8 de viii-417 p., avec de nombr. grav.). Ce volume, en effet, ne
renferme que trois mémoires d'importance assez inégale, mais qui méritent
d'être spécialement mentionnés ici, et tous trois avec éloges. En premier
lieu, M. Emile Humblot donne une très artistique étude sur la Chapelle
Sainte- Anne au cimetière de Joinville (Haute-Marne) (p. 3-85, avec plans
croquis et photographies); — M. l'abbé Mettrier nous parle ensuite de
l'Église Notre-Dame de Saint-Dizier (p. 89-124, avec flg.); — enfin M. l'abbé
Eugène Humblot consacre à la Vallée du Cul-du-Cerf, ses établissements
civils, religieux et métallurgiques (p. 127-358) un travail fort complet, ainsi
divisé : I. Les Origines d'Orquevaux. II. La Paroisse d'Orquevaux. III. La
Seigneurie d'Orquevaux. IV. Établissements métallurgiques. V. La Com-
mune d'Orquevaux. VI. La Période révolutionnaire. VII. Orquevaux au
xix® siècle. Cette monographie, appuyée de six pièces justificatives, se ter-
mine par un index bibliographique, une table onomastique et une table
des matières.
Franche-Comté. — Sous les auspices de la Société d'émulation du Jura,
M. Emile Monot, professeur au lycée de Lons-le-Saunier, a publié récem-
ment une nouvelle traduction de l'œuvre de Gilbert Cousin (qui fut pendant
un temps secrétaire d'Érasme), œuvre écrite en latin et intitulée : Rrevis
— 183 —
ac dilucida superioris Burgundiae quae Ccinitatus nomine censetur descriplio.
M. Monot s'est servi des deux éditions de cette espèce de relation, parues
en 1552 et en 1562, pour sa traduction, qui porte le titre suivant:La Franche-
Comté au milieu du xvi^ siècle, ou Description de la Haute-Bourgogne connue
sous le nom de Comté, par Gilbert Cousin, de Nozeroy (Lons-le-Saunier, imp. L.
Declume, 1907, in-8 de vii-309 p., avec un portrait de G. Cousin, et vues
anciennes et une reproduction du titre de l'édition de 1562). La première
traduction française de cet ouvrage a été donnée en 1863, déjà aux frais
de la Société d'émulation du Jura, par le D'^ A. Chereau, a qui l'on pouvait
reprocher d'assez nombreuses inexactitudes et même quelques grosses
erreurs d'interprétation. Il en coûte visiblement à M. Monot de le constater;
encore fallait-il qu'il justifiât la nécessité de cette nouvelle traduction. Il
a d'ailleurs beaucoup relevé le mérite de son travail en le complétant par
des notes nombreuses et érudites, lesquelles ne sont pas seulement histo-
riques, biographiques et géographiques, mais aussi judicieusement critiques
à de multiples points de vue. En somme, ces notes donnent à l'œuvre de
Cousin, rajeunie et par suite plus compréhensible, une vie qui manquait
à l'édition Chereau. « J'ai fait suivre ma traduction du texte latin,, dit
M. É. Monot, dans son Introduction. Cousin en a donné deux éditions : en
1552 (à Bâle, chez Jean Oporin) et en 1562, dans ses Opéra multifarii argu-
menti. La deuxième est plus complète que la première et elle offre plusieurs
remaniements. J'ai suivi la deuxième, que j'ai collationnée sur l'exemplaire
des Archives du Doubs, en donnant en note les variantes de la première,
que possède la Bibliothèque de Lons-le-Saunier, et en signalant les fautes
d'impression du texte de Chereau... Voici donc l'œuvre de Cousin. Le
lecteur va y trouver bien du bavardage, une érudition ridiculement déplacée
et des étymologies enfantines... Mais quoi ! si Cousin manquait de goût, il
a fait une œuvre bien utile et qui reste intéressante )>.— Ce qui manque ici,
c'est une biographie de Cousin; celle dont Chereau avait fait précéder sa
traduction a évidemment besoin d'être refaite et M. Monot l'a bien sen-
ti; mais comme M. P. -A. Pidoux en prépare une, et que cet érudit doit
être particulièrement bien documenté sur le personnage, il a cru devoir
s'abstenir. Cela ne nous empêchera nullement de proclamer bien haut que
M. Monot a fait une œuvre remarquable à tous égards, laquelle ne peut
manquer d'être recherchée par les amateurs de livres instructifs et curieux
sur nos anciennes provinces.
— Très régulièrement, la Société d'émulation du Jura nous adresse ses
travaux et nous sommes toujours heureux de les mentionner ici. Ces jours
derniers, elle nous a fait parvenir le deuxième volume de la huitième série
de ses Mémoires (Lons-le-Saunier, imp. L. Declume, 1908, in-8 de 441 p.).
C'est M. P. -A. Pidoux qui ouvre le volume par des Notes sur V ancienne liturgie
bisontine. II. Le Sacramentaire de V archevêque Hugues le Grand, étude sur
le plus ancien manuscrit liturgique bisontin (1030) (p. 3-49). — Nous citerons
ensuite : Les Lacs du Jura dans le passé et dans V avenir, par M. l'abbé Bour-
geat (p. 53-64); — Note complémentaire sur quelques pointes à crans latéraux,
par M. L. Lebrun (p. 67-71, avec une planche) ; — Danaé, scène préhistorique
(p. 91-118) et Lendemain de bataille (p. 119-123), par M. P. Guichard, poète
de mérite, qui a peut-être tort de ne pas chanter sa province; — Huit Jours
à Rome [Pâques 1908), simples notes de voyage, par M. Emile Monot (p. 127-
242). « Notes sans prétention», dit l'auteur. Mais, ajouterons-nous, assuré-
ment pas sans esprit ni humour. Tant de gens se croient obligés, quand ils
ont vu Rome, de nous en parler de façon lamentablement banale, que
— 184 —
lorsque se présente une relation de ce genre, on la salue comme reposante
et à la lois instructive « sans prétention »; — Tête de Mercure, gallo-romain
en bronze, trouvée à Samery {Côte-(rOr){\). 245-247, avec une fig.) et La Ville
(VHaibe au territoire de Rochejort [Jura) (p. 251-260), par M. Julien Feuvrier.
Ces deux notices ont été examinées à cette place dans notre précédente
livraison (p. 88); — Relation lorraine de la bataille de Poligny (19 juin 1638)
(p. 275-288) et Notes sur le régiment de la Verne (xyii? siècle) (p. 291-333),
par M. Emile Longin. Dans notre livraison de janvier dernier (p. 87-88) il
a été question spécialement de ces deux travaux de M. Longin; — Contri-
bution à rétude de Véleclrnmagnétisme, par M. Clémençot (p. 337-416); —
Deux Visites à Alise-Sainte-Reine (p. 76-88) et Une Excursion à Alaise
(p. 263-272), par M. Éipile Monot. Le docte traducteur de Gilbert Cousin
semble s'être assez amusé dans ses trois « pèlerinages », mais ce n'est pas
lui qui prendra feu pour la fameuse question du véritable emplacement de
l'oppidum gaulois. Il penche à peine pour Alise-Sainte-Reine; mais il déclare
aux archéologues qu'il ne s'égarera pas sur leur champ de bataille. « Pour
moi, dit-il non sans gaîté, Alesia sera où vous la placerez, à Alise, à Alaise,
à Aluze, ou même, si vous y tenez, à AJièze, au bailliage d'Orgelet. «
— A défaut de -M. Monot. voici M. Noël Amaudru qui, lui, est parfaitement
décidé à se mettre à la recherch'e de la véritable Alesia. D'abord, il ne croit
pas qu'Alise Sainte-Reine soit Alesia. Dans sa brochure : La Position, actuelle
de la question d\Alesia ( Paris, Plon-Nourrit, 1908, in-18 de 24 p. — Prix :
0 fr. 75), il donne ses raisons, parfois sur un ton très comique. Et il conclut :
« Je persiste à entrevoir ime Alesia vers l'Est, dans une direction qui pourrait
être, mais qui n'est pas forcément, je le reconnais, celle d'Alaise, et,' sans
négliger l'argument péniblement emprunté à quelques débris toujours con
testables, à quelques pièces de métal qui ne suffisent pas à situer un évé-
nement, je ne veux accorder ma confiance qu'à un faisceau de preuves
parfaitement concordantes » (p. 14). Et comme les paroles, sans les actes,
s'évaporent, qu'a fait M. Amaudru? Il a formé un groupe déjà important
dont la raison sociale est : Alesia. Comité d'études et de recherches historiques.
Quant au siège, il se trouve 22, avenue de l'Observatoire, à Paris.^ — Voilà,
du moins, une initiative résolue et convaincue. Nous attendons à l'œuvre
M. Amaudru et ses amis, et nous leur souhaitons tous les succès.
— Philippe Chifïlet qui, en son temps (xvii'^ siècle), fut abbé de Balerne
et vicaire général du diocèse de Besançon, avait réuni quantité de documents
dans le but d'écrire la vie de l'infante Isabelle-Claire-Eugénie, gouvernante
des Pays-Bas et du Comté de Bourgogne pour le roi d'Espagne. Mais son
projet ne fut pas mis à exécution et les documents dont il s'agit se trouvent
aujourd'hui à la Bibliothèque de Besançon où M. Emile Longin les a con-
sultés et desquels il a tiré le sujet de sa Contribution à l'histoire de Vinfante
Isabelle-Claire-Eugéfiie (Vesoul, imp. L. Bon, 1909, petit in-8 de 30 p.). Ce
que 1 auteur fait ressortir surtout c'est la générosité de cette princesse
« à laquelle la Franche-Comté dut de longues années de paix avant d'être
désolée par la guerre ». On est, en efïet, frappé de la richesse des cadeaux
de toutes sortes qu'elle aimait à offrir à certains souverains, aux dignitaires
de l'Église, aux sanctuaires, aux grands personnages avec qui elle entretint
des relations et aussi à son entourage. L'énumération de ces beaux présents
et la description de plusieurs d'entre eux peuvent autant servir à l'histoire
de l'art qu'à celle des mœurs dans la première moitié du xyii» siècle.
— Deux curés de campagne, M. l'abbé V. Tissot, curé de Boussières,
et M. l'abbé L. Gauthier, curé de Grand'Combe-des-Bois, dans le but d'en-
— IBS —
rayer la décadence des fruitières (autrement dit fabriques de fromages) de
leur région, ont rédigé en collaboration une plaquette extrêmement inté-
ressante : Les Fruitières des Mojits-Jura. Crise et remèdes (Besançon, Lan-
quetin; et chez les auteurs, s. d. (1908), in-16 de 34 p. — PrLx : 0 fr. 35).
En six chapitres, les auteurs retracent Thistorique des fruitières depuis
les origines, leur organisation passée et présente, ainsi que les causes de la
crise qu'elles traversent en Franche-Comté. Puis ils font le tableau de l'amé-
nagement du chalet de fabrication, de l'outillage qu'il comporte et des
qualités requises pour faire un fromager accompli; enfin ils exposent les
moyens par lesquels les intéressés peuvent tirer le meilleur parti de l'exploi-
tation. Tout cela, certes, est fort louable, et chacun reconnaîtra que les
deux ecclésiastiques ont bien mérité de leurs compatriotes. Mais, il y a un
mais — et un gros — il faut compter avec les imperfections de la nature
humaine, c'est-à-dire « les jalousies, les rancunes de village, les rivalités
de famille et mille petites misères qui sont la plaie des œuvres de mutua-
lité )). Cette brochure mérite d'être grandement propagée dans les pays où
l'on fabrique les fromages dits de Gruyère : même si elle ne donne que de
médiocres résultats, elle restera tout à l'honneur des deux curés comtois,
esprits avisés, observateurs et pratiques.
— Toujours spirituel, le Diairi, almanach montbéliardais pour 1909 (Mont-
béliard, imp. Barbier, in-4 de 94 p., illustré), toujours curieux sous le rapport
du patois local, mais aussi toujours bien mal inspiré avec ses plaisanteries
de mauvais goût sur les « tiuries » (curés). Pourquoi donc s'attaquer ainsi
avec persistance au clergé catholique? Est-ce parce que nous sommes là en
pays protestant? Il nous semble que la verve patoise du Diairi aurait pu
infiniment mieux égayer son public en visant un plus gros gibier... N'in-
sistons pas. Dans cet almanach, point du tout banal, on peut lire, en fran-
çais, des poésies, un peu fortement réalistes, d'un vrai poète, l'horloger
Duplain, de Besançon, et quelques notices historiques intéressantes sur
le pays de Montbéliard.
Vermandois. — La Société académique des sciences, arts, belles-lettres,
agriculture et industrie de Saint-Quentin ne compte assurément pas parmi
les plus anciennes de la France ni parmi celles ayant le plus produit; et ce-
pendant il convient* de la donner en exemple, sur un point nullement
négligeable, à la grande majorité de ses sœurs les plus cotées dans le monde
savant de nos provinces. Nous nous expliquerons tout à l'heure. Commen-
çons par inventorier les travaux dont se compose le dernier volume, remar-
quablement imprimé (tome XV de la 4^ série de la collection. Années 1901
à 1904), publié par la Société académique de Saint-Quentin (Saint-Quentin,
imp. du « Guetteur », 1907, in-8 de 428 p., avec 2 portraits, 5 planches et
un plan). Après un bref discours du président, M. Damoiy (p. 5-8), viennent
trois rapports sur des concours, dont le premier {Histoire locale) est présenté
par M. l'abbé Léon Delorme et les deux autres (Biographie et Poésie), par
M. Élie Fleury. — A ces rapports succède, sous le titre : A un Ruisseau, une
poésie de 21 « douzains », de M. Edmond Henvaux. — M. Élie Fleury conte
ensuite, avec humour, une histoire intitulée : Comment maître Wimy perdit
son procès (p. 49-65). Est-ce une' histoire « arrivée » ou une spirituelle fan-
taisie? Seuls peuvent le savoir les Saint-Quentinois au courant de ce qui se
passait en leur ville vers la fin du premier Empire et au commencement de la
Restauration. Ces pages, dans tous les cas, sont bien amusantes. A signaler
enfin : Anatole Vély, biographie, par M. Abel Patoux (p. 61-91), avec por-
trait); — Ronssoy, commune du canton de Roiscl (6'o/«me), par M. Maurice
— 180 -
Thiéry (p. 92-104); — Vase funéraire carolingien trouvé à Monceau-le-Neuf,
par M. Jules Pilloy (p. 105-111, avec 1 pi.); — Une Exécution capitale à
Saint-Quentin en 1754, par M. Théophile Eck (p. 112-132); — La Fin d'un
monastère (l'abbaye de Fervaques), par M. André Fleury (p. 133-151, avec
3 planclies); — Un Reclus à Nointel pendant la Terreur. Lettres du citoyen
Éloy Fouquier, ex-procureur du Roi à Saint-Quentin, et de sa femme, publiées
par M. Abel Patoux (p. 152-216, avec portrait); — Pierre-Louis Gosseu,
écrivain patoisant picard; sa vie et ses œuvres, par M. Maurice Thiéry (p. 217-
236) ; — Une Émeute populaire à Saint-Quentin au xi\^ siècle, par M. Emma-
nuel Lemaire (p. 240-243); — Découverte d'une inscription relatant la pose
de la première pierre de la chapelle de Vabbaye de Saint-Quentin-en-V I sle ,
en 1758, par le même (p. 244-248); — Note sur Vaccent saint-quentinois,
par M. Henri Châtelain (p. 249-271); — Une Page de la bienfaisance à
Saint-Quentin, aperçu historique sur Vœuvre des Filles de la Charité (1650-
1899), par M. l'abbé Léon Delorme (p. 272-300); — Les Voies antiques du
Vermandois, par M. Alfred Bondeville (p. 301-324, avec un plan); — Un
Episode du siège de Saint-Quentin en 1557 (p. 329-332) ; — Le lylonument de la
bataille du 10 août 1557 à Montescourt (p. 357-360) ; — Résumés d'observations
météorologiques faites à Saint-Quentin pendant les an?iées 1889-1896, par
MM. Casse et Vivien (p. 361-398). — Voici maintenant ce en quoi la Société
académique de Saint-Quentin mérite d'être louée. Combien sont-elles les
sociétés savantes françaises qui s'abritent sous leur toit, sont installées
dans un hôtel leur appartenant? Presque toujours, les municipalités leur
accordent un gîte dont la stabilité est loin d'être garantie. La compagnie
qui nous occupe en sait quelque chose, car, nous apprend son président, elle
fut souvent « vagabonde... quant à son siège. « Or, un beau jour — ce jour
fut, en effet, très beau — la Société obtint, à la date du 8 août 1901, un
décret l'autorisant à acquérir un terrain et à y faire construire « un immeu-
ble destiné à lui servir de siège » (style administratif spécial). On se mit à
l'œuvre, et les travaux furent terminés en seize mois. Puis l'on songea à
inaugurer 1' « immeuble destiné à servir de siège », c'est-à-dire d'hôtel, céré-
monie qui eut lieu le 14 décembre 1902 et de laquelle M.Élie Fleury a dressé
procès-verbal, si l'on peut dire, car les pages 333-353, relatives à Vlnaugu-
ration de l'hôtel de la Société académique de Saint-Quentin, nous donnent,
avec les indications d'usage dans le cas particulier : 1° le discours obligé
du président; 2° une pièce de vers due au « talent original de M. Charles
Tournel » (original est ici une épithète justifiée); 3° une causerie charmante
et très littéraire de M. Maurice Thiéry sur le langage picard. — En félicitant
la Société académique de Saint-Quentin d'avoir pu, par ses seuls moyens,
s'installler « chez elle », nous souhaitons pareille fortune à toutes les autres
sociétés savantes de France. — N'y aurait-il pas à ce sujet, quand les res-
sources sociales font défaut (ce qui est le cas général) un joli rôle à jouer
par les Mécènes locaux? Il en existe encore : le principal est de les savoir
prendre. Est-ce que ce ne serait pas pour eux, d'ailleurs, une façon de devenir
« immortels » plus sûrement — sans vouloir médire de personne — que
nombre d'écrivains vite oubliés?
Algérie. — Nous ferons le meillevu* accueil au 41^ volume (année 1907)
du Recueil des notices et mémoires de la Société archéologique du département
de Constantine, qui correspond au tome X de la 4^ série de la collection
(Constantine, imp. Braham,1908, in-8 de xvi-276-32 p., avec plans, planches
et figures). Il se compose comme suit : Nouveau Document relatif à A. Larcius
Priscus, légat de Numidie, par M. R. Cagnat (p. 3-9); — Notice archéologique
— 187 -
sur Henchir-Oumkif {cercle de Khenchela), par M. André Bigeard (p. 11-19»
avec une planche et 2 fig. ); — Pièces d'or de V époque berbère, trouvées à
Bougie, par M. J. Maguelonne (p. 21-27, avec une planche) ; — Notice sur un
tombeau à Bougie [Algérie], par M. A. Debruge (p. 29-32, avec une planche);
— Les Voies romaines de la région de Sétif, par M. L. Jacquot (p. 33-170,
avec plan hors texte et 2 fig.); — La Station préhistorique de Châteaudun-
du-Rhumel, par M. Gustave Mercier (p. 171-182, avec 2 planches); —
Découverte à Sétif d^un château d'eau et de citernes remontant à l'époque
romaine, par M. J. Maguelonne (p. 183-184, avec 2 grands plans). Ces deux
simples pages se bornent à annoncer la découverte de cet important monu-
ment « qui était enfoui sous trois mètres de terre », place Barrai. L'auteur
nous promet, pour l'an prochain, une notice complète; attendons-là; —
Études pnlethnologiques dans la commune mixte des Maadid, par M. A. Robert
(p. 185-219, avec 2 planches); — Mosaïque tombale de Chabersas, par M. U.
Hinglais (p. 221-225); — Vestiges antiques découverts dans la commune
mixte des Maadid, par M. A. Robert (p. 227-229); — Découverte d'une basi-
lique chrétienne à Tocqueville, par M. Joseph Gauthier, curé de la localité
(p. 231-235, avec une figure); — Inscriptions inédites recueillies pendant
Vannée 1907, par M. Auguste Vel (p. 243-263). Pour terminer, ne négligeons
pas de mentionner la Chronique archéologique de M. J. Maguelonne (p. 263-
274).
Allemagne. — Dans un aperçu net et rapide, M. Frédéric Clément-
Simon précise quelle a été la Politique de la Prusse en Orient de 1763 à 1871
(Extr. de la Revue d'histoire diplomatique. Paris, Plon-Nourrit, 1908, in-8
de 33 p.). C'est la mort d'Auguste ÎII, roi de Pologne, en 1763, qui amena
la Prusse à s'introduire dans les affaires orientales. Comme il le montre
excellemment, cette politique « n'eut jamais en elle-même son propre objec-
tif, elle fut une matière d'échange, un moyen de pression ou de séduction que
les diplomates prussiens utilisèrent au mieux des intérêts européens de
leur patrie ». C'est ainsi que Bismarck sut obtenir de la Russie qu'elle
laissât la Prusse agir à sa guise en Occident en paraissant prêt à rendre 1h
pareille à l'empira des Tsars; mais, selon le joli mot de Eenedetti, si « l;i
Russie » était « une carte dans son jeu », il n'entendait pas « devenir lui-
même une carte dans le jeu du cabinet de Saint-Pétersbourg'. »
Angleterre. — Les 117 Chartes originales de Henri II, roi d' Angleterre
et duc de Nortnandie, recueillies en Angleterre et photographiées par le Rév.
H. Salter, que nous fait connaître M. Léopold Delisle, auquel elles avaient
été libéralement communiquées par l'érudit anglais (Extrait de Ja Biblio-
thèque de l'École des chartes, t. LXIX. Paris; Nogent-le-Rotrou, impr. de
Daupeley Gouverneur, 1908, in-8 de 43 p.) confirment pleinement la thèse
de l'illustre académicien français sur la chronologie des actes de Henri II
et sur l'emploi par ce prince de la formule gratia Dei. M. Delisle nous fait
connaître par la même occasion vingt actes émanés d'autres souverains
ou de prélats anglais, dont le Rév. Salter lui avait également adressé la
photographie.
Belgique. — La Société des sciences, des arts et des lettres du Hainaut
vient de distribuer le tome IX de la VI'' série de ses Mémoires et Publica-
tions, qui forme le 59" volume de la collection (Mons, imp. Duquesne-Mas-
quillier, 1908, in-8 avec pagination spéciale pour chaque mémoire et
16 planches. — Prix : 5 fr.). Ce volume comprend les travaux ci-après : Noies
sur la géologie du Mayombe occidental, par M. Jules Cornet (42 p.) ; — Études
— 188 —
sur révolution des cours d'eau du Boulonnais (51 p., avec 2 planches); — Les
Curiosités atmosphériques de 1906, par M. A. Bracke (96 p., avec 4 planches);
— Essai d'économie politique formulée. Seconde partie. Notions sur la force
de travail, sa représentation graphique et les éléments qui lui afférent, par
M. Arthui" Xhignesse (31 p.); — Inventaires sommaires de petites archives :
Attre et Bebaix, pai' M. J. Dewert. Marcq, par M. Ernest Matthieu. Chimay,
par M. Emile Dony (ensemble 19 p.); — Notes de géométrie synthétique, par
M. L. Godeaux (10p.); — Sur deux modes de génération de la surface cubique,
par le même (3 p.); — Sur quelques congruences particulières de droites, par
le même (7 p.); — Les Hospices civils d Mons depuis cinquante ans (1857-
1907), par M. Paul Heupgen (50 p., avec 10 planches).
— Nous recevons deux opuscules anonymes sur lescpiels il convient
d'attirer l'attention : 1° Jeunes gens on vous trompe. . . Voulez-vous être
robustes? Soyez purs (Granimont, Œuvre de Saint-Charles, s. d. (1909),in-32
de 63 p. — Prix: 0 fr. 05); 2° Les Meurtriers inconscients des aines parmi les
parents, les éducateurs et tous ceux qui s'occupent de la jeunesse. Quelques
réflexions sur V éducation de la pureté d'après l'abbé Timon-David (Grammont,
CÈuvre de Saint-Charles, s. d. (1909), in-32 de 72 p. — Prix : 0 fr.'25). Cette
dernière brochure porte deux avis : du premier, il résulte qu'elle « ne se
vend qu'au clergé, aux éducateurs de la jeunesse, aux pères et mères de
famille «; le second recommande de « ne pas laisser tomber le volume entre
les mains des enfants et des adolescents ».
— A signaler également : Le Prêtre et la Situation actuelle de l'Église, par
l'auteur du Benouvellement dans la vie chrétienne (Grammont, Œuvre de
Saint- Charles, s. d. (1909), in-o2 de 128 p.). Cet excellent petit livre en est
aujourd'hui à sa vingtième édition, laquelle a été revue et augmentée.
EsPAG?(E. — Signalons l'excellente traduction espagnole de l'opuscule
de S. E. le cardinal-archevêque de Malines, à ajouter à la bibliographie
déjà importante des ouvrages dirigés contre le modernisme : El Modernismo,
su posicûjn respecta de la ciencia; su condenaciôn por el papa Pio X, por
S. E. el cardenal Mercier. Traducciôn y prologo de Juan Zaragûeta
(Barcelona, Luis Gili, 1908, in-12 de 56 p. — Prix : 0 fr. 50). Il .serait
suranné de donner, ou plutôt de répéter ici, l'anahse du travail de Mgr
Mercier. I.e traducteur castillan est professeur de philosophie supérieure
au séminaire de Madrid, et sa publication paraît avec la haute «approbation
de l'Ordinaire. C'est tout dire pour en recommander la lecture sans aucune
restriction.
— Le P. Juan-]Ma Sola publie aussi une Solemne Profesiôn de fe
contra las errores modernos (Barcelona, Subirana, 1908, in-32 de 64 p., avec
portrait), oîi est condensé, sous une forme populaire, et précise, le dogme
catholique en face des hérésies contemporaines.
Etats-LInis. — L' Annual Beport of the board of régents of the Smithsonian
Institution showing the opérations, expenditures and conditions of the insti-
tution for the year enclin g June 30, 1908. (Washington, Government printing
Office, in-8 cartonné de 548 p., avec carte et gravures), contient, comme les
précédents volumes, en plus des rapports des secrétaires de rinstitution,
une série d'articles scientifiques, œuvres de savants américains ou euro-
péens. Ces derniers sont soigneusement traduits en anglais. Parmi ces
travaux, au nombre de 26, il y a lieu de remarquer ceux de savants fran-
çais. Ce sont les suivants : Théories modernes de l'électricité et de la matière,
par M^is Curie (13 pages). — L'Éruption du Vésuve en avril 1906, par M. A.
Lacroix (26 pages, 1 carte et 26 gravures). — L'Hérédité, par M. L. Cuénot.
— 189 —
■ — Zoologie et médecine, pai- M. R. Blanchard. — Le Rôle de la chimie dans
les tableaux, par M. E. Lemaire.On voit que nos savants sont bien partagés.
Les Américains ont fourni quelques travaux non moins intéressants; il
convient de citer en première ligne l'article de M. Abbot sur les Récents
Progrès des recherches astronomiques. Celui tout aussi remarquable de J.
Tierman Kemp sur le Problème des veines métallifères. La Géologie des
districts diamantifères de Bahia au Brésil, par M. Orville Derly, nous montre
que cette gemme se trouve dans les grès et les conglomérats gréseux et non
dans le granit comme on l'a dit à Rio-de-Janeiro. L'Italie n'est pas oubliée
et un long article de M. G. Marconi nous met au courant des derniers pro-
grès de la télégraphie sans fil. Les savants russes ont également leur part,
ainsi que les Allemands, les Norvégiens et même les Islandais, témoin la
très curieuse monographie de l'Islande, par M. Jon Stefannsson; le Pôle
magnétique nord et le Passage du Nord-Ouest, par M. le capitaine nor-
végien Roal Amundsen ; les Bisons du Caucase, par M. A. Yermolov, ancien
ministre de l'agriculture de Russie ; une étude sur la ^Morphologie du
mammouth, par M. E. Pfizenmayer, etc.
Publications nouvelles. — La Vie liturgique, par E. Chipier.
6^ éd. (in-16, Lyon et Paris, Vitte). — Du Connu à Vinconnu. Simple Caté-
chisme, par l'auteur du Catéchisme expliqué sans maître (in-32, Lethielleux).
— Dieu et V Agnosticisme contemporain, par G. Michelet (in-12, Lecoffre,
Gabalda). — Ulmmacolata Concezione di Maria Vergine e la Chiesa greca
ortodossa dissidente, da N. Marini (in-8, Roma, Salviucci). — L'Église et le
Progrès du monde, par C. S. Devas; trad. de l'anglais par le P. J.-D. Fol-
ghera (in-12, Lecoffre, Gabalda). — La Montée du Calvaire, par • P.-L.
Perroy (in-12, Lethielleux). — Le Grand Devoir de la prière, enseigné aux
enfants du catéchisme, par l'abbé J. Millot (in-32, Lethielleux). — La
Religion des primitifs, par Mgr A. Le Roy (in-16, Beauchesne). — Mélanges
d'histoire des religions, par H. Hubert et M. Mauss (in-8, Alcan). — Supplé-
ment au Dictionnaire de philosophie ancienne, moderne et contemporaine
{années 1906, 1907, 1908), par l'abbé E. Blanc (in-4, Lethielleux). — Études
et controverses philosophiques, par l'abbé E. Lanusse (in-12, Roger et
Chernoviz). — L' Anthropologie de Maine de Biran, ou la Science de Vhomme
intérieur, suivie de la note de Maine de Biran de 1824 sur Vidée de l'existence
(aperception immédiale, édition Cousin), par P. Tisserand (in-8, Alcan). —
Anti-Pragmatisme, examen des. droits respectifs dje V aristocratie intellectuelle
et de la démocratie sociale, par A. Schinz (in-8, Alcan). — Der angebliche
exzessive Realismus des Duns Scotus, von P. P. Minges (Beitrpge zur Ges-
chichte der Philosophie des Mittelalters) (in-8. Munster, Aschendorff). —
Nicolaus von Autrecourt. Sein Leben, seine Philosophie, seine Schriften, von
J. Lappe (Beitrdge zur Geschichte der Philosophie des Mittelalters) (in-8,
Munster, Aschendorff). — Witelo, ein Philosoph und Naturforscher des XIII.
J ahrhunderts , von C. Baeumker {Beitrgge zur Geschichte der Philosophie
des Mittelalters) (in-8. Munster, Aschendorff). — Geschichte der gottesbe-
weise im Mittelalter bis zum Ausgang der Hochscholastik. Nach derQuellen
dargestellt von Dr. G. Grunwald [Beitrâge zur Geschichte der Philosophie,
des Mittelalters) (in-8. Munster, Aschendorff). — Les Grands Philosophes.
Rosmini, par F. Palhoriès (in-8, Alcan). — Aimez-les. Lettres entre directrices
de patronage, par F. Henry (in-12, Lethielleux). — Manuel d'économie poli-
tique, par V. Pareto; trad. de l'italien par A. Bonnet (in-8, Giard et Brière).
— Ma Vocation sociale. Souvenirs de la fondation de l'Œuvre des cercles
catholiques d'ouvriers (1871-1875), par le comte A. de Mun (petit in-8.
— l'JO —
Lethielleux). — Le Droit de grève. Leçons professées à VÉcole des hautes
études sociales, par Ch. Gide, H. Berthélemy, P. Bureau, A. Keufer, C.
Perreau, Ch. Picquenard, A.-E. Sayous, F. Fagnot, E. Vandervelde (in-8,
cartonné toile, Alcan). — La Lutte contre la prostitution, -par R. Décante
(in-18, Giard et Brière). — La Maternité et la Défense nationale contre la
dépopulation, par le D^ Sicard de Plauzoles (in-18, Giard et Brière). —
L'Hygiène infantile. Allaitement maternel et artificiel, sevrage, par le D"" G.
\'ariot (in-16, Hachette). — L'Hygiène du logement, par P. Juillerat (in-12,
carré, Delagrave). — Précis de stomatologie, par J. Redier. T. 1" (in-18,
cartonné toile, Rudeval). — Cours de physique conforme aux programmes
des certificats et de l'agrégation de physique, par H. Bouasse. 4^ partie.
Optique. Étude des instruments (in-8, Delagrave). — La Télégraphie sans fil
et les applications pratiques des ondes électriques, par A. Turpain. 2^^ éd.
(in-8, Gauthier- Villars). — L'Électricité industrielle, par C. Lebois. 2^ partie.
Études complémentaires des courants continus; courants alternatifs; appli-
cations (in-12 cartonné toile, Delagrave). — Thermodynamique, par H.
Poincaré (in-8, Gauthier- Villars). — Initiation chimique, ouvrage étranger
à tout programme, dédié aux amis de l'enfance, par G. Darzens (in-16.
Hachette). — Le Blé, la farine, le pain, étude pratique de la meunerie et de la
boulangerie, par E. Rabaté (in-16 cartonné, Hachette). ■ — La Distillerie
agricole, par D. Sidersky (in-12, Amat). — Constructions rurales. Matériaux.
Habitations des gens, logements des animaux et des récoltes, par Paul et Pierre
Blancarnoux (in-12. Laveur). — Exercices et leçons d'ancdyse, par R. d'Adhé-
mar (in-8, Gauthier- Villars). — Arithmétique commerciale et algèbre finan-
cière,^ t^qt Yi. Fuzet et L. Reclus (in-l2, Delagrave). — Mathématiques,
commerce, comptabilité agricoles, à Vusage de V enseignement de V agriculteur,
par J.-P. Wagner et M. Biichler (in-8, Amat). — SwÇeîv tx '. atvoaEva,
essai sur la notion de théorie physique de Platon à Galilée, par P. Duhem
(gr. in-8, Hermann). — Gros et petits Poissons (récits de pêches), par E.
Maison (petit in-8. Colin). — Les Maîtres de Vart. Chardin, par E. Pilon
(in-8 carré, Plon-Nourrit). — Bagatelle et quelques visages, par J.-F. Merlet
(in-12, Edition libre). — Italica : Impressions et souvenirs. Milan, Venise,
Bologne, Florence, par J. L'Hôpital (in-18, Perrin). — Musique an-
cienne. Style. Interprétation. Instruments. Artistes, par W. Landowska
(in-18, Mercure de France). — La Musique et la Magie, étude sur les origines
populaires de l'art musical, son influence et sa fonction dans les sociétés, par
J. Combarieu (gr. in-8, A. Picard et fis). — Ordinaire de la messe avec les
chants des funérailles en notation musicale moderne, d'après l'édition vati-
cane, suivi des messes de Du Mont les plus usitées (Version authentique) ;
transcription exécutée par les soins de A. Gastoué (petit in-18, Lethielleux).
— Les Poètes du terroir du xv^ siècle au xx^ siècle, textes choisis, accompa-
gnés de notices bibliographiques, d'une biographie et de cartes des anciens pays
de France, par A. Van Bever (in-12, Delagrave). — Le Livre des chats, par
A. Ruffîn (in-18, Lemerre). — Les Synthèses, poèmes philosophiques, par J.
Brîi d'Esquille (in-18, Lemerre). — Les Soirs, par L. Chevalet (in-18, Per-
rin). — Théâtre de la Révolution. Le 14 juillet. Danton. Les Loups, par R.
Rolland (in-16. Hachette). — La Folle Histoire de Fridoline, par G. Chante-
pleure (in- 18, Calmann-Lévy). — Le Cadet, par C. Nisson (in-16, Plon-
Xourrit). — Ceux de chez nous, contes de terroir, par L. Boulé (in-16, Plon-
Xourrit). — Vers plus de joie, roman de l'année 1995, par A. Godard (in-12,
Perrin).^ — Carrière d'artiste, par M"»^ H. Ward ; trad. de l'anglais par T. Bent-
zon et A. Fliche (in-8. Hachette). — La Dame au diamant, par K. Green;
- 191 -
Irad. par M'»<' J. Heywood (in-16, Hachette). — La Déroute, pd^v Q. Eras-
tofT; trad. de M. Redgar et I. Karmor (in-18, E. Xourry). — Œuvres choisies
de R. Kipling, avec une notice de M. Epuy (in-12, Delagrave). — Par dessus
les vieux ?nurs, par C. Mancey (in-12, Lethielleux). — En Passant, par
Y. d'Isnée (in-12, Lethielleux). — Méprise, par M. Maryan (in-12, Henri
Gautier). — L'Irrésistible Force, par J. de Coulomb (in-18, Henri Gautier).
— Veuve de quinze ans, par B. de Buxy (in-12, Henri Gautier). — Sainte-
Beuve et Champ fieunj. Lettres de Champfleury à sa mère, à son frère et à
divers, par J. Troubat (in-18. Mercure de France). — ■ Tibulle et les auteurs
du « Corpus Tibullianum », texte établi par A. Gartault (in-8, Colin). — His-
toire de la littérature française classique, 1515-18.30, par F. Brunetière. T. I.
De Marot à Montaigne (1515-1595) (petit in-8, Delagrave). — Les Grands
Écrivains français. Molière, par G. Lafenestre (in-16. Hachette). — La
Bretagne à F Académie française au \ix^ siècle, d'après des documents inédits
par R. Kerviler (in-8, Champion). — Les Paysans de la Normandie orientale.
Pays de Caux, Bray, Vexin normand, Vallée de la Seine, par J. Sion. Étude
géographique (in-8. Colin). — Indo-Chine et Japon, journal de voyage, par
M. et M"'-*^ E. Jottrand (in-16, Plon-Nourrit). — Le Buwenzori, voyage d'ex-
ploration et premières ascensions des plus hautes cimes de la chaîne neigeuse
située entre les grands lacs équatoriaux de V Afrique centrale, de S. A. R. le
prince Louis-Amédée de Savoie; relation du D"" F. de Filippi; trad. par
A. Poizat (gr. in-8, Plon-Nourrit). — Trois Années de chasse au Mozambique,
par G. Vasse (in-16. Hachette). — Mes Croisières dans la mer de Behring,
nouvelles chasses et nouveaux voyages, par P. Niedieck; trad. de l'allemand
par L. Roustan (in-8, Plon-Nourrit). — Les Grandes Antilles. Étude de
géographie économique, par D. Bellet (in-8, Guilmoto). — Le Brésil au
xxe siècle, par P. Denis (in-18, Colin). — Saint Thomas Becket (1117-1170),
par Mgr Demimuid (Collection Les Saints (in-18, Lecoffre, Gabalda). —
Crépuscule d'ancien régime, par le vicomte de Guichen (petit in-8, Perrin).
— Claude Fauchet, évêque constitutionnel du Calvados, député à V Assemblée
législative et à la Convention (1744-1793), par J. Charrier (2 vol. gr. in-8,
Champion). — Lettres de François-Joseph Bouchette (1735-1810), avocat à
Bergues, membre de V Assemblée nationale constituante, publiées avec une
Introduction et des notes par le chanoine C. Looten (in-8. Champion). —
La Mort de Pichegru. Biville, Paris, le Temple, 180i, par F. Barbe}' (in-16,
Perrin). — Histoire des conciles d'après les documents originaux, par C. J.
Hefele T. II. 2"^ partie; nouvelle trad. française faite sur la 2^ édition alle-
mande, corrigée et augmentée de notes critiques et bibliographiques par
Dom H. Leclercq (gr. in-8, Letouzey et Ané). — Le Célèbre Miracle de
saint Janvier à Naples et à Pouzzoles, examiné au double point de vue his-
torique et scientifique, avec une Introduction sur le miracle en général, par
L. Cavène (in-8, Beauchesne). — Le Pèlerinage de Port-Royal, par A. Hallays
(in-8, Perrin). — Histoire des corporations de métiers, depuis leurs origines
jusqu'à leur suppression en 1791, suivie d'une Étude sur l'évolution de l'idée
corporative de 1791 à nos jours et sur le mouvement syndical contemporain^
.par E. Martin Saint-Léon (in-8, Alcan). — Correspondance du comte de la
Forest, ambassadeur de France en Espagne ,1808-1813 , publiée pour la Société
d'histoire contemporaine par Geoffroy de Grandmaison. T. III. Octobre
lS09-juin 1810 (in-8, A. Picard et fils). — Lettres et documents pour servir à
l'histoire de Jnachim Murât (1767-1815), publiés par son S. A. le prince Murât ;
avec une Introduction et des notes par P. Le Brethon. T. II. Armée d'ob-
servation du Midi (suite). République cisalpine. République italienne: 1801'
— 192 —
1803 (in-8, Plon-iNourrit). — Mémoires du général Criais, 1792-1822, publiés
par son petit-n€veu, avec Introduction et notes par A. Cliuquet. T. I^""
(in-8, l'Ion-Nourrit). — Soldats de Napoléon. Journal de route du capitaine
Robinaux, 1803-1832, publié par G. Schlumberger (in-16, Plon-Nourrit). —
Soldats de Napoléon. Lettres du commandant Coudreux à son frère, 1804-1815.,
publiées par G. Schlumberger (in-16, Plon-Nourrit). — La France à Mada-
gascar, histoire politique et religieuse d'une colonisation, par P. Suau (in-8,
Perrin). — Histoire de Bourgogne, par A. Kleinclausz (in-8 carré. Hachette).
— Au pays de Jean de la Fontaine. Notes d'histoire sur Château-Thierry ,
du xvi^ au xix^ siècle, par E. Deraine (in-8, A. Picard et fils). — Diaire de
Joseph Guillaudeau, sieur de Beaupréau (1584-1643) [Archives liistoriques
de la Saintonge et de VAunis. T. XXXVI II ) (in-8, Paris, A. Picard ; Saintes, Pré-
vost).— L'Évolution d'un village frontière de Provence. Saint- Jeannel (Alpes-
Maritimes), par J.-E. Malaussène (in-8, A. Picard et fils). — La Question
d'Orient, depuis ses origines jusquà nos jours, par E. Driault (in-8, Alcan). — ■
La Franc-Maçonnerie en France des origines à 1815, par G. Bord. T. I*"".
Les Ouvriers de Vidée révolutionnaire, 1688-1771 (in-8, Nouvelle Librairie
nationale). — Etudes contemporaines. L'Eglise de France devant le gouver-
nement et la démocratie, par P. Barbier (in-12, Lethielleux). — Études con-
temporaines. La Crise intime de V Eglise de France. Les Prêtres démocrates,
le Sillon, les hypercritiques, par P. Barbier (in-12, Lethielleux). - — L'Action
française et Vidée chrétienne, étude critique, par A. Lugan (in-16, Blond). —
Une Semaine à Londres. Impressions d'un congressiste, par le chanoine
A. Morigny (petit in-8, Lyon et Paris, Vitte). — Le Catholicisme en Angle-
terre au xix<^ siècle, par P. Thureau-Dangin (in-16, Bloud). — Un Cadet de
Gascogne au xvi*^ siècle. Biaise de Montluc, par P. Courteault (in-12, A. Pi-
card et fils). — Trois Familiers du grand Condé. U Ahhé Bourdelot, le Père
Talon, le Père Tixier, par J. Lemoine et A. Lichtenberger (petit in-8 carré,
Champion). — Une Vie de femme au wiii^ siècle. Madame de Tencin (1683-
1749), par P. -M. Masson (in-16. Hachette). — Victor Hugo à vingt ans, glanes
romantiques, par P. Dufay fin-l6, Mercure de France). — Profils de reines,
par E. Rossier (in-12, Alcan). — Apologétique vivante. Une Anglaise con-
vertie, par le P. H. d'Arras .(in-16, Beauchesne). Visenot.
Le Gérant : CHAPUIS
ImpriniPiie jolyglolle Fr. Suion, Meuues.
POLTBIBLION
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE UNIVERSELLE
PUBLICATIONS RECENTES SUR L'ECRITURE SAINTE
ET LA LITTÉRATURE ORIENTALE
1. Alte und neue Aiigriffe auf das Alte Testament. Ein Rûckblick und Ausblick, von
JoHANNES NiKEL (BibUsche Zeitfragen, fasc. 1). 2^ édit. Munster in Westfalen,
Aschendorff, 1908, in-8 de 47 p., 0 fr. 75. — 2. Die Glaubwiirdigkeit des Alten Testa-
mentes im Lichte der Inspirationslehre und Literarkritik, von Johannes Nikel
(même collection, fasc. 8). Ibid., in-8 de 48 p., 0 fr. 75. — 3. Der Ursprung des alttes-
tamentlichen Gottesglaubens, von Johannes Nikel (même collection, fasc. 2).3<'édit.
Ibid., in-8 de 43 p., 0 fr. 75. — 4. L'Histoire et les histoires dans la Bible, par M. Lan-
DRiEUx. 2e édit. Paris, Lethielleux, s. d. (1908), in-12 de 96 p., 0 fr. 50. — 5. Dop-
pelberichte im Pentateuck. Ein Beitrag zur Einleitung in das Aile Testament, von
A. ScHULZ (BibUsche Studien, t. XIII, fasc. 1). Freiburg im Breisgau, Herder, 1908,
in-8 de vii-96 p., 3 fr. 50. — 6. Die Amarnazeit. Palastina und Agypten in der Zeit
israelitischer Wanderung und Siedelung, von Karl Miketta (Biblische Zeitjragen,
fasc. 10). Munster in Westfalen, Aschendorff, 1908, in-8 de 48 p., 0 fr. 75.— 7. Das
Hohelied, iibersetzt und erklurt, von Joseph Hontheim {BibUsche Studien, t. XIII,
fasc. 4). Freiburg im Breisgau, Herder, 1908, in-8 de 111 p., 3 fr. 50. — 8. Le Livre
d'Amos, par J. Touzard. Paris, Blond, 1909, in-12 de lxxxv-119 p., 3 fr. — 9. Les
Prédécesseurs de Daniel, par Edouard Dujardin. Paris, Fischbacher, 1908, in-12
de 107 p., 2 fr. 50. — 10. Die Griechische Philosophie im Bûche der Weisheit, von
Paul Heinisch (Alttestamentliche Abhandlungen, t. I, fasc. 4). Munster i. W.
Aschendorfï, 1908, in-8 de iv-158 p., 5 fr. 25. — 11. Hieronymi graeca in Psalmos
fragmenta, von Joh. Joseph Klem. Waldis (même collection, t. I, fasc. 3). Ibid.,
in-8 de 80 p., 2fr.65. — 12. Histoire et Sagesse d' AhikarT Assyrien (fils d\Anael,neveu
de TobieJ. Traduction des versions syriaques avec les principales différences des
versions arabes, arménienne, grecque, néo-syriaque, slave et roumaine, par F. Nau
(Documents pour l'étude de la Bible). Paris, Letouzey et Ané, 1909, in-8 de 308 p.,
5 fr. — 13. Le Messianisme chez les Juifs fl50 aç. Jésus-Christ à 200 après Jésus-
Christ), parle P. M.-J. hAGRXNOE (Études bibliques). Paris, Lecoffre, Gabalda, 1909,
in-8 de vni-349 p., 10 fr. — 14. Histoire du canon de F Ancien Testament dans V Eglise
grecque et l'Église russe, par M. Jugie (Études de théologie orientale). Paris, Beau-
chesne, 1909, in-12 de 140 p., 1 fr. 50. — 15. Der Kanon des Neuen Testaments, von
P. Dausch {BibUsche Zeitfragen, fasc. 5). 2'^ édit. Munster i. W., Aschendorfï, 1908,
in-8 de 43 p., 0 fr. 75. — 16. Kardinal Wilhelm Sirlets Annotationen zum Neuen
Testament. Eine Verteidigung der Vulgata gegen Valla und Erasmus, nach unge-
druckten Quellenbearbeitet von P. Hildebrand Hpfol {BibUsche Studien, t. XIII,
fasc. 2). Freiburg im Bresgau, Herder, 1908, in-8, de x-126 p., 4 fr. 25. — 17. Les
Théories de M. Loisy. Exposé et Critique, par M. Lepin. Paris, Beauchesne, 1908,
in-12 de 379 p., 3 fr. 50. — 18. M. Loisy et la critique des Évangiles, par F. Jubaru.
Paris, Lethielleux, s. d. (1908), in-12 de 99 p., 0 fr. 60. — 19. Jésus-Christ. Réponse
à M. Renan, par A. Gratry. Nouv. édit. Paris, Téqui, 1908, in-12 de xi-139 p.,
1 fr. — 20. Der Verni chtungskampf gegen das biblische Christusbild, von Ignaz
RoHR {BibUsche Zeitfragen, fasc. 3). 2e édit. Miinster i. W., Aschendorff, 1908, in-8
de 40 p., 0 fr. 75. — 21. Ersatzversuche filr das biblische Christusbild, von Ignaz
RoHR (même collection, fasc. 4). Ibid., in-8 de 51 p., 0 fr. 75. — 22. Christus und
Bhudda, von O. Wecker (même collection, fasc. 9). Ibid., in-8 de 51 p., 0 fr. 75 —
23. St. Augustins Schrift De consensu evangelistarum unter vornehmlicher Beriicksich-
tigung hrer harmonistischen Anschauungen. Eine biblisch-patristische Studie, von
Heinrich Joseph Vo gels {Biblische Studien, t. XIII, fasc. 5). Freiburg ira Breisgau,
Herder, 1908, in-8 de iv-148 p., 5 fr. — 24. De Bethléem à Nazareth. Étude historique
sur l'enfance et la jeunesse du Rédempteur, par le P. M.-J. Oluvier. Paris, Lethiel-
Mars 1909. ■ T. CXV. i3.
- 194 —
leux, s. d. (1§08), in-12 de xxxii-536p., 4 fr. — 25. Die Dauer der dffentlichen Wirk.
samkeit Jesu. Eine patristisch-exegetische Stu^lie, von Wilhelm Homanner
(Biblische Studien, t. XIII, fasc. 3). Freiburg ira BreLsgau, Herder, 1908, in-8 de
vn-123 p., 3 fr. 75. — 26. Kainel und Nadelohr. Eine kritisch- exegetische Studie iiber
Mt. 19, 24 und Parallelen, von Georg Aicher (Neutestamentliche Abhandlungen,
fasc. 5). Munster i. W., Aschendorff. 1908, in-8 de vii-64 p., 2 fr. 25. - 27. Jésus-
Christ^ sa vie. son temps, par le P. Hippolvte Leroy (Leçons d'Écriture sainte
prêchées aux Gesù de Paris et de Bruxelles). Année 1908. Paris, Beauchesne, 1908,
in-12 de 346 p., 3 tr. — 28, Die Auferstehung Jesu Christi nach den Berichten des
JVeuen Testaments, von E. Dentler (Biblische Zeitfragen. fasc. 6). 2<' édit. Muns-
ter, i. W., in-8 de 64 p., 0 fr. 75. — Die Apostel geschichte , von Joh. Belser (mr-me
collection, fasc. 7). Ibid., in-8 de 32 p., 0 fr. 75. — 30. Manuel biblique, ou Cours
d''Eeriture sainte à l'usage des séminaires. T. IV. Nouveau Testa ment, par A. Bras-
sac. 12'^ édit. Paris, Roger et Chernoviz. 1909, in-12 de xi-743 p., 3 fr. 50. — 31.
Histoire des livres du youveau Testament, par E. Jacquier. T. III et IV. Paris,
Lecoffre, Gabalda. 1908. 2 vol. in-12 de 346 et 422 p., 7 fr. — 32 . L' Apocalypse
interprétée par V Écriture, par Marc Passasa. Paris, Savaète, s. d. (1908), in-8 de
107p.,2fr.
Nous avons à présenter pour la première fois au public français
quelques ouvrages de trois nouvelles collections bibliques, éditées
chez M. Aschendorff, à Munster en Westphalie. Deux d'entre elles
comprennent des dissertations scientifiques sur l'Ancien ou le Nouveau
Testament. Les Alttesîamentliche Abkanélungen sont dirigées par
M. Nikel, professeur à Breslau, et les Neiitestamentliche Abhandlungen,
par M. Bludau, naguère professeur à Munster et évêque élu d'Erme-
land. La troisième collection, sous le titre deBiblische Zeitfragen, îoTiae
une série de brochures de vulgarisation sur l'Ancien Testament avec
M. Nikel pom" directeur, ou le Nouveau sous la responsabilité de
M. Rohr, professeur à Strasbourg. Avec les Biblische Studien et la
Biblische Zeitschrift, qui continuent à paraître à Frîbourg en Brisgau.
chez ^L Herder. ces collections témoignent d'une grande activité de
la part des catholiques allemands dans le domaine biblique et appor-
tent d'utiles contributions à l'étude scientifique de la Bible.
1. — M. Nikel a inauguré les Biblische Zeitfragen, qu'il dirige, en
jetant un coup d'œil rétrospectif sur les attaques anciennes et nou-
relles contre le Vieux Testament, Alte und neue Angriffe auf dos AUe
Testament. Les adversaires de l'Ancien Testament ont changé de front
et de méthode au cours du xix^ siècle. Ils ont comparé Israël et sa
religion aux autres nations et aux autres religions. Les uns ont préten-
du que ce peuple n'avait pas été dirigé dans son histoire par une
providence spéciale de Dieu et que sa religion était le produit d'un
développement purement naturel des idées. Les autres ont admis
l'influence divine en Israël par le moyen des prophètes, en la réduisant
toutefois à l'action directe de ces envoyés de Dieu, et ne l'étendant pas
à la rédaction même des Livres saints, qui ne sont pas ainsi eux-mêmes
inspirés par Dieu, mais reflètent seulement les idées des prophètes
inspirés. Les catholiques ont donc à prouver et la vocation surna-
— 195 —
turelle du peuple d'Israël et rinspiration des écrits de l'Ancien Tes-
tament. M. Nikel expose avec beaucoup d'à-propos la méthode à suivre
pour démontrer ces deux vérités, en se plaçant sur le terrain des adver-
saires et avec leurs propres armes, l'étude comparée des religions.
Signalons les applications de la méthode faite au monothéisme hébraï-
que, au récit de la création, àl'histoire des patriarches, aux loisduPen-
tateuque, à la croyance aux anges et aux démons, et aux idées escha-
tologiques. L'inspiration des livres de l'ancienne AUiance est attaquée
au sujet des contradictions qu'on relève entre eux, de l'idée de
Dieu, du sentiment moral, des sciences de la nature, de l'histoire pro-
fane, de la critique littéraire et textuelle. Sur chacun de ces points
d'attaque, l'apologiste moderne doit prendre nettement position pour
montrer comment l'inspiration des Livres saints n'est pas diminuée.
2. — Dans la brochure : Die Glaubwiirdigkeit des Alten Testamentes
im. Lichte der Inspirationslehre iind der Literarkritik, le même auteur
a étudié quelle autorité il faut accorder à l'Ancien Testament sous le
rapport de l'inspiration et de la critique littéraire. Il a exposé d'abord
quelles sont la nature et l'étendue de l'inspiration, puis comment il
faut entendre l'inerrance biblique. A ce sujet , il a résumé l'interpré-
tation que les exégètes catholiques, qui se disent progressistes, ont
donnée à l'encyclique Providentissimus Deus, sans en faire la critique
et en paraissant leur accorder son- assentiment. Seules les vues des
exégètes conservateurs sont discutées. Pourtant on ne peut admettre
simultanément les idées parfois assez divergentes, émises par les Pères
de Hummelauer, Lagrange,Prat, et MM. Holzhey, Peters, von Scholz;
il faudrait choisir et adopter celles qui paraissent les meilleures. II
faudrait décider si les deux premiers ont exactement Interprété la célèbre
transition de l'encychque Providentissimus : Haec ipsa deinde ad
cognotas disciplinas, ad historiam praesertim juvahit transferre, et il ne
suffît pas de dire que Léon XIII n'est plus là pour expliquer sa pensée.
Il est de notoriété pubhquo, du reste, que si l'autorité ecclésiastique
n'a pas condamné ces vues nouvelles, elle en tient quelques-unes en
suspicion. En tout cas, il est inexact de ranger M. Vigouroux au
nombre des exégètes modernes qui n'admettent pas le caractère
historique du livre de Tobie (p. 27). Le Français M. Dufom*, nommé
p. 32, doit être M. Dufourcq, qui n'est pas exégète. Au sujet de la
critique littéraire, M. Nikel résume aussi les théories du P. de Hum-
melauer, sans marquer que certains genres littéraires sont des créations-
du célèbre jésuite. Comme lui encore, il reconnaît que, même avec
les nouvelles théories, les livres historiques de l'Ancien. Testament ne
perdent rien de leur autorité naturelle et historique.
3. • — Le même auteur avait étudié dans une brochure précédente
l'origine du monothéisme hébraïque : Der Ursprung des alttestament-
— 196 —
lichen Gottesglaubens. Il a clairement montre que ce monothéisme,
unique en son genre parmi les religions de l'antiquité, n'est ni une
propriété des races sémitiques (contre Renan et Ottley), ni le produit
de la réflexion (contre Renan et Hitzig), ni le dernier terme de l'évo-
lution religieuse, partant du totémisme, du culte des ancêtres ou du
fétichisme, ni un emprunt aux Babyloniens ou aux autres peuples
voisins. Cette brochure est excellente; l'auteur est très au courant
des systèmes modernes, et il les réfute par de solides raisons.
f^ ^- ■ — Dans une conférence à des dames, M. Landrieux distingue
très judicieusement l'Histoire et les histoires dans la Bible. Au lieu
de n'y rechercher que les épisodes merveilleux, il faut y voir l'histoire
sainte elle-même, l'idée providentielle qui relie les événements, à
savoir la préparation de la venue du Messie. Pour aider les mères
chrétiennes, qui veulent enseigner cette histoire sainte à leurs enfants,
le conférencier expose sommairement, mais avec clarté et préci-
sion, les principes catholiques de l'exégèse biblique, puis il signale,
dans les faits principaux de cette histoire, la marche progressive de
l'action divine, préparant par la révélation juive la manifestation
de Notre-Seigneur. Je n'ai relevé qu'une seule inexactitude (p. 63) :
M. Landrieux parle à l'époque des Juges de l'idolâtrie syrienne (Baal,
Moloch, Astarté), qui n'a été introduite en Israël que par Achab; il
fallait parler de l'idolâtrie chananéenne. La lecture de cette brillante
conférence sera utile à tous les laïques, chargés d'expliquer l'histoire
sainte; elle leur fera éviter des écueils, contre lesquels beaucoup de
personnes de bonne volonté ont sombré, au grand détriment des jeunes
intelligences.
; 5. — En vue d'apporter quelques précisions de fait à l'étude de la
composition du Pentateuque, M. Schulz a examiné les doubles récits
de ce livre, Doppelberichte im Pentateuch. 11 n'a pas eu l'intention
d'épuiser le sujet, et il s'est borné à quelques exemples. Il n'a pas
seulement étudié les doubles traditions sur la création, le déluge,
l'âge d'Ismaël quand il fut chassé avec sa mère, la préservation de Lot,
et certains doublets de l'histoire de Jacob et de Joseph dans la Genèse.
Il a poursuivi son enquête dans l'Exode et les Nombres, et il a trouvé
deux récits de la sortie d'Egypte, de l'envoi des espions au pays de
Chanaan et de la révolte de Coré, Dathan et Abiron. Il n'a rien dit
de neuf sur la question; tous ces exemples avaient été proposés par
les critiques non catholiques. Tout son effort a tendu à montrer que
les explications, données par les exégètes conservateurs, n'étaient pas
acceptables. Il a maintenu seulement contre Gunkel et Happcl l'unité
du récit concernant la tour de Babel. Il estime que cette constatation
ne nuit pas à la valeur historique du Pentateuque, puisque au lieu d'un
seul témoignage sur un fait, on en a deux. Mais, s'ils sont contradictoires,
- 197 -
ces deux témoignages, loin de se confirmer, se détruisent. Or, M. Schulz
a bien montré leurs divergences, mais pas leur accord, sinon sur le
fait brut. De son étude il ne tire, au sujet de la composition du Penta-
teuque, que cette seule conclusion : Si Moïse est l'auteur de la légis-
lation hébraïque, les récits de son histoire ont pu être écrits par
d'autres. Elle se concilie fort bien avec la récente décision de la Com-
mission biblique. Cette décision, en effet, n'a pas interdit aux catho-
liques de faire des travaux critiques sur l'origine du Pentateuque.
Elle a réglé seulement la direction qu'ils doivent suivre. Quelques
recenseurs de l'opuscule de M. Schulz en ont conclu assez inconsidé-
rément que les catholiques pouvaient rivaliser de zèle avec les ratio-
nalistes pour prouver que Moïse n'a pas rédigé le Pentateuque.
M. Schulz est bien plus modéré, parce qu'il est mieux instruit.
6. — A Amarna en Egypte, on a découvert, en 1888,310 tablettes
cunéiformes, qui contiennent des lettres adressées aux Pharaons
d'Egypte, Aménophis III et IV, par les rois de Babylone ou d'Assyrie,
par une princesse babylonienne et par des gouverneurs phéniciens
et chananéens. Après avoir décrit le Heu de la découverte, raconté
l'histoire de cette découverte, caractérisé la langue dans laquelle ces
lettres sont écrites, indiqué quels étaient les destinataires et les expé-
ditionnaires et résumé leur contenu, M. Miketta, dans sa brochure : Die
Amarnazeit, étudie successivement, d'après cette correspondance,
quel était l'état de l'Egypte, de la Syrie et de la Palestine à cette
époque, c'est-à-dire à l'époque de l'entrée des Israélites en ce dernier
pays. Dans une quatrième section, il traite des rapports que ces
tablettes peuvent avoir avec la Bible. Il reconnaît les Hébreux
dans les Cliabiru et les Sa-Gas de cette correspondance, et il place les
événements mentionnés au début de l'époque des Juges, quand les
Israélites tentaient d'affermir et d'étendre leur conquête au nord de
la Palestine. Il maintient aussi ses précédentes conclusions sur la
chronologie biblique et sur la date de la sortie d'Egypte, sous Amé-
nophis II (1461-1436). Le P.Vincent, Canaan^ p. 458, note, n'admet
pas ces conclusions.
7= — L'opuscule du P. Hontheim sur le Cantique, Das Hohelied, com-
prend des prolégomènes, un commentaire et la traduction allemande
de ce livre inspiré. Les prolégomènes traitent les questions d'intro-
duction. Tout en admettant le caractère allégorique du Cantique,
l'auteur n'en considère que le sens matériel, base de l'allégorie, et il
y voit la description de l'amour idéal dans le mariage. Les deux per-
sonnages principaux sont l'époux et l'épouse, déjà mariés; ils chan-
tent l'union des âmes dans le mariage et font abstraction deia généra-
tion et de l'éducation des enfants. Ils remontent à l'éclosion de leur
amour avant le mariage dès leur première rencontre et le décrivent
— 198 —
jusqu'au jour de leurs noces, dans six entretiens dans lesquels ils se
considèrent, par fiction poétique, comme n'étant encore que fiancés.
Ces six dialogues correspondent aux six jours de noces, tels qu'ils se
célébraient en Orient. L'époux est le roi Salomon et l'épouse la Sula-
mith (simple nom féminin de Salomon). Le Cantique ne répond donc à
aucune occasion historique, pas plus au mariage de Salomon avec la
fille de Pharaon qu'avec la Sunanite Abisag. Les circonstances de la
parenté et de la demeure de l'époux sont purement fictives et ne répon-
dent à aucune réalité. Le P. Hontheim analyse les six chants, tels qu'il
les comprend, puis détermine leur structure strophique d'après la
théorie du P. Zenner. Le texte hébreu non vocalisé est très bien con-
servé (l'auteur n'a noté que cinq fautes), et la vocalisation massoré-
tique n'a besoin d'être corrigée qu'en quelques cas. Le P. Hontheim
propose une seule transposition et la répétition de quelques versets.
Il ne connaît aucune preuve solide pour ne pas attribuer le Cantique
à Salomon, et il n'a aucune raison de se prononcer pour ou contre
cette attribution. Le nom de l'auteur pourrait être un pseudonyme,
et les Pères, en acceptant le titre, n'ont pas donné un enseignement
ecclésiastique définitif. La question d'auteur ne change rien à la signi-
fication du livre inspiré et n'enlève rien à sa beauté naturelle et surna-
turelle. Le commentaire est à trois étages successifs : le premier est
alloué à la critique textuelle, le deuxième à l'explication et le troisième
à l'analyse détaillée de chaque chant. Cette méthode favorise l'étude
scientifique du texte; elle n'est pas d'une lecture courante, et elle
partage l'attention. La traduction allemande divise le livre en chants,
en strophes et en vers. Elle permet aux lecteurs qui ne savent
pas l'hébreu de saisir les beautés poétiques de l'original.
8. ■ — Par le Livre d'Amos, M. Touzard inaugure brillamment une
nouvelle série de commentaires bibliques dans la Bibliothèque de l'en-
seignement scripturaire. On ne se borne plus à joindre quelques notes
à une simple traduction du livre sacré. On donne un commentaire
complet, quoique succinct, du texte entier, dans lequel on traite avec
concision et précision les questions critiques, exégétiques, archéolo-
giques et historiques afférentes. Une Introduction détaillée fait con-
naître le milieu historique et politique dans lequel vécut le prophète,
la personne d'Amos avant sa vocation et pendant son ministère pro-
phétique, le livre lui-même, son contenu, sa forme littéraire, son style,
son texte, son authenticité, enfin la doctrine du prophète, synthé-
tisée et appliquée au présent et à l'avenir d'Israël. M. Touzard a lu
les travaux des critiques ses devanciers; il en est tributaire sans en être
dépendant; il leur a emprunté les résultats positifs, en laissant leurs
théories aventureuses et en réfutant leurs conclusions les plus spé-
cieuses. Il se meut à l'aise dans ce fouillis d'hypothèses, il fait très
— 1^9 —
librement et très judicieusement le choix des meilleurs matériaux
et les met en œuvre dans une exposition personnelle, qui est à la
portée des lecteurs les moins initiés aux problèmes de la critique
moderne. Ce petit commentaire est donc un écrit de vulgarisation
scientifique, qui concourra pour sa part à la diffusion des bonnes mé-
thodes exégétiques dans le grand public chrétien. Des tables analy-
tiques développées facilitent l'emploi de l'ouvrage et permettent
de retrouver rapidement le détail qui a frappé à la lecture et que l'on
veut utiliser plus tard. Il est à désirer que la nouvelle collection con-
tienne beaucoup de volumes aussi bien faits et obtiennent une très
large diffusion.
9. — A cet enseignement scientifique, donné au séminaire de Saint-
Sulpice ou à l'Institut catholique de Paris, il faut opposerpar contraste
celui qui est distribué sur la même littérature prophétique d'Israël
à l'École des Hautes-Études. Toute personne tant soit peu au courant
verra du premier coup d'œil de quel côté on fait de la science et on
emploie les bonnes méthodes.Voici une thèse qui a été soutenue à cette
École en 1906 et qui a valu à M. Dujardin le diplôme spécial : Les
Prédécesseurs de Daniel. Avec son maître, M. Maurice Vernes, et sans
plus de raison que lui, M. Dujardin rabaisse la littérature prophétique
qui s'échelonne entre le viii*^ siècle et la fin du vs,aux environs de 350
et de 165. Il place donc les pseudo-Osée et Amos quelques années
avant l'entrée d'Alexandre le Grand en Judée. Continuant son travail
pseudo-critique, il recherche ici la trace de faits et d'idées, datant de
la fin du iii^ siècle et du commencement du ii^, dans les prophéties
d'Habacuc, de Sophonie, d'Aggée, de Zacharie et de Malachie. Il prend
comme terme de comparaison l'histoire de cette époque, telle que
Josèphe la raconte, les idées et la lang-ue de la majeure partie des
Psaumes, de l'Ecclésiastique et du livre de Daniel, qu'il rapporte à
cette date. Il analyse ensuite les petits prophètes, qui sont l'objet de
son étude, et il croit y retrouver des allusions à l'histoire juive du
iii^ et du 11^ siècle. Indiquons quelques spécimens de cette nouvelle
exégèse. M. Dujardin voit dans Habacuc, ii, 9-12, 17, des traits qui
visent Hyrcan, fils de Joseph ben Tobia. Sophonie ressemble au
Second Isaïe, qui est du iii^ siècle; il lui est donc postérieur. Et si le
Second Isaïe n'est pas du iii^ siècle, la démonstration croule. Le livre
d'Aggée dépend des documents qui ont ser\à à la composition du
livî'e d'Esdras, et son explication de la cessation des travaux du temple
« apparaît comme une hypothèse inventée en vue de fournir un argu-
ment à la Aaeille doctrine prophétique (p. 59) ». Pour trouver dans
Zacharie et dans Malachie des indices du ii^ siècle, le jeune diplômé
fait de singulières considérations, fondées exclusivement sur de pures
hypothèses. En acceptant une pareille « thèse «, le jury de l'Ecole des
— 200 —
Hautes-Etudes fait preuve de conceptions toutes spéciales sur l'histoire
d'Israël. Ajoutons qu'elles ne- sont admises nulle part ailleurs, même
en France, où elles ont été émises par deux ou trois hommes sans auto-
rité critique et sans influence.
10. ■ — Comme travail préparatoire à un commentaire du livre de
la Sagesse, M. Heinisch publie une monographie fort savante sur
l'influence de la philosophie grecque sur l'auteur de ce livre : Die
Griechische Philosophie im Bûche der Weisheit. Bien que cet écrivain
soit un juif d'Alexandrie, il ne cherche pas, comme Philon, à mêler
la foi des pères à la philosophie grecque ; il est, au contraire, un partisan
enthousiaste de sa religion. M. Heinisch discute successivement les
rapprochements qu'on a tentés entre le livre de la Sagesse et les phi-
losophes grecs ; il étudie séparément les doctrines de l'un et des autres,
qu'on a voulu apparenter, et il en fait voir les différences, qui sont
telles que l'emprunt apparaît impossible. Cette méthode comparative
est appliquée à la philosophie grecque antésocratique, aux doctrines
d'Heraclite, d'Anaxagore et de Xénophon, puis à Platon au sujet de
la sagesse, de la matière, des rapports du corps et de l'âme, de l'immor-
talité et de la préexistence des âmes, ensuite au stoïcisme (sur la
sagesse, la providence et les vertus cardinales) et à l'épicuréisme, enfin
à la pliilosophie judéo-grecque, au sujet de Dieu, de la sagesse, desidées
morales et de Fallégorisme. Un appendice est consacré à l'essénisme.
La conclusion générale de cette enquête, qui est fort bien menée, est
que l'auteur delà Sagesse n'avait qu'une connaissance très superficielle
de la philosophie grecque. Il ne s'était rallié à aucun système, pas
même à celui de la philosophie judéo-alexandrine, et n'avait lu aucun
livre de la philosophie classique. Le seul emprunt qu'il ait fait à cette
philosophie consiste en quelques mots, tels que -rpovoia pour exprimer
la providence divine, conçue à la façon juive, ou des tournures, qui
avaient passé des écoles dans le grand public. Demeuré fidèle à la foi juive,
il a seulement, sous l'inspiration divine, développé la spéculation
hébraïque sur la sagesse et l'eschatologie, en se servant d'expressions
philosophiques, mais en restant toujours dans la ligne de la révélation
de l'ancienne AlHance. Il y a donc à réformer bien des idées courantes
au sujet de la place tenue par la philosophie grecque dans le livre de
la Sagesse.
IL ■ — Dans les mêmes Alttestamentliche Abhandlungen, M. Waldis
a étudié les 29 fragments grecs sur les Psaumes, queDom Morin avait
tirés d'un manuscrit de Turin, maintenant brûlé, et édités dans ses
Anecdota Maredsolana, t. III, 3^ partie, p. 122-128, comme pouvant
provenir en partie de saint- Jérôme lui-même, Hieronymi graeca in
Psabnos fragmenta. Aucun d'eux n'a cette origine. Ils proviennent
tous d'une Chaîne écrite à la marge d'un Psautier. Pour en retrouver
— 201 —
les sources, M. Waldis les a minutieusement comparés aux autres
Chaînes du Psautier. Le texte de chacun d'eux est reproduit, puis
traduit en allemand, enfin rapproché des textes parallèles. Cette
comparaison a fait découvrir des extraits d'Origène, d'Eusèbe de
Césarée, de saint Athanase, de saint Basile, de saint Grégoire de Nysse,
de Didyme l'aveugle et de Théodoret. Tous n'ont pu être identifiés.
Cependant aucun ne peut être attribué à Jérôme de Jérusalem qui
vivait au viii^ siècle et à qui le manuscrit de Turin semble les rapporter
tous. Jérôme n'est probablement pas non plus l'auteur de la Chaîne.
Le texte grec des Psaumes, qui a été ainsi glosé, est celui des Septante
de la recension hexaplaire. Cette Chaîne qui est postérieure au v^ siècle
et antérieure au xi*^, nous renseigne sur la méthode exégétique, suivie
à l'époque de sa composition : l'interprétation est tantôt littérale,
tantôt allégorique, et, comme dans les autres Chaînes, elle est emprun-
tée généralement aux commentateurs grecs du iv^ et du v^ siècle. A
la page 64, il faut lire « de la Rue » et non pas « de la Rues ». Le travail
de M. Waldis pourra être complété sur quelques points demeurés
indécis; ses conclusions fermes sont acquises.
12. ■ — Histoire et Sagesse d'Ahikar l'Assyrien, de M. Nau, n'a pas
la même importance que le Livre d'Hénoch, paru dans la collection
de M. F. Martin. Cet apocryphe a cependant bien des relations avec la
Bible, qui nous le rendent intéressant. Du reste, depuis vingt ans, il
a été, dans tous les pays du monde, l'objet d'éditions partielles et de
multiples études. Il convenait que les Français aient ce livre dans
leur langue et ne soient pas entièrement tributaires de l'étranger. Il
se trouve maintenant que, grâce au labeur de M. Nau, nous le possé-
dons dans son état le plus complet, sinon le plus primitif, puisque
nous avojis la première traduction du manuscrit syriaque de Berlin
(Sachau 336). Or, le texte syriaque représente le mieux l'original,
qui est perdu, et a servi, immédiatement ou médiatement, de source
aux autres versions conservées. A sa traduction, M. Nau a ajouté, en
une première série de notes, les variantes du manuscrit de Cambridge,
édité par M. Rendel Harris, et en une seconde série, les principales
différences des autres versions arabes, arménienne, grecque, néo-
syriaque et slave. Ces variantes permettent de comparer les textes
et de rechercher quelles leçons paraissent le mieux rendre l'original.
Une troisième série de notes fournit les explications philologiques
et exégétiques nécessaires. Des appendices reproduisent les maximes
et comparaisons propres aux versions grecque, arménienne, slave
et roumaine. Une longue introduction renseigne sur l'hi'stoire du
livre et de ses versions, expose sa doctrine, résume les divers travaux
qui lui ont été consacrés, et établit les rapports de l'apocryphe avec
Tobie, l'Ecclésiastique et Daniel, et avec les fabulistes des anciennes
— 202 —
littératures. M. Nau pense que Ahikar a été un personnage historique,
juif transporté en Assyrie et neveu de Tobie, qui a rempli des fonc-
tions publiques à la cour de Sennachérib et d'Asar-Addon, et qui est
l'auteur de maximes morales et de paraboles. Selon lui, l'Histoire et
la Sagesse d'Ahikar forment un livre unique, rédigé au v^ et au
rv^ siècle avant notre ère en araméen, combinant déjà la Sagesse, la
légende et l'histoire d'Ahikar et ayant servi de prototype à la version
syriaque. L'auteur juif, écrivant dans un milieu babylonien, se serait
inspiré des Proverbes et des Psaumes, mais .aurait été une des sources
de l'Ecclésiastique. La ressemblance de ce livre avec la parabole du
mauvais serviteur, n'est pas directe mais purement fortuite. Quoi
qu'il en soit de ces problèmes, qui ne sont pas tous encore définitive-
ment résolus, on ne peut nier l'antiquité de cet écrit, depuis qu'on
a découvert, à Éléphantine en Egypte, des papyrus araméens du
v^ siècle avant notre ère, qui contiennent une partie de la légende et
des maximes d'Ahikar. Je m'aperçois que je n'ai pas analysé la légende
d'Ahikar. Je laisse aux lecteurs le plaisir de la lire dans l'ouvrage.
l5. — Étant donné le sentiment de M. Loisy sur le royaume escha-
tologique, dont Jésus aurait prêché l'imminence, il est d'une extrême
importance d'étudier en lui-même, comme vient de le faire le P. La-
grange, le Messianisme chez les Jiiifs^ dans les siècles qui ont précédé
et suivi le commencement de notre ère. Sans s'astreindre à l'ordre
chronologique des documents, l'auteur, tenant compte et du caractère
des sources et de l'évolution des idées et de leur mise en œuvre par
l'action, a divisé son travail en quatre parties, dans lesquelles il étudie
le messianisme : 1° d'après les écrivains juifs hellénistiques, Josèphe et
Philon; 2» d'après les Apocalypses apocryphes; 3° d'après le phari-
saïsme rabbinique; 4° en action. Il est impossible d'indiquer ici toutes
les variétés d'opinion, émises par les Juifs sur l'avenir messianique de
leur nation et sur les fins dernières. Il suffira d'énoncer quelques obser-
vations critiques. Notons d'abord le lapsus delà p. 10, où la prise de
Jérusalem par Pompée est rapportée à 63 après (lisez : avant) Jésus-
Christ. La seconde partie concernant les Apocalypses remonte le plus
haut dans l'ordre des temps; elle est donc la plus importante.
Après des généralités sur leur genre littéraire et leurs doctrines
générales, l'auteur aborde spécialement leur enseignement sur les fins
dernières et le Messie, en se proposant d'insister sur leur révolution
et leur influence. Or, selon lui, leur évolution a passé par
trois étapes, qui sont partiellement simultanées : 1» eschatologie
cosmique temporelle, ou bien transcendante, mais sans Messie;
20 eschatologie messianique, historique ou transcendante; 3° escha-
tologie cosmique transcendante avec un Messie historique moins
transcendant. Cette classification paraît factice et arbitraire. Elle ne
— 203 —
Tésulte pas d'une étude critique des documents et des couches super-
posées de rédaction, qu'on découvre en quelques-uns. Elle semble
faite a priori; elle enregistre des conceptions divergentes, sans s'occu-
per de leur origine. Par suite, elle n'est pas critique; elle influe même
trop visiblement sur la caractéristique appliquée aux doctrines qui
ne rentrent pas exactement dans le cadre de la théorie. Elle montre au
moins la variété des vues eschatologiques parmi les Juifs avant Jésus
et après lui. Il n'y avait donc pas une unité de doctrines qui s'imposait
pour ainsi dire à l'esprit de Jésus et l'obligeait, s'il voulait se faire
reconnaître pour Messie, de les accepter et d'en continuer la tradition.
La plupart des auteurs d'Apocalypses étaient des Pharisiens. Les
divers courants messianiques de leurs œuvres ne se sont pas perpétués
dans le rabbinisme. La pensée des rabbins a pris une orientation nooi-
velle, sinon sur les fms dernières, du moins sur le Messie et le règne
de Dieu. Les divergences et les ressemblances sont groupées aux
pages 257-265. Dans la quatrième partie l'auteur examine, dans les
actes et les faits de l'histoire, l'attitude du judaïsme envers les gentils
et envers le christianisme, enfin les déceptions messianiques après la
ruine de Jérusalem jusqu'en 250. Deux textes sont reproduits en
appendice ; ils sont suivis de la table des tannaïtes et des amoras cités
et de la table analytique des matières. L'ouvrage, destiné aux débu-
tants, n'est pas d'une lecture courante; c'est un livre d'étude. Il con-
tient de très nombreux matériaux, bien choisis. La seconde partie
est plus enchevêtrée que les autres. Les lecteurs que l'effort de la
réflexion ne rebutera pas y trouveront partout beaucoup à apprendre
et tireront de tout l'ouvrage un utile profit, dûssent-ils, après coup,
différer de l'auteur pour quelques conclusions de détail.
14. — Le P. Jugie s'étonne qu'on lui ait laissé le soin d'écrire son
livre : Histoire du canon de l'Ancien Testament dans l'Eglise grecque et
l'Eglise russe. Si le travail eût été fait, il n'eût pas eu lui-même le plai
sir et le mérite de le composer. Il s'en exagère d'ailleurs la portée. Qu'un
nombre plus ou moins grand de théologiens grecs et russes aient pu,
au cours du xviii^ et du xrx^ siècle, avec l'assentiment explicite ou
tacite des autorités officielles, accepter les idées fausses des protes-
tants sur les deutérocanoniques de l'Ancien Testament comme Ger-
ganos, Critopoulos et Cyrille Lucar l'avaient fait au xvii*^, c'est impor-
tant au point de vue de la polémique actuelle avec les orthodoxes,
mais cela ne change rien à l'histoire du canon, qui est définitive. Le
P. Jugie, en voulant rectifier ses devanciers, a assez mal compris la
position des canonistes grecs. Il ne faut tenir compte que de leurs
commentaires, qui sont plus ou moins exacts; le texte du canon
47^ du concile du Carthage, qu'ils n'ont pas tous bien expliqué,
ne prouve rien au sujet de leur sentiment personnel. Quant à
— 2U4 —
Mathieu Blastarès, il commente explicitement les mêmes canons-
que ses prédécesseurs, b, 11, col. 1140-1141. Trompé par une faute
d'impression, le P. Jugie ne s'est pas suffisamment reporté aux sources
et quand il relève les incorrections d'autrui, il lui en échappe à lui-
même. Zahn lui eût fourni des renseignements très précis sur la sticho-
métrie de saint Nicéphore et sur le catalogue des 60 livres. Nonobstant
ces lacunes, le li\Te du P. Jugie est intéressant, et il devra être consulté.
15. — Sur l'histoire de la collection canonique du Nouveau Tes-
ment, M. Dausch, Der Kanon des Xeiien Testaments, expose successi-
vement les vues principales des critiques rationalistes, des exégètes
catholiques et des théologiens protestants. Il s'arrête plus longuement
sur les idées des catholiques, et il joint aux considérations générales de
principes l'histoire sommaire et précise duCanon duNouveauTestament.
Avec beaucoup de théologiens catholiques allemands, il regarde l'ori-
gine apostolique d'un livre comme le critère principal de l'inspiration
et de la canonicité du Nouveau Testament. Il n'est pas prouvé que
les apôtres étaient nécessairement inspirés dans tous leurs écrits, et
les Évangiles de saint Marc et de saint Luc ne sbnt pas d'origine apos-
tolique. L'origine apostolique ne me parait pas l'indice certain et prin-
cipal de l'inspiration d'un livre. A la page 34, Rufm est placé à tort
après saint Augustin et saint Innocent l*^'". La brochure constitue
dans l'ensemble un bon résumé de l'histoire du Canon du Nouveau
Testament.
16. ■ — Le P. Hôpfl nous apprend du nouveau sur un ouvrage que
le cardinal Sirlet a composé lorsqu'il était encore custode de la biblio-
thèque vaticane, Kardinal Wilhelin Sirlets Annotationen ziun Neueu
Testament. L'ouvrage entrepris pour défendre la Vulgate contre les
attaques d'Érasme et de Laurent Valla, est demeuré manuscrit. Avant
de l'éditer, le P. Hôpfl nous en fait connaître la composition, le but,
le plan et le caractère général. Il expose avec plus de détails les prin-
cipes critiques et les ressources de l'auteur, la position qu'il prend
dans les questions d'introduction et au sujet de l'intégrité du Nouveau
Testament, sa polémique contre Érasme, les corrections qu'il fait au
texte sacré et des spécimens de ses annotations. S'il exagérait la
valeur de la Vulgate, qu'il préférait ordinairement aux manuscrits^
grecs, Sirlet recourait cependant à ces manuscrits, notamment au
Vaticamis et au fameux Codex Bezae, dont il avait relevé toutes les
variantes. Dans le choix des leçons, il a le plus souvent raison contre
Érasme, et sa critique, imparfaite encore en beaucoup de points, est
supérieure à celle du célèbre humaniste qu'il combattait. Dom Hôpfl
a découvert un écrit important, qui montre qu'au xvi^ siècle les
études critiques étaient plus avancées que l'on ne croyait chez les
théologiens qui ont travaillé à la correction de la Vulgate latine.
— 20:i —
17. — Des dernières Théories de M. Loisy^ à partir de 1902, M. Lepin
a voulu donner un exposé précis et exact pour en marquer la relation
avec les articles essentiels de la foi, et en faire une critique au point
de vue strictement scientifique. Dans l'exposé, qui comprend cinq
chapitres il parcourt successivement: L'Evangile et V Église \ Autour
d'un petit livre; les Lettres pour raconter les faits postérieurs à la con-
damnation des précédents écrits ]\es S impies Réflexions et les Evangiles
synoptiques. Si développé que soit cet exposé, au point qu'il a épou-
vanté la Croix, il est cependant incomplet. Dans l'histoire de la
manifestation des idées de M. Loisy, Î\I. Lepin a mis au second rang
la critique des Évangiles. Non seulement il ne parle pas du Quatrième
Évangile; il a encore perdu de vue le nouveau chapitre sur les Sources
évangéliques de la seconde édition de l'Evangile et l'Eglise (cf. Autour
d'un petit livre, p. 72 sq.) et l'article sur le Second Evangile, dont le
début a paru, en 1903, dans la Revue d'histoire et de littérature reli-
gieuses, et qui se trouve presque textuellement reproduit dans les
Evangiles synoptiques, t. I, p. 85-92. Aussi, quand il arrive à ce dernier
écrit, il n'accorde, p. 219-226, qu'une attention insuffisante aux théo-
ries de l'auteur sur l'origine des Evangiles, leur caractère et la forma-
tion de la tradition qu'ils reproduisent. Du reste, l'analyse critique
de ces deux gros volumes est la partie la plus faible de l'écrit. M. Lepin
n'a pas saisi la pensée définitive de M. Loisy dans sa trame réelle.
La critique contenue dans le chapitre vi^ n'est pas seulement Courte
et sommaire; elle ne serre pas d'assez près l'adversaire et ne porte pas
sur sa pensée spécifique et ne le déloge pas de ses positions. Bien
qu'elle présente de fort justes observations, elle est insuffisamment
développée et n'est pas assez directe. Il faudrait la reprendre sur une
base plus large et lui donner plus d'étendue et de vigueur. Une préci-
sion à apporter aux renseignements biographiques de la page ii, c'est
qu'en 1881 M. Loisy était pour la seconde fois élève à l'Institut
catholique. A partir du mois de décembre, pendant le congé du pro-
fesseur, il fit à ses condisciples le cours d'hébreu, et il n'en fut chargé
définitivement, à titre de répétiteur, qu'à la rentrée de 1882. Il avait
passé son examen de licence en théologie au mois de juin 1882.
18. • — Plus insuffisante encore est la brochure du P. Jubaru :
M. Loisy et la Critique des Evangiles. Reproduction en français de deux
articles de la Civiltà cattolica^du 20 juin et du 4 juillet 1908, elle laisse
dans l'ombre les points les plus graves du système de M. Loisy et
touche rapidement et superficiellement à quelques questions : le règne
de Dieu dans l'Évangile, le quatrième Évangile, les discours de Jésus
et les principaux faits de sa vie dans les Synoptiques, la composition
des trois premiers Évangiles. La seule partie intéressante de la bro-
chure est la piquante apphcation de la critique loisyste à l'apparition
— 206 —
de la Sainte Vierge à Lourdes. Une note supplémentaire apprend
que le R. P. a fait une précédente étude sur l'attribution du Magni-
ficat^ non à Elisabeth, mais à Marie.
19. ■ — Mgr l'évêque de Ne vers réédite Jésus-Christ, une Réponse
du P. Gratry à M. Renan, publiée pour la première fois en 1864
après l'apparition de la Vie de Jésus. Il l'offre aux jeunes gens à
l'âme haute et droite et il pense qu'il est bon à lire en face du moder-
nisme qui nous présente un Christ différent de celui de l'histoire
et de celui de l'Evangile interprété par toute la tradition chrétienne.
Gratry détruit, dans une première partie, la fausse image de Jésus
tracée par Renan. Il y a dans ces sept chapitres des coups bien frappés,
mais la plupart des considérations sur les sophistes et sur la sophis-
tique, sur la disjonction des caractères, etc., n'étaient pas et ne sont
pas encore à la portée du peuple, auquel la réfutation était adressée.
Le vrai tableau de la vie de Jésus, de la seconde partie, emprunté à
Ewald, reste juste, sans doute, mais ne répond plus guère aux théories
des exégètes allemands de nos jours et ne résout pas leurs difficultés.
La conclusion sur l'expérience" de Dieu et du Chiist est du pur Gratry;
elle contient des conseils pratiques, qui sont de tous les temps et qui
conviennent parfaitement aux jeunes gens de nos jours, trop étrangers
à la méditation de l'Évangile.
20. • — M. Rohr donne un exposé sommaire et précis des théories
négatives émises au sujet du Christ depuis Reimarus jusqu'à Bruno
Bauer et ses adhérents, Der Vernichtiingskampf gegen das biblische
Chnstusbild. Cette critique destructive s'attaque à la personne du
Christ autant qu'à son œuvre; elle nie que Jésus ait été réellement
ce que l'Évangile le fait être, et elle ne remplace pas le portrait qu'elle
démolit. On trouvera donc ici un résumé des idées de Reimarus,
l'auteur des fragments de Wolfenbûttel, des premiers rationalistes,
qui nient les miracles, de Strauss avec son système mythique, de
B. Bauer, de Kalthoff et de W. B. Smith qui, appuyés sur les conclu-
sions de la critique la plus radicale des Évangiles, ont fait de Jésus
la personnification de diverses tendances de son époque.
21. — Dans un autre fascicule des Biblische Zeitjragen, le même
auteur, continuant ce sujet, aborde une autre série de critiques, ceux
qui ne se bornent pas à détruire, mais qui refont un Christ de leur
façon, un Christ différent du Christ de l'Évangile, Ersatzversuche fiir
das biblische Christusbild. 11 nous présente trois types de ces essais
de reconstruction : le Christ « libéral » de Renan, de Strauss (seconde
manière), d'Hermann, de Fressen et de Rosegger dans deux romans
que M. Fillion nous a fait connaître; le Christ « eschatologique » de
Jean Weiss, à qui, parmi nous, M. Loisy s'est rallié; le Christ des
critiques qui suivent divers courants de la culture moderne, des socia-
— 207 —
listes, de Tolstoï^ des pessimistes, des apôtres de la tempérance et des
végétariens, enfin des admirateurs fanatiques des races germaines
qui, comme Chamberlain, rapprochent Jésus de Wodan. L'exposé du
système de Renan est incomplet et, par suite, sa critique inopérante.
M. Rohr aurait pu consulter G- Sorel, le Système historique de Renan,
m, p. 209-336.
22. — M. Wecker oppose, dans la même collection, le Clirist à
Bouddha, Chrisiiis und Buddha-Ona. fait, de nos jours, de leurs rapports
et de la comparaison du chi'istianismeavec le bouddhisme une question
religieuse, voire une question bibhque. Après avoir présenté de sages
observations sur la méthode à suivre et fourni d'utiles indications
sur l'âge des traditions bouddhistes, l'autem^'exposeetcritique les prin-
cipaux rapprochements qui ont été étabhs entre leChristet Bouddha,
au sujet des récits parallèles de leur naissance, de leur présentation à
un vieillard, de leur venue au temple, de lem' hésitation à se faii'e bap-
tiser, de leur tentation, de leur bénédiction par une femme du peuple
et de divers autres épisodes de leur vie publique. L'examen compa-
ratif des sources montre clairement que les rapprochements sont très
superficiels et n'atteignent pas la substance des faits mis en parallèle.
Il examine ensuite les hypothèses d'un emprunt fait au bouddhisme,
en étudiant l'histoire des rapports entre l'Inde et les contrées situées
à l'est et en critiquant les systèmes de Seydel et de Van den Bergh.
Cette brochure est fort claire en même temps que très précise et bien
au point.
23. ■ — Dans le dernier fascicule des Biblische Studiende 1908, M. Vo-
gels a publié mie monographie très savante et très intéressante sur un
ouvrage de saint Augustin, St Aiigustins Schrijt De consensu evange-
listarum. L'Introduction nous fait connaître le but du, livre (défendre
les Évangiles contre ceux qui les accusaient de se contredire), les adver-
saires visés (les néoplatoniciens, disciples de Porphyre), la date
(seconde moitié de 399 ou première de 400), le texte latin des Evangiles,
sm- lequel l'ouvrage est composé (la velus latina, et non pas la Vulgate
de saint Jérôme : point important, définitivement établi), les soiu"ces
(aucune de la littérature patristique connue, sinon le commentaire de
saint Ambroise sur saint Luc qui dépend d'Origène), le plan et le con-
tenu du livre. Dans une première partie, l'autem^ étudie les principes
d'harmonistique de saint Augustin : l'idée qu'il a de l'inspiration et
les rapports de dépendance qu'il reconnaît entre les Evangiles. C'est
un chapitre important de la doctrine scripturaire de l'évêque d'Hip-
pone. Dans une seconde partie, M. Vogels retrace les vues harmonis-
tiques de l'auteur du livre.. Celui-ci n'admet aucune contradiction
dans les Évangiles.. Ses essais de conciUation portent sur trois sortes
de différences :. 1° celles des mots et des paroles; 2° celles des récits;.
- 208 —
3° celles de la chronologie des faits. La première classe s'explique
par cette considération générale que les évangélistes disent les mêmes
choses en termes différents. Dans la seconde rentrent les récits de faits
réellement distincts et des récits différents du même fait; les circons-
tances de temps et de lieu servent à identifier les événements, diver-
sement racontés, et les différences ne vont pas jusqu'à la contradiction
et n'empêchent pas l'identité, chaque narrateur faisant ressortir les
circonstances qu'il connaissait. Sur la chronologie des faits, saint
Augustin n'a posé aucune question de principe et s'est contenté d'une
solution provisoire, la théorie de l'anticipation des récits relativement
à la suite chronologique des événements. L'œuvre de saint Augustin
a exercé une grande influence, et ses principes d'harmonisation ont
été suivis jusqu'à Dom Cal met.
24. — Sous le titre: De Bethléem à Nazareth,\e P.Ollivier présente au
public une Etude historique sur l'enfance et la jeunesse du Rédempteur.
Il a voulu éclairer par l'histoire la vie cachée de Jésus et s'initier à sa
vie d'âme d'enfant et de jeune homme, en le replaçant dans son
milieu politique et social. Décrivant dans un li\Te premier la fin des
temps, il remonte jusqu'aux Asmonéens, redescend par les Romains
et les Hérodes pour dire ce qu'était la postérité de David, dans laquelle
le Sauveur a pris naissance. Le livre II: le Partage des temps, raconte
l'enfance de Jésus depuis la nativité jusqu'au retour d'Egypte. Le
\ivTe III : l'Aurore des temps nouveaux, décrit les premières années
de Jésus, sa présence parmi les docteurs, sa vie cachée, son baptême
et son assistance aux noces de Cana. Neuf appendices contiennent
des généalogies et l'explication de quelques points traités au cours
de l'ouvrage. L'histoire profane, l'archéologie, l'exégèse sont tour
à tour ou simultanément employées pour éclairer les circonstances
merveilleuses de l'apparition du ^'erbe incarné en Palestine à ce grand
tournant qu'elle a produit. Or, pour mener ce grand travail à terme,
le P.Ollivier n'est ni historien, ni archéologue, ni exégète. Il n'a pas la
formation scientifique nécessaire pour puiser aux sources; il est réduit
à des ou\Tages de seconde main, et il n'a pas consulté le travail si
complet de Schiirer, tandis que Schuré est pour lui «un savant », qu'il
prend la peine de réfuter. Il est donc à la merci de ses lectures qu'il
combine plus ou moins heureusement, acceptant, sans s'en douter,
des explications divergentes qui ne se raccordent guère. II se défie de
l'hypercritique, qu'il ne sait pas distinguer de la critique sans épithète,
et il fait grand usage des Évangiles apocryphes, sans autre critère
que son propre caprice pour trier les renseignements, qu'il rejette ou
adopte. Aussi fait-il preuve de la plus grande crédulité, jointe à une
indifférence qui tend au scepticisme. Il met de la pédanterie à étaler
■des connaissances variées, sur l'Inde par exemple, à propos des essé-
— 209 —
niens, et à renvoyer au Talmud qu'il n'a pas consulté. Beaucoup de ses
références sont mal transcrites et témoignent de sa confiance aveugle
en des sources de pacotille. Malgré l'amnistie qu'il a demandée, p. 511,
je ne puis reconnaître de valeur sérieuse à son œuvre; je la tiens plutôt
comme malheureuse à cause des fausses notions qu'elle répandra
dans le public. Je pourrais citer beaucoup de détails pour justifier la
sévérité de mon jugement. Je me borne à signaler, comme spécimens,
quelques erreurs. P. ix, les Synoptiques ont d'abord été écrits pour les
Galiléens; p. 8, des incidents, racontés au 1. II des Machabées, sont
mal datés, et le jugement sur ce livre manque de pondération; p. 125,
on rappelle une opinion de saint Jean Damascène, « à laquelle se sont
ralliés saint Augustin, Eusèbe et le vénérable Bède »; p. 141, Nicéphore
a emprunté le portrait de Marie « aux contemporains du Christ » ; p.
232, 271, 280, on fait revenir et demeurer Joseph et Marie à l'étable
après la présentation; p. 239-269, longue dissertation pour faire venir
les mages de l'Inde; p. 303, le texte de Macrobe sur Hérode est mal
traduit; p. 374, ce qui est dit du 13 nisan comme jour férié n'est vrai
que du 14; parasceve signifiait vendredi, et pas le 14 nisan; p. 378, les
agneaux étaient immolés le 14 et pas le 15 nisan; p. 387, Jonathan-
ben-Uzziel a traduit les Septante en chaldéen. C'est une vraie perle;
les plus jeunes séminaristes savent que ce Jonathan a fait le targum
des prophètes sur le texte hébreu.
25. — La durée du ministère public de Jésus continue à préoccuper
les catholiques allemands depuis dix ans. Articles de revues et mono-
graphies se sont multipliés et ont défendu tous les avis (un an, deux
ans, trois ans et quelques mois). M. Homanner vient de reprendre le
sujet, Die Daiier (1er ôffentlichen Wirksamkeit Jesii. Dans le ch. i^r, il
considère les Evangiles comme des œuvres historiques et examine
la nature de leurs données chronologiques. Le ch. ii est consacré à
l'exposé des vues divergentes des Pères, qui ne proposent pas une tra-
dition, mais de simples opinions exégétiques. Il a montré que celle
d'une année était, dans l'antiquité, d'origine gnostique. Dans le ch. m,
l'auteur cherche dans les Évangiles la solution du problème. Il rejette
la théorie d'une seule année proposée par Van Bebber et Belser, et il
ne laisse le choix qu'entre les théories de deux ou trois années. Sa pré-
férence est pour trois années. Toutefois, il n'appuie pas son sentiment
sur les quatre Pâques qui seraient énoncées dans le quatrième Évan-
gile. Pour lui, la fête indiquée, Joa., v, 1, est plus probablement la
Pentecôte, mais, comme l'a montré Stawars, celle de la seconde année
du ministère public et non celle de la première. D'où, avec la Pâque de
Joa., VI, 4 (les mots to TCâir/a. étant authentiques), on aboutit à trois
années et demi de prédication. Dans le ch. iv, il étudie ce que les Alle-
mands appellent la chronologie absolue, c'est-à-dire la date de la
Mars 1909. T. CXV. 14.
— 210 —
mort de Jésus d'après les années de Rome, et il aboutit à la fixer au
o avril 786, en 33 de notre ère. Cette date n'est pas absolument sûre,
puisqu'elle dépend de la durée de trois ans et demi pour le ministère
public, qui n'est qu'une opinion, et d'autres données, qui restent discu-
tables. Le mémoire de M. Homanner est bien composé et contient,
sinon une solution définitive, qui est impossible, du moins d'excel-
lents matériaux, bien ordonnés et bien élaborés.
26. — M. George Aicher a écrit une monographie sur le chameau
et le trou de l'aiguille, Math., xix, 24, Karnel und N adelohr . 11 rappelle'
les diverses explications qui ont été données de la parole de Notre-
Seigneur, et il en fait la critique. Les essais d'interprétation, par
lesquels on a vu dans le chameau un câble ou dans le trou de l'aiguille
une poterne de Jérusalem, ne sont pas fondés. D'autre part, l'exégèse
qui entend la sentence au sens propre soulève cette difficulté que
le riche ne peut pas être exclu du royaume, par le seul fait qu'il
est riche; Jésus n'a pas condamné les richesses. Il faut donc chercher
une autre voie. M. Aicher suppose que le texte original, qui selon lui
était hébreu, a été mal transcrit et que l'erreur de copiste a donné
lieu à la traduction grecque actuelle. Sa reconstruction du texte pri-
mitif aboutit à cette leçon:» 11 est plus facile d'entrer dans un lieu aussi
petit qu'un trou d'aiguille que d'entrer dans le royaume des cieux. »
Cette reconstitution est très ingénieuse; mais elle ne s'impose pas, et
peu de personnes l'admettront. Elle n'est même pas nécessaire, et la
signification naturelle du texte actuel ne fait aucune difficulté, si,
comme on le pense généralement, Notxe-Seigneur n'a voulu parler
que du riche injuste, du mauvais riche.
27. — Le R. P. Leroy a continué en 1908 ses intéressantes Leçons
d'Ecriture sainte, prêchées au Gesù de Bruxelles, et il les a publiées
au nombre de dix sous le titre : Jésus-Christ, sa vie, son temps. Elles
commentent les discours tenus le mardi saint (A quand la fin du monde?
la règle, l'usage, le terme, la failhte de la vie, la mort, source de vie,
l'obstacle à la vie), puis les faits du même jour et du jeudi (la trahison
de Judas, la Pâque des Juifs et celle du Christ). En raison de la nature
des sujets traités, il y a plus de considérations dogmatiques et morales
que dans les volumes précédents. L'exégèse pourtant y a encore sa
bonne part. On y trouvera une solution de la question eschatologique
à propos de ce que l'on appelle l'Apocalypse synoptique. Au sujet
de la connaissance humaine que Jésus avait de la date de la fin du
monde, l'orateur aurait pu dire que son explication n'est pas unique.
Il a trop insisté sur les païens, que Phihppe et André ont amenés à
Jésus, puisqu'il est bien plus probable que c'étaient des prosélytes.
En parlant de la Pâque, il s'est toujours exprimé selon notre manière
de compter les jours. 11 en est résulté quelques confusions fâcheuses.
— 211 —
Pour concilier les Synoptiques et saint Jean relativement au jour de
la Pâque, il s'est rallié à l'interprétation de Chwolson, qui n'est qu'une
hypothèse ingénieuse, sans preuve et dont il n'a pris qu'une par-
tie. Aussi toute sa description de la Pâque juive convient au 14 nisan
(et non au 13), suivant notre comput actuel. La réalité a ainsi repris
ses droits sur l'hypothèse. Il déclare que les coupes étaient passées
à la ronde, alors que chaque convive avait son verre. Si Jésus a pré-
senté ainsi une première coupe à ses apôtres, c'est en modifiant le rite
traditionnel, en vue de la coupe eucharistique. Le texte du Deuté-
ronome, xvi, 11, ne recommande pas de faire l'aumône aux pauvres,
aux jours de fêtes (p. 342), mais de les faire participer aux repas qui
suivaient les sacrifices de ces jours-là.
28. — M. Dentier résout brièvement, mais solidement, les princi-
pales difficultés qu'on multiplie de nos jours contre un dogme fonda-
mental de la foi chrétienne : la résurrection de i ésxis, Die Auferstehung
Jesii Christi nach den Berichten des Neuen Testaments. Il prend avec
raison comme point de départ le récit de saint Paul, I Cor., xv, 3-8;
il y joint le témoignage des Actes des apôtres; il étudie enfin plus lon-
guement les récits des Évangiles. Il discute la distinction établie entre
les apparitions galiléennes et les apparitions hiérosolymitaines, et il
montre que les récits sont partiels et incomplets, mais non inconci-
liables; chaque évangéliste ne relatait que les faits qui allaient à son
but, sans nier pour cela ceux qu'il omettait. Quant au récit du tom-
beau vide, ce n'est ni une légende, ni une addition postérieure; c'est
le récit historique d'un fait réel. En terminant, l'auteur résume les
résultats de son étude, en marquant l'accord de divers récits combinés
ensemble.
29. — M. Belser a résumé, en les précisant, dans une courte bro-
chure, Die Apostelgeschichte^ les résultats de ses précédents travaux
sur les Actes des apôtres. L'auteur du livre est le médecin Luc, le com-
pagnon de Paul et le troisième évangéliste. La datcde la composition
est fixée à l'année 63, un peu avant la solution du procès de saint Paul.
La valeur historique des récits et des discours, examinée séparément,
ressort de plus en plus des travaux les plus récents sur les Actes des
apôtres, sur leurs sources et sur la rédaction de saint Luc. Ce livre nous
fournit donc les renseignements les plus précieux et les plus sûrs au
sujet de l'Église primitive et de sa constitution. Les données chrono-
logiques sont rares et imprécises, au moins dans la première partie.
On peut néanmoins, à leur aide, établir la suite des principaux évé-
nements. Le texte nous est parvenu en deux recensions, dites l'une
orientale, l'autre occidentale. M. Belser avait pensé autrefois qu'elles
représentaient deux éditions différentes, dues à saint Luc lui-même.
Aujourd'hui il conclut seulement, avec plus de raison, que le texte
— 212 —
occidental contient probablement dans ses leçons spéciales des parti-
cularités vraiment originales. Dans la première ligne, il y a à relever
une inexactitude : saint Justin n'est pas témoin direct de l'attribution
des Actes à saint Luc.
30. — Le tome IV du Manuel biblique, comprenant les Actes, les
Épîtres et l'Apocalypse, termine la refonte, entreprise par M. Brassac,
des deux volumes de M. Bacuez sur le Nouveau Testament. C'est réel-
lement plus qu'une refonte; c'est un ouvrage nouveau par l'esprit
et la méthode plus encore que par les détails. Bien que la partie qui
concerne les Épîtres catholiques et l'Apocalypse n'ait pu encore être
remaniée à fond, le tome IV est en progrès notable sur le tome III.
Les matières y sont mieux distribuées et l'exposition plus satisfaisante.
L'analyse détaillée des Actes présente l'avantage de fournir une notice
complète sur saint Paul, avant d'aborder l'étude des Épîtres de cet
apôtre. Celles-ci au lieu d'être rangées selon l'ordre de la Vulgate, sont
disposées par ordre de date et replacées dans leur milieu historique.
Deux innovations heureuses sont : l'Introduction générale aux Épîtres
de saint Paul et la synthèse de la théologie du même apôtre. Sur cha-
cun des 23 livres du Nouveau Testament, dont traite ce volume, les
maîtres ot les élèves de nos séminaires trouveront l'essentiel des
questions critiques d'introduction et les éléments d'un commentaire
dans l'analyse développée du contenu. Au point de vue pédagogique,
le livre paraît facile à étudier; l'exposé est simple, clair et précis,
les divisions sont logiques et frappent l'œd pai" l'emploi des caractères
gras. La bibhographie est abondante, peut-être à l'excès, par exemple
les ouvrages généraux indiqués à la page 38. L'illustration est moins
réussie. La figure 63, p. 466, donnée comme représentant l'imposition
des mains, est à retrancher; c'est une scène de jugement. Je signale
à l'auteur quelques inexactitudes, pour qu'il les corrige dans la pro-
chaine édition. Ce qui est dit, p. 41, de N.-S. emmenant enchaînés ses
ennemis ne correspond pas au commentaire plus exact qu'on donne,
p. 407.. Il est parlé de la communion, p. 50, en style de lecture spiri-
tuelle, et plus bas de la caisse « richement dotée « de la pauvre Église de
Jérusalem. Le renseignement sur Eusèbe, évêque de Césarée, est du
ressort du professeur d'iiistoire. Le témoignage de VAnibrosiaster, qui
dépend des prologues marcionites découverts par Dom deBruynCîpom"-
rait se concilier avec ce qui est rapporté, p. 319, 322, des débuts de
l'Église de Rome. Sur la difTérence entre lettres et épîtres, il faudrait,
p. 171, 'renvoyer à l'étude originale de Deissmann. On affirme à tort,
p. 450, qu'il y avait, avant 150, plusieurs versions syriaques des Épîtres.
Le nom : Dieu vivant, se trouve en dehors des Épîtres de saint Paul ;
ainsi Matth., xxvi, 63; Act,, xiv, 14; I Pet., i, 23- Apoc, vu, 2, etc.
Sur la question du comma Johanneum, il y a plusieurs corrections à
— 213 —
faire. Priscillien ne le cite pas dans le même sens (p. 648) que saint
Gyprien, mais bien en faveur de son hérésie de l'union des trois per-
sonnes en Jésus-Christ. L'Italique n'avait pas ce verset (p. 651). On
pourrait ajouter que le texte présente des indices d'interpolation : le
Verbe (et non le Fils) est opposé au Père ; il n'est pas précédé de /.ai,
etc. Je ne crois pas, pour mon compte, que Priscillien soit l'inter-
polateur du verset; il en est le plus ancien garant connu; il l'a trouvé
et l'a adapté à ses erreurs. Le décret du Saint-Office prétendait tran-
cher la discussion critique; mais comme il n'a pas une valeur doctri-
nale, on a pu soutenir à l'encontre la non-authenticité du .verset : on
ne peut pas douter que Caïus attribuait l'Apocalypse à Cérinthe
(p. 672), depuis qu'on a découvert cinq fragments syriaques de la ré-
plique de saint Hippolyte contre lui. Saint Denys d'Alexandrie n'at-
tribuait pas ce livre au prêtre Jean qu'il ne nomme pas (p. 674), mais
à un Jean autre que l'apôtre. Je n'estime pas fondé qu'il y ait deux
sens, l'un Httéral, l'autre plus éloigné (?), dans l'Apocalypse (p. 204).
31. — M. Jacquier vient de publier coup sur coup les tomes III et IV
de son Histoire des litres du Nouveau Testament. Le tome III est con-
sacré aux Actes et aux Épîtres catholiques, sauf celles de saint Jean^
et le tome IV aux écrits johanniques. L'ouvrage du professeur de
Lyon diffère du Manuel biblique : c'est une Introduction historique
et littéraire au Nouveau Testament, dans laquelle l'auteur expose,
pour chacun des livres, les circonstances de sa composition, l'analyse
de son contenu et" l'état du texte qui nous est parvenu. Il servirait
difficilement (j'en ai fait l'expérience), de hvre de classe : la disposition
peu logique des matières, l'exposition sèche et fruste des questions
déroutent les étudiants. Mais c'est un excellent livre du maître et un
ouvrage de science, que tout le monde consultera avec grand profit.
L'Introduction aux Actes comprend 184 pages. L'authenticité de ce
livre est fortement établie et par le témoignage de la tradition et par
l'étude interne (ici, selon la méthode de Harnack). La date est placée
après la libération de Paul, dans la période de 62 à 67. Au sujet des
sources de saint Luc, M. Jacquier est très réservé; il expose avec com-
plaisance les récentes conclusions de Harnack. Il prouve fortement
la valeur historique des récits et des discours, et ces derniers lui parais-
sent authentiques dans leur substance, quoiqu'ils portent l'empreinte
du style de saint Luc. Cependant, il aurait fallu considérer p. 127)
le discours de saint Etienne plutôt comme une citation de dicta alio-
rum que comme une œuvre directement inspirée, et il n'y avait pas lieu
Aq poser le canon assez large en matière d'histoire, et de s'abriter der-
rière l'autorité du P. Knabenbauer, qui n'a pas à s'appliquer ici. On
y revient, p. 170-171. Si la recension orientale du texte représente 1&
mieux l'original, la forme occidentale contient cependant de bonne
— 214 —
leçons, qu'il est nécessaire de prendre en considération. L'ouvrage do
B. Weiss, Der Codex D in der Apostelgescliichte, (Leipzig, 1897), n'est
pas mentionné. La doctrine des Actes est aussi exposée exactement et
avec intérêt. Sur les Epitres catholiques, M, Jacquier maintient toutes
les positions traditionnelles. Saint Jacques est l'apôtre de Cï nom;
la date de sa lettre n'est pas établie d'une façonfixeet on laisse le choix
entre deux solutions. La 11^ Épître de saint Pierre, écrite entre 64et67,
est du prince des apôtres aussi bien que la I^^^ rédigée à Rome de
62 à 64. Les rapports entre elle et l'Épitre de saint Judç sont bien
indiqués; mais la question de priorité ne semble pas résolue encore.
Cette dernière Épître est placée dans la seconde moitié du premier
siècle. La liste des errata aurait pu être allongée; les références bibli-
ques ont besoin d'être vérifiées, les noms et les dates sont estropiés
dans plusieurs notes. Pourquoi écrire tantôt Barnabas, tantôt Barnabe?
P. 102, xvii^ siècle est mis pour xviii^ (1741, 1755). P. 231, il est parlé
du texte des Septante pour le 11^ livre des Machabées, quia été rédigé
en grec. P. 40, les Juifs de tous pays, témoins de la Pentecôte chré-
tienne, habitaient Jérusalem; p. 234, et t. IV, p. 335, ils sont les apôtres
de leur contrée. Deux appendices traitent de la langue du Nouveau
Testament d'après les études récentes de Deissmann, etc. (la question
est renouvelée) et d'un nouveau manuscrit majuscule des Évangiles
du v^ siècle. Elles seraient mieux placées dans les rééditions du tome II.
L'édition des papyrus bibliques de la Patrologia orientalis de Mgr Graf-
fin n'est pas citée.
Dans le tome IV, M. Jacquier jirouvé, au chapitre 1*^^, l'unité lit-
téraire de tous les écrits johanniques et l'identité d'auteur. Les quatre
autres chapitres concernent successivement chacun de ces écrits.
L'origine johannique du quatrième Évangile est longuement et soli-
dement établie; tous les arguments donnés pour réfuter les adversaires
de l'historicité n'ont pas la même valeur, et quelques-uns ne me sem-
blent pas résoudre la difficulté; il eût fallu les pousser plus loin. Les
Épitres et l'Apocalypse ont reçu un traitement moins avantageux, et je
connais un critique très compétent, que la lecture du chapitre va désap-
pointé. Tout l'exposé paraît étriqué, notamment ce qui concerne les
sources, la composition, l'histoire littéraire et l'histoire de l'interpré-
tation de l'Apocalypse. On aurait pu faire de meilleurs emprunts à
Bossuet et à Swete. Nombreuses sont les fautes d'impression et les
inexactitudes de références (voir par exemple p. 121, 212). Signalons
encore quelques lacunes ou inadvertances. P. 33, Hengstenberg a
publié son commentaire sur saint Jean de 1861 à 1863. P. 41, Kreyen-
bûhl a mis au jour un second volume en 1905. Pour les citations des
Actiis Pétri, p. 60, il eût fallu recourir directement à l'édition de
Lipsius, et non à Camerlynck, dont les fautes d'impression sont
— 215 —
reproduites. P. 314, le pseudo-Dorothée n'est pas de la fin du iii*^ siècle.
Ce qui est dit du prêtre romain Caïus p. 323 (Gaïus, p. 404) est incom-
plet et faux, depuis la découverte non signalée des Capita adversus
Caiiun de saint Hippolyte. P. 351, des fragments de copies de l'Apo-
calypse d'Élie ont été publiés et traduits en allemand par Steindorfî,
et des fragments coptes de celle de Sophonie, découverts, publiés et
traduits en français par M. Bouriant. P. 407, Œcuménius n'est pas du
vi^ siècle (cf. t. III, p. 187), mais du xi^, il n'est donc pas le premier
commentateur grec de l'Apocalypse.
32. — Dans V Apocalypse interprétée par l'Ecriture, M. Passama
propose une interprétation tout à fait nouvelle de ce livre prophétique
qui cesse d'être un « logogriphe indéchiffrable ». C'est par l'Ecriture,
dont elle est le résumé, qu'il explique les chapitres iv-xxi. Mais avant
de recourir à l'Écriture et pour l'utiliser, il faut avoir le sens des sym-
boles, employés par saint Jean en raison de la discipline du « secret»,
qui régnait déjà à son époque. M. Passama a retrouvé ce sens, il ne dit
pas par quelle voie, et il l'expose au préalable comme clair, certain,
indiscutable et nécessaire (à sa théorie du moins). Ce qui caractérise
ces symboles, dit-il (p. 6), c'est leur enchaînement logique, leur sim-
plicité et leur grandeur. Avec cette clef, le livre scellé de sept sceaux
est ouvert et devient très intelligible. Au lieu d'être une prophétie de
l'avenir, c'est plutôt un résumé symbolique de l'histoire sainte
d'Israël, mêlée à l'histoire du christianisme naissant, sans dépasser la
persécution de Néron. Toutefois, comme l'Apocalypse a été écrite
sous Claude, la persécution de Néron et la destruction du peuple juif
sont les deux seuls faits prophétisés dans l'Apocalypse. Cette histoire
est décrite en tableaux apocalyptiques, et sauf quelques diachronismes
(à travers temps), elle suit l'ordre chronologique à partir de la création
de l'homme. Telle est l'idée générale que je puis donner de ce commen-
taire nouveau, tellement nouveau qu'il n'a absolument rien de com-
mun avec ceux qui ont paru jusqu'ici. Sa nouveauté si exclusive crée
un grave préjugé contre lui, car il me paraît tout à fait invraisemblable
que nul dans l'Église n'ait rien compris à l'Apocalypse avant M. Pas-
sama. En outre, la singularité intrinsèque des symboles, proposés
a priori, l'étrangeté des résultats, dont quelques-uns sont fondés sur
des impossibilités exégétiques, telles que Abaddon signifiant « aïeul
d'Addon » l'aïeul, d'Asar-Addon (p. 32), feront reléguer l'essai de
M. Passama dans le monde des rêveries apocalyptiques. Enfin, sur
un point particulier, la nouvelle interprétation du Crescite et miilti-
plicamini de la Genèse, i, 28, est contraire à la doctrine commune
reçue dans l'Église. Sous la première loi de grâce, il s'agissait de la
multiplication surnaturelle du genre humain, remplacée après le péché
originel par la multiplication naturelle de la chair. L'homme fait à
— ^16. —
l'imageet à la ressemblance de Dieu, ne pouvait se rabaisser en assu-
jettissant sa race à la lai de l'animal, Gen., i, 22, et en le faisant, il
serait arrivé à commettre ce péché, qui n'était propre qu'à lui, de faire
violence à Dieu pour le mettre en demeure de créer une âme. La mul-
tiplication naturelle était donc défendue à l'homme comme ne lui
étant pas destinée. Le péché d'Adam consista à violer cette défense.
La nécessité de la multiplication naturelle fut la conséquence de ce
péché (p. 14-18). Le sacrement de mariage permet aux enfants de la
chair de renaître enfants de Dieu, en puisant dans les eaux du bap-
tême la sève de la régénération (p. 94). Il nous semble qu'il était du
devoir du censeur d'exiger la suppression de ces erreurs, avant de déli-
vrer le Nihil obstat. E. Mangenot.
GÉOGRAPHIE — VOYAGES
. Atlas universel de géographie. Ouvrage commencé par Vivien de Saint-Martin
et continué par F. Schrader. N° 75. États-Unis, feuille Sud-Ouest. Paris, Hachette,
s. d. (1909), une feuille in-folio, 2 fr. — 2. L'Année cartographique. Supplément
annuel à toutes les publications de géographie et de cartographie dressé et rédigé
sous la dij'ection de F. Schrader. Paris, Hachette, 1908, une livraison de 3 feuilles
in-folio, 3 fr. — 3. Villes et solitudes. Croquis d'Europe et d'Afrique, par P. -Louis
Rivière. Paris, rion-Nourrit, 1908, in-12 de x-283 p., 3 fr. 50. — 4. Les Paysans
de la Normandie oiien'ale (Pays de Caua, Bray, Vexin normand. Vallée de la Seine).
Étude géographique, par Jules Sion. Paris, Colin, 1909, in-8 de viii-544 p., avec
14 fig. et cartes et 8 planches, 12 fr. — 5. Régions naturelles et ?ioms de pays. Étude
sur la région parisienne, par Lucien Gallois. Paris, Colin, 1908, in-8 de 356 p.,
avec cartes, 8 fr. — 6. Étude sur la vallée lorraine de la Meuse, par J. Vidal de
LA Blache. Paris, Colin, 1908, in-8 de 189 p., avec 13 fig., 8 cartes et planches,
4 fr. — 7. Le Berry. Contribution à l'étude géographique d'une région française, par
Antoine Vacher. Paris, Colin, 1908, in-8 de 548 p., avec 48 fig. et cartes dans le
texte, 32 photogr. et 4 planches hors texte, 15 fr. — 8. Esquisse toponyinique sur
la vallée de CauteMs (Hautes- Pyrénées), par Alphonse Meillon. Cauterets,
Cazaux, 1908, in-8 de 396 p., avec carte. — 9. Nos Frères de Bohême. Le Vieil
Alsacien chez les Tchèques, par Jeanne et Frédéric Régamy. Pai'is, Nouvelle
Librairie nationale, s. d. (1908), petit in-8 de 329 p., avec grav., 5 fr. — 10. Le
Maroc d'aujourd'hui et de demain. Rabat. Études sociales, par le D' Mauran. Paris,
Henry Paulin, 1909, in-16 de xii-210 p., avec croquis, 2 fr. 50. — 11. Sur la Côte
ouest du Maroc, par E. Pobéguin. Paris, Comité du Maroc, 1908, in-8 de 59 p. avec
croquis, 1 fr. — 12. Trois Années de chasse au Mozambique, par Guillaume Vasse.
Paris, Hachette, 1909, in-16 de 191 p., avec carte et 55 grav., 4 fr. — 13. S. A. R. le
prince Lovis-Amédée de Savoie, duc des Abruzzes. Le Ruwenzori. Voyage d'ex-
ploration et premières ascensions des plus hautes cimes de la chaîne neigeuse située
entre les grands lacs équatoriaux de l'Afrique centrale. Relation du D'' Filippo de
FiLippi; traduite par Alfred Poizat. Paris, Plon-Nourrit, 1909, gr. in-8 de 356 p.,
avec 180 illustr., 24 planches, 5 panoramas et 5 cartes, 20 fr. — 14. Indo-Chine et
Japon. Journal de voyage, par M. et M""^ Emile Jottrand. Paris, Plon-Nourrit,
1909, in-16 de 348 p., avec 3 cartes, 4 fr. — 15. La Sainte Vierge au Liban, par Joseph
Goudard, s. J. Paris, Maison de la Bonne-Bresse, s. d. (1908), in-8 de viii-536 p.,
avec de nombreuses photographies et une carte, 7 fr. 50. — 16. La Perse d'aujour-
d'hui (Iran, Mésopotamie), TpaiV^vciyt. AvBiy. Paris, Colin, 1908, in-18 de viii-
442 p., avec carte. 5 fr. — 17. Mes Croisières dans la Mer de Behring. Nouvelles
Chasses, nouveaux voyages, par Paul Niedieck ; traduit de l'allemand par L. Rous-
TAN. Paris, Plon-Nourrit, 1908, in-8 de ii-296 p., avec 132 grav. et une carte, 10 fr.
— 217 —
— 18. Canada et Canadiens, par le D'' Adrien Loir. Paris, Guilmoto, 1909, in-8
de 371 p., 6 fr. — 19- I-es Grandes Antilles. Étude de géographie économique, par
Daniel Bellet. Paris, Guilmoto. 1909, in-8 de xii-315 p., avec carte, 6 fr. — 20.
Le Brésil au xx^ siècle, par Pierre Denis. Paris, Colin, 1909, in-18 de 312 p.,
3 fr. 50. — 21. Sôo Paulo du Brésil. Notes d'un colon français, par Louis Cas.i-
BONA. Paris, Guilmoto, s. d. (1909), in-18 carré de iv-232 p. avec grav., 3 fr.
— 22. Atlas général ViD al-Lablache. Paris, Colin, 1909, in-folio, 420 cartes et
cartons, index alphabétique de 46.000 noms en 43 p. sur 7 colonnes, cartonné
toile, 30 fr.
1. • — La publication de l'Atlas universel de géographie., commencé
par feu Vivien de Saint-Martin et continué par F. Schrader, se pour-
suit avec une remarquable régularité; chaque année, deux ou trois
feuilles de cette excellente compilation voient le jour, et il ne se passe
pas de semestre où nous n'ayons à signaler ici même l'apparition de
quelque planche nouvelle de ce bel atlas. Voici plusieurs fois déjà
que notre attention est retenue par M. Schrader et par son habile
collaborateur M. \\ Huot sur la géographie des États-Unis; il en est
de même aujourd'hui encore, car, continuant la publication de leur
carte de la grande répubUque américaine à l'échelle du 1 : 5.000.000^,
ces deux habiles géographes viennent d'en distribuer la feuille Sud-
Ouest qu'ils ont (comme il est naturel) établie à l'aide des documents
émanés du Geological Survey. Est-il besoin d'insister sur le puissant
intérêt que présente cette carte? Il suffit d'indiquer brièvement les
phénomènes physiques qui y sont représentés:^ — les plateaux, «tables»
ou « mesas » de TUtah et du Colorado, les « llanos » du Texas, le pitto-
resque, l'admirable « grand carion » du rio Colorado, — pour qu'on en
comprenne la valeur éducative; ajoutons qu'elle présente un intérêt
ethnographique de premier ordre puisqu'on y trouve indiquées les
limites des « réserves « d'Indiens, et tracées les vallées naguère habitées
par les Cliff Dwellers et conservant aujourd'hui encore les curieux
restes de leurs anciens établissements. Sur sa carte, M. Huot a eu soin
aussi d'indiquer par une tache bleue sans contours précis ce singuHer
lac Salton, qu'a récemment formé la rupture des travaux d'irriga^
tion de la rive droite du Colorado. C'est donc un véritable document
d'étude que cette feuille 75 de V Atlas universel de géographie, où l'on
a pris soin de placer, dans les intervalles disponibles, deux excellents
cartouches à l'échelle de 1 : 200.000^, consacrés à New York et à ses
environs, à San Francisco et à ses environs.
2. — Ce sont également des matériaux d'études que nous trouvons
dans le dernier fascicule annuel de l'Année cartographique, contenant
les modifications géographiques et poHtiques de l'année 1907 ;
M. Schrader et ses collaborateurs, MM. D, Aïtoiï, Ch. Bonnesseur,
M. Chesneau et V. Huot y groupent une foule d'itinéraires, de levés, de
délimitations de frontières dont l'examen est éminemment instructif, et
dont un commentaire explicatif fait mieux encore apprécier l'intérêt.
— 218 —
Ce qui, toutefois, dans ce 18^ fascicule de l'Année cartographique,
nous a paru particulièrement digne d'attention, ce sont les synthèses
cartographiques de toute une région, faites à l'aide des documents
les plus récents, par l'un ou l'autre des habiles cartographes dont
nous avons tout à l'heure rappelé le nom. Une carte telle que l'essai
d'hypsométrie de l'Asie Mineure à l'échelle du 1:5.000.000<^, dressée
en courbes de niveau par M. Bonnesseur d'après la carte en 24 feuilles
de Richard Kiepert, présente à tous égards un intérêt indiscutable,
en dépit de son caractère provisoire; et que dire des cartes établies
à la même échelle du Sahara méridional (d'après le lieutenant Cortier)
et des régions occidentales du Congo français qu'a signées M. Ches-
neau? Que dire encore de la carte (à 1:7.000.000^) de l'Orient péruvien,
dressée par M; Huot d'après lesplus récentes explorations péruviennes?
Pour étudier le versant amazonien du Pérou, naguère si mal connu,
et ses rapports avec le Brésil et la Bolivie, voilà la carte d'ensemble
qu'il convient de consulter. Documents de première valeur et syn-
thèses cartographiques se groupent donc de la manière la plus heu-
reuse dans le nouveau fascicule de cette Année cartographique, dont
la collection constitue un des plus précieux recueils que puisse con-
sulter pour ses études le géographe aussi bien que le cartographe.
3. ■ — Si maintenant, après avoir donné à des œuvres aussi méri-
toires et aussi utiles que les cartes dont nous venons de parler les
éloges qui leur sont légitimement dûs, nous en venons aux livres,
nous nous trouvons en présence de volumes de prétentions et aussi
de science très inégales ; à côté de simples notes de touriste, agréable-
ment troussées, voici des études de géographie scientifique très appro-
fondie. Passons en revue les unes et les autres, en nous efforçant de
mettre en valeur les mérites -de tous ces livres et de rendre à chaqu'^
auteur la justice qui lui est due. Les « croquis d'Europe et d'Afrique »,
de M. P. -Louis Rivière, n'ont rien de scientifique; combien d'ailleurs
il serait injuste de demander à de simples touristes d'examiner en
géographes les soulèvements alpestres, ou les «cagnons » des Causses 1
Ni en France, ni dans les pays voisins, ni dans l'Afrique du nord,
M. Rivière ne s'est donc préoccupé de géomorphogénie; une fois en
vacances, en effet, ce consciencieux avocat, qui a rempli de son mieux
les charges de sa profession, se contente de se reposer, mais il le fait
en travaillant, je veux dire en notant à l'aide du pinceau et aussi de
la plume les impressions ressenties du cours de voyages préparés avec
amour. Quelle valeur ont ses tableaux? je ne puis le dire; mais je sais
que très réel est le mérite de ses « croquis d'Europe et d'Afrique ».
M. Henri Barboux, dans une jolie préface mise en tête de Villes et
Solitudes, s'en est déjà porté garant; nous aurions mauvaise grâce à le
refaire après lui, mais du moins pouvons-nous indiquer quel plaisir
— 219 —
nous avons pris à suivre M. Rivière à Londres et à Oxford, en Zélande
et en Espagne, en Tunisie et à Tanger. Si nous nous refusons à sous-
crire à son jugement sur Nuremberg, • — que d'ailleurs nous n'avons
pas revue depuis plus de vingt ans, et où nous ne connaissons pas
d'église « Saint-Lebpld » (p. 103), mais une église Saint-Sebald, • —
nous lui sommes reconnaissants d'avoir signalé Rothenburg à notre
attention; M. Rivière voit si bien d'ordinaire et sait si bien rendre ce
qu'il a vu que nous n'hésitons pas à noter Rothenburg comme une
localité à visiter au cours de notre premier voyage en Allemagne.
4. — Quittons maintenant, tout au moins pour un temps, les notes
prises au cours de simples excursions d'agrément pour nous occuper
de travaux approfondis, de véritables études d'érudition. Il en a,depuis
un certain nombre d'années, été publié plusieurs et d'une incontes-
table valeur : La Picardie et les régions voisines, de M. Albert Deman-
geon, la Flandre, de M. Raoul Blanchard, entre autres; à la même
série appartient le volume de M. Jules Sion sur les Paysans de la
Normandie orientale, c'est-à-dire du pays de Caux, de ce pays de Bray,
dont le regretté A. de Lapparent a naguère si bien exposé la géologie,
du Vexin normand et de la Vallée de la Seine. Le but de l'auteur,
dans ce gros volume de plus de 500 pages, est de montrer comment le
cultivateur de ces contrées gagne sa vie et comment, par suite du
renouvellement incessant des adaptations de l'activité humaine aux
lois naturelles, par suite de leurs variations selon l'état de la civili-
sation, la vie matérielle du paysan normand a été très différente de
ce qu'elle est actuellement. Après avoir, par conséquent, débuté par
déterminer les bases mêmes de son étude en définissant les conditions
géographiques, variant avec les pays, du milieu naturel et les éléments
qui ont constitué la population de la Normandie orientale, M. Sion
prend le paysan de cette partie de la France à trois moments différents
de son existence séculaire (au xin*^ siècle, c'est-à-dire en plein cœur
du moyen âge, puis au xviii^ siècle, enfin à l'époque contemporaine)
et montre, en analysant les conditions géographiques de la vie rurale
à chacune de ces époques, comment y correspond une adaptation
différente de l'activité humaine au milieu physique; le paysan, après
avoir subsisté surtout grâce aux droits d'usage et de vaine pâture
au xiiie siècle, recourt, à la fin des temps modernes, pour vivre, à
l'agriculture, et en même temps à l'industrie textile, qui s'est répandue
dans tous les villages; actuellement, il ne vit plus que du produit de
ses champs et de ses prairies, après avoir donné à l'agriculture un
caractère à demi-pastoral qu'elle n'avait pas autrefois. Ainsi se trouve
démontrée une fois de plus, à l'aide de documents de toute nature mis
à contribution d'une manière très heureuse, l'étroitesse des rapports
liant tous les organismes et, en particulier, l'homme au milieu phy-
— 220 —
sique; peu de livres mettent ces rapports en plus complète évidence
que l'ouvrage^ très systématique et très étudié de M. Jules Sion
sur les Paysans de la Normandie orientale.
5. — Dans ses études sur la région parisienne, depuis la Loire
jusqu'à Laon, depuis les confins de la Champagne jusqu'à ceux de
la Normandie, c(? n'est pas l'étroitesse des rapports liant l'homme
au milieu physique que M. Lucien Gallois a voulu mettre en évidence,
mais l'intelligence avec laquelle l'homme est parvenu à distinguer
différentes régions naturelles et à leur donner des noms particuliers
qui sont les « noms de pays ». La démonstration était délicate, par
suite des complications qui, dans les pays de vieille civihsation, vien-
nent en accroître la difficulté; il fallait des qualités multiples : éradi-
tion étendue, observation patiente et minutieuse, finesse et pénétra-
tion, analyse et synthèse, pour la faire complète et vraiment probante.
En lisant Régions natunelles et noms de pays, en étudiant les différentes
monographies qui en constituent la partie analytique (ch. m à x),
on se rendra compte que M. Lucien Gallois (qui a débuté par montrer
comment est née la notion de région naturelle et par poser très net-
tement les questions à résoudre) est ^Taiment en droit de conclure
comme il le fait et d'insister, dans les dernières lignes de son cha-
pitre XII, sur l'étroite corrélation existante entre les régions natu-
relles et les véritables noms de pays (p. 235). — Mais il convient de
faire une grande attention et de ne pas prendre pour de vrais noms
de pays des dénominations faussement prétendues telles, comme on
en trouve au sud de Paris (ch. vi) ou encore dans le département de
l'Eure (appendice i), et c'est là aussi ce dont M. Gallois a fourni la
preuve dans ce livre très instructif et très neuf, que complète ime
cartographie très soignée et très minutieuse (comportant 73 numéros)
de la région parisienne jusqu'à la carte de Cassini.
6. — Dans les nombreux appendices que M. Gallois a ajoutés à ses
Régions naturelles et noms de pays figurent deux études relatives,
l'une aux régions lorraines de la Woëvre et de la Haye (appendice m),
l'autre au Bassigny (appendice ii). A la dernière de ces monographies,
comme à beaucoup d'autres travaux de détail, le capitaine J. Vidal
de la Blache a eu recours, et plus encore à l'observation attentive du
terrain, pour rédiger son Etude sur la vallée lorraine de la Meuse,
c'est-à-dire sur les 250 premiers kilomètres de la Meuse, sur sa traversée
des plateaux jurassiques qui constituent la partie occidentale du pla-
teau lorrain. Cette monographie, très sérieusement faite, se divise en
deux parties : la première, qui est une étude de géomorphogénie toute
imprégnée des idées de W. Davis, traite des conditions anciennes de
la vallée et de l'ancienne extension de ce bassin de la Meuse, aujour-
d'hui réduit à un corridor extrêmement étroit; elle montre comment
— 2îl —
ce fleuve, privé des eaux de la Moselle, de celles de l'Aire, des coure
d'eau de la Woëvre et de la Haye, tronqué du côté du bassin de la
Saône, a, dans une vallée, en apparence trop large pour la rivière qui
s'y traîne, le secret de sa survie. Dans un aperçu sur la population et
la circulation de la vallée lorraine de la Meuse (seconde partie),
M. J. Vidal de la Blache a mis en pleine lumière la capture économique
de la vallée de la Meuse au profit de la LoiTaine mosellane. Plusieurs
planches de cartes tirées des feuilles publiées par le service géogra-
phique de l'armée, une planche donnant quelques hauteurs d'eau de
la Meuse à Commercy accompagnent cet excellent mémoire.
7. — Avec le capitaine J. \'idal de la Blache, nous avons gagné les
extrêmes confins orientaux de cette région parisienne, dont s'est
surtout occupé M. L. Gallois; avec M. Antoine Vacher, nous descendons
plus au sud, et ce sont les frontières de la même région parisienne,
au nord du Massif central, qui sollicitent notre attention. Entre la
Lorraine, dont le travail précédent étudiait si soigneusement une
partie, et le Berry, que M.Vacher a choisi comme champ de recherches,
il existe de véritables ressemblances géologiques; là, comme ici, les
terrains secondaires affleuraient, disposés en auréoles. Gardons-nous,
toutefois, de ne voir que les similitudes ; il existe aussi des différences,
et on les trouvera indiquées de la manière la plus précise dans l'ouvrage
de notre jeune géographe. On y trouvera aussi autre chose : une étude
très minutieuse, très fine, de tous les traits dont l'ensemble constitue
la géographie physique de cette vieille province française, du modelé
du sol, du réseau hydrographique, du climat. Sans doute, malgré tous
ses efforts, M. Vacher n'est pas arrivé à une égale précision sur tous
les points; lui-même le reconnaît de très bonne grâce et est le premier
à déclarer qu'il se borne parfois à poser les questions, à tracer un pro-
gramme de recherches (cf. les chapitres ix et x, relatifs au régime des
eaux d'infiltration et au régime des eaux courantes). Il n'en est pas
moins- vrai que, à lire avec toute l'attention qu'il mérite le Berry de
M. Vacher, on en arrive à se laisser convaincre que, « par une adapta-
tion progressive des ressources naturelles à ses besoins, rhonune a fait
disparaître de la surface du sol les obstacles qui formaient une sorte
de cadre au territoire du pays, c'est-à-dire cette zone d'isolement
(forêts, landes, étangs) qui existait, dès l'origine de l'histoire du Berry
autour de la Champagne berrichonne; et, par là même, on ne fait plus
difficulté à donner à cette partie de la France l'extension que lui attri-
bue l'auteur dans son premier chapitre. Étayé sur une minutieuse
étude du sol lui-même, des cartes anciennes et modernes et des docu-
ments d'archives, empreint d'un esprit critique tout à fait remar-
quable, le Berry est, au total, un excellent ouvrage, vraiment digne
de prendre place à côté des monographies dont, tout à l'heure, à pro-
— 222 —
pos du livre de M. Jules Sion, nous nous plaisions à évoquer le sou-
venir.
8. • — A l'extrémité méridionale de la France, un laborieux érudit,
adaptant les excellentes idées de M. Emile Belloc, a entrepris de recti-
lier les orthographes défectueuses qui, pour tant de noms de lieux,
peuvent se lire sur nos cartes, et de restituer à chaque dénomination
son aspect original et son véritable sens. Tel est le but de cette inté-
ressante Esquisse toponymique sur la vallée de Cauterets (Hautes-
Pyrénées)^ qu'a couronnée l'Escole Gaston Fébus; on y trouvera une
foule de rectifications orthographiques et de traductions exactes,
faites grâce à un travail minutieux sans lequel il eût été impossible
de découvrir, sous .son enveloppe moderne, le nom original. Un tel
travail ne s'analyse pas ; du moins convient-il de louer M. Alphonse
Meillon d'en avoir compris l'intérêt, puis de l'avoir entrepris, puis
de l'avoir mené à bonne fin. Il serait à souhaiter que de nombreux
pyrénéisants imitassent cet excellent exemple, mais en ayant soin
d'ajouter à leur nomenclature ce qui manque à celle de notre auteur,
autrement dit une carte. Malgré son intérêt, en effet, la mappemonde
du xi^ siècle insérée à la page 69 est loin de présenter l'utilité qu'eût
offerte, annexée au travail de M. Meillon, une esquisse topographique
de la vallée de Cauterets.
9. — Avec ces travaux si minutieux, présentant tous un même indé-
niable caractère d'érudition, contraste le livre intitulé : Nos Frères de
Bohême. C'est le récit du voyage accompli en 1907 par M^"® Jeanne et
M. Frédéric Régamey chez les Tchèques, à l'occasion des grandes
fêtes organisées alors par les Sokols. Et ce récit est intéressant à deux
points de vue différents : non seulement, en effet, il fait connaître
les Tchèques de Bohême, leurs sympathies françaises et leurs anti-
pathies allemandes, mais il montre en même temps combien vivace
est, chez le « vieil Alsacien », l'amour de la patrie française et avec
quelle perspicacité on peut, en le voulant, trouver des points faibles
dans l'organisation de nos voisins, — qui sont toujours nos ennemis,
— et percer à jour un « blufT » admirablement monté. Pour être, à notre
avis, les deux aspects les plus intéressants de ce volume, très joliment
illustré, ces points de vue ne sont nullement les seuls qui méritent
d'être signalés dans Nos Frères de Bohême; on y trouvera aussi, sur la
lutte des nationalités en Bohême, sur le rôle que pourraient jouer
les Français, et en particulier les négociants français dans ce pays,
bien des renseignements utiles. Puisse M. Régamey, plus heureux
que beaucoup d'autres, parvenir à secouer la torpeur de quelques-uns
de nos compatriotes et les décider à surmonter, pour se rendre en
Bohême, les difficultés de la quarantaine allemande ! Ce sera incon-
testablement un service qu'il aura rendu à la France.
- 223 —
10. — C'est avec une certaine inquiétude que nous ouvrons
maintenant les ouvrages qui nous arrivent sur le Maroc. Que
nous apprendront-ils de nouveau? Q)ue nous diront-ils qui ne nous ait
été déjà exposé avec plus de détails et dans de meilleurs termes? A quoi
bon accroître une bibliographie déjà considérable, s'il s'agit de répéter
simplement et^avec une note dépourvue de toute originalité, des con-
sidérations déjà énoncées? Ces craintes, nous les avions en ouvrant le
livre du D^ Mauran sur le Maroc d'aujourd'hui et de demain^ mais elles
ont été rapidement dissipées. C'est que cet auteur, envoyé à Rabat
par le ministère des affaires étrangères, a su bien voir ce qui se passait
sous ses yeux; c'est aussi qu'après l'avoir observé pendant trois ans
avec un sens très affiné, il a eu le talent de le rendre avec beaucoup de
couleur et de vie, c'est, enfin, que les heures passent et que (comme le
dit très bien le D^" Mauran) le Maroc d'Eugène Aubin « n'est déjà
plus que le Maroc d'hier ». Pour toutes ces excellentes raisons, les
études sociales réunies dans ce volume méritent d'être lues avec soin.
— Elles se divisent en deux parties, dont la première est beaucoup
plus générale que la seconde; à côté d'une description colorée des
deux vieilles cités makhzen que sont Rabat et Salé, voici des esquisses
très poussées sur les bourgeois, les marchands, les artisans, sur la soéiété
juive, sur la médecine et sur l'hygiène. Les coins de vie marocaine
décrits par le D^ Mauran dans sa seconde partie sont peut-être, à cer-
tains points de vue tout au moins, encore plus dignes d'attention;
quels aperçus ouverts sur l'âme marocaine par les chapitres sur les
Hamatcha, la mort sous la babouche!... Si nous regrettons que les
épreuves du Maroc d'aujourd'hui et de demain n'aient pas toujours été
bien corrigées (on y ht, par exemple, « Douthée » pour « Douttée » à la
p. 13), nous n'en reconnaissons par moins très volontiers dans ce
petit livre, fort agréable à lire par surcroît, un ouvrage vraiment digne
d'attention et des idées dont il convient de tenir compte.
11. ^ — Des études de détail, on en trouvera dans la brochure que
M. Em. Pobéguin, l'ingénieur de la mission hydrographique du Maroc
dirigée par le lieutenant de vaisseau A. -H. Dyé, a publiée sous un titre
tout à fait significatif : Sur la côte ouest du Maroc. Au cours des recon-
naissances eiTectuées par la mission dont il faisait partie le long du
littoral atlantique du Maghreb-el-Aksa, M. Pobéguin a pu recueillir
des observations intéressantes et précises sur les falaises, sur les
dunes, sur les barres qui rendent si difficile l'accès des ports; au
cours de l'exploration du Sebou, il lui a été donné d'étudier comment
ce fleuve se comporte dans sa plaine alluviale. Très précis, très clair
et en même temps très intéressant, le résumé de ces observations et
de ces études mérite d'être recommandé aux spéciaHstes; quant à
ceux qui ne cherchent dans les récits de voyage que le côté pitto-
— -22'. —
resque, ils auront plaisir à lire les extraits du carnet de route de
M. Pobéguin par lequel se termine cette jolie plaquette.
12. — C'est surtout aux amateui's de pittoresque et d'aventures, ainsi
qu'aux fervents disciples de Saint- Hubert, que s'adressent par contre
les Trois Années de chasse au Mozambique de M. Guillaume Vasse.
Sans doute les géographes pourront y glaner plus d'un trait dont ils
feront leur profit, plus d'une indication précieuse, en particulier au
point de vue de la faune du pays où M. Vasse accomplit ses exploits
cynégétiques; mais ils ne tarderont pas,eux aussi, à oublier leurs préoc-
cupations habituelles pour ne plus songer qu'aux merveilleux coups
de fusil tirés par l'auteur au cours de son long séjour, à partir du milieu
de 1904, dans un pays giboyeux entre tous. M. Guillaume Vasse
n'a d'ailleurs pas été seul à chasser les grands animaux et même les
grands fauves, les oiseaux et les reptiles dans les pays situés sur la
rive droite du Zambèze; aussi ardente et intrépide que son mari,
]\Ime Vasse l'a accompagné dans ses expéditions et n'a pas craint
de s'attaquer, elle aussi, aux léopards, aux hyènes, aux chats sauvages.
Comment deux Nemrods si convaincus eussent-ils pu prendre le
temps d'étudier à loisir les pays qu'ils visitaient? Uniquement préoc-
cupés de leur sport favori, ils ne les ont vus que superficiellement,
ramenant tout à un point de vue spécial ; de là, sur une foule de points
■dignes d'attention, la sécheresse et le laconisme de Trois Années de
chasse au Mozambique.
13. — Si le livre de M. Guillaume Vasse s'adresse surtout aux chas-
seurs, c'est spécialement aux alpinistes, serait-on tenté de croire
d'abord,que s'adresse le récit des ascensions du prince Louis-Amédée
de Savoie dans le massif du Ruwenzori. Mais si cet ouvrage relate les
premières asscensions des plus hautes cimes de la chaîne neigeuse
située entre les grands lacs équatoriaux de l'Afrique centrale, il con-
tient bien d'autres faits encore et est à proprement parler un livre de
géographie scientifique au premier chef. Dissertations d'histoire de
la géographie, discussions d'identifications, aperçus d'ensemble sur
les régions visitées et en particulier sur la chaîne dont l'étude était le
but de la nouvelle expédition entreprise par le duc des Abruzzes,
voilà, en effet, ce que l'on trouvera, en même temps qu'une relation
très fidèle et très ^^vante de la vie quotidienne des explorateurs ita-
liens, dans le Ruwenzori du D'" Filippo de FiUppi. Mais le lecteur sou-
cieux d'approfondir ne se contentera pas de se pénétrer de la première
partie du texte de ce beau volume ni d'en étudier ces admirables
photographies documentaires signées de Vittorio Sella,grâce auxquelles
on se rend si bien compte des contrastes existants entre la végétation
tropicale des pentes du Ruwenzori et le monde glacé des sommets
hauts de plus de 4.000 mètres; il ne négligera pas l'étude des appen-
— 225 —
diccs scientifiques, grâce auxquels il est. possible d'entrevoir le
régime climatique de la région au moment où la visita l'expédition
du duc des Abruzzes. Qu'il prenne également connaissance de la
curieuse dissertation du D^ L. Hugues sur les « monts de la Lune de
la Géographie de Ptolémée » (appendice A), et surtout qu'il recoure
sans cesse aux cartes qui accompagnent la relation de la plus récente
exploration entreprise par le duc des Abruzzes. Ainsi se convaincra-t-il
davantage encore de riiitérèt de ce beau voyage, dont les résultats
géobtgirpu'S et miiit'i'Mlngiijiirs, b<itaiii(|iit's et Zdohtgiqiies, n'ojit pas
encon^ ("té publiés; c'est là un(^ ex})éditi()n aussi fructueuse que les
expéditions antérieurement dirigées par le prince Louis-Amédée de
Savoie dans l'Alaska ou au nord de la Terre François-Joseph.
14. — La Mer Rouge est la voie qui conduit sur la côte orientale de
l'Afrique aussi bien que dans les pays de l'Extrême-Orient; le duc des
Abruzzes l'a descendue pour se rendre dans le district le plus monta-
gneux de l'Afrique équatoi'iale proprement dite; M. et M™'^ Jottrand
ont fait de même pour gagner le Siam sur lequel ils nous ont donné
récemment un livre fort intéressant, plein de fines observa-
tions, de vues très justes et d'humour {Polybiblion^ septembre 1905,
t. GIV, p. 224-225). Ges mêmes qualités par lesquelles se recomman-
dait naguère Au Siam, nous les avons retrouvées dsins Indo-Chine et
Japon, c'tst-à-dire dans le journal de voyage tenu par nos deux tou-
ristes, alors que, après un séjour de près de quatre années à Bangkok,
où M. Jottrand avait rempli les fonctions de conseiller juridique-
auprès du gouvernement siamois, ils revenaient en Europe, en achevant
leur tour du monde. Faut-il dire que, parfois, nous avons soufïert en
lisant les appréciations plutôt sévères portées par les auteurs sur
l'œuvre de la colonisation française en Indo-Ghine? Oui, puisque telle
est la vérité. Nous n'avons pas moins souffert en voyant M. et M'"^
Jottrand se faire les échos (p. 181) de ceux au rapport de qui, en
1900, les missionnaires « conduisaient personnellement les soldats aux
bonnes places et le lendemain achetaient dans le butin ce qui leur
plaisait, à vil prix. » — Gela dit, convenons qu'il y a plaisir à voyager
en Extrême-Orient avec M. et M^e Jottrand; qu'ils ont, pour faire
comprendre la beauté d'Angkor Wat, trouvé des termes extrême-
ment heureux, et que l'expérience acquise par eux, durant leur
séjour au Siam, en faisait des voyageurs particulièrement bien pré-
parés à saisir les nuances — invisibles pour des touristes trop pressés
— qui séparent les uns des autres les peuples des différentes contrées
de l'Extrême-Orient.
15. — Avant même que M. et M^e Jottrand fussent arrivés à Bang-
kok, que de pays intéressants le voyageur laisse derrière lui ! L'Egypte
d'un côté, la Terre-Sainte de l'autre, constituent toujours
Mars 1909. T. CXV. 15.
— 22t) —
des contrées vers lesquelles, plus particulièrement, tendent les aspi-
rations (les lettrés. Ne nous ai'rêtons pas aujom'd'liLii en Egypte, mais
insistons au contraire sur les pays qui, p(nir les chrétiens, constituent
une terre aimée entre toutes, celle qui a vu le Christ et qui a été par-
conrne par Lui. A deux reprises ditTércntcs, en 1898 et fn 1902, le
I*. Joseph Goi'dard, S. ,1., a visité la Palestine et le Lib?n avec une
inicntidn pa.'ticulière : il s'agissait pour lui de connaître tons les
sanctuaires '(insacrés à la Sainte Vierge dans ces contrée;, et non seu-
lement d'y prier, mais de les étudier. Quel merveilleux sujet d'observa-
tion ! En efîet, comme le dit fort bien le P. Goudard, « rendez-vous
de tous les besoins et de tous les espoirs, de toutes les formes de la
dévotion, rites officiels et rites populaires, rendez-vous du présent et
du passé, ■^- car le lieu saint en Orient est toujours gardé et ne se perd
jamais ■ — le sanctuaire est le foyer où l'cx^il doit^s j placer pour saisn-
tous les rayonnements de la dévotion. » Voilà précisément ce qu'a fait
l'auteur de la Sainte Vierge au Liban et ce qui constitue le très vif
intérêt de son ouvrage. Il y passe sr.ccessivement en revue
les pèlerinages des confins de Tyr et de Sidon, du Liban druse,du Kas-
rouan, etc. et ceux de la Cœlésyrie et de la Damascène, avant de
résumer dans une vigoureuse synthèse d'ensemble l'impression qui
se dégage d^ ses monographies savantjs, pleines de faits réunis par le
feu P. Pierre Martin, S. .L, et par l'auteur même et accompagnées de
précieuses bibliographies. Ajoutons qu'à la valeur du fond se joint
l'attrait de nombreuses illustrations, variées et originales, constituant
un véritable album de la vie en Orient.
16. — Bien plus que le Liban , — dont d'ailleurs le P. J . Goudard ne s'est
occupé qu'au point de vue refigieux, et même à un point de vue plus
spécial encore : la vénér-^tion dont la Sainte Vierge est l'objet de la
part des montagnards de ces contrées, — la Perse est actuellem,nt
un champ de convoitises et de luttes, dont différentes puissances euro-
péennes se disputent les lambeaux; c'est en même temps un champ
d'expériences politiques, dont on ne peut comprendre les conditions
un peu particulières qu'en ayant des notions précises sur le pays
lui-même, et plus encore sur les populations, leurs croyances reli-
gieuses, leurs aspirations, etc. Voilà précisément ce que M. Eugène
Aubin indique très soigneusement dans la Perse d'aujourd'hui, qui,
sous une forme tout à fait différente de celle de son" Maroc d'aujour-
d'hui, ne présente pas moins d'intérêt et n'est pas moins instructive.
Au cours du voyage qu'il a effectué dans les pays de l'Orient moyen
en 1906-1907, en efîet, M. Aubin a réuni une foule de renseignements
des plus précieux sur les événements qui se déroulaient sous ses yeux,
et sur l'état d'esprit des populations qu'il visitait ;s'il ne les apas group-
pés, comme il l'avait fait naguère, sous une forme systématique, s'il
— 227 —
s'est contenté d'exposer les faits au jour le jour, à mesure qu'il les re-
cueillait et qu'il les enregistrait, notre voyageur n'en a pas moins
atteint son but, et a su, selon son intention, « faire resso'rtir, à la
lumière des incidents de chaque jour, le caractère durable, avec les
tendances actuelles de l'Iran ». Il a su également, au sujet de la révo-
lution persane, et de l'invasion de l'esprit nouveau, se montrer bon
prophète, et on trouve dans son ouvrage, à côté de chapitres d'histoire
intérieure et d'histoire diploniatiqut^, une foule de curieux renseigne-
ments sur les croyances religieuses, sur les mœurs et les usages, sur
les villes saintes de l'Iran. Aussi, convient-il de recommander à tous
ceux qui s'intéressent à l'évolution actuelle de l'Asie antérieure la
Perse d'aujourd'hui, de M. Eugène Aubin, comme une source de pre-
mière importance et qui, au mérite d'une abondante documentation
joint celui d'une exposition remarquable par sa précision, sa lucidité
et son agrément.
17. • — Plus encore que M. Guillaume Vasso, M. Paul Niedieck est
uu grand chasseur devant l'Eternel; c'est ce dont fournit la preuve
le volume, si bien illustré, dans lequel ce Nemrod allemand a naguère
raconté ses chasses dans les cinq parties du monde, et voilà encore
ce dont témoigne le récit de nouveaux voyages et de nouvelles chasses
intitulé: Mes Croisières dans la Mer de Behring. M. Niedieck ne s'est
pas borné, dans ce volume, à raconter ses pérégrinations le long du
littoral Kamtchadal à la poursuite des ours, des mouflons et des
morses; il y parle, non moins longuement, de ses expéditions dans
l'Alaska à la recherche des élans, et, non. content de relater ses
exploits cynégétiques, il insiste, ici sur les mœurs des Kamtchadales
et des Korakes, là sur celles des habitants primitifs de l'Alaska.
Mais ce n'est même pas là encore tout ce que contient ce second
volume de M. Niedieck, traduit de l'allemand par M. Roustan avec
autant de lidélité et d'élégance que Mes Chasses dans les cinq parties
(lu monde \ sur l'évolution économique et coloniale de l'Alaska, sur
l'exploitation minière de ce pays, on y rencontre des indications
tout à fait précises. Ainsi devient-il possible, en rapprochant cet
ouvrage, plein de superbes gravures, des hvres antérieurs de MM. Au- ,
zias-Turenne, Léon Boillot, etc., de se rendre compte avec précision
des progrès du pays et d'en suivre à peu près au jour le jour la rapide
transformation.
18. — Si, durant son séjour au Canada, M. le D'' Adrien Loir a visité
certains points des États-Unis, il ne s'est jamais rendu dans l'extrême
Nord-Ouest et n'a jamais pénétré ni dans le Klondyke, ni dans l'Alaska ;
du moins peut-on le conjecturer pai' le silence qu'il garde sur ces pays
dans son récent volume intitulé : Canada etCanadiens.Le savant profes-
seur de la Faculté de médecine de Montréal y fait bénéficier !?es
— -228 —
compatriotes de l'expérience qu'il a acquise au contact des Canadiens
français; il y dépeint leurs mœurs, leurs coutumes, leurs usages, y
montre la survivance d'anciennes traditions et aussi de vieilles locutions
françaises, et s'efforce d'y prémunir les Français venant dans le
Dominion soit en passant soit surtout avec l'intention d'y demeurer,
contre des imprudences de toute nature qui seraient susceptibles
de leur nuire. Telles sont quelques-unes des matières abordées par
le D'" Loir dans cet excellent ouvrage, mais ce ne sont nullement les
seules; sur les questions qui intéressent particulièrement l'auteur,
sur l'histoire de la médecine dans la province de Québec (ch. VIII),
sur différentes maladies dont souffraient les chevaux du pays, sur
l'hygiène, nous avons trouvé dans Canada et Canadiens une foule de
renseigïiements que jamais encore nousn'avions rencontrés nulle part;
à signaler encore d'excellents chapitres sur les Peaux-Rouges du
Dominion, et aussi sur les Mormons, les Doukhohors, les Japonais,
enfin les juifs au Canada. Il y a là, au total, un ouvrage qu'il convient
de rapprocher de celui de M. Siegfried dont nous avons naguère
rendu compte, un ouvrage qui le complète et le rectifie; pourquoi y
trouve-t-on, aux p. 11-12 et 46, quelques fâcheux lapsus historiques,
impressionnant, tout au moins un moment, défavorablement le lecteur?
19. ■ — Aussi utile, pour celui qui s'occupe des Antilles, que
le volume du D^ Loir sur le Canada pour celui qui s'intéresse au Do-
minion, est le livre que M. DanielBellet vient de publier sur /e5 Grandes
Antilles : Cuba, Porto- Rico, Haïti, Saint-Domingue et la Jamaïque.
C'est un travail bourré de faits et de chiffres, et, d'un très grand
intérêt économique ; mais est-ce vraiment, comme le croit son auteur,
une « étude de géographie économique » ? Nous ne le pensons pas,
car nous ne saurions considérer comme telle une monographie
où la géographie n'occupe qu'une place restreinte, — au début, —
et disparaît ensuite complètement. Or, c'est ainsi que procède M. Da-
niel Bellet : au commencement de chacune des cinq parties entre
lesquelles est divisé son livre, voici un paragraphe esquissant les prin-
cipaux traits de la géographie physique; puis il n'en est plus question,
de telle sorte que les indéniables rapports existant entre le sol et
le sous-sol et les richesses économiques et la mise en valeur n^ sont
jamais indiqués. Qualifions donc simplement d'« études économiques »
les différentes monographies réunies par M. Daniel Bellet dans
ce volume, et reconnaissons que, comme telles, ces monographies
sont capables de rendre de très grands services aux géographes; il&
y trouveront réunies, en effet, de fort nombreuses indications dont
ils sauront tirer parti pour mettre en pleine lumière les étroits rapports
unissant la terre et l'homme, pour montrer la géographie à la base
de toute exploitation et de toute mise en valeur, pour faire,enfm,cette
— 22':) —
étude de géographie économique que n'est pas, malgré son indéniable
mérite, le livre de M. Daniel Bellet.
20. — D'une valeur géographique beaucoup plus grande est, à notre
avis, le volume de M. Pierre Denis sur le Brésil au débat du xx® siècle.
Ce n'est pas seulement dans son cabinet que l'auteur de cet excellent
petit livre a étudié l'ancienne colonie portugaise de l'Amérique du sud ;
il a visité un certain nombre de ses provinces, et s'est efforcé
de comprendre les caractères de sa société et de sa civilisation, dont il
a parfaitement mis l'ancienneté relative en relief dans les premières pa-
ges de son ouvrage. Mais à côté des Portugais, les autres Européens:
Allemands, Italiens, et aussi les noirs ont également retenu l'attention
de M. Pierre Denis, qui, durant ses pérégrinations à travers le Brésil,
a toujours eu soin d'étudier la terre en même temps que l'homme,
et de faire, par conséquent, œuvre de géographe, et non pas seulement
de sociologue ou d'économiste. C'est ce que l'on remarque d'un bout
à l'autre de son livre, aussi bien dans l'esquisse générale des Etats-
Unis du Brésil placée au début du volume (ch. I à V) que dans les cha-
pitres consacrés à l'État de Sào Paulo, au Parana, au Rio Grande,
au Ceara, ou que dans les dernières pages du volume, montrant quel
admirable champ de colonisation demeure cette Amazonie, dont le
développement économique commence à peine. . . Aussi faisons-nous
grand cas du Brésil au début du xx^ siècle.
21. — Des quatre chapitres consacrés par M. Pierre Denis à l'Etat de
Sào Paulo (ch. vr-ix), on rapprochera avec fruit les notes « d'un colon
français » relatives à cette même partie du Brésil. Pour constituer
un appel manifeste aux cultivateurs qui songeraient à quitter le sol
natal, le Sào Paulo du Brésil, de M. Louis Casabona,n'en contient pas
moins des données très intéressantes et que le professeur et l'écono-
miste utiliseront avec profit. De fort bonnes gravures accompagnent
cette étude, très optimiste, mais pleine de chiffres, pleine de faits et
mettant entièrement en valeur les intelligentes initiatives du gouver-
nement de l'État.
22. ■ — Notre tour du monde est terminé. Il semble donc que nous
n'ayons plus rit>n à dire, et cependant il nous faut encore parler d'une
publication bien digne d'attention et que, si nous ne l'avions reçue
au iiKiment où notre manuscrit était déjà envoyé à l'impression, il
eût convenu de signaler au début même de cet article. Lorsque parut
en l.SiM, VAtlas géitércd Vid(d-Lah](irh(\ le regretté comte de Bize-
nidiit en iu(li(|iia (htns \i' /*()h/hihli(in{\. i.XW, p. 484-485) les indiscu-
tahli's ituMitcs, ('Il lit irss(H'tii- la iiouveaiité el^ le très heureux agen-
cemeal, en montra le remarquable caractère pédagogique et la concep-
tion philosophique. Sans doute, çà et là, l'exécution n'avait pas été
à la hauteur de la conception; mais l'œuvre n'en existait pas moins
— 230 —
avec tous ses mérites, qui subsisteraient, tandis que, peu à peu, lesfai
blesses disparaîtraient. C'est là, en effet, ce quis'est produit, et ce qu'il
est facile de constater en comparant avec l'édition originale de Y Atlas
oénéral Vidal-LahJnche celle qui est datée de 1909. Même dans la partie
historique, on peut relever d'heureuses corrections, telle en particulier,
à la pi. 38, la suppression d'une bataille du Saint-Gothard, en 1664,
marquée dans l'édition de 1894 concurremment avec la bataille de
Saint-Gothard de la même date. Mais c'est surtout, comme il fallait
s'y attendre, dans la partie géographique qu'abondent les modifications:
non seulement les cartes de l'Atlas ont été très soigneusement tenues
au courant des plus récentes découvertes, — comme on peut, notam-
ment, s'en rendre compte pai l'examen des planches relatives à l'Asie et à
l'Afrique, ■ — des dernières modifications territoriales et du développe-
ment des voies ferrées, mais les diagrammes ont été modifiés et pour
leur établissement on a tenu compte des plus récentes données
statistiques. On a fait plus et mieux encore: au point de vue de la re-
présentation du relief du sol, un effort très sérieux a permis de donner
partout une plus grande vigueur au figuré de cette partie si importante
de la géographie physique; fréquemment des teintes nouvelles ont été
ajoutées et sont venues fournir des indications plus nombreuses et
plus précises sur la bathymétrie et sur l'hypsométrie (voir, par exemple,
les cartes de la France physique, pi. 62-63, et du Bassin de la Méditer-
ranée, pi. 84-85). Parfois aussi les cartes ont été entièrement remaniées,
et tel est le cas pour celles de l'Australie (pi. 109) et de Madagascar
(pi. 125 b). Parfois encore, grâce à une meilleure disposition des cartons
et des figures accessoires, l'échelle de la carte principale a été agrandie;
c'est ainsi que la carte physique de la péninsule ibérique est mainte-
nant dressée à l'échelle du 1 : 5.000.000^, tandis qu'elle l'était précé-
demment à celle du 1 : 7.500.000e (pi. 88). A côté de tant d'amélio-
rations incontestables portant sur les cartes générales, que de modi-
fications de détail il conviendrait de signaler dans les cartons et dans
les figures distribuées à profusion à travers V Atlas général Vidal-
Lablachc ! Niitnns, comme d'un intérêt tout spécial, à la planche 65,
— dont le planisphère des principales cultures d'alimentation a été
si profondément remanié, ■ — une intéressante figure représentant
les époques différentes de la ré«o]t,r> du blé dans l'hémisphère nord
et dans l'hémisphère sud: à la planche 68, où la carte des bassins
houillers exploités en Europe est devenue une carte beaucoup plus
claire des principaux bassins houillers de l'Europe occidentale, — un
carton des régions métallurgiques de la Lorraine aux planches 80-
81, une refonte complète des cartes des colonies françaises. Les
deux planisphères de l'ancienne édition ont été fusionnés en un
seul dans l'édition de 1909, d'où ont disparu lescartesdela Martinique,
— 231 —
de la Guadeloupe et du N. de Madagascar au bénéfice des cartes d'en-
semble de l'iVfrique occidentale française, du Congo français, de Ma-
dagascai' et de l'Indo-Chine française. Ailleurs encore (pi. 104), la
carte des mine^ , de l'industrie et du commerce dans les États Scan-
dinaves a été tra.^ée àplus grande échelle, et nous pourrions multiplier
de tels exemples. - De quelques cartons supprimés ici ou là, nous
regrettons la disparition : de la carte des possessions italiennes en
Afrique qui se trouvait autrefois sur la pi. 92, — du croquis des divi-
sions géologiques des Alp^'S qui figurait sur la pi. 93 a, — du carton
donnant la proportion de la longueur du réseau ferré à la suiface
des Etats placé sur la pi. l'iS g ; mais ni ces suppressions ni le
fait que la carte du Pôle nord (pi. 53) ne mentionne pas la latitude
atteinte récemment par Peary ne no, -s empêchent de saluer avec
joie l'apparition de cette nouvelle éditiu.: de V Atlas général Vidal-
Lablache et de proclamer que l'effort réalisé nar l'auteur et par
ses collaborateurs pour améliorer l'œuvre commune a et" heureux
et couronné d'un plein succès. Plus'que jamais, cet atlas mérite d'être
considéré comme un excellent instrument de travail, auquel on re-
courra toujours avec profit. Henri Froidevaux.
THEOLOGIE
lie mystère cbrétien et les mystères antiques, par Rudolf
Stkiner ; trad. de l'allemand et précédé d'une Inlrodiiclion par Edouard
SCHURÉ. Paris, Perrin, 1908, ia-8 de 259 p., avec portrait. — Prix : 3 fr. 50.
Voici un livre difficile à lire et à comprendre pour un Fraviçais, pour
un catholique, pour un théologien intellectualiste : il est conçu et
tout entier écrit dans la mentalité allemande, protestante et pan-
théiste.
Il a pour but, après tant d'autres, d'expliquer l'origine et la portée
du christianisme. D'après l'auteur, si nous l'avons'bien compris, le chris-
tianisme primitif est sorti des mystères païens, avec lesquels il a un
fond commun, qu'il a personnifié en Jésus-Christ, et qu'il a généraliséi
Ce fond commun, c'est l'initiation antique ou plutôt l'objet de cette
initiation, et cet objet c'est la prise de possession et le dégagement
progressif par la conscience de chacun, à l'aide de méthodes appro-
pnées, du divin éternel qui existe au fond de chaque personnalité dt
au iond de tout l'univers. C'est à cela que tendaient. non seulement
les jihilosophi's antiques, grecs, égyptiens, liiiliens, par cette pajti*' il.»,'
leur sagesse qui affectait des allui'es mystiques, mais encore <.t plus
profondément, comme plus pratiquement, les prêtres des dillérentes
religions secrètes, ou mystères, du paganisme. C'était cela 1? but de
toutes les initiations si fameuses, avec leurs rituels et leurs obser-
— 232 —
vancos. Jésus-Christ lui-même, comme Bouddha, à qui on le compare,
n'est qu'un successeur des grands initiateurs des temps passés et le
grand initiateur des temps nouveaux. Sa vie, telle que la représentent
les Evangiles, est un tissu de faits mystiques d'initiation, que l'on a
présentés comme faits historiques, mais dont l'historicité réelle, ou non,
importe peu. « Pour la communauté chrétienne, la sagesse des mystères
est indissolublement rattachée à la personne de Jésus. Ce que précé-
demment on voulait atteindre par les mystères (à savoir le divin et
l'éternel) fut remplacé par la foi en ce fait que le Christ (l'initié d'une
grandeur unique et suprême) avait vécu sur la terre et que ses fidèles
lui appartenaient ». « Les mystères transmettaient par la tradition
les moyens d'arriver à la vérité; la communauté chrétienne a la
prétention de transplanter par elle-même cette vérité de génération
en génération. La confiance dans les forces mystiques qui s'éveillent
dans l'intérieur de l'homme par l'initiation devait être remplacée
par la confiance en l'Unique, en l'Initiateur primordial. Les mystes
cherchaient leur propre divinisation : ils voulaient la voie. Jésus
était divinisé, nous devons nous en tenir à lui : alors, nous partici-
pons à sa divinité dans la communauté fondée par lui; cela devient
le Credo chrétien. Ce qu'on divinise pour Jésus est diA'inisé pour toute
la communauté (p. 179 et 180). »
Les Evangiles doivent être entendus, non pas d'une façon historique,
mais d'une façon mystique : « ce qu'ils veulent donner, c'est une vie
typique (intérieure) d'un fils de Dieu selon les traditions des mystères,
appliquée à la personne et à la vie (extérieure) de Jésus »:ils ont puisé
en diverses traditions my:?tiques, ce qui explique sufiîsamment leurs
divergences. Le quatrième Évangile a surtout emprunté à la tradi-
tion de Philon ».
Partant de ces difîéi-eiits point;* de vue, qu'il n'étayo d'ailleurs sur
aucune preuve, l'auteur explique à sa façon les paraboles, les miracles
évangéliques et spécialement le miracle de Lazare (p. J92), de même
que l'Apocalypse de saint Jean (p. 206). On devine (|iielles contorsions
il leur impose. Ce sont, d'après lui, des actes d'initiation du grand
initié Jésus qui, ayant révélé en lui le divin, cumme l'avait t'ait
Bouddha, divinise en sa personne toute la cnininuiutaté de ceux ijui
s'unissent, en lui par la foi.
Comment les secrets de l'initiation sont-ils venus jusqu'à lui? C'est
bien simple : il y avait dans toutes les religions une sagesse sacerdotale
qui, sous des apparences dissemblables, cachait le même noyau.
Jésus la rencontra chez les esséniens et les thérapentes; et chez les
Juifs en général, il trouve la pensée de rendre les mystères ou l'ini-
tiation, non plus secrète et réservée, mais accessible à toutes les âmes
et cela par la foi et l'unité dans l'Église.
— 233 -
Il modifia sans doute raiicieiine pensée des mystiques. La divi-
nisation ne fut plus le travail personnel de chaque âme; mais, ramassée
en Jésus-Christ, elle fut attribuée à chacun de ceux qui crurent en lui.
Elle ne fut donc plus de source interne, mais d'origine externe. Elle
ne s'appréhenda plus par la pensée, la volonté, la vie, la conscience
individuelle, agissant sur l'âme directement et immédiatement, mais
par la science de Jésus-Christ et la confiance en son être supérieur.
On ne sentit plus Dieu en soi :.,on dut le chercher au dehors. Et c'est
de là, dit notre auteur (p. 235), qu'est venu le divorce entre la connais-
sance d'un Dieu qui est au dessus de l'homme, et le sentiment reli-
gieux qui ne le saisit qu'au dedans : car le Dieu qui est au dessus
de l'homme, le dépasse infiniment, échappe à son intelligence et
devient incompréhensible. La science ne l'atteint plus dans son essence :
seule la foi monte jusqu'à lui, à travers les ténèbres d'une révélation
imparfaite. C'est pourquoi ces deux facultés sont en lutte. Pour les
réconcilier, il faudrait revenir à l'initiation graduée et liiérarehique
d'autrefois : avec ses méthodes expérimentales et occultistes, elle
révélerait au monde toute la profondeur du christianisme, et rendrait
à celui-ci toute la vie que l'Église lui a enlevi^e depuis le iv^' siècle
(p. 257). .
Telle est, semble-t-il, la pensée de cet ouvrage. Quoiqu'on dise
M. Edouard Schuré dans son Introduction, il est diffîcile de voir autre
chose dans toutes ces élucubrations que les rêves d'un cerveau pétri
par le kantisme et le protestantisme et l'indouisme. Tous ces rap-
prochements, disons mieux, ces synthèses du christianisme avec
les philosophies païennes ne sont fondées que sur des analogies loin-
taines et des similitudes imprécises. Il est bien singulier, ce cerveau
allemand; ou il se plaît dans une érudition indigeste, exclusive de
toute idée générale, ou, s'il veut entrer dans le monde des systèmes, il
s'affranchit de l'histoire, et s'envole dans la région des songes; il ne
sait pas s'élever dans les hauteurs tout en conservant un point d'appui
sur la t(-rre solide : ou il rase do trop près le su!, ou il s'aventui'o dans
les planètes.
La lùograplîie de Rudolf Steiner, à la fois mystique et occultiste,
est intéressante. Dès sa jeunesse il avait, paraît-il, « une 'vue directe
et involontaire des choses : il avait la sensation irréfragable de puis-
sances occultes qui agissaient derrière lui et à travers lui pour le diri-
ger. 11 écoutait cette force et suivait ses avertissements. Car il se sen-
tait en accord parfait avec elle » (p. 13). 11 vécut d'abord solitaire, puis
il rencontra, à dix-neuf ans, son Maîtî'e dans les Mystères. On le trouve
à Vienne de 1881 à 1891, à VVeimar de 1891 à 1901, à Rerlia de 1901
à 1907; il a 46 ans. Il connut Frédéric Nietzsche, le surhomme,
et Ernest Ilœckel, le naturaliste, mais ne les suivit pas. 11 entra
— 234 —
dans la Socis théosophique, fondée en 1875 par Mn^e Hélène Blas-
watzki et le colonel Olcott et s'occupa de l'ésotérisme chrétien
occidental et plus spécialement de l'initiation rose-crucienne. La
tradition ésotérique, dont l'essence est l'initiation individuelle (p. 32),
aurait passé de Mânes aux cathares, aux templiers, aux frères de
Saint-Jean de Jérusalem, aux cabalistes, aux alchimistes, et fina-
lement elle aurait été recueillie par Christian Rosenkrentz qui se rendit
^^^gypie et dans l'Inde pour chercher, une synthèse entre l'initiation
orientale et l'occidentale. Rudolf Steiner se fit rose-croix, et voulut
aussi fondre la tradition hindoue et la tradition ésotérique chré-
tienne. C'est à cela que tendent tous ses travaux, et spécialement
le livre que nous avons analysé. But chimérique, dont la grandeur
est faite de vague et d'indécis, et pour lequel on regrette de voir
s user tant d'efTorts, au fond généreux, uniquement parce que l'on
ne veut pas accepter que l'Évangile soit un document historique, pré-
cis, éternel, et que l'Éghse, dépositaire de l'Évangile, en soit l'inter-
prète infaillible et immuable. La pensée protestante et panthéiste
crée dans les âmes un préjugé vraiment peu favorable à l'étude exacte
dos clioses religieuses. A. Clerva.l.
Igle^ia y Eslado, poi- el P. Fr. Paulino Alvarez. Barcelona, Luis
Gili, 1908, in-12 de ;{;;!4 p. — Prix: 3 fr.
Ce volume, dédié à sainte Rose de Lima, contient les six confé-
rences données pendant le carême de 1906, dans l'église do Saint-
Dominique de Lima, par le R. P. Paulin Alvarez. L'éminent prédi-
cateur y expose la doctrine de la sainte Église catholique, spécialement
les enseignements de Pie X dans sa lettre apostohque du 11 février
1906 à l'épiscopat et au peuple de France, enseignements qui vont à
rencontre des hérésies formulées par l'auteur dû Dictionnaire de la
législation péruvienne. Voici d'ailleurs les principales propositions
développées par le R. P. Paulin : !« l'Église catholique est une société
parfaite, car elle possède les quatre éléments constitutifs de toute
société, savoir : le nombre, l'union, la fin commune et les moyens;
2c> les droits de l'Église sont parfaitement établis, ce sont des droits
d'existence,' d'enseignement, de législation, etc.; 3" l'État a également
des droits dans Tordre législatif, exécutif ou judiciaire, mais ces
droits ne peuvent .porter atteinte à ceux de l'Église; 4° la société
chrétienne est supérieure à la société civile, non seulement à cause
de la dignité suprême de scm divin Fdudateur, mais en raison même
de ses éléments constitutifs; .':>" la sé])aration de l'Église et de l'État
est une apostasie, une injustice et une ruine; 6° l'État laïque, c'est-à-
dire athée, est immoral, irrationel et monstrueux. Telles sont les thèses
éloquemment développées par le R. P. Paulin. Elles sont appUcables,
— 23b —
comme on le voit, à la France contemporaine, à laquelle fait fréquem-
ment allusion l'orateur dominicain, notamment dans la quatrième
conférence, dont la péroraison, vibrante de foi et de noble fierté,
-mériterait d'être citée ici tout entière. Espérons que le livre, dont
nous venons de donner une si sèche analyse, ne tardera pas à être
traduit en français, pour le réconfort des âmes catholiques de notre
pays. G. Bernard.
JURISPRUDENCE
liesi Régimes politiques a« JLIL^ siècle. lies Républiques
parlementaires. La République déinoeratique, par
Albert Soubies et Ernest Carette. Paris, Flammarioiv 1906 et 1907,
2 vol. in-8 de xii-220 p. et xii-226 p. — Prix: 12 fr.
Ces volumes sont les deux premiers d'une série à laquelle leurs au-
teurs donnent le titre collectif de : Les Régimes polùiques au xx^ siècle.
Nous avons rendu compte, en son temps, de la première édition du
premier volume {Polybiblion do décembre 1903, t. XCVIII, p. 526). Il
est consacré à l'étude des constitutions des cinq répubUques parlemen-
taires: France, Chili,Vénézuéla, Haïti et Saint-Domingue. Laseconde édi-
tion a été rendue nécessaire par des changements profonds apportés
dans la constitution du Venezuela. On apprendra avec curiosité que
le président Castro était théoriquement le placide président d'une
république bien et dûment parlementaire où la responsabilité des
ministres devant le Parlement était minutieusement organisée.
La République démocratique est un autre type constitutionnel.
MM. Soubies et Carette en donnent pour caractéristique l'exercice
d'une partie des fonctions du gouvernement ou des assemblées par
le peuple lui-même. • — L'unique constitution qui admette cette forme
de pouvoir est la République helvétique. Le volume qui lui est consacré
est aussi important que le précédent et nous ajouterons volontiers
(pi'il le dépasse en intérêt : la Suisse nous touche de trop près pour
nous laisser jamais indiiïérents, et ses institutions politiques sont telle-
ment différentes des nôtres que leur étude provoque une véritable
curiosité. Les auteurs ont divisé leur étude en cinq chapitres qui
forment une analyse complète de la constitution en vigueur : chap. I,
le Gf)uvernement; chap. 11, les Assemblées : Chambre fédérale repré-
sentant It^s cantons et Chambre unitaire élue par le sufïrage universel
et direct; chap. III, la Cour souveraine; chap. IV, le Référendum;
chap. V, les Réformes constitutionnelles.
Lin résumé de leur œuvre est impossible. Quiconque en France
désire connaître la constitution suisse devra le lire et y trouvera plus
d'un enseignement utile sur les conditions nécessaires de l'existence
honnête d'un Etat démocratique. La liante compétence de MM. Sou-
— 236 —
. bies ci Curette en matière de droit ((tiistitutionnel leur a permis de
faire avee les constitutions des autres États une quantité de rappro-
chements qui donnent à leur œuvre un caractère tout à fait particu-
lier et singulièrement vivant. Unindex alphabétique termine le volume*
et offre la possibilité de trouver sans peine la solution donnée par le
peuple suisse aux questions si multiples soulevées par les nécessités
quotidiennes de la vie d'une nation essentiellement démocratique.
C'est donc une étude très précise de droit constitutionnel en même
temps qu'une œuvre de [)liilos(q-)hie poUtique ([ui fait le plus grand
honneur à ceux qui l'ont conçue et exécutée, et qui est de nature à
causer plus d'une déception à ceux qui rêvent d'appUquer à un grand
Etat centralisé comme la France des institutions analogues à celles
de la Suisse. Eigkne Godefroy.
SGIENCKS ET ARTS
lies IVIeilleiires Images des écrivains pédagogiques de
Rnhelnis au XX<= siècle. Extraits avec un Avant-propos et des
notes par Edmond I'aiusot et Félix Henry. Paris, Colin, 1908, in-12
de xii-o64 p. — Prix ; o fr. 50-
Ce volume est précédé d'une Préface de M. Jules Pavot, dont je n'ai
rien à dire, car elle se borne à indiquer la division et la marche du
livre, en y ajoutant, sur l'insufTisance de la mémoire pour s'incorporer
les pensées d'autrui, des observations qui ne sortent pas de l'ordinaire
banalité.
Les Extraits qui viennent ensuite sont groupés sous les huit rubri-
ques suivantes : 1. Éducation générale; II. Les Méthodes; III. Psycho-
logie de l'enfant; lA". Éducation morale; V. Éducation esthétique;
VI. Éducation physique; Xll. La Destinée de la femme; VHI. Rôle
social de l'instituteur et de l'école.
Trois parties sont précédées de petites Préfaces particulières si-
gnées E. P. La premièi-e développe cette idée qu'aujourd'hui le
moindre instituteur de hameau obtient des résultats bien supérieurs
à ceux des (<. maîtres d'écoles » et « régents » de l'ancien temps, io ne
suis pas aussi sûr ijue l'auteur de cette allirnuitiou péremptoire
et intéressée.
La seconde' jM'riiu' l'utiliti' des rnt'lliodes de iK'dagogie,' dont on
avoue d'ailleurs le caractère toujours pro\isoii'e.
La troisième et deridère expose — et cehi n'est pas trt-s neuf —
que « l'éducation doit former avant tout des êli'e nioraiix ■>, c'est-à-dire
« des êtres sociaux habitués à suivre uniquement les sublimes ensei-
gnements de leur conscience, éclairée et affranchie ». Affranchie de
quoi? L'auteur n'en dit rien ici, mais les extraits qui suivent montrent
~ 237 —
assez qu'il s'agit des vérités et des préceptes (pii sont précisément les
meilleurs et les plus solides fondements de la moralité.
Des Extraits qui composent le livre, très peu sont empruntés aux
auteurs antérieurs au xix^ siècle : je n'en trouve pas d'autres que
Condorcet, Fénelon, Fichte, Lakanal (qui est d'ailleurs un peu du
XI x^' siècle), Lemaistre de Sacy, Locke, M"'^ de Maintenon, Montaigne,
Necker, de Saussure, Pestalozzi, Rabelais, Rollin, Rousseau, La
Bruyère. Les contemporains sont beaucoup plus nombreux, ujie soixan-
taine au moins, entre lesquels je relève les noms de Tjéoii Bourgeois,
de Ferdinand Buisson, de Jules Ferry, d'Anatole France, de Guyau,
de Pauline Kergomard, de Lavisse, de Liard, de Paul et Victor Mar-
gueritte, de Jules Payot, dont les extraits sont particulièrement
agressifs contre les idées chrétiennes, de Félix Pécaut, de Jules Steeg,
enfin d'Emile Zola. Il en est de beaucoup moins connus, et parmi eux
M. Dessez, qui promulgue, en un discours qui a fait sans doute plus de
mal que de bruit,* le Décalogue de l'instituteur. Le premier article
de ce décalogue est celui-ci : Portez-vous bien. Le cinquième est ainsi
formulé : Nous formerons de bons républicains. Et je crois que c'est à
cela, à peu près, que peut se ramener l'esprit du livre tout entier.
Coïnme instrument d'éducation morale j'estime tout de même que
les commandements de Dieu, bien démodés aujourd'hui, étaient plus
efficaces pour former des honnêtes gens.
En résumé, livre très mêlé, où des pages intéressantes, écrites par
de braves gens, voisinent avec des pages très fâcheuses, parfois même
très mauvaises et nettement antichrétiennes. Qu'il soit très bien
adapté aux exigences pédagogiques d'aujourd hui, je veux bien le
croire, puisqu'on raffîrme : mais cela même ne fait que confirmer la
mauvaise opinion que nous avons déjà de Técole que le libéralisme de
nos maîtres prétend imposer à la France chrétienne. A ce point de vue,
la lecture de ce volume peut n être pas inutile pour nous ; c'est
d'ailleurs le seul profit que nous en puissions tirer.
Edouard Pontal.
UTotre Budget, études critiques et plan de réorganisation de notre
système financier, par Léon Foucrière. Paris, Rousseau, 1908, in-8
de 197 p. — Prix : 5 fr.
Dans cet ouvrage, dédié à l'ancien premier Président de la Cour
de comptes, M. le sénateur Boulenger, l'auteur qui connaît pratique-
ment ce dont il parle, puisqu'il a été contrôleur de l'Administration
de l'armée, ne se contente pas de critiquer nos mœui's financières,
de montrer l'inefficacité du contrôle parlementaire au moment du
vote des crédits et encore plus au moment du règlement des comptes,
les lacunes, de la comptabilité-matière, l'insuffisance du contrôle et
— 238 —
des pouvoirs de la Cour des comptes. 11 indique des remèdes : exten-
sion des attributions de la Cour des comptes, qui serait appelée non
seulement à contrôler plus exactement les comptes, mais encore asso-
ciée, dans une certaine mesure, à l'exécution du budget, puisqu'elle
autoriserait les virements de crédits, de chapitre à chapitre, en cours
d'exercice, établissement moins arbitraire des budgets, les projets
devant prendre pour base les dépenses de la pénultième année, comme
on fait pour les recettes. Rn exerçant une surveillance plus vigilante
sur l'emploi des ressources pubhques,sans réduire nos forces militaires,
que l'auteur juge nécessaire de maintenir, parce qu'il ne croit pas aux
théories des pacifistes, il estime que l'on pourrait économiser annuel-
lement 300 millions sur notre budget de dépenses et il propose en
outre de demander 100 millions de plus aux droits sur les héritages
qui ne sont pas transmis en ligne directe. On aurait ainsi de quoi con-
sacrer par an 100 millions à l'amortissement de notre dette colossale,
100 millions à des dégrèvements de taxes frappant trop lourdement les
pauvres, et 200 miUions pour les retraites ouvrières.
Baron J. Angot des Rotours.
Tout ce qu'il faut savoir en malhématiques et physique, ctiimie, mi-
néralogie, crisCallograpliie, botanique, zoologie, science médicale, hygiène.
Nouvelle Encyclopédie publiée sous la direcliou de F. Damé. T. II. Paris,
Delagrave, s. d., gr. in-8 de 329 p., avec 19 planches et 901 lig. —
Prix : 5 fr.
Le tome I^"" de cet ouvrage a paru en 1907 et nous en avons rendu
compte ici-même en septembre de ladite année. Le tome second ne
comporte aucune des réserves sur certaines assertions et certaines
tendances que nous avions dû faire en archéologie préhistorique et
en histoire. La chose est facile à expliquer. Dans le tome I^^, où l'on
allait « de la nature à l'homme «, c'est-à-dire de l'astronomie, la
géologie, la géographie, la paléontologie, la météorologie à l'ethno-
logie, l'histoire proprement dite, les religions et la philosophie, — ces
derniers ordres de connaissances touchaient à des questions brûlantes.
iJans le tome second, l'ordre logique de l'enchaînement des sciences
est substitué à l'ordre chronologique adopté pour le précédent.
Or, en mathématiques, en physique et chimie, en cristallographie,
en botanique et zoologie, voire en médecine et en hygiène, il est facile,
en se cantonnant dans le domaine de chacune de ces sciences, sans
empiéter ailleurs, de n'émettre aucune proposition pouvant être
malsonnante peur qui que ce soit. Aussi pouvons-nous recommander
ce volume sans restriction.
C'est un compendium, un abrégé détaillé de toutes les sciences
mentionnées, excellent pour remémorer ce qu'on a su autrefois ou
— 239 —
pour donner un aperçu des connaissances qu'un esprit d'ailleurs préa-
lablement cultivé ne posséderait pas encore. Mais il ne paraît pas
qu'un écolier puisse y trouver ce qui lui serait nécessaire pour
apprendre ce qui lui serait tout à fait étranger. En mathématiques,
par exemple, on donne, en chacune des branches de cette science,
depuis l'arithmétique jusqu'au, calcul difîérentiel et intégral, les
délinitions et les règles pratiques de chaque proposition, de chaque
théorème, mais sans en développer la démonstration. 11 en est de
même un peu partout. Ce sont des exposés très clairs et géné-
ralement très complets des résultats acquis, et c'est tout. 11 est même
donné, sous la rubrique: « Mathématiques supérieures », un aperçu de la
géométrie générale ou Pangéométrie, celle dont la géométrie courante
ou euclidienne ne serait qu'un cas particulier, envisagée pour un espace
à trois dimensions seulement, sans aucune allusion à un hyperespace
possible.
De grands développements sont donnés, en physique, à l'électricité
tant statique que dynamique, dont l'emploi occupe aujourd'hui une
place de plus en plus étendue dans les applications de la vie pratique.
Sur certains points, l'on peut relever quelques lacunes ; ainsi, en géo-
métrie, la définition des parallèles est donnée sans faire mention du
plan : or, deux lignes ne sont pas parallèles par cela seul qu'elles ne se
rencontrent pas; en optique, il n'est pai'lé ni de la diffraction ni de la
polarisation de la lumière. Sur d'autres, quelques erreurs : à la plan-
che 11, p. 239, un rameau d'épicéa est représenté avec le cône érigé,
or, celui-ci est essentiellement pendant ; l'araucaria excelsa de l'île de
Norfolk y est donné comme un pin : or, le genre pinus appartient
à l'ordre des abiétinées, tandis que l'ordre des araucariées avoisine
celui des cupressinées.
Ce sont là des taches minimes. En somme, cette petite encyclo-
pédie des sciences mathématiques, physiques et naturelles forme un
précieux groupement de matières à consulter dans chacun de ces
ordres de connaissances, et les innombrables figures qui émaillent
le texte ou l'accompagnent, lui sont un auxiliaire inappréciable.
Tout ce qui concerne la structure du corps humain (à la suite de la
zoologie) est exposé, texte et figures, avec une convenance parfaite.
Au résumé, ce volume nous pai'aît, dans son ensemble, supérieur à
celui qui l'a précédé. C. de Kirwan.
lia Sefeuce tseisiiiolo^iciuc. lie» Tremblements de terre,
parle comte de Montessus de Ballore. Paris, Colin, 1907, in 8 de
vn-579 p., avec 222 fig. et cartes dans le texte et hors texte. —
Prix : 16 fr.
Le comte de Montessus de Ballore s'est fait une spécialité de l'étude
des tremblements de terre. Après en avoir, dans un ouvrage remar-
— 240 —
qualtli' dont luuis avons rtMidn (■(tmpte ( Polyhi bilan do juin 1907,
t. CIX, p. 512), déterminé la géograpliie et montré la connexion étroite
avec la formation du relief terrestre et la surreotion des chaînes de
montagnes, voici qu'il entreprend de présenter, dans la Science seisnio-
logiqiie, l'ensemble de ce que l'on sait actuellement sur les tremble-
ments de terre et de faire connaître les résultats obtenus par les
deux catégories de savants qui les étudient, parles géologues et par les
physiciens. En agissant ainsi, M. de Montessus de Ballore rend un
service dont on ne saurait trop fain? ressortii- l'importance; par suite,
en elTet, de cette lamental)le tendance à la spécialisation à outrance,
qui va s'accentuant de plus en plus, taudis que les géologues scrutent
les couches terrestres des régions les plus ébranlées par les séismes ou
sismes, pour tâcher d'y lire les causes de leurs dérangements, sans
se préoccuper de ce que deviennent les ondes seismiques propagées
au loin, les physiciens étudient les diagrammes sur lesquels sont enre-
gistiés les mouvements de l'écorce terrestre, sans se préoccuper outre
mesure de la cause des tremblements de terre. Voilà donc deux branches
d'une même science, la seismologie tectonique et la seismologie phy-
sique, qui tendent à s'écarter de plus en plus l'une de l'autre, pour le
malheur de la seismologie, dont l'étude vraiment scientifique et com-
plète ne peut être réalisée que par une judicieuse combinaison des
méthodes géologiques et. djs méthodes physiques. Ramener à cette
conception les savants qui s'occupent des tremblements de terre,
montrer dans la seismologie un ensemble dont il convient d'envisager
successivement tous les aspects, tel avait déjà été le but poursuivi par
l'auteur dans sa Géographie seismologiqae et tel est le but qu'il pou-
suit encore dans la Science seismologique, dont l'idée maîtresse —
mise en pleine lumière d'un bout à l'autre du volume — est l'in-
fluence des circonstances géologiques sur le mouvement seismique lui-
même; aussi bien à l'origine des tremblements de terre que tout le long
des chemins dans lesquels s'engagent ses ondes, les différences de cons-
titution tectonique ne jouent-elles pas, en effet, un rôle de première
importance? C'est là une des leçons qui se dégagent de la Science
se ism.olo gigue; en voici une autre : à l'ancienne conception de l'épi-
centr?, c'est-à-dire du point de la surface terrestre d'où semble
émaner le tremblement de terre, — conception qui n'est plus valable ,
que pour les ébranlements dûs aux explosions volcaniques — se substi-
tue la conception de mouvements d'ensemble de portion souvent con-
sidérables de l'écorce terrestre, de déplacements ou de dérangements,
d'origine tectonique, de tout un voussoir plus ou moins étendu. Une
telle conception explique admirablement (est-il besoin de le dire?)
ces épouvantables catastrophes dont l'Italie méridionale vient d'être
le théâtre, et qui ajoutent à la portée scientifique de l'ouvrage de
— 241 —
M. de Montessus de Ballore un incontestable intérêt d'actualité. Non
content d'avoir, dans son livre, exposé l'état présent et les méthodes
de la science seismologique, l'auteur a eu soin d'y ajouter plusieurs
chapitres de « seismologie appliquée », dont la lecture fera comprendre
pourquoi l'on a songé à abandonner plusieurs des villes siciliennes ré-
ceaiment dévastées. Des cartes, des gravures, des tableaux, complètent
l'excellent ti'avail de M. de Montessus, dans lequel nous nous plaisons
à saluer ce manuel do seismologie qui manquait encore à la science
française, Henri Froide vaux.
lie Problème de l'aviation et sa solution par l'aéro-
plane, par Armengaud jeune. Paris, Delagrave, 190S, gr. in-8 de
vii-86 p. — Prix : 2 tV. 50.
Le 16 février 1908, M. Armengaud faisait, au Conservatoire national
des arts et métiers, une conférence sur l'aviation. Bien que la salle
fut comble, un nombre forcément restreint d'auditeurs avait pu suivre
le captivant exposé fait par l'habile orateur sur un sujet de
si grande actualité; aussi était-il nécessaire d'éditer cette conférence,
afin d'en faire proliter tout le public; c'est là l'origine du volume si
intéressant que nous avons sous les yeux. Les divers systèmes d'aéro-
planes expérimentés jusqu'à ce jour sont successivement passés en
revue, ainsi que les théories qui ont déterminé leur construction.
Les développements mathématiques, qui ne faisaient pas partie de la
conférence orale, sont précédés par la théorie élémentaire de
l'aéroplane; ils n'exigent du lecteur que les connaissances de la trigo-
nométrie. Ils sont exposés avec la plus grande clarté et permettent
d'avoir une idée très nette et suffisamment complète des essais si
passionnants qui se déroulent chaque jour sous nos yeux. On peut
toutefois regretter que la date de la conférence faite par M. Armen-
•gaud ait été antérieure aux vols de W. Wright, dont,' par suite,
l'aéroplane n'est pas étudié. Des schémas accompagnent la description
des appareils et facilitent leur répartition dans les différents types.
Toutes les parties de cette remarquable brochure mériteraient
d'être successivement analysées, ce qui nous ferait sortir des limites
de ce compte rendu; qu'il nous soit au moins permis de signaler les
quelques pages consacrées au vol et au planement des oiseaux et celles
relatives au rôle probable de l'électricité atmosphérique dans le vol.
Le lecteur y trouvera maintes idées originales et fécondes, ainsi que
dans le paragraphe où sont indiqués les perfectionnements à apporter
aux aéroplanes.
En terminant, nous émettrons seulement le regret que la forme
de la conférence orale ait été respectée et qu'il soit fait allusion, par
exemple, aux vues cinématographiques qui ont dû charmer les audi-
iVlAhs lyoy. C\\. T. 16.
- 242 —
teurs, mais dont les lecteurs sont forcément privés. Par contre, nous
sommes heureux de signaler le soin apporté par l'éditeur à l'exécution
matérielle de cette brochure déjà si remarquable à tant d'égards.
J. C. T.
LITTÉRATURE
Alt-C^eltiaelier Spraelisrliatz, vonALFREP Holder. IStf'Liefernag
(Vesontio-Zusema). Leipzig, Teubner, 1908, gr. in-8, col. 257-512.
On aurait pu croire que cette 18^ livraison achèverait le répertoire
de l'ancien celtique entrepris par M. Holder; mais l'auteur a tant fait
de recherches et il a tant paru dans -ce domaine depuis le début de sa
publication, qu'après le nom hypothétiquement celtique de Zusema
(aliluent bavarois du Danube), il commence l'impression d'un sup-
plément considérable. On connaît la méthode de M. Holder : d'abord
jcwores ampliandi, c'est-à-dire donner, dans le doute, des noms anciens
qui pourraient être autre chose que celtiques, par exemple dans cette
livraison le nom d'homme Vin'otos, chef des Lusitaniens, qui est peut-
être ibérique; le nom de fleuve Visiirgis, le Weser, qui pourrait être
ligure; puis donner, outre les conjectures étymologiques, tous les
textes d'écrivains et d'inscriptions qui contiennent un nom, de sorte
qu'on pourrait rédiger l'histoire ancienne d'une localité avec les textes
patiemment réunis par M. Holder : tel serait, aujourd'hui, le cas de
Vesontio^ Besançon; de Vienna ou Vianna ou Viana, Vienne en Ûau-
phiné, sans compter ses homonymes actuels Vincenna, la rivière
Vienne, et Vifidobona, Vienne en Autriche. Le nom du peuple gaulois
les Voice est important, j^arce que, passé chez les peuples germaniques
sous la forme de Walah, il a, par des transpositions historiques, donné
naissance aux noms des Welches, des Wallons, des Valaques, des
Gallois, etc. — Nous avons déjà regretté que le savant auteur, si bon
latiniste, ait donné, en allemand et non en latin, les quelques abré-
viations ou explications nécessaires, si sobres qu'elles soient. Au moins
ferait-il bien de ne pas donner des termes de jargon linguistique,
comme le sanscrit tatpiirusha de la colonne 344, terme qui ne signifiera
• 'o^- 1p plupart de ses lecteurs. H. Gaidoz.
Ciiraiiiiiiaii*<' et Yorabtilaire du g,vee vulgaire, par Girolamo
Germano, publiés d'après l'édition de 1622, par Hubert Pernot,
thèse complémentaire présentée à la Faculté des lettres de l'Université
de Paris [Collection de monuments pour servir à Vétude de la langue et de
la littérature néohelléniques. 3^ série, n° 7.). Fontenay-sous-Bois, chez
l'auteur, 7, rue du Clos-d'Orléans, 1907', in-8 de 320 p.
Répétiteur de grec moderne à l'École des langues orientales et l'un
de nos meilleurs néohellénistes, M. Hubert Pernot inaugure une nou-
— 243 —
velle série do la Collectiofi de monumentf;, fondée jadis par le regretté
Emile Legrand, par la réimpression d'un ouvrage d'une importance
considérable dans l'histoire de. la lexicographie néohellénique. Giro-
lano Germano était un jésuite qui, ayant passé de longues années
dans les missions de Chio et de l'archipel grec, avait recueilli pour
son usage tout ce qu'il avait pu d'éléments grammaticaux et lexico-
graphiques de la langue parlée par les indigènes. Le profit que pou-
vaient retirer de son expérience ses confrères et tous ceux qui avaient
affaire dans ce pays, le décida à publier en 1622 l'ouvrage que nous
redonne aujourd'hui M. H. Pernot. Son livre est d'autant plus inté-
ressant que, comme le dit l'éditeur, c'est lui en réalité « qui ouvre la
série de dictionnaires romaïques proprement dits » et que la gram-
maire par laquelle il débute « constitue la première grammaire du
gi'ec vulgaire qui ait eu les honneurs de l'impression )>.
^..^Le long séjour du P. Germano dans l'île de Chio explique la pré-
dominance dans son ouvrage des formes chiotes; et ce caractère de
son livre explique à son tour l'intérêt particulier qu'y a pris M. Hubert
Pernot, à qui nous sommes redevables de précieux travaux sur l'île
de Chio et qui poursuit depuis des années l'étude de la langue et de
la littérature chiotes.
En préparant l'édition de ce précieux Vocabolario, assez rare pour
avoir échappé pendant un temps aux recherches d'Emile Legrand,
M. H. Pernot a été amené à étudier les œuvres analogues écrites dans
les xvi^, xvii^ et wiii^ siècles. Il nous en donne dans sa Préface une liste
intéressante. Cette enquête qu'il a menée l'a conduit à une conclusion
assez inattendue : il montre, en effet, que le dictionnaire et la gram-
maire du grec moderne, publiés respectivement en 1635 et 1638 par
Simon Portius, ouvrages assez loués à l'époque et dont le second a
eu, en 1889, les honneurs d'une réimpression, ne sont qu'un plagiat et
un démarquage de l'œuvre de Germano. Si l'œuvre de Portius est rem-
plie de dialectismes c'est qu'il les a empruntés à son prédécesseur;
loin d'être une preuve qu'il soit natif de Chio, ces dialectismes, par la
servilité même avec laquelle Portius les a empruntés à son modèle
reproduisant des fautes grossières excusables chez un étranger mais
inexplicables de la part d'un indigène, parlent plutôt contre cette
origine prétendue.
On voit tout l'intérêt que la publication de M. Pernot présente
non seulement au point de vue de l'histoire du langage, mais au point
de vue de l'histoire littéraire. On regrettera peut-être que cette œuvre
importante n'ait point été accompagnée d'un commentaire. M. Pernot
explique cette lacune par cette raison que les observations qu'il
aurait pu faire ont pris place déjà ou prendront place bientôt dans
ses Etudes de linguistique néohellénique. E.-G. Ledos.
— -244 —
Aum. Koiir<'ei8 de l'él«quencc Lectures commeiiiées, par Marc San-
GNiER. Paris, Blond, 1908, petit \\\-S de /lUl p. — Prix : ''• fr.
Presque tous les volumes qui portent le nom de M. Mai'c Sangniei
ont quelque chose à la fois d'ingénu et de cavalier, qui est très carac-
téristique. Ils ont rair,ou de l'alburn d'un écolier pressé de se produire,
ou du carnet-journal d'un vieil homme de lettres devenu complai-
sant à ses moindres fragments d'idées et aux notes quelconques de
ses fonds de tiroir. Pas un d'eux qui soit un livre, un livre fait, pensé,
mûri, écrit. Et ce qu'ils ont de décousu, de désordonné, d'impersonnel
et d'insuflisant vous mettrait de mauvaise humeur, si la critique
n'était désarmée par l'aveu, tout de même un peu hautain, du sans-
façon avec lequel ils furent improvisés. « Peu nous importe que le choix
de ces pages semble arbitraire, qu'il le soit en eiiet... Nous ne nous
proposons nullement ici une œuvre d'érudition historique ou de cri-
tique littéraire... Notre dessein a été seulement de recueillir, presque
au hasard^ quelques-uns des plus nobles et des plus pathétiques accents
de la parole humaine, non pas tant pom* instruire que pour soutenir
et réconforter ceux qui liront ce recueil ...»
A cet aristocratique ai'gumentdu «bon plaisir .>, du « sit pro raiione
voluntas », il n'y a rien à répondre.
Encore qu'on ne voie pas ce que le « réconfort » y perdrait, si le choix
avait été plus éclairé et plus juste, si le livre était moins fouillis, on n'a
plus le droit de s'étonner que, derrière les orateurs de la Grèce, Démos-
thènc, Eschine, Platon... et Antigone, il n'y ait pas eu la plus petite
place pour les Romains, ces maitres du genre oratoire, ces éloquents
diseurs de la vertu patriotique et républicaine, ni que toute l'éloquence
religieuse du xix^ siècle soit ici représentée par Lacordaire et Mgr
d'Hulst, et toute l'éloquence laïque par Lamai'tine, Gambetta, Wal-
deck- Rousseau, Millerand, Clemenceau, Jaurès, Brunetière et M. de
Mun. Ne songez même pas à regretter Chateaubriand, Victor Hugo,
Royer-Collard, Casimir Périer, Benjamin Constant, Bcrryer, Monta-
lembert, Ravignan, Dupanloup, Guizot, Dufaure, de Broghe, Jules
Simon, etc., etc., ni à vous plaindre que tantôt les morceaux cités
soient trop longs et trop connus, comme le Sermon sur la mort de Bos-
suet, l'oraison fmièbre d'Henriette de France, tantôt et plus souvent
coupés trop menu, remplacés quelquefois même par le récit des scènes
violentes qui, dans la réalité, empêchèrent les discours et en tinrent
lieu. Ainsi Déroulède, qui prononça tant de belles choses, ne fût-ce
qu'à Champigny et à Buzenval, n'est représenté que par un article
de BaiTès qui raconte cette héroïque soirée de la salle Chaynes où
toute l'éloquence du tribun fut de crier «Vive la France ! » au milieu
de la meute hurlante des sans-patrie. Ainsi encore avons-nous, entre au-
tres spécimens de l'éloquence de la Révolution, la scène de l'ai-restation
— 245 —
des Girondins, celle de Robespierre, ou l'envahissement, au 19 bru-
maire, de la salle de Saint-Cloud par les soldats de Leclerc. Mais si
c'çst la fantaisie de M. Marc Sangnier de trouver là plutôt qu'ail-
leurs les sources de son éloquence?... Craignez, si vous insistez, qu'il
ne vous réponde qu'un geste est parfois plus éloquent qu'un
discours. Ne discutez pas non plus la boursouflure et le mauvais
goût do telles ou telles harangues. Ne dites pas qu'à côté de tel
fragment d'un médiocre intérêt, il y avait à prendre une page admi-
rable sur quelque grande idée immortelle. Du moment que tout cela
a été recueilli presque au hasard, il n'y a, en notant que le commen-
taire annoncé se réduit à quelques phrases d'admiration exclamative,
((u'à constater que n'importe qui peut, avec la collaboration du même
hasard, en faire tout autant, et que, dans ce genre de « Conciones »
français, on avait fait déjà beaucoup mieux. Gabriel Audiat.
Le Clergé à l'Académie, silhouettes et portraits par Mgr de Mouche-
ron. Paris, Perrin, 1909, petit in-8 de 383 p., avec une gravure. — Prix :
5 fr.
Sur cent dix-sept hommes d'église qui furent de l'Académie fran-
çaise, l'auteur en élimine neuf, tels que Dehlle, Sieyès ou Feletz, qu'il
ne juge pas assez ecclésiastiques. Il consacre aux autres des notices
sommaires, mais généralement exactes. Il n'aurait pu, dans un aussi
petit nombre de pages, insérer de vraies biographies, et moins encore
des études de critique littéraire : le lecteur trouvera donc le livre
un peu court, et c'est là une critique dont plus d'un auteur serait
flatté.
Le style est agréable, les anecdotes bien choisies et bien contées;
la note générale est cet optimisme bienveillant qui caractérise la
prose ecclésiastique. Il y aurait quelques points à discuter et même
quelques opinions à contester : j'aime mieux dire que, dans son
ensemble, l'ouvrage répond à ce qu'on était en droit d'en attendre
et qu'il sera consulté avec profit par tous ceux qui s'intéressent à
l'histoire du clergé français. P. Pisani.
HISTOIRE
Saint AinbroÎMe, par P. de Labriolle. Paris, Bloud, 1908, in-16 de
329 p. (Collection La Pensée chrétienne). — Prix : 3 fr. 50.
M. de Labriolle vient de donner à la Pensée chrétienne un bon volume
sur saint Ambroise. L'homme et l'évêque, dans Ambroise, sont plus
intéressants que l'écrivain. M. de Labriolle le sait, et, avec beaucoup
d'art, il a encadré les textes dans des études et des notices biendocu-
m?ntées et fort instructives. Dans une Introduction sobre et nourrie
(p. 1-31), il nous dit la vie et le rôled'Ambroise,il nous fait connaître
— 246 —
les principa es éditions de ses œuvres et les travaux généraux dont il
a été l'objet Les autres indications historiques et bibliographiques
sont données à leur place dans le cours du volume. Suivent les extraits
d'Ambroise groupés sous quatre titres et encadrés en autant d'études
sur le politique (35-162), l'exégète (163-208), le moraliste (209-253), les
sermons et les traités dogmatiques. On devine bien que les pages les
plus intéressantes sont celles qui nous présentent le politique et le
moraliste; quelques-unes, comme celles sur les luttes ariennes (p. 70-95),
sont on ne peut plus vivantes et dramatiques. Mais ces pages vien-
nent-elles bien sous la rubrique Polilique? Ce sont là essentielle-
ment des questions religieuses, et si la politique s'en est mêlée, qui,
plus qu'Ambroise, a fait entendre à l'autorité civile qu'elle n'avait
rien à y voir? Et nulle part, à vrai dire, Ambroise n'est « politique ».
Il est évêque, rien qu'évêque. M. de LabrioUe est le premier, à le re-
connaître et la question n'est peut-être qu'une question de mot. J'ai
peur que, sur un autre point, la doctrine ne soit un peu compromise,
au moins indirectement. Tout d'abord, M. de Labriolle affecte de
séparer Ambroise de ses collègues catholiques dans la lutte contre
Priscillien. Il y a eu, je le veux bien, quelques malentendus sur les
faits et quelques divergences de vue sur les procédés à employer.
Mais il est visible qu'Ambroise admettait, tout conune les autres, la
poursuite jusqu'à extinction de l'hérésie et des liéréti({ues. Ce (jui
suilirait à le montrer, c'est la lettre à Théodose contre la reconstruc-
tion de la synagogue juive que des chrétiens avaient brûlée. Cette
lettre scandalise M. de Labriolle. Bien à tort; car elle est inattaquable,
en bonne théologie... et M. de Labriolle devrait le reconnaître, s'il
admet, suivant la formule de Léon XIII, que les catholiques ont dans
le SyUahus une règle sûre de pensée et de conduite.
Dans l'ensemble, on eût attendu, dans un ^'olume de la Pensée
ehrétienne, une part plus grande pour la doctrine et pour la piété.
Et du même point de vue, la longue lettre sur l'affaire de la vierge
Indicia ne me paraît pas être ici à sa place. Je ne vois pas non plus
de quel droit on relègue dans la légende ou la poésie un fait attesté
de façon très précise par les contemporains, pour cela seul qu'il est
extraordinaire ou miraculeux, comme on le fait, par exemple, p. 255.
On pourrait signaler quelques inexactitudes d'interprétation, par
exemple, la parenthèse « de l'arche '> (p. 278); certains néologismes à la
Huysmans, comme « immine » et détails semblables. Mais peut-être
ai-je déjà trop insisté sur la critique; car le livre est .digne qu'on en
dise surtout du bien. J.-V. Bainvel.
— 217 —
Laïueiiuais. Ka Vie et 8Ci« doctrines, par l'abbé Charles Bou-
TARD. II. Le Catholicisme Uhcrul • iSi8-i85i). Paris, Perrin, 1908, in-8 de
vi-409 p. — Prix : 5 fr.
1828-1834 : les dates disent ici que, dans l'histoire de La Mennais, elles
encadrent la période de la «crise»; crise malheureuse qui se dénoua par
la chute du prêtre infidèle à sa mission et à sa foi. Il y a donc un très
particulier et très triste intérêt à lire les pages fort sages et impartiales
de M. l'abbé Boutard sur cet épisode tragique.
Les dernières années de la Restauration sont marquées chez La
Mennais par une grande activité intellectuelle ; il devient, avec son
frère Jean-Marie, « fondateur d'ordre », chef de la « congrégation de
Saint-Pierre », dont le noviciat, la maison de formation est à Malestroit
(près de Ploërmel) et le centre intellectuel à la Chesnaie (près Dinan).
Les deux chapitres consacrés à cette narration sont pleins de détails
curieux et s'appui(>nt sur les révélations précédemment faites par le
P. Laveille, dans sa biographie de l'abbé Jean-Marie de La Mennais.
Déjà FéU, entouré de jeunes disciples, rompt avec l'ancien clergé,
gallican à ses yeux, dans la personne d'un de ses représentants les^plus
autorisés : l'archevêque de Paris, Mgr de Quélen, à qui il adresse ses
deux « Lettres » fameuses (mars et avril 1829). Quand vient le boule-
versement de la révolution de 1830, il est tout préparé à une marche
en avant, sans regret pour le gouvernement qui vient de tomber. C'est
donc la formation de l'Avenir, la création d'une Association pour la
défense de la religio)i catholique, d'une Agence générale pour la défense
de la liberté religieuse.
Époque de fermentation dans les esprits, de généreuse espérance
dans les actes, de sincère dévouement. L'analyse détaillée et la syn-
thèse que donne M. Boutard de ces articles de t Avenir, non seulement
sortis de la plume de La Mennais mais de ses lieutenants, Lacordaire
et Montalembert, soulignent justement la verve, le talent, l'impré-
voyance aussi, mais le sens catholique toujours aigu de cette brillante
phalange. La loyauté de La Mennais ne saurait être en cause; c'est
dans ses lettres, d'un ton si violent, qu'il faut aller cliercluir le fond
de sa pensée; elles sont injurieuses au-delà de ce que l'on peut admet-
tre envers les personnes. Le fameux voyage à Rome, afin de « forcer »
le Pape à parler, les vivacités de langage, l'impatience du retour, tout
manifeste clairement l'emploi de moyens fâcheusement orgueilleux
pour faire prém(\turément aboutir des idées heureuses. M. Boutard ra-
conte à son tour, mais avec beaucoup de calme, les phases de ces jours
agités; il sème son récit de remarques justes, il blâme à raison cette
précipitation qui a reculé l'épanouissement des thèses ultramontaines
de La Mennais dans ce qu'elles avaient d'orthodoxe et d'approprié au
temps, et qui a prêté le flanc aux oppositions systématiques des
— ^'iS —
K gallicans», puis à leurs mauvais procédas dans l'apparente victoire
d'un jour. Sage, raisonnable, Rome ne condamnait que l'excès des
théories; elles demeuraient intactes pftur s'épanouir cinquante ans
plus tard, à l'heure venue.
Incompréhensible au premier abord, tant elle choque la logique et
les affirmations de sa vie précédente, la défection de La Mennais, se
retournant contre l'Eglise, se conçoit mieux si l'on accepte cette
double remarque : il avait rêvé de faire une monarchie théocrati-
que; il rêva de faire une théocratie républicaine. Il marcha donc
toujours à l'extrême avant-garde des armées, où il s'enrôla et poussa
les aventures avec autant de génie que d'indiscipline. C'est ainsi que
l'on compromet les causes que l'on croit servir.
Les lecteurs de M. Boutard, après avoir pris grand i)laisii' à v<»ir
résunier clairement une histoire très délicate par un prêtre soucieux
de l'impartialité, auront le droit de regretter des observations sans
aménité contre l'abbé Combalot et Lacordaire; des sous-entendus
(toujours un peu naïfs) contre les jésuites, des égratignures au pas-
sage contre l'abbé Jean, et pour désigner le Souverain Pontife, les
cardinaux, les évêques, cette appellation un peu arrogante de la
« Hiérarchie », que La Mennai^ emplovait lui-même dans un sens
aussi prétentieux que malveillant. On donne tort à la « Hiérarchie »
d'une façon impersonnelle, quand on n'ose tout haut se dérober à un
ordre du Pape, ou critiquer les décisions de telle congrégation, le
mandement de tel évêque en chair et en os; c'est commode plus que
loyal. La Mennais avait inventé cette expression nuageuse pour faire
la transition entre son ortliodoxie et son apostasie. J'aimerais que ce
mot ne fût plus employé dans ce sens fâcheux. Toujours avec mélan-
colie l'on relit ce drame de notre histoire religieuse contemporaine,
mais aussi avec un poignant intérêt. M. Boutard compte parmi les
historiens qui ont le mieux analysé les intentions et les faits de l'École
mennaisienne et ajouté à la curiosité passionnante du suj^t l'agrément
heureux des commentaires. G. de G.
tjSk nurhoHse de Bourgogne et l'AIlianee ««aToyarde sous
liOtiii» XIV, par le comte n'HAUSsriN ville. T. 1\'. Pari;?, Calmann-
Lévy, d908. in-8 de 682 p. — Prix : 7 fr, .^0.
La fin de ce grand travail est triste comme le sujet lui-même qu'il
raconte; ce sont les morts foudroyantes des enfants et petits-enfants
du grand Roi; morts terribles qui jetèrent la France dans l'épouvante,
mais auxquelles M. d'Haassonvillè, sur les rapports de la science mo-
derne, ne pense pas qu'il faille attribuer (comme le firent les contem-
porain'*) des caractères mystérieux et criminels. De 1709 à 1711, nous
assistons donc à la mort de Monseigneur, à relie de la diiclii^sp de
— 240 —
Bourgogne, à celle du duc, devenu le Dauphin. Autour de ces scènes
lugubres, qu'il retrace d'après les meilleurs témoignages, l'auteur
rapporte tous les détails de cérémonial et d'étiquette. Puis il relie
les différentes parties de son sujet par des études très fouillées sur les
événements caractéristiques de la Cour et du temps; le « grand hiver»
de 1709; le procès de fdiation et de préséance des Rohan, etc.; il
étudie surtout les idées politiques de ce duc de Bourgogne sur qui les
gens de bien fondaient tant de légitimes espérances; les maximes de ses
oonseillers, le petit troupeau^ comme les appelle Saint-Simon, c'est-à-
dire les anciens amis de Fénelon devenus les fidèles du prince : les
ducs de Chevreuse et de Beau\illiers; il montre le rôle joué par le
duc de Bourgogne au Conseil; il scrute les manuscrits de Saint-Simon,
les papiers du Dauphin lui-même, ses projets en matièi-e financière ou
religieuse; et ces pages (257-351) sont les plus graves, les plus intéres-
santes de ce volume.
Bien informé, avec un esprit clair, une plume nette, un sens par-
fait des nuances et la délicatesse d'un cœur pondéré, M. d'Hausson-
ville est très impartial dans un récit auquel on ne saurait peut-être
reprocher qu'un peu de froideur, à cause sans doute de cette impar-
tialité même. 11 a dessiné autour de la figure de son héroïne, une vue
d'ensemble des dernières années de Louis XIV. Ses références sont
exactes, ses notes précises. — Une table analytique très complète, très
détaillée de deux cents pages, est infiniment précieuse et facilite les
recherches dans un vaste ouvrage dont chaque partie se lit avec un
rare agrément. G.
L'Rglise de Paris et la Révolution, par P. Pisani. T. I
(1789-1792). Paris, Alphonse Picard et fils, 1908, in-12 de 350 p. —
Prix : 3 fr. 60.
Personne n'était mieux préparé que M. le chanoine Pisani à traiter
un semblable sujet. Ceux qui connaissent son Répertoire biographique
de VEpiscopat constitutionnel savent avec quel soin il s'est docu-
menté de longue date sur l'Église de France pendant la Révolution.
Sur les dix chapitres qui composent son nouveau volume, les trois
premiers se rapportent bien à l'Eglise parisienne, mais nous la pré-
sentent dans son organisation, dans son chef, dans son esprit et son
action à la date de 1789. Les trois suivants, s'ils sont exactement
placés au point de vue de la chronologie, constituent une sorte
d'Introduction générale à l'histoire des rapports entre l'Eglise et l'Etat
à cette époque. L'exposé de la législation religieuse de la Constituante,
tant à l'égard du clergé régulier que du clergé séculier, condense et
éclaire tout ce qui a été écrit jusqu'ici à ce sujet.
Outre h'S généralités du sujet, ce volume assez mince, mais très
— 2o0 —
substantiel et que deux autres au moins suivront sans douto,
contient le récit des événements d'ordre religieux à Paris de 1789
à 1792. A côté des dates, des chiffres, des détails topographiques, les
détails biographiques abondent, et quiconque a marqué dans la
lutte entre les Eghses réfractaire et constitutionnelle est caractérisé
suivant son importance en quelques lignes ou en quelques mots.
L'auteur a consulté avec fruit aussi bien les brochures et les écrits
de l'époque que les dossiers des Archives nationales. Son dernier
chapitre est consacré aux Massacres de septembre, mais il s'est bien
gardé de raconter une fois de plus les scènes tragiques dont on a
déjà lu les épisodes dans tant d'ouvrages; il se contente de cons-
tater que les victimes furent frappées sous prétexte de complicité
avec l'étranger, en réalité pour refus de complicité avec le schisme.
Une série de cinq appendici s met à la portée des lecteurs quelques-
unes des curiosités du sujet.
Il serait superflu de rechercher les menues erreurs qui ont pu échap-
per, dans une étude aussi complexe, au savant chanoine. P. 227 (note)
je lis que le curé constitutionnel Demoy devint sous l'Empire « pro-
fesseur suppléant, doyen et recteur » dans une Faculté des lettres.
11 faudrait Ih'e : professeur, suppléant du recteur qui était lui-même
ddycn. Si je relève cette petite inexactitude, c'est à seule fin de rap-
pelei' que le mieux informé ne réussit pas encore à l'être infailliblement
partout . L. P.
Saiiit-Doiniiigue (1 ««99-1 9^9) li» Société et la \ic
<*i>coles sous l'ancien régiane, par Pierre de Vaissière.
Paris, Peri'in, l'JU9, ui-8 de viii-o86 p., avec planches. — Prix : 7 fr. 50.
M. Pierre de N'aissière est un habile et persévérant clierchcui'. 11 a
entreprisd'étudier la vieille noblesse française et son rôle, et déjà il nous
l'a montrée, en deux volumes dont le succès n'est pas oublié, dans
ses antiques manoirs de campagne, et dans la crise révolutionnaire
où a sombré son pouvoir. A vrai dire, ce pouvoir était déjà singulière-
ment restreint par le développement de l'autorité royale, et M. de
Vaissière estime que c'est en partie pour en sauver quelques débris
que la noblesse s'est portée aux colonies. Là du moins elle échappait
un peu au pouvoir central de Richelieu et de Louis XI\ , et elle avait
encore quelque prestige; en face des pnpulations indigènes à demi
sauvages et des aventuriers à demi sauvages aussi, parmi lesquels se
recrutèrent les premier colons, la noblesse militaire, avec ses habitudes
de commandement et de discipline, pouvait seule maintenir quekjue
régularité et quelque ordre. Mais là aussi elle ne tarda pas à avoir à
lutter contre les intendants autoritaires, toujours épris de centralisa-
tion, et dont plusieurs, pour assurer leur prédominance, n'hésitèrent
— 251 —
pas à faire appel aux plus mauvaises passions et à s'appuyer sur les
pires éléments ; dans cette lutte inégale, la noblesse succomba et ce ne
fut pas pour le bien de la colonie.
M. de Vaissière avait d'abord songé à étendre son étude à toutes
les colonies françaises ; mais en voyant à quelle masse énorme de docu-
ments, concentrés dans les archives des ministères, il avait affaire, il
s'est résigné à se restreindre et à prendre commesujet celle des anciennes
colonies de la France qui en reste le type idéal et qui conserve encore
le prestige .de la société la plus polie et la plus heureuse évoluant dans
le cadre le plus enchanteur,Saint-Domingue. Il semble que, dans cette île
véritablement fortunée, la vie était charmante et les jours perpétuel-
lement tisses d'or et de soie. Dans la réalité, il faut bien rabattre de ce
rêve : cette société, si belle à voir de loin, l'est beaucoup moins à voir
de prés. Et ce qui a fait son mal, ce qui l'a perdue, c'est précisément
la facilité de sa vie, et, tout spécialement, ce qui permettait aux
créoles un farniente sans réserve : l'esclavage. Tout le travail étant
accompli par les noirs, les maîtres étaient naturellement livrés à toutes
les séductions et à tous les vices de l'oisiveté; ils ne s'occupaient même
pas de leurs esclaves et laissaient le soin de les diriger à des comman-
deurs qui en abusaient indignement, et ne songeaient même pas à
leur donner, nous ne dirons pas une instruction (Ui une éducation,
mais une moralité quelconque. II faut lire dans le très attachant
volume de M. de Vaissière, les chapitres consacrés au Monde noir
à la Vie et aux Mœurs créoles. C'est un spectacle attristant et l'on
comprend, en le voyant, qu'une société ainsi pourrie devait aboutir où a
abouti Saint-Domingue, à la révolution qui a supprimé à peu près les
blancs et ramené les noirs à la barbarie. Max. de la Rocheterie.
Inventaire sommaire de la roEIrctîon Bucquel-aux-€'ous-
teaim, eoin|>i*enant S."» volumes «le &'oeuments nianus-
erits et impriméig raisHemblés au XVlll^ siècle, sur
Beauvais et le Beauvaisis. par le Df Victor Leblond. Paris,
Champion, s. rt., gr. io-S de xxii-3b0 p. — Prix : 8 fr.
La collection Bucquet-aux-Cousteaux, donnée au mois de janvier
1906 à la Bibliothèque municipale de Beauvais par M. l'abbé Renet,
est certainement l'ensemble de matériaux In plus important qui ait
été réuni sur la ville de Beauvais et le Beauvaisis. Trois érudits de la
fin du xviiie siècle. Danse, Borel et Bucquet, ayant formé le projet
d'écrire une histoire de Beauvais, avaient amassé une quantité de
documents considérable. De ces trois collections, seule la dernière,
dont nous signalons l'inventaire, est entrée dans un dépôt public ; celle
du chanoine Danse étant maintenant au château de Troussures, près
Auneuil, et celle de Borel au château du Meux-Rouen (Seine-Infé-
— 252 —
rieure). La collection Ruc([uot fut conservée par sa fille, M^"" Aux
Cousteaux de Marquerie, et resta dans la famille Aux Cousteaux pen-
dant tout le cours du xix^ siècle, d'où le nom de Collection Aux Cous-
teaux que lui donna M. Labande dans son Histoire de Beauvais.
Parmi les documents les plus remarquables de cette collection, qui
renferme de nombreux originaux, il faut signaler des extraits de
l'ancien Livre velu, cartulaire de Beauvais aujourd'hui perdu, des copies
des Registres des délibérations municipales du xv^ siècle, des extraits
des anciens Registres des plaids, aujourd'hui disparus, des copies des
anciennes Archives de l'évêché qui n'existent plus qu'en partie, des
extraits des Registres capilulaires. On peut encore signaler des obi-
tuaires d'églises et d'abbayes, vingt-trois lettres autographes de
Bossuet, enfin une nombreuse correspondance de Bucquet avec diiïé-
rents érudits religieux ou laïques. Une table générale placée à la tin
de cet inventaire permet de consulter et de mettre facilement à profit
les richesses qu'il signale. J. Viard.
lLe% C^osteiitin, seigneurs de ITourville et autres lieux
(CoutainTille,Vauville, Kaint-eermaiu-le-Vieomte, etc.),
par E. Sarot. Coutances, Daireanx, 1907-1908, 2 vol. in-8 de 101
et 273 p., avec 1 planche et 1 tableau généalogique. — Prix : 15 fr.
Les généalogies qui paraissent de nos jours sont le plus souvent des
panégyriques. On n'assume guère la tâche ingrate d'établir degré par
degré la filiation d'une race que dans le but de satisfaire la vanité
nobiliaire d'autrui, ou la sienne propre. Cependant, il se trouve encore.
Dieu merci, des généalogistes désintéressés. ]\L Sarot est de ceux-là;
je me plais à l'en féhciter.
. Dès les premières pages de son hvre, il manifeste le plus complet
détachement quant à l'antiquité de la famille dont il écrit l'histoire.
Pour les siècles antérieurs au xvii^ il se contente, à peu près, de
transcrire ce qu'ont dit des Gostentin le P. Anselme, Moréri et La
Chenaye des Bois. J'ai peine à croire qu'il lui ait été impossible de con-
trôler , par des recherches personnelles, les dires de ces trois auteurs.
Sans doute, les Archivesdépartementales de la Manche renferment des
chartes qui mentionnent des Gostentin à une époque ancienne; et je
connais à la BibUothéque nationale (Pièces originales, vol.- 871;
Dossiers bleus, vol. 213), nombre de pièces dont l'auteur aurait pu
tirer parti. Je suis sur})ris que AL Sarot ait négligé des sources d'in-
formation aussi banales, alors qu'il a su atteindre des documents
d'aci-ès difficile, dispersés dans les études des notaires et dans les
chartriers des familles normandes. 11 semble avoir eu hâte d'arriver au
règne de Louis XIV, qui est le temps où le nom de Gostentin est par-
venu à une large notoriété, — glorieusement, grâce à l'amiral deTour-
ville, un cadet,- — scandaleusement, par la faute des aînés de la maison^
— 253 —
De la carrière de l'amiral, l'auteur ne nous dit presque rien. Il se
C(jntente de renvoyer en bloc aux livres qui en ont parlé. Il aurait
bien fait de donner, sinon une nouvelle biographie de cet illustre
marin, du moins l'indicarion des ouvrages importants qui ont
été consacrés à sa mémoire.
En revanche, il s'étend sur les faits et gestes des Costentin de la
branche aînée; il y trouve l'occasion de relever de curieux traits'.de
munu's. La mésintelligence de François-César de Costentin et de sa
femme, Jeanne Le Sauvage, forme le point de départ de toute une
série d'événements fâcheux. Un fils de Jeanne Le Sauvage, Jean-
Michel, né à une époque et dans des circonstances qui rendaient sa
légitimité invraisemblable, arrive, ensuite de longs procès, à se faire
reconnaître comme l'héritier du mari de sa mère. Son frère, Jean-
Baptiste, mécontent du bailli de Périers qu'il accuse d'avoir favorisé
Jean-Michel à ses dépens, se venge en l'assassinant. Condamné à
mort, il se réfugie à Jersey et finit par obtenir sa grâce.
L'auteur poursuit la généalogie de cette branche jusque dans sa
descendance féminine, et il y rencontre « la Vaubadon », femme
divorcée d'un ancien conseiller au Parlement de Rouen, qui, ruinée
par une vie de désordres, consent, moyennant un prêt de 60.000 francs,
à se faire la complice de Fouché, attire dans un guet-apens le jeune
d'Aché, agitateur royaliste, redouté du gouvernement, et le livre aux
policiers qui le mettent à mort sur le champ.
Dans le second volume de son ouvrage, M. Sarot étudie en détail
la destinée des terres, disséminées dans l'étendue des élections de Cou-
tances, de Carentan, de Valognes, de Bayeux et de Caen, qui ont
appartenu aux Costentin. Par là, il apporte une utile contributions la
géographie féodale de la Basse-Normandie. Max Prinet.
SSainte-Suzanne (Mayenne), son histoire et ses fortifi-
oationii, par Robert Triger. Etude publiée pour l'histoire féodale,
avec la collaboration du marquis de Beauchesne. Le Mans, au siège
de la Société historique et archéologique du Maine, 1907, in-8 de viii-
271 p. et 18 plans ou gravures.
Qui douterait de l'importance de l'histoire locale, traitée selon la
véritable et saine méthode, non seulement pour elle-même, mais pour
l'histoire générale, n'aurait qu'à feuilleter pour se convaincre les
travaux en ce genre de M. Robert Triger. La preuve vient d'en être
faite par lui une fois de plus dans sa remarquable monographie de la
ville de Sainte-Suzanne (Mayenne), entreprise et menée à bonne fin
avec l'utile collaboration de M. le marquis de Beauchesne. L'ouvrage
est ainsi partagé : Histoire militaire. I Sainte-Suzanne au xi^ siècle.
IL Sainte-Suzanne aux xiv^ et xv® siècles. III. Sainte-Suzanne pendant
— 254 -
dant les guerres de religion. IV. Les Fortifications. • — Histoire féodale.
Les Soigneurs et la baronnie de^Sainte-Suzanne. — Histoire religieuse
et civile. L Avant la Révolution. IL Sainte-Suzanne au début de la
Révolution et pendant l'invasion vendéenne. IIL La Chouannerie
dans le canton de Sainte-Suzanne. IV. Sainte-Suzanne depuis la
Révolution. — Les notions indicatives ou mêmes rectificatives qui
en résultent sur les événements, les institutions, les coutumes, les
mœurs, les idées aux divers âges de notre histoire, donnent à ce livre
un prix notable, même pour les lecteurs tout à fait étrangers au
Maine. Nous y avons relevé, dans une lecture que nous aurions voulu
moins hâtive, nombre de détails intéressants, suggestifs. Signalons,
à titre d'exemples, ceux qui ont trait à l'art militaire au xi^ siècle
(siège de Sainte-Suzanne par Guillaume le Conquérant, p. 1 et suiv.);
aux premiers emplois de l'artillerie à feu (p. 14); aux sauvegardes ou
appatis pendant l'occupation anglaise du xv^ siècle (p. 23); au système
de fortification du moyen âge (p. 42 et suiv.); à l'organisation et
à la gestion paroissiales et aux mœurs religieuses du xviii^ siècle
(p. 132 et suiv.); aux élections locales et aux assemblées primaires
sous la Révolution (p. 148, 151-152); aux volontaires de 1793 (p. 163);
à l'insm'rection vendéenne (p. 162 et suiv.); à la Terreur (p. 175 et
suiv.) et à la chouannerie (p. 179); à la reprise du culte après le con-
cordat (p. 234, 235); à la guerre de 1870-1871, d'après le journal inédit
du chanoine Monguillon (p. 251 et suiv.). Et quels types significatifs
de la période moderne, révolutionnaire ou contemporaine : le curé
Ducastel (p. 132); le citoyen Biard (p. 163); le citoyen Besnard (p. 183
et suiv., 206^207); le blanc Bouteloup (p. 248); etc. ■ — Nous ne cédons
pas à notre vieille amitié pour M. Robert Triger, mais à une conviction
raisonnée, quand nous présentons .ici sa monographie de Sainte-
Suzanne au Maine comme un modèle à suivre par tous nos travailleurs
provinciaux. M. S.
lia Provence à traver<« leg siècles, par Emile Camau. Paris,
Lechevalier, 1908, in-8 de xi-431 p. — Prix : 7 fr. 50.
Ce volumineux livre sur la Provence n'est que la première partie
de l'ouvrage. Déjà l'auteur nous annonce la prochaine publication
de la deuxième, sous le titre : Les Invasions barbares en Provence.
Beaucoup de matériaux sont là luxueusement entassés et peuvent
être d'utilité à ceux qui s'occupent de la province du Soleil et de la
Côte d'Azur. A considérer le sous-titre de ce volume on voit que M.
Camau veut faire grand et épuiser la matière. Aussi commence-t-il
par nous exposer la géographie ancienne de la Provence, à savoir
même la géologie, description de la structure de la terre, tandis que
la géographie proprement dite a pour objet la surface du globe. Et il
— -im -
nous entretient des différents terrains sous-jacents, de leurs contenus
naturels ou fossiles.
La partie : « Géographie ancienne » considère la Provence avant
l'homme; — la Provence après la création de l'homme; — la Provence
depuis l'ère chrétienne. Celle des « Premiers Peuples » embrasse l'homme
des cavernes; — les tribus celto-ligures ; — les Massaliotes ; la « Do-
mination romaine » s'étend à la conquête, aux mœurs et institutions,
aux travaux et monuments, et la « Civilisation chrétienne » s'occupe
de la propagation de l'Evangile, des persécutions et du triomphe du
christianisme.
L'autour mérite les plus grands éloges pour l'honnêteté et le bon
esprit, le long et consciencieux labeur de son ouvrage. Beaucoup de
références, de notes, d'immenses lectures. Mais les livres ou les l'evues
consultés qu'il nous indique sont-ils de premier ordre? Est-il bien
au courant do la partie bibJiogi-aphique récente se rapportant, à son
sujet? Nous avons le regret de ne pouvoir l'affirmer. De plus, la bibho-
graphie n'est pas établie d'après la méthode et la rigueur aujourd'luii
exigées dans tout travail historique sérieux. Ainsi peut-on actuel-
lement apporter comme une autorité l'Histoire ecclésiastique de
Darras? M. Camau n'a-t-il pas trop souvent consulté les sources de
seconde ou de troisième main ?
Les recherches spéciales aux diverses régions provençales fré-
quemment n'ont pas été assez utilisées. Il est juste de reconnaître
que M. Camau n'a pas entendu faire œuvre érudite : « Notre travail,
confesse-t-il modestement, et c'est là certainement le seul mérite de ce
livre, a consisté à chercher à bien poser et à bien tasser les matériaux
amenés par d'autres à pied d'œuvre (p. viii) »....(( Au fait, qu'avons-
nous voulu, sinon vulgariser, mettre ce qu'il y a dans des milliers de
livres à la portée de tous ceux qui n'ont ni les connaissances néces-
saires, ni le loisir, ni la commodité de lire tant d'ouvrages ». Et il a
suivi la méthode de A. Thierry dans ses Récits mérovingiens (p. x),
en circonscrivant son histoire de la Provence, sa petite patrie, non
seulement au pays s'étendant de la Durance à la mer, mais aussi aux
terres auxquelles la Méditerranée fait, avec le Rhône et les Alpes, une
incomparable ceinture. - — En dépit de nos précédentes réserves, nous
pouvons assurer que ce travail, d'un style très pur, même séduisant,
est une importante contribution à l'histoire provençale.
Louis Robert.
li'ldéal nioderiie, par Paul Gaultier. Paris, Hachette, 1908, in-l6
de viii-3o8 p. — Prix : 3 fr. 50.
Livre très riche d'idées et qui contient de très belles pages. Il
aborde de haut, ce qui veut dire, non pas superficiellement, mais
— 2? H —
avec une hauteur de vues vraiment ptiilosopliique, les questions do-
minantes de l'heure présente : question morale, question sociale, ques-
tion religieuse. 11 établit en somme — et ce témoignage très autorisé,
très impartial a le plus grand poids • — qu'il n'y a nullement incom-
patibilité entre l'idéal moderne, sinon celui qui règne réellement, du
moins celui que semblent devoir accepter toutes les âmes droites
d'aujourd'hui, et l'idéal cluY'tien. C/est une thèse que j'ai tenté de
défendre moi-même dans mon livre intitulé : Aube de siècle et qui
me tient trop au cœur pour que je n'applaudisse pas avec joie à
ce magistral ouvrage. Je ne relèverai donc pas les rares passages qui
pourraient soit appeler discussion, soit prêter, pour des lecteurs
malveillants ou peu éclairés, à interprétation fâcheuse. A propos
de la question sociale, j'aime fort l'apologie très opportune de la
charité, et la confiance témoignée (p. 239) dans l'association volon-
taire que j'aurais voulu voir davantage encore mettre en honneur
et présenter comme le vrai moyen d'échapper au socialisme. Même
avec ce commentaire plus d'égalité pour plus de liberté je n'apprécie
guère l'expression de socialisme libéral que propose M. Paul Gaultier,
essayant ainsi de faire une synthèse de ce qui vraiment n'est pas
conciliable. ^ — Mais c'est surtout lorsqu'il nous parle de la question
religieuse que ses observations sont intéressantes, méritent d'être
retenues et méditées. Il fait apercevoir combien sont vaines les ten-
tatives pour fonder la morale sur les sciences de la nature ou de la
société, et qu'il ne faut pas sacrifier à une sorte de renaissance de
l'idéal antique l'idéal chrétien bien compris, et qu'il faut se garder
d'outrer la réaction antiindividualiste qui l'isque de méconnaître l'é-
minente dignité de la personne humaine, et que la morale, j^ostulant
un Être suprême, mène à la religion, la soutient et est soutenue par
elle, et que l'on n'a le droit d'opposer ni la science à la foi chrétienne,
ni les exigences de l'esprit moderne à l'autorité d'une religion orga-
nisée, c'est-à-dire — bien que notre auteur n'emploie pas ce mot — à
l'Eglise. Ces trop rapides indications montreront du moins quels pro-
blèmes capitaux sont abordés par M. Paul Gaultier et avec quelle
largeur d'âme. Baron J. Angot des Rotours.
Études de diploiuatique aiiglnise . de l'avènement
d'Edouard l^-^ à celui de Heuri VII (13 7S-1495), par
Eugène DÉprez. I. Le Sceau privé, le 6ceau sscret, le Signet. Paris, «Jûam-
piou, lyns, in-16 de 127 p. — Prix : b fr.
Les archives anglaises sont, pour notre histoire au moyen âge, une
des sources de renseignements les plus abondants et les plus précis.
Pendant longtemps, en effet, l'Angleterre occupa une partie de notre
pays, et c'est en outre une des puissances avec laquelle la France eut
— 237 —
11- plus de relations. Un travail sur la diplomatique anglaise pendant
cotte période ne peut donc que rendre de grands services aux éru-
dits appelés à faire des recherches dans les innombrables séries du
Record Office.
La diplomatique anglaise du moyen âge se divise en deux grandes
périodes, la période anglo-saxonne et la période anglaise proprement
dite. Cette dernière se subdivise également en deux : la première qui va
de l'avènement de Guillaume le Conquérant en 1066 jusqu'à la mort
de Henri III en 1272; la seconde qui commence à l'avènement
d'Edouard I^^pour finir à la mort de Richard III, en 1485. C'est cette
période seule que M. Déprez a voulu étudier. De plus, dans cet opus-
cule, qui semble n'être qu'une étape pour un travail plus complet, il ne
s'est occupé que des lettres de sceau privé et des lettres secrètes.
Il fait connaître et passe en revue neuf sortes de lettres de sceau privé:
les brefs de sceau privé, les lettres patentes, les lettres closes, les
billets royaux, les protections, les sauf-conduits, les commissions, les
congés et enfin les rôles de sceaux privés et trois sortes de lettres
secrètes : les mandements sous sceau secretj les mandements sous le
sceau du griffon, les mandements sous le signet. Le volume se termine
par quelques chapitres sur les pétitions et les suppliques, les lettres
des gardiens d'Angleterre, les brefs de sceau privé des rois d'An-
gleterre, comte de Ponthieu et de Montreuil et enfin par une
bonne table des noms de personnes et de lieux. Ce travail témoigne
que son auteur connaît parfaitement les archives anglaises et fait bien
augurer des publications de textes qu'il annonce. J. Viard.
•E*iei*re le ^rantl et le Premier Traité franco-i*u><)se (ltiS!S
à lîtî), par le vicomte de Guichen. Paris, Perrin, 1908, petitin-S
de viii-299 p., avec 5 portraits. — Prix : 5 fr.
C'est un ancien diplomate qui a écrit ce premier chapitre d'une
histoire des rapports diplomatiques entre la France et la Russie
pendant les temps modernes. Il n'a pas eu la prétention de consulter
toutes les sources ni d'épuiser son sujet. .le ne vois cités ni les dossiers
des Archives de Moscou ni le t. XIII du grand recueil de Martens qui
contient le récit, par une plume autorisée entre toutes, des négocia-
tions de 1717. Les documents de nos Archives des Affaires étrangères
ne sont cités qu'une fois. Ce réserves faites, on constate que l'auteur
a beaucoup lu, qu'il ne s'est pas borné à consulter les ouvrages fran-
çais de l'époque, qu'il a relevé plus d'une pièce intéressante aux
Archives nationales, qu'il a usé des sources imprimées russes, alle-
mandes et anglaises.
Son travail se compose d'une Introduction et de cinq chapitres. Dans
Mars 1909. T. CXV. 17.
— 258 —
rintroduction il esquisse le tableau des relations franco-russes anté-
rieures au xvii« siècle. Le chapitre I montre ces mêmes relations s'af-
firmant, tout en restant intermittentes, à partir de l'avènement de
Pierre l*^'". Le chapitre II, le plus original de tous, explique au milieu
de quelles négociations d'ordre général le rapprochempnt définitif eut
lieu. Le rôle de la Prusse sous Frédéric-Guillaume l^^", au point de
vue des projets d'alliance continentale ébauchés alors contre l'Angle-
terre, est particulièrement étudié. Le chapitre III expose à nouveau
les événements les plus connus, c'est-à-dire le voyage du Tsar en
France. Le chapitre IV est consacré au traité du 15 août 1717. On
aimerait à trouver, dans la conclusion un peu écourtée de cet inté-
ressant ou\Tage, quelques pages de plus sur les circonstances qui empê-
chèrent ce traité de produire toutes ses conséquences.
Qnq portraits figurent en tête des chapitres. On remarquera surtout
celui de Frédéric-Guillaume I^^. Il témoigne surtout pour les années
de sa jeunesse. A première vue, on hésitera à reconnaître dans ce
poupard en perruque poudrée le roi-sergent, l'habitué des tabagies
et des corps -de -garde dont nous ont surtout entretenus les historiens.
L. P.
I^ettres et papiers du chancelirr comte de Nesselrode.
1 960-1 StiO. Extraits de ses arcliives, publiés avec une Intro-
duction par le comte A. de Nesselrode. T. V {1815-1818) ; t. VI
{1819-18^). Paris, Lahure, s. d., 2 vol. in-8 de iii-305 et iii-302 p.,
avec 2 portraits et un autographe. — Prix : 15 fr.
Les dates de ce tome V indiquent que les correspondances se
réfèrent à l'époque du grand effort de l'Europe contre Napoléon, après
les désastres de la campagne de Russie. Aussi donc, le ministre du
Tsar, qui le suit d'étape en étape pour les négociations, manifeste la
plus vive animosité contre l'Empereur, et tous s^s correspondants
également. Ses billets à sa femme et ceux que lui adresse la comtesse
de Nesselrode ont un ton d'enjouement et de franchise; les très
longues lettres à Frédéric de Gentz, le diplomate autrichien, éclai-
rent la politique de la Cour de Menne et le caractère de son « grand
chef » le prince de Metternich ; Gentz informe le cabinet de Pétersbourg
des fluctuations de sa Cour, qui est disposée, dèsnos premiers revers, à
entrer avantageusement pour elle dans la coalition contre la France.
La première invasion, l'arrivée des alliés en France, leur installation
à Pai'is, reçoivent, de tous ces documents, une lumière nouvelle. Plu-
sieurs lettres de personnages considérables, recueillies dans les archives
de M. de Nesselrode, bien que ne lui étant pas adressées, offrent
un particulier intérêt ; à signaler une missive amoureuse bien caracté-
ristique de la mentalité de Berthier, envoyée par lui à sa maîtresse :
5|me Visconti (décembre 1813); une lettre capitale do Talleyrand à
— 259 —
l'empeivur Alexandre (13 juin 1814); une lettre de Pozzo, après la
bataille de Waterloo (19 juin 1815); des lettres de la reine Hortense
à l'empereur Alexandre et au prince Eugène, qui ne laissent pas que
d'être instructives sur le retour de l'île d'Elbe, qu'elle se défend
d'avoir préparé à Paris ni même connu à l'avance.
La période (1819-1827) du tome VI ne nous intéresse pas moins, car
M"^'^ de Nesselrode fait séjour en France et écrit à son mari, demeuré
à Saint-Pétersbourg, à la tête de la diplomatie de son pays. Très
légitimiste, en relations journalières avec la plus haute société de
Paris, la comtesse de Nesselrode fréquente les hommes politiques
les plus marquants de l'époque; elle ne dissimule point son antipathie
pour les libéraux et c'est le cas de dire qu'elle se montre plus roya-
liste que le Roi, car elle tient en peu d'estime Louis XVIII, «prince
rabougri qui est sur son trône comme un magot ». Elle aime passion-
nément les Français et considère la France « comme sa seconde patrie».
Éloignée de Russie sans qu'on sache bien pourquoi, nous la voyons
aux eaux de Carlsbad, d'où elle envoie une série de lettres, été de
1823 et de 1824; à Rome, à l'époque du Jubilé de 1825. Elle reçoit
des correspondances pleines de vivacité de la princesse de Talmont,
fille aînée de la duchesse de Duras. Elle est en relations affectueuses
avec M"^6 Swetchine. — A côté de ses propres missives, on a placé, à
leur date, quelques dépêches diplomatiques, quelques papiers d'État,
dont le plus important (p. 180-212) est un très curieux mémoire
envoyé (23 novembre 1824) à l'empereur Alexandre, par son frère, le
grand-duc Constantin, sur ce qu'il a vu pendant son voyage en
Allemagne, à Coblentz, Dresde, etc. Cette série de documents
ri'arrête au moment de l'avènement de Nicolas l^^.
Les noms cités sont accompagnés d'une courte notice biographique
très généralement exacte et précise. Malheureusement c'est là la seule
annotation et il y a trop souvent des passages épistolaires, des allusions
que le lecteur a le droit d'ignorer et qui auraient nécessité des explica-
tions complémentaires. Cela sans doute eût nécessité un tout autre
travail, une mise au point beaucoup plus laborieuse et longue, mais
au lieu d'une publication intéressante, on aurait eu un ouvrage de
premier ordre. On a le droit de le regretter. Ainsi, (c'est un exemple sur
vingt cas), quand la princesse de Talmont envoie à son amie la com-
tesse de Nesselrode '< un livre sur l'indiiïérence qui n'a aucun rapport
avec elle» (VII, p. 98), tout le monde n'ira pas deviner qu'à cette
date d'octobre 1819 , il s'agit vraisemblablement de l'Essai sur l' In-
différence de La Mennais, paru en 1818. — Chaque tome est suivi d'un
Index alphabétique, et, en tête du tome V, deux miniatures d'Isabey
représentant le prince de Metternich et le chevalier de Gentz offrent
une illustration agréable. G. de G.
— 2G0 —
IlistoEre «le la Tur€|uie, par YoussouF Fehmî. Paris, Perrin, l'.iO'j,
petit, iii-s de xviri-HiJO p., avec portrait. — Prix : b t'r.
lies Ifielations de la France et de la Turquie au
X%'lle «siècle, par Louis Rousseau. T. I^r {1700-1116). l'aris, F. -H.
de lUideval, 19U8, in-18 de xvi-39t3 p. — Prix : 3 fr. 50.
L'auteur de l'Histoire de la Turquie réside depuis de longues années
en France; il s'y est familiarisé avec notre langue, qu'il écrit avec
une grande pureté; il s'y est aussi pénétré des idées à la mode, comme
il convient à un « jeune Turc ». Admirateur d'Auguste Comte, il a
demandé une préface à un positiviste de marque, M. Baumann, et,
dans sa conclusion, il reproduit en se les appropriant, quelques pas-
sages du fameux rapport de M. Chariot. Très libéré de scrupules reli-
gieux, il reste cependant attaché à l'islamisme, qu'il considère comme
le lien civil qui assure la cohésion du bloc ottoman. Il professe un
grand mépris pour les chrétiens d'Orient et n'a pas beaucoup plus de
considération pour ceux d'Occident : il trouve (et en cela il n'a pas
toujours tort) que la conduite des puissances européennes explique
et légitime les procédés dont les Sultans ont usé par réciprocité. Son
livre est donc un mémoire justificatif dans lequel l'accusé ne craint pas
de prendre l'offensive.
Ces réserves posées, je dois reconnaître que le livre est bien fait :
un court chapitre est consacré à chaque Sultan, avec un résumé très clair
des principaux événements de son règne. Naturellement, les chapitres
s'allongent à mesure que nous nous rapprochons des temps modernes,
et l'auteur étudie avec une particulière complaisance les révolutinns
tentées/)u accompHes sous les prédécesseurs, d'Abdul Hamid; il y voit
la préparation de plus en plus prochaine de la révolution du 24 juillet
dernier, que, dans son épilogue, il salue avec un enthousiasme ([ui
rappelle celui des honnêtes constituants de 1790.
Dans un temps où Grecs, Roumains, Bulgares, Serbes et autres
frères ennemis publient des ouvrages destinés à établir leui'S préten-
tions rivales, il était désirable qu'un membre du parti jeune-turc pi'it
la parole à son tour pour exposer, à sa manière, la question d'Orient.
Je ne sais pas s'il arrivera à convaincre tous les lecteurs, je crains
même que certaines de ses thèses paraissent quelque peu paradoxales,
mais tous ceux qui veulent se former une opinion raisonnée doivent
écouter ce témoin et retenir quelque chose de ses dires. Grâce, en
partie, au talent avec lequel ils sont exposés, ils ne manqueront pas
de faire impression.
— Le volume de M. Rousseau, premier d'une série qui pourra bien
en compter cinq ou six, est relatif à la période qui va de 1700 à 1716.
Deux ambassadeurs ont représenté la France à Constantinople pen-
dant ces seize annnécs : le marquis de Ferriol et le comte des yVlleurs.
L:^ premier, espèce de soldat de fortune, ne paraît avoir possédé aucune
— Sol-
des qualités qui font le bon diplomate : dès son arrivée, il souleva, à
propos de questions puériles d'étiquettes, des conflits qui le disqua-
lifièrent pour toujours aux yeux des Turcs. Violent dans ses paroles
autant que dans ses actes, il sut se mettre dans son tort même quand
ii avait le bon droit pour lui; sa vanité le ridiculisa, son peu d'appli-
cation au travail l'empëcba de traiter avec suite les affaires qui lui
étaient confiées; au bout de dix ans, la Porte demanda son rappel et
son départ fut unanimement salué par un soupir de soulagement.
[1 eût pu cependant servir utilement son pays : l'Europe entière était
coalisée contre Louis XIV à l'occasion de la succession d'Espagne, et
l'entrée d'une armée turque en Hongrie eût obligé l'Empereur à ré-
duire les forces qui menaçaient nos frontières. Ferriol ne sut pas pro-
voquer cette diversion; peut-être, faute de savoir s'y prendre, dé-
tourna-t-il môme le Sultan de venir en aide à la France.
M. des AUeurs, qui succéda à M. de Ferriol, avait résidé pendant
plusieurs années auprès de Rakoczy, chef de l'insurrection hon-
groise. Quand il arriva à Constantinople, Charles XII, battu par
Pierre-le-Grand, venait de se réfugier à Bender. Des Alleurs essaya
d'amener une entente entre le Sultan et le roi de Suède, et, s'il n'y
réussit que trop tard, c'est que les exigences du fier vaincu de Poltava
étaient inacceptables. Par sa droiture, sa souplesse et sa, patience, il ne
tarda pas à reconquérir les bonnes grâces des Turcs et à faire oublier
les insignes maladresses de son prédécesseur.
On voit combien est intéressant le sujet choisi par M. Rousseau. Il y
avait des pages bien attachantes à écrire; elles le seraient plus encore
si l'auteur, en se condamnant à une méthode strictement chronolo-
gique, ne s'était mis dans l'impossibilité de traiter à fond et avec
suite les vastes problèmes qu'il avait à étudier. Le récit paraît décousu
et l'intérêt s'émiette. De plus, cet ouvrage se trouve dépourvu d'uti-
lité pour les historiens de profession par suite de l'absence systéma-
tique de notes. M. Rousseau cite un grand nombre de documents
importants, mais il se garde de dire où il les a pris; il est donc impos-
sible de s'y reporter, et, dans plus d'un cas, cela eût été nécessaire,
car ces documents ont été mal lus. Par l'inattention ou l'inexpé-
rience du copiste, les noms sont continuellement estropiés. On sait, par
exemple, que dans l'écriture du xvii^ siècle, la lettre « u » s'identifiait
avec la lettre « c » : on écrivait : « aiiec, pouiioir » et comme, d'autre
part, r « u » mal écrit se confond facilement avec 1' « n », il en résulte
que M. Rousseau nous parle du « Cap Spartinento » du hongrois
« Hornath » (pour Horvath), et du patriarche arménien « Anedik )>.
Or, Avedik, pour qui a un peu étudié l'histoire de l'Orient, n'est pas
un personnage quelconque : pendant l'ambassade de M. de Ferriol,
il joua un rôle très important : tour à tour partisan de Rome et fau-
— 262 —
teur de schisme, déposé et rétabli, il joua des deux partis jusqu'au
jour où, par un des procédés qui lui étaient familiers, Ferriol le fit
enlever et conduire en France; il y fut détenu et quelques écrivains
ont cru pouvoij' l'identifier avec le « Masque de fer ». M. Rousseau, qui
paraît ignorer cette légende, nous dit qu'Avedik fut incarcéré à Mes-
sine, dans la prison de l'Office (probablement du Saint-Office), mais
il ne nous indique pas ses sources, et je le regrette.
Tous ces défauts n'empêchent pas le livre de M. Rousseau de con-
tenir une foule d'histoires amusantes, sinon authentiques, qui feront
passer des moments agi'éables à des lecteurs indifférents aux questions
de méthode sur lesquelles je m'excuse d'avoir un peu longuement
insisté. P. PISA^"I.
lie ConTentiennel Goujon (1966-1 793\ par L. Thénaed et
P.. GuvOT. Paris, Alcau, 19il8, in-s de xviii-243 p. — Prix : 5 fr.
Le héros de cette biographie en quatorze chapitres, Goujon, n'a
pas manqué de panégyristes, même longtemps après sa mort. Dès
l'an \ III, son beau-frère Tissot lui consacrait une notice pathétique
intitulée: Souvenirs de prairial. Bien plus tard, il était loué sur le mode
lyrique par M. Claretie dans les Derniers montagnards, par Michelet
dans sa Révolution. De nos jours, deux hommes également sympa-
thiques à sa mémoire, ont voulu, preuves en main, expliquer l'enthou-
siasme de leurs devanciers. Il n'y a pas eu collaboration, mais travail
successif, partiel de l'un et de l'autre. M. Thénard a réuni les maté-
riaux des sept premiers chapitres et d'une publication documentaire
qui n'a pas abouti. Après sa mort, M. Guyot a rédigé lesdits chapitres
et les a complétés par sept autres, fruit de ses études personnelles;
mais, à la suite d'une de ces interventions féminines que connaissent
trop bien tous les chercheurs d'histoire moderne, il n'a pu citer tex-
tuellement une partie des documents réunis par M. Thénard. L'œuvre
est donc hybride et néanmoins intéressante.
Goujon y apparaît sous son vrai jour. C'est le jacobin sans épi-
thète, disciple aveugle de Rousseau, fanatique de vertu et par surcroît
d'irréligion. Il a quêté comme son maître, mais sans succès, les cou-
ronnes de l'Académie de Dijon (p. 8, 12-15) et il restera versificateur
jusqu'au pied de la guillotine (p. 182-184). Ce Bressan, déraciné en
Seine-et-Oîse, y devint procureur général syndic au Conseil général
et inaugura le baptême civil à la mairie de \'ersailles (p. 56). Entré
à la Commission des subsistances de la République (ch. VIII) et,
pendant trois jours, chai'gé des ministères réunis de l'intérieur et des
aiïaires étrangères (p. 100), il siégea ensuite à la Convention comme
remplaçant d'Hérault-Séchelles, sans jouer, sous le règne de Robes-
pierre aucun rôle, si ce n'est par sa mission aux armées du Rhin et
— 263 —
de la Moselle. Là, il se distingua surtout par des inventaires dans les
couvents de Trêves, prétendant tirer de ces établissements deux mil-
liards au profit de la République (p. 127), ainsi que par un arrêté
contre les prêtres, une des plus brutales violations de la justice et des
droits de l'homme qui aient été commises à cette époque (p. 118-121).
Ce n'en était pas moins « l'âme la moins cruelle et la plus sensible
qui fût )), nous dit son biographe, par allusion sans doute à son idylle
matrimoniale avec Lise Connéry, assez semblable à celle de Camille
Desmoulins et de Lucile.
Les chapitres XI, Xll et XIII appartiennent vraiment à l'histoire
■générale. M. Guyot y a raconté de nouveau, sm* pièces, avec soin, l'épi-
sode le plus tragique de la Terreur thermidorienne. Il n'a pu (ce qui
est presque impossible dans une biographie de conventionnel) séparer
Goujon de ses collègues, les victimes du 1^^ prairial. On voit là, en
traits saisissants, comment les jacobins de l'an III immolèrent les
jacobins de l'an II, vengeant ainsi sans le vouloir les jacobins de
la Gironde frappés le 31 mai. Goujon périt sous les coups d'une com-
mission militaire, par la même procédure que les émigrés pris les
armes à la main. Son biographe a reproduit, d'après Tissot, ses der-
nières lettres à sa femme : elles sont touchantes. Sa lettre d'adieux
à sa mère (p. 211-212) laisse une impression plus mélangée; on y sent
l'homme qui joue au stoïcien antique et qui, avant de mourir comme
Caton, a rédigé lui-même, afin de pouvoir la connaître, son oraison
funèbre. L. P.
Ijettres «tu prince de lletternich à la comtesse de
liieveii, 181^-lSiB, publiées avec une lulroduclion, une Gonclu-
pion et des notes, par Jean Hanoteau. Paris, Plon-Nourrit. 1909, in-8
de a-j eL Lxxni-421 p. — Prix : 7 fr. oO.
La comtesse, puis princesse de Lieven (1785-1854), fille et femme
de généraux russes, dont le second fut ambassadeur à Londres, de
1812 à 1834, avait été célèbre en son temps parmi le monde diplo-
matique pour le salon politique qu'elle présidait et l'esprit de curio-
sité et d'intrigue qu'elle déployait. Sur deux terrains différents, elle
avait joué un véritable rôle : en Angleterre, pendant que son mari
représentait la Russie; en France, à partir de 1837, où, sans caractère
officiel cette fois, mais dans une intimité étroite avec M. Guizot, elle
reçoit les diplomates, les hommes politiques et les hommes d'État.
Elle n'était point belle, si l'on en croit le pinceau des peintres et la
plume des contemporains, mais son activité d'esprit et son aisance
de conversation rendaient ce salon très couru et sa langue très redou-
tée. D'elle, M. Ernest Daudet a écrit, il y a cinq ou six ans, une très
agréable biographie : Une Vie d' ambassadrice au siècle dernier. Elle
avait une renommée de galanterie assez marquée; on citait des noms
— 264 —
illustres, même le roi Georges 1\'. Aujuunriiui des documents prou-
vent péremptoirement une liaison amoureuse avec le prince deMetter-
nich.
Dans ses Mémoires d'outre-tombe (tome I\'), Chateaubriand l'avait
dit avec ime pointe de malice. M. Daudet écrivait (Revue hebdo-
madaire, juillet 1899), un article très suggestif et très piquant intitulé :
Un Roman dû prince de Metternich, composé avec des fragments de
lettres de M™^ de Lieven. Cette aventure galante, c[ui commence en
coup de foudre (l'ambassadrice, qui ne connaissait pas de vue
le prince le 18 octobre 1818, a succombé, dans un moment de
fièvre, le 14 novembre), se termine en 1829, très atténuée
par l'absence presque constante des deux amants. Ce sont, en
partie, les lettres de Metternich que publie aujourd'hui M. Jean
Hanoteau, celles qui, échangées sous le couvert de la valise diplo-
matique de Londres à ^'iennne, vont du mois d'octobre 1818 à la fin
d'avril 1819.
Les amateurs de révélations scandaleuses n'auront rien à glaner
là; car le ton, malgré le tutoiement très vif, est toujours retenu et les
sujets abordés sont, avec la politique, des dissertations philosophiques
sur la tendresse du prince. Metternich raisonne, disserte sur lui prin-
cipalement, avec une complaisance, une vanité très caractéristiques.
C'est ici un portrait moral tout à fait curieux du célèbre diplomate.
Pas d'anecdotes, peu de faits historiques, seulement le récit intéres-
sant et agréable de son voyage en Italie (p. 234) de février à avril 1819,
où il accompagne l'empereur d'Autriche à Florence, Rome et Naples.
Il y a là beaucoup de traits à retenir. La correspondance s'arrête
brusquement. Les manuscrits retrouvés ne vont pas plus loin.
M. Jean Hanoteau, qui a eu la bonne fortune de les découvrir, les
a publiés avec un soin extrême et une méthode historique excellente.
Il serait difficile de mieux « éditer » un texte. Il l'accompagne d'une
Introduction et d'une Conclusion où il dit par le détail les précédents
de ses personnages et la fin de leur histoire. Chaque nom cité est iden-
tifié avec la plus minutieuse exactitude, selon les références biblio-
graphiques les mieux vérifiées. M. Jean Hanoteau sera payé de sa
peine par le plaisir qu'il donne à son lecteur, par la confiance qu'il
lui inspire. Ce sont là de ces livres que l'on a profit à consulter pour
leur sujet, mais surtout pour la valeur de leur mise au point. C'est,
dit-On, un début : il est heureux, et digne de tout éloge.
Il manque seulement deux portraits de Metternich et de M"^^ de
Lieven, qui eussent bien illustré ce volume si attrayant et si recom-
mandable. Geoffroy de Grandmaison.
— 26r. —
BULLETIN
Kl Saiifo Evan^elio de Wuestro Senor «lesuenisto i los lleclio» de
io!4 ,%pôstoies, por Primitivo Sanmartî. Barcelona, Luis Gili, 1908,
in-12 de 415 p., illustré. — Prix, cartonné toile, fers spéciaux: 2 fr. 50.
Ce livre peut servir d'histoire du Nouveau Testament à l'usage des enfants
et des pères de famille^ Le récit des quatre Evangélistes y est harmonisé
d'une façon, très simple et conformément à l'interprétation la plus autorisée
des exégètes. Il est divisé en petits paragraphes fort clairs, rédigés dans
le style qui convient à un sujet de cette nature, c'est-à-dire se rapprochant
aussi scrupuleusement que possible du style évangélique. Il est certain
que si, suivant le louable désir qu'en exprime l'auteur, on lisait tous les
jours quelques pages en commun dans les foyers chrétiens, de la Vie de
Notre-Seigneur et des actes des Apôtres, on vivrait plus saintement et
l'on pratiquerait avec plus de courage les vertus chrétiennes. G. Bernard .
Le Pailîum, par Jules Baudot. Paris, Bloud, 1909, in-16 de 64 p. —
(Collection Science et Religion). — Prix: 0 fr. 60.
La série liturgique publiée sous la direction du RR. Dom Cabrol con-
tinue à s'enrichir. Le Pallium nous apporte une excellente monographie
où nous voyons cet ornement dans ses origines les plus lointaines. Dès le
troisième siècle avant Jésus-Christ, en usage chez les Romains, il n'a guère
alors que le nom de commun avec ce qu'il sera plus tard. Au quatrième
siècle de notre ère il est devenu un signe honorifique qui appartient de droit
au Souverain Pontife. Au dixième siècle il a sa forme définitive. Bande étroite
de laine blanche, posée sur les épaules en manière de collier d'où se déta-
chent deux pendants, l'un par devant, l'autre par derrière. Cette bande
est ornée de huit croix noires. Le Pape donne cet insigne aux archevêques
et à quelques évoques. A partir du huitième siècle, il devient un signe de
juridiction. On a plaisir et profit à suivre avec Dom Baudot les péripéties
de cette histoire. La deuxième partie liturgique nous fait assister à la pré-
jiaration et à l'imposition du pallium; on en dit les usages; on en explique
le symbolisme. Il est regrettable de voir répété que le pallium est envoyé
du tombeau des saints apôtres, alors que tous les textes disent : de cor pore
B. Pétri sumptum. Et c'est sûrement la pensée de l'auteur. A. Vigourel.
Le s«-ns eatiioISque, par Henri Couzet. Paiis, Bloud, 1909, in-12 de 128 p.
(Collection Science et Religion). — Prix : 1 fr. 20.
L'auteur a résumé en quelques pages les instructions données par lui
dans la chapelle de l'Institut catholique de Paris pendant le Carême 1908.
Le but qu'il s'est proposé est de bien remettre les catholiques en face de
leur devoir actuel. Ce devoir c'est d'être vraiment catholiques non pas seu-
lement dans leurs traditions et dans quelques habitudes, mais dans tout
leur être et dans toute leur vie. Il s'agit donc de penser et de sentir en catho-
liques, de fermer leur conscience d'après les principes imprescriptibles du
catholicisme; d'agir en catholiques, d'obéir à l'Église en catholiques; d'être
apôtres catholiques. Ces vérités si utiles sont clairement et pratiquement
rappelées. Travail réconfortant pour ceux qui gémissent de voir trop souvent
le sens catholique méconnu et oublié. Il sera profitable à certaines âmes
qui associent trop aisément, et pour leur plus grand préjudice, l'esprit du
monde au vrai esprit de l'Église. A. C.
— -IM —
Quelques Pages siii* le mouvement catliolique olicz les femmes
en Ansletei-i-e, par L. DE Beauriez. Paris, Porrin, 1908, in-16 de lf>o p-
— Prix : 2 fr. 50.
Ces Quelques Pages émanent d'un observateur qui a su voir et qui sait
raconter. C'est avec maint détail savoureux que M™'" de Beauriez décrit
rhôpital français de Londres, tenu par des religieuses de Versailles, les
Servantes du Sacré-Cœur de Jésus (p. 22-26) et surtout le cercle pour
femmes pauvres [seulement], dirigé par M™^^ la duchesse douairière de Xew-
castle en personne (p. 39-58). Elle énumère avec sympathie plusieurs des nom-
breuses femmes distinguées, qui, par leur plume et leur talent, ont créé,
en Angleterre, une fort intéressante littérature catholique (p. 91-108). M™* de
Beauriez « cause » avec l'aimable aisance d'une personne de bonne compa-
gnie, et son ouvrage, tout sommaire qu'il puisse être, sera grandement utile
aux gens du monde.
On comprend peu la raison d'être d'un long appendice (p. 115-164),
parfaitement étranger au sujet du volume. D'autre part, l'auteur donne
au premier roi clirétien du Kent le nom d'Ethebred, là où il faudrait écrire
Etkelbert (p. 12). Yves de la Brière.
.i^pologétîqne 'vivante. Un clirétien. Journal d'un néo-mncerii, p.lr
Lucien Roure. Paris, Beauchesne, 1908, in-16 ëe vi-83 p. — Prix : 1 fr.
Le présent opuscule n'est pas une auto-biographie, bien qu'il en ait la
forme; mais, sous la fiction de certains faits matériels et la fusion en un
personnage d'éléments d'origines diverses, il ne raconte que des choses vraies,
vécues, et l'on peut dire, à ce point de vue, que, sous une forme arrangée,
c'est bien un livre d' « apologétique vivante ». Un jeune docteur se convertit
par la méditation du fait de l'Eglise, dont il ne peut trouver l'explication
raisonnable que dans son caractère divin. Converti, il ne cesse de poursuivre
son mouvement d'ascension chrétienne, à travers les obstacles, les épreuves,
les traverses de toutes sortes qui ne manquent jamais à une vie chrétienne,
même à celles, qui, de loin, paraissent les plus heureuses. Victime et martyr
de ses convictions, — l'on conviendra que rien n'est plus commun aujour-
d'hui, — il a tout juste le temps de tremper ses lèvres dans la coupe du
bonheur chrétien et de connaître les nobles joies d'un amour béni de Dieu.
A l'appel du devoir, il va, il court, sans regarder derrière lui, où le danger
se montre, et il meurt victime de son devoir professionnel, le sourire illuminé
par les espérances chrétiennes, qui lui montrent par delà la tombe le séjour
où l'attendent tous ceux qu'il a le plus aimés. Sa mort fut saluée par ce cri
touchant, qui est la plus belle des oraisons funèbres : « Le saint de notre
ville est mort ». Voilà toute l'histoire du néo-converti. Elle est à la fois très
touchante et pleine d'excellentes leçons, et très bien adaptée aux besoins
des âmes inquiètes d'aujourd'hui. En l'écrivant, M. Lucien Roure, qui est
un philosophe distingué, a vraiment écrit un excellent li\Te, et ce qui est
mieux encore, un livre bienfaisant. Edouard Poxtal.
Oatalogne de lii'res elioisi-> poui- une famille elirétienne. par Uu
Père de la Compagnie de Jésus. F« et 2^ parties. Paris, Retaux, 1907-1908.
2 vol. in- 12 de 93 et de 117 p. — Prix : 2 fr. 50.
C'est une très heureuse idée de dresser un catalogue de livres choisis
pour les familles chrétiennes. On devine en effet, sans qu'il soit nécessaire
d'insister, les services qu'on peut attendi'e d'une pareille publication :
il en existe déjà de similaires; mais comme ces catalogues ne sont jamais
I
— 267 —
et ne peuvent pas être complets, et que, dans tous, subsistent des lacunes,
il est utile d'en avoir plusieurs à sa disposition, car ils se complètent les uns
par les autres.
Le nouveau catalogue que je présente à nos lecteurs comprendra
trois parties: -la première, Historique, hagiographique et géographique;
la seconde, Scripturaire, apologétique et ascétique : ces deux parties sont
publiées. La troisième, qui est en préparation, sera scientifique, littéraire
et artistique. En l'absence de cette troisième partie, il m'est difïicile de don-
ner une appréciation définitive et juste des deux premières, où je pourrais
relever des lacunes qui seront peut-être comblées par la troisième. Je me
contenterai donc de préciser la composition des deux premières parties.
Voici la division de la première : L Histoire ecclésiastique. 1° Généralités;
2° ouvrages spéciaux, monographies; 3° Hagiographie : A. Généralités;
B. Monographies.
II. Histoire profane. 1° Généralités. 2" Histoire de France : A. Avant 1789
E. Depuis 1789. 3° Histoire étrangère. — Sans entrer dans les détails, cette
partie historique est tellement brève qu'elle ne peut pas ne pas être forcé-
ment très incomplète.
IIL Biographie. 1° Généralités. 2° Monographies : A. Hommes. B. Fem-
mes.— J'avoue que je ne vois pas bien pourquoi la partie Biographie est dis-
tincte de la partie Histoire, dont elle ne devrait former qu'un chapitre
spécial. Nous notons qu'on y trouve plusieurs biographies de Louis XVII
et de Madame Éhsabeth, lesquelles n'ont pas plus de titre à y figurer que
celle de Jeanne d'Arc, qui n'y est pas.
IV. Géographie et voyages. i° Généralités; 2° Monographies.
V. Revues et journaux. En appendice, une liste alphabétique des saints,
bienheureux et vénérables, puis des autres personnages avec les numéros
correspondants du catalogue.
Après la première partie Historique, biographique et géographique, qui
comprend aussi les Reçues et Journaux, la seconde partie Scripturaire, apolo-
gétique et ascétique, se divise ainsi qu'il suit :
I. Ecriture sainte. IL Catéchisme. III. Apologétique. IV. Liturgie. V. Ser-
monnaires. VI. Paroissiens, Livres de piété, etc. VIL Méditations. VIII. Vie
chrétienne dans le monde. Ascétisme. Dans cette partie sont indiquées les
Lettres d'Ozanam et de Mgr d'Hulst : pourquoi pas celles de Mgr Dupan-
loup et celles de Louis Veuillot, sans parler de quelques autres ? IX. Dévo-
tions, suVjdivisées en huit chapitres. X. Préparation à la mort : maladies,
afflictions, persécutions. XL Préparation au sacerdoce et à la vie religieuse.
Elnfin une liste alphabétique des auteurs. Je note que, sous la première
rubrique ne figurent pas les vies de Jésus-Christ, de Louis Veuillot, et de
Mgr Dupanîoup, qui pourtant ne dépareraient pas la collection.
Ce catalogue étant principalement destiné aux personnes du monde,
il me semble que la partie ascétique est trop abondante et trop longue, peut-
être un peu aux dépens des autres. Malgré tout, voUà deux excellents petits
livres, pleins de précieuses indications. Edouard Portai..
GHHOJMQUE
Nécrologie. — Nous avons appris avec un bien vif regret que le marquis
Costa de Beauregard, ce gentilhomme, qui fut un grand chrétien, un
ardent patriote et un remarquable écrivain, est mort à Paris, presque subi-
tement, le 16 février. Après avoir l)rillamment combattu sur divers champs
— 268 —
(1(^ bataille en 1870, à la tête des mobiles de la Savoie, sa province natale,
il était venu siéger à l'Assemblée nationale de Bordeaux. Mais, en 1876, il
abandonna la politique active pour défendre, par la plume, les traditions
auxquelles il était attaché. Les livres qu'il a publiés et qui lui ont ouvert les
portes de l'Académie française, où il a remplacé, en 1896, M. Camille Don-
cet, sont l'œuvre d'un profond penseur et d'un fin lettré. En voici les titres :
Un Homme d'autrefois, souvenirs recueillis par son arrière-petit- fils (Paris,
1877, in-12), ouvrage couronné par l'Académie française et plusieurs fois
réédité; — Prologue d'un règne. La Jeunesse du roi Charles- Albert (Paris,
1888, in-8); - — Épilogue dun règne. Milan, Navarre et Oporto. Les Dernières
Années du roi Charles- Albert (Paris, 1888, in-8); — Le Roman d'un royaliste
sous la Révolution. Souvenirs du comte de Virieu (Paris, 1892, in-8); — Là
Charité sociale en Angleterre (Paris, 1896, in-8); — Prédestinée (Paris, 1896,
in-8), ouvrage qui avait paru d'abord sous le voile de l'anonymat; — En
Emigration . Souvenirs tirés des papiers du comte A. de la Ferronnays, 1777-
1814 (Paris, 1900, in-8); — Courtes Pages (Paris, 1902, in-8); — Liberté,,
égalité, fraternité (Paris, 1904, in-12). M. Costa de Beauregard a écrit en
outre dans divers journaux, particulièrement dans Le Gaulois, auquel il a
fourni une collaboration régulière.
— Un autre écrivain, non moins ardent patriote et de plus un zélé défen-
seur de rÉglise, M. Emile Keller, est mort à Paris, le 21 février, à 81 ans.
Sa disparition cause un grand vide chez les catholiques français. Né à Bel-
fort le 8 octobre 1828, M. Emile Keller fit de brillantes études et fut admis
à l'École polytechnique en 1847. Toutefois, il n'y entra pas et préféra s'a-
donner à des études d'histoire et de philosophie religieuse. Élu en 1857 au
Corps législatif avec l'appui du gouvernement, il se sépara bientôt de la
politique impériale au sujet des affaires d'Italie et se montra un des plus
énergiques défenseurs de la puissance temporelle des Papes. Réélu plus tard,
cette fois malgré l'opposition que lui fit l'Administration, il protesta vive-
ment contre l'annexion de l'Alsace et de la Lorraine et porta la parole avec
autorité dans presque toutes les discussions importantes. Il échoua aux
élections de 1881, mais fui; élu de nouveau en 1885. Il ne se représenta
pas de nouveau au scrutin de 1889, mais ne cessa point pour cela de lutter
pour la Papauté et pour la France. Personne, en notre temps, n'aplusintime-
ment allié le patriotisme et la religion. Jusqu'à sa dernière heure il a su
mériter l'admiration reconnaissante des catholiques et forcer l'estime respec-
tueuse de leurs ennemis. M. Emile Keller laisse un certain nombre d'ou-
vrages admirablement écrits, dont l'influence a été considérable. Ce sont les-
suivants : Histoire de France (Paris, 1852, 2 vol. in-12); — Influence paci-
fique de la charité chrétienne sur la société moderne (Paris, 1856, in-8); —
L'Encyclique et les libertés de V Église gallicane (Paris, 1860, in-8); — Les
Rudgets de 1863, 1864 et 1865 (Paris, 1864, in 8); — U Encyclique du
8 décembre 1864 et les Principes de 1789, ou l'Église, l'État et la Liberté
(Paris, 1865, in-8); — Z)ix années de déficit, de 1859 à 1869 (Paris, 1869,
in-8); — Le Général de Lamoricière, sa vie militaire, politique et religieuse
(Paris, 1873, 2 vol. in-8); — Les Congrégations religieuses en France, leurs
œuvres et leurs services (Paris, 1880, gr. in-8), ouvrage qui fut honoré d'un
bref particulier du Pape ; — La Vie de Jeanne d'Arc (Paris, 1894, in-16);
— L'Ouvrier libre{Pa.Tis, 1898, in-18). Quelques-uns de ces ouvrages ont
été plusieurs fois réimprimés.
— Le Tout-Paris qui raffole du théâtre, du roman et de la littérature'
légère, a été mis en émoi le 7 février en apprenant que M. Catulle Mendès-
venait de mourir d'une façon tragique, à Saint-Germain-en-Laye, à l'âge-
— 269 —
de 68 ans. Fils d'un père Israélite et d'une mère catholique, M. Catulle
Mendès était né à Bordeaux le 22 mai 1841. Après avoir suivi ses parents
en Italie et en Allemagne, il vint, jeune encore à Paris, et immédiatement
se jeta avec ardeur dans la littérature, s'elTorçant d'attirer l'attention par
rétrangeté de la forme et par la hardiesse scabreuse des tableaux. Il avait
dix-huit ans seulement lorsqu'il fonda la Revue fantaisiste, qui fit grand
bruit dans le monde littéraire, et devint l'organe du groupe des « Par-
nassiens. » C'est dans cette revue qu'il inséra une pièce de vers :• Le Roman
d'une nuit, qui lui valut une condamnation à un mois de prison et -500 francs
d'amende. Poète, romancier, dramaturge et chroniqueur, M. Catulle ]\Iendès
a écrit une foule de choses qu'on ne peut ni lire ni entendre. Aussi sa puis-
sance de travail, son érudition étendue et les diverses autres qualités qu'il
faut lui reconnaître," ne peuvent-elles faire oublier qu'il fut un grand cor-
rupteur. Il a abordé successivement la poésie, ke roman et le théâtre, et
dans chacun de ces genres sa principale préoccupation est de produire
des excitations malsaines et des effets littéraires étranges. Nous ne citerons
qu'un petit nombre de ses œuvres : il en est trop parmi elles dont nous ne
saurions même rappeler les titres. Comme poète il a donné : Philomela
(Paris, 1864, in-18) ; — Hesperus (Paris, 1869, in-8) ; — Contes épiques
(Paris, 1870, in-8) ; — Odelette guerrière (Paris, 1871, in-18), etc. Parmi
ses rom^ans, ceux parus avec des titres convenables sont : La Vie et la
mort d'un clown (Paris, 1879, in-18) ; — Le Crime du vieux Blas (Paris,
1882, in-18) ; — Monstres parisiens (Paris, 1882, in-18); Le Rose et
le Noir (Paris, 1883, in-18) ; — Mephistophcla (Paris, 1890, in-18). Sous
la forme dramatique, il a composé les ouvrages suivants qui n'ont pas
tous été joués : La Part du Roi, comédie en un acte (Paris, 1872, in-16); —
Le Capitaine Fracasse, opéra comique en 3 actes (Opéra-Comique,
1870) ; — Les Mères ennemies, drame en 3 actes (Ambigu-Comique,
1882) ; — - Le Châtiment, drame en une scène, en vers, (1887) ; — Gwen-
doline, opéra en deux actes (1886) ; — La Femme de Tabarin (Théâtre
libre, 1887); — Isoline, féerie en trois actes (Renaissance, 1888); — Fiam-
mette, drame en 6 actes, en vers (Théâtre libre, 1889); — Médée (1905);
Ariane, opéra (1906) ; — La Vierge d' Avila (1906), pièce où l'auteur
s'est permis de mettre sur la scène sainte Thérèse, etc. M. Catulle Mendès
avait écrit aussi quelques volumes de critique littéraire et musicale, entre
autres plusieurs ouvrages relatifs au mouvement wagnérien dont il avait
été un des premiers initiateurs et défenseurs en France, ainsi qu'un rapport
publié à l'occasion de la dernière Exposition universelle de Paris : Le Mou-
vement poétique de 1867 à 1900. Enfin, depuis 1893, il était chargé au Journal
de la critique dramatique et musicale.
— M. Èmile-Honoré Cazelles, médecin, administrateur et écrivain
connu, est mort dernièrement à Paris, à 78 ans. Né à Nîmes le 31 octobre
1831, il étudia la médecine, fut reçu interne des hôpitaux en 1857 et doc-
teur en 1860 avec une thèse sur le Traitement de Vectropion cicatriciel. Mais,
entraîné p ar son goût pour l'étude de la philosophie, il se retira à Saint-Gilles,
dans le Gard, et s'y livra à la traduction d'ouvrages étrangers. En 1870, il
quitta sa retraite pour entrer dans l'Administration et fut successivement
■ secrétaire général de la préfecture du Gard, préfet de la Creuse, puis de
l'Hérault, directeur du service pénitentiaire au ministère de l'intérieur,
directeur de la sûreté générale, préfet de Meurthe-et-Moselle, puis des
Bouches-du-Rhône, et, enfin, membre du Conseil d'État. Au milieu de
toutes ces absorbantes fonctions, M. Cazelles a trouvé le temps nécessaire
pour continuer ses traductions d'ouvrages anglais et allemands, dont nous
— -270 —
citerons les suivantes : U Assujetisxement des femmes, de Stuart Mill (Paris,
1867, in-8); — La Philosophie de Hamilton, du même (Paris, 1869, in-8); —
Les Premiers Principes, de Herbert Spencer (Paris, 1871, in-8); — Les Sens
et l'intelligence, d'Al. Bain (Paris, 1873, in-8); — Les Mémoires de Stuart
Mill (Paris, 1874, in-8); — La Religion naturelle, de Georges Grote (Paris,
1873, in-18); — Principes de biologie, de Herbert Spencer (Paris, 1878,
2 vol. in-8); — Principes de sociologie, du même (Paris, 1879-1883, 3 vol.
in-8); ■ — La Circulation de la vie, de Moleschott.
— Un homme de lettres distingué, le marquis de Sai.\t-Yves, né à Paris,
en 1842, est mort subitement à Pau, au milieu de février, à 67 ans. Il laisse*
quelques ouvrages publiés sous le nom de Saint- Yves d'Alveydre. Voici les
titres de ceux qui nous sont connus : Mission actuelle des souverains, par
Vun d'eux (Paris, 1882, in-8); — Mission actuelle des ouvriers (Paris, 1883,
in-8]; — Mission des Juifè (Paris, 1884, in-8); — La France vraie. Mission
des Français (Paris, 1887, in-12); — Le Poème de la Reine (Paris, 1885,
in-16); — UEmpereur Alexandre III, épopée russe (Paris, 1889, in-16); —
Maternité royale et Mariages royaux. Danemark, Suède, Angleterre, Grèce,
Russie, Hanovre, France, poème (Paris, 1889, in-16) ; — Jeanne d'Arc
victorieuse, épopée nationale dédiée à Vannée française (Paris, 1890, in-8).
— M. Édouard-François-Louis Fétis, historien d'art belge fort connu,
fils du célèbre musicologue et compositeur, est mort le l'^'' février à Bru-
xelles, à 96 ans. Né à Bouvignes, d^ns la province de Namur, le 12 mai
1816, il fit ses études au lycée Bourbon, à Paris, puis suivit son père en
Belgique, où il fut nommé, en 1838, conservateur de la Bibliothèque coyale
de Bruxelles. Quelques années plus tard, il était élu membre de l'Académie
royale des sciences, lettres et arts, où, en plus, il devenait professeur d'es-
thétique. M. Edouard Fétis a publié : Légende de saint Hubert précédée
d'une préface bibliographique et d'une introduction historique (Bruxelles,
1846, in-12); — Histoire des musiciens belges (Bruxelles, 1849, 2 vol. in-12
— Catalogue descriptif et historique du musée royal de Relgique, précédé
d'une notice historique sur sa formation et sur ses accroissements (Bruxelles,
1864, in-8); — Les Artistes belges à V étranger. Études biographiques, histo-
riques et critiques (Bruxelles, 1857-1865, 2 vol. in-8); — Catalogue de la
bibliothèque de F.-J. Fétis acquise par V État belge (Bruxelles, 1877, in-8) ;
— La Rible de Pierre-Paul Rubens. Sujets de V Ancien et du Nouveau Testa-
ment, gravés au burin par les iiiaitres flaniands et reproduits par rhélio-
lypie (Bruxelles, 1877, in-ful.).
— On annonce encore la mort de MM. : Aumerat, publiciste, doyen des
journalistes algériens, qui avait fondé la. première feuille périodique
pubhée en 1845 à Alger, -mort dernièrement en cette ville, à 92 ans; —
Louis Bloch, rédacteur au Petit Journal, membre de l'Association des
journalistes parisiens et de l'Association des secrétaires de rédaction, mort
à Paris, à la fin de février, à 61 ans; — Robert Charlie, trésorier de l'Asso-
ciation des journalistes parisiens et du Comité général des Associations
de presse, ancien secrétaire de rédaction du Mot d'ordre, ancien rédacteur
en chef de la République française, fondateur du journal spécial le Rrasseur
français, mort à Paris, au commencement de février, à 59 ans; — Henri
CoNS, recteur de l'Académie de Poitiers, ancien professeur de géographie
à la Faculté des Lettres de Lille, mort à Poitiers, au commencement de
février, à 70 ans; — Ernest-Alexandre-Honoré Coquelin, dit Coquelin
cadet, le célèbre acteur, qui a collaboré au journal le Tintamarre et a pu-
blié quelques volumes tels que : Le Monologue moderne (Paris, 1881, in-16) ;
La Vie humoristique (Paris, 1883, in-12) et le Rue (Paris, .1887, in-12).
- 271 -
mort dans la maison de santé où il avait dû être interné, le 8 février, à
61 ans; — le D' J.-M.-L. De.ieanne, l'un des principaux représentants de
la littérature gasconne et de la philologie romane, qui a collaboré à diverses
revues du Midi et aussi à la Romania et a publié, entre autres œuvres pa-
toises, sous le voile de l'anonyme : Caoucos Fablos de J . de la Fontaine en
rimos bigourdanos (2« éd., Bagnères-de-Bigorre, 1899, in-12); — le comte
Joseph-LiOuis-Adolphe de Dion, président de la Société archéologique de
Rambouillet, mort à Montiort-l'Amaury, le 14 février, à 86 ans; — Ga-
vouYÈRE, qui avait donné sa démission de professeur à la Faculté de droit
de Rennes, pour devenir en 1875 doyen de la Faculté libre de droit d'Angers,
mort au milieu de février; — Jumentié, professeur honoraire au lycée
Janson-de-Sailly, mort à Paris, le l^'' février; — Adolphe Pieyre, colla-
borateur de nombreux journaux de province, qui, entre autres ouvrages,
a publié une Histoire de Nimes, mort à la fin de février, à Montblanc (Hé-
rault); — Edmond Plaughut, collaborateur du Temps, ancien secrétaire
de George Sand, mort à Biarritz, au commencement de février; — Remy
Sans, directeur du journal la Dépêche de Toulouse, mort à la fin de février,
à Monte-Carlo; — le capitaine Sisson, tué dans la catastrophe de Puyoo
(Basses-Pyrénées), au commencement de janvier, lequel avait publié, sous
le pseudonyme de Michel Antar, deux voiumes qui eurent un certain suc-
cès : En Smala (Paris, 1897, in-12) et les Larbal. Un Ménage d'officier dans
le Sud-algérien (Paris, 1901, in-12).
— A l'étranger, on annonce la mort de MM. : Adolphe Beiling, ancien
professeur de langue française et d'histoire à Vienne, en Autriche, mort
au milieu de février; — Dr. Heinrich Brat, mort dernièrement à Méran,.
à 42 ans, lequel laisse divers ouvrages sur l'hygiène, notamment : Ueber
Erfolge der Sauerstofjtherapie unter besonderer Beritcksichl der in den gewer-
bebetrieben gewonnenen Erfahrilngen bei geiverblichen Verfigtungen (léna,.
1905, in-8); — Edouard de Brauwer-Stock, fondateur et directeur du
journal flamand Landboiuver, créé pour défendre la cause catholique en
Belgique, mort à Roulers, en février, dans sa 86*" année; — Jacopo Cap-
poNi, président d'honneur de l'Association syndicale de la presse étrangère
à Paris, mort à San-Remo, au milieu de févi'ier, à 77 ans; — Joseph Collin,
qui a collaboré pendant plusieurs années à la Voix du Luxembourg, auteur
de divers ouvrages, mort à Uccle, le 4 février, à l'âge de 61 ans; — Oswald
Crawfurd, écrivain anglais distingué, mort le 31 janvier, à Montreux
(Suisse), à 74 ans, lequel laisse des romans, tels que : The New Order,
In Green Fields et The Mystery of Myrtle Cottage, ainsi que plusieurs pièces
de théâtre, notamment : Two Masques et The S in of Prince Eladane; —
Eugène Van Cuyck, éditeur-rédacteur du journal flamand De Dixmudenaar,
mort à Dixmude, en février, à l'âge de 61 ans; — Dr. John Duns, ancien
professeur au « Free Church New Collège » d'Edimbourg, directeur de la
North British Review et auteur de divers ouvrages, tels que : Things New
and Old (1857); Science and Christian Thought (1866) et Memoir of Sir
James Simpson, mort au commencement de février, à 89 ans; — Dr. Emil
Erlenmeyer, ancien professeur de chimie à l'École technique supérieure
de Munich, mort dernièrement en cette ville, à 83 ans; — le R. P. Fulbus,
de la Compagnie de Jésus, géologue très connu, mort accidentellement en
janvier, près de Oribuela province de Valence (Espagne); — Garagnoni,
correspondant.de l'agence italienne Stefani et du journal le Corriere délia
Sera, mort à Paris, à la fin de février; — le doyen Edouard de Gryse,
successivement professeur aux séminaires de Roulers et de Bruges, puis
doyen de Courtrai, qui a collaboré à div-^M-ses revues scientifiques et a pu-
— 272 —
blié, entre autres ouvrages : Notre Droit National et la Hh'olution (2 vol.);
Éléments de philosophie et, eh flamand, Voyages en Espagne et en Orient
(1908, 2 vol.), mort à Courtrai, au milieu de février, à l'âge de 61 ans; —
Wilfrid H. Hudleston, ornithologiste et géologue anglais de réputation,
mort dernièrement à 81 ans, lequel avait réuni de magnifiques collections
au cours de nombreux voyages scientifiques et dont les publications anté-
rieures à 1867 sont signées : Simpson, c'est-à-dire deson vrai nom defamille,
qu'il abandonna à cette date; — D"" Johann von Kelle, professeur de
langue et de littérature allemandes à l'Université de Prague, mort en cette
ville, le 30 janvier, à 80 ans; — Guillaume Lambert, éminent ingénieur
belge, qui a professé longtemps à l'École spéciale du génie civil et des mines,
auteur, entre autres, d'un ouvrage fort remarqué : Le Grand Bassin houiller
et les richesses minérales du nord de- la Belgique (1876), mort à Bruxelles,
le 22 février, à l'âge de 91 ans; — le chanoine Louis Le Roy, président du
séminaire de Liège, auteur de divers ouvrages en latin et en français,
sur la dévotion au Sacré-Cœur, mort à Liège, en février, à l'âge de 65 ans;
— Junino Massan, ingénieur et mathématicien belge, fort connu, pro-
fesseur à l'Université de Gand, mort en cette ville au milieu de février; —
]Yjme Sophie Meller, née Vergi, femme de lettres polonaise, auteur d'un
certain nombre de pièces de théâtre, morte dernièrement à Varsovie, à
61 ans; — James L. Molloy, compositeur anglais, auteur de quelques opé-
rettes et d'un certain nombre de chants, dont quelques-uns sont devenus
populaires, tels que : Love's Old Sweet Song et Thady CFlynn, mort der-
nièrement à 71 ans; — P'riedrich Pernetti, écrivain autrichien, mort der-
nièrement à Vienne, à 78 ans; — Henry Russell, le célèbre alpiniste et
pyrénéiste, membre de la Société de géographie de France et écrivain
remarquable, mort dernièrement à Biarritz; — Ivan Egorovitch Sabelin,
historien russe, vice-directeur du Musée historique de Moscou, mort dei'-
nièrement en cette ville, à 88 ans; — John Gilnier Speed, ingénieur civil
américain devenu journaliste et écrivain, mort dernièrement dans sa rési-
dence de Mendham (New Jersey), lequel avait dirigé successivement,
pendant un certain nombre d'années, The New York Herald, The American
Magazine et Leslié's Weckly, et publié un volume : The Gilmers in America;
— D' Adolf Sprung, directeur de l'Observatoire météorologique de Pots-
dam, mort dernièrement en cette ville, à 61 ans; — le pasteur Adolphe
Stocker, écrivain allemand, ancien prédicateur de la Cour de Prusse,
mort à Bozen-Gries (Tyrol), le 8 février, à l'âge de 73 ans; — Albert
Sturm, directeur de la Budapester Correspondenz et membre de la Société
littéraire de Budapest, mort dans cette ville, au commencement de février,
à 58 ans; — abbé G. Sunaert, curé de Ressegem, ancien professeur au
collège épiscopal d'Eecloo et à l'institut Saint-Liévin, à Gand, mort à Res-
segem, le 25 février, à l'âge de 56 ans; — Hans Julius THOMSE^', président de
l'Académie des sciences de Danemark, ancien professeur de chimie à
riTniversité de Copenhague, directeur de l'Institut technique de cette
ville, qui a réuni de nombreux mémoires et articles en un seul volume inti-
tulé Becherches thermodynamiques, mort en février, à 83 ans; — D'' Her-
mann Tischler, qui fut pendant de longues années le rédacteur en chef
du périodique Gartenlaube, mort dernièrement à Berlin, à 64 ans; — Chris-
tian Ulrich, ancien professeur d'architecture à l'École technique supé-
rieure de Vienne, mort récemment en cette ville; — Dr. Julius Varga,
professeur de droit criminel à l'Université autrichienne de Gratz, mort der-
nièrement en cette ville, à 67 ans; — Dr. Karl Walcker, professeur de
sciences politiques à Leipzig, mort en cette ville, le 21 janvier, à 70 ans.
— 273 —
Lectures faites a l'Académie des inscriptions et belles-lettres. —
Le 5 février, M. Perrot lit un mémoire du docteur Vercoutre relatif à l'iden-
tification de Sylphium en Cyrénaïque. — Le 12, M. le secrétaire perpétuel
lit et explique une lettre de Mgr Duchesne, qui traite des fouilles entreprises
au Palatin, par M. Gauckler. — Le 19, M. Dieulafoy signale les analogies
qui existent entre le plan d'un édifice retrouvé à Rome par M. Gauckler et
des monuments religieux mazdéens. — M. S. Reinach parle des fouilles
faites à Vinca sur le Danube par le directeur du musée de Belgrade.
11 commente la découverte d'une feuille de diplôme militaire acquise par
le musée de Belgrade et remontant à Fépoque d'Hadrien. — M. Archam-
bault lit un travail sur les inscriptions rupestres en Nouvelle-Calédonie.
— M. J. Maurice parle de Constantin après sa conversion et de sa tolérance
envers les sectateurs du paganisme. — M. S. Reinach commente une inscrip-
tion grecque du x^ siècle découverte en Egypte.
Lectures faites a l'Académie des sciences morales et politiques.
— Le 6 février, M. Stourm prononce l'éloge de M. Aschebourg, de Chris-
tiaMa, correspondant de l'Académie dans la section de législation. — M.
F. Voisin lit une notice sur la vie et les oeuvres de son prédécesseur, M.
Doniol. — M. d'Haussonville, parlant du travail des femmes à domicile,
«t du salaire minimum, déplore l'exode de la population rurale vers les
villes, et préconise le mouvement syndical comme remède à la pénurie des
salaires. — M. Levasseur répond à ces observations. — Le 13, M. Boutroux
lit un travail sur le but de la Fondation Thiers et les moyens dont
elle dispose. — Le 27, M. Cheysson termine l'exposé de ses observations sur
le travail des femmes à domicile et déclare sa préférence pour les moyens
libéraux dans l'application des remèdes à cette plaie sociale. — M. Levas-
seur lit des fragments de son livre : Salariat et salaire. — M. d'Haussonville
et M. Cheysson obtiennent que M. Lefébure et M. Ch. Honnoré viennent
exposer à l'Académie les méthodes qu'ils emploient pour améliorer les
conditions du travail féminin.
Concours. — La Ligue d'Action française vient de mettre au concours
un Manuel de Vhistoire de France. Les conditions exigées pour la rédaction
de ce Manuel sont indiquées en détail dans un programme que l'on peut
demander au siège de la Ligue. — Les manuscrits devront être adressés à
M. Pierre Garnier, aux bureaux de V Action française, 3, Chaussée d'Antin,
à Paris, IX^ arr., avant le l^"" mai 1910. Ils devront pouvoir former un vo-
lume de format in-16 d'environ 350 pages. Une somme de 9.500 francs
est afTectée à récompenser ou à indemniser les auteurs des manuscrits
qui auront été retenus, laquelle somme sera ainsi répartie : un prix de 3.000
francs et six indemnités, la première de 1.500 francs, lesautres.de 1.000 francs.
Cette répartition n'est d'ailleurs qu'approximative, la Commission se
réservant le droit de la modifier suivant les résultats donnés par le concours.
Le manuscrit couronné sera cédé en toute propriété. Des droits d'auteur
pourront cependant être servis, autant que le permettront les mesures
qui seront prises ultérieurement, pour la propagande de cet ouvrage. Les
concurrents ne devront pas se faire connnaître ; ils se borneront à marquer
leur manuscrit d'une devise ou d'un numéro reproduit sur une enveloppe
cachetée qui contiendra leur nom et leur adresse.
Prix. — Le 20 novembre 1908, l'Académie des inscriptions et belles-
lettres a décerné les prix suivants :
Antiquités de la France. — Quatre médailles attribuées : F*" médaille
de 1.500 fr. : M. le commandant Espérandieu : Recueil général des bàs-
Mars 1909. T. CXV. 18.
— 274 —
reliejs de la Gaule romaine, tome l*^""; — 2*" médaille de 1.000 francs :
M. Jacques Laurent : Cartulnire de Vabbaye de Molesme, tome 1^''; —
3"^ médaille de 500 fr. : M. Frédéric Sœhnée : Catalogue des actes
d'Henri I", roi de France ; — 4e médaille de 500 fr. : M^e Louise
Pillion : Les Portails latéraux de la cathédrale de Bouen. — Mentions
honorables attribuées : l''^ mention : M. le marquis de Ripert-Monclar :
Cartulaire de la commanderie de Richerenches de l'ordre du Temple,
1136- 121 i; — 2^ mention : MM. Soyer, Trouillard et de Cro}^ : Cartulaire
de la cille de Blois; — 3^ mention : M. Jean Guiraud : Cartulaire de Notre-
Dame de Prouille; — 4^ mention : M. l'abbé G. Mollat : Études et documents
sur Vhistoire de Bretagne, xiii^-xYie siècles; — 5^ mention : M^i^ Marguerite
Bondois : La Translation des saints Marcellin et Pierre; — 6^ mention : M.
Pierre Champion : 1° Chronique Martiniane; 2° Le Manuscrit autographe
des poésies de Charles d'Orléans; — 7^ mention : M. Tabbé Edm. Albe : Les
Miracles de Notre-Dame de Roc- Amadour au xW^ siècle, texte et traduction.
Prix de numismatique (Veuve Duchalais) (1 .000 fr.). — Décerné à M. A.
Dieudonné : Table générale de la « Revue de numismatique ».
Prix Gobert (1.000 fr.). — Premier prix à M. Ferdinand Chalandon :
Histoire de la dominatioti norniande en Italie et en Sicile, t. I et II. Le second
prix à M. Samaran : La Maison d' Armagnac au xv^ siècle et les Dernières
Luttes féodales dans le Midi de la France.
Prix Bordin (3.000 fr.). — i.OOO fr. à M. Gustave Lefebvre : Fragments
cVun manuscrit de Ménandre; — 500 fr. à M. Henri Bornecque :ies Clau-
sules métriques latines; — 500 fr. à M. Victor Chapot : La Frontière de V Eu-
phrate, de Pompée à la conquête arabe; — 500 fr. à M. Henri Legras : Im
Table latine d'fïéraclé; — 500 fr. à M. Léon Robin : La Théorie platoni-
cienne des idées et des Jtombres, d'api'ès Aristote.
Prix Louis Fould (5.000 fr.). — Partagé entre M. Georges Foucard :
Histoire de la sculpture égijptienne, et M. Henri Saladin : Manuel de iart
musulman.
Prix La Fons-Mélicocq (1.800 fr.). — L'ne récompense de 500 fr. à M.
Georges Bourgin : Guibert de Nogent, histoire de sa vie (1053-1124); —
Récompense de 500 fr. à M. Georges de Lhomel : Première partie du Journal
de la Révolution à Montreuil-sur- Mer et Recueil de documents pour servir
à Vhistoire de Montreuil- sur- Mer (1000-1464); -- Récompense de 400 fr.
à M. Tabbé Le Sueur : Le Clergé picard et la Révolution; — Récompense de
400 fr. à M. Léon Jacob : Essai manuscrit sur V Histoire de la révolte du
Boulonnais en 1662; — Enfin, mention honorable à M. le docteur Victor
Leblond .• Inventaire sommaire de la collection Bucquet-aux-Cousteaux.
Prix Stanislas Julien (1.500 fr.). — Partagé entre M. Edouard Huber;
traduction en français de la version chinoise du Sûtralamkra, et M. Alfred
Forke : traduction en anglais du Lun-Hêng de Wan-Ch'ung.
Prix Delalande Guérineau (1 .000 fr.). — Partagé entre M. Emile Vernier :
La Bijouterie et la joaillerie égyptiennes, et M. Schwab : Rapport sur les
inscriptions hébraïques.
Prix de la Grange (1.000 fr.). Décerné à la Société des anciens textes
français.
Fondation Garnier (15.000 fr.). — Subvention de 3.000 fr. à M. Vuillet,
chef de la mission forestière de TAfrique occidentale française pour des
fouilles à exécuter dans une grotte de Moriabougou entre Kita et Bamako.
Subvention de 10.000 fr. à M. Prins, ancien administrateur des colonies,
pour une exploration dans l'intérieur de l'Afrique, dans la zone inexplorée
- 275 —
(lu Congo français, vers le Ouadai et le Dari'our; — Subvention de 2.000 fr,
à M. Pellint, pour mission archéologique au Turkestan.
Fondation Piot (17.000 fr.).— 3.000 fr. au R. P. Delattre, pour la conti-
nuation de ses fouilles à Cartilage; — 600 fr. à M. J. Zeiller, ancien membre
de rÉcole française de Rome, pour aider M. Hébrard dans ses recherches
pour la resauration à Spalaio, en Dalmatie, du palais de Dioclétien. —
4.000 fr. à la direction des antiquités de Tunisie, pour entreprendre des
fouilles sous-marines au large de Madia. — 2.000 fr. à M. A. Thiers, ar-
chitecte, pour aider M. Ebersolt, à Constantinople, dans ses relevés d'églises
byzantines.
' Prix Joseph Saintour (3.500 fr.). -^ Récompense de 1.000 fr. à M. Max
Bruchet : Le Château de Ripaille; — Quatre récompenses de 500 fr. chacune
à MM. Eugène Deprez : Étude de diplomatique anglaise; l'abbé Yilletard :
Office de Pierre de Corbeil, improprement appelé Office des fous; le P. J. Thi-
baut : Origine byzantine de la Jiotation neumatique; Amédée Gastoué : Les
Origines du chant romain.
Prix Gabriel-Auguste Prost (1.200 fr.). — Récompense de 800 fr. à M.
Paul Marichal : Cartulaire de Vévêché de Metz; — Récompense de 400 fr. à
r Austrasie, revue du pays Messin et de Lorraine; — Mention à M. Emile
Huber : Recueil de documents sur Sarreguemines au xvii*^ siècle.
Prix Jean-Jacques Berger (15.000 fr.). — Partagé en trois récompenses
de 3.000 fr. à chacun des auteurs suivants : M. Coyecque : Recueil d'actes
notariés relatifs à l'histoire de Paris et ses environs au xvi^ siècle; — M.
Lacombe : Livres d'heures imprimés au xv^ et au xvi^ siècles, conservés
dans les bibliothèques publiques de Paris; — M. Henri Martin : Les Minia-
turistes français. — Et le solde de 6.000 fr. à la Société de l'histoire de
Paris et de l'Ile-de-France.
Prix Lefèvre-Deumier (20.000 fr.). — 12.000 fr. à M. Guimet pour toutes
les initiatives heureuses qu'il a prises dans le domaine de l'étude des reh-
gions; — 8.000 fr. à M. Franz Cumont : travaux sur Mithra et les reli-
gions orientales.
Anxuaire pontifical catholique pour 1909. — Sous les apparences
trop modestes d'un almanach, Mgr Albert Battandier publie depuis douze
ans une véritable encyclopédie ecclésiastique. L'Annuaire pontifical catho-
lique pour 1909 [Pdivis, Maison de la Bonne Presse, petit in-8 de 609 p. —
Prix : 5 fr.), contient, comme les précédents, la liste des cardinaux, évo-
ques et prélats, avec des notices de plus en plus complètes sur les per-
sonnes et des satistiques aussi exactes que possible sur les diocèses. Cette
année, il donne d'excellents portraits des évêques français morts ou nom-
més en 1908. Il ajoute à cette partie essentielle des articles historiques,
liturgiques, artistiques, archéologiques et canoniques, desquels nous ne
saurions essayer l'énumération. Nous avons particulièrement remarqué
cette fois la description de l'ofTice pontifical grec célébré à Saint-Pierre
par S. S. P'ie X pour le centenaire de saint Jean Chrysostome; les spécia-
listes y trouveront le texte grec Bt la notation musicale de quelques-uns des
chants. La liste des causes de canonisation en cours d'examen, avec les
notices des nouveaux Bienheureux. Une étude sur les chanoinesses sécu-
lières qui subsistent encore en Autriche, institution mal connue, qui est
décrite avec une grande richesse d'informations. Le palais apostolique de
Viterbe, fameux dans l'histoire des conclaves. La chapelle de la comtesse
Mathilde au Vatican avec la description des merveilleuses tapisseries
qui la décorent. Les anciens collèges ecclésiastiques de Rome et les Insti-
- 276 -
tuts historiques récemment fondés jiar la France en 1873, l'Autrielie en
1880, la Prusse en 1883, l'Angleterre en 1901, la Belgique en 1*902, et la
Gœrres- Gesellschaft en 1888. C'est là que de jeunes savants vont se former
sous la direction d'hommes éminents qui s'appellent Duchesne, Pastor,
Fraknoi, Sybel, Kurth, et mettre à profit les trésors des archives pon-
tificales. Les missions fournissent la matière de nombreux articles histo-
riques et statistiques. — Mais la partie capitale de V Annuaire est,
cette année, l'analyse et le commentaire de la bulle : Snpienti Consilia
qui a profondément modifié et modernisé l'administration centrale
de l'Église; nul n'était mieux qualifié pour entreprendre ce travail
qu'un prélat rompu depuis de longues années, comme l'est Mgr Battandier,
à la pratique des Congrégations romaines. Son étude rendra de signalés
services à tous ceux qui ont à recourir aux Dicastères, trihunaux et offices
restaurés ou réorganisés en 1908. A ce titre seul, V Annuaire pontifical méri-
terait de se trouver dans toutes les chancelleries épiscopales et entre les
mains de quiconque a le désir de savoir avec quelle sagesse et quel souci
de la justice fonctionne cette immense administration qui a pour ressort
toiite la chrétienté.
Une Vieille Histoire qui se rajeunit. — La Question d'Alesia et
LA Question d'Alaise. — « On croyait morte la question d'Alesia, elle
n'était qu'endormie, elle se réveille. » Ainsi s'exprime M. René Bouton à
la page 19 de l'étude qu'il vient de tirer à part des Mémoires de la Société
d'émulation du Doubs et qui a pour titre : La Question d'Alesia et la Question.
d'Alaise (Besançon, imp. Dodivers, 1909, in-8 de 43 p.). Sortie tout armée
du cerveau en ébullition de l'architecte bisontin Delacroix, en l'an 1855,
Alaise du Doubs devint aussitôt la grande rivale d'Alise Sainte-Reine :
des deux localités, laquelle était la véritable Alesia de César et de ^'ercin-
gétorix, le célèbre oppidum dont la chute décida du sort de la Gaule ?
— Des années durant, les mémoires succédèrent aux mémoires : la
vieille rivalité des Éduens et des Séquanes recommençait au xin"" siècle.
Bourguignons et Comtois (les uns et les autres recrutant des alliés tels
que l'empereur Napoléon III, le duc d'Aumale, Quicherat, Henri Martin,
etc.), se ruèrent dans une mêlée curieuse, furieuse, où l'encre, à
défaut de sang, ruissela... Finalement, Napoléon III, « en un jour archéo-
logique » (le mot est de Castan, si nous avons bonne souve,nance), ayant
décrété que l'Alesia litigieuse était bien Alise Sainte-Reine, s'imagina avoir
clos la discussion en campant sur le Mont Auxois un Vercingétorix « vêtu
d'anachronismes, » comme dit joliment M. R. Bouton. Le tnmulte, en effet,
s'apaisa peu à peu, et, sauf quelques irréductibles, personne ne souffla plus
mot : la cause semblait entendue. — Aujourd'hui, cependant, après un
somm.eil semi-séculaire, la question renaît. Alaise du Doubs garde, du
moins provisoirement, l'expectative. Les adversaires actuels, actifs, de
l'Alesia du Mont Auxois, sont Izernore, de l'Ain, — une vieille connaissance,
• — et Aluze, de Saône-et-Loire, une nouvelle venue dans l'arène. Attendons-
nous donc à de nouveaux combats de plume, que nous sommes prêts à
enregistrer, impartialement. Ces combats, on a déjà pu les pressentir par
ce que nous avons dit le mois dernier (p. 184), à propos d'un opuscule de
M. Noël Amaudru. — Dans sa brochure, M. R. Bouton, après avoir exposé
les origines de la question, nous fait assister à la « découverte « de Delacroix
et à ses luttes épiques contre ses contradicteurs. Il envisage ensuite les choses
telles qu'elles se présentent de nos jours et résume les prétentions d'Alise,
d'Izernore et d' Aluze, non, parfois, sans une gaîté communicative, un
— 277 -
humour de bon aloi. Mais ne croyez pas qu'il prenne parti : k Alise? Izernore?
Novalaise? Aluze? Combe Julienne, près d'Alais (Gard)? AUerey? Alaise?,
s'écrie-t-il (p. 34), lequel de ces pays est l'Alesia des Commentaires'^ Aucun
peut-être ! » Et il donne ses raisons. Toutes ces plaideuses ou concurrentes
étant ainsi renvoyées dos à dos, M. R. Bouton, en quelques pages judicieuses
(35 à 43), arrive au point pratique, — si l'on peut dire — qui le préoccupe
d'une façon plus particulière. « Quittons, déclare-t-il nettement, l'incer-
tain pour le certain : laissons pendante la question d'Alesia. Posons la ques-
tion d'Alaise. — Nous y voilà ! — Secrétaire de la Commission des fouilles
d'Alaise, créée récemment par l'active Société d'émulation du Doubs, —
cette Société-là même qui prêta si largement son appui aux Delacroix,
aux Castan, etc., lors de « grande guerre » d'Alaise contre Alise, — M. René
Bouton a voulu donner à ses compatriotes instruits une idée du haut intérêt
archéologique, historique, peut-être même préhistorique, que ne peuvent
manquer d'exciter dans le monde savant les fouilles à pratiquer dans le
sol d'Alaise et de ses environs. Et, en vérité, il s'exprime, à ce propos, de la
manière la plus suggestive. Jugez-en plutôt : « En nul autre pays, affirme-
t-il (et nous le croyons), ne se rencontre peut-être un tel ensemble de curio-
sités archéologiques : les abords et les remparts de Chataillon, les fonds de
cabanes, les mardelles signalés aux Petites Montfordes, les voies celtiques
maintes fois aperçues tant au Pré de TOye que dans la Languetine et sur
Chataillon, les tombelles éparses dans les forêts, les gros tumulus de Saraz,
est-ce que tout cela n'offre pas un champ d'études plein de promesses, digne
de tenter la curiosité,' d'inspirer l'activité d'archéologues attentifs?... Il
n'est plus question, pour l'instant, d'Alesia, de César et de Vercingétorix ;
il s'agit simplement d'Alaise. Nous ne voulons point imposer à ce pays un
rôle déterminé, nous lui demandons au contraire quel rôle il a joué au cours
des âges. » Ainsi donc, la Commission des fouilles d'Alaise va opérer sans
idées préconçues; elle cherchera simplement à porter la lumière en ces heux
mystérieux où les ténèbres seules s'étendent à l'heure actuelle. — L'auteur
termine sa très intéressante brochure par un appel fin et spirituel à la bourse
de ses confrères et de ses compatriotes en général, afin de pouvoir com-
mencer les travaux. Et comme l'œuvre scientifique que se propose d'ac-
complir la Société d'émulation du Doubs est tout aussi nationale que pro-
vinciale, en raison de son importance et des résultats qu'elle peut donner,
nous considérons comme un devoir d'engager ceux de nos lecteurs qu'inté-
ressent un tel projet à l'encourager généreusement en envoyant leurs sous-
criptions à la Société d'émulation du Doubs, à Besançon.
Paris. — Un peu tardivement nous sommes mis à même de parler des
deux beaux volumes du Noël de 1908. Cette excellente « revue hebdoma-
daire pour l'enfance et la jeunesse, » a achevé la quatorzième année de son
existence (Paris, Maison de la Bonne Presse, 2 vol. gr. in-8 de chacun 832 p.,
illustré d'un grand nombre de grav. en noir et en couleurs. Brochés, France,
10 fr. Étranger, 12 fr. Reliés toile, plaque spéciale, 13 fr.). La multitude des
sujets traités se groupe sous un certain nombre de rubriques : d'abord
une série de chroniques d'actualité : Fêtes et réunions noëlistes; — Puis :
Piété, Morale, récits édifiants, pleins d'intérêt et de vie; — A travers le monde
catholique, esquisses historiques fort bien présentées; — Célébrités contem-
poraines, choix de biographies de personnalités célèbres à divers titres; —
A travers le monde de la science et de V industrie, suite d'articles très instructifs,
tout à fait à la portée des jeunes intelligences pour lesquelles ils ont été
écrits; — des Romans, nouvelles et Zégenrfes, parmi lesquelles on peut citer
- 278 -
Fine-Lame, par M. Charles Vincent; Jehan, ('pisocle de la commune d' Amiens,
par M. Nalim et aussi, nous dirons même surtout, le Violon du tzigane,
de M. Nelly, véritable bijou littéraire qui plaira à tous les âges; — Poésies,
fragments de poètes vivants ou morts : de ceux-ci beaucoup plus que de
ceux-là; — de très nombreux morceaux de Musique; — des Comédies et
monologues; — quelques Causeries d'un vieil instituteur, etc.; — des va-
riétés scientifiques réunies sous les rubriques Noël-Foyer, Noël-Amateur
Noël-Labeur, Noël-Musica; enfin de charmantes choses, dont la religion
fait presque tous les frais, rassemblées sous le titre de : Noël-Souvenir.
L'esprit, la gaîté. le bon goût, la morale et le sentiment chrétien très vif
trouvent ici un perpétuel écho. Quant à l'illustration, reconnaissons que sa
qualité équivaut à sa quantité, et celle-ci est des plus considérables. —
Ne cherchez par mieux pour vos enfants.
• — M. Gustave Servois, le savant éditeur de La Bruyère, dans la Collection
fies grands écrivains, et l'homme à coup sûr le mieux au courant de tout ce
qui intéresse l'illustre auteur des Caractères, a consacré, dans le Bibliographe
moderne (1908, n"s 1-3), une curieuse étude aux Editions belges des « Carac-
tères » de La Bruyère (1688-1697) (Tirage à part. Besançon, imp. de Jac-
quin, 1909, in-8 de .31 p.). Pourquoi Léonard, le libraire bruxellois auquel
elles sont dues, après s'être contenté d'insérer le privilège accordé par le
roi de France à Michallet, crut-il devoir en solliciter un du roi d'Espagne?
Quelles raisons politiques amenèrent des coupures et des cartons dans
certains passages? Quelle connaissance La Bruyère a-t-il eu de ces éditions?
Autant de questions que l'on trouvera discutées avec sagacité dans le
mémoire de M. Servois.
— M. Charles Vellay publie le Numéro VII du « Vieux Cordelier» (Le Puy,
imp. Peyriller, Ronchon et Gamon, 1908, in-8 de 19 p.). Il s'agit ici d'une de
ces restitutions de textes si fort à la mode aujourd'hui, par lesquelles on essaie
de déterminer de plus près, après coup, la pensée d'un auteur. On sait qun
Camille Desmoulins, dans son Vieux Cordelier, essaya de provoquer un
mouvement d'opinion contre la Terreur; mais il fut arrêté dès le début. On
brisa sa plume avant de lui couper la tête; le dernier numéro (VII), déjà
composé, fut confisqué avant sa publication. Des fragments inédits que nous
ont fait connaître depuis Panis, Matton, MM. Carteron et Claretie, appar-
tenaient-ils à ce numéro ou étaient-ils destinés aux numéros subséquents?
M. Vellay a essayé, par cet article extrait de la revue Annales révolution-
naires, de mettre un peu de lumière dans ce chaos, sans se dis-simuler qu'il
sera difficile d'arriver à une solution définitive. Il a traité Camille Desmou-
lins comme un critique littéraire traiterait un écrivain classique. Sa disser-
tation pourra intéresser ceux qui ne trouvent dans les années sanglantes
de la Révolution rien d'inutile pour l'histoire.
— Dans une brochure intitulée : Le Féminisme spiritualiste (gr. in-8 de
7 p., s. 1. n. d.), M"^<^ O. de Bézobrazow annonce qu'elle va tracer le pro-
gramme d'un nouveau féminisme « et de son but éducatif dans la régéné-
ration religieuse ». Mais l'auteur reste dans le vague; nous apprenons seu-
lement par son programme que la femme éclairée sera désormais k libérée
des préjugés sectaires cléricaux et anticléricaux », et qu'elle saura enseigner
à ses enfants « une doctrine de lumière, de chaleur et de vie, substituant
à la lettre usée du dogme suranné l'esprit neuf du spiritualisme scienti-
fique ». Simple explication : la brochure de M™^ de Bézobrazow est un
extrait de la Bévue spirite.
— Une idée très intéressante est en train de se réaliser. La librairie. Didier
— 279 —
(G, rue de la Sorbonne) commence la publication d'une collection de cartes
postales illustrées qui a pour titre d'ensemble: La Littérature par Vimage.
Chaque mois paraîtra une série de 12 cartes réunies dans une pochette
(Prix : 1 fr.) et consacrées à un même écrivain ou à une même question.
Les images sont imprimées en phototypie sur simili-japon; chacune est
accompagnée d'une courte notice explicative. « Le soin de choisir les gra-
vures et de rédiger les notices, déclare le programme que nous avons sous les
yeux, a été confié à un groupe de spécialistes, de professeurs, d'artistes,
d'érudits, etc., sous la direction de M. Paul Crouzet, professeur, agrégé
de lettres au collège Rollin. » L'illustration promet d'être on ne peut plus
variée : « portraits authentiques, estampes des diverses époques, gravures
des éditions originales ou des éditions célèbres, frontispices, caricatures,
fac-similés des manuscrits, autographes, enluminures, lieux de séjour des
grands écrivains, tableaux de maîtres, ou sculptures inspirées par les grandes
oeuvres, scènes et souvenirs de toutes sortes, etc. » Les trois premières séries
de la nouvelle publication viennent d'être mises en vente : la première est
relative à Molière; la seconde concerne Victor Hugo; la troisième a pour
objet V Ancien Théâtre en images (avant Corneille) . Les sujets sont bien
choisis et l'exécution presque toujours parfaite; ils répondent d'ailleurs
exactement, consciencieusement, au programme adopté.
Anjou. — M. F. Uzureau vient de publier, à part, deux extraits des
Mémoires de la Société nationale d" agriculture, sciences et arts d'Angers
(1908), comprenant, l'un, les Divisions judiciaires de la province d' Anjou et du
département de Maine-et-Loire (gr. in-8 de 19 p.), sénéchaussées, présidiaux,
tribunaux et lieux de leur ressort; — l'autre, un Document inédit sur la guerre
de Vendée (1795) est une réponse (gr. in-8 de 42 p.) que Joseph Clemenceau,
né en 1767, à Saint-Florent-le-Vieil, entreprit de faire, au nom des « patriotes,
et républicains » au manifeste (imprimé ici) et que l'abbé Bernier, « com-
missaire général des armées catholiques et royales, » fit publier en forme
de protestation, pour expliquer comment les Vendéens allaient rompre le
traité de la pacification de la Jaunaie et de la Mabilais, à l'heure où Cha-
rette et Stofïlet reprenaient les armes.
— M. F. Uzureau a publié aussi, dans les Questions ecclésiastiques (Lille,
novembre 1908, et à part, in-8 de 26 p.) une notice historique sur le Denier
du culte dans un grand diocèse, il y a cent ans. Il s'agit du diocèse d'Angers,
du Concordat à la séparation de l'Église et de l'État.
Berry. — Vient de paraître le 22^ volume de la 4'' série des Mé/jiotre*
de la Société historique, littéraire et scientifique du Cher (1908). (Bourges, Re-
naud; Paris, Lechevalier, gr. in-8 de xviu-355 p.). Remarquablement im-
primé, ce volume renferme les études suivantes, d'importance variable,
savoir : Monographie de Chalivoy-Milon, par MM. les abbés -C. Lelièvre
et C. Vilaire (p. 1-123). Nous n'avons là que la première partie de cette
monographie, qui méritera un tirage à part, où l'on aimera à. trouver quel-
ques planches et surtout une table onomastique; — Sur la présencti de
^i Rosa glauca» en Berry, par M. Lambert (p. 125-127) ; — Notes sur les
« N asturtium » et « Roripa » hybrides récoltés dans le Cher, par le même (p. 129-
136); — Le Musée de Bourges, notes, documents et souvenirs, sur sa fonda-
tion et son histoire (2^ partie), par M. Daniel Mater (p. 137-237) ; — Études
sur le moyen âge. Le Mal des Ardents, par MM. U. Cazal et Mortier (p. 239-
317); — Les Échinides de V Argovien du Berry (p. 319-330); — La Vie et
Vœuvre de Guy de Maupassant, d'après le livre de M. Maynial, par M. Marcel
Mornet (p. 331-337); — Le Sentiment de la nature en France. De J.-J. Rous-
— 280 —
seau à Bernardin de Saint-Pierre, thèse pour le doctorat de M. Daniel Mor-
net, par M. Edouard Maynial (p. 339-351).
BouRGOG^E., — Le tome II de la 2^ série des Mémoires de la Société
d'histoire et d'archéologie de Chalon-sur-Saône, qui correspond au tome X
de la collection, se divise en deux parties (Chalon-sur-Saône, imp. E. Ber-
trand, 1907-1908, 2 fasc. in-8. ensemble de 393 p.. avec 8 planches et plans).
La première partie (1907) s'ouvre par un discours du président ■NI. Ch. Oin-
driez (p. 1-10) où, entre autres choses, il parle de Fidentification possible
du village dAluze avec TAlesia de César et de Vercingétorix, et cela d'après
un ti'avail, qui nous est inconnu, de M. Bonneau. — Signalons ensuite :
Notice historique sur le village de Laives, d'crprès les archives antérieures à
1790, par M. J. -Louis Bazin (p. 11-159, avec 4 plans et planches), mono-
graphie consciencieuse, mais qui eût gagné à être complétée par une table
des matières et une table des noms de lieux et de personnes; — Tentative
en 1700 pour faire cesser la mendicité à Chalon-sur-Saône, par M. P.-J.
Gauthier (p. 161-172); — Notes sur Saint-Loup-de-Varennes, par M. Ale-
xandre Dubois (p. 174-214, avec 2 planches). — Quant à la deuxième partie
de ce tome (1908!, elle est occupée presque en totalité par une monographie
aussi importante qu'intéressante : Histoire de Mnuthier-en- Bresse, par
M. Albert Fîebouillat (p. 217-375, avec une planche et un plan). A la vérité,
cette monographie n'est pas terminée; la suite sera donnée dans le tome
suivant sans doute. Nous espérons que l'étude de M. A. Rebouillat ne pré-
sentera pas les inconvénients de celle de M. J.-L. Bazin et que les deux tables
obligatoires, en pareil cas (table des matières et table onomastique) ne
seront pas oubliées; — Le Puits symbolique d'Jshangy, par M. Francis
Pérot (p. 377-381, avec une planche); — Lettre adressée par M. Navarre^
membre de la Société, à M. le docteur Simon, président de la Société des sciences
de Semur (Côte-d'Or), sur l'identité d' Aluze avec Alesia (p. 386-392). Epître
curieuse, pleine de modération et de netteté, où le travail de M. Bonneau
est encore cité, bien que M. Navarre prenne la discussion à son propre
compte. Voilà donc les Bourguignons divisés; les Comtois, de leur côté,,
pourraient bien faire quelque retour offensif; car un des leurs, M. Noël
Amandru, semble vouloir préparer quelque chose en ce sens, ainsi que nous
l'avons noté dans notre dernière livraison (p. 184).
Flandre. — On peut être un « jeune » et néanmoins avoir déjà son bio-
graphe. Ce bonheur arrive à M. Philéas Lebesgue, auquel M. P. -M. Gahisto
vient de consacrer une étude d'ensemble, psychologique et httéraire [Phileas
Lebesgue, édition du Beffroi, Roubaix, 1908, in-12 de 80 p. Prix : 2 fr.).
Le biographe passe en revue les différentes œuvres de son auteur : ses vers
{Décidément, Les Folles Verveines); son théâtre (la Tragédie duGrand Ferré)',
ses romans {Le Sang de V Autre, V Ame du Destin], ses livres de critique. Un
de ces derniers : L' Au-delà des grammaires, recueil d'observations curieuses
et originales sur les mots, le style, la langue, etc., a été justement remarqué
en 1904. On eût su gré à M. Gahisto d'insister davantage sur ce volume
intéressant, plutôt que sur la philosophie des romans de M. Lebesgue, qui
est d'un intérêt moins général.
Franche-Comté. — Si la Franche-Comté n'eut pas à souffrir de la longue
rivalité de François I*^' et de Charles-Quint, ce fut grâce au traité de neu-
tralité dont elle bénéficiait. Cependant, à deux reprises, en 1521 et en
1536, le roi de France songea à l'envahir, car les Comtois ne respectaient
pas sérieusement le traité. Il est vrai que les Français ne se gênaient guère
plus pour l'enfreindre, à roccasion. Échange de bons procédés. Et si de
— 281 —
graves événements ne se produisirent point alors, on le dut à l'intervention
des Suisses. Cet état de choses n'empêchait nullement, du reste, Fran-
çois P' de se montrer bienveillant à l'égard des Comtois établis dans son
royaume : il daignait les considérer comme des sujets ravis à sa sollicitude
et les traitait comme tels, à moins qu'il n'appliquât à l'héritage important
de certains d'entre eux (par exemple de Claude de Vaudrey et de Claude et
Marc de Cusance) le droit d' « aubaine, » c'est-à-dire la saisie. D'autre part,
un certain nombre de châteaux comtois étaient en la possession de seigneurs
français qui y entretenaient une garnison composée naturellement de compa-
triotes : situation peu rassurante pour la province en cas d'hostilités. Tel
e.st, en raccourci, le tableau que nous présente M. Max Prinet dans son étude
intitulée : François I" et le Comté de Bourgogne (Besançon, imp. Jacquin,
1908, in-8 de 67 p. Extrait des Mémoires de l'Académie des sciences, belles-
lettres et arts de Besançon), étude complétée par ]e Catalogue des lettres-
patentes de François I^^, relatives au comté de Bourgogne, analyse brève mais
très précise de 102 pièces allant de 1515 à 1547. Une annotation considé-
rable et une table onomastique de 15 pages à 2 colonnes, précieuse pour
les recherches, donnent au travail de M. Prinet une valeur toute particulière
a-ux yeux des érudits.
— M. Paulin Teste a récemment publié une brochure intitulée : Le Car-
dinal de Cranvelle (Paris, imp. contemporaine, 1908, in-8 de 14 p.). L'au-
teur s'est borné à résumer la vie du célèbre ministre de Charles-Quint et
de Philippe II jusqu'à l'époque où, forcé de se retirer des Pays-Bas, Gran-
velle alla se reposer en Franche-Comté. Mais ce n'est qu'une étape dans la
vie mouvementée du cardinal et nous ne nous expliquons pas pour quel
motif M. P. Teste s'est ainsi arrêté court. Nous demanderons à l'auteur
la permission de lui rappeler que Nicolas Perrenot de Granvelle, père du
cardinal, — pas plus que celui-ci, d'ailleurs, — ne porta le titre de
chancelier, mais bien celui de «garde des sceaux. En efîet, le dernier chan-
celier de Charles-Quint fut Mercurin Arborio de Gattinara, celui-là même
qui, aA-ant d'être promu à la dignité de président du Parlement de Dole et
alors qu'il n'était que professeur à l'Université de cette ville, s'intéressa
particulièrement à son élève Nicolas Perrenot et l'aida à se pousser dans la
r carrière quand il fut devenu lui-même le plus haut personnage de la monar-
chie " où le soleil ne couchait jamais ». M. Teste a fait suivre cette fraction
de biographie, de « documents inédits » sans liens avec elle : ce sont des
pièces établissant que certains ancêtres de l'auteur ont acquis, en 1791, des
biens nationaux dans la ville d'Ornans, (pays d'origine de Nicolas Perrenot).
Quant à la poésie qui termine l'opuscule et que l'on attribue, paraît-
il, au cardinal de Granvelle, il est surprenant que M. Teste n'ait
point remarqué que sa facture ne permet en rien de la faire remonter au
xvie siècle : c'est du xix^ tout pur.
— M. Léopold Reverchon a publié dans le Cosmos du 2 janvier 1909
{p. 9 à 13) la description d'une Curieuse Installation électrique dans le Jura,
œuvre de l'Union électrique de Saint-Claude. L'usine, construite sur la
rivière d'Ain, au Saut-Mortier, envoie le courant sur environ 200 kilo-
mètres de lignes, de Saint- Claude à Arinthod et de Moirans, dans le Jura,
à Tenay (Ain;, sans compter nombre de villages situés à proximité de ses
grandes lignes et qu'elle alimente en lumière. Très intéressante notice,
dont la parfaite compréhension est facilitée par 4 gravures, 8 schémas et un
plan.
— L'on ne saurait trop féliciter les Sociétés savantes qui font imprimer
les tables générales de leurs travaux ou mémoires. Nous avons déjà signalé
— 282 —
avec enipressemenl plusieurs de ces instruments de recherches si précieux
pour les érudits. Et voici que nous arrive \a Table analytique et centennale
des publications de la Société d'agriculture, lettres, sciences et arts du dépar-
tement de Id Haute-Saône, due à MM. Gaston Letonnelier, et Charles Godard
(Vesoul, Louis Bon 1908, in-8 de 76 p.). En la parcourant, on verra que
pendant assez longtemps, cette société s'est occupée surtout de choses
agricoles; mais, depuis un certain nombre d'années, l'histoire et même
la littérature ont pris dans son Bulletin une place de plus en plus importante.
Cette table est partagée en six divisions : I. Administration de la Société;
II. Agriculture; III. Belles Lettres et sciences diverses; IV. Sciences histo-
riques: V. Table des noms de personnes; VI. Table des noms de lieux. Ces
deux dernières divisions facilitent beaucoup les recherches dans les quatre
précédentes. Tout en exprimant le regret de n'avoir point trouvé ici la
nomenclature détaillée des Mémoires de la Commission archéologique de la
Haute-Saône (1839, puis 1854 à 1867, 4 vol. in-8), nous n'aurons garde de
méconnaître, en dépit de quelques regrettables fautes d'impression, la réelle
utilité de la présente table.
Gascogne. — Les amis et biographes de Montaigne liront avec intérêt
et profit deux articles qu'un médecin lettré de Bagnères-de-Bigorre, M. le
D"" P. Gandy, vient de pubher sur ce sujet dans deux périodiques du Midi.
Le premier dans les Explorations pyrénéennes ou Bulletin de la Société
Bamond (1908, n° 2), a trait surtout à Bagnères-de-Bigorre, dont Mon-
taigne fait grand éloge « aménité de lieu, commodité de logis, de vie et de
compagnie, » et il s'étend avec malice sur l'utilité des cures thermales et
surtout celle de « se laver le corps tous les jours. » M. Gandy note que
le développement sur la médecine thermale, plus étendu dans la première
et incomplète édition des Essais de 1580, a été remanié et abrégé de quel-
ques détails médicaux dans l'édition définitive. C'est en 1578 ou 1579 que
Montaigne doit être allé à Bagnères. M. le D"" Gandy est revenu sur ce
sujet : M. de Montaigne et les eaux thermales des Pyrénées dans le Bulletin
de la Société médicale de Pau (1908, n° 1). De l'étude du journal de voyage
de Montaigne, il résulte que celui-ci a connu aussi les eaux de Barbotan et
de Préchacq, « mais rien ne nous autorise à penser qu'il y ait fait une cure
véritable ». Montaigne souiïrait de la gravelle et il a fait grand usage de
bains et d'eaux.
L.vxGUEDOc. — La Commission archéologique de Xarbonne nous adresse
le fascicule du l^r semestre 1909 de son Bulletin, qui appartient au tome X
de la collection (Xarbonne. imp. Caillard, in-8 paginé lix-lxix et 329 à 519),
lequel fascicule renferme les travaux ci-après : Un Cas de surfrappe ins-
tructif, par ^I. G. Amardel (p. 329-352); — Notes sur Jacques Gamelin
(suite), par M. J. Yché (p. 353-366); — Amauri II, vicomte de Narbonne
(1260-1328), 2e partie, par M. J. Régné (p. 367-465); — Encore le Crocodile
de Nîmes, par M. G. Amardel (p. 466-484); — Becherches sur les Ibères du
Boussillon, par M. F. P. Thiers (p. 485-508); — La Danse de noce de Pieter
Bruegel, par M. 1^. Berthomieu (p. 509-519).
XoRMAXDiE. — On sait que chaque volume des Mémoires de V Académie
nationale des sciences, arts et belles-lettres de Caen est formé d'une série de
travaux invariablement pourvus d'un titre particulier et d'une pagination
spéciale, placée dans le haut du texte, alors qu'au bas court une pagination
d'ensemble. Le volume portant la date de 1908 vient de nous parvenir
(Caen, imp, Delesques,in-8 de 326-344 p.). Divisé en trois sections : Partie
scientifique, Partie littéraire, Documents, les études dont il se compose se
— 28;{ -
présentent comme suit : Partie scientifique : Comment est mort Jésus? par
M. le D'' Vigot (18 p.). — Partie littéraire : En Afrique du Sud il y a vingt ans,
par M. A. I.e Page (31 p. ) ; — L'Émigration en Normandie. Le comte et la Com-
tesse G. de Mnnnevillc, d'après leur correspondance et des documents inédits
(1791-1798), par M. Gabriel Vanel (136 p.), contribution intéressante et
très documentée à l'histoire de l'émigration; — Jules Tessier, notice bio-
graphique et bibliographique, ]}av M. Henri Prentout (44 p.); — Mon Jardin.
Les Divagations d'un horticulteur nonagénaire, par M. Emmanuel Chauvet,
fantaisie sans la moindre prétention académique, mais bien amusante
(18 p.) ; — Im Constitution intérieure de V Université de Caen au xviii^ siècle,
par M. C Pouthas (96 p.); — Documents : Daniel Huet. Quelques faits de
sa vie (1689-1701), par M. l'abbé A. Toùgard (14 p.); — Notes sur les textes
narratifs provenus du prieuré de Sainte- Barbe-en- Auge, par M. R-N. Sauvage
(15 p.). On est un peu surpris de ne pas trouver dans un volume aussi
bien imprimé, au moins quelques portraits qui eussent donné à l'ensemble
un aspect plus riche encore.
Vendômois. — Le tome XLII du Bulletin de la Société archéologique,
scientifique et littéraire du Vendômois vient de nous parvenir (Vendôme,
imp. Launay, 1908, gr. in-8 de 260 p.). Il est ainsi composé : Biographie
vendômoise. Sur un projet de continuation de la biographie vendômoise du
marquis de Bochainheau, par M. R. de Saint-Venant (p. 13-28), projet dont
la réalisation ne peut manquer d'être bien accueillie de tous les travailleurs;
— Notes inédites sur le procès des babouvistes devant la Haute-Cou/ de Ven-
dôme, par M. G. Bonhoure (p. 29-53); — Deux notes à propos du château de
Vendôme, par M. l'abbé Gabriel Plat (p. 54-57); — Dépenses de quatre
Vendômois témoins à Paris en 1643, par M. Jean Martellière (p. 58-60); —
Précis de la formation de la ville de Vendôme, par le même. Seconde partie.
/*éri.ode historique (p. 91-110); — Note sur une fouille de la plaine d'Arènes,
jKir M. G. Renault (p. 111-120) ; — Une Trouvaille de monnaies du xiv^' siècle
à Autainville et l'Invasion anglaise de 1380, par M. L. Letessier (p. 121-126);
— Le Sceau de Magdeleine de Vendôme, abbesse de Soissons, par M. l'abbé
Métais (p. 127-133) ; — Le Grand Bâtiment de l'abbaye de Vendôme (à propos
de l'incendie de mai 1908), par M. l'abbé Gabriel Plat (p. 135-139); — Note
sur le lieu de l'Épinay ou Lepinet, commune de Danzé, par M. Jean Martellière
(p. 157-169); — Histoire du collège de Vendôme (suite), par M. G. Bonhoure
(p. 171-185 et p. 233-253); — Note sur une station néolithique campignienne
aux Ruisselets, près Sougé, par M. G. Renault (p. 187-189); — Les Anciens
Titres de la paroisse des Roches-V Évesque, par M. R. de Saint- Venant (p. 202-
223); — Les Pierres- aux- Fées, le coteau du Due et la fontaine Auduée, par
M. Georges Renault (p. 224-232); — Sur les Synchronismes crétacés par les
bryozoaires. La Craie de Vendôme, par M. Marins Filliozat (p. 254-257).
Belgique. — Il ne nous semble pas inutile de signaler ici la création à
Bruxelles, sous la présidence de M. l^e Jeune, ministre d'État, d'une asso-
ciation pour le développement et la culture de la langue française. Déjà,
•sur divers points du territoire belge, des associations analogues existent : à
Liège notamment, à Mons, à Arlon. La nouvelle association organisera des
■conférences françaises dans les villes de province; des cours de langue fran-
çaise dans les quartiers populaires de Bruxelles et dans les communes. Une
•création de ce genre n'est assurément pas inopportune à une épocjue où le
mouvement flamingant a pris l'extension et les allures intolérantes que
l'on sait.
— Le R. P. Jean Schul, S. J. nous envoie deux brochures. La première :
— 284 —
Élude sur les assurances-vie. Calcul des primes suivant la notation universelle-
des actuaires (Bruxelles, Polleunis et Ceuterik, 1906, in-8 de vni-69 p. —Prix :
2 fr. 50) nous fait rapidement connaître le problème de l'assurauce-vie et
les risques que couren t la compagnie ; puis, avec tous les détails nécessaires, elle
nous enseigne à résoudre le calcul de la prime dans tous les cas qui peuvent
se présenter. L'auteur, professeur d'algèbre financière à TÉcole supérieure
de commerce Saint-Ignace, à Anvers, veut initier ses lecteurs aux premiers
problèmes d'assurances; sa précision et sa netteté lui assurent le succès. —
La seconde : Caisse de pension à rente variable (Anvers, Librairie néerlan-
daise, 1908, in-8 de 37 p. — Prix : 1 fr. 50) expose et solutionne un problème
du plus haut intérêt. Il s'agit d'une solution très pratique de la question des
retraites ouvrières : limiter les versements de l'ouvrier à la partie la plus
féconde de son existence, lui servir une rente à un âge relativement jeune,
mais assez avancé pour que, sa force productive ayant diminué et son
salaire risquant d'être réduit, il soit possible d'augmenter cette rente au
fur et à mesure que l'âge s'accroît. Telle est la question exposée par le
R. P. 8chul. Les tontines avaient essayé autrefois de satisfaire aux desi-
derata précédents; mais les derniers survivants d'une tontine toucliaient
des revenus par trop excessifs. L'auteur, en imposant une limite raisonnable
à l'accroissement de la rente, nous montre, par ses calculs, qu'il est facile
d'établir des Sociétés sérieuses, répondant à un besoin social réel. Les
solutions exposées envisagent les deux cas où le capital est soit réservé, soit
aliéné. Brochure à propager dans tous les milieux mutualistes.
Espagne. — La dévotion à saint Joseph, particulièrement celle qui con-
siste à lui consacrer sept dimanches consécutifs — dévotion enrichie de pré-
cieuses indulgences — a inspiré à D. Cayetano Soler, prêtre catalan, la
composition d'un petit livre de piété : Los Siete doiningos de San José (Bar-
celona, Subirana, 1908, in-32 de 192 p., avec une grav.) destiné à favoriser
cette pieuse pratique. L'exercice des sept dimanches est suivi d'un triduum,
de prières pour le 19 de chaque mois et de la messe de la fête et du patronage
du saint Patriarche. Avec permission et imprimatur de l'Ordinaire.
— La maison éditoriale Juan Gili, de Barcelone, vient de publier plu-
sieurs ouvrages importants que nous nous plaisons à signaler ici. C'est d'a-
bord le 2^ vol. de la Vida espiritual, du R. P. André Meynard, traduit sur
la troisième édition française par le P. Castaho (in-12 de 534 p. — Prix :
4 fr.), excellent traité de théologie mystique, dont l'éloge n'est plusà faire.
— C'est ensuite les Meditaciones para todos las dias del ano, ouvrage com-
posé à la fin du xvni'' siècle par le moine bénédictin B. Uria et réimprimé
par les soins du P. Nebreda, du monastère de Silos (in-12 de 342 p. — Prix r
B-fr.) : ces méditations très coiirtes se l'ecommandent par leur simplicité et
leur sens pratique. — Mentionnons encore le premier volume des Origines
du christianisme, par Mgr Le Camus, évêque de la Rochelle, traduit en
élégant castillan par D. J. B. Codina y Forraosa : l'ouvrage complet com-
prendra deux parties, de chacune 3 volumes; le volume qui vient de paraître- .
contient le commencement de la vie de N.-S. Jésus-Clirist (in-8 de xii-470 p.
— Prix:6fr.).
Italie. — Le Calendario délia hasilica pontificia del santissimo rosario
in valle di Pompei pour Tannée 1909 (Valle di Pompei, Scuola tipogr. pon-
tificia pei figli dei carcerati, 1909,in-16de 224-112 p.) nous apporte, comme-
ses aînés, des renseignements généraux sur le mouvement et les progrès
des deux œuvres excellentes fondées par l'avocat Bartolo Longo : hospice
pour les orphelines, hospice éducatif pour les fils de condamnés. Et comme
— 285 —
toujours aussi il nous relate quelques histoires touchantes des enfants
ainsi recueillis sous le patronage de la Reine immaculée du rosaire : Made-
leine l'orpheline russe; Maria Rosaria Custode, malheureuse fillette, dont
la sauvagerie, exaspérée par les traitements cruels qu'avait subis son enfance,
mit longtemps à s'apprivoiser sous les caresses de ses compagnes et de ses
maîtresses; Giuseppe Martini, dont la mort angéhque fit l'édification de
ceux qui l'entouraient.
Suisse. — MM. A, Bistrzycki et L. Mauron donnent dans les Mémoires
de la Société friboiirgeoise des sciences naturelles (Fribourg, imp. Fragnière,
1907, gr. in-8 de 65 p. — Prix : 1 franc) un important mémoire intitulé :
Ueber die Abspaltung von Kohlenmonoxyd ans tertiàren Sauren mittels konzen-
trierter SchwefeUiure. C'est une importante contribution à l'étude des substi-
tutions qui se produisent dans les composés organiques : l'acide sulfurique
concentré produit l'élimination du protoxyde de carbone des acides ter-
tiaires. Ce mémoire comprend l'historique de la question et l'exposé des
expériences faites par les auteurs. Ils étudient d'abord la constitution
chimique des corps sur lesquels ils ont opéré, puis les décompositions aux-
quelles ils sont parvenus; les quantités d'oxyde de carbone sont mesurées
■dans chaque expérience et le poids obtenu est comparé au poids théorique.
•Brésil. — Le Ma/iwaZ c?e esffr«is«ica publié à Rio-de-Janeiro par l'office de
Statistique (1908, in-16 cartonné de xviii-172 p.) est la traduction en por-
tugais d'un ouvrage italien de M. Filippo Virgilii, professeur à l'Université
de Sienne. Dans la dernière langue, ce travail a eu quatre éditions en moins
de huit ans. Travail de premier ordre dont nous regrettons vivement de ne
point connaître une traduction française. Partant de la définition des mots -
spéciailx employés en statistique, l'auteur détermine très clairement l'objet,
la méthode et les divisions de cette science, et fait un cours résumé de son
histoire. Il aborde ensuite le fond de son sujet : une première partie s'occupe
de la statistique en général : comment doit-on recueillir les données, en faire
la critique, en déterminer la valeur mathématique et enfin exposer les résul-
tats. Si l'auteur a une méthode propre qui est excellente, il n'hésite cepen-
dant pas à citer d'autres procédés classiques et, s'il y a lieu, il discute l'avan-
tage relatif de chacun d'eux. Une seconde partie est l'application de la pre-
mière à quelques grandes questions : la démographie, la vie économique,
la vie intellectuelle, la vie morale, la vie politique. Si tous les statisticiens
suivaient rigoureusement les méthodes exposées dans ce livre, rapidement
la statistique verrait décupler les services qu'elle rend.
États-Unis. - — The Médical library and historical journal, qui avait cessé
sa publication k la fin de 1907, renaît sous le titre de The Aesculapian et
sous la direction de M. Albert Trany Huntington (Brooklyn, N. Y., 1313
Bedford Avenue, 12 fr. 50 par an). L'histoire, la littérature et l'art médi-
caux ont également place dans ce recueil trimestriel.
Publications nouvelles. — Histoire du canon de V Ancien Testament
dans r Eglise grecque et l'Eglise russe, par M. Jugie (in- 18, Beauchesne). — •
Jésus-Christ, sa vie, son temps, par le P. H. Le Roy (in-18, Beauchesne). —
Les Fêtes de V Église. Élévation sur les hymnes, par J.-D. Folghera (in-18,
Téqui). — La Théologie scolastique et la Transcendance du surnaturel, par
H. Ligeard (in-16, Beauchesne). — La Religion et les Religions, par l'abbé
Broussolle. Seconde partie : Les Religions (in-18, Téqui). — Art et Apolo-
gétique, par A.-D. Sertillanges (in-16, Bloud). — - La Passion de Jésus-Christ.
Courtes Méditations pour chaque jour du Carême, p&rh R. P. R. Clarke; trad.
— 286 —
de l'anglais, par J. Reymond in-32, Avignon, Aubanel). — ■ Aux Catholiques
persécutés. Lettres sur l'épitre de saint Paul aux Hébreux, par Mgr G. Laper-
rine d"Haiitpoul (in- 12, Lecoffre, Gabalda). — L'Espérance, conférences
pour les hommes, faites en la paroisse de Saint-Pierre de Chaillot, par P.
Girodon (in-16, Plon-Xourrit). — / presupposti Filosofici délia nozione det
diritto, da G. del Vecchio (gr. in-8, Bologna, Zanichelli). ^- Le Journal. Sa
]'ie juridique, ses responsabilités civiles, par G. Duplat (in-8, Paris, Pedone;
P.ruxelles, Dewit). — Code Manuel du chasseur, par G. Lecouffe (in- 18, Giard
et Brière). — Code Manuel du cycliste, par G. Lecouffe (in-18, Giard et
Brière). — Cours de philosophie positive, par A. Comte. T. V. (in-8, Schlei-
cher). — La Philosophie générale de John Locke, par H. Ollion (in-8, Alcan).
— Leibniz, avec de nombreux textes inédits, par J. Baruzi (in-16, Bioud). —
La Théorie idéologique de Galluppi dans ses rapports avec la philosophie de
Kant, par F. Palhoriès (in-8, Alcan). — Le Rationalisme comme hypothèse
méthodologique, par F. Maugé (in-8, Alcan). — Aux Jeunes du xx° siècle.
Un Paquet de lettres religieuses et philosophiques, par l'abbé E. Dessiaux
(in-18, Téqui). — La Sensibilité individualiste, par G. Palante (in-16, Alcan).
— La Morale de Vironie, par F. Paulhan (in-16, Alcan]. — Le Premier
Éveil intellectuel de Venfant, par E. Cramaussel (in-16. Alcan). — Les Vieilles
Filles, leur caractère, leurs défauts, leurs qualités, par l'abbé L. Mnzat •(in-12,
Librairie des Saints-Pères). — La Morale de Plutarque, par M™«^ J. Favre
(in-8, H. Paulin). — L' Expérience morale, par F. Rauh (in-8, Alcan). —
Leçons de logique et de morale, par H. Hourticq (in-12, H. Paulin). — Morales
et Religions. Leçons professées à r Ecole des hautes études sociales, par R.
Allier, G. Belot, le baron Carra de Vaux, F. Challaye, A. Croiset, L. Dori-
son, E. Ehrhardt, E. de Faye, Ad. Lods, W. Monod et A. Puech (imS, cart.
toile, Alcan). — El Positivismo, su historia y sus errores, por J. M. de Jesùs
Portugal (in-12, Barcelona, Subirana). — Principes d'économie politique,
par A. Marshall. T. II; trad. par F. Sauvaire-Jourdan et F. -S. Bouissy (in-8,
Giard et Brière). — Histoire d'une pièce de cinq freines et d'une feuille de
papier, par F. Passy (in-8, Alcan). — Le Chômage, par P. de Las Cases (in-12,
Lecoffre, Gabalda). — Le Problème des retraites ouvrières, par G. Olphe
Galliard (in-16, Bloud). — Esquisses de morale et de sociologie, par E. Leroy
(in-16, Paulin). — Vers la lumière et la beauté. Essai d'esthétique sociale, par
E. Pierret (in-16, Renaissance française). — La Crise du transformisme,
par F. Le Dantec (in-16, Alcan). — Le Cheval au Congo français, par le
lieutenant Tournier (gr. in-8, Laveur). — U Agriculture moderne, par V.
Sébastian (in-8, Larousse). — Prairies et pâturages ( Praticulture moderne),
par H. Compain (in-8, Larousse). — Arboriculture fruitière en images, par
J. Vercier (in-8, Larousse). — • Les Planètes et leur origine, par C. André
(gr. in-8, Gauthier- Villars). — John Ruskin (1819-1900), par F. Harrison;
trad. par L. Baraduc (in-18, Mercure de France). — La Pensée de Ruskin,
par A. Chevrillon (in-16, Hachette). — Les Musiciens célèbres. Rameau,
par L. de la Laurencie (in-8, Laurens). — Les Musiciens célèbres. Schubert,
pai" L.-A. Bourgault-Ducoudray (in-8, Laurens). — Les Musiciens célèbres.
Roieldieu, par L. Auge de Lassus (in-8, Laurens). — L'Idée de Dieu dans les
sciences contemporaines. I. I^e Firmament, l'atome, le monde végétal, par
les D''s L. et P. Murât (petit in-8, Téqui). — Actualités scientifiques, par M.
de Nansouty. .5<^ année (petit in-8, Schleieher). — Essai d'une sémantique
intégrale, par R. de la Grasserie (2 vol. in-12, Leroux). — Récréations gram-
maticales et littéraires, par J. Stapfer ( n-18, Cohn). — Rêves épars, par E.
-Maguier, (in-lS, Lemerre). — Le Chapelet d'ambre, par Chatir Bey iin-18,
— 287 —
Messein). — Les Ailes de cire, par M. Pays (in-18, Messein). — Le Mage sans
étoile, 1902-1908, par R. Arvor (in-18, Messein). — Nouveaux Rondels
païens, 1907-1908. Rondels lyriques. Rondels plastiques, par F. Lovio (in-18,
Messein). — Le Vent dans les arbres, par A. de Bary (in-18. Stock). — Chants
d'avant l'aube, pa.r A. C. Swinburne; trad. par G. Mourey (in-12. Stock). —
Chants d'adolescence, par A. Morand (in-18. Société générale d'éditions). — •
Théâtre d'O. ^yilde; trad. d'A. Savine. /. Les Drames (in-18. Stock). —
Dialogues des vivants, par J. de la Grèze (in-18, Lemerre). — L'Otage, par
H. Buteau (in-16, Plon-Nourrit). — -Leur Victime, par J.-P. Heuzey (in-16,
Perrin). — La Vie intérieure, par M™® R. Waltz (in-16, Perrin). — Sœu-
rette, par P. Lacour (in-16, Perrin). — U Ascension d'une âme. Marcienne
de Fliie, journal de la vie d'une jemme, par I. Kaiser (in-16, Perrin). — Le
Reste est sz/cnce..., par E. Jaloux (in-12. Stock). — LaGrande Ombre, par A.
Conan Doyle (in-18. Stock). — Un Début en médecine, par A. Conan Doyle;
trad. de l'anglais par A. Savine (in-18. Stock). — Une Leçon de vie, par
L. Evrard (in-18. Mercure de France). — Par quelle autorité?, par R.-H.
Benson; trad. de H. Frilley (in-12, Lethielleux). — A l'ombre de l'Acropole,
par H. Guerlin (in-12, Marne). — Les Défenseurs (histoires lorraines), par
J. Tanet (in-16 carré, Bloud). — La Force cachée, par J.Thiéry (in-18, Henri
Gautier), t— Rosèle, souvenirs d'une marraine, par M. d'Arvisy (in-12,
Librairie des Saints-Pères). — Les Grands Écrivains de la France. Corres-
pondance de Bossuet, nouvelle édition augmentée de lettres' inédites et publiée
avec des notes et des appendices sous le patronage de l' Académie française,
par C. Urbain et E. Levesque (in-8, Hachette). — Pages françaises, par
P. Déroulède (in-16, Bloud). — La Poésie latine. (De Livius Andronicus à
Rutilius Namatianus), par F. Plessis (in-8, C. Klincksieck). — Études cri-
tiques sur la tradition littéraire en France, par M. Wilmotte (in-18. Cham-
pion). — Molière, Florian et la littérature espagnole, par F. Vézinet (in-16,
Hachette). — Le Théâtr»' contemporain (1869-1870), par J. Barljey d'Aure-
villy. T. m. (in-12. Stock). — Journal d'un spahi du 6'o«c?an, 1897-1899,
]iar le lieutenant G. Lautour; publié par J. Hérissay (in-16, Perrin). — Les
Petites Antilles, élude sur leur évolution économique, par P. Chemin Dupontès
(in-8, Guilmoto). — Les Ibères. Étude d'histoire, d'archéologie et de linguis-
lique, par B. Philipon (in-18, Champion). — Université de Paris. Biblio-
thèque de la Faculté des lettres. XXV. Mélanges d'histoire ancienne (in-8,
Alcan). — Le Principe d'équilibre et le Concert européen, de la paix de
Westphalie à l'acte d'Algésiras, par C. Dupuis (in-8, Perrin). — Histoire des
maîtres généraux de l'ordre des frères prêcheurs, par le R. P. Mortier. T. IV.
(gr. in-8, A. Picard et fils). — Vie de saint Euthyme le Grand (377-473).
Les Moines et l'Eglise en Palestine au \^ siècle, par le R. P. F.-R. Génier
(in-12, LecofTre, Gabalda). — « Les Saints. » La Vénérable Anne-Marie
Javouhey, fondatrice de la congrégation de Saint- Joseph de Cluny (1779-18511,
par le chanoine V. Caillard (in-12, Lecoiïre, Gabalda!. — Lamennais à la
Chênaie, supérieur général de la congrégation de Saint-Pierre, 1828-1833.
Le Père, l'apôtre, le moraliste^ par A. Roussel (in-18, Téqui). — Une Reli-
gieuse réformatrice. La Mère Marie du Sacré-Cœur, de 1895 à 1901, par la
vicomtesse d'Adhémai' (in-8, Bloud). — Les Papiers des Assemblées de la
Révolution aux Archives nationales, par A. Tuetey (in-8, Cornély). — La Fin
de deux légendes. L'Affaire Léonard. Le Baron de Batz, par G. Bord (in-8,
Daragon). — L'Épopée du sacre, 1804-1805, par G. d'Esparbès et H.
Fleischmann (in-18, Méricant). — Souvenirs (1825-1907), par la princesse
de Sayn-Wittgenstein (petit in-8, T.ethielleux). — Derniers Mélanges, pages
— -288 —
d'histoire couiemporaine (1873-1877), par L. \ euillot. T. II, 1874-1875 et
t. III, 1876-1877 (2 vol. in-8, Lethielleux). — La Diplomatie secrète nu
XYiii*" siècle. I. Le Secret du Régent et la Politique de Vabbé Dubois (triple et
quadruple alliances) (1716-1718), par E. Bourgeois (gr. in-8, Colin). —
Le Maréchal Canrobert, souvenirs d'un siècle, par G. Bapst. T. IV (in-8, Plon-
Nourrit). — La Plus grande France, bilan de la France coloniale, par H.
Vast (in-8, Garnier). — La. Faculté de théologie de Paris et ses docteurs les
plus célèbres, par l'abbé P. Feret. T. VI. xviii^ siècle. Phases historiques
(in-8, A. Picard et fils). — L'Empire du soleil, par A. Praviel (in-18, Nou-
velle Librairie nationale). — Précis de V affaire Dreyfus, par H. Dutrait-
Crozon (in- 16, Nouvelle Librairie nationale). — Les Fléaux nationaux.
Dépopulation. Pornographie. Alcoolisme. Affaissement moral, par R. Lavollée
(in-12, Alcan). — L'Eglise de France et la Séparation. La Lutte du sacerdoce
et delà République française, par P. Barbier (petit in-12, Lethielleux). —
Suis-je catholique^ Examen de conscience d'un moderniste, par G. Tyrrell
(in-12, Nourry). — La Grèce éternelle, par E. Gomez-Carillo (in-16, Perrin).
— Renaissance italienne. Pèrouse et les Raglioni, étude historique d'après les
chroniqueurs, les historiens et les archiçes, par le comte h. de Baglion (in-8,
Emile-Paul). — Le Campagne di guerra in Piemonte (1703-1708) e V Assedio
di Torino (1706). Vol. IV et VIII (2 vol. in-8, Torino, Bocca). — Les Ori-
gines de la Russie moderne. Le Rerceau d'une dynastie. Les Premiers Romanov
(1613-1682), par K. Waliszewski (in-8, Plon-Nourrit). — L'Escadre de
Rodjestvenskky (octobre 1904-7>iai 1905). Sur le chemin du sacrifice, carnet
de notes du capitaine de frégate W. Sémenoff, présenté par le commandant
de Balincourt (in-16 carré, Challamel). — La Révolution turque, parV.
Bérard (in-18. Colin). — La Colombie britannique, étude sur la colonisation
au Canada, par A. Métin (in-8, Colin). — Les Demoiselles de Saint-Cyr (1686-
1793), par F. Vindry (in-8. Champion). — Deux Jurés du tribunal révolu-
tionnaire, Vilate « le Petit Maître »; Trinchard v l'Homme de la Nature, »
par A. Dunoyer (petit in-8, Perrin). — Une Victime de la Révolution. Sœur
Marguerite Rutan, fille de la Charité, par P. Coste (in-12, Lille et Paris,
Desclée, de Brouwer). — Rarbey d Aurevilly (de sa naissance à 1909), par
F. Clerget (in-18, Falque). — Lettres de jeunesse de Eugène Fromentin. Rio-
graphie et notes, par P. Blanchon (in-16, Plon-Nourrit). — Manuel biblio-
graphique de la littérature française moderne (1500-1900), par G. Lanson.
Fasc. I. Seizième siècle (in-8, Hachette). Visenot.
Le Gérant : GHAPUIS.
Imprimerie polyglotte Fb. Simon. Bennes.
POLTBIBLION
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE UNIVERSELLE
ROMANS, CONTES ET NOUVELLES
Romans fantaisistes. — Les Aventures de Bécot, par Paul I^eclercq. Paris,
Éditions de la « Vie parisienne », 1909, in-12 de 236 p., 3 fr. 50. — 2. Un
Débuten médecine, parCoNAN Doyle; trad. de l'anglais par Albert Savine. Paris,
Stock, 1909, in-18 de 333 p., 3 fr. 50. — 3. La Folle Histoire de Fridoline, par
Guy Chantepleure. Paris, Calmann-Lévy, s. d., in-18 de 369 p., 3 fr. 50.
Romans-feuilletons. — 4. La Femme au diamant, par Katherine Green; trad.
par M'"<= J. Heywod. Paris, Hachette, 1908, in-16 de 279 p., 1 fr. — 5. Le Petit
Faune, par Gustave Hue. Paris, Société française d'imprimerie et de librairie,
1009, in-18 de 315 p., 3 fr. 50. — 6. Clo, par Simone Bodève. Paris, Jouve, s. d.,
in.l8 de 349 p., 3 fr. 50.
Romans psychologiques. — 7. La plus forte Chaîne, par Marie-Thérèse Alem.
Paris, Orsoni, s. d., in-18 de 238 p., 2 fr. — 8. La Grande Déesse, par Henr;
Doris. Paris, Plon-Nourrit, 1909, in-18 de 329 p., 3 fr. 50. — 9. Illusion mascu-
line, par Jean de laBrète. Paris, Plon-Nourrit, 1909, in-16 de 340 p., 3 fr. 50. —
10. La Couronne de roses, par Edgy. Paris, Plon-Nourrit, 1909, in-16 de 309 p.,
3 fr. 50. ■ — 11. L'Ame libre, par Brada. Paris, Plon-Nourrit, s. d., in-18 de
319 p., 3 fr. 50. — 12. Carrière d'artiste, par M""' Humphry Ward ; trad. de
l'anglais par Th. Bentzon et A. Fliche. Paris, Hachette, 1909, in-16 de 351 p.,
3 fr. 50. — 13. Le Cadet, par C. Nisson. Paris, Plon-Nourrit, 1909, in-18 de 311 p.,
3 fr. 50. — VOraison dominicale, par Gabrielle Zapolska; trad. du polonais
par Paul Cazin. Paris, Sansot, 1908, in-18 de 230 p., 3 f r. 50. — 15. VImmolé,
par Emile Baumann. Paris, Grasset, 1909, in-16 de 365 p., 3 fr.50.
Romans de mœurs. — 16. Les .Confessions. Récits populaires, par Léon Tolstoï.
Tome XIX des Œuvres complètes ; trad. de J.-W. Bienstock. Paris, Stock, 1908,
in-18 de 456 p., 2 fr. 50. — 17. Le Chat maltais, par Rudyard Kipling; trad-
de Louis Fabulet et Arthur-Austin Jackson. Paris, Mercure de France, 1908,
in-18 de 306. p., 3 fr. 50. — 18. Au Blanc et Noir, par Rudyard Kipling; trad.
d'ALBERT Savine. Paris, Stock, 1909, in-18 de 320 p., 3 fr. 50. —19. Œuvres choi.
sies, de Rudyard Kipling, avec une Notice par Michel Epuy. Paris, Delagrave,
s. d., in-12 de 409 p. et portrait, 3 fr. 50. — 20. La Grande Ombre, par Arthur
CoNAN Doyle; trad. d'ALBERT Savine. Paris, Stock, 1909, in-18 de ix-264 p.,
3 fr. 50. — 21. Henri d'Ofterdingen, psiV Novalis; traduit par Georges Polti et
Paul Morisse. Paris, Mercure de France, 1908, in-18 de xv-294 p., 3 fr. 50. —
22. Terre d'Oc, par Emile Pouvillon. Paris, Plon-Nourrit, 1908, in-16 de 246 p.,
3 fr. 50. — 23. Les Fronts têtus, contes du pays d'Arvor, par Simon Davaugour.
Paris, Nouvelle Librairie nationale, s. d. in-18 de 177 p., 2 fr. — 24. Ceux de
chez nous, par Louis Boulé. Paris, Plon-Nourrit, s. d., in-18 de vii-310 p., 3 fr. 50-
' — 25. Jean-Luc persécuté, par C.-F. Ramuz. Paris, Perrin, 1909, in-16 de 265
p., 3 fr. 50. — 26. Rê^e de lumière, par Jean Blaize. Paris, Pion, Nourrit,
s. d., in-18 de 311 p., 3 fr. 50. — 27. Au temps de la jeunesse, par Robert
DE Traz. Paris, Plon-Nourrit, 1909, in-18 de 280 p., 3 fr. 50. — 28. La Vie
intérieure, par M"'e René Waltz. Paris, Perrin, 1909, in-16 de 335 p., 3 fr. 50-
— 29. Le Fantôme du passé, par Grazzia Deledda ; trad de l'italien par G.
Hérelle. Paris, Calmann-Lévy, 1908, in-18 de 352 p., 3 fr. 50.
RoM.\NS FANTAISISTES. — 1.- — La fantaisie des Aventures de Bécot
est d'une bonne volonté éperdue. Elle s'aftlrme jusque dans le nom
du héros, qui peut s'écrire « de quatre cent quarante huit façons
différentes, Bécot, Bekkot, Blléko, Bébaykhaud, etc., etc..» Et elle
Avril 1909. T. C.W. 19.
— 290 —
s'avère d'une qualité pareille à travers les trente chapitres de cette
mirifique histoire, où l'on voit un petit Gargantua sécher le sein de sa
mère, avoir peur de la lune, enlever une île, la transporter à travers les
océans, et finalement s'élever lui-même dans les airs et y disparaître
pour jamais.
2. — Ce Début en médecine de l'heureux auteur de Sherlock Holmes
ne trouvera qu'un demi-succès « de ce côté-ci de l'eau ». La fantaisie
y est un peu lourde, et le récit y est coupé d'interminables disserta-
tions philosophiques, dans lesquelles l'habile feuilletoniste qu'a été
Conan Doyle se montre un logicien médiocre : « La religion est-elle
le seul terrain de l'intelligence inaccessible au progrès et doit-elle
se reporter sans cesse à un type qui a été fixé il y a deux mille ans ?
Un cerveau à demi formé se fait un Dieu à demi formé, et est-on
bien certain que nos cerveaux soient seulement à demi formés main-
tenant? )) Quel que soit l'état de nos cerveaux, l'objet extérieur perçu
par lui reste le même et ne peut pas « progresser, » à moins de croire
qu'il n'existe pas en dehors de notre perception. Et M. Conan Doyle
est peut-être un subjectiçiste efîréné. J'aimerais mieux qu'il fût un
fantaisiste un peu plus accessible à notre goût français, et que les
deux médecins, dont il nous raconte ici les débuts, fussent un peu
moins Anglais et plus humains, si tant est qu'ils soient Anglais.
3. — La Folle Histoire de Fridoline nous montre une jeune femme
jouant sans le savoir à cache-cache avec son mari; elle l'a épousé
par surprise; elle l'a quitté par innocence; elle lui est infidèle en
imagination, puisqu'elle s'éprend de l'auteur d'un recueil poétique,
oh ! si poétique ! avec qui elle entre en correspondance ; elle le re-
trouve, sans le reconnaître, caché qu'il est, dissimulé, travesti, trans-
formé par un lorgnon bleu ! Elle apprend d'abord que le porteur de
lorgnon est son poète : « Ah ! quel malheur que je ne sois pas libre !»
lui dit-elle. « Ah ! quel dommage que je sois marié, lui dit-il, et que
j'aime ma femme ! » Ce petit jeu dure un bon bout de temps; l'homme
s'y amuse beaucoup; il n'y met fin que lorsque, ayant conquis tout à
fait sa femme, comme poète, il réussit à la reprendre en tant que
mari. « Et tout ceci n'est pas impossible ! s Sans doute ! mais il y
fallait toute la bonne grâce et la bonne humeur de l'auteur pour le
rendre acceptable.
Romans-feuilletons. — 4. — La Femme au diamant a été tuée dans
un bal, et son diamant a disparu. Quel est l'assassin? Quel est le vo-
leur? On ferme toutes les portes de l'hôtel où se donne le bal, on fouille
tous les danseurs, et l'on trouve le diamant dans le petit sac à main
d'une danseuse, fiancée d'un expert en bijoux, lequel avait été vu s'ap-
prochant de la victime quelques secondes avant la découverte du
meurtre! Alors? c'est lui le meurtrier? Il avoue qu'il a reçu le dia-
— 291 —
mant des mains de la dame, qu'il l'a glissé dans le sac de sa
fiancée, mais qu'il n'est pour rien dans le crime. On ne l'arrête
pas moins et on instruit l'affaire. Tout l'accable, tous l'accusent,
tous, excepté sa fiancée, qui croit à son innocence, se jure
de la prouver, parvient à faire pénétrer sa conviction dans
l'âme du juge d'instruction, et s'associe à lui pour la découverte
du coupable — lequel n'est pas, en effet, le bijoutier arrêté d'abord,
ni un lord anglais filé par elle, ni un domestique soupçonné par la po-
lice, ni le régisseur du mari divorcé de la victime, mais le mari lui-
même qui était déguisé en domestique et avait frappé en offrant une
glace! — Ce méli-mélodrame est bien exposé; les premières scènes
en sont captivantes; les suivantes laissent un peu se refroidir la cu-
riosité.
5, — Le Petit Faune est l'histoire d'un autre crime, avec un peu
plus de psychologie autour. • — Une ville de province, sous Napo-
léon III; quelques silhouettes provinciales, parmi lesquelles M^'*^
Fritz, une vieille institutrice, vaniteuse, aigre, mauvaise langue, dé-
testée de tout le monde, reçue toutefois chez les d'Auribeau, —
vieille famille, vieille souche, qur efleurit en deux charmantes enfants :
une fdle, Henriette, une nièce, Marthe. Un magistrÊît érudit trouve
que celle-ci ressemble au « petit Faune du Vatican ». Le procureur
impérial, un bel homme, est de son avis et regarde de très près le
petit Faune, ce dont enragent et M^^^^ Henriette, qui ressemblait à
Minerve, et M^^^ Fritz, qui rappelle vaguement le profil d'une vieille
Parque. Le mariage entre le procureur et le petit Faune est décidé,
il va être célébré, lorsque la fiancée meurt empoisonnée. Qui a
versé le poison? La Parque! répond la voix publique, laquelle ne
parut jamais autant être la voix de Dieu. Une perquisition opérée chez
elle amène, en effet, la découverte 1° d'un paquet d'arsenic, 2° d'un
volume auquel manquait une page, laquelle page avait enveloppé le
poison versé dans le lait de M^^^^ Marthe. Preuves accablantes, sous
lesquelles «uccombe la malheureuse Fritz; elle passe en Cour d'assises,
est condamnée aux travaux forcés, et meurt folle quelques jours
après. La conscience publique était vengée ! Mais le beau procureur
impérial reste triste et semble inconsolable; la belle Henriette entre-
prend de le consoler et réussit en partie; leur mariage est décidé, il
est célébré, et alors... alors la vérité éclate, brusquement, par suite
d'un incident inattendu : l'empoisonneuse, ce ne fut pas Fritz, ce
■ fut Henriette ! Elle avoue, elle se suicide, et son mari se fait moine.
6. — C'est un grand honneur pour Clo de figurer à côté du volume
précédent, qui est écrit en français. Ii»y est question d'ouvrières qui
tournent mal, et notamment d'une nommée Clotilde Minot, qui com-
mence par l'avortement, et qui finit par une union libre, au sein de
- 292 -
laquelle elle trouve la réhabilitation et le bonheur, ainsi que l'expli-
que un certain doctein- Poster qui lui porte envie : il aurait bien
voulu ne pas se marier, lui; mais les exigences de la clientèle lui ont
imposé ce sacrifice à un usage désuet et d'ailleurs immoral, puisque,
sans lui, il n'y aurait pas un seul adultère ! C'est évident !
RoMA^'s psYCHOLOGiQiEs. — 7. — C'est l'autcur même de la plus
forte Chaîne qui sous-intitule son oeuvre :« roman psychologique. »
L'est-il? 11 est du moins honnête et animé des meilleures intentions.
Il raconte le mariage de la fille d'un magistrat provincial, — au
provincialisme digne et correct, — avec un officier aimable et cheva-
leresque. Ce n'est pas sans avoir traversé mille épreuves que ce couple
intéressant arrive au bonheur; mais il ne l'apprécie que mieux, et
n'en est que mieux préparé à remplir les devoirs qui en sont et la ran-
çon etlarécompense.« Ils auront dans leur cerveau l'impression ineffa-
çable du sentiment de la patrie, et le tour de leur imagination sera celui
de Traditionnalistes comme vous... Qu'importe le mélange des pro-
vinces et des races quand ce mélange produit des unions faisant ce qui
devrait toujours être : la force et le bonheur par de bons Français. »
C'est la belle-mère provinciale qui s'exprime en ces termes; — à quoi,
le préfacier, qui est Parisien, je crois, fait écho — d'avance,' — quand
il dit que, par les sentiments qu'il exprime « le roman se hausse d'un
ton au dessus do l'ordinaire et domine de plus haut le sol national,
tout en s'y enracinant avec plus de solidité. Il a plus de tête (sic)
parce qu'il a plus de racines ! » Saperlipopette, que c'est beau ! —
Heureusement que « Roger et Simone seront heureux ! « N'en doutez
pas !
8. — La Sainte Vierge guérit une jeune fille infirme, un curé guérit
un musicien aveugle, et la Grande Déesse les rend heureux l'un et
l'autre, l'un par l'autre ! Qui est la grande Déesse? C'est la Pau-
vreté, avec un grand P; et c'est aussi la Douleur, avec un grand D.
Et toute cette histoire est mirifique quoique vm peu longue : Richard
d'Argentel avait du génie; il ne l'aurait jamais su, s'il n'avait pas été
ruiné par ses auteurs. Heureusement il fut obligé de travailler pour
vivre; plus heureusement encore, il fut malade; grâce à quoi son génie
piit son essor; il fit de la belle musique, il gagna beaucoup d'ar-
gent, il racheta le château de ses pères, et il épousa celle qu'il aimait.
9. — Il y avait une fois un homme, un ingénieur, un ancien élève
de l'École polytechnique, qui avait la naïveté de croire qu'un homme
intelligent n'a pas besoin d'épouser une femme intelligente : « Je-
serai intelligent pour deux ! « disait ce nigaud savant. C'était là son
illusion, que l'auteur appelle, r////i5io/i masculine^ comme si c'était
celle de tous les hommes... à marier (car les autres, ils sont fixés!).
Quoi qu'il en soit, ce polytechnicien, plus naïf qu'on ne l'est à l'École,
— 293 —
aurait pu payer cher son illusion; elle ne lui coûta rien, ou plutôt
elle ne lui coûta qu'une déception, dont il ne mit pas longtemps à dire :
a Heureuse déception, qui m'a valu une telle compensation ! » Il était
épris d'une « oie blanche, » et il allait l'épouser, quand il s'aperçut
qu'il allait faire une sottise, ou plutôt quand l'oie elle-même, qui
n'aimait pas les hommes intelligents (elle s'était éprise d'un mili-
taire ! dirait M. Anatole France), lui donna congé et le sauva de la
sottise. Il pleura de chagrin, l'ingénieur ! Mais, comme vous le savez,
des yeux qui pleurent sont des yeux qui s'ouvrent : il s'aperçut alor.j
d'une autre chose qu'il n^avait pas soupçonnée jusqu'alors, c'est
à savoir qu'il avait près de lui, dans sa maison, sous sa tutelle, une
jeune fdle adorablement bonne, dévouée, généreuse, courageuse, et,
de plus, très jolie, et, en outre, très éprise de son tuteur! Elle avait
un défaut,' un seul : elle était fort intelligente ! De vous dire s'il le
lui pardonna, et de quel cœur, « non, je ne l'essaierai pas ! »
10. — La Couronne en roses est, semble-t-il, d'une autre inspiration
que les précédents romans du même auteur; c'est une histoire un
peu grosse, qui a pour dénouement un meurtre, ~ presque un mélo-
drame, quoi ! Il est vrai qu'il y a des caractères» et des «descriptions,»
mais qui donnent la sensation du « déjà vu ». La scène se passe à
Florence et à Fiesole, que je crois que vous connaissez; y a-t-il dans
le pays un coin sur lequel les peintres n'aient pas déjà fait rage? Quant
aux caractères^ ils sont modelés sur un type depuis longtemps fixé :
ringénuité dans la violence. — Quoi qu'il en soit, Gina et Pietro
s'aiment à l'italienne, c'est-à-dire ingénument, violemment, et sans
fidéHté, du moins Gina : car elle aime aussi Andréa, qu'elle enlève
à une modiste de ses amies, tout en continuant à aimer Pietro. Et
l'histoire finit aussi à l'italienne, par un coup de couteau de Pietro à
Gina, laquelle a juste le temps de baiser la main qui la frappe ! Beau
sujet de livret pour la musique de M. Léoncavallo !
11. — L'Ame libre est un des mieux venus parmi les récits déjà
nombreux de Brada. Si les précédents dénotaient déjà une certaine
science du métier, l'art d'exciter et de soutenir la curiosité, celui-ci
révèle, ou manifeste avec plus d'éclat, des mérites d'un autre ordre.
L'intérêt n'y languit pas certes, le fond du sujet étant une de ces histoires
d'héritage, dont l'efTet reste tou j'ours sûr, quoiqu'il ait si souvent servi ;
mais il est l'occasion de peintures de mœurs, qui sont d'un obser-
vateur, et d'une « étude d'âme, » qui est d'un moraliste idéaliste. Des
gens du monde besogneux (ils n'ont que trente mille francs de revenus)
passent une partie de l'année chez un vieil oncle célibataire, lequel,
lui, a un million et demi de revenu. Ils sont les héritiers présomptifs,
et donc, engagent, sans trop d'angoisses, leurs capitaux dans des
spéculations de bourse, qui leur permettent de soutenir un train de
— 204 —
maison proportionné à leurs ressources futures. Us s'y ruinent, et ils
en sont informés juste à l'heure où l'oncle à héritage installe chez lui,
à côté d'eux, un jeune médecin, qu'il ne va pas tarder à reconnaître
pour son fds. Tout est donc perdu? Pas entièrement; leur fille, Nicole,
peut les sauver, si elle accepte le plan imaginé par le vieil original, et
qui n'est autre qu'un maj-iage avec l'intrus. Mais Nicole est une « âme
libre, » affranchie des soucis et des besoins qui font l'infériorité des
gens de son monde; elle n'aime pas l'argent ! Et si elle aime ses parents
plus qu'elle-même, elle ne peut pas leur sacrifier sa conscience; or,
sa conscience lui défend d'épouser le docteur qu'elle sait être un
homme méprisable. Elle refuse donc, et se condamne, elle et les
siens, à la pauvreté ! Personne, autour d'elle, ne l'approuve, jusqu'au
jour où l'on a là preuve que le « bâtard » de l'oncle n'est qu'un coquin,
et que l'oncle lui-même n'a pas été aussi cruel pour elle qu'on l'a cru,
puisque, en mourant, il lui a donné un petit bureau, lequel contenait
un double fond, lequel recelait une petite fortune en billets de banque !
Grâce à quoi l'héroïne de ce joli conte peut épouser son ami d'en-
fance, aussi libre d'âme et aussi noble qu'elle.
. 12. — Voici une autre étude d'âmes un peu moins conventionnelle,
mais moins claire et moins simple : une Carrière d'artiste nous fait
faire connaissance avec une « sœur de Charité « d'une qualité un peu
spéciale, telle que peut la concevoir le mysticisme anglican. C'est
une femme du grand monde londonien, dont la vie est consacrée, de
fait et sans vœux préalable, à I'k accomplissement du devoir envers nos
égaux, le plus difiîcile de tous », comme le disait un prédicateur d'Ox-
ford, et qui, un moment, pour obéir à son besoin de dévouement
et pour se distraire de chagrins intimes, a pris à cœur la forma-
tion et le succès d'un jeune peintre génial et sauvage. La scène du
premier dîner auquel prend part chez elle ce « paysan du Nord, » les
fautes de tact qu'il y commet et qui vont compromettre son avenir,
l'habileté souriante avec laquelle elle intervient et opère son sauve-
tage, est une des plus jolies choses que je connaisse de l'éminente
romancière qu'est M"^^ Humphry Ward. Son talent de moraliste, son
si YÏï sentiment de toutes les délicatesses de la vie sociale, s'y mani-
festent avec un rare bonheur. Quant à l'histoire de ce peintre lui-même,
elle paraîtra peut-être moins intéressante que celle de sa pure et
angélique protectrice; elle est un peu mélodramatique, — ce qui ne
l'empêche pas d'avoir des « dessous » psychologiques très- solides et
très étudiés. C'est celle d'un homme qui s'acharne à se nuire, tout
en s'élevant progi*essivement, par un travail acharné aussi; il com-
promet, par les violences de son caractère, le résultat de ses efforts-,,
des efforts de ses amis, et ses succès mêmes. Comment il a presque
mérité (presque seulement) d'être abandonné par sa femme, com-
— 295 —
ment et pourquoi il a caché sa situation d'iiomme marié, comment il
est amené à rechercher la fugitive, après combien d'années il la re-
trouve, et comment il retrouvera aussi auprès d'elle et de la fille
qu'elle lui ramène sa santé et son talent perdus, c'est le sujet
principal de ce roman, — mais non le sujet le plus intéressant. Encore
une fois, c'est l'épisode de « la sœur de Charité » et la peinture de la
haute société londonienne qui en semble la partie la plus originale.
13. — S'il y a quelques réserves à faire sur le Cadet, je les ferai
à contre-cœur, tant l'œuvre est intéressante, tant elle est simple,
quoique complexe, tant la langue en est claire, souple, ferme, tant les
détails en sont réels et même réalistes, et tant l'inspiration cependant en
est élevée et même idéaliste, puisque c'est une idée qui en est le sujet
et presque le personnage principal ! — Un jeune officier, Jean de
Mondastruc, cadet d'une grande famille à moitié ruinée, renonce à
sa carrière, renonce à l'amour qui s'offre à lui (deux fols et même
trois fois), pour se constituer, avec une abnégation douloureuse et
hautaine, le chevalier et la victime du devoir légué par les siècles,
et rejeté par ses autres frères : le devoir de maintenir la tradition
familiale. 11 se charge, au refus de son aîné, de l'héritage d'un vieux
château et de ses dépendances. Il sait que la charge e&t onéreuse,
qu'elle sera écrasante, qu'il n'a pas les ressources nécessaires au
relèvement et à l'exploitation fructueuse du domaine; n'importe!
11 ne veut pas « laisser vendre )>. Il ne veut pas q^ue sa mère soit obligée
de quitter la maison », de rompre avec un long passé, de renoncer à
son indépendance, à ses charités, à ses prodigalités. Depuis des siècles,
— sept exactement, — chaque année, le 10 décembre, pour célébrer
un anniversaire familial, « largesse était faite à tous les miséreux
qui se présentaient. Et il s'en présentait des bataillons, venant de
tous les coins du pays et passant la nuit à faire la queue à la grille du
château ; les vingt-cinq premiers arrivés recevaient un vêtement
complet, unpsin de six livres et un louis d'or ! Les autres étaient
hospitahsés et hébergés. Ces largesses, le dernier des Mondastruc
veut les continuer malgré la baisse des fermages, malgré les roueries
de ses métayers, malgré la « mévente « du vin, malgré les « soultes »
qu'il a dû verser à ses frères et qui ont vidé son portefeuille. Il les
continue, non sans être obligé de les réduire cependant : une année,
le louis d'or devient un demi-louis ! Les miséreux ne sont pas con-
tents : (( Si c'est pour çà qu'on nous fait faire trois jours de marche ! »
grogne l'un d'eux. Mais la mère n'entend pas ces grognements;' elle
n'a vu de sa chambre, où la retiennent l'âge et la maladie, que le défilé
traditionnel, et elle peut croire que la famille, quoique appauvrie,
n'a pas dégénéré. Sans doute elle a aperçu quelques changements
dans les mœurs du pays : on est moins empressé et même moins res-
— 296 —
pectueux pour elle et pour son fils. Mais elle en accuse « la politique »,
qui, sans doute, n'y est pas étrangère; elle peut ignorer, ou feindre
d'ignorer, que les pauvres respectent surtout la fortune (c'est même
leur grande pauvreté !). Et elle meurt en bénissant son fils pour les
consolations et les illusions qu'il lui a données. Et lui, il continue sa
lutte contre l'adversité croissante; ses revenus agricoles devenant
décidément insuffisants, il se fait industriel. Il fabrique des pâtés de
foie ! Et comme il les fabrique très bien, il impose « sa marque » aux
cliarcu tiers et aux épiciers. De plus, il impose le respect aux bour-
geois qui auraient été tentés de l'accuser de dérogeance ! » Mais s'il
a sauvé « sa maison, « il a perdu le bonheur. Il a perdu Floriane,
il a perdu Marie-Josèphe, il a perdu surtout Isaure ! Car elles
étaient trois à l'aimer et qui ne purent pas l'épouser : — Floriane,
parce qu'elle dut obéir à son père, le marquis d'Arjac,
effrayé par les charges qu'avait acceptées Jean; — Marie-Josèphe,
parce qu'elle avait gardé son secret trop pudiquement, au plus pro-
fond de son cœur, et parce que, étant la propre sœur de Floriane, elle
avait laissé Jean s'habituer à ne voir en elle qu'une sœur, «l'ingrat ! il
l'appelait sa sœur ! » — Isaure enfin, parce qu'elle n'avait que
dix-huit ans alors qu'il en avait trente-cinq, et que, de plus et en
outre, elle était sa nièce, la fille de l'égoïste Aîné !
Sentez-vous venir les réserves annoncées? La première porterait
sur la « triplicité » de ces amours, la seconde sur le caractère de l'amou-
reux, la troisième sur la nature du troisième amour. Mais après les
avon* formulées par acquit de conscience, je plaiderai et signerai un
recours contre elles. Car d'abord le « triplicité « de ces amours n'empê-
che pas l'unité de l'action, attendu que cette unité résulte d'un qua-
trième amour, celui de Jean pour la « Maison », pour la tradition
qu'elle représente, pour cette Idée, dont j'ai déjà dit qu'elle était la
véritable fiancée et l'épouse ! Et, sans doute, Jean apporte dans sa
fidélité héroïque et mélancolique quelque chose d'un peu passif; sa
volonté ne réagit pas assez virilement sur les volontés d'autrui et
ne sait pas commander aux circonstances, il est un héros «aboulique,»
plus résigné qu'agissant, mais combien « sympathique » et combien
digne de l'amour d' Isaure ! Cet amour, veuillez le remarquer, n'a
pas le caractère inquiétant et suspect que nous avons dû si
souvent signaler ici dans les amours de certaines Agnès pour les
« vieillards de quarante-trois ans », comme on disait du temps
de Molière. D'abord Jean n'est pas encore arrivé à cette « vieil-
lesse, » qui n'est parfois que la seconde jeunesse (quand elle n'est pas
la seconde enfance), des Arnolphes contemporains; il n'a que trente-
cmq ans ! S'il est un peu mûr, il ne le montre que par la gravité de
son attitude, la générosité de son sacrifice et l'autorité, agissante,
— 2'J7 —
cette fois, qui impose un sacrifice égal à sa nièce. Et, quant à celle-ci
elle a l'innocence, la grâce, l'espièglerie, les tendresses audacieuses
des meilleures héroïnes de Pailleron (voyez ici, si vous voulez, une
quatrième réserve !). Mais si elle est un peu « livresque » et conven-
tionnelle, elle n'a pas ce je ne sais quoi de « faisandé » qui se mêle à
l'ingénuité des Agnès de roman ou de théâtre. Même lorsqu'elle
arrive chez son oncle, à onze heures de la nuit, après s'être évadée de
chez son père, lorsqu'elle lui dit qu'elle sait très bien qu'elle fait une
énormité, elle reste, on le sent, une très petite fille, — inconsidérée,
certes, et un peu folle. Oui ! oui ! Mademoiselle ! vous êtes une petite
écervelée, et je suis obligé de faire la grosse voix et de vous gronder !
— tout en répétant, à la cantonade : Elle est exquise !
14. — L'Oraison dominicale est un recueil de neuf nouvelles, dont
chacune a un titre emprunté à une des paroles du Pater. L'esprit
n'en est pas très sûr. La huitième nouvelle : Ne nous laissez pas
succomber à la tentation, nous raconte l'aventure d'une pauvre ser-
vante, induite en tentation de charité par la lecture d'une vie de
saint, et donnant à un mendiant qui passe, la fourrure de son maître;
un ange viendra la lui rendre comme elle l'a lu dans le pieux livre.
Mais au lieu d'un ange, c'est un gendarme qui vient et qui la mène
en prison ! — C'est « traduit du polonais », mais d'un polonais au
lyrisme titubant. N'allez pas y chercher de l'édification !
15. — L'édification, vous la trouverez plutôt dans V Immolé., d'une
inspiration plus chrétienne, — tout à fait chrétienne sans doute;
Les théologiens auront à décider ce dernier point; je m'en
rapporte à eux. C'est d'ailleurs pour eux que semble écrit ce roman.
Il ne l'est pas pour les petites filles, qui n'y comprendraient rien ou
qui seraient scandalisées de ce qu'elles comprendraient; les jeunes
gens, fussent-ils sillonnistes, le trouveront trop long, trop lent, sur-
tout trop triste ; mais les professeurs de grand séminaire, les chanoi-
nes, les archiprêtres y trouveront peut-être « un plaisir extrême » —
adéquat à leurs goûts, bien entendu, et conciliable avec leurs plus
austères habitudes d'esprit, puisqu'il leur donnera l'occasion d'agiter
les plus graves problèmes de la vie chrétienne et celle, aussi, de faire
« des objections » et des réserves ! Rien que pour avoir essayé, — ■
ou plutôt avoir mérité — de conquérir une pareille clientèle, au
roman contemporain, l'auteur aurait droit à toutes nos félicitations.
Son œuvre n'est rien moins, en effet, que l'histoire d'un jeune homme
qui comprend le prix de la souffrance chrétienne, et qui accepte de
souffrir pour s'associer à la Rédemption du Christ, pour accroître
le trésor de la communion des saints, pour exercer la charité surna-
turelle à l'égard de ses frères morts ou vivants, et enfin, pour expier les
péchés des hommes, les siens compris et ceux de sa famille. Car il
— 208 —
pèclie donc, et même il rechute, mais il se relève. Son père ne
s'était pas relevé, il s'était suicidé, après avoir volé Aangt-cinq
mille francs dans la caisse dont il avait la garde (détails macabres
sur ce suicide, la recherche, la découverte du cadavre dans
les eaux du Rhône; tout un chapitre, intitulé : Ce que pèse un mori).
Le mobile du vol était d'ordre « passionnel », comme disent les avocats
d'assises : il était plutôt d'ordre crapuleuix ; les exigences d'une femme
qui lui avait vendu sa fille et la lui avait livrée chloroformée ! Daniel
supporte vaillamment l'horrible épreuve et il aide sa mère déjà
infirme (elle est atteinte d'une coxalgie tuberculeuse) à n'y pas succom-
ber. Sa tâche lui est d'abord facilitée par de bonnes voisines qui veil-
lent la malade la nuit, lui tiennent compagnie le jour, pendant que
lui va gagner son pain (il est professeur à l'école libre des jésuites).
Mais bientôt ce qui avait paru un secours devient une pierre de
scandale; l'une de ces femmes est jeune, jolie, dépourvue de sens
moral; elle entraine Daniel au péché.. Or, devinez quelle était cette
«jeune personne?» Celle pour qui le caissier s'était suicidé! L'épou-
vantable découverte jette Daniel au repentir le plus violent, à la pra-
tique de tous les sacrements. L'homme surnaturel se dégage peu
à peu chez lui de tout ce qui le retenait dans la médiocrité morale.
Il dévient plus patient avec ses élèves, ceux-là mêmes qui l'insultent
et écrivent le nom de son père sur le tableau noir; il supporte sans
trop d'amertume les habiletés des RR. PP. jésuites, qui voudraient
se débarrasser d'un collaborateur compromettant; ii leur pardonne
leur « habitude » de « déformer le Christ par des artifices de séduction
pauATement humains » (p. 184); Il rend ^•isite aux Frères prêcheurs,
et ne remarque pas trop douloureusement « le retroussis orgueilleux
de la lèvre, propre au type dominicain (p. 295) ! » 11 prend part à des
conférences contradictoires et se permet de rappeler à la justice et
au bon sens un professeur de Faculté qui lui répond par une grossière
injure (le rappel du crime paternel). Bref, il mérite d'obtenir pour
sa mère un signe éclatant de la faveur céleste, vainement demandé
jusqu'à ce jour. Le 8 décembre, après le Viatique reçu, la malade,
déjà agonisante, se dresse sur sa couche, elle est guérie. La plaie
tuberculeuse est fermée, la jambe fonctionne, les forces et la santé
sont revenues. C'est alors qu'il rechute, lui ! Une rencontre de hasard,
qui lui fait atrocement sentir sa misère, et plus ardemment éprouver
le besoin de l'expiation par l'immolation. L'occasion de s'immoler
«en esprit » se présente assez vite : la maladie de sa mère recommence !
Un second miracle, qu'ils vont ensemble demander à Lourdes, leur
est refusé ! Il accepte cet échec, il accepte même la mort de sa mère
d'un cœur ferme et fidèle. Il e&t prêt pour d'autres sacrifices, celui
même de sa vie, s'il lui est demandé. Il se trouve seul un jour en
— 290 —
face d'une bande d'apaches du gouvernement qui essaient d'envahir
une église; il se place sur le seuil, résiste à l'assaut furieux, essuie une
grêle de coups, est blessé à la tête et à la poitirne, et finalement a la
main clouée contre la porte par un coup de couteau ! C'est une des
plaies de la Crucifixion et en l'honneur du Christ, en compagnie du
Christ! Est-ce tout? L'immolation est-elle achevée? Pas encore : il
va guérir, il va vivre, il pourra donc souffrir de nouveau. Recueilli
dans une famille chrétienne, où l'on panse et où l'on ferme ses bles-
sures, il inspire une passion chaste, mais violente, à la fille de la maison;
lui-même, avec cette acuité de sensibilité propre aux convalescents, il
ne laisse pas de remarquer « la taille », le « teint », le « nez », le « men-
ton », et autres objets de l'aimable personne. Mais il priait, il regar-
dait le Rhône « qui n'était plus le même Rhône qui avait charrié le
cadavre de son père, mais le fleuve d'En haut, baptismal, se ruant
du ciel et des cîmes inviolées. A respirer son souffle, il se rénovait le
sang au voisinage des sources éternelles, ses espoirs se revigoraient »,
(p. 360) et le courage de fuir lui venait. 11 part donc, non sans avoir
prononcé quelques belles phrases sur « la Communion des Morts » et
sur sa propre personne qu'il compare à « un de ces météores silen-
cieux qui pendent comme un glaive sur des horizons tristes et font
le ciel vide autour d'eux; les êtres tels que moi n'apparaissent qu'à
la fin ou à l'approche des cataclysmes !» Ce qu'entendant, la jeune fille
est guérie net. Et Daniel disparait, faisant un grand signe d'au-revoir :
ses longues mains pâles se déployèrent élancées vers l'azur qu'elles,
emplissaient ! ! !» Ou va-t-il? Il va écrire quelque « livre lent, prof ond »
qui « fertilisera les âmes » « de même que ce fleuve engraisse en pas-
sant là plaine inhabitée!...» — ^Pour être « fertilisant », ce livre futur
devra avoir quelques qualités de plus que celui-ci. Il devra être moins
« lent », plus simple, d'une « écriture » moins romantique. Si la matière
en reste la même — ■ à savoir la vie intérieure d'une âme chrétienne,
ses tentations, ses chutes, ses contritions, son perfectionnement
progressif — • elle devra être traitée d'une main plus experte et plus
prudente. Il n'y a peut-être pas de « matière à mettre en roman » qui
exige une plus grande maîtrise; il n'y en a pas qui expose à offenser
de plus délicates convenances. L'âme a, comme le corps, ses pudenda
qui ne sont pas montrables, ai-je dit bien souvent déjà, et il est
aussi difficile pour un chrétien de parler sans incongruité de ses
confessions, contritions et immolations, que pour un homme bien
élevé de sa brosse à dents, de sa cuvette ou de son bain de pieds.. Et
il ne sert de rien d'y employer un langage tendu, frénétique, presque
apocalyptiq^ue comme ici ; ce n'est au contraire que plus gênant.
Ce Daniel est gênant ! Et on a bien souvent envie de l'inviter à
îiller « se pouiller l'âme » plus loin. Il y a dans son « catholicisme »
— 300 —
quelque chose d'indiscret, d'outrancier, d'anormal, d'hystérique, • —
ne lisez pas hérétique 1 C'est un malade. Sans doute, il est victime
do l'hérédité; il est fds d'un suicidé et d'une tuberculeuse; mais il
est victime aussi de l'auteur, lequel a volontairement ajouté à
ses tares, par une logique trop « livresque ■'\ conforme peut-être aux
lois du raisonnement, mais contraire aux lois de la vie. Ce qui
n'empêche pas qu'on ne surprenne çà et là quelques contradic-
tions; il se plaint, par exemple, de la manie qu'ont certains
bons catholiques de se tirer dessus • les uns les autres; pourquoi
tirc-t-il lui-même sur les jésuites et les dominicains, ou, du moins, leur
décoche-t-il des épigrammos qui, en outre du tort d'être « désuètes, «
ont celui d'être particuhêrement inopportunes? Je terminerai en
citant le passage suivant, où l'on peui voir comme un résumé des
mérites et des défauts de l'œuvre ; les sentiments exprimés y sont ad-
mirables; un détail de l'expression y est bizarre. « Tu pensais, mon
enfant, dit à Daniel sa mère redevenue infirme, qu'il vaut mieux agir
que souffrir. Eh bien ! non ! vois-tu? pour moi, il n'y a rien de meilleur
que de m'immoler. Je porte en moi les douleurs et les péchés de trop
d'âmes; je souffrirai bien peu pour les expier. Et même quand je pâti-
rais dans ma chair, tout ce que les martyrs ensemble ont pâti, mCme
si le Sauveur penchait vers moi son calice et le vidait en mon sang,
ce serait encore très peu auprès... » Auprès de quoi? Vous attendez,
Je sens général du passage vous oblige à attendre un mot relatif eux
péchés et aux expiations; mais vous avez la surprise de lire ceci :
« aaprès de ce qu'il me donne, tous les matins dans l'Hostie! » Le
livre entier est fait un peu sur le modtlc de cette phrase : de haaux
élans, qui ravissent, et, brusquement, des faux-pas, des sautes de
sens, qui donnent des surprises désagréables. La composition est
« pleiiie de trous, »' comme dit un Petdcloup de ma comiaissance,
et l'impression qu'elle laisse est ambiguë, — sauf, toutefois, en ce qui
concerne le talent de l'auteur, qu'il n'y a pas moyen de nier. Le jour
où ce talent aura plus de confiance en soi, qu'il s'évertuera moins et
qu'il sera plus simple, il donnera l'ceuvre hmpide, saine et « profonde »
que celle-ci permet, malgré tout, d'espérer.
RoMAXs DE MŒURS. — 16, 17, 18, 19, 20 et 21. — Soyons courtois
et faisons place aux étrangers, à l'illustre Tolstoï d'abord et à ce
XIX^ tome de ses œuvres complètes, traduites par J.-W. Bienstock,
lequel tome comprend : Le5 Confessions (1879-81); Récits populaires
(1881-86); Légendes pour l'Imagerie (1885) et Légendes populaires
(1886) dont il a été parlé à la date de la première publication. Répé-
tons une fois de plus que le traducteur écrit un bon français, — ce
qui n'est pas un mérite banal chez les traducteurs. — ^\'oici deux Ki-
pling, l'auteur favori de l'Angleterre, l'écrivain que son éditeur paie
— 301 —
« à tant le mot»: Le Chat maltais, recueil de neuf nouvelles, avec une
préface Ij^ique, de l'un des traducteurs, — et Au Blanc et Noir, recueil
devingt-deux nouvelles. La scènese passe toujours dans les Indes, et les
héros sont des indigènes ou des soldats anglais, peints avec le même
humour britannique ■ — tellement britannique qu'il ne parait pas
toujours humain — et la même puissance créatrice de vie, un peu
évaporée en arrivant sur notre continent. M. Fabulet, l'auteur de la
préface admiratrice et exclamatrice susdite, s'exclamera peut-être
devant ces réserves timides. « Ah ! dira-t-il, Oh ! cet homme qui a
tout vu, qui tout connaît, qui do tout a tiré un jugement sûr et droit,
qui tout expose avec loyauté ! » Ne pas comprendre cet homme !
« Regardez l'œil de Rudyard Kipling ! Regardez l'homme sourire ! ^)
Il a vu ce sourire, lui, il a vu cet œil, à telle date, à tel endroit de
tel village, distant de tant "de telle ville, et « sur la falaise anglaise »,
encore ! 11 en est resté tout ébloui ! Nous, qui n'avons vu que les
points d'interjection, de M. Fabulet, on comprend que nous soyons
moins émus ! — Nous n'en sommes que plus reconnaissants à l'intel-
ligent éditeur qui a publié ce joli volume des Œiwres choisies de
Rudyard KipUng, avec une notice deM.MichelEpuy.Lenomdel'écri-
vain anglais, récent lauréat du prix Nobel, appartient désormais à
la littérature universelle; son œuvre, traduite dans toutes les langues,
est cependant difficilement accessible à tous les esprits ; elle déconcerte
nos habitudes et nos goûts. Un recueil comme celui-ci est tout à fait
propre à nous préparer à l'intelligence d'un talent aussi profondément
distinct de ceux que nous comprenons : ~ et toto penitiis divisos orbe
Britannos ! — Il est composé des morceaux les moins étranges et les
plus humains de cette œuvre si diverse et si inégale; il est accom-
pagné de quelques indications brèves, mais indispensables. C'est un
livre à mettre dans les bibliothèques de tous les lettrés. — La
Grande Ombre est un roman historique de l'auteur de Sherlock-
Holmes. Le titre désigne Napoléon I^"" que l'un des personnages
se représente comme une ombre pesant sur l'Europe. 11 y a un récit
de la bataille de Waterloo par un jeune soldat anglais, où sont rele-
vés les petits côtés d'un des plus grands faits de l'histoire, qui fait
penser — vaguement — à celui de Stendhal dans la Chartreuse de
Parme. — Henri d'Ojterdingen nous ramène à plus d'un siècle en
arrière, avec cette réédition, dont le besoin ne se faisait peut-être
pas bien sentir, de ce fragment de roman qui fut l'œuvre capitale
de Novalis. Dans une courte préface, élégante et précise, M. Henri
Albert rappelle tout ce que les lettrés d'aujourd'hui doivent savoir
encore d'un poète mort en 1801, et qui fut beaucoup lu par nos
premiers romantiques.
22. — Terre d'Oc n'est pas un roman ; c'est un recueil de « causeries »
— 302 —
sur le Midi, écrites pour un journal radical-socialiste de Toulouse,
par un romancier délicat qui s'oublia parfois et qui s'oublie ici, çà et
là, à être un policitien fort vulgaire, \oi\k ce qu'oublient trop nos
jeunes poètes et «esthètes «des Revues méridionales, et quelques snobs,
rédacteurs des journaux les plus cléricaux de Montpellier et de Tou-
louse qui sollicitent notre admiration pour ce <' régionaliste « et notre
souscription pour sa statue. Je voudrais qu'on lût à la cérémonie d'inau-
guration, une page de lui, d'un lyrisme frénétique, tout à fait digne
d'un Homais de sous-préfecture en délire, sur... « la courte-pointe ^u
lit de M^^e cjç ^^'arens i ! )> Les régionalistes les plus dévots à Rousseau
et à son Initiatrice en rougiraient de lionte.Eii attendant, je les invite,
ou du moins j'invite les jeunes monarchistes de là-bas à Mre les pages
76 et 77 du présent recueil sur la cathédrale d'Albi et la \'errerie
ouvrière comparées ! - — la cathédrale, nécropole d'un passé aboh,
édifice ruiné par « lu critique scientifique, sonnant creux aujourd'hui,
décor illusoire porté sur le néant « — et la Verrerie ouvrière, « berceau
d'une humanité meilleure » vers lequel afflueront plus tard « des cor-
tèges, des processions de pèlerins ! » En attendant, c'est le cortège
des huissiers qui s'est dirigé vers ce berceau, et c'est -une procession
d'ouvriers déçus — qui ne pouvaient vivre seulement de phrases creu-
ses,— qui en est sortie ! — Que dites-vous de ces phrases, mes petits
snobs de Terre d'Oc?
23. — Les Fronts têtus, qui font pai*tie de la « collection des Écri-
vains régionaux » contiennent cinq nouvelles, d'une inégale étendue,
mais d'une valeur égale ; le récit y est intéressant, d'une bonne langue,
pas « régionale, « bien française, mais qui a su traduire les sentiments
particuliers, les affections et même les superstitions de l'âme bre-
tonne.
2i. — ■ Ceux de chez nous ont un goût de terroir plus prononcé,
peut-être un peu plus qu'il ne conviendrait. Le récit y est plus lent
et moins prenant; mais l"aut''ur a moins visé à être un conteur qu'un
peintre, le peintre du haut Berry, dont l'âme, dit-il, vibre dans
son âme et qu'il a voulu faire passer — « palpiter » — dans « ces
pages loyales ». « A cet effet, « ajoute-t-il, « j'ai dû étudier noire idiome
berrichon ». L'a-t-il au moins transposé dans la langue française,
puisqu'enfm c'est à tous les Français qu'il s'adresse? Il semble
que oui ; tout le monde comprendra que « blaude » veut dire « blouse, »
quand le sens général du contexte y aidera; mais que « blaude » ait
plus d'âme que « blouse, » c'est peut-être moins facile à saisir. —
Quoi qu'il en soit, le Joueur de (bielle, par où débute ce recueil de
nouvelles berrichonnes, est l'histoire d'un petit berger qui se laisse
mourir d'amour pour la Zélie, une paysanne riche, à qui il n'a jamais
rien avoué ! Si l'auteur ne nous assurait pas que ce petit vielleux est
— 303 —
du Berry, « j'aurais cru qu'il fût » de l'Arcadie ou du paj^s de l'Astrée !
25. — Jean Luc persécuié est l'histoire d'un nigaud qui devient fou.
On en a loué « l'écriture » et les « mœui^ ». Les mœurs y sont plates,
et l'écriture est idoine aux mœurs ;■ elle a pourtant une singularité :
le pronom, sujet du verbe, y est souvent supprimé ! Vous allez voir
comme c'est intéressant : Jean Luc avait pris femme ; fut vite trompé ;
elle, belle; lui, bête; s'en aperçut pourtant; pardonna une fois, deux
fois, puis se 'fâcha; mit l'infidèle à la porte; ne s'en consola pas. Fut
triste, fut mélancolique, devint neurasthénique, puis dément. Trouva
un jour sa femme près d'une meule; l'y attacha, y mit le feu; après
quoi, se noya.- Il y a 228 pages sur ce sujet — et de ce style. — Style
nègre, mais commode !
26. — /?êpe (/e /wmz'ère est un rêve sociaUste. Olivier s'est promis de
transformer la société. Il s'est préparé à cette œuvre en ayant trois
maîtresses à la fois (s'il n'avait pas été « vicieux, » il n'aurait pas eu
l'occasion de se repentir, comme il le dit lui-même p. 226.) Son repentir
et son apostolat s'exercent d'abord à domicile : il convertit sa femme
à ses idées, il lui fait prendre en dégoût les formes actuelles de la
société, et la décide à se faire avec lui l'organisateur de la société
future. Ils renoncent à la fortune, ils quittent leur bel appartement,
se logent à un 5*^, comme des ouvriers. Cela fait, Olivier fonde un
journal où «il ressuscite la critique » — (car il paraît qu'il n'y a pas
en France un seul journal où la critique soit hbre); — il songe aussi
à fonder une usine, comme il n'y en a. pas encore une au monde,
où les patrons et les ouvriers seront désintéressés les uns et les autres
et aussi laborieux que désintéressés, lorsqu'un accident arrive,
qui l'empêche de réaliser son rêve. Il avait un beau-frère, un aristo-
crate, qui avait des maîtresses, comme lui, mais n'était pas arrivé à
la vertu par le chemin du vice, comme lui; il était arrivé à être un
coquin. Ce coquin assassine ce rêveur ! — La cité future perd un
ai ses ouvriers les plus utiles. — J'avertis l'auteur, qui a du style, qu'il
n'a que du style, — ■ ce qui peut-être ne suffira pas toujours à faire
prendre un écrivain au sérieux dans notre pays d'écoliers !
27. — C'est sur la foi d'un prospectus que je place ici Au temps de
la jeunesse parmi bjs romans de mœurs; on y assurait que ce livre
« fournit de précieuses inductions sur les formations des jeunes gens
â'3 ce temps-ci, sur leurs pensées familières, leurs préférences intimes,
'l'orientation habituelle de leur mentalité, l'évolution... etc. » ;
'Si bien, ajoutait-on, que l'œuvre est à la fois « agréable et nourris-
sante ! » Là-dessus j'ouvre cette œuvre; elle est divisée en sept cha-
fpitres, contenant des « Dialogues imaginaires », (dont le premier avec
lia flamme de la lampe et la Femme inconnue), des Réflexions, des
Méditations, des Nouvelles. Je fis la nouvelle intitulée Amitié. Deux
— 304 —
jeunes coqs vivaient en paix; une piuilf survint; que croyez-vous
qu'il arriva? Le premier favorisé des deux coqs enseigna à l'autre
l'art d'être favorisé à son tour ! \'ous voilà reiiseigné sur les forma-
tions des jeunes gens; ils se déforment les uns les autres ! « Jelesavais
Ascagno 1 »
28. — La Vie intérieure est un titre trompeur, à moins que ce ne soit
une impropriété verbale désignant l'illusion où vivent successivement
deux jeunes fdles, éprises l'une et l'autre d'un même jeune homme
qui ne pense ni à l'une ni à l'autre. La première des deux amoureuses
meurt de s'être trompée (et aussi d'avoir contracté la fièvre typhoïde
chez un pâtissier, en compagnie de sa bonne). La seconde en guérit
lorsqu'elle a épousé un autre jeune homme. A cela près, la vie exté-
rieure de ces deux sœurs tient beaucoup de place dans cette histoire,
qui est aussi celle de leur père, qui s'était marié deux fois, — et celle
de la première et de la seconde femme, — et celle des amis de leur
père, notamment d'un banquier, père du jeune homme inattentif aux
yeux blancs des deux sœurs, ■ — et celle des deux amis de ce jeune
homme, — et celle de la sœur de l'un de ces amis, laquelle ne voulut
pas épouser l'autre ami (vous suivez?), lequel épousa une autre
personne, de laquelle il eut une fille, de laquelle devint amoureux
le fils de la jeune fille qui n'était pas morte, laquelle s'appelait (j'allais
l'oublier !) Catherine ! De sorte que cette Vie intérieure est une sorte de
bazar où sont entassées pêle-mêle, une demi-douzaine de biographies
individuelles et de monographies familiale?, parmi lesquelles celle
de Catherine, laquelle « naquit un matin de septembre, » au com-
mencement du volume, et devient grand'mère à la fin! — Je dois
dire que si le roman est aussi mal composé que possible, il est d'une
moralité irréprochable, d'une austérité un peu triste même, presque
calviniste !
29. — Le Fantôme du passé est encore un titre trompeur, attendu]
que le sujet ne comporte l'apparition d'aucun fantôme et que le passé |
dont il s'agit n'a pas dix ans. C'est peut-être une faute de traduction?'
Le texte italien porte : L'Ombra del passato, ce qui est moins mélodra-
matique, mais reste encore un peu trop métaphorique pour la cir-
constance, puisqu'il s'agit de désigner un phénomène psychologique
très simple et très ordinaire. L-n jeune homme est entre deux
jeunes filles; l'une pauvre, qui est sa fiancée; l'autre, riche, qui
ne demande qu'à devenir sa femme et attend une parole définitive.
11 laisse voir un peu d'hésitation; V ombre de sa fiancée^ c'est-à-dipe
son souvenir se dresse devant lui et le fait balbutier. L'occasion et
la tentation de trahir ne se renouvellent plus, il revient à sa fiancée et
il l'épouse. Tel est le canevas du nouveau roman de M"^^ Grazzia
Deledda; on devine que l'intérêt principal en est ailleurs, c'est-
— 30b —
à-dire dans l'histoire minutieuse des personnages, — les deux fiancés
d'abord, Adone et Catarina, presque des orphelins, le premier mal
élevé par des pai'ents de moralité suspecte, s'élevant peu à peu jus-
qu'à la demi-Gulture qui lui permet de prendre rang dans- la société
régulière et de devenir institutem* ; la seconde, une pauvrette, ren-
contrée sur la route près de la ehai*rette où agonise sa mère, et en
qui, avec les années, s'épanouissent la « beauté du diable » et le
sens moral de la femme ; — • Maddalena, la rivale riche, sèche, laide,
a.vec des yeux ardents, qui regaj'dent beaucoup Adone et le trou-
blent, avec un caractère impérieux,, qui ne peut souffrir de retai'd
dans l'obéissance à son vouloir;— les parents des uns et des autres,
mères, tantes, oncles, cousins. Les détails sont innombrables, pris, à
même de la vie réelle rigoureusement observée et transcrite. Ce
réaUsme italien pourra pai'aitre un peu brutal à notre goût
français : le vin de Chianti doit se consommer sur place.
Charles Arnaud.
SCIENCES BIOLOGIQUES
1. Mœurs intimes du passé, par le D^ Cabanes. Paris, Albin Michel, s. d., petit
in-8 carré de xii-463 p., avec 68 grav. hors texte, 3 fr. 50. — 2. VOrigine de
la vie, par J.-M. Pargame. Paris, Schleicher, s. d., petit in-8 de xiii-194 p., avec
69 fig., 1 fr. 50. — 3. La Crise du transformisme, par Félix Le Dastec. Paris,
Alcan, 1909, in-16 de vi-288 p., 3 fr. 50. — 4. Un Miracle d'aujourd'hui ; dis'
cussion scientifique, par Georges Bertrin. Paris, Lecolîre, Gabalda, 1909, in-12 de
158 p., avec une radiographie, 1 fr. 50. — 5. Études de psychologie sexuelle, la
pudeur, la périodicité sexuelle, l'auto-érotisme, par Havelock Ellis; trad. de
l'anghiis par A. Van Gennep. Paris, Mercure de France, 1908, in-8 de 407 p.,
5 fr. — 6. V Audition morbide, par le T)'^ A. Marie. Paris, Bloud, 1908, in-16
de iv-147 p., 1 fr. 50. — 7. Les Préjugés sur la folie, par la princesse Lubo-
MiRSKA. Paris, Bloud, 1908, in-16 de iv-88 p., 1 fr. 50. — 8. La Pathologie
de l'attention, par N. Vaschide et Raymond Meunier. Paris, Bloud, 1908,
in-16 de iv-116p., 1 fr. 50. — 9. Neurasthénie et névroses; leur guérison définitive
«fi cure libre, par le D"' P.-E. LÉvy. Paris, Alcan, 19Ù9, in-16 de 407 p., 4 fr.
— 10. Contribution apportée à la notion d'hystérie par l'étude' de l'hypnose, spécia-
lement considérée dans son histoire, dans son essence, dans ses effets, par le D""
Robert Van der Elst. Paris, Vigot, 1908, gr. in-8 de 209 p., 4 fr. — 11. Histoire
pharmacotechnique et pharmacolo gique du mercure à travers les siècles, par Et. Mi-
CHELON. Tours, Deslis, gr. in-8 de xii-201 p., 4 fr. — 12. Essais sur nos pré-
parations galéniques, étude pharmacologique, publiée sous la direction scientifique
du D"" Brissemoret. Paris, Boulanger-Dausse, 1908, in-8 de xxiii-464-76-42-
27 p., 7 fr. — 13. La Maternité et la Défense nationale contre la dépopulation,
par le D''Sicard de Plauzoles. Paris, Giard et Brière, 1909, in-18 de 291 p.,
4 fr. — 14. La Lutte contre la prostitution, par R. Df.cante. Paris, Giard
et Brière, 1909, in-18 de v-334 p., 4 fr. — 15. L'Hygiène infantile, allaitement
maternel et artificiel, sevrage, par le D' G. Variot. Paris, Hachette, 1908, in-16
de 75 p., 1 fr. — 16. L'Hygiène du logement, par Paul Juillerat, Paris,
Delagrave, s. d., in-12 carré de 223 p., 1 fr. 50. — 17. L'Hygiène des dys-
peptiques^ par le D'' René Gaultier. Paris, Delagrave, s. d,, in-16 carré de
viu-248 p., 1 fr. 50. — 18. Précis de stomatologie, par J. Repier. Tome 1"^^
Paris, F.-R. de Rudeval, 1909, in-18 cart., de 542 p., avec 151 fig., 9 fr.
Avril 1909. T. CXV. 20.
- 306 —
1. — Le docteur Cabanes, après avoir exploré, à la lumière des
sciences médicales, dans une série de publications fort remarquées,
de nombreux problèmes historiques, nous montre aujourd'hui dans
Mœurs intimes du passé^ la manière dont nos pères s'accommodaient
des petits désagréments de l'existence, et paraient à ses nécessités
les plus intimes. Si le sujet est infiniment moins relevé, il n'en est
pas moins plein d'intérêt, et il est, à coup sûr, beaucoup plus diver-
tissant. Comment nos aïeux se garantissaient-ils du froid? Tel est
le premier sujet traité, et le docteur Cabanes prouve, avec force
documents à l'appui, que, jadis, l'on avait toutes les peines à se chauf-
fer chez soi; le plus souvent on y gelait ou on était enfumé, et il faut
arriver à la fin du xviii*^ siècle pour constater quelques progrès dans
l'art du chauffage des habitations. Ceux qui seraient tentés de croire,
même sur les assertions de certains archéologues, que le mouchoir
remonte à la plus haute antiquité, verront tomber leurs illusions
à cet égard, à la lecture du deuxième chapitre: Comment se mouchaient
vos aïeules. Mais peut-être l'auteur exagère-t-il en disant qu'au
xvii^ siècle, le mouchoir de poche fut un objet de gi'and luxe et par
conséquent fort rare. Du moins Venette parle-t-il des Normandes
de son temps qui avaient à leur « cotte » deux pochettes dont l'une
renfermait le «mouche-nez. «Après la question du mouchoir, le docteur
Cabanes a cru devoir faire une assez longue digression sur l'origine
du dicton populaire : Dieu vous bénisse ! puis il aborde l'histoire de
l'origine du peigne, et des soins donnés à la chevelure dans les siècles
passés. Les chapitres consacrés à la propreté de la bouche et à
l'usage du cure-dents, à la propreté des mains et à l'antiquité
de la fourchette sont aussi documentés que les précédents, et tout
bourrés d'anecdotes les plus variées. La fin du volume, d'une lec-
ture plus scabreuse, est consacrée presque tout entière à l'histoire
de meubles d'usage tout à fait intime, crachoir, vas necessarium, etc.
En appendice, un chapitre dans le même ordre d'idées, le règne de
la chaise percée, où nous avons été sm'pi'is de ne point voir mentionné,
à propos du meuble fait en forme de pile de livres, le fameux procès
qui éclata entre les relieurs et les miroitiers, vers la fin du xviii'? siècle.
Enfin, la propreté de la rue et le service de la voirie, del'antiquitéà nos
jours, font l'objet d'un dernier chapitre. En somme, malgré quelques
imperfections ou omissions de peu d'importance, le dernier livre
du docteur Cabanes ne manquera pas d'intéresser non seulement
le public médical, mais tous les érudits curieux des choses du passé,
et probablement plus d'un lecteur concluera que la vie d'aujourd'hui,
si elle a ses déboires, présente une foule d'agréments et de commo-
dités inconnus à nos pères.
2. — L'Origine de la vie^ de M. Pargame, est le troisième volume de
- 307 —
l'Encyclopédie d'enseignement populaire supérieur entreprise par
M. Lahy : « La vie, dit ce dernier, paraît conférer aux êtres qui la
possèdent des caractères tels qu'ils se diiïérencient du même coup
do tous les autres objets de Tunivers. Cela explique pourquoi, au
cours de l'évolution historique, les hommes ont cru qu'ils faisaient
partie d'un règne à part et qu'il n'y avait pas de lien possible entre
les phénomènes vitaux et ceux de la matière. La science, grâce à ses
découvertes successives, a ruiné cette croyance en des catégories de
la nature, irréductibles, mais tous les esprits ne sont pas rendus à ses
preuves. Les phénomènes de la vie ont été diversement expliqués par
les savants et les philosophes; la cause de ces divergences d'inter-
prétation est aisée à saisir. Comme entre les phénomènes cosmologi-
ques et les phénomènes biologiques on n'aperçoit guère de continuité,
on en conclut qu'un fossé les sépare et que l'explication qui vaut pour
les uns ne peut valoir pour les autres. Ces groupes de faits sont déclarés
irréductibles, et leur apparente hétérogénéité permet encore aux
conceptions religieuses du monde de se construire sur des arguments
superficiellement défendebles. » De fait, l'ouvrage de M. Pargame est
franchement matérialiste, mais sans pourtant adopter un système
défini, se bornant à exposer, hors de toute théorie préconçue, le plus
grand nombre de faits scientifiquement 'connus et de les utiliser
pour une explication des phénomènes de la vie.
3. — On sait combien a été prodigieux parmi les spécialistes la
théorie des mutations, dont on trouve l'exposé le plus complet dans
l'ouvrage : Espèces et variétés de de \^ries. A en croire M. Le Dantec,
dans Ja Crise du transformisme, cette théorie, qui a pourtant la pré-
tention d'apporter aux idées darwiniennes tme démonstration expé-
rimentale, saperait, au contraire, dans les fondements «cet admirable
système philosophique')qu'estle transformisme. Aussi, a-t-il cru devoir
pousser un cri d'alarme et mettre le public scientifique en garde contre
l'hérésie nouvelle. 11 insiste dans les différents chapitres de son livre,
comme il l'a fait précédemment dans d'autres publications, sur la
« nécessité absolue d'un langage scientifique approprié à la narration
de tous les faits biologiques. » Dès qu'un problème se posera au savant,
le premier soin de ce dernier devra être d'en traduire l'énoncé dans
le langage scientifique. Ce n'est qu'après qu'il faudra résoudre par
des raisonnements le problème ainsi posé; et, finalement, on s'adres-
sera à l'expérience et à l'observation pour voir si la conclusion est
juste. L'auteur ne désespère pas de voir un jour la biologie générale
s'exposer « dans le langage du patrimoine héréditaire, comme la géo-
métrie dans le langage algébrique. »
4. — L'ouvrage de M. Bertrin : Un Miracle d'aujourd'hui, discus-
sion scientifique, est l'exposé des faits relatifs à une guérison obtenue
— 308 —
à Lourdes, exposé accompagné d'une discussion très serrée de toutes
les raisons que l'on pourrait y opposer au nom de la science, et des
pièces justificatives les plus essentielles. Bien que l'auteur ne soit
point un médecin, on ne peut s'empêcher de convenir qu'il connaît
à fond son sujet et qu'il n'a rien omis pour éviter toute erreur. Il
pourra se flatter d'avoir accompli une œuvre utile, car le fait de la guéri-
son relatée ne saurait, en aucune façon, être explicable au point de vue
scientifique; et puis, des apologistes un peu trop enthousiastes de
Lourdes nous avaient habitués au récit de tant de faits impossibles
à classer comme miracles, quoique sortant plus ou moins de l'or-
dinaire, qu'on est heureux d'en trouver un, enfin, exposé avec tous les
détails et l'argumentation nécessaires et ne Laissant place à aucune
critique.
5. — Dans ses Études de psycJwlogie sexuelle, dont le premier vo-
lume vient de paraître : La Pudeur, la périodicité sexuelle, l'auto^
érotisme, M. Havelock ElHs vise à faire oeuvre de sociologue et point
de théologien. Même prétend-il que les questions sexuelles ne sont
pas du ressort des théologiens; bien mieux, il leur dénie toute com-
pétence à cet égard. Il reconnaît pourtant que lorsque l'Eglise catho-
lique se trouva à l'apogée de son pouvoir et de son influence, elle
comprit pleinement l'ampleur d«s problèiaes sexuels et prit un intérêt
actif et précis à tous les détails de la sexualité normale et anormale ;
à ce point que, même de nos jours, il est des phénomènes d'ordre
sexuel dont il est impossible de trouver une description exacte et
suffisamment explicite ailleurs que dans certains vieux traité.?,
tel que celui du P. Sanchez : De matrimonio. Tout y est dit avec
clarté et concision, sans fausse prudence ou sentimentalité morbide,
en un langage rigoureusement philosophique. La suite vraie des actes
est indiquée dans tous les cas qui peuvent se présenter, en même
temps qu'on dit où il y a péché véniel, où. il y a péché mortel et ce
qui est permis. Mais tout en déniant aux théologiens la compétence
exclusive de ces questions, et en repoussantleurfacon.de les envisager ,
il adopte leur esprit et leur tempérament. Il estime qu'il faut entrer en
possess'ion des faits exacts et se baser sur eux pour déterminer ce
qui est juste et ce qui est faux au point de vue de la physiologie, de
la psychologie et de l'éthique. Il veut arriver à savoir ce qui est natu-
rellement permis dans les circonstances directes de la vie sexuelle
de l'homme, non pas en t£uit qu'être entaché du péché originel, mais
comme « animal social ». Il veut « distinguer le péché véniel du péché
mortel contre la nature ». Il convient que les réponses seront plus
malaisées à formuler qu'elles ne le sont pour des théologiens; mais,
au moins, lui paraît-il possible d'adopter l'attitude qui convient.
C'est dans ces idées qu'il a abordé les trois études que renferme son
- 309 —
premier volume. Quoiqu'il convienne de faire les réserves les plus
formelles sur la manière d'envisager les problèmes sexuels traités et
les conclusions que l'auteur croit devoir formuler dans son travail,
médecins et théologiens y -trouveront une foule de détails intéressants
et utiles à connaître. Et Ton ne tiendra pas trop rigueur à M. Ellis
de l'interprétation exagérée donnée à certains faits.
6, 7 et 8. — La « Bibliothèque de psychologie expérimentale et de
métapsychie, » qui s'adresse plus spécialement aux professeurs, aux
médecins et au public cultivé, pour les renseigner sur les données
acquises par la science contemporaine dans le domaine psychologique
et psychique, vient de s'enrichir de trois volumes. L'un, L'Audition
morbide, du D^" A. Marie, comme l'indique son titre, est consacré aux
troubles de l'organe de l'ouïe. L'auteur les divise d'une manière géné-
rale en hypoacousie et hyperacoasie. Ces troubles sont d'origine
périphérique ou centrale, plus particulièrement physiologiques ou
psychologiques, et accompagnent ou non les divers états mor-
bides des fibres de conduction. Après l'étude détaillée de ces différents
points, le D^ Marie cherciie à les préciser. Il arrive à conclure que
l'imperfection de l'audition semble moins tenir au mauvais état de
l'organe périphérique acoustique qu'à l'insuffisance des centres
d'association. Les dégénérés ont une audition amoindrie parce qu'il
leur manque l'attention volontaire désirable. De même les apparentes
hyperesthésies ne sont que des états de faiblesse irritable où Tacuité
réelle du sens n'est nullement augmentée; mais ce sont les associations
centrales qui sont plus actives et plus diA^erses, ou leurs irradiations
plus variées, intenses ou insolites. Un copieux index bibhographique
termine le volume. — Un autre volume, dû à la princesse Lubo-
mirska, a également un titre suffisamment explicite : Les Préjugés
sur la jolie. Ce n'est pas d'aujourd'hui que ces préjugés existent.
Jadis on attribuait à la folie une origine mystérieuse, surnaturelle
même. La diffusion dans le public des découvertes scientifiques et
de connaissances médicales insuffisantes ou fausses, a fait naître celui
de l'incurabilité de la fohe, et, peut-être, celui de sa contagiosité.
La princesse Lubomirska s'est donné la tâche de les faire disparaître
et de répandre des idées plus saines et plus justes à l'endroit des
aliénés. — MM. N. Vaschide et R. Meunier ont visé par leur opuscule :
La Pathologie de l'attention, à combler une lacune de la littérature
psychologique. Il n'existait pas, en efîet, de travail spécial sur la
matière, en France du moins, et c'est à peine si les traités les plus
récents sur la psychologie de l'attention y ont consacré un modeste
chapitre. Les auteurs se sont placés uniquement sur le terrain expé-
rimental et ont cherché à tirer de l'expérimentation les conclusions
qu'elle comporte. « Ce n'est, disent-ils, que par l'apphcation des
— 310 —
méthodos de la psychologie exjjérimentalc à la psychiatrie que peut
se constituer positivement la psychologie pathologique. Aussi ce
travail, traitant de la psycho-pathologie de l'attention ne retiendra-
t-il que les données fournies par les laboratoires ou par les méthodes
employées dans les laboratoires. Telle doit être, à notre sens, la posi-
tion du problème. « Après avoir passé successivement en revue les
premières recherches expérimentales où se sont précisées peu à peu
la méthodologie et les résultats; puis les données psychométriques de
Rémond(de Nancy); les expériences et observations deMM. Raymond
et Janet, qui devaient aboutir à la découverte des courbes
paradoxales; enfin, les travaux les plus récents et les leurs propres,
ils établissent un tableau synthétique des principaux résultats expé-
rimentaux et posent leurs conclusions.
9 et 10. — Jusqu'à présent, la plupart des médecins adonnés à la
cure des aiïections nerveuses, ont été partisans du repos prolongé
et surtout de l'isolement des sujets atteints. Dans Neurasthénie et
névroses; leur guérison définitive en cure libre, le D'' P.-E. Lévy s'élève
vigoureusement contre la méthode classique, dont il proclame l'inu-
tilité dans l'immense majorité des cas : « Je n'exagérerai pas, afiîrme-
t-il, en disant qu'il est désolant, à l'heure actuelle, de cjonstater avec
quelle facilité est mise en œuvre, systématiquement, cette méthode
d'isolement, dont l'observation impartiale me montre pourtant
sans cesse qu'on peut fort bien se passer, et dont, bien plus, les ma-
lades eux-mêmes ne sont pas sans signaler, dans bien des cas, les
inconvénients certains. Considéré autrefois comme ayant une valeur
curative propre, on veut y voir surtout, aujourd'liui, une condition
éminemment propice à l'emploi de la psychothérapie, dont l'impor-
tance primordiale n'est actuellement plus contestée. Et il n'est pas
de cas, tant soit peu intense, ou même de gravité très moyenne, où
l'on ne voie préalablement exigée, imposée, cette mesure quasi né-
cessaire, iniluctable de l'isolement. On isole pour quelques crises
nerveuses, on isole pour des manifestations neurasthéniques, des
phobies, des obsessions. Toujours et partout on proclame que le
malade ne peut être utilement traité, s'il n'est çéparé de son milieu
habituel, si on ne lui fait perdre tout contact avec ses proches, s'il
ne renonce à des affaires, à des occupations, malgré l'intérêt vital qui
s'y attache pour lui. On va jusqu'à instituer systématiquement l'iso-
lement pour de simples dyspepsies nerveuses ! » Le D^ Lévy a beau
jeu contre les exagérations d'une méthode curative mise en honneur
et défendue par le professeur Dubois, de Berne. Mais ne pourra-t-on lui
reprocher, à son tour, d'être systématique dans un sens tout à fait
opposé? En médecine, et tout particulièrement dans les applications
thérapeutiques, il faut se garder des généralisations. Cette réserve
— 311 —
faite, il est hors do doute que la nouvelle méthode proposée no soit
susceptible de donner, dans bien des cas, d'excellents résultats. Elle
sera même à essayer en premier lieu chez les malades pour lesquels
l'abandon des occupations habituelles constituerait un vrai désastre.
— C'est à l'étude d'une névrose dos plus communes que le D"" Van der
Elst vient de consacrer sa thèse inaugurale : Contribution à la notion
d'hystérie par Vétude de l'hypnose, spécialement considérée dans son
histoire, dans son essence, dans ses effets. Pour lui, on ne saurait com-
mencer par une étude de faits un travail sur l'hystérie, avant que
l'on ne se soit mis d'accord pour « rattacher les mêmes faits à la
cause hystérique en vertu d'une définition ». La méthode naturelle
doit consister, avant tout, à résumer les traditions du passé de peur de
présenter comme neuve une vérité déjà acquise, comme pour éviter
de s'aventurer dans des voies reconnues mauvaises ; ensuite, à résumer
ces traditions par les résultats observés, tout en les corrigeant par les
objections tirées des faits eux-mêmes; enfin, à apporter à cotte dis-
cussion, ses appréciations personnelles, afin de démêler dans le conflit
des idées en cours le sens du progrés à venir. Les conclusions de l'au-
teur spnt que l'hypnose, comme l'hystérie, est quelquefois déguisée,
associée ou larvée, et, de même que l'hystérie est parfois essence,
parfois fonction, parfois complication d'un mal, l'hypnose est aussi
quelquefois substance, quelquefois fonction, quelquefois compli-
cation d'un traitement. Les recherches relatives à la notion des rap-
ports entre l'hystérie et l'hypnose semblent destinées à montrer
comme le passé, comme le présent, que l'hystérie soûle est justiciable
de la suggestion hypnotique. Notons en passant, au cours de cette
étude (p. 144 à 148), une appréciation impartiale des guérisons
de Lourdes.
11. — Le but que s'est proposé M. Michelon en retraçant V His-
toire pharmacotechniqiie et pharmacologique du mercure à travers les
siècles n'a pas été de commenter et de discuter les idées des anciens
mais de remettre sous les yeux les textes vrais des différents autours
afin de donner l'image exacte de ce que fut la science (?) pharmaceu-
tique à travers les siècles. Son travail comprend deux parties. La
première est consacrée à l'histoire proprement dite des différents
sels mercuriels. L'auteur prend, ou, du moins, croit prendre chacun
d'eux, dès l'époque la plus reculée, et le suit dans ses transformations
à travers les siècles, s'arrêtant à une époque, 1850, où l'abondance
des revues et de la littérature pharmacologique et leur documentation
suffisante rendent la poursuite des recherches tout au moins superflue.
D'ailleurs, à cotte époque, les transformations intéressantes n'existent
plus la chimie est dégagée des formules comphquées introduites par
les alchimistes, et ses préparations sont nettement définies. La biblio-
— m^î —
grap}iio elle-mèmo dn moTcure et de ses composés aurah, d'autre part,
par trop augmenté le volume d'utravail.Dansladeuxièmepartiesont
étudiées et passées en revue les différentes préparations que les an-
ciens faisaient avec le mercure. L'auteur insiste tout particulière-
ment sur celles qui ont survécu, et qui, inscrites au Codex, sont encore
la base de la médication mepcurielle. Bien que très incomplet, sur-
tout au point de vue des usages du mercure au moyen âge, le travail
de M. Michelon présente un assez grand intérêt. 11 débute par la
reproduction de l'erreur qui consiste à faire remonter la syphilis
à la fin du xv^ siècle, époque de l'expédition de Charles \'lll en
Italie. Cette idée n'est plus soutenable aujourd'hui. On pourrait lui
feprocher aussi d'avoir trop négligé les auteurs anciens de médecine
qui auraient pu lui donner de précieux renseig-nements sur l'emploi
du mercure, qui ne commença pas à jouer un rôle réel en thérapeu-
tique à la même époque. Même l'effet nocif de la respiration, en trop
grande quantité, des vapeure mercurielles est signalé dans un auteur
de la fin du xi^ siècle, Constantin l'Africain, qui n'est pas cité.
12. — La maison Boulanger-Dausse a été bien inspirée en faisant
éditer à l'usage des médecins praticiens ses Essais sur les prépamtions
galénigues, dont elle a confié la direction scientifique au D^" Brisse-
moret. Ce n'est pas une énumération sèche et rapide de ses diffé-
rents produits ; elle a cru préférable pour montrer les résultats théra-
peutiques que peut obtenir le médecin, en prescrivant des médica-
ments galéniques bien préparés, de résumer la pharmacologie de
chaque drogue qui a servi à les préparer. Le praticien se trouve em-
barrassé dans le choix des nombreuses formules de potion qu'il trouve
dans les divers formulaires : trop souvent elles sont défectueuses, et
beaucoup ont une saveur insupportable. Ici, aucune formule n'est
donnée qu'elle n'ait été préalablement expérimentée, et l'on s'est
attaché à les rendre, sinon bonnes au goût, tout au moins pas désa-
gréables. En somme, excellent livre, qui, de l'aveu des auteurs, con-
tient de nombreuses lacunes, mais que l'on est disposé à compléter
ultérieurement, grâce au concoure de tous, médecins et pharmaciens.
Il a, tel qu'il est, sur tous les formulaires, un avantage précieux :
c'est d'avoir trois parties, supplémentaires, la première consacrée
aux extraits officinaux des diverses pharmacopées, et à leur mode de
préparation suivant les pays ; la deuxième contenant un dictionnaire
pharmaceutique latin français; la troisième traitant des incompati-
bilités médicamenteuses.
13 et 14. — Le volume que le D^" Sicard de Plauzoles" vient, après
tant d'autres auteurs, de consacrer au problème si palpitant d'in-
térêt qui préoccupe tous ceux qui ont le souci de l'avenir du pays :
La Maternité et la Défense nationale contre la dé-population, fait partie
— 313 —
de r « Eaicyclopédie d'assistance, de prévoyance et d'hygiène sociale »^
fondée par le D^ A. Marie. C'est une étude de la dépopulation envi-
sagée au point de vue de ses causes sociales : la limitation volontaire
des naissances, résultant des difficultés économiques de l'existence et
du développement de l'individualisme et de la prévoyance; la mor-
talité infantile, conséquence presque fatale de la misère des femmes,
appartenant aux classes laborieuses, obligées, pour gagner leur pain,
de se soustraire à la maternité et de sacrifier leurs enfants. Pour
l'auteur, le seul moyen de diminuer la mortalité infantile et de relever
la natalité, est d'instituer une protection efficace de la maternité,
organisée en service national, de telle sorte que la femme pauvre
trouve la sécurité dans la maternité; que la collectivité assure à la
femme enceinte, à la femme en couches, à la mère nourrice, le repos,
les soins, les moyens d'existence nécessaires à la santé de la mère
et à la vie de l'enfant ; que la loi intervienne pour que l'enfant ne soit
plus séparé de sa mère, ni privé de son lait, et que l'allaitement maternel
soit obligateire. Comme conséquence, il faut que la maternité soit
considérée comme une f<3nction sociale, et rétribuée par la nation;
que toute mère pauvi'e soit la nourriee payée de son propre enfant,
que toute mère reçoive pour élever ses enfants un salaire do maternité
proportionnel au nombre de ses enfants. 11 faut créer un budget de la
maternité aussi nécessaire à la défense nationale que les budgets de la
guerre et de la marine. On voit, par cet exposé, que l'auteur de cette
étude est un fervent adorateur du Dieu-Etat. C'est, en outre, un illu-
sionné. Assurément, il y a d'excellentes choses dans son li^^•e, mais il
se trompe du tout au tout sur les causes de la dépopulation et les
remèdes qu'il faudrait y appliquer. Le mal sévit, en effet, sur lès
familles aisées bien plus que chez les malheureuses, et il a pour cause
essentielle une soif exagérée de jouissances matérielles. Et puis, comme
l'a dit Joseph de Maistre, faire des enfants n'est que la partie maté-
rielle et basse du mariage; faire de ces enfants des hommes est surtout
la chose à laquelle doivent s'attacher les parents. Et ee n'est que par
le retour aux idées religieuses qu'on atteindra le double but d'avoir
des familles nombreuses et une population moralement saine. —
La Lutte contre lu prostitution^ de M. R. Décante, appartient à la
même collection que le précédent ouvrage. On sait en quoi consiste
l'ancienne régiementation policière relative aux prostituées; for-
tement battue en brèche depuis quelques années, il semble qu'elle
doive, à bref délai, être assez sensiblement modifiée. Pour l'auteur, la
lutte contre le mal n'est plus enserrée dans la formule surannée qui
reconnaît simplement aux gouvernements le droit et le devoir de
combattre l'influence du fléau, d'en limiter les ravages, de le restrein-
dre aux proportions qu'indique la prudence, et surtout de ne pas le
— 314 —
laisser se propager publiquement, au détriment des bonnes mœurs
et à la honte de l'humanité. Force lui est de convenir que cette tâche
subsiste tout entière, mais il admet, comme beaucoup d'écrivains
l'ont fait ces derniers temps, qu'à côté « de la morale, de l'utilité
sociale, du salut public et de la raison d'État, il y a un autre morale
à faire triompher, la morale rationnelle et juridique, celle du respect
des droits et des hbertés ». Pourtant, il s'est tenu en dehors des que-
relles d'école, se bornant à marquer les étapes de la lutte entre les
réglementaristes et les abolitionnistes, et à indiquer sa tendance
actuelle.
15. — C'est éminemment un opuscule de vulgarisation que V Hy-
giène infantile du D^" \'ariot, qui pense devoir faire appel, pour la
sauvegarde de la première enfance, « à toutes les bonnes volontés, et
spécialement aux institutrices et aux maîtresses, pour l'aider à dif-
fuser parmi les jeunes fdles les notions de l'hygiène infantile. » L'au-
teur, contrairement à ce quepensele'professeur Pinard, n'estpointd'avis
que la vulgarisation des notions d'hygiène de la première enfance
doive être un enseignement scolaire. Il pense qu'on pourrait organiser
des conférences d'éducation maternelle, ou bien le soir, ou bien les
jours de congé, et y convier les jeunes fdles, celles qui fréquentent les
patronages, les œuvres post-scolaires, etc. Quoi qu'il en soit à cet
égard, c'est un petit opuscule excellent et que toutes les jeunes mères
ou les jeunes personnes se destinant au mariage liront avec le plus
grand profit.
16 et 17. — Le petit livre de M. Juillerat : L'Hygiène du logement,
n'a pas été écrit pour les hygiénistes professionnels. Il s'adresse à la
foule de ceux qui, ayant à faire choix d'un logement, tiennent à s'as-
surer des conditions qu'il doit présenter au point de vue de l'habi-
tabilité, conditions trop souvent négligées de la plupart. M. Juil-
lerat n'est point médecin; néanmoins, la charge de chef de bureau
des logements insalubres qu'il remplit depuis un nombre respectable
d'années, l'a mis à même de saisir les l'apports qui existent entre
les dispositions des logis et les maladies et la mortalité des habitants.
Ceux qui se donneront la peine de parcourir son travail ne tarderont
pas à être convaincus que le choix et l'entretien d'un appartement
ne sont point affaires négligeables, et que nombre d'aiTections plus
ou moins graves ne tiennent trop souvent qu'à l'insalubrité des locaux
habités. — Pas plus que le précédent ouvrage, l'Hygiène des dys-
peptiques ne vise le public médical; il est écrit très simplement,
dans un style débarrassé de tous les mots d'origine grecque et latine,
qui désorienteraient les lecteurs auxquels il s'adresse.
18. — Le Précis de siojnatologie, de M. J. Redier,ouvrage dont le
premier tome a seul été publié jusqu'à présent, est destiné à être un
- 315 -
manuel pour ceux qui, médecins ou non, désirent se consacrer à la
profession de dentiste. Cette première partie comprend des notions
anatomiques étendues sur la constitution de la bouche et des dents,
et leur mode de développement. La pathologie dentaire (accidents
consécutifs à l'éruption dentaire et carie) surtout a été traitée avec
ime abondance assez grande de détails. xMais l'auteur a tort de ne
faire remonter qu'à une trentaine d'années la connaissance des acci-
dents provoqués par les dents de sagesse.
D^ L. DE Sainte-Marie.
THÉOLOGIE
ItH Vie lillii*^°ic|Ue, ou VAnie se nourrissant, se consolant et tendant à
sa destinée dans le service de Dieu par VEglise, par Eugène Chipier.
6e éd. Lyon et Paris, Vitte, 1908, in-16 de xxii-434 p. — Prix : 3 fr.
Le succès de cet ouvrage, parvenu à la sixième édition, témoigne de
la faveur dont jouit, auprès des âmes pieuses, toute œuvre capable
de bien faire comprendre et aimer la liturgie catholique. Ici, la litté-
rature, la poésie, la piété marchent de concert; elles marchent dans
une gradation harmonieuse : la vie; la vie pour le service divin; le
service divin par la liturgie; la liturgie par le sacrifice eucharistique;
le sacrifice eucharistique s'accompagnant de notre louange et de nos
souffrances; à l'image de la lampe du sanctuaire; puis le sacrifice de
louange se continuant dans l'office de vêpres, de compiles et dans tout
l'office canonique; le chant, enfin, prêtant son concours à la prière.
Cette marche du chrétien en chacune de ses journées lui fait parcou-
rir le cycle annuel des fêtes chrétiennes. Il puise dans les sacrements
la vie qui l'anime, finalement, dans les circonstances présentes, si
dures pour l'Église; il trouve dans la liturgie l'aliment nécessaire, la
consolation qui encourage, la sécurité dans l'acheminement vers nr.tre
destinée éternelle.
Tel est l'ouvrage d'un prêtre zélé, qui nous livre le secret du succès
de son action pastorale. Par la liturgie, il a instruit, consolé, vivifié
ses paroissiens. Grâce à son «excellent livre»,' — ainsil'a appelé le P. Mon-
sabré, — de nombreux prêtres et de nombreux fidèles connaîtront,
aimeront, vivront la liturgie romaine et, ajoutons, romano-lyonnaise,
car l'auteur n'a pas oublié qu'il appartient au clergé de Lyon.
Nous avons regretté qu'après avoir fait gravir à son lecteur les
degrés de l'échelle de la vie humaine en son premier chapitre, l'auteur
renvoyât au chapitre XIII : des Sacrements, le dernier échelon : la vie
surnaturelle. N'est-il pas vrai que toute la hturgie catholique se meut
à ce niveau supérieur? Sans doute, cela est supposé, mais pourquoi
ne pas le proclamer tout d'abord? A. Vigourel.
— 316 -
Eia Fotf catholique, par l'abbé H. Lesktre. 3' édition. Paris, Beau-
chesne, 1909, in-l6 de x-^97 p. -- Prix : 3 fr. 50.
Paru il y a seulement quelques mois, ce livre a déjà eu grand succès.
Il semble destiné à en avoir plus encore, et pour longtemps. Il ré-
pond, en eiïet, et très bien, à un désir ^^vement senti et qu'on entend
exprimer à chaque instant. C'est, en une langue limpide et transpa-
rente, un exposé clair et précis de la foi catholique. Il existe déjà,
comme le remarque l'auteur, beaucoup de ces exposés, « et dont
plusieurs sont excellents ». « Il n'y en aura jamais trop, nous dit-il,
car la religion aurait peu à craindre des pires hostilités, si celles-ci
ne trouvaient une alliée docile dans l'ignorance du grand nombre. »
Ajoutons qu'il n'y en a probablement pas d'aussi bon, ni qui réponde
si bien aux besoins actuels. Apres un Avant-propos, où sont indiqués la
suite, l'ordre et le lien des questions, suit, en trente chapitres, l'exposé
même des principales vérités de la foi. Les six premiers sont comme
une Introduction. Ils ont pour objet le pouvoir et les limites de la
raison, la révélation et la foi, le dépôt et la garde de la révélation, la
mission et les prérogatives de l'Église enseignante. Viennent ensuite
Î83 vérités spéciales : Dieu et le monde; Jésus et son œuvTe, et, à côté
de lui, la \ierge Marie; l'Église, sa constitution et ses propriétés
distinctives ; la morale catholique; la vie surnaturelle, la grâce ac-
tuelle, la prière, les sacrements; le culte divin, la Providence, l'autre
vie, l'éternité. Dans ce cadre souple et ferme se présentent tom* à
tour les principales vérités de notre foi, sans longs détails évidemment,
mais aussi sans confusion ni raideur. Il était difTicile de dire plus de
choses en moins de mots, avec précision et clarté, sans sécheresse ni
tension. Souvent l'expression est empruntée à l'Écriture ou au lan-
gage officiel de l'Église, définitions ou explications des conciles et des
Papes. La justification du dogme se fait tout naturellement par
l'exposé même, et les fondements scripturaires ou traditionnels de
la croyance, aussi bien que les motifs de crédibilité, sont indiqués
avec soin.
Je n'ai guère noté que deux ou trois points qui, à mes yeux, lais-
sent à désirer :
1° Avec beaucoup d'aipologistes populaires ou même de théolo-
giens vulgarisateurs, l'auteur, p. 234, expHque l'axiome Hors de
l'Eglise pas de salut, en l'entendant de l'âme de l'Église, non de son
corps '^ tel n'est pas. le sens traditionnel de l'axiome et la question se
repose toujours du rapport qu'il y a entre l'âme de l'Église et le corps
de l'Église, et comment on peut être de l'âme de l'Église sans être de
son corps.
2° Tout en reconnaissant, p. 174, que la science humaine du Christ
« s'est certainement étendue à toutesles connaissances qui intéressaient
— 317 —
sa mission », l'auteur tient que Notre-Seigneui' « se contentant de
connaître ce qu'il lui fallait savoir pour instruire les hommes des
choses du salut, voulut humblement ignorer tout le reste et n'apprit
des choses de ce monde que ce qui lui venait par l'expérience quoti-
dienne ». Même si l'opinion est défendable, en ces termes discrets et
mesurés, et j'avoue que le silence de l'auteur sur la vision béatifique
du Christ me laisse perplexe à cet égard, on ne peut donner cola
comme acquis, l'opinion contraire étant et ayant toujours été beau-
coup plus commune. Même remarque pour ce qui est dit, p. 471, du
temps où doit finir le monde : « Le Fils même, dans son âme humaine,
n'en a point connaissance, parce que c'est une question sur laquelle
il n'a pas à faire de révélation », avec cette circonstance aggravante
que l'on ne voit pas comment concilier cette assertion avec le prin-
cipe formulé plus haut par l'auteur que la science humaine du Christ
« s'est certainement étendue à toutes les connaissances qui intéres-
saient sa mission ».
3° Ma dernière réserve regarde ce qui touche à la résurrection.
L'auteur, p. 473, formule parfaitement le dogme cathoUque, soit dans
les termes officiels de l'Église : « Je crois la vraie résurrection de ce
corps que j'ai maintenant »; soit en son propre nom : « Dieu veut
que l'âme retrouve un jour son corps dans l'autre vie, afin que ce
corps, qui a concouru à ses actes bons ou mauvais en ce monde,
devienne pour elle un élément de bonheur ou de malheur dans r"éter-
nité ». Mais je crains que ces formules ne paraissent un peu sacrifiées
dans l'explication qui suit : « La nature des éléments qui le compo-
seront (le corps) à la résurrection importe assez peu. L'âme animera
ces éléments et en fera ainsi son vrai et propre corps, que les élé-
ments aient tous fait partie ou non de ce corps terrestre ». Le petit
mot tous apporte sans doute à la pensée une limitation importante;
et je reconnais, d'autre part, que tel théologien en vue, le P. L. Billot,
semble bien tenir, comme fait M. Lesêtre, que l'identité du corps
« vient non de la matière changeante, mais de l'âme qui fait la vie
de cette matière. » Mais quelles que puissent être à cet égard nos
opinions métaphysiques, ce n'est pas à la philosophie, c'est à la foi
que nous devons demander notre idée de la résurrection. Or, cette
idée de la foi, telle que nous la trouvons chez les Pères, et telle qu'ils
s'efforcent de la justifier contre les raisonnements trop humains, ne
me parait pas pleinement sauvegardée, si l'on ramène tout à l'union
de notre âme avec une matière quelconque dont elle ferait son corps,
en lui communiquant sa vie.
Nos réserves, on le voit, ne portent que sur quelques détails, et sur
des détails relativement minimes. Mais on A'oudrait n'avoir pas à les
faire quand il s'agit d'un ouvrage destiné à faire tant de bien et que
- 318 -
l'on SG plaît soi-même à rocommandor en toute occasion comme
le meillenr en ce genre. J.-V. Bainvel.
>Saiiit François de S'aleg, texte et éludes fiar FoinuNAT Strû-wski.
Paris, Bloud, 1908, in-16 de 364 p. (Collection La Per.sée chrétienne). —Prix:
3 fr. 50.
M. Strowski est un familier de saint François de Sales, autant pres-
que que de Pascal ou de Montaigne. Dans son Introduction à l'histoire
du sentiment religieux en France au xyii*^ siècle, il a étudié de l'aimable
saint le rôle historique et la physionomie. Ici il s'attache à analyser
et à reproduire sa pensée « en témoin ou plutôt en traducteur. « Lui-
même nous dit très bien ce qu'il aurait voulu faire et qu'il n'a pas fait.
« En commençant ce livre, j'espérais donner un résumé net et métho-
dique de la pensée de saint François de Sales. Je n'avais certes pas
l'illusion que je pommais la réduire à une doctrine systématique :
mais je comptais la dégager des « surcroissances », l'empêcher de
s'épanouir en tous sens, la ramener à quelques directions rigoureuses
et l'y enfermer étroitement. Je n'y ai pas réussi; je ne regrette pas
de n'avoir pas réussi. Je n'ai pas réussi, parce qu'il n'y a pas
une seule page de saint François de Sales, ni une seule idée dans
ces pages, qui ne soit ample, subtile, étendue en tout sens, riche
et bruissante comme un arbre dans une forêt. Je ne regrette
pas de n'avoir pas réussi, car il serait bien ridicule de vouloir
faire l'image d'un arbre et Timage d'une forêt si l'on ne tient compte
ni des racines, ni des branches, ni des feuilles, ni des fruits. » 11 y a
trace, en effet, à travers le volume, dans les débuts surtout, d'un
effort pour dégager les idées directrices, et cet effort n'aboutit pas.
Peut-être ne pouvait-il pas aboutir; et, s'il le pouvait, peut-être
n'était-ce pas désirable; car ce n'eût été sans doute qu'aux dépens
de la vérité vivante et concrète, en appauvrissant et mutilant la
riche et complexe réalité. C'est déjà beaucoup que M. Strowski nous
aide à reconnaître « les aspects significatifs de la forêt, après en avoir
surpris la A'ie ». Il le fait en nous offrant ces extraits et ces analyses, le
tout entremêlé de réflexions justes et d'explications utiles. C'est sur-
tout le psychologue que M. Strowski nous montre; mais ç^e psychologue
est aussi un homme de doctrine, et il faut ajouter, un homme de Dieu,
un saint et un apôtre. « La pensée de saint François de Sales, si voi-
sine de Montaigne par le sens du réel et par l'observation précise des
âmes, si voisine de Platon par le sens du divin et par la description
du monde supérieur, a eu pour base l'enseignement de l'Église catho-
lique. Parmi les penseurs chrétiens, l'auteur de V Introduction à la
vie dévote et du Traité de l'amour de Dieu est un des plus originaux
et, pourtant, il y en a peu qui aient aussi fidèlement que lui représenté
a
— 319 —
la Pensée ehrélienne. » Ceux qui voudront connaître la doctrine du
saint et avoir sa direction, comme ceux qui en font leur « lecture spiri-
tuelle », devront continuer à lire dans le texte intégral V Introduction^
V Amour de Dieu, les Entretiens, les Sertnons, les Lettres. Mais qui ne
veut que prendre un moment contact avec lui pour voir sa manière et
se faire une idée de l'homme, de l'écrivain, et de ses principaux chefs-
d'œuvre, trouvera en M. Strowski un excellent guide et dans ces
extraits des spécimens exquis. J.-V. Bainvel.
lia 4|jiie»tioM leligicii^v, ciic|iièle interiintfoiiale, par Fré-
déric Charpin. Paris, Meicure de Fiance, 1108, in-lS de 3cl5 p. — Prix :
3 fr. 30.
I^a mode, dit-on, est aux enquêtes. Encore faudrait-il enquêter
sur un objet qui en soit susceptible. On enquête pour découvrir un
coupable; on enquête pour contrôler un fait; M. Caillaux enquête
pour savoir ce qu'il y a dans nos bourses; mais nous comprenons mal
une enquête sur l'avenir. Le sentiment religieux est-il en évolution ou
en dissolution? C'est un sujet sur lequel les recherches n'ont aucune
portée certaine. Chacun répond suivant son impression personnelle.
Le recueil de réponses publiées par M. Charpin n'a qu'un intérêt,
c'est de faire connaître l'état d'esprit de gens très intelligents, quel-
ques-uns même éminents. Il y a quelques bonnes réponses des catho-
liques, par exemple celle de Dom Besse et celle de l'abbé Wekerlé.
M. de Mun, qui avait cru d'abord ne pas devoir répondre, s'est exé-
cuté après coup dans une page magistrale. Tous ces messieurs sont
unanimes à repousser l'idée d'une dissolution ou d'une transformation
profonde du catholicisme. Mais ces réponses sont relativement peu
nombreuses; M. Charpin le regrette lui-même; il aurait tort de s'en
étonner, car la question qu'il a posée est de celles sur lesquelles les
catholiques ne sauraient admettre aucun doute.
Il y a quelques réponses de sectaires décidés pour lesquels la reli-
gion est un cauchemar qui doit disparaître. Le plus grand nombre
de lettres expriment plus ou moins l'idée que le sentiment religieux
est indestructible, mais que la forme dans laquelle il s'incarne importe
peu. Quelques Imaginatifs tels que M. Minsky et M. Dimitry Merej-
kowsky se doni^ent l'innocent plaisir de décrire une forme future de reli-
gion. La plupart semblent assez disposés à admettre une religion
purement intérieure pourvu qu'elle n'engage à rien.
Ce qui nous étonne, c'est le petit nombre de réponses, même parmi
les catholiques, où l'on mette en avant le point de vue surnaturel. Ce
point de vue est cependant fondamental pour notre foi. S'il ne s'agit
que de morale et de sociologie, toute religion qui admet un Dieu et une
autre vie peut se défendre.
— 320 —
C'est bien en effet le triste spectacle auquel nous assistons aujour-
d'hui, l'oubli par un grand nombre de nos destinées surnaturelles, A
ce point de vue, le sentiment religieux subit dans les masses une
évolution hautement regrettable. D. V.
lia Religion des primitif s, par Mgr A. Le Roy. Paris, Beauchesne,
lyG9, )u-16de vii-bt8 p., avec caries et grav. hors texte. — Prix : 4 fr.
Cette magistrale étude a fait l'objet de conférences données à
l'Institut cathohque par son auteur, du 21 décembre 1907 au 22 fé-
vrier 1908. Elle a l'inappréciable avantage d'être la synthèse, non de
recherches seulement livresques, mais aussi et surtout d'enquêtes
personnelles, multipliées, dui'ant un séjour de vingt années et plus, au
milieu de populations africaines données par la plupart des évolution-
nistes antichrétiens comme des spécimens toujours vivants de l'état
primitif de l'humanité. Or il arrive que ces prétendus primitifs
sont le plus souvent les derniers tenants d'une civilisation assez décré-
pite, et que leur état présent est le résultat d'une déchéance progressive,,
plusieurs fois séculaire. Alors que leurs idées sont embryonnaires et
leurs mœurs d'une brutalité choquante, ils parlent une langue re-
marquable par la richesse des expressions et ce que l'on pourrait
appeler la correction grammaticale, s'il ne s'agissait de gens qui n'ont
pas la moindre idée de la grammaire. Ils répètent invariablement et
d'une façon impeccable, comme celle des perroquets, les mots qu'ils
ont appris de leurs ancêtres. Ce contraste entre la perfection relative
du langage et la rudesse, la grossièreté de tout le reste était un avertis-
sement qui aurait dû guérir de leur manie les partisans du progrès
continu, s'ils n'avaient pas eu leur siège fait. Que du moins ceux qui
sont de bonne foi lisent l'exposé de cette multiple enquête, faite
sur place, durant près d'un quart de siècle, par un observateur sa- ,
gace, merveilleusement outOlé pour la mener à bien, et ils sauront à
quoi s'en tenir sur ces primitifs et, par là-même, sur le primitif. J;e
ne puis qu'indiquer les points traités par l'auteur, la place dont je
dispose ici ne me permettant pas davantage.
Dans un premier chapitre, Mgr Le Roy déblaie le terrain et dit
ce qu'il faut entendre par la science de l'iiistoire des religions appli-
quée aux primitifs; dans le second il étudie le primitif en face de la
nature, tel que certains aiment à se le représenter, tel qu'il est, en
réahté, du moins aujourd'hui, dans la race bantoue. Un troisième cha-
pitre a pour objet le primitif et la famille, pages fort intéressantes sur
le mariage et ses divers modes : monogamie, polyandrie, polygamie.
L'hypothèse d'une promiscuité originelle est démentie par les faits-
La famiUe est fortement constituée chez ces peuplades sauvages.
— 321 —
Le chapitre suivant traite un point également du plus haut intérêt,
savoir, le primitif en présence, non plus de la nature, mais de l'extra-
naturel, sinon du surnaturel; c'est-à-dire, en face du monde invi-
sible; ce qu'il pense des esprits, du Grand-Esprit surtout, de l'âme
et par suite de l'au-delà. Dans le chapitre cinquième, il est démontré
que la morale, chez ces peuples, est étroitement liée à la rehgion, qui,
d'ailleurs, lui fournit sa sanction : la morale indépendante leur est
inconnue; les évolutionnistes la leur prêtent gratuitement. Le culte
qui fait l'objet du chapitre sixième est un singulier mélange
de rites religieux et de pratiques superstitieuses : le prêtre ne se
distingue peut-être pas toujours du sorcier. En réalité, le vrai prêtre,
c'est le chef de famille. La religion du primitif se traduit par la prière
et le sacrifice qui s'adressent à la triple catégorie d'êtres surnaturels:
Dieu, les Esprits, les Ancêtres. Négrilles et Bantous connaissent
aussi la magie qui est bien plutôt une déformation de la religion,
quand elle n'est pas son ennemie, que non pas sa devancière, sa
mère, comme le veulent nos adversaires. L'homme fut religieux avant
d'être superstitieux. Cette magie est étudiée dans le septième cha-
pitre. Le huitième compare les religions des primitifs dans les diverses
parties du. monde, en s'aidant de l'histoire qui seule d'ailleurs peut
éclairer la préhistoire. Le savant auteur termine son étude par une
série de conclusions importantes qui s'imposent à tout esprit non
prévenu. Ce livre, si abondamment et si excellemment documenté,
est une solide réfutation du système évolutionniste, imaginé de
toutes pièces par les rationalistes, uniquement pour combattre le
sarnaturel. A. Roussel.
SCIENCES ET ARTS
Dieu et Seîeiice, par J. dk la Purrièrk. Paris et Lyon, Vitte, 1909,
2 vol. iii-16 de xn-3V4 el 369 p. — Prix : 7 fr.
De nombreuses questions sont traitées et élucidées dans cet ou-
vrage. On y trouve de l'ontologie, de la cosmologie, de la biologie,
de l'anthropologie, de l'ethnographie, du préhistorique, de la psj^-
chologie (au sens ancien du terme), de la sociologie, de l'histoire
ecclésiastique et de la théologie naturelle. Le tout nianié de main de
maître, on peut le dire, et appuyé sur une documentation des plus
étendues, avec références non moins nombreuses.
Le premier volume débute par une dissertation de haute philo-
sophie sur la nécessité de l'Être; l'auteur examine ensuite ce qu'il
appelle les « Existences » : que sont la Matière, la Vie, l'InteUigence,
la Raison, l'Instinct, la Société? et, en second lieu, les « Origines «;
d'où viennent toutes ces existences? Il est ainsi amené à étudier la
AVRIL 1909. T. CXV. 2L
— 322 —
question du transformisme qu'il examine sans préjugé ni parti pris,
faisant valoir impartialement les arguments des deux partis favo-
rable ou hostile, et alioutissant à cette conclusion que les faits établis
jusqu'ici semblent indiquer une intervention créatrice répétée, suivie
d'évolutions limitées.
Tandis que le tome I^^ envisage surtout Dieu et la nature, le tome II
a essentiellement pour sujet Dieu et l'homme. Sur les origines de
celui-ci, sa nature, sa supériorité sur l'animalité, et son unité, sa répar-
tition en races diverses, sa formation sociale, l'auteur a des pages
qui ne le cèdent en rien comme philosophie, science, érudition, réfé-
rences, à celles dont se compose le premier volume. Au point de vue
social, il faut signaler une dissertation, toute fondée sur les constata-
tions historiques, où il est démontré que le progrès ne saurait être
continu, puisque, à des civilisations qui s'éteignent succèdent des
barbaries qui ne remontent que lentement et laborieusement les
degrés de civilisations nouvelles, par l'incessante lutte de l'homme
contre la nature qu'il domine peu à peu. 'Au contraire, le socialisme,
qui est la lutte de l'homme contre l'homme et veut bouleverser l'ordre
social' sans tenir compte de l'élément inhérent à toutes choses hu-
maines, le temps, le socialisme est la contradictoire même du progrès.
La seconde moitié de notre tome second a pour rubrique : Les
Miracles qui prouvent Dieu. Il s'agit ici de ce que l'on peut appeler les
miracles historiques. Le premier de tous est l'histoire de la vie et de
la mort de Jésus-Christ. Le second réside dans la créance « en Jésus-
Christ, » son extension et l'expansion du christianisme. La continuité
et l'état de lutte où vit l'Eglise en tout temps, contre le paganisme,
contre les hérésies, contre l'Empire... en dernier lieu, contre le laï-
cisme, — constitue le troisième miracle. Le quatrième est l'ensemble
des ruines de Ninive et de Jérusalem prophétisées longtemps à l'avance
et du salut de la France par Jeanne d'Arc. Enfin, se groupent, sous
la désignation du « Quatrième miracle », les faits principaux histori-
quement constatés des gi'ands thaumaturges; et à ce -propos, est à
signaler, page 353, une définition très précise et très nette de ce qui
constitue essentiellement le miracle, au sens canonique du terme.
Nous n'avons fait, dans les lignes qui précèdent, qu'efileurer le
sujet très varié et très complexe embrassé par M. de la Perrière. En
indiquer tous les points de vue serait hors de proportion avec les
limites d'un compte rendu. Ce que cet ouvrage implique, chez son
auteur, de lecture, est véritablement effrayant. Philosophes, savants,
historiens de tous les temps- et de tous les pays, aussi bien de l'anti-
quité grecque et latine, de l'Orient, de l'Islamisme, que du moyen
âge et des temps modernes, ont été consultés, cités, au besoin discutés.
La seule critique qu'il serait permis d'indiquer ici, c'est que l'on-
— 323 —
vrage semble manquer un peu d'unité et de méthode. Telles et telles
questions abordées dans le tome I*^^ reparaissent avec plus de détail
dans le tome II. Le classement des matières, dans ce dernier volume,
surtout, n'apparaît pas avec une logique rigoureuse. Mais ces défauts
sont complètement rachetés par l'abondance et la sûreté des infor-
mations, la dialectique concise et serrée, la facilité donnée au lecteur
de contrôler sur tous les points les enseignements donnés. L'apolo-
giste trouvera dans ces deux volumes une mine inépuisable d'élé-
ments de discussion et de réfutation de toute la somme, ou à peu près,
dos erreurs contemporaines. C. de Kirwan.
Amour et Foi, parle comte II. de LaCOMbe. Pajis, PIon-Nourrit, 1909,
in-8 de 327 p. - Prix : 5 fr.
Il n'y a guère plus d'un an que le comte Hilaire de Lacombe est
arrivé au terme d'une vie de bon soldat, dévoué à ses chefs et à son
drapeau, et sans ambition pour lui-même. Ceux qui n'ont pas eu la
satisfaction de le connaître en personne, dans toute la vivacité d'une
intelligence d'ailleurs très cultivée, dans toute la générosité modeste
de son âme, savent, du moins, qu'élève du P. Gratry, il a été honoré
ensuite d'illustres amitiés; que, catholique et royaliste d'éducation
et de conAàctions, il n'a jamais cessé d'être un libéral tout aussi fidèle;
que, pendant cinquante ans, à VArni de la Religion et au Correspondant^
il a défendu sans relâche les causes et les mémoires qui lui étaient
chères. Il a publié les procès-verbaux de la Commission qui prépara la
loi de 1850 sur la liberté de l'enseignement,; il a interprété les instruc-
tions de Léon XIII de la manière à la fois la plus agréable à ce grand
Pape, et la plus propre à rassurer les consciences inquiètes. Des docu-
ments intéressants pour l'histoire politique de la seconde moitié du
XIX'' siècle sortiront peut-être un jour de ses archives, comme il en est
sorti de celles de son frère, M. Charles de Lacombe. Mais le livre pos-
thume déposé aujourd'hui sur sa tombe est tout à fait étranger à la
politique; c'est une œuvre de moraliste chrétien très digne de figurer
à côté des études écrites par lui, en ces dernières années, sur Bossuet.
Ce liv're se compose de notes intimes rédigées par l'auteur à diverses
époques de sa vie, et rassemblées par son fils, sans ordre chronologique.
Ce n'est pas un journal ; on y entrevoit seulement certaines circonstan-
ces de cette vie ayant laissé une trace profonde dans l'âme de l'au-
teur. Indiquées par lui avec discrétion, mais non sans charme, elles
lui ont inspiré des réflexions d'une portée très générale et très haute,
et d'une forme poétique qui ne nuit pas à la précision de .la pensée,
sur la puissance et la beauté des affections que la loi divine autorise et
recommande, et sur les espérances nécessaires pour sauver ces affec-
tions d'une désespérante fragilité. Jamais on n'a parlé avec une déli-
— 324 —
catesse plus pénétrante de l'amour materni'l (p. là 5), des amitiés qui,
« mêlées à notre vie, nous demeurent présentes dans la mort » (p. 315
à 319), de ce sentiment de l'honneur comparable à la voix du torrent
dans la montagne, « voix grondante et menaçante qui ne veut jamais
se taire, et qui, sans souci du soleil et de la fête, crie plus fort que tout
le monde ». (p. 283.)
L'idée de la mort revient très souvent dans tout le livre, mais sans
amertume ni découragement de l'action. Il faut, dit l'auteur, « faire
sa paix avec la mort >^ (p. 306). Son extrême sensibilité même l'in-
cline vers la mélancolie, et le tour très naturellement romantique de
son imagination le porte à chercher les harmonies entre ses sentiments
intérieurs et les spectacles de la nature. Quelques-unes de ses Médita-
tions offrent ainsi, avec le Journal de Maurice de Guérin des ressem-
blances d'autant plus curieuses qu'elles n'ont pas été cherchées.
Toutefois, son inspiration religieuse et morale est bien plus ferme,
parce qu'elle n'est pas altérée par la souffrance physique; il se défend
mieux par la foi contre le pessimisme, et reconnaît que le monde d'ici-
bas est déjà « plein de bonheur perdu par mégarde, perdu par notre
faute.)) — «L'homme, ajoute M.deLacombe, y trouverait plus de bonté
s'il était meilleur lui-même. Il traîne après lui une ombre doulou-
reuse, la sienne, qui, se projetant à l'entour, l'empêche de voir l'œuvre
divine. )) Aucune citation, mieux que celle-là, ne peut donner un
exemple du charme et de l'originalité d'Hilaire de Lacombe comme
pen-^eur. Ch. de Loméme.
lu» ^'Oâx proieBSioiiBielle. Leçons pratiques de physiologie appliquée
aux carrières vocales (enseignement public, barreau, théâtre). Cours du
Théâtre Réjane (1907-1908), par le D' Pierre Bonnier, Paris,
Larousse, s. d. (1908), petit in-8 de 206 p., avec 39 fig. ~ Prix : 2 fr.
Cet ouvrage n'est pas une méthode, ce n'est pas non plus un exposé
synthétique. . . « Je n'ai fait, dit le D^ Bonnier, que mettre un certain
ordre pratique dans une foule de petites observations, de petites expli-
cations que j'ai eu souvent occasion de répéter à des professionnels
en étudiant avec eux leurs voix dans ses performances et ses trou-
bles. Tout ceci est de l'analyse sans aucun luxe de notions anecdoti-
ques ...»
Le volume se di^nse en deux grandes parties ou sections : I. Théorie
de la voix. — II. Pratique de la voix, et un appendice, sorte de diction-
naire qui donne, en quelques mots, la définition des termes les plus
employés. Dans la première section, l'auteur traite, d'une façon très
scientifique et suffisamment détaillée, les sujets suivants : a) Le Son,
sa nature, ses qualités, intensité, hauteur, timbre; sa propagation, sa
production. — b) Un Son voulu. C'est le point le plus fouillé. L'auteur,
un médecin, ne l'oublions pas ■ — mais un médecin doublé d'un artiste
— 325 —
à la science profonde, étendue • — étudie et décrit con amore, avec
figures à l'appui, l'appareil vocal, le geste respiratoire, le geste
vocal, etc. Cette partie, un peu aride pour les profanes, court le risque
d'être lue trop superficiellement par ceux qui n'ont fait de la physio-
logi\3 qu'une étude très imparfaite, sinon nulle. A notre avis, on aurait
tort de ne pas s'y arrêter, même avec attention. Le simple chanteur
y trouvera des notions à sa portée sur la constitution de l'appareil
vocal, qui l'aideront à mieux s'assimiler les enseignements pratiques
de la seconde partie. — c) A une distance çoulue. Ce paragraphe est
court mais 1res important. De fait, c'est la base théorique de tout
l'ouvrage. L'auteur résume sa pensée dans ces quelques hgnes : « Le
but réel de la voix, c'est la mise en sonorité d'une partie définie de
l'espace qui nous entoure, celle où se trouvent nos auditeurs... » Le
chanteur, l'orateur dci' ent donc savoir où ils envoient leur parole,
leur chant. . . l'ignorer est aussi absurde que de ne pas savoir où l'on
tire quand on épaule son arme ...» Dès lors, importance de la pose de
la çoix, de la portée de la voix. 11 y a dans ce paragraphe beaucoup à
apprendre; d'aucuns y trouveront des aperçus très curieux qui seront
matière à réflexion et à. . . conversion peut être !. . .
De la deuxième section : Pratique de la voix, il nous suffira d'énu-
mérer les paragraphes pour en montrer l'importance : 1° La Voix dès
Venfance. Nécessité d'une éducation scientifique et d'une éducation
physiologique; conseils à l'éducateur, au médecin; 2" La Voix pro-
fessionnelle. L'auteur passe en revue tous ceux dont la voix est l'instru-
ment, l'outil indispensable... Encore faut-il savoir en user!... 3°
Pratique de la voix chantée. Données précises sur la respiration; pas
do respiration dite abdominale. Ici, l'auteur revient pratiquement
sur la pose de la voix : « La projection vocale est semblable à toute
autre projection. Je dois entendre ma voix arriver à destination. . .
savoir produire le maximum d'efîet avec le minimum d,' effort ...»
Plus loin : « Rien n'est plus méconnu que l'art de poser la voix; rien
n'est plus utile cependant, car aucune voix ne tient si elle n'est posée. »
Les conseils du D^" Bonnier seront précieux à ceux qui ont à parler
ou à chanter en public ; sans doute la lecture de cet ouvrage ne rem-
place pas les cours pratiques si intéressants que fait l'auteur au théâtre
Réjane, mais nous voulons espérer qu'un professeur de chant aura la
bonne inspiration de puiser dans l'ouvrage du D^" Bonnier et de tra-
duire cet enseignement sous une forme didactique avec exercices
gradués ; ce serait combler une lacune et sortir de l'ornière traditionnelle
où sont enfoncées depuis si longtemps quantité de méthodes, ou vieilhes
ou incomplètes. Celle du D^' Bonnier aurait l'avantage de reposer sur
des données physiologiques sérieuses et sérieusement étudiées.
C. MÉGRET.
~ 326 —
€Eiivre<« sociales des feiiimes, par Paul Acker. Paris, Plon-Nour-
nt, 1908, in-lô dex-2i:iOp. — Prix : 3 fr. bO.
Entreprises sur le conseil de M. Brunetière, dont le souvenir est
évoqué dans une Préface reconnaissante, ces études, parues à la
Revue des Deux Mondes, méritaient d'être recueillies en volume. Le
romancier, jeune, mais déjà fort apprécié, qui les a écrites, abien observé
les principales manifestations nouvelles de l'activité des femmes de
France dans le domaine social. 11 rappelle d'abord les efforts faits
pour développer l'éducation sociale de la femme : les conférences
données, en 1900, chez la baronne Piérard, rue d'Athènes; le grou-
pement de V Action sociale de la jemme fondé par M^^^^ Chenu; le
centre de cours et d'enseignement organisé rue \"aneau, au Foyer,
par RP"e Thome. A ïa sollicitude pour l'enfant il rattache non seule-
ment la Ligue fraternelle des enfants de France, œuvre de AP^*^ Lucie
Féîix-Faure, mais encore Y Union fcimilixde, actuellement rue de
Charonne, 172, dont ^Ple Gahéry est l'âme, les maisons sociales,
l'école ménagère normale installée avenue de Breteuil par M"^^ de
Diesbach, les formes si intelligentes et si efficaces de charité que
Mlle Chaptal pratique à Plaisance. Ce qui intéresse spécialement la
jeune fille, ce sont l'Aiguille, très bel exemple de syndicat mixte qui
doit tant au Père du Lac, les svndicats d'ouvrières Ivonnaises de
AP'*^ Rochebillard, les associations professionnelles de la rue de
l'Abbaye, à Paris, la Ligue sociale d'acheteurs, dont ^P^^'? Jean Bruhes
est l'initiatrice en France, YŒuvre catholicjue internationale de la pro-
tection de la jeune fille fondée à Fribourg 'en 1897, YŒuvre des gares,
YŒuvre des maisons de famille. Enfin, ce sont tous les membres de
la famille qui profitent des Jardins ouvriers, du Travail au foyer, de la
Presse pour tous, de la Mutualité féminine, —\oi\k de beaux exem-
ples donnés par les femmes françaises et qui devront à M. Paul Acker
un plus large rayonnement bienfaisant.
B.vRO.N J. Angot des Rotours.
Corres|ioii(Sanee «I'Alexaxdre de IIumboldt avec François
Ai'ago (i^Otl-l ^53). publiée avec une Préface et des notes par
le D"^ E.-T. IIamy. Guilmoto, s. d., in-18 de xvi-377 p. — Pris : 3 fi-. .=jO.
Cent vingt-quatre lettres d'Alexandre de Humboldt dont cent
quinze adressées à François Arago, et les neuf autres, après la mort
du grand astronome français, aux membres de sa famille, telle est la
substance de ce volume. L'expression d'une tendre amitié du savant
prussien pour Arago et l'exposé de travaux et observations scien-
tifiques divers, ont fait, durant une période de 44 ans, tout le fond
de cette correspondance qui ne prit fin qu'après la mort de notre
grand astronome, en 1853. — Comme le dit ^L Hamy, dans la Pré-
— 327 —
face dont il fait précéder la publication de ces lettres, elles constituent
'( un volumineux dossier, d'un prix inestimable, pour l'histoire de la
science et des savants de l'Allemagne et de la France », durant une
part notable de la première moitié du xix^ siècle. Qu'il s'agisse du
récit de trois ascensions au Vésuve, du résumé d'observations scien-
tifiques faites à Metz ou à Francfort, d'une descente dans le tunnel
alors en construction sous la Tamise, ou de grands voyages en Asie
jusqu'à la Tartarie chinoise, en compagnie des savants Mitscherlich
et Rose ; ou bien que soient abordées les questions de science pure
qui ont toujours hanté l'esprit du grand explorateur, l'auteur du
célèbre Cosmos assaisonne toujours ses lettres à l'auteur de V Astro-
nomie populaire d'un aimable enjouement ou des témoignages d'une
amitié toute fraternelle. L'intimité vraie, — celle dans laquelle l'ami
ouvre son cœur à son ami et lui confie ses peines et ses douleurs, ou
bien prend sa défense quand il est attaqué — tient une place impor-
tante dans cette Correspondance. On peut dire que si la part de l'es-
prit, de la science, en occupe la place principale, la part du cœur
y est presque aussi étendue. D'ailleurs, le côté scientifique s'y pré-
sente toujours d'une manière aimable et avec une clarté de bon aloi.
C. DE KiRWAX.
Ij» Crise iinvale, par Charles Chaumet. Paris, Chapelet, 1909,
in-12 de 340 p. — Prix : 3 fr. 50.
M. Chaumet, qui fut, en 1908 et en 1909, rapporteur du budget delà
marine, publie aujourd'hui ses deux rapports, vraiment remarquables,
tels qu'ils ont été remis aux députés. Ces documents, auxquels ont
été ajoutés les débats de la Chambre des députés, constituent un vo-
lume très intéressant ; mais ce ne sont là que les éléments d'un ouvrage.
Ces travaux considérables auraient gagné à être fondus et amalgamés;
l'ensemble aurait été ainsi d'une lecture plus facile et plus impression-
nante. Quoi qu'il en soit, ce volume vient bien à son heure, au moment
où le ministre actuel de la marine est à la veille de déposer son bilan,
selon l'expressoin consacrée. Si l'on en juge par les faits exposés dans
la « Crise navale » et par les conclusions aussi lamentables qu'exactes
que M. Chaumet en a tirées, on peut prévoir que ce bilan sera celui
d'une faillite. En suivant page par page le député de la Gironde, qui
a étudié en 1908 les divers rouages de la marine, et, en 1909, la flotte
française, d'abord elle-même, puis, par rapport aux forces des diffé-
rentes puissances, et enfin, en vue des économies à réaliser, il est
navrant de constater à quel degré de faiblesse, d'anéantissement
même le régime actuel a pu, en moins de trente ans, conduire la
marine. Rien n'existe plus, tout est vicié et pourri et chaque année
voit augmenter la distance qui sépare la flotte française de la flotte
— 328 -
allemande. L'argent que le Parlement n'a jamais refusé, est gaspillé
et a un rendement infime, et cependant, tout le monde se plaît à le
reconnaître, fonctionnaires et officiers de la marine sont d'une scru-
puleuse honnêteté. Que serait-ce s'il en était autrement? Mais, ici
comme partout, la critique est aisée et l'art est difficile. M. Chaumet
préconise bien un remède : nommer une commission extra-parle-
mentaire qui établira les bases d'une réforme organique. . . Hélas ! on
a tant vu de commissions ne rien établir qu'on reste sceptique, d'autant
plus que le mal est profond et la tâche bien lourde ! J. C. T.
Hnnuel pratique du conféreiicier-pi'ojevtlonni«<e, pai G-
MiGHUL GoisSAC. Pans, Maison de la Houne Presse, s. (i. (19(i8), petit
iu-8 de xv.'2l8 p., avec fig. — Prix : 2 fr.
M. G.-Michel Goissac n'est pas un inconnu pour le PoJybiblion, où
tout le bien que nous pensons de son traité intitulé : La Théorie et la
pratique des projections a déjà été dit. Aujourd'hui, il édite un « Ma-
nuel, » qu'il qualifie modestement de résumé de son traité, mais qui,
réellement, est un livre nouveau. S'il suit pas à pas son aîné auquel il
se réfère d'ailleurs fréquemment, il est cependant complet par lui-
même et renferme mille détails pratiques, des trucs de métiers, des
tours de main, des conseils précieux, qui ne se trouvaient pas dans le
grand ouvrage. Il s'adresse donc non seulement aux conférenciers pro-
jectionnistes, dont il sera le très précieux compagnon, mais encore aux
professionnels et aux amateurs déjà en possession du volumineux
traité. Les uns et les autres y trouveront, pleinement exposé, après un
court historique, tout ce qui concerne la lanterne,les sources lumineuses
et les vues. Enfin, un dernier chapitre, non le moins intéressant, est
consacré à la séance de projections elle-même. L'auteur y donne de
minutieux conseils, tous bons à méditer et à suivre, et se livre même
à de courts aperçus psychologiques sur la mentalité du conférencier
et de ses auditeurs, qui ne sont les pages ni les moins attachantes
ni les moins utiles. En résumé, ce manuel, pratique, portatif et, ce qui
ne gâte rien, très bien édité, doit être le vade-mecum du professionnel
comme de Tamateur. J. C. T.
LITTÉRATURE
El' Elite de la Révolution Discours et rapports de Robes-
pierre, avec une Introduction et des notes par Claude Vellay. Paris,
Fasqueile, 1908, in-12 de xx-iSO p. ~ Prix : 3 fr. 50.
L'entreprise de réhabilitation et de glorification des hommes de la
Révolution continue. C'est un bloc intangible et malheur à qui y
touche ! Il semble même que les plus répugnantes figures soient les plus
adulées. Après Saint-Just, après Marat, c'est aujourd'hui le tour de
— 329 —
Robespierre. En attendant que M. Viviani lui élève une statue, M.
Cbarles Vcllay publie ses œuvres, ses discours et ses rapports, depuis
lo discours du 5 février 1791 sur l'organisation du jury, jusqu'à la
suDrême défense du 8 thermidor an II, en passant par le discours du
30 mai 1791 où l'homme qui devait couvrir la France d'échalauds
et l'inonder de sang, réclamait l'abolition de la peine de mort.
C'est assurément l'un des plus tristes symptôines de l'abarration
das esprits, en ce commencement de siècle, qu'on puisse présenter
comme un héros l'homme qui a écrit que la terreur est une é Tianatioa
a d3 la vertu. » R. M.
Au milieu du elieinin de uoire ^îe. Poènies» légendaires,
symboliques et l'eligieux, par Dom Bruno Destrée. Paris,
Bloud, s. d., in-16 de xiv-278 p. — Prix : 3 fr.
C'est en méditant les vies des saints et les pieux récits de l'hagio-
graphie que le P. Dom Bruno Destrée a été attiré du monde dans
le cloître pour y mieux suivre la voie où tant de héros l'avaient pré-
cédé. Il a pensé que ses méditations et ses élévations d'autrefois
pourraient faire du bien aux âmes et, qui sait? entrahier quelques-unes
à sa suite dans le chemin où il a trouvé la joie et la paix, et tel est
l'objet du charmant livre qu'il publie aujourd'hui sous le haut patro-
nage du cardinal archevêque de Alalinep. Ce livre contient d'abord ce
qu'il appelle des poèmes légendaires, consacrés à faire revivre les
touchantes figures chrétiennes de sainte Dorothée de Cappadoce, de
sainte Rose de Viterbe, de saint Jean Gualbert, enfin de saint Pierre.
Puis vient un joli conte écrit en marge de l'Evangile sur lesroismagcs,
malheureusement non terminé, enfin les poèmes symboliques et reli-
gieux, où les spectacles de la nature, embellis et vivifiés par l'ima-
gination chrétienne, élèvent les âmes à Dieu. Toutes ces œuvres sont
charmantes et poétiques, à ne les prendre même que du point de vue
littéraire, mais elles sont surtout édifiantes, et créent autour des
âmes comme une atmosplière de piété tendre bien propre à faire
aimer et goûter les choses do Dieu. Le cardinal Mercier place l'auteur
en compagnie de Manzoni, l'auteur des Inni Sacri, de Newman,
l'auteur du Dream oj Gerontius^ de Guido Geselle, de Johannes Joer-
gensen; il mérite vi*aiment cet honneur et son livre prouvera, après
beaucoup d'autres, que la foi catholique, inspiratrice de tant de
chefs-d'œuvre, « n'est pas moins capable d'élever les âmes croyantes
à la paésie «. Edouard Po>'tal..
H. Taine. I*a^eg choisies, avec une Introduction, des notices et des
notes, par Victor Giraud. Paris, Hachette, 1909, in-16 de xv-383 p.
— Prix-: 3 fr. 50.
Excepté quand il s'agit d'écrivains qui ont cultivé l'air de bravoure
- 330 —
et ne valent que par leurs morceaux à effet, je n'aime pas beaucoup
les Pages choisies. Je préférerais, d'ordinaire, les Livres choisis, et
abrégés au besoin, émondés, mis au point pour la jeunesse, les gens
du monde ou le populaire. Et si je n'ai pas le temps, moi, lettré, de
lire plus de 400 pages do Taine, peut-être je le connaîtrai mieux,
certainement je profiterai davantage à étudier posément un seul
ou deux de ses volumes les meilleurs. Mais nous sommes en l'âge de
<■( bluff » universel; et notre charlatanisme de « tout-savoir » rend
nécessaires ces instruments d'information au rabais.
Le genre une fois admis de ce concassage, il faut se féliciter quand
le de cujiis, au lieu de tomber sous le marteau aveugle et les ciseaux
rapides d'un débitant pressé, lui aussi, d'en finir et de toucher ses
h onoraires, échoit à un ami, depuis longtemps familier de sa pensée intime
et qui, connaissant l'œuvre à fond et dans ses moindres recoins, sait
en dégager l'essentiel, en détacher les maîtresses pages. Or, M. Victor
Giraud, qui a déjà conquis le prix Bordin par son Essai sur Taine, qui
a composé une Bibliographie critique de Taine très complète, très
minutieuse, et qui est, en même temps, un historien des idées reli-
gieuses en France au xix^ siècle, avait une compétence presque unique
pour choisir et disposer les textes, pour en marquer le sens etlaportée,
indiquer les rapprochements à faire et les contrastes, souligner d'avance
d'un trait sobre mais sûr les idées hasardeuses ou les erreurs que le
temps devait corriger, pour scander enfin les étapes qui, de la décla-
r ation d' .« affranchissement », datée de la vingtième année, ont
mené Taine à ses fortes déclarations de guerre à l'idéologie meurtrière
de la Révolution, de foi à la bienfaisance vitale de la tradition et de
l'ordre, au rôle merveilleusement social du christianisme, « organe
spirituel nécessaire à 400 millions de créatures humaines », a grande
paire d'ailes indispensables pour soulever l'homme au-dessus de
lui-même», seul pouvoir capable «d'empêcher notre race de rétrograder
vers ses bas-fonds. »
Qu'on regrette çàet là ce qui n'est pas dans le volume, cela est iné-
vitable; que du livre sur La Fontaine ou de V Essai sur Tite-JLive on
ne nous donne pas de quoi savoir, en gros, ce que Taine pensait de
La Fontaine ou de Tite-Live, c'est sans doute à dessein et pour que
Taine seul soit ici l'objet de notre étude. Il suffit, pour que ce recueil
remplisse notre attente, que tous les morceaux cités soient ou très
beaux en eux-mêmes ou très caractéristiques, et par les notes et
notices rendus très clairs; et ils le sont toujours. Non seulement il
ne manque à l'appel aucune des pages célèbres sur le paysage et le
tempérament français {LaFontaine); sur la race, le milieu et le moment,
forces primordiales de l'histoire humaine {Littérature anglaise); sur
J'analogie de l'histoire naturelle et de Thistoire humaine {Essais de
— 331 —
critique)-^ sur la vertu et le vice, produits de certaines façons générales
de penser et de sentir, comme le sucre et le vitriol sont produits
d'éléments connus et d'opérations fixes; sur Racine, Saint-Simon,
Balzac {Essais et Nouveaux Essais); sur la place de l'art dans la vie
humaine et sur le caractère de bienfaisance qui assigne aux œuvres
d'art leur rang dans l'échelle {La Philosophie de l'art); sur l'esprit
classique et l'idéologie; sur l'anarchie spontanée de l'ancien régime
à sa fin; sur l'esprit jacobin et le crocodile sacré de la Révolution,
monstre mangeur d'hommes et devenu dieu; sur la psychologie de
Napoléon, les besoins moraux de la France en 1800, les limites de
l'État moderne et la malfaisance de l'école d'aujourd'hui {Origines
de la France eonlemporaine) etc., etc. Mais à travers la correspondance,
à travers les livres moins lus du grand public, les recueils d'articles,
les Derniers Essais, le carnet de voyage, publiés depuis la mort, M.Gi-
raud a butiné des fragments d'autobiographie, des impressions toutes
vives {Impressions sylvestres, Marine nocturne, sainte Odile, la Com-
mune, etc.) des pensées, maximes, esquisses, qui complètent le por-
trait de Taine et font plus lumineux le développement de son génie.
C'est donc un livre excellent, et en soi, parce qu'il est plein de
bonnes choses, et parce qu'il conquerra à Taine des lecteurs déjà
averii^, dressés à le comprendre dans son évolution et son repentir,
à être, commg il faut être toujours, un peu au-dessus de leur lecture,
à séparer en un mot, le sucre, d'avec le vitriol. Gabriel Audiat.
iSlir iflériméc, notes bibliographiques et critiques, par LuCIEN PiNVERT.
Paris, Henri Leclerc, 1908, in-8 de viii-163 p., avec 7 grav. — Prix : 10 fr.
Mérimée, comme Stendhal, a ses idolâtres. I a manie — ou la spé-
culation— bibliophilique aidant, cela permet à quelques « mériméistes»
comme M. Féhx Chambon de faire payer des prix fous, deux
à trois cents francs, le moindre bouquet d'inédit qu'ils publient.
C'est sans doute pour se tenir à la hauteur d'aussi luxueuses fantaisies
que M. Lucien Pinvert édite en cet in-8 élégant, précieusement orné
de belles gravures amusantes, fac-similés de dessins ou d'aquarelles
de Mérimée, les cinq ou six articles par lesquels il a, au cours des
années 1906-1908, tenu à jour dans le Bulletin du bibliophile et du
bibliothécaire ce qu'on pourrait appeler la chronique mériméenne.
Enumération et analyse des publications biographiques, ou icono-
gTiiphiques, de MM. Filon, Tourneux, de Lovenjoul, Georges Vicaire,
des lettres données en séries par M. F. Chambon, M. C. Stryenski,
la famille Lagrené, M. Arthur Chuquet, semées dans d'autres
recueils et dans des revues, ou révélées seulement par des
ventes d'autographes; • — exposé et discussion ■ — • très intéressante,
des divers^procès gagnés et perdus par M. Chambon au sujet de la
— 332 —
propriété des lettres missives; compte rendu de la fête commémora-
tive célébrée à Cannes en 1907, de la brochure En l'honneur de Mérimée
et du volume Pro Memoria^ édités par le Journal des Débats \ relevé
d'un certain nombre, d'un grand nombre d'éditions françaises ou
étrangères, de traductions de fragments de Mérimée, omis par ses
précédents historiens et critiques, ou d'articles de journaux le con-
cernant; notes sur Mérimée cueillies dans des ouvrages récents, sm'
ses portraits, sur ses dessins, sur ses amours, sur Jenny Dacquin,
« l'Inconnue », sur la part qu'il prit (rapport et discours) à l'affaire
des serinettes au Sénat en 1866, et à la commission chargée de publier
la Correspondance de Napoléon I^r en 1854-1858, et encore sur son
père le peintre, professeur de dessin et chimiste, Léonor Mérimée : à
quel point ne touche pas cette « chronique », agréablement présentée,
sans pédanterie, sans sécheresse? sur lequel n'apporte-t-elle pas des
addenda ou des corrigenda d'une précision exemplaire, d'une sollicitude
plus digne peut-être d'un plus grand objet? Gabriel Audiat.
Wos Femmes de lettres, par Paul Flat. Paris, Perrin, 1909, in-i6 de
xvi-239 p. — Prix : 3 fr. oO.
Il ne s'agit, bien entendu, que de celles qui ont u un réel souci d'art
littéraire. » A chacune d'entre elles : M™^ de Noaillcs, M'^^ Lucie
Delarue-Mardrus, M^^ Henri de Régnier, M"^^ Marcelle Tinayre,
]\|me Renée Vivien, l'auteur consacre une étude particulière, psy-
chologique plus encore que littéraire, un peu abstraite peut-être,
lorsqu'il s'agit de muses d'une séduction en vérité bien concrète, en
tout cas avec un souci élevé de la tâche de l'écrivain. En chacune
d'elles, il voit surtout ce qui la rapproche de ses pareilles ;et toutes les
parties du livre dirigent le lecteur vers le jugement général qui forme
la conclusion : « Dès l'instant qu'elle (la "femme de lettres) prend en
main la plume, elle se révèle comme un ferment d'anarchie, si bien
que nous la pouvons concevoir dans l'ordre privé excellente épouse,
mère accomplie, puis, démentant comme de parti-pris, dans ses
constructions Imaginatives, la valeur des vertus dont, personnel-
lement, elle donna l'exemple «.En vain M. P.Fiat a subi comme tout
le monde, le charme caressant de leur poésie et de leurs fictions,
nettement il caractérise leurs faiblesses : leur cosmopolitisme, leur
mol asservissement aux thèmes romantiques, leur glorification con-
ventionnelle d'un amour dominateur, amer et cruel. Déjà vers 1904,
dans ses belles études publiées à la revue Minerva et jointes plus tard
à V Avenir de l'intelligence, M. Charles Maurras avait vigoureusement
dénoncé le Romantisme féminin, son origine étrangère, son goût pour
le bizarre, ses aspirations anarchiques, son individualisme exalté,
et le dessèchement auquel aboutissait finalement le culte exclusif de
— 333 —
la sensibilité. Tout de même, pour M. Paul Fiat : « la femme litté-
raire est un monstre, au sens latin du mot » : parce qu'elle est anti-
naturelle, antisociale, et qu'elle concentre en elle tous « les ferments
de dégénérescence qui travaillent le monde moderne », Elle s'insurge
ouvertement contre la fonction de la femme normale, qui est de « con-
server et de créer «. Non seulement, dans ses œuvres, le souci de la
moralité est absent, — elle est, comme on dit à présent, radicalement
amorale; — mais encore au seul point de vue de la beauté littéraire,
comme elle ne trouve rien à opposer à la toute-puissance des sens, elle
se prive, par là, et nous prive, de ces « beaux conflits » entre les forces
do l'instinct et ce qui les domine, de cette lutte entre le devoir et
passion, sans lesquels on ne saurait trouver de noblesse aux poètes ou
aux romanciers de l'amour. C'est au nom de l'art aussi bien que de la
morale sociale que M. Paul Fiat souhaiterait de voir ramenées vers
une discipline plus ferme et plus saine ces âmes révoltées.
Louis Goquelin.
É<ii«les all«inaniles, par Edouard de ^RIorsier. Paris, Plon-Nourrit,
1908, in-16 de 277 p. —Prix : 3 fr. 50.
Ces essais de critique littéraire allemande sont très variés et sou-
vent nouveaux : ils traitent successivement de GniUaume Tell,, de
Schiller, de H. Heine à Paris, de l'Idylle dans la littératare allemande,
de H. Grimm, de Max Nordau, de L. Boerne et du théâtre allemand
au xix^ siècle. Tous ces articles n'offrent pas un égal intérêt. L'étude
sur ' le caractère de Tell chez Schiller est un sujet classique,
souvent traité; l'auteur y réfute les vieilles accusations de Boerne
contre la pusillanimité de Tell, et il conclut que Tell est moins un
héros national qu'un héros humain, un héros du foyer domestique.
Beaucoup plus neuve et plus intéressante est l'étude sur H. Heine à
Paris, grâce au jugement posthume de Boerne sur son contemporain
et ami, que l'auteur sait mettre en bonne lumière. Les pages consa-
crées à V Idylle allemande sont incomplètes au point de vue historique :
il fallait évidemment remonter au-delà des pastorales, imitées du
Pastor fido de Guarini ou de VAminta de Tasse; par contre on ne
peut qu'applaudir l'auteur quand il parle de Gessner et de Voss : on
rencontre là des vues fort justes et comme une intuition du caractère
allemand. Peut-être M. de Morsier place-t-il trop haut le critique
Hermann Grimm, qui doit une bonne partie de sa gloire au nom qu'il
porte, à son père et à son oncle, Jakob Grimm, le vrai fondateur de
la philologie gerhianique. H. Grimm a écrit avec distinction, il
parle noblement de Gœthe, de Michel-Ange et de Raphaël; mais son
style est trop distant et sa manière aristocratique n'empoignera
jamais le grand public. Un des beaux morceaux de ce livre est l'étude
— 334 —
consacrée à Max Nordau, l'auteur des Mensonges concentiofinch et
de Dégénérescence. Max Nordau est à coup sûr un grand penseur et
un maître écrivain, mais on rencontre souvent chez lui du parti pris, et
il y a des réserves à faire à ses théories morales, qui ne sont pas loin
d'être amorales, et M. de Morsier fait bien ressortir que cette vue,
si perçante qu'elle soit, du penseur et du savant, du médecin des corps
et des cerveaux, ne va jamais très loin, et que « derrière l'épais rideau
de la matière, Nordau n'aperçoit pas toujours l'âme qui veille, la
Psyché attentive qui, une lampe à là main, surprend l'amour et le
mystère de la vie ».
J'ai lu avec grand intérêt la lumineuse et chaude étude sur Louis
Boerne; on sent la sympathie du critique pour le caractèi'e de Boerne,
son style en est illuminé et tout l'article est d'une belle venue; je
signale surtout à l'attention du lecteur la comparaison entre Heine et
Boerne, où les deux grands écrivains, qui étaient aux antipodes l'un
de l'autre, sont caractérisés par des traits justes et définitifs. L'étude
sur le Théâtre allemand au xix^ siècle n'a pas la prétention d'être
complète, elle se propose surtout de montrer la filiation entre le
théâtre classique de Sch'ller et de Goethe et le théâtre contemporain,
et de montrer comment l'un est sorti de l'autre pour aboutir au réa-
lisme d'3 Sudermann et de Hauptmann.'Je crains que M. de Morsier
ne soit trop flatteur pour les Allemands, lorsqu'il croit reconnaître
qao Bsiiio. est en train de devenir la capitale de l'art dramatique
mondial : c'ost beaucoup dire, et on ne le croira pas volontiers en
Francs. L. Mensch.
HISTOIRE
lies DeiiK C^aïugis «le la lé{|io8i III^ Aiis:uste à IjasnBjèset
iraps'ès les fouilles réoeutes, par R. Gagnât. Paris, C. Klinck-
sieck, 1908, gv. in-4 de 63 p., avec 5 fig.dans le texte et 5 planches.
— Prix : 4 fr.
Depuislongtcmps connu, le camp delà III'^ légion Auguste à Lam-
bè39, ne fut longtemps que très imparfaitement exploré. Il l'a été
avec suite et méthode au cours de ces dernières années, grâce à la tenace
initiative de M. Gagnât. Dans le présent mémoire, les résultats de ces
recherches sont exposées par le savant épigraphiste. Elles complètent
et rectifient sur quelques points l'étude que lui-même avait
consacrée au camp et à ses monuments dans son Armée ro naine
cl' Afrique.
L'existence du camp provisoire, occupé d'abord par la III^ légion,
lors de son transfert à Lambèse est désormais établie et sur la plate-
for ne centrale, dont la base existe encore, était le monument sur
— 335 —
lequel avait été gravé le discours d'Hadrien, dont on a retrouvé
quelques nouveaux fragments.
En ce qui concerne le grand camp, un fait important est que l'édi-
fice bien connu sous le nom de praetorium n'est qu'une faible partie
d'un ensemble de constructions disposées autour d'une large place entou-
rée deportiques.Or, des recherches plus ou moins récentes ont démontré
que la partie centrale de tous les camps permanents était occupée
par des constructions analogues, dont le plan d'ensemble rappelle
celai de la maison romaine. Le prétoire de Lambèse était composé
de trois parties se faisant suite : une grande salle servant d'entrée et
affectant les apparences d'un arc de triomphe à quatre faces (c'est le
prétendu praetoriiivi), une première cour terminée par une terrasse,
enfin une esplanade, le tout entouré de portiques et de salles, dont
la destination peut être fixée, au moins pour une partie, et c'est à quoi
s'applique M. Gagnât.
Parmi les observations que suggère à l'auteur l'examen d'une autre
portée de camp mise au jour, la praeteiiliira, nous en relevons une qui
peut avoir une partie générale. On sait que l'empereur Septime Sévère
donna aux soldats le droit de cohabiter avec leurs femmes. On en tirait
cette conséquence que le camp de Lambèse avait dû en être profon-
dément modifié, et la partie affectée aux casernements très réduite.
Or, du moins pour la partie explorée, et elle est considérable, il n'en
est rien. Les casernements occupent un très vaste espace. Il est donc
vraisemblable que la concession de Septime Sévère ne fit que régulariser
une situation de fait. Le nombre des soldats habitant le camp ne fut
pas assez réduit pour que l'ensemble des aménagements fût modifié.
Il serait intéressant, autant que faire se peut, d'étendre à d'autres
camps les observations sur ce point particulier.
André Baudrii.lart.
liC Culte de la Sainte Vierge en ASfif|iie, «l'après les
monuments arcltéolop^iques, par le R. P. Delattre, Lille et
Paris, Desclée, de Brouwei-, lOOj, in-8 de xii-233 p., avec de nombreuses
grav. — Prix : 3 fr.
En 1858, Mgr Pa^ y, évêque d'Alger, publiait une Histoire critique
du culte de la Sainte. Vierge en Afrique, depuis le commencement du
christianisme et s'excusait de ne donner à ses lecteurs qu'un travail
des plus incomplets, les Arabes ayant fait disparaître tous les ves-
tiges du culte de Marie. Mais, depuis un demi-siècle, de nombreux
documents archéologiques ont été découverts, particulièrement à
Carthage, et le P. Delattre, auquel la plupart de ces découvertes sont
dues, a pu reprendre et perfectionner l'œuvre du savant évêque. Des
bas-reliefs, des mosaïques, des vases, .des statuettes, des médailles, etc.
— 33() —
se rapportant sûrement ou probablement au culte de la Sainte Vierge,
ont été arrachés au sol où ils étaient enfouis et ont permis de prouver
que la Mère du Sauveur a reçu les hommages des chrétiens en Afrique
dès les premiers siècles. Tous ces précieux monuments, que de nom-
breuses illustrations mettent sous les yeux du lecteur, sont minutieu-
sement décrits et expliqués par l'auteur. Est-cf à dire que le P. De-
lattre a toujours eu raison dans ses interprétations? Il est à craindre,
ce nous semble, que certaines d'entre elles ne doivent être acceptées
qu'avec une certaine réserve. iVinsi, lorsqu'il avance que le M qui
figure sur un grand nombre de monnaies byzantines et qui n'est
autre que le chiffre 40, a été choisi de préférence, parce qu'il est la
première lettre du mot Marie, il émet une hypothèse à laquelle, je
le crains, peu de numismates souscriront. D'un autre côté, est-il bien
sûr que certaines statuettes kourophores, trouvées en Tunisie, repré-
sentent la Sainte Vierge et l'Enfant Jésus PCette question des vierges-
mère^est loin d'être encore éclairicie, faute de documents précis. Très
certainement beaucoup do ces statuettes représentaient Isis et Horus.
Que le clergé, pour détruire le culte de ces divinités chçz les nouveaux
convertis, aient encouragé la fabrication de statuettes analogues
figurant Marie et son Fils, c'est plus que probable. Et non moins pro-
bable est-il que quelques statuettes d'origine païenne, ont été chris-
tianisées, c'est-à-dire transformées en représentations de la Vierge
et de l'Enfant Jésus. Mais enfin, lorsque nous sommes en présence
de l'une de ces très anciennes figurines, est-il. possible de dire exac-
tement à laquelle de ces trois catégories elle appartient? L'auteur
ne nous apprend-il pas lui-même qu'il a vu entre les mains d'une
Maltaise de Tunisie une antique statuette, qu'elle vénérait comme une
madone et qui, certainement, était une déesse Isis portant le dieu
Horus? Mais, à côté de ces identifications douteuses, combien d'autres
sont intéressantes et instructives ! Le chapitre sur les plombs de
bulle est particulièrement à signaler. Léon Clugnet.
Histoire «lii concile «lu Tatican <1o|»ui« sa première
annonce |us«|u'à sa |»roro^alion, d'après les documents authen- \
tiques, ouvrage du P. Théodore Grand erath, S. J., édité par le
P. Conrad Kirch. S. J. Trad. de l'allemand. Tome P'. Préliminaires
du concile. Bruxelles, Dewit, 1908, in-8 de xin-588 p. — Prix: 10 fr.
Le P. Granderath qui, en 1890, fit paraître la collection Acta et
décréta Sacrosancti Œciimenici concilii Vaticani, \int, en 1893, s'établir i
à Rome pour enti éprendre une Histoire du concile même, et Léon XIII
fit mettre à sa disposition les trésors des archives et tous les documents;
authentiques. vVprès un travail acharné autant que consciencieux;
de dix années, l'éminent rehgieux succomba à la peine, mais laissant
— 337 —
achevée la rédaction de son œuvre. Un autre membre de la Compagnie
de Jésus, le P. Conrad Kirch, édita ce travail, avec un soin et une
compétence également scientifiques. Cette histoire considérable par
le fond et par la forme a été traduite de l'allemand en français.
L'édition qui nous est donnée aujourd'hui comprendra six volumes.
Nous possédons le tome premier : Préliminaires du concile.
Dès le début, le lecteur éprouve une grande sécurité en présence de
la méthode impersonnelle, sage et réservée de l'auteur; on voit com-
bien il possède son sujet, qu'il laisse parler les documents et que sa
science théologique est admirablement orthodoxe. On a donc la sen-
sation très heureuse de posséder une impartiale histoire de cette
assemblée, la plus importante de toutes celles que l'Eglise catholique
a tenue, depuis le xvi*' siècle. — Ce souci de citer les textes n'offre
qu'un léger défaut « littéraire » : c'est que la même question est reprise,
SGus des formes sensiblement analogues, plusieurs fois de suite; dans
une lecture courante c'est un ennui, mais pour la consultation c'est
peut-être un avantage qui met, à chaque instant et pour chaque
épisode, le travailleur au point, sans l'obliger à multiplier ses recher-
ches. Celles-ci sont facilitées par une table analytique des matières
et des noms cités.
Ce récit des « préliminaires » est divisé en trois chapitres : 1° Motifs
et annonce du concile ; 2° Les Mouvements d'opinion après l'annonce
du concile; 3° Préparation du concile. — On voit là quelles hautes
raisons, quelles minutieuses précautions, quels scrupules de loyauté et
de détails présidèrent à ce grand acte; la formation des commissions
préparatoires, les qualités des personnages convoqués. La seconde
partie est la plus intéressante, car elle raconte les polémiques nées à
cette occasion : la publication du livre de Mgr Maret (p. 180), l'article
de la Civilià (199); le rôle scandaleux et perfide de Dôllinger (p. 219);
le manifeste du Correspondant (p. 321); l'attitude de Mgr Dupanloup
(p. 331). Le chapitre où est dépeint l'accueil fait par les Églises orien-
tales « non unies » à l'invitation de Pie IX est un des plus curieux et
des plus instructifs (p. 361). A signaler aussi (p. 425) les dispositions des
gouvernements. La dernière partie est un peu plus austère par les ques-
tions juridiques qu'elle traite; elle n'est pas moins très nécessaire à
étudier pour bien comprendre le mécanisme des rouages du concile. —
Ouvrage de la plus haute valeur et qui deviendra classique par l'abcii-
dance et la sûreté de sa documentation.
Geoffroy de Gra?jdmaison.
Avril 1909. T. CXV. 22.
- 338 -
Histoire de France, par Ernest Lavissb. T. Viii, ire partie, ioius XI V^
la /in du régne ((085-1113), par A. DK SaINT-LÉGER, A. RÉBELLIAU,
P. Sagnac, C. Lavisse. Paris, Hachette, 1908, in-4 de 48i p. — Prix : 6 fr.
Voici enfin, avec ce nouveau volume, la fin du règne de Louis XIW
M. Lavisse, qui avait assumé la lourde tâche de raconter toute la
première partie du règne et avait rédigé sans collaboration letomeMI,
s'était assuré, pour la suite du récit, le concours de MM. de Saint-Léger,
Rébelliau et Sagnac. Se réservant pour lui-même le livre \\l sur le
Roi et la Cour, avec la conclusion générale sur le règne, soit une cin-
quantaine de pages, il a laissé M. de Saint-Léger nous exposer la
politique et la guerre (li-sTes I et II), tandis que M. Sagnac retraçait
l'histoire économique (livres III et IV) et M. RébelUau les aiïaires reli-
gieu&es et le mouvement des idées (livres V et VI).
Cette collaboration n'a pas nui à l'hannonie de l'ensemble; elle a
peut-être permis au tableau d'être plus complet et plus parfait.
Le jugement de M. de Saint-Léger sur la politique extérieure du Roi
appellerait peut-être quelques réserves; l'attitude du Roi au début de
la guerre de la succession d'Espagne nous parait moins critiquable
qu'à l'auteur; les mesures prises par Louis XIV pourraient aisé-
ment se justifier pour la plupart.
Je préfère les deux li^Tcs où M. Sagnac nous retrace l'évolution des
institutions poUtiques et administratives, le mouvement économique,
agricole, commercial et industriel. Les deux livres de M. Rébelliau,
en dépit des divergences d'opinion et d'appréciation que l'on peut
avoir sur tel ou tel point, sont du plus haut intérêt et méritent vrai-
ment de retenir l'attention. .
Quant au jugement final de M. Lavisse sur le grand Roi, il est
dans l'ensemble assez juste et pondéré, bien que peut-être il soit un
peu sévère d'accuser le prince de manquer de sincérité. E.-G. L.
Inventaire des archives des dnrs de CrîlloM, conservées
cliex .11. le inarciuis de tWrantnxont, publié par Jean Cordey.
Paris, Champion, 1908,iii-8 de i\-309 p. et un fac-similé. — Prix : 10 fr.
Les archives des grandes familles o firent presque toujours des
renseignement? de premier ordre aux historiens. Les membres illustres
de ces familles ayant souvent joué des rôles importants dans la gestion
des aiïaires du pays, leur correspondance, en particulier, est une
mine des plus fécondes. Aussi la publication de l'inventaire des archi-
ves des ducs de Grillon par M. Jean Cordey nepourra-t-elle être accueil-
lie que favorablement. Dans ce volume, est com-prise seulement la
partie des archives de la maison de Crillon qui se trouve maintenant
en la possession du marquis Théodule de Grammont, au château de
— 339 —
Villersexel. L'autre partie, plus considérable, appartenant à M. le
vicomte de Polignac, sera publiée ultérieurement par ses soins.
Le fonds deGrammont, qui va du xvi^ au xix^ siècle, renferme peu
de titres de propriété; la correspondance, au contraire,' y joue un rôle
capital, non seulement par le nombre de lettres qu'on y trouve, mais
aussi par l'intérêt qu'elle présente. Comme M. Cordey a eu l'excel-
lente idée de publier in extenso un certain nombre de ces lettres à la
fin du volume et de donner de copieux extraits de quelques autres,
son travail pourra rendre ainsi des services appréciables aux érudits
qui étudient les xvi^, xvii° et xviii^ siècles. Nous signalerons
d'une façon toute particulière à leur attention quelques lettres du
« brave » Grillon, de Henri IV, du connétable de Montmorency,
du duc de Guise, de l'archevêque de Narbonne, de Louis III de Grillon,
des nièces de Mazarin, du duc de Nevers, du cardinal Ghigi, etc. Une
annotation sobre mais suffisante et une bonne table permettent
d'utiliser facilement cet inventaire. J. Viard.
lie Tribunal réwoliitionnaire (19 9 3- 19 95), par G. Lenotre.
Paris, Perrin, 19U8, in- 16 de iii-371 p., avec grav. et plaqs. — Prix : 3 fr. 50.
On a beaucoup écrit sur le tribunal révolutionnaire : M. Gam-
pardon d'abord, M. Wallon ensidte, lui ont consacré des ouvrages
considérables, véritables monuments de patience et d'impartialité.
L'œuvre de M. G. Lenotre n'a pas d'aussi hautes prétentions ni
des proportions si vastes. Elle ne comporte qu'un volume; mais
c'est un substantiel et attachant résumé de cette affreuse période
qui va de 1793 à 1795. L'auteur prend le sanguinaire tribunal à
sa formation et le conduit jusqu'à sa suppression. Avec le souci
d'exactitude et la passion de détails qui le caractérisent, il décrit
minutieusement le lieu des séances — brutalement enlevé par Fou-
quier au tribunal de cassation — les corridors et les escaliers qui v
conduisent, le mobilier qui le garnit, les sièges où s'assoient les
accusés, un fauteuil d'abord quand il n'y a qu'un seul prévenu, des
gradins plus tard, auand on, arrive aux fournées. Il ne raconte pas
toutes les affaires comme M. Wallon, mais il passe en revue les prin-
cipales : le procès de la Reine, celui des Girondins, celui de Bailly
et de Manuel, celui des carmélites de la rue de Grenelle, si bien
résumé par l'une d'elles, la sœur Vitasse, le procès de Danton, les
prétendues conspirations des prisons, etc. Il nomme les jurés et les
juges. Il peint surtout l'homme qui a été l'inspirateur, le directeur,
l'âme sanglante du tribunal, le sinistre Fouquier-Tinville. La som-
bre tyrannie s'aggrave de jour en jour. Au début, il y a encore
un semblant de jugement et de discussion ; iJ y a des interrogatoires,
il y a des témoins, il y a des défenseurs. A la fin, il n'y a plus
— 340 —
rien et toutes les formes sont faussées, toutes les garanties supprimées.
En une demi-heure, les Herman, les Coftinhal, les Dumas con-
damnent quarante, cinquante, soixante personnes à mort. On con-
damne tous les jours, sauf le décadi. On condamne le fils pour le père,
M™6 Mayet pour M"'° de Maillé, des femmes paralysées, des octogé-
naires en enfance. « Les têtes tombent comme des ardoises », dit
Fouquier. Le 9 thermidor seul peut arrêter cette tuerie. La chute de
Robespierre entraine celle de son abominable instrument de règne.
Et par un juste retour des choses, Fouquier et ses complices viennent
s'asseoir à leur tour sur les bancs où ils ont entassé tant de victimes.
Cette fois les formes de la justice sont respectées : les débats sont
publics, les interrogatoires prolongés, la défense libre. Inconscience
ou cynisme, Fouquier déclare « qu'il n'a rien à se reprocher ». Mais les
témoins l'accablent, les parents de ses victimes le maudissent, et c'est
au milieu des huées et des applaudissements de la foule, bonne jus-
ticière, qu'il porte sa tête odieuse sur l'échafaud où il a fait couler tant
de sang.
C'est aussi Timpression de soulagement et de satisfaction qu'é-
prouvent, en voyant la juste punition du monstre, ceux qui lisent
le dramatique et attachant volume de M. Lenotre, dont une seizième
édition atteste déjà l'éclatant et légitime succès.
Max. de la Rocheterie.
Fraternité réi'oIuîioiiiBaire : études et réeits, d'après des
docum''nis inédits, par Pierre Bliakd. Paris, Émile-Paul, 1908, iii-8 de
VIII -385 p. — Prix : 5 fr.
Est-il donc vrai que l'histoire est un perpétuel recommencement?
On serait tenté de le penser, en lisant le très curieux ouvrage de M.
Pierre Bliard. Prenez, par exemple, la première et plus longue étude
du volume,rhistoire d'un club de province.En parcourant les séances
du club de Vannes ne croirait-on pas assister aux réunions d'une
loge du xx<^ siècle? Même phraséologie humanitaire et au fond même
haine et mêm^e mépris de l'humanité. Mêmes dénonciations des sus-
pects, même appel à la force contre les adversaires; même goût de la
persécution, même horreur pour tout ce qui est religieux et catholi-
que. Pour les prêtres, nulle pitié, nulle justice : qu'on les chasse,
qu'on les emprisonne, qu'on les guillotine ! Ne semble-t-il pas enten-
dre la meute anticléricale de 1908 hurler contre les évêques, les fidèles
et les sœure? Et ce ne fut pas seulement aux prêtres fidèles qu'on s'en
prit; après eux on s'en prit aux jiireurs, témoin l'histoire du curé asser-
menté de Saint-Mard, en Seine-et-Marne.
11 y eut cependant une différence : en 1793 et 1794, on était plus
franc et plus brutal. On dénonçait ouvertement. On ne se contentait pas
— 341 —
d'expulser et crincarcérer. On guillotinait et on massacrait. L'histoire
(les arbres de la liberté est significative. A Amiens, l'arbre de la liberté
ayant été abattu, le représentant André Dumont fit arrêter tous les
prêtres. «J'ai fait lier deux à deux, écrivait-il,cm9 douzaines d'animaux^
de bêles noires ». Dans le Bas-Rhin, pour un attentat du même genre,
Hentz et Goujon firent jeter dans un cachot infect deux cent cin-
quante prêtres, huit pasteurs et six rabbins. « De la paille, c'est bon
pour les animaux, disait le commandant de la prison, le jacobin prince
de Hesse, mais dos chiens de cette espèce peuvent coucher sur la terre.»
A Bédouin ce fut plus atroce : soixante-trois malheureux, dont huit
femmes, furent mis à mort, et le village fut livré aux flammes. L'auteur
de ces atrocités, Maignet, fut applaudi par la Convention. Et ces gens-là
osaient arborer comme devise la liberté et la fraternité ! Au milieu
de toutes ces horreurs, racontées par M. Bhard à l'aide des documents
les plus authentiques, il faut cependant relever un chapitre qui est
consolant; c'est celui qui est intitulé : Autour du procès de Louis XVI.
Il y a là d'éloquentes protestations contre le régicide et des dévoue-
ments admirables qui offrent d'abord, au péril de leurs jours, de
défendre le Roi devant ses juges, puis, après la condamnation, de se
substituer à la royale victime. M. Pierre Bliard a bien fait d'exhu-
mer des archives ces pièces inédites, qui prouvent que dans ces
tristes jours, comme il le dit justement, « l'âme noble et chevale-
resque de la France n'était pas encore morte y>.
Max. de la Rociieterie.
I^uweaiirs d'eau sexagénaire, par A.-V. Arnault. Nouvelle édi-
tion, avec une Préface et des notes, par Auguste Dietrich. Paris,
Garnier, s. d., 2 vol. in-18 de lxxi-447 et 375 p. — Prix: 7 fr.
Né en 1766, l'académicien Arnault avait soixante-cinq ans lorsqu'il
rédigea ses « Souvenirs », qu'il intitula pour cette raison : Souvenirs
d'un sexagénaire. Ils parurent en 4 volumes petit in-8, à la libraiiie
Dufey, rue des Marais-Saint-Germain, vers la fin de 1833. Malheu-
reusement la rédaction n'en était pas terminée quand l'auteur
mourut subitement en 1834; ils n'ont jamais été suivis d'un com-
plément et sont même devenus fort rares ; voici une réimpression qui
rendra accessibles au public des «Souvenirs» très dignes d'être connus,
appréciés et relus. « L'éditeur », M. Auguste Dietrich, a fait précéder
le texte d'une longue et très précieuse Préface où il analyse bien
la vie et les œuvres du secrétaire perpétuel de l'Académie française.
A mettre en valeur son talent politique, le mérite de ses épigrammes,
de ses fables et aussi les quahtés historiques qui le distinguent dans
sa Vie politique et tnilitaire de Napoléon (2 vol. in-foHo publiés en 1822,
au prix de 360 fr.), où les anecdotes de première main abondent, car
— :î42 —
Arnault, boaii-frère de Regnault de Saint- Jean d'Angely, avait été
des familiers dn Premier Consul et de l'Empereur, M. Dietrich parle
avec esprit, dans \m style facile et agréable, des hommes et des choses
de ce temps-là; il a seulement tort de répéter le mensonge historique
des cosaques ramenant dans « leurs fourgons « Louis XVIII,' qu'il
a aussi le mauvais goût de qualifier de « podagre royal »; il convient
de ne point oublier que ce sont les Bourbons qui ont deux fois sauvé,
par le fait même de leur retour, la France du démembrement, après
les deux invasions causées par l'ambition de Napoléon. Toutes
les phrases t-.t toutes les épithètes, tous les sarcasmes et toutes
les boutades ne tiennent pas devant cotte simple et logique cons-
tatation.— Des notes nombreuses, exactes, bien faites, accompagnent
heureusement le texte des Souvenirs et font de cette édition beaucoup
mieux qu'une réimpression banale; elles donneront à ces volumes
le mérite fort appréciable d'être un bon instrument de travail, que
l'on pourra consulter avec sécurité sur cette période.
Le tome l*^"" commence avec l'année 1766 et se termine à la fin de
1792. Le tome second va jusqu'au moment où l'auteur part pour
l'Italie avec le général Leclerc, futur beau-frère du général Bonaparte,
au printeinps de 1797. Ce sont donc les dernières années de la Cour
de France ( où le père d'Arnault était valet de chambre du comte
de Provence), les premières de la Révolution, la Terreur, le Direc-
toire qui sont l'objet de ces huit premiers livres ;ii est impossible d'en
préciser les mille détails; ils oiïrent un charme un peu pompeux,
mais un intérêt toujours soutenu. G. de G.
Mémoires fie la eonalesse de Boigne, née d'Osmond, publiés par
Charles Nicoullaud. IV. 1831-1866. Fragntenis. Paris, Pion- ?souii il ,
1908, in-S de 547 p., avec portrait.-— Prix : 7 fr. 50.
Ce sont des « fragments » qui terminent ces Récits d'une îcmie*,
sur chacun d'eux, on pourrait porter un jugement séparé et très diffé-
rent. Le premier, le plus long, concerne la malheureuse expédition
de Madame la duchesse de Berry en France en 1832, à Marseille d'a-
bord, puis en Vendée, son arrestation à Nantes et son incarcération à
Blaye. Cette triste page dans le fond et surtout dans les détails, Tune
des plus honteuses du gouvernement de Juillet, est présentée par
M'^e jg Boigne sous un jour véritablement odieux. Avec une insigne
mauvaise foi, elle avance les calomnies les plus haineuses, les plus
injurieuses surlamère de Henri V; médisances queles documents d'archi-
ves ont aujourd'hui réduites à néant, à propos du mariage de cette
princesse avec le comte Luchesi-Pàlli. Les rares « pièces justificatives »
dont M'"^ de Boigne accompagne son roman contredisent les conclu-
sions ajustées de son propre récit, et montrent comme elle exagère et
brode méchamment.
— 343 —
Le second fragment concerne le séjour de la oour de Louis-Philipipe
à Fontainebleau (1834) et les efforts du prince pour rendre à son en-
tourage, loin des émeutiers parisiens de 1830, les formes monarchiques.
Le troisième fragment (mariage du duc d'Orléans en 1837) est assez
banal; il apporte certains détails intéressants sur la princesse Hélène
de Mecklembourg.
Les morceaux suivants offrent le récit de la mort de quatro person-
nages importants : le prince de Talleyrand (1838), la princesse Marie
de Wurtemberg (1839), le duc d'Orléans (1842), Madame Adélaïde
(1847). Le ton en est tout autre : sobre, modéré, élégant, dans un style
très personnel et très persuasif; les attaques injustifiées et les colères
contre les royalistes en semblent absentes, sauf une exception parti-
culièrement regrettable où M^^ de Boigne croit devoir porter sur
le vénérable Mgr de Quelen les accusations les plus injurieuses (et les
plus fausses). A propos de Talleyrand, rien de neuf; M"^^ ([q Dino ne
s'y trouve pas épargnée, et l'intimité assez scandaleuse qui unissait
précisément la comtesse de Boigne au baron Pasquier eût pu lui ins-
pirer des appréciations plus charitables sur l'intérieur du prince de Bé-
névent et de sa nièce. Sur la princesse Marie d'Orléans, des aperçus nou-
veaux charmants, un portrait véridique, sincère, la peinture heureuse
de son caractère, du sentiment personnel de cette jeune femme
« artiste » et distinguée; un tableau de sa mort vraiment touchante.
Pour la catastrophe qui termina lij courte existence du duc d'Orléans,
un récit extrêmement émouvant, dans sa simplicité même, de la dou-
leur chrétienne de la Reine. L'intimité de M^^e ([q Boigne avec Marie-
Amélie lui a permis de bien voir, et ensuite elle a bien dit. Enhn, en
un style excellent, elle décrit les impressions de la dernière année de la
monarchie de Juillet à propos de la fin de M^^ Adélaïde. L'exposé des
faits garde une note piquante, aiguisée, correcte et qui nous instruit.
Un assez court chapitre sur la chute de Louis-Philippe corrobore
€e que l'on savait des journées de février; les généraux Jacque-
minot et Bedeau y sont drapés selon leur mérite ; quelques détails rela-
tifs au duc de Montpensier et à la duchesse d'Orléans ne laissent pas
une impression très heure'use de leur cœur en ces circonstances cri-
tiques.
L'Histoire, avec un grand H, n'aura pas à recueillir beaucoup de
ces Mémoires; les anecdotiers, au contraire, y puiseront à pleines
mains, y cherchant, y trouvant du scandale : la ipassion, la rancune
et comme un remords qui fait calomnier les gens que l'on abandonne
avec ingratitude donnent à ces récits une allure très vive; la forme en
est toujours celle d'une grande dame qui sait, entraîne et divertit ; aussi
cette publication ost-elle, naturellement, un très gros succès* de li-
brairie. G. DE G.
— 344 —
L'ne Paroisse parisienne avant la Kèvelution. Saint-
lli|»polyte. Contribution à Vhistoire religieuse et artistique de l'an.'
cien Paris, par l'abbé Jean Gaston. Paris, Librairie des Saints-Pères,
1908, in-8 de 207 p., avec 12 grav., plans et fig.— Prix : 7 fr. 50.
L'auteur de cette excellente monographie la dédie « aux amis du
Vieux Paris, aux curieux de l'histoire de l'art français, à tous ceux
qui ont quelque souci du passé religieux de la capitale «; c'est à juste
titre qu'il prétend intéresser les uns et les autres,attirer leur attention
et éveiller leur curiosité.Ajoutons que, le livre une fois fermé, celle-ci
sera satisfaite. Je parle pour les simples lecteurs ; mais les travailleurs
y auront bien souvent recours,pour y retrouver la trace des nombreux
documents mis en œuvre. De ces derniers, un grand nombre étaient
dispersés dans les publications les plus variées : l'auteur a eu le mérite
de les grouper; d'autres étaient inédits et il a eu le mérite de les
découvrir.
Saint-Hippolyte n'avait, jusqu'à présent, été l'objet que de deux
courtes notices publiées par Aglaûs Bouvenne, l'une en 1861, l'autre
en 1866. Elle méritait mieux, et les archéologues sauront gré à
M. l'abbé Gaston d'avoir retracé l'histoire d'une des églises disparues
de ce quartier Saint-Marcel si riche en souvenirs historiques. Les ama-
teurs de l'histoire de l'art auront aussi un intérêt particulier à lire cette
étude. Ils y trouveront, en effet, l'histoire d'un monument qui fut
jadis l'église paroissiale de la Manufacture royale des Gobelins et
dont le peintre Lebrun fut un marguillier d'honneur. Un grand amateur,
Jean de Julienne, a été le bienfaiteur insigne de Saint-Hippolyte; il
avait groupé, pour la décorer, toute une pléiade de peintres estimés; en-
fin, tous les grands noms des Gobelins et d'une foule d'artistes
célèbres figuraient sur les registres paroissiaux aujourd'hui dis-
parus : le travail ne manquait pas à l'historien ; c'est tout ce
passé qu'il s'est efforcé de faire revivre. L'auteur de l'histoire de
Saint-Hippolyte n'a pas failli à sa tâche et il mérite d'en être loué
sans réserves. P. Lbe.
liOUdiin. Histoire civile et religieuse, par le chanoine A. Lx-
ROSEY. Paris, Champion, 1908, in-8 de vii-448 p., avec 5 planches. —
Prix : 3 fr. 50.
M. Lerosey, curé du Martray, à Loudun, a réuni dans ce volume,
d'une lecture agréable, tout ce qu'il a pu glaner de renseignements
dans les articles de M. Jovy, dans les travaux de M. Bleau et dans les
inventaires des archives communales de Chauvineau. Il n'a pas
négligé les autres sources d'information dont il disposait. L'histoire
générale de la ville, avant et après les guerres de religion, pendant et
après la' Révolution, n'occupe guère que quatre chapitres ; l'auteur
s'étend davantage sur l'histoire des institutions, qui est de beaucoup
— 345 —
la plus intéressante. Le chapitre deuxième est consacré aux diverses
juridictions, et le septième, à l'instruction publique. L'histoire des
deux paroisses et des institutions religieuses qu'elles renfermaient
remplit les chapitres de la seconde partie. Il y a une notice pour la
collégiale de Sainte-Croix, les couvents des carmes, des capucins,
des cordeliers, des ursulines, des visitandines, des calvairiennes, de
l'Union chrétienne, pour les prieurés et les hôpitaux. Les curés dont
M. Lerosey a pu retrouver les noms ont une courte biographie. Les
lecteurs de ces sortes d'ouvrages s'intéressent plus particulièrement
à tout ce qui touche l'histoire des familles; celles qui ont eu leur
existence mêlée au passé de Loudun sont présentées dans un chapitre
spécial; il y est, en outre, question de quelques saints personnages,
qui ont passé ou vécu à Loudun ou dans les environs, tels que saint
Maximin, saint Maixent, saint Mesme, saint Jouin, sainte Néomaye.
Lhi copieux appendice est formé par toutes sortes de notices biographi-
ques; la première est celle de saint Alleaume.
M. Lerosey n'a point fait une œuvre définitive; telle n'était pas son
intention, et il y aurait mauvaise grâce à signaler les lacunes et les
inexactitudes qui ont pu lui échapper. Sa monographie est un bon
travail de vulgarisation : les hommes d'étude y trouveront à prendre,
en attendant l'histoire définitive que quelque érudit du lieu nous
donnera sans doute un jour. J.-M. Besse.
Kreftl'OS de Samuel Robert [Archives historiques de la Saintonge et de
l'Annts, t. XXXil), avec une Introduction de Georges Musset. Paris,
A. Picard et tiis, 1907, in-8 de xii-478 p. — Prix : 15 fr.
Samuel Robert, né à Saintes en 1610, était avocat. 11 comptait dans
cette vill.3 parmi les principaux imposés, et y occupa des charges impor-
tantes obtenues non sans peine,car il était huguenot. Doué d'un esprit
curieux, intelligent et ouvert, Robert suivit avec un très vif intérêt
les événements qui se succédèrent pendant cette époque troublée
qu^est la Fronde. 11 notait avec soin tous les bruits qui couraient,
lisait les gazettes et les libelles dès leur apparition, et nous a laissé
un Journal {1639 -i66S) déjà édité, et une volumineuse correspondance
que Ton publie aujourd'hui.
Elle comprend 342 lettres écrites du 21 juillet 1650 au 21 juillet
1652,et débute à peu près au moment où Robert partit de Saintonge
pour Paris. Il tentait d'obtenir son établissement effectif dans l'office
de lieutsnant particulier aux élections de Saintes, que dans une lutte
violente ses compatriotes catholiques s'efforçaient d'empêcher. De
Paris, Robert, par des lettres fréquentes (il en écrivait parfois plusieurs
le mêmi jour) renseignait ses amis et parents sur les progrès de ses
affaires et sur les difficultés qu'il rencontrait en chemin. Mais en dehors
— 3i6 —
do tout c? qui lui était personnel et peut intéresser ses biographes
ou les historiens de la Saintonge et de l'Aunis, Robert ne manquait
pas de recueilhr jour après jour, pour ses correspondants, les nouvelles
politiques les plus récentes, faisant accompagner ses lettres de l'envoi
des gazettes.
On pourra donc utiliser pour l'histoire de la Fronde les lettres de
Robert, pleines de renseignements d'où les détails pittoresques ne sont
pas exclus. Désireux surtout d'informer sans retard, Robert ne prenait
pas toujours le temps de vérifier ce que la rumeur publique lui appor-
tait : il faut donc aujourd'hui contrôler ses récits.
Pour l'histoire de Paris, on peut relever dans cette publication des
passages intéressants, comme celui de la crue de la Seine en janvier
1651 (p. 149), et, de loin en loin, des épisodes caractéristiques comme
celui des caricatures suspendues à la Croix du Trahoir (p. 80 et 87).
Rentré en Saintonge, Robert n'en continua pas moins sa corres-
pondance. Nous sommes dès lors renseignés pai* d'abondants et pré-
cieux détails sur la Fronde dans le sud-ouest et les horrem*s qui mar-
quèrent, là comme ailleurs, cette peu séduisante période de notre his-
toire. Certaines de ces lettres, comme celle du 1^^ février 1652 (n^' 287,
p. 381), forment un véritable journal, tenu avec soin au courant de
tous les événements qui survenaient dans la région.
Notons enfin que Robert, étant huguenot, eut parfois l'occasion de
nommer dans ces lettres certains ministres de la Religion ou même
de correspondre avec eux. Pour l'histoire du protestantisme, cette
pubMcation n'est donc pas non plus négligeable.
Une table onomastique, qu'on voudrait un peu plus complète, ter-
mine l'ouvrage. Jeais^ Cordey.
Études sociales *t politiques. Cercle Joseph de Maisîre.-'i^^ année,
février-mars 1i)07 . Paris, Nouvelle Librairie natiijiiale, s. d. (1908), in-8
de xx-268 p. — Prix : 3 fr. 50.
Huit conférences données à l'Institut d'action française en février
et mars 1907 forment la matière de ce volume. Elles sont rœu\Te d'un
groupe d'études qui, sous le patronage de Joseph de Maistre, « tra-
vaille à la restauration de l'ordre français », nous explique M. Jean
Riv^ain dans la Préface du livre.
Trois de ces conférences ont un caractère historique : la pohtique
de Catherine de Médicis, l'armée de l'ancien régime, le patriotisme
révolutionnaire en ont fait les frais avec MM. François Renié, de Bois-
fleury et Robert Launay. La politique étrangère est représentée par la
conférence de M. Gazeau sm" l'impérialisme américain. Dans trois
autres dissertations d'ordre plus particulièrement doctrinal, M. Jean
Rivain a traité des socialistes antidémocrates, M. Pierre Gilbert a
— 347 —
examiné la valoiir de la science sociale et M. de la Massue a montré
l'influence du suffrage universel sur îa centralisation. Enfin, M. Raison
du Cleuziou a exposé le but de V Action française.
h' Action française est diversement comprise et appréciée dans les
milieux où elle n'aurait dû, semble-t-il, trouver que des amis. Je ne
chercherai pas, pour ma part, à dissimuler la sympathie qu'elle
m'inspire. Son programme est magnifique: défaire l'œuvre de l'Ency-
clopédie. Chasser des cerveaux les sophismes qui y ont usurpé la place
des idées traditionnelles et saines, c'est, sans comparaison, le plus
grand et le plus urgent des services qu'on puisse rendre à notre mal-
heureux pays; et les jeunes gens qui se sont groupés pour concourir
à cette œuvre de salut public, sous l'invocation de Joseph de Maistro,
ont été bien inspirés de choisir pour patron l'homme à l'esprit lucide,
dont la haute sagesse a, dès le principe, jugé la Révolution à sa juste
valeur, en proclamant les doctrines de ses adeptes aussi meurtrières
que leurs actes. H. Rubat du Mérac.
Rome au X.X« siècle, par Denis Guibert. Paris, Savaèle, s. d., ia-16
d3 XI1-3S1 p. — Pxix : 3 fr. 50.
<■( Ce livre n'est ni un guide pour les voyageurs, ni un récit d'im-
pressions de voyage, ni un essai d'esthétique ou d'archéologie, ni une
dissertation sur l'histoire, ni enfin un compendium de réflexions poli-
tiques : il participe pourtant de tout cela ». C'est ainsi que M. Denis
G'iibert résume, d'ailleurs très exactement, le contenu de son ouvrage.
Ayant vu Rome à diverses reprises, frappé de la transformation qui
s'y accomplit présentement, il a voulu fixer le caractère de la ville
avant 1870, sa physionomie actuelle et enfin son destin probable dans
l'avenir.
Tous ceux qui connaissent Rome trouveront sans doute qu'il a
réussi dans les deux premières parties de sa tâche. Quant à l'autre,
elle était dénature trop hasardeuse pour comporter une solution propre
à rallier l'unanimité des suffrages. Divers motifs font croire à M. Denis
Guibert que la politique de Pie X prépare une réconciliation de la
Papauté avec la Maison de Savoie. Il s'ensuivra pour le Souverain
Pontife, dit-il, une situation intenable. Tôt ou tard il devra quitter
Rome, dont les portes lui seront rouvertes par une invasion eu une
révolution. Mais il y a place encore pour d'autres hypothèses, comme
le remarque Tauteur; et chacun est libre de choisir entre elles, suivant
«es goûts. H. RuBAT DU MÉRAC.
Cruillaumc II et son peuple, par Un Pessimiste; trad. de Talle-
maud. Paris, Perrin, 1907, in-KJ de 199 p. — Prix : 2 fr. 50.
L'auteur de ce livre, écrit quelque temps avant l'incident des let-
— 348 —
très et des interwiews qui a porté un coup si grave au prestige et à
la considération de l'empereur allemand, est un monarchiste et un
patriote sincère. C'est en cette double qualité qu'il a publié ce vo-
lume dans lequel il critique amèrement la manière de gouverner de
son souverain. On peut dire qu'il a été prophète, car la dernière
page contient cette phrase : « Nous sommes à la veille d'une grande
crise de confiance pohtique ». On sait du reste quelle est l'activité
de l'empereur Guillaume et son souci de ne rien négliger pour accom-
plir avec conscience son rôle de souverain. Il ne le remplit que trop,
pourrait-on dire; car il touche à tout avec une exubérante et une
inlassable activité. Les neuf chapitres sont consacrés aux différentes
manifestations de cette activité. Il est clair que bien faire tout ce que
veut faire cet empereur exubérant est impossible à un homme.
Aussi ne peut-il être que facile d'énumérer les conséquences mau-
vaises ou ridicules de cette agitation intellectuelle" et physique.
Une des plus lamentables est de livrer l'influence à une camarilla de
courtisans sans valeur. 11 doit en être ainsi; car le souverain voulant
trop faire manque de temps pour rien approfondir, et, trop hanté de
sa dignité impériale, écoute plus facilement les flatteurs que les gens
sérieux.
L'auteur, qui est très probablement un Allemand du Sud, ne voit
de remède que dans ce qu'il appelle « l'autre souveraineté ». Cette
expression un peu nébuleuse (ce n'est d'ailleurs pas la seule, et il eût
été difficile qu'il en fût autrement dans une production d'outre-Rhin)
parait désigner ce qui est dans la constitution allemande le contre-
poids de l'impérialisme, c'est-à-dire la souveraineté des États autres
que la Prusse. Il ne nous appartient pas d'en apprécier l'efTicacité.
Comme Français, constamment attentifs par devoir à tout ce qui
peut nous documenter sur les forces et les faiblesses de l'ennemi que
nous avons à vaincre," nous ne pouvons lire sans plaisir cet ouvrage
qui dépeint sans doute avec exactitude la situation de nos voisins.
D'un autre point de vue, et s'il était permis d'oublier un instant le
premier, on peut peut-être regretter les conséquences que peut avoir
pour l'institution monarchique l'usage défectueux que fait Guil-
laume II de son pouvoir souverain et même de ses facultés personnelles,
dont plusieurs sont, à coup sûr, sympathiques. Il donne des argu-
ments de valeur aux adversaires de l'institution monarchique. Si
le livre que nous analysons prenait la forme d'un manuel à l'usage
des souverains, on pourrait bien lui donner comme sous-titre celui-
ci :« Comment il ne faut pas gouverner ». Eugène Godefroy.
— 349 —
ïiC ■•éi'îl pi'MSSÎCM, par le })<■ d'Okvietko. Paris, Lethielleux, s. d., in-
12 de 113 p. — Prix : 1 fr. 50.
L'auteur de cette brochure est un Polonais qui a conservé toute sa
fidélité au souvenir de l'indépendance et de la gloire de sa patrie.
Mais obligé, faute de dynastie nationale, de s'incliner devant les
faits accomplis, il accepte loyalement la souveraineté de la dynastie
moscovite, et lui demande de jouer vis-à-vis de la nation polonaise le
rôle d'une véritable dynastie nationale en la protégeant contre la
Prusse. Cette brochure est remplie d'aperçus historiques des plus
intéressants et de réflexions d'ordre diplomatique d'une grande finesse.
On y suivra avec beaucoup d'intérêt l'exposé de la question polonaise
depuis l'insurrection de 1863 et des cons-équences de l'indifférence de
l'Europe et des fautes commises par la Russie à cette époque. L'auteur
demande l'autonomie du royaume de Pologne qui, selon lui, « renfor-
cerait la résistance des Polonais sous le joug prussien «.
Les lois odieuses d'expropriation par lesquelles la Prusse s'efforce
de germaniser les provinces polonaises, ne justifient que trop la
haine violente des Polonais contre la domination allemande et il est
dans leur rôle de faire ressortir aux yeux des Français et des Anglais
ies avantages d'une collaboration des Slaves dans l'œuvre de la résis-
tanc3 à l'envahissement germanique. Le docteur d'Okvietko n'y
manque pas et il insiste avec beaucoup d'âpreté sur la faute com-
mise par les gouvernements occidentaux quand ils ont abandonné la
Pologne. Mais la partie la plus intéressante de la brochure pour nous,
Français, est le développement consacré à l'influence allemande à
Saint-Pétersbourg, influence que l'alliance franco-russe n'a pas fait
•disparaître, et contre laquelle s'élève le défenseur de la cause polo-
naise. Eugène Godefroy.
Ii'Aii$;leterre elirétlcnne avant les IVormands, par Dom
Fernand Cabrol. Paris, Lecofîre, Gabalda, 1909, in-12 de xxiii-341 p.
— Prix : 3 fr. 50.
On s'est beaucoup occupé en France, depuis quelques années, de la
condition religieuse du pays d'Outre-Manche; mais les origines loin-
taines du christianisme chez nos voisins sont demeurées plus négligées.
L'abbé de Farnborough a pensé fournir des lumières pour la connais-
sance de l'histoire contemporaine, et même des conditions politiques
de l'avenir, en étudiant l'influence de l'Église dans le passé des Anglo-
Saxons. C'est, à la fois, avec toute la délicatesse dont est capable un
esprit distingué, conscient de ce qu'il doit à l'hospitalité d'un peuple
généreux, et avec une précision documentaire du meilleur aloi, que
l'érudit bénédictin a voulu traiter cette intéresssante question de
l'introduction du christianisme en Angleterre. Tout son livre, fruit
— 350 —
d'uiie rare pondération et d'un sage discernement, tend à démontrer
combien le clnùstianisme a « donné sa marque à cette civilisation, a
façonné ces peuples, a transformé leur caractère ». Celtes, Saxons,
-Vjiglais, nous apparaissent pendant cette période de sept siècles,
pénétrés, modelés et fondus peu à peu, en une grande nation homo-
gène, par l'influence bienfaisante de la religion. Dom Cabrol, après
nous avoir décrit la Bretagne celtique et la Bretagne romaine, rappelle
les légendes longtemps admises, et décrit les origines réelles de la chré-
tienté dans ce pays. L'organisation primitive de l'Angleterre chré-
tienne, la question des rites celtiques, les missions postérieures des
moines ntmains et l'affermissement de la conquête rehgieuse, font
l'objet de captivants chapitres au miUeu desquels se meuvent les
curieuses ou sympathiques figures des vieux saints .\idan, Oswald
et Wilfrid, du moine Théodore, de l'ascète Cuthbert, du voyageur
érudit Bonuit Biscop. L'auteur redit, avec une compétence singulière,
l'épanouissement de la civilisation et de la httérature chrétienne,
ainsi que la rivahté d'ardeur ... et parfois de sentiments, des moines
celtes et des moines romains. Les invasions danoises du ix^ au xi^ siècle,
la démoralisation qui on fut la conséquence, enfin la conquête, par
Guillaume dé Normandie, forment un ensem))le de tragiques événe-
ments où Dom Cabrol démêle Faction prévoyante ou réparatrice de
l'Église, a^■ec un sens historique qui permet déjà d'entrevoir la gi'an-
deur du rôle qu'elle sera prochainement appelée à jouer. Aussi ne peut-
on que souscrire aux conclusions de l'auteur quand il déplore la sté-
rilité funeste qui fut la conséquence du schisme de l'Angleterre :
« Avec ses qualités de sérieux, de ténacité, son esprit d'entreprise,
ses aspirations sincèrement religieuses, sa puissance d'expansion,
dit-il justement, quelle part lui eût été réservée dans l'histoire reli-
gieuse des temps modernes », si elle fût demeurée unie à Rome ! — -
Signalons, avant de clore ce compte rendu, la très riche bibliographie
générale et les indications plus spéciales qui accompagnent chaque
chapitre, ainsi que les savants appendices consacrés à la liturgie et
au denier de Saint-Pierre. G. Péries.
lie Catholicisme en Angleterre au X.X.e siècle, par Paul
Thur's\u-D\nc:in-. Paris, Bloui, 1909, in-16 de 257 p. — Prix: 3 fr. 50.
M. Thureau-Dangin vient de réunir en volume les conférences qu'il
a données, au printemps de 1908, à l'Institut catholique de Paris.
C'est un clair et substantiel résumé desongrand et magnifique ouvrage
sur la renaissance catholique en Angleterre au xix^ siècle. Trois
hommes de haute valeur, trois grands hommes peut-on dire sans
exagération, ont été les auteurs et les initiateurs de cette renaissance :
Wiseman, IS'ewman et Manning, tous trois cardinaux, tous trois de
— 351 —
caractère très différent, mais tous trois concourant au môme but.
C'est Newman qui commença le mouvement avec Técole d'Oxford;
Manning ne vint qu'un peu plus tard ; mais c'est Wiseman qui encou-
ragea et coordonna leurs efforts, avec cette perspicacité et cette
souplesse qui lui firent comprendre l'importance d'un état d'esprit
que les catholiques anglais, enfermés dans leurs vieilles traditions de
routine et de timidité, n'envisageaient pas sans méfiance. Et ce mou-
vement aboutit à des conversions éclatantes et au retour au bercail
d'un grand nombre d'hommes distingués: le rapprochement, en effet,
s'opérait surtout dans les classes élevées et intellectuelles, mais n'attei-
gnait guère les classes populaires. Malheureusement, après la mort de
Wiseman, les divergences qui s'étaient déjà manifestées de son vivant
entre Manning et Newman, arrivèrent à l'état aigu. Newman, dénoncé
à Rome par un prélat anglais fort intransigeant, Mgr Talbot, fut tenu
en suspicion. Il en souffrit beaucoup, mais ne manqua aucune occasion
de manifester son orthodoxie et de répondre aux attaques dont le
catholicisme était l'objet de la part des protestants et de protestants
de marque comme Gladstone. Manning, pendant ce temps, avec une
grande intelligence des temps, s'occupait d'œuvres sociales, et son
influence arrêtait la grève des dockers contre laquelle l'autorité
du Lord maire avait été impuissante.
Tous deux, d'ailleurs, disparaissaient presque en même temps. Le
mouvement dont ils avaient été les directeurs, sans s'arrêter, se trans-
formait. Le tractarianisme devenait le ritualisme. Et des hommes
comine Pusey rêvaient l'union de l'Eglise anglicane avec l'Église
romaine. Dans beaucoup de temples on reprenait les rites et les céré-
monies catholiques. C'était, malgré les persécutions auxquelles ces
tentatives étaient en butte, un premier pas; mais le pas définitif ne
fut pas franchi. Le sera-t-il? C'est le secret de l'avenir. Mais il est
certain que les préjugés dont le catholicisme était l'objet sont tombés,
et la meilleure preuve, c'est l'éclat incomparable' qu'a eu. cette année,
à Londres, le Congrès eucharistique.
Ce n'est pas sans tristesse qu'on lit ces belles conférences de l'émi-
nent secrétaire perpétuel do l'Académie française. Et comment ne
pas faire de comparaison entre la liberté dont le catholicisme jouit
maintenant en Angleterre, grâce aux Wiseman, aux Newman et aux
Manning, et la persécution hypocrite qui sévit contre lui en France?
Mais c'est aussi une leçon. C'est par l'étude, pai' la persévérance, par
le dévouement, par l'union, que les catholiques anglais sont sortis de
leur long abaissement de trois siècles. Faisons comme eux, et nous
n^attendrons pas trois cents ans pour secouer le joug des tyrans de
bas étage qui nous oppriment. Max. de la RociiETKruE.
— 3&2 -
li'Ejikpiation. I/Ëiscadre de f*or1-Ai'tliur, carnet de notes du
capitaine de frégate Sèmei\off, présenté par le commandant de Balin-
couHT. Paris, Cliallamel, 1909, in-18 carré de 496 p., avec 2 cartes. —
Prix : 3 fr. 50.
Le capitaine de frégate Sémenoff est déjà connu des lecteurs du
Polybiblion par les pages ■ — les dernières ■ — de son carnet de notes,
publiées sous le titre de l'Agonie d'un cuirassé. Cette fois, ce sont
les premières pages de ce carnet que nous présente le commandant
de Balincourt : c'est la préface du drame dont nous avons déjà vu le
dénouement. Cette inversion dans l'ordre chronologique ne diminue
on rien l'intérêt de ce nouveau volume. Si nous n'y retrouvons
pas à chaque page l'émotion si angoissante qui nous pénétrait en
voyant se dérouler sous nos yeux l'agonie d'un cuirassé, nous y lisons
un récit non moins vivant, non moins sincère, et peut-être, d'une
façon générale, plus instructif, plus rempli d'enseignement§, des
heures douloureuses du début du siège de Port-Ai'thur. Et d'ailleurs,
hâtons -nous de le dire, certaines pages, comme celle, par exemple, de
la disparition du « Petropavlovsk », ne le cèdent en rien aux passages
les plus dramatiques, les plus émouvants, du récit de la bataille de
Tsoushima.
Le commandant Sémenoff, arrivé à Port- Arthur peu de jours après
l'attaque du 4 février, en est parti à bord d^e la « Diana » qui, à la
suite du combat du 10 août, a été se réfugier à Saigon. Pendant ces
six mois, il a tout vu et tout noté, en marin actif et en observateur
consciencieux. Nous avons ainsi une histoire des opérations maritimes,
une série d'études psychologiques très fines sur l'état d'âm.e de ses
compagnons d'armes, et de critiques, parfois un peu acerbes, mais
toujours justifiées de ce qu'il voyait, de ce qu'il entendait. Et, domi-
nant le tout, plane un profond sentiment de patriotisme, de douleur
et de rage, qui fait ressortir de ce volume si complètement russe, des
leçons à la portée vraiment universelle, profitables à tous et, en parti-
culier, aux marins de toutes les nations.
Est-il nécessaire d'ajouter que la traduction est excellente et l'exé-
cution typographique parfaite, selon les traditions de l'éditeur Chal-
lamel? J. C. T.
Correspondance entre Alexis de Tocqtjeville et Arthur de
Gobineau (iSi3-iS59), publiée par L. Schemann. Paris, Plon-Nourril,
1909, in-8 de vn-557 p. — Prix : 5 fr.
Lorsque ces lettres échangées entre deux hommes de grande valeur
ont paru dans la Reç'ue des Deux Mondes, elles ont offert un régal lit-
téraire aux amis de l'histoire. M. de Tocqueville y apparaît avec sa
verve incisive et maliciQuse, son sens pénétrant, sa clarté d'esprit et de
langage; le comte de Gobineau, dans la position naturellement dé-
— 353 —
férente envers celui qui lui a ouvert la carrière diplomatique et dont
il a été le chef de cabinet, M. de Gobineau se montre travailleur
acharné, penseur très personnel, un peu pessimiste et homme qui sait
voir dans les pays, où il séjourne. Il donne donc des appréciations
curieuses sur la Suisse et sur la Perse, les deux nations si différentes
où le conduisent ses fonctions de secrétaire d'ambassade. Mais il ne
se borne pas à des renseignements fournis à son ancien ministre en
des lettres qui ressemblent tout à fait à de longues dépêches de chan-
cellerie : il expose des « systèmes » historiques qui lui oht valu une
renommée posthume, et apporte des conclusions philosophiques,
sociales, ethnographiques que Tocqueville n'accepte pas volontiers
et combat avec une grande vivacité de riposte. Il y a là, de part et
d'autrp, des pages véritablement pleines de feu et qui sembleraient
une conversation piquante si les deux interlocuteurs ne se trouvaient
séparés par des centaines de lieues. Cette correspondance s'arrête
seulement à la mort de Tocqueville, pour qui Gobineau professe une
affection un peu jalouse.
M. Schemann a édité ces lettres avec une respectueuse admiration
pour le comte de Gobineau, à qui les Allemands accordent une valeur
de premier ordre. Nous regretterons l'absence totale de notes, d'éclair-
cissements, de tables, qui eussent été souvent nécessaires, toujours
utiles. Le lecteur n'aura pas cet appui en ouvrant ces pages, mais il
ne s'arrêtera pas en route, car ces lettres sont charmantes, instructives
et très captivantes, fond et forme. G. de G.
Un $;rand llariii. Tourwille ( 1649-1 901), par Emmanuel
DE Broglie. Paris, Plon-Nourrit, 1908, in-16 de viii-313 p. — Prix :
3 fr. 50.
Si des esprits chagrins prétendent qu'il appartient à un marin seul
d'écrire la biographie d'un homme de mer, qu'ils lisent l'ouvrage
consacré par M.Emmanuel de Broglie à Tourville et ils seront contraints
d'avouer que la règle qu'ils aiment à poser peut soufïrir des excep-
tions. L'auteur n'a pas cherché à décrire les manœuvres des bâti-
ments en présence à Bévéziers ou à la Hougue, ou, s'il l'a fait, il s'est
contenté de citer les lettres et les relations des acteurs eux-mêmes ou
de leurs contemporains, mais il a jugé préférable de nous montrer
en Tourville l'homme lui-même plutôt que le tacticien ou le manœu-
vrier. Cette tâche, M. de Broglie l'a remplie dans la perfection, et si
la phrase n'était vraiment trop banale, on serait tenté de dire que
cette vie de Tourville est intéressante et captivante comme un roman
bien fait. La figure de l'illustre marin nous apparaît en pleine lumière,
avec toute sa rudesse, sa franchise, son courage civique aussi bien
que militaire, et aussi, avec tout son charme et son entrain. Ce fut
Avril 1909. T. CXV. 23.
— 354 —
ATaimont un grand marin ot un liomme dans toute la force du terme
que ce Tourville qui fit ses premières armes à l'âge de quinze ans sur
les vaisseaux de Malte, passa au sei*\'ice du Roi, où il combattit Ruyter
sous les ordres do d'Estrées {*t de Duquesne et enfin, se couvrit de
gloire à la victoire de Bévéziers, au cours de la campagne du Large,
peut-être son chef-d'œuvre, et enfm, à la bataille de la'Hougue, défaite
plus honorable que maintes victoires. Cette brillante carrière, qui se
termina à la paix de Ryswiciv, peu après la victoire de Lagos, est peinte
à grands traits, mais très exactement par M. de Broglie, qui a su,
grâce en partie à de nombreux extraits de lettres et de Mémoires,
faii'e revivre à nos yeux ce grand homme de guerre qui n'était pas un
homme de cour et qui dut toute sa fortune à son mérite. L'existence
de tels hommes, où apparaissent à chaque instant les plus mâles vertus
de courage, de persévérance, de ténacité et de loyauté, est bonne à
connaître et à méditer. A notre époque de veulerie, il est salutaire
d'étudier de tels modèles, dont hélas ! les exemples sont trop souvent
pour nous des reproches. J. C. T.
"Voltaire moua'asat. Enquête faite en 4778 sur les circonstances de sa
dernière maladie, publiée sur le manuscrit inédit et annotée par Fré-
déric Lachèvre, suivie de : Les Quatrains du Déiste, ou V Antibigot
et de Voltaire et Des Barreaux. Paris, Champion, 1908, gr. in-8 de
\xxiii-208 p. — Prix : 7 fr. 50.
M. Lachè\Te, auteur de maintes pubhcations soigneusement éditées
autant que curieusement commentées sur la littérature du xyii^ siècle,
nous fait connaître,.certtefcHS, une relation inédite des derniers jours et
de la mort de Voltaire. Ce récit corrige celui de Wagnière, le dernier
secrétaire de Voltaire : il confirme et complète celui de l'abbé Gaultier,
ce prêtre qui entreprit avec persévérance la tâche ardue de confesser
le philosophe mourant ; il reproduit même les lettres de l'abbé Gaultier
dans un état plus complet et probablement plus exact que l'abbé
Gaultier ne l'a fait lui-même dans son propre mémoire. L'auteur de
V Enquête, demem^é inconnu, probablement ecclésiastique, fut à même
de se bien renseigner. Son récit est vivant, avec un air de vérité, de
réalité et une grande modération d'expression, en dépit des senti-
ments qu'il devait éprouver en racontant à un évêque (l'évêque
d'Annecy) une mort aussi peu édifiante. 11 expose avec détail les nom-
breuses et vaines tentatives de l'abbé Gaultier, confesseur volon-
taire, et du curé de Saint -Su Ipice, pour obtenir de\'oltaire la rétrac-
tation de ses écrits impies et sa réconciliation finale. L'arrivée de
Voltaire à Paris, l'enthousiasme de l'Académie et du public lettré,
, l'apothéose du philosophe à la représentation d'Irène, et, en revanche.
Je délaissement d'un vieillard mal soigné et abandonné aux mains
— 35b —
des étTangers, les hésitations d'un mourant qui craint « d'aller à la
voirie », mais qui a peur de démentir tout un passé d'irréligion, les
diplomaties de son entourage, préoccupé de lui ménagerûne sépulture
ecclésiastique, les fureurs délirantes de son agonie; tnfince macabre
voyage d'un cadavre qu'on a lié, liabillé etassis dans un carrosse, et qui,
rapidement et clandestinement, court se faire enterrer à l'abbaye de
Scellières, dont l'abbé Mignot, neveu du défunt, était abbé commen-
dataire : tout cela est un drame singulier où le comique et même le
grotesque se mêlent au funèbre et à l'horrible; où il ne manque rien
que l'affection, la dignité et le respect.
A la suite de cette relation, M. Lachèvre publie, pour la première
fois intégralement, les 106 Quatrains du Déiste, ou V Antibigot, connus
seulement jusque-là par des citations fragmentaires, et par les réfuta-
tions des PP. Mersenne et Garasse, œuvre anonyme d'une versifica-
tion très plate, mais exposé systématique et fort curieux du déisme
des « libertins ». Enfin, M. Lachèvre discute une opinion de Voltaire
qui voulait enlever à Des Barreaux, pour la donner à l'abbé Lavau,
la paternité du fameux sonnet du Pénitent. L. C.
Mathieu de llontniorency et ]fIa4Ëame «le Ktaël, d'après
les lettres inédites de M. de Montmorency à Mme JVecker de Saus-
sure, par Paul Gautier. Paris, Plon-Nourrit, i908, in-16 de vii-311 p.
avec portrait. — Prix : 3 fr. 50.
La très agréable et gracieuse figure de Mathieu de Montmorency,
qui est aussi très vivante et très humaine, précisément par la variété
de ses enthousiasmes successifs et l'ardeur logique de ses convictions,
n'avait jamais encore été mieux présentée que dans ce petit livre. Il
n'offre cependant pas une vue d'ensemble, car les documents em-
ployés par l'auteur ne commencent pas au début de la vie de M. de
Montmorency, ne se poursuivent pas jusqu'à sa mort; ils vont de
1790 à 1817, c'est-à-dire qu'ils passent sous silence les vingt-trois
premières et les dix dernières années de son existence. M. Paul Gautier
a voulu limiter son sujet aux relations de son « héros » avec M^^ de
Staël : 1790-1817; il a utilisé une correspondance assez volumineuse
échangée entre Mathieu et une cousine de son amie : M"^^ Necker de
Saussure (la fille de l'illustre savant) ; et, par sélection, ne prendre dans
cette correspondance que les seules lettres où il est question de
Mme de Staël.
L'âmé droite et candide, on dirait naïve, de Mathieu, se montre là
tout entière. On peut regretter que le côté religieux de son esprit n'y
soit pas un peu plus étudié, car- ce sont ses sentiments catholiques,
réveillés après les catastrophes publiques et domestiques de la Révo-
lution, qui lui donnent la pondération, la sagesse, la loyauté, l'oubli
— 356 -
do s(ii-mênio qui manquent i-adicalenient à toute la « société » de ses
amis que nous voyons déliler sous nos yeux. Par sa piété, il plane au-
dessus des misères de ces gens à religion fausse, à passions coupables,
aux appétits déchaînés, aux colèi'es jalouses et aux mensonges faciles.
La figure de Benjamin Constant, l'une des plus mésestimables de
cette époque de palinodies, est bien tracée par M. Gautier ou, pour
mieux dire, par les documents qu'il produit loyalement (p. 23, 30, 57,
63, 157, 224, etc.). Le rôle de Mathieu est parfaitement compris et l'on
voit comment son opposition à Napoléon, qui l'exila, fut suscitée par
la persécution impériale elle-même, et pourquoi, logiquement, il se
trouve dans les rangs des membres de la « Congrégation », des partisans
des princes d'Espagne, de ceux qui secondent les Cardinaux noirs,
qui portent une aide respectueuse à Pie VII prisonnier, de ceux à qui
songe le général Malet lors de sa tentative téméraire, des Français
qui saluent avec enthousiasme le retour du roi de France, qu'ils (tnt
préparé.
M. Gautier cite des paroles charmantes de M. de Montmorency, des
traits délicats d'un cœur tendre, d'un esprit distingué, d'une âme
trop indulgente aux fautes de ceux qu'il aime, au point que sa vertu
paraît la complice, certainement la dupe de leur malice. La situation
<( adverse » de M'"^ de Staël et de son vieil ami, à la restauration des
Bourbons, est bien saisie, bien exposée (p. 283); les pages sur sa mort
(14 juillet 1817) demeurent simples et touchantes. L'auteur a ajoute
là tout un chapitre heureux, d'une allure rapide (je n'ose dire super-
ficielle) aux études qu'il a entreprises avec sagacité sur M'"^ de Staël,
éloigné du panégyrique et du dénigrement. Je regrette l'absence d'une
table nominative à la fin du livre, je loue une jolie petite miniature
de M'"e ]\ecker de Saussure. qui en orne la première page.
Geoffroy de Grandmaison.
lia Comtesse de Valoii, A|toIlonie de la Roclielamltert,
souvenirs d'' sa vie, s'i famillu, ses amis, ses correspondants, par G^''- GlÉMBNT-
SiMON. Paris, Plou-Nourril, I9u9, in-8 de V-/404 p., avec portrait. — Prix :
7 fr. 50.
Descendant par ses origines paternelles d'une vieille famille d'Au-
vergne que le hasard d'un mariage avait conduit dans le Maine au
xviii® siècle, apparentée par sa mère à de nobles maisons de Russie,
mêlée dans son enfance aux jeux du comte de Chambord, élevée en
Prusse où elle fréquenta les princes royaux et se créa de nombreuses
amitiés, mariée à un Limousin, dont le père représenta longtemps à
la Chambre son pays, Apollonie de la Rochelambert, comtesse de
Valon, se vit appelée par les circonstances et par ses relations à jouer
un certain rôle dans les affaires de notre pays.
— 357 -
Ce fut surtout pendant la guerre sanglante qui mit aux prises
avec une patrie qu'elle aimait ardemment cette Allemagne où elle
avait laissé de si chers souvenirs et de si précieuses amitiés que son
action eut à s'exercer. Elle ne se contenta pas de donner à l'armée
française ses deux fils, âgés, l'un de dix-sept et l'autre de dix-
neuf ans; elle se dévoua encore avec une belle abnégation au soin des
blessés et au soulagement des misères, sans se laisser atteindre par
les soupçons odieux de connivence avec l'ennemi que lançait contre
elle l'afTolement d'une population rendue injuste par les revers et
prompte à voir partout la trahison. Mais ce fut surtout pendant
les négociations pour la paix et pendant l'occupation à laquelle devait
mettre un terme le paiement de la lourde indemnité de guerre, que
son action se manifesta bienfaisante ; plus d'une fois le gouvernement
où elle comptait un vieil ami dans la personne de Pouyer-Quertier
fit appel à son intervention et mit à profit les relations qu'elle et sa
mère avaient avec le vainqueur.
Royaliste ardente et convaincue, M'"^ de Valon fut aussi mêlée à
l'essai de restauration monarchique.
On trouvera là-dessus plus d'un détail curieux et inédit dans le
livre que consacre à sa mémoire M. Gustaj,^e Clément-Simon; long-
temps honoré de l'amitié de cette noble femme, l'auteur n'a pas
puisé seulement dans ses souvenirs personnels, mais aussi dans les
papiers de famille, dans les correspondances largement mis à sa dis-
position. Les documents qu'il apporte éclairent plus d'un point de
l'histoire contemporaine : le rôle de Pouyer-Quertier, par exemple,
ot aussi la sincérité du ralliement des princes d'Orléans au comte de
Chambord.
On y trouvera encore plus d'un trait pour l'histoire de la société
tant en Allemagne qu'en France, sous Louis-Philippe ou sous le second
Empire.
Mais ce qu'a voulu faire surtout M. Clément-Simon, dans ce livre,
primitivement destiné au seul cénacle de la famille ot des amis,
c'était de tracer un portrait fidèle de celle qu'il avait appris à con-
naître non seulement comme « une femme de tête, ;> mais surtout
comme « une femme de cœur, une âme de bonté et do sentiment. »
II a bien fait de céder aux instances de Cîu:-: qui lui demandaient
d'agrand'r le cercle de ses lecteu s E.-G. liEuos.
liouis Kouilltet, son milieu, ises hérédités, l'amitié de
FCauberl, par Etienne Frère. Paris, Société française d'impri-
merie et de librairie, 1908, in-18 de 307 p. —Prix : 3 fr. 50.
L'auteur de ce volume, ayant eu communication de papiers de
famille relatifs à L. Bouilhet, s'est proposé de nous montrer le poète
- 358 -
au milieu dos siens et dans l'intimité de sa vie. Cette vie fut, du reste,
des plus ordinaires: des études de médecine abandonjiées pour la littéra-
ture, quelques séjours à Paris, acceptés plutôt que recherchés, le goût
de la tranquillité provinciale, une liaison très bourgeoise dans son irré-
gularité, beaucoup de timidité, une grande facilité à se laisser
influencer, des croyances religieuses d'enfance échangées contre
les idées naturalistes à la mode dans le groupe littéraire dont
Louis Bouilhet subit la marque : en voilà les principaux traits.
Très brave homme, à ce qu'il semble, et qui aimait beaucoup sa
famille. Bouilhet la scandalisa fort, parce qu'elle était provinciale,
bourgeoise et pieuse, et qu'il était littérateur, païen, et grand ami de
Flaubert, lequel haïssait le bourgeois et le prêtre avec une férocité
truculente et naïve. Bouilhet eut la passion des lettres et de la poésie
dès l'enfance et, pour ainsi dire, héréditairement, issu d'un père qui
s'épancha dans des écrits abondants et pompeux, et d'une mère qui
cultiva avec grâce le genre troubadour. Littérairement, l'influence de
Bouilhet sur Flaubert, dont il tempérait la fougue, et qui l'appelait sa
« conscience littéraire», et réciproquement l'influence de Flaubert sur
Bouilhet, qui fit relire une partie de son œuvre par son illustre ami,
tel est le point le plus intéressant de l'étude de M. Frère. Parmi les
maîtres de Louis Bouilhet, il indique aussi, en passant, Théophile Gau-
tier et Leconte de l'Isle. C'est qu'en effet, soit par sa richesse
verbale, soit par son goût de l'exotisme, soit par certaines théories
— celle par exemple de la mort des religions, qu'il a mise en œuvre
dans sa pièce célèbre la Colombe, — Bouilhet, dans ses vers, trahit
l'influence de l'auteur de la Comédie de la Mort, et au moins une
communauté d'inspirations avec l'auteur des Poèmes antiques, et
c'est ce que M. E. Frère aurait pu développer davantage, si son
dessein n'avait pas été si exclusivement biographique. L. C.
Stimples SouYeiiirs, 1959-1909, par le comte de Pimodan.
Paris, PIon-Nourrit, 1908, in-16 de 386 p. — Prix: 3 fr. 50.
Le comte Claude de Pimodan, second fils de l'illustre soldat catho-
lique glorieusement tombé à Castelfidardo pour la défense du Saint-
Siège, a voulu retracer les étapes de sa propre existence au lendemain
du jour où lui-même a sacrifié sa carrière (comme son père avait offert
sa vie) à ses convictions et à son sentiment de l'honneur. C'est une
victime des « Inventaires », et il a brisé son épée voyant l'impossibi-
lité de continuer, sans déchéance à ses yeux, une carrière militaire
brillamment commencée.
11 reprend donc les Simples souvenirs de sa petite enfance, de sa
jeunesse à Saint-Cyr, à Saumur, ses débuts au régiment, ses garni-
sons, sa mission au Japon (comme attaché militaire), son séjour en
— 359 -
Afrique (chef d'escadrons à Tlemcen), son passage aux bureaux de
l'état-major de l'armée au ministère de la guerre; enfin la doulou-
reuse matinée qui, en décembre 1906, vit Fexpulsion policière du
grand séminaire de Cambrai, à laquelle il dut assister en service com-
mandé. La table des matières indique au lecteur les chapitres oùisoat
relatés ces événements si divers tous retracés- d'une plume alerte,, vive
et vibrante; notes jetées sur le papier au jour le jour avec une certaine
nuance d'ironie et un esprit volontiers mordant. Ces souvenirs char-
meront particulièrement la génération des hommes de cinquante ans
qui retrouvera là cent passages des impressions qu'elle-même a reçues.
Ils intéresseront aussi tous ceux qui ont le sentiment de l'honneur,
le goût des choses militaires,. le culte delapatrie. Petit Hvre facile, agréa-
ble, utile à lire ; qui parle de bien des choses, même de l'affaire Dreyfus,
car M. de Pimodan a coudoyé Foilicier juif dans les bureaux de la
guerre; et sur ce point délicat, triste (obsédant et ennuyeux surtout)
il apporte une note très réservée, très sage, très neuve, éclairant peut-
être toute cette triste histoire, du moins ses débuts, en soulignant la
rivalité des commandants du Paty de Clam et Picquart. G.
ItSelleis du pass^. ]¥«wvelles Études d'àmes, par E^4 Tbr-
RADB. Paiis, i'oussielgue, 1908, in-lZ de vii-311 p. — Prix :3 fr. 50.
C)n retrouvera dans ce volume la même abondance d'informations,
la même ouverture de sympathie et le même cliarme que dans les
Étiidea d'âmes (Cf. Polybiblion, octobre 1907, t. CX, p. 359-360) dues
au même auteur. Ces pro'^aenades à travers le meilleur du passé vont
du baptême de Clovis et des sacres de rois à Reims, de Dante et de
Pétrarque jusqu'aux romans de M.. Sienkiemcz, rapprochés des Mar-
tyrs de Chateaubriand. Mais ce sont évidemment les âmes qui vécurent
sous l'influence de ce fier génie, en une véritable époque de
belle renaissance française, qui attirent le plus cet intelUgent
amateur de noblesse et de déhcatesse. Il se complaît à recueillir les
souvenirs de l'Abbaye-aux-Bois, à opposer Chateaubriand à Renan,
à montrer Victor Hugo arraché par la lecture du Génie du christia-
nisme à l'irréligion voltairienne de sa mère et préparé ainsi à devenir
le pénitent de Lamennais. (A rapprocher la récente étude de M. Mau-
rice Souriau : Les Idées morales de Victor Hugo.)
Attachantes figures de femmes que celles de M^^^^ Yemeniz, une
amie de Lamennais, et celle de la princesse de Condé, tante du duc
d'Enghien,et qui finit ses jours parmi les bénédictines. Le seul reproche
que l'on pourrait avoir la tentation d'adresser à un aussi charmant
critique, c'est de voir ceux qu'il ainEie' plus beaux que nature. A propos
de ce qu'il dit (p. 113) de Chateaubriand, de Pétrarque et de la fon-
— 360 -
taine de Vaucluse, je n'ai pu m'empêcher de songer à une lettre du
5 novembre 1802, écrite à Fooitanes par l'auteur du Génie du christia-
nisme et publiée par M. René Kerviler {Essai d'une bio-bibliographie
de Chateaubriand) : On y lit : « J'arrive de Vaucluse; je vous dirai
ce que c'est. Cela vaut sa réputation. Quant à Laure, la bégueule,
et à Pétrarque le bel esprit, ils m'ont gâté la fontaine ».
Baron J. Angot des Rotours.
l'oi'traîts de liiiancieriii [Ouvrard, Mollien, baron Louis, Gandin,
CorvcUo, Lajfite, de Villèle), par André Liesse. Paris, Alcan, 1908,
in- 16 de xvi-348 p. — Prix: 3 fr. 50.
M. Liesse a étudié l'action personnelle des hommes qui, à des titres
divers, ont contribué à réorganiser les finances de la France dans la
période comprise entre la fin du Directoire et la révolution de Juillt-t.
Il n'a pas voulu faire œuvre d'historien (pourquoi, dans sa Préface,
dit-il : « œuvre systématique d'historien? « On peut être historien
sans suivre aveuglément un système) ; • — mais il a simplement cherché
à connaître quelle a été la formation de l'esprit et du carac-
tère, l'origine des idées et des opinions des financiers dont
les noms précédent. C'est là sans doute un côté technique, un peu
spécial; M. Liesse, professeur au Conservatoire des arts et métiers
et à l'École des sciences politiques, a mené cette enquête à bien, préci-
sément parce qu'il parle en homme de métier parfaitement compétent
et en pédagogue « émérite ». Son impartialité, un peu forcée parfois
est grande ; elle enlève la chaleur de style, mais précise l'idée et donne,
du poids aux conclusions qui^sont aussi modérées que possible.
A côté des fonctionnaires de l'Empereur : Gaudin (ministre des
finan-ces, c'est-à-dire des recettes) et Mollien (ministre du trésor, c'est-
à-dire des dépenses), des ministres de la Restauration : Louis, Corvetto,
Villèle, il esquisse, avec une certaine sympathie, la figure de deux
banquiers qui sembleraient en mériter assez peu : Ouvrard et Jacques
Laffite, le premier brasseur d'affaires, intelligent sans doute mais sans
scrupules, le second, ridicule dans son personnage de « bourgeois
libéral >>, encore plus grotesque qu'un bourgeois gentilhomme. Cepen-
dant les agissements d'Ouvrard sont intéressants à connaître. Il résulte
de cette lecture que l'on voit comment les grandes entreprises de
Napoléon avaient mis à mal, à la fin, les finances de la France, et
quelle tâche douloureuse il léguait aux Bourbons sur ce terrain comme
sur tant d'autres. Il ressort également combien la Restauration paci-
fia les esprits, amena la prospérité matérielle autant que la grandeur
morale de notre pays, dans les conditions les plus délicates. M. Liesse,
qui n'est certainement pas royaliste, en apporte loyalement la démons-
tration d'une façon précise et péremptoire; peut-être un peu à son
— 361 —
insu. Son livre, sous une forme modeste, est très important par sa
clarté et sa compétence. Les portraits des ministres de l'Empereur
sont tracés avec sobriété; dans les chapitres consacrés à Laffîte et à
M. de Villèle, on expose (p. 284 et p. 338) cette célèbre conversion
du 5 ^/o proposée en 1824 et qui amena une véritable crise politique;
elle avait aussi, en partie, une origine politique et une portée sociale
autant qu'économ.ique. G.
Biblio^rapliie raisunnée des Œuvres de Ko^suet, par
l'abbé V. Verlaque. Paris, A. Picard et fils, 1908, in-8 de viii-141 p.
— Prix : 5 fr.
M. l'abbé Verlaque, bossuétiste fervent et bien informé, a vouli?
combler la lacune signalée jadis par Brunetière, quand il disait cjue f s
œuvres de Bossuet n'ont jamais été l'objet d'une bibliographie rais n-
née. Il a donc pris la question au point où l'avaient amenée ses p t-
décesseurs immédiats, M. l'abbé Bourseaud et M. l'abbé Ch. Urbain,
et, profitant des recherches et des travaux plus récents, il a fait son
livre, qui rendra des services non seulement aux bossuétistes, mais à
tous ceux qui s'intéressent au génie français. Bien entendu, son volume
n'est pas un livre de lecture, mais un instrument de travail. Il se
divise en quatre parties : la première comprend les ouvrages publiés
du vivant de Bossuet, depuis la thèse de Navarre, qui est de 1651,
jusqu'à V Explication de la prophétie d'Isaïe, qui porte la date de 1704.
Chaque livre est accompagné d'une exacte description soit de l'édition
originale soit des éditions qui l'ont suivie, ce qui permet d'en recons-
tituer l'histoire en quelque sorte extérieure. L'auteur a soin de signaler
les traductions contemporaines en diverses langues et aussi, quand il
y a Heu, les ouvrages qui ont été publiés pour y répondre.
La seconde partie comprend les ouvrages de Bossuet publiés
isolément depuis sa mort, en second lieu les Lettres de Bossuet, enfin
les ouvrages attribués à Bossuet.
La troisième partie est consacrée aux Collections cV œuvres de Bossuet,
édition dite de Pérau ou de Paris (1734-1747) ; édition de Venise (1736-
1757); édition des bénédictins : c'est l'édition de Dom Dcforis (1772-
1788), les collections diverses, enfn les Extraits.
La quatrième partie, c'est la bibliographie des documents sur Bos-
suet et ses œuvres : Biographie, Bossuet et le Protestantisme, Bossuet
et le Gcdlicanisme, Bossuet et le Quiétisme, Bossuet et le J ansénisme,
Oraisons funèbres et Eloges académiques, Critiques et Histoire lit-
téraire, Bibliographie.
Tous les admirateurs de Bossuet, et les travailleurs surtout qui en
ont fait l'objet de leurs études, seront reconnaissants à M. l'abbé
\'erlaque de leur avoir donné ce précieux et désormais indispensable
instrument de travail. Edouard Pontal.
— 3r,2 —
B^LLET!^
La D^tiicace des ésilscs, par JULES Baudot. Paris, Biouii, l9oy, in-i6 do
(A p. — Prix : 0 fr. 60.
Le côté historique de ce rite devenu si solennel, est minulisusement
traité dans cet opuscule. Le lecteur y trouvera tous les éléments d une
étude approfondie.
Le rite actuel est traité dans une deuxième partie, aux points de vue
canonique, liturgique et symbolique. L'auteur excelle à débrouiller par
d'heureuses subdivisions la marche assez compliquée de cette fonction
pontificale. Dans une note, il invite le lecteur à suivre les explications en
ayant sous les yeux le texte olFiciel.
Cette précaution permettra de rectifier le détail donné de la procession
<les reliques où la description est moins heureuse (page 51); et aussi de
préciser la tri^'S intéressante cérémonie de la combustion des croix de cire et
des grains d'encens sur les croix de la table d'autel. La phrase qui y fait
allusion (page 55) parait vraiment trop vague.
On ne peut que louer l'heureuse idée de grouper les détails du symbolisme
en les rapprochant des rites du baptême et du mariage.
De telles études font comprendre les merveilleuses richesses d'instruction
et d'édifi-;ation que renferme la liturgie. A. Vigourel.
tifs l<léo» inoftesi. par Albert Bayet. Paris, Cornély, 1908, petit in-8 de
220 p. = Prix : 3 fr. 50.
M. Bayet est l'un des prophètes de la loi nouvelle, cette loi très laïque
que le régime actuel vise à rendre obligatoire, pour nous prouver son grand
amour de la liberté. Pour M. Bayet, les idées mortes, ce sont celles auxquelles
il ne croit pas, et les idées vivantes, ce sont les siennes. Il les professe d'ail-
leurs sans enthousiasme, étant persuadé, car c'est le fond de sa doctrine, —
si l'on peut appeler cela une doctrine — que ce qui est vrai aujourd'hui
peut être faux demain, et que le bien du présent a des chances de devenir
le mal de l'avenir. Son livre est un manuel d'anarchie, mais d'anarchie
bourgeoise et peureuse, oîi les idées baroques de Victor Hugo s'amalgament
aux blasphèmes sucrés de Renan. Sur les dernières pages plane la figure
réhabilitée de Judas. L'auteur a des lettres; je le plains d'en user si mal.
Cela lui a d'ailleurs peu réussi. Son livre, d'un dilettantisme rafTiné mais
vieillot, où M. A. France lui-même, le maître du genre, ne se reconnaîtrait
plus, abonde en propos dignes de Homais. Ouvrage de pure fantaisie, qui,
en dépit du talent de l'auteur, n'arrive pas à se hausser au dessus du niveau
d'un livre médiocre et d'un mauvais livre. Edouard Poxtal.
ILa Sloi-nie de la Fi-s»nce, par Paul Adam. Paris, Bauche, s. d., in-16
de xxv-311 p. — Prix : 3 fr. 50.
Pourquoi ce volume est-il ïntïtxûé laMoralede la France? Je n'en sais rien-
C'est un simple recueil d'articles de journaux ou de revues, et le soin que
l'auteur a mis à dissimuler son procédé en supprimant le titre de chaque
article pour y substituer une numérotation anonyme de chapitres, ne sufTit
pas à faire un livre de cette série de chroniques incohérentes. M. Paul Adam,
qui me paraît dénué d'esprit critique, adopte, sans y regarder de près, toutes
les conclusions du livre qu'il vient de lire, et proclame comme dogmes
— 363 —
intangibles toutes les théories scientifiques ou pseudo-scientifiques dont
l'ensemble, d'ailleurs très variable, constitue le fond de la religion de la
foule des primaires d'aujourd'hui.Onpeut,certes,y trouver de-ci,de-là, quelques
bribes de vérités, mais noyées dans une masse d'extravagances, tout juste
bonnes à servir un jour de pâture à l'ignorante curiosité des lecteurs de
journaux. Lues une fois, ces chroniquettes, d'un style souvent vigoureux,
mais lourd, ont rempli tout leur destin et ne méritent pas d'être fixées
dans un livre. Comme il est question de tout dans la Morale de la France,
sauf peut-être du sujet que le titre annonce, nos lecteurs comprendront
que je me sois borné à en indiquer les tendances et le mode de composition,
sans me mettre en peine de résumer un sujet qui n'existe pas : de sujets,
l'auteur en traite bien une centaine, trois fois plus qu'il ne nous donne de
cliapitres, et franchement, c'est beaucoup trop pour un seul livre.
Edouard Pontal.
I»ci«séo(* d'ii.-tfmoiiio. par M. de Meck. Paris, Plon-Nourrit, 1908, in-16
de 175 p. — Prix : 3 fr. 50.
Ce livre est un recueil de pensées, de très inégale importance, et où il
ne faut donc pas chercher l'ordre didactique d'un traité de philosophie ou
de morale. L'auteur n'a même pas essayé d'introduire dans ses pensées
un essai de classification quelconque qui guiderait un peu et aiderait à
comprendre ce qu'il a voulu faire. A vrai dire, je trouve ce genre bien démodé
■et tout juste à la portée de ceux (je mets à part l'espèce très rare des écri-
vains de génie) qui aspirent à se faire imprimer mais U'^ visent pas à se
faire lire.
Le livre de M. de Meck ne débute pas trop mal, par d'assez bonnes pages
sur l'amitié, sur la mort, sur le dévouement, sur la souffrance chrétienne.
Puis, à mesure qu'on avance, les idées deviennent de plus en plus contes-
tables et bizarres, et l'on n'emporle de cette lecture qu'une impression très
mêlée. Mettez dans un mortier un peu de Brahma, de Fogazzaro, de Spinoza,
de Kant, peut-être de Sabatier et de Darmesteter, bien qu'ils ne soient pas
nommés, broyez le tout et vous aurez un résidu peu consistant oii se con-
dense à peu près la religion de l'auteur, religion exempte de tout dogma-
tisme, c'est-à-dire, au fond, de toute vérité, et se résolvant en une vague
religion de pure sentimentalité. C'est un appui bien peu consistant pour y
fonder l'harmonie des âmes. Aspirations élevées, si l'on veut, mais posées
simplement sur un piédestal de nuées, qui se dissoudront an premier sonfïle
du vent.
Après beaucoup de pensées en prose, l'auteur a cru bon de nous donner des
vers : il appelle cela Poésies, lesquelles valent beaucoup moins que sa prose,
et il aurait mieux fait de se tenir à la première forme de ses pensées. L'art
des vers lui est tout à fait étranger. 11 y a là des vers de dix, douze, treize
quatorze et quinze pieds, d'autres plus longs peut-être, car je ne les ai pas
tous mesurés. L'auteur nous dit dans sa Préface qu'il est étranger : excuse
insuffisante; car enfin rien ne l'obligeait à faire des vers français. JSle sutor...
M. de Meck, dont je ne suspecte pas d'ailleurs les bonnes intentions, aurait
été bien inspiré de s'en souvenir. Edouard Postal.
— 364 -.
Le* Jaunes, par F.-Fkrd. COCHET. l'aris, Savaèle, s. d., iti-8 ne ^i5 p. — Prix :
0 fr. 50.
Iv'Utopie Jaune. L,a iVouveile Monai-chie, par PiKKRii FÉLIX. Paris,
Bonvalot-Jouve, 1908, in-18 do 88 p. — l'rix : 1 fr.
On trouvera dans la brochure de M. F. -F. Cochet un rapide historique
du mouvement des u jaunes « depuis leurs premières manifestations en
1899, et surtout depuis leur rénovation avec M. P. Biétrj- au début de 1904,
après une sorte d'approbation de son programme par des hommes éminents
de science et de foi. L'auteur refuse de souscrire aux allégations âprement
malveillantes de M. Paul Bureau et de M. Marc Sangnier contre les Jaunes.
11 leur est sympathique. 11 veut être optimiste à leur endroit, mais sous con-
dition. Il ne croit à leur avenir que s'ils se donnent plus activement et plus
exclusivement à leur tâche de syndicat ouvrier, en considérant les autres
syndiqués plutôt comme des recrues de l'avenir que comme d'irréduc-
tibles adversaires, en évitant toute solidarité compromettante avec les
partis politiques, en se gardant surtout de sembler des agents ou des instru-
ments des patrons.
— Ecrite par ce franc-parleur, ce franc-penseur et ce franc-tireur à qui
nous devons la Contre-Révolution et VÉquivoque démocratique, l'étude de
M. P. Félix est vivement critique. Il reproche au programme de M. Biétry
de n'être ni bien neuf ni précis, de n'offrir guère qu'un assemblage de
formules creuses ou de promesses irréalisables. Le placement des épargnes
des ouvriers dans rétablissement qui les occupe, et dont ils deviendraient
ainsi co-propriétaires pour une parcelle, lui semble dangereux à recom-
mander. L'auteur croit plus sage et plus utile d'affirmer qu'il y aura toujours
des patrons et des ouvriers, les seconds subordonnés aux premiers, et que
le devoir essentiel du patron est de faire prospérer son entreprise, et
que l'effort des ouvriers doit simplement tendre, par l'organisation pro-
fessionnelle, à faire monter leurs salaires et améliorer leurs conditions de
travail. — En appendice, une critique très vive aussi de l'hérédité monar-
chique chère à M. Charles Maurras, M. P. Félix étant monarchiste, mais
en laissant au chef de l'État le soin de désigner son successeur.
Baron J. Angot des Rotours.
Science ou Komnn, par John-Gérard ; traduction de Jean d'Orlyé.
Paris, Savaète, s. d., in-8 de 150 p. — Prix : 2 fr.
Les six articles de revue dont est formée cette brochure ont été écrits
assurément dans d'excellentes intentions. C'est une réfutation du darwi-
nisme avec une argumentation assez exacte, mais un peu vieillie, n'envi-
sageant d'ailleurs qu'un seul côté de la question, ne tenant compte que des
faits .contraires à la théorie, sans examiner ni discuter les faits favorables,
ni même tenir compte des nombreux amendements et modifications que
ses partisans lui ont apportés en ces dernières années. D'autre part, les
titres des articles, comme celui de la brochure elle-même, ne répondent pas
toujours ou ne répondent que de loin aux sujets. Qui se douterait que, sous
la rubrique générale : Science ou Roman, il s'agit de darwinisme et de posi-
tivisme? Le premier article, qui comprend l'exposé de la théorie d'évo-
lution darwinienne, est intitulé : « Une Histoire embrouillée ». Un autre,
désigné comme «Le Jeu de la spéculation,» est l'histoire d'ailleurs intéressan-
te, voire amusante, des mœurs, ébats et habitudes du merle d'eau (cinclus
aquaticus). Dans ce chapitre se rencontre, au reste, le meilleur argument
- 3H5 -
opposé par l'auteur aux doctrines transformistes, celui de l'ignorance où
nous sommes encore de la plus grande partie des secrets de la nature, nous
faisant édifier des théories qui peuvent être renversées plus tard par les
nouvelles connaissances acquises. Le chapitre intitulé : « La Nouvelle
Genèse » est une bonne réfutation du matérialisme.
En examinant certaines références indiquées au bas des pages, et notam-
ment la dernière ligne d'une courte Préface, on s'aperçoit que ces articles
remontent à l'année 1891. Avons-nous afTaire ici à une reproduction tar-
dive d'articles de quelque revue anglaise, parus il y a 16 ou 17 ans, ou à une
réimpression récente d'une traduction parue à cette époque? Le titre prin-
cipal de la brochure ne portant aucune date, on ne peut répondre à cette
question; mais de l'ensemble du texte il résulte que l'œuvre n'est pas pré-
cisément une nouveauté. Ch. de Kirw.^x.
i.e Socs-et «les» soui-eiers. par le D'' Gkorgks-Surblkd. 2» éfliUon, revue
et aiij.;inent,ee. Paris, .Aiuat,, s. d., in-1-2 de 33 p. — Prix : 0 fr. 30.
L'auteur décrit cette faculté singulière, propre à certaines personnes
seulement, qui leur permet, tenant en chaque main l'une des hranches d'une
petite fourche en bois (ordinairement en coudrier) ou même en inétal, de
constater la présence des eaux souterraines, par la torsion ({ue la petite
fourche fait subir aux mains qui la tiennent.
Après avoir exam.iné les diverses hypothèses proposées pour l'explication
de ce bizarre phénomène, et avoir écarté toute intervention d'ordre extra-
naturel, l'auteur en trouve la cause elïiciente dans cet élément encore peu
< onnu de l'organisme qu'est le fluide magnétique ou vilal, le même qui, à un
degré beaucoup plus développé et sous une forme différente, agite les «mé-
diums » quand ils sont ce qu'on appelle en ?ra;ise. C. DE KiRWAN.
!.<•» Pénsiies comiois'eM, par LÉON MONNiER. Pari?. V^ic et Amat ; Gray,
O. Roux, 1908. in-12 de 188 p. — Prix : -2 fr . 50.
Avant d'écrire son petit volume, M. Léon Pionnier semble bien l'avoir
un peu rêvé. Dans une lettre servant de Préface, adre.ssée à l'auteur par
M. Etienne Lamy, de l'Académie française, nous relevons ces deux phrases :
« Avez-vous eu dès l'abord la pensée de nouvelles en prose? Je me le de-
mandais en commençant leur lecture; elle m'a prouvé que la prose elle-
même peut être poésie. »
Bien jugé. — Mais, tout en ratifiant, j'engagerai M. L. Monnier à s'efforcer
d'être un « provincialiste » plus original, plus vrai : il nage un peu trop dans
le' vague, dans le bleu, dans le mauve; bref, il est poète à l'excès ; voilà,
certes, un reproche que la plupart des romanciers ou nouvellistes d'aujour-
d'hui, courtisans du réalisme brutal, ne risquent guère d'encourir.
M. L. Monnier est un jeune — cela se sent — qui a la foi, l'amour de la
terre natale et qui semble s'être donné pour tâche d'exalter sa province
dans une série de petits récits : s'il en est ainsi, véritablement, je vais lui offrir
un conseil qui vaut son pesant de remerciements : qu'il prenne pour modèle
son compatriote Georges Riat, si' prématurément enlevé à la littérature,
et qu'il lise plusieurs fois son volume paru en 1903 : L\line du pays, mœurs
comtoises : au point de vue de la couleur locale, de l'esprit et de l'originalité
dans l'observation, c'est, dans le genre « nouvelles, « l'un des plus remar-
quables que je connaisse. Et si M. L. Monnier, en travaillant, nous présente
quelque jour un recueil de cette valeur, je serai vraiment heureux de le
proclamer. E.-A. Chapuis.
— 36 r, —
CHHONIOUL
NÉCROLOGIE. — Le corps médical français a fait une grande perte en la
personne du docteur Motet, mort à Paris, le 11 mars, à 76 ans. Né à
La Flèche (Sai'thei,eii 1832,M. Auguste Motet, après de bonnes études secon-
daires, vint suivre les cours de médecine à Pai'is et fut brillamment reçu
docteur en 1859, avec une thèse sur les Effets toxiques produits sur V homme
par la liqueur d'absinthe. Bientôt après, il fut nommé médecin de la Petite-
Roquette, mais tout le temps qui n'était pas absorbé par cette fonction, fut
consacré par lui à Tétude des maladies mentales. Il ne tarda pas à faire
autorité pour tout ce qui concerne le côté médico-légal d^e Taliénation men-
tale. Devenu expert près les cours et tribunaux de la Seine, il a rendu de
grands services en cette qualité. Membre de la Société de médecine légale
de France dès sa fondation, il en fut le secrétaire général en 1887 et le pré-
sident en 1904. 11 était, en outre, vice-président de l'Association centrale des
médecins de France et, en 1895, il avait été élu membre de l'Académie de
médecine. Outre de nombreux rapports sur l'organisation de la médecine
légale, le tarif des expertises, etc., et des articles insérés dans des revues
scientifiques, telles que les Annales médico- psychologiques, le D*" Motet laisse
des ouvrages fort estimés, particulièrement sur les questions de psychiatrie
médico-légale, entre autres : Les Aliénés devant la loi (Paris, 1866, in-8); —
Introduction à un cours d'hygiène (Paris, 1866, in-12); — r Siège de Paris
(1870-1871). L'Ambulance militaire de Reuilly, annexe du Val-de- Grâce
(Paris, 1872, in-8): — Eloge de Morel, lu à la séance publique annuelle de la
Société médico-psychologique (Paris, 1875, in-8l: — Accès de sonifiambulisme
spontané et provoqué : prévention d'outrage public à la pudeur. Relation
médico-légale (Paris, 1881, in-8).
— M. Alexandre Beaume, avocat à la Cour d'appel de Paris et l'un des
doyens de l'ordre, est mort au commencement de mars, à l'âge de 82 ans.
Il était né à Paris en 1827, et s'était fait inscrire au tableau des avocats le
24 novembre 1849. Il a publié, avec la collaboration de plusieurs de ses
collègues, un certain nombre d'ouvrages concernant la jurisprudence et
siu'tout les questions de propriété littéraire et artistique qu'il avait tou-
joxu's étudiées avec prédilection. Les plus connus sont : Code général de la
propriété industrielle, littéraire et artistique, cow^prenant les législations de
tous les pays et les traités internationaux sur les inventions brevetées, les
œuvres de littérature, de musique, de théâtre, de peinture, de ■ dessin, sculpture
et gravure; les enseignes, les noms des commerçants, les marques et les dessins
de fabrique (Paris, 1854, in-8), avec Etienne Blanc; — Dialogue des morts
sur la propriété littéraire (Paris, 1862, in-8), avec M. Huai'd ; — Recueil des
actions possessoircs, jurisprudence générale des cours et des tribunaux (Paris,
1863, in-16), avec M. Laurent Jay. ]\t Beaume a donné en outre avec M.
Ch. ^lillion, une troisième édition de l'ouvrage de M. Laurent Jay : Dic-
tionnaire général et raisonné des justices de paix en matières civile, adniinis-
trative, de simple police et d' instruction criminelle (Paris, 1869, 5 vol. in-8).
De plus, il avait fondé, toujours avec M." Million, les Annales et journal
spécial des justices de paix, ainsi que le Bulletin spécial des décisions des
juges de paix. Mais M. Beaume n'était pas tellement absorbé par ses graves
occupations juridiques qu'il ne pût consacrer une partie de son temps à des
travaux ]:iurement littéraires. C'est ainsi qu'il a écrit avec M. Ch. Nuitter
plusieurs hvrets d"opér.as-comiques qu'il a signés du pseudonyme de
Beaumont et parmi lesquels nous citerons : Une Nuit à Séville (Paris, 1855,
- 367 -
in-12, ); — Abou-Hassan (Paris, 1859, in-12)-, — La Flûte etichantée (Paris,
1865, in-12); — Le Lion de Saint-Marc (Paris, 1865, in-12); — Macbeth
(Paris, 1865, in-12); — Le Docteur Crispin (Paris, 1866, in-12); — Car-
dillac (Paris, 1868, in-12) ; — Le Vengeur (Paris, 1869, in-12) ; — Les Masques
(Paris, 1869, in-12); — Le Dernier Jour de Pompéi (Paris, 1869, in-12); —
Le Cœur et la main (Paris, 1882, in-12), etc. Eniin il a composé quelques
nouvelles, comme : Le Legs du cousin Drack (Paris, 1881, in-12) et le Beau
Colonel (Paris, 1884, in-12).
— Vers le milieu de février, M. l'abbé Victor Verlaque, chanoine titu-
laire de la cathédrale de Fréjus, écrivain et érudit distingué, est mort à
Tamaris-sur-Mer (Var), à 65 ans. Fils de l'illustre créateur des chantiers
de la Seyne, il était né en 1844. Venu à Paris pour faire ses études ecclésias-
tiques au séminaire de Saint-Sulpice, il fut ordonné prêtre dans ccXi'^
même ville et fut attaché comme professeur à TÉcole Bossuet au moment de
sa fondation. Plus tard, il fut nommé aumônier de la marine, et enfin, étant
rentré dans son diocèse d'origine, il devint un des membres du chapitre de
la cathédrale de Fréjus, et consacra son temps désormais à la pubhcation
de savants ouvrages, principalement sur l'histoire hagiographique de la
Provence. Voici les titres des principaux : Histoire du cardinal de Fleury et de
son administration (Paris, 1877, in-12); — Jean XXII, sa vie et ses œuvres
d'après des documents inédits (Paris, 1883, in-8): — Saint Louis, prince
royal, évêque de Toulouse, et la Famille d'Anjou au xiii*^ siècle, diaprés des
documents inédits (Paris, 1885, in-12) ; — Bibliograqhie raisonnée des Œuvres
de Bossuet (Paris, 1908, in-8). M. l'abbé N'erlaque était membre cor-
respondant de plusieurs sociétés savantes.
— La Hongrie vient de perdre un de ses meilleurs économistes, M. Jules
Kautz, né à Gyôr, le 5 novembre 1829., Professeur à l'Ecole de droit de
Nagy-Vàrad, il publia d'abord : Adam Smith et V Économie politique mo-
derne (1854). Quelques années plus tard, il donnait : La Statistique de la
monarchie hongroise. Vidée de VEtat dans le développement de Vhistoire
universelle (1862); - — • Ecoiwmie politique et finance (1860-1863); — - Eco-
nomie politique et Politique douanière: — Histoire du développement de
Vidée économique et son influence, en Hongrie (1874);-— La Politique ou
V administration de VÉiat (1877); il avait aussi donné, en langue allemande :
Théorieet histoire de V économie politique et sa littérature (Vienne, 1858-1860),
qui a été traduit en hongrois. M. Jules Kautz devint, en 1892, gouver-
neur de la Banque austro-hongroise. Il était membre de l'Académie hon-
groise depuis 1860 et a collaboré à de nombreuses revues spéciales.
— On annonce encore la mort de MM. :1e D"^ B ai lleax", auteur de divers
ouvrages d'archéologie, mort au commencement de mars, à Pierrefitte-sur-
Loire (Allier), dans sa 79" année; — le D'" Barrette, chirurgien distingué
et professeur à l'Ecole de médecine de Paris, mort en cette ville., à la fin de
mars, à 57 ans; — Louis-Mncent Bigot, ancien sous-préfet de Senlis et
d'Étampes, ancien collaborateur du Temps, mort à Paris, au milieu de
mars, à 77 ans; — Eugène Capé-Moktrosier, critique d'art distingiié,
mort àParis, à la fin de mars, à 69 ans; — Louis Cornu, secrétaire général
de l'Association nationale de la meunerie française, directeur du Marché
français, mort au milieu de mars, à Menton, à 59 ans; — • ÉticTine Dubois
DE l'Estaxg, inspecteur général des finances, ancien professeur à l'Ecole
libre des sciences politiques, qui a collaboré au Nouveau Dictirinnaire déco-
nomie politique et a publié une étude sur Turgot et la Famille royale, mort
•^à Paris, au commencement de mars, à l'âge de 58 ans; — - Victor Egger,
- 368 -
professeur à la Faculté des lettres de Paris, fils d'Emile Rgger, le célèbre
helléniste, auteur de plusieurs ouvrages, entre autres d'une thèse de doc-
torat, qui souleva de nombreuses discussions lorsqu'elle fut publiée : La
Parole intérieure, essai de psychologie descriptive (Paris, 1881, in-8), mort à
Paris, au milieu de février, à 71 ans; — Charles Letort, conservateur à la
Bibliothèque nationale, mort à Paris, à la fin de janvier, à l'âge de 63 ans;
— Maurice Léyy, professeur de physique à Paris, mort dernièrement en
cette ville, à 71 ans; — Alfred de Lostalot de Bachoué, un des plus an-
ciens rédacteurs et le sous-directeur de la Gazette des beaux-arts et de
rillustration, auteur de plusieurs ouvrages sur la peinture et la gravure,
notamment de : L'École française de Delacroix à Regnault (Paris, 1891, in-4),
de quelques œuvres dramatiques qui n'ont pas été représentées, et d'une tra-
duction de la comédie allemande d'Henri de Kleist: La Cruche cassée, mort à
Paris, le 2 mars, à 71 ans; - — Mélard, qui pendant plusieurs années a dirigé
la Revue des eaux et forêts et qui n'a cessé d'y collaborer activement, mort
au commencement d'avril; — de Moidrey, ancien magistrat, rédacteur
du journal la Croix, mort en mars, au château d'Hanoncelles; — le mar-
quis Emmanuel-Henri-Victurnien de Noailles, ancien ambassadeur de
France à Piome, à Constantinople et à Berlin, qui, entre autres études histo-
riques, a publié : Henri de Valois et la Pologne, ouvrage couronné par l'Acadé-
mie française, mort le 16 février, à l'âge de 79 ans ; — Emmanuel Poiré,
plus connu sous le nom de Caran d'Ache, le célèbre dessinateur et caricatu-
riste, qui avait fourni une quantité énorme de dessins à diverses publica-
tions illustrées, le Gil Blas, la Vie parisienne, la Caricature, le Figaro,
r Assiette au beurre, etc., mort à Paris, le 26 février, à 51 ans; — Frédéric-
Salomon Rauh, chargé de cours de philosophie à la Sorbonne et à l'École
normale supérieure, mort à Paris^ au milieu de février, à 48 ans, lequel a
exercé une grande influence au point de vue antireligieux, par son ensei-
gnement et ses ouvrages, tels que : De la méthode dans la psychologie des
sentiments (Paris, 1899, in-8) et Essai sur le fondement métaphysique de la
morale (Paris, 1891, in-8); — le baron Edmond be Rivières, cjui a collaboré
très activement au Bulletin monumental, aux Mémoires de la Société ar-
chéologique du midi de la France, aux Mémoires de la Société archéologique
de Tarn-et- Garonne et à la Revue du Tarn, mort le 13 janvier dernier, dans
son château de Rivières, près Gaillac (Tarn), à l'âge de 73 ans; — Jules
Roques, directeur du Courrier français, mort à Paris, au commencement
de mars;— Antoine- Jean-Louis DE Tard y, vicomte de Montravel, membre
de nombreuses société» savantes françaises et étrangères, qui a publié dans la
Revue du Vivarais quaniiié d' études et d'articles sur l'histoire et sur les fa-
milles de cette région, mort le 28 février, au château de Blou, à Thueyts(Ar-
dèche), à l'âge de 86 ans; — Céleste Vénard, actrice très en vue sous le second
Empire et connue sous le nom de « la Mogador, » morte dans le courant
de février, à Paris, à 85 ans, laquelle, après avoir abandonné la scène, lors
de son mariage en 1853 avec le comte de Chabrillan, écrivit un certain
nombre de nouvelles, entre autres : Sapho et les Voleurs d'or, ainsi que
5 volumes de Mémoires dont la publication, plusieurs fois retardée, ne
put avoir heu qu'en 1876 sous ce titre : Adieux au monde. Mémoires de
Céleste Mogador; — Auguste Voigt, ancien professeur de physique au
lycée de Lyon, ancien membre du Conseil supérieur de l'instruction pu-
blique, mort le 11 mars, à Géanges (Saône-et-Loire), à 82 ans.
— A l'étranger on annonce la mort de MM. : H. O. Arnold-Forster,
écrivain anglais, mort le 12 mars, à 54 ans, auquel on doit, entre autres
— 360 —
volumes : The War Office, the Army and the Empire (Londres, 1900, in-8),
The Army in 1906; a Policy and a ^indication f Londres, 1906, in-8) et
Military Needs and Military Policy (Londres, 1908, in-8); — D^ Emile
AscHKiNASs, professeur de physique à l'Université de Berlin, mort en cette
ville, le l^"^ mars, à 36 ans; — D"" Alfr. Baldamus, historien et géographe
allemand, professeur au gymnase du Roi Albert de Leipzig, mort en cette
ville, à la fin de décembre, à 52 ans; — Edouard Blaes, auteur de plu-
sieurs ouvrages sur la musique, mort à Gendbrugge (Belgique), 1 ■ 14 mars,
à l'âge de 63 ans; — Sir Rowland Blennerhassett, ancien inspecteur des
écoles en Irlande, ancien directeur du « Queen's Collège, » d^ Cork, auteur
de plusieurs ouvrages sur la politique étrangère, mort le 22 mars; — W. H.
Bliss, représentant du « Public Record Office » de Londres à Rome et dans
l'Italie centrale, mort à Rome, le 8 mars, à 74 ans, lequel avait édité, alors
qu'il dirigeait la publication du catalogue de la Bibliothèque Bodléienne, le
Liber Regalis et 1 s quatre premiers volumes de la liste des bulles papales
se rapportant aux Iles Britanniques; — Ruperto Chapi, compositeur es-
pagnol, auteur de .morceaux populaires, mort dans le courant de mars,; —
D'' Richard Englander, professeur de constructions de machines à l'École
technique supérieure de Vienne, mort en cette ville, à la fi de décembre, à
59 ans; — Frederick Gard Fleay, professeur et écrivain anglais, auteur
d'ouvrages de valeur, tels que : Life of Shakespeare, Chronicle of the En-
glish Stage et Biographical Chronicle of the English Drania, mort au milieu
d mars; — Gustav af Geijerstam, écrivain suédois, mort à Stockholm,
le 6 mars, à 51 ans; — M"'^ Emmy Gordon, née von Beulwitz, femme de
leltres allemande, morte dernièrement à Wurtzbourg, à laquelle on doit,
entre autres volumes : P raktis cher Rat geber fur Erverb suchende Frauen und
Maedchen ais besseren Staenden (Leipzig, 1883, in-8) ^i Die Pflichten eines
Dienstmaedchens oder das A-B-C des Haushaltes (Donauwertli, 1894, in-12) ;
— D"" Rudolf VON GoTTscHALL, écrivaiu allemand, mort dernièrement à
Leipzig, à 96 ans, lequel, étant étudiant, avait publié deux volumes devers
rela ifs au mouvement libéral, ce qui lui valut d'être expulsé de Breslau,
sa ville natal'^ — D"^ van Heubck, savant bel,e, connu pour s'^s études sur
les diatomées, dirpct?ur du Jardin zoologique d'Anvers, mort dernière-
ment en ce* le ville; — D'' Paul Horn, professeur de philologie orientale à
rUniver ité de Strasbourg, mort en cette ville, dernièrement, à 46 ans,
lequel laisse plusieurs ouvrages importants, tels que : Die Denkwûrdigkeiten
Schah Thaniasi's l von Persien (1515-1576), ans dem Original-Text zum
trsten Maie ûbersetzt und mit Erl-.e'iterungen versehen (Strasbourg, 1891,
in-8); £)as Heer und Kriegswesen der Gr ssmoghuls (Leiden, 1874, in-8) et
AsadVs neupersisches Woerterbuch Lughat-i Furs (Goettin^ue, 1897, in-4);
— Ernst Hrusa, profe.sseur de droit romain à l'Université autrichienne
d'Innsbruck, mort en cette ville, le l'^'" mars, à 53 ans, lequel a publié :5ei-
traeg ■ zur Geschicht" des griechischen und roemischen Familienrechts (Leipzig,
1892-1894, in-8); — Xaver Imfeld, géographe suisse, mort à Zurich, à la
fin de février; — D'' Johann vox Kelle, philologue allemand, ancien pro-
fe seur de langue et de littérature allemandes à l'Université allemande de
Prague, un des derniers élèves survivants des célèbres frères Grimm, auteur
d'une Geschichte der deutschen Literatur von der aeltesten Zvit bis zum drei-
zehnten Jahrhundert et d'une excellente édition de V Evanglien- harmo-
nie d'Ottf ied, mort dernièrement à Prague, à l'âge de 8r ans ; — ■
j^jme Henriette Keller-Jordan, femme de lettres allemande, morte der-
nièrement à Munich, à 74 ans, dont nous citerons : Natalie, Eine Erzeah-
AVRIL 190y. T. CXV. -2L
— 370 —
lujig ans der Zeit Kaiser Maximilians in Mexico (Tubingue, 1885, in-8) et
Ausgewanderte. Roman (Stuttgart, 1892, in-8); — Alexander Romanovitch
Kreisberg, bibliothécaire de l'Université de Saint-Pétersbourg, mort en
cette ville, le 9 février; — Dr. Simon S. Laurie, professeur d'histoire de
l'éducation à Edimbourg, auteur de nombreux ouvrages sur la philo-
sophie et les méthodes d'enseignement, tels que : Fhilosophy ofEthics (1866),
Primary Instruction in Education (1867), Lije and Educational Writings of
J. A. Comenius (1881), plusieurs fois réimprimé, Linguistic Method in
Schools (1890), etc., mort à Edimbourg, le 2 mars, à 80 ans; — Dr. H. M.
LucKOCK, doyen de Lichfiel, ancien principal de 1' c. Ely Theological Col-
lège,, )) auteur de : After Death, mort au milieu de mars; — ■ Georg Nikolaus
Marschall, professeur allemand, mort à Munich, le 15 février, à 83 ans,
lequel laisse entre autres volumes : Deutsches Sprachbuch (Munich, 1883,
in-8) et Deutsches Lesebiich jur hoehere Lehranstalten (Nuremberg, 1884, in-8) ;
■ — Junius Massai", professeur de physique et de mathématiques à l'Uni-
versité belge de Gand, mort dernièrement en cette ville, à 78 ans; — Her-
mann Julius Meyer, éditeur allemand connu, mort le 12 mars, à Leipzig, à
83 ans; — D'' Ludwig Oldeinburg, écrivain allemand connu, mort à Berlin,
le 15 mars, à 65 ans; — Ottomar Piltz, écrivain allemand, mort à la fin
de décembre à Maderno, sur le lac de Garde, à 44 ans; — Gustav Pilz, pro-
fesseur de médecine vétérinaire à Kœnigsberg (Prusse), mort en cette ville,
à la fin de décembre; — Dr. Richard Pischel, professeur de sanscrit à
l'Université de Berlin, mort à la fin de décembre, à Madras (Hindoustan),
à 59 ans, lequel a publié plusieurs ouvrages, notamment : Die Hofdichter
des Laksmanasena (Goetingue, 1893, in-4) et Beitraege zur Kenntniss der
deutschen Zigeuner (Halle, 1894, in-4); — Frederick G. Hilton Price,
banquier et archéologue anglais, directeur de la « Society of Antiquaries, »
président de 1' « Egypt Exploration Fund, )> vice-président de la « Society
of Biblical Archaeology, » membre de la « Geological Society » et de plu-
sieurs autres sociétés savantes, auteur de quelques ouvrages estimés, tels
que : A Handbook of London Bankers; The Manjgold; Signs of Lombard
Street; Old Base Métal Spoons, mort à Cannes, en France, le 20 mars; —
D'' August Reifferscheid, professeur de philosophie à l'Université alle-
mande de Greifwald, depuis 1877, mort en cette ville, le 11 février, à 62 ans,
lequel laisse de nombreux et importants ouvrages, notamment : Anec-
dotum Fulgentianum (Breslau, 1883, in-8); Quaestiones syntacticae. Schedae
Basilicanae (Breslau, 1885, in-4); Marcus Evangelian Mart. Luther'' s.
Nach dem Septemberhibel mit den Lesearten aller Orig. Ausgaben und Proben
aus denhoch deutschen N achrucken des 16 Jarhunderts herausgegeben (Leipzig,
1889, in-8); — Ernest Rousseau, professeur de physique à l'Université
libre de Bruxelles, mort à Paris, à la fin de décembre, à 77 ans; — Dr. Kar.
Schaarschmidt, professeur d'histoire de la philosophie à l'Université alle-
mande de Bonn, mort le 26 décembre, en cette ville, à 86 ans, auquel on
doit entre autres publications : Ueber den Unsterblichkeitsglauben. Ein
Vortrag (Heidelberg, 1883, in-8);^ — ^ Dr. Ludwig Schiffaer, professeur de
droit romain et de droit civil autrichien à l'L'niversité d'Innsbruck, mort
en cette ville, le 3 janvier, à 63 ans, lequel a publié : Der V ermaechtinssver-
trag nach oesterreichischem Recht mit Bervcksichtung des gemeinen Rechts
wie der neueren Codificationen und EntwUrfe, insbesondere auch des deuts-
chen Entwurfs (Leipzig, 1891, gr. in-8); — Dr. Alwin Schultz, écrivain
allemand, auteur d'ouvrages sur l'histoire de l'art et de la civilisation,
mort le 12 mars, à Munich, à 71 ans, auquel on doit : Einfiihrung in das Stu-
— 371 —
diwn der neucren Kunstgeschichte (Prague, 1886-1887, in-8); Alltagsleben
einer deutschen Frau im Anfgang des 18 Jahi-Juoulerts (Leipzig, 1890, in-8)
etc.; — Dr. Karl Seggel, ophtalmologue allemand, mort le 2 mars, à Mu-
nich, à 72 ans, dont nous citerons : Sehproben-Tafeln zur Prf'fung des
Lichtsinns (Munich, 1888, in-8); — Dr. James Hutchison Stirling, médecin
anglais, qui al)andonna la pratique de son art pour s'occuper de philosophie
et a publié un certain nombre d'ouvrages dont les plus connus sont :
The Secret of Hegel (1865) réimprimé en 1893, et une traduction anglaise
de y Histoire de la philosophie de Schwegler, qui a eu douze éditions, mort le
19 mars, à 89 ans; — Julius Thomson, professeur de chimie à l'Université
de Copenhague, mort en cette ville, le 13 février; — Dr. Albrecht Wagner,
professeur de langue et de littérature anglaises à l'Université allemande de
Halle, auteur d'ouvrages estimés, tels que : Ueber den Mônch von Heils-
hronn et Ueber die deutschen Namen der àltesten Freisinger Urkunden, mort
à Halle, le 16 février, à 60 ans; — Dr. Charles H. H. Wright, écrivain an-
glais, inspecteur de la « Protestant Reformation Society, « auteur d'une
édition de l'Ancien Testament en hébreu (1859), de plusieurs ouvrages sur
l'Ecriture sainte, tels que : Introduction to the Old Testament (1898), plu-
sieurs fois réimprimé, et d'un volume contre les catholiques : Roman Catho-
licism in the Light of Scripture (1903) qui a eu 3 éditions, mort au milieu de
mars; — Dr. Carroll Davidson Wright, statisticien américain, directeur
du « Clark Collège, » de Worcester dans le Massachusetts et président du
Bureau de statistique de cet État, auteur d'un volume : Ouiline of practical
Sociologxj (1899, in-8) et de plusieurs rapports, tels que : Tlie Factory System
of the United States (1880, in-8) et The Industrial Evolution of the United
States (1887, in-8), mort dernièrement à 68 ans; — Nikolai A.. Warpa-
CHOWSYi, ichtyologue russe, directeur du Musée de l'industrie de la pêche
d'Archangel, mort en cette ville, au commencement de mars, à 47 ans; —
Joseph Xhénemont, écrivain belge, auteur de poésies wallonnes, mort le
4 mars, à Bruxelles, à 41 ans.
Lectures faites a l'Académie des inscriptions et belles-lettres.
— Le 3 mars, le secrétaire perpétuel décrit un document intéressant l'his-
toire de l'Académie ofîert par M. Adrien Blanchet. — M. H. Cordier fait
un rapport sur la collection d'antiquités péruviennes déposées au Musée
d'ethnographie du Trocadéro et recueillies par le capitaine Berthon. —
M. de Mély lit un travail sur l'obligation qui fut imposée aux miniaturistes,
par une ordonnance d'avril 1426, de signer leurs œuvres sous peine d'amende.
— M. Ebersolt lit une communication au sujet de la colonne de Marcien
et de quelques églises de Constantinople. - — M. Chassignon entretient
l'Académie du château militaire d'Al Oktadir, en Mésopotamie. — M. Dieu-
lafoy fait remarquer l'analogie qui existe entre ce château et les cons-
tructions de la Perse. — Le 13 mars, M. Paul Foucart présente un travail
sur la politique des Athéniens dans la Chersonèse de Thrace, au iv^ siècle.
— M. Th. Reinach commente une inscription découverte dans l'île d'Amor-
gos, relative à une véritable rente hypothécaire, aux intérêts de 10 o/o-
— M. A. Thiers présente des dessins relatifs à l'architecture byzantine,
illustrant la communication de M. J. Ebersolt. — Le 19 mars, M. Foucart
achève sa lecture sur la politique athénienne. — M. J. Beck présente l'expo-
sition de son système sur la notation musicale au moyen âge, qu'il pré-
tend lire clairement. — MM. Th. Reinach, Havet et Ph. Berger font à ce
système quelques objections. — Le 30, M. le secrétaire perpétuel fait un
rapport sur la découverte au mont Janicule, par M. Gauckler, de deux tem-
- 37-2 —
p]ps superposés appartenant au culte syrien. — M. Clermont-Ganneau lit
une communication au sujet de la découverte à Nazareth d'une église bâtie
par les croisés au xii^ siècle. — M. de Lasteyrie expose son opinion sur
l'ancienne cathédrale de Reims, bâtie par Ebbon au ix« siècle. — M. Paul
IMonceaux parle des inscriptions donatistes et antidonatistes découvertes
dans l'AtVique du nord. — i\I. l'abbé H. Breuil lit un mémoire sur les pein-
tures rupestres étudiées par lui à Cretas, province d'Aragon, et à CoguI,
province de Lerida.
Lectures taites a l'Académie des sciences morales et politiques
— Le 6 mars, M. d'Eichtal présente ses observations sur les conclusions
développées dans une séance précédente par MM. Cheysson et d'Hausson-
^^lle, sur les syndicats féminins et leur heureuse influence. M. E. Seillière
lit un travail qui met en relief Finfluence de Taine sur le philosophe al-
lemand Nietzsche à la fin de la carrière de celui-ci. — Le 13 mars, M.
de Lanzac de Laborie expose à l'Académie que le commerce parisien subit
ime crise très grave au moment de la reprise des hostilités de la France
avec l'Angleterre, de 1804 à 1806, et que cette crise, par suite des conseils
donnés à Napoléon, par les financiers de son entourage, de la solutionner
par le prohibitionnisme à outrance, joua un rôle important dans Torien-
tation de la politique extérieure du premier Empire. — Le 20, M. Louis
Passy lit un mémoire relatif aux fondations de sociétés d'agriculture, au
xviii^ siècle, sous la protection du contrôleur général Bertin. et aux me-
sures prises par Louis XIV pour l'encouragement de cette industrie. —
M. d'Eichtal lit un travail de M. Frédéric Passy, dans lequel celui-ci dé-
gage la responsabilité de Malthus dans la diminution de la natalité.
CoxcouRS ET PRIX. — Le 5 décembre 1908, l'Académie des sciences
morales et politiques a décerné les prix suivants :
Prix Le Dissez de Penanrun. — 1 . 000 fr. à M. Paul Dubois : V Irlan-
de contemporaine et la Question irlandaise; — 500 fr. à M. Georges Fonse-
grive : Morale et Société et 500 i'r. à M. Emile PieiTet : Le Péril de la race.
Prix Paul-Michel Perret. — 2.000 fr., partagés entre MM. le comte de
Baglion de la Dufïerie : Histoire de la Maison de Basilion, et André Lemaire :
Les I^nis fondamentales de la monarchie française. —Une mention très hono-
rable à M. le prince Alexandre Sturdza : Règne de Michel Stiirdza. prince
régnant de Moldavie (1334-1349).
L'Académie met au concours, pour le prix Rossi à décerner en 1912
(4.000 fr.) : Des divers éléments au moyen desquels peuvent être réglés les
conflits internationaux.
Paris. — M. l'abbé Auguste Delassus publie une brochure intitulée : La Solu-
tion franciscaine de la question sociale (Paris, Poussielgue, 1908, in-18 de
iv-36 p.), dans laquelle il estime et expose avec une franchise un peu biei
sévère que le clergé a fait souvent fausse route et besogne vaine, en aban-
donnant son domaine propre, son œuvre d'apostolat spirituel, pour s'occuper
de philanthropie et de questions économiques. 11 ne voit dans ces méthodes,
dites nouvelles, que dangereux naturalisme. Point d'autre remède efficace
que de faire œu\Te A'raiment évangélique. Et précisément la règle du tiers-
ordre de Saint-François, qui a déjà, Thistoire l'atteste, été un si puissant
agent de réforme sociale, n'a d'autre objet que la mise en action, intégra-
lement, de l'Évangile.
— On peut dire que ]\I. F. Jollivet-Castelot aura réussi la Synthèse de Vor
s'il vend un nombre considérai" le d'exemplaires de sa brochure ainsi inti-
tulée (Paris, Daragon, 1909, in-16 de 40 p. — Prix : 1 îr. ). Les espérances
— 373 —
que le radium fait naître chez les alchimistes, quelques \'ues sur l'avenir de
la chimie, deux comptes rendus d'ouvrages de M. Lebon ne sauraient nous
engager à conseiller à nos lecteurs de transformer leur argent en une mine
d'or pour l'auteur.
— Encore une de ces intéressantes brochurettes horticoles que M. Georges
Gibault n'oublie jamais de nous envoyer : La Bette-Poirée et la Betterave
potagère, leur histoire (Pai'is, Amat, 1909, petit in-12 de 28 p., avec vignettes).
Le premier de ces légumes a eu son temps de faveur, mais aujourd'hui il
n'en est plus de même. Cependant, l'auteur remarque que « le bon estomac
des campagnai'ds, qui ne craint pas les aliments un peu indigestes, fait
toujours honneur à cette vieille plante potagère de nos pères, au moins dans
l'est et l'ouest de la France. » Quant à la betterave potagère, elle est restée
appréciée à peu près pai'tout en Europe. « La betterave de table, en parti-
culier, appartient, au point de vue culinaire, à la catégorie des salades; on
la mange cuite, découpée en rondelles et associée à la mâche, à la barbe de
capucin ou aux pommes de terre. » Elle offre beaucoup de variétés, dont
M. G. Gibault nous raconte l'histoire avec autant d'érudition que d'agré-
ment.
L'opuscule dans lequel M. le chanoine Salembier donne la Bihlio-
graphie des œuvrer du cardinal Pierre d'AiUy,évêque de Cambrai (1350-1420)
(Besançon, imp.. Jacquin, 1909, in-8 de 11 p. (Extrait du Bibliographe
moderne) est une excellente contribution à l'histoire de ce personnage
qui illustra la fin du xiv^ siècle et le commencement du xv®, et joua un
si grand rôle dans le schisme d'Occident. M. Salembier ne se contente pas
de dresser la bibliographie la plus complète que l'on ait jusqu'alors des
œuvres de Pierre d'Ailly (il signale 172 ouvrages); mais encore, dans une
courte notice placée en tête, il rectifie les époques erronées de sa mort, et
en fait connaître la date exacte : 9 août 1420.
— Les directeurs d'œuvres et de patronages, — du moins ceux qui l'igno-
rent, — apprendront avec plaisir que l'Union des Associations ouvrières
catholiques (82, rue de l'Université, Paris, vir" arr.) a dressé un Catalogue
théâtral analytique (in-12 de 168 p. — Prix : 1 fr. 25) formé des pièces pou-
vant être jouées par des jeunes gens des deux sexes. On trouve là de nom-
breux drames, comédies, tragédies, saynètes, pastorales et mystères,
opérettes, pantomimes, etc. D'abord, une table générale des matières,
divisée par catégorie de pièces, avec renvoi à la page où est faite l'analyse
du sujet. Ensuite l'ensemble des analyses. Enfin, une table alphabétique
des titres. Catalogue vraiment commode et pratique.
Anjou. — Dans la 8^ série de Andegaviana (Paris, A. Picard et fils ; Angers,
Siraudeau, 1909, gr. in-8 de 540 p.— Prix : 4 fr.), M. F. Uzureau continue
la publication des documents angevins, puisés soit aux sources originales,
soit dans les livres publiés et jusque dans les revues les plus récentes.
Nous avons déjà dit combien il serait malaisé d'analyser ces Miscellanées;
le 8^ volume n'en contient pas moins de 66, allant, dans l'ordre chronologique,
d'une étude de J. Rangeard, écrite au xyiii*^ siècle, et avec les éléments
dont l'auteur disposait alors, sur V Établissement du christianisme en Anjou
jusqu'à VÉloge de Mgr Freppel, par le comte de Falloux, en 1872, et par
réciprocité l'éloge de M. de Falloux par Mgr Freppel. L'histoire rehgieuse
est représentée par des pièces et notes sur l'abbaye de Saint-Florent-le-
Vieil, les bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur, les paroisses d'An-
gers, Drain, Saint-Laurent-des-Autels, les cérémonies religieuses à Angers,
•avant la Révolution, les visitandines, le clergé de Beaupréau, de Doué, de
— 374 —
Chanzeau, Mont jean,;Châteaupanne,Villevêque, pendant la Révolution, le ser-
ment de liberté, égalité, des prêtres poitevins et tourangeaux guillotinés à An-
gers, les Sœurs de Sainte-Marie de Torfou; riiistoire civile parle de la Dive,
de la P'ièche et son élection, des voyages en Anjou, entre autres celui de Arthur
Young en 1738, Champteussé, la rivalité de Beaupréau et Cholet, l'insur-
rection de Saint-Florent, les généraux républicains morts en Vendée, les
chouans; divers documents sur la Révolution et depuis, concernant la
poste, les ponts et chaussées, un journal de 1796, V Ami des 'principes, les
préfets de Maine-et-Loire jusqu'en 1908, les hôpitaux, les conseillers géné-
raux, les émigrés, la sénatorerie du département, le lycée, les Usages locaux,
le monument de Cathelineau à Saint-Florent (1858). Nous avons déjà dit
le parti que les historiens, les curieux, peuvent tirer de ces archives, natu-
rellement de valeur inégale, et nous ne pouvons que répéter ce que nous
disions aussi, c'est que le complément indispensable des Andegaviana —
l'auteur s'en préoccupe, sans doute, — c'est une table complète, alpha-
bétique, de tous les noms propres et de toutes les matières.
BÉARN. — ' Dans sa brochure sur Ramond et Lomet (Pau, Garet, 1908,
in-8 de 19 p. avec 2 portraits), M. Lucien Briet fait connaître en Lomet, né à
Château-Thierry le 6 novembre 1759, un de ceux qui, les premiers, impor-
tèrent la lithographie en France, et en Ramond, né à Strasbourg, le 4 jan-
vier 1755, un des pyrénéistes les plus illustres du siècle dernier. Ils se ren-
contrèrent même tous deux dans les Pyrénées, où Lomet, envoyé en mission
pour la réfection des établissements thermaux de cette région, sauva Ra-
mond emprisonné, en 1794, sur la dénonciation de trois scélérats. La notice
de M. Briet donne un bon nombre de renseignements biographiques et
bibliographiques sur ces deux personnages à qui l'on doit quelques mé-
moires et publications sur la région pyrénéenne et ses stations thermales.
BouRGOGXE. — Depuis quelques années, les volumes du Congrès archéo-
logique de France tendent à devenir énormes; encore un peu et il faudra de
toute nécessité le partager en deux. Voici celui qu'a provoqué la LXXIV^
s'^ssion tenue à Avallon en 1907 par la Société française d'archéologie (Paris,
A Picard; Caen, H. Delesques, 1908, in-8 de lxxii-717 p., avec 255 plan-
ches ou figures. — Prix : 15 fr.). Ce magnifique volume s'ouvre, selon les
habitudes du congrès, par un Guide archéologique (p. 4-234. avec 103 plan-
ches ou fig.) non seulement de la ville où le congrès s'est réuni, mais aussi
de toute la région, c'est-à-dire d' Avallon en premier lieu, puis de Pontau-
bert, Saint-Père-sous-Vézelay, Flavigny, Semur-en-Auxois, Saint-Jean-
les-Bons-Hommes, Montréal, Thizy, Sauheu, Vermenton, Clamecy, Druyes,
Pontigny, et surtout, comme offrant des curiosités archéologiques plus
nombreuses, Autun, Auxerre et Sens. — L'on passe ensuite aux mémoires :
il y en a dix-huit dont voici les titres : Les Études archéologiques dans V Yonne
au xix'5 siècle, par M. Charles Porée (p. 307-316); — Tableau du. préhisto-
rique dans V Yonne, par M. l'abbé A. Parât (p. 317-328); — La Vallée de
la Cure aux époques gauloises, gallo-romaine et mérovingienne, par le même
(p. 329-338); — Le Champ antique de Cora, encore par M. l'abbé A. Parât
(p. 339-353, avec un plan et une planche); — Recherches sur les aqueducs
romains en Gaule, importante étude de M. Adrien Blanchet (p. 354-458,
avec 14 pi.); — Les Influences orientales dans V architecture romane de la
Rourgogne, par M. le vicomte Pierre de Truchis (p. 459-500), avec 14 pi.
ou fig.); — L'Église romane de Russy-le- Grand, par le même (p. 501-512,
avec 1 plan, 2 planches et 1 fig.); — La Chapelle Saint-Nicolas d' Autun et
l'église de Dompierre-en- Montagne, par le même (p. 513-526, avec 5 pi.
— 375 —
ou fig.); — Les Chapiteaux des pilastres de Saint-Martin d'Ainay à Lyon,
par M. le D'' J. Birot (p. 527-536, avec 5 planches); — Le Ravissement de
Marie- Madeleine au Musée d'Autun, par M. Emile Maie (p. 537-539, avec
une planche); — S aint-Jean-les- Bons- Hommes, par M. Ernest Petit (p. 530-
545); — Les Caractères distinctijs des écoles gothiques de la Champagne et de
la Bourgogne, par M. E. Lefèvre-Pontalis (p. 546-558, avec 13 pi. et fig.);
— Les Architectes et la construction de la cathédrale de Sens, par M. Charles
Porée (p. 559-598, avec un plan); — La Sculpture des portails de la cathé-
drale d'Auxerre, au xiii<^ à la fin du xiv^ siècle, par M. C. Enlart (p. 599-
626, avec 13 planches); — L'Abbaye de Saint- Germain-d^ Auxerre, par
M. Jules Tillet (p. 627-635, avec 16 planches, plans et fig.); — L'Église de
Villeneuve-sur- Yonne, par M. E. Lefèvre-Pontalis (p. 654-674, avec 24 plan-
ches, plans et fig.) ; — La Prière « Avete, omnes animae » au petit portail de
Saint-Lazare d' Avallon, par M. l'abbé Villetard (p. 675-690, avec 3 planches);
— Les Vestier (artistes avallonnais), par M. Nizet (p. 691-701, ave: 2 por-
traits).
Bretagne. — Comme brochure à répandre en faveur des droits des pères
de famille sur l'éducationdeleurs enfants, on ne saurait trouver mieux que
celle que vient de publier M.C. Desbois, avocat à la Cour d'appel de Rennes :
L'Enfant confisqué par l'État (Rennes, imp. Fr. Simon, 1909, in-12 de 38 p. —
Prix : 0 fr. 50). L'enfant confisqué par l'Etat : c'est à quoi vise la franco
maçonnerie, qui peut aujourd'hui, mieux que ne le pouvait Louis XIV,
dire : « L'Etat, c'est moi ». M. Desbois montre parfaitement que c'est à cette
tyrannie odieuse qu'aboutiront les projets de loi préparés par M. Doumergue
pour obliger, d'une part, les pères de famille à subir la loi des mauvais
instituteurs et pour affranchir, d'autre part, les instituteurs de toute res-
ponsabilité envers les pères de famille. Vienne, après cela, le monopole de
l'enseignement, et l'œuvre d'oppression sera complète : l'État fera des
enfants ce qu'il voudra; les pèi'es de famille n'auront p!us d'autres droits
que de paver et de se taire.
— Notre distingué collaborateur M. A. Roussel a fait tirer à part
de la Revue de Fribourg une étude littéraire très curieuse sur le Mystère
de Noël à Saint- Méloir-des-Ondes (I lie- et- Vilaine) en 1861-1862 (Fribourg,
Suisse, imp. de l'Œuvre de Saint-Paul, 1908, in-8 de 37 p.). « Voici, dit
l'auteur, presque un demi-siècle que se forma, dans la paroisse demi-agricole
et demi-maritime de Saint-Méloir, voisine de Cancale, une association de
jeunes gens, garçons et filles, pour jouer ce qu'ils appelaient la Pastourelle,
c'est-à-dire le mystère de la Nativité, la Noël. Sans doute, ces artistes
improvisés n'étaient point sortis du Conservatoire, et bien peu probable-
ment eussent pu y entrer; mais ils étaient admirablement faits pour leur
public et leur public pour eux. » M. Roussel décrit ensuite la .salle de spec-
tacle étabhe dans le celher d'une maison importante de la localité; il es-
quisse la physionomie des « artistes, » enfin, il nous présente la foule des
spectateurs, accourus de toutes les paroisses voisines. Autant de détails
vivants, spirituels et comiques. Puis il passe à l'analyse de la pièce,
due à un certain Frère Claude Macée, ermite de la province de Saint- An-
'toine, lequel, paraît-il, vivait au xvii<^ siècle, mais dont l'œuvre, revue et
corrigée, avait été éditée à Saint-Malo en 1819. Donc, cette Pastourelle,
jouée en 1861-1862, fit fureur dans ce coin de campagne bretonne; « une
reprise eut lieu beaucoup plus tard, dans la même paroisse, au hameau des
Portes, mais sans grand succès : les premiers artistes n'étaient plus là ! »
Aperçu aussi érudit qu'égayant sur ce que l'on pourrait peut-être appeler
- 376 -
le théâtre populaire en Bretagne au début de la seconde moitié du xix^ siè-
cle, et dont il convient de remercier M. A. Roussel.
Champagne. — Charly-sur-Marne (Aisne) possède une église qui semble
remonter à la fin du xiv^ siècle. 11 y a quelques années, le clocher qui la sur-
montait menaçant ruine, la commune en entreprit la restauration. C'est
surtout l'histoire de cette restauration que nous donne M. Lucien Briet
dans son travail intitulé : Le Clocher de Charly-sur- Marne (Aisne) (Châ-'
teau-Thierry, imprimerie moderne, 1908, in-8 de ■ 5G p., avec 2 grav. et un
plan. Extrait du Bulletin de la Société historique et archéologique de Château-
Thierry (année 1907). Après avoir consacré quelques pages à l'église et à
l'ancien clocher, il s'étend longuem.ent sur les anciennes cloches et leurs
inscriptions, sur toutes les délibérations du conseil municipal de Charly
au sujet de la réfection du clocher et sur les difTérentes décisions qui furent
prises. Enfin, l'opuscule se termine par la description des quatre nouvelles
cloches replacées dans le clocher restauré et des cérémonies qui s'accom-
plirent à cette occasion.
Fraxche-Comté. — L'aviation, à l'heure actuelle, est devenue une
préoccupation internationale obsédante. A qui mieux-mieux, des particu-
liers, des sociétés, les gouvernements rivalisent d'ardeur et d'audace : il
s'agit de construire des « dirigeables « pouvant être pratiquement utilisés,
au point de vue militaire surtout. Depuis l'expérience, restée fameuse,
faite à Annonay, le 5 juin 1783, par les frères Montgolfier (voilà un siècle
et un quart), les inventeurs n'ont cessé de perfectionner les engins primitifs.
Et cependant, nous n'avons pas encore conquis siàrement le domaine aérien-
En attendant que ce résultat, probablement lointain, soit obtenu, et
que des flottes de guerre sillonnent l'espace, il est intéressant d'assister,
rétrospectivement, aux premiers essais de lancement des ballons. A Besan-
çon, comme en diverses autres villes, des expériences du genre se produi-
sirent en 1783 et en 1784, et M. Georges Gazier, conservateur de la Biblio-
thèque de cette ville, nous les raconte très agréablement, d'après un petit
journal bisontin du temps, dans un travail intitulé : Les Premiers Ballons à
Besançon (Besançon, imp. Dodivers, 1909, in-8 de 14 p. Extrait des Mé-
moires de la Société d' émulation du Doubs). Tout alla bien tant qu'il s'agit
de simples aérostats non montés. Mais on avait l'ambition de faire mieux :
un libraire du cru nommé Lepagnez « forma le projet d'une expérience
beaucoup plus importante, d'un caractère vraiment scientifique cette fois,
et qui devait être exécutée avec le concours des savants les plus estimés de
la province.» Les fonds nécessaires ayant été recueilhs, le ballon fut construit,
et, juste au moment où il allait, par sa majestueuse ascension, émerveiller
les spectateurs, il devint la proie des flammes. Et pour comble de misère,
« une complainte courut les rues, tournant en ridicule le pauvre Lepagnez
et se moquant des souscripteurs. >■ Il faut toujours réussir, sinon: Vœ victis !
— M. Emmanuel Fallot, professeur à la Faculté des sciences de Bordeaux,
a publié dans les Mémoires de la Société d'émulation de Montbéliard
une Notice sur Charles Contejean (1842-1907) (Tirage à part. Montbéliard,
Imp. montbéhardaise, 1908, in-8 de 13 p., avec portrait). Cette figure de
savant aussi consciencieux que modeste est mise en parfaite lumière par
M. E. Fallot, qui rappelle les débuts de Contejean, ses études incessantes,
ses travaux, ses succès. Le biographe suit son personnage depuis la naissance
de celui-ci, à Montbéliard, le 15 septembre 1824, jusqu'à la fin de sa car-
rière universitaire, en 1890 : Contejean occupait alors la chaire de géologie
à la Faculté des sciences de Poitiers. Il ne mourut que longtemps après, à
— 377 —
Paris, le 13 septembre 1907, âgé de 82 ans. A la fois géologue, botaniste,
archéologue, numismate et même philologue, Charles Contejean laisse un
grand nombre d'ouvrages, de notices, et d'articles dont M. Fallot a dressé
la liste avec soin. II eût été désirable toutefois qu'au lieu de se borner à
indiquer la page où commencent les articles insérés dans divers pério-
diques, il eût aussi marqué la page où ils se terminent, afin de fixer les
intéressés sur l'étendue desdits articles. 92 titres sont ainsi mentionnés, et^
malgré l'observation qui précède, l'on ne peut que savoir beaucoup de gré
à M. Fallot de nous avoir bien renseignés sur l'estimable savant montbé-
liardais.
■ — Vers la fin de novembre 1870, le comité auxihaire de Mulhouse de la
Société française de secours aux blessés avait chargé le docteur J. Ehrmann
d'organiser pour l'armée de la Loire une ambulance dont le but plus spécial
était de suivre la brigade dont feraient partie les bataillons des mobiles du
Haut-Rhin. Mais .cette ambulance, mise très vite en état, ne devait fonc-
tijnner, en réalité, qu'à la suite de l'armée que Bourbaki conduisait contre
Belfort. Les faits et gestes du docteur Erhmann, un bien brave homme, et
de ses adjoints à tous degrés sont enregistrés dans le petit volume que M.
Henri Juillard, l'un des infirmiers, a dernièrement publié sous le titre de :
Guerre de 1870-1871. Notes journalicres concernant V ambulajice de Mul-
house à V armée de VEst (Paris, Fischbacher; Mulkouse, Meininger, 1908,
petit in-8 de xii-155 p., avec 2 portraits, plan et 15 grav. ou croquis. —
Prix : 5 fr.). L'auteur n'affiche pas la moindre prétention littéraire; nous
avons là simplement ce que promet l'intitulé : des « notes » prises au jour le
jour. Exposés par un non combattant, dont l'horizon est naturellement très
limité, les détails bien particuhers qu'il consigne sur la terrible bataille de
Villersexel sortent de la banaUté. L'ambulance de Mulhouse, entraînée
dans la retraite de l'armée de l'Est, se retira vers Besançon, qu'elle ne fit
guère que traverser (un jour d'arrêt) et se dirigea vers les hauts plateaux
du département du Doubs. Arrivée à Ornans, cependant, le 28 janvier 1871,
elle s'immobilisa dans cette ville, bientôt occupée par l'ennemi, et y rendit
de tels services que la municipalité, par une déclaration remise au D'' Ehr-
mann, les constata éloquemment. A cette date du 20 février, les Mulhou-
siens continuèrent leur route sur Pontarlier et pénétrèrent en Suisse par
les Verrières; après quoi, la guerre étant finie, ils rentrèrent à Mulhouse.
Nous avons le regret de relever dans cet attachant journal de fâcheuses
« notes » visant le clergé d'Ornans. Toutefois, M. Juillard rend justice à
l'excellent, au dévoué prêtre que fut l'abbé Suchet. Ajoutons que notre
« infirmier ■> se plaint, de temps à autre, du mauvais accueil fait aux soldats
français dans certains coins de Bourgogne ou de Franche- Comté, mais,
d'autre part, il mentionne avec émotion la manière cordiale dont, dans ces
mêmes régions, les populations se sont comportées.
— Dans le n° 11 du Bulletin de la Société grayloise d'émulation, qui vient
de nous parvenir (Gray, G. Roux, 1908, in-8, de 175 p., avec un plan),
nous trouvons : la fin de la relation de la Mission confiée par la ville de
Besançon à Jean- Baptiste d' Auxiron en 1769 (p. 21-58). Les fragments
précédents de cet intéressant compte-rendu ont été insérés dans les volumes
no 9 (1906) et n» 10 (1907) du présent Bulletin; — Annales de Gray, 1903-
1908 (sorte d'éphémérides) et iVoricps biographiques, supplément à «-V His-
toire de la ville de Gray et de ses monuments, » par M. Ch. Godard (p. 59-123).
Cette Histoire de la ville de Gray a été pubHée' originairement par les abbés
Gatin et Besson (ce dernier mort évèque de Nîmes) en 1851. En 1892,
— 378 —
M. Godard en a donné une édition revue et complétée, à laquelle il a jugé
utile d'ajouter le très Taon supplément que nous signalons : il y a là noml)re
de biographies qui ne figurent ni dans la première ni dans la nouvelle édi-
tion de V Histoire de la ville de Gray; — Les Bâtiments des cordeliers de
Oray, par le même M. Ch. Godard (p. 123-141), courte étude appuyée de
pièces justificatives; -— Contribution à la connaissance de la faune des
marnes à Creniceras Benggeri, dans la Franche-Comté septentrionale. Pre-
mière partie. Le Callovien et Voxjordien inférieur à Authoison [Haute-
Saône), par M. V. Maire (p. 143-174).
Languedoc. — De la Société scientifique et littéraire d'Alais, nous
devons signaler les Mémoires et comptes rendus de Vannée 1907 (Alais,
imp. J. Brabo, 1908, in-8 de 126 p., avec une planche, une carte et 2 por-
traits). Tout d'abord, ncfus citerons le travail de M. Euclide Carli : De
r Adoption de Vesperanto comme langue auxiliaire internationale (p. 37-47);
puis la Poste aux lettres dans le Gard au cours du xix^ siècle, par M. E. Re-
nard (p. 51-112). L'auteur, qui est « de la carrière, » nous fait observer que
son étude « fait suite à sa petite publication (que nous ignorons) sur la Poste
aux lettres dans le Gard sous la Révolution (1789-1795); après quoi il déclare
que les pages qu'il nous offre actuellement ont « pour but de rechercher
et de mettre un lumière les progrès accomplis, les améliorations réalisées,
les facilités multiples données successivement tiu public, les résultats obtenus,
l'importance colossale prise par le service des postes au cours du \\\^ siècle. «
Cette étude est bien présentée et intéressante; de même qu'elle a été précé-
dée par une autre, nous lui voudrions voir une suite dont l'intitulé pourrait
se rapprocher de celui-ci : Les Postes dans le Gard au début du xx^ siècle
(1901-1910) : entre autres choses, nous verrions, dans l'histoire de cette
période, si le personnel des agents et sous-agents des postes, télégraphes
et téléphones (des P. T. T., comme l'on écrit couramment à l'heure pré-
sente), a toujours gardé « la très grande sympathie du public, des corps
élus et du gouvernement de la République... >> (p. 105). — Viennent ensuite :
Éléments sur l'énergie psychique, par le lieutenant Charles Parison (p. 113-
126) ; et la première partie d'un « modeste récit de voj^age » qui a pour titre :
De Marseille à Shanghaï (p. 129-185), dont l'auteur, est M. Ernest Dadre,
ancien chargé de mission en Indo-Chine. Sans nous arrêter sur d'autres
points, qui ont cependant leur intérêt, nous insisterons plus particulièrement
sur les renseignement suggestifs que M. Dadre fournit sur l'état de nos
colonies d'Extrême-Orient. Une fois .sa relation terminée, l'auteur jugera
sans doute utile d'en faire un tirage à part.
Nivernais. — Tardivement nous recevons le 4*^ fascicule du tome XII
de la 3^ série (XXII« de la collection) du Bulletin de la Société nivernaise
des lettres, sciences et arts (Nevers, Mazeron, 1908, in-8 paginé 541-660,
avec 3 planches). Outre les pages (647-657) qui renferment les C/irozu'g'Me et
Mélanges pour Vannée 1908, dues à M. René de Lespinasse, ce fascicule e.st
entièrement rempli d'abord par le travail de M. l'abbé L. Charrault, inti-
tulé : La Chartreuse de Bellary (1209-1793) (p. 541-632), puis par les Notes
et documents pour servir à Vhistoire de Condate, de M. J.-B.-H. Delort (p. 163-
646, avec 3 pi.).
Allemagne. — Les recueils de contes populaires sont maintenant bien
nombreux en Allemagne : peut-être, cependant, peut-on signaler, comme édi-
tion élégante, et recueil amusant, le volume de récits et de légendes de la
province prussienne de Posnanie, qu'un vétéran du folk-lore, M. O. Knoop,
vient de publier sous le titre : Ostmaerkische Sagen, Mâerchen (Lissai. Pr.
— 379 —
Eulitz, 1909, petit in-8 de vi-193 p. — Prix : 2 fr. 25). Il contient 90 contes
ou légendes locales, en langue allemande, mais qui peuvent être d'origine
polonaise, aussi bien qu'allemande, car ils ont été recueillis au sein d'une
population mêlée et quelquefois même en langue polonaise. Les récits
sont courts et sobrement racontés; et ce joli volume pourrait servir de
livre de lectures allemandes. Quant aux contes eux-mêmes, ce sont, comme
on peut le penser, les mêmes qu'ailleurs en Europe, sauf avec quelques
traits de mœurs ou d'usages qui sont un fait d'adaptation au milieu social.
Nous y avons remarqué, par exemple, un conte de conseils (no 72) qui
rappelle le Lai de V oiselet, étudié par Gaston Paris; le conte du moine
sceptique sur les joies du Paradis qui revient à son couvent après trois
siècles passés comme une heure (n° 22), etc.
— Les catalogues de libraires antiquaires — quand ils sont consacrés à
une matière spéciale — peuvent tenir lieu parfois, dans une certaine me-
sure, de bibliographies. C'est à ce titre que nous signalons ici le catalogue
n" 133 de la maison Ludwig Rosenthal de Munich, consacré à la Bavière.
La première partie de ces Bavarica (Miinchen, Ludwig Rosenthal, 1909,
in-8 de 258 p.) ne répertorie pas moins de 3.955 ouvrages rangés dans une
seule liste alphabétique, de A à R, au nom des auteurs, des personnages,
des localités ou au premier substantif du litre. Histoire, géographie, art et
littérature sont également représentés dans cette riche collection, où les
manuscrits se mêlent aux imprimés. Le mot Bavarica est d'ailleurs com-
pris fort largement; sous le n» 809 nous trouvons une édition du Rhada-
miste^de Crébillon, faite à Munich en 1755 à l'occasion de la représentation
de la pièce dans cette ville. Ce seul exemple suffira pour montrer l'abon-
"dance de renseignements variés que les curieux des choses bavaroises trou-
veront dans ce répertoire.
• — Nous signalerons par la même occasion un catalogue [n° 363) de la
librairie Karl W. Hiersemann de Leipzig, relatif à l'Amérique : A Catalogue
of n choice collection of scarce and valuable books, pamphlets, inanus-
rripts and maps relating to Central and South America, the W est- 1 ndia and
the Philippine Islands (Leipzig, K. W. Hiersemann, 1909, in-8 de 222 p.
Dire que les 2. 16G numéros de ce catalogue englobent en partie les collec-
tions de deux érudits connus, W. Reiss et E. W. Middendorf, c'est dire
les trésors que l'on peut y trouver. Voyez, à titre d'exemple, parmi les
. manuscrits, les n^^ 32 (Journaux de bord deRév. James H. I ang del850à
'1859 pour des croisières en Espagne, Portugal, Australit^, Afrique, Indes,
Amérique); 72 a, 903, 998, 1190 (Documents originaux sur l'ordre de la
Merci en Mexique, Guatemala, Chili, Saint-Domingue, etc.), 141, 1210.
(Papiers des inquisiteurs de Portugal et d'Espagne) ; 264 (Documents sur
la conjuration de 1641 contre Jean IV de Portugal); 940 (Manuscrit auto-
graphe de J. A. de Bafaras sur l'origine, les coutumes et l'état des Mexicains,
1763); 997 (Procès- verbaux authentiques du concile provincial de Mexico
en 1585); 1062 (Documents sur les jésuites espagnols); 1479 (Journal du
voyage du G. Perez de Alderete aux Philippines en 1772-1774); 1683 (Pa-
piers de l'amiral George Cockburn). Parmi les cartes, portulans ou globes
nous relevons les n^^ 1482 (Derrotero gênerai de J. B. Funes, 1700); 1609
(Mappemonde de Gastaldi, 1546); 1611 (Portulan méditerranéen de Freducci
{1524); 1616 (globe terrestre de Hondius, 1618); 1624, 1628, 1636, (Portulans
méditerranéens de Maiolo, 1512; de N. de Nicolo, 1470 ; de P. Rosellis,
1468; parmi les imprimés, les n°^ 266 (Villegaignon, 1567), 891 (Actas
y estatutos de reformacion del capitulo provincial de Guatemala, de la
— 380 —
Orden de la Merced, 1680), 1472 (Recueil de 110 cédules royales de Phi-
lippe V et Charles III i; 1592 (Cosmographie d'Hylacomylas, 1507).
— M. August Schmarsow, qui est en Allemagne l'un des maîtres de
Thistoire de l'art, et qui professe cette matière avec éclat à l'Université de
Leipzig, vient de voir quelques-uns de ses disciples s'unir pour célébrer,
par la publication d'un volume de mélanges en son honneur, le 50^ semestre
de son enseignement dans les Universités germaniques. Les Kunstwissen-
schajtUche Beitrâge August Schwarsow gewidmet, qui inaugurent une série
de Beihejte der kunstgeschichtlichen Monographien (Leipzig, K. W. Hierse-
mann, 1909, gr. in-4 de 179 p., avec 12 pi. et 43 fig.) comprennent les
mémoires suivants : Oskar WulfT, Die umgekchrtc Perspektive und die Nie-
dersicht, eine Raumanschauungsjorm der althyzantinischen Kunst und ihre
Fortbildung in der Renaissance (p. 1-40); — ■ Wilhelm Niemeyer, Das Tri-
forium (p. 41-60); — Georg Graf Vitzthum, Ein-e Miniaturhandschrijt aus
Weigelschem Besitz (p. 61-72); — Rudolf Kautzsch, Ein Beitrag zur
Geschichte der deutschen Malerei in der ersten Hàljte des XIV . Jahrhunderts
(p. 73-94); — Md^\'^QnïYB.\i,l)onateUounddersog. Forzori-Altur (p. 95-102); —
Paul Schubring, Matteo de Pasti (p. 103-114); — James von Schmidt, Pas-
quale da Caravaggio (p. 115-128); — Aby Warburg, Francesco Sassettis
letzi»'illige Verfugun g {p. 129-152): — Heinrich Weizsàcker, Der sog. Jaba-
cheche Altar und die Dichtung des Bûches Hiob (p. 153-162); — Karl Simon,
Zwevischersche Grabplatien in der Provinz Posen (p. 162-169); — Wilhelm
Pinder, Ein Gruppenbildnis Friedrich Tischbeins in Leipzig (p. 170-178).
Belgique. — Dans une Conférence sur Emile Verhaeren, publiée sous
forme de plaquette (Paris, Jouve, 1908, in-12 de 74 p., avec portrait et fac-
similé d'écriture), M. Albert de Bersaucourt a bien mis en valeur les trois
manières successives du poète belge. Dans ses premiers recueils : Tendresses
premières, les Petites Légendes, les Flamandes, les Moin es, \eThSieren se révèle
un réahste puissant, un descriptif qui excelle à rendre les aspects, les colo-
ris les plus violents des choses. Puis Tinfluence d'une longue maladie et
d'angoisses douloureuses se marque dans les volumes suivants : Les Soirs,
les Débâcles, les Flambeaux noirs, qui ont quelque chose de morbide et
d'halluciné. Enfin, le retour à la santé physique, à l'espoir, à la joie, inspire
des livres tels que : I^es Apparus dans mes chemins, les Campagnes hallu-
cinées, les Villages illusoires, les ilfojs et surtout ceux-ci qui tiennentune place
essentielle dans l'œuvre de Verhaeren : Les Villes tentaculaires, les Visages
'de la Vie, les Forces tumultueuses, la Multiple Splendeur. Verhaeren sort de
lui->nême pour devenir un poète social, plein de tendresse humanitaire
et panthéiste, de foi fervente dans la science, d'optimisme IjTique. Malgré
tout ce que cet optimisme a de fragile et d' « anarchique ' (cette juste épi-
thète est du conférencier), cette poésie de tourmenté, de trépidant, d'e.valté
et de fiévreux, en dépit des réserves qu'on pourrait faire sur la versification •
disloquée qu'il adopta en dernier lieu, Verhaeren est un artiste vigoureux,
essentiellement flamand par son abondance et son riche coloris, un peintre
largement réaliste des campagnes et des villes de son pays.
— Le 31 décembre 1908, la Revue tournaisienne a accomph sa quatrième
année d'existence. S'adressant au grand public, elle n'est pas une revue
d'érudition. Mais, sous l'habile direction de M. A. Hocquet, lé très distingué
conservateur des archives et de la bibliothèque de la ville de Tournai, ses
rédacteurs s'appliquent à faire de la vulgarisation scientifique. Par ce
moyen, la Revue tournaisienne parvient à jouer un rôle excellent puisqu'elle-
apprend petit à petit aus Toumaisiens l'histoire vraie de leur ville. Parmi
— 381 —
les articles publiés en 1908 par la Revue tournaisienne, on peut signaler, à
côté des nombreuses notes historiques et archéologiques du directeur, les
précieuses généalogies du' comte P. A. du Chastel, les notices de M.Wattier
sur les dictons et expressions populaires du Tournaisis, les articles de M. A.
d'Herbomez sur le Collège de Tournai à Paris et sur les fournisseurs tour-
naisiens de la Cour de France au temps de Charles VI, quelques notes inté-
ressantes de M. le docteur F. Desmons sur les quais de l'Escaut, etc., etc.
Italie. — La librairie Loescher, de Rome, qui, depuis deux ans, publiait à
intervalles irréguliers une Bibliographia arckaeologica, catalogue assez
complet des derniers ouvrages parus sur rarchéologie et l'histoire antique,
entreprend aujourd'hui un répertoire analogue pour l'histoire de l'art. Sans
être une véritable bibliographie, et bien qu'elle ne soit, à pro-
prement parler, qu'un catalogue de librairie, la Bibliographia artistica
« donnant une liste très complète des ouvrages sur l'histoire de l'art du
moyen âge jusqu'à nos jours dernièrement parus et en vente chez (sic)
la librairie Loescher », peut permettre à ceux qu'intéresse l'histoire de l'art
de se tenir au courant des principales publications sur la matière, à en
juger au moins par le n" 1 (mars 1909). Noms d'auteurs et d'artistes sont
rangés dans une seule liste alphabétique.
États-ITnis. — Un ouvrage destiné assurément à piqi?er la curiosité
et qui provoquera probablement des controverses passionnées est celui
dont M. William Stone Booth annonce la prochaine pubhcation à la librairie
Houghton, Mifflin and C"., de Boston, sous le titre de : Some acrostic signa-
tures of Francis Bacon, baron Veridam of Verulam, Viscount St. Alban.
M. Booth prétend, en effet, prouver par des acrostiches qu'il a décniffiés
que c'est au célèbre écrivain et homme d Etat qu'il faut attribuer, non
seulement les ouvrages connus sous le nom de Shakespeare, mais d autres
encore parus sous les noms de ou attribués à Spenser, Marlowe, Ben Jon-
son, Milton, etc.
Publications nouvelles. — Die Wiederkunft Christi nach den Pauli-
nischen \on F. Tillmann Briefen, (Biblische Studien) (in-8, Freiburg im
Breisgau, Herder). — Der Verfasser der Eliu-Reden (Job Kap. 32-37).
Eine krit.i^che untersuchung, von W. Po.sselt (Biblische Studien) (in-8, Frei-
burg im Bre'Sgau, Herder) — Jésus de Nazareth. Notes historiques et critiques,
par E, Giran (in-12, E. Xourrv). — Jésus historique, par C. Piepenbring
(in-12, E. Nourry). — Petite Bible illustrée des écoles, par J. Ecker. Edition
française par Un Père de la Compagnie de Jésus (petit in- 8, cartonné,
Bloud). — Œuvres choisies, oratoires et pastorales, j^ar Mgr Touchet. T. V
(in-12, LethielleuxJ. — Sur les pai de Jésus, l^e série. Bethléem- Nazarth,
par P. -F. Moureau (in-12, Haton). — L'Évangile du Sacré Cœur . Les Mys-
tères d'amow du Cœur de Jésus, par l'abbé J. Vaudon (in-12, Poussielgue).
— La Maternité adoptive de la Très Sainte Vierge. Étude de théologie, par
A. Largent (in-12, Roger et Chernoviz). — Joseph d'après l'Evangile, par
Vabbé M. Caron (petit in-12, Haton). — Les Jeunes Filles de VÉvangile, notes
d'une retraite de jeunes filles, par Mgr H. Bolo (in-12, Haton). — Aux daines
et aux jeunes filles. La Ferveur, par l'abbé de Gibergues (in-12, Poussielgue).
— Les Larmes consolées, par P.-C. Laurent (in-12, Haton). — Nos Devoirs
envers le prochain, intructions d'ap logétique, par L. Désers (in-12, Pous-
sielgue). — De la Croyance en Dieu, par C. Piat; 2^ éd. (in-18, Alcan). —
L'Etre et le Connaître, par H. Espinass t (iu-8, Leroux). — L" Expérience
esthétique et l'Idéal chrétien, par A. Loisel (in-8, Bloud). — Le Subjectivisme,
par H. Ryner (in-8 carré, Gastein-Serge). — Éléments de la théorie des pro»
— 382 —
habilités, par E. Borel (gr. in-8, Herinann). — Auguste Comte et son œuvre.
Le Positivisme, par G. Deherme (in-18, Giard et Brière). — - Agnostiques
français. Positivisme et anarchie. Auguste Comte, Littré, Taine, par le comte
P. Cottin (in-18, Alcan). — Chez un philosophe. Deux interviews, par C.
Fondet (in-18, Giard et Brière). — Les Théories individualistes dans la. philo-
sophie chinoise. Yan-Tchou, par A. David (in-16, Giard et Brière). — L'Évo-
lution psychique de Venfant, par le D'' H. Bouquet (in-16, Bloud). — Le Fon-
dement psychologique de la morale, par A. Joussain (in-16, Alcan). — L'Édu-
cation française. L'Individu et les diplômes, par A. Faure (in-12, Stock). —
Les Principes de l'évolution sociale, par D. Aslanian (in-8, Alcan). — - Le
Socialisme conservateur ou municipal, par A. Mater (in-18, Giard et Brière).
— Cosmopolitisme, par S. Tornudd (in-18, Giard et Brière). — Ce que les
pauvres pensent des riches, par F. Nicolay (in-16, Perrin). — Travail et folie,
influences professionnelles sur Vétiologie psychopathique , par les D"" A. Marie
el R. Marital (in-16, Bloud). — Le Hachich. Essai sur la psychologie des
paradis éphémères, par R. Meunier (in-16, Bloud). — - Cours de physique
conforme aux programmes des certificats et de l'agrégation physique, par H.
Bouasse. 5*^ partie. Électroptique. Ondes hertziennes (in-8, Delagrave). • — ■
Les Oscillations électromagnétiques et la Télégraphie sans fil, par le pro-
fesseur D*' J. Zenneck; trad. de l'allemand par P. Blanchin, G. Guérard, E.
Picot (2 vol. gr. in-8, Gauthier- Villars). — Machines- outils, outillages,
vérification, notion pratiques, par P. Gorgeu (gr. in-8, Gauthier- Villars). —
Les Céréales, par A. Desriot (in-16 cartonné, Hachette). — L' Aviation.
Ses débuts, son - développement, par F. Ferber (in-8, Berger-Levrault). —
Dans les airs. Aérostation, aviation ; étude aérostatique, par G. de la Landelle
(in-18, Vivien). — - Aéronef dirigeable plus lourd que l'air (Hélicoptère)..
Influence du vent sur la marche de l'aéronef, par A. MiccioUo (in-8, Vivien).
— Les Hélices aériennes. Théorie générale des propulseurs hélicoïdaux et
méthode de calcul de ces propulseurs pour l'air, par S. Drzewiecki (in-8, Vivien).
— Aviation. Comment l'oiseau vole. Comment l'homme volera, par W. Kress;
trad. par R. Chevreau (in-8, Vivien). — Les Aéronautes et les colombophiles
du siège de Paris, par F. Mallet (in-18, Vivien). — Histoire de l'aviation.
Avions et aviateurs d'hier, d'aujourd'hui, de demain, par Turgan (in-8,
Geisler). — L'Homme s'envole, Z? passé, le présent et l'avenir de l'aviation
par le capitaine Sazerac de Forge (in-8, Berger-Levrault). — État actuel et
avenir de l'aviation, par R. Soreau (in-8, Vivien). — Les Maîtres de 1% mu-
sique. Trouvères et troubadours, par P. Aubry (petit in-8, Alcan). — Le
Grec et le latin. Notions élémentaires de grammaire comparée, phonétique
et morphologie, par Fabbé Cliquennois (in-8, Poussielgue). — Vingt années
de rectorat. Discours de rentrée et annexes, par Mgr Baunard (in-8, Poussielgue).
— Les Muses françaises, anthologie des femmes- poètes (w^ siècle) . Morceaux
choisis accompagnés de notices biographiques et bibliographiques, par A.
Séché. T. II. (in-12, Michaud). — Le Cénacle de la muse française, 1823-1827,
par L. Séché (in-18, Mercure de France). — La Poésie de Jean Aicard,
portrait littéraire et choix de poèmes, par J. Calvet (in-12, Hatier). — L'Am-
phore, par J. Segrestaa (in-16, Perrin).' — Crépuscule d'amour, p,ar G. Ba-
tault (in-16, Bibliothèque de l'Occident). — Jeanne d'Arc, drame en cinq
actes, pour jeunes gens, par J. Grech (in-12, Haton). — Le Cœur de Jeanne
d'Arc, drame historique en trois actes et apothéose, pour jeunes filles, par
J. Grech (in-12, Haton). — La Bienheureuse Jeanned' Arc, drame historique
en quatre actes et douze tableaux, par l'abbé J. Oger (in-8, Haton). —
Lourdes et Bernadetlc, drame historique en un prologue, cinq actes et dix
— 383 — _
tableaux, par l'abbé J. Oger (gr. in-8, Haton). — Bernadette et Lourdes,
drame historique en un prologue, cinq actes et dix tableaux, par l'abbé
J. Oger (in-12, Haton). — Une Fille de Fra-Diavolo, petit opéra-comique
en trois actes, avec un prologue, par J. Grech (in-12, Haton). — Villa du
Doux-Repos, comédie en un acte pour jeunes filles, par G. Le Roy-Villars
(in-12, Haton). — Le Prix de la vie, par H. Davignon (in-16, Plon-Nourrit).
Marie-Rose au couvent, par J. Leroy-Allais (in-12, Plon-Nourrit). —
Bourgeoises artistes. Le Préjugé, par H. Bezançon (in-16, Plon-Nourrit). —
Les Deux Routes, par P. Tany (in-16, Perrin). — Mémoires d'une 50 H. P.,
par B. Arosa (in-18, Stock). — Nicole à Marie, par G. Bergeret (in-16, Ha-
chette). — Le Drame du « Korosko », par Conan Doyle; trad. de l'anglais par
H. Evie (in-16. Hachette). ■ — Injerna, par C. Lucius (in-18, Garnier). —
Nuevo Libro de los exemplos, por A. Casafial Shakery (in-12, Zaragoza,
Gasca). — Las Caracolas, cuentos aragones, por J. Blas y Ubide (in-12,
Zaragoza, Gasca). — Le Journal d'une fille d'honneur, par H. de Zobeltitz;
trad. de l'allemand par J. Ritt (in-18, tolin). — Le Cottage fleuri, par L. des
Ages (in-12, Haton). — Fidèle à Dieu, par F. de Noce (in-12, Haton). —
La Famille Ellis, par M. Auvray (in-8, Haton). — Lettres de jeunesse. Études
littéraires et sociales (1892-1900), par J.-A. Coulangheon (in-12, Paulin). —
Les plus jolies lettres d'amour recueillies et publiées par A. de Pêne (in-12,
Messein). — De la Pcécde scientifique, par R. Ghil (in-8, carré, Gastein-Serge).
— Les Origines de la littérature française. Jehan Bodel, avec des commentaires
sur le « Congé » de Baude Fastoul, par E. Langlade (gr. in-8, F.-R. de Rudeval).
- — Pages choisies des grands écrivains. Fontenelle (in-18. Colin). — Dans le
jardin de Sainte-Beuve. Essais, par G. Grappe (in-12. Stock). — Flaubert,
sa vie, son caractère et ses idées avant 1857, par R. Descharmes (gr. in-8,
Ferroud). — Un Ami de Flaubert. Alfred Le Poittevin. Œuvres inédites pré-
cédées d'une Introduction sur sa vie et son caractère, par Jl. Descharmes (gr.
in-8, Ferroud). — La Chanson des Nibelunge; traduite du moyen-haut-
allemand, avec une Introduction et des notes par J.Firmery (in-18, Cohn).
— Vie et œuvre du comte Léon Tolstoï. Mémoires, souvenirs, lettres, extraits
du Journal intime, notes et documents èîograp/ii^we^, réunis, coordonnés et
annotés par P. Birukov; trad. par J.-W. Bienstock. T. III (in-18. Mercure
de France). — Bon an, mal an, par H. Lavedan 2*^ série (in-16, Perrin). —
Revue de géographie annuelle, pubhée sous la direction de C. Vélain. T. II.
Année 1908 (in-4, Delagrave). — La France et ses colonies au début du
xx^ siècle, por M. Fallex et A. Mairey (petit in-8, Delagrave). — Le Morvan.
Étude de géographie humaine, par le capitaine J. Levainville (gr. in-8,
Colin). — Impressions de Corse, par E. Spalikowski (in-12, Maloine). —
Les Régions du Moi du Sud indo-chinois. Le Plateau du Darlac, par H.
Maître (in-16, Plon-Nourrit). — Histoire sanglante de l'humanité, par F.
Nicolay (in-12, Téqui). — Figures de moines, par E. Dimnet (in-16, Perrin).
— Saint aidas de Ruis et la Société bretonne au vi^ siècle (493-570), par
J. Fonssagrives (in-12, Poussielgue). — Une sainte Figure. Mgr Anger
Billards, chapelain de Notre-Dame de la Délivrance, etc., par V. Féli (in-16,
Poussielgue). — La Bienheureuse Jeanne d' Are, son vrai caractère, par M. Sepet
(in-12, Téqui). — La Cour du RoiSoleil, par A. Parmentier (petit in-8. Colin).
— Les Grands Écrivains de la France. Mémoires de Saint-Simon, édités par
A. de Boislisle. T. XXI (in-8, Hachette). — Documents sur la Révolution
dans le Vaucluse. Correspondance intime du conventionnel Rovère avec
Gûupilleau (de Montaigu) en mission dans le Midi après la Terreur (1794-
1975), publiée d'après les documents originaux inédits avec une Introduc-
— 3S4 —
tion el des noies, par M. Jouve et M. Giraud-jMangin (in-8, Nîmes, Debroas).
— Jean de Bry (1760-1835). Le Congrès de Rastadt. Une Préfecture sous le
premier Empire, par L. Pingaud (in-8, Plon-Nourrit). — L'Exil et la mort du
général Moreau, par E. Daudet (in- 16, Hachette). — Les Projets de restau-
ration monarchique et le Général DucroL, par le vicomte de Chalvet-Naslrac
(in-8, A. Picard et fils). — - Un Séjour à Lourdes. Journal d'un pèlerinage à
pied. Impressions d'un brancardier, par A. Retté (in-18, Messein). — Le
Premier Ministre constitutionnel de la guerre. La Tour du Pin. Les Origines
de l'armée nouvelle sous la Constituante, par L. -de Chilly (in-8, Perrin). —
Trois Héros. Bataille de Beaumont-en- Argonne et passage de vive force du
Pont de Mouzon les 30 et 31 août 1870. M'^^ Bellavoine. Maréchal des logis
Collignon. Colonel Démange, par le général F. Canonge (in-18, Garnier). — -
Le 17^ Corps à Loigny, d'après des documents inédits et les réctis des combat-
tants, par le commandant H. de Sonis (in-8, Berger-Levrault). ■ — Souvenirs
d'un Parisien, par H. Boucher. 2^ série (1853-1862) (in-1.6, Perrin). —
Études contemporaines. La Crise intime de l'Eglise de France. Les Prêtres
démocrates. Le Sillon. Les Hypercritiques, par P. Barbier (in-12, Lethielleux).
— La Crise religieuse. Non Credo, par Timothébn (in-12, Gastein-Serge). —
Traditionnalisme et Démocratie, par D. Parodi (in-18, Colin). — Quelques
propos d'un contre-révolutionnaire, par G. Chardonchamp (petit in-8, Le-
thielleux). - — Un Siècle de politique allemande. Mémoires du prince Clovis
de Hohenlohe. T. I et II; trad. de P. Budry (2 vol. in-8, Conard). — La
Condesa de Bureta D^ Maria Consolaciôn de Azlor y V illavicencio y el Régente
Don Pedro M^ Rie y Monserrat, episodios y documentos de los sitios de Zara-
goza, por -M. de Pano y Ruata (in-8, Zaragoza, Escar). — La Enseîianza
en Espaùa, por el P. T. Rodriguez (in-18, Madrid, Millân). — La Hongrie
rurale, sociale et politique, par le comte J. de Mailâth (in-8, Alcan). — Les
Sforza et les arts en Milanais, 1450-1530, par G. Gausse (gr. in-8, Leroux). —
Le Réveil de la Turquie, par H. Diamantopulo (in-8. Le Soudier). — La
Turquie nouvelle et V Ancien Régime, par J. Denais (in-8. Rivière). — Au
Maroc avec Is général d' Amade, par R. Rankin; trad. de l'anglais (in-16,
Plon-Nourrit). — The self-reconstruction of Maryland, 1864-1867, by W.
Starr Myers (in-8, Baltimore, the Johns Hopkins Press). — La Intervenciôn
francesa en Mexico ,segun el archivo del mariscal Bazaine. Sexta parte (textos
espanol y frances), publicado por G. Garcia. T. XXII (petit in-8, Mexico,
Vda. Bouret). — La Vie de F. Chopin dans son œuvre, par E. Ganche (in-18,
Société des auteurs éditeurs). — Les Ex-libris de médecins et de pharmaciens ,
ouvrage complété par les listes internationales des ex-libris et devises des mem-
bres de ces corporations, suivi d'une Elude sur les marques personnelles ma-
cabres, par Henry-André (in-8, chez l'autour, Paris, 3, faubourg Saint-
Jacques). ViSENOT.
Le Gérant : GHAPUIS.
Imprimerie polyglotte Fr, Simun, Hennés
POLTBIBLION
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE UNIVERSELLE
PHILOSOPHIE
Philosophie générale. — Logique. — 1, Leçons de philosophie et Plans de disser.
talions. I. Psychologie, par l'abbé J.-B. Domecq. Tours, Cattier, s. d. in-8 cart. de
389 p., 8 fr. — 2. Supplément au Dictionnaire de philosophie ancienne, moderne et
contemporaine (années 1906, 1907, 1908), par l'abbé Elie BLANC.Paris, Lethielleux,
s. d., in-4 de vi-154 p., 2 fr. — 3. Leçons de logique et de morale, par R. Hourticq.
Paris, H. Paulin, 1908, in-12 de 322 p., 3 fr. — 4. Cours de philosophie positive, par
Auguste Comte. T. IV et V. Paris, Schleicher, 1908, 2 vol. petit in-8 de viii-389
et 411 p., 4 fr. — 5. Les Grands Ecrivains de la France. Œuvres de Blaise Pascal.
T. I, II et III, publiés suivant l'ordre chronologique, avec documents complémen-
taires, Introduction et notes par Léon Brunschwig et Pierre Boutroux. Paris,
Hachette, 1908, 3 vol. in-8 de lxv-406, 574 et 600 p. 22 fr. 50. — 6. Les Problèmes
de la science-et la Logique, par Frédéric Enriques; trad. de l'italien par Juliex
Dubois. Paris, Alcan, 1909, in-8 de 256 p., 3 fr. 75. — 7. Les Principales Théories
de la logique contemporaine, par P. Hermant et A. Van de Waele. Paris, Alcan,
1909, in-8 de 303 p., 5 fr. — 8. Insuffisance des philosophies de Vintuition, par
Cloduts Piat. Paris, Plon-Nourrit, 1908, petit in-8 de 319 p., 5 fr.
Psychologie. — 9. La Psychologie quantitative, par J.-J. Van Biervliet. Paris,
Alcan, 1907, in-8 de 219 p., 4 fr. — 10. Psycho-Physiologie de la douleur, par MM"'^^
loTEYKO et M. Stefanowska. Paris, Alcan, 1909, in-8 de 251 p., 5 fr. — 11. Le
Premier Éveil intellectuel de Venfant, par Edmond Cramaussel. Paris, Alcan,
1909, in-16 de 200 p., 2 fr. 50. — 12. V Adolescence, étude de psychologie et de péda-
gogie, par Gabriel Compayré. Paris, Alcan, 1909, in-16 de 196 p., 2 fr. 50. —
13. Le Cœur humain et les Lois de la. psychologie positive, par Antoine B.aumann*.
Paris, Perrin, 1909, in-16 de vnij350 p., 3 fr. 50.
Morale et Sociologie. — 14. Éthique, droit et politique, par Arthur Schopen-
hauer; trad. de rallemand avec Préface et notes par Auguste Dietrich. Paris,
Alcan, 1909, in-16 de 188 p., 2 fr. 50. — 15. La Morale naturelle, par J.-L. de
Lanessan. Paris, Alcan, 1908, in-8 de 412 p.. 7 fr. 50. — 16. L'Expérience mo-
rale, par F. Rauh. 2= éd. Paris, Alcan, 1909, in-8 do vi-236 p., 3 f;. 75. — 17.
Esquisses de morale et de sociologie, par Eugène Leroy. Paris, H. Paulin, 1909,
in-16 de 175 p., 2 fr. — 18. La Sensibilité individualiste^ par G. Palante. Paris,
Alcan, 1909, in-16 do 140 p., 2 fr. 50. — 19. La Morale de F ironie, par Fr. Paulhan.
Paris, Alcan, 1909, in-16 de fO p., 2 fr. 50. — 20. Démocratie, patrie et humanité,
par J. GiROD. Paris, Alcan, 1908, in-16 de 11-172 p., 2 fr. 50. — 21. L'Idéal du
xix*^ siècle, par Marius-Ary Leblond. Paris, Alcan, 1909, in-8 de x-328 p., 5 fr.
Histoire et Critique. — 22. Pascal et son icmps^ jjar Fortunat Strowski. 3^ par-
tie. L?s Provinciales et les Pensais. Paris, Plon-Nourrit, 1908, in-16 de 419 p., 3 fr. 50.
— 23. La Philosophie de L'.ibniz, exposé critique, par Bertrand Russell; trad.
de l'anglais par Jean et Renée-J. Ray. Paris, Alcan, 1908, in-8 de xvi-233 p.,
3 fr. 75. — 2k. Leibniz, avec de nombreux ietctes inédits et une Introduction par Jean
Baruzzi. (Collection La Pensée chrétienne). Paris, Bloud, 1909, in-16 de 386 p.,
5 fr. — 25. La Théorie idéologique de Galluppi dans ses rapports avec la philosophie
de Kanl, par F. Palhoriès. Paris, Alcan, 1909, in-8 de 193 p., 4 fr. — 26. Les
Grands Philosophes. Piosmini, par F. Palhoriès. Paris, Alcan, 1908, in-8 de xi-
398 p., 7 fr. 50. — 27. El Positivismo, su historia y sus errores, por José M. de
Jesûs Portugal. Barcclona, Subirana, 1908, in-12 de 320 p., 2 fr. — 28. Cour-
not et la Renaissance du probabilisme au xix'^ siècle, par F. Mentré. Paris, Marcel
Rivière, 1908, in-8 de viii-651 p., 12 fr. — 29. La Philosophie sociale de Renouvier,
par Roger Picard. Paris, Marcel Rivière, 1908, in-8 de 344 p., 7 fr. 50. — 30.
Le Déterminisme économique de Karl Marx. Recherches sur Vorigine de r évolution
des idées de justice, du bien, de Vâme et de Dieu, par Paul Lafaugue. Paris, Cîiard
Mai 1909. T. CXV. 25.
— 386 —
el Bi'ière, 1909, ia-lS de 384 p., 4 fr. — 31. Anti-Pragmatisme. Examen des droits
respectifs de l'aristocratie intellectuelle et de la démocratie sociale, par Albert Schinz.
Paris, Alcan. 1909, in-8 de 309 p., 5 fr. — 32. Pragmatisme et Modernisme, par J.
BounDEAU. Paris, Alcan, 1909, in-16 de vn-238 p., 2 fr. ."iO. — 33. Revue des sciences
philosophiques et théologiques. 2« année, 1908. Le Saulchoir, à Kain (Belgique), gr.
in-8 de 873 p.. 12 fr. — 34. Études et controverses philosophiques, par l'abbé
Eugène Lanusse. Paris, Roger et Chernoviz, 1909, in-12 de iv-323 p., 3 fr.
Philosophie générale. — Logique. — 1. — Aucun professeur de
philosophie n'est satisfait du manuel qu'il recommande à ses élèves;
cela est inévitable, le cerveau de chacun d'entre eux faisant subir une
déviation à la pensée d'autrui, et cela est heureux puisqu'après
quelques années d'enseignement et d'expérience, le maître conçoit
toujours et accomplit quelquefois le projet de rédiger son cours et de
l'offrir au public cultivé. C'est ainsi que M. .J.-B. Domecq a publié ses
Leçons de philosophie et Plans de disserta lion s. I, Psychologie. C'est
un des meilleurs traités que nous connaissions : la doctrine est sûre,
l'exposition nette et précise, les divisions excellentes. L'auteur s'entend
à condenser les idées essentielles, sans inutiles développements. Chaque
leçon est suivie d'un tableau analytique; enfin, les lectures recom-
mandées et les ouvrages à consulter dirigeront et aideront les élèves
et permettront aux mieux doués de compléter leur instruction philo-
sophique.
2. — Mgr Elie Blanc, professeur à l'Université catholique de Lyon,
vient d'ajouter à son Dictionnaire de philosophie un Supplément où
sont indiqués les noms et les travaux mis en lumière pendant ces trois
dernières années. On trouvera, résumés en 160 pages, quantité de
renseignements intéressants et précieux, qu'on chercherait vainement
ailleurs. Les articles : Aristote, Bergson, W. James, Modernisme, etc.
témoignent des qualités d'information et d'appréciation judicieuse
qui ont valu une place à part à Mgr Elie Blanc, parmi les penseurs
catholiques contemporains.
. 3. — Faut-il répéter ce que nous avons écrit, ici même, il y a six mois
à propos du livre de M. Hourticq : Leçons de logique et de morale? —
C'est un manuel clair et parfois un peu trop concis, qui s'inspire
beaucoup trop des idées de M. Durkheim, c'est à dire du positivisme
sociologique.
4. — M^L Sehleicher poursuivent la publication des Cours de
philosophie positive d'Auguste Comte. Les tomes IV et V sont con-
sacrés à la Physique sociale. On y trouve les considérations sur la
statique et la dynamique sociales qui ont fait fortune, et aussi
l'exposé de la loi des trois états : théologique, métaphysique et scien-
tifique. Il est facile de se convaincre des emprunts que nos sociologues
ont faits au fondateur du positivisme; son influence demeure consi-
dérable, continuelle et désastreuse.
- 387 —
5. — La collection des Grands Eaiçains de la France vient de
s'enrichir de trois volumes contenant les Œuvres de Biaise Pascal
jusqu'en 1654, époque de ce qu'on a nommé sa seconde conversion.
On y trouvera spécialement les écrits se rapportant à ses travaux de
mathématiques et de physique, sa correspondance scientifique et aussi
un grand nombre de lettres sur divers sujets. Le discours sur les
Passions de l'Amour y est résolument attribué à Pascal. Mais ce qui
fait le mérite exceptionnel de cette édition, c'est, avec sa netteté et
son élégance typographiques, la série d'Introductions et de notes qui
éclairent et interprètent les textes. M. Brunschwig, auquel nous devons
plusieurs éditions des Pensées^ s'est chargé de la partie littéraire;
M. Pierre Boutroux, professeur au Collège de France, a commenté la
partie scientifique. Tous deux ont heureusement appliqué les méthodes
d'une critique judicieuse et pénétrante. Enfin, quantité d'opuscules,
lettres ou biographies dus aux parents et amis de Pascal, complètent
et expliquent son œuvre glorieuse. Tous ses admirateurs sauront gré
à MM. Brunschwig et Boutroux de s'être si bien acquittés de leur tâche
et attendent avec impatience les volumes qui restent encore à publier.
6. — Dans son livre : Les Problèmes de la science et la Logique, un
professeur de l'Université de Bologne, M. F. Enriques, cherche à dé-
terminer les lois de la Gnoséologie ou théorie générale de la science.
Puisque celle-ci se compose de notions, fruits de nos opérations intel-
lectuelles, on peut et on doit se demander comment ces notions se
forment, à quels objets elles correspondent, de quelle manière elles
s'accordent entre elles, quelle est leur origine et quelle est leur valeur.
— Le sens de ces problèmes est établi dans une Introduction qui
sert de premier chapitre; le second examine les faits et théories; le
troisième résout les principaux problèmes de la logique formelle et de
la logique réelle. La préoccupation dominante de l'auteur c'est d'exor-
ciser le fantôme de l'absolu; à la fois positive et critique, sa méthode
s'en tient d'une part aux phénomènes et à leurs rapports, de l'autre
à leurs représentations, et distingue les éléments objectifs et subjectifs
de la connaissance sans faire appel à la métaphysique. D'rù une série
de tours de force où s'avère la virtuosité d'un dialecticien reffmé mais
qui nous donne l'impression d'un sport difficile, ingénieux et stérile.
7. — L'ouvrage de MM. Hermant et Van deWaele : Les Principales
Théories de la logique contemporaine, est un exposé critique des sys-
tèmes imaginés et élaborés en Allemagne, en AngletéiTe et en France
pour formuler un art d'arriver au vrai et définir le vrai lui-même. En
Allemagne, Riehl et Wundt admettent ce principe: «Ce qui est perçu,
est. » C'est le réaHsme naïf. — Lasson et Michelet réduisent, avec
ïlégol, l'être à la pensée; c'est l'idéahsme absolu. Les néo-criticistes,
tels que Lange et Volkelt, affirment l'existence des données expéri-
— 388 —
mentales, reçues dans les formes a priori de la sensibilité et organisées
par l'application des catégories de l'entendement. Schuppe réduit la
vérité à l'association et à la concordance universelle de tous les actes
de la pensée; il fonde la théorie de l'immanence développée par de
nombreux disciples. Plus indépendants, Lotze, Sigwart, Erdmann
semblent plus ou moins rattacher, de diverses manières, l'existence
du monde à l'existence du moi. \'on Hartmann et Natorp relient notre
connaissance à des lois de vérité objective, et font rc-A'ivre une sorte
de chose en soi, qui serait l'unité persistante sous la mobilité des ap-
parences, analogue à la volonté, fond et source de l'être, de Schopen-
hauer. Opposés à ce réalisme transcendental, les empirio-critieistes tels
que Mach et Avenarius, ne voient dans la conception philosophique
qu'une évolution progressive delà connaissance vulgaire, une interpré-
tation scientifique de l'expérience, une liaison de plus en plus parfaite et
toujours provisoire de nos idées. Nous retrouverons, avec des variantes,
ces diverses orientations de la pensée dans les écoles anglaises,réalistes
avec Spencer et Sidgwick ; idéalistes avec Green, Bradley, Hobbhouso
et Bosanquet; pragmatistes avec l'Américain \^'. James et le professeur
d'Oxford, Schiller, qui définissent la vérité en fonction d'utilité.
L'É-'ole française est représentée par M. Laclielier, qui fait appel à la
croyance pour atteindre l'être réel; par M. Fouillée qui n'attribue do
réalité et de certitude immédiates qu'aux faits de conscience; par
M. Weber qui, poussant l'idéalisme à ses conséquences extrêmes, no
reconnaît de réel que l'être logique, la pure et seule affirmation; par
M. Liard qui exclut l'existence du domaine de la logique pour l'attri-
buer à la psychologie; par M.Thouverez, qui proclame et sauvegarde
les droits du réalisme métaphysique. Enfin, quelques pages sont con-
sacrées aux néo-scolastiques : Mgr Mercier, MM. de Wulf, Domet de
Vorges, É. Blanc, qui maintiennent le réalisme « naïf » et le défendent
par despreuves empruntées à Aristote et àsaint Thomas. Naturellement,
au cours de ces pages, sont relatées les opinions sur l'essence du juge-
ment, la portée de l'induction, la valeur du syllogisme. Dans la
conclusion, MM. Hermant et Van de Waele nous font connaître leur
propre système, mixture d'éléments hétérogènes, où criticisme,
évolutionnisme et empirisme se joignent comme ils peuvent, non
sans se gêner. Considéré comme une revue et un recueil des travaux
contemporains sur la logique, cet ouvrage est important et remar-
quable: lecture variée, érudition considérable, labeur persévérant et
louable, tels sont ses mérites. Mais c'est un chef-d'œuvre de confusion,
d'entassement indigeste, de disproportion. Le dédain que ces auteurs
témoignent au réalisme est à la nfiode et tranche sommairement les
questions les plus graves; mais il est injustifié et inintelligent.
8. — Quels sont les philosophes qui croient à l'existence du monde
— 389 —
extérieur, de Dieu, du devoir? On ne peut guère les considérer que
comme des réalistes « naïfs ». M. Piat, aux yeux duquel l'univers est
créé }3ar un Être intelligent et pour une fin morale, dénonce une des
principales raisons de l'idéalisme, de l'athéisme, de Tamoralisme dans
son livre : Insuffisance despldlosophiesdel'intuiiion. L'intuition sert à
tout et ne suffit à rien. C'est elle qui amène Stuart Mill à définir la
matière : une possibilité permanente de sensations, Bergson à enfer-
mer la perception extérieure dans la conscience, H. Spencer à n'ad-
mettre que des, raisonnements relatifs; elle est impuissante à atteindre
l'être sous les apparences. En théodicée, elle nousavalulapreuveonto-
logique de saint Anselme qui passe du logique au réel, la vision en Dieu
de Malebranclie et de Fénolon qui implique la confusion de l'indéfini et
de- l'infini, l'expérience du divin de W.James, qui est un mysticisme
irrationnel et vide. En morale enfin, l'intuition ne conçoit pas l'idée
vraie du devoir, n'explique pas la délibération, le souvenir, l'acte
libre sans lesquels il n'y a pas de sujet moral, n'établit pas l'harmonie
du devoir et du bonheur. Il faut que nous passions du « donné » à ce
qui ne l'est pas pour posséder le réel, insaisissable en dehors de nos
inférences rationnelles. Les concepts de notre esprit sont notre vrai
trésor intellectuel : ils diffèrent de nos représentations sensibles et
leur sont très supérieurs. Telle est la thèse affirmée, soutenue et
développée par l'éminent professeur de l'Institut catholique de Paris,
dont on connaît la vigueur et la souplesse dialectiques, la pénétration
dans l'exposition, l'analyse et la critique des systèmes et le talent
d'écrivain. Seules, les pages destinées à l'objectivisme d'Aristote nous
paraissent discutables. Nous n'oserions dire que « sa doctrine ne
répond pas à la critique aiguë qu'on a faite, en notre temps, des con-
ditions de la connaissance humaine », car nous croyons qu'on ne peut
échapper au scepticisme qu'en admettant, avec le philosophe de
Stagyre l'objectivité de nos sensations.
Psychologie. — 9. — La Psychologie cfaaniiiaiive, de M. J.-J, Van
Biervliet, se compose de trois études distinctes : la Psychophysique,
la PsychophysioJogie, la Psychologie expérimentale. — Il expose et
critique dans la première, les travaux de Fechner, de Delbœuf, de
Miinstenberg pour corriger la loi de Weber destinée à mesurer les rap-
ports entre la sensation et l'excitation. « Toute tentative de mensuration
des sensations est actuellement impossible.» L'école de Leipzig fondée
par Wundt détermine surtout la durée des processus conscients et
s'attache à l'étude des courants nerveux. L'école expérimentale
se dégage et se détache des problèmes métaphysiques, étudie les
phénomènes sans se préoccuper de leur nature intime; elle a per-
fectionné les méthodes, multiplié les enquêtes pour étudier les varia-
tions de la perception, de la sensibilité, de la mémoire chez divers sujets.
— 300 -
MM. Binet, Bourdon, Toulouse, en dos laboratoires bien outillés, ont
institué dos expériences intéi'essantes. Parmi ces cberclieurs, M. Van
Biervliet occupe un rang distingué par ses travaux laborieux,
ingénieux et savants. Il est entenlu que les psychologues empi-
riques no font plus de métaphysique; mais, en ce cas, ont-ils le droit
d'écrire : « L'homme plus intelligent, plus esthète, plus moral, est
le produit de la culture de certains centres, particulièrement déve-
loppés, sous l'action du milieu renforcée par celle de l'hérédité. »
Cette phrase est une négation de la psychologie rationnelle, ce qui
est une manière — mauvaise — de faire de la métaphysique.
10. — Nous ressentons tous la souffrance, mais nous serions assez
embarrassés pour la définir iMM'ies loteyko et Stefanowska l'ont essayé
dans le volume : Psycho-Physiologie de la douleur. La tâche est difficile
et complexe, car les éléments de la douleur sont multiples et divers.
Il faut déterminer ses causes, ses organes, ses signes, ses expressions,
ses variétés, ses aspects; et c'est l'objet de nombreux détails aussi
bien choisis que mal présentés et agencés. Avec les matériaux que
renferment ces pages, on pourrait, en les classant, en les divisant, en
les ordonnant, composer une utile et intéressante monographie.
D'autant plus qu'aux observations des physiologistes et des psycho-
logues, les deux doctoresses ont ajouté des théories nouvelles : par
exemple sur l'asymétrie de la douleur : le côté gauche du corps est
plus sensible que le côté droit; sur l'excitant de la douleur : elle est due,
à une intoxication des terminaisons nerveuses dolorifiques et produite
par des substances algogènes nées au moment de l'excitation forte.
Ce sont des interprétations, tout au moins vi'aisemblables, d'expé-
riences bien conduites. On doit encore louer une très complète biblio-
graphie et aussi des considérations justes et élevées sur le rôle de la
douleur qui, n'auraient besoin que d'être très peu perfectionnées pour
fournir une justification chrétienne de la Providence.
11. — Ce n'est pas seulement dans un but pédagogique qu'il importe
d'étudier la plante humaine dès son éclosion, mais aussi pour se rendre
compte de son évolution psychologique, en marquer les étapes, les
degrés et les progrès. Le Premier Eveil intellectuel de V enfant ^ par
M. E. Cramaussel, est un ouvrage destiné à exposer les divers aspects
de la vie mentale, d'après des observations attentives et minutieuses,
dont furent l'objet de jeunes sujets âgés de dix-huit à trente-deux mois.
L'auteur cherche d'abord comment se forment les sensations, distinctes
des impressions et réactions nerveuses ; elles se groupent par l'associa-
tion, se conservent dans la mémoire, se fixent au moyen de l'attention.
Mais c'est l'intuition qui l'unit à une réalité consistante, avec
une spontanéité, une fraîcheur, une vivacité qui s'émoussent au
contact des choses et par l'effet de l'habitude. Nous assistons ensuite
— 391 —
à l'élaboration du langage avec ses hésitations, ses tâtonnements, ses
inventions, ses trouvailles; puis vient le concept qui «peut être con-
sidéré comme résultant d'un ordre établi entre les intuitions )>. (Nous
croyons qu'il est plus et mieux que cela; il dépasse les données de
l'intuition.) Enfin le jugement et le raisonnement complètent et
ferment le cycle des opérations intellectuelles. — Ces pages, nettement
et agréablement écrites, apportent une contribution intéressante à la
psychologie infantile; les faits sont choisis et inteijjrétés avec discer-
nement.
12. — L'Adolescence^ étude de psychologie et de pédagogie^ par M. G.
Compayré, continue le précédent ouvrage: âge de transition, âge ingrat,
caractérisé physiologiquement par la puberté, cette époque de la vie
présente des phénomènes qui lui sont propres. Ala croissance physique,
au développement des organes correspondent une activité mentale,
un peu confuse mais féconde, une éclosion de sentiments plus ardents
que mesurés, plus enthousiastes qu'ordonnés. Pour étudier cet état nous
pouvons recourir aux Mémoires, journaux, confidences écrits avec
prédilection, entre quatorze et dix-huit ans : la conception de la vie
qui s'ébauche en ces jeunes cerveaux indiqua la direction qu'une sage
éducation peut et doit leur donner. M. Coinpayré estime «que la psycho-
logie du jeune homme et la psychologie de la jeune fille seront toujours
distinctes ». Vérité fondamentale oubliée ou méconnue par un trop
grand nombre d'éducateurs et de « faiseurs de programmes ». Ce petit
livre qui donne à penser et résout, sans formules prétentieuses, beau-
coup de problèmes de l'ordre pratique, est, dans l'ensemble, judicieux et
attrayant. Il serait excellent s'il faisait une part à la vie religieuse des
adolescents et indiquait l'influence des croyances sur leur pensée
et sur leur vie.
13. — Le Cœur humain et les Lois de la psychologie positive comprend
deux parties : I. Analyses et générahsations. Le cœur est la synthèse
des penchants égoïstes et des penchants altruistes : leur combinaison
subordonne les premiers aux seconds et établit l'équilibre moral, loi de
notre existence. Cet état d'âme n'influe pas seulement sur notre vie
affective et sur nos décisions, mais encore dirige et domine l'exercice de
nos facultés intellectuelles ; la science, l'art, la pensée n'acquièrent leur
valeur et leur dignité que par l'altruisme. — II. Examen de quelques
problèmes particuliers. Il s'agit d'appliquer à des cas particuliers les
théorèmes généraux de la science morale. Les deux penchants altruistes :
attachement et soumission, expliquent et justifient la plupart des
anomalies apparentes de l'ordre intellectuel, moral, esthétique et
social; surtout, ils se manifestent comme des normes suprêmes de
l'existence. M. Baumann, l'auteur de ce livre, positiviste convaincu,
déduit du système d'A. Comte des conséquences que le maître n'avait
— 392 —
])as prévues. Son langage, (mi di'pit de la sécheresse rigide de ses prin-
cipes, est souvent élevé et délicat et l'on est surpris que cet écrivain,
qui ne croit ni à Dieu, ni à l'âme, ni au devoir, s'exprime parfois
comme un disciple de Jouffroy ou de Cousin.
Morale et Sociologie. — li. — M. A. Dietrich poursuit la tra-
duction des Parerga et Pacalipomena de Scliopenhauer; le présent
volume iutitulé : Éthique, droit et poHtique, a pour objet les sciences
morales : « Dire que le monde a purement une signification physique
et non morale, c'est l'erreur la plus grande et la plus pernicieuse,
l'erreur fondamentale, la véritable perversité d'opinion. « On ne saurait
mieux dire; maiheurousomênt, nous appienons, dans le même essai,
que « le Liheruni mbiirium ùidiffereniiœ sous le nom do libcité
morale, est un délicieux jouet pour les professeurs de philosophie. Il
faut le leur laisser à ces gens spirituels, honnêtes et de bonne foi. »
Or, la morale sans la liberté est juste aussi réelle que la science sans
intelligence. Il n'en reste pas moins que le philosophe de Francfort
critique la morale formelle d'E. Kant. La pohtique emprunte à la
morale les principes du droit déterminant les limites du juste et de
l'injuste, et s'empresse de les violer. Cette thèse est développée sous
la forme paradoxale et humoristique qui a fait la fortune de Scho-
penhauer, bien plus que la profondeur de sa pensée. Et on ne peut nier
que cette verve ne soit amusante, qu'elle n'embellisse parfois une idée
juste: «Chaque séparation donne un avant-goût de la mort et chaque
nouvelle rencontre un avant-goût de la résurrection. » Mais elle est
souvent inconvenante et imprégnée d'une saveur grossière d'impiété
canaille.
15. — La Morale naturelle, de M. de Lanessan, est la suite et l'an-
tithèse de sa Morale des religions. Le livre débute par l'examen et la
condamnation sommaire des systèmes de morale, reUgieux, méta-
physiques, hédonistes, utilitaires, évolutionnistes, etc. On regrettera
quelques omissions, mais on sera dédommagé par l'exposé des idées
géniales de MM. E. \'éron, Letourneau et Yves Guyot. La morale n'est
que l'organisation des besoins humains, spécialement des besoins de
nutrition, de reproduction et d'activité. Sous leur double forme égoïste
et altruiste, ils engendrent, par leurs combinaisons diverees et com-
plexes, nos devoirs individuels, familiers et sociaux sans qu'il. soit
requis ou possible de faire intervenir des entités invisibles et chi-
mériques. La morale plonge ses racines dans la biologie, dont elle dérive
uniquement. N'objectez pas à l'auteur que, s'il en est ainsi, elle nous
sera commune avec les animaux, car c'est précisément ce qu'il afTirme.
« lln'est pasplus difficile de faire un honnête homme qu'un chien savant. »
Vous trouverez, en ce livre, les procédés et recettes qu'il convient de
mettre en œuvre et les portraits du citoyen idéal et de la citoyenne ai-
— .3.'J3 —
mable de la cité future. En attendant, ceux « qui tiennent aJjsolument
à avoir un libre ar'bitre, une âme et un Dieu » doivent en faire leur deuil.
— Bien qu'il mette son orgueil à se donner pour un être purement maté-
riel, M. de Lanessan n'est incapable ni d'intelligence ni de réflexion;
mais en présence de l'édifice qu'il a voulu construire pour abriter
les générations libre-penseuses, songeant qu'il prodigua jadis ses soins
à la marine française, nous sommes tentés de lui appliquer les vers de
Boileau :
Vous êtes, je l'avoue, ignerant médecin,
Mais non pas habile architecte.
IG. — Très i)eu de temps avant sa mort, M. Rauh publiait une
deuxième édition de son ouvrage : L' Expérience morale^ mais qui est
précédée d'une Préface nouvelle où il précise son idée maîtresse qui
parait bien être formulée dans cette phrase : « J'oserai pi'esque dire
que la morale commence par la science impersonnelle pour aboutir à
la polémique, aux personnalités, et cela, non pas seulement pour
adapter à des circonstances contingentes des principes établis par
ailleurs, mais pom^ établir les principes mêmes de l'action. » La manière
dont est développée cette théorie réduit la morale à un ensemble de
règles empiriques essentiellement relatives, naturellement contingentes
et principalement subjectives. D'autres expliquent de même les lois
de la nature, et d'autres les lois de la pensée ; mais quelques précautions
qu'ils prennent et quelques réserves qu'ils énoncent, ils aboutissent,
en fait et en droit, au scepticisme.
17. — Les Esquisses de morale et de sociologie, par ^L Eugène Leroy,
s'inspirent des idées de MAL Lévy- Briihl, Dui'kheim et Bourgeois.
L'auteur nous montre la morale distincte de l'esthétique, indépen-
dante de la métaphysique, unie au bonheur, positive, particulière,
perfectible; elle repose sur la solidarité physiologique, économique,
morale, dont les devoirs individuels (respect de la vie, de la pensée)
sont des formes et les obligations sociales des conséquences. Ces
brèves leçons se complètent par des extraits de divers ouvrages;
l'idée serait excellente si ces fragments n'étaient trop souvent choisis
en des livres pernicieux ou en des chroniques insignifiantes. Après
touf, des « moralistes « tels que Zola, Jaurès ou A. France ne déparent
pas les théories « laïques », au pire sens du mot, d'un philosophe,
capable cependant de composer une a^uvre meilleure, car il n'est pas
dépourvu de cohérence dans les idées.
18. — M. G. Palante n'est pas dupe des sociologues, des solidaristes,
des économistes, des syndicalistes et s'avère plutôt comme mi partisan
de l'individualisme, un apologiste de l'autonomie de la personne
humaine, un fervent du culte du moi. L'attitude fière et lointaine
d'un Benjamin Constant, d'un Mgny, d'un Stendhal lui semble un
— 31)4 —
teigne do noblesse : le sentiment de la différence sépare un homme du
I l'oupeau social, où ses qualités spontanées et singulières s'émoussent
et s'absorbent. L'amitié s'oppose par ses choix et ses préférences aux
banales liaisons, aux promiscuités dégradantes qu'engendre la sociabi-
lité. Aux isolés que la pression sociale gêne, offusque, meurtrit, l'ironie
offre une reprise, une revanche, presque une délivrance. Mais l'indivi-
dualisme cherche à secouer le joug de la morale et la déclare, sui-
vant son tempérament, inefficace ou odieuse, vaine ou tyrannique.
Cependant il ne faut pas confondre l'individualisme, l'impitoyable
réalisme de ceux qui essaient de s'accommoder au déterminisme
social, avec l'anarchisme, idéahsme exaspéré et fou qui se révolte et
cherche à le briser. Les différentes études où sont développées ces
idées, avec talent, dans un très bon style, sont réunies sous ce
titre qui les explique et les résume : La Sensibilité individualiste. Si
M. Palante était chrétien, il trouverait une conciliation des droits
personnels et des devoirs sociaux dans la doctrine qui exalte la
conscience, exige la justice et glorifie la charité.
19. — La MoraledeV ironie àçM. F. Paulhan est un essai pour résoudre
le conflit essentiel entre la nature et la condition humaines. La contra-
diction est le fonds de notre être puisque notre moi s'oppose au groupe
où il doit vivre, par ses penchants égoïstes, et que, d'autre. part, il ne
peut se développer physiquement, intellectuellement et moralement
sans lui. D'où le rôle de la morale qui règle notre activité afîn delà
rendre fructueuse pour la société, mais aussi, ses inévitables et per-
pétuels mensonges pour nous imposer les lois universelles, alors qu'elles
sont relatives à notre situation dans le temps et dans l'espace, aux
besoins divers et aux aspirations mobiles de chacun de nous. Ici encore,
si nous sommes forcés d'obéir, nous ne serons pas dupes de notre sou-
mission et nous revendiquerons et recouvrerons notre indépendance
par l'ironie. Cette attitude désabusée nous permettra de nous dégager
et témoignera que nous ne conservons pas d'illusion sur la valeur do
nos actes et de nos sentiments. En somme, il ressort de ce livre que la
morale est l'état d'équilibre instable auquel tend une espèce animale
déséquilibrée que « le rire » élève au-dessus des autres. — Nous ne
voyons pas pourquoi AL Paulhan, philosophe ingénieux et subtil,
déploie tant d'esprit pour démontrer à l'homme qu'il n'est qu'une
bête.
20. — M. Girod ressent pour la République un amoin- attnntif,
vigilant et fervent : c'est son droit. Il essaie de nous le faire partager
par son livre : Démocratie, patrie et humanité. La démocratie est la
meilleure des formes de gouvernement; la famille, l'école, l'armée, la
femme jouent dans sa constitution, sa formation, sa propagation, son
•embellissement, un rôle salutaire. Loin d'être hostile à l'idée de patrie.
— 395 —
<3]le la défend et l'exalte ; mais elle Cfjuroniu; toutes ses afîections par
le culte de l'humanité. « Les faits permettent de constater que, de plus
en plus, la démocratie s'éclaire et s'élève en s'éclairant, et qu'elle tend
à devenir vraiment une aristocratie^ au sens exact du terme, c'est-à-dire
un régime où les meilleurs gouvernent (c'est M. Girod qui souligne)
parce que, de mieux en mieux la masse améliorée sait les discerner et
les choisir, afin de se gouverner par eux. » — Et dire que l'auteur de ce
livre, qui se montre parfois sensé et modéré, repousse le christianisme
parce qu'il implique un acte de foi !...
21. — Nous voudrions bien savoir au juste ce que M. Marius-
Ary Leblond a prétendu prouver dans son ouvrage : L' Idéal du
xix^ siècle? Essayons de le résumer : I. L'Evolution de l'idée do l'âge
d'or. Autrefois on l'imaginait dans le passé, à l'origine do l'humanité,
<m le figurait en des mythes paradisiaques. Au siècle deiniîr, on l'en-
trevoit dans l'avenir comme le terme d'une évolution, la perfection de
notre activité, la réalisation de nos désirs. — ^ILLe Rêve du bonheur
dans Rousseau et Bernardin, éducateurs du xix*^ siècle. Rousseau est
un esprit constructeur «dont les excès de bon sens touchent à la folie»,
et qui, par le senliment de la nature, a indiqué et tracé la voie vers le
bonheur, non, comme oh l'a cru faussement et prétendu injustement,
en ennemi de la société, mais en adversaire des principes abstraits et des
conventions artificielles ; son disciple Bernardin a cherché dans
l'exotisme des images pour figurer et faire désirer la réalisation de son
optimisme. — lïl. L'élaboration du sentiment du bonheur. Le roman-
tisme a mis en couvre et singulièrement enrichi les éléments de notre
idéal; culte delà force, individualisme, panthéisme scientifique, pri-
mitivisme chrétien, biblisme, hellénisme, hindouisme, beauté, silence et
solitude, concourent à dessiner, à colorer, à animer le rêve qui nous
enchante. — IV. Le couple, la famille, la société. Ce sont les réalisations
des désirs de bonheur, des applications des idées optimistes. En
somme, le socialisme sera esthétique ou il ne sera pas; il faut
imprégner de beauté nos théories sociales et les vivifier pour l'art
qui est l'anticipation et l'interpi-étation des réalités désirables et
aimables. — Ces pages sont pleines d'indications, d'allusions, de
suggestions, de suppositions... et d'illusions. Elles dénotent des
lectures très nombreuses et variées, des réflexions pénétrantes ren-
fermant des détails curieux, assez mal liés les uns aux autres et
cherchent, sans y parvenir, à nous convaincre que l'homme peut être
heureux sans croire à l'âme immortelle et au Dieu éternel.
Histoire et Critique. — 22. — M. Strowski poursuit avec une
intelligence persévérante son Histoire du sentiment religieux en
France au xviV" siècle. Le dernier volume qu'il ait publié est intitulé :
Pascal et son temps. Les Provinciales et les Pensées. Il n'est guère de
- 396 -
sujet plus fréquemment abordé par les historiens do notre littérature,
mais il n'est pas épuisé, puisque M. Strowski trouve le moyen de le
renouveler et dfr l'enrichir par des documents nouveaux, et surtout
par l'interprétation judicieuse de textes ou d'événements ignorés ou
négligés par de précédents critiques. Il défend la bonne foi du mer-
veilleux écrivain auquel nous devons les Petites Lettres^ mais il n'ap-
prouve pas toutes ses attaques contre les jésuites. Il est très facile de
montrer que l'immortel pamphlétaire n'a rien compris à l'esprit et
aux principes de la casuistique, qu'il a calomnié ses adversaires — ^
inconsciemment, sans doute, mais réellement. Il a conti'ibué largement
àrépandrelejans('nusme,'quifut unehypocrite et redoutable hérésie. On
pouvait aisément railler les puérilités et condamner le laxisme de
certaines décision-s, mais ces ridicules et ces excès ne prouvent rien
contre le probabilisme, système chrétien et humain, qui concilie les
exigences de la loi et les droits de la liberté. Nous serions donc plus
sévère pour Pascal que ne l'a été M. Strowski qui a écrit un chapitre
intéressant au sujet des apologies qui ont précédé les Pensées. Celles-
ci offrent des problèmes à notre examen et à notre méditation.
Profondes et subHmes, certes, elles ne laissent pas que de nous décon-
certer parfois par leurs antinomies. On y trouverait, avec les éléments
d'une démonstration classique de la crédibilité du christianisme, des
anticipations et des germes des méthodes modernes, séduisantes et
dangereuses, parce qu'elles font une part trop considérable au subjec-
tivisme et discréditent cette raison dont elles sont pourtant obligées
de se servir. C'est un des mérites de cet ouvr-age de soulever tant
de questions importantes qui passionnent et inquiètent les âmes
humaines. La finesse et la fermeté, la délicatesse et la précision, la
simplicité et l'élégance sont les traits caractéristiques de cet écrivain
sincère et informé dont l'autorité grandit à mesure qu'il développe sa
pensée, et qui sait trouver le moyen d'être à la fois personnel et
objectif. Il s'est placé certainement par son talent et sa science au
premier rang dos historiens de notre littérature philosophique.
23. — La Philosophie de Leibniz^ exposé critique, par M. Bertrand
Russell, est un livre répandu en Angleterre, et il faut remercier M"^® et
M. Ray, les traductoui's qui l'ont fait connaître au public français.
L'interprétation du professeur de Cambridge est très ingénieuse et très
spéciale. D'après lui, l'immense et complexe construction méta-
physique de l'auteur de la Théodicée, dérive de ses idées logiques et
spécialement de ce qu'il n'admet que des jugements d'attribution,
à l'exclusion des jugements de relation, d'où sa définition des subs-
tances, ses théories sur leur inactivité réciproque et leur harmonie
préétablie, leurs relations avec Dieu, etc. Toutes les idées leibniziennes
sont examinées par le logicien anglais; plusieurs sont justement
— 3D7 —
critiquées, d'autres ne sont pas atteintes par ses objections; il no
démontre pas, à notre gré, que les propositions arithmétiques et
géométriques soient des jugements synthétiques, ni que les preuves de
l'existence de Dieu soient inefficaces. Mais rien n'est vulgaire ou banal
dans ce livre très vivant, pas même l'accusation portée contre Leibniz
d'être resté « en ce qui concerne l'Eglise, le philosophe de l'ignorance
et de l'obscurantisme ». Un penseur de la valeur de M.Russell se disqua-
lifie en parlant comme Haeckel ou M. Le Dantec.
24. — Ce que les philosophes modernes pardonnent le moins à
Leibniz, c'est d'être résolument substantialiste. Nous avons une
preuve nouvelle de lA fermeté de sa conviction dans le volume publié
par M. Baruzzi dans la collection de la Pensée chréiienue : Leibniz, avec
de nombreux textes inédits. Une Introduction remarquable est destinée
à mettre en lumière le caractère religieux de ce philosophe et les pré-
jugés de son pessimisme protestant. Elleinsiste sur les tendances mys-
tiques, parfois excessives, de ce grand esprit : elle est essentielle pour
la connaissance de son système et indique, avec pénétration, la
cohérence de ses idées. — Les fragments qui suivent sont importants,
bien choisis, mais, à mon gré, insuffisamment ordonnés. 11 en est do
très importants et de très curieux sur la Prière et le Miracle,
la Nature et la Grâce, la Transsubstantiation, l'Enfer, etc. Certains
d'entre eux de\Taient être éclairés, expliqués ou rectilîés par
f[uelques notes. Néanmoins, ce recueil rendra de grands services aux
apologistes et aux historiens de la philosophie.
25. — M. l'abbé Palhoriès entreprend la tâche aussi utile qu'(!pportunc
de faire conneitre au public français les philosophes célèbres d'Italie.
Le ]>remier de ses ouvrages a pour titre : La Théorie idéologique
de Galluppi dans ses rapports avec la p/iilosophie de Kant. l)ans la
première partie sont exposées les idées de Galluppi sur la conscience,
la substance, le sujet et l'objet de la connaissance, la réalité du moi et
du monde, les sensations et les idées, synthèse confuse et mal ordonnée
des systèmes de Descartes, de Locke et de Reid. Mais voulant faire la
théorie de l'expériencef, il emprunte à Kant, qu'il interprète à sa façon
et comprend à sa manière, les éléments a priori destinés à l'organiser
et à l'unifier. Cette tentative est exposée dans la seconde partie :
Galluppi et Kant. Malgré son engouement pour l'Allemagne, le phi-
losophe italien n'adopte pas a])Solument les principes et les con-
clusions de l'auteur de la Critique de la raison pure et diffère de lui
soit en assignant la matière et la forme de l'expérience, soit en dé-
crivant le rôle de l'activité intellectuelle, soit en déterminant la valeur
de la connaissance. Son œuvre, malgré des détails intéressants et des
analyses pénétrantes, manque à la fois de logique et d'originalité.
M. Palhoriès expose clairement, discute avec sagacité et appré-rie avec
— 398 —
justesse la doctrine complexe et composite du pi'éourseur de Rosmini
et de Gioberti.
26. — Hosmiiti, par le même auteur, est consacré à un penseur
d'une tout autre envergure que Galhippi. Partant de l'idée d'être
donnée dans l'expérience psychologique, Rosmini en déduit la con-
naissance de l'être idéal, de l'être réel et de l'être moral : logique,
métaphysique, cosmologie, psychologie, éthique, sont des déter-
minations de cette idée qui nous vient de Dieu et emprunte sa valeur et
sa fécondité à son origine, car, en nous communiquant cette forme
essentielle de notre entendement, Dieu constitue notre intelligence.
L'idée intuitive, innée, immédiate, fonde notre certitude parce que
l'être pensé est le vrai. L'expérience nous fournit la matière de nos
connaissances, mais l'être en est la forme. L'âme est un sentiment
substance dont nous prenons conscience en appliquant l'idée d'être au
sentiment qui nous constitue. L'ne réalité quelconque n'existe que dans
et par une intelligence, mais se manifeste comme étrangère à nous et
indépendante de nous. L'être est bon et notre action doit réaliser cette
bonté : la faute est un mensonge puisque c'est la négation de l'être tel
qu'il existe et s'offre à notre entendement. L'être divin est la fin
absolue et suprême des personnes et des choses. — Cette philosophie
grandiose, dont les parties sont rigoureusement liées entre elles et
déduites les unes des autres ouvre la voie au panthéisme dont Rosmini
avait horreur. L'Eglise ne pouvait approuver ni tolérer des affirmations
contraires à la théologie chrétienne. — ^L Palhoriès nous donne une
idée exacte et compréhensive de cette doctrine dont iJ analyse tous les
éléments et dénonce les lacunes et les défauts avec une netteté et une
fermeté dignes d'éloges. Il est un guide clairvoyant et sûr à travers les
subtilités et les obscurités de ce système touffu qu'il était malaise de
saisir sous tous ses aspects et déjuger équitablement.
27. — L^n évêque espagnol, Mgr de Jesùs Portugal, nous offre dans
im volume intitulé : El Positi'çismo, su historia y sus errores, un manuel
substantiel et très bien composé cù sont décrites exactement et
péremptoirement réfutées les théories d'Auguste Comte et de son
école. Nous avons spécialement noté les chapitres où sont étudiées les
manifestations du positivisme en Angleterre et en Russie, aux Etats-
Unis et au Mexique; il s'y imprègne de teintes diverses et y revêt des
aspects singuliers. A l'exposé de la doctrine succède son analyse cri-
tique, et c'est l'occasion, pour le vénérable auteur, de définir des notions
métaphysiques, et d'en montrer l'objectivité, la valeur et la certitude.
Il analyse ensuite les diverses théories de la connaissance, établit la
réaUté de son objet : l'univers, l'âme, l'absolu, et décèle l'immoralisme
et le scepticisme impliqués dans la négation des vérités éternelles, des
causes et des lois. L'auteur est très informé des courants de la pensée
— 399 —
contemporaine, en indique les directions avec un discernement judicieux
et montre comment ils doivent s'orienter vers le vrai et le bien.
28. — M. F. Montré a voulu exposer un système auquel il attribue
une influence considérable et donner sa vraie place à son auteur,
envers lequel il a contracté une dette personnelle de reconnaissance;
tel est l'objet de son livre : Cournot et la Renaissance du probabiUsme au
xi\^ siècle. Après un chapitre biographique et un aperçu sur les travaux
scientifiques de cet éminent mathématicien, M. Montré recherche et
indique les sources du probabilisme, définit et compare la probabilité
mathématique et la probabilité scientifique et résume la doctrine de
Cournot sur le hasard et sur l'ordre dont l'action combinée explique et
organise l'univers. Il y a du hasard dès que s'entrecroisent deux séries
de faits dus à des causes différentes, et cette rencontre modifie les lois
qui gouvernent ces faits. D'autre part les choses sont dominées par leur
raison d'être, et cette raison est la loi objective et subjective qui cons-
titue la loi des choses et de notre esprit que nous appelons l'ordre.
La philosophie des sciences est éclairée par ces deux principes qui
nous permettent de les classer en sciences techniques, historiques,
théoriques, celles-ci comprenant cinq groupes : sciences mathématiques,
physiques, biologiques, zoologiques, politiques. S'il professe à l'égard
de la métaphysique une défiance excessive, l'auteur de la Théorie des
chances met la morale au premier rang des préoccupations humaines
et célèbre la valeur et l'influence de la religion. M. Montré cite de
nombreux extraits de son œuvre si variée et si riche et montre les-
ressources qu'elle fournit aux mathématiciens, aux logiciens, aux
apologistes. Son livre est une introduction essentielle à l'étude de ces
théories dont les applications sont innombrables, et si l'on peut discuter
quelques-unes de ses assertions, il ne faut pas moins rendre hommage
à son labeur, à sa parfaite compréhension, à son esprit pénétrant et
réfléchi.
29. — La Philosophie sociale de Renouvier, par M. Roger Picard,
expose les idées du fondateur du néo-criticisme sur l'origine du droit ;
l'idée de l'Etat; les rapports des trois pouvoirs législatif, exécutif et
judiciaire dans la démocratie; les problèmes économiques qui naissent
de la propriété, de l'impôt, du crédit; les questions morales qui se
rapportent à la famille, à l'Éghse, à l'éducation et les hypothèses
religieuses qui s'accordent avec les divers éléments de son système. —
M. Picard est ordinairement de l'avis de M. Renouvier et il introduit
Tordre et presque la lucidité en ce fouillis où quantité d'idées
obscures se mêlent à des réflexions profondes et parfois ennuyeuses.
M. Renouvier, qui veut fonder la société sur la justice, ne pratique guère
cette vertu envers l'Église catholique dont il se montre l'adversaire
opiniâtre et acharné.
- 400 —
30. — Disciple et gendro do Karl Marx, M. Paul Lafargue est
qualil'iô pour nous faire coiuiaître exactement les vues du socialiste
allemand. Tel est l'objet du livre : Le Déterminisme économique de
Karl Marx. Il s'agit de trouver dans le mode de production de la vie
matérielle le développement de la vie sociale, politique et intellectuelle. Il
faut donc établir la genèse des idées abstraites de la justiceetdubien,
exterminer Dieu et l'âme, pour chercher et trouver les causes, les
moyens et les fins dans la matière. Comment s'y prend M. Lafargue?
En déployant une éloquence emphatique et fougueuse contre ce qu'il
nomme « l'idéalisme ». Mais on aurait quelque droit do lui dire :
Les gens que vous tuez se portent assez bien.
Il n'y a pas une définition nette, un argument plausible, un raison-
nement cohérent et sj)écieux dans ce fatras déclamatoire.
31. — Les articles réunis sous le titre de : Pragmatisme et Moder-
nisme parurent dans le Journal des Débats. Elles initient le grand public
aux discussions récentes des philosophes et décrivent les « nouvelles
modes » de penser. Si quelques-uns d'entre eux n'apprennent pas grand'
chose aux lecteurs avertis, sur Kant, Mérimée ou Ernest Haeckel, par
exemple, d'autres sont intéressants et amusants : le rédacteur du
Leo7iardo, M. Giovanni Papieri, est un iconoclaste divertissant ;
M. Prezzolini réhabilite les sophistes en des paradoxes suggestifs;
la plupart sont graves et instructifs, sur Pascal, et l'inquiétude reli-
gieuse, sur la logique des sentiments, sur la crise du catholicisme.
Du reste, M. Bourdeau est un type représentatif incarnant à mer-
veille l'esprit de la maison où il écrit : lucidité des idées, convenance
parfaite du ton, style élégant et approprié au sujet, information
exacte; mais il a horreur des affirmations nettes et de la certitude.
Son état d'âme paraîtra sans doute à plusieurs mesuré et distingué;
nous le jugeons illogique et afïligeant.
32. — M. Schinz s'en prend résolument et hardiment à M. James
et à Schiller dans : Anti-Pragmatisme.^ examen des droits respectifs de
V aristocratie intellectuelle et de la démocratie sociale. L'ouvrage com-
prend trois parties : I. Pragmatisme et Intellectualisme. Il réfute les
raisons sur lesquelles s'appuie la philosophie opportuniste et la
convainc d'erreur par ses propres aveux. C'est une charge vive et à
fond de train contre les principes proclamés par les professeurs
d'Harvard et d'Oxford. La philosophie sera intellectualiste ou elle ne
sera pas : nous adhérons pleinement à cette déclaration; il y a contra-
diction manifeste à concevoir un système de pensées qui ne soit un
organisme construit par la raison. — IL Pragmatisme et Moder-
nisme. M. Schinz étudie les phénomènes sociaux qui expliquent le
pragmatisme. Actif, pratique, énergique, le peuple américain se
— 401 —
préoccupe de fournir un aliment, approprié à ses jionchants et favo-
rable à ses progrès, d'inventer un frein moral et efficace qui le retienne
sur la pente qui conduit aux abîmes ; le pragmatisme est, à ses yeux,
ce que fut pour Kant, la raison pratique; il restaure les ruines accu-
mulées par la raison pure. Il remplit dans la société moderne le rôle
que jouait la scolastique au moyen âge ( !). — III. Pragmatisme et
A'érité. Le pragmatisme triomphera, non parce qu'il est juste, mais
parce qu'il est faux. La démocratie éclaterait si la vérité la pénétrait
comme un explosif; la morale et la sociologie supposent des
conceptions vulgaires et un peu basses de l'existence; l'élite ne s'en
contentera pas, mais il est salutaire que la foule les adopte et les
embrasse. Vivre et philosopher sont opposés l'un à l'autre.
Parmi quelques vérités de détail librement exprimées en dehors des
préjugés d'école et de secte, avec un réel talent, une verve attrayante,
l'auteur prêche un divorce impie entre la pensée et la vie, la
croyance et l'action, le vrai et le bien.
33. — ha Revue des scieui'es philosophiques et théologiques {2'" année,
1908) publie des articles importants d'exégèse, de dogmatique,
d'histoire, de sciences. Nous avons remarqué, parmi les études philoso-
plîiques : InteUectualisme et Liberté chez saint Thomas, par M. Gar-
rigou-Lagrange ; La Philosophie delà foi chez les disciples d'Abélard, les
mystiques du xi^ siècle et Albert le Grand, par M. Th. Heitz; La Xaîure
de l'émotion, par M. H. Noble; L'Idée de la connaissance dans saint
Thomas, par M. Sertillanges ; La Théologie brahmanique, par M.
Roussel. Signalons encore des notes importantes du P. de Munnyncksur
l'Allochirie des représentations et la paramnésie, et des «Bulletins «de
philosophie informés et judicieux. Cet excellent recueil est écrit par des
théologiens et des philosophes qui savent penser et écrire, allient
l'orthodoxie la plus rigoureuse à la largeur d'esprit^ et une fidélité
intelligente à la doctrine thomiste au souci des préoccupations et des
aspirations contemporaines.
34. — Sous le titre d'Etudes et controverses philosophiques, M. rabl)é
Lanusse a réuni quelques dissertations dont la plus importante est un
examen critique de la Théodicée de Kant ; la plus actuelle, une
appréciation du livre de M. Laberthonnière sur le Réalisme chrétien
et l'Idéalisme grec; la plus psychologique, une détermination de l'élé-
ment formel de la vérité logique; la plus combative, une excellente
défense du Molinisme; la plus mesurée sur l'expérience en mathéma-
tiques ; la plus abstraite, sur la raison ontologique de la distinction des
parties qui composent les substances. Il y fait montre d'une vigueur
et d'une rigueur de raisonnement peu communes, y déploie un sens
métaphysique très exercé, se meut avec aisance dans ces régions
élevées et parfois obscures et résout avec netteté les problèmes les plus
Mai 1909. T. CXV. 26.
— 402 —
ardus. Nous lui l'oproclious poui'tant de ne pas toujours exposer avec
assez do clarté l'état de la question. Quelques préambules et quelques
conclusions ne seraient pas supeifhi;-. Mais les esprits avertis et
j'éflécliis liront avec proiit ces pages de haute spéculation philoso-
pliiciue. L. Maiso'netve.
SCIENCES PHYSIQUES ET CHIMIQUES
SCIENCES MATHÉMATIQUES
Physique. — 1. Coins de physique conforme aux programmes des certificats et de l'agré.
gation de physique, pai» H. Bouasse. 4"^ partie. Optique. Étude des instruments.
Paris, Ddagrave, s. d., in-8 de -^20 p. et 207 fig., 13 fr. — 5^ partie. Électroptique,
ondes herziennes, in-8 de xix-458 p. et 192 fiis^., 14 fr. — 2. Thermodiinamique, par
H. Poi\CARÉ. 2® édition revue et corrigée. Paris, Gauthier-ViUars, 1908, in-8 de
Xix-4o8 p. et 41 fig., 16 fr. — 3. International Catalogue of scientifi^ Literaturc.
C. Physins. London, Harrison; Paris,- Gaiithier-Villars. 4» et 5'^ années. 1906-1907.
2 vol. in-8 de vni-408 et vih-617 p., 60 fr. — 4. La Télégraphie sans fd et les appli-
cations pratiques des ondes électriques, par Albert Turpaix. 2'- éd. Paris, Gautluer-
Villars, 1908, in-8 de xi-396 p. et 220 fig., cartonné à l'anglaise, 12 fr. — 5. L' Élec-
tricité industrielle, par C. Lebois. Paris, Delagrave, 1909, 2 vol. in-12 d-; 387 p. et
265 fig. et 437 p. et 282 fig., cartonné, 3 et 4 fr.
Chimie. — 6. Cours de chimie inorganique, par Fréd. Swarts. Paris, Hermann,1908,gr.
in-8 de 706 p. et 79 fig., \^> îv. — 7. Traité complet d'analyse chimique appliquée aux
essais industriels, i)nv J. Post et B. Neumaxx; traduction d'après la 3<= édition
allemande et augmentée de nombreuses additions par le D"' L. Gautier. Paris,
Hermann, 1908. T. L, fasc. 2, in-8 paginé 219- 562, 10 fr. — 8. Histoire du dévelop-
pement de la chimie depuis Lavoisier jusqu'ct nos jours, par A. Ladenburg r trad.
sur la i'' édition allemande par A. Corvisy. Paris, Hermann, 1909, in-8 de ii-388 p.,
15 fr. — 9. Initiation chimique, ouvrage étranger et tout programme, dédié- aux amis
de renfonce, par Georges Darzexs. Paris, Hachette, 1909, in-16 de xi-132 p. et
31 fig., 2 fr.
Mathématiques. — 10. Traité de mathématiques générales à l'usage des chimistes,
physiciens, ingénieurs et des élèves des Facultés des sciences, par E. Fabry'. Paris,
Hermann, 19&9, gr. in-8 de x-440 p., 9 fr. — 11. leçons sur les fonctions définies
par les équations diffcreniiclles du premier ordre, par Pierre Boutroux. Paris,
Gauthier-Villars, 1908, gv. in-8 de 190 p., 6 fr. 50. — 12. Exercices et leçons d'analyse,
par R. d'Adhémar. Paris, Gauthier-Villars, 1908, in-8 de viii-208 p., 6 fr.— 13.
Cours d'astronomie, par H. Andoyer. 2'' partie. Astronomie pratique. Paras,
Hermann, 1909, gr. in-8 de 304 p., 10 fr. — 14. Cours d'arithmétique, classe de 5" B.,
par V,.-A. Laisaxt et Élie Perrix. Paris, H. Paulin, s. d., in-18 de-vn-247 p.
cartonné à l'anglaise, 2 fr. — 15. Arithmétique commerciale et Algèbre .financière,
par H. FuzET et L. Reclus. Paris, Delagrave, s. d., in-12 de 396 p., cartonné.
— 16. Leçons d'algèbre, classes de mathématiques A et B, par L. Zoretti. Paris,
H. Paulin, s. d., in-18 de in-464 p. et 71 fig., cartonné à l'anglaise, 6 fr. — 17. Précis
de géométrie descriptive et de géométrie cotée, par Joseph Girod. Paris, Alcan,
1908-1909. 1" partie, in-8 de iv-200 p. et 152 fig., 2 fr.50. — 2^ partie, in-8 de iv-
264 p. et 156 fig., 3 fr. 50. — 18. Bécréations mathématiques et Problèmes des temps
anciens et modernes, par W. Rouse-Ball. 2^ partie; tvad. d'après la ■i'^ édition
anglaise et enrichie de nombreuses additions par Fitz Patrick. Paris, Hermann,
1908, petit in-8 carré de 363 p., 5 fr.
Industrie. — 19. Machines-outils, outillage, vérificateurs, notions pratiques, par
P. GoRGEu. Paris, Gauthier-Villars, 1909, gr. in-8 de 232 p., avec 200 schémas
7 fr. 50. — 20. Comment on construit une automobile, pai" M. Zerolo. Paris, Garnier,
1907-1908, in-12 cartonné toile. T. II de 404 p. et 84 fig.; t. III de 480 p. et 199 fig.,
10 fr. — 21. Actualités scientifiques, par Max de Nansouty. 5« année. Paris,
S<:'hleiclier, 1908, petit in-8 de 384 p., 3 fr. 50.
— 403 —
Physique. — 1. — Nous avons constaté (Polybiblion de novembre
1908, t. CXni, p. 419-421) la joie des étudiants de posséder les pre-
miers volumes du Cours de physique de M. Bonasse. Le quatrième
volume, qui coniientVOptiqueetV Etude des instruments, a conquis, par sa
première partie, V Optique géométrique, toute une nouvelle catégorie de
lecteurs. On sait que cette branche de la physique s'occupe de l'en-
semble des propositions qui se déduisent de l'hypothèse de rayons
rectilignes se réfractant, dans des milieux isotropes, suivant les lois de
Descartes. Le programme d'admission à l'Ecole polytechnique propose
l'étude de cette optique limitée. Aussi connaissons-nous plusieurs pro-
fesseurs (il nous a été naturellement impossible de les interviewer tous)
qui, dès cette année, se sont fortement servis du livre de M. Bonasse
pour modifier et perfectionner leur enseignement, .lusqu'à présent,
nous disait l'un deux, on n'avait pas été si au fond des choses. Quelques
bons élèves de mathématiques spéciales ont, de leur côté, fortifié leurs
connaissances en étudiant directement cet ouvrage. Pour en faire la
lecture avec profit, il faut, certes, des connaissances assez étendues sur
la théorie des surfaces ; mais actuellement il n'est pas rare de voir un
bon élève de spéciale les posséder. Incidemment, nous relevons le
reproche que l'on fait à l'ouvrage d'être trop mathématique. Mais ce
n'est pas de la faute de l'auteur : toute science de mesure ne pourra se
synthétiser qu'en faisant appel à toutes les ressources de l'analyse,
La physique a fait des progrès; il ne faut plus essayer de l'approfondir
si l'on n'a que de vagues notions de calcul difïérentiel et intégral. Si
l'optique géométrique n'embrasse qu'un nombre limité de phénomènes,
son étude ne doit pas être négligée; pour s'en convaincre, il sufilt de
savoir que c'est avec son aide qu'Abbe et Zeiss ont renouvelé et perfec-
tionné d'ime façon si merveilleuse tous les instruments optiques.
M. Bonasse nous fait connaître le résultat de leurs travaux. L'Optique
ondulatoire s'occupe des questions classiques sur ce sujet, mais comme
dans le reste de l'ouvrage tous les raisonnements sont serrés de plus
près qu'ils ne l'étaient jusqu'ici. Ne pouvant tout citer, nous n'in-
sistons pas.
Le tome \' est consacré aux ondes herziennes et à rélectroptique.
Un rapide coup d'ceil jeté sur la table des matières ferait dire à une
personne inexpérimentée : <( Ce volume, c'est le chaos ». Erreur : c'est
au contraire une très belle étude de synthèse scientifique. Après avoir
établi les équations fondamentales des déplacements (sens Maxwell)
dans un milieu isotrope, l'auteur étudie les ondes herziennes et leurs
applications, comme la télégraphie sans fil. Il pose ensuite les hypo-
thèses (p. JOl) qu'il faut faire pour assimiler la lumière au déplacement
électrique. Aux personnes qui voudraient étudier l'élcctroptique,
nous conseillerons de lire avant toute chose cette page, puis d'aller un
— i04 —
peu plus loin (p. 109) pour y trouver l'idéo direct rico de M. Bouasso
dans la rédaction de cet important travail :«la théorie électromagné-
tique est bonne, non parce qu'elle est vraie, ce qui n'a pas de sens,
mais parce qu'elle concilie analytiquement un gi'and nombre de
théories^). Chaque fois que, dans un calcul particulier, il introduit des
simplifications particulières, il nous fait connaître si le résultat est
conforme avec l'expérience. Il ne cite d'ailleurs que les expériences
principales. Un bon travail au laboratoire doit compléter son ensei-
gnement. Il ne faut pas oublier qu'avant tout M. Douasse cherche à
développer l'étude théorique de la physique, et il fait œuvre utile.
2. — La seconde édition de la Thermodynamique de M. H. Poincaré
diffère peu de celle parue en 1892. Si depuis cette époque les appli-
cations de la thermodynamiquesesont grandement élargies, la théorie
est restée jjresque invariable. Cet ouvrage a été très sérieusement
revu et corrigé. D'assez nombreux alinéas rappellent que les lois
exposées ne sont que partiellement vérilîables par l'expérience; par
exemple : il n'existe pas pratiquement de cycles réversibles. Le n° 119
précise la définition théorique de la température absolue; le n^ 130
donne ce théorème : un gaz qui obéit aux lois de Mariette et de Gay-
Lussac obéit également à celle de Joule; le n^ 193 s'est subdivisé: au
lieu de quelques lignes il occupe dix pages consacrées aux cycles
représentables géométriquement et à la définition précise de l'entropie.
Cette nouvelle édition va être très favorablement accueillie par les
travailleurs qui ne pouvaient se procurer la première devenue presque
introuvable.
3. — Le quatrième volume consacré à la Pliysique dans V Interna-
tional Catalogue of scientijic Literature contient les titres et indications
bibliograpliiques reçus, de mai 1904 à mai 1905, sur toutes les branches
de la physique. Le cinquième volume s'arrête aux documents parvenus
en mai 1906. Nous avons déjà signalé ( Polyhihlion de mai 1906,
t. CVI, p. 406) la haute valeur de cette publication et sa dispo.sition
particulièrement heureuse pour que les recherches soient faciles et
rapides. Nous ne reviendrons pas sur ces points importants. Nous
signalerons, avec plaisir, ime autre qualité de tout premier ordrt^ que
possède également cette publication : elle est aussi complète que
possible. Tous les journaux et revues de physique pure, aussi bien qu(?
ceux qui, consacrés habituellement à l'industrie, peuvent contenir des
mémoires de physique, sont minutieusement dépouillés. Le but que
l'on s'était proposé en fondant cette importante pubhcation est donc
parfaitement rempli : les travailleurs ont un instrument de recherches
sur lequel ils peuvent compter.
4. — Les progrès de la Télégraphie sans fil sont incessants. Aussi
M. Turpain a-t-il voulu refondre son ouvrage dont la première édition
— 405 -
ost depuis longtemps épuisée (Cf. Polijhihlion d'août 1902, t. XCV,
p. 141-142). Les premiers chapitres ne contiennent, comme nouveauté,
que deux interrupteurs inventés par l'auteur. Mais les suivants sont
riches en éléments nouveaux. Du quatrième chapitre au huitième
inclus nous apprenons à connaître les détails des dispositifs de la
télégraphie sans fil, le calcul des longueurs d'ondes et les efforts faits
pour produire leur amortissement; le délicat problème de la syntonie
est minutieusement étudié; les résultats pratiques obtenus en télé-
graphie et en téléphonie sans fil sont exposés; malheureusement
l'auteur a arrêté son exposition à l'état des travaux à la fin de 1907,
ce ({ui nous prive de quelques détails fort intéressants. La commande
à distance et l'étude des orages forment deux chapiti'es entièrement
nouveaux. Par contre, l'auteur a, sans aucun inconvénient, supprimé
la liste des brevets. Celle-ci s'est allongée sans limite, sans intérêt, et
les brevets primitifs n'ont plus de raison d'être cités. Quoique nous
regrettions le long temps qui s'est écoulé entre la rédaction et l'impres-
sion de cet ouvrage, nous pouvons afhrmer qu'il aura un grand succès,
car il est rédigé sous une forme essentiellement pratique. i
5. — La première partie de V Électriciié industrieUe, de M. CLobois,
est un cours élémentaire destiné aux écoles primaires supérieures et
aux écoles professionnelles. Il contient, sous une forme simple et
précise : les premières notions sur les courants électriques, en insistant
particulièrement sur la chute du potentiel dans les différentes parties
d'un circuit; les piles hydro-électriques; les actions chimiques des
courants; les accumulateurs; d'excellentes notions sur les champs
magnétiques qui sont la base des instruments de mesure; ia production
des courants par les champs magnétiques nous amène à l'étude des
générateurs et des moteurs industriels; incidemment, toutes les appli-
cations pratiques sont. Tune après l'an tre, décrites à leur place naturelle.
La netteté de la rédaction et des gravures nous explique que ce livi-e
soit arrivé rapidement à la quatrième édition. Nous regrettons
seulement qu'il y soit fait appel à des comparaisons, hydrauliques
pour faire comprendre (?) certains phénomènes. Nous croyons que les
élèves à qui l'on ne présente pas ces comparaisons comprennent mieux,
car ils ne font pas de fausses assimilations. La seconde partie n'est qu'à
sa deuxième édition. Elle n'est pas d'une moindre valeur, mais elle
s'adresse à un public beaucoup plus restreint. Pour les courants con-
tinus, ce volume contient un supplément sur la construction des
induits et quelques études théoriques sur la dynamo. 11 aborde ensuite
l'emploi des courants alternatifs, de la self induction, des alternateurs
et des alternomoteurs. Quelques mots sur le transport de l'énergie et
sur la télégraphie sans fil terminent cet excellent ouvrage d'ensei-
gnement. Dans son ensemble, ce courses! très bon; nous reprocherons
— 406 —
à l'auteur (Tavoir voulu quelquefois, par des artifices de calcul, établir
lies formules dont la démonstration régulière dépend du calcul
intégral. C'est un travail superflu; il vaut mieux, comme cela se fait
couramment, adopter franchement, sans démonstration, une formulé
que de charger les mémoires de calculs qui ne conduisent qu'à des
démonstrations truquées.
Chimie. — 6. — La partie descriptive, c'est-à dire celle qui s'occupe
des propriétés des métalloïdes et des métaux ainsi que de la prépai*ation
des principaux composés est très bien exposée dans le Cours de chimie
inorganique de M. Swarts. Les expériences qui cfï.'cnt une valeur réelle
et pratique actuellement ont, seules, été conservées. Nous n'insisterons
pas sur ce point, parce que s'il fait de ce livre un excellent cours, ce
n'est pas cela qui le met hors de pair. La chimie s'est complètement
transformée, depuis quelques années, dans ses recherches purement
théoriques, dans l'étude des lois qui président aux phénomènes.
^L Swarts présente successivement les faits acquis par une méthode
très logique : il attend qu'un fait expérimental de haute importance
rende l'esprit attentif au développement purement théorique qui
suit. Lés premiers principes de chimie donnés, l'auteur aborde aussi-
tôt la théorie cinétique des gaz, indispensable pour comprendre
la composition moléculaire des corps. La théorie de la double décompo-
sition des corps l'amène à énoncer le principe de Le ChateKer et
celui du travail maximum. La dissolution, l'ébullition, la cryoscopie
sont devenus des agents d'étude chimique. Il en est de même, mais à
un plus haut degré, de l'ionisation. L'électrochimie ne saurait plus
être séparée d'une étude générale de la chimie. Toutes ces questions
sont abordées dans ce très intéressant ouvrage; elles sont réduites,
il est vrai, à leurs premiers éléments, mais ceux-ci sont encore suAit
samment étendus pour donner des idées très nettes sur les méthodes et
leurs applications pratiques. Ce livre est à consulter non seulement
par les élèves de l'enseignement supérieur, mais encore par ceux de
l'enseignement secondaire. Pour ces derniers, quelques pages, à peine,
faisant appel au calcul intégral, leur échapperont ; partout, ailleurs,
lorsque l'auteur a eu recours au calcul ou à la physique, il ne dépasse
pas ce que doit connaître un bon élève. Nous rappelons que nous
avons lu avec un très grand plaisir la Chimie organique du même
auteur (Cf. PoJybiblion, mai 1907, t. CIX, p. 404-405).
7. — Nous avons déjà eu le plaisir de signaler deux fascicules du
Traité complet d'analyse chimique appliquée aux essais industriels
{Ci. Polybihlion de mai 1908, t. CXII, p. 405-406); aussi serons-nous
brr'f pour ce troisième. Nous rappellerons cependant que chaque fas-
cicule se vend séparément, qu'il forme un tout complet s'adressant à
une classe spéciale de chimistes. Toutes les méthodes d'analyse
— /i(J7 —
(loiinant dos résultat?; pratiques sont minutieusement décrites,
l'opérateur n'a qu'à suivre pas à pas les indications qui lui sont
données. Ce volume contient : « Gaz d'éclairage », par M. J. Becker,
comprenant l'analyse des gaz et des sous-produits, le pouvoir éclairant,
le traducteur a ajouté la méthode suivie à Paris pour l'essai du
pouvoir éclairant et de la bonne épuration du gaz; « Carbure de
calciimi et acétylène'», par M. J.-H. Vogel, plus les conditions
françaises pour être autorisé à produire de l'acétylène; « Pétrole,
huiles de 'graissage, huiles de goudron, paraffine, cire minérale,
ozocérite, asphalte, » par M. C. Engler et L. Ubbelohde; « Graisses et
huiles grasses, glycérines, bougies, savons, » par M. W. Fahrion; les
analyses et la recherche des fraudes dans les matières alimentaires
de cette série sont particulièrement étudiées tant par les procédés
allemands que par les méthodes suivies en France dans les laboratoires
officiels. Tous les appareils spéciaux sont décrits avec grand soin,
d'excellentes figures permettent soit de les construire, s'ils sont simples,
soit de comprendre le détail de leur fonctionnement s'ils sont
compliqués.
g. — Sauf en quelques points particuliers, V Histoire du développement
de la chimie depuis Lauoisier jusqu'à nos jours, de M. A. Ladenburg,
pourrait ainsi s'intituler : « De l'influence de la balance sur la con-
naissance de la constitution chimique des corps ». Il était donc naturel
que l'auteur prît pour point de départ l'époque de Lavoisier. Ce-
pendant il traite auparavant de la théorie du phlogistique et des idées
successives qu'a engendrées le .phénomène de combustion. Cette étude
est très belle et très suggestive : elle nous montre comment on émet
facilement des hypothèses, comment on les modifie, comment on
torture les phénomènes pour les faire rentrer dans l'hypothèse, enfin,
quels eiïorts il faut pour abattre les derniers retranchements cù est
cantonnée l'erreur.Cette histoire du passé est à méditer, car, nous aussi,
nous avons peut-être notre phlogistique : que pensera-t-on plus tard
des qualités contradictoires dont nous avons doté successivement l'ét^lier ?
La chimie minérale s'est d'abord seule développée; nous avons pris
le plus vif intérêt à voir comment se sont établies les lois que nous
avons apprises dès le début de la chimie. Il est vrai que, par sa forte
documentation, par son exposition claire, l'auteur nous fait ressortir
l'enchaînement des idées chez les savants qui, par diverses voies,
tendent au même but. N'est-il pas curieux de voir la théorie de Davy
renaître après plus de soixante ans d'oubh? Avec la naissance de la
chimie organique et son essor rapide les questions de notions d'équi-
valent, atome et molécule, qui paraissaient bien établies, subissent des
assauts terribles. M. Ladenburg fait un historique bien compli^t de
chacune de ces questions. Mais il y a une question spécialement
— 408 —
intci'i-ssante en chimie organique : c'est celle de l'organisation molécu-
laire.Il y a un intérêt considérable à voir comment,partie de la théorie
des radicaux et des phénomènes de substitution par une suite de
remarquables travaux, la chimie est ari'ivée à pouvoir formuler tous
les groupements possibles. Les trois dernières leçons sont consacrées
à la dissolution d'une part, puis à la termochimie et aux premières
notions de chimie physique. Outre son grand mérite, cet ouvrage,
dont la lecture est en grande partie à la portée de toute personne
ayant fait un peu de chimie, est excellent pour former l'esprit à
l'étude des sciences expérimentales.
9. — Après les deux volumes d'initiation consacrés à la mathé-
matique et à l'astronomie, qui étaient susceptibles d'éveiller la curio-
sité et l'intelligence des enfants, est venu celui qui a pour titre: Initia-
tion chimique. Le sujet se prêtait moins à une exposition séduisante.
Aussi ^L Darzens s'est-il contenté de composer un petit traité simple
et élémentaire permettant de faire connaître aux enfants les prin-
cipales propriétés des métalloïdes et de quelques coi'ps, minéraux ou
organiques, d'un usage courant. Le but principal de l'auteur a été de
rendre l'expérience facile et attrayante quoique restant essentiellement
scientifique. Un matériel de peu d'importance suffît pour répéter ces
expériences. Il y a loin de ce petit livre aux indigestes leçons de choses
dont on a tant abusé pour arriver à un résultat presque nul. L'auteur
n'a cherché qu'à faire naître le goût de l'expérimentation et de l'obser-
vation; l'application rationnelle des conseils qu'il donne permet
d'arriver à ce double résultat.
Mathématiques. — 10. — Avant de composer son Traité de
mathématiques générales à l'usage des chimistes, physiciens, ingénieurs,
et des élèves des Facultés des sciences, M. Fabry a fait une soigneuse
enquête pour déterminer de la façon la plus précise les besoins de ses
futurs lecteurs. Il suppose naturellement que ceux-ci possèdent d'une
façon convenable tous les éléments scientifiques donnés dans l'ensei-
gnement secondaire, mais rien de plus. Partant de cette base, il a fixé
les notions d'algèbre supérieure, de géométrie analytique, de calcul
différentiel et intégral, de mécanique rationnelle qu'il lui fallait
traiter, non seulement pour remplir le programme proposé, mais encore
pour en faire un tout présentant un ensemble logique. Au lieu d'exé-
cuter un simple travail de compilation ou plutôt de coupures dans
des traités plus étendus, M. Fabry s'est donné la peine de reprendre
une à une toutes les théories qu'il expose et d'en faire une rédaction
spéciale : il en résulte une grande homogénéité dans son travail,
qualité précieuse pour les lecteurs dont les mathématiques ne sont
pas la principale occupation. Il a, autant que cela était possible, été
rigoureux dans ses démonstrations. Mais, si la preuve précise d'un fait
— 409 —
('"tait trop longue ou trojD délicate à établir et que l'ensemble des
théorèmes nécessaires n'eût aucune autre utilité dans le cours de l'ou-
vrage, M. Fabry n'hésite pas à donner le fait sans démonstration.
Ce mode d'agir est d'ailleurs conforme à l'usage actuelde l'enseigne-
ment : on n'hésite plus à se servir d'une formule utile sous prétexte
que l'on ne peut la démontrer, et surtout on répugne à donner des
démonstrations incomplètes ou même fausses. L'ouvrage entier de
M. Fabry est rédigé très sobrement : les principes et les propriétés
sont énoncés avec une précision merveilleuse. Les calculs sont
développés dans leurs parties principales, quelques intermédiaires faci-
lement remplaçables sont omis. Les exemples et applications sont
donnés d'après des méthodes simples et régulières, sans jamais
employer d'artifices de calcul. Mais que le lecteur débutant y prenne
bien garde : lorsque l'auteur a donné un théorème et une méthode
au début d'un chapitre, dans l'application il écrit sans explication
l'équation correspondante; il en résulte que si ce livre contient tout ce
qui est nécessaire, sous une forme excellente, il demande à être étudié
avec soin : pour aller de l'avant les parties antérieures doivent être
bien possédées.
IL — • D'après la méthode de Cauchy on n'étudie Tintégrale
d'une équation diiïérentielle que dans le voisinage d'un point; les
remarquables travaux de M. Painlevé ont établi que les intégrales des
équations différentielles du premier ordre, sauf un seul cas, étaient
multiformes et présentaient des points jouissant de propriétés toutes
particulières. M. Pierre Boutroux, dans des Leçons sur les fonctions
définies par les équations différentielles du premier ordre, après avoir
montré qu'il existe des points où la méthode de Cauchy n'est plus
applicable pour l'étude des intégrales et rappelé les principaux résultats
auxquels est parvenu M. Painlevé, s'occupe spécialement de deux
types d'équations différentielles. Dans l'un la dérivée de la fonction
égale le quotient de deux polynômes contenant la fonction et la
variable; dans l'autre, cette dérivée égale un polynôme du quatrième
degré par rapport à la fonction, les coefficients étant des polynômes
par rapport à la variable. C'est surtout sur l'allure d'une branche
d'intégrale lorsque la variable approche d'un point singulièrement
transcendant, la classification de ces points, puis, par quel mécanisme
les différentes branches de l'intégrale arrivent à se permuter entre
elles que portent les efforts de l'auteur. Souvent la méthode
employée par M. Boutroux ne donne que des résultats négatifs.
On ne saurait lui en faire le reproche : il rend autant de
services à la science en montrant les voies ouvertes que celles
qui sont fermées. Cet ouvrage se termine par une importante
note de M. Painlevé sur les équations différentielles du premier
— 'ilO —
ordre dont les intégrales n'ont qu'un nonilji'c fini de branches. Nous
rappelons que ce livre, comme les dix auti-es de la collection Emile
Borel, est destiné à des. lecteurs ayant de sérieuses connaissances
mathématiques, mais il est indispensable pour faire des études sur
la théorie des équations difTércntielles.
1 2. — Dès que l'on quitte le programme de la licence ordinaire pour
étudier sérieusement les mathématiques, on ne tarde pas à s'apercevoir
qu'une foule de questions vous sont absolument inconnues.Tels sont
par exemple : les nombres de Bernoulli, les poljaiômes de Legendre, les
fonctions de Bessel, etc. D'autre part, certaines questions préoccupent
plus particulièrement les chercheurs, nous allions dire, sont plus à la
mode. Si dans les cours classiques on a entendu parler de l'équation de
Laplace, on ignore le problème de Dirichlet; les équations fonction-
nelles de Fredholm et de Volterra sont totalement inconnues.
M. d'Adhémar a voulu ouvrir quelques horizons sur ces diverses que^-
tions et sur bien d'autres dans ses Exercices et leçons d'analyse. Il n"a
pas la prétentfon do traiter à fond aucun point particulier; son but
principal a été d'attirer l'attention des étudiants sur diverses
brandies de l'analyse en signalant, en même temps que leur exis-
tence, quelques théorèmes importants. Une bibliographie assez
copieuse permet de pousser plus loin l'étude ainsi amorcée. -Nous
trouvons en plus dans cet ouvrage toute une suite de problèmes qui,
quoique élémentaires et correspondant au programme de licence, sont,
en général, d'un niveau plus élevé que ceux contenus dans les autres
recueils d'exercices.
13. — Différent de ses prédécesseurs à la Sorbonno, M. Andoyer a
voulu, non plus donner des notions générales sur toute l'astronomie,
mais amener ses auditeurs à avoir des notions précises sur quelques
points choisis pai'mi les plus importants. S'il ne peut prétendre trans-
former tous ses élèves en astronomes, il leur met en main des éléments
conformes à la pratique effective de l'astronomie. C'est pénétré de ces
idées qu'il faut lire la seconde partie du Cours cV astronomie., encore plus
que la première (Cf. Pohjhiblion de mai 1907, t. CIX, p. 405-406).
Ce volume débute par les calculs; l'effort de l'auteur se porte parti-
culièrement sur le calcul des erreurs et l'utilisation des mesures
d'observations. Passant aux instruments, M. Andoyer fait cojinaître
les éléments communs à tous les appareils astronomiques, il étudie à
fond le théodolite, l'équatorial et l'appareil méridien; il ne s'attarde
pas à décrire les divers appareils qui en dérivent, il signale les prin-
cipaux; d'ailleurs ce qu'il dit suffit pour étudier 'en particulier tel
appareil dont on aurait besoin de se servir. Pour la détermination des
constantes fondamentales, l'au^-eur n'hésite pas à mettre très en
é\'idence les hypothèses, parfois bien hasardées, sur lesquelles s'appuie
— Ail-
la théorie actuelle. Nous recommandons tout spécialem<nit aux
géographes et marins l'important chapitre "onsacré à l'astronomie
géographique et nautique. Si cela n'avait pas l'air d'une critique
pour le reste de l'ouvrage, ce qui est fort loin de notre pensée,
nous dirions que ce chapitre est parfaitement clair et précis. Dans
l'ensemble du volume les calculs sont plus détaillés que dans
la première partie; certains débutants se sont plaints que
trop d'intermédiaires étaient supprimés. Nous espérons (ju'ime
prochaine édition de la première partie donnera satisfaction aux
réclamants dont nous nous faisons l'écho parce qu'on ne saurait trop
encourager ceux qui débutent dans l'étude d'une science.
14. — ^ Un livre signé do M. C.-A. Laisant doit toujours être lu très
attentivement, car il est d'un mathématicien doublé d'un psycho-
logue. Dans le cas présent du Coiws d' nrithmélique, qui nous
occupe, l'auteur s'est, préparé à sa rédaction par de nombreuses
expériences directes faites durant plusieurs années. Sans savoir
exactement quelle part exacte dans ce livre il faut attribuer à
M. C. A. Laisant ou à INI. Élie Perrin, nous avons de fortes raisons pour
faire surtout honneur au premier des deux collaborateurs de la partie
la plus élémentaire, nous ne disons pas la plus simple, c'est-à-dire la
pratique et la théorie des quatre opérations. Tout éducateur doit
apprendre dans ce livre : comment il doit agir pour faire germer
dans l'esprit de l'enfant la nécessité de chaque opération; comment
on l'amène à désirer une définition et des règles précises; comment
on peut exposer des théories parfaitement rigoureuses. Peut-être
que sur ce dernier point le lecteur trouvera que les auteurs ont été
un peu loin : un livre ne peut convenir à tous les cas particuliers.
Ceux qui trouveront trop longues les pages consacréas à la divisi-
bihté et aux nombres premiers n'ont, qu'à couper. Nous attirons
spécialement l'attention sur le choix deS exercices: ils sont tout à
fait pratiques et souvent leur texte seul éveillera la curiosité des
enfants. Ajoutons encore que le livre entier est rédigé dans une
langue d'une netteté et d'une correction parfaite, que la disposition
typographique est excellente. Ces points sont trop souvent consi-
dérés comme négligeables; c'est un grand tort. Il faut rendre la
^science attrayante en tout : les auteurs y sont admiralilement
parvenus.
15. — C'est pour les écoles pratiques do commerce et d'industrie
■que MM. H. Fuzet et L. Reclus ont écrit : Arithmétique commerciale, et
Algèbre financière; mais en examinant ce livre nous nous sommes
vite persuadé qu'il convenait à Monsieur Tout le Monde. Sauf sur
quelques points très particuliers il suffît pour résoudre les problèmes
qu'il traite des connaissances courantes que l'on acquiert dans
— 412 —
l'onseignoment primaire supérieur ou secondaire. Que de fois nous
a-t-on demandé un bon livre pour calculer les intérêts, l'escompte,
le prix de revient d'une marchandise, le bénéfice réel, en un mot
pour -toutes les opérations qui se pratiquent dans le commerce du
plus petit au plus grand. Quelle est la personne qui n'est pas intéressée
à savoir quelles sont les opérations de la Bourse des valeurs et
comment elles se traitent? Nous irons même plus loin : comment lire
intelligemment son journal si on ignore ces questions.^ A côté de ces
points d'intérêt général sont des problèmes particuliers qui s'adressent
à un public plus limité : il s'agit des emprunts dont le remboursement
se fait par annuités, les lecteurs ordinaires les laisseront aux spécia-
listes. Nous n'avons trouvé aucun reproche à faire aux auteurs tant
sur la rédaction que sur la disposition matérielle de l'ouvrage. Aux
intéressés de profiter de l'excellent manuel qui leur est olfert.
16. — Les nouveaux programmes universitaires ont naturellement
provoqué une floraison de livres classiques. M. Zoretti s'excuse
presque d'en augmenter le nombre par ses Leçons d'algèbre. Il a tort,
car il a produit un ouvrage qui rendra de nombreux services. Certes,
l'idée de ramener à la théorie générale des fonctions celles d'entre
elles qui font partie du programme de mathématiques élémentaires
découle de l'esprit même qui a inspiré ce programme. Mais si ses
prédécesseurs s'en sont pénétrés, M. Zoretti s'est particulièrement
attaché à rendre son enseignement tout à la fois théorique et pratique.
Il signale spécialement les points délicats qui peuvent gêner les élèves et
leur donne d'excellents conseils pour sortir d'embarras. Nous trouvons
chez M. Zoretti cette qualité rare : un professeur qui fait un bon cours
et qui s'est donné la peine de le rédiger avec soin pour en faire un
bon livre. Nous ne trouvons plus trace des anciens errements qui
faisaient de l'algèbre élémentaire, un tout complètement différent
de l'algèbre de spéciale; il s'ensuit que, pour les élèves qui poursuivront
leurs études scientifiques, il n'y aura pas de brusque transition. Pour
ceux qui s'arrêteront aux élémentaires, l'auteur a sur certains points
légèrement dépassé le programme officiel, mais il l'a fait surtout dans
un but pratique. Enfin il est entré sans réticence dans la voie moderne
sur le fait des postulats : si un théorème utile n'est pas démontrable
élément airement, M. Zoretti ou l'admet simplement ou montre qu'il
est vrai dans les cas particuliers qui l'intéressent, en faisant remar-
quer qu'il ne donne pas ainsi une démonstration.
17. — Sous le titre modeste de : Précis de géométrie descriptive et
de géométrie cotée, M. J. Girod publie un excellent ouvrage classique.
C'est le développement intégral des nouveaux programmes de l'en-
seignement secondaire. La première partie est à l'usage des classes de
première C et D, la seconde est pour les classes de mathématiques
— 413 —
A et B. Nous ajoutons volontiers que Tensemble forme un très l)on
traité de géométrie descriptive à l'usage de tous ceux qui ont besoin
de connaître cette science, tout au moins dans ses parties éléiiientairos.
M.(jii'<^'dentend,en employant le mot précis, indiquer qu'il donne tout
ce qu'il faut, sans hors-d'œuvre superflus, avec les détails nécessaires.
Nous tenons à ce que nos lecteurs tiennent bien compte de cette
signification. Pour le détail des matières traitées, nous renvoyons
aux programmes officiels, nous ne parlerons que de la rédaction de l'ou-
vrage. Les méthodes fondamentales telles que changement de plan,
rabattements et rotations sont tout d'abord exposées; chaque pro-
blème particulier, après avoir été étudié géométriquement, est résolu
par la méthode la plus avantageuse; les exigences du programme ont
amené à séparer des questions, partie dans ce volume, partie dans
l'autre; il est toujours facile de réunir dans une étude finale ces
diverses notions. Les épures sont particulièrement bien soignées,
un grand nombre d'entre elles ont été empruntées à l'excellent
ouvrage de M. Caron. Il ne faut pas voir dans ce fait une tentative
d'économie de l'éditeur : M. Caron a établi des épures parfaites
jtour des problèmes classiques; si l'exposé théorique s'est modifié, le
fait reste; il faut lui être reconnaissant d'avoir permis à son ancien
élève M. Girod d'utiliser les belles figures qui faciliteront l'étude de
la géométrie descriptive.
18. — • La deuxième partie des Récréations malliématiques et Pro-
blèmes des temps anciens et modernes deM.W. Rouse-Ball ne le cède pas
en intérêt à la première (Cf. Polybiblion de mai 1908, t. CXII, p. 411-
412), mais, dans leur ensemble, le niveau est plus relevé, si nous osons
nous exprimer ainsi, ce qui signifie que leur solution repose parfois
sur des notions mathématiques qui ne sont pas connues de tout le
monde. Hâtons-nous de dire que le simple curieux n'aura pas à
regretter l'acquisition et la lecture de ce volume. Les divers jeux
basés sur les combinaisons géométriques, sur les arrangements
d'objets et les propriétés des nombres sont passés en revue dans les
différents chapitres. Les quelques questions de mécanique nous font
regretter que l'auteur ait, "pour le moment, renoncé à nous exposer
les curiosités physiques. L'histoire des trois fameux problèmes de
géométrie : la duplication du cube, la trisection de l'angle, la qua-
drature du cercle avaient sa place marquée dans un tel recueil; il va
été joint celle de la résolution de l'équation du 3^ degré. Nous avons
eu un grand plaisir à lire ce livre, nous le conserverons; et nous sommes
persuadé que tous ceux qui le connaîtront feront comme nous.
Industrie. — ■ 19. — -Si, n'ayant jamais visité une usine, vous dési-
rez comprendr^^ !e fonctionnement des MacJnnes-outils, outillage
et (vérificateurs, assimilez-vous au préalable l'ouvrage de M. Gorgeu.
— il4 —
Puis regardez, mais regardez intelligemment, et vous arriverez à vous-
rendre compte non seulement du travail elîectué devant vous, mais
encore si ce travail est effectué avec la machine qui convient le mieux
et si le rendement est le meilleur possible. La première partie est
consacrée aux dispositions employées pour transformer le mouvement
tlu inoteur central en les divers mouvements utilisés par les machines-
uutils. La seconde partie est d'une importance capitale. Les machines-
outils sont séparément dé 'rites schématiquement, les conditions de
bon fonctionnement sont signalées, les avantages et inconvénients
minutieusement relevés, enfui, la liste des travaux qu'il y a à faire
exécuter de préférence par chacune d'elles est précisé avec un soin
tout particulier. Pour l'outillage employé sur les machines, l'auteur
attire l'attention sur les conditions variées que doit remplir un outil
suivant le travail qu'on lui demande; il indique tous les soins à
apporter au choix de l'acier et à la nature de la trempe; peut-être
trouverons-nous qu'il se méfie un peu trop des aciers rapides,
pourtant fort économiques lorsqu'ils sont judicieusement employés^
Les quelques pages consacrées aux vérificateurs indiquent leur cons-
truction et leur mode d'emploi, l'auteur n'insiste pas assez sur ce fait:
quelle que soit la fonction que l'on ait dans une usine, il faut d'abord
arquérir une grande habileté manuelle avant de se servir des vérifi-
cateurs. L'enseignement théorique de AL P. Gorgeu est parfait; aux
intéressés d'apprendre ensuite la pratique effective.
20. — Nous devons tout d'abord rappeler que le premier volume
(Cf. Pohjhiblion de novembre 1906, t. CVII, p. 412-413) de l'ouvrage
de M. Zéi'olo : Coimnenl on construit une automobile, était consacré à
l'aménagement général d'une usine. Mais le sujet n'était pas entiè-
rement épuisé ; l'auteur y revient à plusieurs reprises, en rapprochant
des connaissances qui ont tout intérêt à être réunies. Dans le tojne II
qui a pour 's,o\x'3-\\iYe:Les ]\Iatières premières, M.Zérolo étudie d'abord
le choix des aciers employés à fabriquer les outils, leur trempe et leur
forgeage. Il insiste longuement sur ce fait important que chaque
métal a besoin d'un outil de qualité spéciale pour le bien travailler.
11 Qurait pu ajouter qu'un bon contremaître exerçant une surveillance
constante est indispensable pour que les frais d'usure ne dépassent
pas des limites raisonnables. Les matières premières employées sont
les diverses fontes, les aciers et en particulier ceux cî forte élasticité
unie à une forte résistance, le cuivre et l'aluminium ainsi que leurs
alliages. Les chapitres sur ces sujets auraient pu quelque peu être allégés
sm* la métallurgie générale et complétés sur les composés spéciaux.
Pour utiliser ces divers métaux il faut les bien connaître, toutes les
questions relatives aux essais et analyses sont bien traitées. Le tome III
et doi'ràer : Procédé de fabrication, traite d'abord de la préparation des
- 415 -
pièces qui se font à la fonderie et à la forge pour être finies, après
le traçage, par le travail h la machine-outil. Revenant sur ce qu'il a
dit do ces machines dans le premier volume, l'auteur insiste sur les
précautions à prendre dans le tournage, le filetage, le fraisage et la
taille des engrenages et il se préoccupe particulièrement d'obtenir
de bons produits sans détériorer l'outil. Quelques mots sur le montage
et le réglage ainsi que les essais de rendement du moteur terminent
cet ouvrage rempli d'excellents conseils et de tours de main pratiques.
11 ne faut pas faire erreur sur le but que s'est proposé l'auteur : il a
voulu nous apprendre seulement la construction matérielle d'une
automobile, supposant les lecteurs familiers avec les éléments qui la
forment.
21. — ■ Dans les 81 articles formant le 5^ volume des Actualités
scientifiques, M. Max de Nansouty a eu par trop recours au fonds commun
des connaissances utiles et cela, quelque intérêt qu'il y ait, les couches
de lecteurs se renouvelant, à rééditer des faits instructifs. Les con-
serves de poissons, l'apiculture, les champignons sont de l'actualité à
la fois ancienne et moderne. Mais nous aimons mieux que l'auteur
nous parle du radium, du béton armé, de la téléphonie sans fil et
de "beaucoup d'autres sujets qui rendent ce volume intéressant. Ce
qui ne nous empêche pas de regretter qu'il n'y ait pas de nombreux
articles sur l'aéroplane et un mot sympathique pour ce cher di-
plodocus. É. Chailan.
HAGIOGRAPHIE ET BIOGRAPHIE ECCLÉSIASTIQUE
1. Les Livres de saint Patrice, apôtre de Vlrlande. Introduction, trad. et notes par
Georges Dottix. Paris, Blond., s. d., in-12 de 63 p., 0 fr. 60. — 2. / Fioreîti,
les petites fleurs de la vie du Petit Pauvre de Jésus Christ, saint François d^ Assise.
Trad., Introduction et notes, par Arnold GoFFiN.Paris.Bloud, s. d., in-12 de 143 p.,
1 fr. 20. — 3. Saint Thomas Beck:t (1117-1170), par Mgr Demimuid. {Les Saints).
Paris, Lecofïre, Gabalda, 1909, in-12 de 207 p., 2 fr. — 4. Vida de Santa Teresa
de Jesûs, por el P. Francisco de Ribera. Nueva ediciôn aumentada con una
Introducciôn, copiosas notas y apendices por el P. Jaime Pons. Barcelona, Gus-
tavo Gili, 1908, in-8 de xx.xii-6d6 p. (avec un portrait, une vue et une carte, 8 fr. —
5. Les Martyrs.\'lll. La Réforme (1573-1642), par le R.P. Dom H.Leclercq. Paris,
Oudin, 1908, petit in-8 de 489 p., 3 fr.- 50. — 6. Une Victime de la Révolution. Sœur-
Marguerite Rutan, fille de la Ch.arité, par l'abbé Pierre Coste. Paris, Desclée, de
Brouwer, s. d. (1908), in-fô de xxi-168 p., 1 fr. 75. — 7. Vie de M. Vabbé Beulé,
fondateur des Sœurs de V Immaculée-Conception de Nogeni-le-Rotrou, par l'abbé
Sainsot. Chartres, imp. Laffray, 1908, in-18 de xvii-568 p., avec portrait et grav.
hors texte, 6 fr. — 8. La Vénérable Anne-Marie Javouhey, fondatrice de la Congré-
gation de Saint-Joseph de Cluwj (1779-1851), par le chanoine V. Gaillard [Les
Saints). Pari5, LtcofTr.\ Gabalda, 19Q9, in-12 de n-223 p., 2 fr. — 9. U Abbé Bé-
raud, ancien curé de Blanzij et de. Montceau-les- M ines, fondateur d'orphelinats, par
l'abbé J.-B. Chaillet. Paris et Lyon, Vitte, 1909, in-18 de vin-451 p., 3 fr. 50.
— 10. M. l'abbé de Préville et les Œuvres de jeunesse, par l'abbé E. Occre. Paris,
Vitte, 1909, in-16 de 320 p., 3 fr. — 11. Une Religieuse réformatrice. La Mère
Marie du Sacré-Cœur, de 1895 à 1901, parla vicomtesse d'Aduémar. Paris, Bloud,
s. d., (1908), in-8 de xi-440 p., 5 fr. — - 12. Une Sainte Figure. Mgr Anger
— 416 —
Billards, chapelain de Notre-Dame de la Délivrance, chanoine missionnaire apos-
tolique, chorévêque d\4ntioche, prélat mitre de Caithage, vicaire général de Césaréc,
etc., par Victor Féli. Paris, Poussielgue, 1900, in-l() de vii-226 p., avec grav.,
2 fr. 50.
1. — La plaquette .sur les Livres de saint Patrice est précédée
d'une Introduction fouillée où Fauteur étudie la vie du saint irlandais,
d'après l'excellent ouvrage de J.-B. Bury : The life of St. Patrick and
Jiis place in history (1905). Les notes et les commentaires dont il a
accompagné la rigoureuse traduction des écrits de saint Patrice sont
un chef-d'œuvre d'érudition critique, surtout au point de vue de la
connaissance des sources anglaises. Ensuite, dans ladite Introduction,
il s'occupe de l'état social et religieux de l'Irlande au v^ siècle, de
l'histoire de l'illustre apôtre, déclarant toutefois que les détails
biographiques que fournissent les ouvrages de saint Patrice sont
insufïisants à retracer une image exacte et complète de sa vie, mais,
dit-il, la « légende remplit et au delà les lacunes de l'histoire «.
Les éléments de la légende utilisés ici sont exclusivement ceux
qui semblent garder quelque trace d'histoire et touchent d'assez près
les auteurs contemporains; comme tous les documents légendaires
celle-ci s'est prodigieusement accrue au cours des siècles. «On attribue
à l'apôtre pati'iote toutes sortes de miracles que l'on trouve dans les
recueils hagiographiques : ainsi, il fit parler les animaux, changea les
hommes en bêtes, guérit toutes espèces de malades, ressuscita même
les morts et laissa en Irlande la réputation d'un des plus grands
thaumaturges qui aient existé » (p. 23). Après l'Introduction, la
traduction des hvres de saint Patrice, sous ces divers titres : « Con-
fession. — Epitre. — Les dits de Patrice. — - Hymne en l'honneur do
saint Patrice. — Voilà certes de la solide hagiographie, sans l'ombre de
phraséologie vague et diffuse.
2. ■ — ^ Comme le précédent, ce volume appartient à la très intéressante
et très répandue collection : Science et Religion publiée par la librairie
Bloud. Il renferm.e les Fioretti^ les petites fleurs de la pie du Petit
Pauvre de Jésus-Christ, saint François d'Assise. C'est une traduction
avec Introduction et notes des « Fiorëtti » qui ont déjà une abondante
littérature. Le traducteur a un tome II en préparation avec les
appendices suivants : « Considérations sur les stigmates ; Vie de frère
.lunipère; Vie et doctrine de frère Égide. » Cette première partie est
remplie, comme le travail de M. Dottin, d'une critique de bon aloi.
Elle met au point beaucoup de faits et de questions contemporaines
du saint qui avaient plutôt pour but d'exalter la gloire du *< Petit
Pauvre » et d'exciter envers lui une sentimentale piété que de mettre
en lumière la stricte et indiscutable vérité. C'était l'époque où
fleurissait la légende franciscaine, « cette broderie de l'histoiri'
M. Arnold GolTm essaie aussi de déterminer l'auteur des Fiorelti en
— 417 —
ces termes : « C'était d'abord la vie même expressive et savoureuse,
le grand charme des paroles et des actes; mais lorsqu'on en arrive
aux frères de la Marche, les traits précis disparaissent, les physio-
nomies cessent de se particulariser pour s'envelopper d'on ne sait
quel rayonnement uniforme ». L'Introduction est une étude critique
très consciencieuse : elle constitue sans conteste le plus utile et le
plus beau portique du texte charmant des Fioretti; la traduction
en est aussi fidèle qu'élégante. '
3. — Le saint pauvre resplendit dans l'ombre de son humilité;
Saint Thomas Becket illustra sa carrière d'homme d'État qu'il cou-
ronna par le martyre. Bien que né à Londres, il eut pour père un
Normand d'origine et pour mère une des descendantes de la nation des
Sarrasins. Contre l'opinion des érudits qui, de nos jours, en France et
en Angleterre, n'ont vu dans l'origine sarrasine de la mère do Thomas
Becket qu'une fable iss\ie de chansons populaires bien postérieures
à la mort du saint, Mgr Demimuid se range à la tradition opposée :
« Elle est, assure-t-il, selon nous, tellement liée, identifiée avec l'histoire
de l'enfance de Thomas que si l'on y renonce, cette histoire est tout
entière à refaire ». La tradition que soutient l'auteur nous paraît,
d'après les raisons par lesquelles il prétend l'établir, peu solidement
assise. C'est du reste une question d'ordre secondaire qui n'importe
guère à la glorieuse personnahté du héros, « le premier martj^r de
la discipline ecclésiastique ». Ces belles pages le suivent dans son
éducation première, dans sa vie d'évêque, de chanceher d'Angle-
terre, dans ses doubles fonctions d'homme d'Église et d'homme
d'État, sa courageuse rupture avec le roi Henri II, sa fuite en
France, son exil, son retour en Angleterre et enfin son admirable
martyre. Que ceux qui détiennent le pouvoir apprendraient d'utiles
choses dans cette vie, pour le sage gouvernement des peuples ! Pour
la bibliographie on ne parcît guère s'être servi que de la Vita et
Passio S. Thomae Cantuariensis... de la collection Migne (t. CXC).
Ce volume reproduit le recueil des sources de l'histoire de Thomas
Becket publié à Oxford en 1845. Mgr Demimuid a bien aussi com-
pulsé une autre collection plus récente et plus complète, croit-il, qui
parut à Londres en 1878, sous le titre: Materials of the history of
Thomas Becket, mais il cite constamment le volume de Migne « d'un
usage plus facile et plus courant ». La méthode en honneur de nos
jours nous semble plus exigeante pour les sources.
4. — -Coque fut saint Thomas Becket dans le gouvernement temporel
d'un royaume, sainte Thérèse le réalisa dans la directi(»n spirituelle
des âmes : hauteur de pensées, pureté d'intention, inspiration
théologique profonde, discernement afiiné des esprits, tels sont les
traits qui distinguent la « Doctoresse mystique » qu'est la grande
Mai 190y. T. CXV. 27.
— 418 —
contemplative espagnole. Cet le Vida de saiila Teresa de JeaUsAw l'.d"
Ilibera est une réédition de celle du célèbre auteur qui naquit au
diocèse de Ségovie (Espagne)," vers le militni du xvi° siècle (1537).
Elle tient un des premiers rangs, sinon le tout premier, dans l'histoire
thérésienne. Quiconque s'en occupe sera satisfait de cette nouvelle
édition augmentée d'une longue et remarquable Introduction :
T. Le R. P. Francisco de Ribera proto-biographe de sainte Thérèse;
II. L'Autobiographie; III. La Biographie de sainte Thérèse (celle-ci
bien complète); une « Étude préliminaire sur Thérèse de Jésus,
Docteur mystique », par le R. P. Luis Martin, S. J. (p. 1-57). Puis
c'est la vie proprement dite de la grande réformatrice du Carmel
(p. 61-563); enfin quelques appendices fort intéressants tels que les
suivants : Canonisation desainteThérèseetson patronage spécial à
l'égard de l'Espagne; — Sainte Thérèse et la Compagnie de Jésus; —
Lettre de saint Pierre d'Alcantara à sainte Thérèse; — Documents sur
l'état actuel du cœur de Thérèse de Jésus. — Relation des prodiges
opérés durant la guerre avec les Français par l'intercession de sainte
Thérèse; — Déposition de la vénérée Mère Anne de Jésus relative
à la béatification et à la canonisation de la ^^ Mère Thérèse de Jésus.
(p. 569-619). En terminant, nous exprimons le vœu qu'un esprit
courageux et compétent entreprenne bientôt la traduction de cet
important ouvrage pour sa plus grande diffusion et pour la gloire
de la séraphique vierge d'Avila.
5. • — Ce sont les Martyrs du sang dont le R. P. Dom H. Leclercq
a entrepris de raconter la vie, d'après les actes authentiques, depuis
les origines jusqu'au xx^ siècle et dont voici le huitième gros volume.
11 embrasse la période de la Réforme (1573-1642) et comprend vingt-
six biographies; presque toutes ont pour objet des saints étrangers,
de nationalité anglaise, à quelques exceptions près. — Nous y ren-
contrerons, sans Préface cette fois, comme précédemment, même
excellente méthode, même information étendue. \'oici le sommaire
du dernier tome paru : Le Martyre d'Edmond Campion. — Le
Martyre de Margaret Clitherow. — Le Martyre de Marie Stuart. —
Le Martyre de M. Lampton et Waterson. — Martyre d'un prêtre. —
Le Martyre de J. Salez et G. Saultemouche. — Le Martyre de P.
Abraham George. — Le Martyre de John Roberts. — La Captivité,
le Mart>Te de Jean Ogilvie. — Le Martyre de Jean André Cargo. ■ —
Le Martyi*e des BB. Crisin, Pongracz et Grodecz. — Histoire véritable
de la cruauté envers les capucins. — Le Martyre de Marguerite Powel.
— Martyre d'un jeune Japonais. — Les Vingt-six Martyrs du Japon.
— La Mort glorieuse de plusieurs prêtres anglais séculiers et religieux. —
Le Martyre de Guillaume Webstei-Ward, de sept prêtres religieux et
séculiers. — Le Martvre d'Ambroise Barlo. — La Constance du
— 419 —
B. Jean Goodmon. — Le Martyre de Thomas Greeneetd'Alban Roe. —
Le Martyre d'Edouard Morgan. — Le Martyre de Jsan Lockwode et
Ed. Cattericke. — Le Martyre de Hughes Greevve. — Le Martyre
du B. Jean Baptiste de S. Bonaventure. — La Mort du B. Thomas
Holland. — Les âmes françaises s'arrêteront particulièrement avec
un intérêt ému au martyre de l'infortunée Maris Stuart.
G. — Avec la Sœur Marguerite Rutan nous arrivons aux martyrs
de la Révolution. Sa vie entière d'obscur dévouement, d'absolue
abnégation, d'énergie virile est une éloffuente leçon pour les dégénérés
de notre temps désemparé. La sœur Rutan n'avait pas encore une
biographie détaillée puisée aux sources de première main. Celle-ci s'est
principalement inspirée de ces dernières et «n'est pas l'œuvre d'un
panégyriste à tout prix, uniquement préoccupé de faire de l'édification»
(p. xi). Les sources ont été minutieusement examinée.; quant à leur
provenance et à leur valeur critique. Sœur Marguerite Rutan est du
nombre de ces guillotinés de la Terreur, dont le dossier est perdu.
Où sont les papiers confisqués dans son bureau ? Où se trouve le procès-
verbal de son interrogatoire? Triste énigme. Peut-être l'ignorera-t-on
toujours. Son existence eut un bien humble mais bien méritoire
théâtre : l'hôpital de Dax où elle ariiva au commencement de la
tourmente révolutionnaire et eut des épreuves terribles à subir soit
de la part du pouvoir civil, soit du côté du pouvoir religieux, en par-
ticulier de l'évê'que constitutionnel et de l'aumônier schismatique de
l'hôpital. Cette vie ravit le lecteur d'admiration, notamment le beau
chapitre où sont décrits les jours de prison qu'avec ses sœurs elle
endura à Dax, en attendant la gloire libératrice de l'échafaud. Les
délits retenus contre elle méritent d'être relevés, tant ils sont d'in-
vraisemblable sottise : appel à la désertion du drapeau de jeunes soldats
soignés par elle; correspondance et relations suspectes avec un ci-
devant prince de Lorraine; pamphlets aristocratiques et fanatiques
(on dirait aujourd'hui cléricaux) trouvés dans ses papiers saisis. Or,
ces prétendus écrits fanatiques n'étaient autres que des livres de la
plus pure piété, des feuilles d'innocentes prières, comme les litanies
du Sacré-Cœur.
7. — L'Abbé Beulé vécut également au milieu des ruines de la
Révolution, mais n'en fut point la victime, comme sœur Rutan, et
dès le commencement de son sacerdoce, il s'appliqua, pendant près
d'un demi-siècle, à les restaurer dans le Christ. Cette vie fut dédiée
par l'auteur à Mgr Foucault, évêque de Saint-Dié, son ami et con-
disciple, et le prélat lui écrivit la belle lettre suivante : « ...Très
heureusement et très solidement documenté, selon votre habitude,
vous vous êtes attaché aux pas deM. Beulé et vous l'avez suivi dans les
voies, si différentes et parfois si épineuses, où la Providence se plut
— 420 —
à l'engager : son laborieux et fécond exil, son mystérieux voyage à
Rome... les épreuves qui l'attendaient au retour et dont l'une surtout
dut lui être si amère. Sa Congrégation fondée au prix de tant de soucis,
son école de sourds-muets anéantie presque en naissant, un ministère
évangélique mené de front avec les occupations les plus absorbantes,
tout cola nous montre, dans vos pages aussi érudites qu'intéressantes,
un prêtre à l'intelligence déliée, au cœur ardent, au zèle inépuisable,
avec une assez forte dose d'originalité assaisonnée de fine bonhomie...
Grâce à des femmes de foi et d'énergie... la Congrégation de l'imma-
culée-Conception et l'Institut des sourds-rnuets renaissant de ses
cendres ont connu de beaux jours et pourront affronter, je l'espère,
les heures critiques présentes...» Entièrement nous souscrivons à cet
élogieux jugement de Mgr Foucault et nous félicitons sincèrement
M. Sainsot, dont l'ouvrage a mérité ce témoignage aussi autorisé que
p.'écieux.
8. — Pour cette même restauration de l'tcuvre de Dieu, pendant la
même période, la Vénérable Anne- Marie Javoiihey fonda l'Jnstitut
de Saint-Joseph de Cluny, aujourd'hui fleurissant partout, et partout
donnant d'abondants fruits de bénédiction, de régénération sociale.
Le présent volume a trois parties : la première a pour objet la jeunesse
et la vocation d'Anne-Marie; la fondation et l'épanouissement de
. son ordre. La deuxième, son développement aux colonies : Bourbon,
le Sénégal, la Guyane, et les traverses que ces maisons-filles lui
créèrent à leurs débuts agités et incertains. La troisième s'occupe
des fondations diverses, des épreuves de la vénérable Mère, de ses
dernières années remplies d'angoisses et de son beau portrait moral.
Ces épreuves apostoliques d'une frêle femme donnent du ressort au
zèle des âmes de charité pour travailler à étendre le règne terrestre de
Dieu. L'ouvrage est composé avec des matériaux amples et sûrs :
les Annales hrtoriques et religieuses de la Mère Léotitine; les deux
oTos volumes du P. Delaplace où sont mis « largement à contribution
les paroles et les écrits de la vénérable Mère elle-même, quelques
autres documents, des notes biographiques et les « Actes du procès
informatif pour la béatification de la servante de Dieu, Anne-Marie
Javouhey » complètent les sources énumérées, de tout premier ordre.
D'une littérature sobre et agréable, d'une disposition harmonieuse, ce
livre fait preuve d'une indépendance complète de jugement et de la
plus intèg-'e sincérité. Respect do la justice et de la vérité, telle fut la
règle scrupuleusement suivie par le vicaire général de Tours. Certains
hagiographes devraient bien, en conscience, l'imiter.
.9, — Le constant idéal fut pareillement pour l'Abbé Béraiid, dans
son œuvre apostolique, le Divin Pasteur. 11 fut, ce bon prêtre, l'homme
d'oeuvres dans un milieu spécial, essentiellement ouvrier : Blanzy,
— 421 —
Montceau-les-Mines, II y fonda, à la grâce de Dieu, des orphelinats
et des patronages qui ont conservé une partie saine et chrétienne
dans des agglomérations considérables autant que corrompues.
Peut-être quelques jeunes prêtres adonnés à cette sorte d'apo. tolat
dans nos immenses cités y découvriraient-ils quelques idées excellentes
quoique de 1' « ancien régime », comme on dit aujourd'hui, dans
certaines couches ecclésiastiques : « Nova et votera » doit être,
croyons-nous, leur devise directrice. A l'occasion de son prixMontyon
(20 novembre 1890), Léon Say, alors directeur de l'Académie
française, disait de l'abbé Béraud : « Je ne sais pas si les exemples
qu'il a donnés d'un dévouement absolu à tous ceux qui l'entouraient,
d'une volonté très ferme où il puisait la force de se tirer de tout et
de tout débrouiller, d'une modestie et d'une discrétion qu'on rencontre
chez ceux-là seulement qui savent compter avant tout sur eux-mêmes,
d'un travail coupé par quatre ou cinq heures de sommeil et pour-
suivi avec une bonne humeur et une énergie à faire honte aux gens
qui demandent à la loi huit heures de bon temps sur ce qu'on appelle
les « trois-huit » de la journée, si sa vie tout entière, en un mot, n'a pas
fait et ne fera pas plus de bien que ses œuvres mêmes, et ne restera
pas dans la mémoire des habitants de la région où il a vécu, comme
un monument plus durable encore que les abris qu'il a construits pour
ses orphelins. » — M. l'abbé Chaillet dédie de préférence son hvre à
la double jeunesse cléricale et laïque, qu'affectionnait particulièrement
le bon curé : il leur fera aimer ce vrai prêtre et ils l'imiteront dans la
mesure qui leur convient. Cette longue et bienfaisante vie sera pour
tous une leçon d'énergie et d'action s'inspirant de l'amour de Dieu et
des âmes adolescentes.
10. — Encore un apôtre de la jeunesse, l'Abbé de Préçille. Le
travail qui nous occupe est une réédition. Nous ne saurions mieux la
caractériser qu'en recourant à l'appréciation de l'examinateur cano-
nique de l'ouvrage : « Ces pages, dit-il, consacrées à sa mémoire
constituent un attrayant récit où sont habilement mis en œuvre son
journal intime et sa volumineuse correspondance, tous documents
de premier ordre. Aussi la physionomie de cette grande âme faite de
foi vive et d'abnégation, de bonté, d'intelligente charité et d'aimable
condescendance s'y accuse trait par trait et s'y reflète avec une
saisissante fidélité ». Cette édition a été augmentée d'une Introduction
fort attachante où est démontrée la nécessité pressante des œuvres de
jeunesse, ainsi que la connaissance parfaite de cette science nouvelle
des œuvres post-scolaires dont fit preuve M. de Préville. Celui-ei,
dans un douzième et dernier chapitre dont le volume s'est enrichi, nous
apparaît conduisant avec de très spéciales aptitudes une retraite de
jeunes gens. Les directeurs d'œuvres y recueilleront quantité de
— i22 —
détails éminemment pratiques et bien précieux. Ce livre sera lu avec
plaisir, édification et prolit, aussi bien par les prêtres que par les
âmes zélées.
11. • — ■ La vicomtesse d'Adhémar, qui s'est tant occupée d'ensei-
gnement et d'éducation chrétienne, raconte en toute sincérité les
efîorts que tenta à la fin du xix<? siècle, une religieuse de l'ordre do
Notre-Dame, connue par ses ccuvres scolaires sous le nom de la Mère
Marie du Sacré-Cœur, pour fonder une Ecole normale supéiieure
congréganiste. Dès le principe, elle ne s'était point placée en dehors
de l'autorité ecclésiastique. « Elle a agi, il faut qu'on le saclie, avec la
protection de son chef diocésain, l'archevêque d'Avignon, Mgr Sueur,
à qui le S. Pontife, consulté par lui, au mois d'avril 1898, avait donné
sa bénédiction et ses encouragements pour l'œuvre, avec le concours
de dix-sept évêques, avec l'appui d'une haute élite de prêtres et de
laïques, avec l'adhésion de cinq supérieures générales d'ordres et de
neuf supérieures de communautés autonomes » (p. viii). L'entreprise
de cette intelligente et vaillante réformatrice, aussi vivement encou-
ragée, d'une part, que violemment combattue, d'autre part, par des
hommes également éminents et de bonne foi, échoua après plusieurs
années de luttes. Ce sont ces efforts, ces encouragements et ces
combats qu'expose M"^^ d'Adhémar dans un récit sincère autant
qu'il est véridique et particulièrement animé, car cette histoire fut
vécue par l'auteur. Il est en outre bien documenté avec la plus incon-
testable authenticité. Ayant combattu elle-même côte à côte avec la
Mère Marie du Sacré-Cœur elle a été, après la mort de son amie, la
dépositaire, en grande partie, des papiers qu'elle a laissés, aussi bien
que de la correspondance considérable de la réformatrice. Il se termine
par une conclusion d'actualité des plus intéressantes. « C'est, dit
l'auteur, avec l'appui des adversaires et des partisans réconciliés
de la Mère du Sacré-Cœur que M'"^ Daniélou, agrégée de l'Université,
exécute aujourd'hui l'œuvre conçue en 1908 » (p. x). Nul doute que ce
livre de grande sincérité n'éclaire une foule d'esprits sur une page
demeurée obscure de l'histoire de l'Eglise contemporaine. On goûtera
dans cet ouvrage le charme d'exposition et la pénétration de pensée
qui ont valu aux précédents travaux de M"^^ d'Adhémar sur l'éduca-
tion des femmes d'être couronnés par l'Académie des sciences morales
et par l'Académie française.
12. ■ — La chamarrure de titres honorifiques qui figure en tête du
livre de M. Victor Féli serait de nature à surprendre ceux qui igno-
reraient que Mgr Anger Billards fut un humble, un saint, un apôtre
de la parole, de l'exemple et de la plume, enfin' un érudit et un
littérateur de marque. Il ne voulut jamais être que le chapelain de
Notre-Dame de la Délivrance au diocèse de Coutances, malgré- xies
— 423 —
offres brillantes et réitérées faites à l'incomparable professeur, à
l'éblouissant journaliste. Cette âme brûlante de ferveur sacerdotale,
<rintime piété, noua les relations les plus désirables dans le monde
ecclésiastique et dans la société civile. Citons seulement quelques
amitiés illustres et fidèles telles que celles du duc d'Aumale, du
général de Sonis, de Bourbaki, général Estancelin, cardinal Lavigerie,
François Coppée, Huysmans. Parmi ces cœurs qui vinrent à lui
spontanément, attirés par sa haute sainteté et son grand esprit, l'ami
particulièrement affectionné et dont il parla toujours jusqu'à la fin
de sa longue vie, avec la plus vive tendresse, fut Barbey d'Aurevilly,
avec lequel il entretint une copieuse correspondance. L'autour
envisage notamment l'aspect le plus saisissant et le plus édifiant de
cette, noble et vertueuse existence : celui des trente ans pendant
lesquels Mgr Anger Billards fut avant tout « l'apôtre de Marie »,
comme chapelain de Notre-Dame de la Délivrance. Quiconque lira
ces pages sera ému par le spectacle d'une si belle carrière sacerdotale
toute à Dieu, autant que charmé par la grâce littéraire du biographe'
averti. Louis Robert.
THÉOLOGIE
Ilifiitoire des comina^ideiiienls de l'Église, par A. Villien.
Paris, Lecoffre, Gabalda, 1909, in-12 de xii-357 p. — Prix : 3 fr. 50.
C'est bien, en effet, une histoire qui nous est ici racontée. Avec quel
intérêt et quel charme le lecteur la suit, il faut en faire l'expérience !
C'est un conflit perpétuel entre deux adversaires. Tout d'abord voici
l'Église qui proclame et défend les droits de Dieu à être honoré, le
devoir qu'a l'homme de purifier sa conscience, de nourrir son âme par
l'usage de l'adorable sacrement, et de mortifier sa mauvaise nature.
Voici d'autre part, cette mauvaise nature elle-même avec ses faiblesses,
ses lâchetés, et aussi, il faut bien l'ajouter, avec les difiicultés
qu'apportent de nouvelles mœurs, des travaux plus assujétissants
et plus durs, des tempéraments où les nerfs excités prédominent sur
des muscles affaiblis et des forces anémiées.
Il y a plaisir de voir l'Eglise, toujours mère aimante et prudente,
aflirmer énergiquement les principes d'une vraie vie chrétienne, tout
en tenant compte du malheur des temps et des obstacles variables.
Ses exigences maintiennent énergiquement l'essentiel et savent
sacrifier l'accessoire qui, par les rigueurs de la pénitence, accablerait
■ la nature, en les remplaçant par de véhémentes exhortations à puiser
plus fréquemment et avec plus de ferveur aux sources de vie que nous
offre l'Eucharistie.
Le premier chapitre sur l'énumération et la liste des comman-
— 424 —
déments prépare le lecteur, par l'intérêt qu'il y trouve, à l'étude plus
aride de chacun de ces commandements.
Lorsqu'un résumé a été possible, l'auteur ne manque pas, à la fin de
chaque chapitre, de montrer en raccourci les diverses phases des
compromis entre les lois formulées et la coutume qui les interprète.
Ce volume apporte une contribution importante à l'étude de ce que
le droit canon nous dit de la vie chrétienne aux diverses époques
de l'histoire de TÉghse. Une lettre de M. Boudinhon à son ancien
élève, devenu son collègue, sert de préface et donne remarquablement
la philosophie de l'ouvrage. A. Vigouçel.
Tesoro del Saeertlotc, por el P. José Magh. Decimotercera edicion
notablemente aumenlada y corregida, segi'iii los mas recieiites decretos
de las Sagradis Congregaciones romanas y las nuevas disposiciones del
derecho civil por el P. Juan B. Ferreres. Barcelona, Stibirana, 2 vol.
in-S de xxiv-720 el x-925. — Prix : broché, 11 fr. ; relié, 13 fr. ^0.
Il est superflu de redire en détail l'esprit sacerdotal et les vertus
apostoliques du saint missionnaire que fut le P. Mach. L'Espagne,
la France, la Belgique, et même l'Afrique du nord, l'ont connu tour à
tour; mais ce furent surtout les villes et les villages de Catalogne,
d'Aragon, de \'alence et de Galicie qui eurent le bonheur d'être évan-
gélisées par lui. C'est son expérience de confesseur, de prédicateur,
d'homme d'oraison, de religieux angélique et mortifié, de véritable
saint, qu'il a consignée dans ce « Trésor, « — le mot est bien choisi —
et qu'apprécient tant tous les prêtres qui l'ont une fois approché.
Mais, une œuvre si intimement connexe aux matières régies par le
droit positif, tant civil que canonique, nécessite des retouches et
mises au point. Depuis la disparition de l'auteur, de nombreuses
constitutions ou décrets du Souverain Pontife, des actes importants
émanés des SS. Congrégations, ont fait désirer cette treizième édition
due aux soins de l'infatigable P. Ferreres. Le pieux auteur a consacré
la première partie de son ouvrage au prêtre lui-même : sainteté de
l'état sacerdotal, science, sanctification des œuvres ordinaires,
oraison mentale, office divin et liturgie, Saint Sacrifice de la Messe,
autres moyens d'avancer dans la vertu. Le tome II envisage le
prêtre dans son œuvre de sanctification d'autrui : zèle pour les âmes,,
devoirs spéciaux des curés, ordre à faire régner dans la paroisse,
son gouvernement spirituel, sollicitude envers les enfants et les ma-
lades, direction des âmes, sacrement de mariage, prédication, moyens-
extraordinaires pour faire du bien, missions, etc. — La librairie Subi-
rana a imprimé cet excellent traité avec un soin qui lui fait honneur
et qui le rend digne de l'auteur, de son savant éditeur et du vénérable
clergé auquel il est destiné. G. P.
— 423 —
Hélanges d'Iiîstoîre des religions, par H. Hubert et M. Mauss.
Paris, Alcan, I'j09, ia-8 de xLii-23(5 p. — Prix : o fr.
Ce volume fait partie de la Bibliothèque de philosophie contem-
poraine. Les auteurs nous y présentent ce qu'ils appellent : Quelques
résultais de la sociologie religieuse, concernant le sacrifice, l'origine
des pouvoirs magiques, la représentation du temps. La première
étude, qu'ils intitulent avec une modestie louable : Essai sur la nature
et la jonction du sacrifice^ est de beaucoup la plus considérable. Non
contents de consulter les ouvrages des savants qui les ont devancés
dans cette voie, ils sont allés aux sources mêmes et leurs références
sont aussi nombreuses que bien choisies. Maintenant, que ces quelques
résultais soient définitifs, ils ne le prétendent pas et ils auraient grand
tort de le prétendre, car la science des religions, entendue comme on
l'entend aujourd'hui, n'en est encore qu'à ses débuts, en dépit
de la masse de matériaux accumulés et mis en œuvre. Procéder à la
synthèse quand l'analyse est encore aussi incomplète, serait aven-
tureux et nos jeunes auteurs (car je les crois jeunes encore) ont déjà
assez de science et de prudence pour ne point le faire, ou ne le faire
que dans la mesure où les autorise une enquête nécessairement limitée.
Si j'osais leur faire une observation, je ne dis pas adresser un reproche,
ce serait au sujet des rites et pratiques de l'Église. Étrangers l'un et
l'autre, non seulement au catholicisme, mais encore au christianisme,
si je ne me trompe, et je ne crois, pas me tromper, ils ne pouvaient le
comprendre et ne l'ont compris que par les dehors, et par là même
superficiellement; c'était fatal. Ce qu'ils disent du sacrifice, d'un
Dieu qui s'immole, c'est-à-dire suivant eux qui se suicide, et de ses
résultats pour le sacrifiant, qu'il s'agisse d'un particulier ou d'une
collection d'individus, d'une Église, appelle bien des réserves. La
place dont je dispose ici ne me permet pas d'entrer dans les détails.
En général, ceux qui s'occupent de la science des religions considèrent
comme un grand avantage de n'avoir aucune religion. Je crois qu'ils
se trompent, et que si, pratiquant une religion quelconque, ils s'ap-
pliquaient à la connaître à fond, cette connaissance préalable leur
serait d'un grand secours pour entendre hs autres et se rendre
coaipto de leurs points de contact et de leurs différences. Les préjugés
de secte dont ils parlent et qu'ils auraient à combattre seraient moins
dithciles à vaincre que ceux d'un esprit fermé, sinon hostile à toute
croyance. Il en est pour les religions comme pour les autres sciences.
On ne s'avisera jamais, je pense, de dire que pour bien étudier celles-ci,
il soit indispensable de n'en pratiquer aucune, et qu'un chirurgien,
par exemple, soit moins qualifié pour comprendre la thérapeutique,
que s'il ignorait la chirurgie. Or, tout se tient dans l'âme un peu
comme dans le corps, et la religion, c'est l'hygiène de l'âme.
— 426 —
Une autre observation que je me permets de faire aux auteurs de
cette étude, d'ailleurs si consciencieuse; elle concerne la forme. S'ils
veulent m'en croire, qu'ils évitent les néologismes comme héroisalion,
communie], sacralisation, désacralisation. Le français est assez riche
pour qu'ils ne soient pas obligés de recourir à ces nouveaux venus,
qui sont des étrangers mal vaaus, de vrais Barbares. A. Roussel.
SCIENCES ET ARTS
lies (Socialistes et le ISutl^et, par J.-L. Breton. Paris, Coruély, 1908,
in- 16 de 32 p. — Prix : 0 iv. 20.
Pour le Bloc, par J.-L. Breton. Paris, Goraély, 1908, in-IG de vir-
-527 p. — Prix : 3 fr. 50.
Nous réunissons ces deux volumes dont le premier n'est guère
qu'un extrait du second. M. Breton s'y plaint qu'on veuille le mettre
hors du sociahsme parce qu'il a voté le budget. Querelle de ménage
qui n'a pour nous aucun intérêt.
— Le second volume est un recueil d'articles publiés dans divers
journaux sur des questions d'actualité. Il a un intérêt pour le lecteur
impartial en ce qu'il montre bien l'état d'esprit des gens qui consti-
tuent ce qu'on appelle le Bloc.
M. Berteaux, vice-président de la Chambre des députés, est un
radical décidé. La Préface qu'il a donnée au livre de son ami marque
surtout la haine de la religion chrétienne. On prétend que les catho-
liques se sont perdus à se servir de la religion comme instrument de
certaines préférences politiques. Les radicaux n'ont rien à leur repro-
cher à ce sujet : depuis quarante ans, en effet, ils font servir l'idée
républicaine au triomphe de leur passion antireligieuse.
M. Breton, lui, nous paraît un brave homme, mais de ces braves gens
qui donnent aveuglément dans des idées qui paraissent généreuses, sans
se rendre compte des conséquences et des possibilités. AL Breton ne
veut pas du sabotage, de l'antipatriotisme, des luttes de classe, du
collectivisme, qui serait la tyrannie la plus effroyable qu'on ait
jamais vue; mais il travaille à la suppression du salariat et du patronat
sans réfléchir que le collectivisme est le seul moyen pratique d'y
arriver. En effet, tant que le travail sera nécessaire à la vie, et tant
que beaucoup de travaux ne pourront être exécutés que par le con-
cours de plusieurs agents, il faudra cpielqu'un qui fasse marcher d'ac-
cord ces agents, ce sera le patron, et quelqu'un qui fournisse les
instruments de travail, ce sera le capitaliste. On pourra supprimer
le patron privé et le riche capitaliste, mais alors il faudra les remplacer
par l'Etat, seul patron et seul capitaliste, armé d'une nuée de fonc-
tionnaires qui vivront aux dépens des travailleurs et soumettront toute
vie humaine à leur pouvoir absolu.
— 427 —
Nos Chambres sont ainsi pleines de gens qui ne sont pas autrement
pervers, mais suivent une opinion ou une autre, d'après une impres-
sion formée au hasard et sans aucune étude préalable et approfimdie
des questions, tandis que leurs préjugés les éloignent d'accepter le
concours de rÉgliso catholique, l'institution du monde la plus démo-
cratique, où le fils d'un petitpaysan peut devenir le Chef souverain de
deux cents millions d'âmes. D. V.
^''oimtruetious ruralcfi, par Jacques Dvnguy. Paris, Baillière, 1908,
iii-16 lie xl!-ïUf) p., avec :;U3 (ig. {Encijdopéiie agricole). — Prix :o fr.
CoilïitriietioilS rurales. Malària\(x, habitations des gens, logements des
animaux et d' s récoltes, par Paul et PiERRB Blangarnoux. Paris,
1;. Lnveur, s. d., in-12 de 260 p., avec b6 grav. {U Agriculture au xx^ siècle).
— Prix : 2 fr.
Les anciennes constructions rurales laissaient en général beaucoup
;"i désirer; d'ordinaire elles avaient été élevées par des ouvriers de peu
de connaissances spéciales, dirigés, la plupart du temps, par des habi-
tudes routinières et ne se préoccupant guère des nécessités de l'hygiène.
Aujourd'hui, on est devenu plus habile et, partant, plus exigeant; cha-
cun veut des guides sûrs et expérimentés. Les ouvrages de MM. Danguy
ri Blancarnoux répondent aux besoins actuels et présentent à qui-
■onque veut construire ou faire construire, des traités vraiment
utiles.
A des nuances près, tous deux suivent les mêmes divisions : prin-
iipes généraux d'abord qui doivent présider à la confection de la
maçonnerie, des charpentes, des couvertures et des travaux spé-
ciaux qui complètent une construction pour la rendre vraiment utili-
sable à sa destination. Puis ils décrivent ce qui concerne spécialement
les habitations destinées soit aux gens, soit aux animaux, soit aux
diverses récoltes qui seront faites.
Les diiïérences qui caractérisent ces deux excellents ouvrages
proviennent surtout du point de vue auquel se sont placés les au-
teurs. Celui de M. Danguy est plus didactique, s'adresse à des esprits
désireux d'approfondir les matières et d'apprendre ce qu'ils ignorent;
l'ouvrage de MM. Blancarnoux résume plutôt des connaissances
acquises sur le détail desquels il y a moins lieu de s'appesantir actuel-
lement . Tous deux ont parfaitement accompli leur programme.
G. DE S.
9j', agriculture moderne, encyclopédie de Vagriculleur, par Vic-
tor SÉBAsriA>'. .T^ éd. Paris, Larousse, s. d., in-8 de 560 p., orné de
G71 'vw. — Prix ; 5 fr.
Prairnes et pâturages [P r ai i culture moderne), par H. Compaix.
Paris, Larousse, s. d., in-8 de 286 p., avec 181 grav. — Prix : 2 fr.
Deux importants ouvrages viennent s'ajouter à ceux déjà parus
— 428 —
dans « la Bibliothèque rurale » qu'édite la librairie Larousse, et
continuent la série de ses publications agricoles. Le premier traite
d'une façon générale de l'agriculture en elle-même et de tout ce qui s'y
rapporte; l'autre approfondit un sujet plus restreint, plus spécial:
les prairies.
L'Agriculture moderne est donc un ensemble détaillé, fort complet
et étendu de la matière. Après avoir étudié d'abord tout ce qui con-
cerne la production végétale, les plantes en elles-mêmes, l'auteur
s'occupe des différents agents qui contribuent à leur existence, à leur
accroissement et à leur développement, sol, air, eau, engrais, irrigations,
travaux divers, etc. Mais, sur les façons culturales, il ne s'appesantit
pas avec autant de détails que sur d'autres parties qui sont propor-
tionnellement plus développées. C'est ainsi que, dans la suite de
l'ouvrage, il passe successivement en revue les plantes cultivées,
céréale^;, légumineuses, plantes industrielles, fourragères, puis les
cultures arborescentes, la vigne notamment. Enfin, il examine avec
soin ce qui concerne le potager. Le livre se termine enfin par une
dernière partie, fort importante d'ailleurs, occupant plus du quart du
volume et qui, à première vue, ne paraîtrait pas rentrer sous le titre
d'agriculture proprement dite. Elle est consacrée à la production
animale de la fermé, bétail, basse-cour, produits divers, comme les
abeilles par exemple, et ce qui s'y rattache. Aussi devons-nous dire^
avec le sous-titre du volume, qu'il contient une véritable encyclo-
pédie agricole, où l'on trouve réunis les renseignements et les notions
utiles à l'homme de la campagne dans les différentes phases de son exis-
tence. Le texte est émaillé d'une foule de vignettes et de gravures, 671
exactement, qui facilitent les explications, les gravent mieux dans l'esprit
du lecteur et ajoutent intérêt et valeur à cette importante publication.
— Le sujet des prairies, sommairement abordé dans l'ouvrage précé-
dent, est au contraire soigneusement traité et développé dans celui-ci.
Le titre en indique la division, prairies naturelles et prairies arti-
ficielles. Les unes, destinées à durer longtemps, les autres ne devant
occuper le sol que pour les nécessités transitoires de l'exploitation.
Dès lors, les règles de conduite, du cultivateur à l'égard de chacune
d'elles doivent varier nécessairement. Ce sont ces derniers points que
M. Compain traite avec grande compétence. II insiste sur l'impor-
tance du sol, du cHmat pour la création, l'entretien, le développement
et l'exploitation des prairies. Mais les seules forces de la nature ne
suffisent pas; il faut, en outre, que le travail de l'homme intervienne,
et la présente étude en indique fort bien les moyens. Le rôle de l'amé-
nagement des eaux est bien exposé; il faut aussi qu'on s'attache à
l'étude et à la sélection des plantes qui composent les prairies, celles
qu'il importe de développer, celles inutiles ou même mauvaises qu'il
—, 429 —
faut éliminer ou tout au moins négliger. Au courant de son exposé
l'auteur a réparti nombre de figures explicatives, 181 gravures. Comme
le précédent ouvrage, celui-ci gagne par là en intérêt et en utilité.
G. DE Senneville,
lies Gazons, par J.-C.-N. Forestier. Paris, Laveur, 1908, in-12 carré
de 129 p., orné de grav. et de plans. — Prix : 5 fr.
Cet ouvrage est imprimé avec très grand soin, comme pour un
objet de luxe, car il s'occupe surtout des vastes gazons et pelouses
en ce qu'ils forment les plus beaux ornements des somptueuses
habitatif ns de la campagne comme des palais princiers. Les pays
étrangers, l'Angleterre surtout, ne le cèdent en rien à notre pays.
Afin d'être parfaits, les gazons exigent des soins d'état lissement et
d'entretien qui demandent bien des connaissances spéciales et, pour
être faits en grand, une habileté professionnelle consommée. Dans
bien des cas, ce sera une recherche de grand seigneur. Bien que les
observations et les conseils de l'auteur visent surtout les grands
propriétaires, ils peuvent néanmoins être utiles à tous. Dans ce livre,
orné de nombreuses planches photographiées qui augmentent son
intérêt,^ sont étudiés les principes du choix des espèces d'herbes à
semer pour l'établissement et le constant entretien des pelouses
et des gazons. G. de S.
Lies Stations lacustres «l'l]iii*o|>e aux âges de la pierre
et »lîi hronze, par Robert Munro. K itlion française par le D' Paul
KoDiiT. Paris, Sclileiclier, 190S, in-S de -iO'i p., avec 81 fig. dans le texte,
33 planches et un frontispice. — l^rix : 1-2 fr.
Voici un ouvrage précieux pour l'histoire de la civilisation euro-
péenne et qu'il n'eût pas été possible d'écrire à une époque peu
éloignée. L'étude des premières stations lacustres a été faite par le
D"" Keller au lac de Zurich dans l'hiver de 1S53-1854. Depuis les
découvertes ont été constantes dans les lacs qui se groupent autour
des Alpes, mais il fallait en coordonner les résultats pour connaître
cette curieuse phase de l'humanité. Toutes les stations sont catalo-
guées et décrites avec une abondante illustration. Dans un dernier
chapitre, Tauteur reprend tous les résultats pour donner un tableau
dss mjpurs et de l'état social des lacustres. F, de Vii.iekoisy.
LITTÉRATURE
Correspondance de Bory de Sa[nt-Vingent, puljliée et annotée par
Ph. Lauzun. Agen. Maison d'édition et imprimerie moderne, 1908,
gr. iu-8 de 358p., avec 2 portraits. — Prix : 5 fr.
Le personnage dont M. Lauzun publie la correspondance fut un
— 430 —
soldat, 1111 homme poliliquo et un savant. Sans avoir occupé nulle
part la première place et, précisément à cause de cela, il est bien repré-
sentatif du temps où il a vécu. Officier, plus par nécessité que par
vocation, il guerroya pendant quinze ans aux quatre coins de l'Eu-
rope; il termina sa carrière avec le grade de colonel. Député en ISlfi
et en 1831, il fut l'ennemi acharné des Bourbons, ce qui lui valut
cinq ans d'exil après les Cent-Jours et quelques faveurs officielles.
après 1830; irréligieux comme beaucoup de ceux qui étaient arrivés
à l'âge d'homme pendant la Révolution, il se montra particulièrement
batailleur, ainsi que le voulait son tempérament, mais quand sa
fille voulut se marier à l'église, il oublia ses animosités et étonna se.s
amis. De plus, il manquait d'esprit pratique, comme beaucoup de^
gens de sa trempe; il se ruina, et, sans le dévoûraent de sa fille, ii
serait mort dans la misère. Enfin, et surtout, il était botaniste; j'
ne suis pas assez compétent pour dire s'il fut un grand savant, mais
en tout cas, ce fut un botaniste passionné qui, au cours de ses cam-
pagnes, herborisa avec délices : il l'eût fait sous la mitraille en char-
geant à la tète de ses dragons. Dans sa correspondance, il se montre
bien plus fier de la découverte d'une fougère ou d'un champignon
que d'une victoire remportée sur les Prussiens. Par ce côté sa figure
apparaît comme un type de l'espèce un peu conventionnelle du savant
que la science absorbe au point de lui faire perdre la notion des réa-
lités. Quand il mourut, en 1846, il était membre de l'Académie des
sciences.
Par leur spontanéité, leur décousu, la finesse des remarques et
surtout par l'esprit frondeur et primesautier qui s'y révèlent, ces
lettres formeut wne collection un peu incohérente, mais vivante, de
faits et de jugements qui rendront service à l'historien qui les exploi-
tera avec sagacité.
L'éditeur, M. Lauzmi, secrétaire perpétuel de la Société des sciences,
lettres et arts d'Agen, a, d'abord, eu le grand mérite de reconstituer
cette collection éparpillée un peu partout. Il y a joint une excellente
Introduction biographique et des notes fort soignées. En faisant revi-
vre la figure curieuse de son compatriote, il a apporté une contribu-
tion fort estimable à l'histoire de la prenî.ièi'e moitié du xix^ siècle.
P. PiSAM.
lit» Raiiinit Bsnliuienlal avant a l'Astréc », par Gustave Rby-
MKH. Paris, Colin, 1908, in-8 de viii-i06 p. — Prix : 5 fr.
Sans doute il n'est pas mauvais que quelques professeurs de
Sorbonne, parmi tant d'autres que dévorent le journalisme et les
polémiques pédagogiques, politiques ou sociales, daignent encore
s'occuper de ce qui fait la matière de leur enseignement. Sans cela,
— 431 —
l'Allemagne, déjà grande pourvoj^euse de travaux originaux de haute
érudition, serait la seule bientôt à nous fournir nous-mêmes d'éditions
et d'études de nos vieux textes français. M. Gustave Reynier est de
ceux qui ont le bon goût de pousser dans le champ qu'ils ont choisi
leur sillon. Et comme il a, je pense, connu l'ouvrage du baron de
\A'aldberg: Der empfindsame Roman in Frankreich, il s'est mis, de son
côté, à l'œuvre, et, se restreignant pour mieux étreindre, il a écrit
cette histoire du Roman sentimental avant VAstrée^ qui peut, en
face des plus copieux livres de Berlin, faire figure d'œuvre savante et
fortement documentée.
Et d'abord, en 150 pages, il a étudié les origines du genre qu'il
voyait s'épanouir à la fin du xvi^ siècle. Rappelant sommairement
— beaucoup trop sommairement à mon sens, — • ce qu'il y a d'amour
tendre ou de passion violente dans nos anciennes épopées courtoises
et nos contes, nos chante-fables, et dans le Roman de la Rose, et les
poésies romanesques d'Ëustache Deschamps, Froissart ou Alain Ghar-
tier, il a, depuis le xv^ siècle, noté, classé, analysé, jugé, quantité do
belles histoires, celles-ci venues d'Italie, traduites ou imitées du
FHostrato, du Decameron, de la Fiammetta de Boccace, ou d'autres
œuvres d'^Enéas Sylvius, de Gaviceo, d'Alberti, les autres de source
espagnole, ayant pour inventeurs des San Pedro, des Juan de Flores,
des Juan de Segura, quelques-unes un peu plus françaises, comme les
Angoisses douloureuses de M"^^ Hélisenne de Grenne, les Contes amou-
reux de Jeanne Flore, VHeptameron de la reine de Navarre et l'Amant
ressuseité de Pierre Boaistuau. Or, toutes les éditions de ces livres oubliés,
perdus, sont comptées et décrites, comme par le plus minutieux de&
bibliographes; et cela, qui nous apprend la vogue et nous fait sonder
l'influence de chacun, nous invite à philosopher sur l'éphémère destin
de ces fictions toujours un peu pareilles, où s'amuse, en tournant
ainsi qu'aux chevaux de bois, la très pauvre, en somme, et très pué-
rile imagination des enfants des hommes. Mais, critique avisé en
même temps qu'analyste et collectionneur de fiches, M. Reynier
débrouille en ce fatras l'apport propre de chaque peuple; par exemple,
plus de volupté triomphante chez les Italiens, plus de respect de la
femme et plus de sentiment du « martyre d'amour » chez les Espagnols ;
et il note les couleurs et les nuances dont l'amour est peint, violent ici,
ot là sombre, sensuel, ou chevaleresque, ou platonique... Non, en
vérité, c'est de toute histoire un peu fouillée l'éternelle conclusion,
les romanciers modernes, en fait d'amour, ne pourront guère inventer,
Mais voici qu'à la fin du xvi^ siècle, après les guerres civiles, à la
faveur de la vie mondaine qui lui fait une atmosphère plus favorable,
" — sous le souille aussi du paganisme de la Renaissance dont j'aurais
aimé voir étudier l'influence et, en vis-à-vis, celle du christianisme
— 432 —
qui, sur un genre touchant au vif des mœurs, n'a pas pu ne pas marquer
son empreinte... ou son anatlième, — le roman sentimental épanouit
sa riche floraison. De tous les livres qui appartiennent en propre au
genre ou qui seulement y tiennent, M. Reynier a, en appendice, dressé
une bibliographie,qui contient plus de 20 pages, plus'de 100 numéros,
puis un tableau chronologique qui met en parallèle, année par année,
de 1593 à 1(310, les romans chevaleresques et d'aventures, les histoires
tragiques et les histoires sentimentales (c'est la colonne la plus riche).
Et de tout cela qu'il a eu la patience de dépouiller, il a tiré, non pas
seulement, comme on pouvait le croire, encore des contes et des
contes d'amour, mais un certain nombre d'idées générales sur le pro-
grès de l'esprit de société à cette époque, et le prestige des femmes,
sur certaines tendances à purifier l'amour, dont il leur fait honneur
ainsi qu'au platoîiisme et au pétrarqui&me, sans tenir, je le répète,
un compte suffisant du sentiment chrétien; sur lapolitesse des manières
et la préciosité 'du langage, qui, même avant Rambouillet, sévit
terriblement dans cette littérature ; enfin il y relève, et cela est piquant,
sinon des ébauches de thèses morales et sociales, du moins quelques
propos et quelques gestes un peu vifs de l'amour contre la tyrannie
des pères et la tyrannie de l'argent, contre les mariages imposés et
les vocations forcées.
Lo livre est docte et d'appareil un peu austère. Mais, outre qu'il est
mi chapitre d'liistc>ii'e httéraire et un ^Tai répertoire utile à consulter
pour qui touchera à cette époque, il porte en lui, telle une châtaigne
savoureuse sous la bogue hérissée de piquants, la matière d'un article
sur le roman d'amour et sur l'amour même au temps d'Henri ÏV,
qui serait fort joli, assez instructif, et que tout le monde lirait avec
plaisir. Gabriel AroiAT.
JTean- Jaofiue^ Rousseau. De Genève à l'Herniitage (171 *1-
■ 75 7), par Louis Ducros. Paris, Foutemoing, 1908, gr. in-8 de 419 p.—
Prix : 10 fr.
Gros livre de province, à couverture en grisaille, imprimé à Mar-
seille (on ne le voit que trop au.\: fautes de typographie !), élaboré sans
hâte, écrit sans trépidation, d'une encre un peu tiède, par un doyen
de Faculté qui a, on le voit aussi, beaucoup de temps derrière et]
devant lui, lourd à la main et qui n'est pourtant qu'un commencement,
qui a la maladresse, enfin, d'arriver à Paris après les conférences si
acclamées, le volume si léger, si plein d'idées, si savoureux de M.
Jules Leniaître... Qu'on ne se hâte pas cependant de lui fermer, par
lassitude ou dédain, la porte de la bibliothèque. Parce que M. Ducros
est de province, parce qu'il a du temps et le sang calme, il a pu beau-
coup lire. Il a tout lu de Rousseau d'abord, même ce qu'un professeur
— 433 —
de Paris ne lirait jamais, les premiers essais, le^ premiers v^rs, les
comédies de Narcisse, et de l'Engagement téméraire, la Dissertation
sur la musique moderne, l'Allée de Sylvie et le Verger des Charmettes,
le premier et unique numéro de son joiu'nal le Persifleur, les extraits
publiés de ses Institutions chymiques, etc.; or, même à qui ne veut
raconter que le génie et l'âme de Rousseau, il y a en tout cela plus
d'un pronostic intéressant à glaner. Il a lu, en même temps, à peu
près tout ce qui a été écrit sur Rousseau, les gros ouvrages documen-
taires, les opuscules et articles de revues sur des points de détail.
N'ayant point à Aix où chasser l'inédit, comme un candidat au doc-
torat ou un chartiste, mais ayant déjà travaillé sur le xviii^ siècle,
il a mis à profit « l'inédit « des autres, lea Annales de J.-J. Rousseau,
par exemple; il a recueilli, non seulement dans Diderot, Grimm. Mar-
montel, M"^<^ d'Épinay, mais dans les ouvrages récents sur M'"*^ de
Warens, M^ie d'Épinay, M™^ Dupin^ le comte de Montaigu, bien des
textes et des traits permettant de compléter, éclairer ou rectifier les
récits autobiographiques des Confessions. C'est besogne moins glo-
rieuse, mais plus utile peut-être : et il y a chance que l'ouvrage de
M. Ducros constitue, pour l'heure, l'histoire de la vie et des ouvrages
de Rousseau îa plus exacte. Car, sans voir le pourquoi de cet a jour
nement, je ne doute pas que telle question importante, comme l'aban-
don des enfants, qui n'est à sa date indiquée que d'un mot, et rap-
pelée par voie d'allusion, ne soit reprise et traitée avec la même abon-
dance que les chamailleries et tout le « tripotage » avec M™^ d'Épinay,
M"i6 d'Houdetot et leurs amis. J'espère, par contre, que J\I. Ducros
sera un peu plus sobre d'analyse et de discussion d'idées, quand il en
viendra à V Emile ou au Contrat social, q\\\\ ne l'a été pour le Discours
sur les sciences et les arts et le Discours sur Vinégalité. Tout inté-
ressantes que soient ces deux études (et elles le sont surtout par L'his-
toire extérieure des deux discours, l'analyse des réponses faites à
Jean-Jacques Rousseau et ses ripostes), elles ont l'inconvénient et
d'être plus longues que les discours eux-mêmes, et de faire longueur
dans un ouvrage où la biographie forme la matière essentielle... et
suffisante.
Et l'esprit dans lequel ce livre est écrit? demariderez-vous. — Sans
faire un mauvais et méchant jeu de mots, je dirai tout simplement qu'il
n'y en a aucun . M. le doyen écrit • — on peut le regretter au point de
vue de l'art, — sans flamme et sans fièvre. Il a vraiment voulu, sans
parti pris, savoir et écrire la vérité. Hélas ! cette vérité, plus on la
tire du puits, n'apparaît favorable ni à Rousseau ni à ses ennemis.
C'était un vilain être au milieu d'un vilain monde. Et M. Ducros,
assez disposé d'abord à faire crédit au grand écrivain classique, au
pontife sacré de la « pensée moderne » qu'est Jean-Jacques, o\ à le
Mai 1909. T. CW. 28.
— 434 -
préjuger sincère en ses actes comme en ses paroles, le découvre, flagrante
delicio, chapitre par chapitre, plus sensuel, plus orgueilleux, plus
égoïste, plus ingrat, plus «goujat », plus menteur et plus fourbe. Il
est déjà tout près {p. 401 et 413) de souscrire aux formules de Diderot :
« Il n'y a que le méchant tjui soit seul. — Cet homme est lui forcené,
il me fait horreur; il est damné, cela est sûr, cela est sûr; il me ferait
croire aux diables et â Veiifer... « Si, dans la suite, la pathologie de
Rousseau — dont je trouve que c'est une lacune de n'avoir pas parlé
déjà et fait état — si sa folie finale, qui est peut-être en effet un ré-
sultat et un châtiment de sa « méchanceté» plutôt qu'une cause et une
excuse, ne viennent pas attendrir son nouveau biographe, l'ouvrage de
M. Ducros pèsera plus lourd et plus dur sur sa mémoire que le livre
de M. Jules Lemaître, où, avec des mots si narquois, si démolisseurs,
il y avait encore tant de pitié. Gabriel Audiat.
I>u DîSfttwiilîssMfi à l'action. Éludes conlemporaines, par C. Le-
cîGiNK. 1" série. Paris, Lelhielieux. s. d., gr. ia-12 de 340 p. — Prix :
3 fr. 50.
11 nous faut saluer avec une grande sympathie ce brillant début
d'un nouveau maître de la critique française. Maître chrétien, ai-je
besoin de le dire, puisqu'il nous vient des Facultés catholiques de
Lille, ce qui, sans rien lui enlever de ses grandes qualités littéraires,
communique à sa critique plus d'élévation et d'autorité. Plus familier
avec la vie intérieure, plus versé dans la connaissance des âmes, armé
de principes très sûrs, le prêtre écrivain, pourvu du talent nécessaire
et préparé par une forte éducation littéraire, est mieux placé que nul
autre pour bien juger des œu^Tes et des hommes.
Le titre choisi pour son livre de début par M. l'abbé Lecigne n'est
pas un titre de fantaisie. Sans être tous à proprement parler des
dilettantes, au sens un peu spécial qu'on attache généralement à ce
mot, tous les auteurs qu'il nous présente ont été d'abord, même
ceux qui avaient l'esprit plutôt dogmatique, des curieux passionnés
des choses intellectuelles, ardents à rechercher, à connaître, à expli-
cjuer, et se complaisant dans leurs conquêtes et s'en enorgueillissant,
sans leur demander autre chose que les jouissances hautaines de la
curiosité ou de l'orgueil satisfait. Comment, au contact de la vie ou
aux leçons de l'expérience, ce dilettantisme est-il devenu de l'action,
c'est ce que l'auteur nous montre fort bien en étudiant les œuvi'es et
la vie d'Hippolyte Taine, de Ferdinand Brunetière, de Baul Bourget,
de Jules Lemaître, de Maurice Barrés et d'Anatole France. Car tout
le monde sait que ce dernier lui-même, qui fut si longtemps le type
accompli du dilettante et qui semblait ne devoir jamais être autre
chose, s'est aussi tourné vers Taction et avec une violence et une
— 43o -
passion qu'on n'aurait pu prévoir, si l'on n'avait déjà vu parfois monter
de sa littérature de ces fumées grossières qui déforment souvent les
meilleurs cerveaux. Donc, les cinq premiers, sous des formes d'ailleurs
très différentes, ont été amenés à exercer une action morale féconde et
salutaire et se sont transformés, d'hommes d'études et de littéra-
ture, en hommes de combat, se servant à la fois de l'épée pour défendre
et de la truelle pour reconstruire l'édifice social, moral et religieux
de l'avenir. M. France, au contraire, est devenu l'enragé destructeur
de tout ce que les autres défendent. Malgré cette différence d'attitude,
M. l'abbé Lecigne les juge tous avec impartialité, et même les égare-
ments de M. France ne le décident pas à le traiter sans justice ni à
méconnaître les restes de talent qui fleurissent encore dans ses ruines.
Seule, l'étude sur M. Paul Bom'get m'amènerait à formuler quelques
réserves, si j'en avais la place et le temps. M. Lecigne, qui admire
l'Étape, et même en approuve la thèse générale, lui fait des reproches
de détail, qui, la plupart, ne me paraissent pas fondés. Est-il néces-
saire d'y appuyer? Je ne le crois pas. Le livre de M. l'abbé Lecigne est
vraiment un beau livre, plein d'idées, d'une bonne tenue littéraire,
mieux que cela encore, un livre bienfaisant, et la réserve que j'ai
cru devoir faire n'est pas de nature à diminuer la haute estime
qu'en le lisant j'ai conçue de l'homme et de l'écrivain. Ce volume n'est
que le premier d'une série que je souhaite longue, car elle montrera
« que la puissance et la fécondité de l'action sont toujours en raison
directe de la force des croyances, et que les plus balles œuvres sont
encore celles où il y a le plus de foi exprimée et le plus d'amour ré-
pandu ». Edouard Pontal.
I^es Pas sur la terre, par Adrien Mithouard. Paris, Stock, 1908,
in-8 de 307 p. — Prix : 3 fr. 50.
Voilà un bon livre de plus, écrit avec la conscience artistique que
l'auteur met dans toutes ses œuvres. M. Mithouard est à la fois un
écrivain et un philosophe ; écrivain un peu trop appliqué et tendu,
peut-être, en sorte qu'on ne peut le lire sans beaucoup d'attention et
un peu de fatigue; philosophe pénétrant, mais dont la pensée se
voile un peu sous le symbolisme des choses. Je crains, pour ces raisons,
qu'il ne puisse être compris et goûté que par un petit nombre de
lettrés, ceux qui sont capables de trouver la sève de la pensée sous
l'écorce de la forme. Le style est d'un artiste, d'ailleurs, et la pensée,
d'un philosophe chrétien, à la fois traditionnel et plein de ce bon sens
aigu, qui est comme la fleur de l'âme française. Ni aérien ni souter-
rain, il conduit, tranquille, ses Pas sur la terre,et sur la terre chrétienne
et française, parce que c'est vraiment là le domaine propre de l'homme
qui a le bonheur d'être né chrétien et Français. Et il en décrit les.
— 43G -
paj'sages, de façon savoureuse et vive, et il en célèbre les grandes
œuv^res, en homme qui s'y connaît et qui a d'autres soucis que celui
d33 banales admirations, et il en rappelle les traditions, en philosophe
qui sait de quel poids le passé pèse sur le présent et sur l'avenir, et
il exerce sa verve mordante contre tous les destructeurs, que leur
science ne sauve pas toujours du reproche de ne pas savoir ce qu'ils
font et d'agir au rebours du plus simple bon sens et de nos plus chers
intérêts, A tous les points de vue donc, ce livre est un bon livre, à qui
S3S qualités mêmes ne per/nettront pas sans doute de devenir popu-
lairj.v mais qui sollicite l'attention des penseurs et des lettrés, c'"est-à-
dirj d'une éhte. Edouard Pontal.
lia iSrelagiie à I'.4en«léiitio fi-aiiraise an XIX^ siècle,
d'après des docuuieuls menus, [ar }-!h>é Efevuer. Paris, Chanjpion,
1908, in-8 de v[n-342 p., avec portrait. — Prix : 6 fr.
C'est la dernière série — malheureusement incomplète — des
études que le très regretté René Kerviler ou- René de Kerviler (les
deux sont imprimés sur la couverture et dans la Préface) avait pré-
parées pour faire suite à ses Académiciens bretons du xvii^ siècle et
du Xviii^. Et parce que les personnages dont il s'agit ici sont plus
près de nous, et que les dictiomiaires biographiques, les notices nécro-
logiques ou autres, les discours académiques fournissaient les prin-
cipaux éléments tout réunis, le travail fut plus facile, moins personnel,
les résultats aussi sont moins intéressants et surtout moins neufs.
Je me plains même, doucement, que, par habitude, sans doute, et
entraînement de librairie, on nous fasse une annonce de « documents
inédits «, que justifient très mal quelques lettres sans importance
tirées du portefeuille de Louis de Carné. L'article sur Chaieauhiiand,
le principal, ne vaut que pour être assez bien au courant des dernières
publications de M. Biré, ou de l'abbé Pailhès. Celui sur Bigot de Préu-
meiieii est plus curieux, parce que la figure du vieux jurisconsulte ou-
vrier du code civil et ministre des cultes souf> Napoléon est plus effacée,
et parce que M. Kerviler a mis en 03uvre des notes prises au Moniteur
universel et dans la Correspondance impériale. On lit sans fatigue,
comme ils furent écrits, d'une plume facile, et qui ne visait qu'à
l'exactitude, point à l'art, les chapitres consacrés à Alexandre Daval,
l'auteur comique, dont les Préfaces ont fourni quelques renseignements
pour compléter les monographies; à Mgr de Quélen, dont on croit
volontiers, avec M. Ker\aler, que les pamphlets de 1830-1860 ont
dénaturé le rôle et diffamé le caractère; au comte de Sainte-Auhtire,
dont les Mémoires inédits n'ont pas été mis à contribution ; et le cotntc
Louis de Carné, qui s'était déjà raconté dans ses Souvenirs de jeunesse
et qui avait été raconté par M. de Champagny en 1876.
— 437 -
Ct n'est pas que je critique, — je l'aime fort au conti'aire et la loue
cordialement, — l'idée de grouper ainsi d'après leur origine et de vulga-
riser en leur pays les grands écrivains qui y sont si souvent oubliés.
Mais, au nom même du régionalisme, on désirerait quelque chose
de plus pénétrant, de plus intime, qui peignit ceux-ci dans leur vie bre-
tonne, et révélât, fût-il tiré du fond très caché de leur talent et de
leur âme, le caractère breton qui, squf en Chateaubriand, a'apparait
en aucun d'eux. Gabriel Audiat.
Tlie Shakespeare i^iiooryplta, being a coUeclioii of fourleen
plays whicb. bave ben ascribed lo Shakespeare, ediled wilh inlroiluclion,
notes and bibliography by G. G. F. Tuckur Brooice. Oxford, Clareudon
rress, 1908, iii-8 de LVi-4.:i6 p. — Prix : 6 fr. 25.
On ne prête qu'aux riches, et le nombre des pièces anonymes ou
d'auteur douteux qui ont été attribuées par tels ou tels à Shakespeare
s'élève à quarante et davantage. Attributions insoutenables dans la
plupart des cas; attributions plus ou moins dignes d'être discutées
(^n ce qui concerne un quart, environ, de ces productions. De ce
quart, soit exactement de quatorze pièces choisies, M.TuckerBrooke
vient de nous donner une édition depuis longtemps désirée et
d'autant plus utile que, sauf de rares exceptions, les textes ici réunis
(■'talent ou bien presque introuvables ou bien incorrectement publiés.
C'est avec un soin infini que M. Tucker Brooke a collationné
les éditions originales de ces pièces; il reproduit les meilleures,
indiquant les variantes, proposant, en cas de nécessité, des corrections.
Une excellente Introduction passe en revue l'histoire des attri-
butions, classe les pièces suivant leurs dates, les étudie séparé-
ment et débat, au sujet de chacune, la part qui en peut revenir au
grand poète. Cette part, si elle existe, ne peut être qu'extrêmement
réduite. D'aucune des quatorze pièces Shakespeare ne peut être le
principal auteur; à très peu il est, à la rigueur,possible, mais nullement
démontré, qu'il ait collaboré. 11 est à remarquer que M. Brooke, pour
de fort bonnes raisons, rejette la collaboration, admise par beaucoup,
de Shakespeare avec Fletcher dans The Two Noble Kiiismen; il verrait
volontiers, en Massinger, le second auteur de la pièce. C'est dans
quelques passages de Si)' Thomas More qu'il retrouverait plutôt, s'il
le fallait, la main de Shakespeare. Une connaissance étendue et
approfondie du théâtre anglais sous Elisabeth et Jacques I^^ permet
à M. Brooke de faire des rapprochements ingénieux et nouveaux entre
certaines de ces pièces anonymes et des œuvres d'auteurs connus; ces
rapprochements tendraient à donner Loerine à Greene et Edward III à
Peele. De quelque obscurité que soit enveloppée leur origine, plusieurs
des drames ici. réunis sont en tout ou en partie remarquables : ainsi
— 438 —
Ardeii of Fevers/iai», Edward 111 et Sir Tliotnas More; les autres sont
curieux à des titres divers. Il fallait jusqu'ici se résigner à n'en con-
naître la plupart que de seconde main, par des citations incom-
plètes; les voici remis à notre portée dans une édition accessible,
sûre, pleine de renseignements et terminée par une excellente bi-
bliographie. A. Baubeau.
HISTOIRE
.4l>régé «le l'Hiistoire «le Port-IBoyal, par Jean Racine, d'après
uu manuscrit préparé pour l'hupression par .Jeau-Baplisle Racine, avec
un Avant-propos, un appendice, des notes, un Essai biblio.sraphiMue par
A. Gazier. Paris, Société française d'irnpriinerie et de librairie, 19iJ8, in-18
de xin-324 p., avec 3 grav. — Prix : 3 fr. 50.
Il faut remercier M. Gazier de nous avoir donné cette nouvelle édi-
tion de V Abrégé de l'Histoire de Port-Royal, établie d'après le nTanus-
crit préparé en vue de l'impression par le fds aîné du poète. M. Gazier
a complété ce texte par des notes et éclaircissements et un Essai
bibliographique, les uns et les autres susceptibles de rendre service
aux travailleurs. J'aurais aimé que l'éditeur joignît à l'Abrégé les
deux lettres fameuses par lesquelles on peut dire que Racine lui-même
y avait d'avance répondu. Outre que lo charme littéraire en est grand,
cela eût ajouté un peu de justice et d'impartialité à une histoire qui,
malgré ses qualités, n'est en somme qu'un pamphlet. Pamphlet d'ail-
leurs amusant à lire, mais où il faut se garder de voir, en dépit de
l'autorité de Boileau, « le plus parfait morceau d'histoire que nous
ayons dans notre langue ». Même en prose, Racine a fait beaucoup
mieux. Éd. Pontal.
L^Oraiid Siècle intime. De Rielielieii st ITInxariii (161*^-
■ lt-1-1;, par Emile Roca. Paris, Perriu, 1908, in-lo de vi-367 p. — Prix :
3 fr. 50.
Il n'est pas bien certain que le système d'écrire l'histoire d'une
façon amusante ait tous les avantages que développe M. Roca dans
son Avant-propos. Les anecdotes ont leur prix, et elles font connaître
le temps et les personnages; mais elles ont beaucoup de chances de
n'être pas toujours vraies. Nous n'avons pas de peine pourtant à
reconnaître que ce second essai est peut-être supérieur au premier
intitulé : Le Règne de Richelieu.
Ici, le cardinal Mazarin joue le rôle principal; mais son « règne «
est expliqué par une foule de circonstances, très heureusement dé-
duites et exposées. Le mécontentement général qui suivit la mort de
Richelieu est un facteur important dans l'attitude que prendrait son
successeur. Il devait suivre la même politique, ménageant les
- 439 -
grands seigneurs, qui pouvaient bien troubler parfois l'État, mais
en faisaient cependant la principale force. Louis XIII se trouve ainsi
rahaussé de toute sa clairvoyance politique ; et, en même temps, ses
vertus privées et sa mort admirable lui donnent une véritable auréole.
La fameuse question d'Anne d'Autriciie et de ses rapports avec son
premier ministre est également traitée avec convenance et résolue
très vraisemblablement par le mariage secret, qui, seul, pouvait ras-
surer leur conscience. Deux preuves nouvelles sont développées : la
dureté rogue avec laquelle Mazarin traitait la Reine, et la docilité
soumise que le jeune Louis XIV, qui connaissait sans doute la situa-
tion, montra vis-à-vis du cardinal, attendant respectueusement sa
mort pour se déclarer Roi.
Enfin, M. E. Roca a utilisé heureusement deux recueils inédits et
peu coFinas de la Bibliothèque nationale. L'un est une courte satire
intitulée : Les Contrevéritez (Ms. fr. 10,145), qui contient )e tableau, à
l'env8rs,si on peut dire, d-e toute la société parisienne de 1612. L'au-
teur publie eu appendice ces 78 versets; mais, auparavant, il a donné
de chacun un intéressant et presque toujours exact commentaire,
passant ainsi en revue nombre de personnages aujourd'hui assez in-
connus, qui. composaient le a Tout-Paris » de ce temps. L'Estoile, pour
lexvi°sièr:le, a recueilli des pièces analogues. L'autre est un manuscrit
dénommé Mil i>ers, déjà utiUsé dans le volume de Richelieu. Tous les
Mémoires du temps, Tallemant des Réaux en particulier, ont été aussi
utilisés et on ne se prive point d'y puiser de nombreuses médisances.
Elles ne sont dangereuses que pour la réputation très posthume des
femmes de cour dont les héritiers, — s'il en est, — seront plus flattés
que blessés. L'auteur, du reste, a prévenu loyalement ses lecteurs.
Il leur a ménagé aussi ime table analytique très précieuse et qui
permettra à plus d'un écrivain de puiser quelque jour dans ce volume
une citation ou un bon mot, que le public aura eu le temps d'ouhher.
M. Roca ne se choquera point de ce parallélisme^ lui qui se déclare
« très heureux d'obliger autrui ». G, Baguenault de Puchesse.
Récifs dvfs leiii|is rcvoliitioiiiiairci^, d'*a|»rè!^ de.^ doeuiuents
inédi(<!$, par Ernest Daudet. Paris, Hachette, 1908, ia-l6 de vn-292 p.
Prix : 3 fr. 50.
Dans les très précieuses archives qui lui ont été ouvertes, outre les
éléments de ses ouvrages de longue haleine, comme sa grande Histoire
de l'émigration, M. Ernest Daudet a trouvé de nombreux documents
où il a puisé le sujet d'intéressants récits, comme ceux qu'il publie
aujourd'hui : ce ne sont que des épisodes, quelques-uns fugitifs,
mais qui n'en jettent pas moins une curieuse lumière sur les temps
de la Révolution. Le plus important, qui occupe presque la moitié du
— 440 —
volume, c'est le Complot Coigny-Hyde de Neuville. On verra là en
œuvre la fâcheuse rivalité qui régnait entre le Comité royaliste fondé
par Louis XVIII et l'Agence non moins royaliste qui recevait les
ordres de Monsieur et de Londres; on y verra aussi l'impuissance à
laquelle ces déplorables divisions avaient réduit les partisans des
Bou bons. Mais comme dans les événements les plus graves la note
comique se glisse toujours, nous y relèverons le curieux rapport de
l'officier de gendarmerie chargé d'arrêtor le beau-frère d'Hyde de
Neuville, l'ancien représentant de la Rue, et son amusante stupé-
faction quand il constate l'évasion de son prisonnier, malgré la pré-
sence des gendarmes auxquels il avait cependant ordonné «de ne pas
le quitter, non plus que la chemise «. Sur /a Mort de Pichegru, — dont
le sujet vient d'être repris par M. Barbey — il n'y a que quelques pages;
mais, après les avoir lues, il nous est bien difficile de croire au suicide.
« Le cou, — du prétendu suicidé — dit l'auteur, est entouré d'une
cravate de soie noire, large de deux doigts, fortement nouée, dans
laquelle on a passé un bâton long de quarante cinq centimètres et de
cinq de pourtour, et dont on s'est servi comme d'un tourniquet. La
)?iain qui s'en est servie a tourné jusqu'à strangulation complète ». Et
M. Daudet ajoute et nous ajoutons avec lui :«Est-ce celle de Pichegru?»
Le chapitre sur la Constitution civile du clergé dépeint l'état d'âme
de beaucoup de membres du clergé inférieur, que la menace et la peur
ont réduits à prêter serment et même à se marier, et auxquels leur
repentir a valu le pardon du Saint-Siège. Celui sur le Comte de Provence
et i/»ie f/g Balbi^est emprunté,pour la plus grande partie, aux Mémoires
de d'Avaray; il présente la favorite sous un jour très défavorable,
malheureusement trop souvent vrai. Il est pourtant un point sur
lequel les récentes recherches du vicomte de Reiset ont fait justice
des insinuations de l'ami de Louis XVIII : la naissance en Hollande
de deux jumelles, filles de M"^^ de Balbi et du bel Archambaud de
Périgord,est une légende. Les lettres, nouvelles aussi, de Louis XVIII
et de Charetle apportent dans la correspondance de ce dernier, une
preuve de plus à ceux qui ne croient point à l'évasion de Louis XVII.
Et après avoir montré les bons rapports qui ont régné entre les
Émigrés et les généraux de Napoléon, ^l. Daudet, dans Autour de Hoche,
fait une attrayante description du musée réuni à Gaillefontaine par
le petit-fils du héros républicain, le marquis des Roys; il lui emprunte
plusieurs lettres, les unes charmantes, comme celles que le générai
envoyait à sa fiancée, les autres fâcheuses, comme celles qu'il adres-
sait aux membres du Directoire après Fructidor. Et il conclut en
regrettant que l'illustre capitaine no fût pas mort quelques semaines
plus tôt.
Notre souhait, à nous, est que M. Daudet ne s'en ticiine pas là. et
i
Ji
— 4'.1 —
que ce premier volume, qui offre tant d'intérêt, soit bientôt &ui\i de
plusieurs autres empruntes aux mêmes archives.
Max. de la Rocheterie.
^jCS Ase^eniblées du clergé et le «f stiiséiiisiiie, par l'abbé
J. BouRLON. Paris, Bloud, 1007, in-8 de 379 p. — Prix: 6 fr.
Les assemblées du clergé tiennent une très grande place dans l'his-
toire religieuse des xvii^ et xviii^ siècles. L'action de ces assemblées
]iériodiques, électives et délibérantes, se fait, sentir dans toutes les
questions mises à Tordre du jour pendant deux cents ans, à propos de
la vie catholique, morale et parfois politique de la France. AL l'abbé
Bourlon, qui déjà a donné un petit résumé, une heureuse synthèse,
de toute l'histoire de ces assemblées sous l'ancien régime, examine
plus à fond leur rôle à propos du jansénisme « l'hérésie dissimulée et
liabile, dit-il, qui fit encore plus de mal à la religion catholique en
France que le protestantisme ». Sa conclusion, c'est que les assemblées
du clergé ne faillirent point à leur devoir; malgré les préjugés gallicans
de l'époque, elles condamnèrent l'erreur et ses partisans à maintes
l'éprises; elles n'eurent jamais « une défaillance doctrinale, comme
on eurent les Parlements et même la Sorbonne ». Le sacerdoce et
l'épiscopat français demeurèrent donc en majorité indemnes d'une
hérésie dont les partisans s'agitaient sans doute beaucoup, mais ne
furent en réalité « qu'une poignée de révoltés ».
Reprendre et exposer chacun des points traités avec beaucoup de
soin par M. Bourlon serait écrire notre histoire religieuse pendant
deux siècles; qu'il nous suffise de signaler au lecteur ce volume comme
un bon résumé dominé par un sentiment très net de l'orthodoxie et
un respect de la justice trop rare c^umd on aborde les persécutions
dont fut victime la Compagnie de Jésus, par exemple; la nomenclature
des XIII chapitre? (auxquels il ne manque sans doute qu'une biblio-
graphie plus complète et des références plus étendues) en dit l'impor-
tance ; Condamnation des cinq propositions. — L'Affaire du cardinal de
Retz et l'Assemblée de 1655. — -L'Assemblée de 1655 et le Jansénisme.
— De 1660 à la « paix Clémentine ». — Le Quesnellisme (je n'aime pas
beaucoup ce néologisme) et l'Assemblée de 1700. — Le Cas de cons-
cience et l'Assemblée de 1705. — La Bulle Unigenilus. — Le Jansé-
nisme et les Assemblées jusqu'en 1725. — Les Appelants. — Les Billets
de confession. — Les Jésuites. — Les «Actes du clergé » en 1765. — Les
Dernières Assemblées. G.
Essai historiciue sur les F.xpositiuns universelles île
Paris, par Adolphe Démy. Paris, A. Picard et lils, 1907, gr. in-8 de
11-1097 p. — Prix : 15 fr.
Il n'est pas trop tard pour dire quelques mots de l'ouvrage consi-
- U2 —
dérablo daiis lequel ?il. Adolphe Démy s'est eiïorcé de synthétiser
l'histoiEe des Expositions universelles qui se sont succédé à Paris
au cours de la seconde moitié du xix^ siècle, et a tenté d'en retracer
les gi'andes lignes, de faire saisir le caractère général de chacune d'elles,
d'esquisser la vie sociale de son époque, de raconter succinctement
l'histoire de son temps. Ce progi'amme, éminemment complexe, expli-
que le développement pris par l'Essai de .M. Adolphe Démy, et encore
n'en trouve-t-on dans ce livre qu'une esquisse extrêmement som-
maire.Comment pourrait-il en être autrement, puisque l'auteur, non
content d'étudier les cinq Expositions universelles organisées à Paris
de 1855 à 1900, a considéré chacune d'entre elles comme un « anneau
de la chaîne sans fin des expositions cosmopolites » et. a été ainsi
amené à parler de toutes les « foires du monde » qui ont eu lieu à la
surface du globe jusqu'en 1900? Ainsi s'expliquent à la fois l'am-
pleur et la brièveté, la prolixité et la sécheresse apparentes de cet
Essai historique sur les Expositions universelles, dont l'aspect impo-
sant décourage d'abord le lecteur, qui se trouve ensuite tenté, au
cours de sa lecture, de reprocher à M. Démy d'être trop court. Que
de renseignements utiles ou curieux, ou simplement pittoresques et
amusants se trouvent dispersés dans ce gi'os volume de près de 1100
pages ! Nous en avons, pour notre part, noté plusieurs qui nous pa-
raissaient tout à fait dignes d'être relevés, et qui, de l'iiistoire des Expo-
sitions universelles, méritent d'être reportés dans l'histoire générale.
Aussi ne saurions-nous mieux caractériser Touvrage de M. Démy
qu'en le qualifiant d' « encyclopédie» des Expositions universelles;
tel est bien en effet, grâce au copieux index alphabétique des p. 1041-
1096, ce li\T*e dont la conclusion est qu'il y a place et matière pour
une nouvelle Exposition à Paris, et que « cette Exposition n'est pas
seulement possible et utile, mais nécessaire ». Il est permis, sur ce
point, de différer d'opinion avec M. Démy; du moins doit-on recon-
naître qu'il invoque en faveur de sa conclusion des arguments qui
seraient excellents si... l'expérience des précédentes Expositions uni-
verselles ne nous contraignait d'y voir plutôt des utopies. H. F.
li» Franc-llaçoiiiterie en France, des originess n I!^l5,
par Gustave Bord. T. I. Les Ouvi-i-; b de Pidce révolutionnai) e {16SS-i77i).
Paris, Nouvelle Librairie ualionale, '9r8, ia-8 de xxvr-5ol p., avec portraits
et fac-similé. — Prix: 10 fr.
\oki un volume consciencieux et documenté comme tous ceux
qu'écrit M. Gustave Bord. Et quelle somme de travail il a dû exiger
pour fouiller aussi profondément ces archives de la franc-maçonnerie,
si jalousement fermées aux profanes 1 Aux yeux du savant auteur, le
principe fondamental de la franc-maçonnerie c'est l'idée égalitaire.
— 4i3 -
non pas l'idée égalitaire chrétienne, équitable et bienfaisante, mais
une idée égalitaire envieuse et haineuse, qui détruit toute hiérarchie
et engendre l'anarchie. Les prédécesseurs des francs-maçons, ce sont
les alchimistes, les kabalistes, les sociniens, les disciples do Bayle et
de Swedenborg. La secte n'est pas née spontanément; elle ne remonte
pas non plus, comme on l'a prétendu, aux temps antiques, à Salomon
ou à Hiram, l'architecte du temple de Jérusalem. Il y avait, au
moyen âge, des associatioixs d'ouvriers pour construire les cathé-
drales gothiques. Lorsque la foi s'est refroidie et qu'on ne bâtit plus
d'églises, ces associations n'eurent plus de raison d'être. Les ^adeptes
des idées égaUtaires s'y glissèrent insensiblement et s'en emparèrent;
la maçonnerie corporafii'e devint la maçonnerie spéculative, dit M.
Bord. C'est au xvii^ siècle qu'elle s'épanouit surtout, et d'abord en
Ecosse et en Angleterre, où elle se recruta parmi les partisans des
Stuarts. On y retrouve les noms des Radclyfîe, de Ramsay, de Fitz
Gerald, des Lally, etc. C'est par eux, lorsque les Stuart furent expulsés,
que la franc-maçonnerie s'introduisit en France; le prétendant
Charles-Edouard en devint le gi'and-maitre et fonda à Arras, entre
autres, une loge dont le vénérable était le père de Robespierre. Les
premiers grands-maîtres français furent le duc d'Antin et le comte
de Glormont, un des principaux propagateiu's fut le dac de Bouillon.
Les grands seigneurs, les bourgeois, les militaires entrèrent en grand
nombre dans les loges, séduits par la nouveauté, par un certain air
d'indépendance, par une apparence d'humanité. On en fonda de tous
les côtés. M. Bord a retrouvé cent cinquante-quatre loges existant en
France en 1771; il en donne la liste détaillée, avec les noms des prin-
cipaux membres. Mais sous la grande-maîtrise du comte de Qermont,
le lien qui les rattachait ensemble s'était relâché. Il y avait bien
des variétés de francs-maçons, non seulement ceux du rite écossais
— c'étaient les jacobistes • — et ceux du rite anglais — c'étaient les
orangistes — mais les Rose-Croix, les Réaux-Croix, les Illuminés
théosophes, les Amis réunis, les Philalèthés, les Élus Cohens, la Grande
Loge anglaise, la Mère Loge écossaise de Marseille, le Chapitre de Cler-
mont, le Conseil des Empereurs d'Orient et d'Occident, l'Etoile
flamboyante, etc., etc. L'auteur, dans des chapitres fort curieux,
donne leurs règlements, décrit les cérémonies d'initiation, rcglements
impérieux, cérémonies grotesques. On en lira le détail avec le plus
vif intérêt dans les chapitres VI et VIII. Nous recommandons aussi
le chapitre IX, Profils maçonniques, où l'on verra défiler le maçon
bienfaisant Puisieux, le maçon gai Procope, les maçons mystérieux
■comme Saint-Germain et Lavalète de Lange. Les volumes qui suivront
nous en réservent bien d'autres. Max. de la Rocheterie.
— ï4'i —
Lia FacuKô «le 'IJiéologie «le rai*i«s et ses «looleiirs les plus
célèbres, par l'abbé P. Féret. Époque moderne. T. VI, xviii^ stèc/e.
Phases historiques. Paris, A, Picard et fils, 1909, in-8 de 417 p. —
Prix : 7 ir. 50.
Les phases historiques par lesquelles la Faculté de théologie de
Paris passe au xviii® siècle sont dépeintes d'une façon intéressante
par M. le chanoine Féret. Il nous fait assister d'abord à un réveil du
jansénisme, puis aux discussions excitées par les thèses gallicanes
ou des consultations épineuses adressées à la docte assemblée. Le
grand public s'attachera sans doute davantage aux chapitres con-
sacrés à la lutte contre le philosophisme. Citons, parmi les paragraphes
les plus importants, les thèses des abbés de Prades et de LoméUe de
Brienne, VHistoire naturelle et les Epoques de la nature, de
Bufïon, Montesquieu et son Esprit des lois, puis les Essais de Pope,
d'Helvétius, l'Emile de J.-J. Rousseau et le Bélisaire de Marmontel.
La Faculté s'associa aux condamnations portées à Rome ou en France
par le Conseil du Roi et le Parlement, contre \'oltaire, mais elle n'éleva
la voix pour le flétrir directement qu'après la mort du philosophe,
lorsqu'on entreprit l'édition complète de ses œuvres. Un dernier
chapitre nous décrit la fin lamentable de l'Université et de la Faculté
de théologie, amenée par le décret de la Convention du 1<?'" septembre
1793. — Nous signalerons, parmi les appendices, le curieux
mémoire des docteurs de Sorbonne, présenté à Pierre le Grand, pour
la réunion de l'Église russe à l'Eglise latine.
Ce volume clôt dignement la vaste étude où l'activité et les luttes
de la vénérable Faculté de théologie de Paris sont évoquées, depuis
de nombreuses années déjà, avec un amour passionné, par l'un de ses
plus fervents admirateurs. F. d'H.
Cr»My-si»B'-OMr«€| e* CSes^res-le-Wair (Seiiie-et-l!as'iie),
par Georges Darnev. Paris, Lechovaiier, lOOS, in-8 de 318 p., avec
5 dessins. — Prix : 10 fr.
Comme la plupart des monographies de petites localités, l'histoire
de Crouy-sur-Ourcq (Seine-et-Marne, arrondissement de Meaux,
canton de Lizy-sur-Ourcq) n'offre guère d intérêt que pour la période
révolutionnaire. Avant la Révolution, on ne possède sur un grand
nombre de villages que des documents épaos et bien disséminés à tra-
vers les siècles. Après les troubles qui agitèrent notre pays à la fin du
xviii^ siècle, tout rentre en général dans l'ordre et, comme les peuples
heureux, beaucoup de ces petits bourgs n'ont plus d'histoire. C'est ce
qui explique que, dans tous les travaux du genre de celui que nous
signalons, les dix dernières années du xviii^ siècle occupent une si
grande place. Pour Crouy, plus de la moitié du volume lui est consacrée
et cette partie n'est pas la moins intéressante, car elle nous fait saisir sur
— 445 ~
le vif tout ce que de paisibles villages eurent à souiïrir do la tyrannie
jacobine. Dans la dernière partie du volume, on trouve des notices
assez détaillées sur deux monastères, Notre-Dame du Chêne et Raroy
qui, avant la Révolution, existaient sur son territoire, puis sur la
seigneurie de Gesvres et les seigneurs de Gesvres. Avant 1790, Gesvres
formait une paroisse indépendante dont l'église avait subsisté jusqu'en
1745. Au moment de la Révolution, le peu d'importance de Gesvres
ne permettant pas à ses habitants de l'administrer eux-mêmes, ils
demandèrent leur incorporation à Crouy, ce qui leur fut accordé par
arrêté du 2 novembre 1790. Après quelques notices sur plusieurs
membres de la famille Potier, qui furent les plus illustres seigneurs
de Gesvre?., sur les établissements de bienfaisance et sur les écarts de
Brumier, Froide- Fontaine, Fussy, La Chaussée, La Tuilerie, M. Darney
termine son' ouvrage par la biographie d'un certain nombre de per-
sonnages remarquables de Crouy. J. Viard.
iflélaii^es d'Iiistoire l»i'e«oiine (%'le-lLl'^ siècle), par Ferdi-
nand Lot. Paris, Cliampion, PJu7, in-8 de 478 p. — Prix : 20 l'r.
Sous le titre do Mélanges d'histoire bretonne^ M. Ferdinand Lot,
érudib justement estimé, notamment pour ses beaux travaux sur
les derniers temps carolingiens et sur le règne de Hugue« Capet, a
réuni une série de mémoires publiés antérieurement dans les Annales
de Bretagne (1906 et 1907). Ces dissertations, d'une grande valeur
critique, avec quelques excès de scrupule et de rigorisme hypercritique,
sont au nombre de sept, savoir : I. Les Gesla sanctonim Rotonensium.
Date de leur composition. L'autour. IL Fe'-tien, archevêque de Dol.
m. Nominoé, Erispoé et l'empereur Lothaire. ÎV. Nominoé et le
monastère de Saint-Florent-le-Vieil. V. Le Schisme breton du ix^
siècle. Etude sur les sources narratives : Chronique de Nantes, Gesta
sanctorum Rotonensium, Indiculus de episcoporum Brittonum deposi-
tioneXl. Les Diverses Rédactions de la vie de saint Malo. \ïï. La \ie
de saint Gildas. En appendice l'auteur a donné une édition nouvelle
et critique des textes suivants : l.La plus ancienne Vie de saint Malo.
IL La Vita Machutis, par BiU. III. Gildae Vita et Translatio. — C'est
d'après le septième et dernier mémoire, celui qui a pour objet la\'ie de
saint Gildas. que nous avons pu apprécier, avec quelque connaissance de
cause le mérite du présent volume, car nous avons nous-même naguère
touché le sujet dans notre livre intitulé : Saint Gildas de Rais,
aperçus d'histoire m on ast i que (P mis, Tequi, 1900, in-12). — Ce mérite est
considérable et témoigne de qualités qui font honneur ù la science
française, en particulier d'une observation perspicace jointe à une
rare patience et vaillance de labeur et à. un souci d'exactitude jusque
— 446 —
dans les plus petits détails presque exagéré. A la vérité nous différons
d'avis avec l'auteur sur quelques points. Mais ce n'est pas le lieu de
signaler et de discuter ces divergences. D'une façon générale, la méthode
employée ici est peut-être à la fois un peu trop timide et dillicultueuse
à certains égards, et à d'autres un peu trop hardie et conjecturale.
Quoi qu'il en soit, ce livre, comme les précédents écrits de M. Lot, est
de ceux qu'il n'est pas permis de négliger, et dont l'étude, un peu aride
au premier abord, est instructive et féconde, dût-on conclure autre-
ment sur tel ou tel des sujets traités. M. S.
liO ]?lA»«i8erit du prienr iS« Sestnely. LIne Paroisse de
Sologne a«a XVI.le slèeSe (1695-1 9 ï O), par Emile Huet.
Orléans, Herluison, 1908, in-8 de 82-ccxvii p., avec fac-similés et
vignettes.
Ce volume se compose de deux parties: l'une, la seconde, est la repro-
duction littérale d'un manuscrit qui se trouve moitié à la BibUothèque
d'Orléans, moitié au presbytère de Scnnely; l'autre est une longue
Introduction par l'auteur sur ce manuscrit.
Ce manuscrit est l'œuvre d'un curé de Sologne, nommé Sauvageon,
de la Congrégation de France, né en 1639, profès en 1664, qui vint
en la paroisse de Sennely en 1675 et y mourut en 1710. a II a divisé
son récit en' quinze chapitres d'inégale longueur. Du troisième au neu-
vième, il traite successivement de la paroisse, de la justice, de l'église,
de la fabrique de Sennely, puis des fondations et s-ervices, des titres
et du mobiher de l'église et des réparations à faire au monument.
L'administration des gagcrs occupe le dixième. .Enfm, dans
un ordre un peu fantaisiste, les cinq derniers exposent le cérémonial
en usage dans la paroisse, la visite annuelle de l'évêque et de l'archi-
diacre, la liste des confréries, l'histoire du prieuré et des prieurs qui
l'ont présidé, pour terminer par la description de la maison priorale
et de ce qu'il conviendrait de faire pour la rendre parfaite. »
« C'est donc un traité complet de la vie d'un curé de campagne au
xvii'^ siècle ;> et d'un curé de Sologne. « Le prieur no l'a point oublié
et, en guise d'Introduction, il a écrit tout d'abord deux chapitres sous
ces titres : De la Sologne en général, et des Solognos, de leur reUgion,
de leur commerce et de leurs mœurs » (p. V^).
L'ensemble de ces chapitres est intéressant, car l'auteur avait
une plume originale et un tour d'esprit caustique. Partout il a semé
soîi récit do réflexions piquantes : c'était un bon prêtre, mais qui gar-
dent sa liberté d'appréciation envers ses paroissiens et même envers
ses suporieu's; c'était un indépendant et un malin.
Très curieux, le parallèle entre les Solognos et les Beaucerons, où,
après avoir balaiicé les vices et les vertus des uns et des autres, il donne
- 447 -
avix premiers, mais d'assez mauvaise grâce, la préférence, « Les Beau-
cerons sont durs et impitoyables envers les pauvres, les Solognos
sont charitables et aumôniers, etc., tous préfèrent la Sologne à la
Bauce et les Solognos aux Beaucei-ons; mais, après tout cela, il ne
faut pas conclure que les Solognos en soient plus recommandables,
ainsi que Talions voir dans le chapitre suivant. »
(i Les Solognos, dit-il en commençant ce chapitre, sont en toutes
choses, ainsi qu'ils le disent eux-mêmes, un chétif peuple». Au physique
ils ont petite mine, des manières niaises et sont sujets à la fièvre et à
la pleurésie. Au point de vue religieux, ils sont plus superstitieux que
dévots; au point de vue social, ils sont rusés, méfiants et discrets à
l'excès, ils écorchent les mots de la langue française, etc. Bref, il fait
d'eux un portrait peu flatté.
Dans les détails qu'il donne sur la vie paroissiale de Sennely, il y
am'ait plus d'un trait intéressant à relever bien qu'ils s'appliquent à
une localité spéciale : il énumère, en effet, les superstitions (en trois
pages) du pays, les coutumes pieuses, les cérémonies propres à chaque
fête, les devoirs des gagers, les revenus de la pai'oisse, les besoins de
l'église : il fait en un mot une monographie complète de ses fonctions
pastorales. Ce genre de travail est très utile pour apprécier le rôle et
la situation du clergé dans les campagnes avant la Révolution.
M. Huet a très bien fait valoir la valeur documentaire et l'intérêt
de ce manuscrit, il en a donné scrupuleusement le texte, il l'a complété
par des pièces d'archives dont plusieurs lui ont été communiquées
pai' M. E. Jarry, et par un index alphabétique et- critique des noms
cités; il l'a même orné de huit vignettes. En somme, il a fait un travail
consciencieux et recommandable.
A propos des titres de la paroisse, qui ont disparu en grande partie
à la Révolution, la tradition du pays, encore vivante, raconte ainsi
cette destruction: «11 y avait alors au village un paysan, le père Minos,
qui passait pour lettré, c'est-à-dire capable de déchiffrer l'écriture :
« Lis, voir », lui disaient ceux qui étaient chargés de faire l'inven-
taire des titres. 11 regardait sommairement — oh ! combien — et
tout ce qu'il ne pouvait pas lire était jeté au feu. Que de richesses
disparues ! »
En combien d'endroits cette même scène de barbarie ne s'est-elle
pas reproduite, dans cette époque dévastatrice ! A. Clerval.
Les l'oiniilt^s ilii 9'oi Kené, publiés d'api es les oriijinaax inédits
conservés dans les Archives des Bouches-du-Rhône, par l'abbé Aknaud
d'Agnel. t. I. Paris, A. Picard eliils, Uj08, gr. in-8 de xxviu-411 p. — Prix
(avec le t. II) : 20 fr.
Afin do donner, en 187.^, à la Société do TÉcole dos cliartes sg3
— 448 —
intérossanls Extraits des comptes c' mémoriaux r/a roi /?c/?<?, pour servi"
à riiistoire des arts au xv<^ siècle, A. Lecoy de la Marche avait puis'"
ses documents aux Archives nationales, parmi les papiers subsistant
encore de la Cour des comptes d'Angers. 11 se contentait d'indiquer
en sa Préface (p. vu) les précieux registres de la Cour des comptes
d'Aix, où l'on devait trouver, disait-il, « un utile complément » à sa
publication : le temps et la distance ne lui ayant pas permis do les
mettre à profit. C'est ce second travail que vient d'entreprendre M.
Arnaud d'Agnel, qui nous donne un premier volume excellent et nous
annonce le second avec des tables détaillées qui permettront d'utiliser,
selon les besoins et les recherches, toutes les indications relevées
dans les pièces originales.
Nous nous contenterons pour aujourd'hui de donner les divisions
admises par l'auteur en ses groupements. Après les Bâtiments et
Domaines de r An jou^chSiTpitre nécessairement assez court, concernant le
château d'Angers, Saumur, les Ponts-de-Cé, Beaufort, la Rive de
Chanzé, l'île Carreau, la Ménitré, la Baumette, viennent les Edifices
de Provence, .\ix, Avignon, Marseille, Peyrolles, Tarascon,Gardanne,
le chapitre Ménagerie et oisellerie, René étant fort curieux de ces col-
lections, celui de la Batellerie; puis les pbjets d'art, peinture et enlu-
minure, sculpture, livres, tapisserie et broderie, orfèvrerie, armes et
armures, verreries, en attendant les Costumes, équipages, les Meubles,
ustensiles, objets divers, enfin la Vie et les Mœurs. Comme le l'emarque
l'auteur, les classifications sont forcément un peu arbitraires, les
notes concernant parfois plusieurs séries différentes : les tables com-
pléteront et rectifieront au besoin les textes. Nous trouvons fort
louable, en des ouvrages de ce genre, la pensée de M. l'abbé Arnaud
d'Agael, qui nous annonce ses errairi à leur ordre alphabétiquD, dans
la table même. Il nous permettra de lai sigaaler une erreur de lec-
ture ou d'impression d'autant plus explictible, au reste, qu'il s'agit
d'un nom propre; p. 7, art. 13, il est compté 71 sols 8 deniers, lo
25 octobre 1452, « pour mott-'e soubz la première pierre delà Basi-
nette )); la note au bas de la page fait une même confusion : il s'agit
évidemment, non d'une « église de la Basinotte », mais de la première
pierre du couvent do « la Basmette » (xv'' siècle) depuis appelé « la
Baumette, » petit ermitage que le roi René fit rebâtir, tout près de
son manoir de Chanzé, en 1451, et où Rabelais devait séjourner
plus tard.
Les notes de M. l'abbé Arnaud d'Agnel paraissent fort judicieuse-
ment établies, c'est une raison de plus pour présenter ces courtes
observations : ainsi, p. 342, la verge de corail ne désignerait-elle pas
un anneau ; une sorte de bague très haute et percée de trous, à la
manière d'un dé à coudre, est encore appelée verge, en Anjou. Assu-
— 449 —
l'émont, p. 345, les couteaux emmanchés de licorne, sont des cou-
teaux aux manches d'ivoire ; les pièces de « licorne, » auxquelles on
attribuait des mérites fabuleux, n'étaient que des dents de narval,
habitant la mer dti Nord; Jeanne de Laval en possédait un morceau
qu'elle confia avec ses bijoux à la cathédrale d'Angers. (Voir notre
Monographie de la cathédrale d'Angers, p. 263.)
Faut-il ajouter qu'à la page 337, en note, nous sommes moins con-
vaincu que l'auteur, de la « preuve décisive « que le roi René lit
fondre des écus, de ce qu'il bailla un écu à certain fondeur; il pouvait,
ce semble, le lui « bailler » pour le remercier ou pour lui faire don.
Mais ces petites remarques ne diminueront pas le mérite de l'ouvrage
ji.i M. Arnaud d'Agnel; nous attendons le second volume avec impa-
tience, Joseph Denajs.
CaB'Siilaire de la cosiasti^anilevis de I%icSiei*e»«°3ie@ de
l'iirdro «l«i Teaiiple ( i 1 3©-l*-5B I}, publié et annoté par l8
marquis de Ripert-Moxclah, Avignon, Seguin; Paris, Champion,
1907, in-8 de clxiv-307 p. — Prix : 8 fr.
îl n'est personne tant soit peu au courant des études relatives au
moyen âge, qui ne sache quelle mine précieuse de renseignements
historiques de toute sorte on trouve dans les cartulaires. On ne
s'étonnera donc pas que la publication par M. le marquis de Ripert-
Monclar du cai-talaire de la commanderie de Richerenches, de l'ordre
du Temple, ait été particulièrement distinguée par l'Académie des
inscriptions et belles-lettres dans le concours des antiquités nationales.
Elle forme le tome I de la série intitulée : Documents inédits pour
ser^-'ir à l'histoire du département de Vaiicliise dans les Mémoires de
l'Académie de Vaucluse. Elle comprend 262 pièces du douzième siècle
et des premières années du treizième, auxquelles s'en ajoutent quel-
ques autres, publiées en appendice. Une ample Introduction nous offre
la moisson recueillie dans ces documents par la diligente érudition de
M. de Monclar. Elle est divisée en onze chapitres : I. Description du
manuscrit. Intérêt qu'il présente. II, Dignitaires ecclésiastiques.
ni. Les Suzerains. IV. Comté de Valentinois, V. Comtes d'Orange de
la maison de Nice. VI. Le Pays des Baronnies. VIL Seigneurs indé-
pendants de Montéhmar. VI IL Coseigneurs de Saint-Paul-Trois-
Ghâteaux.IX. Notes diverses sur la région. X. Renseignements sociaux:
L Etat des personnes. 2. Notes économiques. 3. État des terres.
Monographie d'une seigneurie sous le régime des partages successo-
raux. XI. Notes historiques sur l'ordre du Temple et la commanderie
de Richerenches. — ■ Cette simple énumèration suffit à justifier cette
assertion de M. de Monclar que le eartulaire de Richerenclies i> cons-
titue, pour l'éclaircissement du marquisat de Provence pendant le
Mai 1909. T. CXV. -29.
— 450 —
douzième siècle, un document de premier ordre ». Elle donne aussi
quelque idée de la ferme et patiente énei'gie de travail du vaillani
archiviste-paléographe, qui, après avoir longtemps servi, représenté h
France au dehors, revenant aux études de sa jeunesse, se montre,
aujourd'hui encore, le digne disciple de l'Ecole des chartes, d'oii
nous l'avons vu sortir, le 9 janvier 1865, le premier de sa pro-
motion. M. S.
lia i^orse dans l'askliquité et tSans le Itavtt iitœyeBE âge. par
Xavier Poli. Des Origines à Vexpuision ans Sariazins. Paris, Fon-
temoing, 1907, in-8 de xi-207 p. — Prix: 5 fr.
Jusqu'à présent, l'histoire des époques les plus reculées de la Corse
n'avait pas été étudiée. Il faut reconnaître que cette histoire est diffi-
cile à écrire, car, pour une période qui s'étend sur un grand nombre
de siècles, les documents sont bien rares et bien clairsemés. M. Poli
n'hésita pas à se mettre à la recherche de tous ces témoignages du
passé, et, grâce aux textes qu'il put recueillir et aux indications que
les commentateurs de ces textes purent lui fournir, il put donner une
étude intéressante sur ce sujet.
Les monuments mégalithiques (dolmens, menhirs, alignements, etc.)
trouvés en divers endroits de l'île prouvent qu'elle fut habitée dès
la plus haute antiquité. Les témoignages écrits, recueillis danslasuite,
nous apprennent que la Corse fut occupée successivement par des
Libyens, des Ibères, des Ligures, puis par les Phéniciens, les Étrusques.
les Phocéens et les Carthaginois. Les traces laissées par ces différents
peuples dans les coutumes et les noms de lieux permettent de se rendre
compte de la durée et de l'importance approximative de leur occupa-
tion. Pour l'étude de cette période, jusqu'à la conquête romaine, l'his-
torien est nécessairement obligé de se livrer à de nombreuses hypothè-
ses. En ce qui concerne la domination romaine, on a les témoignages
écrits de divers historiens, et, à partir de cette époque, les faits se pré-
cisent davantage. On n'a que fort peu de renseignements sur l'établisse-
ment du christianisme dans cette île; mais les documents relatifs aux
invasions des Barbares, aux relations de la Corse avec le Saint-Siège
à partir du vi*" siècle, et surtout aux incursions des Sarrazins, nous
font connaître suffisamment l'état de l'île jusqu'à la fm du xii<^ siècle.
Quelques appendices terminent ce volume fait avec soin et à l'aide
de bons travaux et de bons textes. J. \'i\rii.
lia ■•resse « oiaire r£:glii§e, par L -Cl. Delfour. Paris, Lelhieileu.'Ç,
s. d., in-12 de -.'iiL-416 p. — Prix : 3 fr. 30.
A'oici vraiment un bon livre, courageux et fort, et où les illusions
libérales n'ont laissé, grâce à Dieu, aucune trace. M. Delfour dit
— 451 —
franchement la vérité à tous, même aux amis, mais il n'a aucune
complaisance pour l'ennemi, et c'est do quoi il faut le louer Lien haut,
parce que c'est devenu aujourd'hui trop rare. Donc M. Delfour nous
parle d'abord De la Presse considérée comme un instrument de persé-
cution ou tout au moins de propagande antireligieuse; puis il dessine
Quelques types de journcdistes, les adversaires, puis les modérés; en
troisième lieu, il nous montre D'où la presse ennemie tire sa force, et il
nous fait voir que c'est de son intransigeance, de sa richesse, du se-
cours que lui fournissent les journaux étrangers, de l'art supérieur
avec lequel elle pratique l'ofTensive, enfin de sa doctrine; et de ces
considérations, il fait jaillir des leçons dont nous devrons tirer profit,
pourvu que nous ayons une claire conscience de nos devoirs. La lec-
ture du livre de M. Delfour contribuera à nous la donner. La forme
en est un peu rude peut-être, la composition un peu fragmentaire;
mais le fond est solide et la documentation abondante, et aussi les
idées nettes et sûres et l'accent d'une belle combativité. Le volume
est intéressant et instructif; il peut et doit faire beaucoup de bien,
pourvu seulement que nous voulions et sachions en tirer profit. L'au-
teur a bien rempli son devoir : faisons bien le nôtre.
Edouard Pontal.
Précis «le l'al'Srtîi-e Oïpejlsi.*, par Henri Dutraît-Crozox. Paris,
Nouvelle Librairie nationale, 1909, in- 16 de xvi-812 p., reliure peau
souple. — Pi i\ : 6 i'r.
La lecture de ce livre permet de mesurer la place qu'a tenue l'affaire
Dreyfus dans notrj vie poHtique. Même réduit à un simple exposé des
faits, le récit de ce célèbre épisode d'histoire contemporaine suffît à
rempKr 650 pages d'un volume compact. Le procès de Paris, celui de
Rennes, les deux procès de revision, les multiples incidents qui ont
enchaîné ces quatre instances, ont défilé sous ri, s yeux dans les jour-
naux quotidiens. Mais qui pourrait se flattîU' d'avoir retenu tous les
détails de leurs péripéties, en dépit des passions qu'elles soulevèrent
au fur et à mesure qu'elles se déroulaient?
M. Dutrait-Crozon s'est proposé de reconstituer la suite des faits tels
qu'ils ont pu être connus du public par les iuform.ations de la presse.
Comme il l'annonce, son livre est un précis. Il ne vise nullement à
apporter des révélations sensationnelles, mais seulement à être exact :
chacune de ses assertions est appuyée d'un renvoi aux sources, et
presque toujours aux sources officielles. D'appréciations^ ii s'en
abstient le plus possible, préférant avec raison laisser la parole aux
faits. Je dois dire toutefois, pour indiquer les tendances de l'ouvrage,
que l'auteur ne croit pas à l'innocence de Dreyfus et qu'il voit dans
Esterhazy « l'homme de paille des juifs )>.
- 452 —
Comme conclusion, il j'oprndnit in extenso l'ari'êt de cassation du
12 juillet 1906, dont il réfute les considéi-ants, paragraphe par para-
graphe. Ment enfin un index alphabétique, qui occupe 114 pages et
contient les noms de plus de mille personnes ayant joué un rôle dans
le drame, avec renvoi aux feuillets du volume où sont relatés les
événements auxquels elles ont été mêlées.
Tel quel, ce hvre, dont d'excellents juges ont loué la méthode et la
limpidité parfaite, est susceptible de rendre de grands services aux
lecteurs de toute opinion. Ajoutons que, par une originalité, qu'a peut-
être suggérée un détail retentissant de l'Afiaire, il est imprimé sur
papier pelure : ce qui lui procure l'avantage de ne représenter, malgré
le nombre considérable de ses pages, qu'un très modeste poid?.
H. RUBAT DU MÉRAC.
Tlae Ednai'âian isiveufories for Bucl4iis«|liains!iBa*e, edited
hy F. C. Eeles, froin transcripts by the Rt:v. J. E. Ergwn, London,
Longnians, Green,, 1908, in-? cartonné de lii-157 p. — Prix : 26 fr. 25.
Ce volume, soigneusement édité, mais 'de prix peu abordable,
contient la liste des objets confisqués au temps de la Réforme, dans
chacune des églises ou chapelles du comté de Buckingham. Les '
inventaires, datant du règne d'Edouard \l, existaient on manuscrits
au British Muséum et au Public Record Office de Londres^ C'est là que
le Rev. BroNMi et M. Eeles ont été les transcrire et les collationner,pour
las belles collections documentaires de YAlcuiji Club, où figuraient
déjà des répertoires semblables sur le Bedfordshire et l'Hunting-
donshire.
h'Alcuin Club comprend exclusivement des fidèles de l'Église angli-
cane. L'institution a pour but de promouvoir l'étude pratique du
cérémonial liturgique, toujours en harmonie avec le Book of Common
Praye7\ De caractère high-Church et ritualiste, cette ligue croit trou-
ver, dans l'anglicanisme, la continuation légitime de l'ancienne
Église catholique d'Angleterre. Elle considère la Réforme comme un
pur accident, d'ailleurs funeste et déplorable : elle consacre ses géné-
reux efforts à en réparer les méfaits. Des documents comme ceux du
présent volume lui offrent des ressources précieuses, dans son entre-
prise de résurrection des coutumes ecclésiastiques antérieures à la
Réforme. Ce n'est pas sans émotion que le lecteur catholique constate,
dès les premières pages de la Préface, avec quelle franche netteté plu-
sieurs de nos frères séparés stigmatisent « l'œuvre de sacrilège et de
confiscation » (ivork of sacrilège and confiscation, p. m), accomplie
sous Henri VIII et sous Edouard VI. Yves de la Brière.
— 453 —
lia Hongrie au 1L'%J' siècle. Étude éeanomiciue et !«ociale,
par René Gonnard. Paris, Colin, 1908, in-18 de xu-400 p.— Prix : 4 fr.
Le titre paraîtrait ambitieux et les quatre cents pages du livre de
M. Gonnard ne parviendraient guère qu'à effleurer le sujet, si l'auteur
n'avait pas borné ses études aux seules questions agraires et écono-
miques, et encore, comme il le fait remarquer lui-même, les économistes
y trouveront bien des lacunes. Lacunes inséparables d'un aussi vaste
sujet que celui de l'agriculture dans une nation comme la Hongrie, et
dont on ne peut faire un grief à l'auteur qui a vraiment parcouru le
pays, — ■ au moins certaines régions, car pour la facilité de ses recher-
ches, il laisse un assez grand nombre de comitats à l'écart, — a vu
par lui-môme, a étudié, a comparé et a pu tirer des conséquences,
basées sur des faits.
Après avoir tracé le tableau des grandes régions de la Hongrie,
pays où 68 pour 100 des habitants vivent de l'agriculture, M. Gon-
nard aborde la question des voies de communication de ce pays
qui <(. semble prédestiné par la nature à posséder un magnifique réseau
circulatoire ».
Dans le chapitre consacré aux populations, l'auteur fait remarquer
que '( le Hongrois, non seulement aime sa patrie, mais encore est fier
d'elle. Il admire sa grande plaine et ne voit rien de plus pittoresque
que les montagnes de la Tâtra ou les rives du Balaton ». Le Hongrois,
fier de sa race et de son histoire, ne cache pas ses antipathies, et c'est
pourquoi M. Gonnard peut dire qu'il a constaté partout un état
d'esprit qui lui permet d'affirmer que « le souvenir des luttes de 1849
est peut-être plus vif chez les Magyars que celui des m^alheurs de
1870 chez nous ».
L'État est le grand initiateur en matière d'agriculture ; il intervient
le plus qu'il peut, sans se laisser arrêter par les arguments de l'éco-
nomie libérale ou par les théories du droit naturel. C'est à Budapest
( non Buda-Pesth), au Musée agricole, qu'est centralisé tout ce qui se
rapporte à Tagriculture hongroise. L'enseignement agricole a atteint
un haut degré de perfectionnement, et la Hongrie a peut-être devancé,
à ce point de vue, la plupart des nations plus anciennement civilisées.
C'est à l'Université de Nagyszombat que les premiers essais d'ensei-
gnement agricole ont été faits dès 1630, et à l'École supérieure de
Sârospatak, en 1650. Transférée plus tard à Buda, l'LIniversité de
Nagyszombat eut, jusqu'en 1814, une chaire d'agronomie à laquelle
était annexé un champ d'expériences. En 1787, on y avait créé une
chaire pour létude des épizooties. La plus digne de remarque parmi
les anciennes institutions agronomiques fut l'École d'agriculture de
Keszthely, créée par le comte Georges Festetics, en 1797; elle possédait
un domaine superbe et un outillage remarquable.
— 4o4 —
D'une manière générale, dit l'autour, pendant la première période
de l'histoire de l'enseignement agronomique hongrois, les bases do
celui-ci ont été jetées par des particuliers; généralement par de grands
seigneurs poursuivant à la fois leur intérêt propre et l'intérêt national.
L'enseignement ménager n'est pas oublié, et l'Institut ménager de
Kassa, dirigé par les ursulines, est un établissement modèle dont les
programmes sont compris de façon à former, pour les familles de la
haute bourgeoisie, des fem^mes du monde et des ménagères sachant
également tenir leur salon et diriger le département fém.inin d'un
domaine agricole.
En des chapitres distincts, l'auteur traite des grands domaines qui,
aujourd'hui, ne sont plus le monopole des seuls magnats, car quelques-
uns ont déjà passé entre les mains d'immigrés allemands, ce qui
alarme le parti national; de la propriété moyenne, puis de la petite
propriété dont r'étend:i(? ne dépasse pas le plus souvent soixante hec-
tares.
Les question^ relatives aux tiuvriers agricoles, à l'émigration
ru raie, aux associations agricoles, sont traitées avec le développement
nécessaire; de même le socialisme agraiœ qui ne remonte guère plus
loin qu'à l'année 1893.
Ayant examiné ces quostiens, l'auteur passe aux produits du sol;
les céréales, la vigne, les lorêts, les jardins et les vergers, les cultures
industrielles, etc., et il termine par la politique économique de ce pays
qui cherche à se créer une industrie nationale. L'État, adaptant à
notre époque la tradition de Colbert, crée des institutions spéciales,
favorise l'établissement d'industries nouvelles en Hongrie, encou-
rage les initiatives, accorde des exemptions d'impôts, des concessions,
etc. ,
M.Gonnard, quittant le domaine des faits strictement économiques,
essaie de fournir l'explication des grands faits politiques et il montr.-
la dcsalTection des Hongrois pour les Allemands, leur résistance au
germanisme et leur sympathie toujours croissante pour la France.
11 a raison d'insister sur ce point dont ont pu se cojivaincre tous les
Français qui ont visité la Hongrie. Son livre, bien documenté et d'une
lecture attrayante malgré l'aridité des chiffres qu'il renferme, ne sera
pas sans utilité s'il fait connaître, en France, ce sjnliment intéressant
à la fois les deux nations. E. H.
I>a Qsiestion «rOiieist «1e|iifii$ stes ori«|iiio.« jusîgii'à nos
jours, par Étiocard Driali.t, 4" éd., refondue, Paris, AScan, 1909,
"in-8 de xv-407 p. — Prix : 7 fr.
lia ISévoliation «urciiie, par Victor Bérard. Paris, Colin, 1909,
in-18 de 353 p. — Prix : 3 fr. 50.
li» Kéveîl «le îa T«irf|uio. études et acquis historiques, par Her-
— 455 —
cuLE DiAMANTOPur.o. Alexandrie, délia Rocoa; Paris, Le Soudier»
1909, gr. in-8 de xiv-380 p., illustré de 35 grav. — Prix : 8 fr.
l,a Turquie nouvelle et i'anvieii i*é§;iniie, par Joseph Dexais.
Paris, Rivière, 1909, in-8 de 96 p. — Prix : 2 fr. 50.
J'ai rendu compte (Polybiblion, t. LXXV, p. 150 et t. CIV, p. 258)
(les précédentes éditions de cet excellent ouvrage; j'ai dit tout le
bien que j'en pensais alors, et que je continue à en penser, car le livre
(le M. Driault est de ceux qui ne vieillissent pas. La présente édition
est refondue, mais il convient de dire que cette refonte ne porte que
sur les vingt dernières pages. Depuis 1905, la question d'Orient a
ihangé de face et une mise au point s'imposait. D'une main légère,
l'auteur a fait passer du présent au passé quelques-unes de ses con-
clusions ; il a atténué ses ardeurs franco-russes et supprimé les passages
où il égratignait nos bons amis d'Outre-Manche. Pour ce qui con-
cerne la révolution de Constantinople, M. Driault fait comme tous les
hommes de sens et prend une attitude expectante, sympathiquement
sceptique. Pendant qu'il imprimait, les événements ont encore marché:
c'est de l'ouvrage sur la planche pour sa cinquième édition.
— • AL Bérard a essayé, avec son indiscutable compétence, de
rechercher les causes profondes de la révolution ottomane. Dans un
premier chapitre, il remonte jusqu'aux origines de l'empire des sultans,
où les influences mongole, musulmane et byzantine se combinent et
constituent ce régime fait de violences soldatesques, de vénalité et de
servilisme qui n'a pas encore achevé do disparaître. Il fait voir les
essais de réforme de 1839 et de 1856 qui avortent et laissent subsister
la orruption et, comme on dit en Orient, les « mangeries ». Au
••hapitre II nous entrons dans les temps modernes : après la révo-
lution sanglante de 1875, Midhat-Pacha entreprend de nettoyer les
écuries d'Augias; il échoue, s'exile, et, dupe d'une feinte réconciliation,
il est étranglé en prison. La constitution qu'il a élaborée semble périr
avec lui. Le chapitre III nous fait assister à la lutte de la Russie et de
l'Autriche qui veulent, dans un zèle peu désintéressé, mettre fin aux
abus, sauf à profiter de la situation nouvelle; leurs rivalités laissent
Abd-ul-Hamid libre de gouverner par la terreur, et la guerre japo-
naise, en afîaibhssant les Russes, fournit aux Autrichiens le moyen
de regagner l'avance que le Tsar avait prise. Le dernier chapitre voit
entrer en scène les autres pays : mais, grâce aux divergences de vues,
aux jalousies, à certains compromis que M. Bérard stigmatise avec
indignation, la situation ne se modifie pas : les réformes, toujours
annoncées, ne se réalisent pas : ce n'est qu'un trompe-l'œil dont ne
sont dupes que ceux qui tiennent à être dupés. Tout aboutit logi-
quement à la révolution du 24 juillet 1908, et c'est à cette date
que M. Bérard s'arrête, jugeant que les événements postérieurs
ne sont pas encore du domaine de l'histoire.
— 456 —
— Telle n'a pas été ropinion de M. Diamantopulo qui nous raconte
la révolution de Gonstantinople. L'auteur est un Hellène d'Alexandrie
.qui a été à même de savoir bien des choses et qui appuie son récit de
nombreux documents dont plusieurs sont curieux. Les portraits qu'il
esquisse dos principaux personnages du drame sont très vivants, sans
qu'il poit possible do dire si les uns no sont pas flattés et les autres
poussés à la charge; mais on ne peut en faire reproche à celui qui écrit
dans l'émotion d'une victoire inespérée, surtout quand cette victoire
est celle de la liberté contre la plus odieuse des tyrannies. Sans doute,
certaines appréciations seront modifiées par les derniers événements
[derniers au moment où j'écris, avani-derniers quand ces lignes seront
imprimées) ,et il se peut que l'auteur soit amené à avouer qu'il a fait
preuve de beaucoup d'optimisme.
— J'en dois dire autant de M. Joseph Denais. Sa conférence, donnée en
novembre 1908, publiée avec des notes et des retouches en mars 1909,
risque de ne plus être au courant dans quelques semaines. Les événements
d'avril démentent lamentablement les considérations des pages 22 à 29,
d'où il résulterait que « ni leur nature, ni leur religion, ni le Koran, n
la Sonna{]Q dirais Sunna) ne font des Turcs des fanatiques intolérants»
Après l'échec des essais de réforme tentés en 1839, 1856 et 1876, essais qui
ont abouti à un retour de la plus sauvage barbarie, il paraît douteux que
du jour au lendemain l'empire turc devienne l'État le mieux policé d(
l'Europe. Le Sultan, qui pendant trente-deux ans a régné par l'espion-
nage et la délation, les concussions et les corruptions, les tortures et
les massacres, ne va pas, par la vertu magique de la constitution, de-
venir un autre saint Louis, et l'empressement avec lequel il a cédé
devant la force donne à penser qu'il ne recule que pour mieux sauter...
à la gorge des réformateurs. Il n'en est pas moins vrai que cette con-
férence contient des passages fort instructifs, en particulier quand elle
laisse voir derrière les Jeunes-Turcs un autre parti libéral, jacobins se
préparant à dépasser les girondins, dont l'action, encore mal définie,
donne cependant à réfléchir, et il y a là des rivahtés qui seront cer-
tainement exploitées; j'ai peur qu'elles ne présagent rien de bon poui'
la Nouvelle-Turquie. P. Pisani.
Claude Faucliot, éwèque cousttiiutionnel «lie Cal'vados,
dé|>ulé à l'AiKseniItlée législatiwe et à Ia l'oiGveiitioa»
(1944 1993), par J, Charrier. Paris, Champion, 1909, 2 vol.
gr. in-8 de xv-397 et 370 p., avec 16 grav. hors te.xte. — Prix: 15 fr.
Prédicateur de Cour, membre de la commune de Paris, évoque cons-
titutionnel du Calvados, député à la Législative et à la Convention,
guillotiné le 31 octobre 1793, l'abbé Fauchet fut victime de la Révo-
lution après en avoir été l'un des ouvriers les plus bruyants : il faut
— 4o7 —
savoir gré à M. i'abbé Charrier d'avoir su préciser les traii,s do cette
figure en quelque sorte symbolique.
C'était un homme de talent, instruit, maniant la parole avec une
facilité dont il abusait et la plume avec une verve qui lui coûta cher.
L'ancien régime eût fait de lui un évêque sans ses origines plébéiennes ;
c'est pour cela qu'il devint révolutionnaire, car il était ambitieux,
vaniteux même et nous trouvons là l'explication des contradictions
apparentes de sa vie. Le 14 juillet 1789, il fut envoyé en parlementaire
à la Bastille : de là à s'imaginer que c'était lui qui avait pris la fameuse
forteresse, il n'y avait c[.u'an })as; il le crut et arriva à le faii'e croire à
})as mal de naïfs, comme on en trouvait beaucoup à cette époque. — Il
fonde au Palais- Royal le Club social et cherche la régénération ûq la
France dans une association de l'Église et de la Franc-Maçonnerie. Le
club des jacobins, à qui il faisait concurrence, et qui alors était ro^lati-
vement modéré, s'effarouche de ses audaces et fait échouer douze fois
sa candidature à un siège d'évêque constitutionnel (tome I, p. 214),
notamment à Paiis et à Nevers, son pays natal. Pour ari'iver à l'épis-
copat, il fait la paix avec les jacobins et est élu à Bayeux. Mais alors
le jacobinisme évoluait; Fauchet y contribua pour sa part et eut à ce
sujet de retentissants démêlés avec les administrations encore royalistes
du Calvados. Il quitte donc sans regret son diocèse pour aller siéger à
la Législative, puis à la Convention. Dans la première de ces assemblées
il est un des orateurs les plus écoutés de la gauche : républicain de la
veille, il tonne contre le Roi et ses ministres et prononce des discours
enflamm'^s contre" les prêtres insermentés. A la Convention il est
dépassé; de plus violents que lui se font applaudir; lors du procès de
Louis XVI il essaie vainement de sauver la tête du Roi ; un mandement
qu'il publie contre les prêtres mariés lui fait perdre le peu qui lui
restait de popularité. Insulté, calomnié, on finit par le traiter de
royaliste, on essaie de faire de lui un complice de Charlotte Corday,
qui était sa diocésaine, mais qui le traitait d'intrus; finalement, on
l'englobe dans le procès des girondins qu'il avait toujours combattus.
11 va à la mort après avoir épanché dans le cœur de M. Emery l'aveu
de ses désillusions et surtout de son repentir. Il avait péché surtout
par inconscience : comme trop d'orateurs, il avait été dupe des belles
phrases que lui suggérait une imagination surchauffée; étourdi par
le spectacle des événements extraordinaires auxquels il s'était trouvé
mêlé, il paya cher son emballement.
C'est un excellent ouvrage que M. l'abbé Charrier publie sur ce
curieux personnage : admirablement documenté grâce à de patientes et
judicieuses recherches, aussi éloigné de l'admiration que tout bio-
graphe est tenté d'éprouver pour son héros que de l'hostilité que
pourrait inspirer une carrière en somme malfaisante, l'auteur a
— 458 —
(inmiiu' son siijot. Les esprits chagrins lui n'proclieroiit son impar-
tialité et son iiHhiloonee : d'auti'cs trouveront qne c'est précisément
là la qualité maîtresse de son livre, et que c"(st ainsi qu'il con-
vient d'écrire l'histoire. " P. Pisani.
CORRESPONDANCE
Nous recevons la lettre suivante :
14, Rue Jacques Taveau, Sens, le 5 mai 1909.
« Mojisieur,
(( On me communique le compte rendu qu'a fait de mon roman,
\ Immolé , dans le Pohjhiblion d'avril, M. Ch. Arnaud.
Au cours de cet article, reproduction avec quelques variantes
atténuées de celui auquel j'ai répondu dans V Univers du £0 avril,
M. Arnaud cite, en dénaturant d'une façon, grave le texte et
l'idée, une phrase ou plutôt un fragment de phrase qu'il emprunte
à la p. 184 du livre. Il s'agit de la chapelle des jésuites à Lyon
et de son faux luxe ornemental ; lo texte réel porte :
(( U habitacle du Christ déformé par des artifices de séduction...,
M. Arnaud veut avrir lu : L'habitude de déformer le Christ par...
(( 11 m/attribue ainsi : 1° une platitude; 2° une opinion sur les
jésuites vraiment monstrueuse dans un livre catholique.
(( Je vous prie donc, Monsieur, en vertu du droit de réponse, d'in-
sérer, à la même place que l'article de M. Arnaud, et dans le plus
procliain numéro du Polybiblion, la présente rectification.
« Veuil!ez agréer l'expression de ma consielération la plus distinguée.
Emile Raumann. »
M. Charles Arnaud, ayant eu communication de la lettre ci-dessus>
nous écrit :
« ... Cmument cette inexactitude a-t-ello pu se produire et
surtout être répétée ? Je ne me l'explique pas!
... Je n'essaierai donc pas d'amoindrir, par un plaidoyer quel-
conque, la satisfaction qui est duo à M. Baumann; mon seul regret
est de ne pouvoir l'égaler à mon devoir. Mais M. Baumann a du
talent; je T'ai dit, je le maintiens; je compte qu'il me fournira
bientôt l'occasion d'une entière et conjplèto îéparation.»
Asi vîustîème Siècle. Fi-î«nç:»îses selon l'É^'an^ile, pur la COintP.sSC
DK Flavigny. Paris, Lelhielh ux, s. d., in-12 de OS p. — l'rix : 0 fr. 50.
Je recommande à nos lectrices cette belle méditation sur les malheurs
de notre temps et sur les devoirs qui en résultent pour les femmes chré-
tiennes d'aujourd'hui. Dans un langage très élevé, Fauteur de tant d'ex-
cellents livres où se sont affermies et consolées la foi et la vertu de plu-
— 459 —
sieurs o'énérations, recherche et montre « quelle sera au xx'^ siècle la ma-
nière de conformer nos mœurs à la morale évangélique et de la répandre,
chacune selon son état et sa condition ». Le premier chapitre s'adresse
spécialement aux filles et aux veuves chrétiennes, le second aux épouses et
aux mères. Aux unes et aux autres, le pieux auteur enseio-ne l'art de rendre
la vie meilleure, plus bienfaisante et plus vraiment fécoi.de, et c'est aux
sources chrétiennes qu'elle en trouve le secret. 11 serait à souhaiter que
Iteaucoup de mondaines lussent ce petit livre, et qu'elles v apprissent à se
déprendre de tant de frivolités qui les détournent de la pratique des meil-
leurs et plus pressants devoirs. Ce livre, d'une inspiration supérieure, fera
du bien aux âmes en qui d allumera ou ravivera la flamme de l'apostolat
chrétii-n. \nus lu' souhaitons beaucoup de lectrices. Edouard Poatvl.
i.,a soij«f.î<in «le» «giie*itii>:i> t^ociitio!*. ou le Dècilogiie connu et obs'irvè;
son expos? cliir, précis, complet, avec un texte exact et des tab'eÀUv
parlants, par l'abbé L. de Cas.\major. Paris et Lille. Desclée, de
Bronwe;', 1908, inl8 carré de vni-199 p. — Prix » 1 fr. 90.
Passant en revue les commandements de Dieu et les commandements
de l'Église, Fauteur les accompagne, comme il le dit lui-même en sous-titre,
d'un exposé clair, précis, complet. A l'énoncé des préceptes, il joint des
anecdotes, qu'il a recueillies dans un but d'édification, et des illustrations
nombreuses. "Chaque chapitre se termine par une conclusion en f rnie do
résolution. On voit que ce bon livre est à la portée des hun.l.les. Miiis
M. l'abbé de Casamajor n'a pas tort d'espérer que ses ei).'-:r;ar.en.ents peu-
vent être utiles aussi aux grands, et à beaucoup de s?.\an!s.
J J.-A. DIS R.
I,"Kv;itsi :i' i<»ii «Iji >-<-V(-if,i 5 '«» j>.>»:«h|j; «Se» forèts, par A. ArNOULD.
l'an-, L^ivcdi'. l'.Ki^. in s 'le (j(i \). — l'.i\ : i Ir. 7.5.
Il est unanimement reconnu que, d'une ir.anière très générale, l'impôt pèse
sur les forêts dans une pnajortion excessive, comparativement aux autres
propriétés immobilières, au point que parfois la quotité de cet impôt dé-
passe le revenu même de la forêt. Des réclan^alions trop justifiées s'élèvent
de toute part à ce sujet, et c'est pour permettre aux propriétaires fores-
tiers de se rendre un compte exact du produit de leur domaine, de manière
à prouver le bien fondé de leurs réclamations, que M. Arnould a publié le
présent opuscule. Il a voulu, dit-il, « rendre claire une théorie quelque peu
abstraite pour quiconque n'est pas familiarisé avec le calcul des intérêts
composés et des annuités. »
Ce travail est divisé en trois chapitres. Dans la premier, Principes géné-
raux, l'auteur présente quekfues aperçus <le données techniques sur les di-
vers modes de culture forestière, qu'il appelle « parcelles types >; (bois feuil-
lus, linis résineux, taillis simples et composés, futaies pleines, sapinières
jardinées, etc.) et s'étend principalement sur le calcul des annuités et le
taux de placement, au moyen des calculs par les diverses appropriations
de la formule classique (1 -|- «) " — 1, dans laquelle t repré.sente le taux
de l'intérêt, et n le nombre d'années de la révolution.
L'application à V Evaluation du revenu foncier imposable des parcelles- types
forme le chapitre second. Là est faite l'application des principes généraux
aux différents cas de taillis simple, de taillis composé, de taillis fureté, de
futaies feuillues (cas très rare chez les propriétaires autres que l'Élal), de
futaies résineuses régulières ou pleines, de futaies résineuses jardinées, et en-
fin aux jeunes peuplements artificiellement obtenus (rebordements).
— 460 —
Le troisième chapitre, sous la ruljriqiie : Revenu du capital-bois, examine
le cas du revenu du capital représenté par le matériel sur pied d'une forêt
ou d'un massif, indépendamment du sol qui le porte, et de la plus-value
qu'acquiert ce capital par le fait de la croissance dudit matériel sur pied,
comme aussi de riiugmentation de revenu pouvant résulter d'un judicieux
aménagement.
Il n'est pas douteux que cet opuscule ne soit de nature à rendre éminem-
ment service aux propriétaires de bois en état de le bien comprendre et
de s'en pénétrer. On peut craindre, toutefois, que l'exécution n'ait pas entiè-
rement répondu aux intentions de Tauleur quant à la clarté et à la n isa à
la portée des esprits peu coutumiers du calcul algébrique.
D'autre part, M. A. Arnould se réfère fréquemment au Recudl métho-
dique des lois et règlements du cadastre, qu'il semble supposer connu de ses
lecteurs comme s'il s'agissait du code civil,, par exemple. Or, qui connaît le
Recueil rncthcdique, surtout quelques cinquante ans après que le cadastre est
terminé en France?
L'Évaluation du revenu imposable des forêts est incontestablement un
savant et solide travail; nous craignons seulement qu'il n'oblige ses lecteurs
à Un effort intellectuel pouvant en rebuter quelques-uns.
C. DE KiRWAN.
Le* Cro!sadcs, par Adrien Fortin. Paris, Blond, 190'.», in-12 de C'2 p.
(Colleclion Scicnc, cl Beliyion). — Prix : 0 fr. 60.
Tableau bien résumé des croisades. Après avoir fait connaître l'état de
rOrient au xi^ siècle, l'auteur consacre un chapitre aux causes et aux pré-
liminaires des croisades. Vient ensuite une histoire très succincte de cha-
cune des croisades. M. Fortin expose d'une manière très claire combien les
efforts des chrétiens pour conquérir le Saint-Sépulcre furent considérables
etcombien, hélas! ils furent inutiles, à cause des divisions trop souvent ré-
pandues dans l'armée chrétienne. Le dernier chapitre est réservé aux ré-
sultats des croisades. Si, au point de vue conquête, ils furent nuls, ils restèrent
considérables au point de vue politique, économique et commercial. L'Orient
et l'Occident se rapprochèrent et se comprirent mieux, et ce rapprochement
fut une cause de grands progrès pour l'Occident. Avec les croisades aussi,
1-3 moyen âge prit fin, et à, l'idéal religieux succédèrent les calculs pohtiques
et comm.erciaux. J. Viard.
Histoire du ontkïolîcSsme «mi i%.iij;;letc'i-i-c, par GaBRIEI. PLANQUE.
Paris, Bload, l'j09, in 10 de 127 p. (Collection Science et Religion). — Prix :
1 fr. 20.
Ce petit volume, qui atteste chez son auteur une connaissance appro-
fondie du sujet, est divisé en deux parties : la première s'arrête à Henri VIII ;
la seconde à l'année 1829, date du bill qui émancipe les catholiques
anglais. Le chapitre le plus important est intitulé : « État des esprits à
l'aïu'ore du xvi'^' siècle; « c'est là que l'auteur essaie de caractériser les causes
de la Réforme anglaise. Il n'admet pas que cette réforme « ait poussé dans
une nuit comme un champignon » (p. 82); mais il se défie beaucoup des
historiens « déterministes », auxquels il reproche « de plier trop souvent
les événements à leur thèse )> (p. 72). C'est entre ces deux extrêmes
qu'il essaie de trouver une solution moyenne, et ses conclusions sont de
nature à satisfaire les apologistes les plus exigeants. P.
— 461 —
Les Convertis «l'hser. Franrois Coppée, Ad. Relte, J.-K . Huysinans, Paul
BonrçfeA, Ferdinand Bi-unelière, par ALEXIS Crosnibb. Paris, Beauchesne,
19 H, iii-lO de V[i[-8U p. — i'rix : 1 l'r.
Ce petit livre fait partie de la collection Apologétique vivanlc et
il y fait vraiment très bonne figure. L'apologétique vivante est, je ne
dis pas la meilleure, mais probablement la plus efficace et la plus
féconde de tcaites les méthodes d'apologétique : tout au moins, plus
facilement accessible à la généralité des âmes, elle entraîne, par
l'évocation des bons exemples, les hommes très nombreux à qui ne
suffiraient pas les bonnes raisons. Ce qui ne veut pas dire d'ailleurs que les
bons exemples ne soient pas aussi dans une large mesure de très bonnes
raisons. Que des homnîes de la valeur intellectuelle de Coppée, de Retté,
de Huysmans, de Bourget, de Brunetière, aient fini, après des années
d'indifférence et même d'hostilité, par donner leur adhésion à la vérité
catholique et à la prendre pour règle de leur vie, c'est un argument sérieux
à l'appui de nos croyances cfui se sont imposées à ces grandes âmes, c'est
surtout un exemple bienfaisant, d'autant plus efficace qu'il nous vient de
plus haut. Et voilà la leçon que M. l'abbé Crosnier a voulu tirer de ces
conversions retentissantes, en analysant, avec autant de finesse que d'élo-
-quence, les raisons déterminantes de chacune d'elles et en traçant comme
leur courbe d'évolution, des inquiétudes du début aux certitudes et aux
joies de la victoire. Sur son chemin l'auteur rencontre un mauvais livre
fait précisément dans une intention contraire et ayant pour objet d'en-
lever toute valeur démonstrative à ces triomphes de la foi. 11 le discute et
le réfute avec autant de courtoisie que de vigueur et il conclut en remerciant
Dieu « qui, des chemins de l'erreur où elles s'étaient égarées, ramène de
hautes intelligences au chemin de la vérité, au foyer de l'Église catho-
licjue, pour être, à la fois, et un argument victorieux en sa faveur, et, dans le
combat, de très précieux auxiliaires ». Je recommande bien volontiers cet
excellent petit livre. Edouard Poîn'tal.
Une ﻫ'Ile Ame. llisto!i-c riit^nie do Jean <le Itocliex^ieille, par
Hen'ry Calhiat. Tours, Cattier, s. d., gr. in-8 de 303 p., avec grav. —
Prix : 2 fr. 50.
« Ce livre, dit l'auteur dans sa Préface, n'est pas autre chose que le por-
trait d'une âme, d'une âme naive et chrétienne, qui, presque tous les jours,
s'amuse à se peindre dans les pages de son journal. »
Le héros de ce beau livre mourut poitrinaire à vingt-cinq ans, vers 1880,
dans le château de ses pères, en Quercy. Il était tout à la fois homme d'esprit et
homme de cœur. Lapar.
Clïl^ UNIQUE
NÉCROLocrE. — M. Paschal Grousset, journaliste et écrivain, ancien
membre de la Commune, député de la Seine, est mort à Saint-Mandé, le
10 avril, à 64 ans. Né à Corte, en Corse, le 7 avril 1845, M. Paschal Grousset
vint étudier la médecine à Paris; mais, attiré par le journalisme, il débuta
dans VÉtendard, feuille bonapartiste, par des articles scientifiques, puis
passa au Figaro, où il publia des romans sous le nom de Léopold Virey,
et des chroniques sous celui de Docteur Blasius. Cependant, l'opposition
qu'il faisait à l'Empire le plaça bientôt aux côtés de M. de Rochefort, qu
en fit le rédacteur en chef de la Marseillaise qu'il venait de fonder. Il
— 462 —
collaborai!; à la môme époque au journal la Revanche. C'est à la suite d'une
violente polémique entre cette feuille et V Ai'enir de la Corse, organe du
prince Pierre Bonaparte, qu'eut lieu ce fameux drame d'Auteuil qui se
termina par la mort de Victor Noir, et dont les conséquences furent si
considérables non seulement pour M-. Paschal Grousset, qui avait provoqué
le prince, mais aussi pour l'Empire qui vit s'accroître dès lors Fagitation
républicaine. Après la révolution du 4 septembre, M. Grousset, qui avait
pris la direction de la Marseillaise, fonda, au moment de Finsurrection du
18 mars, trois journaux éphémères, V Affranchi, la Bouche de fer et la
Nouvelle République, et devint un des membres les plus actifs de la Com-
mune. Arrêté, après les succès de l'armée de Versailles, il fut condamné à
la déportation dans la Nouvelle-Calédonie. Le 20 mars 1874, il s'évada, en
compagnie de M. H. de Rochefort et réussit à gagner l'Angleterre, d'où
il ne put rentrer en France qu'après l'amnistie de 1881. Aux élections légis-
latives de la même année, il se porta candidat en Corse contre Emmanuel
Arène, mais échoua. Ce n'est qu'en 1892 qu'il se présenta de nouveau
devant les électeurs, et cette fois dans le département de la Seine. Il fut
élu et son mandat lui fut renouvelé aux élections de 1898, 1902 et 1906.
Il siégeait à la Chambre dans le groupe socialiste et fut un des promoteurs et
un des soutiens de la politique du ministère Combes. En dehors de sa colla-
boration aux journaux mentionnés plus haut, M. Paschal Grousset avait
publié sous l'Empire : Le Bilan de Vannée 1868, politique, littéraire, dra-
matique, artistique et scientifique (Paris, 1869, in-12), avec MM. Ranc, Casta-
o;narv et F. Sarcey; — La Conspiration du générât Malet, d'après les docu-
ments authentiques (Paris, 1869, in-12); — Les Origines d'une dynastie. Le
coup d'État de brumaire an VIIL Étude historique (Paris, 1869, in-12); —
La Régence de Décembrostein, vaudeville politique en cinq actes (Paris,
1869, in-o2): — Le Rêve d'un irréconciliable (Paris, 1869, in-18); — Le
26 octobre (Paris, 1869, in-18). Un seul de ses ouvrages, les Condamnés
politiques en Nouvelle-Calédonie, récit de deux évadés (Genève, 1876, in-8},
écrit en collaboration avec M. Jourde, rappelle le rôle qu'il a joué dans la
Commune. Pendant son séjom* en Angleterre, il avait envoyé au Temps,
sous le nom de Philippe Daryl, d'abord des correspondances anglaises»
puis des romans traduits de l'anglais, tels que Polly, la Légende de Godiva,
l'Enquête du Coroner, en 1877, et En Yacht, en 1879, ce dernier publié
plus tard en volume (Paris, 1890, in-4). Sous le même nom il a donné encore,
après son retour en France, les volumes suivants : La Vie partout (La Vie
publique en Angleterre,, les Anglais en Irlande, la Petite Lambton, etc.)
(Paris, 1884-1888, 4 vol. in-12); — Histoire de deux enfants de Londres
(Paris, 1891, in-8), etc. Sous le pseudonyme de Tiburce Morazy, il a com-
posé : Un Ménage royal. Chronique d'Angleterre (Paris, 1882, in-18), tra-
duit de l'anglais, Le Chef au bracelet d'or du capitaine Mayne-Reid, et
édité : Les Lettres du général Gordon à sa sœur, écrites du Soudan, avec une
notice historique et biographique (Paris, 1884, in-18), etc. Enfin, M. Grousset
qui, grand admirateur des mœurs anglaises, était devenu un des plus actifs
promoteurs de la réforme de l'éducation physique par les jeux sportifs,
a écrit sous le nouveau pseudonyme d'André Laurie, que lui avait imposé
son éditeur, J. Hetzel, toute une série d'ouvrages relatifs à la vie scolaire
et de romans d'aventures à l'usage de la jeunesse, parmi lesquels nous
citerons : Scènes de la vie de collège dans tous les pays (Paris, 1881, in-8 et
in-18) ; — Mémoires d'un collégien (Paris, 1882, in-8 et in-18); — Une Année
de collège à Paris (Paris, 1883, in-8) ; — Histoire d'un écolier hanovrien (Paris,
- 463 —
1884, in-8); — Tito le Florentin (Paris, 1885, in-8); — Autour d'un lycée
japonais (Paris, 1886, in-8); — Le Bachelier de Séville (Paris, 1887, in-8); —
Mémoires d'un collégien russe (Paris, 1889, in-8); — Axel Ebersen (Paris,
1894, in-8); — • L'Héritier de Robinson (Paris, 1884, in-4); — L'Épave du
C/yni/ua (Paris, 1885, in-4), avec Jules Verne;- — Le Capitaine Trafalgar
(Paris, 1886, in-8); — Les Exilés de la terre, Séléné and Company liinited
(Paris, 1888, in-8); — De New York à Brest en sept heures (Paris, 1889,
in-8); — • Le Rubis du Grand Lama (Paris, 1892, in-8); — Atlantis (Paris,
1895, in-12); — Les Chercheurs d'or de V Afrique orientale (Paris, 1899,
in-8).
— L'illustre romancier Marion Crawford est mort le 9 avril à Sant
Agnello-di-Sorrente, en Italie, à l'âge de. 55 ans. Frank Marion Crawford
(■tait né le 21 août 4854 à Bagni-di-Lucca, dans le duché de Lucques. Son
père était un sculpteur américain de grand talent. Elevé en Amérique, puis
en Angleterre, au Trinity Collège de Cambridge, il vint ensuite étudier le
sanscrit à l'Université de Rome et partit pour les Indes où, de 1879 à 1881,
il dirigea le journal VIndian Herald d'Allahabad. Il se rendit ensuite da
nouveau en Amérique, mais, en 1883, il termina cette vie errante en retour-
nant en Italie, où il se fixa définitivement près de Sorrente, sur les bords du
golfe de Naples. En dehors de son premier ouvrage, M. Isaacs, qui, publié
en 1882, avait attiré sur lui l'attention, c'est là qu'il a écrit la plupart de
ses romans, dont le nombre s'élève à une quarantaine environ, entre autres :
Le Docteur Claudius (1883); — L'Histoire d'une cure solitaire (1886); —
Le Crucifix de Marzio (1887); — Paul Patoff (1887), etc., etc. Marion
Crawford avait composé également un drame, Francesca da Rimini, qui
fut traduit en français par Marcel Schwob et joué en 1902 par Sarah Bern-
hardt.
— On annonce encore la mort de MM. Tabbé Félix Botton, chanoine
honoraire de Lyon, ancien directeur de l'Institution des Chartreux, ancien
supérieur du petit séminaire de l'Argentière, mort au commencement d'avril,
à 83 ans; — Adolphe Bouit, administrateur du journal V Aurore depuis sa
fondation, ancien membre de la Commune, mort à Paris au milieu d'avril,
à 73 ans; — Auguste Bourceret, rédacteur à V Action, ancien rédacteur
de la Lanterne, et du Petit Méridional, membre de l'Association des jour-
nalistes parisiens, mort à Paris, au commencement d'avril; — Eugène
C.arriot, inspecteur honoraire d'académie, directeur honoraire de l'en-
seignement primaire de la Seine, mort à Paris, à la fin d'avril, à 80 ans; —
l'abbé CAS.A.BIANCA, curé de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, à Paris,
qui a collaboré à la Revue des questions historiques, à la Revue du Monde
catholique, à la Revue des études historiques et qui, indépendamment d'une
Histoire de Notre-Dam.e de Bonne-Nouvelle, a publié une importante étude
sur Christophe Colomb et divers ouvrages d'édification, mort à Arcachon
(Gironde), le 25 mars, dans sa 67^ année; — Gustave Clément-Simon,
auteur d'un grand nombre de publications historiques, parmi lesquelles
nous rappellerons seulement : Un Conseiller du roi François I^^. Jean de
Selves, premier président du Parlement de Paris, négociateur du traité de
Madrid (Paris, 1903, in-8. Extr. de la Revue des questions historiques);
Recherches de l'histoire civile et municipale de Tulle avant l'érection du Con-
sulat (Tulle, 1904-, in-8); Documents sur l'histoire du Limousin tirés des
archives du château de Bach, près Tulle (Brive, 1904, in-8) et la Comtesse de
Valon, Apollonie de la Rochelambert, souvenirs de sa vie, sa famille, ses amis^
ses correspondants (Paris, 1909, in-8), mort à Paris, le l"^"'" février
— 4IJ4 —
ilernier, à Tâge de 74 ans; — Chevaux, proviseur du lycée Hoche,
à Versailles, mort en cette ville, le 22 avril; — ^' Léon Derville,
professeur de clinique médicale et de dermatologie à l'Université catho-
lique de Lille, médecin à Fliôpital de la Charité, mort à LiUe, le 24 avril, à
50 ans; — François. Escard, bibliothécaire du prince Roland Bonaparte,
mort à Paris, vers le milieu d'avril; ■ — l'abbé de Foville, ancien élève de
l'École polytechnique, ancien directeur au séminaire d'Issy, directeur do
l'Ecole supérieure de théologie de Paris, qui a concouru à la fondation du
séminaire de l'Institut cathohque de Paris et de l'Université Laval de
Montréal (Canada), mort à Paris, le 11 avril, dans sa 70^ année; — M™'^
Marguerite Hébert, auteur d'ouvrages pédagogiques et notamment d'un
traité de prononciation française, morte à Londi'es, à la fm d'avril, à 59 ans;
— Georges Husson, auteur de trois pièces, dont l'une : Aux souffles du
printemps^ avait obtenu du succès sm' la scène du Nouveau Théâtre d'Art,
mort à Paris, le 24 avril, à l'âge de 29 ans; — B. Jacob, professeur aux
Ecoles normales supérieures de Sèvres et de Fontenay-aux-Roses, mort
à Paris, au commencement d'avril; — Pierre de Jonckheere, directeur
du journal le Kinéma, organe des cinématographes, mort à Paris, au com-
mencement d'avril, à 60 ans; — Georges Lefebvre, président de la Chambre
de commerce de Paris, auteur de nombreux mémoires sur les questions de
douanes et de voies de communication, mort à Cannes, le 25 avril, à 55 ans;
— le R. P. Portalié, de la Compagnie de Jésus, professeur de théologie
positive à l'Institut catholique de Toulouse, auteur de travaux remarquables
sur saint Augustin, mort- le 21 avril, à Amélie-les-Bains; • — le chanoine
QuiNAuLT, administrateur de la Croix du Nivernais, mort à l^âge de 70 ans;
— Alfred Robaut, graveur distingué, qui avait publié quelques ouvrages
sur des questions d'art, notamment : L'Œuvre complet d'Eugène Delacroix
Peintures, dessins, gravures, lithographies (Paris, 1885, in-4), mort à Paris,
dans le commencement d'avril, à 79 ans; — Rousselet, administrateur du
journal La Patrie, mort au commencement d'avril; — Paul Soleilhac,
rédacteur à VExpress de Lyon, ancien rédacteur en chef de la Gazette d'An-
nonay, mort à Vénissieux (Rhône), le 22 avril, dans sa 43^ année ; — Alexan-
dre ViTALis, membre correspondant de la Société des antiquaires de
France, mort à Lodève (Hérault), au commencement d'avril, à 53 ans,
lequel a publié : Une Page de l'histoire du diocèse de Lodève. Le Prieuré de
Saint- Michel de Grandmont (Montpellier, 1896, in-4).
— A l'étranger, on annonce la mort de MM. Emil Arleth, professeur
de philosophie à l'Université autrichienne d'Innsbruck, mort en cette ville,
le 9 mars, à 53 ans; — Eginhard von Barfus, ancien officier prussien, qui
avait servi également dans l'armée que les Pays-Bas entretiennent dans
les Indes, mort dernièrement à Munich, à 83 ans, lequel a consigné ses
souvenirs de voyages dans un certain nombre de nouvelles telles que :
Vom Kap nach Deutsch- Afrika. StreifziXge nach einem Verschollenen. Der
reiferen Jugend erzaehlt (Stuttgart, 1886, in-8) et Durch aile Meere. Denk-
a-ûrdige Abenteuer einer jungen Matrosen auf seiner Erstlingreise (Stuttgart,
1889, in-8); — Sir Rowland Blennerhassett, écrivain anglais, mort der-
nièrement à Londres, à 70 ans; -^ la baronne Frieda von Bulow, femme
de lettres allemande, morte le 12 mars, à léna, à 55 ans, laquelle a laissé de
nombreux romans, entre autres : Einsame Frauen. Novellen (Berlin, 1897,
in-8); Wir von heute. Zwei Erzâhlungen (Dresde, 1898, in-8), et Anna Stem
Roman in 2 Biichern (Dresde, 1898, in-8;) • — Dr. Ernst Carlson, professeur
d'histoire suédois, mort dernièrement à Stockholm; — l'abbé Victor
■>
— 465 -
De MARTE AU, archéologue très distingué, ancien préfet de l'externat du
collège Saint-Quirin, à Huy (Belgique), mort à Vivegnis, le 9 avril, à l'âge
de 62 ans; — le comte Adalbert Dziedusvcki, écrivain allemand, auteur
d'ouvrages sur l'esthétique et la philosophie de l'art, mort dernièrement à
Vienne, à 61 ans; — Dr. Hermann Ebbinghaus, professeur de philosophie
à l'Université allemande de Halle, mort en cette ville, le 26 février, à 59 ans,
auquel on doit d'importants ouvrages, tels que : Grundziige cler Psycho-
logie (Leipzig, 1897, in-8) et Ueber eine neue Méthode zur Priifung geistlichen
Fàhigkeiten und ihre Anwendiing bei Schulkindern (Hambourg, 1897, in-8);
— Friedrich Elbogen, écrivain autrichien, mort à Vienne, le 15 avril, à
55 ans, lequel a publié, entre autres ouvrages : Ein Skizzenbuch (Vienne,
1895, in-8); Die neue Schule. Eine Gerichtssaalstudie (Vienne, 1898, in-8);
— le R. P. FiCHELET, de la Compagnie de Jésus, qui a exercé les fonctions
de régent et de professeur au collège Saint-Servais, à Liège, mort à Bruxelles,
le 26 avril, à l'âge de 42 ans; — Dr. Persifor Frazer, géologue américain,
mort dernièrement à Philadelphie, à 65 ans; — Wilhelm Frey, musicologue
autrichien, mort à Vienne, le 16 avril, à 75 ans; — Arthur Gamgee, le dis-
tingué naturaliste anglais, auteur de: Physiological Chemistry oj the Animal
Bodij (1893), mort le l^r avril; — Rudolf von Gottschall, écrivain et
romancier allemand, mort le 21 mars, à Leipzig, à 89 ans, lequel laisse un
grand nombre de volumes, entre autres : Bunte Bliithen. Gedichte (Breslau,
J891, in-8); Gedanken- Harmonie aus Goethe und Schiller. Leben und Weis-
heitsspriichc auf: den Werken (Leipzig, 1893, in-8); Eine diechterlicte. Erzaeh-
lung (Dresde, 1894, in-8), etc.; — Pierre Haeck, ancien directeur de l'École
industiielle catholique de Turnhout (Belgique), professeur à l'École moyenne
de C'?tte ville, mort à Turnhout, le 26 avril; — Dr. Rudolf Haug, professeur
de thérapeutique, pour les maladies des oreilles, à Munich, mort en cette
ville, le 15 avril, à 49 ans, auquel on doit entre autres volumes : Die Grund-
ziige einer hygienischen Prophylaxie der Ohrentzundungen unter besonderen
Berilcksicht der allgemeinen hygienischen Massnahmtn (léna, 1895, in-8)
et Ueber dos Cholestcatom der Mittelohrràume. Ein Ueberblick uebcr den
gegenivaertigen Stand der Cholesteatomfrage nebst einen eigenen neuen Beo-
bachtungen zur Genèse dieser Bildung (léna, 1895, in-8); — Dr. Julius von
Hautz, vice-président de l'Académie hongroise, mort le 27 mars, à Buda-
pest, à 79 ans; — Anton Hess, professeur de plastique à l'École technique
supérieure de Munich, mort le 12 avril, en C3tte ville; -^ Frederick Edward
Hulme, naturaliste et archéologue anglais, mort le 11 avril, à 68 ans, lequel
laissa de nombreux ouvrages de vulgarisation, notamment : Familiar Wild
Flowers \ Butterfly and Moths of the Country-Side; Natural History Lore and
Legend; The Principles of Ornamental Art Instruction in En gland; —
Henry Holdex ancien directeur de !'« Uppingham School » et de la
« Durham Grammar School », qui a fait paraître, en 1849, The Symbolical
Teaching of the Sanctuary et a contribué à la publication de la Sabrinac
Corolla, mort le 2 avril, à 94 ans; — Dr. William Jones, explorateur amé-
ricain, auteur de Mémoires relatifs à ses voyages, mort dernièrement dans
les îles Philippines, à l'âge de 34 ans; — Dr. Kielmeyer, écrivain allemand,
auteur d'ouvrages sur le droit, mort à Stuttgart, le 12 avril, à l'âge de
77 ans; — Ernst Klasing, éditeur allemand, mort dernièrement à Heidel-
berg, à 66 ans; — Stefan von Kotze, écrivain allemand, mort à Berlin, le
12 avril, à 40 ans, lequel a publié, entre autres ouvrages : Fern im Siid,
Australische Skizzen (Berlin, 1902, in-8) ; Der letzte Mann. Ein Cyklus (Berlin,
1902, in-8); - — Alexander Krakau, professeur d'électrochimie à Saint-
iMai 1909. T. CXV. 30.
— 'ir.6 —
Péiersbourg, mort dernièrement en cette ville; — Dr. Edouard Kufferath,
professeur de gynécologie à Bruxelles, mort en cette ville, le 4 avril, à 56 ans;
— Guillaume Lambert, géologue belge, mort à Bruxelles, le 22 février, à
92 ans; — M™^ Elinor Macartney Lane, femme de lettres américaine, qui a
écrit quelques romans devenus populaires aux États-Unis : Mills of Gnd
(1901), Nancy Stair (1904), et récemment : Katrine, morte peu de temps
après la publication de ce dernier volume; — Georg Lawerau, archéologue
allemand, mort dernièrement à Stettin; — David Lewis, écrivain anglais,
qui a consacré toute son énergie à lutter contre l'alcoolisme par la publi-
cation d'ouvrages tels que : Hislory of the Tempérance Mocement in Scot-
land; The Drink Problem; The Drink Trade, etc., mort à Edimbourg, le
13 avril, à 87 ans; — Dr. E. Loviagiiv, professeur de grec à Saint-Péters-
bourg, mort en cette ville, le 9 avril, à 87 ans; — Dr. Richard Mahrenholz,
historien allemand, mort dernièrement à Dresde, à 60 ans, lequel laisse
divers ouvrages la plupart sur des sujets d'histoire et de littérature fran-
çaises, notamment : Geschichte d£r ersten jranzoesischcn Révolution. Ihre
Entwickehmg bis zur Aufioesung des Convents, 1789-1795 (Leipzig, 1888,
in-8); Jean-Jacnues Rousseau. Lehen, Geistesentwickelung und Hauphverke
(Leipzig, 1889, in-8); Jeanne Darc in Geschichte. Légende, Dichtung auj
Grund neuerer Forschung (Leipzig, 1890, in-8); — D. A. Mansfeld^
auteur dramatique russe, mort dernièrement à Moscou ; — Dr. Karl Marold,
philologue allemand, mort à Kœnigsberg (Prusse), le 18 mars, à 59 ans; —
August Mau, archéologue allemand, ancien professeur du gymnase de
Gliickstadt, mort à Rome, ie 6 mars, à 69 ans, lequel était attaché à l'Ins-
titut archéologique allemand de Rome, et s'était fait connaître par de nom-
breux et excellents ouvrages sur la ville de Pompéi, tels que : Fûhrer durch
Pompeji (Leipzig, 1898, in-12) et Pompeji in Leben und Kunst (Leipzig,
1900, in-8); — le R. P. Hector Nimal, ancien professeur, à qui l'on doit
diverses études historiques et hagiographiques, mort à Saint-Trond (Bel-
gique), à l'âge de 59 ans; — Richard Owen, poète écossais, mort dernière-
ment à Glasgow; — Alexandre Perrochet, professeur de théologie, rec-
teur de l'Académie de Nauenbourg (Suisse), mort dernièrement en cette
ville, à 64 ans; — Alexander Ramsay, journaliste et écrivain écossais, qui
fut pendant 62 ans l'éditeur du Banfshire Journal et qui a publié divers
ouvrages sur l'agriculture et l'élevage du bétail en Ecosse, entre autres :
The Polled Herd Book, mort au commencement d'avril, à 87 ans; — Dr. Karl
VON Reinhardstoettner, le distingué romaniste bavarois, professeur
honoraire de langues romanes à l-'Ecole technique supérieure de Munich,
auteur d'une grammaire portugaise et d'une excellente édition critique des.
oeuvres de Camoens, mort à Munich, le l'5''a\Til. à 62 ans; — AntoninREZEK,
historien et homme d'État tchèque, à qui l'on doit, entre autres ouvrages :
UÉlection et le couronnement de Ferdinand I*^^ comme roi de Bohême (1877);
Histoire de la Bohême et de la Moravie pendant la période moderne., et qui a
publié de nombreux articles dans diverses revues tchèques et allemandes,
mort à Prague, le 4 février, à l'âge de 56 ans; — Ernst Otto Rodnagel,
musicologue allemand, mort dernièrement à Berlin, à 39 ans; — Dr. Fritz
Roemer, directeur du Musée d'histoire naturelle de Senckenberg, mort
dernièrement à Francfort-sur-le-Mein; — • Rentner Karl Roettgen, fon-
dateur du Musée des antiquités de la région du Rhin, mort dernièrement à
Bonn; — Dr. Paul von Staelix, directeur des aichives royales du Wur-
temberg, mort à Stuttgart, le 2 avril, à 68 ans; — Dr. HermannvoN Stahl,
professeur de mathématiques à l'Université allemande de Tubingue. moit
— 467 -
en cette ville, le 6 avril, à 65 ans; — Karl Straup, diiectenr du théâtre
d'Erfurth et auteur d'un certain nombre de comédies, mort le 14 mars, à
58 ans; — Frederick Strutt, le plus jeime fils de feu Lord Belper, archéologue
anglais, président de la « Darbyshire Archaeologica! and Natural History
Society «, auteur d'intéressants mémoires insérés dant le journal de cette
société, mort dernièrement à 66 ans; — Caspar Sturenburg, rédacteur en
chef de la New Yorker Staatszeitimg, mort dernièrement à New York, à
66 ans; — Algernon Charles Swinburne, poète anglais, mort le 10 avril, à
Putney (Londres), à 82 ans; — Charles de Trier, administrateur du
journal belge la Meuse, dont il dirigea longtemps la politique, mort à Spa,
le 13 avril, dans sa 79^ année; — Augustus Toeteberg, bibliophile et écri-
vain américain, mort dernièrement à 85 ans; — l'abbé Edouard Van
Cauwenberghs, vice-président du cercle archéologique d'Enghien, à qui
l'on doit plusieurs ouvrages historiques, mort à' Hérinnes-le'î-Enghien
(Belgique), le 6 avril, à l'âge de 81 ans; — le R. P. Arthur Van den Broeck
de la Compagnie de Jésus, ancien professeur à Bruxelles et à Aîost, sa ville
natale, fondateur du Bourdon de Pâques (De Paaschklok) qui avait pour
mission de rappeler à leurs devoirs les chrétiens négligeants et se tirait à
un nombre considérable d'exemplaires, mort à Alost, le 28 avril, à l'âge
de 39 ans; — Dr. Erns£ aus'm Weerth, archéologue allemand, ancien di-
recteur du Musée provincial rhénan, auteur d'ouvrages estimés, tels que :
Bad der roeinischen Villa bei Alleuz; Mosaikboden von St. Gereon zuCoeln;
Wandnialereien des christlichen MiUelalters zu Coeln, mort dernièrement à
Bonn, à 80 ans; — le vice-amiral allemand Reinhold von Werner, auteur
d'ouvrages se rapportant presque tous à la marine de guerre, tels que :
Deutsches Kriegsschijf in der Siidsee (Leipzig, 1889, in-8) et Deutsches
Kriegsschiffsleben und Seefahrkunst (Leipzig, 1891, in-8), mort dernière-
ment à Charlottenburg, à 84 ans; — Dr. Friedrich Wiekhoff, professeur
d'histoire de l'art à l'Université de Vienne, auteur d'importants ouvrages
dans lesquels il a montré quelle influence la littérature a eue sur l'inspiration
des artistes de la Renaissance, mort à Venise, le 7 avril, à 56 ans.
Lectures faites a l'Académie des inscriptions et belles-lettres.
— Le 2 avril, M. Héron de Villefosse décrit une inscription découverte par
le R. P. Delattre en Tunisie et relative à un secrétaire du Sénat romain
sous les empereurs. — . M. Cordier entretient l'Académie, d'après une lettre
du général de Beylié, du rétablissement du pèlerinage d'Angkor-Vat, dans
le Cambodge. — M. Delisle parle d'un manuscrit de la Bibliothèque vati-
cane exécuté pour Blanche de France, fille de Philippe V, cjui entra en
religion à l'abbaye de Longchamps, en 1318. — M. Monceaux termine la
lecture de son mémoire sur les donatistes. — M. H. Prost lit un mémoire
sur la forme primitive de la coupole de Sainte-Sophie de Constantinople. —
Le 7, M. G. Villain entretient l'Académie des falsifications que les reli-
gieux de Saint-Magloire firent subir à des documents royaux les concer-
nant. — M. Ch. Berger, commentant une inscription i>nnique relative à
une prêtresse du nom d'Annibal, fait remarquer que l'aspiration qui com-
mence ce nom est très adoucie quand il s'agit d'un nom de femme. — M.
Bernier parle d'un manuscrit épigraphique provenant de la collection de
l'intendant Foucault. — Le 15, M. Héron de Villefosse lit un rapport de
M. le curé de Sousse, sur des fouilles pratiquées à Hadrumète dans des
catacombes aut, efois occupées pai' les chrétiens. — M. Cagnat donne lec-
ture d'un mémoire de M. le docteur Carton sur une nécropole berbère
découverte "fen Tunisie. — M. Millet entretient l'Académie de l'emploi de
— 468 -
la croix par les iconoclastes, et d'une inscription relevée enCappadoce par
M. Grégoire. — M. le comte Paul Durrieu lit une note sur la Bible caro-
lingienne conservée à Saint-Paul hors les Murs. — Le 23, M. le clianoine
Uh'sse Chevalier lit un travail sur Claude Santeul, frère du poète Jean
Santeul et poète lui-même. — Mgr Scheer parle du poète syriaque Josepli
Khazai et de ses œuvres littéraires retrouvées à Keert, dans la Turquie
d'Asie. — M. Clermont-Ganneau lit un commentaire sur un monumeni
élevé à Delos à Astarté Palaistine au ii^ siècle av. Jésus-Christ. — M. Héron
de Villefosse parle, d'après les travaux de M. Ringelmann, de la panifica-
tion chez les anciens et démontre que le pain a dû être un objet de luxe tant
qu'on n'a pas connu les moulins à grand rendement de farine tels que ceux
découverts à Pompéi.
Lectures faites a l'Académie des sciences morales et politiques.
— Le 7 avril, M. Boutroux analyse le livre offert par M. Jacques Bardoux
et intitulé : Silhouettes d'Outre-Ma?iche. — Le même M. Boutroux lit un
chapitre de l'ouvrage de M. Frédéric Passy : Pour la paix. — M. Chuquet
raconte la camjiagne de 1793 contre les Espagnols dans les Pyrénées-Orien-
tales, sur le plateau de Peyres Tortes. — Le 24, M. Levasseur présente
la statistique des batailles livrées depuis 1748 jusqu'à nos jours. — M. Fré-
déric Passy continue la lecture de son travail sur la' création d'un ministère
de l'agriculture au xviii^ siècle et l'enquête faite à ce sujet par Vincent de
Gournay, intendant du commerce.
Agenda et annuaire des bibliophiles. — Les bibliophiles feront
bon accueil à 1 agenda et à l'annuaire que j\L G.-A.-E. Bogeng publie à
leur intention. L'Agenda [Taschenbuch des Bucherfreundes fur 1909. Niko-
lasse bei Berlin, Max Harrwitz, in-8 oblong de 159 p.) est un carnet des-
tiné à recevoir au jour le jour la mention des livres acquis par le collec-
tionneur. Ce carnet est précédé et suivi d'un double tableau 1° systéma-
tique; 2° statistique de la collection; le tableau systématique devant
fournir l'état des livres relatifs à telle ou telle section dont se compo.so
la collection (beaux-arts, Gœthe, etc.), le tableau statistique fournissant
un relevé des li\Tes, revues, etc. A la fin de chaque trimestre un feuillet
est réservé pour dresser le bilan do la collection. Le carnet se termine
par : 1° une liste d'adresse; 2° un état des reliures; 3° une liste de deside-
rata; 4° une autre des doubles; 5° et 6° un état des hvres empruntés ou
prêtés; 7° un état des suites; 8<* un état des défets. L"n appendice contient
des renseignements pratiques (indication de livres d'adresses, de biblio-
graphies, etc; notions sur le service postal, sur les monnaies, etc). —
L'Annuaire (Jahrhuch fur Bûcher-Kunde und - liebhaberhei. l^r Jahrg.
1906. Ibid., in-8 oblong de 140-xn p.) qui se présente comme un appen-
dice (Beilage) à l'Agenda, comprend une courte notice de M. Fedor von
Zobeltitz sur la Société des bibliophiles dont il est actuellement le prési-
dent et une esquisse par M. G.-A.-E. Bogeng de la science bibliophilique.
Cette esquisse, très clairement écrite, et dans laquelle sont condensées unp
masse de renseignements, avec de nombreuses références qui permettront
à qui le voudra de se documenter plus à fond sur chaque matière, rendra
les plus précieux services au collectionneur. Dans cinq chapitres, dont le
premier (I) forme introduction, M. Bogeng expose tour à tour (II) les
principes de la connaissance des livres; (III) le choix des livres; (IV) l'éta-
blissement et l'entretien d'une bibliothèque; (V) la reliure et les soins à
donner aux livres. Le collectionneur trouvera là l'es-sentiel de ce qu'il lui
faut savoir pour se diriger dans la formation et l'entretien de" sa collée-
— 469 —
tion. Les termes employés dans le commerce des livres et dans l'industrie
de la reliure sont donnés non seulement en allemand, mais en français
et en anglais, et, à l'occasion, en italien; une règle pour la détermina-
tions des formats que l'on peut détacher et coller sur carton, accompagne
l'Annuaire, qu'orne un portrait de M. Fedor von Zobeltitz. L'impression
faite Hu très petits caractères est néanmoins très nette et excellente,
malgré quelques fautes typographiques (p. 52, Assalineau pour Asselineau;
p. 89, vermoude pour vennomde; p. 90, Anerard pour Quérard, etc.).
L'Annuaire de 1910 contiendra la suite du travail de M. Bogeng que nous
recommandons une fois encore aux bibliophiles, non seulement de l'Alle-
magne, mais de tout pays.
Paris. — Le PnhjhihUon a rendu compte en décembre 1907 (t. CX,
p. 484-485) de l'important ouvrage de M. André Marty : L'Histoire de
Jeanne d' Arc d'après les documents originaux et les œuvres d'art du xv^ au
\\i^ siècle. Ce recueil d'histoire et d'art était précédé et éclairé d'une
remarquable Introduction de notre très distingué collaborateur M. Marins
Sepet, dont quelques privilégiés seuls ont pu bénéficier jusqu'à présent. Il
n'en sera plus ainsi; car la voilà lancée dans le grand public sous le titre :
La Bienheureuse Jeanne d'Arc, son vrai caractère (Paris, Téqui, 1909, in-12
de 46 p. — Prix : 0 fr. 50). Nul ne connaît mieux l'héroïne française que
M. Sepet. Son travail fait ressortir avec autant de vigueur que d^ logique
les deux traits essentiels de la physionomie de Jeanne : sa réalité vivante
et son caractère surnaturel. Passant en revue les points capitaux de son
étonnante carrière, depuis sa mission jusqu'à son martyre, il nous la fait
voir telle qu'elle est, incontestablement divine et profondément vraie.
Il nous montre que tout en elle est historique et qu'il est absurde de parler
ici de légende. D'inspiration chrétienne et patrioticjue, cette suggestive
étude ne s'appuie que sur des faits certains et des textes authentiques.
Il faut remercier M. Sepet d'avoir, grâce à son petit livre, mis à même les
bons Français de pouvoir repousser en connaissance de cause, ies théories
perverses que certains écrivains ont récemment mises en avant à propos
de la vierge lorraine, qui restera toujours la plus pure gloire de la France.
— Le R. P. Eymieu a prononcé sur la Bienheureuse Sophie Barat, trois
panégyriques, à Montpellier, à Marseille, à Besançon, dans lesquels il a
exami^lié avec une compétence profonde, un rare bonheur d'expression : la
Fondaïrice, la Protectrice, et le Modèle. Parmi tous les discours donnés au
sujet t^es Triduum en l'honneur de la nouvelle « Bienheureuse » française,
ceux-ci, compteront parmi les meilleurs pour la forme et le fond. On n'en
saurait trop recommander la lecture; on trouvera cette plaquette, nu prix
de 0 fr. 75, à Lyon, imprimerie Paquet (in-8 de 71 p.). — Pour le premier
anniversaire de cette Béatification, le 25 mai, M. Geoffroy de Grandmaison
donne au public une vie nouvelle de Madame Barat. Elle paraît à la librairie
Lecoffre, dans la collection des Saints, et, pour aujourd'hui, nous nous bor-
nons à l'annoncer. La Bienheureuse Mère Barat (1779-1865), présente un
résumé complet et rapide de l'existence intime de cette grande religieuse;
ce petit livre très attendu insiste sur son rôle d'éducatrice, et donne une syn-
thèse vivante, tout àfait opportune, de l'éducation que les jeunesfdles reçoi-
vent dansles couventsduSacré-Cœur. Ce tableau intéresse tous les catholiques
et ofïve une réponse de premier ordre au problème du féminisme et de
l'instruction de la femme. M. Geoffroy de Grandmaison a puisé les éléments
de son étude dans les archives, les documents les plus probants du procès
de béatification; il a étudié de' très près les méthodes pédagogiques, les
- no -
livres, les papiers des religieuses du Sacré-Cœur et ses conclusions sont un
hommage rendu à ces femmes admirables que la persécution chasse de
France, mais qui ne se lassent pas de rouvrir des pensionnats; elles en
ont aujourd'hui 141 dans le monde entier et comptent 6500 religieuses.
— La question d'une langue internationale n'est pas, semble-t-il, près
de sa solution. Voici que les espérantistes, qui, jusqu'ici, avaient réuni les
adhérents les plus nombreux, commencent à se déchirer entre eux. Un
comité international, fondé en 1907, prétend imposer à l'espéranto des
simplifications (suppression des lettres accentuées, suppression de quelques
règles grammaticales, etc.). L'espéranto ainsi modifié s'appelle linguo inter-
naciona di la delegitaro (sistemo ido). A ceux que ces questions peuvent
intéresser, nous signalerons quelques tracts ou brochurettes : Délégatioiu
pour Vadoption d'une langue internationale. Historique, par MM. L. Couturat
et L. L?au (Paris, imp. Chaix, 1909, in-8 de 4p.); — Apprenez la langue
internationale! (Ibid., 1908, in-8 de 2p.); — Linguo inttrnaciona di dele-
gitaro {sistemo ido). Franca guidlibreto, par MM. Couturat et Leau (ïbid.,
1908, in-18 de 20 p.). — Enkhiridion o Manuhhro di Epikteto, traduit par
C. S. Pearson et L. Couturat (Paris, Delagrave, 1909, in-12 de 24 p.).
Bretagne. — M™^ Mai'ie-René Le Fur a fait paraître chez Bloud, pour
la Bibliothèque régionaliste, un charmant recueil de légendes bretonnes,
intitulé : Les Ames errantes (in-16 cai'ré de 103 p., avec quelques grav. —
Prix : 1 fr.). Elles sont empruntées au folklore de la presqu'île de Quiberon.
Toutes sont intéressantes par quelque endroit, surtout les deux dernières :
Kemeur et La Grande Côte.
— Un Comité s'est formé à Saint-Brieuc pour provoquer et préparer la
publication des monuments originaux du procès de canonisation de Charles
de Blois, duc de Bretagne. L'enquête de 1371 est un des documents les
plus précieux pour la connaissance de l'histoire politique, sociale et morale
de la Bretagne au xiv<^ siècle. Et les Bretons, fidèles à la mémoire du bon
duc, ne seront pas les seuls à se réjouir de cette publication. Pour la rendre
accessible à un plus grand nombre de personnes on se propose d'accompagner
les textes latins d'une traduction française en même temps que des notes
biographiques, généalogiques et géographiques éclairciront les difficultés.
Les souscriptions (30 francs) sont reçues chez M. Prudhomme, libraire à
Saint-Brieuc.
— M. P. Hémon, qui a déjà publié d'importantes études sur la Révo-
lution en Bretagne, vient de faire paraître une brochure intitulée : Le Deist
de Botidoux a-t-il trahi les députés Girondins proscrits)? (Saint-Brieuc, Guyon;
Paris, Champion, 1909, in-8 de 51 p.). Il nous avertit que c'est là un frag-
ment d'un ouvrage en préparation sur les députés Girondins proscrits en
Bretagne. Accusé par Louvet de les avoir trahis, lui et ses collègues, Botidoux
protesta, lors de l'apparition des Mémoires du fameux conventionnel, dans
une sorte de mémoire justificatif demeuré longtemps inconnu et retrouvé
dans la collection d'autographes de M. Gustave Bord. D'autre . part, M.
Hémon, s'autorisant d'une note de Louvet où le prétendu dénonciateur
est désigné non plus par l'initiale B mais par un L, croit pouvoir affirmer
qu'il s'agit d'un certain AUain-Launay, ou Launay tout court, dont il a
découvert dans les archives du Finistère une lettre où il dénonce, en effet,
les Girondins, au moment de leur passage dans les Côtes-du-Xord. Voici
déchargée d'autant la mémoire de Botidoux, personnage assez insignifiant
d'ailleurs.
Champagne. — L'Académie nationale de Reims nous envoie à la fois les
— 471 —
trois derniers volumes qu'elle a publiés de ses Travaux. Le premier (CXX®
volume de la collection. Année 1905-1906. T. II. Reims, L. Michaud, 1907,
in-8 de 397 p., avec 2 planches) ne renferme que trois mémoires et une
notice biographique. , C'est d'abord la Paroisse de Saint- Jacques de Reims
avant et pendant la Révolution, par M. l'abbé Em. Bouchez. Cet important
travail (p. 1-235) débute par une courte Introduction et un chapitre préli-
minaire sur les trois frères Savar (ecclésiastiques ayant vécu au wii^ siècle)
et dont l'aîné et le cadet furent tour à tour cm-és de Saint-Jacques. Puis il
se divise en trois parties, savoir : I. La Paroisse de Saint-Jacques de Reims
avant la Révolution. II. La Paroisse de Saint- Jacques de Reims pendant
la Révolution. III. La Paroisse de Saint-Jacques de Reims après le Con-
cordat. Outre des pièces justificatives, cette monographie comporte une
table des matières et un Index alphabétique; — Le Palais archiépiscopal
de Reims, du xiiie au xx^ siècle, par M. Henri Jadart : excellente étude,
accompagnée de pièces justificatives et complétée par une table des ma-
tières (p. 237-320, avec 2 planches); — U Ancienne Abbaye de Saint-Denis
de Reims [District, Grand Séminaire), ses bâtiments subsistants et leur
intérêt au point de vue de l'histoire et de Vart, par le même M. Henri Jadart
(p. 321-357, avec table); — enfin une notice sur Louis Pommery, membre
titulaire de V Académie nationale de Reims, par M. Paul Pellot (p. 359-386).
— Le volume suivant (CXXI. Année 1906-1907. T. \^^. Reims, L. Michaud,
1907, in-8 de 316 p.), s'ouvre par un curieux Discours d'ouverture prononcé
pai' M. le Dr A. Bourgeois, président, sur ^( les rapports de la musique avec
la médecine » (p. 1-18). Laissant de côté tout ce qui ne rentre pas dans la
catégorie des mémoires proprement dits, nous signalerons : Impressions
d'un passant à Berlin, de M. le D"" Colleville (p. 109-120); cette relation
n'est pas longue, mais elle est particulièrement humoristique : on trouve
là, entre autres choses gaies (p. 110), une recette de salade allemande,
capable de révolter l'estomac français le plus complaisant ; — • Un Essai de
crédit populaire en Champagne, par M. Paul Rozey (p. 121-142); — Du
Vagabondage des mitieurs, par M. A. Duval (p. 143-160); — Les Dernières
Nouvelles de la réforme orthographique, par l'abbé Haudecœur (p. 161-173);
— Les « Georgiques » de Virgile et l'Agriculture moderne, par M. Paul Mar-
guet (p. 175-187); — Une Figure rémoise ( Ahel le souffleur d'orgue), par
M. E. Kalas (p. 189-190); — Godefroy Kurth, par M. Lefort (p. 191-224);
— Histoire du département des Forêts, par M. Alfred Lefort, compte-rendu
par M. l'abbé Haudecœur (p. 225-230); — Deux Anciens Livrets de famille
à Reims et à Château- P or cien (1617 et 1748), par M. Henri Jadart (p. 231-
257); — Un Troisième Livret de famille rémois de 1567 à 1753, publié par
le même M. 'H. Jadart (p. 259-291); — La Procession de la Résurrection
fondée par le cardinal de Lorraine en l'église métropolitaine de Reims (1549-
1907) , encore par M. H. Jadart (p. 393-314). — Du tome CXXI, nous passons
au tome CXXIII des Travaux de l'académie nationale de Reims, par le
motif que le tome CXXII, « destiné au Répertoire archéologique du canton
de Bourgogne, ne sera publié qu'après les tomes CXXIII et CXXW ».
Et donc, ce tome CXXIII se compose comme il suitj Assistance des vieil-
lards et des infirmes, par M. le D^ Colleville (p. 87-97) ; — A propos d'un cours
d'histoire de l'art, par M. E. Kalas (p. 99-115); — Le Trésor de l'abbaye
de Saint- Pierre-les-Dames de Reims en 1690, par M. H. Jadart (p. 117-128);
■ — Le Bosphore, de la pointe du Serai à la Mer Noire (p. 129-136); — ■ Chro-
nique des bourdons et des cloches de Notre-Dame de Reims depuis un quart
— 472 —
de siècle (1882-1908), par M. H. Jadart (p. 137-147, avec une figure); —
La Théorie et Vhistoire du paysage de J.-B. Deperlhes, Rémois, peintre, his-
torien et critique d'art, d'après des documents inédits, par M. Cliamberland
(p. 149-166); — Rapport sur quelques ouvrages russes, par M.-R. de Bovis
(p. 166-173); — Note sur une trouvaille de monnaies du xv^ siècle faite à
Reims, rue Brûlée, près Saint- Marcoul, par M. Ad. Bellevoie (p. 175-188); —
Alexandre-le- Grand sur h Danube, sa première rencontre avec les Gaulois,
par AI. R. de Bovis (p. 189-233). — Documents inédits. Extraits des auto-
graphes de 1% Bibliothèque de Reims, du xvi^ au xix^ siècle, annotés et
publiés par M. Henri Jadart (p. 235 282 i.
Dauphiné. — • La Société dauphinoise d'ethnologie et d'anthropologie
Commence la publication du tome XV^ de son Bulletin. Nous recevons le
fascicule n°^ 1 et 2 de ce tome, lequel s'applique aux trimestres d'avril
et de juillet 1908 (Grenoble, imp. Allier frères, in-8 de 181 p., avec vignettes
et fac-similé d'écriture). A signaler : Un Mot sur les pierres à sculptures
préhistoriques, par M. L. Jacquot (p. 5 à 7); — Le Dauphiné inconnu. Les
S emi- Troglodytes de Chantemerle (Drôme), par le même (p. 8-10); — L'Oi-
sans, son avenir agricole et industriel, par M. Casimir Chalvin (p. 11-59,
avec 6 vues dans le texte); — Graphologie et psychophysique, par M. le
commandant Audebrand (p. 59-181), étude très importante, aussi inté-
ressante que curieuse. L'auteur a joint à ce travail 20 pages de fac-similé
de l'écriture de personnalités très diverses, connues ou célèbres, telles que
la comtesse Dash, Maxime du Camp, Barbey d'Aurevilly, Alphonse Karr,
Victor Hugo, Lamartine, A. Dumas fils, Cherbuliez, etc.
Fraxche-Coïité. — Du 13 au 16 du présent mois de mai, un Congrès
des Œuvi'es diocésaines se tiendra à Gray. Cette ville a été ainsi choisie
parce que Mgr l'archevêque de Besançon, en vertu d'une autorisation per-
sonnelle et d'une délégation spéciale de N. S. Père le Pape, couronnera
solennellement, le dimanche 16 mai, la statue vénérée de Notre-Dame de
Gray. Cette imposante cérémonie religieuse et le Congrès qui l'accompagnera
ont fait l'objet du mandement de carême de Mgr Fulbert Petit, archevêque
de Besançon, formant supplément au n» du 20 février dernier de la Semaine
religieuse de Besançon (Besançon, imp. Jacquin, 1909, petit in-8 de 32 p.).
« Parmi les cités de Franche-Comté dévouées à l'Immaculée Vierge, dit
Mgr Petit, la ville de Gray tient un rang d'honneur. Plusieurs chapelles
dédiées à Notre-Dame s'élevaient, dès les premiers âges, autour de la ville..
L'image virginale décorait la façade d'un grand nombre de maisons et
ornait beaucoup d'oratoires particuliers. Son sanctuaire de Notre-Dame
des Capucins fut le plus renommé. L'origino de l'image que l'on vénère
sous ce vocable n'est pas exempte de toute obscurité. Mais les récits con-
trôlés de la donatrice [Jeanne Bonnet, de Salins], une attestation officielle
du notaire Morizot, de Bruxelles [1613], des témoignages nombreux et
dignes de foi, une décision de l'archevêque de Besançon, Ferdinand de Rye,
et, surtout, de nombreux et éclatants miracles accomplis par son inter-
cession établissent son authenticité, sa glorieuse et bénigne influence. »
Après ce préambule, Mgr Petit fait l'historique de la statuette de Notre-
Dame de Gray et des miracles qui se produisirent, avec une telle précision
dans les détails, que son mandement doit être considéré, au moins par-
tiellement \p. 7 à 23',, comme une excellente et très intéressante page de
l'histoire du culte rendu à la Sainte Vierge en Franche- Comté.
Ile-de-Fraxce. — Nous mentionnerons ici avec autant de plaisir que
d'empressement, le tome XX des Mémoires de la Société archéologique de
— 473 —
Rambouillet (Versailles, imp. Auber t, 1908, in-8 de 543 p., avec 15 planches}.
Un peu plus de la moitié de ce volume est consacrée aux Élections à V As-
semblée législative de 1791 dans le département de Seine-ct-Oise, documents
publiés par M. E. Coiiard et F. Lorin (p. 1-277, avec carte). Cet ensemble
est divisé en trois parties : dans la première ont été léunis les lois et docu-
ments administratifs; la deuxième comprend les procès- verbaux des assem-
blées primaires; la troisième se compose des pièces relatives à l'assemblée
électorale de Versailles. Le tout se termine par une table des matières. —
Viennent ensuite : Notes sur Épernon (\i\^ siècle), par M. E. Ledru (p. 278-
:>15); — Les Huitième, neuvième et dixième Pardons d'' Anne de Bretagne à
Monlfort-V Amaury (centenaire d'Emile Souvestre) , intéressantes relations
anonymes (p. 316-424, avec 9 planches). L'auteur débute en faisant re-
marquer que le « centenaire du Morlaisien Emile Souvestre n'a pas été
célébré en Bretagne », et il ajoute, pour le contraste, évidemment, qu' « il
a été célébré le 27 mai 1906, à Montfort-l'Amaury, où l'on fêta superbement
la mémoire de l'auteur du Foyer Breton et des Derniers Bretons »; — La
Légende de saint Yves et les Peintres verriers, par M. Lorin (p. 425-440,
avec 3 pi.); — La Porte du cimetière de Montfort-V Amaury , par le même
(p. 441, avec 1 pi.); — Limours, contribution à son histoire, par le même
(p. 444-484); — ■ Madame de Sévigné est-elle venue à Rambouillet? par le
même (p. 485-496); — Une Œuvre présumée de Martin Claustre. La Statue
(V Antoine de Poysieu à Sainte-Mesme, par M. P. Beaufils (p. 497-501, avec
1 pi.); — L'Arrivée des mérinos d'Espagne et de perdreaux à Rambouillet,
sous Louis XVI, par M. Lorin (p. 502-508).
Poitou. — Le Dictionnaire historique et généalogique des familles du
Poitou, commencé par Henry Filleau, continue à paraître en deuxième
édition, grâce à l'activité de MM. Beauchet-Filleau et Maurice de Goutte-
pagnon. Le premier fascicule du tome IV (Poitiers, Société française d'im-
primerie et de librairie, 1909, gr. in-8 de 160 p.), qui vient de paraître,
comprend une partie de la lettre G (articles : Gauvain- Girard). Parmi les
notices qui s'y trouvent, on remarquera particulièrement celles de la
famille Gillier, issue de fonctionnaires financiers du xiv^ siècle, qui se sont
rendus célèbres par leurs concussions, — de Gilbert de la Porée, évêque
de Poitiers, philosophe du xii« siècle, — de Mgr Gay, théologien et orateur
de nos jours, — de Denis Généreux, notaire et soldat, auteur d'un Journal
historique (1567-1576), — des Gilbert de Voisins, magistrats distingués, —
(le Pliilippe Gentils de Langallerie (mort en 1717), général français passé
au service de l'Autriche, — des Gigault de Bellefonds^, dont un maréchal
de France, — de Gigost d'Elbée, le malheureux généralissime de l'armée
vendéenne. Dans la généalogie très détaillée qu'ils donnent de la famille
Gazeau, les auteurs ont omis de rappeler que la comtesse de la Bouëre (née
Le Duc), a laissé des Souvenirs sur la guerre de Vendée, qui ont été publiés-
Autant que possible, le Dictionnaire donne les armoiries des familles
dont il parle. Il est regrettable que les dessins héraldiques ne concordent
pas toujours exactement avec les descriptions cpi'ils accompagnent (Voir
les articles Gélinard, Genty de la Borderie, Gérard de la Guerenue, Gilbert
de Ghâteauneuf).
Savoie. — ■ Il est regrettable que nous n'ayons pas plus fréquemment à
signaler aux érudits les Mémoires et documents publiés par la Société savoi-
sienne dlnstoire et d'archéologie, dont le tome XXI de la 2® série, corres-
pondant au tome XLVI de la collection, vient de nous parvenir (Chambéry,
imp. V'''' Ménard, 1908, in-8 de xxxix-497 p., avec planches). En effet,
si l'on peut ]ngv.v les piihliralidiis de cette Société par le volume que nous
avons sous les yeux, leur intérêt est réel. Il n'y a là que quatre titres, mais
les sujets traités — les trois derniers surtout — ont de l'importance. Citons :
Michel Paccard et Jacques Balmat. Deux Portraits savoyards du wiii^ siècle,
par un aHiste alors savoisin, devenu général de VE>npire (Bâcler Dalbe,
Louis- Albert Guislain), par M. J. Cochon (p. 1-18, avec 2 reproductions); —
Documents pour Vhistoire de la Révolution en Savoie. Procès-verbaux de
r Assemblée générale des Allobroges. Procès-verbaux de la Commission pro-
visoire d'administration des Allobroges, publiés par MM.' François Vermale
et J. Blanchoz. T. I (p. 19-136). Il sera ultérieurement question de ce re-
cueil, qui nous est parvenu complet en tirage à part; — Le Prieuré d' Yenne,
suivi de Nouveaux Docwnents inédits sur sa léproserie {maladrerie d'En-
tresaix), par M. Jean Laplanche (p. 139-242, avec 2 planches); — Histoire
de r ancienne Chautagne depuis les temps les plus reculés jusqu'à la Révolution,
par M. Jules Masse. Première partie. Les Origines, les suzerains, les sei-
gneurs et les autres propriétaires du sol (p. 245-484,) avec une planche et
une carte).
Angleterre. — Le Book priées current, que la maison Elliot Stock, de
Londres, si connue des bibliophiles, publie régulièrement chaque année,
depuis 1887, est un répertoire précieux pour les collectionneurs, tn leur
permettant de se rendre compte des prix atteints dans les ventes par tel
ou tel volume. Malheureusement les recherches dans une série de volumes
annuels sont parfois longues et difficiles. C'est pour remédier à cet incon-
vénient que M. Stock avait publié un index général des dix premières années.
Il nous donne aujourd'hui un répertoire analogue pour la période décen-
nale suivante : Index to the second ttn volumes of book priées current, 1897-
1906 (1909, in-8 de xx-10.53 p.). Noms d'auteurs, d'éditeurs, de traduc-
teurs, d'artistes sont relevés dans cet index alphabétique; la date des
ouvrages ou diverses éditions d'un ouvrage répertoriés dans le Book priées
current est indiquée chaque fois que la chose est possible.
Belgique.— La publication faite par William Woodville Rockill en 1900,
pouz' Ls seuls membres de l'Hakluyt Society, du voyage de Guillaume
Rubrouck en Asie centrale, a inspiré à M. Henri Matrod l'excellente idée
de racpeler les mérites de l'envoyé de saint Louis auprès du khan Mangou
et de mettre en pleine lumière la valeur de sa relation. Il l'a fait, avec une
véritable piété et un très grand luxe de preuves, dans un excellent mémoire
inséré d'abord dans les Études franciscaines et ensuite tiré à part, où il
montre quelle place il convient d'assigner, dans l'histoire de la géographie,
à ce pieux et intelligent franciscain et avec quelle perspicacité, quel esprit
de suite, cet apôtre, au cours de sa longue et périlleuse chevauchée de Cons-
tantinople à Karakoroum, sut obéir aux instructions du roi de France et
mener à bien une véritable enquête scientifique. Aussi ne pourrait-on qu'ap-
plaudir à l'étude de M. jMatrod, si on n'y relevait, dans les dernières pages,
une appréciation quelque peu injuste; seuls, à l'en croire, les Anglais ont
apprécié et apprécient les mérites de la relation de Guillaume de Rubrouck
(p. 124). Pourquoi, dans ce cas, citer le texte original, le texte latin, de
Guillaume de Rubrouck, d'après l'édition donnée en 1839 par les érudits
Francisque Michel et Thomas Wright, dans le Recueil de voyages et de
Mémoires publiés par la Société de géographie de Paris, « qui est, au témoi-
gnage même de M. Matrod (p. 9, note 1), la meilleure »? Cette légère contra-
diction ne retire d'ailleurs au travail de notre auteur aucun de ses mérites;
aussi convient-il de recommander à tous ceux qui s'intéressent à l'histoire et
— '.75 —
à l'ethnographie de l'Asie, centrale le Voyage de Fr. GuiUaume de Rubrouck
(1253-1255) de M. Henri Matrod (Couvin, Maison Saint-Roch, 1909, in- 8
del27p. — Prix: 2 fr.).
Espagne. — L'étude de M. Joaquim Miret y Sans, intitulée : Viatges
del Infcmt en Père, fill de Jaime I ene eîs anys 1268 y 1269 (Barcel'ona, tip.
<'. FAvenç », 1908, in-8 de 28 p.), vient à point pour compléter et rectifier un
point de détail dans la vie de don Jaime le Conquistador, dont on a célébré
récemment le septième centenaire. A vrai dire, elle n'intéresse directement
que la Catalogne; cependant on sait que le midi de la France a voulu
s'associer aux fêtes de l'Espagne, et les rapports étroits qui unirent jadis
la Provence aux provinces ibériques voisines sont loin d'être oubliés
chez nous. C'est à ce titre que nous aimons à signaler la brochure de M. Mire
y Sans.
Italie. — La Bibliothèque universitaire de Catane, dans Fintention de
facihter, grâce aux prêts entre bibliothèques, Futilisation des instruments
de travail qu'elle possède, vient de publier une Biblfografia sistematica délie
pubblicazioni stranierc pervenute alla R. Biblioteca universitaria di Catania
(1899-1908), dressée par M. N. D. Evola (Catania, stab. tipogr. S. di Mattei,
1909, in-8 de 37 p.). Les accroissements ne portent pas seulement sur les
ouvrages parus pendant cette période de dix années, mais aussi sur des
ouvrages plus anciens et qui manquaient à la bibliothèque. En parcourant
cette liste, il nous a paru que les ouvrages ainsi acquis par la Bibliothèque
de Catane étaient généralement bien choisis; l'on peut simplement regretter
des lacunes imputables peut-êti-e au peu d'élasticité du budget. Dans la
section des revues, il semble que le côté purement scientifique soit repré-
senté bien largement, au détriment des disciplines historiques : nous ne
voyons pas mentionnée une seule grande revus historique, ni française, ni
étrangère.
Suisse. — ■ Le Bulletin de la Société fribourgeoise des sciences naturelles
Compte rendu 1906-1907, vol. XV (Fribourg, 1907, in-8 de 136 p., avec
2 portraits et 2 graphiques) contient, avec les procès-verbaux des séances
de 1906 et 1907, quelques articles intéressants, tels que : Pour notre
patrimoine hydrauliqus, par leproî. i. Brunhes; — La Fêté du centenaire de
L. Agassiz à Motier le 25 mai 1907 ; — Le Musée d'histoire naturelle de Fri-
bourg en 1907, par le prof. M. Mury ; — Das meteorologische Jahr 1907, von
prof. Dr. A. Gockel.
— Signalons aussi : Mémoires de la Société fribourgeoise des sciences na-
turelles. Botanique. II L Contribution à F étude de la flore cryptogamique fri-
bourgeoise. Die Bacillariaceen von Freiburg und Umgehung, 235 p., von
Dr Ed. Motschi (Fribourg, imp. Fragnière, 1907, in-8 de 235 p.). Cette
intére santé f tude commence p.ir un aperçu sur la faune des bacillariacae
de la Suisse t les caractéristiques des terrains explorés. Vient ensuite la
liste des esp ^ trouvées avec leur description, quand cela est nécessaire.
Indo-Chi-. — La section indo-chinoise de la Société de géographie
commerciale a pubhé,il y a quelques mois, le second fascicuJe de ses Annales;
on y trouvera, sur une partie de la Chine méridionale, sur la vallée du
Si-Kiang, deux études très consciencieuses. L'une est un examen, entrepris
au point de vue économique, de l'itinéraire Lang-Son- Canton, qui a été
déjà maintes fois paixouru, mais dont le réseau des voies de communica-
tions n'avait pas encore été Fobjet d'une investigation minutieuse; son au-
teu», M. Ch. B. Maybon, a mené à bien son programme et formulé sur les
— 476 ~
trois voies qui relient à la mer la vallée du Si-Kiang, des conclusions tout à
fait intéressantes; aussi convient-il de louer son excellent travail qu'ac-
compagnent des vues et quelques plans. - — Également digne d'attention est
l'exposé, dû à M. H. Deseille, d'un projet de voie ferrée entre Dong-Dang et
Na-Cham, puis Bin-Dao et la frontière chinoise, dans la direction de Long-
tcheou; par cette voie ferrée, le commerce français se trouverait deliniti-
vement implanté dans une zone qui doit lui revenir normalement, et que ses
rivaux ont seuls exploitée jusqu'à présent. Une carte du bassin du Si-Kiang,
à l'échelle du 1 : 2.000.000^', accompagne ce fascicule consacré à la Vallée
du Si-Kiang, et contribue à en augmenter la valeur (Annales de la Société
de géographie commerciale, section indo-chinoise : La Vallée du Si-Kiang,
Hanoï, imp. d'Extrême-Orient, 1908, gr. in-8 de 48 p., cartes et gravures).
États-Unis. — Le Rev. Alfred Mortimer, recteur de l'église protes-
tante épiscopalienne de Saint-Marc, à Philadelphie, connu aux États-Unis
par certaines interviews retentissantes contre l'encyclique et le Syllabus
de S. S. Pie X sur le Modernisme, a donné sur le même sujet une série de
conférences, lors du dernier carême. L'auteur d'une brochure intitulée :
Religious unrest. The way out ^New York, International Catholic Trutli
Society, 1908, in-8 de 48 p.), M. James P. Lafferty, avocat au barreau de
Philadelphie, assista à ces discours en qualité de reporter du Catholic
Siaudard and Times. Ses articles, particulièrement appréciés, furent ensuite
réunis en brochure. Il résume d'abord, en une page ou deux au ph'S, les
grandes lignes de chaque conférence, met en relief les objections les plus
outrageantes pour les catholiques; puis il y répond en un style nerveux,
avec une compétence avertie, réfutant victorieusement les assertions
imprudentes ou les erreurs de jugement dont le D'' Moitimer s'est rendu
coupable. Excellente méthodr", dont nous pourrions faire plus fréquemment
noti'e profit dans des cas analogues.
— D'après un nouveau règlement datant de janvier 1907, le rapport annuel
du Musée national des Etats-Unis, publié et relié à part depuis 1905, ne
contient plus que le compte rendu des opérations administratives de l'ins-
titution smithsonienne. Les communications qui avaient jusqu'alors paru
dans un même volume avec ce rapport et sous forme d'appendice sont depuis
publiées dans d'autres séries. En conséquence, nous ne trouvons plus dans
le rapport de Tannée finissant au 30 juin 1907: Report on the progress and
condition of the U. S. national Muséum for the year ending June 30, 1907
(Washington, Government printing Oflke, 1907, in-8 cartonné), que des
renseignements concernant l'administration, les constructions neuves, les
dépenses, les objets ajoutés aux collections, leur exposition dans les galeries,
les explorations entreprises avec les fonds de l'institution, la statistique
des visiteurs, les noms des employés, celle des livres, brochures, etc., reçus
ou expédiés, la liste des publications parues, etc., en tout 118 p. de texte
parfaitement rédigées. Les publications scientificjues parues à part depuis
janvier 1907 sont les suivantes : 1° The bamacles (cirripedia) contained in
the collections of the U. S. national Muséum, by Henry A. Pilsbry. Bulletin
n° 60, in-8 de x-122 p., avec xi planches hors texte et 36 fig. dans le texte.
C'est une description des cirripèdes de la collection du Musée national de
Washington par le conservateur des mollusques de l'Académie des sciences
naturelles de Philadelphia. La synonymie est soigneusement indiquée. Ce
travail ne traite que des cirripèdes pédoncules et sessiles de la famille des
Verrucidées. — 2° Contributions from the U nitcd Stalcs National Herharium.
Ce travail est publié dans le volume X et Tannée 1907 a vu paraître les
— 'i77 —
parties des n"» 4 et 5, l'année 1908 les parties 6 et 7. — Le fascicule 4 allant
(les pages 133 à 220 du vol. X est intitulé : (a) The leguminosae of Porto
Rico, by J.Perkins. Ce travail est une revision des légumineuses de l'île de
Porto-Rico, faite à Berlin par M*"^ J.-R. Russell Perkins aux frais du dépar-
tement de l'agriculture des E. U. d'Amérique. Elle y décrit 67 genres de
légumineuses donnant la synonymie. Il n'y a malheureusement ni figures
ni planches dans ce travail pourtant fort utile et intéressant; — - (h) Report
on the diatoms of the Alhatross voyages in the Pacific Océan, 1888-1904, by
Albert Mann. Ce rapport fait suite au précédent, allant de la page 221 à la
page 442 du volume X dont il forme le fascicule V. Il donne : 1° un cata-
logue annoté des genres et espèces de diatomées recueillies par la mission
scientifique embarquée sur V Albatros; 2° une liste des endroits où elles
furent recueillies et la date du jour; 3° enfin 26 pages de bibliographie com-
plètent cet excellent travail, illustré d'ailleurs par 11 planches de similigra-
vures des diatomées importantes vues au microscope avec en face l'expli-
cation et les dimensions; — (c) The cyperaceae of Costa Rica, by C.B. Clarke
forment le fascicule 6 du volume X faisant suite au travail ci-dessus et
allant de la page 443 à la page 472. C'est une description, sans planches
ni même figures, de 46 genres de cyperacées provenant de Costa Rica, faite
par M. C. B. Clarke en latin et traduite en anglais par le D"" E. L. Greene
après la mort du premier. La synonymie est soigneusement notée; — fd)
Studies of tropical american ferns n° \, by William R.Maxon. Ce travail fait
suite au précédent, allant de la page 473 à la page 508 du vol. X en ques-
tion. Il décrit quelques fougères nouvelles de la collection du Muséum de
Washington, entre autres V Asplenium salicifolium, le Diplasium delitescens,
V Aspleniiun inte gerriinutn VA. sarcodes et VHalodictymn finckii. Les 4 pre-
miers de Cuba le 5® du Mexique. Deux bonnes planches en similigravure
ajoutent beaucoup à la valeur de ce travail qui doit être continué par les
descriptions de fougères du Mexique, du Centre Amérique et des Indes
occidentales.
Publications nouvelles. — Le Cantique des cantiques. Commentaire
philologique et exégétique, par P. Joûon (in-8, Beauchesne). — La Vraie
Science des Ecritures, ou les Erreurs de la scolastique et renseignement officiel
de VÉglise sur le vrai sens de la Bible, par X (in-12, Annonay, Bonnard). —
Histoire des dogmes. II. De saint Athanase à saint Augustin (318-430), par
J. Tixeront (in-12, Lecoffre, Gabalda). — La Prescience divine et la Liberté
humaine. Réponses aux objections, par J. Siméon (in-12, Poussielgue). —
De Modernistarum doctrinis; tractatus philosophico-tlieologicus ad cleri
scholarumque penitiorem institutionem, auctore C. Carbone (in-8, Romae,
Desclée). — El Corazon de Jesûs y el modernismo , por el P. J. M. Aicardo
(in-8, Madrid, « Razon y Fe » ). — ■ Abrégé de théologie sociale, d'après les
grands auteurs, par le R. P. Dom L. Hourcade (in-8, Amat). — Asserta-mo-
ralia, por M. M. Matharan, S. J. (in-18, Beauchesne). — -De Minusproba-
bilismo, auctore L. Wouters (in-8, Lecoffre, Gabalda). — La Forme idéa-
liste du sentiment religieux. Deux exemples : Saint Augustin et saint François
de Sales, par M. Hébert (in-12, E. Nourry). — Les Miracles de N dtre-
Seigneur Jésus-Christ, exposés et médités avec un appendice sur les miracles
en général, par C. Lacouture (in-12, Beauchesne). — Aux Hommes du
monde. La Pratique de Vamour de Dieu, par l'abbé de Gibergues (in-18,
Poussielgue). — Correspondance de Monseigneur Gay, évêque d'Anthédon,
auxiliaire de Son Éminence h cardinal Pie. Lettres de direction spirituelle.
4« série (in-8, Oudin). — La Vierge Marie dans VÉvangile, lectures pour
— 478 —
le mois de Marie, le mois du Rosaire et les fêles de In Sainte Vierge, par
Y. d'Isné (in-32, Lethielleiix). — Les Merveilles de Massabieïle à Lourdes.
Apparitions, miracles, pèlerinages (in-32, Maison de la Bonne Presse). —
Voici cotre Mère. Entretiens sur la Très Sainte Vierge pour les enfants qui
se préparent à faire leur première communion, par l'abbé J. Millot (in-32,
Letlîielleux). — La Lumière du cœur. Les trois Moments de la vie. Les trois
Morales, par J. Serre (in-12, Lyon et Paris, Vitte). — Retraite spirituelle,
par J. Guibert (in-12, Poussielgue). — Vers les Cimes. Exhortations à un
jeune homme chrétien, par l'abbé Chabot (in-12, Beauchesne). — En che-
minant, par A. Besson (in-32, Lille, Société Saint- Augustin). — Maia ou
nilusion de la pensée occidentale. Introduction à la Raison mystique, par
A. L. Tradens (in-18, Messein). — Éléments tt notions pratiques de droit,
par H. Michel (in-18, cartonné, Colin). — Connaissances pratiques sur le
droit rural et le cadastre, mises à la portée de tous les cultivateurs, fermiers,
métayers, etc., par V. Cayasse et J.-N. Rabaté (in-18, Giard et Brière). —
Petit Dictionnaire de droit rural et usuel, par L. Lesage (in-12. Librairie agri-
cole de la Maison rustique). — Les Éléments •cartésiens de la doctrine spino-
zist^e sur les rapports de la pensée et de son objet, par A. Léon (gr. in-8, Alc«in).
— La Philosophie religieuse de S chleier mâcher , par E. Cramaussel (in-8,
Alcan). — Théorie fondamentale de Vacte et de la puissance ou du mouvement ,
le devenir, sa causalité, sa finalité, par Mgr A. Farges (gr. in-8, Berche et
Tralin). — Essais sur la connaissance, par G. Fonsegrive (in-12, Lecofïre,
Gabalda). — Histoire de la création des êtres organisés, d'après les lois na-
turelles, par E. Haeckel: trad. de l'allemand par le D"" C. Letourneau (in-8,
Schleicher). — Les Réflexions de Monsieur Houlette, notes sur Véducation,
par F. de Witt-Guizot (in-16, Perrin). — Causeries familières avec des jeunes
filles de la campagne sur V économie domestique, l'hygiène et Véducation des
enfants, par de Lavaur de Laboisse (in-18 cartonné, Bloud). — La Femme
dans la société, par L. Legavre (in-16, Mons et Paris, Édition de la « Société
nouvelle «). — La Révision douanière, par A. Huart (in-8, Giard et Brière).
— Le Marché financier américain et sa récente crise monétaire, par H. Schu-
macher; trad. de l'allemand par J. Lescure (in-18, Giard et Brière). —
Une Étude sur V apprentissage, d'après des documents toulousains. Essai de
philosophie sociale, par J. de Bonne (in-8, Paris, A. Picard et fils; Toulouse,
Privât). — La Vie sociale, la vie économique, par P. Lassale (in-16, Lyon
et Paris, Vitte). — La Vie ouvrière, observations vécues, par J, Valdour
(in-18, Giard et Brière). — Pourquoi nous sommes socialistes, par J. Noël
(in-16, Mons, Imp. générale). — Les Idées du père Rontemps, journal d'un
paysan, par A. Noël (in-12, Mons, édition de la Société nouvelle). — Le
Socialisme à V étranger. Angleterre, Allemagne, Autriche, Italie, Espagne,
Hongrie, Russie, Japon, États-Unis, par J. Bardoux, G. Gidel, Kinzo Goraï,
G. Isambert, G. Louis-Jaray, A. Marvaud, da Motta de San Miguel,
P. Quentin-Bauchart, M. Revon, A. Tardieu (in-16, Alcan). — Essai sur la
psychologie de la main, par N. Vaschide (in-8. Rivière). — La Magie dans
rinde antique, par V. Henry (in-12, E. Nourry.) — Traité de physique, par
O. D. Chwolson; trad. sur les éditions russe et allemande par E. Davaux;
édition revue et considérablement augmentée par l'auteur, suivie de Notes
sur la physique théorique, par E. et F. Cosserat. T. II, 3^ et 4^ fasc. (gr. in-8,
Herraann). — Traité complet d'analyse chimique appliquée aux essais indus-
triels, par J. Post et B. Neumann (in-8, Hermann). — Les Rovidés, par
S. Guéraud-de Laharpe (in-16. Laveur). — Les Engrais, par J. Fritsch.
T. 1 et II (2 vol. in-16, Lr.veur). — Mémento d'un jardinier-amateur, par
- 479 —
L. Chevreau (in-12 cartonné, Librairie agricole de la Maison rustique). —
La Nation armée. Leçons professées à l'École dîs hautes études sociales,
l)ar le g-'^ Bazaine-Hayter, C. Bougie, E. Bourgeois, le c"'= Bourguet, E.
Boutroux,. A. Croiset, G. Demeny, G. Lanson, L. Pineau, le c"" Poter,
F. Rauh (in-8 cartonné, Alcan). — La Manœuvre de Lorlanges exécutée
par le 13*? corps, le 12 septembre 1908, par le général Percin (in-8, Berger-
Levrault). — Le Costume en Provence, par J. Charles-Roux (in-16, Bloud). —
Théâtre contre la guerre. Scènes de guerre de tous les temps, par P. Lacombe
(in-6, A. Messein). — La Cage aux œufs d'or, comédie en trois actes pour
jeunes filles, par- C. Leroy- Villars (in-12, Haton). — La Dernière Farce de
Marfaillou.r, comédie en ?. actes pour jaunes gens,, par C. Leroy- Villars
(in-12, Haton). — Nuit d'Egypte, poème. Esquisses, par J. de Bère (in-16,.
Perrin). — Clochettes et Bourdons, par R. Huchard (in-16, Perrin). —
L'Écho des heures, par la c^esse de Salorges (in-12, Lemerre). — Moisson
d'étoiles, par T. -P. de Liuertat (in-12, Lemerre). — La Pâque des roses,
par Touny-Lerys (in-12, Mercure de France). — Les Jardins de Bade, bal-
lades des bords du Rhin, par G. Philippe (in-12, édition du Befïioi). — Les
Demoiselles de la Poste, par G. Bonhomme (in-16, Plon-Nourrit). — Les
Metteurs en scène, par É. Wharton (in-16, Plon-Nourrit). — Les Anxiétés
de Thérèse Lcsieure, par E. Bricon (in-16, Plon-Nourrit). — Sœur Marie-
Odile, par C. d'Ollone (in-16, Lemerre). ■ — Simone la romanesque, par L.
Trotignon (in-16, Perrin). — La Double Confession, par C. Le Goffn (in-16.
Nouvelle Librairie nationale). — La Caverne, par Bay Nys> (in-8, Baillière)/
— La Route choisie, par M. Debrol (in-12, Lethielîeux). — Les Féodaux, par
Y. Le Febvre (in-12, Stock). — Petite José, par P. Perrault (in-18, Henri
Gautier). — Le Mari de la veuve, par B. do Buxy (in-18, Henri Gau';ier). —
O Jeunesse! par M. Aigueperse et R. Dombre (in-18, Henri Gautier). —
Déserteur? par Florian-Parmentier (in-16, Gastein-Serge). — Études sur
l'humanisme, par F. C. S. Schiller; trad. de l'anglais par le D^ J. Jankele-
vitch (in-8, Alcan). — La Femme et l'amour au xii^ siècle, d'après les poèmes
de Chrétien de Troi/es, par M. Borodine (in-8, A. Picard et fils). — • Stendhal
et l'Angleterre, par D. Gunnell (in-8, Bosse). — ■ Wir Katholiken und die
deutsche Literatur, von H. Falkenberg (in-8, Bonn, Georgi). — ■ Littérature
anglaise, par W. Thomas (petit in-8, Larousse). — Régions et pays de France,
par J. Fèvre et H. Hauser (in-8, Alcan). — Dictionnaire topographique du
département du Pas-de-Calais comprenant les noms de lieu anciens et mo-
dernes, rédigé par le comte de Loisne (in-4, Leroux). — La France dans
rOcéan indien. U Afriqwi orientale française, par E. Gallois (in-8, Paris, rue
de Mézières, 6). — Saint François d'Assise, sa vie et son œuvre, par J. Joer-
gensen; trad. du danois par T. de Wyzewa (in-8, Perrin). — Vie du vénérable
Jean Eudes, instituteur de la congrégation de Jésus et de Marie et de l'ordre
de Notre-Dame-de-Charité, par le P. D. Boulay. T. IV (gr. in-8, Haton). —
La Vénérable Anne-Marie Javouhey (1779-1851). Sa vie, ses travaux, ses
épreuves, par le chanoine I. Chaumont (in-8, Poussielgue). — Jeanne d' Arc,
d'après Anatole France, par J. Bricout (in-12, Lethielîeux). — Les Amies
de Jeanne d'Arc, par V.-D. Artaud (in-12, Beauchesne). — Les Reliques de
Jehanne d'Arc. Ses lettres, par le comte C. de Maleissye (in-12, Bloud). —
La Grande Révolution, 1789-1793, par P. Kropotkine (in-12. Stock). —
Autour d'un problème. Réfutation du livre de M. Joseph Turquan sur Louis
XVII, par O. P'riedrichs (in-18, Daragon). — Napoléon au printemps de
1807. Un tableau historique, par le comte H. zu Dohna; trad. de Tallemanë
par G. Douare (in-8, Champion). — Lettres de l'empereur Napoléon, du
— 480 —
l"^"" août au 18 octobre 1813, non insérées dans la Correspondance, publiées
par X... (in-8, Berger-Levrault). — Trente-cinq ans d'cpiscopat, par Mgr de
Cabrières (in-8, Plon-Nourril). — Les Écoles et renseignement de la théo-'
logie pendant la première moitié du xn^ siècle, par G. Robert (in-8, Lecoffre,
Gabalda). —Étude sur les relations de la commune de Lyon avec Charles Vil
et Louis XI (1417-1483), par L. Caillet (gr..in-8, Lyon, Rey; Paris, A.
Picard et fils). — ■ Le Nivernais et les Contes de Nevers, par R. de Lespinassc
T. L (in-8. Champion). — Za Politique religieuse de la République fran-
çaise, par A. Mater; publié par le Comité pour défendre à l'étranger la
politique religieuse de la France (in-12, E. Nourry). — Les Textes de la
politique française en matière ecclésiastique, 1905-1908, publiés par le Co-
mité pour défendre à l'étranger la politique religieuse de la France (in-12,
E. Nourry). — Le Bilan de notre marine, par J.-L. de Lanessan(in-16, Alcan).
— Sous les aigles autrichiennes. Souvenirs du chevalier de Grueber, officier
de cavalerie autrichien (1800-1820), publiés par son neveu^ Fr. von St...;
trad. de l'allemand avec une Préface et des notes par le capitaine de Ma-
leissye-Melun (in-16, Perrin). — En face du Soleil levant, par Avesnes
(in-16, Plon-Xourrit). — The Development of the English law of conspiracy,
by J. Wallace Br^-an (in-8, Baltimore, The Johns Hopkins Press). — Le
Roman de Lamartine , par L. Séché (in-16, cartonné, Fayard). — Interna-
tional Catalogue of scientific Literature. Sixth annual issue. L. General
Biology (in-8, London, Harrison; Paris, Gauthier-Villars). — hiternational
Catalogue of scientific Literature. Sixth annual issue. R. Bacteriology (in-8,
London, Harrison; Paris, Gauthier-Villars). — International Catalogue of
scientific Literature. Sixth annual issue. M. Botany (in-8, London, Harrison;
Paris, Gauthier-Villars). — International Catalogue of scientific Literature.
Sixth annual issue. C. Physics (in-8, London, Harrison; Paris, Gauthier-
Villars). — Bibliothèques. Essai sur le développement des bibliothèques pu-
bliques et de la librairie dans les deux inondes., par E. Morel (2 vol. in-S,
Mercure de France). Visenot.
Le Gérant : CIIAPUIS.
Imprimerie pulyglulle Kk. Simon, Keimes.
POLTBIBLION
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE UNIVERSELLE
JURISPRUDENCE
Mariage et Féminisme. — i. Le Mariage et le divorce de demain, par Henri Coulon
et René de Chavagnes. Paris, Flammarion, s. d., in-18 de viii-432 p., 3 fr. 50. —
2. Au cxur du féminisme, par Théodore Joran. Paris, Savaete, s. d., in-8 de
xv-211 p., 3 fr. 50. — 3. Féminisme et Christianisme, par A.-D. Sertillanges.
Paris, Lecoffre, Gabalda, 1908, in-12 de 343 p., 3 fr. 50. — 4. Un Féminisme
aceptable, por el P. Julio Alarcôn y Meléndez. Madrid, s Razon y Fe, « 1908,
in-16 de 327 p., 3 fr.
Droit civil et Procédure. — 5. Traité de droit civil comparé, par Ernest Roguin.
Les Successions. Paris, Pichon et Durand-Auzias, 1908, 2 vol. in-8 de xxxi-503
et xni-414 p., 20 fr. — 6. Précis théorique et pratique de procédure civile, par
E. Glasson, avec le concours, au point de vue pratique, de P. Colmet-Daage.
2e éd., mise au courant de la législation et de la jurisprudence par Albert Tissier.
T. II. Paris, Pichon et Durand-Auzias, 1908, gr. in-8 de 966 p., 25 fr. (les 2 vol.).
7. Petit Manuel pratique des vices rédhibitoires et maladies contagieuses dans les
ventes d'animaux domestiques, par Louis Malnoury. Paris, Giard et Brière, 1909,
in-12 de viii-142 p., 1 fr. 50.
Droif public et administratif. — 8. Traité de droit public belge. Droit constitu-
tionnel. Droit administratif, par Paul Errera. Paris, Giard et Brière, 1909, in-8
de xii-821 p., 12 fr. 50. — 9. L'Impôt progressif en théorie et en pratique, par Edwin
R. A. Seligman; trad. par Ant. Marcaggi. Paris, Giard et Brière, 1909, in-8 de
ix-345 p., 10 fr. — 10. Guide pratique des- impôts (vérification, comparaison et
réclamations), par Henri Fayollet. Pari<î, Giard et Brière, 1909, in-18 de 100 p.,
1 fr.
Droit international. — 11. Curso elemental de derecho internacional publico é
historia de los tratados, por Luis Gestoso y Acosta. 2^ éd. Valencia, Domenech,
1907, 2 vol. in-8 de 533 et 244 p., 12 fr. — 12. Library of Congress. List of Réfé-
rences on international arbilration, compiled unter the direction of Appleton
Prentiss Clark Griffin. Washington, Government printing Ofïïce, 1908, sv.
in-8 de 151 p.
Ouvrages divers. — 13. Le Journal, sa vie juridique, ses responsabilités civiles,
par Georges Duplat, avec Préface de Louis Coosemans. Paris, Pedone; Bruxelles,
Dewit, 1909, in-S de 414 p., 7 fr. — 14. Code-manuel du chasseur, par Gaston
Lecouffe. Paris, Giard et Brière, 1909, in-12 de 192 p., 2 fr. — 15. Code-manuel
du cycliste, par Gaston Lecouffe. Paris, Giard et Brière, 1909, in-12 de 191 p.,
2 fr. — 16. Le Cinématographe devant le droit, par E. Maugras et M. Guégan.
Paris, Giard et Brière, 1908, in 18 de 142 p., 1 fr. 50.
Mariage et Féminisme. — 1. — On a beaucoup parlé, ce.s années
dernières, d'un « comité de réforme du mariage », qui s'était assigné
la tâche de préparer un projet de loi modificatif du code civil sur
tout ce qui regarde l'union conjugale. MM. Henri Coulon et René
de Chavagnes, dans leur ouvrage : Le Mariage et le divorce de demain,
nous offrent le résultat des travaux de ce comité. Le livre s'ouvre
par un chapitre destiné à montrer « la faillite de la démagogie ».
Les auteurs recommandent de ne pas omettre ce chapitre; ils ont
raison : c'est la meilleure partie de leur ouvrage. Nous y relevons
cette vue fort juste sur notre régime constitutionnel actuel : « Les
Juin 1909. T. CXV. 3L
pouvoirs exécutif et législatif sont liés de telle sorte l'un à l'autre
qu'il leur est également impossible d'échapper à l'oppression démago-
gique. Le pouvoir exécutif s'exerce dans la dépendance absolue du
législatif, lequel est lui-même resclave du suffrage universel, lequel,
à son tour est accaparé par les démagogues. \'oilà le cercle affreuse-
ment vicieux, voilà l'abime d'incohérence et d'aventures dans lequel
nous nous débattons depuis trente ans. » Pour nous tirer de cet abîme,
nos auteurs font appel à l'élite. Mais où est cette élite? Comment la
découvrir? A cette question, on remarquera qu'ils ne font aucune ré-
ponse précise. Ils semblent seulement nous présenter l'œuvre du
comité de réforme du mariage comme une intervention des intellec-
tuels et des penseurs dans une des matières où une réforme législa-
tive leur paraît nécessaire. Ces intellectuels et ces penseurs qui ap-
portèrent leur collaboration au comité sont tous cités et biographies
dans Touvrage. La plupart soiit des écrivains, des romanciers, tels
que ]\LM. Paul Adam, Henry Bataille, Jules Bois, Ai'mand Charpen-
tier, Lucien Descaves, Pierre Louys, Maurice Msetei'linck, Paul et
Victor Margueritte, Octave Mirbeau, Marcel Prévost, etc. Nous no-
tons un avocat seulement, M*^ Le Foyer, et trois magistrats, l'illustre
président Magnaud, son émule parisien M. Séré de Rivières et ^L
Sébastien-Charles Leconte, poète et président du tribunal de Dole,
puis quelques femmes de lettres ou féniinistes, M'^i^s Avril de Sainte-
Croix, Bertault-Séguin, Oddo-Deflou, Héra Mirtel, Jeanne Schmall
et Séverine. \'oilà certes une élite ! On ne nous donne malheureuse-
ment qu'une partie des délibérations du comité, et c'est dommage :
par ce qu'on nous montre, nous pouvons juger de ce que nous per-
dons. ^^^ici, par exemple, un petit dialogue qui a son prix :
M. Séré de Bh'ières. — La règle nouvelle doit être le mariage libre, et l'excep-
tion le mariage enregistré ou notarié. Point de célébration, point de consécration.
Jl/'oe Séi'érine. — Considéroris l'enregistreur d*s mariages comme un distribu-
teur automatique 1
M. Lucien Le Foyer. — Oui, mais n'y mettons pas de mauvaises pièces, sans
quoi nous commettrions une escroquerie. Il serait peu intéressant de favoriser des
actes illégaux.
Quelques discussions furent orageuses, notamment celle où un
membre du comité s'avisa de proposer d'établir, comme régime ma-
trimonial, « une nouA'elle forme de communauté où le mari serait
simplement administrateur des biens ». « Cette proposition, dit le
compte rendu, déchaîna une véritable tempête. Tous les représen-
tants du sexe réputé fort protestèrent avec indignation contre cette
nouvelle manière de perpétuer la puissance légale du mâle. » Le pro-
jet de loi proposé par le comité se trouve à la fin du volume. Hélas !
avouons-le, sa lecture a été pour nous une déception. De la collabo-
ration de tous ces hommes d'esprit, de ces romanciers et de ces poè-
— 483 -
tes, est sorti le document le plus banal, le plus dépourvu d'idéal qui
se puisse concevoir. Voici, à titre d'exemple, comment ce projet défi-
nit le mariage : « Le mariage est un engagement, qui est formé par
tout acte d'où résulte l'identité des contractants et leur volonté de
s'unir. » Cela ne ressemble en rien à la belle définition du juriscon-
sulte romain : consortium omnis vitae, divini et huniani jiiris commu-
nicatio. Quant à la manière dont le mariage se ferait, c'est presque
à la lettre le système du distributeur automatique proposé par M"^^ Séve-
rine : dans toutes les mairies, on délivrerait gratuitement des formules
imprimées que les futurs époux n'auraient qu'à remplir!,.. Inutile
d'insister. Si le Mariage et le divorce de demain est un livre d'apparence
grave et sérieuse, on voit qu'il est aussi, par ejidroits, fort amusant.
2. — Dans son nouvel ouvi'age : Au Cœur du féminisme, M. Théor
dore Joran nous dit que la plupart des membres du fameux comité
de réforme du mariage avaient quelque raison personnelle de détes-
ter le mariage. Ils étaient dans la situation du renard qui voulait
persuader à ses congénères de ne plus porter queue; on aurait pu
leur dire, à eux aussi :
Eh 1 tournez-vous, de grâce, et l'on vous répondra.
On pourrait le dire également à beaucoup de féministes. Daniel
Stern en a déjà fait la remarque : « Les femmes ciui ont été malheu-
reuses en ménage demandent le divorce; celles qui aiment leur mari
veulent l'indissolubilité du mariage : voilà toute, leur logique. » M.
Frédéric Mas son, dans la belle Préface qu'il a écrite pour le livre de
M. Joran, dit à son tour que le féminisme, dans ses origines, « ne
dérive point d'idées, mais de passions, et de passions qui, pour ga-
lantes qu'elles sont, n'en sont pas plus avouables. » Notons aussi cette
juste observation de l'éminent académicien : « Le féminisme n'est
pas autre chose qu'une des formes de la doctrine anarchique, qui,
sur toutes les classes, sur tous les êtres de la société française, sur
toutes ses institutions, sur tout ce qui forme l-'essentiel de la nation,
s'étend avec la rapidité d'une épidémie. » Pour nous faire pénétrer
« au cœur du féminisme », M. Théodore Joran expose et critique les
idées de quelques féministes de marque, M'"^^ Cécile Renooz, Lydie
Martial, Nelly Roussel, Avril de Sainte-Croix, Madeleine Pelletier.
Il consacre aussi un chapitre à un précurseur du féminisme. Poulain
de la Barre, qui a publié au xvii^ siècle un discours sur l'égalité des
deux sexes. M. Théodore Joran avoue qu'il s'attache plutôt à dévoiler
les tares du féminisme qu'à en montrer les côtés avantageux. Mais,
dit-il, c'est exprès; il y a assez de gens, sans lui, pour en vanter les
beautés 1
3. — Au nombre de ces gens qui célèbrent le féminisme, on peut,
— 484 —
à la rigueur, ranger... M. l'abbé Sertillanges, professeur de philoso-
phie morale à l'Institut catholique de Paris. Dans les belles conférences
qu'il a publiées sous le titre : Féminisme et Christianisme, il se montre
très manifestement sympathique au mouvement d'émancipation
de la femme. Ce mot même d'émancipation ne lui fait pas peur. « Si
l'en entend, dit-il, par féminisme : premièrement, une lutte des sexes;
deuxièmement, un individualisme, un égoïsme pour femmes, et, enfin,
une tendance à supprimer la division du travail humain en écartant
la femme des rôles familiaux pour la jeter, ex aequo avec l'homme, dans
la vie publique, alors nous ne sommes pas féministes. Mais si, par
féminisme, on entend Témancipation de plus en plus effective de la
personne morale féminine, son développement en valeur, son appli-
cation enrichie à toutes les occupations en rapport avec ses aptitudes
et ses deyoirs, dans toute l'ampleur que permettent ces devoirs et
- que rendent hem'euses ces aptitudes, en ce cas, nous en sommes. »
J'avoue que ce passage me lais?e un peu d'inquiétude. Ce que
]\I. l'abbé Sertillanges réprouve est très précis; ce qu'il admet est un
peu vague, et, dans sa bienveillance pour ce qu'il appelle lui-même « le
89 féminin », il me parait aller quelquefois un peu trop loin. Ainsi,
il ne voit aucun obstacle à l'entrée des femmes dans les fonctions
publiques. Il invoque ce texte : « En ces jours-là, Débora jugeait Is-
raël. » Mais Débora était une prophétesse, et, en définitive, l'Écriture
ne nous montre qu'une Débora. Parce que Jeanne d'Arc a conduit des
armées, peut-on dire que toutes les femmes sont faites pour le métier
des armes?... Sur leur accession aux droits politiques, M. Sertillan-
ges ne se prononce pas très formellement. En théorie pure, il ne voit
rien qui s'y oppose; il demande seulement qu'on tienne compte des
contingences et de la résistance des mœurs, qu'on procède par étapes.
En définitive, il y est favorable. Mais c'est surtout dans la grave
question de l'organisation du foyer que l'éminent professeur nous pa-
raît faire de bien grandes concessions aux idées féministes. Tout en
reconnaissant que la famille doit être une, il admet qu'un temps pourra
venir où l'autorité sera partagée entre le mari et la femme; chacun
d'eux aura ses attributions. Comment alors le mari sera-t-il encore
le chef de l'épouse, comme le veut saint Paul? Comment concilier
cette nouvelle organisation de la famille avec le texte prescrivant
aux femmes d'être soumises à leur mari « en toutes choses »? S'il y a
désaccord et que chacun soit libre de faire à sa guise, où sera alors
l'unité de la famille?... Telles sont les objections sérieuses que nous
suggèrent quelques pages du livre de M. Sertillanges. Sauf cela, l'on
ne doit pas hésiter à dire que ce livre est le plus beau, le plus éloquent,
qui existe sur la question féministe. Dans un style à la fois familier
et imagé, nerveux et plein de délicatesse, l'éminent orateur démêle
— 485 —
merveilleusement tous les difficiles problèmes que soulève la situa-
tion de la femme. Les deux dernières conférences surtout, consacrées
à l'instruction et à l'éducation féminines, abondent en observations
fines et judicieuses et en conseils éclairés; elles méritent d'être lues
par toutes les personnes qui ont à élever des jeunes filles, et d'abord
par les pères et mères de famille.
4. — Qu'il y ait quelque chose de bon dans le féminisme, le R. P.
Alarcôn y Meléndez, de la Compagnie de Jésus, l'admet lui-même,
et le titre de son livre le proclame : Un Feminismo aceptable. Toute-
fois, le religieux espagnol est incontestablement plus rigide que
M. l'abbé Sertillanges. Il estime que la femme ne doit pas pénétrer
dans les magistratures, dans les offices publics; qu'elle ne doit pas
être électeur. Sur ce dernier point, dans une note, le R. P. Alarcôn
cite l'opinion du Souverain Pontife actuel. Dans une audience accor-
dée à Mme Camille \Mener, de Vienne, Pie X aurait dit : « Les fem-
mes électeurs ! les femmes députés ! les femmes membres d'un Parle-
ment L Ah ! cela non! Il ne nous manquerait plus que cela! » Au
féminisme révolutionnaire, qui prétend rendre la femme plus heu-
reuse en l'assimilant à l'homme, le R. P. Alarcôn oppose le féminisme
rationnel et chrétien, qu'il formule ainsi : « La femme sera d'autant
plus heureuse en cette vie et en l'autre qu'elle sera plus vraiment
femme et moins homme. « C'est surtout, d'ailleurs, en se plaçant au
point de vue espagnol, eu égafd à la religion, aux traditions et aux
mœurs de l'Espagne, que le P. Alarcôn étudie et apprécie le fémi-
nisme. II loue les écrits de M'^^ Concepciôn Arenal, qu'il appelle
« une célébrité méconnue », mais réfute cependant quelques-unes des
idées émises par elle, notamment celle de faire sortir les femmes de
leur foyer pour les lancer dans un apostolat religieux et social. D'a-
près le R. P. Alarcôn, la seule politique qui convienne à la femme,
c'est la politique du service de Dieu, dans la famille ou dans le cloître;
sa véritable mission est celle de la charité; son meilleur apostolat est
celui de la prière et du sacrifice. Ce féminisme-là est, sans contredit,
le plus noble et le plus beau; mais j'ai peur que ce soit justement
celui dont les féministes ne veulent plus!
Droit civil et Procédure. — ■ b. — ^ M. Ernest Roguin invoque,
avec juste raison, la haute portée sociale du droit de succession pour
motiver l'étendue qu'il a donnée à l'étude de ce droit dans son remar-
quable Traité de droit civil comparé. Deux volumes sont consacrés par
le savant professeur de Lausanne à la succession ab intestat; le troi-
sième, non encore paru, traitera de la succession testamentaire ou
contractuelle et des limites opposées à la liberté de tester. M. Ro-
guin insiste à maintes reprises sur cette idée fort exacte que le droit
d'héritage est un des liens les plis puissants de la famille, et il en
— 186 —
conclut naturellement que toute loi qui restreint ou relâche ce lien
est antisociale et anarchique. « Los législateurs bourgeois, dit-il, ne
se sont jamais opposés énergiquement, comme ils auraient dû le faire,
à la confiscation de leurs successions. Au contraire, ils l'ont toujours
admise plus facilement que l'élévation de l'impôt sur la fortune des
vivants, préférant ainsi la ruine de leur classe à la restriction de leurs
dépenses personnelles. La discussion de la dernière loi française
sur la taxation des héritages n'a rien été en comparaison de celle du
projet d'impôt sur les revenus, qui fait actuellement l'objet des déli-
bérations des Chambres. Lorsque les membres d'un groupe dirigeant
pratiquent une politique semblable, ils signent leur abdication et même
leur arrêt de mort. » M. Roguin reproche même aux catholiques d'a-
voir pactisé sur ce point avec les socialistes. Il n'a peut-être pas tort
pour quelques catholiques individuellement : on sait que certains
moutons se plaisent à fréquenter avec les loups, sans prévoir le sort
inévitable qui les attend. Mais il n'est pas exact, à notre avis, de dire
que « le christianisme, religion éminemment égalitaire et considérant
l'homme comme un individu porteur d'âme, non comme le membre
d'un groupe naturel dont le principe d'union le plus énergique est la
propriété, a toujours été et sera jusqu'à la fin l'ennemi de la famille »;
que « I3 chrétien conséquent ne saurait être le défenseur de la
propriété, et, en particulier, du droit de succession ». Entre le droit
ancien, qui, trop souvent, sacrifiait l'individu à la famille, et le droit
nouveau, qui pai'aît mettre son idéal dans l'union hbre, le christia-
nisme se place dans le juste milieu. Mais peut-on l'accuser d'être l'en-
nemi de la famille, lui qui proclame l'indissolubilité du mariage? Et,
quant à l'héritage, M. Roguin ne sait-il pas que tous les docteurs chré-
tiens s'accordent pour affirmer qu'il est de droit naturel?... Cette
boutade, un peu irréfléchie, du savant auteur ne doit pas nous em-
pêcher de reconnaître en lui un homme à l'esprit supériem*,
capable de s'élever au-dessus de préjugée anciens qui, par leur anti-
quité même, en imposent à un trop grand nombre de jurisconsultes.
C'est ainsi qu'il proteste avec énergie contre certains aphorismes
qui, trop longtemps, ont passé pour des axiomes, tels que l'impossibilité
de. faire un legs à une personne non conçue, de créer une fondation
par le même acte testamentaire qui y affecte des biens déterminés;
ces faux principes, on le sait, infestent encore notre droit français, au
détriment de la liberté testamentaire.— L'étudesystématique du droit
successoral, comme le remarque M. Roguin, est fort difficile à ordon-
ner. Les lois des différents peuples sur les successions sont très dis-
parates, et, quand on les rapproche encore des lois anciennes, notam-
ment de celles sur la dévolution des fiefs, qui eurent tant d'impor-
tance autrefois, l'incohérence paraît encore plus grande. Avant d'en-
— 487 —
trer dans le détail des différentes législations, M. Roguin a voulu
rechercher de quels principes généraux ell&s ont pu s'inspirer. Jus-
qu'ici on se bornait à dire que la dévolution de la succession ab intestat
était motivée sur l'affection présumée du défunt. M. Roguin pousse
l'analyse plus loin; suivant lui, trois idées peuvent inspirer le législa-
teur dans la réglementation des droits héréditaires: la. communauté
du sang, la proximité du degré de parenté et la représentation. « Un
successeur quelconque, dit-il, ne saurait se rattacher au de en/as au-
trement qu'en vertu d'un de ces faits naturels et généraux, suscep-
tibles d'être érigés en principes.» Cela est exact, et néanmoins il nous
semble que l'affection présumiîe doit intervenir aussi pour expliquer
certaines règles successorales, notamment la préférence donnée aux
descendants sur les ascendants à degré égal. Un système successoral
très en faveur aujourd'hui est celui dit « des parentèles» ; il consiste,
comme on sait, à déférer la succession aux parents issus des ascen-
dants les plus proches, d'abord aux descendants des père et mère, puis
à ceux des grands-pères et grand'mères, et ainsi de suite. Ce système,
combiné avec la représentation, est plus favorable aux jeunes géné-
rations. En revanche, il augmente le nombre des successibles et
■ par suite le morcellement des fortunes. Il a été adopté, non sans
d'importants tempéraments, par le code allemand et par le code
suisse. Certains juristes allemands ont soutenu que le système
parentélaire tirait son origine du vieux droit germanique. Dans une
intéressante incursion sur le terrain historique, M. Roguin soutient
que cette prétention, inspirée par le nationahsme, est bien loin d'être
démontrée. Le deuxième volume débute par l'étude de quelques insti-
tutions particulières, notamment du « homesteadt « nord-américain
et des « asiles de famille » organisés par le code suisse, mais dont le
succès paraît fort problématique. Ensuite, sous le titre de « Droits des
<îàtégories naturelles de successeurs », l'auteur expose la manière dont
la succession se répartit entre les différents groupes d'héritiers,
soit dans le même groupe, soit entre héritiers de groupes différents.
C'est cet exposé surtout qui permet de comparer les tendances diver-
ses des législations de chaque peuple. Quant à une tendance générale,
elle n'apparaît pas clairement. L'étude systématique des droits
des parents légitimes est suivie de celle de la place faite aux enfants
naturels. Ici M. Roguin constate une propension presque universelle
à augmenter les droits de cette classe de successeurs. Quant à lui,
il voit dans l'assimilation des enfants nés hors du mariage à ceux nés
d'une union légitime « le comble de la déraison ». La discussion à la-
quelle se livre sur ce point M. Roguin est fort intéressante; le savant
professeur réfute avec esprit toutes les considérations égalitaires,
sentimentales, « lacrymatoires », invoquées en faveur des enfants na-
— .188 —
turels; il montre qu'elles ne doivent pas prévaloir contre l'intérêt
moral et social qu'il y a à sauvegarder la famille légitime. Par une
véritable contradiction, tandis qu'on affaiblit le lien du mariage, on
tend à augmenter les droits héréditaires du conjoint survivant.
M. Roguin est bien d'accord avec la plupart des jurisconsultes moder-
nes pour approuver l'établissement entre époux de droits successo-
raux. Mais il préfère le système français, n'allouant au conjoint qu'un
droit d'usufruit, à celui du code allemand qui lui fait une attribution
de pleine propriété. Les dernières pages du volume sont consacrées
à l'examen de la question de la limitation du droit de succéder :
M. Roguin se retrouve ici en face des partis socialistes qui réclament la
restriction et même la suppression complète de l'héritage. Il déplore
les concessions que leur font trop souvent de pseudo-conservateurs.
6. — Nous avons déjà signalé la nouvelle édition donnée par
M. Albert Tissier, professeur à la Faculté de droit de Paris, du Précis
théorique et pratique de procédure civile, de M. Glasson (V. Polybiblion,
T. CXI II, p. 398). C'est un livre de haut mérite scientifique et de
grande utilité pratique. Le second volume, qui vient de paraître,
traite des voies de recours, des voies d'exécution, y compris les pro-
cédures d'ordre et de distribution par contribution, dos procédures
spéciales et, en particulier, de celle relative aux accidents du travail,
et, enfin, de l'arbitrage. Considérablement augmenté, mis au courant
de la législation et de la jurisprudence, et complété par une table
des matières très détaillée, l'ouvrage du regretté doyen de la Faculté
de Paris, bien qu'il ait été composé en vue de l'enseignement, ser-
vira peut-être encore plus dorénavant aux hommes d'affaires qu'aux
étudiants.
7. — Les questions de vices rédhibitoires et de maladies contagieuses
peuvent causer bien des soucis aujourd'hui aux cultivateurs. Des
lois nouvelles imposent des obligations rigoureuses : en cas de mala-
die contagieuse, une déclaration à la mairie et l'isolement de l'ani-
mal. La vente de cet animal est désormais interdite. Si elle a lieu,
malgré la défense, elle est nulle; mais l'acheteur n'a que quarante-
cinq jours pour en demander la nullité; trente jours même seulement
quand la maladie est la tuberculose. Lorsqu'il s'agit d'un animal at-
teint seulement d'un vice rédhibitoire, le délai pour agir est encore
plus court : neuf jours. Le juge compétent est tantôt le juge de paix,
tantôt le tribunal civil, tantôt le tribunal de commerce, sans parler
du tribunal correctionnel, qui a aussi son rôle. Bref, en cette matière,
tout agriculteur, tout possesseur d'animaux domestiques a besoin
d'être exactement renseigné; il le sera, s'il a soin de se munir du
Petit Manuel pratique des vices rédhibitoires et mcdadies contagieuses
dans les ventes d'animaux domestiques, de M. Louis Malnoury, qui
— 480 —
contient, outre les règles à suivre dans les diverses circonstances, les
formules des actes de procédure auxciuels il y a lieu de recourir.
Droit public et administratif. — 8. — « Liberté en tout et pour
tous », telle est la devise dont s'inspira en Belgic[ue le Congrès natio-
nal qui, après 1830, élabora la constitutioii du nouveau royaume. « Li-
berté en tout et pour tous », cet adage peut encore être cité aujour-
d'hui comme caractéristique des institutions belges. En lisant le
Traité de droit public belge que M. Paul Errera, professeur à l'Uni-
versité de Bruxelles, vient de publier, on est parfois tenté d'y voir,
non pas seulement l'exposé du régime gouvernemental d'une nation-
déterminée, mais le tableau idéal de la législation d'un pays libre.
Comme le montre M. Errera, les auteurs de la constitution belge se
sont appliqués à assurer, sous un régime monarchique, le plein exer-
cice de la souveraineté nationale. Pour cela, ils n'ont pas jugé utile
de proclamer de grands principes théoriques, comme l'avait fait la
Constituante française de 1789; ils ont mieux aimé chercher la garan-
tie des libertés publiques dans des dispositions précises et praticpies.
Ils ont vu, notamment, dans la séparation des pouvoirs, bien com-
prise, une barrière sérieuse contre l'absolutisme, et ils se sont efforcés
de donner au pouvoir judiciaire cette autorité qui lui a toujours fait
défaut en France. S'il est vrai qu'en Belgique, comme chez nous, le
pouvoir législatif est souverain dans son domaine, qu'il échappe à
tout contrôle et que les juges ne peuvent refuser d'appHquer une loi
comme inconstitutionnelle, du moins les tribunaux ont le pouvoir
d'apprécier la légalité de tous les actes du pouvoir exécutif. Le respect
des lois est ainsi imposé aux administrateurs non moins qu'aux sim-
ples particuliers. Estimant avec Montesquieu que « les lois qui éta-
blissent le droit de suffrage sont fondamentales, » les constituants bel-
ges avaient inséré ces lois dans la constitution. C'est pourquoi, en
1893, quand M. Bernaert voulut remplacer le régime électoral censi-
taire par le vote plural, la revision de la constitution fut nécessaire.
Suivant M. Errera, le vote plural ne serait qu'un acheminement vers
le suffrage universel pur et simple. Toutefois, bien que peu sympa-
thique au parti catholique qui a introduit la représentation propor-
tionnelle dans les élections politiques, le savant professeur considère
cette innovation comme heureuse et comme devant être appliquée
dans l'avenir à toutes les élections. A l'étude du droit constitution-
nel, M. Errera ajoute celle du droit administratif, il traite encore
notamment des impôts, de l'organisation de l'armée, des institu-
tions provinciales et locales, de l'enseignement, des cultes, des voies
et moyens de communication, du régime des eaux, du régime minier,
de la lé^slation sociale et de la propriété industrielle, littéraire et ar-
tistique. L'ouvrage se termine par un important appendice sur l'orga-
— 490 —
nisation do l'ancien Etat indépendant du Congo, récemment tran?-
fin'mé en C(flonie belge.
9. — De tout temps les gouvernements ont cherché à augmenter les
impôts. C'était déjà la principale préoccupation des seigneurs féodaux,
et c'est encore plus aujourd'hui le but visé par to-us les États démo-
cratiques. Un procédé qui paraît tout simple et qui plaît surtout à la
démocratie, c'est de taxer de plus en plus les riches et de demander
de moins en moins aux pauvres. C'est le système de l'Impôt progressif.
Que vaut ce système? M. Edwdn Seligman, professeur d'économie
• politique à l'Université de Columbia (New York), a consacré tout un
livre à ce problème, qu'il étudie en théorie et en pratique. Au mo-
ment où se discute en Fi'ance l'établissement d'un impôt global et
progressif sur le revenu, la traduction de ce livre, due à M. Mar-
caggi, juge suppléant au tribunal civil de Grenoble, présente une
réelle opportunité. On y trouve d'abord l'histoire de l'impôt pro-
gressif depuis l'antiquité jusqu'aux dernières appUcations qui ont
été faites de ce système par les nations modernes. L'auteur recherche
ensuite sur quels arguments la progressivité peut se baser. Il dis-
tingue trois théories principales : la théorie socialiste, qui prétend
employer l'impôt à corriger les inégalités sociales; la théorie compen-
satoire, qui voit dans l'impôt progressif un moyen de contrebalan-
cer les avantages dont jouissent les riches, notamment dans la répar-
tition des impôts de consommation; en troisième lieu, la théorie éco-
nomique, qui est double : elle consiste, d'un côté, dans le système
dit du bénéfice, d'après lequel le citoyen doit payer l'impôt en propor-
tion des services que lui rend l'État, et il y a, d'un autre côté, la théorie
des facultés, suivant laquelle chacun doit être imposé en égard à ses
moyens ou à ses capacités contributives. Chose étrange : ces deux idées
ont été adoptées tour à tour par les tenants de l'impôt propor-
tionnel et par le». défenseurs d^ l'impôt progressif; M. Edwin R. A.
Seligman en donne la preuve dans des appendices où il relate les
opinions des auteurs qui ont traité des contributions publiques dans les
différentes nations. Pour conclure, il estime qu'en se plaçant au
point de vue de la justice idéale, on est conduit à réclamer la progres-
sivité, mais que les difficultés pratiques de son application sont
presque insurmontables.
10. — En attendant que nous soyons dotés en France de l'impôt
global et progressif, le Guide pratique des impôts de M. Henri Fayol-
let peut encore rendre des services aux contribuables. Ce petit livre
indique pour chaque contribution et taxe les déclarations à faire à la
mairie, les formalités à remplir pour les réclamations; il sera apprécié
de tous ceux qui tiennent à se rendre compte de ce que contient
leur feuille d'impôts, avant de passer chez le percepteur.
- 491 —
Droit international. — 11. — Sous le titre de Curso ehmental
de dereclio internacional publico é hisloria de los tralados, M. Gestoso
y Acosta, professeur à l'Université de Valence, a publié le cours de
droit international qu'il fait déjà depuis de nombreuses années; il
vient d'en donner une seconde édition, revue et augmentée. L'ouvrage,
qui comprend deux volumes, est divisé en cinquante-six leçons. Il
s'adresse, comme tout livre d'enseignement, principalement aux étu-
diants; mais on peut le citer comme un excellent résumé de l'état ac-
tuel du droit des gens, et il se distingue par des qualités qu'on ne trouve
guère dans la plupart des traités du même genre que nous possédons.
Le professeur, franchement catholique, ne perd jamais de vue que le
droit international, comme toutes les autres branches de la science
juridique, a sa source dans le droit naturel; il estime que le droit et la
morale s'imposent, avec la même autorité, aux sociétés comme aux
individus. Dès ses premières leçons, il établit la réalité d'une société
internationale des peuples et démontre l'inexactitude de la théorie
hégélienne qui ne veut admettre aucune autorité supérieure à la
souveraineté de chaque État. L'idée de la société internationale est
née du christianisme; M. Gestoso rappeUe qu'elle a été affirmée par
les docteurs de l'Église; il en montre le fondement dans l'ordre moral,
dans l'ordre politique et dans l'ordre économique. Ayant établi les
principes rationnels du droit international dans ses leçons préliminaires
et d'Introduction,il expose ensuite, sous le titre de «Histoire externe»,
comment ce droit s'est formé et développé depuis l'antiquité
jusqu'à nos jours. A partir de la Réforme, l'idée de la solidarité des
nations chrétiennes a fait place à d'autres théories : celle de l'équi-
libre européen, celle des nationalités, dont l'influence a été grande sur
les relations des peuples. M. Gestoso recherche les principes directeurs
de ces relations jusqu'au moment actuel. Il consacre une leçon à l'ex-
tension coloniale des nations européennes et une autre à la politique
des peuples américains. La suite de l'ouvrage est divisée en deux par-
ties, l'une générale et l'autre spéciale. Dans la première, le profes-
~ seur définit l'État et en détermine les conditions essentielles, les
droits absolus : autonomie, souveraineté territoriale, droits de défense,
de commerce, d'égalité, d'intervention. Il traite aussi de la responsa-
bilité des États les uns envers les autres. Dans la partie spéciale,
M. Gestoso se conforme à la méthode traditionnelle en traitant succes-
sivement des différentes espèces d'États et des autres personnes du
droit international, notamment du Saint-Siège ; p;iis des agents di-
plomatiques, ensuite des territoires et autres choses susceptibles d'être
acquises et possédées par les États ; en troisième lieu, des traités et
autres contrats que peuvent faire les États entre eux; enfin, de la
guerre et des moyens d'éviter ou d'apaiser les conflits entre les
— 492 — .
peuples. En tête de l'ouvrage de M. Gestoso se trouve une Préface de
M. Rodrigucz de Cepeda, collègue de l'auteur à l'Université de Valence.
Le Cours de droit naturel de M. de Cepeda jouit depuis longtemps
d'une notoriété très justifiée, non seulement en Espagne, mais aussi
en France et en Belgique, grâce à la traduction qui en a été faite
par M. Onclair; le Cours de droit international public de M. Gestoso y
Acosta peut être placé au même rang, et nous aimerions le voir aussi
traduit en français.
12. — La question de l'arbitrage international est assez impor-
tante pour mériter une bibliographie spéciale. Ce travail utile vient
d'être fait à Washington, sous la direction de M. A. P. C. Griffm; il
est publié par l'imprimerie du gouvernement sous le titre de List
oj Références on international arbitration. On y trouve particuliè-
rement l'indication de tout ce qui a paru, tant en Europe qu'en Amé-
rique, comme livres, brochures et articles de revues, sur les confé-
rences de La Haye.' Après une première partie consacrée aux ouvrages
généraux, deux autres parties contiennent l'énumération des travaux
concernant la limitation des armements et la responsabilité des Etats
à raison des dommages soufferts par les étrangers. Accessoirement
et en appendice, le volume contient encore la bibliographie des ou-
vrages relatifs aux relations des États-Unis et de la France pendant
la guerre du Mexique, au conflit vénézuélien et à la question de Saint-
Domingue.
Ouvrages divers. — ■ 13. — Jusqu'ici, malgré l'immense dévelop-
pement qu'a pris le journalisme, les jurisconsultes ne s'en sont guère
occupés que dans les traites généraux sur la presse. M. Georges
Duprat, avocat à la cour d'appel de Bruxelles, a eu raison de penser
que la presse périodique méritait bien d'être l'objet d'une étude spé-
ciale. Son livre intitulé : Le Journal, sa vie juridique, ses responsabili-
tés civiles, est un véritable manuel juridique du journaliste. Il s'adresse,
du reste, aussi bien aux journalistes français qu'à ceux de Belgique,
car l'auteur traite le sujet d'après les deux législations, française et
belge, lesquelles, d'ailleurs, sont peu différentes. Un journal peut être
considéré sous deux aspects : comme une œuvre intellectuelle et
comme une valeur économique. C'est à ce double point de vue que
M. Duprat, dans une première partie, étudie successivement les condi-
tions auxquelles est soumise la fondation d'un journal, les lois qui en
assurent la propriété, les rapports juridiques qui s'établissent entre
propriétaires, directeurs et rédacteurs et enfin' les règles de la pubhcité.
D'innombrables et difficiles questions se présentent déjà dans cette
première partie. Un journal est-il ou non une entreprise commerciale?
Dans quelle mesure a-t-il le monopole de son titre, de ses informa-
tions? Les rédacteurs conservent-ils la propriété de leurs articles?
— 493 —
Jusqu'à quel point dépendent-ils du directeur ou du propriétaire?
A quelles conditions peuvent-ils être congédiés? Lorsque la publicité
est affermée, quel contrôle le directeur conserve-t-il sur les annonces?..
La seconde et la troisième parties de l'ouvrage de M. Duprat trai-
tent do la responsabilité civile des journaux envers les tiers et
du droit de réponse. C'est surtout la matière de la responsabi-
lité qui soulève les questions les plus délicates. Dans le compte
rendu des débats judiciaires, par exemple, jusqu'où va le droit
du journaliste? Dans les polémiques électorales, que peut-il dire
contre les candidats? Aujourd'hui, sous les régimes démocratiques,
la presse se donne toutes les licences. Cependant, la jurisprudence
pose en principe qu'il n'est pas permis d'attaquer la vie privée; elle
refuse même le droit de divulguer les opinions philosophiques ou reli-
gieuses d'une personne en vue de lui nuire dans ses intérêts profes-
sionnels. Relativement au droit de réponse accordé par la loi à toute
« personne nommée ou désignée dans un journal », des discussions
se sont élevées sur le point de savoir s'il doit être admis même lorsque
le journal n'a pas excédé son droit, s'il peut être exercé entre journa-
listes ou par un auteur à l'égard d'un critique. M. Duprat nous sem-
ble avenir une tendance, sur ces questions, à soutenir les décisions de
la jurisprudence belge, qui sont généralement plus restrictives que
celles des tribunaux français. A notre avis, c'est un tort; la presse
est une puissance assez redoutable pour qu'on laisse à ceux qu'elle
attaque toute latitude pour se défendre. Néanmoins, M. Duprat, en
rapportant exactement les arguments dans les deux sens, fournit
en ces matières tous les éléments d'appréciation dont on peut avoir
besoin.
14. — M. Gaston Lecouffe, procureur de la RépubHque à Mamers,
s'intéresse tout à la fois aux chasseurs et aux cyclistes. Son Code-
manuel du chasseur, dont nous avons eu déjà l'occasion de parler, en
est à sa troisième édition. Si nul ne doit ignorer la loi, le chasseur doit
l'ignorer encore moins qu'un autre, car il est souvent exposé à la
transgresser. C'est pour'lui faire éviter tout faux pas que M. Lecouffe
lui offre un traité simple, pratique, résumant d'une façon claire et
concise la législation sur la chasse. Ajoutons que ce manuel peut
être utile aussi aux gardes-chasse, qui sont les ennemis des braconniers,
mais non point des chasseurs; il renseigne, en effet, non seulement sur
les contraventions et déhts de chasse, mais aussi sur la manière de
les constater et d'en poursuivre la répression.
15. — Dans le Code-manuel du cycliste, M. Lecouffe expHque et com-
mente les arrêtés préfectoraux, identiques dans tous les départements
de France, qui ont réglementé la circulation des vélocipèdes. Il traite
ensuite des responsabilités que peuvent encourir les vélocipédistes
— 494 —
pour dommages causés par eux aux personnes, aux animaux, et
aussi des recours qu'ils peuvent exercer lorsqu'ils sont victimes d'un
accident par la faute d'un passant ou d'un anima], particulière-
ment d'un chien. Dans les fréquents conflits qui éclatent entre cy-
clistes et chiens, ce n'est pas toujours le chien qui a tort. Le juge doit
apprécier quel est celui des deux qui a commis une imprudence; le
Code-manuel du cycliste relate les décisions de jurisprudence inter-
venues dans un sens ou dans l'autre.
16. — MM. Maugras et Guégan étudient, en un petit volume, le
Cinématographe devant le droit. S'il est vrai, comme le disent ces au-
teurs, que le cinématographe « fait la joie de tous les âges )>, il mérite
bien que les jurisconsultes prennent souci de lui. Qui le croirait? Sa
situation juridique met en jeu les plus graves problèmes : la cinéma-
tograpliie est-elle un art? Qu'est-ce que l'art? « Un effort de l'esprit
vers l'idéal ». Eh bien, est-ce que le cinématographe ne sait pas « éle-
vei; les âmes, grandir les caractères, peindre les hommes tels qu'il
devraient être?... Quand les /i/w5 nous représentent les traits d'hé-
roïsme, de courage, d'abnégation, de dévouement, parmi un décor
approprié, avec des personnages dont les gestes ont été minutieusement
étudiés, n'y a-t-il pas là œuvre d'ai't...» Cette argumentation élo-
quente autorise sans conteste MM. Maugras et Guégan à conclure
que la cinématographie est protégée par la loi de 1793 sur la propriété
artistique, d'où il résulte que la contrefaçon des « fdms » peut être
poursuivie civilement et même correctionnellement. MM. Maugras
et Guégan développent ensuite les conséquences qu'il ^ a lieu, de
tirer de ces principes; ils citent les jugements et arrêts qui ont déjà
été rendus en matière de cinématographie et ils recherchent, dans un
dernier chapitre, comment le « film » peut obtenir d'être protégé en
droit international. Maurice Lambert.
OUVRAGES POUR LA JEUNESSE
Romans, contes et nouvelles. — 1. Par gwe//e aMto/'iVé?,par Robert HughBenson;
trad. par H. Frilley. Paris, Lethielleux, s. d., in-12 de 620 p., 3 fr. 50. — 2. Le
Barbier Graechus, épisode de la Terreur lyonnaise, par Jean Drault. Paris,
Nouvelle Librairie nationale, s. d., in-18 de 456 p., 3 fr. 50. — 3. Au temps de
l'Empereur, par Ernest Daudet. Paris, Maison de la Bonne Presse, s. d.,.gr. in-8
de 124 p., illustr. de Lecoultre, 1 fr. — 4. En 1815, récits d'une grand'mère, par
Ernest Daudet. Paris, Maison de la Bonne Presse, s. d., gr. in-8 de 119 p., illustr.
de Lecoultre, 1 fr. — 5. Les Aventures dhine bourgeoise de Paris, par Myriam
Thelen. Paris, Lethielleux, s. d., in-12 de 319 p., 3 fr. 50. — 6. Haine de femme,
par Marion Crawford; trad. de l'anglais. Paris, Hachette, in-18 de 453 p., s. d.,
illustr. d'après les dessins de Cassimacker, 3 fr. 50. — 7. Par dessus les vieux murs,
par Claude Mancey. Paris, Lethielleux, s. d., in-12 de xi-369 p., 3 fr. 50. — 8.
La Brisure, par Pierre l'Ermite. Paris, Maison de la Bonne Presse, s. d., gr. in-8
de 112 p., illustr. de H. Rousseau, 1 fr. — 9. Ma Grande, par Paul Marguerîtte.
Paris, Hachette, s. d., in-16 allong'é de 328 p., avec illustr. de Marold, 3 fr. 50. —
— 495 —
10. La Romance de Joconde, par Mathilde Alanic. Paris, Plon-Nourrit, s. d.,
iii-16 de 319 p., 3 fr. 50. — 11. Au but, par Marie Thiéry. Abbeville, Paillarl,
s. d., in-12 de 276 p., 2 fr. .50. — 12. Le Sequin d'or, par Anne Osmont. Paris,
Hachette, s. d., in-16 allongé de 247 p., illustr. d'après les dessins de M. -A. de
Cassimacker, 3 fr. 50. ■ — 13. U Anneau fatal, par Charles Foley. Tours, Marne,
s.d., in-12 de 319 p., ilhistr. de G. Dutriac, 3 fr. — 14. La Race qui revit, par le
vicomte du Motey. Paris, Librairie des Saints-Pères, 1908, in-12 de 323 p., 3 fr. 50.
— 15. Le Trèfle rouge. Le Secret du capitaine, par Norbert Sevestue. Paris,
Hachette, s. d., in-16 de 298 p., avec illustrations d'après R. Wallace, 3 fr. 50. —
16. Criminelle par amour, par Arch. Clavering Gunter; trad. de l'an^^'lais par
•M"e L Zeys. Paris, Hachette, s. d., in-16 de 340 p., avec illustr. de Mohut, 3 fr. 50.
— 17. Le Voueur, par Charles Géniaux. Paris, Hachette, s. d., in-16 de 318 p.,
avec illustrations d'après de Cassimacker, 3, fr. 50. — 18. Le Patrimoine, par
Marie de Vienne. Paris, Maison de la Bonne Presse, s. d., in-12 de 300 p., avec
illustr. de Girard 0 fr. 75.» — 19. Huguette, la fille de l'imagier, par Georges
Thierry. Paris, Maison de la Bonne Presse, s. d., in-12 de 305 p., 0 fr. 75. —
20. Le Moulin du Grand-Ré, par Richard Manoir. Paris, Maison de la Bonne
Presse, s. d., in-12 de 343 p., 0^ fr. 75. — 21. Le Franc-Maron de la Vierge, par
Fl. Bouhours. Paris, Maison de la Bonne Presse, s. d., in-12 de 252 p., avec
illustr. de H. Morin, 0 fr. 75. ■ — 22. Par le dur chemin, par Jean Ducluseau.
Paris, Maison de la Bonne Presse, s. d., in-12 de 280 p., 0 fr. 75. — 23. Jean
Chouan, par Roger Duguet et J. Rochebonne. Paris, Maison de la Bonne Presse,
s. d., in-12 de 270 p., 0 fr. 75. — 24. Les Divins Jongleurs, épisodes de l'épopée
franciscaine, par A. Bailly. Paris, Plon-Nourrit, 1908, in-16 de 271 p., 3 fr. 50. —
25. En Hiver, par .Jean des Tourelles. Paris, Lethielleux, s. d., in-12 de 188 p.,
1 fr. 50. — 26. Histoires de tous les jours, par Léon Dupont. Paris, Bloud, s. d.,
in-12 de 320 p., 2 fr. 50. — 27. Méprise, par M. Maryan. Paris, Henri Gaitier,
s. d., in-12 de 319 p., 3 fr. — 28. L.' Ascension d'une âme. Marcienne de Fliie,
journal de la vie d'une femme, -^a^v Isabelle Kaiser. Paris, Perrin, 1909, in-16 de
223 p., 3^ fr. 50. — 29. L'Irrésistible Force, par Jeanne de Coulomb. Paris,
Henri Gautier, s. d., in-12 de 337 p., 3 fr. — 30. La Force cachée, par Jean Thiéry.
Paris, Henri Gautier, s. d., in-12 de 320 p., 3 fr. — 31. Veuve de quinze ans, par
B. DE BuxY. Paris, Henri Gautier, s. d., in-12 de 320 p., 3 fr. — 32. Nicole à Ma-
rie, par Gaston Bergbret. Paris, Hachette, s. d., in-16 de 334 p., illustr. d'après
H. Vop:el, 3 fr. 50. — 33. Le Journal d'une fille d'honneur, par H. de Zobeltitz;
trad. de l'allemand par Joi^L Ritt. Paris, Colin, 1909, in-12.de 285 p., 3 fr. 50.
— 34. A l'Ombre de l'Acropole, par Henri Guerlin. Tours, Marne, s. d., in-12
de 284 p., illustr. de G. Dutriac, 3 fr. — 35. Rosèle, souvenirs d'une marraine,
par M. d'Arvisy. Paris, Librairie des Saints-Pères, s. d., in-12 de 132 p., 3 fr. —
36. Marie-Rose au couvent, par J. Leroy-Allais. Paris, Plon-Nourrit, s. d., in-16
de 335 p., 2 fr. 50. — 37. En passant, par Y. D:'Isné. Paris, Lethielleux, s. d.,
in-12 de 98 p., 2 fr. 50.
Pièces de théâtre. — 1. Le Fiancé distrait, coméàiv' bouffe en un acte, par Paul
Gabriac. Paris, Bricon et Lesot, 1908, in-16 de 32 p. 0 fr. 80. — 2. Virgamelle et
Patrouillât, saynète militaire, par Ary-Stéphane. Paris, Bricon et Lcsot, 1908,
in-18 de 15 p., 0 fr. 50. — 3. Le Jeune Homme du sixième, comédie bouffe en un acte,
par Louis Descombes. Paris, Bricon et Lesot, 1908, in-16 de 60 p., 1 fr. — 4. Le
Retraité, scène de la vie de bureau, saynète en un acte, par Charles-Albert Janot.
Paris, Bricon et Lesot, 1909, in-16 de 33 p., 0 fr. 80. — 5. Décoré par téléphone,
conversation téléphono-comiquc, sans fil, à un seul personnage, par Paul Deroyre.
Paris, Bricon et Lesot, 1908, in-18 de 8 p., 0 fr. 25. — 6. Représentation gratuite,
monologue, par Edouard Bigot. Paris, Bricon et Lesot, 1908, in-18 de 7 p.,
0 fr. 25. — 7. Voyage circulaire, monologue, jfar Edouard Bigot. Paris, Bricon et
LQ,sot, 19-08, in-18 de 8 p., 0 fr. 25.
Romans, contes et nouvelles. — 1. —Voici un beau livre, C£ui a
obtenu au-delà du détroit un grand et légitime succès, et qui, grâce à
une traduction bien faite, garde, en français, beaucoup do son charme.
— 496 —
Si quelques-uns des personnages de Par quelle autorité? sont fic-
tifs, leur état d'âme a été celui d'une quantité de personnages réels
au temps troublé de la reine Elisabeth. L'auteur s'est documenté
aux meilleures sources, le fond de ses récits est rigoureusement vrai
et les lecteurs français, qui s'intéressent au développement du catho-
licisme dans l'ancienne Ile des saints, y verront au prix de quelles
souffrances y ont été achetées les magnifiques conquêtes de la vérité.
La figure complexe d'Elisabeth est bien celle que nous décrivent les
Mémoires de l'époque, et le caractère de l'illustre jésuite Campion,
avec les détails de son martyre, sont, en tous points, authentiques.
L'auteur nous dépeint, avec une rare compréhension de l'époque dont
il parle, la confusion d'idées, le choc des opinions, le mélange bizarre
de catholicisme et de puritanisme, qui troublaient alors J'âme popu-
laire, encore flottante entre ses croyances séculaires et la religion
nouvelle. Certains types sont bien anglais : celui, par exemple, de Sir
Nicolas Maxwell, gentilhomme religieux et loyal, mais dont, en
d'autres temps, la vie se serait écoulée monotone et régulière dans son
vieux manoir. Du jour au lendemain, ce pacifique devient un lutteur
que couronne l'auréole des confesseurs. Il va à la prison avec une sim-
plicité dont nous retrouvons maints exemples dans l'histoire des
martyrs anglais. Signalons aussi le loyaUsme des persécutés envers
leur souveraine; encore un trait authentique de ce temps où les pri-
sonniers catholiques, détenus pour la foi, demandaient à combattre
les Espagnols, leurs soi-disant libérateurs. Ajoutons que si le volume
est, comme la plupart des romans anglais, un peu touffu, l'intérêt
n'y languit pas; les événements dramatiques, les péripéties tragiques
y abondent, de plus, l'auteur y fait preuve, dans sa peinture des ca-
ractères, d'un sens psychologique qui donne à ses personnages une
vie intense.
2. — Dans une Préface signée de M, J. Chavanon, élève de l'École
des chartes, le nouveau volume de M. Jean Drault est qualifié de
« bonne aubaine pour les amis de la vérité historique ». En effet, le
Barbier Gracchus, sous la forme d'un roman, nous initie à l'un des
épisodes les plus saisissants de la Révolution : celui de la Terreur
lyonnaise, que les historiens francs-maçons et révolutionnaires ont
dénaturé à plaisir. Se basant sur des données historiques parfaite-
ment exactes, l'auteur a reconstitué l'histoire de la « Vendée du
Midi » et il a dessiné d'après nature les chefs terroristes : Chalier,
Riard et leurs complices. L'intrigue amoureuse du récit est toute
d'imagination, mais elle se place dans un cadre vrai; aussi ce
volume, rempli d'aventures dramatiques-, pourra-t-il faire œuvre
de propagande. Compris ainsi, le roman historique a son utilité et sa
valeur; il sera lu par ceux qui redoutent l'austérité de l'histoire
— 497 —
pure et leur montrera, sous son jour véritable, une époque dont l'en-
seignement officiel veut dissimuler l'horreur. Les personnages du
récit : Lumirski, la comtesse de Vérigny, Sylvie, la chanteuse, sont
crayonnés avec verve. L'esprit excellent du livre, ses épisodes mou-
vementés, son mystère habilement voilé jusqu'aux dernières pages,
assureront à l'œuvre de M. Jean Drault un légitime succès.
3. — ■ Encore un roman historique, bien pensé et bien écrit, par
M. Ernest Daudet : Au temps de l'Empereur fait suite à Dans la tour-
mente, que nous avons analysé en son temps; les mêmes personnages
s'y retrouvent, mêlés à l'épopée impériale comrne ils étaient mêlés
jadis aux drames de la Terreur. Le siège de Saragosse, épisode à"
la fois héroïque et horrible, de la guerre d'Espagne, est peut-être le
récit le plus saisissant du volume.
4. — En 1813, du même auteur, est l'iiistoire des mêmes person-
nages pendant les années troublées qui virent le retour éphémère de
l'Empereur et l'avènement définitif des Bourbons. Ce « nouveau
récit d'une grand'mère » ne dépare pas la série; il s'y joint, à l'intérêt'
des événements publics, l'épisode mystérieux du faux marquis de
Retournac, épisode fictif, sans doute, mais qui n'a rien d'invraisem-
blable étant donnée l'époque troublée où se passe le récit. Les person-
nages historiques : Louis XVIII, Fouché et autres, qui traversent la
scène, ont bien la physionomie que leur prêtent les Mémoires contem-
porains. En somme, ce Récit d'une grand'mère, de même que le vo-
lume précédent, fournira aux jeunes gens une lecture aussi inté-
ressante au point de vue dramatique et mille fois plus saine, au point
de vue moral, que les mièvres romans qui pullulent aujourd'hui et
dont beaucoup n'ont guère que le mérite d'être incolores et, par là
même, inoffensifs.
5. — Les Aventures d'une bourgeoise de Paris : c'est également un
roman historique, mais qui nous reporte bien des années en arrière,
au temps du bon roi saint Louis. Les aventures de Mahault de Fou-
gères, veuve d'André Bonnard, orfèvre du Roi, ne sont pas banales.
Veuve, riche et sans enfants, dame Mahault sert de mère à sa nièce
orphehne, Jehanne de Fougères, fiancée à Hugues de Lusignan;
puis elle part pour la croisade où elle soigne Louis IX malade, elle
veille sur Marguerite de Provence restée seule à Damiette, et, par
son dévouement persomiel et ses largesses royales, sert efficacement
la cause sainte. Finalement, elle ramène à Jehanne son fiancé, sur
lequel a pesé une fausse accusation, dont, grâce à Mahault, il se jus-
tifie avec éclat. L'auteur, s'appuyant sur les récits de Joinville, a
mis dans son volume de la couleur locale, du pittoresque et une foi
naïve et chevaleresque, bien caractéristique de l'époque.
6. — Le nom de M. Marion Crawford, mort dernièrement à Sor-
JuiN 1909. T. CXV. 32.
— 498 —
rente, est très populaire au delà du détroit, où ses romans ont un
succès légitime; il n'est pas non plus inconnu en France. Dans Haine
de femme, l'auteur, nous transportant dans cette société italienne
qui lui est si familière, nous raconte un drame terrible qui s'y dé-
roule au milieu d'un décor moderne et mondain. La princesse Adèle
Savelli, que sa haine pour sa demi-sœur, Laura Arden, pousse au
crime, est la digne descendante de ces femmes du moyen âge, dont
les passions, aussi violentes que les siennes, éclataient au grand jour;
la nature anglo-saxonne de Laura, honnête et calme, contraste avec
la personnalité complexe de l'Italienne. L'intérêt du livre est réel,
il se soutient jusqu'à la fin, sans longueurs inutiles, avec une force
grandissante et un style qui ne sent pas trop la traduction.
7. ■ — Dans la Préface qu'il a écrite pour le volume : Pardessus
les vieux murs, M. de Wyzevva, le critique si apprécié de la Revue des
Deux Mondes, loue l'auteur d'avoir voulu offrir à ses lecteurs, non
pas seulement la description, mais la « philosophie » de la vie de
province. « Ce n'est pas, dit-il, la petitesse de vos villes qui vous
étouffe, mais bien celle de vos âmes, celle des sentiments et des habi-
tudes où vous vous complaisez... Accoutumez-vous à nourrir vos
cerveaux et vos cœurs d'autre chose que des misérables curiosités et
bavardages qui sont aujourd'hui leur unique ahment... Tout cela,
c'est autant de vieux murs, où vous vous obstinez sottement à rester
enfermés. » Ce discours, adressé à des provinciaux, est plein de sens :
c'est, en effet, la noblesse des sentiments, la hauteur des pensées et la
beauté des actes qui donnent à toute vie, quel que soit son cadre, sa
vraie dignité. L'auteur décrit avec verve la société qui évolue derrière
les « vieux murs « d'une petite ville : M™*^ Bargemol, mère de trois
filles à marier, est un type amusant, et les tribulations amoureuses et
politiques du percepteur, Marcel Duparc, de même que les agissements
sournois et tyranniques des républicains sectaires, sont vivement
contés. L'auteur a des idées très justes sur la nécessité de développer
la volonté chez les jeunes gens; des deux héros du livre, Marcel
Duparc, semble, à première vue, « un bon jeûne homme », mais, sans
idées personnelles, il tourne à tous les vents; Bernard Lestral, au
contraire, élevé dans les mêmes principes, mais, avec une note plus
vigoureuse, a été habitué à se diriger selon ses convictions, à dominer
les influences au Heu de les subir; de là, sa supériorité et sa force.
8. — La Brisure, comme tous les livres de Pierre l'Ei'mite, est
écrit avec verve et l'on y sent vibrer le zèle de l'apôtre, dont les idées
souvent hardies, quelquefois ingénieuses, sont toujours inspirées
par le désir d'atteindre l'âme populaire. L'abbé Bourgeois, curé des
Herbiers, est un prêtre pieux et charitable, mais c'est aussi un
sensitif, qui souffre de la malveillance de certains de ses paroissiens,
— 490 —
poussés par les loges. Un curé voisin, jeune et combatif, incarne un
esprit plus hardi ; il entreprend de remonter le moral de son confrère,
à qui il voudrait un courage lui permettant de lutter corps à corps
avec les difficultés et, sous la trivialité voulue de la forme, ses discours
ne manquent pas d'une certaine noblesse. Autour de ces deux figures
sacerdotales, se meuvent d'autres personnages : M. Franbois, conser-
vateur, ami de son curé, mais aussi trop ami de ses aises pour se
jeter franchement dans la mêlée; Pascale, sa fille, jeune, ardente,
un peu volontaire, que l'échec et la contradiction indignent; Gillenor-
mand, leur ami, sceptique élégant et égoïste, raffiné et raisonneur,
qui, presque sans le vouloir, est entraîné dans la lutte, plus étonné que
charmé d'y jouer le rôle de clérical à outrance. Le récit se termine
par la mort de l'abbé Bourgeois, le « sensitif », qui, n'ayant pu con-
quérir ses paroissiens par ses efforts durant sa vie, les attire à lui par
l'héroïsme de son trépas. Il succombe en sauvant un des « carriers » ,
ses adversaires acharnés, et sur sa tombe l'on trace ces mots, qui
expliquent le titre du livre : « L'amour a brisé la haine ». Une idée
chère à l'auteur, est celle-ci : le prêtre, en France, est regardé comme
un paria, tandis qu'en Angleterre et en Amérique c'est un citoyen,
ayant, comme tous les autres, des droits et des devoirs; son
ministère sacré ne l'empêche pas de prendre part à tout ce qui
concerne le bien de son pays. Cette idée, qui est juste, aura besoin
pour mûrir de l'action du temps; mais, dans les conditions nouvelles
où se trouve l'Église de France, elle pourra plus facilement
s'implanter dans l'esprit public. Peut-être pourrait-on reprocher à
Pierre l'Ermite, de peindre trop volontiers les riches bien pensants
comme des inutiles. Qu'ils le soient parfois, trop souvent même,
c'est, hélas! incontestable; mais dans des volumes, excellents
d'ailleurs, et appelés à être lus dans les milieux populaires, ne serait-il
pas utile, pour garder le sens du respect, si oublié de nos jours, de
faire vivre des types d'hommes et de femmes, — et il y en a, — à
qui leur fortune impose un devoir social qu'ils remplissent avec
conscience et générosité ?
9. — Ma Grande^ par M. Paul Margueritte, est un récit très simple
délicatement conté. Le professeur Noël Guislain s'éprend d'une
jeune fille russe et l'épouse; sa sœur aînée, Marie-Anne, dite « Ma
Grande », qui a servi de mère à son frère, a le dévouement exigeant
et l'amour jaloux, si bien que l'essai d'un ménage à trois échoue
d'une façon lamentable. Sonia, la jeune femme, met de la bonne
volonté à gagner le cœur de sa belle-sœur, mais la situation devient
tragique et Noël, ballotté entre deux femmes qui l'adorent, fait
piètre figure. La seule solution possible est la mort de Marie-Anne,
trop vieille pour transformer sa nature difficile; elle est soignée et
— 500 —
aimée par Noël et Sonia et meurt, ayant sur les lèvres des paroles
de douceur. Ce récit d'un drame intime est agrémenté de Jolies
descriptions de la campagne, de réflexions psychologiques nuancées,
avec une note un peu douloureuse ; « Ma Grande », dont les petites
bassesses sont presque inconscientes, n'est pas sympathique, mais
cette vieille fille, qui aime tant et si maladroitement, inspire la pitié.
10. — L'héroïne de la Romance de Joconde est une artiste, Claude
Morgat. Dans une pension de famille des Ardennes, elle rencontre
une jeune fille belge, Marcelle Desclays, qui lui donne toute sa con-
fiance. Frêle, sensitive, menacée par dos parents inconscients ou
tyranniques, Marcelle s'appuie sur la personnaUté vigoureuse de sa
nouvelle amie et lui confie qu'elle est fiancée à Pascal Jousselin; or,
il se trouve que ce Pascal, qui n'est en fin de compte qu'un vulgaire
égoïste, a été longtemps l'unique affection de Claude; elle l'a attendu
pendant des années et a cruellement souffert de son abandon. Quand
Pascal paraît sur la scène, il est combattu entre la parole donnée
à la dolente Marcelle et le charme prenant de Claude, et, symptôme
plus étrange, celle-ci qu'on nous représente cependant comme fière
et énergique, est reprise par un renouveau d'afïection pour son
ex-fiancé. Elle se ressaisit cependant et laisse à Marcelle, qui croit
en lui, ce Pascal, pauvre et plat héros, bien indigne d'elle. Le style
est aisé et l'auteur a décrit, avec un certain charme, les jolis paysages
des Ardennes, l'aspect recueilli et triste de Bruges et l'intérieur,
un peu bigarré, de la pension de famille.
IL — Marcelle de Givoire, jolie, noble, intelligente, s'éprend, elle
aussi, d'un homme bien peu intéressant, Georges Nessyer. Le triste
héros de : Au bat, est tout simplement déplaisant; romancier d'ori-
gine obscure et de talent douteux, il épouse, malgré tous les obstacles,
Marcelle, qui ne tarde pas à se trouver très malheureuse. Un affreux
accident rend Georges infirme, mais guérit son âme en affligeant
son corps; il écrira désormais des livres qui feront du bien, et sa vie,
assombrie, sera féconde sinon heureuse. Récit très moral, un peu
banal, écrit d'une façon assez ordinaire.
12. — Le Seguin d'or est l'histoire d'un talisman. Une gitane anda-
louse donne à une jeune veuve, qui vient la consulter, une monnaie
rare en lui recommandant de n'épouser jamais que le possesseur
d'une pièce absolument semblable. Grande est la perplexité de
M^i^^ Sarazin en découvrant que le second « sequin d'or » appartient
à un illustre, mais très vieux savant, le D^ Flamel. Superstitieuse
et imaginative, la jeune veuve hésite entre les amoureux qui aspirent
à sa main, parmi lesquels elle préfère Jacques Ango, son camarade
d'enfance, mais il n'est pas possesseur du « sequin d'or » et elle
regarde sa destinée comme attachée k ce talisman. Malgré l'âge
li
— 501 —
du vieux savant, elle serait presque tentée de l'épouser, quand il
meurt à point, laissant aux mains de Jacques Ango le mystérieux
« sequin d'or », qui devient alors un porte-bonheur puisqu'il assure
le mariage de la veuve avec celui qu'elle aime. Récit honnête, sans
grande portée, écrit avec un peu trop d'emphase.
13. — L'héroïne de l'Anneau fatal est une Parisienne, Huguette
Marsac, qui s'est installée pour passer l'été dans un château délabré
près de Venise. Jeune, jolie et riche, Huguette a été séduite par le
décor pittoresque du vieux manoir; mais elle a compté sans le pro-
priétaire, Aldo Grimani, gentilhomme ruiné et peu scrupuleux, qui
convoite la fortune de sa jolie locataire. Huguette est fiancée à un
brave garçon qu'elle aime, mais elle est jeune, un peu coquette et
elle accepte de l'Italien « l'anneau fatal », bijou mystérieux qui a
servi jadis aux noces du doge avec la mer Adriatique. Elle ne se doute
pas, l'imprudente, que les populations sauvages qui l'entourent la
détestent parce qu'elle détient cet anneau et veulent à tout prix le
lui enlever. De là, une série de péripéties, dans lesquelles Aldo Gri-
mani joue un rôle équivoque et Huguette court un réel danger.
L'arrivée de son fiancé, Hubert Varville, est le salut de la jeune
fille, que la présence de sa tante, M^^® Flore, ne suffit pas pour protéger;
la vieille demoiselle, essentiellement peureuse, n'est guère à son aise
dans ces scènes de mélodrame. On connaît le style facile et l'ima-
gination fertile de M. Chaiies Foie y, dont les romans, si populaires,
peuvent être mis entre toutes les mains ; celui-ci a les mêmes qualités
que ses devanciers.
14. — La Race qui revit résume l'histoire d'une famille du ving-
tième siècle, fidèle aux saines traditions religieuses et sociales.
Le comte de Saint-Andréol est un châtelain modèle, maire de sa
commune, qui, malgré la campagne menée contre lui par un insti-
tuteur sectaire, gai'de l'influence qu'il mérite. Son unique enfant,
Geneviève, partage ses occupations et ses soucis, mais il lui manque
un héritier mâle pour perpétuer sa race et ses traditions séculaires.
Cet héritier se trouve d'une façon inespérée dans la personne de
Jacques Thibault du Plessis, dont la famille a jadis habité une gen-
tilhommière, aujourd'hui en ruines, à deux pas du château de Saint-
Andréol. Des recherches généalogiques mettent en rapport les deux
familles, issues du même sang, et, malgré une noire intrigue ourdie
par des voisins jaloux, Geneviève et son lointain cousin se plaisent
et s'épousent. Ce récit, écrit avec correction et une certaine élégance,
touche à toutes les questions actuelles : laïcisation, sémitisme, franc-
maçonnerie et les envisage à un point de vue profondément chrétien.
15. — La donnée du Trèfle rouge est, en apparence, très simple,
mais le récit a cependant une couleur dramatique. Mrs. Porridge^
— 502 -
fruitière dans un pauvre quartier de Londres, abandonnée par son
mari, s'est consacrée à son fds Joe, qu'elle aime avec passion. Arrivé
à l'âge d'homme, Joe part pour l'Amérique afin de se créer une posi-
tion; sa mère poursuit son existence mesquine et devient de plus en
plus hargneuse et violente. Détestée de ses voisins, elle le leur rend
bien; elle prend surtout à partie un jeune chimiste, Patrick Murphy,
récemment établi dans son voisinage et qu'elle finit par dénoncer à la
police comme faisant partie d'une société d'anarchistes. En effet, Pa-
trick Murphy est un conspirateur, enrôlé dans la société secrète du
« Trèfle rouge », et, dans son laboratoire de chimiste, il fabrique des
engins destructeurs; mais, au moment même où elle le trahit, la vieille
femme découvre que Patrick n'est autre que son fils Joe; désespérée,
elle implore son pardon et, sur ses indications, fait sauter le labora-
toire, où ils périssent tovis deux. Il y a dans la description de la vieille
Mrs. Porridge, dure et puritaine, une certaine puissance psychologique;
mais aucun des personnages du récit n'est sympathique.
16. — Criminelle par amour, traduit de l'anglais, est, une histoire
mouvementée, surtout à son début. Lady Annerley, jeune veuve
riche et belle, se trouve à Alexandrie au moment où la révolte des
mahométans y met en péril la vie des Européens. Elle est sauvée
par Charles Errol, jeune Australien, à qui elle doit faire une commu-
nication importante, qui réhabilitera Ralph Errol, le père de Charles,
accusé d'un crime dont le véritable auteur est le père de la jeune
veuve. Les événements dramatiques auxquels celle-ci est mêlée
retardent d'aboi'd cette communication pénible, puis, devenue très
éprise d' Errol, Lady Annerley n'a plus le courage de lui dévoiler un
secret qui Téloignera d'elle. Son amour pour Errol la rend « crimi-
nelle )) et, pour séparer celui-ci de la fiancée de son choix, elle ne
recule pas devant les pires mensonges. Tout finit cependant par
s'éclaircir et ce récit, où Australiens, Américains et Anglais jouent
tour à tour un rôle, se termine le mieux du monde. Il ne faut pas
y chercher une psychologie bien profonde, mais on y trouvera des
types très divers, crayonnés avec aisance, dans un style coulant
et un esprit parfaitement honnête.
17. — Dans le Voueur, l'histoire classique des Montaigu et des
Capulet se pom-suit, non plus à Vérone, mais au fond de la Bretagne.
Les Penarvan, seigneurs de Cadoudal, sont les ennemis séculaires
des Rohec, seigneurs de Keror. En dépit de tous les obstacles, les
deux rejetons des familles rivales trouvent moyen, comme Roméo
et Juliette, de se voir et de se plaire; ils entreprennent même de
réconcilier leurs parents, entreprise impossible, car le sieur de Penar-
van est un fou ! Ce maniaque, qui n'est guère à sa place dans un
siècle sceptique, croit que, par ses maléfices, il peut, de loin, exercer
— 503 —
sur le fils de son ennemi une influence malfaisante. L'auteur semble
admettre qu'il en est ainsi et que les forces du jeune de Rohec
déclinent sans cause apparente. Heureusement pour tout le monde,
le sinistre « voueur «, trouve la mort dans son laboratoire et un avenir
plus lumineux se lève sur sa fille, libre désormais d'épouser Joël de
Rohec. De jolies descriptions des landes bretonnes donnent à ce
volume une couleur locale qui n'est pas sans charme; mais on
pourrait désirer plus de vigueur dans le style et plus d'art dans
l'agencement du récit.
18. — La donnée du Patrimoine est très simple : M. Georges Villa,
riche banquier, est subitement ruiné et ses six enfants, très gâtes
jusque-là, doivent gagner leur vie. Cette rude épreuve devient, après
tout, une bénédiction : étroitement unis entre eux, les enfants se
montrent courageux et dévoués, ils sauvegardent, à défaut de la
fortune perdue, « l'honneur et la vertu du foyer, les traditions de
travail persévérant, les exemples de dévouement joyeux ». Contraire-
ment, hélas ! à ce qui arrive d'ordinaire, le désastre matériel est
réparé et les enfants du banquier, mûris par l'épreuve, sauront mieux
user de la fortune qui leur est revenue. Ce livre est écrit surtout pour
les jeunes enfants; les sentiments, comme on le voit, en sont irré-
prochables, la note religieuse discrète.
19. — Hugueîte, la fille de V imagier, appartient à la même série que
le récit précédent; cette histoire se déroule, non plus au vingtième
siècle, mais à l'époque tourmentée qui suivit la mort de Jeanne d'Arc.
Au milieu des divisions intestines qui déchiraient alors le royaume,
passent les hommes de guerre et les hommes d'EgHse, les prêtres
et les soldats, les nobles et les bourgeois, les traîtres et les héros; la
douce et pure figure d'Huguette contraste avec les types guerriers
qui l'entourent et ses aventures périlleuses passionneront les jeunes
lecteurs. Inutile d'ajouter que des sentiments irréprochables inspirent
ce volume, comme tous ceux de cette série, populaire par excellence.
20. — Le Moulin du Grand-Bé est un épisode de la guerre de 1870,
écrit avec une pensée patriotique et dans un style mouvementé et
alerte. L'héroïne, Christelle, est un joli type de jeune Alsacienne.
21. — L'auteur du Franc- Maçon de la Vierge nous assure que son
livre est écrit d'après des données vraies. Un jeune homme, élevé
chrétiennement, est séduit par les francs-maçons, mais il n'en garde
pas moins au fond du cœur un sentiment filial pour la Sainte Vierge,
et, quand il est sommé d'insulter une de ses images, il brise avec la
secte. Œuvre de foi plutôt que de littérature; mais les renseignements
que donne l'auteur sur les francs-maçons, ennemis ténébreux .^t
implacables du catholicisme, sont confirmés par des ouvrages sérieux
publiés depuis quelques années.
— r.04 —
22. — Par le dur chemin de la misère, Jean Sardière, ouvrier méca-
nicien, qui abandonne sa province pour se fixer à Paris, est, après
bien des aventures, ramené à la foi de son enfance. Au contact de
la grande ville, il devient incroyant et anarchiste, mais on l'accuse
d'un assassinat dont il est innocent et il s'enfuit à travers la Beauce
pour échapper à la police. L'influence heureuse d'un homme intelligent
refait à l'ouvrier, assagi par la souffrance, une mentalité nouvelle
et, à ce propos, l'auteur exprime des idées sociales utiles à répandre.
23. — Jean Chouan nous donne, sous la forme d'un roman, l'histoire
véridique d'un héros, dont le nom est resté populaire dans les cam-
pagnes de l'Ouest. Certains détails, ajoutés pour l'agrément du récit,
sont tout au moins \Taisemblables et complètent la physionomie de
ces rudes combattants, hommes de foi et de courage, que les excès de
la Révolution forcèrent à prendre les armes.
24. — La figure du pénitent d'Assise, sublime, mystique et ce-
pendant animée d'un sens pratique des besoins de son époque, a
tenté de nombreux écrivains. Dans les Divins Jongleurs, M. A. Bailly
raconte l'histoire du « Poverello », qu'il aime et qu'il admire, mais
auquel il a donné une physionomie quelque peu fantaisiste. Les
relations de saint François avec sainte Claire, très correctes d'ailleurs,
ont un cachet de sentimentalisme romanesque qui n'est pas exact,
et sainte Claire, étant religieuse cloîtrée, n'a pu, l'histoire est là pour
le prouver, assister à la mort de saint François. L'épisode d'Orlando
et de Simonetta, de pure invention, manque de vraisemblance pour
qui connaît les règles et les usages des religieux, même à l'époque,
déjà lointaine, où le séraphique Patriai"che d'Assise fonda son ordre.
25. — Dans ce nouveau volume, En Hiver, M. Jean des Tourelles
nous raconte, dans un style alerte et sous une forme populaire, des
histoires du temps présent. Il flagelle les compromissions des peureux,
1.3S méfaits des sectaires et prend ses exemples dans la vie des
humbles, car ce sont eux qu'il s'agit d'éclairer sur leurs devoirs.
Excellent livre à répandre dans les milieux populaires, où entrent
tant de doctrines malfaisantes, qui y sèment le trouble et l'envie.
26. — Les Histoires de tous les jours sont écrites dans le même but
par un auteur qui s'est occupé, de manière pratique, de la classe
ouvrière. Il aime le peuple, non pas pour le flatter par des utopies
trompeuses, mais pour lui montrer là où est son vrai bonheur.
27. — La Méprise de l'officier de marine Bertiu de Champsautiers
est de croire que la brillante Livia Valbrys est la femme qui lui
convient. Par certains côtés, elle paraît supérieure à son milieu
mondain; mais il y a entre elle et son fiancé trop de divergences
d'origine et d'éducation pour qu'elle ne heurte pas, à chaque instant,
les délicatesses d'âme de l'ofiicier. Celui-ci, heureusement, reconnaît sa
— 505 —
« méprise » à temps. Livia trouve, pour l'épouser, un étranger qui
voit ses défauts sans en être choqué et Bertin devient l'tieureux
fiancé d'une Alsacienne, France Wellser, qui continuera dignement la
lignée des châtelaines de Champsautiers. Notons, au passage, la
figure, finement crayonnée, de « Tante Hermine », héroïque sous ses
l' dehors incolores et de jolies descriptions d'Einsiedeln, où l'auteur,
cela se sent, est chez elle. Inutile d'ajouter, puisqu'il s'agit de
Mme Maryan, que la note religieuse du volume est juste et discrète,
et le style, aisé et agréable.
28. — Les lecteurs du Correspondant ont eu la primeur de l'œuvre
délicate, un peu douloureuse, de M"^ Kaiser, appelée, avec raison,
l'Ascension d'une âme. Comme toutes les ascensions, celle-ci s'accom-
plit a force de souffrances. Marcienne de Fluë, malade, incroyante,
lasse de tout, meurtrie des mille heurts de l'existence, est ramenée
à la vérité religieuse et à la paix morale par des années de solitude
et de prière et aussi par l'exercice de la charité. Elle finit par trouver,
sur les sommets qu'elle a atteints, uii contentement qui est une forme
de bonheur. Il y a dans ce volume plus de psychologie que d'événe-
ments, plus de luttes d'âme que de péripéties extérieures, et il nous
semble convenir plutôt aux esprits déjà mûris et assagis par l'épreuve
qu'aux très jeunes, souvent assoiffés de mouvement. La paysage
grandiose où vit Marcienne n'est pas sans influer sur sa mentalité;
l'auteur parle des montagnes comme quelqu'un qui les connaît et qui
les aime et elle sait faire comprendre combien les aspects extérieurs
ont sur certaines natures une véritable puissance colorant, pour
ainsi dire, leurs pensées et s'harmonisant avec leurs sentiments.
29. — L' Irrésistible Force qui donne son titre à ce roman est la
force bénie et sainte, faite du sentiment du devoir, de l'amour qui
croit et qui pardonne, de la patience qui finit par triompher. Elle
s'incarne dans la personne d'Aliéner de Vertadour à qui le testament
bizarre d'un archéologue maniaque rend le domaine familial où
les ancêtres ont vécu jusqu'à la Terreur. La famille d'Aliénor, grisée
par cette fortune inattendue, n'en comprend pas, comme elle, tous
les devoirs; mais, peu à peu, l'expérience aidant, un esprit meilleur
vient animer l'ancien château, où, en face des flots grandissants de
l'incroyance et de la révolte, ceux qui portent un beau nom sont
appelés à soutenir le « bon combat ». Leurs armes ne sont pas celles
dont se servaient lem's ancêtres; adaptées aux besoins nouveaux
du vingtième siècle, elles exigent, de la part de ceux qui les manient,
un courage plus patient peut-être que batailleur. Le livre de M'"^
Jeamie de Coulomb est écrit avec aisance; les personnages y sont
nombreux et vivants; les sentiments élevés, et l'auteur, en touchant
aux questions brûlantes qui agitent en ce moment les esprits, met
dans son récit une note d'actualité.
— 506 —
30. — Dans les romans que nous venons d'analyser, c'est «la force »
du bien qui triomphe; dans la Force cachée, par M. Jean Thiéry,
c'est le contraire. Le volume a pour épigraphe ce passage de Sainte-
Beuve : « Il y a je ne sais quelle force cachée qui semble se plaire à
briser les choses humaines, à faire manquer d'un coup l'appareil
établi de la puissance, et à déjouer la pièce juste au moment où elle
promettait de mieux marcher. » M. Monti-Ville, richissime financier,
jouit d'une fortune volée, mais nul ne le sait que la baronne de
Mertens, dont les dénonciations sont traitées de folies et d'extrava-
•gances. Une affection profonde existe entre J. Monti-Ville, petit-fils
du voleur et Suzanne de Mertens, descendante du gentilhomme
béarnais qui a été dépouillé de sa fortune et dont les descendants sont
dans la misère. Pour apaiser ses remords, M. Monti-Ville pousse son
fils, qui ignore tout, à épouser Suzanne; mais, en face de la mort,
il avoue le crime de son grand-père, dont il a profité. Cet aveu est
la « force cachée « qui, au moment où leur union semble assurée,
sépare, peut-être pour jamais, les deux jeunes gens : l'un s'éloigne
par honte du crime paternel, et l'autre, par la terreur des malédictions
dont sa mère a jadis accablé les détenteurs de la fortune des siens.
Un jour peut-être Suzanne de Mertens, devenue riche et qui aime
toujours celui sur lequel pèse la faute d'autrui, persuadera-t-elle à son
fiancé de jadis de reprendre les projets brusquement renversés par
la « force cachée ». L'on connaît le style mouvementé de M. Jean
Thiéry; l'action est rapidement menée, les dialogues sont naturels
et les sentiments, inutile de le dire, irréprochables.
31. — Los qualités et les lacunes qui caractérisent les œuvres
de M"^eg, de Buxy se retrouvent dans son nouveau roman : Veiwe de
quinze ans, savoir : une certaine originalité de conception, une ima-
gination vive, une vraie poésie dans les descriptions de la nature
qu'elle aime et qu'elle comprend, et aussi, ajoutons-le, quelque chose
d'étrange et d'imprécis, qui donne à ses personnages un air plus
fantasmagorique que réel. La « veuve de quinze ans » répond au nom
bizarre de Calician, elle a été élevée dans un couvent d'Espagne,
mariée en Ecosse à Jean-Jacques Coronat, Français affilié aux sectes
anarchistes. Il la quitte pour une mission lointaine et mystérieuse
et l'envoie dans sa famille, qui habite un village de la Bresse, attendre
son retour problématique. Calician, acceptée avec peine par ces gens
paisibles et terre à terre, qui ignoraient le mariage de Jean-Jacques,
se fait cependant une place à leur foyer, grâce à sa douceur, à sa
jeunesse -et à l'étrangeté même de sa position. Le volume se ferme
sur le retour inopiné du mari, qu'elle a si peu connu; mais le lecteur
demeure dans le vague sur le voyage mystérieux de Jean-Jacques,
«ur sa vraie nature, sur l'avenir qui s'ouvre devant celle qui n'est
— 507 —
plus maintenant la « veuve de quinze ans » et dont la figure imprécise
et mystérieuse est un peu celle d'une princesse de légende.
32. — Nicole à Marie, comme ce titre l'indique, est un roman
par correspondance. Nicole Garnier épouse Robert Morancey et
raconte à son amie les hésitations qui ont précédé son mariage,
la joie qui l'a accompagné et les difficultés qui l'ont suivi. Nous
n'avons pas les réponses de « Marie », mais nous les devinons dans
les lettres de Nicole, petite personne décidée, pratique, raisonnable,
ayant, semble-t-il, plus de tête que de cœur. Son mari n'est pas un
méchant homme, mais il n'est pas non plus un héros, et le milieu
de province dans lequel est transportée la fine Parisienne, est, en
somme, peu intéressant et peu sympathique. Elle s'y fait sa place
en bataillant, se montre adroite, énergique, avec des idées très nettes
sur ses droits et aussi, il convient de le constater, sur ses devoirs,
une dose de raison, de bon sens et de volonté, rare chez une toute
jeune femme. La fibre affectueuse, d'abord moins développée chez
elle, se révèle tout à fait à la naissance de son fils et le volume se
ferme sur une jolie page de joie maternelle. Il manquerait peut-être
à ces lettres, écrites d'un style alerte et pleines d'idées pratiques,
une note un peu plus élevée : celle qui donne à la vie un sens à la
fois profond et surnaturel, aux épreuves, même légères, une valeur
morale; aux événements quotidiens une certaine envolée, qui en fait
oublier la A^ulgarité.
33. — Le Journal d'une fille d'honneur nous transporte dans une
petite C'tur allemande. La comtesse Edith Bruck/y est attachée au
service de la duchesse régnante, minée par un cliagrin secret qui
met une note tragique dans l'atmosphère monot.me de Gerda. Ce
chagrin vient de l'état moral du prince héritier, dont le physique
magnifique cache une mentalité d'idiot. A force de dressage, on a
fait du prince Maurice un automate, qui sait saluer son peuple et
l'on a établi autour de lui une légende, destinée à voiler son infir-
mité, légende qui, du reste, ne disparaît pas après la mort violente
de l'infortuné. Les divers personnages du récit ont de la vie : la prin-
cesse Marie surtout est une séduisante petite Altesse, qui n'a rien de
protocolaire. Elle est si peu princesse qu'elle épousera un simple
officier de cavalerie, frère de la « fille d'honneur »; et, chose plus
extraordinaire, cette mésalliance est acceptée par ses parents. La
traduction est bien faite et la lecture du volume facile et aisée, avec
une certaine couleur locale qui semble exacte.
34. — Avec le volume de M. H. Guerlin : A l'Ombre de l'Acropole,
nous revenons aux romans historiques. L'auteur de la Petite Patri-
cienne, dont nos lecteurs se rappellent sans doute la touchante
histoire, évoque, dans cette nouvelle œuvre, la Grèce ancienne avec
— 508 —
son culte pour la beauté, sa lumière et son ciel. A travers les foules
livrées au culte des faux dieux, mais dont les erreurs se cachent
sous un certain rafnnement extérieur, passe l'austère figure de
Paul de Tarse, l'apôtre du Christ : il prêche la doctrine nouvelle à
ces Grecs, épris de la joie de vivre et ses leçons tombent dans le
cœur sincère de Damaris, riiéroïne du récit, en qui s'incarne toute
la beauté de sa race. Cette beauté même vaut à la jeune chrétienne
la palme du martyre : le sculpteur Apollonidas, qui l'aime, l'a repré-
sentée sous les traits d'Ai'témis, la grande déesse, à laquelle les masses
rendent un culte idolâtrique. Damaris, indignée de servir de prétexte
à des manifestations qu'elle réprouve, brise la statue et expie, par
une mort cruelle, son héroïque audace. L'auteur s'est pénétré des
usages, des mœurs et des coutumes du temps et du pays qui servent
de cadre à son héroïne, mais sa science historique n'alourdit pas son
récit, elle donne seulement une base plus solide à cet épisode des
premiers temps du christianisme. Cette époque a tenté un grand
nombre d'écrivains de foi et de talent, et Damaris est bien la sœm'
cadette de Fabiola et de Calhsta.
35. — Rosèle ou Marie-Rose est une petite fille dont les joies et
les chagi'ins sont racontés avec attendrissement par sa tante, qui
est aussi sa marraine. On pourrait croire que dans une \\e aussi courte
que fut celle de Rosèle, il n'y ait place que pour la joie; mais,
toute petite, Rosèle est déjà une sensitive et la cause de sa mort
est moins la maladie que le chagrin causé pai' le second mariage de
son père. Il est vrai de dire que sa future belle-mère est une intrigante
dont la sécheresse de cœur a été devinée par l'enfant et la mort de
celle-ci empêche l'accomplissement d'une union qui ne promettait que
déceptions. Le volume est rempli d'émotion et la persounahté de
Rosèle est étudiée avec amour. Cette petite âme d'enfant nous est
présentée comme douée d'une profondeur rai'e à son âge, apanage,
dit-on, de ceux qui meurent jeunes et que l'on redouterait de voir
chez les siens.
36. — Encore une Marie-Rose, mais plus sohde et moins mélanco-
lique que sa frêle homonyme. L'autem* de Marie-Rose au couvent nous
raconte les années passées par une petite orpheline dans une de
ces maisons religieuses auxquelles les sectaires qui nous gouvernent
font une guerre acharnée. Son hvre est, par le fait, un plaidoyer
pour les couvents; les petitesses et les imperfections, dont on parle
tant, sont, dit-il, de bien légères taches, comparées à la somme
de dévouement désintéressé dont font preuve celles qui y dirigent
cette œuvre importante et délicate : la formation des âmes de jeunes
filles. Marie- Rose n'est ni une victime ni une opprimée; malgré
les ennuis qui se rencontrent au couvent comme ailleurs, elle
— 509 —
en franchit le seuil avec regret, à la fin de son éducation. Si tout n'y
est pas parfait, l'atmosphère en est saine, l'esprit excellent, les reli-
gieuses maternelles, et certaines d'entre elles sont douées, dans la
direction de leurs élèves, d'une perspicacité et d'une sagesse re-
marquables. L'auteur écrit comme quelqu'un qui, par expérience,
connaît bien son sujet.
37. — Voici un excellent volume à répandre dans les milieux
populaires. L'auteur de : En passant aborde, sous forme d'historiettes,
les problèmes du temps présent et les sujets d'actualité comme les
expulsions, la séparation, les hôpitaux et les écoles laïques. Il le fait
d'une plume alerte, avec une bonne humeur, qui s'allie à une vive
indignation contre tout ce qui est méchant, lâche ou injuste. Ses
petites nouvelles sont éloquentes, plus que de longues argumen-
tations. La Préface du volume, signée d'un nom connu : Jean de la
Brête, exprime la pensée qu'un bon li\Te, comme celui-ci, réunissant
l'excellence du fond à l'agrément de la forme, pourra exercer un
véritable apostolat et réveiller dans des âmes de bonne volonté « des
forces endormies ». C'est là une mission que remplira certainement
En passant; l'auteur s'y montre souvent indigné, jamais larmoyant ni
découragé.
Pièces de théâtre. — i. — Le Fiancé distrait est une comédie
bouffe en un acte, avec seulement deux personnages, le maître et son
domestique; pièce un peu vulgaire, mais parfaitement inofïensive.
2. — Virgamelle et^ Patrouillot, saynète militaire, à deux person-
nages, l'un type du soldat campagnard, naïf et crédule, l'autre du
gamin de Paris, loustic et moqueur. C'est un dialogue, d'un comique
très simpliste.
3. — Le Jeune Homme du sixième est dans la même note. Comédie
bouffe en un acte avec trois personnages.
4. — Le Retraité, saynète en un acte, est une scène de la vie de
bureau, avec trois personnages, d'une ironie plus fine et d'un comique
moins vulgaire que les précédentes.
5. —Le Décoré par téléphone, conversation téléphono-comique, sans
fil, par M. Paul Deroyre, est un monologue de la conversation. On
n'entend qu'un seul personnage.
6 et 7, — Représentation gratuite et Voyage circulaire, du même
auteur, sont également des monologues comiques; et, comme les pièces
précédentes, d'une honnêteté irréprochable.
Comtesse R. de Courson.
— 510 —
THÉOLOGIE
Cseai Btir la théologie d'Iréiiée. Étude d'histoire des dogmes, por
P. Beuzart. Paris, Leroux, 1908, gr. in-8 de 180 p. — Prix : 4 fr.
Essai modeste et consciencieux, fruit d'une étude sérieuse du texte
même d'Irénée, avec un effort méritoire pour être objectif et nous
donner la pensée du saint évêque. L'auteur nous explique avec
candeur comment, après son cours de théologie aux Facultés de Paris
et de Lausanne, il a voulu compléter ses études en préparant une
thèse, et comment, i§olé dans un pastorat de campagne, il a été amené,
au lieu des recherches érudites, à se contenter « d'un entretien prolongé
avec le texte ». Il nous dit ce qu'il a appris dans cet entretien, et,
malgré des traces d'inexpérience technique (dans le maniement des
textes grecs, par exemple), la modestie de ses prétentions et la fidéhté
au document l'ont préservé le plus souvent des erreurs trop criantes.
Mais le tableau est terne, l'ensemble manque de vie, et même, il faut
le reconnaître, de vérité. Est-ce conséquence de ses croyances calvi-
nistes, est-ce manque d'une culture générale assez profonde, d'intuition
historique? Toujours est-il qu'il n'a vu son auteur que du dehors, et
ne nous donne sa doctrine qu'en fragments tant bien que mal ajustés.
Il traduit des textes et les groupe. Mais il n'a pas pris contact avec la
réalité vivante où se retrempe sans cesse la pensée d'Irénée. De là vient
qu'il ne saisit pas le lion intime des choses, et ne voit souvent qu'inco-
hérence ou contradiction, là où quelqu'un qui se meut dans le même
monde que le vieil évêque s'explique tout et conîprend sans peine.
h-\. Bainvel.
Ije Dogme eatitolifiiie ife^aiit la s-aisioii et la seieitce, la
Trinité, les Ai2ges, les Origines, C Attente du Messie, Conférences apo-
logétiques faites aux étudiants par Louis Boucard. Paris, Beauchesne,
1908, in-12 de viii-315 p. — Prix : 3 fr.
Nous n'aimons guère ce titre, avouons -le bien simplement. Le dogme
catholique devant la raison et la science : cela fait penser à un accusé
qui comparaît devant ses juges pour se justifier, à un candidat qui
parait devant ses examinateurs pour obtenir un diplôme ou une
approbation. N'oublions donc jamais que si le catholicisme a le droit
de se défendre, il ne doit pas donner à sa défense l'apparence d'un
plaidoyer. Cette petite restriction de forme établie, nous convenons
bien volontiers que ce nouveau traité d'apologétique présenté par
M. Louis Boucard continue logiquement et heureusement ses travaux
passés. Après nous avoir montré les fondements et motifs de notre foi,
il fallait en faire admirer l'édifice. L'auteur nous conduit en pleine
révélation. Nous mettant à l'école de l'Église dont il expose l'infailli-
bilité doctrinale; plaçant entre nos mains les Ecritures, dont il rappelle
-su-
ies garanties divines, le docte conférencier nous engage d'un pas sûr
dans les ombres lumineuses des mystères, dans la société même de
Dieu et des anges. Il montre ensuite que la doctrine catholique n'a
rien de commun avec les mensonges et les puérilités du spiritisme,
rien de contraire aux données de la vraie science. Quelques aperçus
sur les origines de l'humanité, la chute originelle et le monde mosaïque
complètent utilement ce travail si soHde, si documenté, si concluant.
A. C.
Histoire tlii dogme de la l'édeinptioii. Essai historique et apo-
logétique avec une Introduction sur le principes des développements théo-
logiques, par Henri E. Oxenham; trad. de l'anglais par Joseph Bru-
ne au. Paris, Bloud, 1909, in-16 de 348 p. — Prix : 4 fr.
Après le beau livre de M. Rivière sur le Dogme de la Rédemption
(1905), on ne se fût guère attendu à cette traduction d'une œuvre
anglaise dont la première édition est de 1865 et la dernière de 1805.
M. Bruneau. qui, je suppose, avait fait son travail avant que n'eût
paru celui de M. Rivière, a cru qu'il y avait encore place pour lui
maintenant. L'ouvrage anglais n'est plus tout à fait au point; il n'a
ni l'exactitude ni la sûreté du livre français. Mais on y trouve des vues
intéressantes, notamment dans l'Introduction et dans le chapitre
des Harmonies de la Rédemption. Le traducteur a joint au texte
quelques notes bibliographiques, quelques citations d'auteurs
récents. On entrevoit où vont les préférences de celui-ci; mais on les
devine plus qu'elles ne sont exprimées. Son silence même étonne en
certains cas, quand, par exemple, il laisse passer des assertions comme
celle-ci, page 73 : « Il peut y avoir eu des périodes, dans l'histoire
de l'Eglise, où on a pu croire, en certains milieux, que la pureté,
l'humilité et les autres grâces de l'Évangile pouvaient remplacer la
franchise, la justice, la force de caractère et les autres vertus de
l'ordre naturel «; comme celle-ci encore, page 103: « que la théorie
d'une rançon payée à Satan par la mort du Christ... avait prévalu
dans l'Eglise pendant près de mille ans ». Çà et là, l'auteur semble
avoir oubhé de signer des notes qui doivent être de lui.
J.-V. Bainvel.
SCIENCES ET ARTS
Ii'Aiitliro|iologic Ae Maine de Oiraii, ou la Scîeiiee de
l'hoiiiisie iattéi'ieur, suivie de la Note de Maine de Biran de
1824 sur Vidée d'existence (aperception immédiate, édition Cousin), par
Pierre Tisserand. Paris, Alcan, 1909, in-8 de xi-336 + 148 p. —
Prix : 10 fr. »
Ce volume contient en réalité deux thèses de doctorat, et une
brève mention nous suffira pour la seconde, réimpression scrupuleu-
— 512 -
sèment levisée d'une note assez étendue laissée manuscrite et ina-
chevée par Maine de Biran à sa mort, en 182'i, et publiée sans un
soin suffisant par Cousin.
La première offre une indiscutable valeur, car nous n'avons de
Maine de Biran (en qui Cousin saluait « le premier métaphysicien »
de son temps) aucun ouvrage qui soit l'expression méthodique et
complète de sa doctrine : tout au plus a-t-il indiqué en certains
endroits les lignes essentielles de l'édifice philosophique qu'il se
proposait de construire. Reprenant, à son point de vue, la célèbre
distinction des trois ordres enseignée par Pascal, Biran considérait
l'homme comme capable de trois modes d'activité : au degré le plus
bas, la vie animale; au-dessus, la vie humaine proprement dite, et
enfin, comme couronnement, la vie de l'esprit, qui nous élève à unO;
sorte d'union constante avec Dieu. D'ailleurs, « chacune de ces vie;
est la manifestation d'une torce propre : il n'y a pas de passage logic[ue"^
ou métaphysique de l'une à l'autre; on ne peut que constater leur
existence, non l'expliquer » (p. 297). Pour connaître dans son origi-
nalité et sa pureté ce que Biran appelle « le fait primitif » (réalité
psychologique, objet d'une aporception immédiate) « il faut — écrit
M. Tisserand — pour ainsi dire, désohjectiver la conscience et la
saisir dans son intimité : et, en ce sens, l'esprit de la philosophie de
M. Bergson est tout à fait conforme aux tendances de la psychologie
biranienne » (p. 26). Ici, ce qui domine tout, ce n'est pas, comme chez
les cartésiens, l'idée de substance, c'est l'idée de force : la conscience
s'identifie au sentiment de l'tff.jrt, c'est-à-dire de l'action personnelle.
Nous sommes en présence d'un « dynamisme conscient et conséquent ».
Longtemps avant nos physiologistes contemporains, Biran avait
approfondi la vie « inconsciente », pour lui synonyme de vie «orga-
nique » : il s'était préoccupé d'en décrire les éléments, les conditions
et la nature. Mais ce qui l'intéressait tout particulièrement, c'est le
développement de l'intuition intellectuelle, d'où toute science résulte.
« La théorie biianienne de la vie réflexive a la beauté abstraite de la
conception platonicienne et cartésienne du monde intelligible et sou-
lève les mêmes difficultés «. I/homme nous apparaît ici essentiellement
« libre dans ses pensées, quoique déterminé dans ses affections ».
Mais il peut s'élever plus haut encore. Son intelligence est capable
du double concept de l'universel et de l'absolu, qui ne s'explique que.
par une faculté de croire, distincte de la faculté de connaître. Dans
cette voie Biran est allé plus loin que les éclectiques ses contemporains:
c'est qu'à ses yeux les croyances purement rationnelles ne suffisent
pas pour dissiper le mystère qui nous enveloppe; aussi, désespérant
de trouver Dieu par la voie du raisonnement, il l'a cherché ou fond
de lui-même, et s^n expérience personnelle de la vie l'a conduit
— 513 —
jusqu'à la religion où il voit une alliée bien plus qu'une ennemie de la
philos jphio. Cousin avait traité cette orientation nouvelle d' « incon-
séquence » ; M. Tisserand est moins sévère, mais dans un chapitre
des plus piquants de son ouvrage (p. 210 et suiv.) il la rattache, autant
qu'il est en lui, à des considérations physiologiques, ce qui nous vaut
une analyse très pénétrante du tempérament de Biran. Que d'autres
considérations, et d'un ordre trrès supérieur, aient dicté au philosophe
cette évolution, c'est ce que son Journal inlime met en pleine lumière :
il a cédé avant tout au besoin de posséder un point d'appui et une
suprême consolation dans un principe suprême de justice et de bonté.
Pour rencontrer le vrai bonheur, il lui a paru que l'homme avait à
sortir de lui-même, ce qui n'est possible que par l'aide d'En haut :
l'œuvre ébauchée en nous par la volonté s'achève par l'action de la
grâce. Et de sa plume émue est tombée une apologie vraiment admi-
rable do la prière.
Jusqu'où Biran a-t-il poussé cette conversion? Ce point a été souvent
discuté. « Il semble bien, écrit M. Tisserand (p. 287), qu'en vieilUssant
il se soit de plus en plus rendu compte de la nécessité d'un secouis
extérieur, et notamment des pratiques, pour déterminer en lui la
vivacité de la foi et des sentiments religieux. » Un fait est certain :
c'est qu'avant de mourir il reçut l^s dernieis sacrements de l'Eglise.
Mais pour en revenir, avant de terminer, au philosophe, citons
ce jugement de M. tisserand dans sa Conclusion : c Aristcte, Leibniz,
Kant, tels sont les penseurs dont les doctrines se rapprochent le plus
de celle de M. de Biran, si l'on considère les résultats auxquels elle
aboutit. Si on en considère la méthode, M. de Biran procède de Des-
cartes et des idéologues du wiii-^ siècle : néanmoins, il conserve
son originalité... Que d'analyses délicates et fines, que de vues in-
génieuses dans les études de psychologie qu'il nous a laissées ! » (p. 3 lu
e. ?20). ' C. Huit.
L.'É«8Bi<>atiou intellectuelle, morale et iiliysiciue, par Her-
bert Spencer; trad. de l'anglais par Marcel Guymiot. Pans, Schlei-
cher, 1908, petit in-8 de 265 p.— Prix : 2 fr.
Ce livre n'est pas nouveau, et, pour cette raison, n'a pas besoin
d'être présenté longuement au lecteur. Le seul élément neuf, ici, c'est
la traduction française, dont je ne suis pas à même de garantir l'exac-
titude, mais qui parait bien faite, claire, facile à lire, pourvue de ces
qualités qui gardent à un livre traduit la meilleure part de son intérêt.
Quant au fond, les œuvres du philosophe anglais étant depuis
longtemps connues de tous ceux qui sont un peu familiers avec les
questions de philosophie et de pédagogie, il me semble un peu tard
pour parler en détail de cet ouvrage presque cinquantenaire. Le phi-
JuiN 1909. T. CXV. 33.
— 514 —
losophc évolutionniste y étudie la façon dont l'éducation doit répondre
aux besoins nés aux divers stades de l'évolution humaine. Comment
traiter le corps? Comment traiter l'esprit? Comment faut-il diriger
ses affaires? Comment faut -il élever sa famillo? Comment faut-il se
conduire en citoyen? De quelle façon utiliser les diverses sources de
bonheur qui nous sont offertes par la nature? Comment faut-il
employer toutes nos facultés pour notre plus grand avantage et pour
celui des autres? Comment, en un mot, vivre d'une vie complète? Tel
est le but de l'éducation, et l'on voit que la tâche n'c^t pas petite et
qu'il ne serait pas trop de toute une vie pour faire l'éducation d'un
homme complet. C'est peut-être rationnel, nous croyons que ce n'est
guère raisonnable, et que toute cette pédagogie n'arrivera pas à
former seulement un bon maître d'école. Bien entendu, les préoccu-
pations chrétiennes n'ont aucune place dans le volume de Herbert
Spencer. Pour ces raisons, on peut admirer, peut-être, l'ingéniosité du
philosophe et du théoricien de l'éducation, mais on ne vrit pas quel
profil sérieux on peut tirer d'un livre dénué do tout caractère pratique,
et qui ne m'apparaît que comme une simple méthode de dressage,
contestable en plus d'un point, de l'animal humain. L'âme humaine a
des besoins que Herbert Spencer n'a même pas soupçonnés, et c'est
pourquvoi son étude ne me semble guère avoir qu'une valeur de curio-
sité. Valait-il vraiment la peine de la traduire? J'en doute un peu,
et les maîtres chrétiens, tout au moins, puisque c'est à eux surtout
que je m'adresse, seront certainement de mon avis.
Edouard Pont al.
Ketteler, par Georges Goyau. (Collection La Pensée chrétienne).
Paris, Bloud, 1907, in-16 de xlviii-290 p. — Prix : 3 fr. 50.
Elles sont encore bien actuelles et elles peuvent encore apporter de
la lumière à bien des esprits ces pages du célèbre évêque de Mayence,
qui mourut en 1877, âgé de soixante-seize ans. Elles ont été choisies
par l'homme de France, et je crois bien du monde entier, qui connaît
le mieux l'Allemagne religieuse du xix^ siècle, M. Georges Goyau. Sa
Préface, pénétrante et brillante, où l'érudition se fait aisée et lumi-
neuse, doit être lue d'un bout à l'autre. Le corps de l'ouvrage se
décompose en cinq parties. Dans l'Église et les Temps nouveaux se
révèle un esprit très ouvert, certes, aux besoins du présent, mais qui
ne rompt nullement avec la tradition, qui ne professe point à l'égard
du passé un arrogant dédain, qui dégage et retient les idées toujours
fécondes des formes qu'elles ont pu répéter et qui, parfois, ne subsistent
plus que vides et mortes. — Dans l'Église et les diverses variétés
d'absolutisme, Mgr de Ketteler se montre foncièrement libéral, au
noble sens du mot, et il dévoile tout ce qu'il y a d'hypocrisie dans le
- Dla —
prétendu libéralisme de ceux qui refusent à l'Église la liberté d'admi-
nistrer elle-même ses propres affaires sans autre sujétion que celle des
lois générales. — L'Église et le Droit de propriété, c'est la réfutation du
communisme d'une part, et, d'autre part, du droit de propriété, absolu
jusqu'à l'abus, indépendant de la loi divine; c'est la défense de la
charité libre, l'obligation légale de l'assistance n'étant admise que pour
les cas à'extrema nécessitas. On remarquera dans ces pages, écrites vers
1848, une défiance contre les interventions législatives que perdra plus
tard l'évêque de Mayence. —La quatrième partie, la plus développée,
a pour titre : L'Église et la Question ouvrière. Sous le nom de libéralisme
Ketteler y réfute un individualisme doctrinaire et destructeur de
tous les groupements naturels, famille, corporation, patrie. Certaines
pages exposent les espérances qu'il fonda, quelque temps, sur les
sociétés coopératives de production, et les ouvertures qu'il fit à
Lassalle pour les développer sans avoir recours aux fonds de l'Etat.
Il oppose à la loi d'airain des salaires, afiirmée avec trop d'assurance
et trop de rigueur, l'association professionnelle pénétrée d'esprit
chrétien. — Dans la cinquième partie : Politique sociale, on trouvera
un programme proposé au centre allemand en 1873 et les dernières
pages de Ketteler distinguant, dans les revendications socialistes, ce
qui peut être accepté, ce qui doit être rejeté par les catholiques.
Baron J. Angot des Rotours.
]?Ia Voratioii sociale. Souvenirs delà fondation de V Œuvre des cercles
catholiques d'ouvriers (1871-1875), par le comte Albert de Mun.
Paris, Lethielleux, s. d., petit in-8 de 324 p. — Prix : 4 fr.
Ce volume reporte à des années qui se font lointaines, non
seulement par la chronologie, mais par tous les changements sur-
venus depuis. Quelle belle montée de vie, au sortir des tragiques
épreuves de la guerre étrangère et de la Commune, quels beaux espoirs
de régénération sociale et chrétienne 1 De cette période si attachante,
l'Œuvre des cercles catholiques d'ouvriers fut l'une des floraisons les
plus caractéristiques. Et nul, certes, ne pouvait, mieux que le comte
Albert de Mun, raconter comment elle est née et s'est épanouie.
Il se plaît à indiquer ce qu'elle doit à tel livre d'Emile Keller, à
l'initiation, pendant de longs mois de captivité, au mouvement
catholique allemand dont Mgr de Ketteler fut l'un des chefs, aux
admirables chrétiens rencontrés dans le cercle Montparnasse, à
Lucien Brun et à Léon Gautier, à Léon Harmel ralliant, en quelque
sorte, l'armée mobilisée au pèlerinage de Liesse, en août 1873, et
tournant les sollicitudes vers le§ ouvriers de la grande industrie.
Mais le lecteur sentira combien l'œuvre dut surtout à l'éloquent et
vaillant officier de cavalerie qui en fut l'âme, avec son frère Robert
— 516 —
et avec le capitaine de la 'reur du l'in. 11 sentira de même ce que
cette entreprise, aux ambitions très hardies et très vastes, à Tallure
très militaire, avait d'entraînant et de superbe, ce qui en elle
pouvait heurter certaines prudences et certaines habitudes, ce qu'elle
jetait, même en d'autres sillons que le sien propre, de semences
fécondes, dont beaucoup ont germé et grandi... Et ce livre char-
mant, qui garde et qui communique comme un souffle vivifiant de
jeunesse, demeurera un document historique de premier ordre pour
qui voudra étudier comment réagirent, d'abord, sous le coup des
terribles chocs de 1870-1871, la société et l'âme françaises.
Baron J. Angot des Rotours.
SiiZi:i> TA «PALNOIIEAA. Essai sur la notion de théorie
physiciiBe de Plato» à tialilée, par Pierre Dure m. Paris, Her-
mann, 1909, gr. in-8 de 144 p. — Prix : 5 fr.
— cl)'(îiv Tx ox'-voaevx, sauver les phénomènes, autrement dit le,s
apparences, tel était le but que, dans l'antiquité, au moyen âge
et aux débuts de la Renaissance, se proposaient avant tout les savants
en matière de sciences physiques, lesquelles se réduisaient à peu
près à l'astronomie, ce que nous appelons aujourd'hui la physique ne
se distinguant point alors de la métaphysique. Or, trouver des
hypothèses expliquant les mouvements des astres et permettant de'
les calculer, sans se préoccuper de leur réalité ou même de leur vrai-
semblance, mais dans un but purement abstrait et théorique, cela
suffisait à des géomètres comme Hipparque ou Ptolémée, pour ne
nommer que les plus célèbres. Des philosophes, comme Platon ou
Aristote et leurs successeurs, cherchaient à se rapprocher de la réalité,
mais par d'autres voies, et en recourant à des considérations où se
retrouvait la séparation étanche que l'on admettait entre la physique
terrestre et celle des astres.
Tout le travail de M. Duhem consiste à exposer ces deux tendances
chez les Grecs, les Juifs, les Arabes, les scolastiques et de Copernic
à Galilée. Osiander, dans sa préface au magistral traité De revolu-
tionibns orbium caelestiiun du chanoine de Frauenburg; Bellarmin,
dans sa lettre à Foscarini, dont Galilée eut connaissance; le pape
Urbain Mil, dans ses bienveillants conseils à l'astronome de Florence,
étaient dans le vrai, selon M. Duhem, à l'encontre de Kepler et de
Galilée, en persistant à considérer le système copernicien, au point
de vue d'une spéculation abstraite, plus favorable que les autres à
donner une explication théorique des phénomènes, à sauver les appa-
rences, cà'Çv.v Tx oa.iv6j7.sva,. — D'autre part, Kepler et Galilée ont
contribué à montrer, à l'encontre des errements antérieurs, l'unité
— 517 —
des lois qui régissent la création sublunairc aussi bien que celle des
astres : croyant renouveler Aristote, ils préparaient Ne\Nl;on.
Cette analyse, écourtée et incomplète, ne donne qu'un faible aperçu
du prodigieux travail de science, d'érudition en même temps que
d'humanisme condensés dans cette brochure. Elle eût mérité, au
surplus, une disposition typographique meilleure, se réalisant en un
volume plus dense sous un format moindre, avec intervalles de blancs
entie les chapitres : quelques subdivisions de ces derniers eussent
rendu plus facile la lecture de cette très savante dissertation.
C. DE KiRWAN.
LITTERATURE
Introduction to Early IVelsB», by the late John Strachan.
Manchester, Sherratt and Hughes, 1909, in-8 de xvi-294 p.
Le titre indique déjà que l'on a ici l'œuvre posthume de M. Strachan
« Professer of Greek and Lecturer in Celtic in the University of
Manchester », double titre c{ui indique la double compétence du
regretté philologue. Après avoir, par des études minutieuses, affirmé
sa maîtrise dans la grammaire irlandaise, M. Strachan voulut s'an-
nexer la grammaire galloise, et il avait fait un cours sur ce sujet à
l'Université de Manchester pendant les deux années scolaires qui
précédèrent sa mort (octobre 1907). On a jugé utile de publier le
manuscrit de ces leçons, mais la critique ne doit pas oublier que
l'auteur n'a pas vécu pour mettre la dernière main à son oeuvre, et
pour la faire profiter d'vme plus longue expérience de cet enseigne-
ment.
Tel qu'il est pourtant, cet ouvrage remplit une lacune de la phi-
lologie celtique, car il permet d'aborder, dans l'ensemble et dans
le détail, l'étude des textes gallois du moyen âge, ce qu'on appelle
le gallois-moyen. 11 est limité dans son cadre ; ce n'est pas l'histoire
ancienne de la langue ni sa transformation récente : c'est le tableau
de ce qu'elle a été du xi*' au xv^ siècle, telle qu'on la connaît par
les textes de cette période. L'ouvrage se compose donc de deux
parties, une grammaire et une chrestomathie avec glossaire. La
grammaire, venant d'un grammairien de profession, est une œuvre
de grande précision; mais le lecteur ne doit pas s'attendre à y trouver
une extrême facilité d'abord : une ceriiaine expérience grammaticale
est supposée chez ceux c[ui étudieront le gallois avec ce livre pour
guide; la syntaxe est piésentée avec la morphologie (ou théorie
des formes), comme cela est à sa place dans un enseignement oral :
l'auteur, grammairien çt helléniste, se laisse aller à l'emploi d'ex-
pressions pédantesques comjTie apodosis. Je note aussi qu'il n'eût
- 518 -
été que stricte justice de nommer feu Evander Evans comme
auteur des articles de YArchacologin Camhrcnsis cités p. 83. Cuique
suiini ! Povu- l'enseignement du gallois dans les cours d'Université,
la grammaire de M. Strachan dispense à peu près de recourir à la
Grammaiica celtica de Zeuss, d'autant plus que lorsqu'on emploie
cette dernière, il faut la compléter et la corriger par les travaux
postérieurs. Mais plus encore que par sa section grammaticale,
l'ouvrage de M. Strachan rendra service par la chrestomathie. Pour
aborder l'étude du gallois du moyen âge, on n'avait jusqu'ici que
l'édition de Peredur, publiée en 1887 à Leipzig par M. Kuno Meyer,
texte de dimension restreinte. La chrestomathie de M. Strachan
comprend : le roi Lear et ses fdles, l'histoire d'Arthur, un autre
texte légendaire, un texte de loi et plusieurs poésies, le tout accom-
pagné d'vm glossaire. Et comme la grammaire technique est suivie
d'un index détaillé, il est aisé, par l'étude combinée des textes et de
la grammaire, de mener à bonne fin un apprentissage jusqu'ici
difficile.
Quoique le titre dé ce livre porte seulement le nom de feu Strachan,
il convient d'y joindre celui de son ami, collègue et confrère, M. Kuno
Meyer, qui a revu l'ouvrage laissé en manuscrit, l'a retouché et com-
plété et l'a mis en état de voir le jour, car le rôle bénévole d'éditeur
d'une œuvre posthume a des difficultés que le public ne voit pas, et
c'est chose aussi laborieuse que délicate. H. Gaidoz.
Flore populaire, ou Histoire umtiirelle des plantes dans
leurs S'apporta nvec la linguistique et le iolklore. par
Eugène Rolland. T. V et t. VI. Paris, chez l'auteur, 5 rue des Chan-
tiers, 1904-1906, 2 vol. in-8 de 416 et 307 p. — Prix : 8 et 7 fr.
M. Eugène Rolland a terminé ce grand travail — je dis terminé,
puisque le tome VII, formant supplément aux six premiers, est lui aussi
paru, — qui est la plus considérable contribution qu'on ait donnée
jusqu'à ce jour à la connaissance des rapports de l'homme et des
plantes. L'intérêt qui s'attache à ces deux volumes n'est pas moins
grand que celui que présentaient les autres. Il suffit de dire que le
tome V est uniquement consacré aux Rosacées, pour qu'on devine
queUe riche moisson a pu récolter l'auteur avec des végétaux qui, par
la beauté de leurs fleurs ou la saveur de leurs fruits, jouent un si
grand rôle dans la vie de l'homme. Il est certain que l'Eglantier,
le Poirier, le Cerisier, etc. devaient présenter à l'auteur une mine
infinie de formes dialectales, de traditions, de coutumes singulières,
de jeux et de superstitions qu'il a su mettre en valeur. Le tome VI, qui
contient, entre autres familles, celles des Cucurbitacées, des Grossu-
lariées, les Ombellifères avec le Persil et la Ciguë, les Loranthées,
— 519 —
avec le. Gai, les Sambucées, avec le Sureau, n'offre pas un moindre
intérêt. Au surplus, le champ était si vaste que M. Rolland a dû parfois
renvoyer le lecteur aux rares monographies qui ont déjà été faites
de certaines espèces au point de vue du folklore. De tels renvois biblio-
graphiques augmentent encore la valeur^de l'immense répertoire lin-
guistique qu'est la Flore populaire. Et voilà complétée cette ency-
clopédie des relations de l'homme avec les êtres au milieu desquels
il vit et dont il vit, que M. Rolland avait commencée avec sa Faune.
D.
Tliéàlre (I'Oscar Wilde. I. Les Drames, avec une étude sur Oscar
\Mlcle p9r Albert Savine. Paris, Stock, 1909, In-18 de 250 p. —
Prix : 3 fr. 50.
Impiimés en Amérique, à un très petit nombre d'exemplaires, en
1882 et 1883, les deux drames d'Oscar Wilde que traduit aujourd'hui
M. Savine sont fort peu connus, même dans les pays de langue anglaise.
Le premier, Véra, repose sur une donnée bien invraisemblable (un
tsarévitch nihiliste), et, sans souci des dates ni de l'histoire, nous fait
voir des nihilistes en 1800, c'est-à-dire soixante ans aA^ant que le nom
même de cette secte eût été inventé par Tourguénef : inutile de dire
qu'ils ont partout le beau rôle. L'action est rapide et bien menée,
les personnages nettement quoicfue un peu sommairement dessinés,
et le dialogue montre déjà ces qualités par où vaut surtout le théâtre
de Wilde. Avec ses conventions et ses violences, la pièce produirait
sans doute de l'effet à la scène. Dans la Duchesse de Padoue^ qui est
le second drame, l'imitation d'autres pièces et surtout de Lorenzaccio
paraît évidente. Duc tyrannique et chargé de crimes, jeune con-
spirateur qui le sert pour l'assassiner et venger ainsi son père, duchesse
belle et malheureuse, amour réciproque du conspirateur et de la
duchesse, dialogues lyriques entre eux, voilà qui constitue un drame
romantique suivant la formule et dans le cadre ordinaires. Ce qui est
encore romantique, ce sont les sautes brusques de sentiment et les
revirements mal expliqués qui amènent le jeune homme à renoncer
à sa vengeance, la duchesse à poignarder son mari. Après diverses
péripéties assez étranges, poignard et poison terminent congrûment
par un double suicide ce mélodrame assez habilement fait, malgré
des longueurs et les -défauts d'une poétique surannée. La traduction
de M. Savine selit facilement et doit être fidèle ; pour en juger convena-
blement, il faudrait avoir sous les yeux les textes originaux, qu'on a
peine à rencontrer. On cherche vainement dans le volume l'étude
annoncée sur l'auteur; cette étude se trouvera, paraît-il, en tête du
tome II. A. Barbeau.
— 520 -
Viugt années «le rectoral. Discours de rentrée et annexes, par
Mgr Baunard, Paris, Poussielgue, 1909, in-8 de xi-568 p. — Prix : 5 fr.
Par une excellente idée, Mgr Baunard, qui a été longtemps le recteur
admirable de l'admirable Université de Lille, recueille ses discours
et en forme un bouquet. C'est écrire l'histoire même de ces glorieuses
■ Facultés libres et par la plume de celui qui a contribué le mieux à leur
prospérité et à leur honneur. Professeurs, élèves, amis retrouveront
là la trame de leurs annales domestiques et aimeront à en garder le
vivant souvenir. Mais ce livre peut et doit avoir une portée plus
étendue, il devient un monument catholique et national, qui inté-
resse l'enseignement libre tout entier.
Nous n'entrerons pas dans le détail des faits qu'il retrace et aux-
quels il se réfère; il commence à la séance d'installation du nouveau
recteur à l'automne de 1887, il prend fin à sa démission, à sa retraite,
à son « remerciement « d'adieu le 25 octobre 1908. La composition du
volume comporte pour chaque « année académique » le discours de
rentrée, en « Annexes », l'allocution annuelle du recteur aux jeunes
étudiants, les notices, paroles,articJes relatifs aux événements retracés
dans le rapport de la séance solennelle.
Au cours de ces vingt ans, Mgr Baunard a abordé bien des sujets
de première importance et qui, chaque année, présentaient un intérêt
spécial d'actualité; ainsi : l'Audience pontificale accordée à l'Uni-
versité de Lille par Léon XIII en 1889; les Universités régionales,
travail da l'idée religieuse (1891); l'Éducation aux Facultés (1894);
les fonctions de l'Université (1897); les deux Frances (1900); l'Apos-
tolat; les Expulsions (1903); L'Année funèbre de 1905; le Trentenaire
da l'Université (1906); l'Encyclique Pascendi (1907). — Les allocutions
plus intimes ont généralement trait aux œuvres charitables spéciales
des étudiants : la Maternité Sainte-Anne, l'Hôpital des enfants,
l'Asile des incurables, la Section des sciences morales, l'Ecole des
hautes études industrielles (1895), l'Enseignement supérieur des
jeunes filles, le Pèlerinage eucharistique, le Congrès des juris-
consultes catholiques (1900), le Cercle des étudiants, le Médecin
chrétien, le Carmel et l'Université, etc. Ces pages présentent
tous les événements qui ont impressionné la vie intérieure et exté-
rieure du grand établissement confié à la haute sagesse de Mgr Bau-
nard; elles renferment aussi un Nécrologe des hommes éminents
qui, pendant vingt ans, lui appartenant, ont disparu : M. Henri
Bernard, M. Kolb Bernard, Mgr Thibaudier, le comte de Caulain-
court , le baron Raoul des Retours, M. Philibert Vrau, M. de
Margprie, le marquis de Vareilles, le comte de Nicolay, M. Camille
Féron-Vrau, etc. — On devine l'importance que ces notices élo-
quentes peuvent atteindre et combien elles resteront précieuses.
— K21 —
Mgr Baimard y a voulu déployer toute la reconnaissance de son
coeur, toute raiïoction de son esprit. Ce genre littéraire convenait
à celui qui est l'un des premiers biographes catholiques du xix^
siècle ; en élevant un monument aux autres, l'éminent recteur a
apporté, et placé et taillé les pierres qui serviront plus tard à la glo-
rification de son œuvre, de son propre labeur et do sa mémoire
respectée. G.
HISTOIRE
Tlie ilai«i of Franec, beiiigtlie stoa«y of titelife anti deatli
oX Jeanne «l'Arc, by Andrew Lang. London, Longmans, Green
and Ce, 1908, in-8de xvi-379p.,avecportraits et cartes.- Prix: 15 fr. 65.
Jeanne d'Arc d'après 11. Anatole France, par J. Bricout.
Paris, Lethielleux, 1909, in-12 de 128 p. —Prix : 0 Ir. 60.
lies Reliques de Jelianne d'Arc. Ses Tjettres, par le comte
C. DE Maleissye. Paris, Bloud, 1909, in-8 de 88 p., avec figures et
fac-similés. — Prix : 2 fr.
Aux Jeunes Filles de France. lies Amies de Jeanne d'Are,
par V.-D. Artaud. Paris, Beauchesne, 1909, )n-12 de viii-297 p.
— Prix : 2 fr. 50.
I^a Kienlieureuse Jeanne d'Arc ^es Wertus, d'après lo témoi-
gnage des contemporains, par le P. Marie-Bernard. .3« éd. Paris,
Poussielgue, 1909, in-32 d i 64 p., avec figures. — Prix : Ofr. 20.
Le nombre chaque jour croissant des publications nouvelles oblige
le Polybiblion à ne rendre compte que de celles qui lui sont directement
adressées : il peut à peine y suffire. Cette règle pourtant souffre
quelques exceptions, parce qu'il y a des cas vraiment exceptionnels.
Nous croyons devoir compter parmi ceux-ci l'ouvrage de M. Andrew
Lang : La Vierge de France^ histoire, de la vie et de la mort de Jeanne
d'Arc, qui est venu entre nos mains au titre d'un autre recueil. Encore
nous bornerons-nous à en signaler à nos lecteurs en peu de mots
Kexrstence et l'importance. Par lui-même, c'est un dos écrits sur
l'héroïque vierge dont, au point de vue critique, il y a Heu de tenir
compte. C'est, de plus, un éclatant témoignage de l'état actuel de
l'opinion anglaise sur Jeanne d'Arc et un complément merveilleux
do son triomphe. Le savant et vaillant auteur, qui s'est désormais
acquis des deux côtés de la Manche un renom durable, a peut-être
pris trop au sérieux la bruyante et vaine tentative de l'académicien
sceptique, qui a cru, l'an dernier, ensevelir la gloire de Jeanne sous
l'épaisseur de deux volumes, peu dignes même de son talent d'écrivain,
et qu'il faut, malgré leur cadre bibliographique, renvoyer, sauf l'agré-
ment qui leur manque, à la littérature de l'Ile des Pingouins. M. Lang
s'est attaché d'une façon toute particulière à en réfuter les assertions
et à faire ressortir le vide audacieux des preuves et le trompe-l'œil des
— 522 — ■
notes et renvois. Sa démonstration à cet égard est décisive et confirme
l'étincelante exécution de ce même ouvrage, méprise énorme d'un
homme d'esprit qu'aveugle sa passion sectaire, par M. Frantz Funck-
Brentano dans la Revue hebdomadaire (4 juillet 1908), un petit chef-
d'œuvre de verve scientifique et d'ironie vengeresse. Signalons sur
le même sujet, puisque l'occasion s'en offre à nous, un récent et très
bon article du P. Ayroles dans les Études (20 avril 1909). Il en résulte
entre autres choses que l'écrivain académique, fils do Voltaire et de
Renan, s'il sait le français, ignore terriblement le latin.
— Un prêtre très distingué, M. J. Bricout, directeur de la Revue du
clergé français^ a pris part, lui aussi, à la juste mais parfois un peu
naïve levée de boucliers pour la défense de Jeanne d'Arc contre son
prétentieux et subtil agresseur. Sous ce titre : Jeanne d'Arc d'après
M. Anatole France/û nous donne aujourd'hui le texte français d'une
étude publiée par lui dans un excellent recueil d'outre-mer, The
Catholic World^ de New York. Elle est divisée en trois chapitres :
I. L'Eglise et Jeanne d'Arc. II. Examen critique des documents.
III, Une Caricature de la Pucelle. En lisant ce travail avec le soin
qu'il mérite, nous avons, pleinement d'accord avec l'auteur sui
l'ensemble, regretté de ne pas toujours partager tout à fait son avis
sur tel ou tel point particulier, par exemple sur l'usage qu'il convient
de faire du Procès de condamnation, dont, selon nous, il rabaisse trop
la valeur historique, et sur la célèbre fiction de l'Ange. Nous avons
remarqué ses utiles observations sur la valeur doctrinale des procès
de canonisation (p. 42 et suiv.) et sûr la liberté laissée par l'Église. en
pareille matière à la critique catholique. Nous avons approuvé la
loyauté, la courtoisie de M. Bricout dans la discussion et jugé même
cette dernière un peu excessive.- Il s'est, croyons-nous, fort exagéré
le « bruyant succès de librairie » obtenu, dit-il, par son adversaire,
et aussi ses qualités littéraires, du moins dans le cas présent. « Quel
artiste que M. France ! » s'écrie-t-il (p. 18), entraîné par une opinion,
par une mode quelque peu banale et conventionnelle. Artiste ailleurs,
nous le voulons bien, mais pas ici. Qu'est-ce, en effet, qu'un peintre qui
aboutit, comme le note M. Bricout lui-même en très justes termes,
à faire du portrait de Jeanne d'Arc une caricature?
— C'est avec raison que M. le comte C. de Maleissye, l'un des
membres de la descendance authentique de la famille de Jeanne,
considère comme des reliques de la Bienheureuse, les seules que nous
possédions, les lettres originales, revêtues de sa signature, qui sont
venues jusqu'à nous. L'une d'elles est conservée aux archives de la ville
de Riom. Deux autres sont le joyau des archives famihales de M. le
marquis de Maleissye, chef actuel de la branche à laquelle appartient
l'auteur de l'intéressante et utile publication intitulée : Les Reliques
— r.23 —
de Jehanne d'Arc. Ses Lettres, qu'illustrent plusieurs fac-similés de ces
documents précieux. Si le zèle de l'auteur trahit quelque inexpérience,
il n'en est pas moins digne d'éloges. Ses observations sur la sous-
cription de l'héroïque vierge sont judicieuses et méritent l'attention
de la critique, bien qu'on ne puisse lui accorder que, dès son enfance,
Jeanne avait « appris au moins à former sa signature » (p. 13). C'est
une très juste remarque de M. de Maleissye (p. 55), que, « dans toutes
ses lettres, on retrouve un esprit vif, alerte, telle que Jehanne s'est
montrée devant la commission de Poitiers et telle qu'elle fut à
Rouen devant ses juges. Elle va droit au but, sans exagération, d'une
manière très personnelle et avec une finesse qui souvent étonne. »
Nous n'aimons pas l'archaïsme Jehanne qu'un certain nombre de
personnes essaient de mettre en faveur. Il est prétentieux et inutile.
— La béatification de Jeanne d'Arc va certainement redoubler la
production, commencée déjà depuis quelque temps, de livres d'édi-
fication destinés à répandre l'exemple et l'imitation de ses vertus.
Aussi nous proposons-nous de réserver désormais, à moins que l'histoire
proprement dite n'y tienne une place notable, l'examen et l'apprécia-
tion des publications de ce genre à la compétence si distinguée de
notre collaborateur spécial pour les ouvrages d'instruction chré-
tienne et de piété. Nous sommes heureux toutefois (l'histoire d'ailleurs
y est fréquemment ;citée et invoquée) "de signaler et de recommander
à nos lecteurs l'excellent volume de M. l'abbé Artaud, curé de Beaune-
la-Rolande, au diocèse d'Orléans : Aux Jeunes filles de France. Les
Amies de Jeanne d'Arc. Recueil de conférences prêchées par l'auteur
au patronage de jeunes filles de sa paroisse, il fait le plus grand honneur
à la solidité d'esprit, au zèle éclairé, à l'instruction étendue, au sens
pratique, au goût littéraire de M. l'abbé Artaud. Saint François de
Sales, dont visiblement le docte et judicieux curé est un fervent
disciple, aurait applaudi à cet ouvrage. Nos éloges sont impartiaux et
tout spontanés, car M. le curé de Beaune-la-Rolande ne nous est
connu que par son livre. Mais nous sommes convaincu qu'il y en a
peu de meilleurs, même d'aussi bons et utiles en ce genre. Lecteurs
et lectrices du Polybiblion feront œuvre méritoire en contribuant
à son succès et à sa diffusion.
— C'est un élégant et gracieux « souvenir de béatification » que la
plaquette, abondamment et richement illustrée, qu'oiïre au public
ami de Jeanne un religieux exilé, le P. Marie-Bernard, sous ce titre :
La Bienheureuse Jeanne d'Arc. Ses vertus. L'auteur y passe en revue,
avec talent et avec onction, « la piété de Jeanne d'Arc; sa dévotion
envers la Très Sainte Vierge; son obéissance; son horreur du blas-
phème; son humilité; son amour pour Jésus-Eucharistie; sa pureté;
sa charité pour les pauvres et les affligés; sa foi chrétienne; son
— 524 —
courage; sa patience... Ce sera, dit-il, le faibl(^ hommage d'un frère-
mineur capucin, se rappelant que si la Bienheureuse Jeanne d'Arc
ne revêtit peut-être jamais l'habit du tiers-ordre, elle eut du moins
souvent recours au ministère des enfants de saint François d'Assise
et se plut à prier dans leurs pauvres églises, » M. S.
inarie-TjOiiise et la Cour «l'Aiitriclie entre les âeux alidi-
vatioiis (1 81-1-1 S15), par le baron de Menneval. Paris, Émile-
Paul, 1909, in-8 de xiii-422 p., avec 2 portraits. — Prix: 5 fr.
Le nom do M. de Menneval, secrétaire du portefeuille de l'Empereur,
se rattache étroitement aux choses intimes du premier Empire. Il a
laissé des Mémoires, publiés il y a une quinzaine d'années, je crois; ils
offrent un intérêt particulier et comptent parmi les bons documents
de l'époque. C'est avec eux, et aussi avec divers papiers de famille,
que le petit-fils de ce serviteur fidèle de Napoléon vient aujourd'hui
retracer l'existence de Marie-Louise depuis son retour à la Cour
d'Autriche (avril 1814) jusqu'au mois de juin 1815, que le congrès
de Vienne lui concéda le duché de Parme. Il est si vrai même que
l'usage de ces documents personnels fixe le dessein de M. de Menneval,
qu'il arrête son récit à l'heure précise où son grand-père quitte à
Vienne l'ex-impératrice (auprès de qui Napoléon l'avait placé) pour
revenir en France au moment des Cent Jours (mai 1815). L'auteur
a eu l'intention évidente de défendre la mémoire de son grand-père
qu'il estime calomniée par les ouvrages de M. Frédéric Masson, dont
il accuse la « partialité » peu dissimulée, les jugements passionnés
et souvent injustes. Sa détermination semble avoir été prise surtout
depuis la publication assez récente (on 1908) des « Souvenirs « du baron
Fain, autre secrétaire de l'Empereur; ce livre était fort intéressant,
rempli de détails curieux, topiques, d'apparence réservés et probants;
M. de Menneval considère Fain comme coupable d'ingratitude, en
certains passages, pour son ancien collègue Menneval, et afin de
rectifier ces appréciations, de mettre le lecteur à même de les examiner
ta son tour, il proteste dans un Avant-propos assez vif et il écrit
l'histoire du rôle do son aïoul auprès de Marie-Louise en 1814 et 1815.
Il nous montre donc la fille de l'empereur d'Autriche jouant le
rôle auquel la condamne la politique paternelle; il garde toutes ses
sévéritéspour le prince de Metternich, qui tient les fils de l'intrigue et
pour le fameux général Neipperg, qui s'en fait le complaisant ins-
trument. M. de Menneval ■ — ■ le grand-père — représente auprès de
Maiie-Louise l'esprit français et les pïincipes d'honneur que sa sou-
veraine oublie si complètement, si promptement. Tous les détails
de cette «. Cour » en miniature sont tristement curieux. Ils étaient
connus et ce récit nouveau n'y ajoute point grand'chose. Une
— 525 —
correspondance do M. de Menneval avec M^^ de Menneval restée en
France en fournit les meilleurs éléments.
M. le baron de Menneval aurait pu, aurait dû donner à son étude
une forme plus historique, éviter des répétitions, écarter des inutilités,
serrer davantage son récit, l'accompagner de notes sérieuses et de
références précises ; ces avantages extérieurs, bien nécessaires, manquent
absolument. Il s'appuie aussi avec une complaisance trop confiante
sur des « auteurs » qui ne sont point, par malheur, des autorités :
passe pour les Mémoires de la générale Durand^ qu'il cite très volontiers,
encore qu'ils n'offrent qu'une valeur relative; mais prendre pour guide
l'indigeste -travail de Vaulabelle (le nombre des volumes ne fait point
qu'ils ne demeurent un pamphlet démodé), c'est s'abuser, comme
aussi d'attacher beaucoup d'importance aux multiples petits livres
de feu M, le baron Imbert de Saint- Arnaud. Il semble que l'autour,
en reprenant les rapports connus de Marie-Louise avec la Cour de
Vienne, avait entre les mains, par ses propres papiers de famille,
mieux que ces écrivains sans crédit ; les meilleures pages de son propre
livre sont les citations qu'il nous donne des lettres de son grand-père.
.On rencontre ainsi dos traits fort curieux relatifs à la reine d'Angle-
terre Caroline de Brunswick (p. 152) et un passage très touchant sur
l'infortuné petit Roi de Rcme (p. 386). G,
lïiouwenirs «l'un Parisien, par Henri Boucher. 2« série (1853-
1862). Paris, Perrin, 1909, in-16 de 495 p., avec une photogr . —
Prix : 3 fr. 50.
On aimerait que le titre de ce livre fût légèrement modifié pour être
plus exact; ce seraient, par exemple, les impressions d'un bourgeois,
de Paris ou d'ailleurs, qui raisonne facilement sans rien dire de
bien nouveau, les réminiscences d'un esprit cultivé assez libre,
d'un fonctionnaire du second Empire qui n'aime pas l'Empereur,
d'un bureaucrate qui se grise de littérature, d'un brave citadin
qui se plait à être discrètement de l'opposition.
On trouvera çà et là quelques pensées heureuses en style lapidaire;
quelques portraits dont les coups de crayon ne manquent pas de pro-
fondeur et de relief ; ainsi : la physionomie craintive, le regard terne,
la tournure « d'homme à prétention » de Napoléon III (p. 249)
sont bien rendus ; — les fuiiàh'ailles aux Invalides du maréchal Saint-
Arnaud (p. 99) semblent peut-être le tableau le plus saisissant qui
nous, soit donné; — les façons théâtrales du maréchal Canrobert aux
obsèques de l'amiral Bruat (p. 202); la démarche de Rossini sur le
boulevard (p. 253); la rentrée des troupes de Crimée, le 2 mars 1856
(p. 238); une amusante séance de l'Institut (p. 280). Les belles-lettres
enthousiasmant notre « Parisien », il admire, un peu trop, les
— 526 —
théories humanitaires du Tailleur de pierres de Saint-Point d). 148);
pour Victor Hugo, il est feu et flammes. Toutefois, il sait dire des
choses justes des Châtiments (p. 48), chef-d'œuvre « où tous les instru-
ments ont prêté leur concours: de l'orgue au chapeau-chinois, du haut-
bois au clairon». Il attend avec une émotion frémissante l'apparition
des Contemplations^ en 1856, et sa déception mal déguisée lui fait avouer
qu'il ne peut suivre ces calembredaines ni relire ces vers incompré-
hensibles (p. 266). Il donne de jolis croquis de Jules Janin dans
son chalet d'Auteuil (354-412), d'Auguste de Chatillon, poète dont
il s'éprend tout à coup et qui aussi lui apporte certaines déceptions
(p. 273); il dit nettement son avis sur Madame Bovary^ « exécrable
roman », sur la peinture « agressive » de Puvis de Chavannes, etc.
Il garde à ses amis un culte très honorable, et il y a un certain Vuille-
mot, brave officier tué en Crimée, qui revient à chaque instant pour
lui inspirer de nobles pensées.
Malgré tout cela, l'ensemble demeure terne, froid, et, tranchons
le mot, ennuyeux; un lien eût été utile entre ces réflexions diverses et
eût donné un attrait biographique à ces remarques jetées sans suite.
Mais il n'y a pas une note, pas une expUcation, pas un éclaircissement;
c'est publier un livre avec trop de sans-façon et faire que le lecteur
ne peut prendre intérêt à des choses que ne savent pas lui rendre
intéressantes ceux qui les lui apportent avec cette désinvolture assez
peu adroite. G.
Sou'veiiirs de l' Assemblée nationale (1991-1975), par
Paul Bosq. Paris, Plon-Nourrit, 1908, in-8 de 341 p. — Prix : 1 fr. 50.
Une piquante série de portraits et d'anecdotes avec beaucoup
d'esprit et de bon sens comme fil conducteur, tel est cet intéressant
volume qui mérite de figurer à côté de ceux, dont le nombre s'accroît
chaque jour, qui retracent l'histoire de la fondation de la troisième
République. Il ne fait double emploi avec aucun, parce que son auteur
n'a pas la prétention d'écrire l'histoire, encore moins de tirer des faits
qu'il rencontre des conclusions politiques. M. Bosq est un journaliste
qui se délasse du compte rendu des travaux parlementaires en
racontant comment il les a vus s'accomphr; un Parisien qui, même
dans les circonstances les plus sérieuses, ne manque jamais d'aper-
cevoir les à-côtés ridicules ou plaisants des séances auxquelles il
assiste; un philosophe qui ne croit guère aux vertus héroïques, mais
ne croit pas plus facilement aux grands crimes ; et peut-être
s'approche-t-il plus près que d'autres de la vérité historique si diffi-
cile à établir et tour à tour obscurcie par les passions mal éteintes,
quand il s'agit d'événements récents, et par les ombres de l'éloi-
gnement, s'il s'agit d'événements anciens.
— 527 —
Mais M. Bosq a droit aussi à un éloge plus sérieux. S'il n'a pas eu la
prétention d'écrire un livre d'histoire, au sens grave et élevé du mot,
le lecteur avisé s'apercevra vite qu'il aurait pu le faire, et avec le
plus grand intérêt. Dans les anecdotes qu'il raconte et dans les por-
traits, souvent un peu poussés à la charge, qu'il trace, règne, d'un
bout à l'autre, la finesse la plus délicate et il n'est pas rare qu'un
trait de lumière éclaire une situation politique et illumine l'obscurité
d'une négociation. Certaines légendes en pâtiront; mais ceux qui
cherchent avec passion dans l'histoire vraie du passé des enseigne-
ments pratiques en vue de l'avenir en resteront reconnaissants à
l'auteur trop modeste d'un livre extrêmement agréable et dont il
n'a pas dépendu de lui que la conclusion ou plutôt la fin (car
M. Bosq n'avait pas à conclure) fût moins désolante.
Eugène Godefroy.
Histoire du dioeèse d« Troyes lîendant la Révolution,
par l'abbé A. Prévost. T. IL Troyes, chez l'auteur, 25, cloître Saint-
Étienne, 1909, in-8 de 707 p. — Prix : 7 fr. 50.
J'ai rendu compte {Polijhihlion d'octobre 190:-^, t. CXIII, p. 34G)
du premier volume de M. l'abbé Prévost; j'ai dit alors mes réserves
sui la méthode adoptée pai' l'auteur et je ne reviendrai pas sur mes
critiques. Je reconnais d'autre part que peu de diocèses possèdent
sur leur histoire révolutionnaire des études aussi richement docu-
mentées; toutefois, cette richesse a ses mauvais côtés et le lecteur
s'égare dans le dédale des innombrables détails qui ne sont résumés
nulle part. Qu'il s'agisse des jureurs, des rétractés, des exilés, des
abdicataires ou des déportés, on aimerait à savoir en gros combien
ils sont, et ne pas avoir à compulser tout un volume pour réunir les
renseignements relatifs à un seul individu. M. Prévost annonce que
son troisième et dernier volume se terminera par une table générale
alphabétique : c'est un travail énorme qu'il s'impose, mais il doublera
ainsi la valeur de son ouvrage.
Dans le présent volume, qui embrasse la période qui va de 1791 à
1794, je signalerai particulièrement les chapitres relatifs aux prêties
qui exerçaient pendant la Terreur un ministère qui suppose une
intrépidité peu commune, et à ceux qui farent incarcérés ou dé-
portés au cours de la persécution; on y trouvera des pages d'un
intérêt puissant, et, à part les longueur-j, le livre est excellent d'un
bout à l'autre. . P. Pisani.
— 528 —
Cori'eH|iond»uee du comte de lv Forest, ambassadeur de
Frauce en Esiia^ne (1»0>*-1^13), publiée par la Société
d'histoire contemporaine, par Geoffroy de Grandmaison. T. II
(janvier-septembre 1809). Paris. A. Picard et fils. 1908, in-8 de 470 p. —
Prix : 8 fr.
Nous avons rendu compte dans le Pohjbiblion (t. CVI, p. 67) du
premier volume de cette intéressante autant qu'importante corres-
pondance. Le second volume, qui ne comprend que l'histoire diplo-
matique des neuf premiers mois de 1809, nous donne les détails de
l'entrée et de l'installation du roi Joseph à Madrid (janvier-mars);
il nous fait assister aux séances du Conseil d'État et aux luttes
nouvelles auxquelles donne lieu le retour offensif des alliés (avril-juin) ;
enfin, il raconte la campagne du roi Joseph au milieu des complications
politiques que suscitent les événements de la guerre en Autriche et
l'annexion des Etats pontificaux (juillet-septembre). Tous ces docu-
ments forment un véritable journal, où l'on suit pas à pas les faits
contemporains et où se reflète parfaitement l'âme du peuple espagnol,
soumis, mais non dompté, impatient sous le joug et toujours plein
de préjugés et de préventions à l'égard du gouvernement qui lui a été
imposé par Napoléon. Ce n'est pas seulement la question nationale qui
est en jeu — et ce serait déjà beaucoup, étant donné le caractère
espagnol; — mais il y a la question religieuse, les nobles exigences
des catholiques qui réclament toute liberté à l'intérieur du royaume,
et qui ne peuvent souffrir que le Pape soit esclave à Rome ou à Paris,
Le même ordre, très clair et très précis, que M. de Grandmaison a
mis dans la rédaction du premier volume, est suivi ici scrupuleusement.
Les documents sont publiés d'après leur date chronologique et avec
les références ordinaires. Chacune des trois divisions dont se compose
le livre porte en tête un sommaire historique, auquel l'auteur ajoute
en italique la part prise aux événements par le comte de la Forest.
On ne saurait nier l'immense importance de cette correspondance
diplomatique, au point de vue de l'histoire déjà centenaire de ces faits,
mis ainsi en relief par un témoin et un acteur contemporain digne
de tout crédit. Des notes abondantes au bas des pages évitent au
lecteur la peine de chercher ailleurs des éclaircissements sur certains
points particuHers de la vie des personnages en jeu, ou sur quelques
détails topographiques de la géographie du pays. Et, enfin, une table
des noms propres ajoutée à la fin du volume permet de
trouver sans difficulté la page où il faut se reporter pour avoir
immédiatement la documentation relative à telle ou telle étude qu'on
voudrait faire à part. En somme, la Société d'histoire contemporaine
s'est honorée grandement en publiant l'édition si instructive, si
complète et si parfaite que l'éminent écrivain M. Geoffroy de Grand -
maison a faite de la Correspondance du comte de la Forest.
G. Bernard.
I
— 5-29 -
llaiiuel l>il>lios;i*a|»lii(|uo de la lhtéi*a<ui'e iraii^'aii«e iiio-
•lei'iK', l.><>0- 1»<>0, par Gustave La\so.\, I. Seizirine sircle.
Paris, Hachette, 1909, in-8 de xv-247 p. — Prix : 4 fr.
C'est un incontostable mérite à M. Gustave Lausuu do n'avoir pas
recylé devant le labeur assez ingrat d'un travail bibliographiquo.
C'est pour avoir « souvent éprouvé que les jeunes gons qui, au s(trtir
du lycée, voulaient étendre et approfondir leur connaissance de la
littérature française, ne savaient où s'adresser )>; que les manuels ou
liistoires de la littérature leur donnaient « les impressions, les ju-
gements, les constructions de leurs auteurs, bien plus que les moyens
d'aller eux-mêmes aux textes et documents »; c'est pour avoir
l'ccdiiiiu ce besoin des étudiants d'être renseigrïés et la difficulti'
pour (Mix de le faire, que M. Lanson s'est déterminé à entreprendre
lo Manuel bil)liograpbique dont nous annonçons ici le premier fascicule.
Consacré au xvi^ siècle, ce fascicule comprend d'abord une Jntro-
diiclio}! dans laquelle M. Lanson a groupé, à l'usage des étudiants,
une liste assez considérable (496 articles) d'articles ou d'ouvrages
d'un intérêt général, sous les rubriques suivantes : I. La Méthode de
l'histoire littéraii'c; IL Catalogues et répertoires de manuscrits;
111. Bibliographie rétrospeetive (y compris les dictionnaires biogra-
phiques, les pncyelopédies, les histoires locales, etc.);" IV. Biblic-
grapliie courante; V. Histoires générales de la littérature française;
VI. Langut" française; VIL Versification; enfin les collections.
Luis, en 17 chapitres, M. Lanson nous d(Uine la bibliographie de
la Renaissaïuc en général; de Marot et de son école; de Marguerite
de Navarre, du platonisme et do l'École lyonnaise; de Calvin et des
écrivains religieux do la Réforme; de Rabelais et des conteurs; des
traducteurs; de la pléiade (en 2 chapitres); des contemporains et prin-
cipaux successeurs do Ronsard; des petits poètes; de l'histoire, des
mt'moires et des lettres; des écrits politiques, de l'éloquence et des
pamplilets; de la philosophie, de l'érudition, de l'économie et des
sciences; do Montaigne; des romans; du théâtre; enfin do la langue
française au xvi*^ siècle.
M. Lanson ne fournit à ses lecteurs aucune appréciation critique
sur les ouvrages ([u'il leur indique; mais il a soin, le cas échéant, de
spi'cilipr dans ces ouvrages les parties à consulter plus spécialement sur
telle ou telle matière : par ex., au chapitre des traducteurs, sous le
n" 976, il mentionno la Bibliographie ikdico-française, de Blanc, eji
notant, les pages relatives aux traductions d'Horace, d'Ovide, d(>
Virgile, d'auteurs italiens. De même, pour les ouvrages récents, il
ii'idi{{ue souvent les comptes rendus que l'on en trouve dans tel ou tel
recueil. Le soin qu'il a pris de multiplier les références à des articles
de périodiques, qui ont plus de chances que les livres d'échapper aux
Juin 1909. T. CXV. 34.
— 530 —
recherches des curieux, ajoute à l'utiUto pratique de ce Manuel
bibliographique.
M. Lanson exprime l'espoir qu'il ne servira pas aux seuls étudiants,
mais que les lettrés y troiiveront aussi « quelque utilité ».' Nous en
sommes, quant à nous, convaincu; tous ceux qui s'intéressent au
seizième siècle littéraire trouveront profit à consulter le travail do
M. Lanson. Ce n'est pas qu'il soit sans lacunes ni sans défauts; l'autour
est le premier à en faife l'aveu; on pourra lui reprocher de n'avoir pas
mentionné telle œuvre ou telle édition originale d'un écrivain; mais,
outre que parfois ces lacunes ont pu être volontaires, il était bien
difficile qu'il n'y en eût pas dans un travail de ce genre.
L'on ne voit pas bien pour quelles raisons l'auteur tantôt indique
et tantôt supprime, dans ses descriptions bibliographiques, soi-t le
lieu d'impression, soit le nom du libraire ou de l'imprimeur, soit le for-
mat; et cela tant pour les livres anciens que pour les livres m<i-
dernes. Il y a là un manque d'uniformité quelque peu choquant.
Les références à un même ouvrage ne sont pas toujours faites de
la même façon. Voici, par ex., aux n^ 103 et 534, un renvoi à Claudin,
Histoire de V imprimerie en France\ ce n'est que sous le n° 534 que je
titre est donné exactement: au n° 103, les mots en France manquent.
Les titres sont parfois reproduite ainsi d'une manière incomplète qui
on change le sens; nous en donneions encore un exemple : au n*' 328,
le Giornale storico délia letteratura italiana est mentionné sans ce
floinier mot. Au n^ 10, les Manuscrits français de la Bibliothèque du roi,
de Paulin Paris; au n° 70, le Cabinet des estampes de la Bibliothèque
nationale, de R.Bonchoi, sont indiqués d'une manière complètement
inexacte, sans grand inconvénient peut-être pour quelqu'un qui
travaille à Paris; mais en iia-t-il de même pour un travailleur de
province ou de l'étranger? Les mots étrangers — les allemands en par-
ticulier . — sont trop souvent écorchés; nous citerons, un peu au
hasard : n° 83. Grundriss des Geschichte, pour der; n° 615. novella
francesa pour francese; n°6'20, Halfte pour Hàlfte; n^ 1108, auf den
frayizôsische ThesLler, pouv franzôsischen; n^ 2474, ^em Thatigkeit,
pour seine; n° 2632, Versucht tiber'die... Archaismen, pour Versuch,
Archàismen; n° 2823. jesuitico pour gesuitico.
Ce ne sont là d'ailleurs que des vétilles, qui sont, en partie sans
dmite, du fait de l'imprimeur et sur lesquelles il ne convient pas d'ip-
sister. Elles n'empêcheront pas le Manuel de M. Lanson d'avoii le
succès qu'il mérite et que nous lui souhaitons. E.-G. Ledos.
CORRESPONDANCE
L'insertion de k lettre suivante nous est demandée :
« Monsieur lo Diiectour,
« Dans votre n*^ de mai, M. Maisonneuve écrit, à propos de notre
livre L'Idéal du xix^ siècle (1909, Alean, éd.), après une analyse,
d'ailleurs plutôt bienveillante, dont nous le remercions : « Ces pages
cherchent à nous convaincre que Thomme peut être heureux san-">
croire à l'âme immortelle et au Dieu éternel ». Nous avons, au contraire,
si peu cherché cela qu'vme partie est consacrée au primitivisme
chrétien, dont la littérature n'est pas très abondante. Le sujet d«>
la croyance dans ses rapports avec le bonlieur mérite d'ailleurs d'être
beaucoup plus longuement traité dans un ouvrage sur le bonheur
individuel que dans un ouvrage sur le bonheur social, comme le nôtie.
Nous n'avons, en définitive, exprimé aucune opinion personnelle
sur la croyance — dans ce livre qui a obtenu le prix annuel de la
critique en ralliant les suffrages des croyants comme M. Charle:-.
Le GofTic.
« Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l'assurance de nos sen-
timents les plus distingués. ' jMarius-Ary Lebi.oxd. »
M. Maisonneuve, à qui nous avons communiqué la protestation de
M. M. -A. Leblond, y répond dans les termes ci-après :
« Mon cher Directeur,
« Je reconnais volontiers que M. Marius-Ary Leblond n'a
« exprimé aucune opinion personnelle sur la croyance. »
« La « croyance » étant, à mon gré, un des éléments essentiels du
problème du bonheur, cette omission m'avait paru équivalente ù
une négation. Je suis charmé de m'être trompé.
« Agréez, mon cher Directeur, l'expression de mes meilleurs sen-
timents. « L. Maisonneuve. »
BULLETIN
Trutliietion et commentaire il^s ^rnn<le* antiennes ou O tl''^
l'Avent et de l'Office de ?ve«i, parles bénédictines du Temple. Paris,
Oudin, s. d., in-16 carré de iv-193 p., avec 2 grav. — Prix : 3 fr.
Précédées de lettres élogieuses de plusieurs évêques, ces pages sont des
prémices. On ne pouvait mieux choisir pour inaugurer la traduction entière
du Bréviaire. — Et, semble-t-il, nul n'était plus autorisé que des vierges
vouées à la louange divine pour traduire et commenter les sentiments
exprimés par l'Église dans les saints offices de l'attente et de la naissance de
l'Enfant-Dieu. A lire ces développements lumineux, tout imprégnés de la
plus pure poésie des livres saints, on sent qu'avant d'être exprimés ils ont
— r.32 -
été vécus. Deux belles graviires de l'école de Beuron annoncent les mys-
tères : l'Annonciation, ceux de TAvent, la Nativité, celui de Noël.
Les âmes pieuses trouveront en cet ouvrage un aliment aussi substantiel
que délicat. On y sent battre le cœur de l'Eglise notre Mère. « Votre travail,
écrit Mgr de Cabrières aux auteurs, sera un digne pendant de cette Année
liturgique, qui a assuré la renommée de Doni Guéranger. «
A. ViGOUREL.
.N oiîons siii" les i*clif;tmis do l'Inde. f,c ^'édi^me, ]iar Lot'IS T) F. I.A
Vali.ée-Poussin. Paris, Bloud, 1909, in-16 de 127 p. — Prix : 1 fr. 20.
Ce volume fait partie de la collection, déjà considérable, de l'Histoire des
religions; il en est certainement l'un des mieux informés et par conséquent
l'un des meilleurs. L'auteur, dans son Introduction, pose le problème des
Indo-Européens et des Indo-Éraniens; il établit, par des exemples probants,
que ce que l'on a pris parfois pour indo-éranien ou indo-européen était
tout simplement de l'humain, les traditions que l'on estimait particulières
à ces deux groupes se retrouvant partout. Après une description sommaire
de la littérature védique, de son époque et de ses caractères, le savant
indianiste étudie la divinité védique en général, et retrace rapidement,
mais d'une main exercée, le portrait de certains dieux, tels que Dyaus,
Varuna, Indra, P»udra, etc. Il consacre un cliapitre," le quatrième, à
Asni et à Soma, ce qui l'amène à étudier le sacrifice védique. Dans les
trois derniers chapitres de cette courte mais substantielle étude, l'auteur
examine : 1° les idées morales du védisme, découlant plus ou moins
indirectement du principe qui se retrouve à la base même du sacrifice, r/o
ut des, et se traduit, du moiu.'^ dans la i)ensée de l'Hindou, par un échange
de bons procédés entre le dieu et son fidèle; 2° les puis-sances malignes de
la magie, ce parasite de la religion, et non son précurseur; 3° la mort,
le paradis, les rites funéraires, autour desquels évolue tout un essaim de
traditions plus superstitieuses les unes que les autres qui témoignent d'une
décadence et non d'un progrès, l'histoire du védisme et de tous les autres
cultes naturels étant la condamnation formelle du sj-stème de l'évolution,
tel qu'il est sorti tout armé du cerveau de nos mythologues, comme jadis
Minerve de celui de Jupiter, mais plus mal venu. A. Roussel.
Conseils piaiique^ sur Isi vîUcuitui-e. Notes mensuelles de la station
viticole de Cognac (1003-1907), par J.-lM. Guillon. Paris, Hacliette,
1908, in-16 de vi-122 p. — Prix : 1 fr, 50.
Comme son titre l'indique, on ne trouvera"^ point ici un traité ex-prof essn
de la culture de la vigne. Notes réunies, mais prises au fur et à masarj
des événements culturaux, le mode mêaie de sa composition ne po;"t3
l'auteur à étudier aucun sujet spécialement, mais, à l'occasion des
faits météorologiques, culturaux, commerciau.x: mê.na, qui surviennent,
il les relate ave^ soin, les étudie, les compare et en tirj les conclusions
nécessaires. Cet intéressant opuscule est un résu.né fort utila de la vie
du vignoble charentais pendant cinq années consécutivas, de 1903
à 1907; il sera fort apprécié des viticulteurs des diversas région? fran-
çaises. Tous sont soumis aux mêmes vicissitudes et il leur ssra utile de savoir
comment on les a subies à côté d'eus. Jne table méthodique tî.'.Tiine
l'ouvrage et le rend plus pratique et plus usuel -J. de S.
— ;;33 —
ICIementos de literutui-a preccptiva, por el Dr, D. MANUEL PERENA.
Y PUENTE. 4» ediciôn. Barcclona, Juan Gili, 1908, in-16 de 140 p. —
Prix : 1 fr. 50.
Ce qui distingue ce manuel classique de littérature des livres simi-
laires, c'est la part donnée à la métrique latine, qu'il est toujours intéressant
dd comparer à la prosodie des langues romanes, parce qu'elle la fait mieux
comprendre. Des nombreux manuels de littérature espagnole que nous
avons eus en main, celui-ci nousa paru le plus complet et le plus concis tout
à la fois. Aussi le conseillons-nous à tous ceux qui s'occupent de grammaire
castillane, car il élucidera beaucoup de difficultés et donnera en peu do
mots des notions claires et simples sur une multitude de points, toujours
exposés d'une façon plus ou moins vague, sinon obscure, dans les autres
ouvrages du même genre. G. Bernard.
IV'iiei'o l.ll>i-o <Ie lo« onxeinplos, por ALBERTO CaSAÂAL SpAKERY,
Zarag jza, Gasca, 1909, in-12 de 148 p. — Prix : 2 fr.
Ce recu'^il de fableanx en langage archaïque est une imitation assez
réussie de deux x)uvrages castillans du xiv° siècle, je veux dire du [Conde
Lucanor (ou Lihro de Palronio) de D. Juan Manuel, et du Libro de enxeinplos
de Clémente Sanchez. Il se lit avec beaucoup d'intérêt et prouve chez son
auteur une connaissance profonde du style des anciens écrivains de l'Es-
pagne. Relevons toutefois, entre autres fautes de philologie, la fausse
orthographe des conditionnels analytiques « serme-y-a » pour serine-ya »,
podervos-y-ades » pour « podervos-yades », Vy (pour i) faisant substantielle-
ment partie de la désinence empruntée à l'imparfait du verbe haber. Le
glossaire qui est à la fin du volume aurait pu également être augmenté
de plusieurs termes que les érudits seuls sont à même de comprendre sans
difficulté. Oserons-nous ajouter que le style est un peu trop uniforme et
qu'on y retrouve trop souvent les mêmes tournures de phrase et d'expres-
sion? G. Bernard.
Les Filles puI>lii|ueN sous la TeiTCur, d'après les rapports de la police
secrète^ des documents nouveaux et des pièces inédiles, tirées des Archiues natio-
nales, par Hector Fleischmaxx. Paris, Méricant, s. d., in-Ki de 324 p.
avec 100 grav. — Prix : 3 fr. 50.
Est-il bien utile de raconter l'histoire des filles publiques pendant la
Terreur? Et quel intérêt les admirateurs du Bloc ont-ils à établir ce
tableau de la prostitution de Paris et à fournir eux-mêmes la preuve que
le libertinage le plus éhonté n'a pas été moins florissant sous la Convention
que pendant les temps les plus décriés de la Monarchie? La démonstration
est là, dans ce livre, et elle n'est pas empruntée à des pamphlets réaction-
naires et suspects. Elle sort des Archives nationales; elle est tirée de
rappo 'ts de la police, de ce qu'on nommait pompeusement les observateuiS
de l'esprit public. Et il est bien certain que le peuple, afi'ranchi de la ty-
rannie monarchique, débarrassé des scrupules religieux, et purifié par
la Révohifion, n'était pas devenu plus moral. Montesquieu avait écrit que
la République est le. règne de la vertu. On ne s'en apercevait guèra en
France en 1793 : c'est M. Fleischmann qui le dit et qui le prouve. R. M.
Voix cauadieiiiiLvs. Vei-s l'ubiiue [par Arthur Savaète]. PaHs, Sa
vaète, s. d. (1908), in-8 de 130 p. — Prix : 2 fr.
Par suite de l'orientation libérale qui lui a été donnée depuis plus de trente
. - a:^4 --
uns, l'Église catholique du Canada court à sa perte. Voilà comment il est
possible de résumer ce travail de M. Arthur Savaète, qui, pour arrêter le
Canada sur une pente fatale, a entrepris d'informer l'opinion canadienne,
K sincère, mais égarée «, et de lui faire connaître le péril que court « la cause
du catholicisme intégral » en approuvant l'orientation donnée aux affaires
par Sir Wilfrid Laurier, « politicien aussi rusé qu'ambitieux, catholique de
nom plutôt que de profession », et ses collaborateurs. Pour y parvenir, l'au-
tour a estimé que la meilleure manière de procéder était de publier un certain
nombre de ménuiires ti'ès iuqiortants, signés de personnages aussi éminents
et respectés que Mgr Bourget et Mgr Laflèche, établissant nettement les
responsabilités de chacun et montrant à la suite de quelles intrigues le
Saint-Siège avait été amené à ap])rouver une attitude qui devait
èlre préjudiciable aux intérêts du catholicisme. C'est en s'inspirant des
sages recommandations du pape Léon XIII sur la manière d'écrirfs
l'histoire que M. Savaète a i>ublié les documents inédits que contient
Vers V abîme; on y trouvera, sur l'histoire contemporaine du Canada, des
indications intéressantes à plus d'un titre. H. F.
rjl HO NIQUE
Nécrologie. ■ — Le monde médical français a perdu un de ses membres
les plus distingués et les plus universellement connus en la personne du
docteur Besnier, qui est mort à Paris le 16 mai, à 78 ans. Né à Hontleur, le
21 avril 1831, Ernest-IIenri Besnier vint faire ses études médicales à Paris,
devint interne des hôpitaux en 1853, fut reçu docteur en 18i7 avec t-ne
thèse sur VOcdusion de rintestin et obtint au concours en 1863 le titre de
médecin des hôpitaux. Pendant une dizaine d'années, if s'i ccupa de mé-
d(^cine générale, mais ayant été nommé, en 1872, médecin de l'hôpital
Saint-Louis, il se consacra dès lors entièrement à l'étude de la dermalologia
et tu dans cet établissement, sur cette branche de la médecine; un cours hbre
qui fut très suivi pendant de longues années. Le 29 mars 1885, il fut élu
membre de l'Académie de médecine (section d'hygiène). En outre des nom-
breux mémoires qu'il a fait paraître dans le Dictionnaire encyclopédique,
dans diverses revues spéciales et principalement dans les Annales de der-
matologie qu'il avait fondées avec Doyon?le docteur Besnier a publié des
volumes qui ont fait l'admiration du monde savant et parmi lesquels nous
citerons : Les Accidents, leurs causes et leurs effets. Moyen d'en atténuer les
fâcheux résultats (Paris, 1865, in-8); — Comptes rendus mensuels de la
comjtiission des maladies régnantes faits à la Société médicale des hôpitaux de
Paris (Paris, 1875, in-8); — Leçons sur les maladies de la peau de Kaposi.
Traduction de Vallemand avec annotation (Paris, 1881, 2 vol. in-8); — De la
HcK'uccinatiun des jeunes sujets (Paris, 1886, in-8); — De la Typhlite ster-
c'irale chez les jeunes sujets en particulier et de la péritonite qui raccom-
pagne (Paris, 1888, in-8); — Musée de Vhôpital Saint-Louis. Iconographie
d's maladies cutanées et syphilitiques, avec texte explicatif (Paris, 1897, in-4),
itvec MM. A. Fournier, Tenneson, Hallopeau, etc.; — Sur la lèpre. Rôle
itiologique. De l'hérédité. De la transmissibilité (Paris, 1897, in-8).
— Un autre médecin parisien fort connu, le docteur Hippolyte Bar.\j)ui',
qi i était né à Hyères (Var) en 1850, est mort à Paris au commencement
de mai, à 59 ans. Ce savant, qui s'était spécialisé dans l'étude des affections
nerveuses et des phénomènes d'ordre psychique, laisse des travaux nom-
breux et appréciés, entre autres: Des Ventouses vésieantcs dans les cou gestion j
— -335 —
chroniques médullaires, travail lu au Congrès médical de Copenhague (Parisi
1886, in-8); — Traitement des tutneurs fibreuses interstitielles par le drainage
If/mpho- galvanique positif (Paris, 1890, in-8); — - Précis des méthodes
clectrothérapiques spéciales aux affections du système nerveux, de la matrice,
de l'estomac (Paris, 1890, in-8); — Du Lavage électrique et de la faradisation
intra- stomacale dans la dilatation de Vestomac fonctionnelle {?naladie de
Bouchard) (Paris, 1890, in-8); — La Force vitale. Notre corps vital fluidique.
Sa formule biométrique (Paris, 1893, in-8); — L'Aine humaine, ses mouvements,
ses lumières et l'iconographie de l'invisible fluidique (Paris, 1896, in-8); —
La Force courbe cosmique. Photographie des vibrations de l'éther (Paris,
1897, in-8); — Méthode de radiographie humaine (Paris, 1877, in-8); —
Les Vibrations de la vitalité humaine. Méthode biométrique appliquée aux
sensitifs et aux névrosés (Paris, 1903, in-8).
— Un peintre et écrivain d'art distingué, M. François-Emile MIchel,
est mort à Paris le 24 mai, à 81 ans. Né à Metz le 19 juillet 1828, il avait
fait ses études au lycée de sa ville natale. Venu à Paris pour suivre des
cours de mathématiques, il ne tarda pas à retourner à Metz pour se con-
sacrer à la peinture. Sa carrière artistique a été des plus brillantes et lui a
valu d'être élu membre libre de l'Académie des beaux-arts, le 19 mars 1892,
en remplacement du comte de Nieuwerkerke. Mais, maniant la plume avec
autant d'habileté que le pinceau, M. Emile Michel s'est fait connaître
aussi comme écrivain et critique d'art. Parmi les volumes qu'il a publiés,
nous citerons : Le Musée de Cologne, catalogue (Paris, 1883, in-4); — Les
Musées d' Allemagne (Paris, 1885, in-4); — Rembrandt (Paris, 1886, in-4); —
Hobbema et les paysagistes de son temps en Hollande (Paris, 1890, in-4); —
Jacob Van Ruysdaël et les paysagistes de l'école de Haarlem (Paris, 1890,
in-4). M. Michel a donné en outre de nombreux et importants articles
aux Mémoires de V Académie de Metz, à la Revue des Deux Mondes, à V Art
et à la Gazette des beaux-arts.
— M. Jules-Ernest Naville, le philosophe protestant suisse qui b'était
a t lire une grande notoriété par son enseignement et ses publications
il y a un demi-siècle, est mort à Genève, au milieu de mai, à l'âge de 93 ans.
Il était né à Cliancy, le 3 décembre 1816. Il professa la philosophie, de
1844 h 1848, et la théologie, de 1860 à 1861, à l'Université de Genève.
Élu en 1865 correspondant de l'Institut de France (Académie des
sciences morales et politiques), il en devint associé étranger, le 3 avril 1886,
en remplacement de Mamiani. Parmi les publications de M. Ernest Naville,
nous citerons les suivantes : Maine de Biran, sa vie et ses pensées (1857,
in- 18); — La Vie éternelle, sept discours (Genève, 1861, in-8); — Madame
Swelchine, esquisse biographique {lS6'i, in-S) ; — Le Père céleste, sept discours
(Genève, 1865, in-8); — La Patrie et les partis (Genève, 1865, in-8); —
Ls Problème du Tnal (Genève, 1868, in-8); — La Question électorale en
Europe et en Amérique (Genève, 1868, in-18); — Les Adversaires de la phi-
losophie (Genève, 1869, in-8); — Réforme électorale (Genève, 1871, in-8); —
L<;3 Prjgrès de la réforme électorale en 1873 (Genève, 1874, in-8); — Le
Christ, sept discours (Genève, 1878, in-8); — L'Église romaine et la Liberté
des cultes (Genève, 1878, in-8); — La Logique de l'hypothèse (Genève, 1880,
in-8); — La Physique moderne, études historiques et philosophiques (1883,
in-8); etc. M. Ernest Naville a publié en outre, avec M. Marc Debrit, les
Œuvres inédites de Maine de Biran (1859, 3 vol. in-8; nouvelle édition en
1874).
— La philologie celtique vient de podie son doyen et son principal re-
présentant en M. Whitley Stokes, né à Dubhn le 28 février 1830, et mort
~ oS6 -
.à Londres le 13 avril 1909. Il sortait d'une famille anglo-irlandaise qui a
compté plusieurs personnalités éminentes, notamment son père le
Dr W. Stokes (1804-1878), hnpiel a laissé son nom dans l'histoire des mala-
dies de cœur après notre Laënnec, et aussi sa sœur l'archéologue, feue
Mlle Marguerite Stokes. Son étude })rofessionnelle était le droit: en 1862, il
était parti poiir l'Inde comme avocat; il y devint en 1865 secrétaire du Conseil
législatif; plus tard, en 1877, membre du Conseil du gouvernement, jusqu'en
mai 1882 quand il pi'it sa retraite et rentra en Europe. A cette première
partie de sa vie appartient un certain nombre d'ouvrages de droit, no-
tamment The Anglo Indian Codes (2 vol. 1887 et 1888, avec des supplémnots
ou 1889 et 1891). — Mais, dès avant son départ pour l'Inde, le jeune jurist(!
était devenu un adepte de la grammaire comparée et il s'était aussitôt
tourné vers l'irlandais et la philologie celtique. Son départ pour l'Inde n(!
diminua en rien son zèle, et il ne se jjassa guère d'année qu'il n'envoyât
de l'Inde un nouveau volume, d'ordinaire publié à ses Irais à petit nomhru
^ privately printed). Toutes les branches de la famille celtique ont bénéhi ié
de son activité, de})uis l'ancien gaulois jusqu'à notre breton-armoricain.
Mentionnons seulement à ce dernier égard : Middle- Breton Hours, cditcd
with a translation, and glossarial Index (Calcutta, 1876, in-8); — Old-Bretoii.
(liasses (Calcutta, 1879); — The Breton Glosses at Orléans (Calcutta, 1880).
— Revenu en Europe en 1882 et libre de toute occupation professionnelle,
M. Stokes se consacra absolument à ses études préférées avec une activité
merveilleuse et cela jusqu'à son dernier jour : éditions de textes avec tra-
duction, commentaire et glossaire, mémoires de j)hilologie et de linguisticpu;
dans les revues savantes des Iles Britanniques, de France et d Allemagni;,
il menait tout de front, et avec une fécondité telle que nous devons laisser
à une jniblication spéciale le soin d'en dresser la liste : ce sera fait sans
doute dans la Revue celtique. Nous mentionnerons pourtant, à cauïo dt;
son importance pour l'histoire et l'hagiographie de l'Irlande, la Triparlilc
Life of Patrick (London, 1887), qui forme deux volumes de la collection
olFicielle du « Master of the Rolls ». Il nous faut bien aussi nommer le Thé-
saurus pnlaeohibcrnicus, en collaboration avec M. Strachan (Cambridge,
1901, 2 vol., in-4) qui renferme, édités avec traduction et commentaire,
tous les docunaents en langue irlandaise antérieurs à l'an mille ou environ.
Mais la simple énumération des œuvres de M. Stokes et l'appréciation des
divers services qu'il a rendus à la philologie dépasserait les bornes de cette
notice. On a justement fait remarquer dans V Athenœum que M. Stokes
a, par ses traductions, fait connaître une grande partie de l'ancienne litté-
rature de l'Irlande, et cela en un anglais remarquable d'excellence. Il nous
suffira de dire, pour terminer, que M. Stokes, élu correspondant de notre
Académie des inscriptions et belles-lettres en 1879, en était devenu associé
étranger en 1891.
— L'un de nos plus anciens collaborateurs, M. le marquis de Monclar
nous adresse l'intéressante notice nécrologique dont le texte suit :
Le 18 avril dernier s'est éteint pieusement, à Santa Maria des Baléares
(Ile de Majorque), Ulysse-François-Ange comte de Séguier, ancien officier,
consul de France en retraite, né à Narbonne le 2 décembre 1830. Humaniste
de premier ordre, à une époque où cette branche de l'érudition est de plus
en plus délaissée aux professionnels de l'enseignement, son nom restera
lié aux efforts que firent naguère encore nos plus illustres typographes,
notamment MM. Didot et Quantin, pour ramener la faveur aux études
ilassiques, tout au moins au moyen de traductions assez exquiseinent
éditées pour les faire ardemment rechercher des bibliomanes.
- a37 -
Doué d'un sens poétique très fin et d'une remarquable aptitude au
maniement de la langue, M. de Séguier, sans pour cela négliger les devoirs
des carrières qu'il a successivement parcourues avec honneur, consacrait
ses loisirs à l'étude de l'antiquité, s'appliquant sans relâche à reproduire
en notre langue l'énergique concision des poètes latins et grecs. C'est
ainsi qu'il parvint à cette faculté, à peu près unique, croyons-nous, dans
les fastes de l'humanisme, de rendre en français vers pour vers, dans le
même rythme, et sans suppressions, les chefs-d'œuvre de l'antiquité.
Enlré à 18 ans dans l'armée, il prit part aux guerres de Crimée et d'Italie.
Parvenu au grade de capitaine adjudant major, il donna sa démission et
.'^e rendit à Mexico auprès de l'empereur Maximilien, au cabinet duquel
il fut attaché assez longtemps. Mais, désireux de mieux connaître un pays
nouveau pour lui, il entreprit, accompagné de M"^^ la comtesse de Séguier,
une étude méthodique de l'intérieur, au cours de laquelle le surprit la
tragédie de Quérétaro. Tous deux savaient si bien se faire aimer de tous,
riches et pauvres, qu'ils purent, nonobstant, y séjourner plusieurs années
encore sans renier leur drapeau, et en rendant souvent service auprès
des autorités à nos compatriotes alors privés de tout appui diplomatique
ou consulaire. Aussi, à son retour, en 1877, M. de Séguier fut-il appelé par
le duc Decazes au service de son Département. Successivement consul
à Kœnigsberg, Dublin, Newport, la Corogne, détaché comme commissaire
du gouvernement à Madagascar au début de l'occupation française, ])uis
envoyé de nouveau à Sydney, à Batavia, c'est au cours d'une vie aussi aclive
qu'il trouva le moyen, sans négliger en rien les devoirs de sa charge,
d'acquérir une connaissance prodigieuse de l'antiquité.
La maison Quantin, au moment où il revenait du Mexique, commençait
l;i publication de l'exquise série in-32 : « Petits Chefs-d'œuvres antiques. »
Là parurent, en 1879, la traduction des Amours d'Ovide, oi, en iSS3, celle
des Odes et Epodes d'Horace.
Un second volume devait compléter Horace. Mais cette collection n'ayant
point été continuée, la maison Didot lui demanda la suite de ses travaux,
ot donna coup sur coup, en format in-12 carré avec vignettes à chaque
page, en 1895, les Œuvres complètes d'Horace, et, en 1896, la traduction,
également verç pour vers, de VOdyssée d'Homère.
L'heure de la retraite avait alors sonné. Plus fait aux climats chauds
qu'aux hivers de la France centrale où l'avaient rappelé des attaches fa-
miliales, M. de Ségu.ier transporta sa résidence aux Baléares. Et ne pouvant
])lus surveiller de près l'impression de ces chers poèmes s'ils eussent éLé
édités à Paris, il eut l'art de former à des publications dignes des biblio-
philes les plus exigeants, l'imprimeur de la modeste petite ville de Felanitx,
à Majorque, M. Bartolomé Reus. -C'est ainsi qu'ont été donnés, en
éditions petit in-8, impeccables de correction et d'élégance typographique,
d'abord en 1906, Les Argon antique s, d'Apollonius de Rhodes, et en 1908,
un 2'-' volume portant comme titre général : De VHélicon au Calvaire, nt
renfermant : La Théogonie d'Hésiode, Le Rapt d'Hélène par Coluthus, Lu
Prise de Troie par Triphiodore, Les Perses d'Escliyle. et enfin Le Christ Pa-
tient, de saint Grégoire de Nazianze, drame en cinq actes, qui a été le pro-
totype de tous les mystères religieux depuis les premiers tomps de l'Eglise.
L'espace nous manque pour parler des poésies originales qu'il a semées
aux vents dos cinq parties du monde, bluettes souvent charmantes, mais
dont il ne gardait même pas trace. Une seule composition a i)ris ^allure
de poème : son Épilogue à la Divine Comédie. Cruellement atteint par les
désastres de 1870, il exhala sa douleur, aussi bien que ses angoisses pour
— 538 -
l'avenir, en tercets dantesques. Ce livid fut imprimé à petit nombre en
1873, à Mexico; et déjà à cette date, dans uni' vigoureuse prosopopée faisant
parler saint Paul arx gentils de notre temps, il dit ce que le luxe, la mau-
vaise presse, l'école sans Dieu, l'abolition de la peine de mort, la lutte
contre la religion sous le masque de la tolérance, tous les maux dont nous
souffrons, bêlas ! feront un jour de nous. Dieu veuille que ce grand cb ré-
tien ait vu également juste lorsqu'il propbétise ensuite aux Français, potir
le jour où le malbeur les aura rendus
un peu plus graves,
V 3- ? Un Judas Macchabée enfanté de leur sein.
— On annonce encore la mort de MM. : Frédéric Bableu professeur
à la Faculté de droit d'Aix, mort au milieu de mai; — Henri Baumont,
docteur es lettres, proviseur du lycée de Beauvais, mort en cette ville,
au commencement de mai, à 40 ans; — Raoul Biville, professeur à la
Faculté de droit de Caen, mort en cette ville, à 46 ans, au commencement
de mai, lequel a publié : Les Conséquences de la mauvaise foi du second
acquéreur d'un immeuble qui a transcrit son contrat avant le premier (Paris,
IS.'iS, in-8); La Participation des femmes aux élections paroissiales dans
VEglise réformée de France, rapport présenté au synode de Normandie (Vals-
les-Bains, 1896, in-8); Le Chrétien et les ligues morales et sociales (Vals-les
Bains, 1901, in-8), etc.; - — Paul Cavaillon, professeur ag''égé de la Faculté
de médecine de Lyon, mort en cette ville, au commencement de mai, à 32 ans,
lequel a publié : Thérapeutique chirurgicale du cancer du gros intestin (rectum
excepté) (Paris, 190.5, in-8); — Colomb, caricaturiste politiqu.e, connu
sous le nom de Molocb, qui a fourni de très nombreuses compositions à
divers journaux illustrés, mort à Paris au commencement de mai; —
Emmanu.el Delbousquet, poète et romancier, l'un des meilleurs écrivains
bilingues du félibrige, mort dernièrement à 35 ans, lequel laisse des œuvres
remarquables par les peintures qu'elles contiennent des traditions et mœurs
locales ainsi que par leurs tendances catholiques, notamment : Z,e Maza-
reilh (Paris, 1902, in-12); Margot (Touloi'.s*?, 1903, in-12); VÉcarteur (Paris,
1904, in-12); Le Chant de la race (Paris, 1908, in-12); — Edouard Delsald,
éditeur catholique à Cahors, mort au. milieu de mai; — François Ferrari,
jou.rnalistc parisien qui était chargé au Figaro des informations mondaint^s,
mort au milieu de mai; - — Gruat, journaliste, correspondant de VUnion
catholique de Rodez, mort accidentellement, au milieu d'avril, dans les
gorges du Tarn; — Charles Hérissey, imprimeur à Évreux, ancien pré-
sident de l'Union des imprimeurs de France, mort au commencement do
mai; — Jules Hollier-Larousse, éditeur, mort à Paris, au milieu de mai,
à 66 ans; ^ B. Jacob, qui, entre autres ouvrages, a publié : Éléments intel-
lectuels de la représentation, des conférences intitulées : Devoirs, et a colla-
boré à divers périodiques tels que la Revue de métaphysique et de morale et /;;
Breton socialiste, fondé par lui, en 1894, à Brest, mort dernièrement en cette
ville, à 51 ans; — Antony Jaxxaris, inspecteur général de l'instruction
publique, mort dernièrement à bord du « Majestic», en cours de route pour
New York; - — le P. Lodieil, de la Compagnie de Jésus, auteur de plusieurs
ouvrages estimés, mort dernièrement à Saint-IIélier (Jersey); — Emile
Mancel, collaborateur assidu de V Intermédiaire des chercheurs et curieux,
mort dernièrement au château de Tarperon (Côte-d'Or); — Papillaud,
journaliste parisien, un des principaux collaborateurs de la Libre Parole,
mort à Paris, au commencement de mai; . — A.-Constant Poyard,
professeur honoraire de l'Université, helléniste distingué, mort à Paris
— 530 -
au milieu de mai, à 83 ans, leqrel avait publié : Morceaux choisis d'Aris-
tophane. Texte grec, avec des notices, des analyses et des notes (Paris, 1866,
in-18); Morceaux choisis d'Aristophane. Traduction française (Paris, 1867,
in-12); Œuvres complètes de Pindare. Traduction française (Paris, 1881,
in-12)-, — Amédée Prouvost, poète de talent, qui, entre autres volumes,
a publié : L'Ame voyageuse (Paris, 1904, in-18); Le Poème du travail et
du rêve (Lille, 1905, in-18) et Sonates au clair de lune (Paris, 1905, in-18),
mort à Roubaix, le 8 mai, à 31 ans; — l'abbé Ribet, du diocèse de Tou-
lou.se, auteur de savants ouvrages d'ascétique et de théologie mystique,
mort dernièrement à 72 ans, à la Maison-Carrée, chez les Pères Blancs, en
Algérie; — Louis-Laurent de Soye, imprimeur parisien, directeur de la
Semaine religieuse de Paris, mort à Paris au milieu de mai, à 70 ans.
- — A rétranger on annonce la mort de MM. : Emile Agniez, professeur de
la classe d'orchestre au Conservatoire royal de Bruxelles, à qui l'on doit de
nombreuses compositions musicales très appréciées, mort à Bruxelles à
la fin de mai; — Isaac Albeniz, pianiste et compositeur espagnol de talent,
auteur d'œuvres qjii ont eu un certain succès, telles que Pépita Jimenez,
opéra qui fut joué à Bruxelles; Catalogne, rapsodie pour orchestre; Iberia,
suite de morceaux pour piano, etc., mort au milieu de mai à Cambo-les-
Bains, à 50 ans; — D^ Otto Biermann, professeur de mathématiques à
l'Ecole technique supérieure de Brunn en Moravie, mort dernièrement en
cette ville, à 51 ans; — Frieda de Bulow, femme de lettres et romancière
allemande, qui a raconté de nombreux épisodes de sa vie et de ses voyages,
en Afrique orientale allemande surtout, dans des romans tels qi'e : Trop-
penkoller et Einsame Frauen, morte au château de Dornburg, près d'Iéna,
le 12 mars, à l'âge de 52 ans; — D"^ Ferdinand Eichwede, ingénieur
allemand, professeur d'architecture à l'École technique supérieure de
Hanovre, mort dernièrement en cette ville, à 31 ans; — H. C. S. Everard,
écrivain anglais, auteur de : The Theory and Practice of Golf et History ^jf
the royal and ancicnt Golf Club, mort dernièrement à St. Andrews; —
D"" Richard Fleischer, ancien professeur d'histoire de la médecine à
Erlangen, mort dernièrement en cette ville, à 60 ans; — D'' Christian
Gaenge, professeur de chimie à l'Université allemande de léna, mort
dernièrement en cette ville, à 77 ans; — ■ Jacques Godenne, imprimeur et
éditeur catholique à Namur, mort en mai, à 57 ans; — A. -A. Grainger,
avocat et écrivain écossais, éditeur du périodique The Scots Laxv Times,
auquel on doit l'introduction et les notes de l'ouvrage : The Portraits in
the Hall of Parliament House, mort accidentellement, au commencement
de mai; — D'' Albert Guttstadt, écrivain allemand, auteur d'ouvrages
sur la statistique médicale, mort le 4 mai à Berlin, à 70 ans; — Polydore
Hemelsoet, l'un des plus anciens imprimeurs-éditeurs de Gand, mort en
cette ville, au milieu de mai, à l'âge de 67 ans; — Julius Hey, musicien et
compositeur allemand, qui, sur la recommandation de Wagner, avait été
nommé, en 1867, professeur à l'Ecole de chant de Munich et qui laisse une
excellente méthode de chant publiée en 1886 : Deutscher Gesangunterricht,
mort au commencement de rjiai, à 77 ans; — D^ Max Ihm, professeur de
l)hilologie classique à l'Université de Halle-sur-la-Saale, mort en cette
ville, à la fin d'avril, à 45 ans; — Johann Kieldsen, explorateur et écrivain
suédois, mort le 15 avril, à Tromsoe; — William Francis Henry KI^'G,
ancien « clergyman « de l'Église anglicane, qui s'est converti au catholi-
cisme et a expliqué sa conversion dans un ouvrage : The Church of my
baptism, auteur d'un excellent dictionnaire de Classical and Foreign
Quotations (1904, in-8), collaborateur des Notes andQueries, mort !o 31 mars;
— :i4o —
— le Rév. John Marshall Lang, docteur on tliéologie, chanccliri- cl prin-
cipal de l'Université écossaise d'Aberdeen, auteur de quelques ouvrages,
tels que : Heaven and Home; Life, is it Worth Living; The Last Supper nj
Our Lord; Homileticsin St. Liike's Gospel, mort à Aberdeen, le 2 mai, à
76 ans; — Albert Langen, publiciste allemand, fondateur et directeur d*;
la revue comique Simplicissimus, mort le 30 avril, à 40 ans; — D' Ludwig
Laqueur, ancien professeu.r de thérapeutique pour les maladi€S des yeux
k l'Université de Strasbourg, mort dernièrement à Sta Margherita, près
de Nervi, à 70 ans; — Léon Julianovitch Lazarevitch-Szepelevitcm,
professeur des littératures des pays occidentaux à l'Université ru.sse de
Charkov, mort en cette ville, à la fin d'avril, à 46 ans; — Miss h. M. Litti.e,
i'emme de lettres bien connue dans les cercles littéraires de l'Irlande, auteur
de deux volumes de vers : Perséphone et Wild Myrtle et de nombreux
articles insérés dans les revues irlandaises, morte le 4 mai, à Bray, près
do Dublin; — Léo Mankowski, professeur de sanscrit à Cracovie, mort
en cette ville, le 19 avril, à 51 ans; — Dr. Oskar-Emil Meyer, professeur de
physique expérimentale à Breslau (Silésie), mort en cette ville, le 24 avril,
à 74 ans; — Emilio Mitre, directeur du journal la Nacion, fils du général
Mitre, ancien président de la République Argentine, mort dernièrement à
Buenos-Ayres; — M^ne Olive Morgan, actrice américaine qui abandonna
la scène pour le journalisme, morts dernièrement à Banstead, à 70 ans,
laquelle a collaboré au New York Herald, à la New York Tribune et au
World de Londres et a publié Photographs of Paris Life, son premier livro
paru à Paris en 1861 et loué par Dumas fds dnns le Figaro, ainsi que divers
romans, tels que: The Mimic Worldei Gct thet bahindme, Satan;— Br.Bern-
hard Niehues, ancien professeur d'histoire à Munster en Westphalie, mort
en cette ville, à la fin d'avril, à 78 ans; — Hans Nydegger, écrivain suisse,
mort au milieu de mai, à Zurich, à 62 ans, lequ.el a écrit dans le dialecte
allemand propre à la Suisse un certain nombre de romans historiques
devenu,s populaires ; — Dr. Hermann Osy h off, professeur de grammaire com-
parée des langues indo-européennes à l'Université allemande d'Heidelberg,
mort en cette ville, le 7 mai, à 62 ans, à qui on doit de nombreux etimportants
travaux de linguistique, tels que : Zur Geschichte des Perfects ini Indoger-
manischen mit besonderer Berucksieht auf griechisch und Inteinisch (Stras-
bourg, 1884, in-8); Die neueste Sprachforschiing und die Erklàrung des
uidogermanischen Ablautes. Antwort auf die gleichnamige Schrift i,>on
Hermann Collitz (Heidelberg, 1886, in-8); Morphologische Untersuchungen
auf dem Gebiete der indogermanischen Spraehen (Leipzig, 1890, in-8); —
D'' Alfred Partheil, professeur de chimie pharmaceutique à Kœnigsberg
(Prusse), mort dernièrement en cette ville, à 44 ans; — le R. P. Paya,
ancien provincial des frères prêcheurs en Espagne, fondateur de l'Uni-
versité dirigée par les religieux de son ordre au Japon et recteur do l'Uni-
versité pontificale de Saint-Thomas, à Manille (îles Philippines), mort
subitement en mars, à Louvain, où il était venu pour assister aux fêtes
du jubilé de 1' « Aima Mater »; — Dr. Heinrich von Ranke, médecin alle-
mand, neveu du grand historien de ce nom, ancien professeur de l'Uni-
versité de Munich, mort dans le courant de mai, à Munich, à 79 ans, lequel
a publié de nombreux travaux sur des questions d'hygiène principalement
et qu.elques étu.des sur des questions d'archéologie, notamment : Arbeitcn
aus der koeniglichen V niversitàts- Kinderklinik (Munich, 1891-94, in-8) et
TJeber Hoehàcker (Munich, 1893, in-8); — Henri de Reder, général et
poète allemand, à qui l'on doit quelques volumes de vers et de nouvelles
inspirés par ses souvenirs de campagnes, mort à Munirh, le 17 féviyor,
— r./ii —
à l'âge do 85 ans; — l'abbé Schmit, ancien professeur au collège de Bellevue
à Dinant, et professeur de religion à l'école normale des filles d'Arlon,
mort en cette ville, à la fin de mai, à l'âge de 75 ans; — le'chanoine Segers,
vicaire général de Gand, ancien professeur au collège épiscopal d'Eecloo,
ancien principal du collège de Grammont et, en dernier lieu, président du
séminaire de Gand, mort à Gand, le 5 niai; — Adolf Spemann, éditeur
allemand, mort le 19 avril, à Stuttgart, à 57 ans; — Charles Warren
Stoddard, ancien acteur américain, devenu plus tard journaliste, écrivain
et, à partir de 1889, professeur de littérature anglaise à l'Université catho-
lique de Washington, mort dernièrement à 66 ans, lequel fut pendant
plusieurs années correspondant du San Francisco Chronicle et a publié,
outre quelques volumes de vers: The Lepers of Molakai (1885);Lazî/ Letlers
jrom Lotv Latitudes (1894); A Cruise under the Crescent from Suez to San
Marco (1898) et For the Pleasure of his Company (1903); — le chanoine
SwoLFs, ancien professeur au petit séminaire de Malines, inspecteur de
l'enseignement moyen en Belgique, membre de la Société scientifique
de Bruxelles, à qui l'on doit, notamment, une Histoire nationale en usage
dans les établissements de l'enseignement moyen belge et un volume
sur r Œuvre des six jours, mort le 2 mai; — Dr. Johann Szamosi, professeur
di:; philologie classique à Klausenburg en Transylvanie, mort en cette ville,
à la fin d'avril, à 69 ans; - — Horace-Saint-George Voules, attaché à la
lil)rairie Cassel, de Londres, éditeur de Tfie Echo, de 1868 à 1876, et, à
partir de cette dernière année, du Trufh, mort à Londres, au commencement
de mai; — Philippe Weigand, botaniste allemand, mort au commen-
cement de mai, à Bemberg, à 70 ans; — Dr. Gustav Weinberg, professeur
de correspondance commerciale anglaise et française à l'Académie des
sciences sociales et commerciales de Francfort-sur-le-Mein, mort en cette
ville, le 26 avril, à 55 ans; — M"^" Augusta-Jane-Evans Wii.soN, femme
de lettres américaine, auteur d'une dizaine de romans, dont plusieurs ont
passé par de nombreuses éditions, notamment : Inez (1856); Beulah (1859);
Macaria (1864); Infelice (1875); At the Merci/ of Tiberius (1887); A Spec-
hied Bird (1902), morte dernièrement à Mobile (Alabama), à 74 ans; —
le Rév. G. H. Thuvsfleld Woon, ancien directeur de l'École de Scherborne,
mort le 17 mai, à 40 ans.
Lectures faites a l'Académie des inscriptions et belles-lettres. —
Le 2 mai, M. S. Reinach parle de là découverte, par M. Seymour de Ricci,
d'un passage de chroniqu.e relatif à la prise de Jeanne d'Arc à Compiègne. —
M. P. Aubry donne lecture d'une note sur le rythme des chansonniers du
xiii'' siècle. — M. Jullian entretient l'Académie de certains- textes litté-
raires du moyen âge, dont on peut tirer parti pour l'histoire de la conquête
romaine. — M. Pottier lit un mémoire sur des vases grecs à sujets homé-
riques. — Le P. Scheil, au nom de M. J. Et. Gautier, présente à l'Académie
les archives juridiques d'une famille originaire des environs de Babylone, —
lie .3 mai , M. Dieulafoy montre et explique un bol en faïence décorée, remontant
à une très haute antiquité, d'origine persane, dont le décor semble contenir
une signification hermétique. — M. le comte Durrieu annonce à l'Académie
qu'il a retrouvé à la Bibliothèque Vaticane une^ traduction manuscrite
du Decameron de Boccace ayant appartenu à Jean-Sans-Peur et dont la
trace était perdue. M. Pichon présente des observations sur le caractère ma-
gique des cérémonies décrites par Virgile dans le second chant de YÉnéide.
— Des observations sont échangées à ce sujet entre divers membres de
l'Académie. — L^ 21 mai, M. le comte Durrieu montre des photographies
démontrant l'exactitude des observations par lui soumises à l'Académie
— r.'i-z -
dans une précédente séance. — M. H. Viollet étudie devant les mombres
de l'Académie certains monuments arabes de la vallée de l'Euphrate. —
M. Dietilafoy signale Tintérêt de cette étude qui peut fournir des indications
sur l'origine de certains procédés de la construction médiévale française. —
M. Léopold Delisle offre à l'Académie la rejjroduction qu'il a dirigée du
Rouleau des morts de Vital, abbé de Savigny, en la faisant précéder d'une
Introduction. — Le 28 mai, M. le secrétaire perpélrel donne lecture d'une
lettre de M. Cavvadias au sujet de fouilles très intéressantes faites dans
Pile de Céphalonie. — M. P. Viollet parle d'un incident de la j)rocédure
qui concerne Jacques de Molay, le grand-maître des templiers.
Lectures faites a l'Académie des sciences morales et politiques. —
Le 4 mai, M. I^evasseur présente quelques observations supplémentaires sur
le nombre des combattants en présence pendant les combats de 1870-1871.
— M. Paul Robiquet lit un chapitre de son livre sur Philippe Buonarrotti,
le démagogue condamné par la Haute Cour de Vendôme, en 1796. — Le
S mai, M. Louis Passy achève la lecture de son travail sur les encouragements
iifTieiels donnés à l'agriculture en Fi ance au xviii^ siècle. — Le 22 mai, M. Mo-
rizot-Thibault lit une notice sur la vie et les œuvres de son prédécesseur
M. Glasson. — Le 29 mai, M. Morizot-Thibault termine la lecture de son
travail sur la vie de M. Glasson.
CoNGR^.s. — Par l'initiative de l'Association des archivistes et biblio-
thécaires belges, un comité a été institué, sous la présidence de M. A. Gail-
lard et du R. P. Van den Gheyn, S. J.,en vue de l'organisation d'un
Congrès international des archivistes et des bibliothécaires, qui se tiendra
en août 1910, à Bruxelles. La constitution, dans presque tous les pays,
d'associations d'archivistes et de bibliothécaires, la nécessité qui se fait
chaque jour plus vivement sentir de donner une solution aux questions
multiples que soulèvent l'organisation et la réglementation des archives
et des bibliothèques rendent opportune la réunionjd'un semblable Congrès.
Le Congrès comprendra quatre sections : une pour les archivistes, une pour
les bibliothèques, une pour les collections annexées aux archives et aux
bibliothèques (sceaux, estampes, médailles), une, enfin, pour les bibliothèques
p(i[)ulaires. Les deux premières sections tiendront des séances complètement
indépendantes, tandis que les deux autres ne pourront se réunir qu'en
doliors des séances des deux premières sections. « Les membres du Congrès
auront liberté absolue dans le choix de la langue qui leur conviendra le
mieux », dit un article du règlement qui ne rendra peut-être pas les discus-
sions bien faciles. Les actes du Congrès seront publiés en un volume que
.•ecevront tous les adhérents. Vingt et une questions sont mises à l'ordre
du jour du Congrès pour les archives (relation à la construction des dépôts,
à la conservation, au classement, à la restauration, à la destruction, eta
des archives); seize pour les bibliothèques (notamment sur le recrutement,
sur le prêt, sur la vente et l'échange des doubles, sur le catalogage); douze
pour la troisième section (presque toutes relatives aux .sceaux); six pour
la quatrième section (bibliothèque pour enfants, désinfection des livres, etc.).
Les secrétaires de la commission d'organisation, auxquels on peut s'adresser
pour toutes les communications et pour les adhésions au Congrès (cotisation
10 fr.), sont: MM. J, Cuvelier, sous-chef de section aux Archives du royaunit?
de Belgique, pour les archives; M. L. Stainier, conservateur adjoint à
la Bibliothèque royale de Bruxelles, pour les bibliothèques.
Institut international de technobibliographie. — Avec l'appui
de l'Association des ingénieurs allemands et d'autres sociétés techniques,
- 543 —
il vient de se fonder à Berlin un lasiilut international, présidé par M. Kam-
merer, professeur à l'École technique supérieure, et destiné à dresser et à
mettre à portée des intéressés, par la voie d'une revue mensuelle : la Tech-
nische Auskunft,]e répertoire de la presse technologique. L'Institut se propose
(Ml outre de fournir sur demande des indications et des bibliographies sur
dos questions techniques déterminées.
Paris. — Le mercredi 12 mai dernier a eu lieu, au Restaurant des Sociétés
savantes, rue Danton, 8, un dîner qui a réuni, pour la cinquième fois, un
certain nombre de rédacteurs du Pnlyhiblion.
— Dans Épiscopat et presbytéral (Paris, Savaète, 1908, in-8 de 34 p. —
Prix : 0 fr. 50 ), M. G. Péries rappelle d'abord les différentes théories hétéro-
doxes et rationalistes sur l'origine de l'épiscopat et du presbytérat, surtout,
S(^mble-t-il, pour bien faire comprendre, par l'intérAt qu'on y a toujoiirs
attaché, l'importance théologique de la question. Il expose ensuite la
solution catholique, qu'il justifie par des considérations empruntées en
grande partie aux travaux de Mgr Duchesne.
— Une excellente réfutation des thèses fantastiques de la critique libre-
penseuse à notre époque, c'est le savant et intéressant travail de M. Em-
manuel Cosquin : Le Prologue-cadre de» Mille et une Nuits, les légendes
pieuses et le livre d'Esther iPm'is, Lecofïre, Gabalda, 1909 in-8 de 80 p.
Extrait de la Revue biblique internationale). — « Y aurait-il à s'étonner gran-
dement, conclut avec esprit le docte folkloriste, si quelque jour un his-
tiirien novateur allait découvrir qu'Esther serait... Esther? »
— Dans un temps comme le nôtre, où l'on tend de plus en plus à la
spécialisation, où la division du travail semble de plus en plus une condition
indispensable du progrès de la science, l'ornithologie n'avait pas encore
d'organe particulier en France, où, cependant, elle a depuis longtemps
passionné de nombreux amateurs. M. Louis Denise, bibliothécaire à la
Bibliothèque nationale, a pensé qu'il y avait là une lacune à combler et il
vient de lancer le premier numéro d'une Revue française d'ornithologie
scientifique et pratique (14, rue Antoine-Roucher, Paris, XVI. Mensuelle.
7 fr. par an). M. Denise définit dans les termes suivants le programme et
les espérances du nouveau recueil, auquel nous souhaitons le meilleur
succès : « La Revue française d'ornithologie ne s'occupera que de l'oiseau,
mais de tout ce qui est de l'oiseau : anatomie, classification, synonymie,
descriptions techniques, faunes, d'une part; de l'autre, mœurs, migi'ation,
mues, modes de nidification, œufs, chants, et autres faits touchant à la
biologie (;t à la psychologie. La place de l'élevage de luxe et d'observation
y est ainsi toute marquée, parce que l'étude de l'-oiseau captif est indispen-
sable à la connaissance de la vie des espèces exotiques et doit rendre à
la biologie et, par elle, à la systématique, d'inappréciables services. La
Revue française d'ornithologie compte sur la collaboration efllcace de tous
ceux qui aiment cette science charmante et en font leur unique étude ou
l'occiipation de leurs loisirs : collaboration financière manifestée par de
nombreux abonnements; collaboration intellectuelle surtout puisqu'elle
n'existera que par les travaux et les communications qu'ils lui enverront.
S'ils n'ont rien à dire, elle se taira. » La Revue, on le voit, ne s'adresse pas
seulement aux savants et aux spécialistes, mais à tous les amateurs.
— Les Notes de théâtre de M. Robert Guillou (Paris, Albert Méricant,
1908, in-8 de 30 p. — Prix : 1 fr.) s'inspirent d'assez bons sentiments et con-
tiennent d'assez bonnes observations. Mais l'auteur, absorbé, à ce qu'il
semble, par la production prématurément hâtive de la presse quotidienne,
ne s'est p is appliqué de façon suffisante à éclaircir sa pensée et à châtier
- UVI -
son style. On ne voit pas loujours bion ce qu'il veut dire el il ne sait pas
manier sa langue. Il ét^rira, par exemple (p. 24) : « Il est bien difficile de
donner une solution adéquate suc une opinion aussi scabreuse, sur laquelle
il est très simple de rejeter, comme insuffisantes, les explications dont la
tendance pourrait faire disparaître l'auréole artistique d'une ^'ande partie
des gens de théâtre. >> S'imagine-t-il que ce soit là du français?
— La Société de l'histoire de France réimprime les Mémoires de Mar-
tin et Guillaume du Bellay (Paris, Laurens, 1908. T. I, in-8 de 362 p.).
C'est, comme l'on sait, un document de premier ordre sur François I"^' et
les guerres d'Italie. Mais les éditions anciennes étaient presque dépourvues
de notes et de références. Les éditeurs nouveaux, ]\IM. V.-L. Bourrilly
et F. Vindry sont préparés à leur tâche par de nombreux travaux estimés.
Leur premier volume comprend les années 1513 à 1525; il sera suivi
de deux autres.
— Le célèbre et spirituel opuscule de J.-P>. Pérès : Comme quoi Napoléon
na jamais existé, dirigé contre les fantaisies de la science de son temps,
ne s'applique pas moins bien aux extravagances de celle du nôtre. La
nouvelle édition qui vient d'en être donnée (Paris, l'Édition bibliogra-
l)iii(iue, 1909, in-o2 de 61p.) est donc utile en elle-même. On louerait aussi
les Notes bio-bibliographiques, que M. Gustave Davois y a jointes, si la
rédaction et le ton n'en étaient bizarres.
— Le tome CXLII des Mémoires publiés par la Société nationale d^agri-
rulture de France, qui vient de paraître (Paris, imp. Renouard, 1909,
in-8 de 252-clxviii, avec une carte), mérite de fixer l'attention. Les sujets
agricoles proprement dits qui ont été traités sont au nombre de quatre,
savoir : La Reconstitution des châtaigneraies, par M. A. Prunet (p. 1-14) ;
— La Culture continue du blé aux points de vue pratique et chimique, par
MM. W. A. Prout et A. Voelcker; traduit de l'anglais par M. Robert
Stanton (p. 15-41); — Sur la Restauration des pâturages communaux,
par M. E. Cardot (p. 55-70); — enfin, en annexe (spécialement paginé
i-CLXViii),\in très important Rapport sur la situation agricole dans quelques
parties de la France, par M. Levasseur, qui renferme de précieux renseigne-
ments. — A mentionner aussi : Notice sur Henri Mares, par M. Prosper
Gervais (p. 43-54), et Notice sur la vie et les travaux de Henri de Lacaze-
Duthiers, par M. Joannès Chatin (p. 71-99). « L'Index chronologique des
publications de M. de Lacaze-Duthiers », qui embrasse les années 1849 à
1902, ne compte pas moins de 256 numéros. — jNIais ce que nous retenons
plus particulièrement dans ce volume, c'est le consciencieux Historique
de V organisation de V ancienne poste aux chevaux en France; son influence
sur les progrès agricoles, par M. Eugène' Anxionnat (p. 101 à 252, avec
une carte). « Le but de cette étude, dit l'auteiu' dans son Avant-propos,
n'est pas de recommencer l'histoire générale des postes; elle est plus
modeste : elle se borne à suivre les postes à travers les siècles et à relever,
sous chaque règne, ce qui a* spécialement trait à la poste aux chevaux
proprement dite, et de faire, depuis l'édit de Luxies (1464) jusqu'en 187;>,
date de la suppression du dernier relais, l'historique de la poste aux
ciievaux. )) A la fin de son travail., M. Anxionnat donne une liste assez
longue des ouvrages consultés. Si l'auteur se décide à faire un tirage à part
de son Historique, nous l'engageons vivement à le compléter par une table
des matières et une table onomastique qu.i rendront les recherches plus
faciles.
— Sans parier de quelques pièces de poésiu signées d'auteurs divers,
nous n'avons que trois morceaux à signaler dans l'Annuaire de la Société
— 545 —
philoitchniqiic (années 1905-1908. T. LXIII) (Paris, Fontemoing; Delagrave,
1909, in-8 de 110 p.). Citons donc : Sur la psychologie du goût, par M. le
comte Léonce de Larmandie (p. 20-34); — Le Théâtre comique au moyen.
âge (anonyme) (p. 47-58); — La Bonne Fortune de M . de Ncuhof {111 ...], pAv
M. Élie de Biran (p. 80-88).
Champagne. — La Société académique d'agriculture, des sciences,
arts et belles-lettres du département dé l'Aube nous envoie, comme de
coutuiie, son volume de Mémoires pour l'année 1908 (t. LXXII de la
collection, t. XLV de la 3^ série. Troyes, imp. Paul Nouel, gr. in-8 de-
456 p., avec 4 planches). Ce volume est ainsi composé : Notes sur Joinville
[Haute -Marne), par M. René Gillet (p. 9-116, avec 2 pi.). Neuf pièces
justificatives et v.wq importante bibliographie termine ce travail qui,
en cas de tirage à part, gagnera à être complété par une table des matières
et une table onomastique; — Un Épisode de la vie de François Gentil
(1579), sculpteur troyen, par M. Boutillier du Retail (p. 117-125); —
VHynine aux Muses, traduit de Proclus, par M. Charles des Guerrois
(p. 127-134) ; — Notes sur les oscillations et secousses des véhicules des chemins
de fer et les moyens de les atténuer, par M. E. Hallade (p. 136-148), avec une
figure); — Lafontaine et Boccace {Trois Contes), par M. Julien Dubois
p. 149-169); — La Champagne crayeuse. Étude de géographie botanique^
par M. P. Fliche (p. 171-277, avec 2 planches); — Au Pays Ouargli, très
attachante relation due à M. le médecin-major Ed. Pigeon (p. 279-378).
— De même nous avons ^ reçu de la Société d'agriculture, commerce,
sciences et arts du département de la Marne (ancienne Académie de Chàlons)
le tome X de la 2"^ série de s^m Mémoires pour 1906-1907 (Châlons-sur-Marne,,
imp. Martin frères, 1908, in-8 de 446 p., avec une carte). Là ont trouvé
place les travaux ci-après : Sermaize-les- Bains et la région environnante^
Vitry-le- François, Saint-Dizier, Bar-le-Duc. Guide du touriste et du pro-
meneur, par M. Louis Brouillon (p. 75-174, avec une carte). Cette intéressant»
monographie est pourvue d'une table des matières et d'une autre relative
aux noms de lieux; — Simples Causeries sur la nature, par M. Henry Gérard
(p. 177-255); - — Lettres inédites de Louis XIV et Mazarin au. sieur Jean
de Styron, sergent de bataille, publiées avec une Introduction et des notes
par M. l'abbé Lallement (p. 259-268); — Étude sur les pierres branlantes
et les superstitions qui s'y rattachent. La Pierre branlante de Montmirail,
-par M. le D^ Grosjean (p. 271-307), curieuse étude d'archéologie et de folk-
lore; — Bemarques sur les noms de famille. Les Noms régionaux, par
M. Octave Maurice (p. 311-359); — Découverte d'une verrerie d'art gallo-
romnine aux Houis, écart de Sainte-Menehould (Marne), 2" notice, par
M. L. Mauget (p. 363-386).
Franche-Comté. — Dans notre dernière livraison (p. 472), nous avons,
annoncé le Congrès des Œuvres diocésaines qui s'est tenu à Gray (Haute-
Saône) du 13 au 16 mai et nous avons .signalé le mandement de carême de
Mgr Fulbert Petit, archevêque de Besançon, qui renfermait un excellent
historique de la statuette miraculeuse de Notre-Dame de Gray. Or, voici
que nous arrive, sous forme de brochure, cette notice qui avait attiré notre
attention. Titre : Notre-Dame de Gray, le culte de la Très Sainte Vierge
en Franche-Comté et le Couronnement de Notre-Dame de Gray, par Mgr
Fulbert Petit, archevêque de Besançon (Gray, Gilbert Roux, 1909, in-16 de
31 p., avec reproduction d'une vieille gravure). On ne saurait trop remercier
ï« prélat d'avoir eu la bonne idée de mettre cette étude à la fois édifiante,
intéressante et instructive, à la portée de tous ceux qui ne lisent pas d'ha-
JuiN 1909. T. CXV. 3.=^.
— n4fî —
hitudo la Sernaijie religieuse de Besançon où son texte avait d'abord paru
Comme faisant partie du mandement de carême de 1909.
— Également nous devons une mention à un opuscule sur le même sujet,
dû à ]\I. l'abbé O. Boillot, curé de Liesle (Doubs) : Soutenir du congrès
de ijray, 18-16 mai 1909. Notrt-Dome de Gray (Besançon, imp. catholique
de l'Est, 1909, in-32 de 27 p.K Bien que l'auteur semble avoir voulu surtout
faire œuvre de propagande, il convient de dire que son petit travail a
été rédigé aA'ec beaucoup de soin et de clarté et que, sans qu'il y paraisse,
en raison de la rareté des référenc-es, nous sommes ici en présence d'une
publication érudite qui pourra être utilement consultée.
— Par son testament, Xavier Marmier a légué à l'Académie de Besançon,
dont il était membre, ses manuscrits inédits, qui se composent de 9 vol.
in-8. « Ils seront, recommandait-il, renfermés dans une caisse qu'il ne sera
permis d'ouvrir que quinze ans après ma mort ; alors on pourra publier, si on
le juge convenable, ceux de ces volumes qu.i n'auront pas encore été impri-
més, notamment ceux où j'ai raconté diverses choses de mon temps... »
Le délai ainsi fixé par le testateur — sa mort remontant au 8 octobre 1892,
— expirait le 8 octobre 1907. En conséquence, les manuscrits dont il s'agit
ont été remis à M. Maurice Lambert, notre distingué collaborateur en
matière de jxirisprudence, président annuel de l'Académie de Besançon,
pour être examinés et faire l'objet d'un rapport paru sous ce titre : Les
Manuscrits inédits de Xavier Marmier (Besançon, imp. Jacquin, 1909,
in-8 de 24 p., avec une planche reproduisant deux portraits de Marmier
datant de 1835 et de 1851. Extrait des Mémoires de r Académie de Besançon).
M. Lambert, avec \in sens critique aiguisé et un goût parfait, nous donne
un aperçu de ce qve renferment les manuscrits en question. Ce sont surtout
des impressions, semées d'anecdotes amusantes, sur les personnalités
plus ou moins célèbres avec lesquelles Marmier s'est trouvé en relations
et aussi sur les événements dont il a été témoin depuis 1848 jusqu'à une-
époque rapprochée de sa mort. Son très intéressant travail achevé, M. Lam-
bert s'est demandé si l'Académie de Besançon devait publier les manuscrits
qui lai ont été légués. « A cette question, déclare-t-il judicieusement,
il me semble qu'on ne peut répondre que par une distinction. Pour les
plus anciens, ceux qui remontent à 1848, rien ne s'opposerait, selon moi,
à ce qu'on en tirât la matière d'un volume, qui pourrait encore être lu
avec plaisir et profit, même après ce qui a déjà paru sur cette époque
mouvementée, mêlée de joie et d'épouvante. • Quant aux cahiers plus~
récents, à ceux surtout qui semblent avoir pour objet de dévoiler les scan-
dales du temps du second Empire, les mœurs des personnages qui étaient
le plus en vue sous ce régime, je suis loin de penser qxi'il faille les supprimer
ni même les condamner pour toujours au .secret. Mais, j'estime qu'avant
de songer à leur publicatioïi, il faut attendre au moins que tous les hommes
qui y sont nommés aient disparu, attendre que ce qui ressemblerait encore
aujourd'hui à de la médisance et de la difTamation soit devenu de l'histoire. »
Autriche-Hongrie. — Franz GriUparzer est le plus grand poète que
l'Autriche s'honore d'avoir produit. Le conseil municipal de Vienne,
n'oubliant pas que c'est dans cette ville que le poète a vu le jour en 1791,
se prépare à en célébrer la mémoire par une édition critique et définitive
de ses œuvres complètes. C'est à un professeur de l'Université allemande
de Prague, bien connu par ses recherches sur le poète, M. August Sauer,
qu'a été confié le soin de préparer cette édition, qui doit se publier à la
librairie Gcrlacher Wiedîing, de Vipunc. Elle comprendra toutes les œu\Tes
<!=• GriUparzer, vers et prose, y compris sa correspondance et ses journaux
— :ii7 -
de voyage. On compte que cette nouvelle édition formera 25 volumes.
M. Sauer fait appel à tous ceux qui peuvent aider à la rendre plus complète
en lui communiquant des manuscrits de Grillparzèr.
Irlande. — La littérature gnomique est chose ancienne, mais n'in-
téresse gr.ère que quelques curieux d'histoire littéraire. Elle a de nombreuses
ramifications, comme la littérature des proverbes: au.ssi est-ce indiquer
de précieux documents aux amis de la littérature comparative que de
leur signaler un vieux recueil irlandais que M. Kuno Meyer vient de publier,
traduire et commenter sous ce titre : The Instructions of King Connue
Mac Airt. Cette brochure forme le fascicule XV de la Todd Lecture Séries.
(Dublin, Hodges, in-8 de xn-62 p.). C'est un texte du milieu du moyen âge
et conservé dans de nombreux manuscrits; pour traduire un texte où le
verbiage se mêle à la sagesse, avec une surabondance de répétitions, de
termes oiseux et de mots rares, il ne fallait rien moins qu'un celtiste d'une
habileté éprouvée. Il s'agit ici d'un genre littéraire que l'ancienne Irlande
n'a pas inventé, mais où ses moralistes se sont complu en le développant
à l'excès : en tout cas, ces « Instructions « attribuées à un vieux roi d'Irlande
célèbre par sa sagesse sont un curieux document d'histoire Httéraire.
Chine. — A force de s'accroître d'année en année depuis sa fondation,
le Calendrier- Annuaire de VObservatoire de Zi-Ka-Wei a triplé comme
quantité et importance des matières. Parmi celles qui sont nouvelles dans
le volume de 1909 (7^ année), nous signalerons, page 43, une explication,,
sous ce titre : « Clair-de-Lune à Chang-Hai », des tableaux des phases
de la Lune pour chaque mois de l'année, lesquels ont été renvoyés à la
suite de la première partie de l'annuaire, suivis eux-mêmes de tableaux
analogues pour Vénus, Mars, Jupiter et Saturne, donnant les' heures de
leurs levers et de leurs couchers dans le cours de l'année. — On sait qu'une
éclipse de Soleil, invisible à Paris, devait avoir lieu le 18 juin et être visible
en Chine : l'Annuaire en donne tous les éléments appuyés d'une carte où
sont tracées les courbes de visibilité du phénomène sur toute la portion
du globe terrestre qui en a été favorisée. — Signalons aussi la publication
d'un « Code des signaux de l'Observatoire de Zi-Ka-Wei », signaux de
l'heure, du tamps, de la direction des vents, des tempêtes, etc.; plus loin
l'explication nécessaire à la lecture astronomique de douze cartes du « Ciel
étoile à Chang-Haï » avec trajectoire des planètes en chacun des mois de
l'année, ces cartes étant renvoyées à la suite des tableaux de visibiltié de
la Lune et des quatre principales planètes. Elles sont -elles-mênres suivies
de deux autres cartes, géographiques celle-là, donnant la Mappemonde
rapportée à Chang-Haï comm.e centre et distances sphériques. — Un
sommaire des événements généraux accomplis, mois par mois, de juillet
1907 à juin 1908, suivi d'un résumé analogue des principaux faits météo-
rologiques arrivés, durant la même période, en Extrême-Orient, sont
suivis, à la fin de la première partie, des tableaux des missions catholiques
en Chine, Corée et Japon et de ceux, nominatifs, des évêques et vicaires
apostoliques. Cette première partie est suivie d'un « Appendice » contenant,
pour l'année courante, les mêmes données astronomiques, météorologique»
mathémathiques et statistiques que les années précédentes. — On peut
voir, par ce qui précède, que cet annuaire acquiert une importance scien-
tifique de plus en plus grande, grâce au zèle éclairé et axi dévouement de
son très savant rédacteur, le R. P. de Moidrey (Chang-Haï, imp. de !;<
Mission catholiqiîe, in-?>2 do 173 p., avec 32 pi. + 67 p.).
Publications NorvEr.i.ES. — Dcr Alttestomentlirhe Kanon dcr Ant'o-
— 548 —
clienischen Scinde, von Dr. L. Dennefeld {Biblischt Studien) (in-S, Frei-
Iv.irg im Breisgau, Herder). — Le Pays de l'Écangile, par E.-N. Gaussens
(iii-12, Oudin-). — Cours supérieur d'instruction religieuse. Israël, Jésus-
Christ, r Église catholique, par l'abbc J. Labourt (in- 12, LecofTre, Gabalda).
— Actes de S. S. Pie X, encycliques, motu proprio, brefs, allocutions, etc.
Texte latin avec traduction française en regard précédés d'une notice bio-
graphique, suivis d'une table générale alphabétique. T. III (in-12, Maison
de la Bonne Presse). — Desenvolvimiento del dognia, pT)r el cardenal J. H.
Newman. Version directa del inglés (gr. in-8, Barcelona, Luis Gili). —
Cor Jesu, historique, doctrine, pratique de la décotion au Sacré Cœur de
.lésus, par Tabbé L. Poux (in-32, Maison de la Bonne Presse). — Marie
et le Sy?nbolism( des pierres précieuses, par l'abbé E. Vaîère (in-12, Oudin). —
.Yotes de pastorale pratique. Le Prêtre et les œui'res au point de vue paroissial
par Un Curé d^-» Lyon, directeur d'Œuvres (in-12, Maison de la Bonne
Presse). — La Loi du 17 mars 1909 et la Loi du 1" avril 1909. De la Vente tt
du nantissemtjit des fonds de commerce par C. Maréchal (in-8, Librairie
générale de droit et de jurisprudence). — Étude critique du casier judiciaire
en France et dans les pays étrangers, par G. Richard (in-8, Fontomoing). — ■
La Définition d- Vêtre et la nature des idées dans le Sophiste de Platon, par
A. Diès (in-8, Alcanl. — Quellenbeitràgc und Untersuchungen zur Geschi-
fhte d^r Gottesbei"eisc im dreizehnten Jahrhundert mit besonderer Berûcksi-
'htigung des Arguments im Proslogion des Hl. Anselm, von P. A. Paniels
iBeitràge zur Geschichte der Philosophie des Mittelalters] (in-8. Munster,
Aschendorfî). • — Les Systèmes de philosophie, ou les Philosophies affirma-
tives, par E. Naville (in-8, Alcan). — Essai historique sur les rapports entre
la philosophie tt la foi, de Béranger de Tours à S. Thomas d'Aquin, par
T. Heitz (gr. in-8, LecofTre, Gabalda). — Éléments de logique formelle,
par G. -H. Luquet (in-8, Alcan). — Le Pluralisme, essai sur la disconti-
nuité et l'hétérogénéité des phénomènes, par J.-H. Boex-Borel [J.- H. Rosny
aîné] (in-8, Alcanl — Le Doute, par le D"" P. Sollier (in-8, Alcan). — Le
Cycle mystique. La Divinité, origine et fin des existences individuelles dans
la philosophie antésocratique, par A. Diès (in-8, Alcan). — Le Problème
de Faction, la pratique morale, par G. Rodrigues (in-8, Alcan). — L'Année
philosophique, publiée sous la direction de F. Pillon. 19^ année, 1908 (in-8
Alcan). — L'Éducation morale rationnelle, par A. Leclèr© (in-16, Hachette).
— Le Problème de l'éducation, essai de solution par la critique des doctrines
pédagogiques, par L. Dugas (in-8, Alcan). — La Femme et son pouvoir, par
^fme \. Lampérière- (in-12, Giard et Brière). — La Théorie de l'économie
politique, par W. Stanley Jevons; trad. par H.-E. Barrault et M. Alfassa
(in-8, Giard et Brière). — Contribution à la critique de l'économie politique,
par K. Marx ; trad. sur la 2^ éd. allemande de K. Kautsky par L. Lafargue
tin-18, Giard et Brière). — Su la îcoria del contratto sociale, da G. del Vecchio
(in-8, Bologna, Zanichelli). — Pages sociales, par E. d'Eichthal (in-16,
Alcan). — Le Lien social, par Sully Prudhomme (in-8, Alcan). — Les Riches
depuis sept cents ans, par le vicomte G. d'Avenel (in-18. Colin). — La Pau^'n-té
sa seule cause, son seul remède. Malthusianisme et néo-malthusianismc , par
ie D^ G. Drysdale (in-12, Éditions néo-malthusiennes). — La Criminalité dans
l'adolescence. Causes et remèdes d'un mal social actuel, par G.-L. Duprat
{in-8 cartonné, Alcan). — Animaux de nos pays, par H. Coupin (in-18
cartonné toile. Colin). — Faut-il devenir mage? par F. Divoire (in-12,
Falque). — Études sur Léonard de Vinci, ceux qu'il a lus et ceux qui l'ont
lu, par P. Duhem, f^ et 2« séries (2 vol. gr. in-8, Hermann). — La Gram-
maire des électriciens enseignée au.v débutants par expériences et mesures,
— r;49 —
par E. Gossart. T. I. Le Courant continu (in-8, Viiibert et Nony). — Les
Découvertes modernes en physique, par O. Manville. 2^ éd. (in-8, Hermann). —
Théorie des corps déformables, par E. et F. Cosserat (in-8, Hermann). —
L'Enseignement agricole et ses méthodes, par P. de Vuyst (in-8, Amat). — -
La Terre arable, par J. Dumont (in-12, Amat). — Terres antiques. La
Sicile, par A. Segard (in-16 Plon-Nourrit). — La Normandie et ses peintres,
par J.- P. Henzey (in- 18, Nouvelle Librairie nationale). — Les Maîtres
de Vart. Charles Le Brun, par P. Marcel (in-8, Plon-Nourrit). — Reflets
d'histoire, par P. Gaultier (in-16. Hachette). — Iter Hispanicum. Notices
et extraits de manuscrits de musique ancienne conservés dans les bibliothèques
d'Espagne (gr. in-8, Geuthner). — Musiciens d'autrefois, par Pv. Pvolland
(in-16, Hachette). — Traité de stylistique française, par G. Bally. l^r vol.
(in-18 cartonné, C. Klincksieck). — Aucassin et Nicolette. Texte critique
accompagné de paradigmes et d'un lexique, par H. Suchier (in-8, Paderborn,
Schœningh). — Les Argonautiques d'Apollonius le Bhodien: trad. pour la
première fois en vers français (et vers pour vers), par le comte U. de Ségiiier
(in-8, Félanitx (Majorque), imp. de B. Reus). — Œuvres inédites, de P.-J. de
Béranger, préface et notes par L.-H. Lecomte (in-8, Daragonl. — L'An-
thologie du félibrige. Morceaux choisis des grands poètes de la Renaissance
méridionale au xix^ siècle, par A. Praviel et J.-R. de Brousse (in-18.
Nouvelle Librairie nationale. — Au Soleil du rêve, par G. Sorbets (in-12
Lemerre). — Le Voile des choses, par P.-L. Aubert (in-12, Lemerr^j. —
Le Sablier, par P. Galland (in-12. Sansot). — L'Ame inquiète, par J. Noir
(in-12, Édition du Beffroi). — Trois Années, poésies, 1905-1908, par F. Éon
(in-12, Alençon, Édition du DWan). ^ Études dramatiques, i^ar A. 'Slôny.
TP. IV. Le Déluge (in-16, Plon-Nourrit). — M érovée, drame historique en
cinq act^.s, en vers, par B. Schnitzler (in-12, Lemerre). — Lequel l'aimait?
par M. Floran (in-18, Calmann-Lévy). — La Voie du mal, par G. Deledda ;
trad. de l'italien par G. Hérell.-^ (in-18, Calmann-Lévy). • — La Lanterne
magique, par P. Margueritte (in~16, Plon-Nourrit). — La Mésangère, par
M. Thélen (in-16, Plon-Nourrit). — La'Voix de l'oiseau, par H. Morane
)(in-16, Plon-Nourrit). — Le Jardin délaissé, suivi de Ce qui ne ressuscite
pas, par J. Gallotti (in-16, Plon-Nourrit). — L'Expiairice, pai'C. Nicoullaud
(in-16, Perrin). — La Course à l'abîme, par E. Daudet (in-16, Roger et
Chernoviz). — Une Vie d'artiste, par A. Schmitthenner : trad. de l'allemand
pai H. Heinecke (in-16, Hachette). — Ames juives, par S. Coubé (in-12,
Lethielleux). — A Tour de bras. Histoires du temps présent, par J. des
Tourelles (in-12, Lethielleux). — Face au devoir, par E. Coz (in-12, Maison
de la Bonne Presse). — Le Livre de la mort, par E. Gauche (in-16, carré,
Société des auteurs-éditeurs). — La Légende de Jean-Jacques Rousseau,
rectifiée d'après une nouvelle critique et des documents nouveaux, par F. Mac-
donald; trad. de l'anglais par G. Roth (in-16. Hachette). — George Sand.
Dix co7iférences sur sa vie et son œuvre, par R. Doumic (in-18, Perrin). —
Au Temps du Romantisme, études pittoresques et littéraires, par A. Séché
et J. Bertaut (in-18, Sansot). — De tout un peu, par A. ^lézières (in-16,
Hachette). — La Littérature allemande d'aujourd'hui, par M. Muret (in-16,
Perrin). — Histoires des littératures. Littérature allemande, par A. Chuquet
{in-8, Colin). ^ Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastiques,
publié sous la direction de Mgr A. Baudrillart, M. A. Vogt et M. U. Rouziès,
avec le concours d'un grand nombre de collaborateurs. Fasc. L Aachs-
Achot (gr. in-4, Letouzey et Ané). — Missions au Sahara, par E.-F. Gautier
et R. Chudeau. T. IL Sahara soudanais, par R. Chudeau (gr. in-8, Cohn). —
- ;ibO -
Le Génie de V Amérique, par H. Van Dyke; Irad. de l'anglais par E. Sainte-
^larie Perrin (in-18, Calmann-Lévy). — La Translation miraculeuse de.
hi sainte Maison de Notre Mère à Lorettc. IV. Preuves surabondantes de
son authenticité, par l'abbé J. Faurax ()n-8, Lyon et Paris, Vitte). — Le
Quinzième Centenaire de S. Jean Chrysostomt (407-1907) et ses conséquences,
pour l'action catholique dans VOrient gréco-slave, par le P. C. Charon (in-8,
Rome, Collège pontifical gTec). — Prêtres victimes de la Révolution dans
le diocèse de Cambrai, 1792-1799, par l'abbé .T. Dehaut (in-8, Cambrai,
O. Masson). — « Les Saints ». La Bienheureuse Mère Barat (1779-1865),
par Geoffroy de Grandmaison (in-12, Lecofîre, Gabalda). — Réponse à
MM. Loyson et Houtin. Charles Perraud, Pcrrcyre et Gratry, par quelques
témoins de leur vie (in-12, Bloud). — Madame mère du Régent, par A. Barine
(in-16. Hachette). — La RéveÀution, la Terreur, le Directoire, 1791-1799,
d'après les Mémoires de Gaillard, ancien président du directoire exécutif de
.Seine-et-Marne, cemseiller en Cassation, par le baron Despatys (in-8, Plon-
Xourrit). — Napoléon et la Pologne (1806-1807), par M. Handelsman (in-8,
Alcan). — Joacliim Mural, roi de Naples. La Dernière Année de règne [mai
1814-/«flt 1815), parle commandant M. -H. Weil. T. II (in-8, Fontemoing). —
Les Écoles et V Enseignement de la théologie pendant la première moitié
du xii^ siècle, par G. Robert (in-8, Lecofîre, Gabalda). — Histoire de la
guerre de Vendée (1793-1815), par J. Clsmanceau, publié par les soins de
l'abbé F. Uzureau (in-8, Nouvelle Librairie nationale). — - Un Voyage
d'études militaires du duc d'Orléans, 1809-1908. Avec une lettre de Monr
seigneur le duc d'Orléans, par le général Donop (in-12. Nouvelle Librairii^
nationale). — Une Algérie nouvelle, quelques principes de colonisation
pratique sur le propos du Maroc oriental et de Port-Say, par J. Hess (in-18,
Stock). — La Politique française. Esquisse d'une politique française. Figures,
politiques et parlementaires, par A. d"Espie (in-18, Cornély). — A travers V An-
gleterre conteniporainc, par P. "Mantoux (in-16, Alcan). — François Racki
et la Reneiissance scientifique et politique de la Croatie (1828-1894), par
V. Zagorsky (gr. in-8, Hacheitei — Biblioteca di Storia italiana recentp
(1800-1850). Vol. II [R. Deputazione sovra gli studi di storia patria per
le antiche provincie e la Lomhardia) (in-4, Toîino, Bocca). — Institutions
politiques de l'Europe contemporaine, par E. Flandin. T. IV. Pays-Bas,
Lu.iembourg, Danemark, Suède, Norvège (in-16, Le Soudier). — Les
Roumains. Histoire, état matériel et intellectuel, par A.-D. Xenopol (in-18,
Delagrave). — La France et la Russie au xviii^ siècle. Études d'histoire
tt de littérature franco-russe, par C. de Larivière (in-16, Le Soudier). —
La Rénovation de l'Empire otto?nan. Affaires de Turquie, par P. Imbert
(in-16, Perrin). — Législative and judicial History of the fifteenth amenel-
ment, by J. Mabry Mathews (in-8, Baltimore, The Johns Hopkins Press). —
Les Indiscrétions de l'histoire, par le D"" Cabanes. 6^ série (in-16, Albin-
Michel). — Pages d'histoire contemporaine, par P. de Coubertin (in-8,
Plon-Nourrit). — La Carrière d'un favori. Jacques el' Albon de Saint-
André, maréchal de France (1512-1562), par L. Romier (in-16, Perrin). —
Un Prélat indépendant au wii^ siècle. Nicolas Pavillon, évêque d' .ilet
(1687- J677), par E. Dejean (in-8, Plon-Nourrit). — Turgot, par G. Schelle
(in-16, Alcan). — Hippolyte Taine. Essai d'une biographie intellectuelle,
par A. Laborde-Milaâ (in-16, Perrin). Vise^ot.
— 551 —
TABLE METHODIQUE
DES OUVRAGES ANALYSÉS
THÉOLOGIE
Èr*riture sainte Exégèse. Alte und neue Angrifîe auf das Alte
Testament. Ein Ruckblick und Ausblick [Johannes Nikel) ,194
Die Glaubwurdigkeit des Alten Testamentes im Lichte der
Inspirationslehre und Literarkritik {Johannes Nikel) 195
Der Ursprung des alttestamentlichen Gottesglaubens (Johan-
jies Nikel) 195
L'Histoire et les histoires dans la Bible [M. Landrieux) 196
Doppelberichte im Pentateucli. Ein Beitrag zur Einleitung iri
das Alte Testament [A. Schulz) 196
Die Amarnazeit. Palàstina und TEgypten in der Zeit israelitischer
Wanderung und Siedelung {Karl Miketta) 197
Das Hohelied, ûbersetzt und erklârt [Joseph Hontheim) 197
)Le Livre d'Amos ( J. Touzard) 198
Les Prédécesseurs de Daniel {Edouard Dujardin) 199
Die griechische Philosophie im Bûche der Weisheit {Paul Hei-
jiisch) 200
Hieronymi graeca in Psalmos fragmenta {Joh. Joseph Klem.
Waldis) 20O-
Histoire et Sagesse d'Ahikar l'Assyrien (fils d'Anael, neveu de
Jobie). Trad. des versions syriaques avec les principales diffé-
rences des versions arabes, arménienne, grecque, néo-syriaque,
slave et roumaine, par F. Nau 201
Le Messianisme chez les Juifs (150 av. Jésus-Christ à 200 après
Jésus-Chriot) {le P. M.-J. Lagrange) ^ 202
Histoire du canon de FAncien Testament dans l'Église grecque
et l'Église russe (M. Jugie) 203
Der Kanon des Neuen Testaments {P. Dausch) 204
Kardinal Wilhelm Sirlets Annotationen zum Neuen Testament.
Eine Verteidigung der Vulgata gegen Valla und Erasmus
(P. Hildehrand Hpfôl) 204
Les Théories de M. Loisy. Exposé et Critique {M. Lepin) 205
M. Loisy et la critique des Évangiles {F. Jubaru) ' 205
Jésus-Christ. Réponse à M. Renan {A. Gratry) 206
Der Vernichtungskampf gegen das biblische Christusbild (Ignaz.
Rohr) 206
Ersatzversuche ftir das bibliche Christusbild {Ignaz Rohr) 206
Christus und Bhudda (O. Wecker) 207
St. Augustins Schrift De consensu evangelistarum unter vorneh-
mlicher Beriicksichtigung hrer harmonitischen Anschauungen.
Eino biblisch-palristische Studie [Heinrich Joseph Vogels). . . . 207
De Bethléem à Nazareth. Étude historique sur l'enfance et la jeu-
nesse du Rédempteur {le P. M.-J. OUivier) 208
Die Dauer der ôfTentlichen Wirksamkeit Jesu. Eine patristisch-
exegetische Studie {WHhelm Homanner) 209
Kamel und Nadelohr. Eine kritisch-exegetische Studie iiber Mt.
19, 24 und Parallelen ( Gcorg Aicher) 210
— 552 —
Jésus-Christ, sa vie, sou temps {le P. Hippolyfe Leroy) 210
Die Auferstehung Jesu Christi nach den Berichten des Neuen
Testaments [E. Dentier) 211
Die Apostelgeschichte {Joh. Belser) ^ 211
Manuel biblique, ou Cours d'Écriture sainte à l'usage des sémi-
naires. (A. Brassac). T. IV. Nouveau Testament 212
Histoire des livres du Nouveau Testament [E. Jacquier). T. III
et IV ^ .- 213
L'Apocalypse interprétée par l'Écriture {Marc Passama) 215
liitur^sie. La Vie liturgique, ou l'âme se nourrissant, se consolant
et tendant à sa destinée dans le service de Dieu par l'Église
{Eugène Chipier) 315
Instructions sur les fêtes de l'année [l'abbé Morisot) 100
Les Fêtes sociales, ou les Fêtes chrétiennes au point de vue social
[Vabbé L. de Casamajor) 100
La Dédicace des églises {Jules Baudot) 362
Le Pallium {Jules Baudot) 265
Traduction et commentaire des grandes antiennes en O de l'Avent
et de l'Office de Noël {les Bénédictines du Temple) 531
Théologie dogmatique. Dictionnaire de théologie catholique,
publié sous la direction de Vabbé Mangenot. Fasc. XXV,
XXVI et XXVII 147
Essai sur la théologie d'Irénée. Étude d'histoire des dogmes
(P. Beuzart) 510
Le Dogme catholique devant la raison et la science, la Trinité, les
Anges, les Origines, Tattente du Messie. Conférences apologé-
tiques faites aux étudiants {Louis Boucard) 510
Histoire du dogme de la Rédemption. Essai historique et apologé-
tique avec une Introduction sur le principe des développements
théologiques {Henri E. Oxenham) ; trad. de l'anglais par
Joseph Bruncau 511
La Foi catholique {l'abbé H. Lesêtre) 316
De gratia Christi. ln-1-2 partem Summae theologicae S. Thomae
Aquinatis a q. CIX ad q. CXIV {Richardo Tabarelli) 57
Enchiridion symbolorum,definitionum et declarationum de rébus
fidei et morum {Henrico Denzinger). Editio décima, emendata
et aucta, quam paravit Clemens Bannwart 56
Tesoro del Sacerdote {el P. José Mach). Decimotercera edicion
notablemente aumentada y corregida, segùn los mas recientes
decretos de las Sagradas Congi'egaciones romanas y las nuevas
disposiciones del derecho civil por el P. Juan B. Ferreres 424
Credo. I. Je crois en Dieu {Vabbé Lemoine) 99
Catéchistes et catéchismes, ou Traité théorique et pratique de
pédagogie catéchistique {le chanoine F. Finot) 98
Le Catéchisme et sa pédagogie, ou Nouvelle Méthode pratique
d'enseignement sûre et rapide de la doctrine {Vabbé Louis
Reignat) 98
L'Essentiel de la religion catholique, directoire peur les caté-
chistes d'adultes {Vabbé P. Coqueret) 99
THéologie morale. SermoiiÉi. Le Sens catholique {Henri Couzet) 265
El sanlo Evangelio de Nuestro Senor Jesucristo i los Hechos de los
Apôstoles {Primitivo Sanmarti).^ , 265
Le Modernisme dans la religion. Étude sur le roman « IlSanto »,
de Fogazzaro {Vabbé 1 -A. Chollet) , 168
Œuvres de saint François de Sales, évêquc et prince de Genève et
docteur de l'Église. Édition complète publiée par les soins de
religieuses de la Visitation du premier monastère d'Annecy.
T. XV. Lettres. Vol. V ! . 109
— 3o3 —
Saint François de Sales, texte et études [Fortunat Strowski). . . 318
Péchés capitaux. Quinze discours pour prônes, sermons, confé-
lences d'hommes [Ph.-G. Laborie) 100
La Pràtica del Pulpito. Estudios homiléticos (A. Meyenberg):
trad. por it P. Ramon Ruiz Amado 101
Œuvres oratoires (le P. Henri Chambellan^. T. II. Retraite ecclé-
siastique. Conférences sur l'éducation. Retraite pascale 101
Le Prédicateur de la doctrine chrétienne (Vabbé J. Sabourct).
T. III '. . . . 102
La Virilité chrétienne. Conférences universitaires 'Je P. Gillet). 102
Pour le peuple, conférences dialoguées {Joseph et Pau! Gaboreau). 103
Histoire des commandement? de TÉgUse {A. Villien) 423
Iglesia y Estado (el P. Fr. Paulino Alvarez) 234
Ce que sera le prêtre au xx'^ siècle ( Mgr Henrif Bolo) 108
Las Religiosas segùn la disciplina vigente. Comentarios canônico-
morales (el R. P. Juan B. Ferrere-i) 72
Aseétisme ,ef Piété. La Bible des fidèles. La Lettre et l'esprit. Le
Saint Évangile de Jésus-Christ selon S. Matthieu, S. Marc.
S. Luc et S. Jean. Commentaire traditionnel extrait des
SS. Pères, d'après la « Chaîne d'or « de S. Thomas d'Aquin
(l'abbé Claude-Eugène Bouvier) 103
Jésus. Lectures évangéliques pour l'Avent et le temps de Noël
(Vabbè Dard) 104
La Royauté de Jésus-Christ (le R. P. Félix). Huitième Retrait;
de Notre-Dame de Paris 105
Méditations sur les évangiles du dimanche à la portée des simples
fidèles pour tous les jours de l'année {le chanoine François
Fournier) , 109
Méditations sur l'Eucharistie (Bossuet). Édition par l'abbé
Max Caron 106
Fragments eucharistiques extraits des Œuvres de Mgr Charles
Gay 106
Le Décret sur la communion quotidienne et son application aux
fidèles (le R. P. J.-M. Lambert 106
Triduum eucharistique et instructions sur la communion quo-
tidienne, d'après les décrets de S. S. Pie X (le P. Jules Lintelo). 107
Vers la vie euchai'istique (P. Le jeune) 107
Le Sacerdoce et le Sacrifice de Notre-Seigneur Jésus-Christ
(J. Grimai) 107
La Bondad divina (José M. de Jesûs Portugal) 110
Méditations du soir, tirées de nos saints Livres, pouvant servir
pour la méditation, la lecture spirituelle, etc. (le R. P. André
Prévôt 110
Au vingtième siècle. Françaises selon l'Évangile (la comtesse
de Flavigny) 458
Marie et les Mystères de Jésus. Un Mot sur chaque mystère du
Rosaire. Extraits des écrits de Mgr Charles Gay 110
Marie, reine de France par droit d'héritage, par droit de con-
quête, par droit d'élection (l'abbé Fuzier) 105
Dialogue sur l'esclavage de la Sainte Vierge, d'après le B. Louis-
Marie Grignion de Montfort ( Un ancien aumônier) 110
Oficio de la Santissimâ Virgen Maria y de difuntos 110
Ancora de Salvaciôn ô devocionario {el R. P. José Mach) 111
IHsfoîpc des religi«ngi. La Religion des primitifs (Mgr A. Le
Roy) 320
Mélanges d'histoire des religions (H. Hubert et 3/. Mauss) 425
La Question religieuse, enquête internationale {Frédéric Charpin). 319
Le Mystère chrétien et les Mystères antiques [Rudolf Steiner); trad.
de l'allemand et précédé d'une Introduction par Edouard Schuré. 231
Hétérodoxir. Modernisme et tradition catholique en France
{Ch. Guignebert) 148
Les Vierges mères et les Naissances miraculeuses. Essai de mytho-
logie comparée {P. Saintyves) 168
Notions sur les religions de l'Inde. Le Védisme {Louis de la Vallée-
Poussin) • 532
JURISPRUDENCE
Droit intr ■•national. Curso elemental de derecho internacional
publicii é historia de los tratados [Luis Gestoso y Acosta). . . . 491
Droit eonstittitionuel. Les Régimes politiques au xx® siècle.
Les Républiques parlementaires. La République démocratique
( Albert Soubies et Ernest Curette) 235
Droit i>ubli<* et administratif. Traité de droit public belge.
Droit constitutionnel. Droit administratif (Paul Errera) 489
L'Impôt progressif en théorie et en pratique [Edwin R. A. Se-
ligman ; trad. par Ant. Marcaggi . 490
Guide pratique des impôts (vérification, comparaison et récla-
mations) (Henri Fayollet) 490
Droit ciTil. Traité de droit civil comparé [Ernest Roguin). Les
Successions 485
Le Mariage et le divorce de demain (Henri Coulon et René de
Chavagnes) 481
Le Journal, sa vie juridique, ses responsabilités civiles (Geor-
ges Duplat) •. 492
Code-manuel du chasseur ( Gaston Lecouffe) 493
Code-manuel du cychste ( Gaston Lecouffe] 493
Le Cinématographe devant le droit (E. Maugras et M. Guègan). 494
Procédure. Précis théorique et pratique de procédure civile (E.Glas-
■.•i'son, P. Colmet-Daage et Albert Tissier). T. II 488
Petit Manuel pratiqi-e des vices rédhibitoires et maladies conta-
gieuses dans les ventes d'animaux domestiques (LouisMalnoury) 488
SCIENCES ET ARTS
PliiloHopliie. Ciiénéralité^.iinLélHn^es». Leçons de philosophie
et Plans de dissertations. I. Psychologie [Vabbé J.-B. Domecq).. 386
Supplément au Dictionnaire de philosophie ancienne, moderne
et contemporaine (années 1906, 1907, 1908) (Vabbé Elie Blanc). 386
leçons de logique et de morale (R. Hourticq) 386
Cours de philosophie positive (Auguste Comte). T. IV et V 386
Les Problèmes de la science et la Logique (Frédéric Enriques);
trad. de l'italien par Julien Dubois 387
Les Principales Théories de la logique contemporaine (P. Her-
mant et A. Van de Waele) 387
Insuffisance des philosophies de l'intuition (Clodius Piat) 388
Éthique, droit et politique (Arthur Schopenhauer); trad. de
l'allemand avec Préface et notes par Auguste Dietrich 392
La Sensibilité individualiste ( G. Palante) 393
El Positivismo, su historia y sus errores (José M. de Jesûs Por-
tugal) 398
La Philosophie sociale de Renouvier (Roger Picard) • 399
Le Déterminisme économique de Karl Marx. Recherches sur l'ori-
gine de l'évolution des idées de justice, du bien, de l'âme et de
Dieu (Paul Lafargue) 400
Pragmatisme et Modernisme (J. Bourdeau) • • ^^^
Anti-Pragmatisme. Examen des droits respectifs de l'aristocratie
intellectuelle et de la démocratie sociale (Albert Schinz) 400
— H55 —
Etudes et controverses philosophiques [Vabhé Eugène Lanusse). 401
L'Homme selon la science, son présent, son passé, son avenir
[le docteur Louis Buchner); trad. de l'allemand par le D^ Ch.
Letourneau 148
Les Croyances religieuses et la Science de la nature (/. Guibert). 149
Nova et vetera [Claude-Charles Charaux) 73
Les Idées mortes [Albert Bayât) 362
Science ou Roman (/o/jn- Gérard); "trad. de Jean d'Orlyé 364
Psychologie. La Psychologie quantitative [J.-J. Van BierUiet). 389
Psycho-Physiologie de la doulenr (M^'^s joteyko et Stefanoivska). 390
Premier Éveil intellectuel de l'enfant {Edmond Cramaussal) 390
L'Adolescence, étude de psychologie et de pédagogie [Gabriel
Compayré) 391
Le Cœur humain et les Lois de la psychologie positive [Antoine
Baumann) 391
Morale. La Morale naturelle [J.-L. de Lanessan) 392
L'Expérienc3 morale [F. Bauh) • 393
Esquisses de morale et de sociologie (Eugène Leroy) 393
La Morale de l'ironie [Fr. PauJhan) 394
La Morale de la France [Paul Adam) 362
Amour et Foi [le comte H. de Lacoinbe) 323
Pensées d'harmonie [M. de Meck) 363
IIiNtoiredelapliilo80|»liie. lYlélaii^^s. Les Grands ÉcrivaiiiS
de la France. Œuvres de Biaise Pascal. T. I, II et III, pubUés
suivant Tordre chronologique, avec documents complémen-
taires, Introduction et notes par Léon Brunschwig et Pierre
Boutroux 387
Pascal et son temps [Fortunat Strowski). 3e partie. Les Provin-
ciales et les Pensées 395
L'Anthropologie de Maine de Biran, ou la Science de l'homme
intérieur, suivie de la Note de Maine de Biran de 1824 sur l'Idée
d'existence (aperception immédiate, édition Cousin) [Pierre
Tisseraïul) 511
La Philosophie de Leibniz, exposé ci'itique (Bertrand Bussell);
trad. de l'anglais par Jea)t et Benée-J . Bay 396
La Théorie idéologique de Galluppi dans ses rapports avec la
philosophie de Kant (F. Palhoriès) 397
L'Idéal du xix^ àècle (Marins- Ary Leblond) 395
Leibniz, avec de nombreux textes inédits et une Introduction par
Jean Baruzzi 397
Les Grands Philosophes. Rosmini [F. Palhoriès) 398
Cournot et la Renaissance du probabilisme au ix^ siècle
(F. Mentré) • . 399
Revue des sciences philosophiques et théologiques. 2® année,
1908 401
Édurution. Eu»ei^nemen4. Lettres à ma petite-fille (le mar-
quis de Charnacé) : 150
L'Éducation intelh^ctuelle, morale et physique (Herbert Spencer);
trad. de l'anglais par Marcel Guymiot. • • • • ^^^
Les Meilleures Pages des écrivains pédagogiques de Rabelais au
xx^ siècle. Extraits avec un Avant-propos et des notes par
Edmond Parisot et Félix Henry 23b
Féminisme. Au cœur du féminisme (Théodore Joran) 483
Féminisme et christianisme (A.-D. Sertillanges) 483
Un Feminismo aceptable (el P. Julio Alarcon y Meléndez) *? 485
Keienees politiques, économiques et sociales. Théorie du
salaire et du travail salarié (Christian Cornélissen) 29
— 556 —
Le Problème de la misère et les Phénomènes économiques
naturels (J. Novicow) 30
Les Forces productives de la France (P. Baudin, P. Leroy-
Beaulieu, Millerand, Roume, J. Thierry, E. Allix, J.-C. Char-
pentier, H. de Peyerimhojf , P. de Bousiers, Daniel Zolla). 31
Notre Budget, études critiques et plan de réorganisation de notre
système financier {Léon Foucrière) 237
Les Socialistes et le Budget [J.-L. Breton) 426
Pourquoi et comment on fraude le fisc (Ch. Lescœur) 32
La Solution des questions sociales, ou le Décalogue connu et
observé; son exposé clair, précis, complet, avec un texte exact
et des tableaux parlants (Vabbé L. de Casamajor) 459
Ketteler ( Georges Goyau) 514
Ma Vocation sociale. Souvenirs de la fondation de l'Œuvre des
cercles catholiques d'ouvriers (1871-1875) (Is comte Albert
de Mun) 515
Lé Socialisme agi'aire, ou le Collectivisme et l'évolution agricole
(Emile Vandervelde) 33
Sociologie et Fouriérisme ( F. Jollivet-Castelot) 34
Œuvres sociales des femmes [Paul Acker) 326
Les Jaunes [F.-Ferd. Cochet) 364
L'Utopie jaune. La Nouvelle Monarchie {Pierre Félix) 364
Quelques écrits [Adhémar Schwilzguébel] 35
La Démocratie vivant e ( Georges Deherme) 36
Démocratie, patrie et humanité (/. Girod) 394
Pour le Bloc (J.-L. Breton) 426
Les Colonies de vacances (Louis Delpérier) 37
La Mutualité scolaire ( Maurice Bcrtelnnt) 38
médecine. Histoire, ^-éiiéralilés Mœurs intimes du passé
(le D^ Cabanes) 306
Histoire pharmacotechnique et pharmacologique du mercure à
travers les siècles (Et. Michelon) 311
Essais sur nos préparations galéniques, étude pharmacologique
publiée sojs la direction scientifique du D^ Brissemoret 312
La Maternité et la Défense nationale contre la dépopulation
[le D^ Sicard de Plauzole.^) 312
La Lutte oontrr- la prostiti tion [R. Décante) 313
Les Microbes [le Z>r P.- G. Charpentier) 7
Biologie. L'Origine de la vie (J.-M. Pargame) 306
La Crise du transformisme [Félix Le Dantec) 307
Physiologie. La Voix professionnelle. Leçons pratiques de physio-
logie appliquée aux carrières vocales (enseignement public,
barreau, théâtre). Cours du Théâtre Réjane (1907-1908)
[le D^ Pierre Bonnier) 324
Hygiène. L'Hygiène infantile, all.'iitement maternel et artificiel,
sevrage (le D^ G. Variât) ; 314
L'Hygiène des dyspeptiques [le D^ René Gaultier) 314
L'Hygiène du logement [Paul Juillerat) 314
Pathologie et Thérapeutique. L'Audition morbide [le D^A.
Marie) 309
Les Préjugés sur la folie (la princesse Lubomirska) 309
La Pathologie de l'attention (N . Vaschide et Raymond Meunier). 309
Neurasthénie et névroses; leur guérison définitive en cure libre
'le Z>r P.-E. Léi-y) 310
Contribution apportée à la notion d'hystérie par l'étude de
l'hypnose, .spécialement considérée dans son histoire, dans son
essence, dans ses effets (le D^ Robert Van der Eht) 311
Précis de stomatologie (J. Redier). T. I" 314
- 557 -
SKeivnceii psyeliiciueH. Un Miracle d'aujourd'hui; discussion
scientifique { Georges Bertrin) 307
Études de psychologie sexuelle, la pudeur, la périodicité sexuelle,
l'auto- érotisme (Havèlock Ellis): trad. de l'anglais par A. Van
Gennep 308
Sciences physiques et chimiques. Cours de physique con-
forme aux programmes des certificats et de l'agrégation de
physique (//.-Boaoss^). impartie. Optique. Étudedesinsîrumpnts.
5"' partie. Électroptique, ondes herziennes 403
Thermodynamique {H. Poincarv] 404
La Télégraphie sans fil et les applications pratiques des ondes
électriques (Albert Turpain) 404
L'É'ectricit? industrielle (C Lebois) 405
Cours de chimie inorganiqu'^ {Frrd. Swarts) 406
Traité complet d'analyse chimique appliquée aux essais industriels
[J. Post et B. Neumann); trad. d'après la 3^ éd. allemande et
augmentée de nombreuses additions par le D"^ L- Gautier. T. I.,
fasc 2 406
ilwJlc'.v Tot cpa'.voaevoc. Essai sur la notion de théorie physique
de Platon à Galilée [Pierre Duhem) .516
Histoire du développement de la chimie depuis Lavoisier jusqu'à
nos jours [A. Ladenburg); trad. sur la 4^ éd. allemande, par
.-1. Corvisy 407
Initiation chimique, ouvrage étranger à tout programme, dédié
aux amis de l'enfance ( Georges Darzens) 408
^ienees iiidiistrielli'S. Machines-outils, outillage, vérificateurs,
notions pratiques (P. Gorgeu) ■ 413
Comment on construit une automobile [M. Zerolo). T. II. et III. 4l4
Agriculture. Horticulture. Viticulture. L'Agriculture
moderne, encyclopédie de l'agriculteur [Victor Sébastian).... 427
Prairies et pâturages (Praticulture moderne) [H. Compain) 428
Les Gazons [J.-C.-N. Forestier) 429
Constructions rurales [Jacques Danguy) 427
Constructions rurales. Matériaux, habitations des gens, loge-
ments des animaux et des récoltes [Paul et Pierre Blancarnoux). 427
Conseils pratiques sur la viticulture. Notes mensuelles de la
station viticole de Cognac (1903-1907) [.J.-M. Guillon) 532
Sylviculture. L'Evaluation du revenu imposable des forêts
[A. Arnould) 459
Sciences inatliéinatiq-iies. Traité de mathématiques générales à
l'usage des chimistes, physiciens, ingénieurs et des élèves des
Facultés des sciences [E. Fabnj) 408
Leçons sur les fonctions définies par les équations différentielles
du premier ordre [Pierre Boutrour) 409
Exercices et leçons d'analyse [R. d' Adhémar) 410
Cours d'arithmétique, classe de 5^ B [C.-A. Laisant et Élie
Perrin) 411
i Arithmétique commerciale et Algèbre financière [H. Fuzet et
L. Reclus) 411
Leçons d'algèbre, classes de mathématiques A et B (L. Zoretti). . . 412
Précis de géométrie descriptive et de géométrie cotée [Joseph
Girod). pe et 2^ parties 412
Récréations mathématiques et Problèmes des temps anciens et
modernes [W. Rouse-Ball). 2^ pai-tie; trad. d'après la 4^ éd.
anglaise et enrichie de nombreuses additions par Fitz Patrick. . 413
Astronomie. Cours d'astronomie [H. Andoyer). 2^ partie. Astro-
nomie pratique 410
Annuaire pour l'an 1909, publié par le Bureau des longitudes 58
— 558 —
Ciéologie. La Science séismologique. Les Tremblements de terre
(le comte de Montessus de Èallore) 239
Aéronautique. Le Problème de l'aviation et sa solution par
l'aéroplane [Armengaud jeune) 241
Sciences militaires. L'Éducation patriotique du soldat [le lieu-
tenant M. Roland) 132
Vers la fusion. Conférences faites en 1907-1908 à Saint-Maixent. . . 135
Lettres à un sous-ofTicier [le commandant Roche) 135
L'Artillerie de campagne en liaison avec les autres armes [le géné-
ral H . Lan glois) 136
Vieille Routine [le général Devaureix) . 136
Réalité. Études tactiques [le commandant Passarga) 136
marine. La Crise navale [Charles Chaumet) 327
Oeaux-Arts. Itio<|ra|*ltie«iti''artistes. Histoire de l'art depuis
les premiers temps chrétiens jusqu'à nos jours, publiée sous la
direction de André Michel. T. IIL Le Réalisme. Les Débuts
de la Renaissance. Première partie .' 40
Nouvelles Études sur l'histoire de l'art [Emile Michel) 50
Manuel d'archéologie préhistorique, celtique et gallo-romaine
[Joseph Déchelette). l. Archéologie préhistorique 41
L'Art égyptien. Choix de documents accompagnés d'indications
bibliographiques [Jean Capart) ■ 42
Supplementary papers of the American school of classical studies
in Rome. Vol. II 42
Le Forum romain et las forums impériaux [Henry Thédenat). . . '43
La Villa d'Hadrien près de Tivoli. Guide et description, suivi
d'un Catalogue des œuvres d'art [Pierre Gusman) 43
L'Art religieux de la fin du moyen âge en France, étude sur
l'iconographie du moven âge et sur ses sources d'inspiration
[Emile Maie) '. 43
Les Doctrines d'art en France. Peintres, amateurs, critiques.
De Poussin à Diderot [André Fontaine) 51
La Vierge de Miséricorde, étude d'un thème iconographique
[Paul Perdrizet) 44
Les Maîtres de l'art. Ghirlandaio [Henri Hauvette) 48
Les Clou et, peintres officiels des rois de France [Etienne Moreau-
Nélaton) 45
Les Frères Du Monstier, peintres de la reine Catherine de Médicis
[Etienne Moreau-Nélaton) 46
Kiinstler-Monographien. Auguste Rodin [Otto Grautoff) 47
Trois Églises et Troi'? Primitifs [J.-K. Huysmans) 46
Les Anciens Artistes-Peintres et décorateurs mulhousiens jus-
qu'au xix^ siècle [Ernest Meininger) 48
Bibliothèque de l'enseignement des beaux-arts. La Sculpture espa-
gnole [Paul Lafond) 46
Les Monuments nationaux en Allemagne [Eugène Poiré) 47
Souvenirs de Belgique et de Hollande. Un Dessin de Colyer
Edouard [J.-C- Alfred Prost). 48
Petites Villes d'Italie. IL Emilie, Marches, Ombrie [André
Maurel) 49
Le Repos de Saint-Marc. Histoire de Venise pour les rares voya-
geurs qui se soucient encore de ses monuments [Ruskin);
trad. de l'anglais par K. Jonhston 49
Ruskin. Pages choisies, avec une Introduction de Robert de la
Sizeranne 49
Les Beaux- Arts et la Nation [Ch.-M. Couyba) 51
Les Idées et les formes. Rapport au public sur les beaux-aris
j^[Péladan) ^-
Itliisique. Biograpliiesde iniiMiciens. Graduale sacrosanc-
tae Romanae Ecclesiae. De tempore et de Sanctis; S. S. D. N.
Pii X. Pontificis maximi jussu restitutum et editum; cui
addita sunt festa novissima 53
Le Chant de la sainte Église. Histoire, théorie, pratique
{L.D.S.) 53
Grammatica di canto gregoriano: primo corso, nozioni fonda-
mentali e paratica délie mélodie più facili (A. Minetti) 53
Traité de prononciation romaine du latin ( Un religieux béné-
dictin) 53
Les Subdivisions binaires et ternaires en rythmique grégorienne
et la Musica sacra belge (l'auteur du « Psautier Vespéral »).... 53
Organum comitans and Cantus Gradualis O. Paer, necessarios pro
diebus dominicis et festivis, neenon pro plurimis aliis diebus in
quibus organum pulsari licet [P. Brunone M. Hespers) 54
Carmina scripturarum, scilicet, antiphonas et responsoria ex
sacro Scripturae fonte in libros liturgicos Sanctae Ecclesiae
Romanae derivata [Carolus Marbach) , 54
Cent Motets du xiii® siècle, publiés d'après le ms. Éd. IV. 6. de
Bamberg, par Pierre Aubry 55
Les Maîtres de la musique. Rameau {Louis Laloy) 137
Les Maîtres de la musique. Haydn [Michel Brenet] 139
Les Maîtres de la musique. Moussorgsky [M.-D. Cah'ocoressi) . . 140
Vies des hommes illustres. Beethoven [Bomain Bolland) 141
Un Romantique sous Louis-Philippe. Hector Berlio/.. 1831-1842
[Adolphe Bosc.hot] 141
Œuvres en prose [Bichard Wagner) \ trad. par L.-G. Prod'honime
et Z)T phil. F. Holl \. .'. 141
Musiciens d'aujourd'hui ( Romain Bolland) 142
La Main et l'âme au piano, d'après Schiffmacher (M'^e Aline
Tasset) 143
Répertoire encyclopédique du pianiste, analyse raisonnée d'œu-
vres choisies pou'r le piano. T. II (Auteurs modernes) [Hor-
tense Parent).. 144
La Sonate pour clavier avant Beethoven (Introduction à l'étude
des sonates pour piano de Beethoven) [Henri Michel) 144
Le Livre de l'évolution. L'Homme (Psychologie musicale des
civilisations) [Bicciotto Canudo) 145
Esquisse d'une esthétique musicale scientifique [Charles Lalo) . . 146
mélangen. Dieu et science [J. de la Perrière) 321
Les Stations lacustres d'Europe aux âges de la pierre et du
bronze [Bobert Munro). Édition française par le £>' Paul Bodet. 429
Tout ce qu'il faut savoir en mathématiques et physique, chimie,
minéralogie, cristallographie, botanique, zoologie, science
médicale, hygiène. Nouvelle Encyclopédie pubhée sous la
direction de F. Damé. T. II 238
Actualités scientifiques [Max de Nansouty). 5^ année 415
^ Manuel pratique du conférencier-proiectionniste ( G. Michel
Coissac) '. 328
Le Secret des sourciers [le D^ Georges Surbled) 365
LITTÉRATURE
l..inffui^1fcsue. Pliîlolosrîo. Grammaire et vocabulaire du grec
vulgaire [Girolamo Ccrmano), pul^liés d'après l'édition de 1622,
par Hubert Pernot 242
Introduction to Earlv Welsh [John Strachan) 517
■ \!(-Ccllischcr Rprcchschatz [Alfred Holder). 18*'^ Liofernag
(Vesontio-Zusema) 242
— î>t;u —
Etyniologisclies Wôrterbucli dr^r iVaazôsischen Sprache (Gustai>
Kërdng] 60
Glossaire étymologique et iiislorique des patois et des parlers
de rAnjou, comprenant... des dialogues, contes, récits et nou-
velles en patois, le folk-lore de la province (A.-J. Verrier et
R. Onillon) 152
Dictionnaire du patois valdôtain, précédé de la Petite Gram-
maire (Vabbé Jean-Baptiste Cerlogne)' 154
FoIk.-IiOi*e. Flore populaire, ou Histoire naturelle des plantes dans
leurs rapports avec la linguistique et le folk-lore [Eugène
Hnlland). T. V. et VI 518
Éloquence. L'Élite de la Révolution. Discours et rapports de
Bobespierre, avec une Introduction et des notes par Claude
Vellay 328
Vingt années de rectorat. Discours de rentrée et annexes [Mgr
Baunard) 520
fo^aie. Le Prisme des lieures [Louis Maigue) 112
Près du foyer et dans les champs [E. Pinçon) 113
A la Source d'eau vive [André Bessnn) 113
L'Année mystique [le même) 114
Du Grave au doux [Paul Collin) 114
Comme au temps joli des marquises [Henri Allorge) 115
Au Caprice des heures [Jean Mauclère) 115
Le Don de soi [André Delacour) 116
Quelques vers [H. des Portes de la Fosse) 116
Heures de brume (.4. Barratin) 117
Au Jardin des roses mourantes (R. Christian- Frogé) 117
Poésies [A. Couvreur) 118
Le Chemin solitaire [Blanche Sahuqué) 118
Dans les brumes des cités [Marguerite Berthet) 119
Les Voix de la forêt [la même) , 119
L'Essor [la baronne Antoine de Brimant) 120
Le Chemin qui monte [Nicolas Beauduin) 120
Le Voyage d'Afrique ( G. Demnia) 121
Le Sentier sonore [Bobert de Fay) 121
La Rose entr'ouverte [Bené Turpin) 122
Les lies fortunées ( Gaston Beauvais) 122
Le Cantique des Cantiques [Guy d'Aveline) [M™e Gazala] 123
Les Fardeaux chéris, pantoums (/. B.-G.) 123
Pauca Pauci ■ [Baymond Darsilles) 124
Poèmes [Archag Tchobanian) (trad. française) 124
Rêves païens [C. Psycha) 125
Les Muses françaises. Anthologie des femmes-poètes (1200 à 1891).
Morceaux choisis accompagnés de notices biographiques et bi-
bliographiques par Alphonse Séché. T. 1 112
Théâtre. Un Divorce, pièce en trois actes [Paul Bourget et André
Cunj) 125
Théâtre (ïOscar Wilde. I Les Drame^>, avec une étude sur Oscar
Wilde, par Albert Savine 519
Alkestis, pi^ce en cinq actes en vers, d'apr\s Euripide IBerthe
Vadie-') 126
Théâtre [Léon Duvauchel) 126
La Bonne Lorraine, chronique nationale [Jules de Marthold). . . 127
L'Aube sur Béthanie, poème dramatique en un acte [Jules Leroux) 127
La Route infinie, pièce en un acte [L.-M. Thémanlys) 127
Le Fiancé distrait, comédie bouiïe en un acte [Paul Gabriac). . . . 509
Yirgamelle et Patrouillot, saynète militaire [ Ar y- Stéphane) ... . 509
— 581 —
Lo Jeune Hcmime du sixième, comédie bouffe en un acte [Louis
Desconihes) 509
Le Retraité, scène de la vie de bui-eau, saynète en un acte (Charles-
Albert Janol) 509
Décoré par téléphone, conver.-^ation téléphono-comique, sans fil, à
un seul personnage (PaulDeroyre) 509
Représentation gratuite, monologue [Edouard Bigot) 509
Voyage circulaire, monologue [Edouard Bigot) 509
Roinaus, eonte>« el nouvelles. L'Ile des Pingouins [Anatole
France) 12
Le Parasite (^4. Conan Doyle); trad. par Albert Savine et Georges i i
Michel ■ 16
Monsieur Gendron va au peuple [René Thinj) 17
Timandra, courtisane d'Athènes [le comte Paul d'Abbes) 17'
La Folle Aventure [André Lirhtenberger) 18
Après !e divorce [Marie- Anne de Bovet) 18
La Jolie Princesse [Marie- Anne de Bovet) 18
Les Camp-Volantes de la Riviera ( G. Réval) 18
4 Le Maître de la terre [Robcrt-Hugh Benson): trad. de l'anglais par
T. de Wyzewa 19
Chez les heureux du monde [Edith Wharton): trad. de Charles
du Bos 19
Terre fertile [Paul Samy) 20
' Les Trois Apôtres ( Georges Beaunie) 21
La Vie lorraine. Contes de la route et de l'eau [Emile Moselly). . . 21
Les Pvoutes de Gascogne, contes et croquis de chez moi [Armand
Praviel) 22
Miguette de Cante-Cigale {Emmanuel Delbousquet) 22
Mémoires d'une vieille fille (René Bazin] 22
Les « Pages » [Enée Bouloc) 22
Histoire d'une demoiselle de modes [Philippe Lautrey) 23
Camille Frison [André Vernières) 23
Le Miracle de Courteville [Jacques Nayral) 24
Les Détours du Cœur [Paul Bourget) 24
Le Petit Jardin de dame Mnrel, ou l'Idole favorite [Louis De-
monts) 25
Au, Cœur de la vie [Pierre de Coulevain) . 25
L'Épreuve de JuHe Faurelle (Louis Riballier) 26
La Vie secrète [Edouard Estaunié) 27
Les Aventures de Bécot [Paul Leclercq) 289
Un Début en médecine [Conan Doyle); trad. de l'anglais par
Albert Savine 290
La Folle Histoire de Fridoline [Guy Chantepleure) 290
La Femme au diamant [Katherine Green); trad. par M™'' J.
Heywod 290
Le Petit Faune ( Gustave Hue) 291
Clo [Simone Bodève) 291
La plus forte Chaîne [Marie-Thérèse Alem) 292
La Grande Déesse [Henri Doris) 292
Illusion masculine [Jean de la Brète) 292
La Couronne de roses [Edgy) 293
L'Am.^ libre [Brada) 293
Carrière d'artiste (il/'^^e Humphry Ward)\ trad. de l'anglais par
Th. Bentzon et A. Fliche) 294
Le Cadet ( C. Nisson) 295
L'Oraison dominicale [Gabrielle Zapolska); trad. du polonais
par Paul Cazin 297
L'Immolé [Emile Baumann) 297
JiiN 1909. T. CXV. 36.
— 515 -J —
Les Confessions. Récils populaires {Léo?i Tolstoï); ti'acl. de
J.-W. Bienstock 300
Le Chat maltais (Rudyard Kipling); trad. de Louis Fabulet ei
Artliur-Auslin Jurksotj 30o
Au Blanc et Noir (Rudyard Kipling): trad. d'Albert Savint...-. 300
Œuvres choisies (Rudyard Kipling) ; 301
La Grande Ombre (Arthur Conan Doyle); trad. d'Albert Savine. . 301
Henri d'Ofterdingen (Novalis); trad. par Georges Polti et Paul
Morisse.. • 301
Terre d'Oc (Emile Pouvillon] 301
Les Fronts têtus, contes du pays d'Arvor (Simon Dn.vaugour] . . . 302
Ceux df cliez nous (L^uis Boulé] 30i!
Jean Luc persécuté (C.-F. Ramuz) 303
Rêve de lumière (Jean Blaize) 30m
Au temps de la jeunesse (Rohtrt de Traz) 303
La Vie intérieure (M^e René Waltz) 30 i
Le Fantôme du passé (Grazzia Deledda): trad. de l'italien par
G. Hérelle 304
Les Pénates comtoises (Léon Monnicr) 365
OuYra^es pour la jeunesse. Par cpielle autorité? (Robert Hugh
Benson) ; trad. par H. Frilley 49.'i
Le Barbier Gracchus, épisode de la Terreur lyonnaise ( Jean Drault) 49i'i
Au temps de l'Empereur (Ernest Daudet) 497
En 1815, récits d'une grar.d'mère (Frne>t Daudet) 497
Les Aventures d'une bourgeoise de Paris (Myriam Thelen).... 497
Haine de femme (Marion Crawjord); trad. de l'anglais 49^
Par dessiis les vieux murs (Claude Mancey) .*. . . 49S
La Brisure (Pierre V Ermite) 49;-;
Ma Grande (Paul Margueritle) 499
La Romance de Joconde (Mathilde Alanic) ôO(»
Au But (Marie Thiéry) '. 50o
Le Sequin d'or ( Anne Osmont) 50»i
L'Anneau fatal [Charles Foley) 50 1
La Race qui revit (le vicomte du Moley) 50 I
Le Trèfle rouge. Le Secret du capitaine (Norbert Secestre) 501
Criminelle par amour (Arch. Clavering Gunter); trad. de l'anglais
par M"e L. Zeys 502
Le Voueur (Charles Géniaux) 502
Le Patrimoine (Marie de Vienne) 50:'.
Huguette, la fille de l'imagier ( Georges Thierry) 503
Le Moulin du Grand-Bé (Richard Manoir) 503
Le Franc-Maçon de la Vierge (FI. Bouhours) 503
Par le dur chemin (Jean Ducluseau) 50^
Jean Chouan (Roger Duguet et J. Rochebonne) 504
Les Divins Jongleurs, épisodes de l'épopée franciscaine [A.
Bailly) 504
En Hiver (Jean des Tourelles) 504
Histoires de tous les jours [Léon Dupont) 50^
Méprise (M. Maryan) ■.••;••• ^^*
L'Ascension d'une âme. Mârcienne de Flûe, journal de la vie d'une
femme (Isabelle Kaiser) 505
L'Irrésistible Force {Jeanne de Coulomb). 505
La Force cachée (Jean Thiéry) 50 ^
Veuve de quinze ans (B. de Buxy) 506
Nicole h Marie ( Gaston Bergeret) 50 <
Le Journal d'une fille d'honneur (H. de Zobeltitz); trad. de l'ai- ^ ^
lemand par Joél Ritt 5^i
A l'Ombre de l'Acropole (Henri Gucrlin) 50/
Rosèle, souvenirs d'une marraine [M. d" Annsy) ^'^"^
— 503 —
Marie-Rose au couvent (J. Leroy- Allais) 508
En passant {Y. cCIsné) 509
Au Pays des Binious ( G. Sevrette] 9
Pério«li4«ies illustrée et Albianii». Le Mois littéraire et pit-
toresque 9
Les Veillées des chaumières, journal bi-hebdomadaire ilhistré. . . 10
La Ponpée modèle. Ptevue des petites filles 11
Épistoliors. Correspondance à' Alexandre de Humboldt avec Fran-
çois Arago (1809-1853), publiée avec une Préface et des notes
par le !>'" E.-T. Hamy 326
Correspondance de Bory de Saint-Vincent, publiée et annotée
par Ph. Lauzun 429
liittérature f miiçaise. Le Roman sentimental avant « l'Astrée »
( Gustave Reipiier) 430
Jean-Jacques Rousseau. De Genève à l'Hermitage (1712-1757)
{Louis Ducros) 432
Sur Mérimée, notes bibliographiques et critiques {Lucien Pirwert). 331
Le Théâtre contemporain (/. Barbey d'Aurevilly) (1866-1868)-
(1868-1869) 156
L'Esprit de J. Barbey d'Aurevilly. Dictionnaire de pensées,
traits, portraits et jugements tirés de son œuvre critique. Pré-
face par Octave Uzanne 158
Aux Sources de l'éloquence. Lectures commentées (Marc Sangnier) 244
Du Dilettantisme à l'action. Études contemporaines (C. Lecigne).
ire série 434
Le Clergé à l'Académie, silhouettes et portraits {Mgr de Mou-
cheron ] '. . . . 245
La Bretagne à l'Académie française au xix^ siècle, d'après des
documents inédits {René Kerviler) 436
Nos Femmes de lettres {Paul Fiat) 332
liîttératureiii étrangères. Études allemandes {Edouard de
Morsier) 333
The Shakespeare Apocrypha, being a collection of fourteen
plays which hâve been ascribed to Shakespeare, edited with
Introduction, notes and bibliography by G. C. F. Tucker-
Brooke , 437
Elementos de literatura preceptiva {el Dr. D. Manuel Perena y
Puente) 533
Nuevo Libro de los exemplos {Alberto Casanal Spakery) 533
^Vlélaiiges. Les Pas sur la terre {Adrien Mithouard) , 435
, H. Taine. Pages choisies, avec une Introduction, des notices et
des notes, par Victor Giraud 329
HISTOIRE
Géographie et Voyages. Atlas général Vidal- Lablache 229
Atlas universel de géographie ( Vivien de Saint-Martin et F.
Schrader). No 75. Etats-Unis, feuille Sud-Ouest 217
L'Année cartographique. Supplément annuel à toutes les pubh-
cations de géographie et de cartographie {F. Schrader) 217
Régions naturelles et noms de pays. Étude sur la région pari-
sienne {Lucien Gallois) 220
Les Paysans de la Normandie orientale (Pays de Caux, Bray,
Vexin normand, Vallée de la Seine). Étude géographique
JJules Sion) '-^19
Étude sur la vallée lorraine de la Meuse {J. Vidal de la Blache) . 220
Le Berry. Contribution à l'étude géographique d'une région
française {Antoine Vacher) 22 1
— 5n4 —
Esquisse toponymique sur la vallée de Cauterets (Hautes-Pyré-
nées) [Alphonse Meillon) 222
Nos Frères de Bohême. Le Vieil Alsacien chez les Tchèques
(Jeanne et Frédéric Régamei;) î^222
La Côte d'Azur russe (Riviera du Caucase), voyage en Russie
méridionale, au Caucase occidental et en Transcausasie (Mis-
sion du gouvernement russe, 1903) (E.-A. Martel) 5
Villes et solitudes. Croquis d'Europe et d'Afrique [P. -Louis
Rivière) 218
Voyage de deux bénédictins aux monastères du Mont Athos
[D. Placide de Meester) 159
La Sainte Vierge au Liban (Joseph Goudard) 225
Sur les grandes routes de l'Asie Mineure. Les Parcours ferrés de
la péninsule [Jean de Nettancourt-Vaubecourt) 7
La Perse d'aujourd'hui (Iran, Mésopotamie) (Eugène Aubin).. 226
Autour de l'Afghanistan (aux Frontières interdites) (ie comman-
dant de Bouillane de Lacoste) 6
Indo-Chine et Japon. Journal de voyage (M. et M^^ Emile
Jottrand) ., 225
Le Maroc d'aujourd'hui et de demain. Rabat. Études sociales.
(le D^ Mauran) 223
Sur la Côte ouest du Maroc (E. Pobéguin) 223
S, A. R. le prince Louis-Amédée de Savoie, duc des Abruzzes.
Le Ruwenzori. Voyage d'exploration et premières ascensions
des plus hautes cîmes de la chaîne neigeuse située entre les
grands lacs équatoriaux de l'Afrique centrale. Relation du
D^ Filippo de Filippi: trad. par Alfred Poizat 224
t Trois Années de chasse au Mozambique (Guillaume Vasse).... 224
Mes Croisières dans la Mer de Behring. Nouvelles Chasses, nou-
veaux voyages (Paul Niediech): trad. de l'allemand par
L. Roustan 227
Canada et Canadiens (le D^ Adrien Loir) 227
Les Grandes Antilles. Étude de géographie économique (Daniel
Bellet) 282
Le Brésil au xx^ siècle (Pierre Denis) ' 229
Sào^Paulo du Brésil. Notes d'un colon français (Louis C«^«fco»«j ^
Histoire aiicieiiiie Études sur l'histoire financière d'Athènes au
v^ siècle. Le Trésor d'Athènes de 480 à 404 (E. Cavaignac) . . . 169
La Frontière de l'Euphvate, de Pompée à la conquête arabe
( Victor Chapot) 159
Les Deux Camps de la légion III^ Auguste à Lambèse, d'après
les fouilles récentes (R. Gagnât) 334
Hiiitoiro de fÉglise. Le Culte de la Sainte Vierge en Afrique, d'a-
près les monuments archéologiques (le R. P. Delattre) 335
Histoire des conciles, d'après les documents originaux (Charles-
Joseph Hefele). Trad. de l'allemand par un religieux bénédictin
de Saint-Michel de Farnborough. T. II. l'e partie 62
Histoire du concile du Vatican depuis sa première annonce
jusqu'à sa prorogation, d'après les documents authentiques,
ouvrage du P. Théodore Granderath, S. 7., édité par le P. Conrad
Kirch, S. J. ; trad. de l'allemand. T. I". Préliminaires du
concile 336
La Iglesia y el obrero (el P. E. Guitart) 74
nagiofirapliie. BîofirapliieeeclésiiaBtique. Saint Ambroise
(P. de Labriolle) • '. 245
Les Livivs de saint Patrice, apôtre de l'Irlande. Trad., Introd. et
notes, par Georges Dottin 416
I Fioretti, les petites fleiu's de la vie du Petit Pauvre de Jésus-
— LJ()5 —
Christ, saint François d'Assise. Trad., introd. et notes, par
Arnold Goffin 416
Saint Thomas Becket [Wil-lXld] {Mgr Demimuid) (hQs Saints). 417
Vida de santa Teresa de Jesûs [el P. Francisco de Ribera). Nueva
ediciôn aumentada con una Introducciôn, copiosas notas y
apendices por el P. Jaime Pons 417
Les Martyrs. VIII. La Réforme (1573-1642) (le R. P. Dom H.
Leclercq) 418
Une Victime de la Révolution. Sœur Marguerite Rutan, fille
de la Charité (Vabbé Pierre Caste) 419
La Vénérable Anne- Marie Javouhey, fondatrice de la Congi'éga-
tion de Saint- Joseph de' Cluny (1779-1851) [le chanoine V.
Gaillard) (Les Saints) . . . .- 420
Vie de M. l'abbé Beulé, fondateur des Sœurs de l'Immaculée-Gon-
ception de Nogent-le-Rotrou {Vabbé Sainsot) 419
L'Abbé Béraud, ancien curé de Blanzy et de Montceau-les-Mines,
fondateur d'orphelinats {Vabbé J.-R. Chaillet) 420
M. l'abbé de Préyille et les Œuvres de jeunesse {Vabbé E.
Occre) 421
Une Religieuse réformatrice. La Mère Marie du Sacré-Cœur,
de 1895 à 1901 {la vicomtesse cV Adhémar) i22
Une Sainte Figure. Mgr Anger Billards, cliapelain de Notre-
Dame de la Délivrance, chanoine missionnaire apostolique,
chorévêque d'Antioche, prélat mitre de Carthage, vicaire
général. de Césarée, etc. ( Victor Féli) 422
Hi8toire[dii[inoyen[àge.[Les Croisades {Adrien Fortin) 460
HÎMtoire «le Franre . The Maid of France, being the story of the life
and death ofJeanned'Arc {Andrew Long) 521
Jeanne d'Arc d'après M. Anatole France (7. Rricout) .t22
Les Reliques de Jeanne d'Arc. Ses lettres {le comte C. de Ma-
leissye) 22
Aux Jeunes Filles de France. Les Amies de Jeanne d'Arc ( V.-D.
Artaud) 523
La Bienheureuse Jeanne d'Arc. Ses Vertus, d'après le témoignage
des contemporains [le P. Marie-Remard] 523
Inventaire des archives des ducs de Grillon, conservées chez
M. le marquis de Grammont, publié par Jean Cordey 338
Le Grand Siècle intime. De Richelieu à Mazarin (1642-1644)
{Emile Roca) 438
Les Grands Écrivains de la France. Mémoires de Saint-Simon.
Nouvelle édition collationnée sur le manuscrit autographe, etc-,
avec notes et appendices [A. de Roislisle et L. Lecestre).
T. XX 61
La Duchesse de Bourgogne et l'Alliance savoyarde sous Louis XIV
{le comte d'Haussonville). T. IV 248
Histoire de France {Ernest Lavisse). T. VIII. l^e partie, Louis XR',
la fin du règne (1683-1715). [A. de Saint-Léger, A. Rébelliau,
P. Sagnac, C. Lavisse) 338
Correspondance générale de Carnot, publiée avec des notes histo-
riques et biographiques par Etienne Charavay. T. IV. No-
vembre 1793-mars 1795 62
Œuvres inédites de J'abbé de Bonneval sur la Révolution, publiées
par Vabbé Eugène Griselle 163
Récils des temps révolutionnaires, d'après des documents inédits
{Ernest Daudet) 439
Le Tribunal révolutionnaire (1793-1795) ( G. Lenotre) 339
Fraternité révolutionnaire ; études et récits, d'après des docu-
ments inédits {Pierre Bliard) 840
— 56(i —
La Guillotine en 1793, d'après des documents inédits des Archives
nationales [Hector Flelsehmarm) . . 73
Marie-Louise et la Cour d'Autriche entre les deux abdications
(1814-1815) [le baron de Menneval) 524
Souvenirs d'un sexagénaire [A.-V. Arnault). Nouvelle édition,
avec une Préface et des notes [Auguste Dietrich) 341
Mémoires de la comtesse de Baigne, née d'Osmond, publiés par
Chartes NicouUaud. IV. 1831-1866. Fragments 342
L'Empire libéral, études, récits, souvenirs [Emile Ollivier).
T. XIII. Le Guet-Apens Hohenzollern. Le Concile œcumé-
nique. Le Plébiscite 64
Souvenirs de l'Assemblée nationale (1871-1875) [Paul Bosq). . . . 526
Histoire reli^ieu^e. Les Assemblées du clergé et le Jansénisme
(l'abbé J. Bourlon) 441
L'Église de Paris et la Révolution [P. Pisani). T. I. (1789-1792) 249
Histoire «le l'enseiçinemeiit. Quinze ans à la rue des Postes
(1880-1895). Souvenirs (/'rtèèé Léon Jolhj) 164
Histoire «les inslitiition)i> et «les mcr-urs. La Franc-Maçon-
nerie en France, des origines à 1815 [Gustave Bord). T. I.
Les Ouvriers de l'idée révolutionnaire (1688-1771) 442
Les Filles publiques soas*a Terreur, d'après les rapports di- la
police secrète, des documents nouveaux et des pièces inédites
tirés des Archives nationales [Hector Fleischmann) : 533
Souvenirs d'un Parisien [Henri Boucher). 2^ série (1853-1862). 525
Essai historique sur les Expositions universelles de Paris [Adolphe
Démy) 441
Histoire «liplomatique et militaire. Correspondance du
comte de la Forest, ambassadeur de France en Espagne (1808-
1813), publiée par la Société d'histoire contemporaine, par
Geoffroy de Grandmaison. T. II (janvier-septembre 1809).... 528
Correspondance entre Alexis de Tocqueville et Arthur de Gobi-
neau (1843-1859), publiée par L. Schemann 352
Vers la Bérésina (1812), d'après des documents nouveaux [le
général-major B. B. F. Van Vlijmen) 128
Waterloo (1815) [le général Albert Pollio)\ trad. de l'italien par
le général Goiran 129
Anglais et Français. Les Anglais au combat. Fontenoy, Ligny et
Waterloo [le général Zurlinden) 130
Honneur militaire. Italie, 1859. Cochinchine, 1882. France,
1870 (***) 133
La Intervenciôn francesa en Mexico Fegun el archivo del mariscal
Bazaine. Textos espanol y francés. Cuarta y quinta partes,
publicados por Genaro Garcia. . . . .^ 130
Souvenirs du second Empire. Les Etapes douloureuses. L'Em-
pereur, de Metz à Sedan (le baron Albert Verly) 131
Le Haut Commandement des armées allemandes en 1870 (d'après
des documents allemands) [le lieutenant-colonel Bousset) 131
Une Campagne dans le Haut-Tonkin (janvier-mai 1896) [le capi-
taine Bernard) 132
Histoire inaritinio et coloniale. Saint-Domingue (1629-1789).
La Société el la vie créoles sous l'ancien régime [Pierre de
Vais.'^ière) 250
Histoire nionasliqise. Abrégé de l'Histoire de Port-Royal (Jean
Bacine), d'après un manuscrit préparé pour l'impression par
Jean-Baptiste Racine, avec un Avant-propos, un appendice,
des notes, un Essai bibliographique par A. Gazier 438
— 5(i7 —
Histoire provinciale et locale. La Faculté de théologie de
Paris et ses docteurs les plus célèbres [Vabbé P. Férei). Époque
moderne. T. IV. xviii<^ siècle. Phases historiques 444
Une Paroisse parisienne avant la Révolution. Saint-Hippolyte.
Contribution à l'histoire religieuse et ai'tistique de l'ancien Paris
{Vabbé Jean Gaston) 344
Crouy-sur-Ourcq et Gesvres-le-Duc (Seine-et-Marne) [Georges
Darneij) 444
Inventaire sommaire de la collection Bucquet-aux-Cousteaux,
comprenant 95 volumes de documents manuscrits et imprimés
rassemblés au wiii*^ siècle, sur Beauvais et le Beauvaisis (le
• Z)r Victor Leblond) 251
Mélanges d'histoire bretonne (vi^-xie siècle) [Ferdinand Lot)... . 445
Les Costentin, seigneurs de Tourville et autres lieux (Coutainville,
Vauville, Saint-Germain-le-Vicomte, etc.) [E. Sarot) 252
Histoire du diocèse de Troyes pendant la Révolution [Vabbé A.
Prévost). T. II 527
La Compilation de Bouhier et les Coutumiers bourguignons du
xive siècle. Le Coutumier bourguignon de Montpellier [Ernest
Champeaux) 74
' Le Manuscrit du priein* de Sennely. Une Paroisse de Sologne
au XYii^ siècle (1675-1710) [Emile Huet) 446
Sainte-Suzanne (Mayenne), son histoire et ses fortifications
[Robert Triger). Étude publiée pour l'hi-toire féodale, avec
la collaboration du marquis de Beauche<-ne 253
Loudun. Histoire civile et religieuse [le chanoine A. Lerosey) . . . . 344
LeUres de Samuel Robert, avec une Introduction de Georges
Mussft 345
('artulaire de la commanderie de Richerenches de l'ordre du
Temple (1136-1214), publié et annoté par le marquis de Ripert-
Monclar 449
La Provence à travers les siècles [Emile Camau) 254
Les Comptes du roi René, publiés d'après les originaux inédits
conservés dans les ai'chives des Bouches-du-Rhône [Vabbé
Arnaud d' A gnel). T. I 447
La Corse dans l'antiquité et dans le haut moyen âge [Xavier
Poli). Des Origines à l'expulsion des Sarrazins 450
QueMtions du jour . La Presse contre l'Église [L.-Cl. Delfour). 450
Rome au xx« siècle [Denis Guibert) 347
L'Idéal moderne [Paul Gaultier) 255
Mentalité du peuple souverain. Causes et remèdes [J. Schall). ... 66
Études sociales et politiques. Cercle Joseph de Maistre. 1''*' année,
février, mars 1907 346
Précis de l'afîaire Dreyfus [Henri Dutrait-Crozon) 451
Histoire étrangère. Guillaume II et son peuple [Ihi Pessi-
miste) ; trad. de l'allemand 347
Le Péril prussien [le D^ d'Okvietko) 349
L'Angleterre chrétienne avant les Normands [Dom Fernand
Cabrol) 349
Histoire du cathoHcisme en Angleterre ( Gabriel Planque) 460
Études de diplomatique anglaise, de l'avènement d'Edouard l^^
à celui de Henri VII (1272-1485) [Eugène Déprez). I. Le Sceau
privé, le Sceau secret, le Signet 25(>,
The Edwardian inventories for Buckinghamshire, edited by
F. C. Eeles, from transcripts by the Rev. /. E. Brown 452
The Elizabethan parish in ils ecclesiastical and fmancial aspects
[Sedley Lynch Ware) ^5
— rjf.s —
Le Catholicisme en Angleterre au xx*^" siècle {Paul Thureau-
Dangin) 350
Quelques Pages sur le mouvement catholique chez les femmes
en Angleterre [L. de Beauriez] 266
La Hongrie au xx^ siècle. Étude économique et sociale {Retié
Gon n ard) 453
Un État neutre sous la Révolution. La Chute de la république
de Venise (1789-1797) (André Bonnefons) 66
Pierre le Grand et le Premier Traité franco-russe (1682 à 1717 1
[le vicomte de Guichen) 257
Lettres et papiers du chancelier comte de Nesselrode, 1760-1850.
Extraits de ses archives, publiés avec une Introduction par le
comte A. de Nesselrode. T. V (1813-1818); t. VI (1819-1827) 258
L'Expiation. L'Escadre de Port-Arthur, carnet de notes du
capitaine de frégate Sémenoff, présenté par le commandant
de Balincourt 352
La Question d'Orient depuis ses origines jusqu'à nos jours ""^
[Edouard Driault] 455
Histoire de la Turquie ( Youssouf Fehmi) 260
Les Relations de la France et de la Turquie au xyii^ siècle [Louis
Rousseau). T. I" (1700-1716) 260
La Révolution tiirque ( Victor Bérard). 455
Le Réveil de la Turquie, études et croquis historiques [He/'-
cule Diamantopulo) 456
La Turquie nouvelle et l'ancien régime {Joseph Dcnais] 456
Voix canadiennes. Vers l'abîme [Arthur Savaète) 533
Siographie française. In grand Marin. Tourville (1642-1701)
[Emmanuel de Broglie) 353
Voltaire mourant. Enquête faite en, 1778 sur les circonstances de
sa dernière maladie, publiée sur le manuscrit inédit et annotée
par Frédéric Lachèvre, suivie de : Les Quatrains du Déiste, ou
î'Antibigot et de : Voltaire et Des Barreaux 354
Le Conventionnel Goujon (1766-1793) [L. Thénard et R. Guyot). 262
Claude Fauchet, évêque constitutionnel du Calvados, député à
l'Assemblée législative et à la Convention (1744-1793) (./.
Charrier) 456
Un Girondin, François Buzot, député de l'Eure à l'Assemblée
constituante et à la Convention ( 1760-1794) [Jacques Hérissay). 67
L'Égérie de Louis-Philippe. Adélaïde d'Orléans (1777-1847),
d'après des documents inédits {Raoul Arjiaud) 69
Mathieu de Montmorency et M™<^ de Staël, d'après les lettres
inédites de M. de Montmorency à M^^^ Necker de Saus-
sure [Paul Gautier) 355
Lamennais. Sa Vie et ses doctrines [Vabhé Charles Boutard). II.
Le Catholici.sme libéral (1828-1834) 247
Muses romantiques. Hortense Allart de Méritens dans ses rapports
avec Chateaubriand, Béranger, Lamennais, Sainte-Beuve,
G. Sand, Mn^^ d'AgouIt. Documents inédits publiés par Léon
Séché • 75
HortcTise Allart de Méritens. Lettres inédites à Sainte-Beuve
(1841-1848), avec une Introduction et des notes par Léon Séché. 75
Taine, historien de la Révolution française [A. Aulard) 162
Le P. Lacordaire, apôtre et directeur des jeunes gens {le P. Henri-
Dominique Noble) 161
Louis Bouilhet, son mili "u, ses hérédités, l'amitié de Flaubert
[Etienne Frère) 357
La Comtesse ds Valon, Apollonie de la Rochelambert, souvenirs
de sa vie, sa famille, ses amis, ses correspondants ( G' « Cié/nenî-
Simon) 356
— :it>9 —
Le Capitaine de vaisseau Rolland, généra] commandant la 7^ divi-
sion militaire et la place de Besançon en 1870-1871 [le D^ Chal-
lav de Belval) 70
Simples Souvenirs, 1859-1907 {le comte de Pimodan) H58
Portraits de financiers (Ouvrard, Mollien, baron Louis, Gandin.
Corvetto, LafTite, de Villèle) [André Liesse) 360
Apologétique vivante. Un chrétien. Journal d'un néo-converti
(Lucien Roure) 266
Une belle Ame. Histoire intime de Jean de Rochevieilla [Henni
Calhiat) 461
Les Convertis d'hier. François Coppée, Ad. Retté, J.-K. Huys-
mans, Paul Bourget, Ferdinand Brunetière [Alexis Crosnier). 461
Reflets du passé. Nouvelles Études d"âmes [Em. Terrade) 359
Figures de pères et de mères chrétiens [Vabbé H. Bels). V^ série. 168
Biographie étraiigèpe. Lettres du prince de Metternichàla com-
tesse de Lieven, 1818-1819, pubhées avec une Introduction,
une Conclusion et des notes, par Jean Hanoteau 263
Les Maris de Marie-Louise, d'après des documents nouveaux ou
inédits [le docteur Max Billard] 72
Mélanges. Regards en arrière. Les Préfaces de « la Quinzaine ■ '
( G. Fonsegrive) 1 69
Biblîojsrrapltie. Ex-lil»rif«. Manuel bibliographique de la littéra-
ture française moderne, 1500-1900 [Gustave Lanson). L Sei-
zième siècle 529
Catalogue de livres choisis pour une famille chrétienne ( Vu Phc
de la Compagnie de Jésus). V^ et 2® parties 266
Bibliographie raisonnée des Œuvres de Bossuet [Vabbé V. Ver-
laque) 361
An alphabetical subject index and index encyclopaedia to perio-
dicals articles on reUgion, 1890-1899, compiled and edited by
Ernest Cushing Richardson, with the coopération of Charles
S. Thayer, William C. Hanks, Paul Martin, and somehelpfrom
A. D. Savage 165
Library of Congress. List ofReferences on international Arbitra-
tion, compiled unter the direction of Appleton Pr:i>tiss Clark
Griffin : . 492
Library of Congress. List of boolis relating to the first and second
banks of the United States [Appleton Prentiss Clark Griffin). 39
Library of Congress. List of more récent works on fédéral control
of commerce and corporations [Appleion Prenùfs Claris
Griffin) 39
Library of Congress. Select List of books with références to perio-
dicals relating to currencv and banking [Appleton Prentiss
Clark Griffin) \ 39
International Catalogue of scientific Literature. C. Physics.. . . . 404
Library of Congress. List of books with références to- periodicals
relating to the eight hours working day and to limitation of
working hours in gênerai [Appleton Prentiss Clark Griffin) ... 39
3 500 ex-libiis itahani, illustrati con 755 figure e da oltre 2 000
motti, sentenze e devise che si leggono sugli stemmi e sugU ex-
hbri.^, con 840 incisioni [Jacopo Gelli) 167
— 570 -
TABLE ALPHABÉTIQUE
DES NOMS D'AUTEURS
Abefs (le comte Paul d') ..... 17
Abrl'zzes (S. A. R. !e prince
Louis- Amédée de Savoie,
duc des) ,....:. 224
AcKER(Paul) 326
AcosTA (Luis Gestoso y) . . . . 491
Adam (Pau!) 362
Adhémar (R. d') 410
Adhémar (la vicomtesse d'). . 422
Agnel (l'abbé Arnaup d"). . . 447
AiCHER (Georg) 210
Alanic (Mathilde) 500
Alarcôn y Meléndez (le
P.Julio) N 485
Alem (Marie Thérèse) 292
Allart de Mébitrns (Hor-
tense) 75
Allix (E.) 31
Allorge (Henri) 115
Alvarez (le P. Fr. Paulino).. 234
Amado (el P. Ramon Ruiz). . 101
Andoyer (H.) 410
Armengaud (jeune) 241
Arnaud (Raoul) 69
Arnaud d'Agnei. (l'abbé).. . . 447
Arnault (A.-V. 1 341
Arnould (A.) . 459
Artaud (V. D.) 523
Arvisy (M. d") 508
Ary-Stéphane 509
Aubin (Eugène l 226
AuBRY (Pierre) 55
AULARD (A.)... 162
Aurevilly (J. Barbey d'). 156. 156
Aveline (Guy d') 123
Bailly (A.) 504
Balincourt (le l'omniandant
DE) 352
Ballore (le comte de Mon-
TESsus de) 239
Bannwart (Clemensl 56
Barbey d'Aurevilly (J.). 156, 158
Barratin (A.) 117
Baruzzi (Jean) 397
Baudin (P.\ 31
Baudot (Jules) 265, 362
Baumann (Antoine) 391
Baumann (Emile) 297
Baunard (MgiM 520
Bayet (Albert) 362
Bazin (René). 22
Beauchesne (le marquis de). 253
Beauduin (Nicolas) 120
Beaume (Georges) 21
Beauriez (L. de) 266
Beauvais (Gaston) 122
Bels (l'abbé H.) 168
Belser (Joh.) 211
Bellet (Daniel) 228
Belval (le D'' Challan de). . 70
Benso;; (Robert Hugh) ... 19, 495
Bentzon (Th.) 294
Bérard (Victor) 455
Bergeret (Gaston) 507
Bernard (le capitaine) 132
Berteloot (Maurice) 38
Berthet (Marguerite) 119
Bertrin (Georges) 307
Besson (André) 113, 114
Beuzart (P.) 510
Bienstock (J.-W.). 300
Bigot (Edouard) 509
Billard (le D' Max) 72
Blaize (Jean) > 303
Blanc (abbé Éhe) 386
Blancarnoux (Paul) 427
Blancarnoux (Pierre) 427
Bliard (Pierre) 340
Bodéve (Simone) 291
BoiGNE, née d'Osmond (C^^sse
de)..; 342
BoisLisLE (A. de) 61
BoLo (Mgr Henry) 108
BoNNEFONs (André) 66
BoNNEVAL (l'abbé de) 163
BoNNiER (le D"^ Pierre) 324
Bord (Gustave) 442
BoRY DE Saint- Vincent. .. . 429
Bos (Charles du) 19
BoscHOT (Adolphe) 141
Boso (Paul) 526
Bossuet 106
BouASSE (H.) 'i03
BoucARD (Louis) 510
Boucher (Henri) 525
BouHOURS (FI.) 503
Bouillane de Lacoste (le
Com* de) 6
Boulé (Louis) 302
— 574 —
BouLOG (Enée) 22
BOURDEAU (J.^ 400
BouRGET (Paul) 24,125
BouRLON (l'abbé J.) 441
BouTARD (l'abbé Charles). . . . 247
BouTROUX (Pierre) 387,409
Bouvier (l'abbé Claude-Eu-
gène) 103
BovET (Marie- Anne de) 18
Brada 293
Brassac (A.) 212
Brenet (Micliel) 139
Breton (J.-L.) 426
Bricout (J.). 522
Brimont (la baronne Antoine
de) 120
Brissemoret (le D') 312
Broglie (Emmanuel de) 353
Brooke (G. C. F. TucKER). . . 437
Brown (J.-E.) 452
Bruneau (Joseph) 511
Brunschwig (Léon) 387
Bùchner (D"" Louis) 148
BuxY (B. de) 506
Cabanes (le D') 306
Cabrol (Dom Fernand) 349
Cagnat(R.) 334
Gaillard (le chanoine V.) 420
Calhiat (Henry) 461
Calvocoresst (M.-D.) 140
Camau (Emile) 254
Canudo (Ricciotto) 145
Capart (Jean) 42
Carette (Ernest) 235
Carnot -62
Caron (l'abbé Max) 106
Casabona (Louis) 229
Casamajor (l'abbé L. de). 100, 459
Cavaignac (E.) 169
Cazin (Paul) 297
Cerlogne (l'abbé Jean-Bap-
tiste) 154
Chaillet (l'abbé J.-B.) 420
Challan de Belval (le D^). . 70
Chambellan (le P. Henri).. . . 101
Champeaux (Ernest) 74
Chantepleure (Guy) 290
Chapot (Victor) 159
Charaux (Claude-Charles). . . 73
Charavay (Etienne) 62
Charnacé (le^marquis de). . . . 150
Charpentier ( J.-C.) 31
Charpentier (le Dr P. -G.).. . . 7
Charpin (Frédéric) 319
Charrier ( J.) 456
Ch AU M ET (Charles) 327
Chavagnes (René de) 481
Chipier (Eugène) 315
Chollet (abbé J,-A.) 168
Christian-Frogé (R.) 117
Clément-Simon (G^^) 356
Cochet (F. Ferd.).. .; 364
CoissAG (G. -Michel) 328
CoLLiN (Paul) 114
Colmet-Daage (P.) 488
CoMPÀiN (H.) 428
Compayré (Gabriel). ...;.... 391
Comte (Auguste) 386
CoQUERET (l'abbé P.) 99
Cordey (Jean) , . 338
CoRNÉLissEN (Christian) 29
CoRvisY (A.) 407
CosTE (l'abbé Pierre) 419
CouLEVAiN (Pierre de) 25
Coulomb (Jeanne de) 505
CouLON (Henri) 481
Couvreur (A.) 118
CouYBA (Ch.-M.) 51
Couzet (Henri) 265
Cramaussel (Edmond) 390
Crawford (Marion) 497
Crosnier (Alexis) 461
CuRY (André) 125
Damé (F.) 238
Danguy (Jacques) 427
Dard (l'abbé A.) 104
Darney (Georges) 444
Darsiles (Raymond) 124
Darzens (Georges) 408
Daudet (Ernest) 439,497
Dausch(P.) 204
Davaugour (Simon) 302
Décante (R.) 313
Déchelette (Joseph) 41
Deherme (Georges) 36
Delacour (André) 116
Delattre (leR. P.) 335
Delbousquet (Emmanuel).. 22
Deledda (Grazzia^ 304
Delfour (L.-Cl.)..' 450
Delpérier (Louis) 37
Demimuid (Mgr) 417
Demnia(G.) 121
Demonts (Louis) 25
Démy (Adolphe) 441
Denais (Joseph) 456
Denis (Pierre) 229
Dentler (E.) 211
Denzinger (Heinrich) 56
Déprez (Eugène) 256
Deroyre (Paul) 509
Descombes (Louis) 509
Destrée (Dom Bruno) 329
Devaureix (le général) 136
DiAMANTOPULo (HerculcL . . . 456
Dietrich (Auguste) . 341, 392
— 572 —
DoMECQ (Pabbé J.-B.) 386
DoRis (Henri) 292
DoTTiN (Georges) 416
DoYLE (Conan) 16, 290, 301
Drault (Jean) 496
Driault (Edouard) 455
Dubois (Julien) 387
DucLUSEAU (Jean) 504
Ducros (Louis) 432
DuGUET (Roger) 504
DuHEM (Pierre) 516
DujARDiN (Edouard) 199
DuPLAT (Georges) 492
Dupont (Léon) 504
Dutrait-Crozon (Henri) 451
DuvAucHEL (Léon) 126
Edgy 293
Eeles (F. C.) 452
Ellis (Havelock) 308
Enriques (Frédéric) 387
Errera (Paul) 489
EsTAUNiÉ (Edouard) 27
Fabry (E.) 408
Fabulet (Louis) 300
Fay (Robert de) 121
Fayollet (Henri) 490
Fehmi (Youssouf) 260
FÉLi (Victor) 422
Félix (le R. P.) 105
FÉLIX (Pierre) 364
Féret (l'abbé P.) 444
FERREREs(elP. JuanB.).. . 72,424
FiLippi (D' Filippo de) 224
FiNOT (le chanoine F.) 98
FiTZ Patrick '413
Flat (Paul) 332
Flavigny (la comtesse de) . . . 458
Fleischmaînn (Hector). . . 73, 533
Fliche (A.) 294
Foley (Charles) 501
FOSEGRIVE (G.) 169
FoNTAiîSE (André) 51
Forestier (J.-C.-N.) 429
P'oRTiN (Adrien) 460
FoucRiÈRE (Léon) 237
Fournier (le chanoine Fran-
çois) 109
France (Anatole) 12
François DE Sales (saint).. 109
Frère (Etienne) 357
Frilley (H.) 495
Fuzet(H.) 411
Fuzier (l'abbé) 105
Gaboreau (Joseph) 103
Gaboreau (Paul) 103
Gabriac (Paul) 509
Gallois (Lucien) 220
Garcia (Genaro) 130
Gaston (l'abbé Jean) 344
Gaultier (Paul) 255
Gaultier (le D' René) 314
Gautier (D"" L.) 406
Gautier (PauD 355
Gay (Mgr Charles) 106.110
Gazala (Mme) 123
Gazier (A.) 438
Gelli ( Jacopo) 167
Géniaux (Charles) 502
Geoffroy de Grandmaison. 528
Germano (Girolamo) 242
Gestoso y Acosta (Luis^ .... 491
GiLLET(leP.) ^ 102
Giraud (Victor) 329
GiROD (J.) 394
GiROD (Joseph) 412
Glasson (E.) 488
Gobineau (Arthur de) 352
GoFFiN (Arnold) 416
GoiRAN (le général) 129
GoNNARD (René) 453
G0RGEU(P.) 413
GouDARD (Joseph) 225
GoYAu (Georges) 514
Granderath (le P. Théodore). 336
Grandmaison (Geoffroy de) 528
Gratry(A.) 206
Grautoff (Otto) 47
Green (Katherine) 290
Griffin (Appleton Prentiss
Clark) 39.492
Grimal (J.) 107
Griselle (l'abbé Eugène). .. . 163
GuÉGAN (M.) 494
GuERLiN (Henri) 507
GuiBERT (Denis) 347
Guibert (I.K.. 149
GuiCHEN (le vicomte de) 257
Guignebert (Ch.) 148
GuiLLON (J.-M.) 5o2
GuiTART(elP. E.) 74
Gunter (Arch. Clavering) .... 502
GusMAN (Pierre) 43
GuYOT (R.) 262
HAMY(leDrE.-T.) 326
Hanks (Wilhain C.) 165
Hanoteau (Jean) 263
Haussonville (le comte d') . . 248
Hauvette (Henri) 48
Hefele (Charles-Joseph).... 62
Heinisch (Paul) 200
Henry (Félix) 236
Hérelle (G.) 304
Hérissay (Jacques) 67
Hermant(P.) 387
Hespers (P. Brunone M.). ... 54
— 573 —
Heywod (M'ne J.) 290
HoLDER (Alfred) 2V2
HoLL (F.) 141
HoMANNER (Wilhelm) 209
HoNTHEiM (Joseph) 197
HouRTicQ (R.) 386
Hpfôl (le P. Hildebrand) 204
Hubert (H.) 425
Hue (Gustave) 291
HuET (Emile) 446
HUYSMANS (J.-K.).. 46
lOTEYKO (Mlle) 390
IsNé (Y. d') 509
Jackson (Arthur-Austin) . . . . 800
Jacquier (E.) 213
Janot (Charles-Albert) 509
John-Gérard 364
JoLY (l'abbé Léon) 164
Jollivet-Castellot (F.) 34
JONSHTON (K.) 49
JoRAN (Théodore) 483
Jottrand (Emile) 225
JoTTRA^D (Mme Emile) 225
JUBARU (F.) ,205
JuGiE (M.) 203
JuiLLERÂT (Paul) 314
Kaiser (Isabelle) 505
Kerviler (René) 436
Kipling (Rudyard) 300. 301
KiRGH (le P. Conrad) 336
KoRTiNG (Gustav) 60
La Blache (J. Vidal de) ... . 220
Laborie (Ph.-G.) 100
La Brète (Jean de) 292
Labriolle (P. de) 245
Lachèvre (Frédéric) 354
Lacombe (le comte H. de).. . . 323
Lacoste (le com* de Bouil-
lane de) 6
Ladenburg (A.) 407
Lafargue (Paul) 400
Lafond (Paul) 46
La Forest (le comte de) 528
La Fosse (H. DES Portes de). 116
Lagrange (le P. M.-J.) 202
Laisant (C.-A.).. 411
Lalo (Charles) 146
Laloy (Louis) • 137
Lambert (le R. P. J. -M.) 106
Landrieux (M.) 196
Lanessan (J.-L. de). . 392
Lang (Andrew) . . .■ 521
Langlois (le général) 136
Lanson (Gustave) 529
Lanusse (l'abbé Eugène) 401
La Perrière ( J. de) 321
I^A 81ZERANNE (Robert de) . . . 49
Lautrey (Philippe) 23
Lauzun (Ph.) 429
La Vallée-Poussin (Louis
de) 532
Lavisse (G.) 338
Lavisse (Ernest) 338
Leblond (Mariiis-Ary) 395
Leblond (le Dr Victor) 251
Lebois (C.) 405
Lecestre (L.) 61
Lecigne (C.) 434
LECLERCQ(leR. P. DomH.). . 418
Leclercq (Paul) 289
Lecouffe (Gaston) 493
Le Dantec (Félix) 307
Le.ieune (P.) 107
Lemoine (l'abbé) 99
Lenotre (G.) 339
Lepin (M.) 205
L'Ermite (Pierre) 498
Lerosey (le chanoine A.) 344
Leroux (Jules) ~. 127
LERov(MgrA.) 320
Leroy (Eugène) 393
Leroy (le P. Hippolyte) 210
Leroy-Allais ( j.) 508
Leroy-Beaulieu (P.) 31
Lescœur (Ch.) 32
Lesêtre (Tabbé H.) 316
Letourneau (le D"" Ch.) 148
LÉVY (leD'P.-E.) 310
Lichtenberger (André) 18
Liesse (André) 360
Lintelo (le P. Jules) 107
Loir (le D^ Adrien) 227
Lot (Ferdinand) 445
LuBOMiRSKA (la princesse).. . . 309
Mach (el P. José) 111,424
Maigue (Louis) 112
Mâle (Emile) 43
Maleissye (le comte C. de). . . 522
Malnoury (Louis) 488
Mancey (Claudel. 498
Mangenot (l'abbé^ 147
Manoir (Richard).' 503
Marbach (Carolus) 54
Marcaggi (Ant.) 490
Margueritte (Paul) 499
Marie (le Dr A.) 309
Marie-Bernard (le P.) 523
Martel (E.-A.) 5
Marthold (Jules de) 127
Martin (Paul) 165
Maryan (M.) 504
Mauclère ( Jean^ 115
Maugras (E.) 494
Mauran (le DO 223
Maurel (André) 49
— 574
Mauss(M.) 425
Megk (M. de) 363
Meester (D. Placide de) 159
Meillon (Alphonse) 222
Meininger (Ernest) 48
Menneval (le baron de) 524
Mentré(F.) 399
MÉRITENS (Hortense Allaut
de) 75
Metternich (le prince de).. . 263
Meunier (Raymond) 309
Meyenberg (A.) 101
Michel (André) 40
Michel (Emile) Sq
Michel (Georges) • 16
Michel (Henri) 144
Michelon (Et.) 311
Miketta (Karl).. 197
Millerand 31
Minetti (A.). 53
Mithouard (Adrien) 43.")
Monclar (le marquis de Ri-
PERT-) 449
Monnier (Léon) 365
Montessus de Ballore (le
comte de) , 239
MoREAU-NÉLATON (Etienne). 45, 46
Morisot (l'abbé) 100
MoRissE (Paul) 301
MoRsiER (Edouard de) 333
MosELLY (Emile). 21
MoTEY (le vicomte du) 501
Moucheron (Mgr de) 245
MuN (le comte Albert de) 515
Munro (Robert) 429
Musset (Georges) 345
Nansouty (Max de) 415
Nau (F.) 201
Nayral (Jacques) 24
Nesselrode (le comte de).. . . 258
Nesselrode (le comte A. de). 258
Nettancourt - Vaubecourt
(Jean de) 7
Neumann (B.) 406
Nicoullaud (Charles) 342
NiEDiECK (Paul) 227
NiKEL(Johannes) 194,195
Ni3son(C.) 295
Noble (le P. Henri-Domi-
nique) 161
NOVALIS 301
Novicow (J.) 30
Occre (l'abbé E.) 421
Okvietko (le D'' d') 349
Ollivier (Emile) 64
OLLiviER(leP. M.-J.) 208
Onillon (R.) 152
Orlyé (Jean d') 364
Osmont (Anne) 500
Oxenham (Henri E.) 511
Palante (G.) 393
Palhoriès(F.) 397,398
Parent (Hortense) 144
Pargame (J.-M.) 306
Parisot (Edmond) 236
Pascal (Biaise) 387
Passama (Marc) 215
Passarga (le commandant).. 136
Paulhan (Fr.) 394
PÉLADAN 52
Perdrizet (Paul) 44
Pere.xa y PuENTE (Manuel). . 533
Pernot (Hubert) 242
Perrin (Élie) - 411
Peyerimhoff (H. de) 31
PiAT (Clodius)..... 388
Picard (Roger) 399
Pimodan (le comte de) 358
Pinçon (E.) 113
Pinvert (Lucien) 331
PisANi (P.) 249
Planque (Gabriel) 460
Plauzoles (le D^SicARD de). 312
POBÉGUIN (E.) 223
POINCARÉ (H.) 404
Poiré (Eugène) 47
PoizAT (Alfred) 224
Poli (Xavier) 450
PoLLio (le général Albert) 129
PoLTi (Georges) 301
PoNs(elP. Jaime) 417
Portes de LA Fosse (H. des). 116
Portugal (José M. de Jesùs). 110
PosT (J.) 406
PouviLLON (Emile) 301
Praviel (Armand) 22
Prévost (l'âbbé A.) 527
Prévôt (le R. P. André) 110
Prod'homme (L.-G.) 141
PROST(J.-C.-Alfred) 48
Psycha(C.) 125
Puente (Manuel Perena y). . 533
Racine (Jean) 438
Ramuz (C.-F.) 303
Rauh(F.) 393
Ray (Jean) 396
Ray (Renée-J.) ' 396
Rébelliau (A.) 338
Reclus (L.) :.. 411
Redier (J.) 314
RÉGAMEY (Frédéric) 222
RÉGAMEY (Jeanne) 222
Reign AT (l'abbé Louis) 98
RÉVAL (G.) IS
Reynier (Gustave) 430
Riballier (Louis) 26
— 575 —
RiBERA (el p. Francisco de). . 417
RiCHARDSON (Eiinest Cushing). 165
RiPERT-MoNCLAR (le marqiUs
DÉ)..., 449
RiTT (Joël) 507
Rivière (P. -Louis) 218
Robert (Samuel) 345
Robespierre 328
RocA (Emile) 438
Roche (le commandant) 135
Rochebonne (J.) 504
Rodet (Paul) 429
RoGuiN (Ernest) 485
RoHR (Ignaz) 206
Roland (le lieutenant M.) . . . . 132
Rolland (Eugène) 518
Rolland (Romain) 141, 142
Roume 31
Roure (Lucien) 266
Rouse-Ball (W.) 413
Rousiers (P. de) 31
FioussEAu (Louis) 260
RoussET (le lieutenant-colonel) 131
RousTAN (L.) 227
RusKiN 49
RussELL (Bertrand) 396
Sabouret (l'abbé J.) 102
Sagnac (P.) 338
Sahuqué (Blanche) 118
Saint-Léger (A. de) 338
Saint-Martin (Vivien de).. . . 217
Saint-Simon 61
Sainsot (l'abbé) 419
Saint-Vincent (BoRY de).. . . 429
Saintyves (P.) 168
Sales (saint François de) ... . 109
Samy (Paul) 20
Sangnier (Marc) 244
Sanmarti (Primitivo) 265
Sarot (E.) 252
Savaète (Arthur) 533
Savage (A. D.) 165
Savine (Albert), 16, 290, 300,301
519
Savoie, duc des Abruzzes
(S. A. R. le prince Louis-
AmédéeDE) 224
SCHALL (J.) 66
Schemann (L.) 352
ScHiNz (Albert) 400
ScHOPENHAUER (Arthur) 392
Schrader (F.) 217
ScHULz (A.) 196
ScHURÉ (Edouard) 231
Schwitzguébel (Adhémar)... 35
Sébastian (Victor) 427
Séché (Alphonse) 112
SÉCHÉ (Léon) 75
Seligman (Edwin R. A.) 490
SÉMENOFF(le capitaine de fré-
gate) 352
Sertillanges (A.-D.) 483
Sevestre (Norbert) 501
Sevrette (G,) 9
Sicard de Plauzoles (le D'). 312
SioN (Jules) 219
SouBiES (Albert) 235
Spakery (Alberto Casafial).. . 533
Spencer (Herbert) 513
Stefanowska (Mlle M.) 390
Steiner (RUjdolf ) 231
Strachan (John) 517
Strowski (Fortunat) 318, 395
Surbled (le D'' Georges) 365
SwARTs (Fréd.) 406
Tabarelli (Richardo) 57
Taine (H.) 329
Tasset (Mme Aline) 143
Tchobanian (Archag) 124
Terrade (Em.) 359
Thayer (Charles S.) 165
Thédenat (Henry) 43
Thelen (Myriam) 497
Thémanlys^ (L.-M.) 127
Thénard (L.) 262
Thierry (Georges) 503
Thierry (J.) 31
Thiéry (Jean) 506
Thiéry (Marie) 500
Thiry (René) 17
Thureau-Dangin (Paul) 350
Tisserand (Pierre) 511
T1SSIER (Albert) 488
T0CQUEVILLE (Alexis de) 352
Tolstoï (Léon) 300
Tourelles (Jean des) 504
Touzard (J.) 198
Traz (Robert de) 303
Triger (Robert) 253
Turpain (Albert) 404
TuRPiN(René) 122
LTzanne (Octave) 158
Vacher (Antoine) 221
Vadier (Berthe) 126
Vaissière (Pierre de) 250
Van Biervliet (J.-J.) 389
Van de Waele (A.) 387
Van derElst (le D-^ Robert). 311
Vandervelde (Emile) 33
Van Gennep (A.) 308
Van Vlijmen [Is général-ma-
jor B.R. F.) 128
VARioT(leDrG.) 314
Vaschide (N.) 309
Vasse (Guillaume) 224
— 576 —
Vki.i.av (Claude) '-'^'^^
Verl.\qi:e (l'abbé V.) :<61
Veri.v (le baron Albert) 131
Vermf.res (André) '2:î
Verrier I A. -J.) 152
Vidai, de la Blache (.T.). 220, 229
Vienne (Marie de) 503
Villien (A.) 423
VoGELs (Heinrich Joseph) 207
Wagner (Richard) 141
Waldis (Joh. Joseph Klem.). 200
Waltz (M'np René) 304
\V\KD (M"''' Humphry^ 294
Ware (Sedlev Lvnchi 75
WEr.KER(0.) 207
Wharton (Edith) 19
Wilde (Oscar) 519
Wyzewa(T.de) 19
Zapolska (Gabrielle) 297
Zerolo 414
ZEYs(MiieL.) 502
ZoBELTiTZ (H. de) 507
ZoLLA (Daniel) 31
Zoretti (L.) 412
ZuRLiNDEN (le général) 130
TABLE DE LA CHRONIQUE
Nécrologie : Baraduc (le D'' Hip-
polvte), 534. — Beaume (Alexan-
dre), 366. — Besnier (le Dr Er-
nest-Henri), "ioH. BLAMPIG^ON
(Mgr Emile-Antoine). 76. — Ga-
zelles (Émile-Honoré), 269. —
CoQUELiN aîné (Benoît-Constant),
171. — Costa de Beauregard
(le marquis), 267. — Crawford
(Frank Marion), 463. — Fétis
(Édouard-François-Louis), 270.—
Gavdry (Jean- Albert), 77. —
Gevaort (François-Auguste),171.
— Grousset iPaschal), 461. —
HAMY(Théodore- Jules-Ernest), 76.
Kaltz (Jules), 367. — Keller
(Emile), 268. — Marcel (Ga-
briel, 171. — Me N DÈS (Catulle),
268. — Michel (François-Emile),
535. — Motet (Auguste), 366. —
Naville (Jules-Ernest), 535. —
Reyer (Loi is-Ernest Rey dit),
170. — Saint- Yves (le marquis
DE), 270. — SÉGuiER (le comte
Ulysse-François- Ange de), 536. —
Stoke.'- (Whitleyi, 535. — Ver-
laque (labbé Victor), 367. —
Wildenbruch (Ernst Adam von),
172.
Lectures faites à TAcadémie des
inscriptions et belles-lettres, 80,
176, 273, 371, 467. 541.
Lectures faites à l'Académie des
sciences morales et politiques, 80,
177, 273, 372, 468, 542.
Concours et Prix, 273, 372.
Congrès, 542.
Correspondance, 458, 531.
Mélanges : Index, 179. — Institut
international de technobibliogra-
phie, 542. — Annuaire pontifical
catholique pour 1909, 275. —
Agenda et annuaire des biblio-
philes, 468. — Mélanges Gode-
froy Kurth, 80. — Une Vieille
Histoire qui se rajeunit. La Ques-
tion d'Alesia et la Question d'A-
laise, 276.
Nouvelles : Paris, 82, 180, 277, 372,
469, 543. — Anjou, 84, 181, 279,
373. — Béarn, 374. — Beauvaisis,
181. — Berrv, 279. — Boulonnais.
85. — Bourgogne, 181, 280. 374.
— Bretagne, 375, — Cham-
pagne, 182. 376, 470, 545. ~
Dauphiné. 87, 472. — Flandre,
280. — Franche-Comté, 87, 182,
280, 376, 472, 545. — Gascogne,
282. — Ile-de-France, 472. —
Languedoc, 89, 282, 378. —
Marche, 89. — Nivernais, 378. —
Normandie, 382. — Poitou, 473. —
Savoie, 473. — Vendômois, 283.
— Vermandois. 185. — Algérie,
186. — Alsace. 89. — Allemagne,
90, 187, 378. — Angleterre, 90,
187, 474. — Autriche - Hon-
grie, 546. — Belgiqu\ 187, 283,
380, 474. — Espagne. 90, 188,
284, 475. — Hongrie, 90. —
Irlande, 547. — Itahe, 91, 284,
381, 475. — Suisse, 285, 475. —
Chine, 547. — Indo-Chine, 475.
— Brésil, 285. - États-Unis, 188,
285, 381, 476. ^
Pubhcations nouvelles, 91, 189, 285,
381, 477, 547.
Fk. Simon, hcnne».
Le Gérant : C.HAPUIS.
POLYBIBLION
REVUE
BIBLIOGIUPHIQUE UNIVERSELLE
Juillet 1909. T GXVI, 1.
POLYBIBLION
REVUE
BIBLIOGRAPHIQUE UNIVERSELLE
PARAISSANT TOUS LES MOIS
PARTIE LITTÉRAIRE
DEUXIÈME SÉRIE. — TOME SoiXitIVTE-DIXIÈME
ICENT-Sl IZIE.MB DE LA COLLECTION)
PAIMS (7*^)
AUX BUREAUX DU POLYBIBLION
5, RUE DE SAINT-SIMON, 5
1909
POLTBIBLION
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE UNIVERSELLE
ROMANS, CONTES ET NOUVELLES
Roman? tanta sist.'.s. — 1. Mémoires d'une 50 H.-P., par Paul Arosa. Paris.
Stock, 1909, in-18 de ix-336 p., 3 fr. 50. — 2. Infcnia, par Ci éa T.uctu=.. Paris,
Garnier, 1909, in-18 de 282 p., 3 fr. 50. — 3. Immortelle Pologne I par Gabriel
Dauchot. Paris, Perrin, 1909, in-16 de xviii-29't p., 3 fr. 50. — 't. Le Drame du
Korosko, par CoNAN Doyle; traduit de l'anglais par Henry F.vic. Paris, Hachette,
1909, in-16 de 2i't p., 1 fr. — 5. Vers plii^ de joie, roman c/fiTa/mée 1995, par André
GoDARP. Paris, Perrin, 1909, in-16 de 3'.8 p., 3 fr. 50.
Romans psychologiques. — (j. Le Prix de la vie, par Henri Davignon. Paris,
Plon-Nourrit, 1909, in-16 de 343 p., 3 fr. 50. — 7. Une Leçon de 'Ae, par Laurent
Evrard. Paris, Mercure de France, 1909, in-18 de 239 p., 3 fr. 50. — 8. Leur Vic-
time, par Jules-Philippe Heu7ey. Paris, Perrin, 1909, in-16 de 277 p., 3 fr. 50. —
9. Au bord de r idyUe, yiSlI' Prosveb. Dor. Paris, Sansot, 1908, in-18 de 288 p., 3 fr. 50.
— 10. L'Otage, par Henry Buteau. Paris, Plon-Nourrit, 1909, in-18 de 303 p.,
3 fr. 50. — 11. Sœurette, par Paul Lacour. Paris, Perrin, 1909, in-16 de 247 p.,
3 fr. 50. — 12. L'Été de Guillemette, par Henri Ardel. Paris, Plon-Nourrit, 1909,
in-16 de 314 p., 3 fr. 50. — 13. Le Reste est silence..., par Edmond Jaloux. Pario,
Stock, 1909, in-12 de 257 p., 3 fr. 50.
Romans historiques. — 14. Les Défenseurs (histoires lorraines], par Jean Tanet.
Paris, Bloud, 1909, in-16 carré de 137 p., avecgrav., 1 fr. 50. — 15. La Déroute, par
G. Erastoff; trad. de Marie Redgar et Iann Karmor. Paris, Emile Nourry,
1909, in-18 de xtx-435 p., 3 fr. 50.
Romans de mœurs. — 16. Les Demoiselles de la poste, par Paul Bonhomme. Paris,
Plon-Nourrit, 1909, in-16 de 326 p., 3 fr. 50. — 17. Sœur Marie-Odile, par Charles
d'Ollone. Paris, Lemerre, 1909, in-18 de 265 p., 3 fr. 50. — \S. Bourgeoises artistes,
par Henriette Bezançon. Paris, Plon-Nourrit, 1909, in-16 de 302 p., 3 fr. 50. —
19. iesDeur/îo{<tes, par Paul Tany. Paris, Perrin, 1909, in-16 de 269 p., 3 fr. 50.
— 20. Le Roi des milliards, par Henry Gréville. Paris, Plon-Nourrit, 1909, ia-16
de 383 p., 3 fr. 50. — 21. L'Armoire au linge blanc, par Armand Delmas. Paris,
Plon-Nourrit, s. d., in-16 de 271 p., 3 fr. 50. — 22. Les Pays de France. Passions
celtes, par Charles Le Goffic. Paris, Nouvelle Librairie nationale, s. d., ia-16 de
179 p., 2 fr. — 23. Trois Troupiers, par Rudyard Kipling; trad. de Albert
Savine. Paris, Stock, 1908, in-18 de 341 p., 3 fr. 50. ~ 2k. La Lanterne magique,pAr
Paul Margueritte. Paris, Plon-Nourrit, s. d., in-16 de 306 p., 3 fr. 50. — 25.
Colette Baudoche, histoire d'une jeune fdle de Metz, par Maurice Barrés. Paris,
Juven, s. d., in-16 de vii-258 p., 3 fr. 50.
Romans fantaisistes. — 1. La poésie « prête à tout un esprit, un
visage »; M. P. Arosa a prêté en outre « une plume, de Tencre, et tout
ce qu'il faut pour écrire », à une voiture automobile; de là ces Mémoi-
res d'une 50 H.-P., qui a beaucoup vu, beaucoup retenu, très peu lu;
le temps lui a manqué ! Elle est très douce, très souple, très astiquée,
mais pas lettrée; elle a gagné des Coupes et des Circuits; elle aurait
de la peine à gagner un prix de style. Ses aventures n'en sont pas
moins intéressantes. Elle a eu plusieurs maîtres, dont un venait de se
marier; plus attentif à sa compagne de route qu'à son volant, il
s'écrabouilla, Lui, Elle et sa voiture. La voiture put être réparée;
elle fit un long séjour à l'infirmerie, en compagnie d'autres éclopées,
— 6 —
avec qui elle causa et se disputa. Rendue à la circulation, elle fut
volée, truquée, retrouvée. Elle aurait pu faire une longue carrière
encore, sans l'Amour, qui la perdit ! Elle s'amouracha d'un canot
automobile, amarré près d'elle; pendant la nuit, quand tout reposait,
et que les chauffeurs étaient dans leur lit (du moins il faut le croire),
elle s'échauffa au point de sauter sur le bien-aimé. Elle ignorait, l'in-
nocente, le sort qui les attendait, elle et lui : ils coulèrent à pic tous
deux ! — La fantaisie est, elle aussi, innocente, — un peu plus que
les treize autres petites nouvelles qui terminent le voljme.
2. — Il y avait une fois un frère et une sœur qui étaient nés dans
une étoile; ils y coulèrent des jours heureux. Mais un jour, le sort les
condamna à renaître sur la terre, appelée Inferna par opposition au
domicile supérieur qu'ils venaient de quitter; mais ils ne renaquirent
pas dans la même famille, ni sur le même point de la planète infé-
rieure; le caprice du sort, déjà nommé, fit de la sœur une Française
et du frère un Anglais. Mais une bohémienne, pour laquelle le susdit
sort n'avait pas de secrets, révéla aux deux intéressés qu'ils se retrou-
veraient. Et en effet ils se retrouvèrent, lui, uni librement à sa cui-
sinière, elle, mariée en justes noces à un brave homme, qui était fou.
Ils recommençaient à couler, à recouler ensemble des jours heureux,
lorsque le sort (quatre fois nommé) envoya une pleurésie à la sœur, dont
elle mourut. Le frère voulut prouver au monde, l'inférieur comme le
supérieur, que « la vie triomphe de la mort »: il eut un second enfant
de sa cuisinière. — L'auteur me pardonnera d'avoir classé cette œuvre,
qu'il semble, lui, prendre très au sérieux, parmi les fantaisies;
c'était la seule manière d'en parler avec indulgence.
3. — Et de même pour ImmorleUc Pologne ! Comme étude de mœurs,
elle est négligeable ; la matière peut s'en retrouver toute dans des dic-
tionnaires d'histoire et de géographie; mais le roman qu'il y ajoute
est d'une fantaisie très personnelle, si personnelle qu'il convenait
de le placer sous cette rubrique. • — C'est un Journal intime, une
suite de Sensations \ en voici le résumé, dans le cadre même et le ton
adoptés par l'auteur : « A peine au sortir de l'enfance, vingt ans à
peine je comptais, Lola trahit ma confiance, Lola, la femme que
j'aimais I (Ces rimes ne sont peut-être pas de l'auteur, mais je garantis
le sens). Lola était belle, vous le savez, quoique plus bête encore;
mais je l'aimais, ah ! Sa trahison faillit me rendre fou. J'eus besoin
de consolations. Oh! Je les cherchais dans les prix doux; « je m'en
fourrai jusque là », comme disait un académicien du second Empire.
La plus consolante de toutes s'appelait Claudine. Elle était Polonaise,
mais elle n'en disait rien, par respect pour Kosciusko. J'eus l'honneur
de mériter sa confiance; elle me confia le secret de sa nationaUté, en
ajoutant : Chérimènemy ! Je compris qu'elle me demandait d'aller
— 7 —
voir sa patrie, avec elle. Docile, j'y allai, mais sans elle. Dès mon
arrivée, j'y rencontrai Aniela ! Ah ! la délicieuse enfant ! Elle me fit
voir du pays, je veux dire qu'elle me fit visiter et connaître la Polo-
gne. Elle fit plus; elle me fit des confidences sur tous les capitaines,
les hommes politiques, les poètes de son pays, conférences si remar-
quables que je les ai reproduites ici, sans y changer un mot, de la page
101 à la page 230; j'ai seulement pris soin de mettre ces pages entre
guillemets, pour bien marquer que je n'en suis pas l'auteur; il faut
rendre à Aniela ce qui est à Aniela. Quelle admirable jeune fille 1 Quel
génie ! Quel historien ! Quel esthéticien ! Quel critique ! Aussi ne f us-je
pasétonné d'apprendre qu'elle allait épouser un berger, lequel d'ailleurs
était un grand artiste lui aussi, attendu qu'il jouait supérieurement
de la flûte ! Oh ! cette flûte ! Vous ne serez pas étonné d'apprendre,
vous non plus, que je quittai la Pologne en proie à de nouveaux
chagrins et avec le besoin de nouvelles consolations. Claudine étant
encore disponible, je m'adressai à elle, et pour lui prouver ma recon-
naissance, je l'installai chez moi, je la comblai de bonheur et de
petits cadeaux. Elle en fut touchée, à ce point qu'elle se suicida. Vive
la Pologne, Messieurs !» — Je me permettrai d'ajouter à cette analyse,
exacte et fidèle jusqu'au scrupule, le renseignement suivant : un des
premiers chapitres (il y en a dix-sept) est intitulé : Mystère d'al-
côve ! ■ — et l'avant-dernier : Mystère ! Tout s'explique ! — Post-
scRiPTUM. Une préface de 18 pages précède cette composition peu
banale; elle est de M. Teodor de Wyzewa; elle est donc exquise, pleine
d'admiration pour la Pologne, et très discrète sur Immortelle
Pologne!
4. — La fantaisie du Drame du Korosko est moins subjective, si l'on
peut dire; les données en ont été empruntées à l'histoire, et l'auteur
nous laisse libre de croire que « ceci n'est pas un conte ». La scène
se passe en Egypte, dans le haut Nil, aux confins du pays des Der-
viches. « Est-ce qu'il y a seulement des derviches? » dit en ricanant
un journaliste français à des touristes anglais, embarqués avec lui
sur le Korosko et remontant le Nil; « c'est l'Angleterre qui les a in-
ventés pour nous conter des blagues et nous faire admirer ses faux
héros. )) Il n'avait pas fini de ricaner, que la caravane, descendue à
terre, fut enveloppée par une troupe de derviches armés jusqu'aux
dents, montés sur des chevaux rapides comme le vent et emmenée pri-
sonnière du côté de Khartoum. Quelles souffrances elle eut à endurer,
quel héroïsme elle déploya, — en la personne principalement du
journaliste gouailleur, ■ — et comment finalement elle fut délivrée par
des soldats de l'armée régulière, non sans avoir perdu quelques-uns
de ses membres, tel est le drame très intéressant que nous raconte
le célèbre fantaisiste anglais, et avec une humour qui rappelle la
verve — (ayons le courage de le dire) • — de notre vieil Alexandre
Dumas père; encore est-il que cette verve avait je ne sais quoi de plus
léger, de plus spirituel, de plus français, quoi ! — Plaise à nos anglo-
manes de ne pas l'oublier !
5. — Vers plus de joie est une fantaisie logique. Etant donné ce qui
est aujourd'luii, qu'est-ce qui sera en 1995? Et comment, d'ici là,
préparer et conduire le monde vers plus de bonheur, les hommes vers
plus d'humanité, les croyants vers plus de foi et surtout vers plus
d'actes? Tel est l'espèce de problème que s'est imposé de résoudre
M. Godard. Il l'a fait, inutile de le dire, avec la vigueur et l'élévation
d'esprit qui caractérisent ses précédentes œuvres. Quelques-uns de ses
jugements sur le passé, quelques-unes des mesures qu'il propose pour
l'avenir prêteront peut-être à controverse; je remai'que notamment
ce résumé de notre histoire pédagogique : « La sombre éducation de
l'ancienne France avait préparé des esprits trop durs, ou bien des âmes
révoltées. Le caporalisme de l'Université impériale dessécha ensuite
toute sève. Les jésuites surent à peu près seuls se faire les amis de
leurs élèves; mais ils développèrent trop l'esprit de caste et oublièrent
la nature. Le clergé séculier restaura les études classiques; mais cette
besogne priva les paroisses de prêtres éclairés, car il n'a pas été dit ::
Allez, enseignez le grec et la rhétorique... » Tout n'est peut-être pas
faux dans ces jugements sommaires : mais je vois d'ici quels lec-
teurs fronceront le sourcil et les trouveront un peu trop... sommaires
et catégoriques. Il es)^ vrai qu'en logique il n'existe pas de nuances;
le positiviste chrétien qu'est M. A. Godard le sait très bien et il sait
aussi ce que vaut la logique dans l'ordre des réalités positives, passées
ou futures. Et alors? Alors le monde en 1995 sera peut-être différent
de ce que le voit M. A. Godard; mais soyez sûr que s'il a « plus de
joie » et plus de vertus, ce sera grâce aux efforts des « hommes de
bonne volonté )>, parmi lesquels Fauteur de ce li\Te a déjà pris sa
place et à un rang si honorable.
Romans psychologiques. — 6. • — « Sachez-le, le prestige des
familles comme les nôtres est fait de leur long contact avec la terre
transmise de père en fils. II déchoit, il s'en va en poussière, en vanité,
si on le monnaie ou si on le troque contre des plaisirs mondains. Nous,
nous n'avons pas à chercher ailleurs le Prix de notre vie\ il est tout
entier dans l'amour du sol et la continuation de ce qu'ont fait nos
aïeux » (p. 120). Ces fortes paroles résument l'idée générale de ce
roman sur le Prix de la vie; inutile d'en faire ressortir la haute portée.
Voici maintenant les faits destinés à mettre cette idée en lumière, ou
qui, du moins, reçoivent d'elle un surcroît d'intérêt. La fille d'un
« terrien » ruiné avait épousé le fils d'un banquier; elle fut trompée
par son mari et un peu plus ruinée par son beau-père, qui perdit
— 9 —
dans une dernière spéculation toute sa fortune et sa vie, par-dessus le
marché. Or la malheureuse femme avait une consolation à sa portée, et
la plus douce de toutes, au gré des âmes romanesques et de leurs
historiographes, les romanciers : l'Amour ! ■ — l'amour d'un honnête
et loyal voisin, qu'elle avait elle-même toujours aimé, sans s'en douter.
Mais elle sut s'en passer; elle fit plus! Elle détourna d'elle cet
amour et le dirigea vers une autre, vers une jeune fille, choisie par
elle, et qu'elle lui fit épouser. Elle fit plus. Elle essaya d'aimer son
mari, et si peut-être elle n'y parvint pas, elle le sauva de l'oisiveté
et du déshonneur. Tout cela parce qu'elle était « terrienne? « Peut-
être ! Mais surtout parce qu'elle était chrétienne et qu'elle avait pris de
bonne heure l'habitude de placer « le prix de la vie » ailleurs que dans
la recherche du bonheur. Il y a encore de par le monde des femmes
d'employés, de pâtissiers, de boutiquiers, qui en sont là, sans être
terriennes; et il y en aurait bien davantage et dans les boutiques,
et dans les fermes et dans les châteaux, si les romans qu'on y lit
étaient inspirés du même esprit que celui-ci et donnaient les mêmes
leçons.
7. • — Une L'^çon de vie est d'un spiritualisme moins pur; mais le
réalisme pratique n'en est pas négUgeable. Une femme s'aperçoit
que son mari la trompe, sans cesser pourtant de l'aimer; elle se résigne
au partage, non sans avoir lutté longtemps pour le faire cesser.
« Il faut savoir se contenter de peu ! » c'est la leçon que donne la vie
à la pauvre femme. Si elle donne cette autre au mari : « On ne peut
pas servir deux maîtres à la fois,» chacun aura sa part de morale; mais
ni l'un ni l'autre n'aura une morale entière. Aussi bien, c'est moins
la morale que la psychologie qui fait la valeur de cette double étude
de l'infidéUté repentante et presque amoureuse d'une part, de la
jalousie furieuse et résignée d'autre part. Et c'est aussi la finesse de
l'observation, à laquelle s'ajoute 1b finesse de l'expression. Que dites-
vous de ceci, par exemple : « Dans certains milieux, on risque d'être in-
férieur à des gens d'esprit; chez les gens du monde, on est inférieur
à des imbéciles »... quand on est « seul de son genre au milieu de per-
sonnages qui sont si forts de leur espèce ». L'explication est un peu
alambiquée et vague ; mais l'affirmation qui précède donne l'impression
d'être juste, quoique insolente. Ce double caractère de préciosité
vague et de justesse aiguë se retrouve presque à chaque page de
cette oeuvre distinguée.
8. ■ — Leur Victime est une démonstration de ce qu'a de « fondé, en
raison et en fait », comme disent les disputeurs d'école, le... devinez
quoi? le neuvième commandement du Décalogue. La moralité du
sujet est indiscutable; celle de la démonstration pourrait être dis-
cutée. L'auteur y a mis pourtant quelques-uns des « purifiants » et« dé-
— 10 —
sinfcctauts» recommandés par les théoriciens de jadis: des «sentences»
vertueuses et même des tirades, et surtout un « dénouement vertueux»:
le péché est puni à la fin do la démonstration, du moins dans la per-
sonne de la pécheresse, sinon dans celle du pécheur. - — Sylvie (elle
s'appelait Sylvie) perd le bonheur qu'elle avait cherché en dehors
des joies légitimes et dans l'oubli de ses devoirs d'épouse; elle perd
même la vie, par un affreux suicide ! Et maintenant, pécheresses, ses
sœurs, instruisez-vous, réfléchissez! Intelligite ! Erudimini ! Quant
à vous qui n'avez pas péché et qui, espérons-le, ne pécherez jamais,
inutile de vous instruire. Je ne veux pas même vous apprendre que
Bernard (il s'appelait Bernard), le complice de Sylvie, continua
paisiblement sa carrière de complice, et qu'il en est souvent ainsi de
ses confières ! Si vous tenez à réfléchir sur « les lenteurs de la justice
divine », que ce soit à propos d'un autre sujet que ce... mauvais sujet.
9. • — Le héros de Au bord de V idylle fut un pécheur moins cynique.
Il était mal marié, du moins à son. sentiment, et il aurait bien voulu
divorcer. Seulement sa femme était malade; le divorce aurait pu
la tuer. Que faire? La guérir d'abord, décide-t-il, et la renvoyé i*
ensuite. Pour la guérir, il voyage, en sa compagnie, lui prodiguant
les remèdes les meilleurs et les soins les plus tendres. C'est à peine s'il
quittait la malade pour aller prendre l'air, et se livrer, de temps à
autres, à son sport favori, le tennis. Or le tennis est dangereux; une
balle égarée y vient frapper son cœur ! ! C'était la main de Luise,
qui l'avait lancée, Luise, une juive, juive à faire damner un saint ! Il
l'aima, elle l'aima;- toutefois ils respectèrent le Décalogue (voir ci-
dessus), en attendant le divorce. Mais hélas ! la femme malade, trop
bien soignée, guérit, et la jeune fdle, si belle et si bien portante, mourut.
Ce que voyant, le joueur de tennis résolut de s'empoisonner; il n'en eut
pas le temps; il mourut de la rupture d'un anévrisme. — Ce n'est pas
un pharmacien qui a écrit ce volume, c'est un artiste, un vrai, et qui
aura du talent quand il n'oubliera pas que l'art, le vrai, doit être
« à base de bon sens », comme dit l'autre.
10. — L'Otage marque un progrès considérable sur les précédents
romans de M. Bateau, où l'effort était plus visible que le résultat. Ici,
la composition est plus aisée et plus sûre, et l'action plus simple, ce
qui ne veut pas dire qu'elle soit banale; l'auteur est exposé à manquer
toujours de banalité! Un mari, abandonné par sa femme, laquelle
vit avec son amant et a eu de lui un enfant, arrive à reprendre ladite
femme par le moyen que voici : il reconnaît l'enfant né hors du ma-
riage, le fait enlever, le garde chez lui sous une surveillance très
étroite, qui rend impossible un autre enlèvement; mais il permet seu-
lement à la mère de venir le visiter toutes les quinzaines. Il a calculé
que la mère l'emporterait sur l'amante, et que les petites mains de
— 11 —
l'enfant finiraient par l'arracher à la vie irrégulière et par la fixer
dans les voies légales. Ce calcul n'est pas trompé, grâce à un concours
de circonstances très habilement aménagées par le conteur. C'est dans
cet « aménagement » que M. Buteau révèle ses qualités de «dramatiste».
Quant à ses qualités de psychologue, réelles aussi, et qui s'ulfirmont
dans les caractères de la mère et du père réel de l'enfant (il en a fait
deux très nobles âmes, malgré l'incorrection de leur situation), elles
n'ont pas suffi à rendre acceptable le caractère du mari; cet homme qui
se décide à couvrir de son nom le fruit de la trahison, et qui s'en sert
pour y mettre fin, est peut-être un héros, mais c'est un héros de
l'Ambigu, un Barbe-Bleue à rebours, plus théâtral qu'humain. — Pour
montrer à M. H. Buteau avec quelle attention j'ai lu son œuvre, je
lui soumettrai deux doutes, l'un d'ordre doctrinal, l'autre d'ordre
littéraire. Croit-il vraiment que « des mariages peuvent être annulés
en cour de Rome, lorsqu'ils sont restés stériles » (p. 47), et pour cette
cause unique de stérilité ? Et croit-il que la phrase suivante : « Tout,
même leur vie d'exilés, lui était préférable à ce qu'il connût leur retraite?))
(p. 56) est d'une bonne langue? Parce qu'on en trouve de pareilles
chez bon nombre de ses confrères en roman, ce n'est pas une raison
pour qu'il se les permette, lui.
11. ■ — L'héroïsme de deux femmes, la veulerie d'un homme, c'est
le sujet de Sœuretie.hui, il exerçait la profession « d'homme de lettres »,
mais il avait surtout la vocation de l'amour, je veux dire du plaisir,
comme tant d'autres hommes (de lettres ou sans lettres). Il aimait,
depuis longtemps, une riche veuve; mais il aimait, en même temps,
et la nièce de sa maîtresse, et une actrice de la Comédie française.
L'actrice se moqua de lui, jusqu'au jour où elle s'aperçut qu'il se
détachait d'elle ; alors elle se vengea par « une rosserie » : elle « sabota »
et fit échouer une pièce de lui, qu'elle représentait et dont il attendait
honneur et profit. La veuve souffrit en silence, sans la moindre k scène »,
quand elle connut la double infidéhté de son ami; la jeune fille tendit
toutes ses forces à feindre d'ignorer l'amour qu'elle inspirait et qu'elle
partageait, hélas ! Elle poussa l'abnégation jusqu'à refuser d'épouser,
même avec le consentement de sa tante ! Oli ! la brave enfalit ! « Le
cœur dos hommes doit être fait autrement que le nôtre ! » dit-elle, en
retenant ses pleurs'. — N'en doutez pas, Mademoiselle !
12. — L'Été de Guillemette nous raconte le roman, souvent conté
depuis quelques années, de la jeune fille qui s'éprend d'un homme
mûr, sans s'en douter ou du moins sans l'avouer. Vous connaissez,
pour l'avoir beaucoup vu depuis Pailleron, ce type de l'Agnès mo-
derne qui préfère Arnolphe au jeune Horace. Il est vrai que l'Ar-
nolphe de ce roman est un homme de grand mérite et de grand cœur.
Quand il s'aperçoit qu'il aime Guillemette, sa nièce, il s'enfuit, il fait
— 12 —
la cour à Nicole. Sans doute cette Nicole est une femme mariée, et '
un grand cœur aurait pu choisir un autre remède ! Mais rassurez-vous !
Cet Arnolphe, même quand il s'essaie à être malhonnête, reste bien-
faisant; il dégage de la moralité et de l'honneur autour de lui. Il
réconcilie Nicole avec son mari, il sauve le père de Guillemette de la
ruine et du déshonneur, et s'il se permet d'être heureux pour son
propre compte, c'est après avoir fait le bonheur de tous les siens.
On comprend qu'un homme pareil gagne le cœur d'une jeune fdle
et là-dedans remue
Certain je ne sais quoi dont elle est tout émue !
Il faut ajouter qu'il parle aussi bien qu'il agit : M. Henri Ardel l'a
doté de toutes les séductions... Et pourtant! Pourtant je n'aime
pas beaucoup les oncles qui séduisent leurs nièces, même pour le bon
motif !
13. — Aimez-vous les enfants qui racontent les fautes de leur
maman ? Si non, vous ne lirez pas le Reste est silence... {un titre emprunté
à Shakespeare ! On nous le rappelle pour que nul n'en ignore !),
journal autobiographique d'un enfant, dont le père était un jobard
et la mère une coureuse. Le pauvre garçon servait à cette aimable
dame de prétexte à courir; son mari ne la comprenant pas, ne l'appré-
ciant pas, elle cherchait des consolations. Et quand elle en trouvait,
surtout quand on rencontrait un certainmonsieur, porteur d'une canne
« dont la poignée avait une tête d'aigle », elle disait à sonpetit chaperon:
Tu ne le diras pas à papa ! Il ne le dit pas à papa, mais il nous le
dit à nous, avec des réticences, des mines discrètes, des airs ingénus
qui ne trompent personne, pas même lui ! Oh ! le vilain petit bon-
homme ! D'autant plus vilain, qu'il n'est plus petit, qu'il a de la barbe
au menton, et qu'au moment où il écrit ses Mémoires, il est un homme,
au moins pour l'âge. Car, pour le reste, et notamment pour le sens
moral, il est encore un bébé inconscient. Son factum se termine
par les lignes suivantes, tout à fait caractéristiques de son sens moral.
Il vient d'enterrer sa mère, un an après son père; il a besoin de « se
distraire un peu ;>; il entre dans un café-concert, et il aperçoit parmi
les spectateurs, devinez qui? L'homme à la canne susdite, un peu
vieilli sans doute, mais très reconnaissable encore. Il n'ose pas l'abor-
der, et le laisse sortir. « J'eus soudain, conclut-il, un grand regret de
n'être pas allé vers lui et de ne pas avoir serré sa main, tout simple-
ment, comme celle d'un vieil ami ! » — On ne peut pas juger « ça »;
il y faudrait de trop gros mots. Je me reprocherais pourtant de ne pas
ajouter que l'exécution de l'œuvre est digne de la conception : le^ens
littéraire y égale le sens moral.
Romans historiques. — 14. — Les Défenseurs, recueil de onze j
« histoires lorraines », font défder devant nous, au pas accéléré.
— 13 —
quelques-unes des gloires militaires du pays de Jeanne d'Arc et do
M. Barres. Inutile de vous apprendre que M. Barrés y a mis une
Préface. « Ce haut sentiment que les nôtres avaient de l'honneur,
on le respire à pleins poumons dans les récits de Jean Tavet, digne
camarade de... des... des... et d'une série indéfinie de soldats résolus,
à la fois sages et braves, nos concitoyens, la fleur de notre duché. »
Le premier de ces concitoyens et de ces camarades de l'auteur était
un légionnaire romain, et s'appelait Publius Scarpon; le dernier était
le clairon Pointât, qui fut tué par les Prussiens en 1870. Ils méritent
tous les éloges du préfacier. Vingt gravures illustrent le texte et ne
le font pas valoir, — je veux dire qu'il n'en était pas besoin pour le
faire valoir. Il manque un peu de simplicité, mais il révèle un sens
artistique « distingué ».
15. — La Déroute nous raconte le cauchemar de la récente guerre
russo-japonaise, dans une forme appropriée : composition et style
de cauchemar. Pas de plan suivi, des impressions, des sensations,
qui se succèdent sans ordre mais qui toutes sont lugubres. L'œuvre
a plutôt l'air d'un pamphlet que d'une histoire impartiale; elle est
animée d'une sorte de rage contre les officiers russes, qui nous sont
représentés comme des brutes ignorantes et malfaisantes, occupant à
de basses débauches les loisirs que leur laisse la guerre. On n'ose pas
croire, on proteste tout bas, sans pouvoir justifier cette protestation,
pas plus que ne sont justifiées les accusations contre lesquelles on
proteste. C'est très pénible, si pénible qu'on renonce à « lire plus avant »
une œuvre qiii vous met dans cet état, sans donner en échange un
surcroît d'informations sûres. On ferme donc le livre tout en rendant
hommage à la puissance de l'auteur. Il n'est pas donné à tout le
monde de vous mettre au suppUce. Cet Erastoff n'est peut-être pas
un historien véridique, mais c'est un « tortionnaire « éminent.
Romans de mœurs. • — ^16. — Y a-t-il une étude de mœurs dans
les Demoiselles de la poste? Il y en a quelques commencements; mais
il y a surtout une histoire romanesque qui pourrait aussi bien se passer
chez des modistes ou des employées de magasin. La receveuse des
postes, à X..., un petit village peu gai, agrée les hommages d'un jeune
peintre, fort honnête d'ailleurs et qui s'est épris pour le bon motif.
Mais la tante — et aide assermentée — de la jeune receveuse s'oppose
au mariage; elle a voué sa nièce au céhbat ! Pour vaincre la résistance
de la vieille fille il ne faudra rien moins qu'une tragédie ! Un jour qu'elle
était de service, elle a remis une lettre chargée, dont le chargement
avait disparu. Quel est le voleur? Les demoiselles de la poste sont
responsables devant l'administration; elles sont accusées, elles seront
peut-être condamnées ! La tante est au désespoir, lorsque le salut leur
arrive par l'intermédiaire du jeune peintre, ou plutôt de son oncle.
— 14 —
le magistrat chargé d'instruire l'afTaire. Il l'a instruite, et si bien qu'il
a découvert le coupable, un employé du bureau qui avait expédié
le chargement. Cette découverte faite, il met ses gants et va demander
la main de la receveuse à la tante terrible, dont le malheur avait
abattu la fierté ! « C'est une idylle et voilà tout ! »
17. — Autre idylle, Sœur Marie-Odile; mais celle-ci dans un cadre
rural, et non plus dans un cadre administratif, et avec un dénouement
... j'allais dire plus triste, disons différent. L'héroïne épouse Dieu,
celui qu'elle avait cru épouser ayant changé d'amour. Contrairement
au livre précédent, celui-ci donne plus d'importance à l'étude des
mœurs qu'à la fable. Ce que sont les âmes des « terriens w, proprié-
taires ou ouvriers, dans un coin des Vosges, c'est ce que l'auteur a
voulu nous montrer, c'est ce qu'il nous montre dans une suite
de tableaux très soignés, un peu « léchés » même, et c'est aussi ce
qu'il est à peu prés impossible de faire passer dans une analyse. Il
suffira de rendre hommage au talent de l'auteur, et à l'élévation de
son inspiration, en lui souhaitant de s'abandonner un peu plus à sa
verve et de la moins gêner par ses scrupules d'artiste.
18. — Des trois Bourgeoises artistes que l'auteur nous présente
dans ce volume, une seule arrive au bonheur, une seconde l'attend
encore, la troisième, en ayant désespéré, est tombée dans la basse
galanterie. Et pourquoi ce « sort différent »? comme disait Henri de
Bornier. Parce que la première était peintre et les deux autres écrivain
et comédienne? Est-ce la profession qui a sauvegardé l'une et perdu
les autres? On pourrait le croire, au moins pour la comédienne, dont
la profession offre évidemment des périls particiliers. Mais les périls
auxquels succombent les deux pauvres jeunes fdles, c'est en elles-
mêmes plutôt que dans leur» métier )> qu'elles les ont rencontrés; c'est
dans la croyance, si fausse, quoique si universellement répandue, que
l'art confère aux artistes des privilèges et des dispenses en matière
de morale traditionnelle ou simplement de conventions sociales. Et la
preuve que cette croyance est fausse et dangereuse, c'est que la
peintresse^ qui a respecté ces traditions, n'a rien perdu de son talent,
et que l'écrivain et la comédienne n'ont rien gagné à s'en affran-
chir; la plus artiste de ces Bourgeoises artistes a été celle qui est
restée la plus bourgeoise. La valeur logique de cette « preuve » peut
être contestée, mais non la valeur morale de la « leçon » qu'a voulu
donner l'auteur, et qui peut se résumer dans ces deux affirmations :
les besoins de l'art n'exigent pas le sacrifice de la morale, — et, dans
tous les cas, ils ne peuvent pas exiger le sacrifice de la vie ! — entendez
de la dignité, de l'honneur et de la sécurité de la vie, — puisqu'après
tout la vie n'est pas faite pour l'art et que c'est l'art qui est fait pour
la vie.
— 15 —
19. — Dans les Deux Routes il s'agit encore d'art et d'artistes,
mais non pas de morale. Les artistes y sont opposés aux critiques
et les critiques sacrifiés aux artistes. C'est une vieille querelle, qui
n'est pas près de finir, et dans laquelle, je l'affirme, les artistes ap-
portent plus de passion que les critiques, les premiers ne cessant de
répéter sous toutes les formes, et avec toute sorte d'injures le mot de
Lamartine : « La critique est la puissance des impuissants », — et les
seconds répétant, avec plus au moins d'humilité, mais avec sincérité
le mot de ce bourgeois à sa cuisinière : « Victoire, votre sauce est
exécrable, quoique je sois incapable d'en faire autant. » — Le critique
des Deux Routes a le tort de se croire capable de tout. Parce qu'il est
expert en musique, en peinture, en style, il se croit musicien,
peintre, écrivain. Il a imposé sa croyance à quelques imbéciles, notam-
ment à un sous-secrétaire d'Etat, qui lui a donné une fonction offi-
cielle du haut de laquelle il régente le monde des arts. Seule, une femme
d'esprit et de peu de préjugés a su le pénétrer, et si un jour elle lui
dit : « Vous êtes un demi-dieu », c'est pour lui faire entendre qu'il
n'est pas un dieu, c'est à dire un « auteur». Il n'entendait d'ailleurs
pas. Mais il allait l'apprendre à son dam. Las de ses triomphes de
critique, et en voulant connaître d'autres, il s'était retiré dans la
solitude et se livrait à la composition. Son travail fut acharné, fiévreux ;
il essaya d'un opéra, d'un tableau, d'un livre; il entassait pages sur
pages, toiles sur toiles, brûlant le lendemain ce qu'il avait écrit la
veille (il jugeait ses propres productions avec le même sens critique
que celles d'autrui), recommençant sa besogne sans se lasser, mais
non sans gémir.
Parfois, contemplant seul, le front chargé d'ennuis,
Les clous de diamant sur le plafond des nuits,
Il invoquait les Muses, l'une
Ou l'autre, et leur disait :...
Ne m'inspirerez-vous aucun ouvrage ? Rien ?
Quoi ! pas même un nouveau système aérien,
Un livre sur l'architecture?
Un vaudeville grand de toute ma hauteur?
Ne deviendrai-je point ce qu'on nomme un Auteur
Dans les cabinets de lecture?
C'est le scénario tracé dans ces vers de Banville que l'auteur a
développé ici, un peu longuement. Il montre son héros s'obstinant
pendant quatre mois dans ce travail, dans ce supplice, et en sortant
sans la moindre petite toile, sans une phrase musicale, sans une page
présentable, mais humilié, désespéré, malade, prêt à la folie; le
demi-dieu n'est plus même un demi-homme, et il va finir dans une
maison de santé. « Et pendant ce temps-là, » les artistes qu'il avait
traités du haut de son orgueil, qu'il avait dénigrés et desservis, ont
fait tranquillement leur chemin; ils ont continué à travailler et à
— 16 —
produire, et, peu à peu, de progrès en progrès, de production médiocre
en production meilleure, ils sont devenus de vrais créateurs de vie
et ils sont célèbres, et ils sont heureux, et ils se moquent des critiques.
Car la route la meilleure (il faut bien expliquer le titre !) pour arriver
à faire œuvre d'art, ce n'est pas la critique, c'est... la pratique directe
de l'art. — Et cette « moralité » est un truisme, et il n'y a pas de cri-
tique qui ne soit prêt à la contresigner, au risque de passer pour un
La Palisse. C'est à peine s'il s'en trouvera un, plus hardi et moins
modeste que ses confrères, pour hasarder cet autre truisme, à savoir
que la critique peut être un art, elle aussi ! En outre de ces vues
esthétiques, sur lesquelles l'auteur sait bien qu'on pourrait le chicaner,
il y a dans les Deux Roules une étude des milieux artistiques, qui semble
assez bien documentée, mais qui semble aussi entachée do quelque
snobisme; inutile d'ajouter qu'elle manque de sévérité pour les pri-
vilèges et dispenses d'ordre moral qu'on s'octroie si largement dans
les dits milieux. — Mais il faut dire encore qu'elle marque un réel pro-
grès sur le précédent roman de M. P. Tany {Quelques Bandits) et que
donc elle est déjà d'un « auteur ».
20. — Je suis un peu en retard avec le Roi des milliards de la re-
grettée Henri Gréville, qui « contait si bien » et qui nous a conté tant
de jolies histoires. Celle-ci est plutôt un roman-feuilleton; mais comme
elle se passe parmi les brasseurs d'affaires du Nouveau Monde, et
qu'elle nous fait connaître quelques fermes du Canada et quelques
mines de pétrole (et aussi parce que je suis en retard avec elle), je
la place sous la rubrique plus honorable « Romans de mœurs »,
tout en vous avertissant que je n'en garantis pas la documentation. Le
héros est un nommé Bruce, lequel construit tant d'usines, élève tant de
cheminées de fourneaux, découvre tant de sources de pétrole, fabrique
de si beau papier, emprunte au Niagara tant de chevaux-vapeur, qu'il
mérite d'être appelé non seulementle Roi, mais l'Imperator ! Dans l'in-
tervalle de s^s occupations, il trouve le moyen de marier deux nièces
pauvTes, qu'il avait fait venir d'Europe, de déjouer les manœuvres
d'un traître, de faire le bonheur d'un brave jeune homme, de créer
des orphelinats et des asiles pour jeunes filles aveugles, bref d'être
plus et mieux qu'un grand homme d'affaires, c'est à savoir un homme
de bien. — Œuvre à mettre à l'actif de la succession de la féconde
romancière.
2L — L'Armoire au linge blanc est une étude de « la Province »,
étude à la fois cruelle et bienveillante. La Province y est représentée
telle qu'elle est, ou du moins telle que l'a vue l'auteur, avec toutes
ses étroitesses et ses mesquineries; rien n'en est dissimulé, quelques
détails en sont peut-être un peu grossis. Et cependant cette Pro-
vince si maussade, si grinchue, si potinière, si peu artistique, finit
— 17 —
par l'emporter sur Paris, dans le cœur d'un ancien Parisien, que le
sort y cwait exilé^ comme on chante à l'Opéra-Comique. Et notez que
ce Parisien était le plus convaincu, le plus intransigeant des Parisiens,
puisqu'il était un ancien provincial; nul n'ignore en effet que c'est la
province qui fournit Paris de ses dévots les plus fervents, les plus
enivrés de ce haschisch spécial que Nestor Roqueplan appelait jadis
la Parisine. Seulement, il faut tout dire : la Pz'ovince ne triomphe pas
toute seule. « Par quel charme, dis-moi, l'as-tu donc enchanté? »
Par le charme éternel, toujours ancien et toujours nouveau, de
l'amour. Une jeune fille parut, et même qui s'appelait Béatrice !
Et aussitôt Aurillac (car c'est à Aurillac que l'auteur, aimant à jouer
la difficulté, a placé le lieu de la scène) manifeste une beauté inaperçue,
les cercles d'Aurillac ne sont plus peuplés de vieux garçons maniaques
ou de marchands « fermés aux idées générales »; les salons d'Aurillac
ne sentent plus le moisi, les vieilles dames y ont des sourires exquis,
les vieilles dévotes n'y montrent plus leurs dents, les vieux curés y
sont jeunes, au moins d'idées. « Un seul être apparaît, et tout est
enchanté » et Paris est oublié. La Province a ressaisi son enfant ingrat !
22. ■ — Je vous recommande les dix petites nouvelles réunies sous
ce titre : Les Passions celtes. C'est de la « littérature régionale », sans
doute; mais ne craignez pas d'y trouver seulement ce « bric à brac
régionaliste » qui, aux yeux de quelques snobs (critiques ou auteurs),
constitue le plus grand mérite de. cette littérature; vous y trou-
verez en outre « de l'humanité », et un art très personnel, qui
n'est ni breton, ni provençal, mais que les Provençaux peuvent ap-
précier comme les Bretons.
23. — Les douze récits qui composent les Trois Troupiers nous font
retrouver les soldats Mulvaney, Octteris et Learoyd, — trois mous-
quetaires moins élégants que ceux du père Dumas, que l'auteur nous
avait présentés dans les Simples Contes des collines. Nous avons eu
plusieurs fois l'occasion d'apprécier l'humour de Rudyard KipHng,
l'auteur le plus lu par ses compatriotes et le plus payé par ses éditeurs (un
shelHnglemot !) et nous avons dit que ses lecteurs du continent avaient
parfois de la peine à en apprécier le mérite. Un Anglais doit très bien
comprendre tout ce qu'il y a sans doute de drôle et de spirituel dans
cette phrase de la Préface : « J'aurais réimprimé ici ces quatre récits
(les Contes de la colline), mais Dinati dit q\\ arracher les tripes à un
livre qui a une image sur le dos, rien que pour inspirer à Tchence un
orgueil démesuré, c'est du gaspillage; et Mulvaney, de son côté, dit
qu'il préfère voir sa gloire répandue en plusieurs volumes. « Je ne
comprends pas ! Et vous? Ah ! que nous somm'es Français ! ■ — 11 n'en
faut pas moins remercier l'infatigable traducteur, M. A. Savine, de
faire passer dans notre langue les œuvres d'un écrivain qui, malgré
Juillet 1909. - T. CXVI. 2.
— 18 —
ses qualités trop particulières, appartient pourtant à la littérature
générale, et que les lettrés de tous les pays doivent connaître, en
gardant le droit de ne pas toujours le comprendre.
24. — Cette Lanterne magique n'est pas faite pour les enfants; elle
ne les intéresserait d'ailleurs pas. Les sujets (il y en a trente-trois),
quand ils ne sont pas grivois, en sont insignifiants. L'auteur est de
ceux qui professent la plus parfaite indifïérence pour « le sujet « :
toute matière leur est bonne, qui peut exercer leur art et faire valoir
leur « outil ». Et l'outil de M. P. Margueritte est remarquable; c'est
un burin, poli, brillant, et froid.
25. — On a dit tellement de bien de Colette Baudocke qu'il ne reste
plus à en dire que... la vérité. L'inspiration en est très haute; elle
est animée du plus pur et du plus généreux patriotisme, celui qui est
fait à la fois d'instinct et de raison et où entrent tous les grands sen-
timents qui honorent l'homme : le culte des traditions, le respect des
ancêtres, l'oubli de soi, l'esprit de sacrifice. ]\L Barrés en a fini, —
depuis longtemps, — avec le paradoxe de « la culture du moi «, il
prêche désormais l'immolation du moi au non-moi, du moins à ce
non-moi qu'est la famille nationale. J'ai dit qu'il prêche; mais j'ajoute
qu'il prêche de manière à se faire écouter par ceux qui se refuseraient
à écouter d'autres prédicateurs (pas plus prédicatoires toujours). Sa
Colette va devenir la sainte de la religion dont il est le pontife, et elle
aura une belle niche dans le temple où il officie. Elle est le type idéal
— avec juste assez de chair et d'os pour n'être pas tout à fait une
idée abstraite, • — de la petite bourgeoise qui a gardé un grand cœur
dans une vie consacrée aux petits devoirs et aux petits soucis. Elle est
d'une de ces familles lorraines, annexées mais non oubHeuses, et
pour qui la France reste la patrie. Elle vit à Metz, avec sa mère,
des minces profits que leur vaut leur aiguille et la location d'une partie
de leur appartement. Leur locataire est un jeune professeur allemand,
brave garçon, un peu lourd, mais sentimental, qui leur parle de sa
fiancée, restée en Prusse, d'où elle lui envoie, pour Noël, un coussin
bourré de ses cheveux, « ceux qui tombent quand elle fait sa toilette ! »
Est-ce parce qu'il est ce fiancé, un peu ridicule, que AP»e Baudoche
le laisse pénétrer dans son intimité? Les mères françaises sont d'or-
dinaire plus prudentes. Ce qui devait arriver, arrive; au contact de
« ces dames », le Teuton se francise et oublie sa fiancée. Colette, de
son côté, ne rit plus de son locataire, et lorsqu'illa demande en mariage,
elle ne dit pas non. Elle demande seulement à retarder sa réponse après
les vacances. Mais dans l'intervalle, elle assiste à « la messe des soldats
du siège », celle que les dames de Metz font célébrer chaque année,
le 7 septembre. Or, au cours de cette cérémonie, elle s'aperçoit qu'entre
elle et le professeur, « ce n'est pas une question personnelle, mais une
— 19 —
question française »; — « elle se sent toute soulevée vers quelque chose
de plus vaste, de plus haut, et de plus constant, que sa modeste
personne, » et, en sortant de l'église, elle dit simplement :« Monsieur,
je ne peux pas vous épouser ! »
On voit la noblesse du thème. 11 est traité avec gravité, avec com-
ponction et aussi avec une complaisance qui rappelle le Barrés d'antan.
L'artiste ne s'y oublie pas assez; il manque d' « objectivité », ou plus
clairement, de désintéressement personnel; il a des bizarreries d' «écri-
ture », des longueurs dans les descriptions et les dissertations, des
effusions lyriques, où il trouve sans doute son compte, mais qui ne
donnent pas aux autres le plaisir qo'^l a ipu y prendre lui-même. Bref,
l'exécution a nui au sujet; elle lui a fait perdre de la puissance et de
l'intérêt. « C'est une belle narration, et bien amplifiée, où l'on voit
aussi « qu'un Monsieur très sage s'est appliqué », me disait une lectrice
de beaucoup d'esprit et surtout d'esprit très libre, affranchi de f-ous
les snobismes, y compris les plus excusables. « On m'en avait vanté
le pathétique, et je l'avais lue pour pleurer ! Or, je crois que j'ai
baillé ! » Et elle ajoutait, avec un sourire : « Suis-je une mauvaise
Française? » — La question, pour ironique qu'elle soit, ne laisse pas
de faire honneur à M. Barrés; elle lui prouve que, si on ne fait pas
bénéficier son roman de la sympathie et de la reconnaissance qui sont
dues à son rôle politique, ce n'est pas sans quelque angoisse, presque
sans quelque remords. Charles Arnaud,
ÉCONOMIE POLITIQUE ET SCIENCES SOCIALES
Économie POLITIQUE. — 1. Cours d'économie politique, par Cu.iRtBS Gide. Paris
Larose et Tenin, 1909, iii-8 de 796 p., 10 fr. — 2. Principes d'économie politique, par
Alfred Marshall; trad. par Sauvaire-Jourdan et J. Savinie.n Bouyssy. T. II.
Paris, Giard et Brière, 1909, in-8 de 661 p., 12 fr. — 3. Manuel d'économie poli-
tique, par ViLFREDO Pareto; trad. de l'italien par Alfred Bonnet. Parh, Giard
et Brière, 1909, in-8 de 693 p., 12 fr. 50. — 4. // Sesso dal punto di çista siatistico
da CoRRADO GiNi. Milano, Remo Sandron, z. à., in-12 de xxix-.519 p., 8 fr.
5. Les Trusts et les syndicats de producteurs, par .1. Chastin. Paris, Alcan, 1909
in-8 cartonné de viii-304 p., 6 fr. — 6. Le Marché financier américain et sa récente
crise monétaire, par Hermann Schuhmacher; trad.del'allemand parJEAW Lescure.
Paris, Giard et Brière, 1909, in-18 de 88 p., 1 fr. 50. — 7. La Révision douanière^
par Albin Huart. Paris, Giard et Brière, 1909, in-8 de 78 p., î fr. 50. — 8. Régime
du travail, par L. Garriguet. Paris, Blond, 1908, 2 vol. ia-18 de 342 et 290 p.,
7 fr. — 9. Le Chômage, par Ph. de Las Cases. Paris, Lecoffre, Gabalda, 1909^
in-12 de xvi-191 p., 2 fr. — 10. Beneficiary features of American trade-unions,
by James B. Kennedy. Baltimore, John Hopkins Press, 1908, in-8 de 128 p.
11. Le Problème des retraites ouvrières, par G. Olphe-Galliard. Paris, Blond, 1909,
in-16 de 354 p., 3 fr. 50. — 12. Le Droit de grève, par Ch. Gide, H. Berthélemy,
P. Bureau, A. Keufer, C. Perreau, Ch. Pkjquenard, A.-E. Sayous, F. Fagnot
et VanderveldE. Paris, Alcan, 1909, in-8 cartonné de x-270 p., 6 fr. — 13. Library
of Congress. Select list of références on tvorkingmen's insurance, conipiled under
the direction of Appleton Prentiss Clark Griffin. Washington, Government
printing Office, 1908, gr. in-8 de 28 p. — 14. Library of Congress. List of norks
— 20 —
relating to government régulation of Insurance, compilée! under the direction of
Appleton Prentiss Clark Griffin. Washington, Government printing Office,
1908, gr. in-8 de 67 p.
Histoire économique. — 15. Histoire économique depuis Vantiquité jusqu'à nos
jours, par Louis André. Paris, Alcan, 1908, in-16 de ii-200 p., 2 fr. — 16. La
France économique et sociale à la veille de la Révolution, par Maxime Kovalewski.
I. Les Campagnes. Paris, Giard et Brière, 1909, in-8 de 392 p., 8 fr. — 17. Histoire
des corporations de métiers depuis leurs origines jusqu''à leur suppression en 1791,
suivie d'une Étude sur révolution de l'idée corporative do 1791 à nos jours et sur le
mouvement syndical contemporain, par Etienne Martin Svint-Léon. 2« édit.,
Paris, Alcan, 1909, in-8 de xxiu-795 p., 10 fr. — 18. Une Etude sur T apprentissage
d'après des documents toulousains . Essai de philosophie sociale, par .Joseph de Bonne.
Paris, A. Picard et fils: Toulouse, Privât, 1909, gr. in-8 de xlv-144 p., 4 fr. i
Sociologie et Etudes sociales. — 19.' /.a Vie sociale, la vie économique, programme
d'études, par la Fédération régionale des t^roupes du Sud-Est. Lyon, Ville, 1909,
ia-12 de 136 p., 1 fr. 25 . — 20. Lf Travail sociologique. La Méthode, par Pierre
MÉLiNE. Paris, Bloud, 1909, in-12 de 124 p., 1 fr. 20. — 21. Auguste Comte et son
auvre le positivisme, par Georges Deuerme. Paris, Giard et Brière, 1909, in-12
de 128 p., 2 fr. 50. — 22. Agnostiques français. Positivisme et anarchie. Auguste
Comte, Litt'-é, Taine, par le comte Paul Cottin. Paris, Alcan, 1908, in-12 de
79 p., 2 fr. — 23. Les Fléaux nationaux. Dépopulation, pornographie, alcoolisme,
affaissement moral, par René Lavollée. Paris, Alcan, 1909, in-12 de 307 p.,
3 fr. 50. — 24. La Vie ouvrière, observations vécues, par Jacques Valdour. Paris,
Giard el Brière, 1909, in-18 de 2'8. p.. 3 fr. 50. — 25. Vers la lumière et la beauté,
essai d'esthétique sociale, par Emile Pierret. Paris, « la Renaissance française ",
s. d., in-16 de viii-320 p., 3 fr. 50. — 26. Verità, scorrihande d'uno spregiudicato
a traversa l'essere e il parère délia vita soclnle, da X... [Lo Forte Réndi]. Pa-
lerm^ Reber, 1909, ip.-12 de 312 p., 3 fr. 50.
Socialisme. — 27. Le Socialisme ccuservateur ou municipal, par André Mater.
Paris, Giard et Brière, 1909, in-18 de 622 p., 6 fr. — 28. Cosmopolitisme, par Picurd
ToRNUCD. Paris, Giard etBrière, 1909, in-1.-' de 256 p., 3 fr. 50. — 29. Le Socialisme
à l'étranger. Angleterre, Allemagne, Autriche, Italie, Espagne, Hongrie, Russie,
Japon, Etats-Unis, par J. Bardoux, G. Gidel, Kin70-Goraï, G. Isameert, G.
Lovis- Jaray, a. Marvaud, Da Motta de San Miguel, P. Quentin-Bauchart,
M. Revon, a. Tap-t^ieu. Paris, Alcan, 1909, in-16 de vu 420 p., 3 fr. 50. ~- 30.
Syndicalisme révolutionnaire et Syndicalisme réformiste, par Félicien Challaye.
Paris, Alcan, 1909, in 16 de 156 p., 2 fr. 50. — 31. Pourquoi nous sommes socialistes,
par Jules Noël. 2'" édit. Mons, Imprimerie générale, 1906, in-16 de 126 [>., 1 fr.
Économie politique. — 1. — Sous le titre : Cours d'économie
politique, M. Gfde a refondu et considérablement augmenté ses Prin-
cipes, qui étaient parvenus à un nombre très élevé d'éditions et qui
sont fort répandus dans le public des étudiants. Le nouveau volume
est bien certainement le double de l'autre. Il renferme plusieurs
chapitres tout nouveaux, que l'auteur a marqués par des astérisques.
Sa division est la division ordinaire et classique en quatre parties :
production, circulation, répartition et consommation; mais cette
dernière partie est très écourtée, elle ne parle que de dépense et de
placement (M. Gide n'avait jamais réédité, depuis la première édition
des Principes, son chapitre odieux contre l'aumône sous ses formes
quelconques) et elle omet complètement les consommations d'Etat,
si considérables pourtant qu'elles soient aujourd'hui. L'esprit de
l'ouvrage est celui qu'on connaît. ■ — Une simple question. M. Gide,
citant lo texte si connu sur le rôle du prince en général, niinister Dei
— 21 —
in boniim,cToit avoir découvert que «cette parole, attribuée à Léon XIII,
est de l'apôtre Paul « (p. 33). Où donc M. Gide avait-il trouvé cette
bévue, qu'il se donne le trop facile mérite de corriger? Ne serait-ce
pas lui-même qui aurait commis la confusion entre saint Paul et
Léon XIII ?
2. — MM. Sa!uvaire-Jourdan et Savinion Bouyssy ont traduit de
l'anglais le deuxième volume des Principes d'économie politique de
M. Marshall. Celui-ci renferme les livres V et VI : le livre V traite de
la « théorie de ré(|uilibre de l'olTre et de la demande »; le livre VI, de
la « valeur ou distribution et échange ». Ce n'est pas un hvre d'étudiant,
tant s'en faut : il faut être passé maître, presque même aussi on mathé-
matiques, pour suivre M. Marshall. Quant à moi, tout en rendant
pleinement hommage aux qualités de fond de l'auteur, je ne sais
pas si certains défauts de plan et de méthode n'apparaissent pas
ici beaucoup plus sensibles que dans le premier volume. Il ne faut pas
trop de philosophie pour bien philosopher, et j'en dirais volontiers
autant de l'économie politique. Est-ce que celle-ci se mettrait à
subtiliser et à quintessencier comme fit la scolastique à son déclin?
Ici, il y a de la longueur et des longlieurs; parfois un phénomène élé-
mentaire et usuel est obscurci plutôt qu'expliqué par les raisonnements
qlii en embrouillent l'exposition; enfin et surtout les parties et les
chapitres, insuftlsammont isolés les uns des autres, se compénètrent
mutuellement. Par exemple, la rente inspire les chapitres viii-xi du
livr.3 V non moins q'ue le chapitre ix du livre VI. Dans le fond M. Mar-
shall est purement ricardiste;sdus ce rapport, il reste très anglais, à tel
point qu'il ne se dégage pas de la confusion qu'Adam Smith et ses
successeurs, presqlie môme Stuart Mill, faisaient en étendant beau-
coup trop le sens du mot « profits » et en parlant des « profits du ca-
pital )> (entre autres, p. 126, 353, etc., etc.). — Mais il y a des choses
fort intéressantes. Ainsi, dans ce volume (et c'est là un lien de plus
avec le ricardisme) nous signalons la théorie très ingénieuse de la
« quasi-rente » telle que la construit M. Marshall (1. V, ch. vi). Dans
le revenu d'un instrument de production créé par l'homme, c'est-à-
dire dans le revenu d'un capital non foncier, la « quasi-rente » serait
toute la tranche supérieure qui aurait pour cause le monopole de la
possession ou emploi de ce capital aussi longtemps que d'autres
n'auraient pas construit en vue de la concurrence d'autres instruments
semblables de production. La « quasi-rente » est donc essentiellement
temporaire (p. 126, 132, etc.).
3. — Le Manuel d'économie politique de M. Vilfredo Parefb, qui
vient d'être traduit par M. Alfred Bonnet, est encore bien autrement
profond et ardu. En dépit de son titre, il n'a rien d'élémentaire; c'est
un traité savant d'économie poHtique pure selon la méthode mathé-
— 22 —
matique : ne peuvent donc y être étudiées que les matières où l'emploi
des mathématiques n'apparaît point déplacé et sans objet; aussi le
côté éthique ou psychologique des problèmes est-il forcément laissé
dans l'ombre. M.Pareto distingue trois branches en économie politiqlie:
une paitie statique, qui étudie un équikbre actuel etréaHsé et qui est
« la partie la plus ayancée » de la science ; p'uis une première partie dy-
namique, qui « étudie des équilibres successifs » et où l'on n'a que « très
peu de notions »•, enfin une seconde partie dynamique, qui étudie le
«mouvement du phénomène économique ;> et qui est tout entière à
découvrir (p. 147). Avec cela, l'auteur écarte plus de questions qu'il
n'en résout : par exemple, « ne fût-ce que parce que les éléments de
cette étude lui font défaut «, il « ne s'attarde pas à rechercher s'il est
possible que la collectivité (sociale) subsiste et que la hiérarchie
cependant disparaisse « (p. 380). Le problème de la population est
également réduit à de purs calculs de chrématistique (p. 393 et s.),
parce que tout facteur social autre qu'une quantité de richesses est
dédaigné. Natui'ellemont M. Vilfredo Pareto n'a que des expressions
de mépris pour les économistes « littéraires » (p. 544, 546, 638, etc)'.
Est-ce qu'il ne serait pas juste de lui rendre la pareille? Mais on aura
du reste assez à faire à le comprendre d'abord, puis à continuer de
travailler dans les innombrables domaines d'où sa méthode le tient
forcément exclu.
4. — Si nous passons à des traités sur des matières spéciales, je
place au premier rang le très remarquable ouvrage de M. Corrado Gini,
// Sesso dal piinto di çisia statistico (le Sexe au point de vue statistique).
La proportion des naissances de chaque sexe n'est pas rigoureusement
constante : en France notamment, nous constatons une tendance mar-
quée vers une moindre supériorité des naissances masculines. Mais
sans parler spécialement de la France, les écarts d'une année à l'autre
s'expUquent-ils par de simpleshasards?Ousinon,quellessontles causes
qui les déterminent? M. Gini fait d'abord un long exposé de la loi des
grands nombres et des écarts plus ou moins considérables qu'elle
comporte : ceci, c'est la partie mathématique de son œuvre, et elle
est fort claire non moins que fort instructive. Vient ensuite la partie
physiologique, et ici les observations des naturalistes sur les oiseaux,
les insectes, les plantes dioïques, etc., fournissent des rapprochements
du plus vif intérêt. Après avoir tout pesé, M. Gini admet volontiers
que la proportion des sexes est un peu influencée par l'état anaboliqiie
(suralimentation, etc.), qui provoque un nombre un peu plus élevé
de Ucfissances féminines, et en sens contraire par l'état caiaboliqiie
(sous-ahmentation, épuisement, etc.), qui pousse aux naissances fé-
minines. De même, chez certains animaux on a pu constater que l'en-
dogamie ou consanguinité a une tendance à augmenter la proportion
des êtres féminins. Par contre, M. Gini repousse l'opinion souvent
— 23 —
admise d'une influence du jeune âge de la femme en faveur des nais-
sances féminines. Tout cela est présenté très clairement, avec une
richesse de documentation et une netteté de discussion qui ne peuvent
que très fortement impressionner. Voilà donc un livre qui ajoute
réellement beaucoup à l'étude de ces mystérieux phénomènes des
mouvements de la population. Il y a cependant un point que j'aurais
aimé à voir élucider, mais il est très français. C'est celui-ci : pourquoi,
en France, la proportion des naissances mascuHnes est-elle toujours
moindre parmi les naissances naturelles que parmi les naissances lé-
gitimes? Et pourquoi la supériorité des garçons, qui est moyennement
constante hors mariage, à 103 garçons contre 100 filles, tend-elle
à diminuer en mariage? Dans les naissances légitimes elle n'est plus
maintenant que de 104 contie 100, tandis qu'elle a été autrefois
beaucoup plus élevée. M. Gini, avec sa compétence indiscutable, aurait
jeté peut-être quelque lumière sur ce curieux problème de démographie,
qui pourrait bien se lier, pensons-nous, aux progrès du néo-malthu-
sianisme pratique.
5. — M. Chastin donne une fort bonne étude sur les Trusts et les
syndicats de producteurs^ en distinguant très judicieusement à sa
première page, les ententes, les /?ook,les cartells, les trusts et les corners, de
qui l'amène plus tard à une discussion très intéressante sur le
dumping (p. 204 et s.). L'ouvrage est divisé en trois parties : 1° l'his-
torique des syndicats de producteurs (on y trouvera de curieuses
pages sur les anciens syndicats de l'industrie houillère, la Compagnie
de la Loire et la formation des-(( quatre groupes ») (p. 13 et s.); 2° les
syndicats au point de vue économique ; 3° les syndicats au point de vue
social. Partout règne un heureux mélange de documentation et de
critique éclairée. Les appréciations sont toujours prudentes et judi-
cieuses, et nous signalons particulièrement, à ce point de vue, les
chapitres sur les prix, les salaires et l'influence effective que les syn-
dicats exercent à leur égard. L'étude de cet ouvrage serait de nature
à faire tomber beaucoup de préjugés, quoique d'ailleurs M. Chastin
reconnaisse fort bien les dangers de l'évolution industrielle qui emporte
vers les ententes à outrance certains pays plus particulièrement que
les autres.
6. — On fait penser tout de suite à l'Amérique quand on parle trusts.
Et la crise, donc, que les États-Unis viennent de traverser? Là-dessus
M. Schuhmacher, professeur d'économie politiqfue à l'Université de
Bonn, nous donne le Marché financier américain et sa j-écente crise mo-
nétaire, que M. J. Lescure traduit fort à propos. Après une distinction
judicieuse entre une crise de capital, une crise monétaire et une crise
de crédit — triple phénomène qui, aux États-Unis, s'est produit et a
évolué avec des origines et des vitesses difféientes, — M. Schuhmacher
— 24 —
a des pages instructives sur l'organisation du crédit et de l'émission
aux Etats-Unis. « La traite, dit-il, n'y joue aucun rôle dans le com-
merce intérieur : c'est le chèque qu'on emploie comme moyen de paie-
ment. )) De même, « c'est au moyen de promissoi-y noies h une signature
que le crédit personnel se réalise ». Suit un historique du billet de
banque aux Etats-Unis et une description de la crise éprouvée.
7. — Qui prouve trop ne prouve rien, dit le proverbe. J'ai bien envie
d'en dire autant de la brochure la Revision douanière par M. Albin
Huart, avec Préface de M. Yves Guyot. Les coups de ciseaux dans les
journaux y ont pris autant de part que la plume. M. Huart est un libre-
échangiste intransigeant, qui ne recule pas même devant les affirma-
tions les plus osées. A l'en croire, « le protectionnisme et le socialisme
ont le même but » (p. 3). Mais j'aurais voulu, quant à moi, un peu
plus d'analyse et de philosophie. Il ne suffît pas, pour prouver ce qu'on
avance, de donner des tableaux statistiques sur le mouvement de notre
commerce extérieur ou sur renchérissement des denrées depuis 1892 :
car les phénomènes économiques ont rarement une seule cause, et ce
n'est pas ass,urément le protectionnisme qui a fait monter le prix du
café de 25 %, celui du charbon de 34 o/g et celui du poisson de 50 o/o,
quoique M. Huart paraisse attacher une importance décisive à ces
comparai'sons-là.
8. — Peu à peu nous arrivons à dos œuvres où les considérations d'é-
conomie sociale l'emportent sur celles d'économie politique. Je place
dans cette catégorie le Régime du travail, de M. L. Garriguet. Il se
recommande par la clarté de l'exposition : on y sent du premier coup
la façon d'un maître qui a coutume d'enseigner. En sous-titre : « Traité
de sociologie d'après les principes de la théologie catholique». Qu'est-ce
que le contrat de travail? Et comment le travail doit-il être rému-
néré? Tel est le plan en deux mots. Je regrette seulement que M. Gar-
iiguet ait quelques injustices à l'égard de l'économie politique libérale
et beaucoup trop de sympathies pour la démocratie chrétienne dont
il habite les confins. Il en cite avec faveur les opinions principales.
Par exemple, il ne redoute rien du syndicalisme (p. 100), et il incline,
quoique assez obscurément, vers la thèse qui, condamnée énergi-
quement en 1890 par Mgr Freppel, fait du salaire le prix de la renoncia-
tion de l'ouvrier à la propriété du produit. Il se borne à laisser ignorer,
sans les critiquer, des form,U)les excessives dont il n'oserait pas prendre
la défense. M. Paul Bureau est l'auteur qu'il cite le plus volontiers
et dont « les idées sociales, dit-il lui-même tout franchement, se rap-
prochent souvent des nôtres » (p. 69).
9. — L'ouvrage de M. de Las Cases sur le Chômage n'est pas le
premier qui traite ce sujet, mais il nous paraît de beaucoup le plus ju-
dicieux et le plus complet. Après avoir fait sommairement une statis-
tique du chômage, après avoir donné sa définition, expliqué sa nature
— 25 —
et écarté les incapables, les paresseux et les grévistes, tous gens qui
ne sont pas de vrais chômeurs, M. de Las Cases étudie quels moyens
peuvent être employés pour prévenir ou soulager le chômage. Il ne
se fait aucune illusion sur la difficulté de l'assurer de la même façon
que l'on assure les accidents (p. 49 et s.). L'assurance obligatoire,
comme à Saint-Gall, n'a donné que des déceptions, à tel point que cer-
tains ouvriers préféraient aller se loger à de grandes distances pour
ne pas avoir à en pâtir : inaugurée en 1895, elle fut condamnée dès
1897 par l'unanimité des suffrages (p. 79-83). Les caisses syndicales
lui sont préférables. M. de Las Cases préconise en leur faveur les
subventions des pouvoirs publics. Ce système fut employé à Limoges
dès 1854, au début avec des sommes insignifiantes, puis avec des
ressources plus sérieuses. A Dijon, il est vrai, il a donné des résultats
déplorables ; mais la cause principale en a été que la subvention y
était en raison directe de l'imprévoyance des syndicats et de la fainéan-
tise des chômeurs (p.;137). C'est à Gand que la meilleure expression
a été trouvée, avec le « fonds gantois » imaginé et inspiré par M. Variez
(p. 139 et s.). Finalement, dit M. de Las Cases, « le système de l'assu-
rance contre le chômage par la mutualité subventionnée nous semble
devoir être considéré provisoirement comme la meilleure solution du
problème « (p. 185). — J'aurais bien quelques questions à poser ou
quelques doutes à émettre ; mais l'ouvrage de M. de Las Cases est plus
un exposé qu'une thèse, et je m'abstiens.
10. — Cette question particulière de l'assurance contre le chômage
au moyen des mutualités m'amène tout naturellement à parler des
Beneficianj feaUires of American trade-unions dont a traité M. James
Kennedy. Seulement ici le sujet est infiniment plus étendu. Comment
las trade-unions aux Etats-Unis ont-elles collaboré à l'assurance
ouvrière en général? M. Kennedy distingue trois périodes : dans la
première, qui va jusqu'en 1830, les trade-unions mènent de front les
assurances et la réglementation du métier; dans la seconde, de 1830
à 1880, les préoccupations purement professionnelles prennent le pas;
enfin, un mouvement contraire se dessine après 1880. Mais il importe
beaucoup de distinguer si ce sont les unions locales ou bien les fédé-
rations nationales qui pratiquent l'assurance. Le plus généralement,
ce sont les fédérations. Suivent des détails sur les divers cas d'assu-
rances : mort, incapacité de travail, maladie, ôhômage, enfin vieillesse
ou survie prolongée, dernière forme qui est encore peu pratiquée, mais
qui paraît appelée à l'être beaucoup plus (p. 100 et s.). Tout cela est
exposé très sobrement, avec une foule de citations et d'exemples, mais
sans aucune vue générale ni aucune tentative d'appréciations en un
sens quelconque. A ce dernier point de vue, l'œuvre entière est d'un
terre-à-terre essentiellement américain.
11. — Il est difficile d'être neuf en matière d'organisation de retraites
— 26 —
ouvrières : au moins M. Olphc-Gailiard, abordant ce sujet dans son
Problème des retraites ouvrières^ a le mérite d'être instructif et inté-
ressant. Il expose les premières propositions faites en France; il
étudie les régimes de l'initiative privée aux Etats-Unis et en An-
gleterre, de la « liberté subsidiée » en Belgique et en Italie, de la liberté
encouragée en France, de l'assurance obligatoire en Allemagne et dans
quelques cas particuliers de la législation française, enfin de la « pen-
sion complémentaire » en Danemark, Australasie et Angleterre. Cette
-dernière dénomination — « qui n'a pas encore été employée )>, nous
dit l'auteur (p. 2'79) — désigne une pension servie à des individus
qui sont dans certaines conditions déterminées de moralité et de besoin;
ce complément va donc à des gens qui, rigoureusement parlant, n'au-
raient pas dvoit à l'assistance. Ce système a toutes les sympathies de
l'auteur (p. 320 et s.), malgré les conditions d'arbitraire qui en sont
inséparables. Du reste, M. Olphe-Galliard ne paraît guère porté à ce
genre de soucis. Ainsi, il croit savoir que le régime de notre loi de 1905
sur l'assistance obligatoire, avec le pouvoir qu'elle donne aux auto-
rités communales ou plus généralement aux autorités électives, « ne
semble pas motiver jusqu'ici de réclamations (p. 345), On voit qu'il
ignore les gabegies scandaleuses des Pyrénées-Orientales et d'ailleurs.
Au demeurant, bon travail et assez impartial malgré certaines illusions.
Évidemment aussi, le problème financier est complètement inconnu
de M. Olplie-Galliard ou bien peu lui en chaut.
12. — L'École des hautes études sociales a organisé l'an dernier
une série de confér'ences sur le Droit de grève ou plutôt en faveur du
droit de grève. Je dis « en faveur », car les conférenciers prenaient
nettement parti pour les grèves et les grévistes. Cependant le premier
d'e.itre eux, M. Berthélemy, professeur à la Faculté de droit de
Paris, refuse énergiquement les droits de coalition et de grève à tous
les fonctionnaires, même chargés d'un simple service de gestion.
Ses arguments sont plutôt faibles, ou bien ils feraient condamner toute
grève qui serait assez générale pour compromettre l'ordre et la pros-
périté économique. Y pensez-vous donc? dirait M. Gide; interdire
ou entraver des grèves, quelle folie, quelle utopie ! Et M. Gide, dans
une phrase à effet, conclut qu'il faut attendre du consommateur
l'abolition ou l'apaisement des conflits entre le capital et le travail.
M. Paul Bureau, professeur à la Faculté catholique de droit de Paris,
est encore plus gréviste, passez-moi l'expression. Je suis, du reste,
moins étonné que peiné de le trouver dans cette compagnie. Il ren-
chérit sur les autres conférenciers, quand il étudie les conflits entre
le droit de travailler des uns et le droit de faire grève des autres, et
ce dernier droit peut bien être à ses yeux plus respectable que le
premier. Voici en tout cas des jugements auxquels MM. Pataud etGrif-
— 27 —
fuehles souscriraient bien, volontiers : « Le nombre est grand, dit
M. Bureau, des ouvriers qui voudraient et devraient déclarer la grève
et qui en sont empêchés par la veulorie plus ou moins égoïste de leurs
camarades... Il semble que les injustices commises par les grévistes à
l'égard des non grévistes auront toujours de la peine à égaler en nombre
et en importance les injustices commises par les ouvriers égoïstes
au détriment de leurs compagnons plus soucieux de la dignité ouvrière.
Il faut avoir le courage de le dire, même à la suite des grèves brutales
et révolutionnaires dont nous sommes trop souvent les témoins depuis
huit années : beaucoup de grèves devraient être déclarées qui ne le
sont pas; beaucoup de grèves surtout ont une issue que doit con-
damner une conscience équitable » (p. 60-61). Me sera-t-il permis de
dire que cette conférence m'a attristé et pour le pr^^esseur qui l'a faite
et pour le corps auquel il a l'honneur d'appartenir? — Passons aux
autres. M. Perreau, professeur à la Faculté de droit de Paris, se de-
mande quelle est la nature juridique de la grève au point de vue du
contrat de travail; M. Keufer, bien connu, examine si tous les moyens
sont bons; M. Savons étudie les mesures défensives ou offensives
auxquelles les patrons peuvent recourir; M. Fontaine analyse les ré-
sultats obtenus en gain ou en perte; enfin MM. Fagnot et Vandervelde
cherchent à nous révéler l'avenir des grèves. Bien entendu, la situation
officielle de M. Fagnot le rend optimiste, tandis que M. Vandervelde,
le célèbre socialiste belge, se pose en apôtre et en prophète d'une
grande révolution sociale que les grèves sont chargées d'accomplir. —
Au demeurant, ce volume relève du socialisme autant et plus que
de l'économie politique, et peut-être n'en ai-je pas mis l'analyse à sa
bonne place.
13 et 14. — Nous avons eu à citer plusieurs fois la Lihrary of Congress
•et les excellents catalogues bibliographiques dressés par les soins de
M. Appleton Prentiss Clark Griffin. En voici encore deux très complets
l'un et l'autre, : List of works relating to government reguîatio?i of insu-
rance^ et Select list of références on workingmens insurance. Le premier
serapporte à l'assurance en général et tout spécialement à l'intervention
du gouveï'nement dans les assurances sur la vie; le second, à l'assu-
rance des accidents. Les publications non seulement américaines,
mais anglaises, françaises, allemandes, etc., y sont passées en revue, et
même un très grand nombre d'articles de périodiques.
Histoire économique. — 15. — Passons maintenant à l'histoire.
UHistoire économique depuis l'antiquité jusqu'à nos jours^ par
M. Louis André, répond assez mal à son titre. C'est « l'histoire du
commerce » qu'il aurait fallu dire. Assurément, dans ce petit volume,
il y a beaucoup de choses, comme il convient à un manuel « à l'usage
des écoles de commerce et des écoles professionnelles » ; mais ces
— 28 —
choses-là, dites on si peu de mots, sont-elles toutes justes? Beaucoup
de jugements ne sont-ils pas trop absolus pour être vrais? Nous ne
chicanerons pas M. André sur l'intransigeance de ses idées libre-échan-
gistes ; mais nous pourrions bien lui reprocher de mettre toute l'éco-
nomie politique dans la question de la protection et du libre-échange.
Cela dit, relevons quelques erreurs. Il ne connaît les précurseurs que
par l'ouvrage de Horn, l'Economie politique avant les physiocrates^ paru
en 1867 et vieux de plus de quarante ans; il en reste à l'opinion très
inexacte que Daire a répandue sur les théories des physiocrates et
même de Vauban en matière de commerce international; il attribue
un livre: la Phj/siocratie, à Quesnay qui l'aurait écrit en 1768 (p. 83);
il croit que la Banque de France « fut d'abord une entreprise privée »
pour devenir en 1806 une « banque d'état « (p. 95) (apparemment, c'est
« d'État » qu'il voulait dire, mais peu importe, il est clair que le sens
technique du mot lui est inconnu); enfui il trouve que le traité de
Francfort renfermait à l'égard de la France et de l'Allemagne récipro-
quement la clause de la nation la plus favorisée d'une manière générale
et sans termes spéciaux de comparaison. Par ailleurs et pour le
présent, M. André a tout l'optimisme courtisan que sa situation de
fonctionnaire lui impose. Il serait bon cependant de comparer les
autres pays avec la France et de noter ch^z nous 1 elat stationnaire
et presque rétrograde de notre population. Or, à ses yeux,
« pour la France la modération dans le progrès est presque un
avantage », parce que « son état présent n'est pas à la merci de crises
et de kracks analogues à ceux qui ont bouleversé plusieurs des pays
dont le développement rapide étonne, mais paraît quelquefois instable «
(P- 122). •
13. — M. Maxime Kovalewski, professeur à l'Université de Saint-
Pétersbourg, n'est pas le premier Russe qui étudie l'état social de la
France à la fin du règne de Louis XV et sous celui de Louis XVI.
Il a été précédé par Afanassiev, avec le Commerce des céréales en
France au xviii^ siècle, et par Kareiev, avec les Paysans et la question
paysanne en France dans le dernier quart du xviii^ siècle; mais, à mon
avis,' M. Kovalewski ne vaut ni l'un ni l'autre et surtout pas Afanas-
siev. Ce n'est pas que la France économique et sociale à la veille de la
Révolution, dont le tome I^^ est publié maintenant, ne contienne
infiniment de choses : seulement, que M. Kovalewski me permette
de le lui dire, il ne sait pas composer; il se perd volontiers dans les
détails, il dispose mal ses matériaux et surtout il ne divise pas. Voilà
un volume de près de 400 pages qui n'a que deux chapitres, Tan sur
« les Ordres possesseurs et non-possesseurs » et l'autre sur «le Droit
seigneurial »; ce dernier a 270 pages compactes, avec de rares subdi-
visions sans sous-titres, et.il n'y a ni table des matières détaillée,
— 29 —
ni index alphabétique quelconque. Comment peut-on se retrouver là-
dedans? Comment ne pas éprouver une sensation de continuelles
redites? Notez aussi l'emploi de termes de vieux droit non expliqués
ni définis; notez des polémiques contre certains professeurs russes,
vastes digressions qui auraient dû être rejetées en appendice. Les
noms propres enfin sont estropiés à chaque instant : de Berny pour
de Bernis, Vèze pourVaise (commune aux portes de Lyon), etc. Et quand
l'auteur cite l'Ami des hommes (p. 19, etc., etc.), pourquoi ne nous
dit-il pas quelle édition, puisqu'il y en a eu plusieurs et puisque entre
les premières des parties entières ont été ajoutées à l'œuvre primitive.
Je ne veux pas dire qu'il n'y ait pas beaucoup à prendre, par exemple
dans les discussions contre Arthur Young et de Tocqueville, mais
il y a aussi beaucoup à contrôler et l'ordonnancement général du
livre le rend tout particulièrement difficile.
17. — L'éloge de V Histoire des corporations de métiers, par M. Martin
Saint-Léon, n'est plus à faire : par conséquent nous n'aurons pas à
nous étendre sur la seconde édition qui vient d'en être publiée. Toute-
fois ceux qui lisent cet ouvrage sans connaître suffisamment par
ailleurs l'histoire économique du moyen âge et de la Renaissance, en
retirent facilement l'idée que la corporation était jadis le caractère
essentiel et dominant du travail : or, ce serait une erreur, puisque
le travail, dans son immense majorité, était alors rural, domestique
et non corporatif. — L'ouvrage est maintenant mis à jour sur toutes les
questions contemporaines, notamment sur les syndicats do fonction-
naires. M. Martin Saint-Léon se montre favorable à ceux-ci, qu'il croit
moins dangereux que ne seraient des associations selon la loi de 1901
(p. 702 et s.). Avec cela, il regarde le syndicalisme avec sympathie; il le
considère comme un « puissant agent de pacification sociale sainement
entendue » (p. 767 et s.); il a des indulgences même pour MM. Jaurès
et Georges Sorel (p. 782 et 783); le sociahsme, en un mot, ne l'efiraye
guère, et s'il comble d'éloges M. Paul Boncour, il se garde bien, en
citant les patrons de la grève générale, de se souvenir que le ministre
actuel de la justice en fut un, et de beaucoup le plus illustre. Pourquoi
cette omission? C'est que M. Martin Saint-Léon est un optimiste qui ne
soupçonne rien d'une lutte de classes et d'idées, parce que l'éducation
de la démocratie et l'intelligence de la classe ouvrière suffisent ample-
ment, selon lui, à nous garantir de tous les dangers. Par contre, il est
hostile à la participation aux bénéfices, et nous le trouvons plutôt
sévère à l'égai'd des syndicats jaunes (p. 754 et s.). Cela, en effet,
n'est pas le vrai syndicalisme comme il le conçoit.
18. — Sur le même sujet, Une Étude sur l'apprentissage d'après des
documents toulousains est une monographie fort instructive. Je croyais
n'y trouver que des recherches historiques et une simple érudition
— 30 —
de faits ou d'archives : j'y trouve bien cela sans doute, avec un parallèle
très intéressant entre autrefois et aujourd'hui, mais j'y trouve aussi
un Essai de philosophie sociale comme le sous-titre aurait dû me le
faire penser plus tôt. Il y a là une longue Préface d'un sens philoso-
phique et chrétien très profond, non pas pour condamner Tindivi-
clualisme au nom du socialisme ou de la solidarité sociale, qui est un
véhicule très ordinaire des idées socialistes, mais pour l'expliquer
en démontrant que « toute doctrine qui ne vise pas au perfectionne-
ment de l'individu est vaine intellectuellement » (p. xii). Là-dessus, M.
J. de Bonne ne craint pas de dire quelques justes vérités au Sillon et à
la démocratie chrétienne, pour se recommander au contraire des doctri-
nes historiques et sociales de M. de la Tour-du-Pin. Finalement, après
l'étude des faits, il conclut que, « tant au point de vue professionnel
que moral, l'apprenti était, malgré des abus, protégé sous le régime
corporatif, alors que notre régime individualiste l'abandonne au point
qu'il tend à disparaître » (p. 117). Décidément ce mot « individua-
lisme » est bien malheureux de signifier tant de choses à la fois, et
j'aimais mieux l'étude approfondie que M. de Bonne en avait faite
lui-même dans sa Préface, avec le désir très légitime de le réhabiliter
(p. X).
Sociologie et Études sociales. — 19. — Il est possible qu'avec
la Vie sociale, la vie économique, programme d'études rédigé par les
groupes d'études sociales du Sud-Est, nous revenions aux confins
de la sociologie, ne fût-ce que par le dédain de l'économie politique
et les hautes prétentions de faire de la sociologie. C'est un cadre de
développements à donner en vue de c l'éducation et formation sociale
populaire ». Il s'agit de vulgariser les idées et les conceptions de la
démocratie chrétienne. Evidemment le titre lui-même n'indique rien :
cependant les index bibliographiques et les canevas de conférences
n'ont pas de peine à révéler l'esprit de ceux qui les dressent. Par
exemple, j'ai bien vu qu'il faut expliquer comment a par l'encyclique
Rerum novarum Léon XIII précipite le mouvement » (p. 29); mais
j'ai vainement cherché une mention quelconque, soit de son autre
encyclique Graves de commiini, qui est un post-scriptum inséparable
de la première, soit du motu proprio de Pie X, du 18 décembre 1903.
C'était cependant à signaler, à moins qu'on n'aimât mieux laisser
ignorer ces documents comme gênants. L'index bibliographique n'a
pas à lui seul moins de 47 pages, avec des renvois aux numéros du
programme et une nomenclature très bien ordonnée de tous les vo-
lumes ou articles de revue des écrivains de cette école, Sangnier,
Lemire, Ch. Boucaud, Naudet, de Pascal, Fonsegrive, etc., etc. Ils
sont à peu près les seuls auteurs qui y figurent, ou bien, parmi les
rares exceptions qui sont faites à cette règle, il faut citer celles dont
— 31 —
jouissent quelques universitaires plus ou moins teintés de socialisme,
comme M. Gide que Ton y tient en grand honneur.
20. — Peut-être ne suis-je pas assez intelligent pour avoir compris
le Travail sociologique. La Méthode^ de M. Pierre Mcline. D'abord j'ai
le premier tort d'aimer la langue française dans ses mots : ainsi la
« tessiture » d'une philosophie (p. 6) me déplaît autant que « Tétoile
salvatrice :» (p. 7). J'ai le second tort d'aimer la logique et la clarté
de cette langue, et les incohérences me répugnent. Ainsi l'on me dit
que « la détermination des buts vers lesquels il convient de diriger
l'activité soit des collectivités soit des individus, demeure hors de
la portée de nos sciences » (p. 5), et cela sent le scepticisme; mais
ailleurs on me dit que « la révélation des fins in,times de l'humanité »
doit être trouvée dans « l'étude minutieuse et d'abord objective dont
les morts ont usé pour atteindre ces fins ». Que voulez-vous que je
comprenne? On me dit aussi que la psychologie doit être fondée sur
ia sociologie au lieu de lui servir de base (p. 114 et 115). Quoi ! vous
étudierez donc la société avant de vous observer vous-même et de con-
clure au fait de votre propre conscience? Autre incohérence, selon,
moi. Je fis à la page 13, : « C'est par les résultats que les méthodes
prouvent le mieux leur valeur. » Très bien ! Mais par malheur je me
souviens d'avoir lu à la page 10 : « Ses résultats actuels (de la science
des phénomènes sociaux) sont pour la plupart contestables, divers
selon les écoles, mélangés d'affirmations contraires, parfois faussés
par des passions subjectives et des soucis étrangers.» Donc, me dis-je,
si les résultats font juger les méthodes et si l'on n'a point eu de bons
résultats, c'est que la science sociologique est tout simplement une
bonne blague ou une outre pleine de vent. Cependant, à en croire
M, Pierre Méhne, il y a eu en France trois hommes qui « marquent
l'ère positive de la sociologie ». Positive? Pardon, vous venez de dire
qu'il n'y a point de résultats ! Ces trois hommes sont Le Play (1806-
1883), Tarde (1843-1904) et Durkheim. Trop dédaigneux du premier,
M. Méhne est trop flatteur pour les deux autres. Il ne voit pas ce qu'il
y a chez eux d'ignorance du sens profond de l'histoire. Par exemple,
il accepte sans critique des jugements a priori comme celui-ci de
Durkheim : « Les représentations, émotions, tendances collectives,
n'ont pas pour causes génératrices certains états de la conscience
des particuliers, mais les conditions où se trouve le corps social dans
l'ensemble » (p. 96). Eh bien ! expliquez-moi donc sans la « conscience
des particuliers » certains événements, certaines phases historiques,
certains courants comme la pénétration du christianisme à travers
les persécutions, comme l'épanouissement du régime monastique
CLUx iv^ et v^ siècles, comme l'éruption foudroyante de l'islamisme au
viie,ou bien comme le mouvement des croisades ! Les théories de
— 32 —
M. Mcline ne sont clone, à tout prendre, ni plus vraies ni plus fausses
que le fameux matérialisme historique de Karl Marx, et, ce disant,
il doit être bien entendu que je ne prétends point faire un compliment
à M. Méline.
21. — M. Georges Deherme, bien connu par son œuvre des « Uni-
versités populaires «, est un positiviste intégral et convaincu, dont
le dernier opuscule, Auguste Comte et son œuvre le positivisme, éclaire
heureusement la pensée. Admirateur enthousiaste de Comte, il
s'attache ici tout particulièrement à montrer en lui une unité de vie
et de doctrine que l'on a coutume de briser. Ordinairement, en effet,
si ses disciples célèbrent Comte comme le positiviste, adversaire
de l'inconnaissable et de la métaphysique, ce n'est que pour oublier
et dédaigner le fondateur d'une rehgion nouvelle de l'humanité ; cette
partie de son œuvre, ils la regardent, jiit M. Deherme, comme « les
pitoyables élucubrations d'un esprit que la sénilité fait régresser
jusqu'au mysticisme r> (p. 20) : il ne manquerait plus que de les ex-
pliquer par les trois périodes de dérangement cérébral que Comte
a traversées. Voilà pourquoi le positivisme « n'a eu aucune influence
sur l'action sociale » (p. 109); aussi bien Laflîtte n'a pas continué le
maître (p. 16) et Littré « a fait tout le mal qu'il pouvait » (p. 20). Au
contraire, suivant M. Deherme, le positivisme est « la vraie religion »
(p. 21); il est « une doctrine pour le peuple, et il sera bien mieux com-
pris par le cœur que par l'intelligence » (p. 40). Il faut cependant dis-
tinguer deux dates et deux carrières, la carrière intellectuelle qui
s'ouvre en 1822, et la carrière religieuse qui ne s'ouvrira qu'en 1845,
après la liaison si vite brisée avec Clotilde de Vaux. Alors, en effet.
Comte « sera saint Paul », comme auparavant il avait été Aristote
(p. 10). — Ce petit volume est d'une lecture fort instructive, parce
qu'il éclaire bien le rôle que les Universités populaires étaient appelées
à jouer dans l'esprit de leur fondateur. Mais j'aime infiniment mieux
l'œuvre puissante que la Démocratie vivante de M. Deherme nous était
apparue : c'était alors une anivre de critique, pour ne pas dire de
démolition, et M. Deherme y était autrement fort que dans une œuvre
de reconstruction, pour laquelle malheureusement il manque de bases.
22. — Assurément, dans son opuscule : Positivisme et anarchie.
Auguste Comte, Littré, Taine, M. Paul Cottin ne songeait pas à '
M. Deherme, que sans doute il ignorait : mais il en a pris tout le con-
trepied. Il démontre que le positivisme, en niant toutes les notions
abstraites de cause, de fin, de devoir, etc., ne peut logiquement
aboutir qu'à l'anarchie dans la société ; les positivistes, selon lui,
ne peuvent pas se soustraire au reproche « d'affirmer dans leurs théories
sociales ce qu'ils ont nié et détruit par avance dans leur œuvre phi-
losophique » (p. 53).
— 33 —
23. — Avant d'aborder le socialisme, il me reste à analyser certaines
œuvres, certaines études de questions sociales que je suis fort em-
barrassé pour classer. Je mets parmi elles l'excellent livre de M. René
LavoUée, les quatre Fléaux nationaux de la France ; la dépopulation^
la pornographie, V alcoolisme et l'affaissement moral. Il les décrit « pour
secouer l'indiflerence dans laquelle nombre de nos contemporains
sont portés à s'endormir » (p. 5). Sur la dépopulation, ce ne sont certes
pas les documents ni les statistiques qui lui manquent : il a le mérite
de les résumer très clairement et de tout faire pour dissiper des aveu-
glements troff réels. Il est plus neuf dans l'alcoolisme et je dirais aussi
dans la pornographie, matière qu'il traite avec toute la délicatesse
et la sobriété que comporte un sujet malheureusement si scabreux.
L'affaissement moral est quelque chose de plus indéterminé, et ici
les statistiques de faits matériels sont forcément muettes : mais M. La-
voUée expose en penseur un phénomène général, « né, dit-il, de l'ob-
scurcissement de l'idéal spiritualiste et de l'envahissement de plus
en plus marqué de l'âme populaire par le matérialisme » (p. 218).
Inutile d'en citer davantage pour faire apprécier à quel excellent
point de vue M. Lavollée s'était placé pour traiter un sujet d'une
actualité si angoissante. Nous devons souhaiter à ce livre, pour le
bien de tous ceux qui le liront, tout le succès qu'il mérite.
24. — On a souvent loué l'ouvrier; on l'a flatté en littérature
autant qu'adulé en politique. M. Jacques Valdour (qui est-il de son
vrai nom?) n'a voulu dans la Vie ouvrière, observations vécues, ({\\q\q
peindre tel qu'il est — mieux que cela, le photographier sans chercher
la pose, ni retoucher le cliché. — « Il s'est fait ouvrier, dit-il; il a rap-
porté dans leurs formes spontanées les conversations entendues,
laissé les personnages dans le cadre où ils lui sont apparus » (p. 1).
Le voilà donc qui s'embauche à Vierzon, passe à AIontluçon,Saint-Éloi,
Saint- Etienne, Roanne et enfin Lyon, avant de retourner à Paris, où
il termine son odyssée par ime étude de l'ouvrier au théâtre. C'est
fortement réaliste : on y trouve, mais en une langue toujours sobre,
•de vrars relents à' Assommoir. Le pis est que toutes ces peintures
m'ont paru d'une exactitude douloureuse. Avec cela, elles sont émail-
lées de vues justes et profondes. Ce photographe réaliste est assurément
doublé d'un penseur et d'un philosophe, mieux encore, je crois, d'un
«hrétien. Voici, par exemple, quelques appréciations caractéristiques :
«Jamais plus qu'en notre temps l'ignorance des foides n'a été grande,
car elle a moins diminnué que la science ne s'est accrue (p. 213)...
L'école de mensonge se coalise avec l'atelier de servitude pour com-
pléter la déchéance (p. 134)... Le discours était de Trarieux. Quelle
différence entre l'argumentation de Trarieux et celle de mon demi-
ivrogne? Le discours de Trarieux, c'est de l'incohérence mise en forme
Juillet 1909, T. CXVL 3,
— 34 —
de syllogisme et \êtue de littérature; la thèse de nos ivrognes,
c'est de l'incohérence sans syllogisme, ni littérature » (p. 108). J'ai
aussi noté avec un plaisir extrême — et je voudrais que Ton finît
par le voir — j'ai noté, dis-je, l'antagonisme foncier du socialisme
et de la religion, à tel point que « les feuilles socialistes sont encore
plus anticléricales que sociahstes » (p. 132). Cette remarque revient
à plusieurs reprises et avec pièces à l'appui (p. 24), etc., particulière-
ment à propos du Progrès (de Lyon), qui « ne défend une politique
radicale-socialiste que pour mieux faire triompher l'idée anticléricale »
(p. 205).
25. — Vers la lumière et la beauté, essai d'esthétique sociale...
J'attendais de l'auteur, M. Emile Piorret, quelque chose de philoso-
phique dans le genre de Ruskin. mais je dois baisser le ton, quoique
le style s'efforce d'avoir partout de la poésie et du lyrisme. Il s'agit
simplement des habitations à bon marché, des cités-jardins ou garden-
cities d'Angleterre et de Port-Sunlight en particulier, puis des jardins
ouvriers, enfin de la conservation des paysages et du reboisement.
C'est très intéressant par le côté des détails, avec une haute philo-
sophie du confortable : mais de philosophie proprement dite, il n'y en
a pas. Il semble que M. Pierrot mette toute la morale dans le bien-être,
ou du moins qu'il la tienne pour assurée et réalisée par lui tout seul et
sans plus. « C'est l'honneur de notre époque, dit-il, d'avoir changé
l'ancien point de vue... et de vouloir que chaque homme, dans une
certaine mesure, sorte de la prison où le sort injuste l'a fait naître »
(p. VI). On y arrivera par la lumière et la beauté. Tout le livre est là,
JNI. Pierrot ne voit pas plus loin dans l'institution maçonnique de la
« Fête de l'Arbre » (p. 310). Par ce côté, donc, je ne peux pas m'em-
pêcher de le trouver superficiel, si intéressant qu'il soit par ailleurs,
comme aussi je le trouve bien crédule lorsqu'il croît, sur la foi de
M. IMéline et de son Retour à la terre, à une réaction de l'opinion publi-
que vers les placements en immeubles ruraux (p. 11 en note).
26. — Il est difficile d'analyser Verità, de M. Lo Forte Rendi. Lui-
même met en sous-titre : scorrihande d'uno spregiudicato a traversa
Vessere e il parère délia cita sociale : et effectivement, c'est bien la course
désordonnée d'un homme que les préjugés n'embarrassent guère.
Cette indépendance de jugement, ce scepticisme universel, cette
défiance ou cette égale hostilité à l'égard de toutes choses, de l'EgHse,
du socialisme, de la franc-maçonnerie, du progrès et de je ne sais plus
quoi encore, font le seul lien des vingt-deux chapitres du volume.
Les peuples et même l'humanité ont une jeunesse, une maturité, puis
une décrépitude qui les achemine au mystère de la mort : mais qu'im-
porte, puisque la « nature » l'a voulu (p. 261 et s.) ? J'avais espéré
trouver mieux dans le chapitre Missione salvatrice clella Chiesa catto-
— 35 —
lica : je me trompais. L'idée est tout simplement qu'il faut une religion
aux foules, qu'une religion est faite de rites et de cérémonies avec peu
d'instruction répandue dans les masses, que les prêtres sont nécessaires
pour entretenir cet extérieur religieux, et que l'Église, pour ce motif,
a bien raison de se fermer avec intransigeance aux innovations du
modernisme, parce que ce serait, sans cela, la fin de son règne. Donc
un gouvernement doit faire respecter l'Église, et « vous verrez bientôt
les effets horribles et terribles de la guerre déloyale et féroce que les
flibustiers français, sans autre pourquoi que leur démence, font aux
ordres religieux dans l'intention brigantesque de les dépouiller de
leurs richesses » (p. 92). Néanmoins l'auteur répète à vingt reprises
qu'il n'a aucun credo, que tous les prêtres sont des menteurs et que
tous les dogmes sont faux, y compris celui de la vie future.
Socialisme. — 27. — Dans le Socialisme consen^aieiir ou municipal
de M. André Mater il y a deux choses : une histoire et une thèse.
L'histoire, intéressante et bien documentée, c'est la peinture de
l'ancieime vie municipale : villages d'origine domaniale ou d'origine
paroissiale, villes franches ou villes neuves, régime démocratique ou
régime oligarchique, services communaux, etc. La thèse, c'est la
nécessité d'un socialisme municipal, qui ne serait, au dire de M. Mater,
qu'un retour au régime du passé." Il ne se contente pas de réclamer
la municipalisation des services : il demande encore la reprise de
l'unearned incremoit au moyen de taxes municipales. Bien entendu, il
ne s'agirait pas de jamais indemniser des moins-values. Tout cela est
chez lui une théorie plus juridique que socialiste (voyez, notamment,
p. 454). Mais ce chapitre, très riche en citations comme tous les autres,
présente de graves lacunes au point de vue économique, soit que
.M. Mater se désintéresse des variations du pouvoir général delà mon-
naie, ainsi que de l'amortissement ou de la reconstitution des capitaux
fixes, soit qu'il ne voie pas les impôts périodiques que nous avons en
France sur les capitaux, je veux dire les droits de mutation après décès,
impôts qui, à eux seuls, absorbent en un siècle le tiers de la valeur de la
pleine propriété. N'y a-t-il pas là une large compensation à cette
interception de l'unearned incrément que réclame M. Mater? Le cha-
pitre « Théories municipalistes et Socialisme municipal » (p. 474-539)
contient, avec beaucoup de banalités historiques que donnent tous
les traités d'histoire de doctrines économiques, certains détails in-
téressants sur les précurseurs des socialistes actuels, depuis Morus
jusqu'à Cwen et Fourier : malheureusement M. Mater, pour pouvoir
trouver des autorités à invoquer dans son seijs, ferme les yeux sur
les monstruosités morales de ces systèmes, à tel point qu'il voit un
modèle de socialisme municipal dans les orgies de Jean de Leyde
pendant le siège de Munster (p. 482). Enfin, le grand défaut de cette
— 36 —
juxtaposition de l'histoire et de la thèse, c'est que M. Mater ne note
rien des changements économiques, moraux et politiques survenus
entre le moyen âge et le xx^ siècle : l'apparition des grandes et très
grandes villes, la mobilité des populations on contraste avec la fixité
de fait et de droit de jadis, le caractère commun et non plus individuel
ou domestique de la satisfaction dos besoins, la division des manières
de penser sur presque toutes choses et par conséquent le danger de
l'oppression des minorités par les majorités, etc. M. Mater connaît bien
les détails et même la jurisprudence du Conseil d'Etat, c'est entendu :
mais il est plutôt faible dans les vues d'ensemble, qui chez lui sont
fortement influencées par des inclinations vers le socialisme.
28. — Cosmopolitisme, de M. Sigurd Tornudd, livre sentencieux,
mais supei'ficiel, aussi peu intéressant que peu nouveau, pourrait
être intitulé : « A la recherche d'un principe qui réalise le bonheur
des individus et l'union des peuples. » Partant de l'idée d'Auguste
Comte, que « si la réunion des esprits dans une même réunion de prin-
cipes peut être une fois obtenue, les institutions convenables en décou-
leront nécessairement », M. Tornudd développe sa thèse : le positivisme
réalisera la félicité du genre humain. Seulement son positivisme à lui
ne respire pas le mysticisme humanitaire du Comte des dernières
années. Le sien est purement utilitaire. Il étudie tour à tour les ga-
ranties du droit, l'utilité et le droit. Pourquoi le droit, qui est un prin-
cipe, est-il étudié seulement après ses garanties, qui sont des
moyens? Mystère! L'anarchie intellectuelle, «un des phénomènes
les plus tristes de notre "temps », disait Comte, « disparaîtra
par un affranchissement radical de l'intelligence humaine de toute
religion métaphysique (quel français!) (p. 79)... Il faut fonder des
écoles et répandre l'instruction dans les rangs inférieurs » (p. 249)t
afin que les enfants soient formés d'avance à la prévoyance néomal-
thusienne, conséquence ir\évitable de l'instruction : je n'invente pas,
tout cela y est.
29. — Le Socialisme à l'étrange?; avec une Préface de M. Anatole
Leroy-Beaulieu et une Introduction de M. Louis-Jaray, est un recueil
d'études de MM. Bardoux, Isambert, Louis-Jaray, Gidel, Marvaud,
Da Motta de San Miguel, Kinzo-Goraï, Tardieu, etc., sur le socialisme
dans tous les grands pays, y compris le Japon. On y trouve quelques
détails intéressants : mais quelle est bien la valeur de fond de cet
ouvrage? En tout cas, l'optimisme y domine, et le côté philosophique
ou moral de la question est complètement ignoré ou négligé. Même le
côté économique est -.faible, notamment dans les conclusions de M.
Quentin-Bauchart saluant d'avance « une époque d'organisation que
tout fait prévoir une époque d'immobilité » (p. 397). Quoi ! il y aurait
maintenant de l'immobilité dans l'histoire et, qui plus est, dans
l'histoire de la Révolution? C'est que personne n'a vu d'un peu haut
— 37 —
son sujet, et M.Bourdeau, quia rédigé les dernières pages du volume,
trouve tout naturel que « nos formes de société, fondées sur la liberté,
la propriété et la famille, telles que nous les entendons», soient «appelées
à subir des transformations profondes » (p. 409).
30. — Comptez pour cela sur le syndicalisme ! M. Félicien Chal-
laye, auteur de Topuscule : Syndicalisme révolutionnaire et Syndica-
lisme réformiste, connaît bien la littérature de son sujet. Sa bibliogra-
phie est fort complète, en remontant jusqu'à la création de la Con-
fédération générale du travail à la suite du congrès socialiste de Li-
moges en 1895, qui aurait décidé de former une « Fédération des
fédérations nationales corporatives ». Peut-être bien M. Challaye
exagèi'o-l-il la distance qui sépare les réformistes des révolutionnaires.
Surtout il n'étudie aucunement le syndicalisme comme véliicule du
socialisme. H se borne à conclure que « pour la transformation de la
société, pour la libération du prolétariat, il est bon que syndicalisme
révolutionnaire et syndicalisme réformiste se mêlent dans la conscience
ouvriè.'o » (p. 133). N'est-ce pas, n'en déplaise à M. Challaye, la meilleure
preuve qu'il n'y a pas tant d'antagonisme ou d'antithèse entre les
deux et que les débats entre Niel et Griiïuehles, par exemple, sont
affaire seulement de circonstance et d'opportunité, avec des rivalités
temporaires de personnes et d'influences?
31 . — Pourquoi nous sommes socialistes? se demande M. Jules Noël.
Parbleu ! parce que le monde est mal bâti ! L'anarchie originaire avait
engendré par réaction la liiérarcliie de la force; celle-ci a « inventé
Dieu » pour se défendre (p. 5); puis il n'y eut plus rien, quand les en-
cyclopédistes eurent « démontré que l'hypothèse religieuse est fausse »
(p. 13). Alors il faut rebâtir contre le régime économique capitalis-
tique qui règne depuis lors. Foin des statistiques ! elles ne peuvent
rien prouver contre le raisonnement (p. 53). Comme procédés de
réformes, on devra supprimer l'iiérédité en ligne collatérale, fmpper
d'un impôt de 25 ^ lo l'hérédité en ligne directe, donner à bail aux
travailleurs la terre et les instruments de production qui rentreront
aux mains de l'État, enfin imputer les intérêts des dettes sur le capital
jusqu'à l'amortissement intégral (p. 120-122). Ce n'est pas ingénieux,
mais ce n'en est pas moins dangereux pour les esprits faibles. Quant
à moi, je n'ai noté d'intéressant que la discussion sur l'incompatibilité
du darwinisme et du socialisme (p. 107 et s.), à la suite de Colins qui,
par suite de l'immatérialité de la raison chez l'homme, trouvait déjà
dans la série des êtres vivants un hiatus entre ceux qui raisonnent
et ceux qui ne raisonnent pas. Ce n'est pas le seul point de rapproche-
ment que je remarque entre M. Noël, qui se dit collectiviste rationnel,,
et de Colins, qui avait inventé le mot même de collectivisme.
J. Ramba-UD.
AVIATION
1. Dans les airs. Aérostation, aviation, études aérostatiques, par G. DE LA Landelle.
Paris, Vivien, s. d., 2«' éd. in-18 de 288 p., 3 fr. 50. — 2. Les Aéronautes et les colom-
bophiles du siège de Paris, p.ir François Mallet. Paris, Vivien,''1909, p'Hit iii-8 de
153 p., 3 fr. 50. — 3. Histoire de l aviation. Avions cl aviat'iurs d'hier, d'aujourd'hui
de demain, par Turgan. Paris, Geisler, 1909, in-8 de 280 p., avec nombreuses pho-
tographies et figures, 5 fr. — k. L'Aviation, ses débuts, son développement, par F. Fer-
EER. Paris, Berger-Levrault, s. d., in-8 de xn-250 p., avec 115 fig., 5 fr.— 5. L'Hom-
me s'envole. Le Passé, le présent et l'avenir de l'aviation, par le capitaine Sazerac
DE For'îe. Paris, Berger-Levrault, 1909, in-8 de viu-93 p., avec 42 grav., 1 fr. 25
— 6. État actuel et avenir de l'aviation, par Rodolphe Soreau. Paris, Vivien, s. d.,
in-8 de 245 p. avec 50 fig. et 1 carte, 4 fr. — 1. Aviation. Comment l'oiseau vole,
comment l'homme volera, par Wilhelm Kress; trad. par R. Chevreau. Paris,
Vivien, 1909. in-8 de 93 p. avec 38 fig., 3 fr. 50. — 8. Comparaison entre certaines
théories relatives aux automobiles et aux machines à voler. Cent an" d'études, par
J.-J. BouRCABT. Paris, Vivien, 1908, in-32 de 20 p., avec 2 fjg. et 1 pi. Ofr. 50.—
9. L'Aéroplane des frères Wright. Paris, Berger-Levrault, 1908, in-8 de 30 p.. avec
1 pi. et dessins, 1 fr. — 10. Aéronef dirigeable plu.'^ lourd que l'air (hélicoptère).
Influence du vent sur la marche de l'aéronef , par Alfred Micciollo. Paris, "^ ivien,
1908, in-8 de fjl p., avec 1 pL, 1 fr. 50. — 11. Les Hélicoptères Paul Cornu. Paris,
Vivien, 1908, in 8 de 16 p., avec 2 fig. et 1 grav .hors texte, 0 Tr. 15. — 12. De la
Nécessité urgente de créer un laboratoire d'essais aérodynamiques, destiné à fournir
aux aviateurs les éléments nécessaires à la construciion des a-^roplnn-^s et df: la m an ère
d'organiser ce laboratoire, par P. Drzewieck'. Paris, Vivien, 1909, 'n-8 de 15 p.,
€ fr 75. — 13. Des Hélices aériennes. Théorie générale des propulseurs hélicoïdaux et
Méthode d? ci.lcul de ces propulseurs pour V t.i ., p^r S. Drzewiecki. Paris, Vivien,
1909, in-8 de 62 p., avec grav., 2 fr. 50.
1. — Un volume déjà ancien — il date de 1S84 — revêtu d'une cou-
verture neuve, ne constitue pas, à proprement parler, la seconde
édition d'un ouvrage. C'est là, cependant, semble-t-il, ce qui a été fait
pour Dans les airs. Aérostation, aviation., études aérostatiqiies, de G. de
la Landelle. Nous ne saurions toutefois nous en plaindre trop éner-
giquement, car il convenait que ce volume reparût à la devanture
des libraires; nous eussions seulement souhaité qu'il eût été complété
et mis au point. Cet ancêtre de la bibliographie aéronautique con-
temporaine contient en eiïet de fort intéressantes choses, des rensei-
gnements historiques qu'il serait difficile de rencontrer ailleurs. On
y trouve mentionnés la plupart des précurseurs et des inventeurs qui
se sont occupés d'aérostation ou d'aviation, et de multiples anecdotes
rendent aussi agréable qu'instructive la lecture de ce livre, écrit pour
le pubUc, aussi bien que pour les savants ou les spécialistes.
2. — C'est encore l'histoire de l'aérostation qu'écrit M. François
Mallet, mais limitée au chapitre le plus intéressant, le plus drama-
tique. L'auteur raconte en eiïet le rôle des aéronautes pendant le siège
de Paris, et il est bon, principalement à notre époque, de remettre en
lumière les prodiges d'audace, de dévouement et aussi de science que
nos aînés ont su accomplir au service de la patrie et par amour pour
elle. M. Mallet a pu puiser dans les documents officiels les détails de
— 39 —
ses récits, qui présentent ainsi mille traits peu connus. Des chapitres
consacrés aux pigeons voyageurs, aux piétons messagers et aux
actes de dévouement accomplis pendant la guerre par des télégra-
phistes complètent très heureusement ce volume intitulé : Les Aéro-
naiites et les colombophiles du siège de Paris.
3. — Ce n'est plus une page d'histoire que nous donne M. Turgan,
c'est l'Histoire de l'aviation tout entière. Ce sont en effet les avions et
les aviateurs d'hier, d'aujourd'hui et même de demain, que l'auteur,
dans une magistrale étude, a réussi à décrire. Ce volume est une mine
de documents précieux, dont la réunion représente un travail consi-
dérable ; on y trouve l'histoire de l'aviation, depuis les temps les plus
reculés — Icare lui-même est mentionné ! • — - jusqu'aux aéro-
planes dont les prouesses seront peut-être célèbres avant peu, mais
qui, pour le moment, n'existent que sur le papier et peut-être même,
uniquement dans l'imagination fertile des inventeurs. Tous les appa-
reils connus sont décrits d'une façon très complète, toutes les expé-
riences intéressantes et concluantes sont relatées, et ainsi, cette his-
toire de l'aviation détermine une sorte de point de départ extrême-
ment utile, qui évitera des redites oiseuses et des recherches très
longues aux auteurs de demain. Un grand nombre de gravures et de
photographies illustrent cet ouvrage, dont les premières pages ren-
ferment les si remarquables dessins de Léonard de Vinci sur le vol
des oiseaux et sur des projets de machines volantes. II est enfin de
toute justice de signaler le soin remarquable avec lequel a été édité
ce volume, qui fait le plus grand honneur à la maison Geisler. Le
papier, les caractères et même la couverture concourent à faire de
cette histoire d'e l'aviation une publication de luxe, aussi agréable
à voir qu'intéressante à lire.
4. — Le capitaine Ferber, à qui nous devons L'Aviation^ ses débuts,
son développement, sort de Polytechnique; aussi ne craint-il pas d'ap-
peler les formules à son secours, dans un chapitre d'ailleurs intitulé :
Les Calculs, où il expose avec une netteté parfaite et la plus grande
précision, la théorie générale de l'aéroplane dans l'espace. C'est la pre-
mière fois, à notre connaissance, que cette étude ait été exposée aussi
complètement et avec une méthode aussi scientifique et il était
vraiment nécessaire que ce travail fût accompli. Ce chapitre, et en
particuher la partie donnant la théorie de l'hélice propulsive, est
d'un puissant intérêt; il termine dignement un volume remarquable,
où le capitaine Ferber, après avoir défini les trois principales variétés
d'appareils volants, les ornithoptères, les héUcoptères et les aéro-
planes, fait l'historique des aviateurs qui, au cours des douze
dernières années, se sont lancés à la conquête de l'air et ont
obtenu les résultats que tout le monde connaît — plus ou moins èxac-
— 40 —
tement. — Enfin, avant d'aborder les calculs, l'auteur, dans un résumé
prophétique, expose par quelles étapes successives passera l'aéroplane
dans un avenir prochain et quel sera l'usage de ce merveilleux appa-
reil. Est -il nécessaire d'ajouter que ce volume, remarquable à tant de
titres, est très bien édité, sur du beau papier et illustré de nombreuses
et excellentes reproductions de photographies ?
5. — Un autre officier, le capitaine Sazerac de Foige, a voulu, par
une élégante brochure, contribuer également à Tétude de l'aviaiion.
Moins scientifique que le capitaine Forber, mais non moins intéressant,
il a négligé complètement les x, pour jjarler un langage moins précis,
mais qui sera compris par tous les lecteurs. L'Homme s'envole. Le
passé, le présent et Vcivenir de l'aviation est donc un ouvrage de vul-
gaiùsation, dont le style alerte, les descriptions très claires, doivent
séduire les personnes les moins initiées. L'auteur, après un rapide
exposé historique, dans un chapitre intitulé : Hier et aujourd'hui^
étudie le problème de l'aviation dans ses différents aspects : l'air, le
moteur, la stabilité, le départ et l'atterrissage. Enfin, dans un troi-
sième chapitre, non le moins attachant, il cherche à concevoir l'avenir
de l'aviation, dans son application à l'armée, au commerce, aux sports
et aussi dans les transformations que ce nouveau mode de locomotion
apportera à la vie sociale. Une annexe donne, à la fin du volume,
les prix attribués à l'aviation.
6. — Avec le volume de l'ingénieur Rodolphe Soreau : Etat actuel
et avenir de l'ainaiion, nous retrouvons les formules, sans lesquelles
une science comme celle de l'aviation ne saurait songer à s'établir et,
encore moins, à progresser. L'auteur, dans cette importante brochure,
a suivi une méthode rigoureusement logique. II a d'abord établi très
complètement la technique de l'aéroplane, sans craindre de faire
une digression sur le vol des oiseaux; puis il en a exposé
l'historique, expliquant et critiquant les divers appareils décrits, au
moyen des principes démontrés dans la première partie. L'étude de
l'aéroplane ^^'^ight et de son fameux « gauchissement » est pai'ti-
cuhèrement intéressante. Enfin, dans une troisième partie, l'auteur
étudie les perfectionnements qtie réclament les aéroplanes et prévoit
l'avenir réservé à ces nouveaux moyens de locomotion. Un tel volume,
qui constitue un ensemble logique, homogène, n'est pas suscep-
tible d'une analyse, qui, si détaillée soit-elle, ne pourrait jamais en
donner qu'une idée approximative. Qu'il nous Suffise de dire
l'intérêt très grand que nous avons trouvé à sa lecture et
les enseignements que nojis y avons puisés. Nous n'avons qu'à
formuler une seule critiqtie : pourquoi l'auteur ne s'est-il pas
donné la peine de modifier la forme de « conférence » qu'il a main-
tenue à cet ouvrage? Celui-ci aurait beaucoup gagné à cette modifi-
— 41 —
cation, qui n'aurait eu aucun inconvénient si on avait pris soin de
rappeler dans une note que cette magistrale étude avait primitivement
été présentée à la Société des ingénieurs civils de France. ■ — L'excel-
lent éditeur Mvien a illustré ce volume de nombreuses gravures et a
multiplié les tableaux numériques et les graphiques, particulièrement
précieux pour les constructeurs.
7. — C'est encore chez Mvien qu'a été publiée la traduction fran-
çaise de l'ouvrage, remarquable à tant de titres, écrit en 1905 par
l'ingénieur autrichien Kress, sous le titre : Aviation. Comment l'homme
vole, comment l'homme volera. M. Kress a pris comme base de ses
théories sur l'aviation l'étude approfondie et méthodique du vol des
oiseaux, précédée par des considérations nouvefles et de la plus haute
importance, sur l'influence du vent sur les corps qui volent librement
dans les airs. Du vol des oiseaux, l'auteur passe tout naturellement
au vol des hommes et est ainsi amené à décrire et à étudier les diffé-
rentes tentatives faites pour s'élever dans les airs, entre autres celles
du D"" Langley, peu connues en France. En terminant, l'ingénieur
■\Mlhelm Kress établit les caractéristiques de l'aéroplane de l'avenir
— un sixplans — susceptible de transporter cinq passagers. Cette
brochure est -écrite avec une netteté et une simphcité qui séduisent,
qui cliarment et que n'a pas altérées l'élégante traduction de
M. Chevreau.
8. ■ — Quinze pages et un tableau d'ensemble résument Cent ans
d'études par MM. J.-J. Bourcart,père, fds et petit-fils, et étabhssent une
Comparaison curieuse et, d'après l'auteur, fertile en conséquences,
entre certaines théories relatives aux automobiles et aux machines à voler.
Cette plaquette qui, somme toute, fait honneur aux facultés d'obser-
vation de la famille Bourcart, apporte une très utile contribution
à l'étude de l'aérodynamique. Malheureusement, imprimée en Alsace,
elle fourmille de coquilles désagréables et bizarres.
9. — Il faut savoir beaucoup de gré aux éditeurs Berger-I.evrault
d'avoir réuni en une même brochure les documents qu'il est indis-
pensable de connaître pour pouvoir se faire une opinion exacte et
précise sur l'Aéroplane des frères Wright, si longtemps méconnu et mé-
prisé et aujourd'hui si célèbre. On trouve ainsi successivement le
le rapport présenté par les frères Wright, en 1908, à l'Aéro-Club d'Amé-
rique et qui résume leurs expériences; une note du ministre de la
guerre des États-Unis sur l'adjudication d'aéroplanes; la description
des appareils des frères Wright d'après les brevets; enfin, quelques
indications complémentaires sur l'appareil actuel. Des dessins,
réunis sur une môme planche et extraits des brevets, accompagnent
les descriptions. Ces divers documents n'ont rien de confidentiel et
chacun aurait pu, évidemment, les rechercher dans des publications
— 42 —
spéciales, en particulier dans la Reme d'artillerie] mais c'est là une
besogne longue et fastidieuse, que beaucoup ne peuvent entreprendre;
aussi est-ce avec une réelle satisfaction et un vif sentiment de reconnais-
sance que tous les aviateurs, théoriciens et praticiens, ainsi que le
public, salueront l'apparition de cette plaquette.
10. ■ — L'aéroplane \\ 'right a une grande supériorité sur bien d'autres
appareils : il existe et il vole. On n'en pourrait dire autant d'autres
machines à voler, admirables, merveilleuses en projet, mais qui ont
le tort de ne pas exister. Il en est ainsi de V Aéronef dirigeable plus
lourd que l'air {hélicoptère), que M. Alfred Micciollo a longuement
étudié, dont il a étabh scientifiquement, et à grand renfort de calculs
et de formules, les principales caractéristiques, mais qui, on peut le
craindre, ne verra jamais le jour. C'est vraiment regrettable, car il
est rare que, dans une invention, il n'y ait pas quelque chose d'inté-
ressant à glaner, et ici, en particulier, les hélices proposées mériteraient
d'être étudiées. Quoi qu'il en soit, cette brochure est bien à sa place
parmi les nombreux volumes concernant l'aviation qui portent le nom
de l'éditeur Vivien.
11- — L'hélicoptère Cornu, s'il n'a pas volé, s'est cependant soulevé
du sol; on peut en déduire qu'il y a dans cette conception de la ma-
chine à voler quelque chose de sérieux et de réalisable dans la pratique,
au moins jusqu'à un certain point. L'éditeur Vivien a donc été bien
inspiré en faisant figurer dans la collection des monographies d'avia-
tion la description des Hélicoptères Paul Cornu. On trouve là, en
effet, le fruit d'expériences longues et tenaces, riches de promesses
et susceptibles de conduire à des résultats intéressants, quoiqu'il soit
permis de croire que l'hélicoptère ne soit pas la solution probable du
problème de l'aviation. On peut penser, justement, semble-t-il, que,
dans l'avenir, les aéroplanes ne seront hélicoptères qu'au départ et à
rai'rivée, afin de pouvoir atterrir ou s'envoler verticalement. Deux
reproductions de photogi'aphies montrent les dispositions de l'héli-
coptère et d'un appareil d'étude.
12. ■ — Les quelques pages, courtes mais substantielles, de M. S.
Drzewiecki sont un ardent plaidoyer sur la Nécessité urgente de créer un
laboratoire d'essais aérodynamiques. Il semble vraiment que, depuis
longtemps, un semblable étabhssement devrait être construit, mais
il n'en est rien : on n'a pas d'argent ! Et cependant, que de tâtonne-
ments dispendieux auraient été évités aux aviateurs s'ils avaient pu,
au préalable, obtenir par l'expérience les éléments nécessaires à la
construction de leurs appareils ! Il faut souhaiter que cet opuscule,
qui met si parfaitement en lumière les services que l'on serait en droit
d'attendre d'un tel étabhssement, et qui indique la manière d'organiser
ce laboratoire, puisse en déterminer la construction et peut-être
— 43 —
même provoquer un acte généreux de la part d'un aviateur foi'tuné —
et il doit s'en trouver !
13. ■ — Il est évident que, pour l'aviation, la perfection des propul-
seurs est une question de tout premier ordre; aussi était-il indispen-
sable de déterminer une méthode générale et scientifique permettant
de pouvoir obtenir rapidement les caractéristiques de l'hélice dont
on a besoin. C'est à exposeï' cette méthode, après toutefois l'avoir
fait précéder de la théorie générale des propulseurs hélicoïdaux, que
Mr. Drzewiecki a consacré une brochure telle qu'on pouvait l'attendre
d'un ingénieur aussi compétent, aussi connu et estimé dans le monde
maritime pour ses travaux sur les hélices destinées à la propulsion
des bâtiments. Nous ne doutons pas que par ses publications actuelles,
l'auteur de la remarquable étude : Des Hélices aériennes ne rende
aux aviateurs des services comparables à ceux qu'ont rendus aux
marins ses travaux antérieurs. J. C. T.
THÉOLOGIE
Tractatus «le vera religione, auctore Joanne Muncunill,. Bar-
celona, Gustave Gili, 1909, gr. in-8 de vii-423 p. — Prix : 8 fr.
Le P. Muncunill nous donne ici un bon traité classique de la vraie
leligion. 11 y a là un elïort méritoire pour la mise au point et pour
tenir compte des nécessités actuelles. L'auteur connaît les travaux
français, et cite, parfois de première main, A, Sabatier, Loisy, et
aussi Bougaud, Blondel; il utiUse l'encyclique Pascendi. Le cadre
est celui auquel nous sommes accoutumés, avec d'heureuses modi-
fications de détail, fr.iis dissertations : la première, sur la révélation
et ses critères, l'autorité des Évangiles et des Actes: la seconde, sur
la vérité de la religirni chrétienne : preuve des miracles, preuve des
prophéties, preuves diverses (vie et autorité de Jésus-Christ, doctrine
chrétienne, propagation rapide, effets, martyrs, conservation mi-
raculeuse dans l'Église catholique); la troisième, sur les religions non
chrétiennes : la vraie religion avant Jésus-Christ (religion primitive,
révélation mosaïque), les fausses rehgions, (polythéisme, bouddhisme,
mahométisme). Cette troisième partie est très courte, vingt pages
seulement.
On pourrait souhaiter, peut-être, sinon une attitude plus sympa-
thique et plus accueillante, du moins, une curiosité plus éveillée et
une pénétration plus intime, à l'égard de ce qu'on appelle la mentalité
moderne. Tout n'est pas modernisme dans le mouvement actuel des
études bibliques, philosophiques, historiques, et tous les problèmes
d'apologétique ou d'histoire ne se ramènfmt pas à la seule que -tion
ai vrai et do faux : ce n'est pas rien que le sens historique, le sens
— 42 —
spéciales, en particulier dans la Revue d'artillerie; mais c'est là une
besogne longue et fastidieuse, que beaucoup ne peuvent entreprendre;
aussi est-ce avec une réelle satisfaction et un vif sentiment dereconnais-
sance que tous les aviateurs, théoriciens et praticiens, ainsi que le
public, salueront l'apparition de cette plaquette.
10. — L'aéroplane ^^'right a une grande supériorité sur bien d'autres
appareils : il existe et il vole. On n'en pourrait dire autant d'autres
machines à voler, admirables, merveilleuses en -projet, mais qui ont
le tort de ne pas exister. Il en est ainsi de Y Aéronef dirigeable plus
lourd que l'air {hélicoptère), que M. Alfred INIicciollo a longuement
étudié, dont il a établi scientifiquement, et à grand renfort de calculs
et de formules, les principales caractéristiques, mais qui, on peut le
craindre, ne verra jamais le jour. C'est vraiment regrettable, car il
est rare que, dans une invention, il n'y ait pas quelque chose d'inté-
ressant à glaner, et ici, en particulier, les hélices proposées mériteraient
d'être étudiées. Quoi qu'il en soit, cette brochure est bien à sa place
parmi les nombreux volumes concernant l'aviation qui portent le nom
de l'éditeur \'ivien.
11- — L'hélicoptère Cornu, s'il n'a pas volé, s'est cependant soulevé
du sol; on peut en déduire qu'il y a dans cette conception de la ma-
chine à voler quelque chose de sérieux et de réahsable dans la pratique,
au moins jusqu'à un certain point. L'éditeur ^"ivien a donc été bien
inspiré en faisant figurer dans la collection des monographies d'avia-
tion la description des Hélicoptères Paul Cornu. On trouve là, en
effet, le fruit d'expériences longues et tenaces, riches de promesses
et susceptibles de conduire à des résultats intéressants, quoiqu'il soit
permis de croire que l'hélicoptère ne soit pas la solution probable du
problème de l'aviation. On peut penser, justement, semble-t-il, que,
dans l'avenir, les aéroplanes ne seront hélicoptères qu'au départ et à
1 ai'rivé?, afin de pouvoir atterrir ou s'envoler verticalement. Deux
reproductions de photog.'aphies montrent les dispositions de l'héli-
coptère et d'un appareil d'étude.
12. — Les quelques pages, courtes mais substantielles, de M. S.
Drzewiecki sont un ardent plaidoyer sur la Nécessité urgente de créer un
laboratoire d'essais aérodynamiques. Il semble vraiment que, depuis
longtemps, un semblable étabhssement devrait être construit, mais
il n'en est rien : on n'a pas d'argent ! Et cependant, que de tâtonne-
ments dispendieux auraient été évités aux aviateurs s'ils avaient pu,
au préalable, obtenir par l'expérience les éléments nécessaires à la
construction de leurs appareils ! Il faut souhaiter que cet opuscule,
qui met si parfaitement en lumière les services que l'on serait en droit
d'attendre d'un tel étabhssement, et qui indique la manière d'organiser
ce laboratoire, puisse en déterminer la construction et peut-être
— 43 —
même provoquer un acte généreux de la part d'un aviateur fortuné —
et il doit s'en trouver !
13. — Il est évident que, pour l'aviation, la perfection des propul-
seurs est une question de tout premier ordre; aussi était-il indispen-
sable de déterminer une méthode générale et scientifique permettant
de pouvoir obtenir rapidement les caractéristiques de l'hélice dont
on a besoin. C'est à exposer cette méthode, après toutefois l'avoir
fait précéder de la théorie générale des propulseurs héUcoïdaux, que
Mr. Drzewiecki a consacré une brochure telle qu'on pouvait l'attendre
• d'un ingénieur aussi compétent, aussi connu et estimé dans le monde
maritime pour ses travaux sur les hélices destinées à la propulsion
des bâtiments. Nous ne doutons pas que par ses publications actuelles,
l'auteur de la remarquable étude : Des Hélices aériennes ne rende
aux aviateurs des services comparables à ceux qu'ont rendus aux
marins ses travaux antérieurs. J. C. T.
THÉOLOGIE
Tractatus tle vora religione, auctore Joanne Muncunill„ Bar-
celona, Gustave Gili, 1909, gr. in-8 de vii-423 p. — Prix : 8 fr.
Le P. Muncunill nous donne ici un bon traité classique de la vraie
lehgion. II y a là un effort méritoire pour la mise au point et pour
tenir compte des nécessités actuelles. L'auteur connaît les travaux
français, et cite, parfois de première main, A. Sabatier, Loisy, et
aussi Bougaud, BlondeL il utihse l'encyclique Pascendi. Le cadre
est celui auquel nous sommes accoutumés, avec d'heureuses modi-
fications de détail. Triiis dissertations : la première, sur la révélation
et ses critères, l'autorité des Évangiles et des Actes: la seconde, sur
la vérité de la religion chrétienne : preuve des miracles, preuve des
prophéties, preuves diverses (vie et autorité de Jésus-Christ, doctrine
chrétienne, propagation rapide, effets, mortyrs, conservation mi-
raculeuse dans l'Église catholique); la troisième, sur les reUgions non
chrétiennes : la vraie religion avant Jésus-Christ (religion primitive,
révélation mosaïque), les fausses religions, (polythéisme, bouddhisme,
mahométisme). Cette troisième partie est très courte, vingt pages
seulement.
On pourrait souhaiter, peut-être, sinon une attitude plus sympa-
thique et plus accueillante, du moins, une curiosité plus éveillée et
une pénétration plus intime, à l'égard de ce qu'on appelle la mentalité
moderne. Tout n'est pas modernisme dans le mouvement actuel des
études bibliques, philosophiques, historiques, et tous les problèmes
d'apologétique ou d'histoire ne se ramènent pas à la seule question
do vrai et de faux : ce n'est pas rien que le sens historique, le sens
— 44 -
psychologique, le sens de Teliort et du devenir. Ce livre érudit, solide,.
sérieux,donne l'impression que la pensée théologique serait absolument
étrangère à la pensée actuelle et vivante — chacune allant son chemin,
l'une et l'autre se croisant parfois, mais sans se connaitie — et cette
impression est angoissante, de sentir qu'on possède la vérité, et
qu'il n'y a personne pour la recevoir, comme de se sentir porteur
des richesses divines et de n'avoir pas à qui les donner.
L'auteur eût pu, je crois, alléger son livre de discussions contre des
systèmes périmés,à moins qu'ellesn'aient encore leur utilité en Espagne.
Il eût été bon aussi, puisqu'il s'agit ici de raisons et de faits, non d'au-
torité ni de théologie, de ne pas prendre pour acquises, en matière
biblique notamment, des positions qui, même si elles s'imposaient
à nous, catholiques,de par les principes de la foi et l'autorité de l'Église,
sont scientifiquement incertaines et discutables pour de?, non croyants.
De ce chef, l'auteur n'aurait pas dû, par exemple, faire entrer dans
son argument des prophéties messianiques des détails qui ne s'imposent
qu'à la foi, comme la naissance virginale du Messie, puisque, même
en supposant que la fameuse prophétie de l'Emmanuel doit scien-
tifiquement s'entendre en ce sens, il reste que l'accomplissement n'est
pas scientifiquement vérifiable, ce qui est cependant indiqué par
le P. Muncunill lui-même comme nécessaire pour que l'argument soit
valable. Même remarque pour la préexistence éternelle du Messie :
il n'est pas sûr que Michée l'affirme au sens où l'entend le P. Mun-
cunill, et quand il l'affirmerait, il ne s'ensuivrait pas que l'affirmation
s'impose à la raison de l'incroyant. Un argument peut valoir en
théologie, qui ne vaut pas en apologétique.
La remarque ne vaut pas que pour le P. Muncunill. Nous avons
tous à nous surveiller sur ce point. J.-V. Bainvsl.
lia IVotiou du lieu tliéologic|ue, par le P. A. Gardeil. Paris,
Lecoiïre, Gabalda; Kain (Belgique), 1908, in 8 de 86 p. — Prix : 1 fr. 50.
Question de méthodologie théologique. Partant du De locis theo-
logicis de Melchior Gano, le P. Gardeil essaye, non pas de nous
donnei un nouveau traité des lieux théologiques, mais de préciser
et de dégager l'idée qui est à la base du célèbre traité. Pour cela,
'1 remonte aux Topiques d'Aristote, et il en expose le principe et le
procédé fondamental. 11 y a bien, à cause de la nature spéciale du
donné théologique, certaines différences entre la dialectique de la
théologie et celle des Topiques. Mais l'analogie est profonde. Appuyé
sur cette analogie, il pousse plus loin qu'on n'avait fait jusqu'ici
l'étude du lieu théologique, il nous en décrit le fonctionnement, il
nous indique, enfin, ce qu'il y aurait à faire pour avoir une sorte
à'Ars magna de la théologie, quelque chose comme ce que Leibniz
— 45 —
voulait réaliser dans sa Caractéristique universelle^ un recueil mé-
thodique, trié, préparé, prêt à l'usage de tout le donné théologique,
avec la notation précise de la valeur dialectique de chaque proposition
et du fondement de cette valeur.
On devine que ce n'est pas ici un travail de vulgarisation; c'est
une étude « purement ésotérique », l'auteur lui-même nous en avertit.
Ceux qui pourront le suivre y gagneront do mieux sav^jir ce qu'est
la Théologie, et « ce que doit être le De locis, qui lui sert d'Introduction ».
J.-V. Bm^vel.
lia Foi et J'acte de loi, par J.-V. Bainvel, Nouvelle édition. Paris,
Lethielleux, s. d., in 12 de 338 p. — Prix : 2 fr. 50.
Cette nouvelle édition qui suit de dix ans la première et la reproduit
presque identiquement mérite de grands éloges, puisque les idées
qu'elle renferme ont pu subir l'épreuve du temps sans avoir besoin
d'être modifiées. Il fallait qu'elles fussent bien profondes et bien
définitives pour traverser ainsi les tempêtes thé dogiques de ces
dernières années. Les exphcations que donne M. Bainvel de l'acte
de foi, de sa nature, de ses éléments sont peut-être difficiles à suivre
pour d'autres que des théologiens de profession, mais elles sont aussi
claires que le sujet le comporte. Leur simplicité ne nuit pas à leur
finesse ou à leur solidité. Plusieurs appendices complètent heureu-
sement toute l'exposition, soit en la résumant, soit en la confrontant
avec les textes dogmatiques et théologiques les plus autorisés.
A. Clerval.
SCIENCES ET ARTS
IVotre Œuvre d'éducatrîces, par Une Religieuse des Sacrés-Cœurs
de Jésus et de Marie. 2^ éd. Paris, Beauchesne, 1908, in-18 de 282 p. —
Prix : 2 fr. 50.
« Ce petit ouvrage n'est point une étude pédagogique. Il n'entre
point dans la question des méthodes et des procédés d'enseignement;
il ne traite pas non plus des divers aspects de l'éducation et des
moyens particuhers qui conviennent à chacun d'eux... Il s'agit ici de
ce qui est spécialement notre œuvre, en tant que nous sommes insti-
tutrices chrétiennes. » Ces lignes, empruntées à la Préface, précisent
le but du livre, qui n'est pas un traité de pédagogie et s'adresse spé-
cialement aux institutrices chrétiennes. Son sujet, c'est donc uni-
quement l'éducation chrétienne des jeunes filles et il n'y faut pas
chercher autre chose. La première partie, c'est l'éducation chrétienne
à l'école, œuvre capitale, très délicate, particulièrement méritoire,
qui vise à la formation d'un tempérament chrétien, chrétien par
l'esprit, par le cœur, par la conscience, conspirant ensemble pour la
métapsychie ». Cette bibliothèque, dirigée par M. Raymond Meunier,
a pour but d'étudier les parties encore obscures de la psychophy-
siologie.
Dans le présent volume, le sixième de la collection, Tauteur,
M. Henri Laures, étudie les synesthésies, c'est-à-dire ces associations
de sensations s'appelant l'une l'autre, telle l'audition colorée éprou-
vée par certaines personnes chez qui le son d'une lettre ou même
un son musical évoque immédiatement l'image d'une couleur. Chez
un grand nombre, d'après M. Laures, ce phénomène dépend d'une
analogie affective entre tel son et telle couleur. Mais il est des cas
où l'auteur ne croit pas cette explication suffisante et où il faudrait
recourir à une particularité de l'organisation du système nerveux.
Cela semblerait d'autant plus problable que beaucoup d'enfants
éprouvent des phénomènes d'audition colorée qui disparaissent
avec l'âge. D. V.
Iflutation et trauinatij^mes, étude sur révolution des formes
végé-ales, par L. Blarixghem. Paris, Alcan, 1908, gr. in-S de 248 p.,
avec 8 planches. — Prix : 10 fr.
Fréquemment les agTiculteurs, de même que les amateurs de jardins,
se trouvent en présence de plantes ou de fleurs de nouvelles espèces,
résultant de sélections naturelles ou d'artifices de culture. Ces nou-
veautés, disent les obtenteurs, sont de véritables « créations ». En fait,
elles sont obtenues parfois dans la nature à la suite de certaines cir-
constances accidentelles dues au hasard, pai'fois produites par des
spéciaUstes à la suite d'études et d'expériences de l'homme, qui arrive
à diriger les eiïets d'accidents identiques et par suite certaines apph-
cations de règles normal 3S du développement, des modifications ou
de la reproduction des espèces. L'ouvrage de M. Blaringhem est
consacré à ces études de l'évolution des formes végétales : il est des
plus intéressants et des plus curieux.
« La théorie des mutations ou la variation créatrice d'espèces est
encore inconnue», dit l'auteur, mais bien des faits sont acquis; ils se
renouvellent et sont déjà utilisés. Ils proviennent la plupart de muti-
lations et de blessures faites au végétal, de « traumatismes », suivant
le nom qu'on leur a donné. Exposer les résultats des expériences
reconnues, les rapprocher, est le but de ce mémoire rempli de faits
intéressants qui pourront servir de guide aux spécialistes et aux esprits
curieux. L'ouvrage se termine d'abord par un relevé bibliogra-
phique de toutes les publications se rapportant à la matière en France
et à l'étranger, et ensuite pai* huit planches photographiques représen-
tant cent-deux spécimens obtenus jusqu'ici. C'est un complément
des plus instructifs. G. de S.
— 49 —
TArpIlles et projeetîles automobiles, par H. Noalhat. Paris et
Nancy, Berger- Levrault, 1908, in-o de vii-110 p., avec 40 grav. —
Prix : 2 fr. 50.
• M. Noalhat est un spécialiste de la torpille automobile; il la connaît
bien, ce qui lui permet de l'apprécier à sa juste valeur. Aussi n'a-t-il
pas hésité, dans le premier chapitre de sa nouvelle étude, à affirmer,
contrairement à Topinion généralement admise, que cet engin n'avait
joué, pendant la dernière guerre russo-japonaise, qu'un rôle tout à fait
secondaire. C'est là d'ailleurs, il faut s'empresser de le reconnaître,
l'expression de la stricte vérité, vérité d'autant plus pénible pour nous
autres Français, que, suivant en cela les tendances de la « jeune marine »,
nous confions en grande partie aux torpilleurs — et, par suite, aux
torpilles, — le soin de défendre l'intégrité de nos côtes.
Malgré cela, nous sommes à peu près impuissants à construire dans
nos arsenaux cet engin, et ainsi nous trouvons-nous tributaires de la
fabrique autrichienne de Fiume, en attendant, selon le fâcheux pro-
nostic de M. Noalhat, que nous devenions tributaires des États-Unis,
avec la nouvelle torpille Bliss-Leavitt. Celle-ci, annoncée depuis de
longs mois à Toulon, ne paraît pas, a priori, avoir sur la Whitehead
des avantages assez considérables pour compenser son prix, vraiment
américain.
La torpille dirigeable compléterait utilement la torpille automobile,
mais elle est encore à créer, et, d'ailleurs, c'est plutôt vers le projectile
automobile sous-marin, robuste, simple, à grande vitesse et à faible
prix de revient, qu'il conviendrait de diriger les recherches. C'est un
projectile de ce genre que propose et décrit M. Noalhat, et nous recon-
naissons volontiers que ses idées et ses projets sont exposés sous une
forme très séduisante, bien faite pour inciter un ingénieur à mettre
au point le nouvel engin.
Des annexes font connaître, avec de nombreux dessins à l'appui,
les derniers perfectionnements apportés aux torpilles actuelles.
J. C. T.
LITTERATURE
l>a Parole hiiiiiaiiie. É<u«le^ «le philologie itoiivelie d'après
une lanuue d'AiMériciue, par A. Berloin. Paris, Champion;
Montréal, Beauchemin, 1908, gr. in-8 de 221 p. — Prix : 5 fr.
Il est un mérite qu'on ne saurait refuser à l'auteur du présent
ouvrage. Ses recherches ont porté sur une branche encore assez
peu explorée des études linguistiques. Les dialectes du groupe dit
Algique, et spécialement le « cri », par lui considéré comme vm des re-
présentants les plus purs et les mieux conservés de toute la famille,
ont spécialement attiré son attention.
Juillet 1909. T. CXVL 4.
— 50 —
Il nous fournit de cunoiix renseignements sur le mode de formation
des mots dans cet idiome, notamment sur l'emploi de ce que nous
pourrions qualifier d'infixés instrumentaux. Ainsi, l'intercalation de
la diphthongue consonantique sk en cri, ck en algonkin indique
une action faite au moyen du pied ; Ex. (en cri), Taku-sk-ew^ « il pose
le pied sur; taki-sk-awew, « il la frappe du pied ». Cela ne nous
rappelle-t-il pas quelque peu nos verbes français « maintenir », litt.
« tenir avec la main »; « manœuvrer », litt. « ouvrager à la main »?
Encore, avons-nous affaire, dans ces deux derniers termes, à de
véritables composés, tandis que dans les langues du Nouveau
Monde, on se trouve en présence d'un groupement de lettres dont
l'origine première reste obscure et n'a plus, aujourd'hui du moins,
de relation appréciable avec l'objet désigné.
Ajoutons à regret que l'ensemble du travail de M. Berloin laisse à
désirer au point de vue de la méthode. Or, sans méthode, pas de salut,
surtout en linguistique, observe Schleicher. L'auteur se montre, par
suite, ce que nous pourrions appeler trop fantaisiste. Il s'épuise en
recherches sur la valeur primordiale à attribuer à chaque son, à chaque
lettre. Bien des essais ont déjà été faits dans ce sens, et depuis long-
temps. Mais ils n'ont jamais amené, que nous sachions, à des résultats
satisfaisants. Notre auteur veut que la voyelle a éveille une idée de
grandeur. Est-ce pour cela qu'elle apparaît dans le latin parviis,
l'hébreu kathon., « petit ».
Sans doute, nous ne contestons pas le rôle important joué par l'ono-
matopée dans le vocabulaire des populations primitives. Hésitera-
t-on à admettre que le sanskrit kokila, « coucou », tout comme
le latin ciicullus ne soit tu-é du cri même de l'oiseau? Même obser-
vation pour le latin upupa, notre français « huppe ». Nous recon-
naîtrons également une certaine convenance phonétique entre l'alle-
mand hrechen, le latin frangere et l'idée de « briser ». Mais de là à
admettre que l'esprit humain se soit plu à isoler chaque phonème
pour lui assigner une valeur sémantique spéciale, il y a loin, ce
semble.
Nous ne contestons pas qu'il n'existe certains éléments lexico-
grapliiques communs aux langues de l'Ancien et du Nouveau
Monde. Est-ce que, suivant toute apparence, la race cuivrée n'a
pas eu pour séjour primitif certaines régions de l'Asie orientale?
On a même assez lieu de penser qu'elle n'a traversé le détroit de
Behring qu'à une époque relativement récente et postérieure aux
débuts de la période de la pierre polie. Le continent occidental mé-
riterait donc à un double titre son nom de Nouveau Monde, et par
l'époque tardive de la découverte et plus encore par celle où il a reçu
ses premiers habitants. Les ancêtres des Indiens d'Amérique se sont
— 51 —
forcément, pendant une longue suite de siècles, trouvés en contact
avec des populations de race caucasienne ou mongolique. Certains
emprunts linguistiques ont dû résulter d'un tel état de choses.
En tout cas, rien ne prouve que le nombre de ces termes ait été
considérable, et une étude approfondie apparaîtrait indispensable
pour les déterminer.
A cet égard précisément, les rapprochements indiqués par M. Berloin
ne semblent pas toujours fort concluants. Plusieurs d'entre eux
pourraient bien n'être que le résultat du pur hasard. D'autres doivent
être, a priori^ tenus pour inadmissibles.
Nous nous refusons, par exemple, absolument, à supposer la moindre
parenté entre les termes lyini, ilini, « homme », dans divers dialectes
algiques et le grec /ie/Ze/i et ethnos, entre l'algonkin ikkwe^ « femme »
et le grec gyné ou le latin uxor. Ce dernier terme, tiré de ungere,
« oindre », signifie, au pied de la lettre, « celle qui oint ». En efïet, la
fiancée entrant dans la maison de son époux, devait frotter les portes
avec de l'huile.
Nous pourrions multiplier les observations, mais ce que nous venons
de dire suffit. L'on voit avec quelles précautions il convient d'avoir
recours au travail de M. Berloin. On ne niera pas que l'auteur n'y
déploie de réels trésors d'érudition, mais, vraiment, nous le trouvons
trop homme à système. Comte de Charencey.
Ite XVII® Siècle par le» tex.fés. Morceaux choisis, par Georges
Pellissier. Paris, Delagrav^ 1908, petit in 8 de 592 p. — Prix : 5 fr.
Ces lectures diffèrent heureusement de ces morceaux choisis trop ré-
pandus,que les élèves doivent se procurer chaque fois qu'ils changent de
classe et où ils retrouvent perpétuellement les mêmes extraits. L'auteur
a évité ces répétitions banales. 'Il a écarté de son volume les passages
des chefs-d'œuvre que les élèves possèdent d'autre part en vertu des
programmes. : théâtres de Corneille et de Piacine, Pensées et Provin-
ciales de Pascal, Fables de La Fontaine, etc. Les textes qu'il a repro-
duits ne sont pas courants : ils n'en sont pas moins, pour la plupart,
d'une grande importance littéraire, soit par la beauté de la forme,
soit parce qu'ils résument ou caractérisent d'une manière frappante
les idées d'un écrivain. Quel amateur de bonnes lettres ne lira pas
avec plaisir, dans ce recueil, ce magnifique poème : la Belle Vieille,
do Maynard, et les sonnets des \'oiture et de Malleville à la Belle Ma-
tiuense et les poésies lyriques ou les fragments en prose de Corneille
ou de Racine? Tel passage de Pellisson ou telle lettre de Patru donne
dos renseignements intéressants sur les origines et les débuts de
l'Académie française. Le discours de Pascal rapporté par son neveu,
Etienne Périer. est aussi utile à connaître, pour l'histoire des Pensées,
— .52 —
qiio VEntretien cwec M. de Sacy qui est reproduit dans toutes les
éditions. Des exemples de ce genre font voir la méthode qui a présidé
au choix de ces morceaux. Des notes sobres éclaircissent les diflicultés
de langue, et — détail digne de mention • — on y trouve reproduite
do fins jugements de Sainte-Beuve sur les passages cités. L. C.
I*ag;e8 rSioisies det^ graiids éci*iTniii««. Emerson; traduction et
Introduction nar M. 'Dugard, Paris, Colin, 1908, în-18 de xlviii-
377 p. — Prix : 3 fr. 50.
Il a été rendu compte ici même (t. CXIII, p. 328) du grand ouvrage
de M116 Dugard sur Emerson. Après nous avoir présenté et expliqué
le philosophe américain dans cette étude biographique et critique,
le même auteur traduit aujourd'hui en français quelques-unes de ses
pages les plus originales et les plus significatives. Ces morceaux,
quelquefois assez étendus, ont été choisis et groupés de façon à
donner un aperçu des idées fondamentales d' Emerson : choix et
groupement qui ne paraîtront nullement aisés à qui sait combien
ses idées sont éparses et disséminées et combien l'accord en paraît
tout d'abord impossible. De même que l'Introduction (résumé du
grand ouvrage) reconstitue l'unité très peu apparente du système,
de même, dans cette série bien ordonnée de fragments hétérogènes,
on trouvera plus de logique que dans maints textes complets de
l'écrivain américain. Philosophie, morale et religion; l'Homme et sa
culture; la Société et les questions sociales; les Arts et les lettres;
les Grands Hommes; Mélanges : telles sont les sections dans lesquelles
]\|iic Dugard a rangé une centaine d'extraits, fort bien traduits, où
l'on pourra faire connaissance avec cet esprit à la foi puissant
et infirme, avec ce « message » singulier, mélange d'idéalisme
et d'esprit pratique, de mysticisme 'et de négation, où se confondent
ou du moins se juxtaposent toutes les religions et touteslesphilosophies,
et où toutes les contradictions, sans chercher à se résoudre, semblent
vivre côte à côte et faire bon ménage. A beaucoup de points de vue, on
peut adresser à cette œuvre plus de reproches, et de plus graves, que
n'en fait M^i^ Dugard dans son intéressante Introduction : nul n'en
niera toutefois la noblesse morale et la persuasive éloquence.
A. Barbeau.
lie Théâtre eoiileinporain (1S69-IS90), par J. Barbey
d'Aurevilly. T. III. Paris, Stock, 1909, in-12 de de 350 p. —
Prix : 3 fr. 50.
Barliey d'Aurevilly (De sa naissance à 1909), par Fernand Cler-
GET. Paris, Falque, 1909, in-18 de 346 p., avec un portrait et un auto-
graphe inédits. — Prix : 3 fr. 50.
J'ai déjà, en annonçant ici les deux premiers tomes du Théâtre
— 53 —
contemporain de Barbey d'Aurevilly, dit ce que je pensais de cette
réédition : qu'au lieu de tirer à la ligne et de la diluer en nombreux
volumes, il eût sans doute mieux valu, pour sa gloire et pour la
revanche décisive que son œuvre mérite, l'alléger de tous ces feuil-
letons de remplissage qu'un chroniqueur à la semaine est forcé d'écrire,
la condenser, en l'ordonnant, autour des seuls noms qui en valent
la peine et nous intéressent encore. C'est bien assez que le vieux lion
ait été ainsi contraint par le res angusta domi à faire le chien savant
sur les tréteaux de l'actualité ! Il n'estimait pas très haut l'art dra-
matique en général; il avait une véritable horreur pour le bas, et sale
et cupide histrionisme qui est le fond du théâtre contemporain : visi-
blement, il s'acquitte avec dégoût de cette besogne d'exécuteur de
mélodrames mort-nés, de vaudevilles idiots, d'opérettes et de revues
qui, déjà, il y a quarante ans, n'étaient qu'un pur néant. Et il est vrai
que l'exécution est souvent rapide, et que devant ces « tragédies-
cadavres » {V Affranchi de Pompée)^ ces vieux « mélos décrépits » {Une
Histoire d'hier, les Cosaques, la Flava, le Passeur du Louvre, etc.),
ces « tissus d'absurdités « comme la Fièvre du four ou la Boule de neige,
ces « loques de plaisanterie usée « comme le Ver rongeur, ces « abo-
minables bouillies » comme Gilbert d'Anglars, ou ces « hémorragies de
bêtise », comme les Turcs, il se borne souvent à quelques cinglantes
injures ou à « un énorme : Pouah ! »
Mais il lui faut pourtant aligner sa copie. Alors il s'en tire comme
il peut, à force de facéties, de calembours, de libres propos sur les
acteurs et les actrices dont il eut toujours une curiosité très vive, et
de boutades d'une acre drôlerie contre « la fdature de coton « de la
Revue des Deux Mondes, contre l'Académie, cette « morte qui a oublié
de se faire enterrer », contre « les croque-morts de la critique », contre
la Tragédie, « une hydropique qui a crevé dans son enflure et dans
son eau », contre le Romantisme et ses vessies, contre les Parnassiens,
«ces Jocrisses superbes delà poésie vide », contre « l'encanaillement
de l'Histoire », contre toutes les bassesses et lâchetés d'un temps
qui avilit tout, qui « fait scie de tout », et toujours contre le théâtre
lui-même, où « toutes choses se dégradent à plaisir, passent au batelage,
se précipitent en bas, se démagogisent, tombent dans la fange des
farces malpropres et imbéciles! »... Or, cela, grâce à son grand
diable de style pittoresque et gesticulant, grâce à sa verve, à sa
fougue, grâce aussi à sa belle droiture artistique et morale, ne cesse
jamais d'être sympathique et amusant. Mais on a quelque peine à
voir un génie, né pour déplus grandes choses que le journalisme, se
répéter et s'user en ces jeux d'une escrime un peu vaine, devenir lui
aussi, par la force des choses, un peu histrion, un peu clown. Pour ceux
qui pensent — et je suis de ceux-là — que rien de ce qui est sorti d'une-
— 54 —
telle plume ne devait être tout à fait perdu, il suffisait peut-être que
ces feuilletons eussent été une première fois réunis en des volumes qui
ne sont pas introuvables. A cette heure, quand il s'agit de conquérir
le grand public et la jeunesse qui étudie à un écrivain si méconnu,
le plus pressé était, à mon sens, de nous donner la fleur de sa critique
si indépendante, si clairvoyante et si savoureuse. A cette fin, le
présent volume aurait fourni, pour les joindre à d'autres traitant des
mêmes hommes, de bien jolies et bien justes pages, sur Regnard, et
sa gaîté jaillissante, mousseuse, innocente dans le cynisme à force
d'être de la gaité; — sur Victor Hugo, le « Corneille bossu », et l'em-
phase « sans âme ni flamme » de sa Lucrèce Borgia; — sur George Safid,
la lourde rêveuse et prêcheuse à la Rousseau, avec «ses tendresses
fondantes, ses gelées de sentiment transparentes qui tremblent à
l'œil et engluent les esprits et les cœurs »; — sur Dumas père, ce
« grand prolifique », ce « père malade et distrait de tous les drames
qui sont venus après les siens «; — sur Eugène Sue, «le Restif de la
Bretonne du romantisme expirant et du socialisme à son aurore », et
X. de Montépin, le gentilhomme d'argent, qui fait « sa cuisine de mélo
comme les émigrés tournaient la salade »'; - — sur Ponsard, « le faux
grand homme », le poète Prudhomme du Juste Milieu, le « poète du
cul par terre entre la poésie classique et la poésie romantique »; —
sur Octave Feuillet, « le Bourgeois gentilhomme de la littérature »,
« le poète ambré et larmoyant des petites maîtresses », qui « fait très
gentiment la babiole dramatique, la vertu ébréchée, mais pas trop...
et qu'on peut recoller avec du lait doux, comme autrefois on recollait
les porcelaines »; — sur Sardou, dit « l'Escamoteur », dit le « Renai'd
subtil », la « Main de Velours », qui dépouillerait un mannequin à
sonnettes sans en faire tinter une seule, le tf virtuose qui pince des
ficelles comme on pince de la harpe »; — sur Meilhac et Halévy, et
leur Froufrou, ce « poème de la frivolité triomphante », « charmant,
léger, svelte, élégant, marchant bien, filant comme une frégate sur
la mer bleue pendant trois actes délicieux », puis sombrant, au 4« acte,-
dans le mélodrame, « minotaure qui dévore toutes les comédies d'à pré-
sent »; — sur Da/nas /ï/5, le seul alors, reconnaît Barbey d'Aurevilly,
« qui ait la griffe du lion », « esprit puissant, mais trop tendu au tour
de force, versant au public un vin violent, d'un goût âpre, fait pour
les hommes qui savent boire et porter leur vin », « penseur dramatique
qui tous les jours se christianise davantage et s'élève »... Mettons
qu'on recueille aussi ses propos sur quelques Minores, sur Théod.
Barrière, le pleurard et prosaïque Eugène Manuel qui est copieusement
éreinté, Villiers de V Isle-Adam, Labiche Bt Gondinet, Verconsin même...
Mais il ne faudrait guère plus bas descendre,... à moins que, pour une
fois, et à la fin du recueil on ne mit, afin de le faire tout entier connaître,
— 55 —
un peu de ses sourires de vieil enfant artiste aux féeries, aux ballets,...
à « telles jambes dictatrices sortant d'un amoureux caleçon de satin
gris bleu », etc..
— M. Fernand Clerget, qui a déjà écrit tout un volume sur M. Emile
Blémont, un autre sur M. Paul Gourmand, et qui en annonce à la fois
dix en préparation sur V. Hugo, G. Sand, Lamennais, Haraucourt,
Thiaudière, Madeleine Lépine, etc., etc., nous donne, avec le présent
livre, le secret de cette fécondité redoutable. Imaginez quelqu'un
qui lit copieusement mais hâtivement, dévore les soixante volumes de
Barbey d'Aurevilly, en prenant de chacun un sommaire et quelques
traits, résume de même les biographies, notices et ai'ticles concernant
son auteur, puis, n'ayant pour tout principe de composition que
Tordre chronologique, nous recopie bout à bout ses fiches suivant
leurs dates, et entremêle ainsi à ses soixante sèches et monotones
analyses les indications biographiques essentielles, et les coupures
d'articles de journaux, et qui mène ce travail de compilation jusqu'à
1909; vous aurez l'idée de ce que ce volume a de consciencieux comme
dossier, d'insuffisant comme étude critique, à la fois utile et ilhsible,
exact sans doute à peu près,mais qui ne donne, en son éparpillement,
aucune vive image ni de la vie, ni des idées, ni de l'âme et du talent
de Barbey. Pourtant M. Clerget s'essaie, sur la fin, à une conclusion
personnelle. Mais elle est faite encore presque exclusivement de
citations. D'ailleurs, comme Barbey d'Aurevilly mit toujours toutes
voiles dehors, et comme M. Clerget, l'ayant lu ou feuilleté tout entier,
le connaît assez bien, j'estime que l'idée qu'il en donne, si elle est
vague et incomplète, n'est point fausse. Et je lui saurais gré volontiers
de son admiration pour l'auteur des Prophètes du passée et de son
idéalisme, et de son théisme très ardent (« Il faudra bien que la
société revienne au principe religieux, si elle désire ne pas sombrer
prochainement »). Mais d'où tire-t-il autorité pour mêler à cela un
dédain tranquille — et suranné — « de ce qu'il y eut de trop étroit
dans les croyances du moyen âge », de l'idée d'expiation, par exemple,
ou des vœux du prêtre, ainsi qu'une confiance ingénue, et vieille
aussi, en la renaissance religieuse, qu'il voit naître et germer à la
minute où nous sommes, des cendres mêmes du catholicisme?...
Gabriel Audiat.
M. Taine, par Charles Picard. Paris, Perrin, 1909, in-16 de 99 p. —
. Prix : 1 fr.
En composant ce discours, qui a obtenu le prix d'éloquence décerné
par l'Académie française en 1908, l'auteur a su résister à la tentation
d'étudier Taine en lui appliquant sa propre méthode. Il a considéré
successivement la structure de son esprit, la méthode qui s'impose
— 56 —
à cet esprit, la doctrine qui résulte de cette méthode, procédant en
quelque sorte du dedans au dehors, au lieu de procéder à la façon de
Taine, du dehors au dedans. Dans un corps de valétudinaire un
esprit d'ascète qui a la passion de la vie spéculative, et, en même
temps, l'admiration de tout ce qui vit avec énergie dans le monde,
une volonté qui se manifeste dans le ton dogmatique de la
'démonstration et jusque dans le style : voilà Taine. Sa méthode
résulte de la double faculté d'abstraire et de générahser, d'une
part, et, d'autre part, de saisir les faits particuliers et caracté-
ristiques. Peu à peu, l'expérience et l'amour de la vérité aidant,
l'observation l'emportera sur l'esprit de système. La doctrine, c'est
que l'enchaînement des causes, que Taine ramène à une sorte de
déterminisme logique, et, parallèlement, la nature avec ses formes
variées sont les deux aspects de la vie; pour exprimer complètement
la réalité, il faut être à la fois poète et logicien : c'est ce que Taine a
souhaité d'être et ce qu'il a été. Il a voulu comprendre et faire com-
prendre: mais là ne s'est pas toujours bornée son activité. Si, au début
de sa vie et de son œuvre, il n'a cure que de vérité scientifique, et
a cherché le repos dans le seul exercice de son intelligence, il survient
un moment de crise — d'ailleurs lentement préparé par un long travail
intérieur — où il reconnaît l'insuffisance de l'intellectualisme pur.
Déjà, dans sa Philosophie de l'art, il attribue un rôle important aux
caractères « bienfaisants »; quand il aborde les Origines de la France
contemporaine, c'est avec un souci pratique très évident. Il cherche
dans le passé lointain les causes des fautes d'hier et des directions pour
la conduite de la société de demain. Pénétré de cette vérité que la
société se doit à elle-même de se conserver, il estime désormais à leur
valeur toutes les forces conservatrices et salutaires de la tradition, par
exemple la puissance organisatrice de l'Église, qu'il considère avec
de tout autres sentiments que jadis. « N'est-il pas émouvant, dit
M. Picard, qu'une existence, vouée tout d'abord aux spéculations
impassibles, s'achève par un inquiet besoin de religiosité, par une
morale d'appel à la conscience? »
Tel est, à peu près, l'ordre de ce discours, qui se recommande par
la liberté et l'impartialité du jugement, l'ingéniosité de la méthode,
la clarté de la composition et de la forme. L. Coolelin.
HISTOIRE
jflanuol d'Iiistsire ecclésiastique, adaptation de la seconde édi-
tion hollandaise du R. P. Albers, S- J-, par le R- P. Hedde. Paris,
Lecofîre, Gabalda, 1908, 2 vol. in-12 de xxxvi-636 et 622 p. —
Prix: 8 fr.
Le présent ouvrage prendra certainement place parmi les meilleurs
— 57 --
manuels. Les divisions sont claires et bien conçues; tout au plus
pourrait-on trouver un peu arbitraire la date de 692 adoptés comme
terme de la deuxième période de la première époque. Le ton est
scientifique; les conclusions, sur quelques « traditions » longtemps
accréditées, nettes et franches; si quelques ombres ont parfois été
un peu atténuées, si l'Inquisition, par exemple, ou la fiscalité pon-
tificaie au moyen âge, ont été excusées plus que de raison, ou pré-
sentées sous un jour un peu trop favorable, ce n'est que dans la
mesure qui est peut-être inévitable. L'information est étendue et
la bibliographie généralement au courant. Nous avons été surpris
cependant de ne voir mentionnés, ni la Geschichte des Kônigreichs
Jérusalem de Rôliricht, ni le livre de M. Dodu sur les institutions
politiques de ce royaume; ni la Kultur geschichte der Kreuzzûge de
Prutz; ni les tiavaux de Finke sur le concile de Constance, ni ceux
de Gottlob sur les Décimes de croisade, et sur les communs services
au xiii^ siècle, ni ceux de Kirsch sur les Annates et les collectories
pontificales en Allemagne au xiv^ siècle ; ni l'ouvrage de Baum-
gartner sur la Caméra collegii cardinaliiim, ni Celui de Gôller sur la
pénitencerie apostolique; ni les livres de Kirsch et de Mirot sur
le retour des papes d'Avignon à Rome. Ces lacunes trahissent le
défaut le plus grave que l'on pourrait reprocher à ce bon ouvrage;
l'histoire des institutions y est un peu trop subordonnée à l'histoire
extérieure de l'Eglise. É. Jordan.
Histoire d« l'Iiiif|iiisitioii en France, par Th. de Cauzons.
Tome I^"". Les Origines de l'Inquisition. Paris, Bloud, 1909, in-8 de
LV-499 p. — Prix : 7 fr.
Les travaux récents sur l'Inquisition sont légion. Celui dont nous
présentons aujourd'hui le premier volume à nos lecteurs, traitera
seulement de l'Inquisition en France, mais il aura, si nous ne nous
trompons, une importance et une répercussion considérables. L'auteur,
en effet, avec une indépendance de vues qui semblerait parfois tout
près de devenir dangereuse (voir les notes des pages 135, 137, 251,
324, 403, 4Ô8, 472, 488), aborde les questions de si haut, qu'on est
obligé de lui reconnaître une véritable maîtrise. Parmi les causes bien
connues d'infériorité qu'il relève dans la situation prise par les apo-
logistes chrétiens, il insiste surtout sur celle qu'il réussira à éviter, —
sur l'hésitation trop explicable à aborder franchement le délicat
problème. L'impartiaUté, voilà, certes, la note caractéristique que
parait ambitionner cet ouvrage, où le lecteur est constamment
provoqué à prononcer lui-même. Impartialité vis-à-vis de l'Église,
d'une part, impartialité aussi à l'égard des gouvernements et des
hérétiques.
— 58 —
Un premier chapitre est consacré à la façon dont l'Église envisagea
l'erreur dès ses origines et dans la suite. L'influence de la Bible sur
l'Eglise et la mentalité spéciale qui en résulta expliquent dans une
certaine mesure la sévérité montrée contre les transgresseurs de la loi
nouvelle. L'auteur a, sur l'intransigeance des religions, des consi-
dérations qui démontrent un esprit de fine observation et des con-
naissances historiques étendues. « Le libéralisme sans limites, re-
marque-t-il justement, ne saurait se concilier avec l'existence sociale. »
L'unité morale qui cimentait l'immense fédération enchevêtrée de
peuples et de seigneuries au moyen âge, reposait sur le lien religieux;
et, pour la conserver, la société chrétienne n'hésita pas à recourir
à des peines qui nous paraissent odieuses : amendes, mutilation,
prison, exil et mort. Ce n'est donc ni l'ambition, ni la cupidité,
— M. de Cauzons l'établit ensuite, — mais l'esprit de préservation qui
conduisit l'ÉgHse romaine à recourir aux mêmes moyens. Cette
sévérité envers les hérétiques fit, au reste, toujours place à la doctrine
de tolérance relativement aux infidèles. — Quels châtiments l'Éghse
employa-t-elle pour réduire les révoltés? Aux pénitences canoniques,
l'empire, devenu chrétien, ajouta sa législation pénale, et, peu à peu,
l'idée d'employer la force finit par triompher. La sévérité des lois
des Barbares amena l'introduction des supplices contre les héré-
tiques qui, de plus en plus, étaient traités en criminels. Les évêques
et abbés, gros propriétaires territoriaux, se trouvaient placés dans
une condition identique à celle des autres seigneurs. On ne saurait du
moins leur reprocher de s'être servi de leur double pouvoir dans des
vues égoïstes et basses. L'auteur montre par quels tâtonnements se
fixa l'échelle des peines et quelles hésitations conduisirent jusqu'à la
peine capitale et au bûcher imposé par les lois aux xi^etxii^siècles.
« Les preuves abondent que l'Église voyait d'un mauvais œil la peine
de mort « (p. 279); alors même qu'elle l'admit avec Innocent IV
(1243-1254), ce fut en livrant l'hérétique au bras séculier et en insérant
dans sa sentence des clauses, au moins en apparence, miséricordieuses.
— Le chapitre III nous fait assister au développement de la juridiction
épiscopale,en montre les défauts et l'insuffisance, les abus des/Mgeme«^
de Dieu, l'imperfection des formes de la procédure. Ce manque
d'organisation appelait le contrôle du Saint-Siège, et c'est de là que
sortit l'Inquisition, basée sur l'accusation d'ofiice. Les Papes, en effet,
excitent les évêques à veiller avec plus de soin sur les hérétiques,
envoient eux-mêmes des légats, dont les pouvoirs s'accrurent gra-
duellement avec la diffusion de l'institution. La naissante des inqui-
siteurs, délégués pontificaux, remonterait ainsi à 1227. La combinaison
des actions civile et religieuse et les appels de l'Église à la force de
l'Etat laissent ordinairement distincts les rôles de l'un et de l'autre :
I
— 59 ~
le pouvoir spirituel vérifie les doctrines, constate les égarements;
le pouvoir temporel édicté les peines et les applique. — Tout cela
est très net sous la plume de M. de Cauzons, et pourtant les jugements
sont circonspects et mesurés. On peut éprouver certains heurts au
cours de la lecture, mais partout on arrive à constater bonne foi et
raison. Ce premier volume, qu'on discutera sans doute, fait désirer
la prochaine apparition du second, dans lequel on étudiera l'Inqui-
sition dans ses organes, sa procédure, son personnel et ses châtiments.
G. PÉRIES.
Mémoriaux du Conseil de 1661, publiés pour la Société de
l'histoire de France par Jean de Boislisle. Introduction. Paris,
Laurens, 1907, in-8 de xcviii p.
Nous avons fait connaître aux lecteurs du Polybiblion, par la voie
de notre Chronique, la publication de M. Jean de Boislisle: Mémoriaux
du Conseil de 1661. h' Introduction que nous avons sous les yeux,
destinée à prendre place en tête du tome P'", n'a en réalité paru,
comme il est souvent d'usage et comme il est naturel, qu'après Tachè-
vement du texte, en un fascicule spécial. Elle nous offre l'occasion
d'insister sur l'intérêt historique des Mémoriaux, dont elle a poui
objet de faire ressortir les résultats principaux pour une connaissance
plus ample et plus nette des débuts du règne personnel de Louis XIV.
M. de Boishsle nous y montre d'abord l'organisation des divers
<( conseils », et en particulier de ce « Conseil des Trois))OU« Conseil secret»
qui fut le principal organe du gouvernement après que le jeune roi
eut recueilli les rênes de l'État des mains du cardinal Mazarin, glacées
par la mort. Il nous présente les « trois ministres », Le Tellier, Foucquet
et Lionne, qui composaient ce conseil, et nous explique leurs rapports
avec « les secrétaires d'État » et notamment avec les deux Brienne,
père et fds. Il nous expose le caractère du « Mémorial de Chantilly »,
principal texte de sa publication, et les confirmations et compléments
que lui ont fournis les « archives et documents ministériels », en par-
ticulier les « archives diplomatiques ». Il passe- en revue les « affaires
extérieures » dont le Conseil eut à s'occuper de mars à septembre 1661
et examine successivement les rapports de la France avec les puissances
suivantes : Provinces-Unies, Espagne, Portugal, Autriche, Ligue du
Rhin, Brandebourg, États du Nord, Pologne, Moscovie, Turquie,
Rome, Italie, Venise, Savoie, Suisse, Malte, Afrique. Il aborde ensuite
le « gouvernement intérieur » : religion, politique et administration,
pays cédés ou conquis, justice et compagnies judiciaires, guerre et
armées, finances, rôle de Colbert, marine, commerce. Il termine enfin
cet intéressant et utile travail en le plaçant, par un pieux hommage,
sous le patronage de son regretté père, sous les yeux et avec l'aide
de qui fut menée à bien par lui la publication des Mémoriaux. M. S.
— 60 —
Crépuscule d'aiicîeii régime, par le vicomte de Guichen. Paris,
Perrin, 1909, petit in-8 de 323 p., avec 3 portraits. — Prix : 5 fr.
De la gloire à la ruine, tel pourrait être le titre de cet intéressant
volume de M. le vicomte de Guichen, et ce douloureux itinéraire est
marqué par cinq étapes successives qui forment autant de chapitres.
Au premier, Louis XIV est dans tout son éclat; l'Europe est à ses
pieds. Irrité par les tergiversations de Gênes, qui a passé tour à
tour de l'Espagne à la France et de la France à l'Autriche, il fait
bombarder la ville, et malgré la constitution qui défend au Doge de
quitter sa résidence, il force le premier magistrat de la superbe
république à venir s'humilier devant lui. On connaît le mot du Doge,
auquel on demande ce qui l'a le plus étonné à Versailles : « C'est de
m'y voir. « Qui ne fut pas moins surpris de s'y voir, ce fut Jean Ca-
valier. Ce fils de paysans, sans naissance, sans extérieur, admis
dans le palais et en présence du grand Roi ! Qui eût pu le prévoir? Ce
fut une habileté de Villars d'avoir décidé le chef en qui s'incarnait
la résistance des Camisards exaspérés par la tyrannie maladroite
de Basville et de Montrevel, à se rendre à Versailles pour traiter avec
les ministres. Flatté dans son amour -propre, Cavalier céda et la
soumission du chef entraîna la pacification du pays. Mais après' les
succès, les revers allaient venir. La fin de Louis XH' fut triste, et si,
dans ces dernières campagnes, le roi se montra peut-être plus réelle-
ment grand que dans ses prospérités, les deuils de famille, les revers,
la misère du peuple, suite de tant de guerres, jettent une teinte singu-
lièrement sombre sur sos dernières années. Et après la mort du Roi,
la misère morale vient s'ajouter à la misère matérielle. Il y a un
relâchement de mœurs, un débordement de licence véritablement
effrayant. Le nom de la Régence est resté comme le symbole de cette
décomposition de la société. Le tableau en est bien noir, et M. le
vicomte de Guichen l'a peut-être chargé encore. Peut-être aussi les
sources auxquelles il a puisé ne sont-elles pas toujours très sûres :
les Mémoires de Dubois^ entre autres, sont d'une authenticité très
douteuse. Le long règne de Louis XV aggravé encore la situation,
et après des débuts brillants dans la guerre de la Succession d'Autriehe,
la malheureuse guerre de Sept ans achève la ruine et la décomposition
du pays.
Le chapitre le plus curieux de ce volume nous paraît être le dernier :
Franklin à Paris. Il contient des détails fort curieux sur les agissements
de l'envoyé des Américains, très fin diplomate sous son aspect
rustique et qui n'avait d'un bonhomme que les apparences. Il y eut
alors un engouement pour les insurgents, un entraînement des classes
élevées qui jeta un dernier rayon de gloire sur la fin de l'ancien
régime, mais qui en détermina la chute. Gomme l'a dit un historien,
— 61 —
on croyait simplement encomagoi- une révolte; on préparait une
révolution. Max. de la Rocheterie.
li'AiSiBÎslaiice et l'Ivtat eu France à la veille de la Révo-
lution (Généralités de Paris, Rouen, Alençon, Orléans, Chalons,
Soissons, Amiens) (i764 179 '), par Camille Bloch. Paris, A. Picard
et fils, 1908, gr. in-8 de lxiv-504 p. — Prix : 10 fr.
De cet important ouvrage, par lequel M. Camille Bloch, inspecteur
général des bibliothèques et des archives, a obtenu, après une brillante
soutenance, le titre de docteur es lettres, on peut dire tout d'abord
qu'il offre une excellente méthode et un précieux instrument de
travail, par la bibliographie très complète qui lui sert d'Introduction,"
par la table alphabétique très détaillée qui le termine, par l'abondance
et la précision de ses références. Ce n'est pas un mince mérite. L'auteur
soumet ainsi aux lecteurs, loyalement, les pièces sur lesquelles il base
ses conclusions. Et celles-ci sont nettement formulées. Reprenant,
en matière d'assistance, la thèse qui, chez Tocqueville, apparut comme
une découverte, et qui a été déclarée juste par vVlbert Sorel en matière
de politique extérieure, il affirme que la Révolution contourna bien
plus qu'elle ne renversa la tradition antérieure.. Et c'est vrai dans
une large mesure, surtout si l'on s'en tient aux plans de la Constituante,
aux travaux du comité de mendicité. En poussant plus loin, et en
s'aidant de l'instructif ouvrage de M. Léon Lallemand : La Résolution
et les pauvres^ on verrait que, du programme annoncé, de l'organisation
de l'assistance comme service d'Etat, la Révolution a surtout réalisé
la partie négative, qu'elle a su surtout désorganiser la charité libre,
confisquer et proscrire. Et puis une partie des précédents notés par
M. Camille Bloch prouve simplement que l'esprit révolutionnaire
s'est formé et s'est manifesté avant 1789. On aurait pu y joindre une
citation bien caractéristique d'Helvetius, le fils du médecin bien-
faisant, dont le nom était connu dans les provinces par les envois
de médicaments que faisait le Roi avec des affiches portant en grosses
lettres : Remèdes de M. Heh-etius, d'Helvetius qui écrivait dans le
traité De l'homme (sect. I, 14) : « La puissance temporelle a le droit
de se charger de l'administration des legs faits à l'indigence et de
rentrer dans tous les fonds que les moines ont volés aux pauvres. »
Les critiques amères qui, dans ce milieu, furent alors formulées contre
les étabUssements existants de charité ne doivent-elles pas être quelque
peu atténuées? Si les plaintes que l'on nous rapporte contre le ser-
vice des reUgieuses dans les hôpitaux avaient été générales, ces reli-
gieuses auraient-elles été rappelées sous le Concordat avec un em-
pressement dont rendent témoignage des préfets fort peu dévots?
N'est-on pas surpris d'entendre un certain abbé de Récalde, vitu-
— 62 —
pérant les hôpitaux de France, leur opposer comme modèles les
hôpitaux du paganisme? Où donc les a-t-il découverts? Quoiqu'il en
soit, le livre de M. Camille Bloch oiïre un tableau d'ensemble, portant
spécialement sur la généralité de Paris et sur les généralités voisines
(Rouen, Alençon, Orléans, Soissons, Châlons et Amiens), un tableau
qui nous manquait, et auquel il sera nécessaire de se reporter, du
grand mouvement de bienfaisance qui s'est développé durant les
vingt-cinq dernières années de l'ancien régime, qui animait toute
la société française, gouvernants et gouvernés, reine et bourgeoises,
hauts seigneurs, évêques et intendants, simples curés de campagne
et grands ministres comme Turgot, qui occupe dans cette galerie une
place d'honnnir. Baron J. Angot des Rotours.
Victionnaire top&gra|iliique du dé|»artenienf de la
Haute-IiOÎre, comprenant les noms de lieu anciens et modernes^
par Augustin Chassaing, complété et publié par Antoine Jacotin.
Paris, Leroux, 1907, in-4 de xliii-393 p. — Prix : 14 fr. 50.
Un premier titre avertit que cet ouvrage fait partie du Dictionnaire
topographique de la France^ publié par ordre du ministre de l'ins-
truction publique et sous la direction du Comité des travaux histo-
riques.
Ainsi donc le département de la Haute-Loire est doté d'un diction-
naire topographique de la plus rigoureuse exactitude. Le nom du com-
missaire responsable en est assurément la meilleure garantie. Cet
ouvrage devient un instrument de travail indispensable à l'historien
comme au bibhophile. L'un et l'autre trouveront, en consultant
chaque nom de lieu, tout ce que l'on sait sur cette localité, soit ville,
village, hameau, maison isolée, avec l'indication des établissements
publics ; partout où l'érudition a trouvé accès, on a recueilli avec soin
tout ce qui pouvait ofTrir un intérêt historique, archéologique, litté-
raire ou de toute autre nature.
Dans l'Introduction, remarquablement conçue, la liste alphabétique
des principales sources où les renseignements ont été puisés est in-
diquée soigneusement ; elle comprend : 1° les manuscrits ; 2° les
imprimés (p. xxxix-xlii).
On prévient qu'il n'a été tenu aucun compte des deux ouvrages de
topographie du département, parus l'un en 1820 et l'autre en 1888 :
« œuvres déjà incomplètes au moment de leur apparition et contenant
en outre de nombreuses inexactitudes, provenant de documents
erronés ou d'une connaissance insuffisante des règles philologiques. »
L. Pascal.
— 63 —
li'Einpire «lu Soleil. Sei^nes et portraits iélibrcensi, par
Armand Praviel. Paris, Nouvelie Librairie nationale, s. d. (1909),
in-18 de 168 p. — Prix : 2 ir.
M. Praviel est un ardent apôtre du régionalisme félibréen. Dans ce
volume, il l'étudié avec un amour assombri par une ombre de tristesse.
Il fait une sorte de bilan de la renaissance méridionale, du félibrige,
-depuis ses origines illustrées par Frédéric Mistral, Roumanille,
Paul Giera, Aubanel, Jean Brunet, Anselme Mathieu et Alphonse
Tavan, etc. Ce mouvement régionaliste eut pour théâtre le Midi,
« l'empire du Soleil » et rayonna non seulement en Provence, mais
aussi dans le pays pyrénéen, en Gascogne, en Périgord, en Limousin,
en Languedoc, en Auvergne et en Rouergue. Il s'attache aux
félibres de ces diverses provinces, à leurs actes, leurs fêtes, leurs écrits
donnant l'élan à la renaissance régionaliste : l'amour ensoleillé de la
petite patrie, qui n'amoindrit point celui de la grande :
« Ame moun vilatge mai que toun vilatge;
Ame ma Prouvenço mai que ta prouvinço;
Ame la France mai que tout! » (Félix Gras).
« J'aime mon village plus que ton village;
J'aime ma Provence plus que ta province;
J'aime la France plus que tout !
Malgré bien des obstacles, des éléments de ruine, de centralisation
à outrance, l'extension, le progrès félibréen se poursuit, l'amour du
sol et de la race s'affirme de plus en plus. « Dans ces quelques croquis,
dit M. Praviel, imparfaits et rapides (nous disons : charmants), nous
espérons que l'on sentira la vie profonde des provinces du Midi — • de
l'empire du Soleil — et que les sceptiques eux-mêmes, se rendront
compte que le félibrige, malgré toutes les critiques et tous les
dénigrements, est plus que jamais, à l'heure où nous écrivons, quelque
chose d'extrêmement vivant et sans cesse renouvelé; mieux encore
peut-être, que les joueurs do guitare méridionale ont trouvé la clef
de bien des questions angoissantes et de bien des problèmes obscurs »
(p. 15). — L'ouvrage se termine par des conseils plus pratiques que
sentimentaux pour accroître le mouvement félibréen, promouvoir la
renaissance méridionale qui s'étend du Périgord aux Pyrénées et
un Index bibUographique bien à jour. Il sera l'un des meilleurs de
la « Collection des écrivains régionaux ». Louis Robert.
Li'Figlise fie France et la Séparation, fi» l^utte dn Sacer-
doce et de la République Irançai^e, par Paul Barbier.
Paris, Lethielleux, s. d. (1909), in-16 de 115 p. — Prix : 0 fr. 60.
Ce petit livre fait partie d'une collection pubUée par M. l'abbé
Barbier sur la crise religieuse contemporaine. La compétence de
l'auteur s'est affirmée par d'assez nombreux travaux connexes au
— 64 —
même sujet pom' qu'elle no puisse fairo doute. On revit, à la lecture
de son opuscule, les mois d'attente et d'anxiété qui suivirent le vote
de la loi de séparation, alors qu'on ignorait si Rome accepterait
les associations cultuelles et qu'on se demandait, une fois le non
possnmus prononcé par le Saint-Siège, quelle attitude prendrait le
gouvernement français. M. l'abbé Barbier fait ressortir la sagesse
de la décision pontificale et montre combien il eût été contraire à
la constitution de l'Église de tolérer la subordination du clergé à
des assemblées de laïques. Au surplus, cette combinaison n'avait été
imaginée qu'en vue de semer la division parmi les catholiques et de
terminer par un coup décisif la guerre que poursuit contre eux, depuis
1879, c'est-à-dire depuis qu'il est au pouvoir, le parti républicain.
H. RUB.VT DU MÉRAC.
La Conjuraficn jiifiTe contre le monde efaréiien, par
Copin-Albancelli. Lvon et Paris, Vitte, 1909, in-16 de 534 p. —
Prix : 3 ff. 50.
Ce volume est le complément des études si intéressantes et si utiles
de j\I. Copin-Aibancelli sur la franc-maçonnerie. Dans une première
brochure, il avait indiqué pourquoi il avait quitté la franc-
maçonnerie quand il avait soupçonné qu'elle était une société interna-
tionale ayant la prétention de diriger la politique française dans
des intérêts étrangers. Dans son précédent volume, il nous a
exposé l'organisation si ingénieuse et si perfide de cette association,
composée de sociétés superposées et dont chacune est secrète pour
les sociétés inférieures. Aujourd'hui, il cherche à se rendre compte de
la nature du pouvoir caché qui la dirige dans l'ombre, de son origine
et de son but.
Il nous montre ce pouvoir occulte ne donnant aucun ordre à décou-
vert, mais agissant par des influences soigneusement couvertes,
chaque agent ne sachf>jit précisément que ce qu'il est nécessaire de
savoir pour l'acte à accomplir au moment choisi, les gens qui ne sont
pas suffisamment disposés restant dans les bas grades ou quittant la
franc-maçonnerie; ou par des associations secondaires suscitées pour
répondre à des nécessités transitoires ; partout la direction supérieure
provoquant les événements qui doivent mener à son but, sans jamais
que personne puisse connaître ce but.
L'auteur conclut qu'une organisation si compliquée et si parfai-
tement adaptée aux desseins ténébreux du pouvoir occulte, ne peut
être que l'œuvre d'une association très expérimentée dans la pratique
des sociétés secrètes et ayant un but constant poursuivi de générations
en générations. Il ne voit que le peuple juif, partout répandu comme
la franc-maçonnerie, qui réponde à ces conditions. Il se croit d'ailleurs
— 65 —
assuré que ce peuple a, depuis des siècles, un gouvernement secret. Il
en voit la preuve dans l'existence jusqu'à l'an 1005 de princes de la
captivité, et dans une consultation qui aurait été demandée au xv^
siècle par les juifs de Provence au grand sanhédrin de Constantinople.
Nous avou3fons que ces preuves ne nous paraissent pas absolument
décisives. D;^, tout temps, il y a eu en Europe des sociétés secrètes de
magie, de sorcellerie ou d'hérétiques, dont la fihation paraît pouvoir
être établie jusqu'aux écoles gnostiques et aux religions orientales.
Il n'est donc pas absolument nécessaire de faire intervenir les juifs à
l'origine de la franc-maçonnerie. Quant à la consultation à Constan-
tinople, elle repose sur deux pièces publiées au xvii^ siècle et trouvées
dans un monastère de Provence et aux archives de Simancas. On
n'explique pas comment des pièces d'une nature aussi secrète sont
venues entre les mains chrétiennes.
Néanmoins la conclusion de M. Copin-Albancelli nous paraît bonne.
Nous croyons certain que les juifs ont eu, àunmoment donné, une part
considérable dans la formation de la franc-maçonnerie. La meilleure
preuve, bien que l'auteur y insiste très peu, nous paraît ce rituel tout
farci de termes et d'idées hébraïques, que le vulgaire considère comme
grotesque et qui au fond a une signification très sérieuse. Le rétablisse-
ment du temple de Salomon, n'est-ce pas le symbole transparent du
rétablissement de l'empire juif? Les juifs ont d'ailleurs aujourd'hui une
influence avouée et prépondérante dans la franc-maçonnerie. On sait
qu'ils ont toujours rêvé la domination universelle et nous croyons bien
avec M. Copin-Albancelli que ce but est celui de la franc-maçonnerie.
L'auteur fait une œuvre méritoire en nous montrant ainsi le but
où l'on nous conduit et l'abîme vers lequel on nous pousse. Malheu-
reusement ses livres sont trop volumineux et trop élevés pour atteindre
les masses électorales. Il faudrait en tirer des faits biens choisis et de
considérations frappantes dont on formerait des petites hruchures pou-
vant pénétrer partout. Nous sommes aujourd'hui aurégime du suffrage
universel, c'est-à dire conduits par des ignorants qui nous mènent
sans savoir où. Il faut, pai' quelques traits saillants, éveiller en eux le
sentiment du danger ou périr tous ensemble. D. V.
Politique iranco-allemande, par LuciEis' Coquet. Paris, Alcan,
1908, in-12 de xix-226 p. — Prix : 3 fr, 50.
Le but de cet ouvrage est de préconiser un rapprochement franco-
allemand sur le terrain commercial par la conclusion d'un traité
de commerce et, sur le terrain colonial, par la conclusion d'un traité
d arbitrage. Qu'il y ait de bonnes raisons à faire valoir en ce sens, ce
n'est pas contestable, et M. Coquet les expose fort bien, en ayant soin
d appuyer sa démonstration par de nombreuses pièces justificatives
Juillet 1909. T. CXVI. 5.
— 66 —
qui permettent, même au lecteur peu familiarisé avec les questions si
ardues des tarifs douaniers, de se faire sur beaucoup de points une
impression raisonnée. Il est juste de signaler comme une partie
très intéressante de cet ouvrage l'exposé contenu dans les chapitres
II, III, et IV de l'état des relations douanières entre les deux pays
en fonction du ti'aité de Francfort et du nouveau tarif allemand. L'au-
teur relève avec le plus grand soin tous les symptômes favorables au
rapprochement, depuis les déclarations de diverses chambres de com-
merce de France et d'Allemagne jusqu'à la convention du 8 avril 1907
pour la protection des œuvres littéraires et artistiques. La seconde
partie du livre est consacrée à la politique coloniale franco-allemande.
L'auteur est un admirateur des hommes d'Etat de la République :
de Gambetta, de Jules Ferry, de Paul Bert, pour ne parler que des
morts. Il exalte les efforts de MM. Lucien Hubert et Etienne et leurs
visites en Allemagne pour arriver au lapprochement désiré par lui.
Il croit qu'en détournant ses yeux de l'Europe et en créant son nouvel
empire colonial, la France a satisfait à sa destinée, et il s'en faut de
peu qu'il n'y trouve la marque d'une glorieuse suprématie dans le
monde... et de la bonne volonté de l'Allemagne de ne s'y point opposer !
Les amis du Polyhihlion ne liront pas ces pages sans une profonde
tristesse. Eux, pour qui la France ne date pas d'hier, n'oublient pas
que cet empire colonial n'a été offert à la République que pour dé-
tourner l'attention de la France de la plaie du Rhin et de ses intérêts
en Europe, que sa fragilité est telle que nous ne sommes pas en
mesure d'en assurer la défense, et qu'ilsuffit que sur un point, comme
au Maroc, la politique coloniale de la France se combine avec ses
intérêts traditionnels et européens, pour que l'hostilité allemande se
manifeste avec sa venimeuse virulence. Ce n'est point, certes, qu'il
n'y eût rien à faire en dehors de l'Europe et qu'il fallût laisser procéder,
sans y prendre part, aux répartitions de territ Dires qui se sont faites
depuis trente ans. Mais avoir payé ce que nous avons acquis par
l'abandon de notre situation en Orient et en Europe, c'est trop cher,
surtout si l'on songe que le sort de toutes nos colonies, que l'Allemagne
ne cesse de guetter comme une proie d'avenir, dépend d'une bataillp
sur le Rhin.
La vérité, la triste et lugubre vérité, c'est, que, depuis quaranti'
ans, la France, malgré d'apparentes victoires, malgré d'apparent>
succès diplomatiques, ne s'est pas relevée. Elle reste au second plan
sous la dépendance tantôt de l'Allemagne et tantôt de l'Angleterre.
Elle ne peut avoir aucune action hbre et ne peut agir (hormis pour se
détruire elle-même) sans la permission de quelqu'un. Faut-il admirer
le courage des hommes d'Etat de laRépubhque, qui prennent leur parti
de cette situation et veulent s'en accommoder le moins mal possible?
'— 67 -
Je ne sais. Mais, en tout cas, ce n'est pas à nous qu'il faut demander
ce courage, car nous ne l'avons pas.
Nous ne comprenons le respect et l'amour de la patrie que dans
la poursuite constante d'un double but, qui se confond : lui rendre
sa place en Europe, c'est-à-dire la première, et son territoire entier,
c'est-à-dire l'Alsace et la Lorraine. Tout autre but nous paraît mi-
sérable, et inconciliable avec le respect même qu'on doit à une patrie
comme la nôtre. N'est-ce point s'en écarter que d'organiser des
visites pacifiques et des banquets,que de conclure des traités et combi-
ner des ententes? Il est permis, tout au moins, de poser la question sans
pour cela mettre en doute le patriotisme de personne. Mais quelle
réponse attendre des hommes qui représentent un régime dont
les^ fondateurs n'ont réussi à conquérir le pouvoir, en 1877, qu'en se
mettant sous la protection allemande, et qui ont cru relever la patrie
en suivant les conseils de son plus implacable ennemi : le prince de
Bismarck? Eugène Godefrov.
La Hongrie ruB'ale, «»ciale ci. politique, par le comte Joseph
DE Mailath. Paris, Alcan, 1909, in-8 de viii-356 p. — Prix : 5 fr.
L'ouvrage du comte J. de Mailâth : La Hongrie rurale^ sociale et
politique^ paraissant presque en même temps que celui de M. René
Gonnard : La Hongrie au xx^ siècle. Etude économique et sociale^ montre
que la question économique est bien d'actualité. Elle est traitée à
des points de vue différents, car si M. René Gonnard a visité la Hongrie
et en a rapporté des impressions presque toujours exactes et des notes
précises, le comte de Mailâth, lui, est Hongrois, et écrit sur un sujet
où il est passé maître. Grand propriétaire terrien, il vit presque
toute l'année à la campagne, tantôt dans son domaine de Perbenyik,
dans le comitat de Zemplén, tantôt dans sa propriété familiale de
Slavonie. Il administre lui-même ses domaines, et, membre de la
Chambre haute, il prend part aux discussions de toutes les questions
relatives à l'agriculture, au mouvement social et économique.
Parlant plusieurs langues, le comte de Mailâth se tient au courant
de tout ce qui se publie en Europe sur les questions qui lui semblent,
à bon droit, vitales pour l'avenir de son pays; il suit les discussions
qui ont lieu dans les congrès agricoles, et les essais qu'il tente sur
ses domaines, avant d'en conseiller l'application générale, sont le
fruit de réflexions et de comparaisons approfondies.
Son livre présente l'histoire agricole de la Hongrie et en même temps
l'histoire de l'aristocratie qui, au pays des Magyars, tient à peu près
la même place qu'en Angleterre la noblesse britannique. « Cette aris-
tocratie, dit M. René Henry, qui a écrit une intéressante Préface pour
cet ouvrage, est précisément l'épine dorsale et le système nerveux
— 6S — •
de la Hongrie; il est bon que ce soit un des siens qui s'adresse à nous. »
D'autant plus, pourrions-nous ajouter, qu'il connaît à fDnd son pays
et ses habitants. Il vit au milieu des paysans, il a étudié leur caractère,
et il conclut : « Ce qui caractérise le paysan hongrois, c'est son an.our
exalté, sans bornes de la terre. Cette passion s'explique sbu?; même
qu'il soit nécessaire de faire intervenir les tendances héréditaires :
la culture de la terre est la plus indépendante de toutes les occupations.
Le paysan hongrois n'en connaît point et ne veut point en connaître
d'autre. Il est fier que la fertilité des plaines dépende de ses bras et
que ce soit lui qui produise le pain pour le pays tout entier. » Cette
vie indépendante a développé dans l'âme du paysan une certaine
fierté, et c'est ainsi qu'on l'entend souvent dire : « Je ne crains que
Dieu... Je ne reçois d'ordre de personne. »
L'auteur de la Hongrie rurale explique comment cet état d'âme
a facilité la propagation des doctrines socialistes. Quelques mauvaises
récoltes privèrent le paysan de l'Alfôld du pain blanc qu'il juge indis-
pensable à son existence; aussi, quand, vers 1890, les sociahstes
vinrent répandre leurs doctrines, les paysans les crurent volontiers;
de plus, les paysans ne connaissant guère comme texte imprimé que
la Bible qui, pour eux, est sacrée, ils considérèrent les journaux et les
bxochures distribuées par les socialistes comme aussi authentiques.
« S'il est permis, disaient-ils, de les imprimer, de les vendre et de les
répandre, c'est qu'assurément ils contiennent la vérité. « Cette naïve
illusion devait être bientôt détruite, mais non sans avoir fait un
mal immense dont une des conséquences fut l'émigration, désastreuse
pour un pays dont la population est loin d'être dense. Le gouvernement
fait de louables efforts pour enrayer cet exode et pour faciliter le rapa-
triement des émigrés.
Après avoir tiaité en des chapitres spéciaux la question des asso-
ciations, des sociétés coopératives de consommation, de l'assurance
ouvrière en cas de maladie ou d'accidents, l'auteur rappelle ce que fut
le comte Alexandre Kârolyi, un disciple hongrois de Le Play; puis
il expose son propre programme agraire, basé sur de solides études
et des comparaisons judicieuses entre ce qui se passe dans les différents
Etats de l'Europe, et il conclut que « le triomphe de l'agrarisme
rétablira, entre toutes les branches de production, l'harmonie détruite
sous le règne du capital. »
La seconde partie de l'ouvrage du comte de Mailâth est d'un intérêt
plus vif pour les lecteurs français, car l'auteur y aborde les questions
pclitiques, et, après avoir retracé à grands traitsl'histoire de la Hongrie,
il traite avec quelques développements les événements qui se sont
produits dans le domaine politique depuis le commencement du
xx^ siècle. Tout d'abord l'auteur proteste, et à juste titre, contre
— 69 —
les interprétations inexactes de la politique magyare; si les lecteurs
étrangers, notamment les Français, interprètent de façon erronée
ce qui se passe en Hongrie, c'est qu'ils sont mal renseignés: la plupart
du temps les journalistes puisent leurs renseignements à des sources
pangermanistes, puis aussi la Hongrie n'est pas toujours heureuse dans
le cho'x de ceux qu'elle charge de faire connaître ses actes à l'étranger;
elle a souvent de maladroits amis, et le bon La Fontaine déplorait
déjà cette sorte de relations.
Aussi serait-il fort intéressant, pour ceux qui ont à traiter des
questions de nationalités en H mgrie, de se documenter dans l'ouvrage
du comte deMailâth: ils y apprendraient de quelle façon la Croatie
fut réunie à la Hongrie, au xi^ siècle, par le roi saint Ladislas; ils
verraient qu'au commencement du xix^ siècle, la question des na-
tionalités n'existait pour ainsi dire pas et que l'agitation panslaviste
^ commença en 1812, à l'époque où le tsar Alexandre F"", par son
ordonnance adressée à l'amiral Csisakov, disait : « Il est nécessaire
que vous employiez tous les moyens pour enthousiasmer les peuples
slaves, afin de les faire servir à nos projets. »
Ce mouvement fut favorisé par l'Autriche qui, fidèle à sa devise :
Divide et impera, encouragea par des promesses les idées séparatistes
des Slaves, auxquels se joignirent bientôt les Croates et les Roumains.
La charte octroyée par l'Autriche, le 4 mars 1849, donna en partie
satisfaction aux nationalités. Mais dès que les Hongrois, vaincus par
les Russes, durent renoncer à la lutte pour l'indépendance, l'Autiiche
reprit aux nationalités les privilèges qu'elle leur avait accordés. La
germanisation et l'absolutisme régnèrent partout : il n'y eut pas de
droits pour quelques-uns, mais l'oppression pour tous. Les nationa-
lités s'étaient trompées lorsqu'elles avaient compté sur la recon-
naissance de l'Autriche pour laquelle elles avaient trahi la Hongrie,
qui, en 1848, avait partagé avec elles les hbertés conquises.
Lorsqu'à cette époque la noblesse hongroise renonça volontai-
rement à SOS droits, elle ne fit aucune différence entre les Magyars
et les autres nationalités; « il n'y a jamais eu, au point de vue des
droits civils, aucune différence entre le noble hongrois et le noble
de nationalité étrangère, entre le citoyen hongrois de langue magyare
et le citoyen hongrois parlant une langue étrangère. Par conséquent,
les nationalités combattent pour des droits qu'elles n'ont jamais eus,
qui ne sont basés sur aucune loi, qui sont en opposition directe avec
le principe d'une nation hongroise unique, car elles veulent séparer
de l'Etat hongrois les parties qu'elles habitent et qu'elles regardent
comme étrangères sur le territoire de l'État national hongrois, unifié
depuis des siècles. »
Après une lecture attentive de la partie politique de l'ouvrage
— 70 —
du comte de Mailàth, on se rendra compte de la partialité avec laquelle
on a trop souvent jugé de la question des nationalités en Hongrie,
et on conviendra que, loin de mériter les reproches que les écrivains
insuffisamment renseignés lui adressent, la Hongrie a droit à l'ad-
miration pour l'équité et la tolérance dont elle fait preuve à l'égard
des peuples qui font partie de la Couronne de Saint Etienne. En
établissant ces faits, le grand économiste hongrois aura rendu à
son pays un incontestable service. É. Horn.
Jean Hé Kry (1760-1^35). lie Ton^ïrès de Rastatt. Une
Prt^feetiire son» le premier Em|iire. par Léonce Pingaud.
Paris, Plon-Nourrit, 1909, in-8 de vii-401 p., avec portrait. — Prix :
7 fr. 50.
Toujours la même tige avec une autre fleur.
L'on connaît cette image suggestive du panthéonisé qui, aux origines,
signant aristocratiquement « vicomte Hugo «, finit en démagogue.'
Elle peut s'appliquer à Jean De Bry. En eftet, sur une tige d'ambitieux,
on vit s'épanouir tour à tour des fleurs de girondin jacobinisé, de
thermidorien, de fructidorien, de brumairien, enfih de bonapartiste
enfiévré. Et, dans cette flore variée, les lis eussent eux-mêmes figuré,
éclatants, si la Restauration n'eût finalement invité ce clown politique
à aller exécuter ses pirouettes sous un ciel autre que celui de France.
Ce serait naïveté pure, il me semble, que s'indigner de la conduite
si parfaitement opportuniste — le mot n'était pas encore inventé —
de Jean De Bry. Son cas est celui de quantité de ses contemporains
dont bon nombre ont trouvé place dans le fameux Dictionnaire des
girouettes, paru en 1815. Naturellement Jean De Bry s'y trouve
portraituré, en huit lignes brèves.
Né à Vervins en 1760, d'un « marchand d'étolîes qui avait obtenu,
moyennant finances, les titres de conseiller du Roi et de lieutenant
de maire breveté », il n'eût pas été fâché de pouvoir établir qu'il des-
cendait d'une famille illustre, les Derby d'Angleterre. Ces prétentions
nobiliaires ne l'empêchèrent point, toutefois, d'emboîter résolument
le pas à la Révolution dès qu'elle se mit en marche. D'échelon en
échelon, il arriva à se faire nommer, par ses concitoyens, député à
l'Assemblée législative, puis à la Convention nationale.
En quelques mots, notons simplement, pour cette période, son
rôle dans le procès de Louis XVI. Sur ce point, M. Léonce Pingaud
s'exprime ainsi : « Le cas de Jean De Bry est intéressant à étudier,
après celui de tant d'autres; c'est celui d'un homme qui tint à dire
son mot à toutes les phases du procès et qui, partisan au début d'une
mesure de clémence, se trouva amené à voter la mort, sans appel au
peuple et sans sursis » (p. 18). C'est ainsi qu'il devint régicide.
Franchissons l'époque de la Terreur et, sans insister sur la mission
— 71 —
de De Bry dans le Midi, soulignons le fait que ce représentant avait
très efTicacement protégé le général de brigade Bonaparte en le recom-
mandant au gouvernement quelques jours avant le 13 vendémiaire.
Déjà il avait eu roccasion d'être utile à Joséphine de Beauharnais.
De sorte que le futur couple impérial avait alors contracté à l'égard
de De Bry une dette de reconnaissance qui devait être payée assez
maigrement plus tard.
L'homme politique nous ayant été présenté dans les deux premiers
phapitres composant la première partie de l'ouvrage, M. L. Pingaud
consacre la deuxième partie (chapitres III et IV) au congrès de
Rastatt de 1799 et à la relation de l'assassinat des ministres français,
Bonnier et Roberjot. De Bry n'échappa au massacre que par une sorte
de miracle. Les détails rassemblés ici sur cette alïaire, qui passionna
la France et l'Europe, sont extrêmement attachants et précis; l'auteur
rappelle les différentes versions de cette tragédie qu'il considère, très
justement, à mon avis, comme un attentat commis par l'Autriche.
Que les victimes fussent peu intéressantes par elles-mêmes, cela n'est
pas douteux : leur caractère diplomatique reconnu eût dû, malgré tout,
les protéger. Le plus singulier, dans ce drame, c'est que l'on ne tarda
pas à accuser le « mau-tué », ■ — comme on devait l'appeler ironique-
ment à Besançon — d'avoir fait lui-même perpétrer l'assassinat. Et le
comble, c'est que Napoléon, du fond de sa tombe {Mémoires sur la
captivité de Sainte- Hélène, publiés en 1825) avait paru émettre des
doutes sur l'innocence de son protecteur d'antan. Ne serait-ce point
à cela qu'il convient d'attribuer la faveur restreinte accordée au person-
nage sous l'Empire? M. Pingaud n'envisage pas cette question; mais
cette supposition n'est-elle pas assez naturelle?
La troisième partie du volume (chapitres V à VIII) est relative
à « l'Administration ». Fort d'une promesse du Premier Consul, qui
devait lui donner un témoignage d'estime « sous la forme d'une fonc-
tion publique honorable et suffisamment importante », De Bry en
réclama bientôt la réalisation : le 29 avril 1801, deux ans après son
aventure tragique de Rastatt, il fut nommé préfet du Doubs, mais
il ne se rendit à Besançon que le 15 juillet suivant.
Tout de suite, il remplit les fonctions de sa charge avec une con-
viction et un zèle qui ne devaient pas se démentir un seul in- tant.
Spécialement il s'efforça, lorsqu'il eut à appliquer le concordat dans
son département, de concilier les deux clergés, réfractaire et asser-
menté; et, en vérité, ce ne fut pas chose banale que de voir ce révolu-
tionnaire de fraîche date s'évertuer à pacifier les esprits, qu'il avait
si bien contribué à exciter, et agir presque toujours en parfait accord
avec l'archevêque Lecoz. Page 186, M. L. Pingaud caractérise très
joliment l'archevêque et le préfet : « On a dit de Lecoz qu'à certains
— 12 —
joiirs.il s'était conduit en policier plutôt qu'en ministre du Seigneur.
Par contre, il arriva à De Bry de s'exprimer en Père de l'Église. »
Pour ramener l'ordre dans la maison de détention de Bellevaux,
le préfet n'hésita pas à faire appel à des religieuses, qu'il sut défendre
à l'occasion, même en haut lieu. Comme on le voit, le vieil homme se
dépouillait assez vite pour faire place à une sorte d'apôtre du bien.
Je ne saurais entrer dans les détails de l'administration de Jean
De Bry pendant son long séjour à Besançon (1801-1813). Il suffira de
constater impartialement qu'il sut se montrer, à peu près en toutes
circonstances, prudent, conciliant, habile, sans rien abdiquer toutefois
de son autorité. Ce fut, en somme, un préfet modèle, très dévoué à
Napoléon, qui le créa baron, mais le laissa indéfiniment au poste qu'il
lui avait octroyé quand il n'était encore que Premier Consul.
De Bry était un lettré; il s'intéressa beaucoup à l'Académie de
Besançon ressuscitée et se lia d'amitié avec Charles Nodier, qui lui
resta fidèle dans le malheur. A noter aussi ses rapports avec divers
prisonniers d'Etat, parmi lesquels le plus important et le plus célèbre
fut le général comte de Bourmont, détenu à la citadelle dont il finit
par s'évader.
Passons sur les années glorieuses de l'Empire, pendant lesquelles
le préfet accomplit son devoir, tout son devoir. Mais quand sonnaTheure
de la grande débâcle napoléonienne, notre caméléon s'empressa, par
une lettre fort plate, adressée au lieutenant-général du royaume, de
faire acte « d'obéissance et de fidélité sans bornes à S. M. Louis XVII I»,
implorant en même temps l'oubli et le pardon, criant son « plus pro-
fond repentir » pour sa conduite de 1793 : « Dieu me garde, disait-il,
d'atténuer ce qui ne peut l'être ! J'avais vingt-huit ans quand je fus
égaré par la fièvre qui égara la France. »
Vaine supphque ! Il dut céder sa préfecture au comte de Scey.
Cependant la Restauration lui accorda, malgré sa tare de « votant »,
une pension de 6000 francs, plus une indemnité de 15 000 francs
et admit son fils Fieurus comme lieutenant à la suite du régiment
des chasseurs du Roi. On conviendra que cette manière de traiter un
régicide ne manquait point de générosité; mais cola n'empêcha pas
De Bry, quand Napoléon revint do l'île d'Elbe, d'accepter la préfecture
de Strasbourg ni son fils de se rallier à l'P^mpereur. Double défection
qui fut punie par la seconde Restauration. L'ancien conventionnel
se trouvait à Mons, en Belgique, où il était allé voir sa fille aînée
malade, lorsqu'il fut avisé de l'exil qui le frappait. Cette mesure de
juste rigueur n,e fut pas accueillie par lui avec résignation; elle garda
son effet jusqu'à 1830, époque à laquelle il rentra en France pour
mourir quelques années après (6 janvier 1834).
Dans son livre .plein de faits, de mouvement et de vie, qui ouvre
— 73 —
plus d'une vue sur Thistoire générale de notre pays en ces teraps si
troublés, M. Léonce Pingaud apprécie avec beaucoup de justesse
le rôle de son héros soit comme conventionnel soit comme diplomate
de circonstance. Il en est de même en ce qui concerne le préfet; mais
peut-être plusieurs estimeront-ils qu'il se montre bien miséricordieux
pour le fonctionnaire tombé : générosité d'âme que je n'aurai pas le
courage de lui reprocher.
La curieuse figure qui vient d'être mise si rcnjarquablc-ment en
lumière, d'après de nombreux documents authentiques consultés
dans les archives publiques ou empruntés à des collections privées, ne
saurait, à mon avis, inspirer ni haute estime ni réelle sympathie. Et
cependant Jean De Bry était certainement l'un des moins mauvais
parmi ses pareils; il eût été un peu dur de lui refuser toute pitié dans
l'infortune, même méritée. D'autant mieux qu'au contact des hommes
et des événements, le conventionnel d'autrefois s'était largement
assagi : le diable, devenu vieux, s'était fait ermite. E -A. Chaphis.
Kihliografia genernlc «li Ronsa, a cura di Emilîo Calvi. L
Biblwgrafia di Roma net medio evo i476-1499). Supplemento 1, con
Appendice sulle catacombe e sulle chiese di Roma. Roma, Lceschet',
iyU8, in-S de xxxiv-162 p. — Prix ; 15 Ir.
Deux ans à peine après l'achèvement du tome I^^ de sa Bibliogra-
phie de Rome (cf. Polybihlion, t. CIX, p. 534), voici que M. Emilio
Calvi nous apporte un supplément à son travail, qui contient à la
fois l'indication d'ouvrages postérieurs à son livre et d'autres qui lui
avaient échappé.
Peut-être eût-il mieux' fait de remettre à plus tard la publication
de ce suppléaient, — après l'achèvement de sa bibnographie di'iit il
nous annonce qu'il poursuit activement l'étabUssement et dont il
nous fait espérer à brève échéance le t. II consacré au xvi*^ siècle.
Cela lui aurait permis de nous le présenter plus complet et aurait évité
à ses lecteurs le désagrément d'avoir à multiplier leurs recherclies
dans plusioiirs volumes. Il aurait jui aussi préciser davantage ses
indications et éviter quelques erreiu\s : par ex. les n"^ 159 et 342 de sa
bibliographie sont le môme ouvrage, dont il donne ici le sous-titre et
là le titre.
Mais ce qui a sans doute décidé M. Calvi à nous donner ce nouvaau
volume est le désir de nous présenter la bibliographie des catacombes
et des églises romaines, et de combler ainsi une lacune de son ouvrage,
lacune volontaire d'ailleu. s, expressément reconnue par lui à la page xv
de sa Préface et qu'il avait justifiée en annonçant la préparation
d'un travail analogue par « un appassionato cultore di cose romane.»
Cet appendice à la Bibliografia di Roma comprend à lui seul 2620
— 74 —
articles, à peu près autant que le travail principal. Les divisions, fort
simples, (le cette bibliographie sont les suivantes: I. Sources biblio-
graphiques; II. Œuvres générales d'archéologie chrétienne et d'hagio-
graphie; III. Bibliographie des catacombes et des cimetières chré-
tiens en général; IV. en particulier; V. Bibliographie des églises en
général; VI. en particulier. M. Calvi reconnaît modestement que
son travail n'est pas définitif et n'embrasse pas tout ce qui a été écrit
sur les catacombes ou sur les églises de Rome. Il n'en rendra pas mains
de précieux services aux amis et aux curieux des choses romaines.
Il a sagement renoncé au système de numérotation des articles
qu'il avait suivi dans sa Bibliographie; au lieu de recommencer la
numérotation pour chaque chapitre de son livre, il a adopté un seul
ordre de numéros, ce qui a l'avantage de faciliter les recherches et les
renvois; ses tables donnent ainsi le n° précis d'un article et ne vous
obligent pas à parcourir toute une page.
On pourrait conseiller à M. Calvi une autre amélioration pour Ja
suite de son travail; sous chaque rubrique de son livre les ouvrages
sont classés suivant l'ordre alphabétique des auteurs; il vaudrait mieux
les grouper par matière et pour chaque matière chronologiquement :
par exemple tous les articles relatifs à un même pontife auraient inté-
rêt à être réunis et leur classement, d'après les dates de publica-
tion, rendrait service au chercheur.
Nous espérons pouvoir signaler bientôt à nos lecteurs la suite de
cette œuvre méritoire. E.-G. Ledos.
lies Ek lîbris de mèdeciniii et de pliarmaeiens , ouvrage
complété par des listes internationales des ex-libris et devises des
membres de ces coi-poratioti<. suivi d'une étude sur les marques per-
sonnelles macabres, par Henry-André. Paris, chez l'auteur, 3, fau-
bourg Saint-Jacques, 1908, in-8 de 164 p., avec 107 reproductions
d'ex-libris. — Prix : 10 fr-
M. Henry-André a justement reconnu que, pour étudier les ex-
libris d'une façon scientifique, il convenait de les grouper de manière
à rendre les comparaisons faciles. Il a pensé que des séries devaient
être constituées d'après la profession des bibliophiles, et il s'est
attaché à faire connaître l'une de ces séries.
Sous l'ancien régime, les ex-libris médicaux sont presque tous
héraldiques. Leur décoration est formée par le blason familial, trop
souvent agrémenté de couronnes usurpées. A peine y voit-on appa-
raître çà et là quelque attribut de profession, discrètement relégué
dans un coin. A la Révolution, il faut bien renoncer aux emblèmes
proscrits par les lois. On ne sait trop, d'abord, que mettre à la place
des armoiries supprimées : les uns essaient de scènes antiques,
d'autres se contentent de sèches étiquettes portant un nom ou de
— 75 —
simples initiales. Durant le xix^ siècle presque entier, ces étiquettes
persistent, partageant la vogue avec des pastiches de l'art ancien
auxquels le r.)mantisme donne un succès durable.
Vers 1875, apparaissent des « marques vraiment modernes, prenant
le caractère d'armoiries intellectuelles de leur possesseur ». Elles
évoquent le pays natal, des goûts littéraires ou scientifiques, des
spécialités médicales; elles jouent sur le nom, ou bien elles donnent
l'interprétation d'une devise; souvent elles ont un caractère complexe.
On trouve, sur la même estampe, des livres, des instruments de
chirurgie, des squelettes entiers ou des têtes de mort, les emblèmes
d'Esculape, l'encrier et la plume du savant, avec un coin de paysage
et quelque figure « parlante ».
M. Henry- André veut que les « armoiries intellectuelles » comportent
une devise, un écusson et un cimier. La devise serait personnelle et non
familiale. L'écusson, représenté par le sujet principal de la vignette
reproduirait et interpréterait en figure la devise. Le cimier consisterait
en un attribut de la corporation. Les analogies entre cette composition
et celles des armoiries héraldiques sont moins étroites que ne paraît
le croire M. Henry-André. Quoi qu'il en soit, on ne peut qu'approuver
les conclusions de l'auteur et souhaiter avec lui plus de simplicité
dans la décoration des ex-libris. Mkx Prinet.
RTILLETIN
I^a Cai-idad taaceiulotJtl, ô L,oceloiies de teolo;:ia pastoral, por
P. Aquileo Desurmont. Version delà 3» ediciôn francesaporei P. José
Pardo. t. LBarcelona, Luis Giii, 1908, in-12 de x-68c! p. — Pris : 4 fr.
Ce volume, le second de la collection Religion y Cultura, est déjà bien
connu en France et y a fait beaucoup de bien. Nous ne doutons pas qu'il
ait un égal succès à l'étranger : c'est ce à quoi contribuera très certainement
la traduction exacte et élégante du R. P. José Pardo, frère en religion du
regretté P. Desurmont. Il est écrit pour les prêtres et semble être le com-
mentaire des paroles que l'évêque leur dit, au jour de leur ordination :
Accipe vesteni sacerdotalem, per quant caritas intelligitur. Simple et digne,
clair et pénétrant, ce livre !^st inspiré par les préceptes et les exemples
des saints, mais surtout de saint Alphonse de Liguori. Les âmes sacer-
dotales y trouveront leur profit, en même temps qu'un réconfort précieux
dans les temps de lutte et de conflits que nous traversons. G. Bernard.
I>o lu Condition du pi dti-« dans IV(sH»e api'ès le» loi» de B«pa-
i-atîon, par F. DE Vallavieille. Paris. Lecoffre, Gabalda, 1908, gr.
in-8 de 77 p. — Prix : 1 fr. 50.
Le culte, tel qu'il s'exerce aujourd'hui en France, n'a pas de statut légal,
puisque les associations cultuelles n'ont pas été constituées et qu'aucun des
moyens suggérés pour les remplacer n'a été mis en pratique. On peut donc
se demander quelle est la condition du curé dans sa paroisse, s'il y agit en
— 76 —
vertu d'une simple tolérance, ou s'il trouve dans les lois existantes une
protection pour ses droits, une régie de sfis devoirs. L'auteur constate que
la loi attribue à l'État, aux départements ou aux communes la propriété
des édifices cultuels, mais il explique la nature et l'étendue de la servitude
d'usage établie au profit des fidèles et des ministres du culte. Seul le prêtre
orthodoxe a droit à l'usage de l'église et les conséquences sont pour lui
tout d'abord la faculté exclusive d'y exercer son ministère, de se servir
du mobilier cultuel, de réglementer les cérémonies, etc. Le prêtre desservant
l'église a naturellement des obligations. M. de Vallavieille examine en détail
les questions deftes, réparations, impôts, assurances, etc. Cet utile opuscule
sera d'un grand secours aux curés qui ont, plus que jamais, besoin d'une
notion claire de leurs droits, fondés sur un commentaire autorisé des lois
et des textes. G. P.
i>en<ié«>e de F. DE LAMENNAIS [1SI9-1S26), avcc uue Introduction et des
notes par Christian Maréchal. Paris, Bloud, 1909, in-12 de 62 p.
(Collection Science et Religion.) — Prix : 0 i'r. 60.
M. Maréchal est connu par ses belles études sur Lamennais et certains
de ses disciples littéraires, tels que Lamartine et Victor Hugo. Les Pensées
qui font l'objet de cette p'iblication sont celles du Lamennais croyant et
orthodoxe. Dans son Introduction, M. Maréchal écrit ces lignes « Dans
la doctrine comme dans les faits, Lamennais a tout pressenti : so/i œuvre
est un monde où palpitent et s'éveillent, pêle-mêle et s'ignorant parfois
elles-mêmes, les pensées bonnes ou mauvaises dont nous vivons ou qui nous
déchirent. » Le don d'intuition, qu'il erit à un merveilleux degré, fit, en effet,
de l'illustre solitaire de la Chênaie une sorte de voyant. Quand on relit,
par exemple, sa vaste correspondance, on est étonné de sa perspicacité
géniale.
D'abondantes notes, qui ont pour but de bien préciser les pensées de
Lamennais en les rapprochant de celles des Bonald, des Maistre et autres
penseurs non moins célèbres ou plus célèbres encore, tels que Montaigne
et Pascal, achèvent de rendre ces pages fort intéressantes et très suggestives.
A. Roussel.
BManipiilaS ions de zoologie et de IloianlqDe, Classe de pttilosovhie et
de m ithénmliqui'S, prép^ralinn aux écnles, par H. Mo\NIER et \r KOLL-
MA.w. Paris, H. Paulin, 1909, in-lG de 80 p. avec 18 grav. — Prix
1 fr. 50.
Des séances de travaux pratiques doivent compléter l'enseignement
des sciences naturelles dans les lycées. Complément souvent difficile à
rendre utile par suite de l'installation matérielle, insuffisante la plupart du
teups. Les auteurs de ce petit opiiscule ont tracé le plan de quinze mani-
pulations pour lesquelles peu d'instruments spéciaux seront nécessaires,
et les autres les plus usuels sont décrits et représentés avec soin. En suivant
les indications données, il sera aisé d'arriver aux résultats que réclament
les programmes, G. de S.
CiuMMification palet hnoioj^iqiie. par A. DE MoKTiLLET. Paris, Schleicher ,
1908, petit in-16 de 9 p., avec 12 id. contenant 117 lig. — Prix : i ïr. 50.
Dans ce petit album fort bien compris et dessiné, le. fils du grand vul-
garisateur et palethnologue que fut Gabriel de Mortillet a su réunir les
formes typiques de chaque époque et les pièces les plus célèbres qui nous
— li-
en sont parvenues. Nul guide meilleur à donner aux débutants. On peut
cependant formuler une critique de détail. Le passé nous est révélé par
les monuments et les textes, et les stations sont la seule base de notre étude
là où ces derniers font défaut : aussi leur étude est-elle le domaine propre de
la préhistoire; mais pourquoi des noms de stations pour les temps histo-
riques? Après le marnien, la Gaule nouvelle est décrite par César, on est
dans l'histoire, des noms de localité ne correspondent plus à rien de ca-
ractéristique, . F. DE ViLLENOISY.
Las Caracola», cuentos ««ra^once* por JuAN Blast Ubide. Zaragoza ,
Gasca, 1909, in-16 de 149 p. — Prix : 2 fr.
Cs charmant volume est un recueil de onze petites nouvelles d'un honnête
réalisme et d'une morale parfaite, se rapprochant du genre picaresque et
écrites dans un style sobre, simple, correct. Nous signalerons en particu-
lier les récits intitulés : Vengeance d'un pêcheur à la ligne et VEscopetle du
curé, vrais modèles du genre, pleins de verve et de naturel. G. Bernard.
Seize lettre» de Dom lii:>i)iiioa, publiées par Dom Paul Denis, Ligugé,
imp. Aubin, 1909, in- 8 de 44 p.
Ijes Bé nêcllotîi»!» «le Sal iit-<ie«-iiiMin-tles-I*i-és et la t>oiii' «le Itoine
en irsjî, parle même. Ligugé, imp. Aubin, 1908, in-8 de 47 p.
(Extrait de la Revue Mabillon.)
Qii<-l(|iieM letti-es «le B>oni l.«mvai-«l, pi-isonniei- à la Baiîitille, pSf
le même. Ligugé, imp. Aubin, 1909, in-8 de 30 p.
En entreprenant la publication des lettres inédites des grands bénédic-
tins du XYiii^ siècle, D. Denis rendra service aux érudits. D. Mabillon
se montre dans sa coirespondance l'homme d'étude, absorbé par ses re-
cherches savantes et qu'aucune découverte ne laisse indifférent; d'excel-
lentes notes mettent le lecteur à même de comprendre les allusions rapi-
des aux événements contemporains et à connaître les coirespondants du
savant moine.
— Les deux autres brochures se rapportent à l'histoire du jansénisme
en France. Dans la première, nous voyons ( omment le cardinal de Bissy,
abbé commendataire de Saint-Germain-des-Prés, réussit à ramener la paix
parmi les religieux de l'abbaye et à les faire se désister de l'appel au futur
concile qu'ils avaient interjeté de la bulle Unigenitus. A partir de cette date,
dit l'auteur, le jansénisme militant cessa d'être (à Saint-Germain-des-Prés)
une cause permanente de dissolution.
— Le Père Louvard était au contraire un appelant obstiné, et le
mauvais esprit qu'il semait partout où il résidait amena son incarcéra-
tion à la Bastille en 1728; il y resta six ans. Sa correspondance ne le fait
pas voir sous un bon jour : il se plaint, et en cela il n'a pas tout à fait tort,
du régime de la prison, réclame sans cesse quelques adoucissements, et,
quand il les a obtenus, en demande encore d'autres. Mais, sur la question
de doctrine, il est inébranlable et ne cède rien. On le mit en liberté en
1734, et on lui assigna pour résidence le prieuré de Rebais d'où il s'échappa
pour aller mourir à Utrecht. D. P. Denis constate que les Nouvelles
ecclésiastiques ont créé de toutes pièces autour de ce religieux une légende
mensongère que B. Hauréau a contribué à accréditer, et il rectifie, en
publiant les pièces authentiques, quelques-unes des erreurs qui tiaves-
tissent l'histoire de ce personnage d'ailleurs peu intéressant, mène dans
la persécution. P.
— 78 —
L.a Ci'l«e intime «le l'Église «le France. Les Prêtres démoerates. Le
Sillon. Les Hypercritiques, par EMMANUEL Barbier. Paris, Lethielieux.s.d.,
in-12 de 123 p. — Prix : 0 fr. 60.
Que penserait-on d'un soldat qur, au cours de la bataille, tirerait sur
ses propres compagnons d'armes, sous prétexte qu'ils ne suivent pas la
même tactique que lui? L'ennemi de M. Barbier.ce n'est pas le franc-maçon,
le blocard, mais le catholique, le prêtre surtout qui n'a pas adopté toutes
ses rancunes, qui n'a pas épousé toutes ses querelles, et dont l'orthodoxie
n'est pas identique à celle qu'a définie M. Barbier. Si l'Église jouissait
de la paix, ces tournois ne seraient qu'oiseux, mais quelle faute à l'heure
présente ! P. Pisawi.
CHRONIQUE
NÉCROLOGIE. - — Nous avous appris avec le plus vif regret que M. le
chanoine Augustin Lémann, prélat de la maison de Sa Sainteté et professeur
d'Ecriture sainte et d'hébreu à la Faculté de théologie de Lyon, est mort
dernièrement dans cette ville, à l'âge de 73 ans, quittant ainsi pour la
première fois son frère. Mgr Joseph Lémann, à la destinée duquel la sienne
fut si étroitement unie qu'il ne semblait pas que ces deux frères jumeaux
dussent jamais être séparés. Nés à Dijon le 18 février 1836, de parents israé-
htes, Achille et Edouard Lémann, qui devaient prendre plus tard, à leur
baptême, les noms d'Augustin et de Joseph, perdirent leur mère ce. même
jour et leur père peu de temps après. Ils furent alors pnvoyés à Lyon et
confiés à des oncles, également Israélites. Invinciblement attirés vers le
christianisme, à la suite de circonstances providentielles, ils abjurèrent
le judaïsme le 27 avril 1854 et cela en dépit des obstacles et d'un véri'table
guet-apens que dressa devant eux leur famille exaspérée. Bien plus, pov.ssés
par la vocation sacerdotale, ils entrèrent au séminaire de Saint-Sulpice,
et en 1860 ilc furent ordonnés prêtres par Mgr de Bonald. Après avoir été
pendant quelque temps vicaire dans la nouvelle paroisse lyonnaise de
l'Annonciation, l'abbé Augustin Lémann se consacra entièrement à la
prédication, pour laquelle il avait une aptitude spéciale. L'n peu plus tard,
en 1878, lorsque fut fondée la Faculté canonique de théologie à l'Université
catholique de Lyon, il y fut appelé pour occuper la chaire d'hébreu et d'Écri-
ture sainte. Connaissant à fond la langue qu'il enseignait et très versé dans
les saintes Écritures, il vit les élèves assister avec autant d'empressement
à ses cours que les fidèles en mettaient auparavant à écouter ses sermons.
Les ouvrages qu'il a trouvé le temps de publier, en dehors de ses occupations
professionnelles, sont fort estimés. Parmi eux, nous citerons : Aux Israé-
lites et aux chrétiens. La Question du Messie et le concile du Vatican (Paris,
1869, in-8), avec l'abbé Joseph Lémann; — Jeanne d'Arc et Charles VII.
Panégyrique prononcé dans la cathédrale d'Orléans, le 8 mai 1874 (Orléans,
1875, in-8); — Valeur de rassemblée qui prononça la peine de mort contre
Jésus-Christ (Paris, 1877, in-8); — Le Sceptre de la tribu de Judas entre les
mains de Jésus-Christ, ou le Messie venu (Lyon, 1880, in-8); — Les Étapes
d'une nation qui meurt, d'après Isaïe (Paris, 1883, in-8); — Dieu a fait la
France guérissable (Paris, 1884, in-8); — Une très ancienne Prophétie sur la
prospérité passée et la décadence actuelle des Étais chrétiens (Paris, 1885, in-8) ;
— Les Psaumes des pèlerinages avec réflexions (Paris, 1886, in-18); — Dé-
nouement de la persécution (Paris, 1886, in-8]; — L" Antéchrist de l'Ancien
Testament; la Paganisation de l'enseignement; les prêtres à In palestre (Paris,
— 79 —
1890, in-8); — L'Apostasie dans V enseignement public (enseignement pri-
maire) (Lyon, 1891, in-8) : — La Police autour de la personne de Jésus-Christ
(Paris, 1895, in-12): — Jésus-Christ sur le trône de David (Lyon, 1896, in-16).
— La disparition de M. de Goeje, l'illustre arabisant hollandais mort au
milieu de mai, à 73 ans, laissera longtpmps un grand vide dans le monde
des orientalistes. Né en 1836, Michel- Jean de Goeje étudia la langue arabe
à l'Université de Leyde,sous la direction de Juynboll et de Dozy, à partir
de 1856. Quelques années plus tard, il se rendit à Oxford pour perfectionner
ses connaissances en philologie arabe au milieu de la splendide collection de
manuscrits orientaux conservés dans la Bibliothèque Bodléienne. A la mort
de Dozy, en 1883, il lui succéda comme profes-.eur d'arabe à l'Université de
Leyde et il conserva ce poste jusqu'à ces dernières années, lorsque sa mau-
vaise santé le contraignit à prendre sa retraite. Doué d'une puissance de
travail extraordinaire, Jean de Goeje avait exploré le cliamp immense de
la langue et de la littérature arabe, et il l'a rendu accessible à beaucoup
d'autres par les nombreuses et admirables publications que seul il était
capable d'entreprendre et de mener à terme. Outre sa monumentale édition
de Tabarî, qu'il a fait paraître avec le concours d'autres éminents orien-
talistes (1879-190J), il a donné, entre autres ouvrages, tous d'une impor-
tance capitale : BelâdhwVs history of ihe early Moslem conquests (1863-1868) ;
— Fragmenta Historicorum Arabicorum (1869-1871, 2 vol. in-8); — Biblio-
theca Geographorum Arabicorum (1870-1894, 8 vol. in-8h — le Diwan de
Muslim ben VValîd (18751^ — des biographies de poètes arabes par Ibn
Quiaiba (1904); — Mémoires d'histoire et de géographie orientâtes. Son
dernier ouvrage, paru en 1907, forme lecinquième volume du «Gibb Mémo-
rial » et contient une nouvelle édition des voyages d'Ibn Jubaye, que son
ami Wright, professeur à Cambridge, avait publié pour la première fois.
M. de Goeje avait, en outre, composé, avec le concours d'autres savants
hollandais, le catalogue des manuscrits orientaux de la bilbiothèque de
l'Université de Leyde.
— On annonce encore la mort de MM. : Ludovic Baschet, ancien éditeur
parisien, fondateur de la librairie artistique, où se publia le Paris illustré,
la Revue illustrée, etc., mort au milieu de juin, à 75 ans; — Basset, dit
Louis Bannières, qui rédigeait la critique théâtrale dans la Gazette du
Palais, mort en juin, à l'âge de 50 ans; — Lucien-Napoléon Bonaparte-
Wyse, ancien officier de marine, qui, le premier, eut l'idée de percer l'isthme
de Panama, en suivit toutes les péripéties et publia une brochure intitulée :
Le Rapt de Panama (1904), mort près de Toulon, le 15 juin, à l'âge de 66 ans;
— Léonce de Castei-nau de Curières, député de l'Aveyron, jurisconsulte
et érudit de grand mérite, qui a publié sur l'ancien des études remarquées
telles C}ue : L'Ancien Régime et la Bourgeoisie; Les Libertés publiques et
V ancienne Monarchie; Les L.ivres de raison d'une famille noble de Van 1200
jusqu'en 1789, mort à Paris, le 30 mars dernier, à l'âge de 64 ans; — Henri
Chambige, qui sous le pseudonyme de Marcel Lemi, a écrit des romans et
des nouvelles, entre autres la Débandade; — Champoiseau, ministre pléni-
potentiaire en retraite, membre correspondant de l'Institut, mort à Paris,
le 29 juin, à 80 ans. lequel a raconté dans une intéressante brochure comment
étant consul à Andrinople, il découvrit dans l'île de Samothrace la fameuse
« Victoire de Samothrace », chef-d'œuvre de la statuaire antique, une des
gloires du musée du Louvre; — Chatel, professeur à la Faculté de droit de
Rennes, mort subitement en cettf ville, à l'âge de 53 ans ; — Emmanuel Del-
bousquet, poète et romancier, auteur de: Le Chant des races, le Mazareilh,
Margot, l'Écarteur, Miguette de Cante-Cigale (Paris, 1908, in-18), mort pré-
— 80 —
niaiurénienl à Sos,en Albret, le 24 mai, à l'âge de 36 ans; — l'abbé P.-G. Dey-
Dou, curé de la paroisse de Saint-Nicolas de Bordeaux, ancien professeur de
rhétorique au petit séminaire de cette ville, mort dernièrement à 72 am,,
lequel laisse divers écrits, discours, panégyriques et le volume : Bernard-
Louis Beaulieu, prêtre de la Société des missions étrangères, mort pour la foi
en Corée, le 8 mars 1866; vie et correspondance (Bordeaux, 1894. in-8); —
Guillaume DuBUFE, artiste peintre de réputation, qui a publié d'intéressantes
Etudes de critique artistique dans la Revue des Deux Mondes et dans laiVou-
i>elle Revue, mort, à lâge de 66 ans, sur le bateau qui l'emmenait à Biionos-
Aires, où il allait organiser une exposition de peinture; — Armand-NapoJéon-
Thaddée Dujardin-Beaumetz, ancien inspecteur générai du service sa-
nitaire de l'armée, à qui l'on doit divers mémoires scientifiques, notamment
sur l'emploi du rétracteur métallique dans l'amputation de la jorobo et de
la cuisse, mort à Montpellier, le 8 mai, dans sa 74^ année; — Georges Grisier,
auteur dramatique, qui a collaboré à divers journaux comme critique théâ-
tral et a écrit un certain nombre de comédies, telles que : Appartement à
louer I Paris, 1881), avec M. de Lyden; Au clair de lune (Paris, 1885), avec
H.Blondeau et H. Monréal, mort à Paris le 4 juin, à l'âge de 56 ans; ~ Joseph
Henry, collaborateur du joi.rnal V Accord social, mort à Reims, dans le
milieu de mai. à l'âge de 31 ans; — Lucien- Joseph-Edouard Hillemachee,
compositeur de musique, qui, en collaboration avec son frère Paul-Joseph-
Wilhelm, avait donné des œuvres scéniques parmi lesquelles noi s rappellerons
seulement : Le Chevalier de Saint-Mégrin , Orsola, Circé, représentée à l'Opéra-
Comiqiie, etc., rnort à Paris le 2 juin, à l'âge de 49 ans; — l'abbé Hugufnot,
curé de Brion, secrétaire général de la Société académique du Centre, crudit
très estimé, mort en mai, à Brion; — Olivier Joubin, bibliothéraire en chef
de la ville d'Angers, mort en cette ville, à l'âge de 80 ans, à la fm d'avril ; —
G.-C. Langer, qui partageait avec M™- Langer le pseï donyme littéraire
de Georges Régnai ainsi qie la direction de Simple Revue, qu'il avait
l'ondée, mort en mai; — J'abbé Rémi- Joseph Ledoux, ancien curé d'Iré-
le-Sec (Meuse), qui a pubhé divers ouvrages dont un sur la Sainte Vierge,
mort à Devant-le-Pont-Visé (Belgique), le 6 juin; — le D"" Saint-Yves MÉ-
NARD, membre de l'Académie de médecine, pré.sident de l'Association na-
tionale des vétérmaires, professeur d'hygiène à l'École centrale, auteur de :
Contribution à l'étude de la croissance chez Vhomme et les animaux (physio-
logie et hygiène comparées\. thèse pour le doctorat (Paris, 1885, in-8), mort
à Paris, au commencem.ent de ji.in, à 62 ans; — Adolphe Matox, prof<:;sseur
de chant, compositeur apprécié, mort en mai; — Claude Motteroz, l'un
des plus grands imprimeurs parisiens, dont les éditions li:Xi.e'. ses ont été
fort appréciées, mort à Paris, le 9 juin; — l'abbé Renard, directeur au
séminaire de Saint-Sulpice, mort en mai, à l'âge de 38 ans; — Sam ères,
directeur du journal Iv Populaire de Nantes, mort à la fm de jiin; — Paulin
Teste, conservateur adjoint à la Bibliothèque nationale, à qi i l'on doit
notamment le Catalogue des manuscrits ru.^'scs et slavons de la Bibliothèque
nationale; le Répertoire du « Cabinet historique » et le Répertoire de la «^ Gazette
dee beaux-arts », mort à Paris, dans le courant de mai, à l'âge de 52 ans; —
Georges-Alfred Vaissier, conservateur du musée archéologiq.e de Besançon,
qui a publié deux études sur la vigne et les vignerons en Fronche-Comté,
dans les Mémoires de l^'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Besançon,
de nombreux travaux et notices d'archéologie franc-comtoise dans les
Mémoires de la Société d'émulation du Douhs, entre autres : I.es Poteries es-
tampillées dans l'ancienne Séquanie (1881); Essai d'interprétation des scul-
ptures de l'arc antique de Porte-Noire à Besançon (1897); Porte-Noire et ses
— 81 —
cominentaleurs (1902), mort à Besançon, le 25 mai, dans sa 76^ année; —
Paul ZiEGLER, journaliste français, correspondant du Figaro et du Temps
à Rome, mort en cette ville, au milieu de juin, à 55 ans.
— A l'étranger, on annonce la mort de MM. : George Webb Appletonv
journaliste et nouvelliste anglais, correspondant du New York Times à
Paris et à Rome, et dont le dernier roman Dr. Dale^s Dilemma doit être
publié sous peu, mort le 12 juin; — Theodor Barth, homme politique,
économiste et écrivain allemand, mort dernièrement à Baden-Baden, à
59 ans, lequel a remarquablement défendu la théorie du libre-échange dans
le journal la Nation et a publié, entre autres volumes : Gegen den Staatsso-
cialismus, Amerikanisches Wirthschaftsleben et Politische Portraets ; —
Braekevelt, professeur au petit séminaire de Roulers, mort le 31 mai,_
dans sa 42^ année; — Dr. Maria Aristides Brezina, géologue allemand,
directeur du musée de Ruhestand, mort à la fin de mai ; — Antonio Caccia-
NiGA, écrivain italien, auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels les
suivants ont été traduits en français : Le Baiser de la comtesse Savine (1877) ;
Les Délices du far niente, scènes de la vie vénitienne au siècle passé (1881);
Le Bocage de Saint- Alipio (1883); La Vie champêtre, éludes morales et écono-
miques (1883), mort à Masareda, près Trévise, le 22 avril, dans sa 87« année;
— Bartliolomeeus von Carneri, homme politique et philosophe allemand,
qui fut un ardent défenseur des théories de Darwin et laisse, entre autres
ouvragfs : Sittlichkeit und Darwinismus. Drei Biicher Ethik (Vienne, 1871,
in-8); Gefiihl, Bewusstsein, Wille. Eine psychologische Studie (Vienne, 1876,
in-8); Der Mensch als Selbstzweck. Eine positive Kritik des Ûnbewussten
(Vienne, 1877, in-8); Grundlegung der Ethik (Vienne, 1881, in-8), mort le
18 mai, à Marbourg (Steiermark), à 88 ans; — Jacob Corbin, auteur drama-
tique, mort dernièrement à New York; — le chevalier de Corswarem, qui
a publié un certain nombre d'ouvrages de jurisprudence, notamment :
Les Électeurs et la revision annuelle des listes électorales et Explication rai-
■<onnée des titres /^r et III du nouveau Code électoral, mort à Hasselt(Belgique),
au milieu de juin, dans sa 60^ année; — Dr. Karl Elbl, professeur de théo-
logie à Prague, mort en cette ville, à la fin de mai; — G. R. Elsmie, ancien
juge de la Cour suprême du Punjab, dans l'Hindoustan, mort à la fin de
mai, lequel a publié : Epitome of Cabul Correspondence (1864); Notes on
Peshava Crime (1884); Lumsden of the Guides (1899); Field-Marshal Sir
Donald Stewart (1903) et Thirty-five Years in the Punjab (1908); — Dr.
Theodor-Wilhelm Engelmann, médecin allemand de réputation, mort à
Berlin, le 18 mai. à 81 ans, qui fut professeur de physiologie successivement
à Utrecht et à Berlin et dont les travaux sur l'anatomie musculaire et
nerveuse font autorité, par exemple : Ùber den Ursprung der Muskelkraft
(Leipzig, 1893, in-8); Gedàchtnisrede auf Hermann von Helmholtz (Leipzig,
1854, in-8); Die Erscheinungsweise der Sauer-stoffausscheidung chromo-
phyllhaltiger Zellen im Licht bei Anwendung der Bacterienmethode (Amster-
dam, 1894, in-8); — Arthur Fitger, artiste peintre et écrivain, mort en
juin, à Berlin, à l'âge de 68 ans; — Jean-Jacques Gourd, professeur de phi-
losophie à Genève, mort en cette ville le 26 mai ; — E. J. Gregorv, peintre
et dessinateur anglais, président de la Société des aquarellistes de Londres,
qui a fourni de nombreuses illustrations au Graphie, mort le 22 juin; —
Dr. Edward Evarett Hale, chapelain du Sénat des États-Unis d'Amé-
yique, journaliste et écrivain, mort dernièrement, à 87 ans, lequel collabora
longtemps au Boston Daily Advertiser de Boston, que dirigeait son père,
fonda le Lend-a-Hand Becord pour soutenir le « Ghautauqua movement »
et publia divers ouvrages, tels que : Franklin in France (1886); J. Bussell
Juillet 1909. T. CXVL 6.
— 82 —
Lowell and his Friends (1899) ; Ralph Waldo Emerson et Memories oj a Hun-
drcd Years (1902i, ainsi qu'un volume de documents tirés des archives
d'État relatifs à l'histoire de la première colonie fondée par Raleigh (1860);
— St. John Emile Clavering Hankin, auteur dramatique anglais, mort
accidentellement à Llandrindod Wells, au milieu de juin, à 39 ans,
lequel avait composent fait jouer, non sans succès, les cinq pièces suivantes:
The iwo Mr. Wetherbys, The Return of th-, Prodigal, The Cnssilis Engagement,
The Charittj that began at Home et The Last oj the De Mullins; — Johanna
Herdert, femme de lettres allemande, morte à Dresde, à la fm de mai, à
86 ans, laquelle a publié un grand nombre de romans et nouvelles sous le
pseudonyme de Egon P'els, notamment : Adriana (léna, 1887, in-8); Der
Glûckstern (léna, 1888, in-8); Die Millionenbraut (léna, 1889, in-8), etc.;
— A. Herzog, ancien directeur de l'École polytechnique fédérale do Zu-
rich, mort en cette ville, le 14 juin, à .57 ans; — Dr. I.udwig Hoffer von
SuLMTHAL, professeur de médecine interne à l'Université autrichienne
'le Gratz, mort ^n cette ville, à la fin de mai, à 59 ans; — - le colonel danois
Fritz HoLST, auteur dramatique, mort dernièrement à Copenhague, à
75 ans; — Dr. Otto HliNziker, professeur de pédagogie à Zurich, mort en
cette ville, à la fm de mai; - — Eugène Lanpoy, rédacteur en chef du Matin
belge, mort le 23 juin, àTâge de .52 ans;- — Dr. Georg von Lai;bma\n. di-
recteur de la Bibliothèque d'État de Munich (Bavière), mort en cette ville
le 5 juin, à 66 ans; — Auguste Lesimple, musicologue allemand, qui
laisse, entre autres ouvrages : Bildcr ans der Musikwelt. Sludicn und Er-
lebnisse (Cologne, 1891, in-8) et Aus dem Reiche der Frau Musikn. Von
Mozart zu Mozart (Leipzig, 1893, in-8), mort dernièrement à Cologne; —
Dr. Heinrich Limpricht, professeur de chimie à Greifswald, mort en cette
ville, le 13 mai, à 82 ans; — Dr. Karl Lohmeyer, professeur d'histoife à
l'Université de Kœnigsberg (Prusse), mort dernièrement à 77 ans, lequel
a publié des ouvrages fort estimés en Allemagne, notamment : Geschichte i^on
Ost und West Preussen et Herzog Alhrecht von Preussen; — ^Giuseppe Mar-
Tucci, pianiste et compositeur italien de talent, mort dernièrement, à 53 ans:
— George Meredith, romancier et poète anglais, auteur de nombreux
ouvrages, pnrmi lesquels nous citerons : The Egoist (1859); The Ordeal of
Richard Feverel (1859); Rhoda Fleming (1865); The Adventures of Harry
Richmond (1871^; The Tragic Comedions (1881^: Diana of thr Crosswnys
(1885); Ballads and Poemsaf Tragic Life (1887); A reading of Lif" lJ90i],
mort à Boxhiîl, près de Dorking (Surrey), le 18 mai; — Dr. O. Mertins,
pT'ofe.sseur au gymnase de Breslau (Silésie), auteur d'ouvrages d'histoire et
d archéologie relatifs à la Silésie, mort àBreslau,]e 15mai;— Dr. RichardMu-
THER, professeur à l'Université de Bre.slau, à qui l'on doit plusieurs ouvrages
relatifs à l'histoire de l'art, mort à Woelfelsgrumo, le 29 juin;— Dr.WilhpJm
Mt'i.LER, professeur d'anatomie pathologique à l'Université allemande
d'Iéna, mort en cette ville, le 19 juin, à 77 ans; — Georg von Netjmayeb,
météorologiste allemand de gi-ande réputation, mort le 25 mai, à Kirch-
heimbolanden, à 83 ans, lequel, après être allé fonder en 1857 l'Observa-
soire de Melljourne on Australie, fut nommé en 1872 directeur du départe-
ment hydrographique de l'amirauté allemande, puis, en 1876, directeur de
l'observatoire météorologique du port de Hambourg et a pul)!ié entre autres
ouvrages : Magtœtical, Meieorohgical and Naulical Observations (Melbourne),
Masnetic and Meteorological Observations ?nade in Melbourne in 1857-1864
( Melbourne), Anleitung zu (vissenschafîlichen Beobachtungen auf Reisen
et Die Beobachtungen der deutschen Stationen im System der internationalen
Polarforschung; — Dr. Adolf Pinner, professeur de chimie à l'Université
— 83 —
(le Berlin et à l'École vétérinaire supérieure de cette vilie. inuri le 2) iiii<t.
h 61 ans: — Charles Burnliam Porter, professeur de chiriirgie à l'Universit'^
amécicaine de Harvard, mort le 21 mai, à Boston, à 70 ans; — Dr. Heinrich
VON Ranke, médecin allemand, professeur de thérapeutique pour les ma-
ladies des enfants, mort le 18 mai, à Munich, à 79 ans; — T. iMelIard Reade,
géologue anglais de grande réputation, mort à Blundellsands, près de Li-
verpool, le 26 mai, à 77 ans, lequel, avait ohtenu en 1896 de la Société
géologique de Londres la médaille Murchison pour ses importants travaux,
tels que : The Origin of Mountain Rangfis: The Evolution of Earth-Strunture:
Chemical Denudation in relation to gcological Time, etc.; — Ferdinand vo^"
Recnicek, dessinateur allemand, connu surtout grâce aux nombreuses
illustrations satiriques qu'il a données à la revue Siniplicissi?nus, mort au
milieu de mai, à Munich, à 'lO ans; — Dr. J.-D.-E. Schmelz, directeur du
musée royal d'ethnographie de Leyde, mort en cette ville, à la fin de mai ; — -
Jose])h Schrattenholz, musicologue allemand, mort à Berlin, à la fin de
mai, à 62 ans; — Andrew F. Tait, libraire anglais de la vieille école, qui
avait une remarquable connaissance des livres anciens, mort dernièrement
à Londres, à 64 ans; — Auguste Tonnar, poète populaire, mort à Eup^^n,
à la fin de mai; — Dr. Martins Waldeck, écrivain allemand, mort le lOm^i,
à Berlin, à 68 ans, auquel on doit, entre autres ouvrages : Lehrburh der katho-
li-schen Religion ouf Grundlage des in den Dioecesen Breslau, Fulda, Hildes-
heim, Kôln, Limburg, Miinster, Padwborn und Trier eitigej. Katechismus
nach den neuesten Ausgaben derselben (Freiburg im Brisgau, 1897, in-8i,
plusieurs fois réimprimé; — Franz Zottmann, professeur à l'Académie de
musique et d'art dramatique de Vienne, mort en cette ville, à la fin de
mai, à 52 ans.
Lectures faites a l'Académie des inscriptions et belles-lettres, —
Le 4 juin, M. Merlin donne des détails sur les recherches faites au large 'h')
la côte tunisienne pour retrouver les œuvres d'art dont était chargé un
vaisseau naufragé dans le cours du v^ siècle. — M. Gauckler parle d'uî.e
statue trouvée dans les fouilles du Janicule et qu'il croit être celle d'une
déesse identifiée par les Romains avec la Fortuna primigenia. — M. Cordii r
entretient l'Académie de la correspondance d'Alexandre de Huniboidt avec
Arago et qui a été donnée à la bibliothèque de l'Institut par les héritier,^
de ce dernier. — M. Homolle lit une lettre de M. Letourneau, chargé d'une
mission scientifique ayant pour but l'exploration archéologique de l'église
de Salonique. — M. P. Viollet donne un résumé de son travail sur Jacques
de Molay. — M. Paul Girard lit un mémoire sur le mythe de Pandore tel
qu'il est exposé dans le poème d'Hésiode : Les Travaux et les Jours. — MM.
Salomon Reinach, Maurice Croiset, Paul Viollet échangent leurs obser-
vations à ce sujet. — Le 11 juin, M. Gagnât donne de pouveaux détaiî-;
*sur les fouilles de Tunisie : on a retrouvé des marbres antiques et des inscrip-
tions. — M. Philippe Berger présente le rapport de M. F. Scheurer sur les
fouilles ayant pour objet le cimetière mérovingien de Bourogne (Haut-Rhin).
— Le 18 juin, M. Antoine Thomas indique l'origine liturgique de certains
mots appartenant aux patois locaux. — I^e 25 juin, M. Philippe Berger si-
gnale une inscription découverte à Carthage par le P. Dom Delattre ei
dont les caractères, très fins, sont tracés sur une base de colonne. — L^
P. Lagrange expose dans une lettre les résultats d'une campagne de fouill-'S
qu'ont dirigée dans l'Arabie septentrionale les PP. Janssen et Savignac »'t
qui ont abouti à la découverte d'un petit temple et d'inscriptions remontant
au 11^ siècle de notre ère. — M. de Mély donne son opinion sur l'attribuli'ju
à Jean Bourdichon d'un livre d'heures ayant appartenu à Anne de Bretagao,
— 84 —
et'qu'il croit avoir été exécuté par mi inconnu appelé selon lui de Merseau,
dont il croit lire la signature. — MM. de Lasteyrie et le comte Durrieu
exposent une opinion différente. — M. Salomon Reinach approuve ces der-
niers et cite à l'appui de ses observations des inscriptions dépourvues de
sens qui existent sur les vases grecs.
Lectures faites a l'Académie des sciences morales et politiques. —
Le 5 juin, M. Levasseur entretient l'Académie du prix des denrées alimen-
taires en France de 1880 à 1908, d'après une enquête faite dans les lycées,
sous les auspices du ministre de Tinstruction publique. — Le 19, iM. Gabriel-
Louis Jaray, dans une communication à TAcadéniie, explique les problèmes
posés par la question politique et gouvernementale en Autriche-Hongrie.—
Le 26, M. Monod lit un travail sur les troubles du Collège de France en 1844.
Prix. — L'Académie française, dans sa séance du 13 mai, a décerné les
prix suivants :
Prix du budget (4 000 fr.) : 1» 2 000 fr. à M. Maurice Couaillac; 2° 1 500 fr.
à M. le lieutenant Rollin; 3° 500 fr. à M. Marcel Toussaint.
Prix Toirac (4 000 fr.), à IM. André Rivoire : Le Bon Roi Dagohert.
Prix Archon-Despérouses (2 500 fr.) : 1° 1 500 fr. à M. Abel Bonnard;
20 500 fr. à M. Jean Balde; 3° 500 fr., à M^e Jeanne Neis.
Prix François-Coppée (1 000 fr.), à M. Gustave Zidler.
Prix Saintour (3 000 fr.) : 1» 1 5Q0 fr. à M. Théodore Rosset; 2° 1 500 fr.
à MM. Verrier et Onillon.
Prix Langlois (1 200 fr.) : 1° 800 fr. à jNI. Legouis; 2° 400 fr. à M. Georges
Duval.
Concours Montyon (18 500 fr.) : 1° 7 prix de 1 000 fr. à chacun des ouvrages
suivants : Vieille Allemagne, par M. Ferdinand Bac; L'Immolé, par
M. Emile Baumann; Les « Pages », par M. Ênée Bouloc; Lamennais, sa vie
et ses doctrines, \>&x M. l'abbé Charles Boutard; U Afrique occidentale
française, par M. Georges Deherme; Byron et le Romantisme français, par
M. Edmond Estève; Sainte-Hélène, les derniers fours de l'Empereur, par
Paul Frémeaux. — 2° 23 prix de 500 fr. à chacun des ouvrages suivants :
Les Catacombes de Rome, par M. Maurice Besnier; Ceux de chez nous, par
M. Louis Boulé; Les Généraux morts pour la patrie, par M. Noël Charavay;
Les Microbes, par M. P. -G. Charpentier; L'Ombre de Guillemette, par M. Ch.O'p-
pin d'Arnouville; La Pierre de touche, par le capitaine Georges Couderc de
Fonlongue; ie P/-I.T du sang, par M. André Daverne; Fénelon et laDoctrine
de V amour pur, par M. Albert Delplanque; L'^//aî>e Nell, par M. Louis
Estang; U Alsace- Lorraine de nos jours, par M. Florent-Matter ; L'/rféai
moderne, par M. Paul Gaultier; 1870-1871 : laGuerre en province; campagnes
de la Loire et du Mans, par M. Ernest Gay;Z-e Pays berrichon, par M. Hugues
Lapaire; Trois Familiers du grand Condé, par MM. Jean Lemoine et André
Lichlenberger ; Preux d' Armor, par le commandant de Malleray; Au Japon,
projïienades aux sanctuaires de Vart, par M. Gaston Migeon:Le Cadet, par
M. C. Nisson; Terres de soleil et de sommeil, par M.Ernest Psicliari; Le Pro-
blème du devenir et la Notion de la matière dans la philosophie grecque, par
M. Albert Rivaud;X-a France à Madagascar, par M.Pierre Suau: Les Défen-
seurs, histoires lorraines, par M. Jean Tanet; Patatras, par M. Maurice Vau-
caire; Camille Frison, ouvrière de la couture, par M. André Vernières.
Prix Juteau-Duvigneaux (2.500 fr.) :loi 500 fr. R. au P. Mortier : Histoire
des maîtres généraux de V ordre des Frères Prêcheurs;- — 2<* 2 prix de 500 fr. à
chacun des ouvrages suivants : Saint Jean Chrysostome xt la Femme chré-
tienne au quatrième siècle de V Église grecque, par M™« Henriette Dacier;
Le Jansénisme, par M. l'abbé J. Paquier.
— 85 —
Prix Sobi'ier-Arnould (2 000 fr.) : 2 prix do 1 000 fr. chacun : 1° à M. Eu-
gène Guénin : Dupleix; 2° à M. Jean I -ionnet : Chez les Français du Canada.
Prix Furtado (1 000 fr.) : A M. Georges Rivollet : La Dentelle de Thermidor.
Prix Fabien (3 200 fr.) : 1° 2 prix de 900 fr. chacun, à M. Maurice Bellom :
La Mission sociale des élèves des écoles techniques à l'étranger et en France,
et l'Enseignement économique et social dans les écoles techniques à l'étranger
et en France; à M. René LavoUée : Les Fléaux nationaux; — 2" 2 prix de
700 fr. chacun : à M^^e j.p Bazous : Le Devoir social des patrons etlesQbli-
gations morales des ouvriers et employés; à M. A. Weber : A travers la mutua-
lité.
Prix Charles Blanc (2 400 fr.) : 1° 900 fr. à M. Gustave Clausse: Les Sforza
et les arts en Milanais (1450-1530); — 2° 500 fr. à chacun des ouvrages
suivants : La Peinture, des origines au seizième siècle, par M. Louis Hour-
ticq; Les Anciens Artistes peintres et décorateurs mulhousiens jusqu'au dix-
neuvième siècle, par M. Ernest Meininger; Textes choisis de Léonard de Vinci,
par M. Péladan.
Prix de Joest (2 000 fr.), au commandant Lenfant : La Découverte des
grandes sources du centre de V Afrique.
Pi'ix de Jouy (1 400 fr.), à M. Benjamin Vallotton : La Famille Profit.
Prix Jules Favre (1 000 fr.), à M'ne Reynès-Monlaur : Jérusalem.
— L'Académie des inscriptions et belles-lettres a décerné, le 3 mai, les
prix suivants :
Fondation Brunet : 1 500 fr. à M. Pliilippe Renouard : Bibliographie des
impressions et œuvres de Josse Badins; 500 fr. à M. A. Briquet : Filigranes,
dictionnaire historique des marques du papier; 500 fr. à M. L. Nardin :
Jacques Foillet, imprimeur libraire et papetier (1554-1619); 500 fr. à M. Henri
Stein : Bibliographie générale des cartulaires français.
Elle a attribué sur les fonds du prix Honoré Chavée : 1 000 fr. à M. l'abbé
Rousselot : Principes de phonétique expérimentale; 800 fr. à M. Ernouf :
Les Eléments dialectaux du vocabulaire latin.
Elle a décerné le prix Stanislas Julien (1 500 fr.) à M. Aurel Stein : Ancient
Khotan.
Le 21 mai, elle a décerné le premier prix Gobert à M. Delachenal : Histoire
de Charles V. — Le 2'- prix est attribué à M. Caillet : Histoivp des rapports d^e
la commune de Lyon, avec Charles VII et Louis XI.
Le prix Saintour est ainsi réparti : 1 500 fr. à M. l'abbé A. Roussel :
traduction du Bamayana; 500 fr. au D'' Antonin Jaussan : Coutumes des
Arabes au pays de Moab; 500 fr. à M. A. Macler : Catalogue des manuscrits
arméniens et géorgiens; 500 fr. à M. F. Martin : Le I,ion d'Enoch, traduit
sur le texte éthiopien.
Le prix extraordinaire Bordin est ainsi réparti : 1 000 fr. à M. Ed. Doutte :
Magie et Beligion dans V Afrique du nord; 500 fr. à M. le général de Beylié :
La Kalaa des Beni-Hammad; 500 fr. à M. de Genouillac : Matériaux pour
servir à l'histoire de la société sumérienne; 500 fr. à M. Clément Huart : Les
calligraphes et les miniaturistes de l'Orient musulman; 500 fr. à M. Lafuma :
traduction du Zohar.
Le 28 mai, le prix Gabriel-Auguste Prost est attribué à M. Dorvaux :
Anciens Pouillés du diocèse de Metz.
Index. — Un décret de la Sacrée Congrégation de l'Index condamne
les ouvrages suivants : Histoire du dogme de la papauté, par Joseph Turmel;
Histoire du dogme du péché originel, par le même; L'Eschatologie à la fin
du iv^ siècle, par le même; La Sainte Vierge dans l'histoire, par Guillaume
Herzog; Batailles d'aujourd'hui, par R. Murri.
- 86 —
Qui êtes-vous? Annuaire des contemporains français et étrangers
1909-1910. — Nous avons accueilli sympathiquement le premier Annuaire
des contemporains intitulé de façon originale : Qui êtes-vous? (Cf. Polyhiblion
d'avril 1908, t. CXIl, p. 369-370), Or, nous recevons l'édition 1909-1910 de
cette très utile publication (Paris, Delagrave, in-18 de viii-550 p. sur 2 co-
lonnes. — Prix : 6 l'r. 50). Nous espérions cjue cet annuaire allait acquérir,
avec la présente édition, une importance plus considérable. A qui la faute
si cette importance n'est qu« relative? Aux intéressés évidemment qui n'ont
pas réclamé leur inscription D'autre part, l'envoi d'un questionnaire à
remplir est-il toujours suffisant pour atteindre le but visé? Certaines portes
doivent être forcées : le mieux, dans ce cas trop fréquent, ne serait-il pas
d'essayer des démarches particulières auprès de certaines célébrités ou no-
toriétés dont l'omission est criante? ^ Quoi qu'il en soit, le volume de l'an
dernier, qui comprenait uniquement des personnalités françaises, est passé
aujourd'hui, pour ces seules pereonnalités, de 492 à 511 pages. Assurément
il y a progrès, mais il n'est pas assez visible. Les pages suivantes (512-550)
sont consacrées à un certain nombre d'étrangers. Il y a là des indications
intéressantes; simple début : nous comptons, pour l'édition future, sur un
nombre beaucoup plus considérable de notices. Et, en ce qui concerne la
France, nous engageons tous les écrivains, artistes, hommes pohtiques
marquants, etc., qui lisent le Pohjhihlion , à ne pas se heurter à d,e vaines
considérations de modestie : une notice se composant de simples renseigne-
ments sans aucune appréciation sur les œuvres peut se donner sans incon-
vénient, d'autant mieux qu'elle est de nature, à être utils au grand public et
plus encore au monde des lettres, des sciences, des arts, de la politique, etc.
— Les personnages morts depuis l'an dernier ont-ils tous été retranchés de
rédition 1909-1910 de Qui êtes-vous? Pas absolument. Ainsi nous signalerons
à l'éditeur la notice concernant le peintre Ziem, mort il y a plusieurs années,
laquelle devra être supprimée. Il en devra être de même de Sandoz (Charles).
décédé le 20 décembre 1908. Autre remarque: V Avertissement dit que les
noms commençant par La et Le sont classés à la lettre L, ce qui est correct.
Mais alors, pourquoi avoir placé trois La Sizeranne à la lettre S? Cette irré-
gularité pourra facilement être rectifiée dans l'édition future. De même
Stéphen Liégeard ne doit pas être placé à S, mais bien à L : Stéphen n'étant
qu'un prénom. Ces quelques observations, — il est à peine besoin de le dé-
clarer, — n'enlèvent rien à la grande utilité du recueil, qui s'adresse par-
ticulièrement aux travailleurs de tous pays.
Paris. — En mars dernier (t. CXV, p. 278-279), nous avons signalé à nos
lecteurs la très intéressante entreprise de la librairie Didier : La Littérature
par Vimage, qui consiste en une série de cartes postales illustrées. A cette
date, trois « pochettes ), de chacune 12 sujets, avaient déjà paru. Depuis,
quatre nouvelles séries ou « pochettes -> ont été publiées : N° 4. Corneille
en images; n» 5. Racine en images; n°^ 6 et 7, Voltaire en images. Portraits,
scènes, autographes, reproductions diverses de dessins ou de tableaux se
succèdent très agréablement. Et nous constatons avec plaisir que l'exécu-
tion artistique a gagné d'une manière sensible. Comme pour les trois pre-
mières séries, les cjuatre nouvelles sont accompagnées de noticessuccinctes qui
expliquent les gravures représentées. — Prix de la pochette : 1 fr. — Abonne-
ment annuel pour 12 pochettes renfermant 144 cartes : 8 fr.
— M. Jean Lemoine a fait paraître : L'Affaire Montespan. Réponse
à MM. Sardou et Funck-Brentano (Paris, H. Leclercq, 1908, in-8 de 34 p.).
Ces quelques pages ne sont guère qu'un article de journal en réponse
à deux autres articles publiés dans la Liberté. M. J. Lemoine s'est fait.
— 87 —
c(Mrttne l'on sait, l'apologiste de M'^'^ de Montespan (Voir Polybiblion
de juin 1908, t. CXII, p. 517) et il attaque à ce propos le lieutenant de
pofiee La Reynie, qu'il accuse de pure naïveté, et Louvois, qu'il représente
comme injuste et passionné. M. Sardou tient à son drame et M. Funck-
Brentano aime les crimes historiques : ils inclinent tous les deux à croire
que le « drame des poisons » était véritable et que Louis XIV l'a étoi ffé dans
l'intérêt de son ancienne favorit*. M. J. Lemoine donne de bonnes raisons
pour détruire la légende; il s'appuie sur le procès faussement fait au
maréchal de Luxembourg et aussi sur le témoignage rétracté par la Pilastre.
La discussion poiuTait se prolonger longtemps si l'auteur n'annonçait sm'«
la question une étude complète et « définitive ». Attendons-la !
— Les deux plaquettes de M. Armand Bourgeois : Nouvelle Étude his-
torique sur Louis XVII (Paris, Daragon, 1907, in-8 de 8 p. — Prix : 1 fr.)
et Mes Dernières Découvertes sur Louis XVII et sa sœur (Paris, Daragon,
1909, in-8 de 24 p. — Prix : 2 fr.) contiennent quelques menus détails
concernant les derniers mois du séjour de Louis XVII au Temple et la
résidence de Madame Royale à Vienne, au lendemain de sa mise en liberté.
Ils 'jut la prétention d'être inédits et ne le sont pas tous, tel que le récit de
sa visite aux deux orphelins par le conventionnel Harmand. Inédits ou non,
on ne voit pas qu'ils puissent fournir aucun argument nouveau en faveur
de la thèse naundorfliste, qui est celle de l'auteur.
— La maison D. A. Longuet, de Paris, entreprend une intéressante col-
lection do "Notices historiques et archéologiques sur les grands monuments».
L'an dernier, elle nous donnait un travail de MM. Paul Vitry et Gaston
Brière sur l'Église abbatiale de Sai?it-Denis et ses tombeaux. Ce volume, bien
accueilli, est suivi de près par un autre sur la Cathédrale No're-Dame de
Paris (1909, in-18 de viii-168 p., avec plan et 18 pi. hors texte). Ce nouveau
volume, auquel M. Paul Vitry a mis une courte introduction, est dû à
M. Marcel Aubert, qui a récemment donné à l'École des chartes une thèse
remarquée sur la cathédrale de Senlis et qui prépare sur Notre-Dame de
Pai'is une vaste monograpliie analogue à celle que M. Georges rhirand a
consacrée à la cathédrale d'Amiens. L'ouvrage de M. Marcel Aubert com-
porte une notice historique (p. 1-54) et une description ai'chéologique (p. 55-
158), que suivent un index alphabétique des noms des artistes cités et une
liste des planches. Ré'digé d'après les sources et d'après une éti.de très
personnelle, très attentive du monument, s'attachant avant tout à fournir
des renseignements sûrs et précis, écrit avec une élégante sobriété, orné
de gravures excellentes et parfaitement nettes malgré le format réduit du
Volume, le livre de M. Marcel Aubert est assurément le meilleur guide que
piiisse consulter le visiteur d.ésireux de bien voir et de bien connaître l'admi-
rable monument qui est une des gloires de Paris.
— - M. Paul Marmottan, qui a réuni depuis plusieurs années d'importantes
contributions à l'histoire de Neuilly, de Saint-JamesetdeBagatelle, vient d'y
joindre une fort érudite et intéressante Causerie sur le mobilier de l'ancien
château de Neuilly (Paris, Chéronnet, 1909, in-8 de 40 p., avec 5 pi.).
On sait, gi'âce à M. Frcdéric Masson, de quel luxe Murât et Caroline avaient
fait preuve dans l'installation de leur hôtel parisien; ils n'avaient pas été
moins fastueux dans l'aménagement de leur demeure estivale de Neuilly.
A défaut d'inventaires et d'états de lieux détaillés, qui nous manquent
poivî- l'instant, mais dont on peut espérer la découverte dans quelque carton
des Archives nationales, la copieuse et substantielle éti.de de M. Marmottan,
enrichie de photogravures reproduisant des sculptures et des meubles,
resss;soite la jolie habitation qui devait être pillée et incendiée par les
— 88 —
émeutiers de 1848. Avec autant de patience que de goût, l'auteur s'attache-
à rassembler et à classer les charmantes épaves d'un mobilier pour la plus
grande partie détruit; il nous fait connaître, par des lettres inédites, com-
ment ce mobilier fut complété lorsque Pauline devint à son tour proprié-
taire du château. Peut-être des descriptions si précises aideront-elles à
retrouver encore quelques restes d'un si bel ensemble; elles ajoutent à nos
regrets en nous faisant constater, une fois de plus, avec quelle fureur aveugle
le vandalisme français s'est acharné, à tant de reprises, sur les plus précieux
trésors de la nation.
— M. Georges Demeny, connu par ses études sur la physiologie des mou-
vements, a été amené à créer le premier cinématographe, pour analyser
les mouvements de l'homme et des animaux. Il était donc très qualifié pour
exposer avec exactitude les Origines du cirtémaio graphe (Paris, H. Paulin,
s. d., in-8 de 64 p., avec fig. — ^Prix : 1 fr.), ce qu'il a fait, le l'^'" février 1909,
à la Ligue française de l'enseignement, dans une conférence qui forme
la matière de la présente brochure, ornée de nombreuses figures démon;*-
tratives. Cette conférence est très bien faite et fort instructive • — la con-
clusion morale (?) pourrait seule être critiquée — mais il est regrettable que
J'auteur ait cru devoir la faire suivre d'extraits de lettres personnelles et
^nettre ainsi le public au courant de ses querelles avec son ancien maître,
collaborateur et ami, M. Marey.
Anjou. — ^I. l'abbé F. Uzureau vient d'ajouter deux nouvelles pla-
quettes à ses publications locale.'^. L'une porte pour titre : Les Conseiller^
d'arrondissement tn Maine-et-Loire (1800-1009) (Angers, imp. Germain ^t
Grasain, in-8 de 52 p. Extrait des Mémoires de la .Société nationale d'agri-
culture, sciences et arts d'Angers, 1008) et l'autre : Les Elections du clergé
dans la sénéchaussée de Saumur (1789) (Angers, même imprimerip, in-8 de
;>.3 p.). L'auteur est infatigable d"ailleurs;il ne se contenta pas de publier tout
<e qu'il trouve, tout ce qu'il peut, sur sa province, dans V Anjou historiqur,
•'t dans diverses revues de ce genre; il n'a pas craint, — ■ et de cela il mérite
<l"ètre loué, — de s'adresser même aux journaux politiques quotidiens;
c'est ainsi que le Journal de Maine-et-Loire publie, depuis quelque temps,
sous la signature de M.Uzureau, nombre de notes et notules rappelant les
hommes et les choses d'Anjou : ceux qui ont le culte des traditions ne
peuvent que le féliciter d'une telle initiative et formuler le vœu qu'elle trouve
d.es imitateurs dans chacun de nos départements.
Bourgogne. — La Société éduenne a mis dernièrement en distribution
le tome XXXVI<^ de la nouvelle série do ses Mémoires (Autu.n, imp. Deju^-
sieu, 1908, in-8 de xxiv-392 p., avec 5 pi.). L'éloge de cette active société
n'est plus à faire; d'ailleurs la simple mention des travaux qui composent
ce beau volume en diront assez l'importance et l'intérêt : Chaseu, par M. Eu-
gène Fyot, excellente monographie d'un château qui a compté an nombre
de ses possesseurs le chancelier bourguignon Nicolas Rolin et le fameux
Bussy-Rabutin (p. 1-50, avec 2 pi.); — Tssy VÉvêque. seigneurie et paraisse,
par M. Georges Valat, autre monographie également intéressante (p. 51-110,
avec 1 pi.); — Note sur la communaufé d'habitants de Nolay, d'après une
charte de 1244, par M. A. de Charmasse (p. 111-119); — Les Députés de Saône-
et-Loire aux Assemblées de la Révolution, 1789-1799, par M. Paul Montarlot
(suite) (p. 121-221). Ces cent pages sont relatives au Conseil des Cinq-Cents
et au Conseil des Anciens. Les parties précédentes de cette étude considé-
rable ont paru dans les tomes XXX à X.XXV des Mémoires de la Société
éduenne; -^ Le Prieuré du V al-Saint-Benoii , par M. Paul Muguet (suite)
tp. 223-265). Cette monographie, dont une première partie a été insérée dans
— 89 —
le tome XXXV des Mémoires de la SociéUi eduenne, n'est pas encore terminée ;
— Le Jeu du Fort chez les Romains, par M. Joseph Déchelette (p. 267-275,
avec 1 pi.); — Note sur un hypocauste trouvé dans une maison gallo-romaine
du faubourg Saint-Jean, à Autun, par M. René Gadant (p. 277-282, avec
l pi.); — Les Spectacles républicains à Autun pendant la Révolution, pair
M. Charles Boëll (p. 283-303) ; — - I^es Familles de dix à douze enfants à Autun
au dix-huitième siècle, par M. A. de Charmasse (p. 30.5-316). Les dernièr«^.s
pages du volume sont occupées par de courts Mélanges d'histoire et d'ar-
chéologie, de numismatique et de bibliographie, signés de simples initiale.s
(p. 317-337) et par deux relations anonymes : A travers les rues de l'histoire de
Semur-en- Auxois .Excursion faite par la Société éduenne le 8 juin 1908 (p. 339-
348) et Promenade aux ruines de Chandiou. Excursion du 15 septembre 1908
(p. 3A9-353).
Bretagne. — L'étude de M. J. Renault sur le Barde breton Théodore
Boirel (Paris, Savaète, gr. in-8 de 55 p., avec portraits) a été couronnée
aa 30^ concours breton -normand de « la Pomme » avec cette restriction
qu' «un peu plus de discrétion dans l'éloge ne ferait que le rendre plus sûr ».
L'auteur déclare qu'il n'a pas cru devoir écouter ce conseil, et il plaide si
habilement sa cause, ou plutôt celle de Botrel, que plus d'un lecteur
et surtout plus d'un auditeur du barde lui donnera raison. L'idéal de c<î
dernier, suivant M. Renault, c'est de chanter le peuple au peuple. De là,
dans les pièces, même les mieux venues, ces négligences volontaires qui
dénotent la préoccupation constante du chansonnier : celle de se faire
comprendre de tous, même des plus illettrés. L'auteur de ce travail cite
ce que nous appellerions les chansons-types de Botrel, celles qui permettent
d'approcher de plus près le chantre de la religion, de la patrie, de la fa-
mille, des laboureurs et des marins. L'œuvre déjà considérable du barde
se recommande surtout par sa valeur moralisatrice. Il a prouvé que l'on
peut charmer les masses et captiver leur attention, en faisant appel aux
nobles instincts de l'homme, loin de flatter ses vices et de célébrer ses
turpitudes. L'ouvrier qui se plaît aux chansons de Botrel se sent meilleur :
c'est le plus^bel^éloge^que l'on en puisse faire.
Comté de Foix. — M. E.-A. Martel a inauguré en 1907 , par une investiga-
tion sommaire, l'exploration méthodique des Pyrénées souterraines, et il a
commencé en 1908, avec l'aide de nombreux collaborateurs, l'éti.de spéléolo-
gique de la section occidentale de la grande chaîne qui sépare la péninsul»?
ibérique du reste de l'Europe. Si aucun des résultats obtenus au cours de
la campagne de 1908 n'a encore été publié, voici qu'un mémoire inséré 'dans
Spelunca permet de connaître quelques-unes des conclusions auxquelles,
dès 1907, M. E.-A. Martel est arrivé sur un point particulier. Consacré aux
cavernes de Tarascon-sur-Ariège, c'est-à-dire aux grottes de Niaux, — dont
la topographie et les dessins préhistoriques ont été si bien étudiés par le feu
commandant Molard^, — de Lombrive et de Sabart, cet important mémoire
en fait connaître l'évolution et la synthèse, et montre la solidarité hydraii-
lique »'d.e ces trois grandes cavernes. Aux intéressantes indications fournies
par ce groupe de grottes, le groupe des trois grottes de Bédeillac-Soudoir
situé à l'ouest de Tarascon-sur-Ariège, ajoute des renseignements analogues
et fournit en quelque sorte la contre-épreuve des observations déjà faites
à Lombrive, Niaux et Sabart. Aussi M. Martel a-t-il bien fait d'exposer
minutieusement le résultat de ses constatations nouvelles, qui lui permettent
de crier casse-cou, une fois de plus, à des généralisateurs hâtifs; naguère-
c'était aux préhistoriens, aujourd'hui c'est aux géologues, à propos des
théories glaciaires, qu'il donne un salutaire avertissement [Cavernes de Ta-
— 90 —
rafSCon-sur-Ariège, par E.-A. Martel. Spelunca. Bulletin et Mémoires de la
Société de spéléologie, n" 5'i, décembre 1908. in-8 de 47 p., avec 28 plans et.
Franche-Comté. — La Société d'émulation de Montbéliard publie chaqu'?
année un volume de Mémoires dont la collection est très appréciée, car elle
renferme des travaux de réelle importance non seulement pour l'histoire
particulière de ce petit pays, qui eut avant la Révolution une existence
propre, mais aussi pour l'histoire générale. Le XXXV^ volume de ces
Mémoires a récemment paru (Montbéliard, Imprimerie montbéliardaise,
l'.)08. in-8 de xx-32'i p., avec 12 planches, une carte et 2 fac-similés d'auto-
graphes). Cinq étvtdes, d'importance matérielle très différente, ont trouvé
place dans ce volume, savoir : Notice biographique sur M. Clément Duvernoy,
par M. Albert Roux (p. 3-9, avec portrait); — • La Guerre de 1870-71 aux
environs de Montb''liard. Combats, rencontres, escarmouches et anecdotes, par
iNL le capitaine ^^ Huber (p. 13-91, avec 8 planch.es et une carte). Bonne
et intéressante contribution à l'histoire de l'Année terrible, que l'auteur
a divisée ainsi : 1. De la Déclaration de guerre à l'investissement de Belfort.
IL De l'Investissement de Belfort à la concentration de l'armée de l'Est.
III. Du l^r janvier 1871 à la retraite de l'armée de l'Est. IV. Du 19 janvier
à la fin de la guerre : — yoiice sur Charles Contejean, 1824-1907, par M. Em-
manuel Failot (p. 95-105, avec portrait), mentionnée ici même en avril
dernier (t. CXV, p. 376-377): — L' Apparition de l'homme dans le pays de
Montbéliard. par M. le pasteur B. Mériot (p. 109-143), travail dans lequel
l'auteur, en trois chapitres, nous parle tour à tour des cavernes et des abris
sous '"oches explorés jusqu'à ce jour, des silex taillés et ,de la faune quater-
naire, enfin de l'homme primitif dans le pays de Montbéliard; — Autour
d'un prft hypothécaire. Voltaire crf-ancier du Wurtemberg. Correspondance
inédite publiée avec un commentaire par M. Frédéric Rossol (p. 147-322,
avec 2 planclies et 2 fac-similés d'autographes;. Dans une Préface de 5 pages
qu'il a écrite pour cette suggestive publication, M. Henry Iloujon, de
1 Institut, résume très spirituellement l'histoire du prêt de 620,000 livres
consenti par VoHair.? au duc Charles-Eugène de \A urtemher-;. «Le duT,
observe A!. Roujon, mit vingt-cinq ans à s'acquitter, ce qui permit à Vol-
taire de touch'^r 1 MjO 000 fran^^s <jLe rentes viagères. » Puis, dans son Intro-
duction, M. F. Rossel s'exprime ainsi : .; Inédite.> pour ta plupart, les pièces
qui vont suivre sont intéressantes pour ceux qui sont curieux de la vie intime
de Voltaire. Ses moyens d'existence, ses besoins d'argent, la gêne momenta-
née où il se trouva souvent, même après son opulente installation à Ferney,
r-ssortent clairement de cette série de lettres. Elles montrent au jour un
\'oltaire financier remarquablement avisé, ce qui se rencontre souvent;
et, chose infiniment plus rare, financier doué de bienveillance et de lon-
ganimité envers ses débiteurs. « Les pièces en question, empruntées aux
Arc!ùves nationales (fond. Montbéliard), à la collection personnelle de
]\î. Rossel, aux archives de Stuttgart et à celles de Colmar, sont au nombre
'le 221.
— \.\Annuaire du Douhs, de la Franche-Comté et du territoire de Belfort
pour 1909 /Besançon, imp. Jacquin, in-8 de 4fiG p.) publie (p. 432-455)
divers documents relatifs à la période révolutionnaire en Franche-Comté,
tous émanant de l'Pprésentants régicides : 1° quatre arrêtés concernant
les salines et signés d'Alexandre Besson (1794 et 1795); 2° deux autres (1794),
portant la double signature du dit Besson et de Jacques Pelletier; 3° enfin
huit arrêtés de Jean-iMaric Calés se rapportant pour la plupart à la manu-
facture d'horlogerie de Besançon (1795).
— 91 —
Lorraine. — La Société des lettres, sciences et arts de Bar-le-Duo publie
un Bulletin mensuel, paginé en chiffres romains. C'est une simple revue
régionale composée d'une poussière d'articles, intéressants d'ailleurs pour
le pays qu'il Lait ainsi mieux connaître et aimer. Nous recevons les 12 nu-
méros de l'année 1908 (Rar-le-Duc, imp. Contant-Lag'uorre, in-8 de cxx p.,
avec 2 pi. Nous n'avons rien à dire de plus; mais nous devons regretter
l'absence d'une table.
Angleterre. — Le Conseil du Catalogue international de la littérature
«Scientifique, composé de savants de tous les pays, voire même du Japon,
vient de faire paraître la sixième année de ses travaux représentant les
manuscrits reçus du mois de novembre 1906 au mois de novembre 1907 :
I nternational Catalogue of Scientific Literature. Sixth nnnual issue. M. Bo-
tany (London, Harrison; Paris, Gauthier- Villars , 1908, 2 vol. in-8 de
vin-330 et 843 p.). Il a paru seulement en septembre 1908. Ces travaux
sont la suite de la publication connue sous le nom de Catalogue of Scientific
Papeis de la Société royale de Londres où se trouve le siège de l'association
scientifique internationale, mais qui a des bureau.x dans les principaux
jiays du monde. Le bureau français est dirigé par M. le D"" J. Deniker,
conservateur de la Bibliothèque du Muséum d'histoire naturelle . Les
deux volumes actuels contiennent les fiches et les index de tout ce qui
a paru sur la botanique en anglais, en allemand, en français et en italien.
Le Catalogue des auteurs et celui des matières sont à part. L'ordre suivi
est celui décidé par la convention internationale de 1905. Les divisions
primaires adoptées correspondent aux branches reconnues de la science
botanique, y compris la botanique fossile. Les grandes divisions comprises
dans les divisions du système décimal allant de 0000 Philosophie à 9900
Distribution géographique, sont les suivantes : Catalogue des auteurs
(p. 17 à p. 330.); Catalogue des matières (p. 1 à 790) subdivisé comme
suit : Philosophie Histoire, Biographie, etc., de nos i à 999; Morpholo-
gie, Anatomie, Embryologie et Cytologie, de 1000 à 2999; Physiologie,
de 3000 à 3999 ; Pathologie de 4000 à 4399; Évolution 4400 à 4999.
Taxonomie de 5000 à 7999; Distribution géographique 8000 à 9999.
Le tout est complété par une liste des journaux scientifiques avec leurs
titres abrégés tels qu'ils sont cités dans le texte. Cette liste remplit les
pages 791 à 832, puis vient un index de la classification topographique.
Belgique. — D'un haut intérêt pour l'histoire de l'enluminure des livre?,
au xv^ .'^iècle est le beau volume que le P. J. Van den Gheyn, S. J., vient de
publier sous le titre : Cronicgues et conquestes de Charlemaine, reproduction
des 105 miniatures de Jean Le Tavernier d' Audenarde (1460^ (Bruxelles,
Vromant, 1909, in-4 de 24 p. et 105 pi.). C'est sur les ordres de Philippe le
Bon, duc de Bourgogne, que le maître enlumineur illustra ce beau manuscrit
en 3 volumes, actuellement conservé à Bruxelles.
Espagne. — Sous les auspices et par les soins de la députation provin-
ciale de Barcelone, il a été fondé en 1907 dans cette ville un Institut d'études
catalanes, composé de huit membres et de deux secrétaires rédacteurs. Ces
hait membres se répartissent en quatre sections : histoire; archéologie;
littérature; droit. Dans le cadre des publications de l'Institut rentrent :
les publications documentaires; les éditions de textes littéraires inédits ou
publiés défectueusement; enfin des travaux de critique. L'Institut a pour
président M. Antoni Rubié y Lluch et pour secrétaire M. Joseph Pijoan.
Dès la première année de son existence, l'Institut a manifesté son activité
par les publications suivantes : l'^'" fascicule d'un inventaire des Peintures
murales catalanes; premier volume d'un travail de D. Joaquim Botet y Sisô :
— 92 —
Les Monedes calalaries; un volume de Documents pera l'historia de la
cultura catalana migeval, rassemblés par D. Anloni Rubiô y Lluch;
premier tome d'une histoire de V Arquitectura romànica a Catalunya, par
MM. J. Puig y Cadafalch, D. Antoni de Falguera et D. J. Godoy. En même
temps une publication périodique [Institut d'estudis catalans. Anuari)revi-
ferme des travaux de moindre haleine. Celui de 1907, qui vient de paraître
(Barcelona, palau de la diputacio, in-4, 534 p., pi. et fig.) nous offre, ave«
les documents relatifs à l'établissement de Tlnstitut, les travaux suivants :
I. Section archéologique. J. Gudiol, El necrologi de l'iglesia de Roda, inscrip-
tions funéraires qui tapissent les murailles du cloître et qui remontent en
partie au xiii*' siècle ; J. A. Brutails, Les Influences de Vart oriental et lesGoths
dans le midi de la France; R. Caselles, Origens del renaixement barceloni.
étude sur Viladomat; P. Paris, Quelques vases ibériques inédits: A. Mun07..
/ paliotti dipinti de musé di Vich e di Barcelona); J. Puig y Cadafalch, Les
Iglesies romàniques ah cobertes de justa de las valls de Bohi y d' Arnn, églises
de la première moitié du xii^ siècle. — II. Section historique : J. Calmette, Les
Historiens du Roussillon ; E. Gonzales Hurtebise, Inventario de los bienes
tnuebles de Alfonso V de Aragon como infant y como rey (1412-1424) ;
J. Miret y Sanz, Nota de geografia hist6rica,k propos de la délimitation de
frontière faite en 1300 entre la France et la Catalogne; A. Giménez Soler.
Episodios de la historia de las relaciones entre la corona de Aragon y Tûnez,
au xiv^ siècle; A. Rubiô y Lluch. Atenes en temps dels Catalans, de 1377 à
1388. — ■ III. Section juridique. G. M. de Brocâ, De les investigacions
respecte del dret de Catalunya y de la reintegraciô de ses fonts; Ordinacions
fêtes en cort per tota Catalunya (xiii^ siècle); Traça de classificaciô dels
usatges y idea delà potestat (xv^ siècle); J. Gudiol, Traduccio dels usalges
les mes antigues constitucions de Catalunya y les costumes de Père Albert
(xiii« siècle); G. M. de Brocâ, Costujns iuridycos a la rattla d'Arago; —
IV. Section littéraire. E. Moliné y Brasé, La Letra de reyals costums del
Petrarca; P. Fabra, Sobre diferents problems pendents en Vactual català
literari; J. Pijoan, Un nou viatge aTerra Santa en català (1323); J. Rubiô,
R. d'Alos, F. MâTiOTeU, Inventaris inédits de l'ordre del Temple a Catalunya;
F. Pedrell, Z)os Jiiûsichs cinchcentistcs catalans, cantors d'Auzias March;
J. Massô y Torrents, Riambau de Vaqueres en els cançoners catalans.
— Sous le titre de Pensamientos de una creyente (Barcelona, Subirana,
1909, petit in-16 de 133 p. — Prix : 1 fr.), D. Luis Gispert nous offre une
élégante traduction de l'opuscule français de M™^ Célina Renard (Maria
Jenna), qui contient des pensées courtes, mais pleines de foi autant qu'ex-
quises dans leur forme, sur la joie, la tristesse, le calme, l'évangile et la
conduite de la vie. La brochure espagnole est éditée avec soin et porte
l'approbation de l'ordinaire.
Indo-Chine. — M. Cl. Madrolle a fait de l'île de Hai-Nan son étude
spéciale; après en avoir reconnu les côtes en 1896, il a, en 1907, exécuté deux
expéditions dans l'intérieur de cette terre aussi considérable que la Corse,
la Sardaigne et les Baléares réunies, il a d'abord visité, au nord-est, le pays
de Voun-sio et les volcans éteints de la chaîne des Dzong, des « puys •>,
dirions-nous en français; il a ensuite pénétré chez les aborigènes du massif
central et reconnu les cîmes les plus élevées de la contrée, ces « Cinq-Doigts »
dont deux sommets atteignent 2 000 mètres. On trouvera un intéressant
résumé de cette exploration dans une récente conférence de ^I. Cl. Madrolle
sur Hai-nan, le pays et ses habitants (Paris, Comité de l'Asie française, in-8
de 26 p., avec une carte. Extrait du Bulletin du Comité de V Asie française'^.
— 93 —
Congo. — Voici Jongtemps que l'avenir du Congo français, de cette co-
lonie qu'on a parfois appelée « l'enfant de douleur » de la métropole, préoc-
cupe tous ceux qui ont souci du développement de notre empire d'outre-mer.
Gardons-nous d'en désespérer, dit, dans une remarquable conférence sur
le Congo français au point de vue économique (Melun, imp. administrative,
J909, in-S de .'iO p.), un de ceux qui le connaissent le mieux pour l'avoir,
depuis quinze ans, parcouru un peu dans tous les sens, et pour en avoir revu
différentes régions à plusieurs années de distance. M. l'administrateur G.
Bruel; l'histoire explique presque toutes les fautes et les erreurs commises;
t lie seule permet de comprendre la situation actuelle et la nécessité où l'on
est de disséminer les efîorts et de continuer à tout entreprendre avec des
moyens insuffisants, au lieu de sérier les questions. D'autre part, les chiffres
du commerce spécial prouvent que les efforts tentés jusqu'à ce jour n'ont
pas été vains ; si le progrès n'est pas plus accentué, quelles en sont les causes?
L'absence de coordination et aussi l'absence de persévérance dans les efforts
tentés, l'absence d'outillage économique, à en croire M. Bruel; le jour où des
vues d'ensemble seront appliquées avec continuité, où le Congo français
sera doté d'un outillage économique complet et harmonique, il sera défini-
tivement sorti de l'ornière dans laquelle il se traîne depuis sa naissance,
et prendra un remarquable essor.
Maroc — De 1904 à 1907, le commandant A. -H. Dyé a dirigé les tra-
vaux de la mission maritime du Maroc à qui on doit l'étude hydrographique
et économique des principaux ports du Maghreb-el-Aksa; il y a recueilli sur
place une foule de matériaux scientifiques dont les belles cartes publiées
sous les auspices du Comité du Maroc présentent la coordination, et d'abon-
dants matériaux économiques dont la synthèse systématique a été pré-
sentée par le commandant Dyé lui-même à la Société de géographie com-
merciale de Paris, dans une étude sur les Ports du Maroc, leur commerce avec
la France fCoulommiers, imp. Paul Brodard, 1909, in-8 de 78 p., avec carte
et grav.). Par des considérations et des faits de toute nature, le savant marin
y a pleinement démontré que l'activité commerciale française doit surtout
se faire sentir à l'ouest du Maroc, dans tous les ports de l'Atlantique, en-
vironnés des meilleures régions agricoles. Là se doivent concentrer tous nos
efforts de pénétration économique, car là existe un sol souvent fertile, et
que, faute de sécurité, le paysan marocain n'a pas encore pu mettre en valeur.
— Nous devons déjà à M. Ch. René-Leclerc, délégué général du Comité du
Maroc à Tanger, une excellente notice sur le Commerce et l'industrie à Fez;
voici maintenant qu'en quelques pages, il résume les renseignements essen-
tiels relatifs au régime économique de cette capitale du Maroc septentrional,
peuplée de 70 à 80 000 habitants, et où le commerce français (qui y
est en voie d'indéniable accroissement) pourrait encore réaliser de nouveaux
progrès. Non content de décrire le présent de Fez, M. René-Leclerc indique
dans quel sens cette grande ville marocaine devra se développer dans l'avenir
et quelles ressources il lui faudra utiliser pour se transformer véritablement.
Ainsi, et par d'utiles et précieux Conseils aux commerçants se trouve com-
plétée cette courte et substantielle notice sur Fez (Fez. Notice économique.
Paris, imp. Levé, 1909, in-8 de 27 p. Extraitjdu Mois'colonial et maritime).
PuBMCATioiNS NOUVELLES. — V Existcncc historique de Jésus et le na-
tionalisme contemporain, par L.-C. Fillion (in-12, Bloud). — L'Église apos-
tolique. Actes d'apôtres. Epîtres. Apocalypse, trad. et commentaire par l'abbé
Verdunoy (in-12, Lecoffre, Gabalda). — Le Principe des développements
thèologiques, par H. N. Oxenham (in-12, Bloud); — Le Christianisme pro-
— 94 —
gressif. essai sur le Christian isnie et la conscience moderne, par E. Gii'an
(in-12, E. Noiirry). — Le Modernisme, sa position vis-à-vis de la science,
sa condamnation par le Pape Pie X, par le cardinal Mercier (in-12, Blond). —
Éléments d'apologétique. JI . Jésus et V Église, par J.-L. de la Paquerie. 2^ éd.
(in-12, Bloud). — U Apologétique de Brunetière, par H. Guyot (in-12, E.
Nourry). — Le Cœur de Jésus dans ses paroles. Élévations, par M. Baron
(in-16, Beauchesne). ■ — Retraite de réparation pour les âmes vouées au Sacré-
Cœur pour le temps présent, d'après un plan nouveau, par le R. P. A. Prévost
(petit in-18, Paris et Tournai, Casterman). — Traité du devoir de conduire
les enfants à Jésus-Christ, par Gerson; trad. par A. Saubin (in-12, Bloud). —
Paroles de prêtre et de Français, par l'abbé Vie (in-16, Beauchesne). — '
Bouddhisme. Opinions sur V histoire de la dogmatique, par L. de la Vallée
Poussin (in-12. Beauchesne). — La Doctrine de Flslam, par le baron Carra
de Vaux (in-12, Beauchesne). — Œuvres complètes du comte L. Tolstoï.
T. XX. Critique de théologie dogmatique, 1879-1881 (in-16. Stock). — Guil-
laume du Breuil. Stilus curie parlamenti, nouvelle édition critique, publiée
avec une Introduction et des notes, par F. Aubert (in-8, A. Picard et fils). —
Étude historique sur Vidée de sentences indéterminées, par G. de Lacoste
(in-8, Rousseau). — La Bruyère. Des Ouvrages de l'esprit avec commentaires
et notes, par O. Caron (in-12, Paris, 5, rue Bayard). — Pensées, reproduction
de l'édition originale avec la notice historique du frère de Joubert, par Joubert",
Introduction et notes par V. Giraud (in-12, Bloud). — Vie de Sénèque, par
R. Waltz (in'8, Perrin). — Leibniz, historien. Essai sur l'activité et la méthode
historiques de Leibniz, par L. Davillé (in-8, Alcan). — Le Socialisme et la
Sociologie réformiste, par A. Fouillée (in-8, Alcan). — La Monarchie et la
Classe ouvrière, par G. Valois (in-16, Nouvelle Librairie nationale). — Les
Bases du pacifisme. Le Pacifisme réformiste et le pacifisme « révolutionnaire »
par A. H. Fried; trad. de Tallemand et Avant-propos par J. Lagorgette
(in-8, Pedone). — L'Exercice illégal de la médecint et les Articles de réclame
médico-pharmaceutique à tournure scientifique, par G. de Lacoste (iu-8,
Rousseau). — Rééducation physique et psychique, par le D'' H. Lavrand (in-16,
Bloud). — De l'Illusion. Son Mécanisme psycho-social, p<xr le prestidigitateur
Alber (in-16, Bloud). — Électricité agricole, par A. Petit (in-18, Baillière). —
La Théorie des courants alternatifs, par A. Russe!!. T. I'^''; trad. de l'angiai.^
par G. Séligmann-Lui (gr. in-8, Gauthier- Villars). — Lectures de mécanique.
La Mécanique enseignée par les auteurs originaux, par E. Jouguet. 2^ partie.
L'Organisation de la mécanique (gr. in-8, Gauthier- Villars). — Cours de
géométrie descriptive à l'usage des candidats à l'École des beaux-arts, par
E. Vallois (in-8, Gauthier- Villars). — La Marine. _Le Haut Commandement,
ses fautes, sa réforme, par L.-M.-V. et E. Liron (in-12, Chapelot). — Les
Maîtres de la musique. Wagner, par H. Lichtenberger (in-8, Alcan). —
Portraits et souvenirs, par C. Saint-Saëns (in-18, Calmann-Lévy). — Profils
d'artistes. Rosina Stoltz, de l'Académie de musique ( Victoire Noël), 1815-1908,
par G. Bord (in-18, Daragon). — Les Trucs du théâtre, du cirque et de la foire,
par M. de Nansouty (petit in-^, Colin). — Traité de stylistique fratiçai-se,
par C. Bally. Vol. II (in-8 cartonné, C. Klincksieck). — La Romance à
Madame, par G. Ferrières (in-12, Lemern-). — Les Deux Jeunesses, par
E. Rochard (in-12, Lemerre). — Les Beaux Jours, par J. Clienevière (in-12,
Lemerre). — Les Argonautiques d' Apollonius le Rhodien; trad. vers par vers,
par le comte U. do Séguier (in-8, Félanitz, Majorque, imp. B. Reus). — De
l'Hélicon au Calvaire, par le comte U. de Ségiàer (in-8, Félanitx, Majorque,
imp. B. Reus). — I^es Printemps, par J. Gasquet (in-16, Perrin). — Décors et
chants, par E. Koeberlé (petit-in-8. Mercure de France). — Œuvres poétiques
— 95 —
choisies d" Honoré (TUrfé, précédées d'une Introduction, par G. Michant
(petit-in-18, Sansot). — A rOmhre des marbres, par J. Nayral (ih-18, Gastein-
Serge). — La Légende de Vhomme, par N. Couytigne (in-12, Edition du
Beffroi). — Le Mariage de Mademoiselle Gimel, dactylographe, par R. Bazin
(in-18, Calmann-Lévy). — Sur les deux rives, par L. de Tinseau (inrIB,
Calmann-Lévy). — Le Vaisseau de plomb, par G. Lechartier (in-16, PJon-
Nourrit). — Mon Prince charmant, par A. Noël (in-16, Plon-Nourrit),', —
Le Miroir aux alouettes, par J. de Mestral Combremont (in-16, Plon-Nourrit).
— Un étrange Divorce, par le comte A. de Saint-Aulaire (in-16, Perrin). —
Trois Sœurs, par E. d'Esterre Keeling; trad. de l'anglais par F. O'Noll
(in-16, Hachette). — Roselyne, par M. Maryan (in-18, Henri Gautier). —
L'Ame de Pilate, par J. de Comlomb (in-18, Henri Gautier]. — La Bague
d'opale, par M. Maryan (in-18, Firmin-Didot). — Mes Pannes, par H. d'A-
grain (in-16, Poisson). — Le Roman sournois, par P. Lièvre (in-32. Stock). —
Les Aventures du cardinal dt Richelieu et de la duchesse d'Elbeuf, par le baron
A. de Maricourt (in-18, Sansot). — Les Fêtes du cœur, par G. Gasztowtt
(in-18, Gastein-Serge). — Les Caquets du docteur, par O. Béliard (in-16
allongé, TasseU- — L'Argent et V Amour. Pour si peu, par J. France (in-18,
Nancy, Éditions de « France-Semeuse »). — L' Académie de Mérivat-les-
Chaumes, par J. Voisin (petit in-8. Moulins, Crépin-Leblond). — Roland
et Marie Phlipon. Lettres d'amour (1777 à 1780), publiées avec Introduction,
commentaire explicatif et notes p»ar C. Perroud (in-8, A. Picard et filsl —
Le Théâtre français des origines à nos jours. Extraits et analyses, notices
biographiques, par F. d'Armade (in-8, Delagrave). — Idées et doctrines litté-
raires du xviiie siècle, par F. Vial et !.. Denise (in-î2, Delagrave). — De
Gottsched' à Leasing, étude sur les commencements du théâtre moderne en Alle-
magne (1724-1760), par G. Belouin (in-8, Hachette). — Anthologie de la
littérature allemande des origines au xx^ siècle, par L. Roustan (petit in-16.
Delagrave). — Dante, essai sur son caractère et son génie, par M. Paléologue
(in-16, Plon-Nourrit). — Histoire et géographie. Atlas général Vidal- Lablache,
édition 1900 (gr. in-4 relié toile, Colin). — En Espagne. « Du 30 à l'heure »,
d'Irun à Algésiras, par la comtesse do la Morinière de la Rochecantin (in-16,
Plon-Nourrit). — Le Touriste français en Espagne et dans les pays de langue
espagnole. Grammaire. Vie pratique, par J. Laborde (in-12 cartonné, Dela-
grave). — Au Pays de l'or noir. Para, Amazonas, Mattô Grosso, par P.
Walle (in-8, Guilmoto). — Nos Fils et nos filles en voyage, par A.-L. Leroy
(in-8, Vuibert et Non}'). — Histoire des conciles, d'après les documents ori-
ginaux, par C. J. Hefele; trad. sur la 2^ édition allemande par Dom H.
Leclercq. T. III, l^e partie (gr. in-8, Letonzey et Ane). — La Question des
missions. Les Doléances d'un vieux missionnaire sur les tribulations d'un
vieux chanoine, parle Fî. P. Damerval (in-8, Paris et Tournai, Casterman). —
La Vie et la légende de saint Gwennolé, texte publié par P. Allier (in-12,
Bloud). — La Mission de saint Benoit, CCCCLXXX-DXXXXIII, par le
cardinal Newman (in-12, Bloud). — Une Ame d'apôtre. Le Père Victor
Delpech,de la Compagnie de .Jésus, missionnaire au Maduré (18.35-1887), par
le p. F. Suau, (in-16. Tournai et Paris, Casterman). — Ln Chronique de
Morigny (1095-1152), publiée par L. Mirot (in-8, A. Picard et fils. — Le Dix-
huitième Siècle, par C. Stryienski (in-8, Hachette). — La Conspiration révo-
lutionnaire de 1789. Les Complices. Les Victimes, par G. Bord (in-8, Paris,
Bibliothèque d'histoire moderne). — Éludes révolutionnaires, par J. Guil-
laume, 2^ série, (in-12, ^iock).— Recueil de pièces et documents officiels relatifs
à la Légion d'honneur compre?iant la distribution des croix au camp de Bou-
logne, la pierre Napoléon et la colonne de la Grande Armée, précédé d'une notice
— 96 —
historique, par A. Lefebvre (gr. in-8, Champion). — L'Empire libéral.
Études, récits, souvenirs, par Ê. Ollivier (in-18. Garnier). — Histoire religieuse'
de la Révolution française, par P, de la Gorce. T. I^'' (in-8, Plon-Nourrit). —
Histoire du catholicisme libéral en France, 1828-1908, par G. Weill (in-16.
Alcan). — La Société française au temps de Philippe- Au guste, par A. Luchaire
(in-8, Hachette). — La Société française du xvi'' siècle au xx^ siècle, par
V. du Bled. 7*^ série, xviii^ siècle (in-16, Perrin). — La Bruyère critique dn
conditions et des institutions sociales, par AI. Lange (in-8, Hachette). —
Le Congo français. La Question internationale du Congo, par F. Challayo
;in-8, Alcani. • — Le Château de Lauzun en Agenais. Description et histoire,
par P. Lauzun (in-8. Agen, Maison d'édition et imprimerie moderne). —
L'Église de France après la persécution religieuse, 1907-1908, par P. Barbier
(in-12, Lelhielleux). — Où mène V école sans Dieu, par F. Gibon (in-12, Téqui).
— La Crise de l'école la'ique. L'École et la famille, par D. Gurnaud (in-lG,
Perrin). — Une Année de politique extérieure, par R. Moulin et S. de Chessin
(in-16, Plon-Xourrit). — Som'ejiirs de la dernière guerre carliste (1872-1876),
par Je généra! Kirkpatrick de Closeburn (in-8, A. Picard et fils). — Docu-
mentos inédites à muy rares para la historia de Mexico, publicados por G.
Garcia. T. XXIIL El Sitio de Puebla en 1863, segun los archivas de D.
Ignacio Comonfort y de D. Juan Antonio de la Fuente (petit in-8, México-
Vda. de C. Bouret). — Madame du Barry, d'après les documents authen-
tioues, par C. Saint-André (in-8. Emile-Paul). — Belles du vieux temps, par
1'^ vicomte de Reiset (petit in-8, Emile-Paul). - — Journaliste, sans-culotte
i/ thermidorien. Le Fils de Fréron {l'}5i-lS02), d'après des documents inédits,
par R. Arnaud (in-16, Perrin). — ]\^otes intimes d'un gentilhomme, recueillies
par sa fille, par la comtesse M. de Couronnel (in-16, Bloud). — Albert
Hetsch, médecin. Allemand et protestant, devenu Français, catholique et prêtre.
Introduction du cardinal Perraud (2 vol. in-16, Beauchesne). — Constance
Teichmann, par M.-E. Belpaire (in-8, Louvain, Bibliothèque choi.sie; Tours,
C^ttier). — Gallia typographica, ou Répertoire biographique et chronologique
de tous les imprimeurs de France, depuis les origines de V imprimerie jusqu'à
la Révolution, par G. Lépreux. T. I. Flandre- Artois , Picardie (gr. in-8. Cham-
pion). — Library of Congress. List of works relating to the suprême Court of
ihe United States, by H. H. B. Meyer (in-8, Washington, Government
Printing Office). — An English Bibliography on the near Eastern Ques-
-Aon, 1481-1906, by V. M. Yovanovitch (gr. in-4, Belgrade, Tzviyanovitch,
ViSENOT.
Le Gérant : CHAPUIS.
Imprimerie polyglotte Fr. Simon, Rennes
POLTBIBLION
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE UNIVERSELLE
OUVRAGES D'ENSEIGNEMENT RELIGIEUX
ET DE PIÉTÉ
Enseignement. — Prédication. — 1. Œuvres choisies oratoires et pastorales de
Mgr ToucHET, évêque d'Orléans. T. V. Paris, Lethielleux; Orléans, Marron, 1905,
in-12 de iv-457 p., 3fr. 50. — 2. Exposition de la morale catholique. VI. Le Vice et
le péché. II. Leurs effets, leurs formes, leurs remèdes. Conférences et retraite (Carême
de 1908), par E. Janvier. Paris, Lethielleux, s. d., petit in-8 de 433 p., 4 fr. —
3. Les Fêtes de l'Église. Elévations sur les hymnes, par J.-D. Folghera. Paris,
Téqui, 1909, in-18 de 154 p., 1 fr. 50. — 4. Vers les cimes. Exhortations à un jeune
homme chrétien, par l'abbé Chabot. Paris, Beauchesne, 1909, in-12 de iv-360 p.,
3 fr. — 5. Du Connu à Vinconnu. Simple catéchisme, par l'auteur du Catéchisme
expliqué sans maître. Paris, Lethielleux, s. d., in-38 de 92 p., 0 fr. 30.
Jésus. Marie. Joseph. — 6. Sur les pas de Jésus. V^ série. Bethléem-Nazareth, ^lAr \e
P. F. MouREAU. Paris, Haton, s. d., in-12 de 212 p., 1 fr. 50. — 7. L'Évangile du
Sacré-Cœur. Les Mystères d'amour du cœur de Jésus, par l'abbé Jean Vaudon.
2'ï éd. Paris, Poussielgue, 1909, in-12 de viii-387 p., 3 fr. 50. — 8. Marie et le
Symbolisme des pierres précieuses, par l'abbé E.m. Valère. Paris, Oudin, 1909,
in-12 de xxxvi-290 p., 3 fr. 50. — 9. La Vierge Marie dans l'Évangile, lectures
pour le mois de Marie, If mois du Rosaire et les fêtes de la Sainte Vierge, par Y. d'Isné.
Paris, Lethielleux, s. d., in-32 de 134 p., o fr. 50. — 10. Voici votre Mère. Entretiens
sur la Très Sainte Vierge, par l'abbé J. Millot. Paris, Lethielleux, s. d., in-32 de
328 p., 1 fr. 50. — 11. Joseph d'après l'Évangile, par l'abbé Max Caron. Paris,
Haton, 1909, in-12 de 336 p., 2 fr.
Eucharistie. — Évangile. — 12. Allons à l'Eucharistie, par A. Drive. Avignon,
Aubanel frères, s. d., in-32 de 32 p. — 13. Petite Retraite de première communion
avec nombreuses histoires édifiantes, par l'abbé de Martrin-Donos. Paris, Haton,
1909, in-32 de 71 p., 0 fr . 20. — 14. La Communion des enfants, ^Avl^H. P. M.\zvre .
Paris et Lille, Desclée, de Brouwer, petit in-18 de 80 p., 0 fr. 25. — 15. Les Miracles
de Notre- Seigneur Jésus-Christ exposés et médités, avec un appendice sur les miracles
eji général, ç AT Cn. Lacouture. Paris, Beauchesne, 1908, in-12 de viir-279 p., 1 fr. 50.
— 16. Lettres sur l'épître de saint Paul aux Hébreux, par Mgr G. Laperrine
d'Hautpoul. Paris, Lecofïre, Gabalda, 1909, in-12 de 256 p., 2 fr. 50. — 17.
Les Jeunes Filles de l'Evangile (Notes d'une retraite de jeunes filles), par Mgr Henri
BoLO. Paris, Haton, s. d., in-_18 de 346 p., 2 fr. 50.
Spiritualité. — 18. Retraite spirituelle, par J. Guibert. Paris, Poussielgue, 1909,.
in-12 de iv-407 p., 3 fr. 50. — 19. La Montée du Calvaire, par P. -Louis Perroy.
Nouvelle édit. Paris, Lethielleux, s. d., in-12 de 334 p., 3 fr. 50.— 20. La Pratique
de l'amour de Dieu. Aux hommes du monde (Carême 1909), par l'abbé de Gi-
BERGUES. Paris, Poussielgue, s. d., in-12 de 267 p., 3 fr. — 21. Le Grand Devoir
de la prière enseigné aux enfants du catéchisme, p&r l'abbé J. Millot. Paris, Lethiel-
leux, s. d., in-32 de x-278 p., 1 fr. 50. — 22. L'Espérance. Conférences pour les
hommes, par P. Girodon. Paris, Plon-Nourrit, s. d., in-16 de 209 p., 2 fr. — 23.
La Ferveur. Aux dames et aux jeunes filles, par l'abbé de Gibergues. Paris, Pous-
sielgue, 1909, in-12 de 174 p., 1 fr. 50. — 24. Les Larmes consolées, par le P.
Ch. Laurent. Paris, Haton, s. d., in-12 de viir-359 p., 2 fr. 50.
Dévotions. — Piété. — 25. Za Passion de Jésus-Christ. Courtes méditations pour
chaque jour du Carême, par le R. P. Richard F. Clarke; trad. de l'anglais par
J. Reymond. Avignon, Aubanel frères, s. d., in-32 de viii-96 p. — 26. Cor Jesu.
Historique, doctrine, pratique de la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, par l'abbé
Lucien Poux. Paris, Maison de la Bonne Presse, s. d., in-32 de xv-164 p., 0 fr. 50.
— 27. Les Merveilles de Massabielle à Lourdes. Apparitions, Miracles. Pèlerinages
Août 1909. T. CXVI. 7.
— 98 —
Paris, Maison de la Bonne Presse, s. d., in-32 de 202p., Ofr. 50.: — 2ii. Mesenhonor
del patriarca san José, patrùn de la Iglesia, poi' ei JusÉ Torra« y Bagïs, obispo
de Vich. Version castillana. Barcelona, Subirana, 19G9, petit in-16 de 190 p.,
avec une grav., 1 fr.
Enseigne.ment. — Prédic.vtion. — 1 à 5. — Mgr l'évcqiie
d'Orléans continue la publication de ses Œuvres choisies oraloires et
pastorales; il en est au tome cinquième, qui comprend des mémoires,
des allocutions, des lettres qui rappellent les principaux événements
écoulés pendant les années 1902 et 1903 : droit de pétition des évêques;
suppression des traitements ecclésiastiques; discours sm' la crise
sardinière en Bretagne; les souffrances de TEglise; le Sacré-Cœur et
les saints français; les exécutions du 24 mars 1903; Léon XIII; Pie X;
formation des clercs; vocation religieuse, œuvres .sociales; l'Eucha-
ristie; cause de Jeanne d'Arc; histoire sommaire et promulgation de
l'héroïcité de ses vertus. Il y a là des documents de tout premier ordre
pour l'histoire religieuse contemporaine; il y a des pages d'une éIo~
quence vraie, naturelle, soutenue, qui frappe, émeut, élève et excite ;
il y a de remarquables morceaux de littérature sous forme de descrip-
tions, de tableaux, pleins de couleur et de vie. Mgr Févêque d'Orléans
sent très vivement et il s'exprime avec la même force; il prouve une
fois de plus que le style, c'est l'homme; lui surtout a un. style personnel
qui est bien lui-même et ce qu'il dit est. si bien sa pensée, sa conviction
qu'elle va droit à l'esprit et pénètre jusqu'au plus intime du cœur.
Une expression très moderne rendra mieux encore le sens de notre
critique : ces œuvres oratoires et pastorales sont des œuvres vraiment
vécues.
— Dans ses conférences de Notre-Dame pour le Carême de 1908,
M. le chanoine Janvier continue son Exposition de ht fi/orale catlioliqne
en montrant les eiïets du vice et du péché, leur.-^ formes et leurs remèdes.
C'était certes bien urgent de rappeler à nos contemporains, au milieu
d'une société où le péché et le vice semljlent avoir pris hardiment
position, que l'homme n'est point fait pour être Tesclave et la victime
de ses passions, qu'il doit résister à leurs suggestions pour rester
fidèle à la loi de Dieu, et que s'il a le malheur de céder à la tentation,
Dieu lui a préparé des moyens de relèvement et de réhabilitation.
Les ravages du péché soit dans l'ordre de la vie publique, de la vie
morale et de la vie sociale, soit dans l'ordre de la vie surnaturelle et
de la vie éternelle font' l'objet des six principales conférences. L:^s ins-
tructions de la retraite pascale, pendant la Semaine sainte, traitent de
la différence du péché mortel et du péché véniel^ des péchés de la chair
et de l'e.'^prit, du péché du cœur, des lèvres, des aaivres, du remède au
péché : la confession; de l'expiation du péché; passion de N.-S. J.-C ;
de la réparation des ruines accumulées par le péché. Ces conférences
et ces instructions sont précédées d'une exposition d'ensemble qui
— 99 —
met l)ipn en relief la pensée et le plan de l'orateur; elles sont suivies
d'un résumé elair, précis, court, qui fait mieux ressortir le développe-
ment et l'enchaînement des principales pensées; nous ne saurions
trop les recommander aux lecteurs. Ce VI^ volume des conférences
est la suite logique des volumes précédents : il a eu, comme ses aînés,
l'honneur privilégié d'être loué par le Saint-Père, qui a voulu envoyer
à l'orateur de Notre-Dame ses félicitations et ses encouragements :
il ne saurait être rien de plus flatteur pour un auteur, ni rien de plus
avantageux pour son livre.
— Pour nous faire connaître les Fêtes de l'Église, le R. P. Folghera
se sert ingénieusement des hymnes du Bréviaire. Il juge avec raison,
que « dégager des hymnes la pensée chrétienne et théologique qu'elles
contiennent, exposer brièvement cette pensée en ses diverses parties,
commenter chacune d'elles à l'aide d'une hymne ou de quelques
strophes, c'est aboutir à un ensemible d'élévations, de méditations, où
l'idée éclaire la poésie, où la poésie colore et échauffe l'idée, où la piété
profite également de cette clarté, de ce coloris, de cette chaleur. »
Ce qui fait de son livre une Année liturgique en miniature: il est divisé
en trente-sept chapitres, consacrés chacun à une fête, mais aussi court
que substantiel. Ce sont des méditations où l'on ne dort pas : l'atten-
tion y est tenue bien éveillée par des considérations et des applications
qui mettent l'âme dans les dispositions pieuses en harmonie avec
la fête.
— Elles sont très courtes aussi les Exhortations à un jeune homme
chrétien, par M. l'abbé Chabot. C'est que, pour monter Vers les eîmes
il ne faut pas se sentir accablé par un lourd fardeau; l'élan suppose
une allure dégagée, une démarche alerte. Dans sa Préface — plus
courte encore — l'auteur prévient son jeune homme qu'il veut le
conduire, l'entraîner vers les cimes, aux régions pures et sereines;
il l'avertit de ne pas s'effrayer : « les chemins montants ne sont rudes
qu'en apparence et pour qui les voit de loin. On y marche aisémient,
pourvu qu'on ait l'élan et qu'on sache où est le but. » Et voici son
programme, ou plutôt son itinéraire. Il prend l'abord «rélan;):c'est la
première partie où il dit ce que c'est qu'être jeune, vivre, agir, progres-
ser et ce qu'est l'enthousiasme. Puis il s'élève vers le bonheur, vers le
bien, vers la lumière, vers la vie, vers Dieu, et il expose, en cours de
route, ce qu'il faut entendre par le bonheur, par le devoir, parla foi,
par la vie en Jésus-Christ, par l'attraction divine. Il termine par cette
exhortation, qui résume très fidèlement son li^Te : « Aussi, dit-il, pour
arriver à Dieu, c'est-à-dire au bonheur adéquat, au bien absolu, à la
complète lumière, à la pleine vie, faut-il que tu le cherches avec toutes
tes facultés donnant tout leur effort, avec tous tes élans, avec toute
ton âme. »
— 100 —
■ — Du Connu à l'inconnu est le titre d'un petit catéchisme qui
procède ingénieusement par demandes et réponses, avec logique,
brièveté, précision. Gomme le dit très justement l'auteur : « Passant
systématiquement du connu à l'inconnu, et amenant les vérités de
foi à se présenter comme d'elles-mêmes par un enchaînement logique
et naturel, on le? fait accepter sans méfiance et elles s'assimilent
aisément. » Il n'est pas possible qu'un enseignement ainsi conçu et
pratiqué ne paraisse pas aimable et qu'il ne se grave pas plus facile-
ment dans la mémoire.
Jésus. Marie. Joseph. — 6 à 11. — Sur les pas de Jésus, nous voici
parcourant avec le divin Enfant les collines et les vallées qui séparent
Bethléem de Nazareth, « chevauchée d'un charme exquis et vraiment
divin, » que l'auteur, le P. F. Moureau, a eu le bonheur d'accomplir et
qu'il a essayé de faire revivre pour la consolation de tous ceux qui
se plaisent à marcher en esprit « sur les pas de Jésus «. C'est d'abord le
?ite de Bethléem qui nous est fidèlement décrit; c'est aussi son histoire
qui nous est racontée avec l'idylle de Ruth et tout ce qui a trait au
mystère de la naissance du Fils de Pieu : la cité de David, le grotte
de la Nativité; la messe de minuit. Puis se succèdent rapidement
des chapitres très courts, mais très intéressants sur l'Annonciation
et la Visitation, l'adoration des bergers et des mages, la fuite en
Egypte et le retour en Galilée, l'épisode du temple, etc. Dans la
seconde partie, c'est l'histoire de Nazareth et le souvenir de tout ce qui
s'y rattache : le Mont-Garmel, les premières années, la personnalité
de Jésus, Jésus et la nature, Jésus et l'humanité, la parenté de Jésus,
l'épreuve, les adieux à Nazareth, les noces de Cana. li'auteur décrit
et parle, encore sous l'influence des douces et fortes émotions qu'il a
éprouvées en parcourant tous ces lieux bénis qui ont été sanctifiés
par la présence du divin Sauveur; et, à le lire, il nous semble voir Jésus
et le suivre, « le rencontrer et le voir apparaître au détour du sentier
désert ».
■ — L'Évangile du Sacré-Cœur, par M. l'abbé Vaudon, nous révèle
les mystères d'amour que le Sacré-Cœur de Jésus renferme pour nous.
L'auteur développe lui-même, dans une table analytique, l'encliaîne-
ment logique des considérations qu'il a écrites : pour lui, le centre
même de la création c'est le cœur de Jésus qui assume une double
tâche : réconcilier ensemble l'amour et la justice mis en opposition
par le péché; transfuser dans l'homme son propre sang. Mais le Ré-
dempteur ne travaille pas seul à cet ouvrage; il a bien voulu y associer
Marie, sa mère, et saint Joseph, son père nourricier.il y associe l'Église,
qui, dépositaire de la divine Eucharistie, continue par la sainte Messe
l'œuvre de la rédemption, à laquelle, par la communion, nous devons
tous prendre notre part personnelle. L'œuvre se consomme dans le
— 101 —
Ciel, où Jésus-Christ nous est représenté, par saint Jean dans l'Apo-
calypse, comme la victime éternelle du grand sacrifice : Agneau
divin immolé pour nous. Telle est la marche, tel le développement
de l'ouvrage de M. l'abbé Vaudon. Aussi bien, il n'est pas un inconnu
pour nos lecteurs, auxquels nous l'avons déj."! présenté, il y a quelques
années; ils ont pu en apprécier la réelle valeur, appréciation bien con-
firmée par son succès, puisqu'il en est à sa deuxième édition. Le P. Lon-
ghaye, dans une étude critique, écrivait ces lignes où nous trouvons
exactement l'expression même de notre jugement: « On sera toujours
neuf, on sera beau, utile, toutes les fois que l'on fera bien connaître
Jésus-Christ, le grand inconnu; toutes les fois que l'on prêchera le
Sacré-Cœur d'une manière sensée, pratique et haute par le fait même.
Autant d'éloges acquis de plein droit au R. P. Vaudon. »
— Il est neuf aussi, M. l'abbé Valère, dans son livre : Marie et le
Symbolisme des pierres précieuses. Non pas qu'il ait tout à fait innové,
mais il a eu l'heureuse pensée de grouper des coni-idérations qu'il a
trouvées çà et là éparses dans les commentateurs autorisés de nos
I,i\Tes saints et d'en faire un ensemble harmonieux qui rend hommage
à la grandeur suréminente de l'auguste Mère de Dieu, \u\q\ en quels
termes il justifie son but et son plan: «Dans le concert de louanges
de la création en l'honneur de Marie, dit M. Valère, les pierres pré-
cieuses ont une voix plus éloquente que la voix des fleurs ou celle
des étoiles. Elles symbolisent les privilèges, les vertus, la puissance de
Celle que Dieu nous a donnée pour mère. » Et ce n'est pas seulement
parmi nos écrivains ecclésiastiques, docteurs ou exégètes, que nous
trouvons ces rapprochements ingénieux entre les pierres précieuses
et les qualités ou les vertus de personnages notables. Les anciens
n'ont pas ignoré cet art de la comparaison, et parmi eux ]NL Valère
cite surtout Pline l'Ancien et le sénateur romain Boèce. Le premier,
qui vivait au i*^*' siècle, à la cour de Tibère, a fait de son Histoire natu-
relle une sorte de compilation avec commentaires de tout ce que
l'antiquité avait pensé et écrit du symbolisme des pierres précieuses.
Le second vivait au v^ siècle et était chrétien; il intercala, dans un
ouvrage considérable sur les arts et le naturalisme, un traité : De
Gemmis^ dans lequel il examine les croyances de son temps sur le sym-
bolisme des pierres précieuses. Tout en suivant l'exemple de ses
illustres devanciers, M. Valère, s'il ne dit pas des choses tout à fait
nouvelles, inédites, sait leur donner une forme nouvelle qui constitue
son originalité. Non nova sed no^e. Après une savante Introduction,
l'auteur traite de chacune des vingt- deux pierres précieuses dont les rares
qualités sont un vrai symbole de quelque vertu ou de quelque attribut
de la Vierge Marie. C'est un traité très intéressant et aussi très utile
pour la prédication.
— 102 —
— La Vierge Marie dans V Évangile, par M"i<^ Y. d'Isné, nous retrace,
sous la forme de considérations pieuses pour les mois de mai et d'octo-
bre, la vie de la Très Sainte X'ierge telle que nous la font connaître
les saints évangélistes. C'est la méthode ordinairement suivie pour ces
opuscules, mais l'autour l'a parfaitement adaptée à son genre et il a
fait de son livre un ouvrage qui « excite dans les âmes une dévotion
plus filiale et plus pratique à la Mère de Dieu... Une doctrine très sûre
y soutient une piété très éclairée et très simple. Voilà un Mois de
Marie idéal. » Ce petit livre, pénétré dévie pieuse, sera goûté de ses
lecteurs.
• — Celui de M. l'abbé J. Millot : Voici votre Mère, complète le pré-
cédent. Il ne rappelle pas seulement la vie de la T. S. X'ierge; il étudie
aussi le culte que nous devons lui rendre, ou les caractères que
doit avoir notre dévotion pour Marie. Ce que ce livre ofîre encore
de particulier, c'est l'exemple, ou plutôt ce sont les exemples ou
histoires ' qui suivent la méditation et l'on sait qu'il n'y a rien de
plus intéressant et de plus utile que l'exemple. Exempta irahunt. On
tend, il est vrai, à considérer cette méthode comme démodée, peut-
être même comme peu digne de lecteurs sérieux. C'est un tort. Il y a
d'abord des lecteurs même sérieux qui ne dédaignent pas de lire les
traits édifiants. Ensuite, il faut tenir bon compte de la masse du
peuple, à qui les exemples ouïes histoires rendent encore plus sensible
l'exposition de la doctrine. Nous nous tromperions fort si le livre de
M. l'abbé Millot n'obtenait pas le plus flatteur accueil.
— L'approbation récemment donnée par le Saint-Siège à la récita-
tion des litanies de saint Joseph a rappelé l'attention sur le véné-
rable patriarche de Nazareth. C'est dire que le nouveau livre de
M. l'abbé Max Caron est très opportun et vient à son heure : Joseph
d'après VEvangile. Et comment connaître bien S. Joseph, si ce n'est
en méditant les passages, hélas ! bien trop rares de l'Évangile où il est
question du chaste époux de la Mère de Dieu? C'est ce qu'a voulu faire
le vénéré supérieur du grand séminaire de Versailles. Il entendit, au
jour de son expulsion, une communauté de religieuses réciter les
litanies de saint Joseph, et la pensée lui vint d'appeler à son aide le
protecteur si puissant qu'est le Père nourricier du Fils de Dieu. Et
de là est venu ce livre tout imprégné, pour ainsi dire, de ses larmes,
mais aussi et siu'tout confident affectueux de toutes ses angoisses
aussi bien que de ses plus solides espérances. Combien d'âmes ne
seront-elles pas encouragées,par ces pages émues et vécues, à redoubler
de confiance enA^ers saint Joseph qui partagea si courageusement les
épreuves de la Sainte Famille, surtout les doideurs d'un long exil en
Egypte ! Combien de cœiu's ne seront-ils pas réconfortés par l'espoir
d'une protection plus paternelle, méritée par une prière plus fervente
— 103 —
et, mieux encore, par une plus complète imJtation des vertus de ce
grand saint 1
ErcHARisTiE. — Évangile. — 12 à 17. — Une poussée puissante
et providentielle conduit un plus grand nombre d'âmes à la sainte
Table; M. l'abbé A. Drive veut contribuer encore à en accroître la force
en criant à tous : Allons à l'Eacharislie ! Allons à ce Dieu qu'ont aimé
et reçu tant de nobles cœurs; à ce Dieu qui est vi'e et amour; l'Eu-
charistie sera le salut de la société. » Puisse cet appel être entendu
par la foule des fidèles et surtout être docilement accueilli !
— Ne craignons pas d'exhorter même les enfants à répondre mieux
encore aux secrets désirs de Notre-Seigneur et aux solennelles exhor-
tations de l'Église. Par sa Petite Retraite de première communion,
M. l'abbé de Martrin-Donos s'applique à leur faire bien comprendre
les précieux avantages que nos chers petits peuvent retirer de la ré-
ception de la divine Euchafis'tie, et il est sûr de réussir à les convaincre
par les nombreuses histoires édifiantes qui viennent si à propos donner
la force du témoignage et de l'expérience aux considérations les plus
élevées. Nous félicitons l'auteur de son heureuse initiative et lui sou-
haitons le plus grand succès.
— L'opuscule du R. P. Mazurp sur la Communion des enfants ne
s'adresse pas directement à ceux ci; elle a seulem,ent pour but de
prouver cette thèse, d'ailleurs si orthodoxe, de l'utilité de la communion
fréquente pour les enfants, même de la pratique de la communion quo-
tidienne. Évidemment il y a ici à user d'une grande prudence et d'un
sérieux discernement pour ne pas s'exposer à ce que l'usage d'un si
grand bien devienne un abus et que ce qui doit donner la vie
ne se change pas, pai* la routine, en im principe de mort, ALais il faut
bien admettre qu'il y a, auprès des enfants, à essayer une pratique
de laquelle, bien surveillée et graduellement dosée, on peut attendre
les plus précieux bienfaits.
— L'Eucharistie est, après la Résurrection, le plus grand miracle
opéré par Jésus-Christ, qui revit ainsi à travers les siècles, pour être
tous les jours avec nous. Il est facile de le constater, en rappelant, pour
les méditer, tous les Miracles de Notre- Seigneur Jésus-Christ tels que
nous les expose le R. P. Lacouture. Nous en comptons trente-huit,
et combien d'autres nous sont restés inconnus parce que l'E&prit-
Saint n'a pas vi>ulu qu'ils fussent révélés? Aussi bien, ce nombre suffit-
il, et au_ delà, pour témoigner, aux yeux de tout homme de bonne fo:^,
en faveur de la divinité de Jésus. 11 suffit pour intéresser et accroître
notre piété. Ceux de nos lecteurs qui voudront, à l'aide de ce petit
livre, d'ailleurs très soigné, méditer les miracles du Sauveur, essayer
d'en comprendre la signification, d'en apprécier l'enseignement, ne
pourront trouver que douce satisfaction et sérieux profit à cette
— 104 —
lecture méditée. « Puisse ce présage se réaliser, dirons-nous avec l'au-
teur, et ce petit ouvrage contribuer ainsi à faire mieux connaître et
servir plus fidèlement le meilleur des Maîtres ! »
— Heureux qui sait se nourrir de cette substance divine qu'est l'É-
criture sainte ! Elle est bien aussi le pain que Dieu a donné à l'homme
et qui possède toutes les délices. Mgr Laperrine d'Hautpoul veut,
pour sa part, contribuer à l'amour et à l'étude des saintes lettres,
et, nous offrant son ouvrage sur VÉpître de saint Paul aux Hébreux^ il
ne pouvait mieux réussir à nous la faire goûter qu'en dédiant son
travail « aux catholiques persécutés ». On saisit aussitôt le but de
l'érudit auteur et on se sent incité à prendre son livre pour y puiser
les consolations et les espérances que cette dédicace nous promet. On
n'est certes point trompé dans son attente; et après chacune des
vingt-cinq lettres dont se compose cet ouvrage, on éprouve comme
un réel allégement, comme un puissant réconfort. « C'est à des persé-
cutés, dit l'auteur, que saint Paul s'adressait (dans cette épître). »
Dès lors, comment n'y trouverions-nous pas notre profit, nous qui
sommes dans une position analogue? Les attaques contre la vérité
et les prépotences vis-à-vis les faibles ne varient guère de forme,
quelle que soit l'époque où elles se produisent... Soyez donc conviés à
la lire, vous tous qui souflrez pour la justice et vous aussi qui endurez
quelque épreuve d'où qu'elle vienne. » Rendons-nous à cette invitation
si pressante; ne refusons pas la main charitable qui cherche à nous
relever. Nous ne tarderons pas à témoigner à ce véritable ami notre
fraternelle gratitude.
— C'est encore un grave et utile enseignement que Mgr Bolo nous
donne dans son étude sur les Jeunes Filles rfe/'£'can^i7e.« Les histoires
évangéliques de jeunes filles, nous dit-il, sont conçues et exposées de
telle sorte que, dans leur ensemble, elles offrent le traité le plus com-
plet, le plus pratique et le plus touchant de la perfection chrétienne,
à cet âge où la femme ressemble le plus à l'ange. » Sept chapitres
se partagent les considérations que le travail de la méditation a
suggérées à l'auteur pour les appliquer aux jeunes filles faisant re-
traite : la fille de Jaïre; la fille d'Hérodiade; la fille de la Chananéenne;
vierges sages et vierges folles; Marthe; les filles de Jérusalem; la Reine.
Ses enseignements se dégagent peu à peu, logiquement, avec une
adaptation très opportune, de telle sorte que cette retraite montre
bien à la jeune fille quelles sont les dispositions réclamées de Dieu
pour que la grâce opère dans son cœur soit pour prévenir tous les
dangers de perdre la pureté de l'âme, ou pour les éviter, soit pour
corriger ses défauts, ou acquérir les vertus qu'elle doit pratiquer, soit
enfin, s'il y a eu mort de l'âme par le péché, pour ressusciter, à la voix
de Dieu, à une nouvelle vie que devra protéger et conserver une plus
— 105 — .
géaéreiiso persévérance. Nous ne sommes point étonné des fruits
spirituels que dut produire une retraite de jefines filles consacrée au
développement de ces divers épisodes de nos Livres saints et qui, au
témoignage de l'auteur, « fut particulièrement consolant. »
Spiritu/Vlité. — 18 à 24. — La Retraiie spirituelle, de M. J.Guibert,
supérieur de séminaire, s'adresse au clergé; elle n'est pas la reproduc-
tion exacte des allocutions et des conférences prêcliées à ses confrères
par le docte et pieux auteiu'; elle est rédigée sous forme de méditations
dépourvues de tout artifice oratoire, de telle sorte que, «conduite avec
méthode, elle peut servir de guide aux retraitants solitaires, et fournir
des indications très utiles aux prédicateurs de retraite ». Cette retraite
spirituelle se propose de nous faire obtenir ou réaliser quatre buts :
nous faire connaître et prendre conscience de notre état moral; nous
conquérir sur le péché ; nous travailler pour développer en nous le chré-
tien et l'homme; nous dépenser par ia pratique du zèle apostolique.
La triple tâche de se connaître, de se conquérir et de se travailler
appartient à tous, prêtres, religieux ou laïques; la tâche de se dépen=;er
est le propre des personnes vouées à l'apostolat et principalement des
prêtres. Ces méditations sont marquées au sceau d'une sérieuse et
longue expérience, d'une doctrine très sûre, d'un ardent amour de
Notrc-Seigneur et des âmes : nous remercions l'auteur d'avoir cédé
aux instances de Mgr l'archevêque de Paris qui, à la suite d'une re-
traite prêchéo à Paris en 1907, eut la bonne inspiration de le presser
de publier ses instructions. — Nous avons dit que M. Guibert avait
préféré rédiger sa retraite sous forme de méditations renfermant le code
complet qui doit régler la vie du prêtre et du simple chrétien. Une
table des matières donne un résumé succinct et exact de chaqua
méditation qui peut servir très efficacement à en retenir la pensée
principale et à former ce que les auteurs mystiques appellent « le
bouquet spirituel. ;>
— La Montée du Calvaire, par M. P. -Louis Perroy, est le rccit-
médité pi commenté du drame de la passion et de la mort du divin
Sauveur. Ce livre ne date pas d'hier; il remonte à quelques années
et c'est une nouvelle édition que nous offre l'auteur. N'est-ce pas-
un témoignage non suspect de sa valeur? Le fond du récit est
évidemment le même que da.as d'autres nombreux ouvrages; la
disposition et les commentaires constituent son originalité, qui est
de très bon aloi. Dans la première partie l'auteur appelle notre attention
sur les instruments de supplice ; les liens, le voile, la robe, les fouets,
la couronne, la croix, etc. La deuxième partie est consacrée à étudier
les tortures du cœur : l'agonie, le baiser et l'abandon, Pierre,
Judas, Pilate, Jérusalem, etc. Enfin dans la troisième partie nous
assistons aux grandes scènes du Calvaire : les moqueries, les traits
— 106 —
du visage de JNotre- Seigneur, les paroles suprêmes, le grand silence,
Marie; les derniers cris. Et l'auteur, ayjuit. achevé son œuvre, ajoute
simplement ces quel nues Usines, si simples mais si éloquentes : « Ici
finit la jnontco du Calvaire. Le grand œuvre de la rédemption est
accompli : le Christ a réconcilié le ciel avec la terre. O mes frères du
monde entier, venez, accourez tous pleins d'espérance sur ce sommet
ensanglanté : maintenant v'ous pouvez vous sauver... si vous voulez, »
— De cette contemplation à la Pratique de l'amour de Dieu, il
ne saurait y avoir loin : ceci est même la conséquence de cela. Mais
cette Pratique, en quoi consiste-t-elle ? Tel est l'enseignement qu'a vou-
lu donner aux hommes M. l'abbé de Gibergues dans ses conférences
du Carêjne de 1909. Il aborde son sujet dès la première page par la
définition et les formes de l'anaour divin ; il s'arrête à signaler l'obstacle
à cet amour fjni est l'égoïsme, mais il signale ensuite, comme disposi-
tion à la pratique de l'amour di\an, le renoncement à soi-même.
Alors nous sont indiqués les moyens efficaces d'aijnor Dieu : appliquer
courageusemejût .à Dieu son esprit, son cœur, sa volonté, s'aider de la
communion fréquente et de l'assiduité à la prière. Notre modèle en
cette œuvre, comme en toute autre, est Notre-.Seigneur Jésus-Christ;
il l'est sm-tout, notre modèle, en même temps que notre soutien, dans
la divine Eucharistie. C'est du fond de ses tabernacles que notre hôte
divin no'us adresse ces paroles qui sont une invitation pressante à
limitation de l'auguste victime dont l'Eucharistie rappelle si bien
l'immolation par l'amour : Regardez et faites selon l'exemple qui vous
a été montré sur la montagne?
— Nous revenons avec M. l'abbé Millot sur le Grand Devoir de la
prière dont nons parlait tout à l'heure, avec moins de développement,
M. l'abbé de Gibergues. Avec le livre de M. le vicaire général d'Oran
nous nous trouvons en face d'im vrai traité sur cette ]natière. Sous
quatre divisions principales, l'autour nous dit d'abord la nature et
la puissance de la prière : Qu'est-ce que la prière? Prière vocale et
mentale; prière du cœui", puissance de la prière, chaque question
bien clairement. exposée et développée, sui tout afficacement confirmée
par une histoire ou un exemple; ce sera ainsi dans toute la suite de
^ou^Tage : cette méthode a de si grands avantages ! Nous lisons
maintenant les pages consacrées à rappeler la nécessité et le précepte
do la prière, ensuite les conditions delà piière : état de grâce, attention,
humilité, confiance, persévérance; enfin quand et où il faut prier,
souvent, mais surtout le matin et le soir, dans la tentation, dans la
souffrance, à l'église, en couimun, etc. Le livre se termine par une
longue série de prières ; la messe, les vêpres, prières les plus diveo'ses,
toutes excellentes, à ré('iter suivant les besoins et les circonstances.
C'est uû délicieux petit manuel qui est très bien adapté sans doute
— 107 ^
aux enfants du catéchisme pour lesquels il est fait, mais aussi à tous
les fidèles, avides de bien remplit", pour la gloire de Dieu et leur propre
utilité, ce grand devoir de la prière.
— Dans ses conférences pour les hommes faites en la paroisse de
S;-int-Pierre de Chaillot, M. l'abbé Girodon traite de V Espérance.
C'est un si grand bien, un si puissant réconfort, que cette vertu divine !
Heureux qui possède l'Espérance ! La l'"'^ conférence nous fixe sur
l'objet même de cette vertu, sur notre récompense qui est Dieu, le but
de notre vie. La 2^ et la 3^ traitent du bonheur individuel et social;
dans les suivantes, de la 4^ à la 8^ l'auteur expose la doctrine catho-
lique sur l'immortalité de l'âme, l'espérance chrétienne, l'enfer, le
purgatoire, le ciel; la 9^ et dernière nous enseigne com.ment nous
devons considérer les événements .de la vie présente pour les faire
tourner à assurer la réalisation de notre espérance. «Acceptons, dit
l'auteur, les joies que la Providence nous donne en ce monde et accep-
tons aussi les tristesses.il y 'a des unes et des autres dans notre vie
purement humaine ; il y a aussi des unes et des autres dans notre vie
chrétienne et surnaturelle. Et joies et tristesses, ne l'oublions jamais,
nous sont envoyées par notre Père pour que... nous nous élevions
sans cesse v^ers Lui...i) N'est-ce pas, ajouterons-nous, le meilleur moyen
de soutenir notre Espérance, cette pensée que tout ici-bas nous est
ménagé pour faciliter et assu''er ce que Dieu nous a permis d'espérer?
— La Ferveur ! Mais tout ce que nous venons d'étudier nous y
conduit : la montée du Calvaire, ila pratique de l'amour de Dieu, le
grand devoir de la prière, etc. M. l'abbé de Gibergues juge avec raison
que nous avons encore besoin de quelques considérations plus spéciales
pour nous faire envisager directement cette disposition de l'âme pieuse
qui s'appelle « la ferveur ». Il s'empresse de nous révéler ce suprême
désir de Jésus et sa confidence s'adresse surtout aux dames et aux
jeunes filles. Viennent ensuite « une étude délicate et approfondie de
la f0l'^^eur, de ses motifs et de ses avantages; une critique très fine
des fausses ferveurs; une analyse toute pratique de la conduite à
tenir dans la consolation et dans la sécheresse, enfin de précieux con-
seils sur la direction ». Nous venons de donner le résumé de ce petit
volume qu'il est impossible de lire sans se sentir porté à aimer la fer-
veur et à l'acquérir.
— Nous ne saurions plus favorablement présenter à nos lecteurs le
nouveau livre du P. Ch. Laurent : Les Larmes consolées^ qu'en citant
ces quelques mots de la lettre d'approbation écrite à l'auteur par son
supérieur général : « C'est assurément une grande et précieuse science
que celle de savoir bien soulîrir.Les lecteurs attentifs de ces pages, où
vous rappelez, en un style aussi doctrinal qu'élégant, l'histoire et la
mission de la douleur, acquerront sans nul doute cette science, et ils
— 108 —
sauront surnaturaliser et sanctifier, christianiser en un mot Jours
souffrances. « Il n'y a rien d'exagéré dans ce jugement ou dans cette
appréciation. Il sutTit, pour s'en convaincre, de parcourir, même rapi-
dement pour en avoir un simple aperçu, les divers chapitres de ce livre
toujours si opportun parce qu'il y aura toujours des larmes à consoler :
La douleur; l'universelle souffrance; les origines de la douleur; la
faute originelle; le divin ministère de la douleur et ses apostolats, ses
consolations et ses joies. Et alors, puisque la douleur est la loi inévitable
de notrp destinée sur la terre, faudrait-il au moins être bien pénétré
de la doctrine de l'auteur et nous efforcer de tirer de la souffrance
tous les avantages qu'elle contient, aux yeux de la foi. Une seule
disposition de notre âme renferme toutes les conditions pour jouir de
tous les bienfaits de la douleur, cell£ de l'envisager comme l'expression
de la volonté de Dieu, la supporter avec docilité et la lui offrir généreu-
sement. Ce que traduisait si bien une âme pieuse, familiarisée avec
la douleur, quand elle écrivait à une de ses amies : « La souffrance,
quand elle est bien acceptée et bien offerte à Dieu, est la meilleure de
toutes les prières. » C'est cette conclusion que tirera tout lecteur du
livre du Père Laurent.
Dévotion. — Piété. ■ — 25 à 28. — Nous n'aurons pas à trop insister
sur les petits opuscules qu'il nous reste à présenter à nos lecteurs :
ils se recommandent assez eux-mêmes par le sujet qu'ils traitent.
La Passion de Jésus-Christ est une série de courtes méditations dis-
posées pour chaque jour du Carême; on ne s'y ennuiera certes pas,
car elles sont, en effet, très courtes et aussi très attachantes. L'exami-
nateur écrit à l'auteur que « les âmes pieuses le bénissent d'avoir eu
l'heureuse inspiration de traduire et de vulgariser ainsi la Passion
de Jésus-Christ par le R. P.Richard Clarlce »; il ajoute que, si l'opuscule
est petit par la forme, il est très grand par sa piété.
— Souffrir et mourir pour nous : tel a été le sacrifice que le divin
Cœur de Jésus lui a inspiré. Et le lecteur se plaira à parcourir, en les
méditant, les quelques pages que vient de publier sur l'Historique, la
doctrine et la pratique de la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, M. l'abbé
Lucien Poux. Ces intéressantes considérations sont suivies de pensées
pieuses sur la convenance et la portée des actes de consécration et
d'hommage au Sacré-Cœur. Le livre se clôt sur un formulaire de prières
adaptées à cette dévotion. Cor Jesu mérite la plus sérieuse recomman-
dation.
— Maintenant, c'est la Mère du divin Rédempteur, Marie, qui nous
réapparaît avec les Merveilles de Massabielle à Lourdes, récit des Appa-
ritions, des Miracles, des Pèlerinages, à\ST^os,é en trente-deux chapitres
pour les mois de mai et d'octobre. Tout le monde ne peut avoir et lire
les gros volumes si documentés sur Lourdes, publiés par le D'" Boissarie
— 109 —
et M. l'abbé Bei'trin. L'opuscule que nous annonçons est à la portée
des plus modestes bourses et il suffira à propager dans le peuple les
Merveilles de Massa bielle.
— Voici enfin saint Joseph,qui complète la Sainte Famille; il en est
même le chef, maintenant encore qu'elle est au Ciel. C'est dire la puis-
sance d'intercession dont il jouit et dont il peut nous faire profiter.
Le Mois de saint Joseph, de D. José Torras y Bages, aidera beaucoup
à propager la piété et la dévotion envers le saint patriarche de Nazareth;
mais, pour c[ue la France pût en profiter, il devrait être traduit de l'es-
pagnol : c'est cette bonne fortune que nous lui souhaitons et nous ne
croyons pas pouvoir faire un meilleur éloge de l'opuscule dont il s'agit :
Mes en honor dcl patriarca sari José. Qu'un bon traducteur ne se
fasse pas trop attendre ! F. Chapot.
POÉSIE — THÉÂTRE
Poésie. — 1. Les Muses françaises, anthologie des femmes poètes, par Alph. Séché.
T. III (xx« siècle), Paris, Louis Michaud, s. d., in-12 de 384 p., 3 fr. 50. — 2. Les
Poètes du terroir, du xv« au xx'^ siècle, par Ad. Van Bever. T. I<^''. Paris, Dclagrave,
p. d., in-12 de xv-375, avec cartes des anciens pays de France, 3 fr. 50. — 3. L'An-
thologie du félibrige, morceaux choisis des grands poètes de la Renaisiance méridionale
au xix"^ siècle, par Armand Praviel et J.-R. de Brousse. Paris, Nouvelle Li-
brairie nationale, 1909, in-18 de xvi-342 p., 3 fr. 50. — 4. La Poésie de Jean Aicard.
Portrait littéraire et choix de poèmes, par J. Calvet. Paris, Hatier, s. d., in-12 de
315 p., avec portrait, 3 fr. 50. — 5. Le Sablier, par Paul Galland. Paris, Sansot,
1909, in-12 de 180 p., 3 fr. 50. — 6. V Amphore, par Jean Segrestaa. Paris, Perrin,
1909, in-16 de 203 p., 3*fr. 50. — 7. Clochettes et bourdons, par Robert Huchard.
Paris, Perrin, s. d., in-16 de 346 p., 3 fr. 50. — 8. Par ces longues nuits d'hiver,
par Raoul Gaubert-Saint-Martial. Paris, édition de « l'Abbaye », 1908, petit
in-8 de 115 p., 3 fr. 50. — 9. Chants d'adolescence, par Alphonse Morand. Paris,
Société générale d'éditions, s. d., in-18 de 142 p., 2 fr. — 10. Les Argonautiques
d'Apollonius le Rhodien, traduites pour la première fois en vers français (et vers
pour vers), par le comte Ulysse de Séguier. Félanitx (Majorque), Bartolomé
Reuss, 1906, in-8 de xxxii-191 p. — 11. De VHélicon au Calvaire, par le même.
Même éditeur, 1908, in-8 de vii-273 p. — 12. Le Livre des chats, par Alfred
RuFFiN. Paris, Lemerre, 1908, in-18 de 117 p., 3 fr. — 13. Le Mage sans étoile
(1902-1908), par Raphakl Arvor. Paris, Messein, 1908, in-18 de 170 p., 3 fr. 50.
— 14. Rêves épars, sonnets, par- Edmond Maguier (œuvres posthumes). Paris,
Lemerre, 1909, in-18 de 385 p., 3 fr. — 15. L'Écho des heures, par la comtesse de
Salorges. Paris, Lemerre, 1909, in-12 de 166 p., 3 fr. — 16. Moisson d'étoiles,
par Thérèse-Pierre de Libertat. Paris, Lemerre, 1909, in-12 de 91 p., 3 fr. —
17. Les Ailes de cire, par Marcel Pays. Paris, Messein, 1909, in-18 de 151 p.,
3 fr. 50. — 18. Nuit d'Egypte, esquisses, par Jean de Bére. Paris, Perrin, 1909,
in-16 de 146 p., 3 fr. — 19. La PAque des Roses, par Touny-Lérys. Paris, Mer-
cure de France, 1909, in-18 de 220 p., 3 fr. 50. — 20. Le Vent dans les arbres, par
A. DE Bary. Paris, Stock, 1909, in-18 de 251 p., 3 fr. 50. — 21. Crépuscules d'amour,
par GeoRGES Batault. Paris, Bibliothèque de l'Occident, 1909, in-16 de 64 p.
Poésie. — L — Le tome deuxième des Muses françaises, antho-
logie des femmes poètes, vient de suivre le premier, dont nous avons
déjà parle. Cette fois, M. Alphonse Séché a groupé les « muses » du
xx^ siècle. C'est dire que toutes sont vivantes, sauf deux qui viennent
— 110 —
do mourir avant la publication. Oaaranto-quatro noms figurent ici.
Combien de ces noms tomberont ?ans tarder dans le plus vengeur
des oublis ! ■ — La lecture de ce volume est affligeante, et une vérité
qui saute aux yeux, lorsqu'on le ferme,c'est que la sélection des femmes
poètes est, dans notre société, une sélection à rebours. Presque toutes
s'affirment comme libres penseuses et libres viv-euses. A plusieurs
reprises, dans ses notices biogi'aphiques, M. Séché constate que ses
poétesses ont perdu toute « fausse pudeur «. Comment donc s'expri-
meraient-elles si elles avaient perdu la vraie ? Nous demandons pardon
à des personnes comme M"^" Edmond Rostand ou M™^ Goyau de ces
critiques « globales » q\ii ne les atteignent nullement, non plus que
quelques autres. Pour ce qui est du talent, il y en a un peu partout,
dilué, émietté. De génie, point. I.e lecteur patient peut faire la cueillette
des jolies strophes, des vers heureux, et aussi des passages qui, à force
de vouloir être tragiqiiement inspirés, produisent un eiïot de comique
irrésistible.
N'achevons pas cette exécution nécessaire sans quehjues citation?
variées.
De M"is la baronne de Baye :
Et je ferme les yeux pour te voir mieux encor.
De M"e Marthe Dupuy :
La robe la plus belle est celle que je porte.
Est-ce assez féminin? — De W^^ Claudine Funck-Brentano :
Sois belle, ô mon amie, pour que je souffre davantage !
Un sentiment si remarquable vaut bien un vers de quatorze pieds. —
De x\|iie Marie Huot {Litanies des hôtes ) :
Chères bêtes, mangez et buvez dans mon cœur.
De M-i6 Hélène Vacaresco :
Les jasmins sont jaloux de la lune aux doigts bleus.
2. — Les décentralisateurs, les régionahstes salueront avec plaisir
le premier volume d'une publication importante : Les Poètes du terroir,
du xv^ au xx^ siècle. Ce sont des textes choisis accompagnés de no-
tices biographiques, de bibliographies et de cartes des anciens « pays »
de France. L'auteur de la publication est M. Ad. Van Bever. Ce tome
premier est consacré aux poètes d"" Alsace, d'Anjou, d'Auvergne, de
Béarn, de Berry, de Bourbonnais, de Bourgogne, de Bretagne et de
Champagne. Les provinces, comme on le voit, sont rangées par ordre
alphabétique. Notons que le patois, lorsqu'il y a lieu, est accompagné
de la traduction française, ce qui facilite la lecture. Parmi les noms
connus, nous voyons figurer ceux de Joachim du Bellay, de Baïf,
— 111 —
de Delille, de Piierre de Noiîiao., dfÉmiie Deschamps, do Théodore de
Banville, de Honaventure Despériers, de Lamartine, de Gabriel Vicaire,
de Chateaubriand, de Brizeux, de Tui'qiiéty, d'Élisa Merojjur, de
La Villemarqtié, de Passerat, du P. Le Moyne, de La Fontaine, d'Hégf';-
sippo Morean. Bien entendu, lorsqu'on cite les poètes illustres, il
s'agit toujours de morceaux se raipportant sua terroir et imprégnés de
couleur locale. Dans- la Prol'ace de M. Van Bever, l'on peut relever des
idées vagues ou contestables. Il s'y trouve aussi des observations
fort jushes, notamment celle-ci : <; En fait, il n'y a pas de chanson
originaire d'un lieu unique, jaillie spontanément du sol, mais des thèmes
généraux sur lesquels l'imagination du pouple a brodé d'infinies
variations, et qui se sont localisées (c'est le mot) en passant par telle
ou telle contrée.» Comme travail de recherche et d'assemblage, l'œuvre
patiente de M. Van Bever s'impose à l'attention des littérateurs.
3. — L'Anthologie du félibn'ge, publiée par MM. Armand Praviel
et J.-R. de Brousse, est une oeuvre de vulgarisation des plus utiles
pour ceux qui veulent être au courant du mouvement littéraire ac-
compli depuis un demi-siècle dans le midi de la France. Ce sont des
morceaux choisis des meilleurs poètes provençaux, languedociens,
gascons, limousins, etc. Comme bien Ton pense, Mistral, Rournanille
et Aubanel sont en bonne place; mais ils ont vingt com.pagnons, sans
compter deux compagnes. La traduction est en regard du texte. Il
y a dos notices biographiques et de sommaires indications bibliogra-
phiques. Une Introduction résume la création du félibrige et précise
le but des auteurs du recueil, qui est de grouper des chefs-d'œuvre vrai-
m^ent littéraires, postérieurs à la Renaissance de la langue d'oc, et
exempts des formes « patoisantes « où tombaient les poètes antérieurs.
C'est pourquoi le recueil ne contient rien de Jasmin.
4. — M. Jenn Aicard, après les honneurs de la Coupole, connaît
ceux de l'authologie. Sous ce titre : La Poésie de Jean Aicairl, portrait
littéraire et choix de poèmes, M. J. Calvot vient de réunir des extraits
de ses diverses œu^Tes en vers, précédés d'un éloge en prose. Tout en
louant les qualités réelles du poète, il nous semble exagérer quelque
peu soti importance. On ne peut soutenir que M. Jean Aicard soit
« profondément populaire », ni qu'on le considère en Provence comme
« l'àme chantante du pays ». M. Calvet insiste sur 1' «idéalisme » de M.
Jean Aicard. Certes, ce n'est pas pour rien que la grande ombre de
Lamartine se projeta sur son enfance; mais cet idéalisme se traduit
trop souvent par des déclamations sociales et humanitaires. Il y a en
M. Jean Aicard un Berquin rajeuni, mais un Berqui?i démocrate, sou-
cieux de se mettre bien avec l'opinion de la majorité. Il poursuit le
Christ de sa sympathie et de son admiration, mais il ne croit pas. Sa
religion n'est qu'une religiosité nébuleu^^e qui éteint tout dogme et se
— 112 —
résout en une phraséologie sentimentale. Dans ses vers, M. Jean
Aicard reste généralement noble, et, quand il parle des enfants, il a
des trouvailles gracieuses, qui ont fait du reste une bonne part de son
succès. 11 a dit de charmaates choses sur les cigales. Le recueil de
M. Calvet contient le Chant des explorateurs, qui est un beau inorceau
lyrique, assez peu connu. Il s'y trouve également quelques pièces
inédites, mais qui n'ont rien de saillant. Tel qu'il est, ce recueil est
intéressant par sa nature même. Toutes les publications poétiques
de M. Jean Aicard y sont représentées par des pièces généralement
entières. Une bibliographie instructive y est annexée.
5. — En quittant le Sablier, de M. Pavd Galland, nous sommes tentés
de déclarer qu'il contient du sable d'or. Voilà un recueil sérieux, et
d'un vrai poète qui, s'il n'est pas parfait, a plus de qualités que de
défauts. Son exemple prouve que le bon sens et la mesure ne nuiront
pas toujours à l'inspiration et aux belles envolées :
Le clinquant, en ce siècle, a tué le bon goût,
dit le poète. Pas chez lui, toutefois. M. Galland excelle aux tableautins
pittoresques; ses scènes rustiques sont vraies. Nous suivons l'auteur
avec plais'r à l'auberge de campagne, où il s'attable devant
Une omelette d'or parfumée au cerfeuil.
Dans l'expression de l'amour, le poète reste chaste, et sa poésie ne
fait qu'y gagner on émotion. Dans certains passages il touche au splen-
dide. On peut toutefois reprocher à certains de ses sonnets et de ses
pièces courtes, de ne pas ofTrir des « chutes » assez frappantes. Nous
voudrions citer b'en des rhoses. Bornons-nous à un sonnet sur le
Calfat :
Grave et minutieux, de la proue à la poupe,
Il a sondé les flancs du navire blessé;
Et, noires de goudron, ses mains ont enfoncé,
Dans les joints qui bâillaient, les fils de blonde étoupe.
Il a soigné le brick et guéri la chaloupe,
Mis un baume de poix à l'étambot gercé,
Et, dans la nuit tombante, il regagne, lassé,
Son très pauvre logis où mitonne la soupe.
— Vois, comme une leçon vivante du Devoir,
Passer l'humble calfat dans la gloire du soir,
Avec ses lourds souliers et sa cote salie.
Il va sa route simple aujourd'hui comme hier,
Ignorant que sa tâche ingénument remplie
Garde la Vie et l'Or des fureurs de la mer.
Que M. Paul Galland se défie de son admiration pour certains de ses
confrères. 11 vaut mieux qu'eux.
(\. — De l'Amphore coulent des vers antiques, en lesquels se complaît
M. Jean Segrestaa. Bien des pièces du recueil • — les sonnets princi-
— 113 —
paiement — rappellent, a-vec quelque chose de moins «erré et de moins
nerveux, la manière de l'auteur des Trophées. M. Segrestaa est un
fidèle de la rime riche. Son vers est souvent pl-^in, « nombreux », sonore,
artistement ciselé. Tl cultive la couleur locale ot accumule les détails
techniques. M. Segrestaa sort de l'antique pour nous parler du Vene-
zuela, ou du pays basque. Parfois il pince la corde sentimentale. Mais
alors, sauf exceptions,il est .m(>in5inti3ressant,,plus vague, plus abstrait,
et nous aimons mieux ses variations sur la Sicile de Théocrite,' dût-il
nous abreuver de « l'onde Aganippide ». Ecoutons avec recueillement
ce beau vers :
L'AngéliLS du soir tinte au cœur des cloches lentes.
M. Segrestaa est un virtuose un peu froid, mais estimable.
7. — Comme il convient à un poète qui intitule son recueil Clocl'eUes
et bourdons, M. Robert Huchard sait faire rendre à son vers des notes
diverses. Il a de l'habileté et de l'humour, de l'élan oratoire et lyrique,
de l'haleine didactique et de Ja fantaisie. Il affronte les longues « pério-
des » et sa phrase retombe heureusement. Certaines de ses stroplies
rivalisent, pour l'harmonieux balancejnent, avec celles de Lamartine,
quoique le poète soit plutôt hugolâtre. Malheureusement, M. Huchard
ignore un art, celui d'être court, et, quand il se mot à être long, il pro-
fite de l'occasion pour tomber dans le vague, dans le solennel, dans
le prudhommesqiue, dans la philosophie sociale à l'usage des viauts
Français ou des .Teunes-Turcs. Son petit essai dramatique, 'Un. Conseil.^
est faible malgré quelques jolis vers. Le genre pittoresque est, on som-
me, celui qui lui convient le mieux. Admirez ce coin de tableau cham-
pêtre.
La main droite appuyée au manche d'im râteau,
•Une femme un instant abandonnant des gerbes,
Posait ses doigts ombreux sur de grands yeux superbes. *
Mais nous devons dire que M. Huchard laisse percer par moments
des dispo-sitions antireligieuses dont on ne peut le féliciter.
8. — M Raoul Gaubert-Saiut-Martial, qui est Vendéen, écrit à un
ami :
Prenons la plume ainsi qu'un chouan sa carabine
Et travaillons ensemble à quelque œflvre divine.
C'est que l'auteur a une haute idée de la fonction de poète. Il rêve,
Par ces longues nuits d'/iwer, d'une «destinée haute comme une tour ».
Légèrement misanthrope, il aime la province, le vieux logis, la solitude
fière et indépendante. Il avoue avoir fait des fredaines, et il semble
parfois qu'il s'en repent, bien qu'à d'autres moments on ait l'impression
toute contraire. Voici du reste son idée sut l'amour :
Qu'est-ce aimer? être seul un soir, »e sentir triste,
Ravoir qu'on est un très mystérieux artiste,
Août 1909. T. CXVI. 8.
— 114 —
Marquis du Soir, duc de Là-Bas, c'est être doux
Après que l'Angélus a sonné ses neuf coups.
11 chante son intérieur :
Et la soupe qui vous attend, le soir qui tombe,
La modeste pomme de terre et le naïf
'"■ Œuf à la coque et la pipe qui rend pensif.
On devine l'étoiïe d'un néo-catholiquo et d'un néo-royaliste frotté
d'occultisme et de décadentisme.
9. — On respire, en lisant les Chants d' adolescence de M. Alphonse
Morand, une atmosphère do pureté et de fraîcheur. L'auteur, qui est
prêtre, nous traduit l'écho de ses souvenirs d'enfance et mêle à de gra-
cieuses images d'édifiants élans de ferveur.
Voici deux strophes de la pièce intitulée : lie :
L'heure est grave. Je sais qu'à l'amour qui le presse
Souvent le prêtre entend répondre le dédain,
Et je sais qu'en marchant, il faut, parfois, qu'il blesse
Son pied en se heurtant aux pierres du chemin.
Mais que font le mépris, la haine et le martyre.
Si dans le sang du Christ a germé notre foi.
Si l'Esprit souffle encor dont le puissant délire
Fit les premiers semeurs de la nouvelle loi?
M. l'abhé Morand a une versification correcte et un style clair. On
lui souhaiterait cependant je ne sais quoi de plus original.
JO. — M. le comte Ulysse de Séguier, mort récemment, était
un intrépide. Il a fait une traduction en vers (et vers pour
vers) des Argonautiqiies d'Apollonius le Rhodien, avec une
Préface érudite et des notes. Il y a là un travail énorme,
et, à ce point de vue, digne d'admiration. Dirons-nous main-
tenant que la traduction est un chef-d'œuvre? Nous craignons
fort que telle ne soit pas l'opinion du lecteur. Les difficultés de la
versification, combinées avec l'enthousiasme de l'humaniste, ont
porté l'auteur à multiplier les néoîogismes forgés d'après le latin et le
grec : dives, ancilles, amphipoles, nitide, roscide, périte, gémibonde.
11 est question de « lances amphistomes », de « l'ost Terrigène », de
« présents scéniens ». Il faut savoir le grec pour comprendre ce fran-
çais. M. de Séguier s'écrie, à la fin de son p.atient labeur :
O chevaliers divins, aidez-moi : que mon carme
Ait d'année en année un invincible charme.
l^e « carme o, c'est le <; chant >i (de carmen): mais ce langage, constant
dans le volume, engendre la fatigue et le malaise.
11. — Même style, même profusion de néoîogismes dans un autre
volume du même auteur : De VHèUcon an Calcaire. Sous ce titre sont
réunies les traductions de la Théogonie, d'Hésiode; du Rapt d'Hélène,
— 115 —
de Coluthus; de la Prise de Troie, de Triphiodore; des Perses, d'Eschyle,
et du Christ patient, drame en cinq actes, attribué à saint Grégoire de
Nazianze. Nous ne pouvons que répéter, comme critique, ce que nous
avons dit plus haut. L'auteur, pour emprunter un de ses vocables,
s'y montre «barbarophone» : c'est, d'ailleurs, pour mieux suivre pas à
pas ses auteurs grecs. Sa langue fait penser, tantôt aux odes pinda-
riques de Ronsard, tantôt au Jardin des raeines grecques. On nous
parle de Jupiter Altitonant, du scutifère Mars, de Vénus spumigère,
de balles brise-remparts, de « nuit postrème »,de «somme irréveillable»,
etc. En ce qui concerne le Christ patient, c'est moins un drame qu'une
accumulation de dialogues-^sermons. Comme document, c'est \me
œuvre curieuse à connaître. i
12. — On exagérerait peut-être en traitant le Livre des chats de
chef-d'œuvre. Mais le recueil de M. Alfred RufTm est spirituel, amusant
et, comme il est court, par dessus le marché, on le lit d'une traite avec
plaisir. Sauf un ou deux traits de mauvais goût qu'on voudrait re-
trancher, l'œuvre est tout à fait geatille. L'auteur nous décrit son chat,
et les chats des autres, avec ce curieux amour que le même animal
inspira d'ailleurs à tant d'autres poètes. Et cela fait une série de gra-
cieux tableautins.
Le chat, ami du foyer, lui semble un bon patriote :
Le chat aurait sans Fliomme inventé la patrie.
Le chat est pour l'écrivain un agréable compagnon :
Quand sans gêne, sautant par dessus mon épaule,
Tu viens sur mon bureau flairer mon encrier,
Ou que, près de ma main, se courbant comme un saule,
Ta tête aux longs sourcils ombrage mon papier.
Combien de fois, à bout de veilles fatigantes,
J'ai senti naître en moi le rire qui guérit
A l'aspect étonnant de tes barbes piquantes
Sortant de ton museau comme des traits d'esprit!
Le volume de M. RufTm, par son caractère gai, repose utilement
d'autres productions poétiques, et nous lui savons gré de la distraction
qu'il nous a fournie.
13. — M. Raphaël Arvor (un pseudonyme sans doute) nous explique
dans sa Préface que c'est lui qui est le Mage sans étoile. Son livre est
d'un rêveur, d'un Breton, d'un apprenti décadent (heureusement inex-
périmenté), mais en somme d'un vrai poète. Il y a, selon les passages,
une sincérité douloureuse, ou une préciosité laborieuse, ou un pittores-
que d'assez bon aloi. Le poète a ses heures de doute et de négation :
Ma foi bleue est allée au pays des idylles.
Mais le recueil ne s'en ferine pas moins sur uu élan vers Dieu :
Je vous offre du moins mon désir de mieux faire.
— 116 —
En quelques vers se dessinent facilement les qualités et les défauts
du poète ;
Soir bleu d'octobre. Au loin semble pleurer la lune,
Les roses de l'enclos meurent, l'autre après Tune,
Et, seuls, assis parmi le calme essentiel.
'Nous buvons la douceur qui tombe en nous du ciel...
Si l'auteur recouvrait la foi et se débarrassait de ses admirations
décadentes, il pourrait faire quelque chose de bien.
l'i. — On a recueilli, sous le titre de Rêves cpars, de nombreux
sonnets posthumes de M. Edmond Maî^uier. Les impressions du poète
sont ardentes, sincères, souvent nobles et fières. Il a de l'idéalisme
toujours et de la religion quelquefois. C'est un ardent patriote. La fa-
mille et l'amitié ont une bonne part dans ses vers. Il est dommage que
la passion a'fîo'lée et désordonnée s'ytaille aussi la sienne.
Citons une bonne partie du sonnitt sur « le drapeau « :
La mode est à présent d'être insensible à tout;
fii parfois on se trouble encor, c'est par mégarde.
On est plein de dédain pour ce que l'on regarde,
Car toute émotioji semble de mauvais goût.
Je le sais, et pourtant quand le tambour résonne,
Quand chante le clairon, en moi vibre et frissonne
Quelque chose de grand, de sincère et de beau...
Je crois vraiment sentir — que le sceptique en rie ! —
0 saint lambeau d'étoffe, ô symbole, ô drapeau.
Palpiter dans tes plis l'âme de la patrie !
Dans ce genre de pièces, M. Maguier est mieux inspiré que daufi ses
pastiches de l'antiquité païenne ou que dans ses pièces de circonstance,
généralement faibles.
15. — En écoutant l'Écho des heures de M"^^ la comtesse de Salorges,
on croit entendre eiïectivement un écho, celui des élégies de Lamartine,
dont l'harmonie douce et caressante revit parfois en des vers heureux,
endos fins de strophes cadencées. Mais c'est un « écho » alïaibli, et l'on
pourrait signaler des incorrections grammaticales qui nuisent à la
clarté.
Nous reproduirons un sonnet A la lune, tout en observant que l'au-
tevir cultive plus volontiers d'autres genres, qui exigent moins de con-
trainte.
■Belle amie au front calme, au mystique sourire,
Visage de mystère aux vagues traits humains,
Blanche hostie élevée en d'invisibles mains,
Tout être en ta splendeur te contemple et t'admire.
J'aime en les sombres eaux que ton disque se mire
Ou que ton globe énorme, aux ors teints de carmins,
A l'horizon se lève. Et j'aime en les chemins
Ta lueur sous la feuilleoù tremble un frais zéphire.
Ce qui fait ta douceur et ta sérénité
Planant des champs déserts à la vaste cité.
C'est d'être le rayon de l'astre qui t'éclaire.
— 117 —
Flambeau des longues nuits, gardienne du sommeil,
Comme à toi pour le cœur la joie et la lumière
Sont de porter en toi le reflet d'un soleil.
Le deuxième quatrain est faible; le dixième vers est une cheville;
le deraier contient évidemment une erreur. II faudrait « en soi w et
non « en toi d, puisqu'il s'agit du cœm* comparé à la lune. Dans l'en-
semble, l'idée est belle. Du reste, la poésie de M"^^ j^ comtesse de
Salorges est assez comparable, elle sussi, à un, clair de lune.
16. — C'est à Sully-Prudhomme, comme à son maître, que M™° Thé-
rèse-Pierre de Libertat dédie sa Moisson d'étoiles. Et c'est vaw mois-
sonneuse expérimentée. Son vers bien frappé, et même savamment
martelé, arrive parfois à la grandeur tragique. C'est que M'^i^ de Li-
bertat est une énergique, une concentrée, stoïcienne à contre-cœur
peut-être, mais stoïcienne quand même. Elle use avec ingéniosité
de la répétition à la iin des strophes, et peut-être aussi en abiise.
D'autre part, la grandeur dégénère çà et là en emphase. La note mâle
et flore rend un son d'orgueil :
J.'ai dit à mon orgueil : « Hausse-toi chaque jour
Vers le rayonnement d'un astre inaccessible;
Et, lorsque les douleurs me choisiront pour cible.
Pose un masqiie d'airain sur mon front* triste et lourd.
Vers la fm du volume apparaissent quelques pièces chrétiennes.
Sont-elles absolument dénuées dé dilettantisme? Nous ne demandons
pas mieux que de le croire.
Roy Jésus, c'est vous seul que je voudrais charmer;
Au milieu des humains je passe, dédaigneuse;
Vous si grand, pardonnes si je suis orgueilleuse;
Vous si beau, pardonnez si j'ose vous aimer.
17. — En intitulant son recueil : Les Ailes de cire ^ M. Marcel Pays
a-t-il voulu avouer qu'il est quekp.ie peu étourdi, comme le pauvre
Icare? En fait, il y a beaucoup de jeunesse dans ce volume, et. le poète
s'y montre sous les traits d'un libertin :
Marton, Margot, Suzon, Thérèse,
Mon cœur est. un vaste univers,
Entrez et mettez-vous à l'aise...
Mais il y a des pièces pittoresques, amusantes, corsées d'un grain
d'impertinence qui ne déplaît pas toujom's. M. Marcel Pays a souvent
la trivialité d'un gavroche; il enchâsse le mot trivial en des vers qui
sont quelquefois bien tournés.
Ex;trayons une strophe de la pièce sur le Bon Ivrogne :
I) marche en louvoyant, le vent est dans ses voiles .
Avec les becs de gaz il veut fraterniser,.
Il rit aux arbres noirs, à la lune, aux étoiles.
Au nuage qui passe il envoie un baiser.
— 118 —
L'auteur sait écrire, non sans esprit, et il }Dourra, en appropriant
la sphère de son vol à ses « ailes de cire », conquérir un^ honorable
notoriété.
18. — M. .lean de Bère sait tourner les vers. 11 sait peut-être moins
y introduire des pensées intéressantes et claires. Son recueil, intitulé :
Nuit d'Egypte, esquisses; contient d'abord un minuscule drame où la
déesse Isis (très à la mode) se venge d'un amoureux qui a trahi le
serment de ne plus aimer, puis une courte série de poésies généralement
élégiaques, où l'on trouve de temps en temps des vers harmonieux.
Il y a, chez M. Jean de Bère, un efîort vers le grandiose., vers le tra-
gique. Cette solennité s'allie parfois avec un soupçon de pédantisme.
Voici la fin d'un sonnet sur les Titans :
Tout à coup, Zeus parut avec un grondement !
Alors, dans les éclairs déchirants et la foudre
Tous roulèrent frappés en vaste éboulement.
Et Sélène éclaira, dans des gouffres profonds,
Des Titans écrasés parmi les blocs en poudre,
Qui dans leurs soubresauts faisaient bouger les monts.
On voit, par ce seul exemple, que M. de Bère en use librement avec
la versification traditionnelle {éboulement voisin de profonds).
19. — La Pâqae des Roses, de M. Touny-Lérys, s'intitule ainsi parce
que c'est le titre de la première subdivision du recueil, et aussi sans
doute parce que le poète aime à parler des roses, fleur très poétique
assurément, mais dont il ne faudrait pas abuser. L'autour est un tendre,
un sentimental, parfois un extatique. Il dit lui-même à ses vers :
Vers, ô mes vers I miroirs de joie ou de souffrance.
M. Touny-Lérys est lié avec les décadents ou symbolistes à la mode,
assez pour gâter son style. Il fait rimer vrille et immobile, pas et quel-
quefois, mêle et abeille, rose et robe, Tarn et parc. Malgré tout, il est
touchant aux bons endroits et rencontre, sans la chercher, la facture
classique :
Tout est bien fait; il faut des larmes aux sourires,
Il faut de la rosée aux fleurs qui vont s'ouvrir;
Et des bouches crispées et des cœurs en délire,
Il faut des mots d'espoirs pour ceux qui vont mourir.
En morale, il est pour l'imprévoyan'^e et pour la prodigalité. senti-
mentale.
Il ne faut rien promettre, ajnie, oh ! rien promettre;
Il faut donner son cœur comme on donne son pain.
Il avoue également ne pas croire, et, comme il aime sa mère disparue,
il se forge une immortalité d'abstraction qui doit être peu conso-
latrice.
20. — Le Vent dans les arbres, chez Mn^e \, de Bary, soulTle de
diverses façons, mais surtout d'une façon monotone. Durant toute une
— 119 —
partie du volume, Fauteur nous fatigue avec la tristesse que lui cause
« l'aimé ». Elle abuse de l'adjectif « jeune », de l'adjt^^ctif « l)leutc»et
des fleurs en général. Nous préférons, à ces élégies languissantes,
certains eiïorts vers le pittoresque. Le vent, dont M'"e de Bary s'oc-
cupe à plusieurs reprises, donne son titre au volume. Extrayons quel-
ques vers parmi ceux qui lui sont consacrés :
Le vent se hâte et fuit et court par la colline.;
Il appelle, il se plaint, il grimpe sur l'échiné
Des montagnes; il hurle; il parsème de pleurs
Les prés et la forêt; il porte les langueurs
Des nuages pesants qu'il poursuit; il les chasse
A coups de fouet et fait mouvoir la brume lasse
Qu'il disperse et déchire en lambeaux pâles, mous.
Le vent rôdeur a l'âme inquiète des fous.
M"'^ de Bary a de l'observation et de la valeur comme poète des-
criptif; mais nous la dissuadons fortement de persévérer dans le genre
élégiaqiie.
21. — Les Crépuscules d'amour ne se diffusent pas, chez M. Georges
Batault, dans une atmosphère bien saine. Une subtilité langoureuse,
qui dégénère à l'occasion en perversité maladive, règne à travers ces
rimes semi-décadentes où « triste » accompagne volontiers >< amé-
thyste », où le soir nous est décrit comme « un grand oiseau bleu »,
où l'on nous parle de « la nuit qui s'affine » et qui « imprécise les
contours ».
On serait étonné de ne pas rencontrer la note impressionniste :
La lune trerablo et joue au front des arbres bleus,
1^0 trait suivant souligne la beauté d'une femme :
Ses yeux fouettés de cils s'emplissent d'infini.
C'est peut-être à cette belle que l'auteur tient un discours pathétique
dont voici la péroraison :
Ah ! mon amie, ah ! mentez-moi, chère ! mentez !
Mais nous, qui ne voulons pas mentir, nous dirons que ce « vague
à l'âme », combiné avec le maniérisme deia forme, est moralement
et littérairement fâcheux. Gabriel d'Azambuja.
(A suivre.)
ART, HISTOIRE ET SCIENCES MILITAIRES
1. Le Premier Ministre constitutionnel de la guerre. La Tour du Pin. Les Origines de
l'armée nouvelle sous la Constituante, par le lieutenant Lucien de Chilly. Paris,
Perrin, 1909, in-8 de ii-377 p., 5 fr. — 2. Les Armées du Rhin au début du Direc-
toire. Sambre-et-Meuse, Rhin-et- Moselle, par le capitaine H. Bourdeau. Paris,
Charjes-Lavauzelle, s. d., gr. in-8 de 384 p., 7 fr. 50. — 3. Histoire de la guerre de
Fenrfée(1793-1815), par Joseph Clemanceau, publiée par les soins de l'abbé
F. UzuREAU. Paris, Nouvelle Librairie nationale, 1909, gr. in-8 de xxxv-377 p.,
— 120 —
5. tr.. — t. Les Étals^majors de Napoléon. Le Lieutenant- général comte Belliard,
chef d'^tat-major de Murai, par le général Derrécagaix. Paris, Chapelot, 1909,
in-8 de 666 p., 12 fr. — 5. Correspondance inédite de l'empereur Alexandre et de
BERi\ADOTT£ pendant V année 1812, publiée par X. Paris, Chapelot, 1909, in-8 de
xxxvi-70p., 2fr.50. — 3/é;no(>e.s du général Griois (1792-1822), publiés par son petit-
neveu, avec Introduction et notes par Arthur Chuquet. Tome !«'. Paris, Plon-
Nourrit, 1,909, in-8 de xxxviii^430 p., avec portrait, 7 fr. 50. — 7. Souvenirs
d'un officier fribourgeois (1798-18-48), par H. de Schallek. Genève, Jullien, s. d.,
in-8 de 230 p., 3 fr. — 8. Soldats de Napoléon. Journal de route du capitaine Robi-
NAux, 1803-1832, publié par Gustave Schlumberger. Paris, Plon-Nourrit,
1908, in-16 de x-334 p., avec fac-similé d'écriture, 3 fr. 50. — 9. Soldats de Napo-
léon. Lettres du commandant Coudreux à son frère, 1804-1815, publiées par Gus-
tave acHLUMBERGER. Paris, PloD-Nourrit, 1908, in-16 de xviii-295 p., 3 fr. 50. —
10. Un Voyage d'études militaires du duc d'Orléans, 1809-1908. Avec une lettre
de Mgr le duc d'Orléans, par le général Do:vop. Paris, Nouvelle Librairie nationale,
1909, in-12 de iv-324 p., 3 fr-. 50. — 11. Sous les Aigles autrichiennes. Souvenirs
du chevalier de Grueber; publiés par son neveu le baron von St...; trad. de
l'allemand avec une Préface et des notes par le capitaine de Maleyssie-Melun.
Paris, Periin, 1909, in-16 de xii-302 p., 3' f r. 50. — 12. La Guerre nationale de
1812. Trad. du. russe par le capitaine Cazala;s> T. V. Paris, Gharle,s-Lavauzelle,
s. d., gr. in-8 de 448 p., 10 fr. — 13. Le Maréchal Canrohert. Souvenirs d'un siècle,
par Germain Bapst. T. IV. Paris, Plon-Nourrit, 1909, in-8 de n-437 p., avec
cartes, 7 fl'. 50. — l'4. Trois Héros. Bataille de Biaumont-en-Argonne et passage
de vive force du pont de Mouzon, les 30 et 31 août 1870. A/""^ Ballavoine. Maréchal-
des-logis Collignon. Colonel Démange, par le général Fr. Canoxge. Paris, Garnier,
1908, in-18 de xvi-236 p., 3 fr. 50. — 15. La Défense nationale dans le Nord, en
1870-1871, par le commandant Camille Lévi.T. II. Paris,Gharles-Lavauzelle, s. d.,
in-8 de 742 p., 7 fr. 50. — 16.Z.e 17'^ Corps à Loignij, d'après des documents inédits
et les récits des combattants, par le commandant H. de Sonis. Paris et Nancy,
Berger-Levrault, 1909, in-8 de xxi-472 p., avec 8 croquis et une carte, 6 fr. —
17. La Guerre en province (1870-1871). Campagnes de la Loire et du Mans, par
Ernest Gay. Paris, Ducrocq, s. d., in-8 de vui-264 p., 4 fr.
1. — l,e ministère du comte de La Tour du Pin, le premier de nos
ministres de la guerre qui ait paru à ce titre dans une assemblée déli-
bérante française, a duré un peu plus d'un an : du 4 août 1789 au
16 novembre 17yO. Cette période de quinze mois est caractérisée par
deux ordres de faits : la désorganisation de l'armée royale sous le choc
des idées révolutionnaires, l'adoption par l'Assemblée constituante
de lois et de principes dont plu.sieurs ont servi de base à la législation
militaire du. dix-neuvième siècle. M. le lieutenant de Chilly a pensé
avec raison qu'il y avait là un sujet d'études intéressant, d'autant
plus digne d'être traité que la matière est presque neuve. Effective-
ment, entraînés par l'importance, la prépondérance des événements
politiques, les historiens ont laissé, la plupart, décote les controverses
qu'amena au sein de l'Assemblée,, la discussion de la que.stion militaire,
encore que leur importance méritât d'être traitée avec plus d'atten-
tion. L'ouvrage de M. de Chilly : Le Premier Ministre constitutionnel de
la guerre. La Toiir du Pin comble donc à cet égard une véritable lacu-
ne. Le volume est à lire ou à consulter par quiconque s'occupe de
l'histoire de la Révolution.
2. — Mi. le capitaine Bourdeau, qui nous donne aujourd'hui un
— 121 —
volume sur les Armées du Rhin au f/é6uirf»Z)i>ec^cire, prépare, paraît-il,
une histoire de la campagiîe de 1796 et il n'a pas- voulu entamer ce
dernier sujet sans bien connaîtTe les troupes- dont la valeur allait
révéler au monde le génie militaire de Bonaparte. Dans un volume paru
il y a quelques années, Bonaparte en Italie^ M. l'intendant de réserve
Bouvier avait- déjà étudié cette question intéres&ante de Tétat moral
de nos armées, aumoment où le Pj-emier Consul allait se mettre à leur
tête; mais il n'avait pas tout dit et l'ouvrage du capitaine Bourdeau
vient compléter en plus-d'un point des considérations que le précédent
écrivain n'avait fait au'ébaucher. Efîectivement, il est de toute impor-
tance pour bien connaître l'histoire militaire et même l'histoire poli-
tique du premier Empire, de déterminer de quelle façon, par quelle
gradation, les armées de la Révolution, levées pour défendre le terri-
toire national, arrivèrent à être, dans les mains d'un général ambitieux,
uniquement un instrument de conquête, instrument merveilleux au
point de vue du savoir, du mérite professionnels, mais déplorable à
tant d'autres points de vue. f-e volume de M. BOurdeau contribuera
utilement à fixer no& idées à cet éga^d :• c'est donc un livre utile, par
conséquent digne d'être recommandé.
3. — Les Armées du Rhin au début du Directoire nous parlent d'horn-
mes combattant au delà de nos frontières; avec V Histoire- de la guerre
de Vendée nous rentrons sur le territoire national pour y assister à
d'autres luttes, plus vives, plus sanglantes souvent que celles combat-
tues par nos armées à l'étranger. Cette relation nouvelle des événe-
ments militaires de Bretagne et de Vendée sous la Révolution est,
en réalité, vieille de près d'un siècle, puisque son, auteur, Clemanceau,
était juge au tribunal de Beaupréau, en 1793, lors de son. premier con-
tact avec l'armée «catholique et royale)), comme elle s'intitulait, nous
dit-il. Et les appéciations de récrivain sur les événements qu'il rapporte
sont d'autant plus dignes de foi, qu'appartenant lui-même au nouveau
régime, au parti des Bleus, comme on appelait alors les ré-
publicains, on ne peut le taxer de trop de mansuétude en
faveur des soldats de d'Elbée, de La Rochejaquelein ou de Charette.
Au point de vue des faits qu'il rapporte, Clemanceau ne nous dit
rien que l'on ne sache depuis longtemps et la valeur historique de
l'œuvre est tout au plus celle d'un bon résumé. Mais, il n'en va pas de
même au point de vue dés détails fournis sur l'état moral des troupes
vendéennes, leur discipline, lés relations de chefs à soldats, leur
façon de combattre, de vivre, de camper, etc., etc. Sous ce rapport,
le livre a toute la valeur d'un témoignage vécu, c'est-à-dire qu'il est
plein de couleur, de vie, et sans doute de vérité.
4. — Après ses deux volumes sur le maréchal Berthier, M. le général
Berréeagaix nous donne la vie- d'un autre chef d'état-major des armées
— 122 —
<iu premi(?r Empire, celle du Lieutenant-général comte Belliard. Au
temps de Napoléon, les officiers d'état-major, même les plus en vue,
étaient considérés comme des rouages de second ordre, qui ne pou-
vaient aspirer à la gloire réservée aux commandants de troupes.
Qu'était eiïectivement Berthier, à côté de l'Empereur, quelle que fut
sa valeur, son intelligence, son aptitude merveilleuse au travail? For-
cément réduit à demeurer un enregistreur d'ordres, i) eut le mérite
d'accepter cette situation secondaire, s'en contentant, et mourant,
peut-être, de ne l'avoir point conservée. Le comte Belliard, dont l'his-
torien du prince de Neufchâtel raconte aujourd'hui la vie, fut,
tout do même, une personnalité qui méritait d'être étudiée et qui serait
mieux connue si, au lieu de se borner à être un chef d'état-major de
premier mérite, il avait exercé son talent à la tête d'un corps d'armée.
Les premières lettres de Belliard à Bonaparte, son amitié avec Joubert
dans son expédition au Tyrol, et, plus tard, avec Desaix dans la con-
quête de la Haute-Egypte, sa désignation comme chef d'état-major de
Murât, ses courses en Europe en tête de la cavalerie napoléonienne,
les difficultés de son commandement à Madrid, ses lettres à Berthier,
ses observations sur les actes de Napoléon en Espagne, la colère de
ce dernier, les entretiens de Belliard avec l'Empereur, au début de la
campagne de Russie et de la deuxième campagne de Saxe, la mission
de réorganiser les débris de la Grande Armée après Leipzig, enfin sa
rencontre avec Napoléon après la prise de Paris sont autant de faits
intéressants sur lesquels on est générak m -nt peu renseigné. Plus tarvl,
la nomination de Belliard comme major-général du duc de Berry,
ses disputes avec ce prince, sa mission à Naples au moment d(3S der-
nières luttes de Murât, son envoi à Vienne par le roi Louis-Philippe
et la part si importante qu'il prit à la création du royaume de Bel-
gique donnent au récit de cette belle existence un charme particulier.
Les érudits, si nombreux aujourd'hui, qui se passionnent pour l'épopée
impériale, trouveront dans le nouveau volume du général Derrécagaix
quantité de détails qui les instruiront et lesintéresseront àlafois. Cette
nouvelle contribution de l'éminent écrivain à l'histoire du premier
Empire a tout le mérite des deux volumes consacrés précédemment
au maréchal Berthier.
Tj. — Le rôle joué par Bernadotte, en 1813 et 1814, a été diversement
apprécié par les historiens, mais ce n'est pas le lieu de formuler, à cet
égard, une opinion. Nous n'avons à nous occuper ici du prince de Pon-
tecorvo que pour signaler sa conduite politique, en 1812, à une époque
où il était déjà prince-royal de Suède. La Correspondance inédite de
l'empereur Alexandre et de Bernadotte pendant l'année 1812 nous montre
que, dès cette dernière année, il avait pris à cœur son rôle de souverain
suédois et que, sans se préoccuper de ses origines françaises, il s'était
— 123 —
jeté résolument du côté de nos ennemis, ou plutôt du côté des ennemis
de Napoléon. C'est une distinction qu'il est juste de faire si l'on ne veut
pas jugi^r trop sévèrement ce Gascon madré, qui rêva, dit-on, en 1814,
de troquer sa couronne par trop septentrionale pour celle qu'avaient
portée Henri IV et Louis XIV. L.es conseils militaires donnés par le
prince royal au Czar sont marqués au bon coin et dénotent chez leur
auteur du bon sens et une science militaire réfléclue. On les lira
avec une curiosité soutenue.
6. — C'est encore de la période révolutionnaire et impériale que nous
entretiennent les Mémoires du général Griots^ dont le premier volume
vient de paraître à la librairie Plon-NourriL. L'ouvrage entier embrassera
la période de 1792 à 1822, date delà mort de l'auteur; mais le tome l^'',
que nous avons sous les yeux, ne dépasse pas la date de 1811, et encore
à cette époque, l'auteur n'a eu qu'une fois (en 1800) l'occasion de servir
sous les ordres directs de Bonaparte. Griois débute, on 1792, à l'École
d'artillerie de Châlons et, appelé, en 1793, à l'armée des Pyrénées orien-
tales, donne sa démission, en 1797, reprend du service, en 1800, et fait,
cette même année, la campagne d'Italie. Nous le voyons ensuite en-
voyé d'abord à Brest, puis à Grenoble, à l'île d'Elbe, à Plaisance, à
Naples, à Vérone, et c'est de là qu'il part pour participer à la cam-
pagne de Russie. Griois est un conteur agréable de même qu'il est
un soldat intrépide, cela va sans dire. Il aime, comme Thiébault, à nous
dire ses bonnes fortunes, mais il ne nous fatigue pas de ces conquêtes
galantes, comme le fait, dans sescinq volumes, le fils du lecteur de Fré-
déric IL Ax\ reste, on est surpris de trouver dans les Souvenirs d'un
officier mêlé à des événements de guerre de longue durée aussi peu
de détails militaires. L'ouvrage n'en est pas moins intéressant,
et la plupart des lecteurs de Griois, surtout de ses lectrices — il
en aura certainement beaucoup — ne s'en plaidront pas. Ce nouveau
volume de Mémoires napoléoniens fera bonne figure dans l'impor-
tante collection du même genre éditée par la maison Plon-Nourrit.
Ils fourmillent de pages captivantes et constituent une excellente
contribution à la vulgarisation de la période impériale.
7. — Beaucoup moins léger, tout au moins d'un ton plus grave,
apparaissent les Soiwcnirs d'un officier frihonrgeois {il98-iS^iS).
Cet officier fribourgeois n'est autre que le général suisse de Schailer
qui, après avoir pris part aux luttes intestines qui déchirèrent sa patrie
au moment de la Révolution, entra, en 1806, comme sous-lieutenant
dans un des régiments suisses (le 4'') que de nouvelles capitulations
mettaient au service de la France. Schailer tint tout d'abord garnison
dans diverses villes de l'Ouest, combattit en Espagne, gn 1810, passa
ensuite en Allemagne, fit, en 1812,1a campagne de Russie et en revint
blessé au point de ne pouvoir prendre part aux campagnes de 1813 et
— 124 -
1814. Après la chute de Napoléon, le général do Scliallor se retira dans
son pays où il rendit jusqu'à sa mort, survenue en 1863, des servi-
ces qui y lurent tort appréciés. Ses Souvenirs^ remplis de très précieux
détails sur l'es campagnes du premier Empire, méritent d'être lus.
8 et 9. — Sous le titre : Soldats de Napoléon, M. Gustave Schlum-
berger, l'érudit bien connu, vient de nous offrir deux intéressants
v{dumes de Mémoires : le Journal de route du capitaine Robinnux{iS03-
1832) et les Lettres du commandant Coudrevx à son frère (1804-1815).
Aucun point de ressemblance entre ces deux braves, sinon d'avoir
servi le même maître et pris part aux mêmes triomphes-, aux mêmes
misères. Robinaux est un paysan dégrossi, qui a ime certaine teinture
de lettres et qui se plaît à faire preuve de son savoir. De là, quelques
amusants quiproquos — comme celui, par exemple, où il nous parle de
la « bataille de Pharsale livrée par Bi-utus et Gass-ius dans les plaines
de Marathon. » — Mais son Journal n'en est pas moins précieux,
autant par les renseignements militaires qu'il fournit sur les enga-
gements auxquels il prit part que par les détails curieux sur la vie en
campagne, l'intérieur de& corps de troupe, les- mœurs du soldat, dont
son travail est rempli. — Les Lettres du commandant C oudr eu x AénotQni
un autre homme: milieu social plus élevé, éducation plus soignée, ins-
truction variée et même brillant(\ Goudreux, né à Tours, en 1783, entra
dans les vélitesde la garde en 1803, puis à Fontainebleau, et en sortit,
en 1806, comme sous-Iieut^nant au 15® d'infanterie légère. En 1809,
il était capitaine et décoré, mais son avancement devait se borner à
cette double épaulette d'officier subalterne. Blessé et fait prisonnier
en Russie, il ne rentra en France qu'en 1814 et il n'était encore que
chef de bataillon quand il mourut subitement, en 1821, à trente-huit
ans. — Les lettres du commandant Coudreux à son frère embrassent
une période de dix ans (1804-1813), période bien romplii^, comme on
sait, piiisqu'elle contient l'a et l'to de l'épopée napoléonienne. Elles
sont remplies de détails intéressants, moins sur les événements de
gueire que sur la vie aux années sous le premier Empire. G'est par
là que les Lettres du commandant Coudreux peuvent être rapprochées
du Journal de routeclu capitaine Rohinaux et que ces deux volumes
se complètent l'un Fautre.
10. — Le marquis de Valfons parle quelque part avec faveur d'un
«comte d'Onepp », lieuirenant-général hessois, qui» aimait la France où
il avait voyagé », Gé comte d^Onepp est, croyons-nous, le grand-père
ou Farrière-grand-père du général Donop (dont la famille, s'est depuis
le commencement du siècle dernier, définitivement fixée dans notre
pays), qui commandait' naguère brillamment le 10"^ ou 11*^ corps, et que
M. le duc d'Orlëang a choisi comme mentor militaire, quand il a
voulu, l'année dernière, étudier sur place^la campagne de 1809. Parmi
— 125 —
nos g'ônéraiix le plus en vue, personne n'était mieux en mesure
d'expliquer au Prince, non seulement les faits, mais leurs causes,
leiu-s résultats, leurs enseignements. Le Voyage d'études militaires du
duc d'Orléans, volume dans .lequel le J2:énéral Donop a réuni les souvenirs
de ce déplacement en Autriche, est eiïectivement un tableau très vi-
vant, très vécu de la campagne d'Essling et de Wagram, et ce tableau,
tout en étant écrit ad usum Delpkini, n'en demeure pas moins un
traité d'art militaire où fourmillent les cons dérations les plus élevées, les
plus judicieuses. 11 y a cependant un reproche que nous nous pei'met-
trons de faire à l'éminent écrivain : sa sévérité outrée vis-à-vis du ma-
réchal Berthier. En disant que le prince de Neufchâtel cne fut jamais
qu'un lieutenant incapable », le général Donop nous parait avoir dé-
passé la mesure dos critiques permises. Nous le renvoyons, à cet égard,
au livre du général Derrécagaix sur le major-général de Napoléon.
il. — Les Sojweriirs du ckeçal.ier de Grueher nous parlent, eux aussi,
des campagnes napoléoniennes, mais nous les apercevons ici au rebours
du sens, où, nous autres Français, nous les considérons d'ordinaire;
nous les contemplons du côté ennemi, du côté autîichien. Elîoctive-
ment, le choA^alier de Grucber, bavarois d'origine, s'engagea, en 1800,
au régiment des cuirassiers du duc Albert de Saxe-Teschen et fit dans
ce corps le plus grande partie de sa carrière militaire. 11 quitta l'armée
à la suite d'incidents dramatiques qui rendirent fort malheureuse la fin
d'une existence extrêmement mouvementée et dont le récit, même
très sommaire, serait hors de place ici. Quoi qu'il en soit à cet égard,
nous assistons, avec Grueher, dans le camp autrichien, à toutes les
■campagnes do l'Empire, et ces campagnes, ainsi envisagées, nous appa-
raissent avec desrevers de médaille qui ne laissent pas que de surprendre
un Français. La cam.pag-ae de France, en particulier, est tellement
défigurée que, si on ne la connaissait pas, on se figurerait que Napoléon
y fut toujours battu. Heureusement pour eux, les Allemands a^ppren-
neat l'histoire du premier Empire dans des ouvrages plus véridiques
que celui de Grueber. IjC capitaine de Ma'eyssie-Melun, qui a traduit ces
Mémoires, les a éclairés de notes judicieuses. Pourquoi cependant,
parle-t-il, à propos de Dupont, l'héroïque soldat do Hasslac.h, de « la
mansuétude de Napoléon (?) » Quand on a lu, à propos de la façon dont
l'ut traitée cette victime des rancunes napoléoniennes, les livres du
colonel Clerc et du colonel Titeux, on se demande comment de telles
accusations peuvent encore trouver place sous la phmie d'un écrivain
sérieux. Mettre sur le même pied Dupont et Bazaine est une singulière
façon d'apprécier les hommes.
12. — Avec la Guerre nationale de 1812, dont le cinquième volume
vient de paraître, nous terminons ce que nous avons à dire .des
ouvrages concernant le Révolution et le premier Empire. Nous
— 126 -
avons rendu compte des précédents volumes de cette publication
importante, faite à Pétersbourg par les soins de Tétat-major général
russe. Ce tome cinquième met sous nos yeux les documents relatifs
à la préparation russe, en 1811, notamment le fameux état d'empla-
cement des troupes françaises communiqué au colt)nel Tchernychov
par Michel, l'employé au ministère de la guerre français qui fut fusillé
pour ce fait. Au moment où la Russie va célébrer le centenaire
de la campagne de 1812, la publication de la Guerre nationale sera
accueillie avec faveur par les érudits.
13. — C'est d'un autre Empire, du second, que nous entretient
le Maréchal Canrohert dans les Souvenirs d'an siècle, dont .M. Germain
Bapst a entrepris la publication. Cinq années se sont écoulées depuis
l'apparition du troisième volume, mais enfin le tome quatrième vient
de voir le jour et nous nous empressons de le signaler aux lec-
teurs du Polybihlion. Ce quatrième volume nous parle de la guerre de
1866, de l'Exposition universelle de 1887, de la préparation à une
lutte avec l'Allemague, qu'on sentait imminente, enlîn de la campagne
de 1870-71, tout au /noins de ses débuts. Encore que l'éditeur ne
montre jias toujours sur ce dernier sujet l'impartialité sereine qui est la
première qualité de l'historien, l'ouvr-age n'en garde pas moins la
valeur que lui avaient conquise les premiers volumes. 11 demeure,
pour J'histoire du second Empire, une source précieuse de renseigne-
ments sinon tous inédits, du moins peu connus.
14. — Également intéressant est le volume consacré par le général
Canonge à trois épisodes de la Bataille de Beaumont-en-Argonne
(30 août 1870), dont les héros, aujourd'hui oubHés, jouiront désormais
d'un regain de vie, grâce aux laborieuses recherches de l'émincnt écri-
vain : le colonel Démange, dont la belle conduite sur le champ de
bataille sauva son régiment de la panique et qui tomba là, frappé
d'une blessure dont il ne se releva pas ;M"^eBellavoine qui vint avertir
en vain le commandant du 5'' corps français que les Prussiens commen-
çaient à envahir le village de Reaumont et qu'on renvoya brutalement
comme une hallucinée; ei^fm, lemaréchal-des-logis Edmond Collignon,
du 5^ cuirassiers, qui, lors (le la charge de son régiment, ne voulut pas
obéir à la sonnerie de ralliement et fut tué dans un corps à corps avec
un capitaine allemand. Le récit de ces trois actes glorieux constitue
le fond du volume récent du général Canonge, intitulé : 7>oz'6'//i7'o.s, vo-
lume que l'écrivain a dédié comme exemple à son fils Michel, lieutenant
au 2^ régiment de tirailleurs algériens. On sait que l'enfant s'est inspiré
vaillamment de ces nobles conseils de son père et qu'à Casablanca il a
montré qu'il savait les suivre, au péril de sa propre vie. Grièvement
blessé siu' le champ de bataille, Michel Canonge a fourni à son tour un
exemple de courage héroïque : c'est un quatrième héros dont le général
peut être particulièrement fier.
— 127 —
15. — M. le commandant Lévi poursuit les études sur la Défense
nationale dans le Nord, à laquelle il a consacré déjà un premier volume.
Le tome second, qui vient de paraître, nous parle de Pont-Noyelle,
c'est-à-dire des opérations du 3 au 20 décembre 1870. Un souci rigou-
reux de l'exactitude historique, une méthode d'exposition claire et
précise, enfin le soin constant de faire ressortir des événements les
enseignements qu'ils comportent, tels sont les traits caractéristiques
de cet ouvrage. Le travail du commandant Lévi s'adresse particu-
lièrement aux officiers qui cherchent dans l'étude des guerres passées
des enseignements pour l'avenir. Cependant les simples curieux ou
les érudits qui désirent être fixés sur les dessous delà guerre de 1870
feront également bien de lire cette œuvre de mérite.
16. — iJien que la journée de Loigny (2 décembre 1870) ait été
l'objet de publications de tous genres, les détails en sont encore peu
connus, souvent dénaturés. Ni les relations françaises, ni les ouvrages
historiques allemands, notamment la Balaillede Loigny , du major Kunz;
le Volkskrieg a?i der Loire, du capitaine Hœnig, ni surtout la Relation
du grand état-majorde Berlin n'ont fait encore la lumière sur cette san-
glante journée. C'est doncune idée judicieuse qu'aeue M. le commandant
de Sonis de reprendre sur de nouvelles bases un récit qui, hier encore,
demeurait en réalité tout entier à écrire. Possesseur d'un certain nom-
bre de documents rédigés au lendemain de la guerre, — c'est-à-dire
avant toute ]>olémique, et présentant une réelle valeur en raison de
la personnalité de leurs auteurs — l'écrivain a ajouté à ces sources
quantité de souvenirs persojinels i-ecueillis depuis auprès de témoins
dûment qualifiés pour parler des événements de Loigny. Grâce à cette
enquête, M. de J^onis a pu nous donner une œuvre qui nous semble
définitive, au moins pour la part prise par le 17® Corps à Loigni/.
17. — La Guerre en province. Campagnes de la Loire et du Mans est,
de même que le précédent travail, une œuvre consacrée à la dernière
partie des opérations militaires pendant l'Année terrible. M. Ernest
Gay, l'auteur de cette étude, est un ancien combattant de 1870 : son
récit a donc la valeur d'un document vécu. Des livres de ce genre, en
vulgarisant les détails de la dernière guerre franco-allemande, en mon-
trant les dangers de l'improvisation, la nécessité de la réflexion et
de la méthode, font, à ce point de vue, la plus utile des propagandes.
C'est, suivant l'expression à la mode, une « leçon de choses ». Et cette
leçon nous dit qu'un pays ne doit jamais renoncer aux préparatifs
incessants sans lesquels il n'y a pas de défense assurée, qu'il doit
ériger le devoir militaire au premier rang des devoirs civiques, qu'enfin,
la paix armée demeure la condition indispensable de rindépendance
des nations. Comte de Sér'gnan.
(A suivre.)
— 128 —
HISTOIRE COLONIALE ET COLONISATION
1. La France au dehors, par Jules Delafosse. Paris, Plon-Nourrit, 1908, in-18 de
viii-313 p., 3 fr. 50. — 2. La plus jurande France. Bilan de la France coloninle, par
Henri Vast. Paris, Garnier, 1909, in-8 de 559 p., avec 40 cartes hors texte, 5 £r. —
3. Une Algérie nouvelle. Quelques principes de colonisation pratique sur le propos
du Maroc oriental et de Port-Say, par Jean Hess. Paris, Stock, 1909, in-18 de
299 p., 3 îr.'SO. — 4. Une Compagnie française dans T empire du Marocau xvn^ siècle,
par E. RouA'RD de Gard. iParis, Pedone, 1908, in-8 de 73 p. — 5. X' Éveil d'un
monde. L'Œuvre de la France en Afrique occidentale, par Lucien Hubert. Paris,
Alcan, 1909, in-16 de 2M p., '3 fr. 50. — 6. L'Afrique occidentale française. Les
Grandes Voies commerciales, les produits d' exportation, par Pierre Duchesne-
FouRNET. Paris, Société de géographie commerciale de Paris, 1909, in-8 de 80 p.,
avec carte et grav. — 7. Journal d'un spahi au Soudan (1897-1899), par le lieu-
tenant Gaston Lautour, publié par Jacques Hérissay. Paris, Perrin, 1909, in-18
de x-351 p., avec carte et portrait, 3 fr. SO. — 8. Le Congo français. LaQuestion
internationale du Congo, par Féi.icien Challaye. Paris, Alcan, 1909, in-8 de
n-313 p., 5 fr. — 9. Les Escales françaises sur la route de Vlnde, 1638-1731, par
Paul Kaeppelin. Paris, Challamel, 1908, in-8 de 114 p., 2'fr.50. — lO.LaFrance
dans VOcéan Indien. L'Afrique orientale française, par Eugène Gallois. Dépôt :
Paris, 6, rue de Mézières, s. d., in-12 de 232 p., avec cartes et illustrations. — 11.
L'Ile de France contemporaine, par Hervé de Rauville. Paris, Nouvelle iLibrairie
nationale, s. d., in-18 de xxxiv-364 p., avec portraits, 3 fr. 50. — 12. La France à
Madagascar, histoire politique et religieuse d'une colonisation, par Pierre Suau.
Paris, Perrin, 1909, in-8 de xii-422 p., avec 12 planches, 5 fr. — 13. France c
Angleterre. Cent années de rivalité coloniale, par Jean Darcy. L'Affaire de Mada.
gascar. Paris, Perrin, 1908, in-8 de viii-161 p., 4 fr. — 14. La Colombie britannique .
Étude sur la colonisation au Canada, par Albert Métin. Paris, ColiU; 1908, in-8 de
431 p., avec 20 cartes et cartons et 33 phototypies hors texte, 12 fr.
\. ■ — Des différents ouvrages relatifs à l'histoire coloniale et à la
colonisation, dont il nous faut parler aujourd'hui, le plus général est
incontestablement celui que M. Jules Delafosse a publié sous le titre
de : La France au dehors. Livre de politique extérieure, dira-t-on;
livre au premier chef d'histoire et de pohtique coloniales, répondrons-
nous, car tous les sujets traités dans ce volume • — question d'Egypte,
question d'Orient, question coloniale proprement dite, question du
Maroc, question des alliances, ■ — tous les événements rappelés ou
mentionnés par M. Delafosse, tous les problèmes étudiés par lui se
rapportent en réalité à une seule et même question générale : celle
de l'influence de la France dans le monde; et qui contestera le rapport
étroit existant entre cette question et la question coloniale, au sens
le plus large du mot? \^oilà pourquoi nous sommes en droit de parler
ici de la France au dehors, non seulement parce que les chapitres inti-
tulés : Comment nous avons perdu l'Egypte, — la Colonisation en
Asie et l'expédition du Tonkin, — la Question du Maroc, traitent
directement de questions coloniales, mais aussi parce que des études
sur la rupture avec le Saint-Siège, sur les massacres arméniens, etc.,
envisagent, de manière plus ou moins directe, des questions de protec-
torat dont tout Français soucieux de l'influence de sa patrie a le devoir
de se préoccuper. Ce devoir, personne ne pourra reprocher à M. Delà-
— 129 — .
fosse de ne l'avoir pas rempli à la tribune du Parlement; mais peut-
être ne s'est-il pas, pour le faire, suffisamment dégagé de l'esprit de
parti, ce qui l'a empêché parfois de s? faire écouter de tous
comme il eût dû l'être. Du moins, est-ce l'impression que nous
avons éprouvée en lisant la France au dehors avec toute l'attention
que ce livre mérite; on y trouve d'excellentes idées, et des notions
très justes au point de vue colonial, mais on y trouve encore des cons-
tatations pessimistes, telles que celle-ci : les colonies de la France,
« sporadiques, situées un peu partout, aussi distantes les unes des
autres que distantes de la métropole, constituent, par leur épai^pille-
ment, une prime à la dépossessiofi)) (Tp.Sb). Ce sont là des vérités que le
parti colonial ne peut contester, mais qu'il n'aime pas à entendre.
Et allez donc faire admettre, d'autre part, à un républicain, que « dans
la République, la politique extérieure est une improvisation continue »,
la mobilité parlementaire faisant « qu'elle n'a ni principe, ni suite,
ni fixité )) (p. 33), ou bien encore que « la diplomatie républicaine
a presque toujours manqué de prévoyance, de méthode et de décision,
et que l'amoindrissement que la puissance française a subi de ce chef
n'est imputable qu'à l'incohérence et à la mollesse de son action »
(p. ni-iv).
2. — Peut-être d'ailleurs, dans certains cas, M. Delafosse, ne serait-
ce que pour stimuler l'attention, force-t-il sa pensée et va-t-il au
delà. Quand, par exemple, il déclare que nos colonies sont « indé-
fendables », « nous échapperont fatalement », et « nous échappe-
ront après que nous les aurons outillées, aménagées, pourvues de
tous les avantages nécessaires à leur exploitation», il fait, sans aucun
doute, exception pour le bloc de l'Afrique septentrionale et occiden-
tale; pourquoi ne pas le dire formellement? De ce côté, en eff'et, les
reproches que l'on a pu faii'e à nos possessions d'Extrême-Orient et
d'Océanie tombent d'eux-mêmes; et ce ne sont vraiment pas des
colonies « en l'aii* » que l' Algérie-Tunisie et l'Afrique occidentale fran-
çaise. D'autre pai't, notre domination s'y fortifie chaque jour, comme
le démontre M. Henri Vast, dans un très intéressant volume auquel
il a donné le titre de : La plus grande France. Cette esquisse d'en-
semble des possessions françaises d'outre-mer, ce « bilan de la France
coloniale », selon l'expression même du sous-titre, trouvera incontes-
tablement un excellent accueil auprès de tous ceux qui se préoccupent
de l'avenir du pays et du maintien de son influence; à un moment
où, pour justifier (ou plutôt pour excuser, pour dissimuler sous de
spécieuses apparences de raisonnement) l'abandon du protectorat
des missions d'Orient, on allègue que la situation de la France dans
la Méditerranée occidentale l'entraîne à se désintéresser des pays
plus orientaux pour concentrer toute son attention sur les pays de
Août 1909. T. GXVl. 9.
— 130 —
l'Atlas, à un momont. où tant d'cftorts sont tentés de tous les côtés
jDOur la mise en valeur de nos dilTérontes possessions, on éprouve un
impérieux besoin de connaître les résultats obtenus, et de savoir si
vraiment la France n'aura pas travaillé en pure perte. Voilà préci-
sément ce que M. Henri \'ast expose dans la plus grande France, qui
est une synthèse extrêmement consciencieuse des travaux les plus
récents, des monographies de toute nature publiés par les explorateurs,
les administrateurs et les savants. Peut-être cette synthèse est-elle
un peu trop optimiste; peut-être eût-il convenu d'énoncer sur diffé-
rents points quelques réserves, au lieu de se complaire dans l'admiration
de l'œuvre déjà accomplie; bien des fautes ont été commises, en effet,
et influent encore sur le développement de telle ou telle de nos posses-
sions, et nulle part, pour ainsi dire, la période des tâtonnements n'est
absolument terminée. Cela, mais cela seul, M. Vast ne l'a pas, à notre
avis, mis suffisamment en lumière dans cet excellent volume, accom-
pagné de cartes suffisantes, qu'est la plus grande France, et cependant
de telles réserves eussent permis à l'auteur de dire avec plus d'autorité
encore cette phrase que nous faisons nôtre : « Il ne faut pas croire
à la faillite de l'œuvre civilisatrice de la France. »
3. ■ — De cette œuvre, que la France poursuit avec une inlassable
persévérance dans les différentes parties de son empire colonial,
M. Jean Hess a raconté, dans Une Algérie nouvelle, un épisode encore
fort mal connu. Dès l'année 1886, un officier de marine, qui est enmême
temps un explorateur de mérite, M. Louis Say, avait entrepris de
fonder un établissement à l'est de l'embouchure de la Moulouïa, au
Cap de l'Eau, c'est-à-dire en territoire marocain; il fut chassé,
non pas par les Marocains, mais par... le gouvernement français, de
ce point stratégique que, tout récemment, nous avons songé à occu-
per trop tard, alors que les Espagnols en avaient déjà pris possession.
Sans se laisser décourager, M. Louis Say a recommencé son œuvre, à
partir de 1900, à l'embouchure de l'Oued Kiss, c'est-à-dire en terri-
toire français, au débouché maritime naturel du Maroc oriental : il y
a fondé un port français, Port-Say, qu'il s'efforce de développer avec
une continuité de vues, avec une persévérance dignes d'admiration,
et qui a déjà pris une certaine importance, en dépit du mauvais
vouloir et des obstacles de rAd-nî(-nis-tra-tion. Mais à lui seul,M. Louis
Say ne peut pas tout faire; pixir mettre en valeur et exploiter les
200 000 hectares'debonnes terres qui constituent la plaine des Anglads,
dont Port-Say est le débouché, il faut des capitaux, il faut des colons;
comment, sans capitaux ni colons, fonder dans le Maroc oriental « une
Algérie noiwelle », c'est-à-dire, selon les expressions mêmes de M. Jean
Hess, « une terre de colonisation où l'expérience acquise dans l'an-
cienne Algérie sera mise à profit pour une action plus logique et plus
— 131 —
pratique, dès le début » (p. 8)? Voilà pourquoi M. Jean Hess a écrit
ce livre très vivant, dont certains chapitres sentent fortement le
pamphlet, — ^ l'histoire de l'initiative individuelle en matière coloniale;
et voilà aussi pourquoi il Ta intitulé : Une Algérie nouvelle.
4. • — Ce n'est pas d'aujourd'hui que la France a songé à exploiter
le Maroc septentrional; M. E. Rouard de Gard en a fourni récemment
la preuve pour un point de lacôte marocaine situé à l'ouest de la Wou-
louïa, dans une bonne étude sur Une Compagnie française dans l'em-
pire du Maroc au xvii^ siècle. Déjà MM. Boutin et Masson, ■ — pour
ne parler que des plus récents historiens des rapports de la France avec
la Barbarie, — avaient fourni d'utiles renseignements sur cette com-
pagnie commerciale, fondée en 1664 par les Marseillais Michel et
Roland Fréjus, dans le but de créer des débouchés à l'industrie fran-
çaise sur la côte septentrionale du Maroc, en arrière des îlots d'Alhuce-
mas ou Albouzème; M. E. Rouard de Gard a entrepris d'en retracer
« l'historique complet )> d'après les documents authentiques. A-t-il
rempli tout son programme, et fait toute la lumière sur la courte
histoire de cette Compagnie d'Albouzème, dont, dès Tannée 1670,
le privilège fut transféré à la Compagnie du Levant? On éprouve,
en lisant l'étude du savant professeur de droit de Toulouse, l'im-
pression que le sujet n'est pas épuisé, et qu'il reste encore, après lui,
à glaner dans les archives. Du moins, les cadres sont-ils tracés désor-
mais, et les documents capitaux relatifs à la création de la Compagnie
des frères Fréjus, à sa constitution et à la subrogation de son privilège
se trouvent-ils désormais publiés. Aussi convient-il de faire bon accueil
à une monographie qui vient, sur ce point particulier, préciser les
données précédemment acquises; dans toute bibliothèque un peu
complète d'histoire coloniale française, il convient de réserver une
petite place au nouveau travail de M. Rouard de Card.
5.' — Non moins que le Maroc soit oriental soit occidental, l'Afrique
occidentale française sollicite d'une manière continue l'attention des
hommes d'État, des voyageurs et des économistes. Les hommes
d'Etat y suivent avec attention et même avec complaisance l'œuvre
coloniale tout à fait remarquable entreprise par la France depuis
quelques années, œuvre dont les plus lointaines origines datent de
près de deux siècles, c'est-à-dire du moment où André Brtie donna
aux comptoirs français du Sénégal leur premier développement et en-
voya jusqu'en plein Bambouk des explorateurs et des prospecteurs
français. M. Lucien Hubert n'a pas, dans son étude sur l'Éveil d'un
monde, remonté aussi loin ; il n'a même pas étudié l'œuvre si intéressante
de Faidherbe; c'est seulement de l'épanouissement actuel de l'Afrique
occidentale française, de son évolution contemporaine, sous la vigou-
reuse impulsion de M. le gouverneur général Roume, qu'il a voulu
— 132 —
esquisser le tableau. 11 y a fort bien réussi; son livre est un brillant
ré-^umé de la situation administrative, financière, économique et
sociale de l'Afrique occidentale française à l'heure actuelle, un pané-
gyrique enthousiaste et parfois éloquent d'une a>uvre coloniale dont
nous avons le droit d'être fiers, car elle est la meilleure réponse qu'on
puisse faire actuellement à ceux qui s'aviseraient de prétendre encore
que les Français ne savent pas (ou ne savent plus) coloniser.
6. — Peut-être, toutefois, M. Lucien Hubert s'est-il trop laissé
séduire par les documents qu'il a consultés, par le spectacle qu'il a eu
sous les yeux, et n'a-t-il pas toujours pénétré jusqu'au fond des choses.
Quelle est la valeur exacte de la grande colonie, ou plutôt de cet en-
semble de colonies qu'est l'Afrique occidentale française? Quels pro-
duits peut-on en exporter? Quels résultats sa mise en valeur donnera-
t-elle un jour? Sur ces questions de si haute importance aétéinstituée,
ici oiïiciellement, là spontanément, une vaste enquête qui n'est pas
encore terminée. M. Pierre Duchesne-Fournet, le frère du regretté
explorateur de l'Abyssinie, a collaboré à cette enquête; à la suite
d'un voyage dans nos colonies de l'Afrique occidentale, il a publié
sur le réseau très peu dense des grandes voies commerciales du pays,
laissant encore entre ses mailles des régions fort étendues, et sur les
produits d'exportation de la contrée, une étude très intéressante et
très sincère, dans laquelle il ne ménage ni les réserves, ni même les
critiques. On est heureux, à côté de l'optimisme officiel, de pouvoir
consulter des travaux aussi indépendants et aussi précis, où la situa-
tion exacte du pays, — « pauvre et peu peuplé, qui ne pourra en con-
séquence évoluer rapidement », — est exposée sans aucun parti-pris
d'enthousiasme ni de dénigrement. C'est pourquoi il convenait de
signaler ici l'intéressante étude de M. Pierre Duchesne-Fournet sur
l'Afrique occidentale française.
7. — Parmi les meilleurs agents de la colonisation française, il est
de stricte justice (encore qu'on l'oublie trop souvent aujourd'hui)
de compter les missionnaires, et, à côté d'eux, les soldats; les uns et les
autres collaborent avec une ardeur vraiment infatigable à la même
œuvre de civilisation et d'extension de l'influence de notre patrie.
A ceux qui en demanderaient des preuves, il convient de signaler un
ouvrage posthume, hélas! un journal qui n'était nullement destinée
la publicité, celui que tint, durant son séjour au Soudan, ce malheureux
lieutenant Gaston Lautour, assassiné (il est impossible d'employer un
autre mot) le 18 avril 1906, par les grévistes de Lens, dans des circons-
tances qu'on n'a pas oubliées. Le Journal d'un spahi au Soudan, rédigé
par lui de 1897 à 1899 et publié par M. Jacques Hérissey, en faisant
mieux connaître cette belle figure, la rend plus belle encore. Ce soldat
chrétien, profondément attaché à ses devoirs, qui est mort en servant
— 133 —
sa patrie (car n'est-ce pas encore servir son pays que de défendre la
société contre ceux qui veulent la détruire?) avait débuté par la faire
aimer et apprécier des noirs avec lesquels, au Soudan, il s'était pendant
deux ans trouvé en contact; il leur avait présenté un type de Français
ferme dans sa foi, affable, gai, vraiment bon, soucieux de contribuer
de toutes manières à leur instruction, à leur bonheur et à leur bien-
être... Tel apparaît le lieutenant Lautour dans ce livre, rempli de
pages charmantes, de jolies descriptions, de scènes de genre lestement
troussées; tel il fut aussi (l'exquise Préface du marquis Costa de
Beauregard le donne à entendre) pour ses dragons, qui l'aimaient,
et qui l'ont pleuré.
8. — Si, au lieu d'être envoyé dans les pays s'étendant entre Sénégal
et Niger, le lieutenant Lautour avait été employé au Congo français,
il eût sans doute assisté à bien des spectacles qui eussent fait saigner
son cœur do chrétien et de Français, et" son journal eût contenu bien
des renseignements susceptibles de faire comprendre comment des
Européens civilisés ont pu arriver à commettre les horreurs rapportées
par M. Félicien Challaye dans son ouvrage sur le Congo français.
Membre de la mission Brazza, ayant accompagné, durant toute la
durée de son dernier voyage dans le pays donné par -lui à la France,
l'illustre explorateur sur l'œuvre duquel on s'efforce aujourd'hui de
faire le silence, M. Challaye a vu avec un très grand soin le Congo fran-
çais; il en a observé les habitants, il en a comparé les agents euro-
péens à ceux de ce Congo belge, qui était alors l'État indépendant
du Congo; il a collaboré pour sa part à cette enquête dont avait été
chargé Savorgnan de Brazza et des résultats de laquelle on attend
toujours la publication. C'est donc un témoin et un témoin bien infor-
mé, dont on consultera les dépositions avec profit; ces dépositions
sont, dans le Congo français, groupées sous trois chefs distincts. Dans
une première partie, traitant du pays et de ses habitants, M. Challaye
s'est borné à réimprimer les lettres qu'il avait adressées, durant le
co-urs de son voyage, au journal le Temps, lettres très vivantes, très
pittoresques, d'où l'observation n'exclut nullement l'esprit, lettres
dans lesquelles Savorgnan de Brazza apparaît tel qu'il fut toujours,
avec les qualités de générosité, de désintéressement, de bonté et
d'humanité qui l'ont fait tellement aimer et qui ont, jusqu'à son
dernier moment, inspiré toute sa conduite. — Fort de ses études sur
les lieux mêmes, M. Challaye discute ensuite, dans une deuxième
partie, les grands problèmes généraux qui se posent au sujet du Congo
français, s'elforçant d'abord de définir la vie mentale, sentimentale
et sociale des indigènes, puis tâchant de déterminer la valeur du
régime des Compagnies concessionnaires, travaillant enfin a indiquer
le rôle joué par l'administration française à l'égard des noirs. Ces
— 134 —
questions difïicilcs et complexes entre toutes, M. Challaye a su les
traiter avec une remarquable légèreté do touche et avec une modéra-
tion à laquelle il convient de rendre hommage. — Il s'est, dans la
troisième partie de son ouvrage, où il traite de la question internatio-
nale du Congo, montré moins réservé et plus tranchant; il n'a pas craint
d'y montrer complètement quelle opposition soulève, en Europe et en
Amérique, le régime économique et politique établi dans le centre
;>fricain, d'y indiquer les réformes qui s'imposent dans l'intérêt des
indigènes, au nom de Thumanité et de la justice. Ainsi M. Challaye
a écrit un bon livre, un document auquel on aimera (comme à l'excel-
lent travail de M. Cattier sur le Congo belge) à se reporter, — en môme
temps qu'il a fait une bonne action.
9. — Dès le xvri^ siècle, la France s'est préoccupée de s'établir dans
les mers de l'Extrême-Orient; et comme il fallait à ce moment, pour
pénétrer dans l'Océan Indien, doubler le cap de Bonne-Espérance,
des hommes d'Etat ont voulu ménager aux vaisseaux de commerce des
étapes sur la route des pays dont ils allaient chercher les ri-
chesses au sud de l'Asie ou en Malaisie. Voilà pourquoi, entre 1638 et
1731. les Français ont songé à s'établir ou ont essayé de fonder des
comptoirs à la baie de Saldanka et au Cap même, à l'extrémité méri-
dionale de l'Afrique, à Madagascar, à Bourbon, à l'île de France, dans
les parages africains de la mer des Indes. Mais ni le gouvernement
royal ni la Compagnie des Indes orientales ne portèrent une attention
soutenue à cette question essentielle, que seul Colbert envisagea avec
suite et clairvoyance; néanmoins, c'est bien après lui que l'occupation
de l'ile Maurice, abandonnée parles Hollandais, fut décidée et enfin
effectuée; alors seulement la France posséda, sur la route des Indes,
l'étape absolument nécessaire à ses marins. Telle est, succinctement
résumée^ l'histoire que, d'après les sources imprimées et manuscrites,
M. Paul Kaeppelin a racontée dans son iravRil sur les Escales françaises
sur la route de l'Inde; les amateurs d'histoire coloniale y trouveront
une bonne esquisse des origines de l'occupation de Madagascar et des
Mascareignes par la France.
10. ■ — Avec cette étude de M. Paul Kaeppelin contraste le volume
que vient de consacrer M. Eugène Gallois à la France dans l'Océan
Indien; ce n'est pas, comme on pourrait être tenté dé le croire, une
étude historique, mais une étude géographique. Ce que l'auteur a
entendu faire, en effet, c'est un exposé de la situation présente de la
France dans la partie orientale de la mer des Indes, exposé pour lequel
il s'est documenté sur place, au cours d'un récent voyage à Djibouti,
aux Conjores, à Madagascar et à l'île de la Réunion. Les points de vue
politique et économique, voilà donc ceux qui, durant cette excursion,
comme durant les précédentes, ont surtout retenu l'attention de
— 135 —
M.Gallois; on trouvera, dans ces deux ordres d'idées, de nombreux ren-
seignements dans la France dans VOcéan Indien. Sans doute l'aimable
clobe-trotter n'a pas tout visité; il a délaissé, par exemple, la partie
méridionale de Madagascar, et les centres do Fort-Dauphin et de
Tuléar; si, de ce côté, notre curiosité est déçue, elle trouve, par contre,
ample satisfaction dans les pages consacrées à l'île Maurice, l'ancienne
île de France, si française aujourd'hui encore ! Comme tous ceux
qui ont eu le 'otsnheur de visiter la terre de Paul et de Virginie, M. Gal-
lois en a conservé un déhcieux souvenir.
11. — Si telle est la séduction qu'exerce l'île de France sur des
visiteurs, quel amour ne doit-elle pas inspirer à ceux qui y sont nés?
Ils aiment leur patrie, en effet; ils l'aiment d'un profond amour, d'un
amour qu'une absence, si longue soit-elle, ne fait qu'accroître encore.
C'est ce dont on se rendra compte en lisant le livre si vivant, si in-
téressant, consacré par M. Hervé de Rauville à l'Ile de Fronce con-
temporaine. C'est un ouvrage d'histoire, celui-là. un exposé de l'histoire
de l'île de France sous la domination britannique, empreint du plus
pur et du plus ardent patriotisme, non seulement mauritien, mais
aussi français. Comme le dit très bien l'auteur, en effet, au début de son
Avant-propos, « les pays de France ne sont pas tous en France. On les
trouve en bien d'autres endroits : partout où le Français de la vieille
France a passé, il a laissé sa marque indélébile, ineffaçable «; l'histoire
si dramatique de la lutte des créoles français contre la domination
anglaise, cette histoire que raconte l'Ile de France contemporaine, et
la manière même dont cette histoire est contée, en fournissent des
preuves multiples et vraiment touchantes. Il n'est pas jusqu'aux
pages où M. Hervé de Rauville attaque la République et la Démocratie
(p. 137; cf. p. 264, etc.) et appelle de tous ses vœux le retour du « Roi,
pivot de l'harmonie française» (p. 345) où l'on ne puisse trouver la
trace de l'affection inspirée aux créoles de Maurice par leur ancienne
métropole, l'empreinte dont les vieux colons de l'île de France ont
si profondément marqué leurs descendants.
12. — A l'île de France, le voyageur peut se croire reporté à un
siècle en arrière ; à Madagascar, le spectacle qu'il a sous les yeux est
celui d'une colonie toute nouvelle, dont l'essor est momentanément
paralysé, en dépit du labeur opiniâtre, de l'activité, de l'ingéniosité
déployés naguère par l'admirable colonisateur qu'est le général
Galliéni. Veut-on se rendre un compte exact de l'intensité de cet effort
et des résultats obtenus par l'ancien gouverneur général de Madagascar,
•qu'on lise le très intéressant volume récemment publié par M. Pierre
Suau sur la France à Madagascar au xix^ siècle, « l'histoire la plus
complète qui ait paru jusqu'ici )> sur la grande île, au témoignage d'un
ion juge, M. Le Myre de Vilers. Bien que, par suite de l'impossibilité
— 136 —
où il s'est trouvé de consulter différents documents essentiels, il
n'ait pas pu déterminer avec une entière précision les directions don-
nées à la politique française à Madagascar depuis 1885, l'auteur de ce
livre n'en a pas moins émis, sur cette période qui est celle de l'in-
tervention française entre 1885 et 1895, puis la période d'occupation
et de colonisation depuis la prise de Tananarive par le général Dn-
chesne,des vues très exactes et des appréciations parfaitement justi-
fiées; mais c'est surtout sur la période de luttes entre missionnaires
de la London Missionary Society et jésuites que M. Pierre Suau
fournit de précieux renseignements et des indications précises. A cet
égard, son livre constitue un véritable document, qu'il convient de
verser au dossier patriotique, déjà si abondamment fourni, des mission-
naires, ces obscurs et inlassables serviteurs de la France. De 1861 à
1884, les Pères furent à peu près les uniques défenseurs désintérêts
français; par la dignité de leur existence, par leur esprit de sacrifice,
joint à une discipline sévère qui assurait la continuité des efforts, ils
surent en imposer aux Malgaches et se faire respecter. Personne no
peut contester que nous leur devons la possession de Madagascar. «
Personne plus que M. Le Myre de Vilers n'a autorité pour s'exprimer
ainsi ; n'a-t-il pas, en arrivant dans l'île, en 1886, pu se rendre un compte
exact de l'œuvre accomplie par les missionnaires? De cette œuvn
vraiment admirable, les chapitres IV à VI de l'ouvrage de M. Pieri.:
Suau contiennent le meilleur résumé qui ait été pubHé; par là, et par
les indications discrètes, mais très précises, éparses dans la dernière
partie du volume, se justifie pleinement le sous-titre donné à son livre
par l'auteur de la France à Madagascar; c'est bien ici Vhisloire politi-
que et religieuse d'une colonisation.
13. — De ces documents qui ont fait défaut à M. Pierre Suau, et
dont l'absence rend moins solide la contexture des derniers chapitres
de son ouvrage, M. Jean Darcyaconnu quelques-uns, en particulier
la correspondance inédite de M. Le Myre de Vilers; ainsi a-t-il pu
écrire sur l'Affaire de Madagascar des pages aussi précises et aussi
intéressantes, aussi neuves parfois, que celles dont naguère, lors de la
publication du premier volume de Cent années de rivalité coloniale^ nous
avions pris plaisir à faire ressortir les rares mérites (Cf. Polybiblioji de
juillet 1904, t. Cl , p. 44-45). C'est seulement un des côtés du vaste sujet
traité dans l'ensemble par M. Suau qu'a étudié M. Jean Darcy; il l'a
fait avec le soin, la conscience et aussi la finesse et la perspi-
cacité dont ses premières études d'histoire coloniale avaient déjà
fourni tant de preuves. Rien de plus dramatique, de plus émouvant
que le duel engagé entre Anglais et Français à Madagascar, avec ses
alternatives et ses péripéties; rien de plus remarquable que cette action
persévérante et habile de l'Angleterre, plus soucieuse d'écarter la
— 137 —
Franco do la grande île malgache que de s'y établir elle-même. Tout
cela, M. Jean Darcy l'a mis en pleine lumière dans une étude où, avec
la plus grande impartialité, il a montré la lourde responsabilité qui
pèse sur chacun des différents gouvernements qu'a eus la France
au siècle dernier; aucun d'eux, déclare-t-il, « ne sut comprendre ni
accomplir franchement sa tâche, et je ne crois pas qu'aucune autre
nation ait à son actif, en matière coloniale, une aussi copieuse série
de fautes, de maladresses et d'inconséquences ». En lisant l'Affaire de
Madagascar, on se rendra compte de l'exactitude de ce jugement; on
com.prendra d'autre part, en fermant le livre, pourquoi l'Angleterre
a pendant si longtemps lutté contre nous dans cette partie de l'Océan
Indien comme dans toutes les régions du continent noir, et quelle
adresse elle a déploj^ée dans la lutte; on déplorera enfin qu'une mort
prématurée soit venue frapper M. Jean Darcy au milieu de ses travaux
et n'ait pas permis au jeune écrivain de remplir son dessein ni de retra-
cer l'histoire, sur les différents points du globe, de l'éternelle rivalité
de la France et de l'Angleterre. Mais, encore qu'inachevée, l'œuvre
de M. Jean Darcy restera, car elle est vraiment bonne, et faite de
main d'ouvrier.
16, — C'est de la France seule (peut-être l'a-t-on remarqué) qu'il a
été jusqu'ici question dans cet article; il serait vraiment regrettable
que, satisfaits d'étudier ce qui se passe dans leurs colonies, nos auteurs
se désintéressassent de l'œuvre coloniale de nos voisins, d'autant plus
que cette œuvre est souvent excellente, et susceptible de nous fournir
d'utiles enseignements. Aussi ne peut-on que se féliciter de voir
M. Albert Métin, un des plus anciens boursiers de voyage autour du
monde de l'Université de Paris, consacrer un gros volume à une
Étude sur la colonisation au Canada et rechercher comment procè-
dent les Anglais dans la Colombie britannique, c'est-à-dire dans
la partie la plus occidentale du Dominion, dans celle dont l'Océan
Pacifique baigne les rivages. Là, contrairement à ce qui se passe dans
nos colonies, la mise en valeur précède l'étude scientifique du pays;
là (ce qui semble d'abord parfaitement inadmissible), «la géographie
figure comme la suivante de l'économie ». Et cependant telle est bien
la stricte vérité; le livre de M. Métin en fournit la démonstration
absolue. Après avoir, dans les deux premières parties de la Colombie
britannique, fait connaître les conditions géographiques de la province
(terrains et relief, chmat, eaux, végétation), l'auteur montre comment
le territoire a été colonisé et peuplé; puis il passe en revue les richesses
du pays : pêche et chasse, bois, agriculture, mines (or, charbon et coke);
il détermine enfin, dans la sixième partie de son ouvrage, Ic'^ différentes
régions économiques de la Colombie britannique : les îles, la côte, la
zone du chemin de fer Canadien Pacifique et ses dépendances, les zones
— 138 —
minérales des Kootenay et de la frontière, les champs d'or du Caribou.
L'aire à développer (c'est-à-dire, au centre de la province, parcourue
naguère par Mackenzie et les premiers fondateurs de forts), le nord de
la contrée, voilà les sujets des deux derniers chapitres de cet ouvrage
plein de faits et de renseignements de toute nature, où M. Métin a parfai-
tement montré pourquoi les employés de la Puissance et de la Pro-
vince étudient simplement les zones d'attrait : mines à exploiter,
régions à cultiver, et abandonnent aux particuliers science pure ou
tourisme; où il a très bien expliqué comment le développement du pays
se fait surtout par des spéculateurs; c'est à eux, dit très justement
notre auteur (p. 392), plus qu'au budget provincial qu'on doit les
endiguements, les drainages, les irrigations. Il conviendrait, si l'espace
ne nous était étroitement limité, de s'arrêter longuement sur la Co-
lombie britannique de M. Métin; écrit à l'aide des documents les plus
sûrs, après deux voyages au Canada, ce livre qu'illustrent de nom-
breuses cartes et de fort belles phototypies, qu'accompagne une
copieuse bibliographie, contient un exposé très clair et très complet,
très scientifique aussi, de l'œuvre coloniale accomplie à l'extrémité
occidentale du Dominion, dans un pays qui n'est devenu province
autonome qu'en 1865; bien qu'il semble difficile de transporter dans
nos possessions d'outre-mer les méthodes qui y sont exposées, les
coloniaux feront bien de le lire, et même de le méditer.
He^ri Froidevaux.
THÉOLOGIE
li' lin m a cola ta Coiicezione di ITIai'ia Vergiiie e In CItiesa
^re<*a ortodossa dissitlente, da Mens. Niccolo Marini. Roma,
Salviucci, 1908, in-8 de vi-172 p.
Le haut clergé de l'Église gi'ecque dissidente prétend que l'Eglise
latine a eu le très grand tort d'imposer à ses fidèles des dogmes
nouveaux, entre autres celui: de la Conception immaculée de la
Vierge Marie. Aveuglé par son animosité contre les Pontifes romains,
il ne veut pas reconnaître que si ce dogme n'a jamais été défini
explicitement par les anciens conciles, il est implicitement contenu
dans les louanges et les épithètes qui accompagnent invariablement
le nom de Marie dans tous les écrits des Grecs. C'est par milliers
qu'on trouve, dans les œuvres des Pères, des hymnographes et des
liturgistes do l'Orient, des expressions telles que les suivantes,
appliquées à la Mère du Sauveur : « la toute sainte », « la création
nouvelle », « la merveille de la nature », « la vierge incompréhensible »,
« lo médiatrice de la grâce », « la fille de Dieu », « l'apologie du genre
humain », etc., etc. Comment expliquer autrement que par une
— 139 —
croyance intime à la conception immaculée de la Sainte Vierge une
pareille terminologie, qui n'a jamais pu et ne pourra jamais être
employée pour une autre créature humaine? Si les Latins ont été
les premiers à préciser avec netteté le privilège incomparable de
Marie, ils ont été de beaucoup surpassés par les Grecs, à imagination
plus vive et plus poétique, dans l'invention de cette multitude de
termes laudatifs, qui n'ont leur raison d'être que si celle qui en est
l'objet a été exempte de la tache originelle. Et de plus, très nombreux
sont les passages des écrits que nous ont laissés les Pères grecs, dans
lesquels se trouvent contenus une affirmation plus ou moins directe
de l'immaculée conception. Ce sont tous ces textes et toutes ces
poétiques louanges que l'auteur met sous nos yeux et commente
savamment pour en démontrer toute la valeur. Il prouve ainsi, une
fois de plus, sur cette question de la conception immaculée, comme
on peut le faire sur tant d'autres, que ce ne sont pas lès Latins qui
ont inventé un dogme inadmissible, mais que, tout au contraire, ce
sont les membres de l'Église grecque officielle qui innovent inconsi-
dérément en cette matière, puisqu'ils lenient aujourd'hui une
croyance qu'affirmaient, implicitement si l'on veut, mais très clai-
rement néanmoins, tous leurs prédécesseurs avant la consommation
du schisme. Léon Clugnet.
lie t^élèbre Ifliraele «Te saint Janvier à IVaples et à
l'ouzzoles exaniBiié au doitblt^ point de vue lti8toi*ic|ue
et e^eieutiiiiiiie, avec une Introduction sur le miracle en général,
par LÉON Cavène. Paris, Beauchesne, 1909, in-8 de vii-356 p. —
Prix : 5 fr.
Cet ouvrage, consacré à la défense du fameux miracle de saint
Janvier, se lit avec un sympathique intérêt. Il est écrit avec verve et
sincérité. L'auteur, qui est un laïque, fait d'abord l'hi'Jtorique de ce
miracle, en treize chapitres (p. 1-211) (il a lieu depuis 1387 au moins),
et l'étudié ensuite scientifiquement (p. 211-343). Il prend à partie les
différents auteurs, soit des temps passés, soit des temps modernes, qui
l'ont contesté. Sa correspondance avec M. Aulard, professeur à la Sor-
bonne, avec le député allemand Ladenburg, le député italien Gaudenzi,
l'ingénieur Giaccio, le spirite Luigi di Pace, ne manque pas de piquant.
Il montre les préjugés et les entêtements de ces hommes qui, sans
avoir jamais voulu vérifier par eux-mêmes la réalité de la liquéfaction
du sang miraculeux, crient à la supercherie ou supposent des explica-
tions sans rapport avec les circonstances 'du fait. Il leur oppose triom-
phalement, et, semble-t-il bien, avec raison, les expériences scienti-
fiques de M. Sporindeo et du P. Silva, qui, non contents de constater
dans la fiole une augmentation croissante du volume du sang, (toute
addition de matière étrangère étant d'ailleurs prouvée impossible), ont
— 140 —
de plus, avec des balances de précision, enregistré des augmentations
de poids et de masse proportionnelles. Ce résultat, obtenu parl'emplci
des méthodes chères à la science, est vraiment singulier, et bien
qu'il atteste une intervention miraculeuse, doit donner à réfléchir aux
savants de bonne foi, qui peuvent le vérifier pour leur propre compte.
Ce volume est honoré d'une lettre d'approbation de S. G. Mgr de
Cabrières, évêque de Montpellier. A. Clerval.
SCIENCES ET ARTS
U.es CoiiilitÂons du lioiilieur, par Paul Souriau. Paris, Colin,
1908, in-18 de 348 p. — Prix : 3 fr. 50.
Le livre de M. Paul Souriau, qui a l'ambition d'enseigner à ses
contemporains les conditions du bonheur, se divise en trois partie.^ :
La première est consacrée aux conditions personnelles du bonheur;
elle en analyse les éléments, nous fait voir comment on peut en faire
l'évaluation, soit pour autrui, soit pour soi-même, en expose les
conditions physiologiques et psychologiques, nous montre ensuite
ce qu'est le bonheur normal, et, en finissant, fait un tableau de la vie
intérieure, où les heures de joie alternent avec les heures grises et
les heures sombres, et où l'eiïort personnel a son rôle marqué pour
assurer contre les surprises et les épreuves de la vie les réactions
nécessaires.
La deuxième partie traite de la vie de famille. Elle nous dit ce
qu'est la famille, comment elle se forme par le mariage, et quelles
dispositions on y doit apporter pour avoir chance d'y trouver le
bonheur comme époux d'abord, puis comme parents, et quelle part
revient aux enfants dans le bonheur de la famille. On trouve là de très
bonnes choses et des tendances élevées : l'auteur a tort pourtant de
croire que le divorce puisse être jamais justifié, même par la faute
ou l'indignité d'un des époux : si l'état des mœurs a pu ou peut encore
l'expliquer, il faut y voir un signe de barbarie ou de décadence. Pour
cette raison seule, sans compter quelques autres, je trouve, contrai-
rement à l'auteur, l'idéal de la famille chrétienne d'autrefois bien supé-
rieur à l'idéal abaissé de la famille d'aujourd'hui.
La troisième partie, c'est l'étude des conditions sociales du bonheur,
conditions économiques, conditions tenant aux progrès de la civilisa-
tion, conditions de morahté. Et l'auteur se demande en finissant
quelle influence la religion peut exercer sur le bonheur. Il traite la
question avec modération et avec respect et ne disconvient pas que la
religion puisse exercer une influence morale et heureuse; mais il estime
que la libre pensée peut produire d'aussi bons résultats et que ni la mo-
ralité ni le bonheur ne sont exposés à souffrir de l'absence de croyances
— 141 —
religieuses. C'est dire assez que l'auteur ne donne aux croyances reli-
gieuses ni la valeur objective ni l'influencf^ pratique qu'elles possèdent
à nos yeux. Ce n'est, à son avis, qu'une solution estimable du problème
de la vie et une règle respectable, mais, d'ailleurs, conventionnelle de
l'action. J'ai donc, à ce sujet, de graves réserves à formuler. L'auteur
est d'ailleurs un homme de talent, et son volume, plpjn do fines
analyses et d'honnêtes conseils, se lit avec intérêt. C'est un livre
optimiste, où la foi au progrès, à la civilisation, à la démocratie,
induit l'auteur en un certain nombre d'illu-^ùons : la philosophie chré-
tienne du bonheur nous parait à la fois plus vraie et plus sûre.
Edouard Pontal.
I>e(ti'es sur les études ecclésiasticiues, par Mgr Mignot. Paris,
Lecoffre, Gabalda, 1909, in 12 de xvii-3i:5 p.— Prix: 3 fr. 50.
Les cinq lettres que renferme ce volume roulent sur les Études
littéraires et scientifiques, la philosophie, l'apologétique contemporaine^
l'histoire, l'apologétique et la critique biblique et sont suivies d'un
discours sur la Méthode de la théologie. L'énoncé seul de ces sujets
en démontre l'importance et l'actualité. Elles ferment un véritable
manuel de critique à l'usage des ecclésiastiques qui se hvrent aux
sciences sacrées. Elles se recommandent, non seulement par la haute
notoriété de leur éminent auteur, dont personne n'ignore la com-
pétence dans ce domaine, mais encore par la largeur et la siireté
des principes, la chaleur et la clarté du style. En les lisant, on
apprend tout à la fois les grandes libertés et les salutaires réserves
dont doit s'inspirer quiconque étudie les matières où se rencontrent
la science et la foi. On y apprend aussi les dispositions moral<^s, les
pi'éparations techniques, les méthodes appropriées qui conviennent
à l'historien, à l'exégète, h l'apologiste. Elles résument, en un mot,
tout ce que renferment de bon les traités de critique et seraii?nt très
utiles, non seulement aux ecclésiastiques, mais à tous les travailleurs
de bonne foi. A. Clerval.
I*e CItcval rte deini-saKg. Kaces frauçaises, par Alfred
Gallier. Paris, Laveur, s. d., in-18 de vi-332 p. (Collection l'Agriculture
au xx« siècle.) — Prix : 2 fr.
ILe Porc. iCaees, élevage, maladies, par H.-L.-A. Blanchon.
Paris, Laveur, s. d., in-18 de 224 p. (Même collection.) — Prix : 2 fr.
Ces deux volumes se recommandent vraiment aux lecteurs spéciaux
par leurs quahtés d'exposition, claires et méthodiques. Le premier
Tist écrit avec la compétence d'un homme qui a fait sa carrière dans
en des centres principaux d'élevage, et il ne pense pas que nos
diverses races de demi-sang et de trait léger soient en décadence et
— 142 —
doivent périr par un envahissement même plus considérable de la trac-
tion mécanique. On en aura toujours besoin, mais il faut perfec-
tionner toujours. L'auteur se montre partisan convaincu de l'anglo-
normand, et après avoir décrit le pays privilégié dont cette race fait
la gloire et la richesse, il examine ce qu'il fournit, les pratiques de
l'élevage tel qu'il y est fait. Il passe en revue ses diverses phases,
les différents besoins auxquels il doit satisfaire, examine les résultats
obtenus, y consacre le premier chapitre de son livre, le plus développé
de l'ouvrage. Les mêmes méthode et disposition président aux cha-
pitres suivants. Le second est consacré au demi-sang vendéen,
charcutais et breton; le troisième, aux productions du centre; le dernier
enfin, au demi-sang du Midi. Dans chacune de ces parties, on trouve
spécialement développées les ressources que chaque pays présente
et permet de perfectionner, les institutions qui s'en occupent, les
haïras, et les courses qui s'y font périodiquement. Mais il faut par-
ticuhèrement mentionner le résumé qui termine chacune d'elles. En
quelques pages, il forme un aperçu complet et utile sur les ressources
de chaque région, ce que l'amateur y trouvera, les achats qu'il aura à
faii'e, le commerce habituellement pratiqué et les foires régulièrement
tenues.
■ — Le Porc, rédigé par M. Blanchon, ancien élève de l'Ecole nationale
d'agriculture de Montpellier, est un ouvrage méthodiquement pré-
senté, réellement bien fait. Il décrit d'abord ce qui caractérise les
diverses races qui se partagent notre pays, les avantages qu'elles
présentent, comme aussi les défauts qu'on y peut rencontrer. Il
s'occupe donc de l'exploitation des richesses alimentaires qu'elles
fournissent et du choix à en faire pour le milieu où l'on se trouve.
On lira avec profit la partie qui expose ce que doit être le porc parfait,
et les pages qui suivent consacrées aux moyens zootechniques qui
concourront au perfectionnement de ses élèves. Combien trop souvent
est laissé à la routine, au pur liasard même, un élevage qui, bien con-
duit, pourrait être productif ! Les leçons d'une expérience consommée,
d'observations nombreuses, seront suivies avec fruit en ce qui concerne
l'alimentation et l'engraissement de ces animaux. L'ouvrage se ter-
mine par des conseils d'hygiène et des avis sur les maladies qui
peu^^'ent les atteindre. G. de S.
Étiiflcs nouvelles sut* l'astronomie, par Ch. André et
P. PuisEux. Eies l*laiiè(es et leur origine, par Ch. André.
Paris, Gauthier -Vil] ars, 1909, gr. in-8 de 285 p., avec 3 pi. et 94 fig. —
Prix : 10 fr.
En rendant compte, en septembre 1908 {Polybiblion, t. CXXÏII,
p. 242-243) du premier volume de ces Études nouvelles^ lequel avait
— 143 —
pour objet la Terre et la Lune, nous pressentions des «Etudes « ana-
logues concernant les autres astres dont se compose notre système
planétaire. C'est cette seconde série que nous donne aujourd'hui
M. Ch. André, directeur de l'Observatoire de Lyon.
Nos connaissances comme nos idées sur le cortège de planètes et d&
satellites dont, en plus de notre petit système terrestro-lunaire, se
compose le cortège du Soleil, sont bien différentes, comme elles sont
plus étendues, de ce qu'elles étaient à la fin du xyiii*^ et au com-
mencement du xix*^ siècle. La mise à jour et à point de ce que sont
devenues ces idées et ces connaissances à l'aurore du xx^ siècle,
tel est le but que s'est proposé M. Ch. André. — Après une Intro-
duction exposant les lois de Kepler, la loi de Bode et les données très
générales du système planétaire, l'auteur divise son sujet en trois
parties d'inégale importance: les planètes, les satellites, la formation
du système planétaire.
Dans la première, chaque planète est l'objet d'un exposé descriptif,
historique et critique, résumant tous les travaux dont elle a été
l'objet par les divers astronomes. Pour Vénus et Mercure, dont la
durée du mouvement de rotation a été fort discutée, l'auteur conclut,
pour ces deux planètes, comme pour Mars, à une durée voisine de
24 heures. Quant à cette dernière planète, M. Ch. André, s'appuyant sur
des expériences de ]\L Lumière, conclut à l'inexistence des fameux
canaux dont l'apparence proviendrait de jeux de lumière,
tandis qu'ils n'auraient aucune réalité objective. — L'étude ap-
profondie de l'anneau, ou plutôt des anneaux d'astéroïdes, dont le
nombre s'accroît sans cesse, débordant même les orbites de Mars
et de Jupiter, modifie sensiblement l'idée qu'on s'était faite de cette
région de l'espace. — Comme conclusion à toutes les observations
ayant Jupiter pour objet, l'auteur se demande si les taches brillantes
qu'on y remarque ne seraient pas « comme les noyaux de satellites
qui n'auraient pas pu se séparer de la planète ». Saturne, avec ses
anneaux, n'est pas la moins intéressante de cette série de monographies
planétaires. Dans les deux dernières, qui ont pour objet Uranus et
Neptune, on ne lira pas, sans un particulier intérêt, l'historique de leur
découverte, surtout de Neptune. Mais où l'éminent directeur de
l'Observatoire de Lyon rencontrera peut-être des contradicteurs,
c'est dans l'affirmation de la non-existence de planètes extraneptu-
niennes : on assure, en effet, que le professeur W. H. Pickering, de
l'Observatoire de Harvard Collage, annonce la découverte probable,
dans le cours de 1909, d'une planète appartenant à notre système
solaire et se mouvant au-delà de l'orbite de Neptune.
Passons rapidement sur les vingt-cinq satellites. Lune non comprise,
répartis entre les cinq planètes extérieures : deux pour Mars, assez ré-
— 144 —
cemmout découvertes; huit pour Jupiter, dont trois toutes récentes,
•dues à la photographie; onze pour Saturne, la dernière découverte
photographiquement aussi; quatre pour Uranus et une pour Neptune.
Un court chapitre est aiïecté à la recherche de leurs masses et de
•celles des planètes.
Dans sa troisième partie, l'auteur se livre à un examen critique
des théories émises sur la formation du système planétaire, par
Laplace, Roche, G. H. Darwin (ne pas confondre avec Charles Darwin),
Faye, S'ratton, et termine en présentant ce qui lui paraît être, « à la
lumière de cet ensemble de travaux », l'idée, assez approchée de la
vérité, que l'on peut se faire aujovu-d'hui du système. — Il est sur-
prenant que l'auteur n'ait accordé aucune attention aux travaux
non moins dignes d'intérêt, sur la même question, du colonel du
Ligondès et de M. l'abbé Moreux. C. de Kîrwan.
JLe Bfiila» tic notre cn^i'iiie, par J.-L. de Lanessan. Paris, Alcan,
1909, in-8 de viii-384 p. — Prix: 3 fr. 50.
La marine est aujourd'liui à l'ordre du jour; elle s'impose à l'atten-
tion de tous, plutôt, liélas ! par ses accidents, ses catastrophes, sa
mauvaise organisation, que par ses prouesses. Chacun attaque la marine,
souvent sans indulgence ni justice, plus souvent enf^ore sans aucune
oompétence. Aussi, J'ouvrage de M. de Lanessan vient-il bien ;î son
heure. Ecrit par un ancien ministre, il est aussi jnste et impartial que
peut l'être une apologie, un plaidoyer pro domo. Cette réserve faite,
ces pages, présentées sous une forme aussi littéraire que le comporte
un tel sujet, sont très intéressantes, très documentées et mettent par-
faitement en lumière ntn seulement les vices de l'organisation actuelle
de la marine, mais encore, ce qui est mieux, les remèdes vraiment ra-
tionnels qu'il paraîi opportun et nécessaire d'apporter, dans le plus
bref délai, à la situation présente. Il est juste enfin de faire remarquer
que l'auteur, contrairement aux mœurs lamentables qui temient à
s'établir, a évité soigneusement de provoquer le moindre scandale et
s'est toujours exprimé avec la plus grande modération.
M. de Lanessan étudie successivement nos bâtiments de combat, le
prix de notre flotte, l'artillerie navale, les approvisionnements, l'outil-
lage des ports, le personnel de la flotte, les arsenaux, les constructions
navales et enfin l'administration centrale de la marine. Dans ces divers
chapitres, toute la marine est passée en revue, ses rouages multiples
sont démontés, et, à côté de l'exposé de l'état actuel et de ses imperfec-
tions, se trouA'e l'indication du remède le meilleur. Cet ouvrage, très
bien fait, est donc d'un puissant intérêt et indispensable à consulter
pour éclairer les discussions qui, aujourd'hui, remplissent la presse.
On regrette seulement d'y rencontrer quelques erreurs techniques
— 145 — ■
grossières (par exemple, p. 174, sur le métal des coiffes) et aussi des
appréciations sur le personael, imbues d'un véritable parti-pris et
que l'on déplore de trouver chez un écrivain par ailleurs aussi éclairé.
On voit bien, par exemple, que M. de Lanessau n'a jamais fréquenté,
à bord, le personnel des machines, pour affirmer que les officiers mé-
caniciens sont, de tous nos officiers, les plus respectés par leurs subor-
donnés (p. 2'il). L'affirmation contraire serait ici l'expression de la
vérité; il suffit d'avoir navigué pour en être convnincu. Ces critiques
n'enlèvent du reste que bien peu de chose à la valeur de cet ouvrage
qui, nous le répétons, mérite d'être lu, consulté et médité.
•T. G. T.
LITTÉRATURE
licttres de jeunesse d'EuGÈJiE Fromentin. Biographie et notes
par Pierre Bi.anchon [Jacques-André Mérys]. Paris, Plon-Nourrit,
1909, in-16 deiv-367 p. — Prix : 3 fr. 50.
Eugène Fromentin, le peintre de l'Orient, et aussi l'écrivain de
premier mérite à qui les lettres françaises doivent ce livre magistral :
les Maîtres d'autrefois, mania avec un bonheur égal le pinceau et
la plume. Dans ses Souvenirs, Maxime du Camp hésite à dire de quel
côté il ferait pencher le meilleur éloge; les « Lettres de jeunesse» lui
eussent apporté un élément de plus en faveur de l'écrivain. M. Blanchon
les encadre d'un commentaire un peu vague, un peu trop contenu
et sobre comme le morne paysage du pays d'Aunis où l'adolescence
de Fromentin se déroule, de 1820 à 1840, Il les range, en homme bien
informé mais sagement discret, sous quatre rubriques successives:
Jeunes Années (1820-1840); La Voie cherchée (1840-1843); Initiation
cà la peinture (1843-1846); l'Orient révélé (1846-1849). Il passe donc
en revue la maison paternelle, les camarades de collège (La Rochelle),
les amis (à Pai'is); l'École de droit et les ateliers où se forme notre
débutant; il explique, avec uneréserve dont je le loue, la passion mal-
heureuse et coupable dont Fromentin a fait la trame de ce roman
de Dominique, si tragique précisément par la sincérité « vécue » de
son héros.
Cette correspondance, diverse, fut adressée à Paul Bataillard pour
la majeure partie, à Emile Beltrémieulx, à Armand du Mesnil. Eugène
Fromentin s'y livre tout entier, il y révèle une nature assez mal-
heureuse, assez pessimiste, très impressionnable, très attachante,
dominé par le sentiment artistique plus que par les événements
contemporains. Il lutte contre les hésitations de son père, à qui le
«■ métier de peintre » ne dit rien de bon, d'autant mieux que^ médecin
austère, il a toujours considéré, pour lui-même, ses médiocres pin-
AouT 1909. T. CXVI. 10.
— 146 —
ceaux comme un simple divertissement. Le hasard fit qu'au mois do
mars 1846, Eugène Fromentin suivit, comme en courant, un ami
en Algérie ; l'impression artistique qu'il ressentit de cette terre du
soleil fut profonde, décisive ; les lettres où il la décrit offrent un
charme particulier (p. 165-181). Un second voyage, plus important
(septembre 1847-mai 1848), à Alger, à Blidah, à Constantine, à Bis-
kra, au seuil du Sahara même, achève la conquête, décide la voca-
tion, détermine le genre et ferme la bouche aux objections. On re-
oTette seulement de voir s'arrêter cette correspondance, tant elle
prend d'agrément; et c'est le meilleur éloge qu'on j)uisse sans doute
faire de ce récit sincère où se dévoile une belle âme.
Le «littérateur « marquera plus d'un passage à noter par son charme :
sur le sentiment du repos (p. 122), les souvenirs (p. 126), l'automne
(p. 157) ; la Provence (p. 167) ; le « voyageur » retiendra des descriptions
vivantes de l'Orient, petits tableaux de plume qui rappellent la fac-
ture du pinceau même de Fromentin, tel le portrait du vieux brodeur
Maure (p. 241), du bivouac dans le désert (p. 313); « l'historien v
fera une moisson moins ample, car Fromentin passe à côté des évé-
jiements contemporains (sauf peut-être l'année 1848), sans leur jeter
autre chose qu'un coup d'œil hâtif; il suit son rêve d'artiste; et c'est
ce qui constitue son attrait, sa force, sa beauté. G.
Mans le jai'dîii de Saîiile-Beuve. Essais, par Georges Grappe.
Paris, Stock, 1909, in-12 de 324 p. — Prix : 3 fr. 50.
Il faut sans doute ou avoir beaucoup de jeunesse ou se sentir beau-
coup d'autorité pour publier un volume d'articles critiques où des
auteurs aussi peu nouveaux que Victor Hugo, Dumas père, George Sand,
Edgard Quinet, Balzac, Mérimée, et Sainte-Beuve, sont racontés,
analysés, jugés tout entiers en vingt ou vingt-cinq pages. Je con-
jecture, ici, que M. G. Grappe n'est pas très loin encore de sa jeunesse,
et j'augure qu'il a beaucoup des qualités nécessaires pour conquérir
l'autorité. Si, en effet, il n'a point cherché et n'apporte point de
faits inédits, il a beaucoup lu, il est, comme on dit, bien informé, et il
sait, avec précision et mesure, tirer des biographies de ses personnages
les traits essentiels pour caractériser leur figure et leur œuvre. Si ses
idées et ses jugements offrent peu d'imprévu — et, d'ailleurs, à ne
pas s'attarder aux menus détails et fouiller dans les petits coins encore
secrets, il ne peut guère en être autrement devant des maîtres que des
maîtres ont déjà expliqués, — ils se présentent pourtant avec un accent
très personnel : il y a là déjà l'assurance, l'imperatoria brevitas d'un
]»rofesseur. Ces sept études, substantielles et complètes autant que
le permet leur raccourci, d'ailleurs écrites avec vivacité, finesse, esprit
— 147 —
et bonne humeur, feraient dans une histoire de la Httérature ou dans
une grande encyclopédie autant d'excellents chapitres.
Pas tout à fait autant... Car si l'Alexandre Dumas, le Balzac, et
le George Sand donneraient à presque tous l'impression d'un à peu
près de justice impartiale, nul doute que beaucoup crieraient au
scandale à voir bâtonner de si bon cœur et avec tant de malice la
folie romantique, et le charlatanisme de Hugo, si bien nommé par
Veuillot « Jocrisse à Pathmos », l'idéologie germanico-protestante
et phraseuse de Quinet. Par contre, moi qui, étant de ma génération,
suis sans idolâtrie et goûte fort l'exécution de ces vieilles barbes,
je me plaindrais d'une admiration sans réserve pouv ce libertin de
Mérimée; et je n'acceptepas qu'on fasse de Port-Royal un chef-d'œuvre,
un modèle, ni qu'on vante l'honnêteté, et le loyalisme, et la loyauté
de ce vieux renard de Sainte-Beuve, qui me paraît bien avoir eu
l'intelligence la plus merveilleusement souple et pénétrante, mais qui
fut un pohsson dans ses mœurs, un matois, un sournois, un perfide en
les feuilletons, et dont la critique, dangereuse à qui n'est pas en
léfiance et ne sait pas lire entre les lignes et les nuances, se sent trop
les misères de son cœur...
Ce m'est une raison de plus de ne pas ni emballer sur le long
)rologue, où M. Grappe se met lui-même en conversation avec Sainte-
'Beuve, dans la maisonnette et le jardin de la rue Montparnasse,
pour provoquer et recueillir toute sorte de propos, désabusés, sceptiques
et renaniens, sur la vie, l'amour, la politique, la religion, les lettres,
la critique... Outre que je n'aime pas ce flirt avec les idées, cette
coquetterie chatoyante, minaudière, précieuse, sans franchise, je
trouve « vieux-jeu » ce jeu d'esprit renouvelé de M. Barrés... et usé
par M. Lajouness'e. Gabriel Audiat.
Be tout ma |teia, par A. Mézières» Paris, Hachette, 1909, in-16 de
326 p. — Piix; 3 1r. 50.
Voici un bien charmant volume dans sa variété savante et aimable.
L'auteur y cause, dans cette langue de bonne compagnie qu'on ne sait
plus guère parler et qu'on sait encore moins écrire, des sujets les plus
divers et les plus intéressants : I. Au temps passé. La Création des
Facultés de Nancy. La Sorbonne en 18G0. On trouve dans ce chapitre
de très jolis crayons : tels ceux de Villem-^in (p. 25) et de Victor Leclerc
(p. 30-31). II. L^n Coin de la société parisienne sous le second Empire,
élégant et fin tableau de genre où se détachent des figures vivement
perçues et rendues, celle entre autres de l'éditeur Charpentier (p. 55-
56). lîl. Dante. IV. Le Frère de Pétrarque. V. Jean des Bandes Noires.
Vî. Lorenzaccio. VII. Le Mystère de la vie du Tasse. Dans ces belles
études M. Mé/.ières, sanscesser d'être un délicieux causeur, se retrouve
— 148 —
dans la rliairo de Sorbonne qu'il a si dignement occupée et nous fait
pénétrer dans la séduisante et redoutable c(»mple\ité d'âmes et d'in-
telligences italiennes. Peut-être y montre-t-il pour le Tasse, au déti-i-
ment d'Alphons3 d'Esté, un peu de partialité. Son érudition souple
et forte se inaràfeste avec le même agrément solide dans les trois études
suivantes : VHI. Le Tliéàtre espagnol. IX. Lessing. X. Edgard Pi ë. —
C'est toujours le causeur merveilleux, uni non plus au professeur, mais
à riinmme politique et au patieineidaire avisé (plût au Ciel que nous en
eussions seulement de tels que lui !), qui nous fait les honneurs, dans le
dernier chapitre, de l'âme et des sentiments d'une souveraine : XI. La
Reine Victoria d'après sa correspondance inédite. — Sans être toujours
sur tous les points, en ces causeries également agréables et instruc-
tives, quoique si diverses, de l'avis de M. Mézières, ses auditeurs, ses
lecteurs le quittent enchantés de sa parole, de sa plume si spirituelle et
si naturelle, fâchés seulement de le quitter et le priant très fort de ne
pas tarder à revenir. M. S.
lies Femmes tl'e»|»rsl. en FraBioe, histoire littéi'oire et sociale,
par le comte J. du Plessis. Paris, Nouvelle Librairie nationale; s. d.,
in- 18 de 290 p. — Prix : 3 fr. 50.
J'ai lu avec grand plaisir, et non sans profit, le livre que M. le
comte J. du Plessis vient de consacrer aux Femmes d'esprit en France.
Ce n'est pas l'œuvre d'un pédant; c'est plutôt la causerie d'un homme
du monde, très spirituel, qui a beaucoup lu, beaucoup retenu, et qui
en cause agréablement, comme on causait autrefois, à l'époque où il
existait encore des salons où l'on savait causer. Peut-être en reste-t-il
encore, mais hélas ! ce n'est plus là que se vit et se fait l'histoire litté-
raire de la France. On y a le plus souvent d'autres sujets de conver-
sations. Heureusement, de temps en temps, quelques bons livres y
suppléent. Tels les livres du vicomte de Broc, du marquis de Charnacé,
dont j'ai eu le plaish' de parler à cette place, tel le nouveau volume
de M. le comte du Plessis. Ainsi que l'indique le sous-titre, ce n'est
pas seulement une histoire littéraire, c'est en même temps une histoire
sociale, et c'est la France d'autrefois et celle d'hier qu'on sent palpiter
et vivre en ces cercles tantôt sérieux, tantôt frivoles, toujours aimables,
où se sont en quelque sorte parlés tant de livres avant que de grands
génies leur aient dimné la forme définitive en des chefs-d'œuvre
immortels. De-ci de-là surgissent quelques portraits, finement
brossés, où se fixent l'esprit, le sourire, les passions des femmes qui
ont mis plus profondément leur empreinte sur les œuvres du génie
français.
L'auteur est parfois assez sévère, et nous l'en louons, pour les
femmes dont l'influence a été malheureuse, et il souhaite en finissant
— 149 —
que les femmes chrétiennes et françaises « ne laissent pas la royauté
intellectuelle et sociale échoir, pour le malheur du xx^ siècle, aux
femmes qui n'aiinent pas le Christ ».
Nous nous associons à ce vœu, et, pour en faciliter la réalisation,
nous souhaitons le succès du livre. Edouard Pontal.
HISTOIRE
Eia Bieulieiireuso ITlère Barnt (1 7 70-IS65), par Geoffroy
DE Grandmaisom. Paris, Lecoiïre, Gabalda, 1909, in-12 de viii-
206 p. (Collection Les Samts). — Prix : 2 fr.
La collection Les Saints a été bien conçue et elle est bien dirigée.
Mais on peut dire aussi qu'elle a eu de la chance. En voici une preuve.
La fondatrice de la congrégation du Sacré-Cœur, le Bienheureuse Mère
Barat, pouvait en tout cas donner lieu à une biographie occupant
dans la série une place honorable. Mais notre collaborateur et ami
M. GeolTroy de Grandmaison, qui s'en est chfirgé, a fait mieux et
dépassé de beaucoup la moyenne en ce genre. Ce petit volume, nous
inclinons à le croire, est de tous ses excellents écrits le plus achevé.
Le sujet était beau, mais non sans difficulté, parce qu'il semblait
qu'une certaine monotonie y fût inhérente et inévitable. La Mère
Barat a pratiqué les vertus clirétiennes à un degré suréminent; elle a
fondé un nombre extraordinaii-e de maisoas d'éducation, qu'elle a
dirigées et visitées. N^oilà sa vie. Au premier abord, cela se rapporte plus
à la littérature d'enseignement religieux et de pieuse édification, à
l'hagiographie au sens étroit, qu'à l'histoire. M. de Grandmaison a su
diice.'ner et mettre en relief les éléments historiques qui de fait se
trouvaient dans cette noble existence, et, sans négliger l'enseignement
et l'édification qui en résultent, il en a fait un tableau d'histoire, d'où
rejaillit de la lumière sur plusieurs des aspects de la fin du dix-hui-
tième et de la première moitié du dix-neuvième siècle. Madame Barat,
grâce au ])eiutre, se monti'e, en ce portrait, ressemblante et vivante
dans un miheu vrai et vivant. On y saisit ce qu'elle a été, c'est-à-dire
non seulement une élue de Dieu ^o^ur la gloire céleste, mais une des
forces catholiques et sociales sus(!f:i.ées par la Providence pour recons-
truire l'édifice jeté bas par la convulsion de 1789. Le talent littéraire
de l'auteur, déployé ici avec un art solide et un éclat contenu, se mani-
feste sous son vrai et mt-il!eur jour. Comme nous nous sommes à l'oc-
casion permis de marquer en quoi nous diiïérions d'avis avec notre très
distingué collaborateur, nous ne serons pas suspect de complaisance
en disant que ce nouvel ouvrage est de valeur significative et porte
plus haut son rang comme historien et comme écrivain. Nous bavons
lu deux fois, la seconde tout d'un trait. Aucune personne de goût ne
le lira sans plaisir, aucune âme chrétienne sans fruit. M. S.
— 150 —
Étude sut* les ■•elations «le la eoBnniiiiie de E^yoïi avec
diarles Vil et liOuis XI (1 ll'7-l iS.'fi). par Louis Caillet.
Lyon, Rey; Paris, A. Picard et fils, 1909, gr. in-8 de xlv-720 p. —
Prix : 10 fr.
Ce gros mémoire fait partie des Annales de l'Université dp Li/on
(Nouvelle série: II, Droit, Lettres. Fascicule 21). Il dénote une somme
de travail extrêmement considérable, l'auteur ayant dépouillé avec
un soin minutieux les archives de Lyon comme celles de Paris, n'ayant.,
d'ailleurs, négligé ni les chroniques ni les livres. Mais il dénote aussi
une certaine inexpérience, explicable, du reste, si l'on sait que nous
sommes ici en présence de l'œuvre d'un débutant. Je suis donc tout
prêt à excuser chez M. Caillet certaines longueurs et certaines redites.
En revanche, il me semble que je suis en droit de lui repro. her de
n'avoir pas revu d'assez; près les épreuves de son livre, et d'avoir
send le besoin d'expliquer, dans un petit « Lexiqae des termes anciens
difficiles et obscurs » (p. xliii-xlv), un cortoin n3mbre de termes
qai ne sont vraiment ni difficiles ni obscurs, comme bailler qu" l'auteuî
)uge utile de trad'iir^^ par donner ou larron qu'il traduit pour nous par
voleur. Encore, si les traductions étaient toujours justes! Mai? que
dire do chapon traduit par poulet ou de conil traduit par pigeon ?
M. Caillet me permettra encore, avant d'en arriver à louer sincèrement
la belle ordonnance de son livre et toutes les grandes qualités qu'il
manifeste, de lui reprocher de n'avoir pas fait l'économie de la plus
grande partie de son Avant-propos. Sans doute il a très bien fait
d'y marquer sa reconnais' sance aux maîtres qui l'ont encouragé, assisté,
soutenu; et s'il s'en était tenu là, il n'y aurait qu'à le louer. Mais
quelle nécessité de nous faire, en outre, dans cet Avant-propos, toute
une autobiographie pour le moins prématurée? Je répète qu'en
dépit de ces critiques, que je devais faire, le livre de M. Caillet est
très important. Il n'éclaire pas seulement les rapports de nos rois
Charles VII et Louis XI avec leur bonne ville de Lyon, il apporte
une contribution précieuse à l'histoire du xv^ siècle. J'ajoute qu'il
est complété par une très forte série de Pièces justificatives (il n'y
en a pas moins de trois cent trente, occupant plus de la moitié du
volume), qui seront certainement consultées toujours avec grand
profit par les historiens de Charles VII, de Louis XI et de leur temps.
Armand d'Herbomez.
]¥otcs liistoriques. Cliàtilloii-siir-Ijoing (lioiret), sa sei-
gneurie et ses aneîeniies îustitutiens rel^ieuses, par
Eugène Tonnellier. 2« éd. Paris, Champion, 1908, gr. in-8 de 256 p.
— Prix : 5 fr.
La petite ville de Châtillon-sur-Loing, qui est aujourd'hui un chef-
lieu de canton du dépaitement du Loiret, arrondissement de Mon-
— 151 —
targis, joua un certain rôle dans l'histoire de France, surtout àTépoquo
des guerres de religion. Dans son ouvrage, M. Eugène Tonnellier
a voulu moins donner une monographie complète de cette localité
que mettre en lumière les points les phis saillants de son passé.
La situation de Châtillon dut certainement attirer l'attention des
Romains par sa position éminemment favorable pour une défense;
mais c'est seulement depuis les xi"^ et xii^ siècles, que l'excellence
de sa position stratégique semble définitivement consacrée par la
forteresse qui y fut élevée et dont une remarquable tour subsiste
encore. Au xii^ siècle, Châtillon-sur-Loing dépendait du comté de
Sancerre, qui relevait lui-même du comté de Champagne. Dans les
siècles suivants jusqu'à la fin du xiv*^ siècle, la seigneurie de Châtillon
appartint successivement, après les maisons de Champagne et de San-
cerre, aux maisons de Melun et de Braque. C'est seulement au milieu
du xv^ siècle que les Coligny en devinrent seigneurs. M. Tonnellier
s'étend longuement sur leur rôle pendant les guerres de reHgion et
donne d'excellents renseignements sur l'histoire de Châtillon aux
xvi^ et xvii^ siècles. De la fin du xvii® siècle jusqu'à la Révolution,
les Montmorency - Luxembourg en furent les seigneurs. Après ces
notes sur les familles seigneuriales, l'auteur consacre trois chapitres
aux anciennes institutions religieuses, soit à l'hôtel-Dieu, à la mala-
drerie, au monastère des bénédictines de l'Adoration perpétuelle
du Saint-Sacrement, et à l'église collégiale. Vingt-six pièces justi-
ficatives terminent ce volume qui forme un excellent appoint à
l'iiistoire de cette ville. Jules Viard.
litt Ké'volutioia à Sainl-lleiioiix, par Ernest Delaigue. Moulins,
Crépin-Leblond, 1908, petit in-8 de 312 p. — Prix : 6 fr.
M. Ernest Delaigue a eu la très heureuse pensée d'écrire l'histoire de
la commune dont il est maire, pendant la Révolution. 11 l'a fait à l'aide
des archives locales et des archives départementales, à l'aide aussi
des souvenirs qu'il a pu recueillir dans le pays, et il a composé ainsi
une monographie très documentée, très attachante et très instructive.
Ce qui s'est passé à Saint-Menoux, en effet, pendant cette époque
troublée, s'est passé presque partout en France. D'abord un vif
enthousiasme pour les idées nouvelles, dans toutes les classes à peu
près, un désir ardent de réformes, le ferme espoir d'un avenir idéal.
Le chevalier de Jersaillon, qui fut le premier maire et qui devait
émigrer, n'était pas moins confiant dans l'âge d'or futur que le curé
Fallier qui devait apostasier. Puis la désillusion arrive; la consti-
tution civile du clergé, la suppression des ordres religieux, la confis-
cation des biens des bénédictines de Saint-Menoux, puis l'expulsion
des religieuses, un peu pbis tard même l'emprisonnement de l'abbesse,
— 152 —
M"^® de Sainte-Hermine, la création puis la dépréciation effroyable
des assignats, conséquence de ces deux grandes fautes, de ces deux
grands crimes politiques et économiques, la vente des biens nationaux
et l'établissement du maximum, tout cela refroidit singulièrement
l'enthousiasme primitif. Les modérés font place aux violents, les
feuillants aux girondins, les girondins aux jacobins ; la tyrannie
s'installe sous le nom de liberté et la guillotine fonctionne à Moulins
avec Fouché. La loi des suspects, qui règne dans les villes, sé\^t jusque
dans les campagnes, qui, sans participer aux agitations de la rue et
aux luttes politiques, en subissent néanmoins le contre- coup. Au lieu
de tyrans de haut vol, on trouve là de petits tyi'anneaux : c'est la
.'^eule différence, mais l'oppression n'est pas moins insupportable et
la misère est extrême. Il faut lire dans le beau livre de M. Delaigue
les deux chapitres sur les Subsistances, et sur les Impôts et le papier
monnaic,])o\\v voir quelle était la lamentaljle situation des populations
rurales pendant les années du règne de Robespierre et de ses succes-
seurs, qui ne valaient guère mieux.
« L'an III s'achevait tristement. Il semblait que l'on ne pût se
relever des ravages causés par la loi du maximum. La privation d'ob-
jets de première nécessité, à cause des prix fantastiques et de leur
pénurie, s'était cruellement fait sentir depuis de longs mois : le sel,
la chandelle, le savon, si essentiels dans les plus humbles ménages,
faisaient défaut. A un moment donné, l'agriculture avait manqué de-
son outillage le plus indispensable et on avait envisagé avec angoisse
le cas où la continuation des travaux agricoles deviendrait im-
possible. Pour augmenter le désarroi, on assistait à la chute des
assignats... Il semblait que le pays éprouvât les effets d'une longue
maladie où s'étaient usés tous ses rouages vitaux. »
Le tableau est complet et nous voudrions que l'exemple de M. De-
laigue fût suivi, qu'on publiât beaucoup de monographies comme
celle de Saint-Menoux : ce serait instructif. Les générations actuelles y
verraient quelle est la prospérité dont ont joui leurs pères pendant
les jours si vantés de la Révolution. Max. de la Rocheterie.
Guerres de reliffion daus le sud ouest de la France et
priuei|»alenieiit dans le Querej, cVaprès les papiers des
seigneurs de Saint-Sulpice,de 1 06 1 à ioOO. Documents transcrits, classés
et annotés par Edmo>;d Cabié. Paris, Champion, s. d., in-4 de xliii-
939 p. — Prix : 10 fr.
Les papiers analysés dans ce gros recueil sont ceux de Jean de Saint-
Sulpice, l'un des peisonnages les plus connus du xvi^ siècle, comme
gueirier, diplomate, administrateur, un fidèle serviteur du trône,
un fam.ilier de tous les hommes de guerre et de tous les diplo-
— 153 —
mates de l'époque. Ces documents vont de 1561 à 1590, embras-
S';int la période entière des guerres de religion. Le nombre des
articles de la table indique l'importance des pièces se rapportant
à des événements que l'éditeur rappelle sommairement. Peut-être
pourrait-on souhaiter ime annotation plus complète; car beaucoup
de noms sont plutôt cités qu'identifiés. Mais il faut remercier
M. Cabié de s'être imposé un si grand travail et d'avoir mis à la
disposition de tous des coirespondances inédites qu'il était impos-
sible de soupçonner : ces correspondances émanent do Charles IX,
la duchesse de Savoie, Henri III, le roi et la reine de Navarre, Ca-
therine de Médicis, le duc d'Anjou, etc.
— Nous apprenons que l'auteur de si importants travaux sur
sa province, poursuivis avec autant de compétence que de mo-
destie, vient d'être enlevé à ses amis, et nous ne pouvons que
joindre tous nos regrets aux leurs. B. P.
Poni* l'Idée vlirétieime. Payeiv tic bonne loi, par Eugène
Franon. Paris, Beaucl.esne, 1908, in-16 deviii-33i p. — Prix:3fr. 50.
Ces pages méritaient d'être recueillies et conservées. Elles ont
paru dans le Bulletin paroissial de Tournus, vieille petite ville de
Bovu'gogne, à peu près mois par mois, de mai 1900 à novembre 1907,
c'est-à-dire de l'ouverture de notre dernière Exposition internationale
à l'encyclique sur le modernisme. Pages d'histoire, fixant l'impression
vive et juste des grandes épreuves subies par l'Eglise de France,
et pages de discussion serrée, précise, judicieuse, sur les questions les
plus actuelles qui s'imposent à l'apologiste de la foi catholique.
L'auteur, très bien informé, très soucieux de ne pas se contenter de
vagues et douteuses assertions, fait preuve d'un esprit ferme et large,
n'a de goût à combattre que les adversaires de l'idée chrétienne,
utilisant le concours de tous ses défenseurs, depuis M. Marc Sangnier
jusqu'à MM. Jacques Piou et Jules Lemaître. Il reproche à M. Paul
Bourget d'avoir, dans l'Etape] opposé comme incompatibles chris-
tianisme et démocratie. Mais il formule ce reproche sans aigreur.
En somme, ce livre atteindra bien le noble but que s'est proposé
l'auteur : éclairer et réconforter les âmes de foi anxieuse et imprécise.
Baron J. Angot des Botours.
Ijes Disciplines de la France, par Paul Adam. Paris, Vuibert et
Nony, 1908, in-18 de xvi-220 p.— Prix : 3 fr, 50.
Sous ce titre de fantaisie, le lecteur trouvera réunies treize disser-
tations traitant des sujets variés d'histoire, d'économie politique et
de morale. M. Paul Adam se rattache corps et âme à l'idéal roman-
— 154 —
tique, dont les jeunes générations s'écartent si volontiers, comme il le
note avec chagrin dans sa Préface. Il a les qualités aimables de son
école favorite : une sensibilité aiguë, une imagination brillante, un
style très personnel. Mais il en a aussi les défauts : l'a peu près dans
les idées, un air assez déplaisant de supériorité, le mépris du passé,
dont il parle sur un ton parfaitement inconvenant, enfin une certaine
conception messianique de l'avenir. S'il s'aventure à préciser ses
rêves de rénovation sociale, il propose d'offrir aux fonctionnaires,
pendant la durée de leurs vacances, Thospitalité dos châteaux his-
toriques inoccupés et de conférer les titres de duc ou de comte aux
ouvriers victimes d'accidents du travail. Que voilà done de belles
réformes! H. Rub\t du MériAC.
Ciescliii lite des deutsclien Vnikes uiid seiner Kulttir îm
i'VIittelalter. von Heinrich Gerdes. III'^'' Band. Geschichte der
Hohenstaufen und ihrer Zeit. Leipzig, Duncker und Humblot, 1908,
in-8 de xii-720 p. — Prix : 18 fr. 75,
Avec ce troisième volume, AI. Heinrich Gordes mène à terme la
tâche qu'il s'était imposée il y a une trentaine d'années : celle de nous
donner un tableau d'ensemble de l'histoire de la civihsation germa-
nique, de la vie intime, intellectuelle et morale du peuple allemand dans
le moyen âge jusqu'au grand interrègne, dans sa connexité avec l'his-
toire politique. Le tome I*"^ de cette histoire a paru en 1891 (Cf. Poly-
hiblion, t. LXII, p.452), le tome II en 1898 {ihid., t. LXXXVI, n. 348)
et il n'a pas fallu moins de dix années à M. Gerdes pour rassembler
<?t mettre en œuvre les matériaux de son tome III.
C'est qu'il avait à traiter ici du siècle des Hohenstaufen, cette grande
période sur laquelle les noms surtout de Frédéric I^r Barberousse et de
Frédéric II jettent un éclat particulier. Ici les sources originales se
inultiplient, sont plus abondantes, et les travaux mejne des modernes
sont assez nombreux.
Nous avons déjà dit, à l'occasion des deux premiers volumes de cet
ouvrage, que le patriotisme et le protestantisme de l'auteur impré-
gnaient trop fortement ses jugements et ses opinions. Il n'en va pas
autrement ici,et il est toujours prêt à rompre une lancepour l'Empereur
contre le Pape. C'est que, dans la lutte qui s'établit entre les Hohen-
staufen, désireux d'assurer l'hérédité du trône impérial dans leur fa-
mille, et le Pontife romain, soucieux de maintenir le principe de la
libre élection, il lui semble que l'iiérédité seule était capable de donner
à l'empire germanique cette force et cette cohésion qui lui ont toujours
manqué. Mais les vastes projets des princes germaniques, leur ambition
de dominer réellement sur l'empire du mond*;, le gaspillage de leurs
forces dans les expéditions d'outre-monts ont plus nui qu'ils n'ont
servi au déA-eloppement politique de l'Allemagne.
— 155 —
Quant à sa prospérité économique et intellectuelle, elle s'est assu-
rément développée dans le siècle des llohenstaufen; là, comme ailleurs,
les croisades y ont largement contribué. L'état des mœurs ne s'en est
pas amélioré; et M. Gerdes ne fait pas difficulté d'aiïinner que dans
l'ensemble la moralité a été inférieure dans ces temps à celle de
l'époque précédente; il conteste seulement, non à tort, semble-t-il,
que la corruption ait été générale.
Certains points de sa seconde partie auraient gagné à être plus
développés; il dit un mot, par exemple, des poursuites contre les héré-
tiques; il n'explique guère ce qu'étaient ces hérésies et l'importance
qu'elles pouvaient avoir non seulement au point de A^ue religieux,
mais même au point de vue politique. Ce qu'il dit de l'éducation fé-
minine est aussi bien ïnaigi'e,eb il eut pu trouver aisément les éléments
d'un tableau plus précis.
L'ouvrage de M. Gerdes n'en est pas moins fort intéressant et d'une
lecture agréable et instructive. E.-G. L:.
liCS Boiiniaiiis, par James Caterly. Tome I^'. Paris, Calmann-Lévy,
1908, gr. in-8 de iv-307 p. et planches. — Prix : 7 fr. 50.
Les Roumains, on le sait, sont répandus en Valachie, Moldavie,
Bessarabie, Bukovine, Transylvanie et dans le banat de Temesvar
(Hongrie) : dans ces derniers pays soumis à une domination étrangère,
ils constituent la majeure partie de la population. Ces pays furent
habités jadis par les Gètes et les Daces, et conquis par Trajan, qui,
en souvenir de S3S victoires, érigea à Rome la célèbre colonne qui
porte son nom. De cette époque à aujourd'hui, ces pays subirent
bien des maîtres d'origine différente, et longtemps la culture slovène
et byzantine sut y fleurir. La fondation de la Moldavie ne date que
de 1348 : son nom est emprunté à la Moldava, affluent du Pruth,
qui naît en Bukovine. Les moines grecs y appaiurent après la prise
de Constantinople; la civilisation grecque s'y implanta au point
qu'il y eut ensuite réaction, à plusieurs reprises, jusqu'au jour où
la Porte y installa de fidèles hospodars, qui y laissèrent, par leurs
vexations fiscales et leui' rapacité, un odieux et douloureux souvenir.
Opprimé, misérable, le peuple indigène dut son salut à l'intervention
de l'Europe pour qui les intérêts des principautés furent une des
phases de la question d'Orient. Et le xix^ siècle amena pour les
Roumains des circonstances vraiment critiques où naissaient des
ambitions contraires et où s'épanouissaient des rivalités menaçantes,
jusqu'au jour où un prince étranger, de la famille des Hohenzollern,
fut élu prince héréditaire (20 avril 1866).
Tels sont, narrés en quelques mots, les événements dont M. Caterly
— 156 —
nous offre le récit mouvementé. En réalité, l'auteur, désireux surtout
d'étudier l'histoire du xix^ siècle, ne nous instruit des périodes an-
térieures qu'à titre d'introduction. L'occupation russe, les régnes
de Ghika et de Bibcsco, la révolution de 1848, le congrès de Paris, le
gouvernement du prince Stirbey, défdent successivement sous nos
yeux; M. Caterly résume les événements dont les principautés da-
nubiennes furent le théâtre pendant un demi-siècle en s'efforçant
d'être indépendant. Ses lecteurs, qui n'ont pas le privilège de lire
à livre ouvert la langue roumaine, et qui auraient peut-être quelque
peine à rencontrer un récit impartial de ces temps où la Roumanie
n'était pas encore élevée à l'état de royaume, reconnaîtront volontiers
l'eiïort imposé en leur faveur, et non en vain, souhaitons-le. H. S.
IlSi-ifoire dft la colonie française de Moscou «ïoiiiiifîi les
origines jusqu'à ISIîî, par F. Tastevin. Paris, Champion, 1908,
in- 18 de 191 p. — Prix : 3 fr. 50.
De tous les établissements foi'més par les Français en Russie,
un seul mérite une monographie, car il est antérieur à Pierre le Grand
et s'est perpétué jusqu'à nos jours dans des conditions particulières.
Un des membres de cette colonie a recueilli sur place les éléments de
son histoire dans un volume dont il est à la fois l'auteur et l'éditeur.
Cette histoire date de 1627; des Français, d'abord mêlés dans la
Sloboda allemande aux autres étrangers, possèdent depuis 1685 un
centre paroissial qui s'est déplacé et renouvelé un siècle plus tard, lors
de l'édification de l'église Saint-Louis. Parmi eux les commerçants,
sous la protection d'un consul installé en 1760, forment le groupe
principal et stable, renforcé par les précepteurs de passage dans les
familles aristocratiques et, à partir de la Révolution, par les émigrés de
diverses catégories.
RLTastevin, qui connaît aussi bien latopograpliie que la bibliographie
de son si J3t, a relevé les traces d'un grand nombre de Franco-Mosco-
vites, tant autour de lui que dans le livre de M. Pingaud sur les
Français en Russie. Il transporte successivement son lecteur à l'église,
au quartier du Pont des Maréchaux, à l'Université, dans le monde des
professeurs et même des acteurs, propagateurs, à leur manière, de la
culture française. Un dernier chapitre, particulièrement intéressant,
fait connaître les rapports de ces déracinés avec la société et le gou-
vernement russes jusqueset y compris 1812. Dans ce petit volume com-
posé en Russie, mais imprimé en France, figurent des noms originaires
de la plupart de nos provinces ; il constitue une collection de documents
précis qui n'avaient pas encore été réunis et condensés d'une façon
aussi complète. Un copieux index termine l'ouvrage.
Page 31, M. Tastevin émet l'hypothèse que les premiers prêtres de
— 157 —
l'église Saint-Louis étaient peut-être « des jésuites venus de Saint-Pé-
tersbourg» Cette hypothèse pèche par labase, car les jésuites, conservés
par Catherine II dans ses provinces polonaises, n'obtinrent l'accès de la
capitale que sous le règne de Paul. I^^. Je ne crois pas d'ailleurs que les
noms cités par lui se rencontrent dans les publications des jésuites
français sur leurs confrères de Russie. P. M.
li'l^seadre Roiliestveii^ky . I^iii* le clkeiiiin «1» sa«*rifî<rc,
carnet de notes du capitaine de frégate W. Sémenoff, présenté par le
commandant de Balincourt (octobre 1904-mai 1905). L'Expiation.
2^ partie. Paris, Cliallamel, 1908, in-16 carré de 397 p., avec 2 cartes.
— Prix : 3 fr. 50.
Le drame, si tragique et si douloureux, est terminé : nous en connais-
sons les trois actes, « l'Escadre de Port-Arthur »; « Sur le chemin du
sacrifice »; « L'Agonie d'un cuirassé ». Dans le premier, nous avons
assisté aux opérations maritimes qui ont marqué les six premiers mois
du siège de Port-Arthur; dans le troisième, nous avons été les témoins
angoissés de la bataille de Tsoushima, bataille unique dans l'histoire
de l'humanité, tant par le déploiement des forces en présence que par
l'immensité des pertes des vaincus. Enfin, aujourd'hui, le commandant
de Balincourt, en nous faisant connaître les pages encore inédites du
carnet de notes du capitaine de frégate Sémenoff, nous permet de
suivre la longue odyssée de l'escadre commandée par l'amiral Rodjest-
vensky, depuis son départ de Liban, le 13 octobre 1904, jusqu'à son
entrée dans le détroit de Corée, le 25 mai 1905.
Ce que fut ce voyage, cette interminable voie douloureuse, on ne
saurait l'imaginer, si le commandant Sémenofî, historiographe incom-
parable, n'avait été là pour nous le raconter. L'escadre est peuplée
de volontaires ; tous, au départ de Russie, sont pleins d'enthousiasme
et de confiance; ils ne doutent pas de pouvoir ramener le succès sons
les plis du drapeau de S. Georges; ils vont joyeusement au combat, à la
mort, mais aussi à la gloire, à la victoire. Mais à peine l'ancre est -elle
levée que la réalité apparaît; peu à peu, l'enthousiasme se ralentit, la
confiance s'affaiblit. Chaque jour se voient plus nettement les consé-
quences des fautes antérieures : rien n'a été prévu, tout est à faire;
cette belle escadre si nombreuse, cette armada, n'est qu'une façade;
elle est vouée d'avance à l'insuccès par l'incurie des stratèges en
chambre qui ont tout ordonné de leur fauteuil de Saint-Pétersbourg et,
infatués de leur science théorique, n'ont même pas su profiter des
leçons des combats sous Port-Arthur. Puis, c'est l'affaire de Hull, si
nettement mise au point par le commandant Sémenoff, les ennemis
suscités dans chaque relâche soit par la mauvaise volonté des amis de
l'Angleterre, soit par la timidité, encore plus néfaste peut-être, des
Figures byzantines, par Charles Diehl. Il" série. Paris, Colin,
1908, vni-355 p. — Prix : 3 fr. 50.
Les nombreux lecteurs de M. Diehl s 3 rappellent sans doute l'admi-
rable galerie de portraits féminins parue en 1906 sous le titre de :
Figures byzantines. C'était les femmes d'avant les croisades qui
revivaient sous nos yeux, femmes prises un peu dans tous les mondes
et à toutes les civilisations qui, du v^ siècle au xii^, se déroulèrent
dans l'empire romain d'autrefois. Aujourd'hui, le même savant nous
donne une seconde série de portraits d'hommes et de femmes ayant
vécu du xii^ siècle à la fin du xv^. fiècle. Inutile de souligner le
puissant intérêt qui s'attache à ces pages dan? lesquelles M. Diehl nous
fait assister au .choc des Occidentaux et des Orientaux et à leurs dé-
mêlés comme à leurs alliances pendant presque trois siècles. Avec
Anne Comnène et Irène Doukas, nous sommes à la première rencontre
des deux civilisations. C'est le début des croisades, c'est l'heure où
Alexis Comnène espère beaucoup de l'Occident, où, l'Occident, plein
d'enthousiasme, place dans l'empereur byzantin la moitié de sa con-
fiance. Puis c'est l'histoire d'un illustre et triste personnage de la
— 158 —
alliés de la Russie. Enfin, c'est le long séjour à Madagascar, anémiant
les corps, atrophiant les volontés, les fatigues des charbonnages en mer,
les ennuis de traversées interminables, l'attente de Nébogatofî que
l'on sait amener non un secours actif, mais un boulet à traîner. Com-
ment s'étonner après cela que, la veille du combat, la foi dans le
succès ait disparu, et, cependant, tous ces hommes avaient des âmes
de héros ; aussi le lendemain, au premier coup de canon, se sont-ils ré-
veillés prêts à étonner le monde par leur bravoure, qui pouvait être
vaincue, mais non diminuée.
C'est avec une tristesse poignante et sans cesse grandissante, qu'on
suit chaque jour, pas à pas, cette puissante escadre svr la route de
l'expiation. Et, en apprenant ce qu'il advint aux Russes, quelles
furent les causes de leur défaite, on fait involontairement un retour sur
soi-même : on se demande si la marine française aurait été capable
d'un tel effort, d'une tâche aussi gigantesque que celle qui con-
sistait à mener, sans perdre un seul navire, une semblable escadre de
la Baltique dans la mer du Japon, et on n'ose répondre par l'affirmative.
Hélas ! les fautes de nos alliés ont trop souvent été aussi les nôtres, et si
on pouvait espérer savoir profiter de l'expérience d'autriii,on devrait,
pour cela seulement, en mettant à part le puissant intérêt historique
et psychologique de ces pages, être reconnaissant au commandant de
Balincourt d'avoir fait connaître au public français le si remarquable
carnet de notes du capitaine de frégate Sémenoff. J. C. T.
— 159 —
famille impériale, Andronic Comnène, qui apparaît. M. DiehU'appelle
un Don Juan byzantin, et il a raison. S'il est grand capitaine, il est encore
plus grand fanfaron de vice. Savie est un scandale perpétuel, et l'histoire
de ses exploits, malgré la touche déhcate avec lequelle M. Diehl les a ra-
contés, n'est pas peut-être à mettre entre toutes les mains. Car, en
réahté, cette société est très corrompue et les princesses occidentales,
que les nécessités politiques marieront sur le Bosphore, en seront
beaucoup plus les victimes que les sanctificatrices: telle cette pauvre
sœur de Philippe-Auguste, Agnès de France. Et c'est aussi ce qu'a
voulu montrer M. Diehl. Malgré les apparences, l'Occident n'a pas
pénétré l'Orient : il n'a pas insufflé à ce vieux corps la vie nouvelle
d'un sang plus jeune, comme le firent les Barbares au v^ siècle, pas
plus, du reste, que l'Orient n'a profondément pénétré l'Occident,
même après le long séjour des croisés dans l'empire, même malgré les
mariages qui amenèrent en Occident quelques princesses orientales.
Les deux sociétés n'avaient point de terrain commun sur lequel elles
pussent se rencontrer, non pas même la religion, « l'unité » qui seule,
sous la houlette de Pierre, aurait pu, peut-être, fondre ces éléments
divers et en faire surgir un grand peuple et un puissant empire.
A. V.
lia Rénovation de l'empire ottoman, par Paul Imbert.
Paris, Perrin, 1909, in-16 de xvi-311 p., avec 2 cartes. — Prix: 3 fr. 50.
Esprit sage et prudent, l'auteur, qui a de l'Orient une connaissance
approfondie, cherche à déterminer les causes intimes de la révolution
dont les péripéties sont venues surprendre l'Europe en lui montrant
que r « homme malade » sortait do la torpeur où l'avait maintenu la
diplomatie des grandes puissances qui veillaient à son chevet. Dans
ce volume, le lecteur trouvera une étude claire et impartiale dos grandes
questions ottomanes : l'aiïaire de Bagdad, qui met aux prises les con-
voitises internationales; la ligne de Damas à la Mecque, par laquelle
Constantinople n'est plus qu'à trois jours des villes saintes de l'Islam;
le protectorat français d'Orient, d'où dépendent tant de problèmes de
politique intérieure et étrangère; l'histoire duTanzimat et des réformes,
qui retrace les étapes franchies depuis un siècle poar passer de l'absolu-
tisme aux institutions libérales d'aujourd'hui ou de demain; les rela-
tions de la Porte avec les puissances sous le dernier règne, alors que
l'ingérence étrangère était la rançon du despotisme hamidien; enfin les
débuts de la Turquie constitutionnelle, les conflits diplomatiques
récents et les efforts de réorganisation entrepris par les hommes
d'État qui ont en main les destinées de leur pays. C*^ livre instructif
et bien écrit sera consulté avec profit par tous ceux qui cherchent avoir
clair dans les imbroglios de la question d'Orient. P. Pisaxi.
— 160 —
Éluder !»iir les aiiKiurs ■•eliif ieiiseset 9g;ocial«s <ierF.x.trènie-
Orient, par Sir Alfred C. Lyall; trad. de l'anglais. T. II. l^^ et
2" pariies. Paris, Fontomoing, 1908, 1 vol. in-8 de xxxix-o60 et de
485 p. — Prix : 24 fr.
Ces deux importants volumes forment les XVI^ et XVII^ tomes de
la « Bibliothèque de l'histoire du droit et des institutions ». Un autre
-volume du même ouvrage, paru précédemment, est le 3® tome
de la même collection. Dans une Préface qui fait suite à celle de
l'auteur, le traducteur, qui a voulu garder l'anonyme, raille fort
spirituellement ces « jeunes savants » qui étudient le problème religieux
en ayant soin de proclamer bien haut leur « exemption de préjugés »,
et ne réussissent le plus souvent qu'à se rendre ridicules, leur suffi-
sance n'ayant d'égale que leur insuffisance.
Trois parties composent le premier volume. La première conïprehd
trois lettres du brahmane Vamadeo Shastri, lequel n'est autre que
Sir Lyall lui-même, ou plutôt trois études très documentées et fort
intéressantes sur le progrès moral et matériel de l'Inde, le brahma-
nisme et les fondements de la croyance, et sur la situation théologique
de l'Inde. L'auteur fait preuve d'une rare sagacité dans l'étude de
l'âme hindoue, qu'il put d'ailleurs interroger pendant son long séjour
dans l'Inde. Il place sur les lèvres de son brahmane ces paroles qui
résument éloquemment les aspirations de ce peuple essentiellement
religieux : « Nous n'inclinons pas plus que les Eglises chrétiennes à
trouver notre consolation dans les limites de l'expérience sensuelle;
car accepter de pareilles conclusions serait confesser son ignorance
spirituelle, esclavage déshonorant auquel nous nous efforçons toujours
de nous soustraire. » Et plus loin, à propos de ce qu'il appelle la
« synthèse du christianisme orthodoxe », Vamadeo, après avoir reconnu
que « le positivisme moderne ne peut offrir à ses fidèles aucune
espèce d'avenir >, ajoute : « J'accorde que ce système de théologie
autoritaire (le catholicisme) est très raisonnable : il a pour articles
cardinaux la croyance ferme et indubitable à un Dieu personnel,
à la résurrection et à l'immortalité de l'âme; et, comme grand ressort
pour agir, il prône la doctrine des conséquences morales. » Voilà
qui n'est pas pour plaire aux jeunes étourncaux,« dégagés de préjugés »,
dont il est question plus haut.
La seconde partie traite des rapports entre l'Eglise et l'Etat en
Chine. La nature de ces rapports est parfaitement caractérisée dans
ces lignes : « L'État s'interpose, autant que possible, entre le peuple
et ses dieux; l'Empereur prétend être leur « chargé d'affaires»accrédité,
le principal agent et l'intercesseur de son pays auprès des Puissances
suprêmes. » A ce propos, le traducteur rappelle qu'en Europe,
naguère encore, sinon même aujourd'hui, « les princes n'oubliaient
peint de se poser en lieutenants de la divinité, témoin les catéchismes
— 161 —
politiques de Napoléon ler,... do Ferdinand VII d'Espagne,... de
François P"^ d'Autriche ». Il aurait pu ajouter le Kaiser et le Czar
actuels, qui se réclament à tout moment de Dieu dont ils se donnent
pour les sergents, comme eût dit notre grand saint Louis. Il conclut :
« La démocratie française, par son anticléricalisme et surtout par
les principes dont elle l'appuie, travaille donc, avec son habituelle
inconsidération, à perdre l'empire qu'elle rêve d'obtenir sur les
consciences, dont elle ambitionne en secret précisément la soumission
jusque dans le for intérieur où la loi ne peut atteindre. » On ne saurait
mieux dire; mais c'est ce que ne voudra jamais comprendre notre
gouvernement athée.
Dans la troisième partie, l'auteur étudie la Religion naturelle dans
l'Inde; et il en arrive à cette conviction qu' « aucune race humaine n'a
jamais accepté, ce semble, que la mort fût le terme définitif de la per-
sonnalité du défunt ». Les pages consacrées à cette question sont par-
ticulièrement suggestives.
Dans le second volume, M. Lyall traite divers problèmes, fort
intéressants, avec toute l'ampleur désirable. Il s'en prend, pour
commencer, au fameux Rameau rf'or de Frazer; ce système de l'évo-
lution qui devait être la clef de tous les mystères, clef qui se trouve
ne pouvoir ouvrir aucune serrure. Après avoir démontré combien
ce système est peu scientifique, l'auteur continue : « Le Rameau d'or
est d'ailleurs si amusant, souvent même si instructif (il explique
dans quel sens) que j'hésite à pousser trop loin la critique. » Il la pousse
cependant, non pas trop loin, sans doute, mais jusqu'au bout, et ce
pauvre rameau d'or, au sortir de ses mains, n'est plus qu'une brin-
dille desséchée, fragile comme verre. Cette réfutation magistrale forme
le sujet du quatrième chapitre qui se trouve être le premier du
volume. Les chapitres suivants traitent de l'Origine et de l'In-
terprétation des religions primitives, de l'Histoire et de la Fable;
de la Domination européenne et de la Situation politique en Asie. Le
huitième et dernier, intitulé -.Race et Religion, termine ce beau travail,
fruit de patientes et laborieuses recherches, qui témoigne de la haute
valeur intellectuelle et morale de son auteur. A. Roussel.
Un Aventuriei* gascou. I>e Vrai IBaron de Ifiatz. Rectifications
h storiques d'après des documents inédits, pâv Ch.de Batz-Tkenqiiei.lûon.
Bordeaux, Feret; Paris, Mulo, 1908, gr. in-8 de v-61 p. — Prix : 2 fr.
Dans le Polybiblion de septembre 1908 (t. CXIV, p. 256), je parlais
d'un livre récent sur la Vie et les conspirations de Jean Baron de Batz;
et j'estimais cette « figure un peu légendaire ». Je trouvais « peu solide »
le lien qui rattacherait ce personnage au compagnon d'Henri IV
et à d'Artagnan, « un peu louche » la façon dont ce gentilhomme
Août 1909. T. CXVL 11.
— 162 —
« se mêle aux tripotages d'alTaires », enfin « un peu mystérieux »
son lôle de député aux Etats généraux. Je ne saurais regretter mes
réserves, aujomd'hui que M. le baron de Batz-Trenquelléon apporte
toute une série de preuves documentaires afin de réfuter, et qui
réfutent les prétentions de ce personnage énigmatique, afin d'éclairer,
et qui éclairent le rôle infiniment moins chevaleresque, courageux
et loyaliste de ce Jean d'Armanthieu « breveté baron de Batz, en 1776. »
Nous n'entrerons pas ici dans des discussions de famille; il est
au moins singulier que ce soient des membres très authentiques do
la maison de Batz qui aient aidé à rattacher à leur tronc cet aven-
turier que la légende en effet a fait célèbre; M. Charles de Batz,
baron de Tranquelléon, représentant de la branche aînée, proteste et
apporte les raisons de sa protestation.
L'histoire doit enregistrer ce témoignage parce qu'il sert à élucider
le côté mystérieux d'un chapitre de la Révolution. Il s'agit donc ici
de familles « homonymes »; on trouvera dans ces courtes pages la
preuve des « faux » que les généalogistes du Roi, Chérin en tête, ne
voulurent jamais sanctionner ni accepter; des détails sur les agisse-
ments financiers et politiques du « baron de Batz », qui tendent à le
montrer rien m.oins que dévoué au Roi, au contraire en relations
d'affaires lucratives avec ses ennemis, et qui dorment à penser qu'il
n'a jamais tenté de sauver Louis XVI conduit à l'échafaud, ni fait
autre chose que de compromettre Marie-Antoinette à la Concier-
gerie. Les faits précis de sa mort, en 1822, qui ressemble fort à un
suicide, jettent jusqu'à la fin une ombre fâcheuse et un renom mal-
sonnant sur sa personnahté. C'est donc une rectification qui garde toute
sa gravité, et c'est pourquoi il conviendra désormais de placer cette
importante brochure à côté des Irvres de jM. Lenotre et du baron de
Batz. Il devient même douteux que l'ouvrage de ce dernier (^.a Vie
et. les conspirations de Jean de Batz) puisse être continué. G. de G.
\]in flisisioiiuaire aie 93. .Harc-^totoîiie Raudot. par A. Tnr-
MouLiER. Paris, Dorbon aîné, 19u8, in-8 de xvir-l5; p. — Prix; 3 Ir. 50.
Baudot, conventionnel obscur, doit sa notoriété à Quinet, qui Ta
connu et a inséré quelques fragments de lui dans son livre la Révo-
lution. M. Trimoulier, dans son étude biogi'aphique, a voulu le peindre
sous trois aspects, comme homme pohtique, comme « missionnaire »,
comme écrivain.
La vie publique de Baudot a été courte. Elle tient tout entière,
sauf sa « lieutenance de police » en Bretagne pendant les Cent- Jours,
dans les trois années d'existence de la Convention. A l'Assemblée, il
parla et agit peu; mais sa mission en Alsace, accomplie de concert
avec Lacoste, fait pendant et contraste avec celle, bien plus connue, de
I
— 163 — .
Saint-Just et Lebas. M. Trimoulier lui applique sérieusement la qua-
lification donnée ironiquement par Fabry, un royaliste qu'il connaît
bien (p. 32), aux terroristes de toute nuance. Seulement il expose,
sans même recourir aux publications si connues de M. Chu-
quet, son rôle patriotique et se tait absolument sur son rôle « aposto-
lique ». Il paraît avoir ignoré le Recueil de pièces authentiques publié à
Strasbourg, qui lui aurait fourni des renseignements nombreux et précis
sur la part prise par son héros aux délibérations de la Société propagan-
diste de Strasbourg. Il n'a donc pas su le montrer prêchant la « régéné-
ration guillotinière » des Juifs, imposant aux particuliers, malgré un
décret de }a Convention, l'échange de leur, numéraire contre des
assignats, etc. A défaut du recueil cité plus haut, les documents conser-
vés aux Archives nationales lui eussent révélé d'autres détails sembla-
bles. Peut-être y eût-il trouvé le rapport où Baudotestquahfié proprié-
taire de 20 000 hvres de rente et d'un magnifique château (d'Estrée);
ce qui eût dispensé son biographe de vanter sa « noble pauvreté ». Si
seulement il eût feuilleté la notice très substantielle et très complète
pubUée récemment par M. Montarlot dans les Mémoires de la Société
édaenne (d'Autun), il n'eût pas donné prise à la critique par ses
trop nombreuses lacunes et omissions.
D'une façon générale, M. Trimoulier s'est très imparfaitement docu-
menté. L'indispensable Moniteur, quelques histoires très anciennes
de la Révolution (Mignet, Thiers, etc.), les recueils publiés par M.
Aulard, les Notes historiques de Baudot imprimées par les soins de
Mme Quinet (je ne parle pas des Considérations sur la France, par
Joseph de Maistre !) lui ont suffi pour mettre sur pied sa biographie.
Que n'a-t-il au moins essayé, à propos de ces Notes incohérentes, mais
pleines de saveur pour qui veut apprécier la mentalité jacobine, un
travail à la fois critique et synthétique! Mais il s'est borné, de son
propre aveu, à faire « besogne de copiste » (p. 149). L. P.
lia ITIoi't de Piehegi'u. Biville. I^aris. Ije Temple, 1S04,
par Frédéric Barbey. Par;s, Perrin, 1909, in-lG de ii-277 p., avec
5 plans du Temple et 7 gravures hors texte. — Prix : 3 fr. 50.
La mort de Pichegru, il y a là un mystère qui a séduit déjà bien
des écrivains et qui vient de tenter encore le très distingué historien
de M™e Atkyns, M. Frédéric Barbey. 11 l'a abordé dans un élégant
volume plein d'érudition et d'intérêt. Pichegru vivait en An-
gleterre, depuis un certain temps déjà, en relations avec les princes,
lorsqu'il s'aboucha avec Georges Cadoudal, et, pressé par le comte
d'Artois, séduit d'ailleurs par de faux rapports qui lui annonçaient
qu'il y avait à Paris beaucoup de généraux mécontents de Bonaparte,
il se décida à rentrer, en France pour essayer de le renverser. Le
_ 164 —
11 jauvior 1804, il s'embarqua sur un petit, bateau, resta cinq jours sans
pouvoir aborder à cause de l'état de la mer, puis enfin, le 16, débarqua
sur la falaise de Biville, et, après avoir erré quelques jours encore,
arriva le 23 janvier à Paris. Il n'y resta pas longtemps tranquille.
Dès le 28 janvier, un chouan menacé d'être fusillé, Querelle, avait
dénoncé le complot de Cadoudal. Quelques jours après, un autre
conjuré. Bouvet de Lozier, révélait la présence de Pichegru dans
la capitale. Toute la police fut sur pied. Les portes de Paris furent
fermées, des perquisitions furent faites de tous côtés; on saisit un
certain nombre de conspirateurs, et, pour les forcer à parler, on emploj^a
les procédés les plus cruels; on ressuscita même la torture. Pichegru,
traqué de toutes parts, changeant sans- cesse d'asile, et ne sachant
plus où se réfugier, — car on n'osait pas le recevoir, dans la crainte
de se compromettre, — tomba dans le piège que lui tendit un mouchard
nommé Leblanc ou Blanc. Ce misérable, feignant d'être tout dévoué
au général, lui offrit de le recevoir dans son appartement de la rue
de Chabannais, et, dès qu'il y fut, s'empressa d'aller prévenir la
police. Les agents accouiurent, enfoncèrent la porte, se jetèrent sur
Pichegru, qui tenta vainement de se défendre, le maltraitèrent odieu-
sement, le ligotèren.t et le conduisirent au Temple. C'était le 28 février.
Le général fut incarcéré dans un cachot du rez-de-chaussée, où il ue
voyait personne que le conseiller Real qui venait l'interroger, ou
le porte-clefs Popon et les deux gendarmes qui le gardaient et le
surveillaient lorsqu'il se promenait dans un étroit préau. Pour se
distraire, il avait demandé qu'on lui achetât les œuvres de Sénèque.
Un matin, le 6 avTil, Popon, entrant chez le prisonnier à sept heures
pour allumer son feu, comme d'habitude, le trouva immobile. Effrayé,
il alla prévenir le concierge; puis tous deux coururent chez le juge
Thuriot qui envoya le commissaire de police Dusser, et celui-ci constata
que le général était étranglé au moyen d'un petit morceau de bois,
de quarante- cinq centimètres environ, passé dans sa cravate et qui
avait servi à la tordre. Les médecins conclurent au suicide. C'est
aussi la conclusion de M. Barbey.
Un dernier point reste à éclaircir,et la question a été très nettement
posée par M. Daudet dans ses Récits des temps révolutionnaires :
Comment un homme, affaibli par l'effort même qu'il a fait pour
se détruire, a-t-il pu imprimer et maintenir à un morceau de bois
une impulsion assez prolongée pour se donner la mort?
Une très curieuse cai'icature du temps, que M. .Barbey a eu l'heu-
reuse idée de reproduire avec des portraits de Pichegru et des plans
du Temple inédits, représente la scène; mais elle a été saisie par la
police sous l'inculpation de lèse-Majesté.
Max. de la Rociieterie.
— 165 —
lie Comte Josegili de IVInistre et «i^a famille. Études et portraits
politiques et littéraires, par M. de Lescure. Nouvelle édition. Paris,
Téqui, 1908, in-12 de 442 p. — Prix : 3 fr. 50.
Ce volume n'est qu'une nouvelle édition, ou plutôt un nouveau
tirage d'un livre déjà ancien, publié avant Its beaux ouvrages de
M. François Descostes, qui ont, sinon renouvelé, du moins com-
plété dans une large mesure la biographie de Joseph de Maistre. Mais
comme il dit on somme l'essentiel sur de Maistre, et qu'il nous fait fort
bien connaître les divers côtés de cette si attachante physionomie, le
magistrat, l'homme d'État, l'écrivain, l'homme, le père, le philosophe,
le grand chrétien, il reste encore fort intéressant à lire. La correspon-
dance de famille de Joseph de Maistre y est surtout longuement
analysée et citée, et le chapitre où sont rassemblées ses plus belles
lettres à ses filles peut passer pour un admirable traité de pédagogie
chrétienne. Il est impossible de montrer à la fois plus d'esprit, plus
de bon sens que ce père qui, de loin, séparé des siens par les événements
et comme exilé de sa famille, s'epplique avec un soin si jaloux- à
assurer par ses conseils la bonne formation intellectuelle et morale de
ses filles. Pour ce chapitre seul, le livre mériterait d'être lu et relu,
puisqu'il nous épargne la peine de faire un choix dans cette corres-
pondance immortelle, qui suffirait à mettre Joseph de Maistre à la
première place des grands écrivains français. On y trouve comme la
substance et le meilleur de ce grand esprit et de ce grand cœur.
Les autres chapitres d'ailleurs sont aussi pleins d'intérêt, et résu-
ment parfaitement et la vie et les œuvres de Joseph de Maistre.
M. de Lescure, écrivain consciencieux, s'est tiré de sa tâche de
biographe et d'analyste avec un vrai talent. Son livre ne saurait rem-
placer, bien entendu, les œuvres de Joseph de Maistre, mais il incitera
à faire plus ample connaissance avec elles et il aidera à en tirer un
meilleur profit.
Je crains que les épreuves n'en aient pas été corrigées avec assez
de soin, car j'ai relevé au passage quelques fautes qui rendent cer-
taines phrases incompréhensibles. - C'est peu do chose sans doute,
mais assez pourtant pour gêner un lecteur peu expérimenté dans la
lecture de ce livre excellent. Edouard Pontal.
lie Komaii de liamnrtiaie, par Léon Séché. Paris, Fayard, s. d.,
in-16de-2><2p.,avecgrav.et fac-similé d'écriture —Prix cartonné: Ifr. 35.
Nous en sommes à la littérature à bon marché. Pour la collection
Les Livres nouveaux, M. Léon Séché, ayant entremêlé aux pages de
Raphaël, qui lui semblaient le plus près de la vérité (et je pense, moi,
qu'il y a encore dans celles-ci bien du romantisme), les parties de la
correspondance avec Vignet et Virieu et M'^^ de Canonge se référant
— 166 —
à l'élégiaque idylle d'Aix-les Bains, les renseignements sur M™e
Charles fournis par la plaquette de M. Anatole France, les lettres
brûlantes d'Elvire publiées par M. Doumic, et les quelques documents
sur Julie Bouchaud dos Hérettes (M™® Charles), trouvés par lui-même,
dont il avait fait état dans sa compilation ?,\xf Lamartine de 1816 à 1830,
ayant grapillé en même temps quelques médiocres images d'Aix-les-
Bains, de Servolex, du Grand Lemps, des Charmettes, de Milly, etc.,
s'est trouvé avoir composé facilement et à peu de frais le Roman de
Lamartine. 11 n'y a rien en tout cela de neuf et le travail n'est pas
plus distingué que le papier du volume. Mais aussi cela ne coûte que
vingt-sept sous; et dans vulgarisation il y a vulgaire...
Si je blâme, d'ailleurs, M. Séché de faire beaucoup trop ses livres
avec ceux des autres, et d'avoir, en l'espèce, pour corser son « roman »,
semblé prendre -au sérieux et pris à son compte les invraisemblables
épisodes dont Lamartine avait dramatisé le sien —telle, la fantastique
aventure du naufrage sur le lac du Bourget, et la nuit à Hautecombe
et les promenades sentimentales à Meudon, etc., etc., — je lui donne,
une fois de plus, mon suffrage pour maintenir contre de redoutables
contradicteurs sa thèse : que l'amour de l'auteur du Crucifix pour
la malade et mourante M"^*^ Charles fut très ardent, assez fou,
et par conséquent coupable, mais que, pour une raison ou pour une
autre, raison morale ou raison de santé, il demeura pur. Les quelques
textes un peu équivoques qu'on a jusqu'ici allégués de l'autre côté
de la barre peuvent tous s'interpréter en ce sens. Ils ne sauraient
donc prévaloir contre les affirmations très nettes que Lamartine, en
sa vieillesse, a plusieurs fois répétées (et j'en connais au moins une
qui a échappé à M. Séché) et contre le caractère élevé, fier et pieux
du culte dont il entoura la mémoire d'Elvire. Gabriel Audiat.
lie Comte ^V. de Ifléradc (BSlft-i9t>ô), par Al. Esiignard.
Besançon, Jacquin; Paris, Cham|àon, 1909, in-8 de 258 p., avec
2 portraits et 2 planches.^ — Prix : 6 fr. ^ ^ ^__^i -^ _ ^
i)iv'^rs écrivains et artistes friinc-comtois de marque ont fait l'objet
d'études intéressantes de la part de M. Alexandre Estignard. En leur
temps, il en a été question ici même. Aujouj'd'hui,il nous donne sur le
comte \Verner de Alérode un livre de réelle valeur.
fssu d'un père dont la famille est illustre entre les plus illustres de la
Belgique et d'une mère franc-comtoise, fille du marquis de Grammont,
le comte Werner de Mérode naquit, le 13 janvier 1816, au clâteau
do Villersexel, devenu célèbre depuis la bataille qui se livra en ce lieu
pondant l'Année terrible.
>L P^stignard jette d'abord un coup d'œil sur la famille de Mérode,
i1<mt il esquisse le rôle prépondérant dans le mouvement national qui,
— 167 —
en 1830, affranchit la Belgique de la domination des Pays-Bas. Puis,
aussi brièvement, il résume les jeunes années de son héros, qui entre
dans la vie publique à Tàgo de trente ans, c'est-à-dire en 1846. A cette
date, le canton do Maîche, dans le Doubs, le désigne pour son représen-
tant au conseil général du département, où il devait siège? près d'un
demi-siècle, et l'arrondissement de Montbéliard l'envoie à la Chambre
des députés.
Survient la révolution de 18^*8. Lorsque la fugitive Assemblée cons-
tituante eut fait place à l'Assemblée législative (18^i9), le comte de
iMérode, élu dans le Nord, se signala par son attitude résolument ca-
tholique. Aux élections de 1852 (Corps législatif), il fut réélu, aune
énorme majorité, dans le même département, comme candidat indé-
pendant; mais, le 27 février 18r)3, il donna sa démission de député par
une lettre au président Billault, où il déclarait considérer « comme
de sa dignité de ne plus siéger dans une Assemblée à laquelle on refuse
tous pouvoirs, » protestant en outre contre la spoliation dont lesprin-
ces d'<)rléans venaient, d'être victimes.
Candidat de l'opposition, en 186.3, il ôchoua dans le département
du Doubs, et de nouveau en 1860, par suite des plus détestables ma-
chinations.
Bientôt la guerre éclate entre la France, la Prusse et les Etats alle-
mands confédérés. L'auteur résume en quelques pages la situation, de
la Franche-Comté à cette époque néfaste et le rôle joué à Besançon par
le comte de Mérodc. Devenu membre de l'Assemblée nationale en 1871,
puis sénateur du Doubs en 1S76, M. de Mérode ne fut pas réélu en 1885
parce que — l'auteur indique comment — « la partiesejouaitaveodes
cartes bisautées ». Pendant toute la durée de se« mandats, le comte de
Mérode ne cessa pas un seul instant de défendre l'Église et de flageller
les excès ou les turpitudes sans nombre du régime anticatholique que
la Franco subissait déjà.
« En mai 1889, raconte M. Estignard, lodépartement du Doubs fut
appelé à élire un sénateur. Tous les modérés, tous les indépendants
se réunirent sur le nom du comte de Mérode. Son passé, sa haute si-
tuation, son patriotisme, l'intérêt et le dévouement qu'il avait toujours
témoignés aux campagnes, en faisaient un candidat hors Hgne devant
lequel devaient s'incliner respectueusement ceux-là mêmes qui au-
raient eu la pensée de faire valoir k'urs droits. » Or, les électeurs, pas
fiers, en vérité, lui préférèrent « un ancien thu rif éraire du régime impérial,
ancien gratte-papier à lapréfecture du Doubs sous l'Empire, adversaire
ardent des catholiques». Mais, qnoiqueexcln. des Assembléeslégislatives,
M. de Mérode était trop bon Français, trop combatif par tempérament,
pour se désintéresser de nos luttes politiques; il le prouva par de nom-
breux articles qu'il publia alors, tous marqués au coin du bon sens
— 168 —
ot de la clair voyanco. Ses fâchousos prévisions nous apparaissent
aujourd'hui comme de véritables prophéties.
Et maintenant, voici: en quels termes M. A. Estignard caractérise
l'émincntc personnalité dont il s'est fait le biographe très informé :
(( En toute occasion, dans l'assemblée départementale comme dans les
Chambres, le comte de Mérode s'est élevé contre l'arbitraire, a pris
la défense des persécutés, des humbles religieux, des malheureux ha-
bitants des campagnes, dos hommes de désintéressement et d'intégrité
qui ont honoré la magistrature, et ont noblement refusé d'abaisser leur
conscience aux caprices de l'injustice et de l'iniquité triomphante.
Quand l'erreur, sous mille formes diverses, s'est produite de toutes
parts et au grand jour, il n'a pas hésité à affirmer le droit et la vérité,
et à opposer à l'audace du mal la probité et l'honneur ».
Assurément, nous sommes là en présence d'une biographie, et d'une
biographie excellente; mais il y a plus, sinon mieux : ce volume, qui
affecte parfois des allures d'impitoyable réquisitoire contre les choses
et contre certains hommes, o lire aussi une vue d'ensemble, en raccourci,
pourrais-je dire, et donc nette et précise, sur la période de notre
histoire qui va de 18'i8 à 1900, laquelle manque de réconfort. C'est une
raison pour que je m'associe de tout cœ\u' à cette pensée, à cette affir-
mation consolante qui termine l'ouvrage documenté de M. A. Esti-
gnard : « Malgré les anarchies contemporaines, malgré les persé-
cutions, la tyrannie et l'arbitraire, la patrie à laquelle il (le comte de
Mérode) a donné tout son dévouement, la vertu dont il a fait la régie
de sa conduite, la liberté et la religion qu'il a toujours défendues, sont
immortelles. )) E.-A. Chapuis.
Souvenirs, 1 S'iS-tOOT, parla princesse de Sayn-Wittgenstein.
Paris, Lethielleux, s. d. (1909), petit in-S de 182 p. — Prix : 3 fr. 50.
Dans une causerie aimable, avec le ton charmant et détaché d'une
très grande dame qu'elle est, la princesse de Sayn recueille quelques
souvenirs de sa longue vie, retrace quelques portraits des personnages
dans l'intimité desquels elle a vécu. C'est d'abord à la Cjur de Russie,
en la dernière année du règne de l'empereur Alexandre I*^'"; de Pé-
tersbourg, elle passe à Berlin où elle nous montre les princes et
princesses, surtout Frédéric-Guillaume IV; puis elle arrive à Paris,
éternellement le centre des élégances et de l'agitation : c'est pour
assister à la révolution de février. Du cercle intime de ses relations
personnelles, la princesse nous fait gracieusement les honneurs :
l'élite intellectuelle et l'élite morale : Montalembert, Mgr Dupanloup,
tout le faubourg Saint-Germain. L'admiration sans réserve qu'elle
porte à l'évêque d'Orléans la rend même injuste pour ceux qui ne
partagent pas sa manière de voir : ainsi elle trace sur Louis Veuillot,
— 169 —
sans ù-propos, iiiio page aussi inutile ((u"iujustv! <■[, inexacte. Elle
se plaisait à ofTrii' à ses amis une hospitalité pleine d'une délicatesse
extrême, seit au château de Sayn, soit à la villa délicieuse (et bien
nommée) de Monahri sur le lac de Genève. C'est là qu'elle recevait
chaque année M^^ Graven, Pauline de la Ferronnays, — et, sur
cette femme d'une si rare culture et d'un esprit si séduisant, la prin-
cesse écrit des lignes pleines d'émotion. Elle s'émeut également
au souvenir des malheurs de la guerre de 1870, pendant laquelle elle
prodigua des secours à nos blessés. Toutes ces réminiscences sont
un peu futigitives, toujours aimables, et paraissent trop courtes
au lecteur, qui y trouve l'attrait d'une élégante conversation. G.
Éronomie de l'Iiistoire. 'i'Iiéorie «le l'évolution, par G. de
MoLiNARi. Pans, Alcan, iy08, inl6 de 259 p.— Prix : 3 Ir, 50
M. de Molinari est l'un des chefs et des vétérans de l'écolii dite
classique ou libérale en économie politique. On ne peut qu'admirer la
vigueur de son talent et la fécondité de sa verte vieillesse. Le livre que
nous avons sous les yeux: Economie de l'histoire. Théorie de révolution,
est un essai d'application de la science économique à la science histori-
que et à la science politique, d'où résulterait une philosophie explica-
tive du passé, directrice du présent et de l'avenir. Il est ainsi divisé
Chapitre I. Les Lois naturelles. Le gouvernement des espèces infé-
rieures. II. Temps primitifs. III. L'Agriculture. La fondation des
États. IV. Progrès déterminés par la fondation des États. V. L'Es-
clavage. Le servage. La sujétion. VI. La Concurrence politique et
ses effets. Féodalité et Unité. Progrès du matériel de guerre. VII. Le
Monopole. La concurrence productive ou économique. VIII. Con-
séquences de l'unification de l'État. IX. La Révolution française. X.
Le Nouveau Régime, les constitutions. XL La Grande Industrie. XII.
La Crise. XIII. Risques de décadence et chances de progrès. — Fidèle
à l'esprit dominateur de Turgot, l'un de ses maîtres de prédilection,
M. de Molinari a dans la science qu'il cultive une telle foi qu'il en fait
la reine et l'institutrice de toutes les autres, qu'il plie, bon gré, mal
gré, sans toujours en bien posséder les données exactes, aux conclusions
déduites de ses études spéciales. Théologie, philosophie, histoire re-
ligieuse, sociale, politique, voire histoire naturelle, il faut que tout
s'exp'lique par V échange^ le monopole et la concurrence. Cette préoccu-
pation le conduit à des assertions extraordinaires et, nous reg>'ettons
de le constater, tout à fait hétérodoxes. C'est ainsi que M. de Molinari
est polygéniste (p. 29); qu'il déclare « morales » à une certaine époque,
parce qu'alors elles étaient « utiles »,des coutumes telles que « l'immo-
lation des vieillards et l'infanticide » (p. 44); qu'il justifie pour la même
raison l'esclavage (p. 62); qu'il rapproche le baptême chrétien de la
— 170 —
coutume Spartiate de plonger les nouveau-nés dans TEurotas (p. 72);
qu'il présente un tableau historiquement faux de l'invasion germanique
du cinquième siècle (p. 116) et en déduit, par suite, des vues erronées
sur l'ensemble de notre histoire. Toujours obsédé par la fixité d'une
thèse poussée à bout, il en vient à de prodigieuses erreurs de fiiit : à
écrire, par exemple, que l'Église, « après avoir refusé de sanctionner
le second mariage de Philippe-Auguste, sanctionna les adultères
de Louis XIV » (p. 158). Absorbé par ses études économiques, M. de
Molinari n'a évidemment jamais lu ni Bourdaloue, ni M"^" ^q Sévigné
sur tel sermon de Bourdaloue, prononcé en face de Louis XIV. —
Par contre, là où les théories économiques du savant auteur sont
en réalité d'accord soit avec les faits, soit avec les données certaines
ou probables des autres sciences, son livre renferme des explications,
des remarques, des vues ingénieuses et, comme l'on dit, suggestives.
Telles sont ses observations sur la nécessité sociale du sentiment reli-
gieux (p. 80), sur la substitution du servage à l'esclavage (p. 91), sur Rome
et l'empire romain (p. 111 et suiv.), sur le régime féodal (p. 117), sur
les armes de guerre et les armées (p. 120 et suiv.), sur les foires (p. 136-
137), sur la crise révolutionnaire (p. 170-171), sur l'armée de l'ancien
régime (p. 172), transformée par cette crise en «ateher national» (p. 173),
attendu que la guerre était devenue « la plus productive des industries »
(p. 174), sur l'œuvre de Napoléon (p. 175), etc. — Le livre de M. de Moli-
nari est l'œuvre d'un esprit vigoureux, égaré par des partis pris de
spécialiste et des notions erronées ou incomplètes sur las sciences
autres que la sienne. C'est un mélange de bon et de mauvais, de
vrai et de faux. Il n'est pas à recommander, mais il n'est pas à néghger
non plus. M. S.
CORRESPONDANCE
Nous recevons de M. l'abbé Emmanuel Barbier la lettre ci-après
que nous insérons, bien qu'elle excède les proportions fixées par
la loi :
Le 7 août 1909.
NJonsieur,
Le PohjhibUon (T. GXVI, juillet 1909, p. 78) a inséré, sous la plu ne de
M. le «liaiioiiie Pisani, professeur à l'Iuslitut calholique de Paris, le compte
rendu suivaut :
« La Oi-fs« infini*^ de i'Kgit>ie d«- }Pft\nac Les Prêtres démocrates^
<■<■ Le Sillon. Les Hypercritiques, par Emmanuel Barbier. Paris, Lethiel-
« leux, s. d., in- 12 de 123 p. — Prix : 0 fr.60.
« Qu<i i)Piiseiait-on d'iui soldat qui, au cours de la bataille, tirerait sur
« ses propres compajiuoiis d'arm» s, sous prétexte qu'ils ne suivent p.is la
« même lactique que lui? L'euueiui de M. Barbier, ce n'e t pas k- franc-
« mdçon, le blocari^ mais le cailiolique, le prêtre surtout, qui n'a pas
— 171 —
.< aflopté toutes ses rancunes, qui n'a pas énousé toutes ses querelles, et
« dont l'orihofloxie n'est pas Hentique à celle qu'a définie M. Barbier. Si
« l'Étrlise jouissait de la paix, ces tournois ne seraient qu'oiseux, mais
« que'le faute à l'heure présente! p. Pisani. »
Or, cette brochure n'est pas de moi. mais de M. l'abbé Paui Barbier, curé
(le Beautrency (Loirel).
Loin même d'avoir quelque rpssemblance avec mes ouvra^res, elle n'est
autre '-hose qu'un chdlenrt-ux plaidoyer en faveur des prêtres démocrates
du Sillon et des hypercritiqu' 3. La conclusion de cette troisième partie est
celle-ci : 'V n'est donc pas vrai que les bypercritiques fassent courir un
danger à la foi.
Il est donc clair, tout, d'abord, que M. le chanoine Pisaui n'a pas ouvert
une patTM du livre dont il a fait ce compte rendu. C'est regrettable pour son
honriêt^'té.
Mais c'est bien de moi qu'il a voulu parler. Avec quel heureux à-pronos
il l'a fait, or, il -n po irra juger lui-mè ne, vos lecteurs au^^si ; je n'aurai pas
la frnauté d'y insister.
Négligeant ce détail, et laissant de côté toute question personnelle pour
ne retenir que le fond, je me permettrai de dire qu'un tel j igpinent. dans
la bouche d'un professeur de nos Instituts catholiques et d'un homme
aussi instruit que M. le chanoine l'isani, est vraiment éirang-, contraire à
tout ce que nous appr» ud l'histoire de l'Église, et, pour tout dire, frappé
au coin du libéralisme moderniste. Je me tiens â la disposition de
M. Pisaui nour le démontrer.
La brochure qu'il commet la méprise de m'attribuer peut d'ailleurs nous
servir ici d'exemple. C'est moi, qui, le premier, en ai dénoncé les témérités,
d'abord par une lettre publique dans la pr« sse, puis dans mon ouvrage :
Ls Déniocv'iies chrétiens et le Modetni^me. M. Pisiani n'a sans doute pas plus
lu mes livres que ceux de mon homonyme ; c'est ce qui explique la con-
fusion qu'il a faite. Il me semble que l'encyclique P'mcevdi a donné assez
hautement rai>on à ma protestation contre les conclusions de celni-ci au
sujet de l'hypercritisme, de même que le Décret du Saint-Oltice contre
MM. les abl)es Naudet et Dabry, et les désaveux infligés au Siltoti par le
( Pape et les Évêqnes, confirment ce que j'^i écrit, sur les prêtres démocrates
et le Sill-m. C'est qu'il y a des règles (\''ortlindoxie, un sens de i^onhndoxie,
qui guident sûrement le critiijue catholique, lorsqu'il a soin d'y chercher
tout son appui. Il ne les «i définit » pas de sa propre autorité, il les applique.
M. Pisimi en neglige-l-il l'existence ? Ou bien, s'est-il mis, par la connais-
sanc- de mes ouvrages, en tiiesure de montrer que je m'en écarte et de
détruire l'accord, ju.squ'ici bien apparent, entre mes criiiques et les
décisions du Saint-Siège?
Si non, que veut-il direquisoitdignede lui etconforme à l'espritde l'Église?
Aussi ne puis-je vous cacher, Monsieur le Directeur, que même en faisant
abstraction d'une attaque personnelle aussi vive, et aussi pitoyablement
jusliQ 'e, j'ai éprouvé un sentiment pénible en voyant, de telles idées
énoncées dans une revue coin.nx'i I'j PolijhibHon, que nous aimions à
considérer comme auimie du véricible esprit citliolique.
(^jnfidut dans votre équité et dans votre courtoisie, mais également
aippuyé sur le droit le plus incontestable, je me permets de vous demander
l.'iiist-nion intégral-^ d-- ma lettre dans votre plus prochain numéro.
Recevez, Monsieur le Directeur, l'express^ion de mes sentiments respec-
tueux et distingués. L'abbé Emm;\nuel Bakeibr.
— 172 —
M. l'abbé Pisani, à (jiii nous avoiis coinïnniiiqui'' la lettre ci-dessus,
nous adresse la n'^ponse suivante :
Le lu août 1909.
ChfT Monsieur,
La lettre que vous me communiquez relève une erreur toute nnatérielie,
mais infini lient regrettable; il convient de la réparer en priant M. l'abbé
Barbier (Emmanuel) de recevoir nos excuses. Le voici donc liors de cause.
Mais est-ce à dire que je doive modifier quelque chose des conclusions
d'ordre tout général que m'avait inspirées la lecture du livre eu question?
N'avous-nous pas le <1roii, et môme le devoir, de déplorer rémietiement
des forces catholiques? Qu'en des temps moins tourmentés il y ait parmi
nous des querelles d'école, et même des rivalités de personnes, ou peut
soutenir que cela a pu avoir une influence utile sur la maturation de
certaines idées. Mais aujourd'hui! n'avons-nous pas mieux à faire que de
nous passionner pour des controverses byzantines, alors que nous devrions
serrer les rangs autour de nos évèques, groupes eux-mêmes sous la main
du Pape? C'est d'eux que nous devons recevoir la direction, et nous renver-
serions les rôles si nous allions leur donner des conseils qu'ils ne nous
demandent pas, parce que, mieux que nous, ils savent ce qu'ils ont à faire.
C'est ce que je me suis toujours efforce de recommander, sans que la Con-
grégation de l'Index ait eu bes .in de me remettre dans mon cbemin.
Recevez l'expression de mes sentiments très dévoués.
P. PlSANl.
BULLETIN
La Question des miia^lonB. le» Doléunce» d'un vieux nil»«ionnaii>e
suf- le» Ti-ibiil»lioiiP. d'un virox <-li;ino n ••, par le R. P DaMERVALî
S. J. Paris et Tournai, Casterman, 1909, in-8 de 86 p. — Prix: 1 fr.
Après les articles du P. Brou et du P. de la Servière, voici J'œuvre
posthume d'un missionnaire de Chine, mort à Pékin l'an dernier, q; i, à
Son tour, élevait la voix et formulait une protestation attristée contre les
critiques lancées, un peu à la légère, disons-le, contre les méthodes d'a-
postolat pratiquées en Extrême-Orient. Très digne et très modérée de
ton, cette réfutation va, semble t-il, clore définitivement un pénible
débat. — Q loi ! le chanoine Joly va renoncer à la lutte? Il ne publiera
plus ces volumes pétillanls de verve où il défendait et renouvelait ses
critiq les? Non, le chanoine Joly ne répondra pas, car il est mo''t le
7 juillet dernier, mort à 62 ans, ce qui est la fleur de Tàge pour un
chanoine. C'était un homme de foi, d'esprit et de cœur, habituellement
modeste j.usqu'au scrupule, redoutant les honneurs et les responsabi'ités;
bien qu'il ne fût pas riche, tant s'en fa..t, il donnait généreusement,
même pour la Propagation de la Foi; c'était un ami sûr et un prêtre
édifiant, qui ne m'avait pas gai dé longtemps rancune de certaine bou-
tade dont les lecteurs du Polybiblion ont peut-être conservé le souvenir*
Bref, c'était un saint homme; seulement il avait un gros défaut (ne doit-
on pas la vérité aux morts?) : il était un peu entêté et tenait ferme à
ses idées, notamment à propos de l'évangéiisation des Orientaux.
P. PiSAM.
— 17.} —
l^c« Croyances pnpulali-es. 1'** série. VIL l.a Survie dtîs onibi'es,
par Élie Reclus. Paris, Giard et Brière, 1908, in-8 de xxviii-279 p.
— Prix : 5 fr.
Ce volume forme la première série des Croyances populaires et se com-
pose de leçons sur l'histoiie des religions, professées à l'Université nou-
velle de Bruxelles. II se rattache aux études économiques et sociales pu-
bliées avec le concours du Collège libre des sciences sociales. M. Maurice
Vernes, directeur de l'École pratique des hautes études, section des sciences
religieuses, en a écrit l'Avant-propos.
La lecture de ce livre est stupéfiante. On se demande comment un homme
qui passait pour sérieux a pu écrire de pareilles inepties, comment une
Université, si « nouvelle » qu'elle soit, a voulu les patronner et un directeur
d'études les publier. Vaste amas d'insanités séniles, ramassées dans tous
les coins, j'allais dire à toutes les bornes, ces pages donnent l'impression
d'un Voltaire en sous-ordre qui, à l'instar de son modèle et suivant une
expression de celui-ci, « un pied dans la tombe, de l'autre ferait dfs gam-
bades. » On peut s'amuser un instant à ce radotage, mais on regrette qu'il
se présente sous le couvert d'un nom justement respecté, que rien ni
personne n'obligeait à ridiculiser. L'auteur est le frère d'Elisée et d'Onésime
Reclus, les éminents géographes que l'on sait. La science n'a rien à voir
absolument dans ce ramas d'élucubrations où l'ineptie le dispute à l'im-
piété. De pareils livres portent avec eux leur châtiment.
A. Roussel.
Lee Iflées» inoi-ales Ue Cli»te:>ubri»nd, pai" MAURICE SOURIAU. PafiS,
Bioud, 1909, in-12 de 94 p. (Collection Science et Religion.) — Prix :
0 fr 60.
Lee. f(l«'e« morales de l.aniartlne. X^V JeAN DES COGNETS. Même
librairie, 1909, in-12 de 63 p. (Même collection.) — Prix : 0 fr. 60.
Nicole i,e r^i-i»me. De» i><>niiits «i.-s :;eiis «le i>«cn. eic I ntroduc-
tion par Henri Brémond. Même librairie, 1909, in-12 de 70 p. (Même
collection). — Prix : 0 fr. 60.
Si j'ai réimi ces trois petits livres dans un seul article, c'est qu'ils appar-
tiennent tous les trois à la même collection, celle qui a commencé sous
le titre Science et Religion, et qui se subdivise aujourd'hui, à raison de
l'extension qu'elle a prise, en diverses séries, dont les séries Philosophes
et Penseurs et Chefs-d'œuvre de la littérature religieuse ne sont pas les moins
intéressantes.
Ai-je besoin de dire que le volume sur Chateaubriand est très bien fait :
le nom de l'auteur en est un sûr garant. Ce n'est pas, d'ailleurs, le simple
exposé des Idées morales de Chateaubriand, m.ais vraiment une analyse
complète de ses œuvres, sauf pourtant de ses œuvres historiques, dont
il n'est à peu près pas question ici. Mais le reste, c'est-à-dire les œuvres où
s'expriment le mieux les idées morales de Chateaubriand, sont analysées de
façon intéressante et judicieuse. C'est en somme une charmante histoire
de Chateaubriand, et qui, bien qu'elle nous le montre par l'envers, — ce
qui est le droit et même le devoir de l'historien, — ne nous en fait que
mieux comprendre « les vraies beautés de son œuvre et la vraie grandeur
de sa vie ».
— Bien fait aussi, mais conçu sur un plan moins vaste, le livie de M. Jean
des Cognets sur Lamartine. La vie de Lamartine n'y est pas racontée;
l'auteur se borne à extraire de ses œuvres ^ qu'il pense de Dieu, d'i Pro-
blème du mal, de la Souffrance, de la Prière, de la Charité, du Pardon des injures ,
— 174 —
du Devoir social, de V Amour de la vie, de la Confiance dans la mort et de
VEspnir de la vie étermlle, et il en conclut que la mornle de Lamartine est
incomplète, tout juste chrétienne mais non pas catholique, et en somme
que, dénuée d'obligation et de sanction, elle reste assez imprécise. Pourtant
elle est de nature à élever les âmes par-dessus les soucis matériels, jusqu'aux
désirs éternels et jusqu'à Dieu. Nous croyons que c'est assez exact, mais
que Lamartine a été plus chrétien dans sa vie que dans la plupart de ses
œuvres, et que c'est là peut-être qu'on verrait mieux les idées morales
qui ont orienté sa destinée et marqué surtout ses derniers jours. L'auteur
ne l'a pas du reste tout à fait oublié, puisque c'est à la longue agonie de
Lamartine qu'il demande la leçon d'énergie morale qu'il n'a pas trouvée
dans ses oeuvres.
— Le volume sur Nicole comprend d'abord une Introduction de M. Henri
Brénond, agréable et pénétrante, mais exagérant un peu, je crois, le
mérite de Nicole. Après l'Introduction, viennent des extraits de Nicole,
gro ipés sous ces titres : Le Prisne; Des Défauts des gens de bien; Des Moyens
de p") filer des mauvais sermons; Pensées sur divers sujets de morale; Lettres
choisie'!. C3S titres sont, bien entendu, sauf le dernier, empruntés à Nicole
lui- ne ne et indiquent l'origine des extraits. Il faut renercier M. Henri Bré-
mond de mettre à notre disposition ce choix jaiicieut de morceaux:, les
œuvres de Nicole n'étant pas à la portée de tous. M'°- de Sévigné adorait
Nicole : c'est une bonne recommandation. Edouard Pontal.
L.'RvoMit<on du ma-is»:eo, par Paul Abram. Paris, Sansot, 1908, in-16
de xx-225 p. — Prix: 3 fr. 50.
Le Tout-Israël des nouvelles couches évolua dans ces pages où s'étale
avec impudence le programme de la société domestique rêvée par les
pionniers de l'immoralité ofTioielIe. M. Naquet, M. Blum, M. Cr^n-ieu,
apportent tour à tour à la thèse de M. Abram l'autorité de leur témoignage
et de leur mentalité bien traditionnellement française. Pour lui, « l'irritante
question du mariage » mérite une solution d'autant plus radicale et urgente,
que cette institution surannée est demeurée empreinte de « concepts auto-
cratiques et religieux ». Notre système matrimonial est une démarque du
mariage chrétien, une persévérance attardée du droit canonique qu'il
importe de transformer au plus tôt. Après un aperçu historique du mariage
dans l'antiquité et le christianisme, agrémenté d'une anthologie des auteurs
qui en ont fait les plus virulentes satires, l'auteur indique d'abord dans le
divorce le moyen de pousser à la liberté des unions, puis décrit avec un
zèltî d'apôtre enthousiaste les phases de la campagne actuelle où se ren-
contre M. Paul Bourget, champion de la morale tradi-tionnelle, en face des
frères Margueritte, de M^^ Ellen Key et de M. Paul Adam. Il termine par
l'exposé de son système, en préconisant la destruction de l'idée du lien
conjugal créé par la civilisation chrétienne, et la réduction du mariage
civil au rôle de simple contrat privé. En effet, si l'union libre est aux yeux
de M. Abram « un beau rêve au point de vue philosophique», il consent
pourtant à ne pas la trouver compatible avec une société comme la nôtre.
— Cet ouvrage, qui décèle un manque de maturité et une absence de tact évi-
dents, constitue néanmoins un document significatif pour l'étude de la
formidable dépression morale accusée par notre société contemporaine,
et fournit de tristes indications sur l'origine et les procédés de diffusion de
la corruption générale que nous déplorons. G. Pertes.
— 175 —
Ver» mnémoteclinifiues. 500 dates historiques, avec légendes, anecdotes
et récits, par D.-Cn. Cellier. Paris, Dujarric, s. d., in-18de xi-3'i2 p.
Cette façon d'apprendre l'histoire n'est pas neuve : elle consiste à donner
aux lettres de l'alphabet la valeur d'un chiffre, et puis à résumer les prin-
cipaux événements de l'histoire en un vers dont les trois dernières con-
sonnes sonnantes correspondent aux chiffres mêmes formant la date de
l'événement. Quand la date comprend plus de trois chiffres, on ajoute un
1 devant.
Voici pour la mort de Victor Hugo :
Le vers d'Hugo toujours comme un flot d'or /-e/uit.
Les trois consonnes sonnantes sont r, r, l, qui correspondent aux chiffres
8, 8, 5, et cela veut dire que Victor Hugo est mort en 1885.
Pour Gambetta :
Gambetta viit. soudain son essor arrêté.
Et cpla veut dire qu'il est mort en 1882.
Le dernier événement notable de la sprie,c'est la présidence de M. Loubet:
Le septième, Loubet du pouvoir prend .«ou''i.
Et nous savons ainsi qu'il fut élu président de la République en 1899.
Et ainsi de suite, de la mort de Salomon à l'avènement de M. Loubet, nous
avons 500 applications du procédé. Ajoutons que l'énoncé de l'événement
est suivi d'une courte notice qui le commente et l'explique, suppléant ainsi
à l'insuffisance du vers.
L'esprit de ces notices est parfois assez mauvais ; v. g. la notice sur
Jeanne d'Arc L'auteur ne fait pas mention dans ses dates du baptême
de Clovis, nous laissant croire ainsi que, pour lui, la France chrétienne
n'existe pas. C'est une grave lacune.
Le procédé de l'auteur est-il pratique, même au simple point de vue
mnémotechnique? Je laisse aux professionnels le soin d'en décider. Mais il
me semble bien puéril. Je l'ai vu pratiquer au temps lointain de ma jpunesse,
et j'avoue que je n'en ai pas gardé bon souvenir. En tête du livre, l'auteur
a placé sa photographie : ainsi les enfants qui auront usé de son procédé, et
qui, plus heureux que moi, en auront apprécié les bienfaits, pourront se
faire une image de l'auteur à qui doit aller leur reconnaissance.
Edouard Pontal.
Mil Clîiii.-ione», obi>as poét[c:ti>, por el R. P. Re.= TITUTO DEL VaLLE
Ruiz. Barcelona, Gustavo Gili, 1908, petit in-8 de 190 p., avec portrait.
— Prix : 3 fr.
• Il nous sufTirait, pour apprécier ce recueil de poésies, de résumer la
belle Préface du P. Zacarias Martînez Nunez. Mais la lecture attentive des
vingt-cinq pièces dont se compose ce charmant volume, fait naître nu nous
une impression plus personnelle, dont nous devons rendre compte au
lecteur et à l'auteur. Le R. P. Restituto del Valle Ruiz ne saurait être
comparé aux grands poètes classiques de l'Espagne : il n'a pas leur grande
envolée, leur sublime inspiration, leur génie et leur souffle grandios-i; c'est
un parfait versificateur, avec beaucoup de délicatesse et beaucoup de
sentiment. S'il n'est pas poète, au sens propre du mot, il 3st artiste, et il
l'est d'une façon aussi exquise que correcte. S'il ne s'élève pas aux sublimes
hauteurs des lyriques du xvi^ siècle, il se montre du moins le disciple fidèle
des Luis de Léon et des Herrera par le goût et par la pureté d.i style. Et
c'est là une grande qualité, à une époque où tant d'autres versificateurs,
désertant les traditions de leur pays, cherchent à imiter maladroitement
nos romantiques français, pouT ner pas dire nos décadents, ou bien mettent
— 176 —
leur idéal dans la prétendue finesse de quelque pointe d'esprit vulgaire.
Le R. P. Restituto del Valle a encore ce mérite de se maintenir constamment
à la même hauteur; on signalerait difficilement dans tout son recueil un
seul vers prosaïque. Et s'il nous était permis de faire un choix parmi ses
poésies, nous mettrions volontiers au premier rang celle qui a pour titre :
La Go/onc^rtVm (l'hirondelle), divisée en deux chants : Le Retour eila Chanson
de V hirondelle. Quelle variété de mètre, quelle délicatesse de pensée et d'ex-
pression, quelle onction et quelle émotion chrétienne dans cette pièce
digne des meilleurs poètes castillans ! En vérité, le P. Restituto fait honneur
à l'ordre augustinien, auquel il appartient, et son petH livre laisse une
douce impression dans le cœur et dans l'âme. G. Bernard.
L.a Qne^t'on sooiale an X.VIIie ^tiècle, paT AnDRÉ LeCOCQ. PariS>
Bloud, 1909, in-12 de 126 p. (Collection Science et Religion.) — Prix :
1 fr. 20.
Ce petit volume contient d'abondantes informations sur une matière
bien complexe et confuse. Elle ne paraît pas aussi élucidée que Ton sou-
haiterait, faute de conclusions saillantes. Mais celles ci n'étaient pas aisées
à dégager. Ce qui frappe à la lecture de ce curieux opuscule, c'est le dés-u-dre
des idées qui se manifestent au xviii^ siècle sur la question sociale. L'idée
de prendre pour base du droit la nature des choses, telle que Dieu l'a faite,
les conditions qui s'imposent au développement de l'humanité, aurait
pu être relevée chez Montesquieu et ne nous est guère présentée que chez
les physiocrates; encore la mêlent-ils d'idées fausses et préconçues. Mais
que de chimères chez les romanciers et géographes qui, mettant à la mode les.
sauvages et l'état de nature, sont les précurseurs directs des grands socia-
listes du siècle, Morelly, Rousseau et Mably ! Quels âpres révolutionnaiies
sont le curé champenois Meslier et le marquis d'Argenson, sans parler, à
la veille de la Révolution, de Leroy de Barincourt, de Gosselin, de Maréchal
et de Babœuf ! Seulement, entre les écrivains d'une époque, il faut distinguer
ceux qui ne sont que des enfants perdus et des francs-tireurs de ceux qui
représentent un courant d'idées largement répandues. On devra donc lire,
avec une attention particulière, les chapitres consacrés à J.-J. Rousseau
et aix Encyclopédistes. Peut-être notre aiiteur peint-il un peu sombre
l'état des campagnes sous l'ancien régime : M. l'abbé Bernier a montré
dans son Essai sur le tiers état rural en Basse- Normandie que tout n'était
pas si noir. Et il faut se rappeler que nombre d'écrivains d'alors ont dénigré
la France avec une injustice passio.inée qui révoltait Turgot. Pour la
prochaine édition, que ne manquera pas d'avoir cette instructive étude, nous
demanderons à M. .\ndré Lecocq de dater les principales œu\Tes qu'il
relève et qui Jalonnent cette histoire des idées ayant servi de préface à
ia Révolution de 1789. Baron J. A\got des Rotours.
le com«t« de »aiut public, par MARCEL Navarre. Paris, Bîoud, 1909,
in-12 de 64 p. (Collection Science et Religion.) — Prix : 0 fr. 60.
Le comité de salut publie avait été fondé par les girondins, sous le nom
de comité de défense générale. Mais il ne tarda pas à changer de nom ei de
composition et ses fondateurs figurèrent parmi ses premières victimes.
Danton et Robespierre remplacèrent Isnard et Vergniaud. Ce que fut ce
comité, la réputation qu'il a laissée le dit assez, et M. Marcel Navarre le
résume en quelques pages singulièrement instructives : un abominable in-
— 177 —
strument de tyrannie. Robespierre et Saint- Just furent ses oracles; Fouquier,
Tinville et Samson, ses instruments. A la Irontière, il fut d'une énergie fa-
rouche, et, sons l'impulsion de Carnot, suscita dos armées, et prit en leur
faveur des mesures utiles ; mais il désorganisa la discipline et mit les généraux
en coupe réglée. A l'intérieur, il établit le régime des suspects et en dressa la
liste, qui serait grotesque si elle n'était odieuse. Sont suspects non seulement
les royalistes, les aristocrates, les prêtres contrerévolutionnaires, les ci-
devant nobles, les feuillants, les modérés, les partisans do La Fayette,
mais ceux qui s'apitoient sur le sort du peuple, ceux qui plaignent les
fermiers et les marchands, les boutiquiers, les gros commerçants, les rentiers,
les hommes d'affaires; ceux qui, n'ayant rien fait contre la liberté, n'ont rien
fait pour elle; ceux qui ont eu l'imprudence de conserver des objets ornés
de fleurs de lys ou paraissant ornés'de fleurs de lys. A Lyon il commanda
les incendies et les massacres et décida la destruction de la ville.
« Les services que tu as rendus, écrit-il à Fouché dans ce style emphatique
et déclamatoire, qui est le style et comme la marque de l'époque, sont les
garants de ceux que tu rendras encore. Tu ranimeras à Ville Affranchie le
flambeau de l'esprit public qui pâlit. Secondée par des collègues dont l'âme
est trempée d'énergie, la tienne y versera'tous les feux de la liberté. Achève
la Révolution, termine la guerre de l'aristocratie et que les ruines qu'elle
veut relever, retombent sur elle et l'écrasent ! »
Fouché était digne de comprendre ce langage et d'exécuter ces décrets.
Et si des représentants, qui ne prêchaient guère pourtant le modéran-
tisme, comme Ysabeau et Tallien, laissaient condamner des accusés à
une simple amende, le comité les reprenait vertement: c On ne satisfait point
à prix d'or, leur écrivait-il, une République offensée. » C'était le régime
de la liberté et de la fraternité. M. de la Rocheterie.
I^es Événements d'Oi-îent et le Congrès de Berlin do 1878, par 1©
comte Adolphe du Chastel. Tournai, Casterman, 1908, in-8de63p.
— Prix : 1 fr.
La présente brochure reproduit deux lettres que l'auteur, alors diplomate,
écrivait pendant le Congrès de Berlin. Les événements sont analysés avec
netteté: les prévisions se sont pour la plupart réalisées; cependant on a eu
depuis le magistral traité du baron d'Avril qui est autrement complet et
les souvenirs du comte de Mouy qui donnent la chronique quotidienne du
Congrès avec plus de détails. La seconde partie, avec les portraits humo-
ristiques des diplomates présents à Berlin, se lit avec plaisir. P.
CHRONIQUE
Nécrologie. — Un savant distingué, M. Henri de Parville, est mort à
Paris, le 12 juillet, à 71 ans. Né à Évreux, le 27 janvier 1838, M. François
Henri Peudefer de Parville fit d'excellentes études littéraires et scien-
tifiques au lycée Bonaparte, à Paris, puis suivit les cours de l'École supérieure
des mines et devint ingénieur civil. Orienté dès le début de sa carrière vers
les recherches scientifiques, il eut l'avantage, grâce à sa remarquable for-
mation littéraire, de pouvoir les exposer dans un style attrayant et d'une
grande clarté. Aussi débuta-t-il avec un véritable succès comme rédacteur
scientifiqiie dans divers périodiques, tels que le Constitutionnel, le Moniteur,
le Journal officiel, le Journal des Débats, le Correspondant, etc. Depuis lors,
Août 1909. T. CXVL 12.
— 178 -
il n'a cessé do se livrer aux travaux de vulgarisalion si appréciés de nos jours.
Parmi les nombreux volumes qu'il a publiés et qui, pour la plupart, sont
composés de la réunion de certains articles de journaux, nous citerons :
Causeries scientifiques; découvertes et inventions. Progrès de la science et de
l'industrie (Paris, 1861-96, 31 vol. in-12); — ■ Un Habitant de la planète
Mars (Paris, 1865, in-12); — Exposition universelle de 1867. Itinéraire dans
Paris, précédé de promenades à l'Exposition (Paris, 1867, in-18); — L'Elec-
tricité et ses applications. Exposition de Paris (Paris, 1882, in-12). M. de
Parville a donné, en outre, une édition refondue de la Clef de la science, ex-
plication des phénomènes de tous les jours, par Brewer et Moigno (Paris, 1889,
gr. in-8). Enfin, depuis la mort de M. Gaston Tissandier, il dirigeait la revue
la Nature.
— Le docteur Henry Cazalis, plus connu sous son pseudonyme de Jean
Lahor, est mort au commencement de juillet, à Genève, à l'âge de 69 ans.
Né en 1840, à Cormeilles-en-Parisis (Seine-et-Oise), cet écrivain et poète
distingué était, avec Léon Dierx, h dernier survivant de l'école parnas -ienne.
Outre ses recueils de vers, dont plusieurs jouissent d'une réputation méritée
et dont certaines pièces pourront avantageusement figurer dans les antho-
logies, il a consacré divers travaux aux qaestions sociales et aux doctrines
bouddhiques dont il s'était fait l'apôtre depuis quelques années. Parmi
ses œuvres, nous mentionnerons les suivantes : Le Cantique des cantiques.
Traduction en vers d'après la version de M. Reuss (Paris, 1885, in-12); —
Poésies complètes. L'Illusion (Paris, 1888, in-12), ouvrage couronné par
l'Académie française et plusieurs fois réimprimé; — Histoire de la littérature
hindoue. Les Grands Poèmes religieux et philosophiques (Paris, 1888, in-12);
— La Gloire du néant (Sous le citl du nord: En Orient ; L'Illusion; Cosmos)
(Paris, 1896, in-12); — Les Quatrains d' Al Ghazali (Paris, 1896, in-12); —
William Morris et le\Mouvement nouveau de l'art décoratif (Paris, 1897, in-16) ;
— L'Art nouveau (Paris, 1902, in-16); ■ — L' Art pour le peuple à défaut d'art
par le peuple (Paris, 1902, in-8); — Les Habitations à bon marché et un Art
nouveau pour le peuple (Paris, 1904, in-8); — Le Bréviaire d'un panthéiste
et le Pessimisme héroïque (Paris, 1906, in-12); — L' Alimentation à bon
marché, saine et rationnelle (Paris, 1907, in-12), avec M. Lucien Graux.
— M. Gaston Méry, conseiller municipal de Paris, écrivain et journaliste
très en vue, est mort le 15 juillet, à 43 ans. Né à Sens, le 20 avril 1866, il
fut d'abord répétiteur à rÉcolt Monge puis en sortit pour entrer à l'Assis-
tance publique en qualité de commis rédacteur, après avoir été reçu licencié
en droit en 1889. Le 20 avril 1892, il abandonnait cette situation pour s'at-
tacher au journal la Libre Parole qu'Edouard Drumont venait de fonder.
Élu conseiller municipal du faubourg Montmartre, il fut réélu en 1904 et
1908. On sait avec quelle ardeur il a lutté particulièrement contre la persé-
cution antireligieuse. En dehors des articles hebdomadaires qu'il donnait
à la Libre Parole, dont il était devenu le secrétaire général, et de sa Cjllabo-
ration à VÉcho du merveilleux, revue qu'il avait fondée en 1897, M. Gaston
Méry a publié de nombreuses brochures de polémique, notamment :
L'École où Von s'amuse, roman parisien (Paris, 1890, in-12); — Jean Révolte,
roman de lutte (Paris, 1902, in-12); — Un Complot maçonnique. La Vérité
sur Diana Vaughan (Paris, 1896, in-8); — La Voyante de la rue du Paradis
et les Apparitions de Tilly-sur-Stulles (Paris, 1896, 9 fasc. in-8); — Loubet-
la-Honte (Paris, 1899, in-16).
" — M. Eugène Rollaxd, ancien libraire parisien et folkloriete distingué,
mort à Paris le 24 juillet, à l'âge de 63 ans, était né à Metz, le 21 mars 1846.
Nombre de bibliophiles de Paris et de la province se rappellent les ser-
• — 179 —
vices qu'il leur a rendus grâce à son admirable connaissance des livres rares
et difficiles à trouver. Très érudit lui-même, il s'est consacré spécialement à
l'étude des traditions populaires et a publié toute une série d'ouvrages dont
certains offrent un réel intérêt. Parmi eux, nous citerons: Faune populaire
de la Frince. Noms vulgaires, dictons, proverbes, contes et superstitions
(Paris, 1876-1883, 6 vol. in-8); — Devinettes ou énigmes populaires do la
France, suivies de la réimpression d'un recueil de 77 indovinelli,' publié à
Trévise en 1628. Avtc une préface de Gaston Paris (Paris, 1877, in-12;; —
Rimes et jeux de Venjancc (Paris, 1883, in-16); — Recueil de chansons popu-
laires (Paris, 1883-1890, 6 volumes in-8); — Flore populaire, ou Histoire
naturelle des plantes dans leurs rapports avec la linguistique et le folklore (Paris,
1896-1906, 6 vol. in-8). M.Eugène Rolland avait en outre fondé et publié,
de concert avec M. H. Gaidoz, la revue folkioriste bien connue : Mélusine,
recueil de mythologie, littérature populaire, traditions et usages, dont le pre-
mier numéro parut en 1878.
— M. P'rédéric de Martens, l'éminent professeur de droit international
à l'Université et de droit constitutionnel à l'École impériale de droit de
Saint-Pétersbourg, membre permanent du Conseil du ministère des Affaires
étrangères de Russie, est mort en juin, au cours d'un voyage en Livonie,
à l'âge de 64 ans. Il était né en 1845 à Pernau (Provinces baltiques) d'une
famille d'origine suédoise. M. de Martens, qui a joué un rôle important
aux conférences de la Croix-Rouge en 1887, au Congrès de Bruxelles de 1889
pour le droit commercial et maritime, à la Conférence antiesclavagiste de
Bruxelles, et, plus récemment, dans les deux Conférences de la Haye pour
la paix et l'arbitrage, laisse un certain nombre d'ouvrages relatifs à la
science du droit des gens, qui font autorité dans le mode des diplomates,
entre autres les suivants : Étude historique sur la politique russe dans la ques-
tion d'Orient (Gand, 1877, in-8); — Le Conflit entre la Russie et la Chine,
ses origines, son développement et sa portée universelle. Etude politique (Bru-
xelles, 1881, in-8); — Traité de droit international, traduit du russe par
Alfred Léo (Paris, 1883-1887,3 vol. in-8); — Recueil des traités et conventions
conclus par la Russie avec les puissances étrangères, publié d'ordre du minis-
tère des affaires étrangères (Saint-Pétersbourg-Paris, 1874-1895, 12 vol.
gr. in-8).
— On annonce encore la mort de MM. : Georges Arth, professeur à la
Faculté des sciences de Nancy, directeur, depuis 1899, de l'Institut chi-
mique de cette ville, mort au milieu de juillet, à 56 ans; • — le P. Henri de
BiGAULT, de la Compagnie de Jésrs, ancien professeur à l'École de la rue
des Postes, mort au commencement de juillet, à 74 ans; — Adrien Boudet,
professeur honoraire à la Faculté de médecine de Lj^on, mort à Coligny
(Ain), au commencement de ji illet, à 79 ans; — Irénée Carré, inspecteur
général honoraire de l'instruction publique, ancien professeur de philoso-
phie à Douai, mort au commencement de juillet, à Sormonne (Ardenn?s),
à 80 ans, lequel est l'auteur non seulement de petits Vocabulaires utilisés
dans l'enseignement primaire, au perfectionnement duquel il s'était spécia-
lement consacré, mais encore de divers ouvrages tels que : Essai de pédago-
gie pratique [souvenirs de dix ans d'inspection), précédé d'un cours de psy-
chologie et de morale (Charleville, 1881; Paris, 1882, in-12); L'Année pré-
paratoire de rédaction et d' allocution à l'usage du cours moyen des écoles pri-
maires et des cours préparatoires des lycées et des collèges (Paris, 1885, in-12),
etc.; ■ — le chanoine Gustave Cliquennois, professeur aux Facultés ca-
tholiques de Lille, philologue d'une grande science, qui venait de publier
un excellent ouvrage : Le Grec et le latin, notions élémentaires de grammaire
— 180 - •
comparée; phonétique et morphologie (Paris, 1909, in-8), mort au milieu de
juillet à Loos-lez-Lille, à 65 ans; — François-Guillaume Dumas, fondateur
et directeur de divers journaux illustrés, le premier qui ait eu l'idée d'adapter
au goût français le procédé anglais de l'illustration des périodiques et sur-
tout des impressions en couleurs, éditeur, pendant plusieurs années, du
Catalogue illustré du Salon, auteur de l'intéressant Catalogue de la grande
Exposition de 1889, mort dans le courant de juillet; — le D' Roger Dumas,
poète de talent, dont VHélène fut représentée l'année dernière à Orange
avec un grand succès, mort au milieu de juillet; — Henry Fays, président
honoraire de la Société archéologique de Touraine, mort à Tours, au milieu
de juillet; — le chanoine Léon-Irénée Joly, du chapitre de Notre-Dame
de Paris, ancien directeur de l'École Sainte-Geneviève de la rue des Postes,
après l'expulsion des PP. jésuites, et supérieur du petit séminaire de Saint-
Nicolas-du-Chardonnet, auteur de : Le Christianisme et V Extrême-Orient
(Paris, 1907, 2 vol. in-12); Le Problème des missions. Tribulations cVun vieux
chanoine (Paris, 1908, in-12) et Quinze ans à la rue des Postes (1880-1895).
Souvenirs (Paris, 1908, in-12), mort le 7 juillet, à l'âge de 62 ans; — Ulysse
JouvET, directeur du Courrier du Puy-de-Dôme, mort au commencement
de juillet, à l'âge de 76 ans; — Paul Laroche, directeur du Courrier du Pas-
de-Calais, mort au milieu de juillet, à 77 ans; — M^e Henriette Moll, colla-
boratrice du Conseiller de la famille, qui a publié, sous le psei.donyme de
Biela Ocîna, un certain nombre de nouvelles dans le journal le Temps, morte
en juin, à Mulhouse; — Victor Retaux, ancien éditeur, qui laisse un nom
bien connu et fort apprécié dans la librairie catholique, mort aa milieu de
juillet, à Clamarl, à 70 ans; — Louis Trannin qui fut le premier directeur
de l'École supérieure de commerce de Lille, mort à Mers-les-Bains, à la fin
de juillet, à 62 ans.
— A l'étranger on annonce la mort de MM. : Karl Baumann, archéologue
allemand, directeur du musée des antiques de Mannheim, mort dans cette
ville, le 14 juin, à 62 ans; — le marquis de Baviera, du corps des Gardes-
Nobles du Vatican, fdleul de Pie IX, membre de toutes les associations catho-
liques de Rome, lequel fonda en 1861 et dirigea, tant que ses forces le lui
permirent, VOsservatore romano, mort à Rome, vers la fin de juillet, à 81 ans;
— Jakob Bettelheim, romancier et auteur dramatique allemand, auteur
de Elena. Roman aus der Bukarester Gesellschajt (Dresde, 1898, in-8), Der
Retter. Komôdie in 1 Akt. (Berlin, 1898, in-8), etc., mort le 13 juillet, à Berlin,
à 68 ans; — Mademoiselle Rosa Nouchette Carey, femme de lettres an-
glaise, morte le 19 juillet, à laquelle on doit toute une série d'excellentes
nouvelles pour jeunes filles qui commença en 1868 par la publication de
Nellie's Memories; — Dr. Theodor Dantscher von Kollesberg, professeur
de droit civil à l'Université autrichienne d'Innsbrûck, mort en cette ville,
le 21 juillet, à 65 ans; — John Hanno Deiler, ancien professeur de langue
et de littérature allemandes, mort dernièrement à la Nouvelle-Orléans,
à 60 ans ; — Dr. Samuel Martin Deutsch, professeur d'histoire de
l'Église à Berlin, mort dernièrement en cette ville, à 78 ans, lequel laisse
quelques volumes, notamment : Drei Aktenstiicke zur Geschichte des
Donutismus. Neu herausgegeben und erklaert (Berlin, 1875, in-4) et Die
Synode von Sens 1141 und die verurteilung Abàlards. Eine Kirchen-
geschichtliche Untersuchung (Berlin, 1880, in-8); — Wilhelm Dittmer,
peintre allemand, qui a publié un grand ouvrage illustré sur les
Maoris de la Nouvelle-Zélande, mort dernièrement à Hambourg,
à 93 ans; — George Dunlop, journaliste anglais, rédacteur en chef
et co-propziétaire du journal The Kilmamock Standard, mort le 26 juin; —
— 181 —
Charles Duvivier, professeur honoraire à l'Université libre de Bruxelles,
membie de l'Académie royale de Belgique, mort en juin; — Dr. Sigmand
Faendel, professeur de langues sémitiques à l'Université de Breslau (Si-
lésie), mort dernièrement en cette ville, à 54 ans; — Dr. Oskar Froelich,
privat-docent d'électrométallurgie pratique et d'électrochimie à l'École
technique supérieure de Berlin, mort en cette dernière ville, le 6 juillet, à
66 ans; — Henriette Gotthelf, femme de lettres allemande, auteur de
nouvelles et de traductions, morte dernièrement à Paris, à 53 ans; — Mgr
Joseph GuERBER, supérieur du couvent de la Toussaint, de Strasbourg,
ancien supérieur du petit séminaire de Zillisheim, qui, pendant plus de soi-
xante ans, a collaboré à divers périodiques alsaciens et français et a publié
un certain nombre de monographies et de récits historiques alsaciens, mort
dernièrement à Strasbourg, à 90 ans; — Dr Ernest von Halle, professeur
de sciences politiques à Berlin, mort en cette ville le 28 juin, auquel on doit
de nombreux ouvrages, entre autres : Reisebriefe aus Westindien und Vene-
zuela. Skizzcn wàhrend eines iOwôchentlichen Tour mit dem Schnelldampfer
« Cohuuhia » (Hambourg, 1856, in-8) \Zur Geschichtedes Maklerwesens iriHam-
burg (Hambourg, 1897, in-8); Die Bedeutung des Seeverkehrs filr Deutsch-
land (Berlin, 1858, in-8); • — Dr. Hans Hoffmann, poète et nouvelliste
allemand, secrétaire général de la « Schillerstiftung », qui laisse quelques
volumes, tels que : Pablo de Sarasate. Schwank in 1 Akt (Barmen, 1879,
in-8), et Unter hlauem Himmel. Novellen (Berlin, 1881, in-8), mort le 11
juillet, à Weimar, à 61 ans; — Dr. Antonios N. Jannarakis (appelé parfois
Jannaris), professeur gr%c, a^uÏQuv à\in Deutsch-neugriecliiches Handivoer-
terbuch et d'un manuel de la conversation en grec moderne, mort dernière-
ment en Grèce; — Gustav Karpelès, mort à Bad-Nauheim, le 20 juillet,
à 61 ans, qui, en dehors des très nombreux articles fournis par lui à divers
périodiques, particulièrement à V Allgemtine Zeitung des Judentums, dont il
était le directeur, a publié entre autres ouvrages : Heinrich Heine und seine
Zeitgenossen (Berlin, 1888, in-8); Friedrich Spielhagen. Ein literarischer
Essay (Leipzig, 1889, in-8); Die Zionsharfe Eine Anthologie der neuhebrdis-
chen Dichtungen in deutschtn Uebertragungen (Leipzig, 1889, in-8); Goethe
in Posen. Ein Beitrag zur allgemeinen Literaturgeschichte (Berlin, 1890,
in-8); — Frédéric de Laet, rédacteur en chef du Journal d'Anvers, mort
en cette ville, dans le courant de juin; — le baron Detler von Liliencron,
ancien officier de l'armée allemande, mort le 22 juillet, à Alt-Nahstedt,
près de Hambourg, à 66 ans, lequel, après la guerre de 1870, entra dans
l'administration allemande, puis donna sa démission afin de se consacrer
entièrement à la littérature et à la publication de romans et de pièces de
théâtre, tels que : Breide HummelsbUttel. Roman (Leipzig, 1887, in-8); Die
Merowinger. Ein Trauerspiel in 5 Akten (Leipzig, 1888, in-8); Der
Màcen. Erzàhlungen (Leipzig, 1889, in-8); Der Haidegànger und andere
Gedichte (Leipzig, 1890, in-8); — Louis Loeb, peintre et lithographe
américain de réputation, qui a collaboré a l'illustration du Harper's Maga-
zine, mort dans le courant de juillet, à 43 ans; - — Dr. Gustav Christian
Ldtt, professeur de gynécologie à l'Université de Vienne, mort en cette
ville, le 16 juillet, à 67 ans; — Joachim Maehl, poète et nouvelliste alle-
mand, auteur de divers volumes écrits en- bas-allemand, par exemple :
Stûckchen ut de Mus'kist (Altona, 1868, in-8), et Reineke Voss. Ut Prier Hand
(Stuttgard, 1878, in-8), mort dernièrement à Segeberg, dans le Holstein,
à 82 ans; — Louis Marchetti, dessinateur italien fixé en France, mort
dernièrement à Mériel (Seine-et-Oise), lequel est l'auteur des illustrations
de divers ouvrages de luxe parus ces dernières années; — Vittore Rafïaël
— 182 —
]\Iatteucci, météorologiste et géologue italien, directeur de TObservatoire
du Vésuve, mort dernièrement à Naples; — M^i^ Johanna Mestorf, ancienne
directrice du Musée des antiquités nationales du Schleswig-Holstein, morte
à Kiel, le 20 juillet, à 81 ans; — Simon Newcomb, astronome, mathémati-
cien et économiste américain, mort le 11 juillet, à Washington, à 74 ans;
Dr Johs. Pfannenstiel, professeur de gynécologie à Kiel (Allemagne), mort'
en cette ville, le 2 juillet, à 47 ans; — la baronne José Schneider von
Arno, femme de lettres autrichienne, auteur de : Novellen (Stuttgart, 1894,
in-8); Gastein (Vienne, 1901, in-8); Mosaik. Was ich empfinde,wie ich denke,
was mich hegeistert, was ich vortrage. Gcdichte und Reime (Vienne, 1902,
in-8), etc., morte dernièrement à Vienne, à 56 ans; — Arthur Schroeder,
professeur d'architecture à l'Éco'e technique supérieure de Hanovre,
mort dernièrement en cette ville, à 64 ans; — Dr. Siegmund Schlossmann,
professeur de dro't romain à l'Université allemande de Kiel, mort en cette
ville, le 2 juillet, à 65 ans; — Clément Laurence Smith, professeur de langue
latine à l'Univei'sité Harvard de Cambridge (Massachusetts), mort en cette
ville, le l^"" juillet, à 66 ans; — le P. Sodiro, de la Compagnie de Jésus,
originaire de Vicence, botaniste distingué, très estimé dans le monde scien-
tifique, mort dernièrement à Quito, dans la maison-mère des missions
équatoriennes des PP. jésuites; — Dr. August Specht, ancien ébéniste
allemand, qui, sur le conseil de Gustav Freytag, ayant étudiélaphilosophie,
devint le directeur du Menschentum, organe de la libre pensée, et publia,
outre un certain nombre de drames, des ouvrages de philosophie tels que :
Populàre Entwickelungsgeschichte der Welt (Gotha, 1889, in-8); Gelirn
und Seele iin Lichtc der neuesten Forschungen (Gotha, 1888, in-8); Afrika-
nische Sitten und Gebràuche (Leipzig, 1891, in-8); Théologie und Wissen-
schaft oder alte und neue W eltanschauung (Gotha, 1893, in-8), mort à Gotha,
le 23 juin, à 64 ans; — Féodor Féodorovitch Sokolov, professeur de droit
romain et de droit grec à l'Université de Saint-Pétersbourg, mort en cette
ville, le 14 juin, à 68 ans; — l'abbé George Tyrrell, ancien membre de la
Compagnie de Jésus, le protagoniste des modernistes, qui s'est attiré une
triste célébrité par les publications d'ouvrages et d'articles dont la plupart
furent condamnés à Rome, mort au milieu de juillet, à Storrington; — Casi-
miroVARESE, littérateur et ancien haut fonctionnaire italien, mort dernière-
ment à Vicence, sa ville natale, à 90 ans, lequel, en dehors de quelques essais
littéraires et quelques biographies, telles que Ënrico Heine negli scritti e
nella vita (1894) et Hamerling, cita e scritti, a publié toute une série de traduc-
tions de poètes allemands, parmi lesquelles nous citerons : Bùrger : Ballate;
Gœthe : Torquato Tassa; Grillparzer : Saffo; Klopstock : La Morte di Adamo;
Lessing : Natano il saggio; Heine : Il Libro dei canti; — James E. Vincent,
écrivain et journaliste anglais, mort le 18 juillet, auquel on doit une Histonj
of Football, ainsi qu'un excellent volume, Berkshire, dans la collection des
Highways and Byways, et qui fut correspondant du Times et directeur du
National Observer; — Dr. Wilhelm Zopf, professeur de botanique à
Munster en Wesphalie, mort en cette ville, le 24 juin, à 62 ans.
Lectures faites a l'Académie des sciences morales et politiques.
— Le 3 juillet, M. Fagniez analyse deux travaux de M. Boissonnade, l'un
sur les efforts tentés par Colbert pour engager les corps administratifs du
Poitou à souscrire des actions de la Compagnie des Indes, l'autre sur les
moyens employés par le même ministre pour parer à la crise économique
qui s'était déclarée vers 1630, après une période de prospérité commerciale et
industrielle. — Le 10, M. Imbart de la Tour lit une notice sur la vie et les
œuvres de sort prédécesseur, M. Luchaire, érudit et historien, qui a su
— 183 —
éclairer les siècles pendant lesquels vécurent les premiers Capétiens. —
Le 17, M. Anatole Leroy-Beaulieu analyse l'ouvrage de M. Xénopol sur
les Roumains. M. Levasseur lit une notice rédigée par M. Limantour, asso-
cié étranger, sur la vie et les œuvres de M. Carlos Calvo, auquel il succède.
Lectures faites a l'académie des inscriptions et belles-lettres-
— Le 2 juillet, M. Héron de Villefosse commente une inscription en 21 vers
latins remontant au i*^"" siècle de notre'ère et trouvée en Tunisie. — M. S. Rei-
nach parle de la découverte par le commandant Espérandieu, à Alise, d'un
bist'e de déesse en bronze. — M. Luc de Vos lit un mémoire sur l'élection
de Julien l'Apostat à l'Empire et snv une ratification, qu'il prétend être
intervenue, de cette élection faite par les troupes. — M. Hai-ssoulier explique
l'organisation de l'instruction primaire à Milet au xi^ siècle après l'exécu-
tion de la fondation d'Eudémos. — Le 10, M. L. de Vos achève la lecture
de son mémoire ayant trait à Julien l'Apostat. — M. Th. Reinach conteste
l'intervention du Sénat des Parisii et du concile des Gaules. MM. Cagnat,
Bouché-Leclerq et Viollet échangent à ce sujet leurs observations. —
Le comte Durrieu entretient l'Académie des représentations de chiens
ayant appartenu au duc Jean de Berry, et qui indiquent, lorsqu'on les
retrouve dans un manuscrit, que celui-ci a appartenu et provient de la
bibliothèque de ce prince capétien, frère du roi Charles V. - — MM. S. Rei-
nach et le comte de Lasteyrie ajoutent quelques observations. — Le 16,
M. Gauckler entretient l'Académie des trois temples superposés, dédiés
sur le Janicule à Jupiter Heliopolitanus, construits sur des formules orien-
tales pour un culte syrien et qui viennent d'être dégagés des décombres.
MM. Dieulafoy, Pottier, Gauckler et Collignon échangent leurs idées sur ce
sujet.
Prix. — Les 11 et 19 juin 1909, l'Académie des sciences morales et poli-
tiques a décerné les prix suivants :
Prix Stassart : 1 000 fr. à M. Raoul de Felice; — 1 000 fr. à M. H. Clé-
ment; — mentions honorables à MM. A. Roguenant et Louis Warlez.
Prix Audifîred : 1 000 fr. à M. A. Arcin : La Guinée française, races, reli-
gions, coutumes productions, commerce; — 1 000 fr. à M. Bloch : V Assistance
et V Etat en France à la veille de la Révolution; — 1 000 fr. à M. Henri Marie :
L" Abbaye de Léritis, histoire et monuments ; — 1 000 fr. à M. Alfred Rébelliau :
Bossuet, histoire du protestantisme, compagnie secrète du Saint-Sacrement et
les affaires religieuses, la science, la littérature et les arts de 1683 à 1717. - —
1 000 fr. à ]\L Félix Thomas : L' Education dans les familles, les péchés des
pères; — 1 000 fr. à M. Maurice Rolland : L" Education patriotique du soldat;
— 1 000 fr. à M. Camille Vallaux: La Basse-Bretagne, étude de géographie
humaine; — 500 fr. à M. Jules Delvaille : La Vie sociale et V Education; —
500 fr. à M. Edouard Dolléans : Robert Owen (1771-1858); — 500 fr. à
M. Henri Malo : Les Corsaires; — 500 fr. à M. Charles Normand : La Bour-
geoisie française au dix-septième siècle; — 500 fr. à M. André Tardieu : La
France et ses alliances, la lutte pour V équilibre; — 500 fr. à M. L. Thénard :
Le Conventionnel Goujon.
PrixKœnigswarter (1 500 fr.). — Partagé également entre M. L. Beauchet ;
Histoire de la propriété foncière en Suède et la loi d'Upland, et M. Pierre
Royer : Les Anciens Fors de Béarn.
Paris. — Dans son opuscule intitulé: Le Verbe français raisonné [Paris,
Amat, 1909, in-8 de 16 p.), M. Louis Tesson expose « une méthode tout à fait
nouvelle pour apprendre et pour enseigner les verbes français ». Il est con-
vaincu i[ue son procédé simplifie beaucoup cette étude aride. Nous laissons
— 184 —
la chose au jugement des spécialistes, mais nous ne sommes pas très con-
vaincu.
— Le Traité de la projiojiciation normale du latin, de M. l'abbé J.-M. Meu-
nier (Paris, Poussielgue, 1909, in-16 de v-41 p.) est d'un homme vraiment
docte et compétent, et au courant des derniers progrès de la linguistique.
Il se recommande aux trop rares amis des études classiques, aux philo-
logues, aux professeurs. Quant à l'application des notions qu'il expose,
l'auteur fera prudemment en réduisant de beaucoup ses exigences. S'it
obtient seulement des écoliers l'observation exacte de l'accent tonique et,
dans une certaine mesure, de la quantité, ce sera très beau déjà. Pour le
reste, U pourrait bien y avoir dans sa doctrine et ses espérances un peu
d'utopie.
— Nous recevons de la librairie Welter, 4, rue Bernard-Palissy, un pros-
pectus relatif à la revue de folk-lore Mélusine, dont cette maison vient
d'acquérir la collection. Ce prospecti.s forme un résumé de l'histoire con-
temporaine des études de folk-lore en France, et il est accompagné, en ma-
nière de spécimen, d'un joli choix de gravures publiées dans Mélusine.
On y annonce que Mélusine va reparaître après un nouveau sommeil de
sept ans, et que le tome XI est en préparation.
— Nous signalerons ici trois opuscules sur Jeanne d'Arc, dont la gloire
croissante excite l'émulation des écrivains et des orateurs : Petit Précis de
la Vie de Jeanne d'' Arc, précédé d'aile réponse aux assertions des contempteurs
de Vhéroine, par M. Maurice Beauchamp (Paris, libraiiie Sainte-Geneviève,
et au siège de l'A. C. J. F., 76, rue des Saint-Pèros, inl2 ae 88 p. — Prix:
0 fr. 50). Cet écrit de propagande, illustré de plusieurs figures, est, dans un
excellent espr't, celui de l'Associai ion catholique de la jeunesse française.
L'auteur est sévère pour Michelet jusqu'à l'injustice, en le rangeant dans
la même catégorie que MM. Thalamaset Anatole France. Ceux-ci sont des
détracteurs de l'héroïque vierge; Michelet en fut un admirateur sincère et
zélé, quoique incomplet. On trouvera (p. 13) un curieux relevé d'opinions
ipaçonniques. — Jeanne d'Arc et la France, par le R. P. Léapold de Chérancé
(Tours, Cattier, s. d.., in-32 illustré de 31 p. — Prix : 0 fr. 10). « Rendre
populaire le nom de Jeanne d'Arc, exciter la confiance en sa mission rédemp-
trice : voilà ce que vous avez voulu et ce que réalise la publication de votre
belle conférence », écrit à l'auteur Mgr Rumeau, évêque d'Angers. —
Jeanne d'Arc et la Révolution, par M. l'abbé de la Taille (Tours, Cattier, s. d.,
in-8 de 31 p.), est un panégyrique de laBienheureuse, prononcé; le 24 juinl909,
dans la cathédrale de Tours. « Jeanne d'Arc, dit l'orateur, revient parmi
nous, pour y faire ce qu'elle a fait jadis parmi nos pères : elle a mis un terme
à la guerre de Cent ans, duel fatidique entre la France et l'Angleterre;
elle vient mettre un terme, si nous le voulons, à cet autre duel, séculaire
aussi, entre l'âme de la France et l'esprit de la Révolution. «
— Sur les 54 pages que compte sa brochure : La Vie de F. Chopin dans
son œuvre; sa liaison avec George Sand (Paris, Société des auteurs-éditeurs,
1909, in-18. — Prix : 1 fr.), M. Edouard Gauche en emploie quinze,
ce qui est beaucoup, à résumer les diverses théories d'esthétique musicale
avant de conclure que l'œuvre d'un musicien est le miroir 'de sa vie. Il fait
de ce principe une application particulière à Frédéric Chopin dont il retrace
très brièvement l'e.vistence tourmentée, mélancolique et maladive, spécia-
lement, comme l'indique le sous-titre, dans la période que remplit sa liaison
avec George Sand. Il nous dit à quels moments de la vie sentimentale de
Chopin on doit rapporter les plus émouvantes de ses œuvres : il accepte
même assez facilement telle légende racontée par Listz. Tout cela est assez
— 185 —
connu : l'auteui' a jugé qu'il n'était pas sans intérêt de l'exposer sommai-
rement. Il cite en terminant les curieux fragments du journal intime
de Chopin, poignantes confessions d'un agonisant, étrange document sur
la plus romantique ôme d'artiste qui se soit jamais rencontrée.
— A mentionner une brochurette de M. Firmin Bacconnier : A. B. C. du
royalisme social, cours familier de corporatisme (Paris, aux bureaux da V Ac-
cord social, 1909, petit in-16 de 32 p. — Prix : 0 fr. 10).
Angoumois. — U nous est vraiment agréable de signaler aux érudits les
deux derniers volumes des Bulletin et Mémoires publiés par la Société
archéologique et historique de la Charente. Le premier de ces volumes
se rapporte à l'année 1900-1907 (7<^ série, tome VII. Angoulême, E. Cons-
tant, 1907, in-8 de cvni-405 p., avec de nombreises fig. et 1 pi.). Outre
les mémoires proprement dits, chacun des volumes que nous avons sous les
yeux renferme un certain nombre de travaux assez courts ou de pièces inté-
ressantes, placés en « annexes » à la suite des procès-verbaux de la société
et qui présentent, à divers points de vue, un trop réel intérêt pour être
passés sous silence. Donc, pour le tome VII de la 7® série de cette publica-
tion, noi:S citerons les Annexes suivantes : 25 janvier 1713. Protestation des
curés de la grande Champagne contre le fisc, publiée par M. Paul Legrand
(p. xxxi-xxxni); — Le Triomphe de V amour conjugal, plaidoyer français
dédié à MM. les avocats de la cille d' Angoulême par les rhétoriciens du collège
de la Compagnie de Jésus, sujet tiré de Vhistoire romaine, publié par M. A.
Favraud (p. xxxiii-xxxiv); — Quelques Légendes, par M. J. de la Martinière
(p. xxxv-xxxix);-- Une Fibule en forme d'oiseau, par G. Chauvet (p. xlv-
XLix, avec une fig); — Une Forge du premier âge du fer, par M. A. Favraud
(p. XLix-Liii) ; — U Ancienneté de Vhomme. Bésumé d'un article de M. de Lap-
parent dans le « Correspondant » du 25 novembre 1906, par M. A. Mazière
(p. LVii-LXiii); — Documents pour servir à V étude du quaternaire dans les
Pyrénées, parle même (p. lxxiii-lxxv); — Grotte de la papeterie, commune
de Puymoyen [Charente], par M. G. Chauvet (p. lxxxii-lxxxvii, avec 2 fig.);
— Fouilles de la Quina du docteur Henri Martin, par le même (p. xcviii-cvi,
avec 4 fig.). — Les mémoires que renferment ce même tome VII sont les
suivants, dont l'importance est telle qu'ils pourraient former, le premier
Furtout, la matière de volumes à part : Saint Cybard, étude critique de textes,
par M. J. de la Martinière (p. 1-292, avec 1 planche). La table des matières
nous donne les divisions principales ci-après : L'Acte d'affranchissement.
— La Vie et les Miracles : témoignages du vi" au xii^ siècle. — La Réclusion.
— Les Interpolations angoumoisines de l'Histoire d'Adhémar de Cha-
bannes : livres I-II. — Saint Cybard, d'après l'histoire et la légende. —
Annexes. — Le deuxième et dernier mémoire a pour titre : Inventaire archéo-
logique d' Angoulême, par MM. J. George et P. Mourier (p. 293-398, illustré
de 97 fig.). Les auteurs ont passé en revue tout ce qu'ils ont pu retrouver
à Angoulême en fait de ferronnerie, menuiserie, maçonnerie, architecture
civile et architecture militaire) et ils ont éclairé leur étude de vignettes
intéressantes et artistiques. — Le tome VIII de la même 7^ série des
Bulletin et Mémoires de la même société (année 1907-1908. Angoulême,
E. Constantin, 1908, in-8 de cxxx-298 p., avec planches et vignettes), débute
comme le précédent, par un certain nombre d'annexés : La Grande Peur
dans le Confolentais (1789), par M. Léonide Babaud-Lacroze (p. xxxiv-
XLiii); — Érection de la baronnie de Bourg- Charente en marquisat, décem-
bre 1765. Avis favorable donné par les habitants, 15 juin 1766, par M. Pai.l
Legrand (p. xliii-xlv) ; — Béclamation des bouilleurs de cru en la Champagne
de Cognac, 1765-1758, par le même (p. xlvi-xlviii); — La Cité lacustre
— 186 —
de la Forit-Brisson, commune des Cours (Charente), par M. A. Favraud
(p. XLix-Liv, avec 34 fig. en 4 groupes) ; — Rôle de la montre de Philippe Hor-
ric. La Rochebeaucourt , 15 novembre 1549, publié par M. S.-C. Gigon (p. lx-
LXi); — Note sur le souterrain-refuge de Chez-Rassac, commune d'Yviers,
canton de Chalais [Charente), par M. Hilaire Lafitte (p. lxvi-lxx); —
V Affranchissement des serfs et les Origines de la petite propriété. Un Arrêt
du président Nesmond, prononcé le mardy 7 avril 1610. Du Droit de questalie
ou servitude, par M. D. Touzaud (p. lxx-lxxxv); — 27 mars 1731. Quittance
d'honoraires donnée par le prédicateur du carême à Saint-Maxime de Con-
folens, publiée par M. E. Biais (p. cv); — Liberté, égalité, justice. Les Admi-
nistrateurs et le procureur général-syndic du département de la Charente, à
leurs concitoyens (8 messidor an III), document publié par M. G. Chauvet
(p. cxi); - Une Lettre de J.-L. Guez de Balzac, texte primitif et texte définitif,
(4 septembre 1622), publiée par M. A. Terrachsr (p. cxxii-cxxvi). — Pas-
sant aux mémoires insérés dans ce tome VIII, noi.s dirons que, pour être
de moindre envergure que ceux du tome VII, ils ofïrent un intérêt égal.
On en compte neuf : André Thevet d' Angoulême, géographe et historien, intro-
ducteur du tabac en France (1504-1592), par M. Dani?l Touzaud (p. 1-47,
avec portrait hors texte). « Jean Nicot, dit l'auteur, a été l'Améric Vespuce
de ce Christophe Colomb au petit pied qui fut notre compatriote [angou-
moisin] : André Thevet. C'est André Thevet et non Jean Nicot qui a introduit
le tabac en France. Mais les légendes ont la vie dure et les erreurs, historiques
sont tenaces. » Voilà, certes, quelque chose qui sera nouveau pour bien des
gens; ■ — Station moustérienne du Petit-Puymoyen,pa.!''M.A.Fa.\Ta.udoi les
lieutenants Bel'on et Foureur (p. 49-58, avec 5 fig.) ; — Les Cahiers de
doléances d'Esse et d'Hiesse, par M. Léonide Babaud-Lacroze et P. Bcis-
sonnade (p. 59-64); — Le Théâtre gallo-romain des Bouchauds (Charente),
par le R. P. Cami'le de la Croix (p. 65-172, avec un atlas cartonné in-folio,
de 14 planches). Découvert en 1865, le théâtre dont il s'agit n'a commencé
à être déblayé qu'en 1870 par la Société archéologique de la Charente.
« Malheureusement, observe l'auteur, à partir de cette époque, des diffi-
cultés sans nombre et de tout genre l'empêchèrent, à diverses reprises
et jusqu'en 1901, de mener à bien sa louable entreprise... Je crois donc
utile, avant de donner la description de ce théâtre qui, grâce à la générosité
de son nouveau propriétaire, vient d'être entièrement déblayé et remis dans
un ordre fort satisfaisant, de faire brièvement connaître : d'abord la loca-
lité dans laquelle se trouve cette antiquité; puis ce qu'était M. Gontier
qui entreprit le premier l'étude, et la marche qu'il suivit pour en assurer
le résultat; ensuite les difficultés qui pendant de longues années rendirent
impossible l'achèvement de cette étude; enfin les circonstances grâce aux-
quelles le déblaiement du théâtre et sa mise en ordre purent être accomplis
pendant les années comprises entre 1901 et 1906. « Ces préliminaires ont
formé le chapitre premier de ce remarquable travail, à la suite duquel
viennent les divisions suivantes : Chapitre II : Déblaiement général du
théâtre et réfection des murs. — Chapitre III. Description du théâtre après
son déblaiement et sa réfection.— Chapitre IV. Le Théâtre des Bouchauds
aurait-il fait partie d'une ville aujourd'hui disparue? A cette question,
le R. P. de la Croix répond par l'aflirmative, en émettant l'opinion que
M cette \ille gallo-romaine aurait été Germanicomagus, dont la carte des
voies romaines de Peutinger fixe l'emplacement sur la voie de Limoges
à Saintes »; — Un Paquet de vieilles lettres (1652-1658; 1683-1693), publiées
avec des notes par A. et H.-R. du V... (p. 173-218). L'auteur de ces lettres
qui « font revivre la vie domestique et intime des ancêtres » est « Charles
— 187 —
de Goret, écuyer, sieur de Grosbost... né sou^ Henry IV, appartenant à
une des familles de Champagne-Mouton les plus en vue « ; — François Jamen,
notaire à Cognac (1551-1553), par M. l'abbé P. Legrand (p. 219-230); —
V Assiette de la taille à la Valette et à Gurat. Doléances des communautés
d'habitants (1669-1673), par M. l'abbé A. Mazière (p. 231-2^9) ; — Le Châ-
teau de Saveille en Angoumois, par M. Daniel Touzaud (p. 241-254, avec
une pi. et une vignette); — Étude bibliographique sur V v. Engoulesme »
d'Èlie Vinet, Poitiers, 1567, par M. Ernest Labadie (p. 257-289, avec une
planche).
Bretagne. — I.a Société d'émulation des Côtes-du-Nord nous envoie
le tome XYLl (1908) de ses Bulletins et Mémoires (Saint-Brieuc, imp.
F. Guyon, 1909, gr. in-8 de xiv-293 p., avec vignettes et planches). Ce
volume r<>nferme six mémoires, toi s de la ph s grande utilité pour l'histoire
bre.tonne, savoir : Documents pour servir à l'histoire de la paroisse d'Évran
(Côtes-du-Nord), par M. le vicomte H. Frotier de la Messelière (p. 1-160).
« Nous avons réuni dans le présent recueil, dit l'auteur dans son Avertisse-
ment, les notes généalogiqies par nous extraites des anciens registres pa-
r issiaux de l'état civil d'Évran, autrefois de l'évêché de Saint-Malo, baron-
nie de Bécherel,aujobrd'hiii du diocèse de Saint-Brieuc etchef-lieu decanton
de l'arrondissement de Dinan, département des Côtes-du-Nord. Ces registres,
dont le pli. s ancien date de 1540, sont en général assez bien conservés et,
à partir du commencement du xvii'^ siècle, il y a très peu de lacunes. » Ces
notes intéressantes sont illustrées d'un certain nombre de vignettes et la
publication se termine par la description des « armoiries des familles pos-
sessionnées ou alliées dans la paroisse d'Évran »; ^ — Le Château de Kerazan
cl la Famille de Tréanna Trémaria, par M. l'abbé Peyron (j). 161-205); —
Les Botterel de la Villegeffroy, par M. le vicomte Hervé du Halgouët (p. 206-
229, avec un tableau généalogique); — Notice généalogique et biographique
sur le général de Courson de la Villevalio, décédé à Fontainebleau le 25 jan-
vier 1847, par M. C. Berthelot du Chesnay (p. 230-236, avec portrait); —
U Enceinte féodale de la Haye- aux- Lions, en Saint- Glen, par le même (p. 237-
240, avec un plan) ; — La Révolution en Bretagne, notes et documents. Le Deist
de Botidoux a-t-il trahi les députés girondins proscrits? (fragment d'un
ouvrage en préparation : Les Députés girondins proscrits en Bretagne), par
M. P. Hémon (p. 241-289, avec portrait).
Champagne. • — En 1908, la Société française d'émulation agricole
ouvrit un concours national sur l'abandon des campagnes, ses causes, ses
inconvénients et les remèdes à y apporter. M. Arsène Thévenot prit part à
ce concours, mais ne traita pas complètement le sujet proposé, et fit porter
tout son efîort sur un sujet d'actualité ai ssi grave que le précédent : la
dépopulation de la France, ses causes, ses effets et ses remèdes. A un moment
où la question préoccupe très justement l'opinion publique, on lira avec
intérêt le travail de M. Thévenot qui insiste avec raison sur la proscription
de la religion catholique par le gouvernement républicain, mais ne montre pas
avec assez de force comment la religion est le principal et presque l'unique
remède au mal dont souffre notre pays {La Dépopulation de la France, ses
causes, ses effets et ses remèdes. Arcis-sur-Aube, Gradassi-Royer, s. d., in-16
de 47 p. — Prix : 0 fr. 50).
Franche-Comté. — On a beaucoup écrit, en P>ancc et en Allemagne
notamment, sur P.-J. Proudhon. A son tour, l'un de ses compatriotes, M.
Edouard Droz, professeur à la Faculté des lettres de l'Université de Besançon,
publie un volume sur le fameux démolisseur : P.-J. Proudhon (1809-1865)
(Paris, Librairie des « Pages libres », 1909, in-18 de 284 p. — Prix : 3 fr. 50).
~ 188- —
Dans une étude préliminaire intitulée : Le Centenaire de Proudhon, l'anteur
passe en revue un certain nombre do livres sur le personnage, puis il
examine « la fortune du proudhonisme auprès des organisations ouvrières
françaises », laquelle, entre parenthèses, nous paraît très discutable au temps
présent. « Revenir à Proudhon, conclut M. É. Droz, ce serait pour le socia-
lisme, revenir à la santé et marcher au succès. » — Serait-on bien veau de
dire cela à la C. G. T.? — La majeure partie du volume, consacrée là a bio-
graphie de Pierre-Joseph Proudhon et à la brève analyse de ses œuvres
principales, se termine par une bibliographie utile à consulter. M. Droz cri-
tique fort (p. 23-25) l'ouvrage magistral de M. Arthur Desjardins : P.-J.
Proudhon, sa vie, ses œuvres, sa doctrine, paru chez l'éditeur Perrin, en 1896.
Il accuse Je distingué écrivain de n'avoir étudié Proudhon quepourleréfuter;
« ce conservateur, observe-t-il, avait choisi Proudhon comme son héros afin
d'en faire sa victime. « Admettons; mais lui, M. É. Droz, n'a-t-il pas choisi
le même héros pour s'en constituer l'apologiste, à quelques bénignes critiques
près? Ajoutons, à propos du caractère de Proudhon, qu'en ce qui concerne
la conduite de ce pen'ionnaire Suard à l'égard de ''Académie de Besançon, M.
Droz nous a paru assez partial ou insuffisamment informé. En fait, le débu-
tant révolutionnaire s'est montré ai ssi répréhensible, nous pourrions dire
aussi ingrat et odieux que les membres de cette compagnie lui ont témoigné
de miséricorde. Un peu plus de fermeté et de sévérité de la part de ces der-
niers eût été légitime et désirable.
Et très opportunément, voici que nors parvient une brochure de M.
Maurice Lambert, président actuel de l'Académie de Besançon : Proudhon
et V Académie de Besançon (Besançon, imp. Jacquin, 1909, in-8 de 52 p.
Extrait des Mémoires de cette Académie). A vue des documents conservés
dans les archives de la compagnie, l'auteur expose les circonstances dans
lesquelles Proudhon obtint, en 1838, la pension triennale de 1 500 francs,
fondée par M^e Suard et dont l'attribution était réservée à l'Académie de
Besançon. Il montre ensuite les écarts d'écrivain du titulaire et souligne,
comme il convient, l'audace, ou l'inconscience, dont il fit preuve en dédianr
à l'Académie bisontine, de tout ttemps très conservatrice, son volume :
Qu'est-ce que la propriété?? Non seulement ce singulier hommage ne fut point
agréé, mais on agita un instant la question de savoir s'il ne conviendrait
pas de lui retirer la pension dont il se rendait si pen digne. Proudlion, alors,
e'^saya de se justifier dans im long factum adressé à l'Académie, où il finis-
sait par déclarer que « rien, jamais, ne saurait altérer les liens de vénération
et d'amour qui m'attachent à cette illistre compagnie. » La pension lui
lut maintenue. Mais cette mesure d'excessive bienveillance n'empêcha nulle-
ment Proudhon, rappelant la délibération académique ayant repoussé
l'hommage de son livre subversif, d'écrire, un an plus tard, cette impar-
donnable gro.ssièreté : « Après cet arrêt burlesque, que ses auteurs ont cru
rendre énergique, en lui donnant la forme d'un démenti, je n'ai plus qu'à
prier le lecteur de ne pas mesurer l'intelligence de mes compatriotes àce'le
de notre Académie. » On le voit, P.-J. Proudhon, qui d'ailleurs se démentait
à tout propos, pratiquait remarquablement l'indépendance du cœur. Quant
à l'Académie bisontine de 1838-1840, on la trouvera sans doute trop conci-
liante et il n'est pas téméraire de penser que celle de nos jours le serait moins :
en vérité, la charité n'oblige pas de fournir ainsi des armes, sous forme
d'espèces sonnantes et trébuchantes, aux pires adversaires de l'ordre social.
— A l'occasion de la Distribution des prix du collège Pasteur, à Arhois,
le 31 juillet 1909, M. René Vallerj^-Radot, qui présidait cette cérémonie,
a prononcé une allocution pleine de c.tur et d'esprit, qu'il a eu l'excel-
lente idée de faire imprimer (Arbois, imp. Chapeau, petit in-8 de 8 p.).
— 189 —
Pages d'inspiration bien locale, où le sonvenir de l'illustre Pasteur est
évoqué avec autant de charme que d'à-propos.
Normandie. - — Sous ce titre: Albert Sorel à la Société libre de VEure,
souvenirs (Évreux, Hérissey, 1909, in-8 de 63 p.), M. Louis Passy a rassem-
blé divers discours prononcés par lui et l'analyse critique, parue dans le
Temps, d'une étude de M. A. Sorel sur le marquis de Blosseville. Telle est
la composition de la plaquette que nous offre la Société libre de l'Eure.
Toutes ces pièces ne sont pas inédites, il s'en faut; mais on aura plaisir à
les retrouver ici. Certaines témoignent même d'une haute élévation de la
pensée. Telles sont, par exemple, les réflexions de M. A. Sorel sur l'histoire
en formation continuelle, et l'érudition, son auxiliaire indispensable.
— M. J. Touquette-Macé, qui a écrit : Les Ursulines d Avranches. Sur
les chemins de Vexil (Coutances, imp. Notre-Dame, 1908, in-8 de 40 p.) n'est
pas un professionnel de la plume. Il résume ce que lui a inspiré l'exode de
religieuses chassées de France et conduites par lui sur les routesde l'exil. La
lecture des pages émues qu'il nous livre donnent l'impression d'une parfaite
santé morale, d'un complet équilibre du bon sens et de la sensibilité poé-
tique. Remercions l'auteur de cette brochurette de nous avoir conservé le
souvenir de son charitable voyage.
Belgique. — La science et la jurisprudence occupent à elles seules le
tome X de la VI® série des Mémoires et publications de la Société
des arts et des lettres du Hainaut (Mons, imp. Dequesne-Masquillier, 1909,
in-8 de xxii-10-297 p.). Deux mémoires: le premier, de M. Lucien Godeau,
a pour titre : Sur la congruence (2, 1) de coniques (10 p.). Quant au deuxième
et dernier : La Stipulation pour autrui. Structure juridique. Bénéficiaires
déterminés, indéterminés et futurs. Applications modernes. Droit comparé,
par M. Jean Sosset (297 p.), c'est un important travail divisé en trois livres,
comportant eux-mêmes divers titres et de nombreux chapitres et sections.
Nous nous bonnerons simplement à noter ici les intitulés de ces trois livres :
I. La Structure juridique de la stipulation pour autrui. II. Situation des
bénéficiaires déterminés, indéterminés et futurs. III. Les Principales Appli-
cations de la stipulation pour autrui. Ouvrage qui intéressera autant les
jurisconsultes de la France que ceux de la Belgique.
Espagne. — Depuis qu'il a pris la direction de l'Académie d'infanterie
de Tolède, M. le colonel Hilario Gonzalez s'est donné pour tâche d'en réor-
ganiser et d'en déve'opper la bibliothèque. Il s'est appliqué particulièrernent
à donner aux ouvrages de technique, de géographie et d'histoire militaires
la place prépondérante qui 'eur revient dans un établissement de ce genre.
Et il n'a pas reculé devant le labeur un peu ingrat de dresser le catalogue
de cette collection. Les sept mille et quelques ouvrages qui composent la
bibliothèque et qui forment plus de 12 500 volumes — sans compter les
doubles, — ont été répartis en dix sections, dont la plus considérable, con-
sacrée aux ouvrages de science militaire (3 093 ouvrages) est elle-même
subdivisée en dix sous-sections. Le catalogue est un catalogue semi-métho-
dique : les ouvrages y sont classés par section et sous-section, mais dans
chaque division, ils sont rangés suivant l'ordre alphabétique des noms
d'auteurs. Un index alphabétique des mêmes auteurs termine le volume.
Il était bien superflu d'y créer une rubrique Anônimos et une autre Varias
pour les ouvrages rédigés par plusieurs auteurs. Il est étonnant que le co-
lonel Gonzalez, qui, sans doute, a fait faire ce travail par un aide, ait laissé
terminer cet index d'auteurs par la mention ridicule : Zweitcr Band 3.
Heft. Et puisque nous en sommes aux critiques, nous regretterons l'incorrec-
tion trop fréquente dans les noms ou les mots étrangers : P. 170, Bepetir-
Gewehre, pour Repetir; p. 248, refiexiones pour réflexions; y). 2^9, l'escuadron
— 190 --
pour Vcscadron; p. 5^1, Barbelon pour Bahelon; p. b'i.'i^Castailhac pour Car-
tailhac, etc. Mais nous préférons insister sur l'efTort vraiment louable que
nous révèle le catalogue pour tenir la bibliothèque au courant de la produc-
tion non seulement nationale, mais étrangère. La France, notamment,
est bien représentée dans cette bibliothèq?;e: parmi les 16 revues étrangères
auxquelles elle est abonnée, dix sont françaises. Ce n'est pas qu'il n'y ait
point de lacunes; il y en- a de graves : ni Chuquet, ni Sorel, ni Taine, ni
Vandal ne figurent dans le catalogue; et des ouvrages qui intéressent plus
directement l'Espagne, comme ceux de M. Geoffroy de Grandmaison, font
également défaut; Ton est surpris de ne pas rencontrer un ouvrage de réfé-
rence ai'ssi utile que la Bibliotheca historico-militaris, de Pohier. Mais il ne
faut pas oublier que M. le colonel Gonzalez ne dispose que de res.>ources res-
treintes, et l'on peut juger par l'appendice consacrée aux nouvelles acquisi-
tions des efTorts tentés par lui pour combler les lacunes.
États-Unis. — Nous recevons îe volume XXXIII de la Smith.sonian
Institution United States national Muséum. Proccedings of the UnitedStates Na-
tional Muséum. WdiShmgton, Government printing Office, 1908, in-8 de750p.,
avec 65 pi. et de nombreuses fig. dans le texte). Ce volume ne renferme pas
moins de 37 mémoires originaux dus à divers naturalistes américains et décri-
vantles collections du Muséum d'histoire naturelle de Washington. Parmiles
plus intéressants, citons les descriptions de nouvelles espèces de fossiles des ter-
rains palseozoïques supérieurs de la Chine, par M. G. H. Girty; les nouvelles
tineides américaines, par Lord Walsingham (32 espèces); les collections des
poissons des Philippines, dont sept espèces nouvelles, par le major E. A. Mearus.
Les copépodes parasites de la famille des caligidae, par M.C.B.Wilson, etc..
La Smith?;onian a aussi publié à part les parties 1, 2 et 3 du vol. XII des
Contributions jrom the United States national Herbarium, qi.i contiennent :
Part. 1. Le Catalogue de la bibliothèque de botanique de John Donnel
Smith, dressé par M™e Alice Cary Atwood (94 pages). — Part. 2. Les Lecy-
thidaceae de Costa Rica (6 p. et 8 planches), par M. H. Pittier de Fabreg.-i.
Tonduzia (un nouveau genre d'apocynacées, de l'Amérique centrale), par
le même auteur (2 p. avec 1 pi. et 2 fig.). Une collection de plantes des envi-
rons de la Guaira (Venezuela), par M. J. R. Johnston (7 p.). — Part. 3. Types
des graminées américaine.s..., par M. A. S. Hitchcock (50 p.). — Enfin le
Bulletin de la même institution, qui contient une série de travaux plus ou
moins longs relatifsà la description des collections du Muséum, est complété,
pour cette année 1908, par le n» 61 formé d'un mémoire de M. Aîexander
Ruthven sur les serpents-jarretière, leurs variations et relations généti-
ques, travail fort complet de 198 p., avec 3 pages de tabîe-index, illustré
de 82 figures, cartes, diagrammes, etc. dans le texte et 1 planche hors texte.
Il semble bien que c'est ce qu'il y a de plus complet sur ce sujet des garter-
snakes (Tamnophies, etc.).
- — Smithsonian Institution. United States national Muséum Contributions
jrom the United States national Herbarium. \o\. XII. Part. 4. The mexican
and central american spscies of Sapium, by Henry Pittier, in-8 de 11 p.,
avec 8 planches similigravure et 4 fig. dans le texte. M. Henry Pittier
décrit 8 espèces de sapium de 1" Amérique centrale, à savoir : Sapium
pleiostachys, S. anadenum; S. mexicanum; S. thelocarpum; S. pedicellatum;
S. Pittieri; S. pachi/stachys, et S. oligoneurum.
Publications nouvelles. — La Sainte Liturgie, par Dom A. Gréa
(in-12. Maison de la Bonne Presse). — Commentaire sur VEvangilc selon
saint Matthieu, par A. Gratry (2 vol. in-18, Téqui). — D'i VÉglisc et de sa
divine constitution, par Dom A. Gréa (2 vol. in-12, Maison de la Bonne
— 191 —
Presse). — Souvenir des catéchismes. Pieuses Catéchèses d'évangile, par l'abbé
P. Baudot (petit in-18, Paris et Lille, Désolée, de Brouwer). — Le Christia-
nisme de V avenir, ou la Théologie nouvelle, par R. R. J. Campbell; trad. de
l'anglais par J. Arnavon (in-12, Emile Nourry). — UArt d'assurer son salut,
par le T. R. P. A. Desurmont (in-lG, Librairie de la Sainte-Famille). — Le
Credo et la Providence, par le T. R. P. A. Desurmont (in-16. Librairie de la
Sainte-Famille). — LaVievraiment chrétienne, par le T. R. P. A. Desurmont
(in-16, Librairie de la Sainte-Famill^). — Le Monde et VÉvangile, par le
T. R. P. A. Desurmont (in-16, Librair«e de la Sainte-Famille). — La Fidélité
à Jésus-Christ, par le T. R. P. A. Desurmont (in-16, Librairie de la Sainte-
Famille). — Dévotions. Sucré-Cœur. N.-D. du Perpétuel-Secours. Saint
Joseph, par le' T. R. P. A. Desurmont (in-16, Librairie de la Sainte-Famille).
• — Le Chrétien intime. T. IV. Le Culte du Cœur de Marie (Salve Regina...
Vita nostra). Élévations, par l'abbé C. Sauvé (in-8, Amat). — Retraite reli-
gieuse du Chemin de la croix, par G. Billot (in-18, Téqij). — Les Apparitions
de Notre-Dame de Lourdes et la Société contemporaine, par l'abbé P. Borde-
debat (in-18, Téqui). — En face de la mort, courtes méditations pour la retraite
du mois, par le R. P. Lescœur (in-18, Téqià). — L'Inquiétude religieuse, par
H. Bremond. 2^ série (in-16, Perrin). — Religions orientales, l^e série. La
Religion védique, par A. Roussel (in-12, TéqLi). — Étude théorique et pratique
sur la nullité et la caducité des libéralités adressées aux établissements publics
et particulièrement aux anciens établissements ecclésiastiques, par P. Ravier
du Magny (in-12. Éditions de la « Revi:e d'organisation et de défense reli-
gie!:se »). — Précis de psychologie, par W. James; trad. par E. Baudin et
G. Bertier (in-8, Marcel Rivière). — Leçom de morale, par É. Boirac (in-8,
A'can). — Métaphysique et esthétique, par A. Schopenhauer; trad. par A.
Dietrich (in-16, Alcan). — La Science de la vie. Deuxième Partie. Le Devoir.
Pages recueillies dans les papiers ou rédigées d'après les cours de l'abbé
Guinand. T. III. Gouvernement des sociétés : justice ('n-12, Lyon, Rey), —
Psychologie des mystiques chrétiens. Les Faits : le Poème de la conscience,
Dante et les mystiques, par J. Pacheu (in-16, Perrin). — Où mène Vécole sans
Dieu, par F. Gibon, avec une lettre d'Introduction de Mgr Baudrillart (in-12,
Téqui).— Mères et fils, par F. Gâche (in-16, Toulouse, Privât; Paris, Didier).
— Pour la vie familiale, conférences faites à V Ecole des mères, par E.Boutroux,
E. Cheysson, G. Compayré, Darlu, A. Lichtenberger, P. Malapert, A. Moll-
Weiss, F. Passy, C. Wagner (in-12, Touloi;se, Privât; Paris, Didier). —
L"s Accidents du travail, étude critique des améliorations à apporter au régime
du risque professionnel en France, par \e B^ A. Marie et R. Décante (in-18,
Giard et Brière). — Rovidés bretons, par H. Vidlou (in-12, Amat). — Les
Systèmes logiques et la Logistique. Etude sur Venseignement et les enseigne-
ments des mathématiques modernes, par G. Lucas de Pesloûan ('n-8, Marcel
Rivière). — Initiation à la mécanique, par C.-É. Guillaume (in-16, Hache+te).
— La Navigation aérienne par ballons dirigeables, par le commandant
Bouttieaux (gr. in-8, Delagrave). — Aviation. Études expérimentales sur les
zooptères, par P. Amans (gr. in-8, Vivien). — Le Trait léger. L'Artillerie, le
commerce, par le capitaine Charpy (in-8, Laveur). — Le Néo-latinisme, par
J.-L. Dartci.s (Jn-12, Société de auteurs-éditeurs). — Tâin bô cûalnge.
Enlèvement du taureau divin et des vaches de Cooley, la plus ancienne épopée
de VEurope occidentale; trad. par H. d'Arbois de Jubainville. 2^ livr. publiée
avec la collaboration de E. Bibait (in-8, Champion).. — Le Reflet des heures,
par H. de Surany (in-18, Lemerre). — De la vie au mystère, par J. Larroche
(in-18, Lemerre). — Œuvres choisies de Marceline Des bordes -Valmore, études
et notices, par F. Loliée, (in-18, Delagarde). — Avant la rampe. Premiers
— 192 —
Bauenients de cœur. La Signature, intermède. L'Ame broyée, par C, de Bussy
(in- 18, Stock). — La Lumière invisible, scènes et récits de la vie mystique,
par R. H. Benpon; trad. de l'anglais par T. de Wyzcwa (in-16, Perrin). —
Pereat Rochus et autres nouvelles, par A. Fogazzaro; trad. de l'italien (in-16,
Perrin). ■ — La Folle Passion, par M. -A. de Bovet (in-18, Lemerre). — Les
Vacancts de Suzette pour 1909 (petit in-8, Henri Gautier). — Le Journal
d'un potache, par J. Vézère (gr. in-8, Maison de la Bonne Presse). — Le
Château de Pontinès, par V. Mag (in-12, Maison de la Bonne Presse). — De-ci,
de-là, légendes, fantaisies, par Berthem-Bontoux (in-12, Avignon, Aiibanel
frères). — Nouveaux Essais choisis de critique et de morale, par T. Carlyle;
trad. de l'anglais avec une Introduction par E. Barthélémy (in-16, Mercure
de France). — Charles Dickens, par G. K. Chesterton; trad. par A. Laurent
et L. Martin-Dupont (in-18, Delagrave). — La France et ses colonies. Classe
de premièie, par H. Bi,ssnn, J. Fèvre et H. Haiser (in-12 cartonné, Alcan).
— Géographie rapide (Europe), par O. Reclus (petit in-8, Larousse). — Le
Tour de F Espagne en automobile, étude de tourisme, par P. Marye (in-16,
Plon-Nourrit). — Le Passage du Nord-Ouest, par le capitaine R. Amundsen;
trad. par C. Rabot (in-8. Hachette). — Dans les marches tibétaines. Autour
duDokerla, novembre 190&-janvier 1908, par J. Bacot (in-16, Plon-Nourrit).
— Asie et Insulinde. Afrique. Classe de cinquième, par H. Busson, J. Fèvie
et H. Hauser (in-12 cartonné, Alcan). — L'Empire du Soleil. Pérou et Bo-
livie, par le baron et la baronne Conrad de Meyendorff (gr. in-8. Hachette).
— Étude critique sur les relations d'Érasme et de Luther, par A. Meyer (in-8,
Alcan). — ■ Les Sources de Vhistoire de France, xvi" siècle (1494-1610), par
H. Hauser. II. François /er et Henri II (1515-1559) (in-8, A. Picard et fils). —
Jeanne d'Arc, heroine and healer, documentary évidences, by C. Rœssler
(in-8, London, Dulau; Williams and Norgate; Paris, A. Picard et fils). —
La Jeanne d'Arc de M. Anatole France, par A. Lang in-16, Perrin). —
Dix ans d'émigration (1791-1801). Souvenirs de François de Cézac, hussard
de Berchény, volontaire à l'armée de Condé, publiés par le baron A. de Mari-
court (in-8, Emile-Paul). — La Crise de l'histoire révolutionnaire. Taine et
M. Aulard, par A. Cochin (in-8. Champion). • — La Cathédrale de Verdun.
Étude historique et archéologique, par l'abbé C. Aimond (gr. in-8, Nancy,
Royer). — Livre rouge du chapitre métropolitain de Sainte-Marie d'Auch,
publié pour la Société historique de Gascogne, par l'abbé J. Dufîour. 2®
partie (in-8, Paris, Champion; Auch, Cocharaux). — Quelques questions
d'actualité, par le général H. Langlois (in-12, Berger-Levrault). — Les Hon-
nestes Dames allemandes, par J. et F. Régamey (in-18, Albin Michel). —
Miscellanea di storia italiana. Terza série. T. XIII (R. Deputazione sovra
gli studi di storia patria per le antiche provincie e la Lombardia) (gr. in-8,
Torino, Bocca). ■ — La Question polonaise, par R. Dmowski; trad. du polo-
nais par V, Gasztowtt (in-18, Colin). — Prusse et Pologne. Enquête inter-
nationale organisée par H. Sienkiewicz (in-8. Agence polonaise de presse). —
Dans les cachots de Nicolas II, par G. Guerchouni (in-12, Dujarric). —
La Situation du catholicisme à Genève, 1815-1907, par W. Martin (in-16,
Paris, Alcan; Lausanne, Payot). — Les Mavroyéni. Histoire d'Orient [de
1700 à nos jours), par T. Blancard (2 vol. in-8, Leroux). — Voix canadiennes.
Vers l'abîme, par A. Savaète. T. II (in-8, Savaète). — Causeries franco-
canadiennes. Premier Entretien, par A. Savaète (in-8, Savaète). — La Vie
du livre, derniers feuillets d'un bibliophile, par F. Fertiault (in-18, Lemerre).
— International Catalogue of scientific literature. Seventh annual issue. J.
Geography (in-8, London, Harrison; Paris, Gauthier- Viilars). Visenot.
Imp. Fn. Simon. Bonnes. Le Gérant : CHAl'UiS.
POLTBIBLION
BEVUE BIBLIOGRAPUIOIJE UNIVERSELLE
PUBLICATIONS RÉGENTES SUR L'ÉCRITURE SAINTE
ET LA LITTÉRATURE ORIENTALE.
1. Der alitestamentliche Kanon der Antiochenischen Schule. Gekroate Preisschrift von
D'' LuDwiG Dennefeld (Bibllscke Studien, t. XIV, fasc. 4). Freiburg im Breisgau,
Herder, 1909, in-8 de vi-93 p., 3 fr. 25. — 2. La Vraie Science des Écritures, ou les
Erreurs de la scolastique el l^ enseignement officiel sur le vrai sens de la Bible, par X.
Annoiiay, Bonnard, 1909, in-12 de xvii-129 p., 1 fr. 50. — 3. Petite Bible illustrée
des écoles, par J. Ecker. Édition française par Un Père de la Compagnie de Jésus.
Paris, Bloud, s. d. (1909), in-12 de 276 p., avec de nombr. vignettes et 2 cartes,
relié toile, 2 fr. — 4. Cours supérieur d'instruction religieuse. Israël, Jésus-Christ,
VÉglise catholique, par J. Labourt. Paris, Lecofl're, Gabalda, 1909, in-12 de vii-
315 p., 3 fr. — 5. Der Vcrfasser der Eliu-Reden (Job Kap. 32-37). Bine kritische
Untersuchung von D'' Wenzel Posselt (Biblische Studien, l. XIV, fasc. 3). Frei-
burg im Breisgau, Herder, 1909, in-8 de xi-lU p., 3 fr. 75. — 6. Le Cantique des
cantiques. Commenta-ire philologique et exégétique, par P. JoiJON. Paris, Beauchesne,
1909, petit in-8 de viii-335 p., 5 fr. — 7. L'Existence historique de Jésus et le Ra-
tionalisme contemporain, par L.-Cl. FitLiON (Collection Science et Religion). Paris,
Bloud, 1909, in-12 de 63 p., 0 fr. 60. — 8. Jésus historique, par C. Piepenbring.
Paris, E. Nourry, 1909, in-12 de 195 p., 2 fr. 50. — 9. Jésus de Nazareth. Notes his-
toriques et critiques, par Etienne Giran. 2« édition, Paris, E.Nourry, 1909, in-12 de
205 p., avec une carte, 2 fr. 50. — 10. L'Église apostolique. Actes d'Apôtres. Épîtres.
Apocalypse. Traduction et commentaire, par l'abbé Verdunoy. Paris, Lecoffre,
Gabalda, 1909, in-12 de vii-551 p., avec 2 cartes, 3 fr. 50. — 11. Die Wiederkunft
Christi nach paulinischen Briefen, von D'' Fritz Tillmann {Biblische Studien,
t. XIV, fasc. 1 et 2). Freiburg im Breisgau, Herder, 1909, in-8 de viii-205 p., 7 fr. —
\2. Ascension d'I saie. Traduction de la version éthiopienne, avec les principales
variantes des versions grecque, latines et slave. Introduction »t notes par Eugène
TissERANT (Documents pour l'étude de la Bible). Paris, Letouzey et Ané, 1909,
in-8 de 252 p., 4 fr. — 13. Le Pays de l'Évangile, par E.-N. Gaussens. P.iris, Oudin,
1909, in-12 de yiii-466 p., 3 fr. 50.
L — Nous manquions d'une monographie sur le canon de 1 Ancien
Testament dans l'école exégétique d'Antioche. M. Dennefeld nous la
donne, solide et claire, en un mémoire couronné : Ber alUestamentliche
Kanon der Antiochenischen Schule. Dans l'Introduction, il résume
l'histoire de ce canon au iv^ siècle on dehors de cette école. A cette
date, qui inaugure une nouvelle période, paraissent ailleurs des listes
ou catalogues incomplets, desquels sont exclus les livres bibliques
dits aujourd'hui deutérocanoniquos et parfois le livre d'Esther. Cette
exclusion s'exphque par l'influence des Juifs contemporains à Alexan-
drie, à Jérusalem et dans d'autres milieux chrétiens. Par défiance
pour les ouvrages apocryphes, qui s'étaient multiphés aux ii® et m®
siècles, les docteurs de l'Église soumirent à un nouvel examenle canon
des Livres saints, et prirent comme critérium le sentiment des Juifs
de leur temps. L'école d'Antioche ne subit pas cette influence, et ses
Septembre 1909. T. CXVI. 13.
_ 194 —
docteurs ne dressèrent aucun catalogue des Livres saints de l'Ancien
Testament. Leur attitude fut par suite constamment favorable aux
deutérocanoniques. M. Dennefeld a recueilli avec beaucoup de soin
et d'exactitude tous les renseignements que leurs écrits conservés
fournissent sur tous les Mytcs de l'ancienne alliance. Le fondateur
de cette école, saint Lucien, ses disciples immédiats, les lucianistes,
et les autres anciens docteurs ont laissé peu d'indices de leur pensée à
ce sujet. Les grands Antiochiens, Diodore de Tarse, saint Jean
Chrysostome, Polychronius, Théodoret, témoignent nettement de
l'attitudç de leur écolo. Ils placent sur le même rang d'écrits inspirés
les protocanoniques et les deutérocanoniques de l'Ancien Testament, y
compris le III^ des Macchabées et le III^ d'Esdras. Seul, Théodore
de Mopsueste s'écarte du sentiment commun de son école; mais on a
tort de le citer avec les adversaires des deutérocanoniques, puisqu'il
excluait du canon plusieurs livres protocanoniques : Job, le Cantique,
les Paralipomènes, Esdras et Néhémie, Esther, et reconnaissait la
canonicité de l'Ecclésiastique et de Baruch. Il est un isolé, quia été
justement condamné par le \^ concile œcuménique de Constanti-
nople. Son frère, Polychronius, n'adopta pas ses opinions. Notons que
M. Dennefeld tient pour authentique la plus courte édition de la
Synopsis sacrae Scriptiirae, attribuée à saint Chrysostome. Dans une
section finale, il étudie le sentiment des derniers Antiochiens, disciples
de saint Chrysostome : saint Isidore de Péluse, saint Nil, Marc l'Er-
mite, Proclus de Constantinople, Cassien, Victor d'Antioche, ou de
Théodore de Mopsueste et de Théodoret : Adrien, Cosmas Indico-
pleustes et Nestorius. Ceux-ci abandonnent résolument leur maître
et admettent les deutérocanoniques. L'école d'Antioche a donc tou-
jours reconnu la cancnicité de tous les livres de l'Ancien Testament.
A corriger, page 17, Cereani par Ceriani.
2. — Les lecteurs qui voudraient percer l'anonymat de X, auteur
de la Vraie Science des Ecritures, ou les Erreurs de la scolastique et
V enseignement officiel sur le vrai sens de la Bible, n'auraient qu'à se
reporter à un an en arrière dans cette revue (t. CXIII, p. 199-200). Ils y
trouveront le nom de cet auteur et l'exposé de ses théories, pour ne pas
dire de ses rêveries. Je ne veux pas perdre mon encre à analyser de nou-
veau le fatras d'idées saugrenues, qu'il reproduit avec un inlassable cou-
rage. Je maintiens mes critiques de l'année dernière. L'anonyme essaie
bien d'y répondre, en y joignant quelques injures à mon adresse. Ses in-
jures m'honorent, puisqu'elles me confondent avec tous les théologiens
et les exégètes scolastiques. Si je me trompe avec eux sur l'objet propre
de la révélation et de l'inspiration, je suis en benne compagnie; et si leur
doctrine sur ces points et d'autres est en opposition avec l'enseigne-
ment ofTiciel de l'Église aux conciles de Trente et du Vatican et par
— 195 —
l'organe de Léon XIII dans l'encyclique Providentissimus Deiis, je
ne comprends pas que les trois derniers Souverains Pontifes, Pie IX,
Léon XIII et Pie X, pour ne parler que d'eux, aient tant hué et recom-
mandé la philosophie et la théologie scolastiques, et que Léon XIII
ait même vanté l'exégèse des scolastiques. Ces Papes manqueraient-ils
donc si gravement à leur mission de gardiens de la véritable doctrine ?
Il est vrai qu'ils ignoraient et que Pie X ignore encore les idées nou-
velles d'un prêtre du diocèse de Grenoble, idées qui doivent révolu-
tionner la théologie. Mais les révolutionnaires, fussent-ils chanoines,
ne réussissent pas en ces matières, parce qu'ils vont centre le sentiment
commun des docteurs, dont on ne peut s'écarter pas plus que du bon
sens dans les choses de son ressort. La singularité est souvent, surtout
en théologie, un signe d'erreur. Loin de redouter la sienne, X s'en
enorgueillit : il se complaît à être seul contre tous. Un peu de modes-
tie siérait même aux révolutionnaires. Sur V imprimatur^ dont le refus
barre le chemin à la vérité en marche, X a les mômes idées que M. Loisy.
Le refus d'imprimatur cependant est une garantie contre les excès,
qu'ils viennent d'extrême droite ou d'extrême gauche. X a cru pou-
voir passer outre, grâce à l'anonymat transparent, dont il se couvre.
Il fut un temps où, dans l'Eglise, tous les livres anonymes étaient
suspects. Pour suivre l'esprit de la loi ecclésiastique, qui exige l'impri-
matur, X a voulu publier « un travail solide et inattaquable au point
de vue doctrinal »(p- x), en se décernant ainsi lui-même le iViAi/oè^/a^. La
solidité du travail dépend d'une interprétation très particulière des
documents conciliaires et ponoificaux. Or, j'ai rarement rencontié
un esprit aussi faux pour rr me leràun sentiment personnel les décisions
officielles, qui lui sont diamétralement opposées. D'autre part, ce solide
travail est attaquable, au point de vue doctrinal, au moins sur une
doctrine de grave impoi tance. Quel que soit lesensprécisdelaparolede
Mgr Simor au concile du Vatican sur la nature de l'inspiration (parole
rapportée sans aucune référence aux Actes authentiques, ce qui est
peu scientifique), il résulte du texte même de la constitution Dei
Filius que les Pères du Vatican ont condamné deux exphcations de
théologiens allemands sur ce sujet. La seconde, que renouvelle le
chanoine de Grenoble, ramène l'inspiration au contenu de la révéla-
tion sans aucune erreur dans les Livres saints, et elle est déclarée
insuffisante. Aussi Léon XIII et Pie X ont-ils condamné les adversaires
de l'inerrance absolue, non pas de la révélation, comme il est dit (p'. 102),
mais de l'Ecriture, et un article des nouvelles lois de l'Index, établies
en 1900 par la constitution 0/fi.ciorum, frappe tout écrit qui nie l'iner-
rance de l'Eciituie, donc les livres de M. Crozat et de X. Il est inutile
dès lors, et vraiment ils n'en valent pas la peine, de les déférer à la Sacrée
Congrégation de l'Index." Notons, en terminant, que l'imprimerie d-i
— 196 —
Montligeon, qui est une œuvre catholique, pnin'raib réserver ses presses
à l'impression d'écrits plus orthodoxes que ceux do X,
3. — Le docteur Ecker, professeur au grand séminaire do Trêves,
s'est dévoué à la diffusion de l'Ecriture sainte parmi les classes popu-
laires en Allemagne. Après sa Bible des familles, il a publié, en 1906,
une Bible des écoles, qui a été adoptée déjà comme livre d'enseignement
dans beaucoup d'écoles primaires. Un religieux de la Compagnie de
Jésus a traduit en français la seconde édition allemande, un peu abré-
gée, sous le titre : Petite Bible illustrée des écoles. Ce n'est pas un recueil
d'extraits, ni un abrégé décharné des Livres saints. C'est l'exposé d'en-
semble de toute l'histoire sainte, le plus souvent possible dans le lan-
gage même des écrivains sacrés. Le choix de ce qui est tradu't textuel-
lement et de ce qui n'est que résumé est fait avec tact. L'auteur a cité,
comme spécimen, quelques passages des livres prophétiques et doctri-
naux. On peut regretter leur rareté. Après un verset d'Osée et un autre
d'Amos, on trouve au long l'histoire de Jonas. Job est placé avant
Moïse. Une sentence appropriée suit chaque paragraphe. Dans le
Nouveau Testament, le texte des évangiles des dimanches et fêtes est
reproduit en entier avec l'indication du jour de sa lecture. Une table,
à la fin du volume, permet de le retrouver. On pourrait, au point
de vue critique, discuter l'ordre suivi pour la vie de Notre-Seigneur,
surtout pour le ministère public. Toutefois, l'ensemble est bon pour
le but pratique, qui est poursuivi. Les extraits des Epîtres sont trop
courts. L'histoire ultérieure de Marie et des apôtres contient quelques
détails légendaires. Dans la table chronologique (p. 272) Adam est
placé « avant l'an 4000 ». Le vocabulaire des noms propres indique
leur signification étymologique. Quelques fautes d'impression seraient
à corriger. L'illustration, qui est abondante, est bien réussie. Les vues
de localités bibliques et les cartes finales aideront à comprendre le
texte. En résumé, la Petite Bible des écoles est un excellent manuel
pour les classes élémentaires, où il aura du succès.
4. — - Les matières exposées dans l'ouvrage précédent font partie
du programme que M. Labourt, aumônier au Collège Stanislas, a
suivi dans son Cours supérieur d'instruction religieuse. Elles sont com-
prises dans le sous-titre : Israël, Jésus-Christ, et complétées par
l'Eglise catholique. Elles ne sont pas traitées dans le même esprit et
selon la même méthode, et cela s'imposait en raison des élèves aux-
quels le Cours est destiné, et du but que se proposait l'auteur. Rédigé
pour les élèves des classes supérieures des collèges secondaires ou des
cours de jeunes filles ou pour les grands catéchismes de persévérance,
ce Cours supérieur devait exposer l'histoire biblique et la vie de Notre-
Seigneur autrement qu'une 13ible, illustrée ou non, qu'une Histoire
sainte des écoles primaires. Ici, on procède par anecdotes et nom et
— 197 —
sur le même plan et presque sans perspective tous les personnages
mentionnés et tous les faits merveilleux de la Bible. Là, on a envisagé
à dessein l'histoire du peuple de Dieu et la v^e de Jésus-Clirist au point
de vue synthétique, en présentant un tableau succinct et exact de la
vie religieuse et politique des Israélites depuis l'origine de leur nationa-
lité, c'est-à-dire depuis Abraham, et en montrant l'intervention sur-
'laturelle de Dieu dans les grandes lignes de cette histoire plutôt que
dans les événements particuliers. De même, M. Lab(»urt a replacé
Jésus-Christ dans son milieu politique et religieux, et l'a fait voir
agissant, enseignant, mourant et ressuscitant en Fils de Dieu. Enfin,
dans la troisième partie, il établit le caractère divin de l'Église dans
son origine, sa mission, son enseignement et son action à travers le
monde. Ainsi, il a considéré la religion révélée comme un fait plutôt
que comme une doctrine, et il envisage son Cours supérieur comme
un supplément aux Cours primaires et moyens, où le dogme, la morale,
la liturgie, l'histoire sainte et l'histoire de l'Éghse ont déjà été expliqués.
' D'autre part, il a compris son Cours de religion comme devant servir
d'antidote aux manuels d'histoire religieuse, dans lesquels l'histoire
d'Israël et le christianisme sont exposés dans un sens tout à fait ra-
tionaliste. C'est donc délibérément que le plan suivi ne répond pas
à celui des précédents ouvrages d'instruction religieuse, destinés à
l'enseignement des collèges. Enfin, ce cours est un livre de i élève, qui
est extrêmement concis et qui a besoin d'être expliqué, commenté et
développé par le maître. Celui-ci comblera, s'il le juge à propos,
certaines lacunes, et éclaircira les passages trop condensés. Ainsi
compris, le Cours de M. Labourt se justifie aisément. S'il n'échappe
pas, surtout dans la disposition des matériaux, à quelques défauts,
qui seront corrigés dans une prochaine édition, il ne donne prise à
aucune critique sérieuse au point de vue de l'orthodoxie. Despersonnes,
figées dans l'immobilité, lui reprocheront peut-être sa « nouveauté »,
ou lui feront un procès de tendance; les esprits sages et pondérés
demanderont seulement quelques améliorations, que l'auteur ne re-
fusera pas de faire. Se frayant une voie nouvelle, il a pu laisser, dans
un premier essaj, quelque sujet à la critique; mais le genre est à recom-
mander comme Cours supérieur d'instruction religieuse.
5. — Dans un fascicule des Biblisclie Studien^ M. Posselt a traité un
problème littéraire concernant l'originaUté des discours d'Ehu, Der
Verfasser der Eliu-Reden. La plupart des exégètes protestants nient
qu'ils aient primitivement fait partie du livre de Job; selon eux, ils
auraient été ajoutés plus tard. L'auteur expose et discute les
arguments, tirés du fond et de la forme littéraire en preuve de la non-
authenticité. Dans l'Introduction, il rapporte la composition du livre
entier au commencement de la captivité des Juifs à Babylone. Dans
— 198 —
la première partie, il indique les particularités littéraires de ces dis-
cours et les traces qu'ils présenteraient d'une rédaction postérieure.
Mais leur rapport avec le reste du livre, et surtout avec le but de l'auteur,
qui est la solution du prnblème de la souffrance pour un juste tel que
Job, lui fait conclure que ces discours sont nécessaires à la trame du
livre, puisque, en leur absence, le problème débattu entre Job et ses
amis resterait sans solution. Cet exposé amène iM. Posselt à dire son
sentiment sur le plan du poème, sur sa marche, et en particulier sur
l'idée que Job se faisait des rétributions d'outre-tombe. Il pense qu'il
les ignorait d'abord, mais que, par l'effet du malheur et avec le sen-
timent profond de son innocence, sa foi religieuse est allée en progres-
sant et s'est élevée jusqu'à l'espérance de la résurrection. Dans la
seconde partie, il étudie à fond les caractères de la langue et du style
des discours en question. Comme dans la première partie, il expose
longuement les arguments pour et contre. Sa conclusion est que,
quoique toutes les objections contre l'unité d'auteur ne soient pas
complètement résolues, elles ne sont pas cependant suffisantes pour
diminuer la fermeté de la solution donnée dans la première partie.
Cette dissertation semble épuiser le sujet. Son auteur a lu tous les
ouvrages allemands et discuté les nombreuses objections des critiques.
Il ne cite aucun travail français: les études de Le Hir, Lesêtre et Loisy
lui sont inconnues. Elles lui auraient fourni de bons arguments.
6. — Le P. Juû'm vient de publier un Comme?7taire philologique et
exégétiqiie sur le Cantique des cantiques^ un des livres les plus courts et
les plus obscurs de la Bible. La conclusion de son étude est que ce
poème, « au sens httéral, chante l'amnur mutuel de Jéhovah et
d'Israël et retrace à grands traits l'histoire religieuse de la nation élue,
depuis la première alliance, lors de la sortie d'Egypte, jusqu'à l'ère
messianique » (p. m). L'ancienne traditi(»n juive lui a fuurni cette
donnée fondamentale, qu'il s'est ingénié à développer et à justifier
par des raisons d'ordre historique et Uttéraire. Dans l'Introduction,
l'auteur ébauche l'interprétation qu'il adopte et discute les différents
systèmes d'interprétation, qu'il ramène à trois grandes catégories :
l'exphcation allégorique, l'cxphcation naturaliste et l'exphcation
mixte, qui superpose au sens apparent et grammatical un sens plus
élevé (spirituel ou typique). Sa critique se porte d'abord sur cette
dernière. L'ordre adopcé ne me semble pas naturel : il eût mieux valu
répéter en première ligne l'interprétation natuiahste, qui ne voit dans
le poème qu'un épithalame et qui ne se concihe guère avec la canoni
cité du livre, puis l'exphcation mixte, enfin les diverses interpréta-
tions afiégoriques. Le P. Jouon expose ensuite les caiactères (rehgieux
et saint, national, littéraires) du Cantique, son symbohsme, la ques-
tion d'authenticité, le texte et les versions. Il lui « paraît problable que
— 199 —
le poème a été composé ou à la fin de l'exil ou peu de temps après le
retour : l'auteur a pu l'écrire aussi bien en Babylonie qu'en Palestine »
(p. 92). Il ne s'agit donc plus d'attribution salomonienne. La personne
de l'auteur est inconnue, et on ne peut la juger que d'après son œuvre.
Le texte hébreu nous est parvenu dans un état de conservation assez
satisfaisant. Le nombre des passages certainement corrompus est
minime, ainsi que celui des passages critiquement douteux. Le P.
Joûjn n'a constaté ni glose ni transposition certaine, et il se défie avec
raison des hypothèses métriques qui exigent de nombreuses transpo-
sitions et la suppression de prétendues gloses ajoutées au texte. Dans
les notes bibliographiques^ il a suivi l'ordre alphabétique des noms des
commentateurs (pourquoi dire Clericus, et pas Jean Leclerc?) Il eût
mieux valu les grouper par système d'interprétation, en rangeant les
partisans de chaque système dans l'ordre chronologique. La traduc-
tion française est donnée d'un seul trait, p. 111-123. Elle est répétée,
morceaux par morceaux, dans le commentaire. Je n'y vois qu'avan-
tages pour le lecteur, et aucun inconvénient. Le commentaire est à la
fois philologique et exégétique, comme le sous-titre l'indique. La partie
philologique est traitée avec toute l'étendue qui convient à un com-
mentaire scientifique. Elle a de réels mérites, et elle sera utilement
consultée, même par ceux qui n'admettraient pas l'interprétation
adoptée. Quant à celle-ci, elle ne me semble pas prouvée, malgré les
louables efforts de l'auteur. Le principe de l'allégorie de l'amour mu-
tuel de Jéhovah et d'Israël est fondé. Mais s'applique-t-il au Cantique,
et dans quelle mesure.^ Son application n'apparaît pas dès le début
du poème, et il faut Hre plusieurs hgnes avant de rencontrer une
première allusion. Elle diffère de celle qu'ont faite les prophètes an-
térieurs, si on adopte la date pioposée par le P. Juûon. Cette diversité
s'expHquerait mieux, si le poème était le plus ancien. Plus récent,
comment son auteur a-t-il modifié la tradition? Serait-ce que les poètes
prennent aisément des licences? Enfin, la progression aperçue dans le
poème et l'appHcation à l'histoire successive d'Israël ne sont pas
suffisamment prouvées. Les rares allusions, trouvées dans le choix
des images, etc., ne sont pas transparentes : on ne les aperçoit que si
on veut, à tout prix, justifier un système d'interprétation qu'on a
dans l'esprit. Bref, le P. Joûon n'a pas réussi, à mon avis, à exphquer
définitivement l'énigme du Cantique. L'effort qu'il a fait est louable;
il ne sera pas stérile, car il aidera certainement à mieux comprendre
beaucoup de particularités d'un texte fort obscur.
7. — Dans une JDrochure, qui fait partie de la collection Science
et Religion, M. Fillion a étudié l'Existence historique de Jésiis et le
Rationalisme contemporain. Très rares sont, parmi les rationalistes
les plus avancés, ceux qui ont osé nier ou mettre en doute l'existence
— 200 —
historique de Jésus. Il s'en est trouvé cependant en Allemagne, en
Angleterre, en Amérique et même en France. M. Fillion les nomme
(Charles-François Dupuis, Bruno Bauer et quelques autres à sa suite,
Albert Kalthoiï, W. B. Smith et P. Jensens), et il expose leurs princi-
paux arguments. Il est regrettahle qu'il n'ait rien dit des trois récents
volumes de Heullard sur le il/e/?5owge/iistori</tie;peut-êtren'avaient-ils
pas encore paru, quand il a rédigé son étude. M. Fillion rapporte ensuite
des preuves irréfutables de l'existence personnelle de Jésus-Christ.
Il les trouve dans les témoignages des écrivains païens (Pline le Jeune
Tacite, Suétone), des écrivains juifs contemporains et des chrétiens.
Il fait ressortir leur signification, explique le silence de Philon, écarte
les interpolations des textes de Joséphe, et, pour les témoignages chré-
tiens, examine, en dehors des livres du Nouveau Testament, ce que
prouvent les agrapha., les Pères apostoliques, les Evangiles apocryphes
et les peintures des catacombes, enfin l'existence du christianisme
comme preuve de l'existence de son fondateur. La conclusion est donc
que le système d'après lequel Jésus n'aurait jamais existé et ne serait
qu'un personnage allégorique ou qu'un mythe juif, babylonien, chré-
tien ou composite, non seulement n'a pas le moindre appui dans
l'histoire, mais est une « monstruosité « en face de la vraie science.
8. — La librairie Nourry, qui s'est fait une spécialité de publications
modernistes ou modernisantes, semble abandonner sa série d'ouvrages
pseudonymes et la continuer par des écrits, composés par des protes-
tants de Strasbourg ou d'Amsterdam. "En voici, au moins, deux de ce
nouveau genre, sur le même sujet. Dans Jésus historique, M. Piepen-
bring se propose et de réagir contre le scepticisme de certaines publi-
cations récentes, telles que celles de M. Guignebert, et de rectifier
certaines opinions actuelles et notamment plusieurs conclusions de
M. Loisy sur la personne de Jésus, tout en acceptant la plupart des
résultats critiques et historiques de son commentaire des Evangiles
synoptiques. En elTet, il corrige diverses appréciations de l'abbé
'Loisy par des considérations empruntées à Harnack. Soii écrit com-
prend deux parties. Dans la première, il étudie les sources : lesLogia,
qu'il tient pour la plus ancienne source évangélique et dont il détermine
le contenu à peu près comme Harnack; le Proto-Marc ou une des sour-
ces de notre second Evangile, qui est presque le document historique
que M. Loisy met à la base de cet écrit; d'autres éléments primitifs,
reproduits par saint Matthieu et saint Luc. Dans la seconde partie, il
extrait de ses sources ce que la tradition primitive rapportait, selon
lui, de Jésus historique. 11 rejette comme fausse l'esjquisse que M. Loisy
a tracée de la carrière de Jésus, parce que l'eschatologie absorbe ou à
peu près toute cette conception du ministère du Sauveur. Pour lui,
comme pour Harnack, l'eschatologie n'est qu'un élément secondaire.
— 201 —
et la paternité divine constitue l'essence du christianisme. C'est dans
ce sens qu'il examine successivement les deux périodes du ministère
de Jésus, distinguées par la déclaration messianique. Au sujet de la
première, il s'écarte de M. Loisy tant pour la durée, les premiers succès
et surtout les caractéristiques de la prédication, qui était morale et de
plus en plus universaliste. Le messianisme n'apparaît que dans la se-
conde période; mais, loin d'être exclusivement eschatologique,
comme on le prétend, il a été essentiellement religieux et moral. Sous
ce rapport, M. Piepenbring comprend l'Evangile mieux que M. Loisy.
Mais il demeure dans la note du protestantisme libéral, et ne reconnaît
dans le Maître divin qu'un homme supérieur, que personne n'a dépassé
ni en piété ni en vertu. La tradition des Evangiles nous le présente
comme le Fils de Dieu, non seulement dans les parties qu'on juge
secondaires, mais encore dans les passages tout à fait primitifs.
M. Piepenbring est demeuré à mi-chemin dans l'étude de Jésus his-
torique.
9. — Dans Jésus de Nazareth^ M. Etienne Giran a réuni des Notes
historiques et critiques en vue de former un manuel scolaire de critique
et d'histoire concernant Notre-Seigneur. Il emprunte ces idées aux
protestants libéraux et aux critiques les plus avancés, et il les présente
comme les idées d'un libre croyant. Son érudition paraît être de seconde
main. Le nom de Wellhausen, orthographié toujours Welhausen, et des
inexactitudes touchant les opinions de ce critique trahissent qu'il n'a
vu ses ouvrages que de très loin. Son exposé sur la situation politique
et religieuse de la Palestine à l'époque de Jésus n'a d'original que
quelques attaques indirectes, et d'ailleurs inexactes, contre la doctrine
ou les institutions catholiques. Sous ce titre : Les Sources de la vie de
Jésus, il ne donne qu'un résumé amorphe de la critique évangélique;
sur les sources proprement dites, il tient le Proto-Marc pour antérieur
aux Logia, et il n'a pas sur leur contenu les mêmes opinions que
M. Piepenbring. C'est là un indice évident que la critique littéraire des
Evangiles est loin d'avoir dit son dernier mot. M. Giran rejette comme
légendaires les récits que l'on appelle l'Évangile de l'enfance et il
leur substitue comme historique la reconstitution archéologique qu'en
a faite M. Edmond Stapfer. La tentation de Jésus n'a rien d'histo-
rique, mais elle est symbolique et elle symbohse tous les combats que
Jésus a soutenus contre Satan durant toute sa vie. 'A propos du minis-
tère en Galilée, qui a duré trois années, l'auteur présente des considé-
rations philosophiques comme données historiques, et il fait de Jésus,
prêchant la paternité divine, un docteur protestant. Le royaume des
cieux, que Jésus annonce, est tout intérieur. Jésus s'est cru le Messie,
et il a prévu sa mort. A Jérusalem, où il n'est venu qu'une fois, il
comptait dos amis, sans qu'on nous apprenne de quand datait leur
- 202 —
amitié. Les doutes émis sur la non-existence 'de Judas ne sont pas
fondés, et la trahison est une réalité. Jésus a été enseveli par Joseph
d'Arimathie. Si le tombeau a été trouvé vide, c'est que les chefs juifs,
qui avaient fait clouer Jésus sur la croix, avaient enlevé de nuit le
cadavre. Les apparitions de Jésus ont été le résultat naturel d'extases
individuelles ou collectives; les disciples ont vu des yeux de la foi
Jésus vivant, et ils ont senti en eux sa présence. Il n'y a pas eu de résur-
rection; mais l'âme de Jésus est restée vivante, et la foi en la pésurrec-
tion n'est que la foi à l'immortalité. On le voit, M. Giran est un éclec-
tique ; il choisit ses opinions librement parmi celles qui sont en vogue
chez les protestants libéraux. Il est partisan de « la foi libre ». Pourquoi
rédiger un manuel? Sinon pour indiquer les opinions entre lesquelles
les croyants de son espèce feront leur libre choix. Ce livre a beaucoup
moins de valeur que le précédent. Il justifie un essai cathohque, du
même genre, mais pas du même esprit, tel que celui de M. Labourt,
signalé plus haut.
10. — Après r Evangile, et comme suite à cet ouvrage, M.Verdunoy
donne au public l'Eglise apostolique, ou la traduction et le commen-
taire des Actes des Apôtres, des Epîtres et de l'Apocalypse. Ce n'est
donc pas une histoire de l'Eghse apostolique, mais une version com-
mentée des écrits apostoliques. Après une courte Introduction générale,
relatant les faits historiques et exposant la situation de l'Éghse chré-
tienne, au point de vue de la vie rehgieuse et de l'apostolat, l'auteur
aborde successivement les livres du Nouveau Testament. La méthode
est uniforme : Introduction ou notions préhminaires, traduction du
texte divisé en morceaux et commentaire succinct de chaque morceau,
La traduction est faite sur le grec. Les Epîtres de saint Paul sont
rangées par ordre chronologique. L'auteur met la lettre aux Galates
la première, vers 53. Cette date ne s'impose pas, et, à mon avis,rEpitre
aux Galates a précédé de peu celle aux Romains, dont elle traite
sommairement la doctrine comme si elle en était une ébauche. L'Épître
de Jude est traduite parallèlement à la seconde de Pierre. M. Verdunoy
est bien au courant du sujet, sans le dominer toutefois et en être par-
faitement maître. Il dépend trop visiblement des ouvrages qu'il a
consultés. Son exposition est très personnelle pour la forme, qui est
châtiée, sinon pour le fond. Il adopte des hypothèses qui ne sont pas
nécessaires, qui surchargent plutôt inutilement la solution des pro-
blèmes et que les meilleurs exégètes laissent de côté. Ainsi, il suppose
une seconde lettre aux Corinthiens perdue. Certaines conclusions
manquent de fermeté. Tantôt il affirme nettement que saint Luc est
l'auteur des Wirsiiicke, tantôt il énonce quelque doute à ce propos.
Telle affirmation est trop catégorique; celle-ci, par exemple, que
l'Épître aux Hébreux n'est plus attribuée à saint Paul (p. 128). Du
— 203 -
reste, la question de l'auteur de cette lettre est traitée d'une façon
incomplète tant au point de vue de la tradition ecclésiastique qu'au
point de vue de la critique, et les rapports du contenu de cette Épître
avec la doctrine de saint Paul sont insuffisamment exposés (p. 378-383),
Il est loin d'être certain que cette lettre a été adressée à une Église
italienne, purement judéo-chrétienne (p. 384-385). On pourrait relever
un certain nombre d'inexactitudes ou d'impropriétés dé termes: «Jacques
force Paul à se purifier solennellement dans le Temple » (p. 10). Le
texte ne contient pas un ordre, mais un simple conseil (p. 98-99).
Le cas d'Apollo ne prouve pas, comme il est dit (p. 90), que pour
le catéchuménat à cette époque on réservait l'explication du baptême
au moment même de l'initiation. Cette discipline est bien postérieure.
L'argument que saint Paul tire des pains azymes, I Cor., v, 7, 8, ne
prouve rien en faveur de la date j<ihannique de la dernière cène, car,
à rencontre de ce qui est dit (p. 177, note), l'usage exclusif des azymes
ne commençait que le 15 nisan, compris à la façon juive, après l'immo-
lation de l'agneau qui terminait la journée du 14. Il est faux que saint
Denys d'Alexandrie ait attribué l'Apocalypse au presbytre Jean, qu'il
ne connaît pas (p. 482); il la rapporte à un autre Jean, distinct de
l'évangéliste. Dans la préface (p. v), la Pentecôte est placée 40 jours
après la Passion; le prodig? n'est pas assez clairement décrit comme
glossolalie, et les apôuies (à savoir saint Pierre) ne proclamaient pas
seulement la suri>ie de leur Maître, mais sa résurrection. La phrase en-
tière est donc inexacte et imprécise. L'exposé de la doctrine de saint
Paul, fait p. 122 sq., est théorique et n'indique pas la marche suivie
par l'esprit de l'apôtre. Est-il juste de dire que saint Pai^l emprunte
aux Septante le fond de son vocabulaire théologique (p. 127)? On sait
aujourd'hui que beaucoup de termes, réputés jadis des hébraïsmes,
étaient usités dans le langage vulgaire du temps; saint Paul les a em-
ployés pour exprimer des vérités nouvelles. Suffît-il de dire qu'en
écrivant aux Romains, l'apôtre « expose le résultat de ses réflexions
personnelles en même temps qu'un résumé de l'histoire extérieure
de l'Eghse « (p. 235)? Les réflexions personnelles do Paul ont au
moins porté sur l'enseignement de Jésus, qu'elles ont exphqué, appro-
fondi et appliqué à la situation des destinataires de sa lettre. Malgré
ces inexactitudes de détail, l'ouvrage de M. Verdunoy peut être recom-
mandé et fera du bien, en répandant dans le public le texte inspiré
des écrits apostoliques.
11. — La proximité, sinon l'imminence, de la parousie, qui, selon
M. Verdunoy, est acceptée dans la communauté chrétienne pendant
tout le i^r siècle (p. 5), fait l'objet, au moins pour les Épîtres de saint
Paul, dans les Biblische Studien, d'une savante monographie, qui a
pour auteur le jeune docteur, M. Tillmann : Die Wiederkunft Christi
— 204 —
nach âen paiûinischen Briefen. Le chapitre I^^ donne un aperçu général
de l'enseignement de saint Paul sur ce point : l'apôtre a toujours admis
la proximité du retour de Jésus. Le chapitre II sur la distinction du
temps présent et du temps futur rentre encore dans les préliminaires.
Le fond est abordé dans les autres chapitres. Le III^ et le lY^ traitent
de la date de la parousie. L'auteur explique longuement les passages
les plus importants, dans lesquels saint Paul parle de la seconde Avenue
de .Jésus. Il exagère souvent le sens de son interprétation, et il voit
une confirmation de son sentiment dans des détails du texte, qui
supporteraient aisément une explication différente et atténueraient
la pensée qu'on attribue à l'apôtre. Il serait trop long de relater ici
tous les points sur lesquels porteraient de notables nuances d'inter-
prétation. La conclusion de l'auteur (p. 117-118) est que saint Paul
a espéré que la génération qui vivait de son temps verrait le Seigneur.
Nulle part il n'a dit qu'il pourrait y avoir d'autres générations avant
la parousie. Toutefois, il n'a jamais affirmé que ce retour aurait lieu
avant sa mort ; il ne pouvait pas le dire avec certitude. Cependant,
à l'époque où il écrivait la P*^ Épître aux Thessaloniciens et la P*^ aux
Corinthiens, il ne voyait aucune impossibilité à se trouver encore au
nombre des vivants, qui ne mourraient pas à la venue du Seigneur.
Ce vague espoir a diminué au moment où il rédige la II^' lettre aux
Corinthiens, et l'apôtie croit qu'il sera mort peut-être, quand le
Seigneur viendra. Mais il a désiré en être témoin de son vivant, et il
n'a jamais douté de la proximité du retour. Ces conclusions sont un
peu différentes de celles de M. Verdvmoy (p- 125-126, 3S6). L'accord
est loin d'exister entre les exégètes en ces matières délicates et difficiles,
et il faut être prudent et circonspect danssesaffirmations. Le chapitre V
est consacré aux signes précurseurs du retour, c'est-à-dire aux évé-
nements qui doivent se produire avant la réalisation prochaine du
retour. Ce sont l'entrée des païens dans le royaume ou l'Église, la
conversion d'Israël, l'apostasie et l'avènement de l'Antéchrist. Les
deux premiers précéderont le dernier; mais l'apostasie est déjà com-
mencée et ira toujours croissant. Ils se concilient avec la proximité du
retour. Dans le chapitre M, l'auteur expose comment s'accomplira
le retour : Jésus descendra du ciel sur terre avec les anges et les saints
pour juger le monde, et il traite du juge, des justiciables, de l'objet du
jugement et du moyen, par le feu. Les rapports de la parousie avec la
résurrection des morts sont signalés au chapitre VII. L'auteur n'admet
pas qu'il y ait entre les deux événements un intervalle, dans lequel
aurait lieu la punition des coupables, ni que saint Paul parle exclusive-
ment de la résurrection des bons et se tait sur celle des méchants
pour la mort éternelle, ni que les ressuscites aient déjà revêtu un corps
céleste, dont ils se dépouilleront pour reprendre leur corps ressuscité.
— 205 —
On le voit, cette étude porte sur des questions difficiles. L'auteur les
discute longuement et solidement. Il projette beaucoup de lumière
sur des chapitres qui sont des plus obscurs des Épîtres do saint Paul.
Son interprétation n'est pas définitive; elle appelle des correctifs;
niiais sur les points même où elle est le plus contestable, elle attire
l'attention sur des difficultés qu'un examen superficiel n'aurait pas
fait voir, elle provoque la discussion et elle rapproche de la solution.
La monographie do M. Tillmann mérite donc d'être méditée; elle fera
avancer la question de la proximité delà parousie, question si angois-
sante pour beaucoup d'âmes, si agaçante quand elle est résolue trop
lestement, et exagérée à plaisir, même par certains exégètes catholiques.
12. — La collection des Documents pour l'étude de la Bible, publiée
sous la direction de M. l'abbé François Martin, s'est enrichie d'un
volume sur Y Ascension d'haie, dû à la plume de M. Tisserant, profes-
seur d'assyrien à l'Apollinaire, à Rome. L'ouvrage comprend une
traduction de la version éthiopienne, par laquelle cet écrit nous est
parvenu en son entier, avec les principales variantes des versions
grecque, latines et slave, qui en ont conservé quelques fragments.
Cet apocryphe, d'origine juive et chrétienne, remonte à la fin du
i^r siècle de notre ère. Il est donc important pour les notions qu'il con-
tient sur Dieu, le Fils de Dieu, le Saint-Esprit, les sept cieux, les anges
et les démons, l'Eglise chrétienne et le martyre de saint Pierre à Rome.
Ces doctrines sont exposées au début de l'Introduction, après une
courte analyse du livre. Vient ensuite l'histoire du livre, de ses ver-
sions et l'étude du problème littéraire, c'est-à-dire de la composition
et de la date de cette Ascension. Ici, M. Tisserant a exposé les vues
diverses de ses devanciers pour se rallier dans l'ensemble à celles
de Charles. Les rapports de l'apocryphe avec les littératures juive et
chrétienne et avec les traditions orientales sont signalés avec soin.
Observons qu'au point de vue chronologique le Talmud de Jérusalem
aurait dû être placé avant celui de Babylone, et que Commodien est
plutôt du v^ siècle que du iii^. Une bibliographie complète termine
cette soUde Introduction. Comme dans les volumes précédents de
la collection, la traduction est accompagnée d'un double étage de
notes : le premier indiquant les variantes des manuscrits, le second d js
notes explicatives de tous lespassages obscurs ou intéressants. Ajoutons
que les fragments latins sont reproduits parallèlement à la version
française de l'éthiopien et que la légende grecque d'Isaïe, dépendante
de l'Ascension, est traduite en appendice. Une table alphabétique des
matières permet de se reporter au texte. Le travail fait honneur à son
jeune auteur et au maître qui l'a dirigé. Le public en tirera de réels
profits pour l'histoire des doctrines, et aura à sa disposition un écrit
important, peu connu eu France, quoiqu'il ait été partiellement
— 206 —
traduit dans le Dictionnaire des apocryphes, de Migne. Les personnes
qui compareront les deux publications constateront avec bonheur
les progrès réalisés parmi nous pour l'étude et l'édition des apocryphes
de l'Ancien Testament.
13. — Le Pays de l'Êi^angile est le récit d'un pèlerinage que M. Gaus-
sens, curé de Notre-Dame de Bordeaux, a fait en Terre Saintp. La
première partie répond seule au titre et nous transporte de plain pied
à Jérusalem, puis en Judée et en Galilée. Le journal du pèlerin est
bien écrit; néanmoins, il laisse constamment l'impression du déjà vu.
Comme toutes les relations analogues, on y trouve des descriptions
pittoresques, des renseignements empruntés aux Guides, des impres-
sions de piété et de détails de soifs, plus ou moins bien satisfaites,
car il fait chaud voyager en Orient. Le reste du volume : Voyage
interméditerranéen, Constantinople, Egypte, raconte les étapes du
voyage en Terre Sainte, à l'aller et au retour, en sorte que le lecteur
se trouve à Marseille, pour le départ, après avoir terminé le Vf'yage
de la Palestine. Cette partie a été plus neuve pour moi, encore que
tous les détails personnels m'aient laissé fort indifférent. Ce récit a paru
d'abord dans la Voix de Saint-Romain, bulletin paroissial de Blaye.
Il a dû intéresser vivement les anciens paroissiens de M. Gaussens;
il aurait pu se contenter de ce succès et ne pas en solliciter un autre,
qui probablement sera beaucoup moindre. E. Mangenot.
POÉSIE — THEATRE
[Suite.)
22. Heures vécues, par Réno. Paris, Messein. 1909. in-18 de 47 p , 1 fr. 50. — 23.
Les Beaux Jours, par Jacques Chenevière. Paris, Lemerre, 1909, in-18 de 129 p.,
3 fr. — 2'i. Lecture et récitation, par Maurice Bouchor (cours supénrur et moyen
des écoles primaires). Paris, Corni''ly, 1909, in-12 cartonné de xi\ 96 p., 1 fr. —
25. Le Voile des choses, par Paul-Louis Aubert. Paris, Lemerre, 1909. in-18
de 119 p., 3 fr. — 26. L'Ame inquiète, par Jacques Noir. Pari-, Édition du Bef-
froi, 1909, in-12 de 133 p., 3 fr. 50. — 27. Les Synthèses, poèmes philosophiques,
par J. Bru d'Esquille. Paris, Lemerre, 1909, in-18 de 157 p., 3 fr. — 28. Le
Chapelet d'arnbre, par Chatir Bey. Pans, Messein, 1909, in-18 de 179 p., 3 fr. 50.
— 29. Le Luth d'amour, par "Yvon Sthel. Paris, Daragon, in-18 de 142 p., 2 fr. —
— 30. Trois années (1905-1908), par P'rancis Éon. Alençon, Édition du Divani
1909, in-12 de 113 p. — 31. Les Soirs, par Liton Chevalet. Paris, Perrin, 1909,
in-16 de 206 p., 3 fr. 50. — 32. Les Deux Jeunesses, par Emile Rochard. Paris,
Lemerre, 1909, in-18 de xx-228 p., 3 fr. — 33. La Légende de r homme, par Nelson
Couytigne. Paris, Édition du Beffroi, 1909, in-12 de 34 p., 1 fr. — 34. Nouveaux
Rondels païens, par Ferdinand Lovio. Paris, Messein, 1908, in-18 de 396 p.,
3 fr. 50. — 35. Aux Jeunes-Turcs, par Robert Huchard. Paris, Perrin, s. d., in-16
de 10 p., 1 fr. — 36. La Guerre, par le même. Même éditeur, s. d., in-lS de 28 p.,
1 fr. — 37. Les Jardins de Bade, ballades des bords du Rhin, par Georges Philippe.
Paris, Édition du Beffroi, 19C9, in-12 de 108 p. — 38. Vingt Poèmes tn prose, \>AV
Marcel de Malherbe. Paii.s, I,emerre, 19' 9, in-8 de 144 p. 3 fr.
TrÉATRE. — i_. Études dramatiques. Tome IV. Le Déluge, par Adolphe Mônv.
Paris, Plon-"Nourrit, 1009, in-16 de 206 p., 3 fr. 50. — 2. Œuvres médites de P.-J-
— 207 —
DE BÉRANGER. Préface et notes par L. Henry-Lecomte. Paris, Daragon, 1909,
in-8 de 238 p., avec portrait, 8 fr. — 3. Mérovée, drame historique en 5 actes en
vers, par Blanche Schnitzler. Paris, Lemerre, 1909, in-8 de 110 p., 2 fr. 50. -^
4. Au soleil du rêve, par Gaston Sorbets. Paris, Lemerre, 1909, in-18 de 148 p.
3 fr. — 5. Théâtre contre la guerre. Scènes de guerre de tous les temps, par Paul
Lacombe. Paris, Messein, 1908, in-4 de 151 p., 2 fr. — 6. Jeanne d'Arc libéra,
trice, tragédie en 3 actes, par Mgr Henri Debout. Paris, Téqui, 1909, in-12 de
68 p., 1 fr. — 7. Dialogues des vivants, par Jean de la Grèze. Paris, Lemerre,
1909, in-18 de 309 p., 3 fr. 50. — 8. Théâtre de la Révolution, par Romain Rolland.
Paris, Hachette, 1909, in-16 de vin-359 p., 3 fr. 50.
22. — M. Réno est disciple de Musset. I. 'alexandrin des Heures vécues
imite, dans une certaine mesure, l'élan et l'abandon de celui des Nuits.
Ti'amour chanté par le poète est de ceux que réprouve la « froide
morale ».
Pour se faire une idée de l'inspiration de M. Réno, il n'est pas mau-
vais de citer des débuts de pièces comme celui-ci :
Vous tous qui m'entourez, intrépides buveurs.
Suspendez un moment ces joyeuses ripailles
Et joignez-vous à moi pour entonner des chœurs
En l'honneur du bon vin et des vieilles futailles.
Musset aussi aimait le bon \4n. On voit que l'élève est fidèle au
maître de point en point; mais l'on n'égale pas toujours ceux que
l'on imite, et, d'autre part, il serait louable, en imitant, de ne s'atta-
cher qu'aux bons côtés.
23. — En un langage souple et gracieux, de forme souvent classique
et d'inspiration parfois romantique, M. Jacques Chenevière chante
Ips Beaux Jours, et spécialement, dans lesdits beaux jours, les jeunes
personnes en robe blanche qui déambulent sur les terrasses et sous les
marronniers. Il montre le soleil
Buvant des grains d'argent dans le creux d'une fleur.
Cet autre vers pourrait servir de leit motw au volume :
Que le jour est charmant sur les robes d'été.
Plusieurs pièces rappellent, comme genre, T « épitre » poétique.
Voici une jolie fin de rêverie sur l'eau
Midi... La sueur perle et coule sur les fronts,
Des gouttes de cristal tombent des avirons.
Et je pense, en voyant la terre si prochaine,
Que tout à l'heure, assis près des roses, rentré
Dans le jardin paisible et frais, j'écouterai
Bourdonner la chaleur et rire la fontaine.
La langue de M. Chenevière, comparée à celle des poètes contem-
porains, est remarquablement pure.
24. — M. Maurice Boucher travaille pour les petits. Dans Lecture
et récitation, il leur oflVe un peu de vers, avec beaucoup de prose autour.
Les vers sont insignifiants. La prose témoigne d'un effort pour se
— 208 —
mettre à la portée de l'eiifant, mais cet effort lui-même est parfois
comique et puéril. Jj'auteur nous conte dans sa Préface qu'il avait,
en une édition précédente, laissé percer plus de spiritualisme et de
patriotisme, mais que, dans cette édition nouvelle, il a sabré ça : il
faut se mettre au goût du jour. Sur l'ensemble plane quelque chose de
prudhommesque. Mais M. Prudliomme a rajeuni et tient sa phraséo-
logie au courant.
25. — Dans le Voile des choses, M. Paul-Louis Aubert chante princi-
palement l'Amour (avec un A majuscule), et, après l'avoir longuement
exalté, finit, à la dernière pièce, par le traiter de « pernicieux Tyran »
(avec un T non moins majuscule). Il y a dans ces vers de la facilité,
de la médiocrité, une certaine grâce mignarde, des expressions à la
mode (lune bleue, silence bleu), du paganisme, et surtout une mélan-
colie d'un genre rebattu qui ne touche pas le moins du monde.
26. — M. Jacques Noir, dans VAmc inquiète, pousse l'inquiétude
jusqu'à la bizarrerie. Ce sont des vers fantasques, souvent irréguliers,
parfois vraiment lyriques, œuvre d'un «jeune» passionné, qui abhorre
les « bourgeois » et les « mufles ^> et qui dit carrément dans sa Préface :
« L'auteur n'est pas un modeste. » Il dit encore :
Mon âme est celle d'un cloporte, _
Et je vais, mes mille pattes recroquevillées sur la vie, \)
Guettant le soleil à travers les nuages gris
Et réveillant mes illusions ensevelies.
Et mes illusions ne sont pas si mortes,
Elles font bourdonner ma tête qui n'est plus bien forte;..
Et plus loin :
Mon pauvre cerveau déménage.
Pauvre garçon I Mais alors il faut vous soigner. Du reste, il y a encore
de l'espoir chez vous, car il y a de l'étofl'e.
■ 27. — M. Bru d'Esquille est grave, grave; et cette gravité est triste,
triste. Cet homme qui a perdu la foi est obsédé par l'idée religieuse-
Il éprouve, dans les Synthèses, le besoin de parler sans cesse de la reli-
gion pour nous dire qu'il n'en faut pas. De là des tartines philoso-
phiques où il est question de la justice, de la liberté, de la solidarité, de
l'évolution, du devenir, de l'Inquisition, des Borgia et autres matièi-es
non moins originales. M. Brù d'Esquille, lui, met tout cela en vers
émaillés d'abstraction. Il en veut aux prêtres en général et au Pape en
particuher. On croirait parfois lire du Condorcet versifié. 11 n'admet
pas l'iramortahté de l'Ame :
Volontaire émigré de la foi routinière,
J'entendrai sans frayeur sonner l'heure dernière
Et je m'endormirai, tranquille désormais,
Dans la nuit qui commence et ne finit jamais.
On conçoit qu'un poète semblable ne soit pas gai, malgré quelque»
sonnets gracieux qu'il adresse à sa fille.
— 209 —
28. — Le Chapelet d'ambre est un recueil plutôt faible, composé en
partie de sonnets où l'auteur, Chatir-Bey, rime des déclarations d'a-
mour à différentes personnes, désignées par des initiales, sans avoir
l'air de se douter de ce qu'il y a de bizarre et de naïvement cynique
dans ce procédé. Ce monsieur aime vraiment trop de dames p oui-
que nous nous intéressions à ses amours, et, du reste, les vers, pleins
d'incorrections prosodiques et grammaticales, ne rachètent pas le fond.
Suivent des Méditations assyriennes où l'on ne comprend goutte,
sinon qu'elles n'ont rien d'assyrien. L'ensemble est jeune, maladroit,
avec une certaine ingénuité dans la ferveur volage, et quelque chose
de transi qui désarme, tout en ennuyant.
29. — Dans le Luth d'amour^ M"^*^ Yvon Sthel, faisant parler une
certaine '< Doloros », poursuit d'un amour exalté, inquiet, idolâtrique, un
quidam qui n'a pas l'air d'y répondre beaucoup. Le style est riche en
incorrections, en obscurités et en impropriétés de termes. Détail co-
mique: le volume paraît avec une «Lettre-Préface» de François Coppée,
qui félicite l'auteur d'aborder le genre de la fable. Or, û n'y a qu'une
fable dans le recueil. C'est la première pièce, la seule évidemment
que le pauvre Coppée ait lue. Mais il lui était si doux de faire plaisir !
30. ■ — Le recueil de M. Francis Éon intitulé : Trois années (1905-
1008), débute ainsi :
Ne t'en va pas, ô ma douleur, je t'en supplie.
Comme je serais seul si tu allais mourir I
La subtilité du sentiment donne tout de suite la note, et l'hiatus
est également révélateur. En fait, M. Éon est un décadent modéré,
qui travaille à ne pas être naturel, mais qui, malgré les nuages dont
il s'enveloppe, reste souvent assez clair. L'alambiqué, sous sa plume,
touche parfois au joli : ~"-
Afin de penser mieux, elle baissait la lampe.
Malgré tout, le rythme est généralement correct, et c'est quelque
chose.
.31. — Que peut-on faire dans les Soirs, sinon d'y rêver? M. Liton
Chevalet y rêve donc; mais c'est une rêverie flottante et banale, bien
que l'auteur vise au tragique et au pénétrant. Si l'on nous passe l'ex-
pression, le volume est d'une tristesse laborieuse. Les jolis vers sont
rares. En voici un :
A quoi bon regarder les larmes du printemps?
Souvent l'alTectation les gâte :
Oh ! que je souffre !... oh ! que c'est doux !...
Il faut Tout supporter... et n'approfondir Rien I...
J'ai déjà trop souffert, et je n'ai plus de cœur.
La succession et l'entrelacement des rimes choquent parfois l'oreille.
Septembre 1909. T. CXVL 14.
— 210 —
Les images sont incolores ou usées. On ne peut nier un certain déploie-
ment de lyrisme, mais l'idée, souvent insignifiante, n'est pas à la hau-
teur du ton.
.32. — M. Emile Rochard, qui dirigea plusieurs théâtres, fait aussi
des vers anacréontiques. Les Deux Jeunesses sont l'œuvre d'un libertin
persévérant, qui d'ailleurs, au point de vue de la versification, demeure
conservateur. Le poète est toujours gai, inais d'une gaieté systéma-
tique et parfois grimaçante. Notons comme exception la strophe sui-
vante, empruntée à une pièce où il compare au cœur de sa mère celui
des autres femmes :
A l'heure du péril, pour calmer les tourmentes,
Aucun n'a le vrai talisman :
Il faudrait tous les cœurs de toutes les amante?
Pour faire un seul cœur de maman.
33. — La Légende de l'homme, de M. Nelson Couytigno, est une « vi-
sion K, ou plus exactement un discours obscur et déclamatoire sur
les épreuves' et l'avenir de l'humanité, symbolisé — une fois de plus —
par une sorte de Prométhée qui triomphe de son vautoufr'^^^^elques
alexandrins, çà et là, sont bien frappés.
'à-i. — Des Nouveaux Rondels païens, de M. Ferdinand Lovio, rien
à dire sinon qu'ils ne volant pas leur titre, ave(^ cette réserve que l'au-
teur, d'ailleurs plat et monotone,' est bien moins décent que la plu-
part df-s poètes païens.
3.'>. — M. 1-lobert Huchard, en une mince plaquette, adresse .4 fja:
Jeunes-Turcs des félicitations solennelles dans lesquelles, évoquant
avec enthousiasme le souvenir de Robespierre, il appelle de ses vœux
la chute de tous les rois. y^w^e-Turc, peut-être, mais très vieux ]e\x.
36. ■ — Autre plaquette du même auteur, sur la Guerre. C'est une rê-
verie devant l'Arc de triomphe de l'Étoile, et une évocation des héros
sculptés par Rude. Il y a de la pompe, et aussi du vague. L'auteur
termine en prédisant « l'envahissement splendide d'une aurore ».
37. — M. Georges Philippe est un jeune esthète récemment décédé, •
qui a laissé des impressions en prose, et aussi des admirateurs qui ont
fait éditer les dites impressions. C'est donc en vertu d'une vague analo-
gie que nous classons dans les œuvres poétiques : I^es Jardins de IJade, .
suivis des Ballades des bords du Rhin, âe la Petite Ville allemande, des ^
Cygnes d'Alsace et de Fragments. I^a seule raison valable de cette
classification, c'est que l'auteur n'écrit pas comme tout le monde.
11 aime les expressions comme i( vallée de silence, nom de caresse,
yeux de délif^ate sottise )>. Il appelle les cigognes des '< cygnes d'Alsace »
et les compare à des « gouvernantes anglaises ». On voit d'ici le genre.
Cueillons dans cette prose « artiste » un alexandrin perpétré par mé-
garde, et qui a du cachet. Il s'agit de bûcherons allemands qui
■î . j Parlaient un patois dur dans leur barbe d'apôtre.
5";
— 211 —
\ .'>S. — Les Vingt Poèmes' en prose de M. Marcel de Malherbe sont
édités avec luxe. Du romantisme éperdu, de l'amphigouri, du mari-
vaudage, et une sensualité vainement déguisée en culte transi de la
beauté. Satan vient même faire un petit discours plutôt obscur, d'où
il semble résulter que l'archange déchu est le patron des grands génies
méconnus. Pas neuf. Les cyprès sont comparés à de « sataniques cier-
ges )). Un alcyon dit à l'auteur, à propos d'une sirène : c J'eus toutes
les peines à ne pas me noyer à ses pieds. » Çà, oui, c'est gentil. Termi-
nons sur cette profonde pensée, élucubrée dans un cimetière : « Peut-
être à force de périr, ô beautés, finirez-vous par lui donner une âme,
à la nature ! » Nous recommandons aux philosophes cette conception
inattendue de l'immortalité.
TuÉATRE. — 1. — M. Adolphe Môny publie le tome IV de ses
Études dramatiques^ et le drame qu'il nous offre cette fois, le Déluge,
est vraiment digne d'attention. Le drame biblique se déroule avec
simplicité et grandeur. Pour corser l'action, l'auteur nous représei^te
.lapheth amoureux de la belle Magdala, fdle du roi Magog. Ce dernier,
avec son entnurage,incarne le genre humain corrompu.et nous suivons pas
à pas, enunesériedetableauxémouvants,maispeufacilesàréalisersur le
théâtre, la fuite des populations éperdues devant le fléau. Magdala est
sauvée à la cime du pic d'Armon, au moment oùle déluge va l'engloutir,
et devient la femme de Japheth. — Le style est clair, naturel; l'action,
sauf en quelques passages, est assez rapide. Les « beaux morceaux »
manquent; mais l'ensemble est soutenu et honorable. La pièce se lit.
avec intérêt. Mais comment la jouer?
2. — Qui pense encore aujourd'hui au chansonnier Béranger?
M. L. -Henry Lecomte, dépositaire des manuscrits du poète, y songe,
lui, puisqu'il publie, à l'usage des amateurs, les GbAwres inédites «le P. J..
de Béranger. Cet ouvrage comprend : 1° une comédie en vers : Le Pares-
seux; 2'^ un livret d'opéra-comique : La Vieille Femme et le Jeune
Mari; 3° un à-propos intitulé : Les Amis de Molière. Pauvre Béranger !:
cette exhumation ne le rajeunira pas. Cet homme, si révolutionnaire
en politique, et si réactionnaire en littérature, est encore plus vieillot,
dans ses oeuvres comiques que dans ses chansons. L'à-propos est abso-
lument nul. La comédie du Paresseux présente çà et là quelques jolis
traits, faible écho des imitateurs de Molière. En un mot, la publica-
tion de ces Œuvres inédites ne peut avoir qu'un intérêt documentaire.
. 3. ^ — Le Mérovée sur lequel M^^^ Blanche Schnitzler a rimé un drame'
historique en cinq actes, est le lils de Chilpéric I^r. Épris de Brunehaut
captive, le jeune homme l'épouse, mais se trouve séparé d'elle par
les vicissitudes de cette époque, et, finalement, trahi par un seigneur,
' il se fait tuer par un leude fidèle. Ce drame n'est pas méprisable, bien
qu'il contieane des longueurs, dos gaucheries et des négligences de.
— 212 —
stylo. Une f(>ule de passages sont pleins de mouvement et de coulem'.
On peut admirer les vigoureuses tirades de Brunehaut devant les
leudes austrasiens. Les scènes d'amour sont plutôt faibles, et intéres-
sent moins que les dialogues belliqueux où les paroles s'entrecroisent
comme les épées. Le lecteur peut faire f;à et là une cueillette de beaux
vers. Par sa « manière » énergique, .M'"^ Blanche Schnitzler fait
preuve d'un talent viril.
4. — M. Gaston Sorbets est im emballé, qui d'ailleurs. Au Soleil
du rcçe, n'abandonne pas la facture classique. 1 /abstraction, avec lui,
devient délirante. Son recueil, qui contient, au commencement et à la
fm, des pièces lyriques, a pour centre et pour cœur une scène dialoguée,
représentant des soldats postés dans une clairière, où Vercingétorix,
Charlemagne, saint Louis, Jeanne d'Arc, Henri IV, Turenne, Hoche
et un anonyme de 1870 viennent successivement les exhorter à jeter
leurs armes, parce que les hommes sont frères. Convertis par les
prédications pacifistes de ces illustres militaires, ils crient à l'ennemi :
« Ennemi, nous t'aimons ! » mais un officier vient les morigéner comme
il faut. Hélas ! ce n'était qu'un rêve ! Et il faut encore se-faire trouer
la peau ! ^
Il faut donc ramasser cet instrument infâme,
dit l'un d'eux en reprenant son fusil. Ce dialogue n'a d'autre valeur
que d'être un triste signe des temps.
5. — Sous le titre de: Théâtre contre la guerre. Scènes de guerre de tous
les temps^ M. Paul Lacombe réunit quatre pièces en prose où, en ardent
pacifiste, ii s'attache à mettre en relief tous les maux et toutes les
douleurs causées par la guerre. La première, Vercingétorix, n'est pas
sans mérite. La quatrième : C'est la guerre (Sleswig-Holstein, 1864) a
aussi quelque intérêt dramatique. La seconde : Le Sac de Béziers, et la
troisième : Une Famille sous Napoléon Z^'', sont encombrées de disser-
tations qui alourdissent. Partout, d'ailleurs, l'intention « prédicati'ice »
de l'auteur nuit à l'intérêt. Dans le Sac de Béziers, on a l'ennui de re-
trouver de vieux clichés sur les Albigeois. Dans C'est la guerre, l'auteur
met en scène un prêtre qui, mû d'ailleurs par un noble mobile, trahit
le secret de la confession, ce qui jette une note fausse. Dans l'ensemble
règne une atmosphère légèrement prudhommesque.
(3. • — Mgr Henri Debout nous olîre une tragédie en prose, en trois
actes : Jeanne d'Arc libératrice, « afin, dit-il, de donner aux directeurs
d'Œuvres cathoUques le moyen de représenter à peu de frais une Jeanne
d'Arc qui soit vraiment celle de l'histoire. ;; liC sujet est une évasion
manquée de la Pucelle, à Arras. Un gentilhomme écossais mène le
complot. Un espion anglais le surveille; un jeune Français, trompé sur
le compte de Jeanne, fait tout avorter malgré ses remords tardifs.
La pièce se recommande par l'unité d'action, et même de lieu. Le passé
I.
— 213 —
et l'avenir de l'héroïne y sont rappelés grâce à certains artifices. En-
fantine par son but, la pièce, nous l'avouons, l'est un peu dans sa
facture; mais il y a de touchants caractères, et nous applaudissons
aux intentions édifiantes qui ont inspiré l'auteur.
7. — On ferme avec écœurement les Dialogues des citants, de M.
Jean de la Grèze. Possible que ces gens-là « vivent »; mais, à coup sûr,
ils vivent mal. A travers leurs répliques « rosses » et leur psychologie
faisandée, on. voit surtout le monde par le côté de ses malpropretés
et de ses tares. Çà et là quelques observations ingénieuses se détachent
du texte, où d'ailleurs on sent toujours l'auteur derrière la prose do
ses personnages. Les femmes surtout y parlent un langage peu natu-
rel, peut-être parce qu'elles sont toutes — ou à peu près toutes — des
névrosées et des détraquées.
8. — Singulier esprit que celui qui anime le Théâtre de la Révolution,
de M. Romain Rolland. L'auteur prétend travailler à la gloire des
grands révolutionnaires, et il les peint, en définitive, sous de tristes
et hideuses couleurs. Le 14 Juillet, c'est surtout des dialogues de rues,
des évocations de remous de foule. Danton est la mise en scène, peu
intéressante, de la chute du trop fameux tribun. Les Loups sont une
pièce plus vivante et d'intérêt mieux corsé, où les officiers de l'armée
de Mayence sont représentés comme des bêtes féroces acharnées les
unes contre les autres. La prose de M. Rolland est énergique, triviale,
et même grossière. Elle roule par-ci par-là des paillettes de pensée;
mais que de phraséologie inutile et que do longueurs, surtout dans les
deux premières pièces ! Gabriel d'Azambuja.
GÉOGRAPHIE — VOYAGES
. Atlas général Vidal-Lablache. 420 cartes et cartons. Index alphabétique de 46 000
noms. Paris, Colin, 1909, gr. in-4 de 48 p. sur 7 colonnes, relié toile, 30 fr. — 2. Iiiter-
naiional Catalogue of Scientific I.iterature. Seventh annual Issue. J. Geography.
Londres, Harrison et fils; Paris, Gauthier-Villars, 1909, in-8 de vni-336 p., 20 fr.—
3. Revue de géographie annuelle, publiée sous la direction de Charles Vélauv.
Tome II, année 1908. Paris, Delagrave, s. d. (1909], gr. in-8 de 731 p., avec nombr.
cartes, planches et fig., 15 fr. — 4. Géographie rapide (£'w/-ope),par Onésime Reclus.
Paris, Larousse, s. d. [1909], petit in-8 de 131 p., avec une carte et 16 grav., 1 fr. 20.
— 5. Nos Fils et nos filles en voyage, par A.-L. Leroy. Paris, Vuibert et Nony,
s. d. [1909], in-8 de xv-263 p., avec 116 grav., 4 fr. — 6. La France et ses colonies au
début du \\<^ siècle, par M. Fallex et A. Mairey. Paris, Delagrave, s. d. [1909],
petit in-8 de vi-660 p., avec 152 cartes et grav., 5 fr. — 7. Régions et pays de France,
par Joseph Fèvre et Henri Hauser. Paris, Alcan, 1909, in-8 de ii-516 p., avec
147 cartes et grav., 7 fr. — 8. Le Morvan. Étude de géographie humaine, par le ca-
pitaine Jacques Levainville. Paris, Colin, 1909, gr. in-8 de 305 p., avec cartes,
planches et fig., 10 fr. — 9. Impressions de Corse, par Ed. Spalikowski. Paris,
Maloine, 1909, in-12 de 108 p., 2 fr. 50. — 10. Les Ibères. Étude d'histoire, d'archéo-
logie et de linguistique, par Edouard Philipon. Paris, Champion, 1909, in-12
de xxiv-344 p., 5 fr. — 11. Le Tour de VEspagne en automobile. Étude de tourisme,
par Pierre Marge. Paris, Plon-Nourrit, 1909, in-16 de 301 p., avec grav., 3 fr. 50.
— 12. Missions au Sahara, par E-F. Gautier et R. Chudeau. Tome II. Sahara
— 214 —
soudanais, par R. Chldeau. Paris, Colin, 1909, gr. in-8 de iv-326 p., avec cartes,
planches et fig., 15 fr. — 13. Au Pays de la reine Candace, par Jean d'Allema-
gne. Paris, Bloud, 1909, in-16 de 46 p., avec gravures. — 14. Dans les Marches
tibétaines. Autour du Dokerla (novembre i90&-janvier 1908), par Jacques Bacot.
Paris, Plon-Nourrit, 1909, in-16 de ni-218 p., avec carte et grav., 3 fr.50.— 15.,
Les Régions Moi du Sud indo-chinois. Le Plateau du Darlac, par Henri Maître.
Paris, Plon-Nourrit, 1909, in-lG de 835 p., avec portrait et carte, 4 fr. — 16.
L'Empire du Soleil. Pérou et Bolivie, par le baron et la baronne Conrad de Meyen-
DORFF. Paris, Hachette, 1909, gr. in-8 de lvi-318-xiii p., avec 12 planches en cou-
leurs, 121 grav. et une carte, 15 fr. — 17. Bulletin commémoratij de V Exposition na-
tionale de 1908, par la Direction générale de statistique. [Rio de Janeiro,] Imprime-
rie de la statistique, 1908, in-8 de xlii-239 p., avec cartes, planches, diagrammes. —
18. Au Pays de l'or noir. Para, Amazonas, Matto Grosso, par Paul Walle. Paris,
Guilmoto, 1909, in-8 de 244 p., avec 3 cartes et 60 grav., 4 fr. 50. — 19. Les Petites
Antilles. Étude sur leur évolution économique, par P. Chemin-Dupontès. Paris,
Guilmoto, s. d. [1909], in-8 de viii-362 p., avec cartes et diagramme,
7 fr. 50. — 20. Le Passage du IVord-Ouest, par le capitaine Roald Amundsen;
trad. par Charles Rabot. Paris, Hachette, 1909, in-8 d-" 229 p., avec 86 grav. et
2 cartes, 12 fr.
1. — En signalant, il y a quelques mois, une nouvelle édition, revuf
et mise à jour, de l'Atlas général Vidal-Lablache, norwcne nous atten-
dions pas à devoir y revenir si rapidement. Il n'est cepeirdant que stricte
justice de le faire, puisque l'édition de 1909 que les éditeurs ont récem-
ment adressée au Polybiblion marque encore un nouveau progrès
sur le tirage dont nous avions rendu compte. Au point de vue matériel
d'abord, voici une amélioration heureuse : un supplément de 3 500
noms a été ajouté à l'Index alphabétique, et permet de trouver très
facilement les localités nouvelles inscrites pour la première fois sur
les différentes cartes de l'Atlas (nous n'avons pas dit, en mars dernier,
que ces cartes avaient été gravées à nouveau) ou qu'on avait autrefois
omis d'y relever. — Puis, au point de vue géographique, on peut cons-
tater que l'édition de 1900 présente un tableau fidèle et un inventaire
exact des connaissances actuelles. C'est ce dont fait la preuve en par-
ticulier la planche 130**, consacrée à la géologie de l'Amérique' du
nord; non seulement les contours des terres arctiques nouvellement
découvertes y figurent (sans couleurs géologiques, naturellement),
mais les différents terrains qui ont été reconnus dans l'Alaska et dans
l'Amérique centrale y figurent pour la première fois. Ailleurs (carte
physique de l'Asie, pi. 116) est donné, pour la première fois égale-
ment, un tracé des fonds de l'Océan Indien jusqu'au 20° de latitude
sud. Dans les cartons relatifs à l'exploration de l'Asie et de l'Afrique
(pi. 118 et 124) sont mentionnés les voyages les plus récents, ceux
de Sven Hedin; de Kozlov et de Pelliot en Asie, ceux de Villatte et du
lieutenant Niéger en Afrique, tandis que le réseau de l'Ouest est teinté
de la même couleur que le réseau de l'État sur la carte des chemins
de fer français (pi. 72). — Ainsi se trouve soigneusement tenu à jour
Y Atlas général Vidal- Lablache, dont différentes cartes ont maintenant,
pour cause de clarté et de lisibilité plus grandes, certains traits ren-
— 215 —
forcés; le tracé de plusieurs voies ferrées (en particulier celle du
Hedjaz, aux pi. 85 et 120, celles de Russie à la pi. 115, celle d'Ande-
vorante à Tananarive à la pi. 125''; cf. les Transpacifiques de la pi.
127) a été très accentué. De même, à la planche 130, des teintes nou-
velles ont différencié la ville de Rio de Janeiro et les campagnes avoisi-
nantes, et, à la planche 116, la coupe du continent asiatique à
travers le 87° longitude orientale de Paris a été complétée. Le progrès
de l'édition de 1909 sur l'édition précédente est donc indéniable.
Sans douue, il convient de réaliser encore ici et là certaines amélio-
rations de pur détail; il serait bon, par exemple, de tracer sur la
planche 90 les lignes de chemin de fer aboutissant à Morez (qui
n'est pas nommé pi. 72) et à Saint-Claude, de mettre d'accord
les planches 86, où le chemin de fer Sud-Oranais s'arrête à Aïn-Sefra
(à noter que la ligne du Simplon n'y est pas tracée), et 84, où il
s'arrête à Beni-Ounif, avec les cartes où il est prolongé jusqu'à Colomb-
Béchar (pi. 78, 81^ 125*^), de faire aboutir partout à Diré-Daoua, et
non à Gildessa (cf. les pi. 125^ et 108, carton 1) la voie ferrée partie d^
Djibouti... Mais ce sont là, répétons-le, des améhorations de pur dé-
tail, très faciles à réahser, et qu'il n'est pas besoin d'attendre pour
reconnaître une fois de plus la grande valeur géographique et péda-
gogique de l'Atlas général Vidal-Lablacke.
2. — U International Catalogue of Scientific Lilerature, dont le sep-
tième volume consacré à la géographie (/. Geography) a paru au mois
de mars dernier, est encore loin de nous fournir pareille satisfaction.
Sans doute les progrès que nous avions pris plaisir à constater l'année
dernière dans la réalisation des fiches françaises ont persisté, mais
ils ne se sont pas accentués ; aussi nous faut -il signaler encore dans
ce nouveau fascicule de regrettables fautes d'impression portant,
ici sur des noms propres de lieu (llferouane pour Iferouane, p. 52;
Moiidier Ahnet pour Mouidir Ahnet, p. 69), là sur des noms propres
d'hommes {Lapperrine pour Laperrine, p. 69; de Pauliny pour de,
Paulmy, p. 59 et 187), ailleurs sur des termes géographiques {oven pour
aven, p. 69 et 247) ou sur des articles qui transforment un nom de
localité en nom de pays (« Du Zinder au Tchad », au lieu de « De Zinder
... », p. 52 et 216). Ce sont là des incorrections regrettables dans une
bibliographie; plus fâcheuse encore est la lacune que nous avons
constatée aux pages 123 et 206, où l'adaptation française de l'ouvrage
du Di" Otto Nordenskjold sur la Terre de Feu est présentée comme
un ouvrage original de M. Charles Rabot, et où la traduction russe de
cette adaption ne fait aucune mention du nom du voyageur suédois !
Notons encore que'ce volume de bibliographie, qui doit contenir prin-
cipalement la bibliographie de 1907 (« the literature indexed is mainly
that of 1907 », disent les « Instructions » de la p. viii), cite à peine
— 216 —
quelques ouvrages, — par exemple la 3*^ édition des Leçons de géo-
graphie physique du regretté A. de Lapparent • — et n'analj^se aucun
périodique français daté de J907, tandis qu'il répertorie des ouvrages
ou des articles remontant à 1901 ou 1902 qui n'avaient pu être insérés
dans les tomes précédents ! Dans de telles conditions, l'utilité de lo
publication annuelle de V International Catalogue of Scientific Litera-
lure, ou du moins de sa partie géographique — si défectueuse, — ne
nous apparaît que très vaguement.
3. ■ — La Revue de géographie, sous sa forme nouvelle c'est-à-dire
sous la forme d'un volume annuel constitué par la réunion d'arti-
cles lus et acceptés, • — peut-être même parfois commandés, — a récem-
ment distribué son tome II, daté de 1908. Peu nombreux, mais d'un
intérêt considérable sont les mémoires contenus dans ce gros volume.
S'imposant avant tout autre à l'attention, le travail du capitaine
G. Perrier, un des membres de la Mission géodésique de l'Equateur,
sur la Figure de la terre mérite d'être signalé ici^ur sa parfaite luci-
dité tout autant que pour son érudition; sur les grandes opérations
géodésiques anciennes et contemporaines, terminées ou en cours,
sur l'ancienne mesure de l'arc méridien de Quito (celle de Godin,
Bouguer et La Condamine au xviii*^ siècle) et sur la nouvelle mesure
du même arc récemment effectuée par le Service géographique de
l'armée, il semble vraiment impossible de fournir un exposé d'ensem-
ble plus complet et plus précis tout à la fois. — Pour être d'une impor-
tance moins considérable, l'Etude analytique du relief de la Corse,
signée de M. J. Deprat, n'est pas moins digne d'attention; on y voit
mise en pleine évidence l'importance prépon,dérante du rôle pris dans
le relief de cette île montagneuse par les groupes très différenciés
de roches éruptives que sont les granulites et les gabbros, et très habile-
ment précisées les circonstances qui ont présidé au creusement de la
côte abrupte occidentale et à la régularisation de la côte si plate du
nord-est; pour être très brèves, les indications relatives à la géogra-
phie humaine que contiennent les dernières pages de ce mémoire n'en
sont pas moins dignes d'attention, elles aussi. — Les travaux de
MM. Perrier et Deprat sont les seules études originales contenues
dans ce volume; mais on trouvera dans la seconde partie des articles
qui, pour être moins étendus, n'en ont pas moins leur utilité, articles
de mise au point d'une question (telles sont les notes de M. A. Berget
sur les méthodes et les instruments du géographe voyageur, — et de
MM. Zimmermann sur la colonisation européenne depuis un demi-
siècle), ou encore articles résumant les observations d'un voyageur
ou d'un géographe sur un pays déterminé. Bien plus que les notes de
M. F. Guibeaud sur le Pérou, le substantiel travail de M. P. Girardin
sur la glaciation quaternaire dans le massif des sources de l'Arc et
— 217 —
de risère mérite, dans cet ordre d'idées, une mention particulière;
c'est une nouvelle pierre d'attente à ce travail d'ensemble que M. Gi-
rardin, à la suite de ses consciencieuses et persévérantes recherches,
doit être maintenant en mesure de nous donner bientôt. De nom-
breuses illustrations, des tableaux, des planches hors texte, des
cartes (parmi lesquelles une « carte géologique schématique de la
Corse (pi. Il) ajoutent à l'attrait de ce beau volume, d'une si bonne
tenue scientifique avec ses bibliographies, ses légendes explicatives des
figures, etc. Nous ne lui reprocherons qu'une chose : son titre. Ce
n'est pas une « revme », ce sont des « archives» degéographie qu'en 1908
comme en 1907 nous a données là M. Véiain.
4. ■ — M. Onésime Reclus excelle à peindre en quelques traits un
pays tout enLier, et à en donner une description exacte et pittoresque
à la fois, se gravant profondément dans l'esprit du lecteur. Ces qua-
lités lui ont permis de réahser un véritable tour de force : en cent pages,
il est parvenu à donner une idée précise de l'Europe, de ses différents
aspects, de ses climats variés, de ses peuples multiples, de ses langues.
Les sceptiques mettront en doute la possibilité du fait ; qu'ils lisent,
pour s'en convaincre, le premier volume de la petite Géographie rapide
pubHée par le savant auteur dans la « Bibliothèque Larousse ». Force
leur sera bien de se rendre à l'évidence; et, tout en souhaitant de voir
M. 0. Reclus reprendre et développer un jour quelques chapitres de
ce livre joliment illustré, — le chapitre sur la France en particulier, — ■
il leur faudra .reconnaître qu'il est impossible, en si peu de pages, de
condenser autant de faits et de les présenter avec plus d'agrément.
5. ■ — Beaucoup plus volumineux, bien que décrivant beaucoup
moins de pays, est le livre intitulé : Nos Fils et nos filles en voyage.
M. A.-L. Leroy, l'un des fondateuis des caravanes scolaires du Club
alpin français, débute par y rappeler comment Adam exécuta seul,
dans le Paradis terrestre, la « première excursion... scolaire »(p. 6) et
par y évoquer le souvenir de plusieurs de ses collègues du Club alpin,
tels que le P. dominicain Barrai, d'Arcueil; puis il y montre comment,
sous la conduite de chefs expérimentés, les jeunes Français et les
jeunes Françaises sont capables de voyager, quel entrain et quelle
endurance ils déploient, quel bénéfice physique et intellectuel
ils tirent de leurs excursions proches ou lointaines, au Bois de
Boulogne ou dans la vallée de Chevreuse comme dans le Jura vaudois
ou en Algérie et en Tunisie. De fort belles photographies illustrent
ce joli volume, écrit d'une façon alerte et souriante, où se coudoient
les descriptions géographiques, les réminiscences historiques et aussi
quelques aimables poésies. Peut-être conviendrait-il d'en discuter
différents passages (en particulier la note des p. 179-180 sur le Trans-
saharien; le passage qui fait de Jeanne d'Arc et de Camulogène « deux
— 218 —
Parisiens » à la p. 217, est également peu net) et d'y relever quelques
légères fautes d'impression {Magolin pour Macoiin, à la p. 53); mieux
vaut reconnaître sans détour quel plaisir nous avons pris, en suivant
Nos Fils et }20s filles en voyage^ à évoquer nos propres souvenirs d'ex-
cursion aux alentours de Paris, comme dans le Jura et en Algérie.
6. — Poursuivant la série de ses excellents précis de géographie^
M. Maurice Fallex, qui tantôt seul, tantôt en collaboration avec M. A.
Hentjen ou M. A. Mairey, a déjà tracé tant de si bons« états géogia-
pliiques » des différentes parties du monde au début du xx^ siècle,
publie aujourd'hui un travail du même genre sur la France et ses co-
lonies. On retrouvera dans ce nouvel ouvrage les qualités de méthode,
d'exposition et de style qui rendent si attrayants et si instructifs tout
à la fois les précédents volumes de la même collection (Cf. Polybiblinn,
mars 1908, t. CXII, p. 215-216 et 218), et^n prendra plaisir à voir,
une fois encore, en lisant la Finance et ses colomes au début du xx^ siècle,
comment la synthèse géographique, par ses études de rapports et
d'enchaînements, découvre des horizons nouveaux et donne aux faits
toute leur signification et toute leur portée. Peut-être même, pour
quelques lecteurs, le plaisir sera-t-il plus vif que précédemment, et la
démonstration plus complète; quelque lucide que fût l'exposé des
faits, parfois, dans les volumes relatifs à des pays étrangei's et souvent
exotiques, on pourrait ne pas saisir immédiatement les étroits rapports
existant entre la terre et l'homme... Quand il s'agit de la France, il
n'en va plus de même, et chacun comprend immédiatement l'impor-
tance de ces rapports, que d'ailleurs MM. Fallex et Maii'ey ont eu le
mérite d'exposer avec une clarté et un art remarquables. — Leur vo-
lume débute par une étude de la France dans son ensemble, qui esc
l'introduction nécessaire de la seconde partie, consacrée à la géogra-
phie régionale. Dans cette étude très développée (elle occupe la moitié
du vclume, de la p. 91 à la p. 420), les deux auteurs ont déployé beau-
coup de souplesse, insistant toujours comme il convenait sur les carac-
tères physiques, différenciant de manière très heureuse les onze grandes
régions naturelles entre lesquelles ils partagent la France, mais faisant
passer parfois,pour des raisons locales, l'étude économique d'une région
avant son étude politique, sachant en un mot dominer leur sujet et
ne pas se conformer servilement, malgré la géographie elle-même, à
un plan trop invariable et trop rigoureux. La géographie administra-
tive et économique de la France, tel est le sujet de la troisième partie,
à laquelle fait suite une étude rapide de la France d'outre-mer (p. 507-
635). — Telle est l'économie générale de l'ouvrage, où, malgré tout
le soin apporté à la rédaction de chaque ligne par les auteurs, on peut
trouver parfois à critiquer légèrement. Nous regrettons surtout que
MM. Fallex et Mairey n'aient pas mis en pleine lumière, après M. Paul
— 219 —
Girardin, l'existence de la « Savoie massive », c'est-à-dire de ce
pays d'une altitude moyenne considérable, et qui n'a d'analogue en
Suisse que dans les Grisons, que constituent la haute Maurienne en
amont de Modane et la haute Tarentaise en amont de Bourg- Saint-
Maurice (Cf. les Glaciers de Savoie, dans le Bulletin de la Société neu-
châteloise de géographie, 1905, p. 17-48, et la Glaciation quaternaire
et actuelle en fonction du socle dans la « Savoie massive »; id., 1908,
p. 96-119). Peut-être aussi, dans les bibliographies qui accompagnent
les différents chapitres de leur livre, eussent-ils pu mentionner, ici
les deux articles de M. Paul Girardin dont nous venons de rappeler
les titres, — là le remarquable article de M. Marcellin Boule sur le
Massif central, publié dans le Dictionnaire de Joanne, — ailleurs les
volumes sur Madagascar et la Tunisie au d^'but du xx^ siècle. Mais ce
ne sont là que de futiles querelles. Au total, le texte du nouveau volume
de MM. Fallex et Mairey est, dans l'ensemble, tout à fait bon, et d'ex-
cellents croquis, rigoureusement explicatifs du texte, des illustrations
vroiment typiques, commentées avec une sobriété qui n'exclut
nullement l'exactitude, des bibliographies sommaires, mais contenant
à peu près tout l'essentiel, un précieux index des noms géographiques
(cet index n'existe pas dans les volumes antérieurs) achèvent de faire
de la France et ses colonies au début du xx^ siècle un volume presque
parfait.
7. — A ceux qui, après avoir lu le très intéressant volume de MM.
Fallex et Mairey, voudraient approfondir l'étude de la France métro-
politaine, et en bien comprendre l'extrême variété, il convient de
recommander, comme intermédiaire entre les travaux d'ensemble
et les monographies de pur détail, le Hvre que MM. J. Fèvre et H. Hau-
ser viennent de publier sous le titre de : Régions et pays de France.
« Nous n'avons pu nous résoudre à disséminer l'étude régionale dans
la poussière des pays », ont déclaré très franchement MM. Fallex et
Mairey (p. 92), qui entendent faire toujours œuvre d'enseignement;
c'est un autre but que poursuivent MM. Fèvre et Hauser, dont le dessein
est de montrer, par des études sur les « régions » et les « pays » de notre
patrie, V « harmonieuse et vivante variété de la France » et «les mysté-
rieuses correspondances qui existent entre le . sol et les hommes ».
C'est donc le rôle de lectures « géographiques » que jouera, en quelque
sorte, à côté de la France et ses colonies au début du xx^ siècle, cet
ouvrage sur les Régions et pays de France. Ses deux auteurs n'ont nulle-
ment prétendu y faire œuvre originale; eux-mêmes ont grand soin
de le déclarer au début de leur Avant-propos; « ce qu'ils souhaitent,
c'est de faire passer dans le grand public les idées neuves et fécondes
qui ont, depuis environ un quart de siècle, révolutionné la géographie
de notre pays ». Ce but est excellent, et on ne saurait qu'applaudir à
— 220 —
la manière dont il a été réalisé si on ne constatait que, parfois, les
auteurs n'ont pas été au courant, autant qu'il eût convenu, de certains
travaux contemporains; la bibliographie des Annales de géographie
aurait dû cependant leur éviter de regrettables lacunes, car elle men-
tionne des travaux de première importance que n'ont pas utilisés
]\IM. Fèvre efc Hauser, en particulier différentes publications remar-
quables établies à l'occasion de ces sessions annuelles de l'Afas, qui
ont contribué pour une large part à l'étude intelligente du sol de la
France. Pas plus que MM. Fallex et Mairey, les auteurs de Régions
et pays de France n'ont, d'autre part, tiré parti des études de M. Paul
Girardin, — à qui ils se sont bornés à emprunter deux ou trois intéres-
santes photographies, — ni de précieïïS^s, monographies régionales.
Par là leur ouvrage perd en valeur et en précision ; il n'est plus, dans de
telles conditions, cet « inventaire » résumé des connaissances actuelle-
ment acquises sur les régions et sur les pays de la France que nous
avions un moment espéré trouver en lui. Du moins demeure-t-il
toujours un livre intéressant et instructif, où sont groupées systé-
matiquement, avec beaucoup de clarté et d'agrément, sans aucune
sécheresse, de nombreuses notions nouvelles, où des gravures bien
choisies et des cartes vraiment démonstratives éclairent ou, pour
mieux dire, « illustrent » parfaitement le texte. Aussi, tout en sou-
haitant vivement que MM. J. Fèvre et H. Hauser revoient de très
près leur ouvrage et comblent soigneusement les lacunes que nous y
avons constatées et celles qu'ils n'auront pas de peine à y découvrir,
saluons-nous avec plaisir la publication de Régions et pays de France.
8. — Dès maintenant, voici un nouveau livre qui s'impose à l'atten-
tion des deux collaborateurs; c'est une « étude de géographie humaine »
sur le Morv^an, dont l'auteur, le capitaine J. Levainville, a déjà publié
dans les Annales de géographie de bons travaux de détail. Le conscien-
cieux observateur livre aujourd'hui à l'examen des géographes un ou-
vrage considérable, une monographie destinée à prendre place à côté de
celles que, à bien des reprises différentes, nous avons déjà eu occasion
de signaler ici. Fruit de lectures nombreuses, de multiples expéditions
sur les lieux mêmes et d'études répétées faites sur place, le Morvan
de M. Levainville se recommande à l'attention par d'incontestables
qualités d'observation; son auteur a le sens de la géographie et sait
parfaitement mettre en lumière l'influence que la nature exerce sur
l'homme; il a aussi de très réelles qualités d'ordre et de classement.
Voilà ce dont on se rendra compte très vite en lisant le volume, par-
faitement illustré, de M. Levainville; après trois chapitres de géogra-
phie physique destinés à « situer » le Morvan et à définir cette person-
nalité géographique, cette région naturelle, cette terre infertile et
ingrate, ce mauvais pays, l'auteur, pour montrer de quelle manière
— 221 —
l'homme a dû « violenter la terre pour la rendre féconde )),passe succes-
sivement en revue les différentes manifestations de l'activité humaine :
l'utilisation des rivières, l'exploitation des bois, les formes culturales,
l'exploitation du sol et les relations économiques; il termine en étu-
diant les manifestations qui révèlent au géographe l'action de la nature
sur l'homme : les conditions de l'habitat, les agglomérations, les va-
riations de densité de la population et les mouvements humains
(émigration, immigration). Mais, demanderez-vous sans doute, cet
homme qui peine sur les pentes du Morvan, ce rural qu'est demeuré
essentiellement le Morvandeau, qui est-ce? Voilà précisément le point
faible de l'excellent travail de M. Levainville; des deux facteurs qui
doivent sans cesse réagir l'un sur l'autre dans une étude de géographie
humaine, l'auteur a débuté par n'en définir qu'un seul. Sans doute,
le chapitre complémentaire que nous attendons de lui, il nous le don-
nera quelque jour; mais nous ne pouvons pas ne pas déplorer son
absence dans ce Mon>an que nous eussions autrement eu plaisir à louer
sans restriction.
9. — Avec l'étude scientifique de M. J. Deprat, dont nous parlions
tout à l'heure, contrastent complètement les Impressions de Corse du
D^. Ed. SpaHkowski. Ici, rien que de simples notes touristiques, mais
des notes prises par un observateur sympathique et attentif, par
un admirateur des beautés naturelles de la Corse, par un loyal ami
des insulaires. Toutefois, quelque soucieux que puisse être M. SpaH-
kowski de mettre en pleine lumière les qualités des Corses, il ne saurait
celer leurs défauts, et il proclame hautement que « le plus grand fléau »
du pays est la politique, que « sociologiquement parlant, l'insulaire
est en retard d'un siècle », que « le Corse meurt sur ses trésors, faute
d'énergie pour les mettre en valeur ». Voilà pourquoi 1' « île d'Azur »,
ce coin de terre « merveilleux », qui serait susceptible de devenir « le
plus riche département de France », demeure encore en friche et reste
inexplorée; mais le D^ Spalikowski, si beinveillant soit-il pour les
habitants du pays, ne veut pas voir se continuer une telle stagnation;
il estime qu'il faut tirer industriellement parti des richesses naturelles
de la Corse et exploiter scientifiquement ce sol admirable et presque
"inculte. Economiquement parlant, rien de mieux pensé; mais que
deviendra alors la Corse? M. Spalikowski le déclare sans ambages :
le jour où le progrès l'aura conquise, « la Corse, la vraie Corse, sera
morte ». Telle est bien la vérité, en effet, et c'est pourquoi les amateurs
de pittoresque doivent, tandis qu'il en est temps encore, se hâter de
refaire, sous la conduite du prince Roland Bonaparte, une excursion
en Corse ; comme le D'" Spalikowski, ils y trouveront agrément, sinon
profit.
10. — Au sujet du peuplement de la France méridionale se posent
— 222 —
différentes questions très délicates et qui attendent encore leur solu-
tion. Telle est la question ibérique. D'où viennent les Ibères? Que
peut-on dire exactement de leur histoire? Quelle était leur langue?
leur civilisation? Quelles sont les populations en descendant? Con-
vient-il d'y rattacher les Basques? Voilà autant de problèmes des plus
difficiles, mais dont la difficulté n'a nullement rebuté, et a peut-être
même séduit M. Edouard Philipon, comme en témoigne son tout récen*^
volume sur les Ibères. On lira avec le plus grand profit cette étude
d'histoire, d'archéologie et de linguistique, très prudemment conduite
et très habilement exécutée,qui est"fîiu,t à la fois un excellent inventaire
des connaissances acquises et un essai de solution des problèmes de-
meurés en suspens. Après avoir constaté que, vers le vii^ siècle avant
l'ère chrétienne, l'Espagne était habitée en Bétique et dans une partie
de la Tarraconaise par les Libyo-Tartesses, en Asturie et dans une partie
de la Gahce et de la Celtibérie par les Ibères, M. Philipon, qui voit
dans les Libyo-Tartesses des Indo-Européens et dans les Ibères « des
populations appartenant à la branche dite européenne de la grande
famille arienne » (ch. I-III), montre comment ces peuples sont entrés
en contact avec les envahisseurs et les conquérants qui, dans l'antiquité,
ont entrepris de soumettre l'Espagne : Celtes, Phéniciens, Cartha^
ginôis. Grecs et Romains (ch. R'-A"); puis il en étudie avec le plus
grand soin la langue, l'organisation pohtique et sociale, la civihsation
sous tous ses aspects. A la rédaction de cet ouvrage plein de faits,
aussi précieux pour le géographe et l'ethnologue que pour l'historien et
l'archéologue, M. PhiUpon a apporté toute son érudition et tous ses
soins; ainsi est-il parvenu à écrire un livre vraiment intéressant, à
l'utilité duquel on rendra toujours hommage, même si, avec M. d'Ar-
bois de Jubainville, on en conteste différents points. Ce n'est pas ici
le lieu de le faire; mais il convient au contraire d'y exprimer le regret
que nous ont causé l'absence de quelques cartes et l'absence d'un très
court chapitre groupant systématiquement les conclusions auxquelles
est ai'rivé M. Philipon. Ainsi, eût été facilitée la lecture de l'ouvrage,
ainsi l'auteur eût mis plus en valeur ses théories personnelles, basées
sur l'examen des textes originaux et vraiment séduisantes en plus
d'un point.
11. — Si M. Pierre Marge avait pu lire le travail de M. Phihpon sur
les Ibères, nul doute que, dans h Tour de l'Espagne en automobile, il .
n'eût fait à ce peuple une place d'honneur, à côté des Romains et des
Ai'abes. Bien que, en effet, ce livre soit toujours, comme l'indique le
sous-titre, une « étude de tourisme », on y trouve également autre
chose, et M. Marge, très sensible au bon établissement d'une route, ne
l'est pas moins à la beauté des paysages, au pittoresque des costumes,
au charme des nuits étoilées, à la séduction des œuvres d'art ou des
— 223 —
jolis minois. Aussi son volume, écrit d'une plume alerte, sans préten-
tions, se lit-il très vite et avec un grand plaisir; il est agrémenté de
réminiscences historiques, de récits empruntés à la «Chronique du Cid»,
de traits d'humour dont voici un exemple savoureux : à l'une des étapes
de son voyage, M. Marge et ses compagnons firent la connaissance
d'un hôtel dont la simplicité leur était « patriarcale, parce que, dif.
l'auteur à la p. 10, ce qui y fut mis à notre disposition, chambres et
nourriture, était dans un état de perfectionnement qu'on ne pourrait
retrouver qu'en remontant jusqu'aux anciens peuples pasteurs. »
Cela veut-il dire que les automobilistes dont M. Marge était le conduc-
teur aient eu d'ordinaire à se plaindre des hôtels qu'ils ont pratiqués?
Nullement. En règle générale, l'Espagne est, à cet égard, comme le
Portugal, un -pays calomnié. Il est, d'ailleurs, si peu connu ! M. Marge
ne nous en fournit-il pas lui-même la preuve quand il nous parle des
« alcarazas » comme d'un véritable découverte faite par lui (p. 28)?
Du moins, par son exemple et par son livre, contribuera-t-il à le faire
mieux connaître, et inspirera-t-il à d'autres voyageurs le désir de voir
l'Espagne avec toute l'attention et tout le temps nécessaires pour bien
voir... Ce sera certainement pour lui la meilleure récompense de ses
fatigues et de ses peines.
12. ■ — Par delà ces régions méditerranéennes auxquelles appar-
tiennent les pays de TAtlas, comme ceux de la péninsule ibérique,
s'étendent les contrées sahariennes, qui séparent du Soudan l'Afrique
Mineure. Scientifiquement peu explorées pendant longtemps, ces
vastes espaces ont été, depuis quelques anuées, étudiés de telle sorte
qu'il commence à devenir vraiment possible d'en dresser une carte
et d'en donner une description systématique. Sans doute, les cartes
ont encore un caractère provisoire, et les descriptions ne peuvent
pas être d'une rigoureuse précision; du moins, dans les deux cas, les
grandes lignes sont-elles valables. C'est ce dont on a pu se rendre
compte naguère en lisant le tome I des Missions au Sahara par
E.-F. Gautier et R. Chudeau », celui que M. Gautier avait consacré
au Sahara algérien; c'est également ce qui se dégage avec évidence du
beau volume de M. Chudeau intitulé : Sahara soudanais. — Ici encore,
comme dans le livre de M. Gautier, auquel il fait exactement pendant,
aucun récit anecdotique, mais un exposé systématique des résultats
des voyages faits et des études de toute nature menées à bonne fin,
une synthèse des connaissances acquises, un relevé minutieux des pro-
blèmes à résoudre. Si soigneusement établie soit-elle, aucune relation
n'est susceptible de rendre les mêmes services qu'un «inventaire «de
ce genre, appelant l'attention des futurs explorateurs sur certains
points déterminés, les invitant à contrôler sans cesso les idées énoncées,
les hypothèses faites, les observations déjà recueillies, provoquant
— 224 —
l'étude et la critique... C'est le meilleur moyen de faire jDrogresser la
science. Honneur à MM. Gautier et Chudoau pour l'avoir si bien com-
pris! — Il ne suffit pas toutefois d'indiquer l'esprit général d'une
œuvre comme celle des deux excellents voyageurs; il convient éga-
lement d'en exposer au moins les grandes lignes, et c'est ce que nous
voulons faire maintenant. Les deux premiers chapitres du Sahara
soudanais montrent comment, des frontières de ce Sahara algérien,
qu'a plus spécialement parcouru M. Gaut'er, jusqu'au Niger et au
Tchad, se succèdent les régions qui font partie de la pénéplaine centrale
du Sahara et celles dont l'ensembl^^nstitue les hautes plaines du
Soudan, les terrains de parcours des pasteurs touareg et la lisière
septentiionale des pays habités par des cultivateurs de race noire.
A ces monographies de pays très dissemblables, les uns d'une stérilité
désolante, d'autres (isolés par les précédents) presque habitables,
d'autres encore, plus méridionaux, reproduisant à peu près les con-
ditions géologiques du Sahara algérien et constituant la zone sahé-
lienne, véritable transition (au point de vue humain) entre le Sahara
et le Soudan, succèdent des chapitres plus généraux, où M. Chudeau,
débordant son cadre piimitif, porte ses investigations sur l'ensemble
même du Sahara et en expose successivement la météorologie (ch. III)
et la géographie botanique et zoologique (ch. IV). L'étude de l'hydro-
graphie ancienne du Sahara soudanais, de ses dunes fossiles et de ses
phénomènes de dessèchement (ch.V et VI), ainsi que celle de différentes
questions techniques, de celle de la latérite en particuher, permettent
ensuite à M. Chudeau d'affirmer l'improbabilité d'un empiétement
progressif du Sahara sur le Soudan, Enfin le chapitre consacré au com-
merce contient des données précises desquelles se dégage avec force
cette conclusion que l'utihté économique d'un chemin de fer transsa-
harien aboutissant aux Etats haoussas ou bornouans «paraît bien dou-
teuse ». — ^ Telle est, succinctement esquissée, l'ordonnance du livre de
M. Chudeau; si l'on se rappelle ce que, ici même, nous avons dit du
Sahara algérien de M. Gautier (Polybiblion, septembre 1908, t. CXIII
p. 234-235), on comprendra comment ces deux ouvrages n'en font
qu'un on réalité, tant ils se complètent, se compénètrent, se corrobo-
rent l'un l'autre. C'est la même tenue scientifique, la même manière
d'étudier les questions, le même souci d'exactitude; ainsi se trouve
constitué un nouvel inventaire de nos connaissances sur le Sahara
occidental. Admirablement illustré, cet ouvrage, près de vingt ans
après le Sahara de M. Schirmer, va devenir le vade-mecum des explo-
rateurs et des géographes, et constituer sans aucun doute le point de
départ de nouveaux progrès dans la connaissance des régions saha-
riennes.
13. — C'est à l'autre extrémité de l'Afrique septentrionale que s'est
— 225 —
rendu M. Jean' d'Allemagne pour aller Aa Pays de la reine Candace.
De Suez, il a gagué Port-Soudan, et, par la nouvelle ligne qui met ce
point en communication avec Khartoum, il a, au retour de la Pales-
tine, pénétré en plein cœur de la Nubie, jusqu'au confluent du Nil
bleu et du Nil blanc; mais ce que M. Jean d'Allemagne a cherché dans
les contrées désertiques et dans les savanes qu'il a traversées et vi-
sitées, ce n'est nullement le spectacle pittoresque des heurts de ci-
vilisation dont, à Port-Soudan, à Atbara, ailleurs encore, il lui a été
donné de jouir; ça été la résurrection du passé historique de la contrée.
Aussi a-t-il été visiter les ruines de Méroé et a-t-il pris plaisir, en exa-
minant ses trois groupes de pyramides, à évoquer le souvenir de ce
que fut jadis le vieux pays de Koush, après s'être affranchi de la do-
mination égyptienne et avant de tomber sous le joug de Rome...
Le bref tableau qu'il a tracé du passé de la Nubie nous fait regretter
que M. Jean d'Allemagne ait cru devoir être si sobre de détails sur
l'état actuel de la contrée.
14. — Des plaines désertiques et des steppes du Soudan égyptien
aux marches tibétaines du sud-est, il y a loin; nous devons cependant
franchir d'un seul bond cette énorme distance pour suivre M. Jacques
Bacot autour du Dokerla. Tel est le nom d'un massif montagneux du
Tibet oriental qui dresse jusqu'à 6 000 mètres, entre Salouen et
Mékong, ses hautes cîmes couronnées de glaciers; chaque année, de
juin à novembre, de nombreux pèlerins viennent de toutes les parties
orientales du Tibet, et de Lhassa même, faire en une vingtaine de
jours le tour de cette montagne vénérée. Comme eux, mais dans un
sens inverse du leur, c'est-à-dire en gardant toujours à sa gauche (et
non pas à sa droite) le massif sacré, M. Bacot a contourné le Dokerla,
mais avec d'autres préoccupations que les Tibétains, c'est-à-dire en
s'efforçant de bien voir le pays qu'il traversait et surtout d'en com-
prendre les habitants. La tâche n'était guère facile; mais M. Bacot
doué de très réelles qualités de voya[;eur et d'observateur (les deux
choses sont loin d'aller toujours ensemble) a parfaitement réussi, là
comme dans les autres parties des marches tibétaines visitées par lui,
depuis Tahfou jusqu'à Yerkalo et Batang. Du pays lui-même, M. Bacot
a rapporté une impression assez favorable :« c'est, écrit-il très joliment
(p. Il), le Tibet des maisons, opposé à celui des plateaux ou des tentes.
On pourrait dire aussi le Tibet fleuri, car au-dessus des gorges désolées,
au-dessus encore des grandes forêts de cèdres, dans les nuées, les
montagnes sont des massifs fabuleux d'orchidées, de hs et de rhodo-
dendrons «.Quant aux habitants, Mossos, Dissous, Loutzés et Tibétains
surtout (Cf. les p. 191-215 du volume), M. Bacot les a observés avec un
esprit dépourvu de toute prévention, en se montrant respectueux de
leurs usages et de leurs préjugés. C'était là, pour le voyageur, une excel-
Septembre 190S T.CXVI. 15,
— 226 —
lente recommandation; M. Bacot en a ti'ouvé une autre dans sa na-
tionalité. ('■ Sur tout le Mékong tibétain et habité où sont établis nos
. missionnaires, déclare-t-il, à la p. 49, la seule qualité de Français est
une garantie de bienvenue... Les missionnaires font connaître ei>
aimer la Franco dans des pays que la France ignore. Ils n'ont d'autres
ennemis qu'une minorité de lamas orthodoxes qui, craignant pour
leur puissance temporelle, la défendent par la terreur. » Nombre de
ces pionniers de la foi, et en même temps de la France, de la civilisa-
tion et de la science, les Soulié, les Dubernard, d'autres encore, ont
récemment trouvé la mort au cours des tragiques événements dont
M. Bacot a naguère fait l'histoire devant le Comité de l'Asie française
(Cf. les p. 161-189 de Dans les Marches tibétaines); remercions-les, eux
et leurs successeurs, de leur dévouement à la foi et à la France, et re-
mercions en même temps le méritant et modeste voyageur (et non pas
simplement touriste) qu'est M. Bacot de leur avoir rendu pleine et
entière justice; il a ainsi accru la très réelle valeur documentaire de
son excellent petit volume : Dans les Marches tibétaines, où il a
oublié de parler des précieux manuscrits mossos qu'il a rapportés en
France.
15. — Non loin des côtes de cette Mer de Chine où aboutissent les
grands fleuves sortis du Tibet, le Yang-tsé-Kiang, le Mékong, se
dressent au centre de l'Indo-Chine française les plateaux moï, et, en
particulier, le plateau du Darlac. C'est à ces régions, qui comptent
parmi les plus sauvages et les moins connues de notre belle colonie
d'Extrême-Orient, que M. Henri Maître, le distingué directeur actuel
de l'École française fondéa à Hanoï par M. Doumer, vient de consacrer
un volume plein d'observations personrelles et plein de faits. Ce
livre, intitulé: Les Rcgions Moï du Sud indo-chinois, se divise en deux
parties, dont la première est une précieuse étude sur les populations
moï, sur leur classification, leurs mœurs et leurs coutumes, leurs
légendes et leurs traditions. Dans la seconde partie du volume, d'un
caractère tout différent, à l'étude systématique fait place le récit de
voyage; M. Maître raconte les différentes excursions et reconnaissances
que, de 1905 à 1908, tantôt seul, tantôt avec quelques compagnons,
tels que le marquis de Barthélémy et le comte de Houdetot, il a exé-
cutées de tous les côtés autour du plateau du Darlac. Dans ces récits
de voyage, très vivants et très pittoresques, M. Maître a su enchâsser
avec beaucoup d'habileté une foule de renseignements géographiques
(Cf. aux p. 181-183 le passage relatif au plateau du Lang-Biang)
et ethnographiques, des traditions, des légendes, des poésies populaires,
des souvenirs historiques, et bien rares sont les passages manquant
vraiment de netteté (tel est le passage des p. 314-315 relatif aux trous
circulaires creusés dans les rocheis gréseux du Draé Chep; nous
è
— 227 —
croyons que ce sont des marmites creusées par les eaux et dues à la
tactique des tourbillons). Ainsi M. Maître a su faire de ses Régions
Moi du Sud indo-chinois une des relations de voyage les plus intéres-
santes et les plus instructives que nous possédions sur l'Indo-Chine
française.
16. — C'est des pays de l'Extrême-Orient, dit-on parfois, que sont
venus les anciens peuples colonisateurs du Nouveau Monde, ceux
qui, avant l'arrivée des Européens, avaient su imprimer aux civilisa-
tions aztèque et inca un éclat extraordinaire; le baron et la baronne
Conrad de Meyendorfî le rappellent dans l'Avant-propos du beau vo-
lume qu'ils viennent de consacrer au passé et au présent des pays qui
constituaient autrefois l'empire des Incas, au Pérou et à la Bolivie,
et font en même temps remarquer que la théorie rattachant les Qque-
chua aux Chinois est très répandue au Pérou. Mais, bien plus qu'à ces
insolubles questions d'origine, les deux voyageurs se sont attachés
à la civilisation pré-européenne des peuples dont ils visitaient le pays;
et, non contents d'étudier en artistes les paysages si variés et parfois
si beaux qu'il leur était donné de contempler, de se montrer attentifs
aux scènes de mœurs, de s'efforcer de comprendre à la fois les pays
qu'ils visitaient et les hommes dont ils étaient les hôtes, le baron et la
baronne de MeyendorlT ont voulu, par un examen attentif des ruines
encore subsistantes et par une comparaison perpétuelle de ces monu-
ments avec les textes relatifs à la civiHsation des Incas, reconstituer
en quelque manière le tableau de cette civilisation. De là le titre de
l'ouvrage : L'Empire du Soleil; de là nombre de chapitres au caractère
bien plutôt historique, et surtout archéologique, que géographique.
Nous en plaindrons-nous? Pas le moins du monde, car M. et M™® Con-
rad de Meyendoriï sont vraiment au courant des questions dont ils
parlent, et en dissertent d'une manière fort agréable ; peut-être, parfois,
acceptent-ils un peu trop facilement les idées de Ch. Wiener, mais ils
font montre le plus souvent de prudence et d'esprit critique. Aussi
convient-il de recommander leur volume, non seulement à cause de
ses fort belles et très intéressantes gravures , mais aussi à cause du
texte lui-même, qui contient tout à la fois une bonne description
de la Bolivie et du Pérou actuels et un très instructif exposé de ce que
fut, avant sa destruc'^^ion complète par les Espagnols, le brillant
empire des Incas.
17. — Il est impossible de trouver deux ouvrages plus dissemblables
que l'Empire du Soleil et le Bulletin commémoratif de l'Exposition
nationale de 1908. Là, ce sont des impressions de voyage, des descrip-
tions alertes du temps présent, de suggestifs souvenirs du passé;
ici, ce ne sont guère que des séries de tableaux statistiques, des
colonnes de chiffres dont seules des cartes, des planches de botanique.
— 228 —
des fijrures graphiques viennent rompre la froide monotonie... On
aurait tort toutefois de ne pas consulter ces chiffres; en les examinant,
(in ne tarde pas à se rendre compte que le Bulletin commémoratij de
l'Expositioji nationale de 1908 est mieux, en dépit de son titre, qu'une
publication de circonstance. Ce que la Direction générale de statis-
tique du Brésil a, en effet, sous cette appellation singulière, entrepris de
constituer, a été un recueil d'informations inédites ou déjà connues
permettant de se faire une idée exacte de l'état actuel de cette répu-
blique fédérative, et, si l'on peut ainsi parler, de sa vie démographique,
économique et sociale. Une pareille tâche était d'autant plus com-
plexe et délicate qu'il fallait faire entrevoir en même temps l'essor pris
par le Bi'ésil depuis sa séparation d'avec le Portugal; la Direction géné-
rale de statistique a su s'en acquitter à son honneur. Elle a établi un
recueil bien compris et systématiquement ordofiné de tableaux rela-
tifs au territoire, à la population, au mouvement économique et au
mouvement social du Brésil, et a accompagné ces tableaux de cartes,
de diagrammes, de dessins très ingénieux qui en traduisent d'une
manière singuhèrement expressive les données essentielles... Non
moins cpie l'économiste ou le sociologue, le géogi'apliQ applaudira à
cette publication; que d'informations difficiles à se procurer sont,
en effet, réunies da;ns la première partie du Bulletin commémoratij !
A côté des données relatives à la superficie des différents Etats,
voici des séries de cliiffres relatifs à l'altitude, au climat (il est
fâcheux que les moyennes données soient « annuelles », et non
pas « saisonnières »), aux richesses minéralogiques, botaniques et
zoologiques du Brésil; puis, dans les trois autres parties du
volume, voici des indications statistiques concernant les mouve-
ments de la population brésilienne, l'immigration, la situation écono-
mique, les éléments du commerce, la vie sociale... Une Introduction
préliminaire assez développée (une quarantaine de pages) synthétise
les séries de chiffres groupés dans les diiïérents tableaux de chaque
partie, formule les conclusions qui se dégagent de leur examen et
esquisse un tableau d'ensemble de la situation actuelle du Brésil.
Sans doute cet aperçu est quelque peu « en l'air » et manque de cette
base indispensable qu'est l'étude du sol même; mais c'est au géographe
à combler une lacune qu'il n'a pas le droit de reprocher à une Direc-
tion générale de statistique. Celle-ci lui a mis en main, en les
accompagnant de précieux commentaires et de fort belles planches,
les matériaux d'une indiscutable valeur qu'elle pouvait lui fournir; à
lui maintenant d'en tirer parti !
18, — Dans cette tâche, le nouveau livre de M. Paul Walle : Au
Pays de l'or noir, lui sera d'un précieux concours. Comme il existe une
« houille blanche », de même il existe un « or noir »; ouro preto, tel est, en
— 229 —
effet, le nom sous lequel les seringuoiros et les caucheros de T^mazonie
désignent le caoutchouc, dont les Etats brésiliens de Para et d'Ama-
zonas sont actuellement les principaux pays producteurs. Mais, si
importante que soit en Amazonie l'industrie du caoutchouc,' — à qui
seule il convient d'attribuer le merveilleux développement économique
de la région, — ce n'est pas l'unique ressource dont dispose cette
contrée, soit dans les Etats de Para et d'Amazonas, soit dans celui
de Matto Grosso, où l'exploitation du caoutchouc est encore rudimen-
taire. Comme le dit fort bien M. Paul Walle, « aucun pays du monde
n'est aussi favorisé que la vallée amazonique pour l'extraordinaire
valeur des produits naturels», et si toute autre industrie s'est jusqu'à
présent effacée devant le caoutchouc, un jour viendra sans doute où
la mise en valeur de l'Amazonie amènera ses habitants à exploiter
les autres ressources de la région; déjà l'élevage est pratiqué sur ure
grande échelle dans certaines parties de l'Etat de Pai'a, dans l'île de
Marajo, en particulier; ailleurs, les cultures de la noix de Brésil, du
cacao, du tabac, du manioc (sans parler de l'exploitation des bois de
toute nature) sont susceptibles de prendre une extension considérable;
mais le caoutchouc, « qui fait vivre et qui enrichit celui qui le récolte
comme l'exportateur qui le vend )),n'en demeure pas moins l'industrie
par excellence de l'Amazonie. N'est-ce pas en quantité innombrable
qu'on y rencontre à l'état sauvage l'arbre à gomme, Vhevea ou sypîw-
nia elastica^ la « seringueira » des indigènes, 1' « arbre seringue » de
François Fresneau? Aussi M. Paul Wallc n'a-t-il pas hésité à s'arrêter
longuement sur les différentes espèces des arbres à caoutchouc de
l'Amazonie, surles procédés d'extraction et d'élaboration des différentes
sortes de gomme, sur l'existence indépendante, mais pénible, des cher-
cheurs de caoutchouc (ch. VI à IX). D'instructives comparaisons entre
le caoutchouc amazonien et le caoutchouc asiatique (ch.X) complètent
cette étude, très documentée et basée sur l'expérience personnelle
de l'auteur, qu'encadrent des chapitres sur les trois grands états
brésiliens de l'Amazonie, sur le climat de la contrée, sur ses possibilités
économiques et sur les causes de l'infériorité du commerce français
dans ces régions.
19. — Gomme M. Paul Walle, M. P. Ghemin-Dupontès s'est surtout
proposé, dans son ouvrage sur les Petites Antilles^ de traiter le point
de vue économique. Non pas que la géographie physique, la géogi-aphie
politique, l'histoire de la colonisation européenne aient été négligées
par lui ; mais c'est incontestablement du côté économique que l'auteur
a fait porter son principal effort, et quoi de plus naturel de la part
d'un spéciahste, de celui qui est chargé de la statistique à l'Office
colonial .^ Nous ne pouvons pas, toutefois, ne pas adresser à M.Chemin-
Dupontès quelques reproches analogues à ceux que nous avons faits
— 230 —
naguère à M. Daniel Bellet à propos de son livre sur les Grandes An-
tilles: pourquoi n'avoir pas indiqué la situation de la « Microantilie »
sur une des lignes de fracture les mieux cai-actérisées du globe, et
n'avoir pas montré la différence de stabilité sismique existant entre
le talus atlantique et la pente caraïbe de l'étroite plate-forme suppor-
tant les terres émergées? pourquoi n'avoir fait qu'une mention insi-
gnifianbe des anciens habitants de ces îles, des Caraïbes, et n'avoir pas
soufflé mot de leur civilisation? Ces malheureux mdigènes ont été
exécutés par M. Chemin-Dupontès comme ils l'ont été jadis par
les colons européens, si bien qu'à peine soupçonne-t-on dans les Petites
Antilles qu'ils ont « vécu »? Pourquoi avoir glissé si rapidement sur les
querelles des Anglais et des Français à Saint-Christophe (p. 20)?
Pourquoi enfin n'avoir pas tenté de faire un peu de géographie hu-
maine? Que, dans ces critiqiies et dans ces regrets, M. Chemin-Dupon-
tès trouve simplement l'expression de notre désir de le voir produire
un ouvrage de tous points excellent I Sans doute, comme étude sur
l'évolution économique des Petites Antilles, si l'on se place sous un
angle déterminé, ce livre est à peu près parfait; les colonies françaises y
tiennent la place prépondérante qu'elles ont dans nos préoccupations,
et on trouve sur elles, dans l'ouvrage de M. Chemin-Dupontès, des faits
intéressants, exacts et précis, des chiffres récents, groupés dans une
série de chapitres très nourris (ch. VI-XI), qu'accompagne (à la p. 265)
un excellent diagramme du commerce des Antilles françaises de 1882
à 1907; sans doute aussi, au point de vue social, M. Chemin-Dupontès,
qui n'a pas osé qualifier (à la p. 192) d' « erreur humanitaire « la ma-
nière dont fut effectuée l'émancipation des esclaves, nous paraît
avoir raison en signalant dans la participation des habitants des
Antilles françaises à nos querelles politiques et aux élections législa-
tives une des grandes causes de leur décadence. Ainsi l'ouvrage de
M. Chemin-Dupontès se présente de manière très satisfaisante...
Toutefois, l'auteur n'y a pas tout dit; il n'a pas montré, en particulier,
combien est délétère la conception que les habitants de la Martinique
et de la Guadeloupe se font du rôle de la métropole envers eux; mais
cela, lui, fonctionnaire du ministère des colonies, pouvait-il le signaler?
... Tel qu'il est, en dépit de ses lacunes, ce livre sur les Petites Antilles
n'en offre pas moins un très vif intérêt; il contient, en effet, un bon
exposé de ce que l'on peut appeler la « question des Antilles françaises »
et il montre comment les Anglais sont parvenus, à force d'études et
de sacrifices, à rendre la prospérité à leurs colonies. Puisse cet ensei-
gnement être compris de nos gouvernants et adapté par eux aux be-
soins de nos vieilles colonies du Nouveau Monde ! ^
20. — Dans la phalange des explorateurs arctiques Scandinaves, 1
le capitaine Roald Amundsen occupa une place éminente; en effet,
I
^- 231 —
n"a-t-il pas eu la gloire d'effectuer de 1903 à 1906 la traversée du pas-
sage nord-ouest sur la Gjôa^ un petit navire d'environ cinquante tonnes,
dont l'équipage se composait simplement de sept hommes, lui-même
compris ? Ce que, au milieu du xix^siècle, lors de la recherche de Frankhn
et de ses compagnons, Mac Clure n'avait pu parvenir à faire, le navi-
gateur norvégien l'a réalisé très facilement, et quelques mois lui eussent
incontestablement suffi pour passer de l'Océan Atlantique jusqu'au
Pacifique s'il n'avait tenu à rendre son expédition fructueuse pour
la science et à recueillir en cours de route une véritable moisson d'ob-
servations précises. Voilà pourquoi le capitaine Amundsen s'est arrêté
à la Terre du roi Guillaume dès le mois de septembre 1903, et y est
demeuré jusqu'au 13 août 1905, effectuant au Port Gjôa, dans le voi-
sinage du pôle magnétique boréal, en compagnie de Gustav Juel Wiik,
une longue et importante série d'observations magnétiques, tandis que
ses autres compagnons s'occupaient d'études géologiques, météoro-
logiques et ethnographiques, ou encore, tels le lieutenant danois
Godfred Hansen et le météorologiste Peter Ristvedt, exploraient
dans l'est du canal de Mac CUntock la Côte du roi Haakon VIL
Mais ce n'est pas seulement durant un long séjour au sud-ouest de la
Terre du roi Guifiaume que les explorateurs de la Gfàa ont fait des
études géographiques et scientifiques d'un très vif intérêt; en achevant
la navigation du Passage Nord-Ouest, puis, durant le nouvel hivernage
que les glaces les obligèrent de faire un peu à l'est de l'embouchure du
Mackenzie, à King Point, ils ont continué leurs observations de toute
nature et ont ajouté à la reconnaissance du lieutenant Hansen vers
le nord-est du Port Gjoa une expédition vers le sud, à travers l'Alaska
septentrional, jusqu'au Youkon et à Eagle City. Tel est, succinctement
résumé, le voyage tout à fait remarquable dont on trouvera le récit
anecdotique dans le Passage du Nord-Ouest-^ le capitaine Amundsen
n'y a donné que do très brefs renseignements sur ses études scientifi-
ques, — trop brefs à notre gré; mais il songeait au gi-and public, — et
y a relaté d'une manière très attachante l'histoire de son beau voyage.
A lire son récit, il semblerait, comme le dit très justement M. Rabot
dans sa Préface, que les vaillants explorateurs de la Gjoa étaient autant
de « naturalistes tranquillement installés dans un laboratoire, et pour-
suivant leurs recherches avec la certitude du lendemain ». Il n'en a ce-
pendant pas été ainsi, le lecteur s'en apercevra très vite s'il veut bien
s'en donner la peine et comprendre tout ce que la vie de l'explorateur
arctique comporte de privations et de dangers de toute sorte; il
s'en apercevra aussi en lisant le passage où le capitaine Amundsen
raconte la mort de son compagnon et collaborateur Wiik (p. 183).
Rien de plus simple et de plus bref que cette oraison funèbre; mais
on y sent une douleur qui, pour être contenue, n'en est pas moins pro-
— 232 —
fonde. La joie du retour se devine, elle aussi, un peu plus loin, dans les
dernières lignes du récit, contenue et profonde à la fois. En vérité,
Roald Amundsen est bien, comme Otto Sverdrup et comme Fritjof
Nansen, éminemment représentatif de la race norvégienne; on s'en
rendra compte en lisant l'attachante relation, si bien traduite par
M. Charles Rabot et si agréablement illustrée, qu'est le Passage du
Nord-Ouest. Henri Froidevaux.
ART, HISTOIRE ET SCIENCES MILITAIRES
(Suite.)
18. Historique des troupes coloniales. Campagne du Mexique, par le capitaine
VALLiER.Paris,Charles-Lavauzelle,s.d.,in-18de284p.,3fr.50. — 19.La Intervencion
francesa en Mexico se gunel archiva delmariscalBazaine.Textosespa.noly francés. Par-
tes sexta \seplima {Documentas ineditos puhVicaidospor Gf.naro Garcia). Mexico,
Viuda G.Bouret, 1909, petit in-8de 266 et 268 p., lOfr. — 20. El Sitio dePueblaen
1863, segun los archivas del gênerai D. Ignacio Comonfort y de D. Juan A. de la
Fuente {Documentos ineditos publicados por Genaro Garcia). Mexico, Viuda
G. Bouret, 1909, petit in-8, de 263 p., 5 fr. — 21. Enseignements tactiques de la guerre
russo- japonaise, par le commandant Niessel. 3« éd. Paris, Charles-Lavauzelle,
s. d., in-8 de 186 p., 3fr. — 22. Histoire abrégée de la guerre russo-japonaise. Le
Combat d' infanterie d'après les enseignements de la guerre, par le lieutenant Escalle.
Auxerre, Laniei-, 1908, in-8 de 232 p., 3 fr. — 23. Comptes rendus publiés par le
Rouskii Irwalid de conférences sur la guerre russo-japonaise faites à l' Académie
Nicolas. 8« fasc. Bataille de Moukden. Paris, Charles-Lavauzelle, s. d., in-8 de
448 p., 10 fr. — 24. Au Maroc avec le général d^Amade, par Reginald Rankin;
trad. de l'anglais. Paris, Plon-Nourrit, 1909, in-16, iv-306 p., avec 18 grav. hors
texte, un portrait et 4 cartes, 3 fr. 50. — 25. Le Combat des Rfakha, près Casablanca,
29 février 1908. Extraits d'un carnet de route, par le capitaine Paul Azan. Paris,
Chapelet, 1909, in-8 de 94 p., 2 fr. — 26. Impressions de campagne et de manœuvres,
1907-1908. Campagne de Casablanca; manœuvres impériales; manœuvres du Centre,
par RÉGiNALD Kann. Paris, Charles-Lavauzelle, s. d., in-8 de 136 p., 3 fr. —
27. Événements d'Orient, par le général Mahmoud Mouktar Pacha. Paris, Cha-
pelet, 1909, in-16 de 210 p., 3 fr. 50. — 28. Enseignements de deux guerres récentes,
par le général Langlois. Paris, Charles-Lavauzelle, s. d., gr. in-8 de 246 p., 5 fr.
— 29. La Guerre elles traités. Etude du droit international et d'histoire diplomatique,
par le lieutenant Robert .Jacomet. Paris, Charles-Lavauzelle, s. d., gr. in-8 de
vi-188 p., 5 fr. — 30. La Discipline moderne, par le capitaine Paul Simon. Paris,
Charles-Lavauzelle, s. d., in-8 de 88 p., 1 fr. 50. — 31. Étude sur la psychologie de
la troupe et du commandement, par le commandant Gaucher. Paris, Charles-
Lavauzelle, s. d., in-8 de 110 p., 2 fr. — 32. Notre armée à l'œuvre. Aux grandes
manœuvres de 1908, par Pierre Baudix. Paris, Charles-Lavauzelle, s. d., in-16 de
184 p., 3 fr. — 33. La Nation armée. Leçons professées à l'École des hautes études
sociales, par le général Bazaine-Hayter, E. Bourgeois, C. Bouglè, le capitaine
Bourguet, E. Boutroux, Croiset, g. Demeny, G. Lanson, L. Pineau, le
capitaine Potez, F. Rauh. Paris, Alcan, 1909, in-8 de ii-278 p., cartonné, 6 fr. —
— 34. Sur l'autel de la patrie. Nos drapeaux pendant l' Année terrible (1870-1871),
par le commandant A. Richard. Paris, Chapelet, s. d., in-4 de xvi-208 p., avec
frontispice de Détaille, 10 fr. — 35. L'Armée et ses cadres, par A. Messim y. Paris,
Chapelet, 1909, in-16 de 196 p., 2 fr.50. — 3G. Pourlarace. Notre soldat;sacaserne,
par le D' Lachaud. Paris, Charles-Lavauzelle, 1909, in-8, de 382 p., 5 fr. — 37.
Précis d'hygiène militaire à l'usage des candidats à l'Ecole de guerre,pa.T le D' Monéry.
Paris, Charles-Lavauzelle, s. d., in-16 de 216 p., cartonné, 3 fr. — 38. Le Service
des renseignements militaires en temps de paix et en temps de guerre, par le lieutenant
colonel RoLLiN. Paris, Nouvelle Librairie nationale, s. d., in-18 de 139 p., 2 fr. —
— 233 —
39. UOrganisation de ^infanterie et de V artillerie. Paris, Chapelot, 1909, in-8 de
188 p., 3 fr. — 40. Cours élémentaire de tir de campagne, par le capitaine Tréguier.
Pari.s, Charles-Lavauzelle, s. d., in-8 de 288 p., 5 fr. — 41. L'Infanterie au combat,
par le lieutenant-colonel Thomas de Colligny. Paiis, Charle.s-Lavauzelle, s. d.,
in-8 de 276 p., 4 fr. — 42. La Manœuvre de Lo'rlanges, exécutée par le 13*^ corps,
le 12 septembre 1908, par le général Percin. Paris et Nancy, Berger-Levrault, 1909,
in-8 de 68 p., avec 5 croquis, une planche et une carte, 1 fr. 50. — 43. Dictionnaire
militaire. Encyclopédie des sciences militaires rédigée par un Comité d'officiers de
toutes armes. 24® livraison. Théorie - Train d'artillerie. Paris et Nancy, Berger-
Levrault, 1908, gr. in-8, p. 2945 à 3072, 3 fr. — 44. Le Campagne di guerra in Pie-
monte (1703-1708) e V Assedio di Torino (1706). T. IV et VIII. Torino, Bocca, 1908
et 1909, 2 vol. gr. in-8 de LV-529 et 533 p.
18. — La campagne du Mexique sous le second Empire n'a pas eu
chez nous un grand nombre d'historiens et, sauf l'ouvrage du général
Niox, peu de livres ont été écrits sur la matière. On lira donc avec in-
térêt le travail de M. le capitaine Vallier qui, dans son Historique des
troupes coloniales. Campagne du Mexique.^ aborde une matière sinon nou-
velle, tout au moins mal connue en France. Encore que le sujet abordé
par l'écrivain ne vise qu'une portion des combattants engrgés dans
cette lutte lointaine, il a été nécessaireàM.Vallier d'envisager, la plu-
part du temps, la guerre mexicaine dans son ensemble, et c'est par oe •
côté que son Hvre intéressera le plus grand nombre,
19 et 20. — Nous avons eu déjà à signaler la publication remarqua-
ble entreprise par l'éminent M. Genaro Garcia, directeur du Museo
nacional de Mexico, ■ — un établissement analogue à notre Collège de
France, — publication qui n'est autre que celle de la partie des archives
du maréchal Bazaine ayant trait à la guerre du Mexique. Les docu-
ments publiés dans les volumes VI et VII, qui viennent de paraître
{La Intervencion jranccsa en i/ézmv), nous parlent du voyage fait par
l'empereur Maximilien à l'intérieur du pays en 1S64, de la promotion
de Bazaine au maréchalat, de la soumission au gouvernement nou-
veau de divers généraux mexicains, notamment celle du général
Cortina, etc. Ils nous signalent également que nos officiers ne surent
pas toujours garder, là-bas, la modération qu'il eût été liabile de mon-
trer vis-à-vis d'un peuple fier que trop de brutalité révoltait au lieu
de convaincre. — El Sitio de Puebla en 1863, rédigé d'après les archives
du général Comonfort (qui commandait alors l'armée libérale du Centre)
et d'après les papiers du ministre des affaires étrangères D. Juan
A. de la Fuente, complète heui'eusement le tableau du Mexique lors
de l'intervention française, fourni par les archives de Bazaine. Il nous
suffira de signaler ces documents à nos lecteurs : leur importance n'a
pas besoin d'être souHgnée.
21. — Avec les Enseignements lactiques découlant de la guerre russo-
japonaise nous entrons dans une autre époque. En constatant que
l'ouvrage en est à sa troisième édition, nous n'avons pas à nous appe-
santir sur ses mérites. M. le commandant Niessel, l'auteur de cette
— 234 —
étude, conclut qui^ plus qu»; janiais la victoiro appartient aux obstinés,
à ceux qui poursuivent par l'oflensive un but positif, à ceux qui réelle-
ment veulf^nt vaincre. Pour cela, il faut que le commandement ne soit
pas' atteint de sensiblerie iunnanitairo, qu'il ne redoute pas les pertes,
si cruelles qu'elles soient, qu'il demeure, ainsi que tous les exécutants,
résolu à mener l'offensive à fond, sans rien ménager, avec la volonté
déterminée, inébranlable d'engager, au besoin, jusqu'au dernier
homme.
22. — L'Histoire abrégée de la guerre russo-japonaise, de M. C. Es-
calle, lieutenant au 4^ d'infanterie, est à la fois une œuvre histori-
que et un petit traité de tactique, l'écrivain nous exposant d'abord les
faits et tirant des événeinents les enseignements tactiques et moraux
qu'ils comportent. Comme l'indique exactement le titre, la partie his-
torique a été traitée de façon rà présenter, sous un petit nombre de
pages, l'ensemble des événements. Cependant cette synthèse n'est
pas tellement condensée qu'elle ne soit qu'un aride sommaire, une no-
menclature de combats ou de batailles, c'est un récit qui se lit facile-
ment et qui laisse, bien nettes dans l'esprit du lecteur, les dates prin-
cipales qu'il convient de connaître, les faits principaux dont il est
utile de conserver la mémoire. M. Escalle estime que les conclusions
émanant de la guerre russo-japonaise n'ont fait ressortir aucun prin-
cipe nouveau en tactique, qu'elles confirment les grands principes im-
manents de la guerre, tels qu'on les connaissait jusqu'ici, que, comme
le disait l'écrivain que nous citons plus haut, la guerre ne s'improvise
pas, encore moins les armées, que « la préparation du temps de paix
a une influence décisive sur les premières batailles d'une campagne,
l'avance acquise se manifestant la plupart du temps pendant tout le
reste de la campagne ». En somme, travail consciencieux qui mérite
d'être vulgarisé et qui pourrait être utilement donné en prix dans
quantité d'établissements d'instruction, car de jolies gravures donnent
au volume un caractère artistique appréciable.
23. — Ecrites sur le morne sujet, mais d'une portée beaucoup plus
élevée, sont les Conférences sur la guerre russo- japonaise, faites à Péters-
j)Ourg, à l'Académie Nicolas, aux officiers d'état-major russes, par
des ofliciers généraux ayant la plupart assisté aux événements
militaires qu'ils racontent. Nous avons signalé à diverses reprises ces
conférences et nous avons à présenter aux lecteurs du Polybiblion
lo 8e fascicule de cette publication, consacré à la. Bataille de Moukden.
Comme nous le disions naguère, la plupart des conférenciers ne mé-
nagent pas leurs compatriotes et s'eiïorcent, en mettant le fer sur la
plaie, de guérir radicalement le mal qu'a causé à nos alliés leur récente
défaite. « Nous autres, dit l'un d'eux, nous n'étions pas préparés à la
guerre; nous ne croyions pas à sa possibilité; nous ne souhaitions pas
— 235 —
(le nous y préparer. Nous étions engourdis par les divagations de
l'écrivain autrichien, M'"<^ Bertho Suttner, par la lecture des élucu-
brations de l'Israélite Bloch, tendant à démontrer par des formules
mathématiques que, dans la situation actuelle des Etats, la guerre
était impossible. En vain des hommes comme l'amiral Makharofî
répétaient-ils sans se lasser : a Songeons à la guerre ». Nous préparions
notre jeunesse à tout sauf au service militaire ». • — Cette citation ty-
pique monti'e l'esprit et le genre de ces conférences. Elles sont extrê-
mement intéressantes à lire, ayant de plus le mérite de nous faire
pénétrer plus avant dans le cceur d'une armée qu'il nous importe de
connaître intimement.
24. — M. Reginald Rankin, un des correspondants que les Anglais
avaient envoyé au Maroc pour être tenus au courant des événements
de Casablanca, a publié récemment, à Londres, les impressions recueil-
lies au cours de son déplacement près de notre corps expéditionnaire,
et ce sont ces impressions que nous livre aujourd'hui la maison Plon-
Nourrit en un volume intitulé :^a Maroc avec le général (VAmade.
Bien accueilli par nos officiers, M. Rankin ne dit rien qui ne soit en leur
faveur : il consigne cependant dans son ouvrage quelques appréciations
qui montrent chez lui un souci de dire la vérité, sans se préoccuper d'être
agréable, même à ses amis. Diverses observations frappèrent nos com-
patriotes, dont quelques-unes sont bonnes à retenir. C'est ainsi qu'à
propos de l'armement de notre infanterie, M. Rankin trouve que le
Lebel est une arme excellente, mais « que le système de répétition ne
vaut rien » (p. 39). De même, il assurequenotrebaïonnetteestbeaucoup
trop longue, partant très faible; elle plie invariablement à l'usage (?) ».
En ce qui concerne les ofTiciers français, il y a, dit M. Rankin, deux
points qui frappent immédiatement un Anglais ; d'abord, il sont beau-
coup moins jeunes que nos ofïiciers du grade correspondant; ensuite
la discipline subsiste, même en dehors du service, à un degré qui nous
paraît inutile. Ainsi deux lieutenants sont sortis en même temps de
Saint-Cyr : lorsque l'un d'eux est promu, l'autre en lui demandant
du pain, se croit obligé d'ajouter : « Mon capitaine ». M. Rankin, com-
me on le voit, prend souvent pour la règle ce qui n'est que l'exception.
Ceci nous rappelle T^ady Montagu qui, n'ayant en sa vie passé que
vingt-quatre heures en France, à Boulogne ou à Calais, et y ayant été
accueillie, à l'auberge ou elle était descendue, sans les égards qu'elle
s'estimait dus, écrivait dans ses Mémoires : « Tous les aubergistes de
France sont hargneux et mal élevés. » Par ailleurs, M. Rankin est
mieux avisé et son livre, qui est un journal de marche au petit pied,
inet sous nos yeux un intéressant tableau des opérations du général
d'Amade. Il mérite, pour ce motif, la faveur du public.
25. — C'est pncore du Maroc que nous parle un autre témoin ocu-
— 236 —
laire do notre récente campagne devant Casablanca : le capitaine
Paul Azan. M. Azan a extrait d'un Carnet de route, tenu au cours de
l'expédition, ses notes relatives au Combat des Rjahha (29 février 1908),
cette journée qui fut, on s'en souvient, fatale à notre cavalerie, et il
les publie par anticipation pour ne pas retarder l'hommage rendu
à la mémoire de ses camarades morts au champ d'honneur. Brochure
écrite avec humour, couleur, et souvent avec une émotion communi-
cative.
26. — M. Réginald Kann est, comme M. Rankin, un correspondant
de journal, du journal le Temps, si nous ne nous trompons; il a été, lui
aussi, au Maroc et il nous donne, de même que son confrère anglais, ses
impressions sur ce qu'il a vu pendant la Campagne de Casablanca.
Observations et renseignements sont pris sur le vif. L'écrivain a
grossi son volume de deux annexes consacrées, l'une aux dernières
grandes mojiœuvres exécutées en Allemagne et en F'rance. Intéres-
santes en elles-mêmes, on est un peu étonné de les voir figurer
à une place où l'on ne les attendait pas. On les lira quand même
avec profit.
27. — Le livre publié par le général Mahmoud Moukhtar Pacha sur
les E^'énements d'Orient n'est, en réalité, qu'une biographie du maréclial
Moukthar Pacha, le récit de ses expéditions militaires, expédition de
Kosan, de l'Yémen, de l'Herzégovine, guerre turco-russe de 1877,
campagne d'Anatolie, etc., etc. Çà et là, quelques aperçus pohtiques
sur l'Egypte, la question crétoise, le rapprochement turco-allemand
complètent l'histoire de la vie du maréchal, dont la carrière militaire
rappelle, dit son biographe, •< celle des grands généraux du premier
Empire » (?).
28. — Les Enseignements de deux guerres récentes, que cherche à
mettre en lumière M. le général Langlois, sont ceux qu'ont fournis la
campagne turco-russe de 1S77 et la guerre anglo-boer de 190 j. Mais
la première de ses luttes date déjà de trente-deux ans, elle n'a mis en
présence que des adversaires insuffisamment préparcs au point de vue
tactique aussi bien qu'au point de vue stratégique et les enseignements
qu'on pourait tirer de ces exemples ne sont pas de ceux dont l'autorité
s'impose. Il en est de même pour la campagne des Anglais au Transvaal
qui, toute récente qu'elle soit, est bien pauvre au point de vue
didactique. Que sont d'ailleurs ces deux campagnes à côté de la guerre
russo-japonaise, où, au contraire, les enseignements fourmillent, sau-
tent aux yeux? Ne serait-ce pas plutôt de ce côté que devrait se
porter l'attention des professeurs de science militaire, s'ils veulent faire
œuvre utile et pratique ?
29. — Avec la Guerre et les traités, de M. le lieutenant Robert Jaco-
met, nous passons à une autre branche des sciences militaire^ : au droit
— 237 —
de la guorre et àThistoire diplomatique. Le fondmêmedulivredeM. Ja-
(omet est l'étude de ce point délicat de droit international : De quelle
façon et jusqu'à quel point certaines clauses de traités conclus en temps
de paix doicent-dles être maintenues et déclarées valables pendant la
guerre? Question capitale à une époque comme la nôtre, où les frontières
s'abaissent de plus en plus, où les nations tendent à se pénétrer chaque
jour davantage, où les particuliers augmentent, développent leurs
relations commerciales, industrielles et autres, sans se préoccuper
des questions de nationalité. L'on sait même que sous ce dernier rap-
port, les gouvernements font souvent comme les particuliers, et les
nombreux emprunts d'États russe, espagnol, portugais, italien, etc.,
souscrits presque totalement par des nations autres que l'emprunteur
sont là pour attester un modus vivendi international qui tend chaque
jour à devenir plus commun. La guerre a-t-elle le droit de briser les
obligations nées de ces échanges, consenties en temps de paix, en de-
hors de toute préoccupation politique? Jusqu'à quel point d'autres
conventions internationales, comme celles concernant la propriété
littéraire, l'union ouvrière, l'union pour le transport des marchandises
en chemin de fer peuvent-elle être modifiées par l'état de guerre sur-
gissant à l'improviste entre deux nations hier amies et qui, après une
bourrasque plus ou moins longue, reprendront un jour ou l'autre
leurs relations de confraternité? C'est ce sujet épineux qui a attiré l'at-
tention de M. le lieutenant et docteur en droit Jacomet et c'est à la
solution de ce problème complexe qu'il a consacré la science d'un vé-
ritable juriste. Sans doute, de nombreux spécialistes l'avaient abordée
avant lui; mais aucun, que nous sachions, n'avait fait de ce point de
droit international une étude spéciale aussi lumineuse et aussi pro-
fondément creusée. On comprendra qu'il nous soit impossible, dans les
quelques lignes dont nous disposons ici, de parler avec le moindre dé-
tail d'un travail, dont chaque chapitre comporterait un long com-
mentaire; qu'il nous suffise de le signaler comme une œuvre sérieuse,
qui trouvera nécessairement sa place parmi nos meilleurs traités de
littérature juridique.
30. — D'un tout autre genre que le précédent volume sont les trois
conférences publiées sous le titre : La Discipline moderne^ par M. le
capitaine Paul Simon. Signalons seulement leur titre : Puissance
militaire et Démocratie; V Éducation militaire et l'Éducation de la démo-
cratie; la Discipline moderne et l'Éducation des troupes. L'écrivain émet,
au cours de ses développements, quantité d'aphorismes qui nous ont
paru fort contestables; nous laisserons nos lecteurs juger de leur valeur.
31. — Beaucoup plus intéressante nous a paru ï Étude du comman-
dant Gaucher sur la psychologie de la troupe et du comrnandement, c'est-
à-dire sur la façon dont un chef pourra entraîner la foule spéciale que
— 238 —
constitue le soltiat (m troupo, comment il imposera son uscendant, sa
volonté aux masses qu'il aura à diriger, depuis la plus petite unité
jusqu'à la plus con'^idérable. Un vieil axiome militaire dit qu' « une
troupe manœuvre comme elle est commandée ». Rien n'est plus vrai.
Il importe donc que l'ofiicier apprenne à bien commander, qu'il con-
naisse notamment les lois psychologiques auxquelles obéissent les
foules et sans la connaissance desquelles il demeurera inapte à les foire
agir. Travail neuf, où abondent des idée? originales.
32. — • Dans Notre Armée à l'œuvre^ M. Pierre Baudin, ancien ministre
du commerce, qui s'est fait récemment une spécialité des questions
militaires, étudie les dernières grandes manœuvres de 1908 et résume
les réflexions que lui ont inspiré, au cours des opérations, d'abord
l'état dos troupes, ensuite les procédés du commandement, enfin la
façon d'entendre et de diriger les grandes manœuvres. Encore qu'écrit
par un profane, ce livre estpleind'intérêt et d'enseignements. Nombre
d'ofTiciers en feront leur profit et, comme dit Dumanet, x chacun
en prendra pour son grade ».
33. — Sous le titre : La Nation armée, — un titre qui a le tort de
f aire double emploi avecle traité du général von derGoltz,— la librairie Al-
can publie un certainnombredeconférencesprofesséesà l'Ecole des hau-
tes études sociales. Ces conférences, dues à des écrivains ayant la plupart
une notoriété reconnue, ontétédivisées en trois groupes portant chacun
une enseigne particulière: 1. 1/Ecole et le Patriotisme; 2. Ij' Armée et la
Nation; 3. Questions diverses. Comme on s'en doute, un tel livre
n'a pas une unité de doctrine irréprochable, et ces conférences, reliées
sous une même couverture, diffèrent assez souvent l'une de l'autre et
comme facture et comme esprit. Il nous est cependant agréable de dire
que la plupart d'entre elles sont intéressantes et qu'en dépit de
théories souvent imprudentes, elles nous ont semblé dignes d'êtres
lues.
34. — D'ailleurs, quelle conférence, quelle leçon ex cathedra vaut
pour l'enseignement du patriotisme, pour le culte du dévouement à
la patrie, l'exemple de ce qu'ont fait à cet égard nos aînés, de d'Assas
au général Margueritte, et, tout près de nous, ces braves tombés
naguère à Casablanca pour l'honneur du drapeau ? C'est en conformité
d'une telle pensée que M. le commandant A. Richard à songé à résumer
les actes de dévouement sublime dont la défejise de nos drapeaux
a été la cause et le mobile en 1870-71 et qu'il a consigné ces actes dans
un superbe volume très artistiquement illustré : Sur l'autel de la patrie.
Nos drapeaux pendant l'Année terrible (1870-1871). Une Préface de
M. Henry Houssaye, un admirable frontispice de Détaille font de ce
bon livre un très beau livre, où l'on ne sait ce qu'il faut davantage
admirer, le fond ou la forme.
— 239 —
35. — L'Armée et ses cadres, do M. le député Messimy, est la reproduc-
tion des trois propositions de loi formulées par Fauteur sur : 1^^ le re-
crutement des ofliciers; 2° ravancemcnt des officiers de l'armée active ;
3" les retraites proportionnelles des officiers de l'année active. Travail
qu'il n'est guère possible d'analyser, qui doit être lu en ejitier si l'on
veut en suivre et en co}nprendre le sens et l'ordonnance.
36. — Dans son travail intitulé : Pour la race, M. le docteur Lachaud,
député de la Corrèze, cherche à démontrer que la diminution de notre
natalité, celles des qualités de notre race a sa cause principale dans la
mauvaise hygiène de nos casernes. I^e mal n'est pas sans remède, nous dit-
il, mais il faut se hâter. Nous avons lu avec soin Pou;- /a race, et diverses
allégations de l'iionorable écrivain nous ont paru un peu risquées.
Quoiqu'il en soit, il est possible qu'il y ait en France quelque chose
à faire pour l'amélioration des casernements. Mais est-ce bien dans
ces défectuosités actuelles que résident les causes de démoralisation
signalées par M. I^achaud? Nous croyons qu'elles sont ailleurs : la
question n'est pas une question de briques ou de moellons; elle est plus
élevée. C'est à modifier l'esprit de ncitre jeunesse qu'il faut tendre
tout autant qu'à développer ses muscles. Le problème est là, qu'on
n'en doute point.
37. — Entre temps, i-ien n'empêche de surveiller rigouseusement
l'hygiène de nos soldats; tout le monde y gagnera, et, dans cet ordre
d'idées, le Précis d'hygiène militaire, de M. le docteur M onéry, rendra
de bons services. Ecrit à l'usage de nos candidats à l'École de guerre,
ce petit manuel pourra être consulté utilement non pa'^ seulement par les
officiers auxquels il est destiné, mais par tous ceux qui, sans se pré-
senter à l'Ecole de guerre, font, dans les régiments, le service des corps
de troupe. Nous verrions volontiers ce volume consulté par nos institu-
teurs de campagne : ils y trouveraient quantité de conseils judicieux
dont ils profiteraient autant que leurs élèves.
38. ■ — Le Sercice des renseignements militaires en temps de paix et
en temps de guerre, de M. le lieutenant-colonel Rollin, nous donne
sur le fonctionnement de l'espionnage militaire, en paix ou en guerre,
des détails peu connus. Quoique traitée sommairement, la question est
cependant suffisamment développée et demeure autre chose qu'un
résumé aride, qu'une nomenclature. Nous y voyons figurer quelques
agents célèbres de renseignements, notamment le fameux Schulmeister,
dont M. Paul Muller, le laborieux érudit, nous racontait naguère lavie
mouvementée. En somme, intéressante plaquette.
39. — Le Journal dessciences .'nzVzVa^re^aeul'idéedeconsulterlepublic
miHtaire sur la situation actuelle de notre armée au point de vue or-
ganique et tactique, et ce sont les résultats de cette enquête qu'il
pubUe aujourd'hui en volume, sous le titre : L'Organisation de Vinf an-
— 240 — ■
ieric et de l'artillerie. Il est assez consolant de constater que la plupart,
que la grande majorité de ces collaborateurs isolés concluent aux mêmes
modifications, aux mêmes améliorations. Il faut que le mal soit bien
notoire pour être signalé avec cette uniformité : les pouvoirs publics
se décideront-ils à tenir compte de cette consultation d'hommes com-
pétents? Nous le souhaitons sans trop y compter.
40. — Le canon de 75, susceptible d'un rendement remarquable
quand il est manié avec habileté, peut n'être qu'une arme inefficace
entre les mains de qui n'a pas étudié à l'avance les multiples problèmes
qui se poseraient au cours du combat. C'est pour remédier à Cet incon-
vénient que M. le capitaine IVéguier a écrit son Cours élémentaire
de tir de catnpagne, ouvrage dans lequel il réunit toutes les questions
qu'un artilleur doit connaître et dont un certain nombre ne sont pas
traitées par le règlement, telles que le tir //^a^giié, le tir sur zone repérée,
le tir à grande distance, le tir de nuit, etc. Ce cours de tir répond à un
véritable besoin de l'artillerie, mais, grâce à sa grande netteté, il rendra
des services aux officiers de toutes les armes, même à quiconque, sans
appartenir à l'armée, voudra se rendre compte des méthodes de com-
bat de l'artillerie contemporaine.
41. — L'Infanterie au combat^ de M. le lieutenant-colonel Thomas de
Colligny, en est à sa deuxième édition. Nous nous bornons à signaler
cette publication en renvoyant le lecteur à ce que nous en disions
naguère.
42. — Le général Percin n'ayant jamais vu, — depuis plus de trente ans
qu'il assiste à desmanœuvres d'automne, — un corps d'armée pourvu de
toute son artillerie, décida certain jour de se rendre compte, par une expé-
rience personnelle, des difficultés que présenterait l'emploi de vingt-trois
batteries sur un front de cinq kilomètres, et il prescrivit, le 12 septembre
dernier, im mouvement où le nombre de pièces que nous venons d'indi-
quer était déployé côte à côte sur les hauteurs de Lorlanges (Hnute-
Loire). C'est le résultat de cette manœuvre et ses enseignements qu'il
publie aujourd'hui dans une brochure intitulée : La Manœuvre de
Lorlanges. Elle touche surtout les artilleurs.
43. ■ — Le Dictionnaire militaire entrepris, il y a de longues années
déjà, par la maison lîerger-Levrault s'achemine tout doucement vers
son terme, et la 24 ^ livraison, l'avant-dernière, a récemment paru,
nous donnant les mots allant de Théorie a Train d'artillerie. Nous avons
dit, à diverses reprises, tout le bien que nous pensions de cette publica-
tion. Le récent fascicule n'est pas inférieur à ses aîaés. Signalons parmi
les mots traités avec le plus d'ampleur ceux de Tir (104 colonnes),
Tirailleurs, Mouvement tourna nt^ Train, etc., etc.
44. • — Nous terminerons cette revue bibliographique par quelques
mots siff un livre qui nous arrive d'Italie au dernier moment et que,
— 241 —
la matière traitée nous aurait i;\vité à classer plus haut, s'il nous était
parvenu à temps. Nous voulons parler des Campagne di Giierra in Pie-
monte{i~03-il0?>) eV Assedio di Torino {il06), publication officielle de la
Commission d'histoire nationale italienne, dontnous avons pre'senté déjà
deux volumes aux lecteurs du Polybiblion. Nous avons dit précédem-
ment que cet ouvrage étant une série de documents n'ayant entre eux
souvent aucune liaison, les volumes en sont publiés au furet à mesure
qu'ils sont prêts, comme le seraient, en réalité, des volumes à part, c'est-
à-dire le 4^ avant le premier, s'il y a lieu, et le 10*" avant le 6*5. C'est ainsi
<[ue nous recevons aujourd'hui les tomes IV et VIII, de la même façon
que nous avons reçu précédemment le l^r et le 10®. (^uoi qu'il en soit,
nous pouvons assurer que les documents insérés dans ces deux nou-
veaux volumes sont d'un intérêt capital aussi bien pour l'histoire du
Piémont que pour celle de la France au xviii^ siècle; nous pourrions
ajouter pour celle de la plupart des nations du continent, caril n'en est
guère qui n'aient pris une part plus ou moins active, plus ou moins
souterraine, à cette longue et sanglante guerre de la succession d'Es-
pagne. Citons parmi les pièces les plus remarquables (tome IV) : les
négociations diplomatiques de la Cour de Turin avec le Cabinet de Vienne
(tome y\\\) : une notice biographique sur le maréchal Rehbinder;
le journal inédit du siège de Turin, de Mario Zucehi; les lettres de
Carlo Roero, comte de Guarene (1704-1707) etc., etc. Nous n'insistons
pas sur la valeur historique de ces précieux documents : il nous suffît
de les signaler aux érudits qui en sentiront l'inappréciable importance.
Comte de Sérignan.
THÉOLOGIE
liCS inoderniste!^, parle P. Maumus. Paris, Beauchesne, 1909, in-16
de xv-269 p. — Prix : 2 fr. 50.
Cet ouvrage est spécialement dirigé contre les théories de M. Loisy.
D'après ces théories, très clairement exposées et très fortement com-
battues par le savant dominicain, le christianisme n'aurait pas été
fondé par J.-C. qui n'aurait pas eu l'idée d'établir une nouvelle
religion; mais l'enthousiasme religieux qu'il a communiqué à ses dis-
ciples les aurait amenés peu à peu à créer tout l'organisme de la so-
ciété chrétienne. De même, J.-C. n'aurait jamais laissé entendre qu'il
était fds de Dieu par nature et Dieu lui-même. II n'a jamais prétendu
être autre chose que le Messie; c'est saint Paul qui, pour faire admettre
la religion nouvelle chez les Grecs, que l'idée d'un messie juif eût fort
peu intéressé, en a fait un Dieu et lui a appUqué les idées platoniciennes
sur le Xoyo;.
Le P. Maumus montre combien ces théories de M. Loisy font
Septembre 1909. T. CXVl. 16.
— 242 —
violence aux textes évangéliques, qu'elles n'expliquent en aucune
façon le prodigieux succès de la religion chrétienne et qu'elles détrui-
sent le christianisme dans son fondement. .M. Loisy prétend rétablir
la paix entre l'Eglise et la société contemporaine; il emploie un moyen
radical, c'est de supprimer l'Eglise. C'est en effet 'a suppiimer que de
la réduire à n'être qu'une société d'illuminés créant par leur imagina-
tien surchauffée t'»uto une théologie qui n'aurait aucun fondement
dans l'histoire. D. V.
lya îfiRgio dans l'Inde antique, par Victor Henry. Paris,
E. Nourry, 1909,in-12 de xxxix-286 p. — Prix : 3 fr. 50.
J'ai annoncé aux lecteurs du Pohjbiblion (t. C, p. 44) l'apparition
de ce livre. Je lui en présente aujourd'hui la seconde édition, en tout
conforme à la première, de sorte que je ne puis dire de celle-là que
ce que je disais de celle-ci, savoir qu'elle témoigne de l'érudition
de son auteur, mort depuis. Les renseignements dont abondent ces
pages sur les croyances et superstitions de l'Inde antique, lesquelles
sont aussi, en majeure partie, celles de l'Inde contemporaine, V.Henry
les puisa aux sources mêmes, je veux dire dans les documents védiques,
TAtharva-Véda surtout. Les réserves que je crus devoir faire alors
sur le prétendu conflit de la religion et de la science, je les maintiens,
par la bonne raison que je persiste à penser qu'il ne saurait y avoir
d'antinomie entre la connaissance de l'auteur et celle de son œuvre,
pas plus qu'il n'y en a entre le Créateur et la création, entre Dieu
et la nature.
J'observe que cet ouvrage, avant tout de vulgai'isation, passe de
la collection: Les Religions des peuples civilisés, dsins celle intitulée:
Bibliothèque de critique religieuse, l'une et l'autre fort peu cléricales,
en dépit de leur titre; du moins, le présent ouvrage sera-t-il l'un des
^lus inoiïensifs de ceux qui en font ou en doivent faire partie.
A. Roussel.
SCIENXES ET ARTS
De la .TIélliode dans les seieiires, par divers. Paris, Alcan, ^909,
in-16 de ni-411 p. — Prix : 3 fp. 50.
Quelles sont les méthodes suivies dans les principales sciences;
quels sont les principaux problèmes dont se préoccupe, au point
de vue philosophique surtout, le monde savant : voilà des questions
passionnantes, auxquelles il n'est pas possible de dormer <ie réponse
ferme. Mais lorsque, comme M. F. Thomas, on a su grouper une
élite de savants, en pubHant leurs idées personnelles on produit
un livre dont la lecture est indispensable à quiconque s'intéresse
— 243 —
au mouvement scientifique. Certes, souvent, les idées exposées ne
plairont pas aux lecteurs ordinaires du Polyhihlion\ ce n'est pas
une raison pour vouloir les ignorer, bien au contraire. Les vues géné-
rales sur : la Science, sont exposées par M. Emile Picard (Sorbonne);
les Mathématiques pures, par M. J. Tannery (Sorbonne); la Physique,
que nous recommandons tout particulièrement, par M. H. Bonasse
(Toulouse); la Chimie, par M. A. Job (Toulouse); la Morphologie,
par M. A. Giard (Sorbonne); la Physiologie, par M. F. Le Dantec
(Sorbonne) ; les Ssiences médicales, par M. P. Delbet (Faculté
de médecine de Paris); la Psychologie, par M. Th. Ribot (Collège de
France); la Sociologie et les Sciences sociales, par M. E. Durkheim
(Sorbonne) ; la Morale, qui ne nous semble qu'un chapitre vagiie de la
Sociologie, par M. L. Lévy-Bruhl (Sorbonne); l'Histoire, par M. G.
Monod (Collège de France); la Mécanique, par M. P. Painlevé (Sor-
bonne). Cet ouvrage s'adresse théoriquement aux élèves des classes
supérieures de l'enseignement secondaire; dans sa généralité, il nous
paraît convenir à des esprits plus mûrs. Aux professeurs de nos
collèges de l'étudier et de communiquer ce qu'ils jugeront bon à
leurs élèves; mais, en plus, encore une fois, tous les esprits cultivés
doivent le lire. F. Ch.vil.vn.
Dieu et fA^^nosticisnie ronteinp»rain, par Georges JMiche»
LET. Paris, Lecoffre, GabaJda, iy09, in-l2 de xx-416 p. — Prix : 3 fr. 50.
Beau et bon hvre. On ne saurait mieux, ce me semble, en donner
l'idée que ne le fait Mgr Germain, archevêque de Toulouse, dans la
lettre courte, mais pleine, qu'il adresse à l'auteur : « Votre ouvrage
est très important et très actuel. Il suit de près le mouvement de
la pensée contemporaine, en indique les directions et les formes
diverses. C'est une contribution très intéressante à la philosophie
de la religion; la doctrine est sûre, l'érudition riche et exacte, la
dialectique pénétrante, le style lucide et savoureux. Ces pages
éclaireront les intelligences et feront du bien aux âmes. » Dans une
Introduction de belle venue, l'auteur montre comment au fond de
toute sociologie il y a une philosophie de la ^ae, et comment une
philosophie de la vie suppose résolues la question de Dieu et la question
du devoir. C'est à l'idée de Dieu qu'il s'attache présentement, et il
refait, pour la génération présente, quelque chose comme le livre
de Caro sur Vidée de Dieu et ses nouveaux critiques. Il étudie parti
culièrement trois systèmes : la théorie sociclogique (Durkheim),
le pragmatisme (\Mlliam James), l'immanence rehgieuse. Ce sont les
plus récents; ils sont, de plus, « éminemment représentatifs des
diverses influences dont l'ensemble constitue la mentalité contem-
poraine ». Poussant plus loin son analyse, M. Michelet montre à la
— 244 —
base de tous ces systèmes les tendances agnostiques et immanentistes
signalées par l'encyclique Pascendi comme caractéristiques du
modernisme.
Mais l'auteur ne se contente pas .d'exposer les systèmes et de les
réfuter. Dans une seconde partie, qu'il intitule : Dieu et le Spiritualisme
chrétien^ il nous donne deux belles études, l'une sur l'origine psycho-
logique de la religion, l'autre sur la valeur de la connaissance religieuse
en face des objections de la critique philosophique, scientifique,
religieuse. Il y a là des analyses intéressantes sur l'éveil de l'être
i'eligieux, sur le passage de la connaissance spontanée de Dieu à la
connaissance consciente et réfléchie, avec les solutions intellectualistes
de l'École. Intéressante également et utile la critique des positions
de Bergson, de Poincaré, de A. Sabatier, et des objections soulevées
contre la valeur de la connaissance religieuse au nom de la « philosophie
nouvelle », du « contingentisme », du subjectivisme religieux. Avec
beaucoup de finesse, M. Michelet fait le départ du vrai et du faux
dans tous ces systèmes, et dégage les « vérités à retenir », lesquelles
sont, en définitive, celles que nous tenions déjà de par la foi, comme
de par la philosophie du bon sens et la scolastique. C'est une première
constatation, bien faite pour fortifier et rassurer les croyants. Une
autre constatation, bienfaisante aussi, c'est que le spiritualisme
chrétien est seul aujourd'hui à maintenir comme il faut la religion, la
morale, la personnalité. J.-V. Bainvel.
li'Art de pincer et de gérer sa fortune, .par Paul Leroy
Beaclieu. Nouvelle édition entièrement refondue. 'Paris, Delagrave,
s. d. (1908), in-18 de 391 p. — Prix : 3 fr. 50.
Les éloges que nous donnions de cet ouvrage, lors de sa première
édition {Polyhiblion, décembre 1907, t. CX, p. 524-^25), ont été con-
firmés par son éclatant succès. Il atteint son trentième mille dans
cette nouvelle édition revue et augmentée. Les conseils donnés en
ces pages judicieuses sont toujours opportuns : étude des avantages
^tdes inconvénients des diverses sortes de placements; prudente division
des placements et des risques; défiance des emballements contagieux,
de la routine paresseuse et des recherches de trop brusques plus-va-
lues; nécessité de laisser dans son budget quelque chose pour l'épar-
gne. Quant aux additions que complètent les différents chapitres elles les
mettent au courant des faits nouveaux survenus depuis 1906. Tout un
chapitre nouveau est consacré à la fiscalité en préparation dans notre
pays, aux ententes fiscales internationales dirigées contre les dépôts de
titres à l'étranger. En appendice, on trouve des exemplaires point du
tout forcés, point de tout imaginaires, de ces prospectus charlata-
nesques qui ne cessent d'exploiter la naïveté et les convoitises des
gogos. Baron J. Angot des Rotours.
— 245 —
Espèces et Yariétés, leur naissance par miilation, par
Hugo de Vries; trad. de l'anglais par L. Blaringhem. Paris, Alcan,
1909, in-82de|vin-548 p; — Prix, cartonné toile: 12 fr.
Le titre de cet ouvrage est incomplet en ce qu'il n'avertit pas que
les espèces et variétés dont il s'occupe appartiennent exclusivement
au règne végétal. Les allusions faites de loin en loin, et incidemment
aux espèces et variétés du règne animal, ne suffisent pas à justifier
la trop grande généralité du titre. Critique après tout secondaire, car
il suffît d'ouvrir le livre au hasard pour constater que c'est seulement
le règne végétal qui en est l'objet.
Bien que s'appuyant sur la théorie darwinienne, et lui attribuant
une autorité peut-être excessive, l'auteur est loin toutefois de la suivre
servilement. Ainsi, contrairement à l'opinion de l'école qui admet
la formation de types nouveaux par transformations lentes, M. Hugo
de Vries n'attribue à celles-ci, sous le nom de fluctuations, qu'un rôle
très secondaire, et se montre partisan de la théorie de la mutation^
c'est-à-dire de la formation de formes nouvelles dérivant des formes
anciennes par sauts brusques. C'était l'opinion soutenue naguère,
bien que notre auteur n'en parle point, par le regretté Charles Naudin,
directeur du Jardin botanique d'Antibes.
Ajoutons que, dans les limites où elle se meut, la théorie de M. Hugo
de Vries ne peut donner prise à aucune objection d'ordre philoso-
phique ou exégétique. Elle ne préjuge rien sur les causes et l'origine
premières; elle se tient exclusivement sur le terrain de l'observation
théorique et pratique, au double point de vue de l'horticulture et de
l'agriculture. Les vingt-huit conférences dont la réunion compose ce
compact volume y forment naturellement autant de chapitres groupés
en six divisions. Introduction comprise. Celle-ci donne un exposé qui,
tout en étant à l'extrême éloge de Darwin, ne signale pas moins les
modifications qu'a dû subir sa théorie et les erreurs auxquelles ses
successeurs se sont laissé entraîner.
La description de ce que l'auteur appelle les espèces élémentaires
ou sous-espèces, de ce qui constitue à ses yeux leur valeur réelle tant
à travers champs que dans les cultures, et leur sélection artificielle,
occupe les trois conférences suivantes. Une troisième division, en
six conférences, est consacrée aux variétés régressives^ aux cas d'ala-
visme, de vicinisme (faux atavisme), d'hybridité, de métissage, aux
caractères latents. Il y a aussi, quatrième division, les variétés
instables, concernant très principalement les plantes cultivées dans
un but ornemental ou utihtaire, bien qu'elles se rencontrent aussi
à l'état sauvage, les monstruosités, et les adaptations doubles ou à
deux destinations différentes. — Les mutations forment, en neuf
conférences, la division la plus importante de l'ouvrage : l'auteur
— 246 —
y examine, avec d'amples détails, les cas de production brusque de
formes nouvelles, soit qu'elle ait lieu naturellement, soit qu'elle ait
été provoquée par pollinisation artificielle ou autrement, à titre
d'expérience ou dans un but cultural. - — Enfin, la sixième et dernière
ilivision est consacrée aux fluctuations, qui sont les modifications
lentes et graduelles supportées par une suite plus ou moins longue
de générations soit spontanées, soit dirigées par l'homme, et qui
ne constituent que des améliorations peu constantes, étant incapables,
d'ailleurs, suivant M. Hugo de Vries, de créer des types nouveaux.
Cet ouvrage révèle chez son auteur une observation nombreuse,
approfondie, une expérience fréquente et de précieuses données
pour l'agronomie horticole et culturale. C. de Kirwan.
Le Problème «le la marine marehaiide, par Louis Fraissaix-
GEA. Paris, Larose et Tanin, 1909, in-18 de 120 p. — Prix : 2 fr.50.
Cette excellente brochure, parfaitement documentée, est la mise au
point d'une série de, conférences faites, au nom de l'Univeisité de
Toulouse, à MM. les ofTicier» de la garnison et dont la Nouvelle Revue
du i^^ novembre 1908 a déjà donné les idées essentielles. Nous y avons
trouvé fort bien exposée toute la question des primes à la navigation
et à la construction. Les professeurs de géographie commerciale y
trouveront des indications des plus utiles sur les plus grands ports
du monde, puisées aux meilleures sources. Hong Kong y est indiqué
comme le plus important de tous, avec ses h) 204 830 tonnes do
marchandises; c'est là un pdint souvent oublié dans les manuels mo-
dernes, qui ne parlent que de Londres, d'Anvers et de New York.
L'auteur nous expUque la nécessité de subventionner les flottes
commerciales et de réduire le nombre des ports qui absorbent inutile-
ment les fonds qu'il faudrait accorder plus largement à quatre ou cinq
grands ports seulement, ôans se laisser distraire par des considérations
d'ordre purement politique.
D'abondantes notes marginales éclairent le texte et contiennent
d'utiles citations d'autorités incontestables sur la matière : telles que
^L\L Charles Roux, le vicomte d'Avenel, etc.
En résumé, cette brochure devrait faire partie du bagage classique
des élèves qui, dans nos lycées ou dans nos écoles libres, se prépa-
rent à la carrière industrielle. A.-A. FAUVEf,
LITTÉRATURE
Haiiilbiirli d«8 Alt Irisciien. Grammatik. Texte und Wœrterbuch,
von PtUDOLF Thurneysen. I. Teil : Grammatik. Heidelberg, C. Winter,
1900, in-8 de xvi-582 p. — Prix : 18 fr. 75.
Les ouvrages sur les langues celtiques se multipUent, et les maîtres
— 247 —
qui l'enseignent font profiter leurs collègues et confrères du fruit de
leur enseignement. Le « Manuel du vieil-irlandais » que publie au-
jourd'hui M. Thurneysen est, en effet, sorti d'un cours fait depuis de
longues onnées déjà à l'Université de Fribourg en Brisgau : de jeunes
philologues d'Irlande y sont même venus plus d'une fois étudier, sous
cette direction, les formes anciennes de leur langue nationale.
C'est ici une œuvre non seulement approfondie, mais aussi, péné-
trante dans les détails et même dans les minuties. Un débutant s'y
retrouverait malaisément, au moins sans avoir cette forte discipline
grammaticale qui se rencontre plus en Allemagne que chez nous. On
le voit dès le début, car les cent cinquante premières pages sont con-
sacrées à la phonétique. La morphologie n'est pas moins détaillée,
et un index de cinquante pages sur trois colonnes rend les recherches
faciles. Ce n'est pas ici une œuvre abrégée et facile, comme la Grammaire
irlandaise que M. Windisch a pubUée en 1879, et qui a rendu tant
de services en suscitant et en guidant *oute une génération de celtistes :
c'est une œuvre touffue et parfois compliquée où celui qui est déjà
un peu initié aura une notion large et complète du mécanisme gram-
matical de l'ancienne langue de l'Irlande aux viii^ et ix'^ siècles.
Des comparaisons sobres, mais nettes et précises, avec les autres lan-
gues celtiques éclairent les questions traitées, et surtout la citation
des formes gauloises quand nos inscriptions en fournissent les
éléments.
11 convient de signaler deux chapitres qui, non seulement augmen-
tent la valeur pédagogique de cette grammaire, mais serviront de
fil d'Ariane aux philologues de la grammaire comparée : l'un sur le
développement régulier des sons indo-européens en irlandais, et l'autre
sur la forme et la flexion des mots empruntés par l'ancien irlandais.
Pourquoi faut-il que nous ayons à regretter la forme trop savante
que les philologues allemands donnent, par tradition, à leurs livres?
Il faut souvent être déjà initié pour s'y instruire et, par exemple,
pour comprendre leurs abréviations : ainsi, quoiqu'il y ait au début
du volume une liste des abréviations, M. Thurneysen a oublié d'ex-
pliquer UB : il faut deviner que cola se lit Unbelegt, c'est-à-dire cas
d'un substantif ou temps d'un verbe qui ne se trouve pas dans les
textes anciens. Et pourquoi écrire ackusatw (parc + k), et cela quand
on ne prononce qu'une consonne simple? Si Quintilien revenait au
monde, il blâmerait certainement cette façon d'écrire les mots latins,
lui qui critiquait chommoda poui commoda.
Cette grammaire forme la première partie du « Manuel de l'ancieii
irlandais »; la seconde sera une chrestomathie formée de textes
anciens et accompagnée d'un glossaire : faite avec l'acribie dont
M. Thurneysen a déjà donné tant de preuves, elle rendra les plus
— 248 —
grands services pour l'enseignement dans les Universités et pour
l'étude personnelle de ceux qui sont leurs propres maîtres.
H. Gaidoz.
Tlie Oxioffl Enjilisli Diption try, a new Englisli Di«tio-
nary on lil>iitorical pi*iuci|ilei§, editedbySir James A. M. Mur-
■RAy.'Movement-Myz (Vol. VI), by Kenry Bradley. Oxford, Clarendon
Press; London, Frowde, 1908, gr. in-4 paginé 729-820. — Prix : 3 fr. 15.
Ce fascicule du New English Dictionary termine le tome VI de ce
grand ouvrage, édité par MM. Bradley et Craigie et publié en partie
aux frais de la corporation des orfèvres {Worshipful Association of
Goldsmiilis). Dans la portion finale de la lettre M qu'il contient, il
renferme 3 777 articles et 1 072 citations (il y en a respectivement 1 819
et 619 dans la partie correspondante du Century Dictionary, déjà fort
complet). Ce n'est d'ailleurs pas par ces comparaisons do chiffres, si
instructives qu'elles soient, que peut se mesurer l'immense supériorité
de ce dictionnaire, sur tous ceux qui l'ont précédé, mais bien par
l'abondance, la sûreté, le choix judicieux, le classement des rensei-
gnements; l'étymologie y est traitée de la façon la plus scientifique,
l'histoire de chaque mot retracée, les définitions données avec une
clarté parfaite et appuyée d'exemples empruntés à toutes les périodes
de la langue. Pour l'étude d'aucun idiome nous ne disposons d'un pareil
instrument de travail; à la gloire d'aucun idiome pareil monument
n'a jamais été élevé; il se construit régulièrement, pierre à pierre,
depuis bien des années, et chaque pierre est aussi solide et aussi bien
taillée que la précédente. Puisse une œuvre semblable s'édifier un jour
chez nous, pour la plus entière connaissance et le plus grand honneur
de notre langue française ! A, Barbeau.
lia l^awgue française d'aujoiii'd'liui. Évofution Problè-
mes actuels, par Albert Dauzat. Paris, Colin, 1908, in-18 de
275 p. — Prix : 3 fr. 50.
lia ^Versification française. I^es Grenres poétiques, par
Joseph Vincent. Paris, H. Paulin, 1908, in-18 de 95 p. — Prix :
1 fr. 20.
De la Poésie scientifique, par René Ghil. Paris, Gastein-Serge,
1909, in-8 de 65 p., avec portraits. — Prix : 1 fr.
Trente ]¥oëls poitevins du XV^ au XVIIie siècle, fpubliés
par Henri Lemaitre et Henri Clouzot. Airs notés par Aymé Kunc.
Niort, Clouzot; Paris, Leclerc, 1908, in-8 de xxxviii-170 p.— Prix : 5 fr.
IVolice sur la Bible des sept états du monde de Geul'roy
de Paris, par Paul Meyer. Paris, C. Klincksieck, 1908, m-4 de
72 p.— Prix 3 fr.
L'éfcude de M. Albert Dauzat sur la Langue française d'aujourd'hui.
Évolution. Problèmes actuels est un livre fort intéressant, auquel les
connaissances techniques de l'auteur donnent une valeur sérieuse,
— 249 —
son talent et sa verve d'exp(3siti(»n de l'intérêt et de l'agrément.
Mais c'est l'œuvre d'un spécialiste, disciple ardent d'une école, pénétré
jusqu'à l'excès de l'importance de la philologie romane et de l'histoire
de la langue, qui confond à tort la linguistigue avec la grammaire, et
fait, ce semble, trop bon marché de l'esthétique rationnelle du langage.
C'est une erreur de croire que tout ce qui s'explique se justifie. Les
« anciens grammairiens » avaient le tort (bien involontaire) d'ignorer
la génération exacte et les métamorphoses graduées des divers éléments
de notre idiome; mais ils avaient raison de penser qu'on peut discuter,
et, par suite, au moins dans une certaine mesure, corriger et améhorer
l'usage, surtout dans la langue écrite. A cet égard, leurs travaux,
malgré leurs excès et leurs erreurs, n'ont pas été inutiles. Leur œuvre
serait à reprendre avec l'aide, mais non sous le joug absolu, de la lin-
guistique. La « méthode linguistique » et « l'enseignement du fran-
çais par la grammaire historique », tels que les propose M. Dauzat,
ne nous paraissent acceptables que dans une mesure beaucoup plus
restreinte qu'il ne le voudrait. Nous croyons, d'autre part, que l'élé-
ment visuel tient, depuis la diffusion de la lecture et de l'écriture, et
tiendra désormais une place plus grande «qu'il ne le pense dans la con-
ception et la pratique de la langue et surtout du style. Nous n'avons
pas d'objection absolue contre la réforme orthographique, dont notre
auteur est un tenant convaincu et d'ailleurs modéré, mais il nous
paraît qu'il se grossit les inconvénients de l'état présent des choses.
Nous avons goûté son remarquable exposé des récentes expériences
de la « phonétique expérimentale », bien qu'il s'en exagère manifeste-
ment les applications pratiques. Les pages consacrées à la « formation
des néologismes », au « déplacement des frontières linguistiques » du
français, à la « disparition des patois » et à c l'étude des parlers popu-
laires »,' sont nourries de faits et par conséquent fort instructives.
Mais nous ne saurions souscrire à certaines manifestations des
sentiments personnels de l'auteur, produites à l'occasion des sujets
traités. Selon nous, par exemple, la langue française a, Dieu merci !
en Belgique, de meilleurs titres de gloire que celui d'y être, selon l'ex-
pression de ]\L Dauzat, « le drapeau du libéralisme » (p. 187), car ce
libéralisme s'est manifesté chez nos voisins, quand il y a été le maître,
comme une tyrannie sectaire. Ces petits éclats de voix sont d'ailleurs
une exception dans le livre dont il s'agit, qui montre en somme chez
son auteur un mérite réel et de bonnes intentions pour le présent et
l'avenir de notre langue. C'est un ouvrage à lire et à discuter.
— - L'opuscule de M. Joseph Mncent : La Versification française. Les
Genres poétiques., a plus de mérite qu'il n'est gros. La première partie
surtout est remarquable. L'auteur est bien informé, judicieux, d'un
sens délicat, et son exposé se lit avec grand plaisir. Les citations ont
— 250 —
été choisies avec goût, mais pas toujours peut-être avec une sévéritt^
suffisante pour un ouvrage qui se présente comme scolaire (Cf. p. 62).
Les contemporains y tiennent d'ailleurs trop de place et les classiques
pas assez. La théorie est juste en général, bien qu'une notion capitale,
celle de l'accent secondaire, tonique ou rythmique, échappe à M. Vin-
cent comme à presque tous ses émules. Nous diiïérons d'avis avec lui
sur divers points, et certains exemples donnés, par exemple pour
V hiatus (p. 35, 36) ou V enjambement (p, 42), nous paraissent contes-
tables. La seconde partie : Les Genres poétiques, est beaucoup plus
faible que la première. Elle est incomplète et sensiblement écourtée.
Mais la vocation de M. Joseph Vincent pour ces études est évidente.
Nous souhaitons qu'il continue de la cultiver et le fasse de façon plus
ample.
• — Rien n'est plus lucide (ce n'est pas sa moindre quahté) que le
petit livre dont nous venons de parler. Rien ne l'est moins que l'ou-
vrage un peu plus étendu qui a pour titre : De la Poésie scientifique
et pour auteur : M. René Ghil. Celui-ci met une sortedepointd'honneur
à n'être pas compris du commun des hommes e*^^ sa prose a quelque
chose d'apocalyptique. Partisan décidé de l'axiome connu : « Ce qui
n'est pas clair, n'est pas français », et ayant d'ailleurs peu de temps
à perdre, nous avons dû renoncer à extraire la pensée de M. Ghil du
jargon brumeux où il s'enorgueillit de la cacher. Tout ce que nous
pouvons faire à son égard est de reproduire les titres des diverses par-
ties de son manifeste, car cet écrit semble bien être le manifeste d'une
école nouvelle en poésie. Les voici donc : « Quelques mots d'actualité
poétique. — Origines de la poésie moderne. — Le Symbolisme et ses
écoles. — De la Poésie scientifique. L De l'Intuition et de la science
en poésie. — IL L'Instrumentation verbale. Le Rythme évoluant. —
III. La Métaphysique et la Philosophie. — IV. La Philosophie et
l'Éthique. Morale sociale. — \'. L'Œuvre. » On aura une idée du style
de l'auteur par cette phrase typique dont nous respectons la ponc-
tuation et les majuscules : « Le vrai don poétique, le don qui a été,
quand les poètes des Livres sacrés sous les créations théogoniques
enclosaient ce qui éuait conscient en eux de la nature des Choses, le
don qu'une conception rénovée de la Poésie rendra, nous l'espérons,
unique demain, — c'est, il me semble, celui de pénétrer intuitivement
de douleur et de volupté immense, le plus du mystère de notre Moi
et du Tout, à la fois. Et, acquise, en quelque point de contact que ce
soit, cette certitude qui naît de leur identification, — le Poète, alors,
de chacun de ces points comme centres vibratoires, s'évertuera de
pensée à susciter et harmoniser en la série évolutive, des rapports
nouveaux de l'Univers. Et constamment, il pourra et devra suggérer
sa présence innombrable et ses lois, et signifier émotivement toute
— 251 —
chose particulière en rapport, donc, avec la Signification totale. »
(p. 40-41). — Est-ce clair?
— Une œuvre autrement utile dans la netteté de sa méthode cor-
recte et sans prétention, c'est la publication de Trente Noëls poitevins
du xv^ au XVI 11^ siècle, dont nous sommes redevables à ALM. Henri
Lemaitre et Henri Clouzot, et qui nous offre de bons échantillons de
la poésie populaire ou demi-populaire de nos piovinces. Nous avons
remarqué dans leur Introduction précise et claire des renseignements
ou indications curieuses sur les danses des bergers, les danses de Noël,
la localisation des chants inspirés par le récit évangélique, les mœurs
et usages poitevins. Ils ont extrait des textes Téunis par eux et ils ont
classé en bon ordre les faits de linguistique que ceux-ci leur présente-
taient. Ils ont éclairci ces textes par dès notes sobres et par un glos-
saire. Ils ont joint quelques «airs», notés en musique par M. Aymé
Kunc. Nous leur devons ici un éloge particulier pour le soin qu'ils
.)nt pris de communiquer au lecteur la « bibliographie » de leur sujet.
Ils se sont montrés en tout cela de vrais érudits et des hommes de
goût.
— La Notice sur la Bible des sept états du Monde de Geufroi de Paris,
tirée à part des Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque
nationale et autres bibliothèques (t. XXXIX) est l'une de ces disserta-
tions d'histoire littéraire du moyen âge où excelle M. Paul Meyer, et
dont son érudition aussi exacte qu'abondante, sa critique si fine et si
perspicace font en leur genre de petits chefs-d'œuvre. On regrette d'au-
tant plus que son dilettantisme se complaise tiop souvent en des in-
vestigations où, selon son propre aveu, «la recherche est plus intéres-
sante que le sujet auquel elle s'applique « (p. 7). L'éminent érudit nous
permettra aussi de contester sa compétence hors de son domaine et de
refuser de souscrire à son appréciation sur le caractère et l'ancienneté
de la doctrine du Purgatoire. Il la qualifie bizarrement de « conception
rationahste » (p. 59) et ajoute qu'elle « ne s'est fixée qu'à une époque
assez taidive, vers le xii^ siècle ». En réalité, cette doctrine, dans ses
points essentiels, est à la fois lationnelle et traditionnelle et a été de
tout temps tenue par l'Église (Cf. Hurter, Theologiae dogmaticae
compendium, tractatus X, caput I\', n^ !J18 seq.). M. S.
lier» iTlaitres «le la chaire en Fraiieo. ITIassillon. Sa Prédi-
cation MOUS l>.oiii.s XIV et 80U8 liouiit XV, par l'abbé
L. Pauthe. Paris, LecofTre, Gabalda, 1908, in-8 de xv-463 p. — Prix :
6 fr.
Poursuivant ses consciencieux travaux sur les Maîtres de la chaire
en France, M. le chanoine Pauthe étudie Massillon, de même qu'il a
étudié précédemment Bossuet, Fénelon, Bourdaloue. Parmi les ques-
— 252 —
tions traitées dans ce nouvel ouvrage avec le plus de justesse et d'am-
pleur, signalons : les rapports de TOratoiro et du jansénisme
(p. 73-102); les conférences de saint Magloire (p. 128-147); les carêmes
de Versailles, en 1701 et 1704 (p. 195-243); les oraisons funèbres de
Massillon (p. 252-269); les caractères moraux et littéraires du Petit-
Carême (p. 269-292); le sacre du futur cardinal Dubois (p. 328-339);
le gallicanisme de Massillon (p. 377-382); l'évêque de Clermont prri-
tecteur et bienfaiteur de son peuple (p. 383-410).
Il est permis de regretter que les références bibliographiques soient
gravement incomplètes : M. Pauthe n'indique ni le lieu de publication,
ni la date, ni le format* des ouvrages qu'il énumère; bien plus, il ne
mentionne pas les éditions ou les répertoires contenant les textes et
documents auxquels il renvoie son lecteur (p. 443-446). Signalons,
en outre, quelques inexactitudes. Par exemple, M. Pauthe attribue
à saint Paul un aphorisme célèbre de saint Augustin (p. 91). L'auteur
estime que les Réflexions morales (de Quesnel) étaient plus dangereuses
que V Augustinus lui-même, puisqu'elles contenaient cent et une propo-
sitions censurées et condamnées, tandis que l'ouvrage de Jansénius.
n'en comptait que cinq » (p. 93). C'est mettre en balance des valeurs
qui ne sont pas du même ordre : les cinq propositions de Jansénius
forment autant à'hérésies proprement dites; alors que la plupart des
cent-une propositions de Quesnel sont des phrases équivoques et ten-
dancieuses, condamnées dans la mesure même où elles insinuent et
favorisent la doctrine de Jansénius. M. Pauthe paraît croire que c'est
le Régent qui a dit : << Après nous, U déluge] » (p. 291); tandis qu'en
réalité, c'est Louis XV (non pas toutefois en propres termes). L'auteur
applique le nom à' Institut aux Académies de l'ancienne France (p.
324 et 325), bien que l'Institut ait été créé seulement par la loi du
3 brumaire an IV (25 octobre 1795). Le nom de Séez (département
actuel de l'Orne) est substitué par M. Pauthe au nom de Senez (dépar-
tement actuel des Basses-Alpes) : et, comme l'erreur est constante, on
peut redouter qu'elle ne soit pas exclusivement typographique
(p. 338, 347, 364, 366, 368, 371, 374, 381, 417, 446).
Le récit et les commentaires semblent parfois prolixes, et le ton
général du volume est un peu trop solennel et sentencieux. Néanmoins,
ce sera une lecture instructive et attachante; car M. Pauthe fait con-
naître la personne et l'œuvi e oratoire de Massillon avec une compétence
très avertie, non moins qu'avec un enthousiasme bien légitime envers
l'illustre oratorien qui, selon le mot de Lacordaire, fut, pour l'impiété
au xviii^ siècle, « comme un reproche doux et ingénieux ».
Yves de la Brière.
— 253 —
Études d'histoire romautique. I^e Cénacle de la lluse
li-aiiçaise, lS*i3-iS*i'î (Documents inédits), par Léon Séché.
Paris, Mercure de France, 1909, in-18 de xv-409 p. — Prix : afr. 50.
Quand a commencé réellement le mouvement romantique? Ce
n'est pas la moindre des controverses aux^quelles son étude historique
a donné lieu depuis quelque temps. M. Léon Séché, d'accord avec
Sainte-Beuve pour adopter, comme point de départ de ce mouvement,
la période de 1819 à 1824, a exposé dans son ouvrage récent
le premier rapprochement important des jeunes esprits qu'un même
élan, non concerté d'abord, avait portés à renouveler l'inspiration
et les formes poétiques usées du xviii^ siècle. La revue la Muse fran-
çaise eut, en 1823, sept fondateurs, comme la Pléiade de 1550 avait
été formée de sept étoiles : Soumet et Emile Deschamps avaient pris
l'initiative; Victor Hugo et Vigny étaient à leurs côtés; Lamartine,
bienveillant, restait isolé dans la gloire sans conteste qu'il avait
atteinte du premier coup ; Chateaubriand, alors ministre, soutenait et
protégeait la revue nouvelle. Celle-ci publia, sous le titre de Nos
Doctrines^ une sorte de manifeste fort modéré, rédigé par Guiraud;et
ce programme de l'école naissante fut l'occasion du Discours sur
ou plutôt contre le romantisme, prononcé le 24 avril 1824, dans la
séance annuelle des quatre Académies, par Auger, secrétaire perpétuel
de l'Académie française.
La Muse française^ après avoir rassemblé de nombreux collabo-
rateurs, disparut assez vite, au moment même où Chateaubriand fut
chassé du ministère; mais le groupe qui s'était formé autour d'elle
subsista. On s'était réuni, préalablement à la fondation de la Muse,
chez le vieux fonctionnaire de l'Administration des domaines,
père d'Emile et Antony Deschamps; on se retrouva de préférence par
la suite à l'Arsenal, dans, cet aimable salon de Charles Nodier, où un
livre antérieur de M. Michel Salomon nous avait fait pénétrer, et que
M. Séché décrit avec de nouveaux détails (p. 223-303).
L'esprit du « Cénacle », ainsi constitué et continué, se modifia
un peu en 1827, sous l'influence d'un nouveau venu, Sainte-Beuve, et
d'un événement, la publication de Cromwell par Victor Hugo; mais
jusqu'alors le groupe des premiers romantiques est demeuré par-
faitement fidèle à la tradition, en religion et en politique, et idéaliste
avant tout par son inspiration poétique et sentimentale. L'ouvrage
de M. Séché met en évidence cette vérité qu'ont semblé contester les
auteurs d'études récentes hostiles au romantisme jusqu'en ses origines.
Les grands romantiques se sont laissé emporter, surtout depuis
1830, extrêmement loin de leur point de départ : le culte en eux-mêmes
de la passion, et la recherche de ses émotions, comme aussi le trouble
répandu dans les esprits par la révolution de Juillet, ont fait d'eux.
— 254 —
à des degrés divers, des adversaires du vieil organisme social et poli-
tique. Ils ont oublié dans cette évolution les compagnons de jeunesse,
ou, comme disait plus tard Emile Deschamps, les « compagnons
d'armes » qui avaient stimulé et soutenu leurs premières inspirations.
Ceux-ci, pour la plupart, ne les ont pas suivis dans leur déviation, mais
n'en ont pas moins été auparavant les collaborateurs indirects des
œuvres plus importantes et plus durables composées à côté d'eux.
On ne saurait donc négliger cet entourage, surtout si l'on envisage
avec raison l'histoire de la littérature comme celle des mœurs et de la
société. Et il n'est pas indifférent que M. Léon Séché nous ait donné
d'intéressants détails sur Soumet, plus connu aujourd'hui comme
poète de la Pauvre Fille que par ses succès au théâtre; sur Guiraud,
qui n'a pas écrit uniquement les Petits Savoyards; sur Michel
Pichat, Pichald en littérature, et pour Antony Deschamps,
Cygne du Paradis qui traversa le monde,
auteur de la tragédie de Léonidas, représentée avec acclamations en
1825 (Talma disait qu'elle avait sauvé le Théâtre Français); enfin,
sur les personnages féminins du groupe, M°^es Desbordes-\"almore,
Tastu, de Girardin qui ont exprimé la sensibilité de leur sexe avec
une harmonie si pénétrante.
Dans l'histoire, la période de 1819 à 1824 est un moment fugitif
où, à part un petit nombre d'hommes de parti, on put croire la
France sortie des agitations qui commençaient à ébranler le reste
de l'Europe; l'indignation contre l'assassinat du duc de Berry,
l'attendrissement à la naissance de son fils semblèrent sceller la
réconciUation de la France et des Bourbons, de la liberté et de la
monarchie, de la tradition et de la pensée moderne émancipée. Les
premiers romantiques eurent foi en cette réconciliation. On leur a
reproché leur prédilection pour les littératures et les institutions
étrangères, comme si, dans le contact guerrier, puis pacifique, repris
entre la France et l'Europe, ils n'avaient pas eux-mêmes affermi
leurs motifs de revenir aux sources nationales d'inspiration. « Nous
avons abandonné l'héritage qui nous est propre pour les riantes
créations de la Grèce », disait Ballanche. « ... Ce n'est pas ainsi que les
Allemands ont agi envers leurs pays, ajoutait l'éditeur des poé&ies
de Chénier, Latouche; écoutez dans leurs chants l'accent de la
patrie, et songez à la vôtre. » En obéissant à ces sentiments, les
premiers romantiques se sont détournés de l'antiquité artificiellement
comprise; ils ont, après Chateaubriand et à son exemple, ramené
le goût public vers nos monuments du moyen âge et de la Renais-
sance, vers les œuvres du génie français antérieures à la grande
époque classique, même vers les beautés du sol natal. -: --
Ce que l'on peut surtout louer en eux,^ avec la certitude de ne céder
— 255 —
à aucune prévention, c'est la hauteur des aspirations intellectuelles
dans la simplicité de la vie, et la cordialité dans l'émulation féconde
de la confraternité littéraire. Le xviii^ siècle n'avait pas connu de
pareilles mœm's chez les gens de lettres, et le xix^, après 1830, ne
les a plus connues; mais le tableau que Sainte-Beuve a tracé avec
émotion dans la pièce des Poésies de Joseph Delorme intitulée le Cénacle
a été vrai; les travaux de M. Séché nous le confirment en complétant
ce tableau. Ch. de Loménie.
El Doetoi* D. manuel IVIilâ y Fontanala; Hemblauzn lite-
raria, por Marcelino Menéndez y Pelayo. Barcelone, Gustave Gili,
1908, in-12 de 80 p. — Prix : 1 fr.
Obrars eatalaiies d'en Manuel MilA y Fontanals. Barcelona,
Gustave Gili, 1908, in-12 de 378 p. — Prix : 4 fr.
Quand le docte et érudit M. Menéndez y Pelayo fait l'éloge d'un
écrivain, on peut s'en rapporter sans réserve à son jugement autorisé.
Le portrait littéraire qu'il trace du docteur Milâ y Fontanals peut
servir amplement d'Introduction aux œuvres de cet illustre professeur,
qu'il nous fait connaître sous leur véritable jour. Personne, d'ailleurs,
n'était mieux placé que M. Menéndez pour parler de l'illustre pro-
fesseur barcelonais, sous lequel le critique et littérateur madrilène a
fait ses premières armes. Milâ y Fontanals a contribué puissamment
à remettre en honneur dans son pays et à l'étranger, l'étude du
moyen âge, des chansons de gestes, des traditions séculaires qui sont
le fond du folk-lore, de la formation et du développement des litté-
ratures néo-latines. La bibliographie qui se trouve à la fin des Œuvres
catalanes de ce fécond écrivain en est une preuve éloquente. Beaucoup
de questions relatives aux grammaires romanes ont été définitivement
tranchées par lui, et les éclaircissements qu'il a apportés sur nombre de
points restent comme des jalons précieux sur la route qui mène à la
solution d'autres problèmes.
— M. Milâ y Fontanals n'est pas seulement un professeur et un
critique; il est aussi poète, et, dans son catalan sonore et harmonieux,
il a chanté la Vierge de Montserrat, la Mort de Galinde, Pie IX, etc.;
mais il est à remarquer que, poète sur ses vieux jours, il a surtout
excellé dans l'imitation de la poésie populaire, avec des réminiscences
très marquées des romances anciens et des chants héroïques français
et étrangers. Parmi les poésies catalanes de Milâ, il en est trois qui
sont de vrais joyaux littéraires : celle qui a pom' titre Arnaldo de
Beseya est un magistral romance plein d'un symbolisme fantastique
et religieux tout à la fois; la Complanta d'en Guillén est une mélodie
d'une grande suavité et d'une tendresse extrême, qui chante les
fiançailles du chaste amour et de la mort; la Cansô del Pros Bernart,
la plus remarquable de toutes les compositions de Milâ, et, au dire
— 256 —
de M. Menéndez y Pelayo, de toutes les chansons épiques du Parnasse
espagnol moderne, renferme des passages qui égalent et dépassent
les plus belles inspirations de \'ictor Hugo dans sa Légende des siècles.
M. Milâ y Fontanals, malgré tout, fut essentiellement un savant
et un critique : son génie poétique naquit de son étude approfondie
et de son admiration sincère des anciens poèmes catalans et castillans,
dédaignés ou méconnus avant lui. Qu'on lise son Prologue aux Chants
mystiques et aux Idylles de Verdaguer, son article nécrologique sur
Balaguer, son étude sur la Chronique dite de Turpin, son Essai his-
torique et critique sur les anciens poètes catalans; et l'on restera con-
vaincu que Milâ est l'un des premiers et des plus érudits littérateurs
du xix^ siècle, et que l'hommage que lui a rendu, d'une voix si auto-
risée, l'éminent académicien. M. Menéndez y Pelayo, est comme le
tribut de reconnaissance de toute l'Espagne savante déposé sur la
tombe de celui qui a si dignement honoré les lettres et son pays.
G. Bernard.
HISTOIRE
La Rei^anclie de la banquise. L'U Eté de dérive dans la
■nei° de liara (juin-Heptembre 1907), par le duc Philippe
d'Orléans, Paris, Plon-Nourrit, 1909, gr. in-4 de 288 + 39 p., avec
10 héliogravures, I30illustr, en phototypie et six cartes. — Prix : 30 fr.
11 y a trois ans, le duc d'Orléans a raconté, dans un livre dont les
lecteurs du Polybiblion (décembre 1906, t. CVII, p. 484-485) n'ont pas
perdu le souvenir, comment il a navigué àtravers la banquise, du Spitz-
berg au cap Philippe, et ajouté une nouvelle nomenclature française
à celle qu'au temps de son aïeul, le roi Louis-Philippe, les marins
de la Lilloise avaient donnée à une partie plus méridionale de la
côte du Groenland oriental. Dans un superbe volume, récemment
publié, il expose comment, au cours d'un nouveau voyage entrepris
par lui dans les mers arctiques qui s'étendent au nord de l'Europe
et de l'Asie occidentale, le vaillant navire sur lequel il avait pris pour
la seconde fois jjassage, l'illustre Belgica, s'est trouvé arrêté par les
glaces; durant les mois d'été de l'année 1907, de juin à septembre, ce
bâtiment, qui avait naguère si fructueusement exploré les mers an-
tarctiques et qui s'était ensuite si bien comporté dans les eaux du
Groenland, a vainement tenté de faire une campagne nouvelle d'ex-
ploration sur les côtes de la Nouvelle-Zemble. A peine entré dans la
mer de Kara, il a été emprisonné dans les glaces, et ne s'en est dégagé
que fort tard, au moment où il n'était plus possible de faire œuvre
géographique nouvelle, -\insi le duc d'Orléans n'a pas pu accomplir
la tâche que, primitivement, le D^ Charcot avait projeté de réaUser
— 257 —
dans une partie encore fort mal connue des mers arctiques ; c'a vraiment
été, selon l'expression du royal explorateur, la Revanche de la banquise.
. Est-ce à dire que de ce nouveau voyage arctique du duc d'Orléans,
les résultats sont nuls? Pas le moins du monde. La présence à bord de la
Belgica du commandant A. de Gerlache et du naturaliste Stappers a
permis au prince de publier, à la suite de son intéressant journal de
bord, de précieux appendices scientifiques : des tableaux météorolo-
giques établis par le commandant de Gerlache, des notes biologiques
dues à M. Stappers, une étude sur la florule des neiges et des glaces
de la mer de Kara signée du professeur Meunier. Ce sont là des garants
de l'intérêt que présentera la publication exclusivement scientifique
annoncée par le duc d'Orléans dans la Revanche de la banquise, qui
contient encore une courte étude sur la pêche dans la Mer Blanche et
un excellent historique des voyages précédemment accomplis dans la
mer do Kara. Le prince en a présenté un tableau d'ensemble dans le-
quel il a insisté, de manière spéciale, sur les expéditions que leur
champ d'action ou les difficultés rencontrées de la part des glaces
rendaient les plus analogues à la sienne. Des planches superbes,
parfois d'un très grand intérêt géographique ou glaciologique, exécu-
tées d'après les photographies prises par le prince et par le D^ Réca-
mier, de très belles cartes (parmi lesquelles celle du Matotchkin Char
dressée à l'échelle du 160 000^^ par le commandant A. de Gerlache,
mérite une mention particulière) accompagnent cette magnifique
publication dans laquelle il convient de voir une preuve nouvelle de
la sollicitude éclairée apportée par le duc d'Orléans, selon les traditions
de sa famille, à la géographie et aux sciences naturelles.
Henri Froidevaux.
Coi'i'eiipoiidaiice du eoiiite de la Forest, ambassadeur de
Frauce cm Elspa.siite (I»OS-t813), publiée pour la Société
d'iiistoire contemporaine par Geoffroy de Grandmatson. T. III.
Octobre i^O'è-juin 1910. Paris, A. Picard et fib, 1909, in-8 de 492 p.
— Prix : 8 fr.
Le troisième volume de cette importante publication embrasse une
période de neuf mois et va jusqu'au miheu de l'année 1810. M. Geof-
froy de Grandmaison a divisé la correspondance de notre ambassadeur
en trois titres généraux : 1° le Duc de Dalmatie, major général; 2°
l'Expédition d'Andalousie; 3° le Retour de Joseph àMadrid. Les grandes
qualités par lesquelles se signalent les volumes précédents se retrouvent
dans celui-ci, et nous ne nous attarderons pas à les faire ressortir de
nouveau. Résumons seulement les événements historiques que les
lettres du comte de la Forest nous font suivre,pour ainsi dire pas à pas,
en disant que l'ambassadeur français^fait sentir très clairement la
Septembre 1909. T. CXVI. 17.
— 253 —
crise qui se prépare, l'énorvement du peuple espagnol et les préoccu-
pations du roi Joseph en face des décrets impériaux qui contrai ient
ses propres intentions, en un mot, le conflit imminent qui va éclater
entre les deux frères et qui peut avoir de si redoutables conséquences.
En effet, tandis que Napoléon organise les provinces espagnoles voi-
sines de la Fiance en six gouvernements militaires confiés exclusi-
vement à des généraux français, le roi Joseph, à qui n'a été réservé
que le commandement direct d'une seule armée, riposte en établissant
dans le royaume trente-huit préfectures et en partageant, à son tour,
l'Espagne en quinze divisions militaires. D'ailleurs, la Péninsule est
perpétuellement en ferment de révolte, et elle cherche à secouer le
joug qu'on veut lui imposer des deux côtés des Pyrénées. Le tableau
est saisissant de vérité, et l'on croirait assister en témoin oculaire à
tout ce qui se passe et à tout ce qui se trame. G. Bernard.
Histoire de l'abl>»ye royale et de l'orclre dc«i cliannines
réguliers fie Saiiït-Viêtor de i^aris. Deuxième période [IHOO-
'tldl), par FovRiER Boînnarti. T. II. Tremblay-sur-MauIdre (Seine-et-
Oise), chez l'auteur, s. d., 1908, in-8 de viii-o27 p., avec un plan. —
Prix: 10 fr.
La deuxième période de l'histoire de la grande abbaye parisienne
est beaucoup moins importante que la première. Les chanoines vic-
torins ont perdu une situation qu'ils ne retrouveront plus; néanmoins,
comme ces temps sont plus à la portée de rhistorien,les renseignements
abondent sur les hommes et sur les choses. L'auteur se trouve mieux
à l'aise. Les phases qui remplissent ces trois siècles sont pleines
d'intérêt: c'est d'abord une tentative de réforme intérieure, au
commencement du xvi^ siècle; elle échoue, comme il advint dans
de nombreux monastères. Le dernier -abbé régulier, Jean Bordier,
fait très bonne figure; vient ensuite la commende et le gouvernement
de l'abbaye par des prieurs vicaires. L'humanisme fut en honneur
parmi les chanoines \actorins. Deux chapitres, pleins de traits curieux,
sont consacrés aux rapports de l'abbaye avec la Ligue et la Cour
d'Henri IV. Le cardinal de la Rochefoucauld voulut entraîner cette
maison dans la réforme, d'où sortit la florissante Congrégation de
France: ce fut peine perdue. Les victorins tinrent à rester eux-mêmes
et ils continuèrent une décadence, qui se prolongea jusqu'au
moment de la Révolution. Simon Gourdan tenta une réaction durant
les dernières années du xvii^ siècle; il ne réussit pas. M. Bonnard
qualiGe exactement l'homme et sa mission dans un chapitre intitulé :
Un Saint venu trop tard. Cinquante ans plus tôt, Gourdan aurait pu
sauver la situation. Le jansénisme entra de bonne heure à Saint- Victor.
L'auteur fait au victorin Santeul la part qu'il mérite, un chapitre
— '259 -
tout entier, où il apparaît au milieu de ses amis et de ses contem-
porains : c'est tout de même une curieuse figure. Les pages où il est
question de la bibliothèque de l'abbaye et du bibliothécaire Mulot,
sans ramener le lecteur au temps du grand labeur théologique, le
distraient du spectacle douloureux qu'offre cette maison, qui est en
pleine décadence. Les querelles déchaînées par les projets réformateurs
do la Commission des réguliers attristent plus encore. Les victorins
eurent en face de la Révolution les illusions de leurs contemporainrs.
L'auteur nous fait assister à la fin pénible de cette institution, qui
restai! après tout une de nos gloires nationales.
Le volume se lit, comme le précédent, avec plaisir. M. Bonnard
n'a rien laissé perdre de l'œuvre des chanoines réguliers; c'est pour lui
un trésor de famille et i! l'exploite avec amour. D'autres abbayes vont
probablement solliciter son attention.
Voici une liste des documents qu'il donne en appendice : Abbés
commendataires; Prieurs vicaires; Prieurs triennaux; Chanoines
dont le nom présente quelque intérêt ; Fortune de l'abbaye, les prieurés,
avec une notice et la liste des prieurs connus; Inventaire du trésor des
reliques au xiv*^ siècle; Localités où l'abbaye avait des possessions.
J. Besse.
Diaire de Joseph Guillaudeau, siewi* dk Baupréau (15SX-
iei5). VérîâaltSes faits «C gestes du tïieis^HCHr IBeiijamiit
Priolt'aii (Archives historiques de la Saintonge et de fAunis,
t. XXXVIII). Paris, A. Picard et fils; Saintes, J. Prévost, 1908, in-8
de 507 p., avec plans et planches. — Prix : 15 fr.
C'est un curieux document que ce « Diaire » de l'avocat rochelais
Joseph Guillaudeau, tiré de la bibliothèque Marsh, de Dubhn, et publié
par M. Meschinet de Richemond dans un des beaux volumes de la
précieuse collection des Archives historiques de la Saintonge et de
l'Aunis. Et que peut-il y avoir qui promette un plus alléchant
apport à l'histoire locale et à l'histoire générale tout ensemble,
qu'une relation, comme dit l'en-tête du manuscrit, de tout ce qui se
serait fait en chacune desdites années^ rédigé par escript et recueilli
par moi M'^ Joseph Guillaudeau, advocat au siège présidial de cette
ville de La Rochelle, quand lesdites années sont l'époque héroïque de
La Rochelle et de ses luttes contre Louis XIII et Richelieu.^
Remarquons cependant tout de suite que ce n'est pas là proprement
un au jour le jour. Outre que pour les premières années c'est trop
évident, Guillaudeau étant né en 1571, plus tard même, à la façon
dont il met sous leur date exacte des événenlents lointains: naissances
et morts dans la famille royale par exemple, exécution de Léonora
Concini, bataille de Lutzen et mort de Gustave- Adolphe, etc., à la
façon dont, en inscrivant un mariage rochelais, il dotme en même
__ 260 —
temps les accouchements qui ont suivi, et, en introduisant un person-
nage, note par avance l'année quelquefois très éloignée de sa mort,
aux quelques dates enfin laissées en blanc, on voit tout de suite qu'il
a « recueilli v et « escript » les faits après coup et en se servant de notes
dont nous ne pouvons savoir dans quelle mesure elles étaient de
lui, ni comment elles avaient été prises. D'ailleurs il ne se présente
jamais comme témoin oculaire, encore qu'il ait dû souvent l'être;
il ne révèle non plus rien d'intime ni de secret, quoiqu'il ait été
membre du conseil d'amirauté pendant le siège de 1627; son récit
est aussi impersonnel que possible et il n'y insère que des choses
publiques : crimes, incendies, grêles et coups de vent, entrées et sorties
de grands personnages, processions, enterrements, nominations de
pairs, de maires, de procureurs et faits — innombrables — d'état
civil: voilà pour l'histoire intérieure; — combats de terre et de mer
autour de La Rochelle, députations vers l'étranger, vers les Pays-Bas
et l'Angleterre pour demander aide en vue de la guerre civile, qui
alternent, régulièrement, avec des députations « vers Sa Majesté pour
la supplier très humblement et très afîectueusement de nous donner
la paix «, documents ofTiciels ou demi-ofTiciels concernant la paix,
lettres de Rohan, du roi d'Angleterre, articles secrets accordés par
le rci de France à ceux de la religion réformée : voilà pour l'histoire
extérieure; — et je ne pense pas qu'il y ait rien là de bien nouveau,
mais on y peut trouver de quoi confirmer, préciser, ou rectifier
certains points de détail. Et çà et là les notes s'étendant en récits
assez longs, touchant, par exemple, les divisions entre les bourgeois
non originaires et le corps de ville, les émeutes, les batailles navales,
l'entrée d'Anne d'Autriche en 1632, on y peut saisir, avec quelques
couleurs de la vie rochelaise de ce temps-là, quelques traits de la
bonne âme huguenote de Guillaudeau.
^- Mais, c'est un autre avis au lecteur que je dois donner, ce Journal est
plein de trous. Non seulement Guillaudeau, appliqué à noter les
seuls iaits matériels comme pour un aide-mémoire, n'essaie de rien
exphquer, ni pourquoi la guerre commence, ni pourquoi elle finit,
vous jetant brusquement la note d'une bataille tout après un mariage
ou la plantation d'un mai vert, et une déclaration de paix humblement
demandée et joyeusement reçue, qui tombe d'autant plus inopinément
qu'il n'avait jusqu'alors presque enregistré que des victoires admi-
rables et des merveilles opérées par Dieu en faveur des réformés; non
seulement il ne nous dit rien de ce qui se passe dans les conseils de
guerre et dans les délibérations des échevins, des syndics, des anciens
du temple ou des assemblées protestantes (c'est ainsi qu'une hgnc à
peine nous révèle la tenue de la fameuse Assemblée générale de 1621,
d'où sortit la proclamation de la Répubhque^et l'organisation des
■É
— 261 —
églises réformées de France et de Béarn); non seulement il est éga-
lement muet sur l'état des esprits et les mouvements de l'opinion,
mais je n'arrive pas à comprendre pourquoi, lui, qui inscrit en sa chro-
nique un feu de cheminée, un flagrant délit d'adultère, ou l'échoue-
ment d'une baleine, pendant tout le fameux siège de 1627-1628 n'a
mentionné, en dehors d'un tarif du prix de vivres, terminé à brûle-
pourpoint par cette phrase étonnante : « et cette grande chèreté est
cause qu'en ce mois il est mort en cette ville plus de dix-huit mille
personnes », aucun des faits de misère, de courage, de folie obsidionale
qui ont dû s'y passer. Tout ne doit pas être pourtant légende dans ce
qu'on en raconte 1 Et ces dix-huit mille morts ( !), soixante par jour ( !),
ne se sont pas enterrés en un mois sans horreur 1 Et ce Jean Guitton,
qui ne tient ici pas plus de place que les autres maires, une hgne pour
annoncer sa nomination, et une note en marge pour dire qu'il ne fut
maire que sept mois environ, est-ce que ses prouesses ne méritaient
pas d'être consignées? ou bien serait-ce que sa légende n'était pas
pas encore née?,.. D'autres en ont trop dit : et il est vrai — je prends
ces faits ici même — que les assiégés, moins héros qu'ils ne se sont
vantés d'avoir été, furent excités à la résistance par les lettres du
roi d'Angleterre, disant: « Tenez bon jusqu'au dernier jour, car je suis
résolu que toute ma flotte périra plutôt que* vous ne soyez secourus »;
je suis frappé de voir que, aussitôt les Anglais arrivés (28 septembre) et
partis (23 octobre), la ville se rendait le 28 octobre. Il est vrai encore,
teste Guillaudeau, que « par la grâce de Dieu » les coups de canon de
l'ennemi faisaient d'ordinaire peu de mal », que « par sa grande puis-
sance, providence et clémance » les entreprises de l'armée royale
contre la ville échouaient presque toujours, que la digue de Richelieu,
la « paUssade », fut plusieurs fois rompue par des coups de mer et
laissa passer des pataches « chargées de blé et autres commodités »
ou « pour plus de 400 écus de bois de la rupture »... Mais Guillaudeau,
lui, en dit trop peu; et ce silence étrange donne bien à penser...
Sa sincérité cependant est pour moi évidente. Elle m'est garantie
par sa candeur à n'enregistrer, tels les Chinois dans la guerre du
TonkiQ, que des écrasements des troupes ou des flottes royales, que
d33 prouesses, à un contre dix, des soldats ou des navires des réformés,
que d33 batailles où, pourcent ou deux cents mortsducôté de l'ennemi,
il y a à peine quelques blessés du côté des Rochelais; par cette amu-
sante et si humaine partialité, qui lui fait appeler vaillance, quand
c'est Soubise qui met à Sablanccaux la troupe de Toiras « en piteuse
et effroyable déroute » ou qui brûle les vaisseaux ennemis avec leur
équipage dedans, et cruauté, quand ce sont ses coreligionnaires qui
« écoppeut »; par cette pieuse crédulité enfin, qui lui fait rapporter froi-
dement des choses énormes, comme cette léthargie miraculeuse dont
_ 262 —
sont frappés une nuit quinze mille hommes de l'armée royale, au mo-
ment où ils marchaient à l'escalade de la ville.
Le document est donc bizarre, incohérent et trouble; mais il est
intéressant et instructif à sa manière. Il le serait davantage encore
si l'éditeur, pour ménager notre temps — et nos bibhothèques —
avait coupé ou imprimé en appendice et sous le plus petit volume
possible tout ce qui n'est que nomenclature d'état civil, et s'il avait,
lui qui était si bien outillé pour cela, fait lui-même avec quelque
esprit critique le commentaire de ce texte naïf, marqué les lacunes,
confronté les dires de Guillaudeau avec ceux de la partie adverse,
expliqué ce qui est obscur, et souligné ce qu'il y a de nouveau daus
ce singulier almanach.
— Le volume, déjà gros, contient en outre une très piquante vie
du seigneur Benjamin Prioleau, qu'un coup de fortune étrange, mais
de ceux qui n'arrivent pourtant qu'aux chercheurs qui les méritent,
a fait découvrir à M. Eugène Réveillaud dans les papiers de Conrart
déposés à l'Arsenal. On ne connaissait jusqu'ici que par ses propres
mensonges, puisque c'est lui-même qui avait écrit ou dicté la bio-
graphie où Bayle et tous les lexicogi'aphes ont puisé, cet énigma-
tique personnage, qui fut secrétaire du duc de Rohan dans la Valteline,
secrétaire du duc de Longueville à Munster, agent secret de Mazarin
et historiographe « pensionné » de son gouvernement. Un mot de
Chapelain avait jadis annoncé, « pour désabuser le monde » de ses
impostures, « un abrégé de sa vie, véritable et divertissant», fait par
« un gentilhomme dont il avait été autrefois le précepteur, et qui le
connaissait i?itiis et in ente ». Cet abrégé, nous l'avons là, il n'y a point
de doute, écrit par un des fils d'Aubery du Maurier qui fut ambassadeur
de France en Hollande sous Louis XIII; et voilà déshabillé ce Mas-
carille, qui disait descendre de l'illustre famille des PrioU de Venise, et
qui, fils d'un petit pasteur protestant de Saint- Jean-d'Angély, vivant
d'expédients et de coquineries, précepteur des trois fils du Maurier,
faisant à leurs dépens des voyages dans toute l'Europe, étudiant la
médecine à Padoue, et se faufilant comme médecin chez le duc de
Rohan, changeant de nom et de religion quand il le fallait, pillant
et perdant l'argent avec une égale facilité, fait un joli type d'aven-
turier et de maître fourbe.
Le récit est amusant à lire, bien annoté; il a tous les caractères de
la véracité : c'est un petit gibier, mais qui valait le coup.
Gabriel AuDiAT.
li'ETolution d'*!!!! village f routière €le Provence, ^»aillt-
JFeaniiet (Alpe^-iTlaritintes), par J.-E. Malaussèxe. Paris,
A. Picard et fils, 1909, gr. in-8 de xii-429 p., avec planches. —
Prix: 6 fr.
Après quelques considérations « générales » et un trop bref aperçu
— 263 —
historique, M. Malaussène étudie l'histoire et les institutions de Saint
Jeannet d'après la division suivante : organisation municipale, admi-
nistration municipale, impôts et finances, servicespubUcs, régime féodal,
Révolution, affaires ecclésiastiques, événements militaires. Ce
plan, à propos duquel on pourrait d'ailleurs formuler quelques obser-
vations, a le grand défaut de nuire à l'exposé de l'éçoliition du village
de Saint-Jeannet qu'on prétend nous présenter. En fait, l'ouvrage
traite surtout du xvii® et du xviii^ siècle, et ne consacre que quelques
pages à la période antérieure à 1492. Il eût été cependant intéressant
d'étudier les origines de la seigneurie de Saint-Jeannet, la condition
des habitants groupés autour du château, de montrer quand et
comment la communauté des habitants s'est dégagée de l'autorité
seigneuriale, d'indiquer enfin par quelle série d'usurpations ou de
concessions se sont étabhes les fonctions si importantes des syndics.
On eût montré ainsi l'évolution des institutions municipales de
Saint-Jeannet, mieux que par des notions sommaires éparpillées dans
des chapitres différents.
Cette critique contre la méthode adoptée par l'auteur ne doit pas
nous empêcher de dire avec quelle bonne volonté et quelle appUcation
il a travaillé à remplir la tâche qu'il s'était fixée. Il nous a donné ainsi
une monographie fort convenable et qui sera consultée avec fruit
par les érudits qui s'intéressent à l'histoire des institutions mu-
nicipales et à l'histoire sociale. Le chapitre X, qui traite des événements
militaires survenus à Saint-Jeannet du xvi*^ siècle à la Révolution,
fournira également quelques détails utiles à l'histoire des opérations
de guerre fort importances auxquelles ce village a été mêlé à cause
de son voisinage de la frontière. J. Girard. .
Ii'4clioii fs'aiiçaise et Initiée clirétienne, étude critique, par
A. LuGAN. Paris, Bloud, 1909, in-16 de 238 p. — Prix : 3 fr.
Ce volume est une attaque à fond contre l'Action française. M. Lugan,
citant de nombreux passages des membres les plus en vue de cette
ligue, montre que, bien qu'ils se disent catholiques pour la plupart,
leurs idées sont celles de Comte et des positivistes. Ils séparent l'Église
de Jésus-Christ, son fondateur, qui n'aurait pas conçu l'Église telle
qu'elle est aujourd'hui, mais celle-ci aurait amélioré sa doctrine et
l'aurait rendue particulièrement adaptée au tempérament français.
C'est pourquoi ils soutiennent que la France doit rester catholique et
monarchique, ces deux institutions étant les conditions indispensa-
bles de son existence comme France. Ils entendent arriver à ce but par
tous les moyens, même violents et illégaux, le succès justifiant tout
et le droit n'étant au fond que la force qui réussit.
— 264 —
Nous n'appartenons pas à l'Action française et nous n'avons aucune
envie d'y entrer. Toutefois, nous pensons qu'il ne faut pas attacherune
trop grande importance à des incartades de journalistes qui n'ont
aucune compétence religieuse ou même philosophique; nous connais-
sons des membres de l'Action qui sont, eux, vraiment catholiques, et
nous croyons qu'ils sont le grand nombre. Dans leur ardeur pour
l'idée monarchique, ils ont pu accepter le concours de gens qui ne
sont pas catholiques ou ne le sont que superficiellement, mais alors ils
devraient empêcher le journal qui représente leur ligue de traiter les
matières de morale et de religion. C'est la recommandation expresse
de Pie X aussi bien que de Léon XIII : ne point mêler la question
religieuse à la question de forme du gouvernement. On voit combien
elle est sage. D. V.
Figures de Femmes, marie Jeûna intime, par M"^ Marie
Pesnel [Myriam]. Paris, Librairie des Saints-Pères, 1908, in-12 de
158 p., avec portrait. — Prix : 2 fr.
Marie Jenna, de son nom Cécile Renard, naquit à Bourbonne-les-
Bains, en 1834; elle y mourut pendant l'hiver de 1887. Entre ces deux
dates, assez rapprochées, elle y vécut au milieu d'une famille respectée^
s'occupant des siens, se dévouant aux pauvres, se délassant par la
lecture des poètes, poète elle-même et le manifestant en des vers
tout pleins de délicatesse et de foi. Ils franchirent, discrètement, le
cercle de son intimité et lui valurent sinon la grande célébrité littéraire^
du moins la reconnaissance profonde et l'admiration émue des âmes
à qui elle parlait de Dieu, de la nature et de l£i patrie. La presse catho-
lique loua avec raison ces poésies délicates venues d'un cœur sincère,
tracées par une plume alerte, et chantant avec une douceur remplie
de charme les belles choses de la religion. Les Elévations de Marie
Jenna renferment des morceaux qui justifient tous les compliments
que leur adressèrent V. de Laprade, Mgr Mermillod, Mistral et
Aubanel; ils valurent à l'auteur des amis dévoués, dignes d'elle par
la pureté et la noblesse de leurs communs sentiments. Ces petits
livres de poésie chrétienne et française devraient être entre les mains
de toutes les jeunes filles, car ils apprennent à croire, à se dévouer, à
aimer la vérité; voilà du bon, de l'excellent « féminisme », c'est-à-dire
l'exemple d'une noble femme qui emploie ses qualités intellectuelles
à dire simplement des choses élevées sans sortir de son rôle, de sa
sphère,. de son sexe, et sans que cette réserve enlève rien à son talent,
tout au contraire. — Marie Jenna goûtait le Récit d'une sœur,
elle possédait avec Eugénie de Guérin des affinités profondes; elle
est de la famille de ces âmes d'élite, l'honneur des femmes du xix^
siècle.
I
— 265 —
Son seul malheur est de n'être point assez connue. Tout ce qui
mettra en lumière son « œuvre » discrète doit donc être encouragé.
A bon droit on lui a réservé une place dans cette galerie des « Figures
de femmes ». M'^^^ Pesnel a donné des citations abondantes, — elle a
eu raison, — se contentant de relier morceaux à morceaux, comme on
rattache sans doute par un léger fil les pièces d'un ouvrage; ses
réflexions cependant ne sortent guère de la banalité et on regrette
de ne pas rencontrer une étude vraiment plus « intime », plus neuve,
des livres de Marie Jenna. C'eût été rendre un service véritable à
des lecteurs qui s'estimeront trop mal renseignés et qui garderont
Tenvie de l'êtr^ davantage; une bibliographie exacte des travaux
de ce délicat poète eût été à sa place; une note précise des commen-
taires qu'ils ont inspirés également. Le relief fait défaut, et c'est
dommage. G.
Quelques figures de femmes ainianles ou malheureusest
par Teodor de Wyzewa. Paris, Perrin, 1908, petit in-8 de 418 p., avec
portraits. — Prix : 5 fr.
Elle est très attachante cette galerie de figures mélaneoliques,
choisies du xvi^ au xix® siècle, à travers la grande et la petite
histoire. Elles sont présentées avec finesse et charme par un artiste et
un érudit d'une érudition européenne. Il y a des figures de reines, —
la cinquième femme du cruel Henri VIII, et la seule qui fut belle, cette
Catherine Howard, pour laquelle les écrivains protestants paraissent
avoir été bien injustes, parce qu'elle fut sincèrement catholique, — •
Marie Stuart, sur laquelle pèsent aussi bien des calomnies, — Marie
de Modène, cette séduisante et admirable femme de Jacques II, dont
Bourdaloue disait : « Je ne connais personne d'aussi saint, » —
Caroline-Mathilde, reine de Danemark, reine de larmes, comme dit
son biographe anglais, la victime de l'infâme Struensée, — ■ la reine
d'Etrurie, Marie de Modène, qui eut tant à souffrir de l'épopée napo-
léonienne. — "il y a des figures de grandes aventurières comme
Christine de Northumberland, une célébrité italienne du xvii^
siècle, et des figures de femmes mêlées à l'histoire littéraire par elles-
mêmes ou par des grands hommes dont elles furent rapprochées. —
Telles la femme de Carlyle, la femme de Robert Browning, l'amie
inconnue dont la correspondance excita l'imagination de Chateaubriand,,
la jeune fille romantique qui sollicita vainement des consolations du
dogmatique et très orgueilleux Emmanuel Kant, etc. On trouvera
dans ce volume de quoi rêver à toute une série de drames et de romans
historiques, qui sont bâî»is sur des données vraies.
Baron J. Angot des Rotours.
— 266 —
ïïjem Weitioîselles de Saîiit-€:'yr (l«»e-19»a), par Fleury Vin-
dry. Paris, Champion, 1908, in-8 de 459 p. — Prix : 25 fr.
Le titre que M. Vindry a donné à son livre laisserait croire qu'il y
est traité de la vie commune des jeunes filles élevées à Saint-Cyr, aussi
bien que de la vie personnelle de chacune d'elles.
Mais l'auteur a pensé, sans doute, que l'institution de Madame de
Maintenon était suffisamment connue dans ses traits généraux, et il
s'est borné à dresser une liste, aussi exacte que possible, des demoi-
selles qui ont été admises dans la maison de Saint-Louis. Do la destinée
de chaque élève, il rapporte les faits essentiels : sa naissance, son séjour
à Saint-Cyr, son mariage ou son entrée en religion, plus rarement sa
mort. En fait, il lui aurait été impossible d'aller beaucoup plus loin,
et de détailler la biographie de quelque trois mille personnes, vouée?,
presque toutes, à l'obscurité par la modestie de leur fortune. 11 a fallu,
pour mettre en vue quelques-unes, sur la scène de l'histoire, les brutalités
de la Révolution qui en a fait des victimes et parfois aussi des héroïnes :
M^^^ de Béjarry suivit, avec ses sœurs, la campagne des Vendéens
au delà de la Loire; M^^^ du Houx, devenue M'"^ d'Elbée, partagea
les épreuves et le sort malheureux de son mari, le généralissime de
de l'armée royale.
La plupart des élèves de Saint-Cyr qui ont acquis quelque réputation,
la doivent à des mérites paisibles et à des talents aimables. La corres-
pondance de certaines d'entre elles leur a valu une sorte de renommée
littéraire. On a dit de Marie-Jeanne Thébaut de Boisgnorel, en
religion sœur Saint-Louis, supérieure des augustines du faubourg
Saint-Marcel, à Paris, qu'elle écrivait « comme une Sévigné. » M*^^
d'Osmond, demoiselle de compagnie de M'"^ de Maintenon, et M"^
d'Aumale-Murtin ont laissé des lettres qu'a publiées M. Asselin.
La plus célèbre de ces agréables épistolières est M'^^ d'Aumale-Mareuil,
auteur des Mémoires édités par MAL le comte d'Haussonville et
Hanotaux. Adélaïde de Bizemont a composé des pièces de vers et des
comédies que sa famille conserve manuscrites. M^^^ de Bombelles-
Orangis a créé la fameuse romance du Pauvre Jacques.
Les preuves exigées des candidates n'étaient pas fort rigoureuses :
aussi n'y avait-il pas que de grands noms à Saint-Cyr, mais il y en a
eu de glorieux. On trouve, dans la liste établie par M. Vindry, des
Boufflers, des Chabannes, des Choiseul, des Foix-Candale, des Gouffier-
Bonnivet, des La Rochefoucault, des Maillé, des Montesquieu, des
Musset, des Sabran, une Clermont-Tonnerre, une Fabert, une d'Har-
court, la nièce du chevalier d'Assas,la sœur de Davout, une sœur de
Napoléon (la future grande-duchesse de Toscane), deux tantes de
l'impératrice Joséphine, etc.
Pour dresser le catalogue qu'il nous présente, M. Vindry s'est aidé
— 267 —
des travaux de Lavallée, de M. Taphanel et de M. le comte de Riocourt
qui ont donné des listes de saint-cyriennes. Il a étudié les papiers
provenant de l'ancienne maison de Saint-Louis déposés aux archives
de Seine-et-Oise, les collections du Cabinet des titres à la Bibliothèque
nationale, une foule de généalogies et de nobiliaires imprimés, des
monographies de couvents. Enfin, il a fait et fait faire des recherches
dans les archives de l'état civil des communes et dans les chartriers
de nombreuses familles. Il lui a fallu, nous dit-il, trois ans pour
achever son travail; ce sont trois ans bien employés.
M. Vindry a catalogué les saint-cyriennes selon l'ordre alpha-
bétique de leurs noms de famille. Il s'est cru dispensé, par là-même,
de donner à son livre une table onomastique. C'est fâcheux. Bien des
noms risquent d'échapper ainsi aux investigations des chercheiu's:
noms de lieu, noms de famille aussi (ceux des mères et ceux des maris
des demoiselles de Saint-Cyr). Max Prinet.
Lia Coiiflésa de Biiréta, Doîaa llnria C»u@olaci«»ii de Azloi*
y Villavicencio y el Kegoute l>oii l^edro Marna Rie y
]TIoiiseri*a(. Episodios y documentos de los sitios de Zaragoza, por
D. Mariano de Pano y Ruata. Zaragoza, Mariano Escar, 1908, in-8 de
554 p., avec portrait. — Prix : 8 fr.
A propos du centenaire de l'invasion de l'Espagne par Napoléon,
toute une floraison de livres a vu le jour de l'autre côté des Pyrénées.
Les glorieux épisodes des deux sièges de Saragosse devaient avoir, des
premiers, leur commémoration; la figure de la fameuse comtesse de
Bureta était digne d'être rappelée et célébrée; son portrait en costume
mi-féminin, mi -guerrier ouvre le volume que lui consacre Don Mariano
de Pano et nous montre le prestance énergique plus qu'aristocratique
de cette vaillante personne. On devine tout de suite un caractère que dé-
voilent et exposent nettement les lettres échangées entre Dona Maria
Consolaciôn et son époux. Don Pedro Rie, baron de Valdedivos, per-
sonnage important lui aussi, courageux, bien espagnol. Comme le
dit l'auteur, tous deux incarnent à leur façon « la légende merveilleuse
du siège de Saragosse, le poème admirable de l'indépendance de
l'Aragon ». Il accompagne de portraits, d'autographes, son étude où
il a mis en œuvre, avec un certain nombre d'historiens espagnols et
même français, les archives où il a eu la bonne fortune et le talent de
puiser. La mine la plus riche qu'il a su exploiter lui a été fournie par
le chef actuel de la maison de Rie : Don Francisco de Otal. Tout un
paquet de documents lui a donc été confié, et il les a dépouillés avec soin
avec patriotisme, avec enthousiasme.
Nous avons la correspondance particulière de Don Pedro Maria
Rie, celle de Dona Maria Azlor; des papiers de la junte suprême
d'Aragon; une correspondance militaire; des imprimés.
— 268 —
L'auteur peut reprendre ainsi les origines familiales de la comtesse de
Bureta, son premier mariage, son veuvage, sa seconde union avec
Perdo Rie, grave et loyal magistrat, et leur « lune de miel » au moment
des jours les plus tragiques de l'investissement de Saragosse. La figure
de Palafox, leur cousin, et celle du général anglais Doyle, leur ami, tra-
versent cette histoire et l'animent par instant d'un reflet belliqueux.
Le lecteur retrouvera dans ces pages les détails précisés des deux sièges,
l'héroïsme des Ai'agonais, l'ardeur de la comtesse, la tranquille fermeté
de son mari devenu président de l'Audience et repoussant jusqu'au
bout la capitulation, même lorsque toute défense militaire est devenue
impossible. L'auteur a raison de célébrer le courage deses compatriotes;
il aurait bien fait de souligner également la vaillance des soldats fran-
çais; la justification des vaincus c'est d'avoir été conquis par des
vainqueurs dignes de ce nom.
Ce livre est plus qu'une biographie (s'il n'était que cela, il donne-
rait lieu à une juste critique : de n'avoir pas conduit jusqu'à la fin de
sa vie l'histoire de la comtesse de Bureta), c'est un document impor-
tant, désormais nécessaire à consulter pour mieux connaître cette page
de la guerre de l'Indépendance. Don Mariano de Pano est très au
courant de cette époque et il en rapporte les circonstances, avec un
grand agrément, un talent littéraire simple et soutenu.
Geoffroy de Grandmaisox.
Biblio(liè<|ues. Essai sur le développement des bibliothèques publiques
et de la librairie dans les deux mondes, par Eugène Morel. Paris, Mer-
cure de France, 1909, 2 vol. in-8 de xiii-390 et 475 p. — Prix : 15 fr.
Commencé il y a une dizaine d'années, ce livre, qui ne voulait être
d'abord que quelques chapitres sur la Bibliothèque nationale, s'est
transformé dans la pensée de son auteur et est devenu le gros ouvrage
que nous annonçons sur les bibliothèques. Des morceaux en ont paru
à diverses époques et c'est peut-être ce qui explique, bien qu'ils aient
été remaniés pour prendre place dans le volume, pourquoi l'on trouve
dans les idées de M. Morel quelques flottements, quelques divergences
qui vont presque jusqu'à la contradiction.
L'ouvrage est divisé en trois livres : L Les Bibhothèques (1. Le Pu-
blic et la Bibliothèque nationale; 2. Paris; 3. La Science dans les bi-
bliothèques; 4. La Province; 5. Les Populaires; 6. L'État, le budget de
l'Etat et les envois de l'État ; 7. L'Effort allemand ; 8. Trois Nationales :
Washington, le British Muséum, la Bibliothèque nationale; 9. Char-
tistes contre gens de lettres; 10. Géographie des bibliothèques). II. La
Bibliothèque libre (1. Free public Library; 2. LaBibhothèque Carnegie
à Edimbourg; 3. La Guerre des livres en Angleterre; 4. En Amérique;
5. Dans la nouvelle Allemagne; 6. Le Règne des périodiques; 7. Com-
— 269 —
ment créer en France des bibliothèques libres). III. Devant l'invasion
des livres, systèmes, classement, catalogue, métier (1. Le Grand Ci-
metière des livres; 2. Le Dépôt légal; 3. Bâtisse et mécanique; 4. Con-
servation; 5. Catalogues; 6. Classement; 7. Essai de classement
réaliste; 8. Le Catalogue de la Bibliothèque nationale; 9. Bibliothèque
sans hvres; 10. Le Choix en bibhographie; IL De l'Administration;
12. Du Fonctionnaire en général, du métier de bibliothécaire en particu-
lier; 13. Du vol et des moyens de l'encourager; 14. Ce qu'il faut mettre
dans une bibliothèque.
Dans ces deux gros volumes, M. Morel a rassemblé une masse assez
considérable de faits et remué beaucoup d'idées. Lui-même nous met
en garde contre ses statistiques et nous prévient que les chiffres qu'il
donne sont souvent faux, la documentation exacte n'étant pas facile,
et les chilfres d'il y a quelques années ou même quelques mois n'étant
plus vrais aujourd'hui. On aurait mauvaise grâce à le chicaner sur ce
point; tout au plus pouvons-nous regretter qu'il se montre si scep-
tique pour la France et si peu pour l'étranger. Peut-être aussi son infor-
mation a-t-elle été trop rapide pour être sûre. Il se moque quelque
part des lecteurs qui hsent Schopenhauer en une séance; pense-t-il
qu'une visite à un établissement de lecture lui suffise pour le connaître
et en parler avec compétence?
Il n'est pas possible d'analyser ici ces deux volumes ni d'en discuter
toutes les idées; j'aurais trop de réserves à faire.
Mais je dois trop à l'École des chartes et m'honore trop d'en être
sorti pour ne pas protester contre l'attaque violente, passionnée que
M. Morel dirige contre elle; le seul nom de chartiste semble produire
sur lui l'effet de la loque rouge sur le taureau. Je sais bien qu'il dé-
clare quelque part que les plus chartistes des chartistes, dans le sens
défavorable qu'il attache à ce terme, ne sont pas toujours des élèves
de l'École des chartes. Alors pourquoi ce discrédit jeté sur une école?
L'esprit chartiste n'est et ne peut être que l'esprit que l'enseignement
et la tradition de l'École tendent à inspirer à ses élèves et dont ils
profitent dans une mesure plus ou moins large; c'est un esprit de pré-
cision scientifique et de critique sévère, dont l'historien et l'archéologue
ne sont pas seuls à profiter. Opposer les savants aux chartistes est
une pure plaisanterie : d'être sortis de l'École des chartes, cela n'a
pas empêché M. Maupas de s'acquérir un nom dans les sciences natu-
relles, ni M. Jules Soury de poursuivre sur le Cerveau les recherches les
plus savantes et les plus appréciées. Quant à la prétention des char-
tistes, — qui paraît si exorbitante à M. Morel, — de réclamer quelques
garanties de ceux qui veulent devenir bibUothécaires, elle n'a rien que
de légitime : assurément on peut avoir passé l'examen de bibliothécaire
et être cependant un mauvais bibliothécaire, de même qu'on peut avoi-
— 270 -
été reçu au concours d'agrégation ou subi brillamment les épreuves
des examens médicaux et être un piètre professeur ou un déplorable
médecin. Un examen ne pourra jamais prouver qu'une chose : c'est
que vous possédez le minimum des connaissances exigibles pour rem-
plir une fonction. M-ais c'est du moins cela.
M. Morol se laisse aller à sa passion, et cela l'entraîne à des inexac-
titudes dans ses assertions, à dos injustices dans ses appréciations.
Mais cette passion même donne à son ouvrage une certaine vie qui on
rend la lecture presque amusante parfois. Et cela même peut servir
la cause qu'il défend et dont le triomphe semble être l'objet essentiel
qu'il se soit proposé en écrivant ce livre.
11 voudrait provoquer la création en France de bibliothèques «libres »
(le mot « populaires >> dont on se sert en France lui répugne), à l'instar
de ce qui existe ailleurs, en Grande-Bretagne notamment et aux Etats-
Unis. Il estime à juste titre que la BibUothèque nationale ne saurait
remplir ce rôle et qu'il y a injustice à le lui demander, comme on n'est
que trop porté à le faire.
Sans partager l'optimisme de M. Morel, qui répète volontiers
l'adage fameux : qu'ouvrir une bibliothèque c'est fermer une prison,
je suis d'accord avec lui pour penser qu'il serait grand temps pour la
France de suivre l'exemple de sa voisine ; qu'il est honteux à une ville
comme Paris de ne mettre à la disposition de ses babil ants aucune
bibliothèque capable de satisfaire leurs besoins courants et que la
création de salles de lecture et de prêt bien outillées et d'un accès
facile est une nécessité qui s'impose.
Ce n'est pas le seul point d'ailleurs sur lequel je partage — en gros
du moins, — les idées exposées ici par M. Morel; je l'ai vu avec plaisir,
par exemple, insister sur l'utilité des catalogues méthodiques.
Son livre est de ceux que l'on a intérêt à hre; et nous lui souhaitons
des lecteurs, tout en leur recommandant une certaine méfiance vis-à-vis
des assertions comme des appréciations de l'auteur.
Peut-être M. Morel eût-il mieux servi la cause qui lui est chère, en
dégageant son livre de polémiques trop vives et trop amères et en le
réduisant à de plus modestes proportions. Sa masse comme son prix
éloigneront bien des lecteurs. E.-G. Ledos.
BULLETiN
i.*Rgiise et la Pei»séc (Esquisse d'une théorie nouvelle), par Joseph
Serre. 2'^ édition. Paris et Lyon, Vitte, 1908, in-16 de xii-132 p.
— Prix : 1 fr. 50.
M. Serre a été fatigué d'entendi'e accuser l'Église d'être d'un esprit étroit,,
repoussant tous les progrès. Pour la justifier, il a entrepris de montrer qu'elle
— 271 —
sait accepter tout ce qu'il y a de bon dans toutes les religions et philosophies^
A ses yeux, toute vérité est une affirmation et l'Église accepte toutes les
affirmations d'où qu'elles viennent et ne repousse que les négations. L'in-
tention de M. Serre est évidemment bonne, mais sa thèse, telle qu'il la pré-
sente, a paru à plusieurs par trop paradoxale. Ce qu'il eût- pu dire, c'est que
chaque rehgion ou philosophie particulière développe une tendance de la
nature humaine aux dépens des autres, tandis que la vérité catholique
embrasse dans une synthèse supérieure tout ce que les religions et philo-
sophies adverses ont de vrai et de bon. La forme paradoxale peut piquer
la curiosité du lecteur, mais si elle est trop forte, elle l'éloigné plutôt.
D. V.
posiiivismc et i%nai>ciiie, par le comte Paul Cottin. Paris, Alcan,
1908, in-12 de 79 p. — Prix : 2 fr.
Ce petit volume contient un exposé fort clair de la doctrine positiviste,
d'après Ai.g. Comte, Littré et Taine. Cette doctrine est le matérialisme,
sa méthode est de ne vouloir connaître dans l'homme que la sensation,
la conséquence est l'anarchie sociale : car, s'il n'y a ni Dieu ni âme, il n'y a
nulle loi, nul devoir, nul droit; par suite, l'autorité, dont le principal rôle est
de maintenir le respect de nos droits, n'a pUis sa raison d'être. Ces consé-
quences ne sont pas admises par les auteurs de la doctrine positiviste, mais
leurs disciples les acceptent et la foule les fait entrer dans la pratique.
M. Cottin dit fort bien que l'erreur positiviste dérive d'une observation
incomplète; la sensation n'est pas tout dans l'homme, il y a aussi des faits
d'activité qui impliquent l'âme et des vérités éternelles qui impliquent
Dieu.
Brochure courte, mais claire, très utile à lire pour les gens du monde
qi:i veulent se rendre compte des choses sans avoir besoin de s'engager dans
des théories abstraites. D. V.
I»oui- et eonti-e le baccalauréat. Compte rendu et conclusions de
Venquête de la « Re'ue universitaire », par Paul Crouzet. Paris, Colin,
1907,in-8de 95 p. —Prix : 1 fr. 50.
La Revue universitaire a fait une enquête relativement au baccalau-
réat. Faut-il le supprimer? Faut-il le maintenir? Et, dans ce dernier cas,
comment pourrait-on l'améliorer? Elle a reçu la réponse d'un assez grand
nombre d'universitaires, de quelques associations universitaires, et d'un
petit nombre de membres de l'enseignement libre et de pères de famille,
et elle a confié à un distingué professeur de l'enseignement ofTiciel,
M. Paul Crouzet, le soin de résumer cette enquête et d'en formuler les con-
clusions. Ai-je besoin de dire que ce résumé est fort bien fait, précis, spiri-
tuel, suffisamment impartial, et qu'on y trouve un certain nombre d'idées
qui naturellement ne sauraient être les nôtres ni celles, croyons-nous, des
amis sincères de la liberté. Nous y notons un certain nombre d'intéressants
aveux sur la mauvaise organisation des examens du baccalauréat, et
diverses manifestations de cette vanité, tout à fait dénuée de naïveté, qui
porte les professeurs officiels à se croire et à se dire très supérieurs à leurs
concurrents de l'enseignement libre. Les résultats des examens eux-mêmes
devraient suffire à les préserver de ces jugements sommaires oùs'expriment
de petites passions qui ne leur font pas honneur.
Impossible de résumer toutes les opinions formulées ou citées par M. Crou-
zet. Je n'en veux retenir que deux : l'une de ]\L Koch, de l'enseignement
— 272 —
libre, qui n'hésite pas à dénoncer dans le projet de suppression du bacca-
lauréat « l'intention d'arriver au monopole par des voies obliques, en
évitant la grosse difficulté d'une discussion ouverte »; l'autre, d'un pontife
universitaire, qui écrit, sans rirt, « que la liberté d'enseignement est une
des formes de la liberté de conscience, et que le gouvernement a prouvé
qu'il entend respecter cette liberté ». Parfaitement, cela est signé de
M. Lavisse, de l'Académie française, directeur de l'École normale supé-
rieure.
Venons aux conclusions générales : la plus sérieuse nous paraît avoir
été exprimée sous une forme humoristique par M. Desdevises du Dézert,
s'inspirant d'une boutade de Murât : « Fichez-les en sciences, fichez-les en
lettres, ils ne ficheront rien. «
Celles du rapporteur, qui ne fait d'ailleurs que résumer les résultats de
l'enquête, sont, sinon plus sérieuses, du moins plus graves : 1° Un examen
éliminatoire à la fin du la 3^ pour empêcher les mauvais élèves d'entrer
dans le 2^ cycle. L'idée est, je crois, de M. Scalla, directeur du Caousou, et
elle est très bonne.
2° Les élèves éliminés iraient à l'enseignement professionnel.
3° Ces éliminés seraient remplacés par les meilleurs élèves de l'enseigne-
ment primaire supérieur, recrutés par voie de concours. C'est une idée démo-
cratique qui paraît chère au cœur de M. Crouzet. Nous y voyons plus d'in-
convénients que d'avantages.
4° Les meilleurs élèves des lycées devraient pouvoir être, jusqu'à concur-
rence de 30 °/o, déclarés bacheliers de droit sans examen. Nouvelle mani-
festation de la vanité universitaire.
5° Enfin, et ceci vaut mieux, « le baccalauréat devrait être améUoré
par toutes les modifications de détail (anonj-mat des copies, double note,
augmentation de l'importance du livret scolaire sous certaines garanties"
de détail, compétence des examinateurs, etc.), capables de réaliser pour
tous les candidats, libres ou autres, les meilleures conditions de justice
humaine. » Sous réserve des garanties de détail, dont nous nous méfions
un peu, nous ne pouvons qu'approuver cette conclusion.
En somme, travail intéressant et bien fait, et dont, sans en approuver
toutes les idées, nous conseillons la lecture. Edouard Pontal.
liCS Sciences pliyslqnew et natui-elles dans le livre de «lob,
par René Deloche. Nîmes, Chastanier, 1909, in-8 de 80 p. (Extrait
des Mémoires de V Académie de Nîmes).
Dans cet opuscule, l'auteur a réuni tous les passages, traduits d'après
la Vulgate, du Livre de Job, où il est fait allusion aux phénomènes res-
sortissant au domaine des sciences physiques et naturelles. Astronomie; en
physique du globe, mers et eaux d'une part, phénomènes continentaux
d'autre part; en météorologie, phénomènes généraux, simoun et siroco;
minéralogie; botanique; zoologie des animaux domestiques, zoologie des
bêtes sauvages, Béémoth, Léviathan; telles sont les principales divisions
du travail de M. l'inspecteur général des ponts et chaussées Deloche.
Dans chacune sont commentés et interprétés les versets qui s'y rappoTtent.
Cette interprétation n'a, dans les intentions de l'auteur, rien d'exégétique;
elle se borne uniquement à rechercher quelle peut être la traduction, en
langage scientifique contemporain, des termes imagés du poème de Job.
Du moment que toute pensée d'exégèse est bannie de ce travail, on ne saisit
pas très clairement quel but s'est proposé l'auteur. Cependant, la sélection
- 273 —
et le classement de tous les textes du Livre pouvant être rapportés respecti-
vement aux diverses sciences physiques et naturelles, les discussions
critiques qui les accompagnent offriront aux chercheurs et aux exégètes
un travail préalable précieux pour des études ultérieures et plus approfon-
dies sur le même sujet. C. de Kirwan.
ApborSsin es, boutades et propos sub*ei"ii.lf« <l'un ennemi du peuple
et des lois, par Marc Stéphank. 3e et 4e séries. Neuillv, Cabinet du
Pamphlétaire, 1907-1908, 2 vol. in-18 de 86 et 81 p. — Prix : 2 fr.
L'auteur de ces brochures singulières, dont nous avons déjà présenté les
deux premières séries à nos lecteurs, se plaint quelque part que les pé-
riodiques auxquels il les envoie ne daignent même pas les annoncer. Il
ne peut vraiment s'en prendre qu'à lui, ces livres exaspérés, violents,
grossiers, étant faits pour déplaire à tout le monde. Les deux nouvelles
séries nous semblant pires encore que les deux premières. On y trouve
sans doute quelques bonnes vérités, quelques-un^s finement dites, mais
noyées dans un flot d'ordures et même d'obscénités qui rendent ces bro-
chures insupportables et illisibles aux honnêtes gens, à qui il ne peut être
agréable de se commettre en pareille compagnie. Elles nous apportent
un terrible témoignage contre la société d'aujourd'hui telle que la Révo-
lution l'a faite; mais l'exagération et la grossièreté de la forme enlèvent à
ce témoignage la meilleure part de son autorité. L'auteur s'y montre
l'ennemi de tout le monde; mais les hommes du jour, ceux-là mêmes qui
nous gouvernent, paraissent avoir tout spécialement le don de l'irriter,
probablement parce qu'ils sont les vainqueurs. Cette attitude nous inspi-
rerait quelque sympathie pour l'homme, qui a beaucoup soufîert sans
doute, et qui, à ce titre, mérite au moins de la pitié; mais tout d^ même ses
rancœurs, justifiées peut-être, pourraient s'exprimer sous une autre forme:
celle qu'il a malheureusement adoptée ne relève pas de la critique littéraire.
Edouard Pontai.
De la Restitulion du plan au moyen de la télépiiotograpiiie en
ballon, par L. Pezet. Paris et Nancy, Berger-Levrault, 1906, in-8 de
80 p., avec 37 flg. — Prix : 2 fr.
Le distingué officier du génie qu'était le capitaine Pezet, ravi trop tôt
par la mort à la science, a groupé, dans une brochure qui nous arrive tar-
divement, les méthodes connues il y a deux ans, permettant, au moyen
de photographies, ou mieux, de téléphotographies, prises d'un ballon
dont la position dans l'espace est relevée simultanément par deux obser-
vateurs, de dresser le plan du terrain dont l'image a été fixée sur la plaque.
Cette « restitution » du plan est une des applications les plus intéressantes,
les plus fécondes et les plus pratiques qui aient été faites de la photographie.
Les méthodes et les procédés en sont exposés avec netteté et d'une façon
très complète dans la brochure que nous avons sous les yeux; la théorie,
puis la pratique, sont passées successivement en revue, et enfin, des exemples
de relevés par la téléphotographie sont donnés comme conclusion. Ces
exemples montrent les erreurs auxquelles peuvent conduire les méthodes
employées, erreurs qui ne se produiraient plus aujourd'hui, car, depuis
l'époque où cette étude a été écrite, on obtient des résultats bien supérieurs,
beaucoup plus précis, grâce en particulier aux procédés du capitaine du
génie Saconney, dont les travaux, quoique antérieurs à 1906, paraissent
avoir été ignorés du capitaine Pezet. J. C. T.
Septembre 1909. T. CXVI. li
— 274 —
Une Anglaise convertie, par le P. H.d'Aubas. Paris, Beauchesne, 1909,
in-18 de v-212 p. — Prix : 2 fr.
Quel charmant et pénétrant récit que celui où nous apparaît l'action
mystérieuse de la grâce sur Miss Lechmere ! Ame droite et sincèie, elle
découvre le catholicisme au travers des griefs accumulés contre lui dans
des ouvrages de perfide controverse. Malgré l'opposition des siens, en dépit
de goûts mondains bien excusables à son âge et dans son milieu, elle accepte
les humiliations et les luttes les plus amères, pour répondre à l'appel divin.
L'histoire de sa conversion est écrite de la main même de la noble femme.
Après cette autobiographie, vient une deuxième partie composée de notes, de
souvenirs, et d'une correspondance, mise en ordre par le P. d'Arras, fils de
la pieuse convertie, où nous la voyons, épouse et mère, marchant dans la
voie royale de la croix, goûtant, au milieu d'inévitables épreuves, des
consolations spirituelles, et parvenant enfin à ce « home » du ciel qui était
si véritablement la demeure où toutes ses affections l'appelaient depuis
longtemps. — Certes, c'est bien là, conformément au titre de la série inau-
gurée par la maison Beauchesne, une «Apologétique vivante»! Après
avoir parcouru de telles pages, on se sent prêt à devenir meilleur, à corres-
pondre plus franchement à la grâce, à estimer davantage, à sa réelle voleur,
le souverain bienfait de la vérité. G. P.
CHRONIQUE
NÉCROLOGIE. — M. Georges Picot, l'éminent historien, membre de l'Ins-
titut, est mort presque subitement, à Allevard-les-Bains (Isère), le 16 août,
à 71 ans. Sa fin si brusque a vivement ému tous ceux qu'il avait longtemps
aidés par la plume, la parole et l'action à soutenir le bon combat. M. Geor-
ges-Marie-René Picot naquit à Paris le 24 décembre 1838. Après de brillantes
études au lyc^ée Bonaparte, puis à la Faculté de droit de Paris, il fit plusieurs
voyages en Angleterre pour y examiner l'organisation de la détention
préventive et, en 1865, il entra dans la magistrature comme juge suppléant
au tribunal de la Seine. Encouragé dans la voie des études historiques par
un prix que lui valut un mémoire présent'é en 1872 au concours ouvert par
l'Académie des sciences morales et politiques sur l'histoire des États géné-
raux, il écrivit son principal ouvrage : Histoire des États généraux et leur
influence sur le gouvernement de la France de 1355 à 1614 (Paris, 1872, 4 vol.
in-8; 2e édit., 1888, 5 vol. in-12), qui obtint deux fois de suite, en 1873 et en
1874, le grand prix Gobert à l'Académie française. Quand M. Dufaure forma
son ministère, le 14 décembre 1877, il appela auprès de lui M. Georges Picot,
qui était gendre de M. de Montalivet, et il le chargea, au ministère de la
justice, de la direction des affaires criminelles et des grâces. L'avènement
de M. Grévy à la présidence le décida à démissionner et, restant désormais
en dehors de toute fonction publique, il se consacra entièrement à ses travaux
d'histoire et aux œuvres de bienfaisance et de préservation. Il devint un des
rédacteurs les plus zélés du Parlement, le nouvel organe du centre-gauche,
et il contribua en 1869 à la fondation de la Société de législation. A deux
reprises il tenta de rentrer dans la vie politique, mais chaque fois il échoua,
d'abord aux élections municipales de Paris du 4 mai 1884, ensuite aux élec-
tions législatives de 1885. En dehors de l'ouvrage mentionné plus haut et d'un
certain nombre de Discours, Rapports, Conférences, etc. M. Georges Picot a
publié de nombreux volumes parmi lesquels nous citerons les suivants :
— 275 —
Notes sur l" organisation des tribunaux de police à Londres (Paris, 1862, in-8);
— Recherches sur la mise en liberté sous caution (Paris, 1863, in-8) ; — Loi sur
les flagrants délits. Commentaire (Paris, 1863, in-8); — Observations sur le
projet de loi relatif à la mise en liberté provisoire (Pai'is, 1865, in-8); — Les
Fortifications de Paris, Vauban et le gouvernement parlementaire (Paris, 1870
in-8); — Les Élections aux États généraux dans les provinces de 1302 à 1614
(Paris, 1874, in-8); — Les Jugements par défaut en matière correctionnelle à
propos du nouveau code autrichien (Paris, 1874, in-8); — Le Parlement de
Paris sous Charles VIII. Les Débuts du règne : le procès criminel d'Olivier
le Dain (Paris, 1876-1877, in-8); — La Réforme judiciaire en France (Paris,
1881, in-12); — Études d'histoire parlementaire. M. Dufaure, sa vie et ses
discours (Paris, 1883, in-12); — La Magistrature et la Démocratie; une épu-
ration radicale (Paris, 1884, in-8); — Le Devoir social et les logements cV ou-
vriers (Paris, 1885, in-12) ; — Le Centenaire de l'assemblée de Vizille(2\ juillet
1788) (Paris, 1889, in-12); — La Pacification religieuse et les suspensions de
traitement, 1832-1892 (Paris, 1892, in-12); — Lutte contre le socialisme révo-
lutionnaire (Paris, 1895, in-16); — Jules Simon. Notice historique' lue en
séance publique de V Institut de France le 5 décembre 1896 (Paris, 1897, in-16);
— M. le duc d' Aumale. Notice historique lue en séance publique le 27 novembre
1897 à V Institut de France (Paris, 1898, in-16); — Rarthélemy Saint-Hilaire.
Notice historique lue en séance publique le 3 décembre 1898 à VInstitut de
France (Paris, 1899, in-16); — Fragments et souvenirs de M. de Montalivet,
1810-1848 (Paris, 1899, 2 vol. in-8), etc. M. Georges Picot a donné en outre
de nombreux articles à la i?e(^Me c/'iVt'^Me de législation, au Rulletin du comité
des travaux historiques, à la Revue des Deux Mondes, au Journaldes Débats, etc.
Élu membre de l'Académie des sciences morales et politiques, le 6 juillet
1878, en remplacement de M. Thiers, il en était devenu le secrétaire perpétuel,
en 1896, à la mort de Jules Simon.
— M. Adeline, l'artiste et littérateur normand bien connu, est mort à
Rouen, le 24 août, à 64 ans. Né dans cette même ville le 28 avril 1845,
M. Jules Adeline se destina tout d'abord à l'architecture et acquit une habi-
leté dont témoignent divers monuments exécutés sous sa direction. Mais
initié, vers 1871, par Henry Somm, à l'art de l'eau-forte, il s'adonna dès lors
spécialement au dessin et à la gravure et il ne tarda pas à utiliser ce nouveau-
talent pour illustrer toute une série de publications historiques et archéolo-
giques dont il est l'auteur et qui, pour la plupart, sont relatives à sa ville
natale. Parmi ces dernières nous citerons : De Rouen à la Bouille. Itinéraire
anecdotique, historique et pittoresque (Rouen, 1876, in-32); — Les Environs
de Rouen (Paris, 1876, in-16); — Voyage de la Bouille par terre et par mer.
Nouvelle historique (Rouen, 1877, in-8); — Rouen qui s'en va. Vingt eaux-
fortes précédées d'une notice illustrée (Rouen, 1877, in-4); — L.-H. Brevière
dessinateur et graveur, renovateur de la gravure sur bois en France, 1797-1869.
Notes sur la vie et les œuvres d'un artiste normand (Rouen, 1877, in-4); —
Les Quais de Rouen autrefois et aujourd'hui (Rouen, 1879, in-fol.); — Les
Sculptures grotesques et symboliques (Rouen et environs) (Rouen, 1879,
in-12); — Hippolyte Bellangé et son œuvre (Paris, 1880, in-8); — Le Cortège
historique organisé en 1880 par le Comité des fêtes de bienfaisance de Rouen.
Entrée du roi Henri II à Rouen, en 1550 (Rouen, 1880, in-4); — Le Musée
d'antiquités et le musée céramique de Rouen (Rouen, 1883, in-4); — Lexique
des termes d'art (Paris, 1884, in-8); — La Peinture à l'eau : aquarelle, lavis,
gouache, miniature (Paris, 1888, gr. in-8); — Rouen au xvi" siècle d'après
le manuscrit de Jacques-le-Lieur (1525). 22 eaux-fortes avec planches explicati-
— 276 —
ces introduction, index et notice explicative (Rouen, 1894, in-8); — Les Arts
de reproduction vulgarisés (Paris, 1893, gr. in-8); — Rouen au xvii^ siècle.
Album in-folio formé par le Plan de Gomboust (Rouen, 1893, in-fol.); —
L'Illustration photographique {Rouen, 1895, in-16); — La Légende du violon
de faïence (Rouen, 1895, in-8); — Revue de l'Exposition de Rouen en 1896.
315 illustrations avec texte (Rouen, 1897, gr. in-4), avec divers collaborateurs.
— Le 18 août est mort à Bryntysilio, dans le pays de Galles, à 93 ans,
Sir Théodore Martin, un des derniers survivants du groupe des écrivains
qui ont illu?tré la « Victorian era ». Né en 1816 à Edimbourg, il fit ses études
à la « High School « et à l'Université de cette ville, occupa une charge d'avoué
jusqu'en 1845, puis alla s'étabhr à Londres. Fin lettré et très érudit, intime-
ment lié avec les principaux auteurs de l'époque, Dickens, Thackeray,
Browning, etc., il publia de nombreuses traductions de classiques étrangers,
tels que Catulle, Horace, Goethe, etc. et composa, avec W. E. Aytoun, la
meilleure de ses œuvres poétiques : The Bon Gaultier Ballads, admirable
série de parodies, dont quelques-unes sont devenues populaires. Comme
biographie il a écrit des vies de lord Lyndhurst et de son ami Aytoun, ainsi
que de Helena Faucit, actrice bien connue qu'il avait épousée en 1851.
Mais son œuvre principale est sans contredit celle qui a pour titre Life of the
Prince Consort (Londres, 1874-1880, 5 vol. in-8) qui lui obtint la faveur delà
reine Victoria et son titre de noblesse. Dernièrement, en 1908, il avait fait
paraître : Queen Victoria as I knew Her.
— On annonce encore la mort de MM. : Henri-Roger de Beauvoir, fon-
dat-^ur de V Annuaire- Album de l'armée française, que l'Académie française
a deux fois couronné, mort à Paris, le 19 août; — Pierre Bourgoin, précep-
teur français des enfants du prince de Furstemberg, mort accidentellement,
au milieu d'août; — Charles Démange, jeune littérateur nancéien, mort à
Nancy dans le courant d'août; — le baron Gustave Gozdawa Gotskowski,
directeur-fondateur du Nouveau Monde, mort à Paris, au milieu d'août, à
70 ans; — M. Paul Guichard, membre de l'Académie de Besançon, qui,
outre un volume de vers, a publié de nombreuses poésies dans les Mémoires
de cette compagnie, mort le 29 juillet, à l'âge de 77 an?; — Arthur Lesigne,
professeur agrégé au lycée de Cherbourg, mort à Gafîosses, près de Coutances,
au milieu d'août, à 49 ans; — A. Moine, publiciste et journaliste parisien,
qui avait collaboré à l'Événement et au Gaulois, mort à la fin d'août, à 66 ans;
E. Montaut, artiste qui s'était fait remarquer par des estampes et des affi-
ches relatives à l'automobile et à l'aviation, mort à la fin d'août; — Gaston
Perrier, secrétaire de la rédaction de VÉcho d'Oran, mort au commence-
ment d'août; — Léon Riffard, mort à la fin de juillet, à 81 ans, lequel a
publié, outre des adaptations du théâtre grec, l'ouvrage suivant : Contes
et apologues [poésies) (Paris, 1885 et 1888, in-12); — Eugène Tavernier,
membre de l'Académie de Besançon, rédacteur à divers journaux de
Franche-Comté, en dernier lieu à la Dépêche et aux Gaudes, de Besançon,
qui a publié la Vie littéraire en province. Une Vocation (Besançon, 1892,
in-16) et la Presse bisontine et la Révolution de Juillet, discours de réception
à l'Académie de Besançon (1908), mort en cette ville le 4 août, à l'âge de
46 ans.
— A l'étranger on annonce la mort de MM. : l'abbé Jules Ampe, aumô-
nier des Dames de la Sainte-Famille à Thielt, en Belgique, ancien professeur
de rhétorique et ancien principal du collège épiscopal de Furnes, mort à
Thielt, le 13 août, à 52 ans; — Alexander Anderson, ancien ouvrier carrier
et employé de chemin de fer, devenu secrétaire de la « Plûlosophical Insti-
— 277 —
tution » d'Edimbourg, puis sous-bibliothécaire delabibliothèquede l'Univer-
site de la même ville, mort au commencement de juillet à 64 ans, lequel a
publié, sous le pseudonyme de Surfaceman, quelques volumes de poésies,
notamment : Songes of Labour and other Poems (1873) ; The Two Angels and
other Poems (1875) et, un peu plus tard : Songs of the Rail; — Richard
BoDDAERT, ancien médecin en chef de l'hôpital civil de Gand, professeur
émérita à l'Université de cette ville, mort le 8 août, à 77 ans; — Emil Bohn,
musicologue allemand, mort le 5 juillet, à Breslau (Silésie), à 71 ans, auquel
on doit, entre autres ouvrages : Festschrift zur Feier des 25 jàhrigen Bestehens
des Breslauer Orchester-Verelns (Breslau, 1887, in-8). Die niusikalischen
H andschrijten der xvi und xvii Jahrhunderten in der Stadthibliothek zu
Breslau. Ein Beitrag zur Geschichte der Musik xvi in und xvii Jahrhunder-
ten (Breslau, 1890, in-8) ; — Oscar Bystrœm, le doyen des musiciens et com-
positeurs suédois, mort dernièrement à 88 ans, lequel laisse des opérettes,
des compositions orchestrales et vocales, des morceaux de musique de
chambre et surtout plusieurs volumes estimés, sur les chants d'église en
Suède pendant le moyen âge; — Albert Dollfus, publiciste à Lugano en
Suisse, fondateur-directeur du Courrier du Tessin, mort accidentellement
à Houlgate, à la fin d'août; — Dr. Karl Friedheim, ancien professeur de
chimie inorganique à l'Université de Berne, mort au commencement d'août
à Bœningen sur le lac de Brienz, à 51 ans; — l'abbé Nicolas Gauthy, au-
mônier des religieuses carmélites d'Amay en Belgique, ancien professeur au
collège de Saint-Trond, mort à Amay le 17 août, à 61 ans; — le chanoine
Guillaume, ancien doyen de Beauraing, prêtre très érudit, polémiste ardent,
orateur et écrivain distingué, qui s'était particulièrement adonné àla réforme
des éditions des auteurs classiques à l'usage des étudiants et avait publié,
avec l'aide de plusieurs collaborateurs d'élite, une Collection de classiques
grecs et latins comparés, mort le 10 août à Nefîe, près de Dinant (Belgique);
— Dr. Ludwig Gumplowicz, ancien professeur de droit civil à l'Université
de Grâtz, mort en cette ville, le 13 août, à 72 ans; — Dr. Karl Habermann,
professeur de construction de machines pour l'exploitation des mines, mort
le 20 août, à Teplitz-Schœnau (Saxe); — Dr. Adofï Hausrath, ancien pro-
fesseur d'histoire de l'Église à l'Université de Heidelberg, mort en cette
ville, le 2 août, à 73 ans, lequel a publié, outre un certain nombre de romans
parus sous le pseudonyme de George Taylor, divers ouvrages, tels que :
Arnold von Brescia (Leipzig, 1891, in-8); Peter Ahàlard. Ein Lehensbild
(Leipzig, 1893, in-8); Martin Luthers Romfahrt, Nach einem gleichzeiti gen
Pilgerbuche erlàutert (Berlin, 1894, in-8); — Dr. Ernst Heitz, ancien pro-
fesseur d'économie politique à l'École d'agriculture de Hohenheim, mort
le 30 août, dans une station estivale des bords du lac de Constance, à 70 ans;
— Sidney Richard John, journaliste et celtisant anglais d'avenir, mort
prématurément à 29 ans, au commencement d'août, lequel a donné de nom-
breux et très intéressants articles sur la poésie galloise aux journaux The
Tribune et The Daily News, à la Celtic Review, à la Celtica, bulletin de la
« Celtic Association », dont il était le secrétaire, et au journal The London
Celt, dont il était l'un des fondateurs; — Adolf Kamphausen, professeur
de théologie protestante à l'Université de Bonn, mort en cette ville, le 13
août, à 80 ans, lequel, étant secrétaire de Bunsen à Heidelberg, aida consi-
dérablement ce. savant dans son œuvre littéraire et a publié lui-même divers
ouvrages, par exemple : Die Chronologie der hchrâischen Kônige. Eine Ges-
chichtlige Untersuchung (Bonn, 1883, in-8); Dos Buch Daniel und die neuere
Geschichtsforschung. Ein Vortrag mit Anmerkungen (Leipzig, 1893, in-8);
— 278 —
Die berichtigte Lutherhihel. Rektoratsrede mit Anmerkungen, (Berlin, 1894,
in-8); — Dr.Viktor Félix Kremser, directeur de l'une des sections de l'Ins-
titut météorologique de Berlin, mort en cette ville, le 30 août, à 51 ans; —
Dr. Franz Meschede, professeur émérite de psychiatrie à l'Université de
Kœnigsberg, mort le 30 août, à Munster en Westphalie, à 77 ans; — Francic?
DE jMonge, xàcomte de Franeau, ancien professeur de droit à l'Université
de Louvain, mort le 26 juillet, au château de Wallay, à Ohey (Belgique),
lequel s'était attiré une réputation méritée par la netteté et la profondeur
de son enseignement ainsi que la haute valeur de ses divers ouvrages sur le
droit romain, le droit d'association, le droit d'enseignement, etc. ; — Sigis-
mund NosKOvsKi, compositeur de musique polonais, inventeur d'un sys-
tème de notation à l'usage des aveugles, directeur de l'École musicale de
Varsovie, mort dernièrement en cette ville, à 63 ans ; — Dr. Charles Kirkby
RoBixsox, « master », puis « fellow » du Collège de Sainte-Catherine, à Cam-
bridge, mort le 14 juillet, à 83 ans; — Dr. Alfons von Rosthorn, professeur
de gynécologie à l'Université de Vienne, mort en cette ville, le 9 août, à
52 ans; — Dr. Karl Sachs, philologue et lexicographe allemand connu,
auquel on doit, entre autres ouvrages, l'excellent Dictionnaire encyclopédique
français-allemand et allemand-français (Berlin, 1885, 2 vol. in-8), mort à
Berlin, le l^r août, à 81 ans; — W. F. Stanley, savant anglais connu pour
ses nombreuses inventions, fondateur des « Stanley TechnicalTradeSchools»,
mort dernièrement à 82 ans, lequel a publié sur diverses questions scienti-
fiques, ainsi que sur certains problèmes sociaux, des ouvrages estimés, tels
que : Surveying\ Drawing Instruments; Fluids; The Nebula Theory; Utopia,
etc.; — Dr.August Emil Vogl, baron de Fernheim, professeur de pharma-
cologie à l'Université de Vienne, mort à Bozen, à la fin de juillet, à 76 ans ; —
Stefan Wassilievitch Smolenski, écrivain russe, auteur d'ouvrages sur
l'histoire de la musique, mort à Kazan, au commencement d'août, à 61 ans;
— le R. P. WiAux, du collège du Sacré-Cœur de Charleroi, qui fut successi-
vement professeur aux collèges Saint-Stanislas de Mons et de Saint-Michel
à Bruxelles, mort le 11 août, à Thiméon (Hainaut), à 58 ans; — l'abbé
J. H. Wynen, qui s'est fait connaître par divers ouvrages de mérite pour
l'enseignement catholique, mort à Eysden (Hollande) à la fin d'août.
Lectures faites a l'Académie des inscriptions et belles-lettres. —
Le 3 août, M. S. Reinach explique un texte du prêtre gaulois Vicentius;
qui démontre que l'arc de triomphe d'Orange fut élevé par le père de Tibère
en l'honneur des victoires de J. César sur les Marseillais et lesAlbigues. —
M. H. Cordier dépose un rapport de M. Veuillet sur son exploration de
la grotte de Marsabougou, dans le Haut Niger. — M. E. Naville lit
la fin du mémoire du P. Schell sur la Découverte de la loi sous Josias. —
Le 6, M. Espérandieu rend compte des fouilles qu'il a entreprises sur
le mont Auxois et de la découverte récente de fragments importants
d'une statue d3 Déméter ou d'Hygie. — Le P. Schell présente une série
de communications sur la langue des inscriptions de Suze. — Le 13, M. Cha-
vannes donne l'explication d'inscriptions indo-chinoises rapportées par
le capitaine d'Olonne. — M. Cagnat démontre par des inscriptions décou-
vertes par le commandant Donau l'existence de la tribu berbère appelée
par Ptolémée I\-ygheniQi, par les textes de M. Donau, Nyhtnii. — Le 21,
M. Caron lit un rapport sur les fouilles qu'il a dirigées en Tunisie et no-
tamment sur la découverte, dan? un des thermes, de nombreux usten-
siles et d'objets d'art. — M. R. Cagnat lit un travail de M. Basset sur les
inscriptions lybiques de Kabylie. — M. Homolle lit un mémoire
— 279 —
de M. Joubert sur VÉphchie dans VÉgypte gréco-romaine. — Le 29,
M. R. Gagnât montre et expl'que la photographie d'un vase antique trouvé
en Tunisie. — M. HomoJle lit une lettre de M. Adamantion qui explique
l'organisation du service des monuments médiévaux en Grèce.
Lectures faites a l'Académie des sciences morales et politiques. — •
Le 14 août, M. Chuquet lit un travail sur les extravagances de Junot,
après la bataille de Valentina. — Le 21, M. R. Stoi.rm lit un éloge de
M. Georges Picot, récemment décédé. — Le 28, M. Esmein lit une étude
sur les projets de réforme de la Chambre des Lords en Angleterre.
Congrès. — Sous la présidence de S. G. Mgr Marty,évêque de Montauban,
et de M. le sénateur de Lamarzelle, le trente-troisième congrès des juriscon-
sultes catholiques, organisé par la Revue catholique des institutions et du droit,
se tiendra à Montauban les 27 et 28 octobre prochain. Le sujet à Tordre du
jour sera « la Révolution sociale par l'impôt ». — Une circulaire signée de
M. de Lamarzelle et de M. Joseph-Lucien Brun, secrétaire, expose comme
suit les motifs de ce congrès : « Des lois récentes déjà votées et tendant à la
dépossession d'une minorité par la majorité maîtresse du pouvoir, des lois
plus graves encore actuellement soumises à un parlement exclusivement
préoccupé de ses intérêts électoraux et plus soucieux de flatter la masse des
électeurs que de veiller aux intérêts primordiaux du pays, ont vivement
ému tous ceux qui ont à cœur notre avenir économique et la paix sociale.
Les jurisconsultes catholiques étudieront attentivement ces projets, leurs
causes et leurs conséquences, leur principe et leur application pratique.
Mais bien au-dessus des intérêts matériels des particuliers directement
et immédiatement menacés, doivent être placés les intérêts moraux du pays.
La législation actuelle a pour but presque avoué, et pour résultat certain
d'augmenter encore l'omnipotence de l'État, qui depuis plus d'un siècle pèse
chaque jour plus lourdement sur l'indépendance légitime des Français soi-
disant affranchis par une Révolution qui, au nom d'une liberté théorique
et imaginaire, a ruiné nos libertés traditionnelles et engendré le despotisme,
nouveau en France, dont nous avons vu varier les formes, mais dont nous
n'avons pu secouer le joug. Cette omnipotence de l'État telle que la rêvent
ceux qui se sont emparés du pouvoir est un retour aux principes et à l'état
social de l'antique cité païenne. Cette omnipotence de l'État-dieu, si contraire
à l'esprit du christianisme seul propagateur et unique sauvegarde de la vraie
liberté dans le monde, a été sans cesse combattue par notre Revue et nos
congrès, depuis leur fondation. Elle l'a été notamment lorsque nous avons
revendiqué la liberté de l'enseignement dont on voulait anéantir les derniers
restes pour porter un nouveau coup à l'Église, et lorsque, montrant la su-
périorité de la charité chrétienne sur la bienfaisance officielle, nous avons
revendiqué pour l'Église la plénitude de la liberté dans l'exercice de la (;ha-
rité. Elle le sera encore par nous sans relâche. C'est elle que nous dénoncerons
dans notre prochain congrès; c'est contre elle que nous mettrons en garde
tous ceux qui aspirent à restaurer les libertés françaises sur les ruines de la
tyrannie révolutionnaire. » — Ne pouvant reproduire ici, faute de place, le
programme dans son intégralité, nous nous bornerons à en indiquer les gran-
des lignes : L Socialisme (son fondement; origine du socialisme). — IL But
poursuivi par le législateur socialiste (1. Monopolisation aux mains de l'État
de toutes les sources de richesses, des fortunes et des moyens de production;
2. Destruction de l'idée de famille et de l'autorité paternelle; 3. Destruction
des fondations pieuses et des œuvres ecclésiastiques; les bien- d'Église). —
IIL Moyens de réalisation (Moyens directs; moyens détournés. Impôts par-
— 280 —
ticulièrement proposés et grossissant toujours; impôts sur le revenu;
questions actuelles). — IV. Le Socialisme et les Impôts nouveaux à l'étran-
ger. — Ce simple résumé montre assez le très grand intérêt qu'offrira le
congrès en question. Les cartes d'entrée doivent être demandées à M. Félix
Barat, administrateur délégué de la Bévue catholique des institutions et du
droit, avenue de l'Archevêché, 2, à Lyon, qui les délivrera moyennant l'envoi
préalable d'un mandat-poste de 5 francs. Ces cartes contiennent tous les
renseignements pratiques que peuvent désirer les congressistes.
MÉLANGES Châtelain. — M. Emile Châtelain achève la trentième année
du cours de paléographie dont il a été chai'gé à l'École des hautes études.
Amis et élèves en profitent pour lui témoigner, par la publication d'un vo-
lunie de Mélanges, leur attachement ou leur estime. A la tête du Comité se
trouve M. Léopold Dehsle; les secrétaires qui reçoivent les souscriptions
(20 fr.) sont MM. Marcel Lecour et Jean Bonnerot, 47, boul^ Saint-Michel,
à Paris. Parmi les articles promis aux Mélanges (ce volume fera un in-4
d'environ 500 p., avec de nombreuses planches), nous relevons les suivants :
La Bibliothèque de Philodème, par M. D. Comparetti; Un Évangéliaire caro-
lingien, provenant de Schuttern, par M. L. Dorez; Ingobert, un grand artiste
franc du ix*^ siècle, par M. le comte P. Durrieu; Les Franciscains et la Déca-
dence des archives et de la bibliothèque des Papes au début du xiii^ siècle, par
le P. Ehrle; Une Lacune des Captifs de Plante, par M. L. Havet; De V Illus-
tration de quelques manuscrits de ValèreMaxime au moyen âge,\:>aT M. H. Mar-
tin; Lettres inédites de Mabillon à Ciampini, par M. P. de Noîhac; Dagobert
J^^, roi des Francs et le Val BregagUa, par M. F.Novati ; Un Nouveau Fragment
de la version grecque du Vieux Testament par Aquila, par M. C. Wessely.
Paris. — Nous avons annoncé en son temps l'ouvrage considérable dans
lequel notre collaborateur M. P. Laconibe avait dressé la Bibliographie des
travaux de M. Léopold Delisle (1902, in-8). De proportions beaucoup plus
modestes naturellement est le travail dans lequel M. Hildenfinger a donné le
catalogue des ouvrages de l'illustre savant conservés à la Bibliothèque, na-
tionale. Ce n'est qu'un simple fascicule de 74 colonnes in-8 intitulé : Biblio-
thèque nationale. Catalogue des ouvrages de M. L. Delisle conservés au dé-
partement des imprimés (Extrait du t. XXXVII du Catalogue général. Paris,
Imp. nationale, 1909). N'entrant point — le plan de la pubhcation dont il
est tiré ne le permettait pas — dans le détail des articles de revue dont il
n'existe pas de tirage à part, ce catalogue est incomparablement moins
complet que la Bibliographie de M. P. Lacombe; il la complète cepen-
dant, par cela même que, paraissant quelques années après, il enregistre
des publications postérieures à 1902. L'ordre suivi n'est pas l'ordre chro-
nologique adopté par M. Lacombe. Ici les publications sont cataloguées
par ordre alphabétique; mais l'on a groupé sous des rubriques spéciales les
rapports, catalogues, etc., relatifs à la Bibliothèque nationale que M. Delisle
a administrée pendant pi longtemps de la plus féconde manière.
— Vient de paraître la 22^ année de V Annuaire du Conseil héraldique de
France (Paris, 15, rue Lacépède, 1909, in-18 de 368 p.). Outre quelques
poésies charmantes signées : Pimodan, comte de Colleville, F. de Salles et
L. de Villiers de l'Isle-Adam (p. 299-304), ce volume renferme les publications
ou études ci-après : Inventaire sommaire des archives des généalogistes de
Vordre souverain de Saint- Jean de Jérusalem [Malte) pour les trois Langues
de France, par M. G. du Boscq de Beaumont (p. ^61-173); — Entrevue de
François I^^ et de Charles-Quint à Aiguesmortes en 1538, par M. Lionel
d'Albinousse (p. 174-186); — Notes complémentaires sur les Trésiguidy,
— 281 —
par M. le baron Gaétan de Wismes (p. 187-192); — Documents sur les Clouet,
peintres du Roi, de 1522 à 1572 et sur plusieurs peintres de leur époque, avec
une Introduction et des notes, par M. Théodore Courtaux (p. 193-233); —
Maison de Portai, notes généalogiques, pai* M. E. Portai (p. 234-251); —
Une Vieille Famille bourbonnaise. Le Livre de raison des Bodin de Verneuil
(1550-1749). Leur généalogie, par M. Francis Ferot (p. 252-284); — Une
Lettre inédite de Marguerite de Lorraine, duchesse d' Alençon, par M. le vi-
comte du Motey (p. 285-288); — Les Marquis de Grimaldi-Regusse, par
M. le comte de Colleville (p. 289-298); — Rapport adressé par le comte de
Colleville, délégué du patriarcat latin de Jérusalem, à S. G. Monseigneur
r archevêque de Paris, pour demander le rétablissement de V ancienne tradition
qui conférait aux membres de Vordre illustre du Saint- Sépulcre Vhonneur
de jnonter la garde devant les saintes Reliques pendant la Semaine sainte
(p. 305-319).
— A signaler: Réflexions d'iine artiste sur les dessins de la caverne d' Altamira,
par Lotus Péralté (Paris, Sansot, 1909, in-8 de 23 p. — Prix: 0 fr. 60). Avec
cette intuition qui révèle parfois aux femmes ce que l'appareil scientifique
masque souvent aux hommes, l'auteur signale tout ce que ces étonnantes
peintures préhistoriques suppose chez^ leurs auteurs de culture accumulée.
Elle penche à voir en eux les survivants d'une humanité ayant vécu sur la
mystérieuse Atlantide. Le plateau télégraphique nous en, conserve les con-
tours entre l'Europe et le Canada, et il a disparu sous l'eau à une époque où
l'homme vivait peut-être déjà sur les deux continents; cette thèse n'est
donc pas scientifiquement inacceptable.
Anjou. — Les curieux recherchent parmi les récits des anciens voyageurs
celui de Le Gk)uz ds la Boullaie, né vers 1710 près de Baugé et mort de la
fièvre chaude à Ispahan, vers 4669. Cet ouvrage, qui eut deux éditions
in-4, la première à Paris (Clousier, 1653), la seconde à Troyes, en 1657,
porte pour titre : Voyages et observations du sieur de la Boullaye le Gouz,
gentilhomme angevin, où sont décrites les religions, gouvernements et situations
des Estats et royaumes d'Italie, Grèce, Natolie, Syrie, Perse, Palestine...
Un membre de l'École française de Rome, M. Claude Cochin, vient de dé-
couvrir en la Bibliothèque Corsini, le manuscrit original illustré (coté 360}
de cet ouvrage, probablement l'exemplaire de dédicace offert par l'auteur
à son protecteur, -le cardinal Capponi.
— La Revue de V Anjou publie d'intéressantes notes sur l'exploitation
des mines de charbon, dans cette province, depuis le xiv^ siècle, par M. Oli-
Tier Couffon.
Bourgogne. — Dans le Correspondant du 25 juillet dernier,- M. René
Vallery-Radot raconte de manière vraiment charmante, d'après une cor-
respondance échang-ée entre le duc d'Aumale et Cuvillier-Fleury, son ancien
précepteur, comment fut écrite 1' « Alesia » du duc d'Aumale (p. 209-222).
On sait qu'en 1855, l'architecte bisontin Delacroix, Commentaires de César
en main, crut pouvoir identifier le fameux oppidum gaulois d' Alesia avec
le village d'Alaise, dans le Doubs. Le travail qu'il publia à cette époque sur
la question fit, dans le monde de l'érudition, l'effet d'un coup de tonnerre
dans le ciel bleu. Jamais peut-être l'on ne vit pareille bataille historico-ar-
chéologique. Bourguignons, Comtois, d^autres aussi qui, par leurs origines,
étaient étrangers à ces deux « nationahtés », se jetèrent dans l'arène, pour les
uns ou pour les autres, selon leurs convictions. C'est ainsi que Quicherat,
de l'École des chartes, dont les opinions en matière historique exerçaient
une grande influence, prit parti pour l'Alaise du Doubs contre l'Alise de
— 282 —
Bourgogne, réputée, jusqu'à la « découverte » de Delacroix, comme étant
cette funèbre Alesia qui vit sombrer la fortune militaire des Gaulois. Int-^r-
vinrent alors M. Eugène de Lanneau et Cuvillier-Fleury qui eurent l'idée
de consulter le duc d'Aumale sur le problème à l'ordre du jour. C'était en
1857. Non sans quelques hésitations, le royal exilé, très absorbé par son
Histoire des Condés, se décida enfin à étudier la question, et, le l^r mai 1858,
la Revue des Deux Mondes publia l'œuvre du duc d'Aumale sur Alesia, que
Michel Lévy édita ensuite en -volume. La thèse de l'auteur fut favorable à
Ahse de Bourgogne. Mais cela ne termina pas la lutte; elle continua de plus
belle, au contraire, jusqu'à l'espèce de sentence rendue par Napoléon III
contre Alaise du Doubs. Peu à peu, le silence se fit et les combattants ren-
trèrent souf leurs tentes, sauf quelques rares Comtois qui sans doute vou-
laient justifier leur vieille devise : « Comtois, rends-toi; nenni, ma foi ! » —
Aujourd'hui Alise-Sainte-Reine est plus que jamais considérée comme l'Ale-
sia de César et de Vercingétorix, à telles enseignes, que la station des Laumes
(chemin de fer de Paris-Lyon-Méditerranée) s'appelle « Les Laumes- Alesia.»
Ce n'est pas que toutes revendications aient cessé; ma's actuellement elles
s'élèvent pour Izernore dans l'Ain et pour Aluze en Saône-et-Loire, ce qui
ne nous paraît pas sérieux. M. R. Vallery-Radot croit qu' « il ne reste plus
que quelques Franc-Comtois isolés » pour soutenir la cause d'Alaise. Appa-
remment, il est dans le vrai; en réalité il semble bien en être différemment.
Ainsi, d'une part, M. Noël Amaudru (un Comtois irréductible) a provoqué
récemment la formation d'une société pour « rechercher la véritable Alesia »
(Cf. Polybiblion de février 1909, t. CXV, p. 184), et, d'autre part, la Société
d'émulation du Doubs, qui lança jadis le premier trait contre Ahse, a institué
une commission spéciale dont l'objet est de reprendre, sans idées préconçues,
les fouilles à Alaise (Cf. Polybiblion de mars dernier, t. CXV, p. 276-277).
La Société veut essayer de résoudre le problème archéologique posé pour
cette localité, lequel n'a peut-être aucun rapport avec le conquérant des
Gaules. On entrevoit même des choses préhistoriques... Mais si, cependant...
N'ajoutons rien; attendons !
Dauphin É. — La Commission française des glaciers, dont la courte exis-
tence a naguère été marquée par la publication d'excellents travaux, avait
fait paraître, en 1905, une excellente monographie de deux glaciers du massif
du Pelvoux, le Glacier Noir et le Glacier Blanc (Étude sur le Glacier Noir et
le Glacier Blanc dans le massif du PeU'oux,\idS MM. Charles Jacob et Georges
Flusin. Grenoble, Allier, s. d., in-8). Le ministère de l'agriculture, dont le Comi-
té d'études scientifiques a recueilli l'héritage de la Commission française des
glaciers, publie maintenant, sur quelques glaciers des Pyrénées centrales,
les deux glaciers orientaux du Pic Long, un intéressant travail de MM. D.
Eydoux et L. Maury. La carte au 5000^ que les deux missionnaires du mi-
nistère de l'agriculture ont dressée de ces glac'ers, leu: étude de ces appa-
reils glaciaires et du régime hydraulique de la haute vallée de la Neste de
Couplan et de la vallée de Calhaouas complètent heureusement les conscien-
cieuses descriptions que M. Emile Belloc a données, _il y a quelques années,
d'une partie de la même région [Les Glaciers orientaux du Pic Long, Pyrénées
centrales. Paris, Masson, s. d., in-8 de 18 p., avec carte, fig. et tableaux.
Extrait de la Géographie, n» du 15 juillet 1909).
Franche-Comté. — M. E. Fournier est vraiment infatigable. Il en est
à sa dixième campagne de Recherches spéléologiques dans la chaîne du Jura,
de laquelle il expose les résultats dans le n» 56 (juillet 1909 des Bulletin et
Mémoires de la Société de spéléologie (Paris, au siège de la Société, 1909, in-8
— 283 —
de 32 p., avec 10 fig.). « La campagne de 1907-1908, dit l'auteur, professeur
de géologie et de minéralogie à la Faculté de sciences de Besançon, a été surtout
consacrée à l'exploration souterraine des plateaux, dans les environs de Salins,
Arbois et Poligny et aussi à l'étude de quelques parties de la Haute Chaîne
et des plateaux occidentaux. De plus, grâce à l'initiative du syndicat des
usiniers du Doubs, nous avons pu reprendre en détail, en collaboration avec
M. le professeur Schardt, de Neufchâtel, l'étude de la question des pertes
qui se produisent dans la partie supérieure des bassins du Doubs... Enfin,
une série d'études hydrologiques a été poursuivie dans diverses communes
de Franche-Comté. » Au point de vue de l'actualité, la plus importante des
explorations de M. Fournier, au cours de cette campagne, est certainement
celle du gouffre du Mont-Grevé, qui « revêtait un intérêt particulier de ce
fait que ce gouffre, s'ouvre à une distance relativement faible du point où le
tunnel projeté de la Faucille passerait à la plus grande profondeur. Or,
déclare le professeur de Besançon, les adversaires du projet ont prétendu,
à mainte? reprises, sans autre raison d'ailleurs que leur désir d'en empêcher
la réalisation, que le tunnel rencontrerait des nappes d'eau immenses ou de
véritables lacs souterrains qui, dans leur hypothèse, d'ailleurs contraires
à toutes les observations sérieuses, devaient alimenter les grandes résur-
gences du Flumen, de la Versoix, de la Bienne, etc., etc. Ici, comme partout,
l'observation a démontré que la circulation dans les calcaires s'effectuait
par des fissures souvent étroites, que les avens ne sont que des points d'ab-
sorption, les uns anciens, gouffres secs, les autres actuels, goules et entonnoirs.
S'il existe, comme nous l'avons constaté des centaines de fois, des rivières
souterraines assez importantes, par contre il n'y a nulle part, ni lacs un peu
volumineux, ni nappe d'imprégnation continue, et par conséquent... l'exé-
cution de ce travail ne présente, de ce fait, aucunes difficultés spéciales.
La théorie du Jura éponge ne fait que dénoter chez ses promoteurs l'igno-
rance la plus absolue de la structure géologique et du régime hydrologique
de la région, et il serait absolument déplorable qu'elle fût un instant prise au
sérieux par les membres de la Commission internationale chargée de discuter
la question. »
— En 1898, M. Camille Cellard, ayant été chargé de procéder à la restau-
ration de l'église abbatiale d'Acey (Jura), qui n'a pu être que partielle en
raison de circonstances particulières, a vu son attention spécialement attirée
sur le pavage primitif de cet édifice. Des notes inédites, groupées sur Acey
par l'architecte Ducat, ont mis M. Cellard sur la voie. De ces notes, il résul-
tait que le pavage en question « était formé de briques enterre cuite émaillée»,
mais qu'en 1656 des dalles lui avaient été substituées. L'auteur s'occupa
aussitôt de rechercher si quelques spécimens du pavage en brique existaient
encore. Ses investigations ingénieuses ayant été couronnées de succès, il a
eu l'excellente idée de donner la description des pièces de ce pavage dans une
brochure intitulée : Ancien Carrelage de Véglise abbatiale (T Acey. Essai de
reconstitution (Besançon, imp. Cariage, 1909, in-8 de 19 p., avec 3 planches).
Il ne s'en est pas tenu là : il a voulu aussi savoir quel pouvait être le fabri-
cant de ces curieuses pièces, ornementées de dessins, qu'il attribue au xii^
ou au xiii^ siècle. Ce fabricant a bien signé ses bric[ues : >< S. Rous fit ce
pavement »; mais d'où venait-il; où prenait-il ses matériaux; où tra-
vaillait-il? De déduction en déduction, M. Cellard en arrive à penser que
Rous était probablement Bourguignon et qu'il semble avoir exécuté ses bri-
ques à la tuilerie d'Acey, avec de la terre prise sur place.
— Le père de Victor Considérant, — ce bizarre officier qui donna sa dé-
mission, alors que la carrière militaire lui souriait, pour devenir le propaga-
— 284 —
teur des théories de l'utopiste Fourier, — méritait assurément de tenter la
plume de M. Georges Gazier. On lira donc avec curiosité la biographie qu'il
nous donne de ce personnage spirituel, frondeur et d'humeur plutôt aigre :
Jean- Baptiste Censidérant, de Salins, 17;1-1827 (Besançon, imp. Dodivers,
1909, in-8 de 24 p. Extrait des Mémoires de la Société d'émulation duDoubs).
Né le 25 novembre 1771, à Salins, Jean-Baptiste Considérant y est mort le
27 avril 1827. Bibliothécaire de Salins et professeur au collège de cette ville,
il appartenait, par ses opinions, au parti dit des libéraux. « Les colères de
Considérant contre le clergé d'alors, observe M. Gazier, surtout contre les
jésuites, tiennent un peu à des considérations personnelles. « Nous voilà
fixés. Il ne faut donc pas s'étonner si, un beau jour, on voulut s'en débarrasser
et l'envoyer professer à Sarlat, situation qu'il refusa. M. Gazier s'est servi
de la correspondance échangée entre Considérant et son ami Thelmier, ins-
pecteur des postes, dont les opinions politiques étaient opposées aux siennes.
De 1815 jusqu'à la veille de sa mort, il écrivit à ce fonctionnaire des lettres
qui le dévoilent tout entier. Et cette physionomie, parfaitement oubliée en
Franche- Comté, où elle ne brilla d'ailleurs qu'à l'heure de sa disparition,
c'est-à-dire de façon très éphémère, est loin de nous être sympathique. II
était utile cependant de la faire revivre, car elle nous fait « comprendre
l'état d'esprit d'un universitaire sous la première Restauration, et comme cet
universitaire est le père et le pri^mier maître de Victor Considérant, cet état
d'esprit est doublement intéressant à étudier. »
• — Parlez-nous des poètes originaux. Ils ne sont pas légion; en voici un
cependant : M. Alfred Marquiset. Le petit recueil qu'il a formé sous le titre :
Besançonnettes (Besançon, imp. Cariage, 1909, in-12 de 46 p.) est pétri
d'esprit et de bonne humeur, avec pas mal de sel comtois. Vous ne trouverez
point là de ces mièvreries, niaiseries et banalités, fonds ordinaire de tant de
rimeurs visant à l'auréole du poète. C'est la réunion d'un certain nombre de
pièces très amusantes dont la \alle de Besançon et diverses personnalités du
cru, pas nommées, mais désignées, font les frais. Ces vers nous rappellent,
avec un peu plus de malice, la manière de Viancin, en son vivant secrétaire
en chef de la mairie et membre de l'Académie bisontine. Citons un peu.
Dans Péril public, l'auteur parle de la maladie du sommeil qui s'abattit un
jour Sur la cité :
La maladie est éphém<^re,
Mais pour en arrêter le cours,
Allez supplier votre maire
De ne plus faire de discours.
Ceci n'est que railleur. Mais voici du plus sévère. Le poète s'en prend au
même personnage (Derniers Souvenirs du peuple) à qui il impute la jolie dé-
claration suivante :
Les miens désirant paraître
Me firent dèj mon début,
Sans payer aucun tribut,
Élever par un brave prêtre.
C'est celui que j'expulsai
L'an dernier de son église;
Mais j'en fus récompensé
Par une aimable surprise,
En tenant des manitous
La croix d'honneur qui m'est chère.
— Quel beau jour pour vous, grand maire,
Quel beau jour pour vous 1
Les Bisontins, nés malins, qui liront ce petit volume, ne s'ennuieront pas.
— 285 —
Limousin. — Nous avons sous les yeux les deux fascicules formant la
23^ année (2^ série) du Bibliophile limousin (Limoges, imp. Ducourtieux et
Oout, 1908, in-8 de 96 p.). Nous y trouvons d'abord la suite du Catalogue
analytique de manuscrits d'une bibliothèque limousine {V^ partie), Auteurs
limousins. Ouvrages relatifs au Limousin, par M. G. C.-S. (c'est-à-dire
M. Gustave Clément-Simon). Ce fragment débute par Bonnelie (François)
(1804-1869) et finit par Dubois (Jean-Baptiste (1635-1756) (p. 1-17 et 33-52).
Cette intéressante publication sera-t-elle poursuivie? L'auteur est mort
le 1^'' février dernier. M. Paul Ducourtieux lui a consacré cinq pages de bio-
graphie (p. 92-96) que méritait bien ce consciencieux érudit, perte réelle pour
sa province. — Nous citerons ensuite une courte étude de M. Paul Ducour-
tieux : A propos de Vétymologie du nom de Pissevache donné à F une des portes
du château de Limoges (p. 52-55). Nous rappellerons enfin que le recueil
contient, comme toujours, le dépouillement bibliographique des journaux
et des revues du Limousin, de plusieurs recueils périodiques ayant publié des
articles intéressant cette province et de nombreux comptes rendus analy-
tiques et critiques d'ouvrages concernant le Limousin ou écrits sur des sujets
variés par des enfants du pays. C'est en vain que, sans nous lasser, nous don-
nons ce périodique en exemple aux autres provinces de France : notre voix
- reste sans écho. Pourquoi? La réponse ne nous embarrasse guère : les entre-
prises du genre sont coûteuses et ne rapportent à ceux qui les poursuivent
que de l'honneur. Pour s'y dévouer, il faut aimer la petite patrie infiniment.
Lorraine. — Dans notre livraison de juillet dernier (p. 91), nous avons
noté, le prenant pour une petite revue locale, le Bulletin mensuel de la So-^
ciété des lettres, sciences et arts de Bar-le-Duc. Or, ce Bulletin n'est qu'une
simple partie (la première) du volume que pubhe annuellement cette société
et nous avait été ainsi envoyé par suite d'une erreur. Nous recevons au-
jourd'hui le volume complet qui a pour titre : Mémoires de la Société des
lettres, sciences et arts de Bar-le-Duc (tome VI de la IV^ série. Bar-le-Duc, 1908,
in-8 de cxx-233 p., avec 8 planches). Sept mémoires, d'un réel intérêt pour
l'histoire de la région, et dont quatre pourront être utilement consultés
pour l'histoire générale de la Révolution, ont trouvé place dans ce volume,
savoir : Un Maire de Bar-le-Duc sous la Restauration. M. Charles- François
Bouillard (1817-1824 — 1828-1832), par M. G. Vigo (p. 3-38, avec portrait);
— La Fête constitutionnelle du 10 août 1793 à Bar-sur-Ornin [Bar-le-Duc), par
M. Léon Thevenin (p. 39-57); — Inscriptions de Vancien décanat de Juvigny,
par M. l'abbé Nicolas (p. 59-102); — Les Volontaires de la Meuse et la Loi
du 3 février 1793, par M. le capitaine Porcher (p. 103-145); — La Vente des
biens nationaux à Lisle-en-Barrois, par M. Alphonse Schmitt (p. 147-160); —
Quelques Portraits du musée de Bar-le-Duc, par M. H. Dannreuther (p. 161-
175, avec 6 planches). Un tirage à part de cette étude, qui nous est parvenu,
sera prochainement examiné ici; — Les Cahiers de doléances de Verdun en
1789, par M. P. d'Arbois de Jubainville (p. 177-211).
Belgique. — L'Académie royale de Belgique se compose de trois classes,
celles des sciences, des lettres, et des arts. Il avait déjà été publié, en annexe
à V Annuaire de cette Académie, quatre séries de notices biographiques et
bibliographiques sur ses membres. Par les soins du très distingué secré-
taire perpétuel de l'Académie, M. le chevalier Edmond Marchai, une- cin-
quième série vient de paraître. Elle ne concerne que les membres, les corres-
pondants et les associés habitant la Belgique. C'est dire qu'on y chercherait
vainement, par exemple, la bibliographie des Ulysse Chevalier, des Paul
Meyer, des d'Arbois de Jubainville et autres associés français de l'Académie
— 286
(le Belgique. En revanche on y trouve, à la suite d'une biographie très courte,
la bibliographie très complète de chacun des membres belges actuels de
rAcadémie. L'ouvrage a pour tiire : Notices biographiques et bibliographiques
concernant les membres, les correspondants et les associés, 1907-1909. 5^ édition
(Bruxelles, Hayez, 1909, petit in-8 de viii-1124 p.). On remarquera que
l'impression en a été commencée en 1907. II en résulte qu'on y trouve la
bibliographie de savants comme MM. Léon Vanderkindere et Edouard
Félis, aujourd'hui décédés. Par suite d'une modification adoptée au cours
de l'impression de l'ouvrage, qui ne devait d'abord comprendre que l'énu-
mération des travaux publiés par les académiciens belges depuis 1896,
date de la précédente édition des Notices, le maniement du gros volume qui
vient de voir le jour n'est pas toujours facile, puisqu'il faut y chercher en
deux endroits différents la bibliographie d'un certain nombre d'académi-
ciens. Tel qu'il est ce volume n'en rendra pas moins de bons services, les
notices bibliographiques qu'il contient ayant été établies avec beaucoup de
soin. Il est indispensable d'ajouter que les notices « bibliographiques »
consacrées aux peintres, sculpteurs, musiciens, graveurs, architectes, qui
composent la classe des beaux-arts de l'Académie, énumèrent en général
les œuvres produites par ces artistes.
— Dans une brochure intitulée : Le Mariage tel qu'il fut et tel qu'il est
(Mons, Imprimerie générale, 1907, in-16 de 60 p.), M. Élie Reclus prétend
justifier le parti adopté dans sa famille, qui est, comme on le sait, de re-
noncer au mariage légal et de se contenter de l'union libre. Ce système a
tout au moins un avantage incontestable : c'est de faciliter le divorce. S'il
peut avoir aussi quelques inconvénients, spécialement pour les enfants, que la
loi tiendra pour illégitimes, et que le monde appellera des « bâtards », M. Reclus
ne doute pas que ces restes de vieux préjugés ne soient destinés à bien-
tôt disparaître. La brochure comprend l'allocution que M. Elisée Reclus
père adressa à ses enfants le jour où... ils ne se marièrent pas, et une lettre
du même à son ami M. Naquet, qti l'avait félicité « d'avoir substitué la
consécration paternelle à la consécration sociale ». M. Elisée Reclus réclame
contre cette formule et dit : « J'ai tout simplement pris note de la volonté
de mes deux filles lorsqu'il leur a convenu de s'unir librement. »
Espagne. — Il a déjà été question ici des travaux accomplis dans le
Haut- Aragon par M. Lucien Briet; voici qu'un nouveau mémoire de ce
consciencieux observateur nous apporte une nouvelle contribution à l'étude
de cette région encore si mal connue des Pyrénées espagnoles. Non content
d'y décrire les grottes de Bastaras, ou plutôt les deux grottes de Chavés et
de Solencio, situées à proximité du hameau de Bastaras, au pied de la Sierra
de Guara, non content aussi d'y expliquer le fonctionnement de la cueva
de Solencio, M. Lucien Briet y étudie d'une manière tout à fait intéressante
l'aspect des sierras du Haut- Aragon, et y discute la question de la dessicca-
tion progressive de notre planète. C'est dire que, non moins que les spéléo-
logues, les géographes trouveront leur profit à la lecture de ce mémoire,
[Les Grottes de Bastaras, Haut-Aragon (Espagne). Spelunca. Bulletins et Mé-
moires de la Société de spéléologie, n° 55, mars 1909, in-8 de 23 p., avec 3 plans]
etSgrav.).
Italie. — Mgr Domenico Taccone Gallucci a pubhé (Roma, Society
tipog. editrce romana, 1909, in-8 de 72 p.) une Monografia del cardinale
Guglielmo Sirleto (1514-1585), bibUothécaire de la Vaticane et l'un des p\nê
savants théologiens du xvi^ siècle. Sous une forme un peu compacte et d'une
lecture difficile, la courte étude de Mgr Taccone Gallucci contient une grande!
— 287 —
quantité de renseignements compilés dans les meilleii^3 auteurs et puisés
parfois aux manuscrits mêmes. D'abondantes informations bibliographiques
sur la bibliothèque, les œuvres, les lettres et les manuscrits de Sirlet com-
plètent cette notice, qui pourrait aisément devenir le canevas d'une œuvre
moins aride, plus littéraire et plus psychologique.
— M. Angelo Goppola a lu, le 7 juin 1908, à la Société sicilienne d'histoire
nationale de Palerme, une notice nécrologique sur l'architecte Giuseppe
Patricolo, mort en 1905, à 71 ans. Le biographe a remis en lumière les mérites
de ce technicien distingué qui fut antiquaire et archéologue : on connaît de
lui les restaurations de l'église des Chiodari à Palerme, et de celles de San
Cataldo à la Martorana et de Santa Maria di Délia près Castelvetrano,
des mosaïques de Monreale; il a construit un grand nombre d'édifices mo-
dernes à Palerme, le Teatro comunale de Castelvetrano; dans la Commission
des antiquités et beaux-arts de Sicile il a joué un rôle utile. Il méritait que
le souvenir de tant de services rendus à ses compatriotes fût fixé avec pré-
cision par l'un d'eux. A la suite de la notice de M. Coppola ont été imprimés
les discours prononcés aux funéraillesde Patricolo par Ant. Salinas,Minutella
et Francesco Valenti {Délia vita e délie opère del prof. Giuseppe Patricolo.
Commemorazione. Palermo, tip. Virzi, 1908, gr. in-8 de 37 p., avec un
portrait.).
États-Unis. — h'Annual report of the board of régents of the Smithsonian
Institution... for the yeard ending June 30. 1907 (Washington, Government
printing Office, 1908, in-8 de lvii-726 p.) contient : 1° le compte rendu des
travaux de la Société pour les sessions du 4 décembre 1906, des 23 janvier et
6 mars 1907; 2° le rapport du comité exécutif donnant l'état financier de
l'institution pour l'année finissant le 30 juin 1907; 3° le rapport annuel
du secrétaire donnant un compte rendu des opérations et de la situation de
l'institution avec la statistique des échanges etc.. pour la même année;
4° enfin une annexe (General Appendix) qui commençant à la page 95 et allant
jusqu'à la page 709, renferme 29 articles des plus intéressants, par diiïérents
auteurs tant Américains qu'étrangers, et dans ce dernier cas traduits en
anglais, sur toutes les questions scientifiques étudiées en ces dernières
années. La plupart sont illustrés de photogravures. Citons parmi ces tra-
vaux celui de M. Ch. A. Parsons sur les turbines à vapeur; un article de
M. A. Turpain sur les développements de la composition mécanique en
imprimerie; un travail sur le bronze dans l'Amérique du sud avant l'arrivée
des Européens, par feu M. A. de Mortillet; les Jardins zoologiques en Angle-
terre, en Belgique et en Hollande par M. G. Loisel; Marcellin Berthelot, par
M. Camille Matignon. Il serait impossible d'analyser ici tous ces travaux qui
ne sont d'ailleurs que des réimpressions de mémoires parus ailleurs; nous ren-
voyons donc au volume du Smithsonian Institution les lecteurs désireux
d'approfondir cette étude.
Publications nouvelles. — Die Mens.chenopfer der alten Hebràer und
der benachbarten Volker. Ein beitrag zur Alttestainentlichen Religionsgeschi-
chte, von P. Dr. E. Mader (Biblische Studien) (in-8, Freiburg im Breisgau,
Herder). — Der Vorirenâische Opferbegriff, von Dr. F. Wieland (in-8, Mûn-
chen, Lentner). — Manuel des catéchistes volontaires. Explication raisonnée,
historique, du dogme et de la morale catholique, par le P. D. Lodiel (in-12.
Maison de la Bonne Presse). — Thomae A. Kempis De Imitatione Christi.
Libri quatuor. Textum edidit H. Gerlach (petit in-16, Friburgi Brisgoviae,
Herder). — L'Œuvre de Lourdes, par le Dr. Boissarie (in-8, Téqui). — Le
Régime administratif et juridique de la pêche fluviale, par M. Raux (in-18
— 288 —
cartonné, Amat). — Nouvelle Méthode de prévision du temps, par G. Guilbert
(gr. in-8, Gauthier- Villars). — La Cité intérieure, par A.-R. Schneeberger
(in-12, L' « Édition «). — L'Idole fragile, poèmes, par J.-F.-L. Merlet (in-18,
Société de l'édition libre). — Je meurs où je m'attache, par G. Deledda; tiad.
de l'italien par A. Lécuyer (in-16, Hachette). — Le Dernier Duc de Bretagne,
par P.-Y. Sébillot (in-16, Union internationale d'éditions). — La Chevauchée
des retires, par C. Lesbruyères (in-12. Maison de la Bonne Presse). — Jeunes
Gloires, par R. Gaëll (in-12, Maison de la Bonne Presse). — Lettres familières
de Jérôme Aléandre (1510-1540), par J. Pasquier (in-8, A. Picard et fils). —
Histoire du concile du Vatican depuis sa première annonce jusquà sa proro-
gation, d'après les documents authentiques, par le P. T. Granderath, édité par
le P.-C. Hirch, T. II. 1^^ partie. L'Ouverture du concile et les premiers débais
(in-8, Bruxelles, Dewit). — Les Premières Pages du pontificat du pape
Pie IX, par le P. R. Ballerini (in-8, Rome, Brets<hneider). — Der einhei-
mische Klerus in den Heidenlàndern, von A. Hiionder (in-8, Freiburg im
Breisgau, Herder). — Mœurs intimes du passé, par le D^ Cabanes. 2^ série. La
Vie aux bains (in-16, Albin Michel). — La Bretagne et les pays celtiques, La
Bévolution dans le département des Côtes-du-Nord {études et documents), par
L. Dubreuil (in-16. Champion). — États d'âme et d'esprit. L'Ignorance actuelle
en matière religieuse, par P. Barbier (in-12, Lethielleux). — Lettres et papiers
du chancelier comte de Nesselrode, 1760-1850. Extraits de ses archives publiés
et annotés avec une Introduction par le comteA.de Nesselrode. T. VII. 4S^8-
i839 (in-8, Lahure). — La Intervencion francesa en Mexico segun el archiva
del mariscal Bazaine. Septima parte (textos espaùol y frances) [Documentos
inéditos ô muy raros para la. histôria de Mexico, publicados por G. Garcia.
T. XXIY) (in-8, Mexico, Viuda C. Bouret).
Le Gérant : Chapuis.
Imprimerie polyglotte Fr. Simon, Rennes.
POLTBIBLION
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE UNIVERSELLE
ROMANS, CONTES ET NOUVELLES
ROMANS FANTAISISTES. — 1. Lp, Lwre de la mort. A ^hôpital, à V amphithéâtre, au ci-
metière, par Edouard Ganche. Paris, Société des auteurs-éditeurs, 1909, in-16
carré de 252 p., 3 fr. 50. — 2. Paysages passionnés, par Gabriel Faure. Paris,
8ansot,.I909, in-18 carré de 48 p., 3fr. — 3. Le Roman sournois, par Pierre Lièvre.
Paris, Stocl<, 1909, in-32 de 127 p.,1 fr.
JloMANS ROMANEsnuES. — 4. MoH Priiice Charmant, par Alexis NoiiL. Paris, Plon-
Xourrit, 1909, in-16 do 352 p., 3 fr.. 50. — 5. Simone la Romanesque, par Lucien
Trotignon. Paris, Perrin, 1909, iri-16 de 291 p., 3 fr. 50. — 6. Lequel Vaimait?
liar Mary Floran. Paris, Cslrnann-Lévy, i909, in-18 de 392 p., 3 fr. 50. — 7. Le
Jardin délaissé, suivi de Ce qui ne ressuscite pas, par Jean Gallotti. Paris, Pion-
Nourrit, 1909, in-16 de 274 p., 3 fr. 50. — 8. Z'Sw, par Eugène Joliclerg. Paris,
Lemerre, 1908, in-16 de 351 p., 3 fr. 50. — 9. Trois Sœurs, par Elsa d'Estërre
Keeling; trad. de l'anglais par Florence O'Noll. Paris, Hachette, 1909, in-16
de 284 p., 1 fr. — 10. Une Vie d'artiste, par Adolphe Schmitthenner; trad- d?
l'allemand par H. Heinecke. Paris, Hachette, 1909, in-16 de 236 p., 1 fr.
INiM.vNS psychologiques. — 11. La Double Confession, par Charles Le Goffic.
Paris, Nouvelle Librairie nationale, 1909, in-16 de xiii-262 p., 3 fr. 50. — 12. La
]'oie du mal, par Grazia Deledda; trad. de l'italien par G. Hérelle. Paris,
Calmann-Lévy, 1909, in-18 de 413 p., 3 fr. 50. — 13. Le Miroir aux alouettes, par
.r. DE Mestral-Combrehont. Paris, Plon-Nourrit, 1909, in-16 de 384 p., 3 fr. 50. —
i4. La Voix de Voiseau, par Henry Morane. Paris, PIon-Nourrit, 19i)9; in-16 de
:124 p., 3 fr. 50. — 15. Les Anxiétés de Thérèse Lesieure, par Etienne Bricon. Paris,
Plon-Nourrit, 1909, in-16 de 295 p., 3 fr. 50.
I>oma:is HiSTor.iQUES. — 16. Ames juives, par Stéphen Coubé. Paris, Lcthieileux,
1909, in-12 de xlvii-389 p., 3 fr. 50. — 17. La Course à Vabîme, par Ernest Dau-
det. Paris, Roger et Chernoviz, 1909, in-lG de 295 p., 3 fr. 50. — 18. Les Aventures
du cardinal de Richelieu et de la duchesse d'Elbeuf, récit anonyme extrait des arciiives
du châtea.u d'Acy, publié par le baron A. de Maricourt. Paris, Sansot, 1909, in-18
de 244 p., 3 fr. 50.
r.oMANS DE MŒURS. — 19. Chez les Moumenin, récits algériens, par Antonin Mule.
l'aris, Dujarric, 1906, in-12 de 315 p., 3 fr. oQ. — 20. Les Metteurs en scène, par
Edith Wharton. Paris, Plon-Nourrit, 1909, in-16 de 354 p., 3 fr. 50; — 21.
Un Étrange Divorce, par le comte A. de Saint-Aulatre. Paris, Perrin, 1909, in-16
de 292 p., 3 fr. 50. — 22. Sur les deux rives, par Léon de Tinseau. Paris, Caimann.
Lovy, 1909, in-18 de 405 p., 3 fr. 50. — 23.- Les Caquets du docteur, par Octave
Bi'liard. Paris, Tassel, 1909, in-16 allongé de 110 p., avec iilustr., 2 fr. 50. — 24.
Mes Pannes, par PIenry d'Agrain. Paris, Poisson, 1909, in-18 de 275 p., 3 fr. —
25. Pereat Rochus et autres nouvelles, par Antonio Fogazzaro; trad. de l'italien-
Paris, Perrin, 1909, in-16 de 345 p., 3 fr. 50. — 26. Le Mariage de Mademoiselle
Gimel, dactylographe, par PiEné Bazin. Paris, Calmann-Lévy, 1909, in-18 de 367 p.,
o fr. 50. — 27. L'Expiatrice, par Charles Nicoullaud. Paris, Perrin, 1009, in-16
de 419 p., 3 fr. 50. — 28. La Mésangère, par Myriam Thélem. Paris, Plon-Nourrit.
s. d., ia-16 de xix-342 p., 3 fr. 50. — 29. Le Vaisseau de plomb, par G. Lechartier.
Paris, Plon-Nourrit, 1909, in-18 de 339 p., 3 fr. 50.
KoMANs FANTAISISTES. — i. — Le Livrc de la mort est une fantaisie
<lt' carabin, sans gaieté, inutile de vous le dire, mais sans esprit et
même sans style, il est bon de l'apprendre à l'auteur. Une « Prière à
lu Mort », qui sert de Préface, contient ce petit bout de phrase : « O
Octobre 1909. T. CXVI. 19.
1
— 290' —
Mort... force morlifère de la Nature I; » C'est un rien, mais qui suflit
à vous renseigner sur la « force « de l'écrivain. Il n'a fallu rien moins ■
que la conscience de mon devoir pour me faire achever la lecture de
la première des « nouvelles » distribuées dans les quatre parties de .
cette « œuvre » : A l'hôpital, à l'amphithéâtre, à la morgue, au cime-
tière; elle raconte le cas d'un préparateur anatomique, lequel prépare le
corps de sa maîtresse, en fait un beau squelette, et l'installe chez lui,
à la place que l'aimable personne occupait de son vivant; il en devient
fou, naturellement. Il est dangereux de batifoler avec la Mort. Avis
aux lecteurs • — et à l'auteur • — de ces fantaisies macabres !
2. — Dans les Paysages passionnés on a voulu montrer qu'il peut
y avoir des rapports entre un paysage et nos sentiments, à ce point
« qu'un paysage voluptueux peut exalter les sensualités diçerses (?)
d'êtres ardents et passionnés.» Soit ! ne chicanons pas l'expression,,
qui vise à être profonde, et concédons l'idée, qui est banale. Oui, un
paysage peut être « un état d'âme », — une projection du moi sur le
non-moi, comme dit l'autre, — et il peut aussi créer un état d'âme,
inspirer et conseiller la joie, la tristesse, la volupté. L'année dernière,
une nietzschéenne nous assurait que le mont Cervin conseillait la
moralité et même qu'il l'imposait de force, tel un garde champêtre
sévère ! M. G. Faure nous assure ici que les coteaux de Mitylène, les
rivages delà Bretagne, le lac de Côme,les jardins de Bellagio sont au
contraire des entremetteurs, conseillers de « sensualités diverses »,
et complices de sentiments « j^assionnés ». Et il le prouve par des
monologues et des dialogues qui ne sont pas assez passionnés; ses
descriptions psycho-géographiques sont sages et même appliquées;
c'est du Bsedeker léché. — Pourquoi ai-je classé ce petit livre sous la
rubrique ro?nans fantaisistes? J'ai eu tort, puisque, vérification faite,
il n'y a pas de fantaisie, sauf peut-être dans le litre.
3. — Tandis que dans le Roman sournois il y on a partout. Le format
en est mignon, l'impression exquise, les épigraphes, en tête de chaque
chapitre, des mieux choisies (de saint François de Sales et de Montes-
quieu, de l'Imitation, de la Bible, de Corneille), les chapitres nombreux
(XIV) mais courts, l'écriture pas banale et même bizarre, et enfin le
sujet un peu « loufoque » : un jeune homme « chipe » à un ami sa maî-
tresse, qu'il se laisse « chiper » à son tour par un autre ami, sans s'être
aperçu, dans l'intervalle, qu'il était aimé et qu'il aimait. Quel dom-
mage seulement que cette jolie drôlerie soit si ennuyeuse !
Romans romanesques. — 4. — Mon Prince Charmant est char-
mant, — à moitié, c'est-à-dire à partir de la seconde moitié. — La
première paraît longue et mal composée; un long épisode, notamment,
relatif à la guerre de 1870, y tient une place qu'on ne s'explique pas
tout de suite; ce n'est qu'au dénouement que la pensée de l'auteur
— 291 —
se révèle; c'est un peu tard, et c'est dommage, car ce dénouement
est intéressant. Donc, il y avait une fois une jeune fille romanesque*
elle écrivait même des romans, en attendant d'en vivre un. Elle en-
voyait à une Revue célèbre l'histoire d'un « Monsieur Merle » qui avait
fait payer cher aux Prussiens un acte de brutahté, pendant la «Grande
Guerre»; et comme la Revue n'insère pas cette «copie », elle l'insère dans
son Journal intime, pêle-mêle avec les pages où elle nous raconte son
enfance, son adolescence, ses discussions avec sa nourrice, sa mère, son
frère, ses amours avec son cousin Claude, son départ pour l'Allemagne,
son installation dans la famille Muller, où elle va vivre au pair, jusqu'à
ce qu'elle ait achevé d'apprendre l'allemand. Et c'est ici que son Journal
commence à être amusant. — Dans cette paisible ville d'Allemagne,
gouvernée par un prince qui a deux fils, la petite Française a beaucoup
de succès; elle tourne la tête du prince héritier, qui lu: ofi're de l'épou-
ser. Et elle ne dit pas non, elle va même dire oui (pauvre cousin
Claude !) lorsque, au cours d'un dîner solennel, qui est presque le
dîner des fiançailles, le prince régnant raconte un des ses exploits de
1870 : il avait joué un bon tour à un certain Mon sieur Merle,... «qui
vous le rendit bien, Monseigneur ! » s'écrie la pétulante Française, se
ressouvenant tout à coup de son pays et de son cousin. — Tout le livre
est fait pour cette dernière scène, qui est fort jolie, et tout à fait digne
d'une Colette Baudoche , — une Colette moins humaine et plus arti-
ficielle que l'autre.
5. — Simone là Romanesque rêvait, elle aussi, d'un Prince Char-
mant, et elle attendait. Ce fut un marchand de nouveautés qui arriva
un peu tard d'ailleurs, après un avocat, qui, lui, pouvait passer pour
\\\\ prince, un prince de la parole, mais non pour un « gentleman»,
attendu qu'après avoir profité des faiblesses de Simone, il la laissa
^('ule, avec son déshonneur. Ce fut alors que l'autre se présenta, et
s'oiïrit à tout réparer. Il répara et très bien; ce calicot était un « stop-
peur » sans doute !
6. — Lequel V aimait? Celui qui refusa de l'épouser, parce qu'elle
était pauvre? Ou celui qui l'épousa, quoiqu'il fût riche, et qui, ne se
sentant pas aimé, tenta de se suicider pour lui rendre la liberté? La
question n'est pas de celles qui peuvent fatiguer les méninges, et le
livre est de ceux qui peuvent être lus avec plaisir par des lecteurs
ingénus. Il est du reste un des mieux « troussés » qui soient sortis de
la plume infatigable de l'aimable conteuse qui signe Mary Floran.
7. — Dans le Jardin délaissé il y avait une belle fleur qui se flétrit
parce que le printemps lui refusa « sa goutte de rosée » et son «rayon
de soleil ». Il y avait aussi une jeune fille qui fut bien triste et pleura
longtemps, parce qu'un jeune homme, l'ami de son frère, dédaigna
le don de son cœur, qu'elle lui avait fait secrètement. Les âmes
— 292 —
sensibles compatiront à son chagrin, très ingénument raconte. — Elles
resteront peut-être plus indifférentes aux malheurs du héros de Ce qui
ne ressuscite pos^ la seconde nouvelle de ce même volume. C'était un
chimiste de génie; il administra un remède de sa composition à sa
femme adorée; elle en mourut. Comme il avait découvert le secret de
la vie, il ne désespéra pas de ressusciter la morte; il essaya, et ce fut lui
qui mourut de ses essais, non sans être, au préalable, devenu fou.
8. — L'Eve est un gros feuilleton, cuisiné par un marmiton inexpé-
rimenté, cjui a voulu imiter les « chefs » avant d'avoir fini son appr-^n-
tissage. ■ — Gilberte fut une femme fatale, c|ue l'amour rendit crimi-
nelle Elle n'aimait pas son mari, M. X; elle aimait son beau-frère,
M. Y; à peine veuve de X, elle prit un amant, M. Z. Pourquoi?
Pour avoir un enfant, qu'on attribuerait au mari défunt et qui serait un
motif décisif pour Y d'épouser sa belle-sœur. Ce calcul ■ profond
réussit. Gilberte fut épousée par Y, et elle eut un second fils, et
elle fut heureuse durant dix, quinze, vingt ans. Mais la Juatice im-
manente l'attendait à un tournant. Quand le fils aîné, le fils de Z fut
majeur, il tomba amoureux, et de qui? De la fille de Z! Vous com-
prendrez les affres qui dès lors torturèrent l'âme de Gilberte, si vous
voulez bien vous souvenir que les femmes adultères du théâtre et du
roman éprouvent pour les unions incestueuses une horreur invincible,
— témoignage suprême de la délicatesse . . . primitive ! de leur âme.
Plutôt la mort qu'un pareil mariage, plutôt la honte ! Et Gilberte
avoua tout à son mari, tout ! L'aveu fut entendu par le fils de Z, qui
par hasard écoutait aux portes. Que fit-il? Il dit à son jeune frère :
« Abel, viens canoter avec moi! « Et Caïn tua encore une fois Abel,
pour se venger d'Eve! Et lui, il resta six mois entre la vie et la mort;
et quand il fut près de trépasser, il écrivit une belle lettre à Eve, pour
lui demander pardon; et Eve tomba à genoux, et dit : Pardon!
— - Et si les lecteurs pardorment à l'auteur, ils auront bon caractère.
9. — L'humour do l'auteur des Trois Sœurs, qui doit être infiniment
agréable en anglais, devient, dans la traduction française, obscurité
et incohérence. Il est très difficile d'y suivre l'histoire de ces trois filles
pauvres qui s'efforcent de gagner leur pain par le travail, par les
leçons de français, de peinture et de musique et dont l'une même
consent à s'expatrier en Russie et y meurt. Ce qu'on en comprend
est d'ailleurs intéressant; le récit du voyage en Russie offre notam-
ment quelques détails touchants.
10. — Une Vie d'artiste est d'une lecture plus facile, quoique ce soit,
encore une traduction et de l'allemand ! On y voit comment le petit
ouvrier Georges devint un sculpteur glorieux, grâce d'abord à la bien-
veillance de son premier « patron, » entrepreneur de monuments fu-
néraires, et ensuite aux exigences et aux sévérités de son second maître,
— 293 —
un professeur du Conservatoira. Il eut « la chance de rencontrer un
maître difficile ». Il en eut d'autres : il fut aimé de Louise, il fut aimé
de Gertrude, il fut aimé de Marie; il quitta Louise, qui pleura, oublia
et se maria ; il quitta Gertrude, qui mourut, après lui avoir inspiré un
chef-d'œuvre; il épousa Marie, qui était la fille de son second maître
et qui lui donna conscience de sa valeur d'artiste et de ses devoirs
d'homme. Ce fut d'ailleurs et en outre un très bon fds :
« Il aimait bien sa pauvre mère ! »
Romans psychologiques. — IL — La Double Confession avait
déjà paru en 1894, et avait obtenu les suffrages du « bon » Sarcey.
Elle a dû en obtenir d'autres depuis lors, puisque voici qu'on la réim-
prime • — ou du moins qu'on la réédite. C'est un joli pastiche du
style rococo, en honneur vers 1820. L'auteur nous assure, dans une
Préface des plus consciencieuses, ■ — où sont notés, pour que nul n'en
ignore, tous les détails relatifs à la conception, à la naissance et au
baptême, double et triple de son œuvre, — que ce pastiche n'est
])as un pastiche, tout en étant un pastiche, attendu qu'il est né, non
d'une imitation littéraire voulue et consciente, mais d'un phénomène
d'inconsciente régression psychologique, lequel, un jour, vers 1893, fît
rétrograder son esprit, son imagination et sa plume jusqu'à l'année
1820 ! Phénomène bien connu des médecins, paraît-il, et « qu'ils
appellent un dédoublement de la personnalité », grâce auquel un jeune
homme peut être, pendant quelque temps, son propre grand-père !
C'est entendu ! Acte lui est donné de ses explications un peu longues,
mais intéressantes, oh ! combien ! Et nous voilà à l'aise pour déclarer
c{ue le même auteur peut être un petit- fils très spirituel et un grand-
père un peu fatigant. La Double Confession est une curiosité peut-être,
mais comme ces fauteuils, roides et meurtrissants, où l'on est si mal
assis, quoiqu'ils aient le mérite d'être « de l'époque », cette histoire
(l'adultère, en style pudique, poudré et filandreux, n'a d'autre mé-
j'ite que d'être ou de paraître « de l'époque ». L'auteur craint en outre
qu'elle ne soit d'un mauvais exemple et que certaines théoiies de ses
deux principaux personnages ne rappellent celles de Naquet et des
frères Margaeritte. Qu'il se rassure ! Ses persv^nages ne sont pas assez
amusants pour être dangereux.
12. — La Voie du mal est une forte étude des conséquences logiques
d'une première faute ou d'une première faiblesse. Cette voie du mal ne
semble pas d'abord s'écarter beaucoup de la voie du bien; c'est à peine
si l'épaisseur d'une aiguille les sépare; mais au bout de quelques mètres,
nn en est déjà loin. C'est ce qu'apprirent à leurs dépens Pietro et Maria,
lui le domestique, elle la fille d'un cultivateur aisé de Sardaigne. Il osa
aimer et le dire ; elle consentit à entendre et même à écouter, ce qui ne
l'empêcha pas de se marier avec un riche propriétaire. Mais si elle ou-
— 294 —
bliait, lui se souvenait, et, dans son âme de primitif, robuste et violent
les regrets se tournèrent vite en colère et en projets sinistres. Les
mauvais conseils et les mauvais exemples aidant, il devint progressi-
vement un contrebandier, un voleur, un assassin ; il tua l'homme à qui
Marial'avait sacrifié, et il réussit à lui succéder; .Maria devint sa femiiie,
tout en soupçonnant le crime dont il était coupable; un jour même
elle en eut la preuve, et alors commença pour elle et pour lui l'expia-
tion; « pareils aux condamnés, marchant deux par deux, enchaînés l'un
à l'autre, ils étaient rivés à la même chaîne, en route pour la mort... »
Ce drame est situé dans le même « miheu sarde » dont M^^e Grazia
Deledda ne croit pas pouvoir épuiser la valeur esthétique et docu-
mentaire, et il est écrit avec ce souci du détail réaliste et avec cette
puissance d'évocation qui ont fait le succès de la romancière italienne.
13. — La beauté de la femme est le Miroir aux alouettes auquel se
laissent prendre les hommes, y compris ceux qui n'ont pas une cervelle
d'oiseau. C'est ce qui explique que Berthe fût devenue la femme de
Daniel; elle était belle, il fut bête, quoiqu'il fût un intellectuel et un
penseur. Elle le rendit très malheureux. Elle ne concevait pas de bon-
heur plus grand que d'aller passer de longues heures au Louvre ou au
Bon Marché, de ranger ses armoires, de compter son linge, et de se
porter bien. Quant aux travaux de son mari, quant à ses ambitions
d'écrivain et de philosophe, elle ne s'y intéressait pas — elle ne com-
prenait pas. — Or, il se rencontra une autre femme, jeune comme jlle
et aussi jolie, qui consola l'homme incompris, « qui le comprit et qui
le prit ». Elle était même sur le point de prendre la place de Berthe,
lorsqu'elle comprit subsidiairement qu'elle allait commettre une vilenie ;
et comme elle était aussi courageuse qu'intelhgente, elle s'échappa très
loin, jusqu'en Amérique, laissant son grand homme seul, avec ses
devoirs de mari et de père. Ces devoirs, finira-t-il par les comprendre,
lui? Ce n'est pas sûr, les hommes incompris — comme les femmes in-
comprises d'ailleurs, — ayant souvent de la peine à comprendre. —
Sous un titre pessimiste et schopenhauerien, ce roman n'est qu'une
anecdote, longuement mais gentiment développée. Si elle ne prouve
pas que la « femme est un piège » et l'homme une linotte, elle prouve
que l'auteur est un agréable conteur.
14. — Si je n'ai pas catalogué la Voix de l'oiseau sous la rubrique
no II, c'est par respect et par sympathie pour le talent de l'auteur, et
par respect pour quelques-unes des théories qu'il a mêlées à son
conte. Elles sont très nobles, sinon très persuasives : je les respecte,
sans oser les adopter. Elles sont relatives à la valeur éducatrice et
civilisatrice de la musique. Sihestres homines docuit Orpheus; c'est
Orphée qui a été le premier maître de l'homme des bois; c'est Orphée,
aidé par quelques ténors et quelques soprani, qui sera le dernier maître
— 295 —
de l'homme d'Amérique, celui qui achèvera son éducation et lui donne-
ra ce qu'il n'a pas encore et ce qui lui manque, malgré ses dollars, ses
biceps et sa volonté, à savoir... à savoir quoi? Les Européens qui re-
prochent aux Américains de n'être pas des Latins, et les Américains
qui avouent, avec une humilité touchante, qu'il ne sont pas dès Eu-
ropéens, le savent sans doute. Et moi aussi : les Européens sont vieux
et les Américains sont jeunes ! C'est à cela, «sauf erreur ou omission»,
que se réduit la différence des uns aux autres, et il n'y a peut-être pas
là de quoi justifier les reproches des uns, ni l'humilité des autres.
Mais, dans tous les cas, la musique serait-elle capable de faire dispa-
raître cette différence? Pourrait-elle avancer d'un jour le «vieillisse-
ment » des verdeurs américaines ? — De plusieurs années et même de
plusieurs siècles, répondent les personnages de la Voix de l'oiseau, et
notamment un brasseur d'affaires, qui est le plus grand bluffeur du
pays du bluff, et un milliardaire, qui est un primaire et un gogo. Et
je me permets de croire qu'ils ne sont pas les truchements fidèles de
l'auteur et que, çà et là, ils dépassent sa pensée. Mais si leurs théories
sociales et musicopédagogiques sont contestables, « l'histoire » où ils
figurent est des plus amusantes, malgré (je me hâte d'indiquer toutes
mes réserves) quelques longueurs dans le développement de l'action et
quelques « trous» dans la trame du récit. Et cette histoire est celle des
amours d'une cantatrice américaine, « une étoile» de l'Opéra de Paris,
qui est une honnête femme, avec un jeune Français, qui est un homme
de bonne volonté. Pour rester une honnête femme, la cantatrice l'ésilie
son engagement et revient en Amérique, résolue d'y braver la pauvreté
et d'y gagner sa vie en donnant des leçons de chant. Pour prouver sa
bonne volonté, le bon jeune homme relève de ses ruines l'usine pa-
ternelle et s'occupe d'améhorer le sort et l'âme de ses ouvriers; il
espère mériter ainsi d'être rappelé près de la fugitive. 11 l'est en effet,
et la trouve plus fêtée, plus applaudie, plus triomphante qu'à Paris,
et plus aimante. Dès son arrivée, son premier concert lui a été payé
vingt mille dollars par un roi de l'Acier ou du Porc, qui veut travail-
ler à « l'épanouissement de l'Ame américaine nai* la Musique », et qui,
en attendant, assure le maiiage des deux « amants vertueux », comme
oa disait du temps de Richardson. Le cinquième acte de cette féerie
se termine par une catastrophe : le tremblement de terre de San Fran-
cisco ! L'amant arrache l'amante à la mort, mais il succombe lui-
même. En vain elle le cherche à travers la ville ensevelie; en vain sa
voix magique fait ejitendre le Chant de l'oiseau, qui avait été associé
à tous les événements importants de leur intimité; rien ne lui répond,
que le crépitement de l'incendie, l'écroulement des murailles, le gronde-
ment des flots en courroux. Ce dernier tableau ferait très bien à l'Opé-
ra-Comique. — Je crois avoir déjà dit, et je suis heureux de répéter que
— 296 —
cette œuvre intéressante est cependant inférieure au talent qu'elle
révèle, et qu'elle permet d'en espérer d'autres qui nous donneront le
plaisir, trop rare, d'admirer sans réserve.
15. — Les Anxiétés de Thérèse Lesieure ont été beaucoup louées par
un do nos confrères, qui y a trouvé toute sorte de « mérites » et d'« at-
traits », et spécialement le mérite d'une psychologie exacte et fine à la
fois, et l'attrait d'un esprit «naturel, spontané, jamais cherché, jailli de
source ». Ce confrère, qui est chargé dans un journal grave de l'emploi
d'homme aimable et souriant, et qui écrit des phrases doucereuses et
même sucrées (dont il a l'air de savourer lui-même chaque mot,
comme on suce un sucre d'orge), recomman.de à notre admiration
la page 266 où est exposée une théorie sur « les quatre manières de
prendre l'heure qui vient », lesquelles quatre manières sont : 1° d'en
sf)ufTrir, parce qu'elle est douloureuse; 2° de n'en jouir pas, dans l'at-
tente de la suivante; 3° de n'en jouir pas, dans la crainte delà voir finir;
40 d'en jouir, sans penser à rien, — et sans couper lescheveux en quatre !
Je me permets de recommander, à mon tour, à ce confiseur de lettres
la phrase suivante, qui se trouve page 291, sur Beethoven : « Vous
êtes-vous attardé quelquefois à regarder vi\Te cet homme prodigieux
de qui le nom solennel, aux neuf lettres prédestinées^ semble une auréole
faite du rayonnement de ses neuf symphonies? » Je connais un autre
confrère (mon plus proche ami, sinon le rceilleur), à qui ce genre d'es-
prit si « naturel » et ce style « jailli de source » donnent des accès de
rage ! Il y a des esprits mal faits ! Il n'a pas compati, inutile de vous
le dire, aux anxiétés de la dame qui a trouvé un tel historiographe. Cette
dame s'ennuyait; elle avait un amant, qui ne l'amusait pas plus que
son mari. Elle résolut de se confesser, non parce qu'elle avait la contri-
tion de ses fautes, mais pour en avoir un peu de joie. Raconter ses fautes
c'est en effet en mieux jouir, quelquefois : cela dépend du confesseur.
Celui que choisit Thérèse n'était pas un curé, c'était un romancier,
un psychologue patenté, nommé Jean Dalbret, lequel, précisément,
souïïre des mêmes misères que sa pénitente et lui semble tout
désigné pour y compatir et y remédier, car, si elle a un amant, qui
la fait bailler, lui il a une maîtresse qui lui fait horreur. Il répond donc
à la confession de Thérèse par sa propre confession; elle répond
à ses bons conseils par des conceils excellents, si bons, si excellents,
qu'il en résulte d'abord un rendez-vous. Et il en résulte, en outre,
que, dans ce rendez-vous, les deux conseilleurs, contrairement à leurs
espérances peut-être ou à leurs craintes, continuent à se donner
des conseils excellents et bons ! Ils s'en remercient à la hâte et se sé-
parent satisfaits, du moms en apparence. Et c'est ainsi que les an-
xiétés de Thérèse Lesieure prirent fin ! — L'auteur voudra bien me
permettre de juger ce marivaudage suspect avec moins d'indulgence
— 297 —
que le critique sirupeux, cité tout à l'iieure. Non pas qu'il n'y fasse
pas preuve de talent (iZ, c'est l'auteur, pas le critique); mais c'est
précisément parce qu'il a du talent qu'il mérite qu'on lui dise et, au
besoin, qu'on lui répète la vérité; il est capable d'en profiter. Il a
trop lu et trop admiré les Lettres à Françoise; il a exagéré les défauts
de son modela {la préciosité dans le style, et les sous-entendus libertins
dans la prédication morale ), sans en « attraper les grâces »; les pudi-
bonderies polissonnes de ses homélies prennent ici quelque chose de
particulièrement désobligeant, et telle de ses phrases qu'il croit être
du Marcel Prévost de bonne marque, est du pur Mascarille. — Et
quant à sa psychologie, dont je le soupçonne d'être particulièrement
fier, elle est aussi peu naturelle que son style. Deux pécheurs endurcis,
comme Thérèse et Jean, n'arrivent pas à la conversion par la voie
qu'il leur a fait prendre. Thérèse, qui raisonne beaucoup sur son cas,
attribue sa rentrée dans le devoir à « la discipline de Tesprit » et aux
« idées coordonnées » que lui a rendues Jean (p. 2S3). C'est de la
psychologie à la Philaminte. Des idées coordonnées peuvent parfaite-
ment coexister avec des actes désordonnés, et la discipline de l'ecprit
n'est pas nécessairement celle de la volonté, l'homme n'étant pas une
mécanique logique, à ce qu'aflîrment du moins les vrais psychologues.
« Je fais le mal que je hais et je fuis le bien que j'aime. » C'est un psy-
chologue, et un vrai, qui a dit cela, voici longtemps. Thérèse et Jean
auraient pu le répéter, si l'auteur n'avait pas été aussi préoccupé de
leur faire dire des choses plus nouvelles et moins connues. Ils savaient
parfaitement, avant de l'avoir appris l'un de l'autre, que leur « péché «
était contraire à l'ordre logique; s'ils y renoncent, c'est, on le voit trop,
parce qu'il a cessé de leur plaire. Je les attends à la première 'c bonne
occasion » qui se présentera. A moins que, d'ici là, ils n'aient appris
l'un et l'autre quelle est la véritable règle des mœurs, et surtout
qu'ils n'aient essayé de la mettre en pratique, sérieusement, sévère-
ment et sans toutes ces batifoleries et folâtreries complaisantes avec
le vice. Et j'attends aussi M. E. Bricon à son prochain roman, qui
sera meilleur que celui-ci.
Romans historiques. — 16. — Ames juives est un roman évangéli-
que en quatre-vingt-quatre chapitres; il est précédé d'une Préface,
de quarante-sept pages. L'auteur y explique son dessein, ses idées sur
les romans « christologiques « et proteste de la droiture de ses inten-
tions, qui sont, paraît -il, sans perfidie (?). Mais cette petite esthétique
et cette petite apologie ne tiennent que trois pages dans cette Intro-
duction; les quarante-cinq autres sont occupées par un résumé de l'his-
toire du peuple juif, une série de vues, — de «regards», dirait M. de
Vogiié, — sur son rôle dans le monde, ancien et moderne, l'étendue et
les limites de son génie, les services qu'il a rendus à l'humanité, et
— 298 -
les crimes qu'il a commis contre elle, ces derniers étant du reste la
conséquence de son crime contre la divinité,... etc., etc., etc. — Cette
pièce d'éloquence, très soignée, sous ses allures familières et négligées,
aura beaucoup de succès dans on devine quels milieux littéraires et
autres. Si quelques phrases étranges — (une, entre autres, sur le crachat
que les Juifs ne cessent pas, depuis la scène du prétoire, de jeter à la
face du Christ, et sur les éléments qu'une analyse consciencieuse peut
découvrir dans ledit crachat); — si d'autres phrases, sans épithète,
étonnent quelques lecteurs, c'est qu'ils oublieront quels privilèges
et quelles habitudes comporte une certaine rhétorique. Quant au
roman, divisé en petits chapitres (à l'imitation de ceux de l'Evangile),
il est à la fois un résumé, une paraphrase et im appendice de la vie
publique de Notre-Seigneur. Si quelques épisodes en sont supprimés,
d'autres, en revanche, y sont comme redoublés. C'est ainsi que « la
Multiplication des pains », est précédée de la Multiplication des pièces
de monnaie ! Pour inspirer l'amour de la pauvreté et ajouter l'exemple
à ses paroles, Jésus ordonne à Judas, qui tient l'emploi d'éco
nome, de lui apporter la bourse commune « et le Rabbi prend la
bourse, et y puise à pleines mains », et il en jette le contenu à la
foule, et la bourse se remplit à mesure qu'il la vide, et la foule
ramasse cette manne inattendue, ... et peut-être laisse-t-elle perdre
la leçon qu'a voulu donner le Maître ! — Ah ! qu'il est périlleux d'es-
sayer d'ajouter à l'Evangile ! — D'autres additions sembleront peut-
être plus heureuses: l'amour de Johanna et de son fiancé, Jean, le
futur évangéliste, amour virginal, si l'on peut dire, précédant et
préparant l'amour divin, qui va envahir et remplir les deux âmes;
- — les machinations d'un banquier juif, grand brasseur d'affaires, qui
a rêvé d'augmenter sa fortune en s'associant avec Jésus et en lui fai-
sant épouser sa pupille, et qui emploie à ses plus basses besognes son
commis, l'Iscariote; — les consultations diaboliques données par une
pythonisse, avec les invocations à Belzébuth; — les monologues et
dialogues d'Anne et de Caïphe, destinés à nous montrer les dessous
de l'âme juive, etc., etc., etc., tout cela, psychologie, histoire, géogra-
phie, archéologie, théologie et prédication, amalgamées à des doses
diverses et non sans quelque habileté parfois, intéressera et édifiera
peut-être. Si je n'en réponds pas absolument, c'est sans doute que je
n'en suis pas sûr, mais c'est aussi parce que je n'ai pas qualité pour
répondre de quoi que ce soit, en pareille matière. J'ai déjà eu l'occasion
de le dire, et tous les efforts que je viens de faire n'ont probablement
pas réussi à vous le cacher : le roman évangéhque, en général, m'ins-
pire de la défiance! Pour quels motifs? Peut-être tout simplement
parce que j'ai l'esprit mal fait ou « des yeux mal conformés », comme
dit M. l'abbé Coubé dans sa Préface^ en parlant de ceux qui ne parta-
-^-J
— 299 —
gent pas sa confiance. Quoi qu'il en soit, je sais et je confesse que j'ap-
porte dans l'examen dd « cette espèce » de romans des préjugés défa-
vorables, qui doivent gêner la liberté de mon jugement et diminuer
mon admiration. — Et si j'accumule les />, les moi lorsqu'il y a lieu,
ce n'est pas, vous le voyez, par outrecuidance; c'est au contraire
par modestie, par confusion, presque par contrition. Je n'admire pas
les Ames juives? C'est ma faute! c'est ma faute! c'est ma très
grande faute ! Et le Père, qui voit bien que je confes.S8 cette
faute et que je ne m'en vante pas, ne me refusera sans doute pas
l'absolution. Et il me permettra d'ajouter que si j'ai méconnu son
œuvre, je rends à ses « intentions » (voir Préface) le plus profond et le
plus respectueux hommage !
17. — La Course à l'abîme est un des nombreux épisodes de l'his-
toire de la Terreur; les héros, Robert de Dalassène et Lucie, comtesse
d'Entremont, furent les victimes, lui, des c idées nouvelles », elle, de
l'amour. Robert, séduit par les doctrines libérales, fut entraîné, moitié
par conviction, moitié par rancune, contre ses anciens amis, jusqu'à
partager les pires erreurs révolutionnaires et jusqu'à se faire l'instru-
ment des terroristes, à qui d'ailleurs il devint vite suspect. Lucie,
mariée malgré elle à un vieux mari, avait i^ejoint Robert, son pi'emier
fiancé, et attendait pour l'épouser que son divorce fût prononcé. Et
c'est ainsi que de défaillance en défaillance, cet ancien aristocrate
était devenu un conventionnel féroce, et cette chrétienne une « concu-
binaire ». La guillotine sépara les deux amants, non sans avoir laissé
à Robert le temps de se repentir et de se réconcilier avec sa famille.
Quant à Lucie, veuve de Robert, en attendant de l'être de son mari,
elle traîna une existence de remords et de larmes. Et toute cette aven-
ture est racontée par M.E.Daudet avec l'érudition abondante et sûre
que vous lui connaissez, et dans ce style improvisé, sans couleur et
sans saveur que l'on regrette de trouver dans quelques-uns de ses tra-
vaux; pourquoi ce désintéressement artistique tle la part d'un écrivain
de cette valeur?
18. — Les Aventures du cardinal de Richelieu et de la duchesse d'El-
beuf^ restées jusqu'ici inédites, et dont un manuscrit était déjà catalo-
gué à la Bibliothèque nationale, a\ant la récente découverte d'un au-
tre manuscrit dans les archives du château d'Acy, appartiennent à la
littérature pamphlétaire du xvii^'siècle. Quelques détails de la rédaction,
et même le caractère général du style, visiblement imité de la Princesse
de Clèves, autorisent l'éditeur, M. de Maricourt, à en placer la com-
position vers l'an 1680; mais les sentiments et les passions qui l'ani-
ment, ou plutôt — car l'animation lui manque — qui l'inspirent,
appartiennent à une époque antérieure. On y retrouvera toutes les
calomnies, tous les commérages que les ennemis du cardinal colpor-
- 300 —
taient alors dans les milieux hostiles à sa politique (jusque dans la
« chambre bleue d'Arthemice »), et qui remplissent tant de Mémoires,
notamment les Historiettes de Tallemant des Réaux; la révolte des
princes y est attribuée à une rivalité amoureuse du cardinal et du
comte de Soissons. — Ce roman, qui ne se cache pas d'être une fiction,
pour le cadre et la suite des faits, n'en vise pas moins à se donner
comme un écho, de l'histoire; et peut-être qu'en cherchant bien, on
pourrait en extraire quelques parcelles de vérité; mais les résultats
ne vaudraient pas ce qu'il» coûteraient. En réalité, la valeur docu-
mentaire en est faible; il nous apprend que Riclrelieu avait encore t'e;
ennemis à la fin du xvii^ siècle, et il nous apprend encore que M™^ de
la Fayette^ eut vite des imitateurs; il est un témoin des haines poli-
tiques et des modes littéraires du temps; or, de ces témoins-là, nous
en avons plus que nous n'en voudrions. Quant à la valeur dramatique
et littéraire de Cette composition, elle est tout à fait négligeable. C'est
une curiosité, qui pourra intéresser les érudits; les autres trouveront
qu'il est difficile de pousser plus loin l'art d'être ennuyeux. M. de Ma-
ricourt n'en mérite pas moins nos remerciements .pour la peine qu'il
a prise de l'éditer, et de nous la présenter dans une Introduction sobre
et fine.
RoMAXS DE MŒURS. — 19. — Acquittons d'abord une vieille dette
et réparons un oubh, déjà ancien, en accordant au recueil de nouvelles
algériennes, intitulé : Chez les Moumenin, la mention qui lui est due.
Disons d'abord avec l'auteur, que « Moumenin (prononcez Moii-
meiiine) ou vrais croyants -r- est le qualificatif dont les Arabes,
qui se croient le peuple élu, usent couramment pour se différencier
do ceux qui reçurent les Écritures avant eux, 'c'est-à-dire les Juifs
et les chrétiens ». Et l'on peut juger, par cette seule ci*,ation,
Âe la conscience avec laquelle ont été faites, ou du moins rédigées
les sept études qui composent ce volume. L'écrivain n'a pas la
plume légère, mais il a l'esprit sérieux, et si ses écrits manquent
d'agrément, ils ont sans doute une valeur documentaire, qu'appré-
cieront les compétents. J'ai rema^'qué, comme plus particulièrement
dramatique, îe second récit : Khrili, le gardien des vignes.
20. — M°i6 Wharton ne se borne pas à peindre les mœurs de ses
compatriotes. Le héros des Metteurs en scène est un Français, et même
un Parisien. Il est vrai qu'il est le compère d'une Américaine avec
laquelle il exploite une sorte d'agence matrimoniale pour les aristo-
crates pauvres de ce côté-ci de l'Atlantique et les héritières de l'autre
côté. Il inspire un violent amour à une de ces héritières qu'il avait
fiancée à un prince, devient son fiancé, la voit mourir, la veille du
mai'iage, et se décide à épouser la mère ! — Le volume contient sept
autres nouvelles, plus américaines pour "les personnages, mais d'un
— 301 —
réalisme aussi amer. La seconde et la troisième sont un réquisitoire
contre le divorce, où l'on retrouve la force dramatique et la finesse
psychologique qui ont placé si haut, dans l'estime des lettrés des
deux continents, l'auteur de Chez les heureux du monde.
21. — Et, à propos de divorce, n'oubhons pas de mentionner cet
Élrange Divorce, qui a cela d'étrange de n'être pas un divorce, attendu
que si Robert quitte Denise, il ne demande pas et ne demandera ja-
mais (il est chrétien !) la rupture du lien conjugal. Et pourquoi Robert
a-t-il quitté Denise? Parce qu'il ne pouvait « aimer d'affection (1),
d'attachement (2), de tendresse (3), de dévouement (4), d'amour com-
plet (5) » une femme qui lui ressemblait si peu i 11 était clirétien, mais
peut-être n'était-il pas assez viril. Dans tous les cas, ils formaient un
ménage mal assorti. Ils s'en aperçurent vite dés leur voyage de noces
en Espagne, — lequel voyage occupe plus de la moitié du volume.
Les jeunes filles qui Uront ce roman (je le leur permets) y repasseront
utilement leur géographie ; ni Foncin, ni Fœ leker ne sont des guides
plus complets que M. de Saint-Aulaire, plus abondants en renseigne-
ments sur la population, l'industrie, le climat, les palais, etc., des prin-
cipales villes de la péninsule, et j'affirme qu'ils sont moins aimables.
Ah ! le charmant compagnon de route ! Un peu verbeux, par exemple !
et employant volontiers cinq mots là où un seul pourrait suffire I « Il
n'y aura jamais de contact (1), de sympathie (2), d'entente (3), d'u-
nion possible (4) entre ces deux âmes... Quelle sympathie (1), quelle
harmonie parfaite (2), quelle entente (3), quelle étroite union (4) de
pensées (1), de goûts (2), d'aspirations (3),... etc. » Mais, en voyage,
j'aime assez les compagnons verbeux : ils dispensent de parler et même
d'écouter ! Toutefois, je puis assurer M. de Saint-Aulaire que si jamais
je le rencontre en wagon, je J'écouterai de toutes mes oreilles et do
tout mon cœur. « C'est un si brave homme ! »
22. — Autre roman géographique. Sur les deux rives, le^quel'cs ne
■sont autres que la rive droite et la rive gauche de ... l'Atlantique.
L'action s'y passe en France d'abord, où nous assistons à la « liquida-
tion » volontaire d'une famille pauvre, m^ais honnête; au Canada
ensuite, où nous voyons ladite famille lutter contre l'adversité; en
France de nouveau, où nous applaudissons au chauvinisme du fils
aine, qui est rentré dans son pays pour y faire son service militaire;
au Canada derechef,où ledit jeune homme est récompensé de toutes ses
vertus par son mariage avec une belle et riche Canadienne. Mais cette
« action », qui aurait pu être fort intéressante, avec ces éléments partie
réalistes, partie romanesques, est un peu flottante et vague au milieu des
descriptions (quelques-unes, comme celle du Saint-Laurent, très belles),
des renseignements géographiques, industriels, politiques, commerciaux
qui remplissent le volume. Le cadre, mal attaché au tableau, tient trop
— 302 —
de place, et semble avoir occupe le principal du travail et de l'attention
de Taitiste. 11 est à craindre que l'attention du lecteur ne s'en dé-
tache au contraire ou du moins ne reste un peu distraite. Et ce serait
infiniment regrettable, car l'artiste qu'est M. de I inseau, même quand il
lait de la géographie, est toujours «spirituel, aimable, délicieux, etc., »
comme je l'ai déjà dit dans plus de vingt articles. Il n'y a pas, à
cette heure, un seul romancier, je dis pas un, qui avec si pou d'efforts,
avec des contes si visiblement improvisés et si peu de prétention au
grand art, soit d'aussi bonne et d'aussi agréable compagnie.
23. — Quant aux Caquets du docteur, ih ont précisément pour carac-
tère principal de n'être pas de bonne compagnie. Sans doute ils visent
plus à faire rire qu'à intéresser, et la fantaisie y a plus de place que
l'observation, une fantaisie de carabin, qui rappelle les « histoires » de
la salle de garde; de là le ton, un peu débraillé, de ce docteur. Tout de
même on peut l'écouter avec profit, souvent avec plaisir. Il nous ren-
seigne sur les mœurs de la profession, une des plus redoutables qui
existent... pour ceux qui ne l'exercent pas, vous entendez bien? Ah !
lesméfaits de ces anciens buveurs de bocks, joueurs de manille et piliers
de café, qui s'abattent sur les petites villes pour y vivre de nos misères
et de nos douleurs, y deviennent pédants, tranchants, susceptibles,
et y diffament leurs clients, quand ils ne sont pas arrivés à les guérir
ou à les tuer ! Et comme il faut être reconnaissant à ces « docteurs »
de village, qui n'ayant pas les moyens de devenir des savants et des
maîtres, se défient d'eux-mêmes, n'abusent pas du pouvoir que nous
leur donnons sur nous, n'attentent pas plus à la bourse qu'à la vie
de leurs clients, et se contentent d'être de «braves gens » ! Le docteur
de ces Caquets est-il un brave homme? Il est bavard, il est indiscret,
il n'a pas de tenue, il doit être un peu ivrogne... « au demeurant le
meilleur fils du monde », ou du moins pas des pires !
24. — L'automobiliste de Mes Pannes est un automobihste pas-
sionné, un automobiliste intrépide, un automobiliste admirable, com-
plet, parfait; mais il n'est qu'automobiliste et ne veut être qu'auto-
mobiliste. Les ressorts de sa machine, les secrets de ses bougies, de
ses cylindres, de son moteur, de son essence, de l'allumage, des caout-
choucs, il les conncît et à fond; le reste, le cœur humain, par exemple,
ou les secrets du style, il « s'en bat encore l'œil ! comme il dit lui-
même. » Et il a raison ! Savoir tenir la plume ne sert à rien quand il
s'agit de faire du 60 à l'heure ! Il vaut mieux savoir tenir son volant,
et il a l'air de le savoir à merveille. Si, un jour, il m'invite à me « con-
voyer » dans son auto, j'accepterai sans crainte, et même avec
plaisir. Car je dois ajouter que cet excellent chauffeur doit être
un excellent compagnon, d'humeu.' très gaie et d'une gaieté commu-
nicative.
Éi
— 303 —
25. — Le recueil, traduit de l'italien, intitulé : Pereat Rochas contient
neuf morceaux, de différente valeur, ou du moins d'une valeur qui ne
sera pas également appréciée de ce côté-ci des monts. Je signale ceux
qui me paraissent, plus que les autres, accessibles au goût français: le
premier d'abord (qui donne son titre au volume), et qui est l'histoire
d'un pauvre curé qui se laisse voler et dépouiller de tout, y compris
sa soutane, et ne dénonce pas le voleur, lequel était venu d'avance se
confesser à lui de son exploit; Pereat miindus et pereat Rochas (il
s'appelle Don Rocco) plutôt que de trahir le secret de la confession I
Ce Rocco-là est sans doute un saint, mais il est aussi un benêt, et son
historien ne dit d'ailleurs pas le contraire; il parle de son héros avec
une admiration ironique, si je puis dire. — Le ton de la seconde nouvelle,
Fidèle^ est tout différent, bien que le sujet, ici encore, prête à l'iro-
nie : on y voit un père, compositeur médiocre, mais professeur admi-
rable et passionné, maudire sa fille, son élève, dont il avait fait une
artiste merveilleuse, parce que, au lieu de la vocation du théâtre, elle
a eu celle du mariage et de la vie bourgeoise. — Ede/iAnto nous offre
encore le spectacle d'un maniaque ou du moins d'un anormal. C'est un
vieil érudit, possesseur d'un livre rarissime, et qui préfère le détruire
et se suicider plutôt que de le laisser tomber entre les mains crochues
d'un juif, dont il est d'ailleurs le débiteur ! — Quant au poème de
Miranda qui termine le volume, il est possible que la mélancolique
« idylle qu'il l'aconte puisse plaire toujours », comme disent les traduc-
teurs, malgré leur impuissance, qu'ils avouent, à repi"oduii*e dans leur
prose — d'ailleurs très limpide — « le charme et le rythme des vers ».
26. — Nous venons tard pour parler du Mariage de Mademoiselle
Gimel, dactylographe, qui est depuis plus de trois mois entre toutes les
mains. C'est l'histoire d'une employée de commerce, qu'un lieutenant
rencontre et bientôt va retrouver dans une orémerie, qui raconte hon-
nêtement son aventure à sa mère, et à qui sa mère dit : « Je ne suis pas
ta mère ! Tu es une pupille de l'Assistance, une enfant trouvée. Tu ne
peux pas être la femme d'un officier français. » Et l'ofTicier pense de
môme, et il va trouver son colonel pour lui remettre sa démission. Et
son colonel, qui est un brave homme et un finaud, lui dit : « Mon ami,
retirez ce papier. Je vais tout arranger ! » Et il met ses gants de céré-
monie, et il va annoncer partout le prochain mariage du lieutenant
avec une jeune fille exquise, qu'il connaît bien, qui... que... dont...
dont il fait croire, sans le dire expressément, qu'il est le père ! Et tous
les officiers du régiment, qu'on nous donne comme incapables de bien
accueillir la fille adoptive do braves gens, font fête à la fille naturelle
du colonel ! Bizarre ! — M. Bazin, qui est habitué à recevoir ici les
justes hommages dus à son talent, nous pardonnera de lui dire tout
haut, ce que ses lecteurs, et les plus fidèles, ont dû se dire to';t bas :
— 304 —
« Notre auteur a été souvent mieux inspiré ! » Mais si la « fable » est ici
contestable, la peinture des mœurs ns l'est pas, et l'observateur sa-
gace. le moraliste pénétrant qu'est d'ordinaire M. Bazin se letrouve
dans le portrait de cette ouvrière parisienne, à qui la vie hors du nid
familial, dans les ateliers, dans la rue, au restaurant, enlève toutes
« les saintes ignorances, ». sans rien lui faire perdre de sa vertu,
petite àme vaillante et sereine qui se fortifie et s'afTme dans le
même milieu où tant d'autres se perdent I — La fantaisie du Pelit
Cinq plus franche, moins mêlée de sentimentalité, a paru un peu vive
à quelques critiques timorés, d'esprit délicat d'ailleurs. Évidemment,
te n'est pas du Berquin, mais c'est du Bazin. De pareilles histoires
se content tous les jours, et ijeuvent se conter, parmi les plus honnêtes
gens, y compiis les homiêtes filles, celles, b?en entendu, qui ont cette
honnêteté de ne pas feindre d'ignorer ce qu'elles savent parfaitement
et ont le droit de savoir. On y trouve un type, très amusant et très bien
« attrapé », de vieux beau, gêneur et raseur. — Du Berquin, si vous l'ai-
mez, vous en aurez dans Aux Petites Sœurs, histoire d'une jeune fille
qui trouve, sur le chemin de l'hôpital qu'elle suit chaque jour pour
aller voir ses père et mère, un gentil petit mari. Le récit est longue-
ment développé, avec une apphcation qui n'est pas trop visible, sauf
dans les résultats, lesquels en sont parfois exquis; quelques-uns même
sont de tout premier ordre. Les pages relatives aux rapports des Petites
Sœurs avec leurs « bons petits vieux », ont, avec leur discrétion fine,
et leur humour contenu, une véritable puissance de pathétique. « Vous
voulez dire qu'elles font pleurer? — Oui, Mademoiselle! » — Deux
autres nouvelles, de moindre importance, complètent ce recueil.
27. — U Expiatrice est un roman chrétien, qui ressemble à un pam-
phlet contre le christianisme. L'auteur va protester et déclarer que le
christianisme qu'il attaque n'est pas celui du Christ, que c'est celui
de quelques dévotes imbéciles et de quelques directeurs malins, lequel
ne mérite pas plus de ménagements que celui de Tartufi'e et de M"^^
Pernelle. Et il aurait peut-être raison de protester, si le christianisme
cju'il n'attaque pas, celui qu'il oppose implicitement au christianisme
des malins et des « poires », celui qui se dégage de ses sympathies
comme de ses antipathies, était le christianisme du Christ; j'ai peur
qu'il ne soit simplement celui de M. Ch. Nicoullaud. Ma peur ne
prouve évidemment rien, et je ne la donne pas pour un argument;
peut-être signifie-t-elle seulement qu'en matière de théologie, et de
théologie mystique surtout, les profanes et les incompétents (dont
je suis et M. Ch. Nicoullaud de même) n'ont le choix qu'entre la timi-
dité ou la témérité. Je suis un timide sans doute; mais M. Nicoullaud
ne Test pas; vous allez voir. Le vicomte de la Roche-Creusay est mort
en duel; sa veuve décide de consacrer sa vie au rachat de son âme.
— 305 —
Mais cette âme peut-elle être rachetée? Séparée du corps par un acte
coupable, un péché mortel, n'est-elle pas déjà en enfer, d'où aucune
prière,- aucune expiation ne pourra plus l'arracher? C'est ce que la
vicomtesse Louise de la Roche-Creusay va demander à son directeur,
le Père Dagobert,.un jésuite. Mais quel jésuite! Ignorant, vaniteux,
menteur, gourmand et même un peu voleur ! II n'en est pas moins, il
n'en est que plus recherché par les dévotes du faubourg Saint-Germain :
c'est un « Père à femmes », comme s'exprime élégamment l'auteur.
Il est vrai, s'empresse-t-il d'ajouter, qu'il est une exception dans la
Compagnie, et donc qu'il n'y a pas lieu de se scandaliser. Mais il est vrai
aussi que la Compagnie le tolère et même qu'elle profite de lui, ce qui
ne laisse pas d'être troublant, ou plutôt de le paraître. Car, rassurez-
vous, dit encore M. Nicoullaud : « Ce n'est pas la faute des Révérends Pères
si le malheur des temps les oblige à employer quelquefois des instru-
ments aussi déplorables. Ils en souffrent amèrement ! Le Fiat qu'ils
prononcent à ce sujet est plus pénible que tous les autres, mais aussi
leur vaut-il davantage de la part de celui qui sait faire sortir le bien du
mal» (p. 38). Ce n'est pas Tartuffe qui débite ce joli couplet, les yeux
levés au ciel, un trémolo dans la voix; c'est M. Ch. Nicoullaud lui-
même. Donc ce singulier Père Dagobert, jésuite unique de son espèce,
mais si profitable tout de même à son espèce, est embarrassé 23ar la
question de sa pénitente. II est obligé d'aller consulter une lumière
de son ordre, un de ces savants, simples, modestes qui portent toute
la tradition et toute la littérature tiiéologique dans leur cerveau, et ce
savant, ce sage s'étonne que son confrère ignore le fait suivant, rap-
porté dans tant de livres et de tant d'autorité, et qui ne remonte
qu'au xviiesiècle : l'apparition simultanée à deux religieuses, l'une visi-
tandine, l'autre dominicaine, de l'âme d'un prince, tué en durl, mais
échappé à l'enfer par un acte de contrition de la dernière seconde, et
qui venait demander aux saintes femmes de hâter pai' leurs prières
sa sortie du Purgatoire ! Le savant jésuite prend même la peine d'é-
crire sur ce sujet un petit mémoire qu'il remet à son ignorant confrère,
lequel le recopie de sa main et l'envoie, comme étant de lui, à sa péni-
tente anxieuse. Pleinement rassurée sur l'efTicacité possible de ses
expiations, celle-ci se met donc à expier, de tout son cœur, de toutes
ses forces, de toute sa bourse; elle prie, elle communie, elle fait des re-
traites, elle s'affilie à des œuvres, dont quelques-unes ont pour pre-
mier résultat, sinon de soulager l'âme du défunt, du moins de soulager
le corps du Père Dagobert, et de lui assurer, malgré la persécution et la
dispersion des congrégations, un bon gîte et un bon cuisinier. Elle
prie tant, elle se mortifie tant, elle expie tant, que... l'envie lui vient de
se marier ! Et même avec un homme qui n'est pas noble et qui n'est pas
riche ! Epouvanté à l'idée de ce que ce mariage va lui faire perdre...
Octobre 1909, T. CXVI. 20.
\
— 306 —
ixuir SCS œuvres, le P. Dagobert s'y oppose. Il ordonne de nouvelles
niorbifications et une retraite de trente jours, qui fut très dure, mais
qui opéra. Et qu'est-ce qu'elle opéra? Une vision! L'âme du mari
apparaî': à sa veuve, la suppliant de renoncer à un second mariage si
elle ne veut pas la laisser brûler on Purgatoire jusqu'au Jugement
dernier ! Et pour lui laisser un souvenir et une preuve de sa visite,
l'ombre lui serre le bras et brûle la manche de sa chemise ! Miracle !
s'écrie la veuve. Illusion ! Hystérie ! déclare le P. Dagobert. Sur quoi
la veuve change de confesseur, en trouve un, qui ne met pas en doute
la réalité de sa vision, et la dirige si bien et dans les voies d'une vie
surnaturelle si éminente, qu'elle y mérite un second miracle : Un jour
qu'elle se présentait à la Sainte TalDlé, « le coips sacré de Jésus quitta
les doigts consacrés du prêtre pour traverser l'espace et se poser lui-
même entre les lèvres ouvertes de Louise ». — Encoi'e une fois, il ne
m'appartient pas de décider si les idées de M. Ch. Nicoullaud sur les con-
fesseurs, les communions, les visions, les apparitions, etc., sont ou ne
sont pas orthodoxes; mais j'ai le devoir de lui dire que sa conception
du « roman chrétien » est tout à fait... erronée; je me sers d'un mot
très doux. Quant à son oeuvre, il est difficile de l'apprécier en termes'
aussi aimables. Si je dis qu'elle est encore plus ennuyeuse qu'incon-
grue, qu'elle est écrite en style de sacristain aigri, qui n'aurait pas de
style, qu'elle est remplie de commérages et de potins, comme il en
traîne toujours dans les balayures des églises et des maisons d'œuvre,
je paraîtrai sévère. Et pourtant Dieu seul, qui connaît le fonddescœurs,
sait tout ce qui reste encore dans le mien de bile contre cette « œuvre » !
28. — Allons nous rafraîchir l'âme avec la Mésangere, qui n'est pas
un roman d'ailleurs, mais un livre vécu. On y voit dos chrétiennes
agir, se dévouer, souffrir; mais on n'y entend pas leurs confesaîOns, ni
leurs confesseurs, et on n'y voit pas ce que j'ai si souvent appelé les
pudenda do l'âme. La délicatesse morale semble en être le mérite prin-
cipal et le charme, délicatesse qui se manifeste, çà et là, mais rarement,
par quelque préciosité dans le style. — C'est le journal d'une direc-
trice de garderie enfantine. Elle avait accepté provisoirement ces
fonctions; elle s'y attache peu à peu par le bien qu'elle y fait; elle y est
retenue par les petites mains de ses élèves. Et quelles mains ! Pas
très propres. La première chose qu'elle dcib leur apprendre, c'est de se
laver, de se peigner, de se brosser, et même de s'habiller, car, quoique
coquettes déjà, elles ne savent pas, s'habiller convenablement. Elles ne
savent pas davantage travailler, ni prier; la jeune directrice et son
adjointe, qui n'a pas plus d'âge qu'elle mais qui a autant de vaillance
et de piété, leur enseignent le travail, la prière, la pi'opreté, la pudeur;
elles leur enseignent aussi 1^ respect pour leurs père et mère, si peu res-
pectables qu'ils soient pai'fois. Et, chose merveilleuse, quoique très
— 307 —
logique, quelques-uns de ces parents indignes s'essaiant à mériter le
respect qu'ils reçcivent de leurs enfants. Les vertus qu'on enseigne et
qu'on pratique à la petite école pénètrent dans les familles; la Mésan-
gère dégage autour d'elle une influence purifiante; elle est comme un
radiateur d'hygiène morale et physique. Et c'est toute l'histoire ! Et ce
n'est pas une seule histoire; c'est celle de Claire, de Clairette, de Denise,
de Rose, de Marie, de Berthe, des élèves et des deux maîtresses. Et
toute cette poussière de détails se condense en une « monographie »,
comme on disait jadis, qui a son « unité collective », comme on dit
aujourd'hui. Les faits y ont une précision réaliste; rienn'y est écrit
« de chic »; c'est « de la vie » observée directement et notée simplement,
non sans finesse, mais sans préoccupation de l'effet à produire, pas
môme de l'édification. Et cet effet, à la fois esthétique et moral, n'en
est que plus profond. On se sait bon gré d'avoir lu ce livre et d'en avoir
été ému; il est de ceux qui donnent aux lecteurs l'impression — ou
l'illusion ■ — qu'ils sont devenus meilleurs. Ce' n'est pas l'impression
que donnent ordinairement les livres réalistes; ce n'est pas celle que
lai._-se la Maternelle, de M. Léon Frapié, dont le sujet est pourtant le
même, mais dont l'inspiration est si différente. Comment la première,
toute pénétrée de sympathie, de charité et d'esprit chrétien, peut être
génératrice de dévouement, et comment la seconde est plutôt découra-
geante par l'amertume de son accent et 1' « inconsistance de su doc-
trine », c'est ce que nous dit admirablement M. Etienne Lamy dans
la Préface qu'il a mise en tête de la Mésangère et où l'on retrouve
toute son éloquence, — un \ie\\ tendue et abstraite, — mais si vigou-
reuse.
29. — Ce Vaisseau de plomb est un peu lourd; il risque de.plonger
au sortir du port. C'est que les matières qu'il porte n3 sont pas de celles
dont on charge d'habitude un roman: thèses de philosophie et de théo-
logie, dissertations sur l'objectivité, le subjectivisme, le kantisme,
l'immanence et la transcendance, etc., etc., etc., avec, à l'appui, et
comane supplément de lest, des textes latins et grecs ! En même temps
et à côté, ont été embarquées des théories sur l'avenir de la Belgique,
de l'Éghse belge et même de l'Eglise catholique, sur les œuvres sociales
et religieuses, etc., etc., etc. Quelle cargaison ! Tout le talent de l'au-
teur — talent infiniment estimable) — a été insuffisant à la rendre
transportable. Et cependant l'étude psychologique, à propos et autour
de laquelle ont été accumulés tous ces poids lourds, mériterait de sur-
nager. Elle a pour sujet la double crise subie par un jeune prêtre,
« la crise de la lumière » et « la crise du feu », comme disait le Père
Gratry. A l'occasion de ses succès scolaires, les doctrines modernistes
se sont infîlt7'ées dans son esprit; et, comme conséquence ordinaire
des erreurs de l'esprit, les défaillances du cœur ont suivi. Le mal-
— 308 —
heureux arrive au bord de la chute : il va se révolter contre l'auto-
rité ecclésiastique, il va manquer à ses vœux; un acte de charité, qui
met sa vie en péril, affranchit brusquement son âme et la sauve.
L'puteur conclut : « Aimer, c'est voir «; ce qui peut s'expliquer.
Mais faut -il accepter cette explication : « Aimer, c'est la seule faculté
de connaître avec certitude. » (p. 336)? Il me semble que dans cette
formule l'idée n'est pas plus sûre que la langue; (à mon confrère,
M. Maisonneuve, de nous le dire). — Dans tous les cas, si M. Lechar-
tier a voulu dire que la Charité est la meilleure préparation à la Foi,
en ce sens qu'aimer, c'est mériter de voir, et si cette leçon se dégage
bien nettement de son œuvre, il n'aura pas perdu sa peine, « qu'on
sent qui a été grande », comme am-ait dit Brunetière.
Charles Arnaud.
SCIENCES BIOLOGIQUES
1. Les Indiscrétions de l'histoire, parle D'' Cabanes. 6'' série. Paris, Albin Michel, s. d.,
in-16 carré de xxv-408 p., avec 23 grav. hors texte, 3 fr. 50. — 2. La Rançon du
progrès, pai P. Baudin et le D'' Nass. Paris, Juven, s.d., in-12 de xv-275 p., 3 fr. 50.
— 3. Essai sur la psychologie de la main, par N. Vaschide. Paris, Rivière, 1909,
in-8 de v-o04 p., avec 37 planches, 12 fr. — 4. De V Illusion, son mécanisme psycho-
social, par le prestidigitateur Alber. Paris, 1909, Bloud, 1909, in-16 de iii-119 p.,
1 fr. 50. — 5. Rééducation physique et psychique, par le D"" H. Lavraxd. Paris,
Bloud, 1909, in-16 de iv-122 p., 1 fr. 50. — 6. V Ecolution psychique de l'enfant, par
le D^ H. Bouquet. Paris,'Bloud, 1909, in-16 de iv-101 p., 1 fr. 50.— 7. Travail et
Folie, influences professionnelles sur Vétiologie psychopathique, parles D'^ A. Marie
et R. Martial. Paris, Bloud, 1909, in-12 de xi-110 p., 1 fr. 50.— 8. Le Hach-xh,
essai sur la psychologie des paradis éphémères, par le D"" Raymond Meumer.
3« éd. Paris, Bloud, 1909, in-16 de 219 p., avec 3 pi., 3 fr. — 9. International Cata-
logue of Scientific Litcrature. Sixth annual issue. R. Racteriology. London, Harrisson ;
Paris, Gauthier-Villars, 1909, in-8 de viii-1040 p., 25 fr. 20. — 10. International
Catalogue of Scientific Litcrature. Sixth annual issue. L. General Biology. London,
Harrisson; Paris, Gauthier-Villars, 1909, in-8 de viii-154 p., 12 fr. 60.
1. — Les études médico-historiques entreprises pai le D^ Cabanes
sous le titre : Les Indiscrétions de l'Iiistoire, viennent de s'enrichir
d'une nouvelle série, la sixième. Bien 'les écrivains ont pres.senti tout
le parti que l'histoire peut tirer des connaissances médicales ou de
celles qui ont trait à l'anthropologie et à la biologie. Dès 1824, Augus-
tin Thierry écrivait: «Los nouvelles recherches phy.'^iulogiques, d'accord
avec un examen plus approfondi des grands événements cfui ont
chanté l'état social des diverses nations, prouvent que la con>litutioD
physique et morale des peuples dépend bien plus de leur descendance
et de la race primitive à laquelle ils appartiennent que de l'influencr
du climat sous lequel le hasard les a placés. » Plus tard, Duruy écrivait
au regretté D^ Corlieu : « On nous rendrait service, à nous autres his-
toriens, si l'on soumettait toutes les morts tragiques des personnages
importants à une sérieuse étude médicale. » Et il ajoutait : « La phy-
— 309 —
siologie devient le fond de la médecine, et la pathologie celui d'une
partie de l'histoire. On a fait une part trop large au poison et au mer-
veilleux dans toutes les morts royales ou princières. Il y a une loi de
pathologie générale devant laquelle doivent s'incliner princes ou vi-
lains. Cette loi, c'est l'hérédité morbide, plus sûre dans les coups qu'elle
porte que l'hérédité dynastique dans les couronnes qu'elle décerne... »
Sans contester d'une manière générale ces assertions, le D^" Cabanes
reconnaît pourtant que le problème de l'hérédité n'est pas cnmplèce-
ment résolu et qu'il s'en faut que son rô^e dans l'histoire, en tant que
loi pliysiologique et pathologique, soit nettement déterminé. Mais,
comme l'on convient que les recherches historiques poursuivies à l'aide
dos connaissances médicales ne peuvent que contribuer à résoudre le
problème de l'hérédité, le D^ Cabanes se flatte qu'il n'aura pas fait une
o?uvre vaine s'il peut, par ses études nouvelles, en hâter la solution.
C'est dans cet esprit qu'il montre comment Louis XI, jugé par l'his-
toire, peut être — expliqué — par la médecine. Peut-être pourrait-
on lui reprocher, à ce sujet, de n'avoir pas suffisamment cherché à
définir en quoi consistait la lèpre, dont un chroniqueur a prétendu que
ce roi était atteint. Puis il aborde le problème de la mort de Luther :
chapitie très documenté également. Mais il a certainement tort, dans
une note, d'attribuer au chef du protestantisme une constitution
débile. S'il faut en croix e les innombrables portraits qu'a laissés de lui
Lucas Cranach, et dont on trouve des exemplaires dans presque tous
les musées d'Allemagne, le célèbre hérésiarque était grand et fort et
paraissait jouir d'une santé plantureuse. Il est regrettable que le
D'" Cabanes n'ait pas produit cette peinture qui est d'ailleurs d'un art
parfait. Le chapitre consacré aux sources médicales d'inspiration de
Molière est des plus instructifs et il intéressera autant le public lettré
que les médecins eux-mêmes. Dans le suivant : une consultation de
S. Simon, on voit se dérouler les turpitudes, pourrait-on dire, d'une
des cours les plus fameuses de l'Europe du dix-septième siècle. Le
reste de l'ouvrage concerne des personnages illustres des xviii^ et
xix^ siècles : Voltaire et la façon dont il se soignait; J.-J. Rousseau,
sa mort nat,urelle et point volontaire ; Napoléon et Pichegru; Napoléon
et son état de santé à Waterloo; Louis XVlII et sa conduite à l'égard
du beau sexe; INPi^ Savalette de Lange. On pourrait çà et là contester
telle assertion de l'auteur, et lui reprocher de ne pas pousser ses in-
vestigations plus à fond, notamment en ce qui concerne la relation de
l'autopsie de Louis XVIII ; mais cette nouvelle série n'en sera pas moins
bien accueillie, malgré ces quelques très légers défauts, par le public
lettré et curieux des choses de l'histoire et de la médecine.
2. — On convient de dire que notre époque est par excellence celle
du progrès, qu'il s'agisse de politique ou de science. Mais, au fond,
— 310 —
tout n'est-il que gain dans ses victoires plus ou moins retentissantes?
Il suffit pourtant de regarder les choses avec un tant soit peu d'atten-
tion pour se convaincre que la médaille a bien aussi son revers, et que
le progrès ne se fait qu'au prix d'une rançon le plus souvent trcs lourde.
C'est la thèse que le D^ Nass, et M. Pierre Baudin, ancien ministre,
ont entrepris de développer dans leur très intéressant travail : La
Rançon du progrès. En ce qui concerne la politique, on sait t-nit le
développement acquis au point de vue de la liberté individuelle :
« Mais déjà, disent les auteurs, on aperçoit la rançon dont ce progrès
politique se paye. Elle est dans la logomachie facile, dans ces formules
purement conventionnelles qui dominent une époque, et dont la li-
berté ni l'insti action n'arrivent à triompher. « Les conquêtes du droit
d'-association. du droit syndical sont chèrement payées par les abus
mêmes du syndicahsme; le machinisme asservit la main d'œuvre,
dépeuple les campagnes, tandis que, d'autre part, l'anarchie et l'auti-
patriotisme puisent leur source dans une conception absurde de l'idée
de hberté. Le progrès scientifique procure à l'humanité des conquêtes
plus stables et plus franches que le progrès pohtique. Toutefois ces
conquêtes ne se font pas sans entraîner des dommages parfois considé-
rables et même, à certains égards, de véritables désastres et la déca-
dence sociale. Car, il faut le dire, les maladies, l'alcoolisme, la tuber-
culose, la prostitution, ie paupérisme et la criminalité suivent une
marche parallèle à celle du progrès, et toujours croissante. Les auteurs
pourtant se refusent à déclarer que le progrès soit un vilain mot : et.
tout en ayant foi dans l'avenir, ils tiennent à mettre leurs concitoyens
en garde contre un optimisme qui conduirait aux pires désillusions.
Pourtant l'impression qui se dégage de la lecture de l'ouvrage est
plutôt une impression de tristesse, et l'on ne peut qu'y regretter
l'absence de tout idéal supérieur, sinon religieux.
3. — h' Essai sur la psychologie de la main, de M. \ àschide, form»^ le
sixième volume de la « Bibliothèque de philosophie expérimentale »,
fondée par le professeur Peillaube. C'est une véritable monographie de
l'organe de la préhension et du toucher, monographie où l'on trouve
ur. peu de tout : science, psychologie, métapsychique, esthétique,
phj^siologie et médecine. L'auteur, frappé naguère par une mort préma-
turée, avait laissé son travail inachevé; mais tous les documents en
ont été recueillis et coordonnés. Chacun des divers chapitres forme
un tout complet. Les premiers sont consacrés à l'étude de la chiro-
mancie qui prétend, par l'inspection des lignes de la main, pénétrer
les replis les plus cachés du caractère, retrouver les événements passés
jusqu'aux plus insignifiants et prévoir même les événements futurs.
Ce ne sont là qu'enfantillages, liistoires pour rire, et dignes des ba-
raques de foire. Cependant, il convient de reconnaître qu'il y a à
— 311 —
chaque main une individualité bien nette et qui n'échappera point
à la perspicacité d'un chacun. De même qu'il n'y a jDas deux feuilles
absolument semblables dans une forêt, de même n'y a-t-il pas, parmi
toutes les mains humaines, deux exemplaires absolument identiques.
Mains audacieuses et mains timides, mains sensuelles et mains mys-
tiques, mains d'action et mains de rêve, toutes ces variétés existent;
car il n'est pas douteux que la form" de la pensée n'exerce son influence
sur la forme du corps. L'âme se reflète dans l'aspect extérieur de notre
être, dans la physionomie, les traits du visage et la configuration des
mains. On connaît l'importance de la main chez les peintres et les
sculpteurs : le canon artistique de la main et la main dans les œuvres
d'art forment deux chapitres, peut-être les plus cmùeux et les plus in-
téressants de l'ouvrage. D'autres sont consacrés à l'anatomophysio-
logie, à la psycho-physiologie de la main, aux empreintes digitales, aux
différentes manifestations pathologiques qui peuvent se localiser dans
cet organe ; la poignée de main et le geste n'ont -pas été oubliés. L'hau-
teur est amené à parler du rôle psycho-social de la main, et n'a pas do
peine à établir que cette main, par sa forme et ses mouvements, est
une véritable caractéristique de l'humanité, et qu'elle étabht une
différence entre l'iiomme et les autres êtres. C'est presque une profa-
nation que d'avoir appelé quadrumanes les représentants de l'espèco
simiesque : car, en réalité, ils n'ont pas de mains. Du moins, l'organe
pourvu de doigts qu'ils portent aux extrémités de leurs quatre mem-
bres n'a que de lointaines ressemblances avec la main humaine.
Le pouce opposable aux autres doigts fait de la main humaine unins-
trument d'une telle perfection que, par là même, il y a, entre l'homme
et l'animal, ce dernier fût-il le singe le plus parfait, une différence
essentielle. L'habileté de la main, d'ailleurs, n'est qu'une habileté
cérébrale, et la dextérité manuelle n'est qu'un phénomène intellectuel.
Telles sont les différentes thèses établies avec force érudition et origi-
nalité dans l'œuvre de M. Vaschide, œuvTC qui a sa place marquée
dans la bibliothèque non seulement des médeciiis, mais de tout homme
instruit.
4. • — On a dit, avec raison, que l'homme a toujours été, est et sera
toujours avide du merveilleux, d'où qu'il lui vienne et sous toutes les
formes. La lecture de l'opuscule de M, Alber : De F Illusion, son mécct'
nisme psycho-social, montre, avec la plus parfaite évidence, qu'il en
est bien ainsi, soit que l'être humain recherche et se crée la senoation
illusoire, soit qu'on la lui présente et qu'il l'éprouve. Ce n'est point
pourtant un recueil banal, ni une description de toutes les illusions
connues, comme il en existe de par ailleurs. Le but de l'auteur, beau-
coup plus élevé, a été d'étudier l'illusion au point de vue psychologique,
d'essayer d'en dégager les causes, ainsi que les effets et d'en déduire
019
rexplication basée sur des faits précis et contrôlés par une longue expé-
rience. La prestidigitation, d'ailleurs, dispose d'un tel arsenal de trom-
peries et de moyens destinés à créer l'illusion, qu'il serait difTicile de les
étudier et de les expliquer en totalité. Aussi M. Alber s'est-il restreint
aux plus typiques, n'hésitant pas à donner tous les détails qui peuvent
aider à la compréhension d'une illusion et de sa psychologie. Telle a
été la force de l'illusion que, depuis la plus haute antiquité, les illu-
sionnistes ont toujours conquis les masses. Les Robert Houdiii de
nos jours n'ont pas eu moins de succès que les magiciens de l'ancienne
Egypte. C'est que l'homme a soif d'illusions, il en vit, il lui arrive
souvent même d'en mourir, tellement cette passion le domine. G"âce
à M. Alber, il sera facile de dévoiler les simulateurs et-les charlatans;
mais cela n'empêchera vraisemblablement pas la foule d'être toujours
aussi avide d'illusions trompeuses.
5. — L'opuscule de D^ Lavrand : Rééducation physique et psychique,
établit de la façon la plus évidente tout le parti que la thérapeutique,
à un trèsbref délai, pourra tirer des progrès des sciences psychologiques,
et d'une connaissance théorique un peu plus avisée des divers méca-
nismes neuro-musculaires et sensitivo-sensoriels. La physiologie patho-
logique des affections du système nerveux a été beaucoup étudiée ces
derniers temps, et l'on saisit mieux, aujourd'hui, la correspondance
entre les lésions et leurs symptômes. On comprend mieux dès lors que
les fonctions de relation auxquelles préside le système nerveux puis-
sent être développées, perfectionnées par l'éducation. Nous savons,
de plus, qu'une fonction supprimée par une lésion peut parfois être
suppléée dans soii voisinage;- nous avons appris surtout qu'une fonc-
tion très amoindrie, empêchée à la suite d'une altération destructive
incomplète, peut être rétablie plus ou moins entièrement par une
lééducation mettant en jeu les éléments anotomiques survivants, leur
faisant même amplifier les services qu'ils nous rendent à l'état normal.
Il serait facile de montrer par des exemples que la rééducation fonc-
tionnelle, tout comme l'éducation, n'est pas une chimère, qu'elle
constitue non seulement un moyen, mais une méthode de plus en plus
scientifique, susceptible de rendre des services considérables à une
foule de malheureux. C'est que le trouble fonctionnel dépasse toujours
et souvent de beaucoup la lésion organique. Aussi le psychisme et le
physiologisme (physique ou matériel), s'entremêlant de la façon la
plus intime dans tous nos actes, la rééducation efficace devra toujours
être à la fois physique et psychique à des degrés divers.
6. — U Évolution psychiquecle l'enfant^ du D^ H. Bouquet, appartient,
comme les deux ouvrages précédenls, à la « Bibliothèque de psychologie
expérimentale et de métapsychie ». Il est hors de doute que la psycho-
logie de l'enfant est d'une étude infiniment plus ardue que celle de
— 313 —
l'iuimme fait. Chez celui-ci, elle se basait presque exclusivement jadis
sur les phénomènes d'auto-observation; en dépit de l'introduction do
nouvelles méthodes expérimentales de recherches, la méthode intro-
spective d'autrefois continue à jouer un rôle d'une importance fonda-
mentale. La psychologie expérimentale n'a pas manqué d'être appli-
cjuée à l'enfant, chez qui les documents dus à la conscience manquent
totalement, ou tout au moins ont laissé des traces tellement fugaces
qu'on ne saurait les utiliser. L'expérimentation a donc, en l'espèce, un
champ d'action très limité; mais, pour restreint qu'il soit, on peut
arriver à éclaircir certains points de cette obscure étude. La psycho-
logie infantile offre d'ailleurs, en dépit de son obscurité, un intérêt
puissant à celui qui s'attache àrétudedel'évolutiond'uneintelligence.
On peut considérer deux périodes dans cette évolution : l'une, celle
des premières années, la seule que retiendra l'auteur, presque exclu-
sivement constituée par les acquisitions personnelles et endogènes
propres à l'individu; l'autre, au contraire, caractérisée par l'introduc-
tion d'un élément nouveau dans la vie psychique de l'enfant, l'éduca-
tion et l'instruction.
7. — Le problème des rapports qui peuvent exister entre le travail
et la folie est des plus difficiles, et à la fois des plus graves. Le
D^ A. Marie et M. Martial ont entrepris de l'aborder, sans toutefois pré-
tendre l'élucider, dans leur brochure : Travail et Folie, influences pro-
fessionnelles sur Véiiologie psychopathique. Ils essaient surtout d'y dé-
terminer la part que prend le travail manuel ou intellectuel dans
l'ensemble étiologique dont relèvent les psychoses, et, d'un autre côté,
la proportion des travailleurs atteints de psychose comparée à la
totalité des travailleurs. Même ainsi restreinte, leur étude présentera
forcément des brèches, des points inachevés, la statistique officielle
française étant par trop muette à certains égards, et enlevant ainsi
de précieux éléments de comparaison. C'est surtout un travail docu-
mentaire, mais aussi, en même temps, un travail de discussion et de
raisonnement scientifiques; car l'étiologie de certaines psychopathies
ne va pas sans provoquer l'examen de diverses opinions, déjà reçues
ou à présenter, au sujet de l'étiologie sésanique.
8. — De toutes les substances toxiques susceptibles de procurer aux
hommes l'illusion du bonheur, le hachich est celle à propos de laquelle
ont circulé et circulent encore, du moins en Orient, les plus alléchantes
légendes. M. R. Meunier y consacre une assez longue étude : Le
Hachich, essai sur la psychologie des paradis éphémères. Aucun point
de vue n'a été négfigé. L'auteur commence par exposer ce qu'est le
hachich, quels sont les pays où son usage est courant, et que] est l'état
actuel do nos connaissances sur son chimisme encore peu connu.
Puis vient l'étude psychologique des gens adonnés au hachich, et
- 314 —
€clle de l'ivresse hachischique et, plus loin, de la folie occasionnée par
l'abus de ce poison. L'auteur établit que le chanvre indien produit une
ivresse assez persistante qui se compose surtout d'une phase d'excita-
tion accompagnée de délire, avec intervalles lucides, et d'une phase de
dépression. L'intoxication aiguë, souvent répétée, détermine un
hachischisme chronique qui peut conduire à la fohe et à la démence.
D'après lui, il ne semble pas que, pendant l'ivresse hachischique, la
lucidité de l'intelligence soit augmentée, comme certains amateurs
l'affirment, mais que l'émotivité seule est exaltée. Un index bibho-
graphique copieux, mais incomplet, toutefois, de quelques articles
importants, termine l'ouvrage.
9, 10. — 1^' International Catalogue of Scientific Literature vient de
s'enrichir pour la biologie générale et la bactériologie, d'un nouveau
fascicub (le sixième). Nous avons déjà expjsé précédemment l'écono-
mie de ce catalogue, dont l'importance n'échappera à personne, et qui
est indispensable à tous ceux qui ont des recherches à effectuer dans
une des branches quelconques de la science. Les deux nouveaux
fascicules comprennent la littéiature de l'année 1906, avec un supplé-
ment pour les années précédentes, 1901 à 1905.
D^" L. DE Sainte-Marie.
OUVRAGES SUR L'ANGIENxNE LITTÉRATURE
FRANÇAISE
i. Les Lfigendes épiques. Recherches sur la formation dex chansons de geste, par Joseph
P.FD1ER. I. Le Cycle de Guillaume d'Orange. Paris, Champion, 1908, in-8 de 431 p.,
8 fr. — 2. Études sur l'ancien poème français du Voyage de Charlem.agne en Orient,
par Jules Goulet. Montpellier, Goulet et fils, 1907, gr. in-8 Je 466 p., 15 fr. — 3.
Etude sur l'office de Girone en V honneur de saint Charlemagne, par le même. Mont-
pellier, même librairie, 1907, gr. in-8 de 167 p. — i.La Femme et F Amour au xii<^
siècle, d'après les poèmes de Chrétien de Trot/es, par Myrrh\ Borodine. Paris, A.
Ficai'd et fils, 1909, in-8 de vi-28.5 p., 5 fr. — 5. Les Troubadours, leurs vies, leurs
œuvres, leur influence, par Joseph Angladf.. Paris, Colin, 1908, in-16 de vni-328 p.,
3 fr. 50. — 6. Les Origines de la littérature française. Jehan Bodel, avec des commen-
taires sur le « Congé -> de Baude Fastoul, par Emile Laxglade. Paris, F.-R. de Rude-
val, 1909, gr. in-8 de 267 p., 6 fr. — 7. Aucassinrt Nicolette. Texte critique, accom-
pagné de paradigmes et d'un lexique, par Herman.v Suchier. 1"^ édition, avec une
table contenant la notation musicale. Traduction française par Albert Counsox.
Pf.derborn, Schœningh; Paris, Gamber, 1909, in-8 de xi-135 p., 3 fr. 25.
1. — Ce n'est rien de moins qu'une théorie nouvelle sur la formation
des chansons de geste, en contradiction avec celle qui jusqu'à ce jour
était admise pai^ tous les hommes compétents, que nous expose ou
plutôt nous insinue M, Joseph Bédier, professeur au Collège de France,
dans ses Légendes épiques. Il en fait, dans ce premier volume, le seul qui
soit encore passé sous nos yeux, une apphcation particulière au cycle
de Guillaume d'Orange. Une note imprimée, jointe au volume, et à
laquelle, cela est évident, l'auteur n'est pas étranger, précise la thèse
— 315 —
en ces termes : « Il n'est point prouvé, comme on le croit communément,
que les romans de chevalerie du xii^ et du xiii^ siècles dérivent, par
une tradition littéraire ininterrompue, de « cantilènes » ou de '< chants
lyrico-épiquos », plus vieux de plusieurs centaines d'années; que Ro-
land, par exemple, ait été célébré, dès le lendemain de sa mort, en 778,
par des aèdes, dont les chants, sans cesse amplifiés et remaniés à tra-
vers les âges, auraient fini par aboutir, vers l'an 1100, au poème qui
nous est parvenu. — Ge n'est pas nécessairement dans une hypothé-
tique épopée contemporaine de Charlemagne qu'il faut chercher les
origines des romans du xii^ et du xiii^ siècles; c'est, à l'ordinaire, dans
les sentiments et dans les idées, dans les goûts et dans les intérêts des
hommes du xn^ et du xiii^ siècles. Les chansons de geste, colportées
par des jongleurs nomades, étaient surtout destinées à ces publics
forains que des exhibitions de rehques et des marchés attiraient autour
des principaux sanctuaires. A peu d'exceptions près, les légendes épiques
du moyen âge se rattachent chacune à une certaine abbaye, qui était
alors but de pèlerinage ou étape do pèlerinage, ou qui se dressait sur
l'emplacement ou sur le chemin d'une foire illustre. C'est là, aux
abords de ces divers sanctuaires, que les légendes épiques se sont for-
mées, par l'effort combiné de moines et de jongleurs, pareillement
intéressés à attirer et à retenir, à édifier et à récréer un même pubhc
de marchands et de pèlerins. » — Nous avons lu le volume dont il s'agit
un peu tard, peut-être, mais avec le plus vif intérêt et beaucoup de
fruit, ce qui ne nous a surpris en aucune manière, étant donné le
double talent d'érudit et d'écrivain de M. Dédier. Toutefois sa thèse,
jusqu'ici du moins, ne nous a pas convaincu, et nous aurions, si c'était
le lieu et si nous en avions le loisir, de sérieuses objections de fait
et de raisonnement à y opposer. Sa dialectique nous a paru plrs habile
que décisive et son argumentation ressemble parfois plus qu'il ne fau-
drait à un plaidoyer d'avocat subtil. Toutefois, ce à quoinous résistons
jusqu'à nouvel ordre, c'est à sa conclusion générale, trop absolue et
trop exclusive, car d ailleurs nous adhérons volontiers à cette obser-
vation partielle : « Une étude des épopées françaises est incomplète,
si elle n'est pas pour une bonne part une étude des routes et des
croisées de l'ancienne France, de ses marchés, de ses pèlerinages, des
lieux où les hommes se rencontraient et s'arrêtaient, et où, de leur
contact, naquirent tant de formes nouvelles de la vie matérielle,
de la pensée et de la poésie. » Le volume de M. Bédier, abstraction
faite de la conclusion que l'auteur s'efforce d'en tirer, est d'ailleurs
une contribution de très grand mérite à l'étude spéciale des poèmes
dont se compose le cycle de Guillaume d'Orange, de leur généalogie,
de leurs rapports, de leurs caractères. On y trouve une critique ma-
licieuse, mais souvent juste et pénétrante, des applications excessives
— 316 -
do la théorie qu'attaque l'auteur, et nombre de remarques d'histoire
vt de littérature ingénieuses et perspicaces. Nous y avons goûté de
belles et vivantes analyses des chansons de geste, qui nous ont rap-
pelé, avec plus d'élégance et de finesse, le sentiment, l'ardeur commu-
uicative qu'apportait Léon Gautier à de telles études. L'ouvrage de
M. Bédier y marquera fortement, utilement sa trace. Aussi, toutes
réserves faites, est-ce avec une vraie sympathie que nous transcrivous
ici la fin de la note précitée : « Cet ouvrage formera trois volumes,
quatre plus probablement : de Guillaume d'Orange à Girard' de Rous-
sillon, de Gharlemagne à Raoul de Cambrai et à Roland, on y considé-
rera tour à tour les principaux héros des romans de chevalerie et toutes
les grandes légendes épiques du moyen âge français, c'est-à-dire toutes
celles des chansons de geste qui ne sont pas des fictions récentes,
purement imaginaires, toutes celles qui ont quelque fond^ement
historique ou quelque ancienneté. »
2. — Le remarquable travail de M. Jules Coulot : Etudes sur l'ancien
poème français du Voyage de Charlemagne en Orient, viendrait, on ne peut
le nier, par les observations qu'il renferme et les conclusions où il
aboutit, à l'appui de la théorie nouvelle soutenue par M. Joseph
Bédier. Nous reconnaissons et signalons bien volontiers le mérite de
cet ouvrage; nous saluons chez son auteur de très belles qualités d'éru-
dit et de critique. On y apprend beaucoup soit pour Je fond, soit pour
les détails, soit pour la méthode. M. Coulet se montre parfaitement
au courant de tous les travaux relatifs à son sujet et discute les opi-
nions de ses devanciers avec autant de vigueur et de courtoisie que de
compétence. Les siennes seront discutées à leur tour et quelquefois
sans doute rejetées, non sans raison. Pour notre part, il ne nous paraît
guère possible d'admettre l'importance capitale attribuée par l'auteur
sur l'origine et la destinée de la légende du voyage de Charlemagne
à Jérusalem et à Constantinople, à la chrojiique de Benoît de Saint-
André. De plus, il ne nous semble guère douteux que les modifications
apportées par ce chroniqueur au texte d'Eginhard qu'il a copié, ne
sont pas, comme le veut M. Coulet, une invention personnelle du
compilateur, mais une application à l'auteur qu'il transformait en
l'interpolant, d'une légende préexistante, et dont les termes mêmes du
récit de Benoît nous paraissent conserver la marque. Cela étant, la
thèse de AL Coulet péL-herait un peu par la base. De plus, son édifice
critique résulte d'un puissant échafaudage de raisonnements, mais
aussi de conjectures, dont plusieurs ne sont peut-être pas aussi bien
étabhes qu'il le suppose. Si quelques-uns des résultats de ses études
peuvent être admis, on ne peut accepter sans réserve ni toutes ses con-
clusions, ni toutes ses assertions. Par exemple, « l'hostihté et le mépris
des clercs à l'usage des faiseurs de chansons (de geste) au moyen âge »
- 317 —
ne nous paraît pas du tout, comme à M. Goulet, du moins sous cette
forme absolue, « un fait incontestable » (p. 386-387). Si le poème du
Voyage de Charlemagne n'est peut-être pas, à proprement parler,
une chanson de geste, il est permis de penser que la définition nouvelle
qu'en propose l'érudit professeur de Montpellier : « poème moral du
xii^ siècle » (p. 454), lui convient moins bien encore. Quoi qu'il en soit,
le livre dont il s'agit est de ceux qui accroissent dans des proportions
notables la connaissance et l'intelligence de nos origines littéraires et
qui, enregai'd de l'infatigable labeur de l'érudition allemande, sou-
tienn-^nt l'h-onneur de la science française.
3. — Un autre ouvrage du même savant : Étude sur l'office de Girone
en l'honneur de saint Charlemagne, moins étendu, est peut-être supé-
rieur à l'aut^'e. On y trouve sur le culte rendu à Charlemagne des no-
tions aussi exactes qu'intéressantes, et une discussion très bien con-
duite sur les rapports et la généalogie de divers textes liturgiques ou
légendaires, ainsi que sur le lien plus ou moins étroit qui les rattache
à notre épopée chevaleresque. Nous y avons relevé une observation
très juste, dont l'auteur lui-même a trop négligé de tenir compte dans
son autre livre en examinant la chronique de Benoît de Saint-André
et dont il est bon de se souvenir dans l'examen des écrits historiques
ou légendaires du moyen âge. « La part de l'imagination et de l'inven-
tion pure est assez faible, même dans les chroniques les plus suspectes.
Si elles accueillent pêle-mêle les informations et si elles les utilisent
sans critique, leurs histoires les moins vraisemblables s'appuient tou-
jours sur quelque témoignage, et leurs erreurs les plus manifestes re-
posent sur une autorité. Leur ambition est toujours de faire de l'his-
toire et c'est ce qui garde leurs auteurs d'imaginer ou d'inventer de
toutes pièces ce qu'ils racontent » (p. 125). On ne peut mieux dire,
4. — Dès le xiie siècle et surtout dans la seconde moitié vint s'ajou-
ter à l'épopée nationale, d'origine proprement française, une autre
poésie épique, chevaleresque elle aussi, mais issue, selon des voies et
transformations diverses, de la mythologie, de l'histoire, de la légende
des Celtes de Grande-Bretagne. Adoptée et adaptée par nos poètes,
elle gagna la faveur de la société aristocratique, dont elle refléta cer-
tains goûts et certain3s tendances, et servit de cadre à de curieuses
peintuTes de mœurs et à des études raffinées de sentiments. C'est à ce
gem-c que se rapporte le très intéressant ouvrage de M"ie Alyn-ha Bo-
rodine : La Femme et V Amour au xn^ siècle, d'après les poèmes de Chré-
tien de Troyes. « Étudier les caractères de femmes dans l'œuvre de
Chrétien de Troyes, nous dit l'auteur, tel est l'unique objet de ce tra-
vail qui n'est donc rien qu'un essai de psychologie sentimentale appli-
quée au roman courtois du xii^ siècle. » Avec une parfaite connaissance
des travaux de l'érudition sur le sujet qu'elle avait choisi et une rare
— 318 —
distinction de critique et d'exposition, M'"*" Myrrha Borodine a mis
dans un jour lumineux et plein de nuances le beau talent de Chrétien,
qui, grâce à elle, ne nous semble pas sans analogie, toutes proportions
o'ardécs et malgré l'immense infériorité du style, avec celui de Racine.
Elle nous a développé, en l'embellissant un peu, avec une délicatesse
élevée de pensée et de sentiment, sinon avec une pleine conformité
à l'orthodoxie morale, la psychologie raffinée de ce trouvère. Sans
pouvoir approuver toujours sa façon de voir, nous remercions avec
elle ses anciens maîtres de l'Université de Saint-Pétersbourg d'avoir
dirigé ses pas vers la philologie romane et, pour ainsi dire, fait don
do son talent aux études relatives à nos origines httéraires.
5. — Parmi les influences qui ont agi sur l'esprit de Chrétien de
Troyes, M^^^ Myrrha Borodine n'a pas négligé de signaler « les chansons
des troubadours avec leur rêve idéaliste et sensuel en même temps ».
M. Joseph Angiade s'est proposé pour objet de mettre à la portée du
grand public cette poésie lyrique de la France méridionale, d'abord
en un cours professé à l'Université de Nancy pendant le semestre
d'hiver de 1907-1908, puis dans un agréable volume : Les Troubadours,
leurs vies, leurs œuvres, leur influence. L'auteur est bien au fait de
son sujet et il l'expose avec élégance. Mais il n'a pu en éviter la mono-
tonie. L'a?nour courtois, tel que l'ont conçu et chanté les troubadours,
est une abstraction de quintessence qui a perdu de jour en jour da-
vantage contact avec la réahté, où ces poètes n'ont pas su, comme
Chrétien de Troyes, la retremper par une observation personnelle.
M. Jules Angiade s'est attardé avec eux dans cette banalité vaporeuse.
De plus, se croyant obligé de ne faire connaître leurs chansons que par
des traductions, il s'est privé de leur principal attrait, qui consiste
dans leur versification brillante et souple. Son livre n'en serait pas
moins à louer, même à recommander comme instructif aux personnes
du monde, si l'on ne regrettait d'y rencontrer çà et là une pointe
— oh ! très légère ■ — d'hostihté contre l'Eglise.
6. — C'est un beau sujet qu'a choisi M. Emile Langlade dans son
Jehan Boclel et qui, traité à fond, contribuerait fort à éclairer; comme
le veut l'auteur, « les origines de la littérature française ». Ce poète
de la fin du xii^ et du commencement du xiii^ siècle a cultivé en effet
avec une remarquable souplesse de talent plusieurs des genres en faveur
à son époque, et nous a notamment laissé dans son Jeu de saint Nicolas
l'un des plus anciens et plus curieux monuments du théâtre en langue
française. Mais si M. Langlade nous apporte d'intéressantes lumières,
fruit de recherches originales ou d'une érudition bien renseignée, sur
la biographie de Jean Bodel et le milieu bourgeois d'Arras, où il a
vécu, son information, en ce qui concerne les traditions, les sources et
les caractères littéraires auxquels se rapportent les œuvres du trou-
— 319 —
vère artésien, est tout à fait arriérée, et manifeste une regrettable
ignorance des travaux accomplis et des résultats acquis depuis cin-
quante ans. Le seul chapitre que l'on puisse considérer comme \Tai-
ment utile est le premier : « Arras au xiii<^ siècle. Trouvères et bour-
geois. )) Mais il n'est pas à négliger.
7. — C'est à une époque voisine, peut-être contemporaine de celle
où fleurit Bodel, qu'a été composée l'une des œuvï'es, non pas les plus
morales, mais les plus gracieuses, et aussi les plus célèbres de notre
ancienne littérature, la nouvelle en prose et envers ou, selon l'expression
même de l'auteur anonyme, la chante-fable d'Aucassin et Nicolette.
Un romaniste très distingué d'Allemagne, M. Hermann Suchier,
professeur à l'Université de Halle, s'est, parmi nombre d'autres tra-
vaux, attaché d'une façon particulière à l'établissement et au com-
mentaire critique, paléogràphique et philologique de ce texte, dont
il n'a pas publié moins de sept éditions. Les plus récentes ont été
mises à la portée des personnes qui, sans savoir l'allemand, s'intéressent
chez nous à de telles études, par M. Albert Counson. La septième édi-
tion (française), que nous avons sous les yeux, comprend : 1° la Préface
de M. Suchier, qui ne laisse pas de nous surprendre en découvrant et
signalant avec gravité, chez l'auteur de cet te fantaisie légère, presque
libertine, «une hauteur d'esprit rare pour l'époque ». Cette préface est
accompagnée d'indications bibliographiques. 2° le texte de la chante-
fable^ pour lequel le docte éditeur a mis à profit les recensions faites
de son travail en Allemagne et en France. Oserons-nous, quoique in-
digne, lui soumettre une correction? Il nous semble que, section 10,
ligne 31, le mot « prenderoit » conviendrait mieux au sens que « pen-
deroit ». 3° Une « Interprétation des abréviations » du manuscrit. 4°
Des « Notes » et rapprochements linguistiques et littéraires, 5° Une étu-
de sur le (( Dialecte fourni par le manuscrit », celui du copiste, puis sur
le (( Dialecte primitif », celui de l'auteur. 6° Une étude grammaticale
intitulée : « Paradigmes » et comprenant le relevé des formes de la
« Déclinaison » et de la « Conjugaison ». 7° Un « Lexique ». 8° Lin fac-
similé de quatre passages du manuscrit. 9° Une « Notation musicale
moderne », destinée à nous donner l'idée de l'effet des parties chantées.
• — On voit de quelle attention, de quels soins sont l'objet chez nos
voisins les monuments de notre littérature du moyen âge.
M. S.
HAGIOGRAPHIE ET BIOGRAPHIE ECCLÉSIASTIQUE
•1. La Mission de saint Benoît, par lo cardinal Nf.wman. Paris, Bloud, s. d. (!909),
in-12 de 64 p. (Collection Science et Religion). 0 fr. 60. — 2. La Vie et la légende de'
saint Gtrennolé, publiée par PrEKRE Allier. Paris, Blond, s. d. (1909), in-12 de 64 p.
(même collection), 0 fr. 60. — 3. Vie du Vénérable Jean Eudes, instituteur de la Con.
— 320 —
^régation de Jésus et (le Mari» et de l'ordre de Notrc-Dame-de-Charité, auteur du culte
liturgique des Sacrés-Cœurs, par le P. D. Boulay. T. IV. 1666-168D. Paris, Haton,
1908, gr. in-8 de 590-111-26 p., 6 fr. — 4. La Vénérable Anne-Marie Javouhey. Sa
vie, ses travaux, ses épreuves (1779-1851), par le chanoine L.Ch.vumont. Paiis,
Poussielgun, 1909, in-8 de xii-î89 p., avec grav., 2 fr. 25. — 5. Albert Hetsch, méde-
cin, Allemand et protestant, devenu Français, catholique et prcire, par X. Paris,
Beauchesne, 1909, 2 vol. in-S de xxiv-320 et 348 p., 10 fr. — 6. Constance Teich-
niann, par M. E. Belp.mre. Tours, Cattier, s. d. (1909), in-8 de 289 p., 3 fr. 50. —
7. Une Ame d'apôtre. Le P. Victor Delpech, missionnaire au Mnduré (1835-1887), par
le P. Pierre Suau. Nouvelle édit. Paris, Casterman, 1909, ln-16 de iii-307 p., avec
40 grav., 3 fr.
1. — Le magnifique essai hagiographique que le maître d'Oxford
intitula : La Mission de saint Benoît avait sa place marquée dans
la collection. : « Science et Religion ». Ce n'est pas à proprement parler
une biographie, mais une véritable apologétique sur le rôle des moines
au moyen âge, sa gi'andeur, son utilité. Sur ce sujet, on n'a sans doute
rien écrit de plus profond et en même temps de plus achevé au point de
vue littéraire. On trouve dans cette plaquette le véiitable Newman
dans tout l'épanouissement de ses dons prestigieux.
2. — Le saint abbé G^vennolé fut, comme saint Benoît, un moine dé-
fricheur et le fondateur de la patrie armoricaine au double point de
vue temporel et spirituel. Émigré de la Grande-Bretagne au vi^ .siècle,
de tous les saints bretons il n'est pas seulement le plus saint et le plus
Breton, mais celui dont on connaît le mieux l'existence, grâce au pré-
cieux Cartulaire de l'abbaye de Landévennec qu'il avait fondée.
Ce fut, au IX® siècle de la dite abbaye, un abbé de Landévennec, \^Tdis-
ten, qui l'établit en s'inspirant de la tradition locale et des « Antiqua
scripta patrum venerabilium ». Ce ^^Tdisten rédigea aussi la vie de cet
éminent « père des Moines », ami du roi Gradlon et de Corentin, pre-
mier évêqu2 de Kemper. C'est un panégyrique naïf, respirant un vif
enthousiasme du disciple pour son père spirituel. Ce texte antique
.sert de base au récit de M. Pierre Allier. Il a d'ailleurs puisé à d'autres
sources pour compléter la figure du plus populaire des saints bretons.
Ce volume a été écrit avec le critique respect des traditions et la fleur
de leur très particulière poésie.
3. — L^n fécond défricheur d'âmes, tel fut le Vé lérable Jean Eudes dont
voi. ile 4® vol., le dernier de l'important ouvrage. L'auteur y aborde la
dernière et capitale période de l'apôtre. C'est l'époque où l'arbre pri-
vilégie de la Providence donne ses merveilleux fruits de salut et permet
les plus invraisemblables espérances en œuvres apostoliques dans une
société attaquée d'une part par le faux christianisme janséniste et, de
l'autre, par la corruption, fdle du philosophisme. Ces œuvres si vitales
sont tellement nombreuses que leur seule énumération ne peut entr^-r
dans le cadre nécessairement réduit d'un compte rendu. Cette partie
de l'existence du grand serviteur de Dieu est caractérisée par la gran-
— 321 —
deur, répanouissement et l'opportunité de ses œuvres de sainteté, de
ses travaux d'apostolat, l'éminence de ses vertus intimes et sociales.
Aussi de son vivant est-il déjà vénéré comme un saint par les familles
agenouillées sur son passage. Le R. P. Boulay fait égalemeiit entrer
dans ce dernier volume les faits miraculeux obtenus par son puissant
intermédiaire. Au premier chapitre est résumé l'état des fondations
du Vénérable en 1866 et est esquissée sa mâle et céleste figure, telle
qu'elle brillait aux yeux de ses contemporains. Voilà pour le passé.
Au regard de l'avenir y sont groupés, dans un tableau panoramique
saisissant, les derniers événements de cette vie surnaturelle à son cou-
chant, tous empreints du « sceau de la chancellerie du ciel : le triomphe
de la Croix ». Cette dernière partie, comme les précédentes du reste,
est remarquable pai* sa documentation étendue, sa critique stricte,
et la marche majestueuse du style, d'une beauté toute classique. Elle
couronne dignement l'œuvre conduite avec grand labeur et succès
et la termine utilement par un Épilogue de longue haleine (p. 538-582),
qui contient l'histoire abrégée des trois sociétés rehgieuses fondées par
le P. Eudes : les Prêtres de la Congrégation de Jésus et de Marie; les
Religieuses de Notre-Dame-de -Charité; les Associés du Cœur admira-
ble de la Mère de Dieu. — Un Appendice, ayant pour objet : le Propre
(le la Congrégation de Jésus et de Marie, l'Impression des Constitutions
lie Notre-Dame-de-Charité, une Lettre de M. de Maupas à Clément X,
le Récit du P. de Bonnefond à Lorette, les Brefs de Clément X relatifs
aux Confréries des SS.- Cœurs,... les Lettres des Pères de l'Observa-
toire contre le P. Eudes,... les langue, syntaxe, style et composition
du P. Eudes,... le Décret de la S. Congrégation des Rites sur les miracles
du P. Eudes, l'influence du P. Eudes sur la dévotion aux SS.-Cœurs
et le Vœu de Louis XVI, etc., — une Table des Errata, — des pages à
remplacer, enfin une Table alphabétique générale d'une parfaite
'•(►mmodité pour les chercheurs.
4. — L'humble et frêle femme que fut la Vénérable Anne- Marie
Javouhey nous semble encore plus prodigieuse que le P. Eudes, dans
ses œuvres d'expansion chrétienne. Fondatrice d'une congrégation
qui compte aujourd'hui, dans toutes les parties du monde, 4 000 reli-
gieuses vouées aux travaux des Missions, aux soins des malades, à
l'instruction et à l'éducation; colonisatrice sans peur se consacrant
infatigablement en Afrique et en Amérique à l'affranchissement des
noirs, les soignant avec la bonté d'une mère, les administrant avec
une sagesse qui lui valut les éloges de tous les gouvernements; femme
d'indomptable énergie mais toujours religieuse simple et aimable; su- •
périeure aux plus grandes épreuves, soutenue qu'elle était par l'ardeur
de sa foi, son amour pour le prochain, son abnégation entière et l'in-
tuition de l'utilité et la durée de son anivre, la vénérable Anne-Marie
Octobre 1909. T.CXVI. 21.
— 322 —
.lavoiihey a mérité par la sainteté de sa vie les premiers honneurs de
l'Église et sa cause de Béatification s'instruit actuellement en cour
Rome. C'est une des figures les plus attachantes du xix^ sièc!
elle est une des plus glorieuses illustrations de cette terre de Bourgo,
qui vit naître saint Bernard. L'auteur a raconté cette belle vie,
laissant parler les faits d'eux-mêmes, en évitant le fréquent écueil,
pareille matière, des longueurs ou de la sécheresse.
5. — L'apostolat des idées fut principalement le domaine où s'exen
le labeur opiniâtre et fertile d'Albert II etsc//. Né dans l'hérésie, éle
dans le panthéisme, préparé par des talents de premier ordre à exer^
une sérieuse influence sur ses contemporains et à servir puissamme;
le drapeau dont il se déclarait le défenseur, objet d'une providentielle
et touchante prédestination, il devint successivement déiste, chrétien,
cathoUque, prêtre et fut un saint. Mais il y a dans ces pages autre chose
qu'un édifiant récit; elles renferment encore une démonstration ex-
périmentale de CG que doit être la philosophie de la vie pratique,
quand elle est bien entendue; elles présentent une vigoureuse apologie
de la foi catholique. Cette biographie anonyme remarquable éclaiiv
en même temps celle de Mgr Dupanloup d'un rayon nouveau. le gi'and
prélat avait une pai'ticulièrc estime pour l'abbé Hetsch. II lui confia
la direction du séminaire de la Chapelle-Saint-Mesmin, où il obtint
bientôt d'éclatants succès. L'auteur a crayonné artistement ces deux
figm'es qui sont d'une scrupuleuse vérité. L'odyssée intcllectuelli
et morale parcourue par Hetsch avant de devenir le disciple et le prêti
de J.-C. est très exactement décrite : le médecin \\urtembergeoi-
l'admirateur passionné de ^^"ieland et de Goethe, l'étudiant hégélien d'
Tubingue, auditeur de Strauss et de Baur, célèbres et ingénieux dé-
molisseurs des dogmes de la religion révélée aussi bien que des prin-
cipes du spiritualisme et de la philosophie naturelle. Ensuite J'auteur
expose, dans des pages d'une claire philosophie, cette idée de l'Unité
où Albert Hetsch espère trouver les thèses les plus subversives de
l'hégélianisme et qui devint le fil conducteur de toute son orientation
ferme et lumineuse d'esprit et d'âme vers la société religieuse : l'Eglisi
cathohque pour qui l'unité est le drapeau de ses glorieuses et pacifique;-
conquêtes à tous les points de l'horizon, le critérium infaillible qui la
distingue de toutes les associations religieuses enfantées par l'i'iérésie
ou par le schisme, la loi fondamentale de sa constitution, le lien de sa
hiérarchie, le s'ecret de sa fécondité qui l'adapte aux besoins de toute>
les civilisations. Et Hetsch n'a trouvé satisfaction à son besoin impé-
rieux d'unité que le jour où il fît descendre sur l'autel le Dieu de l'Eu-
charistie. \oi\k pourquoi cette vie de Hetsch est à la fois la démonstra-
tion expérimentale de ce que doit être la philosophie pratique de la vie
et une saisissante apologie de la religion. Ce qu'il a fait pour cette
— 323 —
cause sacrée dans l'ordre de la pensée et dans Tordre de l'action; avec
quelle persévérance, dans le dernier tiers de sa vie, iJ a poursuivi la
réalisation de l'idéal qu'il avait longtemps soupçonné, mais auquel,
après l'avoir découvert, il sacrifia tout : affections humaine:;, consi-
dérations terrestres, se livrant ensuite à l'étude de la philosophie chré-
tienne, de la littérature, des sciences naturelles, de l'esthétique reli-
gieuse, voilà ce que ce livre raconte avec autant d'agrément pour l'es-
prit que de sérieux profit pour l'âme. jMais ce fut surtout dans l'ordre
de l'action qu'il se révéla le fidèle disciple de J.-C. Il vécut dans une
sorte de communion habituelle de pensée avec l'évêque d'Orléans et
il trouva la consécration de sa thèse de l'unité dans les décisions du
dernier concile du Vatican. Ce volume sera lu, avec de particuliers
avantages, pai* les prêtres décidés, autant que le comporte la faiblesse
humaine, à répondre à leur vocation sublime.
6. — Constance Teichmann ne fut pas une religieuse, mais une laïque
qui voua sa vie au service de Dieu, sans quitter sa famille. La principale
mission qu'elle se donna fut de soigner les malades, infirmière volon-
taire dajis un hôpital d'enfants; auprès des cholériques pendant les
épidémies et des blessés durant la guerre de 1870, elle connut et adoucit
les plus hideuses souffrances. Énergique, inlassable, optimiste toujours,
elle savait soutenir et consoler même dans les affres de la mort et elle
était une exquise mystique. Dans son journal où, littéralement, elle
causait avec Jésus, la familiaiité ingénue de sa piété trouvait des pen-
sées et des impressions délicieuses. Très humaine, en même temps
que très sainte, elle aimait ardemment les arts et surtout la musique.
Aussi, dans ses prières, se faisait-elle auprès de Dieu l'avocate de tous
les grands compositeurs contemporains, notamment des désillusionrés.
1.- — Ce n'est point dans le sein aimable de la famille mais aux mis-
sions lointaines que le P. Victor Delpech exerça son zèle peur les âmes.
L'essentiel pour lui était moins de s'agiter que d'attirer les grâces qui
convertissent sur ceux qu'il évangélisait. Cette histoire n'est donc pas
seulement le récit pittoresque d'un apostolat très intéressant : il in-
dique ce qui est l'âme de tout apostolat. Ce livre est épuisé depuis
cinq ans et il a été souvent redemandé; l'éditeur l'a réimprimé sans
l'augmenter de beaucoup d'additions. Certains prêtres en ont fait leur
livre de chevet : dans la souffrance, dans le tumulte de l'action inten-
sive, ils lui demandent apaisement, force et lumière, union toujours
plus intime avec Dieu. Outre ses qualités d'édification, les lecteurs
seront saisis pai' son charme littéraire et retiendront comme bouquet
spirituel cette grande et rare pensée sur le P. Delpech : « Ce qui le
fatigue le plus, disait avec raison l'un de ses compagnons, ce n'est
pas le travail qu'il fait, c'est celui qu'il ne fait pas et que son zèle vou-
drait pourtant réahser. » Louis Robert.
— 324 —
OUVRAGES SUR NAPOLÉON ET SON TEMPS
1. L'Épopée du sacre, iSOi-lBOô, par Georges D'EspAnnr.s et. Hector Fleischmann.
Préface de Henry Houssaye. Paris, Aléricant, s. d., in-18 de 324 p., avec des estampes
gravures, autographes et documents de l'époque, 3 fr. 50. — 2. Napoléon et la Po-
logm (1806-1807), d'après les documents des Archives nationales et les archives du
ministère des affaires étrangères, par Marcel Handelsman. Paris, Alcan, 1909,
in-8 de iv-280 p., 5 fr. — 3. Napoléon au printemps de 1807. Un Tableau historique,
par le burgrave Hanxibal zn Doh?{a; trad. de l'allemand par Cjeoroes Douare.
Paris, (Champion, 1908, in-8 de 119 p., 2 fr. 50. — 4. Autour de Bonaparte. Journal du
comte P.-L. Rœperer, tninistre et conseiller d'Ëtat. Notes intimes et politiques d'un
familier des Tuileries. Introduction et notes par Maurice Vitpag. Paris, Daragon,
1909, in-8 de xin-356 p., avec portrait, 15 fr. — 5. Lettres et documents pour servir
à l'histoire de Joachim Murât, 1767-1815, publiés par S. A. le prince Murât, avec
une Introduction et des notes par Paul Le Bretiion. II. Armée d'observation du
Midi (suite). République cisalpine. République italienne. 1801-1803. Paris, Plon-
Nourrit, 1909, in-8 de 500 p., avec portraits et fac-similés, 7 fr. 50. — 6. Joachim
Murât, roi de Naples. La Dernière Année de règne (mai 1814-mai 1815). par le com-
mandant M. -H. Weil. t. I. Les Préliminaires du congrès de Vienne (mai-novembre
1814). T. II. Le Congrès de Vienne (\^^ novembre 181^-27 février 1815). Les Ménage-
ments de V Autriche. Les Négociations secrètes. Le Revirement de la politique autri-
chienne. Paris, Fontemoing, 1909, 2 vol. in-8 de lx-614 et 684 p., 24 fr. — 7.
Paris sou^ Napoléon. Assistance et bienfaisance, .approvisionnement, par L. de
I.ANZAC DE Laborie. Paris, PIon-Nourrit, 1908, petit in-8 de 360 p., 5 fr. — 8.
Bibliographie du temps de Napoléon, contenant l'histoire des États-Unis, par Frépp-
Ric M. Kircheisen. t. I. Paris, Champion; Genève, Kircheisen; London, Sampson
Low, Marston and C-», 1908, gr. in-8 de xliv-412 p., 15 fr. — 9. Les Bonaparte
littérateurs. Essai bibliographique, par Gustave Davois. Paris, l'Édition bibliogra-
phique, 1903, in-8 de 72 p., 3 fr.
1. — C'est avec tristesse que nous notons dans ]e livre de MM.
Georges d'Esparbès et Hectf>r Fl?ischniann : L'Épopée du sacre, un
fâcheux emploi du labeur et du talent. Les auteurs ont entrepi'is de
grouper autour de ce fait extraordinaire, même dans l'extraordinaire
épopée de Napoléon, une multitude de détails précis, même techniques,
et un bon nombre de réflexions et de remarques philosophiques et
historiques, d'où, selon eux, résulterait un tableau vrai et frappant de
l'Empereur et de son œuvre. Mais, faute de méthode scientifique et
de bon goût littéraire, ils n'ont abouti qu'à une œuvre hybride, qui
tient de l'histoire et du poème, mais où l'histoire est représentée par
un puéril étalage d'érudition indigeste, une accumulation de faits et
de chiiïres incohérents, souvent inutiles, et la poésie par une prose à la
fois incorrecte et affectée, haute en coule'jr, en fausse couleur, qui se
rattache à cette façon d'écrire que ses inventeurs ont quahfiée naguère
du nom d'« écriture artiste «et que nous appelons, nous, un jargon bar-
bare et ridicule. Voici un léger échantillon de ce style insupportable :
« Dans l'ivresse de toutes ces gloires gueiTières, il faut remarquer Na-
poléon, mieux que dans l'apparat du Louvre au jour du sacre. Là il
apparaît comme le chef de la démocratie, il symbolise la Répubhque
délivrée de ses erreurs, consciente enfin de son rôle dans l'Europe
ennemie. Par Napoléon le peuple participe à la gloire do son propre
— 325 —
triomphe, et les morts couchés dans les ravins fie l'Autriche, dans
les moissons mûres de Wagram, sur les rocs de la Péninsule, dans les
neiges moscovites, mêlent à la poussière des terres étrangères des cen-
dres jacobines aû'ranchies et libres ;; (p. 64). Comme l'indicjue la pensée
exprimée avec cette enflure, les auteurs appartiennent à ce qu'on pour-
rait appeler le « bonapartisme de gauche « ou le « jacobinisme napo-
léonien». Ils approuvent, ou peu s'en faut, le meurtre du duc ù'Enghicn
(p. 26, 273). Ils nous font même part, toujours dans le même stylo
horriblement pompeux, de leurs sympathies pour Robespierre. « En
brumaii*e, écrivent-ils (p. 277), Bonaparte a étranglé la République.
Cela est devenu un lieu commun, le thème convenu de toutes les poli-
tiques réactioimaires. Il est en effet hors de doute que la République
acheva son destin ce jour-là et qu'elle s'éteignit tandis que fuyaient
ses représentants. Mais quelle République Bonaparte a-t-il étranglé
le 18 brumaire? Est-ce celle-là (sic) de 93, qui tint tête à la coalition
étrangère, à la banqueroute, à la famine, à la \'endée, à la terreur
royaliste des stupides et féroces chouans? Cette République-là, une
autre s'était chargée de lui dresser son acte de décès au 9 thermidor :
la Rt'publique des cyniques et des crapules, des triomphants de la
journée où avec la mort de Maximilien de Robespierre s'éteignit la
dernière grande voix de l'éloquence française et jacobine. Sous le grand
nom d'une grande chose abolie et morte, opéraient les agioteurs
menacés; la veille de la chute de l'incorruptible, les fripons de tout
acabit et les canailles enfin délivrées de la terreur de la vertu à l'ordre
du jour. La France mise à l'encan dispersait ses lambeaux dans tous
les trafics louches du Directoire, et l'énorme clameur populaire s'éleva :
(( Bonaparte, délivre-nous de ces avocats ! » C'est la République de cos
gens-là qu'il étrangla.» — D'une façon générale, les vues et réflexions
contenues dans cet ouvrage ne sont rien moins que neuves. Ce sont des
redites, des lieux communs de parti. Tout ce qui se rapporte aux
choses religieuses est compris et traité à la manière de Voltaire, moins
l'esprit. Pie VII est dépeint et jugé avec peu d'exactitude et de conve-
nance. Les auteurs, quoique non dépourvus d'aptitude aux lettres his-
toriques, sont manifestement dans une voie fausse, pour le fond et pour
la forme. Le mieux: qu'on puisse leur souhaiter, c'est d'en sortir au
plus tôt. Ils ont sollicité et obtenu de M. Henry Houssaye une préface
indulgente, contestable sm* certains points, mais dont le style élé-
gant et simple fait contraste avec le leur. L'illustration du volume est
assez intéressante, bien qu'elle pèche, elle aussi, par le défaut de mé-
thode et d'application au texte.
2. — On respire quand on passe d'un ouvrage fatigant, peu utile et
peu lisible, à un exposé instructif et judicieux comme celui de
M. Handelsman: Napoléon et la Pologne. (1806-1807), qui jette une assez
— 326 —
vive lumière sur le caractère de l'Empereur et sa politique étrangère.
On peut ne pas adhérer à tous les jugements de l'auteur; on peut
surtout regretter son inexpérience dans le maniement écrit de la langue
française, qui rend quelquefois un peu obscure l'expression de sa pen-
sée. Mais on sort.de son livre mieux informé, plus instruit. La question
des rapports de Napoléon avec la Pologne n'avait pas encore été
étudiée avec cette érudition et ce soin consciencieux. Comme le dit
M. Handelsman, « dans toutes les histoires de Napoléon, d'Alexandre,
de la Prusse et de la Pologne, du commencement du xix" siècle, il est
question de ce problème, mais toujours incidemment, et les ouvrages
consacrés spécialement à ce sujet ne sont pas nombreux. Il n\ a, pour
ainsi dire, qu'une seule brochure de 25 pages de M. Rûther... Récem-
ment, plusieurs auteurs se sont occupés de la période de 1806-1807,
et ont contribué à éclairer cette époque. C'est d'abord M. Loret qui
l'envisage au point de vue de la politique autrichienne, en s'appuyant
principalement sur les sources puisées aux archives de Vienne et de
Dresde. M. Konic vient ensuite avec son ouvrage sur l'organisation
du gouvernement provisoire à Varsovie, d'après les archives de Varso-
vie. C'est enfin M. Schottmtiller, qui publie les rapports des agents
prussiens où l'on trouve la description de l'insurrection en Pologne en
1806-1807. La préface de ce volume est plutôt une œuvre de propagande
nationaliste antipolonaise qu'une étude véritablement scientifique.
L'auteur y est d'ailleurs plus d'une fois en contradiction flagrante
avec les sources sur lesquelles il s'appuie, ou même qu'il publie. Mais
son ouvrage est écrit d'après les documents inconnus puisés aux ar-
chives de Berlin et de Posen. Toutes ces études renferment beaucoup
de matériaux nouveaux qui nous ont permis d'aborder l'étude de
notre problème avec plus de documents que notre unique prédécesseur.
Nous nous sommes appliqué d'autre part à compléter les études citées
plus haut en puisant principalement dans hs archives françaises. Nous
avons essayé d'esquisser non seulement les rapports de Napoléon avec
la Pologne, mais aussi ceux de la Pologne avec l'Empereur. Sans cher-
cher à nous attarder aux détails de l'organisation administrative et
militaire, nous nous sommes efforcé de tracer un tableau politique
de la Pologne qui doit servir de fond à l'action de Napoléon, figurer
l'objet de ses rapports et de sa pohtique et faire ressortir les causes
et le cours d'une révolution nationale. Le récit commence avec la Ré-
volution (polonaise) et prend fin avec celle-ci, c'est-à-dire avec Torga-
nisation d'un nouvel État, issue de l'action combinée de l'Empereur
et de cette révolution.Dans ce sens, c'est le premier essai, bien imparfait
sans doute, d'une définition scientifique des rapports de Napoléon
et de la Pologne. » Mais non, pas si imparfait. M. Handelsman est trop
modeste. Son étude est un très bon travail, puisé aux sources origi-
— 327 —
nales et conforme aux saines méthodes. Ilaj(tint à son exposé des^r;?,-
nexes ou pièces justificatives ainsi réparties : \. Mémoires. II. Rapports
III. Documents divers; et une Bibliographie, partagée de cette façon :
A. Journaux, périodiques, brochures contemporaines. — B. Recueils
des documents. — C. Mémoires. — D. Livres et articles. — M. Han-
delsman a droit aux remerciements de tous les amis de l'histoire.
3. — Le séjour dé Napoléon au château de Finckenstein, où il s'ins-
talla le 1er avril 1807, a été noté par M. Handelsman (p. 91) comme
« le temps où son génie se développa le plus » et où il déploya la plus
étonnante énergie. Ce séjour et cette période, courte mais si active
et si laborieuse, de la vie de l'Empereui", ont fourni le sujet d'une
remarquable étude à M. le burgrave Hannibal zu Dohna, général-
major dans l'armée allemande, et membre de la famille à laquelle
appartient Finckenstein : iVrt/j»o/râ/^ au printemps de 1807. Un Tableau
historique, dont M. Georges Douare a eu tout à fait raison d'entrepren-
dre et de publier une traduction française. Le côté local et spécial du
sujet nous a valu (p. ISetsuiv.) une curieuse et précise description do
cette résidence. Mais l'intérêt du ti'avail de M. le burgrave zu Dohna
I est plus général. L'auteur a visé, non sans succès, à nous donner une
idée, une impression d'ensemble du génie et du caractère de Napoléon
et aussi, d'une façon plus particulière, de l'évolution qui, après Eylau,
s'accomplit à la fois, selon lui, dans sa carrière militaire et dans sa des-
tinée politique. On devra, croyons-nous, ne pas négliger détenir compte
de ses observations, opposées à l'opinion courante, sur le fonctionne-
ment réel de la conscription en France, sur le recrutement et la consti-
tution de la grande armée avant et après 1807 (p. 50 et suiv., 74 et
suiv.). Au reste, l'admiration do M. le burgrave zu Dohna pour l'intel-
ligence de l'Empereur va jusqu'à l'excès. «On doit convenir, écrit-il
(p. 112), que, par son étendue, le génie de cet homme extraordinaire
est sans exemple. Génie universel, il s'occupe, selon que le besoin s'en
fait sentir, de détails dont ses ministres compétents sont gravement
embarrassés et qui, par leur abondance et la précision de la forme
dont il les revêt, nous paraissent à la fois incompréhensibles et intan-
gibles. Un tel phénomène nous obhge à reconnaître en Napoléon un
« surhomme » qu'il faut distinguer des autres homme.'-, non pas gra-
duellement, mais d'une façon absolue par la constitution même de sa
nature. » En revanche, le jugement de M. le burgrave zu Dohna sur
le caractère moral de l'Empereur est d'une sévérité extrême. Ce génie
qu'il admire tant, il le qualifie de « diabohque ». L'influence de Taine
est sensible dans cette étude, mais elle n'en a pas moins son cachet
et son mérite propres. Elle sera lue avec intérêl par touc ceux qui ont
à cœur d'examiner de près la physionomie, encore si discutée^^ de Na-
poléon.
— 328 — r
4. — Parmi les documents déjà mis en œuvre pour l'étude de cette
personnalité hors ligne, l'un des plus sûrs et des plus intéressants, ce .
sont les notes du conseiller d'État Rœderer sur ses entretiens avec lei
Premier Consul, puis avec l'Empereur. Aussi faut-i' savoir gré àl
M. Maurice Vitrac de les avoir mises à la portée d'un plus grand nom- •
bre par sa publication intitulée : Journal du comte P.-L. Rœderer,
ministre et conseiller d'État. Aotes intimes et politiques d'un familier
des Tuileries. « Le titre de Journal, nous dit-il, ne convient qu'à
demi aux pages qui suivent. C'est moins et c'est mieux qu'un Journal,
ce sont des notes, prises par Rœderer au jour le jour,... griffonnées
chaque soir sans préoccupation de publicité,... des fragments de dia-
logues, comme sténographiés, où, sur tous les sujets, philosophie,
littérature, finances, gouvernement, se retrouve l'écho de conversa-
tions particulières avec Bonapai'te. « Cet écho donne l'impression
vivan'e de la pensée et de la parole de ce génie exceptionnel, ardent
et souple, toujours en mouvement, d'une vigueur simple et d'une com-
plexité singuhère, à la fois spontané et réfléchi. Toutefois, il a lui-même
un jour très bien remis au point par avance l'exagération qui voudrait
établir, comme nous l'avons vu tout à l'heure chez M. le burgrave
zu Dohna, une différence spécifique entre la nature humaine et la
sienne propre. « Je travaille toujours, disait-il à Rœderer dans leur
entretien du 6 mars 1809 (p. 250), je médite beaucoup. Si je parais^
toujours prêt à répondre à tout, à faire face à tout, c'est qu'avant de
rien entreprendre, j'ai longtemps médité, j'ai prévu ce qui pourrait"
arriver. Ce n'est pas un génie qui me révèle tout à coup, en secreL, ce
qife j'ai à dire ou à faire dans une circonstance inattendue pour les
autres; c'est ma réflexion, c'est la méditation. Je travaille toujours :
en dînant, au théâtre; la nuit, je me réveille pour travailler. «Onnous
permettra de renvoyer à ce propos à l'essai de définition du génie de
Napoléon présenté par nous, selon les données de la philosophie
chrétienne, dans l'étude intitulée : Napoléon, son caractère, son génie,
son rôle historique (Paris, Perrin, 1894, in-12, p. 33 et suiv.). • — Dans
le Journal de Rœderer on trouvera en outre -d'utiles matériaux pour
l'histoire politique, législative et administrative de l'époque napo-
léonienne, et surtout du Consulat. On y trouvera aussi d'instructives
notions sur le règne de Joseph Bonaparte en Espagne, sur le caractère
de ce prince et ses démêlés avec son terrible et tout-puissant cadet.
5. — Plus encore que Joseph peut-être, Joachim Murât a été intime-
ment mêlé à la vie et à l'œuvre de Napoléon. Nous avons signalé l'an
dernier {Polybiblion, octobre 1908, t. CXIII, p. 310) la grande et li-
bérale publication entreprise par S. A. le prince Murât et coiiTiée par
lui aux soins diligents de M. Paul Le Brethon : Lettres et docu/nents
pour servir à l'histoire de Joacliim Murât. Nous sommes heureux d'en
— 329 —
constater aujourd'hui la maixhe réjiulière et do noter l'apparition du
second volume qui comprend les pièces 61G à 1168 et s'étend du
2 juillet 1801 au 24 décembre 1803 (Armée d'observation du Midi. —
République cisalpine. — République italienne). Voilà un v.'ai trésor
ouvert aux historiens.
6. — Les derniers temps de la vie et de la carrière de Murât n'ont
pas été moins singuliers, moins accidentés que tout le reste. On y voit
sa destinée, après un brusque tournant, se précipiter vers une cata-
strophe. Sa rupture avec Napoléon, son alliance et sa coopération
avec l'Autriche ont naguère fait l'objet d'un important ouvrage de
M. le commandant Weil : Le Prince Eugène et Murât (1813-1814).
L'auteur nous explique en ces termes comment il a été amené à entre-
prendre le nouveau livre dont il nous donne aujourd'hui les deux
premiers volumes : Joachim Murai, roi de Naples. La Dernière Année de
règne {mai 1814-wai 1815), et quelle méthode il a suivie dans ses recher-
ches et dans sa composition: « Je venais à peine, nous dit-il, de publier
en 1002 les cinq volumes que j'avais consacrés au pi'ince Eugène et à
Murât, lorsque plusieurs de mes amis d'Italie, quelques-uns de ceux
qui avaient eu la bonté de s'intéresser à mes recherches, m'engagèrent
à me remettre à l'œuvre et à combler une autre lacune. Il ne s'agissait
de rien (de) moins que de reconstituer l'histoire des derniers mois d'exis-
tence de ce royaume français de Naples que, dans son ardeur de néo-
phyte désireux de se faire pardonner ses erreurs passées et enccre bien
récentes, Talleyrand considérait maintenant comme « une de ces créa-
tions singulières, éphémères de la fortune de Napoléon et qui devaient
tomber avec lui ». ■ — J'avais eu la même idée que mes aimables et
savants correspondants; mais, je l'avoue en toute franchise, ce fut
dans l'espoir de pouvoir leur répondre que le sujet me semblait épuisé
et la question définitivement tranchée, que je me mis à consulter, en
même temps que les principaux ouvrages consacrés à l'étude du Congrès
de Vienne, certaines pièces ayant plus particulièrement trait aux af-
faires d'Italie. Malheureusement pour moi, presque dès les premières
investigations auxquelles je me livrai aux archives de Vienne, de Naples,
de Turin et de Londres, il me fallut me rendre à l'évidence, constater
qu'il restait en effet bien des points obscurs à élucider et qu'au prix
de quelques efforts, il serait peut-être possible d'arriver à « surprendre
l'insaisissable vérité ». ■ — Plus que jamais fidèle à la méthode que
j'avais suivie lorsqu'il s'était agi pour moi de reconstituer à l'aide de
la correspondance et des rapports des généraux et des hommes d'État
français et italiens, autrichiens, anglais et napolitains, l'histoire des
derniers moments de la domination française dans la Haute-Italie,
j'ai cette fois encore eu recours aux mêmes procédés, mais en appor-
tant d'autant plus de soins à mes recherches que le sujet que je me
— 330 —
proposais do traitor était particulièrement délicat et épineux, que la
sélection à faire entre tant de documents de valeur et d'importance
bien inégales exigeait un r(>doublement d'attention et augmentait sen-
siblement les difllcultés de ma tâche. Cette tâche était même plus
ardue encore que je ne me l'étais représentée au premier abord. Je
n'ai pas tardé, en effet, à reconnaître qu'il me faudrait aller chercher
les principaux éléments des convictions que j'espère faire partager
à mes lecteurs, bien moins dans les protocoles des conférences et les
procès-verbaux des séances du Congrès, dans les négociations con-
duites au grand jour ou les notes échangées soit enti*e les cabinets,
soit entre les plénipotentiaires, que dans les correspondances latérales
et confidentielles, les conciliabules secrets, les missions dont on s'effor-
çait de dissimuler le caractère et la portée, dans des documents, dont
je me suis attaché à contrôler l'exactitude et l'authenticité avec
d'autant de plus de sévérité, que la plupai't et surtout les plus impor-
tants d'entre eux avaient échappé aux investigations de ceux qui
avaient exploré avant moi les cartons du Record Office, du A', u. K.
Haus, Hof und Staats-Archw et du R. Archwio di Stato de Turin. —
Uniquement préoccupé de la découverte de la vérité, du souci de rester
impartial, ne voulant être ni l'apologiste m le détracteur d'aucun des
persoiinages dont je me proposais de scruter les actes et les opinions,
le rôle et les visées, me croyant sur une bonne piste, convaincu qu'alîn
d'arriver au but auquel je tendais, il importait de fouiller les dessous
de la scène qui se jouait au Congrès, d'essayer de pénétrer dans les
coulisses des cours et dés chancelleries, seul moyen de découvrir et de
dévoiler la politique tortueuse des cabinets de Menne, de Paris et de
Londres, les menées occultes de Louis XVIII et de Mettei'iiich, de
Blacas et de Bombelles, de Talleyrand et de Castloreagh, j'ai tenu,
je ne saurais trop insister sur ce point, A ne m'appuyer que sur des
pièces d'une authenticité absolument incontestable. C'est pour cette
même raison aussi que je n'ai pas hésité à reproduire le texte même
de documents trop importants pour qu'on pût se contenter soit de les
analyser, soit de n'en publier que des fragments. J'ajouterai même
que, pour plus de sûreté et désireux d'assumer toute la responsabilité,
afin d'éviter toute erreur, j'ai toujours copié de ma main toutes les
pièces que j'ai cru devoir citer. — Qu'on ne me juge pas trop sévère-
ment si j'ai fait fausse route; mais j'espère cependant que mes peines
et mes efforts n'auront pas été absolument inutiles, que la découverte
et la publication de certaines dépêches et correcpondances, do rapports
et de pièces ignorées révéleront à mes lecteurs une suite de faits qui
leur permettront de porter en pleine connaissance de cause un juge-
ment impartial sur un h-jmme auquel on peut assurément reprocher
bien des erreurs, bien des fautes, mais dont la conduite pendant la
— 331 —
dernière année de son règne a généralement été appréciée avec une
excessive sévérité. » — On pourra sans doute, sur tel ou toi point,
différer d'avis avec M. le commandant Weil; on pourra aussi trouver
sa composition un peu touffue, son exposé un peu prolixe, son style un
peu négligé. Mais il n'est personne qui ne doive rendre hommage à
l'ampleur vaillante et laborieuse de son investigation, à la riche
moisson de faits, de textes, de remarques apportée par lui, non seu-
lement à l'histoire de Murât et de sa fin de règne, mais, plus générale-
ment, à l'histoire politique et diplomatique de l'Europe pendant les
années 1814 et 1815. Le second volume s'arrête au 27 février de cette
dernière année. Nous devons ici une me7T.tion particulière à la Biblio-
graphie placée en tête du premier.
f' 7. — Selon nous, ce n'est pas un faible avantage que ce double mérite
du livre de M. de Lanzac de Laborie : Paris sous Napoléon^ savoir,
la marche régulière de cette longue entreprise, sans fléchissement de
sa valeur, et l'impression d'art que, sans nul effort de l'auteur, sans
nulle prétention, la lecture nous en laisse, à cause de l'excellent clas-
sement et du lumineux exposé d'une matière en soi si complexe. Le
volume dont il s'agit aujourd'hui a pour titre spécial : Assistance et
bienfaisance. Approvisionnement. Il comprend les sujets suivants :
Chapitre LL'Administration hospitalière en général. IL Les Hôpitaux.
III. Les Hospices. IV. Secours aux indigents. V. Philanthropie et cha-
rité privée. VI. La Question du pain. La Boulangerie. L'Approvisionne-
ment en grains et farines et les disettes. VIL L'Approvisionnement en
viande. VIII. Halles et marchés. — M. de Lanzac de Laborie a très
habilement su réunir et fondre l'intérêt de son travail pour l'histoire
administrative et parisienne, et celui qu'il offre pour une meilleui'e con-
naissance de l'Empereur, de son règne et de son temps. « De l'histoire
économique, nous dit-il, j'ai essayé de ne point séparer l'histoire po-
litique et sociale : j'ai tenté surtout de faire ressortir la constante
application de Napoléon à ménager sa popularité auprès des Pari-
siens. Si je ne m'abuse, les interventions constantes du souverain sont
un des éléments d'intérêt de cet exposé. » Certains traits de son génie
et de son caractère apparaissent ici en effet avec une instructive nette-
té, par exeihple la mégalomanie chimérique qui se mêlait aisément à la
puissante précision de ses conceptions administratives, et les illusions
à demi volontaires qui troublaient parfois son jugement lucide et
ferme. — Un curieux épisode est le colloque direct qui s'engagea entre
lui et les marchands de la Halle aux vins, au cours d'une visite à
cheval qu'il y^fit, le 8 février 1811 (p. 348, 349). — Dans l'ordre
administratif, certaines questions, redevenuos actuelles, sont éclairées
d'une vive lueur par les exposés simples et clairs de M. de Lanzac de
Laborie. Telle est cette page que nos hommes d'État ou prétendus
tels d(•^•l'ui(•nt bien lire et relire : « Dès ]e début du Consulut, dans les
classes populaires comme dans les milieux officiels,uii mouvement d'opi-
nion presque unanime réclamait le rétablissement des religieuses hos-
pitalières. Les protestations indignées ou ironiques de quelques jaco-
bins impénitents ne mettaient que mieux en évidence l'intensité du vœu
général. Avant la promulgation et même la conclusion du Concordat,
le conseiller d"Etat Lacuée, qui n'était rien moins que dévot, dans le
rapport où il parlait sans sympathie des prêtres parisiens, terminait
ainsi l'énumération de ses desiderata relatifs aux hospices : « Rétablir,
-multiplier les Sœurs de la Charité. — Tourner vers cet état les orphe-
lines et petites filles abandonnées. » Cette dernière conception sentait
à la vérité son ancien militaire, habitué à voir les enfants trouvés
s'engager dans l'armée et convaincu qu'une congrégation de femmes
peut se recruter comme un régiment. Mais Lacuée ne se contentait
pas de consigner dans un rapport confidentiel son opinion favorable
aux religieuses hospitalières; après avoir personnellement inspecté
les maisons d'assistance, il ne négligeait point d'aborder cette question
dans la harangue très étudiée qu'il adressait au conseil des hospices.
Etablissant d'abord la supériorité des femmes comme infirmières :
« Vous avez reconnu sans doute, poursuivait-il, que ces femmes doivent
êire célibataires, afin qu'elles soient tout entières à leurs fonctions, et
qu'elles les remplissent avec plus d'abandon. Ah I si vous pouviez en
trouver qui se crussent sohdaires de la conduite de leurs compagnes
et qui fussent animées par des motifs surnaturels, je deviendrais
volontiers le garant de vos succès. » L'n peu plus tard, Je janséniste
Camus, l'un des auteurs de la Constitution civile du clergé et Je fauteur
des lois de proscription des congrégations, se prononçait dans le même
sens, également par des considérations d'expérience et d'intérêt pra-
tique. '< On regrette dans les hôpitaux le service des femmes attachées
à des communautés, qui se dévouaient au soulagement des indigents.
Les infirmiers domient heu à des plaintes : il est extrêmement diffi-
cile d'arrêter les concussions qu'ils exercent impitoyablement sur les
malades » (p. 24, 25).
8. — Comme Napoléon lui-même, ^L Frédéric AL Kircheisen a le
goût des entreprises gigantesques. Sa Bibliographie du temps de
Napoléon, comprenant l'histoire des Etats-Unis, dont nous avons sous
les yeux le premier volume, pubhé en même temps à Paris, à Genève
et à Londres, n'est qu'un extrait d'une collection manusci^ite beaucoup
plus étendue et comprenant environ 200 000 titres. Cet extrait, « sélec-
tion critique », nous dit l'auteur, « embrassera environ 8 000 ouvrages
et articles de revues des plus importants et des plus sérieux )>. L'un et
l'autre répertoire ne sont, dans sa pensée, qu'un prélude à une compo-
sition historique ainsi définie : « une exposition générale et critique
- 333 —
de l'époque iiapoléoniemie, basée sur toutes les sources existantes
et avec une appréciation absolument désintéressée, non seulement de
son prototype, mais aussi des événements qui relevèrent et qui ame-
nèrent ensuite sa chute. « Les titi'es d'ouvrages admis dans le volume
que nous avons sous les yeux y sont répartis dans l'ordre suivant :
\. Histoire générale. II. Histoire des États. 1. France. 2. Belgique. 3.
Hollande. 4. Italie. 5.Allemagne.6. Suisse. 7. GrandeBretagneet Irlande.
8. Pologne. 9. Russie. 10. Espagne. 11. Portugal. 12. États du Nord.
13. États du Balkan. 14. États-Unis. III. Guerres. Notons que sous
cette rubrique sont compris les écrits relatifs au Blocus continental
et au Congrès de Vienne. Nous relèverons quelques-unes des indica-
tions données par l'auteur sur sa méthode. Les titres, sauf exceptions,
sont classés dans Tordre systématique et chronologique avec préférence
en cas de doute pour l'ordre systématique. Le format est indiqué ainsi
que le nombre des pages, le lieu, l'année de l'apparition, le nom de
l'éditeur et le prix de l'ouvrage. « Chaque ouvrage contenu dans cette
bibUographie, ajoute M. Kircheisen, est cité avec toutes ses éditions
et traductions, connues de moi, sauf les éditions abrégées, les éditions
populaires ou les éditions à l'usage des classes. Si l'édition ou la traduc-
tion suivantes ont paru sous le même titre, je ne les ai pas citées de
nouveau littéralemt'nt, mais seulement dans le cas contraire. A-t-on
ajouté un nouveau frontispice à un livre pour le rajeunir, j'ai mis le
véritable millésime entre parenthèses ca^'rées. Tous les écrits publiés
à l'occasion d'un ouvrage, les comptes rendus, les répliques, etc., se
trouvent à la suite de l'ouvrage lui-même. Cependant je ne pouvais
citer que les comptes rendus, etc. les plus importants et les plus étendus
des trente dernières années, tandis que j'ai cru (devoir) faire une excep-
tion pour les mémoires, correspondances et biographies. Beaucoup
d'ouvrages parurent en pai'tie ou entièrement avant leur publication
ou forme de livres dans des revues. Il m'était quelquefois tiès difficile
de découvrir tous ces extraits, et si je me suis parfois trompé, je de-
manderai un peu d'indulgence. « — Nors avons été à bon droit surpris
de ne trouver aucune mention du Polybiblion dans l'indication des
sources bibliographiques auxquelles l'auteur a puisé.
9. — M. Gustave Davois qui a, lui aussi, en préparation une œuvre
de grande haleine : Bibliographie napoléonienne française, offre au
public, sans doute comme échantillon, un opuscule intitulé : Les
Bonaparte littérateurs. Essai bibliographique, qui contient de plus des
notes biographiques et des citations de documents. La méthode en
laisse à désirer. Nous l'avons pourtant feuilleté avec intérêt. Mais nous
y avons relevé un gros lapsus. Ce n'est pas en 1815, « à la suite du
désastre de Waterloo » (p. 6), mais dès 1814 que le roi de Rome avait
dû quitter les Tuileries, puis la France, en compagnie de sa mère
Mai'ie-Louise. ^ M. S.
— 334 —
THÉOLOGIE
l>e itliuuiaprohaltilisnio, auctore Ludovigo Wouters. Edilin al-
téra. Paris, LucofTre, Gabalda, 1908, in-8 de 154 p. — Prix : 2 ir. 50.
L'on se bat toujours dans les éct)les do théologie pour ou contre 'e
probabilisme. C'est de lui qu'il s'agit dans cet opuscule, où il est
visé et attaqué, sous le nom de nnuiisprobabilisme, par un des plus
savants théologiens disciples de saint Liguori, lequel tient fortement à
l'exemple, assure-t-il, du grand docteur, pour l'éqm probabilisme contre
les probabilistes, qui se réclament surtout des jésuites; il soutient^
deux thèses : 1° qu'il n'est pas permis de suivre une opinion bénigne,
quand on la juge moins probab-le; 2» que, dans le cas de doute strict
sur la persistance de la loi, on doit suivre l'opinion favorable à la loi.
Il emprunte ses arguments à l'autorité de l'Église et de saint Alphonse,
au sens commun, à l'idée du bien moral, au caractère relâché et douteux
du probabilisme. Après les arguments, il résout les nombreuses
objections à la manière scolastique. C'est là une bonne dissertation
professionnelle. L'une des assertions les plus frappantes est que l'Eglise
no s'est pas prononcée pour le probabilisme et pourrai encore le
réprouver. A. Clerval.
I^e Besoin et le devoir religieux, par Maurice Serol. Paris,
Beauchesne, 1C08, in-16 de 216 p. —Prix : 2 fr. 50.
Trois voies, nous dit l'auteur, sont ouvertes à l'homme pour parvenir
à cette conclusion qu'il a le devoir rehgieux : 1° la voie métaphysique;
2o la voie morale ; 3° la voie psychologique. C'est dans cette dernière
voie que l'auteur nous engage à sa suite. Etudiant les tendances hu-
maines, il y découvre qu'elles échouent dans leurs vraies aspirations,
si elles ne cherchent pas plus loin que la vie naturelle. Exposant les
diverses méthodes de salut, il conclut que la religion est l'unique so-
lution, et la solution nécessaire du problème de nos tendances. De là
le besoin de croire; de là le devoir de croire; et comme la raison et
l'expérience ne suffisent pas à établir la croyance nécessaire et désirée,
de là le devoir d'accepter une autorité doctrinale, qui se manifestera
à l'intérieur de l'âme par une expression mentale, au dehors par une
expression extérieure, corporelle, et un culte public. Travail conscien-
cieux, logique, concluant, digne d'un philosophe et d'un chrétien.
A. C. \
— 335 —
SCIENCES ET ARTS
liCS Idées et les ferines (Antiquité oriesitalr), parPÉLAoAN.
Paris, Mercure de France, 1908, in-12 de 357 p. — Prix : 3 fr. 50.
C'est une entreprise hardie que de condenser en 300 pages Jes faits
principaux et les grandes théories de l'esthétique orientale, surtout si
l'on dilate le sens du mot « oriental » jusqu'à lui faire inclure l'Egypte,
la Kaldée (sic), l'Assyrie, la Chine, la Phénicie, la Judée, l'Arabie,
l'Inde, la Perse, les Aryas d'Asie Mineure. M. Péladan n'a pas hésité
devant cette gageure. Il faut le complimenter de sa hardiesse. '( Ce
manuel, écrit-il, réunit dans un volume ordinaire des notions certaines,
c'est-à-dire acceptées à peu près unanimement sur l'histoire des idées
et des formes. Ce ne son^ que des aperçus, mais ils forment un index de
l'évolution humaine. » Que le lecteur ne prenne pas cette description
trop à la lettre ! Les mixtures les plus pittoresques et les plus compli-
quées des anciens apothicaires peuvent seules donner une idée à peu
près exacte de ce chaotique ouvrage. La proportion de gnosticisme
« magique » est trop considérable. On en aurait bien toléré un peu
(quantum satis ad gratam aciditatem, dirait le Codex), mais M. Péladan
abuse. Ses traductions de la Bible, par exemple, sont tout à fait hors
de saison; le burlesque n'en est pas toujours agréable. Voici l'histo're
de Kaïn et d'Habel : « Alors l'entité Kaïnique projeta sa norme vers
son parallèle Hab.el; c'était pendant une élaboration énormonique où
tous deux agissaient ensemble : le principe Kaïnique exultant sa subs-
tance, absorba le principe Habélique, son parallèle. Ihoah dit au prin-
cipe Kaïnique : « Où est le principe Habélique, ton parallèle? « Et
Kaïn dit: «Le sais-je; suis-je son gardien? « etc.,. Ne trouvez-vous pas
ce passage... énormonique?
Défalcation faite de ces rêveries, le reste est-il d'une érudition de
bon aloi? Pour les parties qui sont de ma compétence, j'ai relevé beau-
coup d'inexactitudes, d'à peu près, de fautes de transcription ou
d'orthographe qui rendent ces chapitres malaisément utilisables.
Mais quand M. Péladan veut bien rester lui-raême,c'est-à-dire critique
d'art, il émet des jugements excelleni:.s et rencontre des formules net-
tement et élégamment frappées, celles-ci par exemple : « Il y a autant
de métaphysique transcendantale dans un marbre que dans un traité
d'Aristote, seulement ceux qui lisent sont légion auprès du petit nom-
bre de ceux qui voient. » A propos de la Phônicie : « Le rite religieux
représente toujours le plus haut état des consciences : ici il consacre
la négation du sentiment paternel et do la loi naturelle. Le Phénicien
est immonde comme type, et pour tout son ensemble c'est un frère do
l'Israélite, 11 faut admirer à quel point la différence de religion peut
séparer deux branches d'une même race, » -f;l affirme, malheureusement
— 336 —
par des néologismes barbares, que la théorie de « l'art pour l'art» est
surannée : « Aujourd'hui, l'art pour l'art, qui n'est pas une doctrine,
mais un fait conséquentiel de l'état social, équivaut à une théorie de
jiarler pour ne rien dire et en piopos individuels et inintéressants. »
En somme, livre curieux et éti'ange dont on retiendra l'Introduction,
et quelques pages glanées ici et là par des lecteurs appliqués et patients.
J. Labourt.
Beitrii^e zur GescUiclite c(er Pliilosopliie des llittelal-
<ei*s. Munster, Asche.idorff. 5 vol. in-8 :
Band III. Heft 2. Wilelo. eîn l^liilosopli iind IVatiirforscIter
de» XIII •lalii'l»u«derts, von Clemens B>eumker. xxii-686 p.
— Prix : 27 fr. 50.
Bani VI. Heft 2. lïicolaus von Aiitrécourt, sein Leben,
seine Philosophie, seine ^icliriiten, von Dr. Joseph Lappe.
31 + 48 p. —Prix : 3 fr. 50.
Band VI. Heft 3. Cieschichte der (■otteslte^«'ei.«ie im mit-
telaltei* bis zum AH!i>^an^ der Elochscholastik, von
Dr. Georg Grunwald. x-164 p. — Prix : 6 fr. 90.
Band VII. Heft 1. Der angeblirht* exzessive Realismus des
.Wuns ScotMS, von Dr. Partiiemus Minges O. F. M. ix-108 p. —
Prix : 4fr. 70.
Band VIII. Heft 1-2. Quellenheitrage und HutcrsuehiDn$;en
zur Gescliichte der Ciottesbeweise ini dreizehnten
•lalirhunilerl mit besouderer KeriickHiclitigiiiig des
Arguments im Pro^logiiim des Hl. Anselni, von P. Au-
GusTi\us Daniels O. S. B. xii-167 p. — Prix : 6 fr. 90.
Ces cinq volumes s'ajoutent à la collection déjà si importante, dirigée
par MM. Baeumker et von Hertling, de travaux sur l'histoire delà
philosophie du moyen âge. Les textes publiés, ordinairement inédits,
n'appartiennent pas sans doute, pour la plupart, aux auteurs classiques
de la scolastique. Ils n'en sont pas moins très utiles à connaître. On
y voit bien plus clairement l'état du milieu où travaillaient les grands
docteurs, les questions qui étaient posées de leur temps et les opinions
dont ils devaient tenir compte. Nul doute que ces grands travaux de
l'érudition allemande n'amènent un jour une interprétation plus saine
et plus claire de bien des passages qui nous embarrassent.
■ — Le premier volume concernant Witelo est l'œuvre de M. Baeum-
ker lui-même. La publication en a été très retardée par une grave
maladie de l'auteur. Les ouvrages de Witelo ont cela d'intéressant
qu'il était à la fois philosophe et physicien, peut-être plus physicien
encore que philosophe. Le ti*aité qui lui a attiré le plus de réputation,
intitulé : Perspective, est un véritable traité d'optique. On y i-encontre
des vues qu'un modei'ne ne désavouerait pas. Il était dédié à Guillaume
de Mœrbeke, le traducteur d'Aristote et d'un grand nombre d'écrits.
grecs et arabes. En tant que philosophe, Witelo se servait des travaux
— 337 —
d'Aristote comme tous ses contemporains, mais son inspiration était
plutôt platonicienne; il avait élaboré un ouvrage qu'il r,e proposait d'in-
tituler De Ordine entium. Coi ouvrage est perdu à moins que le traité
De Intelligentiis, qu'on lui attribue communément, n'en soit un
fragment.
"M. Baeumker réédite ce traité et les principales parties de la Per-
spective. Cette édition, critiquée avec soin, porte l'indication de nom-
breuses variantes recueillies dans les bibliothèques du Vatican, de
Paris et de Berlin. Elle est accompagnée des renseignements qu'il a
été possible de recueillir sur la vie assez mal connue de l'auteur. Il
était Polonais, né, ct'oit-on, en Silésie, vers 1220 ou 1230.^'ers 1260, il se
rendit en Italie pour étudier à l'Université de Padoue. C'est là qu'il fit
la connaissance de Guillaume dé Mœrbeke. Sur le reste de sa vie on
n'a aucune donnée certaine. Quelques-uns croient qu'il serait mort
chez les prémontrés à Valenciennes. San grand ouvrage : Perspective^
a paru vers 1270.
M. Baeumker fait suivre cette publication de dissertations très
approfondies sur les diverses questions philosophiques examinées dans
le Ds IntcUigentiis. Il en recherche les antécédents dans la première
scolastique, et indique la manière dont ces questions ont été envisagées
par les grands scolastiques. C'est un travail qui fait le plus grand
honneur à l'érudition et à la pénétration de l'auteur; mais les lecteurs
français le trouveront peut-être un peu trop massif.
■ — Le second volume, dont l'auteur est le Dr. Lappe, concerne un
penseur français du xiv*^ siècle, Nicolas d'Autrécourt. Nicolas était
du diocèso de Verdun, il étudia à Paris de 1320 à 1327 et parvint aux
honneurs de la maîtrise. M. Lappe analyse sa philosophie et publie
plusieurs de s°s écrits qu'il a retrouvés, notamment une lettre adressée
par Nicolas à Egidius (Gilles de Rome) qai lui reprochait d'enseigner
des doctrines dangereuses. Nicolas se défendit avec une subtilité rare;
nos modernes sceptiques sont en retard sur lui pour l'ingéniosité des
arguments. II n'admettait d'autre certitude que celle du principe de
contradiction. Finalement, il fut condamné par une sentence du
légat du Pape rendue dans une réunion de docteurs tenue à Avignon,
en 1346.
— Le troisième volume, dû au Dr. G. Grunwald, est un exposé
historique des preuves de l'existence de Dieu au moyen âge. L'auteur
analyse les différentes preuves données par les Pères et les Docteurs
depuis saint Augustin jusqu'à saint Thomas d'Aquin. Ces preuves
ont pour fondement l'amour du vrai, d-u bien et du beau (saint Augus-
tin), l'idée du parfait (saint Anselme), l'a nécessité d'un créateur de
Tâme humaine (Hugues de Saint-V^ictor), l'idée de l'être pur (saint
Bonaventure), l'idée de cause (saint Thomas), etc. M. Grunwald ne
Octobre 1909. T. CXVI. 22. -
— 338 —
pousse pas plus loin son étude, car, dit-il, les scolastiques postérieurs
n'ont mis en avant aucune preuve vraiment nouvelle.
• — Le docteur Parthenius Minges est l'auteur du quatrième volume
annoncé plus haut. Stockl, dans son histoire de la philosophie, avait
accusé Scot de réalisme excessii. Le P. Minges, qui est franciscain, en-
treprend de défendre le grand docteur de son ordre. Il s'attache à jus-
tifier contre saint Thomas d'Aquin la thèse scotiste de la matière pre-
mière, matière 'commune à tcus les êtres créés qui serait une réalité
positive et que Dieu pourrait faire exister seule. Puis il entre dans la
question des universaux et cite un grand nombre de textes, où Duns
Scot se montrerait réaliste très modéré.
Assurément dans beaucoup de ces textes on trouve la négation de la
réalité objective des universaux comme universaux, mais d'autres
nous paraissent laisser des doutes. Cela tient peut-être à la manière
de raisonner de Duns Scot. A force de multiplier les distinctions et les
explications, on finit par obscurcir les questions au lieu de les éclaircir.
— Dans le cinquième volume, le P. Augustin Daniels donne une
suite d'auteurs scolastiques qui se sont prononcés sur les preuves de •
l'existence de Dieu et notamment sur celle donnée par saint Anselme
dans le Proslogium. Sur quinze docteurs cités, il en compte deux
contraires à l'argument de saint Anselme, à savoir saint Thomas d'Aquin
et Richard Middleton; trois indécis : Albert le Grand, Henri de Gand
et Pierre de Tarentaise. Les dix autres seraient favorables. C'est,
croyons-nous, y mettre beaucoup de bonne volonté. Le plus grand
nombre de ces dix admettent la thèse de saint Anselme avec certaine
réserve et s'en servent plutôt pour prouver que Dieu est l'être par
essence que pour prouver son existence de fait. D. V.
Aux classes dirigeantes. Ce que les pauvres pensent des
rielies. par Fernand Nicolay. Paris, Perrin, 1909, in-16 de
307 p. — Prix : 3 fi-. 50.
On ne peut adresser de plus bel éloge au volume récent de I\I. Nico-
lay que de lui trouver quelque rapport avec lea Sophiwies économiques^
de Frédéric Bastiat. Les aperçus économiques sont moins approfondis
chez M. Nicolay; mais, comme chez Bastiat, un style limpide, des
exemples famihers bien choisis sont mis par lui au service d'un bon
sens à la portée de tous. M. Nicolay emploie avec beaucoup de verve
la forme du dialogue entre un avocat qui est lui-même, et un ou plu-
sieurs représentants des diverses variétés d'ouvriers que lui a fait
connaître sa longue expérience de conférencier. A la fin, il intervient
même un journaliste.
Comme il l'a indiqué dans le titre de son ouvrage, M. Nicolay
— 339 —
s'adresse surtout aux classes dirigeantes. C'est ce qui explique que
tout en se montrant économiste compétent, il ait écrit cependant
plutôt en moralisme chrétien qu'en économiste. A coup sûr, le plus
grand nombre de ses dialogues ou chapitres contiennent de bonnes réfu-
tations des sophismes en cours parmi les ouvriers qui subissent les
influences sociaHstes ; les titres de ces chapitres : Si la grève devenait
générale^ Ce que le socialisme ferait de l'ouvrier^ Les Retraites ouvrières
qui les paiera? A quoi servent les riches^ etc., indiquent suffisamment
l'intérêt des questions traitées; il y a un chapitre ; Pourquoi l'État
entrave-t-il la bienfaisance^ qui nous a paru à ce point de vue particu-
lièrement bien présenté. Mais M. Nicolay, c'est l'originalité de son
travail, fait surtout dégager ce c/ue les pauvres pensent des bour/^eois,
afin d'enseigner aux bourgeois comment, sans nécessité de se faire
socialistes, leurs arguments, et peut-être encore plus leurs exemples,
peuvent arriver à vaincre la méfiance des classes ouvrières. La con-
clusion : c'est qu'ils doivent s'inspirer de la morale chrétienne. Ce n'est
pas une solution neuve, mais c'est une solution éternelle.
Ch. de Lo.aiénie.
' LITTERATURE
li'Aniiée lîiisuîstîque, publiée sous les auspices de la Société de phi-
lologie. T. m. /50O-/907. Paris, C. Klincksieck, 1908, petit in-8 de
396 p. — Prix : 6 fr.
Nous avons déjà parlé deux fois {Polybiblion., août 1903, t. XCVIII,
p. 153-154, et septembre 1905, t. ClV, p. 241-242) de l'originalité de
cette pubHcatiori et reconnu son mérite. Le tome III n'est pas au-
dessous des précédents, mais il présente une telle variété de matières
qu'il sera difficile à un lecteur, même érudit, de l'apprécier dans toutes
SCS parties. Nous ne pouvons donc qu'en donner un simple sommaire.
Nous pouvons pourtant signaler comme ayant un intérêt général^
et accessible à toute personne lettrée une fine étude de M. Ernault,
Français parlé et français écrit, où il étudie, surtout à propos du Dic-
tionnaire de l'Académie française, un certain nombre de mots, leur
origine, leur sens et leur orthographe : — une vieille pétition pour la
défense de nos langues provinciales que M. de Charencey republie,
trop modestement sous mon nom seul (à la table), car il en est l'auteur
autant que moi; — un admirable plaidoyer pour « la cause des natio-
nalités assujetties «, par le baron Yrjo-Koskinen; — une sorte de con-
cordance de « deux fables à travers les âges «, par M. Decourdemanche
(une de ces deux fables est celle du Cerf se voyant dans l'eau, La Fon-
taine, VI, 8). '.-•:?|
Les autres études de ce volume ne peuvent guère être appréciées
— 340 —
que des spécialistes, mais elles touchent parfois à de grands problèmes
d'histoire, de linguistique et d'ethnographie, problèmes qui malheureu-
sement, faute de documents, empiètent sur la préhistoire des peuples :
ainsi par M. le baron Carrade Vaux l'historiquedela question étru.sque,
question dont il s'est particulièrement occupé et où il défend (faute
de m'eux) l'hypothèse d'une origine tatare; ainsi encore le rapport ti*ès
complet et très au courant de M. l'abbé Bourdain sur les travaux des
linguistes qui essaient de rattacher les langues indo-germaniques aux
langues sémitiques et même aux langues chamitiques... et autres.
Nous mentionnons pour terminer, non pas qu'ils aient moins de
mérite, mais parce qu'ils offrent moins d'intérêt général, un rappo^'t
de M. Witsch sur tes laiigues slaves occidentales au xx^ siècle, celui
de M. \'inson sur les études dravidiennnes et particulièrement les
études tamoules de 1900 à 1906, et des notices de M. de Charencey
sur le basque et sur des langues de l'Amérique centrale. H. Gaidoz.
Cbaitts d'avant l'aube, par Algernon Charles Swinburne ;
trad. par Gabriel Mourey. Paris, Stock, 1909, in-12 de vi-344 p. —
Prix : 3 fr. 50.
C'est en 1871 que parurent les Songs before Sunrise {Chants de l'aube
plutôt que d'avant l'aube), soulevant en Angleterre. à la fois le scandale
par leur inspiration révolutionnaire et impie et l'admiration par leurs
mérites poétiques, éloquence passionnée, splendeur deS images, richesse
de la langue, harmonie et souorité du rythme. De ces dernières qua-
lités, une transcription en prose étrangère ne peut naturellement garder
que peu de chose, et, remarquable avant tout par la forme, Swlubm'ne
perd encore. plus à la traduction que certains autres poètes; son éclat
s'éteint à demi, sa puissance oratoire et son abondance risquent de
paraître rhétorique et prolixité. Quant aux poèm^es eux-mêmes, ce
sont des hymnes enthousiastes à la révolution, à l'émancipation, à
la liberté, des péans en l'honneur de l'unité itahenne, des invectives
furieuses contre la tyrannie, la monarchie, la rehgion, des blasphèmes
et des sarcasmes à l'adresse du Dieu chrétien et de tout Dieu per-
sonnel. Le recueil est congrûment dédié à Mazzini; tout y est d'une
ferveur et d'une exaltation étranges. Malgré quelques anglicismes
(tels que la bizarre locution un qui, une qui) et quelques phrases
lourdes ou obscures (la dernière de la page 89 est à peu près inini,el-
ligible), la traduction de M. Mourey est facile autant qu'exacte, double
mérite qu'ont rarement les versions de poètes étrangers.
A. Barbeau.
— 341 —
Un Coin de littêrnture soiis le second En>|iire. Sainte-
Beuve et ritanipflcury. liettres «le ('hampfleury à sa
mère, à son frère et à divers, par Jules Troubat. Paris,
Mercure de France, 1908, in-18 de 336 p. — Prix : 3 fr. 50.
Quatre parties dans ce petit recueil, dont le titre : « Un Coin
de littérature sous le second Empire » n'est pas chronologiquement
très exact, puisqu'il commence avant et finit après le règne de Napo-
léon III; quatre parts faites dans les papiers de Champfleury, de ses
vrais noms et prénoms : Jules-François-Félix Husson-Fleury, né
à Laon, le 17 septembre 1821, mort en 1889. — 1° Lettres de Champ-
fleury à sa mère (p. 27 à 186); 2'^- Sainte-Beuve et Champfleury (p. 187
à 278); 30 Lettres de Champfleury à son frère (p. 279); 4^ Lettres à
divers (p. 293 à 327).
Tous ces documents, sur des sujets très modestes, en un style
m'égligé, le plus souveait vulgaire, parfois incorrect (par exemple cette
locution à la fin des lettres : « Bonjour à mon père, boniour à ma
tante, bonjour à tous », etc.), tous ces documents n'offrent pas grande
importance ; ils témoignent cependant du labeur d'im littérateur venu
sans argent à Paris et faisant son chemin avec indépendance et sincé-
rité. Champfleury est considéré comme un des précurseurs de l'école
réahste, contre-partie des romantiques; il semble, malgré lui, avoir
tout bonnement été un bourgeois bruyant, ayant gardé l'empreinte
indélébile de cette petite bourgeoisie provinciale qu'il a dépeinte avec
succès, précisément parce qu'il n'y était pas étranger. Il ne possédait
guère d'idéal plus élevé que la maxime « l'art pour l'art » et sa vision
assez nette et précise des choses ne le sortait pas d'un terre à terre
étroit, vulgaire et « bohème >>.
M. Troubat, qui fut l'intermédiaire habituel de Champfleury et de
Sainte-Beuve, était plus propre que personne à éditer, avec des notes
indicatrices, ces correspondances; il conn&îL bien l'époque, les gens
et les choses; comme tout cela lui rappelle sa propre existence, il y
prend un intérêt qu'il parvient parfois à faii-e partager au lecteur.
Mais ce sont là, malgré tout, fumées bien légères c[u'emporte le vent,
sans qu'elles aient laissé tomber sur le sol une goutte de rosée.
G. A.
Trents cinq ans d'épiscopat, par Mgr de Cabrières. Paris, Plon-
Nourrit, 1909, in-8 de xvi-424 p. — Prix : 7 fr. 50.
Les vingt-quatre dernières pages du volume sont remplies par la bi-
bliographie complète des écrits du vénérable évêque de Montpelher;
elle comprend environ trois cent soixante-dix articles dont la série
chronologique commence en -1854 pour se prolonger pendant plus
d'un demi-siècle, semblable à un beau fleuve dont le cours tranquille
— 342 —
et régulier s'élargit à mesure qu'il traverse en les fertilisant des
campagnes verdoyantes.
Dans cette masse énorme de publications de genres divers, la pieuse
sollicitude de M. le chanoine Granier a rhoisi une quarantaine d'ex-
traits judicieusement classés sous les rubriques suivantes : Notes per-
sonnelles. — Œuvres pastorales. — Pages historiques et soeioles. —
Panégyriques. — Éloges funèbres. — Pages littéraires. — Pensées
diverses.
Ce beau monument oratoire est présenté au public dans une longue
Préface de ^I. Paul Bourget, qui donne aux œuvres de son illustre ami
le commentaiie d'émotion et d'éloges qu'elles méritaient.
P. PiSANI. .
lia CliRitson lies ZVilielunge, traduite du moyen haut-allemand
par J. FiRMERY. Paris, Coiin,1909, in-18 de 310 p. — Prix : 3 fr. 50.
M. Firmery, inspecteur général des langues vivantes, vient de nous
donner la traduction de la chanson des Nibelunge, et non Nibelungen,
comme le fait observer l'auteur avec raison. Le besoin s'en faisait
sentir; car ni -M'"*? Moreau de la Moltière, qui publia en 1839une traduc-
tion du vieux poème allemand sur une traduction en allemand mo-
derne, ni même M. de Laveleye, dont le travail est plus sérieux, n'ont
réussi à donner une idée exacte de l'original. L'autoi'ité de M. Firmery,
dans toutes les questions qui concernent l'ancien et le moyen haut-
allemand, est universellement reconnue non seulement chez nous,
mais encore en Allemagne. Tout le monde sait que, dans l'enseignement
des langues vivantes, il ne veut pas que l'on se limite à la connaissance
du terme usuel et courant; il se plait au contraire à remonter dans le
passé, à rechercher l'origine d'un mot et à poursuivre son histoire,
depuis sa première apparition jusqu'à sa forme actuelle, et à travers
ses multiples transformations. Personne n'était donc mieux placé que
lui pour nous donner une traduction adéquate du vieux poème.
Il nous dit dans sa Préface les raicons qui l'ont déterminé à donner
la préférence au texte établi par Lachmann. Non pas qu'il se fasse
illusion sur la valeur absolue de cette édition, ou qu'il méconnaisse le
bien-fondé des critiques élevées contre elle. On sait que Lachmarxn,
frappé de la différence de la langue et de la versification dans certains
passages du poème, a été amené à considérer bon nombre de strophes
comme interposées. Il ne les a pas supprimées, mais, à l'exemple d'Aris-
tarque et des critiques alexandrins, qui marquaient d'une astérisque
les passages des poèmes homériques qui leur paraissaient ajoutés
après coup, il s'est contenté de faire imprimer en itahques les strophes
douteuses. M. Firmery va plus loin, et pour rendre au ^'ieux poème
son aspect primitif, autant qu'il est permis de le deviner sous les re-
— 343 —
peints de tant de siècles, il supprime, à part quelques quatrains, toute
cette superfétation, œuvre des ménétriers ambulants et mendiants, qui
chantaient à travers l'Allemagne les exploits de Siegfried et la ven-
geance de Krimhilde. Je connais des lecteurs qui trouveront ce procédé
un peu radical. 11 faut se souvenir, en effet, que le même fait littéraire
s'est produit chez nous avec nos poèmes du moyen âge : cependant,
les romanistes les plus éminents, comme Léon Gautier, n'ont pas
hésité à maintenir dans leur texte des laisses évidemment introduites
postérieurement dans le poème par nos trouvères et nos jongleurs, et
je ne sache pas que la critique les en ait blâmés.
Si l'idéal d'une bonne traduction est de rendre non seulement ly
sens, mais encore le mouvement et la couleur de l'original, on peut
dire que la traduction de M. Firmery n'est pas loin de réaliser cet
idéal. On félicite souvent Voss d'avoir conservé dans sa traduction
des poèmes homériques la tournure du vers et le rythme du vieux
poète ionien, mais combien son langage du xviii^ siècle est loir du
mouvement et de la couleur des épopées grecques ! M. Firm-^ry a
réussi à donner à sa traduction la ncïveté et la couleur de l'original.
Tout en parlant la langue d'aujourd'hui, il sait y faire entrer habile-
ment des expressions et des tournures d'autrefois, empruntées au
parler roman, contemporain de la Chanson des Nibelunge. Il poursuit
l'expression simple et naïve, il ne recule même pas devant quelque
tournure lourde de l'original, au risque de paraître gauche à nos sty- '
listes modernes, et tout cela pour conserver à son œuvre cette fraîcheur
et ce charme de la poésie naissante : on peut dire vraiment que cette
traduction donne l'impression vivante d'une œuvre originale.
11 nous reste à remercier M. Firmery d'avoir mis en tête de sa tra-
duction une étude couite, mais substantielle, sur l'origine et la consti-
tution du poème. Grâce à Dieu, depuis que la Tétralogie de Wagner
est remise à la mode, nous sommes famiUarisés en France avec Wotan
et Loki, Albérich et Hagen, Siegfried et Brunhilde, autant que l'étaient
nos ancêtres du xvii® siècle avec la mythologie des Grecs et des Ro-
mains; nous connaissons le Walhalla aussi bien que l'Olympe. Ce-
pendant, il suffit de lire l'étude que Richard Muth et Nagl ont faite
des Nibelunge, pour s'apercevoir combien est touffue et embroussaillée
cette forêt de légendes, et combien il est difficile de s'y retrouver,
sans un guide sûr. Le poème a-t^il une base historique ? Les Burgondes
de Worms sont-ils les mêmes que ceux qui viennent s'établir chez nous
en Burgûndie ? Siegfried n'est-il pas le souvenir éclatant de Sigisbert,
le roi d'Australie? Ne retrouve-t-on pas dans Brunhilde et Krimhilde
la trace de Brunehaut et de Frédégonde ? en un mot, quelle est la part
de l'histoire dans les Nibelunge? D'un autre côté, quelle est la part des
croyances religieuses et mythologiques dans la constitution du poème?
— 344 —
Comment h personnage de Siegfried se rattaehe-t-il aux légendes de-
l'Edda, ot quelle est sa parenté avec Sigurd ou Sigmund de la légende
noioise? Comment le héros aux yeux étincelants est-il devenu chez
Wagner le symbole de la jeunesse et du printemps, et sa lutte contre
les Nibelunge, l'image de la lutte de la lumière contre les ténèbres?
Comment la Walkyre Brunhilde est-elle devenue la Brunhilde de
Gunter, l'ennemie mortelle de Siegfried, après avoir été sa fiancée
immortelle? Ce sont là autant de problèmes ardus et difficiles à résoudre.
La magistrale exposition que M. Firmery fait de toutes ces légendes en
tête de son livre, plus que toutes les élucubrations des mythologues
allemands, jette de la lumière dans ces ténèbres, et nous guide à travers
les fourrés de cette forêt mystérieuse. L. Mensch.
HISTOIRE
Ati tomps des Phni*aoiiB, par A. Moret. Paris, Colin, 1908,
in-18 de 284 p., avec 16 planches et une carte. — Prix : 4 h\
M. Moret, conservateur-adjoint du musée Guimet, directeur-
adjoint d'égyptologie à l'École des hautes études, est admirablement
qualifié pour introduire les profanes à la connaissance de l'ancienne
Egypte. Il a réuni à leur usage six articles ou plutôt six conférences
dont voici les titres : I.La Restauration des temples égyptiens. II. Di-
plomatie pharaonique. III. L'Egypte avant les Pyramides. IV. Autour
des Pyramides. V. Le Livre des Morts. VI. La Magie dans l'Egypte
ancienne. M. Moret nous initie aux grands travaux qui, sous la haute
direction du ser\àce des antiquités, préservent d'une ruine totale les
gigantesques monuments pharaoniques. Ensuite, dépouillant d'une
main experte la eorrespondance de Tell-el Amarna, il dévoile les secrets
des diplomates d'Aménophis IV : on sait que ces tablettes sont une
source d'informations infiniment précieuses pour l'histoire d3 l'Asie
antérieure et de la Palestine vers le xv^ siècle avant notre ère, c'est-
à-dire deux siècles avant l'exode des Hébreux. La préhistoire des
pharaons, celle des « dynasties divines » est clairement exposée dans
le chapitre III^. La construction et l'aménagement des Pyramides,
l'exégèse du Livre des Morts — rituel funéraire destiné à enseigner au
défunt le bon chemin du paradis, malgré les ennemis et leurs embûches,
malgré la redoutable épreuve du jugement dernier,- — enfin la science
occulte des magiciens forment l'objet des derniers chapitres. La trans-
cription de plusieurs noms propres, surtout les allusions aux totems
préhistoriques et la théorie sur les rapports de la magie et de la religion
qu'on devine entre les lignes, appelleraient quelques réserves. L'ensem-
ble est excellent, bien écrit et agi^éable à lire. J. Labourt.
— 345 —
Innocent III. f^es Royautés Taasales du Saint-Siège, par
Achille Luchaire. Paris, Hachette 1908, in-16 de 279 p. — Prix :
3 fr. 50.
Iniaocent III. lie Concile de iLatran et la Këforme de
rÉ(|lise, par le même. Paris, Hachette, 1908, ia-lG de x-291 p.
— Prix : 3 fr. 50.
Le titre du premier de ce deux ouvrages n'est pas à prendre tout à
fait à la lettre, puisqu'ilyest question, entre autres, des rapports entre
Innocent III et Philippe-Auguste, lesquels se résument on trois points :
l'afTaire d'Ingcburge, où le Roi brave le Pape en même temps que la
morale; les contestations sur la juridiction ecclésiastique; et l'affaire
d'Angleterre, où Philippe et son fils sont tour à tour les exécuteurs
intéressés et les adversaire? de la politique pontificale. Mais la cou-
ronne de France est presque la seule alors dont le maître puisse pié-
tendre ne relev^er que de Dieu. Partout ailleurs, dans la péninsule
ibérique, en Hongrie et dans les^Etats slaves, en Angleterre, o»i assiste
à l'établissement ou à l'exercice de cette souveraineté universelle que
l'Église revendique et dont elle ne s'est jamais autant rapprochée.
Tout y pousse; pas de faits plus différents dans leur origine, plus sem-
blables dans leurs résultats, que l'acte de Pierre d'Aragon, venant,
d'un mouvement spontané, recevoir sa couronne à Rome des mains
d'Innocent III, et l'acte de Jean sans Terre, se livrant, pour sauver
son trône, à la tutelle du Saint-Siège, si longtemps bravé et toujours
détesté. — Il faut d'ailleurs ajouter que la suzeraineté du Saint-Siège,
le plus souvent, restait théorique, tant ses vassaux se piquaient peu
de docilité.
— Le dernier volume de M. Luchaire est consacré au concile
de Latran, qui fut comme le couronnement et le résumé du règne
d'Innocent III; toutes les grandes affaires politiques et religieuses
qui l'avaient occupé y eurent leur épilogue. Après avoir résumé les
canons qui y furent votés pour la réforme de l'Église, M. Luchaire
en prend texte pour étudier les rapports du Pape avec le clergé. Il
précise le point exact qu'avait atteint la centi'alisation ecclésiastique au
début du xiii^ siècle, et fait comprendre comment un homme dont il
constate, à bien d^es reprises, le respect pour le drcit et la tradition
(les deux choses se confondaient alors), a tellement contribué pourtant
à précipiter le mouvement qui entraînait l'Église. La conclusion qui
se dégage, c'est que les Églises nationales, deux siècles plus tard, ont
été bien mal fondées, en un sens, à protester contre une centralisation
qu'avaient rendue inévitable les torts mêmes des autorités et des corps
ecclésiastiques locaux. Il est vrai que la Papauté aurait eu une position
plus forte, si elle n'avait, de son côté (et cela se voit dès le temps d'In-
nocent III), apporté bien des exceptions, dictées par l'intérêt du mo-
— 346 —
ment, aux principes mêmes qu'elle invoquait. Dans l'ensemble, le ta-
bleau que trace M. Luchaire de la société ecclésiastique est assez
pessirniste; trop peut-être; car il en a emprunté les éléments à ces
procès, à ces abus, dont le récit remplit la correspondance pontificale;
il a glissé davantage sur les côtés plus brillants, et notamment sur ces
fondations d'ordres nouveaux, qui viennent alors attester la vitalité
et la puissance d'adaptation de l'Église. E. Jord\x.
K«A Veiùte «les biens nationaux pendant la Ré%'oIution,
ai>ec étude spéciale des ventes dans les départements de la Gironde et du
Cher, par Marcel Marion. Paris, Champion, 1908, gr. in-8 de xviii-
448 p. — Prix: 10 fr.
Qu'a été la vente des biens nationaux? Dans quelles conditions a-
t-elle été opérée, et quels résultats a-t-elle produits? C'est une grosse
question que se posent les historiens et les économistes, et qu'il n'est
pas facile de résoudre; car il faudrait savoir tout ce qui s'est passé
à ce sujet dans la France entière, depuis la Flandre jusqu'à la Guyenne,
depuis la Bretagne jusqu'à la Provence. Un très distingué professeur
de l'Université de Bordeaux M. Marion, l'a lenté cependant, en se
bornant à deux départements assez éloignés l'un de l'autre et de
tempérament très différent, la Gironde et le Cher. Mais, même réduit
à ces proportions, c'est déjà un travail de bénédictin; car il y a des
milliers et des milliers de dossiers à étudier, à classer, à comparer.
M. Marion l'a fait avec une abondance de détails, un scrupule d'his-
torien, un souci d'impartialité tout à fait remarquables.
Il y "a eu deux sortes de biens nationaux : les biens Ju clergé, les
Liens des émigrés et des condamnés Sous quelque euphémisme qu'on
ait cherché à la déguiser — mise à la disposition de la nation — la
confiscation des biens du clergé n'en a pas m^oins été une spoliation,
la propriété collective n'est pas moins respectable que la propriété
individuelle. Sans doute, une meilleure répartition de ces biens
s'imposait; mais cette répartition, l'Eglise ne s'y opposait pas: elle la
souhaitait plutôt, et il eût été facile de l'opérer d'accord avec elle.
Et s'il ne s'était agi que de payer les dettes de TÉtat, pourquoi n'a-t-on
pas accepté la proposition de Mgr de Boisgelin, qui off ''ait de contracter
dans ce but un emprunt de 400 milHons gagé sur les biens de l'Eglise
de France et garanti par elle? Mais les meneurs voulaient surtout
dépouiller le clergé de sa fortune territoriale et le réduire de l'état de
propriétaire à celui de salarié. Il faut convenir, toutefois, que cette
mesure ne souleva pas dans lepays la répulsion qu'on aurait pu attendre
M. Marion se trompe, croyons-nous, quand il conclut de quelques
expressions delà correspondance de Marie-Antoinette avec Fersen que
la Reine l'approuvait : cette correspondance est écrite en un stylo
— 347 —
de convention destiné précisément à égarer ceux qui l'intercepteraient,
et il ne faut pas la prendre à la lettre. Mais, en dehors de la Reine,
beaucoup s'apprêtaient à profiter de Ja vente, et non seulement les
juifs, récemment autorisés à posséder et dont on avait escompté la
cupidité, mais des hommes de toutes les opinions, de futurs émigrés,
de futurs chefs royalistes, et même des curés qui, plus d'une fois,
rachetèrent leur presbytère. Malgré tout,, la conséquence qu'avait
prédite l'archevêque d'Aix S3 produisit. Cette immense quantité
de biens à vendre, jetée tout d'un coup sur le marché, augmentée
encore, aggravée par la multiplication et l'avilissement des assignats
qu'on créa sans compter, quand il fallut y joindre les biens des émi-
grés, amena une efî.oyable dépréciation de la valeur des propriétés,
soit comme prix de vȔnte, soit comme prix de location : les bien:; se
vendaient le quart de leur valeur s'ils étaient petits, le sixième s'ils
étaient grands : c'est un témoin non suspect qui le constatait dès
l'an V. M. Marion en donne des exemples frappants : un château
vendu 81000 francs, payé 1 761 francs; une feime, louée en 1792
4 347 francs, en 1794 : cent francs! Les témoignages surabondent.
Tous ces biens, mis sous séquestre, se détérioraient; les bâtiments
tombaient en ruines, les terres restaient en friche; les bois étaient
' sacccagés. Q l'on lise notamment les chapitres Vî, VIIÎ et IX du
livre de M. Marion : on verra la situation lamentable de l'agriculture
et la misère des campagnes pendant cette triste période de la (Con-
vention et du Directoire. On verra aussi, notamment au chapitre X,
les abus, les fraudes, les inscriptioas fausses sur la liste des émigrés
de gens dont un jacobin quelconque convoite les biens, les scandales
de toute sorte dont retentissent les Assemblées et que révèlent les
archives.
Ces ventes dos biens nationaux amenèrent-elles au moins ce déve-
loppement de la petite propriété dont on leur fait souvent honneur?
La chose est douteuse. Les biens du clergé furent généralement achetés
par d(!S bourgeois, par des marchands, plutôt que par des paysans.
Si quelques petits propriétaires furent acquéreurs, c'étaient des terres
voisines des leurs^ ils agrandissaient leurs propriétés, ils n'en fondaient
pas une nouvelle. Il y en eut pourtant quelques-uns; et si «beaucoup,
dit M. Marion, passèrent, pour ainsi dire, de 1 à 2 et à 3, quelques-
uns ont trouvé moyen de passer de 0 à 1 ». Mais le grand développe-
ment de la petite propriété, dont le début avait marqué déjà la fin
de l'ancien régime, s'est surtout accentué au courant du xix*^ siècle,
sous l'influence de conditions économiques nouvelles.
Dans un substantiel et instructif résumé, M. Marion constate
l'avortement des espérances fondées sur la vente des biens nationaux,
qui devait « débarasser l'État de sa dette » et qui l'a conduit à la
— 348 —
« banqueroute ». Il constate aussi, comme nous l'avons dit, l'avi-
lissement des propriétés, qui en a été la suite inévitable et qui n'a pu
être conjuré que par le Concordat, d'une part, de l'autre par l'indem-
nité d'un million accordée aux émigrés, et il termine par des paroles
significatives: « Si, après tant de bouleversements... un droit, en
somme presque périmé, a su obtenir cette réparation solennelle et ce
tardif dédommagement que fut la loi de 1825, qu'il a fallu lui accorder
aussi bien dans l'intérêt des nouveaux propriétaires que dans celui
des anciens, aucune preuve plus positive n'a pu être donnée aux
populations du caractère toujours précaire des spoliations légales. »
On ne saurait mieux dire.
Ajoutons que l'Académie des sciences morales et politiques a
décerné à la belle étude do M. Marion le prix Rossi. C'était justice.
Max. de la Rocheterie.
Derniers Iflélanges. Pa^es cl^tsistoire eonteniporaine
( 1 SÎÎÎ-ISÎ î). par Louis Vecillot. Préface et notes par François
Veuillot. Tome II (.4nnée5 1874-1S75) et tome III (1876-15 avril 1877).
Paris, Lethielleux, s. d. (1909), 2 vol. in-8 de 626 et 474p. — Prix:
12 fr.
J'ai déjà présenté à nos lecteurs le tome I des Derniers Mélanges,
de Louis Veuillot {Pohjbiblion, juin 1908, t, CXII, p. 519-521) ; il
m'est très agréable de leur présenter et de leur recommander aujour-
d'hui les tomes II et III du même recueil, qu'un quatrième volume
achèvera prcchainement. Les tomes II et III des Derniers Mélanges
embrassent la période comprise outre le 5 janvier 1874 et le 9 avril
1877. L'intérêt en est très grand au point de vue historique comme
au point de vue Httéraire. Au point de vue littéraire, je n'ai pas besoin
d'insister, Louis ^'euillot étant monté, de par une admiration posthume
qui n'a eu que le tort de se faiie trop attendre, au fout premier
rang des grands écrivains français; au point de vue historique, ce
recueil est vraiment une histoire, et d'une période bien faite pour nous
passionner, surtout racontée par quelqu'ma qui l'a si puissamment
vécue et qui reste pour nous l'un des grands héros de ces déjà loin-
taines batailles. Pages dliistoire contejnporaine, l'éditeur a bien fait
de donner ce sous-titre aux Derniers Mélanges^ et de les accompagner
de notes pour en combler les inévitables lacunes. Je lui ferai pour-
tant un petit reproche à ce sujet : ces notes sont souvent trop brèves et
surtout elles ne sont pas assez nombreuses. Bien des événements de
•cette époque sont aujourd'hui si complètement oubhés que, faute
d'éclaircissements, maints articles risquent de n'être pas bien compris
des lecteurs trop jeunes pour pouvoir éclairer ces ohscurités à la lueur
de leurs souvenù's.
— 349 —
Notons, sans y insister, les principaux événements qui font la ma-
tière de ces deux volumes.
L'année 1874 est à peu près remplie par l'histoire des derniers mi-
nistères catholiques libéraux, qui détenaient alors le pouvoir et en
firent, on peut bien le dire, sinon un mauvais, du moins un insuffisant
usage. Car, d'avoir suspendu deux fois l'Univers et une fois l'Union
pour cause d'ultramontanJsme et de royalisme, cela ne leur sera pas,
je crois, un très grand titre de gloire. Nous avions fondé sur eux de
meilleures espérances.
En 1875, c'est la République définitive, remplaçant le Septennat, qui
en avait été la naturelle préparation. C'est l'année du ministère Buffet,
pour lequel il peut sembler, à distance, que Louis Veuillot fut peut-
être un peu sévère, si l'on ne se rappelait à quels hommes frayait la voie,
de façon d'ailleurs tout à fait inconsciente, ce premier ministère ré-
publicain. Nous signalons, en cette année 1:875, comme caractéristique
de l'époque, la polémique savoureuse et si amusante, un peu attris-
tante aussi, avec le Figaro au sujet de sa clientèle ecclésiastique.
L'année 1876, c'est la fin de l'Assemblée nationale et le début du
nouveau régime, après la défaite du parti conservateur aux élections
de février. Gambetba remonte à l'horizon, qui se fait de jour en jour
plus gros de menaces pour l'avenir.
L'année 1877 ne va pas, dans le tome III, au delà du 15 avril et les
articles sont assez peu nombreux pour qu'on devine que le grand
athlète, lassé de la lutte, ne peut plus y prendre la part active d'autre-
fois.
En dehors des articles de polémique ou de pohtique, qui, naturel-
lement, remphssent une bonne part de ces deux volumes, je veux
tout particuUèrement signaler aux lecteurs une série d'articles qui
offrent un intérêt et un charme tout particuliers. Ce sont les articles
nécrologiques. Consacrés tantôt à d'humbles amis, tantôt à de grands
ou de saints personnages à qui Louis Veuillot offrait son souvenir
ou son homm.age d'adieu, ils sont émus, éloquents, de nature à toucher
toutes les âmes. Ce sont les pages où l'auteur a mis le plus de son âme
et de son cœur. Je note, à titre d'exemple, les nécrologies de M. Guizot,
de Raymond Brucker, du comte Lafond, de Garcia Moreno, de
Mgr Cousseau, de l'abbé de Cazalès, de Laurentie, de M"e Elisabeth de
Saint-Bonnet, du docteur Edme Gagniard. 'Je note aussi, à part les
articles littéraires, si brillants, et d'un goût si sûr, quelques-uns à peu
près inédits, car ils n'avaient paru que dans le supplément mensuel
de l'Univers, qui doit être assez difficile à trouver, et paimi eux une
critique de la Chanson des Gueux, de Richepin, qui ne fait pas vraiment
trop mal juger du futur académicien; d'autres, bien curieux à relire,
tel celui sur Alexandre Dumas fils, préfacier de Manon Lescaut et de
— 350 —
V Imitation de Jésus-Christ^ et celui sur Chateaubriand, où' l'on peut
voir une réparation méritée du jugement vraiment un peu sévère
inséré jadis dans Çà et là. Je remarque en passant que l'article sur
Dumas fils détourna l'éditeur de Vlmitation. de Jésus-Christ illustrée
de la faire préfacier par l'auteur de la Dame aux camélias, et c'est
Louis Vei'illot qui hérita de la tâche; l'éditeur des Derniers Mélanges
ne nous donnera-t-il pas le plaisir de relire cette Préface, que le prix
d'une édition luxueuse et difTicile à trouver aujourd'hui no met pas
à la portée de beaucoup de lecteurs? Je suis très loin d'avoir indiqué
tout ce qu'on trouve d'intéressant dans ces deux volumes. J'en ai dit
asseij pour inspirer le désir ou tout au moins la curiosité de les lire.
Môme ceux qui, sur plus d'une question, ne partageraient pas les idées
de Louis Veuillot, y rencontreront un assez grand nombre de très
belles pages dignes d'êtres admirées et goûtées de tous, pour trouver
dans la lecture des Derniers Mélanges un très grand plaisii-, et comme
lettrés et comn;e chrétiens. Edouard Pontal.
■jC Pèlerinage de Port-Royal, pîr André Hallays. Paris, Perrin,
1909, in-8 de 360 p., avec 31 grav. — Prix : 5 fr.
Père et fille. Phllipgie tle 4?liaiiipi«giie et Sœur Catherine
de Sainte- Su a?anne à Port-Koyal, par Ch. Gailly de Tauri-
nes. Paris, Hachette, 1909, in-16 de 260 p., avec 8 planches. —
Prix : 3 fr. 50.
Richement pourvu de documents jansénistes par l'obligeance de
M. Augustin Gazier, M. André Hallays promène aimablement ses
lecteurs à travers les ruines de Port- Royal, à travers les souvenirs
et les tombes des rehgieuses et des solitaires. — Bien des pages du
volume sont charmantes et savoureuses. Par exemple, celles qui sont
consacrées au timide et pacifique Nicole (p. 39, 40, 218-233). De même,
l'enthousiaste pèlerinage qu'en 1607 font à Port-Royal-des-Ghamps six
demoiselles jansénistes de Paris (p. 0^-126). De même, les folies, le
repentir et la destinée posthume du prince de Conti : le corps de ce
frère du Grand Condé repose aujourd'hui à Port-Royal, après avoir
quelque temps séjourné dans une des caisses de MgrFuzet (p. 142-157).
De même encore, les crédules ferveurs et les généreuses fondations de
M. Louis Silvy,un janséniste du règne de Louis-Philippe, dont quelques
familles parisiennes gardent fidèlement l'originale mémoire (p. 137, 138,
193-197, 201-204).
M. Hallays parle beaucoup de l'illustre ami de Port- Royal que fut
le peintre Philippe de Champagne (p. 51-76, 293-3-8). C'est également
de Philippe de Champagne, de sa fille, religieuse à Port-Royal, — , et de
plusieurs autres contemporains des solitaires, — que nous entretient
M. Ch. Gailly de Taurines (documenté, lui aussi, par M. Gazier). Bien
— 351 -
que la plupart des scènes rapportées par M. Gailly de Taurines soient
familières à quiconque a étudié de près l'histoire religieuse du
xvii^siècle, s'est plaisir qde de les retrouver sous saplume,tantlorécit
estagréab'e : parfois triste etgrave, presque toujoursalerteetmal'cieux.
?Ientionnons particulièrement : la silhouette des Arnauld (p. 25-34),
l'existence des solitaires à Port-Royal-des-Champs (p. 40-48), l'origine
et l'apparition des Provinciales (p. 49-59), l'entrée de Louis XIV et de
Marie-Thérèse à Paris, le 16 août 16'o0 (p. 82-96),. la guérison miracu-
leuse de Catherine de Champagne, devenue « sœur Catherine de Sainte-
Suzanne )) (p. 141-151), les combats tragi-comiques entre l'archevêque
de Paris, Hardouin de Péréfixe, et les religieuses de Port-Royal pour
la signature du Formulaire (p. 152-190), la lettre (partiellement iné-
dite) où sœur Catherine de Sainte-Suzanne raconte à son père un inci-
dent aigu de cette fronde monastique (p. 192-196), et enfin la discussion
entre Philippe de Champagne et Lebrun, à l'Accdémie de peinture,
pour savoir s'il est convenable de place? des chameaux dans une toile
représentant la scène de Rébecca et d'Éliézer (p. 244-248.)
Bref, les deux volumes de M. Hallays et de M. Gailly de Taurines
sont d'un charme très français, disons même très parisien. Pourquoi
devons-nous à la vérité historique de signaler combien peu équitable
et peu exacte est la physionomie qu'ils donnent, l'un et l'autre, au
xvii^ siècle religieux? Non pas certes que les deux spirituels écrivains
soient suspects du moindre parti pris janséniste : il est probable que
pareille inculpation les amuserait beaucoup; et, au reste, ni l'un ni
l'autre no se prive, le cas échéant, de faire sentir quelque innocente
égratignure aux héros et aux héroïnes de Port- Royal. Mais, sous l'in-
fluence de documents presque tous jansénistes, sous l'influence du
docte maître de Sorbonne qui a été lourinformateur principal, M. Hal-
lays et M. Gailly de Taurines communiquent à leurs lecteurs l'impres-
sicn, plus ou moins nette, que généralement, au xvii^ siècle, la grandeur
morale et chrétienne fut le monopole des amis do Port-Royal; et que
le parti adverse, en d'autres termes, le parti du Saint-Siège, prit le
monopole des procédés fâcheux et des jalousies méprisables. M. Kal-
lays, prévoyant ce reproche de partialité, nous déclare que son volume
« ne prétend point à établir la vérité historique des faits », mais sim-
plement à « montrer quelques nuances du génie de Port- Royal »
(p. 14) : n'est-ce pas oublier que le lecteur du monde n'a guère coutume
d'abstraire ainci chaque aspect de la question, et qu'inévitablement,
au contraire, il regardera l'impression dominante du récit comme bien
conf'.rme à la physionomie générale de l'époque?
Le fond de la querelle entre l'Église enseignante et les jansénistes
portait sur un grave problème de doctrine : c'est, avant tout, d'après
leurs principes distinctifs que doivent être appréciés les deux parties, et
— 352 —
non pas d'après leurs procédés de polémique, où les torts furent quelque
peu réciproques. Au sujet des principes, nous ne ferons pas à M. Hal-
lays et à M. Gaiily de Taurines -la mauvaise plaisanterie de leur deman-
der s'ils ont lu YAugiistinus. Mais nous pouvons leur garantir que leur
propre récit aurait un tout autre aspect s'ils avaient connu en détail
l'idée que se faisait Jansénius du dogme de la Rédemption par le
Christ, et l'interprétation qu'il donnait à la théologie de saint Augus-
tin. Ce n'est vraiment pas pour une petite question de clocher qu'ont
lutté les adversaires de Port- Royal. — D'autre part, n'exagérerait-on
pas la supériorité morale et pénitente du parti janséniste? II serait
vraiment facile d'énumérer en grand nombre, au xvii® siècle, les écri-
vains ascétiques, les saints et austères personnages, les ecclésiastiques
et laïques passiormément adonnés au zèle et à la charité, qui comptaient
parmi les adversaires décidés de JaïtséniTis et de Port- Royal. — Enfin,
dans la vertu des solitaires et des religieuses, le caractère spécifique-
ment « janséniste » parait bien être l'absence de miséricorde et d'onc-
tion, la raideur hautaine, l'outrance implacable, dont le livre de M.
Hallays fournit lui-même plus d'un échantillon (p. 175-179, 315-345);
raideur et outrance qui rendraient la religion singuHèrement découra-
geante et antipathique, si elles émanaient vraiment de l'Evangile du
Christ et non pas des doctrines de Port-Royal. C'est pourquoi nous
craignons que les aimables et spirituels volumes de M. Hallays et de
M. Gaiily de Taurines servent mal la science historique, en continuant
(pour leur part) à propager dans le public cette « légende » qu'est
l'idylle janséniste. Yves de la Brière.
Figures de moines, par Ernest Dimnet. Paris, Perrin, 1909, in-16
de 253 p. — Prix : 3 fr. 50.
Ce volume est formé d'un recueil d'articles qui se lisent avec plaisir.
L'auteur eait communiquer l'intérêt que lui inspirent ses sujets. Il ne
faut pas lui demander la documentation exacte et précise de l'histo-
rien; nous avons affaire à un homme de lettres dont l'œuvre est avant
tout littéraire. On y découvre ses impressions. M. Dimnet a beaucoup
connu les bénédictins anglais de Douai; les pages qu'il consacre à leur
monastère-collège font revi\Te lintcrienr de cette maison dans les
dernières années de son existence. Le lecteur trouve à la suite une
description de l'abbaye roussillonaise du Canigou, abandonnée depuis
la Révolution. Le Journal manuscrit de Dom Maur Levache, procu-
reur de l'abbaye de Liessies, lui a fourni les traits d'un intéressant
tableau de ce monastère en l'année 1720. Le chapitre où il est ques-
tion des moines de Shakespeare montre la place qu'ils occupent dans
l'œu^TO du grand dramaturge anglais. Ajout3z à cela une visite
à la Trappe et quelques lettres de moines ayant survécu à la Révolu-
— 353 -
tion, et vous avez rne idée des figures sympathiques dont ce volume
contient le portrait. J- Resse.
Prêtres victimes tie la Révolution dans le diocèse de
Cambrai (t Î'9Ï-1 Î99), par l'abbé J. Dehaut. Cambrai, Masson,
1909, in-8 de ix-680 p., avec! carte.
Le clergé du diocèse de Cambrai va solliciter l'introduction de la
cause de héatification de ceux de ses membres qui tombèrent martyrs
• des fureurs antireligieuses de la Révolution. Ce diocèse a vu périr
quarante-sept de ses prêtres depuis M. Saladin, curé de la Madeleine de
Lille, massacré pendant une émeute militaire, en avril 1792, mais à
raison de son caractère de prêtx'e insermonté,_ jusqu'à M. Heuvel, qui,
après avoir émigré, était venu reprendre son ministère dans la Flandre
Maritime, et fut fusillé à Douai, en janvier 1799. :^
C'est à Cambrai que,pendant la Terreur, cinq victimes furent immo-
lées par l'atroce Joseph Le Bon; c'est à Valenciennes que, sous le
proconsulat de J.-B. Lacoste, eut lieu une véritable hécatombe: entre
le 14 octobre e*, le 14 novembre 1794, c'est-à-dire postérieurement
au 9 thermidor, trente-sept ecclésiastique? furent traduits devant la
commission militaire, sous la quahfication de comphces des émigrés
et furent condamnés à mort. Chanoines, curés, vicaires, professeurs
religieux chartreux, cisterciens ou franciscains, ces prêtres avaient
tous refusé le serment, sai;f un, qui fut poursuivi, précisément parce
qu'il avait regretté ses erreurs et essayé de les réparer.
Le présent volume est consacré à l'histoire des quarante-sept ser-
viteurs de Dieu, et c'est, à proprement parler, un mémoire introductif
préparé pour le postulateur de leu" cause. Les événements qui se
déroulent depuis la réunion des États généraux jusqu'au 18 brumaire,
ne sont racontés que dans la mesure où les martyrs y ont été mêlés.
Obhgé de suivre chacun de ses héros à travers les péripéties de leur
existence, l'auteur a fait un livre qui, si on le considérait comme une
histoire de la Révolution dans le département du Nord, pourrait
paraître un peu décousu.Mais, je le répète, ceo ouvrage, composé dans un
but ^rès spécial, répond à ce qu'on en attendait, et ce qui eût été un
défaut ailleurs est ici une qualité. La documentation est fort sohdement
étabUe et les pièces étudiées avec pénétration. Obéissant à un respec-
table souci d'impartialité, M. Dehaut s'est défendu de suivre les règles
à peu près traditionnelles de cette littérature qui vise à être édifiante
et qui nuit, plus qu'elle ne profite, aux causes qu'elle prétend servir. La
parole est maintenant à la Cour de Rome. Puissions-nous avant long-
temps saluer les nouveaux bienheureux ! Leur biographe recevra ce
jour-là la récompense qu'il a si bien méritée. P. Pisam.
Octobre 1909. T. CXVI. 23,
1
— 354 —
Tradilioiialisine e1 Démocratie, par D. Parodi. Paris, Colin,
.1909, in-16 ai 325 p. — Prix : 3 fr. 50.
M. Parodi a cherché avec bonne foi à étudier les deux grand?
courants qui, suivant Jui, déterminent aujourd'hui, en France surtout,
la classification des écoles de philosophie sociale et des partis :
courant d'esprit traditionaliste et courant d'esprit rationaliste,
politique du fait et politique de l'idée. Une Introduction de 29 pages
expos3 comment les « anciens partis » ont subi l'influence du mouve-
ment des intelligences à la fin du xix^ siècle, surtout le prestige de
Renan, de Taine apportant un immense secours à l'onseignement
d'Auguste Comte, et d'écrivains plus récents très nourris de la pensée
de ces grands devanciers-; comment ils ont été amenés ainsi à adopter
une philosophie du fait et de l'action qui se prête « à la négation de
l'idée, de sa valeur et de son efficace ». Au contraire, dans le camp
opposé, on s'est efforcé de reprendre appui svir la science, « dont la
méthode est essentiellement libre examen et exercice de la raison »,
et de justifier par cette méthode la confiance dans la possibilité
pour l'homme de « modeler plus ou moins la société d'après un
idéal », de « mettre au moins dans la société un peu plus d'ordre
et de jus^^ice ».
Comme conséquence de cet exposé, l'ouvrage est divisé en deux
parties. L'auteur étudie d'abord le traditionalisme contemporain,
successivement chez MM. Brunetière, Bourget, Barrés, dans les écrits
des hommes qui sont l'âme de l'Action française, dans les critiques
dont un li>-re récent de M. Lasserre a accablé le romxantisme. Celles
de ]\I. Parodi contre les traditionalistes ont un mérite qui est en
raison inverse de son sentiment plus ou moins prononcé d'éloignemicnt
pour les écrivains qu'il étudie. Ferdinand Brunetière, auquel il rend
justice avec un respect sujet à peu de dissonances, lui a inspiré des
analyses d'idées assez fines : citons notamment (p. 62-66) un inté-
ressarit passage sur la part que la raison a encore dans l'acte de fo:
digne de ce nom. Les chapitres sur ]\L Barrés et sur V Action française
se rapprochent davantage de la polémique poUtique.
La secondé partie de l'ouvrage est une démonstration doctrinale de la
nécessité pratique des principes d'égalitéetdelibertéproclamésen 1789,
en raison même de leur rationalité. Il faut poursuivre leur application
de plus en plus complète, « pour nue la société puisse, en toute légiti-
mité, nous être proposée comme une fin en soi, capable de se vou-
loir elle-même et de tendre raisonnablement, à chaque moment,
à persévérer dans son être », et « pour que tout être conscient et
raisonnable, en tant que co-associé, soit par nature une sorte de fin
sociale ou partie de la fin ». C'est ainsi que le positivisme, chez les
sociologues qui font autorité pour M. Parodi, M. Durkheim, RI. Lévy-
— 355 —
Briihl, M. Bougie, emprunte aujourd'hui à Kant ses formes mé-
taphysiques, mais non pas son sentiment inspirateur. M. Parodi veut
bien ne pas répudier pour l'homme la faculté d' « entrevoir des fins
plus hautes encore et transcendantes », mais « ces hautes destinées
métaphysiques doivent s'harmoniser, en les dépassant, avec les
exigences de nos idées les plus humaines ». La plupart des rationalistes
actuels dénient ouvertement à la raison la pui'5sance de s'élever
aux idées absolues de la morale et de Dieu. Leurs prédécesseurs
de 1789 ne découronnaient pas ainsi la raison. Pour se réclamer d'elle,
il ne faut pas l'amoindrir, comme le fait M. Parodi lui-même. D'autre
part, pour rendre sa force à la tradition, il ne faut pas faire abstraction
de ce qui lui a permis de vivre, c'est-à-dire de la foi daiLS un idéal
suprasensible. La classification des tendances intellectuelles con-
temporaines adoptée par M. Parodi ne repose que sur la politique,
plus illogique que jamais aujourd'hui; et le tableau que nous offre
son ouvrage est celui des inconséquences auxquelles peut conduire,
<à droite et à gauche, l'adaptation du positivisme, qui leurre notre
époque, aux formules des partis. Cu. de L.
En face dit Soleil levant, par Avesnes. Paris, Plon-Nourrit, 1909,
in-16 de xn-297 p. — Prix : 3 fr. 50.
M. Avesnes est, croyons-nous, le pseudonyme d'un jeune officier de
marine qui a déjà publié le Journal de bord d'un aspirant et les Contes
pour lire au crépuscule. Ce nouveau volume, dont une partie a paru
dans le Correspondant et qui est dédié à M. E. Lamy, contient quatre
études, à savoir : Les Idées de Jean- Jacques Rousseau en Chine. ■ — Le
TraditionaUsme japonais. — Enindo-Chine. — Le Conflit américain-japo-
nais et l'Opinion publique américaine. Dansées études, l'auteur a cherché
à constater l'état d'esprit des pays qu'il visitait, en se servant pour la
- Chine du journal réformiste avancé le Nan-Fan-Paq « où l'on voit
bouillir tous les ferments, toutes les colères, tous les désirs, toutes les
illusions et toutes les haines qui agitent sourdement le grand empire
auquel la irort récente de la vieille impératrice a fait perdie une tète
qu'il ne retrouvera ppr-bablement pas de sitôt ». Il s'est également servi
de la presse pour l'Amérique. Quant au Japon, son étude est surtout
basée sur les principaux livres de cet Anglais né aux îles Ioniennes,
marié à une Japonaise, le cosmopolite Lafcadio Hearn,dont les travaux
fort intéressants ont été traduits en français. M. Avesnes, qui a bien
vu et bien observé partout où il est passé, nous trace un tableau assez
triste et peu encourageant de notre grande colonie d'Indo-Chine,
peuplée de fonctionnaires trop souvent, incapables et dénuée de colons,
sérieux. Nous avor^ été heureux de trouver dans ces pages une appré-
ciation aussi juste que méritée de la valeur de nos missionnaires.
— 356 —
M. Avesnes a eu le courage de le reconnaître et de le dire hautement.
On voit par là qu'il préfère ne pas courtiser nos gouvernants en imi-
tant de trop nombreux auteurs qui, afin de mieux vendre leurs livres,
écrasent tout ce qui est catliolique pour flatter le pouvoir.
A. -A. FvuvEL.
Un Cadet de Gascogue au XV1« siècle. Biaise de lAloiiluc,
par Paul Coijrteault. Paris, A. Picard et fils, 1909, in-12 de 308 p.
— Prix : 3 fr. 50.
L'année dernière, M. P. Courteault présentait à la Sorbonne une
thèse de doctorat es lettres intitulée : Biaise clé Alonluc, historien.
C'était un gros volume de critique très solide sur les sources auxquelles
Monluc avait puisé en écrivant ses Commentaires, sur la foi qu'il
fallait attacher à son témoignage, sur les points de vue divers et les
passions successives avec lesquelles il avait composé ses écrits. L'Aca-
démie française avait récompensé ce gros travail par le second prix
Gobert. Aujourd'hui le même auteur publie une autre biographie
du même personnage en un joli petit volume, analogue aux notices
que nous donne la maison Hachette pour les grands écrivains français,
sauf pourtant qu'il n'y a point d'« image de Monluc ». On comprend
que nul mieux que M, Courteault n'aurait pu écrire cette vie, dont il
avait pénétré longuement tous les secrets. Il l'a fait d'une façon
très attachante, très personnelle et par quelques côtés très nouvelle,
son « héros » n'ayant rien de caché pour lui.
Il faudrait suivre pas à pas les phases de la vie de Monluc pour
analyser cette histoire écrite sans notes, sans références, sans dis-
cussions; mais on doit se souvenir sans cesse que c'est là le résumé
brillant d'une longue série d'études et qu'on peut chercher « les
preuves » ailleurs.
M. Courteault écrit dans un français très pur; avec lui, la belle
littérature ne perd jamais ses droits.
G. Baguenault de Puchesse.
Ducnesfe de Dino, puis ducliesse de Talleyrand et de Sagan. Cliro-
uic|ue de tS31 à 1SI>3. publiée, avec des annotations et un Index
biographique, par la princesse Radziwill, née Castellane. Tome I.
IHÔt-'ISÔo. Tome II. ISôG- 1840. Paris, Plon-Nourrit, 1909, 2 vol. in-8 de
461 et 544 p., avec portrait. — Prix : 15 fr.
Nous avons eu l'occasion de présenter déjà la duchesse de Dino aux
lecteurs du Polybiblion (décembre 1£08, t. CXI II, p. 537-538), quand
M"^^ la comtesse Jean de Castellane a fait publier les Souvenirs de son
arrière-grand'mcre, en confiant ce soin à M. Etienne Lamy. C'était un
livre fort agréable, ouvert par une préface charmante. Par malheur, il
s'arrêtait trop tôt, au mariage de la princesse Dorothée de Courlande
— 357 —
avec le comte Edmond de Périgord (avril 1809), et ne nous donnait
que le récit des années de jeunesse de la très ardente enfant de seize
ans, qui devenait la nièce de Talleyrand et qui, dans le monde, allait
bientôt s'appeler la duchesse de Dino.
Les regrets que l'on éprouvait de voir si vite tarie la source de ré-
miniscences curieuses s'atténuent aujourd'hui. La propre petite-fdle
de Madame de Dino, la princesse Radziwill, née Castcllane, a bien
voulu sortir de ses tiroirs, où elle les laissait dormir respectueusement,
attendant l'heure propice, les cahiers de sa grand'mère. Cette Chronique
des événements contemporains va de 1831 à 1862; c'est donc une
lacune qui restera entre 1809 et la révolution de 1830. Elle f 'rme un
tout, mais avec des éléments bien distincts : 1° le propre Journal de
Madame de Dino pendant 1 ambassade da prince de Talleyrand à
Londres (septembre 1831-août 1834); 2° des extraits de sa correspon-
dance avec M. de BacourL, grâce auxquels, mis à leur date, se constitue
en effet une « Chronique » journalière et très vivante de l'existence
de la duchesse, de ses relations, des choses de son temps. Cela
éclaire, il semble, d'un jour assez intéressant le procédé de composition
des fameux Mémoires de M. de Talleyrand, qui furent confiés à ces
deux mêmes personnes : Madame de Dino et M. de Bacourt.
Cette Chronique offre un grand charme de. lecture, celle qui tient la
plume la maniant à merveille. Femme du monde de la plus haute dis-
tinction, en relation par sa naissance et sa situation sociale avec les
personnages souverains et l'aristocratie de l'Europe, intelligente, fine
et discrète. Madame de Dino a beaucoup vu, beaucoup co^nnu,et raco'ïvte
avec une malicieuse déhcatesse, un sens exquis des convenances, un
jugement droit le plus souvent et désintéressé. On ne saurait analyser
les pages d'un semblable récit, où il y a à deviner autant qu'à retenir;
il suffit de fournir quelques indications, de noter un certain nombre de
passages.
M. de Talleyrand est naturellement le personnage le plus en vue et
le plus fréquemment en scène. Parmi les traits qui le caractérisent
le plus fortement se trouvent son « désir incroyable de se battre en duel»
après qu'il a défroqué (I. 65); sa vie en Amérique (I. 135), et surtout
son attitude à la mort de sa femme (I. 379). Tous les efforts de Madame
de Dino pour l'amener à quitter les affaires avant la sénilité et à se
rapprocher de Dieu avant de mourir offrent le plus vif intérêt (1. 220,
249. IL 226, 429). On trouvera ici la lettre du 10 mai 1839 sur les
derniers instants du prince (elle a paru dans le Temps du 30 avril
1908); on verra le dévouement de Mgr de Quelen pour cette conversion
délicate (I. 328); le rôle de l'abbé Dupanloup (IL 139) qui « pourrait
bien être ambitieux ».
Madame de Dino est attachante à suivre pour elle-même : son goût
— 358 —
pour son château de Roohecotte, sa tentation d'acheter l'iôuel
Carnavalet (II. 47); ses visites chez ses amis : Royer Collard; les
Noailles (à Maintenon) ; le duc Adrien de Laval (à Montigny) ; la du-
chesse Mattieu de Montmorency (à Bonnétable). Son curieux vo^^age,
en 1840, dans ses possessions allemandes, en Silésie. La rnort et- les
obsèques à BerUn du roi de Prusse. — Elle marque la physionomie de
Lcuis-Philippe de vingt traits bien caractéristiques : son facile abandon
de rhérédité de la pairie, son goût royal des tradition,s de famille et
sa dédaigneuse volonté de ne jamais vouloir porter la « décoration de
Juillet » (I. 315). Parmi les portraits à retenir, ceux de Guizot et de
Madame de Lieven (tome II); de Thievs et de sa jeune femme; le juge-
ment de Royer Collard sûr ces deux hommes d'État (II. 426); Berryer,
dont «il ne restera que le nom «(II. 438); l'aristocrate duc de Laval;
l'insolent Dupin chassé par Louis-Philippe de son cabinet (I. 74); l'in-
trigant Montrond mis à la porte de Valençay (I. 251), Mgr Afîre
commun et violent (II. 365). La duchesse de Dino ne se laisse pas im-
pressionner par l'éclat tapageur des hommes de lettres, et elle a tracé
au pied levé des croquis tout à fait piquants de certaines visites,
par elle reçues, de George Sand et sa « compagnie» (I. 247), puis de
Balzac (II. 109). Une description des châteaux de l'Angleterre et de
son aristocratie, auprès de qui la princesse de Courlande se sent à
l'aise et en communion de moeurs; la peinture de la féodale demeure:
Warwick Castle (I. 39); et les squares de Londres (I. 75); un récit
très nouveau et personnel, et par cela même digne d'attention, du
retour des cendres de l'Empereur, en 1840 (11.440), seront lus avec
agrément.
Certaines erreurs ont pu se glisser çà et là; ainsi (et cependant
Madame de Dino eut dû être bien informée) le domaine de Valençay
ne fut pas acheté par Talleyrand à la fm du xviii^ siècle (I. 26), mais,
d'après l'invitation et les facilités pécuniaires du Premier Consul.
Charles IX ne tira pas sur les huguenots du haut du balcon du
Louvre, moins encore « par la fenêtre de la chapelle »! (I. 355).
Il n'y a pas de notes pour ainsi dire au bas des pages; mais un Index
biographique très complet à la fm de chaque volume donne des ren-
seignements précis sur toute personne citée. Il complète bien l'utilité
d'une publication qui sera à la fois une lecture des plus agréables et
une source abondante pour l'histoire.
Geoffroy de Graxd maison.
En marge du « Temps », par Henri Roujon. Paris, Hachette,
1908, in-16 de 268 p. — Prix: 3 fr. 50.
Il ne faut être injuste envers personne, même envers ceux avec
qui on n'a presque aucune idée commune; aussi me gardorai-je bien
— 359 —
de nier que M. Henry Roujon ait de l'espiit : il en a, non pas du
meilleur sans doute, ni du plus rare, et il l'a prodigué dans les chro-
niquettes écrites « en marge » du journal le Temps, et dont il a bien
raison, plus peut-être qu'il ne croit, de dire, lui-même, « qu'elles
forment sinon un livre, du moins un volume. « Au jour le jour, et
au hasard des événements ou des livres qui passent, il y parle de tout,
sur ce ton de perpétuelle ironie, héritée de Voltaire, d'About, et
qui no laisse pas de fatiguer assez vite et de paraître parfois Lion vieil-
lotte. L'auteur l'a écrit quelque part : « Rien ne se démode autant que
l'ironie », mais il ne s'en est pas assez souvenu, et il arrive que cette
ii'onie porte souvent tout à fait à faux. Savourez ce mot sur le Dau-
phin, fils de Louis XV : « Bien qu'il eût un faible pour les jésuites,
il aurait dit mie belle pacole : Ne persécutons pas, » En vérité, ne
semble-t-il pas à M. Roujon lui-même, qui n'a pas trop à se plaindre
de la vie, que les jésuites ont été beaucoup plus souvent persécutés
que persécuteurs, et qu'en tout cas le moment est assez mal choisi
pour les piquer d'une aussi lourde ironie. Sur un pareil sujet, n'eût-
il pas été, je ne dis pas plus juste (il n'y a pas de justice en politique,
et ce ne sont pas les jésuites qui l'ont dit), mais de meilleur goût
de garder le silence.
Ce n'est pas la seule occasion où nous estimons que M. Roujon
aurait beaucoup mieux fait de se taire, par exemple sur M^^^ Jq
Maintenon et sur Marie Stuart, qu'il me parait assez mal connaître,
ce qui lui interdisait le droit de les juger. 11 est, au contraire, d'autres
personnages, parfois bien peu estimables, envers qui il se . montre
très bienveillant, sans doute en manière de compensation. J'y vois
une autre forme d'injustice. Comme il y a bien une cinquantaine
de sujets traités dans ce volume, qui n'est pas un livre, je ne puis
les énumérer ici. E. S.
li es Grands Hommes de l'Eglise au XIX» sièole. \Yind-
thoi'st, pai J. Lespinasse-Fonsegrive. Paris, Librairie des Saints-
Pères, s. d., in-12 de 214 p., avec portrait, — Prix : 2 fr.
« Il fallait le connaître personnellement, dit le député libéral Otto
Arendt, pour avoir une idée du charme personnel de cet homme
de génie.» Le grand homme a disparu, mais le livre de M. J. Lespinasse-
Fonsegrive nous le fait connaître à fond, si bien que nous pouvons
avoir quand même une idée exacte du caractère et de l'oeuvre de
l'adversaire souvent heureux de Bismarck. Et c'est une vie attachante
et d'où découlent de grands enseignements que celle de Windthorst.
Petit de taille, laid de figure, «caricature vivante détachée de quelque
twle de Callot», dit Mgr Kannengieser, il fut grand de caractère, et,
parmi les hommes marquants do l'Église au xix'^ siècle, il est une
— 360 —
des plus belles figures. Il voit le jour à Hanovre, en 1812, en paj»
protestant. Son enfance se passe àKaldenhof, chez ses parents : c'est là
qu'il reçoit sa première éducation catholique. Il fait son droit à
GÔLtingen et à Heidelberg, de 1830 à 1833.
De Windthorst comme de beaucoup de ses contemporains, de
Bismarck entre autres, on peut dire qu'il s'est dé^^eloppé avec l'Alle-
magne. Il a rêvé pour le Hano\Te, son pays natal, la gloire d'incarner
une Allemagne idéale, toujours plus grande, qui comprendrait tout
le pays du Belt au Danube. C'est cette idée de « Grande Allemagne »
qui inspira ses discours dè'j 1848, lui vaut ses premiers succès
pohtiques et le fait nommer président de la deuxième chambre
hanovrienne. C'est alors, à propos de l'alliance des trois rois, en 1849,
qu'il expose ses idées sur la patrie allemande. Il voudrait voir les
Etats allemands, y compris l'Autriche, unis moins par un lien légal
et étroit que pai une idée religieuse. C'est aussi la conception de
tous les grands Allemands, qui sont pour la plupart catholiques.
Aussi lutteut-ils de toutes leurs forces contre la suprématie de la
Prusse, monarchie protestante, ^^mdthorst devient l'âme du parti
Grossdeutsch.
Mais tous ces beaux rêves de Grande Allemagne se dissipent à
Sadowa. C'est là qu'est joué le sort du Hanovre et de l'Allemagne
religieuse. La Prusse a remporté la victoire, la « petite protestante )^
a battu « la grande catholique ». Pourtant il y a encore Guelfes et
Gibelins, et il ne faut rien moins que la guerre étrangère,- la guerre
contre la France, pour calmer les vieilles querelles et faire accepter
ridée de la Grande Allemagne sous une autre forme.
Déçu dans ses rêves, Windthorst mit alors toutes ses forces au
service de l'idée catholique, et ce fut le Kulturkampf qui lui permit
de donner la mesure de toutes ses qualités.
Jusque-là, il avait fait son éducation politique aux parlements de
Hanovre et de l'Allemagne du nord, et comme ministre. Aussi, lorsque
la guerre fut déclarée entre le chancelier et l'Église, la « petite Excel-
lence » était armée pour la lutte. Il la soutint brillamment et avec
succès.
Le 3 octobre 1866, la Prusse avait officiellement pris possession
du Hano^Te : Windthorst était devenu Prussien. Libéral et patriote
comme il l'était, il n'hésite pas à solliciter des mandats pour le
Reichstag et le Landtag pi'ussien. Il est élu dans trois circcnscr.'ptions
hanovriennes et le voilà député. C'est alors qu'il fonde avec dou^e de
ses amis le « Bundes-Staatlich-Konstitutionefenverein ». Ce petit
groupe deviendra le grtnd parti du Centre, ^^'indthorst en fut
nommé président. A partir de ce moment, il va se mesurer avec
Bismarck. Le chancelier de fe^ voulait mettre «l'Empereur universel »
— 361 —
au-dessus du Pape; il voulait faire plier Rome devant Berlin ; mais
il allait trouver à qui parler, c; Ce n'est pas un spectacle banal qu&
de voir se dresser devant Bismarck, qui voulait fonder une Eglise
nationale, la silhouette du docteur Windthorst, qui, comme un
gnome des vieux contes germains, démolit tout l'édifice que le géant
essayait d'édifier. «
Mais il ne faudrait pas croire que ce duel politique entre le chan-
celier et la petite Excellence absorba toute l'activité de Windthorst.
Travailleur acharné et infatigable, il s'occupe encore de la question
sociale, de l'organisation des catholiques en Allemagne. Il fonde le
Volksverein, il préside des congrès de cathoHques, il travaille jusqu'au
dernier moment, puisqu'il <3st encore dans l'arène lorsque la mort
vient le prendre à quatre-vingts ans, le 14 mars 1891. « On peut, dit
en terminant J. Lespinasse-Fonsegrive, on peut discuter les idées
do Windthorst et ne pas approuver ses vues, il n'en reste pas moins
un exemple d'habileté politique consommée, de talent oratoire, de
travail acharné et d'inlassable énergie. » A. Clerval.
CORRESPONDANCE
Notre collaborateur M. Armand d'Herbomez nous envoie la lettre suivante:
Paris, le 15 septembre 1909.
Cher Monsieur,
J'ai rendu compte, dans la livraison du mois d'août dernier du Poly-
hiblion (p. 150), d'un livre de M. L. Caillot intitulé : £'^Hcfc sur les rela-
tions de la '■ommiine de Lyon avec Charles VII et Louis XI (1417-1483).
J'ai présenté quelques critiques. M. Caillet m'écrit qu'il en est que je
n'eusse pas faites si j'avais connu certain « Supplément à l'Erratum »
que l'auteur m'envoie. Cela va de soi. Je ne demande donc pas mieux
de déclarer que M. L. Caillet a fait son petit Mea culpa et que, de la
sorte', il a rendu son importante Étude encore plus digne du second prix
Gobert que l'Académie des inscriptions et belles-lettres lui a décerné
cette année.
Veuillez agréer, etc. Armand h'Herbomez.
M. le chanoùie Crozat nous écrit : •
Chanas, 2 octobre 1909.
Monsieur le Directeur du Polybiblion,
L'article que M. Mangenot vous a fourni sur mon opuscule : La
Vraie Science des Ecritures^ et que vous venez de publier dans le der-
nier numéro de votre Revue, appelle une réponse : la voici. \'ous vou-
— 362 —
drcz l)icn la donner dans votre prochain numéro et m'en adresser une
justification.
M. Mangenot se plaint que je n'ai pas répondu à ses critiques anté-
rieures avec courtoisie. Si je suis coupable de quelque injure envers sa
personne, il m'a bien dispensé de lui faire amende honorable; car il
s'est payé de ses mains avec usure. Mais je le remercie de m'avoir
rappelé à la modestie et de me fournir l'occasion de la pratiquer.
Quelle est donc l'injure qui a fait monter si haut le toii du docte
Professeur? J'ai dit en effet qu'il est inexplicable qu'un homme ayant
porté toute sa vie le harnais de la théologie puisse ignorer ou oublier
la distinction des deux ordres de coiinaissances que reconnaît l'Eglise.
Si c'est une injure, j'en suis désolé, car je suis obligé de la renouveler.
M. Mangenot me nomme les Papes qui ont condamné les adversaires
de l'inerrance absolue des Écritures. Je lui réponds que les Papes n'ont
fait en cela que leur devoir, car il est bien certain qu'il n'y a pas dans
le texte des Ecritures, une seule erreur co«/re la révélation, puisque suivant
Léon XIII les écrivains sacrés ont été, lorsqu'ils l'ont composé,
assistés d'une façon absolument efficace par la vertu surnaturelle du
Saint-Esprit et qu'ils ont écrit àddi^une infaillible vérité toutceque Dieu
leur a commandé d'écrire, sans rien en omettre ni y ajouter de plus
(Enc. Prov. Deus n» 24). Mais où M. Mangenot a-t-il vu que le Saint-
Esprit avait aussi assisté les écri-s'ains sacrés pour les préserver contre
les erreurs de physique ou d'histoire et que toutes les idées d'ordre naturel
dans lesquelles ils ont rendu la parole de Dieu ont toutes été déclarées
par l'Eglise comme exemptes d'erreur? Je le défie bien de le dire.
Par contre, je vais lui indique'r les textes où il apprendra que l'Eglise
ne s'en occupe pas et qu'elle en abandonne le jugement aux hommes.
D'abord, c'est le décret du concile de Trente, renouvelé et exphqué
par le concile du Vatican, lequel déclare « qu'il appartient à l'Eglise
d'interpréter souverainement les Ecritures et que le vrai sens de celles-
ci est celui que l'Église leur a donné et qu'elle leur donne quand il
s'agit des choses de la foi ou des mœurs qui constituent l'édifice de la
docirine chrétienne ». Et pour les choses qui n'appartiennent ni à la foi
ni aux mœurs et qui n'entrent en aucune manière dans l'édifice de la
doctrine chrétienne, qu'en pense, qu'en dit l'ÉgUse? L'Eglise n'en dit
pas un mot dans le décret cité, laissant clairement entendre par là
qu'elle ne s'en occupe*pas et qu'elle en abandonne le jugement à la
raison individuelle.
En effet, le concile du \'atican, ayant précisé ca doctrine sur ce
point, a déclaré que l'Eglise reconnaît la souveraineté de la raison
sur le terrain des choses scientifiques, pourvu qu'elle ne sorte pas des
limites de son domaine.
Par conséquent l'Église, pouvoir surnaturel, ne peut pas dire ni
— 363 —
n'a jamais dit que les choses naturelles, dont elle ne s'occupe pas, qui sont
du domaine de la raison, sont toutes infailliblement vraies. Donc on peut
dire sans aller contre l'enseignement de l'Église qu'il y a des erreurs
humaines.
20 M. Mangenot me reproche encore de combattre la scolastique
dont Léon XIII et Pie X ont tant loué la méthode et la doctrine.
Confusion nouvelle. Il y a scolastique et scolastique; celle qu'ont tant
recommandée les Papes, n'est pas la scolastique moderne des xvi^ et
xvii^siècles. C'est précisément pour prémunir l'enseignement catholique
contre l'obscurité, le vague, la fausseté et le néant des principes que
la scolastique moderne a introduit par sa méthode dans l'étude de la
philosophie et de la théologie que les Souverains Pontifes ont si forte-
ment insisté pour ramener les esprits à la méthode scolastique d'Al-
bert le Grand et de saint Thomas, pour ne nommer que ces deux
Maîtres. Je ne fais donc que mettre en pratique les recommandations
apostoHques quand, armé de la simple logique, je m'efforce de mo^ntrer
les erreurs dans lesquelles la scolastique moderne a, par manque de
logique, jeté et maintenu la théologie et l'exégèse au mépris des ensei-
gnements de l'EgUse.
3° M. MangenoL me dit encore que je suis seul entre tous les théo-
logiens. Je le lui accorde, pouvu qu'il dise théologiens modernes. Les
théologiens modernes, pour la pliipart, ont en effet créé leur théologie,
non d'après les actes de l'autorité ecclésiastique, mais d'après l'ensei-
gnement de l'exégèse dans l'École. Or aux théologiens modernes, sur
le point qui nous occupe, j'oppose la théologie que je jjrétends tirer
des conciles de Trente et du Vatican, de saint Thomas et de son École,
des Pères de l'Église des quatre premiers siècles et enfin des Apôtres.
Je leur abandonne la théologie et l'exégèse des écrivains qui ont suivi
Appollinaire, l'évêque de Laodicée. C'est en effet cet évêque héré-
tique qui a été le père des méthodes théologiques et exégétiques qui
ont produit un abaissement et une déviation si funestes dans l'ensei-
gnement de la parole de Dieu. On en reparlera un jour ailleurs.
En résumé, M. Mangenot ne m'attaque et ne défend l'exégèse dont
il est un représentant que par des arguments d'autorité qu'il entend
mal et qui ne portent pas. Quant à montrer que mes principes sont
faux et que mes conclusions ne riment pas avec la logique, il ne
l'essaye même pas. Il ne reste plus que ses gros rziots pour m'accabler,
écraser mon petit livre et faire rentrer encore une fois la vérité dans
les profondeurs ténébreuses de son puits. Je préviens le docte profes-
seur que ce n'est pas assez pour réaliser ses noirs desseins.
Le public en effet ne manquera pas de dire que le livre doit être
solide par la force de ]» vérité qu'il établit et par celle des principes sur
lesquels il la fonde, puisque l'on n'ose pas l'attaquer de front, l'analyser
— 364 —
au fond et le réfuter directement. Dès lors qu'on ne l'attaque que de
loin, par des arguments extrinsèques, c'est un signe qu'on lui rend in-
volontairement hompiage.
J'ai l'honneur, Monsieur le Directeur du Polybiblion, de vous pré-
senter mes plus respectueux hommages.
Votre humble serviteur,
J.-B. Crozat, ch. h.
A cette longue épître, M. E. Mangenot répond dans les termes c'-après:
Je maintiens toutes mes observations sur les deux livres de
M. le chanoine Crozat, tant celles de l'année dernière, qui visaient
le fond du système, que les plus récentes, qui lui opposaient des
arguments d'autorité, bien interpré'és -et Tatteignant tout droit.
C'est un grave préjugé contre une tliéorie, nouvelle, isolée e'o singu-
lière en tous points, qu'elle soit, au sujt?t de l'iner.'ance biblique,
en désaccord, non pas avec la scolastique ( !) moderne du xvi^ et
du xvii^ siècles, mais avec l'enseignement du concile du Vatican
et des Souverains Pontifes Lé m XIII et Pie X. Le ton vif de ma
dernière recension tendait à écarter définitivement, si c'était
possible, les erreurs de M. Crozat, qu'il renouvelle i:i même
avec une obstination digne d'une meilleure cause. Les lecteurs
jugeront de son orthodoxie, et ils estimeront à leur juste valeur les
insinuations dignorance qu'il me prête en des matières que j'en-
seigne depuis plus de vingt cinq ans. E. Mangenot.
BULLETIN
A.ctee cl<i S. S. i»ie X.. Encycliques, jno'u proprio, brefs, allocutions, etc.
Texte latin et traduction française en regard, précédés d'une notice bio-
graphique, suivis d'une Table générale alphabétique. T. III. Paris, Maison
de la Bonne Presse, s. d., in-12 de 352 p. — Prix : 1 fr.
La Maison de la Bonne Presse vient de publier le tome III des Actes de
S. S. Pie X, suivi de la Table générale alphabétique des trois premiers
volumes. On trouvera particulièrement dans ce volume le texte français
officiel de la lettre du Saint-Père sur la Séparation, rencyclique « Pascendi»
sur les erreurs des modernistes, le jnotu proprio renfermant les sentences
contre les modernistes, et, dans les actes des Congrégations romaines, le
décret Lamentabili, avec les instructions adressées aux Ordinaires,
les décrets de la S. Congrégation du concile sur l'acquittement des
messes, sur la nouvelle législation du mariage. Parmi les actes de Ja
S. Pénitencerie, citons les rescrits concernant la spoliation des biens d:s
religieux. C'est dire combien, au milieu de tant d'autres documents impor-
tants, ce volume en renferme qui doivent être d'un usage très fréquent pour
tout ecclésiastique ou chrétien désireux de s'appuyer sur les prescriptions
de l'autorité souveraine. Le bon marché exceptionnel et la perfection typo-
graphique de cette précieuse collection des actes pontificaux sont un double
mérite que nous ne nous lassons pas de signaler. G. P.
— 365 —
Kants Pi-oleguinenn in spraehiichen Bearbettung, yoîl EmIL KûRN.
Gotha, Thiennemann, 1908, petit in-8 de vi-156 p. — Prix : 3 fr.
hes Prolégomènes de Kantsontbeaucoup moins connus que ]3.Critiquede la
raison pure et la Critique de la raison pratique. Cet ouvrage est cepen-
dant d'une grande importance pour saisir exactement la pensée intime du
philosophe de Kœnigsberg et juger* comment, dans son système, une cer-
taine métaphysique est possible. Mais les Prolégomènes sont assez diffi-
ciles à comprendre. M. Kûhn a donc entrepris d'en faire une espèce de tra-
duction, non en en donnant une édition dans une autre langue, mais en les
reproduisant dans un allemand plus moderne et plus accessible à la foule
des lecteurs.
Selon le mot de l'auteur, chaque lecteur doit se faire d'abord une traduc-
tion à soi avant de se rendre maître de l'original. La pensée est juste;
mais comment le lecteur qui publie sa traduction peut-il assurer qu'il n'a
pas modifié par ses vues propres le système qu'il reproduit? D. V.
■.e» Pi-emiors r*as dans l'oatoinoloîçle. IVos S)cai>abëes, par PauL
Maryllis. Paris, Laveur, s. d., in-4 de 79 p., avec 4 planches en
chromolithographie et de nombreuses figures dans le texte. — Prix,
cartonné toile : 3 fr. 50.
Nos Scarabées forment, par une série de causeries, un ouvrage vraiment
réussi pour charmer et instruire « les chers petits lecteurs et amis » de
l'auteur. C'est dire qu'il est assez élémentaire et d'une forme enjouée
pour ne pas fatiguer leur intelligence naissante et assez exact pour qu'ils
puissent en tirer une certaine somme de connaissances utiles. La chasse
aux insectes exige un petit outillage, quelques instruments spéciaux
et des soins particuliers. L'auteur y initie sa jeune clientèle. Il indique
fort bien comment on commence et on range une collection, dans quel
ordre. Les quatre planches coloriées qui terminent ce petit hvre et en for-
ment un véritable album seront à ce point de vue éminemment utiles.
G. DE S.
Mémento d'ua jai-dlnier-amatetir, par LÉON Chevreau. Paris; Li-
brairie agricole de la Maison rustique, 1908, in-12 cartonné de 86 p.
— Prix : 1 îr. 50.
Le sous-titre indique bien le but de l'ouvrage : « Relevé mensuel des tra-
vaux effectués dans les jardins et les serres au cours de 50 ans de pratique. »
Une si longue pratique met de bien prôs notre amateur au rang des profes-
sionnels et c'est un recueil des plus intéressants qu'il offre ici au public. Une
première partie comprend des indications diverses dont la généralité
même les rend utiles à toute époque de l'année. Dans la deuxième sont
classés les travaux qu'il importe de faire à un moment plus spécial ou à une
époque déterminée. C'est un relevé bien fait, et très utile, des travaux de
chaque mois et qu'un véritable amateur risquerait parfois de faire à
contre-temps, si on ne lui rafraîchissait la mémoire au moment propice.
Une idée fort heureuse a été de laisser le verso de chaque page à la disposi-
tion du lecteur pour lui pei mettre d'y transcrire ses notes et ses observa-
tions personnelles, puis d'enrichir ainsi chaque année ce petit volume
d'indications nouvelles plus spécialement appropriées à la situation de
chacun. G. de S.
— 366 —
En ciieminant? par ANDRÉ Bessox. Nouvelle édition. Lille, Société de
Saint-Atigiistin, 1909, in-32 de 124 p. — Prix : 1 fr.
Ce petit livre, très coquet d'aspect, est bien- court, et contient tout
juste dix petits morceaux, qu"on peut lire en une heure, mais qui méritent
d'être médités beaucoup plus longtemps. L'auteur y fait preuve d'un talent
très frais, très poétique, très élevé, où l'émotion voisine avec les vues pro-
fondes de l'âme chrétienne. Ce sont parfois des récits, des histoires, mais,
le plus souvent, de simples petits faits, ou même une impre-^sion, un sou-
venir, prolongés en méditations, en élévations, d'où l'auteur fait ressortir
de chrétiennes et fortifiantes leçons. Un premier cheveu blanc, les feuilles
mortes, une tache inaperçue, une visite au cimetière, les âmes entrevues à
travers le mystère des yeux, un suicide de collégien, les intimités de la maison
paternelle, sujets mélancoliques, attristants, douloureux, si le talent et la
foi de l'auteur ne les illuminait de belles clartés chrétiennes. Deux récits
seulement ont un petit air de satire : la Peur d'être jobard et Bayard et
Gavroche: mais la satire est tout à fait dénuée de méchanceté et vise, comme
tout le reste, à nous faire réfléchir sur noGs-mêmes et à nous rendre meilleurs.
Sous des formes variées, ce petit livre est donc avant tout un livre de foi
ardente, qui nous fait entendre les appels de l'Éternelle Voix. M. André Bes-
son n'ambitionne d'autre rôle que celui de héraut du Christ : une fois de
plus il a bien rempli sa mission en cheminant. Je recommande très chau-
dement ce charmant petit livre, dont j'aurai résumé l'inspiration en disant
qu'il fait partie de la collection « Vive Dieu^ » et que vraiment il en est
digne. Édou.\rd Poxïal.
La Tribuwa roja,. por Berxardo Morales Sax ^L\rtix. Valencia,
A. Aguilar, 1909, in-16 de 199 p. — Prix : 1 fr.
La nouvelle espagnole qui porte ce titre n'est nullement un de ces ro-
mans-feuilletons, dont le seul souci est de multiplier les épisodes drama-
tiques, « sensationnels «, pour employer l'expression du jour. En lisant la
Tribuna rnja, j'ai pensé plus d'une fois à P. Bourget et à Cruelle énigme,
car il y a beaucoup d'analogie entre les deux ouvrages, bien que les situa-
tions des héros ou des héroïnes de l'un et de l'autre drame soient quelque
peu différentes. Milagro est une pauATe jeune fille égarée, qui s'est laissé
entraîner par les idées de nos modernes libres penseurs, et séduire par un
jeune étuaiant de semblable mentalité. Mais Fétudiant est devenu médecin;
il est allé s'installer à plusieurs lieues de Valence; il se dégagée peu à peu des
serments (humains) qu'il a faits à la jeune femme, tout en cherchant encore
à l'abuser asur ses véritables sentiments, jusqu'à ce que celle-ci, complè-
tement désillusionnée, vienne tomber, repentante et convertie, aux pieds
de la Vierge des « desamparados », avec son petit enfant abandonné. On
retrouve, dans cette nouvelle, toutes les qualités de l'écrivain que nous
avons signalées en d'autres occasions : une profonde connaissance du
cœur humain, un admirable talent de peintre, un style agréable et souple,
et le sens chrétien dans les idées comme dans la trame de l'histoire.
G. Bernard .
Les Assemblées du clei-jjé et le I*i'otestaii»lsnie, par I. BOURLON.
Paris, Bloud, 1909, in-12 de 12.6 p. — Prix ; 1 fr. 20.
M. Bourlon étudie la conduite des assemblées du clergé de France envers
les protestants. Il divise fort judicieusement cette histoire en cinq pé-
riodes : io De 1560 à l'Édit de Nantes; 2° De l'édit de Nantes à la prise
— 367 —
de la Rochelle; 3° De l'Édit de grâce à la mort de Mazarin; 4° De la mort de
Mazarin à la Révocation, de l'édit de Nantes; 5° De la Révocation de l'édit
de Nantes à la Révolution. Un chapitre particulier est consacré au régime
légal des mariages protestants, et un autre, fécond en détails savoureux,
à la caisse des ministres convertis. Ce travail est réellement instructif et
utile, car l'auteur a su tirer bon parti du document capital, qui est le texte
même des procès-verhaux, des cahiers et des remontrances de toutes les assem-
blées générales du clergé : magnifique recueil publié à la fin du règne de
Lou is XV. M. Bourlon s'est délibérément abstenu d'élargir son cadre ea
discutant avec détail les problèmes qu'il rencontre au passage, ou en résu-
mant la vokm'neuse littérature consacrée à chacun d'entre eux : on doit
reconnaître que c'est là une preuve de sagesse. Toutefois la clarté même
du récit et la commodité du lecteur auraient exigé, croyons-nous, de temps
à autre, un peu plus d'allusions documentaires et bibliogi'aphiques. Par
exemple, il est perpétuellement question des édits, déclarations et arrêts
concernant le protestantisme : pourquoi donc ne pas renvoyer au recueil
publié, en 1885, par M. Léon Pilatte? On parle, à mainte reprise, des stjno-
des nationaux tenus par les Eglises protestantes : pourquoi ne pas men-
tionner leur histoire, écrite par M. G. de Félice? A propos de l'attitude si
ondoyante de Mazarin envers les huguenots, pourquoi ne pas recourir à
M- Augustin Cochin : Les Églises calvinistes du Midi: le cardinal Mazarin
et Cromwell? (Cf. tome. 76 de Ja Revue des questions historiques, année 1904,
p. 109-156). A propos de l'énergique et tenace intervention des assemblées
du clergé, en 1656 et 1660, contre les protestants (p. 49-62), pourquoi ne
rien dire de la Compagnie du Saint-Sacrement, aujourd'hui bien connue,
qui prépara et dirigea très savamment la campagne? A propos de la con-
sultation ^cr/«e de rÉpiscopat français en 1698 (p. 90), pourquoi taire le
volume de M. Jean Lemoine : Mémoires des évêques de France sur la conduite
à tenir à l'égard des réformés? — Ajoutons que le jugement de l'auteur paraît
un peu trop sévère pour l'édit de Louis XVI accordant l'état civil aux pro-
testants (p. 108); et que le dernier mot de la brochure paraît un peu trop
indulgent pour les principes de la Révolution. (p. 125). Enfin, il est regret-
table que ce travail, digne d'estime, ne s'achève par aucune conclusion d'en-
semble : les textjs et les faits réunis par M. Bourlon fourniraient cepen-
dant tous les matériaux d'un jugement impartial et mesuré sur la conduite
de l'ancien clergé de France envers le « petit troupeau qui broutait [pas
toujours en paix] les mauvaises herbes ». Yves de la Brière.
AutoMf -<î*un problème. Réfutation c!u livi'e cI(î M. Joseph TTùi"-
qu:>n sut- L.ouis xviir, par Otto Friedrichs. Paris, Daragon, 1909,
in-18 de 300 p. — Prix : 3 fr.
Noiis avons rendu compte l'année dernière du livre dans lequel M. Joseph
Turquan a émis une nouvelle hypothèse sur la mort de Louis XVIL Cette
version, nous en avons fait la remarque, avait l'avantage d'aplanir les diffi-
cultés que soulève le récit officiel de la mort du jeune prince et de répondre,
danc ce qu'elles ont de sérieux, aux objections des partisans de lasurviva-nce.-
Elle a fort déplu aux naundo^ffistes, et l'un d'eux, M: Otto Friedrichs;-
s'est appliqué à lui opposer une réfutation en règle. Il appuie avec forcesur"
le caractère conjectural de la thèse qu'il combat. Très au courant de son
sujet, il élève contre elle, sur quantité de détails, maintes critiques, dont on
ne saurait contester le poids, mais à la valeur desquelles n'ajoute rien le- ton
dépourvu de courtoisie qu'il a cru devoir adopter;
H'. Rt'BAT DU MÉKAC.
— 368 —
Lics r*ai>IerB <Ies A.sseniblées de la Révolution aux i%.i*chlves
natiouaics. Inventaire de la t.ci-ie c (Constituatite, Législative, Con-
vention), par Alexandre Tuetey. Paris, Cornély, 1908, in- 8 de xvii-
299 p. — Prix : 4 fr.
Cet inventaire sommaire peut être feuilleté avec profit par les chercheurs
désireux de ne pas perdre trop de temps en consultant les inventaires ana-
lytiques des Archives. Il est suivi d'une table des matières, qui comprend
près du tiers du volume. Outre les registres (en secondes minutes) des pro-
cès-verbaux des trois principales assemblées révolutionnaires, on signale
ici 386 dossiers (lettres, motions, rapports, etc.), sur lesquels on donne
seulement des indications très générales. Ces indications sont un peu plus
précises en ce qui concerne les correspondances des représentants en mis-
sion et des chefs d'armée sous le règne de la Convention. Ici aussi figurent
les pièces du procès de Louis XVI et les affaires jugées par le premier
tribunal révolutionnaire, les papiers relatifs à Lafayette et à Dumouriez
en 1792. En somme, bon répertoire, mais dont l'impression n'était point
nécessaire; il eût suffi de le mettre, dans la salle publique des Archives, en
fiches, à la disposition des travailleurs. L. P.
Une Prii^on sous la Tei'reur. I.e Couvent des bénédictines an-
glaises du ciiamp-de-r Alouette, par l'abbé Jean Gaston. Paris,
Champion, 1909, in-8 de 24 p., avec 2 vues inédites. — Prix : 1 fr.
M. l'abbé J. Gaston continue avec succès ses recherches sur les établisse-
ments religieux de l'ancien faubourg Saint-Marceau. Il a découvert rue des
Tanneries les restes du cloître des bénédictines anglaises; deux vues qu'il
en publie remontent à 1862 et 1909. Après un historique de cette commu-
nauté, qui menait au xvii^ siècle une vie pauvre et édifiante, l'auteur nous
raconte les destinées du couvent. Transformé en prison, en novembre 1793,
il reçut des prisonniers de marque; les sœurs ne furent pas expulsées,
mais constituées prisonnières dans leur propre maison. Elles purent ensuite
retourner en Angleterre. Outre les sources ordinaires, M. l'abbé Gaston a
eu à sa disposition un curigux historique manuscrit conservé par les béné-
dictines de Cohvich (Staffs) et dont la publication va être prochainement
achevée dans The Ampleforth Journal, par le R. P. Parker. Je suis heureux
de signaler cette excellente contribution à l'ancienne histoire religieuse
de Paris. P. Pisani.
Documents sut* l'iilstolt'e de la Révolution en Savoie. Procès-ver-
baux de V assemblée générale des Allobroges. Procès-verbauv de la Com-
mission provisoire d'administration des Allobroges, par F,R ANÇoiS
Vermale et S.-C. Blanchoz. T. I. Paris, Alcan, 1908, in-8 de 245 p.
— Prix : 3 fr. 50.
Cette publication, dédiée par ses auteurs au Conseil général de la Savoie,
a un caractère semi-ofïïciel. Elle doit comprendre, en plusieurs volumes, les
délibérations des diverses assemblées qui administrèrent le département
du Mont-Blanc jusqu'au moment où la Révolution parut définitivement
organisée sou" le régime de la constitution de l'an III. Ce premier volume
contient : 1° les procès-verbaux des quatorze séances de l'assemblée dite
des Allobroges, qui vota l'annexion à la France, imprimés dès 1792; 2° les
procès-verbaux inédits de la commission provisoire d'administration des
Allobroges qui siégea ensuite, du 29 octobre au 16 novembre 1792. Cet en-
semble de pièces forme comme une Introduction à l'histoire de la Savoie
— 369 —
française. Il est précédé de trois proclamations du temps qui caractérisent
pour nous l'invasion et la Révolution accomplies. Les éditeurs ont fait
précéder Je tout d'une Introduction de quelques pages, terminée par une
citation de Michelet, et ils ont joint au corps de l'ouvrage, avec une sobriété
digne d'éloges, des notes instructives. L. P.
■>' Action «ocijiie <ie Ki-sinçois» cl%%iBsiso, d'après des documents peu,
connus, par Hilaire de Barenton. Pari?, bureaux de 1' «Action fran-
ciscaine », s. d., in-8 de 53 p. — Prix : 1 fr.
Que l'esprit franciscain ait contribué dans l'Italie médiévale à adoucir
les luttes politiques et à alléger le poids si lourd des institutions sociales,
nous nous garderons de le nier. Jl y a là une influence très certaine, mais
qu'il est dilTicile de déterminer exactement et de distinguer des autres
causes qui ont également agi. 11 nous semble que le R. P. Hilaire de Barenton
a trop simplifié les choses; d'une part, ne se rendant pas compte qu'on trou-
verait des faits semblables dans l'histoire de toutes les villes italiennes,
il a exagéré l'originalité de la « merveilleuse transformation » qui se serait
passée à Assise dans la première partie du xiii"^ siècle; d'autre part, il l'at-
tribue entièrement à saint François, qu'il affirme, sans preuves suffisantes,
avoir été, de 1205 à 1210, « le véritable chef de sa cité «, « la grande et on
peut dire l'unique autorité dans Assise ». E. Jordan.
Causei-ies franco-canadienneiB. Premier Entretien, par Arthur Savaète.
Paris, Savaète, s. d. (1908), in-8 de 122 p. — Prix : 2 fr.
Dans cet entretien, qui semble devoir être suivi de plusieurs autres,
le directeur de la Revue du Monde catholique continue, sous une forme dif-
férente, l'œuvre qu'il avait commencée avec Vers Vabîme. Il y aborde
quelques-unes des questions les plus importantes de la politique actuelle,
y discute la personnalité du « Premier » Canadien, de Sii' Wilfrid Laurier,
et y montre que les fêtes de jtillet 1908 n'ont pas tant été la commémoration
du troisième centenaire de la fondation de Québec par Samuel de Cham-
plain que l'apothéose de la victoire remportée par Wolfe sur Montcalm
dans les plaines d'Abraham en 1759. Mais ne va-t-il pas trop loin quand, à
propos de ces fêtes, il écrit que, dans l'armée de Wolfe, « chaque régi-
ment avait sa loge particulière dont les tenues avaient lieu chaque mois,
même en campagne » (p. 116)? Nous aimerions savoir sur quels textes est
fondée cette assertion. A signaler, comme la plus importante des questions
traitées dans ce premier entretien, celle des biens des jésuites, si mal
connue d'ordinaire, sur laquelle ce fascicule des Causeries franco-cana-
diennes fournit une intéressante série de documents authentiques et, sinon
inédits, du moins totalement ignorés. . H. F. .
CHRONIQUE
NÉCROLOGIE. — Une personnalité des plus célèbres du monde religieux
de la France, le R. P. Du Lac, est mort à Paris, à la fin d'août, à 74 ans.
Stanislas Du Lac de Fugère était né le 21 novembre 18S5. Entré de bonne
heure dans la Compagnie de Jésus, il succéda, comme directeur de l'École
de la rue des Postes, au P. Ducoudray, tué par la Commune. Après les
décrets d'expulsion, il alla diriger le collège installé par les jésuites à Can-
torbery, en Angleterre. Rentré en France, il continua indirectement son
Octobre 1909. T. CXVI. 24.
— 370 -
rôle d'éducateur et s'occupa tout spécialement d'œuvres et d'apostolat
populaires. Pr.r ses actes, par ses épreuves, par sa vie entière, par les calom-
nies et la persécution dont il a été i'objet, ie P. Du Lac représente à mer-
veille l'ordre auquel il dut' sa formation. Directeur d'âmes incomparable,
orateur distingué, il fut, de plus, un écrivain de talent, comme le prouvent
les ouvrages suivants, écrits dans les rares intervalles de liberté que lui
laissait son ministère ^ France (Paris, 1888, in-12); — Henri VIJJ et les
Mofiastèi-çs anglais, traduit de l'aqglais de Dom Gasquet (Paris, 1^9^, 2 vol.
in-8), avec J. Lugné Philipou; • — Le Bazar de la Charité, discours (Paris,
1897, in-8); — Quatre Conférences blanches [couturières et modistes) (Rouen,
1^97, in-16); — Jésuites (Paipis, 1901, in-8). ^^..,
— M. Jpan-Payl LAFFiTxr, écrivain et orateur politique connu, est mort
à Lion-sur-Mer (Calvados), au commencement de septembre, à 70 ans. Répu-
blicain libéral et parlementaire, il s'était fait remarquer par la vivacité
avec laquelle il avait combattu par la plume le mouvement du 16 rnai.
Il laisse un certain nombre d'ouvrages sur la politique intérieure de la France,
entre autres : Notice sur Barthélémy Laffemas, contrôleur général du com-
mqre sous Hepri IV (Paris, 1877, in-8); — La Parole (Paris, 1885, in-12);
— Le Paradoxe de l'égalité (Paris, 1887, in-12), ouvrage couronné par l'Aca-
démie française; — Le Suffrage universel et le Bégime parlçmen,taire (Paris,
1888, in-12); — Lettres d'un parlementaire (Paris, 1894, in-12); — Lç Parti
modéré. Ce qu'il est. Ce qu'il devrait être (Paris, 1896, in-16); — La Béforme
électorale. La Beprésentation proportionnelle (Paris, 1897, in-12). M. Lafïitte
a donné en outre (^es articles à la deuxième édition du Dictionnaire des
professions d'Edouard Charton, son beau-père, et il collaborait en outre
à quelques périodiques, tels que le Journal des économistes et le Maga-
sin pittoresque, dont il fut J'un des directeurs.
— Le baron Dominico Carutti di Cantogno, historien et aucien diplo-
niate U^lieu, anpien secrétaire général aux Affaires étrangères da^s Iç mi-
^^istère C^avour, ancien ministre à La Haj-e, sénateur du roj'aume, direc-
teuV de la Bibliothèque royale de Turin, est mort dans cette de^'nière ville,
au milieu d'août, à 88 ans. Il était né à Curaiana, le 26 novçnibre 1821.
]\[t;mbre de la Q'u^ca et des Académies des sciences de Turin et de Rome,
M. Carutti di Cantogno a publié vers 1840 quelques poésies pt uouvelles,
riotauiirient : Delfijia Dolzi, Massimo et une tragédie, Velinda. Mais c'est
sur|,out çpn^me historien qu'il s'est fait connaître, grâce à de nombreux
Quvfageç, dont plusieurs ont obtenu un légitime succès, par exemple :
J^ç Eçstç torinesi per la rif^rme del 30 ottobre, descrizione (Turin, 1847); —
Il Piemonte como potenza italiana nd sistema politico cVEuropa (Tiirir\,
^8^9); — I)ei Principii del governo libero (Turin, 1852, et Florence, 1861);
■ — Storia del regno di Yittorio Carlo Emanuele III (Turin, 1859); -- Dellçi
neutralitçL délia Savoia nel 1703 (Turin, 1862);. — Le Corte di Torino e i traî-
tati del 1815 (Turin, 1871); — Le Bepubbliche italiane e i principati italiani
nel secolo xv (Turin, 1873); — Storia délia diplomazia délia casa di Savoia
(Turin, 1875-1880), 4 vol.); — Pi un iiostro maggiore ossia diCassiano Dal
Pozzo il Giovine (Turin, 1876); — Di Giov. Eckio e délia fondazione delV
Accçidemia dei Lincei {1811); — Il Conte Sclopis (1878) ; — Il Conte Umberto
Biancamano e il re Ardoino (Turin, 1878); — Délia Contessa Adélaïde, del
re Ardoino e délie origini (Turin, 1882); — La Croce bianca di S^'oia,
memoria (Turin, 1882); — Brève Storia delf Accademia dei Lincei (Turin,
1883); — Degli ultimi tempi e delV ultima opéra degli antichi Lincei (Turin,
1888); — La Giovenlù del grau principe Eugenio (Turin, 1885); — Storiç,
délia Casa di Savoia durante la Bivoluzione e l'impero francese (Turin, 1892),
— 371 —
-' La Crociata caldese del l^SS e la Maschera di ierro (Turin, 189't); —
// i° Rç di Casa Savoia, storia di Vittorio Amedeo II (J397); — Storia délia
' ittà di Pinerolo (1897); — Bibliografia Carlo Albertina pel 50° cnniversario
délia \norte del re magnanimo (1859). M. Carutti di Cautogno a donné, pn
outre, de nombreux articles et^mémoires à divers périodiques, tels que :
les Actes des Académies de Rome et de Turin, les Miscellanea di storia ita-
liana, les Curiosità e Hicerche di storia subalpina, les actes de la Regia
Deputazione di Storia patria, etc.
— On annonce encore la mort de MM- : Charles Abd-Allah, professeur
au Conservatoire de Nantes, mort dernièrement en cette ville. — Mp^^ la
marquise d'Auiiay de Saint-Pois, écrivain distingué, qui, après avoir
fait paraître : Allons au ciel, manuel de Vâme pieuse (Paris, 1879, in-12), a
publié sous le pseudonyme de « Auteur de Allons au ciel », un certain nombre
d'ouvrages de piété, remarquables par l'élévation des pensées, morte au
commencement de septembre; — Jean-Baptiste Baudau, rédacteur en
chef de VAutunois, mort à Autun, le l^'' septembre; — Arnold Boscowitz,
journaliste et écrivain de mérite, mort à Paris, au milieu de septembre, à
82 ans, lequel a collaboré activement au Temps, à la République française,
à la Faix, à la Revue germanique, etc., et a publié : Les Volcans et les trem-
blements de terre (Paris, 1866, in-4; nouvelles éditions en 1885 et 1888,
in-8), ouvrage couronné par l'Académie française, et ÏAme de la plante (Pa-
ris, 1867 in-18), livre d'une originalité toute spéciale, souvent imité depuis
et qyi a inspiré à Charles Darwin son ouvi-age sur les plantes carnivores;
• — Louis BouvEAULT, professeur adjoint de chimie organique à la Sorbonne,
ancien président de la Société chimique de France, examinateur d'entrée
à l'Ecole polytechnique, auquel on doit entre autres publications : Sur
les nitrites cétoniques et leurs dérivés (Blois, 1890, in-4), thèse présentée à la
P'aculté des sciences de Paris, mort dernièrement à Paris; — le comte de
Catelin, qui a publié de nombreux travaux sur les traditions et les lé-
gendes provençales, entre autres les Miettes de l'histoire de Provence,
mort en septembre, au château de Parade, près d'Aix, à l'âge de 89 ans; —
Auguste Choisy, qui fut pendant de longues années professeur à I'ÉcoIg
polytechnique et à l'École des ponts-et-chaussées, dont les travaux sur
l'architecture sont des plus estimés, mort en septembre; — Cossart, pro-
fesseur de physique expérimentale à la Faculté des sciences de Bordeaux,
mort en cette ville, à la fin d'août, à l'âge de 60 ans; — Louis Decori,
artiste et auteur dramatique, auteur d'un drame : Jean Chouan, joué à la
Gaîté, et, en collaboration avec Foutanes, d'un autre drame intitulé : La
Fille du garde-chasse, représenté à l'Ambigu, mort à La Varenne-Saint-
Hilaire, le 12 août, dans sa 51^ année ; — Charles Fùurnier, x3it Jean Dolent,
homme de lettres et critique d'art, mort en septembre; — Fraissinet,
secrétaire de l'Observatoire de Paris, mort à Mandailles (Cantal), dans le
courant de septembre, à l'âge de 63 rns; — Henri Gaguel, chargé de cours à
la Faculté des sciences de Bordeaux, mort en cette ville, dans le courant de
septembre; — Gustave Guérard de la Quesnerie, professeur honoraireau
lycée Saint-Louis et à l'École coloniale, mort dernièrement au Grand-
Saconnex, près de Genève; ■ — Paul Guiraud, romancier et auteur drama-
tique, mort au milieu de septembre, à Roquedur (Gard), lequel éditait la
Chronique mondaine à Nîmes et a publié entre autres romans et pièces de
théâtre : Jq.cques Gendrey, comédie en trois actes (Paris, 1882, in-12); Com-
ment on devient duchesse (Paris, 1887, in-12); Le Caporal Grandrigny,
6<^ marsouins (Paris, 1888, in-12); La Conversion de Gaston Ferney, rcman
spirite (Paris. 1897, in-12); Les Hommes publics, Pom-Prune, roman con-
— 372 —
temporain (Paris, 1905, in-lG); — Jean Lassalle, professeur de chant au
Conservatoire national de musigue, mort à Paris, en septembre, à l'âge de
62 ans; — Léonce Lavigne, rédacteur au Figaro, qui avait appartenu
pendant longtemps à l'agence parisienne du Nouvelliste de Lyon, mort en
septembre; — Léonard, professeur de mathématiques au h'cée d'E\Teux
(Eure), mort au commencement de septembre, à 45 ans; — Eugène-Pierre
LÉAUTEY, publiciste, mort en septembre, au château de Kerhuel; — Jules
Lion, auteur de quelques publications d'histoire et d'archéologie relatives
aux provinces de Picardie et d'Artois, notamment : Vieil Hesdin (Saint-
Omer, 1887, in-12), mort à la fin d'août, à Hesdin; • — Edmond Mélan,
pianiste et compositeur, président de la commission musicale du Cercle
de l'Union artistique, mort dernièrement à Hermance (Suise); — le D'
Adolphe Mon Y, à qui l'on doit divers ouvrages, entre autres : Études dra-
matiques (Paris, 1903-1909, 4 vol. in-16) et Notes d'ambulance, août 1870-
février 1871 (Paris, 1907, in-16), mort en septembre, au château de Sarre,
près Montmarault (Allier); — Eugène Pertuiset, le chasseur de lions
bien connu, mort au commencement de septembre, à 78 ans, lequel a
décrit ses prouesses cynégétiques dans un volume illustré par lui-même :
Les Aventures d'un chasseur de lions (Paris, 1878, in-12) et a publié également
Le Trésor des Incas à la Terre de feu, aventures et voyages dans F Amérique
du Sud, avec documents justificatifs (Paris, 1877, in-12); — Ernest Pinard,
mort au commencement de septembre, à Bourg-en-Bresse (Ain), à 87 ans,
lequel a joué un rôle important sous le second Empire comme magistrat
et homme politique, et auquel on doit quelques ouvrages, tels que : Les
Calomniateurs, 1870-1876 (Paris, 1876, in-8); Œuvres judiciaires; réquisi-
toires, conclusions, discours juridiques, plaidoyers (Paris, 1883, 2 vol. in-8);
Erreurs judiciaires (Paris, 1884, in-8); — Remy Saint-Loup, sous-directeur
du laboratoire de cytologie à l'École pratique des Hautes-Études du Collège
de France, mort dernièrement à Lausanne (Suisse), à 48 ans; — M™^
Mathilde Salomon, directrice du collège Sévigné, membre du Conseil
supérieur de l'instruction publ'que, morte à Paris, au milieu de septembre;
— l'abbé Alexis Theas, ^^caire général du diocèse de Tarbes, qui a publié :
Notrt-Dame de Médoux, aujourd'hui Notre-Dame d'Asté (Paris, 1887, in-8;
2^ édit., Tarbes, 1888, in-8), mort dans le courant de septembre; — Albert
TouRNiER, député de l'Ariège, ancien bibliothécaire du ministère de l'ins-
truction publ'que, qui a collaboré à la République française, au Figaro, à
r Evénement et à diverses revues, mort le 4 septembre, à Ussat-les-Bains
(Ariège), à l'âge de 54 ans; — George Vogt, directeur de la section technique
de la manufacture nationale de Sèvres, mort au commencement d'août,
lequel a publié quelques ouvrages sur l'art de la céramique, notamment :
La Porcelaine (Paris, 1893, in-8), dans la « Bibliothèque de l'enseignement
des beaux- arts ».
— A l'étranger, on annonce la mort de MM. : Otto Henry Bâcher,
dessinateur américain de grand talent, membre de l'Académie nationale
américaine, lequel a fourni d'excellentes illustrations à diverses publica-
tions, mort dernièrement, à 53 ans; — Dr. Anton Bartal, ancien privat-
docent de philologie classique hongrois, directeur du gymnase supérieur de
Budapest, mort dernièrement en cette ville, à 80 ans; — Wilhelm Bern-
HARDT, professeur allemand, mort dernièrement à 60 ans, à Burlington
(État de Vermont, États-Unis); — Wladislav Boguslawski, écrivain et
traducteur polonais, mort dernièrement, à Varsovie, à 71 ans; — Edward
M. BoRRAJO, bibliothécaire de la Corporation et directeur du « Guildhall
Muséum » de la Cité de Londres, mort le 4 septembre, à Melbourne (Aus-
tralie); — Valentino Cerruti, physicien italien, professeur honoraire de
mécanique rationnelle à l'Université de Rome, directeur de l'École supérieure
d'application pour les ingénieurs, sénateur du royaume d'Italie, mort der-
nièrement à 59 ans, leqi.el a publié les importants ouvrages suivants :
Sistemi elastici articolati (Rome, 1873); Sulle vibrazioni dei corpi elastici
isotropi (Rome, 1880); Intorno alV equilibrio dei corpi elastici isoirovi
(Rome, 1882); Sulle deformazioni di involucro sferico isotropo per dati
spostamenti di punii délie due superficie limiti (Rome, 1892; — le barori de
Chestret de Haneffe, écrivain belge connu, membre de l'Académie de
Belgique, auteur d'ouvrages estimés, entre autres d'une Numismatique
liégeoise et d'une Histoire de la maison de Lamarck, mort dernièrement à
Liège, à 75 ans; • — Mgr Corten, directeur des établissements d'enseigne-
ment à Rolduc (Prusse rhénane), mort subitement à Maestricht, à la fin
d'août, à 64 ans; — John Davidson, poète lyriqi;e et auteur dramatique
anglais, mort au commencement de septembre, à Mousehole, à 52 ans; — -
William Çlyde Fitch, l'éminent dramaturge américain, mort dernièrement
en France, à Châlons-sur-Marne, à 44 ans; — Dr. Max Heinze, profes-
seur de philosophie à l'Université de Leipzig, mort en cette ville, le 17 sep-
tembre, à 74 ans; — Dr. Louis Katz, médecin allemand, professeur de
thérapeutique pour les maladies des oreilles à l'Université de Berlin, mort à
Méran, au cours d'un voyage, le 15 septembre, à 62 ans; — Rose Litten,
femme de lettres allemande, morte le 26 août, à Masserberg (Thuringe),
à 53 ans, laquelle a publié diverses nouvelles, eivtre autres : Fraucnvercin
in Kràhwinkel und anclere Humoresken (Berlin, 1897, in-8); Hanna. Eine
Tagebuchnovelle fiir junge Màdchen (Berlin, 1898, in-8); Schatten (Berlin,
1898, in-8); — Dr. Hermann Lossen, professeur de chirurgie à l'Université
allemande de Heidelberg, mort en cette ville, le 27 août, à 67 ans; — ■
Dr. Adalbert Merx, professeur d'exégèse de l'Ancien Testament à l'Uni-
versité allemande de Heidelberg, mort en cette ville, le 4 août, à 71 ans,
lequel a publié ; Idée und Grundlinien einer allgemeinen Geschichte der
Mystik (Heidelberg, 1893, in-8); Die Ideen von Staat und staatsmann im
Zusammenhange mit der geschichtlichen Entwicklung der Menscheit ( Heidelberg,
1892, in-8); Documents de paléographie hébraïque et arabe (Leiden,
1894, gr. in-4), etc.; — le capitaine Du Nord, écrivain militaire autrichien,
d'origine française, mort dernièrement en Styrie; — Dr. Leopold Perl, pri-
vat-docent de médecine, à Berlin, mort en cette ville, le 26 août, à 65 ans; ■ —
le R. P. Charles Poppe, savant théologien, chargé de la direction de l'Œuvre
de Saint-François-Xavier du diocèse de Gand, pour laquelle il rédigeait une
petite revue très estimée, le Xaverius' Bode, mort à Gand, le 24 septembre;
— Dr. Albei't Roemer, écrivain allemand, éditeur de la Korrespondenz
fiir Kunst und W issenschaft, mort le 6 septembre, à Berlin, à 50 ans, auquel
on doit, entre autres ouvrages : Fritz Reuter in seinem Leben und Schaffen.
Mit Erinnerungen persônlichen Freude des Dichters und anderen Ueberliefe-
rungen (Berlin, 1896, in-8); Psychiatrie und Seelsorge. Ein Wegueiser zur
Erkennung und Bessitigungen der Nercenschàden unserer Zeit (Berlin, 1899,
in-8); • — l'abbé Rémi Rosseel, ancien professeur au petit séminaire de
Saint-Nicolas, dans le diocèse de Gand, mort à Beveren-Waes, le 27 août,
à 29 ans; — Dr. Heinrich Max Runge, médecin allemand, professeur de
gynécologie et d'accouchement à l'Université de Gœttingue, mort en cette
ville, le 27 juillet, à 60 ans, lequel a publié un certain nombre d'ouvrages
estimés, tels que : Lehrbuch der Geburtshillfe (Berlin, 1891, in-8) et Die
Krankheiten der ersten Lebenstage (Stuttgart, 1893, in-8); — Jean Stecher^
professeur belge qui, pendant près de 40 ans, avait enseigné les littératures
— 374 —
française et belge à l'Université de Liège et avait publié une Histoire de la
littérature flaynonde, couronnée par l'Académie royale de Belgique, mort
à Liège, au commencement de septemDre, à 90 ans; — Hugo Steinitz,
éditeur allemand, mort à Berlin, le 11 septembre, à 57 ans; — Èichard
TaEndler, éditeur allemand, mort à Helgoland, le 14 septembre, à 41 ans;
— M'"'3 Olga Nikolaievna Tchoumina, femme de lettres russe, morte der-
nièrement; — Georg Wellner, ingénieur allerriand, ancien professeut*
de construction de machines à l'École technique Supérieure de Brunn, nlort
en cette ville, le 8 septembre, à 63 ans.
Lectures faites a l'Académik des inscriptions et belles-lettres.
— Le 3 septembre, M. P. Viollet lit un mémoire sur la création par
François I^r de la charge de colonel général de l'infanterie. — M. M. Croiset
ht une étude sur la légende d'Ulysse. — Le 10, M. Croiset termine
l'étude commencée dans la dernière séance. M. M. Thomas proposé uno
correction à la lecture d'un manuscrit de la BibHothèque nationale au
sujet du titre d'un discours composé par Alain Chartier pour l'empereur
Sigismond. — M. H. Cdrdier donne lecture d'un travail concernant les
musulmans en Chine. — Le 17, M. Cleraiont-Ga,meau exphque la dédi-
cace en sabéen et en araméen d'un autel découvert à Délos. — M. E. Pot-
tier lit une lettre de M. Thureau-Dangin fils sur l'âge des instriptions
cunéiformes cappadociennes. — M. P. FoUrnier lit un mémoire sur la
compétence des tribunaux ecclésiastiques. — M. Delaporte parle d'un
sceau provenant de Tello. — Le 29, M. Jean Clédat expose son opinion
sur l'identité d'un lieu situé dans l'isthme de Suez avec le Mont Caesios,
où s'élevait un temple de Jupiter. — M. le comte de I^asteyrie parle de
l'architecture à coupoles en France.
Lectures faites a l'Académie des sciences morales et politiques.
- — Le 4 septembre, M. H. Welschinger lit une lettre ayant trait au traité
conclu entre l'etupereur d'Autriche et Joachim Murât en 1814 et révé-
lant les Suites fâcheUses de ce traité pour le dernier des contractants.
— Le 18, M. E. Lévasseur extrait de sOn Histoire du commerce de la
Fràiicë le chapitre qui à trait à la crise monétaii"e du seizième siècle.
Mélanges Wilmotte. — Encore un volume de mélanges ! Récemment,
nous annoncions celui qui se prépare en l'honneur de M. Châtelain. En
voici un autre, sur le point de paraître, destiné à commémorer le 25^ anni-
versaire de la fondation à l'Université de Liège, par M. Maurice Wilmotte,
du premier enseignement en Belgique des langues romanes. 43 savants,
élèves ou amis du professeur de L-iège, ont collaboré aix Mélanges Wil-
motte. Ce sont MM. G. Abel; Le Labeur des de Concourt; F. Baldensperger,
Lettres inédites de Littré et de son père à A. W. Schlegel; Bédier, Un Fra(j-
jnent du chansonnier inédit du xv^ siècle; J. Bonnard, Monologue de la reine
d^ Egypte dans le poème biblique ue Malkaraume; E. Bourciez, Le Démons-
tratif dans la Petite Gavacherie; A. Bovy, Comment la littérature française
classique et la littérature moderne peuvent s^ éclairer mutuellement; G. Charlier,
Z,' « Escoufie » et « Cuillaume de Dole »; L. Clédat, L" Expression « quitte à ->;
G. Cohen, La Scène des pèlerins d'Emmaiis; L. Constans, Un Précurseur
des félibres, Claude Peyrot, prieur de Pradinas; M™^ Horion-Delchef, Les
Œuvres de M^^ de Graffîgny; les «Lettres péruvienne j ^^; l'Exotisme dans la
littératrre; G. Dottin, Quelques faits de sémantique dans les parlers du Bas-
Maine; L. Gauchat, Les Noms gallo-romains de l'écureuil; E. Gérard-Gailly,
Hélène Gilltt; une exécution capitale au xxu^siècle; A. Horning, Weltgeschicht-
liche aus den Vogesen; A. Jeanroy, Les Charisons pieuses du Ms. fr. 12483
— 375 —
de la Bibliothèque nationale; G. Lanson, Le Tableau de la France de Michelet,
noie sur le texte de 1833; A. Leîranc, A propos des « Femmes savantes »;
Leite de Vasconcellos, Minçalhas gnllegas; Marignan, Quelques ivoires
représentant la crucifixion et les miniatures du sacramentaire de Metz\
JMenedez Pidal, Romance del nacimiento de Sancho Aharca; Meyer-Liibke,
Die Aussprache des altprovenzalischen u; G. Monod, Michelet et les Flandres,
voyage de 1837; Fr. Novati, La Canzone popolare in Francia ed in Italia .
nd pià alto medio evo; L. Pâscha), Les Modes de la sensibilité chez les écri-
vains; E. Picot, Une Querelle auxPalinods de Dieppe auxY^ sècle; j. Pierson,
Pamphlets bas-latins du vu® siècle; M. Prou, Notes sur le latin des "monnaies
mérovingiennes; P. Rajna, S. Mommoleno e il linguaggio romanzo; G. Ray-
nâi à, Deux nouvelles Rédactions françaises delà légende des Danseurs maudits;
E Roy; Notes sur les deux poètes Jean et Mathurin Régnier; Salverda de
Grave, Recherches sur les sources du Roman de Thèbes; H. Schneegans,
Notice sur un calendrier français du xiif^ siècle; M. Soiiriaii, Les Lettres de Ducis
à Népomucène Lemercier; Stcngo], Huons aus Auvergne Keuschheitsprobe^
Episode aus des f rancoi eneziani'schen Chanson de geste von Huon d" Auvergne;
Stimming, IJeufranzôsisches « toile >>; Svchier et Guesnon, Deux Trouvères
artésiens. Boude Fasto'ul et Jacques le Vinier; Thomas, La Genèse de la phi-
losophie et le symbolisme dans « la Vie est un songe « de Calderotl; E. I^lrix,
Les Chansons inédites de Guillaume le Vinier d'Arras; Van Hamel, L'Ame
littéraire de la France ; J. Vising, L.a Stylistique est-elle possible? ; C. Wahlund^
Bibliographie der franzôsischcn Strassburger Eide vom J. 842; miss Jessy
L. Weston, A hitherlo unconsidered aspect of the Round Table. En plus des
exemplaires réservés aux souscriptei;rs (10 francs, Secrétaire du Comité;
M. G. Cohen, 3, me Severo, Paris, XlVe), quelques exemplaires des Mélanges
Wilmotte seront mis en vente (Paris, Champion) au prix de 20 ou 25 francs.
Parts. — A la librairie Letonzey et Ané, 76 5is, rue des Saints-Pêres,
Paris, Vll'^arr., paraîtra, à partir de janvier 1910, tous les deux mois, un pério-
dique qui aura pour titre : Revue d'histoire de VEglise de France. Chaque
livraison, de format in-8, comptera 112 pages. Nous détâchons du pros-
pectus annonçant la prochaine publication les lignes suivantes, qiii en résu-
ment la physionomie : « Nous avons tenu à nous limitel* à la seule histoire
de l'Église de France parce qu'il nous a paru que là le champ était suffi-
samment vaste et insuffisamment exploré, parce qu'il importe aussi aux
heures de trouble que nous traversons de fortifier nos coiu'ages au sbuvenir
mieux connu des luttes et des triomphes de ceux qui nous ont précédés.
C'est donc de l'histoire de l'Église de France seule que s'ofccupera notre
Revue. Faisant appel à toutes les collaborations, pourvu qu'elles soient
strictement scientifiques, la Revue d'histoire de VEglise de France publiera
des articles concernant l'histoire ecclésiastique générale dé la France et
l'histoire locale des diocèses, des monographies sur les évêques, les abbés,
les personnages qui ont joué un rôle important ail cours des siècles, comme
des études sur les évêchés, les abbayes, les chapitres, les ordres religieux
anciens et modernes, les grands mouvements d'idées qui peuvent faire con-
naître plus complètement le passé de notre Église. En outre, pour faciliter
l'étude de l'histoire la plus contemporaine sur laquelle il n'est souvent pas
très aisé de se documenter, nous publierons dans chaque numéro une
« Chroniqre « où nous noterons, sans commentaires, les faits du jour
concernant l'histoire re]igiei?se de l'heure présence. Nous consacrerons
enfin une dernière partie de notre Revue au dépouillement critique et
raisonné des revues et des livres nouveaux, indiquant avec le plus grund
soin tou£ les articles — mais ceux-là seulement — qui^peuvent intéresser
— 376 —
l'histoire religiei.se de la France et la valeur des publications (Prix de
l'abonnement annuel : France, 15 francs. — Étranger, 17 francs). — Nous
souhaitons grand succès et longue carrière au futur périodique, qui
comblera une lacune et arrive à son heure.
— Une nouvelle intéressante : la Revue Maine, si api réciée des familles,
va se transformer avantageusement. D'abord, à partir du l^"" octobre,
présent mois, elle s'intitulera : Revue française. Mais il y a beaucoup mieuj<
qu'un simple changement de titre : désireux de donner à leur publication
une importance plus grande, d'augmenter son format, le nombre de ses
pages et la variété de son texte et de ses illustrations, déjà si abondantes,
les directeurs de la Reyue, encouragés par le succès, ont décidé d'accorder
32 pages au lieu de 20 à chaque livraison, qui comprendra en moyenne de
15 à 20 clichés en simili-gravure. Le texte se composera de nombreux
articles d'actualités, signés des meilleurs écrivains contemporains; de contes
littéraires pour tnfants; de romans choisis avec le pli,s grand soin et qui
pourront être lus par tout le monde; d'une suite d'études sur tous nos
académiciens, par M. Robert Havard de la Montagne; d'une chronique du
livre, par M. H. Chantavoine; de causeries artistiques, par M. H. Bidou;
d'une chronique m'isicale, de M. Marcel Bertrand; d'une chronique scien-
tifique hebdomadaire de M. Francis Marre: d'une causerie sur le théâtre;
d'une chronique médicale, etc. Le prix de l'abonnement, malgré toutes ces
améliorations, sera à peine augmenté : 9 fr. 50, au lieu de 8 francs. (Siège
de la Revue française : Paris, 17, rue Cassette, VF arr.).
— I/opuscule de M. Édouard-L. de Kerdaniel: André de La Vigne,
orateur et poète (1457-1527) (Paris, .Daragon, 1909, in-12 de 34 p.) nous
apporte de-; indications utiles, biographiques et bibliographiques, sur un
écrivain aujourd'hui peu connu et peu fréquenté, sauf de quelques érudits.*
Il est regrettable que l'auteur ne se soit pas étendu davantage sur le Mys-
tère de Saint- Martin, représenté à Seurre, en Bourgogne, au mois d'oc-
tobre 1496. M. de Kerdaniel paraît ignorer que le texte de cette pièce est
encore aujourd'hui conservé à la Bibliothèque nationale (fonds français
24332), et qu'elle a été l'objet d'une notice par Petit de Julleville (Les
Mystères, t. II, p. 47). Il aurait trouvé dan? le même ouvrage (T. I, p. 328-
329) des détails intéressants sur l'auteur dont il s'occupait.
- — En dehors de la sœur de Balzac, M"^c Surville, nous ne voyons guère
que M™e Geneviève R( xton qui se soit occupée sérieusement du ciéateur
de la Comédie humaine. Et il faut reconnaître que cette dernière s'est remar-
quablement tirée d'affaire, car le sujet était épineux. La « Dilecta « de
Ralzac. Ralzac et Madame de Berny (1820-1836), tel est le titre de l'étude
que M™e Geneviève Ruxton a publiée dans la Revue hebdomadaire des 3, 10,
17 et 24 juillet 1909. «Les recherches qui nous ont amenée à tenter cette
esquisse du caractère et de l'influence de M^ne de Berny sur Balzac, explique
l'auteur dans une note mise au bas de la première page de son travail,
ont été faites au moment où MM. Hanotaux et Vicaire rassemblaient les
documents de leur Balzac imprimeur; notre étude nous amenait aux mêmes
conclusions que celles de leur beau livre. Nous publions aujourd'hui cette
étude parce que l'existence tourmentée de Balzac est un sujet si vaste, si
passionnant, que nos commentaires peuvent trouver place peut-être encore
en marge de cette grande vie; et ces quelques documents nouveaux que nous
apportons viendront ainsi se joindre à ceux qu'ont recueillis et publiés
MM. Hanotaux et Vicaire «. — Donc, M™e Riixton a mis principalement à
contribution, dans Je cas présent, non seulement certaines œuvres du
maître, mais aussi sa Correspondance, ses Lettres à T Étrangère, et, de façon
NOUVELLE LIBRAIRIE NATIONALE
85, rue de Rennes, PARIS-VI'' Am
LES IDÉES CLAIRES
COLLECTION SYNTHETIQUE
FONDÉE PAR NOËL A YMÈS
>U-
Ln collcclion des « IDEES CLAIRES » s'offre au public non
comme un répertoire universel des connaissances humaines,
mais comme une série de livres aimables et véritablement
amis qui envisageront les périodes historiques, les grandes
dates, les grands problèmes sur lesquels il est bon d'avoir
opinion solide et renseignements précis.
Sans vouloir en aucune façon faire le procès de renseigne-
ment secondaire actuel, il est bien certain que le baccalauréat,
sanction de dix ans d'études, n'implique que des connaissances
littéraires, sociales, économiques, assez vagues ; et la vie
moderne, qui exige qu'on se spécialise, écarte chaque jour
davantage les esprits cultivés des notions d'ensemble — fondées
sur une documentation sérieuse — sans lesquelles cependant
une intelligence ne saurait être complète et avertie.
Chaque volume de la collection tendra donc à donner une
IDEE CLAIBE^ légitimée par le raisonnement et les faits,
du sujet traité. Sj'ulhétique, il s'efforcera de grouper dans un
mininunn de place, sans être indigeste, tout ce qu'un esprit dis-
tingué — ce que le xyii" siècle appelait 1' « honnête homme »
— peut et doit connaître sur tel point défini ; rédigé sans
préoccupation de politique, ni départi, il inspiiera la cou-
liancc, condition du succès.
Les livres des « IDEES CLAIRES » ne seront ainsi ni une
Encyclopédie morcelant les questions selon la tyrannie de
l'ordre alphabétique, ni une liste de manuels ou trop parti-
culiers (manuel d'électricité, etc.) ou trop généraux (ma-
nuels pédagogiques répondant aux programmes universi-
taires). Ils tiendront le milieu entre les ouvrages élémentaires
insuffisants à qui aime savoir et les travaux de pure érudition
qui exigent pour être pratiqués avec fruit, souvent une initia-
tion, toujours du temps.
Ajoutons que, dans l'esprit du fondateur, cette collection,
écrite par des Français, suivant les traditions françaises,
s'adresse aux fils de France. Et nous entendons par là non
seulement ceux qui, nés sur notre vieux sol, y sont demeurés,
mais aussi ceux qui, de race, d'origine ou culture françaises,
ont gardé à l'étranger la connaissance, le goût de notre langue
et de notre esprit. Canada, Belgique, Espagne, Angleterre,
Autriche, Levant, Orient, Extrême-Orient, Amérique du Nord
ou du Sud, combien d'autres pays encore oîi des familles
françaises existent qui aimeront à respirer et à répandre le
parfum de France !
Nous pouvons donc déjà annoncer une première série de
volumes dont les sujets mêmes montreront l'unité d'esprit qui
anime la collection, et la variété qu'on a voulu y apporter.
« Trente Années du grand siècle : la France de
Louis XIII ') a été choisi comme œuvre de début, parce
qu'aucune période de notre Histoire ne pouvait mieux faire
voir nos intentions. Un roi trop peu connu et un ministre,
Richelieu, qui intéresse, quelque opinion que l'on professe ;
un conflit européen : les suites de la Réforme et de la guerre
de Trente ans ; la naissance du Classicisme : un Corneille ; la
naissance du Rationalisme : un Descaries ; une étude de mœurs
pénétrant dans toutes les classes : Clergé, Noblesse, Bour-
geoisie et Peuple ; un jeu d'institutions ; Administration,
Parlements, fondé sur le passé et expliquant l'avenir : étude
synthétique s'il en fut, et variée à la fois.
Indiquant notre souci de traiter les problèmes qui restent
toujours actuels pour les Français, le second volume racontera
- 3 —
l'Allcningne, De Gœthe à Bismarck ; un nntrc, dans le
même esprit, dira la genèse des Etats-Unis, De "Washing-
ton à l'Impérialisme d'un Roosevelt. Entre temps, nous
donnerons ce qu'il convient de retenir de la Grèce antique,
nous rassemblerons les idées et les faits qui gravitent autour de
celte date, si importante chez nous: 1830; nous chercherons à
préciser le rôle et l'influence de la science au xix*^ siècle ;
dans le xviii^, nous pénétrerons — avec des documents pour
la plupart inédits — dans celte société dont' on parle beau-
coup plus qu'on ne la connaît ; variant toujours, nous expose-
rons les chimères, les défaillances, les gloires de Notre
Passé colonial.
Chacun de ces livres formera un tout ; chacun se reliera
par l'esprit à ses voisins ; elle premier ensemble, vagabondant
à dessein à travers les temps, indiquera, nous le souhaitons,
la souplesse de la matière, l'utilité de l'œuvre, et la conception
large autant qu'impartiale qui l'a inspirée.
Chaque ouvrage formera un volume in-18 de 300 à 400 pages.
Prix 3fr. 50
Pour paraître en octobre 1909
La France de Louis XIII, par Noël Aymès.
Pour paraître en janvier 1910 :
De Goethe à Bismarck, par Louis Cons.
Pour paraître en mai 1910 :
La Grèce antique, par Noël Aymès.
Pour paraître en octobre 1910.
1830, par Louis Riballier.
Poitisrt. - JocisU rrangai» a impnfflons
— 377 —
assez accessoire, divers ouvrages d'écrivains tels que le D"" Véron, George
Sand, Champ fleiiry, Léoa Daudet, etc. L'auteur, du reste, a tenu plus que
son titre n'indique : si, en effet, elle s'occupe d'abord de M™<^deBerny,
elle ne néglige pas, pour autant, M"^^ Hanska, ces deux femmes s'étant, à
un moment donné, trouvées mêlées, en quelque sorte simultanément, à ia
vie de Balzac. Et si l'influence de la première a été heureuse pour le déve-
loppement du génie du romancier, il s'en faut que le rôle de la grande
dame polonaise fût aussi avantageux. On suit avec un intérêt soutenu
l'étude à la fois biographique, littéraire et psychologique de Mi^'e Ruxton,
mais on demeure quelque peu surpris de ne pas rencontrer, sous une plume
féminine, le moindre mot de blâme pour la conduite de Balzac et de ses
deux maîtresses mariées et mères de famille. Au contraire, elle poétise
ces graves écarts de morale. — Ne pa.ssons pas sous silence un détail par-
ticulièrement intéressant : on sait que la Revue hebdomadaire donne en tête
de chacun de ses numéros une série d'illustrations dans un supplément :
L'Instantané. Or, on trouvera dans les quatre livraisons précitées des 3, 10,
17 et 24 juillet, toute une iconographie balzacienne : 13 portraits du maître
à diverses époques, y compris 2 plâtres et 2 statues, 6 vues de maisons
habitées par Balzac, un fac-similé de signature, 2 vues de Villeparisis où a
résidé M.™^ de Berny et un portrait de M^e de Berny et de M^^e Hanska.
■ — Et puisque nous parlons d'iconographie balzacienne, il convient de
signaler également celle publiée dernièrement par la librairie H. Didier
dans sa collection la Littérature par l'image, dont il a été question plusieurs
fois ici même. Balzac en images forme la « pochette n'' 8 « (Prix : 1 fr.).
Sous forme de cartes postales, elle renferme 12 pièces qui reproduisent admi-
rablement 6 portraits du romancier, dont 2 bustes et une statue, 3 carica-
tures, des vues de trois maisons habitées par Balzac, et une vue du collège
de Vendôme où il a fait ses études, une épreuve corrigée, véritable casse-
tête pour l'imprimeur, les portraits de Mmes de Berny et Hanska et enfin
12 types ou scènes de la Comédie humaine, en 3 cartes. Le tout avec des no-
tices explicatives. — Les iconographies de V Instantané et de la librairie
Didier sont loin d'être complètes; il serait désirable qu'une deuxième série
du sujet parût quelque jour dans la Littérature par l'image.
Franche-Comté. — Le lieutenant Borrey vient de publier une brochure
intitulée : Un Épisode de la campagne de France. Le Blocus de Besançon
par les Autrichiens (1814) (Paris, Charles-Lavauzelle, s. d. [1909], in-8 de
109 p., avec les portraits du général Marulaz et de l'ordonnateur Lyautey,
un plan et une petite carte de Besançon et de ses environs. — Prix: 2 fr.).
Cette étude, dit l'auteur dans son Avant-propos, « forme un des chapitres
d'un ouvrage qui aura pour titre : L'Invasion de la Franche-Comté en 1814,
fct paraîtra prochainement ». Dans le même Avant-propos, M. Borrey nous
avertit que s'il a « supprimé les références que la plupart des historiens
donnent au bas de chaque page, c'est pour ne pas en rendre la lecture pé-
nible ». Voilà, à notre avis, un tort grave; et nous pensons que la simple
indication générale, en manière de bibliographie sur le sujet, des manuscrits et
imprimés consultés ne sufTit pas. Il semble, du reste, que l'auteur ait senti
lui-même qu'une précision plus grande était parfois nécessaire, car en
divers endroits de son étude (notamment p. 42, 77, 83) il fournit des réfé-
rences dans le texte même. Cette imperfection n'empêche pas le présent
travail d'offrir le plus réel intérêt; il nous a paru cependant comporter
certaines observations que nous réserverons pour l'œuvre complète de
M. Borrey, si elle est soumise à notre examen. En attendant, nous appel-
lerons l'attention de l'auteur sur une faute dans deux noms de localités:
— 378 —
Dole du Jura ne prend pas d'accent circonflexe; page 15, il convient de
rectifier Élalars en Étalans.
— La biographie de Sœur Marthe, que M™° la comtesse R. de Coiiison
a tout dernièrement écrite pour les Contemporains (Paris, 5, rue Bavard,
s. d.[1909J, s:r. in-8 de 16 p., avec portrait), n'est pas, à coup sûr, l'une des
moins attachantes de cette collection. Anne Biget, si universellement con-
nue sors le nom de « Sœrr Marthe « qu'elle a illustré, est née à Thoraise
(Doubs), lé t 27 octobre 1749. M™e de Courson la prend dès son enfance,
la suit au coiivent des Visitandines de Besançon, nous conte ses faits et
gestes pendant la Révolution de 1789 et surtout durant la Terreur. Elle
esquisse ensuite son rôle charitable auprès des soldats blessés et des pri-
sonniers de guerre, sans oublier son admirable condrite pendant le blocus
de Besançon, en 1814. La bonne Sœur est morte à Besançon le 29 mars
1824. M"is de Courson a été bien inspirée en consacrant à cet ange de charité
et de dévouement ces pages d'une sobre éloquonce et d'une exactitude
parfaite.
— Dans notre précédente livraison (p. 28.S-284), nous avons mentionné
à cette place la notice que M. Georges Gazier a écrite sur Jean-Baptiste
Considérant, de Salins, père de ce Victor Considérant qui, déposant ses
galons de capitaine du génie, se transforrna, pour nous servir de l'expression
hijmoristique d'un de ses compatriotes, en « saint Paul du fouriérisme ».
Orj nous recevons de M. le D"" Emile Ledoux une plaquette bien suggestive
sur ce singulier apôtre : Victor Considérant. Trois Lettres inédites. Notes
sur sa /tî/nessë (Besançon, imp. Dodivers,19G9, in-8 de 16 p.). Les trois lettres
en question adressées à un ami de son père, M. Thelmier, sont datées des
31 mai 1828, 21 février 1830 et 14 décembre 1832, alors que Victor Considérant,
polytechnicien, élève de l'Ecole de Metz et lieutenant du génie, commen-
çait à se Sentir le cerveau troublé par des rêves de réformes humanitaires.
L'une d'elles (la dernière en date) fait pressentir la démission de 1836 :
«... il ne me convient pas. écrit-il, d'être militaire et de traîner de garnison
en garnison comme un cadavre décrépi (sic) pour faire des appels et des
revues de linge et de chaussures. Il me faut une vie indépendante et libre,
errante ou stationnaire à ma volonté. » M. Ledoux rappelle certaine phrase
du livre sur Victor Considérant dû à M™^ Coignet, laquelle qualifie ainsi
son héros : « C'est un chevalier de l'idéal. » — Allons! mettons que ce fut
un idéologue, un songe-creux, que les caricatuvistes de 1848 ont rendu
plus célèbre que la plupart de ses élucubrations démodées, — et accor-
dons-lui charitablement la paix éternelle de l'oubli.
— M. G. Canard a tiré à part des Annales de V Académie de Mâcon son
travail sur le Général tripard (1816-1879) (Mâcon, imp. Protat, 1908, in-8
de ÎJ5 p.), qu'il avait tout d'abord inséré dans ce recueil. Le titre semble
annoncer une biogràptiie; or, il s'agit surtout ici du rôle joié par le général
Tripard pendant la guerre de 1870-1871 (p. 8 à 88). Les sept premièrespages,
à vrai dire, résument très sommairerhent la vie du général depuis sa nais-
sance à Lods (Doubs), le 19 juin 1816, jusqu'à l'Année terrible. Au moment
de la déclaration dé gi erre, Tripard, alors colonel, cominàndait le 6" régi-
rnent de lanciers, à SChlestadt. Tout de suite, il eritra en campagne. Pendant
plus de sept mois, à peine interrompus par quelqi'es semaines d'hôpital,
il fit constamment face à l'ennemi. Entraîné, au début, dans là déroute
depuis Wœrth jusqu'à Châlons, il sut échapper à là capitulation de Sedan
et devint bientôc, aux avant-postes sur la Loire, l'un des meilleurs arti-
sans de l'organisation de la Défense nationale. « La plupart des lettres et
documents qu'il a laissés, dit M. Canard, se rapportent à la campagne de
— 379 —
1870. Ils ont servi à reconstituer son rôle au cours de la campagne. On
verra quelle fut sa brillante conduite, comment il devint général de brigade,
puis générai de division au titre auxiliaire, et par quelle fatalité il fut replacé
général de brigade à la revision des grades, sans pouvoir reconquérir jamais
la troisième étoile qu'il avait gagnée une première fois sur le champ de
bataille de Beaugency. « Mis à la retraite en 1878, il mourut peu de temps
après, à t)ijon, et fut inhumé à Lods, son pays hatal. Cette intéressante
brochui'é mérite d'être sj)écialement signalée à ceux qili s'bfccupent dé
l'histoire de la guerre franco-allenlande.
Languedoc. — Le docte et vaillant archiviste du département de l'Hé-
rault, M. Joseph Ëerthelé, continue à éclairer par ses recherches et ses
pulDlications variées le passé de sa province d'adoption. Nous indiquerons
ici auelques-uns de ses plus récents travaux : Montpellier en 17B8 et en 1836
d'après deux manuscrits inédits (Montpellier, 19rt9, in-fol. de 1^8 p. (Extrait
des Archives de la Ville de Montpellier. Inventaires et Documents, t. IV). La
description anonyme de 1768, de beaucoup le plus important des deux
documents publiés par M. Ilerthelé, est ainsi divisée : « I. Le Clergé. IL
Maisons de charité. III. De la Religion. IV. Juridictions. V. Hôtel de Ville.
VI. États généraux de la province. VIL Commissaires. VIII. Intendance.
IX. Corps militaire.- X. Université. — XL Arts et sciences. XII. Collèges,
écoles et instructions. XIIÎ. Otitl^agés dé littérature. XIV. Arctiivesj
greffes, dépôts des titres. XV. Noblesse. Classés des habitants. XVI. Ordres
de chevalerie. XVII. Financés. XVIII. Trésoriers et receveurs par com-
missions amovibles. XIX. Trésoriers particuliers. XX. Emplois. XXL
Fermes. XXII. Ent'-eprises. XXII î. Inspecteurs. XXIV. ComhlerCe. XXV.
Martufactui-es et fabriques. XXVI. Cdrps de métiers. XXVII. Édifices
publits. XXyilI. Mul^ailles, portés, fiieë, promenades, plates, fontaines.
XXlX. Jardins, inaisoiis de campagne, canal, moulins, chemins. XXX.
Productions du terroir dé la ville et des envifbnS. XXXI. Ciiriosités natu-
relles, rniriés. Carrières, éati^c, bains. XXXII. Poids et mesures. XXJCIII.
Loix particulières et privilèges de la ville. XXXlV. Langage. XXXV.
LuXe; ametiblemenS, repas. XXXVl. Jeux et diVertisseniéns. — Réflexions
générales qui terminent cette description. » — On voit tout de suite quelle
abondante hioisson à faire dans ce texte pour l'histoire des institutions et
des mœurs de l'ancien régime. — La Vieille Chronique de Maguelone (Chro-
nicon Magaloncnsie vetiis), nouvelle édition accompagnée d'observations
historiques et d'éclaircissehiehts topographiqu.es (Montpellier, 1908, in-8
de 200 p.). Ce précieux texte est de la seconde moitié du xii" siècle. On y
trouve en particulier lés indications le? plus intéressantes sur la Construc-
tion de la célèbre Cathédrale, restaurée dé nos jours par les soins et grâce
à la munificence d'un sympathique antiquair3. — Un Conflit scolaire ait
xiv^ siècle (Le Vigan, juillet 1909, in-8 de 8 p. Extrait de la Revu? historique
du diocèse de Montpellier). Il s'agit d'une difficulté survenue entre les habi-
tants de Marsillargues et leur curé au sujet du choix d'un maître d'école
et qui donna lieu à un mandement du pape Jean XXII, en date du 8 mai
1322. — Les travaux de M. Bérthelé sur l'histoire du Languedoc he l'em-
pêchent pas de continuer ses recherches sur une branche spéciale de l'ar-
chéologie où il est passé maître, l'archîéologie campanaire, pour laquelle
ses études et se'^, découvertes s'étendent sur un champ beaucoup plus
vaste. C'est ce dont témoignent deux notices formant les fascicules îlt
et IV de la série intitulée : Opuscules campaniires, savoir : Les Fontes de
cloches à Vintéricur des églises, à propos d'un four découvert en 189^ dans
l'église Saint-Cvépiu de Château-Thierry (Château-Thierry, août 1908,
— 380 —
in-8 de 30 p. Extrait des Annales de la Société historique et archéolog'que
de Château-Thierry ) . — Anciennes cloches municipales de Bordeaux, d'Orléans
et d'Amiens. Documents inédits (Montpellier, juillet 1909, in-8 de 58 p.
Extrait du Bulletin mensuel de V Académie des sciences et lettres de Mont-
pellier) .
Lorraine. — Dans le travail qu'il consacre à Quelques portraits du.
Musée de Bar-le-Duc (Bar-le-Duc, in-8 de 15 p. et 6 planches. Extrait des
Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de Bar-le-Duc) , M. H. Dann-
reuther a surtout retracé l'histoire de ce musée, depuis sa fondation
jusqu'à ces dernières années. Les détails qu'il donne sur ses origines sont
des plus tîurieux. Les six portraits étudiés ici, dont quelques-uns vraiment
remarquables, sont ceux d'Antoine, duc de Lorraine et de Bar, mort en
1544; d'Antoine de Bourbon, roi de Navarre, père d'Henri IV; de François
de Lorraine, duc de Guise, mort en 1563; d'Henri de Lorraine, le Balafré,
duc de Guise, mort en 1588; de Nicolas Psaume, évêque et comte de
Verdun, mort en 1575, et enfln d'Alexis Piron. De bonnes reproductions
photographiques de ces six portraits augmentent l'intérêt de la brochure
et permettent d'apprécier la valeur des originaux.
Nivernais. — Le premier fascicule du tome XIII de la 3*^ série (23e vo-
lume de la collection) de l'excellent Bulletin de la Société nivernaise des lettres,
sciences et arts (Nevers, Mazeron, 1909, in-8 de 112 p., avec 3 portraits) est
distribué de façon bien tardive. Les trois autres, dans ces conditions, paraî-
tront difTicilement avant la fin de la présente année. Ce fascicule n'en est
pas moins remarquable; il est formé des trois publications documentaires
suivantes : Entrée des duc et duchesse de Neverf. François de Clèves et Mar-
guerite de Bourbon à Nevers, 12 février 1550 (n. st.), d'après un document
de la bibliothèque Sainte- Geneviève, par M. Ch. Barbarin (p. 1-38, avec deux
portraits de François de Clèves, vers 1535 et 1545, et un autre de Mar-
guerite de Bourbon, vers 1540); ■ — Les Compagnies d'ordonnance et leurs
officiers nivernais au xvi^ siècle, par M. René de Lespinasse (p. 39-88); —
U Arrière-Ban du Nivernais en 1687 et 1689, par M. Gaston Gauthier (p.89-
112).
Normandie. — La savante esquisse de M. le comte de Charencey :
Guerre privée et combat singulier (Alençon, 1909, in-8 de 45 p. Extrait du
Bulletin de la Société historique et archéologique de l'Orne) sera lue avec inté-
rêt par les personnes qui s'intéressent à l'histoire du droit, à celle des
institutions et des mœurs. Elle est ainsi divisée. : I. Du Droit de guerre
privée. IL Du Duel volontaire. III. Du Duel forcé. IV. Du Harakiri des
Japonais. - — La vaste érudition de l'auteur lui a permis des rapprochements
qui auraient certainement échappé à d'autres.
Provence. — Le l*^"" octobre 1771, « du très exprès commandement
du Roi » le Parlement de Provence siégeant à Aix fut supprimé et ses mem-
bres exilés dans leurs terres. Peu après la mort de Louis XV, son succes-
seur rappela les parlements et les réintégra dans leurs charges et préro-
gatives. Ce fut le 3 janvier 1775 que le marquis de Rochechouart, com-
mandant de la Provence, reçut un courrier de Paris lui annonçant le réta-
blissement du Parlement. Des lettres de convocation pour le 10 janvier
furent immédiatement adressées aux magistrats de l'ancien Parlement. De
grandes fêtes eurent lieu à Aix à cette occasion, où toute ia Provence
semblait s'être donné rendez-vous. C'est le récit de toutes ces démonstra-
tions que M. Jean Audouard nous donne dans son opuscule intitulé : Le
— 381 —
Rétahlissement du Parlement de Provence (janvier 1775), d'après des docu-
ments inédits (Paris, Daragon, 1909, in-8 de 43 p.).
Savoie. — L'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie vient
de distribuer le tome XI de la 4'^ série de ses Mémoires (Chambéry, imp-
générale savoisienne, 1909, in-8 de 762 p.). Ce fort volume se compose des
très intéressants rapports et études ci-après : Notice sur Benoit-Théophile
de Chevron- Villette, archevêque de Tarentaise (né en 1587, mort à l'âge de
73 ans, après avoir gouverné son diocèse pendant un quart de siècle),
par le R. P. Dom B. Mackey (p. 3-72). Cette excellente biographie eût été
complétée utilement par un portrait; — Le Bilan littéraire de V Académie
de Savoie, par M. Fr. Descotes (p. 77-88); — Ropport sur le concours de
poésie de 1902 (fondation Guy), par M. Emmanuel Denarié (p. 91-115); —
Rapport sur le concours d'économie rurale de 1902 (fondation Caffe), par
M. le comte Eugène d'Oncieu de la Bâtie (p. 119-134) ; — Discours prononcés
dans la séance publique du 11 décembre 1903 pour la réception de M. le
comte Marc de Seyssel-Cressieu : 1° Allocution de M. François Descostes
(p. 137-138) ; 2° Discours de réception de M. le comte Marc de Seyssel-Cressieu
(p. 139-155); 30 Répo?ise de M. François Descotes (p. 157-173); — Dom
Mabillon en Savoie, notes de voyage (avril 1685), par M. l'abbé J. Burlet
(p. 177-187); — Les Repas funèbres en Savoie, par M. le chanoine Léon
Bouchage (p. 191-220); — Una Principessa sabauda. sul trono di Bisancio.
Giovanna di Savoia, impératrice Anna Paleologina, da Dr. Dino Muratore
(p. 223-475). Ce travail est le plus important du volume; — Le Premier
Collège de Chambéry, par MM. A. Perrin et C. Bouvier (p. 479-512), pre-
mièi'e partie d'une monographie dont la suite paraîtra dans un prochain
volume; — A propos de trois lettres des conventionnels Hérault de Séchelles
et Philibert Simond. La Fête civique de Chambéry du 3 'mars 1793, par
M. d'Arcollières (p. 515-561); — Mission du Père Monod à Paris en 1631,
d'après ses lettres, par le D"" Salvatore Foa (p. 565-648); — Un Conseil du
P. Monod au duc Victor-Amé I^^, par le même (p. 649-655); — Réponse
de M. François Descotes au discours de réception de M. Claudius Bouvier
(p. 659-665). On ne trouvera pas ici le discours de M. C, Bouvier, par le
motif qu'il n'était qu'un fragment d'une vaste étude réservée aux Mémoires
de r Académie de Savoie et qui traitera de « Marguerite de France, fille du
roi François pr et sœur du roi Henri II, devenue duchesse de Savoie par
son mariage avec Emmanuel-Philibert )>; — Les Premiers Comtes de Savoie.
Deuxième Mémoire. Le Marquis Odon de Savoie, fils d'Humbert /er. L'Af-
faire du Mariage (1C34), par M. Camille Rénaux (p. 667-757).
TouRAiNE. — Ce n'est pas une histoire de la commune de Saint-Avertin
(Indre-et-Loire, canton et arrondissement de Tours) que veut retracer
M. Emmanuel de Beaufond, dans son opuscule intitulé : Une Paroisse
tourangelle. Saint-Avertin. (Paris, imp. des Orphelins-Apprentis, s. d.,
iti-8 de 32 p.). II se contente de donner une suite de notes sur le passé
de cette paroisse, qui autrefois portait le nom de Vençay. Il a divise son
opuscule en trois parties consacrées successivement au sol, au clocher,
c'est-à-dire à l'histoire religieuse, et enfin aux logis et coutumes. Nous re-
marquerons en passant que la famille des Plantin, les fameux imprimeurs
d'Anvers, serait originaire de la paroisse de Saint-Avertin.
Espagne. — A différentes reprises déjà, nous avons eu occasion de
signaler les monographies de M. Lucien Briet sur les Pyrénées aragonaises;
il nous faut encore en annoncer une nouvelle, relative aux gorges du Flumen
et au Salto de Roldan. Le Flumen est un torrent du Haut- Aragon, né dans
_ 382 —
la Sierra de Monrepos, qui coule d'abord d'ouest en est, puis du nord au
sud; et son nom et l'examen de sa vallée supérieure permettent de penser
qu'il fut ïiutrefois beaucoup plus important qu'il n'est aujourd'hui. Ce petit
çpurs d'eau traverse, avant de quitter les montagnes, x\j\ défilé long de 9 à
IQ kilomètres, des gorges qui sont très imposantes au début et à la fin, à
Ja fin sv<rtoi.t, où je galto de Poldan, situé à 2Q kilomètres au nord de
Jlue§c$, constitue un gigantesque portail par lequel débouche en plaine le
riq Fhimen- Sans doute, cette brèche n'est nyllement la seule qu'on puisse
signaler dans le Haut- Aragon; tous les torrents de ce « pays des gargantaset
des barrancos » sortent des montagnes par de semblables pas, par des
portails rocheux de naênie nature, très variés d'aspect; niais le plus saisis-
sant, le plus régulier et le plus caractéristique de tous est le Salto deRoldan.
iV\issi M. Briet a-t-il très bien fait de lui consacrer une étude spéciale qu'ac-
Gftmpagnent de fort belles vues photographiques et une carte itinéraire dve
à l'érudit lieutenant-colonel F. Prudent (Les Gorges du Fluinm et, le Salto
dç Boldqn, Hç,ut-Ara,gon, Espagnç. Bagnères-de-Bigorre, imp. Bérot, 19Q9,
in-8 de se p., avec carte et grav. extrait du Bullçtir de la Société Bafnond,
année 19Q9).
Italie. — Dans une communication présentée au congrès de la Société
italienne pour l'avancement des sciences -et insérée dans VAteneo Venet"
(t. XXXII, fasc. 1, 1909), M. G. B. Picotti attire l'attention des historiens
sur les Lettere di Lodovico Foscarini, diplomate vénitien du xv"^ siècle. Ayant
rempli une belle carrière d'administrateur (podestat à Vérone, puis à Bres-
cia) et d'ambassadeur (au congrès de Mantoue, à Rome près Pie II, en
France près Louis XI), Foscarini a été témoin des plus grands événements
de l'histoire italienne de son temps et en a connu les principaux acteurs.
Il comprenait lui-même l'intérêt que pourraient un jour avoir ses lettres,
et il en avait fait faire une copie en deux volumes. Un seul est présentement
connu, qui contient 312 lettres. Il est conservé à la Bibliothèque impériale
de Vienne (n° 441), et malgré les appels de Mario Foscarini, de Quirini, de
Tommaso Gar, encore inédit. Ce que M. Picotti dit ici de ces lettres fait
vivement désirer qu'il se charge de les publier (tiré à part. Venezia, Istituto
di arti graflche, in-8 de 31 p.).
Brésil. — La célébration du premier centenaire de l'iniprimerie au Brésil
a fourni à l'infatigable baron de Studart l'occasion de publier une nouvelle
contributiçin à riiistoire de cet État de Céara, qu'il connaît ci bien. De mèn^e
que, naguère, il avait établi une cartographie de cett3 partie du Brésil,
de même, pour commémorer l'anniversaire de l'imprimerie, il a dressé
une bibliographie des impressions céaraises. Cette bibliographie comprend,
de 1824 à 1908, 951 numéros, dont le baron de Studart a groupé les titres
et sur chacun desquels il a réuni tous les éclaircissements qu'il était possible
de désirer; elle est disposée dans l'ordre chronologique et comprend sur-
tout des journaux ou des publications de circonstance. Nous regrettons
qu'en tête de ces Annales, le baron de Studart n'ait pas retracé, en quelques
pages, l'histoire dont la bibliographie fournit les éléments; nul ne pouvait
le faire mieux que lui Primeiro Centenario da Jmprensa no Brazil. Annae'^
da Inippensa Cearense. Catalogo. Rio de Janeiro, Imp. nacional, 190S, in-8
de 101 p. — Separata do volume 1° da Parte II do tomo especial da Revista
djQ Instituto histqriço e geographico ùrazileiro).
■ — Ce qu'il n'avait pas fait dans le travail, dune incontpstal)le utilité,
que nous venons de signaler, le baron de Studait l'a exéputé dans son
étude sur l'adrainistvation de Barba Alardp de Menezes, qui gouverna le
— 383 —
Cearâde juin 1S08 à la fin de décembre 1811 ; il a débuté par en donner un
minutieux résumé chronologique, puis en a tracé une esquisse Historique
présentant un aussi grand intérêt au point de vue du déi^eloppem^nt
économique que de l'évolution politique dij Cearâ (Cf. les p. 3Q et suiv.);
nous y avons relevé, entre auti'es renseignements intéressants, la mention
de la venue de deux corsaires dieppois à la fin de novembre 1810. Le baron
de Studart a terminé cette courte, mais excellente monographie par un aper-
çu des progrès de la connaissance du pays réalisés pendant la période qu'il
étudiait et par des statistiques de population dont les futurs historiens
du Cearâ tireront sans doute grand profit (Admitiistmçào B.aeb.a Akipdo.
Reswno cheanologico; resunio historico. Cearâ-Fortaleza, typ. Minerva,
19Û8, in-8 de 45 p. Extrahldo da J^&çista trimensal do tnstttuto da C&ava),.
^États-Unis. — Suivant l'usage, le volume de 1908 des Proceedings of
the United States natlona,l Muséum (Vol. XXXIV. Washington, Government
printing Office, in-8 cartonné de xiv-777 p., avec 105 planches) est entiè-
reinent consacré à des mémoires originaux décrivant les collections diverses
du Musée national de Washington. Ces travaux, au nornbre de 42, ont trait
presqje tous (41) à l'histoire naturelle. Un consiste en un catalogue de tous
les objets employés dans le culte judaiqueaveclareproduçtionde ces objets
en photogravure. Ce procédé a été également employé pour l'illustration des
autres articles. De tous ces travaux, celui qui nous a paru le plus intéressant
est celui de M. Ch. G. Nutting, professeur de zoologie à l'Université d'Iowa,
et qui donne la_description des Àlcyonaria recueillies par le vapeur Albatros,
dq Bureau des pêcheries des États-Unis, dans le voisinage des îles Hawai,
en 1902. C'est la première fois que l'on étudie les alcyonaires de cette
région et le résultat est d'une richesse surprenante, puisque sur 68 espèces
recueillies, il n'y en a pas moins de 39 nouvelles qui sont' toutes décrites et
figurées pour la plus grande satisfaction des naturalistes. La Smithsonian
Institution, chargée du Muséum national des États-Unis, en plus des Pro-
ceedings et des A:iual Reports, publie aussi cette année (1909) : les 5*^ et 6^
parties du vol. XII des Contributions from the United national H erbarium.
La 5e partie consiste en une description des New or noleivorthy plants from
Colombia and Central America, par M, Henry Pittier, pages 171 à 181, illustrée
de 2 planches et 9 figures dans le texte. La 6^ partie est un Catalogue of the
'jrasses of Cuba, par M. A. S. Hitchcock, p. 183 à2 57. On y trouve, en plus de la
simple nomenclature des espèces décrites, la diagnose des espèces nouvelles,
au nombre de 30. Il est regrettable que l'on n'ait pas jugé nécessaire d'y
joindre des planches, ce qui eût donné beaucoup plus de valeur h ce travail
déjà fort important et intéressant.
Publications nouvelles. — Épîtres de saint Paul. Leçons d'exégèse,
par C. Toussaint. I. Lettres aux Thessaloniciens-, aux Calâtes, aux Corinthiens
(petit in-8, Beauchesne). — Critique et catholique, par le P. E. Hugueny.
I. Apologétique (in-12, Letouzey et Ané). — L'Organisation judiciaire aux
États-Unis, par A. Nerincx (in-8, Giard et Brière). — Le Sens de l'existence.
Excursions d'un optimiste dans la philosjphie contemporaine, par L. Stein;
trad. par A. Chazaud des Granges (in-8, Giard et Brière). — Les Fondements
de l'économie politique, par A. Wagner; trad. par K. L. T. II (in-8, Giard
et Brière). — L'Enseignement de l'histoire naturelle à l'école primaire. L'Étude
des êtres, par D^ E. Dévaud (in-12, Lausanne, Payot; Paris, Alcide Picard).
— Géologie agricole, par E. Cord (in-18, Baillière). — Alimentation rationnelle
des animaux domestiques, par R. Gouin (in-18, Baillière). — Récréations
mathématiques ■ et problèmes des temps anciens et modernes, par W. Rouse
_ 384 —
Bail. S*' partie (petit in-8, Hermann). — Les Cent mille Curiosités d'hier et
d'aujourd'hui, par H. Cordonnier (in-16, Roger et Clieinoviz). — Les
Maîtres de l'art. Benozo Gozzoli, par U. Mengin (in-8, Plon-Nourrit). —
Poésies complètes, par A. Guillaume (in-18, Dijon, imp. Darantière). —
Un Pardon. L'Oasis. Le Message. Cendres, par P. Renaudin (in-16, Plon-
Nourrit). — Le Confluent, par E. Deverin (in-12, Union internationale
d'éditions). — La Fille du Corsaire, par J. Drault (in-16, Roger et Cher-
noviz). • — ■ Le Perroquet du cantinier, par J. Drault (in-16, Roger et Cher-
noviz). — Au bord dn lac, par M. Auvray (in-16, Roger et Chervoviz). —
Chassés du Nid, par Chéron de la Bruyère (in-16, Roger et Chernoviz). —
Mon premier Voyage, par F. de Noce (in-16, Roger et Chernoviz). — Mirage
et réalité, par F. de Noce (in-16, Roger et Chernoviz). — Trait d'union,
par M. Levray (in-16, Roger et Chernoviz). — Le Roc maudit, par M. Le-
vray (in-16, Roger et Chernoviz). — Muguette, par J. Barbet de Vaux
(in-16, Roger et Chernoviz). ■ — Xe Général Dur à Cuire, par L. des Ages
(in-16, Roger et Chernoviz). — La Villa aux Cerises, par L. des Ages (inl6,
Roger et Chernoviz). — Le Var supérieur. Etude de géographie physique,
par J. Sion (in-8. Colin). — La Vie privée du peuple juif à l'époque de Jésus-
Christ, par le R. P. M.-B. Schwalm (in-18, Lecofîre, Gabalda). — Vie de
saint François de Sales, évêque et prince de Genève, docteur de l'Église, par
M. Hamon. Nouvelle édition entièrement revisée par Gonthier et Letour-
neau (2 vol. in-8, Lecofîre, Gabalda). — Les Entrevues des princes à Frohs-
dorf, 1G73 et 1883. La Vérité et la légende, par J. du Bourg (in-16, Perrin). —
Les Universités catholiques de France et de l'étranger, par Mgr Baudrillart
(in-12, Poussielgue). ■ — Mémoires du général Griois (1792-1822), publiés
par son petit-neveu, avec Introduction et notes par A.. Chuquet. T. II
(in-8, Plon-Nourrit). — L'Hôtel des Inoalides, par le général Niox (in-18,
Delagraye). — La Conquête socialiste du pouvoir politique, par C. Vérecque
(in-18, Giard et Brière). — Marie Stuart (1542-1587), par Lady Blcnner-
hassett (in-16, Plon-Nourrit). — Après Tsoushima. Le Prix du sang, carnet
de notes du capitaine de frégate Sémenoff, présenté par le commandant de
Balincourt (in-16, Challamel). — Robespierre et les Femmes, par H. Fleisch-
mann (in-8, Albin Michel). — La Splendeur catholique. Du Judaïsme à
l'Église, par P. Lœwengard (in-16, Perrin). — Hommes et choses de mon
temps, par le marquis de Castellane (in-16, Plon-Nourrit). Visenot.
Le Gérant : Chapuis.
Imprimerie polyglotte Fr. Simon, Rennes.
POLYBIBLION
nEVUH RIBLIOGRAHIIQUE UNIVERSELLE
JURISPRUDENCE
Histoire du droit. — 1. Etudes sur la formation historique de la Capitis deminutio'
I. Ancienneté respective des cas et des sources de la Capitis deminutio, par F. Des-
SERTEAUX. Paris, Champion, 1909, Jn-8 de 387 p., 6 fr. — 2. Guillaume du Breuil.
Stiliis Curie Parlamenti, nouvelle édition critique, publiée avec une Introduction
et des notes par Félix Aubert. Paris, A. Picard et fils, 1909, in-8 de lxxx-259 p.,
1 fr. 50. — 3. Travailleurs de France. Servitude et liberté au xn<^ siècle et au xx'', par
A. Dubourguier. Paris, Lecoffre, Gabalda, 1909, in-8 de xn-135 p., 3 fr.
Droit public. — 4. La Représentation des indigènes musulmans dans les conseils de
l'Algérie, par E. Rouard de Gard. Paris, Pedone, 1909, gr. in-8 de 53 p., 2 fr. —
5. L'Organisation judiciaire aux États-Unis, par Alf. Niîrimcx. Paris, Giard et
Brière, 1909, in-8 de xi-427 p., 10 fr.
Droit pénal. — 6. Étude historique sur l'idée de sentences indéterminées, par Georges
de Lacoste. Paris, Rousseau, 1909, in-8 de xvi-106 p., 2 fr. — 7. Étude critique
du casier judiciaire en France et dans les pays étrangers, par G. Righaud. Pari-, Fon-
temoing, 1909, in-8 de 149 p., 5 fr. — 8. L'Exercice illégal de la médecine et les
Articles de réclame médico- pharmaceutique à tournure scientifique, par Georges de
Lacoste. Paris, Rousseau, 1909, in-8 de xiii-52 p., 1 fr. 50.
FÉMINISME. — 9. La Femme et son pouvoir, par M'"^ Anna Lampérière. Paris,
Giard et Brière, 1909, in-12 de 308 p., 2 fr 50. — 10. La Femme dans la société,
par LÉON Legavre. Mons et Paris, édition de la Société nouvelle, 1907, in-16 de
534 p., 3 fr. 50. — 11. Un Chapitre du féminisme. L'Intellectuelle, par Wielaxd
Mayr. La Chaux-de-Fonds (Suisse), Baillod, 1909, in-12 de 50 p., 0 fr. 75.
Ouvrages divers. — 12. Éléments et notions pratiques de droit, par Henri Michel.
Paris, Colin, 1909, in-18 de vii-704 p., cartonné, 6 fr. — 13. La Loi du il mars 1909
et la loi du 1«' avril 1909. De la Vente et du nantissement des fonds de commerce, par
Constantin Maréchal. Paris, Pichon et Durand-Auzias, 1909, in-8 de 100 p.,
3 fr. — 14. Petit Dictionnaire de droit rural et usuel, par Léon Lesage. Paris, Li-
brairie agricole de la Maison rustique, 1909, in-12 de vi-139 p., 2 fr. — 15. Con-
naissances pratiques sur le droit rural et le cadastre mises à la portée de tous les culti-
vateurs, fermiers, métayers, etc., par V. Cayasse et J.-M. Rabaté. 3« éd. Paris, Cîiard
et Brière, 1909, in-18 de 157 p., 1 fr. 50. — 16. Élude théorique et pratique sur la
nullité et la caducité des libéralités adressées aux établissements publics et parti'U-
lièrement aux anciens établissements ecclésiastiques, par P. Ravier du Magny.
Paris, éditions delà « Revue d'organisation et de défense religieuse », 1909, in-12
de 120 p., 1 fr.
Histoire du droit. — 1. ■ — M. Desserteaux, profe.^seiir à la Faculté
de droit de Dijon, au début de ses Études sur la formation historique
de la Capitis deminutio, définit parfaitement l'œuvre de restitution
du droit romain que poursuit l'école historique moderne, a On est,
dit-il, en présence d'un tableau qui, à diverses époques, a été surchargé
de retouches; le travail, délicat entre tous, auquel on doit se livrer
désormais, consiste à isoler chacune de ces retouches, à déterminer
son âge et à faire ainsi apparaître les grandes lignes du tableau pri-
mitif. » Tel est bien le procédé qu'emploie dans ses études le savant
professeur. Les grandes hgnes de son sujet se trouvent dans .les Ins-
titutes de Gains : la capitis deminutio y est indiquée comme étant de
trois sortes : maxima, média et minima, suivant qu'elle consiste dans
Novembre 1909. T. CXVI. 25.
— 386 —
la perte de la liberté ou de la cité ou de la famille. Quelle est l'origine
de cette théorie? C'est là une question sur laquelle les romanistes ne
sont pas d'accord. Pour la résoudre, M. Desserteaux étudie successi-
vement tous les textes qui s'y rapportent, en remontant des plus
récents aux plus anciens. Il parvient ainsi à reconnaître qu'à l'époque
de Cicéron aucune distinction n'était encore faite entre la perte de la
liberté et la perte de la cité; l'une n'allait pas sans l'autre; pour les
vieux Romains, tout ce qui n'était pas citoyen était esclave ou barbare.
Ce n'est que plus tard, vers les débuts de l'Empire, que la qualité
d'homme libre fut envisagée comme une condition juridique diffé-
rente du droit de cité. Certaines peines, établies alors, eurent pour
effet de priver du titre de citoyen sans retirer la liberté. Ainsi prit
naissance la média capitis demiuiitio. Quant à la maxima et à la mi-
nima, elles sont beaucoup plus anciermes. La première remonte au
moins à Servius TulHus, qui institua le cens; elle caractérisait l'état
de celui qui était rayé du cens et tombait en servitude. La seconde
désignait plus spécialement l'état du fds de famille qui était «mancipé »
par son père, et il est probable que la m.ancipation, qui devint un mo-
yen d'émanciper les descendants et de les donner en adoption, servait
surtout dans les premiers temps à la vente des enfants ; encore au temps
de Gaius, l'enfant in mancipio est assimilé à l'esclave sous plusieurs
rapports. Mais, dans le dernier état du droit, la capitis deminiitio
minima ne constitue plus que le passage d'une famille dans une autre.
Sans entrer plus avant dans l'examen de cette question, que I\L Desser-
teaux étudie à fond et avec une rare finesse, nous devons signaler cer-
tains passages de son ouvrage plus particulièrement intéressants,
non seulement pour les jurisconsultes, mais aussi pour les historiens
et les littérateurs. On y trouve notamment -une expHcation claire et
précise de la fameuse définition des gentiles, domiée pai' Qcéron dans
ses Topiques et qui a soulevé tant de controverses. AL Desserteaux
parait aussi avoir découvert le vrai sens de certains passages difficiles
du Pro Caecina. Il s'est également apphqué à déterminer exactement
ce que les Romains entendaient par capiit : ce mot, dit-il, dont le sens
^primordial est téie, a désigné, d'une part, l'être humain, en tant qu'in-
dividu, et d'autre part, l'être humain en tant que sujet de droits,
c'est-à-dire la personnalité juridique. Dans un appendice, M. Desser-
teaux cherche à dégager les différents sens du mot mancipium, qui
désigne tantôt l'esclave, considéré ccmme marchandise, tantôt la
mancipation, tantôt le pouvoir conféré sur une personne et peut-être
anciennement le droit de propriété. Après l'étude analytique qu'il
vient de faire de la capitis deminutio, en prenant les textes un à un
et en remontant du connu à l'inconnu, du droit classique à l'ancien
droit, le savant professeur de Dijon se propose de reprendre le même
— 387 —
sujet dans un second travail où il exposera l'évolution historique
de la capitis deminiitio.
2. — L'importance qu'avait autrefois la procédure devant les an-
ciens Parlements ne permet pas de la séparer de leur histoire : de là
l'intérêt que peut offrir aujourd'hui une nouvelle édition du Stilus
Curie Patiamenii de Guillaume du Breuil. Cette nouvelle édition, due à
M. F. Aubert, vient de paraître dans la « Collection de textes pour servir
à l'étude et à l'enseignement de l'histoire ». Guillaume du Breuil fut un
dos plus fameux avocats de la première moitié du xiv*' siècle. Son
Stilus fut composé vers 1330. C'était un résumé des règles et des usa-
ges suivis au Parlement de Paris pour les ajournements, pourles appels,
pour les enquêtes, pour les preuves, même pour le duel judiciaire,
qui, supprimé par saint Louis, avait été rétabli par Philippe le Bel
en matière criminelle. L'ouvrage de du Breuil se répandit rapidement :
les membres du Parlement, les avocats, les procureurs et les greffiers
voulurent l'avoir dans leurs bibliothèques. Delà vient qu'il en est resté
de nombreux manuscrits. Il fut imprimé pour la première fois vers
1488. D'autres éditions en furent publiées au xvi® siècle, les dernières
par Dumoulin, en 1551 et 1558. Indépendamment même des notes
qu'y avait ajoutées Dumoulin, le texte de du Breuil avait subi de
nombreuses corrections et additions, à mesure que la jurisprudence
se modifiait. M. Félix Aubert s'est efforcé de se rapprocher le plus
possible du texte original. Dans ce but, après avoir vu et comparé
tous les manuscrits actuellement connus, il a pris pour base celui qui
lui a paru présenter le moins de retouches, un majxuscrit do la fin du
xiv*^ siècle, déjà signalé par MM. Viollet et Guilhiermoz à la Biblio-
thèque nationale. Puis, au bas de chaque page, il a établi une double
série de notes : la première série donne les principales variantes des
autres manuscrits; la seconde série, placée au-dessous de la première,
contient, sous une forme brève, un certain nombre d'explications et
d'obsei'vations destinées à rendre le Stilus plus intelligible et à en
faire ressortir l'intérêt historique. Il est permis toutefois de regretter
que M. Aubert n'ait pas joint au texte latin de du Breuil une traduc-
tion française, qu'il aurait pu emprunter à un ancien manuscrit ou
composer lui-même. A tout le moins, un dictionnaire des mots techni-
ques employés par du Breuil aurait été fort utile, car le latin du vieux
praticien n'est pas toujours limpide pour ceux cjui n'ont pas fait une
étude spéciale de la langue judiciaire du moyen âge.
3. ■ — Faut-il parler ici de l'ouvrage de M. Dubourguier, Travailleurs
de France. Servitude et liberté au xii*^ siècle et au xx® ? C'est moins un
livre d'histoire qu'un livre de polémique ou d'apologétique, comme
dit l'auteur. Mais l'apologétique, comme l'histoire d'ailleurs, doit
reposer sur des preuves plus que sur des phrases. Or, c'est surtout de
— 388 —
phrases qu'est faite celle de M. Duboin'giiiei'. Sa thèse consiste à re-
présenter le régime municipal des villes du moycji âge comme un idéal
de gouvernement, inspiré par l'Évangile. En fait de preuves, il se
contente de citer quelques articles des chartes de \'ervins, de Beau-
mont-en-Champagne et d'Amiens. C'est insuffisant, même pour un
livre de vulgarisation. Dans un tel sujet, il conviendrait d'apporter
moins d'affirmations, plus de documents et plus de circonspection.
Quand l'auteur soutient que l'Église a favorisé le mouvement commu-
nal au XI i*^ siècle, il s'expose à se voir objecter qu'en beaucoup de
villes ce mouvement s'est fait contre les évêques, seigneurs féodaux.
Faudrait-il donc distinguer entre le haut et le bas clergé? Mais lequel
représenterait réellement l'Église? En réahté, c'est une erreur d'attri-
buer à ce mouvement un caractère religieux. Il est né de circonstances
politiques et économiques. Il a abouti sans doute à doter les villes
d'institutions dont M. Dubean-guier vante avec raison le hbéralismc
et l'esprit foncièrement chrétien. Mais de même qu'il y a des esprits
exclusifs qui ne veulent voir de liberté en France qu'à partir de 1789,
il en est d'autres, et -M. Dubourguier est un peu de ceux-là, qui sont
trop portés à voir tout en beau avant 1789.
Droit public. — .4. ■ — En présence de l'insuffisance de la natahté
française et de la diminution progressive des contingents anjiuels,
le gouvernement songe sérieusement, dit-on, à étendre le principe
du service obligatoire aux indigèaes d'Algérie. Le jour où on leur
imposera cette lourde charge, les Arabes seront bien près d'être assi-
milés aux Français : il sera difficile de ne pas leur reconnaître
tous les droits civiques. C'est en vue de cette éventualité que M. Rouard
de Card, professeur de droit à l'Université de T(Hilouse, vient de pu-
blier une étude sur la Représentation des indigènes musulmans dans
les conseils de l'Algérie. Actuellement les indigènes ont déjà des re-
présentants dans tous les conseils élus de la c<.lonie..Sous certaines
conditions que la loi détermine, ils peuvent participer à l'élection
des conseils municipaux, et ces conseils peuvent comprendre deux
musulmans pour une population musulmane de 100 à 1000 habitants,
puis un conseiller de plus pai* chaque excédent de 1 000 habitants.
Dans les trois conseils généraux de l'Algérie, six conseillers sont élus
par les membres musulmans des conseils municipaux. II existe aussi
une délégation financière des indigènes, à côté des délégations des colons
et des nitn-cohai^. Enfin, le Conseil supérieur de l'Algérie comprend
sept représentants spéciaux des indigènes, dont quatre élus pai' les
membres de la délégation financière et trois nommés par le gouverneur
général. Après avoir exposé la situation actuelle, M. Rouard de Card
recherche comment les indigènes musulmans pourraient être plus large-
ment représentés. A la condition d'exiger des garanties sérieuses pour
— 389 —
l'inscription sur les listes électorales, il estime que tous les indigènes
insci'its sur ces listes devraient être admis à élire eux-mêmes les mem-
bres musulmans des conseils généraux, des délégations financ'éres
et du Conseil supérieur. Si la solution proposée par le savant professeur
reste sujette à ccnti'overse, son étude a tout au moins le mérite de
poser la question avec clarté et précision.
5. ■ — De toutes les institutions américaines celles qui concernent
l'administration de la justice sont peut-être les moins connues en
France, et l'ouvrage de M. Alfred Neriney, l'Organisation judiciaire aux
États-Unis, répond à un desideratum que l'Académie des sciences
morales et politiques avait elle-même signalé dans le programme de
ses concours. L'auteur, professeur de droit à l'Université de Louvain et
qui a obtenu le prix Odilcn Barrot en 1904, a, pour la préparation
de cet ouvrage, fait une enquête personnelle en Amérique. Il ne se
borne pas à exposer la structure générale des tribunaux américains;
il a voulu de plus en montrer le fonctionnement. Pour cela, il a pris
soin de rechercher quelle est la valeur professionnelle de la magistra-
ture et du bai*reau aux États-Unis, comment le droit y est compris
et enseigné; il s'est appliqué aussi à déterminer l'influence qu'exer-
cent sur l'administration de la justice certains éléments du usages
américains, tels que le jury, l'élection des juges, l'état coutumier du
droit, le mode de confection des lois écrites, la lutte des partis poli-
tiques. La dualité du gouvernement et de la législation dans cette
grande république fédérative, composée de quarante-six Etats,
appelait nécessairement l'établissement de deux ordres de juridic-
tions : les cours fédérales et les tribunaux particuliers de chaque Etat.
M. Nerincx étudie, dans une première pai'tie, l'organisation judiciaire
fédérale, laquelle comprend la cour suprême, les cours de circuit ins-
tituées en 1891 pour suppléer la cour suprême, puis les cours d'appel
et les cours de district. La cour suprême des États-Unis a mérité
d'être appelée le vivant organe de la constitution américaine. Elle
est, sans aucun doute, un des éléments les plus saillants et les mieux
compris de cette constitution. Son rôle le plus élevé, comme on le sait,
est de faire respecter les principes constitutionnels par les Parlements
des États particuliers et par le Congrès lui-même. Si elle n'a guère
eu à infirmer, depuis un siècle, qu'une vingtaine de lois votées par le
Congrès, en revanche on ne compte plus les lois d'État qu'elle a dû
casser pour inconstitutionnalité. Il ne faut pas oubher toutefois qu'elle
ne participe pas au pouvoir législatif, mais ne statue que sur les litiges
d'intérêt privé qui lui sont soumis. Sa compétence s'étendait, d'après
la constitution, non seulement aux contestations soulevées par l'appli-
cation des lois fédérales, mais encore à tous les procès entre États ou
entre citoyens d'États différents. Comme son rôle était encombré
_ 390 —
une partie de ses attributions a été remise aux cours d'appel de circuit,
composées, en principe, d'un juge de la cour suprême et de deux juges
pris dans les cours fédérales. Quant aux cours fédérales de circuit ou
de district, dont l'institution remonte à 1789, elles constituent les
tribunaux d'appel et de première instance pour les affaires de la com-
pétence fédérale. Les magistrats y siègent, soit seuls, soit avec l'assis-
tance d'un jury. Tout en réservant la seconde partie de son livre aux
juridictions d'État, M. Nerincx n'a pas jugé utile d'exposer l'organisa-
tion, souvent très compliquée, de la justice de cliacjue Etat. 11 s'est
contenté de faire connaître les principaux organes de judicature et
de dégager les caractères communs que l'on retrouve, avec certaines
altérations, dans la diversité des systèmes : la hiérarchie des juridic-
tions, le recrutement de la magistrature, le fonctionnement du jury,
l'importance accordée à la jurisprudence, le coût de la justice, ses
lenteurs, ses incertitudes et les abus qui en résultent. M. Nerincx
critique plus qu'il ne loue l'admijustraticn de la justice américaine.
Il considère l'organisation judiciaire fédérale comme satisfaisante,
mais les juridictions d'État lui pai'aissenfc justement mériter les dé-
fiances qu'elles inspirent aux justiciables. Leurs défectuosités tiennent
surtout, suivant lui, à l'abaissement intellectuel et moral du barreau,
à l'abus du jury en matière civile et au manque d'indépendance
de la magistrature. De ces vices principaux résultent les autres griefs
qu'on pourrait encore énumérer : la grande difficulté, l'impossibilité,
même pom* les pauvres, de se faire rendre justice, la faiblesse de l'ac-
tion répressive, l'abus des exceptions et des moyens dilatoires, la
midtiphcité des appels. En compai*ant les institutions judiciaires des
États-Unis à celles du continent européen, c'est à celles-ci que AL Ne-
rincx n'hésite pas à donner la préférence. Il se demande cependant,
en terminant, s'il n'y aurait rien dans les choses de la justice améri-
caine que les Européens auraient avantage à emprunter, et il ne trouve
à recommander qu'un détail de procédure, commun d'ailleurs aux
États-LInis et à l'Angleterre : l'emploi très étendu de l'instruction
orale à l'audience, aussi bien en matière civile qu'en matière crimi-
nelle. Il y a toutefois une supériorité incontestable de la justice amé-
ricaine sur celle des États d'Europe, que M. Nerincx n'a pas manqué
de signaler et qu'il eût peut-être bien fait de rappeler dans la conclu-
sion de son livre : c'est le droit qu'ont tous les tribunaux des États-
Unis de contrôler la légalité, aussi bien que la constitutiomiahté, de
tous les actes du gouvernement, sajis en excepter même ceux du
Président de la Confédération. Ce principe, à lui seul, autorise le ci-
toyen américain à se dire qu'il trouve plus de gai*anties dans les tri-
bunaux de son pays, pour sa liberté et ses droits, que tous ou presque
tous les nationaux des autres pays civilisés.
— 391 —
Droit pénal. — 6. — C'est une idée fort intéressante et qui pro-
bablement, comme on l'a dit, fera le tour du monde que celle dont
M. Georges de Lacoste a recherché la genèse et suivi l'évolution :
l'idée des Sentences indéterVninées. On se ferait peut-être mieux com-
prendre en disant « l'indétermination des peines «. Il y a longtemps
qu'on a proclamé que la répression pénale a un double objet : l'inti-
midation et l'amendement du coupable. Le droit romain lui-même,
comme en témoigne un texte du jurisconsulte Paul, avait déjà pensé
à faire tourner la peine à l'améhoration du délinquant. Le droit cano-
nique ensuite s'est grandement préoccupé des moyens d'obtenir la
conversion et la réhabilitation de l'homme tombé; dans ce but, les
juridictions ecclésiastiques prononçaient des sentences qui condam-
naient le coupable à rester en prison jusqu'à ce qu'il se fût repenti
et eût fait pénitence. C'est dans les couvents du moyen âge qu'on peut
trouver la première application du régime inauguré, il y a quelque
trente ans, aux États-LInis, dans le fameux Rejorinatory d'Elmira.
Mais, pour s'en tenir aux temps modernes, l'honneur d'avoir les pre-
miers recommandé ce système pénitentiaire appartient à quelques
Francis : le duc de la Rochefoucauld-Liancourt, celui-là même qui
annonça à Louis XVI le commencement de la Révolution, puis
M. Charles Lucas, le docteur Prosper Despine. Aux Américains re-
vient le mérite d'avoir fait passer la théorie dans les faits. A la suite
d'une ardente propagande due à MM. Brockway, Wines, Hoyt,
Dwight, une loi de l'État de New York, en 1877, donna aux juges
le droit d'envoyer dans le Rejormatory tout individu du sexe mascuhn,
âgé de seize à trente ans, qui se serait rendu coupable d'un crime ou
d'un délit grave, et qui, n'ayant pas encore été condamné, serait
reconnu susceptible d'amendement. Le temps de la détention, sans
être complètement indéterminé, est seulement limité par le maximum
de durée de la peine afférente au crime ou délit commis; mais le con-
seil d'administration de l'établissement a la faculté d'accorder au
condamné sa libération conditionnelle ou même définitive. La fonda-
tion d'Elmira a été imitée en d'autres endroits, et plusieurs Etats
de l'Union ont adopté le principe des sentences indéterminées pour
leurs pénitenciers. M. de Lacoste assure que ce système a donné
jusqu'ici d'excellents résultats, que les condamnés qui y sont soumis
s'amendent dans la proportion de 70 à 90 pour 100. Le principe n'en
reste pas moins très contesté; il a fait l'objet de vives discussions
dans les congrès pénitentiaires de ces dernières années. L'ouvrage
de M. de Lacoste contient le résumé de oes controverses, ainsi que
la bibliographie des livres et des aj'ticles de revue sur la matière.
7. — Sous le titre d'Étude critique du casier judiciaire en France
■et dans les pays étrangers, M. Richaud, conseiller à la cour de Bourges,
_ 392 —
])iil)lit' ii'i intéressant mémoire auquel l'Académie des sciences morales
(•t politiques a décerné le prix B(»rdin. Le casier judiciaire existe en
France depuis bientôt soixante ans. Institué d'abord par une simple
circulaire ministérielle, il a été réglementé en 1899 par une loi qui, en
raison de ses graves défectuosités, a dû être refaite l'année suivante.
Si jamais institution eut sa raison d'être, c'est bien celle-là : il est
évident, en effet, que le juge, pour doser la peine, a besoin de connaître
les antécédents judiciaires du prévenu qui comparaît devant lui.
Il n'est pas moins évident que, sous un régime où certaines condam-
nations emportent la privation du droit de vote, il faut bien qu'il y
ait un moyen de distinguer les citoyens qui ont encouru cette incapa-
cité. Le casier judiciaire a pourtant des ennemis : on l'accuse d'être
un renouvellement de la peine de la « marque », que la Révolution
avait abolie; on prétend qu'il est un obstacle au relèvement du cou-
pable. M. Richaud, dans son livre, écarte sans peine ces objections,
qui n'ont pas été toutefois sans influence sur les lois de 1899 et do 1908.
La principale question qui se pose en cette matière est de savoir si
le casier judiciaire doit rester secret pour tous autres que les magis-
trats ou si tout citoyen doit pouvoir en obtenir des extraits comme pour
les actes de l'état civil. Le système de la publicité avait été admis à
l'origine, mais le législateur de 1899 lui a substitué celui de la clan-
destinité. La nouvelle loi ne permet de délivrer une copie du casier
judiciaire qu'à la personne même qu'il concerne. Cette copie est
désignée sous le nom de « bulletin n" 3 », — le bulletin n° 2 étant ré-
servé aux magistrats, • — et la loi même en exclut les condamnations
légères, en général toutes celles de m(fins d'un an d'emprisonnement,
lorsque le titulaire du casier n'a pas été de nouveau condamné. De
plus, au bout d'un certain délai, qui varie entre deux ans et quinze ans,
les condamnations uniques, même pour crimes, ne doivent plus fi-
gurer au bulletin n» 3. La loi de 1899 a ainsi institué une sorte de réha-
bilitation de droit, qu'une autre loi de 1908 a étendue aux faillis. M. Ri-
chaud, en analysant ces dispositions, un peu compliquées, a soin
d'en montrer les avantages et les inconvénients. Il expose ensuite
les divers systèmes de casiers judiciaires usités dans les pays étrangers,
les procédés par lesquels se fait l'échange international des antécé-
dents judiciaires des malfaiteurs. Il indique enfin les améliorations
qui, suivant lui, pourraient être encore apportées au casier judiciaire;
il voudrait notamment qu'on y ajoutât un signalement anthropo-
métrique ou une empreinte digitale pour assurer l'identification du
condamné.
8. — Pourquoi les charlatans d'autrefois ont-ils disparu? Parce que^
sans parler de ceux qui sont entrés dans la poUtique, ils ont tous main-
tenant à leur portée un moyen bien plus puissant et bien plus eflficace
— 393 —
que leurs fanfares et leurs bcniments d'antan pour exploiter la cré-
dulité de leurs contemporains : c'est l'article réclame, publié dans les
journaux. Ce genje de charlatanisme commençait déjà il y a un siècle,
car en 1803 Bf-naparte, qui songeait à tout, prit soin d'avertir les
journaux qu'ils devaient s'abstenir d'annoncer dos médicaments et
des compositions dont l'efficacité n'était nullement garantie. Mais,
aujourd'hui que Bonaparte n'esl plus, quel est le journal qui se prive
de telles annonces? Toute la presse en est remplie. Et plus dangereux
encore que la sim.ple annonce est l'article réclame, d'allure scienti-
fique, signé d'un docteur en médecine, qui commence par la descrip-
tion d'une certaine maladie, dont il détaille tous les symptômes,
et se termine par l'indication du spécifique qui seul peut en procurer
la guérison. On s'est demandé si un tel article, lorsque le prétendu
docteur qui l'a signé n'existe pas, constitue le délit d'exercice illégal
de la médecine. INI. Georges de Lacoste, dans une brochure consacrée
à cette question, soutient l'affirmative, et son opinion est approuvée
par M. Georges Rocher, président de la Société de médecine légale
de France. Quelle que soit la force des arguments i4j,voqués par ces
jurisconsultes, il faut bien reconnaître que la question reste douteuse,
et il serait à souhaiter que la loi de 1892, qui régit l'exercice de la pro-
fession médicale, fût complétée pai' une disposition additionnelle
sur l'abus des réclames médicales ou pharmaceutiques.
Féminisme. — 9. — Dans son livre : La Femme et son pouvoir^
i\Ime Anna Lampérière se sépare presque sur tous les points du fé-
minisme. Les féministes réclament une éducation identique pour les
deux sexes; M"^^ Lampérière réprouve ce système. « On a agi de la
sorte, dit-elle, avec l'enseignement secondaire des jeunes filles, qui
est nr>n pas une adaptation, mais une imitation de l'enseignement
masculin, faisant des simili-hommes et non pas des femmes. » Les fé-
ministes veulent que la femme soit indépendante dans le mariage et
que les biens des époux restent séparés; M"^^ Lampérière leur répond :
« Si une femme aime son mari, elle sera révoltée de faire des réserves
d'argent envers lui; ils se confient réciproquement leur propre vie
et celle de leurs enfants futurs, et ils ne se confieraient pas leur bourse !
... Pour le meilleur et pour le pire, l'union de ces deux êtres doit être ^
absolue : ce sont les risques du mariage. » Les féministes prétendent
qu'aucun emploi, dans tous les domaines de l'activité humaine, ne
doit être interdit aux femmes; M'"*^ Lampérière soutient que, le rôle
social de la femme étant tout différent de celui de l'homme, en n'a
que trop jusqu'ici imposé aux femmes des fonctions qui les détournent
de leur véritable vocation, et que nombre de métiers qu'on appelle
des métiers de femme pourraient être mieu.Y occupés par des hommes.
Les féministes enfin demandent pour les femmes le droit électoral;
_ 394 —
]\lmc Lampéi'ièro voit là un piège dont cllo conseille aux femmes de
S(^ garer. Le droit de vote, dit-elle, leur d<^>iinera moins d'influence
qu'elles n'en auraient si elles savaient agir dans la famille comme il
convient à leur sexe et préparer à la fois les hommes et les femmes de
la génération prochaine. « Toute tendance qui veut identifier les con-
ditions de vie entre les deux sexes et porte la femme à se dresser en
concurrente de l'homme, est une tendance antisociale, donc contraire
à l'intérêt réel de tous les individus, femmes ou hommes. » A l'encontre
d'un tel système, IM""*^ Lampérière dresse en quelque sorte le program-
me des devoirs que les femmes ont à remplir et des connaissances
qui leur sont nécessaires. Elle considère, dans une première partie,
la femme dans sa situation normale, c'est-à-dire la femme mariée,
et dans une seconde partie la femme dans sa situation anormale ou la
femme isolée. La femme mariée a un triple rôle, à l'égard de son mari,
de ses enfants et de la société. La femme qui reste isolée, volontaire-
ment ou non, n'a pas une moindre tâche : à elle de suppléer les mères
pour la culture des enfants, de remplacer la famille pour les cas anor-
maux, de travailler au bien général, au point de vue matériel et moral.
Ce programme est celui d'un enseignement supérieur féminin que
M"^e Lampérière voudrait organiser et en vue duquel elle a fondé
la société « le Progrès féminin ». Aucune part n'y est faite à l'idée
religieuse; M™^ Lampérière s'efforce d'édifier tout son système d'é-
ducaùon sur les théories biologistes et sohdaristes. L'éducalion des
couvents lui paieît « imprégnée d'un esprit tout à fait différent de
la science pratique et des faits exacts ». C'est pourtant, en définitive,
à un idéal tout semblable à celui des couvents — elle le reconnaît
elle-même — que tendrait son enseignement. « Le couvent n'est autre
chose, comme elle le dit fort bien, qu'une réunion de femmes échan-
geanl des services, les unes par leur dot, les autres par leur travail ,
d'autres encore paj leur savoir-faire; de telle sorte que la dépense est
aussi restreinte que possible, l'organisation répartie entre chacune
des femmes, et le bénéfice pour la congrégation multiplié dans une
proportion considérable. » Voilà exactement ce que M"^*^ Lampérière
voudrait réaliser dans la société. C'est fort bien, mais pourquoi né-
glige-t-elle le feiment rehgieux qui seul jusqu'ici a suscité un pareil
modèle de progrès social? Et pourquoi les femmes qui sont élevées
avec cet exemple sous les yeux, auraient-elles une éducation moins
sérieuse et moins pratique que celles à qui l'union et la coopération
ne sont enseignées que d'une manière toute théorique?
10. — Si l'auteur de la Femme et son pouvoir ignore la rehgion,
celui de la Femme dans la société se pkît à la dénigrer et à l'outrager.
Il prétend se garder de toute exagération et veut « rechercher, avec
la plus grande attention, dit-il, la solution de l'important problème
- 395 —
social du féminisme ». II commence par refaire l'histoire à sa façon.
Pour lui, l'homme est issu du singe, et dès les origines de l'humanité
les forts ont dominé sur les faibles. La croyance en Dieu n'a servi
qu'à justifier et à fortifier l'esclavage. Ce fut le règne du droit divin,
qui pesa sur la femme plus lourdement encore que sur les hommes.
Ce régime, qui fut celui de toute l'antiquité, s'est perpétué pendant le
moyen âge et jusqu'aux temps modernes. « La Révolution française,
ivre de Uberté, marque une tache blanche (rouge serait ici plus exact)
dans l'histoire de l'exploitation des faibles. Mais la bourgeoisie, la
féodalité, vola la Révolution au peuple. Elle s'empara de la terre,
désormais vénale. Le peuple, les faibles, les femmes sont à vendre, et
il faut que le peuple, les faibles et les femmes se vendent, à peine de
mourir de faim, et la bourgeoisie a soin qu'ils se vendent le meilleur
marché possible.» Ainsi, c'est bien entendu, et M. Léon Legavre
emploie plus de cinq cents pages à le démontrer : jusqu'à nos jours,
les" femmes n'ont pas cessé d'être opprimées; le simulacre de respect
dont on les entoure n'est que de l'hypocrisie. Le mariage, la vertu,
l'honneur, le droit ne sont que des mots; l'or seul compte pour quelque
chose. Avec lui, il ne reste plus que u la force brutale, appelée souve-
raineté du peuple ou démocratie, c'est-à-dire le règne de l'absurde
et le despotisme des imbéciles ». Au bas de l'échelle sociale sont les
femmes, et c'est en fin de compte sur les femmes pauvres que retombe
toute l'horreur de l'oppression universelle. \^oilà qui est encore entendu,
et puisque l'homme descend du singe, il ne vaut assurément pas mieux
que son ancêtre, car les singes ne sauraient être plus cruels que lui
envers leurs femellcF-, Et néanmoins M. Legavre n'hésite pas à nous
annoncer, à la fin de son livre, que tout cela va changer bientôt, que
le socialisme, qui n'est autre chose que la science, « cette législatrice
devant laquelle tous s'inclinent », va établir l'ordre dans l'humanité;
que chacun comprendra alors que son devoir, identique à son intérêt,
sera de se dévouer à ses semblables, et enfin que « la terre sera cet Eden
que les poètes chantent dans leurs vers et qui jamais encore ne fut
réalisé dans le passé ». M. Legavre ne croit pas en Dieu, mais n'en est
pas moins un homme de grande foi !
11. — En attendant l'Eden qu'on nous promet, le féminisme restera
peut-être encore longtemps un sujet de conférences. Et, comme le
sujet est vaste, on peut pour une fois n'en traiter qu'un chapitre :
c'est ce qu'a fait, à Saint-Imier, M. Wieland Mayr, licencié en théolo-
gie et rédacteur au National suisse. Dans sa conférence sur l'Intellec-
tuelle, son but, dit-il, a été de prouver que la femme est faite aussi bien
que l'homme pour la vie de l'esprit et qu'il n'est pas juste de lui en
interdire l'accès. Ceci est, sans contredit, du bon féminisme, mais
ce n'est que du féminisme théorique. Le difficile surtout est d'en venir
— 396 -
à la pratique. Ainsi, l'admission des femmes dans les commissions
scolaires a été, parait-il, un grave événement dans la petite république
neuchâteloise. Certains ont voulu voir là « le commencement du règne
du jupon «. M. Mayr constate que cette nouveauté n'a pas eu de mau-
vais effets. Il ajoute même qu'en ce qui le cttncerne il ne voit pas pour-
quoi on refuserait à une institutrice, à une employée, à une ouvrière,
à toute femme indépendante, les droits politiques qu'on accorde à
des hommes qui sont intellectuellement et moralement indignes.
Mais, suivant lui, étendre cette mesure à la femme mariée serait com-
promettre l'unité et l'harmonie de la famille. Les vieilles filles, dans
son système, seraient donc des privilégiées...
Ouvrages dive'rs. ■ — 12. — Rien n'est difficile à faire comme un
bon manuel élémentaire. Si l'on veut tout expliquer, l'ouvrage devient
t:'op volumineux; si l'on est trop bref, on ne sera plus compris; ^i Ton
n'expose que les principes, le livre sera sans utilité; si l'on entre dans
les détails, il ne sera plus un manuel. M. Henri Michel nous paraît
avoir échappé assez heureusement à ces divers écueils. Dans ses Elé-
ments et notions pratiques de droite il est parvenu à résumer, en mfiins
de 700 pages in- 18, dans une première partie, toute notre organisation
politique, administrative et judiciaire, et dans une seconde partie,
tout le droit civil. C'est, dit-il, dans l'exercice de ses fonctions de sub-
stitut près le tribunal de la Seine qu'ayant pu constater à quel point
les notions juridiques les plus simples s<-'nt généraleincnt ignorées,
il a eu l'idée de composer un ouvrage ayant pour but de rendre le
droit accessible à tous. Cette même idée est venue à beaucoup d'autres,
mais sa réalisation laisse toujours plus ou mdns à détirer, parce que
la tâche qui consiste à mebtro la science à la portée de tous,. c'est-à-
dire même des ignorants, e: t quelque peu chimérique. L'ouvrage
de M. Henri Michel a toutef<»is le mérite de joindre des renseignements
précis et vraimentpratiques aux notions générales que contiennent tous
les manuels du même genre. Ainsi, l'on peut y trouver, dans un appen-
dice,les tarifs des notaires. L'utihtépratiqueenseraitencoreaugrnentée
si l'auteur y avait ajouté des formules d'actes; il n'en donne qu'une,
celle du bail; c'est insuffisant. Au risque de grossir encore le volume,
nou-s croyons qu'il devrait insérer en note, sous l'explication des divers^
contrats, les formules généralement adoptées pour leur rédaction.
13. — Dans son petit volume C( nsacré à la Loi du 17 mars 1S09 su
la vente et le nantissement des fonds de commerce M. Constant)
Maréchal montre peu d'admiration pour ce nouveau chef-d'œuvre d
nos législateurs. « La nouvelle loi, dit-il, est tellement diffuse, telltmen'
difficile à étudier et à comprendre, les formalités édictées par elle sont
tellement compliquées et délicates que le ccmmerçant le plus avisé,
vendeur, acquéreur ou créancier, est exposé à commettre des erreurs
— 397 —
irréparables; que l'homme d'affaires le plus délié et le plus rompu à
la pratique est lui-même surpris, et qu'une étude approfondie de cette
loi, dans ses applicati'^ns multiples, permettra seule de se reconnaître
dans cet arsenal de dispositions juridiques, judiciaires et fiscales
trop souvent draconiennes. » Reconnaissons-le pourtant : cette loi a
son utilité. Elle assure la conservation du privilège du vendeur d'un
fonds de commerce, mêm.e en cas de faillite. Elle prescrit la publication
des cessions de fonds de commerce dans l'intérêt des créanciers ei or-
ganise la publicité des nantissements. M. Maréchal résume assez claire-
ment le mécanisme de cette loi, qui d'abord ne devait entrer en vi-
gueur que six mois après sa promulgation, mais qu'une loi subséquente,
du 1*^^ avril, a rendue applicable immédiatement, même avant que le
règlement d'administration publique nécessaire pour en permettre
l'application eût paru !
14. — Les manuels juridiques à l'usage des cultivateurs ne manquant
pas, et il y en a de fort bien faits, mais combien peu de cultivateurs les
lisent ! Pour trouver promptement un renseignement, la solution d'une
difficulté, c'est encore le dictionnaire qui est le plus commode, et M.
Léon Lesage a fait œuvre utile en composant, à l'usage des proprié-
taires et fermiers, son Petit dictionnaire de droit rural ei usuel. Imprimé
en petits caractères, sur deux colonnes, ce répertoire est suffisamment
développé, malgré son faible format et son prix modique. Il contient
sur toutes les matières qui intéressent les cultivateurs l'indication
sommaire du dernier état de la législation et de la jurisprudence. Les
mots adoptés pour le classement alphabétique sont généralement bien
choisis. Cependant quelques-uns nous ont paru critiquables. Ainsi,
le cultivateur qui voudra savoir quels animaux sont insaisissables
n'aura probablement pas l'idée d'aller chercher ce renseignement sous
le mot Bestiaux insaisissables-^ cette question devrait plutôt être traitée
sous le mot Saisie. De même, c'est sous le mot Bornes, et non pas sous
celui de Suppression de bornes, que devraient se trouver les règles
relatives au déplacement des bornes. De telles défectuosités ont leur
importance, surtout dans un ouvrage qui s'adresse à des personnes
généralement peu lettrées; l'auteur fera bien d'y remédier, dans une
nouvelle édition, au moins par des renvois d'un mot à un autre.
15. — C'est également l'ordre alphabétique qu'ont adopté MM. V.
Cayasse et J.-N.Rabaté dans leur petit volume intitulé : Connaissances
pratiques sur le droit rural et usuel. Ce manuel est moins développé
et moins complet que celui de M. Lesage; mais il contient des rensei-
gnements fort utiles sur l'organisation du cadastre et la manière de
le consulter pour vérifier les cotes foncières. Sous ce rapport il peut
rendre de vrais services aux cultivateurs intelligents.il a attunt, d'ail-
leurs, rapidement sa troisième édition, que les auteurs annoncent
— 398 ~
comme entièrement refondue et complétée. Et néanmoins, bien que
datée de 1909, cette troisième édition est encore un peu en letard.
Exemples : à l'article Bouilleurs de rru^ les auteurs reproduisent la
réglementation des lois de 1903 et de 1G05 comme si elle avait con-
servé toute son application. À rarlicle Patente, ils ne paraissent pas
connaître la loi du 15 juillet 1880. En matière de Warrants agricoles,
ils ignorent aussi la loi du 30 avril 1906. 11 leur restera donc bien encore
quelque chose à faire quand viendra la quatrième édition.
16. — Tandis que s'accomplit l'œuvre d'iniquité et de spoliation
contre l'Église de France, un jurisconsulte de la Faculté catholique
de droit de Lyon, M. Ravier du Magny, démontre qu'il serait encore
possibl î d'arracher quelques bribes du patrimoine sacré aux spolia-
teurs. Parmi l'^s donations faites aux fabriques et aux autres établis-
sements du culte, il peut y en avoir, il y en a certainement qui
étaient entachées de uelque irrégularité. M. Ravier du Magny
soutient, — et plusieurs jugements et arrêts l'ont déjà reconnu, ■ —
que l'action en nullité dont la cause est antérieure à la loi de sépa-
ration peut encore être txeicée par les héritiers des donateurs,
même par les héritiers collatéraux et par les légataires universels,
nonobstant les déchéances édictées par la loi du 13 avril 1908.
Comme l'a fort bien dit un jugement du tribunal de Saint-Etienne^
« la loi commune doit être préférée à la loi d'exception en tout ce
que celle-ci n'a pas formellement piévu«. La brochure de M. Ravier
du Magny sur la Nullité et la caducité des libéralités adressées aux
établissements publics' se refommande donc d.'elle-même à toutes les
personnes qu'intéresse la li«|uidation des biens des établissements
ecclésiastiques. Maurice Lambert.
PHILOSOPHIE
Logique et Métaphysique. — 1. Éléments de logique formelle, par G. -H. Luquet,
Paris, Alcan, 1909, in-8 de xi-58 p., 1 fr. 50. — 2. Essais sur la connaissance, par
George Fonsegrive. Paris, Lecoffre, Gabalda, 1909, in-12 de vii-273 p., 3 fr. 50.
— 3. Le Rationalisme comme hypothèse méthodologique, par Francis Maugé. Paris^_
Alcan, 1909, gr. in-8 de xn-611 p., 10 fr. — 4. UÊtre et le Connaître, par H Espi-j
NASSET. Paris, Leroux, 1909, in-8 de iv-491 p., 7 fr. 50. — 5. Le Subjectivisme, ^yAi
Han Ryner. Paris, Gastein-Serge, s. d., in-8 carré de 47 p., avec portrait, 1 fr.
6. Théories fo?idamentales de Vacie et de la puissance ou du mouvement; le devenirj^
sa causalité, sa finalité, par Mgr Albert Farges. 7^ édition entièrement refondue.
Paris, Berche et Tralin, 1909, gr. in-8 de 443 p., 6 fr. 50. — 7. Études sur Vhuma-
nisme, par F. C. S. Schiller; trad. de l'anglais par S. Jankélévitch. Paris, AlcanJ
1909, in-8 de ix-623 p., 10 fr.
Morale et Philosophie religieuse. — 8. Le Fondement psychologique de la morale,^
par André Joussain. Paris, Alcan, 1909, in-16 de viii-141 p., 2 fr. 50. — 9. Lt
Problème de Véducation, essai de solution par la critique des doctrines pédagogiques^
par L. Dugas. Paris, Alcan, 1909, in-8 de iii-344 p., 5 fr. — 10. Les Principes dé
l'évolution sociale, par Dicran Aslanian. 2«^^ éd. Paris, Alcan, 1909, in-8 de xxiVJ
— 399 —
296 p., 5 fr. — 11. De la Croyance en Dieu, par Clodius Piat. 2« éd Paris Alcan
1909, in-16 de x-298 p., 3 fr. 50.
Histoire et Critique. — 12. Le Cycle mystique. La Dii'inité, origine et fin des exis-
tences indniduelles dans la philosophie antésocratique, par Auguste Diès. Paris
Alcan, 1909, in-8 de a-c-iv-115 p., 4 fr. — 13. La Définition de l'être et la nature
des idées dans le Sophiste de Platon, par Auguste Diès. Paris, Alcau, 1909, in-8
de a-c-vii-140 p., 4 fr. — 14. Les Éléments cartésiens de la doctrine spinoziste sur
les rapports de la pensée et de son objet, par Albert Léon. Paris, Alcan, 1907, gr.
in-8 de 294 p., 6 fr. — 15. La Philosophie générale de John Locke, p&r H. Ollion.
Paris, Alcan, 1909, in-8 de 482 p., 7 fr. 50. — 16. La Philosophie religieuse de
Schleiermacher, par Edmond Cramaussel. Paris, Alcan, 1909, in-8 de 288 p.,
5 fr. — 17. Auguste Comte et son œuvre. Le Positivisme, par Georges Deherme.
Paris, Giard et Brière, 1909, in-18 de 128 p., avec 2 portraits, 2 fr. 50. — 18. Les
Théories individualistes dans la philosophie chinoise. Fa/îg-Tc/iou, par Alexandra
David. Paris, Giard et Brière, 1909, in-18 de 150 p. 2 fr. — 19. Notes sur la philo-
sophie japonaise, par Alexandra David. Paris, édition de la « Société nouvelle »,
1908, in-8 de 41 p., 1 fr. — 20. Chez un philosophe. Deux interviews, par Camille
FoNbET. Paris, Giard et Brière, 1909, in-18 de vi-314 p., 3 fr.
Logique et Métaphysique. ■ — 1. — M. Luquet avait naguère
essayé de « mettre du Bergetn à la portée des étudiants au baccalau-
réat ». Il réalise, aujourd'hui, une tentative moins audacieuse, dans
ses Éléments de logique fotmelle. En moins de soixante pages, il ré-
sume les règles de l'art de penser. La théorie du sjdlogisme y est expo-
sée avec soin et quelques vues nouvelles des logiciens réformateurs
ou révolutionnaires, indiquées et appréciées. Nous ne reprocherions
à cet opuscule très dense que sa densité elle-même qui confine à
l'obscurité.
2. ■ — L' Inconnaissable dans la pJiilosophie jncdenie^ Généralisation
et Indication., le Kantisme et la Pensée contemporaine, Certitude et
Vérité, ces diverses études sont rassemblées par M. George Fonsegrive,
sous le titre général d'Essais sur la connaissance. On en peut conclure
que, malgré le scepticisme, le positivisme et le ciiticisme,» il y a quelque
part dans l'cmbre et l'infini silence une force qui agit et une tendresse
qui veille »; — que la généralisati< n et l'induction ne sont pas des opé-
rations mentales dont la forme soit différente; ■ — que le kantisme,
malgré les éléments de vérité qu'il renferme, décline, s'éteint, meurt;
— que nous sommes capables de connaître avec certitude des vérités
scientifiques, morales, métaphysiques et religieuses. Personne ne
doute que, sur tous ces sujets, l'auteur de l'Essai sur le libre arbitre
n'exprime des réflexions personnelles et suggestives dignes de l'atten-
tion de tous ceux qui pensent; c'est un esprit ouvert, pénétrant et vif
qui imprime sa marque à tout ce qu'il touche. Mais on a pu lui repro-
cher d'avoir tenté une conciliation difficile, sinon impossible, entre
des systèmes dont les principes sent contradictoires. Certaines de ses
formules étonnent les scolastiques; celle-ci, par exemple : « Le réel,
sans l'esprit, n'est que la possibilité d'être connu; l'esprit, sans le réel,
n'est que la possibihté de ccnnaitre » (p. 137). Les idéalistes, d'autre
— 400 —
part, ne souscriront pas à cette effirmation : « Personne, à cette heure,
n'est subjectiviste, c'est Auguste Qmte qui a tri<'mplié de Kant »
(p. 126). Mais tous reconnaîtront la vigueur de pensée et le talent de
ce philosophe chrétien.
3. — Le Rationalisme comme hypothèse méthodologique i^^i une impor-
tante thèse de doctorat, par laquelle l'auteur, M.Francis Maugé, essaie
d'expliquer la science. Elle comprend deux parties : I. L'Expérience,
sa légitimité, sa valeur, son organisation par la méthode, ses diverses
applicalions à la mécanique, à la physique, à la chimie, à la psycholo-
gie, à la sociologie; II. La Systématisation scientifique opérée à
l'aide de la déduction synthétique spécialement étudiée comme un
instrument efficace de construction dans les sciences qui ont pour
objet les phéntmènes biologiques et psychiques. L'auteur paît de
la tendance alîective orientée vers une fin : la satisfaction des besoins
de notre nature, dirigée pai- un idéal d'exactitude, d'unité, de cohérence,
érige en moyens les données expérimentales. La valeur de la connais-
sance dépend de son efficacité à satisfaire les aspirations profondes de
notre être. C'est une intuition abstraite qui choisit, parmi les objets
concrets, ceux qui sont aptes à réaliser ce dessein. La raison intellec-
tualise ces produits transformés de notie vie affective, établit les
corrélations réelles et constantes entre les termes individuels abstraits,
introduit parmi eux le concept de causalité, les ordonne et les féconde
par la déduction. M. Maugé espère éviter ainsi l'empirisme qui, par
lui-même, est'stérile, et l'idéalisme qui construit a priori son système
injustifié; d'un état affectif et subjectif il veut aboutir ainsi à une réa-
Uté objective. — Son œuvre décèle une pensée forte, originale, parfois
profonde; mais en rejetant le critérium de l'évidence, il fait reposer
tout l'édifice intellectuel sur une croyance aveugle, et sa méthode
n'autorise pas l'application des principes rationnels aux données de
l'expérience. Le positivisme et le criticisme ne sont réfutés ni atteints
par son « hypothèse ».
4. — Peut-on enfermer toute la philosophie dans une formule,
comme le parfum d'un champ de roses dans un flacon d'essence?
Quelques philosophes l'ont cru, et peut-être M. Espinasset ne les con-
tredirait-il pas, s'étant lui-même efforcé de la résumer dans son livre :
L'Être et le Connaître. On y trouve une épistéorologie et une ontologie,
une théodicée et une esthétique, une théorie de l'univers et de la
science, de l'espace et du temps. Or, tout cela n'est pas hvresque,
classiquement disposé, mais vécu, un peu confus, désordonné, tumid-
tueux, très inégal. Du reste, l'auteur, qui a beaucoup lu et songé, émaille
de citations et enrichit de considérations nombreuses les divers objets
de ses spéculations philosophiques. Ses idées sont élevées, son allure
décidée et résolue; il a le goût de la méditation et il est doué pour y
— 401 —
réussir. Cependant, on est un peu surpris, en lisant, à la première page
de son Introduction : « Les réponses (des métaphysiciens de tous les
siècles, de tous les pays et de toutes les écoles) ont toujours paru si
obscures, si embrouillées comme à plaisir, si opposées entre elles, si
insignifiantes en somme, qu'ils n'ont jamais récolté auprès des gens
tant soit peu sensés que doute sinon mépi'is. » Philosopher soi-même
lorsqu'on est animé de sentiments aussi dédaigneux, cela suppose
une belle confiance en soi... peut-être excessive.
5. — Rabelais a dit : « Le rire est le propre de l'homme », et ailleurs :
« Je ne dis boire simplement et absolument car aussi bien boiveni les
bêtes : je dis boire vin bon et frais. » Est-ce rire ou boire en quoi con-
siste le secret de la vie? C'est-à-dire, devons-nous ojJter pour Ja sa-
gesse, qui est liberté, ou peur la science où règne le déterminisme?
En tous cas, ces deux aspirations humaines nous engagent en des
systèmes destinés à définir l'attitude de l'homme en face de l'univers
et qu' ont « la beauté émouvante d'un baiser entre le sujet et l'objet ».
Il ne faut pas se mettre en peine des insolubles antinomies qui résident
au fond des choses? Y a-t-il seulement des choses? En tout cas, il faut
« se connaître et se réaliser de plus en plus» en se défiant des prêtres,
des juges, des docteurs, des orateurs, et aussi des philosophes et des
logiciens. » — V^ous trouverez cet enseignement dans la brochure de
M. Han Ryner : Le Subjectiçisme, d'un romantisme effréné, d'une
verve débridée et d'un scepticisme insensé.
6. — S'il existe un fait privilégié, assez universel pour s'appliquer à
tous les phénc mènes, révélateur de la cause qui le produit, et par con-
séquent de la substance dont cette cause est la force active, révélateur
de la fin qui est sa raison d'êtie, et donc de l'être spirituel, puisqu'une
intelligence peut seule connaître et assigner une raison d'être, c'est
assurément le mouvement. Mgr Farges définit avec raison le mouve-
ment : le passage de la puissance à l'acte, y cherche l'explication du
devenir. e' considère cette théoi'ie comme le fcndement delà métaphy-
sique. Son ouvrage, intitulé : Théorie fondamentale de l'acte et de la
puissance ou du mouvement; le devenir^ sa causcdité, sa fincdité, se divise
en trois parties : le mouvement, sa cause efficiente, sa cause finale.
Toutes les questions si importantes et si intéressantes qui se rappor-
tent à la causalité y sont abordées et traitées de manière claire et
complète. Aucune objection n'est omise, négligée ou laissée sans répon-
se. Aux savants et aux philosophes, l'auteur emprunte leurs théories
et montre que tout ce qu'il y a en elles de solide et de vrai confirme
la doctrine d'Aristote et de saint Thomas en ses parties essentielles.
Depuis la première édition de cet ouvrage, Bergson et Le Roy ont en-
trepris de ramener la réaUté au devenir, la substance à la durée,
l'existence à l'évolution; malgré leur remarquable talent, leurs pres-
NovEMBRE 19C9. T. CXVI. 26.
— 402 —
tigieuses métaphores, leur souplesse et leur suLtilité, ils n'ont abouti
— Mgr Albert Farges le démontre à merveille — qu'à la contradiction
et à l'incohérence. Aussi ce livre est vraiment nouveau et décisif. Jl
est nécessaire à ceux qui veulent étudier sérieusement la métaphy-
sique et se convaincre que la philosophie scolastique est solidement
fondée, admirablement liée, victorieusement justifiée, parfaitement
adaptée aux données scientifiques. Ils ne sauraient trouver un guide
plus clairvoyant et mieux informé que l'éminent auteur des Études
philosophiques.
7. — Un professeur de l'Université d'Oxford, M. Schiller, a conçu
l'ambition de transformer le pragmatisme, qui se borne à une théorie
de la connaissance, en conception universelle des choses. Les Études
sur l'humanisme (c'est le nom de son système) sont un commentaire
et une défense des thèses par lesquelles il prétend le justifier. Le vrai,
le bien, le beau dépendent du caractère fmahste de notre nature, car
toute vie mentale est intentionnelle. La logique intellectualiste est
fausse parce qu'elle est abstraite; sa fonction découle de la psycho-
logie, et la pensée elle-même dépend essentiellement de processus
psychologiques tels que l'intérêt, l'intention, l'émotion et la satisfac-
tion. La vérité est une construction dont notre esprit est l'architecte
et l'ouvrier; l'idéal qu'il réalise est en harmonie avec les aspirations
de notre nature dont il dérive; il est relatif et changeant comme toute
réalité; l'absolu n'est qu'un postulat; il s'est insinué pour la vicier
dans la vie religieuse et morale et il obscurcit par une théologie in-
tellectuahste le caractère pragmatique du christianisme. L'huma-
nisme réunit en lui le vrai idéalisme et le vrai réalisme; il nous peimet
seul d'échapper au scepticisme, parce qu'il prend la place d'une mé-
taphysique sans valeur objective et juge toutes les affirmations
d'après leurs applications et leurs conséquences, seuls critériums de
leur vérité. Laissons Platon et ses idées éternelles et revenons à Pro-
tagoras d'après lequel l'homme est l'unique mesure de toutes choses.
En ce livre destructif de toute pensée, on peut glaner quantité de
remarques judicieuses et savoureuses, à côté et en dehors du système
développé ingénieusement par M. Schiller. Les vingt dissertations
qui le composent furent recueillies et publiées, il y a trois ?,ns, et
viennent d'être fidèlement traduites en notre langue par le D^ S. Jan-
kélévitcli.
Morale et Philosophie religieuse. — 8. — AL André Joussain
a écrit un petit volume d'une plume alerte et facile, intitulé : Le
Fondement psychologique de la morale. Il est destiné à nous montrer
comment nous prenons conscience de la distinction du bien et du mal,
d'où naît le sentiment de l'obligation, comment se forment les notions
de devoir et de droit, d'où provient la sanction intérieure de la loi
— 403 —
morale. L'auteur a dû être impatienté, comme tant d'autres, des
prétentions des sociologues, de leurs explications collectivistes et
matérialistes si iasufllsantes et superficielles. On trouvera dans son
livre quantité d'arguments qui les atteignent et les désarment. Néan-
moins, il ne résout pas le problème parce qu'il faut dépasser la psy-
chologie et s'élever jusqu'à la métaphysique pour fonder une morale
certaine et absolue.
9. — La pédagogie est une science puisqu'elle est un ensemble de
notions déduites de principes, un art puisqu'elle formule des règles
pratiques destinées à rendre efficace la tâche de l'éducation. On peut
envisager l'éducation négative qui se borne à favoriser la nature, à
profiter des penchants, à mettre en valeur les aptitudes, et l'éduca-
tion positive qui prétend inspirer des sentiments, suggérer des idées,
transformel des âmes. Parce que le corps, l'intelligence, la volonté
sont perfectibles, l'éducation est physique, intellectuelle ou morale.
Enfin, elle est formelle en tant qu'elle développe et perfectionne les
facultés, matérielle en tant qu'elle les enrichit. A ces divers points
de vue, M. L. Dugas a consacré des conférences qui sont devenues un
livre : Le Problème de l'éducation. Si le croyant ne peut souscrire à
toutes les assertions de l'auteur, cet ouvrage mérite pourtant d'être
lu avec attention et sjTiipathie pour la netteté des soluticms, l'indé-
pendance d'esprit et de caractère, le sens critique avisé et affiné, dont
il témoigne.
10. — Les Principes de l'évolution sociale, par j\I. Dicran Aslanian,
comprend une méthode, une analyse, une synthèse des faits sociolo-
giques. Les faits s'cuientent et évoluent vers le progrès, sont condi-
tionnés par l'instinct et ordonnés par l'intehigence ; ils subissent l'in-
fluence de l'imitation, se groupent et s'améliorent par la solidarité,
s'organisent en hiérarchies et interagissent sous la pression des liens
sociaux : commerce, race, autorité, religion. L'un des facteurs les
plus efficaces de la spécificité des divers groupes est le train de vie,
qui consiste dans la manière de réaliser l'existence et les rapports
sociaux. Les lois suivant lesquelles se développent et se combinent
les phénomènes sont la direction : « Le mouvement évolutionniste
prend son origine dans la zone chaude et se propage vers les zones
froides, » — l'accélération, par Vinventivité qui accroît les moyens et
les ressources, ' — les aberrations, ou changements transitoires de di-
rection, faces diverses du principe de progrès qu'implique l'évolution.
Pour la favoriser, il importe de multiplier les exercices corporels, les
expériences variées de l'individu et d'établir dans la collectivité la
décentralisation et le libre échange. M. Aslanian sait observer, classer,
réfléchir et se tient à distance raisonnable de la banalité et du paradoxe.
Mais toute sociologie demeure vaine qui ne définit pas d'abord la
— 404 —
destinée humaine et ne demande pas cette définition à la métaphy-
sique, à la morale et à la religion.
11. — M. l'abbé Piat nous donne une seconde édition de son excel-
lent livie : De la Croyance en Dieu, où il montrait comment on peut
trouver, par la pensée et par l'action, le principe et la fin de tous les
êtres. Certaines preuves avaient semblé trop condensées ou seulement
indiquées; il les a éclaircies et développées. Surtout, il a répondu aux
objections nouvelles que les récents ouvrages de Berg£<^:n, d'Hamelin
ou de Hofîding avaient opposées à la théologie naturelle. Ni l'élan
vital, ni la synthèse des relations idéales, ni les jugements de valeui%
ne remplacent, n'expliquent la religion précise, concrète et vivante.
Tout ce qu'écrit M. Piat est marqué par l'empreinte de sa pensée très
personnelle, et exprimé dans un style adapté aux questions qu'il
traite; on peut discuter sur certains points de détail; il n'est point
permis de les négliger.
Histoire et Critique. — 12. — M. A. Diès a soutenu, pour obtenir
le grade de docteur es lettres, deux thèses, qui se rapportent à la
critique et à l'interprétation de la philosophie grecque. La première,
le Cycle mystique. La Divinité, origine et fin des existences individuelles
dans la philosophie antésocratique, est une contribution à l'histoire
de la religion grecque avant Socrate. Celle-ci est considérée, non dans
sa forme classique où tout est ordonné, mesuré et construit d'après
le type et le canon de l'espèce humaine, mais dans la forme mystique,
plus confuse mais plus profonde, et considérant la divinité ccmme
la source et la fin des existences individuelles. Le culte de Dionysios
et l'orphisme subsistent, pai* leurs vestiges et leurs survivances, dans
la religicm que professent les héros d'Homère et les personnages de
Sophocle; ces croyances et ces rites ont pénétré dans certains sys-
tèmes tels que ceux de Pythagore et de ses disciples, et se révèlent
plus ou moins transformés chez Thaïes, Heraclite, Parménide ou Lcu-
cippe, avec la réfraction inévitable qu'ils subissent à travers les doc-
trines des Ioniens, des Êléates et des atomistes. Empédocle d'Agri-
gente, prophète et philosophe, concilie des tendances opposées,
mêle des éléments hétérogènes et satisfait à des aspirations diverses.
Thylozoïsme et le monisme servent de substrutum à ces conceptions
mystiques. — Ce savant chapitre de l'histoire philosophique des
religions se Ut avec profit, intérêt et agrément; il est écrit d'une ma-
nière très littéraire.
13. — La deuxième thèse : La Définition de l'être et la nature des
idées dans le Sophiste de Platon est plus technique et s'adresse à des
spécialistes. La théorie des idées est-elle transformée dans le Sophiste?
Est-il vrai, comme on l'a prétendu, que les types immuables des êtres
y deviennent des forces, des activités, des esprits? Les concepts de
— 405 —
Platon (si le Sophiste est son œuvre) sont-ils modifiés jusqu'à sem-
bler méconnaissables? Le progrès de sa pensée va-t-il justifier un chan-
gement de doctrine? Tel n'est pas l'avis de M. Diès; il estime qu'il
y a évolution, non révolution : si les aspects ne sont plus identiques,
le fond demeure le même. Le procédé dialectique imaginé pour ex-
pliquer le mouvement et le repos, le non être et la pluralité des genres,
suffît pour rendre intelligible ce nouveau langage. Une étude atten-
tive et minutieuse des textes, un commentaire pénétrant, une discussion
serrée, une érudition de bon aloi sont les qualités indéniables de ce
travail. L'auteur cite les philosophes et les historiens dont il a consulté
les œuvres ; quelques omissions étonnent, surtout celle des livres de
M. C. Huit, si informé de tout ce qui concerne le platonisme.
14. — Le mot de Leibniz : « Le spinozisme est un cartésianisme
immodéré » a fait fortune parmi les historiens de la philosophie.
Est-il exact, et à quel degré? La question peut être envisagée au point
de vue historique et au point de vue logique. Le philosophe de La
Haye habitait une contrée où le cartésianisme était en honneur et
en vogue : on peut le ranger, à certains égards, comme un disciple de
l'auteur des Méditations. Mais sa doctrine est-elle proprement carté-
sitnne? Telle est la question posée par M. Albert Léon dans son ou-
vrage intitulé : Les Éléments cartésiens de la doctrine spinoziste sur les
rapports de la pensée et de son objet. Pour la résoudre, il rappelle et
confronte les thèses des deux philosophes. Méthode, épistémologie,
ontologie et définition de la substance, existence et nature de Dieu,
matière et étendue, unité de la personne humaine... Les idées de
Descartes se retrouvent souvent dans VÉthique, le De emendatione
ititellectus, les lettres de Spinoza. Néanmoins, Descartes avait en
horreur le panthéisme; Spinoza le fait sortir de la définition mal in-
terprétée de la substance; l'étendue, essence de la matière, la pros-
cription des causes finales, Vapriorisme., un certain idéalisme, sont
des traits communs. N'oublions pas que Spinoza subit l'attrait
d'Aristote, a fréquenté chez les kabbahstes, est hanté par Giordano
Bruno. Mais son génie est géométrique comme celui du grand analyste
français. M. A. Léon a étudié ce problème consciencieusement, sérieu-
sement, en usant de tous les moyens qui en peuvent fournir la solu-
tion, n semble qu'il eût gagné à raccourcir son volume et, surtout,
ses phrases.
15. — Plus encore que Gassendi et Condillac, le philosophe anglais
auquel nous devons Y Essai sur l'entendement humain est considéré
comme le maître du sensualisme. Joseph de Maistre, V. Cousin, Ré-
musat et bien d'autres ne témoignent, à cet égard, d'aucune hésitation.
Ce jugement n'est-il pas trop sommaire, no peut-il pas être revisé?
M, Ollion a pensé qu'il était trop absolu et a repris les pièces du pro-
— 40G —
côs dans sa thèse de doctorat : Lu Philosophie générale de John Locke.
La première partie est destinée à énumérer les origines de la pensée
de Locke, à déterminer ce qu'il doit à Bacon, à Hobhes, à Descartes,
et à nous apprendre comment il se prépara à composer son ouvrage.
La deuxième est une analyse critique de l'Essai : théorie et valeur de
l'expérience, idées simples et idées complexes, rôle de l'abstraction,
conscience de la volonté et de la liberté, nature, langage, connaissance,
vérité, erreur. Dans la troisième sont résumées les réponses faites par
Locke aux objections de ses adversaires. Or, loin de tout réduire à
la sensation, le philosophe anglais (d'après M. Ollion) reconnaît le
pouvoir de l'esprit, fait une part à l'innéité, exalte l'activité mentale
qui détermine certaines conditions de l'existence, établit des relations
nécessaires, imprime, d'une certaine manière, leurs lois aux choses.
Médiocrement dogmatiste, point sceptique, non proprement sensua-
liste, il serait plutôt un précurseur de Berkeley et surtout un criti-
ciste à la fkçon de Kant qu'il annonce et fait pressentir. M. Ollion
n'a rien négligé pour nous convaincre : étude minutieuse, interpréta-
tion clairvoyante ou spécieuse des textes, recherche laborieuse des
influences subies, détails biographiques intéressants. Il nous semble
que certaines affirmations de Locke, contraires au sensualisme, ex-
priment seulement son embarras à ordonner ses pensées à l'aide des
seules données sensibles. Il a discerné très nettement les caractères
de la sensation, sa nécessité pour produire et fonder la connaissance
humaine; mais quand il a dû et voulu la dépasser, il n'a pas trouvé
en sa métaphysique les sec:)urs qui lui auraien^^ permis l'accès du mon-
de invisible. De là ses tâtonnements et ses incohérences. Api*ès cela,
il est très possible et même assez plausible qu'on rencontre dans ses
œuvres des « anticipations » de la Critique de la raison pure.
16. — A ceux qui demanderaient quels sont les précurseurs du mo-
dernisme, nous croyons qu'il faudrait répondre : Kant et Schleier-
macher; en tout cas, ils sont les pères du proteî^tantii^me libéral.
Mais si le premier est trop connu quoique souvent mal compris, le
second est presque ignoré en France. Nous devrions donc remercier
M. Cramaussel, si son livre : La Philosophie religieuse de Schleierma-
cher, n'était presque un perpétuel panégyrique. Les seize chapitres
qui le composent sont ainsi divisés : Formation philosophique et reli-
gieuse (I à III). Apologie de la religion (IV à VII). Organisation reli-
gieuse (VIII et IX). Élaboration scientifique de la doctrine (X à XV).
Évolution ultérieure de la pensée (XVI). A. Ritschl a très bien dit
que la religion de Schleiermacher est « un mélange d'éléments payons,
panthéistes et chrétiens ». L'auteur des Discours sur la religion a vou-
lu se dégager de l'intellectualisme de Kant et du sentimentalisme
de Jacobi, mais il est plus proche do celui-ci que de celui-là. II essaie
— 407 —
-de formuler le sentiment de l'infini, qui est l'élément essentiel de sa
philosophie religieuse, mais ses définitions sont imprécises et fuyantes,
sa dogmatique se réduit à un symbolisme ondoyant et stérile aboutis-
sant au subjectivisme. La révélation est en nous et vient de nous;
le Christ est un être purement humain; sa valeur idéale est indépen-
dante de son existence historique; son Eglise est une association na-
turelle et progressive. Dieu lui-même semble se réduire à une projec-
tion de notre désir. Tout cela est enveloppé dans un piétisme qui
attire et séduit les âmes sensibles et leur offre une foi qui est le produit
spontané des consciences. Rien n'est moins chrétien que ce moralisme
inconsistant au parfum religieux. M. Cramaussel n'a pu, malgré son
talent, nous donner une idée précise de cette doctrine qui s'écoule
et fuit comme l'eau dans la main qui la presse; mais il l'a étudiée sous
tous ses aspects et l'exprime avec le sincère et louable souci de sauve-
garder la pensée et la vie religieuse.
17. — Il y a des philosophes qu'on eût aimé rencontrer dans la vie,
peut-être au risque d'être déçu; je n'éprouve pas cette impression
à propos d'Auguste Comte, qui est pour M. Deherme l'objet d'un
culte spécial. Son opuscule : Auguste Comte et son œuvre. Le Positi-
visme, est orné des deux portraits du philosophe et de son « ange gar-
dien», Clotilde de Vaux. Le fondateur de la politique positive est, à la
fois, « Aristote et saint Paul », sa vie sainte « est écrite avec une pieuse
vénération », et « son œuvre salvatrice » glorifiée. M. Deherme mal-
mène les tièdes, tels que Pierre Laffitte et flétrit, les hérétiques et les
apostats, comme Littré. Il cite, avec joie, les témoignages des critiques
favorables à « l'immortel héros ». (Môme en se le représentant avec
l'épée du polytechnicien au côté, A. Comte ne nous apparaît guère
dans l'attitude héroïque !) Son disciple le loue d'avoir travaillé pour
l'émancipation des femmes et des prolétaires, d'avoir tenu en médiocre
estime les lettrés, pédants et théoriciens de- tout acabit. Puis il expose
la doctrine comtiste et escompte l'alhance du cathoHcisme contre
l'anarchie sociale. Au demeurant, ce livre est instructif et curieux.
18. — M"^e Alexandra David nous initie à la philosophie de Yano--
Tchou, qui vivait vers le temps de Socrate, mais ne partageait guère
les idées du philosophe grec. Les tendances doctrinales du penseur
chinois sont résumées par le titre de cet opuscule : Les Théories
individualistes dans la philosophie chinoise. Tandis que Mehti prônait
l'altruisme et la sohdarité, Yang-Tchou préconisait l'anarchie et le
culte du moi. « On ne peut trouver, dans la vie, une heure de parfait
abandon sans inquiétude ni soucis. » Il faut pourtant cueillir toute la
joie possible; il est vain de la chercher dans la gloire, qui procède
de l'opinion d'autrui; on ne peut la savourer que dans la satisfaction
des désirs, variables et mobiles comme les tempéraments et les ca-
— 408 —
ractèrcs. On doit vivre intégralement sa vie, suivant les aspirations
sensibles et intellectuelles que l'on éprouve, car le renoncement est
une folie et un suicide partiel.» Jene devrais pas m'arracher un cheveu,
quand même ce léger sacrifice serait salutaire à l'humanité; car rien
n'est, pour moi, au-dessus de moi. » M'"*" Aloxandra David s'efforce
d'interpréter en un sens favorable les maximes odieuses de cet amo~
raliste oriental.
19. — Elle complète cette monographie en ses Notes sur la philo-
sophie japonaise où elle signale un double courant de pensée. \'ers le
troisième siècle de notre ère, les Coréens importèrent au Japon les
enseignements pratiques de Koung-tse, qui se sont perpétués dans les
écoles confucéistes jusqu'à nos jours. Mais au sixième siècle, le boud-
dhisme envahit les îles nippones, où il est très florissant. L'auteur
cite quelques noms plus ou moins célèbres, indique l'orientation des
systèmes transplantés de la Chine et de l'Inde chez ce peuple essen-
tiellement imitateur. Tout cela pourrait offrir quelque utihté ou quel-
que intérêt, si ce n'était si confus.
20. — Un journaliste, Gaston Rozy, est parvenu à forcer la porte
du comte de Falanges, lequel, après des malheurs domestiques, s'est
confiné dans une solitude impénétrable et s'y livre à des réflexions
qu'il croit philosophiques. \'ous pensez bien qu'il a abjuré le préjugé
nobiliaire; il se fait appeler Jean Jarcot. Le reporter parvient à lui sou-
tirer deux interviews, qui nous informent sur l'état d'esprit du farou- "
che solitaire et que M. Camille Fondet publie sous ce titre : Chez un
philosophe. Que ce « philosophe » soit matérialiste et athée, c'est son
affaire, et cela n^est point original. Ce qui nous frappe davantage,
c'est la force des arguments par lesquels il étaie ses négations. Voici
un spécimen de sa manière de raisonner : « Si par Dieu on entend l'in-
fini et l'éternité, je dis que l'infini, comme l'éternité, ne représentant
qu'une succession de temps ou d'espace, ne sont ni une force ni une
volonté » (p. 143). Voilà, j'espère, qui est envoyé... ! Ni Pascal, ni
Leibniz n'avaient prévu cette objection, choisie, il est vrai, parmi
les plus troublantes de ce livre. M. Fondet nous apprend que son héros
a voulu être enterré civilement, et il trouve sans doute naturel,
qu'ayant pensé et vécu comme une bête, il ait tenu à être enfoui comme
un chien; mais il ne saurait s'imaginer combien cela nous est égal.
L. Maisonneuve.
SCIENCES PHYSIQUES ET CHIMIQUES
SCIENCES MATHÉMATIQUES
Physique. — 1. Les Découvertes modernes en physique, par O. Manville. 2« édition.
Paris, Hermann, 1909, in-8 de ii-463 p. et 65 fig., 8 fr. — 2. Traité de physique,
par O.-D.Chwolson; trad. sur les éditions russe et allemande, par E.Davaux.;.
— 409 —
édition revue et considérablement augmentée par l'auteur, '•uivie de Notes sur la
physique théorique, par E. et F. Cosserat. Paris, Hermann, 1907-1909, gr. in-8.
T. II, 3*^ fasc. paginé 433 à 640, avec 159 fig , 9 .r. T. II, 4^ fasc. paginé 641 à 1188,
avec 182 fig., 17 fr. — 3. Les Oscillations électromagnétiques et la Télégraphie sans
fil, par J. Zenneck ; trad. de l'allemand par P. Blanchin, G. Guérard et E. Picot.
Paris, Gauthier-VlHars, 1908, 2 vol. gr. in-8 de xii-506 p., avec 419 fig. et de 4«9 p.,
avec 380 fig., 34 fr. — 4. International Catalogue of scientific literature. Sixth an-
nual issue. C. Physics. hondon, Hairison; Paiis, Gauthier-Villars, 1908, in-8 de
viii-568 p., 30 francs. — 5. La Grammaire des électriciens enseignée aux débutants
par expériences et mesures, par E. Gossart. T. I. Le Courant continu. Paris, Vuibert
et Nony, 1909, in-8 de x-444 p., avec 154 fig., 6 fr.
Chimie. — 6. Traité complet d'analyse chimique appliquée aux essais industriels,
par J. PosT et B. Neumann. 2<' éd. française par L. Gautier. Paris, Hermann,
1909. T. I. fasc. 3, gr. in-8 paginé de 561 à 862, avec 44 fig., 8 fr. 50.— 7. La Syn-
thèse des pierres précieuses, par Jacques Boyer. Paris, Gauthier-Villars, 1909,
in-8 de 31 p., avec 6 planches, 2 fr. 50.
Mathématiques. — 8. Théorie des corps déf ormables, pa.r E. et F. Cosserat. Paris,
Hermann, 1909, gr. in-8 de vi-226 p., 6 fr. — 9. Eléments de la théorie des probabilités,
par Emile Borel. Paris, Hermann, 1909. gr. in-8 de vii-191 p., 6 fr. — 10. Initia-
tion à la mécanique, par Ch.-Ed. Guillaume. Paris, Hachette, 1909, in-16 de
xiv-214 p., 2 fr.
Histoire. — 11. Études sur Léonard de Vinci. Ceux qu'il a lus et ceux qui l'ont lu,
par Pierre Duhem. Paris, Hermann, 1906-1909, 2 vol. gr. in-8 de vii-355 p.
et iv-474 p., 27 fr.
Physique. — 1, — Cette seconde édition des Découvertes modernes
en physique est presque entièrement m livre nouveau. 463 pages
au lieu de 186 suffisent à le prouver. Nous craignions (Cf. Polybiblion,
t. CXIII, nov. 1908, p. 422-423) que le titre de Touvrage fit croire à
un simple livre de vulgaiisation et non pas à l'exposé d'une vaste en-
quêie sur les travaux les plus récents des physiciens les plus réputés.
La première partie intitulée : Electricité et matière, expose les expé-
riences fondamentales et l'évolution des idées, qui ont conduit les phy-
siciens à la notion d'électron et par suite à l'hypothèse de la constitu-
tion électrique de la matière. La seconde partie passe sucoessivement
en revue la théorie de la conductibilité électrique à travers les liquides
et les gaz ionisés, puis à travers les milieux gazeux non ionisés; la
théorie des métaux est complétée par des comparaisons entre la con-
ductibilité calorique et la conductibilité électrique; enfin le chapitre
intitulé : La Matière et l'éther fait connaître les bases de la théorie
électro-magnétique de la lumière. L'auteur, dans chaque cas, se con-
tente d'exposer les expériences et les hypothèses conformément aux
idées propres des savants qui en sont les auteurs. II met les faits sous
une forme claire et précise, laissant à chacun la propre responsabilité
de ses travaux. Tous les phénomènes dans lesquels l'électricité joue
un rôle eiïectif ; tous ceux qui peuvent s'expliquer par les hypothèses
faites sur la constitution électrique de la matière sont tour à tour
passés en revue. M. Manville laisse seulement de côté les problèmes
qui n'ont été qu'effleurés par les savants s'en occupant directement,
et lorsque ceux-ci, en plus, émettent personnellement des doutes sur
— 410 —
leurs propres hypothèses. Le travail de iM. Manville est indispensable
à connaître avant de se lancer dans une étude quelconque sur la théo-
rie intime des phénomènes physiques.
2. — Le troisième fascicule de l'important Traité de physique
de ]\L Chwolson est consacré à la Photcméirie, aux Insiriimenis d'op-
tique et à V Interférence de la lumière. Nous avons eu assez souvent
l'occasion de signaler la valeur de cet ouvrage pour ne pas insister
longuement à nouveau. Pour les instruments d'optique, les grands
perfectionnements apportés par l'industrie allemande sont mis en
évidence. A propos de l'interférence, l'auteur s'étend longuement
sur leur application à la mesure de diverses quantités. Deux chapitres
de ce fascicule sont consacrés l'un à l'optique physiologique, l'autre
aux phénomènes optiques dans l'atmosphère. ■ — Le quatrième fasci-
cule se compose de deux parties d'à peu près égale étendue. La pre-
mière traite de \aiDiffraction.,de \aDouble réfraction etde Isl Polarisation
de la lumière. L'étude mathématique de ces divers phénomènes est
poussée assez loin, tout en restant dans les hmites qui conviennent
à une première étude sérieuse et approfondie des résultats acquis de
la physique. Toutefois quelques paragraphes ajoutés par le traduc-
teur permettent au lecteur de s'orienter sur des voies qui ne sont pas
encore déblayées. Pour bien juger le travail de M. Chwolson, il ne faut
pas oublier qu'il s'adresse avant tout aux étudiants el qu'il a cherché
à faire un ouvrage didactique tant au double point de vue théorique
et expérimental. La seconde partie est un long mémoire sur la TJiéo-
rie des corps déformahles\ nous n'en disons rien ici, parce qu'un tu'age
à part nous a permis d'en faire le compte rendu dans la partie mathé-
matique du présent article. ■ — Beaucoup de personnes se préocupent
de l'état de pubhcation du Traité de physique de M. Chwolson.
Actuellement les deux premiers tomes sont entièrement publiés. (Le
premier fascicule du tome III vient de parfî^re.) Grâce à la méthode
heureuse suivie pai l'auteur, ce sont des traités complets qu'il est
utile de se procurer sans s'inquiéter de la publication des autres vo-
lumes. Rappelons que le tome I, en dehors des instruments de mesure
et de racoustique,est consacré à l'étude des trois états de la matière :
solide, Hquide, gaz; le tome II s'occupe de l'énergie rayonnante.
3. — Les traducteurs des Oscillations électromagîiétiques et la Té-
légraphie sans fil ont cru devoir conserver la forme même des leçons
du professeur Zenneck; cela n'a pas d'importance. Par contre ils ont
presque partout maintenu la terminologie allemande qui est assez
différente de la nô*.re. Il faut donc, en étudiant cet ouvrage, bien
se pénétrer de la valeur des mots; il suffit d'un peu d'attention,
car tous les termes spéciaux sont clairement définis. Un tableau
placé au commencement de chaque volume indique la notation
— 411 —
adoptée. Le professeur Zenueck, dans son enseignement de l'Uni-
versité de Strasbourg, se propose de former des ingénieurs érudits,
connaissant à fond les divers phéncmènes électriques, qui se produi-
sent dans les machines et dans les conducteurs. Pour chacun d'entie
eux, l'auteur étudie les circonstances de sa production, il étaJilit et
démontre les lois qui le régissent. Pour la partie mathématique, l'au-
teur, à cause du public auquel il s'adresse, rejette presque complète-
ment l'emploi du calcul différentiel et intégral. Lorsqu'il ne peut
établir rigoureusement une formule, il montre par des expériences
nombreuses et variées la nécessité des termes que renferme la formule.
Si, dans une question capitale, l'emploi des intégrales donne des éclair-
cissements que rien ne peut remplacer, l'explication est donnée dans
une note placée à la fin de chaque tome. Le premier volume est con-
sacré aux oscillations industrielles, c'est-à-dire aux courants de faible
fréquence. M. Zenneck s'occupe de leur production, de leur transport,
de leur transformation ainsi que de leur conversion en travail méca-
nique. De plus, on trouve également l'étude des courants de haute
fréquence. Le second volume pourrait presque être considéré comme un
ouvrage complètement séparé du premier. Il traite spécialement
des oscillations électriques, dont les oscillations de Hertz sont le pro-
totype. 11 étudie leur production, leur propagation dans les conduc-
teurs (point sur lequel il y a tant à faire), leur propagation dans l'air
et leur réception. C'est donc toute la télégraphie sans fil, théorique
et pratique, qui est exposée. L'ensemble de cet ouvrage est excellent;
nous regrettons seulement que les traducteurs n'aient pas complété
ces remarquables Iciçons par un exposé des tout derniers progrès" de
la télégraphie sans fil. Ils pouvaient le faire sans trahir les secrets de
la défense nationale, car nous avons vu des dispositifs non décrits
employés dans les marines italienne et autrichienne.
4. — Pour la sixième fois nous avons le plaisir de signaler l'appa-
rition du volume de V International Catalogue of scientific literaiure
consacré à la Physique. 11 contient les renseignements recueillis par
la Commission chargée de sa rédaction entre mai 1906 et octobre
1907. Les titres des mémoires publiés en d'autres langues que l'an-
glais, l'allemand, le français et l'italien sont relativement plus nom-
breux que dans les volumes précédents; ils sont suivis de leur traduc-
tion on l'une des quatre largues citées. Ajoutons un renseignement
précieux que nous avions oubUé de relever précédemment : peur un
supplément, de 1 shilling G par volume, n ob ient un exemplaire tiré
sur le recto seul des pages, ce qui permet de transformer économique-
ment le volume en fiches.
5. — Les principes f mdamentaux de l'électrotechnique ont été
enseignés pendant de nombreuses années par M. Gossart à l'Univer-
— 412 —
site de Bordeaux. Dans des conférences s'adressant au public, mais
à un public désirant sincèrement s'instruire, ce savant professeur
s'est efTorcé de préciser les premières notions sans lesquelles î' n'est
pas d'étude séiieuse de l'électricité possible. Un bon enseignement
primaire supérieur ou secondaire suffit pour comprendre les leçons
de M. Gossart. Il les a publiées telles qu'il les a enseignées, c'est-à-
dire sous la forme de conférences isolées. Chacune d'elle traite en
entier d'un sujet. Mais leur ensemble est coordonné d'après un plan
logique mû 'ement étudié. La grande préoccupation de l'auteur est
de bien faire comprendre à son auditoire la nature des lois et des phé-
nomènes qu'il expose; aussi joint-il constamment la théorie et l'ex-
périence. Pour les phénomènes qu'il reproduit au cours de ces confé-
rences, il emploie toujours des appareils simples et il emprunte son
électricité au circuit urbain. Nous insistons particulièrement sur ce
point, car si nous ne pensons pas que l'ouvrage de M. Gossart puisse
remplacer en totalité un traité didactique, nous estimons par contre
qu'il peut rendre de très grands services de deux espèces. Première-
ment aux conférenciers ; si l'on totalisait le chifïre annuel de confé-
rences données, en France seulement, sur l'électi'otechnique, on arri-
verait à un chiffre colossal; en général, elles sont faites par des personnes
possédant leur sujet, mais toutes ne sont pas douées du talent spécial
qui fait le bon conférencier : à celles-( i nous conseillons de s'inspirer
largement du livre dent nous parlons; ellesne peuvent trouver de meil-
leur modèle. Deuxièmement, nous voudrions voir ce livre dans toutes
les bibliothèques accessibles aux ouvriers désirant étudier l'électricité:
la manière d(uit il est rédigé en rend la lecture facile, il peut servir à
compléter un enseignement oral trop concis ou ti:n encore il peut
servir de premier livre véritablement scientifique.
Chimie. — 6- — Depuis quelques années, le nombre des dérivés du
fer employés industriellement a augmenté d'une façon considéiable;
leur préparation est pai ticulièrement délicate, car s'il suffit do quan-
tité très faible d'un métal particulier pour produire un acier spécial,
des traces d'autres métaux ou de métalloïdes suffisent pour détruire
les qualités qu'on voulait obtenir. L'analyse des minerais, des com-
bustibles et des fondants employés doit donc être faite de la façon
la plus minutieuse. M. Ledeburg, dans les 120 pages consacrées au
fer du Trailé complet d'analyse chimique, nous fait connaître les mé-
thcdes d'analyses les plus précises qui ont reçu la consécration d'un
emploi constant dans la métallurgie. Il nous décrit les appareils em-
ployés, les soins qui doivent présider au choix des échantillons et
à la marche des expériences, les quantités de réactifs qu'il faut utiliser
et toutes les conditions accessoires pour la bonne réussite des analyses.
— 413 — .
Mais il n'oublie pas que certaines fontes et certains aciers peuvent
être préparés avec moins de soins; pour les analyses préalables et
finales relatives à ces corps, il inc'ique les bonnes nrélhodes,
plus grossières tt plus rapides que les précédentes, mais
dont l'utilité est toujours incontestable dans chaque cas particulier.
M. Neumann expise ensuite les méthodes d'analyses pour les métaux
autres que le fer : cuivre, plomb, argent, or, zinc, cadmium, nickel,
cobalt, étain, bismuth, antimoine, arsenic, mercure, aluminium, pla-
tine, tungstène, vanadium, molybdène. Tous les procédés d'analyse
d'un caractère réellement pratique pour la m.étallurgie de ces diffé-
rents métaux sont exposés avec la plus parfaite clarté. En
suivant scrupuleusement les modes opératoires indiqués, l'expé-
rimentateur est ^ûr d'arriver à la plus grande précision possible dans
chaque cas particulier. Les divers alhages de ces métaux sont égale-
rnent étudiés, l'analyse des sels est remise à un prochain fascicule
de cet ouvrage qui s'impose tant pour la form-ation que pour le per-
fectionnement des chimistes industriels.
7. — Pour le rubis, la Synthèse des pierres précieuses a été réalisée;
on produit une pierre ayant une réelle valeur commerciale. Pour
le saphir, la pierre reproduite n'est pas comparable à la pierre natu-
relle. Pour l'opale, l'émeraude et le diamant, les produits ne sont encore
que des curiosités coûteuses de laboratoire. Tels sont les faits que nous
fait connaître d'une manière claire M. Boyer; mais pourquoi croit-il
que l'industrie n'égalera jamais la nature dans la génération des
gemmes? En matière de science, il faut toujours réserver l'avenir.
Mathématiques. — 8. — Nous classc-ns sous la rubrique « Mathé-
matiques )) la Théorie des corps défoj'mables, quoique ce volume ne
soit que la reproduction d'un appendice au Traité de physique de M.
Chwolson, et cela puur deux raisons. D'abord son étude n'est permise
qu'aux personnes ayant une fi-rte éducation mathématique. Non
seulement il faut bien posséder le mécanique ratiomielle, mais encore
il faut être famiharisé avec la théorie générale des surfaces, telle que
l'a SI magistralement exposée M. Darboux. Nous dirons même que la
théorie des corps déformables est la suite naturelle des leçons de
M. Darboux. Ensuite, les auteurs n'ont dc-nné dans ce volume que
l'exposé mathématique par leur théorie, se réservar.t de publier
plus tard l'applica+ion à la physique. Une ligne déformable est une
courbe dont les équations contiennent un paramètre variable, à chaque
point de cette ligne correspond des éléments géométriques caracté-
ristiques pour les déplacements desquels on peut étudier les éléments
statiques et dynamiques, d'où une suite de problèmes qu'ont étudiés
à fond les auteurs. Il en est de même pour les surfaces déformables.
Pour le milieu déformable (dont ce livre fait prévoir l'importance
— 414 —
en physique), les auteurs ont généralisé les notions déjà établies dans
la théorie de l'élasticité. Cet ouvrage se fait remarquer par sa grande
clarté, il contient beaucoup de notions nouvelles e1 par suite de défi-
nitions de mots. MM. Cosserat se sont tout particulièrement attachés
à préciser le sens des mots dont ils se servent, à employer des notations
judicieusement choisies, à présenter leurs calculs sous des formes
toujours symétriques; ils ont ainsi rendu facile, dans la mesure du
possible, l'étude de leur important travail.
9. — La physique, la biologie, les sciences économiques sont la
source de nombreux problèmes dont la solution repose sur le calcul des
probabilités. Il faut être mathématicien pour aborder de telles ques-
tions, dira-t-on. Oui, certes. Mais on peut aller assez loin avec un ba-
gage assez léger. Comme études préalables il si-fTit, sauf en quelques
points très particuliers, de posséder le programme des matières du
certificat de mathématiques générales tel qu'il est enseigné dans
toutes nos Universités. Ensuite le meilleur guide est constitué par
les Éléments de la théorie des probabilités de M. Borel. L'auteur a
tenu à être simple et pratique. Il sépare nettement les pro-
babilités de faits et les probabilités de causes. Il subdivise les
premières en deux classes : les probabilités discontinues et les proba-
bilités continues. Pour les piemièies, il prend pour type le jeu de pile
ou face, qui fait bien comprendre la nature de ces probabilités, puis
il expose tous les problèmes qui s'y rattachent. Nous signalons en
particulier son chapitre sur les lois des grands nombres, qui devrait
êtie lu par tous les physiciens. Pour la seconde classe, il s'agit de savoir
quelle place probable occupe un nombre inconnu entre deux limites
connues, les raisonnements deviennent plus délicats, ma's l'auteur
s'en tire toujours à son plus grand honneur. Pour la probabilité des
causes, M. Borel ne dissimule pas la grande incertitude régnant sur
les résultats; il nous montre que presque toujours on est obligé d'in-
troduire des hypoUièses qui malheureusement sent trop souvent faites
à la légère par les chercheurs. M. Borel a éliminé tout ce qui se rap-
porte à la science amusante; il a tenu à faire un hvre sérieux d'initia-
tion. Il y a parfaitement réussi.
10. — Le quatrième volume de la « Collection des initiations scien-
tifiques » est consacré à Y Initiation à la mécanique. Ce livre ne nous
paraît point répondre au but que poursuit le fondateur de celte col-
lection : donner de saines notions scientifiques à des enfants de quatre
à douze ans. Il faut supprimer la fin de cette proposition. Cette res-
triction faite, nous n'avons que des éloges et de très grands éloges
à faire à l'auteur de ce petit livre. Nous sommes particulièrement
bien placé pour savoir que les jeune? gens sortant de l'enseignement
secondaire, s'ils ont retenu quelques vtgues formules de mécanique,
— 415 —
ne savent absolument ri-n en mkanique. Les notions de mouve-
ment, force, vitesse, accélération, travail, sont pour eux de pures
entités mathématiques. M. Ch.-Ed. Guillaume, au contraire, a cherché
à faire comprendre le sens intime de ces mots. Par des exphcations
simples, par l'exposé de faits expérimentaux judicieusement choisis,
il spécifie la portée de chaque mot. De même pour les
lois élémentaires de la mécanique, dont nous avons à constater
les effets à chaque instant de la vie courante, M. Guillaume précise
leur vraie nature, il redresse de nombreuses erreurs courantes en pre-
nant des exemples que chacun peut vérifier par soi-même. Le livre
de M. Guillaume est donc bien un livre d'initiation, il amène l'esprit
à posséder de bonnes et saines idées sur les éléments de la mécanique
et, si nous ne le croyons pas utile aux petits, nous le jugeons indis-
pensable aux grands.
HisTofRE. — 11. — Nous avons eu un plaisir réel à lire les deux
volumes d'Études sui' Léonard de Vinci. C'est une magnifique contri-
bution à l'étude et à l'évolution des idées mathématiques pendant
une longue période de temps. L'ouvrage porte en sous-titre : Ceux
qu'il a lus, ceux qui l'ont tu. Pour être complet, il aurait fallu ajouter :
Ce que savait Léonard. Ces deux volumes sont la réunion d'articles
séparés mais conçus sous la direction d'une méthode constante et
régulière, qui est la suivante : M. Duhem nous fait connaître ce qu'a
dit Léonard sur un point important de la science (il ne s'agit pas tou-
jours de mathématiques, Léonard était un esprit encyclopédique);
si la forme du texte permet des interprétations il nous fait connaître
les diverses formes sous lesquelles elles se sont produites, il les analyse,
les discute et donne sa propre opinion, mais sans jamais prétendre
à l'infaillibilité. Ce premier travail fait, M. Duhem recherche quels
Sont les savants antérieurs s'étant occupés de la même question,
ou d'une question tellement connexe que l'on peut la considérer
comme le germe de l'idée de Léonard; souvent M. Duhem est obligé
de remonter fort loin, mais il ne se rebute pas, et toutes les fois qu'un
savant paraît avoir eu une influence très probable sur Léonard il
nous fait connaître, avec une courte, biographie, les travaux de ce
savant se rapportant à la question étudiée. Le passé ayant été ainsi
fouillé à fond, c'est le tour de l'avenir. Des diverses études faites
par M. Duhem il résulte que l'influence de Léonard a été considérable
et que l'on peut effectivement faire remonter à lui la création de
plusieurs branches de la science dont il a posé les principes fonda-
mentaux. M. Duhem a essayé également de faire le jour sur les ques-
Itions de plagiat si fréquentes au temps de Léonard; la question est
souvent très déUcate à juger, aussi l'auteur est-il toujours resté
|dans les hmites d'une sage prudence, tout en ne cachant rien de ses
onviction>s. É- Chailan.
— 416 —
OUVRAGES POUR LA JEUNESSE
Romans, contks f.t mouvelles. — 1. La Ba^ue d'opale, par M. Maryan. Paris,
Firmin-Didot, s. d., in-18 de 349 p., 2 fr 50. — 2. Roselyne, par M. Maryan. Paris,
Henri Gautier, s. d., in-18 de 305 p., 3 fr. — 3. La Route choisie, par Marc Debrol.
Paris, Lethielleux, s. d., in-12 de 251 p., 2 fr. 50. — 4. U Ame de Pilote, par Jeanne
DE Coulomb. Paris, Henri Gautier, s. d'., in-18 de 319 p., 3 fr." — 5. 0 Jeunesse/
par Mathilde Aigueperse et Roger Dombre. Paris, Henri Gautier, s. d., in-18
de 319 p., 3 fr. — 6. Le Mari de la vcuve, par B. de Buxy. Paris, Henri Gautier,
s. d., in-16 de 325 p., 3 fr. — 7. Les Féodaux, par Yves Le Febvre. Paris, Stock,
1909, in-12 de 357 p., 3 fr. 50. — 8. Le Cottage fleuri, par Lucie des Ages. Paris,
Haton, s. d._, in-12 de 245 p., 2 fr. — 9. ^ tour de bras, histoires du temps présent,
par Jean des Tourelles. Paris, Lethielleux, s. d., in-12 de 190 p., 1 fr. 50. —
10. Petite José, par Pierre Perrault. Paris, Henri Gautier, s. d., in-18 de 316 p.,
3 fr. — \\. La Famille Ellis,^3.v Michel Auvray. Paris, Haton, s. d., in-8 de 216 p.,
2 fr. 50. — 12. Fidèle à Dieu, par F. de Noce. Paris, Haton, s. d., in-12 de 288 p.,
3 fr. — 13. Face au devoir, par Edmond Coz. Paris, Maison de la Bonne Bresse, s. d. ,
in-12 de 302 p., 0 fr. 75. — 14. De-ci, de-là, légendes et fantaisies, par Berthem-
BoNTOUx. Avignon, Aubanel, s. d., in-12 de x-223 p., 3 fr. — '■ 15. ie Journal
d'un potache, par Jean Vézère. Paris, Maison de la Bonne Presse, s. d., gr. in-8 de
123 p. à 2 colonnes, illustr. de Damblans, 1 fr. — 16. Les Vacances de Suzette pour
1909. Paris, Henri Gautier, 1909, petit in-8 de 192 p., illustré, 1 fr. — M. Le Château
de Pontinès, par V. Mag. Paris, Maison de la Bonne Presse, s. d., in-12 de vi-252, p.,
0 fr. 75. — 18. La Chevauchée des reîtres, par Charles Lesbruyères. Paris, Mai-
son de la Bonne Presse, s. d., in-12 de 341 p., 0 fr. 75. — 19- Jeunes Gloires, par
René Gakll. Paris, Maison de la Bonne Bresse, s. d., in-12 de 400 p., 0 fr. 75. —
20. Au bord du lac, parMiCHEL Auvray. Paris, Roger et Chernoviz, 1910, in-16
carré de 219 p., illustr. de Gravelle, 2 fr. — 21. Chassés du nid, par Chéron de la
Bruyère. Paris, Roger et Chernoviz, 1910, in-16 carré de 286 p., illustr. de Gra-
velle, 2 fr. — 22. La Villa aux cerises, par Lucie des Ages. Paris, Roger et Cherno-
viz, 1910, in-16 carré de 238 p., illustr. de Gravelle, 2 fr. — 23. Mon premier Voyage,
par F. DE NocÉ. Paris, Roger et Chernoviz, 1910, in-16 carré de 268 p., illustr. et
photograv. , 2 fr. — 24. La Fille du corsaire, roman d'aventures maritimes, par
Jean Drault. Paris, Roger et Chenoviz, 1909, in-16 carré de 288 p., illustr. de Gra-
velle, 2 fr. — 25. Mirage et réalité, par F. de Nocé. Paris, Roger et Chernoviz,
1909, in-16 carré de 272 p., illustr. de Gravelle, 2 fr. — 26. Trait d'union, par Mar-
guerite Levray. Paris, Roger et Chernoviz, 1910, in-16, carré de 294 p., illustr.
de Gravelle, 2 fr. — 27. Le Roc-Maudit, par Marguerite Levray. Paris, Roger
et Chernoviz, 1910, in-16 carré de 285 p., illustr. de Gravelle, 2 fr. — 28. Les Cent
mille Curiosités d'hier et d'aujourd'hui, par Henri Cordonnier. Paris, Roger et
Chernoviz, 1910, in-16 carré de 287 p., 2 fr. — 29. Muguette, par Jean Barbet de
Vaux. Paris, Roger et Chernoviz, 1910, in-16 carré de 287 p., illustr. et photograv.,
2 fr. — 30. Le Général Dur à cuire, par Lucie des Ages. Paris, Roger et Chernoviz,
1910, in-16 ca^'é de 234 p., illustr. de Gravelle, 2 fr. — 31. Le Perroquet du canîi-
nier, par Jean Drault. Paris, Roger et Chernoviz, 1910, in 16 carré de 287 p ,
illustr. de Gravelle, 2 fr. — 32. Le Dernier Duc de Bretagne, par Paul-Yves Sé-
billot. Paris, Union internationale d'éditions, 1909, in-16 de viii-204 p., 1 fr. 50.
Pièces de théâtre. — 1. Bernadette et Lourdes, drame historique en un prologue,,
cinq actes et dix tableaux, par l'abbé Joseph Oger. Paris, Haton, 1909, in-8 de
90 p., 1 fr. 50. — 2. Lourdes et Bernadette, drame historique en un prologue, cinq
actes et dix tableaux, parle même. Paris, Haton, 1909, in-8 de vi-9k p., 1 fr. 50. — j
3. La Bienheureuse /eanne ci' .4rc, drame historique en quatre actes et douze tableaux,
par le même. Paris, Haton, 1909, in-8 de 67 p., 1 fr. 50. — 4. Jeanne d'Arc, drame'
en cinq actes pour jeunes filles, par Jehan Grech. Paris, Haton, s. d., in-18 dej
1 fr. — 5. Le Cœur de Jeanne d'Arc, drame historique en trois actes et apothéose,
pour jeunes filles, par le même. Paris, Haton, s. d., in-18 de 71 p., 1 fr. — 6. Une
Fille de Fra Diavolo, petit opéra comique en trois actes avec prologue, par le même.
Paris, Haton, s. d., in-16 de 81 p., 1 fi . — 7. Le Jongleur de Lavardin, saynète en
vers, par Simon Davaugour. Paris, Haton, s. d., in-12 de 44 p., 1 fi'. — 8. Le Bar'
— 417 —
hier de Pézenas, saynète en vers, par le même. Paris, Haton, s. d., in-12 de 24 p.,
1 fr. — 9. Les Bretons de Duguesclin, épisode dramatique en vers, par le même!
Paris, Haton, s. d., in-12 de 23 p., 1 fr.— 10. Une Séance du Conseil d'Empire soiis
Pierre le Grand, scène dramatique en vers, par le même. Paris, Haton, s. d., in-12
de 22 p., Ifr. — 11. La Villa du Doux- Repos, comédie en un acte, par Ch. Le Roy-
ViLLARS. Paris, Haton, s. d., in-18 de 81 p., 1 fr. — 12. La Cage aux œufs d'or,
comédie en trois actes, par le même. Paris, Haton, s. d., in-12 de 106 p., 1 fr. —
13. La Dernière Farce de Hlarfailloux, comédie en trois actes, par le même. Paris
Haton, s. d., in-12 de 105 p., 1 fr. — 14. L'Accident de la rue Saint-Ferréol, comédie
en un acte, par Erin de Saint-Yrieix. Paris, Haton, s, d., in-12 de 55 p.', l fr.
15. Le Quart d'heure de Rabelais, comédie bouffe en deux actes et tiois tab.eaux
avec chœurs et couplets, par J. Reginald. Paris, Haton, 1909, in-8 de 32 p., l fr.—
16. J'étouffe/ j'étouffe! monologue comique, par Pancrace. Paris, Haton, s. d.
in-12 de 7 p., 0 fr. 50. — 17. Chez l'ami Printemps, monologue en vers, par Eugène
Palazzi. Paris, Haton,s. d.,in-12 de 7 p., Ofr. 50. — 18. Julien V Apostat, àrd,m&
chrétien en trois actes et en vers, par l'abbé Ducousso. Paris, Haton 1908
)«-12 de 59 p., 1 fr. — 19. Ripoche, drame vendéen en un acte, par ]"ab'bé de'
Martrin-Donos. Paris, Haton, 1909, in-12 de 24 p., 0 fr. 50. i ^ j.. ... j.j ■■,
RoAtAiXS, CONTES ET NOUVELLES. — 1. — La Bague d'opale est un
des plus jolis ouvrages de l'auteur aimé du public qu'est M^e Maryan.
Guyonne Lehard est la fille d'un officier de marine et d'une mère
créole, bonne, jolie et langoureuse, qui, après la mort de son mari,
s'appuie sur la personnalité plus vigoureuse de sa fille unique. Les
deux femmes habitent à Paris un modeste appartement et Guyonne
travaille avec courage pour ajouter au très petit revenu qui les
fait vivre. Une nouvelle inattendue vient bouleverser leur monotone
existence : Horace Thouvelier, richissime banquier, a laissé à Guyonne
un manoir en Bretagne et une ferme; mais M^ie Lehaj-d, qui a connu
autrefois Thouvelier, qu'elle déteste et qu'elle craint, voit ce legs
avec répugnance, et Guyonne, influencée par sa mère, hésite àl'accepter.
Elle se décide cependant à le faire sur les représentations de l'amiral
Faury, vieil ami de son père, qui, au nom de la raison, combat les
impressions irraisonnées de M'"^ Lehard. En arrivant dans son nou-
veau domaine, la jeune fille est enchantée : le vieux manoir, où por-
traits et meubles d'autrefois sont restés à leur place, le pays pittores-
que, la joie d'être chez elle, tout la ravit. Puis, peu à peu, elle se rend
compte qu'une influence hostile, mystérieuse, mais tenace, la pour-
suit : les voisins la fuient, le curé se dérobe à ses avances. Évidemment
un secret plane sur le manoir. L'amiral Faury, appelé par ses amies,
perce le mystère : pendant la Révolution, Brutus Thouvelier a commis
un crime dont l'innocente Guyonne est victime : héritière du manoir,
elle hérite aussi de la malédiction qui s'attache à ceux qui l'ont enlevé
aux propriétaires légitimes. Laissons à nos lecteurs le plaisir de dé-
couvrir comment tout finit par s'arranger au prix de souffrances et
de sacrifices. Guyonne abandonne Ploharnel à la dernière de la famille,
jadis frustrée par les Thouvelier, mais, après un temps d'épreuve,
elle y revient, mariée à Pol de Tréhas, le nouveau maître du domaine,
devenu l'unique descendant des anciens seigneurs. Elle porte au doigt
Novembre 1909. T.GXVI. 27.
— 418 —
« la l)agiio d'opale », talisman do la iamillo, qui doime son nom à ce
joli volume. Inutile d'ajouter que les sentiments y sont parfaits; la
légère teinte de mystère, qui enveloppe le récit, n'est pas sans y ajou-
ter du charme.
2. _ Rmehjne est veuve sans avoir été mariée; à dix-huit ans,
elle épouse le baron d'Herbelin, qui meurt en wagon, quelques heures
après la cérémonie. Roselyne s'est mariée saas amour, pour sauver
de la ruine son grand-père, M. Demi^yne, un vieux savant qu'elle
adore; mais cet acte, dont il ignore le mobile, la fait juger sévèi'ement
par son cous-in, Staiïe de Pontchâtel, vraiment trop peu bienveillant
pour sa petite cousine. Il finit cependant par lui pardonner et par
l'épouser, après avoir rendu à la famille d'Herbelin la grosse fortune
du premier mari de Roselyne. L'élément le plus attachant de ce ro-
man ce sont moins les malentendus assez ordinaires de Stane et de
Roselyne que les descriptions vraiment charmantes du manoir breton
de Kerlosquen, vieille maison de famille, simple et rustique, mais
illuminée de foi, d'alîection et de dévouement. Un vieux prêtre et
deux vieilles filles y gardent le nid famiUal, largement ouvert à tous,
et y continuent les saines traditions des aïeux.
3. La morale de la Roule choisie, dont les lecteurs du Correspon-
dant ont eu la primeur, peut se résumer dans la phrase qui termine
le hvre : « Les routes faciles ne sont pas toujours les meilleures, celles
qui mènent au vrai bonheur. » Jeanne Martel, jolie et fine Parisienne,
avec des instincts plus élevés que ceux de son frivole entourage,
finit par apprendre cette vérité, au prix de quelques souffrances.
Elle aime son cousin, M. de Croisé, riche, oisif, plus brillant que solide
et qui ne l'aime pas, tandis qu'à côté d'elle Pierre Darras, garçon
travailleur, dont la modestie dissimule la réelle valeur, a pour elle
une profonde affection. La déception qu'éprouve Jeanne du côté
de son cousin imprime à son âme faible et légère une orientation
nouvelle ; insensiblement, la jolie Parisienne s'éprend de Dai-ras et
accepte la vie utile et austère qu'il lui offre. L'auteur a sur la vie, son
but, sa vraie valeur, des idées très justes; son style est alerte et facile,
il indique avec agrément, sans trop appuyer, la note morale de ce
volume qui, selon les termes consacrés, « peut être mis entre toutes
les mains «.
4. __ Dans VAme de Pilote, M'"^ de Coulomb met en scène un homme
comme il y en a beaucoup,— car les Pilâtes sont de tous les temps,—
lequel, par faiblesse, plutôt encore que par perversité, trahit sa cons-
cience. Guillaume Vitalis, sous-préfet de la République, garde au
fond du cœur l'empreinte des traditions de foi et d'honneur que lui
ont léguées une lignée d'ascendants catholiques. De là, ses défaillances,
ses regrets, ses remords, quand sa femme incroyante et ambitieuse et
— 419 —
ses amis politiques font de lui un « blocard ». Ce faible finit pourtant
par se ressaisir; mais alors, sa carrière se brise, sa femme se sépare
de lui et il rentre meurtri, mais repentant, au vieux foyer de famille,
avec sa fille Nicole, petite âme charmante que l'acte de son père va
soustraire aux influences malsaines qui, jusque-là, ne l'ont pas enta-
mée. Comme on le voit, les idées de l'auteur sont excellentes; elle
écrit avec facilité, et s^s jolies descripLions de la rature en Auvergne,
province si attachante malgré sa rudesse, ont un air « vécu ».
5. — 0 Jeunesse! est un roman pai correspondance; les héros en
sont Pierre d'Horvéal et sa sœur Odette. Le premier refuse de faire
un mariage sans amour et s'insurge contre ses tantes, très entichées
de préjugés nobiliaires; la seconde donne son cœur et promet sa main
à un ami d'enfance, gentilhomme campagnard ?ans particule, mais
possédant toutes les qualités d'un homme noble, fort et chrétien.
Les lettres d'Odette surtout sont jolies et amusantes et, malgré la
donnée très simple du récit, l'intérêt se soutient, grâce au charme
prime-sautier de cette correspondance entre le frère et la sœur. Tout
finit pour le plus grand honneur des intéressés, et les tantes, bonnes
personnes au fend, finiront par accepter le fait acctmpli avec résigna-
tion, sinon avec enthousiasme.
6. — Le volume intitulé : Le Mari de la veuve, fait suite à la Veuve
de Quinze ans, que nous avons analysé il y a quelques mois. Jean-
Jacques Coronat est affilié aux sectes anarchistes et ses pai'ents,
honnêtes paysans de la Bresse, ne savent que très vaguement quelle
est sa coupable et dangereuse carrière. Sa femme Calician n'est
guère mieux renseignée. Ce Jean-Jacques, fanatique à froid, très
déplaisant du reste, est tué en cherchant à faire sauter le dôme de
Saint-Pierre; mais l'identité du coupable n'est pas découverte et sa
famille qui, seule, connaît le secret, s'engage à le garder toujours.
De là pftur Calician, libre sans être hbérée, l'obligation de rester
veuve, sans pouvoir reconstituer sa vie. Heureusement peur elle,
la loi a prévu le cas, et, après les délais voulus, elle épouse le frère
de son mari, Didier Coronat. Ce volume, comme les autres livres de
M"^e de Buxy, est inspiré par des sentiments religieux; la conception
du roman est originale et les descriptions de la nature ont une note
poétique, mais l'ensemble manque un peu de clarté.
7- ■ — L'auteur des Féodaux a pris pour personnages principaux
de son récit le vieux comte d'Aujou, Foulques Nerra, et son fils rebelle
Geoffroy-Martel. Autour de ces deux guerriers, il a groupé une armée
de féodaux du xi*^ siècle, natures frustes et féroces, plus supersti-
tieuses que vraiment religieuses, affamées de luttes armées. Son récit
a du mouvement et de la couleur locale; au milieu de ces batailleurs,
se détache la pure figure d'une jeune fille, Richilde de Montrichard
— 420 —
et le cuntraste ne manque pas de pittoresque. Pturquoi faut-il que
dans deux ou trois passages, très courts du reste, des expressions
trop réalistes déparent univolume, bien écrit, destiné à la jeunesse?
8. — Le Cottage fleuri nous transporte dans un milieu moins mouve-
menté. C'est un récit simple, avec une note religieuse accentuée. La
question sociale, si fort discutée de nos jours, y est traitée de telle
faç ai qu'elle est accessible même aux enfants, à qui ce vo-
lume s'adresse. L'auteur, sans se répandre en lamentations stériles
sur le malheur des temps, prêche aux jeunes lecteurs, sous une forme
fictive, le mérite de l'effort intelligent et dévoué, qui rend le présent
meilleur et qui, par conséquent, prépare l'avenir.
9. — C'est aussi le but que se propose l'auteur si connu de A tour
de bras, M. Jean des Tourelles; seulement sa plume alerte est plus
mordante et plus incisive. 11 flagelle sans pitié les lâchetés, les trahi-
sons et les tyrannies, renverse les sots préjugés qui courent les rues
et fait œuvre d'apôtre, sous une forme famiUère,
10. — Petite José est un livre pour les enfants; histoire d'une
petite fille élevée par sa tante, dont la vie modeste est très belle
d'abnégation et de vaillance. Ce volume révèle chez l'auteur des sen-
timents excellmts, une note religieuse juste et un amour éclairé pour
les enfants, dont il a pénétré les petites âmes à la fois naïves et sub-
tiles; mais l'intérêt reste plutôt médiocre.
11. — Nous en dirons autant de la Famille Ellis, histoire d'un
capitaine, qui, ayant refusé, au moment des inventaires, de
marcher contre un couvent, voit sa carrière brisée et sa famille
réduite à la gêne. Il se retire à la campagne, où il trouve un
modeste emploi; ses deux enfants, Marc et Sabine, sont recueillis par des
parents riches, et tous, chacun dans sa sphère, répondent aux espé-
rances fondées sur eux; à la fin, nous voyons le capitaine en possession
d'une position meilleure, qui ramène l'aisance à son foyer. La note
générale est chrétienne, mais le style, assez ordinaire, manque
de mouvement et de couleur.
12. — En restant Fidèle à Dihi, Hélène Méricourt embrasse une vie
de martyre. Élevée dans un village des montagnes entre son curé
et son père ii\firme, elle épouse un savant, Gilbert Thevenot, qui s'est
épris de sa jolie figure et de son caractère très doux. JMais, rentré
dans son miUeu mondain et incroyant, Gilbert néghge sa femme,
qui est admirable de dévoûment et de patience, bien que par trop
sermonneuse. Hélène, humiUée par son mari, tyramiisée par sa belle-
mère, perd son fils unique, sa seule joie, et meurt toute jeune, plus
encore de chagrin que de maladie. Gilbert, peu sympathique mais
repentant, se fait prêtre et missiomiaire. Encore un volume où les
sentiments sont plus parfaits que le style.
— 421 —
13. — Dans Face au devoir, une famille ruinée est obligée de ^e
retirer à la campagne, et ce changement de vie devient, dans la suite,
un bonheur, tant pour les intéressés que pour leurs pauvres voisins
dont Aliette de Virement est la providence. Inspirés par elle, son père
et son frère font aussi Face au devoir et cessent d'être des inutiles.
Tel est le fond du récit, sur lequel se greffent des épisodes secondaires;
le tout est écrit dans un style oïdinairo, et l'ag'encement général est
assez confus.
14. — De-ci^ de-là, est un recueil d'histoires très courtes, écrites
en un style aisé et qui conviennent aux enfants. L'auteur des Paillettes
d'or a écrit la Préface du volume et l'évêque de Gap loue M. Berthem-
Bontoux d'avoir cherché à « élever les âmes de la jeunesse ».
15. — Le Journal d'un potache est l'histoire, contée avec naturel
et vérité, des tristesses, des faiblesses, des efforts, des difficultés,
des aspirations d'un collégien. Le style de l'auteur est alerte, vivant,
plein de bonne humeur; son livre convient aux garçons de douze à
treize ans, qui y trouveront une note à la fois sérieuse et gïie; il
touche, sans pesanteur, aux questi(.ns actuelles, et les traite comme
il convient quand on s'adresse à un public jeune qu'il faut instruire,
sans l'ennuyer.
16. — Les Vacances de Suzette conviendront aux toutes petites
filles, qui y trouveront des contes, des comédies, des travaux de cou-
ture, un peu de science même, le tout approprié à des lectrices de sept
ou huit ans.
17. • — Le Château de Pontinès s'adresse à des lecteurs plus âgés;
c'est un récit mouvementé, où sont réunis tous les éléments
qui peuvent captiver l'intérêt des enfants : brigands mysté-
rieux, souterrains, surprises, combats, aventures dramatiques, etc.,
le tout dans un esprit excellent et se terminant, le mieux du monde,
par trois mariages.
18. — La Chevauchée des reîtres, de la même série, nous transporte
au xvi*^ siècle, au temps des Guise. La vaillante figure du Balafré
traverse le récit, au cours duquel les ligueurs et les « reîtres » se
livrent de rudes combats; aussi l'intérêt se soutient-il jusqu'à la
dernière page.
19. — Jeunes Gloires comprend trois récits : le Messager du Tsar^
Fleurs de sang et Quand mppie. Comme les deux volumes précédents,
celui-ci est destiné aux enfants : ce sont des histoires de guerre qu'ins-
pire un vif sentiment rehgieux et patriotique. Excellent petit volume
à propager dans tous les milieux.
20. — Au bord du lac nous raconte l'histoire de la comtesse de Fon-
teroche et de ses enfants qui, ruinés par les imprudences du chef de
famille, habilement exploités par une créancière sans pitié, sont obli-
_ 422 —
^és de vendre leur beau domaine, au bord du lac Léman. Ils ge retirent
dans le Jura, où ils vivent pauvrement, mais avec une dignité et un
courage qui sont récompensés, même en ce monde. M™^ Valmer,
la créancière qui a acquis injustement leur château familial, perd
son fils unique André, blessé mortellement dans un combat en Algérie,
assisté et consolé par le jeune Lionel de Fonteroche. Sa mère, frappée
au cœur, lui survit à peine, et lègue le château ylw bord dU lac à ses
anciens propriétaires. Ce roman, écrit dans un style simple, est plein
d'excellents sentiments; il conAdent aux enfants.
21. • — Les mêmes remarques s'appliquent à Chassés du nid, de la
même série. Dans la famille de Sélanne, il y a, nous dit-on, des tour-
terelles et des corbeaux. Les tourterelles: Hélène de Sélanne et sa mère,
sont Chassées du nid pai* les corbeaux, qui sont M. de Sélanne, joueur
incorrigible, sa fille Alberto, égoïste et tyrannique, et M^^^ Terrien,
Une sœur qui sème la discorde dans l'intérieur de son frère. Hélène, l'hé-
roïne du récit, traverse avec un tranquille courage des épreuves
cruelles, dont la plus dure n'est peut-être pas la pauvreté qui l'oblige
à se faire maîtresse d'école : cette tourterelle n'a rien de langoureux,
et c'est grâce à elle, en grande partie, que son père meurt repentant,
que sa sœur s'amende et que le foyer de famille, un instant détruit,
peut se reconstituer sur de nouvelles bases.
22. ■ — La Villa aux cerises appartient à un avocat, ^L Tellicr, veuf
sans enfants, déjà âgé, qui recueille les sept orphelins de son beau-
frère, au grand scandale de sa vieille servante Annie. La bonne femme
finit cependant par s'attendrir et partager l'affection de son maître
pour les orphelins, dont le volume qui nous occupe raconte les des-
tinées diverses, les efforts, les fautes, les vertus et les succès. Srmme
toute, la charité de M. TelUer est bien^placée et ses protégés lui font
honneur. Comme les ouvrages qui précédent, celui-ci est écrit pour
les enfants de dix à douze ans.
23. ■ — Mon premier Voyage, toujours de la même série, s'adresse
à des lecteurs un peu plus âgés. C'est le récit d'un voyage en Orient;
les observations y sont justes, les descriptions intéressantes. La jeune
fille qui raconte ses pérégrinations à travers la Palestine et 1 Arabie
le fait avec une simplicité qui n'est pas sans charme et, en sa com-
pagnie, les petites Françaises retenues au foyer apprendront à con-
naître l'Orient, avec ses traditions, ses légendes et sa poésie.
24. — Le volume de M. Jean Drault, la Fille du corsaire, est d'allure
plus mouvementée. La fille du corsaire y joue cependant un rôle
plus effacé que le corsaire lui-même, nouveau Robinson Crus( ë,
échoué dans l'île Maurice, qui, à cette époque lointaine (il s'agit du
seizième siècle), était encore inhabitée. Les aventures de Jacques
Antheaume et celles de son jeune compagnon le pilote dieppois
— 423 —
Abel Capron, sont racontées dans le style alerte et pittoresque dont
M. Jean Drault est coutumier; elles auront un succès assuré auprès
des petits lecteurs auxquels elles sont destinées.
25. , — Mirage et réalité nous transporte dans un milieu du ving-
tième siècle, où Denise Cliaumont, jeune institutrice d'origine obscure
mais dévorée d'ambition, est séduite par le « mirage » des succès
mondains, auxquels elle est peu hai)ituée. Le « mirage » ne lui apporte,
en fin de compte, que désillusion et tristesse. Heureusement, pour elle,
la « réalité » de la vie lui apparaît alors sous la forme d'une jeune femme
intelligente et charitable, dont le charme fait accepter à Denise les
austères leçons et qui, avec isn tact infini, la remet dans sa vraie sphère
de travail et de dévoôment. Récit moral, dans une note simple, d'un
intérêt médiocre.
26. ■ — Les aventures du petit Marc de Botteler sont plus drajnatir
ques : fils d'un franc-tireur alsacien tué pendant la guerre, l'enfant,
que sa mère croit mort avec son père, est volé par des saltimbanques.
Avant de devenir le Trait d'union qui rapproche les membres divisés
de sa famille, le pauvre Marc passe par de rudes épreuves et l'affection
touchante que lui montre le clown Barnabe est le seul point lumineux
de sa douloureuse enfance. Plus tajd., recueilli par le général de Gièves
et élevé par ses soins, Marc a l'occasion de rendre à son bienfaiteur
un service signalé; en même temps, il retrouve sa mère qu'il a si long-
temps cherchée en vain. Celle-ci n'est autre que la fille cadette du
général, reniée par lui jadis, sous un prétexte futile, ce qui, avouons-le,
parait bien invraisemblable, étant donné le caractère élevé et les sen-
timents chrétiens du vieux soldat. Marc, l'heureux «trait d'union »
de cette famille longtemps divisée, est un caractère sympathique;
son histoire est racontée dans un style facile, avec une note religieuse
très nette.
27. — Le Roc-Maudit doit son nom aux légendes tragiques qui
flottent autour du vieux château en ruines des seigneurs de Miossac;
et le propriétaire du Château neuf, Christian Lamarelle, semble avoir
hérité de la malédiction qui pèse sur le lieu, dont le testament de son
oncle l'a rendu possesseur. Sa sœur, la petite Huguette, arrivant à
seize ans de son lointain couvent, s'étonne du mystère qui enveloppe
cet homme impénétrable que ses voisins regardent avec répulsion.
Quand elle découvre quelle est la cause de cet ostracisme, Huguette,
âme pure, généreuse et aimante, se consacre tout entière au salut
du frère qu'elle a appris à aimer, et réussit à le remettre dans la voie
droite. Christian, âme noble un instant dévoyée, devient missionnaire,
et Huguette, dépouillée de sa fortune par l'acte réparateur qu'elle a
provoqué, retrouve le bonheur et la paix. Malgré quelques invraisem-
blances, ce récit n'est pas sans intérêt et la pointe de mystère qui
— 424 —
s'y trouve en augmentera le charme aux yeux des jeunes lecteurs.
28. — Les Deux mille Curiosités d'hier et d'aujourd'hui forment un.
de ces recueils que les grandes personnes, aussi bien que les enfants,
ouvrent d'une main peut-être distraite, mais qui finit par les inté-
resser. Il s'y trouve de tout un peu : des légendes, des faits histon-
ques peu connus, des incidents grotesques, des histoires de collec-
tionneurs, des traits piquants, des statistiques curieuses, etc., etc.;
et ce recueil si varié peut être mis dans toutes les mains.
29. — Encore une histoire d'enfant recueilli par des saltimbanques;
mais Muguette n'a pas été volée à ses parents; elle a été, au contraire,
charitablement adoptée par le dompteur Marins Bizon et sa femme Ro-
sine, qui ont eu pitié de la petite abandonnée. Élevée par ces braves
gens, Muguette devient à son tour une « dompteuse », dont la célébrité
se répand à travers toutes les foires du pays de Provence. Son instruc-
tion religieuse est entreprise par M"^' Daurigny, directrice d'une école
foraine, figure sympathique, pour laquelle la célèbre M"e Bonnefon a
évidemment servi de modèle. En somme, quand Muguette est retrouvée
par son vrai père, elle est, malgré sa vie étrange, une charmante petite
fille, aiïectueuse et bonne, pieuse et dévouée, qui a appris à s'occuper
des autres. Cette histoire est contée avec agrément, les descriptions
de la Provence sont jolies et le sentiment religieux anime l'auteur.
30. — Le Général Dur-à-cuire est la terreur de ses voisins, grands et
petits; son caractère intraitable s'est encore aigri depuis sa séparation
d'avec son fils unique Gérard, avec lequel il a rompu toutes relations
parce que Gérard est devenu peintre au lieu d'être soldat et qu'il a
épousé une jeune fille d'origine. allemande. L'influence d'André, son
petit-fils, d'abord repoussé par le général, mais qui fait ensuite sa con-
quête, pénètre la rude écorce du vieux soldat et, à la dernière page,
le Général Dur-à-Cuire n'existe plus : il s'est trani formé en un grand-
père modèle qui convie à un goûter monstre les enfants du village,
dont il a été l'épouvantail.
31. ■ — Le Perroquet du cantinier, comme les trois autres petites
nouvelles du même volume, est écrit dans la note comique, dont
M. Jean Drault a le secret et qui divertira les petits lecteurs.
32. — Autre est la tendance du Dernier Duc de Bretagne, écrit pour
des lecteurs plus âgés. C'est le tableau de la lutte entre la Bretagne in-
dépendante et la France, sa puissante voisine, sous François II, dont
la fille Anne apporta en dot au roi Charles VIII son beau duché.
Aux récits de guerre se mêlent les aventures d'Yves de Kergoat et de
sa fiancée Jane de Lesmeur, aventures dramatiques dont les jeunes
lecteurs, entraînés par l'intérêt, ne critiqueront pas les invrai-
semblances. A la fin du volume, un vieux barde évoque, dans
une vision prophétique, aux yeux du dernier duc, la prochaine réunion
— 425 —
de la Bretagne à la France; François II meurt d'épouvante.
Comme le dit M. Le Goffic dans sa préface, «c'est le livre d'ur débu-
tant très bien doué pour le r<:man d'aventures ».
Pièces de théâtre. — 1. — M. l'abbé Joseph Oger, dont nous
avons signalé, il y a quelques mois, les Scènes évangéliques, nous
donne, sous le titie de Bernadette et Lourdes^ un drame historique,
avec un prologue, cinq actes et dix tableaux, . pour les théâtres do
jeunes filles. L'auteur a cherché à garder aux personnages leur vraie
couleur et leur vr&i caractère; il explique, dans une note très claire,
comment le drame peut être joué dans les œuvres catholiques et donne,
à ce sujet, des indications pratiques, qui seront utiles aux directrices
des patronages et des écoles chrétiennes.
2. — Les mêmes remarques s'appliquent au drame historique
Lourdes et Bernadette^ par le même auteur, sauf qu'ici, la pièce étant
destinée aux œuvres de jeunes gens, M. l'abbé Oger l'a arrangée de
façon à remplacer les rôles de femmes par des rôles d'hommes ou
d'adolescents. Dans les deux pièces, il y a des chœurs qui tiennent
une place considérable dans l'ensemble du drame.
3. — La Bienheureuse Jeanne d'Arc^ du même auteur, est, comme
ses pièces sur Lourdes, toute d'actuahté. C'est un drame en quatre
actes et douze tableaux, avec des personnages nombreux, puisque
t Jute la vie de l'héroïne s'y déroule, depuis Domremy jusqu'à Rouen.
La pièce est précédée d'une lettre de Mgr Rumeau, évêque d'Angers,
qui loue cette œuvre de patriotisme et de foi, propre à entretenir
dans la jeunesse « l'amoui du devoir >'. Dans une note, l'auteur donne
pour ce drame, comme pour les précédents, des indications nettes
et pratiques, qui concernent la n ise en scène, les rôles, la musique,
les décors de la pièce.
4. — Jeanne d-'Arc a aussi inspiré M. Jean Grech, dont le drame
en cinq actes convient aux œuvres de jeunes gens. Il y a une trentaine
de rôles, sans compter les personnages miiets.
5. • — Le Cœur de Jeanne d'Arc, par le même, est écrit pour les pa-
tronages de jeunes filles. Le drame, destiné aux jeunes' gens, est plus
strictement historique : c'est, en somme, la vie de Jeanne qui se pour-
suit sous les yeux du spectateur; celui-ci, plus allégorique, comprend
trois actes : Domremy, Orléans, Beaurevoir et se termine par une apo-
théose. Cette apothéose est elle-même divisée en trois tableaux cor-
respondant à trois dates célèbres : le 30 mai 1431, jour du martyre
de Jeanne; le 7 juillet 1456, jour de sa réhabihtation par le procès
de Paris-Rouen; le 18 avril 1909, jour de sa béatification par Pie X.
Une partition musicale, avec accompagnement de piano par M. Jos.
Blanche n, est le complément nécessaire de cette pièce, où le caractère
simple et fort de l'héroïne est bien mis en lumière.
— 426 —
6. — Une Fille de Fra Diavolo, par le même, est un petit opéra-
comique, gai, facile à jouer. Deux reines en sont les héroïnes : Marie-
Caroline, reine de Naples, proscrite par Napoléon, et Diavola, reine
des brigands de CalaJore, qui consacre au service des Bourbons Tin-
fluence dont elle jouit dans le pays. Il y a trois actes et une dou-
zaine de rôles, tous des rôles de femmes. Cette pièce, qui est accom-
pagnée de musique, convient aux œuvres de jeunes filles.
7. — Le Jongleur de Lavardin est une saynète en vers, dont les
sept personnages sont tous masculins; elle vise le œuvres de
patronages et quelques-uns des vers sont d'une gracieuse allure.
8. — Nous en dirons autant du Barbier de Pézenas, qui a six rôles
pouvant être joués par de jeunes garçons. L'illustre Molière passe à
Pézenaa,et le barbier du lieu,mc.ître Gely, lui décrit d'une si plaisante
façon les habitants du pays, que Molière, fort amusé de ses bavar-
dages, lui donna en le quittant cette assurance : « On parlera de
vous dans ma biographie ».
9. — Les Bretons de Diiguesclin ont une note plus grave : plusieurs
des rudes compagnons du héros breton, pris par le mal du pays,
songent à abandonner une guerre interminable et à rentrer secrète-
ment dans leurs foyers. Le jeune barde Yannec réveille par ses chants
leur ardeur guerrière, et quand Duguesclin fait appel à leur dévoûment
ils sont « capables, s'il le faut, de mouru' dans une heure ». Un souffle
poétique et patriotique a inspiré l'auteur de cet épisode dramatique
qui compte quelques jolis vers. Les sept rôles sont tous des rôles
d'hommes.
10. — U?}e Séance du Conseil d'Empire, du même auteur, est une
scène dramatique en vers, qui nous transporte en Russie, au moment
où le tsar Pierre le Grand se prépare à venir en France. Son Conseil,
d'abord hostile à ce projet, s'y range ensuite avec un empressement,
qui vient de la terreur qu'inspire le terrible autocrate. Les six rôles
sont des rôles d'hommes.
IL — La Villa du Dàux-Repos, est une comédie en un acte, dont les
dix rôles sont "des rôles de femmes. La pièce, destinée aux jeunes filles,
est d'allure gaie; la colonelle de Pcntgibard, qui en est l'héroïne, ne
trouve pas à la villa, au nom prometteur, le repos rêvé, mais, en re-
vanche, elle finit par s'amuser franchement des divers incidents qui y
rendent son séjour très mouvementé.
i2. — La Cage aux œufs d'or est, comme la pièce précédente, une
comédie gaie, destinée aux jeunes filles. Elle a trois actes et comprend
huit rôles, tous des rôles de femmes.
13. — La Dernière Farce de Marjailloux, comédie en trois actes,
^st au contraire écrite pour les jeunes gens. C'est, en somme, a peu
près la même donnée que la pièce précédente : l'histoire burlesque
— 427 —
d'un héritage. Le vieil Auvergnat dont les parents pauvres se dispu-
tent la succession, leur laisse à défaut de l'argent qu'ils convoitent,
« le droit de marcher le front haut dans la rue », en acquittant leurs
dettes, ce qui n'est pas sans leur causer une vive déception.
14. • — L'Accident de la rue Saint-Ferréol, comédie en un acte pour
jeunes filles, comprend six rôles de fillettes et une partition musicale,
par M. Jos. Blanchon. Petite pièce qui se passe dans le Midi, et dont
le principal mérite est sa couleur locale; sans grande portée, elle con-
viendrait surtout aux enfants.
15. — Le Quart d'heure de Rabelais, comédie boufîe en deux actes
et trois tableaux, avec chœurs et couplets, comprend sept rôles, dont
un de femme peut être facilement transformé pour un homme, la
pièce étant destinée aux œuvres de jeunes gens. Le héros est un
Rabelais légendaire, qui, acculé pour payer son hôtelier et, désirant
par- dessus tout se transporter à Paris sans bourse délier, y arrive
en jouant le rôle d'un dangereux conspirateur, qui veut attenter aux
jours du roi François P^. Le stratagème réussit : Rabelais voyage
pour rien, obtient une entrevue avec le Roi, qui paie ses dettes et le
comble de bontés.
16. ■ — J'étouffel j'éioujje! est un monologue comique, en prose,
très court.
17. — Chez l'Ami Printepips, monologue en vers, dont l'auteur
a, nous dit-il, pour but de « tenter de combattre le monologue immoral
par le monologue moral ».
18. — Julien l'Apostat, drame chrétien en trois actes et en vers,
a été pubhé pour la première fois en 1890; il a obtenu assez de succès
pour mériter une nouvelle édition; les six rôles sont tous des rôles
d'hommes, et la pièce, destinée surtout aux œuvres cathoUques de
jeunesse, a une allure dramatique justîfiant les lettres élogieuses qui
l'accompagnent.
19. — Ripoche, drame vendéen en un acte, est fondé sur une anec-
dote historique : l'humble héros de la pièce a vécu, et il est mort en
prononçant les paroles qui lui sont attribuées. Ce genre de pièce
basée sur des faits réels, est utile pour faire connaître à la jeunesse
chrétienne des actes héroïques, plus admirables souvent que les faits
et gestes de héros imaginaires. Comtesse de Colrson.
THÉOLOGIE
TriflvitiiBi eurliaristiquc et Iii8tr«i*tloiis «»ur la coirniu-
iii4in (luolitlieMue, «l'après les di^ctet* «le t<ia KaJuttteCé
Pie IL, par le P. Jules Lintelo. 2« éd. Tournai et Paris, Casterraan,
1909, in-8 de 180 p. — Prix : 1 fr.
Apré« trcis «n«. àj» l'^s'atique «lu déei*et sur la coatNitft-
— 428 —
■lion C|uoti«lienne dans les qiiaisou!^ d'éducation, par le
P. Jules Lintelo. Tournai et Paris, Casterinan, 1909, in-8 de 47 p. —
Prix : 0 fr. 40.
Le P. Lintelo s'est fait, surtout depuis le décret du 20 décembre 1905,
l'infatigable propagateur, par la parole et par la plume, de la commu-
nion quotidienne. La première de ces deux brochuies donne l'ensemble
des documents et instructions utiles à cet effet. On y trouve tout
d'abord : le décret du 20 décembre 1905, sur la communion quoti-
dienne ; la lettre de la Congrégation des indulgences à l'Épiscopat, 10
avrl 1907, pour l'institution d'un triduum eucharistique annuel dans les
cathédrales et même, autant que possible, dans les éghses de paroisses;
l'Instruction aux prêtres associés do la Ligue eucharistique; un appel
aux prêtres pour qu'ils entrent dans la voie tracée par Rome; diverses
industries et une instruction sur ces documents et sur les moyens de les
faire valoir. Suivent des sujets d'instructions pour le triduum eucharisti-
que, tous ordonnés à promouvoir la communion qu( tidienne, et à écar-
ter les obstacles. Une troisième partie rappelle les principaux moyens à
employer dans les paroisses, dans les patronages, dans les maisons
d'éducation. Je veux signaler en particulier les pages sur l'abstention
systématique d'un jour par semaine. L'auteur n'a pas de peine à
montrer que c'est là un préjugé, et que les raisons que l'on en donne
ne plaident pas pour cette abstention systématique.
— Dans sa deuxième brochure, le P. Lintelo cite quelques faits,
répond aux craintes et aux préjugés, indique quelques conditions de
progrès.
En appendice, un appel aux jeunes gens, propagé par la Ligue de
la communion quotidienne de Toulouse. On y lit que la chasteté « n'est
possible qu'avec la communion quotidienne ». Il y a bien un semblant
de correctif, et le ton est oratoire (avec l'accent méridional). Mais il
reste que c'est exagéré. Il faut remarquer aussi que le décret parle
de communion « fréquente ou quotidienne». C'est pour simplifier, sans
doute, qu'on dit « quotidienne » tout court; et la simplification est
bien dans le sens du décret. Encore est-il qu'il serait bon d'avertir,
ne fût-ce que pour ôtér un prétexte au reproche d'exagération.
J.-V. Bainvel,
SCIENCES ET ARTS
li'Idée de Dieu dans le» sciences oontcmiioralnes. 1. I^e
Firmament, l'atome, le Tlonde végétal, par le D' Louis
MuRRET et le D' Paul Murret. Paris, Téqui, 1909, petit in-8 de
Lvii-464 p. — Prix : 3 fr.'50.
li'Eglise et le Progrès da monde, par Charles Stanton De vas;
traduit de l'anglais par le P. J.-D. Folghera. Paris, Lecofîre, Ga-
balda, 1909, in-12 de in-311 p. — Prix : 3 fr. 50.
Curiosités iiistoriques. HUtoire sangllante de l'Riunia-
— 429 —
•lîté, par Fernand Nicolay. Paris, Téqai, 1909, in-12 de 312 p. —
Prix : 2 fr.
Pour qui sait lire le livre de la nature, en discerner les innombrables
merveilles et remonter à travers la chaîne des causes secondes
j usqu'à leur Cause première, tout, à chaque ligne, proclame la souveraine
sagesse de son Créateur et Ordonnateur. Mais encore, de ee livre lar-
gement ouvert à tous, faut-il savoir faire la lecture, en discerner et
en comprendre les innombrables caractères, en saisir le sens et la
portée infinie. C'est cette lecture que font pour nous les docteurs L. et
P. Murreb, en publiant l'Idée de Dieu dans les sciences contemporaines.
Il vient d'en paraîi^re un premier volume, qui étudie : «Le Firmament,
l'Atome, le Monde végétal ». En deux autres, qui nous sont annoncés,
on envisagera : « Le Monde animal et l'Organisme humain «, et enfin
« les Harmonies générales, physiques et biologiques ». Au premier,
qui a seul paru jusqu'ici, nous n'avons à décerner que des éloges.
Honoré d'une Préface — posthume, hélas ! — du regretté Albert
de Lapparent, il justifie pleinement tout ce qu'annonce ce flatteur
préambule.
La première partie, le « Livre premier », envisage « l'idée de Dieu »
dans y Astronomie^ et trace, en un magnifique tableau, le splendide
résumé de tout ce que la science des astres a accumulé jusqu'à ce jour
de découvertes et de faits merveilleux corroborés par des calculs de la
plus rigoureuse exactitude. A propos du fameux problème des
trois corps, « problème des plus ardus, presque insoluble » quand il
s'agit de « déterminer en vue d'une disposition toujours harmonieuse
les résultats de leurs actions réciproques », il est fait remarquer que,
quand, au lieu de trois corps, il y en a quatre, « c'est fini », la science,
l'analyse mathématique la plus transcendante, est impuissante à ré-
soudre le problème. Or, le nombre des corps et systèmes de corps se
soutenant dans l'espace en un harmonieux équilibre est immense,
presqu'infini : quelle intelligence assez puissante intégrera jamais
l'équation de leurs multiples mouvements? — Ce détail n'est qu'un
exemple pris entre mille. A chaque pas ressoit avec évidence cette
finahté des harmonies de l'univers que seul peut nier un parti pris
systématique et préconçu.
Le Livre II : Physique et chimie moléculaires, prend pour objectif
l'atome, et nous émerveille autant dans les insondables profondeurs
de l'infiniment petit, que tout à l'heure il nous avait comme anéantis
devant les magnificences de l'infiniment gi*and. L'imagination ne
recule-t-elle pas comme effrayée à l'aspect de ce monde, de cet uni-
vers contenu dans l'atome, dont les composants, proportionnellement
à leurs masses, se meuvent, à une distance du noyau central, comparati-
vement semblable à celle des planètes autour du soleil ! Et cet atome
— 430 —
est tellement petit à nos sens grossiers et imparfaits qu'il échappe
même à nos instruments optiques les plus grossissants et ne peut être
atteint que par le calcul. Comme au Livre I^'', nous sommes tenus
à nous borner ici non pas même à uTie analyse écourtée, mais à un
pauvre exemple choisi au hasard.
Nous forons de même au Livre III, la Botanique, où la merveilleuse
finalité divine n'éclate pas moins dans la richesse de la flore terrestre
qu3 dans l'histologie des différentes parties de la plante : feuille, racine,
tige, fleurs et mj^stères de leur fécondation, graine, etc. Ce livre III
est, comme on le voit, un véritable traité de physiologie végétale,
mais envisagé, comme les précédents, au point de vue philosophique
en même temps que scientifique.
Il faudrait disposer de beaucoup plus de place que n'en peut ac-
corder le Pohjbiblion pour analyser et apprécier complètement et dans
le détail ce volume, précédé d'une Introduction étendue et qui est une
vraie théodicée fondée sur le tableeu de la nature, en môme temps
qu'une réfutation des vaines et décevantes doctrines du matérialisme.
- — Écrit à un point de vue analogue à celui du précédent ouvrage,
bien que très différent et avant tout historique, le volume qui porte
pour titre : L''ÉgIise et le Progrès du monde pourrait être intitulé aussi
exactement : « Introduction à une philosophie chrétienne de l'histoire. »
Il comprend deux parties de très inégale étendue, dont lapremièie,
sous cette rubrique : La Civilisation, est comme la préface de la
seconde : Le Christianisme.
Trois grandes écoles philosophiques proposent une solution à la
grande énigme sociale et se partagent le monde : Panthéisme, Matéria-
lisme et Théisme. Inanité des solutions données par les deux premières,
supériorité du Théisme, lequel ne va pas toutefois sans rencontrer des
difficultés. Paganisme, Judaïsme, Christianisme : après ce dernier,
les «Post-Chrétiens» sont représentés parlTslamisme, le Philosophisme,
la patissée révolutionnaire. Difficultés encore se rencontrent de toute
part. Or, ces difficultés, le catholicisme, et le catholicisme seul,
prétend les résoudre. Tel e«t, très sommairement indiqué, le sens de la
« Première Partie ».
Le Christianisme intégral, autrement dit le Cathohcisme, prête
aux attaques des adversaires par diverses antincmies qu'il s'agit
d'expliquer. C'est le sujet de la « Seconde Partie ». L'auteur en compte
dix : K^ l'Église se montrant tout ensemble opposée et favorable à
la civilisation intellectuelle; 2® Opposée et favorable à la civihsation
matérielle; 3^ Rehgion de souffrance et de bonheui, morale faite
d'austéiité et de joie;. 4^ l'Église antagoniste et soutien de l'État,
sa rivale ou son alUée; 5« Égalité spirituelle et inégalité matérielle;
6^ Scandales et saintetés; 7^ Favorable et opposée à la liberté reh-
— 431 —
gieuse et à la liberté de conscience; 8^ l'Eglise une, et la chrétienté
divisée; 9« l'Église toujours identique à elle-même et toujours chan-
geante; 10^ enfin, toujours vaincue et toujours victorieuse.
A chacune de ces antinomies est consacré un chapitre explicatif et
démonstratif. L'auteur, qui est Anglais^ appuie &3s exposés et ses con-
sidérations sur des auteurs anglais, principalement sur le cardinal
Newmann, sur le P. Faber et le P. Tyrrel ; et toutes les questions, sous
l'inspiration d'aussi illustres maîtres, sont traitées avec une grande
hauteur de vues, une force de raisonnement d'autant plus inébranlable
qu'elle est invariablement servie par une impeccable modération dans
l'expression; de telle sorte que, quelle que soit la rigueur, voire la sévé-
rité, quand il y a lieu, de certains jugements, on n'y rencontre jamais
rien d'offensant pour les personnes.
Dans les questions de l'Église et de l'État (4^ antinomie) et de la
Liberté de conscience (7^ antinomie) notamment, l'autour présente
sous leur vrai jour ces sujets si controvereés, souvent miême obscurcis
par une mentalité lentement imprégnée des polémiques et de certains
préjugés ayant cours depuis un siècle et demi. La vérité pure est
clairement indiquée, et les tempéraments pratiques nécessités par les
temps, les lieux, les mœurs, ne sont pas repoussés. — Aux dix chapitres
consacrés à la solution des dix antinomies, succède un chapitre on-
zième ayant pour objet le miracle. Après avoir examiné la négation
de possibilité et la négation de fait touchant le miracle, l'auteur, pour
ne pas s'écarter de la méthode scientifique qu'il a toujours suivie,
ouvre une large parenthèse dans laquelle il envisage la doctrine catho-
lique du surnaturel et du miracle, à titre de pure hyi>ot;hèse (une
sorte de doute méthodique à la Descartes); après quoi il nous montre
comment cette « hypothèse » explique tous les faits constatés et obser-
vés, d'une manière claire, simple et qui écarte toute difficulté. Fermant
ensuite sa parenthèse, M. Stanton Devas montre sans peine la réalité
objective et concrète de ce qu'il avait, à titre provisoire, traité comme
hypothèse.
Suit, pour finir, un épilogue avec cet exergue : Lux inter umbras et
imagines, où l'auteur se défend modestement ■ — beaucoup trop me-
destement, à nos yeux — d'avoir fait un ouvrage complet, estimant
que bien des points y re&tent encore obscure, mais qu'en fixant tou-,
jours, comme on fixe un visage aimé, le vrai portrait de l'Eglise,
« cette amie toujours fidèle de l'humanité, cette mère commune de
nous tous », on la connaîtra de plus en plus, et l'on ne p-eut la vraiment
connaître sans l'aimer.
Ajoutons, et ceci est à l'adresse du traducteur, que le style de l'ou-
vrage, traduit en notre langue, toujours sobre, clai" et mesuré en
rend la lecture agréable et facile.
— 432 —
— Le même esprit large, élevé, vraiment chrétien, se retrouve encore
en un sujet bien différent et sans rapport avec les précédents. Mais si
documentée, si remplie de traits curieux, de faits étranges rapportés
à tous les temps et à tous les pays que soit l'Histoire sanglante de l'hu-
manité, il est à conseiller aux personnes dont la fibre nerveuse est dé-
licate d'en sauter le chapitre ou sont donnés le récit et la description
des supplices, principalement en Orient. Ce volume a, en eff.^t. pour
objet l'histoire et la description de tous les moyens inventés par
l'homme pour donner la mort à l'homme. Analysons-le rapidement. Il
débute par une dissertation sur la peine de mort appliquée aux assas-
sins, où sont victorieusement réfutés les motifs de vaine sensiblerie
qui, par une pitié mal placée pour les pires scélérats, compromet la
sécurité des hommes paisibles et des honnêtes gens. Suit un coup
d'œil historique sur la pratique du meurtre et tout ce qui s'y rattache
dans l'antiquité, au moyen âge et jusqu'à nous. Toutes les formes du
suicide et de l'infanticide, de l'anthropophagie et les théories fausses
pai lesquelles on a tenté de justifier ces criminelles pratiques; l'ex^^rême
variété et parfois l'extrême cruauté des supplices capitaux aux di-
verses époques; les sacrifices humains dans l'antiquité et presque
jusqu'à nos jours, sous la forme des sutties de veuves indiennes se
faisant périr par le feu auprès du corps de leur maii; enfin l'homicide
à la guerre ayant toujours pour compagnon, chez le soldat, l'abnéga-
tion, le dévouement et souvent l'héroïsme; tels sont les sujets infi-
niment variés traités par l'auteur, accompagnés constamment de
références, de citations d'écrivains de toutes les époques, fréquemment
agrémentés d'anecdotes, et jugés à l'aide de réflexions toujours sensées,
toujours exemptes des éloquentes exagérations de Joseph de Maistre
sur le rôle divin de la guerre, et du pacifisme (avant la lettre) d'Emile
de Girardin, il y a quelques cinquante ou soixante ans. Mal en soi,
mais mal nécessaire, la guerre devient légitime et noble quand elle
a pour objet la défense du pays attaqué ou menacé.
Écrit d'un bout à l'autre dans un excellent esprit, ce livre sera
utile aux érudits, aux criminalistes, aux historiens, et intéressera
d'ailleurs le grand public lui-même. C. de Kirwan.
Traité de géologie, par Emile Haug. I. Les Phénomènes géologiques.
Paris, Cohn, 1907, in-8 de 546 p., avec 195 fig. et cai'tes dans le texte et
71 planches hors texte. — Prix: 12 fr. 50.
Après la publication du magistral Traité de géologie du regretté
A, de Lapparent, si soigneusement tenu à jour, revisé et complété
par son auteur jusque dans les derniers temps de sa vie, il semblait
qu'un savant français dût renoncer à entreprendre de rédiger un nou-
vel ouvrage du même genre. De fait, l'œuvre du maître était si re-
— 433 —
marquablc que, pendant de longues années, elle est demeurée sans
rivale ; et peut-être le serait-elle encore si M. Emile Haug, professeur
de géologie à la Sorbonne, n'avait été amené par son enseignement
à composer un nouveau Traité de géologie, dont le premier volume
a pani en 1907. — Dans cet ouvrage, le point de vue auquel s'est, de
préférence à tout autre, placé l'auteur est (M. Haug le déclare
formellement à la page 5) le point de vue historique; son but est de
retracer l'histoire des transformations successives qu'a subies le globe
terrestre au cours de son évolution. Mais est-il possible de r^'uiplir
ce programme sans débuter par étudier les phénomènes d'ordre géo-
logique qui se produisent actuellement sur le globe terrestre comme
ils s'y sont produits aux époques antériem*es? Évidemment non. Voilà
pourquoi M. Haug a consacré le premier volume de son Traité aux
« Phénomènes géologiques ». — Ces différents phénomènes, multiples,
et complexes, se manifestant généralement dans un ordre déterminé^
de manière à former- le « cycle des phénomènes géologiques » (Chap. I),
c'est à cet ordre même qu'il convient de recourir pour en entreprendre
l'examen, et c'est bien ainsi que procède M. Haug- Écartant systéma-
tiquement comme déjà connues toutes lesnotions générales empruntées
à l'astronomie et à la géodésie, il débute par mettre en pleine lumière
les traits particulièi ement saillants de la morphologie du globe terres-
tre et par définir les milieux physiques terrestres et marinsi, ainsi que
les conditions de l'existence sur les continents- et dans les océan»
(Chap. II à VIII); et il a grand soin d'insister surtout, sinon exclusi-
vement, au cours de ces chapitres de notions- préliminaires, sur les
tiaits susceptibles d'avoir une application géologique directe. Avec
les phénomènes de lithogénèse, qui constituent la première phase du
•cycle des phénomènes géologiques, M. Haug pénètre ensuite au. cœur
même de son sujet, et aborde vraiment l'examen des différentes
manifestations dont les milieux continentaux et océaniques sont le
théâtre. Il montre d'abord comment se forment et se transforment
les sédiments (et il en profite pour traiter dans un chapitre spécial,
le chapitre X, la question de la formaticm do la houille), puis comment
ils se distribuent et constituent les « faciès ». Comme, dans la nature,
a phase orogénésique succède à la phase de lithogénèse, de même,
dans son Traité de géologie, M. Haug consacre aux phénomènes
d'orogenèse des pages très claires et très précises parmi lesquelles on
remarquera particuhèrement celles qui se rapportent aux phén amènes
volcaniques et aux tremblements de teiTe (Chap. XMI-XXII); il
termine par l'étude de la dernière phase du cycle, cette phase de glyp,
togénèse au cours de laquelle ces mêmes agents dynamiques externes
qui, naguère, ont préparé les matériaux de la sédimentation, modifient
Novembre 1909. T. CXVI. 2P
— 434 —
la forme des reliefs, la sculptent, la modèlent et la transforment sans
cesse. A ces différents agents : eaux souterraines, agents atmos-
phériques, eaux courantes, glaciers, vagues du l'ttoral, £ont afîectés
des chapitres spéciaux, qui occupent à peu près un tiers du volume
(Chap. XXIII-XXVII) et dent la conclusion se trouve dans les der-
nières pages du Uvre. M. Haug y montre comment, par suite du dépla-
cement des lignes de rivage, la pénéplaine form^ée sur l'emplacement
d'une chaîne de montagnes par l'action prolongée de toutes les forces
destructives des reliefs peut être envahie par les eaux, et devenir
par conséquent le théâtre d'un nouveau cycle de phénomènes géolo-
giques; il y expose comment et dans quelles conditions se sont pro-
duits à la surface du sol les mouvements orogéniques et épirogéniques,
mais il reconnaît que la part revenant dans ces mouvements aux
divers agents physiques « nous échappe encore en grande partie. Ce
n'est que par des approximations successives que nous arriverons
à nous rapprocher de la vérité ». • — Sur ces paroles s'arrête M. Haug,
dont le volume constitue l'exposé le plus complet et le plus précis,
le plus utile aux géographes comme aux géologues, que nous possé-
dions actuellement du cycle des phénomènes géologiques. Exposé très
simple, à'peu près totalement dégagé de notes infrapaginales, et dont
l'appareil Libhographique est rejeté à la fin de de chaque chapitre,
ce qui permet au lecteur de suivre d'un bout à l'autre, sans interrup-
tion d'aucune sorte, les développements et les expHcations de l'auteur;
exposé dans lequel les qualités professorales de ]\I. Haug brillent de
tout leur éclat. Il semble impossible, en vérité, de mieux faire compren-
dre la continuité et l'enchaînement des différents phénomènes, de
mieux mettre en relief les faits essentiels. J'ajoute que la forme en
est très agréatle et la langue toujours très claire; si l'auteur n'hésite
pas à employer les termes techniques, du moins débute-t-il toujours
par en expUquer soigneusement le sens. Enfin une multitude de figures,
de cartes et 71 planches de superbes reproductions photographiques
constituant un véritable eJbum géographico-géologique accompa-
gnent le texte de M. Haug et fournissent les « pièces justificatives »,
en quelque sorte, de son exposé. Ainsi se trouve constitué un ouvrage
remarquable, très bien fait et vraiment utile, sur lequel il convenait
d'insister quelque peu. Nous l'avons fait tardivement, sans aucun
doute; mais est-il jamais trop tard pour parler d'un excellent livre et
pour en signaler les mérites de toute nature? Aussi n'avons-nous pas
hésité à nous arrêter avec quelque détail sur le tom.e 1er du Traité de
géologie de M. Emile Haug. Hen^i Froidevaix.
— 435 —
LITTÉRATURE
Dante Alighieri. liR Elivine Comédie, traduite et commentée
par A. MÉLioT. Paris, Garnier, 1908, in-8 de 614 p., avec 2 portraits.
— Prix : 7 fr. 50.
Cette nouvelle traduction de la Divine Cométiie, venue après tant
d'autres, est consciencieuse et généralement fidèle; elle témoigne d'un
réel eiïort pour saisir et rendre en termes concis la pensée du poète;
mais l'auteur ne serre pas toujours le texte d'assez près, et il aurait pu,
dans bien des cas, Conserver dans sa prose quelqut^ chose de plus du
rythme de l'original; ce que, suivant en cela le conseil donné jadis par
Sainte-Beuve, il s'est appliqué à faire pour le fameux début du
chant III de l'Enfer, il ne semble pas avoir suffisamment cherché à le
réaliser ailleurs.
Mais ce qui, à nos yeux, fait le principal intérêt de cette publication,
c'est moins la traduction elle-même de la Divine Comédie, que l'impor-
tant commentaire qui l'accompagne et qui constitue chez nous une nou-
veauté. Assurément, quelques-unes des traductions françaises qui ont
précédé celle-ci ne sont pas entièrement dépourvues de notes ; rares et
courtes dans la Divine Comédie de Brizeux, elles sont plus fréquentes
dans l'Enfer de LiLtré ; on trouve aussi des notices explicatives en tête de
chaque chant, dans la traduction de M. de Margerie; mais c'est ici la
première fois que l'on olîre au public français un commentaire déve-
loppé du grand poème de Dante. Il faut distinguer dans celui-ci deux
sortes de notes : les unes, plus nombreuses et plus brèves, sont placées
au bas des pages ; les autres, généralement plus développées, sont re-
jetées à la fin de chaque chant; ces dernières sont rései'vées aux dis-
cussions d'une certaine étendue et aux éclaircissements que l'auteur
a jugés moins nécessaires au lectcu]' pour l'intelligence du texte; on y
relève çà et là quelques réflexions superflues qui pourraient être re-
tranchées sans dommage; mais, en somme, ce commentaire, suffisam-
ment complot, sans être touffu, comme quelques autres, est d'assez
justes proportions; il a, entre autres mérites, celui de la clarté.
Traduction et commentaire sont précédés d'une Introduction sur
« Dante, sa vie et ses œuvres », où il y aurait bien à reprendre. Ainsi
(p. 24), l'auteur donne comme « certain » le séjour de Dante à Paris
(en 1295; le poète aurait même eu Giotto comme compagnon de route;
cf. p. 5) ; rien, au contraire, n'est plus incertain ; et, dans le premier cha-
pitre de son grand ouvrage sur Dante e la Erancia, M. A. Farinelli, après
bien d'autres, mais avec plus de force que d'autres, a montré com-
bien peu de cjéance il fallait accorder aux témoignages relatifs à ce pré-
tendu voyage. D'autres parties de cette Introduction, comme les deux
pages consacrée-s aux portraits de Dante, sont bien insuffisantes. î:;^
— 436 —
En revanche, on saura gré à l'auteur d'avoir (p. 47-53) essayé de
fixer r « horaire de la Divine Comédie)^; malheureusement, M. Méliot
ne païaît pas avoir eu connaissanGe du travail capital de M. Edward
Moore sur la question, travail publié d'abord en anglais, sous le titre :
Timc-references in the D. C, puis, après revision, traduit en italien sous
ce nouveau titre : Gli accenni al tempo nella D. C. ; je n'insisterai pas sur
les points où les deux auteurs sont en désaccord; mais il est une erreur
singuUère de M. Méhot^que je ne puis passer sous silence, parce qu'elle
trouble toute sa chronologie; elle porte sur la date de Pâques; en
l'an 1300, cette fête tombait non le 27 mars, comme il semble le croire
et comme il l'imprime, mais bien le 10 avril.
M. Méliot, qui a négligé, comme d'ailleurs tant d'autres traducteurs,
d'avertir c{uelle édition avait servi de base à son travail (serait-ce
celle de Padoue, 1822, qu'il vante tout particuhèrement ?), a donné, à
la fin de son volume, une « Bibliothèque sommaire des sources à con-
sulter «; c'est là, de beaucoup, la partie la plus faible de tout le livre.
On est vraiment surpris de n'y rencontrer, à deux ou trois exceptions
près, la mention d'aucun ouvrage ayant moins de 30 ou 35 ai;is de date;
pas une des innombrables publications dantesques parues en Italie
(si ce n'est un récent volume de M. Ricci), en Allemagne ou en Angle-
terre, pendant le dernier quart du xrx*' siècle, et depuis, ne figure dans
cette maigre liste; pas môme certaines éditions, copieusement com-
mentées et très répandues, qu'il semble que l'auteur eût dû avoir cons-
tamment sous la main, comme celles de Scartazzini ou de M. CasinL
Il y a là une étrange lacune.
Le livre' n'est donc pas sans défaut ; il rendra néanmoins des ser*
vices; et la tentative de M. Méliot, nouvelle chez nous, ne peut qu'être
approuvée. L. Ai vr\y.
Hîstoâi'e élémentaire de la litiérature traii^aise, par
Eugène Lintilhag. Paris, E. André fils, 1909, in-12 de 488 p. —
Prix : 3 fr. 50.
Étudem critiques sur la tradition littéraire de la France,
par Maurice Wilmotte. Paris, Champion, 1909, in-16 de xiv-323 p. —
Prix : 3 fr. 50.
Ktuiiee SIM» la littérature- française, par René Doumic. 6^ série.
Paris, Perrin, 1909, iu-16 de 359 p. — Prix : 3 fr. 50.
M. Eugène Lintilhac avait publié naguère un Précis historique et
critique de la littérature française en deux volumes. Dans son Histoire
élémentaire de la littérature française, il reprend ce sujet pour un public
plus étendu. Voici comment il a partagé cette ample matière : Intro-
duction. Formation de la langue française. Langue d'oc et langue
d'oïl. — La Poésie du Midi. — Les Troubadours. Chapitre I. Les Trou-
vères. — Chansons de geste. Les Trois Cycles. IL Les- Fabliaux. — Le
- 437 —
Roman de Renard. III. Le Roman de la Rose et la Poésie allcgojique.
Poésie lyrique du Nord des origines au xv^ siècle. IV. Poésie dra-
matique : Les Mystères. V. Suite de la Poésie dramatique : Moralités,
Monologues et Sermons joyeux, Sotties, Farces. — Les Acteurs et la
mise en scène au moyen âge. VL La Prose. — Les quatre grands Chro-
niqueurs : Villehardouin, Joinville, Froiseart, Commynes. VIL xv«
siècle : Aperçu rapide. — xvi^ siècle : La Renaissance, la Réforme.
VIII. La Poésie française pendant la première moitié du xvi^ siècle :
Clément Marot et son école. IX. Ronsard et la Pléiade. X. Le Théâtre :
Commencement de la Tragédie et de la Comédie. XL La Prose; sa
richesse en tous les genres. Érudits, Philosophes, Théologiens, Poli-
tiques, Historiens, Conteurs. XII. Rabelais. ■ — Montaigne. XIII,
Les Auteurs de Mémoires. • — La Satyre Ménippée. XIV. Fin de l'école
de Ronsard : D'Aubigiié, Régnier, Malherbe. XV. La Littérature sous
Louis XIII, Richeheu et Mazarin : l'Hôtel de Rambouillet; l'Acadé-
mie française. XVI. La Tragédie au xvii*^ siècle. XVII. La Comédie
au xvii^ siècle. XVIII. La Poésie didactique; la Satire; la Fable.
XIX. Les MoraHstes. XX. L'Éloquence de la chaire. XXI. Les Lettres.
— Les Mémoires. XXII. Montesquieu. — Bufïon. XXIII. Voltaire.
XXIV. Jean- Jacques Rousseau. XXV. Le Théâtre et la Poésie au
xviiie siècle. XXVI. Caractère général du xviii^ siècle : les Philoso-
phes et les Savants. XXVII. La Littérature pendant la Révolution
et l'Empire. XXVIII. Le Mouvement littéraire au xix^ siècle. — La
Poésie. XXIX. Le Mouvement Uttéraire au xYx^ siècle. ■ — La Prose. —
On remarque dans cet ouvrage une érudition abondante, surabondante
même et un peu tourbillonnante, mais c'est un tourbillon plein de verve
et qui entraine. L'auteur fait oublier ou pardonner les lapsus, insé-
parables de sa course hâtive, par le grand nombre de traits vifs et
ingénieux, souvent justes et pénétrants, qu'il jette dans l'esprit du
lecteur. Son ardeur littéraire est passionnée, convaincue; son goût
généralement sain. Nous sommes heureux de louer en particulier
la réserve morale qu'il s'impose et ses efforts, sinon d'impartialité,
au moins de prudence doctrinale. Toutefois, à ce dernier égard, il
y a entre l'histoire littéraire et l'histoire religieuse, philosophique et
politique des contacts inévitables. M. Lintilhac a sincèrement cherché
à éviter le plus possible que ces contacts ne devinssent des heurts
et il a même mis dans cette recherche un certain courage. Nous ne
pouvons cependant sur tel et tel des points où ces lenconties se pro-
duisent, par exemple sur la Renaissance, la Réforme, le Jansénisme,
le mouvement dit philosophique Au xviii^ siècle, la Révolution, etc.
etc. ne pas noter ici des dissidences graves entre lui et nous. Mais ne
devons-nous pas le féliciter d'avoir plutôt tendance, par le temps qui
— 438 —
court, à les atténuer qu'à les creuser dans ses livres de littérature?
N'est-ce pas, hélas ! devenu un vrai mérite aujourd'hui de ne pas sa-
crifier, même comme écrivain, Bossuet à Voltaire? Comment no sau-
riuns-nous pas gré à M. Lintilliac de cette «conclusion» sur le grand
évêque : « Aucun écrivain ne fut plus parfait, aucun génie ne fut mieux
discipliné, ni mieux employé, et — ajoutons-le, puisqu'on l'a appelé,
de l'autre côté du Rhin, « la superstition de la France » ■ — il n'est au-
cune gloire dont nous devions être plus fiers » (p. 303)? Comment,
d'autre part, pourrions-nous ne pas donner notre assentiment à ce
joli crayon du Béarnais : « D'Ossat et Jeamiin sont des écrivains
inférieurs à leur roi. Tout historien de la prose françoise, au xvi®
siècle, doit faire une place d'honneur à cette ample correspondance
de Henri IV, d'un style tour à tour si sémillant ou si incisif, toujours
si alerte, où tout est en action, où les mots galants et les mots d'ordre
se croisent et pétillent avec un entrain tout gascon ou une brièveté
toute royale. Ces Lettres missives de Henri IV lui font une biographie
dont aucun liistorien ne saurait égaler l'intérêt et la couleur « (p. 172) ?
— Ce sont là choses sur lesquelles il est utile que les Français de toutes
les opinions s'honorent de ne pas différer d'avis.
— Les Eludes critiques sur la tradition littéraire en France, par
M. Maurice \\'ilmottc, ne sont pas un ou^Tage spécial, ex professa,
mais un recueil d'articles divers antérieurement publiés par l'auteur
et où il a découvert, au moment où il les réunissait en un volume,
un certain nombre d'idées ou d'observations relatives de plus ou moins
près à cette tradition. Cela lui a permis d'écrire un Avant-propos quasi-
didactique, lequel ne s'ajuste peut-être pas bien exactement à la série
des morceaux qui le suivent, et dont voici l'énumératirn : I. La Nais-
sance du drame liturgique. II. Les Origines de la chanson populaire.
III. L'Elément comique dans le théâtre rehgieux. IV. Le Sentiment
descriptif au moyen âge. V. François \'illon. VI. La Tradition didac-
tique du moyen âge chez Joachim du Bellay. VIL La Critique Uuté-
raire au xviii^ siècle. VIII. Jean-Jacques Rousseau et les Origines
du romantisme. IX. Eugène From^entin et les RéaUstes. X. L'Esthé-
tique des symbolistes. — Les meilleures de ces études sont celles où
l'érudition spéciale de M. Wilmotte trouve le mieux l'occasion de se
manifester, c'est-à-dire les articles relatifs à la littérature du moyen
âge et en particul'er aux origines du théâtre à cette époque. Elles
ont attiré déjà et elles méritent de retenir l'attention des.érudits,
bien que sur tel ou tel point elles puissent donner lieu à contestation.
Elles renfeiment un bon n"^mbre d'observations exactes et de vues
mgénieuseset l'on y remarque, avec une sc'ence de bon aloi, un sens
littéraire avisé, aiguisé, mais un peu trop raffiné et pointilleux.
— 439 —
Ce même sens littéraire est le principal mérite des études relatives à
la littérature moderne et contemporaine et s'y manifeste avec une
souplesse et parfois une vigueur de pensée notables, mais aussi avec
une pointe de bizarrerie et de paradoxe. Nous sornmes obligé de re-
marquer aussi que (notamment dans l'article sur Jean-Jacques
Rousseau) sous le littérateur et le critique perce l'écrivain de parti,
le polémiste libéral, au sens belge du mot, qui est loin d'être le meilleur.
Nous regrettons enfm que le distingué professeur de Liège, dont le
style montre de réelles aptitudes et qualités d'écrivain, soit trop
souvent tombé lui-même dans les défauts que précisément il reproche
avec raison à l'un des auteurs qu'il contredit (p. 293, note 9). On croi-
rait vraiment qu'il s'est efforcé par instants de s'approprier ce fâ-
cheux jargon appelé par ses tenants « l'écriture artiste », Il nous dira,
par exemple, que tel critique en renom « baisa la Renommée sur sa
bouche d'or » et qu'il « tenta d'écrire l'histoire d'un art, où il est surtout
besoin d'érudition et de réflexivité » (p. 201). — Boileau, selon lui,
« éjacule ses discrets oracles » (p. 203) et pendant ce temps, ajoute-t-il,
« la critique littéraire est sur toutes ces jolies lèvres de femmes, arron-
dies pour le baiser] elle tonitrue dans les bivouacs,... elle est distillée
goutte à goutte dans les salons, où la perruque de Boileau apparaîtrait
broussailleuse, etc. » Il est question (p. 210) d'une « exhumation, dont
les cléments sont épars dans les notices », et (p. 213) de « cases vides,
où V infiltration des idées littéraires se fait par la voie la plus naturelle ».
L'auteur perçoit (p. 217) « l'écho grondant de ce que les agitations du
passé ont de tonique ou de délétère pour notre vie morale ». Il nous parle
d'une « formation lente et maturifiée » (p. 226). Il se torture en un mot
pour gâter son talent à force de vouloir le mettre en relief et en lu-
mière. Mais M. Wilmotte a certainement à sa disposition de meilleurs
moyens de se distinguer (on le sait par ses travaux et ce volume
même le prouve) que de se mettre ainsi à la remorque des esthètes,
des décadents et des symbolistes. Le cas même que nous faisons de son
mérite nous engage à lui crier Hola ! sur ce point.
— Nous ne saurions proposer au docte professeur de Liège un meil-
leur antidote au poison littéraire dont il s'est imbu chez de prétendus
artistes que l'excellente langue dans laquelle sont écrites les Études
sur la littérature française dont M. René Doumic vient de nous donner
une sixième série. Voici les sujets traités : I. Les Lettres de saint
Franc 'is de Sales. II. Gui Patin. III. Le Racine de M. Jules Lemaitre.
U'. Les Plagiats des classiques. V. Fontenelle. VI. Le Véritable Ber-
nardin de Saint-Pierre. VIL L'Avènement de Bonaparte. VIIL Une
Histoire de 1815. IX. Elvire à Aix-les-Bains. X. Les Derniers Jours
et la mort d'Elvire. XL Pathologie du romantisme. XII. Le Roman'
personnel. XIII. Romans de. femmes. XIV. La Littérature de voyages.
— 440 -
XV. LaJeatme d'/Arc de M. AnaU>le Franco. X\\. Un nouvel Histoiien
de V&mxe. Appendice. Le séjour d'Elvire à Aix-les-Bains. — JVIettons
à part l'article sur la Jeanne d'Arc de l'acadéiaaicien dont M. Doumic
est devenu maintenant le confrère. Nous ne saurions souscrire à
l'indulgence fleurie dont il a tempéré un jugement sévère au fond.
Notons aussi quelque complaisance, d'ailleurs mieujc fondée, dans
l'appréciation des livres d« M. Henry Houssaye sur les Cent Jours.
Regrettons enfin que les articles, intéressants du reste, sur l'Elvire
■de Lamartine, n'aient pas été réservés pour un autre recueil où ils
eussent été, selon nous, mieux à leur place qu'en celui-ci, d'autant
^lus qu'il ne serait pas tout à fait injuste de leur appliquer certaines
l'emarques de la « Pathologie du rtmantisme ». ■ — Cela dit et ces res-
trictioiis faites, il ne nous reste plus guère qu'à louer, dans son en-
semble, pour le fond et pour la forme, un livre que nous avons lu et
que l'on lira avec charme et avec fruit. M. S.
f dées et «lootrin^is lîltéi'aîi»es «lu X.VIIie «iècle [ejctraits des-
£ réfaces, traités et autres écrits théoriques), par Francisque Vial et
lOuis Denise. Paris, Delagrave, 1909, in-18 de viii-430 p. — Prix: 4 fr.
Cet ouvrage fait suite à un autre sur le xvii^ siècle que nous avons
annoncé ici même en son temps {Polybiblion., avril 1906, t. CVl, p. 339),
et lui-même sera suivi d'un troisième relatif au xjx<^ siècle.
La première partie du n-ouveau volume se rattache directement
à la conclusion du précédent en nous donnant la suite de la Querelle
des anciens et des modernes : M"^^ Dacier, La Motte, Fénelon, l'Ency-
clopédie, Voltaire, Condorcet et quelques autres fournissent les
extraits qui remplissent cette première partie. La deuxième partie
traite de l'Esprit au xviii^ siècle et l'Idéal classique. Trois auti es parties
étudient tour à tour les différents genres : IILLe Théâtre; IV. Les^
Genres poétiques (épopée, ode, églogue, poésie didactique ou des
criptive); V. Les Genres en prose (histoire, roman, éloquence).
Comme l'observent les auteurs, « le dessein, le plan, la disposition
générale sont les mêmes pour ce volume que pour le précédent », et sur-
ce point nous ne pouvons que renvoyer nos lecteurs à ce que nous
en avons dit, il y a trois ans. « La seule différence est que nous avons
donné, dans ce second recueil, des extraits beaucoup plus étendus
que dans le premier. Ce qui nous y a déterminé {sic), c'est sans doute
le souci de satisfaire quelques-uns de nos collègues... mais c'est aussi
et surtout que les théoriciens littéraires du xvin^ siècle sont plus
nombreux et en général beaucoup plus verbeux que ceux du xvii^
siècle. »
Un autre passage de la Préface qu'il importe de signaler ici, c'est.
celui dans lequel les atiteurs expUquent pourquoi « quelques-uns des
— 441 —
plus grands noms du xviii^ siècle », quelques écrivains, « fcf importants
pour l'histoire des idées » sont ou passés sous silence ou à peine men-
tionnés dans leur livre. C'est ainsi que Montesquieu ne figure que pour
la boutade dos Lettres persanes contre les poètes. « Les grandes œuvres
du xviii^ siècle, observent-ils, sont nées pour ainsi dire en dehors
des genres classés et catalogués et n'ont pas soulevé de discussion
d'ordre proprement littéraire. « Et c'est précisément le xviii® siècle
littéraire seul que les auteurs se sont proposé de mxcttre en pleme lu-
mière.
Aussi MM. Vial et Denise n'ont-ils pas hésité à faire dans leur
recueil une place, même assez large, à des écrivains qui sont loin
parfois d'appartenir au premier ou au second ordre, mais qui, par des
ouvrages de critique littéraire, ont contribué à lancer des idées
dans la circulation, ou qui, sans oiîrir .peut-être rien de bien original,
représentent du moins l'opinion courante de leurs contemporains :
c'est ainsi que les Trubiet, les Fréron, les Batteux figurent dans ce
recueil. Loin de nous en plaindre, nous pensons que MM. Vial et Denise
auraient pu étendre davantage ce système. Une page pour La Harpe
(son nom ne figure même pas à la table) pourra sembler peu de chose,
si l'on songe au s-uccès obttnu par son Cours de littérature, et à l'in-
fluence qu'il a exercée jusqu'au milieu du xix^ siècle.
A un point de vue différent, puisque les auteurs n'ont pas hésité
à reproduire des vers de La Faye ou de Racine le fils, pourquoi n'ont-ils
pas fait la même faveur aux vers aimables et aisés de Chaulieu «contre
la corruption du style et le mauvais goût des poètes du temps » (1713),
dans lesquels Houdart de la Motte, Fontenelle et leurs théories sont
joliment égratignés. Chaulieu a été assez lu et assez goûté de ses con-
temporains pour que son influence n'ait pas été nulle et pour que sa
manière de penser ne nous soit pas indifférente.
Une lacune plus grave est l'exclusion, dans les chapitres consacrés
aux genres, de toute mention relative à la fable. Je conviens que la
fable n'a pas eu au xviii^ siècle ce représentant unique et inimi-
table que le xviii^ siècle nous offre avec le bonhomme La Fontaine.
Cependant le genre a été cultivé non sans succès; il a môme eu son
originalité; et l'on ne peut prétendre qu'aucune idée, aucune doctrine
n'ait été émise à son sujet; il suffit de rehre la préface de Florian, sans
compter tel passage de La Motte ou de Marmontel.
Comme dans le volume sur le xvii<^ siècle, nous avons retrouvé dans
celui sur le xviii^ quelques doubles emplois : une phrase de Voltaire
(p. 194 et 202), une de La Motte (p. 175 et 286), etc., et, ce qui est
fâcheux, c'est que l'encadrement n'est }>as toujours le même; MM. Vial
et Denise ne marquent pas régulièrement par des points suspensifs-
les passages qu'ils suppriment dans un texte.
— 442 -
J'ai presque honte de relever encore deux fautes d'impression :
page 90, note, Hugo de Wries, pour Vn'es, et page 179, note, les
grands maux pour mots.
En terminant, il ne me reste qu'à exprimer le vœu de voir MM. Vial
et Denise poursuivre et achever l'œuvre intéressante et originale
qu'ils ont entreprise, et l'espoir que la dernière partie de leur recueil
se fera moins e.ttcndre que la seconde. E.-G. Ledos.
HISTOIRE
Histoire «les eonciles, d'après les documents originaux, par Charles-
Joseph Hefele. Nouvelle tradiiCtion française faite sur la 2^ édition
allemande, corrigée et augmentée de notes critiques et bibliographiques
par DoM H. Leclercq. Paris, Letouzey et Ané, in-8. Tome II, 2^ partie
(1908). p. 649 à 1400; tome III, 1" partie (1909), p. vu et 1 à 600. —
Prix: 15 fr.
La traduction de l'histoire des conciles d'Hefele continue d'avancer
avec la plus louable rapidité. Nous avons à signaler simultanément
deux demi-tomes. Peut-être, pour le dire en passant, y a-t-il, du point
de vue de la commodité, quelque inconvénient à ces tomes énormes
paraissant en deux pai'ties; qu'on ne peut faire relier ensemble sous
peine d'avoir un volume impossible à manier. On doit alors se résigner
à la gêne de n'avoir de tables que dans un volume, sur deux. — La
deuxième partie du tome II comprend le siècle qui s'est écoulé depuis
la réunJon du concile de Chaîcédoine jusqu'au début de l'affaire des
trois chapitres. Le morceau de résistance est naturellement le concile
de Chaîcédoine (à signaler, p. 84, une note intéressante où Dom Le-
clercq, revenant sur une question déjà abordée par lui dans l'Intro-
duction, étudie les conditions dans lesquelles eut heu la convocation
du concile). Outre l'amiotation courante, dans laquelle Dom Leclercq
a déversé, oserons-nous dire, avec un peu de hâte parfois et d'excès,
le fruit de ses vastes lectures, neuf dissertations étendues sont données
en appendice {La Législation conciliaire relative aux choréçêques] —
Notes po-ur l'histoire du droit d'appel;- — Le Canon 3^ du concile de 381;
ses origines; ses conséquences schismatiques; ■ — La Collection canonique
nestorienne; — Notes sur le concile d'Hippone de 427; — Les Fragments
coptes du concile d'Éphèse et le synodicon cassinense; — La Législation
conciliaire relative au célibat]'- — Le Concile rcfnain de 498 ef l' interven-
tion du Pape dans l'élection de son successeur;' — La Collection cano-
nique du diacre Théodose. — L'autre demj-tome emJ^rasse la deuxième
moitié du vi^ et le vii« siècles. Indépendamment des conciles méro-
vingiens, spécialement intéressants pour notre pays, les deux grandes
questions alors traitées sont l'affaire des trois chapitres et la querelle
du monothélisme. L'ouvrage d'Hefele ainsi remis au point s'affirme
— 443 —
de plus en plus comme un très pvécicux et même indispensable
instrument de travail. J.
li'liliupii'e libéral. î'^tudes, B'écias, souvenirs, par Emile
Ollivier. t. XIV. La Guerre. Paiis, Garnier, 1909, in-18 de 640 p.
— Prix : 3 fr. 50.
L'immense travail hist<:rique et littéraire que s'est imposé M. Éinile
OUivier aboutit à ce volume, le XIV® de l'Empire libéral^ où l'auteur
commence la narration de la guerre de 1870, ou pour mieux dire des
événements qui ont amené la déclaration de guerre. Ces 640
pages sont le récit du seul mois de juillet; c'est déjà dire l'ampleur
des développements et la précision des détails. M. Ollivier, plaidant sa
propre cause, déploie toutes les ressources de sa dialectique; et ja-
mais « avocat » ïi'a mis une chaleur plus persuasive à multiplier les
arguments de son discours. Le président du dernier Conseil des mi-
nistres de Napoléon III ne peut se défendre sans attaquer autrui,
ni prouver la sagesse de sa conduite sans souligner l'injustice de ses
détracteurs; il le fait avec une simplicité, une sorte de candeur per-
scnnelle qui désarmerait la critique, avec une dignité plus pompeuse
qu'acrimonieuse; mais en sent la flanane toujours vive d'une passion
que le temps n'a pas refroidie. II entend prouver qu'il a voulu la paix,
stui au prix de Thcnneur de la Franco, que la Prusse a macliiiié la
gu rre avec perfidie et que. Français et Allemands ont .acclamé la
pensée des hostilités en poussant ainsi diplomates et politiques vers
la rupture. M. Oîhvier se denne le malin plaisir de nous faire entendre
les cris belliqueux de ceux qui l'accusaient de timidité en 1870 et qui
depuis lui ont constamment et violemment rcpî'oché sa témérité
imprévoyante.
Le récit se déroule en enirtîi-aiit le lecteur émotionné, séduit, là
même où il ne serait pas convaincu. Il voit éclater le « guet-apens
liohenzollern », destiné à conduire un prince allemaiid sur le trône
d'Espagne; il frémit de ragita.tion produite en France et en Europe;
il écoute la déclaration ministérielle de protestation formulée par
le cabinet des Tuileries,, dans le but d'empêcher l'élection du prince
Léopold (6 juillet) ;^ il apprécie nos efforts à Madrid et à Berlin, où les
« complices » se dérobent ; la mission de notre ambassadeur Benedetti
à Ems auprès du roi GuillaumiC; la dém.arche secrète d'un agent de
l'ambassadeur espagnol Olozaga à Sigmaringen (c'est là un des épi-
sodes les plus intéressants des révélatic/ns de M. Emile Olîivier ;
p. 206, 227); le succès de cette tentative à la satisfaction du cabinet
des Tuilei'ies; la fameuse « demande de garanties » (12 juillet) dont
la responsabilité serait imputable à l'Empereur et au duc de Gramont,
ministre des affaires étrangères, et qu'auraient désapprouvée M. Emile
— 444 —
OUivier et, Bencdctti, tout en acceptant le premier de s'y rallier,
le second de la transmettre. Nous pouvons apprécier la colère, le
découragement de M. de Bismarck à la nouvelle de l'apaisement, son
zèle à raviver la querelle, sa perfidie à dénaturer les procédés de son
maître, en cconposant la « dépêche d'Ems « (13 juillet) qui, par son envoi
à toutes les chancelleries européennes, devenait un « soufflet » à la
France.
M. Ém. Ollivier expose longuement (p. 391 à 515) comment, en ré-
ponse à ce « soufflet », l'Empereur et tous les ministres sans exception
décident la guerre; la déclaration en est saluée avec acclamations par
le Corps législatif. L'hist(>rien, qui est surtout ici l'ancien homme
d'État, analyse mot à mot, pour le réfuter, le discours que Thiers
prononça en cette séance tumultueuse du 15 juillet, et dont l'opinion
pubhque lui fît tant d'honneur au jour des désastres; il aime à mettre
en lumière la responsabilité belliqueuse de Rouher, président du Sénat,
par un discours plus compromettaiit que la déclaration ministérielle;
il ne manque pas de souligner l'ardeur guerrière de la France entière
en ces jours de surexcitation. — Il resterait à démontrer que si beau-
coup de gens furent en effet enthousiastes de la guerre, le président
du Conseil (qui affirme avoir été le moins enthousiaste de tous et le
plus partisan de la paLx) ne garde pas cependant le poids de la respon-
sabilité qui incombe à un chef du pouvoir.
Une série d' « Éclaircissements » complète ce très curieux volume
(un peu trop didactique par endroits) ; à signaler le n" 3 : « l'Empereur
et le maréchal Le Bœuf, » — le n" 12, le mot d'Emile Olhvier :
« le cœur léger »; — le n° 13, le mot de l'Impératiice : « C'est ma
guerre. » G. de G.
Hiîet' ire de la France contemporaine (l!^9l-190O).
IV. JLa Répwbiique parlementaire, par Gabriel Hanotaux.
Paris. Société . d'édition contemporaine, 19u8, gv. in-8 de viii-78;-) p.,
avec portraits et cartes. — Prix: 7 fr. 50.
M. Gabriel Hanotaux a le beau courage de ses opinions. A un mo-
ment où précisément la République parlementaire n'obtient pas le
respect universel des Français, il retrace les origines, la formation et
l'organisation de cette f(rme gouvernementale, avec la sympathie
la plus vive pour ses fondateurs. Sa gratitude pour beaucoup d'entre
eux ne craint pas d'aller ju.'^qu'à l'enthousiasme; il paile des choses,
en témoin sans doute, mais en témoin toujours ému par les souvenirs
de sa jeunesse; i\ avoue, avec la meilleure grâce du monde, que c'est
« le péril de ces histoires trop promptes ». Qu'il ne s'excuse point; le
lecteur fera vite le départ entre l'impartialité et la camaraderie ; et il
restera un livre très vivant que d'autres témoins, également véridiques
— 445 —
et sincères, écriront d'une toute autre manière, sur les mêmes événe-
ments, quand ils rapporteront leurs propres souvenirs; M. Hanot-aux
aura donné sa note dans un concert assez discordant sans doute* il
l'aura fait avec la double autorité d'un personnage mêlé aux affaires
et d'un érudit très averti des méthodes historiques.
Impartial absolument, il lui était impossible de l'être : il fut l'ami
le disciple, le protégé de Gambetta, et le quatrième volume commence
avec le « 16 mai», c'est-à-dire à l'époque la plus chaude, la plusvn-ulente
la plus mouvementée de la vie du célèbre tribun. En utilisant page
par page les souvenirs les plus intimes de l'existence de Gambetta,
l'historien manifeste une grande loyauté, en donnant à la critique des
éléments pour apprécier le caractère de son « héros » dans ses défail-
lances. Ceux qui croient que tout se tient dans la can'ière d'un homme
d'État : l'âme, le cœur et l'esprit, sauront mieux formuler leur juge-
ment et peut-être, même après ce plaidoyer, n'auront-ils pas à
retrancher beaucoup de leurs anciennes sévérités.
Comme la Préface, la Conclusion de M. Hanotaux est fort optimiste-
peut-être même pai'aîtra-t-elle un peu oratoire; mais c'est accorder
la forme au sujet, et on ne pouvait mieux parler du Parlement où
l'on se paye assez facilement de grands mots, heureux encore, et c'est
le cas ici, lorsque ces mots abritent des idées.
Dix chapitres composent ce tome IV : le Seize-Mai; la Question
d'Orient (un des meilleurs passages du livre et des plus étudiés);
les Élections du 14 octobre 1877; le Second Cabinet Dufaure et le
parti libéral; la Guerre russo-turque et le Congrès de Berlin; la Démis-
sion du maréchal de Mac-Mahon; la Présidence de Jules Grévy; le
Cabinet Waddington-Ferry, l'article 7; le Premier Ministère Freycinet,
les décret&; le Premier Ministère Jules Ferry, les lois scolaires, la
campagne de Tunisie; le Ministère Gambetta.
On le voit, tout cela sent encore la poudre; et il faut toute la cour-
toisie diplomatique de M. Hanotaux pour ne pas iriùter ni froisser
les sentiments les plus légitimes des honnêtes gens qui estiment que
de ces jours-là date la grande poussée antireKgieuse dont la France
subit encore le contre-coup néfaste. Justement, sur ces questions,
M. HanoUux fait montre d'une impartialité siiicère et un peu distante,
encore que bien des détails sur les gens et les choses d'Église lui soient
évidemment moins familiers que sur les mœurs des « parlementaires >x.
Livre à lire, à consulter, à méditer, moins pour l'histoire même que
pour le talent si intéressant de l'historien. G. G.
— 446 —
lEifiitttirc religieuse «le la K^-Tolulion française, par Pierre
DE LA GoRCE. T. 1er. Paris, l'Iou-Nourrit, 1909, in-8 de vi-515 p.
— Pr'x : 7 îr. 50.
Eu 1872, j'inaugurais presque ma coIlahoraii<;n au Polyhiblion,_
on y r.uidant compte de la remarquable Histoire de la Conslitution
civile^ du regretté M. Ludovic- Sciout. Trente-sept ans plus tard, j'ai à
y parler de la non moins remarquable Histoire religieuse de la Révolu-
tion française, deM. Pierre de la Gorce. C'est que le sujet n'a pas vieill'",
et il est aujourd'luii plus actuel que jamais. L'auteur se défend d'avoir
voulu chercher des rapprochements avec les temps présents; ces rap-
prochements, il le remarque d'ailleurs lui-mcm^e, ce sont ses lecteurs
qui les feront; car ils éclatent à chaque page. Au cc-mmenccment
du xx^siècle, comme à la fin du xviii^, c'est la même haine del'Éghse,
la même audace de ses ennemis, la même marche tortueuse et perfide,
favorisée par l'inconsciente complicité d'une foule de braves gens,
pour aboutir à la même destruction, et, nous vfadr.ns l'espérer, au
même relèvement.
Quatre périodes, suivant M. de la Gerce, se partagent ces douze
années de l'histoire religieuse de la Franco. C'est d'ahcrd le dépouille-
ment, puis la persécution légale, puis la perséci;ti( n sanglante et
enfin la restauration du culte. C'est à la prr n ière de ces péricides qu'est
consacré ce premier volume. L'a.utcur débute par un tableau très com-
plet et très vivant — comme il sait les tracer • — de l'état rehgieux
de la France, en 1789 : le haut et le bas clergé, les évoques et les cha-
noines, les moines et les curés. Dans cette organisation séculaire, il y
avait assurément des réformes à faire, des abus à corriger, une meil-
leure répartition de la richesse à établir, certunes abbayes en déca-
dence à supprimer, la situation des curés de campagne à relever. Mais
ces réformes, elles avaient été déjà commencées et il eût été facile de
les réaliser par l'accord de l'autorité religieuse et de l'autorité civile.
Le tort de l'Assemblée constituante, poussée par quelques meneurs
que suivaient une foule d'abusés, ce fut de vouloir légiférer sur la ques-
tion religieuse, réglementer l'Église cathohque en dehors du Chef de
l'Eglise et contre lui. Elle ne comprit pas qu'elle allait créer des di-
visions, surexciter des haines et que, de toutes les divisions et de toutes
les haines, les plus profondes sont les divisions rehgieuses; elle déchaî-
nait, sans le savoir, la guerre civile. De même, quand sur la proposition
de Talleyrand, et pour combler le déficit, elle déclara que les biens du
clergé étaient à la disposition de la nation, elle ne sentit pas que cette
première spoliation en entraînerait bien d'autres, que ses successeurs
tireraient les conséquences logiques du principe ainsi imprudemment
posé et, en outre, qu'en jetant sur le marché d'un seul coup une pareille
masse do biens, elle en avilirait le prix et que la création des assignats,
— 447 —
qui en serait la suite, conduirait le pays à la banqueroute. La guerre
civile et la banqueroute, ce furent les deux filles légitinies de la Cons-
titution civile du clergé. Nl us ne les voyons pas dans ce volume, mais
nous en voyons les prodromes. Dans une série de chapitres remarqua-
blement condensés et documentés, da^ns une suite de tableaux vivants
et tracés de main de maître, où nous sommes témoins de l'acharnement
des adversaires, de la faiblesse des défenseurs, des douloureuses hési-
tations du pauvre Louis XVI, M. de la Gorce nous montre les progrès
du dépouillement de l'Église; il nous mène, cf-mme il le dit lui-même,
du privilège à la persécution. Et il le fait avec une rare impartialité,
no dissimulant ni le mal ni les fautes, reconnaissant le bien partout
où il se trouve, chez les adversaires comme chez les amis, mais mon-
trant les suites noi maies des fautes et faisant éclater ainsi, d'une façon
lumineuse, les grandes leçons de l'histoire.
Max. de la Rocheterie.
li» Di(iIotnatîe !9eoi*èl.e a<;a 1S.1'BI£3 i^ièele. ^e^s cléBiists.
1. I.e .^eeret du l&égenf et Sa Politifgiie fl)> l'aiilié l^ichois
(ti*i|}li> et qiBa«Ia*JiËpie alli»n(r4*!a) ( 1 î t©-§ "î 1 8), par Emile
Bourgeois. Paris, '^Colin, s. d., gr. in-8 de xxxvi-384p. — PrixrlOfr.
On se souvient du grand succès qu'obtint, à sfjn apparition, l'étude
du duc de Broglie sur le Secret du Roi; c'était toute une révélation.
Cette diplomatie secrète se poursuivant concurremment avec la diplo-
matie officielle, la rectifiant, la contrariant souvent, ce roi qui se ca-
chait de ses ministres, quel étrange et nouveau spectacle ! Pas si étrange
et pas si nouveau cependant : s'il faut en croire M. Emile Bourgeois,
le xviii^ siècle aurait été l'époque privilégiée, classique en quelquesorte,
de cette diplomatie en partie double. Avant le-secret du Roi. il y aurait
eu le secret du Régent et le secret du Cardinal. Et l'agent, l'inventeur
de cette politique étrange, ce cardinal, étrange aussi, ne serait autre
que le cardinal Dubois. L'auteur ne partage pas à son égard les préju-
gés répandus sur Dubois par MoufTle d'Angervillc; Dubois n'était pas
d'aussi basse extraction qu'on l'a dit et n'avait pas gagné la confiance
de son élève par des complaisances coupables. Fils d'un médecin de
Brive, d'une honnête famille bourgeoise, bouisier du collège, lecteur,
puis précepteur de Philippe d'Orléans, il avait pris sur son élève
l'influence que tout esprit ferme et tenace a toujours sur un caractère
faible et irrésolu. Ambitieux pour lui-même, il le fut aussi pour le prince
dont il avait fait l'éducation. Or, à la mort de Louis XIV, il n'y avait
entre le trône de France et le duc d'Orléans qu'un enfant de quelques,
années, d'une santé débile et malingre, à condition toutefois que la
renonciation à la couronne de France, signée par Philippe V et stipulée
dans le traité d'Utrecht, fût observée. C'est à faire maintenir et ci-
— 448 —
mentor par l'Europe entière cette renonciation que Dubois consacra
tous ses efforts. Contre un retour possible des Bourbons d'Espagne, il
chercha des appuis chez les puissances avec lesquelles le Grand Roi
avait été en guerre incessante, les Anglais et les Hollandais surtout.
Tandis que la diplomatie offîielle, dirigée par le maré^-hal d'Huxelles,
appuyée par les anciens serviteurs de Louis XIV, les Tallard, les X'ille-
roy, les Villars, les Noaillos, s'efforçait de continuer les anciennes
traditions françaises, la diplcmatio secrète formait de rouveaux liens
et nouait de nouvelles alliances. S. uplL-, intrigai\t, retors, peu scrupu-
leux surlesmoyens, achetant les gens quand il ne pouvait les convaincre,
Dubois s'était entomé d'une foule d'agents qui allaient en Angle-
terre, en Hollande, en Prusse, en Autriche, en Italie, en Espagne même,
soutenir sa politique et préparer le succès de ses manœuvres-. Il en
avait surtout à Paris et à Vei-sailles, pour combattre le parti de la
vieille Cour et confirmer dans ses desseins Philippe d'Orléans, toujours
hésitant. Et, tandis que l'abbé courait en Angleterre, en Hollande, en
Han0'^T*e, — car il n'épargnait:pas sa peine — intriguer avec S'anhope
et Basnage, à Versailles, les Noce, les Naneré, les Chavigny, un moment
même les Torcy et les- Law, soutenaient sa politique et fixraientles ré-
solutions du Régent.
Nous ne pouvons pas entrer ici dans le détail. Il a fallu les longues
études et les recherches approfondies de M. Bourgeois pour pénétrer
les fils singulièrement embrouillés de ces intrigues qui se croisent dans
tous les sens et dans tous les lieux, de Londres à Amsterdam, de Paris
à Stockholm, de Vienne à Madrid et à Parme et qui aboutissent à la
triple et à la quadruple alliances. Quand le volume s'achève, la diplo-
matie secrète a défait l'œuvre de Louis XIV, elle a abandonné nos
anciens alliés, comme la Suède, chassé le Pi étendant, fils de Jacques IT,
sacrifié notre marine et nos ports à l'.Ajigleterre, notre commerce à
la Hollande, relevé les Pyrénées et à peu près rompu avec Philippe V;
mais le Régent est reconnu comme futui roi de France, au cas où
Louis X\^ viendrait à mourir et Dubois est secrétaire d'État des affaires
étrangères.
Quant au hvre lui-même, le regretté M.Albert Sorel, dans son rapport
à l'Académie des sciences morales et politiques, a écrit : « C'est par
l'étendue des recherches, le développement des \'ues de l'auteur. !a
nouveauté des documents produits, un véritable ouvrage d'histoii^e. »
Après un tel éloge, sorti d'une telle plume, que pour.'ions-nous
ajouter? Max. de lx Rocheterie.
— 449 -r
I>ietionnaii*e to|iogra|ihi(|ue att département «lu I*a8-
de-Calai«i, comprenant les noms delieu anciens et morfe/'/jes, pai' le comte
DE LoisNE. Paris, Leroux, 1907, in-4 de lxxxiv-499 p. — Prix: 20 fr.
Ce nouveau dictionnaire, qui forme le vingt-cinquième volume de
la très utile collection des Dictionnaires topographiques des départe-
ments, ne sera pas moins Lien accueilli que ses devanciers par les
érudits s'intéressant à notre histoire nationale. M. le comte de
Loisne, auteur d'un certain nombre de travaux sur le département
du Pas-de-Calais, était bien désigné pour en publier le Dictionnaire
topQgraphique. Comme tous ceux qui ont paru précédemment, il
se divise en trois parties : une Introduction historique suivie de la
liste des principales sources manuscrites ou imprimées de l'ouvrage;
le Dictionnaire proprement dit, et, à la fin du volume, une table alpha-
bétique des formes anciennes.
Dans l'Introduction, M. de Loisne s'est attaché à retracer l'histoire
du département du Pas-de-Calais, depuis la période gauloise et gallo-
romaine jusqu'à nos jours. Il fait connaître, pour les époques les plus
reculées, les peuplades qui l'habitaient, les voies de communication
que les Romains y tracèrent, puis, pendant la période franque, les
civitates et les pagi dont on constate l'existence sur l'étendue de son
territoire. Pour la période féodale, M. de Loisne établit une bonne liste
des comtés avec leurs châtellenies ; le reste de l'Introduction est
consacré à l'histoire de la réunion à la Couronne des différentes parties
qui formèrent ensuite le département du Pas-de-Calais, aux listes des
circonscriptions judiciaires et ecclésiastiques, et enfin, pour la pé-
riode moderne, à l'histoire de la formation du département et aux listes
des circonscriptions administratives établies en 1790, en 1600 et 1801.
Cette simpleénumération fera ressortir tout de suite quelles ressources
cette publication pourra offrir aux historiens de nos provinces sep-
tentrionales. J. VlARD.
Kaint Gililas de Kuis et la Société bretonne au Wl^ sièele
(4ÎIS-ii'îO), pai- J. FoNSSAGRivEs. Paris, Poussielgue, 1908, in-12 de
420 p., avec 6 grav. et 2 cartes. — Prix : 3 fr. 50.
M. le chanoine Fonssagrives, si hautement et si justement estimé
pour ses œuvres d'apostolat, a senti le vif attrait, présent et passé,
de notre Bretagne, à laquelle le rattachent des liens de famille et
d'amitié. De là, et aussi de son zèle chrétien, procède l'étude qu'il a
entreprise sur Saint Gildas et la Société bretonne au vi^ siècle. La ma-
tière recueillie par ses recherches y est ainsi répartie : Livre I. Chapitre
I. Le Pays où naquit saint Gildas. Situation politique et religieuse
de la Grande-Bretagne. La Famille. Le Premier Appel de Dieu. II.
Saint Gildas à l'école du monastère. Le Maître. Les Disciples. Curieuses
Novembre 1909. T. CXVL 29.
— 450 —
Légendes. Le Règlement de vie. Les Etudes. III. Voj^age d'études en
Gaule. Prédications. Missions dans la Grande-Bretagne. IV. Missions
en Irlande. Mort de Hueil. Le De Excidio. Pèlerinage à Rome. Ensei-
gnement à Llancarvan. L'Exode. — Livre IL Chapitre I. L'Émigra-
tion bretonne en Armorique. L'Ile de Houat. Fondation do l'abbaye
de Ruis (538-540). IL Le Monastère de Ruis, ou la Vie cénobitique
en Armorique au sixième siècle, d'après M. A. de la Borderie et les
œuvres de saint Gildas. Retour à Ruis (548-550). IV. Saint Gildas et
les rois bretons en Armorique. Légendes et miracles. Fondations mo-
nastiques. V. Missions en Irlande. Retour on Armorique. Mort de
saint Gildas. • — Pièces annexes. I. Bio-bibliographie. II. Date de la
naissance de saint Gildas. III. Date de la mort de saint Gildas. Réponse
de M. de la Borderie aux principales objections. IV. Le Saint-Gildas
actuel. ■ — Dans la pensée de M. Fonssagrives, ce hvre devait être tout
ensemble une œuvre d'érudition et d'édification, et il a en effet ce
double caractère. Nous serions heureux d'en louer la méthode, mais
elle diffère trop dé celle que nous tenons de nos maîtres et que nous
sommes accoutumé à pratiquer. Le fidéistne naïvement intrépide qui
s'y manifeste nous paraît plus respectable qu'imitable et offre, nous
le craignons, de fâcheuses prises au rationalisme contemporain. Les pro-
cédés critiques de l'auteur, très différents de ceux des bollandistes,
sont pourtant, il est juste de le dire, en progrès notable sur ceux
de son devancier ecclésiastique, feu M. l'abbé Luco, de Vannes, un
bon trava'lleur, mais dont la crédulité était sans limites. Les nom-
breuses indications bibliographiques jointes à son texte sont très
louables et le seraient plus encore, si la rédaction en était plus
claire et moins semée de fautes d'impression. En somme, selon
nous, l'étude historique consacrée à saint Gildas par M. le chanoine
Fonssagrives est le produit d'un zèle ard(?nt, d'un vaillant et sérieux
labeur et d'une grande inexpérience. M. S.
Un IVoiiYPavs Chapitre de l'Stisto^re de la Révolutiaii en
I>a«i|>ltiiié. lie Fé«térali»nte flasis l'Isère et François de
IVante», juin- juillet fi ÎWS, par A. Prudhomme. Grenoble, Allier,
1907, in-8 de 241 p., avec portrait.
Le Dauphiné, qui avait pris l'initiative du mouvement libéral à
la fin de l'ancien régime, avait continué à être libéral et modéré après
le 10 août et la chute de la Royauté : on conçoit donc quelle fut
l'émotion à Grenoble lorsqu'on y apprit les événements du 31 mai
et du 2 juin. Trois commissaires de la Convention, Dubois-Crancé,
Albitte et Gauthier venaient d'y arriver pour organiser la défense sur
la frontière de Savoie. Dès que les premiers bruits de l'envahissement
de la Convention par la Commune et de l'arrestation des girondins
— 451 —
y parvinrent, le Directoiie du département fit demander des éclaiicisse-
ments aux représentants. Ceux-ci nièrent; mais bientôt des lettres
des députés de l'Isère confirmèrent la nouvelle de l'attentat. Le
conseil s'assembla, et, après une vive discussion, décida que toutes
les communes du département seraient convoquées le 16 juin pour
nommer des députés chargés de prendre les mesures de sûreté exigées
par les circonstances. L'immense majorité des communes rurales
partageait l'opinion du Directoire; seuls le district de la Tour-du-Pin,
et à Grenoble la Société populaire, étaient dissidents. Le 20 juin,
l'Assemblée se réunit. Les débats furent longs et animés; on tonna
contre la Commune de Paris, contre les violateurs de la Convention,
et, tout en protestant contre le soupçon de fédéralisme, on résolut de
se mettre en relation avec la ville de Lyon et les départements voisin»
pour une défense commune. Mais tandis qu'on parlait, les représen-
tants agissaient. Sous l'énergique direction de Dubois-Crancé, ils
convoquaient des troupes, passaient des revues, faisaient saisir les
correspondances, et, sous prétexte qu'ils avaient découvert dans ce»
lettres la preuve d'un complot, révoquaient un certain nombre
d'administrateurs de la ville et du département. François de Nantes,
chargé par l'Assemblée de rédiger une proclamation au peuple, au
lieu de pousser à la résistance, ne chercha qu'à jeter le trouble et
l'hésitation en faisant entrevoir la probabilité de la guerre civile et
en déclarant que l'insurrection du 2 juin avait été une insurrection
heureuse. Ainsi désavoués par leur orateur, les chefs de l'Assemblée
s'abandonnaient eux-mêmes, et Dubois-Crancé n'eut qu'à paraître
pour transformer la retraite en déroute. L'Assemblée départementale
fut dissoute et tout rentra dans le silence.
La velléité de résistance à la tyrannie avait duré un mois. Une fois
de plus, l'audace avait eu raison de la justice et la force avait primé
le droit. Max. de la Rogheterie.
lies Toiirnaisieus et le Roi de Bourges, par Maurice Houtart^
Tournai, Castei-maa, 1908, in-8 de xvi-604 p.
C'est une belle page de l'histoire de France que les luttes soutenues
par la ville de Tournai pour rester fidèle au roi de Bourges. 'Entourée
par les Etats bourguignons dont elle tirait sa subsistance et sa richesse,
sollicitée par ses intérêts matériels d'entrer dans la dépendance de
Philippe le Bon, Tournai resta inébranlablement attachée à Charles
VU; elle fut une des premières à saluer son avènement; autant que
sa situation le lui permit, elle l'assista de ses secours ; et quand les
patriciens furent sur le point de pactiser avec le duc de Bourgogne,
le populaire se révolta, s'empara du gouvernement municipal et main-
tint fermement le principe de la loyauté au souverain naturel. M. Hou-
— 452 -
tart a fait revivre avec beaiicoup d'intensité cette période troublée;
connaissant à fond, grâce à ses recherches dans les archives commu-
nales et dans les chroniques locales, la société toumaisienne du
XI v^ siècle, il a pu reconstituer, jusque dans ses moindres détails,
l'histoire de la ville de Tournai, de sa municipaUté, de ses métiers,
les luttes de classes; les événements se seraient passés de nos jours
qu'il serait impossible de les connaître mieux. Bien composé, d'une
lecture agréable, ce livre se recommande à tous ceux qui désireront
connaître cet épisode trop ignoré de notre histoire nationale.
Henri Lemaitre.
Rouleau mortuaire du B. Tital, abbé de SaYÎgni, contenant
207 titres écrits en H22- 1 1 23 dans différentes églises de France et d^ Angle-
terre . Édition phototypiq, e avec Introduction par Léopold Delisle.
Paris; Champion, 1909, in-fol. de ix-47 p. et 49 pi. — Prix : 40 fr.
On désigne, sous le nom de rouleaux mortuaires, deux classes de
documents qui ont ceci de commun qu'ils ont pour objet de notifier le
décès de certains personnages et qu'ils affectent la forme de volumina,
qui se déroulent sous les yeux des lecteurs. lisse différencient, en ce que
les uns, que l'on a qualifiés de perpétuels, ne sont guère que des né-
crologes ou obituaires, destinés à perpétuer dans un couvent les noms
des défunts pour lesquels on est astreint de prier; tandis que les autres
Sont des encycliques — on leur a parfois donné ce nom — des lettres
de faire part, destinées à communiquer aux maisons qui ont des liens de
confraternité et de prières avec un monastère ou un chapitre le décès
de personnages pour lesquels on solhcite les suffrages et à recevoir en
échange la mention des défunts de ces maisons alUées. Cette seconde
classe se subdivise elle-même en rouleaux annuels et en rouleaux
individuels, selon le nom que leur a jadis assigné M. Léopold Delisle :
les premiers notifient les décès survenus dans le cours de l'année;
les seconds, ceux de personnages pour lesquels on n'a pas cru devoir
attendre un aussi long délai.
M. Delisle est celui qui nous a le mieux fait connaître ces documents,
d'abord dans un mémoire qui a été son premier essai dans l'érudition
et qui, du premier coup, s'est annoncé comme une œuvre de maître :
Des Mohuments paléo graphiques concernant l'usage de prier pour les
morts (Bibliothèque de l'École des chartes, 1846-1847), puis dans un
recueil publié, une vingtaine d'années plus tard (1866), sous les aus-
pices de la Société de l'histoire de France.
Les rouleaux des morts offrent un intérêt multiple : historique, car
ils nous révèlent des noms de personnages, des dates de décès, et d'au-
tres particularités analogues qui échapperaient autrement à notre
connaissance;- — littéraire, parce que plusieurs au moins d'entre eux
nous conservent les essais poétiques des membres les plus distingués
— 453 —
des divers monastères, qui s'exerçaient à chanter les louanges du dé-
funt ; — paléographique enfin, parce que les encycliques du moins nous
ofTrent des spécimens variés de l'écriture à une même 'époque, mais
sur des points parfois fort éloignés. Malheureusement le nombre des
rouleaux conservés en original, et par conséquent utilisables à ce
dernier pomt de vue, n'est pas fort n>mbreux.
L'un des plus célèbres et des mieux conservés est le rouleau du B.
Vital, fondateur et premier abbé de l'abbaye de Savigni, dans la
Manche, mort en 1122.
Conservé à Mortam au commencement du xix^ siècle, il y avait pi-
qué la curiosité toujours en éveil d'un érudit normand, M. de Gerville,
qui fut l'inioiateur de M. Dehsle dans les travaux d'érudition. Quand
son jeune ami quitta sa province pour venir étudier sur les. bancs de
l'École des chartes, M. de Gerville lui recommanda instamment d'aller
examiner aux Archives nationales, où il avait été transporté, le pré-
cieux manuscrit. C'est l'examen qu'il fit de ce monument, et
le désir de le rapprocher des documents du même genre dont on
pouvait avoir connaissance, qui conduisirent M. Delisle à écrire l'article
de la Bibliothèque de l'École des chartes dont nous avons ci-dessus
parlé. Et quand il donna son recueil à la Société de l'histoire de France,
il publia intégralement le rouleau du bienheureux Vital.
Il avait ainsi satisfait la curiosité historique et littéraire. Il a voulu
aujourd'hui rendre un nouveau service aux études paléographiques,
qui lui doivent déjà tant, en publiant une admirable reproduction
phototypique du précieux rouleau. Il facilite ainsi l'étude de l'écriture
au xii^ siècle, en mettant à notre disposition ces spécimens variés
écrits dans le cours des années 1122-1123 par les moines les plus dis-
tingués des couvents et chapitres les plus célèbres de France et d'An-
gleterre, à cette époque. Il suffît de rappeler que le rouleau du B. Vital
nous a conservé — la démonstration de M. Delisle n'a pas rencontré
de contradicteur, — un autographe et sans doute le seul autographe
subsistant de la fameuse Héloïse.
On saura gré à l'illustre savant d'avoir reproduit, en tête de ce vo-
lume, son mémoire de 1846; il y a joint un supplément à
la bibliographie des rouleaux mortuaires qui accompagnait son recueil
de 1866. Cette liste comprend 25 articles qui s'échelonnent du x^
au xvi^ siècle.
Enfin, dans un Avant-propos, M. Dehsle nous donne sur ses relations
avec M. de Gerville, sur les services rendus par ce savant, sur la façon
dx)nt il fut amené lui-même à connaître et à publier le rouleau du bien-
heureux Vital, des pages instructives qui forment un fragment de cha-
pitre de l'histoire de l'érudition française au milieu du xix^ siècle.
E.-G. L.
— 454
Almanachs illustrés du XVIIie sièrie, par le vicomte de
Savigny de Moncorps. Avant-Propos de Georges Vicaire. Paris,
Leclerc, 1909, in-8 de viii-285 p., avec des héliogravures hors texte et
de nombreuses phototypies dans le, texte. — Prix: 30 fr.
Le titre qui précède n'est pas complet, car non seulement le volume
de M. le vicomte de Savigny de Moncorps renferme la description, sou-
vent très détaillée, d'après l'ordre chronologique, de 148 almanachsdu
xviii^ siècle (1733 à 1792), mais encore celle de 26 autres almanachs
de modes publiés de 1814 à 1830.
Dans une excellente étude intitulée : Coup d'œil sur les alWimiachs
illustrés (p. 1-26), l'auteur observe que les almanachs illustrés du xiii^
siècle ont déjà attiré l'attention des bibliographes. 11 rappelle, à
ce propos, l'ouvrage plus général de M. Victor Champier sur les Anciens
Abnanachs illustrés (1886) et le guide de Cohen dont la cinquième
édition a été revue et considérablement augmentée, en 1887, par le
baron Roger Portalis.
Ces publications « peignent bien l'époque à laquelle ils appar-
tiennent, dit M. de Savigny de Montcorps : certains d'entre eux nous
renseignent sur les choses du jour : expositions, plaisirs de chaque
saison, prix des denrées, prix des caricatures, les découvertes de l'année,
filage de l'huile pour les bateaux en cas de grosse mer, aérostation,
fusil à répétition [Un colonel norvégien avait inventé, vers 1776,
une arme à feu avec laquelle on pouvait tirer de dix à vingt coups
dans une minute !], salon de Curtius, baquet de Mesmer, machine
à engraisser les volailles, recettes nombreuses, etc., etc. [Pour chacune
de ces choses si diverses, on trouve des références précises au bas
de pages]; ils nous racontent de piquantes anecdotes en nous donnant
les- couplets à la mode, les ariettes et les vaudevilles les plus en vogue.
D'autres... nous montrent leurs délicieuses gravures [dues parfois
à de grands maîtres], des scènes prises sur le vif, avec tout un petit
monde sémillant et gracieux, et nous donnent l'idée de ce qu'étaient
alors les grands Boulevards, les Champs-Elysées, l'assemblée à Long-
champs, le Palais-Royal, la foire Saint-Germain, la fête de Sceaux,
la sortie de l'Opéra, le Louvre, etc., les intérieurs de boutiques,
les représentations théâtrales, les mœurs champêtres, etc. D'autres
encore nous fournissent de précieux détails sur les modes et costumes,
les coiffures, les fêtes célébrées à Paris à l'occasion de l'heureux accou-
chement de la Reine, en 1782; celui intitulé le Bijou de la Reine, 1778,
contient, très finement gravés, les portraits de la famille royale ; tous
nous révèlent le caractère de l'époque, et, à ce titre, nous sont des
documents utiles pour connaître mieux encore la fin du xviii^ siècle. »
Nombre de ces almanachs étaient luxueusement habillés de maro-
quin rouge ou vert, ornés d'attributs variés, ou bien recouverts de soie
peinte à la gouache, brochée de soie et d'or; certains même étaient
_ 455 —
enrichis de médaillons contenant des miniatures et protégés par des
étuis de maroquin doublé de tabis vert ou bleu. — On faisait bien les
choses en ce temps-là.
On comprend donc qu'il se soit rencontré des amateurs avisés et
avertis comme M. de Savigny de Moncorps pour recueillir ce genre
de publications que beaucoup, sans y regarder de plus près, ont dé-
daigné à priori et à tort; car sans compter le plaisir des yeux, qui est
déjà bien quelque chose, on découvre dans ces petits volumes, destinés,
en apparence, à ne pas survivre à l'actualité, quantité d'indications
de nature à éclairer l'histoire des mœurs et même celle des sciences
et des arts.
L'auteur est à la fois un homme de goût, un artiste et un érudit :
le court Avant- Propos de M. Georges Vicc ire le déclare en bons termes.
Si d'ailleurs il était resté muet sur ces points, l'œuvre seule serait
là pour nous fixer. Au surplus, voici comment M. Vicaire présente le
livre de M. de Savigny de Moncorps :
<( En ce volume coquet, orné de ravissantes images, le passionné
bibliophile a minutieusement décrit les principaux livrets de son admi-
rable collection; très simplement, mais avec un art parfait, il en a
fait ressortir les grâces et le charme. Rien de ce qui pouvait éveiller
la curiosité de l'amateur n'a échappé à ses sagaces investigations et
sa plume alerte a su mettre en valeur les moindres détails de ces petits
almanachs frivoles et légers.
« Si les calendiiers qu'a vu naître le siècle de toutes les élégances
forment la plus importante partie de l'ouvrage du vicomte de Savi-
gny de Moncorps, il ne faut pas cmettre de citer le très curieux cha-
picre relatif aux almanachs de modes émis dans les premières années
du dernier siècle, de 1814 à 1830. Là encore, l'auteur a fait preuve
d'un goût éclairé et traité le sujet avec une impeccable maîtrise.
Toutes les divisions du Uvre mériteraient, d'ailleurs, une mention, mais
à quoi bon déflorer, par avance, une étude qui sera, demain, le guide
indispensable de tous les collectionneurs d'almanachs ? «
A ces lignes, rien à ajouter que ce simple détail : les images, pour la
plupart, ont été exécutées sur papier spécial et collées à la place qu'elles
doivent occuper dans le texte; ce sont des reproductions phototypi-
ques remarquables.; on peut dire qu'elles sont documentaires.
Une table des almanachs classés par ordre alphabétique termine cet
intéressant et superbe livre dont le seul tort — ce n'en sera pas un
pour ses possesseurs, • — est de n'avoir été tiré qu'à 125 exemplaires.
E.-A. Ghapuis.
— 456 —
BULLETIN
Ainiez-lcs. Lettrée entre directnîces de patronat ->, par FRANÇOISE
Henry. Pari?, Lethielleux, s. d., in-12 de 236 p. — Prix : 2 fr. 50.
Ce petit livre s'adres&e spécialement aux dames '^et aux jeunes filles
q.ii s'occupent d'œuvres de jeunesse; mais il intéressera tout le monde, car
il est en même temps instructif, édifiant et charmant. Une directrice de
patronage, déjà expérimentée dans la conduite des œuvres, écrit à une
jeune amie pour l'encourager d'abord à entrer dans cette voie, puis pour lui
marquer, au fur et à mesure que les circonstances le demandent, les règles
pratiques pour assurer la prospérité et la bonne direction des patronages.
L'ouvrage, en forme de lettres, n'a d'ailleurs rien de technique ni de pédarrt,
et n'est pas, au moins dans la forme, un manuel de pédagogie. C'est l'épan-
chement de deux âmes chrétiennes, désireuses de faire le bien, et se racon-
tant leur vie de chrétienne, où les déboires se mêlent naturellement aux con-
solations et aux joies du bien accompli. Ces deux jeunes filles, d'ailleurs,
appartenant au meilleur monde, mais en ayant abjuré les habitudes frivoles
pour se consacrer uniquement à la pratique du bien, ont l'œil ouvert sur
la société qui les entoure, et se font la confidence de leurs observatioas
et de leurs expériences, et de cet échange de confidences sort un livre vécu,
qui est vraiment d'un grand intérêt. Il n'y a pas là sans doute d'histoires
d'amour, bien que l'amour chrétien n'en soit pas absent, mais il y en a beau-
coup d'autres dont la lecture sera plus charmante et plus profi-
table. C'est donc à la fois un livre très intéressant et un excellent livre. Je
ne saurais assez le recommander à nos lectrices, et même à nos lecteurs,
qui, pour peu qu'ils s'intéressent aux choses chrétiennes, trouveront à le
lire un réel plaisir. Edouard Pontal.
Lee Hallucinations télépalhlqnee, [par N. VasCHIDE. Pai'is, Bloud,
1908, in-16 de x-98 p. — Prix ; 1 fr. 50.
I4C Spiritisme dans ses i-appoi-ls avec la folîe, par le D'^ ]MarCEL
ViOLLET. Paris, Bloud, 1908, in-16 de iv-121 p. — Prix : 1 fr. 50.
Ces deux volumes font partie de la Bibliothèque de psychologie expéri-
mentale dirigée par M. R. Meunier.
— On sait qu'il s'est créé en Angleterre une société pour l'étude des hallu-
cinations télépathiques, c'est-à-dire de sensations correspondant à l'état
généralement douloureux où se trouve au loin une personne aimée. Cette
société a publié un gros volume d'observations qui semblent confirmer
la réalité du phénomène. Tel n'est pas l'avis de M. Vaschide. Il a entrepris
un examen attentif d'un grand nombre de cas qu'il a pu étudier à fond.
Il en conclut que ces hallucinations se produi'^ent indépendamment du fait
réel auquel on les rapporte, que les coïncidences signalées sont rares et
purement fortuites et qu'elles s'expliquent suffisamment par la situation
mentale des personnes chez lesquelles les phénomènes se sont manifestés.
Il croit que la commission anglaise a accepté trop facilement les affirmations
de personnes qui lui étaient inconnues et dont elle n'avait pu examiner
l'état pathologique.
— Le docteur Viollet ne cherche pas à définir la nature et les cau.ses du
spiritisme. Il se borne à exposer les faits et à montrer, par des exemples,
que les natures faibles et Imaginatives sont très exposées, en se donnant
aux pratiques spiritistes, à être atteintes par la folie. Les unes sont directe-
ment conduites à la perte de la raison et leur folie reproduit les rêveries
— 457 —
spirites; d'autres, dont la raison est altérée par d'autres causes, prennent
dans leur folie une teinte spirite. La conclusion à retenir est que les séances
de spiritisme, sans parler des condamnations de l'Eglise, sont un vrai danger
pour les gens à l'esprit peu éqTiilibré qui y assistent. Les médiums ne font
pas exception. Ils ont un grain de folie comme les autres et se laissent aller
à des fraudes, tout en croyant sincèrement, avance le D^ Viollet, que ces
actes frauduleux sont des manifestations des esprits eux-mêmes. D. V.
I/Intei-nelle Consolation. Hainte T'IiérèHe. I^iipenl. Saint Benoît
i.abt-o. Le Cure <i'A>-s, par J. Barbey d'Aurevilly. Paris, Bloud,
1909, in-12 de 67 p. — Prix : 0 fr. 60.
L'idée est certes excellente; et qu'on pense ce qu'on voudra de Barbey
d'Aurevilly et de son œuvre prise dans son ensemble, il "n'est pas douteux
que beaucoup de ses pages peuvent briller avec éclat parmi les plus belles
choses de la littérature catholique. Seulement je trouve qu'on lui a fait
la part trop mince. D'autres volumes de la même collection des Chejs-(ïœuvre
de la littérature religieuse, ont 200 pages, tandis que celui-ci n'en a que 67.
Et alors, cela me donne le droit de regretter qu'avec les six morceaux qu'on
nous donne, et qui sont tous de la vieilles.se de Barbey (d'ailleurs le Pascal
est très caractéristique, le Saint Benoit Labre et le Curé d'Ars tout à fait
beaux), on ne nous ait pas choisi, parmi tant de chapitres plus substantiels
et d'une poétique plus sobre, les maîtresses pages qu'il a écrites sur la Pa-
pauté, les Jésuites, sur Joseph de Maistre, Blanc-Saint-Bonnet, Hello,
Gratry, etc., et à propos de la Réforme, de l'anglicanisme, du rationalisme,
du renanisme, à propos de tout, tant d'admirables formules qu'il a trouvées
pour exalter tous les dogmes, tous les sacrements, toutes les institutions
de l'Église romaine. Car il y a tout un Génie du christianisme épars dans ses
volumes, et plus beau encore peut-être, certainement plus ému et plus
émouvant que celui de Chateaubriand. Gabriel Audiat.
Le Dei-iiiei* Fils d« t^oiiis XVI, par A- MoREL DE Saint-Didier. Paris,
Daragon, 1909, in-8 de 80 p. — Prix : 3 fr. 50.
M. Morel de Saint-Didier était un brave homme, de qui Naundorfï par-
vint à se faire reconnaître, dans les premières années de la monarchie de
Juillet, pour le fils de Louis XVL II se rendit à Prague, en 1833, pour s'effor-
cer de faire passer sa conviction dans l'esprit de la duchesse d'Angoulême.
Reçu par l'auguste princesse avec la bienveillante courtoisie que méritait
son honorabilité, il eut le mauvais goût de revenir à la charge l'année
suivante, et se fit donner congé. Il édita, en 1836, le récit de ses démarches
et de sa déconvenue, encadré de réflexions morales et politiques d'une
portée médiocre. C'est cette brochure, qu'après trois quarts de siècle presque
révolus, le groupe remuant des partisans de la « survivance » a cru devoir
remettre sous les yeux du public. Elle trouvera sans doute les lecteurs mo-
dernes aussi incrédules que leurs grands-parents.
H. RUBAT DU MÉRAC.
I^umennaie à I^a Cliênale, supéi-ieuf générni de Isi eon;;i-égsitlon
A*> t^aint-t^icrt'it, 1 «««-1 833. — l.e I»ère, l»i%i>ôl i-e, le Moi-aliste,
par Ad. Roussel. Paris, Téqai, 1909, in-18 de xi-301 p. — Prix: 2 fr.
M. l'abbé Roussel n'a voulu peindre l'abbé de La Mennais que dans son
rôle de « Supérieur gén'éraî de la congrégation de Saint- Pierre », charge qu'il
occupa de 1828 à 1833, pendant toute la durée de cette société religieuse
— 458 —
qu'il avait fondée dans le diocèse de Rennes pour « régénérer l'enseignement
de toutes les sciences» et à qui son zèle ambitieux voulait k ouvrir une mission
européenne >. C'est une simple esquisse, moins un résumé historique qu'une
publication de documents afférents à cette époque. M. Roussel, dans son
Introduction, rappelle les jeunes gens d'élite groupés autour du maître
orthodoxe; mais on peut dire f^u'il n'apporte sur LaMennais et ses disciples
rien de nouveau, puisqu'il avait déjà publié lui-même ces pièces dans ses
précédents ouvrages.
Il veut montrer en La Mennais : un père, un apôtre, un moraliste. Sous
ces trois rubriques il classe un peu arbitrairement des fragments d'inégal
intérêt : des Entretiens sur la vie spirituelle (au nombre de 16); une Retraite
prêchée à La Chênaie en 1832, où l'on relève des pages admirables; des Pen-
sées sur la vieillesse, un peu banales ; des Réflexions sur les Evangiles, d'assez
mince valeur. Ce petit volume n'est donc pas sans charme, mais il n'ofîre
point de particularité saillante. G.
CHRONIQUE
NÉCROLOGIE. — Le très distingué poète et littérateur Emmanuel des
Essarts, ancien doyen de la Faculté des lettres de Clermont-Ferrand, est
mort, au milieu d'octobre, dans son domaine de Lempdes (Haute-Loire),
à l'âge de 70 ans. Fils d'Alfred des Essarts, le romancier dont le souvenir
n'est pas effacé, M.- Emmanuel-Adolphe Langlois des Essarts naquit
à Paris, le 5 février 1839. Après avoir fait de brillantes études au lycée
Henri IV, il entra à l'École normale en 1858 et fut reçu agrégé des lettres
en 1861. On l'envoya alors enseigner la rhétorique successivement dans
les lycées de Moulins, Orléans, Nîmes et Nancy. En 1871, il obtenait le
diplôme de docteur es lettres et était nommé aussitôt après professeur
de littérature française à la Faculté de Dijon. En 187''*, il passait à la Fa-
culté des lettres de Clermont-Ferrand pour y occuper une chaire semblable
et, peu de temps après, il devenait doyen de cette Faculté, fonction qu'il
conserva jusqu'en 1907, année où il prit sa retraite. Professeur, M. Emma-
nuel des Essarts a fait pendant plus de vingt ans des cours sur la littéra-
ture française qui charmaient un auditoire d'élite. Poète de valeur, il fut
le disciple et l'ami de Victor Hugo, de Théophile Gautier, de Leconte de
Lisle, etc. On a de cet auteur, outre les articles qu'il a donnés à diverses
revues et quelques petites pièces qu'il a fait jouer à l'Odéon et à la Comédie
française, un certain nombre d'ouvrages dont nous citerons les suivants :
Poésies parisiennes iPaxis, 1862, in- 12); — Les Élévations (Paris, 1864, in-12
et nouvelle édition revue et corrigée en 1875, in-181; — Les Voyages de
Vesprit (Paris, 1865, in-12), réunion d'articles critiques; — Du Type d'Her-
cule dans la littérature grecque, depuis les origines jusquau siècle des Antonins,
thèse pour le doctorat ès-lettres (Paris, 1871, in-8); — De Veterum Poe-
tarum tum Graeciae tum Romae apud Miltonem imitatione, thèse pour le
doctorat (Paris, 1871, in-8); - — Origines de la poésie lyrique en France au
seizième siècle (Paris, 1873, in-8); — Les Prédécesseurs de Milton (Paris,
1875, in-8); — Du Génie de Chateaubriand (Paris, 1876, in-8); — Éloge de
la folie d'Érasme composé en forme de déclamation, traduction nouvelle ai'ec
une préface, une étude sur Érasme et son époque, etc. (Paris. 1877, in-8); —
Poèmes de la Révolution, 1789-1796 (Paris, 1879, in-12) ; — Portraits de
maîtres (Paris. 1888, in-12).
— On annonce la mort à Mantes (Seine-et-Oise), à l'âge de 73 ans, de
— 459 —
M. Charles Diguet, le romancier connu, ancien secrétaire d'Alexandre
Dumas. Né au Havre, le 3 juin 1836, M. Charles Diguet était venu à Paris
en 1861. Presque aussitôt il se fit une place dans le monde des lettres,
grâce à un premier volume de vers qu'accompagnait une lettre de Lamar-
tine, et il écrivit dès lors dans plusieurs des journaux littéraires de l'époque,
tels que le Nain jaune, le Gaulois, la Vogue parisienne, le Boulevard, la
Cloche, le D'Artagnan, V Artiste, etc. M. Charles Diguet a écrit un grand
nombre d'ouvrages dans des genres très différents, des romans surtout,
des poésies, des études et fantaisies littéraires, un vaudeville et enfin divers
volumes sur la chasse. Nous citerons les suivants seulement : Arithmétique
élémentaire, suivie d'un grand nombre d'exercices à V usage des élèves de qua-
trième (Paris, 1859, in-8); — Rimes de printemps, avec une lettre de A. de
Lamartine (Paris, 1861, in-8); — Un Cœur de créole. Viola (Paris, 1863,
in-18) ; — Une Chaîne de fleurs (Paris, 1865, in-18) ; — Tablettes d'un chasseur
(Paris, 1868, in-12); — L'Épopée prussienne (Paris, 1871, in-12); —
Histoire galante de Henri IV (Paris, 1875, in-12); — Statuettes parisiennes
(Paris, 1875, in-12); — Trois femmes martyres (Paris, 1879, in-12); — Moi
tt Vautre (Paris, 1880, in-12); — Refrains des belles années (Paris, 1883,
in-12); — La Vision de saint Hubert (Paris, 1884, in-12); — Karita (Paris,
1885, in-12); — Béatrice Cenci (Paris, 188'i, in-12); — Chasses de mer et
de grèves (Paris, 1886, in-121; — Cotites du Moulin- Joli (Paris, 1886, in-12);
— La Chasse au gabioji (Paris, 1887, in-12); — Guide du chasseur (Paris, 1887,
in-12); — La Vie rustique (Paris, 1888, in-121; — La Chasse au marais
I Paris, 1889, in-12); — L'Année cynégétique, calendrier du chasseur (Paris^
1889, in-12); — Mes Aventures de chasse (Paris, 1892, in-12); — Tête-rouge.
Retour au clocher (Paris, 1884, in-16); — La Vierge aux cheveux d'or (Paris,
1895, in-12) ; — Les Trois Sabots de Lucette (Paris, 1897, in-12) ; — La Chasse
en France (Paris, 1896. gr. in-8); — Nos amis... les bêtes (Paris, 1896, in-8);
— Récits de chasse (Paris, 1900, in-8); — Histoire d'une roulotte (Paris,
1901, in-8).
— Le R. P. Frédéric de Curley, de la Compagnie de Jésus, mort derniè-
rement à Avignon, le 15 octobre, à 72 ans, était un moraliste, un historien
et un archéologue remarquable. Les nombreux ouvrages dont il est l'auteur
le prouvent abondamment. Voici ceux qai nous sont connus : Armée pon-
tificale. Marie-Louis— Edme-Pie Guérin, de la Compagnie de Jésus. Les Vo-
lontaires français de 1860 à 1871 (Paris, 1872, in-12); — Les Congrégations
de la très sainte Vierge à Avignon, de 1752 à 1880 (Avignon, 1880, in-8); —
Marie- Françoise de Saumaise. Etude nouvelle sur les révélations de Paray-
le-Monial (Bruges, 1884, in-12); — Le Tombeau de saint Régis à la Louvesc
(Lyon, 1886, in-12); — Le Mariage et les États (Paris, 1887, in-12); — Celui
qui est. Essai (Paris, 1891, in-8); — Saint Jean- François Régis, prêtre de
la Compagnie de Jésus (Paris, 1893, in-12); — Les Origines (Avignon, 1902,
in-12).
— M. Charles-Antoine Dolent, romancier et critique d'art, plus connu
sous son pseudonyme de Jean Dolent, est mort à Paris, à la fin de septembre,
à 74 ans. Il était né dans cette ville le 5 juin 1835. Rédacteur en chef du Gau-
lois en 1869, et colla^borateur de divers autres périodiques, tels que le Temps,
la Revue contemporaine, etc., auxquels il donnait des articles de critique
sur le Salon, M. Dolent a publié un certain nombre d'ouvrages sur des
questions d'art, ainsi que des romans, entre autres : Une Volée de merles
(Paris, 1862, in-12, 2^ édition en 1863); — Le Roman de la chair (Paris,
1866, in-16); — Avant le déluge (Paris, 1871, in-32); — L'Insoumis (Pans,
1871, in-12); — Petit Manuel d'art à l'usage des ignorants. La Peinture, la
i60 —
sculpture (Paris, 1874, in-12); — Le Livre d'art des iemmes. Peinture, sculp-
ture (Paris. 1877, in-12); — Amoureux d'art (Paris, 1888, in-12); — Monstres
(Paris, 1896, in-12); — Maître de sa joie (Paris, 1902, in-12).
— M. Plumaxdon, le distingué directeur de la station météorologique
de Rabanesse (Puy-de-Dôme), est mort à Clermont-Ferrand, au milieu
d'octobre, à 61 ans. Après avoir appartenu pendant un certain temps à
l'enseignement primaire, il fut nommé, grâce à ses aptitudes spéciales et à
la suite d'importants travaux, aide-météorologiste à l'Observatoire du
P.:y-de-Dôme, et un peu plus tard il devint directeur de la station météo-
lorogique de la plaine, à Rabanesse. M. Plumandon a fait connaître les
résultats des recherches auxquelles il s'est livré pendant sa longue carrière
scientifique dans d'importants ouvrages tels que : Le Baromètre appliqué
à la prévision du temps dans la France centrale (Paris, 1882, in-12); — For-
mation dès principaux hydrométéores; brouillard, pluie, bruine, givre neige,
grésil. Nouvelle théorie de la gréie (Paris, 1885, in-12); — Les Courants
de rOcéan d'après les mémoires américains de W. Ferrel (Paris, 1887, in-12);
— Les Mouvemetits généraux de V atmosphère (Paris, 1887, in-12); — Traité
pratique de prévision du temps (Paris, 1895, in-16); — Les Poussières at-
mosphériques, leur circulation dans l'atmosphère et leur influence sur la santé
(Paris, 1897. in-12).
— On annonce encore la mort de MM. : Jules Arbelot, ancien censeur
du petit lycée de Talence, à Bordeaux, mort à Domme, vers le milieu d'octo-
bre, à l'âge de 84 ans; — Henri Roland, membre du Comité des sites et
monuments et du Touring-Club de France, mort dernièrement à Paris, à
55 ans, lequel, s'était fait connaître par d'innombrables conférences sur les
beautés pittoresques de notre pays, par la part qu'il a prise à la rédaction
des Guides-Joanne et par la publication de quelques volumes, tels que :
Zigzags en France (Paris, 1895, in-12) et les Iles de la Manche (Paris, 1904,
in-12); — Léon Bonnafy, publiciste, mort en octobre, à l'âge de 29 ans;
— le chanoine Deschamps, ancien professeur et supérieur du collège libre
de Belvès, mort curé-archiprêtre de Ribérac, en octobre, à l'âge de 85 ans; — •
l'abbé DuBouRDiEu, directeur du collège de Tivoli à Bordeaux, mort en
cette ville, vers le milieu d'octobre; — Hippolyte Dubois, artiste peintre,
directeur de l'École des beaux-arts d'Alger, mort en octobre, à Samoins
(Haute-Savoie); — ÈlieFouRÈs, poète cigalier et félibre, auteur d'un poème,
Ondeline (Paris, 1872, in-12), d'une nouvelle inédite, le Premier Amour
deLord Byron (Paris, 1885, in-32)et d'une Histoire complète des troubadours,
qui reste inachevée, mort à Meudon, au commencement d'octobre, à 63 ans;
— François-Anatole Gruyer, conservateur du Musée Condé à Chantilly,
lequel, s'étant occupé d'abord de travaux agronomiques, a publié entre
autres ouvrages importants : Les Fresques de Raphaël au J'atican {2 vol.,
1857 et 1858); Les Vierges de Raphaël et l'Iconographie de la Vierge (1868);
Les Quarante Fouquet du Musée Condé (1876); La Jeunesse du roi Louis-
Philippe, d'après les portraits et les tableauj: conservés au Musée Condé
(Paris, 1909, in- 8 carré) et a collaboré à la Gazette des beaux-arts, la Revue
des Deux Mondes, etc., mort à la fin d'octobre, à l'âge de 84 ans; — Lemot,
dessinateur caricaturiste, élève d'André Gill, qui a fourni de nombreuses
illustrations à divers périodiques, particulièrement au journal la Croix,
mort à la fin de septembre, à Asnières; — Millot, bibliothécaire de la ville
de Chalon-sur-Saône, moit en cette ville, à la fin d'octobre, à l'âge de 86 ans;
— Paul Pelot, fondateur de la Croix de Belfort, mort en cette ville, le l^""
octobre, à l'âge de 62 ans; — Jean-Baptiste Reygasse, un des anciens
collaborateurs de V Univers, mort dernièrement à Toulouse, à 78 ans; —
— 461 -
Léon RiNGuiER père, directeur de V Écho soissonnais, mort au commence-
ment d'octobre; — Jules Romain, sous-bibliothécaire de la ville d'Amiens,
mort dernièrement en cette ville; — Ernest Rupin, archéologue, botaniste
et dessinateur de grande valeur, créateur et conservateur du musée de Brive,
mort dernièrement à Brive, lequel laisse plusieurs ouvrages très appréciés
dans le monde des érudits, entre autres : Sigillographie du Bas-Limousin
(Paris, 1886, in-4), avec Philippe de Bosredon; L'Œuvre de Limoges (Paris,
1890-92, 2 vol. in-4) ; Catalogue des mousses, hépatiques et lichens de la Corrèze
(Paris, 1895, in-8); U Abbaye et les cloîtres de Moissac (Paris, 1897, in-4);
Noëls du Bas-Limousin, avec musique notée (Paris, 1898, in-8); Roc-
Amadour. Étude historique et archéologique (Paris, 1904, in-4); La Légende
de saint Amadour, à propos d'un Mois de Marie historique sur Roc-Amadour
(Paris, 1909, in-8); — Max Sacerdot, directeur du Courrier républicain,
mort à Paris, à la fin d'octobre; — le baron Fernand de Schickler, président
de la Société protestante pour l'encouragement de l'instruction primaire,
de la Société biblique et de la Société du protestantisme français, mort au
commencement d'octobre; — Mgr Pierre-Paul Servonnet, archevêque
de Bourges, prélat d'une haute distinction intellectuelle, auteur de lettres
pastorales remarquables, entre autres de celles qu'il a consacrée à la bien-
heureuse Jeanne d'Arc et de celle qu'il a écrite sur la Foi au lendemain de
la publication de l'encyclique Pascendi, mort à Bourges, le 18 octobre,
à 79 ans; — le R. P. Albert Tesnière, de la Congrégation du Très-Saint-
Sacrement, connu par ses prédications et ses ouvrages sur la sainte Eucha-
ristie, mort à Paris, le 27 octobre, à 62 ans; — Verdalle, principal du col-
lège de Mauriac (Cantal), mort en octobre; — Lucien Wiener, érudit
lotharingiste, conservateur honoraire du Musée lorrain, qui avait consacré
sa vie aux études archéologiques et historiques sur la Lorraine, mort en
octobre, à Nancy, à 81 ans.
— A l'étranger on annonce la mort de MM. : le frère Achille, ancien
directeur de l'École normale de Carlsbourg (Belgique), fondateur de
la revue VÉcole catholique, auteur de divers ouvrages estimés,
mort le 11 octobre, à Grand-Bigard, à 74 ans; — Dr. Heinrich Bas-
sermann, professeur de théologie à l'Université allemande de Heidelberg,
mort le 30 août, à Samadan, dans la Haute-Engadine, à 60 ans, auquel
on doit de nombreux ouvrages, entre autres : Geschichte der evangelischen
Gottesdienstordnung in badischen Landen, zugleich ein Beitrag zum litur-
gischen Studium (Stuttgart, 1891, in-8); Katechismus jilr die evangelische-
protestantische Kirche im Grossherzogthum Baden, zum Gebrauch der Lehrer
und Eitern erklàrt (Fribourg en Brisgau, 1897, in-8); — Beltjens, auteur
d'ouvrages de jurisprudence, entre autres de Commentaires du code civil
très appréciés en Belgique et en France, mort à Bruxelles, au commencement
d'octobre, à l'âge de 74 ans; — S. Exe. Nicolas de Bernardaky, conseiller
d'Etat russe, qui a publié : A la découverte de la Russie et le Prince Kosamo-
koff, ainsi que diverses pièces réunies sous le titre : Théâtre de famille, Tdovi
à Paiis, le 30 septembre, à l'âge de 72 ans; ■ — HughBLACKBURN, professeur
de mathématiques à l'Université de Glasgow (Ecosse), auteur d'un traité
de trigonométrie et éditeur, avec Lord Kelvin, d'une édition des Principia
de Newton, mort à Glasgow, le 16 octobre; — Dr. Otto von Bollinger,
recteur de l'Université et directeur de l'Institut pathologique de Munich,
mort en cette ville le 16 aaût, à 67 ans, auquel on doit, entre autres ouvrages
fort estimés: Zur Aetiologie der Tuberkulose (Munich, 1883, in-8); Atlas
und Grundriss der pathologischen Anatomie (Munich, 1891, in-8), etc., ainsi
que de nombreux articles insérés dans les revues médicales; — Sir Francis
— 462 —
Brady, fondateur de l'Académie royale de musique de Dublin, compositeur
distingué et éditeur, avec le Dr. Esposito, d'un certain nombre de mélodies
irlandaises, mort dernièrement à Dublin, à 85 ans; — Dr. Wilhelm Bucking,
écrivain allemand, auteur de travaux d'histoire locale, tels que : Wegweiser
durch die Strassen und durch die Geschichte der Stadt Marburg und deren
ndchste Umgebung (Marbourg, 1891, in-8); Die Kirche der heiligen Elisabeth
in Marburg (Marbourg, 1897, in-8); etc., mort à Marbourg, dans la Hesse,
le 2 septembre, à 91 ans; — Noël Cauwe-d'Hont, rédacteur en chef du
journal catholique belge De Eecloonaar, mort^ le 24 octobre, à Waerschoot;
— Alfredo di Collalto, poète italien, mort dernièrement à Rome, à 47 ans;
— Dr. Heinrich Degenkolb, ancien professeur de droit civil à l'Université
de Leipzig, mort le 2 septembre, à Thusis, en Suisse, à 77 ans; — Richard
Engelmann, archéologue autrichien de réputation, mort dernièrement
à Gratz (Styrie), à 65 ans, lequel a publié, entre autres ouvrages : Beitràge
zum Euripides. 1. Alkmene (Berlin, 1882, in-4); Bilderatlas zum Homer
(Leipzig), 1889, in-4); Archàologische Studien zu den Tragikern (Berlin,
1900, in-8) ; — Dr. Fritz Erk, directeur de la station centrale météorologique
de Munich, mort en cette ville, à 59 ans; — Heinrich Fechner, pédagogue
allemand, mort à Berlin, le 1*^'' septembre, à 65 ans; ■ — Pierre François,
ancien professeur du collège épiscopal d'Eecloo (Belgique), éditeur du jour-
nal Recht çoor Allen, mort le 10 octobre, à 49 ans; — Dr. Karl Gottsche,
directeur du musée de minéralogie et de géologie de Hambourg et professeur
à l'Institut colonial de cette ville, mort à 54 ans; — Dr. Karl Hiltz, pro-
fesseur de politique internationale à l'Université de Berne, membre du Con-
seil national et chef du département de justice militaire de Suisse, membre
du tHbunal international d'arbitrage de La Haye, mort dernièrement à
Montreux, à 77 ans, lequel était l'éditeur du Politisches Jarhrbuch der
schweizerischen Eidgenossenschaft et l'auteur de divers ouvrages de droit
national et de droit international, tels que : Ùber Statutenvon Actiengesell-
schaften nach dem neuen Obligationenrecht (Berne, 1882, in-8)-. Die Neutra-
litàt der Schweiz in ihrer heutigen Auffassung (Berne, 1889, in-8); — le baron
HuRMAZACHi, membre de l'Académie roumaine, mort dernièrement à
Cernanca, à 83 ans; — le lieutenant-colonel d'infanterie espagnole Don
José Ibanez-Marin, directeur, depuis 1891, de la Revista técnica de in-
fanteria y caballeria, dans laquelle il a publié un grand nombre d'études mili-
taires, auteur d'un important ouvrage sur la campagne de Prusse en 1806.
d'une excellente bibliographie sur la guerre de l'Indépendance espagnole et
de notes intéressantes sur le centenaire de la bataille de Baylen, mort le
23 juillet, dans un combat aux environs de Melilla, à l'âge de 48 ans; — ■
Joseph Jacob, musicien et compositeur belge de talent, professeur au Con-
servatoire royal de Gand, auteur d'un concerto, de jolies pièces pour haut-
bois et de deux ballets, Lilia et la Légende de la Perle, mort en octobre, à
54 ans; — Josef Joesten, historien allemand, auteur de : Zur Geschichte
des Schlosses Windeck (Elberfeld, 1893, in-8); Geschichte der Familie Joesten
und deren Familienstiftungen (Bonn, 1902, in-8); Kulturbilder ans dem
Rheinland. Beitràge zur Geschichte der geistlichen und sozialen Bewegungen
(Bonn, 1902, in-8), etc., mort dernièrement à Bonn, à 60 ans; — Dr. Alfred
Christlieb Kalischer, littérateur et musicologue allemand, mort le 9 octobre,
à Berlin, à 67 ans, lequel a publié de nombreux ouvrages, particulièrement
sur Beethoven, entre autres : Heinrich Heinè's Verhdltnis zur Religion
(Dresde, 1889, in-8); Gotthold Ephraim Lessing als Musik-Aesthetiker
(Dresde, 1890, in-8); Die « Unsterbliche Geliebte « Beethovens, Giuletta Guic-
ciardi oder Thérèse Brunswick ? (Dresde, 1891, in-8); Spartacus, eine soziale
— 463 —
Tragôdie in 5 Aufzugen (Berlin, 1899, in-8); — Sir Arthur Mitchell, qui
a réussi à faire introduire de grandes réformes dans les maisons de fous par
son ouvrage : The Insane in private Dwellings, et qui a publié quelques
autres volumes intéressants, tels que : The Past in the Présent: What is Ci-
vilisation ? {1880); A list of Travels in Scotland, 1296-1900; About Dreaming,
Laughing and Blushing (1905); — Mathias Oeribauer, écrivain autrichien,
mort à Vienne, à 71 ans, auquel on doit, entre autres volumes : Fiihrer
filr Trient- Arco und Utngehung, sowie die ubrigen Curorte Wâlschtirols
(Reichenberg, 1884, in-8); - — Oriani, écrivain italien de mérite, à qui l'on
doit diverses œuvres historiques et dramatiques, mort à Bologne, le 21 oc-
tobre; — Edward Peacock, directeur gérant du Morning Post et secrétaire
honoraire du célèbre club littéraire et artistique le « Savage Club », mort
à Londres, le 24 octobre ; — le général allemand von Pelet-Narbonne, dont
les articles ont été souvent remarqués en France, mort à Berlin, le 12 octobre
à l'âge de 70 ans; — Cari Pilz, pédadogue allemand, directeur du périodique
Cornelia, mort le 4 septembre, à Leipzig, à 89 ans; — Pitonville, professeur
de l'Athénée de Chimay, en Belgique, mort accidentellement, au commence-
ment d'octobre, à Boutonville; — Eugen Rey, ornithologiste allemand,
mort à Leipzig, le 30 août, à 71 ans; - — Roland, professeur de l'Athénée
de Chimay, mort accidentellement au commencement d'octobre, à Bou-
tonville; — Léo Sachse, professeur de gymnase allemand, qui a publié,
sous le pseudonyme de Arno Gais, divers ouvrages de poésie, entre autres :
Zaubermârchen und Wundergeschichten (léna, 1888, in-8) et Waldesrand und
Meeresstrand. Gedichte (léna, 1888, in-8), mort à léna, le 1^"" septembre,
à 65 ans; — Artur von Scala, ancien directeur du Musée des beaux-arts
de Vienne, mort dernièrement à Lanna, près de Méran, à 66 ans; — Georg
ScHERER, écrivain et poète allemand, auteur de nombreux ouvrages, tels
que : Illustrirtes deutsches Kinderbuch. Altt und alte Lieder, Màrchen, Fabeln,
Spriiche und Ràthsel (Leipzig, 1873-1877^ 2 vol. in-4), Die schônsten deut-
schen Volkslieder. Illustrirte Prachtausgahe (Leipzig, 1875, in-4), mort le
21 septembre, à Munich, à 82 ans; — Lina Schneider, femme de lettres
allemande, morte dernièrement à Cologne, à 79 ans, auteur de : An den
blauen Wassern des Liwasees. Eine Erzàhlung aus baltischen Vergangenheit
(Mannheim, 1897, in-8), etc; — - Nicolas Spinelli, compositeur italien de
talent, auteur de l'opéra Labilia et de plusieurs autres œuvres dont la plus
populaire, A Basso Porto, a été jouée sur toutes les scènes lyriques de l'Ita-
lie, mort à Rome, à 44 ans; — Philippe Stein, écrivain allemand, mort à
Berlin, à 56 ans, lequel a publié : Auswahl von Gesdngen fur den gemischten
Chor der Gymnasien, Real- und hôheren Burgerschulen. Nebst eineni Anhang
von Turnliedern fiir den allgemeinen Gesang (Cologne, 1887, in-8), etc; —
Koloman de Titaly, homme politique hongrois, auteur d'une excellente
histoire du prince François Rakoczy II et de son époque, mort le 3 octobre,
à Zablat, à 70 ans; — l'abbé Van der Elst, écrivain et journaliste belge,
qui a donné au Journal de Bruxelles, pendant une dizaine d'années, sous
des pseudonymes divers, un grand nombre de chroniques très appréciées,
et dont l'ouvrage le Bréviaire d'un jeune homme du siècle, sorte de vade-
mecum du dilettantisme contemporain, a obtenu un vrai succès, mort der-
nièrement à Molenbeck, à 40 ans.
Lectures faites a l'Académie des sciences morales et politiques. —
Le 2 octobie, M. Boutroux analyse l'ouvrage de William James sur la psy-
chologie à propos de la traduction de ce livre par M. Baudin. — Le 16,
M. Gabriel Monod lit, extrait de son travail sur la politique des jésuites,
— 464 —
un chapitre dans lequel il nie l'existence de constitutions secrètes à côté
des règles ostensibles de l'ordre.
Lectures faites a l'Académie des inscriptions et belles-lettres. —
Le 4 octobre, M. Merlin rend compte des découvertes sous-marines faites
près de la côte tunisienne: un chargement de navire portant des colonnes,
des chapiteaux et des objets d'art remontant au ii" siècle. — M. S. Reinach
croit que ce chargement appartenait à un marchand de l'époque de Sylla. —
M. Haussoulier signale l'importance des inscriptions comprises dans cette
découverte, dont l'une a trait à l'établissement du culte d'Ammon à Athènes.
— Le 8, M. Clermont-Ganneau explique une inscription hébraïque du iii^
siècle après J.-G. trouvée en Galilée, àSepphora. — M. Maspero rend compte
des travaux entrepris en Egypte pour défendre les fouilles contre les inon-
dations du Nil et les résultats des recherches dans les monuments anciens. —
M. de Lasteyrie achève la lecture de son mémoire sur l'architecture à cou-
poles en France. — Le 15, M. Girard donne lecture d'une notice sur la vie
et les œuvres de M. Barbier de Meynard, son prédécesseur. — M. CoUignon
parle de statues funéraires grecques représentant des serviteurs du défunt.
• — MM. S. Reinach, Pottier et Perrot ajoutent quelques observations. —
Le 22, le P. Scheil lit une notice sur M. Hartwig Derenbourg, et ses travaux
comme arabisant. — M. Clermont-Ganneau entretient l'Académie d'une
série de mesures de capacité découverte à Jérusalem par le P. Germer-
Durand. — M. Homolle donne lecture d'un travail tendant à démontrer
que c'est le trésor de Cnide que l'on a découvert récemment à Delphes et
qui contenait la plus grande quantité d'objets d'art précieux. — Le 29,
M. Philippe Berger décrit une estampille ancienne apposée sur une urne
funéraire trouvée à Garthage par le P. Delattre, et qui contient le symbole
de la déesse Tanit et celui de Baal Ammon.
Congrès national eucharistique de Faverney. — En mars 1908
(Poiybiblion, t. CXII, p. 273-275), nous avons annoncé le Congrès national
eucharistique qui s'est tenu à Faverney (Haute-Saône) du 20 au 24 mai 1908,
et nous avons parlé du volume publié à cette occasion, dans lequel les orga-
nisateurs avaient réuni dix-neuf documents relatifs au miracle du 25 mai
1608. Comme nous l'avions prévu, la première édition de ce recueil a été
vite épuisée (quelques jours ont suffi 1). Une deuxième n'a pas tardé à suivre.
Le titre est resté le même : Le Miracle des saintes hosties conservées dans
les flammes, à Faverney, en 1608. Notes et documents publiés à l'occasion
du iii*^ centenaire du miracle (Besançon, imp. Jacquin, 1908, gr.in-8, avec
11 planches et fac-similés. Se vend au Secrétariat général du Congrès eucha-
ristique, 14, rue Charles-Nodier, à Besançon, au prix de 3 fr. 50). Mais,
cette fois, au lieu de xi-206 p., le nouveau volume en compte xiv-226. Non
seulement on trouvera ici la pièce (anonyme) que nous avions regretté de
ne pas voir dans la première édition et que M. Jules Gauthier a attribuée à
Jean Boyvin, président du Parlement de Dole, intitulée : Récit miraculeux
de deux sainctes Hosties, lesquelles ont esté conservées entières au milieu du feu.
Ensemble onze miracles qui se sont faicts en mesme temps à l'endroit desdites
sainctes Hosties, en V Eglise de F Abbaye de nostre Dame de Faverney près
de Dole, de V ordre de sainct Benoist. A Paris, chez Claude Vymont... M. DC
XXVII (p. 189-195), mais encore cinq autres documents ou notes, savoir :
Extrait de la relation fidèle du miracle du saint Sacrement arriué à Fauerney
en 1608, par J. Boyvin (p. 196-205), texte reproduit d'après l'édition d'A.
Guenard (Besançon, 1839). Ces deux récits, réunis sous la rubrique XVIII.
Témoignage de Jean Boyvin, sont précédés d'une notice sur ce personnage; —
ff
— 465 —
X. Histoire miracvlevse dv S. Sacrement de Vavtel qui est demeuré en .Voir
sans estre soustenu de rien, V Autel sur lequel il reposait ayant esté bruslé sans
que le Ciboire fut offensé des flammes. Ce fust le iour de Pentecoste dernier, en
V Abbaye et Monastère nostre Dame Fauuerne, de Vordre de saint Benoist,
en Bourgogne. Tiré des mémoires et attestations que le grand Prieur, Beligieux
de diuers couuents, officiers du dit lieu, en ont enuoyé à Monseigneur le Reue-
rendissime Archevesque de 5e5a7?pon. A Lyon, par Jean Poyet. M. DC. VIII
(p. 147-151); — XIII. Extrait de la Chronologie de Jacques Gaultier, 1609
(p. 159-160, avec notice sur cp P. jésuite, né à Annonay en 1562); — XIX.
Extrait du « Candelabrum mysticum « de Jacques Marchant, 1638 (p. 206-208,
avec notice sur l'auteur, professeur.- de théologie dans les abbayes de Flo-
refïe et de Lobbes (Belgique), puis curé de Couvin, sa ville natale); — XXI.
Extrait du sermon 80^ du Père Lejeune : De la Présence réelle de corps de J.-C.
en l'Eucharistie (p. 212-214, avec notice sur ce célèbre oratorien, fils d'un
conseiller au Parlement de Franche-Com'té, né en 1592). Ce volume semble
maintenant complet et définitif. — Mais ce n'est pas tout. Nous nous
attendions bien, dès l'origine, à voir paraître, après la clôture du Congrès,
un autre volume qui renfermerait les divers travaux ou études inspirés
par cette grande solennité catholique. Nous n'avons pas été déçus; nous
sommes heureux, même, de déclarer que nos espérances sont dépassées.
En effet, le Compte rendu des travaux du Congrès eucharistique de Faverney,
20-24 mai 1908. Troisième Centenaire du miracle (Besançon, Secrétariat
du Congrès, 14, rue Charles-Nodier, s. d. [1909], gr. in-8 de xlvi-594 p.,
avec de nombreuses illustrations dans le texte et hors texte. — Prix :
7 fr. 50) se présente avec toutes les garanties du plein succès. Imprimé
avec le soin dont la maison Jacquin est coutumière, ce fort volume s'ouvre
par un remarquable ^c<zn<-/>ropos sans signature, mais qui, à n'en pas douter,
a été rédigé par le dévoué secrétaire général du Congrès, M. le chanoine
Mourot. Il est impossible de faire, en si peu de pages (30 exactement) un
tableau plus animé de ces cinq jours de fêtes et d'études; il se lit avec un
intérêt toujours croissant. Nous voudrions pouvoir l'analyser ici; mais
l'espace nous est compté et il ne nous reste plus que la place indispensable
pour mentionner les nombreux travaux, discours et allocutions qui com-
posent ce beau recueil, largement et brillamment illustré de vues et de por-
traits : Documents préliminaires : Instruction pastorale de Mgr V archevêque
de Besançon à V occasion du Congrès national eucharistique (p. 3-17); —
Supplique au Saint-Père et Rescrit pontifical accordant des indulgences à
l'occasion du Congrès (p. 18-19). — Ouverture du Congrès : La Portée doc-
trinale du miracle de Faverney, par le R. P. Janvier (p. 23-40). — Etudes
et travaux, l''^ section. Le Miracle de Faverney. Première séance, jeudi
21 mai : Allocution d'ouverture, par Mgr Fulbert Petit, archevêque de Be-
sançon et Télégramme au Pape (p. 43-46); — L'Abbaye de Faverney en 1608,
par M. Guiraud (p. 47-58); — Le Miracle de Faverney, récit composé avec
les procès-verbaux d'enquête et les dépositions des témoins, par M. le» chanoine
Panier (p. 59-81); — Lieu précis où s'est accompli le miracle, identification
de ce lieu par l'étude comparée des divers témoignages, par M. l'abbé Eberlé
(p. 82-107); — La Constatation des faits, par M. l'abbé Joignerey (avec un
Appendice bibliographique et iconographique) (p. 108-127); — Notice sur
le curé Aubry, de Menoux (l'un des premiers témoins du miracle), par M.
l'abbé Munier (p. 128-130). Deuxième séance, vendredi 22 mai : Réponse du
cardinal secrétaire d'État au télégramme adressé au Pape (p. 131); — Etude
critique des docum-ents, par M. Fabbé Bvtme (p. 132-141); — Étude juridique
Novembre 1909 T. CX'VI. 30.
466
du procès de l'Ordinaire, par M. l'abbé Mauvais (p. 142-154); — Le Miracle
de Favernty, ses raisons, sa réalité, étude théologique, par M. l'abbé Tuaillon
(p. 155-168); — Les Erreurs protestantes réfutées par le miracle de Faverney,
par M. l'abbé Perrod (p. 169-179). — Troisième séance, samedi 23 mai :
V Influence protestante avant et après le miracle, par M. l'abbé Tournier
(p. 181-191); — Influence positive du miracle sur la population catholique
de la région, par M. l'abbé Camuset (p. 192-203); — La Translation, le culte
et la disparition à Dole d'une des deux Saintes Hosties miraculeuses de F averney ,
par M. le chevalier Pidoux (p. 204-219); — La SainteHostie de Faverney;
sa conservation, son culte jusqu'à nos fours, par M. l'abbé Lachassine (p. 220-
234). — 2^ Section. Section sacerdotale. Première séance, jeudi 21 mai :
Culture des vocations ecclésiastiques, par M le chanoine Boillot (p 235-247);
• — Le Chant liturgique, par M. l'abbé Henri Humbrecht (p. 248-259); —
Sur la dévotion au Cœur eucharistique de Jésus, par le R._P. Masq^^elier (p. 260-
264); — L' Assistance à la messe en semaine, ^ps^r M. le chanoine Guichard
(p. 265-275 V — Deuxième séance, vendredi 22 mai : La Communion fré-
quente et quotidienne, par M. le chanoine Trép}' (p. 278-289); — Rapport
complémentaire [sur ce sujet], par le R. P. l-ouis Baille (p. 290-293); —
La Communion pascale: causes ordinaires qui en éloignent, par M. le cha-
noine Louvot (p. 294-299); — Les Congrès eucharistiques diocésains et
cantotaux, par M. l'abbé Jacquot (p. 300-311). — 3*^ Section. Section des
dames. Première séance, jeudi 21 mai : Allocution de Mgr Dubillard, arche-
vêque de Chambéry (p. 313-314); — La Fetyime et le Soin de l'Église, par
j\['"'^ de Bussières (p. 315-323); — La Femme et le Denier du clergé, par M^i»
Gténiot (p. 324-334); — La Femme et la Vie chrétienne, i)a.r 'M. le chanoine
Bohhélier (p. 335-342). — 2*^ séance, vendredi 22 mai : La Femme et le Rôle
de la mère dans V éducation de l'enfance, par M. l'abbé Penotet (p. 344-358) ; ■ —
La Femme et les Œuvres, par M^^^ Laroche (p. 359-366); — L'Œuvre des
catéchistes volontaires au diocèse du Puy, par M^^'^ Reynaud (p. 367-376); —
Rapport sur l'œuvre des catéchistes dans le diocèse de Besançon (anonyme)
(p. 377-380); — Les Dames adoratrices de Montmartre, œuvre d'Union de
prières avec Montmartre (anonyme) (p. 381-384). ■ — 4^ Section. Section de
jeunesse. Première séance, samedi 23 mai : Les Divers Groupes de jeunesse,
pai M. Georges Mairot (p. 385-395); — Les Œuvres militaires, par M. l'abbé
Pattinger (p. 396-398); ■=— Les Œuvres d'apostolat, par M. Joseph Jacques
(p. 399-409); — L' Apostolat par la presse, par M. l'abbé Garnier (p. 410-
418); — Les Cercles d'études, par M. l'abbé Simonnin (p. 419-427). • — 2«
séance, dimanche 24 mai : Allocution de -Mgr Dubois, évêque de Verdun
(p. 429); — Formation intellectuelle, morale et ascétique de la jeunesse, par
]\I. l'abbé Bidoz (p. 430-436); — La Jeunesse auxiliaire du clergé, dans le
. culte et dans ses œuvres, par M. l'abbé Moine (p. 437-444); — L'Eucharistie
est un foyer de charité, d'apostolat et d'œuvres sociales, par M. l'abbe Marmier
(p. 445-453). — Discouis solennels. Première journée, jeudi 21 mai : L'Eu-
charistie ?t la Lutte pour l'Église, par M. l'avocat Séjourné (p. 457-469); —
Les Leçons de l'Eucharistie, par Mgr Delamaire, coadjuteur de Cambrai
(p. 470-480). — 2e journée, vendredi 22 mai : L'Eucharistie, remède social,
par M. Prtim (p. 481-501); — L'Eucharistie, remède moral, par Mgr Sevin,
évêque de Châlons-si;r-Marne (p. 502-523). — 3^ journée, samedi 23 mai :
Les Conséquences sociales de l'Eucharistie, par M. le sénateur Jenouvrier
(p. 524-543). : — Clôture du Congrès : Vœux émis par le Congrès national
eucharistique (p. 544-548); — Rapport final sur les travaux et les conclusions
des quatre sections, par M. le chanoine Laurent (p. 549-557); — L'Eucharis-
tie : les Périls du peuple à l'heure présente et la Puissance divine de régéné-
- 467 -
ration et de salut de VÉglise catholique, par Mgr Turinaz, évêque de Nancy
(p. 559-575); — Discours de clôture, par Mgr Fulbert Petit, archevêque de
Besançon (p. 577-587).
Archéologie préhistorique. — M. Paul Cogels a réuni en un fort vo-
lume de tirage à part sous ce titre : Céraunies et pierres de ioudre, histoire et
bibliographie (Anvers, 1907, in-8 de 406 p.) une série d'étudts publiée?;
dans le Bulletin de V Académie royale d'archéologie de Belgique. Appelé à
l'honneur de présider cette Académie, M. Cogels, qui est naturaliste par
ses études personnelles, a voulu payer cet honneur par un volume qui pût
i ntéresser ses confrères, et nous pensons qu'il y a réussi, car ce volume
instruira également ses confrères d'archéologie en tout pays. M. Cogels a choisi
un sujet qui forme un point de contact entre les sciences naturelles et l'ar-
chéologie, en traitant de ce que le peuple appelle encore >' pierres de tonnerre »,
croyant ce que croyaient les anciens naturalistes, c'est-à-dire que c'est
la forme matérielle de la foudre tombée du ciel sur la terre, — ce que les
archéologues reconnaissent aujourd'hui être des haches de pierre remontant
à l'époque préhistorique. Cet ouvrage n'est pas un traité didactique sur le
sujet : M. Cogels a fait une œuvre plus modeste et peut-être plus utile aux
travailleurs : il a passé en revue tous les auteurs qui, depuis Pline et Suétone
jusqu'aux premiers temps du xix^ siècle, ont, en savants ou en curieux ou
en archéologues, parlé des pierres de foudre; il rapporte leurs témoignages,
discute leurs jugements d'après les connaissances de leur époque et il montre
ainsi comment l'opinion scientifique est sortie peu à peu des erreurs et de
l'ignorance des anciens temps. C'est une sorte de revue cinématographique
extrêmement intéressante pour les curieux d'archéologie et un recueil très
précieux de matériaux. — Le volume se termine par un index de plus de
quarante pages à deux colonnes qui rend les recherches très faciles. On
regrette seulement une table des matières qui permette de voir d'un coup
d'œil la suite chronologique; mais nous ne présentons cette observation
que. comme une vétille.
Almanachs pour 1910. — U Almanach du Bon Français que publie la
Société bibliographique, vient d'atteindre l'âge de majorité : il compte
vingt et un ans d'existence. Nombre de nos lecteurs le connaissent depuis
ses origines; à ceux-là il n'est donc plus utile de rappeler ses tendances et
son but; mais pour tous, il est nécessaire d'esquisser la physionomie de la
publication et à cet effet nous donnons ci-après la liste des principaux
articles que l'on y trouve : Une Grande Fête nationale. La Béatification de
Jeanne d'Arc (2 grav.). — Les Navires monstres de V Antiquité . — Le Marché
aux crapauds. — Le Cataclysme italien (1 grav.) — Travailleur et Bourgeois. —
La Peine de mort. — Le Chapelet de V Apprenti. — Les Massacres d' Arménie
(1 grav.). — Une Merveilleuse Guérison du Cinquantenaire à Lourdes. — •
Dictons populaires sur le temps (suite). Depuis 1905, cette publication était
interrompue. Elle a repris dans V Almanach de 1910 avec les mois de Juillet
et d'Août. — Tremblement de terre dans le midi de la France (l grav.). —
U Association Valentin Hauij pour le bien des aveugles. — Une Belle Conver-
sion. — La Résurrection de Saint-Pierre de la Martinique. — De France
en Angleterre à travers l'espace. Blériot et son monoplan ( 1 grav.) — ''A propos
de Danton. — Suicides déniants. — Celles que Von chasse (religieuses dé-
corées). — Les Origines de la France. — Les Dix Commandements de Vhygiène.
— Les Espagnols au Maroc. L'Insurrection de Barcelone (1 grav.). — "ies
Tribunaux révolutionnaires. — L' Exécution des otages en 1871. — Les Progrès
de r Antimilitarisme. — Un Vaillant Patriote. — De format petit in-12.
168
V Almanach du Bon Français compte 72 p., comme ses devanciers. — Prix ;
l'exemplaire, 0 fr. 15; franco, 0 fr. 20; la douzaine, 1 fr. 60; franco, 2 fr.;
le cent, 12 fr., franco, 13 fr. 50; le mille, port en sus, 100 fr. (Adresser les
demandes au ;iège de la Société bibliographique, 5, rue Saint-Simon, Paris,
VIP.)
L'Alniavach Hachette, petite encyclopédie de la vie pratique (in-12 de 432-
96 p., avec 10 cartes et plans et 1000 grav. et portraits. — Prix : 1 fr. broché
3t 2 fr. cartonné), diffère grandement de ses aînés; il est, en outre, en plusieurs
de ses parties, imprimé en plus gros caractères, ce qui ne rend la lecture
plus aisée. Les nombreux articles, entièrement inédits et rédigés par des spé-
cialistes, traitent des connaissances les plus variées réparties en dix-huit
grandes divisions. Nous avons remarqué, entre autres : La Vie dans V Univers.
— Le Soleil et les tremblements de terre. — La Route des airs conquise. — La
Télégraphie sans fil. — Les Monde dans deux cents ans. — Typhus et fièvre
typhoïde. — Le Rein, baromètre de la santé. — U Affaire du courrier de Lyon
(1796). — La Comète de Halley revient. — Libérateurs de peuples. — Histoire
de l'année. — La Renaissance des canaux. — U Accroissement des cités
monstres. — Z-es Chefs-d'œuvre de la littérature allemande. — Les Merveilles
du Louvre vues en six heures. — Les Ornements sacerdotaux. — L'Écriture
révèle les maladies. — La Situation financière de la France. — L'Art de dé-
fendre son argent. — Les Commandements du rentier. — Le Drainage, source
de richesse. — Pour créer un élevage de volaille. — Sports, jeux. ■ — Ce que
tout Français doit savoir de la loi militaire.
L' Almc^iach de la Bienheureuse Jeanne d'Arc (Paris, Œuvre des Orphelins-
apprentis d'Auteuil, in-8 de 128 p., avec de nombreuses gravures. — Prix :
1 fr.) est fort beau. La première partie de cet almanach résume la vie de
notre héroïne nationale; la seconde a tiait aux fêtes de la béatification
à Rome et en France. L'illustration est abondante et très soignée. A notei
enfin un cantique à la Bienheureuse et un chant à Jeanne d'Arc, l'un et
l'autre avec musique. — A la même imprimerie, on trouvera VAlma-
nach de l'A mi des enfants ou Almanach de la première communion et de la
persévérance (petit in-12 de 63 p. avec grav. — Prix : 0 fr. 30). — Mention-
nons aussi V Almanach des patronages (11^ année, gr. in-8 de 72 p. illustré
0 fr. 50) lequel, ayant bénéficié de six approbations épiscopales, a en outre
été récompensé par la Société nationale d'encouragement au bien. —
V Almanach de la France illustrée (34" année, in-8 de 106 p.) qui, par ses récit j
intéressants, édifiants ou patriotiques et ses jolies gravures, mérite nos
suffrages.
Voici les cinq almanachs édités par la Société de Saint- Vincent de Paul
et que l'on trouve soit au bureau de cette société, 6. rue de Furstenberg, à
Paris, et chez Desclée et de Brouwer. à Paris et à Lille : Le Coin du feu
(in-16 de 64 p., illustré, 0 fr. 25); Le Soldat (in-16 de 64 p., illustré, 0 fr. 25);
Almanach du laboureur et du vigneron (in-16 de 112 p. avec grav., 0 fr. 20);
Almanach de l'Atelier (in-16 de 112 p., avec grav., 0 fr. 20); Petit Almanach
de V écolier (in-32 de 61 p., avec grav., 0 fr. 05).
Et pour terminer cette première présentation d'almanachs, nous men-
tionnerons le Petit Almanach français (Paris, Librairie du Panache, 47, rue
Bonaparte (in-16 de 160 p., avec de nombreuses gravures, Ofr. 50). Almanach
de combat où l'énergie le dispute à l'esprit.
Paris. — Réunissant des articles paras dans l'excellente Revue Henri IV,
M. le comte Baguenault de Puchesse publie une brochure intitulée : Henri IV
avant son avènement, 1553-1589 (La Flèche, Besnier. 1909, in-8 de 68 p.).
— 469 —
La jeunesse du Béarnais est divisée par l'auteur en trois périodes. Première
période : Jusqu'à l'évasion de la Cour, en 1576. Deuxième période: Jusqu'à
la mort du duc d'Anjou, en 1584. Troisième périjde : Jusqu'au meurtre de
Henri III, en 1589. Un appendice énumère environ cent « lettres de Henri IV
avant son avènement, qui ne figurent pas dans la collection des Lettres
missives de M. Berger de Xivrey ni dans le Supplément de M. Gi.adet ».
C'est avec une rigueur très scientifique, mais aussi avec une aisance pleine
d'esprit qi.e notre très distingué collaborateur décrit l'enfance de Henri IV,
puis sa carrière de chef du parti protestant, puis son rôle comme héritier de
la couronne.
— Les jeunes lecteurs et jeunes lectrices auront plaisir et profit à
connaître le volume de M. A. Parmentier : La Cour du Roi-Soleil (Paris,
Armand Colin, 1909, petit in-8 de 144 p. avec 80 gravures. — Prix : 1 fr. 50).
Composé d'après les documents les plus sûrs et d'après les historiens les plus
dignes de foi, ce livre donne, croyons-nous, une idée suffisamment exacte
et impartiale des hommes et des choses de la Cour, au temps de Louis XIV.
Toutefois, si M. Parmentier avait utilisé davantage les travaux de M. de
Nolhac, il n'aurait pas dit que la construction de Versailles '< absorba plus
d'un demi-milliard de notre monnaie » (p. 36) : c'est là i ne grosse exagéra-
tion.
— Bien qu'il porte la date de 1906, le t. II des Mémoires du comte de Sou-
vigny, lieutenant i^énéral des arméi s du Roi, publié par M. le baron Ludovic
de Contenson pour la Société de l'histoire de France, n'a paru qu'en 1908
(Paris, Laurens, in-8 de 360 p.) et le t. III vient de paraître (ibid., 1909,
in-8 de xxvii-388 p.). Le t. II à lui seul achevait à peu près la publication
des Mémoires, comprenant les années 1639 à 16.'''9, tandis que le t. III ne
nous donne que l'année 1660. Mais il est rempli par un appendice considé-
rable, dans lequel on trouvera : 1° l'Avant-propos des Mémoires; 2° une gé-
néalogie de la famille Gangnières, dont Souvigny était originaire; 3° sous
des rubriques diverses, un riche ensemble de pièces justificatives. On y trou-
vera également l'Introduction, destinée à être jointe au premier volume,
dans laquelle M. le baron Ludovic de Contenson nous donne sur l'auteur
des Mémoires des renseignements complémentaires et fait excellemment
ressortir que le principal intérêt de cette œuvre consiste dans les traits de
mœurs qu'elle nous présente; la vie même de Souvigny, parti d'une humble
position, pour s'élever siiccessivement aux hauts grades de la hiérarchie
militaire et en même temps à la noblesse, et s'adaptant avec facilité à sa
nouvelle situation, est particulièrement instructive. L'annotation de M. de
Contenson est toujours précise. On regrettera que la table qui complète le
3^ volume ne s'applique pas aux pièces justificatives.
— Le chevalier d'Assas a-t-il vraiment été le héros dont le dévouement
à Clostercamp a sauvé l'armée française et assuré la victoire à nos troupes,
ou bien a-t-il simplement bénéficié d'une légende dont Voltaire s'est fait
l'interprète? La question a déjà fait l'objet de plus d'une discussion. Sans
la résoudre peut-être — il n'y prétend pas d'ailleurs, — M. G. Brunet jette
dans le débat une pièce demeurée à peu près inaperçue jusqu'ici et discute
excellemment les textes et les arguments fournis de part et d'autre. Ce
texte, c'est la seule relation qui subsiste d'un témoin oculaire, le chevalier
de Laborie, à l'époque lieutenant aux chasseurs d'Auvergne, et qui fut
l'informateur de Voltaire. Le malheur, c'est qu'il n'est pas facile de déter-
miner le degré de confiance que l'on peut accorder à ce témoignage; et c'est
pour cela que ces Recherches nouvelles sur la mort du chevalier d'Assas (Revue
des questions historiques, octobre 1909) laissent subsister un doute. Elles
— 470 -
n'en sont pas muins le meilleur travail critique q.i ait paru sur ce sujet.
■ — Tout le monde ne peut posséder et lire les trois importants volumes
qui forment le livre écrit par M. de Marcey sur Charles Chesnelong, son his-
toire et celle de son temps (1820-1899), que le Polybiblion a présenté à ses
lecteurs dans sa livraison de juillet 1908 (t. CXI II, p. 64-65). Du moins en
auront-ils une large idée en lisant dans la Revue des sciences ecclésiastiques
et la Science catholique l'étude que notre très distingué collaborateia' M. C.
de Kirwan a consacrée à Fouvrage de M. de Marcey sous le titre : Charles
Chesnelong, son rôle sous le second Empire et les régimes qui ont suivi (tirage
à part. Arras et Paris, Sueur-Charruey, 1909, in-8 de 40 p.). Cette étude
est ainsi divisée : I. Le Député au Corps législatif. — II. Chesnelong à
l'Assemblée nationale. La Chute de Thiers. — III. La Fusion et la Campagne
monarchiqt;e. — IV. 187.'M876. — V. Chesnelong sénateur. « L'auteur,
observe M. de Kirwan en manière de conclusion, a voulu avant tout faire
ressortir le caractère, la figure, l'âme du grand homme de bien dont il a
tracé la vie publique... et quiconque s'intéresse aux choses, aux hommes,
aux événements de la seconde moitié du siècle qui vient de se clore doit avoir
dans sa bibliothèque les trois volumes dont se compose le Charles Chesnelong.»
— Les séries de la Littérature par Vimage, collection éditée*par la librairie
Didier (Paris, 4 et 6, rue de la Sorbonne),au prix de 1 fr. la série, ou « po-
chette», se poursuivent rapidement. En voici deux nouvelles. La première
(pochette n° 9) se rapporte à Chateaubriand. Les douze cartes qui la com-
posent nous montrent le château de Combourg où fut élevé l'auteur du
Génie du christianisme; viennent ensuite deux portraits de Chateaubriand
à des époques très différentes de sa vie; d'autres sont des reproductions
de gravures illustrant les œuvres les plus maïquantes de l'écrivain; à noter
enfin un portrait de M^^^ Récamier, son amie fidèle, et le fameux tombeau,
au bord de la mer qu'il surplombe, à Saint-Malo. — Si intéressante que soit
cette pochette n° 9, la suivante (10^, consacrée à Montaigne, l'est davantage,
à notre avis. D'abord la reproduction d'une jolie composition de Marillier
offrant une sorte de « Tableau historique de la vie et de l'œuvre de Montai-
gne )', puis deux beaux portraits, des plans et vues du château et de la tour
de Montaigne, un portrait de M^o de Gournay, un fac-.'?imilé de lettre au-
tographe, la reproduction du frontispice et d'une page des Essais (exem-
plaire de Bordeaux), et, pour terminer, une gravure représentant les derniers
moments de Montaigne. — L'ensemble de la collection la Littérature par
l'image compte, à ce jour, 120 cartes vraiment artistiques, toutes pourvues
de notices explicatives.
• — Signalons l'opuscule tout d'actualité que M. François Veuillot vient
(le faij'e paraître : L'Union des catholiques et les Élections (Paris, Lelhielleux;
et administration du journal l'Univers, 1909, in-12 de 16 p. — Prix : 0 fr. 25).
— Nous recevons une brochure intitulée : Almanach des noms de bap-
tême (Paris, Daragon, 1909, in-18 carré de 62 p. — Prix : 1 fr. 50). « Nous
ignorons, déclare l'auteur anonyme dans sa courte Préface, les noms du
plus grand nombre des saints et des bienheureux : nous ne pouvons donc ni
recourir à eux ni placer sous leur patronage les enfants qui entrent dans la
vie, et que l'on veut nommer au baptême... Poi.r éclairer la recherche des
pères et des pariains, no„s offrons ici une nomenclature comprenant plus
de 4500 noms de saints et bienheureux, tant anciens que modernes. » Ces
noms sont disposés par mois et par jour, du l'^'" janvier au 31 décembre.
— Notre collaborateur M. É. Chailan publie un opuscule scientifique
clair et pratique qui s'adresse à tous, mais plus particulièrement aux per-
sonnes n'ayant « aucune connaissance antérieure sur la mécanique et la
— 471 —
physique. » Titre : Système C. C. S. Mesures industrielles (Paris, Poussielgue,
1909, petit in-16 de 30 p., avec fig. — Prix : 0 fr. 30). La Préface placée en
tète de l'opuscule explique le but visé par l'auteur; nous en extrayons les
lignes suivantes : ( Le système C. G. S. (traduisez, ces initiales par le centi-
mrtre, le gramme. ]d. seconde) est l'ensemble des mesures usitées en mécanique
et en électricité qui ont été déterminées après une entente internationale.
Il est universellement adopté... Les nouvelles unités introduites ne sont pas
seulement théoriques, c'est-à-dire se prêtant universellement à des calculs
faciles; elles sont encore pratiques. Comme il a été fait pour le mètre et
le kilogramme, on a construit des étalons qui les représentent d'une manière
efîective et permettent de graduer des instruments pratiques de mesure.
L'emploi constant du système C. G. S. a introduit, dans le langage courant,
l'usage de termes techniques dont il importe de connaître la valeur exacte.
Nous ne faisons pas l'exposé complet du système C. G. S. ; nous le limitons
au strict nécessaire. Nous y avons joint les autres mesures industrielles
encore en usage. »
Berry. — L^ne vieille maison de Boi;rges porte i ne inscription : '< Icy
se donne le gris ->, qui a déjà fait couler beaucoup d'encre et prêté matière
aux interprétations les plus diverses et les plus fantaisistes parfois. Dans d'au-
tres endroits (Dun-sur-Auron. Saint-Colombe, par exemple) on a relevé des
inscriptions analogues; et à Paris même, il y avait jadis, sur la place Notre-
Dame, une statue appelée Pierre le Jeûneur, M. Legris ou le vendeur de gris.
MM. E. Ti.rpin et P. Gauchery reprennent la question, et, dans de curieuses
Remarques sur V inscription '( Icy se donne le gris « (Extrait du 23® volume
des Mémoires de la Société historique, littéraire et scientifique du Cher. Bourges,
'fvp. Sire, 1909, in-8 de 18 p., avec 1 flg. et 2 pi.), ils la tranchent définitive-
ment, semble-t-il. On disait : '( on vend du gris » pour « il fait grand froid, n
La situation des inscriptions dans des passages étroits où le vent soufTIe
avec violence, celle de la statue dans un endroit également exposé à la vio-
lence du vent, justifient pleinement cette explication.
Bourgogne. — M. Julien Feuvrier a. extrait de la Revue préhif^tôrique de
Ve.it de la France le travail qu'il y a inséré sous le litre : L'Enceinte du Grand-
Canton, au territoire de Flagei/ {Côtt-d'Or) (forêt communale de Laberqemenl-
lez- Auxonne) (Dijon, imp. Jobard, 1909, in-8 de 8 p. avec 3 fig.). L'auteur
nous fait part des fouilles effectuées sous sa direction dans l'enceinte en
question lesquelles, d'ailleurs, n'ont pas donné l'importants résultats.
Les enceintes de ce type, observe M. Feuvrier, existent nombreuses; elles
ne sont pas caractéristiques d'une époque. Tl finit cependant par proposer
cette solution : " Nous croyons, sauf meilleur avis, qu'il faut la faire remonter
à l'époque de la Tène, où nos ancêtres, dans les pays de plaine, établissaient
volontiers près des marais et au bord des cours d'eau leurs chétives habita-
tions. » ,,ij
Champagne. — A tous les points de vue, le volume des Annales de la
Société historique et archéologique de Château-Thierry qui vient d'être mis
en distribution mérite l'attention (Année 1908. Château-Thierry, Imp.
moderne, 1909, gr. in-8 de x-340 p., avec de nombreux plans, planches et
gTav. dans le texte). Là ont été insérés les mémoires dont voici les titres,
avec les noms des auteurs : Un Chapitre de V histoire de Château-Thierry.
Notre-Dame du Bourg, par M. Maurice Henriet (p. 3-85, avec 2 pi.) ; — Note
sur deux vases gallo-romains trouvés à Nogent-V Artaud, par M. Médéric Fré-
mont (p. 88-93); — Lomel et Ramond, par M. Lucien Briet (p. 94-114, avec
2 portraits et une vue dans le texte); — L'Église de Fère-en-Tardenois, par
- 472 —
M. l'abbé N. Guyot (p. 115-125); — Les Seigneurs de Verdilly et de Trugny
aux xvi* et xviie siècles, par M. J. Henriet (p. 126-129); — Comptes rendus
de divers mémoires archéologiques , par M. Guidonnet de Vallier (p. 130-136);
— Quelques particularités bibliographiques sur l'œuvre de La Fontaine, par
M. E. Deraine (p. 137-150); — Pots de pharmacie et pièces de dressoir, par
M. Frédéric Henriet (p. 151-160); — La Campagne de 1814 dans la Brie
champenoise, par M. E. Deraine (p. 161-178): ■ — Le Passage de Lannes de
Montebcllo à Château-Thierry, en 1810, par M. l'abbé N. Guyot (p. 179-181);
— Les Guerres de religion et la Ligne en Champagne. François d" Alençon,
duc de Château-Thierry, par M. E. Deraine (p. 182-210); — Excursioji
archéologique du 8 juin 1908, par M. G. Pommier (p. 211-224); — Simple
Écho du Congrès des Sociétés savantes, par M. Minoiiflet (p. 225-234); —
Bouresches, par M. j'abbé N. Guyot (p. 235-236); — Nos vieux Murs. Le
Château de Thierry {essai de reconstitution), par M. G. Pommier (p. 239-287,
avec 5 plans, 5 planches et 7 vignettes). La publication de cette intéressante
étude n'est pas complète; la suite sera donnée dans un prochain volume; —
Épigraphie de V Aisne. Inscriptions diverses du canton de Fère-en-Tardenois,
par M. L.-B. Riomet (p. 289-332); — Le Portrait de Jean de La Fontaine,
du Musée de Reims, par M. Frédéric Henriet (p. 336-337, avec une repro-
duction de ce portrait).
Franche-Comté. — Au congrès de l'Association franc-comtoise qui s'est
tenu à Salins en août 1908, M. Julien Feuvrier a fait une communication
insérée depuis dans les Mémoires de la Société d'émulation du Jura, sur l'At-
taque de Salins dans la nuit du 3 au 4 mars 1595 (tirage à part. Dole, Ledun,
1909, in-8 de 8 p., avec un fac-similé d'autographe de Louis Gollut). Ce fait
d'armes, glorieux pour les Salinois puisqu'il aboutit à la déroute des aven-
turiers lorrains de d'Aussonville et de Loupy, qv.i avaient essayé de surpren-
dre la place, a déjà été conté par plusieurs écrivains comtois; mais M. Feu-
vrier a voulu compléter ces divers récits. Pour cela, il a mis à contribution
une Histoire de Salins restée manuscrite, conservée à la Bibliothèque de
cette ville et composée par l'abbé Robin à l'aide de documents extraits
des archives municipales en 1846, c'est-à-dire à une époque oii le registre
du conseildeséchevins pour 1595, aujourd'hui disparu, se trouvait encore aux
dites archives. M. Feuvrier a donc pu donner quelques détails inédits sur
cette affaire : ce n'est pas tout à fait une version officielle puisque le registre
échevinal n'existe plus, mais il ne s'en faut guère.
— A Buthiers, M. le marquis de Scey de Brun possède des archives « qui
constituent un fonds des plus précieux, et nul ne devra se hasarder à écrire
l'histoire du comté de Bourgogne dans la première moitié du xvii^ siècle
sans en prendre connaissance. » Tel est l'avis de M. Emile Longin. Or, dans
ces archives figurent les papiers d'Antoine Brun, procureur général au Par-
lement de Dole et négociateur du traité de Munster, parmi lesquels M. Emile
Longin a trouvé « une relation de la seconde campagne du duc de Longue-
ville au bailliage d'Aval... elle n'embrasse que deux mois de la guerre de
Dix ans [juin et juillet 1638], mais ces deux mois ont eu pour la province
[de Franche-Comté] les conséquences les plus graves... » Et M. Longin a eu
l'excellente idée de publier ce document dans les Mémoires de la Société
d'émulation du Jura et d'en faire un tirage à part intitulé : Campagne du
duc de Longueville au bailliage d'Aval (ISS6) (Lons-le-Saunier, imp. Declume,
1909, in-8 de 27 p.). On remarquera dans cette relation certains faits
ignorés tels que « la chasse donnée avec des chiens par l'armée française aux
paysans retirés dans les bois ». On voit par ce détail que les chiens militaires
ne sont pas précisément une conception de notre temps.
m.-:-
— 473 —
— Si M. Julien Feuvrier a contribué pour sa part à éclaircir certaines
périodes de l'histoire de la Franche-Comté, il n'a pas non plus négligé un
autre ordre d'études : le préhistorique. Dans sa brochure : Les Stations
palustres dans la région de Dole (Dole, Ledun, 1909, in-8 de 8 p. Extrait du
Quatrième Congrès préhistorique de France, session de Chambérj-, 1908),
il raconte les fouilles et décrit les trouvailles qu'il a faites en ces derniers
temps dans cette région, puis il en arrive à conclure que « la partie située
entre les rivières de la Saône et du Doubs, ainsi que le plateau de Bresse, a
été occupée par l'homme dès la période néolithique. Les habitants, en petits
gi'oupes disséminés, vivaient autour des marais sur lesquels ils avaient
établi leurs demeures et sur des îlots. »
— Encore de la préhistoire. L'opuscule de M. Armand Viré : Station
larnaudienne de Baume-les- Messieurs (Jura) (Le Mans, imp. Monnoyer,
1909, in-8 de 11 p. Extrait du Bulletin de la Société préhistorique de France)
donne' la description, appuyée de figures, d'objets variés (hache en bronze,
bracelets, anneaux, épingles, fibules et débris de poterie) découverts par
lui en 1895 et 1896 sur le territoire de Baume-les-Messieurs. Une note sui-
vante parle d'une « petite forteresse préhistorique » dont les fondations,
parfois élevées de 1 mètre 50, existent encore au nord de la localité. Les
deux dernières pages sont consacrées à un objet en granit ayant la forme
d'une poulie de l'époque du bronze, trouvé également à Baume, sur lequel
les archéologues consultés n'ont pu se mettre d'accord sous le rapport de
son utilisation.
— L'origine des moulins à bras se perd dans la nuit des temps. Et cepen-
dant, malgré la création des moulins à eau qui fonctionnèrent à Rome
dès le iv*' siècle de notre ère, les moulins à bras et à chevaux ne disparurent
pas tout à fait. En Franche-Comté, notamment, l'on se servit concurremment
des trois espèces de moulins. Et cela s'explique. Province frontière convoitée
par de puissants voisins, elle était fréquemment envahie : alors, les moulins
à eau étant occupés ou détruits par l'ennemi, force était bien d'avoir recours,
pour la mouture des grains, aux moulins à bras et à chevaux, que l'on uti-
lisait dans les enceintes fortifiées. M. Feuvrier nous donne la description
d'une de ces machines dans son travail intitulé : Les Derniers Moulins à
bras et à chevaux en Franche-Comté (Besançon, imp. Jacquin, 1909, in-8
de 7 p., avec 1 fig. Extrait du Bulletin trimestriel de V Académie de Besançon).
Les musées de Besançon et de Dole conservent plusieurs de ces moulins;
il en existe un aussi au château du Pin, dans le Jura, qui date du xvii^ siècle.
C'est à cette époque, du reste, que la Franche-Comté fut réunie à la France,
et comme, par suite, la sécurité lui fut assurée, lesmoulins à bras et à chevaux
ne trouvèrent plus d'emploi.
— Parmi les missionnaires d'Indo-Chine récemment béatifiés, il en est
un qui appartient au département du Jura. Il fallait donc s'attendre à ce
que M. le chanoine E. Chamouton, directeur au séminaire de Lons-le-Sau-
nier, qui n'est pas un inconnu pour nos lecteurs, écrivît la biographie du
Bienheureux Pierre- François Néron, martyr (Lon.s-le-Saunier, Gey et Guy,
1909, in-18 de ii-72 p., avec portrait). Né à Bornay, près Lons-le-Sai.nier,
le 21 septembre 1818, Pierre-François Néron ne sembla pas tout d'abord
vouloir s'engager dans la bonne voie; mais, vers l'âge de dix-sept ans,
sa conversion était si complète que, quatre ans pus tard, il entrait au petit
séminaire de Nozeroy. De là, en 1843, il prenait le chemin du petit séminaire
de Notre-Dame de Vaux, pour passer ensuite au grand séminaire de Lons-
le-Saunier, qu'il ne devait quitter que pour être admis aux Missions étran-
gères, à Paris. En 1848, il partait pour l'Extrême-Orient. Il faut lire ce petit
— 474 —
volume pour se rendre compte du zèle, du dévouement et du courage dont
Pierre-François Néron donna l'exemple, sans défaillance, dans ces lointaines
contrées. Là, on peut le dire, sa vie fut une perpétuelle immolation, car il
n'avait en vue que la gloire de Dieu et de son Église. Il désirait le martyre;
ses vœux furent accomplis le 3 novembre 1860. Trahi par un mauvais
chrétien indigène, qui se disait son ami, il fut arrêté, enfermé dans une cage,
accablé de mauvais traitements et enfin jugé et exécuté : il eut la tête tran-
chée.
Languedoc. — Vient de paraître le tome XXXI de la VII'^ série des
Mémoires de V Académie de Nîmes (Année 1908. Nîmes, imp. Chastanier,
gr. in-8 de lxxxiv-396 p.). Il renferme les travaux suivants : La Mer et
les Lois de Vévolution, par le D'' Barrai (p. v-xl) ; — Lou Vieil et H très jouin
Garçoun {dialecte nîmois), œuwe posthume de Jan delà Tourmagno (pseudo-
nyme de M. Jean Gaidan] (p. xlvii-lxx); - — M. Gaston Boissicr, causeur,
par M. l'abbé Delfour (p. lxxv-lxxxiv); — Les Chartes et les transactions
des seigneurs de Vauvert et de ses habitants, par M. Prosper Falgairolle (p. 1-
99); — La Fortune de M. de Trouillas, inventaire en langue d'oc de 1486,
publié par M. Edouard Bondurand (p. 101-111); • — Ballade hippique du
xv^ siècle, par M. Ed. Bondurand (p. 113-115); — U Église fortifiée de Lan-
glade au xv^ siècle, par le même (p. 117-124); — Examen médical d'un
homme suspect de lèpre (1440), publié par le même (p. 125-131); — La Lutte
contre la tuberculose par la mutualité et la coopération, par M. Henri Roux
(p. 133-169); — Les Sciences physiques et naturelles dans le livre de Job, par
M. René Deloche (p. 171-248); — Les Musées archéologiques de Nimes.
Recherches et acquisitions, par M. Félix Mazauric (p. 249-296); — Les An-
ciennes Juridictions de Nîmes, vingt ans avant la Révolution, d'après les
Mémoires inédits de Louis-Etienne Ricard, lieutenant principal au présidial
de cette ville, par M. le comte E. de Baîincourt (p. 297-316); — La Mévente
du vin à Tarascon-sur- Rhône et la Charte de lu reine Jeanne I^^ (1376), par
M. Marcellin Clavel (p. 317-326); — Le Rôle des Phéniciens dans l'histoire
delà civilisation, d'après les livres homériques, par M. Jules Poinso (p. 327-
338); — La Viticulture et les applications de l'alcool dénaturé aux usages
industriels en général et à V automobilisme en particulier, par M. Gérard
Lavergne (p. 339-366).
Bulgarie. — C'est une conférence de vulgarisation que le colonel
D. Joaquin de la Llave y Garcia a prononcée sur la Bulgarie, le 24 novembre
1908, devant la Société de géographie de Madrid; les géographes la liront
toutefois avec intérêt. Sans doute, ils n'y trouveront pas l'abondance de
détails précis et les renseignements de toute nature que M. L. de Launay
a réunis dans le volume, si plein de faits, qu'il a naguère publié sur ce pays;
mais le tableau économique de la Bulgarie tracé par D. Joaquin delà Llave
y Garcia est complet, bien ordonné et accompagné de quelques chiffres bons
à retenir. Encadré entre des notions historiques succinctes, une esquisse
ethnographique et quelques indications sur l'essor intellectuel et social
de la Bulgarie et la question de la Macédoine, ce tableau constitue le centre
d'une intéressante conférence que noLS avons plaisir à signaler ici [Bul-
garia. Gonferencia... por D. Joaquin de la Llave y Garcia. Madrid, Imprenta
de] Patronato de Huerfânos de Administraciôn militar, 1909, in-8 de 36 p.).
Italie. — M. Vittorio Cian est un des meilleurs représentants de l'his-
toire littéraire en Italie et un des professeurs brillants dont s'enorgueillissent
les Universités italiennes; ses cours de l'Université de Pise ont groi.pé autour
d»^ sa chaire d'assez nombreux élèves, dont plts d'un déjà lui fait honneur
— 475 —
par ses travaux. Vingt et un d'entre eux viennent de lui offrir un de ces vo-
lumes de mélanges assez à la mode de nos jours : A Vittorio Cian i suoi sco-
lari deirUnwersitd di Pisa, 1900-1908 (Pisa, tip. F. Mariotti, 1909, in-8
de viii-291 p., avec portrait). Voici, par ordre alphabétique d'auteurs, la
liste de ces mémoires : 1. J. Baroni, Un economista poeta net 700 (il s'agit de
G. M. Ortes); 2. V. Biagi, L'Ode, la Chiesa di Polenta di Giosuè Carducci; 3.
L. Cambini, Le Origini delV Indicatore livornese; 4. L. Campana, Instruzione
di Mons. Gio. de la Casa al card. Scipione Rebida, legato a CarloVe Filippo II,
per indurli alla pace con Enrico II , scritta in nomedo papaPaolo IV;5. P. Carli,
Giuseppe Giiisti romanziere? 8. G. Cenzatti, Un tarda fidenziano (Fr. Testa);
7. G. Chiarini, Il caso obliqua senza preposizione nelVantico francese; S.M.
Chiocci, La Galleria dantesca di Filippo Bigioli; 9. E. Clerici, Dalla « Vita
di un uomo oscuro »; 10. G. Dolci, Intorno alla « F'ide » di L. B. Alberti] 11.
G. Fatini, Quattro poésie inédite di Ludovico Ariosto; 12. L. di Francia,
La IV jiovella del « Decameron » e le sue fonti; 13. P. Guerrini, Silenzi epici
(Aiace, Didonc, Paolo); 14. G. Lazzeri, Il testamento di Agnolo Torini; 15.
A. Mondolfi, // tardo venir di Casella alla pinggia del Purgalorio; 16. A. Nic-
colai, Un altro studioso di Dante jra gli stor ici del 500 {F. de Nerli); 17. A. Pel-
lizzari. Un sonetto di F. Petrarca e uno di L. Camoens; 18. U. Scoti-Ber-
tinelli, // carneval del 1495 a Firenze; 19. M. Sterzi, Attorno aduri operetta
del march. Scipioni Majjei messa alVindice; 20. E. Tacchi Mochi, L'Imita-
zione petrarchessa nelle liriche d'amore di Torquato Tassa; 21. F. Viglione,
Una nota alV influsso di A. Pope sulla letteratura italiana.
Portugal. — Le 20 juin dernier, Sa Majesté Manuel II, roi du Portugal,
venait présider effectivement une assemblée solennelle de l'Académie royale
des sciences de Lisbonne. C'est pour commémorer cet événement que M. Car-
dozo de Bethencourt nous donne un aperçu sommaire sur la bibliothèque
de cette grande institution scientifique : A Bibliotheca da Academia real
das sciencias de Lisboa, noticia summaria, avec préface d« M. Christovam
Ayres (Lisboa, typ. da Academia, 1909, in-8 de 31 p.). La bibliothèque a
une double origine : elle a été formée d'une part par l'ancien fonds de l'Aca-
démie, qi.i ne date que du xviii^ siècle, et de l'autre par les livres de l'ancien
couvent de Notre-Dame de Jésus, des franscicains du tiers ordre de la
Pénitence. Elle contient 116 000 volumes (sans compter 112 incunables) et
1600 manuscrits. On peut regretter que, dans cette brève notice, M. Cardozo
de Bethencourt ne nous fournisse pas des indications plus précises sur les
achats « relativement peu nombreux « mais dont le nombre cependant « va
augmentant » depuis 1907, faits pour le compte de l'Académie. Il serait
souhaitable que de cette brochure de circonstance sortît un travail plus
complet, qui permît de se l'endre mieux compte des ressources que la Biblio-
thèque offre à ses lecteurs et de l'usage qui en est fait.
Suisse. — Sous ce titre : Pascal et les Pascalins, d'après des documents
contemporains (Fribourg en Suisse, imprimerie de l'Œuvre de Saint-Paul,
in-8 de 84 p. Extrait de la Reçue de Fribourg), M. Eugène Grisolle, toujours
infatigable à la recherclie des textes relatifs à l'histoire religieuse et à l'his-
toire littéraire du xvii"^ siècle, a publié, avec un abondant et docte commen-
taire, des extraits du manuscrit 4333 des Nouvelles acquisitions françaises
à la Bibliothèque nationale, dont il avait déjà tiré des renseignements sur
Bourdaloue, Bossuet et d'autres orateurs du temps. M. Monmerqué, pcsses-
seur autrefois de ce recueil, en avait défini ainsi le contenu : « Espèce d'Ana
très curieux... Ce sont des remarques tirées de la conversation de gens ins-
truits qui se réunissaient en conférence. »
— 476 —
Brksii.. — La seconde partie de la Revista trimcnsal do Instituto do Cearâ
pour l'année 1908, formant les numéros des 3^ et 4^ trimestres, présente
pour les botanistes un grand intérêt : ils y étudieront la continuation du
catalogue des plantes vasculaires récoltées en septembre-octobre 1897 dans
rÉtat de Cearâ par M. J. Huber. Pour les historiens, l'intérêt est moindre;
il est toutefois réel. L'étude du baron deStudart sur l'administration deBarba
Alardo, dont nous avons déjà parlé, se trouve en effet dans ce fascicule, et
elle ne s'y trouve pas seule. Sous ce titre : <■ Encore un centenaire », le même
érudit a donné à la Revista cette Introduction au Catalogue des impressions
cearenses publié dans la Revista do Instituto historico e geographico brazi-
leiro, que nous réclamions naguère ici même; pourquoi n"a-t-il pas eu l'idée
de joindre cet article à son répertoire? A signaler encore différents documents
historiques relatifs à Cearâ, reproduits d'après les originaux par le D^ Al-
fredo de Carvalho, le baron de Vasconcellos et le baron de Studart. Ainsi
se trouve complété un fascicule varié et digne de ses aînés (Fortaleza, typ.
Minerva, 1908, in-8 de 222-ii p.).
États-Unis. — Enl849, dSinsles Proceedin gs of the American Association for
the advancement of sciences, feu G. Troost avait donné une liste de 85 espèces
de crinoïdes de Tennessee; la description de ces espèces était faite, avec celle
de quelques formes nouvelles, dans un mémoire manuscrit que Troost re-
mettait l'année suivante au professeur Hall, pour être publié. Malheureuse-
ment, pour des causes diverses, la publication ayant été indéfiniment
ajournée, les espèces citées par Troost ne pouvaient avoir aucune valeur
scientifique. Le D"" Elvira Wood comble cette lacune dans le Rulletin n° 64
of the Smithsonian Institution. United States national Muséum. Cet ouvrage
intitulé : A critical summary of TroosVs unpublished manuscript on the
crinoids of Tennessee (Washington, Governmtnt printing office, 1909, in-8
de 115 p., avec 15 pi.) nous fournit les diagnoses originales de toutes les
espèces établies par Troost et les complète ou les rectifie par les observa-
tions que suggèrent les découvertes nouvelles et les descriptions régulière-
ment faites par des auteurs plus récents. Une trentaine seulement des espèces
publiées dans la liste de 1849 ont pu être conservées; mais le D'' Wood y
ajoute six autres espèces qui ne figuraient que dans le manuscrit inédit :
Periechocrinus dubius, Barycrinus pentasphericus, Ensocrinus bipartifus,
Dimerocrinus Rœmeri, Siderocrinus ornatus,Melonites granulatus. L'ouvra-
ge du D' Wood présente ainsi un intérêt tant scientifique qu'historique
incontestable.
Publications nouvelles. — Die Geschichtc der Kirchiveihe, vom 1.-
7. Jahrundert, von Dr. D. Stiefenhofer (in-8, Munchen, Lentner). — Dieu,
lectures théologiques, par L. Berthé (in-8, Bloud). — Catéchisme des tout
petits, préparation dogmatique et morale à la première communion, par l'abbé
Maliiijoud (in-12, Lecoffre, Gabalda). — Die Laienbeicht im Mittelalter. Ein
Beitrag zu ihrer Geschichte, von Dr. G. Gromer (in-8, Munchen, Lentner). —
La Valeur sociale de l'Évangile, par L. Garriguet (in-16, Bloud). ■ — Supple-
mentum editioni quintae Summulae theologiae moralis Joseph card. d'Anni
baie, conplectens praecipua ex actis et decretis novissimis S. Sedis, Curante
D. Mannajoli (in-8, Romae, Desclée et Socii). — Conférences apologétiques
données aux Facultés catholiques de Lyon, par M. M. Bourchany, Périer,
Tixeront (in-12, Lecoffre, Gabalda). ■ — Les Apologistes français au xix*^
siècle, par le R. P. At (in-8, Savaète). — Les Apologistes espagnols au \ix^
siècle. Jean Donoso Cortès, par le R. P. At (in-8, Savaète). — Epiphanie.
Lectures évangéliques pour le temps de l'Epiphanie, par Tabbé A. Dard (in-12.
— 477 -
Lecofïre, Gabalda). — La Communion fréquente et quotidienne, d'après les
enseignements et les prescriptions de N. S. Père le Pape Pie X. Commentaire
canonico-moral sur le décret « Sacra Tridentina Synodus », par le R. P. J.-B.
Ferrerès; trad. de l'espagnol par Tin ancien directeur de séminaire (in-8,
Maison de la Bonne Presse). — La Dame des nations dans V Europe catholique,
par l'abbé J. Lémann (2 vol. in-12, Lecofïre, Gabalda). — La Piedad ilus-
trada. Directorio espiritual compuesto para las personas instruidas, por el
P. R. R. Amado (petit in-16, Madrid, Razôn y Fe). ■ — He perdido la je!
Conierencias sobre la incredulidad, por el P. R. R. Amado (in-18, Madrid,
« Razôn y Fe »). — La Femme et sa mission, retraite aux dames, par M. -M.
Sicard (gr. in-8, Savaète). — Deux Années de méditations à Vusage de la
jeunesse, par P. Girodon. 3^ éd. (in-12, Lecofïre, Gabalda). — La Vie répa-
ratrice. Ses principes et sa pratique, par L. de Bretagne (in-12, Paris, Lille,
Bruges, Rome, Desclée, de Brouwer). — Les Enfants que Von pleure. Conso-
lations pour ceux qui restent, par l'abbé J. Brugerette (in-12, Lethielleux). —
Nos Morts, au purgatoire, au ciel, par l'abbé J.-A. Chollet (in-12, Lethielleux).
— Le Glas. Souvenir des morts, par l'abbé E. Thiriet (in-12, Lethielleux). —
EOctave des morts et Nouvel Avent, ou le Purgatoire et V Éternelle Destinée,
|iar M. -M. Sicard (in-8, Savaète). — Los Esponsales y el matrimonio segûn
la novisima disciplina. Comentario canonico-moral sobre el décréta « Ne
Temere », por el R. P. J. B. Ferrerès (in-8, Madrid » Razôn y Fe »). —
La Théorie de la personnalité morale et son application au droit français, par
L. Michoud. T. IL (in-8, Pichon et Durand-Auzias). — La Propriété artis-
tique et littéraire. Répertoire alphabétique rédigé d'après la législation, les
traités, les usages et la jurisprudence des divers pays, par L. Poinsard (gr.
in-8, carré, Pichon et Durand-Auzias). — Le Gouvernement de V Angleterre,
par A. Lawrence Lowell; traduction française par A. Nerincx. T. L (in-8,
Giard et Brière). — Leçons de philosophie et plans de dissertations à l'usage
des candidats au baccalauréat ès-lettres, par l'abbé J.-B. Domecq. IL Logique.
Morale. Métaphysique (in-8 cartonné toile. Tours, Cattier). — Leçons de
philosophie scientifique et de philosophie morale, avec plans de dissertations
à Vusage des classes de mathématiques A. et J9.,par J.-B. Domecq (in-8 cartonné
toile, Tours, Cattier). — Pragmatisme modernisme, protestantisme, par
A. Leclère (in-16, Bloud). — Problèmes de psychologie affective, par T. Ribot
(in-16, Alcan). — Les Sentiments esthétiques, par C. Lalo (in-8, Alcan). —
Le Miroir de la vie, essais sur révolution esthétique, par R. de la Sizeranne
(in-16, Hachette). — La Conduite de la vie, par R. W. Emerson (in-18, Colin).
— Notes sur Auguste Comte, par un de ses disciples (in-8; Grès). — Les
Pensées de Marc-Aurèle; trad. par A. -P. Lemercier (in-16, Alcan). — L'Édu-
cation morale et ses conditions, par L. Désers (in-12, Lethielleux). — A travers
les choses et les hommes. Pour apprendre à vivre, par C. Wagner (in-16.
Hachette). — La Trouée féministe, par T. Joran (in-8, Savaète). — Le
Modernisme sociologique, décadence ou régénération, par l'abbé J. Fontaine
(in-8, Lethielleux). — La Psychologie sociale de Gabriel Tarde, par A. Mata-
grin (in-8, Alcan). — Éléments de science sociale, ou Religion physique,
sexuelle ou naturelle, par G. Drysdade (in-8, Librairie du Malthusien). —
L'Idéal de la paix perpétuelle et la Question sociale, par L. Stein; édition
française par Chazaud des Granges (in-18, Limoges, imp. Jouannem). —
Réformes, Révolution, par J. Grave (in-18. Stock). — Syndicats et services
publics, par M. Leroy (in-18, Colin). — Les Végétaux, leur rôle dans la vie
quotidienne, par D. Bois et G. Gadeceau 'petit in-8, Roger). — Comision
de higiene de la infancia. Memoria de las colonias escolares, organizadas por
el Excmo. Avuntamiento de Barcelona en los anos 1906. 1907, v 1908 (gr
— 478 —
in-8, Barcelona, imp. Henrich). — Traité de physique, par O. D. Chwolson;
trad. sur les éditions russe et allemande, par E. Davaux. Edition revue et
considérablement augmentée par l'auteur, suivie de Notes sur la physique
théorique, par E. et F. Cosserat. T. III. l^"" fasc. Thermométrie. Capacité
calorifique. Thermochimie. Conductibilité calorifique (gr. in-8, Hermann). —
Les Sciences physiques et naturelles vulgarisées et les principaux produits
industriels. Leçons de choses, par J. Leday (in- 12 cartonné, de Gigord). — :
L'Énergie, par le prof. Dr. W. Ostwaid; trad. de l'allemand par E. Philippi
(in-16, Alcan). — L'Industrie du beurre en France et à l'étranger, par A. Rolet
(2 vol. petit in- 18, Laveur). — Traité pratique de géologie, par J. Geikie;
trad. et adapté de l'ouvrage anglais « Structural and Field Geology », par P.
Lemoine (gr. in-8, Hermann). — La Géologie générale, par S. Meunier (in-8,
Alcan). — Le Sidérolithique suisse, contribution à la connaissance des phé-
nomènes d'altération superficielle des sédiments, par le Dr. E. Fleury (in-8,
Fribourg, Suisse, imp. Fragaière). — Pour l'éducation du soldat, par E. Le-
sueur (in-8. Berger- Le vrault). — La Course à pied, piste, route cross-country,
par L. Maertens (in-12, Laveur). — Les Maîtres de Vart. Peter Vischer et la
Sculpture franconienne du xiv^ au xvi^ siècle, par L. Réau (in-8 carré, Plon-
Nourrit). — Toscane et Ombrie, Pise, Florence, Pérouse, Assise, Sienne, par
G. Grandgeorge (in-16, Plon-Nourrit). — La Religion de la musique, par
C. Mauclair (in-12, Fischbacher). — Le Trésor de la famille. Encyclopédie
des connaissances utiles dans la vie pratique, par J.-P. Houzé (in-18 cartonné.
Laveur). — Gramâtica de la lengua griega, compuesta por los profesores
del colegio de Ntra. Sra de Veruela de la Compania de Jesùs (petit in-8,
Madrid, « Razôn y Fe »). — Le Latin de saint Avit, évéque de Vienne (450?-
526?), par H. Goelzer, avec la collaboration de A. Mey (gr. in-8, Alcan). —
Contes limousins, recueillis dans l'arrondissement de Rochechouart. Texte
patois et texte français, par D. Roche (in-18, Nouvelle Librairie nationale). —
Le Livre de Job, par E. Pinçon (in-18, Lemerre). — Poèmes tristes, par E.
Payen (in-18, Lemerre). — La Mer et la forêt. Les Mirages. Chérubin, par
C. Epiy in-18, Lemerre). — L'Essor éternel, par H. Allorge (in-16, Plon-
Nourrit). — Les Horizons du rêve, par C.-H. Boudhors (in-16, Plon-Nourrit).
— Poèmes, par S. Tavera (in-8, Sansot). — Les Jardins d'Éros, par F. Burthe
(in-12 carré, Boivin). — La Croisée des chemins, par H. Bordeaux (in-8,
Plon-Nourrit). ■ — Aimer quand même, par J. de La Brète (in-16, Plon-Nour-
rit). — Marthe Rrienz, par E. Arnal (in-16, Plon-Nourrit). — Sous les
Déodars, par R. Kipling; trad. d'A. Savine (in-18, Stock). — Nouveaux .
Mystères et aventures, par A. Conan Doyle; trad. d'A. Savine (in-18, Stock).
— Révoltée, par M™^ H. Delas (in-16. Librairie des Saints- Pères). — Une
Bonne Affaire, ^ax M. du Campfranc (in-18, Abbeville, Paillart). — Suzd
et sa marraine. Lettres, par M. Aigueperse (in-18, Abbeville, Paillart.) —
Le Prêtre et l'ami. Lettres inédites de Lamennais à la baronne Coitu (1818-
1854), publiées avec une Introduction et des notes, par le comte d'Hausson-
ville (in-8, Perrin). — L'Éphèbe de Pergame, par Pétrone, suivi de : Les
Amours, de Lucien; tradviCtion, notes, Avant-propos de J. Redni (in-12.
Edition française). • — • L' Académie française sous l'ancien régime, par G.
Boissier (in-16. Hachette). — L'Enclos de George Sand, par J. Ageorges.
(in-16, Grasset). — Paul Verlaine, poète catholique, par A. de Bersaucourt
(in-12, Falque). — ■ Au service des idées et des lettres, par E. Lamb (in-16,
Bloud). — Leçons d'histoire romaine. République et Empire, par A. Bouché-
Leclercq (in-16. Hachette). — Denys d'Alexandrie, sa vie, son temps, ses
œuvres, par J. Burel (in-16, Bloud). — Histoire générale de l'Église, par F.
Mourret. T. IH. L'Égli"--' et le Monde barbare iin-8, Bloud). — L'Avenir du
— 479 —
christianisme. 1''° partie. Le Passé chrétien. IV. Histoire de V Église du iii^ au
\i^ siècle. Le Christianisme et VEmpire, par A. Dufourcq (in-16, Bloud). —
Histoire des Papes depuis la fin du moyen âge, ouvrage écrit d'après un grand
nombre de documents inédits extraits des archives secrètes du Vatican et autres,
par le Dr. L. Pastor; trad. de rallemand par A. Poizat. T. VII et VIII
(2 vol. in-8, Plon-Nourrit). — Les Saints. SaintSidoine Apollinaire (431-489).
par A. Allard (in-12, Lecoffre, Gabalda). — Miniatures franciscaines. Fleurs
de la vie des saints, par lolanda; trad. de Titalien (in-8, Tours, Cattier). —
Dom Guéranger, abbé de Solesmes, par Un Moine bénédictin de la congréga-
tion de France. T. I^r (in-8, Plon-Nourrit, Oudin). — Trente Années du
grand siècle. La France de Louis XIII, par N. Aymès (in-16 , Nouvelle
Librairie nationale). — Mémoires du cardinal de Richelieu, publiés d'après
les manu.scrits originaux pour la Société de l'histoire de France, sous les aus-
pices de l'Académie française. T. II. ( in-8, Laurens). — Mémoires de Saint-
Hilaire, publiés pour la Société de l'histoire de France, par L. Lecestre.
T. III. 1697-1704 (in-8, Laurens). — Recueil des actes du Comité de salut
public avec la. Correspondance officielle des représentants en mission et le
Registre du Conseil exécutif provisoire, publié par F. -A. Aulard. T. XIX.
21 décembre 1794-31 janvier 1795 (l^"^ nivôse an III-12 pluviôse an III)
(gr. in-8, Leroux). — ■ Un Complot de police sous le Consulat. La Conspiration
de CercCcchi et Aréna {vendémiaire an IX), par G. Hue (in-16. Hachette). —
Le Duc d" Angoulême (1775-1844). par le vicomte de Guichen (in-8, Emile-
Paul). — L'Église de Paris et la Révolution, par P. Pisani. II (1792-1796)
(in-12, A. Picard et fils). — La Grande Misère et les Voleurs au xviii^ siècle.
Marion du Faouèt et ses « associés » 1740-1770, d'' après des documents inédits,
par J. Lorédan (petit in-8, Perrin). — Rureaux et bureaucrates. Mémoires d'un
employé des P. T. T., par A. Cim(in-18, Flammarion). — Napoléon et V Europe.
Lci Politique extérieure du Premier Consul, 1800-1803, par E. Driault (in-8,
Alcan). — Souvenirs et causeries d'un diplomate, par le comte C. de Mouy
(in-8, Plon-NoL.rrit). — Histoire de l'abbaye royale et de l'ordre des chanoines
réguliers de Saint-Victor de Paris, 2^ période (1500-1791), par F. Bonnard.
T. II. (gr. in-8, Savaète). — Paris sous les premiers Capétiens (987-1223).
Étude de topographie historique, par L. Halphen (in-8, avec un aibum
in-folio, cartonné, Leroux). — Livre d'or de la ville de Soultz en Haute-
Alsace, par A. Gasser. Fasc. I (gr. in-8, Soultz, Schreyer; Gray,Roux). —
Le Parlement de Rretagne, 1554-1790, par F. Saulnier (2 vol. gr. in-4. Rennes
Piihon et Hommay). — Le Conseil général de la Haute-Loire. Le Directoire et
l'administration départementale de 1790 à 1800, par C. Godard (in-8, Cham-
pion). — Les Madones comtadines, par A. Godard (in-16, Perrin). — Pour
V Expansion économique de la France. Dix-neuf mois au ministère du commerce
et de l'industrie, par J. Cruppi (in-18, Stock). — Contre la Proportionnelle,
par J.-L. Breton (in-16, Cornély). — Modernisme et Modernistes en Italie,
en Allemagne, en Angleterre et en France, par Mgr Delmont (in-12, Letheil-
leiix). — Études de critique et d'histoire religieuse, par E. Vacandard. 2^
série (in-12, Lccofïre, Gabalda). — La Reine Victoria. Pages choisies de sa
correspondance, 1837-1861. Traduction française avec une Introduction et
des notes, par J. Bardoux (in-8 carré. Hachette). — Les Néerlandais en
Bourgogne, par A. Germain (in-12, Bruxelles, Van Oest). — La Hollande
politique. Un Parti catholique en pays protestant, par P. Verschave (in-16,
Perrin). — La France et Rome de 1788 à 1797. Regeste des dépêches du car-
dinal secrétaire d'État tirées du fonds des « Vescovi » des archives secrètes du
Vatican, par G. Bourgin (in-8, Fontemoing). — Les Américains, par N. M.
Butler; trad. de l'anglais par M™e E. Boutroux (in-16, Cornély). — Voix
— 480 —
canadiennes. Vers Vabime, par A. Savaète. T. III (ui-8, Savaète). — Historia
de Nuevo Léon con noticias sobre Coahuila, Tejas y Nuevo Mexico, por el
capitan A. de Léon, un autor anonimo y el gênerai F. S. de Zamora [Docu-
mentos inéditos à muy raros para la historia de Mexico, publicados por G.
Garcia) (in-8, Mexico, Viuda C. Bouret). — Le plaisant Abbé de Boisrobert,
fondateur de l'Académie française, 1592-1662. Documents inédits, par E.
Magne (in-18, Mercure de France). — Le Libertinage devant le Parlement
de Paris. Le Procès du poète Théophile de Viau (11 juillet 1623-1^'' septembre
1625). Publication intégrale des pièces inédites des Archives nationales, par
F. Lachèvre (2 vol. in-8. Champion). — Un Ami de Port-Royal. Mes<^ire
Pierre-Jean-François de Percin de Montgaillard, évêque de Saint-Pons
(1633-1665-1713), par J. Sahuc (in-8, Lechevalier). — La Princesse Louise
de Bourbon-Condé, fondatrice du monastère du Temple, par le R. P. Dom
J. Rabory. 2^ éd. (gr. in-8, Savaète). — Un Drame passionnel à la finjlu
xviii^ siècle. Le Crime du marquis d'Entrecasteaux, président à mortier au
Parlemeyit de Provence (1784), d'après les archives du Parlement de Provence
et des documents inédits, par J. Audouard (in-8, Daragon). — Lettres et do-
cuments pour servir à l'histoire de Joachim Murât, 1767-1815, publiés par
S. A. le prince Murât, avec une Introduction et notes par P. Le Brethon.
III. Gouvernement de Paris, 1804-1805 (in-8, Plon-Nourrit). — Joseph
de Maistre, Blanc de Saint-Bonnet, Lacordaire, Gratry, Caro, par J. Barbey
d'Aurevilly (in-16, Bloud). — Savants du jour. Henri Poincaré. Biographie.
Bibliographie analytique des écrits, par E. Lebon (gr. in-8, Gauthier- Villars).
— Leona Vicario, heroina insurgente, por G. Garcia (in-8, Mexico, Museo
nacional de arqueologia, historia y etnologia). — Die Papstgràber und die
Càciliengruft in der Katakombe des Hl. Kallistus, von J. Wilpert. I. Ergàn-
zungsheft zu de Rossis Romn Sotterranea (gr. in-4, Freiburg im Breisgau,
Herder). — Pages d'histoire et de guerre, par le marquis Costa de Beaure-
gard (in-16, Plon-Nourrit). Visenot.
Le Gérant : CHAPUIS.
Imprimerie polyglotte Fr. Simon, Rennes.
POLTBIBLION
REVUE BIRLIOGRAPIIIQUE UNIVERSELLE
RÉCENTES PUBLICATIONS ILLUSTRÉES
I. — 1. Vittore Carpaccio, la vie et Vœuvre du peintre, par Gustave Ludwig et Pompeo
MoLMENTi; trad.par H.-L. de Perera. Paris, Hachette, 1910, gr. in-8 de xii-319 p.,
illustré de 26 planches en photographie et de 229 grav. tirées hors texte. Broché,
' 40 fr.; relié, 50 fr. — 2. Raphaël L'Œuvre du maître. Paris, Hachette, 1909, gr. in-8
carré de xxxin-246 p., illustré de 275 grav. Relié toile pleine, fers spéciaux, 10 fr. —
3. Au Cœur de l'Antarctique, expédition du « Nimrod » au Pôle sud, par E. H. Shack-
leton; trad. et adaptation par Charles Rabot. Paris, Hachette, 1910, gr. in-8
de xii-472 p., illustré de 12, planches en couleurs, 272 grav. et une carte en couleurs.
Broché, 25 fr.; relié, 30 et 32 fr. — 4. L'Egypte d'hier et d'aujourd'hui, par Walter
Tyndale. Paris, Hachette, 1910, in-8 carré de 255 p., illustré de 44 planches en
couleurs, d'après les aquarelles de l'auteur. Broché, 20 fr.; cartonné toile, 25 fr. —
5. Histoire de France illustrée. T. I. Des Origines à 1610. Paris, Larousse, s. d.
(1910), gr. in-4 de 412 p. à 2 colonnes, illustré de 930 reproductions photographiques.
24 planches, 5 cartes en couleurs et 39 cartes en noir. Broché, 27 fr.; relié demi-
chagrin, fers spéciaux, 33 fi. — 6. Mon Vieux Besançon, histoire pittoresque et in-
time d'une pille, par Gaston Coindre. Besançon, Paul Jacquin, 190C-19L8, 2 vol.
gr. in-8 paginés xvi-508 et 509-1032, illustrés d'un grand nombre de gravures par
l'auteur. Broché, en 4 fascicules, 24 fr. — 1. Le Vieux Salins, promenades et causeries,
par Gaston Coindre. Besançon, Jacquin, in-8 carré de ix-393 p., illustré de nom-
breuses gravures par l'auteur. Broché, 8 fr. — 8. La Ville au Bois dormant. De Saigon
à Ang-Kor en automobile, par le duc de Montpensier. Paris, Plon-Nourrit, 19 00,
gr. in-8 de 252 p., avec 80 illustr. dans le texte et hors texte, d'après des photo-
graphies de l'auteur, et 2 cartes. Broché, 15 fr.; relié, 22 fr. — 9. Visions de route.
Promenade autour du monde avec S. A. I. le grand-duc Boris de Russie, par Ivan de
Sciiaeck. Paris, Plon-Nourrit, 1910, in-8 de v-361 p., avec 100 grav. dans le texte
et hors texte et une carte. Broché, 10 fr.; relié, 13 fr. — 10. La Hollande illustrée,
ouvrage publié sous la direction de Maxime Petit, avec la collaboration de Van
Keymeulen, Zaborowski, Louis Bresson, Boot, Le Cornu, Dekking, Pin-
chaud, Van T'Veld, Adrien Mellion. Paris, Larousse, s. d. (1910), gr. in-4 de
196 p. sur 2 colonnes, avec 349 reproductions photographies, 35 cartes et plans en
noir, 4 cartes et 2 planches en couleurs. Broché, 12 fr.; relié, 17 fr. — 11. Paris
souterrain, par Emile Gérards. Paris, Garnier, s. d. (1910), gr. in-8 de 667 p.,
illustré de 19 planches en couleiirs, de 87 plans, coupes et dessins en noir, de 2 vues
stéréoscopiques des catacombes et de plus de 500 fig. dans le texte. Broché, 12 fr.-
re'ié toile, tr. dorées, plaques spéciales, 16 fr. — 12. Les Merveilles de la science,
par Louis Figuier. Nouvelle édition revue, corrigée et mise à jour par Max de
Nansouty. il Électricité. Paris, Boivin, s. d. (1910), gr. in-8 de 748 p. à 2 colonnes
avec 800 grav. B''oché, 13 fr.'sO; relié toile, fers spéciaux, 15 fr. — 13. Les Nau-
fragés du « Jonathan », pir .Jules Verne. Paris, Hetzel, s. d. (1910), gr. in-8 de
476 p., illustré de 59 dessins de George Roux et de 12 grandes chromolithogra-
phies. Broché, 9 fr.; relié toile, fers spéciauxoret couleurs, tr. dorées, 12 fr. Édition
in-16, 2 vol. de 343 et 348 p., illustrés. Brochés, 6 fr. — 14. Les Peintres anciens et
modernes, leur vie, leur œuvre, \yxr E. Bénézit. Paris, Roger et Chernoviz, s.d. (1910),
gr. in-4 de 327 p., orné de 280 portraits et reproductions de tableaux. Broché, 12 fr. —
15. Sur les chemins de Compostelle, souvenirs historiques, anecdotiques et légendaires,
par Camille Daux. Tours, Marne, s. d. (1910), in-folio de 315 p., avec 75 grav.,
cartes routières, plans et musique. Relié percaline, tr. dorées, 9 fr. — 16. Ma Tante
Giron, par René Bazin. Tours, Marne, s. d. (1910), petit ia-folio de 248 p., illustr.
de G. Dutriac. Reliure bradel fantaisie, 12 fr. — 17. La Course au radium, par
Paul d'Ivoy. Paris, Boivin, s. d. (1910), gr. in-8 de 460 p., illustré de 82 grav.
dans le texte, de 10 grandes compositions hors texte et de 8 compositions tirées
Décembre 1909. T. CXVI. 31.
— 482 —
en couleurs, d'après les dessins de Bombled. Broché, 10 fr. ; relié toile, tr. dorées,
plaque spéciale or et couleurs, 12 fr. — 18. Les Mangeurs de sable, pAV Hzkri
Leturque. Paris, Boivin, s. d. (1910), gr. in-8 de 283 p., illustré par Charoufset
et Clérice. Relié toile, tr. dorées, plaque spéciale or et coule\irs, 8 fr. — 19. Au pied
de VAcropole. Damaris V Athénienne, par Henri Guerlin. To\irs, Manie, s. d.
(1910), in-4 de 285 p., illustr. de G. Dutriac. Relié percaline, tr. dorées, 7 fr. —
20. riarko, le chevrier de Napoléon, par Jules Chancel. Paris, Delagrave, s. d-
(1910), gr. in-8 de 304 p., illustrations de L.de la Nézière. Relié toile, fers spéciaux
or et couleurs, tr. dorées, 8 fr. — 21. La Perle de sang, par Emtlio Salgari; trad.
par J. Fargeau. Paris, Delagrave, s. d. (1910), gr. in-8 de 304 p., illustrations de
A. délia Valle. Relié toile, fers spéciaux, tr. dorées, 8 fr. — 22. La Peur de vivre,
par Henry Bordeaux. Paris, Roger et Chernoviz, 1910, gr. in-4 de 301 p., illustr.
de R. Vallet. Broché, 8 fr. — 23. Contes choisis de Paul Bourget. Paris, Roger et
Chernoviz, 1910, gr. in-4 de 303 p., illustr. de A. et G. Ghanteau. Broché, 8 fr. —
24. Pages choisies d'ERNEST Daudet. Paris, Roger et Chernoviz, 1910, gr. in-4 de
304 p., illustr. de A. et G. Chanteau. Broché, 8 fr. — 25. Romans et contes de tous
les pays. En France et en Amérique, par Th. Bentzqn. Paris, Hetzel, s. d. (1910),
gr. in-8 de 112-95-96-92 p., avec 100 illustrations par George Roux, H. Meyer,
P. Philippoteaux et J. Geofîroy. Broché, 7 fr.; cartonné toile, tr. dorées, 10 fr.—
2G. La Terre qui tremble, par Stanislas Meunier. Paris, Delagrave, s. d., 19r.9,
gr. in-8 de 240 p., avec 72 figures et photographies. Broché, 6 fr. ; relié toile, fers
spéciaux, 8 fr. — 27. E?i vacances. Plaisirs et curiosités de la montagne, par A. Dau-
ZAT. Pêche et chasse au bord de la mer, par Loudemer. Paris, Hetzel, s. d. (1910),
gr. in-8 de 216-128 p., avec 105 dessins et vues photographiques. Broché, 5 fr. 60;
cartonné toile, tr. dorées, 8 fr. — 28. Le Roman du Renard, adaptation pour la
Jeunesse, avec Introduction par L. Tarsot. Paris, Laurens, s. d. (1910), in-4 de iv-
120 p., illustrations de A. Vimar. Broché, 6 fr.; relié plaque en couleurs, 9 fr. —
29. La Lionne de Clisson, par Pierre Maël. Paris, Roger et Chernoviz, 1910, in-4
do 304 p. Broché, 6 fr. — 30. Médor Médorovitch, aventures d'un terre-neuve, par
Krougloff; trad. du russe par Léon Golschmann. Paris, Delagrave,s.d., gr. in-18
de 239 p., illustrations de L. Tzeytline. Relié toile, fers spéciaux, or et couleurs,
tr. dorées, 6 fr. — 31. Où le grain tombe..., par Georges de Lys. Tours, Marne,
s. d. (1910), in-4 de 219 p., illustr. de G. Dutriac. Relié percaline, tr. dorées, 5 fr.
— 32. Le Ballon fantôme, par Jacques des Gâchons. Tours, Marne, s. d. (1910),
in-4 carré de 143 p., illustr. de A. Robida. Relié percaline, plaque spéciale, tr.
dorées, 5 fr. — 33. VEnjani de la falaise, par M"'" Augusta Latouche. Paris,
Delagrave, s. d. (1910), gr. in-8 de 240 p., illustrations de R. de la Nézière. Relié
toile, fers spéciaux, or et couleiirs, tr. dorées, 5 fr. — 34. Z-a Découverte du docteur
Faldras, par 0. de Traynel. Paris, Boivin, s. d. (1910), in-16 de 344 'p-, illustré
par José Roy. Cartonné toile, genre amateur, tête dorée, 5 fr. — 35. Elisabeth
Faldras, par 0. de Traynel. Paris, Boivin, s. d. (1910), in-16 de 377 p., illustré par
Géo Dupuis. Cartonné toile, genre amateur, tête dorée, 5 fr. — 36. Maître Juponnet,
«awZ»/'io/e«/-, par Chemilly et Paul de Maurelly. Paris, Delagrave, s. d. (1910),
gr. in-8 de de 240 p., avec 130 illustrations de Gambey. Relié toile, fers spéciaux^
or et couleurs, tr. dorées, 5 fr. — 37. Le Renard de la mer {(\80k-l805), pAV
Georges-Gustave Toudouze. Paris, Hachette, 1910, gr. in-8 de 285 p., illustré
de 48 grav. par H. Vogel. Broché, 3 fr.; cartonné percaline, tr. dorées, 4 fr. 60.
— 38. Exploits héroïques de ?ios soldats au Maroc, par H. Cordonnier. Paris,
Roger et Chenoviz, 1909, gr. in-8 de 311 p., illustrations cl photogr., 4 fr. 50. —
39- Musée ce Poupées, par Mi"= Marie Kœnig. Paris, Hachette, 1909, gr. in-8 de
x-331 p., illustré de 58 grav. Broché, 2 fr. 60; cartonné, tr. dorées, 5 fr. — 40.
Le Célèbre Galafat, l)âi' Hugues Lapaire. Paris, Boivin, s. d. (1910), in-4 de
144 p., illustré de 67 dessins par Louis Bailly. Relié toile, tr. dorées, plaque en
couleurs, 4 fr. 25. — 41. Jean-qui-lit et Snobinet, par Jean Métivet. Paris
Laurens, s. d. (1910), in-8 carré de 115 p., illustré de 4 planches en couleurs et
de nombr. grav. en noir par l'auteiir. Broché, 2 fr. 50; relié, plaque en couleurs,
3 fr. 50. — ^2. Le Cadeau du cousin Lawrence, par E. Hohler, adaptation par
O'Neves- Palis, Hetzel, s. d. (1910), in-16 de 128 p., illustré par George Roux
et H. S. Cai tonné, 2 fr. 2.^.
— 483 -
H. — l>éi-io<li<riie«> illii«ilré!i>. — 1- Le Tour du monde. Journal des voyages et des
voyageurs. Année 1909. Paris, Hachette, gr. in-4 de 624-xiv-421 p., avec de nombr.
illustrations. Broché, 25 fr. — 2. Journal de la jeunesse. Nouveau Recueil hebdo-
madaire illustré. Année 1909. Paris, Hachette, 2 vol. in-4 de chacun 416 p. Brochés,
20 fr. ; reliés, 26 fr. — 3. Journal des demoiselles et Petit Courrier des dames. 89^ année.
Paris, 14, rue Drouot, 1909, 2 vol. in-4 de 480-9 3 p., avec grav. et planches. Paris,
16 fr.; province, 19 fr.; Union postale; 22 fr. — 4. Mon Journal, 1908-1909,
recueil hebdomadaire, illustré de grav. en couleurs et en noir pour les enfants de 8 à
12 ans. Paris, Hachette, 19:.9,gr.in-8 de 787 p. Broché, 8fr.;cart., 10 fr. — 5. L'Ou-
vrier, journal hi-hehdomadaire illustré. 48*= année. Paris, Henri Gautier, 1908-1919
in-4 de 835 p., avec grav. Broché, 6 fr.; cart. toile, 7 fr. 50. — 6. Les Veillées des
Chaumières, journal bi-hehdomadaire illustré. 32e année. Paii-;, Henri Gautier,
1908-1909, in-4 de 836 {3., avec de nombr. grav. Broché, 6 fr. ; cartonné foile
7 fr. 50. — 7. La Semaine de Suzette. k^ année, 2'= semestre, et 5"= année, ler se-
mestre. Paris, Henri Gautier (1" août 1908-30 juillet 19C9), 2 vol. in-4 de
chacun 418 p., avec de très nombreuses grav. en noir et en couleurs. Abonne-
ment annuel : France, Algérie, Belgique, 6 fr.; autres pays, 8 fr. Chaqui^
vol. cartonné, 3 fr. 50. — 8- La Semaine de Chapuzot, par Jean Drault.
Paris, Henri Gautier, 1909. Chaque samedi, un fascicule in-16 de 16 pages,
illustré. Abonnement annuel : France, Belgique et Algérie, 5 fr. ; pays étrangers
et colonies, 6 fr.
III. — Albums. — 1. François I'"' (le Roi chevalier), par G. Toudowze. Paris,
Boivin, s. d. (1910), album gr. in-4 de 82 p., illustré de 40 aquarelles par A. Robid a-
Relié toile, tr. dorées, plaque spéciale, or et couleurs, 15 fr. — 2. Dites-nous votre
jable, texte par Alfred Theulot, illustré de 12 aquarelles et de 24 dessins en noir
par Benjamin Rabier. Paris, Boivin, s. d. (1910), album in-4 non paginé. Car-
tonné, couverture chromo, 3 fr. — 3. Noël au pays des animaux, par J. Jacquin.
Paris, Hachette, s. d. (1910), album in-4 oblong non paginé, nombr. grav. en noir
et 8 planches en couleurs par G. -H. Thompson. Cartonné, couverture en couleurs,
5 fr. — 4. Le Capitaine des Cranequiniers, par J. Rosnil. Paris, Garnier, s. d. (1910),
album in-4 de 66 p., illustré de nombr. grav. en couleurs par O'Galop. Cartonnage
bradel, 6 fr. ; relié toile, plaque spéciale, tr. dorées, 8 fr. — 5. Scènes de la vie privée
des animaux, par Benjamin Rabier. Paris, Garnier, s. d. (1900), album in-4 oblong
de 50 planches en coulexirs. Relié toile, plaque spéciale, tr- dorées, 7 fr. 50. —
6. Robinson malgré lui, par Alphonse Crozière. Paris, Garnier, s. d. (1910), album
in-4 de 40 p., illustrations en couleurs de Valvérande. Cartonnage bradel, 4 fr. —
7. Les Mésaventures de Jean le Fripon, par F. Nu.\ez. Paris, Garnier, s. d. (1910),
album in-4 de 24 p., illustrations en couleurs. Cartonnage bradel, 2 fr. 50. — 8. Les
Héros comiques, texte et préface de Emile Faguet. Paris, Laurens, s. d. (1910),
album in-4 de 69 p., illustré de 27 planches en couleurs par Job. Cartonné, 5 fr. —
9. La Merveilleuse Aventure d'Archibald, par Harry Rountree et S. -H. Hamer;
trad. de l'anglais par Perlette. Tours, Mame, s. d. (1910), album in-4 de 76 p.
illustré de 4 planches en couleurs et de nombreuses grav. Cartonné, couverture
chromo, 4 fr. — 10. Pierrot, Pippo et C-^, texte de Léon Magon, illustrations dans
le texte et planches en couleurs de A. Vimar. Tours, Mame, s. d. (1910), album
in-4 de 51 p. Cartonné, couverture chromo, 4 fr. — 11. Un, deux, trois, quatre.
Tours, Mame, s. d. (1910), album in-4 non paginé, illustré de 15 planches en chro-
molithographie. Cartonné, couverture chromo, 4 fr. — 12. Contes de fées. Tours,
Marne, s. d. (1910), album in-4 de 78 p., illustré de 16 planches en couleurs et de
50 dessins. Cartonné, couverture chromo, 3 fr. — 13. La Guerre des fées, par G. Le
CoRDiER. Paris, Delagrave, s. d. (1910), album in-4 oblong de 29 p. et 96 illustra-
tions en couleurs de J. Pinchon. Cartonnage artistique en couleurs, 3 fr. OJ. —
14. Les Exploits de Cracambole, fantaisie héroï-comique, par G. Le Cordier. Paris,
Delagrave, s. d. (1910), album in-4 oblong de 29 p., nombr. dessins en couleurs de
R. Giffey. Cartonnage artistique en couleurs, 3 fr. 90. — 15. L'Age de Vécole, pro-
verbes, fables et dictons en action, dessins de J. Geoffroy. Paris, Hetzel, s. d. (1910)^
album gr. in-8 de 44 p. Bradel, 2 fr. ; cartonné, 4 fr. — 16. Jésus et nos petits enfants,
poésies, par M'»» Marthe RochenoR. Tours, Cattier, s. d. (1910), album honoré,
de la bénédiction de S. S. PieX, in-4 de 48 p., illustrations de Nitram- Cartonné, 2 fr.
— /j,Sj —
1%'. — XouvoUo Collection pom* Ist Jf-unesee. publiée par la maison
Hachette, 1910. Vol. in-8 jébus, à 3 tr., brochés; reliés, 6 fr. — 1. Le Dernier des
Castel-Magnac, par H. de Ciiaritieu, illustré de 48 grav. par Ed. Zier, 263 p. —
2. Poucetle. par Pierre Majcl, illustré de 48 grav. par Dutriac, 287 p.
V — itiblioiliè(|iie ros«» iiiu-^iré*', publiée par la maison Hachette, 1939.
Volumes in-16 à 2 fr. 25 brochés et 3 fr. 50 reliés. — 1. Petite Nièce, par M'"<= Ché-
RON DE L.\ Bruyère, illustré de 38 vignettes par Dutriac. 277 p. — 2. Une Enfant
fe/TîMe, par M ""^Charlotte Chabrier-Rieder, illustré de 63 vignettes par Dutriac,
269 p. — 3. Une Seconde Mère, par M"'« la comtesse C. d'Arjuzon, illustré de 46
vignettes par Zier, 263 p.
m. — n l»iioiliè(|iie <l« « Petit Françjtî-» », publiée parla maison A- Colin,
1909-1910A'ol. in-18 Jésus. Brochés, 2 fr.; reliés toile tr. dorées, 3 fr.^ l. Le Patron
jVicWai/s, par A. Robida, illustré par l'auteur, 272 p. — 2. Les Expédients de
Farandole, par Pierre Perrault, illustré par Henri Pille, 255 p.
VU. — l,a l*eiite Bil>lioiliè<|(i<-, publiée par la maison A. Colin, 1908-19G9-
Vol. petit in-8. Brochés 1 fr. 50; cartonnés toile, 2 fr. 10. — 1. La Cour du Roi
Soleil, par A. Parmentier, illustré de 60 grav., iii-145 p. — 2. Les Trucs du théâ-
tre, d« ctr^ue et de ?a/otre, par Max de Na\souty, illustré de 50 grav., 159 p. — 3.
Pourquoi et comment visiter nos musées, par Charles Morice, illustré de 40 grav.,
dont 10 hors texte et 2 plans, vin-156 p. — !t.-Gros et petits Poissons (récits de
pêches), par Emile Maison, illustré de 41 grav., iv-149 p.
I. — 1. — ■ Cv^i toujours à l'histoire de l'art que n lUS devons les
livres d'étrennes les plus attachants, les plus magnifiques et les plus
durable-. L-^i librairie Hachette tient à honneur de garder ici, comme
dans le d: imaino de la littérature et des voyages, le tout premier rang.
Le volume qu'elle nous donne sur Vittore Carpaccio, sa vie, son œuvre,
son Umps, prendra place à côte de ceux qu'elle a édités en ces dernières
années sur Rembrandt, sur Rubens, sur Pinturicc hio ; si le charmant
artiste vénitien qui nous est présenté par MM. Ludwig et Molmenti
n'a pas la célébrité universelle d'un Giorgione ou d'un Titien, depuis
longtemps il est apprécié à sa valeur par les délicats. M. Pompeo
Molmenti, l'auteur d'un admirable travail sur la Vie privée à Venise,
en même temps que d'une très érudite et jolie petite Histoire de la
peinture vénitienne, a manifestement toutes les qualités requises pour
nous faire connaître Carpaccio. S'il s'est adjoint pour collaborateur
le savant critique allemand Gustave Ludwig, c'est que, obligé par
la maladie de quitter Londres où il professait la médecine, réfugié à
Venise où il s'adonna aux études d'art, Ludwig s'était pris d'une
véritable passion pour le délicieux Carpaccio; à force de menues
recherches dans les archives et de comparaisons patientes, il était
parvenu à débrcuiller assez clairement la question des origines de
l'altiste et de ses relations avec ses contemporains. Des goûts communs
l'unirent bientôt à M. Molmenti par une vive et profonde amitié, que
la mort vint dénouer cruellement; et l'ami demeuré seul crut de son
devoir de m.ener jusqu'à l'achèvem.ent la tâche depuis longtemps
entreprise. Cette tâche, dont une préface d'un sentiment très élevé
et touchant nous explique les phases succes.'^ives, la voici sons nos
yeux; c'est un somptueux volume aussi parfa't de typographie que
d'illustration, f'ù non seulement J'art de Carpaccio et sa vie nous sont
— 485 —
rncoiités dans les moindres détails, mais cet art et cette vie nous
dcvienneut familiers pai- une connaissance incomparable des événe-
ments et du milieu. La Venise des vingt-cinq dernières années
du xv^ siècle, des vingt-cinq premières armées du xvi^, revit
devant nous dans son élégance, dans sa richesse et dans sa
félicité. (V La société tout entière au milieu do laquelle vivait Car-
paccio, » écrivent MM. Ludwig et Molmenti, « concourait à faire de
lui un artiste; » le spectacle de fêtes sans cesse renouvelées, ces palais
chatoyants, ces canaux illuminés de la douce clarté du ciel vénitien,
ces foules joyeuses aux costumes étincelants, tout semblait préparé
pour exalter sa peinture. « Il fut véritablement, avec ses pinceaux,
le chroniqueur le plus autorisé d'un peuple à l'apogée de sa gloire,
et tel de ses tableaux est une merveilleuse illustration des splendides
cérémonies dont le souvenir nous est conservé, beaucoup moins vif
et moins éloquent, dan? les vieux documents des archives. » Les
admirables photographies dont abonde ce livre nous font pénétrer,
avec ce texte si instructif et varié, au sein des nombreuses confréries
ou écoles qui remplissaient alors Venise, et dont plusieurs ont sollicité
le travail de Carpaccio; c'est ainsi que, sur la commande de la puissante
famille des Lorédan, patronne de la confrérie de Sainte-Ursule, l'ar-
tiste composa cette série exquise de panneaux qui racontent pour notre
joie la pure et ravissante légende de la sainte et de ses compagnes.
C'est avec la même perfection de fantaisie ingénue et de pieuse gra-
vité que ce conteur aussi gracieux qu'un Benozzo Gozzoli ou qu'un
Memling représente les épisodes de la lutte de saint Georges contre
le dragon, et le mobilier de la cellule où médite saint Jérôme. Une des
plus heureuses trouvailles de MM. Ludwig et Molmenti nous parait
être l'identification de bon nombre des portrait? répartis au travers
de ces compositions religieuses ; les protecteurs et les amis du peintre
reprennent enfin pour nous une figure et un nom, au milieu de ces
églises, de ces palais, de ces canaux toujours pareils à ceux où ils
vécurent, où ils passèrent. Quelle chose attrayante et parfaite que
l'histoire de l'art telle qu'on nous la présente aujom'd'hui, avec tant
de fleurs épanouies pour dissimuler les épines de l'érudition !
2. — Dans la Nouvelle Collection des classiques de l'art, où ont ]^
déjà paru deux volumes contenant tout Albert Durer et tout Michel-
Ange, la librairie Hachette nous donne aujourd'hui Raphaël, l'œuvre du
maître en 275 reproductions. Une notice sommaire, mais où rien d'essen-
tiel n'a été négligé, et qu'illustrent d'excellents facsimilés de dessins et
d'estampes, précède ce recueil de photogravures d'une scrupuleuse fidé-
lité. Tout Raphaël est là, c'est-à-dire tout ce qui fut considéré durant
tant d'années comme la perfection suprême de l'art, l'expression défini-
tive de la piété, de la science, de la beauté. Sans doute n'est-on plus aussi
— 486 —
exclusif et aflirmatif désormais; toutefois, s'il est à nos yeux d'autres
divinités non moin? radieusesdans l'Olympe del'art, Raphaël n'en garde
pas moins et gardera toujom's le prestige de sa jeunesse étincelante
et miraculeusement féconde. Un recueil comme celui-ci est d'un mer-
veilleux enseignement. D'année en année, d'image en image, on voit
se développer et mûrir le génie des nobles ordonnances et des harmo-
nieux équilibres; on suit dans ses Madones le progrès incessant du
sentiment humain et chrétien tout ensemble; et dans ses grandes
fresques on conçoit une splendeur de composition qu'aucun artiste
n'a égalée depuis. Il y a peu de lectures qui soient remplies de leçons
aussi hautes et aussi pénétrantes. Scientifiquement, ce beau recueil
est au courant des plus récentes découvertes. Les œuvres douteuses
ou tenues en ces derniers temps pour inauthentiques sont reproduites
et classées à la fin, et tout un commentaire de précieuses notes fait
escorte aux belies images. \\>ilà un luxe bien entendu, mis à la portée
des intelligences avides et des bourses modestes; et nous sommes
assurés qu'un succès toujours croissant encouragera l'active librairie
Hachette à développer rapidement, pour notre instruction et notre
joie, la collection des Classiques de l'a'-t.
3. — Le monde géographique parisien a fait, au milieu du mois
dernier, une chaleureuse réception au lieutenant E. H. Shackleton,
le vaillant marin anglais qui s'est, durant l'été austral 1908-1909,
avancé si près du Pôle sud qu'on a pu croire un instant à la possibilité
de la conquête du Pôle austral avant celle du Pôle boréal de notre
planète. Il n'en a rien été, et Cook, ou Peary, ou tous les deux, sont
arrivés au 90® degi'é de latitude septentrionale avant qu'ait été- dé-
couvert le point mathématique qu'est le Pôle sud; mars cela ne nous
doit nulloment faire méconnaître les mérites de celui qui, au cours
d'un raid admirable, a poussé jusqu'à la latitude méridionale de
88o23', arrivant ainsi jusqu'à 179 kilomètres du Pôle, c'est-à-dire à
une distance analogue à celle qui sépare Vendôme de Paris. Si digne
d'attention que soit ce résultat, ce n'est pas le seul qu'ait obtenu
l'expédition antarctique dirigée par le lieutenant Shackleton; une
autre des escouades parties du Nimrod (tel était le nom du navire
de l'explorateur) est parvenue au Pôle magnétique austral et en a
fixé avec précision les coordonnées actuelles. Et quelle admirable
moisson d'observations géographiques et scientifiques de toute nature I
La découverte de plusieurs reliefs élevés entre le 82° et le 86° do lati-
tude méridionale, celle d'un énorme plateau glacé haut de 3 300
mètres au point extrême atteint par l'a escouade du sud w et se prolon-
geant à perte de vue de ce point jusque vers le pôle, une exploration
plus précise des côtes et des montagnes occidentales de la Terre \'ic-
t-oria, une minutieuse étude du volcan Érebus, la découverte d'une
— 487 —
côte nouvelle dans l'ouest du cap Nord de la Terre Victoria,... et
combien d'autres! Comme l'expédition du Discovery, dont faisait'
naguère partie, sous les ordres du capitaine Scott, le lieutenant Shack-
leton, l'expédition du Nimrod a été extrêmement féconde, et les
spécialistes trouveront profit à en étudier minutieusement, le jour
où ils seront publiés, tous les résultats. — Ce n'est pas là ce qu'on trou-
vera dans Au Cœur de. V Antarctique; ce très beau et très gros volume
contient simplement 1' « histoire du voyage » du Nimrod et des tra-
vaux des membres de l'expédition Shackleton pendant tout le temps
(janvier 1908 à mars 1909)', qu'ils ont passé dans l'Antarctique.
Quelle admirable leçon d'énergie et que de renseignements précieux
les géographes trouveront à en extraire ! Le Ueutenant Shackleton
ne s'est pas interdit, en effet, d'indiquer à quelles conclusions ses com-
pagnons et lui-même étaient arrivés sur certains points déterminés
(v., par exemple, le chap. XII, consacré aux « résultats scientifiques
de l'ascension de l'Erebus » et les dernières pages du chap. XX^■);
il n'a pas craint de tracer le programme d'explorations nouvelles,
il n'a pas hésité à signaler les points sur lesquels il n'avait pu
obtenir aucune certitude, en particulier l'existence d'une haute
terre glacée sous le 163^ méridien. Pour toutes ces raisons, et aussi
pour ses précieux appendices scientifiques et pour son admirable
« illustration », la relation modeste et cependant dramatique du lieu-
tenant Shackleton, — si bien traduite et adaptée de l'anglais par
M. Charles Rabot, — mérite l'accueil le plus favorable, et de la part
de tous; les spécialistes y trouveront les renseignements géographiques
et scientifiques les plus nouveaux et les plus sûrs, tandis que les simples
curieux y verront quels services les automobiles peuvent rendre pour
l'exploration des régions antarctiques; ils y verront surtout comment,
à force de volonté, d'opiniâtreté et d'ingéniosité, aucan obstacle
n'est insurmontable.
4. — A diverses reprises, pour éprouver sous son beau ciel, devant
ses monuments et en présence de spectacles éminemment pittoresques
des jouissances artistiques profondes et intenses, et aussi pour faire
de la peinture, M. Walter Tyndale s'est rendu en Egypte. Il en a ob-
servé les aspects anciens et les transformations; il en a noté, dans
des aquarelles fort réussies, les monuments et les sites les plus inté-
ressants et le? ^lus beaux. Des amis bien inspLiés lui ont-ils conseillé
de publier ses aquarelles en les accompagnant d'un commentaire
explicatif? Lui-même a-t-il eu l'idée de les encadi'er dans des im.-
pressions de voyage? Peu importe, si le livre est intéressant. Et, de
fait, l'Egypte d'hier et d'aujourd'hui est un ouvrage d'un très réel
intétêt, et non moins agréable à liie qu'à regarder. Quarante-quatre
planches en couleurs, exécutées d'après les aquarelles de M. Walter
— 488 —
Tyndalc, trouvent leur commentaire dans un texte plein de vie et
d'humour, où l'auteui, évoquant le souvenir de ses pérégiinations
à travers les rues du Caire et les campagnes de l'Egypte, sème à pleine
main les anecdote», la description de spectacles auxquels il a assisté,
des renseignements précis sui les transformations des cités et deS
monuments, des mœurs et des costumes, sur certaines restaurations
malheureuses et sur d'auties plus... intelligentes, sur l'époque où il
a exécuté ses aquarelles. Par là s'explique et se justifie le titre du vo-
lume: c'est bien l'Egypte d'hier et celle d'aujourd'hui que décrivent
ses récits et- que représentent ses peintures. Récits et aquarelles
peuvent être divisés en deux groupes; la première moitié du volume
a trait au Caire et à l'art arabe (chap. II à IX, planchei^. 2 à 20), tandis
que la seconde partie (planches 21 à 42, chap. XII à XIX) se rapporte
aux monuments de l'ancienne Egypte, aux pyramides, aux temples
imposants et admnables de Thèbes, de Karnak et de Dendera. Ainsi
se trouve constitué un livre très attrayant, plein de renseignements
de toute nature, où est soigneusement noté, par la plume et par le
pinceau, le souvenir d'un moment capital et décisif de l'histoire
de l'Egypte, du moment où la terre des Phai'aons passe définitivement
et complètement de la civilisation musulmane à la civilisation eu-
ropéenne.
5. — h'Hisioire de France illustrée, dont la librairie Larousse met
en vente le tome l^^", semble devoir combler une véritable lacune. Nous
n'avions pas encore une Histoire de France populaire, s'adressant
au grand public, qui lui domiât, avec la suite des faits, des notions
suffisamment exactes sur l'évolution des mœurs, des institutions,
de l'art et de la littérature et qui parlât à ses yeux par une illustration
bien choisie. L'ouvrage de Bordier et Charton, qui est peut-être celui
qui se rapproche le plus de la pubUcation que nous amionçons ici,
est aujom'd'hui bien vieilli et l'illustration ne répond ni par l'abon-
dance ni par le choix aux besoins des générations présentes. IJ Histoire
de France illustrée, au contraire, satisfera les plus exigeants. Sans entrer
dans de grands développements, en s'efîorçant au contraire de de-
meurer toujours concis, l'auteur du texte a voulu donner à ses lecteurs
la substance des meilleurs travaux publiés sur notre histoire; il a voulu
leur présenter un tableau complet de ce qu'il en faut coimaitre. Tou-
jours clair et simple pour demeurer accessible à la grande masse,
il ne dédaigne pas de semer son récit d'anecdotes, de traits qui
en rendent la lecture plus facile et qui aident le lecteur à mieux
saisir la physionomie d'une époque. Il n'y est pas moins aidé
par l'illustration, d'un choix excellent, d'une abondance extraordi-
naire, d'une exécution parfaite. Plus de quarante cartes et plans, dont
cinq sont en couleurs, retracent l'aspect politique du pays des origines
— 489 —
au xvi^ siècle, permettent de suivre les guerres et les grandes batailles
(plans des batailles de Bouvines, de Crécy, de Poitiers, de Marignan,
de Pavie, d'Arqués, d'Ivry, etc.); une carte nous fait connaître la ré-
partition des mégalithos et des cavernes préhistoriques sur notre
territoire; deux plans nous montrent Paris sous Philippe-Auguste
et au xiv^ siècle. Les figures sont pour la plus grande partie emprun-
tées aux documents contemporains : vues d'édifices, statues, médailles,
sceaux, pierre tombales, portraits, etc., viennent joindre leur témoi-
gnage à ceux des monuments écrits. A côté de cette illustra.tion pure-
ment documentaire, on a fait une place, fort légitime, aux œuvres
des artistes, œuvres d'imagination sans doute, mais qui montrent
la conception que les maîtres de l'art français se sont faite de tel ou
tel événement et qui ont leur intérêt pour l'histoire de la pensée
française. Bien des lecteurs goûteront tout particulièrement les gran-
des planches en couleurs, dans lesquelles M. Hoiïbauer, l'auteur
bien connu de Paris à travers les âges, a voulu reconstituer, par
une série de petits tgjjleaux, la Vie en France à travers les âges. A
côté de ces planches, où, par l'imagination, un artiste^érudit s'est eiïorcé
d'interpréter les documents et d'évoquer des tranches de la vie de
nos pères, d'autres planches, en noir ou en couleurs, retracent l'his-
toire du mobilier et celle du costume. On voit que rien n'a été épargné
pour rendre ce volume aussi agréable qu'instructif, aussi aimable à
regarder qu'intéressant à lire. Si nous ajoutons que le texte a été tenu,
sans pédanterie et sans affectation, assez bien au courant des travaux
de l'érudition contemporaine; que la bibliographie jointe à cha-que
chapitre indique généralement les piincipales sources et les meil-
leurs livres en langue française à consulter pour qui veut approfondir
davantage telle ou telle partie de l'histoire ; qu'il ne s'est que fort
peu gUssé, dans ces quatre cents pages, de grosses erreurs; quej'auteur
a observé une sage prudence dans l'exposé des faits controversés;
qu'il ne s'est pas départi d'une modération fort recommandable;
qu'il a évité ce qui pouvait froisser les croyances rehgieuses, nos lec-
teurs comprendront que ce volume est vraiment un modèle de bonne et
intelligente vulgarisation, digne de figurer sur les rayons de nos bibho-
thèques ou sur la table do nos salons et qu'il est un des beaux cadeaux
que l'on puisse faire en ces temps d'étrennes. Nous espérons que
l'année prochaine nous fournira l'occasion de dire autant de bien du
second volume.
6. — Depuis des années, M. Gaston Ceindre, un écrivain original
doublé d'un artiste de talent vraiment supérieur, est attelé à une
œuvre de patriotisme local où il a mis tout son cœur. Nous voulons
parler de Mon Vieux Besançon dont notre Chronique, à diverses re-
prises, a parlé de façon succincte, au fur et à mesure de l'apparition
— 490 -
des fascicules (véritables volumes par l'importauce). Ua prospectus
superbe, signé des initiales C. B. et accompagnant le premier fascicule,
a remarquablement présenté aux amateurs cet ouvrage de haut luxe.
Nous allons en extraire les passages les plus saillants : « Parvenu
à la grande notoriété, M. Coindre aurait pu, très légitimement, re-
chercher les travaux productifs, aspirer à l'honneur et à l'argent...
C'est le moment qu'il a choisi pour se consacrer à l'œuvre qu'il por-
tait depuis longtemps dans l'âme : de raconter son cher Besançon,
d'illustrer, à chaque pas, son récit de planches qui sont des chefs-
d'œuvre d'une sincérité d'interprétation qui laisse à peine soupçonner
l'aît consommé. C'est précisément la caractéristique du talent actuel
de l'artiste, d'exprimer, dans un réahsme raffiné, la sûreté de son goût
et son sentiment profond. Le plan de M. Coindre n'a rien de compliqué :
il se contente de parcourir chaque rue, no laissant passer aucun sou-
venir, qu'il remonte à trois siècles ou qu'il soit d'hier, san? le noter.
Il nous montre dans toute leur gravité ces hôtels du xv® au xviii®
siècle, de grande allure, décorés avec la plus saine originalité; ces
rez-de-chaussée qui seraient bardés de fer comme des soupiraux
de prison, si les grilles n'étaient des morceaux de l'ai't le plus ingénieux.
Nous descendons avec lui les ruelles antiques qui plongent, en pentes
abruptes, dans les bas-fonds; il nous fait suivi^e les traiges [passages],
pénétrer dans certaines cours, vrais taudis du moyen âge, dont la
moisissure féculaire est relevée de détails charmants, galeries de
bois ciselés, niches votives, débris auxquels le crayon donne leur
valeur... Places, monuments, églises, il nous les montre comme Saint-
Pierre, par exemple, sous leur physionomie la plus ancienne. 11 n'y
a pas un jardin d'hôtel, un cul-de-sac ignoré, un intérieur inaccessible
qu'il n'ait, pour ainsi dire, interviei^vè, et auquel il n'ait arraché un
détail d'histoire ou d'art... Enfin ce sont mm seulement les pierre»
que nous raconte noti'e auteur, c'est le Bisontin lui-même : dans son
pèlerinage, il n'y a guère de maisons dont il ne reconstitue l'histoirv?
familiale, où il n'évoque une légende, une figure curieuse, une notoriété
si marquante qu'elle ait été, ou si humblement drôle qu'elle soit
restée, et avec le tact le plus discret. » — Ces quelques lignes donnent
une idée suffisante d'un livre admirablement édité, illustré avec un
goût et une finesse rares, qui a le droit de figurer au premier rang
des cadeaux d'étrennes : par son allure littéraire très éloignée de la
banalité contemporaine, il séduira tous les amateurs de choses pro-
vinciales. Il peut, à notre avis, servir de modèle dans le genre à tou^
les (c régionalistes », comme l'on dit aujourd'hui, qui rêvent d'écrire
sur leur ville natale une œuvre vivante et suggestive. — Mon Vieux
Besançon n'est pas encore achevé. Nous appelons de tous nos vœux
l'apparition du troisième et dernier volume.
— 491 —
7. — Paul Jacquiii, le maître imprimeur comtois trop tôt disparu,
et M. Gaston Coindre doivent être rangés parmi les fervents de la petite
patrie. A l'instigation du premier, le second, interrompant son labeur
sur Mon Vieux Besançon, lança un beau jour le Vieux Salins, prome-
nades et souvenirs. L'ouvrage était sinon fait, du moins ébauché
depuis longtemps. Aussi, lorsque l'éditeur vint frapper à la porte de
l'auteur, celui-ci n'eut plus qu'à le revoir, à le compléter. Tout ce
qui a été dit plus haut sur la façon dont a été compris et conduit
Mon Vieux Besançon pourrait se redire du Vieux Salins : il n'y a pas
lieu de se répéter. Il convient toutefois de faire remarquer que ce
volume est complété par trois tables : Table des chapitres, — Table
analytique, — Table des noms cités, qui, pour Mon Vieux Besançon,
ne seront publiées qu'avec le dernier tome. Nous signalerons spéciale*
ment ce bel ouvrage sur Salins non seulement aux régiorLalistes, qui
se garderont bien de le néghger, mais aussi aux personnes qui, tous
^es ans, vont prendre les eaux dans la pittoresque cité du Jura. Nul
guide ne saurait tenir lieu de ces pages attachantes, illustrées de gra-
vures documentaires et de vues admirables.
8. — De jour eu jour, les automobilistes réalisent de nouveaux ex-
ploits. Nous en avons vu naguè/e plusieurs conduire leurs puissantes
machines de Pékin à Paris; en voici aujourd'hui qui couvrent de bien
moindres distances, sans aucun doute, mais qui surmontent une foule
d'obstacles de toute nature entre Saigon et les admirables ruines
d'Angkor. Pas de routes à travers la forêt vierge, pas de pont pour
franchir les arroyos et les rivières, mais par contre des marais, des
rizières, en attendant la transformation du pays en un lac immense,
par suite des inondations périodiques : voilà dans quelles conditions
le duc de Montpensier et ses compagnons n'ont pas craint d'entre-
prendre, sur une bonne 24/30 H. P. Lorraine Diétrich, d'un poids
total de 3 700 kilogrammes, la conquête de la Ville au Bois dormant.
A Saïgon, personne ne pouvait croire qu'un tel exploit fût possible;
« tous nos amis sont unanimes, écrit le duc de Montpensier (p. 29),
à déclarer que nous n'arriverons jamais; ils ne nous cachent point
l'agréable espérance de nous voir revenir au bout de quelques jours...»
En dépit des pronostics sinistres, les audacieux voyagem's ont rempli
leur programme; ils ont conduit leur machine jusqu'au milieu des
ruines de la plus ancienne, de la plus merveilleuse des civilisations
asiatiques, et ils l'ont ensuite ramenée à leur point de départ. Comment?
pai' quelle suite d'initiatives hardies, d'actes de volonté et d'énergie?
au prix de quelles peines? au milieu de quels dangers et de quelles
péripéties de toute nature? voilà précisément ce que le duc de Mont-
pensier raconte dans un Uvre plein de verve et d'entrain, très amusant
et très intéressant tout à la fois, où l'on a plaisir à rencontrer tant de
— 492 —
cràiierio unie à tant d'esprit. No clierchoz pas, par contre, dans la
Ville au Bois donnant, de descriptions des ruines du groupe d'Angkor
(le duc de Montpensier s'en est abstenu, et y a substitué une collection
d'admirables photographies); c'est ici « un simple cahier de route »,
mais combien instructif et combien vivant ! Mieux qu'une relation
sévère et grave, ce superbe volume, si bien impiimé et si bien illustré)
vous donnera une impression exacte do la partie basse de l'Indo-Chine
française, du pays qui sépare Angkor de Saïgon.
9. — En 1901-1902, le chevalier Ivan de Schaeck a accompagné le
grand-duc Boris de Russie dans une promenade faite par lui autour
du monde dans l'hémisphère boréal; de ce voyage en Egypte, dans
l'Inde, dans l'Indo-Chine, au Japon et aux États-Unis, il a rapporté
des Visions de route qui viennent de paraître en un fort joli volume
accompagné de nombreuses gravures. Faut-il l'avouer? La lecture
de ce volume nous a déçu: abstraction faite de la description de quel-
ques fêtes superbes offertes au grand-duc Boris, nous n'y avons rien
trouvé de neuf ni de digne d'attention, les impressions de voyage de
M. Ivan de Schaeck ne se distinguant ni par l'imprévu ni par la
fantaisie, même à propos de l'Egypte, sur qui ont été fondues les notes
recueillies par l'auteur en 1902 et, postérieurement, en 1907. Les pré-
occupations gastronomiques y nuisent à des préoccupations d'un ordre
plus relevé; et combien vagues et imprécises des descriptions comme
celle du Musée de Gizeh; le célèbre Ciieik-cl-Beled n'y est même pas
nommé! Est-ce à dire qu'il faille faire ii du volume de M. Ivan de
Schaeck? Loin de nous cette pensée; malheureusement son préfacier
a évoqué, à propos des Visions de route, la Promenade autour du monde
du baron de Hubner ! A présenter ce livre de manière un peu plus
modeste, à nous le dépeindre tel qu'il est, comme un récit sans pré-
tention aucune, comme un carnet de route très modeste, mais très
exact et très sincère, M. Edouard de Morsier n'eût pas couru le risque
de nous décevoir et, par suite, de nous indisposer contre la Promenade
autour du monde, si bien illustrée, racontée par M. Ivan de Schaeck.
10. — L'admirable pays que la Hollande ! et comme, après l'avoir
visité, on aspire à y retourner; et comme, en attendant qu'on puisse
le faire, on aime à en évoquer le souvenir ! Rien ne sera plus facile
désormais, grâce à la Hollande illustrée, un très beau volume que la
librairie Larousse vient de faire paraître dans la collection où avaient
déjà été pubUés les livres de M. Jousset sur l'Allemagne, l'ItaUe et
l'Espagne. A la différence des précédents, cet ouvrage est dû à plu-
sieurs collaborateurs, les uns Hollandais, d'autres Français, — dont —
comme il est d'usage en pareille occurrence — chacun a traité ce qu'il
connaissait de mieux. L'avouerons-nous toutefois? Ce qui, dans ce
livre, nous séduit le plus, ce sont les magnifiques gravures qui accom-
— 493 —
pagnent le texte; par îlles se trouve constitué un superbe album de
la Hollande envisagée sous tous ses aspects : physique, monumental,
artistique, pittoresque. Les colonies elles-mêmes n'ont pas été oubliées;
on a eu soin de leur réserver quelques pages, — un peu trop brèves, à
notre avis, — à la fm do l'ouvrage, de telle sorte qu'on peut, en lisant
la Hollande illustrée et en en regardant les gravures, voyager jusque
sous les tropiques, et se faire une idée d'ensemble de ce qu'est le
royaume des Pays-Bas, dans ses possessions d'outre-mer comme dans
1-^ métropole. Naturellement, c'est pour connaître celle-là surtout
qu'on recourra au volume que nous annonçons; on aura raison de le
faire, car, bien qu'il passe trop vite sur des points tels que Dordrecht,
il n'en est pas qui, à notre connaissance, donnent une idée plus exacte
ni plus complète du sol et des beautés des Pays-Bas.
11, — Une Préface de M. Paul Weiss, ingénieur en chef des mines,
et un Avant-propos de l'auteur résument à merveille le livre à la fois
curieux et instruc'if que M. Emile Gérards, sous-inspecteur des tra-
vaux de Paris, vient de publier sous le titre de Paris souterrain.
^c Paris, ville de plaisir et de lumière ! s'écrie M. Paul Weiss. Qui
soupçonnerait, en voyant les Ivjulevards fourmillant de monde,
en entendant le tumulte incessant de ses rues, que, sous le pavé que
nous foulons tous les jours, existe un vaste monde sfuterrain, dont
l'immensité surprend tous ceux qui y pénètrent? Sous les rues s'en-
foncent des labyrinthes de galeries, s'allongent des kilomètres de voies
ferrées et s'entrecroisent des dédales de canalisations; sous les mai-
sons, dans tous les quartiers du sud, s'étendent des vides dangereux,
laissés par l'exploitation des anciennes carrières, dont la consolidation
nécessite d'importants et délicats travaux. Cette révélation, M. Gé-
rards nous l'appoi'te... Tl étudie successivement, dans un style clair
et précis, la formation géologique du sol de Paris et le régime de ses
eaux souterraines; il décrit l'histoire des catacombes et nous monti'e
comment on est parvenu à rendre inofîensifs les espaces vides aban-
donnés par les anciens carriers ; il nous emmène dans les égouts et les
voies ferrées souterraines et nous fait toucher du doigt les prodiges
réalisés par les ingénieurs de la ville. L'œuvre de la nature et celle de
l'homme sont décrites magistralement. » L'auteur, ensuite, s'explique
à son tour, en ces termes : « Dans Paris souterrain, nous avons voulu
passer en revue et étudier, tant au point de vue scientilique qu'au
point de vue historique et descriptif, toutes les curiosités que recèlent
les profondeurs de la capitale. Quelques-unes de ces curiosités avaient
fait, de la part d'auteurs divers, l'objet de monographies ou de des-
criptions plus ou moins complètes et sans hen entre elles. Nous avons
combiné, en les rattachant à nos propres observations, tous ces élé-
ments épars. Parmi nos recherches personnelles, nous croyons dev<.>ir
— 494 -
siijnaler les cartes géologiques qui accompagnent le livre I^'' et le&
documents historiques et techniques de la partie relative aux carrières.
Nous espérons qu'ils font dépasser à notre humble ouvrage les limites
de la simple vulgarisation scientifique. Ayant dessein d'intéresser le
grand public aussi bien que les hommes de science, nous nous sommes
attaché à donner à ce livre la forme la plus atti'ayante. De nombreuses
gravures accompagnent le texte; les termes techniques et spéciaux
sont expliqués aussi souvent qu'il a semblé utile de le faire... » Il ne
nous reste plus qu'à indiquer les grandes divisions de ce très intéres-
sant ouvrage, afin de le mieux faire comprendre encore : Livre 1^^.
Formation et composition du sol de Paris, i""^ partie. Généralités.
2^ partie. Le Sol de Paris aux différents âges de la Terre. —Livre IL
Les Eaux souterraines, l^'e pai'tie. Les Nappes souterraines. 'impartie.
LesEaux canahsées. — Livre III. Carrières et Catacombes, i^e partie-
Les Anciennes Cariières de Paris. 2^ partie. Les Catacombes. ■ — Livre
I\*. Les Égouts de la Bièvre. — Livre V. La Faune et la Flore sou-
terrf,i;ies de Paris. — Livre \L Les Vcies ferrées souterraines: F'^
partie. Lignes appartenant aux grands réseaux. 2® partie. Le Métro-
politain municipal. 3*^ partie. Chemin de fer électrique Noîd-Sud de
Paris (ancien tramway Borlier). — Livre MI. Souterrains divers. L'ou-
vrage se termine par un copieux Index alphabétique et une table des
cartes, plans et coupes, ce qui rend les recherches très faciles.
12. — Nombreux sont les pères de famille qui se souviennent d'avoir
lu les Merveilles de la science, de Louis Figuier. Ils avaient puisé dans
cette lecture des connaissances scientifiques sérieuses, présentées sous
une forme simple et attrayante. La science évoluant sans cesse, il faut
constamment renouveler les ouvrages qui la font connaître. M. Max
de Nansouty continue dignement l'œuvre de son prédécesseur. Le
nouveau volume, consacré à V Électricité, porte conjointement les noms
de l'ancien et du nouvel auteur. Et c'est justice. M. de Nansouty a
conservé do l'ancien ouvrage les notions historiques et scientifiques
qui restent la base de la science électrique. Mais il a rédigé à nouveau
toutes les parties qui se sont perfectionnées; de plus, il a exposé les
nombreuses questions nouvelles qui ont surgi dans les applications
do la science électrique. Ce livre est puissamment documenté. La pro-
duction industrielle de l'électricité, ses applications à la mécanique,
à l'éclairage, à l'industrie chimique sont successivement étudiées,
Les divers téléphones, les appareils de télégraphie avec fil, sans fil,
sous-marine, qui ont donné lieu à une exploitation réellement pratique,
n'ont plus de mystère après la lecture de ce livre. Le texte, simple
et précis, est accompagné de nombreuses illustrations : que ce soient
des reproductions photographiques ou des schémas, le choix est tou-
ji>urs excellent. Si élémentaire que voulût rester l'auteur, il ne pouvait
— 495 —
s'empêcher de faire un peu de théorie : cela est indispensable, non seu-
lement pour se rendre compte des phénomènes, mais encore pour bien
comprendre la signification des termes techniques qui sont, aujour-
d'hui, d'un usage courant. La principale qualité de cet ouvrage consiste
pour nous en ces faits : M. de Nansouty, tout en faisant conuaitre
les principales applications de l'électricité, n'a cherché à expliquer
que ce qui était simple; il n'a pas eu recours à de mauvais subte.'-
fuges pour chercher à éclaircir des questions sortant du domaine élé-
mentaire. La lecture de ce remarqual^le livre apprend beaucoup d<;
choses utiles; il ne permet pas la naissance d'idées fausses : c'est donc
un volume de vulgarisation parfait.
13. — Voici du Jules Verne posthume, assez différent, pom* le fond,
du Jules Verne d'autrefois. Nous avons bien, dans les Naufragés du
« Jonathan », des aventures extraordinaires, comme d'habitude; mais
le récit se « corse » de l'exposé d'une thèse : l'absurdité du collecti-
visme, source de désordres, d'abus et d'esclavage sous l'apparence de
la liberté. L'auteur nous présente d'abord un personnage mystérieux,
qui vit isolé, en compagnie de deux Indiens, le père et le fils, dans une
île de la Magellanie, entre l'Atlantique et le Pacifique, à l'extrême-
sud de l'Amérique. Ce genre de solitaire répond au nom de « Kaw-djer »,
qui, dans la langue du pays, signifie « l'ami, le bienfaiteur, le sauveur ».
De fait, ce Kaw-djer, Européen en rupture de civilisation, et qui a pour
devise : « Ni Dieu, ni maître », comme tout bon révolutionnaire « inté-
gral », est un vérital^le « altruiste ». Quand il consent à voir les humains
de cette. latitude, pauvres spécimens sous le rapport de l'intelligence,
c'est pour leur rendre service, surtout pour les soigner et les guérir
quand ils sont malades.- Cet homme est universel : médecin, marin,
ingénieur, savant en tous genres. D'où vient-il? Qui est-il? Nul ne le
sait. Un jour, avec ses deux Indiens, il vole au secours d'un navire
en perdition (le Jonathan) et le sauve, au péril de sa vie, ainsi que les
douze cents passagers qu'il renferme, épaves de tous les peuples, en
route pour fonder une colonie en Afrique, sur les territoires portugais.
L'île Hoste, où abordent ces émigrants, appartient au Chili qui, dé-
sirant la voir se coloniser, offre aux naufragés, en même temps que
des secours en nature, une indépendance absolue. L'affaire conclue,
la partie raisonnable des nouveaux occupants parle de nommer un
chef; mais le Kaw-djer, parfait anarchiste, refuse ce poste. Un avocat
de France, le socialiste Ferdinand Beauval, sous prétexte de hberté,
se pose en manière de dictateur, soutenu pai' les paresseux qui veulent
vivre aux dépens des vrais travailleurs. Il a, dans cette circonstance,
pour rival malheureux, un Américain n3mmé Doriek, apôtre du
communisme pur. Vient le jour où tout va de mal en pis dans cette
anai'chie. Et la misère et le crime s'étalent si amplement que le Kaw-
— 49G —
djor se décide enfin à renier (oh ! temporairement) ses faux principes_
Il accepte de devenir le chef de la colonie. Tout aussitôt il se révèle
homme de gouvernement dans la plus complète acception du terme,
et, sous son impulsion, ses administrés, graduellement, en arrivent
à un état voisin de la prospérité. Le clan Beauval se soumet ; Beauval,
du reste, devient juge au tribunal institué par le gouverneur; mais le
parti Dorick ourdit un attentat, heureusement déjoué. Tout à coup
une nouvelle terii fiante circule -: les Patagons, venus des territoires
avoisinant l'Argentine, ont envahi l'île Ho&te. Le Kaw-djer, aussi bon
général qu'excellent médecin et paifait gouverneur, repousse victo-
rieusement la hoîde dévastât)' ice. Cinq ans après, tout marchait
à souhait dans l'île Hoste lorsqu'une découverte fatale vint apporter
le désordre partout : l'île renfermait des mines d'or ! De tous les coins
du globe affluent aussitôt les déclassés et les criminels. Si bien que les
premiers colons, menacés dans leurs biens et dans leuis vies, sont
obligés, sur l'ordre même du Kaw-djer anarchiste devenu dictateu?
élu, de massacrer leurs adversaires. Dégoûté du pouvoir et même d'une
humanité qu'il avait rêvée tout autre, — c'est-à-di? e pleine de vertu
et de bonté, parce que libre, « sans Dieu ni maître », — ayant au
préalable réglé toutes choses, il abdique entre les mains d'un jeune
homme qui a été son élève et sera son continuateur dans le gouverne-
ment de la colonie. Puis il se retire dans un îlot désert à la pointe
duquel il a fait précédemment construire un phare destiné à guider
les navires en ces parages dangereux, et que, seul habitant de l'îlot,
il fera fo,iictionner. Et maintenant, si vous désirez savoir ce qu'avait
été autrefois cet homme étrange, sachez qu'il appartenait à une fa-
mille régnant sur l'un des grands empires d'Europe; ne demandons
pas plus d'éclaircissements : des exemples récents prouvent qu'il y a
des détraqués partout. Dans tous les cas, ce Kaw-djer, imbu de pré-
jugés faux en dépit d'une éducation et d'une inteUigence supérieures,
assiste à la failhte d'une tentative de mi*e en pratique des théories
collectivistes, faillite à laquelle il contribue activement, quoique
malgré lui et poussé par l'inéluctable nécessité. Conclusion : nul corp3
n'est viable sans une tête; nulle société ne peut durer sans justes lois.
14. — L'idée était assez heureuse d'étudier sommairement en un
seul voluiTie les Peintres anciens et modernes, leur çie, leur œuvre, et
d'illustrer ce volume de portraits des ai'tistes et de gravures repro-
duisant leurs principales compositions. M. Bénézit a rédigé pour les
éditeurs Roger et Chernoviz un texte autant que possible anecdotique,
et qui se lit agréablement, en suivant l'ordre chronologique, et mettant
bout à bout les biographies des peintres . Malheureusement ce texte
est gâté par. d'assez singulières erreurs ou omissions. On y apprend,
par exemple, que la Cène de Léonard de Vinci n'existe plus ; il nous
— 497 —
semblait, au contraire, que les journaux avaient annoncé tout récem-
ment que la restauration vénal t d'en être terminée avec succès.
Il n'est peut-êtie pas moins étrange de consacrer dix pages aux petites
anecdotes sur Michel-Ange, et d'oublier de nous dire ce qu'il a repré-
senté à la voûte de la chapelle Sixtine. En revanche il était inutile,
dans un ouvrage destiné à des enfants, de nous apprendre que le
moine Filippo Lippi avait séduit une religieuse, mais que dans le cou-
vent on ne lui en garda point rancune. Empressons -nous d'ajouter
toutefois que sur l'art français, qui occupe la plus grande partie du
travail, les informations semblent exactes, et que la revue de nos
peintres même vivants ne manque pas d'un certain intérêt. Les édi-
teurs ont donné à ce livre un format si énorme et si encombrant
que l'on se demande vraiment en quel rayon de bibliothèque il sera
possible de le caser. •
15. — Avec Jérusalem et Rome, Compostelle a naguère constitué
la trinité des « pèlerinages majeurs », de ceux qui avaient le double
privilège d'être le plus connus et d'attirer le plus de visiteurs. Cette
popularité, Compostelle la devait à son saint, saint Jacques le Majeur,
qui, comme le dit fort bien M. Camille Daux, était « pour l'Espagne
la personnification de la lutte impitoyable contre les infidèles et de la
glorieuse conquête de la patrie sur les Maures », et n'avait pas tardé
à le devenir également pour les provinces françaises méridionales qui
avaient eu, elles aussi, à combattre les Maures infidèles. De là se
répandit par toute la France la réputation de saint Jacques de Com-
postelle, et, de toutes les parties de la France, perdant des siècles,
une foule de voyageurs appartenant à toutes les classes de la société
entreprirent d'aller prier au sanctuaire de Compostelle. Ils «consti-
tuèrent des associations, celles des « confrayres-pellerins, à honneur
de Dieu, de la sacrée Vierge Marie et du glorieux apostre Santiago de
Compostella »; ils provoquèrent la fondation, le long des chemins
plus spécialeirtent fréquentés par eux, d'oratoires et d'hôpitaux;
ils jouèrent, pour tout dire, un rôle dans la société du moyen âge
et des premiers siècles des temps modernes. De ce rôle, M. l'abbé
Daux ne dit qu'un mot dans le hvre qu'il vient de publier et qu'il a
intitulé : Sur les chemins de Compostelle-^ ce qui l'intéresse surtout, c'est
l'étude des chemins suivis par les pèlerins, c'est leur vie durant tout
le cours de leur pieux voyage, c'eit la visite et la description de la ville
même de Compostelle et de son sanctuaire. A l'aide de ce curieux
guide, véritablement officiel, dont la rédaction est attribuée au pape
Calixte II, — de ces livrets, recueils et chansons dont se munissaient
les pèlerins (comme aujourd'hui touristes et voyageurs se sei'venb
de « guides » et d' « indicateurs »), M. Daux a écrit un ouvrage très
intéressant et très curieux, très pittoresque et très instructif, conte-
DÉcEMBRE 1909. T. CXVI. 32.
— 498 —
nant une foule de renseignements précis, au point de vue géographique
aussi bien qu'au point de vue historique, dont un seul détail nous a
surpris. La carte de la page 47 porte que les premières étapes, pour les
pèlerins partis de Paris ou des contrées plus septentrionales, sont
Orléans, Blois et Tours; or, la grande route de Paris en Espagne
passait autrefois non par Blois (où nous ne connaissons ni éghse, ni
chapelle dédiée à saint Jacques), mais par Vendôme, dont une cha-
pelle, — la chapelle du lycée Ronsard, — est précisément placée
souj le vocable de Fapôtre vénéré à Compostelle. Que M. l'abbé Daux
fasse quelques recherches de ce côté; et, si nous avons raison (comme
nous le pensons en nous appuyant sur une inscription qui, il y a une
vingtaine d'années encore, existait à Vendôme, — sur l'existence do
chapelles dédiées à saint Jacques dans la vallée du Loir, par exemple
Saint-Jacques-des-Guérets, au pied de la butte de Troo), qu'il
rectifie sa carte dans une seconde édition. Cette seconde édition, nous
la souhaitons de tout cœur, et nous la souhaitons prompte, au beau
volume, très nouveau et très bien illustré, qu'est Sur les routes de
Compostelle.
16. — Nous ne samnons être trop reconnaissants à la maison Marne
de nous donner cette année une aussi belle édition de Ma Tante Giron^
de M. René Bazin ! Les illustrations de Dutriac sont de tous points
charmantes et la rehure artistique en toile pleine est semblable à
celle qui, l'an dernier, revêtait si agréablement la Sarcelle bleue, du
même auteur, ^[a Tante Giron ne date pas d'hier, mais qu'importe !
Le sujet n'est-il pas émouvant, délicieux? Nous pourrions sans doute
renvoyer nos lecteurs au compte rendu qu'en a fait autrefois notre
collaborateur Firmin Boissin {Pohjbiblion d'avril 1886, t. XL\T,
p. 313-314); mais cela est ancien déjà et tous nos lecteurs actuels
ne possèdent pas ce volume déjà lointain de la collection de la Revue.
Or donc, il nous a paru plus simple d'emprunter à ce compte rendu
ses passages les plus saillants, qui feront bien connaître l'ouvrage
à ceux qui l'ignorent : « Il s'agit pour la brave tante, écrivait alors
notre regretté confrère (et elle s'y emploie de son mieux), de faire,
cesser, par un bon mariage, le dépit amoureux qui existe, sans oser
se produire, entre Jacques de Lucé et Marthe de Seigny. Ce n'est rien,
comme vous voyez. Mais que le cadre est donc joh ! que les accessoires
sont donc attrayants ! M. René Bazin nous initie aux mœurs et aux
superstitions des habitants du pays de Craon. Cette région a un carac-
tère très original et nettement mai'qué. A voir l'ajonc qui pousse sur
ses talus, la bruyère assez commune dans ses bois, ses pommiers et
ses sarrazins en fleurs, on dirait : c'est la Bretagne. A voir ses hommes,
grands, robustes, aux yeux songeurs, on pom'rait croire : c'est la Ven-
dée. Ni l'une ni l'autre. C'est le Craonnais. La gi'ande propriété y
— 499 —
domino, les traditions s'y maintiennent, la famille s'y conserve.
Indépendant et fier, l'habitant ne reconnaît que l'autorité paternelle
et l'autorité sacerdotale. Sous la Révolution, il fut le premier levé,
mais aussi le plus irrégulier des soldats de la chouannerie. Parmi les
types dessinés par M. René Bazin, deux surtout, en dehors de la tante
Giron, se détachent avec un singuher relief : c'est le curé do Marans,
l'abbé Courtois, et le taupier Sébastien Luneau. Héros d'aventures
invraisemblables, que l'on rencontrait dans les chemins sans rabat
ni chapeau, l'abbé Courtois jouait de la guimbai'de, après dîner, et
fumait la pipe comme un sapeur : ce qui ne l'empêchait pas d'être un
saint. Quant à Luneau, son métier de taupier en faisait un personnage
redouté, sinon redoutable... Et pourtant Sébastien Luneau était l'être
le plus inofîensif du monde. Encore un que la Tante Giron et le curé
Courtois ramenèrent dans le droit chemin. A mentionner enfin, dans
le roman de M. Bazin, des exploits cynégétiques et des dîners panta-
gruéliques d'une franche et piquante saveur. » Pourquoi ajouterions-
nous quoi que ce soit à cette jolie esquisse de ce joli roman?
17. — Prenez du Conan Doyle, puis, en quantité égale, du Jules Verne
et du meilleur, de celui de Michel Strogoff, du Tour du monde en quatre-
vingts jours, du Pays des fourrures. Assaisonnez avec un peu de télé-
graphie sans fil et d'aréoplane; ajoutez quelques grains de radium,
confiez le tout au maître cuisinier, cher aux enfants, qu'est M. Paul
d'ivoi, puis goûtez; et nous vous promettons, petits et grands, que
vous irez, sans prendre le temps de respirer, jusqu'au bout du régal
qui vous aura été servi sous le nom de : La Course au radium, el dans
lequel de fort belles gravures remplacent les truffes. Faire allusion,
en parlant d'un roman moderne, aux merveilleux conteurs qui ont
nom Conan Poyle et Jules Verne, c'est vraiment faire le meilleur
éloge possible d'un ouvrage destiné à amuser les enfants et même à
distraire les grandes personnes. Quant à résumer ici la raison d'être
de ce « voyage excentrique » et les multiples péripéties qui en ont
marqué les étapes, pour aboutir à un et même deux mariages, c'est
inutile. N'imitons pas les enfants qui, avant de lire un ouvrage, le
feuillettent rapidement et en dévorent les dernières pages : ce serait
leur donner le mauvais exemple et vous priver d'un plaisir, celui de
suivre nos héros dans leur course échevelée autour du monde. Un re-
gret en terminant : ce bel ouvrage, si bien présenté par l'éditeur, vrai-
ment amusant, est absolument nul tant au point de vue de la morale
qu'à celui de la reUgion. N'est-il vraiment plus possible d'élever
l'âme de nos enfants en les distrayant? 11 est vrai que le vice est puni,
la vertu récompensée et que le mariage a lieu à l'église, mais c'est tout
et, nous semble-t-il, c'est peu.
18. — Vous êtes un jeune garçon et vous avez de huit à douze ans.
— 5O0 -
La nuit, des aventures extraordinaires hantent vos rêves et, au réveil,
vous êtes navré de vous retrouver dans la vie plate et uniforme de
notre existence civilisée, de constater que les jaguars sont remplacés
par des chats, les carabines à longue portée et à balles expias ibles
par le fusil « Eurêka », sans aucun danger, que votre oncle vous a donné
l'amiée dernière. Les voyages et les dangers vous attirent, le silllement
des balles vous semble devoir être la plus eni\Tante des musiques,
vous serez décidément marin ou explorateur, et, quand votre maman
vous dit de manger rapidement vt^tre soupe, vous songez qu'une ta-
blette de pemmican ou qu'une galette de terre comestible ferait bien
mieux votre alïaire. Si tel est votre tempérament, si vos camarades,
dans leurs jeux, ne vous qualifient pas de « poule mouillée », lisez
les Mangeurs de sable et vous y trouverez un plaisir extrême, car,
nous n'en doutons pas, plus les aventures sont territîajites, moins elles
sont vraisemblables, et plus leiu' récit vous séduit. Avec Clovis,
Jacques, César, Marguerite, Pastek, et bientôt avec Clair-de-Lune,
vous serez entraîné en Corée, en Chine et dans le Thibet. Avec ces
compagnons intrépides et invulnérables, vous francliii'ez la Grande
Muraille, le désert de Gobi et l'Himalaya et, avec eux, dans notre
belle Provence, vous assisterez avec joie à deux mariages. Si tout cela
ne vous suffît pas, si de plus vous n'êtes pas charmé par les nombreuses
gravures qui illustrent le volume, c'est que, vraiment, vous êtes diffi-
ciles et nous ne savons plus ce qu'il vous faut; — à moins, cependant,
que vos camarades ne se soient pas encore aperçus que vous n'étiez
qu'une « poule mouillée », destinée, si nous osons ainsi nous exprimer,
à devenir « rond de cuir », fonctionnaire du gouvernement, ce dont
nou; vous plaindrions infiniment.
19. — Dans un beau volume : Au pied de VAcropole. Damaris
V Athénienne^ AL Henri Guerlin continue à exploiter une mine féconde
dont il a déjà tiré la Petite Patricienne, épisode des premiers temps
du christianisme. Son nouveau récit, qui nous transporte à Athènes
et à Éphèse, est écrit avec le même esprit chrétien, le même souci
historique et constitue une page instructive autant que pitt-ore- que.
Damari>', jeune Grecque, merveilleusement belle, est convertie par
les prédications de saint Paul à la foi du Christ. Cette sœur cadette
de Fabiola et de Callista, a une âme héroïque; elle supporte sans se
plaindre les privations et les périls qu'entraîne sa conversion, mais
un sacrifice plus complet lui est demandé. A la prière de son fiancé
Apollonidas, Damaris pose pour sa statue chez le jeune sculpteur,
dont elle rêve de convertir l'âme sincère; mais, malgré elle, cette
statue, œuvre d'art incomparable, est enlevée par ses concitoyens
et honorée sous le nom de la grande déesse, Ai'témis d'Éphèse. Le
culte idolâtrique rendu à son image révolte le sens chrétien de Damaris,
— 501 ~
et la nuit, armée d'un marteau, elle brise sa statue. Dès lors, sa mort
est certaine; condamnée par le peuple en délire, la jeune fille est
attachée au socle vide : elle y expire quelques heures après, bénie par
Paul de Tarse et réconfortée par l'acte de foi de son fiancé, conquis
au Christ par son martyre. Les illustrations qui accompagnent ce
récit en font un beau livre d'étrennes, dans lequel une forme attra-
yante et dramatique s'unit à une donnée élevée. Rien de plus intéres-
sant, en effet, même au point de vue simplement historique, que cette
lutte du christianisme naissant, pauvre et austère, avec le paganisme
de Grèce et de Rome, dont la corruption se pare d'élégance artistique.
20. —L'histoire de Louis Gormas, le Moucheron de Bonaparte, avait,
aux étrennes dernières, captivé plus d'un enfant; celle de Tiarko, le
chevrier de Napoléon, n'intéressera pas moins les jeunes lecteurs. Ge
Tiarko n'est qu'un petit bohémien, mais il a la chance d'avoir
pour père adoptif le roi des Romanichels, le vieux Bodog, dont la
puissance occulte le guide et le protège; même après sa mort, Bodog
rendra encore service à Tenfant, dont il a rêvé de faire un Français et
uu brillant officier de l'Empereur. Tel n'est pas tout à fait le destin
de Tiai'ko; il débute très bien, ce petit, après avoir été recueilU par
notre vieille connaissance le capitaine Cormas et par sa charmante
femme; aidé par Bodog, il rend à Napoléon, et à son nouveau maître
en même temps, des services éminents; sans lui, Austerlitz eût été
impossible Mais, une fois enfermé comme boursier de l'Empereur
lui-même à Louis-le-Grand, Tiai'ko se dessèche d'ennui; il lui faut la
vie libre, le grand air, les combats, et finalement il s'échappe du lycée-
D'aventures en aventures, il arrive à devenir, grâce à la maréchale
Lefèvre, le chevrier du petit roi de Rome, puis son écuyer; bonapar-
tiste intrépide, il suit Napoléon II à Schœnbrunn après la chute de
l'Empire, et là, de concert avec le colonel Cormas, qui n'hésite pas à
mettre en péril sa propre vie et celle de son fils unique, il essaie d'en-
lever Napoléon II à sa captivité dorée ! Il faut lire, dans le volume
de M. Jules Chancel, à la suite de quelles dramatiques péripéties
cette audacieuse entreprise, qui avait d'abord semblé devoir réussir,
a piteusement échoué et pourquoi le Roi de Rome est demeuré le duc
de Reichstadt. C'est du roman, mais du roman intéressant toujours,
amusant et même parfois émouvant; il n'y a, comme aulivi'e antérieur
de M. Jules Chancel, qu'un reproche à lui adresser, l'absence totale,
systématique et regrettable, du sentiment religieux.
21. — L'intai-issable conteur italien Salgari, que l'éditeur Delagrave
s'est donné à tâche de faire connaître aux jeunes Français, conduit
cette année ses lecteurs dan;^ les îles éparses du golfe de Bengale
et dans l'île de Ceylan. L'action se passe d'abord dans un pénitencier
des îles Andaman, puis se continue dans les îles Nicobar, pour s'achever
- 502 —
à Ceylan, après s'être déroulée en grande partie sur l'Océan. Il s'agit
de retrouver la Perle de sang, merveilleuse de couleur, étonnante de
grosseur, qui ornait le front d'une colossale statue de Bouddha. La
perle a été dérobée et celui qui la rendra aux prêtres de la pagode
d'Annarodgbur recevra en récompem e la main de la plus charmante
des jeunes Cingalaises consacrées au dieu. Un tel don vaut bien de
courir mille dangers pour retrouver la perle afin de l'abandonner
entre les mains des prêtres de Bouddha. L'auteur, en racontant cette
histoire, a-t-il voulu montrer que la possession de la femme aimée
vaut mieux que tous les trésors de la terre? Si telle a été son intention,
on ne pourra que l'en féliciter, car il va ainsi contre les enseignements
néfastes de notre société corrompue, pour laquelle l'or est tout. Si,
au contraire, il a simplement voulu plaire à nos enfants, il a pleinement
réussi, cai* son récit captivera au plus haut point ses jeunes lecteurs.
22. — Notre très regretté ami et collaborateur Charles Arnaud, qui
vient de mourir subitement, a parlé il y a un peu plus de sept ans (Po/^/-
biblion d'octobre 1902, t. XCV, 'p. 301-302) du livre de M. Hem-y
Bordeaux intitulé : La Peur de vivre, dont la librairie Roger et Cher"
noviz vient de donner une édition illustrée dans un format un peu
trop majestueux. Empruntons à .M. Arnaud les passages suivants de
son article, où, après avoir applaudi à l'honnêteté du romancier, à
ses idées élevées, à son sens ai*tistique très délicat, il n'hésite pas à
critiquer le sujet t'àité : « L'auteur reproche à M^i^ Alice d'avoir eu
peur de la vie, parce qu'elle a eu peur de désobéir à ses parents e^
d'épouser, malgré eux, le lieutenant Marcel. Le courage de vi\Te com-
porte-t-il donc l'obligation de se révolter contre l'autorité paternelle?
Il comporte sans doute l'obligation de n'avoir pas peur de la pauvreté;
mais si la pauvreté de Marcel efîraie les parents, elle n'efîraie pa^
AUce, et c'est vraiment et uniquement de ses parents qu'Alice a peur.
D'autre part, l'auteur fait un héros de ce lieutenant, qui, ne pouvant
supporter le refus d'Alice, ne pense plus qu'à mourir et y réussit,
glorieusement d'ailleurs, en se faisant tuer dans un combat contre
des peuplades de l'Afrique. Est-ce que le courage de vivre ne comporte
pas la disciphne de la sensibilité, la subordination du cœur à la raison,
et la force de supporter des chagrins d'aniour? » — Distingué et faux :
telle est la double épithète, laudative et sévère à' la fois, employée par
M. Ch. Arnaud pour caractériser finalement ce roman; et il ne nous
parait pas que le fait d'une revision de l'auteur en vue de mettre son
œuvre à la portée de la jeunesse infirme le jugement de notre collabo-
rateur.
23. ■ — Bien imprimé sur beau papier, illustré avec goût, tel nous appa-
raît le grand volume formé de Contes choisis de M. Paul Bourget. Les
illustrations de MM. A. et G. Chanteau, très réussies, ajoutent un at-
— 503 —
trait de plus à ces contes chai'mants du maître écrivain. Nous eussions
aimé à trouver là une sorte de Préface ou d'Avant-propos qui eût en
quelque sorte servi de lien à ces jolies choses. Comme nous ne pouvons
qu'en regretter l'absence, nous nous bornerons à reproduire les titres
brefs des treize contes que l'on trouve ici : Aline. ■ — Le Fils. — Le
Talisman. — Résurrection. ■ — Le Frère de M . Viple. ■ — L'Adoration
des Mages. — ■ L'Ami d'enfance. ■ — Bob Milner. ■ — Un Chef. — Le
Nègre. — Autre joueur. — La Parole donnée. — Lucie.
24. — M. Ernest Daudet a fait précéder ses Pages choisies, éditées chez
Roger et Chernoviz, d'une Introduction un peu trop mélancoliques,
nous semble-t-il. En dépit de tout, nous ne croyons pas que les géné-
rations de l'avenir, si mauvais que s'annonce cet avenir, se désinté-
resseront des bons ouvrages retraçant l'histoire de la patrie fran-
raise : l'antipatriotisme est une maladie qui fera son temps et dispa-
^raîtra, comme la lèpre. Mais si nous ne voyons point les choses aussi
noires que M. Daudet, cela ne signifie nullement que l'idée d'où est né
i^on recueii ne soit bonne, voire excellente. « Il m'a semblé, dit-il,
que le plus sûr moyen de me gai*antir contre un oubli que mes travaux
d'histoire notamment ne méritent pas, c'était de choisir dans la tota-
lité de mes œuvres quelques extraits propres à en révéler l'existence
à ceux qui, dans l'avenir, les ignoreraient, à leur apprendre en quel
esprit elles furent écrites et peut-être même à leur inspirer le désir de
lire celles auxquelles ces citations ont été empruntées. » Et c'est ainsi
que les jeunes lecteurs — et même ceux qui ne le sont plus, jeunes,
pourront se délecter dans treize récits historiques extraits d'ouvrages
de M. E. Daudet (indiqués au bas de chaque première page) allant
(le 1792 à la mort du duc d'Aumale (1897). Viennent ensuite neuf
cimrts extraits de romans, cinq « Esquisses et paysages » et quatre
nouvelles. L'ensemble, bien illustré, plaira.
25. — On connaît le talent de M^^^ Bentzon. Les quatre nouvelles,
réunies en un volume, sous le titre d'ensemble : Romans et contes de
tous les pays. En France et en Amérique, révèlent, une fois de plus,
sous une forme très simple, son esprit distingué, son style correct,
mesuré, facile et élégant, qui sait si bien adapter des récits étrangers
au goût français. La première de ces nouvelles : Geneviève Delmas est
la pathétique liistoire d'une jeune fille laide, qui, après avoir semé le
bonheur autour d'elle, finit par le rencontrer elle-même. Pierre Casse-
Cou, écrit pour les enfants, est adapté d'un roman anglais : iMisun-
derstrod, qui, il y a plus de trente ans, obtint un vif succès en Angle-
terre. Certains traits du récit restent les mêmes, mais Pierre
Casse-Cou, le petit héros du conte, et son entourage sont devenus
bien Français. Yette est l'histoire d'une créole, enfant terrible, qui finit,
par suite d'efforts persistants, par devenir une jeune fille accomplie;
— 501 -
mais st^s progrès dans la bonne voie sont semés d 'incidents varies etamu-
sauts, car M°ie Ben^izon, même quand e]]ed<mne des leçons de morale,
n'e^t jamais ennuyeuse. La Rose blanche est d'allure plus mouvemen-
tée; le récita pour théâtre la Lousiane pendant la terrible guerre de
sécession; il donne un tableau pris sur le vif des mœurs et coutumes
des planteurs et de leurs serviteurs : certains types de vieilles négresses
sont amusants et la note émue s'y mêle à la note gaie. Enfin le dernier
C(oite du volume : Baby c%/(''fs/er,adaptédeBretBarte, est l'histoire très
coui*te, joliment contée, d'un ours gris. On le voit, ce recueil ne manque
pas de variété; il mérite, étant donné le talent de l'auteur et la diver-
sité des sujets, d'avoir une place d'honneur pai*mi les livres d'étronnes.
]\|me Bentzon donne à tout ce cju'elle touche une note bien persoimelle,
émouvante, pittoresque ou amusante, selon les circonstances,
26. : — Le volume que le savant professeur de géologie au Muséum
d'histoiïe naturelle, M. Stanislas Meunier, a écrit pour la librairie
Delagrave, sur la Terre qui tremble est, entre tous, un livre d'actualité;
livre d'étrennes austère, assurément, n>ais qui satisfera les jeunes cu-
riosités en leur apportant toute l'instruction désirable. L'auteur a
voulu éviter l'exposé didactique trop aride, ou du moins il l'a renou-
velé, en lui donnant la forme plus animée du roman. Le point de dépai't
de son travail est naturellement l'effroyable catastrophe de Messine,
qu'il nous décrit de façon aussi émouvante que précise, et qui lui est
un prétexte à passer en revue les tremblements de terre les plus récents,
ceux de Nice et de la Provence, de la Grèce et de la Turquie, de la
Jamaïque, de San Francisco, du Japon. Une seconde partie est con-
sacrée à l'histoire, et une troisième et dcTuiére à la science séismolo-
gique, aux observations et aux prévisions, non moins qu'aux précau-
tions à prendre. Les jeunes lecteurs de M. Stanislas Meunier tireront
un profit durable de ce beau livre, de prix modéré, dont l'illustration
toute documentaire représente, d'après photographies, les ravages
causés par les convulsions terrestres.
27. — L'éditeur Hetzel a réuni dans un même volume sous le titre
principal commun : En vacances^ deux ouvrages distmcts qui se com-
plètent l'un par l'autre. L'idée est on ne peut plus heureuse. Dans
Plaisirs et curiosités de la montagne, M. A. Dauzat nous initie à ses
magnificences, à ses attirances :« 11 est évident, dit -il dan: son In-
troduction, — où il expose les distractions que la montagne peut offrir
et les leçons que donne sa connaissance, — que la mei convient mieux
à ceitaines natures, soit au physique, soit au moral. La montagne ne
permet pas, comme la plage, les ébats en sécurité des tout petits; elle
est contraire à diverses dispositions organiques, aux cardiaques,
aux asthmatiques; elle rebute ceux qui sont dans l'impossibilité de
fournir un effort de marche. Et la plage, telle qu'elle se présente au-
— 505 —
jourd'lmi daas les stations à la mode, est aussi i^lus agréable pour les
paresseux des muscles, qui passent leur après-midi à deviser sous un
parasol en regai'dant la mer, sinon en lui tournant le dos. » Ceci est bien
un peu ironique. Continuons. Si les médecins ont découvert « toutes
sortes de vertus curatives aux bains de mer et à l'air salin », nul ne
saurait nier que « l'air des montagnes et un calmant et un fortifiant
de premier ordre, généralement excellent contre les neurasthénies que
parfois la- mer irrite. La montagne est surtout une grande école d'éner-
gie, de patience, de prudence : elle constitue une merveilleuse leçon
de choses pour former la jeunesse. Les Anglais et les AUemajids l'ont
bien compris. >> Aux lecteurs de choisir. Donc, M. Dauzat nous pro-
mène dans les Alpes suisses, françaises et italiennes. Après quelques
conseils à « ceux qui partent », il décrit les villes d'eaux et les centres
d'excursions, il nous apprend comment on doit faire une ascension;
il signale les beaux paysages et les curiosités naturelles des régions
qu'il visite; il nous renseigne sui les spoits et distractions auxquels
il convient de se livrer de préférence et donne des détails curieux sur
les mœurs et les coutumes des pays qu'il traverse, ainsi que sur les
fêtes auxquelles on peut prendre part ou qu'on peut voir en simples
spectateurs. En un mot, il ne nous laisse rien ignorer de ce qui peut
être utile ou agréable aux excursionnistes. — A son tour, l'écrivain
qui signe Loudemer (un pseudonyme symbolique vraisemblablement)
nous conduit Au bord de la mer. « Sitôt arrivé à la mer, affîrme-t-ih
le principal souci de chacun est de s'équiper pour la pêche. » Et, dans
cette conviction, il ajoute : « C'est mon expérience que je vais mettre
à la portée de mes lecteurs en leur facilitant la découverte de ces secrets
(les secrets des pêcheurs) et en leur donnant le moyen d'en profiter
avantageusement. Je traiterai donc successivement des différentes
pêches que l'on peut faire à la mer, tant sur le rivage qu'en bateau. »
Et aussitôt Loudemer passe en revue la pêche aux coquillages, aux
crustacés, aux poissons. Il renseigne aussi sur les amorces, les pêcheries
« en bois et en filet », sans oublier d'utiles indications sur la pêche
en pleine mer ou pêche de grand fond. Ne croyez pas qu'il s'en tienne
là : il vous sert encore de guide pour la chasse aux oiseaux d'eau :
le canard, la bernache, le cormoran et les grèbes. Voilà, certes, un
volume qui s'adresse à beaucoup de personnes à qui il rendra des ser-
vices certains. Bien imprimé sur beau papier, il est gracieusement
et copieusement illustré et relié avec autant de simphcité que de goût.
28. — Le Roman du Renard, adaptation pour la jeunesse du Roman
de Renart, est un pendant très réussi aux Fabliaux et contes du moyen
âge, que nous avons aimoncés, l'an dernier, à pareille époque. L'adapta-
teur, M. L. Tarsot, s'adressant à l'une de ses nièces, s'exprime ainsi
dans V Introduction placée en tête du volume : « Ce qui te frappera
506
certainement à la lecture, c'est la vie intense qui anime tous les per-
sonnages de cette étrange épopée... Dans le Roman du Renard^ les
animaux sont conçus à la manière de ceux que les fables t'ont rendus
familiers. Chacun d'eux est le type représentatif d'une classe de la
société ou d'une fonction sociale; par exemple : Noble, le lion, le roi
par excellence ; ou bien encore il est devenu le symbole d'un caractère
moral comme, chez Molière, Harpagon, Tartuffe ou M. Jourdain ;
Belin, c'est la sottise naïve avec une nuance de fatuité; Brun, la brute
stupide, la dupe prédestinée à toutes les avanies. ]^engrin, le balourd
imprudent et cependant cairteleux dont Renard se moque et se sert
à son gré... Il ne faut pas t'attendre à trouver de la moralité dans
le Roman du Renard. N'y cherche qu'un amusement, sans plus, et
j'espère que tu le rencontreras. Je ne tenterai même pas de te dire que
l'excuse de Renai*d, c'est qu'il fait triompher la ruse, c'est-à-dire
l'esprit aux dépens de la force. La ruse de Renard ne me semble pas
plus recommandable que la force de Brun et d'Isengrin, et lorsqu'à
la fin du poème, je vois l'ingénieuse fourberie de Renard avoir raison
de la vigueur d'Isengrin, je m'en amuse assurément, mais je ne serais
pas autrement choqué si cette canaille de Renard recevait le châtiment
de ses méfaits. Et je suis persuadé que tu penseras comme moi. »
Illustré de nombreuses et jolies gravures de A. Vimar, dont plusieurs
en couleurs, ce livre amusera les petits et même les grands.
29. — Le beau volume de M. Pierre Maël que nous allons examiner
renferme deux nouvelles, fondées l'une et l'autre sur l'histoire de la
Bretagne. La première \La Lionne de Clisson., qui donne so7i nom au
livre, a pour héroïne Jeanne de Belleville, dame de Clisson, qui après la
mort de son mari, défend contre ses ennemis les droits de son fils
Olivier. Jeanne vivait à l'époque belHqueuse où les comtes de Blois
et de Montfort se disputaient la Bretagne; ses aventures, par mer
et par terre, son mariage forcé, pour sauver l'héritage de ses enfants,
avec un Anglais, lord Bantley, sa vaillance, ses malheurs et la gloire
naissante de son fils Olivier sont racontés dans un style plein
d'entrain. — Plus poignante cependant et plus intéressante, peut-être,
parce qu'elle est plus près de nous, est la seconde nouvelle : Yannik
le Rouge. C'est un épisode très dramatique de la descente des émigrés
Sur la plage de Quiberon; les rudes Chouans de Bretagne et les Bleus,
férocement cruels, revivent dans ces pages, dont l'horreur est atténuée
par l'héroïsme du jeune prêtre Gildas, type admij^able du pardon
chrétien. Comme tous les épisodes de cette époque, où les grands
crimes sont rachetés par d'admirables vertus, celui-ci offre un intérêt
que n'ont pas, le plus souvent, les romans ordinaires.
30. — Les enfants, et ils sont nombreux, qui aiment les chiens,
liront avec intérêt l'histoire de Médor Médorovitch^ c'est-à-dire les
— 507 —
Aventures d'un terre-neuve ]'usse qui fut véritab lement l'ami de ses
jeums maîtres, Maroussia et Volodia Gromof. A leurs bons soins,
Médor répond par un attachement de chien fidèle; déplus, intelligent
et courageux, il se rend célèbre par ses prouesses dans l'entourage
de ses propriétaires, et son histoire est plus mouvementée, et, à coup
sûr, plus morale que celle de bien des humains. Elle se déroule tout
entière en Russie : ce fait ajoute à l'intérêt très réel des aventures
de Médor, celui qui s'attache toujours à un milieu nouveau et différent
du nôtre. Excellent livre d'étrennes à donner aux enfants de huit à
dix ans. Les illustrations et la reliure sont, comme le texte, très
réussies.
31. — Où le grain tombe... Le « bon grain », semé par l'officier Hubert
de Sénonches dans l'âme plus faible que perverse du soldat Benoit
Chevru, semble tout d'abord porter d'excellents fruits. Benoît, engagé
dans un bataillon d'Afrique, pour une faute de jeunesse, se montre
accessible à l'influence de son lieutenant ; fier de sa confiance, il y répond
par un dévoiiment absolu. Blessé, médaillé, mis à l'ordre du jour, le
soldat Chevru rentre réhabilité dans ses foyera, et, grâce à l'influence
de son chef, il y fait un excellent mariage. Mais Benoît est un
faible et, malgré la protection toujours aussi cordiale de son ancien
lieut3nant devenu capitaine, il se laisse gagner par les fausses théories
des « frères et amis », qui, sous prétexte d'humanité, prônent la révolte
et le meurtre. L'auteur, sous une forme fictive, touche aux problèmes
sociaux qui, à l'heure présente, troublent si piofondément les esprits.
M. Crospièros, chef d'usine, père de la jeune femme d'Hubeit de
Sénonches, est tout particulièrement visé par les mécontents du pays,
et une grève éclate. Chevru, employé de l'usine, y prend part et se
trouve en face de son ancien chef, envoyé avec son régiment pour
défendre le manufactuiier menacé. Les mensonges et les inepties
dont se servent les meneurs de grève pour entraîner les masses ont
fait leur œuvre : Chevru oublie les bienfaits dont il a été comblé;
mais, au moment où le capitaine de Sénonches, qui est venu
seul pour parlementer avec les rebelles, va tomber sous les coups,
son âme de soldat se réveille et il se jette au-devant de l'officier.
Les fusils partent, le capitaine est sauvé, tandis que Denise, la femme
de Ghevru, victime innocente, reçoit une balle en pleine poitrine. —
« J'ai payé ta dette », dit-elle à son mari, que cette dure leçon ramè-
nera, esp3rons-le, à des idées plus saines. L'auteur écrit, comme on le
sait, avec facilité, ses théories sociales sont justes et ses sentiments
excellents; las questions auxquelles il touche, brûlantes par le temps
qui court, donnent à son livre une sorte d'actualité.
32. — Le Ballon fantôme a aussi son actualité aune époque où l'avia-
tion semble devoir entrer dans les habitudes de la vie. Henry Jackson,
— 508 -
jeune milliaj'dairc ajiiéricaiii, fciit construire un ballon monstre dans
lequel il s'embarque avec de nombreux sacs, qui, au lieu de sable,
reni'ennent des pièces d'or: il y en a pour douze milliards,"que le jeune
patron du ballon compte répandre sur le muude. Parmi les passagers
se trouve sa cousine Elisabeth, qui devient sa femme, et le nain Davids^
son collègue. Le ballon poursuit à travers l'Europe sa course fantas-
tique; nos aéronautes sont aussi des philosophes, et l'agitation, les
folles entrepi'ises des hommes, au-dessus desquels ils planent, leur
inspirent l'horreur des centres civilisés. Leurs expériences, au contact
des humains, leur font souhaiter de trouver une île déserte, où ils
puissent vivre en paix. Ils finissent pai* aborder dans cette lie fortu-
née, au milieu du Pacifique; mais, pendant qu'enchantés de leur nou-
veau domaine, ils le parcourent entons sens, le nain Davids paa't avec
le ballon, qui, errant à travers les espaces, devient dès lors le Ballon
fantôme. Quant au ménage Jackson, il ne s'alarme pas pour si peu et
se réjouit sincèrement de vivre désormais « loin des hommes vils et
agités ». Comme on le voit, la donnée du volume est toute de fantaisie;
il est écrit avec verve et joliment illustré; certaines vignettes, surtout
des cathédrales de France, sont poétiques : « Au pays où fleurirent
toutes ces saintes et merveilleuses maisons, la f«i ne saurait mou l'ir »,
dit l'auteur qui est un croyant, doublé d'un philosophe.
33. — L'Enfant de la falaise, autrement dit Miette Mole, a grandi,
comme une plante sauvage, dans une espèce de grotte, située dans les
falaises, près de Dieppe. Malgré les influences malsaines qui ont entouré
son enfance, la petite fille abandonnée est une nature exquise : les vices
de sa mère, ivrognesse incorrigible, et de son frère, fainéant et voleur,
semblent, au contraire, l'avoir plus fortement orientée vers tout ce qui
eSt bon et bien. L'intérêt que lui témoigne la famille d'un riche arma-
teur, M. Lenoir, marque dans la vie de la pauvrette un tournant
heureux en l'affermissant dans la bonne voie, mais sans l'arracher
cependant à sa vie misérable. Miette, habillée en mousse, remplit
tous les devoirs de son état avec courage el, au cours de sa carrière
aventureuse, elle est dédommagée de ses peines puisqu'elle peut
rendre un signalé service à ses bienfaiteurs, M. et M"i*? Lenoir, et leur
payer ainsi sa dette de reconnaissance. L'auteur, conome sa petite
héroïne, aime la mer, dont elle décrit avec un sens très ju&te les mille
aspects, terribles ou séduisants; les mœurs des rudes marins et les
épisodes de leur vie journalière sont racontés par elle d'une façon
vivante et pittoresque. Miette est sympathique et touchante, presque
trop parfaite quand on songe à l'absence de tout sentiment religieux
dans sa vie. A part cette r^^erve, le volume e^t bien écrit, mouve-
menté, fait pour plaire aux jeunes lectem's à qui Usera donné comm^
livre d'étrennes.
— 509 —
34. — En l'an 1922, le docteur Faldras, savant français, commu-
nique à l'Académie de médecine la sensationnelle découverte d'un
sérum destiné à prolonger la vie, en renouvelant l'organisme du corps
humain. Il en inocule sa fille unique Elisabeth, en présence d'une nom-
breuse assemblée qui passe de la stupeur à un enthousiasme délirant.
D'après lui, la moyenne de la vie humaine sera désormais, au mini-
mum, de deux siècles et demi. L'on juge de la profonde émotion
causée par cette trouvaille; de tous les points de l'Europe et ensuite
de tous les pays du monde, des foules avides de ce merveilleux sérum
accourent à Paris; elles viennent en automobile, en aéroplanes, à
pied, et le gouvernement est obligé de prendre des mesures sévères
pour protéger le docteur contre cette formidable invasion. Au milieu
de l'enthousiasme dont il est l'objet, Faldras s'aperçoit un jour que
la formule du « séium de vie » lui a été volée, malgré les multiples
précautions qu'il a prises pour protéger sa découverte. Il a des raisons
de soupçonner de ce larcin un Allemand, qui, sous le nom de Meyer,
a pénétré dans l'intimité du savant et a forcé le coffre-fort, où se
trouvait la précieuse formule. Alors s'organise une chasse à l'homme
dont le héros est le reporter américain Madison. digne émule de Sher-
lock Holmes, de légendaire mémoire. Chargé par le docteur de recou-
vrer à tout prix la formule, Madison déploie dans l'accomplissement
de sa mission une activité qui tient du prodige. Il traque le voleur eu
Allemagne, le poursuit à travers la France, le retrouve enfin en Amé-
rique et lui arrache, avec la vie, la cassette renfermant le fameux
secret. Les aventures comiques ou tragiques de Madison, ses inventions
ingénieuses et hardies, sont racontées avec entrain. Il est certain que
la Découverte du docteur Faldras fourmille d'invraisemblances, mais
elles ne choquent guère, tant l'animation et la verve du conteur donnent
de l'intérêt à son récit, d'une jolie fantaisie, amusant et parfaitement
moral. Ajoutons que le volume, bien relié, bien illustré, est, en tous
peints, un livre d'étrennes agréable à recevoir par des enfants de douze
à quatorze ans.
35. — Elisabeth Faldras fait suite à la Découverte du docteur Faldras.
Le sérum de vie a fait son œuvre : l'inventeur, âgé de plus de deux
cents ans, est solide comme un roc; sa fille Elisabeth a cent quatre-
vingts ans; elle est entourée d'une foule de descendants, dont le
dernier a trois mois. L'infatigable' Madison, inoculé lui aussi par le
sérum, est toujours là, aussi alerte que par le passé; la France compte
deux cent millions d'habitants, les villes ont décuplé et il n'y a plus
dans le pays de terrains incultes. Malgré cette apparente prospérité,
le savant a parfois des doutes sur le résultat final do son œuvre et,
par moments, il est terrifié de la responsabilité qui lui incombe. Une
formidable invasion de la race jaune qui, affamée, se précipite sur
510 —
l'Europe, justifie ses craintes. La lutte s'engage autant dans les airs
que sur la terre, et Madison y joue un rôle important, car les siècles
qui ont passé sur sa tête n'ont pas refroidi l'activité, ni diminué
l'esprit inventif de cet étonnant personnage, dont les aventures
parmi les Jaunes sont des plus dramatiques. Non moins fantastiques
sont celles du Marseillais Cardaime, l'ami de Faldras, qui porte, au
milieu des pires dangers, la bonne humeur du pays du soleil. Quant
au savant Faldras, il reste fort inquiet des dangers qu'amène la sur-
population, résultat du sérum de vie, et, de concert avec sa fille Eli-
sabeth, il cherche un aliment nouveau, extrait chimique, qui, sous un
volume insignifiant, suffira pour entretenir l'existence. Elisabeth
présente au monde cette nouvelle découverte, qui détruit tout danger
de famine. Mais si le sérum prolonge l'existence humaine, il vient
cependant un moment où les organes usés refusent de travailler da-
vantage. A près de trois cents ans, Faldras et son vieil s mi Cardanne
en font l'expérience : ils meurent doucement et s'en vont, d'une façon
un peu païenne, il faut l'avouer, vers une autre vie qu'ils espèrent
encore plus durable et plus belle que celle-ci. Comme le précédent
volume, celui-ci est écrit d'un style alerte, l'intérêt n'y languit pas,
les aventures y sont dramatiques et, si la note chrétienne en, est absente,
il n'y a cependant rien dans ce fantastique récit qui blesse
soit le sentiment religieux, s()it la morale. On peut donc le donner
sans inconvénient, comme l'on donne les récits de Jules \'erne, des-
quels il se rapproche par certains côtés.
36. — Ce n'est ni un drame ni une comédie, que nous offi'ent
MM. Chemilly et Maurelly, mais c'est vraiment l'un et l'autre, un
éclat de rire dramatique, si l'on peut s'exprimer ainsi. Maître Juponnet,
cambrioleur, c'est peut-être la plus amusante et spirituelle fantaisie qui
ait, cette année, été inventée pour la plus grande joie des lecteurs,
grands et petits. Raconter cette folle histoire est impossible, car son
charme est fait de mille détails. Il faut lire comment Maître Juponnet,
avocat au Conseil d'État (et à la Cour de cassation), le j^lus pacifique
et honorable des avocats, le meilleui* des gendres, des époux et des
pères, est devenu, le plus naturellement du monde, le cambrioleur
Chipolata, chef d'une audacieuse bande d'apaches. Il semble, en lisant
cet amusant volume, qu'une pareille aventure puisse nous arriver
chaque jour, à nous-même, attendre demain. Il nous suffirait
pour cela d'aller, sans notre famille, et déguisé en apache, à un bal
masqué, puis, d'en sortir sans pardessus et d'être rencontré par
Sigismond Galantine et Léon La Saucisse, postés au coin d'une rue
— et à quel coin de rue, à Paris, n'y a-t-il pas deux apaches? — Mais
nous devons nous arrêter là, pour laisser au lecteur le soin de méditer
cette aventure, et nous demander si, à la place de Maître Juponnet,
— 511 —
nous aurions fait preuve de plus de sang-froid et de résolution. Les
enfants ne se poseront pas la question; ils ne songeront qu'à se pas-
sionner pour les exploits du héros, qu'à frémir avec lui, bien heureux
de voir leurs transes se terminer par un éclat de rire.
37. — Le récit de M. Toudouze jntitulé : Le Renard de la mer se
déroule pendant les années 1804 et 1805, au moment où Napoléon I^^"
projetait la conquête de l'Angleterre; un mince ruban d'argent
séparait le conquérant de cette He qui bravait sa puissance, et
parmi ceux dont il réclame alors le dévoûment pour franchir le
détroit sont le Renard de la mer, Jacques ToUquet, l'officier
d'artillerie Jean Delsort et l'officier de marine Pierre de Ker-
grist. Entre ces trois hommes unis dans un dévoûment commun à
leur chef, se déroule un drame intime, dont les péripéties se mêlent
au bruit des batailles sur terre et sur mer. Le père de Jean Delsort
a jadis envoyé à la guillotine la mère de Renée, la fille adoptive du
vieux corsaire, Jacques Touquet; celui-ci s'appelle, en réalité, Jacques
d'Ymercourt, il est le frère aîné du père de Renée, François d'Ymer-
court, réfugié en Angleterre pendant la Révolution. Pierre de Kergrist,
officier d'avenir, est le fiancé de Renée, dont il ignore, du reste, la
noble origine. Comme on le sait. Napoléon ne réussit pas à traverse!'
la Manche, et la victoire de la flotte anglaise à Trafalgar porta à la
marine française un coup terrible; mais les personnages du volume
de M. Toudouze n'en dépensèrent pas moins leur courage, à travers
mille dangers, au service de leur patrie. Comme tout bon roman,
celui-ci se termine par un mariage; Pierre de Kergrist, revenu des
pontons anglais où il était prisonnier, épouse Renée, et le « Renard
de la mer », entre sa fille adoptive, heureusement mariée, et le frère
qu'il a retrouvé, se console de ses déboires patriotiques. M. Toudouze
écrit avec facilité, et son amour de la France éclate à chaque ligne de
ce récit, où un fond d'histoire véritable est agrémenté d'incidents
fictifs. Le volume convient parfaitement aux jeunes garçons, qui n'y
trouveront que de bons exemples de courage et de pa.tri<ytisme.
38. — Bien qu'on travaille de façon systématique à tuer en France,
chez les générations nouvelles, la foi, le culte de la patrie et, en ma-
nière de conséquence, le courage chrétien, foi, patriotisme et courage
subsistent toujours chez nos enfants et chez nos jeunes soldats.
En faut-il des preuves irrécusables ? On les trouvera dans le beau livre
de M. fL Cordonnier intitulé : Exploits héroïques de nos soldats au
Maroc. Cette histoire anecdotique de la toute récente guerre du Maroc
raconte très simplement, mais de façon vraiment attachante et émou-
vante, de quelle manière se sont comportés ceux qui ont eu l'honneur
de servir au Maroc, comment ils ont lutté et comment ils sont morts;
elle expose comment, chacun de son côté, aumôniers et infirmières
- 512 -
bénévoles ont travaillé de leur mieux à adoucir les soulTraaces dos
blessés et à faciliter aux mourants, • — lorsque la chose était possible, —
le passage à une autre vie. Que de sacrifices exécutés simplement,
saintement ! Que d'actes de foi aussi dans cet ouvrage duquel, dès qu'on
en a commencé la lecture, on ne peut plus se détacher ! M. Cordonnier y
a très habilement groupé et fondu ensemble les notions géographiques
et historiques, les épisodes militaires et les enseignements chrétiens
qui se dégagent de tout ce qu'il "raconte (voyez en particulier, aux
pages 125-131, l'épisode intitulé « Dialogue tragique parmi les morts »);
ainsi a-t-il composé un volume très intéressant, faisant aimer la reU-
gion et la patrie, — un livre qu'il faut lire et qu'il faut pr<:>pager.
39. — Le Musée de Poupées a été inspiré par la curieuse collection
formée par M^^^^ Marie Kœnig avec le concours des institutrices et
des élèves des écoles de France. Les poupées, habillées en costumes
paysans, sont presque un document historique, étant donné la tendance
de plus en plus marquée qu'ont les paysannes de France à abandonner
leurs costumes pittoresques pour adopter les modes banales des villes.
La collection de M'^^ Kœnig, commencée il y a environ dix ans, a
été plusieurs fois exposée; elle a motivé de nombreux articles de jour-
naux et a recueilli partout un réel succès. Ce volume la fera connaître
à ceux qui ne peuvent pas la visiter; les illustrations qui l'agrémen-
tent sont accompagnées d'un texte explicatif, où des anecdotes amu-
santes alternent avec des récits historiques et des descriptions géo-
graphiques, le tout écrit avec simplicité et agrément, dans un excel-
lent esprit. Quelques poupées étrangères, ajoutées aux poupées fran-
çaises, fournissent à l'auteur l'occasion de donner à ses petits lecteurs
d'utiles notions sur les pays lointains, «dont ses personnages sont ori-
ginaires. En somme, le Musée des Poupées est un joli livre d'étrennes
pour les enfants de dix à douze ans, qu'il instruira en les amusant.
Nombre de grandes personnes y trouveront également plaisir et même
profit.
40. — César Galafat ne tarde pas à prendre sur les paysans, ses
concitoyens, un ascendant extraordinaire. Ces âmes simples l'inves-
tissent de dons, surnaturels, et Galafat devient vite un héros dans
son pays de « Ville perdue «. Il a moins de prestige à Paris, où il fait
une excursion malheureuse, et d'où il revient, sombre et déçu; mais
il n'en garde pas moins son prestige aux yeux des braves gens qui ne
peuvent admettre la déchéance de leur idole et pour qui, jusqu'au
bout, Galafat reste un être surhumain, le Célèbre Galafat. Cette fan-
taisie est parfois amusante; mais plus séduisantes encore sont les jolies
illustrations qui font de ce volume un charmant livre d'étrennes pour
les petits enfants.
41. — Avec beaucoup d'esprit, Î\I. Lucien Métivet a écrit Jean-qui-lit
— 513 —
et Snohinet. Et il lui a fallu un réel talent d'artiste pour illustrer cette
fantaisie qui renferme une leçon en partie double. Jean-qui-lit et
Snobinct sont deux amis intimes. Le premier (son nom l'indique assez)
est un garçon studieux, qui emploie tout son temps à apprendre : il
n'est bien qu'en compagnie de ses livres. Snobinet (voilà un nom
symbolique, n'est-ce pas?), au contraire, ne pense qu'à soigner sa
personne et néglige autant l'étude que son ami Jean se désintéresse
de sa toilette. Assurément, l'un et l'autre ont tort. Mais Snobinet a
encore plus tort que Jean. Quoique très attachés l'un à l'autre, ils se
. font mutuellement leur procès : ep toute circonstance, Snobinet i-e-
proche à Jean son débraillé et Jean ne se prive pas do prouvera Sno-
binet qu'il n'est qu'un ignorant. Tant et si bien qu'un beau jour ils se
décident tous deux à se corriger : Jean s'habillera avec plus d'élégance
et Snobinet travaillera sérieusement. Le sujet est peu compliqué
comme on le voit; mais il vaut surtout pai* les détails, qui sont pai^fois
désopilants.
42. — Le Cadeau du cousin Lawrence au petit Peter Moberley est vrai-
ment un cadeau royal. Devenue veuve, la mère de Pétera vendu, pour
faire face à une situation difficile, l'ancienne demeure de Moberley. Elle
n'a pas osé apprendre à son fils qu'il n'est plus le maître du château,
et, par suite de circonstances imprévues, le petit garçon y arrive,
comme si de rien n'était, passer la fête de Noël. Le cousin Lawrence,
riche à millions, mais célibataire, isolé, timide, qui a passé sa vie aux
colonies, se garde bien de détromper l'enfant; sa présence à Moberley
lui apporte un rayon de joie et Peter fait innocemment à son cousin
les honneurs d'une maison qui est à ce dernier. En fin de compte, le cousin
Lawrence s'attache profondément au petit gai'çon; sa candeur et son
cœur affectueux l'ont si bien touché, qu'il lui fait, comme cadeau de
Noël, don du vieux château, où, de temps immémorial, a toujours
régné un Sir Peter Moberley. Le récit est joU, raconté avec simphcité
et finesse, et le caractère de l'enfant rappelle, par certains côtés,
le Petit Lord Fauntleroy, dont le succès fut si vif, il y a quelques
années, des deux côtés du détroit.
II. — 1. — Fidèle à ses vieilles traditions d'intérêt, de pittoresque et
de variété, le Tour du monde s'est efforcé, en 1909 comme au cours des
années antérieures, de promener ses lecteurs dans toutes les pai'ties du
globe, et de leur faire visiter les pays les plus divers. 11 y a pai'faite-
ment réussi; qu'on en juge ! La^^relation du capitaine Roald Amund-
sen de l'Atlantique au Paciffque contient une description complète
des côtes septentrionales du Nouveau Monde et de terres arctiques
situées plus au nord encore; par la visite du district ai'gentifèi'e
mexicain de Temascaltepec en compagnie de M. Albert Bordeaux,
et des villes mortes de l'Amérique centrale étudiées récemment par
DÉCEMBRE 1909 T. CXVI. S3
— 514 —
le comto Maurice de Périgny, on se trouve peu à peu amené jusqu'à
l'Argentine moderne, dont M. Frajiçois Crastre esquisse successive-
ment, avec beaucoup de verve, les principaux aspects. — Sur la route
océanique qui conduit des rivages occidentaux de l'Amérique aux
pays de l'Extrême-Orient à travers l'Océan Pacifique, M. Pierre
de Myrica fait faire une agréable escale à la Nouvelle-Calédonie et
aux Nouvelles-Hébrides aux voyageurs en chambre qui peuvent
ensuite parcourir, en compagnie de M. Emile Labarte, quelques-unes
des provinces du fond de la Chine et pénétrer, sous la conduite de
M. Paul Labbé, chez les Lamas de Sibérie. — Par les villes gréco'
romaines de l'Asie Mineure : Smyrne, Éphèse et d'autres encore,
nous voici en Europe; autour et au travers du Péloponèse, dans les
cités dévastées du Phare de Messine, à Naples et en Campanie, à
Lausanne et enfin à Beaune de Bourgogne, des cicérones instruits
et diserts, maniant avec une égale habileté la plume et l'appareil
photographique, servent de guides aux lecteurs du Tour du Monde. —
Reste le continent noir, dont à eux seuls, naguère, les explorateurs
semblaient disposés à occuper les colonnes du journal; n'y aurait-i]
rien sur lui? Sans y occuper autant de place qu'autrefois, les « Afri-
cains » remplissent encore, du récit de leurs recomiaissances, de lem'S
excursions et même de leurs exploits cynégétiques, bien des pages
du Tour du tnonde; tantôt M"^^ Chantre raconte ses pérégrinations
sur les routes de la Tunisie, et le comte J. de Beaucorps son excursion
sur le Nil Blanc de Khartoum à Gondokoro; tantôt le baron de Langs-
dorf décrit une chasse à l'éléphant en Ouganda: aillem's un des mem-
bres de la mission Tilho. M. Roserot de Melin, nous entraine à sa suite
dans la région du Tchad... — Mieux que de longues phrases, une
telle énumération prouve combien de sujets attrayants sont traités, —
et illustrés de superbes gravures, — dans le volume de 1909 du Tour
du monde, dont la première partie demeure toujours digne de sa ré-
putation et de son passé.' — Quant à la seconde partie,. « A travers
le monde », c'est une mine vraiment inépuisable de renseignements
de toute nature : com'tes relations de voyages, études géographiques,
aperçus historiques et statistiques, portiraits d'explorateurs, notes
d'actualité, comptes rendus bibliographiques s'unissent pour en
faire un demi volume aussi attrayant et plus varié encore que le Tour
du monde proprement dit; on y trouvera aussi de piquantes figures
amusantes et parlantes (celles des pages 333 et 373 sur la course au
Pôle nord et les explorateurs en marche vers le Pôle sud, par exemple).
-Ainsi le Tour du monde, tout en se maintenant dans son cadre, trouve
moyen de se renouveler, de progresser, pour la plus grande satisfaction
de ses lecteurs.
2. — Au premier rang des périodiques illustrés figure, depuis ses ori-
, . — 515 -
gines, le Journal de la jeunesse. La variété est considérable, les gravures
admirables et l'esprit du recueil parfait sous tous les rapports : on
peut donc lui ouvrir toutes grandes les portes du foyer le plus sévère.
De nombreux travaux touchant à l'histoire, aux voyages, aux beaux-
arts, aux sciences, rendent cette lecture instructive. Citons, un peu
au hasai'd : Animaux bizarres, par M. P» Vincent; Transatlantiques de
1885 et de 1908, et Ce que valent les aéroplanes modernes, par M. Daniel
Bellet; La Femme en Chine et la Femme persane, par M. L. Viator;
Les Merveilles de la télégraphie sans fil, par M. Gabriel Renaudot;
Numance, ses environs, ses ruines, par M. Auge de Lassus; Les Étapes
de l'art monumental en France et Saint Louis et les cathédrales, par
M. Anthyme Saint-Paul; Le Tir contre les ballons, ^p a.!' M. L. Picard;
U Industrie des ballons, par M. Daniel Beilet; Galeries d'aventurierg
et Claude des Armoises, par M. Jules de Glouvet; La Catastrophe de
Messine, par M. Et. Leroux ; Soldats de Chine et la Disparition du Grand
Lac salé, par M. L. Viator; Les Dames de la Croix-Rouge, pai' M. Ed.
Renoir; La Conquête du Pôle sud, par M. H. Norval. Nous pourrion
ainsi continuer et remplir cinq ou six pages du Polybiblion; il fau^
donc nous borner et conseiller aux amateurs de se rendre compte
par eux-mêmes. Cependant, nous devons signaler encordes romans
étendus qui figurent dans les tomes LXXIII et LXXIV formant
l'année 1909 du Journal de la jeunesse; les voici : Le Renard de la mer,
paj* M. G. -G. Toudouze; Le Dernier des Castel-Magnac, par M. H. de
Charlieu; Poucette, par M. Pierre Maël; L'Oncle Million, par M'"^ Julie
Borrius; Tarigagasse, par M. Marc Le Goupils, et Une Petite Fille
mal élevée, par M™^ Charlotte Chabrier-Rieder. Les trois premiers
de ces ouvrages ont fait l'objet de volumes spéciaux et nous en don"
nons l'analyse ici et aujourd'hui même.
3. — A un point de vue que nous qualifierons de technique, qu'est
donc le Journal des demoiselles et Petit Courrier des dames? — Une
^evue des choses de la mode. Tous les quinze jours M^^^ Marguerite
de Bets publie un Courrier de la mode appuyé d'un Courrier de l'aiguille^
signé Josette, et illustré. Ajoutez à cela de nombreuses planches en
couleurs reproduisant les costumes les plus nouveaux et donnant des
patrons de toutes sortes, en papier et même en étoffe. Les intéressées
sont donc renseignées de première main et sans aucun retard. C'est
quelque chose; c'est même l'essentiel. Mais ce périodique sait joindre
l'agi^éable à l'utile : de temps à autre, l'on trouve encartés dars ses
livraisons, un morceau de musique, un monologue pour jeune fille, une
reproduction de tableau ou de gravure, etc. Arrive enfin la revue lit-
téraire qui ne se compose pas seulement de romans choisis ayec un soin
scrupuleux, mais aussi d'études historiques attrayanies. On en jugera
par l'aperçu qui suit. Romans : Pour la vie, par M. A. Mouaiis; .]fariob-,
— 516 -
par M. L. do Kérany; L'Ombre du pussé^ pur M™<^ Marie Thiéry;
Anne et ses amis, par M'^*-' Rhoda-Broughton, adapté de l'anglais
par M. A. Chevalier. — Études diverses : Jules Breton, peintre et
poète, par M. C. Lecigne; Madame de Lamartine, par M"^^ Myriam;
Une Femme politique. La Princesse des Ursins, par M. Jehan; Tartufe,
sa portée morale et religieuse, ."^diV M. A. Galvet; Une Vénitienne célèbre
au dix-septième siècle, Éléna Cornaro Piscopia, par M. A. Chevalier;
En Bulgarie, par M. G. Nisson; Les Cent Portraits de femmes, école
anglaise, par M. Berthem Bontoux; Les Cent Portraits de femmes,
école frafiçaise,-psiY le même; Causerie sur la duchesse de Bourgogne, par
M. Jehan; Les Deux Pôles. Un Conquérant du Pôle nord, le commandant
fi. E. Peary; Vers le Pôle sud, le lieutenant Shackleton, par M. A.
Braps; Alfred de Vigny, par M. C. Lecigne. Il ne faut pas négliger non
plus de noter la Revue musicale que fait une fois par mois M"^^ Louise
de Claves, ni la Causerie mensuelle de M^^'^ SteUina sur des sujets d'ac-
tualité, ni une Chronique (mensuelle également) signée de différents
écrivains, par conséquent très variée de ton et de sujets, enfin de nom-
breuses poésies jetées çà et là dans toutes les livraisons. Pour terminer
nous sommes heureux de souligner non seulement la portée morale
de cet ensemble, mais aussi et surtout son inspiration chrétienne
sans nulle hésitation.
4. — Beaucoup de gaîté et d'entrain, des éclats de patriotisme, des
leçons de saine morale à tout bout de page, si l'on peut dire, des récits
vaj'iés offrant un réel intérêt et instruisant même assez souvent,
tel est le bilan du volume 1908-1909 de Mon Journal. Quant à la pensée
religieuse, elle est trop négligée, et c'est dommage, car, n'était cette
lacune, ce très gracieux périodique, qui fliérite d'être noté parmi les
bons, passerait d'emblée dans la catégorie des excellents. Notre atten-
tion, a été surtout attirée pai' trois romans qui, avec des qualités di-
verses, captiveront les lecteurs, savoir : La Troupe sans rivale, par
M. A. Bailly; Toto, premier policier de France, par M. Hem'i de Gorsse;
et Un Petit Comédien sous Louis XV, par M. Jules Chancel. Du cœur
et du dévouement dans les deux premiers; de la finesse et de l'esprit
dans le troisième. A côté, mais au-dessous de ces trois morceaux
principaux, l'on peut citer la fantaisie comico-morale, de M. Aristide
Fabre : Le Testament de l'oncle Jean; les contes prestigieux de M. Jé-
rôme Doucet sur les six dernières Filles de la reine Mah; La Dette,
épisode romanesque de nos campagnes contre la Chine, par M. Henry
Hardy; Le Chien de Mandrin, par M. A. de Gériolles (récit de la
capture du célèbre brigand dauphinois); Othon le colporteur, par
M. Jean Marbel; Le Miracle des sabres, une bonne histoire d'usurier
et de soldats, où figure le calife Haroun-al-Raschid, par MM. A.
Geugney et L. Tupet; La Vocation de Turenne, paj' M. Jan Rosmer
— 517 —
(épisode de la vie de Turenne enfant) ; Un Héros en jupon, par M. Éric
Ardol (scène de gaîté et d'héroïsme durant le siège de Sébastopol);
Les Prisonniers de Galopin, récit du temps où le duc d'Enghien
préparait sa victoire de Rocroy, par M. Jan Rosmer. Il convient,
d'autre part, de ne point laisser dans l'ombre les articles de M. Paul
Maryllis sur des questions d'histoire naturelle, de même que certaines
notices 8.nonymes ou signées d'initiales, telles que : Joyeux Sports;
Animaux de salons; l'Envers d'une féerie (au théâtre du Châtelet).
A noter enfin, sans vouloir pour cela épuiser la nomenclature de tout
ce qui est digne d'être cité, la série intitulée : Nos Découpages (avec
planches en couleurs). Comme d'habitude, l'illustration en couleurs
et en noir de Mon Journal est pai'faite.
5. — Saluons nos bons amis de la librairie Henri Gautier. Aux ori-
gines, ils se présentaient seulement deux à nos bureaux, puis trois;
les voici quatre, cette année. — Place à l'aîné, d'abord. Il s'appelh' :
L'Ouvrier. Avec ses quarante-huit ans, il reste toujours jeune, amusant,
gai, instructif. De physionomie invai'iable, il nous montre d'abord
ses quatorze grands romans qui ont fait, au cours de l'année 1908-1909,
la joie des jeunes gens, des jeunes filles et de leurs parents. Mention-
nons les titres, sans commentaires, car les noms de la plupart des auteurs
disent assez ce que sont les œuvres : L'^we^^e Pilate, par M'^^ Jeanne
de Coulomb; La Fille du Corsaire, par M. G. du Tremblay (autrement
dit Jean Drault); La Force cachée, par M. Jean Thiéry; La Glissade,
par M. H. du Plessac; Le Graniteur du Planais, par M. Pierre Ficy;
Larmes fécondes, par M. Francis Charmery; Marguerite des Margue-
rite, par M™® B. de Buxy; Le Parapluie de M. Aubert, par M. Pierre
du Château; Le Parchemin mystérieux, par M. Roger des Fourniels;
La République dans la Lune, pat* M. Chai'les Solo; Sylvia, par M. N.
Ardin; Le Trésor, par M. Mavil; Trophée de bataille, par M. Gaspard
de Weede; Les Vingt Ans de Josie, par M. Pierre du Château. Parmi
les nouvelles, vainétés et articles de polémique, nous citerons : A la
messe de minuit, pai* M. J. des Tourelles; L'Argent maudit, par M. Mar-
cel Rosny; Le Billet bleu, par M. Georges du Lys; Çà et là, série d'ar-
ticles intéressants, par M. H. du Plessac, et une autre série : Autour
de la persécution, par le belliqueux M. Jean Drault. Tenons-nous en
à cet aperçu : il faut laisser aux nouveaux abonnés de cet excellent
périodique le plaisir de découvrir ce dont nous ne disons rien et
qui mériterait d'être noté.
6. — Plus jeune, quoique ayant depuis longtemps doublé le cap de la
majorité, le deuxième périodique Gautier, bien connu, intitulé :
Les Veillées des Chaumières, est une sorte de dédoublement de l'Ouvrier:
à peine quelques différences dans les détails. Et d'abord, douze ro-
mans, savoir : I^es Belles-Sœurs, par M'"*' Bertho de Puybusque;
— 51$ -
Dana l'ornière, par M. Ajidré Bruyère; Les Épreuves de Jacques Mérins\
par M. Michel Auvray; La Fiancée, par M. Jean Barancy; Fierté de
race, par M. François du Clos; L'Heure qui passe, pai* M. J. de Guénin,
La Jolie Fille de Marken; La Maîtresse de piano, par W^^ Florence
O'Noll; Nadette, par M^^ Marie Thierry; Petite José, par M^^^ pierre
Perrault; La Roche-aux- Algues, par M. L. de Kérany; Roselyne, par
jyjme M, Maryan. Et nous passons ensuite aux contes, nouvelles,
variétés, articles de polémique, etc., etc., jetés à profusion à travers
le volume, que nous engageons parents et enfants à lire et quelquefois
à méditer : il y a là des choses attachantes pour tous les âges et pour
tous les goûts. — L'illustration et le cartonnage de ces deux périodiques
sont en tout semblables, cette année, aux années précédentes. Les
collections offrent donc, sur les rayons d'une bibliothèque, un aspect
parfaitement harmonique.
7. — En marche vers sa sixième année, la Semaine de Suzette est à la
fois amusante et instructive. Pour vos fillettes, le plus attirant se
trouvera d'abord dans les Historiettes illustrées (en couleurs) qui sont
ici fort nombreuses. Puis, lorsque les jeunes lectrices se seront suf-
fisamment diverties avec ces fantaisies presque toutes désopilantes
mais comportant toujours une bonne leçon, elles iront tout droit aux
Romans et aux Nouvelles, choisies avec un soin scrupuleux, qui rem'
plissent la plus importante partie de chaque livraison. Après quoj
elles passeront à la multitude de variétés qui complètent ce périodique
prestigieux, illustré d'une invraisemblable quantité d'images en noir
et en couleurs. Nous avons sous les yeux les deux derniers volumes
parus de la Semaine de Suzette (4^ année, 2^ semestre et 5^ année,
l^r semestre). Rien à dire de particulier sur les Historiettes illustrées',
elles sont trop (trop est une manière de dire, car ce n'est pas l'avis de
certaines fillettes de notre connaissance). Mais parmi les nombreux
récits, plus ou moins importants, auxquels on a fait une place dans
les deux volumes en question, nous mentionnerons : La Fleurette
du Temple, par M. Jules Chancel; Histoire d'une petite fée, par M. Jul-
lien; Noël sous la Terreur, par M. Jean Vinot-Préfontaine ; La Tâche
d'Annie Mayne, par M. F. 0. Noël; Épreuves de famille, par M"^'' Ra-
phaëlle Willems; Jeannine, par M^^ Anne de la Contamine; Mon
oncle Range-Tout, pai' M^^^ Pierre Perrault; La Princesse endormie,
par M"^e Charlotte May val; enfin, pour couper court : Un Voyage
en diligence, par M. Pierre du Château. Nous avertissons les parents
(pi'ils n'échapperont, pas plus que leurs chéries, au charme de ce
périodique enfantin : ils le Uront aussi.
— Pour la première fois nous signalons à nos lecteurs la Semaine
de Chapuzot, dont M. Jean Drault, ce délicieux ironiste, est l'unique
rédacteur. Chaque semaine pai'aît un fascicule de seize pages, illustré
— 519 '—
de gi'avures qui, seules, appelleraient le rire, si la prose de M. Jean
Drault ne le provoquaient pas de façon irrésistible. Voilà bien la lecture
qui convient aux neurasthéniques : Messieurs les médecins, examinez
ce remède ! Voulez- vous avoir quelque idée — un peu vague, toutefois
— de ce périodique spécial? Lisez ces titres: Le Testament de Bécas-
seau] Le Casque de Bécasseau] Bécasseau et les Camelots du Roi; Bé-
casseau pontonnier] Le Nom de Bécasseau est dans le journal] Bécasseau
et le chien empaillé] Bécasseau et ses mots cabalistiques] Bécasseau
candidat cantinier] Le Docteur Bécasseau] Bécasseau a hérité de Chau-
chard] Un Viager sur la tête de Bécasseau] Bécasseau met de la poison
en bouteille] Bécasseau retrouve la mitrailleuse] Bécasseau aviateur.
N'allons pas plus loin : il y a, comme cela, 52 numéros par an : éclat
de rire à répétition.
III. — 1. — Dans la collection d'albums que nous vaut la présente
fin d'année, celui qui, sans discussion possible, détient, comme l'on
dit couramment, le « record », c'est François I^^ {le Roi chevalier).
M. G.-Gustave Toudouze, en un style quelque peu maniéré, mais en
somme assez bien adapté au sujet, résume la vie si mouvementée
du rival de Charles -Quint. Le passage des Alpes par l'armée française,
la victoire de Marignan, les négociations pour la paix, l'élection du
roi d'Espagne comme empereur d'Allemagne, l'entrevue du camp
du Drap d'or entre François 1er et le roi Henri VIII d'Angleterre,
la lutte sur nos frontières du Nord et de l'Est, la trahison de Bourbon,
la mort de Bayard, la bataille de Pavie, où le roi de France fut fait
prisonnier, bref, le règne entier de François I^r est ici très agréable-
ment ra(;onté. Mais ce qui fait surtout la valeur de cet album,
ce sont les splendides, les merveilleuses images en couleurs de M. A.
Robida. On connaît trop bien le genre de ce maitre de l'illustration
pour être surpris de la façon vraiment magistrale dont il a in-
terprété les grandes scènes (et même quelques petites) de la vie du
« Roi chevalier». Elles sont si belles, si riches, ces images, que l'on est
parfois tenté de disloquer, l'album pour en encadrer les pièces princi-
pales ! Le plan de la première couverture représente, en couleurs et
en or, le roi François en pied, dans une attitude, à la fois gracieuse
et superbe, dominant deux ravissantes ligures de femmes, deux autres
de lansquenets et enlin trois curieuses physionomies de savants et
d'artistes. La librairie Boivin s't st surpassée.
2. — Le deuxième album de la même Ubrairie Boivin est beaucoup
plus modeste : Dites-nous cotre fable. Sans viser le moins du monde à
échpser les chefs-d'œuvre de la Fontaine ou même de Florian, les
douze fables que M. Alfred Theuh^t a réunies sous ce titre offrent
d'autant plus d'intérêt qu'elles comportent toutes une « moralité. »
Si nous avions un choix à faire, nous nous déciderions pour Chien
— 520 —
et Chat et pour le Renard, le Cerf et le Loup. Chaque fable est accom-
pagnée d'une planche en couleurs, très amusante, et de deux vignettes.
3. — La librairie Hachette poursuit avec succès une série d'albums
dont les animaux font les frais. Nous en sommes au cinquième, inti-
tulé : Noël au pays des animaux. Les planches hors texte sont très
soignées : le dessin est remarquable et le coloriage parfait; quant
aux gi*avures en noir elles sont des plus vivantes. On voit là d'abord
com.ment les familles Lion et Lourson s'en vont au bois quérir la
bûche de Noël : elle est de taille, cette bûche; mais ces « gens »-là sont
forts. On assiste ensuite à une leçon de danse professée par M. Lourson.
Puis, dans Acclimatationville, on admire une scène représentant
des chanteurs des rues. Oh ! ces chanteurs 1 Arrive l'arbre de Noël,
joie des enfants Latrompe et Lourson, des petits Lion, de la famille
Hippo, etc. On retrouve toutes les grandes personnes de ces diverses
familles, auxquelles s'est joint M. Croco, rassemblées autour d'une
table où un plum-pudding forme la pièce de résistance; puis on passe
à des jeux variés, après quoi l'on se quitte heureux et content : Au
revoir ! A l'année prochaine.
4. — Quatre albums illustrés à profusion d'images en couleurs
nous sont envoyés par la librairie Garnier. Le premier se présente
sous le titre : Le Capitaine des eranequiniers. Ces braves soldats du
temps de Chai'les VII, alors que celui-ci n'était encore que le roi de
Bourges, étaient ainsi appelés pai' ce qu'ils « combattaient armés de
fortes arbalètes tendues au moyen d'un cric. » Maintenant que vous
voilà fixés sur ces guei-iiers, apprenez, chers lecteurs, que leur capi-
taine, le vaillant Castelbarrac, était un Gascon authentique. Or donc,
certain jour qu'un peu éloigné des débris de sa glorieuse compagnie, il
se demande si ses cheveux grisonnants et ses rhumatismes ne lui donnent
pas des droits certains à la retraite, il se trouve tout à coup environné
par un parti d'Anglais qui le somme de se rendre. Le rusé Gascon
parlemente. Puis il raconte à ses ennemis une histoire de sa façon,
qui les met en joyeuse humeur, à ce point qu'il trouve moyen de les
désarmer tous et de les faire prisonniers. Nous vous faisons grâce des
autres exploits de notre héros qui n'allait pas tarder, au surplus, de
se voir bien et dûment échpsé par Jeanne, la bonne Lorraine, laquelle
commençait alors sa mission de libération du territoire nati<inal.
5. — Album Garnier n^ 2 : Scènes de la vie privée des animaux,
par M. Benjamin Rabier. Il se compose de cinquante planches en
couleurs reproduisant de nombreuses scènes, toutes comiques, où
tour à tour jouent un rôle l'ours, le lapin, la souris, le chien, le furet
et l'abeille, le corbeau et le renard, le brochet, le pélican, le singe et
le lion, le chat, etc., etc. Toute une ménagerie y passe. Un texte tou-
jours bref (et quelquefois pas de texte du tout) accompagne ces
scènes qui provoqueront chez nos enfants un fou rire.
— 521 —
G. — Le Robinson malgré lui, avec lequel M. Alphonse Crozière nous
fait faire connaissance (3^ album Garnier), n'est autre qu'un petit
garçon que sa mauvaise tête porte à l'école buissonnière. Il va rôder
sur les bords de la Seine et s'acoquine avec deux vauriens qui lui
jouent un tour pendable. Abandonné dans une barque, il suit le cours
du fleuve, au milieu d'un orage, et finit par aborder dans une île déserte
— parfaitement ! — où il y a des anthropophages (échappés du Jardin
d'acclimatation) qui s'apprêtent à faire rôtir... l'un de ses professeurs.
Notre galopin trouve moyen de délivrer la victime désignée et de
s'enfuir avec elle, en canot. Reconnaissant, le sauvé promet tous les
prix de l'école à son sauveur, lequel est d'ailleurs l'un de ses plus mau-
vais élèves. La promesse est tenue à la grande joie de toute l'école,
qui se moque de l'ignare. Et crac 1 Le lauréat à bon mai'ché s'éveille :
il avait rêvé. Il réfléchit alors; puis il se promet de bien travaille)'
à l'avenir. Amen !
7. — Ce n'est pas beau d'être à la fois menteur et gourmand. Les
Mésaventures de Jean le Fripon sont amenées par ces deux défauts
d'un petit bonhomme qui ne veut pas aller passer ses vacances à la
campagne pendant que ses parents voyageront sans lui. Il ne semble
pas que Jean, en dépit de ses déboires mérités, se trouve en voie
d'amélioration-: ce sera sans doute pour plus tard, quand d'autres
fâcheuses histoires l'auront mis un peu plus mal en point. Tel est le
sujet du quatrième et dernier album de la librairie Garnier.
8. — Un seul album chez l'éditeur Laurens. Titre : Les Héros co-
miques. Mais il est très artistique. Et puis, savez-vous que M. Emile
Faguet, de l'Académie française, n'a pas dédaigné de placer en tête
un joli Avant-propos sur la Gaîté française. Il y a plus : les héros
comiques étant au nombre de trois : le roi Dagobert, Malbrough
et Cadet Rousselle, M. Faguet a consacré à chacune des chansons
burlesques, que l'on trouve ici tout au long et qui, parmi le peuple,
ont immortalisé les personnages sus-désignés, trois savoureuses no-
tices historiques et littéraires. Los images en couleurs, exécutées par
Job, sont absolument charmantes.
9. — Comme la librairie Garnier, la maison Marne nous a gratifiés
de quatre albums. Voici la Merveilleuse Aventure d' Archibald, une tra-
duction do l'anglais. Beaucoup de dessins en noir et quatre planches
en couleurs. Un jour, certain canard répondant au nom de Coincoin le
Cadet invita le petit Archibald a assister, au fond d'une grotte, à
une assemblée d'animaux. Très curieux, Archibald accepta l'invita-
tion. A son arrivée, il fut proclamé président. On lui apprit ensuite
que la réunion avait pour but de permettre à certains de ses membres
de raconter ses aventures, après quoi la meilleure histoire obtiendrait
un prix que le président fournirait et décernerait. Tour à tour prirent
— 522 —
la parole : le Loris paresseux, le Calao, le Lièvre russe, le Raccoon,
le Chinchilla et Coincoin le Cadet, l'Ours, le Chevrotin, enfin le Rat
Robert, Montmorency (un petit Pluvier à collier), l'Alligator et le
Pingouin. Vous pouvez croire qu'il s'en conta de fameuses ! Vint
l'heure où le prix devait être décerné. Archibald décida que chacun
de ceux ayant pris pai't au concours voterait « pour l'histoire qu'il
jugerait la meilleiu'e; il n'y aurait qu'un tour de scrutin; si ce moyen
ne réussissait pas, le prix serait retiré. » Applaudissements; vote. Or,
qu'arriva- t-il? Chacun avait voté... pour soi-même. Alors Archibald
se leva et dit : « Mesdames et Messieurs, comme je l'ai déjà annoncé?
le prix sera retiré. Je vous souhaite le bonsoir ». E finita la commedia !
10. — Rien de plus amusant que Pierrot, Pippo et C^^ (2^ album
Mame). En compagnie de ses deux amis, le chien Pippo et le chat
Minou, Pierrot, fils du maire de Saint-Honoré-les-Pins, entreprend
une partie de campagne. Ayant rencontré Jeannot-Lapin, un artiste,
la bande, ainsi accrue, ne tarde pas à se joindre au ménage
Papillon, des artistes aussi, accompagnés d'un ours, d'un singe et
d'un charheau, également artistes. Il faut alors entendre ce Papillon
et sa digne moitié ! Tout le monde parle, d'ailleurs : le chien Pippo
donne des conseils, le chat Minou allonge des coups de griffes, Jeannot-
Lapin accomplit de beaux exploits. La bande, au grand complet,
arrive enfin à Saint-Honoré-les-Pins et y donne une représentation
mirifique, où les talents acrobatiques de Pierrot sont applaudis par
les administrés de son père. Mais voilà que, soudain. Pierrot reçoit
« une claque retentissante. » C'était son père, qui, accompagné de
son précepteur et indigné de le voir dormir à poings fermés sur ses
devoirs d'écolier, venait de l'éveiller de cette énergique façon. Ce
n'était qu'un songe ! Cette amusette, toute pétillante d'esprit, est
illustrée avec une véritable maestria par Vimaj*, le meilleur « ani-
malier » du temps présent.
11. — Le troisième album Mame « pour les enfants sages » s'offre
avec ce titre : Un, deux, trois, quatre. C'est une suite d'images en cou-
leurs avec un texte au verso qui explique les jeux auxquels se livrent
petits garçons et petites filles, avec de courtes et utiles leçons de morale.
12. — T>p meilleur marché des albums Mame : Contes de fées, n'est
certes pas celui qui plaira le moins. L'illustration, en couleurs et en
noir, est de tous points charmante. Ont été réunis dans cet agréable
album : Cendriïlon, — La Belle et la Bête, — Jacques et les Fèves, —
Richard et son Chat, — Blanche- Neige et Rose- Rouge, — Le Petit
Poucet, — Le Petit Chaperon- Rouge (où l'on verra avec plaisir que
le dit Petit Chaperon Rouge, que l'on a cru jadis dévoré par le loup,
est, au contraire, sauvé par son papa, qui tue la vilaine bête), —
La Belle au bois dormant et enfin le Chat botté.
— 523 —
18. — Pour la Guerre des fées^ M. G. Le Cordier a écrit un texte fort
drôle qui explique les illustrations en couleurs de M. R. Pinchon,
lesquelles sont d'un comique extravagant, enchevêtré parfois dans
le dramatique et le fantastique. Les nombreuses scènes qui défdent
sous les yeux des amateurs jeunes et vieux nous montrent la lutte
point banale du tout qui éclate et se poursuit entre les fées de jadis,
les enchanteurs, demi-dieux, monstres fabuleux, etc., et ces fées
d'aujourd'hui qui s'appellent la vapeur et l'électricité et tout ce qu'elles
ont créé : les chemins de fer, les ballons, les sous-marins, etc. Nul
ne s'ennuira en parcourant ce premier album de la maison Delagrave.
14.^ — On s'amusera beaucoup, également, avec les Exploits de Cra-
cambole, que M. G. Le Cordier nous raconte en un style désopilant et
M. Gifîey en des images burlesques quoique artistiques. M. Le Cordier
fait dire à son héros : « Je suis Cracambole, le grand, l'illustre, l'incom-
parable général Cracambole. J'ai vu la Révolution, l'Empire et le
Tropique du Cancer et gagné presque toutes les victoires de Napoléon.
Condamné à la chambre par un rhume de cerveau, j'en profite pour
écrire mes Mémoires. En avant la musique ! « N'allons pas plus loin.
Si donc vous désirez connaître l'histoire du général Cracambole, qui,
sans doute par erreur, n'a pas son nom inscrit sur l'Arc de triomphe
de l'Etoile, prenez ce deuxième album Delagrave. Vous en aurez
pour votre argent.
15. — -L'Age de l'école est un album qui fait partie de la collection
que la maison Hctzel intitule : Bibliothèque de Mademoiselle Lili
et de son cousin Lucien. Ensemble fort joli de proverbes, do fables et
de dictons mis en action au moyen de scènes admirablement rendues
par les dessins, de M. J. Geofîioy,un artiste, qui connaît bien l'enfance.
Les images qui composent cet album sont réparties logiquement sous
les divisions suivantes : Avant l'école] Après la classe; A la maison;
Jour de congé; École buissonnière; Loin de l'école; En vacances. Toutes
comportent une petite leçon de morale pratique.
16. — De la librairie Cattier, de Tours, nous arrive un album peu
luxueux comme illustrations (il n'est orné que d'humbles vignettes)^
mais qui se compose d'une série de charmantes, d'excellentes poésies
dues à M"ie Marthe Rochenor. Il est intitulé : Jésus et nos petits en-
tants. Une lettre d'approbation de Mgr l'archevêque de Tours et un
billet aimable du regi'etté François Coppée précédent ce recueil qui,
béni en outre* par S. S. Pie X, se présente de la sorte sous la triple
égide du Pape, d'un prélat et d'un maître de la poésie contemporaine,
alors que l'auteur elle-même l'offre comme il suit, s'adressant aux en-
fants :
... Dans les sentiers fleuris où l'on cueill.^ hs roses
J'ai ti'ouvé, devine^, précieux talisman.
— 524 —
Un livre renfermant les plus touchantes choses.
Des contes des réfits qui font couler les pleurs;
Ce livre, le voilà je vous en f.iis hommage.
Les feuillets en sont d'or et parsemés d<- fleurs
Et le nom de Jésus gravé sur chaque page.
(' Si le bon Dieu bénit ce remarquable travail dans la mesure de
nos religieux désirs, dit «Mgr l'archevêque de Tours, vous n'aurez
qu'à vous louer du succès qu'il obtiendra. » Nous faisons le même
vœu.
iW. — 1, — Le comte Jean du Ghandoris est un forçat innocent.
Une terrible erreur judiciaire l'a fait condamner au bagne pour avoir
voulu assassiner son oncle, le Dernier des Castel-Magnac. Une circons-
tance fortuite lui permet de s'échapper du bagne, mais il ne tarderait
pas à retomber aux mains de la police, si la Providence ne mettait
sur sa route l'agent R<nuain Bélair, son compatriote, qui, lors de son
procès, a cru à son innocence. Bélair est de l'école de Sherlock Holmes :
lin, dévoué, hardi, doué de cette divination subtile qui fait les grands
policiers. L'histoire de ses recherches est agréablement contée; non
moins mouvementées sont les aventures du comte de Ghandoris,
qui déjoue avec peine les menées de la police lancée à ses trousses.
Jusqu'à la dernière page du volume, l'identité du vrai coupable reste
un mystère, mais enfin tout s'explique et le jeune lecteur assiste
à la réhabilitation du comte Jean et au triomphe de l'incomparable
policier Romain Bélair. L'auteur écrit dans un style alerte, avec aisance,
et l'intérêt de son récit ne fléchit pas. Ce roman aura certainement
du succès auprès de la jeunesse à laquelle il est destiné.
2. — Poiicette, ou plutôt Gisèle Bûcheron, pom* lui donner son vrai
nom, est la fille cadette d'un ménage qui se trouve à peu près ruiné
par suite de la guerre de Guba. Bien qu'elle ait des frères et des sœurs
plus âgés qu'elle, Poucette est la plus raisonnable de la bande, et, dans
les malheurs qui fondent sur les siens, c'est elle, avec une institutrice
dévouée, M^^^ Bardois, qui met un peu d'ordre dans la nouvelle ins-
tallation de ses parents. Malheureusement Gisèle n'est encore qu'une
très petite fille et, un peu grisée par l'admiration q : 'elle inspire, elle
se lance dans une entrepîise audacieuse qui terrifie ses parents et lui
attire quelques désagréments, lesquels auront pour effet d'assagir
Poucette, sans briser son caractère généreux et tout d'élan. A cet
épisode qui faH le fond du récit, s'ajoutent d'autres incidents dont les
frères et les sœurs de Gisèle sont les héros et qui ne manqueront pas
d'intéresser les petits lecteurs de huit à dix ans. Le nom de son auteur,
M. Pierre Maël, est assez connu pour qu'il soit inutile d'ajouter que
les sentiments en sont irréprochables, les idées justes et le style facile.
V. — i. — Petite Nièce est l'histoire de Léa Darbeille, petite orphe-
line qui, de l'île de Geylan,où elle aété élevée, est amenée à Paris, pour
— 525 —
y vivre daas le solem^el hôtel de son grand-oncle, le vieux savant
M. Desmanies. L'arrivée de Léa, accompagnée d'un fidèle serviteur
cingalais et d'un éléphant, cause une sorte de stupeur dans la tran-
quille habitation et les allures de la fillette, volontaire et indisciplinée,
épouvantent son grand-oncle. La douceur, un peu plaintive, de M"^^ Des-
manies, ravie d'avoir une fdle à elle, finit cependant par gagnei-
le cœur de l'enfant, et l'influence d'une voisine aidant, l'indomptable
Léa se transforme en une jeune fille modèle. Mais la transformation
n'est pas l'œuvre d'un jour et les frasques de Léa continueront, à
travers le volume, à faire la joie des pptitslecteurs,auxquelsla conteuse
agréable qu'est M^^ Chéron de la Bruyère donne d'utiles leçons sous
une forme familière.
2. — La pauvre Christine, qui mérite d'être appelée : Une Enfant
terrible, puisqu'elle manque à tous les usages de la vie civiUsée, est
pourtant bien attachante. Pille unique d'un officier de marine, élevée,
entre son père et sa vieille bonne, dans une atmosphère de tendresse
indulgente, elle se trouve, à la mort do son père, transportée chez sa
tante M™® Grandier, sèche et déplaisante personne, qui froisse à
chaque instant la petite fille dont on lui à imposé la garde. « Ne pas
déranger, ne pas faire de bruit », telle est toute la morale deM"^^ Gran-
dier : à ce prix, son fils Alexandre est « bien élevé »; mais, sous l'influence
de Christine, le docile petit garçon se démoralise et se fait le com-
plice de l'entreprenante « enfant terrible ». L'histoire de celle-ci,
vraiment amusante, est contée avec verve, non sans une pointe d'émo-
tion; elle révèle une connaissance vraie de la mentalité des enfants,
et aussi des grandes personnes. Autour de Christine évolue tout un
monde dont l'auteur esquisse d'une plume alerte les originahtés et
les défauts ; en somme, joli volume, où il y a plus d'idées, une psycho-
logie plus fine, et plus d'esprit que dans la plupart des livres pour les
petits enfants.
3. • — Jacques et Gina de Brides, privés de leur mère, sont élevés,
tant bien que mal, par leur père et leur vieille bonne. La pre-
mière partie du livre nous raconte, dans un style aisé et mouvementé,
leurs plaisirs, leurs voyages, leurs escapades. Puis apparaît Une
Seconde Mère, qui donne son nom au volume. Celle-ci est une
jeune fille charmante, Solange de Saint- Rambert, qui connaît déjà
les enfants; mais cela n'empêche pas les pauvres petits, en apprenant
le mariage de leur père, de se sauver de la maison pour échapper aux
mauvais traitements que les sots propos des domestiques leur ont
annoncés. A leur âge . on ne va pas loin; effrayés et confus, ils sont
ramenés au château par leurs parents et, au bout de peu de temps, la
bonté et le dévoûment de leur « seconde mère» les ont à jamais conquis.
Joli livre qui nous rappelle la manière heureuâe de M™« de Ségur.
— 526 —
VI. — 1. — Depuis longtemps déjà, le Patron Xicklaiis passe sa vie
sur le Danube, dont il connaît les moindres détours; au moment où
commence le récit, il part de Linz pour Budapesth avec un radeau
de belle taille, chargé de plus de quaj'ante mille florins de bois. Quelques
cabanes en planches, établies sur l'immense train flottant, servent
de logement au capitaine, à ses hommes, h la jolie Frida, sa fille et à
ses deux servantes : Kunégonde et Pétronilla. En cours de route,
le patron Nicklaus embarque quatre passagers : le premier, Michel,
pauvre, mais travailleur, fait à tous les hal)itants du radeau la meil-
leure impression; il en est diiïéremment des autres, individus à la mine
suspecte, qui finissent par forcer la caisse du patron pour en extraire
quatre cents florins, avec lesquels ils s'enfuient; mais poursuivis par
Michel, les trois sacripants sont obligés de restituer le bien vole. Ce
Michel, qui rend au vieux Nicklaus un tel service, se trouve être un
de ses neveux, que sa famille croyait mort , et c'est à cet honnêce
garçon que le patron confiera désormais son radeau, en lui donnant
la main de sa cousine Frida. Telle est la trame du récit auquelles des-
criptions des rives du Danube ajoutent un charme réel. Le beau
fleuve poursuit son cours entre les châteaux et les abbayes, les
rochers et les forêts, et ces aspects divers évoquent des légendes, qui
enchantent ou effraient tour à tour. Des incidents amusants viennent
aussi de temps, en temps, rompre la monotonie du voyage, qui, mal-
gré ses péripéties dramatiques, fini+. le plus heureusement du monde.
Joli livre d'étrennes, fort bien illustré par l'auteur lui-même, M.
Robida, et qui a l'avantage de promener en pays étranger les petits
lecteurs français; ils y feront connaissance, tout en se distrayant,
avec une contrée aussi riche en souvenirs qu'en aspects imposants et
pittoresques.
2.' — C'est une bien fantasti que aventure que celle de Farandole,
jeune Français de seize ans qui, après la mort de son père à Venise,
entreprend de regagner la Bourgogne, son pays d'origine. Les chemins
de fer n'existaient pas alors, les routes étaient peu sûres, et, pour
comble de malheur, Farandole, presque au départ, se laisse dépouiller
de sa petite fortune. D'un esprit ingénieux et d'un caractère hardi,
le jeune homme ne se décourage pas pour si peu;ilpoursuit sonchemin,
accompagné d'un prince oriental, qu'il délivre de prison et qu'il
protège contre ses ennemis. Ce couple étrange passe par des aven-
tures peu banales, sur terre et sur mer, avant de gagner la Bourgogne.
Là, Fai'andole retrouve une famille, et rencontre dans le duc de
Bourgogne un protecteur, autant pour lui-même que pour le prince
Naïva, dont il s'est constitué le gardien. Il ne faut pas chercher la
vraisemblance dans les Expédients de Farandole^ mais regai'der plutôt
ce volume comme un conte de fées, rempli de péripéties dramatiques»
— 527 —
d'aventures extraordinaires, de coïncidences lieureuses, racontées
dans un style facile et agrémentées d'amusantes illustrations. Les
petits lecteurs de huit à dix ans aimeront le héros, si plein de bonne
humeur au milieu du danger.
VII. —1. — Dans un court Aidant-propos, M. Parmentier présente
ainsi son gracieux volume : La Coiir du Roi iSo/ei/:» ... L'histoire de la
cour est facile à reconstituer, car les témoignages écrits et figurés sont
nombreux et de bonae qualité; la littérature et l'art se réunissent
pour fournir à l'auteur et au lecteur mille moyens de pénétrer dans
l'intimité de Louis XIV et de ses contemporains. A l'aide des anec.
dotes nombreuses que l'on peut recueillir dans les Mémoires et dans
les correspondances de ce temps, en joignant aux textes une riche
illustration choisie exclusivement dans les estampes de l'époque, on
a essayé de tracer ici un tableau rapide mais précis de la vie de cour
au grand siècle. » Déjà nous avons parlé de ce livre dans notre précé-
dente livraison (p. 469) et si nous devons rappeler que l'auteur a
exagéré en évaluant à « plus d'un demi-milliard de notre monnaie »
la construction de Versailles, nous n'hésitons pas, cela dit, à recon.
naître que la Cour du Roi Soleil plaira à la jeunesse, qui en tirera
profit.
2. ■ — En un temps passionné, comme le nôtre l'est, pour le théâtre,
pour les sports et pour la science appliquée et vulgarisée, on peut
sûrement croire qu'un bon accueil sera fait au volume de M. Max
de Nansouty : Les Trucs du théâtre, du cirque et de la foire. Un exposé
clair et vif, mais précis, technique, appuyé d'utiles gravures, met ses
lecteurs dans le secret des machines et procédés qui concourent
à satisfaire la curiosité et à charnier les loisirs de tant de personnes
de tout âge et de toute condition, et leur fait voir, pour ainsi dire,
" le dessous des cartes ». Après un chapitre préliminaire : « La Scène,
les dessous, les cintres, les décors », l'auteur passe en revue les sujets
suivants : I. Petits Trucs et grands trucs. II. L'Emploi des miroirs. III.
Les Illusions. IV. Trucs de physique. Y . Grands Mécanismes. M.
Grande Acrobatie. VII. Paiitomimes. VHI. L'Art de se grimer et de se
travestir. IX. Le Costume des gymnastes et des acrobates. X. Les
Jeux japonais. XL Les Automates. XII. Cinématographie. XIII.
Jouets et petits trucs. — Ce petit livre sera goûté et il nous paraît
mériter de l'être.
3. — Le petit livre de M. Charles Morice : Pourquoi et Comment visiter
nos musées, est de ceux qui, dajis leur format restreint, contiennent
infiniment plus que certains prétentieux in-quai'tos. Dérouté pai'mi
les amas de merveilles que lui présentent les musées, le visiteur sent
la nécessité de principes nets et^ d'une direction logique qui débrouille
le chaos; cette direction, ces principes lui sont offerts pai" un critique
— 528 —
d'art qui est en même temps un poète. M. Charles Morice a vécu
dans l'intimité d'un grand artiste, Eugène Carrière, dont la conversa-,
tion fut admirablement réfléchie et féconde; on en retrouvera le sou-
venir dans ses pages si fines et délicates. Son livre sera pour les jeunes
gens une excellente préface à leurs promenades au Louvre et au Lu-
xembourg; et, ce qui permet d'en faire d'économiques mais agréables
étrennes, c'est une illustration aussi bien exécutée que choisie, telle
qu'on était en droit de l'attendre de la librairie Armand Colin.
4. — En décembre 1907 (t. CX, p. 519), nous avons présenté Poil et
Plume, de M. Emile Maison. Voici un pendant à cet ouvrage : Gros et
petits Poissons (récits de pêche), qui se recommande par les mêmes
qualités. L'auteur, qui a débuté jeune dans la « carrière », connaît
admirablement "son sujet. Il a péché sous toutes les latitudes; soit à
la ligne, soit au moyen d'engins variés, il a accompU plus d'un exploit
dans les rivières de France, d'Ecosse, de Chine, du Canada, etc. Mais là
ne s'est pas borné sa« maîtrise »; il a aussi péché dans bien des mers, et
soit qu'il donne des renseignements précis pour arriver à des résultats
avantageux, soit qu'il conte des histoires et des anecdotes il reste tou-
jours intéressant. Livre d'étrennes qui sera fort apprécié des jeunes
gens et qui, à n'en pas douter, charmera tous les âges. Visenot.
Hf. B. ■ — Dans notre prochaine livraison nous analyserons les ou-
vrages suivants qui nous arrivent trop tard pour qu'il en soit question
actuellement : Le Palais des beaux-arts de la ville de Paris (Petit
Palais), par Henry Lapauze. Paris, Lucien Laveur, 1910, in-4 de
viii-312 p., avec 246 illustrations dont 28 hors texte. Broché, 30 fr. ;
reliure amateur, 40 fr. — Vers Jérusalem, par Henri Guerlin. Tours,
Mame, s. d. (1910), petit in-folio de 252 p., illustré de 150 photographies
de l'auteur et de nombreux croquis à la plume. Broché, 9 fr. ; reliure
bradel fantaisie, 12 fr. — La Défense de Paris. Armées du Nord, des
Vosges et de l'Est. Siège de Paris, par Jules Mâzé. Tours, Mame,
s. d. (1910), petit in-folio de 318 p., orné de 63 grav. Broché, couver-
tures en couleurs, 7 fr.; reliure percaline, plaque or et couleurs, tr.
dorées, 9 fr. — L'Angleterre, depuis son origine jusqu'à nos jours^
par E. DE MoussAG. Tours, Mame, s. d. (1910), in-4 de 398 p., orné
de 75 grav. Broché, couverture chromo, 5 fr. 75; relié percaline,
plaque spéciale, tr. dorées, 8 fr. 50. — La Bienheureuse Jeanne d'Arc,
par l'abbé E. Vaugelle. Tours, Mame, s.d. (1910), in-4 de 322 p.,
orné de 40 grav. Broché, couverture chromo, 3fr.20; reliure percaline,
plaque spéciale, tr. dorées, 5 fr.
— 529 —
THÉOLOGIE
Hyinnes et proB<^8 inédites de Claude Santé ul, publiées par le
chanome Ulysse Chevalier. Paris, A. Picard et fils, 1909, in-8 de
xx-375 p. {Bibliothèque liturgique, t. XII.) — Prix : 10 fr.
Le nom de Santeul n'évoque guère à notre souvenir que la figure
du fameux Victorin aussi célèbre par ses vers latins que par ses excen-
tricités, de cet « enfant en cheveux gris » qui a servi de type au Théodas
de La Bruyère et que Boileau ne pouvait entendre déclamer ses
hymnes sans penser voir « un diable » que Dieu force à louer ses saints.
Et cependant Jean Santeul ne fut pas le seul poète de sa famille.
Sans parler de son neveu, l'échevin de Paris, Claude Santeul, dont
on publia en 1722 un recueil d'hymnes, il avait un frère aîné, appelé
aussi Claude, esprit beaucoup plus rassis que lui, et qui, tout en restant
simple clerc tonsuré et se dérobant par modestie aux honneurs de la
prêtrise, demeura longtemps pensionnaire au 'séminaire de Saint-Ma-
gloire, d'où il reçut le surnom de Maglorien comme Jean de Victorin.
Claude aussi faisait des vers latins, et son talent était apprécié de ses
contemporains; c'est à lui que l'archevêque de Paris François de
Harlay demanda de composer l'hymnologie de son nouveau bréviaire ;
et si le travail fut accompli par Jean et non par lui, c'est que lui-même
fit agréer son frère pour le remplacer, voulant le détourner par là
de la poésie profane; d'ailleurs quelques hymnes de Claude furent
insérées également dans la nouvelle hturgie. En outre, il en a laissé en
manuscrit un nombre considérable qui font précisément l'objet de
la publication que nous annonçons ici. Un des recueils qui les a con-
servées dit que la plupart étaient chantées dans diverses éghses;
M. le chanoine Chevalier, qui a vu et dépouillé un nombre si considé-
rable de livres liturgiques, assure qu'elles ne figurent dans aucun.
Tandis que rien ne nous permet d'apprécier les qualités qui avaient
valu à Claude Santeul les surnoms de Santeul en prose, Santeul le
philosophe, ni les raisons qui faisaient recourir à sa doctrine et à son
jugement des savants aussi consommés que les bénédictins, des esprits
aussi critiques que Jean de Launoi, ce vaste recueil, bien mieux
que les quelques hymnes imprimées dans l'ancien Bréviaire de Paris,
permettront d'apprécier la souplesse de son talent et cette onction
et cette simplicité que vantait chez lui Dom Guéranger. Ce n'est pas
que toutes les pièces en soient également dignes de louange: quelques-
unes sont demeurées inachevées, Claude étant mort avant^'d'avoir pu
mettre la dernière main à son recueil. Quelques pièces ont dû être
remaniées; c'est ainsi — je suis surpris que le savant éditeur n'en ait
pas fait la remarque, — que l'hymne 298 à saint Éloi a fourni dans les
hymnes traduites par Charles Perrault, avec de légères modifications,
DÉCEMBRE 1909. T. CXVi. 34.
— 530 —
les 2 premières strophes de l'hymne 471 (str. 5-6 de l'hymne 298) et les
strophes 3-4 de l'hymne 472 (str. 3-4 de 298). Claude Santeul n'hésitait
pas d'ailleurs à reproduire d'une hymne à l'autre telle tournure, tel
hémistiche, tel membre de phrase qui sans doute lui avait plu davan-
tage. Entre quelques exemples qiie j'en ai relevés, je n'en alléguerai
ici qu'un seul : dans l'hymne 2 (p. 1) il dit à N. S. : Tôt expetite
saeculis Terrisque tôt; dans l'hymne 106 (p. 63), il applique la même
expression à sainte Anne : Tôt expetita saeculis [Terrisque tôt.
Dans son intéressante Introduction, M. le chanoine Chevalier
insiste sur l'austérité du Maglorien, qui le faisait s'indigner contre
l'emploi de la mythologie païenne dans les vers chrétiens; il est cu-
rieux de remarquer qu'il n'a pu se défaire complètement lui-même
de souvenirs mythologiques si chers à son siècle : l'Érèbe, le Styx,
l'Averne, l'Orcus, l'Olympe reviennent assez souvent sous sa plume.
La pubUcation faite avec tout le soin qu'on peut attendre d'un aussi
excellent érudit que M. le chanoine Chevalier n'est pas seulement
intéressante au point de vue liturgique, c'est un document précieux
pour l'histoire de la poésie latine au xvii^ siècle. E.-G. Ledos.
SCIENCES ET ARTS
El Sisteraa cientifico SLiiliano. Ars lUagna, ex|»9siciéii y
crîtica' por D. Salvador Bové. Barcelona, typographia catôlica, 1907,
in-8 de LXYiii-596 p. — Prix: 10 fr.j
Raymond Lulle était Espagnol et Catalan : il est donc assez naturel
qu'un prêtre de cette contrée se soit entliousiasmé des œuvres de ce
philosophe, qui n'a pas conquis une influence durable sur la philoso-
phie classique du moyen âge, mais qui n'en a pas moins été un esprit
d'une grande puissance et d'une immense érudition. M. Salvador
Bové n'est pas le seul, du reste, qui s'intéresse à tirer de l'oubli le sys-
tème du grand Catalan. Ils sont une pléiade s'occupant de faire une
nouvelle édition des oeuvres de Raymond Lulle, comme d'autres
essaient de restaurer Duns Scot, l'adversaire du thomisme. Le présent
volume, si fort qu'il soit, n'est qu'une Introduction à l'édition préparée.
Raymond Lulle s'inspirait à la fois d'.^ristote et de saint Augustin;
il avait la subtilité d'argumentation du premier et les tendances mys-
tiques du second. Il conciUait ces deux tendances par son système
de l'ascension de l'esprit vers la vérité, où il suivait plutôt la logique
d'Aristote et sa descente de la vérité première conquise aux vérités
particulières, où il s'inspirait plutôt de Platon ^t de saint Augustin.
Cotte seconde partie est sa grande originalité. M. Bové ne veut pas
qu'il ait rien emprunté aux Arabes. Cela peut être vrai de sa philoso-
phie; mais dans la vaste encyclopédie de Raymond Lulle qui a traité
— 531 —
de toutes les sciences, il nous parait bien difficile qu'il n'ait pas em-
prunté souvent aux Arabes, beaucoup plus avancés que nous à cette
époque dans les sciences physiques et médicales. Il savait tout ce
que l'on savait de son temps; pourquoi n'eût-il pas pris son bien où
il le trouvait? D. V.
Clii»iîe agricole, cltîmîe végétale, par Gustave André. Paris,
Baillière, 1909, in-18 de xii-560 p. — Prix : 5 fr.
La science chimique a, depuis un certain nombre d'années, fait des
progrès de géant, et tous les jours elle progresse de plus en plus dans
ses découvertes. Elle scrute, analyse, se rend compte de tout dans
la nature et, peu à peu, expUque tous les phénomènes qu'elle constate.
Elle reconnaît bien que sur quelques points il reste encore des mystères
à percer; mais ses découvertes sont déjà fort avancées, si on les com-
pare à ce que nous savions il y a peu de temps encore.
Les premiers chapitres traitent de la matière végétale, de ses
éléments divers, des principes de la formation et du développement
des plantes et de ses diverses parties. Composition de chacune
d'elles, rôle de la respiration, comment elles s'assimilent les sub-
stances que l'air et le sol mettent à leur disposition, forment autant
de chapitres importants et complets, dans lesquels on suit tous les
phénomènes de leur croissance et de leur vie. Ajoutons que, bien
que l'auteur ait voulu écrire un « ouvrage essentiellement élémen-
taire », il sera surtout utile à ceux qui auront déjà franchi les
débuts de la science et sont désireux de pénétrer, sous un guide
indiscutable, fort avant dans les difficultés qu'elle présente. On y
trouvera exposé avec compétence tout ce que l'esprit humain a pu
reconnaître dans l'application des lois de la nature et les divers ré-
sultats qu'elles entraînent dans leurs combinaisons infinies.
G. DE S.
Kia narine. lie Haut Coininancleinent, me» fautes, sa
réforme, par L.-M. V. et E. Liron. Paris, Chapelet, 1909, in-12 de
iv-144 p. — Prix : 2 fr. 50.
Cet intéressant volume, pour lequel M. C. Humbert, député, a
écrit une brève et substantielle préface, a paru il y a déjà quelques
mois, et, cependant, il est toujours vrai, toujours d'actualité. Le
ministre a changé, les Directions également; mais, hélas! les fautes
n'ont pas disparu, les errements néfastes ont à peine été modifiés,
l'espoir un instant caressé s'est évanoui et on se demande avec an-
xiété comment une si grande bonne volonté, une telle compétence
produisent si peu, quel sort a été jeté sur la marine française pour
l'empêcher de sortir de la « souille » vaseuse où elle est échouée. L'on-
— 532 —
vrage que nous avons sous les yeux pose bien la question, montre
les fautes commises, une partie de ces fautes seulement, mais il est
plus bref lorsqu'il s'agit d'indiquer le remède. Et, en efîet, si les auteurs
consacrent 97 pages à exposer les fautes, 34 à en rechercher les origines,
13 suffisent pour indiquer le remède : c'est vraiment peu. Cependant,
malgré cette répartition des chapitres, inégale mais bien compréhen-
sible, car si la critique est aisée, l'art est difricile,cette étude sur la
marine vaut d'être lue et méditée. C'est une collaboration des plus
utiles à la recherche du problème naval qui hante actuellement tant
de bons esprits. Les fautes, principalement celles qui sont imputables
à la direction de l'artillerie, sont bien exposées, quoique sans vues
d'ensemble suffisantes, avec une recherche trop grande des détails,
des petits faits. Le chapitre consacré à l'étude de l'origine des fautes
est moins intéressant parce que, dès les premières pages, on découvre
sans peine un parti pris aussi injuste que regrettable qui oblitère
forcément le jugement des écrivains. Que penser de l'impartialité
d'officiers qui pai'ient de l'action dans la marine de la Société se-
crète( ?) de saint Vincent de Paul 1 Les auteurs ont vraiment raison de
mettre à la base des réformes la transformation des écoles et de leur
recrutement, puisque les écoles actuelles ont contribué à la formation
d'une telle mentalité d'officiers ! J. C. T.
LITTÉRATURE
Programme et métliodes de la linguistique théorique.
Psychologie cl«i langage, par Ch. -Albert Sechehaye. Paris,
Champion, 1908, in-8 de xix-267 p. —Prix: 7 fr. 50.
Cet ou\Tage est fort abstrait; il contient beaucoup de philosophie,
et il dépasse souvent les hmites do ce qu'on appelle d'ordinaire la
linguistique. Il est ordonné d'après une certaine doctrine de « l'em-
boîtement » des sciences, ou des parties des sciences, les unes dans les
autres, qui est plus philosophique et plus complexe qu'une simple
classification.
M. Sechehaye se rattache à Wundt, l'auteur do la Psychologie du
langage parue en 1900; mais il pense que son œuvre est incomplète,
et il lui reproche de n'avoir pas compris l'importance du problème
grammatical. Quant à lui, il distingue l'étude du langage en tant
qu'elle dépend de la psychologie collective ou de la psychologie
individuelle, le langage avant la grammaire et le langage organisé*
il étudie la genèse du symbole et son évolution; surtout il parait
préoccupé des relations de la sémantique et de la syntaxe; les lignes
que j'extrais ici (p. 242) résument ses idées sur ce sujet : « Le phéno-
mène sémantique existe souvent seul; dans bien des cas cependant
il est un acheminement, une préparation à un phénomène d'évolutitn
— 533 —
syntactique. Toutefois l'évolution syntactique, quand elle se produit,
implique toujours un nouveau phénomène sémantique; mais il faut
remarquer que, dans ce fait complexe, le facteur sémantique est le
facteur déterminant, car c'est lui qui a la priorité psychologique. »
Je crois que les linguistes adonnés à l'étude technique des langues
trouveront ce livre bien théorique et peu utile; mais, à le considérer
au point de vue philosophique, il est sans nul doute méritoire, pro-
fondément pensé, et il peut plaire à quelques esprits.
Baron Carra de Vaux.
Pages françaises, par Paul Déboulède, précédéfs d'un Essai par
JÉRÔME et Jean Tharaud. 5® édit. Paris, Blond, 19C9, in-16 de
Lx-404 p. — Prix : 3 fr. 50.
M. Paul Déroulède est une figure bien populaire. Même ses adver-
saires, qui trouvent de la chimère dans l'économie de ses conceptions
politiques, s'accordent à reconnaître qu'il représente avec beaucoup
d'allure, de sincérité et de générosité chevaleresque certaines des plus
estimables qualités de l'âme française : la bravoure, entre autres, et
le patriotisme. Sa carrière, que MM. Jérôme et Jean Tharaud nous
retracent en historiens psychologues de l'école de Barrés, est, sous
de multipbs incidents, d'une parfaite unité. Son œuvre, dont les
meilleures pages sont réunies dans ces morceaux choisis, est d'une ins-
piration simple, forte, saine, très bien adaptée à l'âme populaire,
qu'elle vise. On retrouvera ici le Clairon, le Turco, le Bon Gîte et autres
morceaux célèbres des Chants du soldat, des Marches et sonneries
des Refrains militaires et des Chants du paysan; des scènes de l'Het-
man, de la Moahite, de Messire Du Guesclin, de la Mort de Hoche; des
discours prononcés par le président de la Ligue des patriotes ; des récits
tirés des Feuilles de route (1870-1871), tantôt amusants, tantôt poi-
gnants, toujours animés; au total, des rythmes naïfs et prime-sau-
tiers, des paroles éloquentes et patriotiques. L. C.
HISTOIRE
lies Soiirees de riiistoire de France depuis les origines
jusqu'en 1**I5. Deuxième partie. JLe X.% le siècle (1 lOl-
1610), par H. Hauser. II. François I" et Henri II (iol5-1ao9).
Manuels de bibliographie historique. III. Paris, A. Picard et fils, 1909,
in-8 de xv-201 et 6 p. — Prix : 5 fr.
En annonçant ici [Polybiblion de février 1907, t. CIX, p. 169-170)
le premier volume de l'ouvrage consacré par M. Henri Hauser aux
sources de l'histoire de France pendant le xvi*^ siècle, nous avons
déjà indiqué les difficultés de l'entreprise et le bonheur avec lequel
M. Hauser s'en était tiré.
— 534 —
Avec les règnes de François I'^'' et de Henri II, dont s'occupe le
présent volume, les difficultés ne diminuent point. Comme l'obser-
vait, dès 1891, M. Lemonnier, François I^^ est très célèbreet mal connu;
Henri II, ajoute M; Hauser, est « presque inconnu et peut-être mé-
connu ». Il semblerait qu'une époque aussi considérable que ce siècle de
la Renaissance et de la Réforme aurait dû attirer davantage l'attention
des travailleurs : on s'en est occupé assurément et, dans ces dernières
années, on s'est davantage soucié de mieux connaître cette époque ;
mais l'on est loin encore d'avoir déblayé le terrain; l'outillage même
dont on dispose est assez imparfait, et, à maintes reprises, dans ce
volume que nous avons sous les yeux, M. Hauser est obligé de formuler
le même reproche, d'exprimer le même regret : nous n'avons pas encore
d'édition critique.
A côté des sources narratives, M. Hauser a dû faire dans son réper-
toire une place plus large aux recueils de documents et l'on ne peut guère
le lui reprocher. Une source dont il a dû tenir largement compte, bien
que là un choix s'imposât, ce sont les œuvres des publicistes. La pu-
blicistique, même officielle ou officieuse, se multiplie singulièrement
au XV i^ siècle et il est impossible de la négliger à qui veut se faire
une idée exacte des choses.
La tâche de M. Hauser était ardue et compliquée; l'on pourra dans
le détail le chicaner sur tel ou tel point ; il ne parait pas qu'il ait rien
omis d'essentiel. L'on ne saurait avoir trop de reconnaissance à un
érudit, dont le temps est déjà pris en partie par des obligations pro-
fessionnelles, de se Uvrer à un labeur aussi considérable et assez in-
grat pour le plus grand profit des travailleurs. E.-G. Ledos.
Recueil de.«i aete« dai <'oniité de salut |»ublie , aTec la
Correspondauce officielle des repréiientautii en miiision
et le Kegistre dn C'oMseil ex.éeutfi provitgoire, publié par
F.-A. AuLARD. T. XVIII. 7 novembre 1794 ( /7 brumaire an III)-
20 décembre f794 {50 frimaire an III). Paris, Leroux, 1908, in-8 de
xxxi-850 p. — Prix : 14 fr. 50.
Dans l'Avertissement placé en tête de ce volume, M. Aulard répond
aux objections qui lui ont été faites sur la publication des tomes pré-
cédents. Il explique les raisons qui l'ont déterminé à ne donner parfois
que des analyses au lieu des documents complets; il annonce la pré-
paration d'une Table générale alphabétique et analytique.
Le tome dix-huitième de ce recueil se recommande plus par la cor-
respondance des représentants en mission que par les actes du Comité
de salut public; ce dernier, depuis le 7 fructidor an II, s'occupe surtout
d'affaires militaires. A signaler cependant, à la date du 11 novembre
1794 (p. 69), la fermeture du club des jacobins, prononcée par les co-
mités réunis.
— 535 —
Les représentants en mission, ou bien nous renseignent sur les opé-
rations des armées de la République aux Pyrénées-Orientales, aux
armées du Rhin et de la Moselle, du Nord et de Sambre-et-Meuse,
des c^ôtes de Brest et de Cherbourg, ou bien nous informenc de l'état
d'esprit des populations dans différents départements.
Dans ces deux derniers mois de 1794, deux faits retiennent particu-
lièrement l'attention : d'abord l'empressement et le zèle des représen-
tants à épurer, dans les départements, les sociétés populaires, à dé-
truire l'influence des comités révolutionnaires, à chanter les louanges
de la Convention nationale; ensuite, les mesures prises ou à prendre
pour terminer la guerre de Vendée. On trouve (p. 452-458) un long
rapport des représentants députés à la Convention par les départe-
ments de l'Ouest, qui expose la nécessitédeconquérircesdépartements
par la persuasion plutôt que pai' les armes ; pages 535-540, on lit la
proclamation des représentants du peuple délégués près de l'armée
de l'Ouest.
Des notes courtes et précises éclaircisscntlalecturc de ces documents
si abondants et si curieux. G. P.
Paris BOUS les premiers Capétiens (9S 9-1^*^3). Étude de
topographie historique, par Louis Halphen. Paris, Leroux, 1909,
in-8 de 123 p., avec 16 %. dont 4 hors-texte, et un atlas in-folio de
11 planches, cartonné, — Prix : 9 fr. 50.
Il y a lieu de signaler l'apparition du premier volume d'une Biblio.
thèqiie d'histoire de Paris publiée par les soins de l'Administration
municipale. Cette nouvelle série est tout à fait distincte de la collection
in-quarto, dite Collection çerte, qui est publiée, aussi, par le service des
Travaux historiques de la ville de Paris, mais sous le contrôle d'une
Commission spéciale instituée en 1866 par le baron Haussmann, et
qui fonctionne actuellement sous la présidence de M. Léopold Delisle;
elle doit comprendre, paraît-il, les ouvrages qui, par leur nature ou
une moindre importance matérielle, ne rentrent pas dans le programme
de son ainée.
C'est M. Louis Halphen qui a inauguré cette nouvelle collection
par une étude très serrée et très consciencieuse du peu que l'on
sait sur l'ancienne topographie parisienne dans la période qui s'étend
du x^ au xiii^ siècle. Reprenant les travaux anciens, tels que ceux
de Géraud, de Bounardot, de Vacquer, d'Hochereau ou de Bournon
(pour ne citer que des morts), les soumettant à une critique très
sévère, rectifiant les un,s, complétant les autres, et y joignant le résultat
de ses recherches personnelles, qui est considérable, M. Louis Halphen
apporte une très importante contribution à l'histoire du Paris de
PhiHppe-Augustp. Ce mince volume, qui contient beaucoup plus que
— 536 —
sa modeste apparence ne le promet, se termine par une Nomenclature
des rues, lieux-dits et monuments à cette époque reculée; les travailleurs
apprécieront toute la valeur et l'utilité de cette liste, que de nouvelles
trouvailles pourront peut-être augmenter, mais qui, du moins, a le
mérite d'avoir été exclusivement dressée au moyen de documents
contemporains. L'atlas de grand format qui accompagne le texte
(inconvénient bibliothéconomique et bibliographique auquel il eût été
difficile d'obvier) renferme d'intéressantes restitutions topographiques
tracées par différents érudits, et complète très heureusement la sa-
vante dissertation à laquelle il est joint. Paul Lacombe.
Histoire de la paroisse Saint- Ani brosse de Popiiieourt,
par A. Marcel et J. Garin. Paris, LecofTre, Gabalda, 1909, in-16 de
v-592 p., avec de nombreux plans, portraits et vues. — Prix : 3 fr. 50.
Voici un livre comme il serait désirable qu'il en fût écrit un sur
chacune des paroisses de Paris. Les auteurs se sont partagé le travail :
dans les 115 premières pages, ]\L A. Marcel raconte l'histoire civile et
municipale du quartier Saint-Ambroise; puis, il passe la main à M. l'abbé
Garin qui raconte avec une grande richesse de détails les destinées de
cette chapelle des Annonciades, érigée en église paroissiale par la cons-
titution civile, fermée et transformée en brasserie sous la Terreur,
rouverte au culte en 1800 et devenue le centre d'une des paroisses les
plus populeuses de Paris.
Un ancien curé de Saint-Ambroise, l'abbé Gaudreau, depuis archi-
prêtre de Notre-Dame, avait fait jadis une étude monographique do
, son église, mais c'était pom* son successeur une difficulté de plus, car
les inexactitudes fourmillent dans le petit volume àa M. Gaudreau; il
s'agissait bien plus de rectifier que d'utiliser, besogne ingrate dont
M. l'abbé Garin s'est tiré en faisant preuve d'un esprit critique très
droit et très prudent.
Ses notices sur les divers curés de la paroisse sont des modèles de
précision et d'exactitude; les quelques épisodes historiques sont traités
avec une méthode très sûre. Le passage de l'abbé d'Hulst à Saint-Am-
broise fournit la matière d'un chapitre singulièrement émouvant et les
événements contemporains, comme la journée des inventaires en 1£06,
les deux expulsions des Pères rédemptoristes, les procès-verbaux
pour « délit de messe », sont racontés avec beaucoup de chaleur.
En général, la documentation est fort soHde; j'aurais demandé que
les pièces officielles fussent citées d'après d'autres sources que des
compilations de seconde ou de troisième main ; mais les citations sont
exactes, et c'est le principal.
La première partie, écrite par M. Marcel, est traitée avec une indis-
cutable compétence; le défaut de cette collaboration est que les deux
— 537 —
auteurs s'ils se complètent souvent, se répètent parfois; heureusement
ils ne se contredisent pas !
Je répète qu'il est à souhaiter qu'un aussi bon exemple soit suivi et
que bientôt nous ayons sur les éghses de Paris autre chose que des
notices suporficielhs ou des monographies vieillies et qui, lorsqu'elles
n'avaient pas encore vieilli, étaient déjà un répertoire d'erreurs.
P. PlSAiXI.
BULLî^ïiN
i%lix «leunes du XX.^ siècle. BJn l^atiuet. de letti-es i-eii^leu«kes
et piiiiosophiquee, par l'abbé E. Dessiaux. Paris, Téqui, 1909, in-18
de xvi-165 p. — Prix : 1 fr.
Ces letti'es, écrites avec entrain, s'adressent spécialement aux jeunes
étudiants. Ils y trouveront de bonnes indications, pour assurer, au moment
où ils sont livrés à eux-mêmes, loin du collège et de la famille, la conduite
chrétienne de leur vie. Ces lettres, oii ne se trouve aucune trace de pédan-
tisme, traitent successivement des romans, du théâtre, des arts; puis du
cœur, dç l'imagination, de la volonté, de la vie surnaturelle et de la chasteté,
des tentations, des passions, en un mot des moyens de bien gouverner sa
vie. Après les qiiestions d'ordre générai, et qui sont toujouis actuelles,
car l'humanit'^ ne chonge hm^^'c à ce point de vue, viennent les questions
contemporaines, les objections contre la religion, le Pape, les deux
France, le monopole de l'enseignement, la persécution, le patriotisme, le
sacrifice, les rêves et réalités de la vie. Entre temps le digne curé raconte
ses vacances, et de ces jolis récits bien enlevés, il sait toujours faire sortir
de bonnes leçons chrétiennes. Et la dernière lettre est consacrée au mariage
et à ses devoirs, c'est-à-dire à ce qui est l'aboutissement naturel de l'éducation
d'un jeune homme chrétien, quand Dieu ne l'appelle pas à une vocation
plus haute. Ces sujets notés suffisent à indiquer l'intérêt et le caractère
pratique du livre. Peut-être, en certains points, le moraliste apparaîtra-t-il
un peu sévère. Mais il sait en donner de si bonnes raisons et il s'appuie sur
de si hautes autorités qu'on ne saurait guère lui en faire le reproche. Tous
ces conseils dictés par le bon sens, l'expérience et la conscience sacerdotale,
et assaisonnés de verve et d'esprit, méritent d'être médités et suivis. Ils
sont appelés à charmer beaucoup de lecteurs et à faire du bien à beaucoup
d'âmes. Edouard Pontal.
Lee Sciences physiques et naturelles -vuigui-tsées et les pi-iiicipaux
produits Industriels. Leçons de citoses, par J. Leda\. Paiis, de
Gigord, s. d., in-12 cartonné de viii-392 p., avec gravures. — Prix : 2 fr.
C'est une véritable petite encyclopédie que ce volume, très sommaire
mais très complète. Destiné aux cours moyen et supérieur de l'enseignement
primaire, il rendra des services à tout le monde. On y trouve, sur toutes
choses, des notions non seulement élémentaires mais encore mises au point
des dernières découvertes et des dernières réalisations de la science.
Le manuel débute par la chimie, dont les données générales sont réparties
en sept leçons. Parmi les dix-neuf leçons consacrées à la physique, figurent
l'électricité avec la définition et l'explicaticn des unités qu'elle emploie,
jusqu'à la télégraphie et au téléphone, sans oublier la navigation aéiienne,
— 538 —
ballons dirigeables et aéroplanes et les exploits de Louis Blériot. Des notions
d'ensemble sui la minéralogie, la physique du globe et la paléontologie
suivent, faisant l'objet de quatre leçons. Il en est consacré sept à la phy-
siologie et au fonctionnement de l'organisme humain, auxquels succèdent
six autres sur l'hygiène, l'alimentation, les abus de l'alcoolisme, établis-
sent une transition naturelle aux leçons sur l'usage des boissons froides
ou chaudes, naturelles et fabriquées.
L'histoire naturelle, partie zoologique et partie botanique, occupe
deux divisions {vii<^ et viiie) en dix-huit leçons. Les treize qui suivent et
forment la ix^ et dernière division, sont consacrées aux principaux produits
industriels : sucre, draps, soies, cuirs, céramique, 'itc.
Rédigé de manière à être à la portée même des jeunes enfants, — car
chaque fois que se présente non seulement un terme technique, mais
également un mot moins familier bien qu'usuel, l'explication en est toujours
donnée, — ce manuel, nous l'avons dit, peut être utile à tout esprit cultivé
non spécialiste dans l'une quelconque des spécialités qui y sont abordées.
Ce sera un mémento en ce qui concerne les choses anciennement sues, et
un renseignement pour les choses de découverte ou de réalisation récente-
De nombreuses figures insérées dans le texte donnent, chaque fois qu'il
est nécessaire, un complément d'explication visuelle aux explications des-
criptives.
Enfin l'esprit général est véritablement scientifique sous une forme
accessible à tous. L auteur ne s'écarte jamais de son sujet en des digressions
étrangères à la science. Et quand i) s'agii. du rang de l'homme dans la série
animale, M. Leday fait avec raison remarquer qu'il la domine par son intel-
ligence, le corps humain n'étant que l'exécuteur et non le moteur de la
volonté qui le dirige-
En résumé : ouvrage éminemment recommandable et utile.
C- DE KlRWAN.
CHRONIQUE
NÉCROLOGIE. — L'Université de France vient de perdre un de ses mem-
bres les plus distingués. M. Henri Weil, le savant helléniste, membre de
l'Institut et doyen des professeurs de l'enseignement supérieur, est mort à
Paris, le 6 novembre à 91 ans. M. Henri Weil était -né en Allemagne, à
Francïort-sur-Ie-Mein, le 26 août 1818. Après avoir suivi les cours de
l'Université de Heidelberg, où il se prit de passion pour la langue grecque,
il vint à Paiis, fréquenta la Faculté des lettres et fut reçu docteur en 1845.
n se fit alors naturaliser Français, et obtint la chaire de littérature ancienne
à la Faculté des lettres de Besançon, dont il devint le doyen en 1873. Le
7 mars 1 876, il fut nommé maître de conférences à l'École normale supérieure
et directeur adjoint de l'École pratique des hautes études. Il a été admis
à la retraite en août 1891. D'abord correspondant de l'Académie des ins-
criptions depuis le 28 décembre 1866, il avait été élu membre de cette
compagnie le 17 février 1882, en remplacement de Dulaurier. M. Henri
Weil laisse des éditions critiques d'auteurs grecs, qui font autorité, ainsi
que des ouvrages de grammaire et de métrique. Voici les titres de ces pu-
blications : De Tragoediarum graecarum ciim rébus publicis conjunctione
(Paris, 1845, in-8), thèse pour le doctorat; — De l'ordre des mots dans les
langues anciennes comparées aux langues modernes (Paris, 1845, in-8),
réimprimé en 1869: — Théorie générale de l'accentuation latine suivie de
— 539 —
recherches sur les inscriptions accentuées et d'un examen des vues de M. Bopp
sur l'histoire de Vaccent (Paris, 1855, in-8), avec M. L. Benloew; — De la
composition symétrique du dialogue dans les tragédies d'Eschyle (Paris, 1860,
in-8) ; — La Règle des trois acteurs dans les tragédies de Sénèque (Paris, 1865,
in-*); — Un Papyrus inédit de la bibliothèque de M. Ambroise Firmin-
Didot. Nouveaux fragments d'Euripide et d'autres poètes grecs (Paris, 1879,
in-8); — Le Discours de la couronne de Démosthène. Texte grec accompagné
d'une notice, d'analyses et de notes (Paris, 1877, in- 16); — Les Olyrithiennes
de Démosthène. Texte grec accompagné d'analyses et de notes (Paris, 1876,
in-16); — Les Plaidoyers .politiques de Démosthène. Texte grec publié d'après
les travaux les plus récents de la philologie, avec un commentaire critique et
explicatif (Paris, 1877, in-8); — Les Perses d'Eschyle, Texte grec annoté
(Paris, 1884, in-18); — Un nouvel Hymne à Apollon. La Musique du nouvel
hymne de Delphes (Paris, 1895, in-8), avec M. Th. Reinach; — Etudes sur
le drame antique (Paris, 1897, in-12).
— M. Ernest Prarond, littérateur, journaliste et historien de valeur,
mort dernièrement à Abbeville (Somme), à 89 ans, était né dans cette
même ville, le 14 mai 1821. Après avoir terminé ses études dans sa ville
natale, il se consacra entièrement à la poésie et aux travaux d'érudition,
.sans renoncer toutefois à remplir des fonctions publiques. II fut, en effet,
plusieurs fois maire d'Abbeville et fit partie du conseil général de la Somme.
II était membre de la Société des antiquaires de Picardie et correspondant
du ministère de l'instruction publique. M. Ernest Prarond a publié de
nombreuses poésies et études littéraires dont nous citerons seulement les
suivantes : Vers (Paris, 1843, in-18) ; — Fables (Paris, 1847, in-12) ; — Contes
(Paris, 1849, in-12); — Fables politiques (Paris^ 1849, in-18); — Les Voyages
d'Arlequin (Paris, 1850, in-18); — De quelques écrivains nouveaux (Paris,
1852, in-18); — Impressions et pensées (Paris, 1854, in-18); — Paroles
Sans musique (Paris, 1855, in-12); — Dix mois de révolution, silves politiques
(Paris, 1864, in-18); — Les Poètes historiens, Ronsard et d'Aubigné (Paris,
1873, .in-8); — A la chute du four, vers anciens et nouveaux, 1847-1876
(Paris, 1876, in-8); — Du Louvre au Panthéon, poésies (Paris, 1881, in-18) ;^
Le Théâtre sous le chêne (Paris, 1883, in-18); — Le Jardin des racines noires
(Pacip, 1886, in-18); — La Voie sacrée, vers (Pauis, 1887, in-18); — Le
Monde aimé, poésies (Paris, 1892, in-18), etc. Voici maintenant une liste,
qui est loin d'être complètg7 des importants ouvrages d'archéologie et d'his-
toire locale ou générale que l'on doit à M. Prarond : Les Chasses de la Somme
(Paris, 1858, gr. in-8); — Histoire de cinq villes et de trois cents villages
(Paris, 1860-1868, 4 vol. in-8); — Notices historiques, topo graphiques et ar-
chéologiques sur l'arrondissement d'Abbeville (Abbeville, 1854-1856, 2 vol.
in-12); — Le Canton de Rue, histoire de seize communes (Paris, 1860, in-8); —
Les Annales modernes d'Abbeville (Paris, 1862, in-8); — Quelques faits de
l'histoire d'Abbeville tirés des registres de l'échevinage, suivant les notes de
la main de M: Traulle (Paris, 1867, in-12); — De quelques lieux du Ponthieu
qui ne font pas partie de l'arrondissement d'Abbeville (Paris, 1868, in-8); —
De Montréal à Jérusalem (Paris, 1869, in-12); — La Ligue à Abbeville,
1576-1594 (Paris, 1870-1874, 3 vol. in-8); — La Topographie historique
et archéologique d'Abbeville (Paris, 1871-1884, 3 vol. in-8); — Journal d'un
provincial pendant la guerre 1870-1871 (Paris, 1875, in-8); — Quatre années
de la Révolution à Abbeville, 1790-1793 (Paris, 1878, gr. in-8); — L'Eglise
du Saint- Sépulcre d'Abbeville (Paris, 1873, in-8); — Abbeville à table el-
les convivialités de l'échevinage, études gourmandes et morales (Paris, 1878,
— 540 -
2 voi. gi'. in-8); — Les Grandes Ecoles et le collège (T Âbbeville (Paris, 1888,
in-18); — Abbeville avant la guerre de Cent ans (Pavis, 1891, in-8), etc.
. M. Prarond a réédité, en outre, divers ouvrages latins d'auteurs abbevillois,
entre autres l'important travail de Valerand de la Varenne : De Gestis
Joannae virginis, Franciae egregiae bellatricis (Paris, 1889, in-18). Enfin,
M. Prarond a fourni une active collaboration à divers périodiques locaux,
tels que le Journal d' Abbeville, le Pilote de la Somme, etc.
— M. Francis Thomé, le compositeur dont beaucoup d'œuvres son^ po-
pulaires, est mort à Paris, le 17 novembre, à 59 ans. Né a Port-Louis (Ile
Maurice), le 18 octobre 1850, François-LuC;Joseph, dit Francis Thomé,
vint très jeune en France et entra en 1866 au Conservatoire de Paris, où il
fut l'élève de Marmontel pour le piano et de Duprato pour l'harmonie.
Il obtint un second prix d'harmonie en 1869 et un premier prix de fugue
en 1870, Ses œuvres sont nombreuses et appartiennent à divers genres.
Outre un grand nombre d'opérettes exécutées dans les salons, telles que :
Sous la feuillée. Simple Aveu, les Noces d' Arlequin, etc., M. Thomé a composé
des ballets et des pantomimes, qui se font remarquer par leur vivacité et
leur élégance, par exemple : La Folie parisienne, Djelma, Barbe- Bleuette,
Madame Pygmalion, le Papillon, Une Soirée chez le sous-préfet, le Prince
Désir, la Bulle d'amour, la Petite Bohémienne, Endymion et Phoebé, etc.
Doué d'un talent spécial pour l'adaptation musicale, il acheva de consacrer
sa réputation en écrivant la musique de diverses pièces, notamment ;
Boméo et Juliette, VInfidèle, les Noces corinthiennes, le Petit Chaperon
rouge, la Passion, Quo Vadis, la Belle-au- Bois-dormant, etc. Mais ce qu'il y
a de plus connu dans son œuvre, ce sont ses commentaires musicaux de
certains poèmes comme Lucie, la Fiancée du Timbalier, le Triomphe, le
Lac, etc. Ancien vice-président du Cercle de la critique. M. Francis Thomé
a collaboré, comme critique musical, à divers journaux, tels que le
Constitutionnel, le Pays, la Souveraineté, etc.
— M. Cesare Lombroso, l'illustre médecin et anthropologiste italien,
professeur de médecine légale et de clinique dès maladier nerveuses et men-
tales à l'Université de Turin, est mort dans cette ville, le 19 octobre,à 73 ans.
Né à Venise en novembre 1836, de parents Israélites, il fit ses études
médicales à l'Université de Turin, fut ceçu docteur et s'engagea, comme
médecin, dans l'armée pendant la guerre de 1859. Nommé piofesseur des
maladies mentales à l'Université de Pavie, puis directe,ur de l'établissement
des aliénés de Pesaro, il fut rappelé ensuite à l'Université de Turin en qualité
de profesf-eur de médecine légale et de psychiatrie. M. Lombro-so s'est acquis
une réputation mondiale par ses lecherches expérimentales et sa doctrine
hardie sur les aliénés et su: les ciiminels. C'est lui qui a inventé le criminel-né
et qui a fait de la médecine légale une science philosophique et presque
de l'algèbre. Toutefois ses théoiies absolues sur les relations entre l'orga-
nisation physique et la criminalité ont été fort discutées et vivement com-
battues. Parmi ses innombrables écrits, dont plusieurs ont été traduits
à l'étranger, nous nous contenterons de citer les suivants : Sulla pazzia di
Cardano (1855) ; — Influenza délia civiltà sulla pazzia e délia pazzia sulla
ci<H.ltà (1856) ; — Bicherche sul cretinismo in Lombardia (1859^ ; — Frammenti
medico-psicologici (1860,;, — La Medicina légale délie ali.nazioni mentali
studiata col metodo csperimentale (1865); — Algometria eUttrica nelVuomo
sano ed alienato (1867); — Ulgienc degli opérai dei contadini e dei soldati,
(1869'; — Studi clinici cd csperimenti sulla natura, causa e terapia délia
pellagra ; — Sulla eziologia dJla pdlagia '1873 ; — La Pocsia id
— 541 —
il rrimine (1876); — L'Uotno delinquente in rapporta alla antropolosia, alla
medicina légale ed aile discipline carcerarie '1876); — iSuir inc.reniento del
delitto in Italia e sui mezzi per arrestarlo (1879); — U Amore nei pazzi
(1881); — U Amore nel suicidio e nel djitto (1881); — Omicidio e furlo per
amore pazzesco (1883); — SulV 'tlcoolismo amto e cronico e sui mezzi par
prevenirlo (1882); — // Delirio di persecuzione neW amore muta dei monoma-
niaci cnsti (1883); — Il Brigante Gasparone, studio (1882); — Delitti di
libiiine (1883-1886); — Tre tribuni studiati da un alienista (1887); — Studi
suir ipnotismo cou riccrche oftalmoscopiche dei prof tssori Raymond, Blanchi
c Sommer (1887); — Troppo presto : apputiti al nuovo progetto di
codice pénale (1888); — Le nuove conquiste dcUa psichiatria (1887); — ■ Pa-
limpsesti del carcere : raccolta ufiicamtnte destinata. ngli uomini di scienza
(1891); ^- Deir influenza delV orografia nelle stature (1892); — Fossa occi-
pitale mediana délie razte umane (1892); — Microcefalia e cretinismo (1892;
■ — Z,(* Piaght d' Italia (1893)'. — Le Più recenti scoperte di antropologia
criminale (1893); — L' Antisemitismo e le scienze moderne (1894); — L' Uomo
di genio in rapporta alla psichiatria, alla storia ed alV estetica (1894); — La
Pazzia nei tempi antichi e moderni (1895); — Grafologia (1895); — Perché
fu grande Venezia (1898); — La Funzione sociale del delitto (1899); — Le-
zioni di medicina légale, raccolte da Virgilio Rossi (1900). Dans sa jeunesse,
M. Cesare Lombroso avait écrit un certain nombre de poésies, de romans,
de tragédies et d'études de philologie et d'archéologie.
— Le 26 septembre dernier, la Hongrie a perdu l'un de ses plus éminents
historiens, Kâlmân de Thaly, qui avait consacré tous ses travaux à l'époque
de François Râkôczy, dont la figura l'enthousiasma dès si jeunes e. Il
rechercha les cendres du prince de Transylvanie, et quand, avec Mgr Fraknôi,
il les eut découvertes dans la chapelle des lazaristes, à Constantinople, il
employa son influence politique à en obtenir le rapatriement, qui eut lieu
en 1906. Il naquit à Csep, le 3 janvier 1839. Il commença ses études dans
la maison paternelle et les acheva à l'Université de Pest. En 1861, il col-
labora au Pesti Naplô, et, en 1864, il fut nommé professeur au lycée pro-
testant. En 1869, il entra au ministère où il s'occupa de l'organisation des
Honvéds et de la réforme de la langue militaire ju'^qu'en 1875, époque à
partir de laquelle il se consacra tout entier à l'histoire. Il avait débuté par
des poésies patriotiques dont nous ne citerons que les principales : Ames
errantes i 1855) ; — • Ne touchez pas au Magyar (1857); — Forêts vibrantes
(1859); — Le Cor de Kà'-pàt )1860, 2 vol.); — Le Cor des Siculàs (1861);
— Aurore de liberté (1861). — • Les publications historiques de Kâlmân
de Thaly sont les suivantes : Fejéregyhàz à O'-Buda. comme sépulture
d'Arpâd (1860); — Épis historiques (1862); — Jean Bottyan (1864):
— Chants héroïques anciens (1864, 2 vol.); — Râkôczi, correspondance,
décrets, diarium, ordres du jour, etc. (1866-1868, 2 vol.); — Journal de Thô-
kôly (1868); — Mémoires de François Ràkôczi II, traduits en hongrois
(1868); — Correspondance du comte Bercsényi avec Alexandre Kàrolyi (1868);
— La Bataille de Nagyszombat (1869); — Contributions à l'histoire littéraire
de t époque de Ràkôczi et de Thôkôly (1870, 2 vol.); — Archivum. Ràkôczia-
num (1872-1889, 10 voL); — Journal historique (1875); — Correspondance
da comte Bercsényi avec François Ràkôczi (1877-1879, 3 vol.) ; — Campagne
sur la rive au-delà du Danube en 1707 (1880) ; — Ladislas Ocskay ( 1880) ; —
Jeunesse du prince François Ràkôczi (1881); — Etudes sur les arts et la lit-
térature à Vépoque de Ràkôczi (1885); — La Famille du comte Bercsényi
( 1885-1892, 3 vol. ) ; — Souvenirs de François Ràkôczi en Turquie et découverte
de ses cendres (1893); — Mariage de Bercsényi (1894); — Correspondance
— 542 —
d'Emeric Thôkôly 1896); — Les Sept Monuments commémoratifs du millé-
naire (1898); — Livre de camp du comte Antoine Esterhàzy (1900); — Le
Monde des Kouroucz (1903); — Lettres de Turquie et notes de César de Saus-
sure sur François Ràkôczi II (1909). Kâlmân de Thaly a donné de nom-
breux articles à des revues historiques. Élu membre du Parlement en 1878,
il représenta, à partir de 1881 jusqu'à sa mort, la ville de Debreczen. Ce fut
lui qui proposa au Parlement l'érection des monuments commémoratifs du
Millénaire et qui organisa l'Exposition historique. Il avait été le fondateur
de la Société historique hongroise. En 1864, il avait été élu membre de
l'Académie hongroise; il était président de la Section d'histoire. Il a légué
ses manuscrits, sa bibliothèque et sa fortune à l'Académie et au Musée
national de Hongrie.
— Le 27 octobre est mort à Pannonhalma Mgr Fehér, supérieur général
des bénédictins hongrois, né le 10 février 1842, à Visk. Il entra en 1858 dans
l'ordre des bénédictins et fut chargé, en 1866, de l'enseignement de la phy-
sique; en 1874, il était nommé directeur du lycée d'Esztergom. Fréquem-
ment chargé de missions, il parcourut presque toute l'Europe pour y étu-
dier les questions d'enseignement et publia : L'Organisation secondaire en
Bavière (1883); — Les Écoles secondaires en Serbie (1889); — La Question de
renseignement en Bulgarie (1889). Ses ouvrages d'enseignement : L'Ensei-
gnement de la chimie; Histoire naturelle; L'Enseignement des mathéma-
tiques, etc., sont fort appréciés. Mgr Fehér avait été élu supérieur général de
son ordre en 1892; peu après il fut appelé à l'Académie hongroise. Il
était membre de la Chambre haute de Hongrie.
— On annonce encore la mort de MM. : le D'' Jean Binot, chef de labo-
ratoire à l'Institut Pasteur, membre du Conseil supérieur d'hygiène de
France, mort dernièrement à Paris; — Charles Bordes, le distingué compo
siteur de musique, directeur des chanteurs de Saint-Gervais, fondateu/
avec M. Vincent d'indy de la Sckola Cantorutu, qui avait restauré en France
la polyphonie palestrinienne et avait complété par avance, conformément
aux vues du Souverain Pontife, l'œuvre des bénédictins ayant pour but
de rétablir dans sa pureté le chant grégorien, mort subitement à Toulon, le
9 novembre; — le D'' Pierre Boyer, médecin et archéologue distingué,
mort dernièrement à Mende (Lozère); — le baron Louis Cavrois de Sa-
TERXAULT, membre fondateur de l'Université catholique de Lille, mort
dernièrement à Arras; — Casimir Challet, ancien ministre plénipoten-
tiaire de l'Amérique centrale, qui s'était fait connaître dans le monde
archéologique par les fouilles importantes qu'il avait dirigées en Crète-
et par les dons précieux qu'il avait faits au Musée du Louvre, mort au
commencement de novembre; — Lucien Degron, un des collaborateurs
du journal V Univers, mort dernièrement à Rots (Calvados), à 75 ans; — •
le R. P. Delpech, supérieur honoraire du séminaire des missions étrangères
de Paris, ancien professeur au collège général de Palo-Penang dans la
presqu'île malaise, mort dernièrement à 82 ans; — Charles Démange,,
jeune poète de talent, qui a publié le Livre de désir (Paris, 1909, in-16) et
l'un des fondateurs de la belle et intéressante revue les Marches de VEst,
mort dernièrement à Tâge de 25 ans; — Gabriel Demaxte, le distingué
jurisconsulte, ancien professeur à la Faculté de droit de Paris, mort der-
nièrement à Castelnaudary (Aude), à 88 ans, auquel on doit divers ouvrages
de jurisprudence, notamment : Principes de Tenregistremeiit en forme de
commentaire delà loi du 22 frimaire an VII (Paris, 1857, in-8), plusieurs fois
réimprimé; Étude historique sur les gens de condition mainmortable en France
au xviii^ siècle. Appréciation sur ce chef des lois abolitives du régime féodal
— 543 —
(Paris, 1894, gr. in-8); — Léonce Faure, professeur à l'Institut agrono-
mique, mort dernièrement à Paris; — C.-P. Fieffé, ancien conservateur
du musée céramique de Nevers, conservateur du musée de Cherbourg,
mort dans le courant d'octobre, à 70 ans, lequel a publié : Les Faïences
patriotiques nivernaises avec une Introduction par Chanipfleury (Paris, 1885,
in-4), avec A. Bouveault, et les Faïences patronymiques. Caractéristiques
des saints dans la céramique nivernaise (Clamecy, 1901, gr. in-8); — le R. P.
Joseph HoppENOT, prédicateur fort connu et écrivain distingué, mort à
Nancy, le 1.1 novembre, à 53 ans, lequel a publié un certain nombre d'ou-
vrages estimés, tels que le Crucifix; la Sainte Vierge; la Sainte Messe, et
tout récemment un Petit Catéchisme du mariage, qui devrait se trouver
dans toutes les familles ;^ — Eugène Jacquemin, directeur honoraire de l'Ecole
supérieure de pharmacie de Nancy, mort dernièrement à Malzéville, à
8 2 ans; — Léon Janet, député du Doubs, président de la Société de géologie
de France, mort à Paris, le 28 octobre, à l'âge de 48 ans; — Alfred Josset,
compositeur de musique, ancien chef de musique de l'Ecole des frères de
Saint-Nicolas, directeur-fondateur de l'Institut musical des frères de Saint-
Jean-de-Dieu, mort dernièrement; — Augustin Joubert, professeur ho-
noraire de l'Université, mort dernièrement à La Turcade, près de Péiigueux,
à 82 ans; — Krug-Basse, conseiller honoraire à la cour de Nancy, auteur,
de plu. leurs ouvrages historiques estimés, tels que : L'Alsace avant 1789,
ou Etat de ses institutions provinciales et locales, de son régime ecclésiastique^
féodal et économique, de ses mœurs et de ses coutumes sous V ancienne admi-
nistration française (Paris, 1877, in-8), mort à Nancy, au commencement
de novembre; — Pierre-Maurice Le Comte du Colombier, membre de
la Société de botanique de France et de la Société des sciences, belles-lettres
et arts d'Orléans, mort dernièrement à 79 ans; — Loutil, membre du Con-
seil supérieur de l'instruction publique, président de la Société des chefs
d'institutions secondaires, mort dernièrement; — le Dr. Octave May et,
ancien médecin des hôpitaux de Lyon, ancien professeur de pathologie
générale à la Faculté de médecine de la même ville, auteur de nombreux
mémoires estimés sur diverses grandes questions, telles que la pathologie
générale et d'une thèse pour le doctorat intitulée : Traité de diagnostic
médical et de séméiologie (Paris, 1896-98, 2 vol. in-8), mort au commence-
ment de novembre; — Léon Morand, ancien élève de l'Ecole normale
supérieure, professeur de première préparatoire au lycée Louis-le-Grand,
mort subitement à Paris, le 16 novembre; — Henry de Morgan, numismate
et archéologue distingué, mort dernièrement au château d'Orbiénas (Rhône),
à 56 ans, lequel s'était fait connaître par ses remarquables recherches sur
les temps préhistoriques ainsi que par ses travaux sur les antiquités cy-
priotes et celles de la Haute-Egypte; — Ernest- Louis Nicolle, industriel
lillois, ancien lieutenant de vaisseau, président de la Société de géographie
de Lille, mort à Lille, au commencement de novembre, à 79 ans; — Petit-
collet, sous-directeur de l'École nationale des eaux et forêts, mort der-
nièrement à Gustal, à 63 ans; — Alfred Le Petit, artiste caricaturiste,
qui a collaboré au Charivari, à VEclipse, au Grelot, à la Charge, mort der-
nièrement, à 68 ans, lequel s'était attiré des poursuites judiciaires à cause
de violentes campagnes menées par lui, à l'aide de charges satiriques,
d'abord contre l'Empire et plus tard en faveur du général Boulanger; —
Edme Piot, ancien ouvrier terrassier, puis entrepreneur delà ville de Paris,
devenu sénateur de la Côte-d'Or, mort à Paris, le 2 novembre, à 81 ans,
lequel s'était fait l'ardent apôtre de la repopulation en France et a publié
sur ce sujet un grand nombre de tracts, mémoires, brochures et volumes.
— 544 —
entre autres : La Question de la dépopulation en France. Le mal, ses causes,
ses remèdes (Paris, 1900, in-16) et la Dépopulation. Enquête personnelle
sur la dépopulation en France. Documents, discours et rapports (Paris, 1902,
in-16); — Tertereau, professeur de mathématiques au lycée Janson-de
Sailly, où il dirigeait depuis 1884 la classe préparatoire à l'Institut agrono-
mique, mort subitement à Paris, dans le cours de novembre; — M^'e Renée
Vivien, femme de lettres, morte dernièrement, laquelle avait publié, sous
la forme masculine de son nom, René Vivien, quelques romans et des poésies
qui rappellent la manière de Baudelaire, tels que : Cendres et poussières
(Paris, 1903, in-18); Du vert au violet (Paris, 1903, in-18); Études et pré-
ludes. Poésies (Paris, 1904, in-18); La Vénus des aveugles, poésie (Paris,
1904, in-18); Une Femme in apparut (Paris, 1904, in-18). — Ernest Zay,
numismate érudit, mort à Paris le 14 novembre, à 80 ans, lequel avait
passé quarante ans à réunir une collection de pièces et de monnaies des
colonies qu'il a donnée à l'Etat, et dont l'ouvrage suivant fait autorité
dans le monde de la numismatique : Histoire monétaire des colonies fran-
çaises, d'après les documents officiels (Paris, 1892, in-8).
— A l'étranger on annonce la mort de MM. Paul Buschmann, doyen
des imprimeurs anversois, qui, dans son art, s'est acquis une réputation
d'artiste, mort à Anvers vers la fin de novembre; à l'âge de 63 ans; — Julius
Campe, éditeur hambourgeois, qui appartenait à une famille renommée
d'éditeurs et de littérateurs, mort à Hambourg, le 13 novembre, à 64 aiis;
— l'abbé Omer Coppin_. chanoine de l'égiise cathédrale de Namur (Belgique),
l'auteur d'ouvrages de piété et de divers opuscules concernant l'œuvre de
l'Union sacerdotale dont il avait la direction, mort à Namur, au commence-
ment de novembre; — le P. François de Hert, de la Compagnie de Jésus,
ancien préfet du collège d'Alost (Belgique), mort dernièrement à Ratnapura.
dans la mission de Ceylan, à 52 ans, lequel est l'auteur de quelques
ouvrages sur les volcans et les tremblements de terre et de divers
mémoires insérés dans la Revue des questions scientifiques et dans le Bul-
letin de la Société de géographie cF Anvers; — William Hodgson, journaliste
écossais, rédacteur en chef et propriétaire du Fifeshire Journal, ancien ré-
dacteur du Glasgow Bulletin est du Caledonian Mercury, mort dans le cou-
rant de novembre; — Dr, I. Huber de Frauenfeld, éditeur suisse, mort
le 16 novembre, à Zmùch, à 81 ans; — Miss Sophie Jewett, femme de
lettres améiicaine, professeur de littérature anglaise dans le collège Wel-
lesley (Massachusetts), auteur de The Pilgrim and other Poenis (1896),
Notes to Tennysons Holy Grail 1901), God's Troubadour, The Pearl, etc.,
morte dernièrement;' — William Laffan, le propriétaire bien connu du
journal The Sun, de New York, mort dernièrement à Lawrence (Long-
Island);' — Henry-Charles Lea, éditeur et historien américain, mort derniè-
rement à Philadelphie (États-Unis), à 84 ans, lequel laisse des ouvrages
importants à cause de leur documentation, quoique écrits d'un point de
vue protestant, tels que : Superstition and Force 1866); Studies in Church
History (1867); A History of the Inquisition of the Middle Ages (1888);
Chapters from the Religions History of Spain (1896); A History of Auricular
Confession and Indulgences in the Latin Church (1896); The Moriscoes of
Spain, their Conversion and Expulsion (1901); — le Dr. Lens, ancien supé-
rieuj' du petit séminaire d'Hoogstraeten, mart à Liège, en novembre; —
Dr. Alois MoNTi. médecin autrichien, professeur de thérapeutique pour les
maladies des enfants, mort à Vienne, le 30 octobre, à 70 ans, auquel on
doit divers ouvrages estimés, iel?, q\xe Reconvalescenthàuser, Specialanstalten
und Ambidatorien in Oesterreich (Vienne,- 1901, in-8), de nombreux fasci-
— 545 —
cules sous le titre général de Kinderhoitkunde in Elnzeldarstdlungen etc.;
— Mgr Jean-ïîaptiete Paaps, ancien aumônier du régiment des zouaves
pontificaux, ancien curé de Lubbeck-lez-Louvain, qui avait publié pen-
dant un certain temps les Annales des missions àe l'Afrique équatoriale,
mort au milieu d'octobre, à Lubbeck, à 69 ans; —Dr. Paul Riedel, astro-
nome allemand, mort en novembre, à 59 ans; — Dr. Robert von Schneider,
directeur de l'Institut archéologique d'Autriche et conservateur de la sec-
tion des antiquités au Musée historique de Vienne, mort en cette ville, n
la fin d'octobre, à 55 ans, lequel a publié : Die Erzstatue vom Helenenberg
(Vienne, 1893, in-8); Album auserles. Gegenstànde der Antiken-Sammlung
des Allerh. Kaiserhauses (Vienne, 1895, in-fol.), etc.; — Ludwig Theodor
Schytte, compositeur danois, auteur de nombreuses pièces pour piano,
d'un concerto, du chant bien connu : Die Verlassene, etc., mort derniè-
rement à Berlin; — Léopold Sonnemann, l'éminent journaliste et homme
politique allemand, fondateur de la Gazette de Francfort, lequel fut un des
chefs du parti démocratique de l'Allemagne, combattit avec acharnement
la politique de Bismarck et protesta énergiquemént contre l'annexion de
l'Alsace-Lorraine, mort à Francfort-sur-lé-Mein, le 2 novembre, à 78 ans;
— Dr. George W. Sprott, le doyen des ministres protestants de Ncrth
Berwick (Ecosse), président de la Société d'ecclésiologie d'Ecosse, mort le
26 octobre, à Edimbourg, à 80 ans, lequel a publié sur diverses questions
de liturgie des ouvrages qui font autorité en Eiîosse, notamment : Knox's
Liturgy (Edimbourg, 1868, 2«' édition en 1901); Scottish Liturgies of the
Reign of James VI (Édiinboiu'g 1871); The Worship and Offices of the
Church of Scotland (1882); The Worship of the Church during the Covenan-
ting Period (1893); The Doctrine of Schism in the Church of Scotland (1902);
— David Thomson, horticulteur écossais, mort dernièrement à Eskbank,
près d'Edimbourg, à 86 ans, lequel a publié un volume : Handy Book of the
Flower Garden, et a dirigé pendant un certain temps la revue The Gardener;
■ — l'abbé Verbist, ancien supérieur au petit séminaire de Hoogstraeten,
mort à Malines, le 4 novembre, î 61 ans; — C. Verdeyen, ancien inspecteur
principal de l'enseignement primaire en Belgique, mort à Gand, à 58 ans;
— John WiLsoN, journaliste anglai'-', ancien correspondant du Daily Mail
de Glasgow et rédacteur au Manchester Guardian, l'un des fondateurs de
VEdinburgh Ecening News, mort dernièrement à 50 ans.
Lectures faites a l'Académie des inscriptions et belles-lettres.
— Le 8 novembre, M. Léopold D^elisle indique quels sont les signes paléo-
graphiques qui permettent de distinguer les mss. visigoths, espagnols de
mss. italiens du type de Nonantola. — M. Edouard Naville lit un mémoire
sur la découverte de la Loi sous Josias. — MM. Philippe Berger, Théodore
Reinach et Bouché-Leclercq présentent à ce sujet leuis obseï valions. —
Le 16, M. Senart parle d'une inscription relative au roi indo-grec Antial-
kidas et d'un flacon en cristal de roche contenant des reliques de Buddha
découvertes par le service archéologique français de l'Indo-Chine. — M. H.
Cordier décrit les dernières découvertes faites en Indo-Chine par le général de
Beylié, notamment d'un temple du ix*^ siècle.— Le R. P. Marie Joseph Viaud
rend compte des fouilles qu'il a pratiquées à Nazareth, dans le couvent
des franciscains dont il est le supérieur. — MM. de Lasteyrie et Clermont-
Ganneau ajoutent quelques observations. — Le 19 novembre, M. Senart
lit une lettre de M. le commandant de Lacoste au sujet de» découvertes
faites par lui à Karakoroum et à Karabelcassoun. — M. Maurice Croiset
lit son mémoire sur l'évolution des poèmes homériques. — M. Capitan rend
DÉCEMBRE 1909. T. CXVI. 35.
— 546 —
compte des découvertes faites par lui près de Sar]at,de concert avec M. Pey-
ronny, instituteur. — Le R. P. Schei! fait part de Ja découverte d'une ins-
cription en assyrien c'assique rapportant les événements qui se sont passés
pendant le règne d'un roi d'Assyrie du viii'' siècle avant Jésus-Christ.
M. Nolet, au nom de M. Albert Dufourcq, pailc d'un texte nouveau du
décret gélasien (vi® siècle de notre ère).
Lectures faites a l'Académie des sciences morales et politiques. —
Le 17 novembre 1909, M. Ed. Bonnal, archiviste de l'état-major de l'armée,
donne lecture d'un travail sur Hippolyte Passy, oncle de M. Frédéric Passy,
qui fut, avant d'être député, ministre et pair de France, officier dans les
armées de Napoléon I^r. — Le 20, M. André Sayous lit un travail sur le tarif
américain du 5 août 1909, plus protectionniste que fiscal, et qui compromet
gravement nos intérêts commerciaux. — Le 21, M. Bellom lit un mémoire
sur les rapports de l'art avec l'économie politique.
Almanachs pour 1910. — Voici notre deuxième et dernière liste. — En
tête, nous plaçons naturellement VAlmanach du Bon Français, déjà annoncé,
avec tous les détails utiles dans notre livraison précédente (p. 467-468).
Et après avoir engagé nos amis à se le procurer et à le distribuer autour
d'eux, nous enregistrons les deux suivants, édités par la Maison de la Bonne
Presse : Almanach du Pèlerin (gi. in-8 de 128 p., 0 fr. 50). C'est indiscu-
tablement l'un des plm riches au point de vue de l'illustration (nombreuses
gravures en couleurs et en noii); inutile d'ajouter que c'est aussi l'un
des plus intéressants qui existent comme lectures variées, patriotiques
et religieuses; — Mon Almanach (16^ année, in-12 de 96 p., illustré, 0 fr. 15);
— Viennent ensuite quatorze almanachs que nous envoie la Société Saint-
Augustin (Lille et Paris, Desclée et de Brouwt-r) : Almanach catholique de
France (31<^ année, in-4 de 80 p., avec des gravures soignées, dont une
en couleurs, 0 fr. 50); — Almanach du Sacré-Cœur (12^ année, in-4 de 88 p.,
abondamment illustré, 0 fr. 50); — Almanach de Notre-Dame de Lourdes
(in-4de 68 p., illustré avec une couverture en couleur" d'un bel effet, Ofr. 50);
— Almanach des Missions, qui se publie sous le patronage de l'Œuvre de
la Propagation de la foi et se vend au profit des Missions (in-4 de 64 p., avec
de nombreuses gravures dont une hors texte en couleurs représente < la
Bienheureuse Jeanne d'Arc dans la gloire «, 0 fr. 50); — Almanach illustré
des familles (in-4 de 79 p., avec de nombreuses grav. en noir et une en couleurs
hors texte); — Almanach de la jeune fille' chrétienne (in-4 de 80 p., iJustré,
0 fr. 50) ; — Almanach de la sainte Famille (in-8 de 78 p., illustré, 0 fr. 30) ; —
Almanach de saint Antoine de Padoue (in-16 de 95 p., illustré, 0 fr. 25); —
Almanach pour tous (in-8 de 64 p., illlustré, 0 fr. 25); — Almanach des
enfants de Marie (in-8 de 78 p., illustré, 0 Ir. 30); — Almanach de la Pro-
pagation de la foi (in-16 de 63 p., illustré, 22® année, 0 fr. 20); — Almanach
du nouveau siècle (in-8 de 64 p., illustré, .0 fr. 20); — Petit Almanach des
enfants (in-16 de 64 p., illustré, 0 fr. 20); — Almanach du Rosaire (in-16
de 94 p., illustré, 0 fr. 25).
Pour finir nous n'avons plus qu'à signaler les almanachs de la librairie
Pierron, à Nancy : Les Almanachs réunis (petit in-4, illustré, 0 fr. 50); Le
Grand Almanach de la famille (28^ année, gr. in-8, avec grav., 0 fr. 50);
Almanach Jeanne d'Arc (24^ année, petit in-4, avec grav.. 0 fr. 25); Alma-
nach du travailleur (24^ année, petit in-4, avec grav., 0 fr. 25); Almanach
des veillées d'hiver (24« année, petit in-4, avec grav., 0 fr. 25); Almanach
récréatif (24^ année, petit in-4, avec grav.,..0 fr. 25); Almanach du foyer
(24« année, petit in-4, avec grav., 0 fr. 25); Almanach du cultivateur et du
— 547 —
vigneron, petit in-4, avec grav., 0 fr. 25); Almanach Sans-Pareil (20^ année,
petit in-4. avec grav.. 0 fr. 15).
— A la dernière heure, assez à temps encore pTur le f^omprendre dans
cette nomenclature, nous recevons l'excelent Almanach franciscain, qui
paraît à la librairie Poussielgue (de Gigord, succeÊseur). gr. in-8 de 80 p.,
richement illustré. — Prix : 0 fr. 50).
Paris. — Le 6^ déjeuner des rédacteurs du Polybiblion a eu lieu Je
14 novembre dernier au Restaurant des Sociétés savantes, 8, rue Danton.
— La librairie Desclée et de Brouwer vient de mettre en vente un Petit
Guide du visiteur à Notre-Dame de Paris, par M. Charles Sarazin (Paris, s. d.,
in-12de 80 p. — Prix : 0 fr. 75) dont ne manqueront pas de se munir tous
ceux qui viennent admirer la merveilleuse basilique. M. Charles Sarazin,
sans prétention à une érudition qui ne serait pas de mise dans un manuel
de ce genre, a su, dans cette petite notice, résumer un historique du
monument; il a su aussi en signaler les curiosités les plus intéressantes.
— C'est encore un guide à l'usage des visiteurs que le général Niox vient
de publier: L'Hôtel des Invalides (Paris, Delagrave, s. d., in-18 de 190 p.,
avec 45 grav. — Prix : 2 fr. 50) et l'on ne s'aurait trop louer la façon dont
l'auteur no as fait les honneurs du splendide monument que Louis XIV éleva
à la gloire de l'armée et de la France. Les vrais patriotes n'en auront, il est
vrai, que plus de regiet'^ à la pensée que cette belle institution va dispa-
raître, mais le pe+it volume du général Niox apportera une compensation
à leur tristesse, en leur donnant l'occasion de lire les pages vibrantes consa-
crées au courage miataire français et au véritable amour que chacun de
nous doit avoir pour son pays.
— Paimi les asiles momentanés où Rabelais, dans son existence mouve-
mentée, trouva l'hospitalité secourable qu'il réclamai^ de la faveur de ses
protecteurs, aucun ne lui a arraché un témoignage aussi vif de gratitude
que Saint-Maur, paradis de salubrité, aménité... et délices. C'est le titre
de la courte histoire du séjour de l'illustre écrivain dans ce château, que
M. Henri Clouzot a retracée dans le tome VII (1909) de la Revue des études
rabelaisiennes. L'auteur a fait exécuter un tirage à part de son intéressant
travail qui se présente ainsi sous la forme d'une luxueuse brochure (Paris,
Champion, 1909, in-8, 26 p. et 4 planches); elle sera fort recherchée par les
amateurs de l'histoire littéraire du xvi^ sièc-e.
— Le R. P. H. Watrigant, S. J., poursuit son utile Bibliographie des
récentes publications sur les exercices spirituels et les retraites. Le nouveau
fascicule qui forme le n° 24 de la Collection de la bibliothèque des
exercices de saint Ignace, études et documents (Paris, Lethielleux, 1909, in-8
de 48 p.) comprend les livres ou articles publiés de 1907 à 1909 et ceux
de la période antérieure (1904-1907) qui avaient échappé aux recherches
du P. Watrigant dans sa bibliographie précédente. Les ouvrages sont classés
par langues (allemande, anglaise, espagnole, flamande, néerlandaise, fran-
çaise, hindoue, hongroise, italienne, latine, polonaise et portugaise). Ce
consciencieux travail nous indique non seulement jes ouvrages ou articles
directement relatifs aux exercices ou aux retraites, mais, dans la mesure
où l'auteur a pu en avoir connaissance, ceux même où il est traité de
matières à titre occasionnel.
Franche-Comté.— De 1894 à 1908, les ex-libris franc-comtois ont fait
l'objet de diverses études signées de MM. Ju'es Gauthier et de Lurion, A.
Maire et J.-B. Mercier. Après une publication d'e.ssai, pourrait-on dire,
dans r Investigateur illustré de Dijon, où ce dernier érudit avait signalé
— 548 —
une nouvelle série de 49 ex-libris inédits, le voici, aujourd'hui, qui fait pa-
raître un important recueil intitulé : Ex-libris jranc- comtois (Dijon, chez
l'auteur, 3, rue de la Préfecture, 1909, in-8 de xvi-175 p., avec 72 reproduc-
tions. Tiré à 150 exemplaires numérotés. — Prix : 10 fr.). Une courte, mais
s\ibstantielle Préface de M. L,éon Quantin présente le volume do M. Mercier
et pose la question du cadre à donner aux travaux du genre. Il nous a paru
que M. Quantin l'a judicieusement résolue en admettant, à côté des origi-
naires de la province, les personnes y ayant acquis une sorte de naturali-
sation, en raison des fonctions publiques qu'elles y ont remplies. Celles-ci
donc pourront figurer ailleurs parce qu'elles se rattachent par la naissance
à d'autres provinces, mais cela ne signifie nullement, à notre avis, que leuis
ex-libris soient déplacés ici. « Délaissant le fer à dorer, observe le préfacier,
M. J.-B, Mercior ne retient que Tex-libris propromfflit dit, gravé sur cuivre,
sur bois ou sur pierre, et l'étiquette imprimée en typographie ou en litho-
graphie. Il a coordonné tout ce qui a été déjà publié, et, par de patientes
recherches, a pu ajouter plus de 130 nouvelles pièces. » Les mesures indiquées
de chaque ex-libris « sont celles, dit M. Mercier dans son Avertissement,
de la composition elle-même et non celles de l'empreinte laissée par la
planche. A ce propos, je dois dire que nos devanciers, MM. Jules Gauthier
e t Roger de Lui ion ont donné, la plupai t du temps, les dimen.sions des pièces
d'après la trace laissée par le foulage du cuivre. Aussi, n'ayant pu mesurer
tdiis les ex-libris par eux décrits,... j'ai dû consigner telles quelles leurs in-
dications.... J'avoue que je me suis attaché principalement aux ex-libris
anciens, plus intéressants et recherchés que les modernes. Je dois aussi
m'ex<niser de l'obligation dans laquelle je me suis parfois trouvé de copier
textuellement les descriptions de MM. Gauthier, de Lurion et Maire, lors-
qu'il s'agissait d'ex-libris que je n'avais pu rencontrer. « Ayant ainsi opéré,
M. J.-B. Mercier est arrivé à donner la description de 674 pièces, ce qui est,
pour la seule province de Franche-Comté, un fort joli chiffre; mais nous
sommes persuadé qu'il en découvrira encore, ce qui, sans nul doute, nous
vaudra plus taid \m Supplément, déjà commencé d'ailleurs au cows de
l'impression du présent volume, où il occupe les pages 157 à 162, avec
2 1 pièces. Pour terminer, une ample table alphabétique et une page de «Chiffres
et devises des ex-libris anonymes ». A l'heure des étrennes, en voici une qui
charmera les vrais bibliophiles de France et de Navarre.
ViSENOT.
549 —
TABLE METHODIQUE
DES OUVRAGES AITALTSÉS
THÉOLOGIE
Écriture eiainte. Exégèfge. Der altiestamentliche Kanon
der Antiochenischen. Scliule, Gekronte Preisschrift von
Z)'' Liidwig Dennefeld^ 193
La Vraie Science de,s Écritures, ou les Erreurs de 'a scolastique
et l'enseignement officiel sur le viai sens, de la Bible (X)... 194
Petite Bible illustrée des écoles [Z.Ecker). Édition française par
Un Père de la Compagnie de Jésus 196
Cours supérieur d'instruction religieuse. Israël, Jésus-Christ, :•-
l'Église catholique [J. Labourt) 190
Der Verfasser der Eiiu-R?den (Job Kap. 32-37). Eine kri+ische
Untersuchung von, D"" Wenzel Posselt 197
Le Cantique des cantiques. Commentaire philologique et exé-
gétique {P. JoUon) 198
L'Existence historique de Jésus et le Rationalisme contempo-
rain (L.-Cl. Fillion) 199
Jésus historique (C Piepenbring) 200
Jésus de Nazareth. Notes historiques et criti/(ues {Etienne Giran). 201
L'Église apostolique. Actes d'Apôtres. Épîtres. Apocalypse.
Traduction et commentaire par Vabbé Verdunoy 202
Die Wiederkunft Christi nach paulinischen Briefen (D^ Fritz
Tillmann) 203
Ascen.«ion d'Isaie. Traduction de la version éthiopienne, avec
les principales variantes des versions grecque, latines et slave..
Introduction et notes par Eugène Tisserant 205
Le Pays de l'Évangile [E.-N. Gaussens) 206
liturgie. Les Fêtes de l'Église. Élévations sur les hj^mnes [J.-D.
Folghera) 99
Hymnes et proses inédites de Claude SanteuL publiées par le
chanoine Ulysse Chevalier 529
TItéologio (Jo^inatif|ue. Tractatus de veia religione [Joannes
Muncunillf 43
La Foi et l'acte de foi (J.-V. Bainvel) 45
Du Connu à l'inconnu. Simple catéchisme [Uauteur du Caté-
chisme expliqué sans maître). 100
La Notion du lieu théologique [le P. A. Gardeil) 44
De Minusprobabilismo [Ludovico Wouters) . 334
Actes de S. S. Pie X. Encycliques, motu proprio, brefs, allocu-
tions, etc. Texte latin et trad. française en regard, précédés
d'une notice biographique , suivis d'une Table générale
alphabétique. T. LU 304
L'Imniacolata Concezione di Maria Vergine e la Chiesa greca
ortodossa dissidente [Mons. Niccolo Marini) lo8
Les Modernistes (le P. Maumus) 241
Théologie ^anorale. Serinoitïii. La Caridad sacerdotal ô Lec-
ciones de teologia pastoral (P. Aquileo Desurmont) . Version
de la 3^ ediciôn francesa por el P. José Pardo. T. 1 75
— 550 —
Les Miracles de Notre-Seigneur Jésus-Christ exposés et médités,
avec un appendice sur les miracles en général (Ch. Lacouture). 103
Le Besoin et le devoir religieux [Maurice Serol) B34
Après trois ans. La Pratique du décret sur la communion quo-
tidienne dans les maisons d'éducation [le P. Jules Lintelo) ... 428
Triduum eucharistique et Instructions sur la communion quoti-
dienne d'après les décrets de Sa Sainteté Pie X [le P. Jules
Lintelo) 428
Œuvres choisies oratoires et pastorales de Mgr Touchet 98
Exposition de la morale catholique. VL Le Vice et le péché.
IL Leurs effets, leurs formes, leurs remèdes. Contérences et
retraite (Carême de 1908) (E. Janvier) 98
Pratique de l'amour de Dieu. Aux hommes du monde (Carême
du 1909] [Vabbé de Gibergues) 106
L'Espérance. Conférences peur les hommes [P. Girodon) 107
Asvétisnif et Piété. Sur les pas de Jésus, l'e série. Bethléem-
Nazareth [le P. F. Moureau) 100
La Passion de Jésus-Christ. Courtes méditations pour chaque
jour de Carême [le R. P. Richard F. Clarke); trad. de l'anglais
par J. Rcymond 108
L'Évangile du Sacré-Cœur. Les Mystères d'amour du cœur de
Jésus [l'abbé Jean Vaudou) . . . 100
Cor Jesu. Historique, doctrine, pratique de la dévotion au Sacré-
Cœur de Jé^us [l'abbé Lucien Poux) 108
Marie et le Symbolisme des pierres précieuses (Vabbé Em. Valère). 101
La Vierge Marie dans l'Évangile, lectures pour le mois de Marie,
le mois du Rosaire et les fête.- de la Sainte Vierge ( Y. d' Ysné) . 102
Voici vo+re Mère. Entietiens sur la Très Sainte Vierge {Vabbé
J. Millot) 102
Les Merveilles de Massabielle à Lourdes. Apparitions, Miracles,
Pèlerinages 108
Joseph d'après l'Évangile [Vabbé Max Caron) 102
Mes en honor del patriarca san José, patron de la Iglesia (José
Torras y Rages) 109
Vers les cimes. Exhortation? à un jeune homme chrétien [Vabbé
Chabot) 99
Allons à l'Eucharistie (.4. Drive) 103
Petite Retraite de première communion avec nombreuses histoires
édifiantes [Vabbé de Martrin-Donos) 103
La Communion des enfants [le R. P. M azuré) 103
Les Jeunes Filles de l'Évangile (Notes d'une retraite de jeunes
filles )[Mgr Henri Rolo) 104
Lettre? sur l'épître de saint Paul aux Hébreux [Mgr G. Laper-
rine d'Hautpoul) 104
Retraite spirituelle (/. Guibert) 105
La Montée du Calvaire [P. -Louis Perroy) 105
Le Grand Devoir de la prière enseigné aux enfants du catéchisme
[Vabbé J. Millot) 106
La Ferveur. Aux dames et aux jeunes filles [Vabbé de Gibergues) . . 107
Les Larmes consolées [le P. Ch. Laurent) 107
iTIélaiigeiii. Le Célèbre Miracle de saint Janvier à Naples et à Pouz-
zolles examiné au double point de vue historique et scientifique;
avec une Introduction sur le miracle en général {Léon Cavène). . 139
L'Église et la Pensée (Esquisse d'une théoiie nouvelle) [Joseph
Serre) 270
Hétéroiloxie. Les Croyances populaires, l''^ série. VIL La Survie
des ombres [Elie Reclus) 173
mythologie. La Magie dans l'Inde antique ( Victor Henry) 242
— 551 —
JURISPRUDENCE
Histoire du droit. Études sur la tormation historique de la
Capitis deminutio. I. Ancienneté respective des cas et des
sources de la Capitis deminutio {F. Desserteaux) 385
Guillaume du Breuil. Stilus Curie Parlamenii, nouvelle édition
critique, publiée avec une Introduction et des notes par
Félix Aubert 387
Travailleurs de France. Servitude et liberté au xii^ siècle et au
xx^ {A. Dubourguier) 387
Droit internatioiinl. La Guerre et les traités. Étude du droit
international et d'histoir3 diplomatique [le lieutenant Robert
Jacomet) 236
lia Représentation des indigènes musulmans dans les conseils de
l'Algérie (E. Rouard de Card) 388
L'Organisation judiciaire aux Etats-Unis [Alf. Nerincx) 389
Droit roinsnerrial. La loi du 17 mars 1909 et la loi du 1^' avril
1909. De la Vente et du nantissement des fonds de commerce
[Constantin Maréchal) 396
Droit rural. Petit Dictionnaire de droit rural et us^usl [Léon
Lesage) 397
Connaissances pratiques fur le droit rural et le cadastre mises
à la portée de tous les cultivateurs, fermiers, métayers, etc.
( V. Cayasse et J.-M. Rabaté) " 397
Droit pénal. Etude historique sur l'idée de sentences indéter-
minées ( Georges de Lacoste) 391
Étude critique du casier judiciaire en France et dans les pays
étrangers ( G. Richaud) 39 1
L'Exercice illégal de la médecine et les Articles de réclame
médico-pharmaceufique à tourriure scientifique ( Georges de
Lacoste) 392
lioiii d>x,ce]»tiou. De la Condition du prêtre dans l'église après les
lois de séparation (F. de V allavitille) 75
Étude théorique et pratique sur la nullité et la caducité des
libéralités adressées aux établissements publics et particuliè-
rement aux anciens établissements ecclésiastiques (P. Ravier
du Magny) 398
Iflélaiiges. Éléments et notions prariques de droit [Henri Michel) . . 396
SCIENCES ET ARTS
Pliîlo»o|>liie. Généralités, llélauges. De la Croyance en
Dieu [Clodius Piat) 404
Dieu et l'Agnosticisme contemporain ( Georges Michelet) 243
L'Idée de Dieu dans les sciences contemporaines. I. Le Firma-
ment, l'Atome, le Monde végétal (le D^ Louis Murret et le
_ Z)r Paul Murret) : 429
Éléments de logique formelle ( G. -H. Luquet) 399
Essais sur la connaissance ( George Fonsegrive) 399
Le Pv.ationalisme comme hypothèse méthodologique (Francis
Maugé) ' 400
[: j L'Être et le Connaître (H. Espinasset) 400
■- Le Subjcctivisme (Han Ryner) 401
h. Kants Prolegomena in sprachlicher Bearbeitung (E?nil Kûhn) . . 365
Théories fondamentales de l'acte et de la puissance ou du mou-
vement; le devenir, sa causalité, sa finalité (Mgr ^Zèeri 7*'flro:es) 401
— 552 —
Étiules sur l'humanisme (F. C. S. Schiller); trad. de l'anglais par
S. J ankclèvitch 402
Positivisme et anarchie [le comte Paul Cottin) 271
Chez un philosophe. Deux interviews {Camille Fohdet) 408
Morale. Erreurs sociales et maladies morales [le JD' Ch. Fressinger). 46
Les Conditions du bonheur (Paul Soariau) 140
Le Fondement psychologique de la morale [André Joussain). . . . 402
Aux Jemies du xx^ siècle. Un Paquet de lettres religieuses et
philosophiques [Vabbé E. Dessiaux) 537
L'Évolution du mariage [Paul Ahram) 174
Nicole. Le Prisme. Des défauts des gens de bien, etc. Introduc-
tion par Henri Brémond 174
Pensées de F. de Lamennais (1819-1826), avec une Introduction
et des notes par Christian Maréchal. . 76
Les Idées morales de Chateaubriand [Maurice Souriait) 173
Les Idées morales de Lamaitine [Jean des Cognets) 173
Aphorismes, boutades et propos subversifs d'un ennemi du
peuple et des lois [Marc Stéphane). 3<^ et 4^ ;^éries 273
Histoire lie la |ihilloso|»liie. Le Cycle mysticiue. La Divinité,
origine et fui des existences individuelles dans la philof^ophie
antésocratique [Auguste Diès) 404
La Définition de l'être et la natuie des idées dans le « Sophicte »
de Platon [Auguste Diès) 404
L'Église e. le Progrès du monde [Charles Stanton Devas)\ :rad.
de l'anglai? par le P. J.-D. Folghwa 430
Beitrage zur Geschichte der Philosophie des Mittelalters : Band
III. Heft 2. Witclo ein Philosoph und Naturfor-scher des
XIII Jahr-hunderts [démens Baeumker) 336
Band VI. Heft 2. Nicolaus von Autrécourt, sein Leben, seine
Philosophie, seine Schr'iften (i)r Joseph Lappe) 337
Band VI. Heft 2. Geschichte der Gottesbew^eise im Mittelalter
bis zum -Vusgang der Hochscholastik (Z)' Georg Grûnwald) 337
Band VII. Heft J. Der angebliohe exzessive Realismus des
Duns Scotus (D'" Parthenius Minges) 338
Band VIII. Heft 1-2. Quellenbiitrage und Untersucliungen zur
Geschiclite der Gottesbeweise im dreizehnien Jahrhundert
mit besonderer Beriicksichtigung de<^ Arguments ii« Proslo-
gium des H). Anselm [P. Augusthnis Daniels) 338
El Sistema cientifico Luliano. Ar's RIagna, exposiciôn y critica
(D., Salvador Bové) " 530
Les Eléments cartésiens de la doctrine spinoziste sur les rapports
de la pensée et de son objei (Albert Léon) 405
La Philosophie générale de John Locke [H. Ollion) 405
La Philosophie j'eligieuse de Schleiermacher [Edmond Crainaus-
sel) 406
Auguste Corrrte et son œuvre Le Positivisme ( Georges De
hernie) 407
Agnostiques français. Positivisme et anarchie. Auguste Comte,
Littré, Taine [le comte Paul Cottin) .' 32
Les Théories individualistes dans la philosophie chinoise.
Yang-Tchou [Alexandra David) 407
Notes sur la philosophie j aponaise [Alexandra David) 408
éducation. EitBeigiienieiit. Notre Œuvre d'éducatriccs [Une
Religieuse des Sacrés-Cceurs de Jésus et de Marie) 45
Le Problème de l'éducation, essai de solution par la critique des
doctrines pédagogiques (Z,. Duga.^) 403
Aimez-les. Lettres entre directrices de patronage [Françoise
Henry) ' . . . 456
— 553 —
Lettres sur les études ecclésiastiques (Mgr Mignot) _. . . 141
Pour et contre le baccalauréat. Compte rendu et conclusions
de l'enquête de la « Revue universitaire » [Paul Crouzet) 271
Féminisme. La Femme et son pouyoiv .(M^^ Arma Lampérière) 393
La Femme dans la société (Léon Legavre) 394
Un Chapitre du féminisme. L'Intellectuelle [Wieland Mayr) . . . . 395.
Sciencei^ politiques, économiques et sociales. Cours
d'é(^iinomie politique [Charles Gide) 20
Manuel d'économie politique [Vilfredo Pareto); trad. de l'italien
par Alfred Bonnet 21
Principes d'économie j oHtique [Alfred Marshall): trad. par
Sauvaire-Jourdan et J. Savinien-Bouissy. T. Il 21
L'Ai't de placer et de gérer sa fortune [Paul Leroy- Beaulieu) 244
Hist(jire économique depuis rantiqui>:.é jusqu'à nos jours [Louis
André) 27
La France économique et sociale à la veille de la Révolu ion
[Maxime Kovalewski) I. Los Campagnes 28
Il Sespo dal punto di vista statislico [Corrado Gini) 22
Les Trusts et les .?yndi''ats de producteurs (/. Chastin) 23
Le Marché financier américain et sa récente crise monétaire [Her-
mann Schumacher) ; trad. de l'allemand par Jean Lescure 23
La Revision douanière [Albin Huart) 24'
Régime du travail [L. Garriguet) 24
Le Chômage [Ph. de Las Cases) 24
Beneficiary features of American trade-unions [James B. Ken-
nedy) 25
Le Problème des retraites ouvrières ( G. Olphe-Galliard) 25
Le Droit de grève [Ch. Gide, H. Barthélémy P. Bureau, A. Keufer,
C. Perreau, Ch. Picquenard, A.—E. Sayous, F. Fagnot et
Vandervelde) 26
Histoire des corporations de métiers depuisjeurs origines jusqu'à
leur suppression en 1791, suivie d'une Étude sur l'Évolution
de l'idée corporative de 1791 à nos jours et sur le'mouvement
syndical contemporain [Etienne Martin Saint-Léon) 29
La Question sociale au xviii" siècle [André Lecocq) 176
Une Étude sur Tapprentissage d'après des documents toulousains.
Essais de philosophie sociale [Joseph de Bonne) 29
Les Principes de l'évolution sociale [Dicran Aslanian) 403
La Vie sociale, la vie économique, programme d'études [la
Fédération régionale des groupes du Sud-Est) 30
Le Travail sociologique. La Méthode [Pierre Méline) 31
Aux classes dirigeantes. Ce cfue les pauvres pensent des riches
[Fernand Nicalay) : . . . . 338
Les *Fléaux nationaux. L)épo|>ulati(in, i ornograpliie, alcunlisme,
affaissement moral [Btnée Lavollée) 33
La Vie ouvrière, observations vécues [Jacques Valdour) 33
Verità, scorribande d'uno sj-regiudicato a traver.'-'o l'essere e il
parère délia vita sociale [Lo Forte Bendi) 34
Vers la lumière et la beauté, e.ssai d'esthétique sociale [Emile
Pierret) 34
Le Socialisme conservateur ou municipal [André Mater) 35
Cosmopolitisme iSigurd Tornudd) . . 36
Le Socialisme à Tétrangor. Angleterre, Allemagne, Autriche. Ita-
lie, Espagne, Hongiie, Russi >, Japon, Élats-Uni.'- iJ. Bardoux.
G. Gidel, Kinzo-Gorai, G. Isambert, G. Louis-Jaray, A. Mar-
vaud, Da Motta de San Miguel, P. Quentm-Bauchart, M . Be-
i'on, A. Tardieu) 36
Syndicalisme révolutionnaire et Syndicalisme réfoimiste [Féli-
cien Challaye) 37
— 554 —
Pourquoi nous sommes socialistes (Jules Noël) 37
Srîencrg naturelles. Les Sciencos physiques et naturelles dans le
livre do Job [René Deloche) 272
Mutation et traumatismes, étude sur l'évolution des formes
vétçétales [L. Bhirinshem) 48
Espèces et variétés, leur naissance par mutation [Hugo de Vries) ;
t-^ad. de l'anglais pai L. Blavinghem 245
Manipulations de zoologie et de botanique. Classe de philosophie
et de mathématiques, préparation aux écoles [H. Monnier
et M. Kollmann) 76
Les Premiers Pas dans l'entomologie. Nos Scarabées [Paul
Marylis) 365
EtlinoI.»<)ie. Classification palethnologique [A. de Mortillet) 76
llé»i«*eîïie. Iliiiitoire. Cîéiiéralî#és. Les Indiscrétions de l'his-
toire [le D^ Cabanes). 6^ série 308
La Rançon du progrès (P. Baudin et le D^ Nass) 309
Hygjièn*'.^ Précis d'hygiène militaire à l'usage des candidats
à l'École de guerre [le D^ Monéry) 239
Pathologie et TiiérM|)eiitiqiie. Rééducation physique
et psychique [le D^ H. Lavraud) : 312
Sciences psychiques. Essai sur la psychologie de la main [N. Vas-
chide) .'. 310
De l'illu&ion, son mécanisme psycho-social (le prestidiqitateur
Alher) ". . 311
L'Évolution psychique de l'enfant [le D^ H. Bouquet) 312
Travail et folie, influences professionnelles sur l'étiologie psy-
chopatique [les D^s A. Marie et B. Martial) 313
Le Spiritisme dans ses rapports avec la folie [le /)■" Marcel Viollet) 456
Le Hachich, essai sur la psychologie des paradis éphémères
[le D^ Bayinond Meunier) 313
Les Hallucinations télépa+hiques [N. Vasch'de) 456
Les Synesthésies [Henry Laures) 47
Scîenees iiliysiqueset rliiiniques. Les Découvert'^s modernes
en physique [0. Manville) 409
Traité df phy.îique (0. D. Chwolson); trad. sur h.<- éditions
russe et allemande, par E. Davaux; édition revue et considé-
rablement augmentée par l'auteur, suivie de Notes sur la
physique théorique [E. et F. Cosserot) T. II, 3efasc. et T. II,
4e"^fa<=c 410
Les Oscillations électromagnétiques et la Télégiaphie sans fd
[J. Zenneck); trad. de l'allemand par P. Blanchin, G. Gucrard
et E. Picot .' . 410
La Grammaire des électriciens enseignée aux débutants par
expériences et m3sures [E. Gossart). T. I. Le Courant continu. VU
Les Merveilles de la Science. II. Électiicité [Louis Figuier et
Max de Nnnsouty) 494
Traité complet d'analyse chimiqu'^ appliquée aux essais indus-
triels [J. Post et B. Neu?nanti). 2® éd. française par L. Gautier. . 412
La Synthèse des pierres précieuses [Jacques Boyer) 413
Zootechnie. Le Cheval de demi-sang. Races françaises [Alfred
Gallier) 141
Le Porc. Racec, élevage, maladies [H.-L.-A. Blanchon) 142
Agriculture. Horticulture. Chimie agricole, chimie végétale
( Gustave André) 531
Mémento d'un jardinier-amateur [Léon Chevreau) 365
— 555 —
Scieuee» niatliéinatiqueii. Théorie des corps défoi'mables (S. et
F. Cosserat) 413
Élémt^nts de la théorie des probabilités (Emile Borel) 414
Initiation à la mécanique [Ch.-Ed. Guillaume) 414
.ântrononiie. Études nouvelles sur l'astronomie [Ch. André et
P. Puisieux). Les Planètes et leur origine {Ch. André) 142
Cléol<»^g»«. Traité de géologie (^miVe.Tyawg). I. Les Phénomènes géo-
logiques . . . ■ 432
4érouautique. Dans les airs. Aérostation, aviation, études
aérostatiques ( G. de la Landelle) 38
Les Aéinnautes et les colombophiles du siège de Paris [François ivi
Mallet) 38
Histoire de l'aviation. Avions et aviateurs d'hier, d'aujourd'hui et
de demain (Turgnn) 39
L'Aviation, ses débuts, son développement [F. Ferb r) 39
L'Homme s'envole. Le Passé, le présent et l'avenir de l'aviation ^-.^
{le capitaine Sazerac de Forge) 40
État actuel et avenir de l'aviation [Rodolphe Soreau) 40
Aviation. Comment l'oi.'eau vole, comment l'homme volera'
[Wilhelm Kress) ; trad. par R. Chevreau. . .■ 41
Comparaison entre certaines théories relatives aux automobiles
et aux machines à voler. Cent ans d'études [J.-J. Bourcart) .... 41
L'Aéroplane des frères Wright 41
Aéronef dirigeable plus lourd que l'air (hélicoptère). Influence
du vent sur la marche de l'aéronef [Alfred Micciollo) 42
Les Hélicoptères Paul Cornu 42
De la Nécessité urgente de créer un laboratoire d'essais aéro-
dynamiques, destiné à fournir aux amateurs des éléments
nécessaires à la construc+ion des aéroplanes et de la manière
d'organiser ce laboratoire [S. Drzewiecki) 42
Des Hélices aériennes. Théorie générale des propulseurs héli-
coïdaux et Méthode de calcul de ces propulseurs pour l'air
[S. Drzewiecki) 43
Kei^iioes militaires. Enseignements tactiques de la guerre
russo-japonaise [le commandant Niessel) 233
Histoire abrégée de la guerre russo-japonaise. Le Combat d'infan-
terie d'après les enseignements de la guerre [le lieutenant Escalle) 234
Enseignements de deux guerres récentes [le général Langlois) .... 236
La Discipline moderne [le capitaine Paul Simon) 237
Étude sur la psychologie de la troupe et du commandement
{le commandant Gaucher) * 237
Notre armée à l'œuvre. Aux grandes manœuvres de 1908 {Pierre
Baudin) 238
La Nation aimée. Leçons professées à l'École des hautes études
sociales [le général Bazaine-Hayter, E. Bourgeois, C. Bougie,
le capitaine Bourguet, E. Boutroux, Croiset, G. Demeni), G. Lan-
son, L. Pineau, le capitaine Potez, F. Rauh) 238
L'Armée et ses cadres ( A. Mes'^imy) 239
Pour la race. Notre soldat; sa caserne {le D^ Lachaud) 239
Le Service des renseignements mi itaires en temps de paix et
en temps de guerre {le lieutenant- colo7\el Rollin) 239
L'Infanterie au combat {le lieutenant-colonel Thomas de Colligny). 240
L'Organisation de l'infanterie et de l'artilli rie 239
Cours élémentaire de tir de campagne {le capitaine Tréguier) .... 240
La Manœuvre de Lorlanges, exécutée par le 13® corps, le 12 sep-
tembre 1908 {le général Percin) 240
— 556
Dictionnaire militaire. Encyclopédie des sciences militaires
( Un Comité d'officiers de toutes armes). 24'-' livraison. Théorie-
Train d'artillerie 240
marine. Le Bilan de notre marine {J.-L. de Lanessani) 144
La Marine. Le Haut Commandement, ses fautes, sa réforme
[L.-M. V. et E. Liron) 531
Torpilles et projectiles automobiles [H. Noalhat) 49
Le Problème de la marine marchande (Louis Fraissaingea) 246
Sports. Gios et petits Poissons (récits de pêches) (Emile Maison) . . . 528
Beaux-.4i't8. Biographies «k^crtistes. Raphaël L'Œuvre
du maîtie 485
Vittore Carpaccio, la vie et l'œuvre du peintre ( G;/s^air Ludivit^
et Pompeo Molmenti; trad. pai H.-L. de Perera) 484
Les Peintres anciens et modernes, leur vie, leur œuvre (E. Bé-
nézit) 496
Pmu'quoi et comment visiter nos musées (Charles Morice) 527
Arts industriels. De la Restitution du plan au moyen de la
téléphotographie en ballon (L. Pezet) 273
mélançies. De la Méthode dans les sciences (auteurs divers) 242
Les Idées- et les formes (Antiquité orientale) (Péladan) 335
Études sur Liéonard de Vinci. Ceux qu'il a lus et ceux qui l'ont lu
( Pierre Duhcm) 415
Les Sciences physiques et naturelles vulgarisées et les principaux
produits industriels. Leçons de choses (/. Leday) 537
Les Trucs du théâtie, du cirque et de la foire (Max de Nansouty) 527
LITTÉRATURE
Eiicyelopédies Linguistique. Pliilologie. Handbucli des
Alt-Irischen Grammatik. Texte und Wœrterbuch (Rudolf
Thurmysen). I. Teil : Grammatik 246
The Oxford English Dictionary, a new English Dictionary on
historical ju'inciples (James A. M. Murray). Movement-Myz
(Vol. VI) (Henrij Bradleij) 248
Programme et méthodes de la linguistique théorique. Psycho-
logie du langage (Clj. Albert Sechehaye) 532
La Parole humaine. Études de philologie nouvelle d'après une
langue d'Amérique (.4. Berloin) ., 49
La Langue française d'aujourd'hui. Évolution. Problèmes
actuels (Albert Dauzat) .•,•;•• ^^^
L'Année linguistiaue, publiée sous les auspices de la Société de
philnlngie. T. ni. 1905-1907 33Î
Folk-lore. Trente Noëls poitevins du xV? au xviii^ siècle, publiés
par Henri Lemaitre et Henri Clouzot. Ai' s notés par Aymé
Kunc.^ 251
Éloqnenee. Les Maîtres de la chaiie en Fiance. Massillon. Sa
Prédication sous Louis XIV et sous Louis XV (Vabbé L. Pauthe) 251
Trente-cinq ans d'épiscopat (Mgr de Cabrières) ■ 341
Poésie. Aucassin et Nicolette. Texte critique, accompagné de para-
digmes et d'un lexique (Hermann Suchier), avec une table con-
tenant la notation musicale. Trad. française par J/ètri Counson. 319
Les Muses françaises, anthologie des femmes poètes (Alph.
Séché). T. III (xxe siècle) 109
Les Poètes du terroir, du xv*" au xx^ siècle (Ad. Van Bevcr).T. I^"". 1 10
L'Anthologie du félibrige, morceaux choisis des grands poèces
de la Renaissance méridionale au xix*^ siècle (Armand Praviel
et J. -R. de Brousse) 1 M
— 557 —
La Poésie de Jean Aicard. Portrait littéraire et choix de poèmes
(J. Calvet) 111
Le Sablier (Paul Galland) 112
L'Amphore [Jean Segnstaa) 112
Clochettes et bourdons (Robert Muchard) 113
Par ces longues nuits d'iuver (Raoul Gauhert-Saint-Martial) 113
Chants d'adolescence (Alphonse Morand) , ., 114
Les Argonautiques d'Apollonius le Rhodien, trad. en vers fran-
çais (et vers pour vei's) (L comte Ulysse de Séguier) 114
De l'Hélicon au Calvaire (le même) 114
Le Livre des chats (Alfred Ruffin) 115
Le Mage sans étoile (1902-1908) (Raphaël Arvor) 1L5
Rêves épars (Edmond Maguier) 116
L'Écho des heures (la comtesse de Salorges) 116
Moisson d'étoiles (Thérèse- Pierre de Libertat) 117
Les Ailes de cire (Marcel Pays) 117
Nuit d'Egypte, escjuisses (Jean de Bère) 118
La Pâque des Roses (Touny-Lérys) ' 118
Le Vent dans les arbres (A. de Bnry) 118
Crépuscules d'amour ( Georges Batault) 119
Heures vécues (Réno) 207
Les Beaux Jours (Jacques Chenevière) 207
Lecture et récitation (Maurice Bouchor) 207
Le Voile des choses (Paul-Louis Aubert) 208
L'Ame inquiète (Jacques Noir) 208
Les Synthèses, poèmes philosophiques ij. Bru d^ Esquille) 208
Le Chapelet d'ambre (Chatir Bey) 209
Le Luth d'amour ( Yvon Sthel) 209
Trois années (1905-1908) (Francis Eon) 209
Les Soivs (Litopi Chevalet) 209
Les Deux Jeunesses (Emile Rochard) 210
La Légende de l'homme (Nelson Couytigne) 210
Nouveaux Rondels païens (Ferdinand Lovio) 210
Aux Jeunes Turcs (Robert Huchard) 210
La Guerre (le même) 210
Les Jardins de Bade, ballades des bords du Rhin (Georges Phi-
lippe) 210
Vingt Poèmes en prose (Marcel de Malhcrbp.) 211
Chants d'avant l'aube (Algemon Charles Swinburne); trad. par
Gabriel Mourey 340
La Chanson des Nibelunge, traduite du moyen haut-allemand
par J. Firmery 342
Mis Canciones, obras poéticas (el R. P. Restituto del Valle Ruiz). 175
Dante Alighieri. La Divine Comédie, traduite et commentée
par A. Méliot 435
Théâtre. Études dramatiques. T. IV. Le Déluge (Adolphe Môny). . 211
Œuvres inédites de P.-J. de Béranger : 211
Mérovée, drame historique en 5 actes en vers (Blanche Schnitzler) 211
Au Soleil du rêve ( Gaston Sorbets) 212
Théâtre contre la guérie. Scènes de gueire de tous les temps
(Paul Lacombe) 212
Jeanne d'Arc libératrice, tragédie en 3 actes (Mgr Henri Debout) . 212
Dialogues des vivants (Jean de la Grèze) 213
Théâtre de la Révolution (Romain Rolland) 213
Bernadette et Lourdes, drame historique en un prologue, cinq
acteo et dix tableaux (Vabbé Joseph Oger) 425
Lourdes et Bernadette, drame historique en un prologue, cinq
actes et dix tableaux (le même) 425
La Bienheureuse Jeanne d'Arc, drame historique en quatre actes
— 558
et douze tableaux {le même) 'i25
Jeanne d'Arc, dranae en cinq actes pour jeunes files {Jehan Grech) 425
Le Cœur de Jeanne d'Arc, drame historique en trois actes et
apothéose pour jeunes filles {le même) 42''
Une Fille de Fra Diavolo, petit opéra comique en tiois actes avec
prologue {le même) . . 426
Le Jongleur (^c Lavardin, saynète en vers {Simon Davaugour) .... 426
Le Barbi.-r de Pévenas, saynète en vers {le même) 426
Les Bretons de DugU(Si''in, épisode dramatique en v rs {le même) 426
Une Séance du Conseil d'Empire sous Pierre le Grand, scène
dramatique en vers {le même) 426
La Villa du Doux-Repos, comédie en un acte {Ch. Le Roy- Villars) 426
La Cage aux œufs d'or, comédie en trois actes {le même) 426
La Dernière Farce de Marfailloux, comédie en trois actes {lemême) 426
L'Accident de la rue Saint-Ferréol, comédie en un acte {Erin
de Saint- Yrieix) , 427
Le Quart d'heure de Rabelais, comédie bouffe en deux actes et
trois tableaux, avec chœurs et couplets (J. Reginald) 427
J'étoufTe ! J'étouffe ! monologue comique {Pancrace)) 427
Chez l'ami Print:^mps, monologue en vers {Eugène Palazzi] 427
Julien l'Apostat, drame chrétien en trois actes et en vers {Vahbé
Ducousso) 427
Ripoche, drame vendéen en un acte {Vahhé de Martrin-Donos) . . . 427
Romans eonte<$ et nouvelles .Mémoires d'une 50 H. -P.
( Paul Arosa) 5
Inferna {Cléa Lucius) 6
Immortelle Pologne ! ( Gabriel Dauchot) 6
Le Drame du Korosko {Conan Doyle); trad. de l'anglais par
Henry Evic 7
Vers plus de joie, roman de l'année 1995 {André Godard) 8
Le Prix de la vie {Henri Davignon) 8
LTne Leçon de vie {Laurent Evrard) 9
Leur Victime {Jules-Pliilippe Heuzey) 9
Au bord de l'idylle {Prosper Dor) 10
L'Otage {Henry Buteau) 10
Sœurette {Paul Lacour) 11
L'Été de Guil'emette {Henri Ardel) M
Le Reste est .'^ilence... {Edmond Jaloux) 12
Les Défenseurs (histoires lorraines) {Jean Tanet) 12
La Déroute (G. Erastoff); trad. de Marie Redgar et lann Karmor. . . 13
Les Demoiseîles de la poste {Paul Bonhomme) 13
Sœur Marie-Odile {Charles d'Ollone) 14
Bourgeoises artistes {Henriette Bezançon) 14
L.es Deux Routes {Paul Tany) 15
Le Roi des miHiards {Henry Grcnlle) 16
L'Armçiire au linge blanc {Armand Delmas) 16
Les Pays de France. Passions crltes {Charles Le Goffic) 17
Trois Troupi-rs {Rudyard Kipling) ; trad. de Albert Savine) 17
La Lanterne magique [Paul Margueritte) 18
Colette Baudoche, histoire d'une jeune fille de' Metz {Maurice
Barrés) 18
Le Livre de la mort. A l'hôpital, à l'amphithéâtre, au cimetière
{Edouard Gauche] . 289
Paysages passionnés ( Gabriel Faure) 290
Le Roman sournois {Pierre Lièvre) 290
Mon Prince Charmant {Alexis Noël) 290
Simone la Romanesque {Lucien Trotignon] 291
Lequel l'aimait {Mary Floran) 291
— 559 —
Le Jardin délaissé, suivi de Ce qui ne ressuscite pas (JeanGallotti). 291
L'Eve {Eugène Joliclerc) 292
Tri)is Sœurs {Eisa d'Esterre Keeling); trad. do l'anglais par Flo-
rence O'Noll 292
Une Vie d'artiste {Adolphe Schmitthenner); irad. de l'allemand
par H. Heinecke 292
La Double Confession {Charles Le Goffic) 293
La Voie du mal ( Grazia Deltdda); trad. de l'italien par G. Hcrelle. 293
Le Miroir aux alouettes (7. de Mestral-Comhremont) 294
La Voix de l'oiseau {Henry Morane) 294
Les Anxiétés de Thérèse Lesieure {Etienne Bricon) 296
Ames juives {Stéphen Coubé) 297
La Course à l'abîme {Ernest Daudet) 299
Les Aventures du cardinal de Richelieu et de la duchesse d'EIbeuf,
récit anonyme extrait des archives du château d'Acy {le
baron A. de Maricourt) 299
Chez les Moumenin, récits algériens {Antonin Mule) 300
Les Metteurs en scène {Edith Wharton) ' 300
Un Étrange Divorce {le comte A. de Saint- Aulaire) 301
Sur les deux rives {Léon de Tinseau) 301
Les Caquets du docteur {Octave Béliard) 302
Mes Pannes {Henry d" A grain) ■ 302
Pereat Rochus et autres nouvelles {Antonio Fogazzaro); trad.
de l'italien ^ 303
- Le Mariage de Mademoiselle Gimel, dactylographe {René Bazin) . . 303
L'Expiatrice {Charles Nie ullaud) 304
Là Mésangère [Myriam Thélem) 306
Le Vaisseau de plomb ( G. Lechartier) - 307
Ma Tante Giron {Benc Bazin) 498
La Peur de vivre {Henry Bordeaux) . 502
Contes choisis {Paul Bourget) 502
Las Caracolas, cuentos aragoneses {Juan Blasy Ubide) 77
La Tribuna roja {Bemardo Morales San Martin) 366
Ouvrages p<»tir la |euiiee»i«e. La Bague d'opale {M. Maryan) . . 417
Roselyne. {M. Mary^in) 418
Iva Route choisie {marc Debrol) 41 8
L'Ame de Pilate {Jeanne d. Coulomb) 41 h
O Jeunesse 1 {Mathilde Aigueperse et Roger Doinbre) 419
Le Mari de la veuve (B. de Buxy) 419
Léo Féodaux ( Yves Le Febvre) 419
Le Cottage fleuri {Lucie des Ages) . . 420
A tour de bras, histoires du temps présent iJean des Tourelles) . . . 420
Petite José {Pierre Perrault) 420
La Famille E'iis {Michel Auvray) 420
Fidèle à Dieu (F. de Noce) .' 420
Face au devoir {Edmond Coz) 421
De-ci, de-là, légendes et fantaisies {Berthem-Bontoux 421
Le Journal d'un potache {Jean Vczère) 421
Le.= Vacances de Suzette pour 1909 421
Le Château de Pontinès ( V. Mag) 421
La Chevau'^hée des reîtres {Charles Lesbruyères] 421
Jeunes Gloires {Berié Gaëll) 'i'-l
Au bord du lac {Michel Auvray) 421
Chassés du nid {Chéron de la Bruyère) 422
La Villa aux cerises {J^ucie des Ages) 422
Mon premier voyage {F. de Noce) 422
La Fille du corsaire, loman d'aventures maritimes {Jean Drault). 422
Mirage et réalité {F. de Noce) 423
— 560 —
Trait d'union (Marguerite Levray) 423
Le Roc-Maudit {Marguerite Le^^rny) 423
Lps Cent mille curiosités d'iror et d'aujouvci hui [Henri Cor-
donnier) 424
Muguette [Jean Barbet de Vaux) y 424
Le Général Dur à cuire (Lucie des Ages) 424
Le Perroquet du cantinier (Jean Drault) 424
Le Dernier Duc de Bretagne (Paul- Yves Séhillot) 424
Les Naufragés du « Jonathan « (Jules Verne) 495
La Course au radium (Paul d'Ivoy) 499
Les Mangeurs de sable (Henri Leturque) 499
Au pied'de l'Acropole. Damaris l'Athénienne (Henri Guerlin] .... 500
Tiarko, le chevrier do Napoléon (Jules Chancel) 501
La Perle de sang (Emilio Snlgari) ; trad. par J. Fargeau 502
Romans et contes de tous les pays. En France et en Améri(jue
(Th. Bentzon) ' 503
La Terre qui tremble (Stanislas Meunier) 504
Le Roman du Renard, adaptation pour la jeunesse (Z. Tarsot et
A. Vimar) 505
La Lionne de Clisson (Pierre Maël) 506
Médor Médorovitch, aventures d'un terre-neuve (Kmugloff);
trad. du russe par Léoji Golschniann 506
Où le grain tombe. . . ( Georges de Lys) 506
Le Ballon fantôme (Jacques des Gâchons) 507
L'Enfant de la falaise (A/m^ Augusta I^atouche) 508
La Découverte du doc^^eur Faldras (O. de Traynel] 509
Elisabeth Faldras (O. de Traynel) 509
Maître Juponnet, cambrioleur (Chemilly et Paul de Maurelly) .... 510
Le Dernier des Castel-Maghac (H. de Charlieu) * 524
Poucette (Pierre Maël) 524
Le Renard de la mer (1804-1805) ( Georges -Gustave Toudouzc) 511
Musée de P:)upées (M^e Marie Kœnig) 512
Petite Nièce (Mn^^ Chéron de la Bruyère) 524
Une Enfant terrible (M^e Charlotte Chabrier-Rieder) 524
Une Seconde Mère (3/'"" /f, comtesse C. d' Arjuzon) 524
Le Célèbre Galafat (Hugues Lapaire) 512
Jean-qui-lit et Snobinet (Jean Métivet) 512
Le Patron Niklaus (A. Robida) 525
Les Expédients de Farandole (Pierre Perrault) 525
Le Cadeau du cousin Lawrence (E. Hohler); adaptation par
O'Neves 513
En cheminant? (André Besson) 366
l*éi*iodi<iiie!« illiisirés. Journal de la jeunesse 514 •
Journal des demoiselles et Petit Courrier des dames 515
Mon Journal 516
L'Ouvrier 517
Les Veillée? des Chaumières 517
La Semaine de Suzette ' 518
La Semaine de Chapuzot 518
Albums. François J«'r (le Roi chevalier) ( G. Toudouze et A. Robida). 519
Dites-nous votre fable (Alfred Theulot et Benjamin Rabier) 519
Noël au pays des animaux {J. Jacquin et G.- H. Thompson) 520
Le Capitaine des Cranequiniers (/. Rosnil et O' Galop) 520
Scènes de la vie privée des animaux (Benjamin Rabier) 520
Le Robinson malgré lui (Alphonse Crozière et Valvérande) 521
Les Mésaventures de Jean le Fripon (F. Nunez) 521
Les Héros comiques (Emile Faguet et Job) 521
— 561 —
La Merveilleuse Aventure d'ArchibaM [Harni llonntree et
S. H. H amer); trad. de raugiais par Perlette 521
Pierrot, Pippo et C'^ {Léon Magon et .1. Vimar) 522
Une, deux, trois, quatre 522
Contes de fées 522
lia Guerre dp& fées ( G. Le Cordier et J. Pinchon) 523
L'^s Exploits de Cracambole, fantaisie héioï-comique ^G. Le
Cordier et R. Giffey] 523
L'Age de l'école, proverbes, fables et dictons en action (J. Geof-
froy) 523
Jésus et nos petits enfants, poésies [Marthe Rochenor) 523
Épi8toli«rs. Lettres de jeunesse d'Eugène Fromentin: Biographie
et notes (Pierre Blanchon [Jacques- André Mérys}) 145
Un Coin de littérature sous le second Empire. Sainte-Beuve et
Champfleury. Lettres de Champfleury à sa mère, à son frère et à
divers {Jules Troubat) 341
Pelygraplaeii. Pages choisies des grands écrivains [Emerson);
trad. et Introduction par M . Dugard 52
Pages choisies [Ernest Daudet) 503
Pages françaises [Paul Déroulède), précédées d'un Essai par
Jérôme et Jean Tharaud 533
liittérature française. De la Poésie scientifique [René Ghil) . . 250
La Versification française. Les Genres poétiques [Joseph Vincent). 249
Les Légendes épiques. Recherches sur la formation des chansons
; de geste [Joseph Bédier). L Le Cycle de Guillaume d'Orange. . . 314
Études sui l'ancien poème français du Voyage de Chaiiemagne
en Orient [Jules Goulet) 316
Etude sur l'office de Girone en l'honneur de saint Chaiiemagne
{le même) 317
La Femme et l'Amour au xii^ siècle, d'après les poèmes de
Chrétien de Troyes {Myrrha Borodine) 317
Les Troubadour?, leurs vies, leurs œuvres, leur influence {Joseph
Anglade) 318
Les Origines de la littérature française. Jehan Bodel, avec des
commentaires sur le « Congé » de Baude F diStou].[ Emile Lan-
glade) 318
Le Théâtre contemporain (1869-1870) [J. Barbey d'Aurevilly).
T. IIL 52
Notice sur la Bible des sept états du monde de Geufrov de Paris
[Paul Meyer) '......... 251
Histoire élémentaire de la littérature française [Eugène Lintilhac). 436
Études critiques sur la tradition littéraire de la France [Maurice
Wilmotte) 438
Études sur la littérature française {René Doumic). 6*= série 439
Idées et doctrines littéraires du xyiii^ siècle (extraits des pré-
faces, traités et autres écrits théoriques) [Francisque Vial et
Louise Denise) 440
Études d'histoire romantique. Le Cénacle de la Muse française
1823-1827 (Documents idédits) [Léon Séché), 253
Dans le jardin de Sainte-Beuve. Essais ( Georges Grappe) 146
H. Taine [Charles Picard) .' 55
Barbey d'Aurevilly (De sa naissance à 1909) [Fernand Clerget) . . 55
Les Femmes d'esprit en France, histoire .littéraire et sociale
[le comte J. du Plessis) 148
liitté ratures étrao«çêres. El Doctor D. Manuel Milâ y Fontanals;
semblanza literaria [Marcelino Ménén-dez y Pelayo) . ......... 255
Obras catalanes [Manuel Milâ y Fonta?ia.ls) . , 255
DÉCEMBRE 190^. T.C:X:V1. 36
— 562 —
Mélanges. Vers mnémotechniques. 500 dates historiques, avec
léi^endes, anecdotes et récits (D.-Ch. Cellier) 175
Le XVI l^« Siècle par les texte?. Morceaux choisis {Georges Pe-
lissier) 51
De tout un peu {A. Mézières) 147
HISTOIRE
CSéographie et Voyages. Atlas général Vidal- Lahlache 214
Revue de géographie annuelle, publiée sous la direction de
Charles Vélain. T. II, année 1908 216
Géographie rapide (Europe) (Onésime Reclus) 217
Le four du monde, journal des voyages et des voyageurs 513
Visions de route. Promenade autour du monde avec S. A. I. le
grand-duc Boris de Russie {Ii'nn de Schseck) 492
Nos fils et nos filles en voyage [A.-L. Leroy) 217
La France et ses colonies au début du xx*^ siècle (M. Fallex et
A. Mairey) 218
Régions et pays de France [Joseph Fèvre et Henri Hauser) 219
Lie Morvan. Étude de géographie humaine (le capitaine Jacques
Levainvillc) . 220
Impressions de Corse (Ed. Spalikowski) 221
La Revanche de la banquise. Un Eté de dérive dans la mer de
Kara (juin-septembre 1907) [le duc Philippe d'Orléans) 256
Le Passage du Nord-Ouest [le capitaine Boald Amundsen); trad.
par Charles Rabot 230
La Hollande illustrée [Maxime Petit, Van Keymeulen, Zaho-
rowski, Louis Bresson, Root, Le Cornu, Dekking, Pinchaud,
Van T Veld, Adrien Mellion) 492
Les Ibères. Étude d'histoire, d'archéologie et de linguistique
[Edouard Philipon) , 221
Le Tour de l'Espagne en automobile. Étude de tourisme [Pierre
Marge) 222
Sur les chemins de Compostelle, souvenirs historiques, anec-
dotiques et légendaire»- (Camille Daux) 497
En Vacances. Plaisirs et curiosités de la montagne [A. Dauzat).
Pêche et chasse au bord de la mer (Loudemer) 504
Missions au Sahara [E.-F. Gautier et R. Chudeau). T. II. Sahara
soudanais (R. Chudeau) 223
Au, Pays de la reine Candace (Jean d' Allemagne) 224
L'Égyjîte d'hier et d'aujourd'hui (Walter Tyndale) 487
Dans les Marches tibétaines. Autour du Dokerla (novembre 1906-
janvier 1908) (Jacques Bacot) 225
La Ville au Bois dormant. De Saigon à Ang-Kor en automobile
[le duc de Montpensier) 491
Les Régions Moi du Sud indo-.chinois. Le Plateau du Darlac
(Hejiri Maître) 226
Bulletin commémoratif de l'Exposition nationale de 1908 [la
Direction générale de statistique) 227
L'Empire du Soleil. Pérou et Bolivie [le baron et la baronne Conrad
de Meyendorff) 227
Au pays de l'or noir. Para, Amazonas, Matto (Grosso Paul
Walie) , 228
Les Petites Antilles. Étude sur leur évolution économique.
[P. Chemin-Dupontès) 229
Au Cœur de l'Antarctique, expédition du « Nimrod » au Pôle sud
[E.-H. Shackleton); trad. et adaptation par Charles Rabot. . . . 486
Histoire aneienne. Au temps des Pharaons (A. Moret) 344
— 563 —
Histoire générale. Correspondance inédite de Vempereur
Alexandre ei àc BernadoUe TpenûdiniVanvéç l^iï.TpuhWéQ par X. 122
Histoire de T Église. Manuel d'histoire ecclésiastique, adap-
tation de la seconde édition hollandaise du R. P. Albers, par le
B. P. Hedde 56
Histoire des conciles, d'après les documents originaux [Charles-
Joseph Hefele). Nouvelle traduction française faite sur la
2*= édition allemande, corrigée et augmentée de notes critiques
et bibliographiques par Do}n H. Leclercq. T. II, 2^ partie et
t. III, l^e partie 442
Innocent III. Les Roj^autés vassales du Saint-Siège [Achille
Luchaire) 345
Innocent III. Le Concile de Latran et la Réforme de l'Église
[le même) 345
Histoire des ordres religieux. Le Pèlerinage de Port-
Royal {André Hallays) 350
Père et fille. Philippe de Champagne et Sœur Catherine de
Sainte-Suzanne à Port-Royal [Ch. Gailly de Taurines) 350
Seize lettres de Dom Mabillon, publiées par Dom Paul Denis 77
Les Bénédictins de Saint-Germain-des-Prés et la Cour de Rome
en 1735 [le même) 77
Quelques lettres d'e Dom Louvard, prisonnier à la Bastille (le
même) , 77
Une Prison sous la Terreur. Le Couvent des bénédictines anglaises
du Champ-de-l'Alouette [Vabbé Jean Gaston) 368
Figures de moines [Ernest Dimnet) 352
Histoire des Missions.. La Question des missions. Les Dolé-
ances d'un vieux missionnaire sur les Tribulations d'un vieux
chanoine [le B. P. Damerval) 172
Hagiograjthie. ItiograpBtie «rciésiastiqiie. La Mission
de saint Benoît [le cardinal Newman) 320
La Vie et la légende de saint Gwennolé, publiées par Pierre
Allier 320
L'Action sociale de François d'Assise, d'après des documents
peu connus [Hilaire de Barenton) 369
Vie du Vénérable Jean Eudes, instituteur de la Congrégation de
Jésus et de Marie et de l'ordre de Notre-Dame-de-Charité,
auteur du culte liturgique des Sacrés-Cœurs [le P. D. Boulay).
T. IV. 1666-1680. . .\ 320
La Vénérable Anne-Marie Javouhey. Sa vie, ses travaux, ses
épreuves (1779-1851) [le chanoine L. Chaumont) 321
La Bienheureuse Mère Barat (1779-1865) [Geoffroy de Grand-
maison) 149
Lamennais à la Chênaie, supérieur général de la congrégation de
Saint-Pierre, 1822-1833. Le Père, l'Apôtre, le Moraliste [Ad.
Boussel) 457
Une Ame d'apôtre. Le P. Victor Delpech, missionnaire au
Maduré (1835-1887 [le P. Pierre Suau) 323
L'Internelle Consolation. Sainte Thérèse, Pascal. Saint Benoît
Labre. Le Curé d'Ars (/. Barbey d' Aurevilly) 457
Histoire «lia moyen âge. Figures bvzantines [Charles Diehl).
I]e série \ 158
Histoire de France. Les Sources de l'histoire de France depuis les
origines jusqu'en 1815. Deuxième partie. Le xyi*^ siècle (1494-
1610) [H. Hauser). II. François ler et Henri II (1515-J559) 533
Histoire de France illustrée. T. I. Des origines à 1610 488
— 564 —
Mémoriaux du Conseil de !66i. publiés pour la Société do l'his-
toire de France par Jean de Boislisle. Introduction 59
La Cour du Roi Soleil (.4. Panncntier) 527
Crépuscule d'ancien régime {le vicomte de Guichen) 60
Les Papiers des Assemblées de la Révolution aux Archives
nationales. Inventaires de la série C (Constituante, Législative,
Convention) {Alexandre Tuetey) 368
Le Comité de salut public {Marcel Navarre) 176
Recueil des actes du Comité de salut public, avec la Corres-
pondance officielle des représentants en mission et le Registre
du Conseil exécutif provisoire, publié par F. -A. Aulard.
T. XVIII. 7 novembre 1794 (17 brumaire an III)-20 décem-
• , bre 1794 (30 frimaire an III) 534
Etudes révolutionnaires [James Guillaume) 2^ sévie 442
La Vente des biens nationaux pendant la Révolution, avec étude
spéciale des ventes dans les départements de la Gironde et
du Cher {Marcel Marion ) 343
Le Dernier Fils de Louis XVI {A. Morel de Saint-Didier) 457
Autour d'un problème. Réfutation du livre de M. Joseph Tur-
cjuan sur Louis XVII {Otto Friedrichs) 367
L'Epopée du sacre, 1804-1805 (Georgis d'Esparbès et Hector
Fleischmann) .^ 324
Napoléon et la Pologne (1806-1807) {Marcel Handelsman) 325
Napoléon au printemps de 1807. Un «Tableau historique {le
bwgrave Hannibal zu Dohna); trad. de l'allemand par Georges
Douarc 327
Autour de Bonaparte. Journal du co?nte P.-L. Rœdcrer, ministre
et conseiller d'État. Notes intimes et politiques d'un familier
des Tuileries. Introduction et notes par Maurice Vitrac. . .^. . 328
L'Empire libéral. Études, récits, souvenirs {Emile Ollivier).
T. XIV. La Guerre 443
Histoire de la France contemporaine (1871-1900). IV. La Répu-
bli(]ue parlementaire ( Gabriel Hanotaux) 444
Histoire religieuse. Histoire de l'Inquisition en France {Th.
de Cauzons). T. I'^'' Les Origines de l'Inquisition 57
Les Assemblées du clergé et le Protestantime {L. Bourlon) 366
■ Histoire religieuse de la Révolution française {Pierre de la Gorce).
T. 1er 446
L'Eglise de France et la Séparation. La Lutte du Sacerdoce
^t de la République française {Paul Barbier) 63
La Crise intime de l'Eglise de France. Les Prêtres démocrates.
Le Sillon. Les Hypercritiqu-^s {Paul Barbier) 78
Pour l'Idée chrétienne. Pages de bonne foi [Eugène Franon). . . . 153
Hiiiitoiic des institutiofii.<s et fies mœnr!*. Curiosités
historiques. Histoire sanglante de l'humanité {Fernand Nico-
laVi) ^ .' ; 432
L'Assistance et l'État en France à la veille de la Révolution
(Généralités de Paris, Rouen, Alençon, Orléans, Châlons.
Soissons, Amiens) (1764-1790) [Camille Bloch) 61
Histoire diplomatique et militaire- La Diplomatie secrète
au xvnie .'^iècle. Ses débuts. I. Le Secret du Régent et. la Poli-
tique de l'abbé Dubois (triple et quad^-uple alliances) (1716-
1718) [Emile Bourgeois) 447
Correspondance du cornte de la Forest, ambassadeur de France
en Espagne (1808-1813), publiée pour la Société d'histoiie con-
temporaine par Geoffroy/ de Grandmaison. T. III. Octobre 1909-
juin 1910 ' 257
Lettres et documents pour seivir h l'histoire de Joachim Murât,
1767-18J5, publiés par S. A. le prince Murât, avec une Intro-
duction et des notes par Paul Le Brethon. II. Armée d'obS' r-
vation du Midi (suite). République cisalpine. République
italienne, 1801-1803 328
Le Premier Ministre constitutionnel de la guerre La Tour du
Pin. Les Origines de l'armée nouvelle sous la Constituante (/e
lieutenant Lucien de Chilly) 120
Les Armées du Rhin au début du Directoire. Sambre-et-.Mpuse,
Rhin-et-Moselle {le capitaine H. Bourdeau) 120
Histoire de la guerre de Vendée (1793-1815) [Joseph Clemanceau),
publiée par les soins de Vabbé F. Uzureau 121
Les États-Majors de Napoléon. Le Lieutenant-général comte
Belliafd, chef d'état-major de Murât [le général Derrécagaix) . . 121
Mémoires du général Griois (1792-1822), publiés par son petit-
neveu, avec Introduction et notes par Arthur Chuquet. Tome I®"" 123
Souvenirs d'un officier fribourgeois (1798-1848) [H. de Schaller). 123
Soldats de Napoléon. Journal de route du capitaine Robinaux,
1803-1832, publié pai Gustave Schlumberger 124
Soldats de Napoléon. Lettres du commandant Coudreux à son
frère, 1804-1815, publiées par Gustave Schlumberger 124
Un Voyage d'études militaires du duc d'Orléans, 1809-1908. Avec
une lettre de Mgr le duc d'Orléans [le général Donop) 124
Le Maréchal Canrobert. Souvenirs d'un siècle [Germain Bapst).
T. IV 126
Trois Héros. Bataille de Beaumont-en-Argonne et passage de
vive force du pont de Mouzon, les 30 et 31 août 18-70. M'^e BaHa-
voine. Maréchal-des-logis Collignon. Colonel Démange (/e géné-
ral Fr. Canon ge) " 126
La Défense nationale dans le Nord, en 1870-1871 [le comman-
dant Camille Lévi). T. II . 127
Le 17*^ Corps à Loigny, d'après des documents inédits et les récits
des combattants [le commandant H. de Sonis) 127
La Guerre en province (1870-1871). Campagnes de la Loir^ et du
Mans [Ernest Gai/) 127
Sur l'autel de la patrie. Nos drapeaux pendant l'Année terrible
(1870-1871) (le commandant A. Richard) 238
Historique des troupes coloniales. Campagne du Mexique [le
capitaine Vallier) 233
Au Maroc avec le général d'Amade [Reginald Rankin); trad.
de l'anglais ....... 235
Le Combat des Rfakha, près Casablanca, 29 février 1908. Extraits
d'un carnet de route [le capitaine Paul Azan).'. 235
Impressions de campagne et de manœuvres, 1907-1908. Cam-
pagne de Casablanca; manœuvres impériales; manœuvre.> du
Centre [Reginald Kann) 236
Exploits liéroïques de nos soldats au Maroc [H. Cordonnier) . ... 511
llistoîB'e matriCiiHe et coloniale. La France au dehors (7u/e^
Delajosse) 128
La plus grande Franc'^. Bilan de la France coloniale [Henri Vast). 129
Une Algérie nouvelle. Quelques principes de colonisation pratique
sur le propos du Maroc oriental et de Port-Say [Jean Hess). . . . 130
Une Compagnie française dans l'empire du Maroc au xviî^ siècle
[E. Rouard de Gard) 131
L'Éveil d'un monde. L'Œuvre de la France en Afrique occidentale
[Lucien Hubert) _ 131
L'Afiique occidentale française. Les Grandes Voies commerciales,
les produits d'exportation [Pierre Duchcsne-Fournct) 132
Journal d'un spahi au Soudan (1897-1899) [le lieutenant Gaston
Lautour), publié par Jacques Hérissay ^-:l 1^-
— 566 —
Le Congo français. La Questiuii internationale du Congo [Félicien
Challaye) 133
Les Escales françaises sur la route de l'Inde, 1638-1731 [Paul
Kaeppelin) 134
La France dans l'Océan Indien. L'Afrique orientale française
[Eugène Gallois)- • 134
L'Ile de France contemporaine [Hervé de Rauville) 135
La France à Madagascar, histoire politique et religieuse d'une
colonisation [Pierre Suau) 135
France et Angleterre. Cent années de rivalité coloniale [Jean
Darcy). L'Affaire de Madagascar 136
Histoire inonastiqur. Histoire de l'abbaye royale et de l'ordre
des chanoines réguliers de Saint-Victor de Paris. Deuxième
])év'\oûe [\bQ0-\19\) [Fourier Bonnard). 1. \\ 258
HÎAtoire provinciale et locale. Paiis sous les premiers
Capétiens, étude de topographie historique [Louis Halphen). 535
Paris sous Napoléon. Assistance et bienfaisance. Approvision-
nement [L. de Lanzac de Laborie) 331
Paris souterrain [Emile Gérards) 493
Histoire de la paroisse Saint-Ambroise de Popincourt [A. Mar-
cel et /. Garin) . . . . 536
Dictionnaire de topographie du département du Pas-de-Calais,
comprenant les noms de lieu anciens et modernes [le comte
de Loisne) , 449
Prêtres victimes de 'a Révolution dans le diocèse de Cambrai
(1792-1799) [Vablé J. Dehaul) 353
Saint Gildas de Ruis et Ja société bretonne au \i^ siècle (493-570)
, {J. Fonssagrives) 449
Mon Vieux Besançon, histoire pittoresque et intime d'une ville
( Gaston Coindre) 489
Le Vieux Salins, promenades et causeries [Gaston Coindre) 491
Étude sur les relations de la commune de Lyon avec Charles VII
et Louis XI (1417-1483) [Louis Caillet) 150
Un nouveau Chapitre de l'histoire de la Révolution en Dauphiné.
Le Fédéralisme dans l'Isère et François de Nantes, juin-juillet
1793 (.4. PrudJwmme) 450
Documents sur l'histoire de la Révolution en Savoie. Procès-
verbaux de l'assemblée des Allobroges. Procès-verbaux de la
Commission provisoire d'administration des Allobroges [Fran-
çois Termale et S.-C. Blanchoz). T. I 368
Notes historiques. Châtillon-sur-Loing (Loiret), sa seigneurie et
ses anciennes institutions religieuses [Eugène Tonnellier) . . . . 150
Dictionnaire topographique du département de la Haute- Loire,
comprenant les noms de lieu anciens et modernes [Augustin
Chassaing), con>p]été et publié par Antoine Jacotin 62
La Révolutioji à Saint-Menoux [Ernest Delaigue) 151
Diaire de Joseph Guillaudeau, sieur de Beaupréau (1584-1645).
Véritables faits et gestes du seigneur Benjamin Prioleau 259
Guerres de religion dans le sud-ouest de la France et principale-
ment dans le Quercy, d'après les papiers des seigneurs de Saint-
Sulpice, de 1561 à 1590. Documents transcrits, classés et anno-
tés par Edmond Cabié 152
L'Empire du Soleil. Scènes et portraits félibréens [Armand
Praviel) 63
L'Evolution d'un village frontière de Provence. Saint-Jeannet
(Alpes-Maritimes) [J.-E. Malaussène) 262
Questions <lii jour. Politique franco-allemande [Lucine Coquet). 65
L'Action française et l'Idée chrétienne, étude critique(^. Lugan). 263
Traditionnalisme et démocratie [D. Parodi) 354
— 567 —
La Conjuration juive contre le monde chrétien [Copin- Albancelli). 64
Histoire étrangère. Geschichte des deutschen Volkes und seiner
Kultur im Mittelalter (Heinrich Gerdes). IIP'"Band. Geschichte
der Hohenstaufen und ihrer Zeit 154
Sous les aigles autrichiennes. Souvenirs du chevalier de Grueher,
publiés par son neveu le baron von St... ; trad. de l'allemand avec
une préface et des notes par le capitaine de M aleyssie- M elun. . . . 125
Les Tournaisiens et le Roi de Bourges (Maurice Houtart) 451
La Hongrie rurale, sociale et politique [le comte Joseph de Mai-
lath) 67
Le Campagn^ di guerra in Piemonte (1703-1708) e l'Assedi j di
Torino ( 1706). T IV et VIII 240
Joachim Murât, roi de Naples. La Dernière Année de règne (mai
1814-mai 1815) {le commandant M. -H. Weil):T. I. Les Prélimi-
naires du Congrès de Vienne (mai-novembre 1814). T. II. Le
Congrès de Vienne (l*''" novembre 1814-27 février 1815). Les
Ménagements de TAutriche. Les Négociations secrètes. Le
Revirement de la politique autrichienne 329
Les Roumains {James Caterly). Tome I*^"" 155
La Guerre nationale de 1812; trad. du russe par le capitaine
Cazalas). T. V 125
Comptes rendus publiés par le Rouskii Invalid de conférences
sur la guerre russo-japonaise faites à l'Académie Nicolas.
8e fasc. Bataille de Moukden 234
L'Escadre Rodjestvensky. Sur le chemin du sacrifice, carnet de
notes du capitaine de frégate W. Sémenojf, piésenté par le
commandant de BaJ incourt {octobre 1904-mai 1905). L'Expia-
tion. 2e partie 157
Histoire de la colon) >> française de Moscou depuis les origines
, jusqu'à 1812 {F. Tastevin) 156
Evénements d'Orient {le général Mahmoud Mouktar Pacha). . . . 236
Les Événements d'Orient et le Congrès de Berlin de 1878 {le
comte Adolphe du Chastel) 177
La Rénovation de l'empire ottoman (Paul Imbert) 159
Études sur les mœurs leligieuses et sociales de l'Extrême-Orient
(Alfred C. Lyall); trad. de l'anglais. T. II. l^e et 2^ parties 160
En face du Soleil levant (Ayesties) 355
La Colombie britannique. Étude sur la colonisation au Canada
{Albert Métin) 137
Causeries franco-canadiennes. Premier Entretien (Arthur Sa-
çaète).. • • • • 369
La Intervenciôn îrancesa en Mexico segun el archivo del mariscal
Bazaine. Textos espafiol y francés. Partes sexta y septima
(Documentes ineditos pubîicados por Genaro Garcia) 233
El Sitio de Puebla en 1863, segun los archives del gênerai D. Igna-
cio Comonfort y de D. Juan A. de la Fuente (Documentos ine-
ditos pubîicados por Genaro Garcia) 233
Biograipliie irançai»>e. Un Cadet de Gascogne au xvie siècle.
Biaise de Montluc (Paul CourteauU) 356
Un Aventurier gascon. Le Vrai Baron de Batz. Rectifications
historique^- d'après dos documents inédits (Ch. de Batz-Trcn-
qu Iléon) 1^1
Un Missionnaire de 9o. Mare-Antoine Baudot (A. Trimoulier). . . 162
La Mort de Pichegtu. Biville. Paris. Le Temple, 1804 (Frédéric
Barbeii) 163
Jean De Bry (1760-1835). Le Congrès de Rastait. Une Préfec-
ture s )us le PrcTiier Empire (Léonce Pingaud) . 70
Le Comte Joseph de Maisire et sa famijle. Etudes et porti'aits
politiques et littéraires (M. de Lescure)] 165
— 568 —
Le Roman do Lamartine iLéon Séché) 165
Le Comte W. de Mérode ( IS16-1905) (Al. Estignard) 166
Duchesse de Dino, puis duchesse de TaUeyrand et de Sr^an. Chro-
rique de 1831 à 1862 publiée avec des annotations et un Index
biographique, par In princesse Badziwill, née Castellane. T. L
1831-1835. T. IL 1836-1840 356
Figures de femmes. Mari^ Jenna intime (M^ie Marie Prsnel
[Mi/riam]) 264
A'bert Hetsch, médecin. Allemand et protestant, devenu Fran-
çais, catholique et prêtre (X ) 322
Quelques figures de femmes aimantes ou malheureuses {Teodor
de Wyzewa) 265
L'S Demoiselles de Saint-Cyr (1866-1793) (Fleury Vindry) 266
En marge du «■ Temps « [Henri Roujon) 358
Biogra|kliie étrangère. Les Grands Hommes de TÉglise au
xixe siècle.. Windthorst [J. Ltspinasse- Fonsegrive) 359
Souvenirs, 1825-1907 [la princesse de Sayn-Wittgcnstein) 168
Une Anglaise convertie (/e P. //. c?".4/'/-fls) 274
Constance Teichmann [M.-E. Btlpairc) 323
La Condésa de Buréta, Dofia Maria Consr laoiôn de Azior y Villa-
vicencio y el Régente Don Pedro Maria Rie y Monserrat. Epi-
sodios y documentDS de los sitios de Zaragoza [Mariano de
Pano y Ruata) 267
Paléograpliie. Rouleau mortuaire du B. Vital, abbé de Savigni,
contenant 207 titres écrits en .1122-1123 dans diffé"entes église^'
de F.ance et d'Angleterre. Édition phototypique avec Intro-
duction [Léopold Delisle) '. 452
]flélan^e«i. Économie de Thistoire. Théorie de l'évolution {G. de
Molinari) 169
Derniers Mélanges. Pages d'histoire contemporaine (1873-1877)
(Louis Veuillot). Préface et notes par François Veiiillot. T. II
(Années 1874-1875) et t. III (1876-15 a\ril 1877) 348
Les Disciplines de la France (Paul Adam] 153
Bibliographie. Bibliothèques. Ex-libris. Almanaclis illus-
trés du xviii^ siècle (le vicomte de Savigny de Moncorps) 454
Bibliographie du temps de Napoléon, coiitenant l'histoire des
États-Unis (Fré(Zé?-jc M. Kirchtisen).T. 1 332
Les Bonaparte littérateurs. Essai bibliographique ( Gustave
Danois) 333
International Catalogue ol Scientific Literature. Sixth annual
issue. L. Gen'-ral Biolcgy 314
International Catalogue of Scientific Literature. Sixth annual
issue. R. Bacteriology 314
International Catalogue of Scientific Literaaire. Sixth annual
issu-^. C. Physics 411
International Catalogue of Scientific Literature. Seventh annual
issue. J. Geography 215
Library of Congress. List of works rela+ing to government régu-
lation of Insurance, compiled under the direction of Apple-
ton Prentiss Clark Griffin 27
Library of Congiess. Select list of leferences on wovkingmen's
insurance. comp^'^d under the direction of Applcton Prentiss
Clark Griffin . .... 27
Bibliografia générale di Roma (Emilio Calvi). I. Bibliografia ai
Roma nel medio evo (476-1499). Supplemento I, con Appen-
dice sulle catacombe e sulle chiese di Roma 73
Bibliothèques. Essai sur le développement des bibliothèques
— 569 —
publiques et de la librairie dans les deux mondes .(Fusène
Morel] : 268
Les Ex-libris de médecins et de pharmacien'^, ouvrage complété
par des • listes internationales des ex-libris et devises des
membres de ces corporations, suivi d'une étude sur les
marques personnelles macabres {Henry -André) 74
TABLE ALPHABÉTIQUE
DES NOMS D'AUTEURS
Abram (Paul) 174
Adam (Paul) 153
Ages (Lucie des).. . . 420,422,424
Agrain (Henry d'). 302
AiGUEPERSE (Mathilde) 419
Alber (le prestidjgitateui ) . . . 311
Albers (le R. P.) 56
Alexandre (l'empereur) 122
Allemagne (Jean d') 224
ALLiER(Pierre) 320
Amundsen (lecapitaine Roald) 230
André (Ch.) 142
André (Gustave) 531
Andbé (Louis) 27
Anglade (Joseph) 318
Ardel (Henri) 11
Arjttzon (la comtesse C. d').. 524
Arosa (Paul).: 5
Arras (leP. H. d') 274
Arvor (Raphaël).. 115
Aubert (Félix) 387
AuBERT (Paul-Louis). 208
Aulard (F. -A.) 534
Aurevilly (J. Barbey. d'). 52, 457
Auvray (Michel) 420, 421
AvESNEs : 355
AzAN (le capitaine Paul) 235
Bacot (Jacques) 225
Baeumker (Clemens) 336
Bages (José Torras y) 109
Bainvel (J.-V.) 45
Balincourt (le commandant
de) 157
Bapst (Germain) 126
Barbet de Vaux (Jean).... 424
Barbey (Frédéric) 163
Barbey d'Aurevilly (J.). 52, 457
BARBiBR(Paul) . 63,78
Bardoux ( j.) 36
Barenton (le P. HiLAiRE de). 369
Barrés (Maurice) 18
Bary (A. de). . ' 118
Batault (Georges). .. 119
Batz-Trenquelléon (Ch. de). 161
Baudin (Pierre) 238, 309
Baupréau (Joseph Guillau-
DEAu, sieur de) 259
Bazaine-Hayter (le général). 238
Bazin (René) . . . 303, 498
BÉDiER (Joseph) .. ., 314
BÉLiARD (Octave). .' 302
Belpaire (M.-E.) 323
BÉNÉziT (E.) 496
Bentzon (Th.i 503
BÉRANGER (P.-J. DE) 211
BÈRE (Jean de) 118
Berloin (A.) 49
Bernadotte 122
Berthélemy (H.). ........ . 26
Berthem-Bontoux 421
Besson (André). . 366
Bezançon (Henriette) 14
Blanchin (P.) 410
Blanchon (H.-L.-A.) . 142
BLANCHON(Piei'ie) 145
Blanchoz(S.-C.) 368
Blaringhem (L.) 48, 245
Blas y Ubide (Juan) 77
Bloch (Camille) 69
Boislisle (Jean de) 51
BoLo (Mgr Henri) 104
Bonhomme (Paul) 13
BoNNARD (Fournier) 258
Bonne (Jo-'eph de) 29
Bonnet (Alfred) 21
BooT 492
Bordeaux (Henrv) 502
BoREL (Emile).. .'. 414
Borodine (Mvrrha) 317
Bouasse (H.)! 243
BoucHOR (Maurice) ........ 207
— 570
BouGLÉ (C/. 238
BouLAY (leP. D.) P.20
Bouquet (le D-- H..) 312
BOURCART (J.-J.) 41
BouRDEAu (le capitaine H.l. . 120
Bourgeois (É.) 238
Bourgeois (Emile) 447
Bourget (Paul) 502
Bourguet (le capitaine) 238
BouRLON (I.) 366
BouTROux (E.) 238
BouYSSY (J. Savinien) 21
BovÉ (Salvator) 530
Boyer (Jacques) 413
Bradley (Henry) 248
Brémo.nd (Henri) 174
Bresson (Louis) 492
Bricon (Etienne) 296
Brousse (J.-R. de) 111
Bru d'Esquille (J.) 208
Bureau (P.) 26
Buteau (Henry) 10
Buxy (B. de)."; 419
Cabanes (le D^) 308
Cabié (Edmond) 152
Carrières (Mgr de) 341
Caillet (Louis) 150
Calvet (J.) 111
Calvi (Emilio) 73
Canonge (le général Fr. | 126
Card (E. Rouard de)... 131, 388
Caron (l'abbé Max) 102
Caterly (James) 155
Cauzons (Th. de) 57
Cavène (Léon) 139
Cayasse (V.). 397
Cazalas (le capitaine) 125
Cellier (D.-Ch.) 175
Chabot (l'abbé). 99
Chabrier-Rieder (M"ie char-
lotte) 524
Challaye (Félicien) 37, 133
Champfleury.'. 341
Chancel (Jules) 501
Charlieu (H. de) 524
Chassaing (Augustin) 62
Chastel (le comte Alphonse
du) 177
Chastin (J.) 23
Chatir Bey 209
Chaumont (le chanoine L.'). . . 321
Chemilly 510
Che.min-Dupontès (P.) 229
Chenevière (Jacques) 207
Chéron de la Bruyère. . . 422, 524
Chevalet (Liton)..- 209
Chevalier (Ulysse) 529
Chevreau (Léon) 365
Chevreau (R.) 41
Chilly (le lieutenant Lucien
DE).'. 120
Chudeau (R.) 223
Chuquet (Arthur) 123
Chwolson (O. D.) 410
Clarke (le R. P. Richard) 108
Clemenceau (Joseph) 121
Clerget (Fernand) 55
Clouzot (Henri) 251
Cognets (Jean des). 173
CoiNDRE (Gaston) 489, 491
Colligny (le lieutenant-colo-
nel Thomas de) 240
Copin-Albancelli 64
Coquet (Lucien) 65
Cordonnier (H.) 424, 511
Cosserat (E.). . 410,413
Cosserat (F.) 410, 413
CoTTiN (le comte Paul).. . 32, 271
CouBÉ (Stéphen) 297
CouDREux (le commandant). 124
CouLET (Jules) 316, 317
Coulomb (Jeanne de) 418
CouNsoN (Albert)- 319
Courteault (Paul) 356
Couytigne (Nelson) 210
Coz (Edmond) 421
Cramaussel (Edmond) 406
Croiset 238
Crouzet (Paul) 271
Croziére (Alphonse) • 521
Damerval (leR. P.) 172
Daniels (le P. Augustin) 338
Dante Alighieri 435
Darcy (Jean).. 136
Dauchot (Gabii^l) 6
Daudet (Ernest) 299, 503
Daux (Camille) 497
Dauzat(A.) 248, 504
Davaugour (Simon) 426
Davaux (E.) 410
David (Alexandra) 407, 408
Davignon (Henri) 8
Davois (Gustave) 333
Debout (Mgr Henri) 212
Debrol (Marc) 418
DEHAUT(]'abbéJ.) 353
Deherme (Georges) 32
Dekking 492
Delafosse (Jules) 128
Delaigue (Ernest) 151
Delbet (P.) 243
Deledda (Grazia) 293
Delisle (Léopold) 452
Delmas (Armand) 16
Deloche (René). ■. 272
Demeny(G.) - 238
Denis (Dom Paul)..'. 77
Denise (Louic) 440
— 571 -
Dennefeld (D"" Ludwig) 193
DÉRoui.ÈDE (Paul) 533
DFnnKCAGAix (Je générai). . . . 121
Desserteaux (F.) 385
Dessiaux (l'abbé E.) 537
Desurmont (P. A.) 75
Devas (Charles Stanton) .... 430
DiCRAN Aslanian 4^3
DiEHL (Charles) 158
DiÈs (Auguste) 404
DiMNET (Ernest) 352
DiNo (la duchesse de) 356
DoHNA (le burgrave Hannibal
zu) 327
DoMBRE (Roger) 419
DoNop (le général) 124
DoR (Prcsper) "10
DouARE(Georges) 327
DouMic (René) 439
DoYLE (Conan) 7
Drault (Jean) 422,424
Drive (A.) 103
Drzewiecki(S.) 42,43
Dubourguier(A.) 387
Duchesne-Fournet (Pierre). 132
Ducousso (l'abbé) 427
Dugard(M.) 52
DuGAs (L.).. 403
Duhem (Pierre) 415
DURKHEIM (E.). 243
Ecker (J.) 196
Emerson 52
ÉoN (Francis) 209
Erastoff(G.) 13
Érin de Saint-Yrieix 427
Escalle (le lieutenant) 234
Esparbès (Georges d') 324
Espinasset (H.) 400
Esquille (J. Bru d') 208
ESTIGNARD (Al.) 166
Evic (Henry) 7
Evrard (Laurent) 9
Fagnot(E.) 26
Faguet (Emile). '. 521
Fallex(M.) 218
Fargeau (J.) 502
Farges (Mgr Albert) 401
Faure (Gabriel) 290
Ferber (F.) 39
Fèvre (Joseph) 219
Figuier (Louis) 494
FiLLioN (L.-Cl.).: 199
FiRMERY (J.').' 342
Fleischmann (Hector) 324
Floran (Mary) 291
FoGAZZARO (Antonio) 303
FoLGHERA (leP. J.-D.).. . 99,430
Fondet (Camille) 408
FoNSEGRivE (Geoige) 399
FONSSAGRIVES (J.) 449
FoNTANALS (Manuel MiLÂ y). 255
Forge (le capitaine Sazerac
de) 40
Fraissaingea (Louis) 246
Franon (Eugène)) 153
Fressinger (le D''Ch.) 46
Friedrichs (Otto) 367
Fromentin (Eugène) 145
Gâchons (Jacques des) 507
Gaëll (René) 421
Gailly DE Taurines (Ch.)... . 350
Galland (Paul) 112
Gallier (Alfred) 141
Gallois (Eugène) 134
Gallotti (Jean) 291
Ganche (Edouard) 289
Garcia (Genara) 233
Gardeil (le P. A.) 44
Garin (J.) 536
Garriguet (L.) 24
Gaston (l'abbé Jean) 368
G A U B e R T-S A I N T-M A R T l A L
(Raoul) ; 113
Gaucher (le commandant). . . 237
Gaussens (E.-N.) 206
Gautier (E.-F.) 223
Gautier (L.) 412
Gay (Ernest) 127
Geoffroy ( J.) 523
Geoffroy de Grandmai-
SON ^ 149,257
Gérards (Emile) 493
Gerdes (Heinrich) 154
Ghil (René) 250
GiARD (A.) 243
GiBERGUEs (l'abbé de). . . 106. 107
Gide (Charles) 20, 26
Gidel (G.) 36
Giffey(R.) 523
GiNi (Corrado) 22
GiRAN (Etienne) 201
GiRODON (P.) 107
Godard (André) 8
GoLscHMANN (Léon) 506
Gossart(É.) 411
Grandmaison (Geoffroy de)
149, 257
Grappe (Georges) 146
Grech (Jehan) 425, 426
Gréville (Henry) 16
Griffin (Appleton Prentiss
Clark) 27
Griois dégénérai) 123
Grunwald (D^Georg) 337
Grueber (le chevalier de). .. . 125
Guérard (G.) 410
Guerlin (Henri) 500
Guibert (J.) 105
572
GuiCHEN (le vicomte de) 60
GuiLLAunEAu (Joseph, sipuv
DE Beaupréau) 259
Guillaume (Ch. -Ed.) 414
Hallays (André) 350
Halphen (Louis) 535
Hamer (S. H.l 521
Handelsman (Marcel) 325
Hanotaux (Gabriel). 444
Haug (Emile) 432
Hauser (Henri) 219, 533
Hautpoul (Mgr G. Laper-
RINE d') 104
Hedde (leR. P.')..' 56
Hefele (Charles-Joseph) 442
Heixecke (H.) 292
Henry (Françoise) 456
Henry (Victor) 242
Henry-André 74
HÉRELLE (G.) 293
HÉRissAY (Jacque.«) 132
Hervé de Rauville 135
Hess (Jean) 130
Heuzey (Jules-Philippe) 9
Hîlaire DE Barenton (le P. ). 369
Hohler (E.) 513
HouTART (Maurice) 451
HuART (Albin) 24
Hubert (Lucien) 131
HucHARD (Robert) 113,210
Imbert (Paul) 159
I SAMBERT (G. ) 36^
IsNÉ 'Y. d") 102
IvoY(PaulD') 499
Jacomet (le lieutenant Ro-
bert) •. 236
Jacotin (Antoine)- : 62
Jacquin (J.) 520
Jaloux (Edmond) 12
Jankélévitch (S.) 402
Janvier (E.) 98
JÉRÔME 533
Job (A.) 243, 521
JoLicLERC (Eugène) 292
JoûON (P.) 198
JoussAiN (André) 402
Kaeppelin (Paul) 134
Kann (Ré<?inald) 236
Karmor (lann) 13
Keeling (Eisa d'Esterre). . . 292
Kennedy (James B.) 25
Keufer (A.) 26
KiNzo-GoRAï. . . 36
Kipling (Ruydard) 17
KiRCHEisEN (Frédéric M.). . . . 332
Kœnig (Mlle Marie). 5^2
KOLLMANN (M. ) 76
Kovalewski (Maxime) 28
• KREss(Wilhelni) 41
Krougloff 506
KCHN(Emil) 365
Kunc (Aymé) 251
Laborie (L. de Lanzac de). . 331
Labourt (J.) 196
La Bruyère (M™e Chéron
DE) 442. 524
Lachaud (le D^) 239
Lacombe (Paul) 212
Lacoste (Geoiges de). . . 391,392
Lacour (Paul) 11
Lacouture (Ch.) 103
La FoREST (1° comte de) 257
Lagavre (Léon) 394
La Gorce (Pierre de) 446
La Grèze (Jean de) 213
La Landelle (G. de) 38
Lamennais (F. de) 76
Lampf.rif.re (Mme Anna) 393
Lanessan (J.-L. de) 144
Langlade (Emile). 318
Langlois (le général) 236
Lanzac de Laborie (I;. de). . 331
Lanson (G.) 238
Lapaire (Hugues) 512
Laperrine d"Hautpoul (Mgr
G.) . 104
Lappe (Dr Jo..eph) 337
Las Cases (Ph, DE) 24
Latouche (M™e Augusta) .... 508
Laurent (le P. Ch.) 107
Laures (Henry) 47
Lautour (le lieuti Rt Gas^^or.i. 132
Lavoi lée (René), «... 33
Lavrand (leD^H.) 312
LeBrethon (Paul) 328
Lechartier (G.) 307
Leclercq (Dom H.) 442
Lecocq (André). 176
Le Cordier(G.) 523
Le Cornu 492
LeDantec(F.) 243
Leday ( j.) 537
Le Febvre (Yves) 419
Le Goffic (Charles) 17, 293
Lemaitre (Henri) 251
LÉON (Albert) 405
Leroy (A.-L.) 217
Leroy-Beaulieu (Paul) 244
Le Roy-Villars (Ch.) 426
Lesage (Léon) 397
Lesbruyères (Charles) 421
Lescure (Jean) 23
Lescure (M. de) 165
Lespinasse-Fonsegrive (J.). 359
Leturque (Henri) 499
Levainville (le capitaine Jac-
ques) 220
573
LÉvi (b commandant Camille) 127
Lévy-Bruhl (L.) 243
Levray (Marguerite) ■. 423
LiBERTAT (Thérèse-Pierre de). 117
Lièvre (Pier.'e) 290
LiNTELo (le P. Jules) , . . . 428
LiNTiLHAC (Eugène) 436
Liron(E.) 531
Lo Forte Rendi 34
LoisNE (le comte de) 449
LOUDEMER 504
Louis- Jaray (G.) 36
Lovio (Ferdinand) 210
Luchaire (Achille) 345
LuGius (Cléâ) 6
LuDwiG (Gustave) 484
LuGANfA.) ; 263
Luquet(G.-H.) 399
LYALL(AlfiedC.) 160
Lys (Georges de) 507
Maël (Pierre) 506. 524
Mag(V.) 421
Magny (P. Ravier du). . 398
Magoîx (Léon) 522
Maguier (Edmond).. . .• 116
Mahmoud Mouktar' Paciia
(le général) •. 236
Mailâth (le comte Joseph) ... 67
Mairey (A.) 218
Maison (Emile) 528
Maître (Henri) 226
Malaussène (J.-E.) 262
Maleyssie-Melun (le capita-
taine de) 125
Malherbe (Marcel de) 211
Mallet (François) 38
Manville (O.) 409
Marcel (A.) 536
Maréchal (Christian) 76
Maréchal (Constantin) 396
Marge (Pierre) 222
Margueritte (Paul ) 18
Maricourt (le baron A. de) . . 299
Marie (le D^ A.). 313
Marini (M:)ns. Niccolo) "138
Mariox (Marcel; . 346
Marshall (Alfred) 21
Martial (le D^R.) 313
Martin Saint-Léon (Etienne). 29
Martrin-Donos (l'abbé de). 103.42''
Marvand (A.). . 36
Maryan (M.).. 417, 418
Maryllis (Paul) 365
Mater (André) 35
Maugé (Francis) 400
Maumus (le p.) 241
Maurelly (Paul de) 510
Mayr (Wieland) 393
Mazure (le R. p. 1 103
MÉLiNE (Pierre) 31
Méliot(A.). . 435
Mellion (Adrien) 492
Menéndez y Pelayo (Mar-
cejino) .* .- 255
Mérys (Jacques- André) 145
Messimy (A.) 239
Mestral-Combremont (J. de) 294
Métin (Albert) 137
MÉTIVET (Jean) 512
Meunier (fe D^ Raymond). . . 313
Meunier (Stanislas) 504
Mevendorff (le bai'on et la
baronne Con 'ad de ) 227
Meyer (Paul) ,251
MÉziÈRES (A.) 147
MiccioLO (Alfr-d) 42
Michel (Henri) 396
Michelet (Georges) 243
Mignot (Mgr) 141
MiLÂ Y Fontanals (Manuel). 255
Millot (l'ablDé J.) 102, 106
Minges (D'' Parthenius) 338
MoLiNARi (G. de) 169
MoLMENTi (Pompeo) 484
MoNCORPS (le vicomte de Sa-
vigny de) 454
MoNÉRY(]eDr) 239
MONNIER (H!) 76
Monod (G.) 243
MÔNY (Adolphe) 211
MoNTPENsiER (le duc de) 491
Morand (Alphonse^ 114
MoRANE (Henrv) 294
Morel (Eugène) 268
MoREL DE Saint-Didier (A.). 457
Moret(A.) 344
MoRicE (Charles)... 527
MORTILLET (A. de) 76
MoTTA DE San MiGUEL (da). . 36
Moureau (leP. F.) 100
MouREY (Gabriel) 340
MuLÉ (Antonin) 300
MuNcuNiLL (Jeanne) 43
MuRAT (S. A. le prince). ....... 328
MuRRAY (James A. M.^ 248
MuRRET(Ie D^ Louis) 429
Myriam (Mlle Marie Pesnel). 264
Nansouty (Max de) 494,527
NASsdeDO 309
Navarre (Marcel) 176
NERiNCx(Alf.) 388
Neumann (B.).. 412
Newman (le cardinal) 320
NicoLAï (Fernande. ..... 338, 432
Nicole 174
NicouLLAUD (Charles) 304
NiEssEL (le commandant^. . . . 233
NOALHAT (H.) 49
574
NocÉ.(F. de) 420,422,423
Noël (Alexis)..: . 290
Noël (Jules) 37
Noir (Jacques) 208
NuNEz(F.) 521
O'Galop 520
Oger (l'abbé Joseph) 425
Ollion (H.) 405
Ollivier (Emile) 443
Ollone (Charles d') 14
Olphe-Galliard (G.) 25
O'Neves 513
O'NoLL (Florence) 292
Orléans (le duc Philippe d"). 256
Painlevé (P. ) iû43
Palazzi (Eugène) 427
Pancrace 427
Pano y Ruata (Maiiano de). 267
Pardo (le P. José) 75
Pareto (Vilfredo) 21
Parmentier (A.) 527
Parodi (D.) 354
Pauthe (l'abbé L. ) 251
Pays (Marcel) 117
PÉLADAN 335
Pelayo (Marcelino Menén-
DE?; y) 255
Pellissier (Georges) 51
Percin (le général) 240
Perera (H. L. de) 484
Perlette 521
Perrault (Pierre) 420, 525
Perreau (C.) 26
Perroy (P. -Louis) 105
Pesnel (Mlle Marie [Myriam]. 264
Petit (Maxime) 492
Pezet (L.) 273
Philipon (Edouard) 221
Philippe (Georges) 210
Piat (Clodius) 404
Picard (Charles) 55
Picard (Emile) 243
Picot (E.) 410
PiCQUENARD (Cil.) 26
Pie X (S. S.) 364
Piepenbring(C.) 200
Pierret (Emile) 34
PiNCHAUD 492
Pinchon (J.) 523
Pineau (L.) 238
PiNGAUD (Léonce). ... 70
Plessis (le comte J. du) 148
Posselt (D^Wenzel) 197
Post(J. )..... 412
PoTEZ (le capitaine) 238
Poux (l'abbé Lucien) 108
Praviel (Armand) 63, 111
Prudhomme (A.) 450
PuisEux(P.) 142
Quentin-Bauchart (P.) 36
Rabaté(J.-M.') 397
Rabier (Benjamin) 519, 520
Rabot (Charles) 230, 486
Radziwill, née Castellane
(la princesse) 356
Rankin (Reginald). 235
Rauh(F.). 238
Rauville (Hervé de) 135
Ravier du Magny (P.) 398
Reclus (Élie) 173
Reclus (Onésime) 217
Redgar (Marie) 13
Reginald (J.) 427
RÉNO 207
Restituto del Valle Ruiz
(elR. P.) 175
Revon (M.) 36
Reymond (J.) 108
RiBOT(Th.) 243
Richard (le commandant A.). 238
Richaud(G.) 391
Riner (Han) 401
RoBiDA (A.) 519, 525
Robinaux (le capitaine) 124
RocHARD (Emile) *. . . 210
Rochenor (Marthe) 523
Rœderer (le comte P.-L.) 328
Rolland (Romain) 213
Rollin (le lieutenant-colonel). 239
RosNiL (J.) 520
RouARD DE Card (E.). . . 131,388
RoujoN (Henri) 358
Rountree (Harry) 521
Roussel (Ad. ) 457
Ruata (Mariano de Pano y). 267
RuFFiN (Alfred.) 115
Saint-Aulaire (le comte A.
de) 301
Saint-Didier (A. Morel de). 457
Saint-Yrieix (Érin de) 427
Salgari (Emilio) 502
Salorges (la comtesse de) .... 116
San-Martin ( Bernard 0- m ora-
les) 366
San Miguel (da Motta) 36
Santeul (Claude) 529
Sauvaire-Jourdan 21
Savaète (Arthur) 369
Savigny de Moncorps (le
vicomte de) 454
Savine (Albert) . 17
Sayn-Wittgenstein (la prin-
cesse de) 168
Sayous(A.-E.) 26
— 575
Sazerac de Forge (le capi-
taine) , 40
ScH^CK (Ivan de) 492
SCHALLER (H. de) 123
Schiller (F. C. S.) 402
ScHLUMBERGER (Gustave). .. . 124
Schmittheivner (Adolphe) .. . 292
ScHNiTZLER (Blanche) 211
Schuhmacher (Hermann). . . . 23
SÉBiLLOT (Paul-Yves) 424
SÉCHÉ (Léon) 109, 165, 253
Sechehaye (Ch. -Albert) 532
Segrestaa (Jean); . . 112
Séguier (le comte Ulysse de). 114
Sémenoff (le capitaine de fré-
gate W.) 157
Serol (Mauiice) 334
Serre (Joseph) 270
Shackleton (E. H.) ■. . . 486
SiMO.N (le capitaine Paul) 237
SoNis (le commandant H. de). 127
Sorbets (Gaston) 212
Soreau (Rodolphe) 40
SouRiAu (Maurice) 173
SouRiAu (Paul) 140
Spalikowski (Ed.) 221
Stéphane (Marc) 273
Sthel ( Yvon) 209
SuAU (Pierre) 135, 323
Suchier (Hermann) 319
SwiNBURNE (Algermon Chai-
les) 340
Talleyrand et de Sagan (du-
chesse de) 356
Tanet (Jean) 12
Tannery (J.) 243
Tany (Paul) 15
Tardieu (A.) 36
Tarsot (L.) 505
Tastevin (Fi) 156
Taurines (Ch. Gailly de). . . 350
Tharaud (Jean) 533
Thélem (My-iam) 304
Theulot (Alfred) 519
Thomas (F.) 242
Thompson (G.-H.). 520
Thurneysen (Rudolf) 246
Tillmann (Dr Fritz) 203
Tinseau (Léon de) 301
Tisserant (Eugène) 205
Tonnelier (Eugène) 150
ToRNUDD(Sigurd) 36
Torras Y Bages (José) 109
Touchet (Mgr) 98
• TouDouzE (Georges-Gu.-tave)
511, 519
TOUNY-LÉRYS 118
Tourelles (Jean des) 420
Traynel (O. de) 509
Tréguier (le capitaine) ...... 240
Trimoulier (A.) 162
Trotignon (Lucien) 291
Troubat (Jules) 341
Tuetey (Alexandre) 368
TuRGAN 39
Tyndale (\yalt?r) 487
Ubide (JuanBLASY) 77
UzuREAu (l'abhé F.) 121
Valdour (Jacques) 33
Valère (l'abbé Em'^) 101
Vallavieille (F. de) 75
Valle Ruiz (el R. P. Resti-
tuée) 175
Vallier (le capitaine) 233
Valvérande 521
Van Bever (Ad.) no
Vandervelde 26
Van Keymeulen 492
Van T'Veld 492
Vaschide(N.) 310,456
Vast (Henri) 129
Vaudon (l'abbé Jean) 100
Vaux (Jean Barbet de) 424
VÉLAiN (Charles) 216
Verdunoy (l'abbé) 202
Vermale (François) 368
Verne (Jules) 495
Veuillot (François) 348
Veuillot (Louis) 348
VÉzÈRE (Jean) 421
ViAL (Francisque) 440
Vidal-Lablache 214
Vimar (A.) 505-522
Vincent (Joseph) 249
Vindry (Fleury) 266
VioLLET (le D' Marcel) 456
Vitrac (Maurice) 328
Vries (Hugo de) 245
Walle (Paul) 228
Weil (le commandant M.-H.). 329
Wharton (Edith) 300
WiLMOTTE (Maurice) 438
WouTERs (Ludovic) 334
Wyzewa (Teodor de) 265
Zaborowski 492
Zennec(J.) 410
— 576 —
TABLE DE LA CIIKONIQUE
Nécrologie : Adeline (Jules), 275.
— Cazalis (le D^ Henry), 178. —
Carutti di Cantogno, 370. —
CuRLEY (le R. P. Frédéric de), 459.
— DiGUET (Charles), 458. — Do-
lent (Charles-Antoine), 459. —
Du Lac de Fugère (le R, P. Sta-
nislas), 369. — Essarts (Emma-
nuel-Adolphe Langlois des), 458.
— Fehér (Mgr), 541. — Goeje
(Michel-Jean de), 79. — Laffitte
(Jean-Paul), 370. — Lémann (le
chanoine Augustin), 78. — Lom-
BRoso (Cesai^e); 540. — Martens
(Frédéric de), 179. — Martin
(Théodore), 276. — Méry (Gaston),
178. — Parville (Henri Peudefer
de), 177. — Picot (Georges-Marie-
René), 274. — Plumandon, 460. —
Prarond (Ernest), 539. — Rol-
land (Eugène), 178. — Thaly
(Kâlmân de), 541. — Thomé. (Fran-
çois-Luc-Joseph, dit Francis), 540.
— Weil (Henri), 538.
Lectures faites à l'Académie des
inscriptions et belles-lettres, 83,
183, 278, 374, 464, 545.
Lectures faites à l'Académie des
sciences morales et politiques, 84,
182, 279, 374, 463, 546.
Prix, 84, 183.
Congrès, 279, 464.
Correspondance, 170, 361.
Mélanges : Index, 85. — Qui êtes-
vous? Annuaire des contempo-
rains français et étrangers, 1909-
1910, 86. — Mélanges Châtelain,
280. — Mélanges Wilmotte, 374.
— Archéologie préhistorique, 467.
— Alnianachs pour 1910, 467.
546.
Nouvelles : Paris, 86, 183, 280, 375,
468, 547. — Angoumais, 185. —
Anjou, 88, 281. — Berry, 471.
— Bourgogne, 88, 281, 471. —
Bretagne, 89, 187. — Champagne,
187, 471. — Comté de Foix, 89.
— Dauphiné, 282. — Franche-
Comté, 90, 187, 282, 377, 472, 547.
— Languedoc. 379, 474. —
Limousin, 285. — Lorraine, 91,
285, 380. — Nivernais, 380. —
Normandie, 189, 380. — Pro-
vence, 380. — Savoie, 381. —
Touraine, 381. — Angleterre,
' 91. — Belgique, 91, 189, 285. —
Bulgarie, 474. — Espagne, 91,
189, 268, 381, — Italie, 286,
382, 474, — Portugal, 475.
— Suisse, 475. — Indo-Chine, 92.
— Congo, 93. — Maroc, 93. —
Brésil, 382, 476. — États-Unis,
190, 287, 383, 476.
Publications nouvelles, 93, 190, 287,
383, 476.
ERRATA
Page 348, ligne 4, au lieu de : miliion, lisez : milliard.
Page 371, ligne 34, au lieu de : Cossart, lisez : Gossart.
Le Gérant : CHAPUIS.
Imprimerie polyglotte Fr. Simon, Rennes.
z
1007
P73
t.ll5-
116
Polybiblion; revue bibli-
ographique universelle
PLEASE DO NOT REMOVE
CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKET
UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY
1