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Full text of "Polybiblion; revue bibliographique universelle"

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TORONT 

TORONTO  PUbLKÎ  LIBI 


cLjg^RV. 


Référence   Department. 


THIS  BOOK  MUST  NOT  BE  TAKE.N    OUT  OF   THE   ROOM. 


MAY  ZZ  1922 


P  O  LY  B  I  B  L.  I  O  N 


BIBLIOGRAPHIQUE    UNIVERSELLE 


Janvier  1909.  T.  CXV.  1. 


RENNES 


IMPRIMERIE    POLYGLOTTE    FR.    SIMON 


POLYBIBLION 


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REVU  K 


BIOlJOGllAPlllûlIE  IJNIVI^^IISELLE 

PARAISSANT     TOUS      LES      MOIS 


PARTIE  LITTÉRAIRE 


(CliNT-yLlNZlliMlC    Dli     LA    COI.LKCJIOn) 


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PARIS    (71 

AUX     BUREAUX     DU      P0LYBIBL.10N 

S,    RUE    DE    SAINT-SIMON,    5 

1909 


I007 


MA\  -i  z  IWi 


POLYBIBLION 

REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE  UNIVERSELLE 


DERNIÈRES  PUBLICATIONS   ILLUSTREES 

i.La  Côte  d'Azur  russe  {Riviera  du  Caucase),  voyage  en  Bussie  méridionale,  au  Caucase 
occidental  et  en  Transcausasie  (Mission  du  gouvernement  russe,  1903),  par  E.  A. 
Martel.  Paris,  Delagrave,  s.d.  (1909)  ,gr.  in-8  de  358  p.,  avec  388  gravures,  34  plans 
et  coupes  et  1  carte  en  couleurs.  Broché,  10  tr.  ;  relié,  15  fr.  —  2.  Autour  de  l'Afgha- 
nistan {aux  Frontières  interdites),  par  le  commandant  de  Bouillane  de  Lacoste. 
Paris,  Hachette,  1908,  gr.  in-8  de  xxvi-223  p.,  avec  120  illustr.  hors  texte  et  5  cartes. 
Broché,  12  fr.  ;  relié,  19  fr.  —  3.  Sur  les  grandes  routes  de  l'Asie  Mineure.  Les  Par- 
cours ferrés  de  la  péninsule ,\>d.v  Jean  de  Nettancourt-Vaubecourt.  Paris, Leroux, 
1908,  gr.  in-8  de  56  p.,  avec  40  planches  offrant  un  choix  des  principales  perspec- 
tives.et  1  carte,  12  fr.—  4.  Les  M l'croèes,  par  le  D''  P.-G.  Charpentier.  Paris,  Vui- 
bert  et  Nony,1909,  gr.  in-8,  de  vi-355  p.,  contenant  de  nombreuses  gravures.  Bro- 
ché, 10  fr.;  relié  toile,  fere  spéciaux,  tr.  dorées,  14  fr.  —  5.  Au  Pays  des  Binious, 
par  G.  Sevrette.  Paris,  Cohn,  1909,  in-18  de  251  p.,  illustr.  de  José  Roy;  relié 
toile,  tr.  dorées  (Bibliothèque  du  «  Petit  Français  »),  3  fr.  —  6.  Le  Mois  littéraire  et 
pittoresque.  T.  XIX  et  XX.  10«  année.  Paris,  VHP,  5,  rue  Bayard,  1908,  2  vol. 
in-8  de  chacun  768-192,  plus  des  morceaux  de  musique  paginés  1-96  et  répartis 
■par  moitié  dans  chaque  volume,  illustré  d'un  nombre  considérable  de  gravures. 
Brochés,  France,  12  fr.;  Étranger,  14  fr.  Reliés  toile,  plaque  spéciale,  tr.  dorées, 
17  fr.  —  7.  Les  Veillées  des  chaumières,  journal  hi-hebdomadaire  illustré.  31"^  année 
(1907-1908).  Paris,  Henri  Gautier,  in-4  de  844  p.,  avec  de  nombreuses  grav.  Broché, 
6  fr.  ;  cartonné  toile,  7  fr.  50.  —  8.  La  Poupée  modèle.  Revue  des  petites  filles  (men- 
suelle). 45«  année.  Paris,  52,  rue  Saint-Georges,  1908,  gr.  in-8  de  292  p.,  avec  de 
nombreuses  gravures  en  noir  dans  le  texte  et  des  planches  en  couleurs  et  en  noir. 
Paris,  7  fr.  ;  Seine,  8  fr.  ;  Province,  9  fr.  ;  Union  postale,  11  fr. 

Fin  d'étrennes  :  la  fête  passée,  adieu  le  saint,  dit-on.  Mais  les  volu- 
mes retardataires  que  nous  allons  examiner  conviennent  à  toutes 
fins.  Donc,  ne  leur  reprochons  pas  d'enriver  slu  Polybiblioii  avec  l'op- 
portunité des  carabiniers  d'Offenbach. 

1.  —  Invité  à  la  fin  de  l'année  1902,  par  le  ministre  de  l'agriculture 
et  des  domaines  de  Russie,  M.  A.-S.  Yermoloff,  à  entreprendre  au 
Caucase  occidental  un  voyage  d'études  géographiques,  et  particu- 
lièrement de  recherches  hydrologiques  relatives  à  la  mise  en  valeur 
du  littoral  nord-oriental  de  la  Mer  Noire,  M.  E.-A.  Martel  a  visité, 
du  mois  d'août  au  mois  de  novembre  1903,  la  Côte  d'Azur  russe 
(Riviera  du  Caucase).  Plus  heureux  que  M.  Jean  Carol,  qui,  dans  les 
Deux  routes  du  Caucase,  constatait  naguère  parcourir  ce  pays  «  quel- 
ques années  trop  tôt  »,  M.  Martel  l'a  vu  à  un  moment  particulièrement 
favorable,  alors  que  les  voies  d'accès  étaient  créées,  et  que,  cependant, 
il  restait  encore,  en  dépit  des  travaux  des  différents  voyageurs,  de 
véritables  découvertes  à  effectuer.  De  là  le  caractère  mixte  du  rapport 
que  vient  de  publier  l'auteur  sous  le  titre  que  l'on  a  inscrit  plus  haut; 
ici,  M.  Martel,  trouvant  un  travail  Men  fait  par  ses  devanciers,  s'est 
borné   à  contrôler  les  affirmations  de  ses  prédécesseurs,  à  les  complé- 


t  M'  s'il  y  avait  lieu,  à  les  rcctifici'  à  l'occasion;  là,  au  conti'airp,  où  rien 
n'existait  encore,  il  a  vraiment  exécuté  œuvre  d'explorateur,  et  non 
pas  seulement  de  touriste  intelligent,  mais  de  véritable  explorateur 
scientifuiue. Ainsi,  nulle  part,  à  proprement  parler,  la  Côte  d'Azur  russe 
n'est  une  pure  et  simple  compilation,  et  c'est  très  souvent  un  livre 
neuf  et  véritablement  original,  grâce  aux  observations  recueillies 
par  M.  Martel  au  cours  de  sa  mission  d'études  au  Caucase.  Peut-être 
un  ouvrage  de  cette  sorte  semblera-t-il,  à  première  vue,  peu  fait  pour 
un  autre  public  que  le  public  spécial  des  géographes  et  des  savants; 
ce  serait  mal  connaître  l'auteur  que  de  s'arrêter  longtemps  à  une 
telle  pensée;  dans  sa  description  de  la  «  riviera  du  Caucase  »,  M.  Martel 
a  apporté  les  mêmes  qualités  de  charme  et  de  séduction,  de  poésie  et 
de  style  que  dans  ses  ouvrages  sur  les  Cévennes  et  sur  l'Irlande  et  les 
Cavernes  anglaises,  de  telle  sorte  qu'on  éprouve  un  plaisir  extrême  à 
le  suivre  dans  les  différentes  étapes  de  son  voyage  à  travers  la  Russie 
méridionale,  le  Caucase  occidental  et  la  Transcaucasie.  Une  énorme 
quantité  d'excellentes  gravures  établies  d'après  les  photogi-aphies 
recueillies  en  cours  de  route,  des  plans  et  des  coupes,  une  belle  carte 
en  couleurs  à  l'échelle  de  1  :  420.000e,  (pourquoi  n'avoir  pas  dressé 
une  table  de  ce  véritable  album  du  Caucase  occidental?)  permettent 
au  lecteur  de  suivre  ^I.  E.-A.  Martel  dans  ses  pérégrinations  et  de  se 
faire  une  idée  des  pays  qu'il  a  visités.  Ainsi  se  trouve  constitué,  de 
manière  très  habile,  un  remarquable  exposé  général,  très  ins- 
tructif et  très  attrayant,  de  cette  contrée  encore  neuve,  à  laquelle 
M.Martel  prédit  un  très  brillant  avenir.  Ainsi  la  Côte  d'Azur  russe  est 
ce  que  l'a  voulu  son  auteur,  un  tableau  d'ensemble  delarégion  étudiée, 
«  une  mise  au  point  générale,  une  condensation  documentaire  et,  par 
•places,  un  complément  de  ce  qu'on  a  dit  jusqu'à  présent  »  ;  mais 
c'est  encore,  —  ce  que  ne  dit  pas  M.  Martel,  —  une  œuvre  géographi- 
que excellente,  qui  fait  grand  honneur  à  son  auteur  et  à  la  science 
française,  et  qui  restera. 

2.  —  Comme  l'Afrique,  l'Asie  a  ses  admirateurs,  nous  dirions  même 
volontiers  ses  fanatiques,  parmi  lesquels  il  convient  de  placer  le  com- 
mandant de  Bouillane  de  Lacoste.  Cinq  fois  déjà  ce  voyageur  a  par- 
couru des  contrées  différentes  de  l'Asie,  débutant  (suivant  une  heu- 
reuse expression  de  M.  Georges  I^eygues)  par  la  tâter  sur  ses  confins, 
en  Indo-Chine,  en  Chine,  en  Mandchourie,  en  Sibérie,  avant  d'entre- 
prendre l'étude  de  ses  régions  internes.  Cette  étude,  c'est  seulement 
dans  son  plus  récent  voyage,  dans  son  excursion  Autour  de  l'Afghanis- 
tan, qu'il  l'a  commencée.  —  Il  est  actuellement  impossible,  on  le  sait, 
de  pénétrer  sur  les  terres  placées  sous  la  dépendance  de  l'émir  de 
Caboul  et  d'en  faire  une  étude  quelconque;  c'est  seulement  en  serrant 
d'aussi  près^que  possible  leurs  frontières  infranchissables  (de  là  le 


sous-titre  du  livre  du  commandant  de  Lacoste,  «  aux  Frontières  inter- 
dites »)  qu'il  a  quelque  chance  de  se  renseigner  sur  cette  contrée  mys- 
térieuse et  attirante  qui  s'appelle  l'Afghanistan. Recueillir  des  données 
nouvelles  et  précises  sur  la  situation  politique  et  économique  des  pays 
fermés  à  l'exploration  européenne,  voilà,  plus  encore  sans  doute  que 
l'étude  des  régions  qu'il  traversait,  ce  dont  s'est  préoccupé  le  com- 
mandant de  Lacoste,  au  cours  du  voyage  qu'il  a  accompli  du  19  mai 
1906  au  11  janvier  1907,  de  Mesched  à  Mesched,  en  suivant  la  voie 
ferrée  d'Askhabad  à  Andidjan,  puis  en  traversant  le  Pamir,  le  petit 
Thibet  et  le  Kachemir  pour  pénétrer  dans  le  bassin  de  l'Indus,  d'où, 
à  travers  le  Béloutchistan  et  la  Perse,  il  a  regagné  son  point  de  départ. 
N'était-il  pas  naturel  qu'il  en  fût  ainsi?  D'ailleurs  nous  aurions  mau- 
vaise grâce  à  nier  qu'au  point  de  vue  géographique  même  le  volume 
du  commandant  de  Lacoste,  accompagné  de  superbes  illustrations 
gravées  d'après  les  photographies  du  voyageur,  présente  de  l'intérêt; 
mais  c'est  surtout  et  presque  exclusivement  un  récit  anccdotique  du 
voyage. 

3. —  Entre  la  Mer  Noire  et  la  Méditerranée  extrême-orientale, baignée 
du  côté  de  l'ouest  par  les  mers  de  Marmara  et  de  l'Archipel,  s'avance 
un  des  pays  les  plus  chers  aux  amis  de  l'antiquité  comme  à  ceux  des 
aspects  pittoresques  et  de  l'exotisme,  l'Anatolie.  Le  comte  Jean  de 
Nettancourt-Vaubecourt,  à  qui  noH.is  devons  déjà  un  joli  voyage 
En  zigzag,  de  Singapour  à  Moscou^  a  visité  à  son  tour,  après  beaucoup 
d'autres,  cette  terre  éminemment  classique, et  en  a  rapporté  des  notes, 
des  impressions  et  de  bonnes  photographies  dont  il  a  formé  un  très  bel 
album.  Sur  les  grandes  routes  de  l'Asie  Mineure^  —  c'est-à-dire  sur  les 
parcours  ferrés  de  la  péninsule  :  lignes  des  chemins  de  fer  «  ottomans 
d'Anatohe  »  et  «  de  Bagdad  »,  «  d'Aïdin  »  et  de  «  Smyrne-Cassaba  »  — 
tel  est  le  titre  de  cet  intéressant  recueil  de  vues  très  variées,  les  unes 
pittoresques,  d'autres  éminemment  instructives  au  point  de  vue  géo- 
graphique, —  d'autres  encore  ethnographiques  ou  archéologiques, 
que  l'auteur  a  fait  précéder  d'une  longue  et  excellente  Introduction. 
Ce  sont  d'abord  des  notions  précises  sur  les  multiples  aspects  de  la 
géographie  physique  de  la  péninsule,  sur  ses  ressources  naturelles, 
sur  les  races  qui  la  peuplent  et  sur  leur  culture,  «  sur  le  passé  du 
pays  et  sur  les  monuments  qui  en  subsistent,  enfin  sur  les  voies 
ferrées  en  exploitation,  sur  la  nécessité  d'en  accroître  le  nombre  et  sur 
les  trajets  de  voiture  ou  de  cheval  susceptibles  de  compléter  leur 
parcours.  Ainsi  se  trouve  constitué  un  ouvrage  agréable  et  instructif 
tout  à  la  fois,  qu'on  a  plaisir  à  lir-e  et  à  regarder. 

4.  —  C'est  un  livre  à  l'usage  des  jeunes  esprits  curieux  des  choses 
de  la  science  et  se  disposant  à  la  carrière  médicale,  que  celui  du 
D"*  Charpentier  intitulé  :  Les  Microbes.  Il  a  semblé  à  l'auteur  que  dans 


la  si'i'ir  (les  livres  destinés  aux  jeunes  gens  et  leur  racontant,  les  uns 
les  (léeouvertes  de  Pasteur,  les  autres  la  vie  intime  du  savant,  il  n'en 
était  pas  qui  leur  montrât  l'histoire  de  la  microbiologie  depuis  son 
origine  jusqu'à  l'heure  actuelle.   Il  a  tenu  à  combler  cette  lacune. 
De  Kà  son  ouvrage,  dont  il  n'a  point  voulu,  à  la  vérité,  faire  un  véri- 
table traité  didactique;  il  a  pris  «  à  sa  naissance,  et  même  avant, 
chacune  des  découvertes  qui  ont  trait  aux  microbes  »,  pour  la  suivre 
dans  toutes  ses  applications,  ne  faisant  appel  à  la  théorie  que  là  où 
elle  était  absolument  indispensable  pour  permettre  de  mieux  saisir 
les  phénomènes  racontés,  et  évitant  le  plus  possible  les  considérations 
arides.  Autant  de  questions  traitées,  autant  de  chapitres  groupés  sous 
trois  titres  généraux  :  la  science  microbienne,  les  microbes  bienfai- 
sants,  les   microbes   malfaisants.  Chacune   d'elles   est   étudiée   avec 
soin  depuis  ses  origines  les  plus  reculées,  à  ce  que  prétend  le  D^  Char- 
pentier. Mais,  il  faut  le  reconnaître,  malgré  tous  les  mérites  de  son 
travail,  fort  bien  imprimé  et  copieusement  illustré,  d'ailleurs,  on  peut 
y  constater  maintes  lacunes  et  môme  des  erreurs  :    c'est  que  l'auteur 
s'est  laissé  entraîner  par  son  enthousiasme  pour  les  théories    micro- 
biennes et  son  admiration  pour  celui  à  qui  on  en  attribue  la  pater- 
nité, et  il  a  un  peu  trop  négligé  de  remonter  aux  documents  originaux. 
Il  eût  été  tout  au  moins  équitable,  à  propos  de  la  fermentation,  de 
parler  de  Béchamp  qui  fut,  il  est  vrai,  un  adversaire  de  Pasteur,  mais 
a  contribué  pour  une  bonne  part  à  établir  la  théorie  des  zymases.  C'est 
même  lui  qui,  le  premier,  a  fait  une  vérification  expérimentale  sérieuse 
de  l'hypothèse  qui  avait  servi  à  Spallanzani,  pour  combattre  la  géné- 
ration spontanée.  Les  idées  de  Pasteur  sur  la  matière,  d'ailleurs,  n'é- 
taient pas,  en  1858,  ce  qu'elles  devinrent  plus  tard.  Le  D^"  Charpentier 
accrédite  en  outre  l'erreur  qui  attribue  au  D^  Lister  la  découverte  de 
la  méthode  antiseptique.  Nous  ne  voyons  pas  non  plus  ce  que  le  nom 
de  Pasteur  vient  faire  dans  ce  chapitre.  Le  grand  savant  n'avait  fait 
avant  1874  aucune  recherche  sur  les  affections  chirurgicales,  et  même 
alors  n'admit-il  pas  tout  de  suite  les  idées  d'Alphonse  Guérin  sur  la 
pathogénie  des  maladies.  Si  ce  dernier  est,  à  proprement  parler,  par 
son  pansement  ouaté,  l'inventeur  de  la  méthode  aseptique,  ce  n'est 
point  à  Lister  qu'il  faut  attribuer  la  méthode  antiseptique,  mais  bien 
à  un  Français,  aujourd'hui  inconnu  de  la  plupart  des  médecins,  Le- 
maire.  Il  est  incontestable  que  ce  savant  modeste  contribua  à  affer- 
mir la  croyance  plus  ou  moins  vague  dans  la  pathologie  animée,  émise 
depuis  plus  de  deux  siècles,  et  fut,  par  son  traité  de  l'acide  phénique 
(publié  en  1862),  le  véritable  promoteur  du  pansement  antiseptique. 
Ces  réserves  faites,  on  ne  peut  que  recommander  le  beau  livre  de 
M.  Charpentier.  Il  intéressera  vivement  à  coup  sûr  les  jeunes  lecteurs 
auxquels  il  est  destiné. 


—  9  — 

5. —  Au  Pays  des  Binious  est  le  récit,  écrit  dans  un  style  alerte,  des 
vacances  passées  en  Bretagne  par  une  famille  parisienne.  Les  types 
des  paysans  sont  vivants,  les  aventures  des  jeunes  touristes  sont 
gaiment  racontées  et  une  couleur  locale,  très  vécue,  anime  toutes  les 
pages  de  ce  joli  volume.  Rien  de  plus  moral  que  le  récit:  il  s'y  mêle 
des  leçons  de  charité,  de  bienfaisance  et  de  dévouement,  données 
sous  une  forme  gaie  et  intéressante.  Peut-être  pourrait-on  regretter 
que  l'auteur  n'ait  pas  établi  une  distinction  plus  nette  entre  la  foi 
profonde  et  tenace  des  Bretons  et  les  superstitions  qui,  dans  certains 
cas,  défigurent  cette  même  foi.  Cette  légère  critique  n'empêche  pas 
que  ce  joli  volume  ne  soit  un  livre  d'étrennes  bon  à  donner  aux  jeunes 
lecteurs;  il  leur  fera  connaître  des  aspects  et  des  usages  qui,  grâce 
à  la  circulation  fiévreuse  de  notre  siècle,  tendent  à  disparaître. 

6.  —  L'écrivain  ou  l'homme  du  monde  qui  possède  la  collection 
complète  du  Mois  littéraire  et  pittoresque  (vingt    volumes  ont  paru) 
dispose  vraiment  de  l'une  des  plus  curieuses,  des  plus  variées  et  des 
plus  intéressantes  du  genre.  Mais  si  chacun  ne  peut  s'offrir  d'un  seul 
coup  ce  luxe  bibliophilique,  du  moins  le  prix  de  l'abonnement  à  ce 
beau  périodique  est-il  abordable   pour  la  plupart  des  bourses.     A 
l'usage  des  coquets  en  matière  de  livres,  c'est-à-dire  pour  ceux  qui 
aiment  à  caresser  une  jolie  reliure  en  même  temps  qu'ils  savourent 
un  texte,  la  Maison  de  la  Bonne  Presse  présente  annuellement,  en 
volumes  gracieusement  cartonnés,  les  deux  derniers  semestres  écoulés. 
Remarquons  à  ce  propos  que  la  première  feuille  des  couvertures  des 
six  livraisons  de  chaque  semestre  est  conservée  et  placée  en  tête  des 
volumes  :  idée  excellente,  car  ces  couvertures  mensuelles  sont  des 
compositions  artistiques  qu'il  serait  fâcheux  de  négliger.  Et  puisque 
nous  insistons  en  premier  lieu  sur  le  côté  matériel  de  cette  excellente 
revue,  notons  encore  le  beau  papier  sur  lequel  elle  est  tirée,  son  élé- 
gante impression,  enfin  —  et  surtout  —  admirons  franchement  l'abon- 
dante et  magnifique  illustration  que  l'on  trouve  à  chaque  page.  Le 
Mois  littéraire  et  pittoresque  apparaît  donc  à  la  fois  comme  un  album 
et  comme  un  recueil  de  lectures  utiles,  agréables,  reposantes,  instruc- 
tives et  aussi  édifiantes,  car,  ici,  l'idée  religieuse,  la  pensée  chrétienne 
brillent  d'un  éclat  indiscuté.  Jetons  à  présent,  un  regard  sur  le  contenu 
des  deux  volumes  de  l'année  1908.  Nos  lecteurs  comprendront    que 
le  très  important  ensemble  composant  ces  volumes  échappe  non  pas 
à  une  analyse  impossible,  mais  même  à  une  simple  mention  générale. 
Nous  devons,  à  regret,  nous  borner;  et  cependant  que  de  sujets  ont 
été  traités  en  fait  d'histoire,  de  littérature,  de  beaux-arts,  de  sciences, 
d'industrie,  etc.  !  Nous  citerons  tout  d'abord  un  travail  aussi  attachant 
que  vivant,  de  notre  cher  et  très  distingué  collaborateur  M.  Geoffroy 
de  Grandmaison,  sur  la  France  d'il  y  a  cent  ans  :  l'an  dernier,  il  nous 


—   10  - 

avail  (li\i;'i  (liiiim-  'un  article  |)(iilaiil  \o  mônio  titro;  mais  aujour- 
d'hui lo  lal)loau  s'applique  à  l'année  1808,  alors  que  précédenimont 
il  s'a,i>issait  do  1807.  11  serait  à  souhaiter  que  M.  de  Grandmaison  nous 
gratifiât  tous  les  ans  d'une  étude  analogue.  Voici  maintenant  la  Cité 
fiinhhne.  Venise  à  travers  les  âges,  par  M.  Léra;  Le  Château  de  Chillon 
dans  la  poésie  et  dans  l'histoire,  par  M.  J.  Vézère;  Le  DaupJdn  père  de 
Louis  XVI,  par  M.  le  baron  de  Maricourt;  En  1815,  par  M.  E.  Daudet; 
Petite  Novice,  par  M.  d'Eseola;  Les  Cloches  de  Pâques,  par  M.  J.-P. 
Houzey;  Un  Peintre  à  la  Grande  Armée.  Le  Général  Lejeune,  par 
M.  L.  Sonolet;  Le  Salon  des  refusés  du  siècle,  par  M.  G.  Hue;  Le  Graduel 
Vatican  et  la  Réforme  du  chant  liturgique,  par  M.  A.  Gastoué;  Au  Pays 
des  KJudifes,  par- M.  L.  Biesor;  Londres  au  temps  jadis;  jeux  et  vieilles 
coutumes,  par  M.  J.  Teincey;  En  Pays  hongrois,  par  M  D.  Netterlé; 
La  Révolution  et  les  savants,  par  M.  A.  Acloque;  Le  Radium  serait-il 
la  pierre  philosophale? ; Allain  et  Vannai  par  M.  Reynès-Monlaur;  Cour 
de  Christmas,  par  M.  L.  de  Saint-Gall;  Québec  et  Montréal,  par  M.  N. 
Aymès;  Une  Croisade  au  xvii^  «ècZe,par  le  même;  Canrobert  au  camp 
de  Châlons,  par  M.  G.  Bapst;  Les  Salons  de  1908,  par  M.  E.-A.;  Gustave 
Doré,  illustrateur,  par  M.  J.  Bertaut;  Saint-Pierre  de  Rome,  par  M. 
A.  Fabre;  Le  Canada  d'aujourd'hui,  par  M.  J.  Lionnet;  Versailles, 
ses  jardins  et  ses  eaux,  par  .M.  d'Argyl  ;  Un  Sé/o-ir  à  l'île  de  Ré,  par 
M.  P.  Delage;  L'Ame  de  la  guerre  moderne,  par  M.  H.  de  Fournay; 
Berceau  de  saint  Vincent  de  Paul,  par  M.  L.  Chollet;  Le  Pays  du  négus 
Ménélik,  par  M.  V.  Goedorp;  Dans  une  fromagerie  moderne,  par  M.  J. 
Boyer;  Les  Êtres  géants  de  l'époque  secondaire,  par  M.  l'abbé  T.  Moreux  ; 
Les  Étapes  de  l'aviation,  par  M.  L.  de  Saint-Fégor.  Api'ès  cet  extrait 
écourté,  n'oublions  pas  de  rappeler  qu'en  1908,  1'  «  Album  musical  » 
du  Mois  littéraire  et  pittoresque  ?i  été  formé  de  plus  de  vingt  morceaux. 
7.  —  Tout  le  bien  que  nous  avons  dit  le  mois  dernier  (p.  506)  du 
journal  illustré  l'Ouvrier,  nous  le  pensons  également  des  Veillées  des 
chaumières.  Les  deux  périodiques  se  ressemblent  d'ailleurs  beaucoup  : 
ce  sont  deux  frères.  Romans,  contes,  nouvelles,  variétés,  articles  de 
polémique,poésies,recettes  et  conseils  pratiques  se  trouvent  en  si  grand 
nombre  dans  Les  Veillées  des  chaumières  que  nous  sommes  obligé 
de  nous  borner  à  citer  les  seuls  romans  importants  donnés  dans  le  vo- 
lume de  1907-1908,  qui  vient  de  nous  parvenir  sous  son  cartonnage 
rouge  habituel.  A  tout  seigneur  tout  honneur.  Voici  d'abord  le  Blé 
'gui  lève,  de  M.  René  Bazin.  Viennent  après  :  Chérie,  par  M.  Pierre  du 
Château;  Le  Collier,  par  MM.  M.  \'iignault  et  R.  \'aldor;  L'Irrésis- 
tible Force,  par  M"^^  Jeanne  de  Coulomb;  Le  Journal  dcMadeleine, 
par  M.  André  Bruyère;  Veuve  de  quinze  ans  et  le  Mari  de  la  veuve, 
par  jVIn^e  B.  de  Buxy  ;  Méprise,  par  M^^e  ]\i.  Maryan  ;  La  Petite  Beauté, 
par  M.  d'Hauterive;   Trop  cher,  par  M'"*^  Marie  Le  Mière  et  Tâche 


—  11  — 

reprise,  par  M.  Mario  Donal,  un  bien  joli  récit  que  nous  espérons  bien, 
quelque  jour,  pouvoir  relire  dans  la  collection  des  bons  romans  de  la 
librairie  Henri  Gautier.  Tout  cela  est  d'ailleurs  très  bien  illustré. 

8.  —  Rue  Saint-Georges,  52,  à  Paris,  s'élaborent,  à  l'usage  des 
dames,  des  demoiselles  et  même  des  fillottos,  deux  périodiques  d'âge 
respectable  qui  s'appellent  :  le  premier.  Journal  des  demoiselles  et 
Petit  Courrier  des  dames  (voyez  ce  qui  en  a  été  dit  dans  notre  précé- 
dente livraison,  p.  503-504),  le  deuxième,  la  Poupée  modèle.  C'est  de 
ce  dernier  recueil  (année  1908)  que  nous  allons  entretenir  briève- 
ment les  papas  et  les  mamans  en  quête  d'abonnements  à  une  revue 
pour  fillettes.  Croiriez-vous  que  ce  gentil  périodique  mensuel  se  com- 
pose, tout  comme  le  sérieux  Polybiblion,  qui  sait  rire  cependant  à  ses 
heures,  de  deux  parties,  l'une  littéraire,  l'autre  technique.  Parfaite- 
ment. La  partie  littéraire  offre  aux  petites  lectrices  de  très  jolis  récits, 
nouvelles  ou  comédies,  où  l'idée  religieuse  s'exprime  fréquemment, 
nette  et  franche.  Citons,  entre  autres  :  La  Fée  Linotte,  par  M.  Antoine 
Alhix;  Le  Génie  du  vieux  tilleul,  par  M"^^  Léo  ;  Mademoiselle,  par 
Mme  Henriette  Besançon;  Les  Mésaventures  d'Odette,  par  Mi"°  Mary 
Floran  ;  Du  Rêve  à  la  réalité,^Q.Y  'M^^  Aigueperse  ;  La  Guérison  de  Renée, 
par  M.  de  Harcoët,  etc.  On  trouve  là  aussi  des  «  Tableaux  parlants  » 
destinés,  au  moyen  d'explications  fournies  dans  un  numéro  suivant, 
à  familiariser  les  jeunes  esprits  avec  quelques  points  d'histoire;  des 
poésies,  des  devinettes,  des  causeries,  des  recettes^  des  conseils.  Quant 
à  ce  que  nous  appellerons  la  partie  technique  du  recueil,  elle  consiste 
en  «  Annexes  »  (planches  en  couleurs  et  en  noir,  patrons  en  papier  et 
en  étoffe,  etc.)  a'ccompagnées,  dans  chaque  livraison,  d'explications 
pour  les  divers  travaux  à  exécuter.  C'est  intéressant,  moral,  chrétien, 
instructif,  pratique.  -  Visexot. 

ROMANS,  CONTES  ET  NOUVELLES 

Romans  FA^•TAISISTES.  —  1.  Vile  des  Pingouins,  par  Anatole  France.  Paris, 
Calmann-Lévy  (1008),  in-18  de  xv-419  p.,  3  fr.  50.  —  2.  Le  Parasite,  par 
A.  Conan  Doyle;  trad.  par  Ai.dert  Savine  et  Georges  Michel.  Paris,  Stoclc, 
1909,  in-18  de  323  p.,  3  fr.  50.  — ■  3.  Monsieur  Gcndron  va  au  peuple,  par 
René  Thiry.  Paris,  Plon-Nourrit,  1908,  in-16  de  319  p.,  3  fr.  56. —  4.  Timan- 
dra,  courtisane  d'' Athènes,  par  le  comte  Paul  d'Abbes.  Paris,  Ambert,  s.  d. 
(1908),  in-18  de  292  p.,  3  fr.  50.  —  5.  La  Folle  Aventure,  par  André  Lichten- 
BERGER.  Paris,  Calmann-Lévy,  1908.    in-18  de  383  p.,  3  fr.  50. 

Romans-feuilletons.  —  6.  Après  le  divorce,  par  Marie-Anne  de  Bovet.  Paris, 
Lemerre,  1908,  in-18  de  304  p.,  3  fr.  50.  —  7.  La  Jolie  Princesse,  par  Marie- 
Anne  nE  BoYET.  Paris,  Lemerre,  1908,  in-18  de  297  p.,  3  fr.  50.  —  8.  Les 
Camp-Volantes  de  la  Riviera,  par  G.  Réval.  Paris,  Galmann-Lévy,  s.  d.  (1908), 
in-18  de  353  p.,  3  fr.  50.  —  9.  Le  Maître  de  la  terre,  par  Robert-Hugh  Ben- 
son;  trad.  de  l'anglais  par  T.  de  Wyzewa.  Paris,  Perrin,  1908,  in-16  de  vix- 
419  p.,  3  fr.  50. 

Romans  de  mœurs.  —  10.  Chez  les  heureux  du  inonde,  par  Edith  Wuarton;  trad. 
de  Charles  du  Bos.  Paris,  Plon-Nourrit,  s.  d.  (1908),  in-lG  di  xvi-431  p.,  3  fr.  50- 


—   12  — 

Il    Terre  fertile,  par  Pal'I.  Samy.  Paris,  Calmann-Lévy-,  1908,  in-18  de  288  p., 

^  f,.  50  12.  Les  Trois  Apôtres,  par  Gkouges  Beaume.  Paris,  Nouvelle  Librairie 

nationale  s.  d.  1908,  in-18  de  332  p.,  3  fr.  50.  —  13.  La  Vie  lorraine.  Contes  de  la 
mute  et  de  l'eau,  par  Emile  Moseli.y.  Paris,  Nouvelle  Librairie  nationale,  s.  d. 
(1908)  in-18  de  179  p-,  2  fr.^  14.  Les  Routes  de  Gascogne,  contes  et  croquis  de  chez 
moi,  par  Armand  Puaviei..  Paris,  Nouvelle  Librairie  nationale,  s.  d.  (1908),  in-18 
de  179  p.,  2  fr.  —  15.  Miguette  de  Cante-Cigale,  par  Emmanuel  Delbousquet. 
Paris,  Nouvelle  Librairie  nationale,  s.  d.  (1908),  in-18  de  180  p.,  2  fr.  —  16.  Mé- 
moires d'une  iieille  fille,  par  René  Bazin.  Paris,  Calmann-Lévy,  1908,  in-18  de 
iv-338  p.,  3  fr.  50. — 17.  /^s«  Pages  »,  par  Énée  Bouloc.  Paris,  Plon-Nourrit,  s.  d. 
(1908),  in-16  de  vii-292  p.,  3  fr.  50. —  \%.  Histoire  d'une  demoiselle  de  modes,  par 
Philippe  Lautrey.  Paris,  Calmann-Lévy,  s.d.  (1908),  in-18  de  453  p.,  3  fr.  50. — 
19.  Camille  Frison,  par  André  Vernières.  Paris,  Plon-Nourrit,  1908,  in-16  de 
x-306  p.,  3  fr.  50.  —  20.  Le  Miracle  de  Courteville,  par  Jacques  Nayral.  Paris, 
Oaslein-Serge,  1908,  in-12  de  357  p.,  3  fr.  50. 
Romans  psychologiques.  —  21.  Les  Détours  du  cœur,  par  Paul  Bourget.  Paris, 
Plon-Nourrit,  s.  d.  (1908),  in-16  de  383  p.,  3  fr.  50.  —  22.  Le  Petit  Jardin  de  dame 
Morel,  ou  Vldole  favorite,  par  Louis  Demonts.  Paris,  Lemerre,  1908,  in-18  de 
249  p.,  3  fr.  50. —  23.  Au  Cœur  de  la  vie,  par  Pierre  de  Coulevain.  Paris,  Calmann- 
Lévy,  s.  d.  (1908),  in-18  de  413  p.,  3  fr.  50.  —  24.  VÉpreuve  de  Julie  Faurelle, 
par  Louis  Riballier.  Paris,  Dujarric,  1908,  in-18  de  243  p.,  3  fr.  50.  —  25.  La 
Vie  secrète,  par  Edouard  Estaunié.  Paris,  Perrin,  1909,  in-16  de  408  p.,  3  fr.  50- 

Romans  fantaisistes.  —  1—  L'Ile  des  Pingouins  n'est  pas  une 
fantaisie  très  amusante,  mais  c'est  une  polissonnerie  d'écolier;  et 
comme  il  y  a  beaucoup  d'écoliers  en  France  (il  y  a  tant  d'écoles  !) 
elle  se  vend  beaucoup  et  peut-être  elle  se  lit.  — En  voici  donc  d'abord 
l'analyse  exacte  —  et  impassible.  Il  y  avait  une  fois  un  saint,  qui 
n'y  voyait  pas  plus  loin  que  son  nez.  Il  prit  des  oiseaux  pour  des 
hommes  et  les  baptisa.  Le  baptême  était-il  valable?  La  question, 
posée  par  Dieu  le  Père 'à  son  conseil  de  Docteurs  et  de  Clercs,  ne  put 
pas  être  élucidée.  Pour  se  tirer  d'embarras,  le  Seigneur  décida  de 
changer  les  oiseaux  en  hommes,  et  aussitôt  la  grâce  du  baptême 
opéra.  Les  nouveaux  chrétiens  s'entr'égorgèrent;  les  plus  forts  s'adju- 
gèrent les  femmes  et  les  biens  des.  plus  faibles  :  et  c'est  ainsi  que  la 
civilisation  commença,  que  la  famille  et  la  propriété  furent  fondées. 
La  religion  ne  tarda  pas  à  prospérer  en  conséquence  :  une  patronne 
nationale  fut  choisie  qui  répandit  les  miracles  à  profusion  sur  son 
peuple  :  c'était  la  nommée  Orberose,  une  courtisane,  morte  dans 
l'exercice  de  ses  fonctions  et  dont  le  nom  résume  tous  les  mérites.  Un 
philosophe  très  malin  fit  accepter  une  morale  sévère;  comme  elle  était 
contraire  à  la  nature,  personne  ne  la  pratiqua;  mais  comme  elle  était 
conforme  à  l'égoïsme  (elle  promettait  de  magnifiques  récompenses) 
et  à  la  vanité  (elle  supposait  la  capacité  des  vertus  qu'elle  imposait) 
elle  fut  proclamée  intangible,  protégée  par  les  gendarmes  et  enseignée 
par  les  prêtres  d'Orbernse.  • —  Ainsi  constituée,  la  nation  pingouine 
évolua  à  travers  les  siècles.  Dans  les  temps  anciens,  elle  eut  de  grands 
capitaines,  qui  se  faisaient  battre  aussi  souvent  qu'ils  battaient  les 
autres,  et  des  rois  magnanimes,  qui    s'assuraient  le  trône  en    égor- 


—   13   — 

géant  toute  leur  famille.  Pendant  le  moyen  âge,  elle  eut  des  moines 
très  savants,  qui  recherchaient  tous  les  manuscrits  grecs    et    latins 
pour  les  effacer  et  y  transcrire  les  saintes  Ecritures,  et  des  artistes 
très  habiles. —  dits  primitifs. —  qui  reproduisaient  la  nature  en  l'enlai- 
dissant, mais  qui  amélioraient  les  âmes  et  les  faisaient  retomber  en 
enfance.  La  Renaissance  remit  la  nature  en  honneur  et  donc  rétablit 
la  paix  chez  les  Pingouins,  sinon  tout  de  suite,  du  moins,  quelques 
siècles  après,  lorsque  les  élus  de  la  nation,  ayant  proclamé  que  tous 
les  hommes  étaient  frères,  envoyaient  à  la  guillotine  quiconque  se 
permettait  d'en  douter.    Les  temps  modernes    n'offrent  rien   d'inté- 
ressant que  les  deux  affaires  Chatillon  et  Pyrot.  Chose  curieuse,  elles 
sont  point  par  point  pareilles  aux  affaires  connues  en  France  sous  le 
nom  de  Boulanger  et  Dreyfus  !  Et  chose  plus  curieuse  encore  !  elles 
furent  l'une  et  l'autre  dirigées  par  les  moines  !  L'un  de  ces  moines  était 
le  P.  Agaric,  pédagogue  achalandé,  conseiller  recherché;  il  était  le 
confesseur  de  toutes  les  dames  du  faubourg  et  de  tous  les  officiers 
titrés;  on  le  voyait  souvent  errer  à  travers  les  quartiers  riches»  coiffé 
d'un  vaste  chapeau  noir  dont  les  bords  étaient  pareils  aux  ailes  de  la 
nuit  »  (p.  260).  Ce  fut  lui  le  directeur  des  deux  affaires;  un  autre 
moine,  le  P.  Cornemuse,  distillateur  et  vendeur  de  la  célèbre  liqueur 
d'Orberose,  en  fut  le  caissier.  Ils  s'étaient  proposé  de  renverser  la 
République  et  avaieni  choisi,  à  cet  effet,  l'émiral  Chatillon,  un  bel 
homme,  qui  avait  une  barbe  blonde,  un  cheval  blanc  et  pas  une  idée. 
Le  choix  était  habile,  les  imbéciles  étant,  en  politique,  des  instruments 
parfaits.  Le  complot  n'en  échoua  pas  moins,  —  par  la  faute  des  juifs, 
pensa  le  P.  Agaric,  qui  aussitôt  résolut  de  se  venger.  Il  accu  a  donc 
le  capitaine  Pyhot  d'avoir  vendu  à  l'étranger  du  foin  d'État.  L'accu- 
sation étant  sans  preuve  fut  accueillie  avec    enthousiasme;  et   .natu- 
rellement elle  fut  combattue  avec  autant  de  passion  et  sans  plus  de 
preuves.  La  nation  fut  partagée  en  deux  camps,  les    pyrotins  et  les 
anti-pyrotins,    qui  se  déchirèrent  l'un    l'autre;    à   la   faveur  de  quoi 
les  socialistes  poussèrent  leurs  affaires  et  préparèrent  les    Temps   fu- 
turs,  c'est-à-dire  le  «  chambardement  »  général.  Un  des  plus  chauds 
défenseurs  de  Pyrot,  l'académicien  Bidaut-Coquille,  celui  qui  mérita, 
après  un  éloquent    discours,    d'être    embrassé    publiquement    par 
M™e  Maniflore,  «  une  vieille  cocotte,  hors  d'usage,  devenue  grande 
citoyenne,  qui  se  jeta  à  son  cou,  en  lui  criant  :  Vous  êtes  beau!  » 
(p.  275),  n'a  désormais  plus  d'illusions  sur  l'avenir.  Le  progrès  maté- 
riel continuera  sans  doute,  mais  pour  augmenter  et  armer  la  barbarie 
morale.  Le  machinisme  issu  de  l'intelligence  opprimera  les  intelli- 
gences; les  trusts  feront  des  milliardaires,  trop  riches  pour  jouir  même 
de  leur  argent,  et  des  pauvres  plus  envieux  et  plus  révoltés  que  ceux 
d'aujourd'hui.  Le  suprême  résultat  de  la  civilisation  sera  la  révolte 


-  li  - 

des  luivricrs  de  cette  civilisulion;  une  pincéo  de  la  poudre  X, —  aupi'ès 
de  laquelle  les  anciennes  dynamites,  mclinites  et  poudres  B,  n'étaient 
que  de  la  pommade  —  suffira  à  faire  sauter  une  ville.  Et  toutes  les 
villes  sauteront  en  efîet,  et  là  où  s'élevaient  des  Bourses,  des  Parlements, 
des  Musées,  les  temples  d'Orberose,  l'herbe  poussera.  Il  est  vrai  que  les 
Pingouins  feront  passer  la  charrue  sur  ces  ruines,  et  qu'ils  les  fécon- 
deront,   et    qu'ils    élèveront    des   maisons  nouvelles,  et  de  nouvelles 
villes,  et  qu'ils  recommenceront  la  mêm.e  œuvre  dite  de  civilisation 
pour  la  détruire  quand  elle  sera  achevée,  et  ainsi  de  suite,    éternelle- 
ment, tournant  toujours  dans  le  même  cercle  imbécile,  car,  au  fond, 
ils  sont  des  bêtes  malfaisantes  et  stupides,  mais  immortelles  !  —  Telle 
est  cette  Ytarodie  du  Discours  sw  l'histoire  universelle  et  de  l'Esprit  des 
lois.  Elle  est  un  peu  longue  et  un  peu  lourde;  la  réfutation,  si. on  avait 
la  naïveté  de  la  tenter,  en  tiendrait  plusieurs  volumes.  J'aime  mieux 
en  faire  valoir  les  mérites,  qui  ne  sont  peut-être  pas  d'un  ordre  très 
relevé,  mais  qu'il  faut  savoir  apprécier.  —  Qu'on  ne  dise  pas  que  la 
forme  allégorique  en  est  désuète  et  scolaire,  qu'elle  n'a  plus  sa  raison 
d'être,  que  si  elle  était  excusable  autrefois,  au  temps  des  Rabelais  et 
des  \'oltaire,  quand  la  liberté  de  la  satire  exposait   à  la  harl  ou  à  la 
Bastille,    elle  ne  l'est  plus  aujourd'hui  où  l'on  no  risque  rien  à  tout 
dire,  et  où  l'on  peut  appeler  les  successeurs  des  «  tyrans  »  d'autrefois 
«  dindons  »,  «  polichinelles  »,  «  traîtres  »,  sans  qu'ils  paraissent  seule- 
ment entendre  ;  ne  dites  pas  cela,  esprits  frivoles  !  La  liberté  de  la 
parole  et  de  la  pensée  n'est  pas  aussi  complète  que  vous. le  croyez; 
si  elle  ne  fait  pas  courir  les  mêmes  risques  qu'autrefois,  elle  en  fait 
courir  d'autres  que  redoutent  beaucoup  les  âmes  sensibles.  Un  pli 
de  dégoût  aux  lèvres  d'une  femme  respectée  peut  donner  «  la  petite 
mort  »  à  un  homme  délicat.  Le  droit  de  tout  dire,  s'il  n'est  plus  limité 
par   les  lois,  l'est  encore  par  les  mœurs,  dans  une  mesure,  il  est  vrai, 
qui  varie  selon  les    milieux.  Chez  les   rôdeurs  de    barrières  ou    chez 
les  pitres    forains,  elle  est  moins    étroite,   je  ne  crains  pas  de  le  dire, 
que  chez  les  académiciens.    Certaines  libertés  de  langage    tolérées 
chez  les  uns,  ne  le  sont  pas  chez  les  autres.  Or,  remarquez  bien  ceci  : 
il  peut  arriver  que  quelques-unes  de  ces  libertés  soient  très  appréciées, 
pour  toutes  sortes  de  raisons,  y  compris  même  des  raisons  esthétiques, 
par  ceux  à  qui  nos  mœurs  les  interdisent;  il  peut  arriver  que  le  désir 
d'en  user  soit  un  jour  irrésistible.  Comment  le  satisfaire,  sans  trop 
risquer?  C'est  très  simple;  il  n'y  a  qu'à  se  déguiser  soi-même  en  pitre, 
à  mettre  un  masque.  La  littérature  allégorique  est  une  littérature 
masquée.  Grâce  à  elle,  M.  Anatole  France  a  pu,  malgré  sa  délicatesse 
bien  connue  et  la  réserve  dont  il  est  coutumier,  éi  rire,  page  251,  lignes 
24  et  25,  une  phrase  qu'il  n'aurait  pas  osé  hasarder  dans  le  monde  où 
il  fréquente,  —  que  vous  no  me  j^ardonneriez  pas  de  reproduire  ici  — 


et  qui  est  admii'al)lomont  propre  à  l'aire  rire  un  ivrogne.  Il  a  pu  en 
écrire  d'autres  qui  feront  la  joie  des  polissons  de  tout  âge.  Quelques- 
unes  sont  à  l'adresse  des  lettrés;  la  facétie,  que  j'ai  citée,  sur  le  cha- 
peau du  P.  Agaric  a  dû  faire  à  l'auteur  lui-même  un  plaisir  extrême. 
Oh!  écrire  comme  Eugène  Sue,  quand  on  e^t  Anatole  France!  Oh! 
mettre  une  tête  de  veau  sur  son  front  d'académicien,  et  s'en  aller  à 
Bullier,  en  costume  de  carnaval,  comme  à  vingt  ans,  la  soixantaine 
sonnée  !  —  Ce  n'est  pas  tout.  La  littérature  masquée  permet  de  batif- 
foler  aux  dépens  des  personnes,  comme  aux  dépens  de  la  morale  et  de 
l'art.  Insulter,  bafouer,  calomnier  même,  de  braves  gens,  ■ —  fussent- 
ils  des  vaincus  sans  défense,  des  religieux  déjà  expulsés  et  volés  par  les 
pouvoirs  publics,  —  Arlequin  le  peut  :  il  a  tous  les  droits,  et  honny 
soit  qui  mal  y  pense  !  L'auteur  des  Pingouins  a  donc  pu  se  mettre 
à  l'aise  plus  que  dans  ses  précédentes  arlequinades,  où,  malgré  quelque 
cynisme,  on  sentait  encore  un  peu  de  gêne  et  comme  un  reste  do 
pudeur  (les  délicats  sont  malheureux  !).  Il  a  eu  ici  toutes  les  audaces; 
il  a  eu,  ou  il  a  simulé  toutes  les  fureurs  d'un  iconoclaste,  d'un  nihi- 
liste, d'un  anarchiste.  Pas  une  idole  qu'il  n'ait  outragée,  pas  un  prin- 
cipe qu'il  n'ait  bafoué;  rien  de  ce  qui  passe  pour  nécessaire  à  la  vie 
des  âmes  ou  des  sociétés  n'a  été  respecté.  Sa  raillerie  ne  vise  pas  tou- 
jours à  être  spirituelle,  elle  est  souvent  une  négation  brutale,  haineuse, 
forcenée.  «  La  nature  est  mauvaise;  la  morale  est  immorale;  le  pro- 
grés n'est  qu'une  forme  perfectionnée  de  la  barbarie;  les  religions  sont 
des  mensonges,  les  prêtres  des  exploiteurs,  les  savants  des  imbéciles, 
les  dreyfusistes  des  farceurs,  ■ —  mais  oui  !  les  dreyfusistes  !  La  terre 
est  inhabitable.il  reste  une  bonne  action  à  accomplir:  faii'o  sauter  cette 
planète  :  quand  elle  roulera  par  morceaux,  une  satisfaction  sera 
donnée  à  la  conscience  universelle,  qui  d'ailleurs  n'existe  pas  ».  Est-ce 
M.  Anatole  France  qui  parle?  Mais  non,  mais  non,  vous  dis-je.  Il  n'ose- 
rait. C'est  un  Pingouin,  c'est  le  docteur  Obnubile,  c'est  Bidault-Co- 
quille, que  la  IVIaniflore  a  détraqué;  c'est  Arlequin,  c'est  un  masque. 
Mais  est-ce  le  masque  de  l'auteur?  Pense-t-il  ce  qu'il  fait  dire  à  ses  per- 
sonnages? Allez  le  lui  demander;  il  se  moquera  de  vous.  Décidément 
la  littérature  masquée  a  du  bon  pour  les  écrivains  qui  n'aiment 
pas  les  responsabilités  et  qui  n'ont  pas  la  sot^e  et  désuète  prétention 
d'être  des  chevaliers.  Et  n'oublions  pas  d'autres  avantages  !  Comme 
elle  est  la  plus  artificielle  de  toutes,  elle  est  plus  propre  que  les  autres 
à  donner  une  sensation  «  d'art  »  aux  snobs.  Comme  elle  permet  l'éta- 
lage de  tous  les  secrets  du  métier,  elle  permet  à  l'auteur  de  jouir  de 
son  propre  esprit.  Sans  doute  l'esprit  de  M.  France  a  perdu  de  sa 
légèreté;  son  «  sourire  »,  dont  on  vantait  autrefois  la  grâce  et  la  séré- 
nité, a  les  dents  jaunes  !  Mais  il  n'a  pas  cessé  de  se  complaire  en  lui- 
même.  M.  Anatole  France  rit  • —  ou  ricane  • —  devant  le  miroir.  «  Cet 


esprit  est  une  l'h'ur  de  l'esprit  français  »,  a  dit  un  jour  M.  Jules  Le- 
maitre.  Cette  fleur  un  peu  fanée  est  un  Narcisse  penché  sur  le  cou- 
rant d'une  prose  limpide  qui  lui  renvoie  sa  propre  image.  M.  France 
est  le  Narcisse  du  nihilisme  et  de  l'anarchie.  Et  il  n'y  a  plus  pour 
comprendre  et  peut-être  lui  envier  ses  joies  solitaires,  que  le  pauvre 
Bidault-C()(|uille  à  qui  personne  ne  dit  plus  :  \'ous  êtes  beau! 

Post-stripUun.  ■ —  Je  demande  pardon  à  nos  lecteurs  d'avoir  pris 
tant  de  détours  pour  leur  dire  à  quel  point  l'Ile  des  Pingouins  est  une 
œuvre  misérable. 

2.  • —  Les  traducteurs  nous  avertissent  que  le  recueil  publié  sous  ce 
titre  :  Le  Parasite,  est  tout  à  fait  nouveau,  en  ce  sens  que  les  cinq 
nouvelles  «  qui  le  composent  n'ont  jamais  été  réunies  sous  une  même 
couverture  »  même  en  Angleterre.  Les  plus  intéressantes,  la  première  : 
Le  Parasite  et  le  Coup  gagnant,  nous  transportent  dans  le  domaine 
de  l'hypnotisme,  du  suggestionisme  et  autres  occultismes.  Une  vieille 
fille,  laide,  boiteuse,  méchante,  s'empare  de  l'esprit  et  de  la  liberté 
d'un  homme,  au  point  qu'à  plusieurs  kilomètres  de  distance,  elle  le 
gouverne  et  le  dirige  comme  si  elle  tenait  en  mains  sa  volonté,  tel  un 
wattman  manœuvrant  le  volant  d'une  machine  électrique.  En  vain 
l'homme  ferme-t-il  sa  porte  à  clef  et  jette-t-il  la  clef  dehors,  pour 
s'empêcher  d'obéir  à  l'ordre  de  sortir  que  l'Autre  lui  envoie  de  loin; 
en  vain  s'enfonce-t-il  dans  son  lit,  les  mains  sur  les  deux  oreilles,  les 
yeux  énergiquement  fermés,  les  couvertures  solidement  bordées  ; 
il  voit,  il  entend,  il  est  arraché  de  son  lit,  il  saute  par  la  fenêtre,  il 
court  où  elle  l'attend  ;  il  ne  s'appartient  plus,  il  n'est  plus  maître 
chez  lui,  il  est  au  Parasite  installé  chez  lui  et  que  d'ailleurs  il  méprise, 
déteste  et  exècre  !  De  temps  en  temps,  quand  ce  Maître  horrible  dort 
ou  est  malade,  l'esclave  se  reprend  et  s'épouvante  à  l'idée  de  ce 
qu'il  est  devenu  et  de  ce  qu'il  a  conscience  qu'il  va  devenir. 
Et  en  effet,  un  jour,  il  se  rend  près  de  sa  fiancée,  une  adorable  et 
adorée  jeune  fille,  pour  la  tuer  !  Déjà  il  avance  la  main,  quand 
soudain  il  s'arrête.  Que  s'est-il  passé?  Il  ne  sait;  il  s'enfuit,  il  court 
à  travers  la  ville  comme  un  échappé  de  l'enfer,  et  un  passant  lui 
apprend  que  l'exécrable  Vampire  vient  de  mourir,  il  y  a  cinq  minutes. 
Il  est  sauvé  !  —  Dans  le  Coup  gagnant,  sous  l'influence  d'une  puis- 
sance de  même  espèce,  un  jeune  tireur  tue  son  double,  interposé 
entre  la  cible  et  lui,  et  tombe  foudroyé,  tout  en  ayant  mis  dans  le 
mille  !  Et  ceci  est  un  peu  plus  compliqué.  —  Le  Duel  d'acteurs  nous 
ramène  sur  la  terre  ferme  des  réalités.  Un  vieil  acteur,  ayant  appris 
que  son  gendre,  acteur  comme  lui,  est  un  coquin  (la  moindre  de  ses 
fautes  fut  d'être  bigame)  le  transperce  de  son  épée  démouchetée  au 
cours  d'une  représentation  à'Hamlet.  Fait  divers  s  nsationnel,  mais 
point  supernaturel,  comme  les  précédents.' —  La  Grasse  Sally  est  un 


—  17  — 

fait  divers  maritime,  un  duel  entre  un  vaisseau  anglais  et  un  vaisseau 
français,  qui  tourne  à  l'avantage  du  premier,  grâce  à  l'intervention 
inattendue  d'un  corsaire—  un  troisième  larron  ■ —  qui  se  souvient 
qu'il  est  anglais.  ■ —  Et  il  résulte  de  tout  ceci  que  les  éditeurs  ont 
«  réuni  sous  la  même  couverture  »  des  nouvelles  un  peu  disparates. 

3.  • —  Monsieur  Gendron  va  au  peuple  est  une  œuvre  humoristique, 
faite,  elle  aussi,  d'éléments  un  peu  disparates;  la  grosse  charge  y  est 
associée  à  la  romance  sentimentale  et  à  des  vues  d'économie  sociale; 
le  mélange  non  condamnable  en  soi  (le  roman  de  Jérôme  Paturot,  que 
M.  R.  Thiry  connaît  bien,  en  a  donné,  vers  1850,  un  exemple  célèbre), 
ne  parait  pas,  en  fait,  assez  bien  réussi.  Un  ancien  chartiste,  archéologue 
fervent,  M.  Gendron,  vient,  à  la  suite  de  je  ne  sais  quelle  insolation, 
de  renoncer  à  l'archéologie  et  de  se  consacrer  à  la  sociologie.  Dans 
une  séance  publique  de  la  plus  archéologique  des  sociétés  savantes 
dont  il  était    membre,    il  renie  solennellement  et  scandaleusement 
ses  fiches,    ses  collections,  ses  bouquins,  toutes  ses  convictions  et 
affections   passées,    pour   mieux   affirmer   ses   convictions   présentes 
((  Tout  pour  le  peuple  et  par  le  peuple  !  »  Ce  Polyeucte  de  la  socio- 
logie   ne  se  contente  pas  de  briser  ses  vieilles  idoles;  il  injurie  ses 
anciens  confrères,  tant  et  si  fort  qu'il  se  fait  mettre  à  la  porte  à  coups 
de  poing  et  à  coups  de  pied.  Dans  la  rue  il  est  assisté  par  un  jeune 
homme,  qui  lui  remet  sa  carte  sur  laquelle  on  lisait  ces  mots  :  Claude 
Farnèse,  chef  de  l'Ecole  simpliste.    N'allez  pas  croire  qu'il  y  ait  un 
rapport  quelconque  entre  cette  école  et  celle  où  vient  d'entrer  M.  Gen- 
dron; celle-ci  se  propose  le  bonheur  du  peuple,  celle-là  la  restauration 
«  des  gilets  à  personnage  et  des  pantalons  à  pont  !  »  Le  plus  simpliste 
des  deux  n'est  pas  celui  qu'on  pense.  Ces  deux  détraqués  deviennent 
une  paire  d'amis,  et  partent  en  province  pour  étudier  ensemble  les 
moyens  de  régénérer  le  peuple  et  le  costume  masculin.  Inutile  de  vous 
apprendre,  vous  le  devinez,  que,  dès  les  premières  étapes  du  voyage, 
le  peuple  se  révèle  à  son  nouvel  ami  sous  un  aspect  qu'il  ne  soupçon- 
nait pas,  et  que  le  nouveau  Jérôme  Paturot  sent,  au  contact  des  réa- 
lités sociales,  se  refroidir  ses  ardeurs  sociologiques.  Mais  peut-être 
faut-il  vous  apprendre,  pour  que  vous  le  sachiez,  que  le  restaurateur 
des  pantalons  à  pont  s'enflamme  pour  la  nièce  de  la  belle-sœur  de 
M.  Gendron,  dont  le  cousin  avait  un  gendre  qui  était  le  frère...  Les  rap- 
ports entre  M.  Gendron  et  M.  Farnèse  deviennent  de  plus  en  plus 
étroits;   mais  le  rapport  entre  leurs  idées  reste  inaperçu.   Et  leur 
histoire  paraît  longue.   Cet  «  os  »   doit    receler   «  une   substantifique 
moelle  »,  lui  ausssi;  mais  il  est  trop    volumineux    et    tient    trop   de 
place  «  Que  d'os  !  que  d'os  !  »  comme  dirait  Claude  Farnèse. 

4.'' —  Timandra  pourrait  prétendre  à  être  classée  sous  une  rubrique 
plus  honorable,  celle  des  Romans  historiques^  si  l'élément  historique  en 
Janvier  1909.  T.  CXV.  2. 


—  18  - 

était  plus  important,  ot  si  l'autre,  l'élément  romanesque,  l'était  moins. 
Comment  Timandra,  esclave  d'un  courtisane  athénienne,  devint 
l'égale  de  sa  maîtresse,  après  avoir  failli  être  sa  victime,  comment  elle 
voulut  se  venger  d'Alcibiade  et  organisa  des  machinations  qui  abou- 
tirent à  la  rendre  amoureuse  de  son  ennemi,  c'est  ce  que  raconte 
M.  d'Abbes  avec  une  prodigalité  de  détails  qui  n'ont  pas  tous  un 
intérêt  ni  une  valeur  historiques.  Je  dirais  que  la  plupai-t  font  hon- 
neur à  son  imagination,  plutôt  qu'à  son  érudition,  s'il  était  possible, 
en  pareille  matière,  de  parler  d'honneur.  Tout  ce  qu'on  peut  faire, 
c'est  d'adresser  à  l'auteur  des  condoléances  sincères  pour  l'emploi 
qu'il  fait  de  ses  dons  d'écrivain. 

3.  —  La  Folle  Aventure  doit  être  une  chose  très  drôle,  du  moins  à 
en  juger  par  le  plaisir  évident  que  l'auteur  a  pris  à  l'écrire  et  à  tirer 
les  ficelles  des  marionnettes  archaïques  qu'il  met  en  scène  :  deux 
médecins  du  xvii«  siècle,  un  jeune  seigneur,  la  douairière  sa  mère, 
son  précepteur,  débitant  tous  et  toutes  de  solennelles  âneries  et  de 
précieuses  balourdises.  On  voit  l'auteur  qui  se  tord  derrière  la  toile 
de  ce  guignol.  Quel  malheur  que  sa  gaîté  ne  soit  pas  communica- 
tive  !  c'est  en  vain  qu'on  essaye  de  la  partager,  qu'on,  reprend  le  livre 
après  l'avoir  quitté,  qu'on  le  reprend  deux  fois,  trois  fois;  au  bout 
de  quelques  pages,  il  vous  tombe  des  mains,  et  le  sommeil  vous  gagne  ! 
«  Le  sommeil  est-il  une  opinion?  »  On  l'a  dit;  mais  vous  êtes  libre  de 
ne  pas  le  croire. 

Romans-feuilletons.  —  6  et  7.  —  Un  mot  sufïira  pour  Après  le 
divorce,  histoire  d'un  mariage  mal  assorti  et  vite  rompu,  et  aussi 
pour  la  Jolie  Princesse,  recueil  de  six  nouvelles.  «  C'est  de  la  bonne 
ouvrage  »,  où  il  y  a  plus  de  métier  que  d'aï  t,  mais  qui  ne  manque 
pas  d'Intérêt. 

8.  —  Il  y  a,  au  contraire,  trop  d'art  et  pas  assez  de  métier  dans 
les  Camp-Volantes  de  la  Riviera.  Vous  y  trouverez  :  1°  Une  Anglaise 
millionnaire  qui  a  épousé  un  Français  pauvre  mais  malhonnête,  et 
qui  enlève  son  mari  en  auto  pour  le  rendre  fidèle,  et  qui  se  tue,  déses- 
pérée d'avoir  échoué,  mais  qui  se  tue  de  manière  à  faire  croire 
qu'elle  a  été  tuée  par  sa  rivale;  2^  une  Espagnole,  très  intelligente 
et  très  pieuse,  qui  prend  un  amant  et  qui  prend  ensuite  le  voile 
pour  expier  sa  faiblesse;  3°  une  petite  Russe,  qui  a  des  con- 
victions trè5  fermes  et  des  mœurs  relâchées,  nihiliste  qui  tuera  les 
maîtres  de  la  Russie,  mais  qui  sera  la  maîtresse  de  qui  lui  plaît;  4°  des 
Américains  et  des  Américaines  qui  ont  toutes  les  qualités  et  même 
des  vertus  ;  5°  deux  Français  qui  ont  l'âme  faisandée,  dont  l'un  dépense 
noblement  ■ —  il  est  comte  !  ■ —  l'argent  de  sa  femme  avec  sa  maîtresse, 
• —  et  dont  l'autre,  qui  est  son  ami  et  qui  est  baron,  le  dénonce  à  sa 
femme,  moyennant  finance!  Et  sixièmement  vous  trouverez  dans  ce 


—  19  — 

méli-mélodrame  le  talent  de  l'auteur  des  Sévriennes,  mais  gâté  par  le 
su€cès  qu'on  lui  a  fait,  et  par  des  affectations  de  bel  esprit.  A  entendre 
causer  ces  personnages,  on  se  croirait  par  moments,  non  plus  sur  la 
Riviera,  mais  dans  quelque  hôtel  de  Rambouillet  '■ —  un  Rambouillet 
aussi  précieux,    quoique   moins    pudibond   que  celui  de  la  marquise. 

9.' —  On  a  dit  que,  par  le  Maître  de  la  terre,  M.  R.  H.  Benson 
s'était  affirmé  »  le  Jules  Verne  de  TApocalypse  »,  un  Jules  Verne 
théologien,  dont  l'orthodoxie  est  aussi  sûre  que  l'imagination 
puissante.  Ce  «  roman  d'aventures,  »  comme  l'appelle  l'auteur  lui- 
même,  est  de  ceux  qui  sont  capables  de  rendre  à  un  genre  un  peu 
discrédité,  Testime  des  lettrés  et  des  penseurs. Le  succès  en  a  été  pres- 
que aussi  universel  que  celui  de  Quo  Vadisl  Et  du  reste  c'^est  un  Quo 
Vadis?  prophétique;  le  premier  nous  montre  les  catacombes  du  passé; 
celui-ci  nous  ouvre  les  catacombes  de  l'avenir,  —  un  avenir  très 
prochain,  amené  par  la  crise  religieuse,  qui  aboutira  à  la  formation 
de  deux  camps  opposés,  «  le  camp  du  catholicisme  et  le  camp  de 
l'humanitarisme  »,  celui-ci  devant  triompher  momentanément,  en 
attendant  le  triomplie  définitif  de  l'autre.  Quelles  vont  être  les  péri- 
péties de  la  lutte,  quelles  armes  et  quelles  ressources,  fournies  par  la 
science  moderne  y  seront  employées  de  part  et  d'autre,  sur  quels 
train*  aériens  voyageront  le  dernier  Pape  et  son  ennemi,  «  le  Maître  de 
la  terre  »,  l'anti-Pape,  par  quels  explosifs,  en  quelques  secondes, 
une  flotte  d'aéroplanes,  partie  de  Londres,  anéantira  la  ville  de  Rome, 
comment  le  Sacré-Collège  reconstitué,  sera  trahi  par  un  de  ses  mem- 
bres, quel  ordre  religieux  nouveau  se  consacrera  à  la  défense  du 
Christ,  et  comment  le  Christ,  qui  règne  et  triomphe  depuis  deux  mille 
ans,  établira  son  règne  final,  tel  est  le  sommaire  de  la  partie  exté- 
rieure de  cette  «  histoire  ».  Quel  sera  l'état  des  âmes  pendant  le  temps 
de  cette  «  abomination  »  et  de  cette  «  désolation  »,  comment  la  foi 
sera  combattue  et  diminuée,  comment  ses  adversaires  pourront  être 
des  esprits  sincères  et  des  cœurs  généreux,  mais  quels  admirables 
génies  et  quels  sublimes  dévouements  Dieu  susciliera  pour  maintenir 
et  accroître  l'honneur  de  son  Eglise,  — ■  c'en  est  la  partie  intérieure, 
philosophique  et  psychologique.  On  devine  l'intérêt  de  l'une  et  de 
l'autre,  ainsi  que  le  nombre  et  la  qualité  des  lecteurs  assurés  à  cette 
«  Vision  ». 

Romans  de  mœurs.  —  10.  —  Quelle  belle  œuvre  et  quel  drame  poi- 
gnant que  Chez  les  heureux  de  ce  monde,  ■ —  malgré  quelque  préciosité 
dans  le  style  (laquelle  n'est  pas  imputable  à  la  traduction,  d'une 
fluidité  et  d'une  aisance  rare),  et  des  longueurs  dans  le  développe- 
ment (comme  il  s'en  ti'ouve  dans  les  romans  toujours  un  peu  touffus, 
qui  nous  viennent  «  de  l'autre  côté  de  l'eau  »).  C'est  une  peinture  de  la 
vie  mondaine  aux  États-Unis,  et  l'histoire  d'u^e  des  victimes  de  cette 


—  20  - 

vio,  une  jeune  fille,  qui  en  était  la  parure,  —  «  un  roman  collectif  par 
son  effet  d'ensemble,  comme  dit  M.  Paul  Bourget,  et  particulier  par 
ses  effets  de  détail  ».  — Lily  était  belle,  bonne  et  même  vertueuse,  quoi- 
que flirteuse  très  occupée  et  très  hardie;  elle  traînait  «  tous  les  cœurs 
après  soi  ».  Un  seul  lui  aurait  sulTi  qu'elle  aurait  pu  fixer,  si  elle  l'avait 
bien  voulu.  Mais  elle  voulait  mal;  le  courage  lui  manquait  d'aban- 
donner la  parade  sociale  à  laquelle  l'avait  trop  bien  préparée  son  édu- 
cation. Restée  orpheline  et  pauvre,  après  avoir  vu  dépenser  des 
millions  par  ses  parents,  elle  essaye  de  se  maintenir  dans  son  milieu 
natal,  qui  ne  cesse  pas  de  lui  prodiguer  dos  hommages,  mais  com- 
mence à  lui  témoigner  moins  de  considération:  les  mères  ont  peur 
d'elle  pour  leurs  fils  et  les  femmes  pour  leurs  maris.  La  délicatesse  de 
sa  conscience  s'amoindrit  de  jour  en  jour  dans  cette  lutte  humiliante, 
dans  la  recherche  du  beau  mariage,  dans  l'acceptation  d'hospitalités 
équivoques  et  d'un  demi-parasitisme  dispendieux,  et  enfin  dans 
l'acceptation  de  certains  services  d'argent,  sur  la  nature  desquels  son 
entourage  ne  veut  pas  croire  qu'elle  puisse  se  faire  illusion.  Si  bien 
que  lorsqu'elle  se  révolte  en  face  du  paiem.ent  demandé  —  et  quel 
paiement  !  —  elle  semble  avoir  joué  le  rôle  d'une  intrigante.  Une 
déchéance  lente,  mais  fatale,  la  fait  descendre  peu  à  peu  des  sommets 
où  avait  brillé  sa  jeunesse  et  sa  beauté;  un  jour  même  une  brut^ile  et 
féroce  exécution,  provoquée  par  la  rancune  d'une  rivale,  l'élimine 
définitivement  de  la  société  des  «  heureux  du  monde  ».  —  Tel  est 
le  sommaire  de  cette  tragédie  mondaine,  dont  M.  Paul  Bourget,  dans 
une  Préface,  que  nous  venons  de  reproduire  en  partie,  nous  assure 
que  la  publication  à  New  York,  produisit  ;<  voici  trois  ans,  une  sensa- 
tion profonde  d'une  extrémité  à  l'autre  du  continent  américain  ». 

11.  • —  Terre  fertile  est  un  beau  livre  qui  peut  être  rangé  parmi  les 
romans  de  m.œurs,  quoiqu'il  soit,  peut-être,  dans  la  pensée  de  l'au- 
teur, un  roman  à  thèse.  C'est  que  les  mœurs  y  semblent  moins  arti- 
ficielles que  la  thèse,  —  laquelle  est  trop  ATfie,  trop  facilement  dé- 
montrable et  surtout  trop  facilement  démontrée.  En  voici  «  l'argu- 
ment »,  comme  disaient  les  thésistes  d'autrefois.  Les  descendants 
des  vieilles  races  n'ont  pas  besoin  d'émigrer  en  Amérique  pour  être 
heureux;  ils  peuvent  rester  en  France  et  y  faire  le  bonheur  des  autres 
en  même  temps  que  leur  propre  bonheur;  ils  n'ont  qu'à  travailler, 
et  s'ils  rencontrent  «  quelque  brave  fille  »,  de  race  moins  vieille,  ils 
peuvent  l'épouser,  «  cette  terre  fertile  de  France  »  pouvant  «  être 
régénérée  par  cette  fusion  des  souches  qui  entremêle  les  jeunes  et 
souples  rameaux  aux  branches  des  chênes  séculaires  ».  ■ —  C'est,  on 
le  voit,  la  contre-partie  de  V Émigré,  à  l'auteur  duquel  elle  est  respec- 
tueusement dédiée.  Elle  est  du  reste  conduite  avec  la  logique  recti- 
ligne  et  simpli.ste  (malgré  les  complications  et  les  entortillemenis  de  Ja 


—  21   - 

forme)  que  nous  avons  dû  signaler  souvent  dans  les  démonstrations 
autrement  dramatiques  aussi  de  M.  Paul  Bourget.  Le  drame  même 
est  ingénu.  C'est  une  idylle.  L'héritier  d'une  très  noble  et 
très  ancienne  famille,  le  comte  Henri  de  Vigne,  conçoit  le  projet  de 
dessécher  et  de  fertiliser  un  coin  de  France,  qui  n'était  qu'une  sorte 
de  marais;  le  château  patrimonial  en  occupait  le  centre.  Il  d(jit 
acheter,  par  parcelles,  toute  une  plaine.  Quelques  propriétaires 
voisins  s'opposent  à  son  projet,  parmi  lesquels  M.  Martoret,  maire  du 
village  et  candidat  à  la  députation,  démocrate  gonflé  et  jaloux,  qui  se 
pose  en  adversaire  du  châtelain.  Lutte  entre  les  deux  adversaires; 
ses  diverses  phases.  Le  comte  de  Vigne  a  de  la  volonté;  le  maire  n'a 
que  de  la  vanité  ;  c'est  donc  le  maire  qui  succombera  et  dans  des  con- 
ditions à  la  fois  piteuses  et  honorables.il  a  une  fdle,  qui  est  aussi  belle 
qu'il  est  bête,  et  aussi  «  distinguée  ))  qu'il  est  grossier.  Le  comte  l'aime 
et  l'épouse.  Et  c'est  ainsi  que  s'opère  la  «  fusion  des  souches  »  sur 
«  cette  terre  fertile  »  de  France.  L'opération  est  bien  «  machinée  ». 
Mais  si  les  trucs  en  sont  trop  visibles,  les  détails  en  sont  intéressants, 
et  l'impression  qu'elle  laisse  est  salubre,  si  j'ose  dire.  Le  comte  Henri 
assainit  les  marais;  M.  P.  Samy  assainit  le  roman. 

12.  ■ —  Les  Trois  Apôtres  sont  deux  gredins  et  un  imbécile,  les  pre- 
miers associés  pour  exploiter  le  dernier  et  y  réussissant  par  les  moyens 
qui  auraient  dû  les  faire  échouer.  L'imbécile  a  une  cassette  pleine 
d'or  et  une  fdle;  les  coquins  essayent  de  lui  enlever  l'une  et  l'autre. 
Repoussés  et  à  moitié  assommés  dans  une  première  tentative  contre 
la  cassette,  ils  sont  d'abord  plus  heureux  avec  l'enfant.  Ils  l'emportent, 
de  nuit,  ligottée  et  bâillonnée,  sur  une  barque  de  pêche  et  l'emmènent 
au  large,  décidés  à  l'abandonner  sur  un  rivage  désert;  mais  ils  la 
perdent,  ils  ne  savent  où,  pendant  un  orage.  Et  ils  rentrent  penauds, 
dans  le  port  d'où  ils  sont  partis;  ils  y  rentrent  en  plein  jour,  accueillis 
par  les  railleries  de  leurs  compatriotes,  qui  connaissent  leur  exploit. 
La  fdle  rentre  de  son  côté,  ramenée  par  de  braves  gens  ;  elle  est  sauvée  ! 
Et  ses  ravisseurs  ne  sont  pas  perdus,  le  père  n'osant  pas  se  plaindre 
à  la  police,  la  police  du  pays  étant  sans  doute  aveugle  et  sourde,  et  le 
pays  lui-même  étant  probablement  peuplé  de  muets.  ■ —  Ce  qui  est 
étonnant,  attendu  que  nous  sommes  dans  le  Midi,  à  Meze  (Hérault). 
On  ne  s'en  douterait  pas,  n'étaient  quelques  indications  géographi- 
ques, exactes  d'ailleurs,  comme  celles  d'un  Baedeker,  mal  rédigé. 
Et  c'est  —  je  regrette  d'avoir  à  le  dire  • — ■  tout  ce  qu'il  y  a  d'exact 
et  d'intéressant  dans  cette  œuvre  particulièrement  mal  venue  parmi 
celles  où  il  est  impossible  de  trouver  soit  de  l'observation,  soit  du 
style. 

13,  14  et  15.  ■ —  La  valeur  littéraire  des  trois  œuvres  suivantes,  qui 
appartiennent,  comme  la  précédente,  à  la  «  Collection  des  écrivains 


—  22  — 

régionaux  »,  est  de  beaucoup  supérieure.  Si  les  dimensions,  qui  en 
sont  très  modestes  (presque  des  plaquettes  )  ne  nous  permettent 
pas  d'en  parler  longuement,  et  si  nous  devons  nous  borner  aujour- 
d'hui à  en  indiquer  le  titre  et  le  sujet  {La  Vie  lorraine  contient  six 
conter  de  la  rout^  ^t  de  Veau;  —  Les  Routes  de  Gascogne,  douze  Cro- 
quis et  neuf  Coni£s\  • —  Miguette  de  Conte-Cigale,  une  idyîie  landaise); 
—  nous  pouvons  les  recommander  sans  remords  à  l'attention  des 
<(  gourmets  ».  Les  gourmands,  tout  court,  n'y  trouveront  peut-être 
pas  leur  compte  (sauf  peut-être  dans  le  troisième  qui  est  à  la  fois 
une  «(histoire»  et  une  œuvre  d'art;)  mais  elles  ont  toutes  le  mérite 
d'être  faites  de  «  main  d'ouvrier  de  lettres  j);  (il  y  en  a  tant  d'autres 
qui  le  sont  de  main  «  de  maçon  »).  Quant  au  mérite  spécial  des  auteurs 
d'être  des  écrivains  «  régionaux  »  et  des  collaborateurs  d'une  vaste 
entreprise  de  décentralisation  à  la  fois  littéraire  et  sociale,  on  nous 
permettra  d'en  renvoyer  l'appréciation  —  et  l'éloge  —  à  plus  tard. 

16.  • —  Et  nous  pourrons  être  aussi  bref  sur  les  Mémoires  d'une 
vieille  fiUe^  Nous  avons  si  souvent  parlé  de  l'auteur,  si  souvent  essayé 
de  caractériser  son  talent,  que  nous -pourrons  attendre  pour  recom- 
mencer un  éloge  tant  de  fois  répété.  L'occasion  serait  bien  tentante 
cependant.  Parmi  les  AÙngt-neuf  morceaux  de  ce  recueil  (petites  his- 
toires, conversations,  méditations,  descriptions),  il  en  est  quelques- 
unes  qui  sont  de  purs  chefs-d'œuvre.  Je  signalerai  le  X\''^  (Les 
Êtrennes),  à  cause  de  l'actuahté  du  titre  et  de  la  permanente  utilité 
du  renseignement  qu'on  y  trouve,  et  le  XX IX^  {Les  Lectures),  pour 
ses  conseils  si  déhcats  et  si  sûrs,  et  pour  deux  tableautins 
délicieux  (Une  Salle  de  concert  et  la  Mère  Liseuse)  —  qui  sont 
d'un  moraliste  autant  que  d'un  artiste.  Et  si  quelqu'un  me  disait 
ici  :  «  le  meilleur  de  Bazin  est  là,  dans  ces  petites  miniatures; 
sa  palette  n'a  pas  assez  de  couleurs  pour  couvrir  de  larges  toiles  », 
je  lui  donnerais  tort  d'avoir  raison.  Powquoi  essayer  de  gâter  mon 
plaisir? 

17.  —  Les  «  Pages  »  ont  eu  «  une  bonne  presse  »  et  ils  la  méritent 
par  la  consciencieuse  application  à  faire  vrai  et  à  faire  complet.  C'est 
une  étude  de  mœurs  rurales  dans  une  partie  du  Rouergue.  L'autem' 
connaît  admirablement  son  sujet,  jusque  dans  les  moindres  détails. 
Et  comme  il  n'en  est  pas  un  qui  l'ait  laissé  indifférent  il  s'est  efforcé 
de  nous  y  intéresser  nous-mêmes.  L'effort  est  visible,  mais  il  est  pai"- 
fois  heureux,  notamment  au  chapitre  lY  intitulé:  Les  Taureaux.  Un 
souvenir  classique  («  Europe  en  eût  été  cmioureuse  )))(p.69),le  retour  d'un 
leit-moùv  lyrique  :  «Au-dessus  des  pensers  grossiers,  dans  les  plaines 
radieuses  du  désir,  l'âme  de  Mir  s'était  envolée  »  (p.  77)  et  :  «  dans  les 
plaines  du  désir,  s'envolait  l'âme  du  bouvier  »  (p.  78),  n'enlèvent  rien 
—  si  même  ils  n'ajoutent  pas  quelque  chose  — à  l'intérêt  de  cet  épisode. 


—  23  — 

à  la  fois  réaliste  et  poétique.  C'est  du  reste  le  caractère  de  i'œflvre 
entière  de  chercher  et  de  trouver  tous  ses  efî :ts  poétiques  dans»  la 
vérité  réelle.  Une  idylle  touchante  (de  chastes  amours  entre  l:s  en- 
fants de  deux  «  Pages  »  rivaux)  en  forme  le  cadre  et  le  lien;  la  matière 
principale  en  est  «  le  Ménage  agricole  »,  comme  disait  Calemard  de 
La  Fayette  (un  autre  peintre  de  la  vie  rurale,  voisin  du  Rouergue); 
les  objets  les  plus  humbles  et  les  plus  prosaïques  en  apparence,  sont 
observés  avec  passion  et  précision  à  la  fois  et  comme  tout  pénétrés 
de  l'âme  de  l'observateur.  C'est  cette  âme  qui  anime  tous  les  objets 
«  inanimés  »,  c'est  elle  «  qui  donne  à  tout  un  esprit,un  visage  »,  elle  «  qui 
s'attache  à  notre  âme  et  la  force  d'aimer  !  m  et  d'aimer  tout,  les  tau- 
raux,  les  vaches,  la  vacherie,  y  compris  le  vacher  et  le  «  patron  «  du 
vacher,  tels  qu'ils  sont,  ni  embellis  ou  affadis  à  la  Berquin,  ni  enlaidis 
à  la  Zola.  A  rencontre  de  quelques-uns  de  ses  confrères  en  «  paysan- 
neries »,  qui  semblent  s'inspirer  du  mot  de  Chamfort  :  «  Il  faut  choisir 
d'aimer  les  hommes  ou  de  les  connaître  »,  M.  E.  Bouloc  aime  les 
paysans  quoiqu'il  les  connaisse,  —  peut-être  parce  qu'il  les  connaît. 
Son  œuvre  se  termine  par  l'expression  de  ce  vœu,  qui  résume  tout 
ce  qu'il  sait  de  leur  passé  traditionnel  et  tout  ce  qu'il  craint  pour  leur 
avenir  :  «  Que  Dieu  conserve  tous  les  foyers  paysans  !  »  Et  Dieu  fasse 
que  les  «  propriétaires  »  n'aient  pas  'besoin  d'être  <'  poètes  »  pour  s'asso- 
cier tous  à  ce  vœu  ! 

18  et  19.  ■ —  Cette  Histoire  d'une  demoiselle  de  modes  est  le  roman 
que  rêvent  beaucoup  de  modistes,  filles  de  paysan  ou  de  concierge  : 
avoir  pour  amant  un  prince  !  Celle-ci  a  trois  amants,  l'un  après  l'autre, 
d'ailleurs  (car  on  est  honnête,  relativement),  et  tous  les  trois  :  ont 
princes,  le  premier  de  lafinance  (un  coulissier  qui  lui  donne  des  chèques 
de  cent  mille  francs,  d'un  coup,  mais  qui,  hélas  !  se  ruine  vite  et  se 
suicide)  ;  le  second,  un  prince  de  Ja  science,  un  grand  médecin  de 
Paris  ;  et  le  troisième, un  comte,  un  vrai,  et  qui  l'épouse  en  justes  noces  ! 
(Musique  !)  —  Camille  Frison,  qui  a  pour  héroïne  une  «ouvrière  de  la 
couture  »,  est  conçue  dans  une  autre  esprit  et  rédigée  d'une  autre 
plume;  ce  n'est  plus  un  feuilleton  romanesque  destiné  à  faire  rêver 
de  petites  «  oies  »  pas  blanches;  c'est  de  l'histoire  et  même  de  la  sta- 
tistique et  de  l'économie  pohtique.  Par  sa  documentation  précise  et 
par  les  idées  générales  qui  s'en  dégagent,  l'œ^uvre  échappe  à  ma  com- 
pétence. Je  la  signale  à  mon  éminent  confrère,  M.  Rambaud,  non  sans 
la  recommander  aux  lecteurs  qui  aiment  les  romans  «  penseurs  » 
comme  aurait  dit  M^^^  de  Staël.  Ils  y  verront  à  quels  dangers  est 
exposée  la  jeune  ouvrière  de  Paris,  et  quelles  mesures  pourraient  en 
diminuer  le  nombre  et  la  gra^dté.  Parmi  ces  mesures,  les  plus  utiles 
seraient  celles  qui  accroîtraient  la  valeur  morale  des  employées  et  celle 
des  employeurs.  Comme  la  plupart  des  problèmes  sociaux,  celui-ci 


—  24  — 

ost  d'ordre  moral  et  religieux,  autant  que  d'ordre  économique.  L'au- 
teur en  a  le  sentiment  très  vif  et  il  l'exprime  avec  une  conviction  péné- 
trante • —  et  sans  phrases.  On  peut  beaucoup  attendre  de  cet  esprit, 
si  net,  et  de  ce  cœur,  si  chaud. 

20.  —  Mœurs  politiques  et  électorales  en  province,  dans  une  petite 
ville,  c'est  le  sujet  du  Miracle  de  CoiirteviUe  :  Le  sujet  n'est  pas  nou- 
veau, mais  il  est  tellement  actuel,  qu'il  est  toujours  intéressant  quand 
il  est  traité  par  un  observateur  qui  sait  voir,  et  un  artiste  qui  sait 
choisir.  —  M.  Nayral  a  vu  à  Courteville  des  imbéciles  ambitieux,  des 
socialites  arrivistes  et  jouisseurs.  A-t-il  bien  vu?  Je  le  voudrais.  Mais 
comme  il  a  vu  en  outre  un  jeune  homme  d'âme  si  délicate  que  la 
simple  idée  «  du  contact  »  avec  les  prêtres  semblables  à  ceux  de  Courte- 
ville,  l'empêche  d'entrer  au  séminaire  et  de  rester  chrétien,  je  suis 
inquiet.  J'ai  peur  que  M.  Nayral,  s'il  a  de  bons  yeux,  ne  s'en  servemal, 
qu'il  ne  soit  qu'un  apprenti  dansl'artderegarder  et  de  juger,  ■ — «des 
organes  mal  servis  par  l'intelligence  !  »  comme  n'a  pas  dit  Bonald. 
Et  je  le  dis,  dussè-je  faire  plaisir  aux  socialistes  et  aux  imbéciles  de 
Courteville. 

Romans  psychologiques.  • —  21.' —  Nommons  d'abord  le  maître, 
toujours  magistral,  et  aussi  toujours  intéressant,  même  quand  il  se 
repose.  Les  douze  nouvelles  qui  composent  ce  volume  intitulé  : 
Les  Détours  du  cœur  nous  introduisent  dans  un  labyrinthe,  dont  nous 
savons,  dont  tout  le  monde  a  dit  que  «  AL  Paul  Bourget  a  le  fd  ».  On 
n'y  fait  pas  des  découvertes  nouvelles;  mais  la  visite  n'en  est  pas 
moins  agréable,  sauf  peut-être  un  ou  deux  moments,  où  notre  con- 
fiance dans  le  cicérone  pourtant  si  expérimenté,  hésite  un  peu.  C'est 
ainsi  que,  dès  le  début,  nous  avons  peine  à  trouver  suffisants  les  motifs 
qui  ont  déterminé  un  mari  trompé  à  faire  le  Brutus,  à  feindre  des 
vices  qu'il  n'a  pas  mais  que  d'ailleurs  (ceci  est  plus  humain)  il  finira 
par  contracter,  le  masque  collant  au  visage. —  Le  héros  de  la  troi- 
sième nouvelle,  Complicité,  met  beaucoup  de  temps  et  éprouve  trop 
d'angoisses  à  résoudre  un  cas  de  conscience  assez  simple  :  il  a  surpris, 
en  flagrant  délit  d'infidélité,  la  femme  de  son  meilleur  ami.  Doit-il 
parler  pour  n'être  pas  complice?  Ce  qui  est  étrange  c'est  qu'il  hésite 
une  seconde  à  répondre  négativement.  Et  comme  en  outre  il  insiste, 
plus  que  de  raison,  sur  des  détails  qui  sont  moins  psychologiques  que 
physiologiques, on  se  surprend  à  dire  au  guide  du  labyrinthe  :  Passons 
plus  vite  ! —  On  a  beaucoup  loué,  en  revanche,  la  Menace  par  laquelle 
une  bru  répond  aux  observations  de  sa  belle-mère  sur  un  flirt  impru- 
dent :  «  Pardon,  Madame,  vous  avez  fait  pire  dans  votre  temps  !  Si 
vous  insistez,  je  le  dirai  à  votre  fils  ».  Ici  la  psychologie  du  personnage 
n'est  pas  entortillée;  elle  est  claire,  simple  et  nature;  mais  il  y  a  une 
manière  d'être  simple  avec  force  et  nature  avec  «  distinction  »;  et  il 


—  25  - 

n'y  a  pas  à  vous  apprendre  que  cette  manière  est  celle  de  M.  Paul 
Bourget,  à  ses  bons  moments.  S'il  me  fallait  donner  la  préférence 
à  l'une  de  ces  douze  nouvelles,  j'opterais  pour  la  XI°,  l'Expert,  où 
l'on  voit  un  médecin  de  génie  pénétrer  à  la  fois  l'âme  d'un  criminel 
et  celle  d'un  complice  bien  inattendu  :  un  des  internes  qui  l'assistent 
dans  son  expertise.  L'idée  de  cette  complicité,  la  manière  dont  elle 
est  découverte  et  la  manière  aussi  dont  elle  est  punie  (d'une  peine 
médicinale,  c'est  le  cas  de  le  dire)  font  infiniment  d'honneur  à  l'ingé- 
niosité du  conteur  et  à  l'étendue  des  informations  scientifiques  de 
cet  esprit  si  «  curieux  »  et  si  ouvert  qu'est  M.  P.  Bourget. 

22.  —  Le  Petit  Jardin  de  dame  Morel  n'est  pas  un  jardin  planté  à 
la  française,  avec  de  belles  allées  droites,  où  il  fait  clair  ;  il  n'y  a 
même  aucune  espèce  d'allées;  ce  n'est  pas  un  jardin  anglais,  c'est  un 
jardin  vierge,  si  j'ose  dire  !  Dès  l'entrée  on  enfonce  dans  les  brous- 
sailles pleines  d'ombres  et  d'épines  :  «  Je...  Moi...  Je...  Mon...  Ma 
culture  n'avance  pas;  je  ne  sens  pas  plus  profond.  La  pente  au  sein 
des  phénomènes  disparates  est  une  image  qui  m'est  chère.  Je  vais  où 
le  vent  me  mène,  comme  la  feuille  d'Arnault.  Mais  ne  se  voir  qu'à  tel 
moment  dans  telle  position,  et  ne  pouvoir  vraiment  dessiner  un  schéma, 
une  courbe  de  sa  vie;  être  à  chaque  seconde  à  l'état  statique  et  ne 
ne  pas  retrouver  en  soi  la  virtuosité  dynamique  que...  »  (p.  6).  On 
demande  de  l'air  et  de  la  lumière,  et  donc  on  s'évade  de  ce  fouillis.  Et 
si  on  y  revient,  on  se  borne  à  le  regarder  de  loin,  et  l'on  peut  deviner 
alors  que  dans  ce  Jardin  se  trouve  un  jeune  jardinier  qui  se  livre  à  la 
culture  du  Moi,  c'est-à-dire  à  des  exercices  de  narcissisme  psycholo- 
gique, contemplant  et  notant  les  phénomènes  et  les  démarches  de 
son  Moi  sur  son  journal  intime.  Ces  démarches  et  phénomènes  sont 
d'ailleurs  très  simples  et  ressemblent  à  ceux  et  à  celles  qu'on  peut 
observer  chez  tous  les  jeunes  Moi.  Seul  le  vocabulaire  du  journal 
est  extraordinaire,  même  un  peu  cryptographique.  Passons. 

23.  —  Il  y  a  aussi  beaucoup  de  Je...  Moi...  Mon...  Ma...  dans  Au 
Cœur  de  la  vie;  l'auteur  se  regarde  vivre  et  prend  des  notes. 
Seulement  et  on  ne  sait  par  quel  mystère,  ce  Moi  encom- 
brant ■ —  (je  maintiens  encombrant)  —  n'est  pas  haïssable  du  tout, 
et  même  il  est  charmant  !  Et  au  moment  où  on  va  dire  :  Ah  !  non  ! 
il  y  en  a  trop  !  on  se  surprend  à  en  demander  encore.  Soyons  tran- 
quilles, d'ailleurs,  nous  en  aurons  encore,  la  matière  n'étant  pas  épui- 
sée. —  Et  donc,  comme  dans  Sur  la  branche  et  dans  l'Ile  inconnue, 
jVime  p^  de  Coulevain  rattache  à  un  petit  drame,  dont  elle  est  la  ma- 
chiniste (un  mariage  qu'elle  prépare  ou  répare)  une  foule  dé  confi- 
dences sur  ses  idées  personnelles  en  matière  de  rehgion,  philosophie, 
physiologie,  théologie,  sociologie  et  même  pâtisserie  !  Elle  a  quel- 
ques pages  sur  le  café  au  lait  aux  châtaignes  (p.  172-173)  qui  font  venir 


—  20  — 

l'eau  à  la  bnuclio  !  et  des  théories  sur  la  Genèse,  qui  sont  «  impaya- 
bles» d'aplomb  !  Et  sa  manière  de  dire  :  «  Je  crois  que  le  cerveau  avec 
ses  millions  de  cellules  est  le  générateur  de  l'âme,  tout  bonnement? 
(p.  332)  ».  Et  des  explications  sur  le  rôle  de  la  Providence  dans  les 
variations  de  la  mode,  des  corsages  et  des  chapeaux  de  femmes? 
(p.  273-276).  Et  sa  démonstration  de  l'existence  de  Dieu?  Et  sa  glose 
sur  la  pipe  et  la  cigarette  comparées?  Et  ses  vues  sur  l'avenir  du 
Vatican?  Et  son  portrait  de  Pie  X,  dont  la  physionomie,  paraît-il, 
exprime  «  plus  d'entêtement  que  de  volonté?»  Et  ses  niches  au  Cûté- 
chisme  de  Paris^  qu'elle  surprend  en  flagrant  déht  <ie  contradiction 
avec  la  Bible?  Et  ses  aperçus  sur  les  «radiances»  et  les  «réflexes  «phy- 
siologiques et  psychiques,...  et  csetera,  et  cœtera,  et  patati  et  patata? 
Je  leur  ai  dû  une  soirée  exquise.  Je  n'avais  pas  encore  rencontré 
ime  Philaminte  pareille.  Celle  de  Molière  est  pincée,  acide,  vinaigrée; 
celle-ci  est  souriante,  câline,  confiante  en  son  lecteur,  autant  qu'en 
elle-même;  elle  laisse  tomber  ses  aphorismes  d'un  ton  à  la  fois  tran- 
chant et  suave.  Elle  est  crispante  et  délicieuse.  De  vous  expliquer 
cette  contradiction  {j'ai  dit  plus  haut  ce  mystère)  je  ne  l'essaierai  pas. 
Je  constate  et  j'admire  !  Il  y  a  ici  un  ouvrier  supérieur  à  son  œuvre, 
«  une  nature  ,«  un  tempérament  »,  une  personnalité  à  qui  l'on  passe 
tout  et  l'on  permet  tout.  «  Contez,  contez,  princesse  ».  Philosophez, 
dogmatisez  !  Conseillez  le  Pape  et  corrigez  la  Bible  !  Vous  ne  parvien- 
drez pas  à  n'être  pas  charmante  !  —  Le  livre  est  divisé  en  cinq  cha- 
pitres :  Baden^  Saint-Gervais^  iMusanne,  Château  du  Mortin,  Paris;  il 
contient,  avec  tout  ce  que  j'ai  déjà  dit,  "et,  avec,  en  outre,  des  des- 
criptions géographiques,  des  dissertations  ethniques,  des  parallèles 
entre  la  Vaudoise  et  la  Genevoise,  l'anecdote  suivante,  prise,  quittée 
et  reprise  en  cinquante  endroits  différents  :  l'auteur  rencontre,  au 
cours  de  ses  voyages,  une  femme  divorcée  et  son  ex-mari;  elle  juge 
que  leur  divorce  est  l'effet  d'un  malentendu.  Elle  met  fm  à  ce  malen- 
tendu et  remarie  les  deux  divorcée  —  bien  que,  en  soi,  le  divorce  lui 
•paraisse  tout  ce  qu'il  y  a  de  plus  légitime.  «  Je  juge,...  je  pense,...  je 
crois,...  j'afhrme...  »  Elle  est  délicieuse'  —  Post-Scriptum.  Est-il 
nécessaire  d'ajouter  que  cette  œuvre  peut  être  très  malfaisante  pour 
les  snobs  et  les  «  primaires  »,  à  qui  d'ailleurs  elle  s'adresse  ? 

24.  —  L'Epreuve  de  Julie  Faurelle  est  destinée  à  prouver  que  le 
divorce  est  légitime.  Julie  avait  épousé  un  épileptique;  elle  fut  obligée 
de  se  séparer  de  lui,  au  risque  de  retomber  dans  la  pauvreté  d'où  le 
mariage  l'avait  fait  sortir.  Elle  se  mit  vaillamment  à  l'œuvre  et 
parvint  assez  \àte  à  gagner  sa  vie.  Sa  vaillance  fut  remarquée  par 
un  homme  intelligent,  qui  lui  demanda  d'être  sa  femme,  le  mari 
vivant  toujours.  Elle  s'mforma  si  le  -divorce  lui  était  permis;  comme 
on  lui  répondit  que  non,  elle  se  décida  à  se  passer  de  permission,  et, 


—  27  — 

ne  pouvant  être  la  femme,  elle  se  décida  à  être  la  maîtresse.  Son  cas 
est  très  touchant  (ou  du  moins  il  pourrait  l'être,  s'il  était  bien 
raconté)^  mais  elle  a  eu  tort  de  creire  qu'il  supprimait  en  sa  laveur 
une  loi  générale.  Si  elle  ne  voit  pas  dans  quelle  mesure  les  intérêts 
particuliers  doivent  rester  subordonnés  à  l'intérêt  commun,  son  his- 
torien le  sait  —  et  s'il  l'ignore,  lui  aussi,  qu'il  daigne  prendre  la  peine 
de  l'apprendre  ■ —  et  qu'en  même  temps  il  demande  quelques  leçons 
suplémentaii^es  d'  «  écriture  artiste  ». 

25. —  Trois  célibataires,  un  curé,  une  vieille  fille,  un  vieux  garçon 
habitant  le  même  village,  se  voient  tous  les  jours,  passent  ensemble 
quelques  heures  tous  les  jours,  l'ont  une  partie  de  whist  tous  les  jours, 
et  cependant  ils  ne  se  connaissent  pas  !  Chacun  a  une  Vie  secrète  igno- 
rée des  deux  autres  ;  le  meillem-  de  leur  esprit  et  de  leur  cœur  est  ab- 
sorbé par  une  passion  devenue  leur  raison  même  d'exister;  l'objet  de 
cette  passion  venant  à  manquer,  c'est  pour  eux  la  mort  ou  la  folie.  Pour 
le  curé,  cet  objet  est  une  sainte,  la  patronne  de  sa  paroisse.  Il  lui  a  voué 
un  culte  où  il  entre,  sans  que  le  pauvre  homme  s'en  doute,  quelque 
alliage  peu  spirituel.  11  est  en  train  d'en  écrire  l'histoire,  lorsqu'il 
apprend,  d'un  savant  allemand,  qu'elle  n'a  jamais  existé  !  Ace  coup 
sa  foi  chancelle  et  même  chavire.  Il  décide  de  quitter  sa  paroisse,  de 
renoncer  au  ministère;  déjà  il  est  sur  le  point  de  partir,  il  est  à  la  gare, 
il  a  pris  son  billet,  lorsqu'on  l'appelle  pour  un  malade  qui  va  mourir; 
et  la  charité  le  ramène  à  ses  anciennes  habitudes,  sinon  à  ses  croyances. 
Le  malade  qu'il  va  assister,  c'est  le  partenaire  du  whist  quotidien,  le 
vieux  garçon,  qui  venait  d'être  frappé  d'apoplexie.  —  La  vie  secrète 
de  eelui-là  avait  été  consacrée  à  l'étude  des  iourmis,  étude  qui  lui 
avait  donné  :  1°  la  preuve  que  le  progrès  abolira  «  les  lois,  la  religion 
la  propriété,  dans  les  nations  civilisées  »;  2°  l'ambition  d'être  nommé 
membre  de  l'Institut.  Qu'elle  lui  ait  valu  en  outre  un  détraquement 
dans  son  mécanisme  cérébral,  c'est  ce  qui  ne  paraîtra  pas  étonnant. 
—  Quant  à  la  vieille  fille,  une  austère  dévote,  une  puritaine  intran- 
sigeante, c'était  un  neveu,  fils  naturel  d'un  frère  exclu  de  la  fanrille, 
qui  était  sa  passion  cachée.  Pour  ce  «  bâtard  »,  dont  la  naissance 
n'avait  pas  cessé  d'être  un  sujet  de  honte,  son  cœur  de  vierge  avait 
senti  peu  à  peu  s'éveiller  une  maternité,  ardent/e,  désordontiée,  farou- 
che, prête  à  la  bataille  contre  quiconque,  fût-ce  l'Église,  menacerait 
d'y  toucher.  Cette  dévote  cessera  d'être  chrétienne  si  on  lui  défend 
de  tout  accepter  de  «e  neveu,  même  qu'il  ait  un  «  bâtard  »,  lui  aussi, 
et  ne  veuille  pas  le  légitimer  !  Elle  le  dit  en  face  à  son  curé,  juste  à 
l'heureoùcelui-ci  vient  de  renier  l'Église  dans  son  cœur!  ■ —  Je  laisse 
de  côté  quelques  autres  vies  secrètes,  notamment  celle  d'un  chemi- 
neau,  amoureux  platonique  d'une  bourgeoise,  • —  et  celle  de  cette 
jeune  bourgeoise,  fille  d'un  père  athée,  et  qui  reparaît  dans  ce  roman, 


-  28  — 

à  tiliv  t'pisodiquo,  après  avoir  été  l'héroïne  d'un  autre  roman,  V Épave, 
■ — et  celle  d'un  capitaliste,  qui  fait  du  socialisme  sincère,  et  en  pâtit, — 
et  celle  d'un  médecin,  et  celle  du  neveu  susdit,  —  toutes  réunies  ici 
par  un  lien  artificiel  qui  les  laisse  disjointes  et  disparates,  et  je  me 
demande  ce  qui  a  pu  valoir  à  cette  œuvre  incohérente,  dont  les  trois 
principaux  personnages  sont  des  anormaux  déjà  fêlés  avant  que  leur 
fêlure  soit  apparente  —  les  éloges  de  certains  critiques.  L'un  d'eux  a 
dit  qu'elle  «  ferait  date  dans  le  roman  français  ».  En  quoi?  en  ce  qu'elle 
y  introduirait  les  sujets  de  la  Salpêtrière?  Ils  y  étaient  déjà.  Ces  trois 
joueurs  de  whist  —  des  whislitis,  comme  disait  une  enfant  moqueuse 
et  spirituelle  ■ —  ressemblent  à  beaucoup  des  animaux  humains  — 
dont  a  trop  longtemps  vécu  le  roman  naturaliste.  Ou  bien  a-t-on 
voulu  dire  qu'on  ne  soupçonnait  pas  encore  le  rôle  de  la  vie  secrète 
et  que,  le  premier,  M.  Estaunié  nous  l'aurait  révélé?  J'espère  que  non. 
Avant  les  critiques  et  les  romanciers,  tout  le  monde,  y  compris  M.  ds 
la  Palisse,  savait  que,  sous  la  vie  extérieure,  accessible  au  regard  des 
voisins  et  des  amis,  chacun  de  nous  a  une  vie  cachée,  un  sanctuaire 
intérieur,  où  on  ne  laisse  pénétrer  personne  et  où  s'entretiennent 
nos  forces,  nos  ambitions  et  même  nos  passions,-  parmi  lesquelles  il 
en  est  d'ailleurs  de  très  légitimes  et  de  très  raisonnables.  C'est  même 
là  une  des  nécessités  et  des  conditions  de  la  vie  sociale  ;  on  y  voile  les 
âmes  comme  les  corps;  on  y  observe  la  pudeur,  qui  empêche  d'étaler 
nos  secrets,  et  la  discrétion  qui  empêche  de  fureter  dans  les  secrets 
des  autres.  Et  vous  ne  trouverez  personne  pour  contester  ces  truismes. 
Il  n'y  a  donc  pas  lieu  d'en  faire  honneur  à  M.  Estaunié.  Il  ne  reste 
peut-être  à  son  actif  que  de  les  avoir  faussés  et  compromis,  en  don- 
nant à  la  vie  secrète  de  ses  personnages  un  caractère  équivoque 
et  même  maladif.  C'est  d'ailleurs  à  des  personnages  de  ce  genre, 
mal  équilibrés,  hyperesthésiques,  dont  la  sensibilité,  au  contact  des 
choses  et  des  hommes,  a  des  «  réactions  »  et  des  dépressions  anormales, 
que  M.  Estaunié  a  consacré  tous  ses  romans,  depuis  V Empreinte  jus- 
qu'à cette  Vie  secrète.  Disons  qu'il  est  un  peintre  de  névrosés.  Mais 
ajoutons  qu'il  l'est  avec  un  talent  non  vulgaire,  et  que,  pour 
manquer  d'aisance  et  d'aménité,  pour  être  un  peu  pincée,  d'une 
gravité  triste  et  quasi  calviniste,  sa  manière  n'en  est  pas  moins,  — 
n'en  est  peut-être  que  plus  pénétrante.  Charles    Arnaud. 


ÉCOAOMIE   POLITIQUE  ET    SOCIALE 

1.  Théorie  du  salaire  et  du  travail  salarié,  par  CHRi&Tïxy  Cornélissen.  Paris,  Giard 
et  Brière,  1908,  in-8  de  704  p.,  14  francs.  —  2.  Le  Problème  de  la  misère  et  les  Phé- 
nomènes économiques  naturels,  par  J.  Novicow.  Paris,  Alcan,  1908,  in-8  de  413  p., 
7  fr.  50.  —  3.  Les  Forces  productives  de  la  France,  conférences  par  P.  Baudin, 
P.  Leroy-Beaulieu,  Millerand,  Roume,  J.  Thierry,  E.  Allix,  J.-C.  Char- 
pentier, H.  de  Peyerimboef,  P.  de  Rousiers,  Daniel  Zolla.  Paris,  Alcan, 


—  29  - 

1909,  in-16  de  252  p.,  3  fr.  50.  —  4.  Pourquoi  et  comment  on  fraude  le  fisc,  par  Ch. 
Lescœur.  Paris,  Bloud,  1909,  in-16  de  277  p.,  3  fr.  50. —  5.  Le  Socialisme  agraire^ 
ou  le  Collectivisme  et  révolution  agricole,  par  Emile  Vanderveldk.  Pari.s,  Giard 
et  Brière,  1908,  in-18  de  487  p.,  5  francs. —  6.  Sociologie  et  Fouriérisme,  par  F.  Jol- 
livet-Gastelot.  Paris,  Daragon,  1908,  in-18  de  233  p.,  3  fr.  50.  —  7.  Quelques 
écrits,  par  Adiiémar  Schwitzguébel.  Paris,  Stock,  1908,  in-18  de  viii-172  p., 
1  fr.  50.  —  8.  La  Démocratie  vivante,  par  Georges  Deher.me.  Paris,  Grasset,  1909, 
in-8  de  402  p.,  4  fr.  50.  —  9.  Les  Colonies  de  vacances,  par  Louis  Dei.périer. 
Paris,  LecofTre,  Gabalda,  1908,  in-12  de  xx\ni-184  p.,  2  fr.  —  10.  La  Mutualité 
scolaire,  par  Maurice  Berteloot.  Paris,  Alcan,  1908,  gr.  in-8  de  224  p.,  4  fr.  — 

11.  Library  of  Congress.  Select  List  of  books  with  références  to  periodicals  relating  to 
currency  and  banking,  compiled  unter  the  direction  of  Appleton  Prentiss  Clark 
Griffin.  Washington,    Government   printing  Office,  1908,   gr.  in-8  de  93    p.  — 

12.  Library  of  Congress.  List  of  more  récent  works  on  fédéral  control  of  commerce  and 
corporations,  compiled  unter  the  direction  of  Appleton  Prentiss  Clark  Griffin. 
Washington,  Government  printing  Office,  1908,  gr.  in-8  de  16  p.  —  13.  Library 
of  Congress.  List  of  books  with  références  to  periodicals  relating  to  the  eight  hours 
working  day  and  to  limitation  of  working  hours  in  gênerai,  compiled  unter  the  direc- 
tion of  Appleton  Prentiss  Clark  Griffin.  Washington,  Government  printing 
Office,  1908,  gr.  in-8  de  24  p.  —  14.  Library  of  Congress.  List  of  books  relating  to 
the  first  and  second  banks  of  the  United  States,  compiled  unter  the  direction  of  Ap- 
pleton Prentiss  Clark  Griffin.  Washington,  Government  printing  Office, 
1908,  gr.  in-8  de  59  p. 

1.  —  M.  Christian  Cornélisscn,  à  qui  nous  devons  sur  .la  Valeur  un 
ouvrage  d'observations  minutieuses  et  de  jugements  profonds,  mais  de 
raisonnements  parfois  subtils,  poursuit  ses  travaux  en  publiant  une 
Théorie  du  salaire  et  du  travail  salarié,  où  nous  retrouvons  les  mêmes 
qualités.  C'est  très  mûrement  étudié,  et  les  vues  ingénieuses  y  abon- 
dent, tout  autant  que  les  conclusions  solidement  déduites.  La  lecture, 
toutefois,  ne  laisse  pas  d'être  un  peu  pénible  et  certaines  idées  très 
communément  répandues  dans  l'enseignement  classique  y  sont  par- 
fois obscurcies  plutôt  qu'éclairées  par  la  forme  qu'elles  revêtent.  En 
tout  cas,  la  Préface, à  elle  seule,m'avait  déjà  conquis,  ne  fût-ce  que  par 
une  sage  critique,  soit  de  la  méthode  mathématique,  soit  de  l'écono- 
mie politique  dite  pure  (pages  8,  11,  etc.),  M.  Cornélissen  rappelle 
d'abord  que,  dans  sa  Théo/ne  de  la  valeur.,  il  avait  défini  le  travail  : 
«  l'énergie  potentielle  transformée  par  l'organisme  humain  en  mou- 
vement mécanique  »  et  qu'il  avait  blâmé  la  substitution  du  mot  force- 
travail  au  mot  travail,  que  le  marxisme  avait  imaginée  (p.  21  et  36). 
Cette  fois  • —  et  l'idée  en  était  déjà  dans  son  autre  volume  ■ —  il  dis- 
tingue pour  le  travail  :  1°  une  «  valeur  d'usage  »,  qui  est  ce  que  le 
patron  trouve  d'avantage  à  faire  travailler  l'ouvrier,  sans  quoi  il 
n'achèterait  pas  le  travail;  2"  une  «  valeur  de  production  »,  qui  est  le 
prix  de  revient  de  la  force  ouvrière  entretenue  et  renouvelée;  enfin 
3°  une  «  valeur  d'échange  »,  qui  est  le  prix  effectif  du  travail  (p.  131, 
p.  37  en  note,  etc.,  etc.).  Normalement  la  valeur  d'échange  ne  peut 
être  ni  inférieure  à  la  valeur  de  production,  ni  supérieure  à  la  valeur 
d'usage,  parce  que,  d'une  part,  si  cette  limite  minimum  n'était  pas 


-  30  — 

atteinte,  il  n'y  aurait  plus  d'ouvriers  et  que  l'ouvrier  doit  pouvoir  vivre 
de  son  travail,  et  parce  que,  d'autre  part,  «  les  hommes  n'attachent 
en  définitive  une  valeur  au  travail  que  parce  qu'il  pourra  servir  à 
la  satisfaction  de  leurs  besoins  (p.  &1'8)  »  r  or,  le  travail  dont  la  valeur 
d'échange  excéderait  la  valeur  d'usage,  serait  incapable  de  satisfaire 
aucun  besoin  de  l'employeur.  Mais  comment  cette  valeur  d'échange 
évoluera-t-elîe  entre  ces  deux  limites?  Tous  les  éléments  qui  concou- 
rent à  la  déterminer  s'entrecroisent  sans  cesse  dans  leurs  actions  réci- 
proques, de  telle  sorte  qu'il  y  ait  une  concordance  parfaite  entre  les 
lois  qui  régissent  le  prix  au  travail  et  celles  qui  régissent  le  prix  des 
marchandises.  ■ —  L'auteur  discute  à  fond  les  théories  scientifiques 
plus  absolues  qui  ont  régné  dans  les  écoles  :  d'abord  la  loi  du  fonds 
des  salaires;  puis  la  vieilte  loi  de  Toffre  et  de  la  demande;  puis  la 
théorie  utilitaire  ou  utilitariste  déduite  de  la  productivité  du  travail; 
enfin  la  loi  du  coût  de  production  ou  loi  d'airain  ou  loi  du  salaire 
nécessaire,  loi  qui  a  perdu,  comme  l'on  sait,  toute  la  vogue  momen- 
tanée que  Lassalle  et  Mgr  de  Ketteler  lui  avaient  fait  conquérir,  l'un 
chez  les  socialistes  et  l'autre  chez  les  catholiques.  Dans  cette  partie 
du  volume  nous  avons  trouvé  tout  particulièrement  intéressante  la 
discussion  de  la  théorie  utilitaire,  à  cause  de  la  critique  à  laquelle 
sont  soumises  soit  les  formules  de  Fr.  A.  Walker  et  de  Paul  Leroy- 
Beaulieu,  soit  les  systèmes  de  Thûnen,  de  Bœhm-Bawerk  et  de  Mar- 
shall (p.  110  et  s.).  —  Les  deux  parties  qui  suivent  sont  moins  théo- 
riques. Il  s'agit  d'abord  des  conditions  du  travail,  suivant  les  profes- 
sions et  les  métiers,  puis  de  certaines  influences  qui  agissent  sur  le 
taux  des  salaires,  telles  que  la  législation  ouvrière,  les  coalitions, 
les  syndicats  et  les  gi"èves.  Cette  fois  c'est  une  étude  d'observation.— 
Nous  voudrions  recommander  cet  ou\Tage  aux  hommes  studieux  qui 
ont  la  capacité  de  le  comprendre, et  nous  les  y  inviterons  en  leur  signa- 
lant à  la  fin  du  volume  une  table  alphabétique  très  détaillée  de  tous 
les  sujets  abordés,  ne  l'eussent-ils  été  que  très  incidemment.  C'est 
ardu  et  profond,  me  dira-t-on  peut-être.  Mais  après  tout  Karl  Marx 
l'était  bien  autrement,  et  cependant  on  lui  en  a  fait  gloire,  même  et 
surtout  quand  on  ne  l'avait  pas  seulement  ouvert. 

2.  —  M.  Novicow,  professeur  à  l'Université  d'Odessa  et  en  sociologie 
l'un  des  défenseurs  les  plus  actifs  de  l'école  dite  organique  (par  oppo- 
sition à  l'école  ethnographique),  se  demande,  dans  son  ouvrage  :  Le  Pro- 
blème de  la  misère  et  les  Phénomènes  économiques  naturels,  pourquoi  la 
misère  existe  et  comment  on  peut  la  faire  disparaître.  Pourquoi  elle 
existe  ?  C'est  bien  simple.  «  Cet  état  lamentable,  dit-il,  vient  de  ce 
que  Ton  ne  comprend  pas  encore  la  notion  exacte  de  la  richesse  (p.  1)  ». 
L'économie  poUtique  a  manqué  à  sa  mission;  «  les  faits  économiques 
sont  exposés  d'une  façon  défectueuse  »  :  par  conséquent  «  les  hommes 


—  31   - 

se  sont  fourvoyés  dans  les  sentiers  de  l'erreur  (p.  2  et  3).  ))■ —  Eh  bien  l 
tout  cela  me  met  en  délianee  :  je  ne  me  livre  pas  volontiers  aux  gens 
qui  me  disent  qu'avant  eux  l'on  n'avait  rien  fait  de  bon.    Mais  écou- 
tons M.  Novicow  :  «  Les  hommes  les  plus  instruits,  dit-il,  les  hommes 
d'Etat  et  même  des  économistes  célèbres  (sic)  ne  comprennent  pas  la 
véritable  essence  de  la  richesse  (p.  103)  »;  elle  n'est  «  ni  une  chose, 
ni  un  état  »;  elle  est  «  une  possibilité  de  jouissance  (p.  109)  »,  ou  mieux 
encore  «  l'adaptation  du  miMeu  réalisée  dans  le  temps  le   plus   court 
possible  (p.  111)  ».  Elle  n'est  donc  pas  «une  chose  ou  un  ensemble  de 
choses  »,   mais  un  «  état  de  choses  »    (ibid.    p.  114,  117,  etc.).    Quoi! 
un  état  de  choses?  mais  justement  on  venait  de  nous  dire  qu'elle  n'est 
pas  un  état  1  Après  cela,  nous  apprenons  que  la  misère  «  vient  actuel- 
lement de  trois  sources  principales  :   le  malheur,  le  vice  et  les  condi- 
tions sociales  (p.  156)  »,et  pour  la  guérir  il  faut  combattre  la  spohation 
sous  toutes  ses  formes,  y  compris  en  elles  les  monopoles,  le  protec- 
tionnisme et  l'exclusivisme  national  (p.  165).  On  obtiendra  ce  résultat, 
d'une  part,  par  des  réformes  politique  s, coinrae  la  fédération  des  États, 
la  suppression  des  guerres  et  des  conquêtes;  d'autre  part,  par  des  ré- 
formes   économiques^    qui    accroîtront    de   beaucoup    la    production. 
Ainsi  <(  la  misère  n'est  pas  une  affaire  de  répartition  (p.  149)  ;  elle 
ne  vient  ni  de  la  lutte  pour  l'exisLence  ni  de  la  concurrence;  elle  vient 
du  vol  sous  toutes  ses  formes,  depuis  le  mouchoir  dérobé  par  le  pick- 
pocket jusqu'à  la  province  conquise  par  les  monarques  (p.  404)  ». 
Avec  cela  M.  Novicow  est  un  ennemi  des  socialistes,  dont  le  règne  ne 
pourrait  qu'augmenter  la  misère;  un  ennemi  aussi  du  christianisme, 
qui  a  «  apporté  dans  le  monde  une  masse  de  maux  bien  plus  considé- 
rable que  ceux  qu'il  prétendait  guérir  (p.  198)  »;  un  ennemi  par  con- 
séquent de  M.  Jaurès,  qui  est  «  l'alUé  du  Pape  (p.  199)  ».  Même  la 
libre  pensée  lui  paraît  dangereuse  par  ses  conséquences  sociales  :  car 
celles-ci  provoquent  la  réaction  (lôtV/.),  de  même  que  «  les  socialistes 
prêtent  un  appui  au  militarisme  et  aux  doctrines  réactionnaires  en 
religion,  en  pohtique    et  en  philosophie  (p.  200).  »  Alors   qu'est  dontic 
M.  Novicow?  Eh  bien,  il  croit  à  la  biologie;  et  à  ses  yeux  «  le  proces- 
sus    économique     sera     parallèle    au     processus  biologique     parce 
qu'il  en    est    la   continuation    immédiate  »,    en  conduisant  lui^aussi 
les  sociétés  au  mieux-être,  comme  l'autre  les  fait  monter  vers  un  orga- 
nisme de  plus  en  plus  parfait  (p.  390,  12,  etc.).  • —  Tout  cela,  dirons- 
nous,  n'est  pa^  bien  intéressant,  ni  bien  sérieux,  et  ce  ne  sont  pas  ces 
idées  qui  donneront  du  pain  au  pauvre  monde. 

3.  —  La  Société  des  aneien&  élèves  de  l'Ecole  libre  des  sciences  poli- 
tiques a  organisé  des  conférences  dans  lesquelles  les  sommités  du 
monde  économique  prennent  tour  à  tour  la  parole.  C'est  ce  choix 
d'orateurs  qui  fait  l'iatérêt  du  volume  intitulé  aujourd'hui  :  Les  Forces 


-   32  — 

productives  (le  la    Fronce.  M.  D,  Zolla  a  traité  de  la  «  Productivité  de 
l'agriculture  »;  M.  E.  Allix,  professeur  à  l'Université  de  Caen,  a  parlé 
de  «  la  Concentration  industrielle  et  de  son  influence  sur  le  sort  des 
classes  ouvrières  >>;  M.  P.    de  Rousiers,    secrétaire  général  du  Comité 
central  des  armateurs  de  France,  a  entretenu  de  «  la  Marine  mar- 
chande et  des  forces  productives  de  la  France  «•,  M.  J.-C.  Charpen- 
tier, de  «  l'Organisation  du  commerce  extérieur  »;  enfin  M.  de  Peyer- 
imhoff,    des  «  Forces  nouvelles  en  formation  dans  l'Afrique  du  nord  ». 
On  lit  le  volume  avec  fruit.  En  matière  d'agriculture,  par  exemple, 
M.  Zolla  discute  ou  plutôt  dissipe  très  heureusement  certaines  illu- 
sions :  il  montre  que,  pour  calculer  le  produit  de  cette  industrie,  il 
faut  bien  se  garder  d'additionner,  comme  on  a  parfois  essayé,  les 
quantités  ou  valeurs  de  ses  diverses  récoltes  et  de  compter  séparément 
le  foin  et  le  bétail,  la  paille  de  cette  année  et  le  blé  ou  les  pommes  de 
terre  de  l'année  prochaine.  Pourquoi?  C'est  que  l'agriculteur  se  fait 
à  lui-même,  très  ordinairement,  la  matière  première  de  son  industrie, 
en  utilisant  son  fourrage  pour  faire  de  la  viande,  et  sa  paille  transfor- 
mée en  engrais,  pour  faire  du  grain.  C'est  bien  clair  :  mais  beaucoup 
de  citadins  qui  se  croient  très  forts,  ont  tout  de  même  besoin  de  l'enten- 
dre dire.  M.  Paul  Leroy-Beaulieu,  qui  avait  présenté  le  conférencier, 
l'a  justement  félicité,  et  il  a  eu  la  malice  de  disséquer  par  la  même 
occasion  le  fameux  raisonnement  de  M.  Jules  Guesde,  que  puisque  les 
machines  à  vapeur  font  en  France  un  travail  équivalent  à  celui  de 
30  millions  d'êtres  humains,  il  est  mathématiquement  certain  que  les 
38  millions  de  Français  peuvent  bien  se  contenter  de  2  heures  30  de 
travail  et  probablement  même  de  2  heures  20.  —  Parmi  les  présidents 
de  ces  réunions,  je  trouve  encore  MM.  Baudin  et  Millerand,  anciens 
ministres,  M.  Thierry,  député  de  Marseille,  et  M.  Roume.    M.  Baudin 
laisse  percer  son  esprit  socialiste  :  il  accuse  la  bourgeoisie  de  manquer 
à  son  devoir.  Quant  à  M.  Thierry,  sur  la  situation  de  la  marine  mar- 
chande, il  la  note  moins  favorable  que  ne  la  trouvait  M.  de  Rousiers. 
On  sait  que  nous  sommes  sur  ce  point  beaucoup  inférieurs  aux  autres 
peuples;  mais  est-ce  donc  une  conséquence  toute  naturelle  de  la 
nature  différente  de  nos  articles  d'exportation  et  d'importation,  ou 
bien  encore  de  la  dissémination  plus  grande  de  nos  ports  de  commerce? 
Nos  lois,  notre  état  social  et  le  manque  de  suite  de  notre  histoire  à 
travers  nos  vicissitudes  politiques  n'ont-ils  pas  exercé  leur  action 
sur  cette  décadence  sans  doute  inguérissable?  Voilà  ce  que  M.  Thierry 
lui-même  n'a  pas  assez  dit,  et  M.  de  Rousiers  encore  bien  moins. 

4.  • —  Quelques  années  après  l'avènement  de  l'impôt  progressif  sur 
les  successions  et  devant  l'imminence  de  l'impôt  progressif  sur  le 
revenu,  à  travers  toutes  les  exagérations  d'une  fiscalité  aussi  rapace 
que   malhonnête,   M.   Lescœur   donne   une   étude   d'une    frappante 


—  33  — 

actualité  :  Pourquoi  et  comment  on  fraude  le  fisc.  Cependant  l'ouvrage 
ne  comprend  pas  tout  ce  que  son  titre  semble  annoncer;  il  n'y  est 
question  que  des  deux  sujets  que  nous  venons  de  citer,  les  successions 
et  le  revenu.  Là  dessus,  M.  Lescœur  discute  avec  soin  tous  les  moyens 
imaginés,  simulation  de  passifs,  dissimulation  de  valeurs  mobilières, 
dépôts  à  l'étranger,  location  de  coffres-forts,  transmissions  de  la  main 
à  la  main,  etc.  Seulement,  à  tout  prendre,  je  crois  que  les  fraudes  sont 
moins  importantes  que  le  fisc  n'affecte  de  le  croire,  pai-ce  que  «  l'éva- 
sion fiscale  »,  pour  employer  le  mot  nouveau,  est  gênée  beaucoup  par* 
les  situations  juridiques  des.  successibles,  telles  que  les  minorités,  les 
tutelles  et  les  reprises  futures  en  vertu  de  contrats  de  mariage.  Ce  sont 
des  questions  très  pratiques  de  droit  civil  que  M.  Lescœur  n'a  pas  fait 
non  plus  entrer  dans  son  plan.  —  Il  finit  en  se  demandant  «  si  les  décla- 
rations inexactes  et  insuffisantes  sont  contraires  à  la  loi  morale  ».  Il 
répond  affirmativement  (p.  258),  sans  se  dissimuler  qu'il  a  contre  lui 
l'unanimité  de  l'opinion  commune  et  le  sentiment  de  plusieurs  mora- 
listes. Et  la  solution  à  donner,  demanderai-je,  ne  peut-elle  pas  être 
influencée  aussi  par  le  caractère  plus  ou  moins  spoliateur  des  lois 
fiscales  et  par  le  rôle  plus  ou  moins  malhonnête  que  l'Etat  s'est  donné 
suivant  les  situations  et  les  époques?  Car  enfin  la  confiscation,  si  un 
temps  venant  il  y  a  réellement  atteinte  au  droit  de  propriété  privée, 
s'impose-t-elle  moralement  à  la  conscience  du  confisqué? 

5.  —  Passons  au  socialisme. 

Peu  de  sujets  sont  aussi  graves  que  sa  diffusion  dans  les  campagnes 
et  la  transformation  ou  la  suppression  de  la  propriété  rurale.  Aussi 
le  Socialisme  agraire^  ou  le  Collectivisme  et  l'évolution  agricole^de  M.Van- 
dervelde,  est-il  un  volume  fort  instructif,  encore  que  certaines  des- 
criptions qui  s'y  trouvent  aient  besoin  d'être  rectifiées  ou  complétées, 
M.  Vandervelde,  dont  le  socialisme  est  bien  authentique  et  bien  connu, 
se  demande  si  les  conditions  préalables  nécessaires  à  l'avènement 
du  collectivisme  existent  dans  l'industrie  agricole  ou  si  du  moins 
elles  sont  en  voie  de  s'y  réaliser.  Produit-on  de  plus  en  plus  pour 
l'échange  au  lieu  de  produire  pour  la  consommation?  La  propriété 
ou  capital  tend-elle  à  se  séparer  du  travail?  La  petite  production  dis- 
parait-elle  devant  la  grande?  M.  Vandervelde  répond  affirmativement 
aux  trois  questions  (p.  134  et  s.),  après  de  nombreuses  citations  qu'il 
emprunte  à  ses  études  diverses  sur  l'agriculture  en  Belgique,  en 
France  et  en  Angleterre,  un  peu  même  en  Allemagne.  Cependant  il 
ne  m'a  aucunement  convaincu,  surtout  sur  l'évolution  qui  se  ferait 
actuellement  dans  le  sens  d'une  séparation  toujours  plus  grande  du 
travail  et  de  Ja  propriété.  —  Le  volume  renseigne  aussi  très  heureu- 
sement sur  la  querelle  qui  a  surgi  entre  les  «  orthodoxes  »  avecKautsky, 
d'une  part,  et,  d'autre  part,  les  «  révisionnistes  »  avec  David.  Kautsky, 
Janvier  4909.  T.  CXV.  3. 


-  34  - 

qui  voit  dans  l'avenir  do  vastes  exploitations  gérées  par  des  associa- 
tions de  travailleurs  agricoles  (p.  89),  ne  croit  pas  qu'on  puisse,  au 
moins  pour  le  moment,  soutenir  à  la  fois  les  intérêts  contradictoires 
des  paysans  producteurs  et  des  ouvriers  consommateurs  :  on  sacrifiera 
donc  les  premiers  aux  seconds  (p.  220  et  s.).  David,  au  contraire,  qui 
attend  de  «  petites  exploitations  rurales  en  nombre  croissant,  associées 
entre  elles  pom'  l'achat  des  matières  premières,  la  vente  et  la  manu- 
tention des  produits  »  (p.  89),  réclame  avec  énergie,  dès  maintenant, 
toutes  les  mesures  qui  peuvent  améliorer  la  condition  des  petits  culti- 
vateurs (p.  225  et  s.).Avant  de  prendre  parti,  M.  Vandervelde  examine, 
selon  le  progamme  d'Erfurt,  les  revendications  communes  aux  prolé- 
taires de  l'industrie  et  à  ceux  de  l'agriculture  (p.  236),  en  plaçant 
parmi  ces  derniers  les  petits  propriétaires  cultivateurs.  Bien  entendu, 
(!  l'impôt  progressif  sur  le  revenu  et  les  successions,  le  suffrage  univer- 
sel et  l'allégement  des  charges  militaires  »,  en  un  mot  ce  que  nous 
avons  déjà  ou  allons  avoir,  forme  la  préface  de  ces  revendications 
(p.  237).  Mais  il  y  en  a  aussi  qui  sont  spéciales  à  la  campagne  :  régle- 
mentation du  travail  agricole,  réduction  de  sa  durée,  indemnité  pour 
plus-values,  etc.  etc.  Finalement  c'est  la  nationalisation  du  sol  qui 
est  au  bout,  et  le  dernier  chapitre  de  M.  Vandervelde  sur  les  colin- 
siens  et  les  marxistes  est  fécond  en  renseignements  très  utiles  pour 
l'histoire  des  idées  (p.  435  et  447).- — Tout  cela  se  réalisera-t-il?  Qui 
sait  où  nous  allons  et  dans  quelle  révolte  contre  le  bon  sens,  la 
morale  et  Dieu  le  monde  est  destiné  à  finir? 

6.  ■ —  Je  sais  franchement  gré  à  M.  Jollivet-Castelot  de  son  petit 
volume  :  Sociologie  et  Fouriérisme.  Dans  certaines  milieux  univer- 
sitaires on  fait  actuellement  de  tels  efTorts  pour  réhabiliter  cette 
espèce  de  fou  que  Fourier  a  été,  qu'il  est  bon  de  le  voir  exposé  aux 
regards  d'une  façon  aussi  naïve  et  aussi  complète,  en  un  mot  tel  qu'il 
fut.  Or,  M.  Jollivet-Gastelot  s'acquitte  de  ce  soin  avec  toute  la  fer- 
veur et  toute  la  sincérité  de  son  admiration.  Au  lieu  de  prendre  çà 
et  là  certaines  tirades  sur  la  vertu  de  l'association  ainsi  que  fait 
M.  Gide,  il  décortique  avec  soin  les  ouvrages  de  son  rêveur  favori; 
après  une  biographie  et  un  exposé  général  du  système,  il  consacre 
des  chapitres  entiers  à  l'étude  de  la  cosmogonie  fouriériste,  de  l'im- 
mortalité do  l'âme  et  de  ses  réincarnations,  de  l'attraction  passion- 
nelle, des  groupes  et  dos  séries,  du  phalanstère  enfin  et  do  son  fonction- 
nement économique.  L'auteur  est  tellement  de  bonne  foi  qu'à  bien  des 
reprises  il  avoue  qu'il  se  trouve  en  présence  d'hallucinations  incohé- 
rentes. ((  Nous  ne  continuerons  point,  n'est-ce  pas?  dit-il  quelque  part, 
le  jeu  de  ces  modulations  plus  originales  que  valables  (la  Terre,  par 
copulation  avec  elle-même,  sous  l'action  de  ces  deux  atomes,  le  mas- 
culin issu  du  pôle  nord  et  le  féminin  issu  du  pôle  sud,  a  engendré  le 
cerisier;  copulant  avec  Mercure,  elle  a  engendré  la  fraise,  etc.)...  Il 


—  35  — 

est  singulier  et  regrettable  que  de  tels  écarts  d'esprit  viennent  se 
combiner  aux  méditations  si  vastes,  si  logiques  et  si  belles,  d'allure 
parfois  hautement  mathématique,  qui  font  de  la  cosmogonie  entrevue 
par  Fourier  une  sorte  de  Genèse  flamboyante,  apocalyptique  et  ver- 
tigineuse (p.  85  et  86;  item,  p.  118  et  s.)  ».  Mais  ces  réserves  sur  le 
chapitre  des  rêveries  cosmogoniques  n'empêchent  pas  le  panégyriste 
d'approuver  les  fantaisies  les  plus  immorales  et  même  d'y  applaudir. 
Suppression  du  mariage  et  de  la  famille,  polygamie  et  polyandrie, 
mœurs  de  haras  et  de  chenil,  tout  cela  est  vanté  comme  un  des  côtés 
les  plus  moraux  et  les  plus  élevés  du  fouriérisme  (p.  8  et  s.;  p.  125, 
153  et  s.).  Prétendre  que  les  pages  de  Fourier  contre  le  mariage  et  sur 
les  «  neuf  degrés  du  cocuage  «  sont  «  tracées  de  main  de  maître  »,  voilà 
qui  ne  fait  honneur  ni  au  sens  moral,  ni  au  sens  littéraire  de  l'écrivain. 
M.  Jollivet-Castelot  n'en  conclut  que  plus  résolument  en  faveur  du 
fouriérisme,  seul  moyen  d'améliorer  pacifiquement  la  société  en  la 
transformant  peu  à  peu,  sans  la  jeter  dans  la  Révolution;  car  l'auteur 
appartient  encore  à  la  race  à  peu  près  éteinte  des  socialistes  idylliques. 
Aussi  trouve-t-il  que  si  les  «  Karl  Marx,  les  Bebel,  les  Guesde,  les  Jau- 
rès, les  Viviani,  les  Briand  ont  démoli  le  capitalisme  »,  il  leur  a  pour- 
tant manqué  «  jusqu'ici,  de  construire  une  théorie  séduisante  et  syn- 
thétique de  l'ordre  social  de  demain  (p.  1  et  2)  ».  J'aime  bien  cette 
classification  de  nos  grands  hommes  politiques  :  MM.  Viviani  et  Briand 
collaborateurs  et  complices  de  Marx  et  de  Jules  Guesde,  ce  n'est  pas 
moi  qui  le  lui  ai  fait  dire.  • —  Le  volume  se  termine  par  deux  chapitres 
de  conclusions,  dont  le  premier  nous  présente  une  «  journée  harmo- 
nienne  aux  environs  de  l'an  2000  »,  avec  les  libertés  peu  chastement 
décrites  de  l'attraction  sexuelle  et  avec  l'application  de  toutes  les 
découvertes  scientifiques  que  nous  avons  faites  depuis  Fourier  ou 
que  nous  sommes  en  voie  de  faire.  L'autre  de  ces  chapitres  adapte  le 
fouriérisme  aux  «problèmes  sociaux  actuels  »  :  c'est  la  peinture  de  l'âge 
d'or,  car  l'a  associationnisme  »  aura  tôt  fait  de  porter  à  900  milliards 
la  richesse  de  la  France,  qui  n'est  encore  que  de  200  milliards  ou  guère 
plus  (p.  224). 

7.  . —  Adhémar  Schwitzguébel,  né  en  1844,  près  de  Saint-Imier,  et 
mort  à  Bienne  en  1895,  avait  été  graveur  de  son  métier.  Il  s'était 
enrôlé  des  tout  premiers  dans  l'Internationale  et  pour  ainsi  dire  dès 
sa  fondation.  Membre  influent  de  divers  congrès  socialistes  révolu- 
tionnaires, il  fut  un  ardent  apôtre  de  «  l'organisation  ouvrière  géné- 
rale »  en  lutte  contre  le  patronat,  dans  la  conviction  que  «  les  circon- 
stances et  la  situation  indiqueraient  ensuite  logiquement  la  tactique 
à  suivre  ».  11  mérita  ainsi  les  éloges  du  grand  nihiliste  russe,  le  prince 
Kropotkine.  Sa  mort  remonte  déjà  à  treize  ans  :  mais  une  main  amie 
vient  de  réunir  quelques  pages  de  genres  très  divers  qu'il  sema  au 
cours  de  ses  tournées  de  propagande,  dans  la  courte  période  entre 


—  36  — 

1869  et  1876.  Ces  Quelques  écrits  renferment  des  morceaux  variés,  des 
manifestes,  des  articles  pour  VAlmanaeh  du  peuple,  un  dialogue  pour 
démontrer  que  l'intérêt  de  l'ouvrier  n'est  pas  de  verser  à  la  Caisse 
d'épargne,  mais  bien  à  des  sociétés  de  résistance,  enfin  ■ —  et  c'est  le 
morceau  le  plus  considérable  • —  une  conférence  qu'il  lut  à  Berne,  à 
Saint-Imier,  etc.,. sur  «  le  radicalisme  et  le  socialisme  ».  Les  idées  n'y 
tranchent  pas  avec  ce  qu'elles  sont  d'ordinaire  dans  les  déclarations 
de  ce  genre  :  quant  au  ton,  il  est  tout  aussi  affirmatif  et  brutal, 
sans  être  aussi  déclamatoire  qu'on  le  trouve  souvent  ailleurs.  On  sent 
bien  que  les  haines  sociales  fermentent  dans  le  cerveau  de  Schwitz- 
guébel  :  mais  il  les  exprime  posément  et  froidement.  Cela  ne  change 
rien  à  la  conclusion.  «  La  Révolution  sociale  est  inévitable  »,  dit -il. 
Il  faut  «  que  la  Révolution,  aux  yeux  de  la  miasse  populaire,  devienne 
un  but  immédiat.  Il  suffît  d'un  bien  faible  effort  dans  ce  sens  :  l'ou- 
vrier, cessant  d'envisager  sa  société  de  métier  comme  une  simple 
société  d'assurance  mutuelle,  doit  la  considérer  comme  le  levier  d'une 
nouvelle  organisation  sociale  (p.  170)  ».  En  voilà  un  qui  avait  bien 
déjà,  il  y  a  trente  ans,  une  idée  très  claire  du  rôle  que  le  syndicalisme 
était  appelé  à  jouer  plus  tard  dans  la  Confédération  générale  du  tra- 
vail. Mais  je  n'ai  trouvé  que  cela  d'intéressant  dans  le  volume. 

8.  ■ —  Après  le  socialisme  nous  abordons  les  œuvres  dites  sociales. 
M.  Georges  Deherme,  bien  connu  comme  fondateur  des  «  Universités 
populaires  »,  vient  de  s'ouvrir  tout  entier  dans  son  volume  la  Démo- 
cratie vivante.  Il  y  est  avec  ses  conviction&,  ses  illusions  et  ses  décep- 
tions. Aussi  je  connais  peu  de  livres  qui  fassent  mieux  toucher  du 
doigt  l'impuissance  où  se  débattent  éternellement  tous  les  hommes 
qui  veulent  fonder  une  société  sans  point  fixe  et  sans  base,  parce 
qu'ils  la  veulent  fonder  sans  philosophie  et  sans  Dieu.  L'idéal,  c'eBt 
l'éducation  de  la  démocratie;  le  patronage,  c'est  une  préface  de  M.  Cle- 
menceau, parue  il  y  a  beau  temps  déjà  dans  le  premier  numéro  de  la 
Coopération  des  idées.  Mais  depuis,  hélas  !  «  notre  confiance  ingénue 
en  la  démocratie  ■ —  dit  M.  Deherme  à  sa  première  ligne  —  résiste  mal 
à  nos  expériences...  Les  symptômes  délétères  se  sont  aggravés  :  au- 
jourd'hui il  nous  semble  que  le  souci  de  l'ordre  doit  l'emporter  sur 
celui  de  la  liberté  »  (p.  1).  Le  livre  comprend  trois  parties  :  1°  la  Démo- 
cratie par  la  liberté  ou  la  Monarchie  pour  l'ordre  ;  2°  les  Maladies 
sociales  de  la  démocratie  (alcoolisme,  laideur  et  tristesse,  féminisme, 
antimilitarisme  et  autipatriotisme,  pessimisme  et  socialisme);  enfin 
3°  l'Organisation  de  la  démocratie.  Le  style  est  martelé,  remarquable 
par  son  énergique  concision;  il  impressionne  fortement  le  lecteur; 
à  chaque  page  se  rencontrent  des  pensées  profondes  que  l'on  voudrait 
pouvoir  se  graver  dans  l'esprit  comme  on  ferait  d'une  maxime  de  Pas- 
cal ou  de  La  Bruyère.  Ce  sont  généralement  d' apures, critiques  dirigées 
contre  les  tendances  ou  les  faits  contemporains.  Par  exemple  «  il  sem- 


-  37   - 

blerait,  dit  M.  Deherme,  que  les  pupilles  de  la  République  n'aient 
appris  à  lire  que  pour  les  annonces  alléchantes  de  «  l'absinthe  bien- 
faisante »  et  pour  assurer  une  clientèle  à  la  littérature  fangeuse  des 
feuilletons  et  des  pornographes  »  (p.  236)  ;  ou  bien  :  «  le  féminisme 
n'est  qu'une  forme  de  l'esprit  du  sectarisme  ;  le  mot  lui-même  est  une 
monstruosité...  et  en  lisant  les  écrits  féministes,  nous  avons  été  tou- 
joui"s  frappé  du  ferment  de  décomposition  sociale  qui  s'en  dégage... 
On  parle  constamment  des  droits,  jamais  des  devoirs  '(sic)  {p.  144 
et  145)  ».  En  un  mot,  dans  ces  vœux  incessants  pour  une  éducation  de 
la  démocratie,  tandis  que  M.  Deherme,  comme  nous  l'avons  dit, 
ne  cache  point  que  les  déceptions  lui  feraient  «  corriger  bien  des 
pages  et  peut-être  des  chapitres  gitiers  s'il  avait  à  récrire  ce  livre 
(p.  1)»,  on  est  frappé  comme  malgré  soi  par  ce  ton  continu  de  décou- 
ragement. M.  Deherme  a  foi  dans  son  idée,  mais  pas  le  moins  du  monde 
dans  le  succès  de  son  idée.  A  quoi  bon?  «  Les  heureux,  dit-il,  ce  sont  les 
quiets  qui  mettent  leur  hygiène  au-dessus  de  tout,  ou  ceux  qui  re- 
tournent aux  vieux  dogmes.  Mais  nous,  les  inquiets,  que  tant  de  mys- 
tères oppressent,  où  allons-nous?  (p.  397)  ».  Voilà  le  cri  de  la  fin  et  il 
résonne  en  accord  parfait  avec  le  cri  du  commencement  :  «  Il  n'y  a 
pas  de  vérité  absolue  »,  disait-il  au  début  de  son  œuvre.  Et  cela  ne 
devait  pas  être,  faut-il  dire,  une  légère  difficulté  pour  «  recons- 
tituer • —  ainsi  qu'il  se  le  proposait  • —  la  société  dissoute  par  la  critique 
révolutionnaire  et  la  négation  métaphysique,  si  le  destin  n'a  pas 
marqué  que  la  civilisation  doit  ainsi  finir  »  (p.  9).  Pourquoi  donc 
M.  Deherme,  en  niant  qu'il  y  ait  une  vérité  absolue,  se  fait-il  à 
son  tour  complice  de  cette  «  négation  m-étaphysique  »  qu'il  accuse 
d'avoir  dissous  la  société?  Explique  qui  pourra!  Quoi  qu'il  en  soit, 
on  se  sent  pris  d'une  profonde  pitié  en  voyant  tant  de  bonne  volonté 
et  de  talent  qui  se  dépensent,  absolumlent  impuissants,  à  lutter  contre 
le  doute  et  la  désespérance. 

9.  —  On  connaît  toute  l'importance  que  les  institutions  d'enfants 
à  la  montagne,  de  colonies  scolaires,  etc.,  ont  prise  en  ces  dernières 
années.  Sous  le  titre  :  Les  Colonies  de  vacances,  M.  Louis  Delpérier 
donne  un  petit  volume,  infiniment  substantiel,  destiné  certainement 
à  devenir  le  manuel  de  tous  les  hommes  qui  se  consacrent  à  cette 
œuvre  excellente.  M.  Delpérier  en  raconte  les  premiers  essais,  sous 
l'inspiration  de  M.  le  pasteur  Bion,  de  Zurich,  en  1876;  il  décrit  les 
rapides  progrès  de  cette  idée  et  il  en  fait  toucher  du  doigt  les  heureux 
résultats  au  point  de  vue  de  la  santé  et  du  moral  des  enfants,  d'après 
des  statistiques  minutieuses;  enfin,  après  ce  que  j'appellerai  la  partie 
historique  et  descriptive,  viennent  les  utiles  discussions  sur.  l'orga- 
nisation d'une  colonie,  sur  les  avantages  comparatifs  du  «  placement 
familial  »  et  de  la  «  colonie  collective  »,  sur  la  responsabilité  éventuelle 
des  directeurs  d'œuvres,  etc.  Tout  cela  est  expliqué  clairement  et 


—  38  — 

sobrement,  comme  peut  le  faire  un  homme  qui  aime  et  qui  connaît 
à  fond  ce  dont  il  parle  :  aussi  est-il  difiicile  d'imaginer  quelque  chose 
de  plus  complet,  au  point  de  vue  pédagogique  comme  au  point  de 
vue  statistique.  ■ —  M.  Delpérier  envisage  ces  colonies  comme  une 
puissante  «  oeuvre  de  paix  sociale  »,  mais  il  le  fait  en  dehors  de  toute 
préoccupation  religieuse,  et  je  ne  sais  pas  s'il  ne  regrette  point  que  des 
fondations  catholiques  qui  s'en  occupent  y  apportent  un  esprit  «  con- 
fessionnel »  de  moralisation  et  d'apostolat.  La  neutraUté  la  plus  abso- 
lue lui  suffît  ou  lui  agrée.  C'est  en  ce  sens  qu'il  blâme  les  œuvres  muni- 
cipales qui,  en  ne  permettant  pas  à  l'enfant  de  continuer  l'exercice 
de  ses  pratiques  religieuses,  manquent  à  une  «condition  essentielle 
de  la  neutralité  d'œuvres  qui  doivent  s'appliquer  à  ne  rien  changer 
à  cet  égard  à  l'éducation  familiale  (p.  79)  »;  il  désapprouve  donc  la 
commission  de  VŒuvre  mutuelle  des  colonies  de  vacances  (Association 
des  instituteurs),  pour  avoir  voté,  à  la  presque  unanimité  de  ses  mem- 
bres, la  formule  suivante  :  «  Les  enfants  ne  seront  pas  conduits  aux 
exercices  du  culte  et  ils  ne  seront  pas  autorisés  à  s'y  rendre  seuls 
(p.  71)  )).■ —  ]\L  Cheysson  a  mis  une  Préface  où  il  célèbre  l'influence  bien- 
faisante de  la  nature  et  de  la  campagne  sous  les  points  de  vue  les  plus 
divers.  C'est  fort  bien  écrit  et  tout  à  fait  capable  de  faire  aimer  les 
œuvres  d'enfants  à  la  montagne.  Je  regrette  cependant,  dans  le  sens 
de  M.  Delpérier,  une  phrase  qui  donnerait  à  penser  que  les  calculs 
«  religieux  »  sont  contraires  au  «  désintéressement  de  ceux  qui  vont 
au  peuple  (p.  xxiii)  ».  Quoi  !  lorsque  l'on  va  au  peuple,  il  faut  donc 
au  préalable  se  désintéresser  de  l'idée  de  Dieu?  Est-ce  que  j'ai  mal 
compris  ou  bien  est-ce  à  dessein  que  la  phrase  de  M.  Cheysson  était 
ambiguë  ? 

10.  ■ —  De  son  côté,  et  comme  pour  faire  pendant  aux  colonies  de 
vacances,  mais  avec  un  esprit  évidemment  différent  de  M.  Delpérier, 
M.  Bertheloot,  inspecteur  d'Académie,  publie  un  volume  sur  la  Mutua- 
lité scolaire,  qui  peut  être  un  vrai  manuel  à  l'usage  des  directeurs  de 
ces  intéressantes  associations.  L'histoire  des  mutuelles  scolaires  ou, 
comme  on  dit,  des  «  petites  Cave  »,  y  est  présentée  avec  beaucoup  de 
détails,  à  travers  les  diverses  lois  sous  lesquelles  elles  ont  eu  à  vivre 
avant  celle  du  1^^  avril  1898.  La  statistique  et  la  documentation 
sont  tout  ce  qu'il  est  possible  de  désirer.  Même  les  essais  tentés  dans 
les  œuvres  catholiques  sont  passés  convenablement  en  revue.  Bien 
entendu,  il  ne  faudrait  pas  demander  à  M.  Bertheloot  le  moindre  atome 
d'esprit  chrétien;  il  ne  voit  qu'à  travers  la  Ligue  de  l'enseignement 
ou  par  les  yeux  de  M.  Edouard  Petit.  Il  compte  sur  là  mutualité  sco- 
laire pour  être  vraiment  l'école  modèle  de  la  prévoyance  et  de  la  soli- 
darité ;  «  par  la  liberté  dans  l'égalité,  elle  enseignera  la  fraternité  aux 
«nfants  de  la  République  »  (p.  199).  Voilà,  sans  contredit,  une  jolie 
phrase   de   style  pompier  !  Aussi,    quand  M.  Bertheloot  a  constaté 


—  39  — 

qu'une  société  de  secours  mutuels  a  existé  à  Paris,  dès  1694  et  qu'il 
s'y  en  est  fondé  douze  au  cours  du  xviii^  siècle,  il  ajoute  qu'elles 
«  avaient  un  caractère  corporatif  et  qu'elles  subordonnaient  leur 
action  à  l'autorité  ecclésiastique,  toute  puissante  dans  l'ancien 
régime  »;  il  trouve  donc  tout  naturel  que  la  Révolution  «  n'ait  vu 
en  elles  que  des  foyers  d'abus  séculaires  et  ne  leur  ait  pas  été  favo- 
rable (p.  3)  ». 

11,  12,  13  et  14.  ■ —  Enfin,  sous  le  titre  :  Library  of  Congress, 
travail  dressé  sous  la  direction  de  M.  Appleton  Prentiss  Clark  Griffîn, 
chief  bibliogrnpher^  et  imprimé  à  Washington  par  l'imprimerie  du 
gouvernement,  on  trouve  les  nomenclatures  très  riches  de  tout  ce 
qui  a  paru  en  diverses  langues,  soit  comme  ouvrages,  soit  comme 
article 5  de  revues  sur  les  sujets  suivants  :  Currency  and  banking 
(circulation  et  banque)  au  point  de  vue  des  conditions  nouvelles  de 
l'émission;  Fédéral  contrôle  of  commerce  a?id  corporations  ;  The  eight 
hoiirs  working-day  (la  journée  de  travail  de  huit  heures  et 
généralement  la  limitation  des  heures  de  travail)  ;  puis  First 
and  second  banks  of  the  United  States.  Sur  ce  dernier  point  tout  le 
monde  sait  que  la  circulation  aux  États-Unis  a  passé  par  les  phases 
les  plus  diverses  :  une,  puis  deux  banques  seulement  d'émission  et 
par  conséquent  le  régime  du  monopole;  d'autres  fois,  la  circulation 
régie  par  la  législation  particulière  de  chaque  État,  avant  qu'on  arri- 
vât au  régime  de  la  législation  fédérale  avec  la  liberté  d'émission  pour 
tout  le  monde  sous  certaines  conditions  de  cautionnement  en  fonds 
fédéraux.  J.  Rambaud. 


BEAUX-ARTS 

{Siùle) 

13.  Histoire  de  l'art  depuis  les  premiers  temps  chrétiens  jusqu'à  nos  jours,  publiée  sous 
la  direction  de  André  Michel.  Tome  lll.Le  Réalisme.  Les  Débuta  de  la  Renais- 
sance. Première  partie.  Paris,  Armand  Colin,  1907,  in-4  de  464  p.,  avec  5  pi.  hors 
texte  et  257  grav.,  15  fr.  —  14.  Manuel  d'archéologie  préhistorique,  celtique  et  gallo- 
romaine,  par  Joseph  Déchelette.  I.  Archéologie  préhistorique.  Paris,  Alphonse 
Picard  et  fils,  1908,  in-8  de  xix-747  p.,  avec  249  grav.,  15  fr. —  15.  L'Art  égyptien. 
Choix  de  documents  accompagnés  d' indications  bibliographiques,  par  Jean  Cap.^rt. 
Paris,  Guilmoto,  1909,  in-8  de  31  p.  et  100  planches  en  phototypie,  10  fr. —  16. 
Supplementarij  papers  of  the  American  school  of  classical  studies  in  Rome, 
Vol.  II.  New  York  and  London,  Macmillan  and  C»,  1908,  in-4  de  ix-293  p.,  avec 
41  gravures. —  11. Le  Forum  romain  et  les  forums  impériaux,pAv'iiE:<R\'  Thédenat. 
Quatrième  édition.  Paris,  Hachette,  1908,  in-16  de  xu-454  p.,  a*rec  3  grands  plans, 
62  grav.  et  8  phototypies,  cartonné,  5  fr. —  18.  La  Villa  d'Hadrien  près  de  Tivoli. 
Guide  et  description,  suii,'i  d'un  Catalogue  des  œuvres  d'art,  par  Pierre  Gusm.\.n. 
Paris,  Hachette,  1908,  in-16  de  iii-171  p.,  avec  129  grav.  et  plans,  et  1  plan  en 
couleurs,  cartonné,  5  fr.  —  19.  L' Art  religieux  de  la  fin  du  moyen  âge  en  France, 
étude  sur  l'iconographie  du  moyen  âge  et  sur  ses  sources  d'inspiration,  par  Emile 
Mâle.  Paris,  Armand  Colin,  1908,  in-4  carré  de  xii-559  p.,  avec  250  grav.,  25  fr. 
—  20.  La  Vierge  de  Miséricorde,  étude  d'un  thème  iconographique,  par  Paul  Perdri- 
ZKT.  Paris,  Fontemoing,  1908,  in-8  de  i-260  p.,  avec  31  planches  hors  texte  et 


-  40 

'4  prar..  16  ïr.  —  2L.  Les  Cloiiet,  ppcntres  ofliciek  des  rois  de  France,  par  Etienne 
Morf.au-Nélaton.  Paris,  Emile  Lévy,  190R,  in-4  de  72  p.,  avec  12  planches  et 
19  grav.,  20  îr.  —  22.  Les  Frères  Du  Alonstier,  peintres  de  la  reine  Catherine  de 
Médicis,  par  Étien-ne  MoREAt-NÉLATON.  Paris,  Èmik  Lévy,  lOOS,  in-4  de  15  p., 
.aîvecl2  planches,  10  fr.  —  23.  Trois  Églises^et  Trois  Primitifs,  ^ar  J.-K.  Hiysmat>;s. 
Paris,  Plon-Nourrit,  1908,  in-18  de  289  p.,  3  fr.  50.  —  24.  Bibliothèque  de  rensei- 
gnement des  beaua:-arts.  La  Sculpture  espagnole,  par  Paul  Lafond.  Paris,  Alcide 
Picard, -s.  d.  (1908),  Jn-S  de  336  p.,  avec  120  grav.,  3  tr.  50.  —  25.  Kiinstler-Mono- 
graphien.  Auguste  Rodin,  von  Otto  Grautoff.  Bielefeld  und  Leipzig,  Velhagen 
urid  Klasing,  1908,  iiv-4  de  104  p.,  avec  107  grav.,  3  fr.  75. —  26.  Les  Monuments 
nationnux  en  Allemagne,  par  Eugène  Poiré.  Paris,  Plon-Nourrit,  1908.  in-18  de 
"XV-SOS  p.,  3  fr.  BO.  —  27.  Les  Anciens  Artistes-Feintres  et  décorateurs  mulhou- 
siens  jusqu'au  \ix<'  siècle,  par  Ernest  Meinin&er.  Mulhouse  et  Paris,  Champion, 
1908,  in-8  de  x-95  ,p.,  avec  12  planches  en  phototypie,  10  fr.  —  28.  Soui'cnirs  de 
"Belgique  et  de  Hollande.  Vn  Dessin  de  Colyer  Edouard,  pav  3.  C.-Ai.frïd  Prost.  Paris, 
imp.  Picquoin.  1908,  in-18  carré  de  ai-IOO  p.,  3  îr.  —  29.  Les  Maîtres  de  Tart.  Chir- 
landaio,  par  Henri 'Hauvette.  Paris,  Plon-Nourrit,  s.  d.  (1908),  .in-8  de  iii-191  p., 
avec  24  planches,  3  £r.  50. —  30.  Petites  Villes  d'Italie.  II.  Emilie,  Marches,  Ombrie, 
par  ANDRÉ]MAUREi..Paris,  Hachette,  1908,  in-16de  340  p.,  3fr.  50.— 31.  Ruskin- 
Pages  choisies, svec  une  Inlroduction  de  Robert  dt.xaSizeraane.  Paris,  Hachette, 
1908,  in-16  de  xxxvi-.266  p.,  avec  un  portrait,  3  îr.  50.^-  32.  Le  Bepos  de  Saint- 
Marc.  Histoire  de  Venise  pour  les  rares  voyageurs  qui  se  soucient  encore  de  ses  monu- 
ments, par  Rusicin;  traduit  de  l'anglais  par  "K.  Joxhston.  Paris,  Hachette,  1908, 
in-16  de  ix-272  p.,  3  fr.  —  33.  Nouvelles  Études  sur  l'histoire  de  Tart,  par  Emile 
Michel.  Paris,  Hachette,  1908,  in-16  de  xai-35.9  p.,  3  fr.  50.  —  34.  Les  Doctrines 
d'art  en  France.  Peintres,  amateurs,  critiques.  De  Poussiji  à  Diderot,  par  André 
Fo-NTAiNE.  Paris,  Laurens,  1909,  in-8  de  in-316  p.,  avec  12  planches,  9  fr.  —  35. 
Les  Beaux- Arts  et  la  Nation,  par  Ch.-M.  Couyba.  Paris,  Hachette,  1908,  in-16  de 
vii-299  p.,  3  fr.  50.  —  36.  Les  Idées  et  les  formes.  Rapport  au  public  sur  les  beaux - 
arts,  parPÉLADAN.  Paris,  Sansot,  1908,  petit  in-r2  de  67  p.,  1  fr. 

13.  —  La  première  partie  du  tome  III  de  la  tjrande  Histoire  de  l'art 
publiée  sous  la  direction  de  M.  André  Michel  contient  des  chapitres 
particulièrement  intéressants.  Nous  avons  dit  adieu  à  l'art  gothique, 
que  nous  ne  retrouverons  plus  désormais  que  modifié  sous  l'influence 
de  l'art  antique;  nous  sommes  au  début  de  ce  que  l'on  est  convenu 
d'appeler  la  Renaissance,  et  nous  constatons  le  progrès  toujours 
grandissant  du  réalisme.  M.  Enlart,  poursuivant  sa  longue  et  minu- 
tieuse enquête  architecturale,  a  étudié  dans  toute  l'Europe  l'évolution 
du  style  flamboyant;  M.  le  comte  Paul .Durrieu,. l'historien  de  la  minia- 
ture française,  a  écrit  sur  la  peinture  en  Fraiice,  de  la  seconde  moitié 
du  xiv^  siècle  jusqu'aux  premières  années  du  xv^,  une  dissertation 
qui  est  un  modèle  de  sagacité  critique;  M.  de  Fourcaud  a  raconté  en 
excellents  termes  la  merveilleuse  histoire  des  frères  A'an  Eyck,  et 
décrit  les  œuvres  de  leurs  contemporains  et  successeurs  immédiats; 
-M.  Maurice  HaKiel,  dans  un  texîte  revu  et  'complété  par  M.  André 
Michel,  nous  initie  à  'la  peinture  allemande,  aux  écoles  colonaise, 
franconienne,  souabe  et  tyrolienne.;  IVI.  Conrad  de  Mandach  parle  de 
la  peinture  suisse,  et  M.  Henry  Marcel  des'  commencements,  encore 
bien  mystérieux,  delà  peinture  anglaise.  Le  dernier  travail  du  regretté 
Henri  .Bouchot  se  trouve  dans  ce  volume  :  c'est  une  étude  sur  les  ori- 
gines de  la  gravure  sur  bois  et  en  taille-douce,  où  sont  discutées  et 


—  41   — 

tranchées  —  un  peu  -nettement  peut-être,  mais  c'était  la  façon  de 
travailler  de  notre  ami  Bouchot  —  des  questions  fort  complexes 
de  priorité  et  de  fdiation.  M.  Guifîrey  a  traité  de  la  tapisserie  aux  xiy^ 
et  xy6  siècles;  et  M.  André  Michel  a  continué,  avec  cette  ampleur 
de  vues  et  cette  ardeur  d'expression  qui  sont  les  dons  précieux  de  ^a 
critique,  la  longue  et  magistrale  histoire  de  la  sculpture  française. 
Quelques  pages  intéressantes  de  M.  Enlart  sur  la  sculpture  anglaise, 
et  un  petit  traité  de  haute  valeur  de  M.  Maurice  Prou  sur  l'art  moné- 
taire pendant  la  période  gothique,  terminent  ce  remarquable  volume, 
où  l'illustration,  toujours  plus  abondante  et  plus  variée,  se  maintient 
à  la  hauteur  du  texte.     • 

14.  —  Lorsque  MM.  Alphonse  «t  Auguste  Picard  entreprirent  la  belle 
collection  de  Manuels  d'archéologie,  où  les  ouvrag-es  de  M.  Enlart  et 
de  MM.  Salladin  et  Migeon  tiennent  déjà  une  place  si  honorable,  il  lut 
convenu  que  trois  volumes  seraient  réservés  à  l'archéologie  préhis- 
torique, celtique  et  gallo-romaine,  paa'  les  soins  de  M.  Joseph  Déche- 
lette,  conservateur  dm  immée  ée  Roanne,  dont  l'autorité  en  ces  sortes 
de  travaux  est  unanimement  reconnue.  Le  premier  des  trois  A'olumes  : 
L'Archéologie  préhistorique,  a  paru  récemment;  on  peut  dire,  sans 
exagération,  qu'il  a  une  importance  exceptionnelle.   La  préhistoire 
n'est  entrée  que  depuis  peu  dans  la  science,  qui  ne  cherche  pas  à  dis- 
simuler l'énormité  de  ce  nouveru  champ  d'investigations.  Tout  récem- 
ment, la  découverte  de  l'homme  fossile  de  la  Chapelle-aux-Saints 
ranimait  les  discussions,  qui  ne  sont  pas  près  de  finir,  sur  les  origines 
de  l'humanité;  et  l'on  peut  prévoir  que  ces  discussions  dcA'iendronL 
toujours  plus  passionnantes,  à  mesure  que  se  préciseront  les  données 
du  problème.  Nul  livre  n'est  mieux  fait  que  celui  de  M.  Déchelette 
pour  nous  aider  «  à  déterminer  la  date  relative  de  l'apparition  de 
l'homme  par  rapport  aux  âges  géologiques,  et  à  suivre  cet  homme 
primitif 'dans  son  acheminement  à  un  degré  plus  élevé  de  culture  ». 
Dans  cette  phase  qui  a  précédé  la  connaissance  des  métaux,  les  silex 
taillés  et  polis,  les  os  sculptés,  les  peintures  et  les  graffites  des  cavernes, 
les  dolmens  sauvagement  dressés  dans  les  landes  sont  les  premières 
œuvres  d'art  d'un  pays  -auquel  l'art  gothique  donnera  un  jour  la 
plus  splendide  parure.  M.   Déchelette  a  divisé  son  étude  en  deux 
parties  qui  correspondent  l'une  à  l'âge  de  la  pierre  taillée  (paléolithi- 
que), l'autre  à  l'âge  de  la  pierre  polie  (néolithique).  Dans  la  première, 
après  avoir  seulement  posé,  de  la  façon  la  plus  prudente  et  la  plus  dis- 
crête,  le  problème  archéologique  de  l'homme  tertiaire,    il  analyse 
les  nombreuses  traces  qui  subsistent  de  la  race  humaine,  de  son  outil- 
lage et  de  son  art  durant  l'ère  quaternaire.  11  y  a  là  un  classement  fait 
en  perfection  et  de  la  lecture  la  plus  attachante.  La  seconde  partie 
nous  fait  entrevoir  les  groupements  humains  en  ateliers  et  en  villages  ;  ■ 
elle  commente  les  monuments  mégalithiques  et  les  sépultures  ;  elle 


—  42   — 

nous  explique  en  ses  moindres  détails  l'industrie,  la  céramique,  et 
ce  que  l'on  peut  deviner  du  vêtement  et  des  tissus.  Deux  grandes 
listes  bibliographiques  des  cavernes  et  des  stations  terrestres  ou 
ateliers,  un  index  général  des  plus  minutieux  complètent  ce  travail 
de  tout  point  remarquable,  la  meilleure  Introduction  que  l'on  puisse 
avoir  à  l'histoire  de  la  civilisation  en  France. 

15. —  ]\I.  Jean  Capart,conservateur-adjoint  des  antiquités  égyptiennes 
aux  Musées  royaux  de  Bruxelles,  après  avoir  publié,  en  de  somptueux 
albums,  des  recueils  photographiques  reproduisant  les  principaux 
monuments  égyptiens,  a  eu  l'excellente  idée  de  donner,  en  cent  plan- 
ches de  format  plus  modeste,  mais  d'une  exécution  très  satisfaisante, 
un  choix  de  documents  accompagnés  d'indications  bibliographiques 
qui  constituent  non  pas  une  histoire  de  l'Art  égyptien^  mais  la  base 
solide  de  cette  histoire.  «  Dix  ans,  écrit-il  fort  justement,  sont  à  peine 
nécessaires  pour  qu'un  livre  d'archéologie  égyptienne  soit  en  majeure 
partie  démodé,  et  pour  que  seules  les  illustrations  et  les  références 
bibliographiques  conservent  encore  de  la  valeur.  «  L'essentiel  est  donc 
de  publier,  le  plus  rapidement  possible,  et  de  rendre  accessibles  au 
grand  public, par  leur  prix  minime,tous  les  documents,  groupés  systé- 
matiquement, qu'il  faut  connaître.  D'autres  volumes  suivront  celui-ci, 
«t  une  table  générale  permettra  un  classement  facile  de  toutes  les  plan- 
ches parues.  Celles  que  nous  avons  sous  les  yeux  sont  infiniment  va- 
riées. Temples  et  nécropoles,  chapelles  peintes,  statues  royales,  sphinx, 
stèles  et  colonnes,  bas-reliefs,  cuillers  et  boîtes,  pièces  de  bijouterie 
et  d'orfèvrerie,  ce  sont  toutes  les  manifestations  d'un  art  merveilleux 
qui  se  succèdent  devant  nos  regards,  période  par  période,  depuis  les 
temps  les  plus  archaïques  jusqu'à  l'époque  gréco-romaine. 

16. — ■L'Ecole  américaine  d'archéologie,  ou,  plus  exactement,  d'études 
■classiques  à  Rome,  vient  de  publier  le  second  volume  de  ses  Siipple- 
me.nlary  papers.  C'est,  comme  le  volume  de  1905,  un  ouvrage  de  belle 
et  imposante  érudition,  dont  l'exécution  matérielle  fait  le  plus  grand 
honneur  à  la  librairie  Macmillan;  elle  a  été,  d'ailleurs,  grandement 
facilitée,  ainsi  que  nous  l'apprend  le  comité  de  publication,  par  un 
don  généreux  de  l'Institution  Carnegie.  Il  se  trouve,  cette  année-ci, 
que  la  partie  la  plus  considérable  du  volume  n'appartient  pas  à 
l'archéologie,  mais  bien  à  la  philologie  :  elle  est  constituée  par  une 
transcription,  véritable  tour  de  force  typographique,  et  par  une  étude 
analytique  des  plus  minutieuses,  dues,  l'une  et  l'autre,  à  un  des  élèves 
de  l'Ecole,  M.  WiHiam  Van  Buren,  du  fameux  palimpseste  du  De 
Repiiblica  de  Cicéron,  le  Vaticaniis  bl51,  dont  la  librairie  Hoepli 
éditait  tout  récemment  la  reproduction  en  photogravure.  Dans  la 
partie  qui  vise  plus  spécialement  notre  compte  rendu,  voici  une  disser- 
tation fort  bien  illustrée  de  M.  Densmore  Gurtis  sur  les  arcs  de  triom- 
phe romains;  elle  ne  groupe  pas  moins  de  soixante-seize  de  ces  monu- 


—  43  — 

ments,  chronologiquement  classés,  dont  dix-sept  sont  reproduits 
dans  le  texte.  La  discussion  initiale  sur  l'origine  et  l'explication  de 
ce  genre  de  construction  est  fort  bien  menée;  on  peut  regretter  seule- 
ment l'absence  d'un  index  sommaire  permettant  d'apprécier  la  répar- 
tition des  arcs  de  triomphe  dans  les  pays  de  culture  grecque  et  ro- 
maine; dans  l'Afrique  du  nord  je  n'en  compte  pas  moins  de  vingt-sept, 
la  plupart  d'époque  assez  tardive,  et  le  chiiïre  est  vraiment  considé- 
rable. Un  article  de  M.  James  Egbert  sur  des  inscriptions  nouvellement 
découvertes  de  Rome  et  de  l'Italie  centrale,  accompagné  de  bonnes 
reproductions,  nous  révèle  quelques  formules  intéressantes,  entre 
autres  l'épitaphe  d'un  dévot  ou  favori  {deliciiis)  de  la  Mater  Matuta; 
c'est  la  première  inscription  romaine  où  la  déesse  soit  mentionnée, 

17  et  18.  —  J'ai  eu  occasion  de  louer  ici  même  l'excellent  manuel  de 
M.  l'abbé  Thédonat  :  Le  Forum  romain  et  les  forums  impériaux.  La 
librairie  Hachette  vient  de  nous  en  donner  une  quatrième  édition 
mise  au  courant  des  dernières  fouilles,  et  illustrée  d'un  grand  nombre 
de  plans  et  de  gravures.  C'est  le  meilleur  guide  que  puissent  emporter 
les  voyageurs  patients  dont  l'instruction  aspire  à  dépasser  les  limites 
du  Baedeker.  • —  Quant  au  volume  de  M.  Pierre  Gusman  sur  la  Villa 
d'Hadrien,  il  est  l'œuvre  charmante  d'un  érudit  et  d'un  artiste  à  qui 
le  sentiment  du  paysage  n'est  pas  moins  familier  que  l'histoire  des 
ruines.  En  1904,  M.  Gusman  avait  publié  sur  la  ville  impériale  de 
Tibur  une  magnifique  étude  illustrée  de  reproductions  de  ses  aqua- 
relles, en  même  temps  que  d'ancienes  gravures  et  de  plans.  Ce  livre 
nouveau  diiïère  de  l'ancien  en  ce  sens  qu'il  ne  vise  pas  à  autre  chose 
que  d'être  une  description  sommaire  et  pratique,  un  guide  fidèle, 
mais  où  le  souci  de  l'érudition  précise  ne  nuit  jamais  au  goût  du  pit- 
toresque. A  côté  des  plans  dont  le  texte  est  semé,  une  série  considérable 
de  phototypies  d'après  les  clichés  ou  les  dessins  de  l'auteur  nous  pré- 
sente les  aspects  les  plus  variés  de  ces  ruines  immenses.  Toute  la  der- 
nière partie  du  volume  se  compose  d'un  catalogue  descriptif,  accom- 
pagné de  gravures,  des  303  objets  d'art,  peintures,  mosaïques,  mar- 
bres et  bronzes  de  toute  sorte  qui  ont  été  retirés  anciennement  de  la 
villa  d'Hadrien,  et  sont  dispersés  aujourd'hui  dans  les  divers  musées 
d'Europe. 

19.  —  C'est  à  peine  si  j'ai  eu  le  temps  de  parcourir  le  magnifique 
livre  de  M.Emile  Mâle  :  L'Art  religieux  de  la  fin  du  moyen  âge  en  France, 
qui  m'est  arrivé  tout  juste  pour  mes  étrennes.  A  la  vérité,  j'en  con- 
naissais les  principaux  chapitres,  et  les  lecteurs  de  la  Revue  des  Deux 
Mondes,  de  la  Gazette  des  Beaux- Arts  et  de  la  Renie  de  l'Art  ancien  et 
moderne,  et  les  auditeurs  de  la  Sorbonne  qui  ont,  durant  ces  dernières 
années,  suivi  avec  un  vif  intérêt  les  nouvelles  études  iconographiques 
professées  en  partie  et  pubhées  isolément  par  l'auteur,  les  retrouve- 
ront avec  joie,  groupées   er   majestueux  ensemble   dans   ce  second 


—  44  — 

vîolirme,  le  compagmo-n,  le  firère  j.mimeafu  d'uLQ  aortre  ouvrage  consa- 
cré au  xiiT^  Biècle,  pt  déjà  imiemx  que  célèbre^  classique.  Hevu^eux 
M.  Mâle  !  il  a  su  accomplir  une  oeuvre  après  laquedle  plus  d'un  écrivain 
dirait  son  Ntwc  dimitUs-  et  il  ^est  encore  à  l'âge  des  nobles  ambitions 
et  des  vastes  pensées.  Ces  deux  volumes,  qui  portent  l'un  et  l'autre 
comme  sous-titre  :  Etude  svr  l'iconographie  du  moyen  âge  et  sur  ses 
sources  d'inspiraiion^  sont  manifestement  ce  que  l'érudition  fran- 
çaise a  d'onné  de  oaaedlleur  et  de  plus  solide  en  ces  dernières  années. 
lis  sont  fait-s  de  main  d'oTiryinier,  R©!n  seulement  de  belle  architecture 
et  de  nobles  ppoportions,  mais  aussi  d'harmonieux  et  plaisant  décor. 
Le  plan  de  <^elui-ci  ne  pouvait  continuer  exactement  le  précédent; 
la  matière  était  toiïte  autre.  Plus  d'unité  grandiose,  ploiis  d'encyclo- 
pédie religieuse;  la  cathédrale  n'est  plus  l'unique  centre  et  le  sommaire 
de  l'ait  chi^étien.  Cet<irt  se  disperse  ;  il  se  mêle  à  la  vie  de  chaque  jour, 
il  en  reçoit  soqq  i^ispiration.  Les  ordr-es  nouveaux,  et  tout  particulière- 
ment celui  des  "franoiscains,  le  marquent  de  leur  empreinte-  Le  théâ- 
tre surtout,  les  représentations  sacrées,  mystères  et  moralités,  qui  sont 
le  pain  quotidien  de  la  foule,  ne  peuvent  manquer  d'offrir  aux  artistes 
tout  un  décor  nouveau  d'une  richesse  extraordinaire;  et  c'est  peut-être 
'la  partie  la  plus  personnelle  de  ce  livre  si  remarquable  à  tous  égards  que 
le  chapitre  où  d'une  série  de  rapprochements  lumineux  résulte  cette 
conclusion  indéniable.  L'étude  des  nouvelles  conceptions  symboliques 
de  la  destinée  humaine,  des  images  du  vice  at  de  la  vertu,  surtout  des 
images  toujours  plus  fréquentes  de  la  mort,  infiniment  diversifiées 
dans  l'iconographie  comme  dans  la  littérature,  se  poursuit  jusqu'à  la 
fin  du  livre  avec  une  logique  admirable.  Et  A'oici  que  l'art  du  moyen 
âge,  que  l'art  chrétien  traditionnel  a  cessé  d'exister;  au  moment  où 
se  réunit  le  concile  de  Trente,  cet  art  n'a  plus  de  raison  d'être;  une 
législation  sévère  supprime  ses  dernières  attaches  aux  vieilles  et  naïves 
traditions  ;  et,  comme  le  dit  très  justement  M.  Mâle  :  «  Il  n'y  aura 
plus  à  l'avenir  qu'une  ressource  pour  l'artiste  chrétien  :  se  mettre  en 
face  de  l'Evangile,  et  l'interpréter  comme  il  le  sent.  »  Lire  ce  grand 
travail,  c'est  encore  s'instruire  par  les  yeux  :  le  choix  parfait  des  illus- 
trations, leur  grand  nom.ba'e  et  leur  beauté  ajoutent  im  mérite  in- 
contestable à  un  texte  dont  la  haute  valeur  littéraire  sufiirait  à  elle 
seule  pour  conquérir  les  suffrages  des.déhcats. 

20.  —  Sans  avoir  la  portée  considérable  de  l'ouvrage  de  M.  Mâle, 
un  nouveau  livre  de  M.  Paul  Perdrizet  n'sst  guère  moins  précieux 
pour  les  historiens  d'art.  Ce  hvre,  qu'on  est  un  peu  surpris,  au  premier 
abord,  de  r-encontrer  dans  la«  Bibliothèque  des  Ecoles  françaises 
d'Athènes  et  de  Rome  '\  dont  il  forme  le  fascicule  cent-unième,  est  inti- 
tulé :  La  Vierge  de  Miséricorde,  étude  d'un  thème  iconographique.  Et 
l'origine  n'en  n'est  nullement  banale.  M.  Perdrizet,  ancien  membre 
de  l'Ecole  d'Athènes,  maître  de  conférences  à  l'Université  de  Nancy, 


—  45  — 

a  regardé  d'un  œil  curieux  ua  vénérable  ex-voto  lorrain,,  souvenir  de 
la  défaite  de  Charles  le  Téméraire,  la  statue  de  la  Vierge  de  Mansuy 
Gauvain,  dans  Téglise  de  Notre-Dame  de  Bon-Secours;  il  a  voulu  con- 
naître^l'histoire  de  ce  type  singulier  de  la  Vierge  au  manteau,  et, 
comme  il  ne  la  trouvait  nulle  part,  il  a  été  conduit  tout  naturellement 
à  l'écrire;  son  livre  est  à  son  tour  une  manière  d'ex-voto^.  La  démons- 
tration des  origines  cisterciennes  de  l'image  dévote  est  admirablement 
conduite,  et  l'on  se  sent  en  parfaite  sécurité,  lorsque,au  sortir  des  récits 
de  Césaire  d'Heisterbacii,.0n  s'achemine,  avec  un  guide  d'une  érudition 
aussi  sagace  et  ingénieuso,.dans  le  dédale  des  ordres  religieux  et  des  con- 
fréries.Une  des  plus  joHes  démonstrations  de  M.  Perdrizet  est  celle  de 
l'escamotage,  si  l'on  peut  dire,  de  la  légende  cistercienne  au  prolit 
de  l'ordre  dominicain;  les  textes  qu'il  cite  sont  aussi  probants  que 
cm'ieux.  Un  développement  très  riche  et  nouveau  sur  les  Flèches  de  la 
colère  divine  permet  de  grouper  et  de  comparer  les  nombreux  ta- 
bleaux votifs  et  bannières  processionnelles  où  la  Vierge  miséricor- 
dieuse apparaît  pour  défendre  son  peuple  de  la  peste;  enfin  voici  que 
la  chrétienté  tout  entière  s'agenouille  et  se  presse  sous  les  plis  du 
manteau  protecteur;  le  type  de  la  Mater  omnium^  de  Notre-Dame  de 
Bon-Secours  est  entré  dans  la  grande  iconographie.  Un  catalogue 
descriptif  des  plus  abondants  donne,  comme  il  convenait,  la  première 
place  à  la  Toscane  et  à  l'Ombrie;  puis  viennent  les  diverses  autres 
images  d'Italie,  celles  d'Espagne,  de  France,  des  Flandres,  des  Pays- 
Bas  et  d'Allemagne.  D'excellentes  planches  photographiques,  dont 
un  certain  nombre  reproduisent  des  clichés  de  l'auteur,  nous  font 
connaître  les  principaux  parmi  les-  monuments  qu'il  a  si  bien  décrits 
et  commentés. 

21,  22.  —  Si  nous  commençons  enfin  à  connaître  l'a  vie  et  l'œuvre 
des  Clouet,  ces  peintres  célèbres  et  mystérieux  de  la  cour  des  Valois, 
c'est  à  M.  Etienne  Moreau-Nélaton  que  nous  le  devons.  La  longue 
enquête  conduite  à  travers  l'Europe,  depuis  des  années,  par  ce  vail- 
lant et  charmant  artiste,  qui  est  en  même  temps  un  admirable  érudit, 
a  eu  déjà  pour  résultat  la  magnifique  publication  des  dessins  de  Chan- 
tilly. D'autres  suivront  bientôt,  mais  le  succès  le  plus  extraordinaire, 
le  plus  triomphal,  a  été  la  découverte,  à  Vienne,  dans  une  collection 
privée,  d'un  portrait  daté-,  dédicacé  et  signé  de  François  Clouet,  qui 
est  maintenant  un  des  trésors  de  notre  Louvre.  Ce  portrait  d'un 
botaniste  illustre  en  son  temps  et  parfaitement  oublié  depuis,  de  nou- 
veau identifié  et  reconnu,  a  fait  surgir  toute  une  littérature;  mais  à 
qui  appartenait-il  mieux  de  le  commenter  et  de  le  mettre  en  lumière 
qu'au  grand  et  modeste  travailleur,  son  inventeur  et  père  adoptif? 
Le  précieux  volume  que  voici  :  Les  Clouet^  peintres  officiels  des  rois  de 
France,  coordonne  et  complète  merveilleusement  les  recherches  déjà 
tentées  par  des  précurseurs  comme  Léon  de  Laborde  et  Henri  Bour 


—  46  — 

cliot;  il  classe  un  certain  nombre  de  dessins  et  de  peintures  qui 
peuvent  enfin  recevoir  une  attribution  certaine.  II  montre  aussi  de 
façon  indiscutable  quelle  influence,  trop  longtemps  niée,  l'Italie  a 
exercée  sur  ces  artistes  dont  les  chefs-d'œuvre  ont  pu  être  confon- 
dus parfois  avec  ceux  d'un  Holbein.  De  très  belles  reproductions, 
d'après  les  crayons  de  Jean  et  de  François  Clouet,  ornent  ces  pages 
excellentes,  dont  on  trouvera  la  continuation  et  la  conclusion  en 
une  seconde  brochure,  non  moins  bien  illustrée  (d'après  les  pré- 
cieux dessins  conservés  à  l'Ermitage  impérial  de  Saint-Pétersbourg), 
sur  les  Frères  Du  Monstier,  peintres  de  la  reine  Catherine  de  Médicis. 

23.  ■ —  La  librairie  Pion,  héritière  des  œuvres  de  J.-K.Huysmans, 
uous  donne  un  dernier  livre  de  l'auteur  des  Foules  de  Lourdes,  Trois 
Eglises  et  Trois  Primitifs.  On  y  retrouvera  les  admirables  qualités 
descriptives  qui  assurent  à  certaines  pages  de  la  Cathédrale  une  beauté 
presque  parfaite,  et  cette  acuité  prodigieuse  de  la  vision  à  laquelle 
n'échappe  pas  un  relief  de  sculpture,  pas  un  ton  de  peinture,  si  effacé 
soit-il.  Les  trois  églises  sont  :  Notre-Dame  de  Paris,  Saint-Germain 
l'Auxerrois  et  Saint-Merry,  auquelles  Huysmans  a  consacré  trois 
études  isolées;  les  trois  primitifs  sont  :  Mathias  Grùnewald,  le  maître 
de  FJémalle,  et  l'auteur  inconnu  de  certain  buste  énigmatique  de 
jeune  fille  qu'expose  le  Musée  Staedel,  à  Francfort-sur-le-Mein.  Mais 
cette  partie  du  volume  avait  déjà  été  publiée  isolément;  ce  qui  appa- 
raît comme  vraiment  nouveau,  ce  sont  ces  physionomies  d'églises 
qui  nous  sont  rendues  si  vivantes,  avec  leur  atmosphère  particulière, 
et  même,  ce  qui  ne  surprendra  point,  avec  leur  odeur.  On  hume  à 
Saint-Germain,  nous  dit  Huysmans, «une  senteur  spéciale  qui  n'existe, 
semblable  à  Paris,  que  dans  un  autre  sanctuaire,  celui  de  l'Abbaye- 
aux-Bois  de  la  rue  de  Sèvres,  certains  jours,' — une  senteur  de  salpêtre 
relevée  par  une  très  fine  pointe  de  cire  consumée  et  d'encens.  »  Mais, 
depuis  que  ces  pages  furent  écrites,  l'Abbaye-aux-Bois  a  disparu, 
et  Huysmans  n'est  plus  là  pour  retracer,comnie  seul  il  pouvait  le  faire, 
la  transformation  prodigieuse  de  tout  un  quartier  dont  il  a  si  bien  fait 
comprendre  l'intimité  pieuse. 

24.  ■ — ■  Lorsque  M.  Dieulafoy  eut  publié  son  magnifique  travail  sur 
la  Statuaire  polychrome  en  Espagne,  lorsque,  surtout,  M.  Emile  Ber- 
taux  nous  eut  donné,  dans  la  grande  Histoire  de  l'art  de  la  libraire 
Armand  Colin,  un  chapitre  des  plus  intéressants  et  neufs  sur  la  Sculp- 
ture espagnole  au  xiv^  siècle,  nous  pûmes  espérer  l'apparition  d'un 
manuel  enfin  complet  qui  nous  fit  connaître,  dans  tout  son  dévelop- 
pement historique,  cet  art  si  riche  et  si  mal  étudié  encore.  Le  livre 
de  M.  Paul  Lafond,  conservateur  du  musée  de  Pau,  sur  la  Sculpture 
espagnole,  qui  vient  à  son  rang  dans  cette  féconde  «  Bibliothèque  de 
l'enseignement  des  beaux-arts  »,  toujours  active  depuis  plus  de  trente 
ans,  a  devancé  les  travaux  similaires  entrepris  de  l'autre  côté  des 


—  47  — 

Pyrénées.  On  y  trouvera  une  grande  abondance  de  renseignements 
nouveaux,  un  classement  d'ensemble  des  monuments  du  moyen  âge, 
beaucoup  plus  nombreux  qu'on  ne  le  soupçonne,  et  de  courtes  mono- 
graphies aussi  précises  que  possible  des  grands  artistes  de  la  Renais- 
sance et  des  temps  modernes.  Une  illustration  nombreuse  et  uni- 
quement formée  de  reproductions  directes  par  la  photographie,  une 
bibliographie,  un  index  alphabétique  des  noms  d'artistes  et  surtout 
un  index  topographique  des  plus  précieux,  compris  à  la  manière  du 
Cicérone  de  Burckhardt,  ajoutent  grandement  aux  services  que  doit 
rendre  cet  excellent  volume;  et, après  avoir  félicité  l'auteur,  il  convient 
de  louer  aussi  l'éditeur,  qui  n'a  rien  épargné  pour  satisfaire  la  curio- 
sité la  plus  exigeante. 

25.  ■ —  M.  Auguste  Rodin  est  entré  depuis  longtemps  dans  l'immor- 
talité. Les  volumes  se  multiplient  sur  l'artiste  et  sur  l'œuvre;  et  ce 
grand  sculpteur  n'est  pas  moins  prophète  à  l'étranger  qu'en  son 
pays.  Tandis  qu'un  volume  vraiment  splendide  s'annonçait  en  Bel- 
gique, un  autre  d'aspect  plus  simple,mais  illustré  de  plus  de  cent  gra- 
vures, paraissait  en  Allemagne,  à  Leipzig,  dans  la  précieuse  collec- 
tion de  monographies  artistiques  éditées  par  M.  Knackfuss.  Le  texte 
de  M.  Grautofï  est  tout  débordant  de  lyrisme,  d'ailleurs  fort  bien 
renseigné,  et  faisant  la  part  très  belle  aux  nombreux  biographes  et 
critiques  du  maître;  mais  ce  qu'on  ne  saurait  trop  admirer,  c'est  une 
illustration  choisie  et  exécutée  avec  un  raffinement  qui  est  la  perfec- 
tion même.  Evidemment  la  plupart  de  ces  photographies,  sinon 
toutes,  ont  été  prises  sous  la  direction  de  M.  Rodin  lui-même;  elles 
sont  toutes  frémissantes  de  vie  et  de  volupté.  On  sent  trop  souvent 
que  l'art  n'ira  jamais  plus  loin,  et  l'on  se  demande  non  sans  trouble 
si  l'art  doit  aller  aussi  loin. 

26.  ■ —  Que  l'on  ne  se  méprenne  pas  au  titre  du  hvre  de  M.  Eugène 
Poiré  :  Les  Monuments  nationaux  en  Aîleinagne.  Il  ne  s'agit  pas  de 
l'Allemagne  d'autrefois,  mais  bien  de  l'empire  allemand  tel  que  l'a 
fait  la  guerre  de  1870,  et  des  monuments  par  lesquels  le  pangermanisme 
a  voulu  célébrer  son  triomphe,  et  préparer  son  avenir.  Trois  de  ces 
monuments,  la  Walhalla  de  Ratisbonne,  la  Bavaria  et  la  Ruhmeshallo 
de  Munich,  sont  consacrés  à  la  glorification  en  bloc,  si  l'on  peut  dire, 
du  génie  allemand;  le  quatrième,  la  Befreiungshalle  (temple  de  la 
Délivrance)  de  Kelheim,  commémore  notre  défaite  à  Leipzig  et  le 
déclin  de  Napoléon;  les'  autres,  la  statue  d'Arminius,  la  colossale 
Germania,  la  colonne  de  la  Victoire  et  le  monument  de  Guillaume  I^r 
à  Berhn,  enfin  le  monument  de  Frédéric  III  à  Wœrth  et  la  Geden- 
khalle  (temple  du  Souvenir)  de  Gravelotte,  doivent  leur  raison  d'être 
aux  batailles  de  1870.  Il  y  a,  pour  des  Français,  à  lire  ce  travail  précis 
et  scrupuleusement  impartial, une  émotion  par  endroits  assez  poi- 


—  4<S  — 

gnaiite  et  une  leçon  peut-être  salutaire  :  l'iconographie  guerrière  a 
une  vertu  éducatrice  qu'il  serait  dangereux  de  méet)nnaître. 

27.  —  Les  Anciens  Artistes- Peintres  et  décorateurs  mulliousiens  jus- 
qu'au xix^  siècle  ont  été  étudiés  et  classés  en  une  série  de  notes  pré- 
cieuses, trop  modestement  qualifiées  de  «  matériaux  pour  servir  à 
l'histoire  de  l'art  à  Mulhouse»,  par  M.  Ernest  Meininger,  un  des  érudits 
qui  ont  le  mieux  célébré  les  gloires  alsaciennes,  le  maître  imprimeur 
à  qui  est  dû  ce  chef-d'œuvre  de  typograpliie  somptueuse,  l'édition 
toute  récente  du  Spéculum  humanae  salvationis.  Le  souvenir  de  la 
France  est  partout  présent  dans  ces  pages  cômsacrées  siu'tout  à  célé- 
brer l'industrie  et  l'art  français;  et  lenomd'Ernest  Meininger  demeu- 
rera inséparable  de  celui  des  Koechlin,  des  Dollfus,  des  Engelmann, 
enfants  illustres  de  Mulhouse,,  et  chers  à  no'ti'e  pays.  D'excellents 
tableaux  généalogiques  et  historiques,  des  reproductions  d'armoiries, 
de  portraits  et  de  compositions  peintes  ajoutent  à  la  haute  valeur 
documentaire  de  ce  Uvre,  pour  lequel  M.  André  Girodie,  le  savant  et 
distingué  directeur  des  Notes  d'art  et  d'archéologie^  a  écrit  une  affec- 
tueuse et  substantielle  Préface. 

28.  —  M.  Alfred  Prost  a  publié  avec  un  luxe  délicat  et  des  soins 
de  bibliophile  le  petit  livre,  tiré  à  cent  exemplaires,  où  il  nous  raconte 
ses  Souvenirs  de  Belgique  et  de  Hollande^  souvenirs  de  deux-  voyages, 
dont  le  second  eut  pour  occasion  la  magnifique  Exposition  de  la 
Toison  d'Or,  en  1907.  Récit  aimable  mais  trop  sommaire,  où  j'aurais 
préféré  ne  point  rencontrer,  à  propos  de  visites  à  des  musées  incon- 
testablement très. beaux,  des  allusions  désobligeantes  à  l'adresse  de 
notre  Lou\Te,  qui  renferme  tout  de  même  assez  de  chefs-d'œuvre 
pour  que  nous  puissions  nous  consoler  de  deux  ou  trois  fâcheuses 
acquisitions.  Un  chapitre  intitulé  :  Petite  Œuvre  de  grand  maître^ 
analyse  minutieusement  un  dessin  d'un  artiste  hollandais  presque 
inconnu,  Colyer,  qui  vécut  'dans  la  seconde  moitié  du  xvii^  siècle. 
Il  parait  charmant  ce  dessin  dont  M,  Prost  est  l'heureux  possesseur; 
mais  pourquoi  n'en  avoir  pas  joint  à  son  texte  une  petite  reproduction 
photographique  ? 

29.  ■ — •  Un  très  bon  Uvre  encore  dans  cette  collection  des  Maîtres 
de  l'a-t,  qui  n'en  compte  vraiment  que  de  très  bons.  C'est  le  Ghir- 
landaio  de  M.  Henri  Hauvette,  un  de  nos  italianisants  les  plus  distin- 
gués, que  la  Sorbonne  a  reçu  de  l'Université  de  Grenoble.  Le  grand 
précurseur  de  Raphaël  n'avait  pas  encore  obtenu  des  historiens  d'art 
toute  la  justice  à  laquelle  il  a  droit.  Bien  que  M.  Steinmann,  l'historien 
de  la  chapelle  Sixtine,  lui  eût  consacré,  il  y  a  quelques  années,  un  tra- 
vail des  plus  estimables  dans  les  Kiinstler-Monographien  de  Knack- 
fuss,il  nous  manquait  l'étude  méthodique  et  vraiment  critique,  présen- 
tant dans  son  milieu,  parmi  ses  protecteurs  et  ses  amis,  cet  admirable 


—  49  — 

portraitiste  de  la  riche  bourgeoisie  florentine,  des  Médicis  et  de  leur 
clientèle.  On  trouvera  dans  les  pages  de  M.  Hauvette,  avec  une  con- 
naissance parfaite  de  l'histoire  de  Florence,  de  l'art  et  de  l'humanisme 
dans  la  seconde  moitié  du  xv®  siècle,  un  sentiment  très  sobre  et  très 
juste  de  l'œuvre  décorative  de  Ghirlandaio,  et  de  sa  situation  unique 
parmi  les  créations  si  différentes  des  artistes  contemporains,  d'un 
Verrocchio,  d'un  Botticelli,  d'un  Léonard.  D'excellentes  gravures 
reproduisent  ce  qu'il  est  indispensable  d'avoir  vu  d'un  artiste  qu'on 
ne  peut  d'ailleurs  connaître  qu'à  Florence,  comme  on  ne  connaît 
Raphaël  qu'à  Rome. 

30.  —  Il  me  semble  bien  avoir  parlé  jadis,  avec  une  sévérité  un  peu 
pédante,  d'un  livre  de  M.  André  Maurel  :  Petites  Villes  d'Italie.  Un 
nouveau  livre,  qui  continue  le  premier,  me  désarme;  je  l'ai  lu  avec  une 
indignation  joyeuse.  Comment  en  vouloir  à  un  pèlerin  qui  aime  si 
frénétiquement  ■  ce  pays-là,  ce  cher  pays,  notre  seconde  patrie  en 
deuil?  Mais,  grands  dieux,  quelle  façon  d'aimer!  quels  élans,  quels 
rugissements,  quelles  pâmoisons  !  C'est  une  critique  d'art  nouvelle, 
la  critique  pathologique.  M.  Maurel  éclate  de  rire  dans  les  rues  de 
Parme,  il  palpite  en  pensant  aux  caresses  de  Pérouse,  il  traite  Ra- 
venné  de  Messaline,  Ravenne  !  «  Je  suis  ivre,  éperdu,  les  membres 
brisés,  la  tête  vide,  à  la  fois  exalté  et  morne,  titubant  et  volant  à  ras 
de  terre...  Est-ce  possible?  Une  telle  magnificence  fut-elle  réalisée? 
(p.  123-124)  ».  Lisons  encore  les  titres  des  chapitres  :  La  Pariétaire, 
Le  Labyrinthe,  Le  Vol  nuptial.  De  ma  barque  légère.  Les  Muscles 
d'Hercule,  L'Eléphant  à  la  rose,  Il  faut  laisser  tomber  les  flots.  Le 
Chant  du  Cygne...  Cela  signifie  :  Pavie,  Plaisance,  Parme,  Modène, 
Bologne,  Rimini,  Terni,  Orvieto...  Et  auprès  de  ces  phrases  épilep- 
tiques,  et  sous  ces  charades  trop  ingénieuses,  il  y  a  une  vision  nette 
et  colorée  des  paysages,  un  sens  très  juste  et  très  fin  de  l'histoire, 
un  charme  violent  et  singulier  qui  ne  permettent  point  d'oublier  ces 
descriptions.  Rome  s'entrevoit  à  la  fin  du  voyage;  Rome  nous 
vaudra  un  troisième  volume.  Que  sera-t-il?  Je  tremble  !... 

31  et  3.i.  —  Les  titres  étranges,  mystérieux,  attirants,  Ruskin  en  eut, 
tout  le  premier,  le  secret.  La  Hbrairie  Hachette,  qui  vient  de  nous 
donner  un  admirable  recueil  de  ses  Pages  choisies,  recueil  composé 
par  M.  Robert  de  la  Sizeranne  avec  toute  sa  science  et  son  goût  le  plus 
déHcat,  et  qu'il  faut  souhaiter  vraiment  de  voir  dans  toutes  les  mains, 
nous  donnait  en  même  temps  un  de  ses  derniers  et  de  ses  meilleurs 
livres  :  Le  Repos  de  Saint- M  arc,  fort  bien  traduit  par  M^e  K.  Johnston. 
C'est  un  Guide  à  Venise,  mais  un  guide  d'une  poésie  puissante  et 
autoritaire.  «  Tout  d'abord  nous  irons  sur  la  Piazzetta;  et  là,  à  l'ombre, 
nous  regarderons  tout  à  notre  aise  les  deux  piliers  de  granit.  »  Telles 
sont  les  premières  Ugnes  de  Ruskin.  Et  l'on  obéit,  et  vous  reconnaissez 
Janvier  1909.  T.-  CXV.  4. 


—  30  — 

là-bas  ces  i^iHiupcs  de  misses  et  de  ladies  absorbées  dans  la  contem- 
plation, et  qui  méditent  «  le  châtiment  de  Tyr  ».  Le  chapitre  suivant 
s'intitule  :  «  Latrator  Anubis  »,  et  vous  y  apprenez  comment,  dans 
un  bloc  de  fromage  de  gruyère,  vous  pouvez  ciseler  un  chapiteau 
byzantin.  Et  puis  vous  étudierez  «  Saint  Jacques  au  profond  courant  », 
et  «  Saint  Théodore,  vendeur  de  chaises  ».  Mais  il  se  trouve  que,  peu 
à  peu,  sous  un  flot  d'éloquence  âpre,  originale,  combative,  et  mêlée 
singulièrement  des  éclats  de  l'humour  britannique,  vous  vous  sentez 
pénétré  par  l'intelligence  de  Venise.  \'ous  avez  regardé,  raisonné 
avec  Ruskin,  vous  comprenez  avec  lui;  et  avec  quelle  ardeur, 
quelle  magnificence,  quelle  générosité  d'âme  ne  sait-il  pas 
comprendre,  lui  qui,  ayant  écrit  sur  Venise  son  chef-d'œuvre  de  jeu- 
nesse, un  livre  où  rayonne  l'aube  de  son  génie,  est  revenu  désabusé, 
meurtri  et  douloureux,  mais  plein  de  sérénité,  pour  visiter  encore  la 
reine  de  l'Adriatique  et  nous  la  montrer  une  dernière  fois  étincelante 
sous  les  rayons  plus  dorés  du  couchant  ! 

33.  —  Dans  ses  yoin>elles  Éludes  sur  l'histoire  de  l'art,  M.  Emile 
Michel  nous  fait  partager,  une  fois  encore,  avec  une  bonté  toute 
simple  et  une  autorité  affectueuse,  les  gains  et  les  joies  de  sa  longue 
expérience  d'artiste  et  de  savant.  Après  nous  avoir,  en  des  "livres 
splendides  qui  sont  des  modèles  de  méthode  historique,  initiés  à  la 
connaissance  de  deux  des  plus  merveilleux  génies  qui  aient  illustré 
la  peinture,  Rubens  et  Rembrandt,  il  s'est  proposé  de  nous  conduire, 
pas  à  pas.  le  long  des  chemins  qui  mènent  à  l'intelligence  de  l'art.  Sa 
grande  étude  sur  la  critique  d'art  et  ses  conditions  actuelles  peut  être 
considérée,  sous  une  forme  absolument  impersonnelle,  comme  une 
sorte  de  confession,  le  résumé  d'une  vie  toute  donnée  aux  beaux-arts. 
Les  jeunes  gens,  un  peu  trop  nombreux  peut-être  aujourd'hui,  qui 
s'imaginent  volontiers  que  pour  avoir  écrit  quelques  romans  et 
quelques  poésies,  pour  avoir  pénétré  dans  quelques  ateliers  et  fait 
un  voyage  d'Italie  ou  de  Belgique,  ils  ont  droit  à  leurs  lettres  de  natu- 
ralisation dans  la  critique  d'art,  feront  bien  de  méditer  ces  pages 
à  la  fois  aimables  et  austères  sur  les  devoirs  et  la  conscience  de  l'his- 
torien. Le  chapitre  sur  le  Musée  du  Louvre,  son  organisation,  ses 
richesses  et  ses  lacunes,  les  progrès  si  faciles  peut-être  à  réaliser  avec 
un  peu  plus  de  méthode  et  de  concorde,  mériterait  aussi  de  longues 
méditations.  Plaidons  tous  avec  ]\L  Emile  Michel  contre  la  gratuité 
si  faussement  démocratique  de  notre  grand  Musée  !  Deux  des  cha- 
pitres qui  suivent,  sur  le  Dessin  chez  Léonard  de  \'inci  et  sur  les 
Paysagistes  et  l'étude  d'après  nature,  nous  offrent  d'excellents 
exemples  de  cette  critique  dont  nous  étaient  exposées  tout  à  l'heure 
les  conditions  et  les  lois,  ici  plus  savante,  là  plus  familière.  Enfin 
d'importants    essais    biographiques    nous    font    connaître    ces    deux 


—  51  — 

illustres  amateurs,  Claude  Fabri  de  Peîresc  et  Constantin  Huygens, 
amis  de  Rubens  et  de  Rembrandt,  dont  l'existence  droite,  active,  si 
bien  remplie,  mérite  d'être  toujours  imitée. 

34.  —  Le  très  beau  livre  de  M.  André  Fontaine  sur  les  Doctrines 
d'art  en  France,  de  Poussin  à  Diderot,  nous  fait  assister  à  l'évolution 
de  l'art  français  durant  un  siècle  et  demi;  mais  au  lieu  de  nous  expli- 
quer uniquement  cette  évolution,  comme  on  le  fait  toujours,  par 
les  œuvres,  c'est-à-dire  par  le  dehors,  il  entreprend  de  l'expliquer 
par  le  dedans,  par  l'étude  du  milieu,  des  principes,  des  conceptions 
esthétiques  de  l'époque;  étude  qui  doit  permettre  de  rectifier  et  de 
compléter  par  endroits  l'appréciation  critique  des  œuvres.  C'est  un 
l'Vi'e  nouveau.  Non  seulement  il  repose  sur  les  plus  abondantes  lec- 
tures et  l'utilisation  de  textes  pour  la  plupart  ignorés  ou  néghgés, 
mais  il  emploie  un  grand  nombre  de  documents  inédits,  particuliè- 
rement tirés  des  correspondances  d'artistes  et  d'amateurs.  Les  doc- 
trines d'art,  depuis  longtemps  cultivées  en  Italie,  n'apparaissent  en 
France  qu'avec  Poussin;  encore  ne  sont-elles  pas  codifiées,  et,  en 
dehors  des  lettres  de  l'admirable  artiste,  il  faut  recourir,  pour  les 
connaître,  au  curieux  poème  latin  du  peintre  Du  Fresnoy,  et  aux 
Entretiens  de  Félibien,  jusqu'au  moment  où  commencent,  en  1667, 
les  premières  conférences  de  l'Académie  de  peinture,  où  Le  Brun  ne 
tarde  pas  à  prendre  une  influence  prépondérante.  Cette  influence  de 
Le  Brun,  puis  la  réaction  contre  son  autorité  trop  exclusive,  les  atta- 
ques de  Perrault  contre  les  anciens,  la  critique  libérale  de  Roger  de 
Piles,  dont  se  rapproche  le  goût  classique  de  Mariette,  les  préoccupa- 
tions esthétiques  des  amateurs  et  des  théoriciens  au  début  du  xviii^ 
siècle,  enfin  l'apparition  des  critiques  des  Salons,  qui  ouvrent  une 
ère  nouvelle,  voilà,  dans  ce  livre  si  nourri  de  faits  et  d'idées,  les  points 
essentiels  traités.  On  goûtera  particulièrement  l'étude  développée 
sur  La  Font  de  Saint-Yenne,  premier  en  date  des  critiques  d'art, 
et  sur  l'évolution  du  goût  qui  aboutit  à  la  critique  de  Diderot.  L'excel- 
lent éditeur  M.  Laurens,  a  donné  au  travail  de  M.  Fontaine  la  parure 
d'une  illustration  documentaire,  qui  s'harmonise  en  perfection  avec 
ce  texte  ingénieusement  érudit. 

35.  —  M.  Couyba,  rapporteui'  du  budget  des  Beaux-Arts  à  la  Cham- 
bre des  députés,  a  repris  et  développé  sous  forme  de  livre  toute  la 
partie  générale  et  durable  de  son  Rapport.  C'est  un  fort  bon  plaidoyer 
pour  «  l'art  li!)re  dans  l'Etat  protecteur.  »  Étrange  illusion,  n'est-ce 
pas,  d'imaginer,  en  un  temps  où  l'action  de  l'État  se  substitue  tou- 
jours plus  à  l'initiative  individuelle,  que  l'art  échappera  seul  a  ia 
socialisation  menaçante  !  Mais  les  artistes  sont  les  premiers  à  solliciter 
une  protection,  ce  qui  ne  veut  pas  dire  une  direction,  do  l'État:  et 
la  solution  de  M.  Couyba,  largt  ment  libérale,  serait  parfaite  si  jamais 


—  52  — 

elle  était  appliquée  dans  les  termes  où  il  la  propose.  Tout  ce  qu'il  nous 
dit  de  la  décentralisation  artistique  et  de  la  pédagogie  esthétique 
ne  peut  qu'être  approuvé  par  des  esprits  non  prévenus;  qu'il  y  ait 
des  réformes  indispensables  à  réaliser  dans  l'enseignement  du  dessin  tel 
qu'il  est  donné  au  lycée,dans  l'enseignement  à  l'Ecole  des  beaux-arts  et 
à  la  Villa  Médicis,  personne  ne  le  niera;  seulement  il  n'est  pas  très 
facile  de  s'entendre  sur  les  points  à  réformer.  Mais  la  Société  natio- 
nale de  l'art  à  l'école,  fondée  en  1907  par  M.  Couyba,  ne  manquera 
point  de  prospérer,  parce  que  l'idée  en  est  aussi  simple  qu'excellente. 
Si  l'on  n'apprend  pas  grand'chose  de  nouveau  dans  les  chapitres  consa- 
crés au  Conservatoire,  aux  théâtres  et  aux  manufactures  nationales, 
on  lira  certainement  avec  profit  les  pages  où  est  traitée  la  question 
des  musées  de  province  et  l'on  s'associera  de  grand  cœur  aux  sages 
déclarations  finales  sur  la  protection  et  la  propriété  artistique. 

36.  ■ —  C'est  également  un  Rapport  au  public  sur  les  beaux-arts 
qui  fait  l'objet  de  la  nouvelle  publication  de  M.  Péladan;  mais  que 
l'on  se  rassure,  ce  rapport,  sous  forme  de  plaquette,  n'a  rien  d'officiel, 
tout  au  contraire;  ce  qui  ne  signifie  point  que  les  conclusions  en 
soient  à  dédaigner.  Dans  la  querelle  qui  se  continue  toujours  entre 
les  anciens  et  les  modernes,  M.  Péladan  n'hésite  pas  :  il  est  le  champion 
des  anciens;  et  l'on  ne  peut  que  l'applaudir  lorsqu'il  combat,  avec 
des  gestes  parfois  un  peu  solennels,  contre  nos  petits  barbouilleurs 
si  satisfaits  de  leurs  barbouillages,  la  lutte  méritoire  pour  la  discipline 
et  pour  l'idéal.  André  Pératé. 


OUVRAGES  SUR  LA  MUSIQUE 

1.  Giaduale  sacrosaiictae  Roinanae  Ecclesiae.  De  temporeetde  Sanctis;  S.  S.  D.  N.  PU X. 
PontificLs  maximi  jiissu  rcstitutuni  et  cditum;  cui  addita  sunt  festa  novissima.  Romae, 
typis  Vaticanis,  1908,  in-8  de  938  p.  —  2.  Le  Chant  de  la  sainte  Église.  Histoire^ 
théorie,  pratique,  par  L.  D.  S.  Paris,  Poussielgue;  Namur,  Wfsmaël-Charlier, 
1908,  iii-8  de  x-272  p.,  3  fr.  —  3.  Grammatica  di  canto  gregoriano  ;  primo  corso, 
nozioni  fondamentali  e  pratica  délie  mélodie  più  facili,  da  A.  Minetti.  Roma,  typ  . 
Vaticai>a,  1909,  in-8  de  82  p.  —  4.  Traité  de  prononciation  romaine  du  latin,  par 
Un  religieux  bénédictin.  Montréal  (Canada),  Granger,  1907,  in-12  de  15  p  — 
5.  Les  Subdivisions  binaires  et  ternaires  en  rythmique  grégorienne  et  la  Musica  sacra 
belge,  par  l'auteur  du  «  Psautier  Vespéral  46  4  x  2.  »  Naraur,  Picard-Balon,  1907, 
in-16  de  70  p.,  1  fr.  —  6.  Organum  comitans  ad  Cantus  Gradualis  0.  Paer, 
necessarios  pro  diebus  dominicis  et  jestivis,  necnon  pro  plurimis  aliis  diebus  in  quitus 
or"anum  pulsari  licet,SLUCiov&-P.BRvyoNE  M.  Hespers.  Ejusd.  ord.Venlo '^Hollande), 
in  conventu  «  Trans  Cedron  »,  1908,  gr.  in-8  de  224  p.  —  7.  Carmina  scripturarum , 
scilicet,  antiphonas  et  responsoria  ex  sacro  Scripturae  fonte  in  libros  liturgicos  Sanctae 
Ecclesiae  Romanae  derivata,  edidit  Carolus  Marbach.  Argentorati,  X.  Le  Roux, 

"  1907,  gr.  in-8  de  165*-596  p.,  10  fr.  —  8.  Cent  Motets  du  xiii"^  siècle,  publiés 
d'après  le  ms.  Ed.  IV.  6.  de  Bamberg,  par  Pierre  Aubry.  Reproduction  photo- 
typique de  l'original,  64  folios.  Paris,  A.  Rouart  et  LeroUe;  Paul  Geuthner,  1908, 
.150  fr. 


—  53  - 

1.  —  Le  Graduelle  de  l'édition  vaticane  vient  de  voir  le  jour.  Les 
reproductions  se  font  de  tous  côtés.  Ont  déjà  paru  les  éditions  des 
maisons  Desclée,  Pustet,  Schwann,  etc.  Il  faut  nous  borner  à  signa- 
ler celle  des  bénédictins  de  Solesmes  avec  signes  rythmiques.  Une 
Note  ajoutée  à  l'édition  typique  fait  remarquer  la  légitimité  de  ces 
adjonctions,  et  des  nouveaux  signes  employés.  Tous,  en  effet,  sont 
détachés  des  notes.  Lin  examen  attentif  nous  autorise  à  croire  que  la 
même  composition  typographique  a  servi  pour  les  deux  éditions,  sans 
signes  et  avec  signes,  sorties  des  presses  de  la  maison  Desclée;  ce 
qui  garantit  Inobservation  parfaite  du  décret  de  la  S.  C.  des  Rites  qui 
permet  l'adjonction  de  signes. 

2. ---«  Ouvrage  très  intéressant,  écrit  avec  beaucoup  de  méthode, 
cachant  une  belle  érudition  sous  une  grande  simplicité,  et  très  propre 
à  inspirer  l'amour  de  notre  sainte  Liturgie.  «  Ainsi  parle  M.  l'abbé 
0.  Pierre,  en  rendant  compte  à  Mgr  de  Namur  du  Chant  de  la  sainte 
Église.  On  ne  peut  qu'applaudir  à  ce  jugement.  A  proprement  parler, 
il  n'y  a  rien  de  nouveau  dans  ce  livre,  mais  ce  qui  a  été  dit  jusqu'ici 
sur  YHistoire,  la  Théorie  et  la  Pratique  du  chant  grégorien  y  est 
résumé  simplement  et  suffisamment. L'auteur  a  beaucoup  lu  et  bien  lu; 
les  sources  principales  où  il  a  puisé  sont  indiquées  à  la  fin  de  chaque 
chapitre.  Puisse  ce  travail  atteindre  le  but  que  se  propose  le  pieux 
auteur  :  «  Exécuter  le  chant  de  l'Église  aussi  parfaitement  que  pos- 
sible, en  fécondant  notre  étude  par  l'amour  qui  doit  être  notre  pre- 
mier mobile  )>  ! 

3.  —  La  Grammatica  di  canto  gregoriano  contiendra  trois  parties. 
Le  premier  cours,  le  seul  paru,  comprend  solfège,  lecture  des  notes, 
et  application  au  texte.  L'enseignement  est  simple,  progressif  ;  cepen- 
dant il  manque  de  précision  et  de  netteté.  Il  faut  attendre  la  fin  de 
cette  petite  grammaire  pour  en  porter  un  jugement  définitif. 

4.  —  Le  petit  Traité  de  prononciation  romaine  du  latin  est  tout  à 
fait  pratique.  En  quinze  pages,  il  donne  la  prononciation  des  voyelles, 
des  diphtongues  et  des  consonnes.  Il  nous  vient  du  Canada;  c'est 
dire  qu'il  s'adresse  à  des  Français  voulant  parler  le  latin  comme  en 
Italie. 

5.  —  Les  Subdivisions  binaires  et  ternaires  en  rythmique  grégorienne 
existent-elles.^  Non,  dit  la  Musica  sacra  de  Namur,  en  attaquant 
l'école  dite  néo-solesmienne,  qui  enseigne,  note  et  pratique  ces  sub- 
divisions. Un  vieil  abonné  de  la  Musica  perd  patience,  et  prend  en 
main  la  cause  de  Solesmes.  Le  piquant  de  sa  brochure,  c'est  qu'il 
démontre,  au  moyen  de  nombreux  textes,  que  la  Musica  elle-même, 
et  tous  les  amis  qu'elle  invoque  pour  soutenir  sa  thèse,  ont  toujours 
enseigné  ces  subdivisions,  et  que,  par  conséquent,  ils  sont,  malgré 
eux,  d'accord  avec  l'école  qu'il  condamnent.  Alors,  pourquoi  cette 


—  54  — 

animation,  cette  guerre  contre  Solesmes?  On  peut  voir  la  réponse  de 
l'auteur  dans  son  travail.  En  appendice,  M.  l'abbé  P.  ajoute  un  excel- 
lent article  du  R.  P.  Dom  Waedenschwiller,  paru  dans  la  Chiirch 
Music  de  Philadelphie,  sur  l'état  présent  du  plain-chant  en  Europe. 
La  théorie  et  la  pratique  du  chant  grégorien  à  Appuldurcombe- 
Solesmes  y  est  appréciée  avec  les  plus  grands  éloges. 

6.  —  On  sait  que  les  dominicains  ont  un  Graduel  dont  le  chant 
s'écarte  légèrement  des  mélodies  traditionnelles  de  l'Église  romaine. 
Le  R.  P.  B.  Hespers  a  essayé  d'appliquer  un  accompagnement  — 
Organum  comitans —  à  quelques-uns  de  ces  chants  :  Alléluia^  Tractas, 
Kyrie,  etc.  La  légèreté  et  la  discrétion  sont  les  qualités  qui'  distin- 
guent ce  travail.  Il  y  aurait  de  nombreuses  réserves  à  faire  au  sujet 
du  rythme. 

7.  —  Depuis  longtemps  on  désirait  un  répertoire  fournissant  l'ori- 
gine exacte  des  différentes  pièces  liturgiques,  antiennes,  répons, 
versets,  en  usage  dans  nos  offices;  jusque-là  cette  indication  n'était 
donnée  que  dans  le  Missel  romain,  et  encore  d'une  manière  très  incom- 
plète; les  autres  livres.  Bréviaire,  Rituel,  Pontifical,  ne  contiennent 
là-dessus  aucun  renseignement, Les  Cannina  Scripturarum  sont  desti- 
nées à  combler  cette  lacune.  Ils  nous  donnent  la  source  de  toutes  les 
pièces  liturgiques  chantées,  tirées  de  la  sainte  Écriture,  et,  cela,  dans 
l'ordre  même  des  Hvres  de  l'Ancien  et  du  Nouveau  Testament.  Une 
table  alphabétique,  placée  à  la  fin  du  volume,  offre  la  facilité  de 
trouver  en  quelques  instants  le  texte  cherché.  Une  longue  et  intéres- 
sante Introduction  se  trouve  en  tête  de  l'ouvrage.  L'auteur  ne  se 
contente  pas  de  nous  faire  comprendre  l'utilité  de  son  œuvre  et  de 
nous  en  donner  la  clef;  dans  une  suite  de  chapitres,  il  passe  en  revue 
les  livres  de  la  sainte  Écriture  mis  à  contribution,  les  variantes  des 
textes  liturgiques  empruntés  à  l'ancienne  italique;  il  fait  remarquer 
les  modifications  qu'ils  subissent  soit  à  cause  de  leur  adaptation  à 
telle  ou  telle  fête,  soit  afin  de  les  rendre  plus  aptes  à  recevoir  une 
mélodie  et  plus  faciles  à  chanter.  Partant  de  là,  il  n'a  pas  de  peine  à 
nous  montrer  la  supériorité  des  anciens  offices  sur  les  nouveaux  :  les 
compositeurs  récents  paraissant  ignorer  qu'un  office  est  fait,  avant 
tout,  pour  être  chanté,  et  mettant  souvent  à  la  torture  ceux  qui  doi- 
vent adapter  une  mélodie  à  leurs  textes.  Puis  chacune  des  pièces  litur- 
giques • —  antiennes,  versets,  répons,  traits  • —  est  étudiée  séparément 
avec  le  rôle  qu'elle  joue  à  l'office' ou  à  la  messe;  l'auteur  nous  trace 
le  caractère  de  ces  morceaux,  leur  vrai  sens,  ne  craignant  pas  de  faire 
justice  des  idées  fausses  qui  ont  cours  à  cet  égard.  Tout  au  plus  pour- 
rait-on contester  une  explication  du  rôle  des  versets  :  l'auteur  vou- 
drait souvent  les  rattacher,  comme  préparation  aux  prières  qui  les 
suivent,  tandis  qu'à  notre  avis,  dans  l'ofiice  monastique,  les  versets 


—  55  — 

qui  suivent  les  capitules  des  Petites- Heures  y  jouent  le  même  rôle 
que  les  répons,  les  graduels  ou  les  traits  après  les  leçons  de  matines 
ou  les  prophéties  des  messes  des  Quatre-Temps  ou  du  Samedi  saint. 
Un  appendice  contient  les  chants  tirés  des  écrits  des  frères  de  l'Eglise; 
et  l'auteur  nous  laisse  entrevoir  la  publication  d'un  supplément  destiné 
aux  chants  tirés  des  Actes  des  saints.  Nous  ne  pouvons  qu'applaudir 
à  la  publication  d'un  tel  ouvrage. 

8.  • —  L'ouvrage  de  M.  P.  Aubry  est  un  livre  de  luxe  dans  lequel 
l'élégance  de  la  forme  ne  nuit  point  à  la  solidité  du  fond.  La  musi- 
cologie médiévale  est  comme  son  domaine  :  on  sent  qu'il  est  chez  lui 
et  à  l'aise.  Il  n'y  a  pas  longtemps,  il  éditait  du  Roman  du  Fauvel  les 
interpolations  musicales  contenues  dans  un  manuscrit  unique  de  la 
Bibliothèque  nationale  de  Paris.  Aujourd'hui,  c'est  le  manuscrit 
Ed.  IV.  6.  de  la  Bibliothèque  royale  de  Bamberg  qui  a  les  honneurs 
de  l'impression.  Tous  ceux  qui  se  sont  occupés  du  Motet  du  moyen 
âge  connaissaient  ce  fameux  codex.  On  en  a  étudié  le  texte,  mais  le 
philologue  est  peu  généralement  doublé  d'un  musicien.  M.  Aubi^y  prend 
le  manuscrit  et  dans  un  premier  fascicule  nous  en  donne  un  fac-similé 
phototypique  intégral  :128  pages,  grandeur  de  l'original,  sans  oublier 
même  les  deux  plats  de  la  reliure  qui  témoignent  sans  doute  de  l'entrée 
du  manuscrit  au  Chapitre  de  Saint-Pierre  de  Bamberg  en  1611  (ce 
sont  évidemment  les  armes  du  donateur  qui  ornent  le  deuxièmeplat). 
Un  second  fascicule  :  c'est  la  transcription  en  notation  moderne  et 
la  mise  en  partition  des  mélodies  du  manuscrit,  quelque  peu  énigma- 
tiques  dans  leur  forme  originale  pour  le  lecteur  non  averti.  L'auteur 
s'est  tiré  avec  honneur  des  difficultés  qui  hérissent  un  tel  travail, 
mais  il  a  dû  traverser,  musicien,  quelques  heures  pénibles.  Car  tout 
est  loin  d'être  musical,  au  moins  pour  nos  modernes  oreilles,  dans 
ces  pièces  qui  ont  pourtant  joui,  il  y  a  sept  siècles,  de  la  vogue  popu- 
laire, à  en  juger  par  les  éloges  décernés  à  certains  de  leurs  auteurs 
par  les  contemporains.  • —  Nous  ferons  ici  une  réserve  au  point  de 
vue  typographique  :  on  n'a  tenu,  semble-t-il,  aucun  compte  des  exi- 
gences du  texte  généralement  admises,  lorsqu'il  s'est  agi  de  couper 
les  mots  pour  les  mettre  sous  leur  musique  :  on  a  écrit  o-  bitum,  tran- 
situm  (p.  4),  inte-ritum,  prete-ritum(p.  17),  i-nimicum  (p.  97),  etc. 
on  n'a  pas  manqué  une  occasion  de  mal  faire.  Il  y  a  aussi  quelques 
erreurs  :  p.  16,  on  lit  :  mens  inmiindicia  pour  in  mundicia\  p.  25,  à  la 
partie  de  motet,  nous  relevons  une  correction  qui  est  peut-être  justi- 
fiable, mais  n'est  pas  expliquée  :  la  douce  blonde  au  vis  cler;  le  manus- 
crit porte  :  la  doucete  au  vis  cler;  p.  40,  le  ténor  Portare  a  été  omis. 
Ce  ne  sont  là  que  légères  défaillances.  Le  troisième  fascicule  s'ouvre 
par  une  étude  historique  du  motet,  son  origine  et  son  développement. 
Puis,  un  à  un,M.  P.  Aubry  reprend  tous  ses  textes,et  nous  donne  en  quel- 


—  5G   — 

que  sorte  leur  état-civil  respectif  :  les  éditions  dont  chacun  a  été  robjet, 
l'indication  de  sa  tonalité  (c'est  souvent  un  casse-tête  de  la  dégager 
dans  des  œuvres  qui  paraissent  faire  précisément  état  d'indécisio» 
tonale  !),  celle  du  mode  rythmique,  l'identification  du  ténor,  et  enfin 
les  particularités  qui  ont  frappé  l'éditeur  et  que  ses  vastes  connais- 
sances du  sujet  lui  ont  permis  à  la  fois  de  découvrir  et  de  mettre  en 
lumière.  \'oilà  un  livre  qui  ne  sera  pas  à  refaire  mais  que  beaucoup 
trouveront  un  peu  cher.  0.  M.  B, 

{A    suii're.) 

THÉOLOGIE 

Enrhiridioii  symboloriini,  définit ioniiiwi  et  déclaration 
niini  de  rcbiis  tidei  et  moriim,  auclore  Henrico  Dexzingbr. 
Edilio  fiecima.  emendaia  el  aucta,  quam  paravit  Clemrns  Bannwakt, 
S.  J.  Friburgi  Brisgoviae.  Herder,  f908,  in-8  de  xxvii-628  p.  —  Prix  ; 
6  fr.  25. 

C'est  en  1854  que  Denzinger  publia  son  Enchiridion.  Sous  une  forme 
modeste,  mais  commode  et  pratique,  c'était  un  répertoire  des  prin- 
cipaux documents  dont  les  étudiants  de  théologie  ont  continuelle- 
ment besoin  :  sj^mboles  de  foi,  définitions  conciliaires,  décisions 
dogmatiques  des  Papes  et  des  congrégations  romaines,  c'était  presque, 
avec  bien  des  lacunes  évidemment  et  des  imperfections,  l'ensemble 
des  textes  officiels,  au  moins  les  textes  de  valeur  et  de  portée  générale, 
ayant  rapport  à  la  foi  et  aux  mœurs. 

Aussi  l'ouvrage  eut-il  un  éclatant  succès.  Il  devint  classique  dans 
l'enseignement  de  la  théologie.  Neuf  éditions  se  succédèrent  dans  le 
cours  d'un  demi-siècle.  Tant  que  l'auteur  vécut,  il  ne  cessa  de  travailler 
pour  le  mettre  au  point,  en  y  insérant  les  décisions  nouvelles,  en  per- 
fectionnant çà  et  là  le  texte,  en  ajoutant  quelques  documents  jusque-là 
négligés.  Après  sa  mort,  19  juin  1883,  le  professeur  Stahl  prépara 
la  septième  édition,  1895.  11  corrigea  quelques  erreurs,  fit  quelques 
améliorations,  ajouta  dans  un  supplément  quelques  pièces  qup  Den- 
zinger n'avait  pas  recueillies.  Mais,  dans  la  refonte,  les  fautes  d'impres- 
sion se  multiplièrent,  qu'on  fit  disparaître  peu  à  peu  dans  les  éditions 
subséquentes.  L'ouvrage  avait  été  publié  à  Wurzbourg,  où  Denzin- 
ger enseignait.  La  maison  Herder,  de  Fribourg,  maintenant  célèbre 
dans,  le  monde  entier  par  ses  belles  et  nombreuses  publications  théo- 
logiques, en  acquit  la  propriété,  il  y  a  quelques  années,  et,  Stahl  étant 
mort  à  son  tour,  demanda  au  P.  Clément  Bannwart,  de  la  Compagnie 
de  Jésus,  de  préparer  une  édition  mieux  adaptée  et  plus  au  courant. 
C'est  presque  un  nouveau  livre  que  nous  offre  le  nouvel  éditeur;  c'est 
du  moins  un  li"\Te  d'aspect  tout  nouveau,  moins  élégant  et  plus  mas- 
sif, mais  combien  plus  riche  et  plus  savant,  combien  plus  critique  ! 

Dans  le  titre  même,  un  mot  a  été  ajouté,  pour  mieux  faire  entendre 


que,  avec  des  symboles  et  des  définitions,  il  y  a  dans  le  livre  des  docu^ 
ments  où  il  ne  faut  voir  que  des  déclarations  ou  explications. 

Le  principal  souci  du  nouvel  éditeur  a  été  de  donner  un  texte  sûr 
et  correct.  11  a  donc  collationné  les  textes  avec  les  sources  imprimées; 
il  a  comparé  les  éditions  diverses;  il  indique  avec  soin  où  il  a  pris  ses 
textes  et,  presque  toujours,  il  indique  plusieurs  sources  des  plus  con- 
nues, afin  que  les  étudiants  puissent  facilement  recourir  au  contexte. 

Quelques  documents  ont  été  omis,  soit  qu'ils  fussent  d'origine  ou 
de  valeur  douteuse,  soit  qu'ils  eussent  peu  d'importance.  On  a  notam- 
ment allégé  le  livre  de  ces  longiies  explications  sur  les  mariages  mixtes, 
dont  plusieurs  faisaient  double  emploi.  Mais  il  y  a  surtout  des  addi- 
tions nombreuses.  Il  faut  signaler  en  particulier  les  pages  sur  le  sym- 
bole des  apôtres,  beaucoup  plus  précises  et  plus  critiques  que  celles 
des  précédentes  éditions.  On  y  trouve  même  les  actes  les  plus  lécents 
de  Pie  X,  jusqu'à  l'encyclique  sur  le  Modernisme. 

Outre  ce  soin  des  textes,  l'éditeur  n'a  rien  négligé  pour  rendre  l'ou- 
vrage plus  pratique  et  de  maniement  plus  facile.  Des  titres  courants 
indiquent,  à  gauche,  les  noms  et  dates  des  Papes  et  des  Conciles,  à 
droite  le  document.  Les  textes  bibliques  cités  sont  en  italiques,  et  si  la 
citation  est  textuellement  conforme,  à  la  Vulgate  (ou  aux  Septante), 
ils  sont  entre  guillemets.  Les  mots  les  plus  importants  sont  en  carac- 
tèi*es  espacés.  Des  renvois  marginaux,  fort  bien  combinés,  permettent 
de  se  référer,  à  propos  d'un  texte,  à  tous  les  textes  sur  la  même  ques- 
tion. Enfin  à  la  table  systématique  qui  a  été  remaniée  et  rendue  plus 
commode,  a  été  jointe  une  table  alphabétique  que  tout  le  monde  regret- 
tait de  ne  pas  trouver  dans  les  précédentes  éditions.  Le  P.  Bannwart 
demande  à  tous  ceux  qui  profiteront  de  ce  travail  de  remercier  avec 
lui  tous  ceux  qui  l'ont  aidé  à  le  rendre  plus  utile.  Nous  commencerons 
par  le  remercier  lui-même  de  n'avoir  épargné  ni  temps  ni  peine  pour 
nous  mettre  entre  les  mains  un  ouvrage  si  commode. 

J.-V.  Bainvel. 


De  g;ratia  C^iivieitî.  ln-i-2  partem  Snmmae  Iheologicae  S.  Thomnf  Aqiii- 
natis  a  q.  CIX  ad  q.  CXIV,  auctore  Hichardo  Tabarbli.i.  Rooiae,  BreL- 
schueider,  1908,  in-8  de  xii-  533  p.  —  Prix  :  7  fr.  50. 

^  Bon  traité  de  la  grâce  dont,-  sans  doute,  ont  bénéficié  tout  d'abord 
les  élèves  du  Séminaire  pontifical,  et  qui  peut  rendre  service  à  d'autres. 
C'est  clair,  c'est  didactique  avec  divisions  nettes,  titres  et  numéros 
multipliés,  marche  uniforme  :  tout  ce  que  l'on  demande  dans  un 
manuel.  L'auteur  est  très  affectionné  à  saint  Thomas,  et  le  cite 
beaucoup.  Mais  il  g-arde  son  allure  à  lui  et  son  indépendance.  Il  ne 
s'inféode  à  aucun  système;  mais  il  expose  les  opinions,  et  dit  modes- 
tement ses  préférences.  Il  est  ferme  pourtant  contre  la  prédétermina- 


—  f]8  — 

tion  physique,qu'il  tient  pour  incompaLiblo  avec  la  liberté. Sans  blâmer 
la  division,  devenue  commune,  en  grâce  sanctifiante  et  grâce  actuelle, 
il  lui  en  préfère  une  autre,  qui  se  rapproche  davantage  de  saint  Thomas, 
mais  qui  laisse  trop  dans  l'ombre  la  distinction  capitale  entre  Vêtre 
surnaturel  et  Vacte  surnaturel.  L'auteur  n'est  pas  un  penseur  person- 
nel, comme  Schifllni  ou  Billot;  mais  c'est  un  bon  professeur. 

J.-V.  Bainvel. 

SCIENCES  ET  ARTS 

Annuaire  pour  l'an  1909,  publié  par  le  Bureau  des  longitudes. 
Paris,  Gauthier-Villars,  in-16  de  vi-7iO  +  A.  116  +  B  57  +  G  H  +  D  47  ;  en 
tout  947  p.  —  Prix  :  1  fr.  50. 

Le  millésime  étant  impair,  l'Annuaire  des  longitudes  est  muet  cette 
année  sur  la  physique  et  la  chimie,  mais  contient,  de  plus  qu'en  1008, 
les  tableaux  concernant  la  métrologie,  les  monnaies,  la  géographie 
et  la  statistique,  la  météorologie.  Il  donne  également  les  tables  pour 
le  calcul  des  altitudes  barométriques,  les  étoiles  variables  à  période 
connue,  les  parallaxes  d'étoiles,  les  étoiles  doubles  télescopiques  et 
spectroscopiques,  les  mouvements  propres,  la  spectroscopie  stellaire. 
D'autre  part  la  gnomonique,  la  physique  solaire  et  le  tableau  des 
petites  planètes  ont  été  renvoyés  à  l'Annuaire  pour  1910.  — ■  Une  éclipse 
totale  de  lune,  en  partie  visible  à  Paris,  est  prévue  pour  les  3  et  4  juin, 
et,  pour  les  17  et  18  du  même  mois,  une  éclipse  totale  de  soleil,  mais 
invisible  à  Pai'is. 

Ariùvons  aux  Notices. 

Elles  sont  au  nombre  de  trois,  dont  la  dernière,  C,  très  courte,  est 
formée  de  la  publication  de  deux  discours  prononcés  aux  funérailles 
de  M.  Jansen,  l'un  par  M.  Radau,  au  nom  du  Bureau  des  longi- 
tudes, l'autre  par  M.  Deslandres  au  nom  de  l'Observatoire  de  Meu- 
don  et  de  la  Société  d'astronomie. 

La  notice  A,  due  à  M.  Bigourdan,  a  pour  objet  les  Étoiles  variables. 
11  y  en  a  de  bien  des  sortes.  Les  unes  sont  temporaires;  on  les  ap- 
pelle souvent  Noi'œ:  d'autres  sont  à  longue  ou  à  courte  période.  Il  en  est 
qui  sont  dites  à  fluctuation^  dont  l'éclat  varie  fréquemment  sans  loi 
apparente,  comme  a  d'Orion,  a  de  Cassiopée.  Enfin,  certaines  étoiles 
à  éclat  habituellement  fixe,  subissent  périodiquement  une  extinction 
momentanée,  ime  sorte  d'éclipsé  :  telle  .,Abgol  (8  de  Persée).  Ces  varia- 
tions, de  formes  si  différentes,  tiennent  aussi  à  des  causes  très  diverses 
qu'on  ne  peut  guère,  jusqu'ici,  que  soupçonner.  Cependant  il  en  est, 
comme  cette  dernière,  qui  paraissent  devoir  leur  variabilité  aux  pas- 
sages devant  elles  d'un  compagnon  obscur  de  même  volume,  tournant 
comme  elles  autour  de  leur  commun  centre  de  gravité,  et  dans  une 
orbite  «  dix  fois  plus  étroite  que  celle  de  Mercure  autour  du  Soleil  ». 


—  59  — 

II  est  d'autre  cas  où  un  astre  lumineux  gravite  autour  d'un  astre 
relativement  obscur,  mais  un  peu  plus  grand,  comme  il  arrive  pour 
fi  de  la  Lyre.  Parfois  les  causes  de  variation  d'éclat  sont  intérieures 
à  l'astre,  provenant  de  révolutions  ou  do  tourmentes  dont  il  serait 
le  théâtre,  comme  celles  que  révèlent  les  taches  de  notre  soleil.  T)ans 
les  amas,  ces  groupes  de  nombreuses  étoiles  très  rapprochées,  les  varia- 
bles sont  particulièrement  nombreuses.  Beaucoup  d'étoiles  se  révè- 
lent avec  une  densité  très  faible,  inférieure  à  celle  de  notre  air 
atmosphérique.  11  arrive  même  que  ces  soleils  vaporeux  et  très  rap- 
prochés se  compénètrent  mutuellement,  d'où  des  modifications  pro- 
fondes de  leur  éclat  en  des  temps  très  courts  !  L'auteur  conclut  que 
notre  système  solaire,  comprenant  un  astre  central  avec  des  planètes, 
comparativement  à  lui  minuscules  et  gravitant  autour  de  lui  en  des 
orbites  presque  circulaires,  est  bien  plutôt,  dans  l'univers,  l'exception 
que  la  règle. 

Dans  la  notice  B.,  M.  Ch.  Lallemand  s'occupe  des  Mouvements  et 
déformations  de  la  croûte  terrestre,  comprenant  les  Marées  de  Vécorce,  les 
exhaussements  et  affaissements  séculaires  du  sol,  et  les  altérations 
lentes  du  géoide.  —  La  double  attraction  du  soleil  et  de  la  lune  qui  sou- 
lève les  marées  océaniques,  exerce  aussi  son  action,  bien  que  d'une 
manière  infiniment  moins  apparente,  sur  la  partie  solide  de  la  super- 
ficie terrestre.  Ces  sortes  de  «marées  du  sol  »  se  manifestent  par  les 
déviations  et  oscillations  de  la  verticale  que,  à  l'aide  d'instruments 
d'une  extrême  précision,  l'on  parvient  non  seulement  à  constater 
mais  à  mesurer,  et  en  précisant  la  part  de  l'action  du  soleil,  celle  de  la 
lune,  et  celle,  étrangère  à  cette  double  action,  des  massifs  monta- 
gneux. —  Les  marées  «  de  l'écorce  »  sont  des  mouvements  périodiques; 
Notre  globe  est  sujet  en  outre  à  des  déformations  permanentes  pro- 
duites par  le  lent  refroidissement  du  noyau  igné  intérieur  qui,  du  fait, 
se  contracte,  et  que  suit,  dans  ses  retraits,  l'écorce  qu'il  supporte. 
Or,  par  là  même,  et  par  la  suite  de  longues  séries  de  siècles,  notre 
sphéroïde  tend  vers  la  forme  d'un  tétraèdre  régulier,  le  solide  qui 
comprend  le  plus  petit  volume  sous  une  surface  donnée.  Ce  tétraèdre 
aurait  les  trois  sommets  de  sa  base  dans  l'hémisphère  boréal  et  son 
quatrième  sommet  au  pôle  austral.  Aux  faces  du  tétraèdre  corres- 
pondraient les  dépressions  océaniques  et  celles  de  la  mer  arctique;  à 
ses  sommets,  des  points  pris,  en  l'hémisphère  nord,  dans  les  massifs 
des  Alpes,des  Himalayas  et  des  Montagnes  Rocheuses,  et  le  quatrième 
au  continent  polaire  antarctique.  Les  différences  dans  la  vitesse  de 
rotation  entre  les  protubérances  boréales  et  les  parties  australes,  ont 
déterminé  une  sorte  de  torsion  par  suite  de  laquelle  les  continents 
de  l'hémisphèi-e  sud  ont  été  rejetés  vers  l'est  comparativement  aux 
l'ontinents  de  l'hémisphère  boréal,  en  même  temps  que  se  produisait 


—   HO   — 

\mo  bi'isiir<^  représentée  aujourd'hui  par  co  qu'on  appelle  les  fosses 
méditerranéennes  (a^olfe  du  Mexique,  mer  Méditerranée,  golfe  Per- 
sique,  mers  de  la  Sonde,  etc.). 

Il  va  de  soi  que  ces  deux  notices  entrent  dans  tons  les  détails  et  les 
calculs  que  comportent  les  développements  de  ce  qui  n'est  ici 
qu'indiqué,  et  dans  lesquels  ne  saurait  entrer  un  simple  compte 
rendu.  C.  de  Kirwan. 


LITTERATURE 


Etymologisehes  1¥ûrtei*l>ucli  der  Sranzosiciclieu  Spraelie, 

von  GusTAV  KÔRTING.  Paderborn,  F.  Schôningh,  1908,  iii-8  de  ii-414  p.  — 
Prix  :  13  fr.  75. 

M.  Gustave  Kôrting  est  un  des  meilleurs  romanistes  de  l'Allema- 
gne; et,  pai*mi  les  langues  romanes,  le  français  a  particulièrement 
attiré  son  attention.  Voilà  de  longues  années  qu'il  publie  avec  M. 
Kosch^^^tz  une  Zeitschrift  jïir  jranzôsische  Sprachennd  Literatnr;  il  est 
également  l'éditeur  de  Fnmzosischc  Shidien  gémn'alement  estimée. 
Le  nouvel  ouvrage  qu'il  nous  donne  et  que  nous  annonçons  ici  est  un 
nouveau  titre  à  la  reconnaissance  de  ceux  qui  étudient  le  français. 

Ce  dictionnaire  étymologique  de  la  langue  française,  dans  lequel 
l'auteur  a  eu  principalement  en  vue  les  mots  de  la  langue  moderne, 
n'est  pas  une  œuvre  de  discussion  scientifique  comme  le  grand 
LateinischromanischesWôrterlnich  dont  le  succès  s'est  affirmé  récem- 
ment par  une  troisième  édition.  Ici,  M.  Korting,  visant  un  but  essen- 
tiellement pratique,  s'est  efforcé  d'être  concis,  clair  et  précis  et  s'est 
interdit  d'apporter  la  preuve  des  étymologies  qu'il  propose.  Pour  les 
cas  qui  lui  ont  paru  plus  délicats  et  plus  propres  à  prêter  matière  à 
contestation,  il  renvoie  simplement  le  lecteur  au  grand  travail  auquel 
nous  venons  de  faire  allusion.  On  trouvera  donc  ici  simplement  pour 
chaque  mot  français  :  d'abord  sa  traduction  en  allemand,  puis 
son  étymologie  certaine,  probable  ou  douteuse. 

M.  Kôrting  déclare,  dans  un  court  Avant-propos,  qu'il  a  écarté  — 
et  il  a  eu  raison  —  étant  donné  le  caractère  purement  pratique  de  son 
livre  —  les  expressions  dialectales,  les  termes  d'argot,  les  vocables 
d'un  usage  purement  scientifique.  Peut-être  aurait-il  pu  en  écarter 
également  des  termes  qui  ne  sont  que  la  transcription  pure  et 
simple  des  mots  latins  et  dont  l'étymologie,  par  suite,  ne  saurait  faire 
doute  pour  toute  personne  un  peu  cultivée,  comme  pareafis. 

D'une  autre'  part,  tandis  que  l'on  rencontre  dans  ce  dictionnaire 
d'assez  nombreux  vocables  d'un  usage  fort  peu  courant,  l'on  pourrait 
s'étonner  de  n'y  point  trouver  d'autres  mots  que  l'on  est  appelé  à 
rencontrer  plus  fréquemment  dans  ses  lectures.  Cela  n'empêchera 
pas  le     livre  de  M.  Korting  d'être  consulté  très  utilement  et  nous 


-  61  — 

espérons  bien  que  l'accueil  qui  lui  sera  fait  par  le  public  amènera 
l'auteur  à  nous  donner  bientôt  une  nouvelle  édition,  perfectionnée 
encore,  de  cet  instrument  d'étude  fort  commode. 

Nous  ne  pouvons  nous  empêcher,  en  terminant,  de  regretter  que 
nos  romanistes  français  laissent  à  ceux  d'Outre-Rhin  la  tâche  d'exé- 
cuter de  semblables  travaux.  E.-G.  h. 


lies  Grands  Kcri vains  de  la  France,  mémoires  de  Saint- 
Simon.  Nouvelle  éditiou  coUatiounee  sur  le  manuscrit  aulographe,  etc., 
avec  noies  et  appemlices,  par  A.  db  Boislisle  et  L.  Legestrk.  T.  XX. 
Paris,  Ilachetle,  1908,  iii-8  de  1-637  p.  —  Prix  :  7  fr.  50. 

On  ne  peut  assez  louer  l'édition  des  Mémoires  de  Saint-Simon  publiée 
par  M.  A.  de  Boislisle  dans  la  collection  des  Grands  Ècriçains.  C'est 
une  véritable  encyclopédie,  un  trésor  de  renseignements  :  il  est,  à 
l'heure  actuelle,  impossible  de  traiter  quelque  question  que  ce  soit  du 
XVII®  siècle,  sans    se    reporter  d'abord  à  cette  publication.  Nous  en 
avons  présentement  le  XX'î  volume -(t.  VIII  de  l'édition  Chéruel)  qui 
embrasse   les  années  1710  et  1711.    Ce  sera  le  dernier  qui  paraîtra 
sous  le  nom  de  M.  de  Boislisle  :  voici  quelques  mois  qu'il  a  été  enlevé, 
laissant  une  œuvre  immense  et  malheureusement  inachevée;  il  n'aura 
pas  eu  la   joie  de  couronner  l'entreprise  à  laquelle  il  avait  consacré 
les  dernières  années  de  sa  vie.  La  notice,  placée  en  tête    du  tome  XX 
des  Mémoires  de  Saint-Simon,  en  même  temps  qu'elle  déplore  la  mort 
d'un  éditeur  si  savant  et  si  consciencieux,  annonce  que  son  œuvre  sera 
continuée.  Depuis  longtemps  déjà,  M.  Lecestre  était  le  collaborateur 
de  M.  de  Boislisle;  la  publication  sera  reprise  par  lui  dans  le  même 
esprit  et  avec  la  même  méthode  que  lorsque  M. de  Boislisle  y  présidait 
lui-même.  Son  fils,  M.Jean  de  Boislisle,  archiviste  paléographe,  éditeur 
des  Journaux  du  Conseil  pour  la  Société  de  l'histoire  de  France,  colla- 
borera à  l'entreprise  :  l'étonnant  jeu  de  fiches,  où  l'éditeur  de  Saint- 
Simon  avait  fait,  pour  ainsi  dire,  entrer  tout  le  xvii°  siècle,  pourra 
ainsi  être  mis  à  profit. 

Le  tome  XX  des  Mémoires  de  Saint-Simon  ne  le  cède  en  rien  aux 
précédents  pour  l'intérêt  du  texte,  la  documentation  sûre  et  minu- 
tieuse des  commentaires  et  des  notes,  le  choix  de's  appendices  :  on 
y  trouvera  des  détails  sur  la  rébellion  du  cardinal  de  Bouillon,  sur  la 
lettre  insolente  au  Roi  (à  ce  sujet  Saint-Simon  se  livre  à  une  discus- 
sion juridique  du  plus  haut  intérêt).  Nous  devons  signaler  aussi, 
comme  particulièrement  attachant,  tout  le  récit,  dramatique  au  plus 
haut  point,  des  derniers  événements  de  la  guerre  de  succession  d'Es- 
pagne :  revers  de  Phillippe  V,  envoi  du  duc  de  Vendôme  dans  la  pénin- 
sule, enfin  victoire  de  \'ilIa-Viciosa. 'Notons  également  les  intrigues 
nouées  à  la  Cour  contre  l'auteur,    et,  pour    l'histoire    intérieure    du 


—  62  — 

royaume,  los  pages  où  Saint-Simon,  traitant  du  nouvel  impôt  du 
dixième,  se  montre  plus  âpre  et  plus  fougueux  pamphlétaire  que 
jamais. 

Les  Appendices  sont,  à  rordinaire,aussi  précieux  que  le  texte  même. 
On  y  peut  trouver  toutes  les  lettres  do  félicitations  échangées  entre 
les  deux  Cours,  lors  de  la  victoire  :  celles  de  la  reine  Marie-Louise 
d'Espagne,  notamment,  sont  charmantes  d'esprit  et  de  grâce,  sans 
apparat  ni  solennité.  —  A  propos  de  l'impôt  du  dixième,  nous  signa- 
lons une  histoire  rétrospective  de  cet  impôt  nouveau  qui  souleva  l'indi- 
gnation générale;  on  retrouvera  dans  ces  quelques  pages  la  méthode 
sûre  et  l'érudition  avertie  du  savant  éditeur  de  la  Correspondance  des 
contrôleurs   généraux.  Robert  Burnand. 

HISTOIRE 

Histoire  des  conciles,  d'après  les  documents  oyigi7mux,\)a.T  Charles- 
JosBPH  IIefele.  Trad.  de  l'allemand  par  Un  religieux  bénédictin  de 
Sainl-Michel  de  Farnborough.  T.  II.  !'■<'  partie.  Paris,  Letouzey  el  Ané, 
1908,  in-8  de  646  p.  —  Prix  :  7  fr.  50. 

La  grande  entreprise  de  la  traduction  de  l'Histoire  des  conciles  de 
Hefele  se  poursuit  rapidement  :  en  moins  de  deux  ans,  voici  déjà 
la  première  partie  du  tome  II,  partie  qui  est  à  elle  seule  un  gros  volume. 
Elle  comprend  la  période  qui  va  du  deuxième  concile  œcuménique 
(Constantinople,  381)  inclus  à  la  veille  du  concile  de  Chalcédoine. 
L'hérésie  des  pneunaatomaques,  le  nestorianisme,  les  débuts  de  la 
querelle  monophysite,  en  Orient,  en  Occident  le  pélagianisme  et  le 
développement  de  la  hiérarchie  et  du  droit  canonique,  tels  sont  les 
principaux  problèmes  abordés  dans  les  assemblées  conciliaires  de 
cette  période.  La  traduction  est  toujours  fidèle  et  claire.  Selon  le 
plan  antérieurement  adopté, Dom  Leclercq  accompagne  le  texte  d'He- 
fele,  partout  respecté,  d'une  très  copieuse  annotation  qui  le  complète, 
l'explique,  le  contredit  parfois,  et  en  met  à  jour  les  indications  biblio- 
graphiques. Quelques-unes  de  "ces  lu^tes  ont  l'ampleur  de  petites 
dissertations.  J. 


Correspondance  générale  de  Carnot,  publiée  avec  des  notes 
historiques  et  bio^raptiiques  par  ÊriiiNNB  Charavay.  Tome  l\.  Novembi-e 
i793-Ma>s  1795.  Paris,  Imp.  uatiouale  ;  Leroux,  1907,  gr.  in-8  de  ix-So3  p. 
—  Prix  :  12  fr. 

Si  le  plan  conçu  par  le  regretté  Ét.Charavay  pour  la  publication 

de  la  Correspondawe  de  Carnot  et  suivi  par  lui  dans  les  premiers 

volumes  parus,  avait  pu  être  exécuté,  il  nous  aurait  mis  en  possession 

d'un  recueil  de  premier  ordre,  non  seulement  pour  la  biographie  de 

L.  Carnot,  mais  pour  toute  l'histoire  militaire  de  la  Révolution.  Ce 

ne  sont  pas  seulement  les  minutes  de  la  main  de  Carnot,  les  arrêtés 


-  63  - 

du  Comité  de  salut  public,  signés  de  lui  qu'il  publiait,  mais  toutes  les- 
lettres  importantes  des  généraux  ou  des  représentants  du  peuple 
en  mission,  adressées  à  Carnot,  ou  leurs  réponses  à  ses  ordres,  ou  la 
correspondance  du  ministre  de  la  guerre.  Un  ordre  chronologique 
rigoureux,  des  notes  explicatives,  des  biographies  très  précises,  ren- 
daient la  lecture  du  recueil  aussi  intéresssante  que  celle  d'un  livre 
sur  ces  campagnes. 

Les  224  premières  pages  du  volume  I\'contenant  la  correspondance 
de  Carnot  du  11  brumaire  au  10  frimaire  an  II,  préparée  par  Et.  Cha- 
ravay  et  publiée  telle  qu'il  avait  l'intention  de  nous  la  donner,  font 
encore  plus  regretter  rinterrupti(m  de  ses  travaux.  Elles  ont  trait, 
en  effet,  à  la  première  réorganisation  des  armées,  tentée  par  le  Comité 
de  salut  public,  à  la  mise  en  mouvement  des  armées  du  Nord,  du 
Rhin  et  de  la  Moselle,  à  la  correspondance  avec  leurs  nouveaux  chefs: 
Jourdan,  Pichegru  et  Hoche,  à  l'importante  affaire  de  Watignies, 
à  l'échec  de  Kaiserslautern,  et  aussi  à  la  tentative  des  Vendéens  sur 
Granville  (p.  149)  et  aux  opérations  du  siège  de  Toulon  (lettre  de 
Marescot,  p.  178). 

L'on  y  remarque  les  détails  les  plus  précis  sur  la  misère  des  armées 
(p.  40,  53,  57,  59),  sur  leur  indiscipline  (p.  137.  Hoche,  p.  68),  sur 
!a  faiblesse  des  effectifs  réels  (p.  201),  sur  l'impopularité  des  premiers 
aérostiers  militaires  (p.  24). 

La  correspondance  de  Hoche  révèle  déjà  sa  largeur  de  vue,  le  souci 
de  défendre  ses  officiers  calomniés  (p.  ex.  Hédouville,  p.  33).  De 
même,  celle  de  Turreau,  général  en  chef  de  l'armée  des  Pyrénées 
orientales  (p,  ex.  pour  défendre  Dagobert,  p.  56),  qui  flétrit  le  rôle 
désorganisateur  du  représentant  en  mission  Fabre  (p.  59). 

En  revanche,  jamais  l'esprit  sectaire  du  ministre  de  la  guerre  Bou- 
chotte  n'a  été  mieux  démontré  que  par  la  publication  de  ses 
lettres  où  il  dénonce  tous  les  officiers  ci-devant  nobles  (p.  75),  où  il 
reproche  à  Hoche  de  dire  :  «  nos  soldats  >^  au  lieu  de  dire  les  soldats 
de  la  nation  (p.  85  et  105),  où  il  réclame  les  «  10.000  paires  de  souliers 
des  fainéants  de  Strasbourg  '>  {]\  155),  où  il  dénonce  ou  fait  dénoncer 
des  généraux  (85,  205). 

Parmi  les  notes  explicatives,  il  y  aurait  à  citer  celle  sur  Saint-Just 
(p.  7),  sur  Augereau  (p.  60). 

Le  successeur  désigné  pour  continuer  l'œuvre  de  Et.  Charavay, 
M. S.  Mautouchet,  publie  dans  les  six  cents  dernières  pages  du  volume, 
toute  la  correspondance  de  Carnot  jusqu'à  sa  sortie  du  Comité  de 
salut  public,  soit  jusqu'au  15  ventôse  an  111  (5  mars  1795).  Il  a  fallu, 
pour  avancer  aussi  vite,  renoncer  au  plan  primitif,  et  restreindre 
la  publication  aux  seules  lettres  du  Comité  de  salut  public  se  rapportant 
aux  afi'aires  militaires,  écrites  ou  signées  de  la  main  de  Carnot,    et    à 


—  64  — 

qm'lciiu'S  autres  lettres  fort  importantes  adressées  personnellement 
à  Carnol.  Encore  lorsqu'il  s'agit  de  la  correspondance  avec  les  repré- 
sentants eu  mission,  une  très  brève  analyse  supplée  au  texte  intégral 
publié,  il  est  vrai,  dans  le  Recueil  des  actes  du  Comité  de  salai  public 
de  M.  Aulard  (T.  XIII  et  XIV).  Peu  ou  point  de  notes  explicatives, 
plus  de  ces  notices  historiques  ni  biographiques  qui  eussent  été  si 
importantes  pour  cette  période  où  les  grands  commandements  sont 
changés,  où  les  armées  sont  remaniées  et  prennent  d'antres  noms. 
Pourquoi  appeler  Jourdan,  général  en  chef  de  l'armée  de  la  Moselle, 
le  2l>  juin  1794,  et  ne  parler  de  l'armée  de  Sambre-et-Meuse  qu'à 
partir  du  5  juillet?  Qui  se  doutera  dos  disgrâces  momentanées  de 
Hoche  et  de  Jourdan? 

Cependant,  même  ainsi  réduit,  le  recueil  ne  mérite  pas  d'être  classé 
avec  ces  fastidieuses  publications  des  papiers  des  comités  révolution- 
naires dont  le  Polyhiblion  a  fait  depuis  longtemps  justice.  Rien  que 
les  notes  communiquées  par  la  famille  Carnot  et  publiées  pour  la 
première  fois,  plusieurs  au  moins,  assureraient  son  intérêt  (p.  496, 
vues  sur  la  frontière  au  Nord;  p.  H17  :  sur  la  situation  de  l'armée 
qui  assiège  \'alenciennes;  p.  716  :  sur  l'armée  des  Pyrénées  occiden- 
tales, etc.).  La  suite  de  la  correspondance  de  Carnot  montre  sa  modé- 
ration bien  avant  le  9  thermidor  (mise  en  liberté  de  citoyens  dénoncés 
p.  363,  p.  377),  respect  de  la  religion  des  Belges  (p.  506)  et  son  esprit 
militaire  intraitable  sur  la  question  de  la  disciphne  quelles  que  soient 
les  influences  révolutionnaires  qui  solhcitent  de  lui  des  faveurs  (p.  362  : 
contre  de  soi-disant  canonniers  volontaires;  p.  429  :  refus  de  recevoir 
à  l'École  mihtaire,  un  jeune  sans-culotte,  prétendu  sujet  hors  ligne; 
p.  435  :  contre  les  nominations  faites  dans  les  états-majors  par  les 
représentants  en  mission;  p.  65H  :  contre  l'inconduile  scandaleuse 
de  Jacob  et  des  oiïiciers  républicains  dans  l'Ouest). 

M.  Mautouchet  a  bien  fait  de  publier  à  la  fin  de  ce  volume,  la  nomi- 
nation de  Lazare  Carnot  au  grade  de  chef  de  bataillon,  sous-di secteur 
des  fortifications,  le  16  septembre  1795,  six  mois  après  sa  sortie  du 
Comité  de  salut  public.  Comme  il  était  capitaine  tlepuis  1783,  cet 
avancement  lui  était  très  lésitimement  dû  !  J.  Bkrx.vrd. 


li'Empire  libéral,  études,  n-éeits,  souvenirs,  par  Emile  Olu- 
ViER.  T.  XIII.  Le  Gniil-Apens  Holienz-oUern.  Le  Concile  œcuménique.  Le  Plé- 
biscite. Paris,  Garnier,  1908,  in-lS  de  670  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Comme  on  le  peut  deviner,  l'intérêt  qui  s'attache  à  la  longue  his- 
toire qu'écrit  M.  Emile  OUivier  sur  le  second  Empire  s'accroît  et 
grandit  en  projiortion  que  ses  «  récits  »  deviennent  des  «  souvenirs  ». 
—  Nous  voici  avec  le  XIII*^  volume  en  plein  dans  son  ministère  et 
dans  la  période  la  plus  captivante,  au  summum  de  son  action,  je 


—  65  - 

dirai  de  ses  triomphes,  à  Ja  veille  de  la  grande  catastroplie  où  va  som- 
brer le  gouvernement  impérial  dont  il  tient  les  rênes  d'une  main  à  la 
fois  audacieuse,  courageuse  et  prépondérante...  On  sent  la  très  légi- 
time préoccupation  de  l'auteur  d'expliquer  très  à  fond  les  prodromes 
secrets  de  la  guerre  franco-allemande,  de  rechercher  de  près,  dans  tous 
ses  éléments,  dans  tous  ses  antécédents,  le  «  guet-apens  Hohenzollern»; 
il  suit  cette  aventure  (dès  le  mois  de  février  1870)  à  Berlin,  à  Madrid 
(envoi  des  ofllciers  de  Bismarck  auprès  de  Prim;  p.  49),  à  Ems  (p.  o55), 
à  ^'arzin  (p.  560);  il  en  note  les  péripéties  et  souligne  déjà  les  consé- 
quences qui  vont  changer  l'intrigue  en  tragédie. 

Parallèlement,  il  narre  avec  force  détails  la  politique  intérieure 
du  ministère  du  2  janvier,  son  action  au  barreau,  dans  l'administration, 
à  l'Académie  (et  c'est  la  candidature  spontanément  offerte,  quasi 
unanimement  votée  en  faveur  d'Emile  Ollivier  lui-même,  succédant 
au  fauteuil  de  Lamartine;  p.  221);  les  débats  à  la  Chambre,  l'oppo- 
sition secrète  au  Sénat,  la  pétition  assez  singulière  des  princes  d'Or- 
léans demandant  à  rentrer  en  France  (p.  527).  C'est  surtout  la  grosse, 
affaire  du  plébiscite  du  8  mai,  qui  sanctionne  la  nouvelle  constitu- 
tion «  libérale  ».  Il  nous  est  fourni  des  chiffres  éloquents  sur  les  votes, 
ceux  de  l'armée  entre  autres  (l'idée  de  faire  voter  les  troupes  fut  bien 
malheureuse),  chitîres  qui  étaient  connus,  mais  qui  sont  accompagnés 
de  commentaires  très  intéressants.  —  A  signaler  aussi  le  récit  de  la 
façon  dont  le  duc  de  Gramont  fut  appelé  au  ministère  des  affaires 
étrangères  à  la  place  de  M.  Daru,  d'irritable  caractère  (p.  429);  à 
signaler  encore  les  éclaircissements  sur  la  maladie  de  Napoléon  III 
à  l'été  de  1870  (p.  615  et  653).  Toutes  ces  pages  méritent  l'attention. 
M.  Emile  Ollivier  dem-cure  sans  doute  un  optimiste  de  ses  actes;  mais 
il  plaide,  documents  en  main,  avec  une  chaleur  très  éloquente. 

Les  chapitres  les  plus  captivants  sont  ceux  qu'il  consacre  au  con- 
cile du  Vatican.  Son  déjà  vieil  ouvrage  :  L'Eglise  et  l'Etat  an  coticile 
du  Vatican^  paru  il  y  a  plus  de  trente  ans,  avait  été  une  révélation  du 
plus  haut  intérêt;  il  y  revient,  résume,  condense  ses  affirmations  et 
nous  apporte  des  faits  qui  éclairent  singulièrement  bien  l'histoire 
religieuse  contemporaine;  les  portraits  de  Mgr  Darboy,  de  Mgr  l)u- 
panloup,  de  Mgr  Strossmayer,  du  P.  Gratry  demeurent  définitifs; 
l'action  de  ces  personnages  célèbres  est  mise  en  pleine  lumière;  ce 
sont  des  éclaircissements  que  désormais  aucun  esprit  loyal  ne  saurait 
oublier;  on  peut  justifier  les  opinions  de  «  l'opposition  «,  on  ne  pourra 
plus  défendre  ses  procédés;  les  faits  montrent  toutes  les  intrigues  où 
s'agitaient  des  théologiens  qui  se  croyaient  surtout  de  grands  poli- 
tiques, et  prouvent  une  fois  de  plus  que  les  théoriciens  adeptes  du 
modérantisme  sont,  en  pratique,  des  gens  d'autorité  qui,  pour  atteindre 
leur  but,  s'embarrassent  assez  peu  de  la  vivacité  des  moyens.  Cette 
Janvier  1909.  ^  T    CXV.  5. 


—  r>6  — 

prossinii  que  les  «libéraux  »  prétendaient  exercer  parle  pouvoir  eivil, 
sur  la  liberté  du  concile  est  la  condamnation  nouvelle  de  leurs  oroiioil- 
leusrs  menées,  et,  s'il  en  était  besoin,  la  justification,  par  an  contraste 
à  leur  avantage,  des  catholiques  qui  suivaient  le  Pape,  avec  modestie, 
confiance  et  respect.  M.  Emile  Ollivier  a  raison  de  se  faire  honneur 
d'avoir,  même  contre  ses  collègues,  peut-être  même  contre  ses  propres 
sentiments,  voulu  assurer  l'indépendance  du  concile  autant  qu'il 
dépendait  de  lui.  G.  de  G. 

IVIeBi4ali<é  du  peuple  souverain.  Cau8«$i  et  reiiiètiea,   par 

J.  SCHALL.  Paris,  Librairie  des  Sainls-Pèies,  iy08,  iii-12  de  173  p.  —  Prix: 

2  fr.  50. 

La  mentalité  du  peuple  souverain,  la  mentalité  de  l'électeur  est 
déplorable.  Elle  est  empoisonnée  par  un  mal  que  M.  Schall  appelle 
le  laïcisme  et  qui  consiste  dans  la  croyance  que  la  religion  est  affaire 
personnelle,  doit  se  limiter  au  for  intérieur  et  demeurer  étrangère  à  la 
vie  publique.  De  là  le  peu  d'émotion  causée,  même  dans  les  milieux 
bien  pensants,  par  tant  d'attentats  commis  depuis  trente  ans  contre 
l'Église.  Lfétat  d'esprit  dont  nous  souffrons  est  l'œuvre  combinée  de 
l'école  et  de  la  presse.  Moins  heureux  que  les  catholiques  allemands  et 
belges,  les  catholiques  français  n'ont  su  ni  barrer  la  route  à  la  neutralité 
scolaire  ni  balancer  l'influence  des  mauvais  journaux  par  la  création 
de  feuilles  populaires  à  large  difïusion. 

Au  fond,  leur  action  a  été  viciée  par  une  erreur  de  tactique.  Ils  ont 
cru  apaiser  l'ennemi  en  subissant  avec  docilité  toutes  ses  exigences.  Je 
ne  sais  ce  que  vaut  le  système  homéopathique  en  médecine;  mais  en 
politique,  il  ne  se  recommande  guère  par  ses  résultats.  Au  surplus 
i!  y  avait-il  quelque  apparence  que  l'on  désarmerait  par  des  conces- 
sions, même  sans  mesure,  une  secte  dont  le  but  essentiel  était  moins  le 
triomplie  d'une  forme  définie  de  gouvernement  que  la  destruction 
de  l'idée  chrétienne?  C'est  ce  que  note  M.  Schall,  avec  une  discrétion 
qu'impose  aux  catholiques  le  respect  de  la  haute  autorité  dont  les 
conseils  ont  guidé  leur  conduite,  tout  en  émettant  le  vœu  que  l'épis- 
copat,  délivré  des  entraves  du  Concordat,  imprime  désormais  une 
allure  j)lus  militante  à  la  défense  religieuse. 

H.    RUBAT    DU    MÉRAC. 


Un  i-]ta<  neutre  sous  la  liévolsition.  ILa  l'Biute  de  la  ré- 
pul»lif{ue  de  Venise  (ï  î»f^-l  î»î),  par  André  Bonnefons. 
Parité,  Periiii,  190S,  peliL  in-8  de  xx-336  p.  —  Prix  :  5  îv. 

C'est  une  étude  soigneusement  faite,   sans  recherches  de  coloris 

dans  l'exposition,  d'après  les  meilleurs  travaux  imprimés  et  les  sources 

manuscrites,  tant    de   nos   archives  des  Affaires  étrangères    que   do 

l'ArchU'io  Veneto\  mais  on  ne  saurait  y  trouver  ni  vues  foncièrement 


—  67   — 

originales,  ni  faits  complètement  inédits.  L'intérêt  de  ce  sujet  nait 
de  deux  contrastes  :  d'abord  celui  qui  existait  entre  la  République 
vénitienne,  construite  à  l'ancienne  mode,  oligarchique,  vouée  à  une 
immobilité  désormais  incurable  et  la  République  française,  démo- 
cratique, se  réclamant  de  l'ancienne  Rome,  toute  en  mouvement; 
ensuite  celui  du  petit  État  vénitien  s'efîorçant  de  maintenir  un* 
neutralité  impossible  entre  les  deux  grands  Etats  en  lutte,  en  Italie 
aussi  bien  qu'en  Allemagne.  Ce  double  point  de  vue,  surtout  le  second, 
est  marqué  dans  Ifîs  tableaux  que  M.  Bonnefons  nous  présente  dans  ses 
huit  chapitres.  ■ 

Le  premier  nous  offre  un  aperçu  des  institutions  et  des  mœuis 
à  Venise  dans  leur  dernier  état.  Dans  le  second,  nous  voyons  en  fac3 
les  uns  des  autres  les  représentants  diplomatiques  des  deux  pays, 
de  1789  à  1792.  Les  chapitres  III  et  IV  traitent  le  même  sujet  pour  les 
périodes  de  la  Convention  et  du  Directoire  et  montrent  à  l'œuvre 
Noël  et  Lallemand  à  \'enise,  Querini  à  Paris.  Bonaparte,  le  conqué- 
rant de  l'ItaHe  du  nord,  entre  en  scène.  Il  viole  délibérément  la  neu- 
tralité vénitienne  (ch.  V);  devant  le  mouvement  de  réaction  attesté 
par  les  Pâques  véronaises  (ch.  M),  il  déclare  la  guerre,  occupe  Venise, 
renverse  son  gouvernement  (ch.  VII).  Conclusion  :  à  Campo  Formio, 
malgré  le  Directoire,  il  hvre  cette  conquête  à  l'Autriche,  faible  compen- 
sation de  toutes  les  concessions  qu'il  lui  a  arrachées  (ch.  VIII).  Tout 
le  long  de  l'ouvrage  se  déroule  épisodiquement  l'odyssée  deS  émigrés 
français,  caractérisée  par  le  séjour  de  leurs  principaux  représentants, 
le  comte  d'Artois,  les  Polignac,  d'Antraigues  à  Venise,  le  comte  de 
Provence  à  Vérone. 

M.  Bonnefons  ne  pousse  pas  plus  loin  son  exposé  et  renvoie  à  un 
historien  local  les  lecteurs  désireux  de  connaître  ce  qu'on  pourrait 
appeler  la  vie  posthume  de  Venise.  Il  qualifie  l'attentat  qui  a  rayé 
cet  État  de  la  carte  de  l'Europe  un  des  plus  scandaleux  des  temps 
modernes.  Scandaleux,  soit;  néanmoins  inévitable  et  irréparable, 
car  il  a  mis  fin  à  un  état  de  choses  décrépit;  ceux  qui  en  ont  été  vic- 
times n'ont  jamais  songé  à  renaître  que  confondus  avec  les  autres 
Italiens  dans  la  même  indépendance  nationale  et  sous  le  même  ré- 
gime monarchique.  Il  n'était  peut-être  pas  inutile,  en  quelques  pages 
de  conclusion,  de  le  constater.  L.  P. 


Un  Girondin,  François   Buxot,  député  «le  l'Eure  a  l'As- 
scmltlée  constituante  et  à  la  Convention  (t960-1  994  , 

par  Jacques  IIérissay.  Paris,  Perriii,  1907,  in-8  de  xiii-iScS  p.  —  Prix  :  o  fr. 

La  légende  a  été  fort  indulgente  pour  les  Girondins;  l'histoire  leur 
devient  sévère.  Tous  les  documents  qui  les  concernent,  tous  les  récits 
de  leurs  actions,  toutes  les  études  sur  leur  caractère  ont  prouvé j, 


—  68  — 

prouvent  et  prouveront  la  lâcheté  de  leur  cœur  et  l'orgueil  de  leur 
esprit.  Ce  contraste  entre  les  vices  politiques  et  les  déclamations 
vertueuses  de  ces  faux  braves  gens  rend  leur  mémoire  peu  sympa- 
thique; ils  sont  responsables  des  pires  crimes  de  la  Révolution. 
Buzot  fut  l'un  deux  ;  mais  il  n'offre  pas  sans  doute  le  «  type  »  le  plus 
désagréable  de  ce  groupe  funeste;  c'est  un  Girondin  par  ricochel, 
qui  a  porté  la  prudence  calme  et  tranquille  d'un  Normand,  là  où  les 
méridionaux  de  Bordeaux  déployaient  leur  faconde  théâtrale  et  en- 
vieuse. Ce  député  de  l'Eure  aux  États  généraux  et  à  la  Convention 
a,  du  reste,  payé  sa  dette  par  le  châtiment  que  ses  anciens  amis  lui 
infligèrent  :  la  persécution,  les  outrages  et  la  mort. 

Petit  avocat  à  Evreux,  député  du  tiers,  discoureur  à  l'Assemblée 
constituante,  président  du  tribunal  criminel  de  son  département, 
membre  de  la  Convention  et  du  Comité  de  salut  public,  il  fournit 
la  mesure  de  son  modérantisme  en  demandant  la  mort  contre  les  émi- 
grés, la  mort  contre  quiconque  proposera  de  rétablir  la  Royauté, 
en  votant  la  mort  du  Roi.  Sa  liaison  doublement  adultère  avec 
]\|me  Roland  l'a  rendu  célèbre,  on  ne  peut  dire  qu'elle  le  rende  plus 
sympathique  ou  moins  mésestimable  ;  sa  fin  aiïreuse  quand,  fugitif 
et  proscrit,  il  se  tue  d'un  coup  de  pistolet  dans  un  bois  où  son  cadavre 
est  dévoré  par  les  chiens  et  les  loups,  jette  un  renom  sinistre  et 
d'apparence  shakespearienne  sur  sa  mémoire. 

Cependant  l'homme  est  assez  représentatif  de  son  «  groupe  »,  et  si 
à  propos  de  lui  on  peint  les  mœurs  politiques  du  temps,  la  vie  provin- 
ciale à  l'aurore  de  la  Révolution,  les  scènes  des  Assemblées,  on  peut 
fournir  à  l'histoire  générale,  par  les  détails  particuliers,  une  contri- 
bution précieuse. 

M.  Jacques  Hérissay  l'a  fait  avec  une  grande  impartialité,  un 
souci  constant  de  la  vérité,  un  sens  exact  des  personnes  et  des 
choses;  une  prudence  modeste,  assez  rare.  Les  tableaux  qu'il  donne 
de  la  vie  sociale  à  Évreux,  le  résumé  qu'il  présente  des  discussions 
à  la  Convention  offrent  un  intérêt  très  réel.  Il  y  a  des  pages  excel- 
lentes et  des  documents  caractéristiques  dans  son  récit  des  fêtes 
révolutionnaires  en  octobre  1791  (p.  145-147).  La  narration  des 
derniers  jovu's  de  Buzot  est  tout  à  fait  tragique  et  présente  un  mouve- 
ment que  l'on  souhaiterait  trouver  dans  les  autres  chapitres  à  qui 
l'on  pourrait  repr.jci.er  trop  de  froideur.  Je  signalerai  comme  devant 
être  retenus  un  portrait  de  Danton  par  BuzOt  (p.  21G),  un  portrait 
de  Robespierre  (p.  235),  un  tableau  très  vivant  des  montagnards 
(p.  296).  —  Aux  «  Appendices  »  on  lit  de  curieux  papiers  de  famille, 
toute  une  correspondance  avec  le  conseil  municipal  d'Evreux,  les 
procès-verbaux  de  la  mort  de  Buzot  et  de  la  façon  dont  fut  traité 
son  cadavre.  Un  portrait,  une  gravure,  une  carte  complètent  bien 


—  (9  — 

cette  publication.  Je  remarquerai  que  Féron  de  la  Ferronnaye  (p.  33) 
doit  s'écrire  :  Ferronnays;  et  Goupil  de  Préfelne  (p.  135)  :  Préfeln. 
Le  manuscrit  de  cet  ouvrage  avait  été  couronné  en  1905,  par  la 
Société  libre  des  sciences  et  belles-lettres  de  l'Eure,  qui  lui  avait 
décerné  le  prix  «  Lucien  Fouché  ».  —  Cette  distinction  était  fort 
bien  placée  ;  le  public  tout  entier,  admis  aujourd'hui  à  lire  ce  livre 
de  bonne  foi  et  de  patiente  documentation,  ratifiera  cet  éloge;  et  la 
critique,  qui  reconnaît,  à  certains  détails,  en  M.  Jacques  Hérissay 
un  débutant,  lui  prédira  de  bon  cœur  des  succès  prochains,  car  sa 
méthode  est  sage,  son  esprit  pondéré  et  sa  vue  très  lucide.  Qu'il  mette 
un  peu  plus  de  relief  dans  son  dessin,  un  peu  plus  de  couleur  sur  sa 
palette,  qu'il  étudie  les  bons  modèles,  et  sa  science  déjà  heureuse 
des  documents  lui  promet  de  les  mettre  en  œuvre  de  la  façon  qui  fait 
les  vrais  historiens.  G.  de  G. 

L^Égérie  «le  IiOui!»>Pliilipiie.   Adélaïile  d'Orléans  (I7?'3'- 

1^4Î'),    d'après   des  documents    inédits,   par  Raoul    Arnaud.    Paris, 
Perrin,  190S,  in-8  de  373  p.,  avec  portraits.  —  Prix  :  5  fr. 

A  propos  de  cette  fdle  de  Philippe-Égalité,  sœur  de  Louis-Philippe, 
on  trouvera  un  récit  des  événements  où  elle  a  été  mêlée  «  en  son  temps  » 
et  même  des  digressions  où  elle  figure  de  façon  assez  épisodique. 
En  dépit  de  l'attestation  du  titre  «d'après  des  documents  inédits  », 
il  semble  bien  que  cette  étude  historique  ait  été  uniquement  composée 
avec  des  articles  de  journaux  et  des  passages  de  Mémoires,  éléments 
qu'il  ne  faut  point  dédaigner  certes,  mais  dont  l'emploi  exclusif  n'ap- 
porte pes  de  couleur  et  ne  donne  pas  le  relief  que  seul  sait  fournir  le 
travail  personnel  puisé  aux  sources.  C'est  donc  un  livre  banal,  trop 
long  par  certains  endroits,  avec  des  hors-d'œuvre  et  aussi  des  la- 
cunes. L'auteur  s'est  efforcé  d'être  impartial  de  façon  louable  ;  certains 
paragraphes  relatifs  au  temps  de  la  Restauration  indiquent  une  science 
bien  courte  des  choses  religieuses;  on  eût  aimé  des  éclaircissements 
plus  complets  sur  le  rôle  exact  du  général  Athalin  dans  la  vie  do 
]\|me  Adélaïde;  il  y  avait  toute  une  étude  à  faire  (elle  est  à  peine  ébau- 
chée) de  l'influence  pratique  de  la  princesse  d'Orléans  pendant  la 
monarchie  de  Juillet.  Sur  cette  figure,  sommé  toute  peu  sympathi- 
que, d'une  ambition  pleine  d'égoïsme,  d'une  vertu  assez  douteuse, 
d'une  intelligence  très  vive,  mais  très  terre-à-terre,  ce  volume  n'atti- 
rera pas  de  lumières  nouvelles  ;  il  donnera  du  moins  un  résumé  d'en- 
semble d'une  existence  agitée  à  ses  heures,  mais  heureuse  dans  ses 
calculs  et  satisfaite  dans  ses  résultats.  Une  série  de  portraits  de 
l\|me  Adélaïde,  empruntés  au  Musée  Condé,  des  collections  de  Chan- 
tilly, nous  montre  la  princesse  à  ses  différents  âges  et  nous  permet 
de  suivre  cette  physionomie  aux  traits  réguliers,  aux  yeux  sans 
franchise,  au  maintien  distingué.  G. 


—  70  — 

lie  Capitaine  «It;  vaisseau  Rolland,  géiiérall  coaikninixiaut 
la    9^   (il vision   niililaire    et   la   |ilace    de    Besan^'on  en 

187<l-l>*'î  I,  par  le  D'  Ghallan  de  Belval.  Marseille,  Imp.  des  Ate- 
liers professionnels  de  Don  Bosco,  1908,  gr.  in-8  de  287  p.,  avec  portrait 
du  général  et  tiois  planches  reproduisant  une   série  d'autres  portraits. 

J'étais  là,  j'ai  vu.  C'est  donc  comme  témoin  d'une  partie  —  mettons 
d'une  faible  partie  —  des  faits  racontés  par  M.  Challan  de  Belval,  que 
je  vais  parler  de  son  livre.  A  près  de  quarante  ans  d'intervalle,  je  vois 
encore  Rolland  et  sa  canne  légendaire,  —  car  ce  général  à  titre 
auxiliaire,  venu  de  la  marine  pour  commander  en  chef  dans  la  ville 
de  guerre  qu'est  Besançon,  ne  sortait  pas  et  même  ne  montait  jamais 
à  cheval  qn'avcc  sa  canne  à  la  main  :  c'était  l'un  des  nombreux  traits 
originaux  de  son  originale  personnalité. 

L'auteur,  après  avoir  esqiùssé  la  vie  de  Rolland  antérieurement 
à  1870,  —  de  laquelle  vie  je  ne  dirai  rien  parce  que,  si  honorable  ((u'elle 
soit,  cette  période  me  parait  relativement  accessoire,  —  arrive  à  la 
nomination  du  capitaine  de  vaisseau  à  l'emploi  de  général  commandant 
la  subdivision  de  la  Haute-Saône.  Mais  l'ennemi  occupant  déjà 
Vesoul, Rolland  ne  put,  à  son  arrivée  en  Franche-Comté,  que  s'arrêter 
à  Besançon  où  il  se  mit  à  la  disposition  du  général  de  Prémonville, 
qu'il  ne  devait  pas  tarder  à  remplacer  (novembre  1870). 

C'est  alors  que  commence  l'action  directe,  ininterrompue  du  nou- 
veau chef.  Il  fait  exécuter  autour  de  la  place  confiée  à  sa  vigilance 
une  série  de  fortifications.  Intelligemment  secondé  par  le  colonel  de 
Bigot,  qui  connaissait  admirablement  tout  le  pays,  il  est  partout, 
pourvoyant  à  tout,  rétablissant  la  discipline  et  payant  de  sa  personne. 
On  peut  être  sûr  que  si  la  ville  eût  été  assiégée  comme  Belfort, Rolland 
ne  se  fût  point  tapi  dans  une  casemate... 

Besançon  se  trouvait  donc,  grâce  à  l'énergie  du  marin  arraché  à 
son  navire  et  transporté  dans  cette  région  montagneuse,  à  l'abii  d'un 
coup  de  main  de  l'ennemi  —  qui  fut  tenté,  mais  échoua  —  lorsque 
l'armée  de  Bourbaki,  en  pleine  retraite  (en  Franche-Comté,  on  a  tou- 
jours dit  ;  déroute)  passa  à  travers  la  ville  pour  gagner  les  liauts  pla- 
teaux. M.  Challan  de  Belval  donne  les  détails  les  plus  précis,  les  plus 
exacts,  sur  ce  lamentable  et  suprême  épisode  de  la  guerre  franco- 
allemande.  Et  l'on  devine  qiie  Rolland,  dans  ces  pénDiles  circons- 
tances, ne  resta  pas  les  pieds  sur  les  chenets. 

Ceux  qui  ont  vécu  les  affreux  jours  ayant  précédé  et  suivi  cette 
fl  déroute  de  Bourbaki  »,  ceux  qui  gardent  la  mémoire  de  la  tentative 
de  suicide  du  malheureux  général  et  de  l'émoi  qu'elle  occasionna, 
retrouveront,  dans  ces  pages  sincères,  des  souvenirs  aigus,  ineffa- 
çables. Pour  mon  compte,  je  verrai  jusqu'à  mon  dernier  jour  les 
allées  et  venues  se  succédant  dans  la  maison  rue  Sainte-Anne,  n"  2, 
à  Besançon  (actuellement  rue  du  Général  Lecoui-be)  où   Bourbaki 


-  71  — 

était  couché  dans  une  chambre  du  deuxième  étage,  en  face  de  la 
maison  où  j'habitais  moi-même. 

Egalement,  je  revois  souvent,  comme  dans  un  cauchemar  éveillé. 
et  obsédant,  toute  cette  cavalerie,  encore  en  bon  état,  de  l'armée 
vaincue,  gagnant  la  porte  de  Tarragnoz,  pendant  que  l'infanterie, 
en  cohue  parfois,  fuyait  par  la  porte  Pdvote,  du  côté  opposé  de  la 
presqu'île  formée  par  le  Doubs. 

he  livre  de  M.  Challan  de  Belval  suit  le  martyrologe  de  notre  armée 
de  l'Est  à  travers  ses  luttes  finales  contre  un  ennemi  qui  n'avait  pas 
hésité  un  instant  à  bénéficier  déloyalement  d'un  malentendu 
trop  connu  pour  que  j'y  insiste.  Il  fait  aussi  ressortir  le  rôle  passif  et 
particulièrement  néfaste  du  podagre  Garibaldi,  à  qui  incombe,  de 
l'avis  de  tous  les  écrivains  militaires  français,  allemands,  suisses  et 
autres,  la  responsabilité  du  passage  en  Suisse.  Un  simple  lieutenant 
intelligent  et  a\'isé  eut  certainement  mieux  compris  la  situation  que 
ce  général  d'aventure  subi,  plutôt  qu'agréé,  par  le  gouvernement  de 
la  Défense  nationale.  La  politique,  déjà,  nous  étouffait. 

La  paix  survint.  Il  eût  été  naturel,  simplerm?nt  juste,  que  Rolland, 
capitaine  de  vaisseau  au  début  de  la  guerre,  fût  promu  contre-amiral  : 
il  avait  assez  largement  acquis  des  droits  à  cet  avancement.  Mais 
l'envie  et  le  sectarisme  veillaient  :  pas  assez  républicain,  le  général  : 
il  resta  capitaine  de  "V'aisseau.  On  a  dit  que  les  rois  étaient  souvent 
ingrats;  mais  en  citant  l'exemple  de  Rolland,  que  pensera-t-on  de 
la  reconnaissance  des  peuples? 

Certain  jour,  on  eut  l'idée,  Rolland  étant  à  la  retraite,  de  le  pousser 
à  la  députation.  Il  avait,  après  Dieu,  empêché  l'ennemi  de  s'emparer 
de  Besançon;  donc,  on  espérait  que  cette  ville  qui,  de  diverses  ma- 
nières, lui  avait  déjà  témoigné  sa  vive  sympathie  et  son  admiration, 
le  choisirait  pour  la  représenter  à  la  Chambre.  Il  n'en  fut  rien.  Et  là- 
dessus,  j'aime  mieux  passer  qu'entrer  dans  les  détails.  Depuis,  le 
silence  s'est  fait  autour  de  l'énergique  commandant  de  la  7^  division 
militaire,  que  la  mort  a  enlevé  dernièrement;  le  livre  du  D'"  Challan 
de  Belval  ai'rive  donc  bien  à  propos  pour  faire  revivre  une  mémoire, 
qui,  en  dépit  des  sottises  de  la  politique,  ne  s'effacera  jamais  à 
Besançon.  A  l'hôtel  de  ville  de  la  capitale  de  la  province  franc-com- 
toise le  périrait  de  Rolland  est  placé  dans  la  salle  d'honneur,  à  côté  de 
celui  de  Marulaz,  le  héros  du  blocus  de  1815.  Ce  n'est  que  justice. 
Cette  image  rappellera  aux  générations  futures  les  traits  de  l'orga- 
nisateur de  la  défense  de  Besançon  en  1870-71  ;  mais  pour  bien 
connaître  ses  faits  et  g'estes,  il  leur  faudra  recourir  à  l'excellent 
volume  que  nous  présentons  aujourd'hui  à  nos  lecteurs. 

E.  Chapuis-Gaudot. 


—  72  — 

lies  ITIari!^  île  IWarîe-LoHÎse,  d'après  des  documents  nouveaux  ou 
inédits,  par  le  docteur  Max  13illard.  Paris,  Perrin,  1908,  petit  in-8  de 
349  p.,  avec  35  grav.  —  Prix  :  5  fr. 

C'est  évidemment  une  extraordinaire  histoire  et  une  étrange  déca- 
dence que  ces  trois  «  mariages  »  successifs  de  l'archiduchesse  d'Au- 
triche avec  l'empereur  Napoléon, le  général  de  Neipperg  et  le  comte  de 
Bombelles;  le  premier  mari  de  la  princesse  est  le  conquérant  de 
son  pays,  le  second  le  chambellan  de  son  père  le  troisième  un 
étranger  arrivé  à  la  cinquantaine  et  sans  grande  situation  dans  'le 
monde.  A  tous  les  points  de  vue,  Marie-Louise  d'Autriciie  a  eu  une 
destinée  singulière  où  elle  paraît  en  même  temps  le  jouet  de  la  poli- 
tique et  de  ses  propres  passions.  Figure  peu  sympathique,  âme  mé- 
diocre, cœur  insensible  aux  grandes  choses  et  tantôt  au-dessous  des 
circonstances  et  tantôt  au-dessus  de  ses  alhances. 

M.  Billard  raconte  assez  gracieusement,  quoique  dans  une  langue 
trop  familière,  les  anecdotes  qui  la  concernent;  il  donne  avec  exacti- 
tude les  portraits  de  Neipperg  et  de  Charles  de  Bombelles,  a  soin  d'ac- 
compagner ses  personnages  de  notices  bibliographiques  et  son  texte 
de  références  exactes;  il  l'agrémente  de  gravures.  11  narre  les  événe- 
ments avec  impartialité,  appuyé  sur  de  bons  documents  dont  plusieurs 
sont  nouveaux  ;  sa  méthode  historique  a  certainement  gagné 
depuis  ses  débuts.  Avec.lui,  nous  entrons  fort  avant  dans  la  vie  intime 
(extrêmement  intime)  de  l'archiduchesse  en  sa  principauté  de  Parme, 
de  1814  à  1847,  date  de  sa  mort.  Les  détails  de  santé  tiennent  une 
large  place  et  le  docteur  Max  Billard  s'y  trouve  dans  son  élément. 
L'ensemble  offre  ini  travail  de  vulgarisation  très  facile  à  lire.         G. 


BULLETIN 

Las  Iteliciosas  seguii  la  disciplina  vljjente.  Comentarios  ca'iônico- 
morales,  por  el  R.  P.  Juan  B.  Ferreres.  Tercera  ediciôn  corre^ida  y 
aumenlada.  Madrid,  RazÔ7i  y  Fe,  1-908,  in-16  de  309  p.  —  Prix  :  2  fr.  30. 

Comme  les  autres  œuvres  du  P.  Ferreres,  ce  traité  des  religieuses  a  d'abord 
vu  le  .jour  dans  l'excellente  revue  Razôn  y  Fe,  puis  a  été  publié  à  part.  Le 
voici  sous  une  forme  encore  améliorée,  où,  aux  chapitres  primitifs  sur  les 
confesseurs  de  religieuses,  sur  le  compte  de  conscience,  la  clôture  et  les 
vœux  simples  qui  doivent  précéder  les  vœux  solennels,  le  savant  jésuite 
a  ajouté  un  cinquième  commentaire  sur  l'élection  des  supérieures.  Suivant 
sa  méthode  habituelle,  il  a  fait  un  usage  très  habile  des  plus  récents  décrets 
des  S.  S.  congrégations  et  des  consultations  diverses  qui  lui  ont  fourni  ma- 
tière à  des  applications  pratiques.  Exacte  appréciation  des  textes,  connais- 
sance approfondie  de  son  délicat  sujet,  clarté  d'exposition  des  points  con- 
troversés, tels  sont  les  mérites  qu'un  lecteur  attentif  reconnaîtra  de  plus  en 
plus,  à  mesure  qu'il  étudiera  de  plus  près  ce  remarquable  travail.      G.  P. 


—  73  — 

xo\ri\   et  Yetei-a,  par  Claude-Charles  Châraux.  Paris,   Pedone,  1208, 
in-16  fie  100  p.  —  Prix  :  1  fr. 

Le  vénérable  auteur  de  ce  petit  livre  est  mort  depuis  sa  publication,  en 
sorte  qu'on  peut  bien  dire  que  cette  œuvre  dernière  est  le  testa- 
ment philosophique  et  chrétien  de  celui  qui  l'a  signé.  Comme  l'indique  le 
titre,  on  y  trouve  de  l'inédit  et  du  déjà  publié,  nova  et  cetera,  les  unes  et  les 
autres  pages  écrites,  comme  un  touchant  sous-titre  le  dit,  avec  Vâme  eriticre. 
L'auteur  a  voulu,  dans  ces  dernières  pages  portant  sa  signature,  exposer 
clairement  et  sans  réticence,  ce  qu'il  croyait  de  toute  son  âme,  au  point  de 
vue  philosophique  et  à  celui  de  la  foi  religieuse.  La  partie  nouvelle  com- 
prend deux  morceaux,  l'un:  Esprit  et  matière,  où  s'exprime  sa  foi  philoso- 
phique et  spiritualiste;  l'autre:  U Eglise  catholique^  à  Vheure  présente,  où.  se 
formulent  sa  foi  et  ses  espérances  chrétiennes.  «  L'Église  catholique,  écrit-il, 
qui  n'a  pas  cessé  d'être,  depuis  le  jour  de  sa  naissance,  la  grande  persécutée, 
n'en  n'est  pas  moins  la  grande, l'éternelle  recommenceuse. C'est  en  elle-même,, 
dans  la  double  force  de  conservation  et  d'expansion  propre  à  la  vérité;  c'est 
dans  sa  discipline,  dans  sa  hiérarchie,  sa  doctrine,  ses  sacrements,  ses  mys- 
tères, que  sont  les  sources  de  sa  vie,  de  sa  grandeur,  de  ses  heureux  recom- 
mencements. Or,  ces  sources,  pour  l'observateur  attentif  et  impartial,  sont 
aujourd'hui  ce  qu'elles  étaient  hier,  inépuisées  et  inépuisables.  » 

Les  Vêlera  comprennent  divers  morceaux  déjà  publiés  ailleurs  et  où  se 
condensent  les  pensées  et  les  doctrines  exposées  dans  d'autres  livres  de 
l'auteur:  Les  Eléments  primitifs  de  la  pensée;  Une  Loi  de  Vhistoire;  Du  Beau; 
De  V Expression  «  Lumière  intérieure  »;  Jeunes  Philosophes. 

On  retrouve  partout,  dans  cette  brochure  si  précieuse,  la  manière  fluide 
de  l'auteur  et  son  élégance  toute  classique,  enveloppe  charmante  d'une 
pensée  fermement  chrétienne.  J'ai  loué  maintes  fois  l'auteur  de  son  vivant; 
c'est  un  devoir  très  doux  pour  moi  de  déposer  ce  dernier  hommage  sur  sa 
tombe.  Edouard  Pointal. 

Ln  Guillotine  en  l'jos,  d'après  des  documenls  inédits  des  Archives  na- 
lion;des,  par  Hector  Fleischmann.  Paris,  Librairie  dts  Publications 
modernes,  lyns,  iii-18  de  316  p.,  avec  150  illustrations  documentaires.  — 
Prix  :  3  fr.  50. 

Ce  volume  est  une  compilation  intéressante  et  judicieusement  faite; 
on  y  trouvera  l'histoire  de  Guillotin  et  de  sa  machine  :  on  verra  quelle  pensée 
humanitaire  avait  porté  ce  médecin  à  substituer  aux  supplices  variés  de 
l'ancien  régime  l'institution  égalitaire  et  philanthropique  dont  la  Consti- 
tuante décréta  l'adoption  et  dont  la  Convention  fit  l'usage  que  nous  savons. 
Après  l'instrument,  M.  Fleischmann  étudie  ceux  qui  avaient  à  s'en  servir, 
les  bourreaux,  et  particulièrement  la  famille  des  Sanson.  Puis  l'auteur  s'oc- 
cupe de  ceux  qui  ont  expérimenté  le  «  rasoir  national  >;  et  les  range  par  caté- 
gories :  le  Roi,  la  Reine,  les  conventionnels,  les  généraux,  les  femmes;  j'aurais 
désiré  trouver  une  rubrique  concernant  les  prêtres,  mais,  sur  ce  point,  il  n'y 
a  à  peu  près  rien,  bien  que  la  matière  soit  abondante.  La  documentation 
est  curieuse,  non  pas  qu'elle  ajoute  grand'chose  à  ce  que  nous  avons  vu 
ailleurs,  mais  parce  que  la  réunion  de  mille  menus  détails  facilite  les  vues 
d'ensemble.  Naturellement,  je  ne  me  porterai  pas  garant  de  l'aut'henticité 
de  certaines  anecdotes,  et  je  trouve  que  M.  Fleischmann  est  sorti  de  son 
ordinaire  impartialité  quand  il  a  eu  à  parler  de  Marie-Antoinette,  la  seule 
victime  qu'il  n'ait  pas  l'air  de  plaindre.  On  pourrait  aussi  chicaner  sur  quel- 
ques points  de  détail  :  par  exemple,  à  la  page  63,  parlant  de  l'habileté  pro- 


-  74  — 

fessionnelle  acquise  par  Sanson  et  ses  aides  ordinaires,  J'auteur  cite  une 
réflexion  de  Prudiiomnie  qui  (Ht  :  «  On  croirait  qu'ils  ont  pris  des  leçons  de 
Conius  »,  et  en  note,  M.  Fleischmann  ajoute  :  «  On  sait  que  Cornus  était  le 
dieu  de  la  gastronomie  »;raais  qu'y  avait-il  de  gastronomique  dans  le  métier 
de  Sanson?  On  ne  voit  pas  le  rapport.  En  fait,  il  y  avait  en  1793  un  célèbre 
prestidigitateur,  qui  se  faisait  appeler  Cornus  et  dont  le  vrai  nom  était 
Ledru  :  c'était  le  grand-père  de  Ledru-Rollin.  C'est  à  lui  que  Prudiiomnie 
fait  allusion,  sans  avoir  l'idée  de  traiter  Sanson  d'anthropophage. 

P.    PiSANI. 

L«  iglesio  j'  oi  obrt?i-o,  por  el  P.  E.  GuiTART,  S.  F.    Barcelona,    Giislavo 

Gili,  1908,  in-12  de  296  p.  —  Prix  :  2  tr.  50. 

Cet  ouvrage  est  à  proprement  parler  une  histoire  de  l'Eglise  dans  ses  rap- 
ports avec  les  travailleurs.  L'auteur  exyiose  d'abord  la  situation  des  esclaves 
sous  le  paganisme,  il  montre  ce  que  l'Eglise  a  fait,  prudemment  mais  avec 
persévérance,  pour  leur  hbération.  Mais  ce  n'est  pas  tout  d'affranchir  les 
travailleurs,  il  fallait  assurer  leur  existence.  L'Église  n'a  pas  failh  à  ce  nou- 
veau devoir.  Sous  son  inspiration  se  sont  formées  les  corporations  du  moyen 
âge  détruites  par  la  Révolution;  depuis,  ce  sont  encore  les  catholiques  qui 
ont  créé  les  nouvelles  institutions  favorables  à  Fouvrier,  en  France,  en  Al- 
lemagne, en  Italie,  en  Belgique.  L'Éghse  s'est  intéressée  au  soulagement 
de  toutes  les  misères;  et  elle  a  inspiré  aux  gouvernements  chrétiens  la  même 
sollicitude,  vérifiant  ainsi  ce  mot  échappé  à  Louis  Blanc  en  présence  d'un 
membre  de  la  Société  de  Saint  Vincent-de-Paul  :  Vous,  catholiques,  vous 
servez  le  peuple;  nous  autres,  nous  nous  servons  de  lui.  D.  V. 


L.a  Compilation  île  Bouliiei-    et    les    r:ouliitiiicrs    boiii-f;(ii^noiis    du 
XIV^     eiècle.     l.C    t;outiiiniei*     l)oiia-^ui;;non    de     Mont pelliei*,    par 

Ernest  Ch..vmpb.\ux.  Paris,  A.  Picard   eL   tils  ;   Dijon,  Nourry,   1907,  in-8 

de  111  p. 

Comme  le  dit  M.  Champeaux,  le  président  Bouhier  fut  bien  mal  inspiré 
quand,  pour  faire  connaître  à  ses  contemporains  le  droit  ancien  de  la  Bour- 
gogne, il  eut  l'idée  de  fc-ndre  en  une  seule  séné  d'articles  quatre  coutumiers 
différents  de  texte  et  de  date.  De  cet  amalgame  de  textes,  il  résultait  que  la 
législation  bourguignonne  offrait  bien  des  incohérences  et  des  contradic- 
tions; incohérences  et  contradictions  que  l'on  chercha  vainement  à  expliquer 
jusqu'alors,  aucun  juriste  n'ayant  pu  encore  réussir  à  démêler  les  fils  de  Fé- 
cheveau  formé  par  Bouhier.  Comme,  jusqu'alors,  on  ne  retrouvait  pas  les 
manuscrits  qui  avaient  servi  à  former  cette  compilation,  on  accusait  la  com- 
pilation du  président  Bouhier  d'avoir  été  la  cause  de  leur  disparition.  Ce- 
pendant M.  Champeaux,  mis  en  éveil  par  la  découverte  de  l'un  d'eux  faite 
par  Giraud  vers  1843,  s'attacha  à  retrouver  les  autre?  en  recherchant  sur- 
tout dans  quels  dépôts  pouvaient  subsister  des  épaves  de  sa  fameuse  biblio- 
thèque. Ces  recherches  furent  couronnées  de  succès,  car  toutes  les  sources 
de  l'œuvre  de  Bouliier  furent  retrouvées  à  Beaune,  à  Troyes,  à -Dijon  et  à 
Montpellier  et  en  plus  encore  deux  autres  manuscrits.  M.  Champeaux 
donne  une  description  très  détaillée  de  ces  manuscrits  et,  à  l'aide  d'un 
tableau,  montre  l'ordre  suivi  par  le  conipilattur  pour  la  composition  du 
texte  qu'il  ht  connaître. au  public.  Ce  volume,  qui  sera  des  plus  utiles  à  con- 
sulter pour  l'étude  de.s  anciennes  coutumes  de  notre  pays,  se  termine  par  la 
pubhcaticn  d  i  coutumier  bourguignon  de  Montpellier,  faite  d'après  le 
manuscrit  H.  386  de  la  Bibliothèque  universitaire  de  cette  ville  et  par  une 
bonne  table  de  ce  coutumier.  J.  Viard. 


—  75  — 

Tlic  Ellizal>elli:tu  p:ii*i»li  iii  its  ecclesiastical  aud  nnancial  aspects, 

by  Sedlev  Lynch  Ware.   Baltimore,   Lhe  John  Hopkins  Press,  1908,  ia-8 

de  93  p. 

L'Université  «  John  Hopkins  »,  de  Baltimore,  figure  au  premier  rang  des 
corporations  américaines  qui  ont  bien  mérité  de  la  science  historique.  Dès 
1882,  cette  Université  inaugurait,  sous  la  direction  de  M.  Herbert  B.  Adams, 
une  collection  destinée  à  recevoir  les  travaux  originaux  des  maîtres  et  des 
meilleurs  étudiants  :  Studies  in  historical  and  political  science.  L'exemple  fut 
peu  à  peu  suivi  par  les  diverses  Universités  d'Amérique.  Le  fascicule  que 
nous  signalons  ici  appartient  au  vingt-sixième  volume  de  la  collection  de 
«  John  Hopkins  »  (p.  311  à  395).  Ce  sont  deux  chapitres  d'un  ouvrage  que 
M.  Sedley  Lynch  Ware,  jellofv  (ou  agrégé)  d'histoire,  prépare  actuellement 
sur  le  régime  paroissial  dans  Fanglicanisnie,  depuis  le  règne  d'Elisabeth. 
Premier  chapitre  :  Gouvernement  ecclésiastique  de  la  paroisse.  Autre  chapi- 
tre :  Finances  paroissiales. 

L'importance  qu'avait  alors  le  cadre  paroissial,  Tétroitesse  des  hens 
sociaux  qui  en  résultaient,  donnent  à  ce  problème  un  très  haut  intérêt  pour 
l'histoire  des  mœurs  et  de  la  ci^nlisation  en  Angleterre.  Bien  documenté, 
M.  Sedley  Lynch  Ware  traite  son  sujet  d'une  manière  attachante  :  avec 
ordre,  avec  clarté,  avec  le  souci  du  détail  concret. L'auteur  est  un  de  ces  doctes 
Américains  qui  savent  apporter,  dans  les  études  historiques,  les  meilleures 
qualités  d'une  race  d'hommes  d'affaires.  Yves  de  la  Bricre. 


Mn-ies  i-OJiiaiitîqiies.   Uoi't  -nf^e   A.ll:«i-t   de    Mérîtens    dan»    ses    rap- 
ports avec  Cliuteaub  i-iantl,   Itiiraiigei-,  l^aiiieiinais,  S:>iiilc-Beuve, 

G.  i^and,  siiiie  d'Agoiiit.  Documents  inélils  publiés,  par  Léon  Séché. 
Paris,  Mercare  de  Fratice,  19ns,  ia-18  de  315  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

IIORrBN.SB    A.LLART    DE    MÉRITBNS.     I..etti-es    inédites    à    Sainte-Beuve 

(i«=4l-iS48),  avec  une  luirolucLion  et   des  notes    par  Léon  Séché. 

l^aris,  Merca-e   le  Franc-,  I9ns,  iti-lS  de  3il  p.  —  Prix  :  2  fr.   50. 

Longtemps  on  voulut  croire  que  «  l'héroïne  »  des  Enchantements  de  Pru- 
dence avait  imaginé  cette  intrigue  avec  Chateaubriand.  Aujourd'hui,  il 
convient  de  reconnaître  les  relations  ultra  intimes  de  cette  jeune  personne 
avec  René,  vieilli.  La  publication  de  M.  Séché  nous  révèle  toutes  les  aven- 
tures galantes  de  cette  Hortense  Allart,  plus  tard  mariée  à  un  M.  de  Méri- 
tens,  et  qui  «  flirta  »  avec  tant  de  gens,  depuis  le  comte  de  Sampayo,  un 
inconnu,  jusqu'à  l'illustre  Cliateaubriand,  et  peut-être  Bérenger,  et  sûre- 
ment Sainte-Beuve.  Les  chapitres  de  ce  curieux  volume  nous  font  entrer 
dans  le  vif  de  ces  épisodes,  documents  à  l'appui  ;  on  voit  passer  en  tout 
bien  tout  honneur,  la  figure  de  Lamennais  défroqué,  de  Libri,  le  voleur  de 
livres,  et  aussi  de  Madame  d'Agoult.  Bas-bleu,  ainsi  mêlée  au  mouvement  des 
lettres  de  l'époque  romantique,  Hortense  écrivit  des  romans  qui  ne  sem- 
blent pas  meilleurs  que  ceux  qu'elle  vécut  ;  elle  mourut  à  soixante-dix-huit 
ans,  en  1879. 

—  Ses  Lettres  inédites  à  Sainte-Beuve  ne  laissent  pas  de  doutes  sur  la  fai- 
blesse réciproque  de  ces  deux  «  littérateurs  »  ;  ici,  la  femme  a  poursuivi, 
entraîné  l'homme.  Cette  correspondance,  dont  la  contre-partie  sous  la 
plume  de  l'ami  de  Port-Royal  eût  été  si  curieuse,  manifeste  de  la  passion 
vulgaire,  de  l'esprit  gaulois,  le  goût  de  la  poésie,  et  une  absence  de  sens 
moral  qui  explique  comment  en  Hortense  Allart,  athée  et  anticatholique, 
on  peut  reconnaître  (en  exagérant  la  note)  une  «  muse  romantique  »,  mais 
surtout  le  type  anticipé  de  ces  femmes  de  lettres  actuelles,  de  talent 
mince  et  de  plus  mince  vertu. 


-  76  - 

M.  Séché  a  mis  beaucoup  de  patience  et  beaucoup  de  zèle  à  suivre  sa 
trace,  à  identifier  ses  entours,  à  recueillir  ses  travaux  ;  ces  tristes  révélations 
ont  leur  importance,  elles  n'ajouteront  pas  à  la  gloire  des  hommes  célèbres 
qui  ont  traîné  leur  lyre  en  ce  mauvais  lieu.  G. 


CnUONIQUl^ 


Nécrologie.  —  L'Institut  de  France  vient  de  perdre  un  de  ses  membres 
les  plus  distingués,  le  D'"  Hamy,  l'anthropologiste  universellement  connu, 
mort  à  Paris,  le  18  novembre,  à  66  ans.  Né  à  Boulogne-sur-Mer  (Pas-de- 
Calais),  le  22  juin  1842,  M.  Théodore-Jules-Ernesl  Hamy  vint  faire  ses  études 
médicales  à  Paris  et  fut  reçu  docteur  en  1868.  11  débuta  comme  préparateur 
à  l'Ecole  des  hautes  études  et  fut  nommé,  en  1872,  aide-naturaliste  pour 
l'anthropologie  au  Muséum  d'histoire  naturelle.  Cet  établissement  le  char- 
geait, en  1874,  d'une  mission  dans  les  pays  Scandinaves,  puis  le  ministère 
de  l'instruction  publique  se  faisait  représenter  par  lui  au  Congrès  ethno- 
graphique de  Moscou,  en  1879,  et  à  celui  de  ^■ienne,  en  1881,  puis,  en  1897,  il 
l'envoyait  en  mission  en  Tunisie.  En  1892  il  fut  chargé  du  cours  d'anthro- 
pologie au  Muséum;  à  cette  fonction  il  joignait  celle  do  conservateur  du 
musée  ethnographique  du  Trocadéro,  qui  lui  avait  été  confiée  en  1880. 
Enfin,  le  24  janvier  1890,  il  avait  été  élu  membre  libre  de  l'Académie  des 
inscriptions  et  belles-lettres,  en  remplacement  du  général  Faidherbe,  et 
quelques  années  plus  tard  il  entrait  à  rAcadémic  de  médecine.  II  était  en 
outre  membre  de  diverses  sociétés  savantes,  entre  autres  de  la  Société  de 
géographie  et  de  la  Société  d'anthropologie.  Le  D''  Hamy  a  publié  de  très 
importants  ouvrages.  Voici  les  titres  d'un  certain  nombre  :  Etude  sur  les 
terrains  quaternaires  du  Boulonnais  et  sur  les  débris  d'industrie  humaine 
qu'ils  renferment  (Paris,  1866,  in-8),  avec]\I.  Emile  Sauvage;  —  L'Os  inter- 
maxillaire de  l'homme  à  l'état  normal  et  pathologique  (Paris,  1868,  in-8),  thèse 
de  doctorat:  —  Précis  de  paléontologie  humaine  (Paris,  1870,  in-8)  ;  — 
Crania  ethnica.  Les  Crânes  des  races  humaines  décrits  d'après  les  collections 
du  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris,  de  la  Société  d'anthropologie  de  Paris, 
et  les  principales  collections  de  la  France  et  de  l'étranger  {Paris,  1875-1882, 
gr.  in-4),  avec  A.  de  Quatrefages;  —  Note  sur  les  figures  et  les  i?iscriptions 
gravées  dans  la  roche  à  El  Hadj  Mimoun,  près  Figuig  (Paris,  1882,  in-8)  ; 
—  Les  Origines  du  Musée  d'ethnographie.  Histoire  et  documents  (Paris,  1890, 
gr.  in-8);  — ■  Hommage  à  la  mémoire  de  M.  de  Quatrefages  de  Bréau.  Discours 
prononcé  à  l'ouverture  du  cours  d'anthropologie  du  Muséum  d'histoire  natu- 
relle le  31  tnai  1892  (Paris,  1892,  in-8);  —  Congrès  international  d'anthro- 
pologie et  d'archéologie  préhistoriques,  10®  session,  Paris,  1889  (Paris,  1892, 
in-8); —  Etudes  historiques  et  géographiques  (Paris,  1896,  in-8);  —  Décades 
américaines;  Mémoire  d'archéologie  et  d'ethnographie  américaines.  \^'^  et 
2^  décades  (Paris,  1896,  in-8);  —  Galerie  américaine  du  Musée  d'ethno- 
graphie du  Trocadéro.  Choix  de  pièces  archéologiques  et  ethnographiques 
(Paris,  1897,  in-fol.);  —  Le  Muséum  d'histoire  naturelle  il  y  a  un  siècle; 
description  de  cet  établissement  d'après  les  peintures  inédites  de  J .-B.  Hilair 
(1794)  (Paris,  1896,  in-4).  Le  D''  Hamy  a  rédigé,  de  plus,  pour  la  Mission 
scientifique  au  Mexique  et  dans  V Amérique  centrale  la  partie  relative  à 
V Anthropologie  du  Mexique. 

—  Mgr  Blampignon,  protonotaire  apostolique,  théologien  connu,  est 
mort  à  Vannes,  au  milieu  d'octobre,  à  79  ans.  Né  à  Prôverville  (Aube),  le 


—  11  - 

15  novembre  1830,  Emile -Antoine  Blampignon  entra  «lans  les  ordres  et 
obtint  les  diplômes  de  docteur  en  théologie  en  1850,  puis  de  docteur  ès- 
lettres  en  1862.  Ayant  la  vocation  du  professorat  plus  que  celle  du  minis- 
tère ecclésiastique,  il  fit  toute  sa  carrière  dans  l'enseignement.  C'est  ainsi 
qu'il  fut  chargé  d'un  cours  de  philosophie  successivement  à  l'École  des 
Carmes,  au  grand  séminaire  de  Troyes  et  au  lycée  d'Angoulême.  Nommé 
plus  tard  aumônier  du  lycée  de  Vannes,  il  fut  chargé  en  1872  du  cours  de 
droit  ecclésiastique  à  la  Faculté  de  théologie  de  Paris  et  devint  titulaire 
de  cette  chaire  en  1876.  Lors  de  la  suppression  des  Facultés  de  théologie 
il  prit  sa  retraite  avec  le  titre  de  professeur  honoraire.  L'abbé  Blampignon 
"laisse  un  certain  nombre  d'ouvrages  d'histoire  ecclésiastique,  parmi  les- 
quels nous  citerons  :  Histoire  de  sainte  Germaine,  vierge  et  martyre,  patronne 
de  Bar-sur- Aube,  d'après  les  documents,  la  plupart  inédits,  de  la  Bibliothèque 
impériale  et  des  archives  de  V Aube  (Troyes,  1855,  in-12); —  De  V Esprit  des 
sermons  de  saint  Bernard  (Paris,  1858,  in-8),  thèse  de  doctorat;  —  De 
Sancto  Cypriano  et  de  primaeva  Carthaginiensi  Ecclesia  disquisitio  historica 
atque  philosophica.  Cui  subest  Metaphrastae  hagiographia  hactenus  inedita 
(Paris,  1862,  in-8),  thèse  de  doctorat;  —  Etude  sur  Malebranche,  d'après 
des  documents  manuscrits,  suivie  d'une  Correspondance  inédite  (Paris,  1861, 
in-8);  —  Les  Facultés  de  théologie  de  France  (Paris,  1872,  in-8);  —  Mas- 
sillon  d'après  des  documents  inédits  (Paris,  1879,  in-12);  —  L'Episcopat  de 
Massillon  d'après  des  documents  inédits,  suivi  de  sa  Correspondance  (Paris 
1884,  in-12)  ;  —  Fleurs  et  fruits  de  saint  François  de  Sales.  Pensées  recueillies 
dans  ses  œuvres  (Paris,  1889,  in-i6);  —  Parfum  de  première  communion. 
Avant,  pendant,  après  (Paris,  1891,  in-o2);  —  Massillon,  Supplément  à  son 
histoire  et  à  sa  Correspondance  (Paris,  1891,  in-12);  —  Etude  sur  Bourdaloue, 
avec  quelques  documents  inédits  (Paris,  1891,  in-8);  —  Etudes  critiques  et 
littéraires  (Paris,  1897,  in-12).  L'abbé  Blampignon  a  donné,  en  outre,  une 
édition  des  Œuvres  complètes  de  Massillon,  avec  notes,  variantes  et  notices 
(Bar-le-Duc,  1865-1867,  3  vol.  in-4)  et  une  autre  du  Petit  Carême  de  Mas- 
sillon, suivi  de  sermons  choisis  de  V Avent  et  du  Grand  Carême  (Paris,  1882, 
in-12). 

—  M.  Gaudry.  l'émincnt  paléontologue  et  le  doyen  de  l'Académie  des 
sciences,  est  mort  à  Paris,  le  27  novembre,  à  81  ans.  M.  Jean-Albert  Gau- 
dry était  né  à  Saint-Germain-en-Laye,  le  16  septembre  1827.  Après  avoir 
terminé  ses  études  secondaires  au  collège  Stanislas,  il  suivit  les  cours  de  la 
Faculté  des  sciences  et  fut  reçu  docteur.  En  1853  il  entreprit  un  voyage  en 
Orient  et  visita  surtout  l'île  de  Chypre,  puis,  en  1855,  il  se  rendit  en  Grèce 
où  il  devait  rester  cinq  ans.  A  son  retour  en  France,  il  fut  nommé  aide- 
naturaliste  pour  la  paléontologie  au  Muséum  d'histoire  naturelle,  piiis,  en 
1872,  professeiu'  de  cette  science  dans  le  même  établissement.  Le  16  jan- 
vier 1882,  il  était  élu  membre  de  l'Académie  des  sciences  en  remplacement 
de  Sainte-Claire  Deville  et,  le  16  décembre,! 883,  il  devenait  membre  associé 
de  l'Académie  royale  de  Belgique.  Enfin  il  obtint  pour  ses  travaux,  de  la 
Société  géologique  de  I^ondres  la  médaille  Wollaston.  Pendant  ses  voyages, 
M.  Gaudry  avait  ama.ssé  de  nombreux  matériaux,  à  l'aide  desquels  il  a 
rédigé  d'importantes  études  géologiques,  telles  que  :  Recherches  scientifiques 
en  Orient  (Paris,  1855,  gr.  in-8);  —  Contemporanéité  de  l'espèce  humaine 
et  de  diverses  espèces  animales  aujourd'hui  éteintes  (Paris,  1861,  in-6);  — 
Géologie  de  l'île  de  Chypre  (Paris,  1862,  in-4);  —  Considérations  générales 
sur  les  animaux  fossiles  de  Pikermi  (Paris,  1866,  in-8);  —  Animaux  fossiles 
et  géologie  de  V Attique  (Paris,   1862-1867,  gr.  in-4);  —  Animaux  fossiles 


-  78  - 

du  Mont-Lébt-ron  (Paris,  1873,  in-4),  avec  MM.  Fischer  et  Tournouër;  — 
Matériaux  pour  Vhistoire  des  temps  quaternaires  (Paris,  1876-1888,  in-4);  — 
Les  Enchaînements  du  monde  animal  dans  les  temps  géologiques  (Paris, 
1878-1890,  3  vol.  in-8),  l'un  des  ouvrages  les  plus  complets  sur  les  fossiles;  — 
Les  Ancêtres  de  nos  animaux  dans  les  temps  géologiques  (Paris,  1888,  in-16); 
—  Le  Dryapithèque  (Paris,  1890,  in-4). 

—  On  annonce  encore  la  mort  de  MM.;  Charles  B.a.ltet,  horticulteur  très 
connu  par  ses  ouvrages  concernant  l'art  de  l'horticulture  et  du  pépiniériste, 
mort  à  Troyes,  en  novembre,  à  l'âge  de  79  ans;  —  Raoul  Baron,  professeur 
de  zootechnie  à  l'Ecole  nationale  vétérinaire  d'Alfort,  mort  au  commence- 
ment d'octobre, à  Nogent-le-Rotrou,  à  47  ans;  —  Prosper  de  Boutarel, 
homme  de  lettres,  mort  à  Pai'is,  vers  la  fin  de  novembre  dernier,  à  l'âge 
de  77  ans;  —  le  D'"  Albert  .Carrier,  ancien  professeur  agrégé  de  la  Faculté 
de  médecine  de  liVon,  mort  en  cette  ville,  vers  le  milieu  de  novembre  der- 
nier, à  l'âge  de  68  ans;  —  Georges  Chazeaud,  directeur  de  V Agence  fran- 
çaise et  de  l'Echo  des  ministères,  mort  à  Paris,  à  42  ans,  au  milieu  de  dé- 
cembre; —  le  D''  Ernest  Delbet,  député,  fondateur  et  directeur  du  Collège 
hbre  des  sciences  sociales,  où  il  enseignait  les  doctrines  sociologiques  de 
l'école  positiviste,  mort  à  Paris,  à  77  ans,  le  9  décembre; — Vvère  Edmo^jd, 
directeur  de  Timportante  institution  Saint-Xicolas,  mort  dernièrement  à 
50  ans;  —  Henri  Genevois,  rédacteur  à  V Aurore,  membre  de  l'Association 
des  journalistes  républicains,  mort  à  Paris,  au  milieu  de  décembre,  à  56  ans, 
lequel  laisse  divers  ouvrages  de  droit  et  d'histoire  mihtaire,  entre  autres  : 
La  Vérité  sur  les  finances  égyptiennes  et  le  Crédit  foncier  de  France  (Paris, 
1876,  in-8);  La  Nouvelle  Législation  des  marchés  à  terme  (Paris,  1885,  in-8); 
Les  Coups  de  main  pendant  la  guerre.  Ablis,  Châtillon-sur- Seine,  Château- 
neuf,  Ham,  Fontenoij  (Paris,  1896,  in-8);  La  Défense  nationale  jugée  par 
V Allemagne  (Paris,  1897,  in-12);  —  D""  Geoffroy,  professeur  à  la  Faculté 
de  médecine  de  Paris,  mort  en  cette  ville,  à  la  fin  de  novembre  dernier; — 
Marc  Legrand,  journaliste  parisien  et  poète  distingué,  qui  avait  fondé  la 
Revue  du  bien,  mort  au  commencement  de  décembre,  à  43  ans;  —  Hip- 
polyte  Lemaire,  secrétaire-rédacteur  à  la  Chambre  des  députés  et  lecteur- 
examinateur  à  la  Comédie-Française,  auteur  d'une  Comédie  en  prose  :  Le 
Mariage  d'André,  jouée  en  1885,  ancien  critique  dramatique  du  Monde 
illustré,  revue  à  laquelle  il  avait  donné  quelques  nouvelles,  mort  à  Paris 
au  commencement  de  décembre,  à  59  ans;  —  le  marquis  de  Lordat,  ancien 
député  de  l'Aude,  qui,  avec  le  chanoine  Charpentier,  a  récemment  publié 
un  important  ouvrage  intitulé  :  Un  Page  de  Louis  XV.  Lettres  de  Marie- 
Joseph  de  Lordat  à  son  oncle  Louis,  comte  de  Lordat,  baron  de  Bram,  bri- 
gadier des  armées  du  roi  (1740-1747)  (Paris,  1908,  in-8),  mort  au  châ- 
teau de  )Sainte-Gemme,  le  26  octobre  dernier;  —  Albert  Maron,  rédacteur 
au  journal  VUnivers,  mort  en  novembre  dernier;  —  Paul  Padovam,  colla- 
borateur au  Figaro,  mort  à  Nice,  à  43  ans,  au  milieu  de  décembre  ;  —  Abel 
Patoux,  ancien  avoué  à  Saint-Quentin,  écrivain  d'art,  mort  le  15  décembre, 
à  Saint-Quentin,  lequel  avait  publié  des  études  mxv  les  graveur  Adolphe 
Lalauze  et  le  peintre  Francis  Tattegrain,  ainsi  que  des  notices  et  introduc- 
tions pour  des  rééditions  d'ouvrages  du  dix-huitième  siècle;  —  Perchet, 
principal  du  collège  d"Eu,  ancien  directeur  des  collèges  de  Sézanne  et 
de  Nogent-le-Rotrou,  mort  à  la  fin  de  novembre  ;  —  Edmond  Stapfer, 
pasteur  et  doyen  de  la  Faculté  de  théologie  protestante  de  Paris,  mort 
en  cette  ville,  le  14  décembre,  à  64  ans,  lequel  avait  publié:  Les  Idées  reli- 
gieuses en  Palestine  à  Vépoque  de   Jésus-Christ    (Paris,    1876,    in-18);    La 


—  79  — 

Palestine  au  temps  de  Jésus-Christ  (Paris,  1884,  in-8),  ainsi  qu'une  tra- 
duction critique  du  Nouveau  Testament  (Paris,  1888,  gr.  in-8)  ;  —  Emile 
Vanpoulle,  rédacteur  à  VUnivers,  et  qui  avait  collaboré  précédemment 
au  Journal  de  Rouhaix  et  au  Télégramme  de  Boulogne,  mort  à  25  ans,  à 
Paris,  au  milieu  de  décembre;  —  Saturnin  Vidal,  avocat,  ancien  doyen 
de  la  Faculté  libre  de  droit  de  Toulouse,  mort  à  89  ans  au  milieu  de 
décembre  ; 

—  A  l'étranger  on  annonce  la  mort  de  MM.  Arthur  Azevedo,  auteur 
humoristique  brésilien,  mort  à  Rio  de  Janeiro,  à  la  fin  d'octobre,  à  58  ans; 
— -  Georges    Alonzo  Bartlett,  ancien  professeur  de  langue  allemande   à 
Cambridge,  mort  le  25  novembre;  —  Gustav  Bruxs,  éditeur  allemand,  mort 
le  3  décembre,  à  Minden,  en  Westphalie,  à  60  ans;  —  D''  Giuseppe  Ciscato, 
savant  astronome  italien,  attaché  à  l'Observatoire  de  Padoue,   mort  au 
commencement  de  décembre,  à  30  ans,  lequel  avait  publié  des  études  sur 
l'usage  du  micromètre  et  sur  les  formules  fondamentales  de  la  trigonométrie 
sphérique; —  Dr.  Cylkov,  hébraïsant  polonais,  mort  à  Varsovie,  au  mois 
de   décembre;  —  Albert   Hermann   Dietrich,   compositeur  allemand   de 
mérite,  mort  au  commencement  de  décembre; —  Dr.  Hermann  Guttmann, 
écrivain  allemand,  auteur  d'ouvrages  sur  la  gymnastique,  mort  à  Berlin, 
le  21  novembre,  à  60  ans;  —   Dr.   Karl  Theodor  von  Inama-Sternegg, 
^professeur  de  sciences  politique»  à  l'Université  de  Vienne,  président  de  la 
Commission  centrale  de  statistique,  mort  à  Innsbruck,  le  30  novembre, 
à  66  ans,  auquel  on  doit,  entre    autres  ouvrages:    Deutsche  Wirtschaftsge- 
schichte  (Leipzig,  1890-91,  2  vol.  '\n-è)eiDie  persônlichen   Verhaeltnisse  der 
Wiener  Armen.  Statistisch  dargestelt  nach  den  Materialen  des  Vereines  gegen 
Verarmung'  und  Bettelei  (Vienne,   1892,  in-8);    —    Joseph  Koch,   éditeur 
autrichien,  mort  à  Prague,  le  4  décembre;  —  Dr.  William  Ireland  Knapp, 
ancien  professeur  de  philologie  aux  Universités  américaines  de  Colgate,  de 
Chicago  et  de  Yale,  auteuf  d'une  intéressante  biographie  :  Life  of  Borrow 
(1899)  et  de  divers  ouvrages  philologiques  relatifs  à  la  liittérature  espagnole 
mort  le  8  décembre,  à  Paris,  à  73  ans;  —  l'abbé  Arthur  Lefebvre,  ancien 
professeur  à  l'Ecole  normale  de  Bonne-Espérance  (Belgique),  mort  à  Jumet- 
Gohisart  (Belgique),  en  novembre  dernier;  —  M'"^  Levin-Akunian,   femme 
de  lettres  allemande,  plus  connue  sous  le  pseudonyme  d'Usé  Frapan,  morte 
accidentellement   à  Genève,  le  5  décembre,  à  57  ans,  laquelle  a  écrit  de 
nombreux  romans,  dont  certains,  qui  décrivent  la  vie  des  habitants  de 
Hambourg,  ont  obtenu  un  vif  succès,  entre  autres  :  Bekannte   Gesichter 
(Berlin,  1893,  in-12)  et  Zu  Wasser  und  zu  Lande  (Berlin,  1894,  in-8);  — 
Hermann  Luders,  peintre  et  écrivain  allemand,  mort  à  la  fin  de  novembre, 
à  Gross-Lichterfelde,  à  72  ans,  lequel  a  publié  entre  autres  volumes  :  Solda, 
tenleben    iii    Krieg  und  Frieden.   Mit  Illustration  vom    Verjasser   (Suttgart, 
1887,  in-8);  — •  Alexander  Makowsky,  professeur  de  géologie  à  l'Ecole  supé- 
rieure  technique   de  Brûnn,   mort  en  cette  \ille,   au  commencement   de 
décembre,  à  73  ans,  auquel  on  doit  des  ouvrages  tels  que  :  Ldssfunde  bei 
BrUnn  und  der  diluviale    Mensch.    Erwiderung  auf  die  kritische  Studie  der 
Herrn  Karl  Maska  (Vienne,  1889,  in-4)  :  —  le  Frère  Marusis,  soTis-directeur 
de  la  Maison  des  Frères  des  Ecoles  chrétiennes  de  Tournai,  mort  à  Lommel 
(Belgique),  au  milieu  de  novembre  dernier,  à  l'âge  de  76  ans;  —  Oscar 
Pyfferoen,  professeur  à  l'Université  de  Gand,  auteur  de  divers  travaux 
et  études  tels  que  :  Réformes  communales;  L' Electoral  politique  et  adminis- 
tratif en  Europe]  Le  Sénat  en  France  et  dans  les  Pays-Bas,  et  qui  a,  en  outre, 
collaboré  à  diverses  revues  françaises  et  belges,  entre   autres  la   Réforme 


—  80  - 

sociale,  la  Bei'ue  générale,  la  Revue  des  questions  scientifiques,  mort,  à  Gand, 
à  la  fin  de  novembre,  à  Tâge  de  40  ans;  —  Dr.  Georg  vo^  Rindfleisch, 
professeur  d'analomie  pathologique  à  l'Université  de  Wurzbourg,  mort 
en  cette  ville,  le  6  décembre,  à  72  ans;  —  Dr.  Friedrich Schmidt,  géologue 
botaniste  et  paléontologue  russe,  membre  de  l'Académie  des  sciences  de 
Saint-Pétersbourg,  mort  en  cette  ville,  le  20  novembre,  à  77  ans;  —  Dr.  Isidor 
ScHNABEL,  professeur  de  thérapeutique  pour  les  maladies  des  yeux  à  Vienne, 
mort  en  cette  ville,  le  4  décembre,  à  66  ans;  — Joseph-Zacha^ie-Balthazar 
ScuNEUMLY,  archiviste  de  l'État  de  Fribourg  (Suisse),  qui  laisse,  entre 
autres  publications  :  Les  Seigneurs  de  Mézières  (1891);  Die  deutsche  Seelsorge 
in  der  Staat  Freiburg  (1893);  Jean  de  Saint-Thomas  et  Hermann  de  Mayence 
(1906)  et  a  collaboré  au  Fribourg  artistique,  aux  Recès  fédéraux,  etc.,  mort 
à  Fribourg,  le  4  octobre  dernier,  à  l'âge  de  70  ans;  —  Dr.  Eduard  Schulte, 
philologue  et  historien  allemand,  mort  dernièrement  à  Freienwalde,  à 
67  ans,  auquel  on  doit  :  Erinnerungen  an  das  acte  JoachimsthaV sche  Gytnna- 
sium  zu  Berlin  (Freienwalde,  1889,  in-4);  —  Eugène  Truyts,  musicien 
et  compositeur  de  valeur,  mort  au  château  de  Jabbeke  (Belgique),  en 
novembre  dernier;  —  l'abbé  Albert  Vico,  qui,  avant  d'être  curé  à  Bois- 
d'Haine,  puis  à  Anderlues,  a  été,  pendant  17  ans,  professeur  aux  collèges 
de  Binche  et  de  Soignies,  mort  à  Bruxelles,  à  la  fin  de  novembre,  à  l'âge  de 
53  ans;  —  John-Henry  Wright,  professeur  de  langue  et  de  littérature 
grecques  à  Cambridge,  mort  en  cette  ville,  le  25  novembre. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  inscriptions  et  belles  lettres.  — 
Le  18  décembre,  M.  Salomon  Reinach  lit  une  note  de  M.  Seymour  de  Ricci 
relative  à  des  objets  découverts  en  Egypte.  —  M.  Holleaux  présente  un 
rapport  sur  les  travaux  de  l'Ecole  d'Athènes.  —  -  Le  23,  M.  Heuzey  ht 
une  notice  sur  une  stèle  de  Goudéa,  découverte  par  le  commandant  Gros. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques. 

—  Le  12  décembre,  en  séance  publique,  M.  de  Foville  parle  de  l'histoire 
de  l'Institut  de  France,  rappelle  le  souvenir  de  M.  Achille  Luchaire,  de 
son  œuvre  capitale.  Innocent  III.  Puis  il  signale  l'utilité  des  prix  Carnot, 
Audiffred  et  Corbay.  —  ^I.  G.  Picot  lit  une  notice  historique  sur  les  tra- 
vaux et  la  vie  de  M.  le  comte  Duchatel.  —  M.  F.  Rocquain  présente  le  rapport 
sur  le  prix  Audiffred.  —  Le  19,  M.  Levasseur  lit  le  début  d'un  ouvrage 
sur  Law  et  son  système  financier.  —  Le  26,  M.  Levasseur  achève  sa  lecture. 

—  M.  Espinas  lit  un  travail  sur  M.  Mentré,  philosophe  chrétien. 

Prix.  —  Le  11  décembre  dernier,  à  Stockholm,  a  eu  lieu  la  dis- 
tribution solennelle  des  prix  Nobel.  Ces  prix,  s'élevant  chacun  à  la  somme 
de  192,827  fr.  24,  ont  été  décernés  comme  suit  :  Prix  de  chimie  au  professeur 
Ernest  Rutherford,  de  l'Université  de  Manchester;  —  Prix  de  physique  au 
professeur  G.  Lippmann,  de  Paris;  — Prix  de  médecine,  partagé  entre  le 
professeur  E.  Metchnikofï,  de  Paris,  et  le  professeur  Paul  Ehrlich,  de 
Francfort-sur-le-Mein;  —  Prix  de  littérature  au  professeur  Rudolf  Euken  , 
d'Iéna;  —  Prix  pour  la  paix  à  M.  Baju,  Danois,  et  à  M.  K.  V.  Arnoldson, 
Suédois. 

MÉLANGES  GoDEFRoiD  KuKTii.  —  11  v  a  deux  ans,  par  une  retraite 
volontaire,  notre  éminent  collaborateur,  M."  Godefroid  Kurth  quittait  la 
chaire  de  TL^niversité  de  Liège,  qu'il  a  illustrée  pendant  trente-cinq  années 
par  un  enseignement  aussi  fécond  que  brillant.  La  reconnaissance  que  lui 
ont  vouée  les  générations  d'étudiants  qu'il  a  formés  aux  méthodes  de 
l'érudition  moderne, l'estime  et  l'admiration  que  lui  ont  accordées  les  collègues 
qu'il  a  eus  dans  son  enseignement  et  les  nombreux  amis  qu'il  s'est  acquis  de 


—  81  — 

tous  côtés  ont  voulu  s'exprimer  à  cette  occasion  par  la  publication  d'un 

recueil  de  Mélanges  en  son^ihonneur.  Plus  de  deux  cent:  cinquante^sous- 

cripteursontsrépondu  à  l'appel  du  comité  ;  quatre-vingt-six  érudits  ont 

collaboré laux  Mélanges  répartis  en  deux  volumes  (Liège,  imp.  A'aillant- 

Carmannê;  Paris,  H.  Champion,  1908,  2  vol.  gr.  in-S  de  466  et  460  p.,  plus 

Lxxxix    p.  communes    aux  deux  volumes).  C'est  M.sKarl.Hanquet  qui  a 

été  chargé  d'apprécier  l'œuvre  du  maître,|_tandisique  lajbibliographie,  fort 

complète,  de  ses  œuvres  (504  articles)  était  dressée  par  MM.  J.  Closon    et 

,1.  P.  Waltzing.  La  place  nous  fait  défaut  pour  analyser  ici,  et  même  pour 

simplement  énumérer    les    quatre-vingt-six  mémoires  qui  composent  ces 

deux  volumes.  Nous'avons  parlé  déjà  de  ceux  de  MM.  P.  Allard  et  M.  Sepet. 

Nous  nous  contenterons  de  relever  ici  encore  quelques  titres  des  mémoires 

qui  nous  ont  paru  les  plus  intéressants  :  dans  le  t.  I,  la  Translatio  S.  Mer- 

eurii  Beneventuin,  par  le  P.  J.  Delahaye  (n.  10-24);  —  la  Vie  la  plus  aneienne 

de  S.  Lezin.  h'êque  iV Angers,  et  les  vies  de  S.  Arnulphe  et  de  S.  Lambert,  par 

J.  TJemarteau  (p.  25-39);- —  i'n  Diplôtiic  de  Charles  le  Gros,  par  L.  Lahaye 

(p.   53-60);  —    Codefroy  de  Bouillon   et  Varmerie  du  S.   Sépulcre,   par  Ch. 

Mœller  (p.  73-83)  ;  —  Vie  ancienne  de  Guillaume  de  S.  Thierry,  par  le  P.  Pon- 

celet  (p.   85-96);  —  Les  Événements  politiques  liégeois  pendant  les  années 

1229-1230,  par  J.  Closon  (p.  137-148); —  L'Abolition  des  guerres  privées  au 

pays  de  Liège,  une  ordonnance  inédite  du  24  septembre  1334,  par  E.  Fsiron 

(p.  157-170); —  Dom  U.  Berlière,  La  Commende  aux  Pays  Bas  (p.  185-201); 

—  V.  Van  der  Haeghen,  Les  Députés  de  Tournai  auprès  de  Louis  XI  et 
d'Olivier  le  Dain  en  juillet  1477  (p.  207-212);  —  A.  Fayen,  Une  Supplique 
du  XYi*^  siècle  pour  la  création  d'un  collège  belge  à  Bome  (p.  233-239);  — 
P.  Fredericq,  Les  Placards  du  14  octobre  et  du  31  décembre  1529  contre  les 
protestants  des  Pays  Bas  (p.  255-260);  —  R.  Van  Bastelaer,  Sur  Vorigine  de 
la  dénomination  des  Gueux  (p.  261-271); —  A.  Cauchie,  Belation  d'un  Père 
jésuite  réfugié  en  Flandre  sur  la  situation  de  la  France  au  début  de  1595 
(p.  279-293); —  C.  de  Smedt,  Les  Fondateurs  du  bollandisme  (p.  295-303);  — 
H.  Lonchay,  Les  États  généraux  à.Q  1619-1620  (p.  321-329)  ;  —  H.  Van  Houtte, 
Un  Colhert  belge,  Jean  de  Brouchhoven,  comte  de  Bergeyck  (1644-1725)  (p.  343- 
354). —  E.  Hubert,  Le  Protestantisme  dans  le  duché  de  Luxembourg  à  la  fin  de 
l'ancien  régime  (p.  355-360);  —  F.  Magnette,  Z-es  Premières  Belations  entre 
les  patriotes  liégeois  et  l'Assemblée  constituante  (p.  391-409);  —  P.  Poullet, 
Un  Conseil  d'arrondissement  sous  le  consulat  et  l'Empire  (p.  411-423);  — 
dans  le  t.  II  :  H.  Francotte,  Lès  Taxes  du  20^  et  du  10"^  dans  la  ligue  de  Délos 
(p.  1-5); — J.-E.  Demarteau,  Le  Vase  planétaire  de  Jupille  (p.  15-25);  A. 
Audollent,  Sur  le  temple  du  Puy  de  Dôme  (p.  27-40)  ; —  P.  Lejay,  Les  Origines 
de  l'Église  d'Afrique  et  l'Église  romaine  (p.  41-47)  ;  —  P.  Ladeuze,  Cours 
de  Bome,  le  seul  aloge  connu  (p.  49-60);  —  M.  Laurent,  Christus  belliger 
insignis  (p.  103-111);  —  Baron  F.  Béthune,  De  quelques  points  de  contact 
entre  la  poésie  narrative  du  midi  de  la  France  et  celle  du  nord  (p.  155-172)  ;  — 
G.  Doutrepont,  Jason  et  Gédéon,  patrons  de  la  Toison  d'Or  (p.  191-208);  — 
J.-P.  Waltzing,  Un  Humaniste  arlonais,  Petrus  Jacobi  Arlunensis  (p.  209-231)  ; 

—  B°"  de  Béthune,  Le  Théâtre  dans  les  anciens  collèges  de  Belgique  (p.  251- 
266); —  A.  Grégoire,  Une  Question  de  méthode  en  linguistique  (p.  267-287); 
— ^  A.  Counson,  De  la  légende  de  Kant  chez  les  romantiques  français  (p.  327- 
334);  —  G.  Legrand,  Joseph  de  Maistre  et  l'ancien  régime  (p.  335-340);  — 
H.  Bischofï,  Ërlebnis  und  Dichtung  hei  Lenau  (p.  385-396);  —  H.  Fierens- 
Ge\dieTi.  Le  Clair-obscur  dans  la  peinture  des  xv^,  xvi*^  et  xvn^  siècles  (p.  439- 
447). 

Janvier  1909.  T.  CXV   6, 


-  82   - 

Paris.  —  La  librairie  Garnier  frères  vient  d'achever  la  nouvelle  édition 
qu'elle  avait  entn'pi'ise,dans  le  format  in-18,  des  Œuvres  complètes  d'Alfred 
de  Musset.  Déjà,  le  Pohjhiblion  en  a  présenté  à  ses  lecteurs  les  quatre  pre- 
nmiers  tomes  concernant  exclusivement  la  poésie  et  le  théâtre,  savoir  : 
tomes  I  et  II,  Premicrof  Poésies  (1829-1835)  et  Poésies  nouvelles  (1835-1852), 
en  août  1907  (t.  (^X,  p.  112)  et  tomes  III  et  IV,  Comédies  et  Proverbes,  en 
février  1908  (t.  C.XII,  p.  117).  Aujourd'hui  nous  devons  annoncer  les. 
tomes  V  à  IX,  qui  comprennent  :  t.  V.  Nouvelles  (391  p.),  t.  VI.  Contes 
(381  p.),  t.  VII.  Confession  d'un  enfant  du  siècle  (362  p.),  l.  \'III  et  IX. 
Mélanges  de  littérature  et  de  critique  (2  vol.  de  302  et  231  p.).  Imprimée  avec 
soin  sur  bon  papier,  orné  de  26  remarquables  héliogravures,  exécutées 
d'après  les  dessins  d'un  premier  grand  prix  de  Rome,  M.  Maillart,  cette 
édition  acquiert  en  outre  une  valeur  particulière  par  ce  motif  que  le  regretté 
Edmond  Biré  Ta  non  seulement  revue,  corrigée  et  augmentée  de  documents 
inédits,  mais  aussi  et  surtout  l'a  enrichie  de  notes  fort  intéressantes  et  à  la 
■  fois  historiques,  littéraires,  philologiques.  Les  œuvres  d'Alfred  de  Musset, 
qui  ne  sont  pas  toujours  —  il  s'en  faut  —  des  modèles  de  moralité,  sont 
trop  connues  pour  que  nous  ayions  à  en  faire  ressortir  ici  les  bons  et  les 
mauvais  côtés.  Bornons-nous,  en  signalant  Tédition  in-18  illustrée,  du  prix 
de  3  fr.  50  le  volume,  à  noter  qu'une  édition  semblable,  mais  sans  gravures, 
ne  coûte  que  3  francs  le  volume,  alors  qu'une  troisième  édition  (cette  der- 
nière de  luxe,  in-8  avec  gravures)  se  vend  6  francs  le  volume.  Le  tome  I, 
rappelons-le,  s'ouvre  par  un""  notice  biographique  sur  Musset  écrite  par 
M.  E.  Biré  avec  la  conscience  dont  il  était  coutumier. 

—  Dans  V Annuaire- Bulletin  de  la  Société  de  r histoire  de  France,  année 

1907,  qui  vient  seulement  d'être  mis  en  distribution  (T.  XLIV.  Paris,  Lau- 
rens,  in-8  de  259-xviii  p.),  nous  remarquons  d'abord  une  Lecture  de  M.  le 
comte  Durrieu  sur  la  légende  et  Vhistoirc  de  Jean  Foucquet  (p.  111-126);  puis 
un  Supplément  aux  lettres  de  Charles  VIII,  publié  par  M.  B.  de  Mandrot. 
Ce  supplément  est  le  troisième  qui  voit  le  jour  depuis  l'apparition  du  tome  V 
et  dernier  de  l'édition  des  Lettres  de  Charles  VIII  préparée  par  feu  M.  P. 
Pélicier  pour  la  Société  de  l'histoire  de  France.  Le  premier  supplément  était 
formé  de  78  lettres,  le  second  de  15  lettres;  celui  qui  a  trouvé  place  dans  ce 
tome  XLIV  de  V Annuaire- Bulletin  n'en  renferme  pas  moins  de  53,  allant 
du  11  juin  1484  au  27  mars  1498  (p.  185-249).  Enfin  nous  mentionnerons 
Quelques  lettres  inédites  du  cardinal  de  Richelieu  provenant  de  la  collection 
de  M.  Gordon- Bennett,  publiées  par  M.  Robert  Lavollée  (8  août  1630- 
17  septembre  1641)  (p.  250-258). 

—  De  l'article  qu'il  avait  publié  dans  le  Correspondant  du  10  novembre 

1908,  M.  l'abbé  Pisani  a  fait  faire  un  tirage  à  part  (Paris,  imp.  de  Soye, 
in-8  de  30  p.).  Ce  sera  un  excellent  résumé  du  rôle  et  de  la  vie  des  Derniers 
Évêques  de  F  ancien  régime  depuis  l'ouverture  des  Etats  généraux  en  1789 
jusqu'à  la  mort  de  leur  suprême  représentant  :  Mgr  de  Bovet,  évêque  de 
Sisteron  sous  Louis  XVI,  archevêque  de  Toulouse  jusqu'en  1822,  mort  à 

_  Paris,  en  1838,  à  l'âge  de  91  ans.  A  son  habitude,  M.  Pisani  a  multiplié  les 
dates,  les  chiffres  qui  éclairent  une  question  et  en  rendent  les  conclusions 
inattaquables.  Elles  apportent  aussi  bien  des  renseignements  nouveaux  et 
jettent  un  jour  singulièrement  heureux  sur  cette  histoire  si  diversifiée  et 
une  -époque  si  troublée. 

—  M.  Paul  Marmottan  a  tiré  à  part  de  la  Revue  historique  son  travail  sur 
les  Débuts  d'un  grand  diplomate,  Jérôme  Lucchesini  à  Rome,  en  Pologne 
et  à  Sistow  (1786-1792)  (Paris,  1908,  in-8  de  30  p.).  Lucchesini,  Italien  émigré 


-  R3  -^ 

on  Prusse,  représenta  son  pays  d'adoption  en  France  sous  le  Consulat. 
Il  se  fit  remarquer  à  Paris  par  son  compliment  à  Bonaparte  lors  de  son 
entrée  en  fonctions,  compliment  qu'il  crut  spirituel  de  prononcer  dans  leur 
lajigue  maternelle.  Il  devait  finir  en  courtisan  de  la  famille,  dans  sa  patrie, 
à  Lucques,  auprès  d'Elisa  Bacciochi.  A-t-il  vraiment -été,  au  cours  de  sa 
carrière  exoticjue,  un  «  grand  »  diplomate  ?  Pour  l'ésoudre  cette  question, 
il  eût  fallu  le  juger  par  ses  œuvres,  en  d'autres  termes,  d'après  sa  corres- 
pondance. M.  Marmottan  n'a  pas  eu  cette  prétention;  il  s'est  contenté  de 
rechercher  dans  les  dépêches  de  Bernis,  notre  ambassadeur  à  Rome,  et 
dans  un  livre  paru  récemment  en  Pologne,  la  trace  de  ce  genlilliomme  cos- 
mopolite. Aux  renseignements  qu'il  en  a  extraits  il  a  joint  trois  documents 
inédits  recueillis  par  lui  dans  les  collections  d'autographes  du  Brilish  Muséum, 
ayant  trait  aux  afl'aires  européennes  en  1790  et  1791.- 

—  Plus  brillant  que  jamais,  le  Grand  AUnauach  du  monde  catholique  pour 
Van  de  grâce  1909  nous  arrive  sous  un  cartonnage  toile  avec  plaqué  spé- 
ciale or  et  argent,  l'eprésentant  de  façon  vraiment  artistique  les  douze 
signes  du  zodiaque  avec  le  soleil  au  centre  (Lille,  Paris,  Lyon,  Bruges, 
Bruxelles,  Rome,  etc..  Société  Saint- Augustin,  Desclée  et  de  Brouwer,  in-4 
de  164  p.).  Les  illustrations  dans  le  texte  et  hors  texte  sont  aussi  nombreuses 
que  soignées  ;  on  admirera  notamment  7  grandes  chromolithographies 
parmi  lesquelles  uii  portrait  de  Pie  X.  Le  texte,  très  varié,  est  aussi  remar- 
quai «le  qu'attachant.  Citons  seulement-  :  Pour  Notre-Dame  et  pour  le  Pope, 
par  M.  Roger  de  Condé;  La  Moralité  dans  Part,  par  le  P.  M. -S.  Gillet;  Au 
Mont-Athos,  par  XX***;  Visions  brugeoises,  par  M.  Joseph  Boubée;  Lacs 
d'Ecosse,  par  M.  Léon  Goudallier  ;  La  Bienheureuse  Madeleine- Sophie 
Barat,  fondatrice  de  la  Société  du  Sacré-Cœur  de  Jésus;  La  Littérature  d'' au- 
jourd'hui, par  M.  C.  Lecigne;  Lérins,  par  Dom  Lucien  David;  La  Littérature 
chez  les  noirs  du  Centre  africain,  par  M.  H.  Trilles;  Un  Pèlerinage  à  travers 
quelques  champs  de  bataille,  par  M.  A.  Charaux.   , 

—  L'Agenda  de  l'école  libre  pour  l'année  scolaire  1908-1909  a  tout  der- 
nièrement paru  (3*^  année,  Lyon  et  Paris,  E.  Vitte,  petit  in-18  de  264  p., 
relié  toile.  —  Prix  :  1  fr.  50.)  De  format  très  commode  (135  x  95  millimètres), 
il  offre,  à  côté  d'ingénieuses  dispositions  pour  l'inscription  journalière  et 

,  mensuelle  de  notes,  mémentos  et  comptes  divers,  une  quantité  de  rensei- 
gnements précieux.  Il  mentionne  les  sociétés,  ligues,  associations  scolaires, 
syndicats,  mutualités,  créés  pour  la  défense,  l'organisation  et  le  soutien 
de  l'éducation  chrétienne,  donne  les  noms  des  directeurs  diocésains  des 
écoles  libres,  une  liste  d'ouvrages  à  recommander,  les  tarifs  postaux,  etc. 
Enfin,  les  pensées  morales  que  l'on  rencontre  à  chaque  page  sont  de  nature 
à  fournir  des  sujets  à  méditer  ou  à  développer  en  public. Cet  agenda  ne  sera 
pas  moins  utile  aux  prêtres  et  aux  catholiques  d'action  qu'aux  membres 
de  l'enseignement.  —  Une  correction  à  faire  dans  la  prochaine  édition  : 
au  chapitre  des  Bibliothèques  circulantes,  nous  voyons  naturellement  figurer 
la  Société  bibliographique. Mais  nous  voyons  aussi  que  la  cotisation  annuelle 
de  10  francs  payée  par  ses  membres  est  réduite  à  5  francs  pour  les  prêtres. 
C'est  là  une  erreur  :  la  cotisation  de  10  francs  s'applique  invariablement  à 
tous  les  membres  de  la  Société. 

—  Que  dire  de  V Agenda  agricole  et  çiticole  que  nous  ofTre  M.  V.  Vermorel 
pour  l'année  1909?  Rien  d'autre  que  ce  que  nous  avons  plusieurs  fois  répété, 
à  savoir  que  tous  les  intéressés  y  trouveront  les  renseignements  les  plus 
utiles  et  les  plus  pratiques  (24'^  année.  Paris,  Béranger;  Montpellier  et 
Villefranche,  aux  bureaux  du  Progrès  agricole,  petit  in-16  de  329  p.,  y 


—  84  — 

compris  le  «  Caleiulrii'i'  des  agrieiilteuis  el  vilieiilleiu's  n;  carloinié  toile,  tr. 
rouges.  —  Prix  :  1  fr.  50).  R'. 

—  Le  même  M.  V.  Vermorel  nousj^adresse  deux  brocliures  qui  méritent 
une  mention  favorable  :  la  première,  signée  par^lui,  a  pour  titre  :  Les  Enne- 
mis de  nos  jardins.  Procédés  de  lutte  contre  les  parasites  du  poirier  et  du 
pommier  (Villefranohe^du  Rhône  et  Montpellier,  librairie  du  Progrès  agricole 
et  i'iticole,  s.  d.  (1909),  in-18  de  52  p.,  avec  fig.  —  Prix  :  2  francs).  «  Dans 
cette  brochure,  toute  pratique,  déclare  l'auteur  dans  sa  Préface,  nous  nous 
occuperons  seulement  des  parasites  qu'on  peut  atteindre  facilement,  écono- 
mi(}uement  et  surtout  de  l'un  d'eux,  le  principal,  le  carpocapse,  qui  fait 
nos  fruits  véreux  et  qu'on  verrait  disparaître  si  chacun  voulait  bien  se 
donner  la  peine  de  ramasser  et  de  détr\iire  les  fruits  qui  tombent  au  pied  des 
ai'bres.  »  Voilà  certes  un  traitement  à  la  portée  du  plus  parfait  débutant 
en  fait  d'horticulture;  mais  le  présent  travail  renferme  bien  d'autres  choses 
intéressantes.  —  Le  deuxième  opuscule  est  anonyme.  Titre  :  Les  Ennemis 
des  arbres  fruitiers  et  des  plantes  cultivées.  Procédés  et  matériel  de  destruction 
(Villefranche  du  Rhône,  V.  Vermorel,  1909,  in-18  de  64  p.,  avec  flg.  — 
Prix  :  0  fr.  50).  Ce  formulaire  «  facilitera  aux  agriculteurs  la  défense  qu'ils 
doivent  nécessairement  entreprendre  contre  les  ennemis  des  plantes  )>. 
Il  est  ainsi  divisé  :  1°  Nomenclature  des  plantes  avec,  pour  chaque  plante, 
la  liste  de  ses  ennemis;  2°  Table  alphabétique  des  maladies  et  parasites; 
3°  Formules  (dans  l'ordre  alphabétique)  des  insecticides  et  fongicides; 
4°  Instruments  et  appareils  de  défense. 

—  C'est  avec  plaisir  que  nous  signalons  la  nouvelle  édition,  au  prix  très 
réduit  de  1  franc,  du  très  intéressant  roman  de  M.  Ernest  Daudet  :  Dans  la 
tourmente  (Paris,  Maison  de  la  Bonne  Presse,  s.  d.  (1909),  gr.  in-8  de  138 
p.  sur  2  colonnes,  illustr.  de  M.  Lecoultre).  Précédemment  (janvier  1902, 
t.  XCIV,  p.  6-7)  le  Polybiblion  a  rendu  compte  de  cet  excellent  ouvrage. 
Nous  n'avons  rien  à  ajouter  à  cet  article,  si  ce  n'est  que  le  volume  con- 
vient à  merveille  pour  les  bibliothèques  populaires. 

—  Nous  recevons  de  la  librairie  Hetzel  un  volume  des  plus  curieux  et  des 
plus  attachants  :  Le  Château  des  merveilles  (in-16  de  348  p.,  illustré  par  Des- 
tez.  —  Prix  3  fr.).  On  croirait  lire  du  Jules  Verne;  aussi  les  jeunes  gens  de 
13  à  14  ans  (et  mêmes  de  plus  âgés)  y  prendront  un  plaisir  extrême,  car  à 
travers  des  aventures  de  toutes  sortes,  ils  s'initieront  à  beaucoup  de  cho- 
ses instructives  sur  l'automobilisme,  l'électricité,  la  navigation  sous-marine, 
etc.  Le  Polybiblion  de  décembre  1899  (t.  LXXXVI,  p.  503)  a  d'ailleurs 
rendu  compte  en  détail  de  cet  ouvrage  clans  l'édition  gr.  in-8  à  7  fr.  broché 
et  10  fr.  relié.  Nous  y  renvoyons  nos  lecteurs. 

Anjou.  —  De  M.  l'abbé  Uzureau,  signalons  quelques  brochures  dans 
lesquelles  il  reproduit  des  documents  intéressant  son  pays  :  Les  Eaux  miné- 
rales en  Maine-et-Loire,  en  1802,  d'après  un  rapport  du  préfet  (Paris,  Imp. 
nationale,  1807,  in-8  de  8  p.  Extrait  du  Bulletin  des  sciences  économiques  et 
sociales  du  Comité  des  travaux  historiques  et  scientifiques,  année  1906). Ouireles 
eaux  de  Jouanet  à  Chevagnes,  on  y  parle  de  sources  abandonnées  à  peu 
près  aujourd'hui  à  S.  Silvin,  Chalonnes,  Quincé,  Chaumont,  Écuillé,  Feneu, 
Pouancé,  S.  Laurent  du  Motay  et  Montjean.  Une  statistique  de  l'hygiène 
locale  est  jointe  à  ce  rapport. 

—  Des  Mémoires  de  la  Société  d'agriculture,  sciences  et  arts  d' Angers  (1907) 
(Angers,  imp.  Grassin),  sont  encore  extraits  les  documents  suivants,  repro- 
duits par  M.  Uzureau  :  Les  Chouans  dans  le  Craonnais  (1794-196)  (gr.  in-8  de 
54  p.).  Rapports  officiels  naturellement  peu  favorables  aux  chouans,    du 


—  85  — 

district  de  Segré,  «  l'un  des  théâtres  les  plus  sanglants  des  guerres  ».  —  Les 
Divisions  administratives  de  la  province  d'Anjou  et  du  département  de  Maine- 
et-Loire  (gr.  in-8  de  61  p.);  —  Le  Présidial  d'Angers,  les  dernières  rentrées 
publiques  »  avant  la  Révolution  (gr.  in-8  de  22  p.),  d'après  les  Affichée  d'An- 
gers, «Tunique  journal  angevin  d'alors»,  qui  fut  l'origine  dn  Journal  de  Maine- 
et-Loire.  —  Une  Page  de  V histoire  littéraire  de  l'Anjou  (gr.  in-8  de  57  p.). 
C'est  l'Histoire  de  l'établissement  de  l' Académie  royale  des  sciences  et  belles- 
lettres  d'Angers  (en  1685),  par  l'érudil  Jacques  Rangeard,  qui  fut  élu  plus 
tard  député  aux  États  généraux  et  laissa  sur  sa  province  de  très  bons  tra- 
vaux, comme  celui  qu'a  eu  la  bonne  idée  de  reproduire  M.  l'abbé  Uzureau. 
En  manière  d'Introduction,  Rangeard  passe  en  revue,  avec  de  précieuses 
notes,  les  célébrités  angevines  du  xvi''  siècle,  qu'il  appelle  le  siècle  des  Cossé, 
des  Maillé,  des  Scépeaux,  des  du  Bellay,  des  Robin  du  Faux,  de  Jean-An- 
toine et  Lazare  de  Baïf,  citant  encore  d'Aubigné,  Errault  de  Chemans, 
Poyet,  Grimaudet,  Bodin,  Chopin,  Gourreau,  Louet,  Ayrault,  Lesrat,  Le 
JjOyer,  Boylesves,  delaMorousière, —  et  oubliant  cependant,  comme  presque 
tous  les  historiens  et  critiques,  parmi  les  plus  dignes  de  la  célébrité, /es  Œ'ut'res 
de  Germain  Colin  Bûcher  (ressuscité  en  1890  par  le  beau  livre  de  notre  colla- 
borate\u'  M.  Joseph  Denais),  soit  parce  que  G.  Colin  avait  mal  fini,  soit 
parce  que  toutes  ses  œuvres  furent  perdues  pendant  trois  siècles. 

Boulonnais.  —  La  Société  académique  de  l'arrondissement  de  Bou- 
logne-sur-Mer,  si  nous  en  jugeons  par  le  tome  VII  de  ses  Mémoires,  ne 
manifeste  pas  souvent  son  existence  en  dehors  de  ses  réunions  particu- 
lières, mais  quand  le  fait  se  produit,  c'est  sous  la  forme  d'un  gros  volume, 
tel  celui  que  nous  venons  de  recevoir  et  qui  porte  les  dates  1904-1907 
(Boulogne-sur-Mer,  imp.  Hamain,  in-8  de  781  p.,  avec  fig.  dans  le  texte  et 
un  portrait  et  une  planche  hors  texte.  Là  ont  été  groupés  un  grand 
nombre  d'articles,  dont  beaucoup  nous  apparaissent  un  peu  trop  comme 
une  poussière.  Nous  n'aurons  garde  cependant  de  dire  qu'ils  manquent 
d'intérêt;  leur  variété  est  d'ailleurs  très  réelle  et  certains  retiendront  l'at- 
tention des  travailleurs.  Quelques-uns  même  sont  fort  remarquables.  Nous 
allons  citer  :  Les  Jésuites  anglais  expulsés  de  Boidogne  en  1752,  par  M.  Alfred 
Hamy  (p.  12-65);  —  Mémoire  sur  Tingry  et  Hucqueliers  vers  1641,  par  M.  A. 
de  Rosny  (p.  72-91);  — Découverte  de  strobiles  de  Séquoia  et  de  Pin  dans  le 
portlandien  des  environs  de  Boulogne-sur-Mer,  par  MM.  R.  Zeiller  et  P. 
Fliche  (p.  92-96);  — Lettres  de  confirmation  des  privilèges,  franchises  et 
exemptions  de  la  ville  de  Desvres,  en  Boulonnais,  par  M.  Alph.  Lefebvre 
(p.  99-110);  — Deux  Combats  sur  mer  devant  Boulogne,  épisodes  de  la  cam- 
pagne navale  de  1666,  par  M.  E.-T.  Hamy  (p.  111-123);  —  Lettre  de  M.  J. 
de  Courtcville,  s^  de  Cormont,  de  la  Bussière  et  de  Preurelle,  sur  les  fiançailles 
de  François  I'^^  et  de  Claude  de  France,  publiée  par  M.  A.  de  Rosny 
(p.  125-137);  —  Faramus  de  Boulogne.  La  Famille  de  Bolonia.  en  Angle- 
terre. Descendance  des  comtes  de  Boulogne,  par  M.  A.  de  Rosny  (p.  148-185)  ; 
—  Le  Hareng  du  Boulonnais,  par  M.  A.  Giard;  (p.  186-189);  —  Nouveau 
Catalogue  des  poissons  des  formations  secondaires  du  Boulonnais,  par  M.  H  .E. 
Sauvage  (190-212);  —  Le  Premier  Maître  de  Sainte-Beuve,  Louis  Blériot 
(1813-1818),  par  M.  E.-T.  Hamy  (p.  222-226);  —  Sépultures  franques  et 
carolingiennes  du  Boulonnais,  par  M.  H.-E.  Sauvage  (j).  229-253);  —  Sur 
une  flnrulc  porllaïuUcnne  des  environs  de  Boulogne-sur-Mer,  par  MM.  P. 
Fliche  et  R.  Zeiller  (p.  254-256); —  Séance  des  citoyens  de  Boulogne  réunis 
en  la  salle  de  la  Société  populaire  le  25  thermidor,  2^  année  républicaine  une 
et    indivisible  —    et  Séance    du    26    thermidor,   publication  de  M.  Camille 


-  86  — 

Enlart  (p.  256-274);  —  Le  Lieutenant  de  vaisseau  Eugène  MarescoU 
Duthilleul  (1809-1839),  par  M.  E.-T.  Hamy  (p.  275-296,  avec  portrait)  ; 

—  Notes  éthologiques  sur  le  hareng  des  côtes  du  Boulonnais,  par  M.  Alfred 
Giard  (p.  303-308);  —  Les  Figurines  en  terre  cuite  gallo-romaine  du  musée 
de  Boulogne-sur- Mer,  par  M.  H.  E.  Sauvage  (p.  309-320,  avec  fig.)  ;  —  Sur 
quelques  monnaies  de  Carausius  et  d'Alectus,  par  le  même  (p.  321-324);  — 
Le  Corps  médical  de  Boulogne-sur- Mer  en  Van  II  de  la  République,  médecins, 
chirurgiens,  pharmaciens,  apothicaires,  élèves  en  chirurgie  et  pliarmacie,  avec 
les  notes  de  conduite  morale  et  politique,  patriotisme  et  capacité  données  par 
le  Conseil   général   de  la  commune,  par  M.    le  D"^  E.-T.  Hamy  (p.  325-333); 

—  V Advis  de  la  qualité  de  ceulx  qui  sont  dedans  Boullongne  (1559),  par 
M.  V.-J.  Vaillant  p.  334-355); —  Documents  intéressant  le  Boulonnais, 
communiqués  par  M.  le  vicomte  J.  de  Beaufort  (p.  356-363);  — Notice  sur 
les  travaux  historiques  et  archéologiques  de  M.  J.-V.  Vaillant,  suivie  de  la 
Bibliographie  de  ses  œuvres,  par  M.  Camille  Enlart  (p.  364-385);  —  Le 
(i  Gulo  borealis  »  dans  la  grotte  de  la  Grande-Chambre  à  Rinxent  (Pns-de- 
Calais),  par  M.  E.-T.  Hamy  (p.  386-388);  —  Le  Siège  de  Boulogne,  d'après 
Francis  Godwin,  traduit  en  français  par  le  s^  de  Loigny  (p.  392-402);  — 
La  Galerie  égyptienne  du  Musée  de  Boulogne- sur- Mer,  par  M.  H.-E.  Sauvage 
(p.  403-407);  -—  Notice  sur  quelques  monuments  égyptiens  du  musée  de  Bou- 
logne-sur-Mer,  par  M.  Valdémar  Schmidt  (p.  407-419);  —  La  Fontaine  et 
Bernier,  par  M.  le  D""  E.-T.  Hamy  (p.  425-433); —  Conférence  pour  la  paix 
entre  V Angleterre  et  V Espagne  tenue  à  Boulogne  en  1600,  étude  historique 
suivie  d'un  choix' 'de  lettres  relatives  à  cet  événement,  par  le  D''  E.-T.  Hamy 
(p.  434-460);  —  L' Apothéose  du  poète  de  Bclloy  par  le  peintre  Jollain  et  les 
Critiques  deVhistorien  de  Calais,  Jacques- Barthélémy  Lefebvre  (1765).  par 
le  Dr  E.-T.  Hamy  (p.  464-473);  —  De  Belloy  et  Morel-Disque.  «  Le  Siège  de 
Calais»  st  le  Tableau  de  Robert-Edge  Fine,  par  M.  le  D^  E.-T.  Hamy  (p.  474- 
478);  —  Un  Document  inédit  sur  Vacronaute  Pilatre  de  Rozier,  par  M.  A. 
Lefe])vre  (p.  479-485);  —  Note  sur  le  genre  Pélorosaure,  par  M.  H.-E.  Sau- 
vage (p.  493-498);  —  Notes  numisniatiqnes,  par  le  même  (p.  499-509);  — 
Observations  sur  quelques  mollusques  terrestres  et  d'eau  douce  du  Boulonnais, 
par  M.  Bouchard-Chantereaux  fp.  510-514);  —  .Une  Emeute  à  Samer  le 
10  mai  1793.  Condamnation  du.  notable  Lefehvj-e  à  ta  déportation  à  c/'e,  par 
M.  A.  Lefebvre  (p.  521-529);  —  Les  Sigles  figulins  de  la  flotte  de  Bretagne, 
par  le  D""  E.-T.  Hamy  (p.  530-562,  avec  fig.);--  De  la  présence  d'un  Cypraea 
vinosa  Gmelin  dans  une  sépulture  franco-mérovingienne,  par  M.  P.  Dautzen- 
berg  (p.  563-567,  avec  une  planche);  —  De  la.  Confiance  que  mérite  Lambert 
d'Ardres,  par  M.  Rigaux  (p.  573-582);  —  Note  sur  des  débris  d'origine 
romaine  trouvés  dans  une  fouille  faite  en  1898  sur  la  plage  ouest  de  Boulogne- 
sur-Mrr,  par  ]\I.  ,T.  \'oisin  (p.  583-588);  —  Charte  de  l'abbaye  de  Beaulieu, 
publiée  par  M.  R.  Rddièro  (p.  589-592);  —  Livre  de  raison  des  Frest  ou  Fret, 
sieurs  d'Imbretun,  par  le  D''  E.  Dutertre  (p.  596-608);  —  Une  Lettre- de 
marque  sous  Louis  XV  pour  le  corsaire  boulonnais  Jacques  Coilliot,  par 
M.  A.  Lefebvre  (p.  609-617); — Extraits  de  la  Correspondance  de  Maugiron 
relatifs  à  Vexpidsion  des  Anglais  du  Boulonnais  (1545-1 549),  par  M.  E.-T. 
Hamy  (p.  618-635);  —  Documents  inédits  relatifs  et  la  domination  bourgui- 
gnonne dans  le  Boulonnais  (1419-1478),  recueillis  et  publiés  par  M.  A.  Hamy 
(p.  636-652);  —  Antiquités  gallo-romaines  recueillies  dans  le  Boulonnais  et 
récemment  entrées  au  Musée  de  Boulogne-sur- Mer,  par  M.  le  D''  H.-E.  Sau- 
vage (p.  653-680,  avec  fig.);  —  Les  Vases  en  verre  gallo-romains  avec  ins- 
criptiop    trouvés  dans  le  Boulonnais,  par  M.  le  D^"  E.  Sauvage  (p.  681-690).; 


-    H7    - 

—  Souvenirs  cVune  visite  à  V Exposition  de  la  Toison  d'Or,  à  Bruges,  par 
M.  E.-H.  Hamy  (p.  692-704^;  —  Le  Capitaine  de  vaisseauG.-B.-  M. Moras, 
(1771-1824),  par  M.  E.-T.  Hamy  (p.  705-719);—  La  Jeunesse  de  Georges 
Mareschal,  de  Calais,  chirurgien  de  Louis  XIV,  par  M.  E.-T.  Hamy  (p.  720- 
725);  — '■  Découverte  de  monnaies  du  xv®  siècle  à  Marquise  (Pas-de-Calais), 
par  M.  le  D'  E.  Dutertre  (p.  727-758).  Ce  volume  est  complété  non  seulement 
par  une  table  des  matières  où  tous  les  articles  et  études  sont  classés  dans 
un  ordre  méthodique,  mais  aussi  d'une  table  des  noms  de  lieux  et  d'une 
autre  des  noms  de  personnes. 

Dauphiné. — Le  Bulletin  de  la  Société  dauphinoise  d'ethnologie  et  d'anthro- 
pologie paraît  avec  un  retard  d'une  année.  Du  tome  XIV,  le  n°  4  (décembre 
1907)  vient  seulement  de  nous  arriver  (Grenoble,  impv  Allier,  in-8,  paginé 
207-309).  La  majeure  partie  de  ce  fascicule  (p.  207-2'57)  est  occupée  par 
un  travail  de  M.  E.  Chabrand  sur  l'Occultisme  en  thérapeutique,  qui,  examiné 
en  détail,  motiverait  plus  d'une  réserve  sérieuse.  —  Un  sujet  moins  brûlant 
est  traité  ensuite  par  M.  le  lieutenant-colonel  Pansard,  sous  le  titre  de  : 
Céramique  romaine.  Poteries  anciennes  provenant  de  Tébessa  (Algérie) 
(p.  259-295), avec  2  fig.  dans  le  texte  et  3  planches).  A  noter  enfin  un  article 
de  M.  L.  Jacquot  :  Notes  d'édilité  saharienne.  Comment  on  numérote  les 
maisons  dans  les  ksour  (p.  296-298). 

Franche-Comté.  —  Des  Mémoires  de  la  Société  d'émulation  du  Jura> 
M.  Emile  Longin  a  extrait  des  Notes  sur  le  régiment  de  la  Verne  (xvii*'  siècle) 
(Lons-le-Sauni.er,  imp.  Declume,  1908,  in-8  de  45  p.).  Pour  rédiger  ces 
«  Notes  »  aussi  érudites  que  curieuses.  Fauteur  a  utilisé  des  documents, 
au  nombre  de  huit,  reproduits  à  la  fin  de  la  brochure  comme  Pièces  justi- 
ficatives. Tout  d'abord,  il  rappelle  l'historique  de  ce  «  terce  :j),  mis  sur  pied 
dans  l'été  de  1634  et  qui,  deux  ans  plus  tard,  devait  s'illustrer  en  prenant 
une  large  part  à  la  victorieuse  résistance  de  Dole  aux*efforts  de  l'armée  du 
prince  Henri  de  Condé.  Or,  cet  historique  est  assez  bref  :  il  consiste  dans  la 
défense,  à  peu  près  pour  la  forme,  de  la  ville  de  Porrentruy,  où  la  Verne  et 
ses  soldats  s'étaient  jetés  sur  l'ordre  de  Charles  IV  de  Lorraine.  L'armée 
française,  commandée  jiar  le  maréchal  de  la  Force,  ayant  ouvert  le  feu 
contre  les  murailles  de  cette  place  et  y  ayant  pratiqué  une  brèche,  les 
Comtois  la  rendirent  et  obtinrent  de  se  retirer  avec  les  honneurs  de  la 
guerre  (juin  1635).  Ce  qui  est  ici  particulièrement  intéressant  ce  sont  les 
détails  fournis  sur  la  composition  de  ce  régiment  en  hommes  de  troupe, 
sous-ofïiciers  et  soldats,  leurs  attributions  respectives  et  leur  solde,  choses 
très  généralement  ignorées. 

—  Le  même  M.  Emile  Longin  a  tiré  à  part  des  Mémoires  dç  la 
Société  d'émulation  du  Jura  une  Belation  lorraine  de  la  bataille  de  Poligny 
(19  juin  1638),  l'un  des  épisodes  les  plus  importants  de  la  guerre  de  Trente 
ans  en  Franche-Comté  (Lons-le-Saunier,  imp.  Declume,  1908,  in-8  de  16  p.). 
Imprimée  à  Bruxelles,  en  1638,  par  Velpius  (in-4  de  10  p.),  cette  pièce  est 
un  peu  longuement  intitulée  :  Relation  faite  à  Son  Altesse  Royale  le  Sérénissi- 
me  Cardinal  Infant  par  le  sieur  de  Rommécourt,  gentilhomme  envoyé  par  son 
Altesse  de  Lorraine  :  du  combat  fait  en  la  Comté  (ie  Bourgogne,  le  19  du  mois 
de  juin  dernier,  entre  l'armée  de  sadicte  Altesse  de  Lorraine,  et  celle  de  France 
commandée  par  le  duc  delLongueville.  A  ce  propos,  dans  la  notice,  ample- 
ment annotée,  dont  il  a  fait  précéder  son  intéresante  publication,  M.  Lon- 
gin donne  les  indications  suivantes  :  «  Je  l'avais  inutilement  cherchée  [cette 
relation]  à  Madrid,  à  Bruxelles  et  à  Paris;  rinsuccès  de  mes  démarches  me 


—  88  — 

portait  à  la  croire  perdue,  comme  bon  nombre  d'autres  feuilles  volantes, 
quand  le  hasard  me  Ta  fait  découvrir  à  la  bibliothèque  de  Besançon,  reliée 
avec  divers  avis  à  la  main  du  temps. Elle  n'ajoute  pas  grand'chose  à  ce  qu'on 
savait  déjà  de  la  rencontre  après  laquelle  l'armée  française  recula  jusqu'à 
Château-Chalon;  le  vaillant  marquis  de  Saint-Martin  y  est  à  peine  nommé; 
en  revanche,  elle  est  la  seule  qui  mentionne  le  rôle  du  régiment  de  nouvelle 
levée  du  sieur  d'Antorpe;  elle  explique  comment,  indignés  de  la  barbare 
pendaison  des  commandants  de  Chaussin,  de  Rahon  et  de  Frontenay,  les 
Lorrains  ne  firent  point  de  quartier,  et  il  importe  de  la  remettre  au  jour 
à  cause  de  son  extrême  rareté.  «  Ce  document,  si. heureusement  trouvé  par 
M.  Longin,  pourra  être  curieusement  rapproché  du  récit  que  M.  Julien 
Feuvrier  a  fait  de  cette  même  bataille  de  Poligny  dans  une  brochure  parue 
à  Dole,  chez  Krugell,  en  1 895, et  qui  a  été  signalée  à  cette  place  (t.  LXXIV, 
p.  89,  livr.  de  juillet  1895). 

■ — ■  Signalons  encore  deux  tirages  à  part  des  Mémoires  de  la  Société  d'ému- 
lation du  Jura  que  nous  envoie  M.  Julien  Feuvrier.  Le  premier  a  trait  à  une 
Tête  de-  Mercure  gallo-romain  en  bronze  trouvée  à  Samery  (Côte-cVOr)  (Dole, 
Ledun,  1908,  in-8  de  5  p.,  avec  vignette).  Cette  pièce,  qui  fait  aujourd'hui 
partie  du  musée  archéologique  de  Dole,  décrite  avec  beaucoup  de  soin, 
ornait,  selon  les  déductions  de  l'auteur,  un  objet  qui  semble  avoir  été  un 
l'écipient  quelconque.  —  La  deuxième  plaquette  a  pour  titre  :  La  Ville 
d'Haibe,  au  territoire  de  Rochefort  (Jura)  (Dole,  Ledun,  1908,  in-8  de  12  p. 
avec  vignette  et  petit  plan  dans  le  texte).  Il  faut  traduire  ici  ville  par  ~ villa, 
Après  un  court  exposé  historique  et  critique,  M.  J.  Feuvrier  conclut  que 
l'on  est  à  Haibe  «  en  présence  d'une  villa  rustica  »  fort  ordinaire.  Toutefois 
il  y  eut  en  ce  lieu  une  chapelle  devenue  «  centre  d'une  paroisse  qui  engloba 
toutes  les  petites  localités  d'alentour  et  les  fermes  éparses  ».  Cette  chapelle, 
tombant  en  ruines,  finit  par  disparaître  à  une  époque  incertaine.  L'auteur 
a  pratiqué  sur  une  partie  de  son  emplacement  et  sur  l'emplacement  du 
cimetière  qui  l'entourait  des  fouilles  qui,  n'étant  pas  les  premières  exécu- 
tées, n'ont  produit  que  d'assez  modestes  résultats  :  les  objets  exhumés  sont 
allés  cependant  accroître  le  musée  archéologique  de  Dole,  dont  M.  Feuvrier 
est  depuis  longtemps,  si  l'on  peut  dire,  l'un  des  principaux  fournisseurs 
attitrés. 

—  Les  empoisonneurs  patentés,  grands  et  petits,  ne  chanteront  pas  les 
louanges  du  D''  Eug.  Ledoux.  On  ne  saurait  douter  d'ailleurs  que  AL  Ledoux 
n'a  pas  le  moins  du  monde  cherché  à  leur  plaire.  Il  vise  plus  haut.  Dans 
une  brochure  très  documentée,  intitulée:  L^ Absinthe  et  V ahsinthisme  (Besan- 
çon, imp.  Dodivers,  1908,  in-8  de  34  p.,  avec  2  tableaux  et  2  cartes.  — 
Prix  :  0  fr.  50),  l'auteur  mèn«  contre  la  malfaisante  «  fée  verte  »  une  cam- 
pagne scientifique  fort  vigoureuse.  Il  étudie  successivement  :  1"  la  com- 
position de  l'absinthe  (l'absinthe,  boisson  alcoolique;  les  alcools  de  l'ab- 
sinthe: les  essences  de  raV)sinthe);  2°  la  symptomatologie  de  l'absinthe 
(absinthisme  aigu;  absintliisme  chronique;  absinthisme  héréditaire;  la 
psychologie  de  l'absinthique;  les  [irédispositions  morbides  de  l'absinthisme)  ; 
3°  la  démographie  de  l'absinthisme,  un  peu  pour  la  France  en  général  et 
beaucoup  plus  pour  le  dé|)ar{enient  du  Doubs,  qui  renferme  de  nombreuses 
usines  ou  fabriques  d'al^sinthe;  4"  les  moyens  de  combattre  le  fléau.  —  La 
tuberculose  et  l'aliénation  mentale,  M.  le  D""  Ledoux  le  démontre  de  la 
plus  indiscutable  façon,  sévissent  parmi  nos  populations  en  raison  directe 
de  l'importance  de  la  consommation  de  l'alcool.  Il  serait  vraiment  désirable 
que  tous  nos  députés  et  tous  nos  sénateurs  pussent  méditer  ce  travail  :  ceux 


—  89  - 

que  n'aveuglent  pas  leurs  intérêts  électoraux  n'en  deviendraient  que  plus 
ardents  à  soutenir  le  projet  de  loi  prohibitif  de  l'absinthe,  présenté  le  22  juin 
dernier  par  112  membres  du  Sénat,  qui  n'ont  pas  hésité  à  déclarer  que 
«  l'absinthe  rend  fou  et  criminel;  qu'elle  provoque  l'épilepsie  et  la  tuber- 
culose; qu'elle  tue  chaque  année  des  milliers  de  Français,  qu''elle  fait  de 
l'homme  une  bête,  de  la  femme  une  martyre,  de  l'enfant ;^m  dégénéré  ». 

Languedoc. —  Il  n'y  a  guère  que  deux  études  offrant  un  intérêt  sérieux 
dans  la  2''  livraison  du  tome  Vil  de  la  troisième  série  du  Bulletin  de  la 
Société,  archéologique,  scientifique  et  littéraire  de  Béziers  (Béziers,  imp.  générale 
Barthe,  Soueix,  Bourdon  et  Rul,  1908,  in-8  paginé  189-344,  avec  3  pi.), 
savoir:  ies  Moulins  de  Bagnols,  par  M.  A.  Soucaille  (p.  189-249)  eiClément 
de  Bonsi  et  la  Bévolte  de  1632,  d'après  des  documents  inédits,  par  M^^  Mathilde 
Bellaud-Dessalles  (p.  261-284).  Le  reste  se  compose  surtout  de  rapports 
sur  des  concours  divers.  Cependant  nous  pouvons  noter  spécialement  encore 
la  Chronique  numismatique  de  M.  le  D''  L.  Tarrieux  (p.  250-254)  et  la  Chro- 
nique archéologique  de  M.  J.  Dardé  (p.  285-288,  avec  3  planches). 

Marche.  —  Un  intéressant  mémoire  de  M.  Raoul  Mortier  met  hors  de 
doute  la  possession,  pendant  quelques  années,  de  la  Basse-Marche  par  le 
duc  de  Bei'ry,  à  titre  de  seigneur  apanagiste  :  Le  Duc  Jean  de  Berry,  sei- 
gneur de  la  Basse-Marche  (1390-1397).  (Extrait  des  Mémoires  de  la  Société 
des  antiquaires  du  centre,  t.  XXIX.  Bourges,  typ.  Tardy-Pigelet,  in-8  de 
41  p.,  avec  une  carte  et  1  tableau  généalogique).  C'est  le  mariage  de  son 
fils,  le  comte  de  Montpensier,  avec  Anne  de  Bourbon  qui  fit  tomber  entre 
ses  mains  la  seigneurie  de  ce  pays  qu'elle  avait  reçu  en  dot;  la  mort  du 
jeune  prince,  sans  enfants,  obligea  le  beau-père  de  restituer  la  Basse-Marche 
à  sa  bru,  qui  alla  la  porter  en  secondes  noces  à  Louis  de  Bavière. 

Alsace.  — •  M.  Gass  a  publié  une  contribution  à  l'histoire  des  domini- 
caines de  Strasbourg  sous  le  titre  :  Ein  Beitrag  zur  Gesckichte  von  St. 
Margaretha  (Strasbourg,  Le  Roux.  1907,  in-8  de  15  p.,  avec  la  reproduction 
•d'un  curieux  dessin  représentant  les  25  religieuses  qui  composaient  a 
communauté  in  1688. 

—  Mentionnons  aussi  les  ouvrages  suivants  :  Koehler  :  Das  Elsass  und 
sein  Theater  (Strasbourg,  Schleser  et  Schweickardt,  in-8  de  300  p. —  Prix: 
6  fr.  25);  —  Ziegler  :  Die  Politik  der  Stadt  Strasburg  im  Bischu's,  kriege 
(1592-93)  (Strasbourg.  Herder.  in-8  de  113  p.  — Piix  :  2  fr.  25):  —  Scho- 
nemann  :  Das  Elsass  und  die  El  laisser  von  den  àltesten  Zeiten  bis  zum  Jahre6l0 
(Strasbourg,  Heitz,  in-8  de  204  p. —  Prix  :  4  fr.  35),  encore  un  livre  à  tendances 
chauvines  ext'êmes.  —  Muller  :  Die  eU''ssischen  Landstande.  Ein  Beitrag 
zurGeschichte  des  Elsasses  (Strasbourg,  Schleser  et  Schweickhardt.  5  fr.  50); 
—  Heitz  :  Eine  Abbildung  der  Hohkoidgsburg  aus  der  ersten  Ha''te  dus 
16.  Jahrhunderts  (Strasbourg,  Hei'z,  in-8  de  12  p.  —  Prix:  2  fr.  50).  La 
découverte  de  cette  ancienne  gravure  montre  que  la  restauration  récente  du 
château  est  toute  de  fantaisie.  —  Après  cette  éclosion  d'ouvrages  en  langue 
allemande,  qui  témoignent  des  efforts  de  germanisation  par  lesquels  la 
constanc"  des  Alsaciens  envers  la  l'rance  est  soumiso  à  un  rude  éprpuve, 
il  nous  plaît  de  retrouver  les  ouvrages  suivants  en  langue  f  ançaise  :  Clarac 
Proverbes  et  curiosité'^  du  dialecte  strasbourgpois  (Paris.  Didier), in-18  de  vii- 
170  p.),  recueil  original  des  locutions  le^  plussavoiu'euses  de  ce  dialecte  où  l'on 
trouve,  à  côté  de  savants  commentaire^  linguistiques,  d'agréables  docu- 
ments sur  le  passé,  l'espr  t,  les  mœurs  et  le  coutumes  de  l'Alsace;  — - 
Le  i^  Bataillon  de  la  mobile  du  Haut-Bhin.  Journal  d'un  sous-officier  (Mul- 


—  m  — 

house,  Meininger,  1908,  in-8  de  150  p.).  Remarquable  par  las-incérité  de  la 
narration  et  la  poignante  émotion  qui  s'en  dégage,  ce  récit  est  dû  à  un 
Mulhousienqui  fit,  comme  mobile,  la  terrible  campagne  de  1870-1871. —  Enfin 
nous  r  cevons  un  1res  beau  volume  :  His'oire  du  cnVège  libre  d"  Co'mar- 
La  Chapelle,  pcir  M.  A.-M.-P.  Ingold  (Colmar,  Jung,  1908,  in-8  de  350  p.),  où 
l'on  trouvera  de»  documents  d^  valeur  sur  cetle  ex  e'ien'e  éco^e,  ses 
professeurs  et  la  pléiade  d'Alsaciens  remarquables  qu'elle  a  produits. 

Allemagne.  —  Jean  Sébastien  Bach,  l'un  des  plus  féconds  et  des  plus 
grands  musiciens  classiques  de  l'Allemagne,  jouit  depuis  quelques  années 
d'un  regain  de  faveur  qui  s'est  manifestée  en  France  comme  dans  son  pays 
natal.  La  Nouvelle  Société  Bach, qui  a  tenu  récemment  ses  assises  solennelles 
à  Chemnitz,ne  compte  pas  moins  de  731'membrep,et  le  musée  qu'elle  entretient 
à  Eisenach  dans  la  maison  du  vieux  maître  a  reçu  dans  la  dernière  année  la 
visite  de  plus  de  3.700  personnes.  Parmi  les  décisions  prises  dans  l'assem- 
blée de  Chemnitz  celle  qui  intéresse  de  plus  près  le  Polybihlion  est  la  réso- 
lution de  procéder  à  une  revision  de  la  grande  et  monumentale  édition  des 
œuvres  de  Bach.  Les  résultats  de  ce  travail  paraîtront  dans  l'Annuaire  de 
la  Société  [Bachjahrhurh)  et  seront  tirés  également  de  manière  à  pouvoir 
s'intercaler  dans  les  feuillets  de  l'édition. 

Angleterre. —  L'on  sait  quelle  est  l'importance  du  manuscrit  (iv^siècle), 
connu  aujourd'hui  sous  le  nom  de  Codex  sitiaiticus  petropolitanus,  que  Ti- 
schendorf  découvrit  en  1844  dans  un  couvent  du  Mont  Sinaï  et  qui  est  entré 
une  vingtaine  d'années  plus  tard  dans  la  Bibliothèque  impériale  de  Saint- 
Pétersbourg.  C'est  surtout  pour  l'histoire  du  texte  grec  du  Nouveau  Testa- 
ment que  ce  manuscrit  est  précieux;  et  c'est  justement  de  cette  partie  des 
saintes  Ecritures  que  l'Université  d'Oxford  va  nous  donner  une  repro- 
duction photographique  sous  le  titre  de  Novum  Testamentum  sinaiticum 
petrnpolitanum.  Le  volume, qui  sera  publié  en  1909  comprendra  une  préface 
de  M.  Kirsopp  Lake  et  une  notice  chronologique  sur  les  correcteurs  du  ma- 
nuscrit, par  M.  Papadopoulo  Kerameus.Le  prix  de  souscription,  est  de  160  fr. 

Espagne.  —  Les  pèlerins  français  qui  affluent  à  Lourdes  n'ont  que  l'em- 
barras du  choix  entre  les  divers  Guides  et  Manuels^  qui  leur  fournissent  les 
renseignements  dont  ils  ont  besoin  pour  se  rendre  dans  cette  ville  et  y  sé- 
journer. Les  pèlerins  espagnols,  qui,  en  assez  grand-nombre,  visitent  le  cé- 
lèbre sanctuaire,  n'en  avaient  pas  encore.  Cette  lacune  est  maintenant  com- 
blée grâce  à  la  publication  de  l'opuscule  :  Historia  y  Guia  de  Lourdes.  M  annal 
del  peregrino,  por  D.  Rosendp  Fortunet  y  Busquets  (Barcelona,  E. 
Subirana,  1908  in-16).  Ce  petit  volume,  d'un  aspect  élégant  et  bien  illustré, 
contient,  à  la  suite  d'une  excellente  notice  historique  sur  Lourdes,  toutes 
les  indications  pratiques  que  le  voyageur  transpyrénéen  peut  désirer,  indi- 
cations dont  la  sécheresse  est  corrigée  par  de  nombreuses  descriptions  plei- 
nes de  charme,  telles  que  celle,  par  exemple,  qui  est  intitulée  :  «Actual  flsio- 
nomia  de  Lourdes.  » 

Hongrie.  —  M.  Efiile  Horn  est  un  auteur  très  apprécié  pour  ses  savantes 
études  sur  l'histoire  de  la  Hongrie.  Sainte  Elisabeth  et  son  François  Rakoczi, 
prince  de  Transylvanie  ont  été  couronnés  par  TAcad'^mie  française.  Sa 
récente  brochure":  f/ne  Niècfde  sainte  ElisabelhJ la  Bienheureuse  Marguerite 
de  Hongrie  (xiiie  siècle)  (Paris,  Librairie"des"Saints-Pères,'l908,'in-8  de'61  p. 
— '^Prix":  '1%.  SOffixera^FattentionMes  hagiographes'soucieuxdu'  document 
sûr  misTen;œuvreydansTuneTparfaiteTcomposition  et  avec  une  littérature 


-  91  - 

choisie.  L'auteur  suit  Marguerite  de  Hongrie  dans  son  enfance  et  dans  sa 
vie  religieuse.  Et,  à  cette  occasion,  situant  la  Bienheureuse,  il  nous  décrit 
le  cloître  où  elle  vécut  et  mourut,  foyer  où  l'on  con.servait  les  belles-lettres 
en  les  étudiant.  Puis  il  s'occupe  de  la  vie  posthume  de  la  B.  Elisabeth, 
nièce  et  fille  de  rois,  et  des  diverses  destinées  du  monastère,  qui  gardait 
sa  tombe.  Sous  le  titre  :  Bibliothèque  de  moniales,  M.  Horn  énumère  et 
accompagne  de  notes  précieuses  un  certain  nombre  de  mss.  d'une  grande 
valeur  qui  appartenaient  aux  religieuses  du  monastère  de  la  B.  Elisabeth 
et  furent  sauvés  plus  tard  des  mains  des  commissaires  impériaux  chargés 
de  les  inventorier  par  les  clarisses  occupant  alors  l'antique  monastère  pat- 
elles relevé  de  ses  ruines. 

Italie.  —  La  Miscellanea  di  storia  italiana  (série 'IH,  t.  XIL  Torino, 
Bocca,  in-4  de  xix-400  p.,  avec  5  planches),  parue  en  1907,  contient  trois 
publications  d'intérêt  divers  et  inégal  :  M.  Ugo  G.  Oxilia  y  donne  la  Storia 
italiana  (1525-1546),  de  Migliore  Cresci  demeurée  inédite.  Ce  Cre.scî,  petit- 
fils  du  poète  florentin  de  ce  nom,  né  en  1494,  fut  priore  en  1531  ou  15314 
et  mourut  après  1546.  Il  a  composé,  outre  son  histoire,  un  traité  sur  les 
devoirs  du  Prince;  il  a  des  idées  politiques  plus  proches  de  Nardi  que  de 
Guichardin.  Son  histoire  n'est  plus  la  sèche  et  confuse  chronique  du  moyen 
âge,  c'est  une  narration  d'imitation  classique,  mais  fortement  imprégnée 
de  souvenirs  personnels,  en  somme  un  document  de  haute  valeur  pour  l'his- 
toire générale  du  xvi^  siècle.  M.  Oxilia  décrit  en  détail  les  dix  manuscrits 
de  cette  œuvre  historique'  (p.  31-41),  puis  vient  le  texte  (p.  45-200)  divisé 
en  dix  livres  et  suivi  de  quelques  pièces  justificatives,  mais  dépourvu  de 
tout  commentaire  historique,  discrétion  trop  modeste,  car  ce  texte  paraît 
apporter  sur  bien  des  points  des  détails  curieux  et  nouveaux. —  M^negopetto 
a  étudié  Margherita  di  Savoia,  marchesa  di  Monferrato  (1295-1313),  prin- 
cesse mal  connue,  et  dont  elle  n'éclaircit  que  très  imparfaitement  la  bio- 
graphie. Le  sujet  primitif  du  mémoire  était  le  gouvernement  de  Cirié, 
ville  dotale  de  Margherita  ;  il  a  été  abondamment  documenté  au  moyen  des 
comptes  de  châtellenies,  mais  aussi  augmenté  sans  ordre  et  élargi  sans 
plan  d'ensemble.  —  Le  mémoire  de  M.  Bollea  sur  VAssedio  di  Bricherasio 
dato  da  Carlo  Emanuele  I,  duca  di  Savoia  (18  sept-23  oct.  1594)  fait  con- 
naître à  fond  un  épisode,  insignifiant  en  soi,  mais  fort  important  quand  on 
le  situe  à  son  heure  dans  les  relations  franco  et  hispano-savoisiennes. 
Capital  dans  l'histoire  des  rapports  de  Charles-Emmanuel  avec  Lesdi- 
guières,  il  est  encore  plus  symptômatique  comme  acte  d'indépendance  du 
gendre  de  Philippe  II  envers  son  beau-père.  Ce  mémoire  exhaustif  est  fort 
utile  à  l'histoire  diplomatique  et  militaire  du  xvi*^  siècle. 

Publications  nouvelles.  —  Les  Prédécesseurs  de  Daniel,  par  E-  Du- 
jardin  (in- 12,  Fischbacher). —  Le  Messianisme  chez  les  Juifs  (150  avant 
J.-C.  à  200  ap.  J.-C.].  par  le  P.  M.-J.  Lagrange  (gr.  in-8,  Lecofîre,  Gabalda). 
—  De  Bethléem  à  Nazareth.  Etude  historique  sur  Venfance  et  la  jeunesse  du 
Médenipteur.  par  lo  R.  P.  M. -.T.  Ollivier  (in-12,  Lethielleux).  —  V Apocalypse 
interprétée  par  VEcriture,  par  M.  Passama  (in-8,  Savaète).  —  Traduction 
et  citmmentaire  des  grandes  antiennes  ou  O  de  FAçent  et  de  Voffiee  de  Noël, 
par  les  bénédictines  du  Temple  (in-16,  Oudin).  — '  La  Foi  catholique,  par 
H.  Lesêtre  (in-16,  Beauchesne).  —  Tractatils  de  vera  religione,  auctore 
J.  Muncunill  (gr.  in-8,  Barcinone,  G.  Gih).— ■«  ô-erf&  «.  /.  Je  crois  en  Dieu, 
par  l'abbé  Lemoine  (petit  in-8,  Lethielleux).  —  Exposition  de  la  morale 
catholique.  VÏ.Le  Vice  et  le  péché.  IL  Leurs  effets,  leurs  formes,  leurs  remèdes. 


—  92  — 

Conférences  et  Retraite.  Carême  1^8,  par  E.  Janvier  (petit  in-8,  Lethielleux). 

—  Histoire  des  comniandenients  de  V Eglise,  par  A.  Villien  (in-12,  Lecoffre, 
Gabalda).  —  Le  Sens  catholique,  par  H.  Couget  (in-12,  Bloud).  —  Dieu  et 
Science,  par  J.  de  la  Perrière  (2  vol.  in-16,  Lyon  et  Paris,  Vitte).  —  Jésus. 
Lectures  éi'angéliques  pour  F Avent  et  le  temps  de  Noël,  par  l'abbé  A.  Dard 
(in- 12,  LecofTre,  Gabalda).  —  Triduum  eucharistique  et  instructions  sur  la 
communion  quotidienne,  d'après  les  décrets  de  Sa  Sainteté  Pie  X,  par  le  P.  J. 
Lintelo  (in-8,  Tournai  et  Paris,  Casterman).  —  Fragments  eucharistiques, 
extraits  des  œuvres  de  Mgr  C.  Gay  (in-32,  Oudin).  —  Correspondance  de 
Monseigneur  Gay,  évêque  d'Anthédon.  auxiliaire  de  Son  Eminence  le  car- 
dinal Pie.  Lettres  de  direction  spirituelle.  4^  série  (in-8,  Oudin).  —  La  Virilité 
chrétienne,  par  P.  Gillet  (in-12,  Desclée,  de  Brouwer).  —  Les  Modernistes,  par 
le  P.  Maumus  (in-16,  Beauohesne).  —  Lettres  sur  les  études  ecclésiastiques, 
par  Mgr  Mignot  (in-12,  LecofTre,  Gabalda).  —  Traité  de  droit  public  belge. 
Droit  constitutionnel.  Droit  administratif,  par  P.  Errera  (in-8,  Giard  et 
Brière).  —  Traité  de  droit  civil  comparé,  par  E.  Roguin.  Les  Successions. 
I  et  II  (in-8,  Librairie  générale  de  droit  et  de  jurisprudence).  —  Précis 
théorique  et  pratique  de  procédure  civile,  par  E.  Glasson,  avec  le  concours, 
au  point  de  vue  pratique,  de  P.  Colmet-Daage.  2®  édition  mise  au  courant 
de  la  législation  et  de  la  jurisprudence  par  A.  Tissier.  T.  II  (in-8.  Librairie 
générale  de  droit  et  de  jurisprudence).  —  Le  Mariage  et  le  divorce  de  demain, 
par  H.  Coulon  et  R.  de  Chavagnes  (in-18,  Flammarion).  —  L'Impôt  pro- 
gressif en  théorie  et  en  pratique,  par  E.  R.  A.  Seligman:  trad.  par  A.  Mar- 
caggi  (in-8,  Giard  et  Brière).  —  Les  Principales  Théories  de  la  logique  con- 
temporaine, par  P.  Hermont  et  A.  Van  de  Waele  (in-8,  Alcan).  —  Les  Pro- 
blèmes de  la  science  et  la  Logique,  par  F.  Enriques;  trad.  de  l'italien  par 
J.  Dubois  (in-8,  Alcan).  —  Pragmatisme  et  Modernisme,  par  J.  Bourdeau 
(in-16,  Alcan).  —  Le  Déterminisme  économique  de  Karl  Marx.  Recherches 
sur  Vorigine  et  l'évolution  des  idées  de  justice,  du  bien,  de  l'âme  et  de  Dieu, 
par  P.  Lafargue  (in-18,  Giard  et  Brière).  —  Leçons  de  philosophie  et  plans 
de  dissertations,  par  l'abbé  J.-B.  Domecq.  I.  Psychologie  (in-8,  cartonné, 
Tours,  Cattier).  —  IJ Idéal  du  xix<=  siècle,  par  M. -A.  Leblond  (in-8,  Alcan). 

—  Erreurs  sociales  et  maladies  morales,  par  le  D""  C.  Fiessinger  (in-18,  Perrin). 

—  Nicole.  Le  Prisme,  etc.  Introd.  par  H.  Breniond  (in-12,  Bloud).  —  Guide 
pour  le  choix  d'une  profession  à  l'usage  des  feunes  filles  et  des  dames,  par 
F.  de  Donville.  Nouvelle  édition  entièrement  revue,  mise  à  jour  et  aug- 
mentée, avec  une  Préface  par  G.  Broquelet  (in-18,  Garnier).  —  Leçons  de 
pédagogie,  par  A.  Mathieu  et  E.  Blanguernon  (in-8,  Alcide  Picard).  — 
Au  Cœur  du  féminisme,  par  T.  .Toran  (in-8,  Savaète).  —  La  France  écono- 
mique et  sociale  à  la  veille  de  la  Révolution.  I.  Les  Campagnes,  par  M.Kova- 
lewsky  (in-8,  Giard  et  Brière).  —  Lettre  à  un  professeur  d'anthropologie 
(A  much  abused  Letter),  par  G.  Tyrrell  (in-12,  E.  Nourry).  —  Mœurs 
intimes  du  passé,  par  le  D''  Cabanes  (petit  in-8  carré,  A.  Michel).  —  L'Hy- 
giène des  dyspeptiqurs,  par  le  D""  R.  Gaultier  (in-18  carré,  Delagrave).  — 
Neurasthénie  et  névrose.  Leur  guérison  définitive  en  cure  libre,  par  le  D'  P.-E. 
Lévy  (in-16,  Alcan).  —  Contribution  apportée  à  la  notion  d'hystérie  par 
l'étude  de  l'hypnose  spécialement  considérée  dans  son  histoire,  dans  son  essence, 
da?is  .'<es  effets,  paj*  le  D""  R.Van  derElst  (gr.  in-8,Vigot). — Un  Miracle  d'au- 
jourd'hui, discussion  scientifique,  par  G.  Bertrin  (in-12,^Lecolïre, Gabalda). — 
Histoire  du  développement  de  la  chimie,  depuis  Lavoisier  jusqu'à  nos  jours; 
par  A.  Ladenburg;  trad.  sur  la  4^  édition  allemande  par  A.  Corvisy  (gr. 
in-8,  Hermannj.  —  Le  Norfolk-Breton.  Au  Pays  de  Cornouaille,  par  le  comte 


—  93  —  • 

H.  de^"Robion  (gr.  in-8,  Ijaveur).  —  Le  Porc,  races,  élevage,  maladies,  par 
H.-L.-A.  Blanchon  (in-12,  Laveur).  —  Culture  des  plantes  oléagineuses  et 
textiles,  par  J.  Fritsch  (in-12,  Laveur).  — 'iLes  Plantes  oléagineuses.  Colza, 
nai>ette,yeillette,ïeic.,%pairgL.^Msi\peauxx(in-16,  cartonné,  Hachette).  —  Les 
Gazons,  par  J.-C.-N.  Forestier  (in-r2  carré, «Laveur).  —  Conseils  pratiques 
sur  la  viticulture,  par  J.-M.  Guillon  (in- 16,  Hachette).  —  Cours  d'arith^né- 
tique,  classe  de  cinquième  B,  par  C.-A.  Laisant  et  E.  Perrin  (in-18,  H.  Pauhn). 

—  Leçons  d'algèbre,  par  L.  Zoretti  !in-18,  H.  Paulin).  —  Leçons  sur  les 
fonctions  définies  par  les  équations  différentielles  du  premier  ordre,  professées 
au  Collège  de  France,  par  P.  Boutroux  (gr.  in-8,  Gauthier- Villars).  —  Cours 
d'astronomie,  par  H.  Andoyer.  Seconde  partie.  Astronomie  pratique  {^v.m-%, 
Hermann).  —  De  la  Restitution  du  plan  au  moyen  de  la  téléphotographie  en 
ballon,  par  L.  Pezet  (in-8,  Berger-Levrault).  —  Torpilles  et  projectiles  auto- 
mobiles, par  H.  Noalhat  (gr.  in-8,  Berger-Levrault).  —  Le  Service  de  ren- 
seignements militaires  en  temps  de  paix,  en  temps  de  guerre,  par  le  lieutenant- 
colonel  Rollin  (in-18,  Nouvelle  Librairie  nationale).  —  La  Crise  navale, 
par^C.  Chaumet  (in-12,  Chapelot).  —  U Art  égyptien,  choix  de  documents 
accompagnés  d'indications  bibliographiques,  par  J.  Capart  (in-4,  Bruxelles, 
Vromant;  Paris,  Guilmoto).  —  Les  Catacombes  de  Rome,  par  M.  Besnier 
(in-18,  Leroux).  —  L'Art  religieux  de  la  fin  du  moyen  âge  en  France,  étude 
sur  l'iconographie  du  moyen  âge  et  sur  ses  sources  d'inspiration,  par  E.  Mâle 
(gr.  in-4.  Colin).  —  L'Esthétique  des  villes,  par  E.  Magne  (in-18,  Mercure  de 
France).  — La  Sculpture  espagnole,  par  P.  Lafond  (in-4,  Alcide  Picard). — 
Souvenirs  de  Belgique  et  de  Hollande.  Un  Dessin  de  Colyer  Edouard  (in-18 
carré,  imp.  Picquoin).  —  Correspondance  de  Bory  de  Saint-Vincent,  publiée 
et  annotée  par  P.  Lauzun  (gr.  in-8,  Agen,  Maison  d'édition  et  Imprimerie 
moderne).  —  Comment  on  construit  une  automobile,  par  M.  Zerolo.  T.  II  et 
111(2  vol.  in-12,  cartonnés,  Garnier).  —  Science  ou  roman?  par  John-Gérard  ; 
trad.  de  J.  d'Orlyé  (in-8,  Savaète). —  La  Langue  française  d'aujourd'hui. 
Evolution.  Problèmes  actuels,  par  A.  Dauzat  (in-18,  Colin). —  Massillon, 
sa  prédication  sous  Louis  XIV  et  sous  Louis  XV.  Les  Maîtres  de  la  prédica- 
tion en  France,  par  l'abbé  L.  Pauthe  (in-8,  Lecofïre,  Gabalda).  —  L'Elite 
de  la  Révolution.  Discours  et  rapports  de  Robespierre,  avec  une  Introduction 
et  des  notes  par  C.  Vellay  (in-12,  Fasqu  lie).  ^  Selected  Poems  of  Pierre 
de  Ronsard,  chosen  by  St.  J.  Lucas  (petit  in-12,  Oxford,  Clarendon  Press). 

—  Quelques  vers,  par  H.  des  Portes  de  la  Fosse  (in-12,  Lemerre).  —  Près 
du  foyer  et  dans  les  champs,  par  E.  Pinçon  (in-18,  Lemerre).  —  Du  Grave 
au  doux,  par  A.  Collin  {in-18,  Lemerre).  —  Heures  de  brume,  par  A.  Barratin 
(in-18,  Lemerre).  —  Le  Sentier  sonore,  par  R.  de  Fay  (in-16,  Pl<»n-Nourrit). 

—  La  Rose  enti-' ouverte,  par  R.  Turpin  (in-16,  Plon-Nourrit).  —  Le  Prisme 
des  heures,  par  L.  Maigue  (in-18.  Société  française  d'imprimerie  et  de 
librairie).  — ^  Par  ces  longues  nuits  d'hiver,  par  R.  Gaubert-Saint-Martial 
(petit  in-8,  Éditions  de  l'Abbaye).  — ■  Le  Voyage  d'Afrique,  par  G.  Demnia 
(in-18,  Gastein-Serge).  —  Les  Voix  de  la  forêt,  par  M"e  M.  Berthet  (in-12, 
Bibliothèque  générale  d'édition).  —  Dans  les  brumes  des  cités,  par  M.  Ber- 
thet (in-18,  BibUothèque  générale  d'édition).  —  Au  Caprice  des  heures,  par 
J.  Mauclère  (in-12,  Rousseau).  —  Le  Chemin  qui  monte,  par  N.  Beauduin 
(in-18,  Sansot).  —  Mis  Canciones,  obras  poéticas,  por  P.  R.  del  Valle  Ruiz 
(petit  in-8,  Barcelona,  Gustavo  Gili).  —  Ménandre.  L'Arbitrage,  édition 
critique,  accompagnée  de  notes  explicatives  et  d'une  traduction,  par  M.  Croiset 
(in-8,  Leroux).  —  Alkestis,  pièce  en  cinq  actes,  en  vers  d'après  Euripide, 
par  B.  Vadier  (in-18,  Lemerre).  —  La  Route  infinie,  pièce  en  2  actes,  par 


-  94  — 

1j.-M.   Trémanlys  (in- 12,  Jouve).  —  Le  Fantôme  du  prissi-,  par  nelodda; 
trad.    de   Titalien   par  G.    Hérelle   (in-18,    Calmann-Lévy).   —  Immortelle 
Pologiie\  par  G.  Dauchot  {in-16,  Perrin).  —  Jean-Luc  persécuté,  par  C.-F. 
Ramuz  (in-16,  Perrin).  —  Le  Don  de  soi,  par  A.  Delacour  (in-16,  Plon- 
Nourrit).  —  V Ame  libre,  par  Brada  (in-16,  Plon-Nourrit).  —  Haine  de 
femme,  par  M.  Crawford  (in-16,  Hachette).  —  Le  Trèfle  rouge.  Le  Secret  du 
capitaine,  par  N.  Sevestre  (in-16,  Hachette).  —  Le  Voueur,  par  C.  Géniaux 
(in-16,  Hachette).  —  Criminelle  par  amour,  par  A.  Clavering  Gunter;  trad. 
do  ranglai.s  par  M'^e  l  Zeys  (in-16,  Hachette).  —  Le  Petit  Faune,  par  G.  Hue 
(in-18.  Société  française  d'imprimerie  et  de  librairie).  —  La  Race  qui  récit, 
par    le  vicomte  du  Motey  (in-12.  Librairie  'des  Saints-Pères).  —  Au  Blanc 
et  Noir,  par  R.  Kipjing;  trad.  d'A.  Savine  (in-18,  Stock).  —  Paysages  pas- 
sionnés, par  G.  F^^re  (in-18  carré,  Sansot).  —  Le  Miracle  de  Courteville, 
par  J.  Xayral  (in-12,  Gastein-Serge).  —  Histoires  de  tous  les  jours,  par  L. 
Dupont  (in-12,  Bloud).  —  Aventures  de  Bécot,  par  P.  Leclercq  (in-r2.  Édi- 
tions de  la  «  Vie  parisienne  »).  —  La  plus  forte  Chaîne,  par  M. -T.  Alem  (in-lS, 
Orsoni).  —  L'Anneau  fatal,  par  C.  Fole^v  (in-12.  Tours,  Marne).  —    Jean 
Chouan,  par  R.  Duguet  et  J.  Rochebonne  (in-16.  Maison  de  la  Bonne  Presse). 
—  Au  temps  de  V Empereur,  par  E.  Daudet  (gr.  in-8.  Maison  de  la  Bonne 
Presse.,  —  En  1815.  Récits  d'une  grand'mère,  par  E.  Daudet  (gr.  in-8.  Maison 
de  la  Bonne  Presse).  —  Par  le  dur  chemin,  par  J.  Ducluseau  (in-16,  Maison 
de  la  Bonne  Presse).  —  Le  Franc-Maçon  de  la  Vierge,  par  F.  Bonheurs 
(in-16.  Maison  de  la  Bonne  Presse).  —  Au  But,  par  M.  Thiéry  (in-12,  Abbe- 
vile,  Paillart).  —  Le  Clergé  à  r  Académie.  Silhouettes  et  portraits,  par  Mgr  de 
Moucheron  (petit  in-8,  Perrin).  —  Les  Bonaparte  littérateurs.  Essai  biblio- 
graphique, par  G.   Davois  (in-8.  Edition  bibliographique).  —  H.   Taine, 
par  C.  Picard  (in-12,  Perrin).  —  Sur  Mérimée,  notes  bibliographiques    et 
critiques,   par   L.    Pinvert   (in-8,   Leclerc).   —  Du  Dilettantisme  à  Vaction, 
études  contemporaines,  par  C.  Lecigne,    1'"*'    série  (in-12,  Lethielleux).  — 
Pages  choisies  des  grands  écrivains.    Emerson;  trad.  et  Introd.  par  M.  Du- 
gard  (in-18.  Colin).  —  La  Perse  d'aujourd'hui.  Iran,  Mésopotamie,  par  E. 
Aubin  (in-18,  Colin).  —  L'Ile  de  France  contemporaine,  par  H.  de    Banville 
(in-18.  Nouvelle  Librairie  nationale).  —  Sao  Paulo  du  Brésil,  notes  d'un 
colon  français,  par  L.  Casabona  (in-18  carré,  Guilmoto).  —  Au  temps  des 
Pharaons,  par  A.  Moret  (in-13,  Colin).  —  Les  Idées  et  les  formes.  Antiquité 
orientale,  par  Péladan  (in-18,  j\Iercure  de  France).  —  Vue  générale  de  l'his- 
toire de  la  civilisation,  par  E.  Driault  (2  vol.  in-16,  Alcan).  —  Le  Monde 
actuel.   Tableau  politique  et  économique,  par  E.   Driault  (in-8,  Alcan).  — 
Les  Martyrs.  VIII.  La  iîé/orme,  1573-1642,  par  le  R.  P.  Dom  H.  Leclercq- 
(petit  in-8,  Oudin).  —  Les  Livres  de  saifit  Patrice,  apôtre  de  l'Irlande.  Introd  ., 
trad.  et  notes,  par  G.  Dottin  (in-12,  Bloud).  —  Vida  de  santa  Teresa  de  Jésus, 
poi   el  P.  F.  de  Ribera;  nueva  ediciôn  aumentada  con  una  introducciôn 
copiosas  notas  y  apendices  por  el  P.  J.  Pons  (gr.  in-8,  Barcelona,  G.  Gili).  — 
Autour  d'une  brochure.    Sept  lettres   à  M.   Arthur  Savaèie,   directeur  de  la 
'(  Revue  du  Monde  catholique  »  sur  le  prétendu  mariage  de  Bossuet,    avec  un 
article  posthume  de  Mgr  Justin  Fèvre  (in-8,  Savaète). —  Lettres  de  Louis  XI, 
roi  de  France,  publiées  d'après  les  originaux  pour  la  Société    de  l'histoire  de 
France,  par  J.  Vaesen  et  E.  Charavay.  T.  X.  Lettres  de  Louis  XI,  1482-1483, 
et  Supplément,  publiées  par  J.  Vaesen  et  B.  de  Mandrot  (in-8,  Laurens).  — ■ 
Œuvres  inédites  de  l'abbé  de  Bonneval  sur  la  Révolution,  publiées  par  l'abbé 
E.  Griselle  (in-8,  Savaète).  —  Autour  de  Bonaparte.  Journal  du  comte  P.-L. 
Rœderer,  ?ninistre  et  conseiller  d'Etat.  Notes  intimes  et  politiques  d'un  familier 


—  9y  — 

des  Tuileries.  IntrodiK  tion  et  notes  par  ^I.  Vilrac  (in-8,  Daragon).  ■ —  La 
Jeunesse  libérale  de  1830.  Lettres  d' Alphonse  d' H erbelot  à  Charles  de  Mon- 
talembert  et  à  Léon  -Cornudet  (1828-1830),  publiées  pour  la  Société' d'histoire 
contemporaine  par  ses  petits-neveux  (in-8,  A.  Picard  et  fils).  —  Duchesse  de 
Diuo,  puis  duchesse  de  Talleyrand  et  de  Sagan.  Chronique  de  1831  à  1862, 
publiée  avec  des  annotations  et  un  Index  bibliographique,  par  la  princesse 
Radziwill,  née  de  Castellane.  I.  1831-1835  (in-8,  Plon-Nourrit).  —  Histoire 
de  la  France  contemparaine  (1871-1900),  par  G.Hanotaux.  T.  IV.  La  Répu- 
blique parlementaire  (gr.  in-8,  Société  d'édition  contemporaine).  —  La 
Religion  au  temps  du  duc  de  Saint-Simon,  d'après  ses  écrits  rapprochés  de 
documents  anciens  ou  récents,  avec  un  commentaire  et  des  notes,  par  E.  Pilastre 
(in-8,  Alcan).  —  Père  et  fille.  Philippe  de  Champagne'et  sœur  Catherine  de 
Sainte- Suzanne  à  Port-Royal,  par  C.  Gailly  de  Taurines  (ln-16.  Hachette). 

—  Les  Intendants  de  province  sous  Louis  XVI,  par  P.  Ardaschefï;  trad. 
du  russe  par  L.  Jousserandot  (gr.  in-8,  Alcan).  — Lettres  à  un  ami  (1845-1880), 
par  E.  Rousse  (2  vol.  in-16.  Hachette).  —  Mémoires  de  Martin  et  Guillaume 
du  Bellay,  publiés  pour  la  Société  de  Vhistoire  de  France,  t.  \^^,  par  V.-L. 
Bourrilh'  et  Vindry  (in-8,  Laurens).  —  Souvenirs  d'une  mission  à  Berlin 
en  18'i8,  par  A.  de  Circourt;  publics  paur  la  Société  d'histoire  contemporaine 
par  G.  Bonrgin  (in-8,  A.  Picard  et  fils).  — •  La  France  et  les  Alliances.  La 
Lutte  pour  Vequilibre,  par  A.  Tardieu  (in-16,  Alcan).  —  La  Guerre  en  pro- 
vince. Campagnes  de  la  Loire  et  du  Mans,  1870-71 ,  par  E.  Gay  (in-8,  Ducrocq). 
France  et  Angleterre.  Cent  années  de  rivalité  coloniale,  par  J.  Darcy.  L'Af- 
faire de  Madagascar  (in-8,  Perrin).  —  Les  Comptes  du  roi  René,  publiés 
d'après  les  originaux  inédits  conservés  aux  archives  des  Bouches-du-Rhône, 
par  l'abbé  G.  Arnaud  d'Agnel.  T.  I.  (gr.  in-8,  A.  Picard  et  fils).  —  Histoire 
de  r abbaye  royale  et  de  V ordre  des  chanoines  réguliers  de  Saint-Victor  de  Paris. 
2«  période.  (1500-1791),  par  F.  Bonnard.  T.  II.  (gr.  in-8,  chez  l'auteur,  au 
Tremblay-sur-Mauldre,  par  Montlort-l'Amaury  (S.et.-O.).  —  Paris  sous 
Napoléon.  Assistance  et  bienfaisance.  Approvisionnement,  par  L.  de  Lanzac 
de  Laborie  (petit  in-8,  Plon-Nourrit).  —  Abrégé  de  Vhistoire  de  Port-Royal, 
par  J.-B.  Racine,  avec  un  Avant-propos,  un  appendice,  des  notes  et  un 
Essai  bibliographique,  par  A.  Gazier  (in-18.  Société  française  d'imprimerie 
et  de  librairie).  — ■  Régions  naturelles  et  Noms  de  pays.  Etude  sur  la  région 
parisienne,  par  L.  Gallois  (in-8,  Colin).  —  Notes  historiques.  Châtillon-sur- 
Loing  (Loiret),  sa  seigneurie  et  ses  anciennes  institutions  religieuses, ])as  E. 
Tonnellier  (gr.  in-8,  Champion).  —  Les  Disciplines  de  la  France  par  P.  Adam 
(in-18,  Vuibert  et  Nony).  —  La  Presse  contre  l'Eglise,  par  L.-C.  Delfour 
(in-12,  Lethielleux).  —  La  Tolérance  protestante  \  \  \  par  E.  Camut  (in-8, 
Librairie  Saint-Paul).  — 'La  Conjuration  juive  contre  le  monde  chrétien,  par 
Copin-Albancelli  (in-16,  Lyon  et  Paris,  'Vitte).  —  Geschichte  der  Hohens- 
taufen  und  ihrer  Zeil,  von  H.  Gerdes  (in-8,  Leipzig,  Dunker  und  Humblot). 

—  Marie-Louise  et  la  Cour  d' Autriche  entre  les  deux  abdications  (1814-1815), 
par  le  baron  de  Méneval  (in-8,  Emile-Paul).  .—  Les  Toumaisieus  et  le  Roi 
de  Bourges,  par  M.  Houtart  (in-8.  Tournai,  Casterman).  — -  La  Hongrie  au 
xx^  siècle.  Etude  économique  et  sociale,  par  R.  Gonnard  (in-18,  CoUn).  — 
Joachim  Murât,  roi  de  Naples.  La  Dernière  Année  de  règne  (mai  1814-mai 
1815),  par  le  com*  M. -H.  Weil.  T.I.  Les  Préliminaires  du  Congrès  de  Vienne 
(mai-novembre  1814)  (in-8,  Fontemoing).  —  L'Expiation.  L'Escadre  de 
Port-Arthur,  carnet  de  notes  du  capitaine  de  frégate  W.  Sémenoff,  préparé 
par  le  commandant  de  Balincourt  (in-18  carré,  Challamel).  —  Basile  I^^, 
empereur  de  Byzance{SQl-S86)  et  la  Civilisation  byzantine  à  la  fin  du  ix^  siècle, 


-  96  - 

par  A.  Vogt  (gr.  in-8,  A.  Picard  et  fils).  —  Le  Maroc  cVaujourd'hui  et 
demain.  Rabat.  Etudes  sociales,  par  le  D""  Mauran  (in-16,  Paulin).  —  UEn- 
.'ieigneinent  au  Maroc,  par  C.  René-Leolero  (in-8,  Alger,  imp.  S.  Léon).  — 
Canada  et  Canadiens,  par  D''  A.  Loir  (in-8,  Guilmoto).  — Descartes,  la  prin- 
cesse Elisabeth  et  la  reine  Christine,  par  le  comte  Foucher  de  Careil  (in-8, 
Akan).  —  Un  Missionnaire  de  93.  Marc- Antoine  Baudot,  député  de  Saône- 
et-Loire  à  la  Législative  et  à  la  Convention,  par  A-  Trimqulier  (in-8,  Dorbon 
aîné).  —  Le  Vrai  Baron  de  Batz.  Rectifications  historiques,  d'après  des  docu- 
ments inédits,  par  C.  de  Batz-Trenquelléon  (gr.  in-8,  Bordeaux,  Feret; 
Paris,  ^lulot).  —  Le  P.  Lacordaire,  apôtre  et  directeur  des  jeunes  gens,  par 
le  R.  P.  H.-b.  Noble  (in-12,  Lethielleux).  —  M.  l'Abbé  de  Préville  et  les 
Œuvres  de  jeunesse,  par  Fabbé  E.  Occre  (in-16,  Lyon  et  Paris,  Vitte).  —*■ 
L'Abbé  Beraud,  ancien  curé  de  Blanzy  et  de  Montceau-les-Mines,  fondateur 
d'orphelinats,  par  l'abbé  J.-B.  Chaillet  (in- 18.  Lyon  et  Paris,  Vitte).  — 
Figures  de  femmes.  Marie  .Jenna  ijitime,  par  M'^*^  M.  Pesnel  (in-12,  Librairie 
des  Saints-Pères). —  Une  belle  Vie.  Histoire  intime  de  Jean  de  Rochevieille, 
par  H.  Cahiat.  1^  éd.  (gr.  in-8.  Tours,  Cattier).  —  Les  Grands  Hommes  de 
l'Eglise  au  xix^  siècle.  Windthorst,  par  J.  Lespinasse-Fonsegrive  (in-12. 
Librairie  des  Saints-Pères).  —  An  alphabetical  suhject  inde.v  and  index 
Encyclopaedia  to  periodical  articles  on  religion  1890-1899,  by  E.  C.  Richard- 
son  (in-8  cartonné,  New  York,  Seribner's  Sons). —  Bihliografia  de  la  guerrn 
de  la  1  ndependencia,  por  el  teniente  coronel  L  Marin  (gr.  rn-8,  Madrid  imp. 
de  la  «  Revista  ténica  de  Inf*  y  Cab»). 

ViSENOT. 


Le  Gérant     CHAPUIS- 


Imprimerie  polyglotte  Fr.'  Si.MO.y,    Rennes. 


POLTBIBLION 

REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE  UNIVERSELLE 

OUVRAGES   D'ENSEIGNEMENT  CHRÉTIEN  ET  DE  PIÉTÉ 

Enseignement.  —  1.  Catéchistes  et  catéchismes,  ou  Traité  théorique  et  pratique  de 
pédagogie  catéchistique,  par  le  chanoine  F.  Finot.  Paris,  Lecoffre,  Gabalda,  1908, 
petit  in-8  de  xi-498  p.,  4  fr.  — .  2.  Le  Catéchisme  et  sa  pédagogie,  ou  Nouvelle  Mé- 
thode pratique  d'enseignement  sûre  et  rapide  de  la  doctrine,  par  l'abbé  Louis  Reign  AT. 
Paris,  Haton,  petit  in-12  oblong  de  viii-vi  160  p.,  2  fr.  —  3.  L'Essentiel  de  la 
religion  catholique,  directoire  pour  les  catéchistes  d'adultes,  par  l'abbé  P.  Coqueret. 
Paris,  Lethielleux,  s.  d..,  in-12  de  167  p.,  1  fr.  50. —  4.  Credo.  I.  Je  crois  en  Dieu,  pai 
l'abbé  Lemoine.  Paris,  Lethielleux,  s.  d.,  petit  in-8  de  vni-290  p.,  3  fr.  —  5.  Les 
Péchés  capitaux.  Quinze  discours  pour  prônes,  sermons,  conférences  d'hommes,  par 
Ph.-G.  Laborie.  Paris,  Téqui,  1908,  in-12  de  vin-248p.,l  fr.  —  6.  Les  Fêtes  sociales, 
ou  les  Fêtes  chrétiennes  au  point  de  vue  social,  par  l'abbé  L.  de  Gasamajor.  Lille  et 
Paris,  Société  Saint-Augustin,  s,  d.,  in-8  de  yiii-280  p.,  avec  grav.,  2  fr.  50.  —  7. 
Instructions  sur  les  fêtes  de  l'année,  par  l'abbé  Morisot.  Paris,  Téqui,  1908,  2  vol. 
in-12  de  379  et  421  p.,4fr. 

Prédication.  —  8.  La  Prâctica  del  Pulpito.  Estudios  homilélicos,  por  A.  Meyenberg; 
trad.  de  la  quinta  edicion  alemane  por  el  D.  Ramon  Ruiz  Amado.  Madrid,  «Razon 
y  Fe  »,  1908,  in-8  de  xv-660  p. ,8  fr.  —  ^.Œuvres  oratoires  du  P.Henri  Chambellan. 
T.  IL  Retraite  ecclésiastique.  Conférences  sur  l'éducation.  Retraite  pascale.  Paris, 
Beauchesne,  1908,  in-8  de  xn-725  p.,  4  fr.  —  10.  Le  Prédicateur  de  la  doctrine  chré-* 
tienne,  par  l'abbé  J.  Sabouret.  T.  IIL  Belley,Chaduc,1907,  in-16  de  395  p.,  3  fr.  50. 
11. —  La  Virilité  chrétienne. Conférences  universitaires,  par  le  P.GiLLET.Lille,Desclée, 
de  Brouwer,1909,  in-12  de  vi-442  p.,  3  fr.  50. — VI. Pour  le  peuple,  conférences  dialo- 
guées,  par  Joseph  et  Paul  Gaboreau.  Paris,  Beauchesne,  1908,  in-16  de  xvi-297p., 
3fr. 

Jésus-Marie.  —  13.  La  Bible  des  fidèles.  La  Lettre  et  l'esprit.  Le  Saint  Évangile  de 
Jésus-Christ  selon  S.' Mathieu,  S.  Marc,  S.  Luc  et  S.  Jean.  Commentaire  tradi- 
tionnel extrait  des  S  S.  Pères, d'après  la  ^Chaîne  d'or  »  de  S.Thomas  d' Aquin,  par  l'abbé 
Claude-Eugène  Bouvier.  Lyon  et  Paris,  Vitte,  1908,  petit  in-8  de  iv-751p.,  7  fr. 
—  14.  Jésus.  Lectures  évangéliques  pour  l'Avent  et  le  temps  de  Noël,  par  l'abbé 
A.  Dard.  Paris,  Lecoffre,  Gabalda,  s.  d.,  in-12  de  x-267  p.,  2  fr.  50.  —  15.  La 
Royauté  de  Jésus-Christ,  par  le  R.  P.  Félix.  Œuvre  posthume. Huitième  Retraite  de 
Notre-Dame  de  Paris.  Paris,  Téqui,  1908,  in-12  de  vii-331  p.,  3  fr.  —  16.  Marie, 
reine  de  France,  par  droit  d'héritage,  par  droit  de  conquête,  par  droit  d'élection,  par 
l'abbé  FuziER.  Paris  et  Lyon,  Vitte,  s.  d.,  petit  in-8  de  368  p.,  2  fr.  50. 

Eucharistie-Sacerdoce.  — 17.  Méditations  sur  l'Eucharistie,  par  Bossuet.  Édition 
par  l'abbé  Max  Caron. Paris,  Haton,  1908,  in-18  de  x-324  p.,  2  fr. — 18.  Fragments 
eucharistiques  extraits  des  Œuvres  de  Mgr  Charles  Gay.  Paris,  Oudin,  1908,  in-32 
de  xvi-366  p.,  2  fr.  50.  —  19.  Le  Décret  sur  la  communion  quotidienne  et  son  appli- 
cation aux  fidèles,  par  le  R.  P.  J.-M.  Lambert.  Paris,  Beauchesne,  1908,  in-16  de 
190  p.,  2  fr.  —  20.  Triduum  eucharistique  et  instructions  sur  la  communion  quo- 
tidienne, d'après  les  décrets  de  S.  S.  Pie  X,  par  le  P.Jules  Lintelo. Tournai,  Caster- 
man,  1908,  in-8  de  125  p.,  0  fr.  75.  —  21.  Vers  la  vie  eucharistique,  par  P.  Lejeune. 
Paris,  Lethielleux,  1908,  in-32  de  92  p.,  0  fr.  30.  —  22.  Le  Sacerdoce  et  le  Sacrifice 
de  Notre- Seigneur  Jésus-Christ,  par  J.  Grimal.  Paris,  Beauchesne,  1908,  in-18 
de  xxif-405  p.,  3  fr.  50.  —  23.  Ce  que  sera  le  prêtre  au  W^  siècle,  par  Mgr  Henry 
BoLo.  Paris,  Haton,  s.  d.,  in-18  de  354  p.,  2  fr.  50. 
Spiritualité.  ^ —  24.  Œuvres  de  saint  François  de  Sales,  évêque  et  prince  de  Genève  et 
docteur  de  l'Eglise.  Edition  complète  publiée  par  les  soins  de  religieuses  de  la  Visi- 
tation du  premier  monastère  d'Annecy.  T.  XV.  Lettres.  Vol.  V.  Paris  et  Lyon, 
Vitte,  1908,  gr.  in-8  de  xiii-468  p.,  8  fr. — ■  25.  Méditations  sur  les  évangiles  du 
dimanche  à  la  portée  des  simples  fidèles  pour  tous  les  fours  de  rannée,pa.v  le  chanoine 

FÉvaiER  1909.  T.  CXV.  7. 


-  98  — 

François  Fournieu.  Paris,  Halon,  s.  d.,  in-12  de  602  p.,  3  fr.  —  26.  Méditations 
(lu  soir,  tirées  de  nos  saints  Livres,  pouvant  servir  pour  la  méditation,  la  lecture 
spirituelle,  etc.,  par  lo  R.  P.  André  Prkvot.  Paris  et  Tournai,  Gasterman,  s.  d., 
in-18  de  viii-748  p.,  3  fr.  50.  —  27.  La  Bondad  divina,  por  José  M.  de  Jésus 
Portugal.  Barcelona,  Subirana,  1908,  in-18  cartonné  de  258  p. 
Piété-Dévotions.  —  28.  Marie  et  les  Mystères  de  Jésus.  Un  Mot  sur  chaque  mystère 
du  Rosaire.  Extraits  des  écrits  de  Mgr  Charles  Gay.  Paris,  Oudin,  1908,  in-32 
de  90  p.,  1  fr.  50.  —  29.  Dialogue  sur  Veselavage  de  la  Sainte  Vierge,  d'après  le 
B.  Louis-Marie  Grignion  de  Montfo'rt,  par  Un  ancien  Aumônier.  Paris  et  Lyon, 
Vitte,  1909,  in-32  de  63  p.,  0  fr.  25.  —  30.  Oficiode  la  Santisima  Virgen  Maria  y 
de  difuntos.  9^'  edic.  Barcelona,  Subirana,  1908,  in-32  cartonné  de  171  p.  —  31. 
Ancora  de  Salvaciôn  6  devocioïiario,  por  e\  R.  P.  José  Mach.  Barcelona,  Subirana, 
1908,  in-18  cartonné  de  690  p.,  avec  grav. 

Enseignement.  —  1  à  7.  —  La  science  de  la  religion  devient  de 
plus  en  plus  nécessaire  et  il  importe  beaucoup  qu'elle  puisse  être  sérieu- 
sement enseignée.  A  cette  œuvre  éminemment  opportune  M.  le 
chanoine  Finot  collaborera  très  efficacement  par  son  livre  :  CaiéchisUs 
et  catéchismes.  Dans  son  «  Avant-propos  »  il  expose  brièvement,  mais 
avec  une  vive  clarté,  l'urgence  d'une  instruction  religieuse  en  rapport 
avec  les  besoins  contemporains;  il  indique  en  deux  mots  la  division 
de  son  ouvrage  en  deux  grandes  parties,  dont  l'une  sera  consacrée  aux 
qualités,  aux  aptitudes,  aux  vertus  du  catéchiste,  et  l'autre  traitera 
des  lois,  des  industries,  des  secrets  distincts  de  la  personne  même. 
D'où  le  sous-titre  du  volume  :  Traité  théorique  et  pratique  de  pédagogie 
catéchistique.  L'auteur  a  su  ne  rien  omettre  de  ce  qui  incombait  à  sa 
mission  ;  son  travail  témoigne  d'un  esprit  judicieux  et  surtout  d'une 
grande  expérience.  Qui  sera  catéchiste?  Excellence  et  utilité  de  cette 
tâche;  instruction,  foi  et  dévouement  nécessaires  aux  catéchistes; 
le  but  à  atteindre  et  les  moyens;  méthode  d'enseignement  et  enfin 
nécessité  de  favoriser  la  persévérance.  Voilà  ce  que  d<àt  s'efforcer  de 
faire  le  catéchiste;  tel  est  son  apostolat.  L'auteur  passe  ensuite  à 
l'histoire  du  catéchisme  dans  l'église;  il  expose  les  lois  pédagogiques, 
les  modes,  les  formes,  les  procédés  d'enseignement,  la  préparation  des 
leçons,  Torganisation  des  cours  suivant  les  âges;  l'instruction  reli- 
gieuse dans  les  cercles  d'études;  la  pratique  des  sacrements  et  des 
exercices  spirituels  au  catéchisme.  Ce  livre  est  un  vrai  traité  de  péda- 
gogie catéchistique,  comme  l'appelle  l'auteur;  l'œuvre  justifie  plei- 
nement le  titre  et  il  ne  nous  reste  plus  qu'à  nous  en  servir. 

■ —  Avec  le  CalécJiisme  et  sa  pédagogie,  M.  l'abbé  Reignat  complète  le 
livre  de  M.  le  chanoine  Finbt;  il  a  sa  Métliode  pratique,  sûre  et  rapide, 
mais  il  montre  qu'on  peut  très  bien  réaliser  ce  que  suggère  et  conseille 
l'ouvrage  précédent.  L'examinateur  chargé  du  rapport  sur  cette  inno- 
vation pédagogique  se  plaît  à  constater  que  ce  travail  est  «  d'une 
extoême  clarté  pour  l'étude  ».  A  ne  le  considérer  même  que  sous  le  rap- 
port typographique  «  les  questions  sont  placées  en  «  manchettes  », 
les  mots  les  plus  importants  sont  mis  les  uns  en  relief,  les  autres  en 


—  99  — 

accolades;  le  jeune  étudiant  aime  davantage  son  livre,  travaille  avec 
plus  de  facilité,  apprend  mieux  et  plus  vite  ce  qui  a  frappé  ses  yeux 
d'une  manière  particulière  ».  Pour  exposer  ainsi  la  doctrine,  la  faire 
comprendre  et  la  graver  dans  la  mémoire,  il  faut  la  posséder"  soi- 
même  pleinement  et  dans  toute  sa  lumineuse  clarté.  C'est  ce  qu'on  se 
hâte  de  constater  en  parcourant  les  pages  ou  les  tableaux  de  ce  livre, 
qui  est  en  quelque  sorte  un  album  ou  un  panorama  de  la  doctrine. 
On  soupçonne  de  quelle  utilité  il  peut  être  pour  le  catéchiste,  qui  saura 
d'ailleurs  se  conformer  aux  conseils  si  judicieux  de  l'auteur. 

—  C'est  d'après  une  méthode  particulière  et,  dans  le  bon  sens,  très 
originale,  que  M.  l'abbé  Coqueret  expose  aux  adultes  ce  qu'il  appelle  : 
L'Essentiel  de  la  religion  catholique.  Cette  méthode  consiste  d'abord  à 
faire  connaître  aussi  brièvement  que  possible  ce  qu'il  est  absolument 
nécessaire  de  savoir  ou  ce  qui  est  essentiel;  puis  à  y  ajouter  ce  qui  est 
utile  à  apprendre  pour  tout  chrétien  soucieux  de  raisonner  sa  foi,  ou 
qui  est  de  nature  à  l'intéresser;  à  proposer  enfin  quelques  exercices 
destinés  à  exciter  un  raisonnement  capable  de  fixer  la  connaissan- 
ce. Le  livre  est  divisé  en  18  articles  qui  comprennent  en  effet  toute  la 
substance  même  de  la  doctrine  :  1°  Dieu,  les  anges  et  l'univers;  2° 
l'homme,  l'âme,  et  la  tache  originelle;  3°  Notre-Seigneur  Jésus-Christ; 
4^  la  vraie  religion;  5°  les  enseignements  de  Jésus-Christ;  6°  Comman- 
dements; V^la  piété;  8"-18°  la  grâce,  la  prière  et  les  sacrements.  Sur 
Dieu,  par  exemple,  l'auteur  résume  la  doctrine  de  l'Église  en  une 
petite  page  ;  il  fait  suivre  les  explications  succinctes  de  ce  résumé; 
puis  il  groupe  les  mots  de  cet  exercice  qui  doivent  s'expliquer  et  enfin 
il  condense  le  tout  en  quelques  lignes.  Un  questionnaire  très  détaillé 
permet  au  catéchiste  d'interroger  son  catéchumène  sur  l'enseigne- 
ment qui  vient  de  lui  être  donné.  Et  ainsi  pour  chacun  des  articles 
que  nous  avons  indiqués.  Evidemment  cette  méthode  ne  peut  être 
que  très  utile;  l'auteur  nous  dit  qu'il  en  a  obtenu  le  meilleur 
résultat  et  nous  le  croyons  sur  parole. 

—  Dans  son  Creclo^  M.  l'abbé  Lemoine  nous  promet  de  plus  longs 
développements,  et  il  le  faut  bien  pour  satisfaire  le  désir  des  esprits 
sérieux,  avides  d'approfondir  la  vérité  religieuse.  Il  développera,  l'un 
après  l'autre,  les  douze  articles  du  symbole  et  il  commence  aujour- 
d'hui par  l'explication  de  ces  mots  :  Je  crois  en  Dieu,  dont  il  fait  le 
titre  de  son  premier  opuscule.  Une  Introduction  magistrale  traite 
de  la  préparation  à  la  foi  par  l'humilité,  l'effort  moral,  la  prière, 
et  la  parole  de  Dieu. Entrant  ensuite  dans  son  sujet, il  démontre  l'exis- 
tence de  Dieu;  il  nous  révèle  la  vie  intime  de  Dieu;  il  parle  de  la 
création  du  ciel  et  de  la  terre,  d'Adam  et  Eve.  Dans  de  remarquables 
appendices,  il  étudie  les  preuves  thomistes  de  l'existence  de  Dieu, 
en  particulier  la  prouve  du  premier  moteur;  il   traite  des  créations 


—  100  — 

soudaines  on  général  et  de  la  liberté  de  l'homme.  Nous  sommes  d'a- 
vis (jue  ce  livre  est  «d'une  lecture  tout  à  l'ait  attachante,  dont  toutes 
les  pages  sont  bien  méditées  et  substantielles,  doctrinales  et  lumi- 
neuses». Mgr  Baunard  dit  à  son  tour  :  «  J'ai  rarement  lu  quelque 
chose  qui  m'ait  autant  satisfait,  fond  et  forme,  et  qui  m'ait  plus 
entièrement  conquis,  esprit  et  cœur  ». 

—  Le  livre  de  M.  l'abbé  Laborie  sur  les  Péchés  capitaux  aurait  été 
toujours  opportun;  il  l'est  encore  mieux  à  notre  époque  contemporaine, 
où  le  vice  semble  vouloir  prendre  la  première  place  et  s'étaler  au 
grand  jour.  L'auteur  s'applique,  d'abord,  à  préciser  la  notion  même 
du  péché;  il  le  considère  dans  ses  causes,  dans  ses  variétés,  dans  ses 
pénalités.  11  donne  ensuite  des  considérations  judicieuses  sur  le  nom 
et  le  nombre  des  péchés  capitaux.  Et  alors  abordant  de  front  son 
sujet,  il  développe  la  doctrine  de  l'Église  sur  chacun  de  ces  péchés, 
l'étudiant  dans  sa  nature,  sa  gravité,  et  en  indiquant  le  remède. 
Quelques  notes  terminent  l'ouvrage  de  M.  l'abbé  Laborie,  insistant 
sur  les  conséquences  des  péchés  capitaux  et  énumérant  quelques  con- 
seils pratiques  pour  les  combattre  et  les  vaincre.  L'auteur  nous  assure 
qu'il  a  fait  passer  dans  son  travail  «  le  plus  de  doctrine  possible  », 
doctrine  qu'il  a  recueillie,  non  sans  peine,  et  recherchée  dans  de  nom- 
breux auteurs  ».  C'est  bien,  en  effet,  l'impression  que  produit  sur  le 
lecteur  cette  étude  si  substantielle  sur  les  péchés  capitaux:  on  y  trouve, 
selon  le  vœu  bien  légitime  de  l'auteur,  «  la  doctrine  nécessaire  qui  sait 
instruire  et  convaincre,  console  et  fortifie  ». 

—  Avec  les  Fêtes  sociales  de  M.  l'abbé  de  Casamajor,  nous  passons 
du  grave  au  doux,  sans  rompre  toutefois  avec  le  grave.  C'est  même  cet 
heureux  mélange  qui  fait  le  mérite  de  cet  ouvrage,  où  les  Fêtes  chré- 
tiennes sont  considérées  au  point  de  vue  social.  Ces  titres  ne  pouvaient, 
ne  devaient  que  plaire  aux  regards  et  aux  goûts  du  lecteur  contem- 
porain ;  il  faut,  à  cette  heure  que  tout  se  réduise  à  une  question  sociale  : 
pour([uoi  n'y  aurait-on  pas  ramené  la  question  des  fêtes  religieuses 
puisque  l'avantage  incontestable  de  ces  fêtes  est  d'être  en  harmonie 
avec  notre  nature,  nos  besoins,  nos  aspirations?  Vous  le  constaterez  en 
lisant  les  pages  si  intéressantes  de  M.  l'abbé  Casamajor.  11  y  a,  en 
outre,  dans  son  livre  un  parfum  de  piété  qui  embaume  l'âme,  des  con- 
sidérations élevées  qui  plaisent  à  l'intelligence  et  l'éclairent. C'est  court, 
mais  c'est  complet,  c'est  clair.  Ajoutez  encore  à  ces  avantages  celui 
d'une  illustration  très  choisie,  distribuée  avec  autant  de  discerne- 
ment que  de  prodigalité.  Quelle  bonne  fortune  pour  un  livre  de  nos 
jours  d'être  ainsi  privilégié,  en  réunissant  tout  ce  qui  mérite  et  pré- 
pare le  succès  ! 

—  M.  l'abbé  Morisot  se  propose  le  même  but.S9S  Instructions  sur  les 
fêles  de  Vannée  en  sont  à  leur  deuxième  édition.  N'est-ce  pas    assez 


—  101  — 

dire  quelle  faveur  ont  obtenue  ces  considérations  à  la  fois  si  doctrinales 
et  si  intéressantes?  Elles  ont  subi  avec  honneur  l'épreuve  de  la  publi- 
cité et  il  devait  en  être  ainsi.  Cette  œuvre  est  remarquable  sous  tous 
les  rapports  :  elle  a  surtout  cet  avantage  de  révéler  aux  fidèles  le  sens 
ou  la  signification  des  fêtes  et  les  enseignements  qu'elles  donnent.  Il  y 
a  là  comme  un  traité  de  morale  et  de  spiritualité,  sous  une  forme  plus 
attrayante  et  la  leçon  peut  se  faire  accepter  plus  aisément.  On  ne 
saurait  trop  populariser  ces  ouvrages  où  le  peuple  chrétien  se  forme 
à  l'étude  et  à  la  connaissance  de  nos  fêtes  religieuses  ;  étant  mieux  ins- 
truit, il  prend  plus  d'intérêt  aux  cérémonies  du  culte  et  cet  attrait, 
qui  n'est  pas  fait  seulement  de  vaine  curiosité,  le  porto  à  fréquenter 
davantage  les  églises  et  à  tirer  un  excellent  profit  des  enseignements 
qu'ils  voient  se  traduire  pour  ainsi  dire  en  actes. 

Prédication. —  8  à  12.  ^ —  La  Prâctica  del  Piilpito,  du  professeur 
Meyenberg,  est  en  faveur  au  sein  du  clergé  allemand,  et  le  R.  P. 
Amado  a  voulu,  en  la  traduisant,  la  faire  connaître  au  clergé  espagnol. 
Nous  aimons  à  espérer  que  notre  clergé  français  pourra  bientôt,  à  son 
tour,  avoir  sa  traduction  et  profiter  d'un  ouvrage  qui  est  à  juste  titre 
si  apprécié.  La  Civilia  caitolica,  organe  autorisé  de  la  critique  catho- 
lique, a  publié,  à  l'occasion  de  la  cinquième  édition  allemande  de  ce 
livre,  un  article  remarquable  où  elle  loue  «  ce  manuel  si  neuf,  si  fécond, 
si  suggestif,  par  conséquent  très  utile  aux  jeunes  ecclésiastiques  et 
aux  prêtres  qui  se  destinent  à  l'apostolat  de  la  prédication  ».  Elle 
analyse  ensuite  l'œuvre  et  termine  en  exprimant  le  vœu  —  que  nous 
formions  tout  à  l'heure  pour  la  France  —  de  voir  un  traducteur  sérieux 
et  intelligent  doter  l'Italie  de  cet  auxiliaire  si  utile  pour  la  prédi- 
cation et  pour  la  formation  du  jeune  clergé  dans  la  mission  d'annoncer 
dignement  et  avec  fruit  la  parole  de  Dieu.  L'ouvrage  est  divisé  en 
trois  livres.  Le  premier  traite  de  l'essence  même  de  l'éloquence  sacrée 
et  de  ses  suprêmes  règles.  Dans  le  deuxième  livre,  l'auteur  énumère 
les  sources  de  l'éloquence  sacrée  :  l'Écriture  sainte,  la  liturgie,  etc. 
Au  troisième  livre  se  trouvent  indiqués  les  moyens  qu'emploie  l'élo- 
quence sacrée,  ses  divers  genres,  la  forme  extérieure  du  discours  sacré. 
Ce  traité,  bien  complet,  clairement  développé,  se  termine  par  la  lettre- 
circulaire  sur  la  prédication  sacrée,  émanant,  par  ordre  de  S.  S.  Léon 
XIII,  de  la  Congrégation  des  évêques  et  une  table  alphabétique  par- 
faitement comprise. 

—  Après  les  règles  de  l'éloquence,  le  modèle.  C'est  avec  ce  quali- 
ficatif que  le  R.  P.  Longhaye  nous  présente  dans  une  «  Préface  »  cri- 
tique les  Œuvres  oratoires  du  P.  Henri  Chambellan.  «  Étant  ce  qu'ils 
sont,  dit-il,  je  n'ose  prétendre  que  ses  sermons  s'élèvent  au  rang  des 
grands  maîtres  de  la  chaire.  Au  moins  les  peut-on  prendre  pour  mo- 
dèles, et  pai'fois  excellents,  du  genre,  tel  que  l'entendront  toujours  le 


—   102  — 

zèle  pur  et  la  foi  conséquente  avec  elle-même.  »  Les  Œuvres  oratoires 
du  P.  Chambellan  (tome  II)  consistent  en  une  retraite  ecclésiastique, 
en  plusieurs  conférences  sur  l'éducation,  en  une  retraite  pascale.  Ce 
volume  s'adresse  donc  à  une  catégorie  spéciale  de  lecteurs,aux  prêtres, 
qui  pourront  y  trouver  des  considérations  bien  adaptées  à  leurs  subli- 
mes fonctions  et  à  leurs  obligations.  Il  n'omet  rien  de  ce  qui  ressort 
de  la  dig-nité  du  sacerdoce,  de  la  vie  de  prière,  de  dévoument,  de 
sacrifice  qui  est  la  vie  du  pasteur  des  âmes;  il  a  une  trop  haute  idée  du 
ministère  qu'il  remplit  auprès  de  ses  vénérés  confrères  pour  ne  pas 
apporter  dans  l'accomplissement  de  cette  tâche  toute  la  sollicitude 
et  tout  le  zèle  qu'elle  réclame.  Quant  à  la  forme,  il  n'y  attache  qu'une 
importance  secondaire;  elle  est  ce  que  la  fait  la  pensée.  «  A  ce  religieux 
très  grave  et  très  humble,  ne  demandez  pas  de  vous  amuser  en  cher- 
chant la  poésie  ou  l'émotion  pour  elles-mêmes;  il  n'en  sera,  dans  l'oc- 
casion, ni  moins  coloré  ni  moins  chaleureux.  N'attendez  pas  davan- 
tage qu'il  coure  après  l'originalité  ».  Les  quelques  sermons  de  la 
retraite  pascale  que  renferme  ce  volume  ont  trait  aux  grandes  vérités, 
à  la  divinité  de  Jésus-Christ,  à  la  confession  et  à  la  communion.  Quel- 
ques-uns sont  de  véritables  chefs-d'œuvre  :  à  la  simple  lecture,  on 
éprouve  encore  une  vive  et  profonde  émotion  que  la  voix  de  l'orateur 
devait  accroître  pour  assurer  dans  les  cœurs  le  triomphe  de  la  grâce. 

■ —  Le  troisième  volume  de  TŒuvre  de  M.  l'abbé  Sabouret  :  Le 
Prédicateur  de  la  doctrine  chrétienne^  contient  de  courtes  instructions 
sur  la  troisième  partie  du  catéchisme  ou  les  moyens  de  sanctification  : 
la  grâce,  la  prière,  les  sacrements.  Le  reste  du  livre,  c'est-à-dire  la 
plus  grosse  part,  contient  plusieurs  suppléments  :  instructions  pour  la 
première  communion,  sur  la  révélation,  la  messe,  les  commande- 
ments de  Dieu,  pour  des  missions  et  des  retraites,  sur  la  confirmation, 
les  fruits  du  Saint-Esprit,  les  Sacramentaux,  pour  la  plupart  des  asso- 
ciations et  des  confréries  paroissiales;  il  se  termine  par  le  décret  sur 
le  communion  quotidienne  et  quelques  instructions  pour  le  Carême. 
C'est  donc  bien  le  «  Manuel  du  prédicateur  »  de  la  doctrine  chrétienne. 
Il  y  a  là  une  matière  inépuisable  et  pour  toutes  les  circonstances  de  la 
vie  pastorale;  l'ouvrage  a  fait  ses  preuves  et  sera  de  plus  en  plus 
apprécié. 

-^  Aux  jeunes  gens,  M.  l'abbé  Gillet  offre  ses  conférences  sur  la 
Virilité  chrétienne;  eWes  ont  pour  but  et  doivent  réaliser  la  formation 
du  cœur  et  de  l'esprit  selon  les  préceptes  de  la  morale  évangélique. 
Dans  une  première  partie  sont  réunies  onze  conférences  où  l'auteur 
établit  un  saisissant  parallèle  entre  l'idéal  chrétien  et  l'éducation 
chrétienne  du  caractère.  La  deuxième  partie  contient  neuf  conférences 
sur  les  vertus  ou  sur  l'action  intérieure  de  l'éducation  chrétienne  et 
à  la  troisième  partie   appartiennent   les    six   dernières,  traitant   de 


—  103  — 

l'action  extérieure  de  cette  éducation  ou  du  culte  et  des  œuvres. 
Cet  ouvrage  nous  paraît  de  la  plus  incontestable  opportunité  :  ce 
qui  manque  surtout  à  notre  société  contemporaine,  même  à  nos  chré- 
tiens, à  nos  catholiques  pratiquants,  c'est  le  caractère,  c'est  la  virilité. 
Il  ne  faut  plus  se  contenter  d'un  christianisme  d'habitude,  de  routine, 
de  tradition  :  il  est  nécessaire  d'avoir  une  conviction  personnelle  et 
profonde  et  c'est  là  l'état  d'âme  qu'il  convient  de  former  dans  la 
jeune  génération.  «  Alors,  dit  l'auteur,  alors  seulement  l'homme  pourra 
songer  à  devenir  un  chrétien  de  caractère  et  à  construire  solidement 
sur  le  roc  des  énergies  humaines  l'édifice  imposant  de  la  grâce». 
La  doctrine  n'a  rien  à  redouter  d'une  étude  approfondie  et  elle  n'a 
pas  non  plus  à  s'effrayer  de  la  tâche  qu'elle  est  appelée  à  rempHr  de 
nos  jours;  elle  est  de  tous  les  temps,  elle  a  été  en  harmonie  avec  tous 
les  besoins  des  sociétés  auxquelles  elle  a  été  mêlée.  La  piété  est 
utile  à  tout,  dit  l'apôtre.  On  peut  en  dire  autant  de  la  doctrine  catho- 
lique :  elle  est  utile  à  tout  et  doit  suffire  à  tout.  Que  nos  jeunes  gens 
se  pénètrent  donc  de  l'enseignement  de  M.  l'abbé  Gillet  et  ils  ne  pour- 
ront  que  s'applaudir  de  s'être  laissés  former  à  la  vérité  chrétienne. 

—  Pour  le  peuple  :  ce  SDnt  surtout  des  conférences  dialoguées  qui 
conviennent  le  mieux  et  qui  sont  bien  à  la  portée  de  l'auditoire.  AL  le 
chanoine  Crosnier  nous  les  présente  en  les  recommandant  à  notre 
attention.  Il  nous  fait  connaître  gentiment  les  deux  auteurs,  Joseph 
et  Paul  Gaboreau,  deux  frères,  prêtres  du  diocèse  d'Angers  qui  ont 
très  bien  réussi  dans  ce  genre  de  prédication.  Modestes  autant  que 
zélés  et  intelligents,  ils  n'attribuent  pas  ce  succès  flatteur  à  leurs  qua- 
lités personnelles,  à  leur  propre  éloquence;  ils  en  reportent  tout  le 
mérite  —  après  Dieu  —  à  la  forme  même  de  leur  apostolat.  Il  y  a 
beaucoup  d'objections  contre  leur  assertion,  bien  des  préjugés  contre 
ces  conférences  dialoguées.  L'auteur  de  la  Préface  s'est  fait  fort  de  dis- 
siper ces  préjugés  et  de  réfuter  victorieusement  ces  objections. 
Nous  ajouterons  que  son  plaidoyer  nous  paraît  d'une  documentation 
sérieuse  et  qu'il  pourrait  bien  faire  triompher  cette  cause.  Comme 
de  nouveaux  apôtres  vontsm'gir  naturellement  pour  mettre  en  œuvre 
ce  mode  d'enseignement,  M.  le  chanoine  Crosnier  se  hâte,  et  avec 
raison,  de  leur  donner  quelques  conseils  pratiques,  recommandés 
particulièrement  par  les  deux  frères  conférenciers.  Les  sujets  traités 
sont  l'indifférence  religieuse,  le  péché  mortel,  la  sanctification  du 
dimanche,  la  divinité  de  Jésus-Christ,  la  résurrection,  la  confession,  etc. 
Les  conférences  dialoguées  pour  le  peuple  sont  un  vrai  modèle  du  genre  ; 
nou*  conseillons  aux  prêtres  de  les  imiter,  d'en  profiter  même  lar- 
gement pour  la  prochaine  station  du  carême,  ou  pour  une  mission  : 
ils  seront  étonnés  des  résultats  qu'ils  obtiendront. 

Jésus. — Marie. —  13  à  16. —  Le  code  de  notre  morale  est  contenu 


—  104  — 

dans  l'Evangile  :  il  nous  vient  de  Jésus-Christ  lui-même  et  c'est  à  le 
connaître  que  doivent  tendre  tous  nos  eiïorts.  M.  l'abbé  Bouvier  a 
voulu  nous  faciliter  cette  tâche  en  nous  offrant  un  commentaire  du 
Saint  Evangile  de  Jésus-Christ,  commentaire  (ju'il  appelle  traditionnel, 
parce  qu'il  est  extrait  des  saints  Pères  d'après  «  la  Chaîne  d'or  »  de 
saint  Thomas  d'Aquin.  Nous  le  félicitons  de  son  œuvre  qui  contribuera 
si  heureusement  à  vulgariser  parmi  les  fidèles  la  connaissance,  hélas  ! 
si  négligée  et  si  rare  de  nos  saintes  Écritures.  Dans  ce  nouveau  com- 
mentaire, la  traduction  littérale  du  texte  est  suivie  d'une  explication 
spirituelle  empruntée  aux  œuvres  des  Pères  de  l'Église,  exphcation 
brève,  mais  suffisante  pour  aider  le  lecteur  à  bien  pénétrer  le  sens  de 
la  parole  divine.  Chaque  évangile  vient  à  son  tour  rappeler  les  ensei- 
gnements du  Christ  et  les  faits  principaux  de  sa  vie,  et  le  livre  cons- 
titue bien  en  elTet  ce  que  l'auteur  appelle  :  «  La  Bible  des  fidèles  ». 
Nous  en  augurons  le  plus  grand  bien  pour  les  âmes  et  nous  croyons 
que  ce  livre  ne  manquera  pas  d'avoir  sa  place  de  choix  dans  tous 
les  foyers  chrétiens,  où  il  est  destiné  à  opérer  un  réveil  merveilleux 
en  faveur  de  nos  saintes  Lettres  en  nous  ramenant  à  la  pratique  des 
siècles  chrétiens  :  la  lecture  de  la  sainte  Bible  expliquée  par  la  Tradition. 
"Lfs  Lectures  évangéliques,  de  M.  l'abbé  Dard, ont  encore  pour  objet 
notre  divin  Jésus,  mais  seulement  considéré  pour  le  temps  de  VAçent 
el  le  temps  de  Noël,  c'est-à-dire  Jésus  annoncé  et  venant  au  monde- 
Le  travail  de  l'auteur  s'ouvre  par  la  méditation  et  le  commentaire 
du  premier  chapitre  de  l'Évangile  selon  S.  Jean,  où  Jésus  entre  en 
scène  avec  son  caractère  de  Verbe  de  Dieu.  Au  chapitre  deuxième, 
Jean-Baptiste  fait  son  apparition  et  nous  assistons  à  son  ministère  de 
précurseur.  Le  troisième,  le  quatrième  et  le  cinquième  chapitres  nous 
rappellent  les  mystères  de  l'Annonciation  et  de  la  A'isitation.  Au 
chapitre  sixième,  c'est  la  naissance  de  Jésus,  l'Enfant-Dieu  que  des 
bergers  viennent  adorer  (chapitre  septième);  les  Mages  leur  succè- 
dent aux  chapitres  huitième  et  neuvième.  Les  cinq  derniers  chapitres 
nous  racontent  la  fuite  en  Egypte,  le  massacre  des  Innocents,  le  retour 
de  l'exil,  la  vie  à  Nazareth.  M.  l'abbé  Dard  nous  offre  ces  diver  •  épisodes 
de  l'enfance  de  Jésus,  en  nous  recommandant  de  les  lire,  comme  il  con- 
vient, ((  avec  humilité,  simplicité  et  persévérance  »,  non  pas  avec  le 
désir  de  satisfaire  une  curiosité,  d'ailleurs  assez  légitime,  mais  cher- 
chant seulement  ce  qui  peut  nous  être  occasion  de  profit  spirituel.  Il 
veut  aussi  nous  aider  à  saisir  le  vrai  sens  de  ces  pages  inspirées,  car 
l'Evangile  n'est  pas  seulement  une  histoire,  elle  est  aussi  et  surtout  une 
doctrine  :  «  interprétée  par  les  saints  Pères  ou  les  exégètes  autorisés, 
elle  sera  mieux  comprise  et  mettra  notre  pensée  et  notre  cœur  en 
contact  avec  la  pensée  et  le  cœur  même  de  Dieu  ».  En  tête  du  livre  se. 
trouve  une  carte  de  la  Judée  au  temps  de  N.-S.  J.-C. 


—    10a  — 

■ —  Dans  sa  huitième  retraite  de  Notre-Dame,  le  R.  P.  Félix  traite 
ex  professa  de  la  Royauté  de  Jésus-Christ;  il  en  établit  l'existence  et 
en  énumère  les  caractères;  mais  comme  le  Christ  est  mi  signe  de  con- 
tradiction, sa  royauté  a  rencontré  et  rencontre  encore  une  opposition, 
souvent  puissante,  opposition  judaïque  dès  le  début,  puis  opposition 
païenne  et  césarienne,  opposition  hérétique  et  schismatique,  opposition 
révolutionnaire  et  de  la  libre  pensée.  A  nous  de  garder  notre  foi  au 
Clirist,  de  reconnaître  toujours  sa  souveraineté,  et  de  remplir  nos  de- 
voirs de  bons  et  loyaux  sujets,  ceux  de  croire  à  sa  parole,  d'obéir  à  ses 
lois  et  de  l'aimer.  Mieux  encore,  il  faut  que  nous  donnions  à  notre 
Christ-Roi  un  dévouement  absolu  pour  le  suivre  contre  Satan  et  pour 
vaincre  cet  ennemi  qui  est  le  nôtre  comme  le  sien.  Ce  dévouement 
doit  aller  jusqu'à  l'imitation  aussi  complète  que  possible  des  vertus  de 
notre  roi;  il  est  notre  modèle  surtout  par  l'humilité  et  la  charité  et 
ce  qui  nous  aidera  très  efficacement  à  l'imiter,  c'est  l'amour  que  nous 
devons  avoir  pour  lui.  Aussi  bien  n'est-ce  pas  par  l'amour  qu'il  veut 
régner  lui-même  sur  nous?  Nous  répondrons  ainsi  fidèlement  à  ses 
désirs;  nous  rendrons  notre  obéissance  plus  facile  et  plus  douce;  nous 
mériterons  plus  sûrement  les  bienfaits  de  ce  règne  du  Christ  sur  nous 
et  en  nous.  Lisons  avec  ces  sentiments  les  instructions  du  P.  Féhx,  qui 
continue  ainsi,  après  sa  mort,  un  apostolat  fécond  en  fruits  si  pré- 
cieux :  elles  nous  aideront  à  aimer  notre  Christ- Roi  et  à  le  faire 
aimer  autour  de  nous. 

—  Et  Marie  sa  mère  est  notre  reine  :  Marie,  reine  de  France  par  droit 
d'héritage,  par  droit  de  conquête  et  par  droit  d'élection.  Le  titre  du  livre 
de  M.  l'abbé  Fuzier  est  parfaitement  justifié  au  cours  des  35  chapitres 
dont  se  compose  ce  travail  que  nous  pourrions  qualifier  de  «  patrio- 
tique ».  Aidé  par  tous  les  documents  qu'il  a  pu  trouver  et  puisant 
abondamment  aux  sources  les  plus  autorisées,  l'auteur  étudie  le  culte  de 
Marie  en  France  avant  l'ère  chrétienne  et  depuis  l'origine  du  christia- 
nisme dans  les  Gaules,  en  s'arrêtant  à  chaque  siècle  et  dans  chaque 
contrée  :  c'est  le  royaume  de  Marie  par  droit  d'héritage.  Le  second 
livre  nous  montre  Marie  répondant  par  des  bienfaits  au  culte  de  véné- 
ration et  de  confiance  filiale  que  lui  rend  la  France  et  méritant  ainsi 
d'être  notre  reine  par  droit  de  conquête;  elle  nous  délivre  de  tous  nos 
ennemis  soit  d'ans  l'ordre  temporel,  soit  dans  l'ordre  spirituel.  Dans  le 
troisième  livre  nous  voyons  Marie  se  plaire  à  choisir  la  France  comme 
sa  nation  privilégiée  et  à  lui  témoigner  le  plus  maternel  amour  :  appa- 
rition à  Paris  en  1830,  en  1846  à  La  Salette,  en  1858  à  Lourdes,  en 
1870  à  Pontmain,  elle  affecte  de  s'affirmer  notre  reine  et  ne  cesse,  par 
ses  prévenances,  de  provoquer  notre  amour,  notre  gratitude,  notre 
union  indissoluble.  Un  prêtre  français  félicitait  un  de  ses  confrères 
italiens  de  posséder  à  Lorette  la  maison  même  de  la  Sainte  \  ierge. 


—  106  — 

«  Oui,  certes,  répondit  l'Italien,  nous  avons  bien  sa  maison,  mais  Elle 
n'y  est  jamais;  elle  vient  toujours  chez  vous,  en  France  ».  Cette  prédi- 
lection témoigne  bien  de  l'amour  que  Marie  a  pour  nous;  mais  elle  nous 
oblige  d'autre  part  à  lui  prouver  notre  fidélité  et  notre  confiance  iné- 
branlables. 11  dépend  de  nous  que  le  royaume  de  France  soit  toujours 
le  royaume  de  Marie. 

Edch.vristie.  —  Sacerdoce.  —  17  à  23.  —  Les  Méditalions  sur 
V Eucharistie,  par  Bossuet,  sont  des  considérations  extraites  des 
œuvres  complètes  de  l'illustre  évêque  de  Meaux  et  mises  en  ordre  par 
M.  l'abbé  M^x  Caron.  Elles  en  sont  à  une  deuxième  édition  :  ce  qui 
prouve  bien  que  ce  petit  livre  a  été  apprécié  et  goûté.  11  fallait  s'y 
attendre.  Le  pieux  et  judicieux  éditeur  a  réparti  en  cinquante  médi- 
tations tout  ce  qui  est  relatif  au  divin  mystère  de  l'autel  :  l'institution 
de  la  sainte  Eucharistie  avec  toutes  les  circonstances  qui  la  précèdent, 
l'accompagnent  ou  la  suivent;  l'essence  même  du  Sacrement,  les 
dispositions  qu'il  réclame,  les  bienfaits  qu'il  apporte,  les  sentiments 
qu'il  suggère,  l'utilité  qu'il  convient  d'en  retirer,  l'action  de  grâces. 
Chaque  méditation  ou  chapitre  se  subdivise  en  un  certain  nombre 
d'alinéas  qui  servent  à  saisir  plus  facilement  le  sens  du  texte  évangé- 
lique  qui  est  commenté;  à  la  fin  se  trouvent  «une  prièreet  une  résolu- 
tion qui  résument  les  pensées  et  condensent  les  sentiments  ». 

■ —  Un  autre  maître  de  la  vie  spirituelle,  mais  notre  contemporain, 
Mgr  Gay,  nous  offre  à  son  tour  ses  Fragments  eucharistiques,  où  la 
doctrine  est  la  même  que  dans  l'opuscule  précédent,  mais  exposée  et 
développée  d'après  une  autre  méthode.  La  première  partie  considère 
l'amour  de  Dieu  comme  source  de  l'Eucharistie  et  nous  fait  connaître 
nos  devoirs  envers  elle.  Avec  la  deuxièm.e  partie  nous  pénétrons  dans 
le  Cénacle,  et,  à  l'heure  que  Jésus  se  plaît  à  appeler  son  heure,  tout  on 
méditant  à  l'immolation  mystique  du  Sauveur,  nous  nous  réjouissons 
de  l'universalité  et-de  la  perpétuité  du  don  de  l'Eucharistie.  La  vie  de 
Jésus-Christ  dans  l'Eucharistie  fait  l'objet  de  la  troisième  partie  :  il 
y  est  traité  des  actes  principaux  de  Jésus  dans  son  état  eucharistique, 
de  la  triple  vie  céleste,  terrestre  et  divine  de  Jésus,  de  notre  gratitude 
envers  Dieu  pour  ce  don  si  excellent.  Dans  la  quatrième  partie  nous 
apparaissent  les  trois  aspects  de  la  divine  Eucharistie  :  Jésus  y  est 
l'hostie  de  Dieu  son  Père,  notre  pain  vivant,  l'hôte  fidèle  et  perpétuel 
de  l'Eglise.  Voici  maintenant  le  sacrifice  eucharistique,  le  même  que 
celui  de  la  croix,  véritable  sacrifice,  festin  de  Dieu  et  de  l'Eglise  :  c'est 
la  cinquième  partie".  La  sixième  est  consacrée  à  la  communion  eucha- 
ristique; la  septième  à  la  visite  au  Saint-Sacrement  et  la  huitième  et 
dernière  à  Notre-Dame  du  T.-S.  Sacrement,  Mère  et  modèle  des 
adorateurs. 

■ —  Nous  arrivons  ainsi  préparés,  logiquement,  à  la  réception  de  la 


—  107  — 

divine  Eucharistie,  réception  que  le  décret  du  20  décembre  1905  nous 
presse  de  rendre  quotidienne.  L'opuscule  du  R.  P.  Lambert  sur  ce 
document  pontifical  nous  instruit  pertinemment  de  tout  ce  qui  se 
rapporte  à  cette  pratique.  Il  a  pour  titre  :  Le  Décret  sur  la  communion 
quotidienne  et  son  application  aux  fidèles.  Divisé  en  neuf  entretiens,  il 
développe  la  raison  qui  justifie  la  communion  fréquente,  même  quo- 
tidienne et  traite  ensuite  de  la  communion  pour  tous  et  de  la  commu- 
nion à  travers  les  siècles,  des  dispositions  soit  de  nécessité,  soit  de 
convenance  pour  communier,  du  contrôle  du  confesseur,  do  la  prépa- 
ration et  de  l'action  de  grâces,  de  l'idée  de  communion,  de  la  commu- 
nion et  du  purgatoire.  Dans  l'appendice  qui  termine  le  travail  sont 
réunis  le  texte  latin  du  décret  et  de  la  lettre  de  la  Sacrée  Congrégation 
à  l'épiscopat  ainsi  que  d'autres  pièces  relatives  à  la  communion  quo- 
tidienne. Le  rapport  des  censeurs  appelle  ce  travail  «  un  guide  sûr 
et  pratique,  une  bonne  œuvre  »,  à  laquelle  il  présage  le  plus  flatteur 
succès. 

• —  Le  Triduum  eucharistique  du  P.  Jules  Lintelo  développe  le  même 
enseignement  en  quelques  Instructions  sur  la  communion  quotidienne 
d'après  les  décrets  de  S.  S.  Pie  X.  C'est  le  complément  de  l'ouvrage 
qui  précède.  La  lecteur  y  trouvera  beaucoup  à  prendre  pour  sa  propre 
direction,  et,  s'il  est  prêtre,  pour  la  direction  des  âmes  pieuses.  Au 
début,  les  documents,  décret,  lettre,  appel  aux  prêtres;  puis,  indus- 
tries propres  à  assurer  le  succès  du  triduum,  mot  d'ordre  de  Rome. 
Dans  le  corps  de  l'ouvrage,  instructions  sur  le  désir  de  N.-S.  J.-C, 
les  besoins  de  la  vie  surnaturelle,  les  dispositions  requises,  la  commu- 
nion des  enfants,  la  communion  fréquente  pour  les  hommes, la  commu- 
nion réparatrice,  etc.  En  terminant  :  triduum  et  la  communion  quo- 
tidienne dans  les  maisons  d'éducation,  abstention  d'un  jour  par 
semaine. 

—  En  fréquentant  ainsi  la  sainte  Table  nous  nous  acheminerons 
Vers  la  çie  eucharistique  que  vient  nous  faire  connaître  et  aimer  M.  le 
chanoine  Lejeune.  Cette  petite  brochure  devrait  être  entre  les 
mains  de  tous  les  fidèles.  Dix  chapitres  les  renseigneront  exactement 
sur  la  notion  de  la  vie  eucharistique,  son  utilité,  sa  source,  sa  pratique 
et  ses  œuvres;  ils  leur  donneront  une  réponse  à  l'objection  contre  la 
fréquente  communion  et  quelques  conseils  pour  la  visite  au  saint 
Sacrement,  sur  la  vie  d'union  avec  Jésus-Hostie. 

—  Le  dogme  de  l'Eucharistie  est  considéré  d'un  point  de  vue  plus 
élevé  et  plus  étendu  dans  le  livre  de  M.  J.  Grimai  :  Le  Sacerdoce  et  le 
Sacrifice  de  Notre- Seigneur  Jésus-Christ.  Dans  une  lettre,  qui  sert 
d'Introduction,  Mgr  l'évêque  de  Nevers  fait  l'analyse  de  ce  travail  et 
confirme  la  doctrine  du  savant  théologien  :  le  portrait  du  prêtre 
saint  y  est  tracé  en  raccourci,  mais  de  main  de  maître.  Ainsi  introduit 


—  108  — 

chez  l'autoui',  on  peut  parcourir  avec  utilité  et  agrément  les  pages 
d'un  livre  si  plein  d'une  doctrine  élevée,  puisée  aux  meilleures  sources, 
exposée  et  développée  dans  une  langue  facile,  claire,  parfois  élégante, 
toujours  exacte  et  précise,  qui  exprime  facilement  les  pensées  même 
les  plus  abstraites.  La  première  partie  —  la  préparation  —  considère 
Jésus-Christ  comme  prêtre  et  victime,  figuré  et  présagé  par  le  sacer- 
doce et  le  sacrifice  antiques;  la  deuxième  nous  montre  la  réafisation 
de  cette  figure  et  de  cette  prophétie  dans  Jésus-Christ,  constitué  le 
prêtre  par  excellence  qui  ofiresur  l'autel  delà  Croix  le  sacrifice  infini 
dont  la  sainte  messe  est  la  reproduction  ou  la  commémoraison.  La 
troisième  partie  nous  invite  à  assister,  au  Ciel,  à  la  consommation  du 
sacrifice  qui  est  comme  la  confirmation  et  la  conséquence  nécessaires  de 
son  efficacité.  Dans  la  quatrième  partie  nous  voyons  Jésus  souverain 
Prêtre  «  renouveler  jusqu'à  la  fin  des  temps  l'Eucharistie  d'oblation  de 
la  croix  qui  doit  donner  à  son  Église  le  sacrifice  parfait  pour  faire  com- 
munier les  chrétiens  à  l'hostie  qui  les  conduit  à  la  consommation  du 
ciel  en  les  incorporant  à  la  mort  du  Calvaire  ».  L'auteur  appelle  cela 
«  le  prolongement  eucharistique  »;  il  invite  alors  les  fidèles  à  acquérir 
l'intelligence  de  la  messe  et  à  pratiquer  la  communion,  source  de 
grâce  et  de  vie  qui  doit  entretenir  et  développer  en  nous  les  germes 
de  la  sainteté.  Les  prêtres  tireront  le  plus  grand  avantage  de  la  lecture 
et  de  la  méditation  de  ce  remarquable  ouvrage. 

—  Il  serait  alors  facile  de  présager  :  Ce  que  sera  le  prêtre  au  xx^  siècle. 
Mgr  Bolo  nous  fait  du  prêtre  contemporain  un  portrait  qui  est  loin 
d'être  flatté.  A-t-il  complètement  raison  de  lui  adresser  maints  et 
maints  reproches  sur  son  attitude,  sur  ses  procédés,  sur  ses  relations 
avec  le  pouvoir,  etc?  Sans  doute,  il  y  a  le  côté  humain,  même  dans 
le  sacerdoce,  et  il  peut  y  avoir  ici  ou  là  par  trop  d'accentuation.  Mais 
il  ne  faut  pas  transformer  l'exception  en  règle  générale.  Un  fait  capital 
suffit  à  juger  le  clergé  français  actuel  :  c'est  l'unanimité,  c'est  l'em- 
pressement désintéressé  avec  lesquels  évêques  et  prêtres  ont  répondu 
à  la  direction  du  Pape  condamnant  la  loi  de  séparation  et  du 
même  coup  exposant  la  France  catliulique  au  dépouillement  complet, 
à  la  détresse  ;  c'est  ce  beau  geste,  qui  fait  l'admiration  du  monde  et 
qui  d  jeté  nos  ennemis  dans  le  désarroi.  Ils  se  faisaient  de  nos  prêtres 
une  idée  qui  leur  permettait  d'espérer  une  humble  soumission  :  que 
ne  ferait  pas  le  clergé  pour  conserver  ses  trésors?  Et  par  son  attitude 
digne,  généreuse,  noble,  disons  même  héroïque,  il  a  prouvé  que  sa 
fidélité  à  l'Église,  son  attachement  à  la  hiérarchie,  à  la  discipline,  lui 
tenaient  plus  à  cœur  que  les  richesses  temporelles.  Cette  réserve  faite, 
nous  sommes  d'avis  qu'il  faut  harmoniser  les  méthodes  d'enseignement 
et  d'action  avec  les  besoins  de  l'époque  contemporaine  et  c'est  ce  que 
l'Eglise  a  fait  à  toutes  les  époques  de  son  histoire;  ce  qui  se  traduit 


—  109  — 

dans  cette  formule  :  Non  noua,  sed  noue.  Entendu  dans  ce  sens,  le 
livre  de  Mgr  Bolo  pourra  être  utile;  on  y  trouvera  des  conseils  à 
suivre,  des  procédés  à  étudier  et  à  mettre  en  pratique,  et  alors  le 
prêtre  au  xx®  siècle  sera  toujours  le  prêtre  selon  la  tradition,  le  vrai 
prêtre  de  Jésus-Christ,  se  faisant  tout  à  tous,  au  xx^  siècle  comme 
dans  chaque  siècle. 

Spiritualité.  —  24  à  27.  —  Donnons  dans  cette  série  la  première 
place  à  qui  la  mérite  :  au  nouveau  tome  des  Œuvres  complètes  de  saint 
François  de  Sales.  C'est  le  cinquième  volume  des  Lettres  à?  VéxèqwQ 
de  Genève,  écrites  au  cours  des  années  1611  à  avril  1613.  «L'ensemble 
de  cette  correspondance,  dit  l'érudit  éditeur,  le  R.  P.  Navatel,  peut 
fournir  de  précieux  documents  sur  la  vie  pastorale  de  l'évêque,  mais 
surtout  les  lettres  adressées  à  la  Mère  de  Chantai  sont  des  pages  incom- 
parables qui  nous  livrent  naïvement  les  plus  touchantes  confidences 
de  sa  vie  intime  et  surnaturelle  ».  Les  lettres  de  ce  volume  sont  au 
nombre  de  près  de  quatre  cents;  elles  ont  été  revues  avec  soin,  et, 
souvent,  accompagnées  de  notes  qui  en  éclairent  le  texte.  Un  appen- 
dice renferme:  1°  quelques  lettres  adressées  à  saint  François  de  Sales, 
2^  des  pièces  diverses,  parmi  lesquelles  les  grands  pardons  d'Annecy; 
suit  un  glossaire  des  locutions  et  des  mots  surannés.  Puis  vient  un 
index  des  correspondants  par  ordre  alphabétique  et  enfin  la  table  des 
lettres  de  ce  volume  avec  quelques  indications  sommaires.  C'est  une 
onivre  soigneusement  faite  et  qui  est  digne  de  l'éminent  évêque  dont 
la  radieuse  figure  nous  apparaît  ainsi  entourée  d'une  auréole  encore 
plus  éclatante. 

—  Les  Méditations  sur  les  Évangiles  du  diniancJie  sont  destinées  à 
l'usage  des  simples  fidèles  et  mises  à  leur  portée  pour  tous  les  jours 
de  l'année.  «  C'est  une  œuvre  louable,  écrit  Mgr  l'évêque  de  Digne,  à 
l'auteur  de  ce  travail,  M.  le  chanoine  Fournier,  de  facihter  le  saint 
exercice  de  la  méditation  aux  âmes  qui  veulent  s'y  livrer  ».  Et  chaque 
méditation  se  déroule,  développée  selon  le  même  plan.  Le  sujet,  comme 
l'indique  le  titre  du  livre, est  l'évangile  même  du  dimanche,  divisé  pour 
suffire  aux  sept  jours  de  la  semaine.  Et  le  commentaire  embrasse 
ainsi,  dans  tous  le  cours  de  l'année,  l'ensemble  de  la  doctrine  évangé- 
lique  et  de  tous  nos  devoirs.  Cette  méthode  est,  semble-t-il,  plus  favo- 
rable pour  la  pratique  de  ce  pieux  exercice.  Chaque  méditation,  ainsi 
que  le  dit  justement  l'auteur,  est  substantielle  quant  au  fond,  tout  en 
étant  onctueuse  quant  à  la  forme;  elle  est  assez  courte,  en  évitant  de 
rendre  les  sujets  trop  abstraits  et  trop  arides;  elle  est  suffisamment 
longue  pour  développer  comme  il  convient  le  sujet  qui  s'offre  à  la 
réflexion  sans  grossir  le  volume  démesurément.  «  Nous  les  offrons,  dit 
l'auteur,  à  tout  le  monde,  mais  particulièrement  à  la  classe  laborieuse 
et  peu  éclairée  des  campagnes  et  des  villages  ».  Plaise  à  Dieu  que  ce 
livre  se  propage  pour  le  plus  grand  bien  de  ces  familles  ! 


-  110  — 

■ —  Le  psalmiste  aurait  voulu  méditer  tout  le  jour.  Sans  nous  inviter 
à  suivre  cet  exemple,  le  R.  P.  Prévôt  veut  au  moins  nous  faire  aimer 
et  pratiquer  les  Méditalions  du  soir,  pouvant  servir  à  double  lin,  ou  à 
une  méditation  ordinaire,  ou  à  une  simple  lecture  spirituelle.  Ces 
Méditations  du  soir  sont  rédigées  d'après  une  méthode  autre  que  celle 
du  précédent  auteur.  Le  but  du  P.  Prévôt  est  «  d'aider  les  âmes  à  mieux 
entrer  dans  l'esprit  de  l'Église  selon  les  différents  temps  de  l'année, 
à  devenir  des  âmes  liturgiques  »  et  alors  il  s'applique  à  suivre  les  pen- 
sées du  saint  office.  Ce  sont  des  méditations  courtes,  doctrinales, 
mystiques,  dirigées  principalement  «  en  vue  de  venir  en  aide  aux  âmes 
de  plus  en  plus  nombreuses  qui  sentent  le  besoin  de  s'animer  de 
l'esprit  de  supplication  et  de  réparation  pour  la  sainte  Église,  en 
union  avec  Marie  réparatrice  ».  Ce  sera  là,  pour  ces  âmes  généreuses, 
un  stimulant  tout-i)uissant  de  la  vie  d'amour  et  de  sacrifice  qui  ne  se 
sépare  pas  de  la  vie  d'amour,  de  paix  et  de  joie. 

—  A  méditer  encore  avec  le  plus  grand  fruit  la  Bondad  divina,  de 
Mgr  M.  de  Jésus  Portugal.  Le  pieux  auteur  consacre  dix-huit  chapitres 
à  considérer  la  bonté  de  Dieu  dans  son  principe,  sa  nature  et  ses  mani- 
festations :  Dieu  est  bon,  il  est  la  bonté  même,  le  souverain  bien, 
la  bonté  la  plus  aimable,  qui  s'est  manifestée  dans  l'œuvre  de  la  créa- 
tion, dans  l'Incarnation,  dans  la  Passion,  dans  l'Eucharistie,  soit 
envers  les  pécheurs,  soit  envers  nous.  Quelle  doit  être  alors  notre  dis- 
position à  l'égard  de  cette  divine  Bonté,  sinon  do  la  désirer  d'un  grand 
désir  et  d'exalter  ses  bienfaits?  Il  est  seulement  à  regretter  que  cet 
excellent  opuscule  n'ait  pas  trouvé  encore  un  traducteur  qui  puisse 
nous  le  faire  lire  en  notre  langue.  Espérons  que  nous  ne  tarderons  pas 
à  jouir  de  cet  avantage,  et  ce  sera  pour  nos  pieux  fidèles  une  bonne  for- 
tune de  pouvoir  goûter  ces  pages  si  remplies  de  belles  considérations  et 
de  touchantes  exhortations. 

Piété.  —  Dévotions.  —  28  à  31.  —  Nous  no  dirons  qu'un  mot  sur 
les  quatre  opuscules  qui  forment  cette  petite  catégorie.  Serait-il,  aussi 
bien,  nécessaire  d'insister  pour  recommander  Marie  et  les  Mystères  de 
Jésus,  courtes  méditations  sur  chaque  mystère  du  Rosaire,  extraites 
des  écrits  de  Mgr  Gay  ?11  suffit  de  les  annoncer  pour  les  faire  rechercher. 
Les  mêmes  sympathies  sont  acquises  au  Dialogue  sur  l'esclavage  de 
la  Sainte  Vierge,  d'après  la  doctrine  du  B.  Grignion  de  Montfort. 
Les  lecteurs  aimeront  cet  exposé  qui  s'appuie  sur  la  tradition  de 
l'Église,  d'après  Bossuet  et  l'enseignement  officiel  :  ils  seront  surpris 
de  l'intérêt  et  du  charme  qu'ils  y  trouveront.  —  Le  petit  livre  intitulé  : 
Oficio  de  la  Santisima  Virgen  Maria  y  de  difuntos,  segiin  el  rito  romano 
n'a  de  l'espagnol  que  le  titre  et  les  premières  pages  où  sont  rappelées  les 
rubriques  et  les  indulgences  propres  à  la  récitation  de  l'office  ;  le 
reste  est  dans  la  langue  Uturgique,  en  latin.  Le  livre  se  compose  de 


—  111  — 

l'office  de  la  Sainte  Vierge,  de  l'office  des  morts,  des  sept  psaumes  de 
la  pénitence,  des  litanies  des  saints,  des  prières  pour  le  voyage  et  de 
quelques  hymnes.  • —  Enfin  le  R.  P.  José  Mach  offre  aux  âmes  pieuses 
son  livre  :  Aucora  de  Salvacion,  ou  Manuel  de  dévotion  qui  enseigne 
aux  âmes  dévotes  de  nombreux  moyens  pour  suivre  la  voie  de  la  per- 
fection et  aux  pasteurs  qui  doivent  les  diriger  d'abondants  secours 
pour  sanctifier  leurs  paroisses.  Cet  opuscule  est  riche  de  pratiques 
de  piété,  de  prières,  de  lectures  spirituelles.  Mais  encore,  il  nous 
faut  exprimer  le  même  désir  que  plus  haut,  celui  de  voir  cet  opuscule 
espagnol  passer  en  notre  langue  :  fidèles  et  prêtres  de  France  y 
trouveront  grand  profit.  F.  Chapot. 

POÉSIE  —  THEATRE 

1.  Les  Muses  françaises.  Anthologie  des  femmes- poètes  (1200  à  1891).  Morceaux 
choisis  accompagnés  de  notices  biographiques  et  bibliographiques  par  Alphonse 
SÉCHÉ.  T.  I.  Paris,  Louis-Michaud,  s.  d.,  in-12  de  400  p.,  avec  portraits,  3fr.  50. — 
2.  Le  Prisme  des  heures,  par  Louis  Maigue.  Paris,  Société  française  d'imprimerie 
et  de  librairie,  1908,  in-18  de  147  p.,  3  fr.  50.  —  3.  Près  du  foyer  et  dans  les  champs, 
par  E.  Pinçon.  Paris,  Lemerre,  1908,  in-18  deiv-106  p.,  3  fr. —  4.  A  la  Source  d'eau 
vive,  par  André  Besson.  Lille,  Société  Saint- Augustin,  1908,  in-12  de  47  p.,  1  fr. 

—  5.  L'Année  mystique,  par  le  même.  Même  éditeur,  1908,  in-12  de  16  p.,  0  fr.  50. 

—  6.  Du  Grave  au  doux,  par  Paul  Collin.  Paris,  Lemerre,  1908,  in-18  de  206  p., 
3  fr.  —  7.  Comme  au  temps  joli  des  marquises,  par  Henri  Allorge.  Paris,  Plon- 
Nourrit,  1908,  petit  in-8  de  62  p.,  1  fr.  50. —  8.  Au  Caprice  des  heures,  par  Jean 
Mauclère.  Paris,  Rousseau,  1909,  in-12  du  163  p.,  3  fr.  50.  —  9.  Le  Don  de  soi, 
par  André  Delacour.  Paris,  Plon-Nourrit,  s.  d.,  in-16  de  171  p.,  3  fr.  50.  —  10. 
Quelques  vers,  par  H.  des  Portes  de  la  Fosse.  Paris,  Lemerre,  1908,  in-18  de 
415  p.,  3  fi\  —  11.  Heures  de  brume,  par  A.  Barratin.  Paris,  Lemerre,  1908,  in-18 
de  xii-259  p.,  3  fr.  50.  —  12.  Au  Jardin  des  roses  mourantes,  par  R.  Christian- 
Frogé.  Paris,  Sansot,  1908,  in  de  177  p.,  3  fr.  50.  —  13.  Poésies,  par  A.  Couvreur. 
Paris,  Henry  Paulin,  1908,  petit  in-16  carré  de  109  p.,  2  fr. —  14.  Le  Chemin  soli- 
taire, par  Blanche  Sahuqué,  Paris,  Sansot,  1908,  in-12  de  173  p.,  3  fr.  50.  —  15. 
Dans  les  brumes  descités,  par  Marguerite  Berthet.  Paris,  Bibliothèque  générale 
d'édition,  1909,  in-18  de  221  p.,  3  fr.  50. —  16.  Les  Voix  de  la  forêt,  par  la  même. 
Même  éditeur,  1907, in-18  de  164  p.,  3  fr.  50. —  ll.VEssor,  parla  baronne  Antoine 
de  BiiiMONT.  Paris,  Plon-Nourrit,  1908,  in-16  de  135  p.,  3  fr.  50.  —  18.  Le  Chemin 
qui  monte,  par  Nicolas  Beauduin.  Paris,  Sansot,  1909,  in-8  de  164  p.,  3  fr.  50. — 
19.  Le  Voyage  d" Afrique,  par  G.  Demnia.  Paris,  Gastein-Serge,  1908,  in-18  de  206  p., 
3  fr.  —  20.  Le  Sentier  sonore,  par  Robert  de  Fav.  Paris,  Plon-Nourrit,  s.  d.,  in-16 
de  181p.,  3fr.  50. — 21.  2,a /îose  e/Ur'oHcez-te,  par  René  Turpin.  Paris,  Plon-Nourrit, 
1908,  in-16  de  148  p.,  3  fr.  50.  —  22.  Les  Iles  fortunées,  par  Gaston  Beauvais. 
Paris,  Société  générale  d'éditions,  s.  d.,  in-12  de  112  p.,  2  fr.  —  23.  Le  Cantique  des 
Cantiques,  psLV  Guy  d'Aveline  (M"""  Gazala).  Paris,  Vie  et  Amat,  1908,  in-12  de 
244  p.,  3  fr.  50.  —  2i.  Les  Fardeaux  chéris,  pantoums,  parL  R.-G.  Paris,  Lemerre, 
1908,  in-18  de  220  p.,  3  fr.  —  25.  Pauca  Paucis,  par  Raymond  Darsilks.  Fouge- 
roUes,  imp.  Reuchet-Ougier,  1907,  in-8  de  172  p. —  26.  Poèmes,  par  Archag  Tcho- 
BANiAN  (traduction  française).  Paris,  Mercure  de  France,  1908,  in-12  de  xii-263 
p.  3  fr.  50.  —  27.  Rêves  païens,  par  C.  Psycha.  Paris,  imp.  de  Vaugirard,  s.  d., 
in. 8  de  100  p. 

Théatri:.  —  1.  Un  Divorce,  pièce  en  trois  actes,  par  Paul  Bourget  et  André  Cury. 
Paris,  Plon-Nourrit,  1908,  in-16  de  xxiv-205  p.,  3  fr.  50.  —  2.  Alkestis,  pièce  en 
cinq  actes  en  vers,  d'après  Euripide,  par  Berthe  "Vadier.  Paris,  Lemerre,  1908, 
in-18  de  82  p.,  2  fr.  —  3.  Théâtre  de  Léon  Duvauchel.  Paris,  Lemerre,  1908,  in-18 


—  112  — 

de  245  p.,  3fr.  50. —  4.  Z,a  Bonne  Lorraine,  chronique  nationale,  par  Jules  de  Mar- 
THOLD.  Paris,  Daragon,  1908,  in-16  de  87  p.  —  5.  VAube  sur  Béthanie,  poème 
dramatique  en  un  acte,  par  Jules  Leroux.  Roubaix,  Édition  du  Beffroi,  1908, 
in-12  de  33  p.,  0  fr.  75.  —  6.  La  Route  infinie,  pièce  en  un  acte,  par  L.-M.  Thé- 
M.\NLYS.  Paris,  Jouve,  1908,  in-12  de  84  p.,  1  fr. 

Poésie.  —  1.  —  M.  Alphonse  Séché  a  réuni  sous  ce  titre  :  Les  Muses 
françaises,  une  Anthologie  des  femmes  poètes.  Cinquante-cinq  noms 
figurent  dans  ce  recueil,  qui  va  du  douzième  siècle  jusqu'à  nos  jours. 
On  y  rencontre  donc  toutes  les  muses  célèbres,  et  même  quelques 
autres,  dont  on  n'avait  guère  entendu  parler.  Il  est  vrai  que  les 
inconnues  font  parfois  de  jolies  choses.  Mais  peut-être  aurait-on 
besoin  d'une  autre  petite  anthologie  pour  réduire  encore  à  sa  quin- 
tessence celle  de  M.  Alphonse  Séché.  • —  Chaque  femme  poète  a  sa 
notice.  Beaucoup  de  ces  notices  rendent  le  lecteur  mélancolique.  La 
proportion  des  égarées  et  des  dévoyées  est  malheureusement  forte, 
plus  forte  dans  le  monde  des  dixièmes  muses  que  dans  la  société 
ordinaire.  Dans  les  poésies  citées,  l'amour  élégiaque  tient  une  place 
un  peu  encombrante.  Un  peu,  c'est  bien,  mais  il  y  en  a  trop.  M. 
Séché  observe  d'ailleurs  avec  raison  que  «  la  femme  excelle  dans  la 
narration  douloureuse  de  ses  peines  ».  Mais  cette  «  excellence  »  n'ex- 
clut pas  la  monotonie.  On  voudrait  plus  de  muses  dans  le  genre  de 
]\jme  Anaïs  Ségalas,  qui  a  si  gentiment  écrit  pour  les  enfants.  C'est 
encore  une  spécialité  où  les  femmes  excelleraient,  si  elles  le  voulaient 
bien.  Dans  l'ensemble,  le  recueil  est  intéressant  et  représente  un 
travail  des  plus  méritoires, 

2.  ■ —  A  ceux  qui  goûtent  la  vraie  poésie,  la  poésie  sincère,  sérieuse, 
profonde,  pénétrée,  nous  pouvons  signaler  sans  crainte  le  Pris?ne 
des  heures,  de  M.  Louis  Maigue.  La  critique  austère,  après  avoir 
blâmé  quelque  recherche  de  modernisme  dans  les  expressions,  noté 
quelques  accès  de  subtilité  psychologique  et  fait  ses  réserves  sur 
l'emploi,  rare  d'ailleurs,  de  l'hiatus,  peut  louer  sans  réserves  la  fraî- 
cheur de  l'inspiration,  la  sincérité  du  sentiment  et,  très  souvent,  la 
cadence  des  strophes.  M.  Louis  Maigue  n'est  pas  sans  analogie  avec 
Sully-Prudhomme,  qu'il  aime,  mais  il  est  franchement  chrétien,  et 
sa  profondeur  est  vivifiante.  L'amour  n'est  pas  absent,  mais  revêt 
une  forme  noble,  voilée,  discrète,  qui  n'enlève  aucun  charme  à  son 
expression.  Des  pièces  comme  Revoir,  Sagesse,  la  Maison  de  province, 
J'ai  dit  à  ma  douleur...  sont  des  bijoux  que  les  amateurs  sauront  appré- 
cier. L'auteur  a  un  éloge  original  de  la  Poussière.  Il  faudrait  de  trop 
longues  citations  pour  faire  apprécier  dignement  le  talent  du  poète. 
Voici  toutefois  les  deux  strophes  par  lesquelles  débute  Revoir  : 

Je  l'ai  revue  après  deux  ans, 

Celle  à  qui  je  songeais  sans  cesse  : 

Elle  avait  rempli  ma  jeunesse, 

Et  ses   yeux  chers   m'étaient   présents. 


—  113  — 

Je  l'ai  revue  un  soir  d'automne, 
Sous  des  cieux  froids  et  dépouillés... 
Nos  cœurs  étaient  dépareillés, 
Et  je  n'ai  retrouvé  personne. 

M.  Louis  Maigue  dit  des  choses  intimes  dans  une  note  contenue,  et 
des  choses  graves  sur  un  ton  qui  n'est  pas  celui  du  prêche.  Il  évoque 
avec  une  émotion  communicative  les  souvenirs  du  passé.  Vers  la  fin 
du  volume  il  descend  de  plus  en  plus  dans  les  profondeurs  de  la,  vie^ 
intérieure,  et  y  projette  la  lueur  de  beaux  vers  qui  obligent  le  lecteur 
à  penser. 

3.  —  On  savoure  aussi  de  beaux  vers,  sonores,  bien  frappés,  ryth- 
miques, dans  le  recueil  vraiment  remarquable  de  M.  E.  Pinçon  : 
Près  du  foyer  et  dans  les  champs.  Que  les  sujets  soient  bien  originaux 
on  peut  le  contester,  et  la  banalité  trouve  en  quelques  pages  son 
petit  coin.  Les  petits  vers  de  six  syllabes  sont  parfois  insignifiants. 
Mais,  cette  part  faite  à  la  critique,  nous  avouons  avoir  été  charmé 
à  la  lecture  de  ce  volume,  où  les  sentiments  les  plus  délicats  sont  traduits 
dans  une  langue  harmonieuse,  animée  d'un  vrai  lyrisme  comme  on 
n'en  voit  plus  beaucoup  aujourd'hui.  Voici  une  fin  de  pièce  : 

Soyez  béni,  Seigneur,  dans  vos  soleils  superbes. 
Dans  l'insecte  qui  dort  caché  parmi  les  herbes, 
Dans  les  chênes  altiers,  dans  les  fleurs  du  sillon  ! 
Qu'ils  chantent  votre  nom,  l'oiseau  sous  la  ramure, 
La  fleur,  l'étoile  d'or  et  toute  la  nature  ! 
Seigneur  vous  êtes  grand  !  Seigneur  vous  êtes  bon  ! 

Les  souvenirs  d'enfance,  les  veillées  au  coin  du  feu,  la  vieille  maison 
■qu'on  démolit,  le  nuage  qui  passe,  le  sous-bois  mystérieux,  la  lampe 
fidèle,  inspirent  le  poète.  —  Voici  maintenant  le  chrétien  qui  se  relève 
après  un  instant  de  «  lassitude  »  : 

Mais  d'un  robuste  effort  il  relève  la  tête. 

Et,  vaillant,  le  front  haut,  bravant  l'âpre  tempête. 

De  l'enfer  déchaîné,  des  passions  en  feu. 

Sans  laisser  s'égarer  son  regard  en  arrière, 

Sans  laisser  sa  charrue  échouer  dans  l'ornière. 

Il  poursuit  son  labeur  dans  le  grand  'champ  de  Dieu. 

M.  Pinçon  atteint  donc  par  moments  la  grande  poésie.  Il  a  le  coup 
d'aile,  et  nous  l'en  complimentons. 

4.  —  Le  court  recueil  de  M.  André  Besson  :  A  la  Source  d'eau  vive, 
ne  respire  pas  seulement  la  piété  la  plus  pure  et  la  plus  ardente;  il 
brille  encore  par  la  spontanéité  du  mouvement,  le  pittoresque  du 
coloris  et,  si  l'on  nous  passe  l'expression,  par  une  naïveté  courageuse 
qui  n'est  pas  sans  charme.  Le  poète  parle  avec  élan  et  simplicité  à  la 
fois. 

Je  viens  souffrir  ver.s  vous,  mon  Dieu,  j'ai  de  la  peine. 
FÉVRIER  190y.  T.  CXV.  8. 


—  114  — 

et  sa  foi  confianlo  lui  dicte  de  beaux  vers  d'une  forme  achevée. 
Il  dit  encore  à  Dieu  : 

Je  baise  votre  main  qui  frappe  ma  misère, 
Plus  vous  m'aurez  meurtri,  plus  je  vous  bénirai. 
Je  sais,  ô  mon  bourreau,  que  vous  êtes  mon  père; 
.S'il  vous  plaît  que  je  souffre  encor,  je  veux  le  faire, 
Et  je  vous  remercie,  ô  mon  maitre  adoré. 

M.  André  Besson  imagine,  quand  il  veut,  des  rythmes  ingénieux 
et  sait  vaincre  des  difficultés  qu'il  a  recherchées  en  artiste.  On  peut 
lui  reprocher,  çà  et  là,  un  peu  de  décousu,  d'où  résulte  quelque  obscu- 
rité, mais,  en  somme,  c'est  assez  rare. 

5.  ■ —  La  plaquette  encore  plus  courte  du  même  auteur,  intitulée 
U Année  mystique,  se  recommande  par  les  mêmes  qualités  cl.'édification 
et  d'entrain  à  la  fois  poétique  et  mystique.  On  y  rencontre  des  vers 
bien  frappés  comme  ceux-ci  : 

Tout  homme  a  son  Carême  et  sa  Semaine  sainte... 
Avoir  peur  de  souffrir,  c'est  avoir  peur  de  Dieu... 
Jésus-Christ  n'est  pas   mort  sur  une  croix  d'argent... 
Pour  contempler  la  mort  il  faut  être  à  genoux. 

Aussi  mâle  que  pieux  :  telle  est  la  formule  qui  peut  définir  le  talent 
de  M.  Besson. 

6.  • —  La  faciUté  est  une  des  qualités  maîtresses  de  M.  Paul  Collin. 
C'est  ce  qui  lui  permet  de  passer  Du  Grave  au  doux.  Hâtons-nous 
d'ajouter  qu'il  réussit  mieux  dans  le  doux  que  dans  le  grave,  bien 
qu'une  pointe  de  mélancolie  et  d'attendrissement  léger  conviennent 
tout  à  fait  à  son  talent.  Cette  facilité  a  le  tort  de  se  doubler  parfois  de 
prolixité,  mais  des  strophes  gracieuses  arrivent  bien  vite  pour  plaider 
la  cause  du  poète.  Certains  passages,  nuancés  de  mièvrerie,  rappellent 
Charles  d'Orléans.  Comme  le  royal  trouvère,  M.  Collin  aime  à  mettre 
en  relief  la  nature,  le  côté  joli.  Du  reste,  il  a  du  bon  sens,  n'oublie  pas 
la  note  chrétienne  et,  dans  ses  poésies  amoureuses,  respecte  le  lecteur. 
La  langue  est  assez  pure,  et  c'est  par  exception  qu'on  rencontre  des 
mots  comme  «  introublé  ». 

LYspace  nous  manque  pour  citer  un  Sonnet  mélancolique  et  Dieu 
nous  aime,  qui  sont  des  pages  d'exceptionnelle  valeur.  Bornons-nous  à 
la  bluette  suivante,  intitulée  :  •  Trop  d'obéissance  : 

Quand  j'avais  huit"  ans.  elle  enavait^quatrc. 
Pour  bien  affirmer  mes  droits  de  garçon, 
Je  me  permettaits  souvent,  sans  la  battre, 
De  la  rudoyer  do  belle  façon. 

Aloi-s  elle  allait  chercher  sa  famille 
Pour  qu'à  ma  colère  on  mît  le  holà. 
«  Monsieur,  embrassez  la  petite  fdie, 
Dit  un  jour  son  père,  et  puis,  aimez-la  !» 


—  115  — 

L'aimer?...   J'obéis  quand  on  me  commande; 
Docile  à  l'aimer  je  me  résolus, 
Oui;  mais  à  présent,  la  petite  est  grande; 
Ce  sont  les  parents  qui  ne  veulent  plus. 

M.  Collin  pourrait  faire  d'autres  jolies  choses  dans  ce  genre...  s'il 
savait  plus  souvent  être  court. 

7.  —  Plusieurs  fois  déjà  nous  '  avons  remarqué  l'originalité  et 
l'ingéniosité  de  M.  Henri  Allorge.  Son  nouveau  recueil  :  Comme  au 
temps  joli  des  marquises^  orné  de  gracieuses  vignettes,  mérite  l'in- 
térêt des  amateurs.  C'est  une  série,  très  courte  d'ailleurs,  de  madri- 
gaux, rondeaux,  ballades,  pastichant  artistement  la  galanterie  du 
grand  siècle.  L'ensemble  est  gentil  et  amusant.  Voici  un  sonnet  où 
l'auteur  imite  jusqu'aux  inversions  d'autrefois  : 

Cupidon,  l'enfant  rieur, 
D'une  sayette   acérée 
A  mon  àme  déchirée, 
Dont  j'ai  cuisante  douleur. 

Belle  dame  au  ris  moqueur, 
Pour  quelle  cause  ignorée, 
L'ardent  fils  de  Cythérée 
Épargna-t-il  votre  cœur? 

Cette  injustice  est  extrême  !  . 

Qui  résoudra  ce  problème? 
Hélas  !  je  viens  d'y  penser. 

Marquise,  la  chose  est  claire  : 
C'est  qu'il  n'osa  vous  percer, 
Vous  ayant  pris  pour  sa  mère. 

(•'.  Pris  »  pour  «  prise  ».  La  licence  grammaticale  peut-elle  passer  mêm^.^ 
en  un  pastiche? 

8.  —  M.  Jean  Mauclère  est  un  courageux.  Il  ose  faire  des  «  odes  »,  de 
véritables  odes  comme  on  en  faisait  autrefois,  et  son  recueil  Au 
Caprice  des  heures,  en  renferme  quelques-unes  qui  ne  sont  pas  mal 
tournées.  Nous  aimons  l'ode  sur  la  Comète,  celle  sur  la  Petite  Ville. 
En  revanche,  le  morceau  sur  Sodome  est  écrasé  par  la  comparaison 
avec  le  Feu  du  Ciel,  des  Orientales.  Du  reste,  ces  odes  sont  entremêlées 
de  pièces  de  diverse  nature  qui  témoignent  d'un  talent  souple  et 
alerte.  Le  mouvement  et  la  faciUté  sont  deux  qualités  notoires  chez 
M.  Mauclère. 

Voici  un  assez  joli  sonnet  sur  ]\Ion  Chat  : 

C'est  encore  un  enfant  :  son  petit  nez  froncé 
Surmonte  drôlement  sa  fine  bouche  rose;  > 

A  le  voir,  par  moments,  on  jurerait  qu'il  pose. 
Tellement  il  est  grave,  austère  et  compassé. 


—  116  — 

Appuyé  sur  le  bord  de  son  panier  tressé 
11  nous  regarde  tous  d'un  air  digne  et  morose; 
Peut-être  il  réfléchit  à  la  métempsycose, 
Considérant  s'il  fut  un  homme,  au  temps  passé; 

Ou  peut-être  qu'il  songe  aux  peines  de  la  vie, 
Aux  chagrins,  aux  douleurs,  par  qui  fut  assombrie 
La  destinée  humaine...  et  celle  aussi  des  chats. 

Non,  son  souci  présent  est  plus  proche  et  plus  grave  : 
Un  papillon  voltige,  et  Minet,  pas  très  brave, 
Se  demande,  anxieux,  s'il  ne  s'enfuira  pas. 

Détail  grammatical  :  M.  Mauclère  écrit  quelque  part  :  «  pour  ne  pas 
qu'il  s'attriste  ».  Rappelons-lui  doucement  que  ce  n'est  pas  français. 

9.  —  Un  spiritualisme  ardent  est  la  note  dominante  dans  le  Don 
de  soi,  de  M.  André  Delacour.  Ce  «  don  de  soi  »,  lui  apparaît  surtout 
sous  deux  formes,  l'amour  et  la  pitié.  L'auteur  a  des  emportements 
platoniques,  mais  il  ne  réussit  pas  toujours  à  planer  et  le  remords  arrire. 
Il  se  repent  et  dit,  très  orthodoxe  : 

L'amour  n'est  pas  heureux  qui  n'est  pas  l'amour  juste. 
Reconnu  par  le  Droit  et  sublime  par  Dieu, 
Haut  comme  les  clochers,  pur  comme  le  Saint-Lieu, 
Et  qui  fonde  un  foyer  sur  une  base  auguste. 

M.  Delacour  plaint  ensuite  les  douleurs  humaines,  les  misères  du 
peuple,  les  tristesses  des  isolés.  11  célèbre  le  dévouement  des  sauve- 
teurs, salue  les  Vendéens  : 

Vous  êtes  les  héros  d'une  ardente  épopée 
Où  l'amour  et  la  foi  brandissaient  seuls  l'épée, 

Lui  donnant  des  lueurs  d'éclair; 
Car,  n'ayant  pas  souci  d'intérêt  et  de  gloire, 
Vous  ne  faisiez  la  guerre  et  vouliez  la  victoire 

Que  pour  un  but  splendide  et  fier. 

L'auteur  a  du  soufïle,  de  l'éloquence,  de  la  noblesse.  Il  regarde 
constamment  en  haut.  Beaucoup  de  pièces  se  terminent  par  le  mot 
«  Dieu  ».  Son  vers  est  correct  et  appliqué,  mais  le  prosaïsme  et  les  che- 
villes n'en  s'ont  pas  toujours  exclus.  11  arrive  à  M.  Delacour  de  glisser 
dans  le  genre  nébuleux,  et  même  dans  le  genre  ennuyeux.  Mais  il  lui 
arrive  aussi  de  trouver  des  vers  splendides. 

10.  —  Sous  ce  titre  modeste  :  Quelques  vers,  M.  H.  des  Portes  de  la 
Fosse,  diplomate  de  profession  et  poète  à  ses  heures,  publie  un  recueil 
d'une  allure  franche  et  pittoresque  où  un  petit  grain  de  rêverie 
ne  nuit  pas  à  de  sobres  et  nettes  descriptions.  Il  a,  de  ses  voyages, 
rapporté  des  impressions  diverses;  mais  nous  préférons  encore  ce 
début  de  sonnet,  rapporté  du  Bois  de  Boulogne  (  Tour  du  lac)., 

Passez  dans  vos  landaus  et  vos  automobiles, 
O  mondains,  affublés  de  vos  plus  beaux  atours. 
Montrez  le  dernier  cri  des  couturiers  habiles, 
Étalez  votre  faste  et  faites  mille  tours; 


—  147  — 

Avalez  à  longs  traits  le  sable  et  la  poussière, 
Échangez  cent  propos  d'intérêt  dépourvus; 
Votre  âme  n'en  sera  plus  haute  ni  plus  fière, 
Mais  vous  serez  heureux,  car  Paris  vous  a  vus. 

M.  des  Portes  de  la  Fosse  laisse  passer  des  négligences,  comme  il  con- 
vient à  un  poète  amateur  et  quasi  grand  seigneur.  Certaines  pages 
sont  faibles  et  insignifiantes.  Mais  plus  d'une  strophe,  çà  et  là,  est 
joliment  travaillée  et  l'auteur  connaît  l'art  des  chutes  harmonieuses. 

11.  —  M"i*^  A.  Barratin  a  déjà  écrit  plusieurs  recueils  de  pensées 
dont  quelques-unes  témoignent  d'une  âme  vraiment  profonde.  Cette 
profondeur  de  sentiments  nous  apparaît  dans  les  Heures  de  brume. 
La  moitié  du  volume  est  l'écho  d'un  deuil  récent  qui  a  bouleversé 
l'âme  de  l'auteur.  Puis  viennent  des  pièces  de  fantaisie,  qui  prouvent 
la  variété  de  son  talent.  A  travers  un  certain  vague  qui  se  confond 
avec  la  «  brume  »  du  titre,  on  entrevoit  une  âme  élevée,  généreuse, 
conduite  au  détachement  par  la  douleur.  Certaines  pages  apparaissent 
au  lecteur  dénuées  d'intérêt,  bien  qu'elles  en  aient  sans  doute  beaucoup 
pour  l'auteur.  Voici,  en  revanche,  un  morceau  pénétrant  intitulé  : 
Oubli  : 

Je  n'ai  jamais  voulu,  dans  mes  heures  terribles, 
Invoquer  ton  secours,  oubli  que  je  maudis; 
J'aime  mieux  les  regrets,  même  les  plus  sensibles, 
Que  ton  soufïle  glacé  qu'on  nomme  un  paradis. 

J'aime  mieux  trop  sentir  que  de  sentir  à  peine; 
J'aime  mieux  trop  souffrir  que  de  souffrir  trop  peu; 
Pour  ma  douleur  je  sens  plus  d'amour  que  de  haine, 
Et  la  garder  toujours  est  mon  plus  tendre  vœu. 

Oubli  !  crime  du  cœur,  tombe  sans  fleur  aimable. 
Sans  soupirs,  sans  oiseaux,  sans  le  moindre  frisson, 
Plus  froide  que  la  mort  et  plus  abominable, 
Je  n'applaudirai  pas  ta  cynique  chanson. 

Les  deux  premiers  vers  de  la  deuxième  strophe  sont  dignes  des  plus 
grand  poètes.  On  en  trouve  çà  et  là  d'aussi  beaux.  Ailleurs,  les  Heures 
de  brunie  pèchent  par  des  négligences  et  des  prosaïsmes,  mais  c'est 
peut-être  la  rançon  d'une  qualité,  l'absence  de  recherche,  qui  dis- 
tingue heureusement  M™"^  Barratin. 

12.  —  Le  soufïle  poétique  ne  manque  pas  Au  Jardin  des  roses  mou- 
rajites.  L'imagination  y  touche  à  l'exubérance,  et  l'exubérance  verse 
dans  l'égarement.  D'autre  part,  peu  de  poètes,  parmi  les  jeunes,  con- 
naissent mieux  que  M.  Christian-Frpgé  l'art  de  balancer  mélodieuse- 
ment une  strophe  et  d'imprimer  à  une  pièce  un  mouvement  continu. 
Ce  qui  est  fâcheux,  c'est  l'emploi  qui  est  fait  de  ce  talent.  L'auteur 
revendique  «  le  droit  au  blasphème  ».  Il  chante  la  débauche  avec  fré- 
nésie ;  puis,  par  une  réaction  bien  connue,  conçoit  pour  la  femme  une 
haine  furieuse.  Il  laisse  entrevoir  que  certaines  de  ses  poésies  sont 


—  lis  -    , 

écrites  sous  l'influence  de  l'opium  ou  de  l'éther.  Il  rime  une  Prière  à 
Satan  qui  commence  ainsi  : 

Satan,  je  suis  à  toi  !  Prends  ma  vie  et  mon  âme  ! 

Parfois  ce  sont  des  cris  à  la  Musset,  mais  avec  un  accent  plus  âpre. 
Les  vers  suivants  donnent  à  la  fois  une  idée  de  l'état  d"àme  désolant 
du  poète  et  de  sa  manière  harmonieuse,  qu'il  faut  bien  constater  : 

Oh  !  quel  que  soit  le  but  où  le  Destin  m'entraîne, 
Quel  que  soit  le  néant  qui  me  reprenne  un  jour, 
Je  saurai  bien  pleurer,  en  secouant  ma  chaîne. 
Le  deuil  de  l'espérance  et  le  deuil  de  l'amour. 
.Nous  avons  tant  souffert  que  nous  pouvons  maudire. 
Mes  malédictions  se  pressent  sur  ma  lyre, 
Car  Dieu  méconnut  l'Homme  après  l'avoir  créé. 
Niant  la  Providence  en  ma  douleur  sublime 
Mes  larmes  de  Damné  ruissellent  dans  l'abîme 
Comme  un  reproche  amer  à  la  divinité  ! 

Beau  talent,  mais  âme  malade  pour  la  guérison  de  laquelle  nous 
faisons  des  vœux. 

13.  —  Sous  le  simple  titre  de  Poésies,  M'"*^  A.  Couvreur  a  rassemblé 
ce  qu'on  peut  appeler  les  impressions  d'une  «  intellectuelle  »  moderne, 
notamment  celles  qu'elle  a  rapportées  de  l'Ecole  normale  de  Sèvres, 
où  elle  fut  professeur.  Son  état  d'âme  témoigne  de  ce  que  devient  le 
christianisme  en  passant  par  le  laminoir  du  lycée  de  filles  perfectionné. 
M™^  Couvreur  est  une  stoïcienne,  au  style  discret  et  contenu,  maniant 
le  vers  avec  une  certaine  vigueur,  plutôt  virile.  Çà  et  là  perce  l'éru- 
dition de  l'universitaire  qui  a  pioché  ses  programmes. Elle  met  Hegel  à 
côté  de  Platon.  Ailleurs,  elle  compare  le  même  Platon  à  Kant,  que 
d'ailleurs,  et  avec  raison,  elle  trouve  rébarbatif  : 

Dans  les  brouillards  lointains  du  Nord, 
L'impératif  catégorique 
Surgit,  spectre  frigorifique 
Qui  nous  congèle  tout  d'abord. 

Et  les  froides  Antinomies, 
Qu'un  démon  polaire  évoqua, 
Tour  à  tour  pour  «  Nein  »  et  pour  «  la  » 
Ouvrent  leurs  lèvres  de  momies. 

Sur  les  glacis  de  Kœnisberg, 
Le  phénomène  et  le  Noumène 
Dressent  leur  statue  inhumaine 
Comme  un  gigantesque  iceberg. 

Toutefois,  c'est  l'alexandrin  qui  est  le  vers  préféré  du  poète,  qu 
en  use  d'une  façon  parfois  un  peu  poncive,.  mais  dans  im  rythme 
généralement  large  et  harmonieux. 

14.  —  Le  Chemin  solitaire  où  se  promène  M'"*'  Blanche  Sahuqué 


—  119  — 

n'a  pas  sur  la  promeneuse  une  influence  calmante.  Il  y  a  beaucoup 
d't-xaltation  dans  ee  recueil. Il  est  vrai  que  c'est  de  l'exaltation  esthé- 
tique. Voici  le  début  d'un  sonnet  intitulé  Nuances  : 

En  tons  et  demi-tons,  mon  cœur  blasé  s'invite, 
En  frissons  nuancés,  il  bat  sur  l'Infini; 
L'achevé  le  déçoit.  Il  esquisse  à  demi 
L'informulé  latent,  vague  espoir  qui  l'entraîne. 

Autre  définition  du  cœur  de  l'auteur  : 

Mon  cœur,  mystique  épave  où  veille  un  ostensoir. 

Cela  n'empêche  pas  M"^^  Sahuqué  d'être  plus  païenne  que  chré- 
tienne. Sa  manière  généralement  alambiquée  vise  parfois  à  la  gran- 
deur : 

Et  notre  amour  grondait  en  nous  comme  la  mer. 

j\jme  Blanche  Sahuqué  ne  manque  pas  de  flamme  poétique.  Mais 
elle  aurait  surtout  besoin  de  pondération  et  parfois  aussi  de  gram- 
maire. 

15.  —  C'est  Dans  les  brumes  des  cités  que  M^i^  Marguerite  Berthet 
recueille  ses  inspirations.  On  ne  peut  donc  s'étonner  que  sa  poésie  en 
demeure  un  peu  brumeuse.  Sans  doute  ce  n'est  pas  l'imagination 
qui  manque  à  l'auteur,  mais  cette  imagination  se  perd  dans  le  vague, 
dans  le  bizarre,  dans  l'abstrait.  AP^*^  Berthet  a  des  pages  attendries  sur 
la  misère  et  des  aspirations  vers  un  idéal  qu'atteindra  plus  tard  l'hu- 
manité. On  ne  peut  que  louer  certaines  effusions  charitables  : 

Nous  vivons  isolés,  rêvant  d' œuvres  fécondes; 
Nous  passons  dans  la  foule,  ignorants  et  distraits; 
Nous  heurtons  sans  les  voir  les  détresses  profondes; 
Lorsque  nous  les  voyons,  nous  ne  sommes  pas  prêts. 

Malgré  tout  il  y  a  dans  ce  volume  plus  de  rêveries  humanitaires 
que  de  sens  chrétien.  La  forme  n'a  aucun  relief  spécial.  Elle  dénote 
toutefois  chez  l'auteur  une  réelle  habitude  de  la  versification. 

16.  —  Un  autre  recueil  de  M^i^  Berthet  :  Les  Voix  de  la  forci,  a  été 
honoré  d'une  lettre-préface  de  M.  SuUy-Prudhomme,  qui  probable- 
ment reconnaissait  quelque  chose  de  sa  manière  dans  ce  symbolisme 
un  peu  pâle  et  ces  aspirations  philosophiques  vers  un  lointain  idéal. 
■NPis  Berthet  décrit  un  peu  sa  forêt,  mais  elle  se  livre  surtout  à  des 
méditations  à  propos  de  la  dite  forêt. A  un  moment  surtout,  elle  éprouve 
le  besoin  de  dire  son  mot  contre  le  moyen  âge,  la  féodalité  et  les  moines. 
En  un  mot,  on  voit  bien  1'  «  intellectuelle  »  moderne.  S'il  faut  l'en 
croire, 

La  fleur  naît  de  la  fange 
Et  l'harmonie  est  fleur  des  révolutions. 

Hâtons-nous  d'ajouter  que  M^^^  Berthet  déploie,  dans  ce  recueil 


—  120  — 

comme  dans  l'autro,  ses  qualités  de  versificatrice  exercée  et  son  ardeur 
enthousiaste.  Voici  un  exemple  de  ce  qu'elle  sait  faire  avec  le  vers  de 
neuf  syllabes.  C'est  tiré  du  Semeur  de  perles  : 

Entends-tu,  dans  les  bois,  le  grelot 

Qui  tinte,   très  grêle'/ 
Quand  tout  dort,  oiseaux  bleus,  sur  le  flot 

La  tête  sous  l'aile. 

C'est  le  pas  très  léger  d'un  liilia 

Qui  sème  des  jierles, 
Et  qui  fuit  comme  un  trait  au  malin, 

Aux  rires  des  merles. 

Ces  rythmes  peuvent  être  discutés,  mais  l'eïïort  est  méritoire  et  les 
résultats  gracieux. 

17.  —  Il  n'y  a  pas  beaucoup  de  mouvement  dans  l'Essor,  do  M'^^^'  îa 

baronne  Antoine  de  Briment,  Mais  il  s'y  trouve  de  la  délicatesse  et  un 

certain  raffinement  dans  le  tracé  des  contours.  Ce  sont  tantôt  des 

tableautins  antiques,  tantôt  des  rêveries  familières  où  la  ciselure  ne 

perd  pas  ses  droits.  Certaines  images    sont  d'une  hardiesse  païenne 

un  peu  risquée,  surtout  si  l'on  considère  le  sexe  et  le  nom  de  l'auteur; 

mais,  d'une  façon  générale,  il  y  a  de  la  modération,  et  le  ton  est  celui 

d'un  virtuose.  Nous  reproduisons  les  deux  quatrains  d'un  sonnet  sur 

le  Bonnet  : 

L'aïeule  du  village  est  là,  tirant  l'aiguille 
Malgré  ses  mauvais  yeux  et  ses  quatre-vingts  ans. 
Fidèle,  elle  a  posé  —  blanc  sur  ses  cheveux  blancs  — 
Le  bonnet  de  linon  qu'a  renié  sa  fille. 

O  Bonnet  qui  s'en  va,  blanc  Bonnet  qu'émoustille 
La  ruche  de  dentelle  aux  retroussis  galants, 
Pourquoi  vous  préférer  des  chapeaux  désolants, 
D'affreux  chapeaux  couverts  de  fleurs  de  pacotille  ? 

Les  bluettes  de  l'Essor  sont  souvent  jolies,  mais,  sauf  exception,  les 
chutes  manquent  de  nerf  et  de  piquant. 

18. —  M.  Nicolas  Beauduin  est  plus  que  grave,  il  est  sombre;  il  est 
plus  que  triste,  il  est  pessimiste.  Telle  est  du  moins  la  note  qui  domine 
dans  une  bonne  partie  du  Chemin  qui  monte.  L'auteur  nous  apparaît 
d'abord  sous  les  traits  d'un  stoïcien  véhément,  et  même  violent,  qui 
anathématise  tout  autour  de  lui.  Puis,  sous  ce  stoïcien,  perce  un  chré- 
tien qui  implore  Dieu  avec  une  énergie  désespérée,  déteste  ses  fautes, 
se  débat  contre  le  doute,  aspire  à  la  lumière,  tient  le  langage  d'un 
ascète.  Vers  la  fin  du  recueil,  c'est  un  hymne  enflammé  à  l'amour 
divin,  d'un  style  vibrant,  soutenu,  et  même  tendu,  où  passe  un  souffle 
ardemment  lyrique.  La  langue  de  M.  Beauduin  est  éloquente,  farou- 
che, parfois  énergiquement  triviale.  Voici  une  constatation  sociale  : 

Les  ventres  creux  font  équilibre  aux  ventres  pleins. 


—  121  — 

On  sent  dans  ce  livre  comme  un  écho  lointain  du  livre  de  Job.  Il  y  a 

d'ailleurs    des  redites.  Los  strophes  suivantes  donneront  une  idée  du 

ton  général  : 

Ne  plus  crier,  ne  plus  souffrir,  ne  plus  se  plaindre, 
Ne  plus  chercher  l'amour  qui  ment,  l'amour  trompeur, 
Être  calme,  être  sage,  être  grand,  ne  plus  craindre, 
Et  regarder  l'amour  sans  angoisse  et  sans  peur  ! 

N'attendre  rien  du  jour  décevant  qui  se  lève, 
Illusoire  et  stérile  en  son  vain  appareil, 
Se  dire  qu'en  la  vie  atroce  qu'on  achève, 
A  ce  jour  mensonger  demain  sera  pareil. 

Que  rien  ne  changera  la  destinée  amère. 

Que  tout  est  vain,  que  tout  est  faux,  que  tout  nous  ment. 

Et  que  tout  ce  qui  vit  en  ce  monde  éphémère 

Comme  une  fleur  d'avril  ne  dure  qu'un  moment. 

Mais  le  poète  serait  plus  poignant  s'il  n'abusait  pas  de  cette  corde. 

19.  —  L'Algérie  continue  à  inspirer,  de  temps  en  temps  les  poètes. 
M.  G.  Demnia,  qui  a  fait  le  Voyage  d'Afrique,  nous  en  rapporte  des 
impressions  pittoresques,  avec  beaucoup  de  couleur  locale  et  de  sin- 
eérité.  La  note  dominante  est  gaie  et  légère. 

Le  sonnet  suivant,  sur  Constantine,  donnera  une  idée  assez  approxi- 
mative de  sa  manière  : 

L'âpre  rocher  se  dresse  en  haute  citadelle. 
Nid  d'aigles  qui  domine  un  horizon  lointa'in. 
Sûr  repaire  où  les  Beys  entassaient  leur  butin, 
A  l'abri  du  ravin  d'où  s'élève  un  bruit  d'ailes; 

Le  torrent  qui  s'attarde  en  claires  cascatelles 
A  ciselé  le  roc  au  cœur  du  travertin. 
En  un  fort  où,  longtemps,  leur  cortège  hautain, 
Méprisant  sa  menace,  a  ri  de  l'infidèle. 

Vertigineux,  l'abîme  emprisonne  ce  bloc 
Dont  la  fauve  paroi  semble  éventrée  au  choc 
Héroïque  ou  divin,  d'une  lame  géante. 

Et  l'Étranger,  du  bord  où  pendent  des  lambeaux 

De  verdures,  s'étonne,  en  la  faille  béante. 

De  voir  planer  sous  lui  tout  un  vol  de  corbeaux. 

Comme  on  le  voit,  M.  Demnia  manie  habilement  la  rime,  et  cultive  le 
coloris.  On  peut  lui  reprocher  de  ne  pas  toujours  choisir,  dans  les 
mœurs  arabes,  ce  qu'il  y  a  de  plus  décent. 

20.  -  Il  y  a  dans  M.  Robert  de  Fay  un  romantique  et  un  éclectique. 
Une  émotion  assez  sincèi'e,  l'amour  du  pittoresque,  l'accompagnent 
dans  le  Sentier  sonore.  Ce  sentier  nous  promène  un  peu  partout,  en 
Algérie,  en  Italie,  dans  l'antiquité,  à  travers  des  paysages  où  l'auteur 
rêve.  Certaines  pages  sont  imprégnées  d'une  ingénuité  douce.  Ailleurs 
éclate  l'entrain,  et  les  rimes  rares,  les  noms  propres,  les  mots  à  effets 


—  122  — 

arrivent  à  la  rescousse.  La  banalité  aussi  a  sa  place.  Notons,  par 
exemple,  quelques  vieux  lieux  communs  sur  les  Borgia.  Certaines 
expressions  sont  plutôt  bizarres.  L'auteur  aime,  à  Tunis, 

Voir  la  lune  apparaître  habile  et  gigantesque. 

Pourquoi  liabile?  On  peut  critiquer  aussi  l'entrelacement  des  vers 
qui  ne  distingue  pas  les  rimes  masculines  des  rimes  féminines.  Le 
lecteur  n'en  rencontre  pas  moins  de  belles  strophes,  celle-ci,  notamment, 
qui  prêche  l'optimisme  : 

Car  nous  voyons  parmi  nos  plus  mauvais  chemins 
Où  se  blessent  nos  fronts  et  s'écorchent  nos  mains, 

Des  minutes  si  belles, 
Qu'elles  ont  à  nos  yeux  un  prestige  sacré. 
Et  qu'il  faut  quelquefois  avoir  su  les  pleurer 

Pour  les  rendre  éternelles. 

2L  • —  La  Rose  entr' ouverte  est  l'œuvre  d'un  jeune,  et  cela  se  voit, 
tant  par  la  fougue  de  la  sensualité  que  par  l'empressement  à  imiter 
dans  les  expressions,  certains  tics  à  la  mode.  La  décence  est  peu  res- 
pectée, et,  à  chaque  instant,  hanche  vient  rimer  avec  blanche.  La 
grammaire  aurait  aussi  quelque  droit  de  se  plaindre. 

Nous  nous  étions  causé  toute  une  après-dinée. 

Causé  quoi?  Des  désagréments?  Peut-être,  car 

J'ai  respiré  l'amour,  son  parfum  est  amer. 

Déjà?  C'est  que  l'amour,  pour  n'être  pas  amer,  a  besoin  d'être 
approuvé  par  la  morale.  M.  R.  Turpin  nous  brosse  d'ailleurs  des  pay- 
sages d'un  coloris  qui  tient  à  ne  pas  être  banal  : 

Dans  le  ciel  ardoisé  monte  la  lune  rouge. 

Si  la  lune  est  rouge,  les  gazons  sont  «  noirs  ».  Bien  entendu,  le  bleu  a 
sa  place  d'honneur  sur  la  palette  : 

Le  clair  de  lune  est  bleu,  mais,  s'il  ne  l'était  pas, 
.Te  le  dirais  quand  même. 

A  la  bonne  heure,  voilà  de  la  franchise,  et,  si  les  Philistins  ne  sont 
pas  contents,  tant  pis  pour  eux  ! 

22.  —  I^L  Gaston  Beauvais  est  de  ceux  qui  ont  cru  trouver  le  bon- 
heur dans  le  plaisir.  Aussi  s'est-il  embarqué  pour  les  Iles  fortunées, 
et  a-t-il  chanté  l'amour  avec  un  lyrisme  sensuel  et  fougueux.  Puis, 
comme  toujours  en  pareil  cas,  le  dégoût  est  venu,  et  le  poète,  dans  les 
dernières  pages  de  son  volume,  nous  confie  qu'il  est  horriblement  triste. 
Il  aurait  pu  s'y  attendre,  et  nous  concevons  fort  bien  que  «  la  Muse  de 
l'Ennui  »  le  laisse 

Le  cerveau  sans  pensée  et  le  cœur  sans  amour. 


10O     

Il  dit  encore  : 

Pourquoi  nos  cœurs  sont-ils  comme  des  arbres  nus? 

Tous  les  libertins  éprouvent  quelque  chose  de  ce  genre,  et,  si  nous 
le  mentionnons,  c'est  que  cela  influe  sur  leur  poésie,  qui  tourne  alors  au 
maladif. 

23.  —  Nous  voudrions  être  galant  pour  M.  Guy  d'Aveline,  qui  trahit 
son  vrai  nom  de  M^^^  Gazala.  En  fait,  il  y  a  de  jolies  choses  dans  son 
Cantique  des  Cantiques  et  dans  les  Poésies  qui  y  font  suite  dans  le  même 
volume,  finement  illustré.  L'auteur  a  souvent  le  «  sens  artistes.  Elle  a 
des  descriptions  gracieuses  et  léchées,  des  répétitions  agréables  et 
ingénieuses.  Puis,  ce  sont  des  banalités  de  ce  genre  :  «  Si  j'étais  pa- 
pillon... Si  j'étais  le  ruisseau...  si  j'étais  l'oiselet...  »  ou  des  strophes 
comme  celle-ci  : 

Le  voilà  revenu,  ce  joli  mois  des  roses  ! 
Ce  mois  du  clair  soleil,  ce  mois  du  grand  ciel  bleu  ! 
Où  l'oiseau  dit  tout  bas  les  plus  charmantes  choses 
A  l'aubépine  en  fleur  qui  reçoit  son  aveu. 

Cela  est  gentil,  mais  pas  trop  neuf.  Dans  les  morceaux  épiques, 
l'auteur  est  plus  faible  encore,  et  les  pièces  de  circonstances  sont  sur- 
tout pavées  de  bonne  intentions.  C'est  déjà  beaucoup,  et,  pour  ter- 
miner par  un  éloge,  nous  féliciterons  Guy  d'Aveline  de  la  hauteur  de 
ses  aspirations  morales. 

24.  —  L'auteur  des  Fardeaux  chéris  (sous-titre  bizarre  :  Pantoums) 
est  une  femme  qui  signe  I.  R.-G.  Toutes  ses  pièces,  sauf  quelques"  ron- 
dels  »  sont  de  seize  vers  et  construits  sur  le  type  de  1'  «  Avant-propos  >> 
suivant,  qui  donne  la  note  de  l'ensemble  : 

Dans  un  monde  qui  n'est  qu'embûches  et  que  pièges, 
Dans  un  monde  où  chacun  est  avide  et  jaloux. 
Ce  livre  est  d'une  femme,  au  cœur  faible  entre  tous, 
Qui  frissonne  à  l'appel  de  l'hiver  et  des  neiges. 

Dans  un  monde  où  chacun  est  avide  et  jaloux, 
Ce  livre  est  d'une  femme,  hélas  !  qui  ne  désire. 
Pour  parer  son  front  pur,  ni  perle,  ni  bijoux; 
Plus  rien  de  ce  qu'on  veut  même  sans  se  le  dire. 

Ce  livre  est  d'une  femme  au  cœur  faible  entre  tous, 
Qui  demande  pardon  de  ses  regards  moroses. 
Dont  l'azur  n'était  fait  que  pour  sourire  aux  roses, 
Et  voir  de  blancs  agneaux  à  la  place  des  loups  ! 

Qui  frissonne  à  l'appel  de  l'hiver  et  des  neiges, 
Mais  qui  comprend  pourtant  les  grands  cœurs  éperdus, 
Harcelés,  près  du  sien,  sur  nos  sentiers  ardus, 
Dans  un  monde  qui  n'est  qu'embûches  et  que  pièges. 

Il  y  a  des  vers  gracieux  (relire  le  onzième  ci-dessus)  mais 
on  voit  le  système.  Le  premier  quatrain  fournit  le  thème,  et,  on  même 


—  124  — 

temps,  les  vers  initiaux  des  trois  autres.  Le  dernier  ^■ers  répète  le  premier. 
Il  en  résulte  à  la  longue,  pour  le  lecteur,  une  insupportable  impression 
de  monotonie.  Malgré  le  mérite  de  la  difficulté  vaincue,  il  y  a  là  une 
erreur  fondamentale  qui  gâte  tout  le  volume,  et  le  rend  lourd. 

25.  —  Il  est  relativement  heureux  que  Pauca  Paucis,  de  M.  Ra^nnond 
Darsiles,  ne  s'adresse  qu'à  peu  de  lecteurs.  Le  volume  a  quelque 
chose  de  morbide  et  de  pervers.  Le  poète  chante  l'antiquité  païenne, 
pastiche  le  moyen  âge,  passe  d'une  crise  de  sensualité  à  un  élan  de  prière 
décadente.  La  langue,  pas  trop  maltraitée  en  certains  endroits,  admet 
ailleurs  des  «  luisures  d'yeux  »,  des  «  fronts  irrorés  »,  des  parfums  «  doux 
fleurants  »,  des  «  pensers  obsolètes  »,  des  «  tristesses  nuiteuses  ».  Le- 
diable  préoccupe  l'auteur  : 

Satan,  je  voudrais  être  loi  ! 
OU  encore  : 

0  mes  frères  et  sœurs  en  Satan,  je  vous  plains  ! 

Mais  tout  compte  fait,  il  y  a  plus  d'enfantillage  que  de  blasphème. 
Il  y  a  aussi  une  vague  teinture  de  socialisme.  Parfois,  l'auteur  essaye 
de  la  subtilité  : 

Il  ne  faut  pas  m'aimer,  ô  mes  aimées... 

Ne  m'aimez  pas,  je  vous  aimerai  toutes. 

Mais  le  lecteur  rit.  Et  il  rit  encore  plus  fort  devant  tel  trait  d'élo- 
quence macabre   : 

N'est-ce  pas  qu'il  est  doux  d'être  en  proie  aux  helminthes? 

Après  cet  exemple  on  nous  excusera  de  n'avoir  pas  cité  des  strophes 
et  de  nous  êtres  contentés  de  ...  vers  solitaires. 

26.  —  M.  Aichag  Tchobanian  est  un  poète  arménien  qui  a  souffert 
pour  la  cause  de  ses  compatriotes  et  que  l'exil  a  amené  à  Paris.  Lettré 
intensif,  il  a  composé  en  arménien,  puis  traduit  en  français,  des  poèmes 
qui  ne  sont  pour  le  lecteur  français  que  des  lignes  de  prose  découpées 
comme  des  vers.  Mais  on  voit  que  l'imagination,  un  peu  fantastique 
parfois,  est  vraiment  d'un  poète.  M.  Archag  Tchobanian  est  pessimiste, 
ce  qui  comporte  dans  sa  situation  des  circonstances  atténuantes. 
Quoique  représentant  d'une  race  chrétienne,  M.  Tchobanian,  au  con- 
tact des  livres  d'Occident  sans  doute,  nous  apparaît  comme  ayant 
perdu  la  foi.  Il  a  des  passages  amers  sur  «  le  sinistre  Jéhovah  »  et 
«  l'absurde  création  ».  Cette  note  fâcheuse  est  d'ailleurs  rare.  Ce  qu'il  a 
de  mieux,  ce  sont  ses  morceaux  lyrico-descriptifs  sur  la  mer.  Citons  la 
bluette  saisissante  intitulée  :  Le  Couteau. 

Sous  la  lune  claire  qui  resplendit, 
Un  voilier  passe  d'un  vol  rapide, 
Dressant  sous  les  eaux  teintes  de  lumière 
Sa  longue  aile  sombre  et  pointue. 


—  125  — 

Et  cette  aile,  dont  le  corps  reste  invisible, 
Semble  un  couteau  énorme,  levé  dans  l'air. 
Et  qui  court  terrible  sur  la  face  de  la  mer, 
Sous  la  lune  claire  qui  resplendit. 

Ce  morceau  prouve  que  l'on  voit  bien  les  paysages  à  travers  un 
prisme  intérierir. 

27.  —  Les  Rêves  païens,  publiés  sous  la  signature  C.  Psycha,  sont 
des  poésies  on  prose,  mais  d'une  prose  qui  ne  justifie  pas  ses  préten- 
tions poétiques.  Ce  sont  de  vagues  évocations,  moitié  récits,  moitié 
rêveries,  mettant  en  scène  des  dieux  ou  des  personnages  antiques, 
mais  peu  intéressantes  dans  le  fond  et  sans  qualités  saillantes  de  forme. 
L'auteur  vise  à  la  simplicité  dans  le  style.  Peut-être,  du  reste,  plaira- 
t-il  à  certains  amateurs  qui  trouvent  du  charme  à  ces  «  tranches  de 
mythologie  »  découpées  par  l'intellectualisme  moderne.  Le  volume  est 
illustré  de  vignettes  assorties. 

Théâtre.  —  1. —  La  presse  a  déjà  longuement  parlé  d'Un  Divorce^ 
pièce  tirée  du  roman  de  M.  Paul  Bourget,  pai^  M.  Bourget  lui- 
même  et  M.  André  Cury.  On  sait  le  sujet  :  M.  Darras  a  épousé  une 
femme  divorcée,  Gabrielle,  qui  a  un  fds,  Lucien.  Celui-ci  s'éprend 
d'une  étudiante,  Berthe  Planât,  libre  penseuse  absolue,  qui  ne  recon- 
naît que  l'union  libre.  Quand  Darras  semonce  Lucien,  celui-ci  riposte 
par  des  discours  qui  peuvent  se  résumer  dans  cette  formule  :  «  Et 
vous?  »  Sur  ce,  Gabrielle,  revenue  à  la  foi,  éprouve  des  remords,  qui 
éclatent  dans  ce  cri  :  «  Et  nous  non  plus,  nous  ne  sommes  pas  mariés  !  » 
Le  premier  mari  vient  à  mourir  et  l'épouse  devenue  libre  voudrait 
bien  régulariser  sa  situation  par  un  mariage  religieux.  Refus  de 
Darras.  Trouble  complet  au  foyer.  Lucien  est  parti.  Gabrielle  voudrait 
partir  aussi;  mais  Darras  a  menacé  d'élever  sa  fdle  en  libre  penseuse 
si  ce  départ  a  lieu,  et  un  religieux,  le  P.  Euvrard,  est  le  premier  à 
représenter  à  la  fugitive  que  son  devoir  est  de  rester. 

Cette  œuvre  est  la  plus  forte  de  celles  qui,  depuis  quelque  temps, 
ont  mis  en  relief  les  conséquences  antisociales  du  divorce.  Au  point  de 
vue  du  style,  on  y  retrouve  les  qualités  de  M.  Paul  Bourget,  c'est-à- 
dire  qu'il  y  a  peut-être  plus  de  psychologie  que  de  drame  proprement 
dit,  bien  que  l'action  soit  réelle  et  vraiment  tragique.  L'exposition 
renferme  des  longueurs.  Le  caractère  de  Darras  est  d'une  conception 
vigoureuse,  mais  un  peu  factice.  M,  Bourget,  du  reste,  en  a  fait  exprès 
un  homme  «  de  conscience  »  pour  rendre  le  plus  de  points  possible  à 
ses  adversaires  et  ne  pas  encourir  le  reproche  de  mauvaise  foi.  A  la 
dernière  scène,  nous  eussions  préféré,  au  point  de  vue  littéraire, 
quelque  procédé  autre  que  l'apparition  de  Darras  venant  écouter 
sans  être  vu.  Mais  ce  sont  là  des  détails  et  l'œuvre,  dans  son  ensemble» 
mérite  le  succès  qu'elle  a  obtenu  dans  l'élite  du  public. 


—  126  — 

2.  —  M'"''  Bei'the  Yadier  n'a  pas  mal  réussi,  dans  son  Alkeslis,  à 
nous  donner  une  impression  «  antique  ».  Il  règne  dans  cette  pièce  une 
simplicité  et  une  brièveté  grandioses.  L'auteur  a  su  faire  passer  dans 
ses  dialogues,  parfois  saisissants,  quelque  chose  du  pathétique  d'Euri- 
j)ide.  Certains  vers  reproduisent  les  allures  sentencieuses  du  théâtre 
ancien.  En  un  mot,  l'antiquité  est  serrée  de  très  près  ■ —  de  trop  près 
])eut-être  —  car  tous  les  détails  du  drame  d'alors  n'ont  plus  aujour- 
d'hui leur  raison  d'être.  On  peut  discuter  sur  l'utilité  des  chœurs.  On 
peut  également  noter  un  soupçon  d'affectation  dans  l'emploi  des 
noms  propres  grecs.  Nous  avons  goûté  spécialement  les  interrogations 
d'Admète  à  ses  proches  et  à  ses  amis  pour  savoir  qui  s'est  dévoué, 
ainsi  que  les  adieux  d'Alceste  à  ses  esclaves.  Il  y  a  là  des  scènes 
pleines  de  nuances  délicates.  Voici  un  extrait  de  la  tirade  dans  laquelle 
Phérès,  père  d'Admète,  s'excuse  de  ne  pas  s'être  dévoué  pour  son  fils  : 

L'oracle  m'a  promis  de  nombreuses  années; 

Devais-je  donc  changer  l'ordre  des  destinées? 

Jeune,  épris  de  périls,  un  héros  cher  aux  dieux 

Préfère  à  de  longs  jours  un  trépas  glorieux; 

Mais  une  illustre  mort  plus  tard  fait  moins  d'envie, 

Et  plus  on  a  vécu  plus  on  tient  à  la  vie. 

La  vie  !  oh  !  oui,  mon  fils,  tu  sauras  quelque  jour 

Qu'un  vieillard  la  chérit  d'un  véhément  amour. 

Le  noir  penser  d'Hadès  est  de  ceux  qu'il  repousse. 

A  ses  yeux  affaiblis  la  lumière  est  si  douce  ! 

Si  fraîches  à  son   front  les  brises  du  printemps  !... 

L'homme  vit  toujours  peu,  mourût-il  à  cent  ans. 

Ce  couplet  seul  suflirait  à  montrer  combien  M'"^  Berthe  Vadier 
s'est  sincèrement  pénétrée  de  la  'poésie  des  grands  dramaturges  grecs 
et  avec  quel  talent  elle  l'interprète. 

3.  • —  Le  Théâtre  de  L.  Duvauch'el,  publication  posthume,  com- 
prend une  pièce  en  cinq  actes  et  en  vers  :  Jean  Sauvegraiu,  épisode 
de  la  Frondé,  daux  comédies  en  un  acte  et  en  vers  :  Le  Chapeau  bleu^ 
Mademoiselle  Molière  et  une  comédie  en  prose,  en  un  diCte:  l'Absente. 
Jean  Sauvegrain  est  un  paysan  qui  défend  les  villageois  contre  les  dé- 
prédations des  mihtaires,  conquiert  ainsi  le  cœur  d'une  jeune  châtelaine 
et  meurt  au  moment  où  celle-ci  consent  à  l'épouser.  Il  y  a  de  l'en- 
train, mais  aussi  des  longueurs  et  des  lieux  communs  de  philan- 
thropie agricole.  Le  Chapeau  bleu  est  une  piécette  nettement 
immorale.  L'héroïne,  tentée  de  fuir  des  liens  illégitimes  pour  se  marier 
honnêtement,  résiste  à  cette  honnête  tentation  et  se  réconcilie  avec 
son  séducteur.  Dans  Mademoiselle  Molière,  l'auteur  évoque  la  mélan- 
colie du  grand  comique  et  son  amour  malheureux  pour  Armande 
Béjart.  L'Absente  est  une  analyse  psychologique  du  cœur  de  deux 
amoureux  qui  se  revoient  après  vingt-cinq  ans  de  séparation.  Au 
point  de  vue  littéraire,  peu  de  défauts  bien  saillants,  mais  aussi  peu 


—  127  —  V 

do  qualités  saillantes.  Pas  do  vers  brillants  à  citer.  Nous  on  mention- 
nerons un  qui  fait  plutôt  l'effet  d'un  anachronisme.  Ce  sont  des  paysans 
qui  crient  : 

A  bas  les  exploiteurs  du  peuple  ! 

Plus  loin  une  paysanne  dit  qu'elle  a  eu  jadis  «  des  plats  de  vieille 
porcelaine  ».  Quoi  !  sous  la  Fronde  ? 

4.^ —  La  pièce  de  M.  Jules  de  Marthold  :  La  Bonne  Lorraine^  semble 
se  ressentir  d'une  certaine  imitation  de  Shakespeare.  Ce  sont  des 
scènes  extrêmement  courtes  et  très  nombreuses  dont  le  décor  change 
à  chaque  instant.  Il  est  vrai  que  l'auteur  intitule  cela  «  chronique 
nationale  ».  C'est  une  quintessence  de  chronique  en  action.  Les  vers 
sont  variés,  plus  souvent  courts  que  longs,  et  les  chants  lyriques  s'entre- 
mêlent au  dialogue.  L'ensemble  est'légèrement  bizarre  et  l'on  regrette 
dans  les  vers  l'absence  de  qualités  bien  spéciales,  si  l'on  en  excepte 
la  brièveté   qui  a,  il  est  vrai,  son  mérite. 

5.  —  L'Aube  sur  Béthanie,  de  M.  Jules  Leroux,  est  moins  un  «  poème 
dramatique  en  un  acte  »,  comme  le  dit  le  titre,  qu'un  dialogue  mystico- 
philosophique  où  Jésus  apparaît  un  peu  comme  un  rêveur.  La  pensée 
demeure  vague  et  les  alexandrins  du  poète,  où  l'alternance  des  rimes 
masculines  et  féminines  n'est  pas  observée,  ne  sont  pas  faits  pour 
diminuer  le  caractère  languissant  de  l'ensemble.  On  rencontre  néan- 
moins, à  certaines  pages,  quelques  beaux  fragments  de  descriptions 
qui  jettent  sur  les  dissertations  un  certain  reflet  pittoresque. 

6.  —  La  Boute  infinie,  de  M.  L.-M.  Thémanlys,  appartient  fran- 
chement au  genre  ennuyeux.  Les  deux  actes  de  la  pièce  ne  sont 
qu'une  série  de  dialogues  fantaisistes  où  l'abstraction  le  dispute  à 
l'exaltation.  LIne  jeune  fdle  émancipée  y  parle  de  «  devenir  »,  de  «  col- 
lectivité amorphe  »,  de«  conception  latente  »,  de  «  cité  fossilisée  »,  de 
«  tribu  régressante  ».  Elle  rompt  en  visière  avec  les  .préjugés  du  monde 
et  épouse  un  poète  qui  rompt  lui-même  avec  ses  parents.  Le  poète 
réussit,  chose  facile  dans  les  livres.  Puis  survient  un  autre  monsieur 
qui,  aux  yeux  de  la  jeune  toquée,  représente  encore  mieux  la  Vie, 
l'Idéal,  la  Lumière  et  tout  le  tremblement.  Madame  est  sur  le  point 
de  lâcher  son  poète  pour  ce  nouveau  venu  qui  lui  permettra  de  mieux 
perfectionner  son  être,  etc.,  quand  le  mari,  à  la  suite  d'une  conversa- 
tion où  il  est  question  de  Gœthe  et  de  Nietzs.che,  se  convertit  à  l'idéal 
de  l'autre  monsieur.  Sur  quoi  celui-ci  revient,  et,  tout  attendri,  donne 
aux  époux  sa  bénédiction.  L'incohérence  du  style  est  à  la  hauteur  de 
la  cocasserie  du  sujet.  Gabriel  d'Azambuja. 


—  128  — 
HISTOIRE,  ART  ET  SCIENCES  MILITAIRES 

1.    Vers  la  Bérésina  (1812),  diaprés  des  documents  nouveaux,     par  le  général-major 
B.  R.   F.  Van  Vlijmen.  Paris,  Plon-Nourrit,  1908,  petit  in-8  de  vi-328  p.,    avec 

2  cartes,  5  fr.  —  2.  Waterloo  (1815),  par  le  général  Albert  Pollio;  trad.  de  l'ita- 
lien par  le  général  Goiran'.  Paris,  Charles-Lavauzelle,  s.  d.,  in-8  de  640  p.,  12  fr.  50. 
—  3.  Anglais  et  Français.  Les  Anglais  au  combat.  Fontenoy,  Lignyet  Waterloo,  par 
le  général  Zurlinden.  Paris,  Chai-les-Lavatizelle.  s.  d.,  in-8  de  154  p..  3  fr.  50  — 
4.  La  Intervenciùn  jrancesa  en  Mexico  segun  cl  archiva  del  mariscal  Bazaine.Textos 
espaTiol  y  francés.  Cuarta  y  quinta  partes,  publicados  por  GE^ARO  Garcia.  Mexico, 
Viuda  de  Gh.  Bouret,  1908,  2  vol.  petit  in-8  de  275  et  270  p.,  10  fr.  —  5.  Soucenirs 
du  .second  Empire.  Les  Etapes  douloureuses.  E Empereur,  de  Metz  à  Sedan,  par  le  baron 
Albert  Verly.  Paris,  Daragon,  1908,  in-8  de  274  p.,  avec  6  planches,  6  fr. —  6. 
Le  Haut  Commandement  des  armées  allemandes  en  1870  (d'après  des  documents 
allemands),  par  le  lieutenant-colonel  Rousset.  Paris,  Plon-Nourrit,  1908,  inl6  de 
x-336  p.,  avec  carte,  3  fr.  50.  —  7.  Une  Campagne  dans  le  Haut-Tonkin  (janvier-mai 
189o, parle  capitaine  Bernard.  Paris,  Charles-Lavauzelle,  s.  d.,  1908  in-8  de  178  p., 
5  fr.  —  8.  L' Education  patriotique  du  soldat,  par  le  lieutenant  M.  Roland.  Paris, 
Perrin,  1908,in-16de  xviii-261  p..3fr.50. —  'è.  Honneur  militaire.  Italie,  \9>h^.  Cochin- 
chine,  1862.  France,  1870,  par  ***.  Paris,  Plon-Nourrit,  1908,  in-16  de  xv-245  ■\^., 

3  fr.  50.  —  10.  Vers  la  fusion.  Conférences  faites  en  1907-1908  A  Saint-Maixent. 
Paris,  Charles-Lavauzelle,  s. d.,  in-8  de  496  p.,  6fr. — W.Lettres  à  un  sous-officier,  pari» 
commandant  Roche.  Paris,  Charles-Lavauzelle,  s.  d.,  in-16  de  80  p.,  1  fr.  —  12. 
Vieille  Routine,  par  le  général  Devaureix.  Paris,  Charles-Lavauzelle,  s.  d.,  in-lS 
de  70  p.,  1  fr.  50.  —  13.  Réalité.  Études  tactiques,  par  le  commandant  Passarga. 
Paris,  Charles-Lavauzelle,  s.  d.,  in-8  'le  120  p.,  3  fr.  —  14.  U Artillerie  de  campagne 
en  liaison  avec  les  autres  arma  iar  le  général  H.  Langlois.  Paris,  Chapelot,  1908, 
2  vol.  in-8  de  iv-477  et  383  p  .  avec  6  cartes  hors  texte,  15  fr. 

1.  —  Lo  passage  de  la  Bérésina  fut-il,  comme  l'écrit  le  général  hollan- 
dais Van  Vlijmen,  un  chef-d'œuvre  de  tactique;  condense-t-il,  comme 
il  le  dit  encore,  toute  la  campagne  de  Russie?  Tout  le  monde  ne  sera 
pas  sans  doute  d'accord  en  ce  point  avec  l'éminent  écrivain.  Quoi  qu'il 
en  soit  à  cet  égard,  le  nouveau  volume  sur  la  campagne  de  1812  : 
Vers  la  Bérésina,  que  nous  avons  sous  les  yeux,  n'en  demeure  pas 
moins  un  livre  intéressant;  mais  il  est  inexact  de  dire  qu'il  est  '  écrit 
avec  des  documents  nouveaux,  comme  l'indique  le  titre,  puisqu'il 
est  composé  presque  uniquement  avec  les  Mémoires  des  contempo- 
rains, dont  certains  sont  publiés  déjà  depuis  fort  longtemps,  tels 
ceux  de  Roguet,  Gourgaud,  Fain,  Marco-Saint-Hilaire,  Gouvion  Saint- 
Gyr,  Las  Cases,  La  Baume,  etc.  Et,  à  cet  égard  nous  dirons  qu'on  est 
étonné  de  ne  pas  trouver  dans  la  bibliographie  citée  par  l'auteur 
des  ouvrages  classiques  comme  celui  du  marquis  de  Chambray,  par 
exemple,  qui  demeure,  sur  la  campagne  de  Russie,  l'étude  d'ensemble 
la  meilleure  et  la  plus  sûre  qu'on  possède.  Quant  aux  sources  manus- 
crites, tels  les  Mémoires  inédits  du  général  Du  Monceau,  ceux  du 
général  List,  du  colonel  d'Auzon  de  Boisminart,  du  général  Geisweit, 
etc.,  ils  ne  paraissent  pas  avoir  fourni  à  l'auteur  des  renseignements 
de  grande  importance.  On  n'en  lira  pas  moins  avec  profit  ce  nouve^au 
Résumé  d'un  événement  qui  tient  trop  de  place  dans  notre  histoire 
nationale  pour  nous  laisser  jamtds  indifférents.  En  le  feuilletant,  on 


-    129  — 

devra  se  souvenir  que  les  proposde  Fain,  de  Gourgaud,  de  Marco- 
Saint-Hilaire,  de  Las  Cases,  etc.,  sont  sujets  à  caution,  leurs  auteurs 
étant  des  admirateurs  de  l'Empereur  qui  n'admettaient  chez  lui  ni 
une  faute  ni  même  une  défaillance.  Quant  au  roman  écrit  par  le 
sergent  Bourgogne,  nous  nous  étonnons  que  le  général  Van  Vlijmen 
lui  attache  une  importance  quelconque. 

.2.  —  Le  Waterloo  que  vient  de  traduire  le  général  Goiran  est  encore 
une  œuvre  due  à  une  plume  étrangère,  celle  de  M.  le  général  italien 
Albert  Pnllio.  C'est  une  entreprise  bien  délicate  que  d'écrire  aujour- 
d'hui quoique  chose  sur  Waterloo,  journée  à  propos  de  laquelle  ont 
coulé  depuis  bien  près  de  cent  ans  des  flots  et  des  flots  d'encre.  En 
admettant  que  les  contemporains  comme  Grouchy,  Gourgaud,  Gérard, 
Duruette,  etc.,  n'aient    pas  dit  tout  ce  qu'ils  savaient  ou  aient  même 
dissimulé  une  partie  de   la  vérité,  des  écrivains  récents  comme  Hous- 
saye,  Lettow-Vorbeck,  le  colonel  Grouard  ont  apporté  une  telle  lumière 
sur  la  joiirnée  du  18  juin  1815  qu'il  reste  bien  peu  de  nouveau  à  trouver 
et  à  dire.  A  la  vérité  M.  le  général  Pollio  ne  nous  paraît  pas  avoir  une 
telle  prétention,  et  son  travail  a  été  plutôt  rédigé,    ce  nous    semble, 
})0ur  oiïrir  aux   ofïiciers,  ses  compatriotes,  dans  sa  langue  mère,  une 
œuvre   de  vulgarisation     composée    surtout     avec   des    documents 
connus.  11  existe  pourtant,  à  propos  de  Waterloo,  un  fait  qui  n'est  pas 
élucidé,  dont  ni  Lettow,  ni  Houssaye,  ni  Grouard  n'ont  donné  la  clé  : 
c'est  la  conduite  du  corps  de  d'Erlon  le  16,  la  question  de  savoir  qui 
lui  a  porté  l'ordre  de  venir  à  Ligny,  en  quel  endroit  ce  messager  a 
rencontré  d'Erlon,  etc.,  etc.  Ce  qui  reste  à  expliquer  encore,  c'est  que 
Napoléon,  quand  on  lui  signala  l'approche  d'une  masse  considérable 
sur  sa  gauche,  n'ait   pas  immédiatement  conclu  que  c'était  le  corps 
de  d'Erlon,  puisqu'il  l'avait  appelé.    Ce  qui  est    incompréhensible, 
c'est  qu'il  n'ait  pas  envoyé  un  officier  d'état-major  reconnaître  ces 
nouveaux  arrivants  et  presser  leur  venue.  Tout  cela,  comme  nous 
venons  de  le  dire,  demeure  jusqu'ici  un  mystère,  le  seul  qui  plane 
encore  sur  la  journée  de  \>'ater]o(».  A  vrai  dire,   quand  nous  avons 
ouvert  le  livre  de  M.  le  général  PoIIio,  nous  avons  couru  tout  de  suite 
à  la  table  et  en  voyant  l'en-tête  du  chapitre  XIX:  «  La  Fausse  Ma- 
nœuvre de  d'Erlon  »,  nous  avons  éprouvé  un  sentiment  de  joie,  nous 
disant  :  «  Enfin,  voilà  peut-être  la  clé  de  l'énigme  ».  Hélas  !  après  avoir 
lu  ce  chapitre,  nous  n'avons  pas  été  plus  éclairé   qu'auparavant   et 
nous  avons  terminé  notre  lecture  en  désespérant  de  connaître  jamais 
là  vérité.    Au  fond,  nous  sommes  d'accord  avec  M.  le  général  Pollio 
à  peu  près  sur  toutes  les  causes  qui  amenèrent  le  désastre  du  18  juin: 
nous  eussions  désiré  néanmoins  qu'il  insistât  davantage  sur  ce  point 
que  la  défaite  finale  était  sinon  nécessairement  obligatoire,  tout  au 
moins  probable.  Shjis  doute,  au  point  de  vue  intellectuel.  Napoléon 
Février  1909.  T.  CXV.  9. 


-   130    - 

est  encore  en  1815  le  Napoléon  des  grands  jours;  mais,  que  de  fautes, 
d'erreurs  commises, dont  beaucoup  pouvaient  être  évitées '.L'une  d'elles, 
irrémédiable,  était  l'affaissement  physique  de  l'Empereur,  constaté 
par  Pelet,  par  de  Monthyon,  Thiébault  et  quantité  d'autres,  mais 
que  dire  du  choix  des  généraux,  de  l'affectation  donnée  à  chacun 
d'eux  !  En  1815,  Napoléon  a  vu  beaucoup  de  ses  anciens  lieutenants 
se  détacher  de  lui.  Il  lui  reste  cependant  deux  commandants  de  corps 
d'armée,    peut-être  les  meilleurs  qu'il  ait  jamais  eus  :  il  crée  l'un 
ministre  de  la  guerre  (Davout);  il  fait  de  l'autre  son  chef  d'état-major 
(Soult)  !  Jamais  il  n'eût  été  aussi  nécessaire  d'appliquer  le  proverbe 
anglais  :  The  right  man  at  the  right  place;  Napoléon  fait  tout  juste  le 
contraire.  Et  il  paie  cher  son  erreur.    Avec  Davout  à  la  tête  de  l'aile 
gauche,   l'engagement   des   Quatre-Bras   eût   probablement   été   une 
victoire  et  les  Anglais  battus  le  16  c'était  le  désastre  du  18  certaine- 
ment évité.  Comme  l'écrit  très  justement  M.  Pollio,  l'intervention 
de  la  Providence  est  manifeste  dans  la  campagne  de  1815  :  Dieu  avait 
dit  de  tout  temps  :  Tu  n'iras  pas  plus  loin,  et  les  événements,  quoique 
pût  faire  l'Empereur,  devaient  concourir  nécessairement  à  sa  chute. 
3. —  C'est  de  Fontenoy,mais  aussi  et  surtout  de  Ligny  et  deWaterloo 
que  nous  entretient  le  général  Zurlinden  dans  son  travail:. 4 n^/aw  et 
Français.  L'éminent  écrivain  a  jugé  le  moment  venu  de  faire  le  récit  des 
rivalités  qiii  pendant  huit  siècles  ont  mis  aux  prises  les  deux  grands 
peuples  de  l'Europe  pour  les  amener,  par  les  nécessités  de  la  politique, 
à  se  donner  aujourd'hui  la  main.  L'étude  relative  à  Fontenoy  est 
écrite  non  seulement  d'après  le  récit  de  \'oltaire,  mais  surtout  avec 
la  relation  de  la  bataille  que  nous  a  donnée  le  duc  de  Broglie  dans  la 
Revue  des  Deux  Mondes  d'abord  (15  juin  1887),  puis  dans  son  beau 
livre  Marie-Thérèse  impératrice,  paru  en  1890.  Le  général    Zurlinden 
y  défend  vaillamment  le  maréchal  de  Saxe  et  il  a  peut-être  raison. 
Toutefois  la  chose  n'est  pas  certaine.  Où  que  soit  la  vérité,  son  influence 
à  Fontenoy  fut  décisive  et  M.  ZurUnden  la  met  bien  en  évidence. 
Quant  à  la  deuxième  partie  d'Anglais  et  Français,  elle  est  surtout 
l'analyse  des  journées  des  16  et  18  juin  1815,  telles  que  les  a  marquées, 
dans  un  livre  récent,    un  écrivain  allemand  de  valeur  :  le  général 
Lettow-Vorbeck.  Là  encore,  rien  sur  d'Erlon  ou  des  appréciations, 
des  hypothèses,  au  lieu  de  faits  concrets. 

4.  —  Du  premier  Empire  nous  passons  au  second  avec  les  deux  nou- 
veaux volumes  de  M.  Genaro  Garcia,  directeur  de  ce  qu'on  pourrait 
appeler  le  «  Collège  de  France  »  de  Mexico  :  La  Intervention  jrancesa 
en  Mexico  segun  el  archiva  del  mariscal  Bazaine.  Ces  deux  volumes 
forment  les  tomes  quatrième  et  cinquième  de  cette  publication  impor- 
tante, dont  nous  avons  signalé  déjà  l'apparition  aux  lecteurs  du 
Polybiblion.  Ces  deux  derniers  venus  nous  donnent  les  événements  du 


—  131  — 

26  février  au  15  avril  1864.  Nous  sommes  là  en  pleine  occupation  et, 
bien  que  la  funeste  influence  de  Bazaine  n'apparaisse  pas  encore 
aussi  nettement  qu'on  la  verra  se  produire  à  la  fin  de  la  cam- 
pagne, on  la  devine,  on  la  sent  poindre,  même  on  peut  déjà 
en  découvrir  des  traces.  Cependant  le  futur  maréchal  prend  en- 
core à  cette  époque  certaines  mesures  qui  sont  de  nature  à  lui 
faire  honneur,  comme  celle  par  laquelle  il  institue  une  Commis- 
sion scientifique,  artistique,  littéraire,  chargée  de  reconnaître  et 
classer  tout  ce  qui  pourrait  appartenir  à  ces  trois  branches  des 
connaissances  humaines  dans  le  Mexique  ancien  ou  moderne. 
Malheureusement  d'autres  prescriptions  font  oublier  l'esprit  libéral 
qui  avait  dicté  les  premières.  Parmi  celles-là, il  faut  citer  la  destruction 
par  le  feu  de  villes  où  avaient  été  commis  des  vols  et  des  assassinats 
(Thacolulam)  comme  si  cette  malheureuse  cité  aurait  dû  être  rendue 
responsable  d'excès  auquels  elle  n'avait  pris  aucune  part.  Le  tome 
cinquième  comprend  d'intéressantes  lettres  inédites  de  Napoléon, 
des  ministres  Drouyn  de  Lhuis  et  Chasseloup-Laubat  et  de  quantité 
de  personnages  importants  du  Mexique.  Plus  nous  allons,  plus  la 
publication  de  M.  Garcia  s'annonce  comme  ayant  de  l'intérêt.  Nous  la 
signalons  encore  avec  plaisir  à  l'attention  des  érudits. 

5.  —  Nous  ne  quittons  pas  le  second  Empire  avec  le  livre  du  baron 
Albert  Verly  :  Les  Etapes  douloureuses.  L'Empereur.,  de  Metz  à  Sedan, 
hommage  rendu  au  souverain  tombé  à  Sedan,  par  un  de  ses  partisans 
les  plus  dévoués.  Les  convictions  d'un  honnête  homme  sont  toujours 
respectables,et  encore  que  nous  ne  soyons  pas  d'accord  avec  l'écrivain 
sur  sa  façon  d'apprécier  le  régime  qui  a  fait  l'unité  de  l'Italie  et  la 
guerre  du  Mexique,  qui  a  laissé  faire  Sadowa  et  par  suite  l'unité 
actuelle  de  l'Allemagne  —  sans  compter  1870  —  nous  avons  lu  avec 
intérêt  les  Etapes  douloureuses  et  elles  méritent  d'être  signalées.  Le 
livre  a  d'ailleurs, en  plus  d'une  de  ses  pages,  la  valeur  d'un  document. 
Oh  y  Ht,  en  effet,  de  nombreuses  lettres  du  baron  Jacques  Albert  Verly, 
colonel  des  Cent-Gardes,  qui  accompagna  l'Empereur  dans  toute  la 
campagne  et  qui  fut  à  même  de  voir  bien  des  choses  ignorées.  Ces  lettres 
—  et  d'autres  tout  aussi  inédites  —  jettent  un  jour  nouveau  sur  plu- 
sieurs points  mal  connus  du  début  de  la  guerre.  D'autres  documents 
permettent  de  réfuter  définitivement  certaines  inepties  dont,  après 
le  4  septembre,  quelques  ennemis  de  l'Empire  gratifièrent  trop  gra- 
tuitement le  souverain  déchu.  De  très  jolies  phototypies  donnent  à 
la  publication  du  baron  Verly  un  cachet  artistique  qui  ajoute  encore  à 
l'intérêt  du  texte  même. 

6.  —  Il  est  certain  qu'à  quarante  ans  bientôt  de  distance  nous  ne 
jugeons  déjà  plus  les  responsabilités  du  second  Empire  avec  la  même 
sévérité  que  le  firent  les  contemporains.  D'autre  part,  des  documents 


—  132  — 

récents  de  source  allemande,  témoignent  chaque  jour  davantage  du 
peu  qu'il  s'en  est  fallu  que  la  lutte  eût  une  autre  issue,  et,  comme  le 
dit  l<î  colonel  Housset  dans  son  livre  sur  le  Haut  Commandement  des 
armées  allemandes  en  1870,  si  ces  constatations  ravivent  nos  regrets, 
elles  fortifient  aussi  nos  espoirs.  On  sait  aujourd'hui  pertinemment 
que  la  Relation  officielle  de  la  guerre  de  1870-71,  publiée  en  une  ving- 
taine de  volumes  par  le  grand  état-major  allemand,  fourmille  d'er- 
reurs voulues,  que  notamment  cette  Relation  décrit  les  événements 
comme  ayant  été  méthodiqiiement  prévus  et  de  longue  main  par  de 
Moltke,  alors  que  ceux-ci  naquirent  très  souvent,  sinon  le  plus  sou- 
vent de  situations  absolument  imprévues  par  le  chef  d'état-major 
général.  Et  ce  ne  sont  pas  des  Français  qui  ont  fait  cette  découverte, 
ce  ne  sont  point  des  Français  qui  ont  révélé  cette  vérité,  ce  sont  des 
Allemands,  des  Prussiens  de  bonne  marque,  le  colonel  \'erdy  du 
Vernois,  le  colonel  Cardinal  von  Widdern,  le  capitaine  F.  Hœnig, 
tous  militaires  appréciés  et  historiens  de  talent.  Le  colonel  Rousset. 
bien  connu  par  son  Histoire  de  la  guerre  franco-allemande,  a 
entrepris  de  vulgariser  chez  nous  ces  révélations  qui  paraîtront 
nouvelles  à  beaucoup  de  lecteurs.  Son  livre,  extrêmement  intéressant, 
analyse  toutes  les  grandes  rencontres  de  l'armée  de  Metz  et  les  fait 
voir  sous  un  jour  entièrement  inattendu.  C'est  une  étude  à 
lire,  une  étude  qui  donne  confiance  en  l'avenir. 

7.  —  Une  Campagne  dans  le  Haut-Tonkin,  du  capitaine  d'infan- 
terie coloniale  Bernard,  est  le  récit  des  opérations  qui  se  déroulèrent 
au  nord  du  Fleuve  Rouge,  entré  Bac-Quang  et  Tuyen-Quang,  de 
janvier  à  mai  1896.  Ce  n'est  pas  là,  comme  le  précédent  volume,  de  la 
grande  tactique  ou  de  la  stratégie,  c'est  au  contraire  de  la  tactique 
de  petites  unités,  non  moins  instructive  et  plus  souvent  usitée  que 
sa  sœur  ainée.  Ce  livre  a  d'ailleurs  un  autre  mérite  que  de  montrer 
à  nos  jeunes  officiers  la  façon  dont  on  doit  conduire  une  petite  colonne 
en  pays  ennemi.  En  racontant  l'expédition  peu  connue  dont  il  nous 
dit  les  détails,  en  montrant  la  façon  modeste  mais  résolue,  presque 
héroïque,  dont  sont  tombés  là  quantité  de  nos  officiers,  le  com- 
mandant Bernard  combat  à  sa  façon  le  pacifisme,  travaille  à  réveiller 
notre  énergie,  à  raviver  par  l'exemple  ce  culte  de  la  patrie  que  tant 
d'inconscients  ou  de  criminels  tendent  à  détruire  de  nos  jours. 

8.  —  Et  comment  les  théories  des  Hervé  et  consorts  ne  feraient- 
elles  pas  de  progrès  dans  un  pays  qui  oublie  de  plus  en  plus  son  passé, 
qui  fait  ff  de  ses  gloires  nationales  les  plus  pures  !  Voici  un  livre  : 
L' Education  patriotique  du  soldat,  dû  à  la  plume  d'un  olficier  de  notre 
armée,  le  lieutenant  Roland,  qui,  sous  ce  rapport,  est  bien  tristement 
instructif.  M.  Roland  a  eu  la  constance  d'interroger  pendant  cinq 
nu  six  années  de  suite  les  recrues  arrivant  à  sa  compagnie  et  il  a  cons- 


—  133  - 

taté  chez  ces  jeunes  gens  une  ignorance  tellement  extraordinaire  en  fait 
d'histoire  nationale,  qu'elle  dépasse  tout  ce  qu'on  peut  imaginer.  Sur 
cent  de  ces  recrues  :  63  pour  cent  ignoraient  ce  qu'a  été  Louis  XIV; 
56,  ce  qu'a  été  Bayard;  55,  ce  qu'a  été  Napoléon  I^^;  42  ce  qu'est  l'Al- 
sace-Lorraine  ;  36,  ce  qu'a  été  la  guerre  de  1870;  32,  ce  qu'a  été  la 
Révolution  française;  25,  ce  qu'a  été  Jeanne  d'Arc.  Et  avant  de  syn- 
thétiser les  résultats  de  son  enquête,  M.  Roland  nous  cite  des  réponses 
qui  seraient  bien  comiques  si  elles  n'étaient  aussi  attristantes.  Pour 
l'un  de  ces  conscrits,  Napoléon  vivait  en  1870,  il  a  été  tué  au  pont 
de  Montereau,  après  avoir  été  livré  aux  Prussiens  par  Bazaine;  pour 
l'autre,  l'amiral  Courbet  vivait  sous  le  premier  Empire,  Gambetta 
était  un  grand  général  vivant  en  1789;  pour  celui-là,  léna  est  un  grand 
général,  Victor  Hugo  a  inventé  la  vaccine,  etc.  Et  il  y  a,  comme  cela, 
des  pages  et  des  pages  d'âneries  monumentales.  On  se  demande 
comment,  dans  un  pays  qui  a  dépensé  pour  son  instruction  primaire  les 
sommes  que  l'on  sait  depuis  trente  ans,  une  ignorance  semblable  peut 
être  constatée.  Que  font  donc  nos  instituteurs,  si  trente-neuf  ans 
après  1870,  36  pour  cent  de  leurs  élèves  ignorent  ce  qu'a  été  la  guerre 
franco-allemande,  si  42  pour  cent  ne  connaissent  même  pas  de  nom 
l'Alsace-Lorraine.  Comment  cette  situation  lamentable  n'attire-t-elle 
pas  l'attention  des  pouvoirs  publics?  Espérons  que  le  livre  de  M.  Roland, 
que  le  cri  d'alarme  qu'il  pousse  trop  justement  sera  entendu  non 
seulement  du  public  mais  avant  tout  et  surtout  des  pouvoirs  qui  sont 
en  mesure  de  remédier  à  un  état  de  choses  aussi  lamentable.  Il  y  va, 
en  vérité,  de  la  valeur  morale  de  notre  armée,  c'est-à-dire  du  salut 
même  de  notre  pays. 

9.  —  Existe-t-il  un  Honneur  militaire?  Au  premier  abord,  il  semble 
que  l'on  soit  tenté  de  répondre  par  la  négative,  d'assurer  que  l'honneur 
est  le  même,  qu'il  soit  civil  ou  qu'il  porte  l'uniforme.  C'est  toujours 
et  partout  ce  sentiment  qui  pousse  l'homme  à  se  conduire  avec  cette 
dignité,  cette  intégrité,  cette  délicatesse,  cette  hauteur  de  vues  qui 
constituaient  le  Pi>  probus  des  anciens.  Il  est  cependant  bien  vrai 
que  chez  les  militaires,  dans  l'armée,  l'honneur  revêt  une  caracté- 
ristique spéciale,  très  souvent  celle  de  la  foi  chrétienne  et  toujours 
celle  du  dévouement,  du  désintéressement,  partant,  du  culte  envers 
la  patrie.  L'expression  honneur  militaire  est  donc  bien,  au  fond,  une 
appellation  qui  représente  à  l'esprit  quelque  chose  de  distinct,  de  par- 
ticulier, la  synthèse  la  plus  élevée  d'un  sentiment  déjà  sublime  par 
lui-même.  Ces  réflexions  nous  venaient  à  l'esprit  en  lisant  un  livre 
que  vient  de  publier  un  écrivain  qui  a  voulu  conserver  l'anonyme,  un 
livre  dans  lequel  une  main  filiale  a  rendu  un  hommage  mérité  à  trois 
soldats  jadis  tombés  sur  le  champ  de  bataille,  trois  soldats  qui  lui  appar- 
tenaient par  les  liens  les  plus  étroits  du  sang:  un  père,  deux  frères.' — 


-   13i  — 

Le  commandant  Lesèble,  du  72^  régiment  d'infanterie,  était  à  Dieppe 
avec  un  bataillon  détaché,  quand, le  23  avril  1859,  vers  minuit,  il  reçut 
une  dépêche  olficielle.  On  lui  annonçait  que  son  régiment  était  désigné 
pour  prendre  part  à  la  campagne  d'Italie,  que  le  72^  était  attaché  au 
1er  corps  (Baraguey  d'Hilliers),  que  le  bataillon  de  Dieppe  devait  s'em- 
barquer pour  Paris  le  24,  à  6  heures  du  matin.  Il  avait  donc  six  heures 
pour  faire  ses  préparatifs. Le  jour  du  départ  était  le  jour  de  Pâques  : 
Lesèble  entend  à  quatre  heures  du  matin  une  messe  dite  par  l'abbé 
Pillaud,  celui  qui  devint  plus  tard  évêque  de  Carcassonne,  va  à  la 
gare,  serre  dans  ses  bras  sa  femme  et  sa  fille,  et  part.  De  ses  deux 
autres  enfants,  l'un  est  officier  en  Algérie,  l'autre  est  au  Borda  :  il  ne 
pourra  les  voir  ni  l'un  ni  l'autre;  peut-être  a-t-il  l'espoir  d'en  retrouver 
un  en  Lombardie.  Le  désire-t-il,  le  craint-il,  on  ne  sait.  Six  heures  !  la 
machine  souffle,  le  train  s'ébranle  au  milieu  des  vivats  de  la  population, 
des  adieux  bruyants  des  soldats,  et  sur  le  quai  deux  femmes,  seules 
au  milieu  de  la  foule  qui  les  entoure,  muettes,  regardent  encore  le 
convoi  qui  disparaît  peu  à  peu  à  l'horizon,  comprimant  l'angoisse  qui 
étreint  leur  poitrine,  n'osant  se  dire  leurs  craintes,  leurs  pressentiments. 
Quelques  semaines  après  on  se  battait  en  Italie;  nous  étions  vain- 
queurs à  Montebello,  à  Palestro,  à  Magenta,  et  la  campagne  s'annon- 
çait comme  une  suite  de  triomphes.  Le  commandant  Lesèble  écrivait 
de  temps  en  temps  à  sa  femme  et  à  ses  enfants  :  il  exprimait  l'espoir 
que  tout  cela  finirait  bientôt,  qu'il  reverrait  à  brève  échéance  les 
deux  êtres  aimés  dont  il  devinait  les  tortures  morales,  et  leurs  inquiétu- 
des, car  ce  vaillant  n'aimait  pas  la  guerre  pour  elle,  il  la  faisait  en 
brave,  en  en  comprenant  les  conséquences  souvent  désastreuses,  en  en 
redoutant  les  horreurs.  D'ailleurs  son  cœur  de  père  subissait  d'autres 
atteintes.  Dans  cette  même  plaine  lombarde,  à  quelques  lieues  de  lui 
dans  un  autre  corps  d'armée,  son  fils  Jean,  âgé  de  vingt  ans,  com- 
battait comme  lui,  et,  comme  lui  aussi,  pouvait  disparaître.  Il  espérait 
que  cette  souffrance  lui  serait  épargnée.  Il  l'espérait  en  vain.  Le  24  juin 
1859,  le  commandant  Lesèble  tombait  sur  le  champ  de  bataille,  à  Sol- 
férino,  l'épaule  fracassée  par  une  balle.  A  quelques  pas  de  là 
à  l'assaut  de  Cavriana,  Jean  s'affaissait  à  son  tour,  frappé  de  deux 
balles,  l'une  au  front,  l'autre  au  coeur.  Le  père,  mutilé,  impropre  dé- 
sormais à  tout  service  actif,  devait  cependant  guérir  —  quelle  gué- 
rison  ! —  de  son  horrible  blessure;  quant  au- fils,  il  était  tombé  pour  ne 
plus  se  relever. A  l'heure  où, en  Italie, se  passaient  ces  tristes  événements, 
le  second  fils  du  commandant  Lesèble  était  au  Borda,  comme  nous  le 
disions  un  peu  plus  haut.  C'est  là  qu'il  apprit  l'amputation  subie  par 
son  père,  la  mort  de  son  frère  aîné.  Ni  l'une  ni  l'autre  de  ces  catas- 
trophes ne  l'empêchèrent  de  poursuivre  une  carrière  qui  paraissait  si 
implacable  pour  sa  famille;  il  s'y  montra  digne  des  siens,  devint  un 


-  13o  - 

brillant  marin,  mais,  grièvement  blessé  lui-même  en  1870,  achevé 
quelques  années  plus  tard  pai  le  climat  de  la  Guyane,  il  mourut  comme 
son  père  et  son  frère,  victime  du  devoir  militaire.  M'^^  Lessèble,  seule 
survivante  aujourd'hui  de  cette  famille  éprouvée,  garde  précieusement 
les  lettres  écrites  par  son  père,  le  journal  de  marche  de  son  frère  Jean, 
la  correspondance  plus  nombreuse  de  son  second  frère,  le  marin.  C'est 
H  l'aide  de  ces  documents  qu'elle  a  écrit  Honneur  militaire,  et  bien  qu'ils 
ne  constituent  que  des  pages  détachées,  n'ayant  entre  elles  qu'une 
liaison  à  peine  sensible,  elle  a  su  le  relier  par  un  commentaire  si 
habile  et  si  touchant  tout  ensemble  que  son  livre  est  un  des  plus 
intéressants,  parfois  des  plus  poignants  qu'on  puisse  lire.  A  voir  la 
façon  dont  sa  plume  retrace  les  angoisses  passées,  on  sent  qu'elles 
ont  laissé  dans  son  cœur  des  traces  qui  ne  sont  point  fermées  encore. 
A  un  autre  point  de  vue,  Honneur  militaire  a  une  valeur  qui  dépasse 
celle  d'une  œuvre  littéraire  remarquable.  En  un  temps  où  l'antimili- 
tarisme,  l 'antipatriotisme  affecte  les  allures  provocatrices  que  l'on 
sait,  l'exemple  de  ces  trois  soldats  sacrifiant  sans  compter  leur  vie  à 
leur  pays  est  une  leçon  qui  doit  donner  des  fruits.  Un  sentiment  qui 
produit  de  tels  sacrifices  est  le  plus  puissant  élément  de  grandeur 
qu'une  nation  soit  capable  d'entretenir  :  du  jour  où  il  n'existera  plus 
en  France,  c'en  sera  fait  de  notre  patrie. 

10.  • —  En  1908,  le  lieutenant-colonel  Lavisse,  directeur  de  l'Ecole 
d'infanterie  de  Saint-Maixent,  lui-même  ancien  saint-maixentais, 
a  introduit  dans  sa  maison  des  conférences  sur  des  sujets  d'intérêt 
général  faites  depuis  quelques  années  à  Saint-Cyr,  et  ce  sont  ces  con- 
férences dont  il  nous  donne  aujourd'hui  les  principales.  11  les  a  fait 
précéder  d'un  Avant-propos  destiné  à  détruire  les  idées  erronées 
qu'ont  encore  certaines  gens  sur  la  composition  de  Saint-Maixent,  et 
le  colonel  Lavisse  a  parfaitement  raison  de  vouloir  qu'on  sache  la 
vérité  sur  son  école.  Quant  à  son  argumentation  sur  la  nécessité  de 
fusionner  Saint-Maixent  avec  Saint-Cyr  —  Vers  la  fusion  —  elle  ne 
nous  a  pas  paru  avoir  la  même  raison  d'être,  là  tout  au  moins.  Cette 
seconde  partie  est  un  commentaire  du  projet  déposé  sur  le  bureau  de 
la  Chambre  des  députés  par  le  ministre  de  la  guerre  actuel,  mais  ce 
projet  ne  sera  sans  doute  pas  accepté  par  tout  le  monde  sans  contes- 
tation, et  il  faut  s'attendre  à  le  voir  vivement  critiqué.  La  raison 
d'être  du  volume  est  d'ailleurs  bien  moins  dans  la  Préface  du  colonel 
Lavisse  que  dans  les  conférences  mêmes  dont  certaines  sont  intéres- 
santes. Celle  de  M.  Lapie  sur  la  Pédagogie  contemporaine  et  l'Édu- 
cation du  soldat  nous  a  paru  tout  à  fait  remarquable. 

11.  —  Les  Lettres  à  un  sous-officier,  du  commandant  Roche,  con- 
tiennent •  une  série  d'indications  législatives  et  réglementaires  qui 
seront  fort  utiles  au  public  spécial  auquel  elles  s'adressent.  L'écri- 


—   13G  — 

vain  a  partagé  son  travail  en  dix-sept  cliapitres  dans  lesquels  il 
examine  les  diverses  fonctions  du  sous-olficier  dans  les  corps  de  troupe 
et  dit  la  façon  dont  ce  rouage  si  important  dans  la  composition  d'une 
armée,  doit  fonctionner  pour  donner  son  maximum  d'effet.  Ouvrage 
d'envergure  modeste,  mais  d'une  utilité  pratique  très  certaine. 

12.  —  De  prétentions  plus  élevées  apparaît  la  petite  brochure  de 
M.  le  général  Devaureix  :  Vieille  Routine.  Ce  résumé  des  procédés 
employés  dans  l'armée  du  second  Empire  aussi  bien  pour  l'instruction 
que  pour  le  combat,  nous  a  paru  renfermer  beaucoup  de  vérités  et  un 
certain  nombre  d'exagérations.  Là  où,  en  particulier,  l'écrivain  nous 
semble  aller  trop  loin, c'est  quand  il  donne  à  supposer  que  nous  étions, 
avant  1870,  la  seule  armée  à  user  de  procédés  aussi  éloignés  de  la  réalité 
qu'étaient  à  cette  époque  les  nôtres,  alors  que  partout  en  Europe,  y  com- 
pris l'Allemagne,  on  suivait  ces  méthodes  ou  des  méthodes  identiques. 
En  réalité,  dans  beaucoup  de  régiments  actuels,  on  est  encore  aussi 
routinier  que  sous  l'Empire  et,  sous  l'Empire,  des  colonels  de  la  valeur 
d'un  Trochu,  d'un  Ducrot,  d'un  Ardant  du  Picq,  avaient  en  main 
des  régiments  aussi  entraînés  que  les  meilleurs  régiments  d'aujourd'hui. 
Gomme  nous  le  disait  naguère  le  général  Dragomiroff,  tous  les  règle- 
ments d'exercice  actuels  sont  bons;  il  suffit  d'en  entendre  l'esprit  et 
de  savoir  Jes  appliquer  :  un  esprit  ingénieux  tirera  de  bons  efîets 
d'un  mauvais  règlement,  tandis  qu'un  officier  inintelligent  appliquera 
mal  les  meilleures  théories.  Il  y  a  eu  des  routiniers  dans  tous  les  temps 
et  il  y  en  aura  toujours  :  nous  n'en  possédons  que  trop  aujourd'hui 
encore. 

13.  —  Sous  le  titre  :  Réalité,  titre  un  peu  étrange  pour  le  sujet,  M.  lo 
commandant  Passarga  nous  donne  une  étude  intéressante  dans  laquelle 
il  développe  cette  thèse,  peut-être  risquée,  que  la  victoire  n'est  pas  la 
conséquence  de  la  destruction  des  forces  matérielles  de  l'ennemi,  mais 
bien  celle  de  la  destruction  de  ses  forces  morales.  Or.  il  semble  évident 
que  la  destruction  de  forces  matérielles  entraîne  généralement  la  des- 
truction de  la  force  morale,  comme  cela  s'est  vu  après  léna,  et  plus 
récemment  chez  les  Boërs.  Le  chapitre  sur  les  armes  à  tir  rapide,  sur  les 
efîets  matériels  du  tir  du  combat,  sur  le  tir  de  guerre,  etc.,  etc.,  sont 
moins  sujets  à  controverse;  on  ne  les  lira  pas  sans  profit. 

14.  —  Le  livre  du  général  Langlois  sur  l'Artillerie  de  campagne  en 
liaison  avec  les  autres  armes  était,  croyons-nous,  épuisé  depuis  long- 
temps. L'auteur  nous  en  donne  aujourd'hui  une  deuxième  édition, 
réimpression  textuelle  —  sauf  la  suppression  de  courts  passages 
un  peu  trop  vieilHs  aujourd'hui  —  de  l'édition  principale  parue  en 
1892.  Pour  expliquer  qu'après  seize  ans  passés  son  livre  n'ait  point 
besoin  de  remaniements,  l'écrivain  nous  cite  une  appréciation  du  colo- 
nel Belaieiï,  de  l'artillerie  russe;  cependant,  cette  manière  de  voir, 


-    1?7   - 

estimable  sans  doute,  n'émane  pas  d'une  autorité  telle  qu'elle  puisse 
s'imposer  sans  réserve.  Nous  croyons  savoir  que  beaucoup  d'artilleurs 
pensent  le  contraire  et  il  est  en  effet  bien  difficile  d'admettre  que, 
depuis  l'époque  où  a  paru  le  livre  dont  nous  nous  occupons,  il  n'y 
ait  rien  de  nouveau  à  dire  sur  l'artillerie.  Ne  serait-ce  que  la  question 
du  canon  extra  rapide, du  pom-pom  comme  on  l'a  baptisé,nous  eussions 
aimé  voir  le  général  Langlois  la  traiter  à  fond.  Sa  haute  compétence 
lui  eût  permis  de  nous  dire  sur  ce  chapitre  des  choses  intéressantes,  et 
l'annexe  de  six  pages  dans  laquelle  il  en  parle  paraîtra  à  beaucoup 
insuffisante.  Peut-être  le  général  se  réserve-t-il  d'étudier  cette  ques- 
tion à  part  et  de  lui  consacrer  un  volume  spécial;  tous  les  amis  de 
l'armée  font  le  vœu  que  nous  émettons  nous-même«à  cet  égard. 
En  dépit  de  ces  réserves,  V Artillerie  de  campagne  en  liaison  avec  les 
autres  armes  demeure  ce  qu'elle  était  auparavant,  un  œuvre  d'indis- 
cutable valeur.  Comte  de  Sérignan. 


OUVRACiES  SUK  LA  MUSIQUI'] 

(Suite) 

'è.  Les  Maîtres  de  la  tyiusique.  Rameau,  ^^âT  hovis  L,AhOY.  Paris,  Alcan,  1908,  petit 
in-8  de  247  p.,  3  fr.  50.  —  10.  Les  Maîtres  de  la  musique.  Haydn,  par  Michel  Bre  - 
NET.  Paris,  Alcan,  1909,  petit  in-8  de  208  p.,  3  fr.  50.  —  11.  Les  Maîtres  de  la  musi- 
que. Mnussorgsky,  par  M.-D.  Calvocoressi.  Paris,  Alcan,  1908,  petit  iii-8  de  245  p., 
3  fr.  50.  —  12.  Vies  des  hommes  illustres.  Beethoven,  par  Romain  Rolland.  Paris, 
Hachette,  1907,  in-16  de  viii-159  p.,  2  francs.  —  13.  Un  Romantique  sous  Louis - 
Philippe.  Hector  Berlioz,  1831-1842,  par  Adolphe  Boschot.  Paris,  Plon-Nourrit, 
1908,  in-16  de  673  p.,  avec  portraits,  5  francs.  —  14.  Œuvres  en  prose  de  YiiciiKKxy 
Wagner;  trad.  par  L.-G.  Prod'homme  et  D'' phil.  F.  Holl.  T.  II  des  Gesammelte 
Schrijten.  Paris,  Delagrave,  s.  d.  (1908),  in-12  de  vi-233  p.,  3  fr.  50.  —  15.  Musi- 
ciens d'aujourd'hui,  par  Romain  Rolland.  Paris,  Hachette,  1908,  in-16  de  281  p., 
3  fr.  50.  —  16.  La  Main  et  l'âme  au  piano,  d'après  Schiffmacher,  par  M'"'-  Aline 
Tasset.  Paris,  Delagrave,  s.  d.  (1908),  petit  in-4  de  88  p.,  3  fr.  50.  —  17.  Répertoire 
encyclopédique  du  pianiste,  analyse  raisonnée  d'œuvres  choisies  pour  le  piano.  T.  1 1 
(Auteurs  modernes),  par  Hortense  Parent.  Paris,  Hachette,  s.  d.  (1907),  in-12  de 
xxxi-351  p.,  3  fr.  50.  —  18.  La  Sonate  pour  clavier  avant  Beethoven  (Introduction 
à  l'étude  des  sonates  pour  piano  de  Beethoven) ,  par  Henri  Michel.  Paris  ,Fischba- 
cher,  1908,  in-8  de  127  p.,  4  francs.  —  19.  Le  Livre  de  l'évolution.  L'Homme  (Psy- 
chologie musicale  des  civilisations),  par  Ricciotto  Ganudo.  Paris,  Sansot,  1907. 
in-18  de  326  p.,  3  fr.  50.  —  20.  Esquisse  d'une  esthétique  musicale  scientifique,  par 
Charles  Lalo.  Paris,  Alcan,  1908,  in-8  de  326  p.,  5  fr. 

9.  —  Pour  écrire  la  vie  de  Rameau,  analyser  ses  œuvres,  en  dire  la 
genèse,  l'esprit  et  le  développement,  il  fallait  à  la  fois  un  historien, 
un  artiste,  doublé  d'un  mathématicien.  M.  Laloy  est  tout  cela  et,  de 
plus,  un  écrivain  de  premier  ordre  ;  aussi  son  i?a/?/ea?f  est-il  absolument 
réussi.  La  vie  de  Rameau  reste  assez  calme,  malgré  les  combats 
qu'il  eut  à  soutenir.  Dans  la  maison  paternelle,  à  Dijon,  il  commence 
ses  études  musicales.  A  dix-huit  ans,  il  erre  çà  et  là,  violoniste,  orga- 
niste; enfin  il  se  fixe  à  Paris.  Il  travaille,  il  approfondit  les  règles  de 


-   138  — 

son  art,  il  tente  d'en  pénétrer  les  lois.  «  L'effort  de  toute  sa  vie  sera 
de  faire  régner  dans  la  musique  entière  et,  particulièrement  dans 
l'harmonie,  l'ordre  et  la  clarté  dont  témoignent...  la  géométrie,  par 
exemple,  ou  la  physique...  Rien  de  nouveau  dans  cette  conception; 
mais  pour  arriver  au  but  qu'il  se  propose,  il  suit  un  chemin  qu'il  s'est 
tracé  et  où  toute  l'harmonie  moderne  a  passé  après  lui.  »  Ce  dernier 
trait  est  un  magnifique  éloge.  Cependant  le  savant  ne  fera-t-il  pas 
tort  à  l'artiste?  Non.  M.  Laloy  nous  montre  comment  le  profond  pen- 
seur «  créa  l'artiste  »,  comment  l'intelligence  claire  des  lois  de  la  mélodie, 
de  l'harmonie,  a  mené  le  compositeur  à  une  expression  de  plus  en  plus 
parfaite  de  la  beauté  musicale.  En  1722,  Rameau  publie  son  premier 
livre  :  Traité  de  l'harmonie.  Le  succès  ne  se  dessine  pas.  En  1726, 
nouveau  volume.  Cette  fois  les  polémiques  commencent;  elles  ne 
cesseront  qu'avec  sa  vie.  En  même  temps,  il  s'essaie  à  la  composition  : 
quelques  pièces  de  clavecin  et  cantates  voient  le  jour.  Mais  la  musique 
dramatique  l'attire,  il  cherche  un  poème.  A  cinquante  ans,  il  n'a 
encore  produit  que  des  «  bagatelles  ».  Enfin  il  trouve  Hippolyte  et 
Aricie.  Son  premier  opéra  est  représenté  en  1733;  le  succès,  disputé 
d'abord,  devient  bientôt  incontestable.  Dès  lors,  les  écrits  théoriques 
et  les  œuvres  musicales  se  succèdent  rapidement.  Chacun  de  ses 
ouvrages  est  l'occasion  de  combats  qui  finissent  presque  toujours  par 
la  victoire  des  Ramoneurs.  Chacun  est  aussi  une  marche  progres- 
sive de  son  intelligence  et  de  son  génie  vers  des  hauteurs  artistiques 
que  personne,  avant  lui,  n'avait  encore  atteintes.  i\L  Laloy  le  suit 
pas  à  pas  dans  cette  marche,  et  nous  décrit  les  découvertes  harmo- 
niques du  chercheur,  avec  la  sûreté  d'un  harmoniste  consommé,  et 
les  applications  pratiques  du  compositeur,  avec  la  finesse  du  critique 
le  plus  délicat.  Rameau  est  avant  tout  un  symphoniste.  Les  paroles 
le  gênent;  dans  le  chant  il  est  inférieur.  Si  «  la  voix  n'assume  qu'un 
rôle  décoratif,  dans  les  airs  de  danse,  par  exemple.  Rameau  retrouve 
pour  eux  toute  sa  grâce,  sa  verve  et  sa  poésie.  »  En  réalité  ces  airs 
font  partie  de  la  symphonie.  Il  réussit  mieux  les  chœurs  que  les  airs 
de  chant  et  mieux  encore  la  symphonie.  «  La  clarté^  la  précision,  le 
]  elief,  continue  M.  Laloy,  voilà  ce  qui  saute  aux  yeux  dans  la  sympho- 
nie de  Rameau.  Pour  peindre,  elle  est  sans  rivale;  il  suffit  qu'elle 
pai'aisse,  et  d'un  coup  tout  le  tableau  se  dessine  :  sommeil  de  Darda- 
nus,  enchanté  de  songes  heureux;  héroïsme  vainqueur  des  compa- 
gnons de  Pollux,  douceur  des  ombres  lieureuses,  mélancolique  et  voilée 
de  lumière...  etc.  »  Harmonie,  mélodie,  tonalité,  rythme,  tout  est 
analysé  par  ^L  Laloy.  11  faudrait  tout  citer.  Encore  ceci  pour  finir.  «  A 
mesure  que  Rameau  vieillit,  sa  manière  s'élargit;  dans  ses  dernières 
œuvres,  après  1745,  on  voit  poindre  un  nouveau  sentiment  d'har- 
monie... Il  écrit  des  pages  «  où  l'harmonie  en  sa  simplicité  candide 


—  139  — 

ot  la  mélodie  au  frais  sourire  «  font  «  songer  à  Mozart  ».  Il  s'élève  plus 
haut  encore,  «  jusqu'à  la  cime  d'où  se  découvre  un  avenir  plus  loin- 
tain.» Beethoven?  Oui,  ce  que  Rameau  rencontre  dans  ses  ouvertures, 
((  c'est  la  symphonie  classique  ».  Il  ne  lui  a  pas  été  donné  d'aller  au 
delà.  C'est  le  dernier  sommet  :  plus  loin,  «la  nuit  froide  commence  avec 
ses  œuvres  pâlissantes.»  Mais  avant  d'y  descendre,  il  a  vu  «les  premières 
lueurs  d'une  grande  aurore.  » 

10.  —  Le  centième  anniversaire  de  la  mort  d'Haydn  (1809), qui  sera 
célébré  à  ^'ienne  au  mois  de  mai,  l'année  prochaine,  nous  faisait 
espérer  de  nouveaux  travaux  sur  la  vie  et  les  œuvres  de  cet  aimable 
et  gracieux  compositeur,  et  voici  que,  déjà,  V Haydn  de  M.Michel  Brenet 
remplit  cet  espoir.  Haydn  !  c'est  avec  lui  que  les  musiciens  nés  dans 
la  première  partie  du  xix*^  siècle,  ont  commencé  de  prendre  contact 
avec  la  musique  classique,  par  les  trios,  les  quatuors,  les  symphonies 
qui  réjouirent  leur  jeunesse.  Aujourd'hui  «  les  contemporains  relè- 
guent volontiers  Haydn  parmi  les  classiques  de  l'enfance,  et  pensent 
f[ue  pour  l'aimer  il  faut  être  très  jeune.  »  Ce  livre  a  ravivé  en  moi 
l'affection  pour  Haydn;  je  l'ai  lu  avec  l'intérêt  ému  et  respectueux 
d'un  fds  qui  s'attendrit  aux  récits  des  hauts  faits  d'un  ancêtre.  Tout 
est  simple,  charmant  dans  cette  vie.  Il  naît  sous  le  chaume,  passe  à 
l'école  rurale.  Là,  un  recruteur  d'enfants  l'engage  pour  le  chœur  de 
la  cathédrale  à  Vienne.  Il  est  enjoué,  taquin,  rieur.  La  voix  mue,  il 
faut  partir.  A  dix-sept  ans,  sur  le  pavé  de  Vienne,  que  faire?  Un 
chantre  de  paroisse  le  loge.  Pour  gagner  quelques  sous,  il  se  joint  à 
de  petits  orchestres  et  bat  avec  eux  le  pavé  de  la  ville,  un  violon  à 
l'épaule  !  Pas  toujours  gaie,  cette  vie  !  11  songe  à  la  quitter  pour  entrer 
dans  l'ordre  des  servîtes;  il  apprécie  surtout  «  dans  cette  vocation  » 
la  certitude  «  d'avoir  à  manger  tous  les  jours.  »  Enfin  il  s'installe  chez 
lui.  Il  compose;  peu  à  peu  on  le  connaît,  on  l'apprécie,  et  bientôt  il 
entre  au  service  du  prince  Esterhazy.  \'ers  cette  époque  il  se  marie. 
Sa  femme,  fantasque,  sèche,  querelleuse,  «  bête  infernale  »  qui  ne  s'oc- 
cupe de  lui  que  pour  le  «  faire  enrager  »  et  de  ses  œuvres  que  pour  en 
découper  les  feuillets  en  papillotes  et  en  moules  à  pâtés  ».  Haydn, 
doux  et  patient,  se  résigne.  Trente  ans  il  reste  au  service  du  prince. 
Il  se  lève  à  l'aube  pour  écrire  les  œuvres  nouvelles  qui  doivent  être 
exécutées  le  soir  pour  le  plaisir  du  maître,  et  ensuite  entassées  dans 
les  armoires  de  musique.  La  mort  du  prince  l'allège  un  peu;  il  reste 
attaché  à  son  fils  avec  une  pension  et  l'entière  liberté  de  son  temps 
et  de  son  talent.  A  ce  moment  commence  pour  Haydn  le  triomphe 
public  .  Deux  voyages  en  Angleterre  le  portent  au  faîte  de  la  gloire 
De  retour  à  Vienne,  il  s'éteint  paisiblement  dans  une  vieillesse  hoaorée. 
Les  œuvres  de  Haydn  sont  ensuite  analysées  par  M.  Michel  Brenet. 
Ses  opéras  ne  présentent  rien  de  bien  saillant.  Sa  musique...  religieuse 


—  no- 
ue l'est  guère,  et  «  l'impropriété  de  ses  messes  est  aussi  incontestable 
que  l'intégrité  de  sa  croyance  ».  Ses  oratorios,  il  suffit  de  nommer  la 
Création  et  les  Saisons,  pour  rappeler  les  deux  immortels  chefs-d'œuvre 
de  sa  vieillesse.  La  musique  instrumentale,  là,  Haydn  est  chez  lui, 
là,  il  triomphe.  La  lecture  de  V Haydn  de  M.  Brenet  est  aussi  attrayante 
que  le  héros  lui-même.  M.  Brenet  fait  aimer  l'homme  et  les  œuvres  : 
l'homme,  à  cause  de"  sa  bonhomie  et  de  sa  douceur;  les  œuvres, 
«  pour  leur  sincérité,  leur  probité,  voire  leur  douce  naïveté,  autant 
que  pour  leur  saine  et  heureuse  vigueur,  leur  constante  sérénité.  » 

11.  —  Déjà  plusieurs  écrivains  avaient  appris  aux  lecteurs  français 
la  «  douceur  intime  »  et  la  «  rudesse  atroce  /  de  Monssorgsky,  le  plus 
indépendant  des  musiciens  russes;  à  son  tour,  M.  Calvocoressi  nous 
fait  connaître  plus  à  fond  ce  maître.  Né  dans  un  village  au  centre  de 
la  Russie,  il  fait  à  Saint-Pétersbourg  des  études  qui  le  conduisent  au 
régiment.  Jeune  et  brillant  officier,  il  compose  pour  ses  camarades. 
Bientôt  le  joug  lui  pèse,  il  veut  plus  de  liberté,  donne  sa  démission 
et  se  rapproche  du  peuple  pour  chanter  les  inconnus,  les  pauvres, 
les  désespérés.  Hélas  !  dit  M.  Bellaigue,  il  allait  connaître  de  pires 
servitudes  que  la  servitude  militaire:  celles  de  la  maladie  et  de  la  pau- 
vreté. Après  une  triste  vie,  presque  sans  gloire,  il  mourut  dans  un 
hôpital  militaire,  à  quarante-deux  ans.  Son  éducation  musicale  est 
incomplète,  mais  le  génie  y  supplée.  Le  fil  conducteur  à  travers  les 
œuvres  de  Moussorgsky  c'est  le  réalisme;  aussi  le  livre  de  M.  Calvo- 
coressi n'est-il  qu'un  long  traité  du  réalisme  en  musique,  appliqué 
à  la  manière  du  compositeur  russe.  A  l'encontre  de  Rameau  et  de 
Haydn,  Moussorgsky  ne  réussit  pas  dans  le  musique  pure,  instru- 
mentale. Pour  éveiller  sa  verve,  il  lui  faut  des  paroles,  et  alors  son 
procédé  c'est  l'équivalence  exacte  de  sa  musique  avec  le  langage 
parlé.  Pour  arriver  à  ce  but,  Moussorgsky  prend  toutes  les  libertés  : 
liberté  dans  la  tonalité,  il  ne  craint  pas  les  modulations  les  plus  inat- 
tendues, les  duretés  les  plus  «  atroces  »  et  ne  se  gêne  pas  pour  terminer 
une  pièce  dans  un  ton  éloigné  de  celui  où  elle  a  commencé;  liberté 
dans  le  rythme,  les  changements  de  mesure  sont  fréquents,  tel  mor- 
ceau de  cinquante-trois  mesures  renferme  quarante-trois  change- 
ments. La  forme  générale  est  régulière  ou  irrégulière,  selon  les  sujets. 
Ainsi  l'exige  le  réalisme.  En  somme,  cette  musique  ne  ressemble  à 
rien  de  ce  qui  a  été  écrit  jusqu'à  ce  jour,  et  c'est  dans  les  mélodies  de 
Moussorgsky,  une  quarantaine,  qu'on  reconnaît  son  génie.  M.  Calvo- 
coressi les  repasse  une  à  une  et  en  fait  ressortir  les  beautés  de  tout 
genre.  11  s'étend  avec  plus  de  complaisance  encore  sur  l'œuvre  dra- 
matique de  Moussorgsky,  Boris  Godoiinov,  son  chef-d'œuvre,  qui 
vient  de  paraître  sur  notre  première  scène  avec  un  réel  succès.  L'étude 
de  M.  Calvocoressi  sera,  elle  aussi,  bien  accueilhe  du  pubhc,  car  elle 


—  141  - 

fait  connaître  un  musicien  de  génie  qui,  jusqu'ici,  lui  était  presque 
inconnu. 

12.  —  La  Vie  de  Bcethoi'en,  par  M.  R.  Rolland,  a  été  publiée  poui' 
la  première  fois,  en  janvier  1903,  aux  «  Cahiers  de  la  Quinzaine  ».  Elle 
devient  aujourd'hui  le  premier  volume  d'une  collection  des  Vies  des 
hommes  illustres  entreprise  par  le  même  auteur.  Il  dédie  ces  Vies 
à  ceux  qui  fléchissent  dans  ce  triste  monde  sous  leur  peine,  à  ceux 
qui  souffrent,  aux  malheureux.  Il  «veut  leur  offrir  «  le  baume  de  la 
souffrance  sacrée  ».  Bonne  et  généreuse  pensée  !  C'est  aussi  ce  que 
voulait  faire  François  Coppée  dans  son  livre  si  touchant  de  la  Bonne 
Souffrance  ».  Je  crois  que  le  poète  a  mieux  réussi  que  M.  Rolland 
parce  que,  devenu  catholique,  il  a  offert  aux  malheureux  le  baume 
de  la  souffrance  chrétienne,  le  seul  qui  console  et  fortifie.  Quoi  qu'il  en 
soit,  M.  Rolland  veut  ressusciter  le  peuple  des  héros,  de  ceux  qui 
furent  grands  par  le  cœur.  En  tête  de  cette  légion,  l'auteur  place 
Beethoven.  La  vie  et  les  œuvres  de  ce  génie  qui  a  si  cruellement  souf- 
fert sont  retracées  avec  une  plume  émue  et  respectueuse.  Fidèle  à 
son  but,  M.  Rolland  en  fait  ressortir  plus  la  force  héroïque  que  la 
grandeur  artistique  :  Beethoven  est  à  ses  yeux  «  le  plus  grand  et  le 
meilleur  ami  de  ceux  qui  souffrent  et  qui  luttent  ».  Le  plus  grand? 
le  meilleur?  Pour  soutenir  cette  affirmation,  il  faudrait  oublier  Celui 
qui  a  dit  :  Venite  ad  me  omnes  qui  laboratis  et  onerati  estis,  et  ego 
reficiam  vos.  Je  forme  sincèrement  le  va^u  que  le  nouveau  Plutarque 
fasse  un  choix  judicieux  et  ne  nous  présente  que  des  hommes  vraiment 
grands,  forts,  dignes  de  servir  de  modèle  et  de  consolation  aux  malheu- 
reux. 

13.  —  M.  Boschot  publie  son  second  volume  de  la  vie  de  H.  Berlioz, 
sous  ce  titre  :  Un  Romantique  sous  Louis-Philippe.  J'ai  déjà  dit,  en 
analysant  ici  le  premier  volume  (Cf.  Polybiblion  janvier  1907,  p.  37)  la 
manière  précise  et  empoignante  avec  laquelle  l'auteur  met  en  scène 
son  héros.  Mêmes  qualités,  même  intérêt,  même  animation  dans  le 
récit  de. ce  drame  ou  plutôt  de  cette  comédie  qui  est  l'existence  de 
Berlioz;  car  on  le  plaint,  on  souffre,  on  triomphe  avec  lui,  mais,  sou- 
vent aussi,  on  ne  peut  s'empêcher  de  rire  devant  les  excentricités,  les 
folies  de  ce  grand  enfant  de  génie.  Ce  volume  nous  conduit  du  faux 
suicide  de  Berlioz,  en  1831,  à  sa  fuite  de  Paris  en  1842,  après  son 
échec  à  1  Institut.  Le  troisième  et  dernier  :  Le  Crépuscule  d'un  roman- 
tique, terminera  le  trasail  de  M.  Boschot  qui  restera  fondamental  et 
mêma  définitif. 

14.  -  Le  2^  volume  des  Œuvres  enprose  de  Richard  Wagner,  traduites 
en  français  par  MM.  Prod'Jiomme  et  Holl,  correspond  au  tome  second 
des  Gesammelte  Schrifien  und  Dichtungen  et  contient  les  écrits  con- 
temporains de  Thannhàuser  (iS^ii),  Lohengrin  (1846),  et  la  ,Mort  de 


-  142  - 

Siegfried  (1848);  ils  se  rapportent  au  séjour  de  Wagner  à  Dresde  en 
qualité  de  kapellmcister  de  la  Cour.  Après  un  compte  rendu  de  la 
translation  des  cendres  de  Weber,  et  une  autre  notice  à  propos  d'une 
exécution  de  la  9^  symphonie  de  Beethoven,  vient  une  étude  du  mythe 
des  Nibelungen  interprété  par  l'histoire,  curieuse  fantaisie  de  l'ima- 
gination de  Wagner.  Les  lecteurs  français  verront  avec  intérêt  dans 
ce  document,  non  seulement  les  raisons  qui  portèrent  Wagner  à  puiser 
ses  sujets  dans  la  légende,  mais  aussi  l'exposé  fait  par  le  poète  lui- 
même  des  idées  politiques,  sociales  et  mystiques  qu'il  y  découvrait 
et  devait  développer  dans  ses  futurs  drames.  Cette  étude  est  suivie 
d'une  rapide  esquisse  des  Nibelungen  comme  thème  qui  servira  plus 
tard.  Enfin,  nous  trouvons  encore  dans  le  présent  volume,  à  côté  d'un 
toast  et  d'un  discours  politique,  un  plan  d'organisation  d'un  théâtre 
national  en  Saxe,  où  se  dessine  déjà  l'idée  de  Bayreuth. 

15.  —  Les  études  qui  composent  le  nouveau  volume  de  M.  R.  Rol- 
land :  Musiciens  d'aujourd'hui,  ont  paru  d'abord,  séparément,  dans 
diverses  revues;  les  voici  réunies,  pour  la  plus  grande  commodité  des 
lecteurs.  Je  n'ai  qu'à  les  énumérer  brièvement.  Berlioz  vient  en  tète 
de  ces  pages  :  c'est  une  esquisse  brillante  de  ce  génie,  «  qui,  malgré 
ses  défauts,  a  ouvert  à  l'art  de  magnifiques  chemins  ».  Wagner  est 
ensuite  étudié,  en  quelques  pages  seulement,  à  propos  de  Siegfried 
et  de  Tristan.  Voici  M.  Saint-Saëns,  qui  a  «la  gloire  très  rare  de  se  voir 
devenu,  de  son  propre  vivant,  classique  ».  Vincent  d'Indy,  l'ar- 
tiste à  l'intelligence  ouverte  et  richement  cultivée,  dont  la  marque 
essentielle  est  le  caractère  moral  et  presque  religieux  de  sa  person- 
nalité; il  a  la  foi,  foi  en  Dieu,  foi  en  l'art,  il  se  fait  éducateur  pour  le 
communiquer;  Richard  Strauss,  poète  et  musicien,  pour  lequel 
M.  Rolland  professe  une  grande  admiration  ;  le  malheureux  Hugo 
Wolf,  compositeur  de  lieder,  «  tous  d'une  individualité  admirable,  » 
qui  meurt  fou  !  Enfin,  Don  Perosi,  le  jeune  prêtre,  auteur  d'oratorios 
qui  «  suffisent  pour  le  mettre  au  premier  rang  de  la  musique  contem- 
poraine ».  L'article  qui  suit  :  Musique  française  et  Musique  allemande 
est  le  récit  et  la  critique  du  premier  Musikfest  qui  eut  lieu  à  Stras- 
bourg en  1905,  et  où  les  deux  nationalités  furent  mises  en  présence. 
Suit  une  étude  sur  Pellëas  et  Mélisandre,  de  Cl.  Debussy;  sans  être 
un  debussyste,  M.  Rolland  rend  hommage  à  un  grand  artiste  dans 
des  pages  d'analyses  fines  et  délicates  qui  rappellent  celles  de  M.  Laloy 
sur  le  même  sujet.  Enfin,  sous  ce  titre  :  Le  Renouveau,  le  brillant 
historion  nous  raconte  brièvement  le  mouvement  musical  à  Paris 
depuis  1870  :  c'est  un  réveil,  une  poussée  de  foi  et  d'énergie  qui  a 
recréé  la  musique  française.  Dans  toutes  ces  études,  la  critique  de 
M.  Rolland  est  forte,  ferme,  faite  d'objectivité  et  de  droiture.  Qu'il 
parle  de  compositeurs  allemands  ou  français,   d'incroyants  comme 


—  143  — 

Berlioz  et  Saint-Saëns,  ou  de  croyants  comme  V.  d'Indy  et  Perosi, 
il  se  met  simplement  en  face  de  leurs  œuvres,  et  s'efforce  de  les  juger 
avec  la  plus  grande  impartialité. 

16.  —  Schiffmacher  est  un  pianiste  né  à  Strasbourg  en  1827.  Les 
notes  qui  nous  sont  restées  de  lui  ont  permis  de  dévoiler  aux  pianistes 
une  technique  originale  et  des  procédés  mécaniques  intelligents  par 
lesquels  les  exécutions  deviennent  poétiques  et  colorées.  C'est  ce 
que  s'est  proposé  de  faire  M"^^  Aline  Tasset  dans  son  livre  :  La  Main 
et  l'âme  au  piano^  d'après  Schiffmacher.  Schiffmacher  se  porte  de  pré- 
férence à  ce  qu'il  y  a  de  plus  rude  dans  le  travail;  comme  la  perfec- 
tion, l'effort  l'attire.  Les  musiciens  dont  le  talent  influença  ses  études 
ne  lui  donnèrent  jamais  de  direction  suivie;  un  maître  infaillible  — 
la  nature  —  a  inspiré  son  enseignement.  Dans  la  nature,  l'intensité 
des  vibrations  sonores  est  en  rapport  direct  avec  la  force  impulsive 
qui  les  émet;  de  là  quelques  principes  sur  lesquels  repose  l'art  de  la 
sonorité  au  piano.  C'est  par  la  force  et  par  les  gestes  qu'on  amène  la 
variété  dans  un  même  timbre  et  que  se  trouve  rompue  la  monotone 
sécheresse  de  l'instrument.  Le  son  est  un  effet  dont  le  geste  est  la 
cause,  et  le  geste,  c'est  le  mouvement,  la  force.  Donc,  pour  jouer,  il 
faut  bouger.  Si  vous  voulez  varier  les  sons,  variez  les  gestes.  —  Mais 
comment  se  mouvoir?  Ici  encore,  la  nature  intervient.  Sur  le  terrain, 
il  y  a  deux  manières  de  franchir  une  distance  :  le  pas  ou  le  saut.  De 
même  au  piano.  Le  clavier  est  une  piste.  Les  pas,  ce  sont  les  petites 
articulations  régulières,  serrées,  adhérentes,  ne  quittant  pas  plus  le  cla- 
vier que  nos  pieds  ne  quittent  la  terre.  Les  sauts  ce  sont  les  élans  pris 
comme  à  pieds  joints.  A  l'imitation  du  violoniste  qui  modifie  ses 
coups  d'archets,  le  pianiste  doit  modifier  ses  articulations  et  ses  gestes. 
Ainsi  les  notes  mélodiques  libres  et  souples  seront  émises  par  un  geste 
spécial,  le  lancé;  les  finales  faibles  des  rythmes,  par  le  retiré;  le  lancé, 
qui  accentue,  ampHfie  le  son;  le  retiré  qui  l'efface,  l'éteint.  Du  mélange 
de  ces  articulations  longues  et  courtes  naissent  les  accentuations, 
les  contrastes  de  sonorités  qui  favorisent  l'imitation  des  voix  et  de 
l'orchestre.  Les  notes  recevant  le  lancé  seront  :  toutes  les  notes  mélo- 
diques graves  ou  hautes;  chaque  première  note  des  coulés  de  deux 
notes;  certains  accents,  soit  rythmiques,  soit  pathétiques;  les  notes 
syncopées,  les  bonnes  notes  des  accords  et  les  retards;  en  général 
tous  les  sons  accusant  certaines  parties  du  dessin  et  rompant  l'unifor- 
mité du  décor.  Toutes  les  finales  faibles  des  phrases  et  des  rythmes, 
au  contraire,  toutes  les  dernières  notes  des  coulés  de  deux  notes,  et 
certains  sons  effacés,  murmurés,  recevront  le  geste  du  retiré.  La  classi- 
fication des  notes  sans  geste  comprend  tous  les  groupes  de  son 
formant  l'accompagnement,  le  remplissage,  et  en  général,  ce  qui  est 
au  second  plan.   Guidés  par  Schiffmacher,  les  pianistes  arriveront 


—  14'i   — 

à  un  langage  musical  juste,  simple  et  vrai.  Ils  reconnaîtront  dans  ses 
découvertes  des  moyens  précieux  répondant  à  de  légitimes  besoins; 
des  principes  enfin  et  une  direction. 

17.  —  Dans  son  second  volume  du  Réperloire  encyclopédique  du  pia- 
niste^ qui  est  la  première  partie  du  Répertoire  moderne,  M"^^  Hor- 
tense  Parent  donne  les  couvres  classées  par  noms  d'auteurs,  un 
volume  nouveau  devant  contenir  ces  œuvres  classées  par  degrés  de 
difficultés  et  genres  de  compositions.  Le  but  de  ce  travail  est  avant 
tout  de  présenter  aux  professeurs  et  aux  amateurs  de  piano  les  com- 
positeurs qui  ont  écrit  spécialement  pour  cet  instrument;  ensuite  les 
grands  compositeurs  qui,  sans  être  spécialistes,  ont  cependant  écrit 
pour  le  piano  quelques  œuvres  de  premier  ordre  ;  puis  les  compositeurs 
dont  les  œuvres  dramatiques  ou  symphoniques  ont  donné  lieu  à  des 
transcriptions  qui  sont  de  vt'ritables  morceaux  de  piano;  —  les  sym- 
phonistes surtout  qui  exercent  une  grande  influence  sur  la  compo- 
sition pianistique;  —  puis  les  compositeurs,  professeurs,  novateurs, 
dont  la  carrière  offre  un  intérêt  historique,  un  enseignement.  Une 
large  place  y  est  faite  à  la  musique  étrangère,  allemande  surtout, 
dont  on  ignore  en  France  la  force  du  mouvement  musical.  Chaque 
nom  d'auteur  est  suivi  d'une  notice  retraçant  les  événements  mar- 
quants de  la  vie  du  compositeur,  les  grandes  lignes  de  sa  carrière  et 
les  titres  de  ses  principales  oeuvres.  Souvent  on  nous  fait  connaître 
le  nom  du  maître  de  chaque  compositeur.  De  nombreu?es  citations  de 
critiques  musicaux  autorisés  apprécient  le  génie  ou  le  talent  des  C')m- 
positeurs  présentés  dans  cet  ouvrage.  Les  tableaux  d'œuvres  s^nt 
divisées  en  œuvres  originales  et  en  œuvres  transcrites  —  et  cela  par 
ordre  alphabétique.  En  retraçant  brièvement  la  vie  de  tant  de  grands 
artistes,  l'auteur  a  voulu  non  seulement  les  faire  connaître,  mais  les 
faire  admirer,  assurant  que  si,  comme  l'a  dit  Joubert,  «  la  multitude 
des  affections  élargit  le  cœur  »,  la  multitude  des  admirations  élargit 
l'esprit;  — ^  il  faut  avoir,  au  début  de  la  vie,  un  trop  plein  d'enthou- 
siasme, pour  qu'il-  en  reste  quelques  parcelles  dans  la  maturité  de 
l'âge. 

18.  —  Dans  une  suite  de  cinq  conférences,  réunies  en  un  volume 
intitulé  :  La  Sonate  pour  clavier  avant  Beethoven,  M.  Henri  Michel 
a  donné  une  histoire  sommaire  de  la  sonate  avant  Beethoven.  L'ori- 
gine de  la  sonate  se  confond  avec  celle  de  la  musique  instrumentale. 
Primitivement,  dans  le  moyen  âge,  la  musique  instrumentale  est  tou- 
jours associée,  soit  au  chant,  soit  à  la  danse.  A  partir  du  xvi^  siècle, 
nous  remarquons  une  substitution  ad  libitum  de  la  musique  instru- 
mentale à  la  musique  vocale  et  à  la  danse;  séparation  qui  laisse  pré- 
voir une  séparation  définitive.  La  musique  instrumentale,  séparée  du 
chant  religieux,  devient  la  sonate  d'église  dont  les  premiers  essais 


-  I4t;  — 

atteignent  la  perfection,  orâre  à  son  (ujoine;  car  elle  héritait  de  tonte 
la  technicjue  riche  et  complexe  d'nn  art  déjà  vieux  de  plusieurs 
siècles.  Séparée  de  la  danse,  elle  devient  d'abord  simplement  un  air  de 
danse  que  l'on  écoute  sans  danser;  puis  une  suite  composée  de  diffé- 
rents airs  de  danses,  qu'on  nomme  partita  ou  suite;  enfin  parallèle- 
ment à  la  sonate  d'église,  la  sonate  de  chambre,  toutes  deux  se  faisant 
des  emprunts  continuels.  Le  plan  de  la  sonate  consistait  uniquement 
dans  l'alternance  de  deux  mouvements  lents  et  de  deux  mouvements 
rapides.  ■ —  Un  siècle  s'écoule  avant  qu'il  ne  soit  question  de  la  sonate 
pour  clavier;  n'ayant  d'abord  d'autre  rôle  que  de  soutenir  les  voix, 
on  s'avisa  que  le  clavecin  était  un  instrument  complet,  une  sorte 
d'orchestre;  la  première  sonate  confiée  au  clavecin  fut  composée  en 
1695  par  Jean  Kuhnau,  de  Leipzig.  Prédécesseur  de  Bach  et  de  Haen- 
del,  qui  subirent  son  influence,  il  annonce  dans  ses  sonates  bibliques, 
un  siècle  à  l'avance,  le  style  véhément  de  Beethoven  et  son  inspiration 
passionnée.  Un  demi-siècle  après  Kuhnau,  Emmanuel  Bach  marque 
une  ère  nouvelle  de  la  musique.  Dans  ses  sonates  pour  clavecin,  il  a 
fixé  la  forme  classique  que  Haydn  et  Mozart  imposeront  encore  après 
lui  à  la  symphonie  et  au  quatuor.  A  la  méthode harmoniqvie  il  substitue 
celle  du  contrepoint,  oifre  une  organisation  plus  complexe  et  plus 
symétrique,  tant  au  point  de  vue  de  la  tonalité  qu'à  celui  de  la  coupe 
du  discours  musical  et  du  traitement  des  thèmes;  et  enfin  recherche  les 
effets  expressifs  et  d'un  style  dramatique  et  coloré.  A  la  sonate  ébau- 
chée au  xvii^  siècle,  puis  itiodelée  presque  à  souhait  par  les  mains 
d'Emmanuel  Bach,  il  ne  mancjuait  que  la  vie;  or  c'est  précisément 
à  ce  moment  que  la  musique  va  prendre  son  plus  grand  essor.  Haydn 
et  Mozart,  héritiers  de  la  tradition  allemande  et  italienne,  n'en  con- 
serveront que  la  part  la  meilleure  ;  ils  y  ajouteront  l'inattendu  qu'ap- 
porte toujours  le  génie.  Avec  eux,  peu  de  changements  au  plan  de  la 
sonate  classique,  il  leur  suffira  de  quelques  traits  légers  pour  en 
jiarfaire  le  dessin;  c'est  la  beauté  des  choses  vivantes  que  la  sonate 
va  recevoir  d'eux. 

19.  —  Il  est  im})ossible  d'analyser  le  Livre  de  l'évolution.  L'Homme, 
de  M.  Ricciotto  Canudo;  il  faut  laisser  la  parole  à  l'auteur  :  «  Dans  ce 
livre  de  Vévoliilion  je  présente  une  métaphysique  musicale  des  civili- 
sations... Je  suivrai  l'Homme  ,  manifestation  suprême  et  mobile 
de  la  Nature,  dans  sa  marche  dite  de  l'Orient  vers  l'Occident,  et 
j'expliquerai  l'âme  et  l'ordre  de  ce  naouvement,  en  prenant  comme 
paradigme  de  la  vie,  la  musique...  Le  style  de  ce  livre  est  fait  parti- 
culièrement de  visions,  d'intuitions  positives  et  de  reconstructions 
lyriques  ».  L'auteur  entre  dans  son  sujet  en  décrivant,  à  sa  manière, 
l'origine  de  la  danse  et  du  chant.  C'est  au  milieu  d'un  orage  effroyable, 
qui  mit  en  mouvement  et  en  hurlement  toute  la  nature,  que  «tout 
Fkvrier  1909.  T.  CXV.   K». 


—  146  — 

d'un  coup  Ins  animaux  so  mirent  à  luirlor  «  et  quo  l'hommo  et  la  femme 
barbares  trouvèrent  la  danse,  le  rythme  et  la  voix  «  en  répétant  avec 
leurs  corps  furieux  le  mouvement  des  arbres...  et  en  surpassant  de 
leurs  cris  tous  les  (;ris  de  la  nature...  C'est  ainsi  que  l'homme  connut 
la  nécessité  de  se  mouvoir  et  de  hurler  selon  les  rythmes  de  l'orage  «. 
Telle  est  la  première  vision.  L'auteur  suit,  dans  le  cours  de  l'histoire, 
l'Homme  dansant  et  chantant  depuis  Adam  jusqu'à  Debussy.  Quant 
à  l'avenir,  M.  Ganudo  y  plonge  son  regard,  il  y  voit  un  Homme  nou- 
veau, une  Musique  qui  sera  la  Religion,  un  Théâtre  qui  sera  le  Temple. 
Ainsi  finit  ce  livre  étrange  où  l'imagination,  et  non  la  meilleure,  la 
vision,  le  rêve  l'emportent  toujours  sur  la  science  solide  d'une  saine 
philosophie  de  l'art. 

20.  —  Les  systèmes  d'esthétique  sont  restés  jusqu'ici  trop  partiels 
et  subjectifs.  Le  plus  souvent  ils  n'ont  qu'une  valeur  littéraire  :  aussi 
ces  œuvres  d'art  pour  l'art  tombent  d'elles-mêmes.  M.  Ch.  Lalo,  qui 
fait  ces  remarques  en  nous  présentant  son  Esquisse  d'une  esthétique 
musicale  scientifique^  se  place  au  point  de  vue  philosophique  pour 
soutenir  l'application  au  problème  musical  de  la  méthode  synthé- 
tique expérimentale,  appuyée  sur  les  faits  concrets.  Sa  thèse  se  réclame 
de  la  critique  et  de  la  connaissance.  Les  divers  ordres  de  réalités  acces- 
sibles à  la  science  sont  irréductibles,  et  subordonnés  dans  une  hiérar- 
chie où  le  supérieur  ne  contient  l'inférieur  que  pour  y  surajouter 
une  nouveauté  pai'ticulière  qui  ne  saurait  lui  être  réduite.  Ce  processus 
va  grandissant  de  l'abstrait  au  concret.  Les  éléments  les  plus  abs- 
traits des  faits  esthétiques  nous  sont  fournis  par  la  science  des  nom- 
bres :  ils  présentent  l'œuvre  d'art  comme  l'unité  d'une  multiplicité. 
A  l'aide  de  la  psycho-physiologie,  cette  unité  du  multiple  apparaît 
sous  la  forme  plus  concrète  de  l'agrément.  Le  point  de  vue  psychologi- 
que précise  davantage  :  il  montre  l'art  comme  une  activité  de  jeu, 
c'est-à-dire  désintéressée.  Cette  donnée  est  toute  négative.  Enfin  la 
valeur  positive  est  atteinte  avec  la  sociologie,  qui  introduit  une  dis- 
cipline dans  l'ordre  esthétique.  Cette  discipline,  c'est  la  technique. 
En  elle  réside  l'essence  de  l'art,  car  elle  fournit  les  éléments  les  plus 
concrets,  partant  le  point  de  vue  le  plus  scientifique  et  définitif  pour 
établir  les  lois  des  faits  esthétiques.  La  science  musicale  a  d'ailleurs 
suivi  cette  progession  dans  son  évolution  historique.  Elle  fut  presque 
uniquement  arithmétique  dans  l'antiquité  et  le  moyen  âge;  avec 
Descartes,  Mersenne,  Sauveur,  Rameau,  le  P.  André,  elle  devint  à  la 
"fois  physique  et  mathématique;  Helmholtz  ne  l'appuie  plus  que 
sur  la  psycho-physiologie;  elle  est  rendue  essentiellement  psycholo- 
gique par  Stumpf,  Tipps,  H.  Riemann;  enfin  de  nos  jours  on  com- 
mence à  entrevoir  la  réalité  sociale.  M.  Lalo  développe  sa  thèse  en  dis- 
cutant la  valeur  de  ces  divers  systèmes.  En  chacun  il  fait  ressortir 


—  147  - 

rprreiir  commune  d'avoir  érigé  en  absolu  les  résultats  d'une  étude 
partielle.  Ainsi,  par  exemple,  les  théories  mathématiques  sont  très 
exactes,  à  la  condition  de  rester  dans  l'indétermination  qui  les  carac- 
térise. Appliqué  à  un  ordre  de  réalités  plus  concret,  le  système  ne  vaut 
plus.  L'octave  théoriquement  pure  2/1  sonne  positivement  faux; 
tandis  qu'un  rapport  physiologiquement  simple  se  trouve  être  arith- 
métiquement  très  complexe.  Toute  cette  partie  de  discussion  tech- 
nique est  très  riche  d'informations  et  traitée  avec  beaucoup  de  savoir. 
Enfin  la  critique  étant  terminée,  M.  Lalo  se  décide  à  bâtir  sur  le  ter- 
rain de  la  sociologie.  Parcourant  les  quatre  grandes  périodes  de  l'histoire 
musicale  en  Occident,  il  retrouve  en  chacune  d'elles  la  série  des 
mêmes  états  esthétiques  :  pré -classique,  classique,  post-classique.  Ses 
aperçus  sont  vraiment  intéressants  et  surtout  suggestifs.  Cependant 
les  résultats  réels  n'oiïrent  pas  la  précision  qu'une  si  rigoureuse 
méthode  pouvait  faire  espérer.  M.  Lalo  s'attendait  bien  à  des 
objections;  il  répond  d'avance  que  la  méthode  importe  plus  que  le 
résultat  :  elle  pourra  être  reprise.  9ouhaitons-le  avec  lui,  car  il  importe 
d'étudier  les  faits  esthétiques  par  la  méthode  d'induction  qui  convient 
pour  découvrir  les  lois  de  tous  les  faits.  Le  travail  de  M.  Lalo  contri- 
buera à  ramener  la  question  sur  un  terrain  plus  sûr.  On  le  fera 
peut-être  avec  moins  de  métaphysique,  et  ce  sera  plus  séduisant. 
Mais  le  mérite  reste  à  l'étude  présente  d'avoir  ouvert  des  voies 
nouvelles  et  fécondes.  O.  M.  B. 

THÉOLOGIE 

Dictionnaire  fie  tiftéologie  catlioliqiie,  publié  sous  la  direc- 
tion (ie  Tabbe  Mangknot.  Fasc.  XXV,  XXVI  et  XXVII  (T.  III,  col.  2.209 
à  2.384  et  T.  IV,  col.  1  à  640.  Paris,  Letouzey  et  Aué,  1908,  gr.  in  8.  -  Prix 
de  chaque  fascicule  :  5  fr. 

Les  fascicules  XX\',  XXVI  et  XXVII  du  Diclionnaire  de  théo- 
logie qui  ont  paru  au  cour  de  l'année  1908  ne  contiennent  pas  beau- 
coup d'articles  relatifs  au  dogme  proprement  dit  et  à  la  théologie 
sacramentaire.  Je  signalerai  cependant  :  Descente  de  Jésus  aux  Enfers 
(Quillet),  Démon  (90  colonnes,  de  M.  Mangenot),  Dépôt  de  la  foi  (Du- 
blanchy),  et  surtout  les  100  colonnes  du  P.  Gardeil  sur  la.  Crédibilité. 
La  morale  est  mieux  partagée  :  je  citerai  les  articles  Décalogue  et  Dé" 
sespoir  (Dublanchy),  Crérnalion,  Crime  (Valton),  Délectation  et  Désir 
(Moureau),  Dépôt  (Antoine).  L'article  Danse,  par  le  P.  Ortolan,  est  excel- 
lent; l'auteur  fait  preuve  d'une  érudition  (je  n'ose  dire  d'une  expé- 
rience) chorégraphique  qui  n'est  pas  commune  dans  le  clergé  et  ses 
décisions  prudentes  et  solidement  démontrées  me  remettent  en 
mémoire  les  solutions  absolues,  assises  sur  des  assertions  gratuites,  du 
saint  prêtre  qui  nous  faisait  le  cours  de  diaconales.  Le  P.  Schwalm 


—  148   - 

consacre  OU  culomies  au  mut  Dcniocratie  et  M.  Constantin  expose 
avec  talent  et  compétence  Ja  question  de  la  Déclaration  de  1682. 
Dans  l'article  Déisine,  M.  Forgvl  saute  un  peu  vite  de  l'ancien  régime 
à  la  Restauration;  j'aurais  aimé  qu'il  dise  quelque  chose  de  ce  que 
Robespierre  fit  pour  établir  le  culte  déiste  de  l'Être  suprême.  M.  Man- 
gcnot  a  défini  avec  beaucoup  de  précision  les  caractères  de  la  vraie 
Critique.  La  notion  générale  du  Culte  est  bien  analysée  par  M.  Choll(>t, 
(^t,  M.  Quillet  a  écrit  des  pages  fort  instructives  sur  le  Culte  rendu  à  la 
Vraie  Croix.  M.  Vacandard  a  traité  magistralement  la  question  de  la 
Déj)osition  et  dégradation  des  clercs  (70  colonnes).  Dans  l'article  Curés, 
M.  Dolhagaray  a  vigoureusement  réfuté  la  thèse  gallicane  sur  l'ori- 
gine divine  des  bénéfices  curiaux;  le  reste  de  son  étude  est  un  mo- 
dèle de  clarté  et  d'exactitude.  Pour  l'Écriture  sainte,  il  y  a  l'article 
Daniel  (45  colonnes)  de  M.  Bigot.  Pour  la  Patrologie  :  Saint  Cyrille 
d'Alexandrie  (Mahé),  Saint  Cyrille  de  Jérusalem  (Le  Bachelet),  Saint 
Cyprien  (GodeljT  et  ce  dernier  collaborateur  a  démontré  victorieu- 
sement le  caractère  apocryphe  des  œuvres  de  saint  Denis  l'Aréo- 
pagiste.  Parmi  les  très  nombreuses  biographies  de  théologiens,  phi- 
losophes et  autres  écrivains,  je  n'en  ai  pas  trouvé  de  plus  complète 
que  celle  de  Descartes  dont  M.  Chollet  étudie  successivement  (30  co- 
lonnes) la  Théodicée,  l'Anthropologie  et  la  Morale.       P.  Pisani. 


modernisme  et  tradition   eatiiolique   en  France,    par  Gh. 

GuiGNEBERT.  Paris,  Collection  de  la  Grande  Revue,  1908,  in-8  de  iii-189  p. — 
Prix  :  3  fr. 

Simple  réimpression  ou  tiré  à  part  des  articles  publiés  dans  la 
Grande  Revue.,  d'octobre  1907  à  janvier  1908.  On  a  relevé  de  tous 
côtés  les  bévues,  les  erreurs,  les  ignorances  du  professeur  improvisé 
d'iiistoire  du  christianisme;  on  lui  a  montré  qu'il  ne  savait  pas  mieux 
l'état  vrai  du  catholicisme  actuel  que  son  histoire  dans  le  passé;  dans 
la  Bévue  pratique  d'apologétique,  notamment,  une  série  d'articles  ont 
paru,  où  l'on  prouve  à  l'évidence  que  l'auteur,  pour  employer  le  mot 
de  M.  Touzard,  dont  la  compétence  est  connue  et  le  langage  toujours 
si  mesuré,  au  lieu  d'un  travail  de  professeur,  a  fait  <(  un  essai  qu'un  bon 
élève...  n'ciit  pas  voulu  signer.  »  Mais  M.  Guignebort  ignore  ou  semble 
ignorer  ces  articles,  et  peut-être  se  flatte-t-il  dans  son  cœur  d'avoir 
fait  une  œuvre  très  forte.  J.-V.  Bainvel. 


SCIENCES  ET  ARTS 

li'HoMinae  selon  in  seience,  sou  présent,  son  passé,  son  avenir, 
par  le  docteur  Louis  BCchner  ;  traduit  de  l'allemand  par  le 
D'  Ch.  Letourneau.  Paris,  Schleicher,  s.  d.,  petit  in-8  de  4''«0  p.,  avec 
37  grav.  —  Prix  :  2  fr. 


-  149  — 

lies    Croyances   religleiities  et  la  S^eienee  de  la  nature. 

par  I.  GuiBBRT.  Paris,  Beauchesne,  1908,  in-Ifi  rie  320  p.  —  Prix  :  3  fr. 

Le  premier  de  ces  deux  ouvi'ages  se  résume  en  la  soi-disant  réponse 
à  ces  trois  questions,  rubriques  de  ses  trois  divisions  :  «  D'où  venons- 
nous?  »  —  Qui  sommes-nous?  »  —  «  Où  allons-nous?  » 

D'où  nous  venons"^  D'une  extrême  antiquité  remontant  jusqu'au 
pliocène,  peut-être  jusqu'au  miocène,  où  nous  nous  distinguions  à 
peine  de  l'animalité.  —  Qui  nous  sommes"^  Un  animal  perfectionné 
qui,  ayant  pu  franchir,  dans  le  lointain  des  âges,  la  faible  distance 
entre  l'instinct  et  l'intelligence,  s'est  élevé  peu  à  peu  à  une  civilisation 
de  plus  en  plus  développée.  —  Où  allons-nous?  Vers  une  organisation 
sociale  bien  supérieure  où  l'Etat  étant  seul  détenteur  de  la  richesse 
publique,  en  répartira  la  jouissance  également  à  chacun;  où  la  femme, 
devenue  l'égale  de  l'homme,  ne  sera  plus  assujettie,  par  un  mariage 
indissoluble,  au  despotisme  du  sexe  fort;  où  l'éducation  des  enfants 
sera  l'œuvre  exclusive  de  l'Etat;  où  la  morale  seî-a  fondée  sur  la 
science  à  l'exclusion  de  toute  religion  et  même  de  toute  philosophie, 
et  où  l'humanité  réalisera  ainsi,  sur  terre,  la  seule  fin  à  laquelle  elle 
puisse  atteindre. 

Matérialisme,  athéisme  et  socialisme  résument,  commme  on  le  voit, 
toute  la  pensée  de  ce  livre.  Les  notions  d'anthropologie,  de  paléon- 
tologie et  de  biologie  qui  y  sont  mises  en  œuvre,  sont  interprétées 
et  dirigées  exclusivement  dans  ce  sens,  et  cela  au  moyen  d'arguments 
et  de  considérations  d'autant  plus  souvent  réfutées  que  le  volume,  qui 
ne  porte  pas  de  millésime,  n'est  que  la  traduction  ou  la  réimpression 
d'un  ouvrage  remontant  à  une  quarantaine  d'années.  D'ailleurs, 
abstraction  faite  des  éléments  scientifiques  qui  y  sont  mis  en  œuvre  et 
de  l'esprit  qui  y  règne,  la  composition  de  l'ouvrage  prête  à  la  critique  : 
les  subdivisions  y  sont  insuffisamment  indiquées;  un  grand  nombre 
d'observations  rejetées  dans  un  Appendice  de  45  pages  de  petit  texte, 
eussent  été  mieux  à  leur  place  dans  le  cours  du  texte  principal.  Enfin 
l'exécution  matérielle  elle-même  laisse  à  désirer;  le  papier  est  commun, 
l'impression  un  peu  floue. 

—  Le  nouveau  volume  de  M.  l'abbé  Guibert  se  trouve  être  une  réfu- 
tation complète  et  victorieuse  de  l'ouvrage  (exhumé  de  l'an  1869)  de 
Jjouis  Rûchner,  comme  au  surplus  de  toute  son  école. 

L'auteur  examine  d'abord  la  nature  et  les  causes  de  ce  qu'il  appelle 
«  le  conflit  »,  c'est  à-dire  le  désaccord  apparent  entre  les  vérités  de  la 
foi  et  les  constatations  de  la  science;  il  en  montre  l'inexistence  lorsque 
l'on  va  au  fond  des  choses  et  que  l'on  place  la  discussion  sur  son  vrai 
terrain.  A  propos  des  «  Commencements  »,  il  s'appuie  peut-être  un 
peu  trop  sur  le  prinrij^e  de  la  conservation  et  de  la  dégradation  de 
l'f'norgio,  fort  contestt'  depuis  quelques  années  en  tant  que    s'appli- 


-  150  - 

quant  à  l'ensemble  de  l'univers.  Mais  sur  la  cause  première,  sur  l'ori- 
gine de  la  vie,  l'ordre  du  monde,  l'auteur  a  des  pages  excellentes. 
Excellente  aussi  son  exposition  sur  la  théorie  de  l'évolution,  laquelle, 
si  elle  n'est  pas  donnée  comme  un  procédé  de  création  dont  se  serait 
servi  l'Intelligence  souveraine,  n'explique  ni  l'ordre  ni  l'origine  du 
monde. 

Pas  plus  que  l'évolution,  la  biologie  ne  résout  le  problème  de  la  vie 
humaine,  n'en  explique  tous  les  phénomènes  et  surtout  ne  rend 
compte  ni  de  la  pensée  ni  du  sens  moral. 

Dissertation  très  développée  sur  le  déterminisme  en  général  et  sur 
la  part,d'ailleurs  considérable,  qui  lui  revient  dans  les  actions  humaines, 
mais  tempérée,  dans  une  plus  ou  moins  forte  proportion,  suivant  les 
cas  et  les  personnes,  par  le  libre  arbitre;  celui-ci,  malgré  tout,  ne  fait 
jamais  entièrement  défaut  chez  l'homme  sain  et  normal. 

IjB  chapitre  sur  les  origines  de  l'homme  constitue  une  réfutation 
éclatante  des  rêveries  pseudo-scientifiques  de  l'auteur  du  précédent 
ouvrage,  et  montre  comment  l'homme,  doué  de  raison,  est  plus  que 
la  bnite,  et  comment  le  développement  de  l'humanité  ne  peut  provenir 
d'une  évolution  animale. 

Sur  l'étude  comparée  de  la  Bible  par  rapport  aux  sciences  de  la 
nature  qui  contient  d'ailleurs  d'excellents  choses,  l'auteur  ne  repousse- 
t-il  pas  d'une  manière  trop  absolue  les  systèmes  appelés  concor- 
disme  et  idéalisme^  Sa  «  Théorie  des  emprunts  scientifiques  «  est-elle 
suffisamment  claire  et  résout-elle  vraiment  toutes  les  difficultés? 
Sans  doute,  pris  exclusivement  et  absolument,  ie  concordisme  et  l'idéa- 
hsme  soulèvent  chacun  de  très  grosses  objections.  Mais  il  y  a,  dans 
l'une  et  l'autre  théories,  certaines  données  qui,  sagement  combinées 
et  judicieusement  appliquées,  semblent  suffire  à  tout.  L'espace  nous 
manque  ici  pour  développer  ce  point  de  vue. 

Au  résumé,  malgré  les  deux  petites  réserves  que  nous  nous  sommes 
pprmis  d'pxprimer,  et  dont  la  seconde  nous  est  exclusivement  person- 
nelle, le  nouvel  ouvrage  du  savant  abbé  Guibert  vient  à  son  heure 
pour  venger  la  vérité  et  remettre  chaque  chose  à  sa  place.  Les  leçons 
d'apologétique  qu'il  représente,  ne  peuvent  que  faire  honneur  à  l'au- 
teur et  à  l'Institut  catholique  de  Paris,  où  elles  ont  été  données  dans 
le  second  semestre  de  l'année  scolaire  1906-1907.         C.  de  Kirwan. 

liettres  à  ma    petite-fiille,    par  le   marquis   de  Charnagé    Paris, 
ÉiQile-Paiil,  1908,  in-8  «le  418  p.,  avec  portrait.  —  Prix  :  5  fr. 

Si  l'auteur  ne  l'écrivait  pas  quelque  part,  non  sans  quelque  coquet- 
terie peut-être,  on  ne  croirait  pas,  à  lire  son  livre,  qu'il  était,  quand 
il  le  publia,  âgé  de  quatre-vingt-six  ans.  Le  volume  tout  entier  garde 
en  effet  un  grand  air  dé  jeunesse  :  jeune  par  l'enthousiasme  et  l'ar- 


-  151  — 

deur  des  convictions,  jeune  aussi  par  le  style,  d'un  tour  élégant  et  sou- 
ple, aisé  et  coulant;  on  peut  dire  de  lui  ce  que  disait  Louis  Veuillot, 
je  crois,  d'un  grand  poète  classique  :  c'est  le  bon  sens  qui  parle  bon 
français.  Après  une  longue  carrière  littéraire,  fort  bien  remplie,  ma 
foi  !  si  j'en  juge  par  la  longue  liste  de  ses  œuvres,  et  qui  a  mis  son 
auréole  de  notoriété  de  bon  aloi  autour  de  ce  beau  nom  de  gen- 
tilhomme de  grande  race,  le  marquis  a  comme  écrit  son  testament, 
où  il  résume,  au  profit  de  sa  petite-fdle,  M™^  Claude  de  Charnacé, 
vicomtesse  de  Saint-Priest,  son  œuvre  d'éducation  française  et  chré- 
tienne, commencée  dès  le  berceau  et  dont  profiteront  ainsi  les  nou- 
velles générations  qui  recueilleront  son  héritage. 

Mais,  pour  être  un  livre  d'éducation,  ce  n'est  pas  un  livr»^  de  péda- 
gogie, et  il  n'a  rien  de  ce  pédantisme  qui  est  trop  souvent  la  marque 
des  ouvrages  d'enseignement.  Au  gré  des  événements  de  tout  ordre 
qui  se  déroulent  sous  ses  yeux,  l'auteur  nous  fait,  en  des  pages  fami- 
lières, sa  profession  de  foi  littéraire,  artistique,  religieuse,  politique, 
et  même  mondaine,  et  à  ce  point  de  vue,  son  volume  a  la  valeur  et  aussi 
le  charme  d'un  témoignage.  Sur  certains  points,  et  ce  n'est  pas  la 
politique  et  la  religion  que  je  vise,  car  là  les  principes  ne  changent 
pas,  le  livre  porte  avec  lui  sa  date,  l'auteur  étant  resté  très,  d'autres 
diront  trop  fidèle  à  ses  amours  de  jeunesse,  et  ne  jugeant  pas  avec 
assez  d'impartialité  les  générations  nouvelles  qui  se  sont  écartées  de 
son  chemin.  En  art  et  en  littérature,  il  a  raison  sans  doute  de  défendre 
contre  les  injustices  d'aujourd'hui  ses  admirations  d'autrefois,  mais 
il  a  tort,  c'est  du  moins  mon  avis,  de  méconnaître  la  valeur  de  certains 
nouveaux  maîtres  qui  ont  à  la  fois  fait  sortir  de  l'ombre  quelques 
grandes  figures  du  passé  injustement  oubliées  et  ajouté  quelques  pages 
nouvelles  et  fort  belles,  à  l'histoire  de  l'art  français.  César  Franck 
n'est  pas  nommé,  si  je  ne  me  trompe,  et  c'est  un  tort,  et  d'Indy  y  est 
fort  maltraité,  et  c'est  injuste.  N'est-il  pas  aussi  un  peu  sévère  pour 
René  Bazin,  dont,  il  est  vrai,  l'Isolée  n'est  pas  le  meilleur  livre.  Donc, 
sans  insister  sur  les  détails,  je  ne  suis  pas  toujours  d'accord  avec 
l'auteur,  mais  je  me  suis  volontiers  laissé  prendre  par  le  charme  de 
beaucoup  de  très  belles  pages,  poétiques,  émues,  vigoureuses,  qui 
donaent  une  excellente  idée  du  lettré  fervent  qu'est  resté  M.  de  Char- 
nacé et  de  l'admirable  grand-père  qu'il  est  devenu.  Je  recommande 
son  livre  à  tous  ceux  qui  aspirent  à  bien  connaître  et  à  bien  pratiquer 
le  bel  «  art  d'être  grand-père  »,  Mais  je  lui  souhaite  aussi,  car  il  le 
mérite,  beaucoup  d'autres  lerteurs.  Edouard  Potn'tal. 


—   152  — 

LITTÉRATURE 

CloeisRire  ôl;nto]offif|iie  ci  liiBlori<iiie  dfs  patois  et  «les 
pni'lerc*  «le  l'Ali|4i«i,  conipreucint...  des  clialogiirs,  coules,  réals  cl 
nouvelles  en  patois,  le  folklore  de  la  province,  ]vdv  A.-J.  Verrier  et 
11.  Omllon.  Angers,  Germain  et  Grassin,  1908,  2  vol.  gr.  in-8  de 
xxxii-529  et  587  p.  sur  2  colonnes.  —  Prix  :   25  fr. 

Un  vocabulaire  n'étant  jamais  trop  riche,  il  est  à  souhaiter  qu'on 
fasse  un  inventaire  minutieux  des  mots  et  des  expressions  usitées  dans 
la  langue  populaire.  On  y  trouvera  du  déchet,  mais  on  y  retrouvera 
certainement  aussi  des  manières  d'exprimer  les  diverses  nuances  de  la 
pensée,  sans  avoir  recours,  comme  on  le  fait  trop  souvent,  à  des 
idiomes  étrangers  qui  ont,  chez  nous,  des  équivalences  absolues. 
C'est  presque  innover  que  s'inspirer  des  anciens  textes,  reproduire 
Lacurne  de  Sainte-Palaye  et  Godefroy,  ou  répéter  ce  jargon  des  cam- 
pagnards,en  ce  qu'il  a  de  littéraire  ou  de  pittoresque,  et  l'on  peut  citer 
déjà,  en  ce  sens,  les  utiles  travaux  du  comte  Jaubert,  du  D''  Bos,  de 
MM.  Dottin,  Éveillé,  Favre,  Guillemaut,  Lepaire,  Moisy,  etc.,  sur  les 
pari  ers  du  Nivernais,  du  Bas-Maine,  de  la  Saint  onge,  du  Poitou,  de 
la  Bresse  ou  du  Berry;  sans  oublier,  pour  les  villes,  les  dictionnaires 
de  l'argot  et  de  la  langue  verte,  parfois  plus  riches  qu'on  ne  le  croirait. 

Aussi  nous  devons  féliciter  MM.  \errier  et  Onillon,  qui  n'ont  pas 
craint  d'employer  trente  années  à  collectionner,  classer,  délinir,  rap- 
procher et  interpréter,  en  Anjou,  tout  ce  qu'ils  ont  lu  et  tout  ce  qu'ils 
ont  entendu  de  la  bouche  des  «  patoisants  ».  Ils  peuvent  être  assurés 
de  n'avoir  pas  perdu  leur  temps.  Les  disciples  du  regretté  Gaston 
Paris  ne  seront  pas  seuls  à  en  témoigner  et  leur  œuvre  sera  sans  doute 
encore  plus  appréciée  dans  le  nord  de  l'Europe,  et  partout  où  l'on 
s'intéresse  à  notre  langue,  que  dans  leur  province  elle-même,  malgré 
l'excellente  faveur  qui  l'accueillit. 

Pour  donner  une  idée  de  l'importance  de  l'ouvrage,  il  sutlit  d'em- 
prunter à  la  Préface  quelques  chiffres  :  les  deux  volumes  comprennent 
2.194  colonnes,  145.057  lignes,  lesquelles,  mises  bout  à  bout,  auraient 
presque  un  myriamètre  de  longueur;  ils  renferment  18.293  mots  sans 
compter  les  chapitres  spéciaux  consacrés  aux  noms  propres,  aux 
sobriquets  (seigneuries),  les  dialogues,  contes,  récits  et  nouvelles  (en 
patois,  parfois  même  en  patois  assez...  gaulois),  les  chansons  et  rondes, 
coutumes,  pratiques  et  remèdes  populaires,  proverbes,  adages,  dictons, 
formulettes,  légendes  et  croyances  superstitieuses,  qui  ofTriront  de 
curieux  matériaux  aux  folk-loristes,  et  c'est  là  encore  un  des  mérites 
de  ce  travail  qui  ne  parait  avoir,  comme  importance,  aucun  équi- 
valent en  France. 

Peut-être,  pourrait-on  reprocher  aux  auteurs,  si  c'est  un  reproche, 
d'avoir  été  trop  coubeiencieux,  trop  gourmands,  d'avoir  étendu  leurs 


—  153  — 

l'eeJid'rclics  jusqu'aux  variétés  indéfinies,  de  n'avoir  dédaigné  aucune 
do  ces  altérations  orthographiques  dues  à  toutes  les  fantaisies  de 
l'itreille  et  de  la  bouche  les  moins  lettrées.  Ainsi  était-il  indispensable 
de  noter  que  l'on  prononce  influenza,  filanza,  ou  flûte  en  l'ar?  Géranium^ 
Geromion,Girômion,Gerômiom  et  Giroiniom?  Qu'on  dit  manifique,  pour 
magnifique,  comme  certaines  illettrées  maniérées,  qui  chantent  aux 
vêpres  le  Manifica?  tandis  que  des  superstitieuses  voient  la  Chasse- 
Aleqidn,  ou  d'autres  disent  la  Chasse-Hannequin?...  Sans  doute, 
comme  il  était  fort  malaisé  d'opérer  une  sélection,  valait-il  mieux, 
en  somme,  pour  ne  rien  omettre,  tout  relever  et  tout  prendre.  Et 
c'est,  peut-être,  aussi  ce  qui  a  décidé  les  auteurs  du  Glossaire,  à  men- 
tionner des  mots  et  des  locutions  qui  ne  sont  pas  spécialement  ange- 
vines, voire  des  néologismes  parisiens,  bien  vite  colportés  partout, 
comme  autoinahoule  et  enlolage,  ou  des  expressions  déjà  anciennes, 
comme  affiquet,  objet  usagé,  Philippine,  ehix\  rococo,  par  exemple; 
et  encore,  «  travailler  pour  le  roi  de  Prusse  ».  Partout  aussi  l'on  connaît 
les  chansons  :  «  Quand  Biron  voulut  danser  »,  «  Mon  père  m'a  donné 
un  mari,  »  etc.  ;  mais  il  peut  y  avoir  des  variantes  non  sans  intérêt,  et 
je  ne  crois  pas  qu'on  se  plaigne  d'une  trop  riche-  documentation.  Au 
contraire,  les  folk-loristes  seraient  sans  doute  plus  satisfaits,  si  le 
chapitre  des  us  et  coutumes  traditionnels  était  sans  lacunes;  pur 
rêve,  évidemment...  Je  me  permettrai  toutefois,  de  regretter  que  les 
auteurs  n'aient  pas  poussé  davantage  leurs  recherches  de  ce  côté  : 
les  revues  et  collections  angevines,  les  ordonnances  synodales,  les 
chroniques  locales,  fourniraient,  à  qui  les  voudrait  interroger  nombre 
de  renseignements  à  ajouter  à  ceux  déjà  très  copieux  qu'on  peut  y 
lire  :  ainsi  sur  «  la  Jetée  des  Pelotes  »  à  Beaufort,  jusqu'à  la  fin  du 
xviii^  siècle,  le  «  Repas  de  Corné  »,  la  «  platée  d'abelettes  du  roi  René  », 
«  les  veillées  et  érussées  »,  etc.  D'autre  part,  est-il  bien  nécessaire 
de  donner  in  extenso  des  documents  de  rédaction  prolixe  et  qui  n'a- 
joutent rien  à  l'intérêt,  comme  pour  la«Boite  des  Trépassés »(II,  p.  425), 
qui  n'est  pas  du  fameux  abbé  Bernier  mais,  comme  il  était  facile  de 
s'en  convaincre,  de  Urbain  Besnier,  curé  de  Chalonnes  jusqu'à  la 
Révolution. 

A  part  ces  remarques,  nous  avons  plaisir  à  louer  grandement  les 
auteurs  du  Glossaire  de  la  peine,  fort  méritoire  qu'ils  ont  prise  de 
déiinir,  aussi  clairement  et  aussi  sobrement  que  possible,  les  parlers 
de  leurs  contemporains,  en  même  temps  que  le  vocabulaire  des  anciens 
poètes  et  prosateurs,  des  xvi^  et  xvii^  siècles,  notamment  de  Rabe- 
lais, le  moine  de  la  Baumette,  près  Angers,  de  Charles  de  Bourdigné,  le 
narrateur  de  la  Légende  de  -Pierre  Faifeu  et  do  son  frère,  le  naïf  chro- 
niqueur Jean  de  Bourdigné,  de  Noël  du  Fail  (dont  le  nom  a  été  omis), 
l'auteur  des  Contes  d'Eutrapel,  qui,  certainement,  fut  élève  à  l'Uni- 


—  1^4  - 

versité  d'Angers,  de  Ronsard,  qui  avait  des  parents  en  Anjou,  de 
Germain  Colin  Bûcher,  dont  le  signataire  de  ces  lignes  a  eu  la  bonne 
fortune  de  retrouver  et  de  publier  en  1890,  les  œuvres  perdues  depuis 
trois  siècles.  Que  de  mots,  aujourd'hui  abandonnés,  ont  été  conservés 
dans  le  patois  angevin  !  M.  Ménière  avait  recueilli  dans  celui-ci  tout 
un  dictionnaire  emprunté  à  Gargantua  et  à  Pantagruel.  Sur  le  terrain 
circonscrit  qui  nous  occupe,  la  prononciation,  les  mots  eux- 
mêmes  changent  parfois  de  village  à  village  :  dans  le  nord-est  de  la 
province,  on  ne  prononcera  jamais  «  Mossieu  le  cureu  »,  comme  dans 
certaines  localités  du  sud-ouest;  ici.  Veau  devient  lieau,  et,  là-bas, 
léou]  mouman  et  moumin  (pour  maman).  Il  faut  donc  savoir  gré  au 
Glossaire  de  nous  indiquer  la  provenance  des  mots. 

Pour  les  étymologies,  les  difficultés  étaient  bien  autres  :  on  a  souvent 
cité  ironiquement  :  «  le  cheval  vient  d'equus  sans  doute  ».  Je  me  souviens 
avoir  rappelé  à  l'érudit  Célestin  Port  que  la  prée  d'Alloyau  (près 
d'Angers),  venait  du  latin  Lupellus.  Je  ne  pus  l'en  convaincre  qu'en 
ouvrant  son  propre  Dictionnaire  :  avec  les  textes  qu'il  cite,  on  peut 
suivre  les  métamorphoses  de  cette  étymologie,  dans  la  bouche  et  dans 
les  écrits  des  générations  successives,  par  altération,  transformation, 
suppression  et  permutation  (ou,  comme  diraient  les  linguistes,  par 
aphérèse,  matathèse,  prostèse,  syncope  et  apocope),  du  xi^  au 
xvii^  siècle,  Lupellus  devient  successivement  Lue/,  puis  Loheal, 
Loiheiau  et  Loyeau,  Loyau,  enfin  prée  Daloyau.  Cet  exemple,  qui  a 
échappé  à  MM.Verrier  et  Onillon,  est  assez  caractéristique  pour  qu'on 
me  pardonne  de  l'avoir  évoqué.  Les  auteurs  du  Glossaire  d'Anjou 
n'ont  pas  eu  souvent  de  pareilles  généalogies  écrites,  pour  les  mots 
de  patois  :  c'est  avec  de  plus  grands  efforts  qu'ils  ont  essayé  de  les 
retrouver,  et  j'ai  remarqué  qu'en  l'espèce,  ils  auraient  pu  arriver 
presque  au  même  résultat,  rien  que  par  leurs  propres  observations 
mentionnées  au  tome  I,  p.  2,  303,  465,  et  tome  II,  p.  305,  306,  etc. 

Tel  qu'il  est,  l'excellent  Glossaire  de  MM.  Verrier  et  Onillon  est 
indispensable  aux  philologues  qui  s'intéressent  à  la  langue  française. 
Et  c'est  justice  de  joindre,  dans  nos  éloges,  aux  noms  de  ces  auteurs, 
celui  de  M.  G.  Grassin,  le  maître  imprimeur  angevin,  au  désintéres- 
sement de  qui  l'on  doit,  en  grande  partie,  la  publication  de  ces  deux 
volumes,,  appelés  à  rendre  de  réels  services  à  la  littérature  contempo- 
raine et  à  honorer  la  petite  patrie  angevine.  Joseph  Denais. 


Dietionuaire  tlu  patois  Yaldôtain.  précédé  de  la  Petite  Gram- 
maire, par  l'abbé  Jean-Baptiste  Cerlogîne.  Aoste,  Imprimerie  catho- 
lique,  1907,   gr.  in-8  de  316  p.,  avec  portrait.   —  Prix  :  5  fr, 

La  vallée  d'Aoste  est  peu  connue  chez  nous,  quoique  ce  soit  un 
pays  de  langue  franccdse  et  que  son  nom  figure  dans  une  œuvre  connue 


—  155  — 

de  Xavier  de  Maistre.  C'est,  au-delà  du  Petit  Saint-Bernard,  la  haute 
vallée  de  la  Doire,  à  peu  près  jusque  vers  Bard  ou  Ivrée;  c'est  un  pays 
de  langue  française  comme  la  Savoie  dont  il  est  la  continuation  ; 
mais  depuis  la  cession  de  la  Savoie  à  la  France  et  depuis  que  la  monar- 
chie piémontaise  s'est  transformée  en  royaume  d'Italie,  la  langue 
italienne  y  est  devenue  langue  officielle,  et  l'italianisation  y  fait  son 
œuvre  par  l'administration,  par  l'école,  par  l'armée  et  par  toutes  les 
influences  de  l'État  moderne.  C'est  surtout  parmi  les  habitants  de 
cette  vallée  ou  les  Valdôtains  (comme  on  dit  par  contraction),  que  se 
recrutent  les  bataillons  alpins  de  l'itahe  qui  montent,  contre  nous,  la 
garde  sur  la  frontière. 

Il  y  a  cinquante  ans,  le  français  était  la  langue  officielle  en 
même  temps  que  la  langue  courante  du  pays,  mais  recouvrant  un 
patois  roman  peu  ou  point  cultivé.  Quelques  dilettantes,  là  comme 
ailleurs  avec  les  dialectes  populaires,  l'écrivaient  dans  des  poésies, 
par  patriotisme  local.  Un  de  ces  rares  amateurs  d'Aoste  était  ' —  et  est 
encore,  nuus  l'espérons  —  M.  l'abbé  Cerlogne,  auteur  du  livre  que 
nous  annonçons  et  âgé  déjà  de  82  ans  en  1907.  Avant  que  sa  langue 
maternelle  s'altère  par  l'influence  du  piémontais  voisin  et  de  l'itahen 
officiel,  M.  Cerlogne  a  voulu  en  fixer  le  dictionnaire  ;  pour  être  com- 
plet, il  a  réimprimé  en  tête  du  volume  une  grammaire  qu'il  avait  anté- 
rieurement publiée. 

Un  glossaire  patois  est  toujours  intéressant  pour  la  comparaison 
lexicologique,  et  celui  de  M.  l'abbé  Cerlogne  est  d'autant  plus  intéres- 
sant qu'il  nous  arrive  d'une  région  peu  étudiée  et  peu  accessible  aux 
recherches  de  Français  que  le  gouvernement  italien,  très  soupçon- 
neux, sur  la  frontière,  prendrait  sans  doute  pour  des  espions.  C'est 
donc  un  glossaire  de  plus  à  mettre  sur  la  hste  de  nos  glossaires  gallo- 
romans.  Mais  nous  sommes  étonné  de  voir  que  certaine  classe  de 
termes  y  est  pauvrement  représentée,  ceux  qui  ont  rapport  à  la 
nature,  aux  animaux,  aux  plantes,  aux  minéraux,  les  termes  de  la 
vie  rurale,  de  l'agriculture,  etc.  L'auteur  nous  dit  dans  sa  Préface 
que  pour  dresser  son  Dictionnaire  il  a  consulté  des  dict'onnaires 
français,  latin  et  italien.  C'est  en  effet  ce  que  font  le  plus  jouvent  les 
auteurs  des  dictionnaires  patois,  et  cette  lecture  leur  rappelle  ou  leur 
suggère  des  mots  qui  souvent. sont  du  français  patoisé  :  c'est  ainsi 
que  tous  les  termes  de  la  langue  abstraite,  de  la  terminologie  légale 
ou  administrative  se  retrouvent  dans  les  glossaires  patois,  quand  ils 
ne  sont  pas  vraiment  patois,  je  veux  dire  locaux  et  traditionnels. 

Un  langage  populaire,  par  cela  seul  qu'il  n'est  pas  fixé  dans  une 
littérature,  n'est  pas  partout  semblable  à  lui-même  et  il  se  subdivise 
en  sous-dialectes.  Notre  auteur  a  adopté  pour  son  dictionnaire  le  parler 
dé  la  Haute  Vallée,  mais  dans  sa  grammaire  il  distingue  en  somme  trois 


-   156  — 

dialectes,  ceux  de  la  Haute  Vallée,  de  la  Basse  Vallée,  et  du  centre 
avec  la  ville  d'Aoste.  Quoique  cette  grammaire  ne  soit  pas  dressée 
d'après  la  méthode  actuelle  des  linguistes  de  profession  (nous  le 
mentionnons  sans  en  faire  une  critique  à  l'auteur),  elle  permet  de  se 
rendre  compte  des  particularités  du  patois,  et  les  romanistes  en 
tireront  profit. 

M.  l'abbé  J.-B.  Cerlogne  avait,  plus  que  personne,  autorité  pour 
écrire  ce  livre,  cai*  le  langage  décrit  par  lui  est  celui  de  son  enfance, 
celui  dans  lequel  il  a  écrit  des  poésies  et  des  opuscules  humouristiques. 
Nous  croyons  volontiers  ce  qu'un  de  ses  confrères  dans  le  sacerdoce 
nous  dit  au  cours  d'une  Préface,  que  M.  Cerlogne  «  est  le  premier  écri- 
vain du  patois...  et  peut-être  aussi  le  dernier,..  Malheureusement, 
non  seulement  le  français  ,  mais  même  le  patois  tend  à  disjjaraitre 
de  chez  nous...»  Dans  la  Basse  dallée,  le  patois  se  corrompt  au  contact 
du  piémontais,  et  partout  l'italien  littéraire  tend  à  supplanter  le  patois 
du  même  coup  que  le  français.  M.  l'abbé  Cerlogne  aura  donc  fait  une 
œuvre  utile  et  les  philologues  lui  en  sauront  gi'é  comme  ses  compa- 
triotes. H.   Gaidoz. 

Eàe  Théâtre  ronteni|ioraiit.  par  J.  Barbey  d'Aurevilly  {iS6e-iS6S)- 
(IS6S-IS6U).  Paris,  Stock,  19(18,  2  vol.  iu-18  de  xxiii-300  p.  et  318  p.  — 
Prix  du  vol.  :  3  fr.  50. 

L'Esprit  de  «f.  Barbey  d'Aurevilly.  DicUonnaire  de  pensées, 
traits,  porLrails  el  jngemenls  tii-és  de  son  œuvre  critique.  Préface  par  OCTAVB 
UzvNNB-  Paris,  Mercure  de  France,  1908,  in-18  de  354  p.  —   Prix  :  3  fr.  50. 

«  Les  plus  hautes  justices,  avait  dit  le  fier  et  solitaire  auteur  des 
Prophètes  du  passé,  ce  sont  les  justices  lentes  à  venir.  »  Et,  se  campant 
avec  orgueil  dans  son  originalité,  se  raidissant  dans  son  indépendance, 
il  renouvela  souvent  cette  profession  de  foi  qui,  caractère  et  style, 
le  peint  presque  tout  entier  :  «  Ce  n'est  pas  pom'  moi  une  mauvaise 
note  d'être  obscur.  Par  ce  temps  de  ruée  vers  une  publicité  insolente, 
il  y  a  quelque  chose  de  virginal  dans  l'obscurité  que  je  ne  puis  m'em- 
pêcher  d'aimer. . .  Les  absurdes  gloires  qu'on  nous  fait  en  quatre 
jours  avec  les  trompes  (et  les  tromperies  !)  des  journaux,  me  la  font 
trouver  une  chose  charmante,  —  comme  un  bandeau  noir  sur  des 
cheveux  blonds.  Seulement  il  faut  que  les  cheveux  soient  très  blonds, 
et  que  le  talent  ait  l'éclat  de  l'or,  dans  son  ombre...  ') 

L'éclat  de  l'or  était  vraiment  dans  le  sien;  et  voici  qu'après  qu'il 
a  payé  d'un  isolement,  c(ui  lui  fut  plus  douloureux,  je  crois,  qu'il  ne 
disait,  la  quadruple  originalité  qu'il  eut,  et  qu'il  entretint  amoureu- 
sement en  lui,  de  rester  au  milieu  de  la  grande  saturnale  parisienne, 
un  cathohque  violent,  sans  peur  d'aucune  idée,  sinon  sans  reproche, 
un  romanti(|ue  à  tous  crins,  un  provineial  un  peu  sauvage  et  excen- 
trique, mais  aussi,  un  écrivain  in'M)rruptiblo,  d'uno  franchise  do  pon- 


—  ir.7  — 

séo  et  lie  pliiinc  iiiti  r'pidc  voici,  jxmr  pai'lcr  dans  sa  manièro  trop  faci- 
lement contagieuse,  que  la  gloire  tire  dans  la  lumière  et  agite  cette 
chevelure  rutilante,  crinière  du  lion  mort  qui  n'est  plus  à  craindre... 

Si  l'avenir  ne  devait  vraiment  une  réparation  à  l'injustice,  au 
parti-pi'is  d'étouiïement  dont  tout  franc-tireur  de  l'idée  catholique 
dans  notre  âge  est  victime,  je  serais  même  tenté  de  trouver  que  peut- 
être  on  exagère.  On  lui  dresse  un  monument  à  Valognes  :  il  y  a  tous 
les  droits.  On  le  réimprime  :  cela  devenait  nécessaire.  On  écrit  sur  lui 
des  thèses  de  doctorat  :  tant  mieux,  cela  peut-être  apprendra  à  M.  Lan- 
son  et  aux  universitaires  qui  l'ignorent  le  nom  do  ce  maître  écrivain. 
La  ferveur  de  quelques  fanatiques —  ce  t)on  Quichotte  en  a  dans  tous 
les  partis — et  la  belle  piété  de  M""-"  Louise  Read,  qui  s'est  consacrée  à 
sa  mémoire  comme  M"<^  de  Gournay  à  celle  de  Montaigne,  entrepren- 
mmt  même  une  Édition  du  centenaire  :  soit.  Mais  j'aurais  osé,  moi, 
voir,  il  me  semble,  que  dans  toute  œuvre  de  journaliste  il  y  a  des 
choses  d'un  jour  et  qui  n'ont  pas  droit  à  l'éternité;  que  dans  le  tas 
énorme  de  ces  feuilletons  il  gît  des  feuilles  mortes;  et  peut-être  eût- 
on  mieux  servi  la  cause  de  Barbey  d'Aurevilly  en  réduisant  à  un  petit 
nombre  les  soixante  ou  quatre-vingts  volumes  dont  il  y  a  peu  de 
bibliothèques,  même  publiques,  qui.puissent  s'offrir  le  luxe  et  l'embar- 
ras. Je  n'aurais  même  pas  cru  sacrilège  de  réunir  tous  ces  membres 
en  désordre  d'une  pensée  qui  ne  fut  dispersée  que  par  force;  et,  s'il 
s'agit  de  théâtre,  par  exemple,  de  mettre  bout  à  bout  tout  ce  qui  fut 
écrit  au  cours  de  vingt  ans  de  critique  théâtrale,  à  la  gloire  de  Shakes- 
peare, à  la  honte  de  Ponsard,  de  Scribe  ou  de  M.  Sardou.  Tandis  qu'un 
tas  de  «  squelettes  tirés  du  charnier  des  imbéciles  et  pendillant  au  vent 
de  l'oubli  )>,  —  c'est  lui  qui  parle  ainsi  ■ —  des  vaudevilles,  des  mélos, 
des  féeries,  des  revues,  des  Mesdames  de  Jlontanbrèche,  des  Crimes  de 
Faverne,  des  Château  à  Toto  ou  des  Paris  tohu-bohu  font  une  ombre 
fâcheuse  aux  articles  toujours  très  curieux,  souvent  très  clairvoyants 
en  leur  férocité,  sur  les  auteurs,  Mallefille,  Dumas  père,  Dumas  fds, 
Augier,  Sardou,  Meilhac  et  Halévy,  voire  Frédéric  Soulié  ou  Anicet 
Bourgeois,  dont  l'œuvre,  après  trente  ans,  ou  tout  au  moins  le 
nom,  ne  sont  pas  encore  morts  tout  à  fait. . . 

11  est  vrai  que  Barbey  va  là  dedans  tout  comme  Don  Quichotte  à 
travers  les  marionnettes.  C'est  un  simple  massacre.  Pas  de  danger 
qu'il  s'attarde  à  nous  raconter  les  imbroglios  de  ces  pièces  éphémères  : 
presque  jamais  il  n'analyse;  il  juge,  ou  mieux,  il  exécute.  Car  il  croit, 
avec  raison,  à  nion  sens,  l'art  dramatique  un  art  inférieur,  un  art 
grossier,  un  art  mendiant,  «  valet  du  succès  à  tout  prix  »,  et  il  lui  en 
veut  du  tort  qu'il  fait  de  plus  en  plus  à  la  littérature  vraie,  celle  du 
livre. Il  hait,  comme  un  trait  de  décadence,  l'histrionisme  de  notre  âge, 
et  il  a  beau  jeu  de  mettre  en  lambeaux  le  scrihisme,  le  ponsardisme  et 


—  158  — 

lo  matérialisme,  qui,  l'im  ou  l'autre,  gâtent  les  œuvres  les  moins  mau- 
vaises. Il  est  vrai  aussi  qu'il  n'ennuie  jamais,  qu'il  est  toujours  savou- 
reux dans  ses  boutades,  amusant  dans  sa  hardiesse  à  déshabiller  les 
actrices  pour  glorifier  lyriquement  leur  beauté  ou  pour  donner  verte- 
ment le  fouet  à  leur  insuffisance;  et  il  a  des  phrases  .éclatantes,  des 
paradoxes  pétillants,  des  mots  précieux,  voire  des  calembours,  qu'il 
est  d'autant  plus  juste  de  lui  garder  qu'un  tas  de  filous  du  journalisme 
dans  l'ombre  les  lui  volent . . . 

• —  Mais,  précisément,  un  recueil  comme  celui  qu'a  inspiré  et  préfacé 
M.  Octave  Uzanne  :  L'Esprit  de  Barbey  d'Aurevilly,  aurait  pu  servir 
de  magasin  pour  toute  cette  mitraille  d'esprit  des  articles  qu'on  n'eût 
pas  conservés.  Il  a  été  conçu  dans  une  pensée  plus  ambitieuse,  celle 
de  donner  la  quintessence  de  son  génie,  non  pas  seulement  des  traits 
de  sa  verve,  mais,  en  courts  fragments  ou  en  formules  flamboyantes, 
le  résumé  même  de  ses  jugements  sur  les  hommes  et  les  œuvres,  de 
toutes  ses  idées.  Or  chacun,  sans  doute,  conçoit  un  tel  livre  à  sa  manière, 
Mais  il  me  semble  que  l'homme  d'esprit,  le  causeur  prestigieux  que 
fut  Barbey  pouvait  suffire  à  le  remplir;  et  j'ai  peur  que  beaucoup 
pour  le  connaître  s'en  tiennent  à  cette  poussière  de  phrases  :  poussière 
diamantée,  mais  poussière. 

J'aurais  aussi  préféré  un  autre  ordre,  et  séparé  plutôt  —  comme 
on  l'a  un  peu  fait  dans  l'index  —  les  portraits  qui  ne  sont  généralement 
que  des  traits  littéraires,  ou  historiques,  des  pensées  sur  l'art,  sur  la 
morale,  la  philosophie,  la  politique,  au  lieu  que,  suivant  l'alphabet, 
une  phrase  de  deux  lignes. sur  Jeanne  d'Arc  se  trouve  entre  une  page 
sur  Jules  Janin  et  «  un  mot  »  sur  le  jeu;  qu'une  variation  sur  Ninon  de 
Lènclos  tombe  entre  une  définition  du  Naturalisme  et  une  poétique 
déclaration  de  tendresse  à  la  Normandie. 

Tel  quel,  le  livre,  outre  qu'il  est  commode,  trop  commode  aux  collec- 
tionneurs d'  «  expressions  »,  est  d'une  variété  amusante.  D'ailleurs, 
il  donne  du  Barbey  d'Aurevilly  tranchant,  à  l'emporte-pièce,  une  idée 
qui  n'est  point  fausse.  On  voit  bien  sa  manière  de  penser  qui  fut,  en 
tous  sujets,  rapide,  sans  retours  et  sans  nuances,  comme  de  quelqu'un 
qui  a  du  coup  d'reil  plus  que  de  la  finesse,  qui  est  sûr  de  ses  principes 
et  trop  sûr  de  lui-même.  Mieux  encore  peut-on  déjà  connaître  son 
style  qui,  tout  à  l'opposé  du  français  limpide  et  souple  de  Voltaire, 
de  Sainte-Beuve  ou  de  M.  Jules  Leniaître,  fut  un  grand  orgueilleux 
de  style  romantique  à  panache  et  à  traîne,  en  la  façon  de  Chateau- 
briand, de  Victor  Hugo  et  do. Paul  de  Saint-Victor...  Mais,  ni  tout  le 
critique  n'est  là  (que  de  noms  manquent  au  dictionnaire  !  et  comme 
ces  arrêts  mutilés  rendent  mal  les  libres  bonds  de  sa  pensée  et  les 
beaux  éclats  de  son  indépendante  justice);  ni  le  moraliste  non  plus 
qui,  pour  être  entraîné  par  son  tempérament  et  sa  rage  d'  «  emmuré  », 


—  159  — 

à  crior  fort,  à  fi'apper  dur,  no  manquait  cependant  ni  de  pénétration 
ni  de  tendresse.  .  Gabriel  Audiat. 


HISTOIRE 


Voyage  «le  deux  bénédictinfi  aux  inouaiitères  du  Iflont 
AtliOB,  par  D.  Placide  de  Mekstrr.  Paris  et  Lille,  Desclée,  de 
Brouwer,  1908,  petit  in-S  carré  de  vi-321  p.  —  Prix  :  4  l"r.  50. 

Deux  religieux  bénédictins  du  collège  grec  de  Saint-Athanase  à 
Rome  ont  entrepris  un  voyage  à  la  sainte  montagne  d'Athos.  L'un 
d'eux,  le  P. Placide  deMeester, bien  connu  pour  ses  travaux  d'érudition, 
livre  au  public  ses  notes  de  voyage.  Disons  tout  de  suite  qu'il  aurait 
pu  opérer  un  tri  plus  rigoureux.  La  description  de  la  Puszta  danu- 
bienne ou  celle  de  Belgrade  n'ont  rien  à  voir  avec  l' Athos  ;  quant  aux 
chicanes  de  douaniers  et  aux  irrégularités  des  caboteurs  helléniques, 
elles  ne  présentent  aucun  intérêt.  Pour  le  style,  il  est  trop  souvent 
barbare.  Nous  ne  savons  si,  en  Belgique,  des  expressions  comme 
dare-dare  sont  reçues  dans  la  langue  de  la  bonne  société.  Dit-on  aussi 
un  auberge  ?  Et  que  signifie  :  en  déansl  La  syntaxe  du  Révérend 
Père  est  parfois  embrouillée,  au  point  de  rendre  certaines  phrases 
absolument  incompréhensibles.  De  telles  imperfections,  beaucoup 
ti'op  nombreuses,  choquent  et  blessent  le  lecteur  français.  Ces  critiques 
énoncées,  nous  n'en  sommes  que  plus  à  l'aise  pour  dire  que  l'ouvrage 
du  P.  de  Meester  sera  très  utile  à  consulter.  Les  deux  bénédictins 
n'ont  rien  découvert,  et  ne  se  flattent  pas  d'avoir  découvert  quoi  que 
ce  soit.  Mais  ils  ont  bien  regardé  et  bien  décrit  les  monastères  atho- 
nites,  leurs  églises,  leurs  bibliothèques,  leurs  offices,  leurs  règles  reli- 
gieuses. Ils  étaient  préparés  à  cette  exploration  par  leur  connaissance 
approfondie  de  la  liturgie  et  du  chant  grecs,  et  aussi  par  la  pratique 
de  la  vie  monastique.  A  travers  toutes  ces  observations  circule  comme 
un  courant  de  chaude  sympathie  pour  l'ascétisme  hellénique,  qui 
n'étonne  pas  de  la  part  d'hommes  occupés  par  vocation  à  la  régéné- 
ration du  clergé  oriental  de  rite  grec.  Nous  souhaiterions  que  le  P.  de 
Meester  condensât  le  livre  qu'il  vient  de  nous  donner  en  un  opuscule 
plus  serré  et  plus  documenté,  qui  pourrait  devenir  la  meilleure  et  la 
plus  pratique  des  introductions  à  l'étude  du  monachisme  athonite. 

J.  Labourt. 


Ei»  Frontière  de  l^Euplirate,  de  Peuifiée  à  la  «ouquète 
arabe,  par  Victor  Chapot.  Paris,  Fontemoing,  1907,  gr.  in-8  de  iv- 
408  p.,  avec  22  illustr.  et  une  carte  hors  texte.  —  Prix  :  12  fr.  50. 

Ce  n'est  nullement  une  histoire  des  guerres  qui,  durant  plusieurs 
siècles,  ont  presque  sans  interruption  ensanglanté  la  frontière  orien- 
tale de  l'empire  que  s'est  proposé  d'écrire  M.  V.  Chapot.  Tout  autre 


—  100  — 

ost  son  (lossoin.  C'ost  la  fruntièn»  flli^-inômo  qu'il  ('tudii^  et  avoc  la 
frontièro,  les  moyens  de  défense.  On  peut  donc  tliro  que  ce  livre  com- 
prend en  somme  deux  études  d'ordres  bien  distincts  :  l'une  militaire 
v[  administrative, l'autre  purement  géographique.  Celle-ci, la  plus  ardue 
et  la  plus  importante,  intéresse  surtout  les  spécialistes.  Bien  entendu 
l'auteur  a  parcouru  lui-même  les  lieux  qu'il  s'elTorce  d'identifier;  il 
connaît  d'ailleurs  parfaitement  la  bibliograpliie  de  son  sujet  et  a 
tiré  bon  parti  des  travaux  des  explorateurs  qui  se  sont  risqués  avant 
lui  dans  la  région  de  l'Euphrate,  mais  il  insiste  surtout,  et  avec  raison, 
sur  les  résultats  de  ses  observations  personnelles.  Cette  seconde  partie 
de  son  ouvrage  présente  donc  l'aspect  d'uue  contribution  plutôt  que 
d'\ui  tableau  d'ensemble  embrassant  tous  les  détails  avec  des  déve- 
loppements proportionnés  à  leur  importance.  Il  passe  ainsi  eix  revue 
les  rives  syriennes  de  l'Euphrate,  la  Mésopotamie,  la  Syrie  et  ses  res- 
sources défensives,  de  deuxième  ligne,  l'Euphrate  supérieure  et  la 
Petite-Arménie,  la  Grande-Arménie,  enfin  les  régions  caucasiques, 
s'efforçant  de  compléter  la  connaissance  des  voies  romaines,  de  relever 
les  traces  des  forteresses  et  des  villes,  d'identifier  celles-ci  au  moyen 
de  la  topographie  et  de  l'onomastique,  tâche  particulièrement  délicate 
dont  il  s'acquitte  avec  prudence  et  perspicacité.  Nous  manquons  de 
la  compétence  nécessaire  pour  dire  jusqu'à  quel  point  il  a  réussi,  mais 
il  nous  paraît  certain  que  son  travail  devra  désormais  être  consulté 
par  les  historiens  qui  s'occuperont  de  la  domination  romaine  et  by- 
zantine en  Orient. 

Les  chapitres  qui  précèdent  cette  étude  surtout  géogra})liiqne  pré- 
sentent au  contraire  un  intérêt  plus  général  en  ce  qu'ils  complètent 
très  heureusement  nos  connaissajices  sur  l'organisation  et  la  tactique 
des  armées  romaines.  Ils  pourront,  à  cet  égard,  être  rapprochés  du 
beau  livre  (ie  M.  Gagnât  sur  l'Armée  romaine  d'Afrique. 

C'est  d'abord  une  très  vivante  description  des  divers  peuples  alliés, 
sujets  ou  ennemis  qui  occupèrent  la  région  frontière.  Arméniens, 
Arabes,  .luifs,  Parthes  et  Perses,  caractérisés  surtout  sous  le  rapport 
de  leurs  aptitudes  et  de  leurs  mœurs  militaires.  Puis,  vient  l'armée 
romaine,  légions,  alliés,  auxiliaires,  milices  locales,  en  temps  de  paix 
et  en  temps  de  guerre;  analyse  de  la  tactique;  attaque  et  défense 
des  places,  etc.,  le  tout  en  tenant  compte  des  différences  chronolo- 
giques qui  ne  manquent  pas  de  se  manifester  au  cours  d'une  longue 
suite  de  siècles.  L'auteur  ne  craint  pas  d'entrer  dans  le  détail.  C'<>st 
ainsi  qu'il  nous  présente  les  espions,  les  transfuges,  qu'il  décrit  la 
discipline,  et  aussi  indique- la  fréquence  des  trahisons  parmi  ces 
populations  peu  sûres,  s'inquiète  des  approvisionnements,  du  culte, 
des  travaux  publics,  comme  aussi  du  service  sanitaire.  Tout  cela  très 
précis,  très  documenté,  très  vivant. 


-  u;i  - 

L'impression  qui  ressort  de  tout  cela  est  une  admiration  raisonnéo 
pour  la  merveilleuse  souplesse  avec  laquelle  les  Romains,  puis  leurs 
disciples  les  Byzantins,  savaient  adapter  leur  formation,  leur  arme- 
ment, leur  tactique,  leur  poliorcétique  à  toutes  les  nécessités  locales. 
Un  des  résultats  curieux  de  cette  interminable  lutte  avec  les  Perses, 
et  que  l'auteur  ne  manque  pas  de  signaler,  est  la  quasi  identité  dans 
les  moyens  d'attaque  et  de  défense  qui  finit  par  s'établir  entre  les 
belligérants,  équilibrer  leurs  forces  et  balancer  leurs  succès. 

André  Raudrillart. 

!Le    P.  liacordaire,   apôtre  et   directeur  des   jeunes  j^ens, 

par  le    P.  Henri-Dominique    Noble,    O.   P.   Paris,  Lethielleux,  s.  d. 
(1908),  in-16  de   xi-367  p.,  avec  portraits.  —  Prix  :   3  fr. 

L'action  que  Lacordaire  a  exercée  sur  ses  contemporains  fut  consi- 
dérable :  la  jeunesse  et  l'âge  mûr,  les  hommes  et  les  femmes,  les  classes 
les  plus  diverses  de  la  société  ont  subi  son  influence  salutaire  et  cédé 
à  l'attrait  de  sa  parole  éloquente.  Mais  on  peut  dire  que  dans  son 
enseignement  doctrinal,  ce  sont  les  hommes  surtout  qu'il  a  eus  en  vue, 
et  parmi  les  hommes  les  jeunes  gens.  C'est  à  ce  point  de  vue  spécial 
que  le  R.  P.  Noble  étudie  la  vie  et  l'œuvre  de  Lacordaire  dans  un 
beau  livre  dont  nous  ne  saurions  recommander  trop  vivement  la 
lecture. 

La  prédilection  que  Lacordaire  manifesta  aux  jeunes  gens,  les 
raisons  de  cette  affection,  les  raisons  aussi  qui  le  firent  payer  de  retour 
par  la  jeunesse  nous  sont  exposées  avec  beaucoup  de  justesse. 

Le  P.  Noble  insiste  surtout  sur  l'admirable  jeunesse  d'âme  qui  fut 
une  des  caractéristiques  du  grand  prédicateur.  Il  passe  ensuite  en 
revue  les  caractères  généraux  de  sa  direction  et  les  principales  vertus 
qu'il  essaya  d'inculquer  à  ses  dirigés  et  qui  peuvent  se  résumer  dans 
une  grandeur  d'âme  inspirée  et  soutenue  par  le  culte  de  Jésus-Christ. 
En  même  temps  qu'il  nous  expose  les  principes  de  Lacordaire,  l'au- 
teur nous  le  montre  appliquant  ces  principes  dans  sa  propre  vie  et 
donnant  ainsi  l'exemple  avec  le  précepte.  En  sorte  que  son  livre  n'est 
pas  seulement  un  aperçu  dé  la  doctrine  spirituelle  de  l'illustre  domi- 
nicain, mais  aussi  une  étude  de  sa  vie  à  un  point  de  vue  particulier. 
II  insiste  sur  des  traits  qui,  dans  une  biographie  générale,  sont  naturel- 
lement laissés  plus  ou  moins  dans  l'ombre  ou  qui,  dispersés  çà  et  là, 
ne  sauraient  frapper  autant  l'esprit  du  lecteur. 

C'est  pourquoi  son  volume  nous  parait  aider  à  mieux  comprendre, 
partant  à  mieux  aimer  le  saint  restaui'ateur  en  France  de  l'ordre  des 
frères  prêcheurs. 

L'ouvrage,    qu'illustrent   un    portrait    de     Montalembert,    un    de 
Perreyve  et  plusieurs  de  Lacordaire  lui-même,  se  termine  par  deux 
Février  1909.  T.  CXV.  11. 


-  m  - 

appendices.  Le  pi-emier,  qui,  à  notre  avis,  aurait  été  mieux  placé  en 
tête  du  livre  comme  Introduction,  est  une  in»tic(!  brève,  mais  intéres- 
sante sur  Lacordairc;  le  second  est  une  visite  à  l'école  de  Sorèze, 
si  pleine  des  souvenirs  de  son  zèle  apostolique  pour  les  jeunes  geiis 
au  milieu  desquels  il  a  passé  les  dernières  années  d'une  existence  bien 
remplie.  E.-G.  Ledos. 

Taille,  liistoriéià  de  la  Kévoliilion  li'ançai.«ie,  par  A.  Aulard. 
Paris,  Colin,  1907,  in-18  de  xi-333  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

fli^uvres   inédites    de     l'abbé  de   Bonnevâl    f>iir    la    Itévo- 

lution,  publiées  par  Fabbé  Eugène   Griselle.  Paris,  Savaète,  s.  d., 
in-8  de  204  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Quand  il  s'agit  "de  signaler  et  d'apprécier  un  ouvrage  de  M.  Aulard, 
le  bon  point  de  vue  est,  croyons-nous,  celui-ci  :  l'auteur  a,  d'une  façon 
générale,  consacré  son  talent  en  premier  lieu  à  l'apologie  systématique 
de  la  Révolution  et,  en  second  lieu  seulement,  à  son  histoire.  Selon 
que  le  premier  objet  laisse  plus  ou  moins  de  place  au  second,  la  valeur 
historique  et  critiqu'e  de  tel  ou  tel  de  ses  travaux  augmente  ou  diminue 
dans  la  même  proportion.  Celui  que  nous  avons  sous  les  yeux  se  rat- 
tache principalement    au  premier,  à  l'apologétique  de  parti  pris^   Le 
dessein  de  M.  Aulard  est  de  diminuer  autant  que  possible,  au  profit 
de  la  Révolution,  la  réputation  acquise  à  Taine  par  son  grand  ouvrage: 
Les  Origines  de  la  France  contemporaine.  Du  haut  de  la  chaire  dressée 
pour  lui  en  vSorbonne   dans  une  intention  prédéterminée,  il  a,  vigilant 
inquisiteur,  soumis    le  célèbre  écrivain  à  une  sévère  et  pointilleuse 
censure.  «  Cette  étude  sur  Taine  historien  de  la  Révolution  française, 
nous  dit-il,  est  le  résumé  d'un  cours  public  que  j'ai  fait  à  la  Sorbonne 
pendant  les  années  scolaires  1905-1906  et  1906-1907.  )>  Après  un  cha- 
pitre d'introduction  sur  l'éducation  littéraire  et  historique  de  Taine^ 
les  tendances  et  dispositions  générales  ou  spéciales  de  son  esprit,  lo 
projet,  la  préparation  et  la  rédaction  du  livre  des  Origines,  M.  Aulard 
en  examine  les  diverses  parties  relatives  à  l'histoire  de  la  Révolution, 
savoir  :  Chapitre  IL  L'Ancien  Régime;  III.  L'Assemiblée  constituante: 
IV.  La  Conquête  jacobine  :  première  étape;  V.  La  Conquête  jacobine  : 
seconde  étape;  VI.  L'Établissement  du  gouvernement  révolutionnaire  ; 
VIL  Le  Gouvernement  révolutionnaire  :  le  programme  jacobin;  VI IL 
Le  Gouvernement  révolutionnaire:  les  gouvernants,  les  gouvernés;  ÎX. 
La  Fin  du  gouvernement  révolutionnaire.  —  La  méthode  du  censeur, 
dans  cette  revue  critique,  tient  à  la  fois  du  régent  de  collège  et  de 
l'avocat  chicanier;  elle  se  complaît  en  remarques  et  reproches  de 
détail,  pas  toujours  parfaitement  exacts,  souvent  sans  réelle  signi- 
fication, mais  dont  l'accumulation,  et  c'en  est  le  but,  ne  laisse  pas  de 
•j)roduire  un  certain  effet  sur  l'auditeur  ou  sur  le  lecteur  naïf.  Les  vraies 
qualités  du  livre  de  Taine  en  sortent,  selon  nous,  indemnes  aux  yeux 


—  163  - 

de  toute  personne  suffisamment  informée  et  de  sens  rassis.  La  cri- 
tique très  peu  impartiale  de  M.  Aulard  ne  laisse  pas  pourtant  d'avoir 
quelque  utilité  en  ce  qui  touche  aux  défauts  du  même  ouvrage,  sur 
lesquels  une  admiration  bien  naturelle,  mais  inspii'ée  quelquefois 
par  des  sentiments  un  peu  trop  étrangers  à  la  raison  historique  et  à  la 
méthode  critique,  induit  un  certain  nombre  d'esprits,  même  de  boas 
esprits,  à  fermer  les  yeux.  Le  second  caractère  général,  celui-là  histo- 
rique, des  travaux  de  M.  Aulard,  n'est  pas  d'ailleurs  tout  à  fait  absent, 
quoique  rarement  sensible,  en  celui-ci.  Nous  y  avons  remarqué,  par 
exemple,  et  goûté,  toute  déduction  faite,  le  i'ésumé  des  événements 
entre  le  10  août  1792  et  le  31  mai  1793  (p.  169  et  suiv.),  et  il  y  a  de  fort 
justes  observations  dans  la  page  consacrée  à  Robespierre  (p.  262-263). 
Cela  nous  fait  d'autant  plus  regretter  que,  chez  M.  Aulard,  la  fonction 
officielle  et  la  passion  personnelle  d'apologiste  et  de  censeur  révo- 
lutionnaire nuisent  au  point  qu'elles  le  font  à  ses  dons  très  réels 
d'érudit,  et  d'historien. 

—  Ce  serait  un  grand  progrès  de  la  science  historique,  si  ceux  qui 
la  cultivent  s'attachaient  moins  à  imposer  leur  propre  état  intellec- 
tuel aux  faits  et  aux  personnages  qu'ils  étudient  ou  qu'ils  exposent,  et 
davantage  à  bien  connaître  et  à  bien  rendre  celui  des  auteurs  et  des 
spectateurs  de  ces  faits  et  des  contemporains  de  ces  personnages.  C'est 
à  quoi  pourra  beaucoup  servir  une  branche  peu  développée  de  cette 
science,  savoir  l'histoire  des  idées  en  général,  et  en  particulier  l'histoire 
des  opinions  et  des  systèmes  politiques.  M.  le  chanoine  Grisolle  y  apporte 
une  intéressante  contribution  par  la  publication  qu'il  a  entreprise  des 
•  Œuvres  inédites  de  l'abbé  de  Bonneval  sur  la  Révolution.  L'abbé  de 
Bonneval,  chanoine  de  Notre-Dame  de  Paris,  député  du  clergé  aux 
Etats  généraux  de  1789,  émigra  dès  l'année  1790  et  ne  revint  plus 
jamais  en  France.  Son  exil  finit  avec  sa  vie,  à  Vienne,  en  Autriche, 
le  1®^  mars  1820.  Mais  il  ne  cessa  de  considérer  avec  un  vif  intérêt  la 
destinée  de  sa  patrie  et  de  prodiguer  d'une  plume  féconde,  au  sujet  des 
événements  qui  s'y  déroulaient,  ses  observations,  ses  avis,  ses  vues 
de  théologien  et  d'homme  politique.  C'est  en  même  temps  une  intel- 
ligence originale,  quoique  de  valeur  secondaire,  et  un  curieux  échan- 
tillon de  toute  une  famille  d'esprits,  qui  n'a  pas  laissé  d'avoir  son 
influence  dans  la  période  dont  il  s'agit,  et  dont  on  pourrait  signaler 
encore  l'existence  et  l'importance,  peut-être  la  filiation,  à  une  époque 
plus  récente.  Les  écrits  de  Bonneval  publiés  ici  par  M.  le  chanoine 
Grisolle  sont  les  suivants  :  1.  Observations  sommaires  adressées  à  la 
Cour  de  Rome  sur  les  entreprises  de  l'Assemblée  dite  nationale  contre 
la  religion  catholique  en  France  (15  décembre  1790);  2. Mémoire  contre 
les  prêtres  jureurs,  composé  à  Rome  en  octobre  1793,  et  qui,  en  raison 
de  certains  passages,    (c'est  l'auteur  lui-même  qui  nous  l'apprend,. 


—  164  — 

déplut  au  Saint-Père;  3.  Point  de  serment  à  la  prétendue  République 
(avril  1795);  4.  De  l'acte  de  soumission  aux  lois  de  la  République.  A 
Messieurs  les  prêtres  français  émigrés  rentrés  en  France  (décembre 
1795);  5.  Observations  sur  la  décision  du  Conseil  d'administration 
du  diocèse  de  Paris,  permettant  l'acte  de  soumission  à  la  police  exté- 
rieure du  culte  (1796);  6.  Mémoire  sommaire  sur  la  restitution  des 
biens  du  clergé  (7  novembre  181,4);  7.  Observations  sommaires  sur  la 
note  remise  par  le  Lord  Castlereagh  relativement  aux  objets  d'art 
enlevés  par  la  Révolution  française  et  sur  celle  adressée,  le  20  no- 
vembre 1815,  à  M.  le  "duc  de  Richelieu,  par  les  quatre  ministres  des 
puissances  alliées  (décembre  1815).  —  Les  commentaires  et  notes  que 
M.  le  chanoine  Grisolle  a  joints  aux  textes  publiés  par  lui  ajoutent 
beaucoup  à  l'intérêt  de  cette  publication,  qu'ils  éclaircissent  par  des 
remarques  judicieuses,  conçues  dans  un  esprit  véritablement  histo- 
rique, et  par  des  rapprochements  empruntés  à  des  publications  du 
même  temps,  inspirées  par  des  opinions  différentes.  Un  éloge  parti- 
culier est  dû  ici  aux  indications  bibliographiques  diligemment  recueil- 
lies sur  certains  points  par  M.  Griselle  (la  presse  religieuse  sous  le 
Directoire,  le  Consulat  et  l'Empire,  p.  83  et  suiv.,  142.).  Le  docte 
chanoine  n'a  pas  épuisé  son  sujet  dans  ce  volume.  11  se  propose  de 
nous  faire  connaître,  dans  une  publication  ultérieure,  une  autre  série 
de  traités  inédits  de  l'abbé  de  Bonneval,  qui  se  rapportent  surtout  à 
l'histoire  du  premier  Empire  et  de  la  Restauration.  M.  S. 


Quinze  ans  à  la  rue  des  Postes  (1SS<I-1S9.>).  Souvenirs, 

par  l'iibbe  Léon  Joly.  Paris,  Lecolîre,  Gabalda,    19o8,  in-12  de  285  p.    — 
Prix  :  3  fr. 

Quand  les  Pères  jésuites  furent  expulsés,  en  1880,  l'autorité  ecclé- 
siastique fit  appel  au  clergé  séculier  pour  les  remplacer  dans  leurs  col- 
lèges ou  pour  servir  d'auxiliaires  aux  quelques  rehgieux  dont  les  ins- 
pecteurs toléraient  encore  la  présence  dans  les  établissements  qu'ils 
avaient  fondés.  C'est  ainsi  que  M.  Joly  s'egt  trouvé  amené  à  vivre 
dans  l'intimité  de  quelques  jésuites  restés  à  la  rue  des  Postes  :  les 
ayant  vus  de  près,  il  n'a  pu  se  défendre  de  les  admirer.  Que  ce  fussent 
des  hommes  éminents,  comme  le  P.  Joubert,  le  P.  Mazelier  ou  le 
P.  Cosson,  que  ce  fussent  simplement  de  bons  religieux,  un  peu  origi- 
naux, comme  le  P.  Auguste  ou  le  P.  Montazeau,  ils  avaient  tous  cette 
caractéristique  que,  sous  la  loi  de  l'obéissance,  ils  s'étaient  dévoués 
tout  entiers  à  l'œuvre  de  l'Ecole  Sainte-Geneviève,  et  qu'ils  donnèrent 
à  la  formation  chrétienne  des  futurs  officiers  toutes  les  forces,  tous 
les  talents  et  toutes  les  vertus  dont  la  Providence  les  avait  largement 
pourvus. 

Tel  est  l'hommage  que  M.  Joly  leur  rend  dans  son  livre.  Ce  ne  sont 


—  165  — 

pas  précisément  des  biographies,  moins  encore  des  panégyriques. 
c'est  la  déposition  sincère  et  parfois  émue  d'un  témoin  qui  raconte  ce 
qu'il  a  vu.  Or,  la  puissance  de  la  vérité  fait  que  ces  notices  sans  apprêt 
ont  autant  de  portée  que  la  plus  pompeuse  des  oraisons  funèbres. 

P.   PiSANI. 


Au  alplialietieal  iiiibjeet  index  and  index  eiicyelopaeilia 
to  pcriodicttl  articles  ou  religiou,  1^90-1^99  compiled 
and  edited  by  Ernest  Gushing  Richardson,  with  the  coopération  of 
Charles  S.  Thayer,  William  C.  Hanks,  Paul  Martin  and  mem- 
bera  nf  the  Faculty  of  the  Hartford  theological  seminary,  and  some 
help  from  A.  D.  Savage  New  York,  Charles  Scribner's  son,  1907, 
in-8  de  xlii-1168  p.  —  Prix  :  52  fr.   50. 

L'énorme  multiplication  des  périodiques,  surtout  depuis  quelques 
années,  rend  de  plus  en  plus  difficile  la  tâche  de  ceux  qui  veulent  se 
tenir  au  courant  de  ce  qui  a  été  publié  sur  tel  ou  tel  sujet.  11  faut  donc 
savoir  gré  à  ceux  qui,  comme  M.  Richardson  et  ses  collaborateurs, 
s'imposent  le  labeur  ardu  et  considérable  de  mettre  à  la  disposition 
du  public  érudit.une  table  d'un  certain  nombre  de  ces  recueils. 

On  jugera  de  l'ampleur  do  ce  répertoire  quand  on  saura  que  plus  de 
quinze  cents  périodiques  ont  été  dépouillés  pour  le  dresser,  périodiques 
de  tous  pays  presque  et  de  toutes  les  langues  :  allemands,  anglais, 
danois,  espagnols,  français,  italiens,  néerlandais,  suédois,  suisses 
tchèques,  voire  orientaux  et  japonais.  Les  dépouillements  n'ont  pas 
toujours  été  faits  de  première  main  et, paria  même,  n'offrent  pas  tou- 
jours toutes  les  garanties  d'exactitude;  mais  on  a  eu  soin  d'indiquer 
les  périodiques  pour  lesquels  on  a  dû  ainsi  recourir  à  un  dépouillement 
de  seconde  main;  et  dans  ces  conditions  l'on  ne  saurait  blâmer 
^L  Richardson  d'avoir  essayé  de  rendre  de  cette  manière  son  réper- 
toire plus  complet. 

Le  nombre  des  périodiques  dépouillés  suffit  à  montrer  qu'il  ne 
s'agit  pas  seulement  d'un  index  des  revues  traitant  habituellement 
et  par  programme  de  matières  religieuses;  les  recueils  les  plus  divers 
ont  été  examinés: mémoires  de  sociétés, revues  religieuses,  historiques, 
philosophiques,  littéraires,  etc.  De  même  le  mot  «  religion  »  a  été 
compris  dans  un  sens  fort  large,  et  nul  ne  contestera  la  vérité  de  ce 
qu'affirme  M.  Richardson  dans  sa  Préface  quand  il  dit  que  cet  index 
sera  aussi  précieux  pour  ceux  qui  étudient  l'histoire  et  les  sciences 
sociales  que  pour  ceux  qui  étudient  la  théologie. 

Les  articles  sont  ici  classés  par  ordre  alphabétique  de  matières. 
Chaque  rubrique  est  accompagnée  d'une  courte  définition,  indiquant 
par  exemple  pour  les  personnages  leurs  dates  de  naissance  et  de  mort 
et  disant  d'un  mot  ce  qu'ils  ont  été  (Bossuet,  Jacques-Bénigne,  1627- 
1708.  French  Bishop,  orator  and  historian),  puis  de  références  aux 


-    166  — 

encyclopédios  qui,  le  cas  échéant,  pourraient  fournir  aux  lecteurs  des 
éclaircissements  supplémentaires. 

Quand  une  rubrique  est  considérable  (Jésus-Christ,  par  exemple), 
elle  est  subdivisée  en  plusieurs  sous-rubriques.  Naturellement  le 
même  article  peut  se  trouver  répété  sous  plusieurs  rubriques.  C'est 
ainsi  qu'un  article  de  M.  Lefebvre  de  Behaine  sur  Léon  XIII  et  M.  de 
Bismarck  se  trouve  à  la  fois  mentionné  à  ces  deux  noms.  Mais  la 
règle  n'est  pas  toujours  rigoureusement  appliquée  :  c'est  ainsi  qu'on 
ne  trouve  qu'à  Haeckel  et  non  pas  à  Hamann  l'article  de  Dennert, 
Hamann  contra  Haeckel;  de  môme  à  Eiinomiiis  on  trouve  relevé  l'ar- 
ticle de  Funk,  Zwei  Biicher  des  Basiliiis  des  Grossen  gegen  Eunomius  et 
point  celui  de  Diekamp,  Ein  angebliches  Brief  des  hl.  Basilius  gegen 
Eunomius,  bien  que  l'un  et  l'autre  figurent  à  l'article  Basilius  Magnus\ 
on  ne  voit  pas  pourquoi  la  rubrique  Clericalism  figure  un  article 
Klerikalismus  und  Antiscmilismus  in  Oesterreich,  et  point  un  article 
du  P.  Martin  le  Cléricalisme  et  l'armée  devant  la  Chambre,  qui  est 
mentionné  à  la  rubrique  France;  il  est  vrai  que  par  compensation  le 
premier  de  ces  articles  n'est  relevé  ni  à  Austria  ni  à  Antisemitism. 

Les  exemples  de  pareilles  défectuosités  pourraient  être  multipliés. 

On  ne  voit  pas  non  plus  toujours  très  nettement  les  raisons  qui  ont 
fait  classer  un  article  sous  telle  ou  telle  rubrique.  Jésus-Christ,  par 
exemple,  comporte  une  sous-rubrique  Art  représentation  où  figure, 
entre  autres,  un  article  sur  un  tableau  représentant  le  baptême  du 
Christ;  on  ne  voit  pas  pourquoi  c'est  à  Baptism  qu'a  été  classé  l'ar- 
ticle de  Mgr  de  Waal  sur  les  représentations  du  même  événement 
dans  les  catacombes  ;  pourquoi  l'on  a  créé  une  sous-rubrique  carrying 
the  cross  pour  le  seul  tableau  d'Andréa  Solario  Le  Christ  portant  la 
croix.  On  s'étonnera  de  même  de  ne  pas  rencontrer  à  la  sous- 
rubrique  J esus-Christ  ( coins  andmedals)  des  articles  sur  les  médailles 
à  l'effigie  du  Christ  relevées  à  la  rubrique  Xumismaiics:  il  est  vrai 
qu'on  y  trouve,  en  revanclie,  un  article  sur  une  monnaie  d'évêque 
des  Innocents,  dont  ce  n'était  peut-être  pas  la  place,  et  qui  ne  figure, 
je  crois,  nulle  part  ailleurs.  Pourquoi  encore  un  article  sur  l'histoire 
de  la  monarchie  de  .Juillet,  de  Thureau-Dangin,  figure-t-il  à  France, 
sous  la  rubrique  Révolution? 

Une  faute,  hem^eusement  plus  rare,  est  le  double  emploi  d'un  même 
article;  un  des  exemples  les  plus  caractéristiques  se  rencontre  à  la 
rubrique  Manning,  où  le  même  article  de  M.  Hemmer  est  mentionné 
deux  fois  de  suite. 

Nous  ne  voulons  point  nous  attarder  outre  mesure  sur  ces  taches 
fâcheuses.  Elles  n'empêcheront  pas  le  répertoire  de  M.  Richardson 
d'être  fort  utile,  fort  consulté.  Nous  ne  pouvons  que  souhaiter  que 
l'accueil  fait  à  ce  volume  J'encourage  à  lui  donner  une  suite  pour  la 
période  1900-1909.  E.-G.  L. 


-r     \m     — 

3500  ex-librns  italiaiii.  Ulmlrati  con  7So  pgw-e  e  da  oitre  WOO  molli, 
sentisnzf.  e  devise  che  si  leggoiio  augli  stemmi  e  sugli  ex-libris,  con  8'iOtncisioni, 
da  JaCOPO  Gelli.  Mil^no,  IJoepli,  1908,  iii-12  cartonné  de  xii-535  p.  — 
Prix  :  9  fr. 

Le  catalogue  d'ex-libris  que  donne  M.  Gelli  est  le  plus  riche  qui  ait 
été  composé  en  Italie.  Il  sui^passe  notablement  en  ahon4&nce  le  beau 
livre  de  MM.  Bertarelli  et  Prior  qui  a  paru  il  y  a  quelques  années. 
Pour  arriver  au  chiffre  prestigieux  de  3.500  numéros,  l'auteur  a 
joint  aux  ex-libris  des  collectionneurs,  des  étiquettes  de  libraires  et 
de  relieurs,  et  des  marques  de  livres  de  prix. 

Autant  que  possible,  il  identifie  les  pièces  qu'il  décrit  en  donnant 
non  seulement  les  noms  et  prénoms  des  propriétaires  avec  les  dates 
extrêmes  de  leur  vie,  mais  encore  en  faisant  connaître  les  phases  princi- 
pales de  leur  existence.  Ce  n'était  pas  inutile  pour  e:fpliquer  la  pré- 
sence, parmi  les  Italiens,  de  quelques  étrangers,  comme  les  Français 
Gueulette  (et  non  Guculette)  et  Floncel,  auxquels  M.  Gelli  a  accordé 
droit  de  cité  en  raison  de  leur  dévouement  aux  lettres  italiennes. 
D'autres  de  nos  compatriotes  se  retrouvent  ici  à  cause  des  séjours 
prolongés  qu'ils  tirent  dans  la  péninsule  :  Seroux  d'Agincourt,  Hugues 
de  Bassville,  le  cardinal  Dupont,  le  maréchal  Junot.  Les  ex-libris  de 
Murât  et  de  la  reine  Caroline,  celui  de  la  duchesse  de  Berry  intéres- 
sent la  France  autant,  au  moins,  que  l'Italie. 

Les  très  nombreuses  reproductions  qui  illustrent  l'ouvrage,  sont 
malheureusement  de  dimensions  si  réduites  qu'elles  ne  permettent 
pas  d'apprécier  exactement  les  caractères  et  les  mérites  des  gravures 
originales.  On  peut  cependant  se  rendre  compte  de  l'heureuse  compo- 
sition de  bon  nombre  d'entre  elles.  Les  ex-libris  d'Ottavio  Coleschi, 
d'Ignazio  Gigh,  de  Giacomo  Gabriel,  de  la  Biblioteca  Marci^na  de 
Venise,  de  la  Zecca  de  Milan,  sont  tout  à  fait  remarquables. 

M.  Gelli  a  f^it  précéder  sori  travail  de  pQ^seiJs  ,a]ux  collectionneurs, 
ses  confrères,  qu'il  met  en  garde  contre  les  procédés  des  faussaires? 
A  la  suite  du  catalogue,  il  expose  quelques  données  de  blason;  et  il 
termine  le  volume  par  une  série  de  tables  fort  utiles.  Celle  des  devises 
a  été  particuHèrement  soignée;  elle  rendra  service  non  seulement  aux 
amateurs  d'ex-libris,  mais  encore  à  tous  ceux  qui  s'intéressent  aux 
objets  d'art  anciens.  11  est  regrettable  que  l'auteur  n'ait  pas  jugé 
à  propos  de  donner  une  table  des  meubles  et  pièces  héraldiques.  C'est 
un  instrument  de  recherche  absolument  nécessaire  pour  l'identifica- 
tion des  ex-libris  anonymes.  Max  Priînet. 


—  168  — 

BULLKTIN 

Le»  Viei-ge»  luèfes  et  les  IVuieMîincca  miraculeuses.  Essai  de  mytho- 
logie comparée,  par  P.  Saintyves.  Paris,  Emile  Nourry,  1908,  in-16  de 
i!80  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Livre  où,  sous  prétexté  de  folk-lore  et  de  mythologie  comparée,  on  accu- 
mule faits  et  textes  de  toute  provenance  et  de  toute  valeur,  sans  ordre, 
sans  critique,  sans  discernement,  pour  amener  à  conclure,  sans  autre  souci 
de  l'histoire,  que  la  naissance  de  Jésus  et  la  maternité  virginale  de  Marie 
ne  sont  qu'un  cas,  analogue  à  tant  d'autres,  de  légendes  populaires  et  de 
vieux  mythes  rajeunis  et  adaptés.  Il  est  bien  à  sa  place  dans  la  «  Bibliothè- 
que de  critique  religieuse  »,  sous  le  pseudonyme  de  Saintyves,  à  la  «  librairie 
critique  «  d'Emile  Nourry.  On  en  verra  l'esprit  par  la  dernière  page  :  «  Des 
légendes  comme  celles  de  la  naissance  de  Jésus  chez  les  chrétiens,  ou  comme 
celles  de  la  naissance  de  Baptiste  chez  les  Sabéens,  sont  les  dernières  fleurs 
d'une  longue  et  intense  culture...  La  première  s'est  trouvée  associée  à  l'une 
des  manifestations  les  plus  hautes  de  l'effort  humain  vers  la  Sainteté,  ou, 
comme  eussent  dit  les  Grecs,  vers  la  Sagesse.  Elle  vit  encore  de  la  pleine 
existence  des  croyances  vivantes...  Et  beaucoup  sont  persuadés  que  le  sort 
de  la  moralité  est  indissolublement  Hé  à  cette  légende  merveilleuse.  Je  serais 
désolé  que,  si  l'un  de  ceux-là  me  lisait, il  considérât  mon  hvre  comme  l'atta- 
que méprisante  d'un  sceptique.  Persuadé  que  la  moralité  a  des  liens  effec- 
tifs avec  la  religion,  je  suis  non  moins  assuré  qu'elle  est  indépendante  de  l'ac- 
ceptation d'un  récit  légendaire.  Et  je  souhaiterais  qu'eux-mêmes  pussent 
s'en  persuader...  Même  découronné  de  sa  divinité,  du  moins  au  sens  scolas- 
tique  du  vieil  enseignement  chrétien,  ils  continueraient  de  l'aimer  et  d'ado- 
rer le  Père  céleste,  qui  fut  son  Père  et  qui  demeure  le  nôtre,  véritable  Uen 
des  esprits  et  source  idéale  de  la  fraternité  des  générations  humaines  ». 
Pvenan  eût  mieux  dit;  mais  qu'importe?  J.-V.  Bainvel. 


Le  Uodei*nisine  tinns  la  ■>eliKioii.  Etude  sur  le  roman  «  Il  S  in  la  »,  de 
Fctrazzaro,  par  l'abbé  J -A.  Chollet.  Paris,  Leihielleux, .  s.  d.  0907). 
iii-18  de  112  p.  —  Prix  :  0  fr.  fiO. 

Etude  et  critique  des  idées  et  théories  religieuses  du  fameux  roman.  La  mise 
à  l'Index  et  l'encyclique  Pascendi  ont  pleinement  donné  raison  à  M.  Chol- 
let. J.-V.  Bainvel. 


■«'iKUi'es    de     pèi-e's    et    de      mères     cliréticns,     par     l'abbé     (I.     BeLS, 

1'»  série.  Paris,  Téqni,  19()s,  in-li3  de  286  p.  —  Prix  :  2  fr. 

La  pensée  qui  a  présidé  à  la  composition  de  ce  bon  et  suggestif  livre  est 
celle  ci  :  si  l'homme  tient  de  ses  parents  la  vie  naturelle  et  s'il  reçoit  au 
baptême  la  vie  surnaturelle,  l'homme  et  le  chrétien,  en  grandissant,  se 
façonnent  principalement  et  prennent  leur  physionomie  intellectuelle, 
morale  et  religieuse  par  l'éducation,  par  les  paroles  entendues,  les  actes 
vus  et  les  habitudes  contractées  au  foyer  de  famille.  C'est  ce  que  prouve 
l'auteur,  faisant  autant  œuvre  d'apologétique  que  d'instruction  et  d'édi- 
fication. Sa  thèse  se  dégage,  se  développe  et  se  confirme,  sans  avoir  même 
à  l'énoncer,  par  les  traits  habilement  choisis  autant  que  présentés  d'une 
façon  attrayante,  dans  ces  pages  où  apparaissent,  en  une  glorieuse  galerie, 
les  figures  suivantes  qui  appartiennent,  pour  la  plupart,  à  l'histoire  chré- 
tienne :  Le  Père  et  la  mère  de  Pie  X —  la  Mère  de  saint  Jean  Chrysostome 


—  169  —      ' 

—Sainte  Monique  —  la  mère  de  saint  Dominique  —  Saint  Louis,  père  de 
famille  —  le  père  de  saint  Pierre  Fourier  —  Sainte  Jeanne  de  Chantai  — 
le  père  de  JM^ie  Le  Gras  —  la  mère  de  saint  Alphonse  de  Liguori  —  la 
reine  Marie  Leczinska  —  la  mère  de  dom  Bosco  —  la  mère  de  Mgr  de  Ségur 
—  la  mère  de  Mgr  Berteaud  —  la  mère  de  Mgr  Gerbet  —  la  mère  de  Mgr  de 
la  Bouillerie  —  la  mère  de  Gounod  —  la  mère  de  Mgr  Bougaud  —  la  mère 
de  Mgr  Pie  —  Formation  familiale  de  Lacordaire  —  de  Ravignan  —  de 
Mgr  Plantier  —  de  Lamartine  —  de  Mgr  Mermillod  —  de  Mgr  Dupanloup  — 
du  maréchal  Bosquet  —  du  cardinal  de  Bonald  —  du  président  Bonjean,  etc. 
A  voir  ces  transmissions  de  l'âme  du  père  et  de  la  mère  dans  tant  de 
grands  et  saints  personnages  on  sentira  grandir  en  soi  le  culte  de  la  famille. 

Louis  Robert. 


IteM<>>*<is     on     Ml  l'ière.     I^es    B*réfi«<-«ai    tie     «  Is»    Qiiîiizuîiio    »,    par  G. 

FONSBGRiVE.  Paris,  Blou'i,  1908,  in-16  de  ix  345  p.  —  PriK  :  3  fr.  oO. 

Ce  livre  est  simplement  le  recueil  des  Préfaces  écrites  chaque  année  par 
l'auteur  pour  la  Quinzaine,  de  1897  à  1907,  époque  de  la  disparition  de  cette 
revue. 

Nous  ne  dirons  pas  que,  composé  de  pièces  détachées,  cet  ouvrage  se  lit 
cependant  avec  plaisir,  qu'il  est  écrit  d'un  style  très  intéressant,  et  que 
l'unité  de  vues  remédie  à  la  dispersion  des  matériaux.  Ce  serait  un  éloge 
trop  banal  pour  l'excellent  écrivain  qu'est  M.  Fonsegrive.  Nous  dirons 
que  presque  toutes  les  vues  nous  en  paraissent  justes,  qu'il  a  parfaitement 
raison  de  pousser  les  catholiques  à  être  de  leur  temps,  à  se  livrer  aux  œuvres 
sociales,  à  n'avoir  point  peur  de  la  démocratie. 

Pourquoi  donc  n'avons-nous  pu  faire  cette  lecture  sans  un  sentiment 
d'inquiétude?  Ah  !  c'est  que  si  les  principes  sont  justes,  on  sent  que  l'appli- 
cation en  est  parfois  imprudente.  Sans  doute  si  les  principes  sont  bons,  il 
faut  en  pousser  les  conséquences  jusqu'au  bout;  mais  ce  bout  est  marqué 
par  la  rencontre  d'autres  principes  également  justes.  Nous  sommes  d'accord 
qu'il  faut  satisfaire  aux  tendances  légitimes  des  masses;  nous  ne  serions 
peut-être  pas  toujours  d'accord  sur  celles  qui  sont  légitimes.  Nous  sommes 
d'accord  sur  la  nécessité  d'abandonner  facilement  ce  qui  ne  touche  pas  à 
l'intégralité  du  dogme;  nous  ne  serions  pas  toujours  d'accord  sur  les  notions 
que  l'on  peut  abandonner  sans  danger.  Il  est  surtout  un  point  où  nous  ne 
serons  point  d'accord  avec  M.  Fonsegrive.  Il  regarde  la  philosophie  enseignée 
de  nos  jours  d^ns  l'Université  comme  un  progrès:  nous  la  regardons  comme 
un  péril  et  un  recul.  Nous  reconnaissons  que  la  bonne  foi  de  l'auteur  est 
parfaite,  que  son  sentiment  est  profondément  chrétien;  nous  regrettons 
seulement  que  son  éducation  universitaire  ait  introduit  une  tare  dans  sa 
mentalité  si  catholique  d'ailleurs.  D.  V. 


Étuclos  jijn-     5'liîsloîpe    fin     iic-Sère  <l'Allièiies   nu     V^   sëèclt-.    I^«'  ffé- 

«ioi-  ci'AtiièneM  Je  4*o  à  ^o<a,  par  E.  (JAVAiciNAC    Paris,  Fontemoing, 
lyO-t,  in-8  de  i.xxv-l92  p..  avec  29  illusir.  dans  le  texte  e;,  3  planchfs. 

Ce  travail  a  pour  objet  de  rectifier  sur  quelques  points  importants  les 
recherches  du  dernier  historien  des  finances  athéniennes,  M.  Edmond  Meyer: 
Antiquité  du  trésor  de  l'Acropole  et  ses  ressources  à  l'époque  des  guerres  mé- 
diques  (selon  M.  Cavaignac,  il  n'y  avait  pas  de  trésor  monnayé  d'AtJiêna  à 
cette  date);  réserves  du  trésor  fédéral  transporté  sur  l'Acropole  en  454; 
richesse  du  trésor  d'Athêna  au  temps  de  Périclès  (M.  Cavaignac  établit  que 


-  170  - 

les  grands  travaux  furent  beaucoup  moins  onéreux  qu'on  ne  le  dit  commu- 
nément) ;  état  du  trésor  avant  l'expédition  de  Sicile. 

L'auteur  se  défend  de  toute  intention  polémique  à  l'égard  d'un  savant 
pour  lequel  il  professe  la  plus  haute  admiration.  Son  propre  travail  ne  doit 
être  considéré  que  comme  une  série  d'errata  à  un  ouvrage  général  qui 
doit  être  pris  comme  point  de  départ  des  recherches  qu'on  est  amené  à  faire 
à  propos  d'un  document  nouveau  ou  sur  un  point  spécial.  A.  B. 


ciiiioiMuui: 


Nécrologie.  —  Le  doyen  des  musiciens  français,  l'illustre  compositeur 
Ernest  Reyer,  est  mort  au  Lavandou  (Var),  le  16  janvier,  à  86  ans.  Louis- 
Etienne-Ernest  Rey,  dit  Reyer,  était  né  à  Marseille  le  l^r  décembre  1823. 
Envoyé,  à  seize  ans,  dans  les  bureaux  de  l'administration  à  Alger,  bien  que 
sa  vocation  l'attirât  vers  la  musique,  il  consacra  ses  loisirs  à  composer 
quelques  mélodies  et  même  une  messe  solennelle  qui  fut  chantée  devant  le 
duc  d'Aumale.  Dès  qu'il  put  se  soustraire  à  des  fonctions  qui  répugnaient  à 
sa  nature,  il  vint  à  Paris,  auprès  d'une  de  ses  tantes,  M°^<^  Farrenc,  pianiste 
de  grand  talent,  qui  dirigea  dès  lors  ses  études  musicales.  Il  n'eut  pas  d'autre 
maître,  et  ce  fut  regrettable,  car  l'insuffisance  de  cette  éducation  première 
s'est  fait  sentir  jusque  dans  les  plus  remarquables  de  ses  œuvres.  En  1850, 
Théophile  Gautier  écrivit  pour  lui  le  Sélam,  ode  symphonique  avec  chœurs, 
qui  fut  exécutée  avec  succès  au  Théâtre  italien.  Quatre  ans  plus  tard,  il  fit 
ses  débuts  sur  la  scène  avec  Maître  Wolfram,  opéra  en  un  acte,  paroles  de 
Méry,  qui  fut  joué  au  Théâtre  lyrique  et  a  passé  au  répertoire  de  l'Opéra- 
Comique.  En  1858  il  donna  à  l'Opéra  un  ballet,  Sakountala,  dont  le  livret 
avait  été  rédigé  par  Théophile  Gautier,  et  qui  fut  bien  accueilli.  L'œuvre 
la  plus  importante  qu'il  eût  encore  composée,  la  Statue,  opérB.  en  trois  actes, 
fut  représentée  trois  ans  plus  tard  au  Théâtre  lyrique  et  obtint  un  succès 
mérité.  Un  autre  opéra  en  deux  actes,  Érostrate,  qu'il  fit  jouer  à  Bade 
en  1862,  et  à  l'Opéra  en  1871,  après  l'avoir  développé  en  cinq  actes,  ne 
réussit  pas.  C'était  le  début  d'une  disgrâce  qui  devait  durer  de  longues 
années. M.  Reyer  avait  composé,  avec  MM. Du  Locle  et  Blum  comme  colla- 
borateurs pour  les  paroles,  son  opéra  de  Sigurd,  d'après  VEdda  et  les  Niebe- 
lungen.  Mais  l'étrangeté  du  sujet  et  le  wagnérisnie  que  l'on  reprocliait  à 
l'auteur  firent  fermer  à  cette  œuvre  les  portes  des  théâtres  français.  Celle-ci, 
portée  sur  la  scène  de  la  Monnaie,  à  Bruxelles,  puis  sur  celle  de  Covent 
Garden  à  Londres,  en  1884,  acquit  une  telle  notoriété  qu'elle  força  enfin 
l'entrée  de  l'Opéra  en  1885,  et  'l'on  sait  quel  extraordinaire  succès  elle 
obtint.  Le  sort  de  Salammbô,  opéra  en  cinq  actes  tiré  du  roman  de 
Gustave  Flaubert,  fut  en  tout  semblable.  Joué  d'abord  au  théâtre  de  la 
Monnaie  de  Bruxelles  en  1890,  il  ne  revint  à  Paris,  pour  être  représenté  à 
l'Opéra,  qu'en  1892.  Après  ces  deux  grandes  œuvres  qui  ont  placé  M.  Reyer 
au  premier  rang  parmi  les  compositeurs,  celui-ci  crut  que  l'âge  de  la  retraite 
était  venu  pour  lui.  En  effet,  il  n'a  plus  rien  produit  après  Salammbô. 
Toutefois  on  peut  citer  encore  de  lui  quelques  œuvres  de  moindre  impor- 
tance, telles  qu'une  scène  dramatique,  Madeleine  au  désert,  et  des  chœurs 
à  quatre  voix  :  Hymne  du  Rhin,  les  Buveurs,  Chant  de  paysans,  les  Assié- 
gés, etc.  M.  Ernest  Reyer  a  présenté  la  défense  de  ses  théories  musicales 
dans  un  certain  nombre  d'articles  donnés  à  la  i?(?fz/e/ra/(Çfl;se,  à  la  Pressa,  au 
Courrier  de  Paris  et  an  Moniteur,  et,  en  1866,  il  avait  remplacé,  mais  pour 


—  171   — 

peu  de  temps,  M.  Berlioz  au  Journal  des  Débals  comme  chroniqueur  musical. 
Enfin,  en  1875,  il  avait  réuni  quelques-unes  de  ses  chroniques  en  un  vo- 
lume, sous  le  titre:  Notes  de  musique  (Paris,  in-12).  Il  fut  pendant  un  cer- 
tain temps  bibliothécaire  de  l'Opéra  et,  en  1876,  il  avait  été  élu  membre 
de  !' Académie  des  beaux-arts,  en  remplacement  de  Félicien  David. 

—  M.  Gabriel  Marcel,  conservateur-adjoint  à  la  Bibliothèque  natio- 
nale et  chef  de  la  section  géographique  de  cet  établissement,  est  mort  le 
27  janvier,  à  66  ans,  à  Paris,  où  il  était  né  en  1843.  La  perte  de  cet  infati- 
gable travailleur  sera  vivement  ressentie  dans  le  monde  des  géographes, 
non  seulement  de  France,  mais  encore  de  l'étranger.  M.  Marcel  s'était  en 
efTet  attiré  une  réputation  universelle  par  d'admirables  travaux,  dont  nous 
citerons  seulement  les  principaux  :  Cartographie  de  la  Nouvelle-France, 
supplément  à  l'ouvrage  de  M.  Harrisse,  publié  avec  des  documents  inédits 
(Paris,  1885,  in-8);  —  Factuni  du  procès  entre  Jean  de  Biencourt,  s^  de  Pon- 
trincourt,  et  les  PP.  Biard  et  Massé,  jésuites,  publié  avec  une  Ititroduction 
(Paris,  1887,  in-4);  —  Une  Expédition  oubliée  à  la  recherche  de  Lapérouse 
(Paris,  1888,  in-8);  —  Lapérouse;  récit  de  son  voyage;  expédition  envoyée 
à  sa  recherche;  le  capitaine  Dillon;  Dumont  d'Urville;  reliques  de  V expédi- 
tion. Edition  du  centenaire  (Paris,  1888,  in-12); — Quatrième  centenaire  de 
la  découverte  de  V  Amérique.  Catalogue  des  documents  géographiques  exposés 
à  la  Section  des  cartes  et  plans  de  la  Bibliothèque  nationale  (Paris,  1892,  in-12)  ; 
—  Les  Fuégiens  à  la  fin  du  xvii^  siècle,  d'après  des  documents  français 
inédits  (Paris,  1892,  in-8);  —  Beproduction  de  cartes  et  de  globes,  relatifs  à  la 
découverte  de  V  Amérique,  du  xvi<^  au  xviii*^  siècle,  avec  texte  explicatif 
(Paris,  1894,  in-4  et  atlas  in-fol.),  ouvrage  couronné  par  l'Institut;  —  Choix 
de  cartes  et  de  mappemondes  des  xiv*'  et  xv*^  siècles  (Paris,  1896,  gr.  in-fol.). 
En  outre,  M.  Marcel  a  traduit  de  l'anglais  et  publié  :Xa  Vie  et  les  voyages 
de  Livingstone  (Paris,  1875,  in-16);  Autour  du  monde  de  A.  D.  Carlisle 
(Paris,  1877,  in-12),  et  il  a  donné  une  édition  de  Un  Français  en  Birmanie 
du  comte  de  Mahé  de  la  Bourdonnais  (Paris,  1884,  in-12)  et  de  Mémoire  en 
requête  de  Champlain  pour  la  continuation  du  paiement  de  sa  pension  (Paris, 
1888,   in-12). 

—  Le  célèbre  acteur  Coquelin  aîné  est  mort  le  27  janvier,  dans  la  maison 
de  retraite  de  Pont-aux-Dames  (Seine-et-Oisej,  à  68  ans.  M.  Benoît-Cons- 
tant Coquelin  était  né  le  23  janvier  1845  à  Boulogne-sur-Mer.  Destiné  à 
suivre  la  profession  de  son  père,  qui  était  boulanger,  il  fut  bientôt  entraîné 
vers  le  théâtre  par  une  vocation  irrésistible.  Venu  à  Paris,  il  fut  admis  au 
Conservatoire  en  1859  et  y  devint  un  brillant  élève.  Ayant  obtenu  Tannée 
suivante  le  second  prixde  comédien,  il  débuta  peu  après  au  Théâtre-Français 
et  y  obtint  un  succès  qui  ne  cessa  dès  lors  de  s'accroître.  Nous  n'avons  pas 
à  retracer  ici  la  carrière  de  comédie  de  M.  Coquelin,  mais  nous  devons  rappe- 
ler qu'il  est  l'auteur  d'un  certain  nombre  d'ouvrages  se  rapportant  en 
général  à  la  poésie  et  à  l'art  dramatique,  tels  que  :  U Art  et  le  Comédien 
(Paris,  1880,  in-16)  ;  —  U Arnolphe  de  Molière  (Paris,  1882,  in-16)  ;  —  Molière 
et  le  Misanthrope  (Paris,  1881,  in-16);  —  Un  Poète  du  foyer.  Eugène  Manuel 
(Paris,  1881,  in-16);  —  Un  Poète  philosophe.  Sully  Prudhomme  (Paris, 
1882,  in-16);  —  Tartuffe  (Paris,  1884,  in-16);  —  L'Art  de  dire  le  monologue 
(Paris,  1884,  in-12),  avec  son  frère  Coquelin  cadet;  —  Scène  tirée  de  «  Démo- 
crite  »,  de  Regnard  (Paris,  1887,  in-18);  —  L'Art  du  comédien  (Paris,  1894, 
in-16) 

—  La  Belgique  a  perdu  un  compositeur  et  un  musicologue  de  très  grand 
talent,  M.  Gevaërt,  mort  dernièrement  à  Bruxelles,  à  81  ans.  M.  François- 


-   172 

Auguste  Gevaert  étaitné  à  Huysse,  près  Gandje  31  juillet  1828.  Fils  d'un 
cultivateur,  il  composait  d'instinct,  tout  en  se  livrant  aux  travaux  des 
champs.  Bien  conseillé,  heureusement,  son  père  réussit  à  le  faire  entrer  au 
Conservatoire  de  Gand  et  en  peu  de  temps  le  jeune  Gevaërt  obtenait  le 
premier  prix  d'harmonie  et  celui  de  contrepoint;  puis  le  prix  de  Rome,au 
Conservatoire  de  Bruxelles.  Il  n'avait  alors  que  18  ans.  Peu  de  temps  après, 
il  débutait  en  faisant  jouer  au  théâtre  de  Gand  un  opéra-comique  en  un 
acte,  la  Comédie  à  la  ville,  et  un  opéra  en  trois  actes,  Hugues  de  Zonnerghem. 
De  1849  à  1853,  il  parcourut,  aux  frais  du  gouvernement  belge,  la  France, 
l'Italie,  l'Espagne  et  l'Allemagne,  puis  il  vint  se  fixer  à  Paris,  où  il  écrivit 
Georgette,  pièce  bouffe  (Théâtre  lyrique,  1853);  Le  Billet  de  Marguerite, 
partition  en  trois  actes  (Théâtre  lyrique,  1854);  Les  Lavandières  de  San- 
tarem,  opéra  en  trois  actes  (1856);  Quentin-Durivard  (Opéra-Comique, 1857) ; 
Le  Diable  au  moulin,  en  un  acte  (1859);  Château-Trompette  (1860);  Le  Capi- 
taine Henriot  (1864),  joués  également  à  l'Opéra-Comique,  etc.  En  1867,  il 
fut  nommé  directeur  de  la  musique  à  l'Opéra.  Mais  en  1870,  lorsque  Paris 
fut  menacé  par  les  Allemands, il  quitta  la  France  et  retourna  dans  son  pays 
natal.  L'année  suivante,  à  la  mort  de  Fétis,  il  fut  nommé  directeur  du  Con- 
servatoire de  Bruxelles  et  maître  de  chapelle  du  roi  des  Belges.  En  1872,  il 
devenait  membre  de  l'Académie  de  Belgique  et,  le  18  janvier  1873,  il  était 
élu  associé  étranger  de  notre  Académie  des  beaux-arts,  en  remplacement 
de  Mercadante.  M.  Gevaërt,  qui  était  dans  le  domaine  de  la  musique  un 
érudit  de  premier  ordre, a  publié  un  certain  nombre  d'ouvrages  dont  plusieurs 
jouissent  d'une  très  grande  estime  dans  le  monde  savant  et  font  autorité. 
En  voici  les  titres  :  Traité  général  d'instrumentation  (Gand,  1864,  gr.  in-8); 
--  Traité  de  composition,  les  gloires  de  Vltalie,  chejs-d'' œuvre  de  la  musique 
vocale  italienne  (Gand,  1868,  in-8)  ;  —  Histoire  et  théorie  de  la  musique  de  Van- 
tiquité  (Gand,  1875-1881,  2  vol.  gr.  in-8),  ouvrage  capital,  où  tous  les  docu- 
ments concernant  la  théorie  musicale  des  Grecs  anciens  sont  magistralement 
exposés;  —  Nouveau  Traité  d'instrumentation  (Paris,  1886,  in-4);  —  Cours 
méthodique  d'orchestration  (Paris,  1890,  in-4);  — Les  Origines  du  chant  litur- 
gique de  V Église  latine.  Étude  d'histoire  musicale  (Paris,  1890,  in-4);  —  La 
Mélopée  antique  dans  le  chant  de  V Église  latine  (Paris,  1895-96,  gr.  in-8);  — 
La  Musique,  V  Art  du  xix^  siècle  (Gand,  1896,  in-4);  —  Les  Problèmes  musi- 
caux d'Aristote  (Gand,  1899-1903,  in-8),  avec  J.-C.  Vollgraff. 

—  Un  des  plus  remarquables  poètes,  romanciers  et  auteurs  dramatiques 
de  l'Allemagne,  M.  de  'V\'ildenbruch,  est  mort  à  Berlin,  le  15  janvier,  à  64  ans. 
M.  Ernst  Adam  von  Wildenbruch  était  né  le  3  février  1845,  à  Beyrouth 
(Syrie),  où  son  père  était  consul  général  de  Prusse.  Appartenant  à  la  famille 
des  Hohenzollern  par  son  grand-père  paternel,  le  prince  Louis-Ferdinand 
de  Prusse,  fils  lui-même  de  Frédéric-Guillaume  II,  il  était  par  conséquent 
un  cousin  de  l'empereur  Guillaume  IL  Après  avoir  suivi  son  père  dans  ses 
différents  postes,  par  exemple  à  Athènes  et  à  Constantinople,  il  vint  en 
Allemagne  à  l'âge  de  douze  ans  et  fit  ses  études  à  Halle,  à  Berlin  et  à  l'École 
des  cadets  de  Potsdam.  Officier  dans  l'armée  prussienne,  il  fit  les  campagnes 
de  1866  et  de  1870.  Mais,  utilisant  les  études  de  droit  que,  dans  l'intervalle, 
il  avait  faites  à  Berlin,il  abandonna  la  carrière  militaire  et  fut  successivement 
juge  et  attaché  au  ministère  des  affaires  étrangères.  Il  renonça  enfin  à  toute 
fonction  pour  se  livrer  exclusivement  à  la  littérature.  L'œuvre  de  M.  de 
Wildenbi'uch,  dans  le  domaine  de  la  poésie,  du  roman  et  du  théâtre,  est 
considérable.  C'est  ainsi  qu'on  lui  doit  les  volumes  de  vers  et  les  nouvelles 
dont  voici  les  titres:  Die  Philologen  am  Parnasse  (Berlin,  1868,  in-8); — Die 


173    - 

Sôhne  der  SihyUei}  und  yornen  (Berlin,  1872,  in-8);  —  Vionville  (Berlin, 
1874,  in-8);  —  Sedan  (Francfort,  1875,  in-8);  —  Lyrische  Gedichte  (Berlin, 
1877,  in-8);  —  Der  Meister  von  Tanagra  (Berlin,  1885,  in-8);  —  Novellen 
(Berlin,  1883,  in-8);  —  Dichtungen  und  Balladen  (Berlin,  1884,  in-8);  — 
Kinderthraenen  (Berlin,  1884,  in-8);  — Das  neiie  Gebot  (Berlin,  1886,  in-8); — 
Humoresken  und  anderes  (Berlin,  1886,  in-8);  etc.  Parmi  les  pièces  qu'il  a 
données  au  théâtre,  nous  citerons  :  Auf  der  Hohenschule,  drame  (1874);  — • 
Harold,  drame  (1883);  —  Opfer  und  Opfer,  tragédie  (1883);  —  Generalfel- 
doherst,  tragédie  (1883);  —  Die  Haubenlerche  (1890);  — Der  Neue  Herr, 
drame  historique  et  politique  (1891);  — Das  Heilige  Lachen  (1892),  etc. 
Son  dernier  succès  a  été  la  Rabensteinerin,  dont  une  traduction  doit  être  jouée, 
paraît-il,  prochainement  à  Paris. 

—  On  annonce  encore  la  mort  de  MM.  le  général  Victor-Joseph  Altmayer, 
qui  a  publié,  entre  autres  ouvrages,  un  Manuel  de  connaissances  militaires 
(1873)  et  une  Étude  sur  le  service  des  troupes  en  marc/ie(  1876),  mort  à  Limoges, 
où  il  commandait  le  12^  corps  d'armée,  le  l^r  décembre  dernier,  à  l'âge  de 
64  ans;  —  le  D"^  Audouin,  médecin  principal  de  la  marine  en  retraite,  biblio- 
thécaire de  la  ville  de  Piochefort,  mort  au  commencement  de  janvier,  à 
67  ans;  — Jules  Berranger,  doyen  de  la.presse  départementale, connu  comme 
critique  musical,  mort  à  Rennes,  à  la  fin  de  novembre,  à  l'âge  de  86  ans; — 
M'"e  Camille  Bias,  doyenne  des  femmes  de  lettres,  morte  en  décembre,  à 
l'âge  de  85  ans;  —  Armand  Billard,  éditeur  parisien,  mort  à  Paris,  au 
commencement  de  janvier,  à  70  ans;  —  Fernand  Bournon,  ancien  archi- 
viste du  département  de  Loir-et-Cher  et  de  la  ville  de  Saint-Denis  (Seine), 
collaborateur  du  Journal  des  Débats,  co-directeur,  avec  M.  Mareuse,  de  la 
Correspondance  historique  et  archéologique,  auquel  on  doit  divers  ouvrage», 
notamment  :  Paris.  Histoire;  Monuments;  Administration;  Environs  de 
Paris  (Paris,  1887,  in-8),  et  Patite  Histoire  de  Paris,  à  Vusage  de  renseigne- 
ment primaire  (Paris,  1888,  in-12),  et  qui  a  rédigé,  en  1893,  la  Table  ana- 
lytique de  la  nouvelle  édition  de  VHistoire  de  la  ville  et  du  diocèse  de  Paris, 
de  l'abbé  Lebeuf;  —  Delaroy,  le  doyen  de  la  presse  landaise,  directeur 
du  Journal  des  Landes,  à  l'aide  duquel,  pendant  près  d'un  demi-siècle,  il  a 
vigoureusement  combattu  pour  l'Eglise  et  pour  la  France,  mort  à  Mont-de- 
Marsan,  au  commencement  de  janvier;  —  Henri  Demesse,  mort  derniè- 
rement à  55  ans,  lequel  a  collaboré  à  divers  journaux  parisiens  et  publié 
un  grand  nombre  de  ces  romans  et  pièces  de  théâtre  qui  n'ont  eu  qu'un  succès 
transitoire,  tels  que  :  Gant-de-fer  (Paris,  1883,  in-12);  Partie  troublée, 
comédie  en  un  acte  (Paris,  1884,  in-12);  LesVices  de  M.  Benoît  (Paris,  1884, 
in-12);  La  Vénus  de  bronze  (Paris,  1887,  in-12);  Les  Mères  rivales,  drame  en 
cinq  actes  (Paris,  1889,  in-12);  — Dréolle,  ancien  rédacteur  au  Journal 
des  Débats,  mort  au  Chesnay,  près  Versailles,  à  la  fin  de  décembre,  à  l'âge 
de  81  ans;  —  le  D''  Georges-Marie  Félizet,  secrétaire  général  de  la  Société 
de  chirurgie,  à  qui  l'on  doit  notamment  un  ouvrage  sur  le  Mécanisme  des 
fractures  du  crâné  (1873)  et  des  Études  de  chirurgie  infantile  (1894),  mort  à 
Paris,  le  19  novembre  dernier,  dans  sa  64^  année; — Emile  Hornez,  le  poète 
et  chansonnier  lillois,  mort  à  Lille,  au  milieu  de  janvier,  à  69  ans; —  Célestin 
Hy,  auteur  du  Calendrier  perpétuel,  mort  à  Angers,  au  milieu  de  janvier,  à 
81  ans;  —  Alphonse  Legoux,  ancien  doyen  de  la  Faculté  des  sciences  de 
Toulouse,  mort  au  milieu  de  janvier,  à  63  ans;  —  le  D""  Justin  Lemaitre, 
correspondant  de  l'Académie  de  médecine,  mort  à  Limoges,  au  milieu  de 
décembre;  —  René  Le  Parquier,  censeur  honoraire  des  études  au  lycée 
de  Coutances,  mort  dans  cette  ville,  au  commencement  de  janvier,  à  76  ans; 


—  17i  — 

— ■  Albert  Mérat,  sous-bibliothécaire  du  palais  du  Luxembourg,  mort  à 
Paris,  dans  le  courant  de  janvier,  à  67  ans,  lequel  a  collaboré  au  livre  de 
Verlaine  :  Avril,  mai,  juin  (Paris,  1863)  et  a  publié  lui-même  quelques 
volumes,  tels  que  :  Les  Chimères.  Sonnets.  Le  Livre  de  Vannée.  Tableau  de 
voyage.  Fleurs  de  Bohême  (Paris,  1866,  in-12)  et  les  Villes  de  marbre,  poèmes 
(Paris,  1869,  in-12);  —  Perceval  de  Loriol  Le  Fort,  connu  par  ses 
paiblications  géologiques  et  paléontologiques,  mort  à  la  fin  de  décembre;  — 
Charles  Sandoz,  qui  a  raconté,  comitte  officier  de  mobiles,  ses  souvenirs  de 
guerre  dans  une  brochure  intitulée  :  Opérations  militaires  dans  les  montagnes 
du  Haut-Doubs,  pendant  la  campagne  1870-1871  (Besançon,  1895,  in-12)  et 
a  publié  une  fort  intéressante  étude  sur/es  Horloges  et  les  maîtres  horlogeurs 
à  Besançon  ,  du  xv^  siècle  à  la  Révolution  /ronf aise  (Besançon,  1905,  in-8),  mort 
à  Besançon,  le  20  décembre,  à  Tâge  de  61  ans;  —  Saturnin  Vidal,  ancien 
doyen  de  la  Faculté  catholique  de  droit,  mort  à  Toulouse,  au  milieu  de  dé- 
cembre, à  89  ans; 

—  A  l'étranger  on  annonce  la  mort  de  MM.  :  T.  H.  Aschehoug,  juriste, 
économiste,  journaliste  et  homme  politique  norvégien,  mort  le  20  janvier, 
à  86  ans,  lequel  a  publié  divers  ouvrages  de  droit  et  d'économie  politique 
très  estimés;  —  Henri  Banning,  qui,  ayant  dirigé  pendant  un  certain 
nombre  d'années  V Illustration  catholique  de  Bois-le-Duc,  avait  la  réputation 
d'être  le  plus  grand  des  romanciers  des  Pays-Bas,  mort  à  Vught-lez-Bois-le- 
Duc,  le  10  janvier,  à  l'âge  de  90  ans;  —  John  L.  Bashford,  journaliste 
anglais,  professeur  à  l'Université  de  Berlin,  correspondant  des  journaux 
The  Westminster  Gazette  et  The  Daily  Telegraph,  mort  à  Bridport,  à  la  fin 
de  décembre;  —  Dr.  Adam  Belcikowski,  professeur  au  gymnase  de  Var- 
sovie, chargé  de  cours  à  l'Université  de  Cracovie,  auteur  de  diver.s  ouvrages 
et  d'articles  sur  la  littérature  polonaise  parus  dans  V Athenaeum  de  Londres, 
mort  le  12  janvier,  à  69  ans;—  le  P.  Béringer,  de  la  Compagnie  de  Jésus, 
originaire  de  Mayence,  dont  le  célèbre  Traité  des  indulgences  a  eu  quatorze 
éditions  en  Allemagne,  et  quatre  dans  la  version  française,  mort  au  milieu 
de  janvier,  au  collège  germanique  de  Rome,  à  71  ans;  —  Théophile  Bormaxs, 
jurisconsulte  belge,  qui  a  pviblié,  entre  autres  ouvrages,  un  Commentaire  de 
la  loi  sur  la  compétence  civile,  un  Répertoire  des  constructions  et  a  aussi  écrit 
plusieurs  pièces  en  langue  wallonne,  mort  en  janvier;  —  Dr.  C.  Brusa,  pro- 
fesseur de  droit  criminel  à  l'Université  de  Turin,  mort  à  Rome,  le  14  décem- 
bre, à  65  ans;  —  Anton  Semjonovitch  Budilovitch,  professeur  de  philo- 
logie slave  à  Saint-Pétersbourg,  mort  en  cette  ville,  le  25  décembre,  à  63  ans  ; 
—  A. -G.  Butler,  professeur  au  collège  anglais  de  Rugby,  mort  en  janvier, 
lequel  laisse  :  The  Three  Friends  :  a  Story  of  Rugby  in  the  Forties,  The  Choice 
of  Achilles,  and  other  Poems,  ainsi  que  deux  drames  historiques  ;  —  Emil 
Egli,  professeur  d'histoire  de  l'Eglise  à  Zurich,  mort  en  cette  ville,  le  31 
décembre,  à  60  ans,  lequel  est  l'auteur  d'ouvrages  appréciés,  tels  que  : 
Kirchen geschichte  der  Schweiz  bis  auf  Karl  d.en  Grossen  (Zurich,  1893,  in-8) 
et  Zwinglis  Tod  nach  seiner  Bedeutung  jilr  Kirche  und  Vaterland  (Zurich, 
1893,  in-8); — Reginald  S.  Faber,  bibliographe  anglais,  ancien  secrétaire 
de  la  «  Huguenot  Society  »,  mort  le  18  décembre,  à  60  ans;  —  Robert- Jean 
Fabri,  sculpteur,  professeur  à  l'École  industrielle  d'Anvers,  mort  en  cette 
ville, au  commencement  de  janvier,  à  l'âge  de  70  ans;  —  Jean-Baptiste  ï>v 
Fief,  professeur  honoraire  à  l'Athénée  royal  de  Bruxelles,  secrétaire  général 
de  la  Société  royale  belge  de  géographie,  dont  les  traités  de  géographie  ont 
été  adoptés  dans  l'enseignement  en  Belgique,  mort  à  Bruxelles,  le  13  décem- 
bre, à  l'âge  de  80  ans;  —   Syed  Mahomed  Abdul  Ghafur,  plus  connu  sous 


—  175  — 

le  nom  de  professeur  Sbahbaz,  écrivain  hindou  des  plus  distingués,  mort 
dernièrement  à  Calcutta,  lequel  a  publié  plusieurs  ouvrages  fort  estimés  et 
éditait  le  premier  journal  liindou,  Darul- Sultan  ut;  —  Dr.  Wolcott  Gibbs, 
l'éminent  professeur  de  chimie  de  l'Université  Harvard,  aux  États-Unis, 
connu  pour  les  remarquables  travaux  par  lesquelles  il  a  fait  progresser  la 
chimie  analytique,  mort  au  commencement  de  janvier;  —  Ludwig  Habicht, 
nouvelliste  allemand,  mort  dernièrement  à  Amalfi,  en  Italie,  à  79  ans, 
lequel  laisse  divers  romans,  tels  que  :  Zut^r  schein.  Erzaehlung  aus  dem 
Fo/A-s/e(f>e'n  (Leipzig,  1886,  in-8)  et  Am  Gardasee  (Leipzig,  1890,  in-8);  -— 
George  Washington  Hough,  astronome  américain  de  grand  renom,  profes- 
seur d'astronomie  à  ^'Université  du  Nord-Ouest  d'Evanston,  près  Chicago, 
et  directeur  de.  l'Observatoire  Dearborn  de  la  même  ville,  auteur  de  nom- 
breux mémoires  parus  dans  V Astronomical  Journal  de  Boston,  dans  le 
Bulletin  de  la  Société  astronomique  de  Chicago  et  dans  les  Monthly  Notices 
de  la  Société  royale  astronomique  de  Londres,  mort  dernièrement,  à  73  ans; 

—  Hermann  Iahnke,  fondateur  et  président  de  l'Association  allemande 
des  auteurs  de  livres  d'enseignement  scolaire,  qui  laisse  un  certain  nombre 
d'ouvrages  écrits  en  bas-allemand  et  un  volume  sur  Bismarck ,  qui  a  eu 
beaucoup  de  succès,  mort  à  Poetscha,  près  de  Wehlen,  en  décembre,  à 
63  ans;  —  le  P.  Arnold  Janssen,  originaire  de  Goch,  dans  le  duché  de 
Clèves,  ancien  professeur  au  collège  ecclésiastique  de  Bocholt  en  Westphaliç, 
lequel  avait  fondé,  en  plein  Kulturkampf,  à  Steyl  en  Hollande,  une  société 
de  missionnaires  allemands,  mort  dernièrement  en  cette  ville,  à  72  ans;  — 
Nikolaï  Nikolaïevitch  Karasin,  dessinateur  et  écrivain  russe  de  valeur, 
mort  à  Saint-Pétersbourg,  le  19  décembre,  à  67  ans,  lequel  avait  fourni  de 
nombreuses  illustrations  à  diverses  revues  russes  et  laisse  plusieurs  récits 
d'aventures  dont  les  sujets  sont  empruntés  aiix  conquêtes  des  Russes  dans 
l'Asie  centrale;  —  Georg  Krusé,  auteur  dramatique  allemand,  ancien 
directeur  du  Théâtre  national  de  Berlin,  mort  en  cette  ville,  en  décembre, 
à  79  ans,  auquel  on  doit  diverses  pièces  de  théâtre,  pubhées  sous  le  pseudo- 
nyme de  Silesius,  notamment  Sie  weint  (Berlin,  1891,  in-8)  et  Sie  ist  stumm 
(Berlin,  1894,  in-8);  —  Dr.  Lindemaînn,  directeur  de  l'École  de  commerce 
d'Osnabruck  en  Westphalie,  mort  en  cette  ville,  le  21  décembre;  —  J.  G. 
LoERscHER,  missionnaire  connu  comme  sinologue,  mort  à  Bâle,  en  décem- 
bre; —  le  T.  R.  P.  Henri-M.  Lucq,  ,  prieur  des  dominicains  de  Bruxelles, 
provincial,  à  deux  reprises,  de  son  ordre  pour  la  Belgique,  à  qui  l'on  doit 
une  Histoire  du  Très  Saint  Sacrement  de  miracle,  de  Bruxelles,  mort  à 
Bruxelles,  en  janvier,  dans  sa  72<^  année;  —  Thomas  Mckie,  écrivain  anglais, 
qui  fut  l'ami  de  Carlyle  et  qui  a  publié,  entre  autres  volumes  :  Lyrics  and 
Sonnets  et  Summer  Ramhles,  mort  le  22  décembre,  à  Edimbourg,  à  78  ans; 

—  l'abbé  MÉvis,  professeur  au  petit  séminaire  de  Matines,  mort  le  3  janvier, 
à  l'âge  de  36  ans;  —  Dr.  Hermann  Minkowski,  professeur  de  mathéma- 
tiques à  l'Université  de  Goettingue,  mort  dernièrement  en  cette  ville;  — 
Donald  G.  Mitchell,  écrivain  américain,  ancien  consul  des  États-Unis  à 
Venise,  mort  dernièrement  à  86  ans,  lequel,  continuant  la  tradition  de 
Washington  Irving, avait  publié  quelques  volumes  dans  le  genre  sentimental, 
tels  que  Dream  Life  et  Rêveries  of  a  Bachelor;  —  le  major  anglais  Percy 
B.  MoLESwoRTH,  astrouome,  connu  par  les  observations  planétaires  qu'il 
a  faites  à  Trikomali,  dans  l'île  de  Ceylan,  où  il  était  en  garnison,  mort  der- 
nièrement à  42  ans; —  Dr.Josef  Pernter,  professeur  de  météorologie  à  l'Uni- 
versité de  Vienne,  mort  à  Arco,  dans  le  courant  de  décembre,  à  61  ans;  — 
Ugo  Pesci,  journaliste  et  écrivain  italien,  qui  avait  joué  un  rôle  politique 


-  176  - 

important  vers  1870  et  a  publié  plusieurs  volumes  intéressants,  tels  que 
Firenze  Capitale  et  Roma  Capitale,  mort  dernièrement  à  Bologne;  —  Dr. 
Franz  von  Preuschen  von  Liebenstein,  professeur  de  gynécologie  à  l'Uni- 
versité de  Greifswald,  mort  en  cette  ville,  au  commencement  de  janvier, 
à  64  ans;  —  Karl  Rethwisch,  poète  allemand,  mort  à  Altona,  le  14  janvier, 
à  70  ans,  lequel  laisse  plusieurs  volumes  écrits  en  bas-allemand,  parmi 
lesquels  les  plus  connus  sont  :   Knospen   et  Weinachtsbilder;  —  Wilhelm 
ScHAEFER,    ancien   professeur   d'économie    politique   à   l'École    technique 
supérieure  de  Hanovre,  mort  en  cette  ville,  le  16  décembre,  à  75  ans,  lequel 
laisse  plusieurs  ouvrages,  notamment  :  Lehrbuch  der  Milchwirtschajt.  Ein 
Leitfaden  fiir  den  Unterricht  an  milchwirtschaftlichen  und  landwirtschaftlichen 
Lehranstalten  (Stuttgart,  1892,  in-8),  et  Lehrbuch  der  Hauswirtschaft.  Ein 
Leitfaden   fiir   den    Unterricht   an   Hausaltungsschulen    un   zweckverwandten 
Lehranstalten  (Stuttgart,  1893,  in-8);  —  Dr.  Gustav-Heinrich  Schneideck, 
écrivain  allemand,  mort  dernièrement  à  Berlin,  lequel  a  publié  un  certain 
nombre  de  poèmes  et  de  romans,  entre  autres  :  Neue  Berliner  Maerchen 
(Leipzig,  1892,  in-8),  Ijn    Osten  Berlins.  Ein  zozialistiches  Roman  (Leipzig, 
1892,  in-8)  et  Berliner  Tracuniereien  (Berlin,  1893,  in-8);- — Harry  Govier 
Seeley,  ancien  professeur  de  géologie  au  «  King's  Collège  »  de  Londres 
et  au  «  Royal  Indian  Engineering  Collège  >'  de  Cooper's  Hill,  dont  les  nom- 
breux ouvrages  de  géologie,  principalement  sur  les  fossiles,  sont  très  estimés, 
mort  dernièrement  à  Londres,  à  70  ans;  —  Friedrich  SchOtz,  journaliste 
viennois,  qui  pendant  de  longues  années  fut  un  des  principaux  rédacteurs 
de  la  Neue  Freie  Presse,  mort  dernièrement  à  Vienne,  à  63  ans;  — -  Charles 
Tardieu,  un  des  membres  les  plus  en  vue  de  la  presse  belge,  directeur  de 
V Indépendance  belge  jusqu'en  1903,  ancien  directeur  de  la  revue  parisienne 
Y  Art,  ancien  correspondant  du  Temps  à  Bruxelles,  membre  de  l'Académie 
royale  de  Belgique,  mort  à  Bruxelles,  le  17  janvier,  à  71  ans;  —   le  comte 
Salias  de  Tournemir,  romancier  russe,  mort  à  Moscou,  le  17  décembre,  à 
66  ans;  —  Karl  Vollers,  orientaliste  allemand,  professeur  de  philologie  à 
l'Université  d'Iéna,  mort  en  cette  ville  le  5  janvier,  à  51  ans,  lequel  laisse 
les  volumes  suivants  :    Volkssprache  und  Schriftsprache  ini  alten  Arabien 
(Strasbourg,  1906,  in-8)  et  Katalog  der  islamischen  christlich-orientalischen , 
judischen    und    samaritanischen    H andschriften    der    Universitnts-Bibliothek 
zu  Leipzig  (Leipzig,  1906,  in-8)  ; — ■  Aloïs  Walgraeve,  artiste  peintre, qui  s'est 
fait  une  place  dans  les  lettres  flamandes  en  publiant  une  série  de  romans  qui 
comptent  parmi   les   meilleurs   ouvrages   populaires,   mort   à   Heyst-sur- 
Mer,  au  commencement  de  janvier. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres.  — 
Le  18  janvier,  M.  Besnier  lit  un  rapport,  accompagné  de  photographies, 
sur  des  nécropoles  romaines  découvertes  auprès  de  Tanger.  • —  M.  Pinart 
lit  un  rapport  de  M.  le  docteur  Vaillant  au  sujet  des  fouilles  de  MM. 
Pelliot  et  Nonetti  en  Asie  centrale.  —  M.  Loth  parle  d'un  calendrier 
gaulois  trouvé  à  Coligny.  — Le  11,  M.  Cordier  prononce  l'éloge  de  M.  de 
Boislisle,  récemment  décédé.  —  M.  Bouehé-Leclercq  lit  une  note  exposant 
la  méthode  employée  par  M.  Foucart  dans  la  composition  de  son  ouvrage 
sur  r Histoire  des  religions.  —  Le  22,  M.  Cagnat  explique,  au  nom  de  M.  de 
Merlin,  des  inscriptions  découvertes  sur  le  chemin  de  Ghadames,  et  rela- 
tives à  un  fortin  établi  au  temps  de  Septime  Sévère.  —  M.  M.  Roy 
établit  que  le  Livre  de  fortune  publié  par  M.  Lalanne,  est  l'œuvre  du  second 
des  Cousin.  —  M.  S.  Reinach  lit  un  travail  de  MM.  Piroutet  et  Déchelette  au 
sujet  des  fouilles  pratiquées  à  Salins  dans  le  Jura. 


—  177  — 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  sciexces  morales  et  politiques. 

—  Le  9  janvier,  MM.de  Foville  et  Stourm  prononcent  les  allocutions  d'usage 
iors  du  changement  de  président.—  Le  16,  M.  Maurice  Bellom  lit  un  mémoire 
sur  le  Juste  Salaire  qui,  sous  les  auspices  de  la  liberté,  doit  résulter,  d'après 
lui,  de  la  pratique  de  l'indépendance  des  contrats  par  une  combinaison 
■de  l'assurance  des  ouvriers  contre  le  chômage  et  des  patrons  contre  la  grève. 

—  Le  23  ,M.  d'Haussonville  lit  un  mémoire  sur  le  travail  des  femmes  à  domi- 
cile. —  Le  30,  MM.  Paul  Leroy-Beaulieu  et  Passy  discutent  les  conclusions  de 
M.  le  comte  d'Haussonville. 

Concours.  —  La  Faculté  juridique  et  économique  de  l'Liniversité  de  Fri- 
bourg  en  Brisgau  met  au  concours,  pour  le  prix  Rudolf  Schleiden  (1.250  fr.), 
une  étude  sur  l'influence  exercée  par  la  philosophie  classique  de  l'Allemagne 
sur  la  science  économique  au  xix^  siècle. 

Prix.  —  Voici  la  liste  des  prix  décernés  le  26  novembre  1908,  au  cours 
de  la  séance  publique  de  l'Académie  française. 

Prix  d'éloquence  (4.000  francs).  —  Sujet  :  Un  Discours  sur  Taine. 
Prix  de  3.000  francs  à  M.  Charles  Picard  et  un  prix  de  1 .000  francs  à  M.  A. 
Ferey.  ■ — Une  mention  à  M.  Codorniu. 

Prix  Montyon  (19.500  francs).  —  Quatre  prix  de  1.000  francs  :  L'Alerte 
par  M.  Pierre  Baudin;  —  Christian  Garnier  (1872-1898).  par  Dom  Paul 
Denis;  —  iSeuf  ans  à  Madagascar,  par  M.  le  général  Galliéni;  —  Explo- 
rations au  Maroc,  par  M.  Louis  Gentil. 

Trente  et  un  prix  de  500  francs  :  Le  Désir  de  vivre,  par  ]M.  Paul  Acker;  — - 
Le  Lieutenant  de  Trémazan.  Un  Officier  de  VEst,  par  M.  Pierre  d'Aulnoye;  — 
Londres  et  la  vie  à  Londres,  par  M.  F.  de  Bernliardt;  —  L'Invasion^  par 
M.  Louis  Bertrand;  —  Isographie  de  F  Académie  française,  par  M.  R.  Bon- 
net;—  Gréard.  Un  moraliste  éducateur,  par  M"e  p.  Bourgain; — Le  Pardon 
du  grand-père,  par  M^^^  Julie  Borius;  —  Une  Amoureuse,  par  W^^  Bouyer- 
Karr;  —  De  Port- Arthur  à  Tsou-Chima,  par  M.  Marc  des  Courtis;  —  Sous 
le  ciel  gris,  par  M.  Simon  Davaujour;  —  Maître  Josias,  par  M^'e  Marie 
Diemer;  —  Vie  de  William  Hazlitt  V essayiste,  par  M.  Jules  Douady;  — 
Heures  d'Ombrie,  par  M.  Gabriel  Faure;  —  Souvenirs  et  impressions  de 
1870-1871,  par  M.  Gustave  Fautras; —  Un  Soldat.  Le  Lieutenant  Burtin 
(1874-1905),  par  Je  commandant  de  Fonclare;  —  Sur  quelques  idéalistes 
par  M.  Gaillard  de  Champris;  —  Espagne,  impressions  de  voyage  et  d'art, 
par  ]\L  H.  CTuerlin;  —  Souvenirs  d'hier.  Rome.  Gascogne,  par  M.  Fernand 
Laudet;  —  La  Grande  Ile  de  Madagascar,  par  M.  Marins  Ary-Leblond  ;  — 
Frère  et  sœur,  par  M.  Victor  Lesté; —  Ames  de  soldats,  par  le  commandant 
Le  Tersec;  -  -  Quarante  bêtes,  par  M.  Pierre  Louit;  —  Les  Vies  nécessaires, 
par  M.  Georges  Maze-Sencier;  —  Étude  sur  la  pensée  scientifique  chez  les 
Grecs  et  chez  les  modernes,  par  M.  G.  îMilhaud;  —  Fantasias,  par  ]\L  Max 
de  Nansouty;  —  Souvenirs  d'un  engagé  volontaire  (Belfort,  1870-1871) 
par  i\L  ]\larcel  Poilay;  —  La  Marquise  de  Lage  de  Volude  (1764-1842),  par 
M"^fi  de  Reinach-Foussemagne  ;  —  Pour  nos  soldats,  par  le  capitaine  Romain  ; 
—  L'Évolution  du  théâtre  contemporain,  par  MM.  Alphonse  Séché  et  Jules 
Berthaut;  —  Les  Sentiers  de  l'amour,  par  M.  Abert-Émile  Sorel;  —  Une 
Française  au  Maroc,  par  M"»"^  Mathilde  Zeys. 

Prix  Juteau-Duvigneaux  (2.000  francs).  —  Un  prix  de  1.000  francs.  Le 
Cœur  et  ses  richesses,  par  M.  le  chanoine  Lenfant;  —  Deux  prix  de  500  francs 
(%acun  :  L'Abbé  Camille  Rambaud,  de  Lyon,  par  M.  Joseph  Biiche;  — 
Saint-Martin  (316-397),  par  M.  Adolphe  Régnier. 

Prix  Sobricr- Arnould  (2.000  francs).  —  Un  prix  de  1.000  francs  à  M. 
Fkvrieu  1909.  T    cxv.  12. 


—  178  — 

Albert  Cim,  pour  :  Le  Livre.  —  Deux  prix  de  500  francs  chacun  :  Robin- 
sons  sous-marins,  par  le  capitaine  Danrit;  —  Le  Théâtre  au  collège,  du 
moyen  âge  à  nos  jours,  par  M.  L.-Y.  GoRîot. 

Prix  Furtado  (de  Bayonne)  (1.000  francs). —  Deux  prix  de  500  francs 
chacun  :  à  M.  de  Maricourt  :  Madame  de  Souza  et  sa  famille;  —  à  M.  Aloys 
de  [Molin  :  Les  Procès  de  M.  de  Montyon  dans  le  canton  de  Vaud. 

Prix  Fabien  (3.200  francs).  • —  Deux  prix  de  600  francs  chacun  :  La  Vie 
à  In  campagne,  par  M.  Cunisset-Carnot  ;  —  La  Chine  novatrice  et  guerrière, 
par  M.  le  capitaine  d'Ollone. —  Quatre  prix  de  500  francs  chacun  :  L'Aurore 
australe,  par  M.  Biard  d'Aunet.  —  Le  Pérou  contemporain,  par  M.  Garcia 
Calderon;  , —  Histoire  de  la  commune  du  Tronquai/,  par  M.  L.  Legras.  — 
Le  Pérou  économique,  par  M.  Walle. 

Prix  Charles  Blanc  (1.800  francs).  —  Un  prix  de  800  francs  à  M.  Jules 
Comharieu  :  La  Musique,  ses  lois,  son  évolution.  ■ —  Deux  prix  de  500  francs 
chacun  :  Un  Romantique  sous  Louis- Philippe,  Hector  Berlioz  (1831-1842), 
par  ^I.  Adolphe  Boschot;  —  Baphaël,  par  M.  Louis  Gillet. 

Prix  Gobert  (10.000  francs).  —  Le  grand  prix  à  M.  Camille  Jullian  : 
Histoire  de  la  Gaule;  —  le  second  prix  à  M.  Paul  Courteaidt  :  Biaise  de 
Montluc,  historien. 

Prix  Thérouanne  (4.000  francs).  —  Deux  prix  de  1.000  francs  chacun  : 
La  Russie  et  le  Saint-Siège  (études  diplomatiques),  par  Isl.  l'abbé  Pierling;'  — 
Règne  de  Charles  III  d'Espagne  (1759-1788),  par  M.  François  Rousseau.  — 
Quatre  prix  de  500  francs  chacun  :  U Architrésorier  Lebrun,  gouverneur 
de  la  Hollande  (1810-1813),  par  M.  de  Caumont  La  Force;  —  Mandrin,  par 
M.  Funck-Brentano; —  Paul  I^^  de  Russie  avant  V avènement  (1754-1796), 
par  M.  Pierre  Morane  ;  —  L'Europe  et  la  Résurrection  de  la  Serbie  (1804-1834), 
par  M.  Grégoire  Yakschitch. 

Prix  Halphen  (2.000  francs).  —  Quatre  prix  de  500  francs  chacun  : 
M'illiam  Blake,  mysticisme  et  poésie,  par  M.  P.  Berger;  —  Littérature  italienne, 
par  M.  Henri  Hauvette; —  Un  Poète  réaliste  anglais.  George  Crabbe  (1754- 
1832),  par  M.  R.  Huchon; —  Un  Évêque  assermenté  (1790-1802),  Le  Coz, 
évêque  d' I lie- et- Vilaine,  par  M.  l'abbé  Roussel. 

Prix  Bordin  (3.000  francs).  —  Un  prix  de  1 .000  francs  à  M.  Louis  Dela- 
ruelle  :  Guillaume  Budé.  —  Quatre  prix  de  500  francs  cli,acun  :  La  Théorie 
de  Vart  pour  Vart,  par  M.  Albert  Cassagne;  —  La  Poésie  amoureuse  de  la 
Renaissance  italienne,  par  M.  de  Gubernatis;  —  Molière  et  V Espagne, ]iav 
]\I.  Guillaume  Huszar;  —  Les  Philosophes  grecs.  Socrate.  Aristote.  Platon, 
|iar  ]\L  Clodius  Piat. 

Prix  Marcelin  Guérin  (5.000  francs).  —  Un  prix  de  1.000  francs  à  M. 
Christian  ^laréchal  :  Lamennais  et  Victor-Hugo.  Lamennais  et  Lamartine. 
—  Huit  prix  de  500  francs  chacun  :  La  Comtesse  de  Mirabeau  (1752-1800), 
par  M.  Dauphin  Meunier;  —  La  Légende  de  Don  Juan,  par  M.  Gendarme 
de  Bévotte;  —  La  Louisiane  sous  la  Compagnie  des  Indes  (1717-1731),  par 
M.  Pierre  Heinrich;  —  La  Manœuvre  de  Lutzen  (1813),  par  M.  le  colonel 
Lanrezac;  —  Théodore  de  Neuhoff,  roi  de  Corse,  par  M.  André  Le  Glay;  — 
La  Bérénice  de  Racine,  parM.  G.  Michaut; —  La  Philosophie  de  V  impérialisme, 
par  M.  Ernest  Seillière;  —  Le  Conseiller  François  Tronchin  et  ses  amis,  par 
M.  Henry  Tronchin. 

Prix  Guizot  (3.000  francs).  —  Un  prix  do  1.000  francs  à  M.  Etienne 
Dejean  :  Un  Préfet  du  Consulat,  Jacques-Claude  Beugnot.  —  Quatre  prix 
de  500  francs  chacun  :  Ralph-Waldo  Emerson,  sa  vie  et  son  œuvre,  par 
Mlle  Dugard;  —  Psychologie  de  deux  Messies  positivistes  :  Saint-Simon  et 


—  170    - 

Auguste  Comte,  par  M.  Georges  Dumas;  —  Le  Poète  J.-F.  Regnard  en  son 
chasteau  de  Grillon,  par  M.  Joseph  Guyot;  —  Venise  au  dix-huitième  siècle, 
par  M.  Philippe  Monnier. 

Prix  Langlois  (2.000  francs).  —  Un  prix  de  800  francs  :  La  Reine  Victoria 
(Correspondance  inédite),  traduit  par  M.  Jacques  Bardoux.  —  Un  prix  de 
700  francs  :  Newman.  Grammaire  de  V assentiment,  traduit  par  M"""  Gaston 
Paris.  —  Un  prix  de  500  francs  :  Johan  Bojer.  La  Puissance  du  mensonge, 
traduit  par  M.  Guy-Cliarles  Gros. 

Prix  Saintaur  (3.000  francs).  — ■  Deux  prix  de  1.000  francs  cha  un  : 
]'etit  Glossaire  des  classiques  français  du  dix-septième  siècle,  par  M.  Edmond 
Huguet;  —  Recherches  sur  la  syntaxe  de  la  conjonction  «  que  »  dans  V ancien 
français,  par  M.  Graème  Ritchie.  —  Deux  prix  de  500  francs  chacun  : 
Œuvres  de  Tristan  F  H  ermite, par  M.  Edmond  Girard;  —  Lexique  de  la  langue 
de  Bossuet,  par  M.  l'abbé  J.-A.  Quillacq. 

Prix  Jules  Janin  (2.500  francs).  —  Deux  prix  de  1.000  francs  chacun  : 
Tcrtullien,  par  M.  Pierre  de  Labriolle;  —  Les  Drames  d'Eschyle,  de  Sophocle, 
(V Euripide,  par  M.  Martinon.  —  Un  prix  de  500  francs  à  M.  l'abbé  G.  Albin 
de  Gigala  :  L'Imitation  de  Jésus-Christ. 

Prix  Archon-Despérouses  (2.500  francs).  —  Un  prix  de  1.000  francs  :  Le 
Chemin  de  la  mer,  par  M.  Emile  Poirier.  —  Trois  prix  de  500  francs  chacun  : 
Les  Lauriers  de  V Olympe,  par  M.  Pierre  de  Bouchaud;  —  Jeunesse,  par 
j\imQ  Fernand  Grech  ;  —  Celles  qui  attendent,  par  M"'*^  Jane  Perdriel-Vaissière. 

Prix  Capuran  (1.600  francs).  —  Un  prix  de  600  francs  à  M.  Théodore 
Botrel  :  Notre-Dame  Guesclin.  —  Deux  prix  de  500  francs  chacun  :  Estelle, 
par  Mlle  Eugénie  Houchard;  Bayard,  par  M.  de  Wils. 

Prix  I^efèvre-Deumier  (1.000  francs).  —  Les  Bouffons,  poésies,  par  M. 
IMiguel  Zamacoïs. 

Prix  Toirac  (4.000  francs).  —  Egalement  partagé  entre  MM.  de  Caillavet 
et  de  Fiers  :  U Amour  veille,  pièce  représentée  en  1908  au  Théâtre-Français. 

Prix  Emile  Augier  (5.000  francs).  —  Deux  prix  de  2.000  francs  à  M. 
Emile  Fabre  :  I^es  Ventres -dorés,  pièce  représentée  au  théâtre  de  l'Odéon, 
en  1905;  —  à  M.  Catulle  Mendès  :  Glatigny,  pièce  représentée  au  théâtre 
de  l'Odéon,  en  1905.  —  Un  prix  de  1 .000  francs  à  MM.  Bouchinet  et  Guinon  : 
Son  Père,  pièce  représentée  au  théâtre  de  l'Odéon  en  1907. 

Prix  Kastner-Boursault  (2 .  000  francs).  —  Décerné  à  M.  Maurice  Maindron. 

Prix  Née  (3.500  francs).  —  Décerné  à  M.  Le  GofTic. 

Prix  Viiet  (2.500  francs).  —  Décerné  à  M.  Georges  Goyau. 

Prix  M aillé-Latour- Landry  (1.200  francs).  —  Décerné  à  M.  Georges 
d'Esparbès. 

Prix  Lambert  (1.600  francs).  —  Décerné  à  M.  Paul  Gaulot. 

Prix  Xavier  Marmier  (850  francs).   —  Décerné  à  M.  Léon  Barracand. 

—  Pour  le  tome  P''  de  son  importante  Bibliographie  française,  1900-1904, 
que  le  Polybiblion  a  présenté  à  ses  lecteurs  (juin  1908,  t.  GXII,  p.  530-532), 
M.  H.  le  Soudier,  proclamé  lauréat  de  la  Société  d'encouragement  dans  sa 
séance  du  22  janvier  dernier,  a  obtenu  comme  tel,  une  médaille  de  vermeil  : 
très  juste  distinction  dont  nous  félicitons  sincèrement  le  bénéficiaire. 

Index.  —  La  S.  Gongrégation  de  l'Index  vient  de  condamner  les  ouvrages 
suivants  :  La  Fin  du  catholicisme,  par  Jehan  de  Bonnefoy;  Vers  V unité  de 
la  croyance,  par  le  même;  Le  Catholicisme  de  demain  par  le  même;  U  Autorité 
des  Évangiles,  par  Henri  Loriaux;  Les  Ephémérides  de  la  Papauté,  par  Jean 
Vrai;  The  Christ  founded  order  on  the  secular  priesthood,  par  S.  Vaudry; 
/  problemi  delV  Italia  contemporanea,  par  R.  Murri  ;  Éléments  de  psycholo- 
gie concrète  et  métaphysique,  par  Melchior  Ganal. 


—  180  — 

Paris.  —  Le  dimanche  14  février  courant  a  eu  lieu,  au  Restaurant  des 
Sociétés  savantes,  le  4^  déjeuner  des  rédacteurs  et  collaborateurs  du 
Polybiblion.  Le  5"  se  fera  en  mai  prochain,  à  une  date  qui  sera  ultérieure- 
ment fixée. 

—  Signalons  la  récente  apparition  du  tome  X  des  Lettres  de  Louis  XI, 
roi  de  France,  publiés  d'après  les  originaux  pour  la  Société  de  l'histoire 
de  France  (Paris,  Laurens,  1908,  in-8  de  502  p.  —  Prix  :  9  francs).  Dans 
ce  volume  dont  la  préparation  est  due  à  MM.  Joseph  Vaesen  et  B.  de 
Mandrot,  ont  été  réunies  des  lettres  du  Roi  (numérotées  MDCCCX  à 
MDCCCCXIV)  allant  du  14  octobre  1482  au  19  août  1483,  plus  un  Supplé- 
ment (li^5-lil3)  composé  de  pièces  numérotées  MDCCCCV  à  MMCLXIV. 
Rappelons  que  chaque  lettre  est  précédée  d'une  brève  analyse,  avec  indi- 
cation des  sources  et  que  l'annotation,  très  soignée,  est  copieuse. 

—  Il  faut  rendre  justice  aux  intentions  de  M.  Jules  Bertaiit  :  en  sa  ferveur 
balzacienne,  il  a  voulu  donner  sur  l'auteur  de  la  Comédie  humaine  deux 
petits  volumes  qu'il  s'est  efforcé  de  rendre  intéressants  —  qui  le  sont,  en 
efîet,  pour  les  "  débutants  »  —  mais  qui  n'échappent  pas  à  la  critique.  Le 
premier  a  pour  titre  :  Honoré  de  Balzac.  La  Femme  et  V Amour,  pensées  et 
observations  recueillies  et  précédées  d'une  Introduction  (Paris,  Sansot,  1908, 
petit  in-12  de  85  p.  —  Prix  :  1  fr.).  M.  J.  Bertaut  ne  semble  pas  se  douter 
que.  longtemps  avant  lui  (en  1866),  Alphonse  Pages  avait  publié  chez  Michel 
Lévy  un  très  compact  volume  intitulé  :  Balzac  moraliste.  Pensées  de  Balzac 
extraites  de  la  »  Comédie  humaine  »,  mises  en  regard  des  Maximes  de  Pascal, 
La  Bruyère,  La  Bochefoucauld,   Vauvenargues.  Or,  on  trouve  là  non  seule- 
ment tout  ce  que  M.  Bertaut  a  puisé  lui-même  dans  l'œuvre  de  Balzac,  mais 
beaucoup  d'autres  choses  en  plus,  c'est-à-dire  les  pensées  que  le  maître  a 
exprimées  sur  l'homme,  la  femme,  l'amour,  la  société,  etc.  Donc,  le  travail 
de  M.  J.  Bertaut  ne  peut  être  considéré  que  comme  un  simple  abrégé  de  celui 
de  son  devancier. —  Si,  ensuite,  nous  examinons  le  second  volume  :  Balzac 
anecdotique.    Choix    d'anecdotes   recueillies    et   précédées    d'une   Introduction 
(Même  librairie,  1908,  in-12  de  94  p.  —  Prix  :  1  fr.),  nous  aurons  alors  à  dire 
que  le  compilateur  a  un  peu  trop  écourté  le  sujet. Il  nous  répondra,  il  est  vrai, 
que  la  collection  dans  laquelle  figure  son  recueil  exigeait  qu'il  en  fût  ainsi. 
—  Soit;    mais  aussitôt  nous  ferons  observer  que  les  anecdotes  citées  man- 
quent de  références  précises  :  inscrire  à  la  fin  de  la  plupart  d'entre  elles  un 
nom  d'auteur  (Lamartine,  Gozlan, Théophile  Gautier, Werdet,  etc.)  ou  un  titre 
de  périodique  (par  exemple  :  Gazette  anecdotique)  ne  nous  paraît  nullement 
suffisant  :  il  eût  été  nécessaire  de  donner  le  titre  du  livre  d'où  l'anecdote  a 
été  tirée  et  même  la  page  où  l'on  peut  la  retrouver;  également,  quand  il 
s'agit  d'une  revue,  le  titre  seul  est  une  trop  vague  meation  :  la  date  et  aussi 
la  page  de  la  livraison  étaient  indispensables.  Ce  qu'il  y  a  de  mieux  dans  ces 
deux  brochures,  c'est  l'Introduction,  brève,  nette,  et  d'ailleurs  bien  écrite. 

—  Dans  le  quarante  et  unième  fascicule  du  Dictionnaire  des  antiquités 
grecques  et  romaines  (Paris,  Hachette,  gr.  in-8.  —  Prix  :  5  fr.),  récemment 
paru,  entre  un  grand  nombre  d'articles  de  droit  et  de  religion  au  bas  desquels 
nous  retrouvons  les  noms  de  MM.  Saglio,  Lafage,  Toutain,  Liermann,  Gauc- 
Ider,  Thédenat,  etc.,  nous  signalerons  plus  particulièrement  une  magis- 
trale étude  sur  la  Bomanorum  respublica,  la  constitution  de  Rome  aux 
diverses  époques,  sous  une  signature  qui  démontre  quelle  prévoyante  sol- 
licitude M.  Saglio  a  toujours  apportée  à  la  rédaction  de  son  magnifique 
monument,  la  signature  de  Fustel  de  Coulanges.  Mentionnons  aussi  l'article 
Bustica  res,  un  véritable  traité  qui  ne  compte  pas  moins  de  cinquante-six 
colonnes,  par  M.  Sorlin-Dorigny. 


—   181  — 

—  A  tout  dernièrement  paru  le  fascicule  II  du  tome  II  de  la  Bibliogra- 
phie annuelle  des  travaux  historiques  et  archéologiques  publiés  par  les  Sociétés 
savantes  de  la  France,  pour  les  années  1905-1906  (1906  surtout)  (Paris,  Imp. 
nationale;  Leroux,  1908,  in-4  de  202  p.).  MM.  Robert  de  Lasteyrie  et 
Alexandre  Vidier  ont  apporté  à  ce  dépouillement  tout  le  soin  désirable, 
toute  la  science  qu'on  leur  connaît.  Sous  les  n"  18687  à  22764,  ils  ont  inven- 
torié les  productions  si  nombreuses  des  sociétés  de  la  France  proprement 
dite,  rangées  par  ordre  alphabétique  des  départements.  Ils  ont  accompli 
la  même  besogne  pour  les  colonies  et  les  instituts  français  à  l'étranger 
(no   22765  à  22990). 

Anjou.  —  Dans  la  Revue  de  V Anjou  de  1908,  à  noter,  parmi  ]es  œuvres 
d'histoire  angevine,  la  suite  de  l'étude  sur  la  Justice  révolutionnaire  en  Maine- 
et-Loire  (1793-1794),  par  M.  Queruau-Lamerie;  Un  Rempart  régionnairf>  en 
Anjou,  ayec  vestiges  reconnus  sur  une  longueur  de  5  kilom.  environ,  à  Livré 
dans  le  Craonnais,  par  le  commandant  A.  Pommerais;  Les  Écoles  libres  laï- 
ques à  Angers,  pendant  le  xix^  siècle,  par  feu  M.F.-L.  LaBessière;  le  commen- 
cement des  Recherches  historiques  sur  l'enseignement  primaire  en  Anjou, 
depuis  les  origines,  par  M.B.  Bois,  qui  a  voulu  reprendre  aux  sources  et  con- 
tinuer les  recherches  faites  sur  cette  question  si  intéressante  par  MM.  Céles- 
tin  Port,  Jules  Spal  et  M.  le  chanoine  Ch.  Urseau.  L'auteur  s'occupe,  dans 
cette  première  partie  de  son  travail,  du  moyen  âge,  et,  en  «  accusant  prin- 
cipalement l'organisation  politique  et  sociale  »,  plus  propre  à  la  construc- 
tion des  châteaux-forts  que  des  écoles  »,  il  tient  à  «  rendre  justice 
à  l'Église  d'avoir  maintenu  dans,  ces  temps  de  demi-barbarie  quelque 
trace  d'instruction  »  et  à  «  ramener  à  de  justes  proportions  l'appréciation 
optimiste,  à  son  avis,  de  M.  Urseau,  sur  l'état  florissant  de  l'instruction 
primaire  en  Anjou  au  moyen  âge.  »  Dans  la  suite  de  son  Porte- 
feuille d'un  curieux,  M.  Joseph  Denais  reproduit  le  texte  à  peu  près  incon- 
nu de  la  Carmagnole  de .  la  Vendée,  chantée  en  1793  par  les  Bleus, 
plusieurs  documents  sur  le  château  de  Beaufort  sous  Louis  XIII,  et  de 
curieux  documents  sur  les  Francs-Maçons  de  la  loge  de  Beaufort  à  la  fin 
du  xviii^  siècle,  et  sur  leurs  rapports  avec  les  autres  loges,  notamment 
celle  de  Lille,  également  disparue. 

Beauvaisis.  —  Si  le  Bulletin  de  la  Société  archéologique  et  historique  de 
Clermont-de-VOise  pour  l'année  1907  n'est  pas  très  gros  (Abbeville,  impr. 
Paillart,  1908,  in-8  de  147  p.,  avec  21  planches  et  figures),  on  devra  cepen- 
dant constater  qu'il  est  aussi  intéressant  par  les  sujets  traités  que  gracieux 
par  son  impression  soignée  et  son  illustration  abondante.  La  plus  impor- 
tante des  études  cjue  l'on  trouve  ici  est  celle  que  M.  le  chanoine  L.  Marsaux 
a  composée  sur  VÉglise  de  Maignelay  (p.  16-61,  avec  14  planches  et  4  fig.).  — • 
M.  E.  Laurain  donne  ensuite  un  travail  plus  court  sur  Une  Pierre  tombale 
dans  Véglise  de  Maignelay  (p.  62-71,  avec  une  reproduction  hors  texte).  — 
Nous  mentionnerons  encore  :  Bornes  seigneuriales  des  environs  de  Clermont 
(p.  76-80); —  Une  Lettre  autographe  de  Vabbé  Tondu,  curé  de  Neuilly-sous- 
Clermont  (1776-1790),  publiée  avec  une  notice  historique  par  M.  Amédée 
Beaudry  (p.  88-97);  — Documents  pour  servir  à  Vhistoire  des  mœurs  clermon- 
toises,  publiés  par  M.  E.  Laurain  (p.  105-107);  —  Intailles  et  monnaies 
romaines  trouvées  à  Vendeuil-Caply,  par  M.  Paul  Binant  (p.  131-135,  avec 
une  planche). 

Bourgogne.  —  Trois  ouvrages  ont  suffi  pour  former  le  tome  XXIV  des 
Mémoires  de  la  Société  bourguignonne  de  géographie  et  d'histoire  (Dijpn, 
imp.  Jacquot  et  Floret,  1908,  in-8  de  li-531  p.).  Le  premier  est  une  étude 


—   182  - 

biographique  très  érudite  et  non  moins  passionnante  sur  Hugues  Aubriot 
(p.  2-249),  par  M.  Arsène  Perier.  L'auteur  a  divisé  cette  étude  en  deux 
parties.  Dans  la  première,  assez  courte  par  rapport  à  la  seconde  (p.  2-48), 
il  parle  de  la  famille  et  des  débuts  de  son  personnage,  puis  de  son  rôle  comme 
bailli  de  Dijon.  La  seconde  partie,  sensiblement  plus  importante  (p.  49-248), 
raconte  en  détail  les  faits  et  gestes  de  Hugues  Aubriot  comme  prévôt  de 
Paris  sous  Charles  V,  jusqu'à  sa  chute  lamentable  après  la  mort  de  ce  prince 
et  à  ses  dernières' années.  «  Nous  essayons,  dit  M.  Périer,  de  retracer  la  vie 
d'un  homme  qui  fut  pour  ses  contemporains  l'objet  d'opinions,  de  senti- 
ments, de  passions  les  plus  opposés  et  dont  la  carrière,  marquée  par  les 
étapes  d'une  fortune  toujours  croissante,  s'est  abîmée  dans  la  plus  effroyable 
chute;  nous  voudrions  retrouver  les  traits  puissants  d'une  figure,  dont  le 
relief  effacé  dans  le  lointain  du  passé,  fut  une  des  plus  caractérisées  d'un 
siècle  troublé,  rechercher  les  pièces  d'un  procès,  reviser  une  sentence,  sur 
lesquels  la  génération  qui  y  a  concouru  et  les  siècles  suivants  ne  sont  pas 
tombés  d'accord  ».  Ce  travail  est  parfaitement  présenté  et  documenté;  on 
eût  aimé  cependant  à  y  trouver  joint  un  portrait  d'Aubriot  et  surtout  à  le 
voir  complété  par  une  table  onomastique. —  Nous  avons  eu  déjà  l'occasion, 
à  propos  d'un  tirage  à  part,  d'analyser  la  très  intéressante  publication  faite 
par  C.  Oursel  de  Deux  Livres  de  raison  bourguignons.  Le  Livre  de  Dominique 
de  Cuny,  chronique  dijonnaise  du  temps  de  la  Ligue  et  le  Livre  de  la  famille 
Robert,  notes  sur  le  village  de  Couchery,  qui  occupe  dans  le  présent  volume 
les  pages  253  à  387  :  nous  renvoyons  nos  lecteurs  à  cette  notice  {Polybiblion 
de  juillet  dernier,  t.  CXIII,  p.  88-89).  —  Le  troisième  et  dernier  mémoire 
a  pouf  auteur  M.  le  vicomte  d'Avout  et  pour  titre  :  Quatre  Capitales  au-delà 
du  Rhin  (1907)  (p.  391-531).  Nous  n'avons  là  encore  que- la  première  partie 
de  cette  relation  dont  l'intitulé  n'est  pas  tout  à  fait  exact.  M.  d'Avout  avait 
«  primitivement  restreint  son  récit  aux  quatre  grandes  villes,  Berlin,  Dresde, 
Vienne  et  Budapest  ».  Mais,  réflexion  faite,  il  a  beaucoup  élargi  son  cadre 
et  ceux  qui  liront  son  travail  ne  s'en  plaindront  pas. 

Champagne.  —  Ne  chei'chez  pas  la  quantité  dans  le  tome  XI  (années 
1907-1908)  des  Mémoires  de  la  Société  des  lettres,  des  sciences,  des  arts,  de 
Vagriculture  et  de  l'industrie  de  Saint-Dizier  (Saint-Dizier,  imp.  Brulliard, 
1908,  in-8  de  viii-417  p.,  avec  de  nombr.  grav.).  Ce  volume,  en  effet,  ne 
renferme  que  trois  mémoires  d'importance  assez  inégale,  mais  qui  méritent 
d'être  spécialement  mentionnés  ici,  et  tous  trois  avec  éloges.  En  premier 
lieu,  M.  Emile  Humblot  donne  une  très  artistique  étude  sur  la  Chapelle 
Sainte- Anne  au  cimetière  de  Joinville  (Haute-Marne)  (p.  3-85,  avec  plans 
croquis  et  photographies);  —  M.  l'abbé  Mettrier  nous  parle  ensuite  de 
l'Église  Notre-Dame  de  Saint-Dizier  (p.  89-124,  avec  flg.);  —  enfin  M.  l'abbé 
Eugène  Humblot  consacre  à  la  Vallée  du  Cul-du-Cerf,  ses  établissements 
civils,  religieux  et  métallurgiques  (p.  127-358)  un  travail  fort  complet,  ainsi 
divisé  :  I.  Les  Origines  d'Orquevaux.  II.  La  Paroisse  d'Orquevaux.  III.  La 
Seigneurie  d'Orquevaux.  IV.  Établissements  métallurgiques.  V.  La  Com- 
mune d'Orquevaux.  VI.  La  Période  révolutionnaire.  VII.  Orquevaux  au 
xix®  siècle.  Cette  monographie,  appuyée  de  six  pièces  justificatives,  se  ter- 
mine par  un  index  bibliographique,  une  table  onomastique  et  une  table 
des  matières. 

Franche-Comté.  —  Sous  les  auspices  de  la  Société  d'émulation  du  Jura, 
M.  Emile  Monot,  professeur  au  lycée  de  Lons-le-Saunier,  a  publié  récem- 
ment une  nouvelle  traduction  de  l'œuvre  de  Gilbert  Cousin  (qui  fut  pendant 
un  temps  secrétaire  d'Érasme),  œuvre  écrite  en  latin  et  intitulée  :  Rrevis 


—  183  — 

ac  dilucida  superioris  Burgundiae  quae  Ccinitatus  nomine  censetur  descriplio. 
M.  Monot  s'est  servi  des  deux  éditions  de  cette  espèce  de  relation,  parues 
en  1552  et  en  1562,  pour  sa  traduction,  qui  porte  le  titre  suivant:La  Franche- 
Comté  au  milieu  du  xvi^  siècle,  ou  Description  de  la  Haute-Bourgogne  connue 
sous  le  nom  de  Comté,  par  Gilbert  Cousin,  de  Nozeroy  (Lons-le-Saunier,  imp.  L. 
Declume,  1907,  in-8  de  vii-309  p.,  avec  un  portrait  de  G.  Cousin,  et  vues 
anciennes  et  une  reproduction  du  titre  de  l'édition  de  1562).  La  première 
traduction  française  de  cet  ouvrage  a  été  donnée  en  1863,  déjà  aux  frais 
de  la  Société  d'émulation  du  Jura,  par  le  D'^  A.  Chereau,  a  qui  l'on  pouvait 
reprocher  d'assez  nombreuses  inexactitudes  et  même  quelques  grosses 
erreurs  d'interprétation.  Il  en  coûte  visiblement  à  M.  Monot  de  le  constater; 
encore  fallait-il  qu'il  justifiât  la  nécessité  de  cette  nouvelle  traduction.  Il 
a  d'ailleurs  beaucoup  relevé  le  mérite  de  son  travail  en  le  complétant  par 
des  notes  nombreuses  et  érudites,  lesquelles  ne  sont  pas  seulement  histo- 
riques, biographiques  et  géographiques,  mais  aussi  judicieusement  critiques 
à  de  multiples  points  de  vue.  En  somme,  ces  notes  donnent  à  l'œuvre  de 
Cousin,  rajeunie  et  par  suite  plus  compréhensible,  une  vie  qui  manquait 
à  l'édition  Chereau.  «  J'ai  fait  suivre  ma  traduction  du  texte  latin,,  dit 
M.  É.  Monot,  dans  son  Introduction.  Cousin  en  a  donné  deux  éditions  :  en 
1552  (à  Bâle,  chez  Jean  Oporin)  et  en  1562,  dans  ses  Opéra  multifarii  argu- 
menti.  La  deuxième  est  plus  complète  que  la  première  et  elle  offre  plusieurs 
remaniements.  J'ai  suivi  la  deuxième,  que  j'ai  collationnée  sur  l'exemplaire 
des  Archives  du  Doubs,  en  donnant  en  note  les  variantes  de  la  première, 
que  possède  la  Bibliothèque  de  Lons-le-Saunier,  et  en  signalant  les  fautes 
d'impression  du  texte  de  Chereau...  Voici  donc  l'œuvre  de  Cousin.  Le 
lecteur  va  y  trouver  bien  du  bavardage,  une  érudition  ridiculement  déplacée 
et  des  étymologies  enfantines...  Mais  quoi  !  si  Cousin  manquait  de  goût,  il 
a  fait  une  œuvre  bien  utile  et  qui  reste  intéressante  )>.—  Ce  qui  manque  ici, 
c'est  une  biographie  de  Cousin;  celle  dont  Chereau  avait  fait  précéder  sa 
traduction  a  évidemment  besoin  d'être  refaite  et  M.  Monot  l'a  bien  sen- 
ti; mais  comme  M.  P. -A.  Pidoux  en  prépare  une,  et  que  cet  érudit  doit 
être  particulièrement  bien  documenté  sur  le  personnage,  il  a  cru  devoir 
s'abstenir.  Cela  ne  nous  empêchera  nullement  de  proclamer  bien  haut  que 
M.  Monot  a  fait  une  œuvre  remarquable  à  tous  égards,  laquelle  ne  peut 
manquer  d'être  recherchée  par  les  amateurs  de  livres  instructifs  et  curieux 
sur  nos  anciennes  provinces. 

—  Très  régulièrement,  la  Société  d'émulation  du  Jura  nous  adresse  ses 
travaux  et  nous  sommes  toujours  heureux  de  les  mentionner  ici.  Ces  jours 
derniers,  elle  nous  a  fait  parvenir  le  deuxième  volume  de  la  huitième  série 
de  ses  Mémoires  (Lons-le-Saunier,  imp.  L.  Declume,  1908,  in-8  de  441  p.). 
C'est  M.  P. -A.  Pidoux  qui  ouvre  le  volume  par  des  Notes  sur  V ancienne  liturgie 
bisontine.  II.  Le  Sacramentaire  de  V archevêque  Hugues  le  Grand,  étude  sur 
le  plus  ancien  manuscrit  liturgique  bisontin  (1030)  (p.  3-49).  —  Nous  citerons 
ensuite  :  Les  Lacs  du  Jura  dans  le  passé  et  dans  V avenir,  par  M.  l'abbé  Bour- 
geat  (p.  53-64);  —  Note  complémentaire  sur  quelques  pointes  à  crans  latéraux, 
par  M.  L.  Lebrun  (p.  67-71,  avec  une  planche)  ;  —  Danaé,  scène  préhistorique 
(p.  91-118)  et  Lendemain  de  bataille  (p.  119-123),  par  M.  P.  Guichard,  poète 
de  mérite,  qui  a  peut-être  tort  de  ne  pas  chanter  sa  province; —  Huit  Jours 
à  Rome  [Pâques  1908),  simples  notes  de  voyage,  par  M.  Emile  Monot  (p.  127- 
242).  «  Notes  sans  prétention»,  dit  l'auteur.  Mais,  ajouterons-nous,  assuré- 
ment pas  sans  esprit  ni  humour.  Tant  de  gens  se  croient  obligés,  quand  ils 
ont  vu  Rome,  de  nous  en  parler  de  façon  lamentablement  banale,   que 


—  184  — 

lorsque  se  présente  une  relation  de  ce  genre,  on  la  salue  comme  reposante 
et  à  la  lois  instructive  «  sans  prétention  »;  —  Tête  de  Mercure,  gallo-romain 
en  bronze,  trouvée  à  Samery  {Côte-(rOr){\).  245-247,  avec  une  fig.)  et  La  Ville 
(VHaibe  au  territoire  de  Rochejort  [Jura)  (p.  251-260),  par  M.  Julien  Feuvrier. 
Ces  deux  notices  ont  été  examinées  à  cette  place  dans  notre  précédente 
livraison  (p.  88);  —  Relation  lorraine  de  la  bataille  de  Poligny  (19  juin  1638) 
(p.  275-288)  et  Notes  sur  le  régiment  de  la  Verne  (xyii?  siècle)  (p.  291-333), 
par  M.  Emile  Longin.  Dans  notre  livraison  de  janvier  dernier  (p.  87-88)  il 
a  été  question  spécialement  de  ces  deux  travaux  de  M.  Longin;  —  Contri- 
bution à  rétude  de  Véleclrnmagnétisme,  par  M.  Clémençot  (p.  337-416);  — 
Deux  Visites  à  Alise-Sainte-Reine  (p.  76-88)  et  Une  Excursion  à  Alaise 
(p.  263-272),  par  M.  Éipile  Monot.  Le  docte  traducteur  de  Gilbert  Cousin 
semble  s'être  assez  amusé  dans  ses  trois  «  pèlerinages  »,  mais  ce  n'est  pas 
lui  qui  prendra  feu  pour  la  fameuse  question  du  véritable  emplacement  de 
l'oppidum  gaulois.  Il  penche  à  peine  pour  Alise-Sainte-Reine;  mais  il  déclare 
aux  archéologues  qu'il  ne  s'égarera  pas  sur  leur  champ  de  bataille.  «  Pour 
moi,  dit-il  non  sans  gaîté,  Alesia  sera  où  vous  la  placerez,  à  Alise,  à  Alaise, 
à  Aluze,  ou  même,  si  vous  y  tenez,  à  AJièze,  au  bailliage  d'Orgelet.  « 

—  A  défaut  de  -M.  Monot.  voici  M.  Noël  Amaudru  qui,  lui,  est  parfaitement 
décidé  à  se  mettre  à  la  recherch'e  de  la  véritable  Alesia.  D'abord,  il  ne  croit 
pas  qu'Alise  Sainte-Reine  soit  Alesia.  Dans  sa  brochure  :  La  Position,  actuelle 
de  la  question  d\Alesia  ( Paris, Plon-Nourrit,  1908,  in-18  de  24  p.  —  Prix  : 
0  fr.  75),  il  donne  ses  raisons,  parfois  sur  un  ton  très  comique.  Et  il  conclut  : 
«  Je  persiste  à  entrevoir  ime  Alesia  vers  l'Est,  dans  une  direction  qui  pourrait 
être,  mais  qui  n'est  pas  forcément,  je  le  reconnais,  celle  d'Alaise,  et,' sans 
négliger  l'argument  péniblement  emprunté  à  quelques  débris  toujours  con 
testables,  à  quelques  pièces  de  métal  qui  ne  suffisent  pas  à  situer  un  évé- 
nement, je  ne  veux  accorder  ma  confiance  qu'à  un  faisceau  de  preuves 
parfaitement  concordantes  »  (p.  14).  Et  comme  les  paroles,  sans  les  actes, 
s'évaporent,  qu'a  fait  M.  Amaudru?  Il  a  formé  un  groupe  déjà  important 
dont  la  raison  sociale  est  :  Alesia.  Comité  d'études  et  de  recherches  historiques. 
Quant  au  siège,  il  se  trouve  22,  avenue  de  l'Observatoire,  à  Paris.^ —  Voilà, 
du  moins,  une  initiative  résolue  et  convaincue.  Nous  attendons  à  l'œuvre 
M.  Amaudru  et  ses  amis,  et  nous  leur  souhaitons  tous  les  succès. 

—  Philippe  Chifïlet  qui,  en  son  temps  (xvii'^  siècle),  fut  abbé  de  Balerne 
et  vicaire  général  du  diocèse  de  Besançon, avait  réuni  quantité  de  documents 
dans  le  but  d'écrire  la  vie  de  l'infante  Isabelle-Claire-Eugénie,  gouvernante 
des  Pays-Bas  et  du  Comté  de  Bourgogne  pour  le  roi  d'Espagne.  Mais  son 
projet  ne  fut  pas  mis  à  exécution  et  les  documents  dont  il  s'agit  se  trouvent 
aujourd'hui  à  la  Bibliothèque  de  Besançon  où  M.  Emile  Longin  les  a  con- 
sultés et  desquels  il  a  tiré  le  sujet  de  sa  Contribution  à  l'histoire  de  Vinfante 
Isabelle-Claire-Eugéfiie  (Vesoul,  imp.  L.  Bon,  1909,  petit  in-8  de  30  p.).  Ce 
que  1  auteur  fait  ressortir  surtout  c'est  la  générosité  de  cette  princesse 
«  à  laquelle  la  Franche-Comté  dut  de  longues  années  de  paix  avant  d'être 
désolée  par  la  guerre  ».  On  est,  en  efïet,  frappé  de  la  richesse  des  cadeaux 
de  toutes  sortes  qu'elle  aimait  à  offrir  à  certains  souverains,  aux  dignitaires 
de  l'Église,  aux  sanctuaires,  aux  grands  personnages  avec  qui  elle  entretint 
des  relations  et  aussi  à  son  entourage.  L'énumération  de  ces  beaux  présents 
et  la  description  de  plusieurs  d'entre  eux  peuvent  autant  servir  à  l'histoire 
de  l'art  qu'à  celle  des  mœurs  dans  la  première  moitié  du  xyii»  siècle. 

—  Deux  curés  de  campagne,  M.  l'abbé  V.  Tissot,  curé  de  Boussières, 
et  M.  l'abbé  L.  Gauthier,  curé  de  Grand'Combe-des-Bois,  dans  le  but  d'en- 


—   IBS  — 

rayer  la  décadence  des  fruitières  (autrement  dit  fabriques  de  fromages)  de 
leur  région,  ont  rédigé  en  collaboration  une  plaquette  extrêmement  inté- 
ressante :  Les  Fruitières  des  Mojits-Jura.  Crise  et  remèdes  (Besançon,  Lan- 
quetin;  et  chez  les  auteurs,  s.  d.  (1908),  in-16  de  34  p.  —  PrLx  :  0  fr.  35). 
En  six  chapitres,  les  auteurs  retracent  Thistorique  des  fruitières  depuis 
les  origines,  leur  organisation  passée  et  présente,  ainsi  que  les  causes  de  la 
crise  qu'elles  traversent  en  Franche-Comté.  Puis  ils  font  le  tableau  de  l'amé- 
nagement du  chalet  de  fabrication,  de  l'outillage  qu'il  comporte  et  des 
qualités  requises  pour  faire  un  fromager  accompli;  enfin  ils  exposent  les 
moyens  par  lesquels  les  intéressés  peuvent  tirer  le  meilleur  parti  de  l'exploi- 
tation. Tout  cela,  certes,  est  fort  louable,  et  chacun  reconnaîtra  que  les 
deux  ecclésiastiques  ont  bien  mérité  de  leurs  compatriotes.  Mais,  il  y  a  un 
mais  —  et  un  gros  —  il  faut  compter  avec  les  imperfections  de  la  nature 
humaine,  c'est-à-dire  «  les  jalousies,  les  rancunes  de  village,  les  rivalités 
de  famille  et  mille  petites  misères  qui  sont  la  plaie  des  œuvres  de  mutua- 
lité )).  Cette  brochure  mérite  d'être  grandement  propagée  dans  les  pays  où 
l'on  fabrique  les  fromages  dits  de  Gruyère  :  même  si  elle  ne  donne  que  de 
médiocres  résultats,  elle  restera  tout  à  l'honneur  des  deux  curés  comtois, 
esprits  avisés,  observateurs  et  pratiques. 

— Toujours  spirituel,  le  Diairi,  almanach  montbéliardais  pour  1909  (Mont- 
béliard,  imp.  Barbier,  in-4  de  94  p.,  illustré), toujours  curieux  sous  le  rapport 
du  patois  local,  mais  aussi  toujours  bien  mal  inspiré  avec  ses  plaisanteries 
de  mauvais  goût  sur  les  «  tiuries  »  (curés).  Pourquoi  donc  s'attaquer  ainsi 
avec  persistance  au  clergé  catholique?  Est-ce  parce  que  nous  sommes  là  en 
pays  protestant?  Il  nous  semble  que  la  verve  patoise  du  Diairi  aurait  pu 
infiniment  mieux  égayer  son  public  en  visant  un  plus  gros  gibier...  N'in- 
sistons pas.  Dans  cet  almanach,  point  du  tout  banal,  on  peut  lire,  en  fran- 
çais, des  poésies,  un  peu  fortement  réalistes,  d'un  vrai  poète,  l'horloger 
Duplain,  de  Besançon,  et  quelques  notices  historiques  intéressantes  sur 
le  pays  de  Montbéliard. 

Vermandois.  —  La  Société  académique  des  sciences,  arts,  belles-lettres, 
agriculture  et  industrie  de  Saint-Quentin  ne  compte  assurément  pas  parmi 
les  plus  anciennes  de  la  France  ni  parmi  celles  ayant  le  plus  produit;  et  ce- 
pendant il  convient*  de  la  donner  en  exemple,  sur  un  point  nullement 
négligeable,  à  la  grande  majorité  de  ses  sœurs  les  plus  cotées  dans  le  monde 
savant  de  nos  provinces.  Nous  nous  expliquerons  tout  à  l'heure.  Commen- 
çons par  inventorier  les  travaux  dont  se  compose  le  dernier  volume,  remar- 
quablement imprimé  (tome  XV  de  la  4^  série  de  la  collection.  Années  1901 
à  1904),  publié  par  la  Société  académique  de  Saint-Quentin  (Saint-Quentin, 
imp.  du  «  Guetteur  »,  1907,  in-8  de  428  p.,  avec  2  portraits,  5  planches  et 
un  plan).  Après  un  bref  discours  du  président,  M.  Damoiy  (p.  5-8),  viennent 
trois  rapports  sur  des  concours,  dont  le  premier  {Histoire  locale)  est  présenté 
par  M.  l'abbé  Léon  Delorme  et  les  deux  autres  (Biographie  et  Poésie),  par 
M.  Élie  Fleury.  —  A  ces  rapports  succède,  sous  le  titre  :  A  un  Ruisseau,  une 
poésie  de  21  «  douzains  »,  de  M.  Edmond  Henvaux.  —  M.  Élie  Fleury  conte 
ensuite,  avec  humour,  une  histoire  intitulée  :  Comment  maître  Wimy  perdit 
son  procès  (p.  49-65).  Est-ce  une' histoire  «  arrivée  »  ou  une  spirituelle  fan- 
taisie? Seuls  peuvent  le  savoir  les  Saint-Quentinois  au  courant  de  ce  qui  se 
passait  en  leur  ville  vers  la  fin  du  premier  Empire  et  au  commencement  de  la 
Restauration.  Ces  pages,  dans  tous  les  cas,  sont  bien  amusantes.  A  signaler 
enfin  :  Anatole  Vély,  biographie,  par  M.  Abel  Patoux  (p.  61-91),  avec  por- 
trait); —  Ronssoy,  commune  du  canton  de  Roiscl  (6'o/«me),  par  M.  Maurice 


—  180   - 

Thiéry  (p.  92-104);  —  Vase  funéraire  carolingien  trouvé  à  Monceau-le-Neuf, 
par  M.  Jules  Pilloy  (p.  105-111,  avec  1  pi.);  —  Une  Exécution  capitale  à 
Saint-Quentin  en  1754,  par  M.  Théophile  Eck  (p.  112-132);  —  La  Fin  d'un 
monastère  (l'abbaye  de  Fervaques),  par  M.  André  Fleury  (p.  133-151,  avec 
3  planclies);  —  Un  Reclus  à  Nointel  pendant  la  Terreur.  Lettres  du  citoyen 
Éloy  Fouquier,  ex-procureur  du  Roi  à  Saint-Quentin,  et  de  sa  femme,  publiées 
par  M.  Abel  Patoux  (p.  152-216,  avec  portrait);  —  Pierre-Louis  Gosseu, 
écrivain  patoisant  picard;  sa  vie  et  ses  œuvres,  par  M.  Maurice  Thiéry  (p.  217- 
236)  ;  —  Une  Émeute  populaire  à  Saint-Quentin  au  xi\^  siècle,  par  M.  Emma- 
nuel Lemaire  (p.  240-243);  —  Découverte  d'une  inscription  relatant  la  pose 
de  la  première  pierre  de  la  chapelle  de  Vabbaye  de  Saint-Quentin-en-V I sle , 
en  1758,  par  le  même  (p.  244-248);  —  Note  sur  Vaccent  saint-quentinois, 
par  M.  Henri  Châtelain  (p.  249-271);  —  Une  Page  de  la  bienfaisance  à 
Saint-Quentin,  aperçu  historique  sur  Vœuvre  des  Filles  de  la  Charité  (1650- 
1899),  par  M.  l'abbé  Léon  Delorme  (p.  272-300);  —  Les  Voies  antiques  du 
Vermandois,  par  M.  Alfred  Bondeville  (p.  301-324,  avec  un  plan);  —  Un 
Episode  du  siège  de  Saint-Quentin  en  1557  (p.  329-332)  ;  — Le  lylonument  de  la 
bataille  du  10  août  1557  à  Montescourt  (p.  357-360)  ;  —  Résumés  d'observations 
météorologiques  faites  à  Saint-Quentin  pendant  les  an?iées  1889-1896,  par 
MM.  Casse  et  Vivien  (p.  361-398).  —  Voici  maintenant  ce  en  quoi  la  Société 
académique  de  Saint-Quentin  mérite  d'être  louée.  Combien  sont-elles  les 
sociétés  savantes  françaises  qui  s'abritent  sous  leur  toit,  sont  installées 
dans  un  hôtel  leur  appartenant?  Presque  toujours,  les  municipalités  leur 
accordent  un  gîte  dont  la  stabilité  est  loin  d'être  garantie.  La  compagnie 
qui  nous  occupe  en  sait  quelque  chose,  car,  nous  apprend  son  président,  elle 
fut  souvent  «  vagabonde...  quant  à  son  siège.  «  Or,  un  beau  jour  —  ce  jour 
fut,  en  effet,  très  beau  —  la  Société  obtint,  à  la  date  du  8  août  1901,  un 
décret  l'autorisant  à  acquérir  un  terrain  et  à  y  faire  construire  «  un  immeu- 
ble destiné  à  lui  servir  de  siège  »  (style  administratif  spécial).  On  se  mit  à 
l'œuvre,  et  les  travaux  furent  terminés  en  seize  mois.  Puis  l'on  songea  à 
inaugurer  1'  «  immeuble  destiné  à  servir  de  siège  »,  c'est-à-dire  d'hôtel,  céré- 
monie qui  eut  lieu  le  14  décembre  1902  et  de  laquelle  M.Élie  Fleury  a  dressé 
procès-verbal,  si  l'on  peut  dire,  car  les  pages  333-353,  relatives  à  Vlnaugu- 
ration  de  l'hôtel  de  la  Société  académique  de  Saint-Quentin,  nous  donnent, 
avec  les  indications  d'usage  dans  le  cas  particulier  :  1°  le  discours  obligé 
du  président;  2°  une  pièce  de  vers  due  au  «  talent  original  de  M.  Charles 
Tournel  »  (original  est  ici  une  épithète  justifiée);  3°  une  causerie  charmante 
et  très  littéraire  de  M.  Maurice  Thiéry  sur  le  langage  picard.  —  En  félicitant 
la  Société  académique  de  Saint-Quentin  d'avoir  pu,  par  ses  seuls  moyens, 
s'installler  «  chez  elle  »,  nous  souhaitons  pareille  fortune  à  toutes  les  autres 
sociétés  savantes  de  France.  —  N'y  aurait-il  pas  à  ce  sujet,  quand  les  res- 
sources sociales  font  défaut  (ce  qui  est  le  cas  général)  un  joli  rôle  à  jouer 
par  les  Mécènes  locaux?  Il  en  existe  encore  :  le  principal  est  de  les  savoir 
prendre.  Est-ce  que  ce  ne  serait  pas  pour  eux, d'ailleurs,  une  façon  de  devenir 
«  immortels  »  plus  sûrement  —  sans  vouloir  médire  de  personne  —  que 
nombre  d'écrivains  vite  oubliés? 

Algérie.  —  Nous  ferons  le  meillevu*  accueil  au  41^  volume  (année  1907) 
du  Recueil  des  notices  et  mémoires  de  la  Société  archéologique  du  département 
de  Constantine,  qui  correspond  au  tome  X  de  la  4^  série  de  la  collection 
(Constantine,  imp.  Braham,1908,  in-8  de  xvi-276-32  p.,  avec  plans,  planches 
et  figures).  Il  se  compose  comme  suit  :  Nouveau  Document  relatif  à  A.  Larcius 
Priscus,  légat  de  Numidie,  par  M.  R.  Cagnat  (p.  3-9); —  Notice  archéologique 


—   187    - 

sur  Henchir-Oumkif  {cercle  de  Khenchela),  par  M.  André  Bigeard  (p.  11-19» 
avec  une  planche  et  2  fig.  );  —  Pièces  d'or  de  V époque  berbère,  trouvées  à 
Bougie,  par  M.  J.  Maguelonne  (p.  21-27,  avec  une  planche)  ;  —  Notice  sur  un 
tombeau  à  Bougie  [Algérie],  par  M.  A.  Debruge  (p.  29-32,  avec  une  planche); 
—  Les  Voies  romaines  de  la  région  de  Sétif,  par  M.  L.  Jacquot  (p.  33-170, 
avec  plan  hors  texte  et  2  fig.);  —  La  Station  préhistorique  de  Châteaudun- 
du-Rhumel,  par  M.  Gustave  Mercier  (p.  171-182,  avec  2  planches);  — 
Découverte  à  Sétif  d^un  château  d'eau  et  de  citernes  remontant  à  l'époque 
romaine,  par  M.  J.  Maguelonne  (p.  183-184,  avec  2  grands  plans).  Ces  deux 
simples  pages  se  bornent  à  annoncer  la  découverte  de  cet  important  monu- 
ment «  qui  était  enfoui  sous  trois  mètres  de  terre  »,  place  Barrai.  L'auteur 
nous  promet,  pour  l'an  prochain,  une  notice  complète;  attendons-là;  — 
Études  pnlethnologiques  dans  la  commune  mixte  des  Maadid,  par  M.  A.  Robert 
(p.  185-219,  avec  2  planches); —  Mosaïque  tombale  de  Chabersas,  par  M.  U. 
Hinglais  (p.  221-225);  —  Vestiges  antiques  découverts  dans  la  commune 
mixte  des  Maadid,  par  M.  A.  Robert  (p.  227-229);  — Découverte  d'une  basi- 
lique chrétienne  à  Tocqueville,  par  M.  Joseph  Gauthier,  curé  de  la  localité 
(p.  231-235,  avec  une  figure);  —  Inscriptions  inédites  recueillies  pendant 
Vannée  1907,  par  M.  Auguste  Vel  (p.  243-263).  Pour  terminer,  ne  négligeons 
pas  de  mentionner  la  Chronique  archéologique  de  M.  J.  Maguelonne  (p.  263- 
274). 

Allemagne.  —  Dans  un  aperçu  net  et  rapide,  M.  Frédéric  Clément- 
Simon  précise  quelle  a  été  la  Politique  de  la  Prusse  en  Orient  de  1763  à  1871 
(Extr.  de  la  Revue  d'histoire  diplomatique.  Paris,  Plon-Nourrit,  1908,  in-8 
de  33  p.).  C'est  la  mort  d'Auguste  ÎII,  roi  de  Pologne,  en  1763,  qui  amena 
la  Prusse  à  s'introduire  dans  les  affaires  orientales.  Comme  il  le  montre 
excellemment,  cette  politique  «  n'eut  jamais  en  elle-même  son  propre  objec- 
tif, elle  fut  une  matière  d'échange,  un  moyen  de  pression  ou  de  séduction  que 
les  diplomates  prussiens  utilisèrent  au  mieux  des  intérêts  européens  de 
leur  patrie  ».  C'est  ainsi  que  Bismarck  sut  obtenir  de  la  Russie  qu'elle 
laissât  la  Prusse  agir  à  sa  guise  en  Occident  en  paraissant  prêt  à  rendre  1h 
pareille  à  l'empira  des  Tsars;  mais,  selon  le  joli  mot  de  Eenedetti,  si  «  l;i 
Russie  »  était  «  une  carte  dans  son  jeu  »,  il  n'entendait  pas  «  devenir  lui- 
même  une  carte  dans  le  jeu  du  cabinet  de  Saint-Pétersbourg'.  » 

Angleterre.  —  Les  117  Chartes  originales  de  Henri  II,  roi  d' Angleterre 
et  duc  de  Nortnandie,  recueillies  en  Angleterre  et  photographiées  par  le  Rév. 
H.  Salter,  que  nous  fait  connaître  M.  Léopold  Delisle,  auquel  elles  avaient 
été  libéralement  communiquées  par  l'érudit  anglais  (Extrait  de  Ja  Biblio- 
thèque de  l'École  des  chartes,  t.  LXIX.  Paris;  Nogent-le-Rotrou,  impr.  de 
Daupeley  Gouverneur,  1908,  in-8  de  43  p.)  confirment  pleinement  la  thèse 
de  l'illustre  académicien  français  sur  la  chronologie  des  actes  de  Henri  II 
et  sur  l'emploi  par  ce  prince  de  la  formule  gratia  Dei.  M.  Delisle  nous  fait 
connaître  par  la  même  occasion  vingt  actes  émanés  d'autres  souverains 
ou  de  prélats  anglais,  dont  le  Rév.  Salter  lui  avait  également  adressé  la 
photographie. 

Belgique.  —  La  Société  des  sciences,  des  arts  et  des  lettres  du  Hainaut 
vient  de  distribuer  le  tome  IX  de  la  VI''  série  de  ses  Mémoires  et  Publica- 
tions, qui  forme  le  59"  volume  de  la  collection  (Mons,  imp.  Duquesne-Mas- 
quillier,  1908,  in-8  avec  pagination  spéciale  pour  chaque  mémoire  et 
16  planches.  —  Prix  :  5  fr.).  Ce  volume  comprend  les  travaux  ci-après  :  Noies 
sur  la  géologie  du  Mayombe  occidental,  par  M.  Jules  Cornet  (42  p.)  ;  —  Études 


—  188  — 

sur  révolution  des  cours  d'eau  du  Boulonnais  (51  p.,  avec  2  planches);  —  Les 
Curiosités  atmosphériques  de  1906,  par  M.  A.  Bracke  (96  p.,  avec  4  planches); 
—  Essai  d'économie  politique  formulée.  Seconde  partie.  Notions  sur  la  force 
de  travail,  sa  représentation  graphique  et  les  éléments  qui  lui  afférent,  par 
M.  Arthui"  Xhignesse  (31  p.);  —  Inventaires  sommaires  de  petites  archives  : 
Attre  et  Bebaix,  pai'  M.  J.  Dewert.  Marcq,  par  M.  Ernest  Matthieu.  Chimay, 
par  M.  Emile  Dony  (ensemble  19  p.);  —  Notes  de  géométrie  synthétique,  par 
M.  L.  Godeaux  (10p.);  —  Sur  deux  modes  de  génération  de  la  surface  cubique, 
par  le  même  (3  p.);  —  Sur  quelques  congruences  particulières  de  droites,  par 
le  même  (7  p.);  —  Les  Hospices  civils  d  Mons  depuis  cinquante  ans  (1857- 
1907),  par  M.  Paul  Heupgen  (50  p.,  avec  10  planches). 

—  Nous  recevons  deux  opuscules  anonymes  sur  lescpiels  il  convient 
d'attirer  l'attention  :  1°  Jeunes  gens  on  vous  trompe.  .  .  Voulez-vous  être 
robustes?  Soyez  purs  (Granimont,  Œuvre  de  Saint-Charles,  s.  d.  (1909),in-32 
de  63  p.  —  Prix:  0  fr.  05);  2°  Les  Meurtriers  inconscients  des  aines  parmi  les 
parents,  les  éducateurs  et  tous  ceux  qui  s'occupent  de  la  jeunesse.  Quelques 
réflexions  sur  V éducation  de  la  pureté  d'après  l'abbé  Timon-David  (Grammont, 
CÈuvre  de  Saint-Charles,  s.  d.  (1909),  in-32  de  72  p.  —  Prix  :  0  fr.'25).  Cette 
dernière  brochure  porte  deux  avis  :  du  premier,  il  résulte  qu'elle  «  ne  se 
vend  qu'au  clergé,  aux  éducateurs  de  la  jeunesse,  aux  pères  et  mères  de 
famille  «;  le  second  recommande  de  «  ne  pas  laisser  tomber  le  volume  entre 
les  mains  des  enfants  et  des  adolescents  ». 

—  A  signaler  également  :  Le  Prêtre  et  la  Situation  actuelle  de  l'Église,  par 
l'auteur  du  Benouvellement  dans  la  vie  chrétienne  (Grammont,  Œuvre  de 
Saint- Charles,  s.  d.  (1909),  in-o2  de  128  p.).  Cet  excellent  petit  livre  en  est 
aujourd'hui  à  sa  vingtième  édition,  laquelle  a  été  revue  et  augmentée. 

EsPAG?(E.  —  Signalons  l'excellente  traduction  espagnole  de  l'opuscule 
de  S.  E.  le  cardinal-archevêque  de  Malines,  à  ajouter  à  la  bibliographie 
déjà  importante  des  ouvrages  dirigés  contre  le  modernisme  :  El  Modernismo, 
su  posicûjn  respecta  de  la  ciencia;  su  condenaciôn  por  el  papa  Pio  X,  por 
S.  E.  el  cardenal  Mercier.  Traducciôn  y  prologo  de  Juan  Zaragûeta 
(Barcelona,  Luis  Gili,  1908,  in-12  de  56  p.  —  Prix  :  0  fr.  50).  Il  .serait 
suranné  de  donner,  ou  plutôt  de  répéter  ici,  l'anahse  du  travail  de  Mgr 
Mercier.  I.e  traducteur  castillan  est  professeur  de  philosophie  supérieure 
au  séminaire  de  Madrid,  et  sa  publication  paraît  avec  la  haute  «approbation 
de  l'Ordinaire.  C'est  tout  dire  pour  en  recommander  la  lecture  sans  aucune 
restriction. 

—  Le  P.  Juan-]Ma  Sola  publie  aussi  une  Solemne  Profesiôn  de  fe 
contra  las  errores  modernos  (Barcelona,  Subirana,  1908,  in-32  de  64  p.,  avec 
portrait),  oîi  est  condensé,  sous  une  forme  populaire,  et  précise,  le  dogme 
catholique  en  face  des  hérésies  contemporaines. 

Etats-LInis.  —  L'  Annual  Beport  of  the  board  of  régents  of  the  Smithsonian 
Institution  showing  the  opérations,  expenditures  and  conditions  of  the  insti- 
tution for  the  year  enclin  g  June  30, 1908.  (Washington,  Government  printing 
Office,  in-8  cartonné  de  548  p.,  avec  carte  et  gravures),  contient,  comme  les 
précédents  volumes,  en  plus  des  rapports  des  secrétaires  de  rinstitution, 
une  série  d'articles  scientifiques,  œuvres  de  savants  américains  ou  euro- 
péens. Ces  derniers  sont  soigneusement  traduits  en  anglais.  Parmi  ces 
travaux,  au  nombre  de  26,  il  y  a  lieu  de  remarquer  ceux  de  savants  fran- 
çais. Ce  sont  les  suivants  :  Théories  modernes  de  l'électricité  et  de  la  matière, 
par  M^is  Curie  (13  pages).  —  L'Éruption  du  Vésuve  en  avril  1906,  par  M.  A. 
Lacroix  (26  pages,  1  carte  et  26  gravures).  —  L'Hérédité,  par  M.  L.  Cuénot. 


—  189  — 

■ —  Zoologie  et  médecine,  pai-  M.  R.  Blanchard.  —  Le  Rôle  de  la  chimie  dans 
les  tableaux,  par  M.  E.  Lemaire.On  voit  que  nos  savants  sont  bien  partagés. 
Les  Américains  ont  fourni  quelques  travaux  non  moins  intéressants;  il 
convient  de  citer  en  première  ligne  l'article  de  M.  Abbot  sur  les  Récents 
Progrès  des  recherches  astronomiques.  Celui  tout  aussi  remarquable  de  J. 
Tierman  Kemp  sur  le  Problème  des  veines  métallifères.  La  Géologie  des 
districts  diamantifères  de  Bahia  au  Brésil,  par  M.  Orville  Derly,  nous  montre 
que  cette  gemme  se  trouve  dans  les  grès  et  les  conglomérats  gréseux  et  non 
dans  le  granit  comme  on  l'a  dit  à  Rio-de-Janeiro.  L'Italie  n'est  pas  oubliée 
et  un  long  article  de  M.  G.  Marconi  nous  met  au  courant  des  derniers  pro- 
grès de  la  télégraphie  sans  fil.  Les  savants  russes  ont  également  leur  part, 
ainsi  que  les  Allemands,  les  Norvégiens  et  même  les  Islandais,  témoin  la 
très  curieuse  monographie  de  l'Islande,  par  M.  Jon  Stefannsson;  le  Pôle 
magnétique  nord  et  le  Passage  du  Nord-Ouest,  par  M.  le  capitaine  nor- 
végien Roal  Amundsen  ;  les  Bisons  du  Caucase,  par  M.  A.  Yermolov,  ancien 
ministre  de  l'agriculture  de  Russie  ;  une  étude  sur  la  ^Morphologie  du 
mammouth,  par  M.  E.  Pfizenmayer,  etc. 

Publications     nouvelles.    —  La     Vie    liturgique,    par    E.     Chipier. 
6^  éd.  (in-16,    Lyon  et  Paris,  Vitte).  —  Du  Connu  à  Vinconnu.  Simple  Caté- 
chisme, par  l'auteur  du  Catéchisme  expliqué  sans  maître  (in-32,  Lethielleux). 
—  Dieu  et  V Agnosticisme  contemporain,  par  G.   Michelet  (in-12,   Lecoffre, 
Gabalda).  —  Ulmmacolata  Concezione  di  Maria  Vergine  e  la  Chiesa  greca 
ortodossa  dissidente,  da  N.  Marini  (in-8,  Roma,  Salviucci).  —  L'Église  et  le 
Progrès  du  monde,  par  C.  S.  Devas;  trad.  de  l'anglais  par  le  P.  J.-D.  Fol- 
ghera  (in-12,   Lecoffre,  Gabalda).  —    La  Montée  du   Calvaire,   par  •  P.-L. 
Perroy  (in-12,  Lethielleux).  —   Le  Grand  Devoir  de  la  prière,  enseigné   aux 
enfants    du    catéchisme,   par  l'abbé   J.   Millot   (in-32,   Lethielleux).   —  La 
Religion  des  primitifs,  par  Mgr  A.  Le  Roy  (in-16,  Beauchesne).  —  Mélanges 
d'histoire  des  religions,  par  H.  Hubert  et  M.  Mauss  (in-8,  Alcan).  —  Supplé- 
ment  au  Dictionnaire   de   philosophie   ancienne,    moderne  et   contemporaine 
{années  1906,  1907,  1908),  par  l'abbé  E.  Blanc  (in-4,  Lethielleux).  —  Études 
et   controverses  philosophiques,   par   l'abbé   E.    Lanusse   (in-12,    Roger   et 
Chernoviz).  —  L' Anthropologie  de  Maine  de  Biran,  ou  la  Science  de  Vhomme 
intérieur,  suivie  de  la  note  de  Maine  de  Biran  de  1824  sur  Vidée  de  l'existence 
(aperception  immédiale,  édition  Cousin),  par  P.  Tisserand  (in-8,  Alcan).  — 
Anti-Pragmatisme,  examen  des.  droits  respectifs  dje  V aristocratie  intellectuelle 
et  de  la  démocratie  sociale,  par  A.  Schinz  (in-8,  Alcan).  —  Der  angebliche 
exzessive  Realismus  des  Duns  Scotus,  von  P.  P.  Minges  (Beitrpge  zur  Ges- 
chichte  der  Philosophie  des    Mittelalters)  (in-8.    Munster,    Aschendorff).  — 
Nicolaus  von  Autrecourt.  Sein  Leben,  seine  Philosophie,  seine  Schriften,  von 
J.   Lappe   (Beitrdge  zur    Geschichte  der  Philosophie  des   Mittelalters)  (in-8, 
Munster,  Aschendorff). —  Witelo,  ein  Philosoph  und  Naturforscher  des  XIII. 
J ahrhunderts ,  von   C.   Baeumker   {Beitrgge  zur  Geschichte  der  Philosophie 
des  Mittelalters)  (in-8.  Munster,  Aschendorff).  —  Geschichte   der    gottesbe- 
weise  im  Mittelalter  bis  zum  Ausgang der  Hochscholastik.   Nach   derQuellen 
dargestellt  von  Dr.  G.    Grunwald  [Beitrâge  zur  Geschichte  der  Philosophie, 
des  Mittelalters)  (in-8.  Munster,  Aschendorff).  —  Les    Grands  Philosophes. 
Rosmini,  par  F.  Palhoriès  (in-8,  Alcan).  —  Aimez-les.  Lettres  entre  directrices 
de  patronage,  par  F.  Henry  (in-12,  Lethielleux).  —  Manuel  d'économie  poli- 
tique, par  V.  Pareto;  trad.  de  l'italien  par  A.  Bonnet  (in-8,  Giard  et  Brière). 
—  Ma    Vocation  sociale.   Souvenirs  de  la  fondation  de  l'Œuvre  des  cercles 
catholiques  d'ouvriers   (1871-1875),   par   le   comte   A.   de   Mun   (petit  in-8. 


—  l'JO  — 

Lethielleux).  —  Le  Droit  de  grève.  Leçons  professées  à  VÉcole  des  hautes 
études  sociales,  par  Ch.  Gide,  H.  Berthélemy,  P.  Bureau,  A.  Keufer,  C. 
Perreau,  Ch.  Picquenard,  A.-E.  Sayous,  F.  Fagnot,  E.  Vandervelde  (in-8, 
cartonné  toile,  Alcan). — La  Lutte  contre  la  prostitution,  -par  R.  Décante 
(in-18,  Giard  et  Brière).  —  La  Maternité  et  la  Défense  nationale  contre  la 
dépopulation,  par  le  D^  Sicard  de  Plauzoles  (in-18,  Giard  et  Brière).  — 
L'Hygiène  infantile.  Allaitement  maternel  et  artificiel,  sevrage,  par  le  D""  G. 
\'ariot  (in-16,  Hachette).  —  L'Hygiène  du  logement,  par  P.  Juillerat  (in-12, 
carré,  Delagrave).  —  Précis  de  stomatologie,  par  J.  Redier.  T.  1"  (in-18, 
cartonné  toile,  Rudeval). —  Cours  de  physique  conforme  aux  programmes 
des  certificats  et  de  l'agrégation  de  physique,  par  H.  Bouasse.  4^  partie. 
Optique.  Étude  des  instruments  (in-8,  Delagrave).  —  La  Télégraphie  sans  fil 
et  les  applications  pratiques  des  ondes  électriques,  par  A.  Turpain.  2^^  éd. 
(in-8,  Gauthier- Villars). —  L'Électricité  industrielle,  par  C.  Lebois.  2^  partie. 
Études  complémentaires  des  courants  continus;  courants  alternatifs;  appli- 
cations (in-12  cartonné  toile,  Delagrave).  —  Thermodynamique,  par  H. 
Poincaré  (in-8,  Gauthier- Villars).  —  Initiation  chimique,  ouvrage  étranger 
à  tout  programme,  dédié  aux  amis  de  l'enfance,  par  G.  Darzens  (in-16. 
Hachette).  —  Le  Blé,  la  farine,  le  pain,  étude  pratique  de  la  meunerie  et  de  la 
boulangerie,  par  E.  Rabaté  (in-16  cartonné,  Hachette).  ■ —  La  Distillerie 
agricole,  par  D.  Sidersky  (in-12,  Amat).  —  Constructions  rurales.  Matériaux. 
Habitations  des  gens,  logements  des  animaux  et  des  récoltes,  par  Paul  et  Pierre 
Blancarnoux  (in-12.  Laveur).  — Exercices  et  leçons  d'ancdyse,  par  R.  d'Adhé- 
mar  (in-8,  Gauthier- Villars).  —  Arithmétique  commerciale  et  algèbre  finan- 
cière,^ t^qt  Yi.  Fuzet  et  L.  Reclus  (in-l2,  Delagrave).  —  Mathématiques, 
commerce,  comptabilité  agricoles,  à  Vusage  de  V enseignement  de  V agriculteur, 
par  J.-P.  Wagner  et  M.  Biichler  (in-8,  Amat).  —  SwÇeîv  tx  '.  atvoaEva, 
essai  sur  la  notion  de  théorie  physique  de  Platon  à  Galilée,  par  P.  Duhem 
(gr.  in-8,  Hermann).  —  Gros  et  petits  Poissons  (récits  de  pêches),  par  E. 
Maison  (petit  in-8.  Colin).  —  Les  Maîtres  de  Vart.  Chardin,  par  E.  Pilon 
(in-8  carré,  Plon-Nourrit).  —  Bagatelle  et  quelques  visages,  par  J.-F.  Merlet 
(in-12,  Edition  libre). —  Italica  :  Impressions  et  souvenirs.  Milan,  Venise, 
Bologne,  Florence,  par  J.  L'Hôpital  (in-18,  Perrin).  —  Musique  an- 
cienne. Style.  Interprétation.  Instruments.  Artistes,  par  W.  Landowska 
(in-18,  Mercure  de  France).  —  La  Musique  et  la  Magie,  étude  sur  les  origines 
populaires  de  l'art  musical,  son  influence  et  sa  fonction  dans  les  sociétés,  par 
J.  Combarieu  (gr.  in-8,  A.  Picard  et  fis).  —  Ordinaire  de  la  messe  avec  les 
chants  des  funérailles  en  notation  musicale  moderne,  d'après  l'édition  vati- 
cane,  suivi  des  messes  de  Du  Mont  les  plus  usitées  (Version  authentique)  ; 
transcription  exécutée  par  les  soins  de  A.  Gastoué  (petit  in-18,  Lethielleux). 
—  Les  Poètes  du  terroir  du  xv^  siècle  au  xx^  siècle,  textes  choisis,  accompa- 
gnés de  notices  bibliographiques,  d'une  biographie  et  de  cartes  des  anciens  pays 
de  France,  par  A.  Van  Bever  (in-12,  Delagrave).  —  Le  Livre  des  chats,  par 
A.  Ruffîn  (in-18,  Lemerre). — Les  Synthèses,  poèmes  philosophiques,  par  J. 
Brîi  d'Esquille  (in-18,  Lemerre).  — Les  Soirs,  par  L.  Chevalet  (in-18,  Per- 
rin). —  Théâtre  de  la  Révolution.  Le  14  juillet.  Danton.  Les  Loups,  par  R. 
Rolland  (in-16.  Hachette).  —  La  Folle  Histoire  de  Fridoline,  par  G.  Chante- 
pleure  (in- 18,  Calmann-Lévy).  —  Le  Cadet,  par  C.  Nisson  (in-16,  Plon- 
Xourrit).  —  Ceux  de  chez  nous,  contes  de  terroir,  par  L.  Boulé  (in-16,  Plon- 
Xourrit).  —  Vers  plus  de  joie,  roman  de  l'année  1995,  par  A.  Godard  (in-12, 
Perrin).^ —  Carrière  d'artiste,  par  M"»^  H.  Ward  ;  trad.  de  l'anglais  par  T.  Bent- 
zon  et  A.  Fliche  (in-8.  Hachette).  —  La  Dame  au  diamant,  par  K.  Green; 


-   191   - 

Irad.  par  M'»<'  J.  Heywood  (in-16,  Hachette). —  La  Déroute,  pd^v  Q.  Eras- 
tofT;  trad.  de  M.  Redgar  et  I.  Karmor  (in-18,  E.  Xourry).  —  Œuvres  choisies 
de  R.  Kipling,  avec  une  notice  de  M.  Epuy  (in-12,  Delagrave).  —  Par  dessus 
les  vieux  ?nurs,  par  C.  Mancey  (in-12,  Lethielleux).  —  En  Passant,  par 
Y.  d'Isnée  (in-12,  Lethielleux).  —  Méprise,  par  M.  Maryan  (in-12,  Henri 
Gautier).  —  L'Irrésistible  Force,  par  J.  de  Coulomb  (in-18,  Henri  Gautier). 

—  Veuve  de  quinze  ans,  par  B.  de  Buxy  (in-12,  Henri  Gautier).  —  Sainte- 
Beuve  et  Champ fieunj.  Lettres  de  Champfleury  à  sa  mère,  à  son  frère  et  à 
divers,  par  J.  Troubat  (in-18.  Mercure  de  France).  — ■  Tibulle  et  les  auteurs 
du  «  Corpus  Tibullianum  »,  texte  établi  par  A.  Gartault  (in-8, Colin). —  His- 
toire de  la  littérature  française  classique,  1515-18.30,  par  F.  Brunetière.  T.  I. 
De  Marot  à  Montaigne  (1515-1595)  (petit  in-8,  Delagrave).  —  Les  Grands 
Écrivains  français.  Molière,  par  G.  Lafenestre  (in-16.  Hachette).  —  La 
Bretagne  à  F  Académie  française  au  \ix^  siècle,  d'après  des  documents  inédits 
par  R.  Kerviler  (in-8,  Champion).  —  Les  Paysans  de  la  Normandie  orientale. 
Pays  de  Caux,  Bray,  Vexin  normand,  Vallée  de  la  Seine,  par  J.  Sion.  Étude 
géographique  (in-8.  Colin).  —  Indo-Chine  et  Japon,  journal  de  voyage,  par 
M.  et  M"'-*^  E.  Jottrand  (in-16,  Plon-Nourrit).  —  Le  Buwenzori,  voyage  d'ex- 
ploration et  premières  ascensions  des  plus  hautes  cimes  de  la  chaîne  neigeuse 
située  entre  les  grands  lacs  équatoriaux  de  V Afrique  centrale,  de  S.  A.  R.  le 
prince  Louis-Amédée  de  Savoie;  relation  du  D""  F.  de  Filippi;  trad.  par 
A.  Poizat  (gr.  in-8,  Plon-Nourrit). —  Trois  Années  de  chasse  au  Mozambique, 
par  G.  Vasse  (in-16.  Hachette).  —  Mes  Croisières  dans  la  mer  de  Behring, 
nouvelles  chasses  et  nouveaux  voyages,  par  P.  Niedieck;  trad.  de  l'allemand 
par  L.  Roustan  (in-8,  Plon-Nourrit).  —  Les  Grandes  Antilles.  Étude  de 
géographie  économique,  par  D.  Bellet  (in-8,  Guilmoto).  —  Le  Brésil  au 
xxe  siècle,  par  P.  Denis  (in-18,  Colin).  —  Saint  Thomas  Becket  (1117-1170), 
par  Mgr  Demimuid  (Collection  Les  Saints  (in-18,  Lecoffre,  Gabalda).  — 
Crépuscule  d'ancien  régime,  par  le  vicomte  de  Guichen  (petit   in-8,  Perrin). 

—  Claude  Fauchet,  évêque  constitutionnel  du  Calvados,  député  à  V Assemblée 
législative  et  à  la  Convention  (1744-1793),  par  J.  Charrier  (2  vol.  gr.  in-8, 
Champion).  —  Lettres  de  François-Joseph  Bouchette  (1735-1810),  avocat  à 
Bergues,  membre  de  V Assemblée  nationale  constituante,  publiées  avec  une 
Introduction  et  des  notes  par  le  chanoine  C.  Looten  (in-8.  Champion).  — 
La  Mort  de  Pichegru.  Biville,  Paris,  le  Temple,  180i,  par  F.  Barbe}'  (in-16, 
Perrin).  —  Histoire  des  conciles  d'après  les  documents  originaux,  par  C.  J. 
Hefele  T.  II.  2"^  partie;  nouvelle  trad.  française  faite  sur  la  2^  édition  alle- 
mande, corrigée  et  augmentée  de  notes  critiques  et  bibliographiques  par 
Dom  H.  Leclercq  (gr.  in-8,  Letouzey  et  Ané).  —  Le  Célèbre  Miracle  de 
saint  Janvier  à  Naples  et  à  Pouzzoles,  examiné  au  double  point  de  vue  his- 
torique et  scientifique,  avec  une  Introduction  sur  le  miracle  en  général,  par 
L.  Cavène  (in-8,  Beauchesne).  —  Le  Pèlerinage  de  Port-Royal,  par  A.  Hallays 
(in-8,  Perrin).  —  Histoire  des  corporations  de  métiers,  depuis  leurs  origines 
jusqu'à  leur  suppression  en  1791,  suivie  d'une  Étude  sur  l'évolution  de  l'idée 
corporative  de  1791  à  nos  jours  et  sur  le  mouvement  syndical  contemporain^ 
.par  E.  Martin  Saint-Léon  (in-8,  Alcan).  —  Correspondance  du  comte  de  la 
Forest,  ambassadeur  de  France  en  Espagne  ,1808-1813  ,  publiée  pour  la  Société 
d'histoire  contemporaine  par  Geoffroy  de  Grandmaison.  T.  III.  Octobre 
lS09-juin  1810  (in-8,  A.  Picard  et  fils).  —  Lettres  et  documents  pour  servir  à 
l'histoire  de  Jnachim  Murât  (1767-1815),  publiés  par  son  S.  A.  le  prince  Murât  ; 
avec  une  Introduction  et  des  notes  par  P.  Le  Brethon.  T.  II.  Armée  d'ob- 
servation du  Midi  (suite).  République  cisalpine.  République  italienne:  1801' 


—  192  — 

1803  (in-8,  Plon-iNourrit). —  Mémoires  du  général  Criais,  1792-1822,  publiés 
par  son  petit-n€veu,  avec  Introduction  et  notes  par  A.  Cliuquet.  T.  I^"" 
(in-8,  l'Ion-Nourrit).  —  Soldats  de  Napoléon.  Journal  de  route  du  capitaine 
Robinaux,  1803-1832,  publié  par  G.  Schlumberger  (in-16,  Plon-Nourrit).  — 
Soldats  de  Napoléon.  Lettres  du  commandant  Coudreux  à  son  frère,  1804-1815., 
publiées  par  G.  Schlumberger  (in-16,  Plon-Nourrit).  —  La  France  à  Mada- 
gascar, histoire  politique  et  religieuse  d'une  colonisation,  par  P.  Suau  (in-8, 
Perrin).  —  Histoire  de  Bourgogne,  par  A.  Kleinclausz  (in-8  carré.  Hachette). 
—  Au  pays  de  Jean  de  la  Fontaine.  Notes  d'histoire  sur  Château-Thierry , 
du  xvi^  au  xix^  siècle,  par  E.  Deraine  (in-8,  A.  Picard  et  fils).  —  Diaire  de 
Joseph  Guillaudeau,  sieur  de  Beaupréau  (1584-1643)  [Archives  liistoriques 
de  la  Saintonge  et  de  VAunis.  T.  XXXVI  II  )  (in-8, Paris,  A.  Picard  ;  Saintes, Pré- 
vost).—  L'Évolution  d'un  village  frontière  de  Provence.  Saint- Jeannel  (Alpes- 
Maritimes),  par  J.-E.  Malaussène  (in-8,  A.  Picard  et  fils).  —  La  Question 
d'Orient,  depuis  ses  origines  jusquà  nos  jours,  par  E.  Driault  (in-8,  Alcan).  — ■ 
La  Franc-Maçonnerie  en  France  des  origines  à  1815,  par  G.  Bord.  T.  I*"". 
Les  Ouvriers  de  Vidée  révolutionnaire,  1688-1771  (in-8,  Nouvelle  Librairie 
nationale).  —  Etudes  contemporaines.  L'Eglise  de  France  devant  le  gouver- 
nement et  la  démocratie,  par  P.  Barbier  (in-12,  Lethielleux).  —  Études  con- 
temporaines. La  Crise  intime  de  V Eglise  de  France.  Les  Prêtres  démocrates, 
le  Sillon,  les  hypercritiques,  par  P.  Barbier  (in-12,  Lethielleux).  - —  L'Action 
française  et  Vidée  chrétienne,  étude  critique,  par  A.  Lugan  (in-16,  Blond).  — 
Une  Semaine  à  Londres.  Impressions  d'un  congressiste,  par  le  chanoine 
A.  Morigny  (petit  in-8,  Lyon  et  Paris,  Vitte).  —  Le  Catholicisme  en  Angle- 
terre au  xix<^  siècle,  par  P.  Thureau-Dangin  (in-16,  Bloud).  —  Un  Cadet  de 
Gascogne  au  xvi*^  siècle.  Biaise  de  Montluc,  par  P.  Courteault  (in-12,  A.  Pi- 
card et  fils).  —  Trois  Familiers  du  grand  Condé.  U Ahhé  Bourdelot,  le  Père 
Talon,  le  Père  Tixier,  par  J.  Lemoine  et  A.  Lichtenberger  (petit  in-8  carré, 
Champion).  —  Une  Vie  de  femme  au  wiii^  siècle.  Madame  de  Tencin  (1683- 
1749),  par  P. -M.  Masson  (in-16.  Hachette). —  Victor  Hugo  à  vingt  ans,  glanes 
romantiques,  par  P.  Dufay  fin-l6,  Mercure  de  France).  —  Profils  de  reines, 
par  E.  Rossier  (in-12,  Alcan).  —  Apologétique  vivante.  Une  Anglaise  con- 
vertie, par  le  P.  H.  d'Arras  .(in-16,  Beauchesne).  Visenot. 


Le  Gérant  :  CHAPUIS 


ImpriniPiie  jolyglolle  Fr.  Suion,  Meuues. 


POLTBIBLION 

REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE  UNIVERSELLE 


PUBLICATIONS  RECENTES  SUR  L'ECRITURE  SAINTE 
ET  LA  LITTÉRATURE  ORIENTALE 

1.  Alte  und  neue  Aiigriffe  auf  das  Alte  Testament.  Ein  Rûckblick  und  Ausblick,  von 
JoHANNES  NiKEL  (BibUsche  Zeitfragen,  fasc.  1).  2^  édit.  Munster  in  Westfalen, 
Aschendorff,  1908,  in-8  de  47  p.,  0  fr.  75. —  2.  Die  Glaubwiirdigkeit  des  Alten  Testa- 
mentes  im  Lichte  der  Inspirationslehre  und  Literarkritik,  von  Johannes  Nikel 
(même  collection,  fasc.  8).  Ibid.,  in-8  de  48  p.,  0  fr.  75.  —  3.  Der  Ursprung  des  alttes- 
tamentlichen  Gottesglaubens,  von  Johannes  Nikel  (même collection, fasc.  2).3<'édit. 
Ibid.,  in-8  de  43  p.,  0  fr.  75.  —  4.  L'Histoire  et  les  histoires  dans  la  Bible,  par  M.  Lan- 
DRiEUx.  2e  édit.  Paris,  Lethielleux,  s.  d.  (1908),  in-12  de  96  p.,  0  fr.  50.  —  5.  Dop- 
pelberichte  im  Pentateuck.  Ein  Beitrag  zur  Einleitung  in  das  Aile  Testament,  von 
A.  ScHULZ  (BibUsche  Studien,  t.  XIII,  fasc.  1).  Freiburg  im  Breisgau,  Herder,  1908, 
in-8  de  vii-96  p.,  3  fr.  50.  —  6.  Die  Amarnazeit.  Palastina  und  Agypten  in  der  Zeit 
israelitischer  Wanderung  und  Siedelung,  von  Karl  Miketta  (Biblische  Zeitjragen, 
fasc.  10). Munster  in  Westfalen,  Aschendorff,  1908,  in-8  de  48  p.,  0  fr.  75.— 7.  Das 
Hohelied,  iibersetzt  und  erklurt,  von  Joseph  Hontheim  {BibUsche  Studien,  t.  XIII, 
fasc.  4).  Freiburg  im  Breisgau,  Herder,  1908,  in-8  de  111  p.,  3  fr.  50.  —  8.  Le  Livre 
d'Amos,  par  J.  Touzard.  Paris,  Blond,  1909,  in-12  de  lxxxv-119  p.,  3  fr.  —  9.  Les 
Prédécesseurs  de  Daniel,  par  Edouard  Dujardin.  Paris,  Fischbacher,  1908,  in-12 
de  107  p.,  2  fr.  50.  —  10.  Die  Griechische  Philosophie  im  Bûche  der  Weisheit,  von 
Paul  Heinisch  (Alttestamentliche  Abhandlungen,  t.  I,  fasc.  4).  Munster  i.  W. 
Aschendorfï,  1908,  in-8  de  iv-158  p.,  5  fr.  25.  —  11.  Hieronymi  graeca  in  Psalmos 
fragmenta,  von  Joh.  Joseph  Klem.  Waldis  (même  collection,  t.  I,  fasc.  3).  Ibid., 
in-8  de  80  p.,  2fr.65. — 12.  Histoire  et  Sagesse  d' AhikarT Assyrien  (fils  d\Anael,neveu 
de  TobieJ.  Traduction  des  versions  syriaques  avec  les  principales  différences  des 
versions  arabes,  arménienne,  grecque,  néo-syriaque,  slave  et  roumaine,  par  F.  Nau 
(Documents  pour  l'étude  de  la  Bible).  Paris,  Letouzey  et  Ané,  1909,  in-8  de  308  p., 
5  fr.  —  13.  Le  Messianisme  chez  les  Juifs  fl50  aç.  Jésus-Christ  à  200  après  Jésus- 
Christ),  parle  P.  M.-J.  hAGRXNOE  (Études  bibliques).  Paris,  Lecoffre,  Gabalda,  1909, 
in-8  de  vni-349  p.,  10  fr. —  14.  Histoire  du  canon  de  F  Ancien  Testament  dans  V  Eglise 
grecque  et  l'Église  russe,  par  M.  Jugie  (Études  de  théologie  orientale).  Paris,  Beau- 
chesne,  1909,  in-12  de  140  p.,  1  fr.  50.  —  15.  Der  Kanon  des  Neuen  Testaments,  von 
P.  Dausch  {BibUsche  Zeitfragen,  fasc.  5).  2'^  édit.  Munster  i.  W.,  Aschendorfï,  1908, 
in-8  de  43  p.,  0  fr.  75.  —  16.  Kardinal  Wilhelm  Sirlets  Annotationen  zum  Neuen 
Testament.  Eine  Verteidigung  der  Vulgata  gegen  Valla  und  Erasmus,  nach  unge- 
druckten  Quellenbearbeitet  von  P.  Hildebrand  Hpfol  {BibUsche  Studien,  t.  XIII, 
fasc.  2).  Freiburg  im  Bresgau,  Herder,  1908,  in-8,  de  x-126  p.,  4  fr.  25.  —  17.  Les 
Théories  de  M.  Loisy.  Exposé  et  Critique,  par  M.  Lepin.  Paris,  Beauchesne,  1908, 
in-12  de  379  p.,  3  fr.  50. — 18.  M.  Loisy  et  la  critique  des  Évangiles,  par  F.  Jubaru. 
Paris,  Lethielleux,  s.  d.  (1908),  in-12  de  99  p.,  0  fr.  60. —  19.  Jésus-Christ.  Réponse 
à  M.  Renan,  par  A.  Gratry.  Nouv.  édit.  Paris,  Téqui,  1908,  in-12  de  xi-139  p., 
1  fr.  —  20.  Der  Verni chtungskampf  gegen  das  biblische  Christusbild,  von  Ignaz 
RoHR  {BibUsche  Zeitfragen,  fasc.  3).  2e  édit.  Miinster  i.  W.,  Aschendorff,  1908,  in-8 
de  40  p.,  0  fr.  75.  —  21.  Ersatzversuche  filr  das  biblische  Christusbild,  von  Ignaz 
RoHR  (même  collection,  fasc.  4).  Ibid.,  in-8  de  51  p.,  0  fr.  75.  —  22.  Christus  und 
Bhudda,  von  O.  Wecker  (même  collection,  fasc.  9).  Ibid.,  in-8  de  51  p.,  0  fr.  75  — 
23.  St.  Augustins  Schrift  De  consensu  evangelistarum  unter  vornehmlicher  Beriicksich- 
tigung  hrer  harmonistischen  Anschauungen.  Eine  biblisch-patristische  Studie,  von 
Heinrich  Joseph  Vo  gels  {Biblische  Studien,  t.  XIII,  fasc.  5).  Freiburg  ira  Breisgau, 
Herder,  1908,  in-8  de  iv-148  p.,  5  fr.  —  24.  De  Bethléem  à  Nazareth.  Étude  historique 
sur  l'enfance  et  la  jeunesse  du  Rédempteur,  par  le  P.  M.-J.  Oluvier.  Paris,  Lethiel- 

Mars  1909.  ■  T.  CXV.  i3. 


-  194  — 

leux,  s.  d.  (1§08),  in-12  de  xxxii-536p.,  4  fr.  —  25.  Die  Dauer  der  dffentlichen  Wirk. 
samkeit  Jesu.  Eine  patristisch-exegetische  Stu^lie,  von  Wilhelm  Homanner 
(Biblische  Studien,  t.  XIII,  fasc.  3).  Freiburg  ira  BreLsgau,  Herder,  1908,  in-8  de 
vn-123  p.,  3  fr.  75.  —  26.  Kainel  und  Nadelohr.  Eine  kritisch-  exegetische  Studie  iiber 
Mt.  19,  24  und  Parallelen,  von  Georg  Aicher  (Neutestamentliche  Abhandlungen, 
fasc.  5).  Munster  i.  W.,  Aschendorff.  1908,  in-8  de  vii-64  p.,  2  fr.  25.  -  27.  Jésus- 
Christ^  sa  vie.  son  temps,  par  le  P.  Hippolvte  Leroy  (Leçons  d'Écriture  sainte 
prêchées  aux  Gesù  de  Paris  et  de  Bruxelles).  Année  1908.  Paris,  Beauchesne,  1908, 
in-12  de  346  p.,  3  tr.  —  28,  Die  Auferstehung  Jesu  Christi  nach  den  Berichten  des 
JVeuen  Testaments,  von  E.  Dentler  (Biblische  Zeitfragen.  fasc.  6).  2<'  édit.  Muns- 
ter, i.  W.,  in-8  de  64  p.,  0  fr.  75. —  Die  Apostel geschichte ,  von  Joh.  Belser  (mr-me 
collection,  fasc.  7).  Ibid.,  in-8  de  32  p.,  0  fr.  75.  —  30.  Manuel  biblique, ou  Cours 
d''Eeriture  sainte  à  l'usage  des  séminaires.  T.  IV.  Nouveau  Testa  ment,  par  A.  Bras- 
sac.  12'^  édit. Paris,  Roger  et  Chernoviz.  1909,  in-12  de  xi-743  p.,  3  fr.  50. —  31. 
Histoire  des  livres  du  youveau  Testament,  par  E.  Jacquier.  T.  III  et  IV.  Paris, 
Lecoffre,  Gabalda.  1908.  2  vol.  in-12  de  346  et  422  p.,  7  fr.  —  32  .  L' Apocalypse 
interprétée  par V Écriture,  par  Marc  Passasa.  Paris,  Savaète,  s.  d.  (1908),  in-8  de 
107p.,2fr. 

Nous  avons  à  présenter  pour  la  première  fois  au  public  français 
quelques  ouvrages  de  trois  nouvelles  collections  bibliques,  éditées 
chez  M.  Aschendorff,  à  Munster  en  Westphalie.  Deux  d'entre  elles 
comprennent  des  dissertations  scientifiques  sur  l'Ancien  ou  le  Nouveau 
Testament.  Les  Alttesîamentliche  Abkanélungen  sont  dirigées  par 
M.  Nikel, professeur  à  Breslau,  et  les  Neiitestamentliche  Abhandlungen, 
par  M.  Bludau,  naguère  professeur  à  Munster  et  évêque  élu  d'Erme- 
land.  La  troisième  collection,  sous  le  titre  deBiblische  Zeitfragen,  îoTiae 
une  série  de  brochures  de  vulgarisation  sur  l'Ancien  Testament  avec 
M.  Nikel  pom"  directeur,  ou  le  Nouveau  sous  la  responsabilité  de 
M.  Rohr,  professeur  à  Strasbourg.  Avec  les  Biblische  Studien  et  la 
Biblische  Zeitschrift,  qui  continuent  à  paraître  à  Frîbourg  en  Brisgau. 
chez  ^L  Herder.  ces  collections  témoignent  d'une  grande  activité  de 
la  part  des  catholiques  allemands  dans  le  domaine  biblique  et  appor- 
tent d'utiles  contributions  à  l'étude  scientifique  de  la  Bible. 

1.  —  M.  Nikel  a  inauguré  les  Biblische  Zeitfragen,  qu'il  dirige,  en 
jetant  un  coup  d'œil  rétrospectif  sur  les  attaques  anciennes  et  nou- 
relles  contre  le  Vieux  Testament,  Alte  und  neue  Angriffe  auf  dos  AUe 
Testament.  Les  adversaires  de  l'Ancien  Testament  ont  changé  de  front 
et  de  méthode  au  cours  du  xix^  siècle.  Ils  ont  comparé  Israël  et  sa 
religion  aux  autres  nations  et  aux  autres  religions.  Les  uns  ont  préten- 
du que  ce  peuple  n'avait  pas  été  dirigé  dans  son  histoire  par  une 
providence  spéciale  de  Dieu  et  que  sa  religion  était  le  produit  d'un 
développement  purement  naturel  des  idées.  Les  autres  ont  admis 
l'influence  divine  en  Israël  par  le  moyen  des  prophètes,  en  la  réduisant 
toutefois  à  l'action  directe  de  ces  envoyés  de  Dieu,  et  ne  l'étendant  pas 
à  la  rédaction  même  des  Livres  saints,  qui  ne  sont  pas  ainsi  eux-mêmes 
inspirés  par  Dieu,  mais  reflètent  seulement  les  idées  des  prophètes 
inspirés.  Les  catholiques    ont   donc  à  prouver  et  la  vocation  surna- 


—  195  — 

turelle  du  peuple  d'Israël  et  rinspiration  des  écrits  de  l'Ancien  Tes- 
tament. M.  Nikel  expose  avec  beaucoup  d'à-propos  la  méthode  à  suivre 
pour  démontrer  ces  deux  vérités,  en  se  plaçant  sur  le  terrain  des  adver- 
saires et  avec  leurs  propres  armes,  l'étude  comparée  des  religions. 
Signalons  les  applications  de  la  méthode  faite  au  monothéisme  hébraï- 
que, au  récit  de  la  création,  àl'histoire  des  patriarches,  aux  loisduPen- 
tateuque,  à  la  croyance  aux  anges  et  aux  démons,  et  aux  idées  escha- 
tologiques.  L'inspiration  des  livres  de  l'ancienne  AUiance  est  attaquée 
au  sujet  des  contradictions  qu'on  relève  entre  eux,  de  l'idée  de 
Dieu,  du  sentiment  moral,  des  sciences  de  la  nature,  de  l'histoire  pro- 
fane, de  la  critique  littéraire  et  textuelle.  Sur  chacun  de  ces  points 
d'attaque,  l'apologiste  moderne  doit  prendre  nettement  position  pour 
montrer  comment  l'inspiration  des  Livres  saints  n'est  pas  diminuée. 

2.  —  Dans  la  brochure  :  Die  Glaubwiirdigkeit  des  Alten  Testamentes 
im.  Lichte  der  Inspirationslehre  iind  der  Literarkritik,  le  même  auteur 
a  étudié  quelle  autorité  il  faut  accorder  à  l'Ancien  Testament  sous  le 
rapport  de  l'inspiration  et  de  la  critique  littéraire.  Il  a  exposé  d'abord 
quelles  sont  la  nature  et  l'étendue  de  l'inspiration,  puis  comment  il 
faut  entendre  l'inerrance  biblique.  A  ce  sujet  ,  il  a  résumé  l'interpré- 
tation que  les  exégètes  catholiques,  qui  se  disent  progressistes,  ont 
donnée  à  l'encyclique  Providentissimus  Deus,  sans  en  faire  la  critique 
et  en  paraissant  leur  accorder  son-  assentiment.  Seules  les  vues  des 
exégètes  conservateurs  sont  discutées.  Pourtant  on  ne  peut  admettre 
simultanément  les  idées  parfois  assez  divergentes,  émises  par  les  Pères 
de  Hummelauer,  Lagrange,Prat,  et  MM.  Holzhey,  Peters,  von  Scholz; 
il  faudrait  choisir  et  adopter  celles  qui  paraissent  les  meilleures.  II 
faudrait  décider  si  les  deux  premiers  ont  exactement  Interprété  la  célèbre 
transition  de  l'encychque  Providentissimus  :  Haec  ipsa  deinde  ad 
cognotas  disciplinas,  ad  historiam  praesertim  juvahit  transferre,  et  il  ne 
suffît  pas  de  dire  que  Léon  XIII  n'est  plus  là  pour  expliquer  sa  pensée. 
Il  est  de  notoriété  pubhquo,  du  reste,  que  si  l'autorité  ecclésiastique 
n'a  pas  condamné  ces  vues  nouvelles,  elle  en  tient  quelques-unes  en 
suspicion.  En  tout  cas,  il  est  inexact  de  ranger  M.  Vigouroux  au 
nombre  des  exégètes  modernes  qui  n'admettent  pas  le  caractère 
historique  du  livre  de  Tobie  (p.  27).  Le  Français  M.  Dufom*,  nommé 
p.  32,  doit  être  M.  Dufourcq,  qui  n'est  pas  exégète.  Au  sujet  de  la 
critique  littéraire,  M.  Nikel  résume  aussi  les  théories  du  P.  de  Hum- 
melauer, sans  marquer  que  certains  genres  littéraires  sont  des  créations- 
du  célèbre  jésuite.  Comme  lui  encore,  il  reconnaît  que,  même  avec 
les  nouvelles  théories,  les  livres  historiques  de  l'Ancien.  Testament  ne 
perdent  rien  de  leur  autorité  naturelle  et  historique. 

3.  • —  Le  même  auteur  avait  étudié  dans  une  brochure  précédente 
l'origine  du  monothéisme  hébraïque  :  Der  Ursprung  des  alttestament- 


—  196  — 

lichen  Gottesglaubens.  Il  a  clairement  montre  que  ce  monothéisme, 
unique  en  son  genre  parmi  les  religions  de  l'antiquité,  n'est  ni  une 
propriété  des  races  sémitiques  (contre  Renan  et  Ottley),  ni  le  produit 
de  la  réflexion  (contre  Renan  et  Hitzig),  ni  le  dernier  terme  de  l'évo- 
lution religieuse,  partant  du  totémisme,  du  culte  des  ancêtres  ou  du 
fétichisme,  ni  un  emprunt  aux  Babyloniens  ou  aux  autres  peuples 
voisins.  Cette  brochure  est  excellente;  l'auteur  est  très  au  courant 
des  systèmes  modernes,  et  il  les  réfute  par  de  solides  raisons. 
f^  ^-  ■ —  Dans  une  conférence  à  des  dames,  M.  Landrieux  distingue 
très  judicieusement  l'Histoire  et  les  histoires  dans  la  Bible.  Au  lieu 
de  n'y  rechercher  que  les  épisodes  merveilleux,  il  faut  y  voir  l'histoire 
sainte  elle-même,  l'idée  providentielle  qui  relie  les  événements,  à 
savoir  la  préparation  de  la  venue  du  Messie.  Pour  aider  les  mères 
chrétiennes,  qui  veulent  enseigner  cette  histoire  sainte  à  leurs  enfants, 
le  conférencier  expose  sommairement,  mais  avec  clarté  et  préci- 
sion, les  principes  catholiques  de  l'exégèse  biblique,  puis  il  signale, 
dans  les  faits  principaux  de  cette  histoire,  la  marche  progressive  de 
l'action  divine,  préparant  par  la  révélation  juive  la  manifestation 
de  Notre-Seigneur.  Je  n'ai  relevé  qu'une  seule  inexactitude  (p.  63)  : 
M.  Landrieux  parle  à  l'époque  des  Juges  de  l'idolâtrie  syrienne  (Baal, 
Moloch,  Astarté),  qui  n'a  été  introduite  en  Israël  que  par  Achab;  il 
fallait  parler  de  l'idolâtrie  chananéenne.  La  lecture  de  cette  brillante 
conférence  sera  utile  à  tous  les  laïques,  chargés  d'expliquer  l'histoire 
sainte;  elle  leur  fera  éviter  des  écueils,  contre  lesquels  beaucoup  de 
personnes  de  bonne  volonté  ont  sombré,  au  grand  détriment  des  jeunes 
intelligences. 

;  5.  —  En  vue  d'apporter  quelques  précisions  de  fait  à  l'étude  de  la 
composition  du  Pentateuque,  M.  Schulz  a  examiné  les  doubles  récits 
de  ce  livre,  Doppelberichte  im  Pentateuch.  11  n'a  pas  eu  l'intention 
d'épuiser  le  sujet,  et  il  s'est  borné  à  quelques  exemples.  Il  n'a  pas 
seulement  étudié  les  doubles  traditions  sur  la  création,  le  déluge, 
l'âge  d'Ismaël  quand  il  fut  chassé  avec  sa  mère,  la  préservation  de  Lot, 
et  certains  doublets  de  l'histoire  de  Jacob  et  de  Joseph  dans  la  Genèse. 
Il  a  poursuivi  son  enquête  dans  l'Exode  et  les  Nombres,  et  il  a  trouvé 
deux  récits  de  la  sortie  d'Egypte,  de  l'envoi  des  espions  au  pays  de 
Chanaan  et  de  la  révolte  de  Coré,  Dathan  et  Abiron.  Il  n'a  rien  dit 
de  neuf  sur  la  question;  tous  ces  exemples  avaient  été  proposés  par 
les  critiques  non  catholiques.  Tout  son  effort  a  tendu  à  montrer  que 
les  explications,  données  par  les  exégètes  conservateurs,  n'étaient  pas 
acceptables.  Il  a  maintenu  seulement  contre  Gunkel  et  Happcl  l'unité 
du  récit  concernant  la  tour  de  Babel.  Il  estime  que  cette  constatation 
ne  nuit  pas  à  la  valeur  historique  du  Pentateuque,  puisque  au  lieu  d'un 
seul  témoignage  sur  un  fait,  on  en  a  deux.  Mais,  s'ils  sont  contradictoires, 


-  197  - 

ces  deux  témoignages,  loin  de  se  confirmer,  se  détruisent.  Or,  M.  Schulz 
a  bien  montré  leurs  divergences,  mais  pas  leur  accord,  sinon  sur  le 
fait  brut.  De  son  étude  il  ne  tire,  au  sujet  de  la  composition  du  Penta- 
teuque,  que  cette  seule  conclusion  :  Si  Moïse  est  l'auteur  de  la  légis- 
lation hébraïque,  les  récits  de  son  histoire  ont  pu  être  écrits  par 
d'autres.  Elle  se  concilie  fort  bien  avec  la  récente  décision  de  la  Com- 
mission biblique.  Cette  décision,  en  effet,  n'a  pas  interdit  aux  catho- 
liques de  faire  des  travaux  critiques  sur  l'origine  du  Pentateuque. 
Elle  a  réglé  seulement  la  direction  qu'ils  doivent  suivre.  Quelques 
recenseurs  de  l'opuscule  de  M.  Schulz  en  ont  conclu  assez  inconsidé- 
rément que  les  catholiques  pouvaient  rivaliser  de  zèle  avec  les  ratio- 
nalistes pour  prouver  que  Moïse  n'a  pas  rédigé  le  Pentateuque. 
M.  Schulz  est  bien  plus  modéré,  parce  qu'il  est  mieux  instruit. 

6.  —  A  Amarna  en  Egypte,  on  a  découvert,  en  1888,310  tablettes 
cunéiformes,  qui  contiennent  des  lettres  adressées  aux  Pharaons 
d'Egypte,  Aménophis  III  et  IV,  par  les  rois  de  Babylone  ou  d'Assyrie, 
par  une  princesse  babylonienne  et  par  des  gouverneurs  phéniciens 
et  chananéens.  Après  avoir  décrit  le  Heu  de  la  découverte,  raconté 
l'histoire  de  cette  découverte,  caractérisé  la  langue  dans  laquelle  ces 
lettres  sont  écrites,  indiqué  quels  étaient  les  destinataires  et  les  expé- 
ditionnaires et  résumé  leur  contenu,  M.  Miketta,  dans  sa  brochure  :  Die 
Amarnazeit,  étudie  successivement,  d'après  cette  correspondance, 
quel  était  l'état  de  l'Egypte,  de  la  Syrie  et  de  la  Palestine  à  cette 
époque,  c'est-à-dire  à  l'époque  de  l'entrée  des  Israélites  en  ce  dernier 
pays.  Dans  une  quatrième  section,  il  traite  des  rapports  que  ces 
tablettes  peuvent  avoir  avec  la  Bible.  Il  reconnaît  les  Hébreux 
dans  les  Cliabiru  et  les  Sa-Gas  de  cette  correspondance,  et  il  place  les 
événements  mentionnés  au  début  de  l'époque  des  Juges,  quand  les 
Israélites  tentaient  d'affermir  et  d'étendre  leur  conquête  au  nord  de 
la  Palestine.  Il  maintient  aussi  ses  précédentes  conclusions  sur  la 
chronologie  biblique  et  sur  la  date  de  la  sortie  d'Egypte,  sous  Amé- 
nophis II  (1461-1436).  Le  P.Vincent,  Canaan^  p.  458,  note,  n'admet 
pas  ces  conclusions. 

7= —  L'opuscule  du  P.  Hontheim  sur  le  Cantique,  Das  Hohelied,  com- 
prend des  prolégomènes,  un  commentaire  et  la  traduction  allemande 
de  ce  livre  inspiré.  Les  prolégomènes  traitent  les  questions  d'intro- 
duction. Tout  en  admettant  le  caractère  allégorique  du  Cantique, 
l'auteur  n'en  considère  que  le  sens  matériel,  base  de  l'allégorie,  et  il 
y  voit  la  description  de  l'amour  idéal  dans  le  mariage.  Les  deux  per- 
sonnages principaux  sont  l'époux  et  l'épouse,  déjà  mariés;  ils  chan- 
tent l'union  des  âmes  dans  le  mariage  et  font  abstraction  deia  généra- 
tion et  de  l'éducation  des  enfants.  Ils  remontent  à  l'éclosion  de  leur 
amour  avant  le  mariage  dès  leur  première  rencontre  et  le  décrivent 


—  198  — 

jusqu'au  jour  de  leurs  noces,  dans  six  entretiens  dans  lesquels  ils  se 
considèrent,  par  fiction  poétique,  comme  n'étant  encore  que  fiancés. 
Ces  six  dialogues  correspondent  aux  six  jours  de  noces,  tels  qu'ils  se 
célébraient  en  Orient.  L'époux  est  le  roi  Salomon  et  l'épouse  la  Sula- 
mith  (simple  nom  féminin  de  Salomon).  Le  Cantique  ne  répond  donc  à 
aucune  occasion  historique,  pas  plus  au  mariage  de  Salomon  avec  la 
fille  de  Pharaon  qu'avec  la  Sunanite  Abisag.  Les  circonstances  de  la 
parenté  et  de  la  demeure  de  l'époux  sont  purement  fictives  et  ne  répon- 
dent à  aucune  réalité.  Le  P.  Hontheim  analyse  les  six  chants,  tels  qu'il 
les  comprend,  puis  détermine  leur  structure  strophique  d'après  la 
théorie  du  P.  Zenner.  Le  texte  hébreu  non  vocalisé  est  très  bien  con- 
servé (l'auteur  n'a  noté  que  cinq  fautes),  et  la  vocalisation  massoré- 
tique  n'a  besoin  d'être  corrigée  qu'en  quelques  cas.  Le  P.  Hontheim 
propose  une  seule  transposition  et  la  répétition  de  quelques  versets. 
Il  ne  connaît  aucune  preuve  solide  pour  ne  pas  attribuer  le  Cantique 
à  Salomon,  et  il  n'a  aucune  raison  de  se  prononcer  pour  ou  contre 
cette  attribution.  Le  nom  de  l'auteur  pourrait  être  un  pseudonyme, 
et  les  Pères,  en  acceptant  le  titre,  n'ont  pas  donné  un  enseignement 
ecclésiastique  définitif.  La  question  d'auteur  ne  change  rien  à  la  signi- 
fication du  livre  inspiré  et  n'enlève  rien  à  sa  beauté  naturelle  et  surna- 
turelle. Le  commentaire  est  à  trois  étages  successifs  :  le  premier  est 
alloué  à  la  critique  textuelle,  le  deuxième  à  l'explication  et  le  troisième 
à  l'analyse  détaillée  de  chaque  chant.  Cette  méthode  favorise  l'étude 
scientifique  du  texte;  elle  n'est  pas  d'une  lecture  courante,  et  elle 
partage  l'attention.  La  traduction  allemande  divise  le  livre  en  chants, 
en  strophes  et  en  vers.  Elle  permet  aux  lecteurs  qui  ne  savent 
pas  l'hébreu  de  saisir  les  beautés  poétiques  de  l'original. 

8.  ■ —  Par  le  Livre  d'Amos,  M.  Touzard  inaugure  brillamment  une 
nouvelle  série  de  commentaires  bibliques  dans  la  Bibliothèque  de  l'en- 
seignement scripturaire.  On  ne  se  borne  plus  à  joindre  quelques  notes 
à  une  simple  traduction  du  livre  sacré.  On  donne  un  commentaire 
complet,  quoique  succinct,  du  texte  entier,  dans  lequel  on  traite  avec 
concision  et  précision  les  questions  critiques,  exégétiques,  archéolo- 
giques et  historiques  afférentes.  Une  Introduction  détaillée  fait  con- 
naître le  milieu  historique  et  politique  dans  lequel  vécut  le  prophète, 
la  personne  d'Amos  avant  sa  vocation  et  pendant  son  ministère  pro- 
phétique, le  livre  lui-même,  son  contenu,  sa  forme  littéraire,  son  style, 
son  texte,  son  authenticité,  enfin  la  doctrine  du  prophète,  synthé- 
tisée et  appliquée  au  présent  et  à  l'avenir  d'Israël.  M.  Touzard  a  lu 
les  travaux  des  critiques  ses  devanciers;  il  en  est  tributaire  sans  en  être 
dépendant;  il  leur  a  emprunté  les  résultats  positifs,  en  laissant  leurs 
théories  aventureuses  et  en  réfutant  leurs  conclusions  les  plus  spé- 
cieuses. Il  se  meut  à  l'aise  dans  ce  fouillis  d'hypothèses,  il  fait  très 


—  1^9  — 

librement  et  très  judicieusement  le  choix  des  meilleurs  matériaux 
et  les  met  en  œuvre  dans  une  exposition  personnelle,  qui  est  à  la 
portée  des  lecteurs  les  moins  initiés  aux  problèmes  de  la  critique 
moderne.  Ce  petit  commentaire  est  donc  un  écrit  de  vulgarisation 
scientifique,  qui  concourra  pour  sa  part  à  la  diffusion  des  bonnes  mé- 
thodes exégétiques  dans  le  grand  public  chrétien.  Des  tables  analy- 
tiques développées  facilitent  l'emploi  de  l'ouvrage  et  permettent 
de  retrouver  rapidement  le  détail  qui  a  frappé  à  la  lecture  et  que  l'on 
veut  utiliser  plus  tard.  Il  est  à  désirer  que  la  nouvelle  collection  con- 
tienne beaucoup  de  volumes  aussi  bien  faits  et  obtiennent  une  très 
large  diffusion. 

9.  —  A  cet  enseignement  scientifique,  donné  au  séminaire  de  Saint- 
Sulpice  ou  à  l'Institut  catholique  de  Paris,  il  faut  opposerpar  contraste 
celui  qui  est  distribué  sur  la  même  littérature  prophétique  d'Israël 
à  l'École  des  Hautes-Études.  Toute  personne  tant  soit  peu  au  courant 
verra  du  premier  coup  d'œil  de  quel  côté  on  fait  de  la  science  et  on 
emploie  les  bonnes  méthodes.Voici  une  thèse  qui  a  été  soutenue  à  cette 
École  en  1906  et  qui  a  valu  à  M.  Dujardin  le  diplôme  spécial  :  Les 
Prédécesseurs  de  Daniel.  Avec  son  maître,  M.  Maurice  Vernes,  et  sans 
plus  de  raison  que  lui,  M.  Dujardin  rabaisse  la  littérature  prophétique 
qui  s'échelonne  entre  le  viii*^  siècle  et  la  fin  du  vs,aux  environs  de  350 
et  de  165.  Il  place  donc  les  pseudo-Osée  et  Amos  quelques  années 
avant  l'entrée  d'Alexandre  le  Grand  en  Judée.  Continuant  son  travail 
pseudo-critique,  il  recherche  ici  la  trace  de  faits  et  d'idées,  datant  de 
la  fin  du  iii^  siècle  et  du  commencement  du  ii^,  dans  les  prophéties 
d'Habacuc,  de  Sophonie,  d'Aggée,  de  Zacharie  et  de  Malachie.  Il  prend 
comme  terme  de  comparaison  l'histoire  de  cette  époque,  telle  que 
Josèphe  la  raconte,  les  idées  et  la  lang-ue  de  la  majeure  partie  des 
Psaumes,  de  l'Ecclésiastique  et  du  livre  de  Daniel,  qu'il  rapporte  à 
cette  date.    Il  analyse  ensuite  les  petits  prophètes,  qui  sont  l'objet  de 
son  étude,  et  il  croit  y  retrouver  des  allusions  à  l'histoire  juive  du 
iii^  et  du  11^  siècle.  Indiquons  quelques  spécimens  de  cette  nouvelle 
exégèse.  M.  Dujardin  voit  dans  Habacuc,  ii,  9-12,  17,  des  traits  qui 
visent   Hyrcan,    fils   de   Joseph  ben  Tobia.   Sophonie  ressemble  au 
Second  Isaïe,  qui  est  du  iii^  siècle;  il  lui  est  donc  postérieur.  Et  si  le 
Second  Isaïe  n'est  pas  du  iii^  siècle,  la  démonstration  croule.  Le  livre 
d'Aggée  dépend  des  documents  qui  ont  ser\à  à  la  composition  du 
livî'e  d'Esdras,  et  son  explication  de  la  cessation  des  travaux  du  temple 
«  apparaît  comme  une  hypothèse  inventée  en  vue  de  fournir  un  argu- 
ment à  la  Aaeille  doctrine  prophétique  (p.  59)  ».  Pour  trouver  dans 
Zacharie  et  dans  Malachie  des  indices  du  ii^  siècle,  le  jeune  diplômé 
fait  de  singulières  considérations,  fondées  exclusivement  sur  de  pures 
hypothèses.  En  acceptant  une  pareille  «  thèse  «,  le  jury  de  l'Ecole  des 


—  200  — 

Hautes-Etudes  fait  preuve  de  conceptions  toutes  spéciales  sur  l'histoire 
d'Israël.  Ajoutons  qu'elles  ne- sont  admises  nulle  part  ailleurs,  même 
en  France,  où  elles  ont  été  émises  par  deux  ou  trois  hommes  sans  auto- 
rité critique  et  sans  influence. 

10.  ■ —  Comme  travail  préparatoire  à  un  commentaire  du  livre  de 
la  Sagesse,  M.  Heinisch  publie  une  monographie  fort  savante  sur 
l'influence  de  la  philosophie  grecque  sur  l'auteur  de  ce  livre  :  Die 
Griechische  Philosophie  im  Bûche  der  Weisheit.  Bien  que  cet  écrivain 
soit  un  juif  d'Alexandrie,  il  ne  cherche  pas,  comme  Philon,  à  mêler 
la  foi  des  pères  à  la  philosophie  grecque  ;  il  est,  au  contraire,  un  partisan 
enthousiaste  de  sa  religion.  M.  Heinisch  discute  successivement  les 
rapprochements  qu'on  a  tentés  entre  le  livre  de  la  Sagesse  et  les  phi- 
losophes grecs  ;  il  étudie  séparément  les  doctrines  de  l'un  et  des  autres, 
qu'on  a  voulu  apparenter,  et  il  en  fait  voir  les  différences,  qui  sont 
telles  que  l'emprunt  apparaît  impossible.  Cette  méthode  comparative 
est  appliquée  à  la  philosophie  grecque  antésocratique,  aux  doctrines 
d'Heraclite,  d'Anaxagore  et  de  Xénophon,  puis  à  Platon  au  sujet  de 
la  sagesse,  de  la  matière,  des  rapports  du  corps  et  de  l'âme,  de  l'immor- 
talité et  de  la  préexistence  des  âmes,  ensuite  au  stoïcisme  (sur  la 
sagesse,  la  providence  et  les  vertus  cardinales)  et  à  l'épicuréisme,  enfin 
à  la  pliilosophie  judéo-grecque,  au  sujet  de  Dieu,  de  la  sagesse,  desidées 
morales  et  de  Fallégorisme.  Un  appendice  est  consacré  à  l'essénisme. 
La  conclusion  générale  de  cette  enquête,  qui  est  fort  bien  menée,  est 
que  l'auteur  delà  Sagesse  n'avait  qu'une  connaissance  très  superficielle 
de  la  philosophie  grecque.  Il  ne  s'était  rallié  à  aucun  système,  pas 
même  à  celui  de  la  philosophie  judéo-alexandrine,  et  n'avait  lu  aucun 
livre  de  la  philosophie  classique.  Le  seul  emprunt  qu'il  ait  fait  à  cette 
philosophie  consiste  en  quelques  mots,  tels  que  -rpovoia  pour  exprimer 
la  providence  divine,  conçue  à  la  façon  juive,  ou  des  tournures,  qui 
avaient  passé  des  écoles  dans  le  grand  public.  Demeuré  fidèle  à  la  foi  juive, 
il  a  seulement,  sous  l'inspiration  divine,  développé  la  spéculation 
hébraïque  sur  la  sagesse  et  l'eschatologie,  en  se  servant  d'expressions 
philosophiques,  mais  en  restant  toujours  dans  la  ligne  de  la  révélation 
de  l'ancienne  AlHance.  Il  y  a  donc  à  réformer  bien  des  idées  courantes 
au  sujet  de  la  place  tenue  par  la  philosophie  grecque  dans  le  livre  de 
la  Sagesse. 

IL  ■ —  Dans  les  mêmes  Alttestamentliche  Abhandlungen,  M.  Waldis 
a  étudié  les  29  fragments  grecs  sur  les  Psaumes,  queDom  Morin  avait 
tirés  d'un  manuscrit  de  Turin,  maintenant  brûlé,  et  édités  dans  ses 
Anecdota  Maredsolana,  t.  III,  3^  partie,  p.  122-128,  comme  pouvant 
provenir  en  partie  de  saint-  Jérôme  lui-même,  Hieronymi  graeca  in 
Psabnos  fragmenta.  Aucun  d'eux  n'a  cette  origine.  Ils  proviennent 
tous  d'une  Chaîne  écrite  à  la  marge  d'un  Psautier.  Pour  en  retrouver 


—  201   — 

les  sources,  M.  Waldis  les  a  minutieusement  comparés  aux  autres 
Chaînes  du  Psautier.  Le  texte  de  chacun  d'eux  est  reproduit,  puis 
traduit  en  allemand,  enfin  rapproché  des  textes  parallèles.  Cette 
comparaison  a  fait  découvrir  des  extraits  d'Origène,  d'Eusèbe  de 
Césarée,  de  saint  Athanase,  de  saint  Basile,  de  saint  Grégoire  de  Nysse, 
de  Didyme  l'aveugle  et  de  Théodoret.  Tous  n'ont  pu  être  identifiés. 
Cependant  aucun  ne  peut  être  attribué  à  Jérôme  de  Jérusalem  qui 
vivait  au  viii^  siècle  et  à  qui  le  manuscrit  de  Turin  semble  les  rapporter 
tous.  Jérôme  n'est  probablement  pas  non  plus  l'auteur  de  la  Chaîne. 
Le  texte  grec  des  Psaumes,  qui  a  été  ainsi  glosé,  est  celui  des  Septante 
de  la  recension  hexaplaire.  Cette  Chaîne  qui  est  postérieure  au  v^  siècle 
et  antérieure  au  xi*^,  nous  renseigne  sur  la  méthode  exégétique,  suivie 
à  l'époque  de  sa  composition  :  l'interprétation  est  tantôt  littérale, 
tantôt  allégorique,  et,  comme  dans  les  autres  Chaînes,  elle  est  emprun- 
tée généralement  aux  commentateurs  grecs  du  iv^  et  du  v^  siècle.  A 
la  page  64,  il  faut  lire  «  de  la  Rue  »  et  non  pas  «  de  la  Rues  ».  Le  travail 
de  M.  Waldis  pourra  être  complété  sur  quelques  points  demeurés 
indécis;  ses  conclusions  fermes  sont  acquises. 

12.  ■ —  Histoire  et  Sagesse  d'Ahikar  l'Assyrien,  de  M.  Nau,  n'a  pas 
la  même  importance  que  le  Livre  d'Hénoch,  paru  dans  la  collection 
de  M.  F.  Martin.  Cet  apocryphe  a  cependant  bien  des  relations  avec  la 
Bible,  qui  nous  le  rendent  intéressant.  Du  reste,  depuis  vingt  ans,  il 
a  été,  dans  tous  les  pays  du  monde,  l'objet  d'éditions  partielles  et  de 
multiples  études.  Il  convenait  que  les  Français  aient  ce  livre  dans 
leur  langue  et  ne  soient  pas  entièrement  tributaires  de  l'étranger.  Il 
se  trouve  maintenant  que,  grâce  au  labeur  de  M.  Nau,  nous  le  possé- 
dons dans  son  état  le  plus  complet,  sinon  le  plus  primitif,  puisque 
nous  avojis  la  première  traduction  du  manuscrit  syriaque  de  Berlin 
(Sachau  336).  Or,  le  texte  syriaque  représente  le  mieux  l'original, 
qui  est  perdu,  et  a  servi,  immédiatement  ou  médiatement,  de  source 
aux  autres  versions  conservées.  A  sa  traduction,  M.  Nau  a  ajouté,  en 
une  première  série  de  notes,  les  variantes  du  manuscrit  de  Cambridge, 
édité  par  M.  Rendel  Harris,  et  en  une  seconde  série,  les  principales 
différences  des  autres  versions  arabes,  arménienne,  grecque,  néo- 
syriaque et  slave.  Ces  variantes  permettent  de  comparer  les  textes 
et  de  rechercher  quelles  leçons  paraissent  le  mieux  rendre  l'original. 
Une  troisième  série  de  notes  fournit  les  explications  philologiques 
et  exégétiques  nécessaires.  Des  appendices  reproduisent  les  maximes 
et  comparaisons  propres  aux  versions  grecque,  arménienne,  slave 
et  roumaine.  Une  longue  introduction  renseigne  sur  l'hi'stoire  du 
livre  et  de  ses  versions,  expose  sa  doctrine,  résume  les  divers  travaux 
qui  lui  ont  été  consacrés,  et  établit  les  rapports  de  l'apocryphe  avec 
Tobie,  l'Ecclésiastique  et  Daniel,  et  avec  les  fabulistes  des  anciennes 


—  202  — 

littératures.  M.  Nau  pense  que  Ahikar  a  été  un  personnage  historique, 
juif  transporté  en  Assyrie  et  neveu  de  Tobie,  qui  a  rempli  des  fonc- 
tions publiques  à  la  cour  de  Sennachérib  et  d'Asar-Addon,  et  qui  est 
l'auteur  de  maximes  morales  et  de  paraboles.  Selon  lui,  l'Histoire  et 
la  Sagesse  d'Ahikar  forment  un  livre  unique,  rédigé  au  v^  et  au 
rv^  siècle  avant  notre  ère  en  araméen,  combinant  déjà  la  Sagesse,  la 
légende  et  l'histoire  d'Ahikar  et  ayant  servi  de  prototype  à  la  version 
syriaque.  L'auteur  juif,  écrivant  dans  un  milieu  babylonien,  se  serait 
inspiré  des  Proverbes  et  des  Psaumes,  mais  .aurait  été  une  des  sources 
de  l'Ecclésiastique.  La  ressemblance  de  ce  livre  avec  la  parabole  du 
mauvais  serviteur,  n'est  pas  directe  mais  purement  fortuite.  Quoi 
qu'il  en  soit  de  ces  problèmes,  qui  ne  sont  pas  tous  encore  définitive- 
ment résolus,  on  ne  peut  nier  l'antiquité  de  cet  écrit,  depuis  qu'on 
a  découvert,  à  Éléphantine  en  Egypte,  des  papyrus  araméens  du 
v^  siècle  avant  notre  ère,  qui  contiennent  une  partie  de  la  légende  et 
des  maximes  d'Ahikar.  Je  m'aperçois  que  je  n'ai  pas  analysé  la  légende 
d'Ahikar.  Je  laisse  aux  lecteurs  le  plaisir  de  la  lire  dans  l'ouvrage. 
l5.  —  Étant  donné  le  sentiment  de  M.  Loisy  sur  le  royaume  escha- 
tologique,  dont  Jésus  aurait  prêché  l'imminence,  il  est  d'une  extrême 
importance  d'étudier  en  lui-même,  comme  vient  de  le  faire  le  P.  La- 
grange,  le  Messianisme  chez  les  Jiiifs^  dans  les  siècles  qui  ont  précédé 
et  suivi  le  commencement  de  notre  ère.  Sans  s'astreindre  à  l'ordre 
chronologique  des  documents,  l'auteur,  tenant  compte  et  du  caractère 
des  sources  et  de  l'évolution  des  idées  et  de  leur  mise  en  œuvre  par 
l'action,  a  divisé  son  travail  en  quatre  parties,  dans  lesquelles  il  étudie 
le  messianisme  :  1°  d'après  les  écrivains  juifs  hellénistiques,  Josèphe  et 
Philon;  2»  d'après  les  Apocalypses  apocryphes;  3°  d'après  le  phari- 
saïsme  rabbinique;  4°  en  action.  Il  est  impossible  d'indiquer  ici  toutes 
les  variétés  d'opinion,  émises  par  les  Juifs  sur  l'avenir  messianique  de 
leur  nation  et  sur  les  fins  dernières.  Il  suffira  d'énoncer  quelques  obser- 
vations critiques.  Notons  d'abord  le  lapsus  delà  p.  10,  où  la  prise  de 
Jérusalem  par  Pompée  est  rapportée  à  63  après  (lisez  :  avant)  Jésus- 
Christ. La  seconde  partie  concernant  les  Apocalypses  remonte  le  plus 
haut  dans  l'ordre  des  temps;  elle  est  donc  la  plus  importante. 
Après  des  généralités  sur  leur  genre  littéraire  et  leurs  doctrines 
générales,  l'auteur  aborde  spécialement  leur  enseignement  sur  les  fins 
dernières  et  le  Messie,  en  se  proposant  d'insister  sur  leur  révolution 
et  leur  influence.  Or,  selon  lui,  leur  évolution  a  passé  par 
trois  étapes,  qui  sont  partiellement  simultanées  :  1»  eschatologie 
cosmique  temporelle,  ou  bien  transcendante,  mais  sans  Messie; 
20  eschatologie  messianique,  historique  ou  transcendante;  3°  escha- 
tologie cosmique  transcendante  avec  un  Messie  historique  moins 
transcendant.  Cette  classification  paraît  factice  et  arbitraire.  Elle  ne 


—  203  — 

Tésulte  pas  d'une  étude  critique  des  documents  et  des  couches  super- 
posées de  rédaction,  qu'on  découvre  en  quelques-uns.  Elle  semble 
faite  a  priori;  elle  enregistre  des  conceptions  divergentes,  sans  s'occu- 
per de  leur  origine.  Par  suite,  elle  n'est  pas  critique;  elle  influe  même 
trop  visiblement  sur  la  caractéristique  appliquée  aux  doctrines  qui 
ne  rentrent  pas  exactement  dans  le  cadre  de  la  théorie.  Elle  montre  au 
moins  la  variété  des  vues  eschatologiques  parmi  les  Juifs  avant  Jésus 
et  après  lui.  Il  n'y  avait  donc  pas  une  unité  de  doctrines  qui  s'imposait 
pour  ainsi  dire  à  l'esprit  de  Jésus  et  l'obligeait,  s'il  voulait  se  faire 
reconnaître  pour  Messie,  de  les  accepter  et  d'en  continuer  la  tradition. 
La  plupart  des  auteurs  d'Apocalypses  étaient  des  Pharisiens.  Les 
divers  courants  messianiques  de  leurs  œuvres  ne  se  sont  pas  perpétués 
dans  le  rabbinisme.  La  pensée  des  rabbins  a  pris  une  orientation  nooi- 
velle,  sinon  sur  les  fms  dernières,  du  moins  sur  le  Messie  et  le  règne 
de  Dieu.  Les  divergences  et  les  ressemblances  sont  groupées  aux 
pages  257-265.  Dans  la  quatrième  partie  l'auteur  examine,  dans  les 
actes  et  les  faits  de  l'histoire,  l'attitude  du  judaïsme  envers  les  gentils 
et  envers  le  christianisme,  enfin  les  déceptions  messianiques  après  la 
ruine  de  Jérusalem  jusqu'en  250.  Deux  textes  sont  reproduits  en 
appendice  ;  ils  sont  suivis  de  la  table  des  tannaïtes  et  des  amoras  cités 
et  de  la  table  analytique  des  matières.  L'ouvrage,  destiné  aux  débu- 
tants, n'est  pas  d'une  lecture  courante;  c'est  un  livre  d'étude.  Il  con- 
tient de  très  nombreux  matériaux,  bien  choisis.  La  seconde  partie 
est  plus  enchevêtrée  que  les  autres.  Les  lecteurs  que  l'effort  de  la 
réflexion  ne  rebutera  pas  y  trouveront  partout  beaucoup  à  apprendre 
et  tireront  de  tout  l'ouvrage  un  utile  profit,  dûssent-ils,  après  coup, 
différer  de  l'auteur  pour  quelques  conclusions  de  détail. 

14.  —  Le  P.  Jugie  s'étonne  qu'on  lui  ait  laissé  le  soin  d'écrire  son 
livre  :  Histoire  du  canon  de  l'Ancien  Testament  dans  l'Eglise  grecque  et 
l'Eglise  russe.  Si  le  travail  eût  été  fait,  il  n'eût  pas  eu  lui-même  le  plai 
sir  et  le  mérite  de  le  composer.  Il  s'en  exagère  d'ailleurs  la  portée.  Qu'un 
nombre  plus  ou  moins  grand  de  théologiens  grecs  et  russes  aient  pu, 
au  cours  du  xviii^  et  du  xrx^  siècle,  avec  l'assentiment  explicite  ou 
tacite  des  autorités  officielles,  accepter  les  idées  fausses  des  protes- 
tants sur  les  deutérocanoniques  de  l'Ancien  Testament  comme  Ger- 
ganos,  Critopoulos  et  Cyrille  Lucar  l'avaient  fait  au  xvii*^,  c'est  impor- 
tant au  point  de  vue  de  la  polémique  actuelle  avec  les  orthodoxes, 
mais  cela  ne  change  rien  à  l'histoire  du  canon,  qui  est  définitive.  Le 
P.  Jugie,  en  voulant  rectifier  ses  devanciers,  a  assez  mal  compris  la 
position  des  canonistes  grecs.  Il  ne  faut  tenir  compte  que  de  leurs 
commentaires,  qui  sont  plus  ou  moins  exacts;  le  texte  du  canon 
47^  du  concile  du  Carthage,  qu'ils  n'ont  pas  tous  bien  expliqué, 
ne    prouve    rien    au    sujet   de    leur   sentiment    personnel.  Quant  à 


—  2U4  — 

Mathieu  Blastarès,  il  commente  explicitement  les  mêmes  canons- 
que  ses  prédécesseurs,  b,  11,  col.  1140-1141.  Trompé  par  une  faute 
d'impression,  le  P.  Jugie  ne  s'est  pas  suffisamment  reporté  aux  sources 
et  quand  il  relève  les  incorrections  d'autrui,  il  lui  en  échappe  à  lui- 
même.  Zahn  lui  eût  fourni  des  renseignements  très  précis  sur  la  sticho- 
métrie  de  saint  Nicéphore  et  sur  le  catalogue  des  60  livres.  Nonobstant 
ces  lacunes,  le  li\Te  du  P.  Jugie  est  intéressant,  et  il  devra  être  consulté. 

15.  —  Sur  l'histoire  de  la  collection  canonique  du  Nouveau  Tes- 
ment,  M.  Dausch,  Der  Kanon  des  Xeiien  Testaments,  expose  successi- 
vement les  vues  principales  des  critiques  rationalistes,  des  exégètes 
catholiques  et  des  théologiens  protestants.  Il  s'arrête  plus  longuement 
sur  les  idées  des  catholiques,  et  il  joint  aux  considérations  générales  de 
principes  l'histoire  sommaire  et  précise  duCanon  duNouveauTestament. 
Avec  beaucoup  de  théologiens  catholiques  allemands,  il  regarde  l'ori- 
gine apostolique  d'un  livre  comme  le  critère  principal  de  l'inspiration 
et  de  la  canonicité  du  Nouveau  Testament.  Il  n'est  pas  prouvé  que 
les  apôtres  étaient  nécessairement  inspirés  dans  tous  leurs  écrits,  et 
les  Évangiles  de  saint  Marc  et  de  saint  Luc  ne  sbnt  pas  d'origine  apos- 
tolique. L'origine  apostolique  ne  me  parait  pas  l'indice  certain  et  prin- 
cipal de  l'inspiration  d'un  livre.  A  la  page  34,  Rufm  est  placé  à  tort 
après  saint  Augustin  et  saint  Innocent  l*^'".  La  brochure  constitue 
dans  l'ensemble  un  bon  résumé  de  l'histoire  du  Canon  du  Nouveau 
Testament. 

16.  ■ —  Le  P.  Hôpfl  nous  apprend  du  nouveau  sur  un  ouvrage  que 
le  cardinal  Sirlet  a  composé  lorsqu'il  était  encore  custode  de  la  biblio- 
thèque vaticane,  Kardinal  Wilhelin  Sirlets  Annotationen  ziun  Neueu 
Testament.  L'ouvrage  entrepris  pour  défendre  la  Vulgate  contre  les 
attaques  d'Érasme  et  de  Laurent  Valla,  est  demeuré  manuscrit.  Avant 
de  l'éditer,  le  P.  Hôpfl  nous  en  fait  connaître  la  composition,  le  but, 
le  plan  et  le  caractère  général.  Il  expose  avec  plus  de  détails  les  prin- 
cipes critiques  et  les  ressources  de  l'auteur,  la  position  qu'il  prend 
dans  les  questions  d'introduction  et  au  sujet  de  l'intégrité  du  Nouveau 
Testament,  sa  polémique  contre  Érasme,  les  corrections  qu'il  fait  au 
texte  sacré  et  des  spécimens  de  ses  annotations.  S'il  exagérait  la 
valeur  de  la  Vulgate,  qu'il  préférait  ordinairement  aux  manuscrits^ 
grecs,  Sirlet  recourait  cependant  à  ces  manuscrits,  notamment  au 
Vaticamis  et  au  fameux  Codex  Bezae,  dont  il  avait  relevé  toutes  les 
variantes.  Dans  le  choix  des  leçons,  il  a  le  plus  souvent  raison  contre 
Érasme,  et  sa  critique,  imparfaite  encore  en  beaucoup  de  points,  est 
supérieure  à  celle  du  célèbre  humaniste  qu'il  combattait.  Dom  Hôpfl 
a  découvert  un  écrit  important,  qui  montre  qu'au  xvi^  siècle  les 
études  critiques  étaient  plus  avancées  que  l'on  ne  croyait  chez  les 
théologiens  qui  ont  travaillé  à  la  correction  de  la  Vulgate  latine. 


—  20:i  — 

17.  —  Des  dernières  Théories  de  M.  Loisy^  à  partir  de  1902,  M.  Lepin 
a  voulu  donner  un  exposé  précis  et  exact  pour  en  marquer  la  relation 
avec  les  articles  essentiels  de  la  foi,  et  en  faire  une  critique  au  point 
de  vue  strictement  scientifique.  Dans  l'exposé,  qui  comprend  cinq 
chapitres  il  parcourt  successivement:  L'Evangile  et  V  Église  \  Autour 
d'un  petit  livre;  les  Lettres  pour  raconter  les  faits  postérieurs  à  la  con- 
damnation des  précédents  écrits  ]\es  S  impies  Réflexions  et  les  Evangiles 
synoptiques.  Si  développé  que  soit  cet  exposé,  au  point  qu'il  a  épou- 
vanté la  Croix,  il  est  cependant  incomplet.  Dans  l'histoire  de  la 
manifestation  des  idées  de  M.  Loisy,  Î\I.  Lepin  a  mis  au  second  rang 
la  critique  des  Évangiles.  Non  seulement  il  ne  parle  pas  du  Quatrième 
Évangile;  il  a  encore  perdu  de  vue  le  nouveau  chapitre  sur  les  Sources 
évangéliques  de  la  seconde  édition  de  l'Evangile  et  l'Eglise  (cf.  Autour 
d'un  petit  livre,  p.  72  sq.)  et  l'article  sur  le  Second  Evangile,  dont  le 
début  a  paru,  en  1903,  dans  la  Revue  d'histoire  et  de  littérature  reli- 
gieuses, et  qui  se  trouve  presque  textuellement  reproduit  dans  les 
Evangiles  synoptiques,  t.  I,  p.  85-92.  Aussi,  quand  il  arrive  à  ce  dernier 
écrit,  il  n'accorde,  p.  219-226,  qu'une  attention  insuffisante  aux  théo- 
ries de  l'auteur  sur  l'origine  des  Evangiles,  leur  caractère  et  la  forma- 
tion de  la  tradition  qu'ils  reproduisent.  Du  reste,  l'analyse  critique 
de  ces  deux  gros  volumes  est  la  partie  la  plus  faible  de  l'écrit.  M.  Lepin 
n'a  pas  saisi  la  pensée  définitive  de  M.  Loisy  dans  sa  trame  réelle. 
La  critique  contenue  dans  le  chapitre  vi^  n'est  pas  seulement  Courte 
et  sommaire;  elle  ne  serre  pas  d'assez  près  l'adversaire  et  ne  porte  pas 
sur  sa  pensée  spécifique  et  ne  le  déloge  pas  de  ses  positions.  Bien 
qu'elle  présente  de  fort  justes  observations,  elle  est  insuffisamment 
développée  et  n'est  pas  assez  directe.  Il  faudrait  la  reprendre  sur  une 
base  plus  large  et  lui  donner  plus  d'étendue  et  de  vigueur.  Une  préci- 
sion à  apporter  aux  renseignements  biographiques  de  la  page  ii,  c'est 
qu'en  1881  M.  Loisy  était  pour  la  seconde  fois  élève  à  l'Institut 
catholique.  A  partir  du  mois  de  décembre,  pendant  le  congé  du  pro- 
fesseur, il  fit  à  ses  condisciples  le  cours  d'hébreu,  et  il  n'en  fut  chargé 
définitivement,  à  titre  de  répétiteur,  qu'à  la  rentrée  de  1882.  Il  avait 
passé  son  examen  de  licence   en  théologie  au  mois  de  juin  1882. 

18.  • —  Plus  insuffisante  encore  est  la  brochure  du  P.  Jubaru  : 
M.  Loisy  et  la  Critique  des  Evangiles.  Reproduction  en  français  de  deux 
articles  de  la  Civiltà  cattolica^du  20  juin  et  du  4  juillet  1908,  elle  laisse 
dans  l'ombre  les  points  les  plus  graves  du  système  de  M.  Loisy  et 
touche  rapidement  et  superficiellement  à  quelques  questions  :  le  règne 
de  Dieu  dans  l'Évangile,  le  quatrième  Évangile,  les  discours  de  Jésus 
et  les  principaux  faits  de  sa  vie  dans  les  Synoptiques,  la  composition 
des  trois  premiers  Évangiles.  La  seule  partie  intéressante  de  la  bro- 
chure est  la  piquante  apphcation  de  la  critique  loisyste  à  l'apparition 


—  206  — 

de  la  Sainte  Vierge  à  Lourdes.  Une  note  supplémentaire  apprend 
que  le  R.  P.  a  fait  une  précédente  étude  sur  l'attribution  du  Magni- 
ficat^ non  à  Elisabeth,  mais  à  Marie. 

19.  ■ —  Mgr  l'évêque  de  Ne  vers  réédite  Jésus-Christ,  une  Réponse 
du  P.  Gratry  à  M.  Renan,  publiée  pour  la  première  fois  en  1864 
après  l'apparition  de  la  Vie  de  Jésus.  Il  l'offre  aux  jeunes  gens  à 
l'âme  haute  et  droite  et  il  pense  qu'il  est  bon  à  lire  en  face  du  moder- 
nisme qui  nous  présente  un  Christ  différent  de  celui  de  l'histoire 
et  de  celui  de  l'Evangile  interprété  par  toute  la  tradition  chrétienne. 
Gratry  détruit,  dans  une  première  partie,  la  fausse  image  de  Jésus 
tracée  par  Renan.  Il  y  a  dans  ces  sept  chapitres  des  coups  bien  frappés, 
mais  la  plupart  des  considérations  sur  les  sophistes  et  sur  la  sophis- 
tique, sur  la  disjonction  des  caractères,  etc.,  n'étaient  pas  et  ne  sont 
pas  encore  à  la  portée  du  peuple,  auquel  la  réfutation  était  adressée. 
Le  vrai  tableau  de  la  vie  de  Jésus,  de  la  seconde  partie,  emprunté  à 
Ewald,  reste  juste,  sans  doute,  mais  ne  répond  plus  guère  aux  théories 
des  exégètes  allemands  de  nos  jours  et  ne  résout  pas  leurs  difficultés. 
La  conclusion  sur  l'expérience"  de  Dieu  et  du  Chiist  est  du  pur  Gratry; 
elle  contient  des  conseils  pratiques,  qui  sont  de  tous  les  temps  et  qui 
conviennent  parfaitement  aux  jeunes  gens  de  nos  jours,  trop  étrangers 
à  la  méditation  de  l'Évangile. 

20.  • —  M.  Rohr  donne  un  exposé  sommaire  et  précis  des  théories 
négatives  émises  au  sujet  du  Christ  depuis  Reimarus  jusqu'à  Bruno 
Bauer  et  ses  adhérents,  Der  Vernichtiingskampf  gegen  das  biblische 
Chnstusbild.  Cette  critique  destructive  s'attaque  à  la  personne  du 
Christ  autant  qu'à  son  œuvre;  elle  nie  que  Jésus  ait  été  réellement 
ce  que  l'Évangile  le  fait  être,  et  elle  ne  remplace  pas  le  portrait  qu'elle 
démolit.  On  trouvera  donc  ici  un  résumé  des  idées  de  Reimarus, 
l'auteur  des  fragments  de  Wolfenbûttel,  des  premiers  rationalistes, 
qui  nient  les  miracles,  de  Strauss  avec  son  système  mythique,  de 
B.  Bauer,  de  Kalthoff  et  de  W.  B.  Smith  qui,  appuyés  sur  les  conclu- 
sions de  la  critique  la  plus  radicale  des  Évangiles,  ont  fait  de  Jésus 
la  personnification  de  diverses  tendances  de  son  époque. 

21. —  Dans  un  autre  fascicule  des  Biblische  Zeitjragen,  le  même 
auteur,  continuant  ce  sujet,  aborde  une  autre  série  de  critiques,  ceux 
qui  ne  se  bornent  pas  à  détruire,  mais  qui  refont  un  Christ  de  leur 
façon,  un  Christ  différent  du  Christ  de  l'Évangile,  Ersatzversuche  fiir 
das  biblische  Christusbild.  11  nous  présente  trois  types  de  ces  essais 
de  reconstruction  :  le  Christ  «  libéral  »  de  Renan,  de  Strauss  (seconde 
manière),  d'Hermann,  de  Fressen  et  de  Rosegger  dans  deux  romans 
que  M.  Fillion  nous  a  fait  connaître;  le  Christ  «  eschatologique  »  de 
Jean  Weiss,  à  qui,  parmi  nous,  M.  Loisy  s'est  rallié;  le  Christ  des 
critiques  qui  suivent  divers  courants  de  la  culture  moderne,  des  socia- 


—  207  — 

listes,  de  Tolstoï^  des  pessimistes,  des  apôtres  de  la  tempérance  et  des 
végétariens,  enfin  des  admirateurs  fanatiques  des  races  germaines 
qui,  comme  Chamberlain,  rapprochent  Jésus  de  Wodan.  L'exposé  du 
système  de  Renan  est  incomplet  et,  par  suite,  sa  critique  inopérante. 
M.  Rohr  aurait  pu  consulter  G-  Sorel,  le  Système  historique  de  Renan, 
m,  p.  209-336. 

22.  —  M.  Wecker  oppose,  dans  la  même  collection,  le  Clirist  à 
Bouddha,  Chrisiiis  und  Buddha-Ona.  fait,  de  nos  jours,  de  leurs  rapports 
et  de  la  comparaison  du  chi'istianismeavec  le  bouddhisme  une  question 
religieuse,  voire  une  question  bibhque.  Après  avoir  présenté  de  sages 
observations  sur  la  méthode  à  suivre  et  fourni  d'utiles  indications 
sur  l'âge  des  traditions  bouddhistes,  l'autem^'exposeetcritique  les  prin- 
cipaux rapprochements  qui  ont  été  étabhs  entre  leChristet  Bouddha, 
au  sujet  des  récits  parallèles  de  leur  naissance,  de  leur  présentation  à 
un  vieillard,  de  leur  venue  au  temple,  de  lem'  hésitation  à  se  faii'e  bap- 
tiser, de  leur  tentation,  de  leur  bénédiction  par  une  femme  du  peuple 
et  de  divers  autres  épisodes  de  leur  vie  publique.  L'examen  compa- 
ratif des  sources  montre  clairement  que  les  rapprochements  sont  très 
superficiels  et  n'atteignent  pas  la  substance  des  faits  mis  en  parallèle. 
Il  examine  ensuite  les  hypothèses  d'un  emprunt  fait  au  bouddhisme, 
en  étudiant  l'histoire  des  rapports  entre  l'Inde  et  les  contrées  situées 
à  l'est  et  en  critiquant  les  systèmes  de  Seydel  et  de  Van  den  Bergh. 
Cette  brochure  est  fort  claire  en  même  temps  que  très  précise  et  bien 
au  point. 

23.  ■ —  Dans  le  dernier  fascicule  des  Biblische  Studiende  1908,  M.  Vo- 
gels  a  publié  mie  monographie  très  savante  et  très  intéressante  sur  un 
ouvrage  de  saint  Augustin,  St  Aiigustins  Schrijt  De  consensu  evange- 
listarum.  L'Introduction  nous  fait  connaître  le  but  du,  livre  (défendre 
les  Évangiles  contre  ceux  qui  les  accusaient  de  se  contredire),  les  adver- 
saires visés  (les  néoplatoniciens,  disciples  de  Porphyre),  la  date 
(seconde  moitié  de  399  ou  première  de  400), le  texte  latin  des  Evangiles, 
sm-  lequel  l'ouvrage  est  composé  (la  velus  latina,  et  non  pas  la  Vulgate 
de  saint  Jérôme  :  point  important,  définitivement  établi),  les  soiu"ces 
(aucune  de  la  littérature  patristique  connue,  sinon  le  commentaire  de 
saint  Ambroise  sur  saint  Luc  qui  dépend  d'Origène),  le  plan  et  le  con- 
tenu du  livre.  Dans  une  première  partie,  l'autem^  étudie  les  principes 
d'harmonistique  de  saint  Augustin  :  l'idée  qu'il  a  de  l'inspiration  et 
les  rapports  de  dépendance  qu'il  reconnaît  entre  les  Evangiles.  C'est 
un  chapitre  important  de  la  doctrine  scripturaire  de  l'évêque  d'Hip- 
pone.  Dans  une  seconde  partie,  M.  Vogels  retrace  les  vues  harmonis- 
tiques  de  l'auteur  du  livre..  Celui-ci  n'admet  aucune  contradiction 
dans  les  Évangiles..  Ses  essais  de  conciUation  portent  sur  trois  sortes 
de  différences  :.  1°  celles  des  mots  et  des  paroles;  2°  celles  des  récits;. 


-  208  — 

3°  celles  de  la  chronologie  des  faits.  La  première  classe  s'explique 
par  cette  considération  générale  que  les  évangélistes  disent  les  mêmes 
choses  en  termes  différents.  Dans  la  seconde  rentrent  les  récits  de  faits 
réellement  distincts  et  des  récits  différents  du  même  fait;  les  circons- 
tances de  temps  et  de  lieu  servent  à  identifier  les  événements,  diver- 
sement racontés,  et  les  différences  ne  vont  pas  jusqu'à  la  contradiction 
et  n'empêchent  pas  l'identité,  chaque  narrateur  faisant  ressortir  les 
circonstances  qu'il  connaissait.  Sur  la  chronologie  des  faits,  saint 
Augustin  n'a  posé  aucune  question  de  principe  et  s'est  contenté  d'une 
solution  provisoire,  la  théorie  de  l'anticipation  des  récits  relativement 
à  la  suite  chronologique  des  événements.  L'œuvre  de  saint  Augustin 
a  exercé  une  grande  influence,  et  ses  principes  d'harmonisation  ont 
été  suivis  jusqu'à  Dom  Cal  met. 

24. —  Sous  le  titre:  De  Bethléem  à  Nazareth,\e  P.Ollivier  présente  au 
public  une  Etude  historique  sur  l'enfance  et  la  jeunesse  du  Rédempteur. 
Il  a  voulu  éclairer  par  l'histoire  la  vie  cachée  de  Jésus  et  s'initier  à  sa 
vie  d'âme  d'enfant  et  de  jeune  homme,  en  le  replaçant  dans  son 
milieu  politique  et  social.  Décrivant  dans  un  li\Te  premier  la  fin  des 
temps,  il  remonte  jusqu'aux  Asmonéens,  redescend  par  les  Romains 
et  les  Hérodes  pour  dire  ce  qu'était  la  postérité  de  David,  dans  laquelle 
le  Sauveur  a  pris  naissance.  Le  livre  II:  le  Partage  des  temps,  raconte 
l'enfance  de  Jésus  depuis  la  nativité  jusqu'au  retour  d'Egypte.  Le 
\ivTe  III  :  l'Aurore  des  temps  nouveaux,  décrit  les  premières  années 
de  Jésus,  sa  présence  parmi  les  docteurs,  sa  vie  cachée,  son  baptême 
et  son  assistance  aux  noces  de  Cana.  Neuf  appendices  contiennent 
des  généalogies  et  l'explication  de  quelques  points  traités  au  cours 
de  l'ouvrage.  L'histoire  profane,  l'archéologie,  l'exégèse  sont  tour 
à  tour  ou  simultanément  employées  pour  éclairer  les  circonstances 
merveilleuses  de  l'apparition  du  ^'erbe  incarné  en  Palestine  à  ce  grand 
tournant  qu'elle  a  produit.  Or,  pour  mener  ce  grand  travail  à  terme, 
le  P.Ollivier  n'est  ni  historien,  ni  archéologue,  ni  exégète.  Il  n'a  pas  la 
formation  scientifique  nécessaire  pour  puiser  aux  sources;  il  est  réduit 
à  des  ou\Tages  de  seconde  main,  et  il  n'a  pas  consulté  le  travail  si 
complet  de  Schiirer,  tandis  que  Schuré  est  pour  lui  «un  savant  »,  qu'il 
prend  la  peine  de  réfuter.  Il  est  donc  à  la  merci  de  ses  lectures  qu'il 
combine  plus  ou  moins  heureusement,  acceptant,  sans  s'en  douter, 
des  explications  divergentes  qui  ne  se  raccordent  guère.  II  se  défie  de 
l'hypercritique,  qu'il  ne  sait  pas  distinguer  de  la  critique  sans  épithète, 
et  il  fait  grand  usage  des  Évangiles  apocryphes,  sans  autre  critère 
que  son  propre  caprice  pour  trier  les  renseignements,  qu'il  rejette  ou 
adopte.  Aussi  fait-il  preuve  de  la  plus  grande  crédulité,  jointe  à  une 
indifférence  qui  tend  au  scepticisme.  Il  met  de  la  pédanterie  à  étaler 
■des  connaissances  variées,  sur  l'Inde  par  exemple,  à  propos  des  essé- 


—  209  — 

niens,  et  à  renvoyer  au  Talmud  qu'il  n'a  pas  consulté.  Beaucoup  de  ses 
références  sont  mal  transcrites  et  témoignent  de  sa  confiance  aveugle 
en  des  sources  de  pacotille.  Malgré  l'amnistie  qu'il  a  demandée,  p.  511, 
je  ne  puis  reconnaître  de  valeur  sérieuse  à  son  œuvre;  je  la  tiens  plutôt 
comme  malheureuse  à  cause  des  fausses  notions  qu'elle  répandra 
dans  le  public.  Je  pourrais  citer  beaucoup  de  détails  pour  justifier  la 
sévérité  de  mon  jugement.  Je  me  borne  à  signaler,  comme  spécimens, 
quelques  erreurs.  P.  ix,  les  Synoptiques  ont  d'abord  été  écrits  pour  les 
Galiléens;  p.  8,  des  incidents,  racontés  au  1.  II  des  Machabées,  sont 
mal  datés,  et  le  jugement  sur  ce  livre  manque  de  pondération;  p.  125, 
on  rappelle  une  opinion  de  saint  Jean  Damascène,  «  à  laquelle  se  sont 
ralliés  saint  Augustin,  Eusèbe  et  le  vénérable  Bède  »;  p.  141,  Nicéphore 
a  emprunté  le  portrait  de  Marie  «  aux  contemporains  du  Christ  »  ;  p. 
232,  271,  280,  on  fait  revenir  et  demeurer  Joseph  et  Marie  à  l'étable 
après  la  présentation;  p.  239-269,  longue  dissertation  pour  faire  venir 
les  mages  de  l'Inde;  p.  303,  le  texte  de  Macrobe  sur  Hérode  est  mal 
traduit;  p.  374,  ce  qui  est  dit  du  13  nisan  comme  jour  férié  n'est  vrai 
que  du  14;  parasceve  signifiait  vendredi,  et  pas  le  14  nisan;  p.  378,  les 
agneaux  étaient  immolés  le  14  et  pas  le  15  nisan;  p.  387,  Jonathan- 
ben-Uzziel  a  traduit  les  Septante  en  chaldéen.  C'est  une  vraie  perle; 
les  plus  jeunes  séminaristes  savent  que  ce  Jonathan  a  fait  le  targum 
des  prophètes  sur  le  texte  hébreu. 

25.  —  La  durée  du  ministère  public  de  Jésus  continue  à  préoccuper 
les  catholiques  allemands  depuis  dix  ans.  Articles  de  revues  et  mono- 
graphies se  sont  multipliés  et  ont  défendu  tous  les  avis  (un  an,  deux 
ans,  trois  ans  et  quelques  mois).  M.  Homanner  vient  de  reprendre  le 
sujet,  Die  Daiier  (1er  ôffentlichen  Wirksamkeit  Jesii.  Dans  le  ch.  i^r,  il 
considère  les  Evangiles  comme  des  œuvres  historiques  et  examine 
la  nature  de  leurs  données  chronologiques.  Le  ch.  ii  est  consacré  à 
l'exposé  des  vues  divergentes  des  Pères,  qui  ne  proposent  pas  une  tra- 
dition, mais  de  simples  opinions  exégétiques.  Il  a  montré  que  celle 
d'une  année  était,  dans  l'antiquité,  d'origine  gnostique.  Dans  le  ch.  m, 
l'auteur  cherche  dans  les  Évangiles  la  solution  du  problème.  Il  rejette 
la  théorie  d'une  seule  année  proposée  par  Van  Bebber  et  Belser,  et  il 
ne  laisse  le  choix  qu'entre  les  théories  de  deux  ou  trois  années.  Sa  pré- 
férence est  pour  trois  années.  Toutefois,  il  n'appuie  pas  son  sentiment 
sur  les  quatre  Pâques  qui  seraient  énoncées  dans  le  quatrième  Évan- 
gile. Pour  lui,  la  fête  indiquée,  Joa.,  v,  1,  est  plus  probablement  la 
Pentecôte,  mais,  comme  l'a  montré  Stawars,  celle  de  la  seconde  année 
du  ministère  public  et  non  celle  de  la  première.  D'où,  avec  la  Pâque  de 
Joa.,  VI,  4  (les  mots  to  TCâir/a.  étant  authentiques),  on  aboutit  à  trois 
années  et  demi  de  prédication.  Dans  le  ch.  iv,  il  étudie  ce  que  les  Alle- 
mands appellent  la  chronologie  absolue,  c'est-à-dire  la  date  de  la 
Mars  1909.  T.  CXV.  14. 


—  210  — 

mort  de  Jésus  d'après  les  années  de  Rome,  et  il  aboutit  à  la  fixer  au 
o  avril  786,  en  33  de  notre  ère.  Cette  date  n'est  pas  absolument  sûre, 
puisqu'elle  dépend  de  la  durée  de  trois  ans  et  demi  pour  le  ministère 
public,  qui  n'est  qu'une  opinion,  et  d'autres  données,  qui  restent  discu- 
tables. Le  mémoire  de  M.  Homanner  est  bien  composé  et  contient, 
sinon  une  solution  définitive,  qui  est  impossible,  du  moins  d'excel- 
lents matériaux,  bien  ordonnés  et  bien  élaborés. 

26.  —  M.  George  Aicher  a  écrit  une  monographie  sur  le  chameau 
et  le  trou  de  l'aiguille,  Math.,  xix,  24,  Karnel  und N adelohr .  11  rappelle' 
les  diverses  explications  qui  ont  été  données  de  la  parole  de  Notre- 
Seigneur,  et  il  en  fait  la  critique.  Les  essais  d'interprétation,  par 
lesquels  on  a  vu  dans  le  chameau  un  câble  ou  dans  le  trou  de  l'aiguille 
une  poterne  de  Jérusalem,  ne  sont  pas  fondés.  D'autre  part,  l'exégèse 
qui  entend  la  sentence  au  sens  propre  soulève  cette  difficulté  que 
le  riche  ne  peut  pas  être  exclu  du  royaume,  par  le  seul  fait  qu'il 
est  riche;  Jésus  n'a  pas  condamné  les  richesses.  Il  faut  donc  chercher 
une  autre  voie.  M.  Aicher  suppose  que  le  texte  original,  qui  selon  lui 
était  hébreu,  a  été  mal  transcrit  et  que  l'erreur  de  copiste  a  donné 
lieu  à  la  traduction  grecque  actuelle.  Sa  reconstruction  du  texte  pri- 
mitif aboutit  à  cette  leçon:»  11  est  plus  facile  d'entrer  dans  un  lieu  aussi 
petit  qu'un  trou  d'aiguille  que  d'entrer  dans  le  royaume  des  cieux.  » 
Cette  reconstitution  est  très  ingénieuse;  mais  elle  ne  s'impose  pas,  et 
peu  de  personnes  l'admettront.  Elle  n'est  même  pas  nécessaire,  et  la 
signification  naturelle  du  texte  actuel  ne  fait  aucune  difficulté,  si, 
comme  on  le  pense  généralement,  Notxe-Seigneur  n'a  voulu  parler 
que  du  riche  injuste,  du  mauvais  riche. 

27.  —  Le  R.  P.  Leroy  a  continué  en  1908  ses  intéressantes  Leçons 
d'Ecriture  sainte,  prêchées  au  Gesù  de  Bruxelles,  et  il  les  a  publiées 
au  nombre  de  dix  sous  le  titre  :  Jésus-Christ,  sa  vie,  son  temps.  Elles 
commentent  les  discours  tenus  le  mardi  saint  (A  quand  la  fin  du  monde? 
la  règle,  l'usage,  le  terme,  la  failhte  de  la  vie,  la  mort,  source  de  vie, 
l'obstacle  à  la  vie),  puis  les  faits  du  même  jour  et  du  jeudi  (la  trahison 
de  Judas,  la  Pâque  des  Juifs  et  celle  du  Christ).  En  raison  de  la  nature 
des  sujets  traités,  il  y  a  plus  de  considérations  dogmatiques  et  morales 
que  dans  les  volumes  précédents.  L'exégèse  pourtant  y  a  encore  sa 
bonne  part.  On  y  trouvera  une  solution  de  la  question  eschatologique 
à  propos  de  ce  que  l'on  appelle  l'Apocalypse  synoptique.  Au  sujet 
de  la  connaissance  humaine  que  Jésus  avait  de  la  date  de  la  fin  du 
monde,  l'orateur  aurait  pu  dire  que  son  explication  n'est  pas  unique. 
Il  a  trop  insisté  sur  les  païens,  que  Phihppe  et  André  ont  amenés  à 
Jésus,  puisqu'il  est  bien  plus  probable  que  c'étaient  des  prosélytes. 
En  parlant  de  la  Pâque,  il  s'est  toujours  exprimé  selon  notre  manière 
de  compter  les  jours.  11  en  est  résulté  quelques  confusions  fâcheuses. 


—  211  — 

Pour  concilier  les  Synoptiques  et  saint  Jean  relativement  au  jour  de 
la  Pâque,  il  s'est  rallié  à  l'interprétation  de  Chwolson,  qui  n'est  qu'une 
hypothèse  ingénieuse,  sans  preuve  et  dont  il  n'a  pris  qu'une  par- 
tie. Aussi  toute  sa  description  de  la  Pâque  juive  convient  au  14  nisan 
(et  non  au  13),  suivant  notre  comput  actuel.  La  réalité  a  ainsi  repris 
ses  droits  sur  l'hypothèse.  Il  déclare  que  les  coupes  étaient  passées 
à  la  ronde,  alors  que  chaque  convive  avait  son  verre.  Si  Jésus  a  pré- 
senté ainsi  une  première  coupe  à  ses  apôtres,  c'est  en  modifiant  le  rite 
traditionnel,  en  vue  de  la  coupe  eucharistique.  Le  texte  du  Deuté- 
ronome,  xvi,  11,  ne  recommande  pas  de  faire  l'aumône  aux  pauvres, 
aux  jours  de  fêtes  (p.  342),  mais  de  les  faire  participer  aux  repas  qui 
suivaient  les  sacrifices  de  ces  jours-là. 

28.  —  M.  Dentier  résout  brièvement,  mais  solidement,  les  princi- 
pales difficultés  qu'on  multiplie  de  nos  jours  contre  un  dogme  fonda- 
mental de  la  foi  chrétienne  :  la  résurrection  de  i ésxis, Die Auferstehung 
Jesii  Christi  nach  den  Berichten  des  Neuen  Testaments.  Il  prend  avec 
raison  comme  point  de  départ  le  récit  de  saint  Paul,  I  Cor.,  xv,  3-8; 
il  y  joint  le  témoignage  des  Actes  des  apôtres;  il  étudie  enfin  plus  lon- 
guement les  récits  des  Évangiles.  Il  discute  la  distinction  établie  entre 
les  apparitions  galiléennes  et  les  apparitions  hiérosolymitaines,  et  il 
montre  que  les  récits  sont  partiels  et  incomplets,  mais  non  inconci- 
liables; chaque  évangéliste  ne  relatait  que  les  faits  qui  allaient  à  son 
but,  sans  nier  pour  cela  ceux  qu'il  omettait.  Quant  au  récit  du  tom- 
beau vide,  ce  n'est  ni  une  légende,  ni  une  addition  postérieure;  c'est 
le  récit  historique  d'un  fait  réel.  En  terminant,  l'auteur  résume  les 
résultats  de  son  étude,  en  marquant  l'accord  de  divers  récits  combinés 
ensemble. 

29.  —  M.  Belser  a  résumé,  en  les  précisant,  dans  une  courte  bro- 
chure, Die  Apostelgeschichte^  les  résultats  de  ses  précédents  travaux 
sur  les  Actes  des  apôtres.  L'auteur  du  livre  est  le  médecin  Luc,  le  com- 
pagnon de  Paul  et  le  troisième  évangéliste.  La  datcde  la  composition 
est  fixée  à  l'année  63,  un  peu  avant  la  solution  du  procès  de  saint  Paul. 
La  valeur  historique  des  récits  et  des  discours,  examinée  séparément, 
ressort  de  plus  en  plus  des  travaux  les  plus  récents  sur  les  Actes  des 
apôtres,  sur  leurs  sources  et  sur  la  rédaction  de  saint  Luc.  Ce  livre  nous 
fournit  donc  les  renseignements  les  plus  précieux  et  les  plus  sûrs  au 
sujet  de  l'Église  primitive  et  de  sa  constitution.  Les  données  chrono- 
logiques sont  rares  et  imprécises,  au  moins  dans  la  première  partie. 
On  peut  néanmoins,  à  leur  aide,  établir  la  suite  des  principaux  évé- 
nements. Le  texte  nous  est  parvenu  en  deux  recensions,  dites  l'une 
orientale,  l'autre  occidentale.  M.  Belser  avait  pensé  autrefois  qu'elles 
représentaient  deux  éditions  différentes,  dues  à  saint  Luc  lui-même. 
Aujourd'hui  il  conclut  seulement,  avec  plus  de  raison,  que  le  texte 


—  212  — 

occidental  contient  probablement  dans  ses  leçons  spéciales  des  parti- 
cularités vraiment  originales.  Dans  la  première  ligne,  il  y  a  à  relever 
une  inexactitude  :  saint  Justin  n'est  pas  témoin  direct  de  l'attribution 
des  Actes  à  saint  Luc. 

30.  —  Le  tome  IV  du  Manuel  biblique,  comprenant  les  Actes,  les 
Épîtres  et  l'Apocalypse,  termine  la  refonte,  entreprise  par  M.  Brassac, 
des  deux  volumes  de  M.  Bacuez  sur  le  Nouveau  Testament.  C'est  réel- 
lement plus  qu'une  refonte;  c'est  un  ouvrage  nouveau  par  l'esprit 
et  la  méthode  plus  encore  que  par  les  détails.  Bien  que  la  partie  qui 
concerne  les  Épîtres  catholiques  et  l'Apocalypse  n'ait  pu  encore  être 
remaniée  à  fond,  le  tome  IV  est  en  progrès  notable  sur  le  tome  III. 
Les  matières  y  sont  mieux  distribuées  et  l'exposition  plus  satisfaisante. 
L'analyse  détaillée  des  Actes  présente  l'avantage  de  fournir  une  notice 
complète  sur  saint  Paul,  avant  d'aborder  l'étude  des  Épîtres  de  cet 
apôtre.  Celles-ci  au  lieu  d'être  rangées  selon  l'ordre  de  la  Vulgate,  sont 
disposées  par  ordre  de  date  et  replacées  dans  leur  milieu  historique. 
Deux  innovations  heureuses  sont  :  l'Introduction  générale  aux  Épîtres 
de  saint  Paul  et  la  synthèse  de  la  théologie  du  même  apôtre.  Sur  cha- 
cun des  23  livres  du  Nouveau  Testament,  dont  traite  ce  volume,  les 
maîtres  ot  les  élèves  de  nos  séminaires  trouveront  l'essentiel  des 
questions  critiques  d'introduction  et  les  éléments  d'un  commentaire 
dans  l'analyse  développée  du  contenu.  Au  point  de  vue  pédagogique, 
le  livre  paraît  facile  à  étudier;  l'exposé  est  simple,  clair  et  précis, 
les  divisions  sont  logiques  et  frappent  l'œd  pai"  l'emploi  des  caractères 
gras.  La  bibhographie  est  abondante,  peut-être  à  l'excès,  par  exemple 
les  ouvrages  généraux  indiqués  à  la  page  38.  L'illustration  est  moins 
réussie.  La  figure  63,  p.  466,  donnée  comme  représentant  l'imposition 
des  mains,  est  à  retrancher;  c'est  une  scène  de  jugement.  Je  signale 
à  l'auteur  quelques  inexactitudes,  pour  qu'il  les  corrige  dans  la  pro- 
chaine édition.  Ce  qui  est  dit,  p.  41,  de  N.-S.  emmenant  enchaînés  ses 
ennemis  ne  correspond  pas  au  commentaire  plus  exact  qu'on  donne, 
p.  407..  Il  est  parlé  de  la  communion,  p.  50,  en  style  de  lecture  spiri- 
tuelle, et  plus  bas  de  la  caisse  «  richement  dotée  «  de  la  pauvre  Église  de 
Jérusalem.  Le  renseignement  sur  Eusèbe,  évêque  de  Césarée,  est  du 
ressort  du  professeur  d'iiistoire.  Le  témoignage  de  VAnibrosiaster,  qui 
dépend  des  prologues  marcionites  découverts  par  Dom  deBruynCîpom"- 
rait  se  concilier  avec  ce  qui  est  rapporté,  p.  319,  322,  des  débuts  de 
l'Église  de  Rome.  Sur  la  difTérence  entre  lettres  et  épîtres,  il  faudrait, 
p.  171, 'renvoyer  à  l'étude  originale  de  Deissmann.  On  affirme  à  tort, 
p.  450,  qu'il  y  avait,  avant  150,  plusieurs  versions  syriaques  des  Épîtres. 
Le  nom  :  Dieu  vivant,  se  trouve  en  dehors  des  Épîtres  de  saint  Paul  ; 
ainsi  Matth.,  xxvi,  63;  Act,,  xiv,  14;  I  Pet.,  i,  23-  Apoc,  vu,  2,  etc. 
Sur  la  question  du  comma  Johanneum,  il  y  a  plusieurs  corrections  à 


—  213  — 

faire.  Priscillien  ne  le  cite  pas  dans  le  même  sens  (p.  648)  que  saint 
Gyprien,  mais  bien  en  faveur  de  son  hérésie  de  l'union  des  trois  per- 
sonnes en  Jésus-Christ.  L'Italique  n'avait  pas  ce  verset  (p.  651).  On 
pourrait  ajouter  que  le  texte  présente  des  indices  d'interpolation  :  le 
Verbe  (et  non  le  Fils)  est  opposé  au  Père  ;  il  n'est  pas  précédé  de  /.ai, 
etc.  Je  ne  crois  pas,  pour  mon  compte,  que  Priscillien  soit  l'inter- 
polateur  du  verset;  il  en  est  le  plus  ancien  garant  connu;  il  l'a  trouvé 
et  l'a  adapté  à  ses  erreurs.  Le  décret  du  Saint-Office  prétendait  tran- 
cher la  discussion  critique;  mais  comme  il  n'a  pas  une  valeur  doctri- 
nale, on  a  pu  soutenir  à  l'encontre  la  non-authenticité  du  .verset  :  on 
ne  peut  pas  douter  que  Caïus  attribuait  l'Apocalypse  à  Cérinthe 
(p.  672),  depuis  qu'on  a  découvert  cinq  fragments  syriaques  de  la  ré- 
plique de  saint  Hippolyte  contre  lui.  Saint  Denys  d'Alexandrie  n'at- 
tribuait pas  ce  livre  au  prêtre  Jean  qu'il  ne  nomme  pas  (p.  674),  mais 
à  un  Jean  autre  que  l'apôtre.  Je  n'estime  pas  fondé  qu'il  y  ait  deux 
sens,  l'un  Httéral,  l'autre  plus  éloigné  (?),  dans  l'Apocalypse  (p.  204). 
31.  —  M.  Jacquier  vient  de  publier  coup  sur  coup  les  tomes  III  et  IV 
de  son  Histoire  des  litres  du  Nouveau  Testament.  Le  tome  III  est  con- 
sacré aux  Actes  et  aux  Épîtres  catholiques,  sauf  celles  de  saint  Jean^ 
et  le  tome  IV  aux  écrits  johanniques.  L'ouvrage  du  professeur  de 
Lyon  diffère  du  Manuel  biblique  :  c'est  une  Introduction  historique 
et  littéraire  au  Nouveau  Testament,  dans  laquelle  l'auteur  expose, 
pour  chacun  des  livres,  les  circonstances  de  sa  composition,  l'analyse 
de  son  contenu  et"  l'état  du  texte  qui  nous  est  parvenu.  Il  servirait 
difficilement  (j'en  ai  fait  l'expérience),  de  hvre  de  classe  :  la  disposition 
peu  logique  des  matières,  l'exposition  sèche  et  fruste  des  questions 
déroutent  les  étudiants.  Mais  c'est  un  excellent  livre  du  maître  et  un 
ouvrage  de  science,  que  tout  le  monde  consultera  avec  grand  profit. 
L'Introduction  aux  Actes  comprend  184  pages.  L'authenticité  de  ce 
livre  est  fortement  établie  et  par  le  témoignage  de  la  tradition  et  par 
l'étude  interne  (ici,  selon  la  méthode  de  Harnack).  La  date  est  placée 
après  la  libération  de  Paul,  dans  la  période  de  62  à  67. Au  sujet  des 
sources  de  saint  Luc,  M.  Jacquier  est  très  réservé;  il  expose  avec  com- 
plaisance les  récentes  conclusions  de  Harnack.  Il  prouve  fortement 
la  valeur  historique  des  récits  et  des  discours,  et  ces  derniers  lui  parais- 
sent authentiques  dans  leur  substance,  quoiqu'ils  portent  l'empreinte 
du  style  de  saint  Luc.  Cependant,  il  aurait  fallu  considérer  p.  127) 
le  discours  de  saint  Etienne  plutôt  comme  une  citation  de  dicta  alio- 
rum  que  comme  une  œuvre  directement  inspirée,  et  il  n'y  avait  pas  lieu 
Aq  poser  le  canon  assez  large  en  matière  d'histoire,  et  de  s'abriter  der- 
rière l'autorité  du  P.  Knabenbauer,  qui  n'a  pas  à  s'appliquer  ici.  On 
y  revient,  p.  170-171.  Si  la  recension  orientale  du  texte  représente  1& 
mieux   l'original,  la  forme  occidentale  contient  cependant  de  bonne 


—  214  — 

leçons,  qu'il  est  nécessaire  de  prendre  en  considération.  L'ouvrage  do 
B.  Weiss,  Der  Codex  D  in  der  Apostelgescliichte,  (Leipzig,  1897),  n'est 
pas  mentionné. La  doctrine  des  Actes  est  aussi  exposée  exactement  et 
avec  intérêt.  Sur  les  Epitres  catholiques,  M,  Jacquier  maintient  toutes 
les  positions  traditionnelles.  Saint  Jacques  est  l'apôtre  de  Cï  nom; 
la  date  de  sa  lettre  n'est  pas  établie  d'une  façonfixeet  on  laisse  le  choix 
entre  deux  solutions. La  11^  Épître  de  saint  Pierre,  écrite  entre  64et67, 
est  du  prince  des  apôtres  aussi  bien  que  la  I^^^  rédigée  à  Rome  de 
62  à  64.  Les  rapports  entre  elle  et  l'Épitre  de  saint  Judç  sont  bien 
indiqués;  mais  la  question  de  priorité  ne  semble  pas  résolue  encore. 
Cette  dernière  Épître  est  placée  dans  la  seconde  moitié  du  premier 
siècle.  La  liste  des  errata  aurait  pu  être  allongée;  les  références  bibli- 
ques ont  besoin  d'être  vérifiées,  les  noms  et  les  dates  sont  estropiés 
dans  plusieurs  notes.  Pourquoi  écrire  tantôt  Barnabas,  tantôt  Barnabe? 
P.  102,  xvii^  siècle  est  mis  pour  xviii^  (1741,  1755).  P.  231,  il  est  parlé 
du  texte  des  Septante  pour  le  11^  livre  des  Machabées,  quia  été  rédigé 
en  grec.  P.  40,  les  Juifs  de  tous  pays,  témoins  de  la  Pentecôte  chré- 
tienne, habitaient  Jérusalem;  p. 234,  et  t. IV, p.  335, ils  sont  les  apôtres 
de  leur  contrée.  Deux  appendices  traitent  de  la  langue  du  Nouveau 
Testament  d'après  les  études  récentes  de  Deissmann,  etc.  (la  question 
est  renouvelée)  et  d'un  nouveau  manuscrit  majuscule  des  Évangiles 
du  v^  siècle.  Elles  seraient  mieux  placées  dans  les  rééditions  du  tome  II. 
L'édition  des  papyrus  bibliques  de  la  Patrologia  orientalis  de  Mgr  Graf- 
fin  n'est  pas  citée. 

Dans  le  tome  IV,  M.  Jacquier  jirouvé,  au  chapitre  1*^^,  l'unité  lit- 
téraire de  tous  les  écrits  johanniques  et  l'identité  d'auteur.  Les  quatre 
autres  chapitres  concernent  successivement  chacun  de  ces  écrits. 
L'origine  johannique  du  quatrième  Évangile  est  longuement  et  soli- 
dement établie;  tous  les  arguments  donnés  pour  réfuter  les  adversaires 
de  l'historicité  n'ont  pas  la  même  valeur,  et  quelques-uns  ne  me  sem- 
blent pas  résoudre  la  difficulté;  il  eût  fallu  les  pousser  plus  loin.  Les 
Épitres  et  l'Apocalypse  ont  reçu  un  traitement  moins  avantageux, et  je 
connais  un  critique  très  compétent,  que  la  lecture  du  chapitre  va  désap- 
pointé. Tout  l'exposé  paraît  étriqué,  notamment  ce  qui  concerne  les 
sources,  la  composition,  l'histoire  littéraire  et  l'histoire  de  l'interpré- 
tation de  l'Apocalypse.  On  aurait  pu  faire  de  meilleurs  emprunts  à 
Bossuet  et  à  Swete.  Nombreuses  sont  les  fautes  d'impression  et  les 
inexactitudes  de  références  (voir  par  exemple  p.  121,  212).  Signalons 
encore  quelques  lacunes  ou  inadvertances.  P.  33,  Hengstenberg  a 
publié  son  commentaire  sur  saint  Jean  de  1861  à  1863.  P.  41,  Kreyen- 
bûhl  a  mis  au  jour  un  second  volume  en  1905.  Pour  les  citations  des 
Actiis  Pétri,  p.  60,  il  eût  fallu  recourir  directement  à  l'édition  de 
Lipsius,  et  non  à  Camerlynck,  dont    les  fautes    d'impression  sont 


—  215  — 

reproduites.  P.  314,  le  pseudo-Dorothée  n'est  pas  de  la  fin  du  iii*^  siècle. 
Ce  qui  est  dit  du  prêtre  romain  Caïus  p.  323  (Gaïus,  p.  404)  est  incom- 
plet et  faux,  depuis  la  découverte  non  signalée  des  Capita  adversus 
Caiiun  de  saint  Hippolyte.  P.  351,  des  fragments  de  copies  de  l'Apo- 
calypse d'Élie  ont  été  publiés  et  traduits  en  allemand  par  Steindorfî, 
et  des  fragments  coptes  de  celle  de  Sophonie,  découverts,  publiés  et 
traduits  en  français  par  M.  Bouriant.  P.  407,  Œcuménius  n'est  pas  du 
vi^  siècle  (cf.  t.  III,  p.  187),  mais  du  xi^,  il  n'est  donc  pas  le  premier 
commentateur  grec  de  l'Apocalypse. 

32.  —  Dans  V Apocalypse  interprétée  par  l'Ecriture,  M.  Passama 
propose  une  interprétation  tout  à  fait  nouvelle  de  ce  livre  prophétique 
qui  cesse  d'être  un  «  logogriphe  indéchiffrable  ».  C'est  par  l'Ecriture, 
dont  elle  est  le  résumé,  qu'il  explique  les  chapitres  iv-xxi.  Mais  avant 
de  recourir  à  l'Écriture  et  pour  l'utiliser,  il  faut  avoir  le  sens  des  sym- 
boles, employés  par  saint  Jean  en  raison  de  la  discipline  du  «  secret», 
qui  régnait  déjà  à  son  époque.  M.  Passama  a  retrouvé  ce  sens,  il  ne  dit 
pas  par  quelle  voie,  et  il  l'expose  au  préalable  comme  clair,  certain, 
indiscutable  et  nécessaire  (à  sa  théorie  du  moins).  Ce  qui  caractérise 
ces  symboles,  dit-il  (p.  6),  c'est  leur  enchaînement  logique,  leur  sim- 
plicité et  leur  grandeur.  Avec  cette  clef,  le  livre  scellé  de  sept  sceaux 
est  ouvert  et  devient  très  intelligible.  Au  lieu  d'être  une  prophétie  de 
l'avenir,  c'est  plutôt  un  résumé  symbolique  de  l'histoire  sainte 
d'Israël,  mêlée  à  l'histoire  du  christianisme  naissant,  sans  dépasser  la 
persécution  de  Néron.  Toutefois,  comme  l'Apocalypse  a  été  écrite 
sous  Claude,  la  persécution  de  Néron  et  la  destruction  du  peuple  juif 
sont  les  deux  seuls  faits  prophétisés  dans  l'Apocalypse.  Cette  histoire 
est  décrite  en  tableaux  apocalyptiques,  et  sauf  quelques  diachronismes 
(à  travers  temps),  elle  suit  l'ordre  chronologique  à  partir  de  la  création 
de  l'homme.  Telle  est  l'idée  générale  que  je  puis  donner  de  ce  commen- 
taire nouveau,  tellement  nouveau  qu'il  n'a  absolument  rien  de  com- 
mun avec  ceux  qui  ont  paru  jusqu'ici.  Sa  nouveauté  si  exclusive  crée 
un  grave  préjugé  contre  lui,  car  il  me  paraît  tout  à  fait  invraisemblable 
que  nul  dans  l'Église  n'ait  rien  compris  à  l'Apocalypse  avant  M.  Pas- 
sama. En  outre,  la  singularité  intrinsèque  des  symboles,  proposés 
a  priori,  l'étrangeté  des  résultats,  dont  quelques-uns  sont  fondés  sur 
des  impossibilités  exégétiques,  telles  que  Abaddon  signifiant  «  aïeul 
d'Addon  »  l'aïeul,  d'Asar-Addon  (p.  32),  feront  reléguer  l'essai  de 
M.  Passama  dans  le  monde  des  rêveries  apocalyptiques.  Enfin,  sur 
un  point  particulier,  la  nouvelle  interprétation  du  Crescite  et  miilti- 
plicamini  de  la  Genèse,  i,  28,  est  contraire  à  la  doctrine  commune 
reçue  dans  l'Église.  Sous  la  première  loi  de  grâce,  il  s'agissait  de  la 
multiplication  surnaturelle  du  genre  humain,  remplacée  après  le  péché 
originel  par  la  multiplication  naturelle  de  la  chair.  L'homme  fait  à 


—  ^16.  — 

l'imageet  à  la  ressemblance  de  Dieu,  ne  pouvait  se  rabaisser  en  assu- 
jettissant sa  race  à  la  lai  de  l'animal,  Gen.,  i,  22,  et  en  le  faisant,  il 
serait  arrivé  à  commettre  ce  péché,  qui  n'était  propre  qu'à  lui,  de  faire 
violence  à  Dieu  pour  le  mettre  en  demeure  de  créer  une  âme.  La  mul- 
tiplication naturelle  était  donc  défendue  à  l'homme  comme  ne  lui 
étant  pas  destinée.  Le  péché  d'Adam  consista  à  violer  cette  défense. 
La  nécessité  de  la  multiplication  naturelle  fut  la  conséquence  de  ce 
péché  (p.  14-18).  Le  sacrement  de  mariage  permet  aux  enfants  de  la 
chair  de  renaître  enfants  de  Dieu,  en  puisant  dans  les  eaux  du  bap- 
tême la  sève  de  la  régénération  (p.  94).  Il  nous  semble  qu'il  était  du 
devoir  du  censeur  d'exiger  la  suppression  de  ces  erreurs,  avant  de  déli- 
vrer le  Nihil  obstat.  E.  Mangenot. 


GÉOGRAPHIE  —  VOYAGES 

.  Atlas  universel  de  géographie.  Ouvrage  commencé  par  Vivien  de  Saint-Martin 
et  continué  par  F.  Schrader.  N°  75.  États-Unis,  feuille  Sud-Ouest.  Paris,  Hachette, 
s.  d.  (1909),  une  feuille  in-folio,  2  fr.  —  2.  L'Année  cartographique.  Supplément 
annuel  à  toutes  les  publications  de  géographie  et  de  cartographie  dressé  et  rédigé 
sous  la  dij'ection  de  F.  Schrader.  Paris,  Hachette,  1908,  une  livraison  de  3  feuilles 
in-folio,  3  fr.  —  3.  Villes  et  solitudes.  Croquis  d'Europe  et  d'Afrique,  par  P. -Louis 
Rivière.  Paris,  rion-Nourrit,  1908,  in-12  de  x-283  p.,  3  fr.  50.  —  4.  Les  Paysans 
de  la  Normandie  oiien'ale  (Pays  de  Caua,  Bray,  Vexin  normand.  Vallée  de  la  Seine). 
Étude  géographique,  par  Jules  Sion.  Paris,  Colin,  1909,  in-8  de  viii-544  p.,  avec 
14  fig.  et  cartes  et  8  planches,  12  fr.  —  5.  Régions  naturelles  et  ?ioms  de  pays.  Étude 
sur  la  région  parisienne,  par  Lucien  Gallois.  Paris,  Colin,  1908,  in-8  de  356  p., 
avec  cartes,  8  fr.  —  6.  Étude  sur  la  vallée  lorraine  de  la  Meuse,  par  J.  Vidal  de 
LA  Blache.  Paris,  Colin,  1908,  in-8  de  189  p.,  avec  13  fig.,  8  cartes  et  planches, 
4  fr.  —  7.  Le  Berry.  Contribution  à  l'étude  géographique  d'une  région  française,  par 
Antoine  Vacher.  Paris,  Colin,  1908,  in-8  de  548  p.,  avec  48  fig.  et  cartes  dans  le 
texte,  32  photogr.  et  4  planches  hors  texte,  15  fr.  —  8.  Esquisse  toponyinique  sur 
la  vallée  de  CauteMs  (Hautes- Pyrénées),  par  Alphonse  Meillon.  Cauterets, 
Cazaux,  1908,  in-8  de  396  p.,  avec  carte.  —  9.  Nos  Frères  de  Bohême.  Le  Vieil 
Alsacien  chez  les  Tchèques,  par  Jeanne  et  Frédéric  Régamy.  Pai'is,  Nouvelle 
Librairie  nationale,  s.  d.  (1908),  petit  in-8  de  329  p.,  avec  grav.,  5  fr.  —  10.  Le 
Maroc  d'aujourd'hui  et  de  demain.  Rabat.  Études  sociales,  par  le  D'  Mauran.  Paris, 
Henry  Paulin,  1909,  in-16  de  xii-210  p.,  avec  croquis,  2  fr.  50.  —  11.  Sur  la  Côte 
ouest  du  Maroc,  par  E.  Pobéguin.  Paris,  Comité  du  Maroc,  1908,  in-8  de  59  p.  avec 
croquis,  1  fr.  —  12.  Trois  Années  de  chasse  au  Mozambique,  par  Guillaume  Vasse. 
Paris,  Hachette,  1909,  in-16  de  191  p.,  avec  carte  et  55  grav.,  4  fr.  —  13.  S.  A.  R.  le 
prince  Lovis-Amédée  de  Savoie,  duc  des  Abruzzes.  Le  Ruwenzori.  Voyage  d'ex- 
ploration et  premières  ascensions  des  plus  hautes  cimes  de  la  chaîne  neigeuse  située 
entre  les  grands  lacs  équatoriaux  de  l'Afrique  centrale.  Relation  du  D''  Filippo  de 
FiLippi;  traduite  par  Alfred  Poizat.  Paris,  Plon-Nourrit,  1909,  gr.  in-8  de  356  p., 
avec  180  illustr.,  24  planches,  5  panoramas  et  5  cartes,  20  fr.  —  14.  Indo-Chine  et 
Japon.  Journal  de  voyage,  par  M.  et  M""^  Emile  Jottrand.  Paris,  Plon-Nourrit, 
1909,  in-16  de  348  p., avec  3  cartes, 4  fr. —  15.  La  Sainte  Vierge  au  Liban,  par  Joseph 
Goudard,  s.  J.  Paris,  Maison  de  la  Bonne-Bresse,  s.  d.  (1908),  in-8  de  viii-536  p., 
avec  de  nombreuses  photographies  et  une  carte,  7  fr.  50.  —  16.  La  Perse  d'aujour- 
d'hui (Iran,  Mésopotamie), TpaiV^vciyt.  AvBiy.  Paris,  Colin,  1908,  in-18  de  viii- 
442  p.,  avec  carte.  5  fr.  —  17.  Mes  Croisières  dans  la  Mer  de  Behring.  Nouvelles 
Chasses,  nouveaux  voyages,  par  Paul  Niedieck  ;  traduit  de  l'allemand  par  L.  Rous- 
TAN.  Paris,  Plon-Nourrit,  1908,  in-8  de  ii-296  p.,  avec  132  grav.  et  une  carte,  10  fr. 


—  217  — 

—  18.  Canada  et  Canadiens,  par  le  D''  Adrien  Loir.  Paris,  Guilmoto,  1909,  in-8 
de  371  p.,  6  fr. —  19- I-es  Grandes  Antilles.  Étude  de  géographie  économique,  par 
Daniel  Bellet.  Paris,  Guilmoto.  1909,  in-8  de  xii-315  p.,  avec  carte,  6  fr.  —  20. 
Le  Brésil  au  xx^  siècle,  par  Pierre  Denis.  Paris,  Colin,  1909,  in-18  de  312  p., 
3  fr.  50.  —  21.  Sôo  Paulo  du  Brésil.  Notes  d'un  colon  français,  par  Louis  Cas.i- 
BONA.  Paris,  Guilmoto,  s.  d.  (1909),  in-18  carré  de  iv-232  p.    avec  grav.,  3  fr. 

—  22.  Atlas  général  ViD al-Lablache.  Paris,  Colin,  1909,  in-folio,  420  cartes  et 
cartons,  index  alphabétique  de  46.000  noms  en  43  p.  sur  7  colonnes,  cartonné 
toile,  30  fr. 

1.  • —  La  publication  de  l'Atlas  universel  de  géographie.,  commencé 
par  feu  Vivien  de  Saint-Martin  et  continué  par  F.  Schrader,  se  pour- 
suit avec  une  remarquable  régularité;  chaque  année,  deux  ou  trois 
feuilles  de  cette  excellente  compilation  voient  le  jour,  et  il  ne  se  passe 
pas  de  semestre  où  nous  n'ayons  à  signaler  ici  même  l'apparition  de 
quelque  planche  nouvelle  de  ce  bel  atlas.  Voici  plusieurs  fois  déjà 
que  notre  attention  est  retenue  par  M.  Schrader  et  par  son  habile 
collaborateur  M.  \\  Huot  sur  la  géographie  des  États-Unis;  il  en  est 
de  même  aujourd'hui  encore,  car,  continuant  la  publication  de  leur 
carte  de  la  grande  répubUque  américaine  à  l'échelle  du  1  :  5.000.000^, 
ces  deux  habiles  géographes  viennent  d'en  distribuer  la  feuille  Sud- 
Ouest  qu'ils  ont  (comme  il  est  naturel)  établie  à  l'aide  des  documents 
émanés  du  Geological  Survey.  Est-il  besoin  d'insister  sur  le  puissant 
intérêt  que  présente  cette  carte?  Il  suffit  d'indiquer  brièvement  les 
phénomènes  physiques  qui  y  sont  représentés:^ — les  plateaux,  «tables» 
ou  «  mesas  »  de  TUtah  et  du  Colorado,  les  «  llanos  »  du  Texas,  le  pitto- 
resque, l'admirable  «  grand  carion  »  du  rio  Colorado,  —  pour  qu'on  en 
comprenne  la  valeur  éducative;  ajoutons  qu'elle  présente  un  intérêt 
ethnographique  de  premier  ordre  puisqu'on  y  trouve  indiquées  les 
limites  des  «  réserves  «  d'Indiens,  et  tracées  les  vallées  naguère  habitées 
par  les  Cliff  Dwellers  et  conservant  aujourd'hui  encore  les  curieux 
restes  de  leurs  anciens  établissements.  Sur  sa  carte,  M.  Huot  a  eu  soin 
aussi  d'indiquer  par  une  tache  bleue  sans  contours  précis  ce  singuHer 
lac  Salton,  qu'a  récemment  formé  la  rupture  des  travaux  d'irriga^ 
tion  de  la  rive  droite  du  Colorado.  C'est  donc  un  véritable  document 
d'étude  que  cette  feuille  75  de  V Atlas  universel  de  géographie,  où  l'on 
a  pris  soin  de  placer,  dans  les  intervalles  disponibles,  deux  excellents 
cartouches  à  l'échelle  de  1  :  200.000^,  consacrés  à  New  York  et  à  ses 
environs,  à  San  Francisco  et  à  ses  environs. 

2.  —  Ce  sont  également  des  matériaux  d'études  que  nous  trouvons 
dans  le  dernier  fascicule  annuel  de  l'Année  cartographique,  contenant 
les  modifications  géographiques  et  poHtiques  de  l'année  1907  ; 
M.  Schrader  et  ses  collaborateurs,  MM.  D,  Aïtoiï,  Ch.  Bonnesseur, 
M.  Chesneau  et  V.  Huot  y  groupent  une  foule  d'itinéraires,  de  levés,  de 
délimitations  de  frontières  dont  l'examen  est  éminemment  instructif,  et 
dont  un  commentaire  explicatif  fait  mieux  encore  apprécier  l'intérêt. 


—  218  — 

Ce  qui,  toutefois,  dans  ce  18^  fascicule  de  l'Année  cartographique, 
nous  a  paru  particulièrement  digne  d'attention,  ce  sont  les  synthèses 
cartographiques  de  toute  une  région,  faites  à  l'aide  des  documents 
les  plus  récents,  par  l'un  ou  l'autre  des  habiles  cartographes  dont 
nous  avons  tout  à  l'heure  rappelé  le  nom.  Une  carte  telle  que  l'essai 
d'hypsométrie  de  l'Asie  Mineure  à  l'échelle  du  1:5.000.000<^,  dressée 
en  courbes  de  niveau  par  M.  Bonnesseur  d'après  la  carte  en  24  feuilles 
de  Richard  Kiepert,  présente  à  tous  égards  un  intérêt  indiscutable, 
en  dépit  de  son  caractère  provisoire;  et  que  dire  des  cartes  établies 
à  la  même  échelle  du  Sahara  méridional  (d'après  le  lieutenant  Cortier) 
et  des  régions  occidentales  du  Congo  français  qu'a  signées  M.  Ches- 
neau?  Que  dire  encore  de  la  carte  (à  1:7.000.000^)  de  l'Orient  péruvien, 
dressée  par  M;  Huot  d'après  lesplus  récentes  explorations  péruviennes? 
Pour  étudier  le  versant  amazonien  du  Pérou,  naguère  si  mal  connu, 
et  ses  rapports  avec  le  Brésil  et  la  Bolivie,  voilà  la  carte  d'ensemble 
qu'il  convient  de  consulter.  Documents  de  première  valeur  et  syn- 
thèses cartographiques  se  groupent  donc  de  la  manière  la  plus  heu- 
reuse dans  le  nouveau  fascicule  de  cette  Année  cartographique,  dont 
la  collection  constitue  un  des  plus  précieux  recueils  que  puisse  con- 
sulter pour  ses  études  le  géographe  aussi  bien  que  le  cartographe. 

3.  ■ —  Si  maintenant,  après  avoir  donné  à  des  œuvres  aussi  méri- 
toires et  aussi  utiles  que  les  cartes  dont  nous  venons  de  parler  les 
éloges  qui  leur  sont  légitimement  dûs,  nous  en  venons  aux  livres, 
nous  nous  trouvons  en  présence  de  volumes  de  prétentions  et  aussi 
de  science  très  inégales  ;  à  côté  de  simples  notes  de  touriste,  agréable- 
ment troussées,  voici  des  études  de  géographie  scientifique  très  appro- 
fondie. Passons  en  revue  les  unes  et  les  autres,  en  nous  efforçant  de 
mettre  en  valeur  les  mérites  -de  tous  ces  livres  et  de  rendre  à  chaqu'^ 
auteur  la  justice  qui  lui  est  due.  Les  «  croquis  d'Europe  et  d'Afrique  », 
de  M.  P. -Louis  Rivière,  n'ont  rien  de  scientifique;  combien  d'ailleurs 
il  serait  injuste  de  demander  à  de  simples  touristes  d'examiner  en 
géographes  les  soulèvements  alpestres,  ou  les  «cagnons  »  des  Causses  1 
Ni  en  France,  ni  dans  les  pays  voisins,  ni  dans  l'Afrique  du  nord, 
M.  Rivière  ne  s'est  donc  préoccupé  de  géomorphogénie;  une  fois  en 
vacances,  en  effet,  ce  consciencieux  avocat,  qui  a  rempli  de  son  mieux 
les  charges  de  sa  profession,  se  contente  de  se  reposer,  mais  il  le  fait 
en  travaillant,  je  veux  dire  en  notant  à  l'aide  du  pinceau  et  aussi  de 
la  plume  les  impressions  ressenties  du  cours  de  voyages  préparés  avec 
amour.  Quelle  valeur  ont  ses  tableaux?  je  ne  puis  le  dire;  mais  je  sais 
que  très  réel  est  le  mérite  de  ses  «  croquis  d'Europe  et  d'Afrique  ». 
M.  Henri  Barboux,  dans  une  jolie  préface  mise  en  tête  de  Villes  et 
Solitudes,  s'en  est  déjà  porté  garant;  nous  aurions  mauvaise  grâce  à  le 
refaire  après  lui,  mais  du  moins  pouvons-nous  indiquer  quel  plaisir 


—  219  — 

nous  avons  pris  à  suivre  M.  Rivière  à  Londres  et  à  Oxford,  en  Zélande 
et  en  Espagne,  en  Tunisie  et  à  Tanger.  Si  nous  nous  refusons  à  sous- 
crire à  son  jugement  sur  Nuremberg,  • —  que  d'ailleurs  nous  n'avons 
pas  revue  depuis  plus  de  vingt  ans,  et  où  nous  ne  connaissons  pas 
d'église  «  Saint-Lebpld  »  (p.  103),  mais  une  église  Saint-Sebald,  • — 
nous  lui  sommes  reconnaissants  d'avoir  signalé  Rothenburg  à  notre 
attention;  M.  Rivière  voit  si  bien  d'ordinaire  et  sait  si  bien  rendre  ce 
qu'il  a  vu  que  nous  n'hésitons  pas  à  noter  Rothenburg  comme  une 
localité  à  visiter  au  cours  de  notre  premier  voyage  en  Allemagne. 

4.  —  Quittons  maintenant,  tout  au  moins  pour  un  temps,  les  notes 
prises  au  cours  de  simples  excursions  d'agrément  pour  nous  occuper 
de  travaux  approfondis,  de  véritables  études  d'érudition.  Il  en  a,depuis 
un  certain  nombre  d'années,  été  publié  plusieurs  et  d'une  incontes- 
table valeur  :  La  Picardie  et  les  régions  voisines,  de  M.  Albert  Deman- 
geon,  la  Flandre,  de  M.  Raoul  Blanchard,  entre  autres;  à  la  même 
série  appartient  le  volume  de  M.  Jules  Sion  sur  les  Paysans  de  la 
Normandie  orientale,  c'est-à-dire  du  pays  de  Caux,  de  ce  pays  de  Bray, 
dont  le  regretté  A.  de  Lapparent  a  naguère  si  bien  exposé  la  géologie, 
du  Vexin  normand  et  de  la  Vallée  de  la  Seine.  Le  but  de  l'auteur, 
dans  ce  gros  volume  de  plus  de  500  pages,  est  de  montrer  comment  le 
cultivateur  de  ces  contrées  gagne  sa  vie  et  comment,  par  suite  du 
renouvellement  incessant  des  adaptations  de  l'activité  humaine  aux 
lois  naturelles,  par  suite  de  leurs  variations  selon  l'état  de  la  civili- 
sation, la  vie  matérielle  du  paysan  normand  a  été  très  différente  de 
ce  qu'elle  est  actuellement.  Après  avoir,  par  conséquent,  débuté  par 
déterminer  les  bases  mêmes  de  son  étude  en  définissant  les  conditions 
géographiques,  variant  avec  les  pays,  du  milieu  naturel  et  les  éléments 
qui  ont  constitué  la  population  de  la  Normandie  orientale,  M.  Sion 
prend  le  paysan  de  cette  partie  de  la  France  à  trois  moments  différents 
de  son  existence  séculaire  (au  xin*^  siècle,  c'est-à-dire  en  plein  cœur 
du  moyen  âge,  puis  au  xviii^  siècle,  enfin  à  l'époque  contemporaine) 
et  montre,  en  analysant  les  conditions  géographiques  de  la  vie  rurale 
à  chacune  de  ces  époques,  comment  y  correspond  une  adaptation 
différente  de  l'activité  humaine  au  milieu  physique;  le  paysan,  après 
avoir  subsisté  surtout  grâce  aux  droits  d'usage  et  de  vaine  pâture 
au  xiiie  siècle,  recourt,  à  la  fin  des  temps  modernes,  pour  vivre,  à 
l'agriculture,  et  en  même  temps  à  l'industrie  textile,  qui  s'est  répandue 
dans  tous  les  villages;  actuellement,  il  ne  vit  plus  que  du  produit  de 
ses  champs  et  de  ses  prairies,  après  avoir  donné  à  l'agriculture  un 
caractère  à  demi-pastoral  qu'elle  n'avait  pas  autrefois.  Ainsi  se  trouve 
démontrée  une  fois  de  plus,  à  l'aide  de  documents  de  toute  nature  mis 
à  contribution  d'une  manière  très  heureuse,  l'étroitesse  des  rapports 
liant  tous  les  organismes  et,  en  particulier,  l'homme  au  milieu  phy- 


—  220  — 

sique;  peu  de  livres  mettent  ces  rapports  en  plus  complète  évidence 
que  l'ouvrage^  très  systématique  et  très  étudié  de  M.  Jules  Sion 
sur  les  Paysans  de  la  Normandie  orientale. 

5.  —  Dans  ses  études  sur  la  région  parisienne,  depuis  la  Loire 
jusqu'à  Laon,  depuis  les  confins  de  la  Champagne  jusqu'à  ceux  de 
la  Normandie,  c(?  n'est  pas  l'étroitesse  des  rapports  liant  l'homme 
au  milieu  physique  que  M.  Lucien  Gallois  a  voulu  mettre  en  évidence, 
mais  l'intelligence  avec  laquelle  l'homme  est  parvenu  à  distinguer 
différentes  régions  naturelles  et  à  leur  donner  des  noms  particuliers 
qui  sont  les  «  noms  de  pays  ».  La  démonstration  était  délicate,  par 
suite  des  complications  qui,  dans  les  pays  de  vieille  civihsation,  vien- 
nent en  accroître  la  difficulté;  il  fallait  des  qualités  multiples  :  éradi- 
tion  étendue,  observation  patiente  et  minutieuse,  finesse  et  pénétra- 
tion, analyse  et  synthèse,  pour  la  faire  complète  et  vraiment  probante. 
En  lisant  Régions  natunelles  et  noms  de  pays,  en  étudiant  les  différentes 
monographies  qui  en  constituent  la  partie  analytique  (ch.  m  à  x), 
on  se  rendra  compte  que  M.  Lucien  Gallois  (qui  a  débuté  par  montrer 
comment  est  née  la  notion  de  région  naturelle  et  par  poser  très  net- 
tement les  questions  à  résoudre)  est  ^Taiment  en  droit  de  conclure 
comme  il  le  fait  et  d'insister,  dans  les  dernières  lignes  de  son  cha- 
pitre XII,  sur  l'étroite  corrélation  existante  entre  les  régions  natu- 
relles et  les  véritables  noms  de  pays  (p.  235).  —  Mais  il  convient  de 
faire  une  grande  attention  et  de  ne  pas  prendre  pour  de  vrais  noms 
de  pays  des  dénominations  faussement  prétendues  telles,  comme  on 
en  trouve  au  sud  de  Paris  (ch.  vi)  ou  encore  dans  le  département  de 
l'Eure  (appendice  i),  et  c'est  là  aussi  ce  dont  M.  Gallois  a  fourni  la 
preuve  dans  ce  livre  très  instructif  et  très  neuf,  que  complète  ime 
cartographie  très  soignée  et  très  minutieuse  (comportant  73  numéros) 
de  la  région  parisienne  jusqu'à  la  carte  de  Cassini. 

6.  —  Dans  les  nombreux  appendices  que  M.  Gallois  a  ajoutés  à  ses 
Régions  naturelles  et  noms  de  pays  figurent  deux  études  relatives, 
l'une  aux  régions  lorraines  de  la  Woëvre  et  de  la  Haye  (appendice  m), 
l'autre  au  Bassigny  (appendice  ii).  A  la  dernière  de  ces  monographies, 
comme  à  beaucoup  d'autres  travaux  de  détail,  le  capitaine  J.  Vidal 
de  la  Blache  a  eu  recours,  et  plus  encore  à  l'observation  attentive  du 
terrain,  pour  rédiger  son  Etude  sur  la  vallée  lorraine  de  la  Meuse, 
c'est-à-dire  sur  les  250  premiers  kilomètres  de  la  Meuse, sur  sa  traversée 
des  plateaux  jurassiques  qui  constituent  la  partie  occidentale  du  pla- 
teau lorrain.  Cette  monographie,  très  sérieusement  faite,  se  divise  en 
deux  parties  :  la  première,  qui  est  une  étude  de  géomorphogénie  toute 
imprégnée  des  idées  de  W.  Davis,  traite  des  conditions  anciennes  de 
la  vallée  et  de  l'ancienne  extension  de  ce  bassin  de  la  Meuse,  aujour- 
d'hui réduit  à  un  corridor  extrêmement  étroit;  elle  montre  comment 


—  2îl  — 

ce  fleuve,  privé  des  eaux  de  la  Moselle,  de  celles  de  l'Aire,  des  coure 
d'eau  de  la  Woëvre  et  de  la  Haye,  tronqué  du  côté  du  bassin  de  la 
Saône,  a,  dans  une  vallée,  en  apparence  trop  large  pour  la  rivière  qui 
s'y  traîne,  le  secret  de  sa  survie.  Dans  un  aperçu  sur  la  population  et 
la  circulation  de  la  vallée  lorraine  de  la  Meuse  (seconde  partie), 
M.  J.  Vidal  de  la  Blache  a  mis  en  pleine  lumière  la  capture  économique 
de  la  vallée  de  la  Meuse  au  profit  de  la  LoiTaine  mosellane.  Plusieurs 
planches  de  cartes  tirées  des  feuilles  publiées  par  le  service  géogra- 
phique de  l'armée,  une  planche  donnant  quelques  hauteurs  d'eau  de 
la  Meuse  à  Commercy  accompagnent  cet  excellent  mémoire. 

7.  —  Avec  le  capitaine  J.  \'idal  de  la  Blache,  nous  avons  gagné  les 
extrêmes  confins  orientaux  de  cette  région  parisienne,  dont  s'est 
surtout  occupé  M.  L.  Gallois;  avec  M.  Antoine  Vacher,  nous  descendons 
plus  au  sud,  et  ce  sont  les  frontières  de  la  même  région  parisienne, 
au  nord  du  Massif  central,  qui  sollicitent  notre  attention.  Entre  la 
Lorraine,  dont  le  travail  précédent  étudiait  si  soigneusement  une 
partie,  et  le  Berry,  que  M.Vacher  a  choisi  comme  champ  de  recherches, 
il  existe  de  véritables  ressemblances  géologiques;  là,  comme  ici,  les 
terrains  secondaires  affleuraient,  disposés  en  auréoles.  Gardons-nous, 
toutefois,  de  ne  voir  que  les  similitudes  ;  il  existe  aussi  des  différences, 
et  on  les  trouvera  indiquées  de  la  manière  la  plus  précise  dans  l'ouvrage 
de  notre  jeune  géographe.  On  y  trouvera  aussi  autre  chose  :  une  étude 
très  minutieuse,  très  fine,  de  tous  les  traits  dont  l'ensemble  constitue 
la  géographie  physique  de  cette  vieille  province  française,  du  modelé 
du  sol,  du  réseau  hydrographique,  du  climat.  Sans  doute,  malgré  tous 
ses  efforts,  M.  Vacher  n'est  pas  arrivé  à  une  égale  précision  sur  tous 
les  points;  lui-même  le  reconnaît  de  très  bonne  grâce  et  est  le  premier 
à  déclarer  qu'il  se  borne  parfois  à  poser  les  questions,  à  tracer  un  pro- 
gramme de  recherches  (cf.  les  chapitres  ix  et  x,  relatifs  au  régime  des 
eaux  d'infiltration  et  au  régime  des  eaux  courantes).  Il  n'en  est  pas 
moins- vrai  que,  à  lire  avec  toute  l'attention  qu'il  mérite  le  Berry  de 
M.  Vacher,  on  en  arrive  à  se  laisser  convaincre  que,  «  par  une  adapta- 
tion progressive  des  ressources  naturelles  à  ses  besoins,  rhonune  a  fait 
disparaître  de  la  surface  du  sol  les  obstacles  qui  formaient  une  sorte 
de  cadre  au  territoire  du  pays,  c'est-à-dire  cette  zone  d'isolement 
(forêts,  landes,  étangs)  qui  existait,  dès  l'origine  de  l'histoire  du  Berry 
autour  de  la  Champagne  berrichonne;  et,  par  là  même,  on  ne  fait  plus 
difficulté  à  donner  à  cette  partie  de  la  France  l'extension  que  lui  attri- 
bue l'auteur  dans  son  premier  chapitre.  Étayé  sur  une  minutieuse 
étude  du  sol  lui-même,  des  cartes  anciennes  et  modernes  et  des  docu- 
ments d'archives,  empreint  d'un  esprit  critique  tout  à  fait  remar- 
quable, le  Berry  est,  au  total,  un  excellent  ouvrage,  vraiment  digne 
de  prendre  place  à  côté  des  monographies  dont,  tout  à  l'heure,  à  pro- 


—  222  — 

pos  du  livre  de  M.  Jules  Sion,  nous  nous  plaisions  à  évoquer  le  sou- 
venir. 

8.  • —  A  l'extrémité  méridionale  de  la  France,  un  laborieux  érudit, 
adaptant  les  excellentes  idées  de  M.  Emile  Belloc,  a  entrepris  de  recti- 
lier  les  orthographes  défectueuses  qui,  pour  tant  de  noms  de  lieux, 
peuvent  se  lire  sur  nos  cartes,  et  de  restituer  à  chaque  dénomination 
son  aspect  original  et  son  véritable  sens.  Tel  est  le  but  de  cette  inté- 
ressante Esquisse  toponymique  sur  la  vallée  de  Cauterets  (Hautes- 
Pyrénées)^  qu'a  couronnée  l'Escole  Gaston  Fébus;  on  y  trouvera  une 
foule  de  rectifications  orthographiques  et  de  traductions  exactes, 
faites  grâce  à  un  travail  minutieux  sans  lequel  il  eût  été  impossible 
de  découvrir,  sous  .son  enveloppe  moderne,  le  nom  original.  Un  tel 
travail  ne  s'analyse  pas  ;  du  moins  convient-il  de  louer  M.  Alphonse 
Meillon  d'en  avoir  compris  l'intérêt,  puis  de  l'avoir  entrepris,  puis 
de  l'avoir  mené  à  bonne  fin.  Il  serait  à  souhaiter  que  de  nombreux 
pyrénéisants  imitassent  cet  excellent  exemple,  mais  en  ayant  soin 
d'ajouter  à  leur  nomenclature  ce  qui  manque  à  celle  de  notre  auteur, 
autrement  dit  une  carte.  Malgré  son  intérêt,  en  effet,  la  mappemonde 
du  xi^  siècle  insérée  à  la  page  69  est  loin  de  présenter  l'utilité  qu'eût 
offerte,  annexée  au  travail  de  M.  Meillon,  une  esquisse  topographique 
de  la  vallée  de  Cauterets. 

9.  —  Avec  ces  travaux  si  minutieux,  présentant  tous  un  même  indé- 
niable caractère  d'érudition,  contraste  le  livre  intitulé  :  Nos  Frères  de 
Bohême.  C'est  le  récit  du  voyage  accompli  en  1907  par  M^"®  Jeanne  et 
M.  Frédéric  Régamey  chez  les  Tchèques,  à  l'occasion  des  grandes 
fêtes  organisées  alors  par  les  Sokols.  Et  ce  récit  est  intéressant  à  deux 
points  de  vue  différents  :  non  seulement,  en  effet,  il  fait  connaître 
les  Tchèques  de  Bohême,  leurs  sympathies  françaises  et  leurs  anti- 
pathies allemandes,  mais  il  montre  en  même  temps  combien  vivace 
est,  chez  le  «  vieil  Alsacien  »,  l'amour  de  la  patrie  française  et  avec 
quelle  perspicacité  on  peut,  en  le  voulant,  trouver  des  points  faibles 
dans  l'organisation  de  nos  voisins,  —  qui  sont  toujours  nos  ennemis, 
—  et  percer  à  jour  un  «  blufT  »  admirablement  monté.  Pour  être,  à  notre 
avis,  les  deux  aspects  les  plus  intéressants  de  ce  volume,  très  joliment 
illustré,  ces  points  de  vue  ne  sont  nullement  les  seuls  qui  méritent 
d'être  signalés  dans  Nos  Frères  de  Bohême;  on  y  trouvera  aussi,  sur  la 
lutte  des  nationalités  en  Bohême,  sur  le  rôle  que  pourraient  jouer 
les  Français,  et  en  particulier  les  négociants  français  dans  ce  pays, 
bien  des  renseignements  utiles.  Puisse  M.  Régamey,  plus  heureux 
que  beaucoup  d'autres,  parvenir  à  secouer  la  torpeur  de  quelques-uns 
de  nos  compatriotes  et  les  décider  à  surmonter,  pour  se  rendre  en 
Bohême,  les  difficultés  de  la  quarantaine  allemande  !  Ce  sera  incon- 
testablement un  service  qu'il  aura  rendu  à  la  France. 


-  223  — 

10.  —  C'est  avec  une  certaine  inquiétude  que  nous  ouvrons 
maintenant  les  ouvrages  qui  nous  arrivent  sur  le  Maroc.  Que 
nous  apprendront-ils  de  nouveau?  Q)ue  nous  diront-ils  qui  ne  nous  ait 
été  déjà  exposé  avec  plus  de  détails  et  dans  de  meilleurs  termes?  A  quoi 
bon  accroître  une  bibliographie  déjà  considérable,  s'il  s'agit  de  répéter 
simplement  et^avec  une  note  dépourvue  de  toute  originalité,  des  con- 
sidérations déjà  énoncées?  Ces  craintes,  nous  les  avions  en  ouvrant  le 
livre  du  D^  Mauran  sur  le  Maroc  d'aujourd'hui  et  de  demain^  mais  elles 
ont  été  rapidement  dissipées.  C'est  que  cet  auteur,  envoyé  à  Rabat 
par  le  ministère  des  affaires  étrangères,  a  su  bien  voir  ce  qui  se  passait 
sous  ses  yeux;  c'est  aussi  qu'après  l'avoir  observé  pendant  trois  ans 
avec  un  sens  très  affiné,  il  a  eu  le  talent  de  le  rendre  avec  beaucoup  de 
couleur  et  de  vie,  c'est,  enfin,  que  les  heures  passent  et  que  (comme  le 
dit  très  bien  le  D^"  Mauran)  le  Maroc  d'Eugène  Aubin  «  n'est  déjà 
plus  que  le  Maroc  d'hier  ».  Pour  toutes  ces  excellentes  raisons,  les 
études  sociales  réunies  dans  ce  volume  méritent  d'être  lues  avec  soin. 
—  Elles  se  divisent  en  deux  parties,  dont  la  première  est  beaucoup 
plus  générale  que  la  seconde;  à  côté  d'une  description  colorée  des 
deux  vieilles  cités  makhzen  que  sont  Rabat  et  Salé,  voici  des  esquisses 
très  poussées  sur  les  bourgeois,  les  marchands,  les  artisans,  sur  la  soéiété 
juive,  sur  la  médecine  et  sur  l'hygiène.  Les  coins  de  vie  marocaine 
décrits  par  le  D^  Mauran  dans  sa  seconde  partie  sont  peut-être,  à  cer- 
tains points  de  vue  tout  au  moins,  encore  plus  dignes  d'attention; 
quels  aperçus  ouverts  sur  l'âme  marocaine  par  les  chapitres  sur  les 
Hamatcha,  la  mort  sous  la  babouche!...  Si  nous  regrettons  que  les 
épreuves  du  Maroc  d'aujourd'hui  et  de  demain  n'aient  pas  toujours  été 
bien  corrigées  (on  y  ht,  par  exemple,  «  Douthée  »  pour  «  Douttée  »  à  la 
p.  13),  nous  n'en  reconnaissons  par  moins  très  volontiers  dans  ce 
petit  livre,  fort  agréable  à  lire  par  surcroît,  un  ouvrage  vraiment  digne 
d'attention  et  des  idées  dont  il  convient  de  tenir  compte. 

11.  ^ —  Des  études  de  détail,  on  en  trouvera  dans  la  brochure  que 
M.  Em.  Pobéguin,  l'ingénieur  de  la  mission  hydrographique  du  Maroc 
dirigée  par  le  lieutenant  de  vaisseau  A. -H.  Dyé,  a  publiée  sous  un  titre 
tout  à  fait  significatif  :  Sur  la  côte  ouest  du  Maroc.  Au  cours  des  recon- 
naissances eiTectuées  par  la  mission  dont  il  faisait  partie  le  long  du 
littoral  atlantique  du  Maghreb-el-Aksa,  M.  Pobéguin  a  pu  recueillir 
des  observations  intéressantes  et  précises  sur  les  falaises,  sur  les 
dunes,  sur  les  barres  qui  rendent  si  difficile  l'accès  des  ports;  au 
cours  de  l'exploration  du  Sebou,  il  lui  a  été  donné  d'étudier  comment 
ce  fleuve  se  comporte  dans  sa  plaine  alluviale.  Très  précis,  très  clair 
et  en  même  temps  très  intéressant,  le  résumé  de  ces  observations  et 
de  ces  études  mérite  d'être  recommandé  aux  spéciaHstes;  quant  à 
ceux  qui  ne  cherchent  dans  les  récits  de  voyage    que  le  côté  pitto- 


—  -22'.   — 

resque,  ils    auront    plaisir  à  lire  les  extraits  du  carnet  de  route  de 
M.  Pobéguin  par  lequel  se  termine  cette  jolie  plaquette. 

12.  —  C'est  surtout  aux  amateui's  de  pittoresque  et  d'aventures,  ainsi 
qu'aux  fervents  disciples  de  Saint- Hubert,  que  s'adressent  par  contre 
les  Trois  Années  de  chasse  au  Mozambique  de  M.  Guillaume  Vasse. 
Sans  doute  les  géographes  pourront  y  glaner  plus  d'un  trait  dont  ils 
feront  leur  profit,  plus  d'une  indication  précieuse,  en  particulier  au 
point  de  vue  de  la  faune  du  pays  où  M.  Vasse  accomplit  ses  exploits 
cynégétiques;  mais  ils  ne  tarderont  pas,eux  aussi,  à  oublier  leurs  préoc- 
cupations habituelles  pour  ne  plus  songer  qu'aux  merveilleux  coups 
de  fusil  tirés  par  l'auteur  au  cours  de  son  long  séjour,  à  partir  du  milieu 
de  1904,  dans  un  pays  giboyeux  entre  tous.  M.  Guillaume  Vasse 
n'a  d'ailleurs  pas  été  seul  à  chasser  les  grands  animaux  et  même  les 
grands  fauves,  les  oiseaux  et  les  reptiles  dans  les  pays  situés  sur  la 
rive  droite  du  Zambèze;  aussi  ardente  et  intrépide  que  son  mari, 
]\Ime  Vasse  l'a  accompagné  dans  ses  expéditions  et  n'a  pas  craint 
de  s'attaquer,  elle  aussi,  aux  léopards,  aux  hyènes,  aux  chats  sauvages. 
Comment  deux  Nemrods  si  convaincus  eussent-ils  pu  prendre  le 
temps  d'étudier  à  loisir  les  pays  qu'ils  visitaient?  Uniquement  préoc- 
cupés de  leur  sport  favori,  ils  ne  les  ont  vus  que  superficiellement, 
ramenant  tout  à  un  point  de  vue  spécial  ;  de  là,  sur  une  foule  de  points 
■dignes  d'attention,  la  sécheresse  et  le  laconisme  de  Trois  Années  de 
chasse  au  Mozambique. 

13.  —  Si  le  livre  de  M.  Guillaume  Vasse  s'adresse  surtout  aux  chas- 
seurs, c'est  spécialement  aux  alpinistes,  serait-on  tenté  de  croire 
d'abord,que  s'adresse  le  récit  des  ascensions  du  prince  Louis-Amédée 
de  Savoie  dans  le  massif  du  Ruwenzori.  Mais  si  cet  ouvrage  relate  les 
premières  asscensions  des  plus  hautes  cimes  de  la  chaîne  neigeuse 
située  entre  les  grands  lacs  équatoriaux  de  l'Afrique  centrale,  il  con- 
tient bien  d'autres  faits  encore  et  est  à  proprement  parler  un  livre  de 
géographie  scientifique  au  premier  chef.  Dissertations  d'histoire  de 
la  géographie,  discussions  d'identifications,  aperçus  d'ensemble  sur 
les  régions  visitées  et  en  particulier  sur  la  chaîne  dont  l'étude  était  le 
but  de  la  nouvelle  expédition  entreprise  par  le  duc  des  Abruzzes, 
voilà,  en  effet,  ce  que  l'on  trouvera,  en  même  temps  qu'une  relation 
très  fidèle  et  très  ^^vante  de  la  vie  quotidienne  des  explorateurs  ita- 
liens, dans  le  Ruwenzori  du  D'"  Filippo  de  FiUppi.  Mais  le  lecteur  sou- 
cieux d'approfondir  ne  se  contentera  pas  de  se  pénétrer  de  la  première 
partie  du  texte  de  ce  beau  volume  ni  d'en  étudier  ces  admirables 
photographies  documentaires  signées  de  Vittorio  Sella,grâce  auxquelles 
on  se  rend  si  bien  compte  des  contrastes  existants  entre  la  végétation 
tropicale  des  pentes  du  Ruwenzori  et  le  monde  glacé  des  sommets 
hauts  de  plus  de  4.000  mètres;  il  ne  négligera  pas  l'étude  des  appen- 


—  225  — 

diccs  scientifiques,  grâce  auxquels  il  est.  possible  d'entrevoir  le 
régime  climatique  de  la  région  au  moment  où  la  visita  l'expédition 
du  duc  des  Abruzzes.  Qu'il  prenne  également  connaissance  de  la 
curieuse  dissertation  du  D^  L.  Hugues  sur  les  «  monts  de  la  Lune  de 
la  Géographie  de  Ptolémée  »  (appendice  A),  et  surtout  qu'il  recoure 
sans  cesse  aux  cartes  qui  accompagnent  la  relation  de  la  plus  récente 
exploration  entreprise  par  le  duc  des  Abruzzes.  Ainsi  se  convaincra-t-il 
davantage  encore  de  riiitérèt  de  ce  beau  voyage,  dont  les  résultats 
géobtgirpu'S  et  miiit'i'Mlngiijiirs,  b<itaiii(|iit's  et  Zdohtgiqiies,  n'ojit  pas 
encon^  ("té  publiés;  c'est  là  un(^  ex})éditi()n  aussi  fructueuse  que  les 
expéditions  antérieurement  dirigées  par  le  prince  Louis-Amédée  de 
Savoie  dans  l'Alaska  ou  au  nord  de  la  Terre  François-Joseph. 

14.  —  La  Mer  Rouge  est  la  voie  qui  conduit  sur  la  côte  orientale  de 
l'Afrique  aussi  bien  que  dans  les  pays  de  l'Extrême-Orient;  le  duc  des 
Abruzzes  l'a  descendue  pour  se  rendre  dans  le  district  le  plus  monta- 
gneux de  l'Afrique  équatoi'iale  proprement  dite;  M.  et  M™'^  Jottrand 
ont  fait  de  même  pour  gagner  le  Siam  sur  lequel  ils  nous  ont  donné 
récemment  un  livre  fort  intéressant,  plein  de  fines  observa- 
tions, de  vues  très  justes  et  d'humour  {Polybiblion^  septembre  1905, 
t.  GIV,  p.  224-225).  Ges  mêmes  qualités  par  lesquelles  se  recomman- 
dait naguère  Au  Siam,  nous  les  avons  retrouvées  dsins  Indo-Chine  et 
Japon,  c'tst-à-dire  dans  le  journal  de  voyage  tenu  par  nos  deux  tou- 
ristes, alors  que,  après  un  séjour  de  près  de  quatre  années  à  Bangkok, 
où  M.  Jottrand  avait  rempli  les  fonctions  de  conseiller  juridique- 
auprès  du  gouvernement  siamois,  ils  revenaient  en  Europe, en  achevant 
leur  tour  du  monde.  Faut-il  dire  que,  parfois,  nous  avons  soufïert  en 
lisant  les  appréciations  plutôt  sévères  portées  par  les  auteurs  sur 
l'œuvre  de  la  colonisation  française  en  Indo-Ghine?  Oui,  puisque  telle 
est  la  vérité.  Nous  n'avons  pas  moins  souffert  en  voyant  M.  et  M'"^ 
Jottrand  se  faire  les  échos  (p.  181)  de  ceux  au  rapport  de  qui,  en 
1900,  les  missionnaires  «  conduisaient  personnellement  les  soldats  aux 
bonnes  places  et  le  lendemain  achetaient  dans  le  butin  ce  qui  leur 
plaisait,  à  vil  prix.  »  —  Gela  dit,  convenons  qu'il  y  a  plaisir  à  voyager 
en  Extrême-Orient  avec  M.  et  M^e  Jottrand;  qu'ils  ont,  pour  faire 
comprendre  la  beauté  d'Angkor  Wat,  trouvé  des  termes  extrême- 
ment heureux,  et  que  l'expérience  acquise  par  eux,  durant  leur 
séjour  au  Siam,  en  faisait  des  voyageurs  particulièrement  bien  pré- 
parés à  saisir  les  nuances  —  invisibles  pour  des  touristes  trop  pressés 
—  qui  séparent  les  uns  des  autres  les  peuples  des  différentes  contrées 
de  l'Extrême-Orient. 

15.  —  Avant  même  que  M.  et  M^e  Jottrand  fussent  arrivés  à  Bang- 
kok, que  de  pays  intéressants  le  voyageur  laisse  derrière  lui  !  L'Egypte 
d'un     côté,     la     Terre-Sainte     de     l'autre,     constituent     toujours 

Mars  1909.  T.  CXV.  15. 


—  22t)  — 

des  contrées  vers  lesquelles,  plus  particulièrement,  tendent  les  aspi- 
rations (les  lettrés.  Ne  nous  ai'rêtons  pas  aujom'd'liLii  en  Egypte,  mais 
insistons  au  contraire  sur  les  pays  qui,  p(nir  les  chrétiens,  constituent 
une  terre  aimée  entre  toutes,  celle  qui  a  vu  le  Christ  et  qui  a  été  par- 
conrne  par  Lui.  A  deux  reprises  ditTércntcs,  en  1898  et  fn  1902,  le 
I*.  Joseph  Goi'dard,  S.  ,1.,  a  visité  la  Palestine  et  le  Lib?n  avec  une 
inicntidn  pa.'ticulière  :  il  s'agissait  pour  lui  de  connaître  tons  les 
sanctuaires  '(insacrés  à  la  Sainte  Vierge  dans  ces  contrée;,  et  non  seu- 
lement d'y  prier,  mais  de  les  étudier.  Quel  merveilleux  sujet  d'observa- 
tion !  En  efîet,  comme  le  dit  fort  bien  le  P.  Goudard,  «  rendez-vous 
de  tous  les  besoins  et  de  tous  les  espoirs,  de  toutes  les  formes  de  la 
dévotion,  rites  officiels  et  rites  populaires,  rendez-vous  du  présent  et 
du  passé,  ■^-  car  le  lieu  saint  en  Orient  est  toujours  gardé  et  ne  se  perd 
jamais  ■ —  le  sanctuaire  est  le  foyer  où  l'cx^il  doit^s  j  placer  pour  saisn- 
tous  les  rayonnements  de  la  dévotion.  »  Voilà  précisément  ce  qu'a  fait 
l'auteur  de  la  Sainte  Vierge  au  Liban  et  ce  qui  constitue  le  très  vif 
intérêt  de  son  ouvrage.  Il  y  passe  sr.ccessivement  en  revue 
les  pèlerinages  des  confins  de  Tyr  et  de  Sidon,  du  Liban  druse,du  Kas- 
rouan,  etc.  et  ceux  de  la  Cœlésyrie  et  de  la  Damascène,  avant  de 
résumer  dans  une  vigoureuse  synthèse  d'ensemble  l'impression  qui 
se  dégage  d^  ses  monographies  savantjs,  pleines  de  faits  réunis  par  le 
feu  P.  Pierre  Martin,  S.  .L,  et  par  l'auteur  même  et  accompagnées  de 
précieuses  bibliographies.  Ajoutons  qu'à  la  valeur  du  fond  se  joint 
l'attrait  de  nombreuses  illustrations,  variées  et  originales,  constituant 
un  véritable  album  de  la  vie  en  Orient. 

16.  —  Bien  plus  que  le  Liban ,  —  dont  d'ailleurs  le  P.  J .  Goudard  ne  s'est 
occupé  qu'au  point  de  vue  refigieux,  et  même  à  un  point  de  vue  plus 
spécial  encore  :  la  vénér-^tion  dont  la  Sainte  Vierge  est  l'objet  de  la 
part  des  montagnards  de  ces  contrées,  —  la  Perse  est  actuellem,nt 
un  champ  de  convoitises  et  de  luttes,  dont  différentes  puissances  euro- 
péennes se  disputent  les  lambeaux;  c'est  en  même  temps  un  champ 
d'expériences  politiques,  dont  on  ne  peut  comprendre  les  conditions 
un  peu  particulières  qu'en  ayant  des  notions  précises  sur  le  pays 
lui-même,  et  plus  encore  sur  les  populations,  leurs  croyances  reli- 
gieuses, leurs  aspirations,  etc.  Voilà  précisément  ce  que  M.  Eugène 
Aubin  indique  très  soigneusement  dans  la  Perse  d'aujourd'hui,  qui, 
sous  une  forme  tout  à  fait  différente  de  celle  de  son"  Maroc  d'aujour- 
d'hui, ne  présente  pas  moins  d'intérêt  et  n'est  pas  moins  instructive. 
Au  cours  du  voyage  qu'il  a  effectué  dans  les  pays  de  l'Orient  moyen 
en  1906-1907,  en  efîet,  M.  Aubin  a  réuni  une  foule  de  renseignements 
des  plus  précieux  sur  les  événements  qui  se  déroulaient  sous  ses  yeux, 
et  sur  l'état  d'esprit  des  populations  qu'il  visitait  ;s'il ne  les  apas  group- 
pés,  comme  il  l'avait  fait  naguère,  sous  une  forme  systématique,  s'il 


—  227   — 

s'est  contenté  d'exposer  les  faits  au  jour  le  jour,  à  mesure  qu'il  les  re- 
cueillait et  qu'il  les  enregistrait,  notre  voyageur  n'en  a  pas  moins 
atteint  son  but,  et  a  su,  selon  son  intention,  «  faire  resso'rtir,  à  la 
lumière  des  incidents  de  chaque  jour,  le  caractère  durable,  avec  les 
tendances  actuelles  de  l'Iran  ».  Il  a  su  également,  au  sujet  de  la  révo- 
lution persane,  et  de  l'invasion  de  l'esprit  nouveau,  se  montrer  bon 
prophète,  et  on  trouve  dans  son  ouvrage,  à  côté  de  chapitres  d'histoire 
intérieure  et  d'histoire  diploniatiqut^,  une  foule  de  curieux  renseigne- 
ments sur  les  croyances  religieuses,  sur  les  mœurs  et  les  usages,  sur 
les  villes  saintes  de  l'Iran.  Aussi,  convient-il  de  recommander  à  tous 
ceux  qui  s'intéressent  à  l'évolution  actuelle  de  l'Asie  antérieure  la 
Perse  d'aujourd'hui,  de  M.  Eugène  Aubin,  comme  une  source  de  pre- 
mière importance  et  qui,  au  mérite  d'une  abondante  documentation 
joint  celui  d'une  exposition  remarquable  par  sa  précision,  sa  lucidité 
et  son  agrément. 

17.  • —  Plus  encore  que  M.  Guillaume  Vasso,  M.  Paul  Niedieck  est 
uu  grand  chasseur  devant  l'Eternel;  c'est  ce  dont  fournit  la  preuve 
le  volume,  si  bien  illustré,  dans  lequel  ce  Nemrod  allemand  a  naguère 
raconté  ses  chasses  dans  les  cinq  parties  du  monde,  et  voilà  encore 
ce  dont  témoigne  le  récit  de  nouveaux  voyages  et  de  nouvelles  chasses 
intitulé:  Mes  Croisières  dans  la  Mer  de  Behring.  M.  Niedieck  ne  s'est 
pas  borné,  dans  ce  volume,  à  raconter  ses  pérégrinations  le  long  du 
littoral  Kamtchadal  à  la  poursuite  des  ours,  des  mouflons  et  des 
morses;  il  y  parle,  non  moins  longuement,  de  ses  expéditions  dans 
l'Alaska  à  la  recherche  des  élans,  et,  non.  content  de  relater  ses 
exploits  cynégétiques,  il  insiste,  ici  sur  les  mœurs  des  Kamtchadales 
et  des  Korakes,  là  sur  celles  des  habitants  primitifs  de  l'Alaska. 
Mais  ce  n'est  même  pas  là  encore  tout  ce  que  contient  ce  second 
volume  de  M.  Niedieck,  traduit  de  l'allemand  par  M.  Roustan  avec 
autant  de  lidélité  et  d'élégance  que  Mes  Chasses  dans  les  cinq  parties 
(lu  monde \  sur  l'évolution  économique  et  coloniale  de  l'Alaska,  sur 
l'exploitation  minière  de  ce  pays,  on  y  rencontre  des  indications 
tout  à  fait  précises.  Ainsi  devient-il  possible,  en  rapprochant  cet 
ouvrage,  plein  de  superbes  gravures,  des  hvres  antérieurs  de  MM.  Au-  , 
zias-Turenne,  Léon  Boillot,  etc.,  de  se  rendre  compte  avec  précision 
des  progrès  du  pays  et  d'en  suivre  à  peu  près  au  jour  le  jour  la  rapide 
transformation. 

18.  —  Si,  durant  son  séjour  au  Canada,  M.  le  D''  Adrien  Loir  a  visité 
certains  points  des  États-Unis,  il  ne  s'est  jamais  rendu  dans  l'extrême 
Nord-Ouest  et  n'a  jamais  pénétré  ni  dans  le  Klondyke,  ni  dans  l'Alaska  ; 
du  moins  peut-on  le  conjecturer  pai' le  silence  qu'il  garde  sur  ces  pays 
dans  son  récent  volume  intitulé  :  Canada  etCanadiens.Le  savant  profes- 
seur de  la  Faculté  de  médecine  de  Montréal  y  fait  bénéficier  !?es 


—  -228  — 

compatriotes  de  l'expérience  qu'il  a  acquise  au  contact  des  Canadiens 
français;  il  y  dépeint  leurs  mœurs,  leurs  coutumes,  leurs  usages,  y 
montre  la  survivance  d'anciennes  traditions  et  aussi  de  vieilles  locutions 
françaises,  et  s'efforce  d'y  prémunir  les  Français  venant  dans  le 
Dominion  soit  en  passant  soit  surtout  avec  l'intention  d'y  demeurer, 
contre  des  imprudences  de  toute  nature  qui  seraient  susceptibles 
de  leur  nuire.  Telles  sont  quelques-unes  des  matières  abordées  par 
le  D'"  Loir  dans  cet  excellent  ouvrage,  mais  ce  ne  sont  nullement  les 
seules;  sur  les  questions  qui  intéressent  particulièrement  l'auteur, 
sur  l'histoire  de  la  médecine  dans  la  province  de  Québec  (ch.  VIII), 
sur  différentes  maladies  dont  souffraient  les  chevaux  du  pays,  sur 
l'hygiène,  nous  avons  trouvé  dans  Canada  et  Canadiens  une  foule  de 
renseigïiements  que  jamais  encore  nousn'avions  rencontrés  nulle  part; 
à  signaler  encore  d'excellents  chapitres  sur  les  Peaux-Rouges  du 
Dominion,  et  aussi  sur  les  Mormons,  les  Doukhohors,  les  Japonais, 
enfin  les  juifs  au  Canada.  Il  y  a  là,  au  total,  un  ouvrage  qu'il  convient 
de  rapprocher  de  celui  de  M.  Siegfried  dont  nous  avons  naguère 
rendu  compte,  un  ouvrage  qui  le  complète  et  le  rectifie;  pourquoi  y 
trouve-t-on,  aux  p.  11-12  et  46,  quelques  fâcheux  lapsus  historiques, 
impressionnant, tout  au  moins  un  moment,  défavorablement  le  lecteur? 
19.  ■ —  Aussi  utile,  pour  celui  qui  s'occupe  des  Antilles,  que 
le  volume  du  D^  Loir  sur  le  Canada  pour  celui  qui  s'intéresse  au  Do- 
minion, est  le  livre  que  M.  DanielBellet  vient  de  publier  sur /e5  Grandes 
Antilles  :  Cuba,  Porto- Rico,  Haïti,  Saint-Domingue  et  la  Jamaïque. 
C'est  un  travail  bourré  de  faits  et  de  chiffres,  et,  d'un  très  grand 
intérêt  économique  ;  mais  est-ce  vraiment,  comme  le  croit  son  auteur, 
une  «  étude  de  géographie  économique  »  ?  Nous  ne  le  pensons  pas, 
car  nous  ne  saurions  considérer  comme  telle  une  monographie 
où  la  géographie  n'occupe  qu'une  place  restreinte,  —  au  début,  — 
et  disparaît  ensuite  complètement.  Or,  c'est  ainsi  que  procède  M.  Da- 
niel Bellet  :  au  commencement  de  chacune  des  cinq  parties  entre 
lesquelles  est  divisé  son  livre,  voici  un  paragraphe  esquissant  les  prin- 
cipaux traits  de  la  géographie  physique;  puis  il  n'en  est  plus  question, 
de  telle  sorte  que  les  indéniables  rapports  existant  entre  le  sol  et 
le  sous-sol  et  les  richesses  économiques  et  la  mise  en  valeur  n^  sont 
jamais  indiqués. Qualifions  donc  simplement  d'«  études  économiques  » 
les  différentes  monographies  réunies  par  M.  Daniel  Bellet  dans 
ce  volume,  et  reconnaissons  que,  comme  telles,  ces  monographies 
sont  capables  de  rendre  de  très  grands  services  aux  géographes;  il& 
y  trouveront  réunies,  en  effet,  de  fort  nombreuses  indications  dont 
ils  sauront  tirer  parti  pour  mettre  en  pleine  lumière  les  étroits  rapports 
unissant  la  terre  et  l'homme,  pour  montrer  la  géographie  à  la  base 
de  toute  exploitation  et  de  toute  mise  en  valeur,  pour  faire,enfm,cette 


—  22':)  — 

étude  de  géographie  économique  que  n'est  pas,  malgré  son  indéniable 
mérite,  le  livre  de  M.  Daniel  Bellet. 

20.  —  D'une  valeur  géographique  beaucoup  plus  grande  est,  à  notre 
avis,  le  volume  de  M.  Pierre  Denis  sur  le  Brésil  au  débat  du  xx®  siècle. 
Ce  n'est  pas  seulement  dans  son  cabinet  que  l'auteur  de  cet  excellent 
petit  livre  a  étudié  l'ancienne  colonie  portugaise  de  l'Amérique  du  sud  ; 
il  a  visité  un  certain  nombre  de  ses  provinces,  et  s'est  efforcé 
de  comprendre  les  caractères  de  sa  société  et  de  sa  civilisation,  dont  il 
a  parfaitement  mis  l'ancienneté  relative  en  relief  dans  les  premières  pa- 
ges de  son  ouvrage.  Mais  à  côté  des  Portugais,  les  autres  Européens: 
Allemands,  Italiens,  et  aussi  les  noirs  ont  également  retenu  l'attention 
de  M.  Pierre  Denis,  qui,  durant  ses  pérégrinations  à  travers  le  Brésil, 
a  toujours  eu  soin  d'étudier  la  terre  en  même  temps  que  l'homme, 
et  de  faire,  par  conséquent, œuvre  de  géographe,  et  non  pas  seulement 
de  sociologue  ou  d'économiste.  C'est  ce  que  l'on  remarque  d'un  bout 
à  l'autre  de  son  livre,  aussi  bien  dans  l'esquisse  générale  des  Etats- 
Unis  du  Brésil  placée  au  début  du  volume  (ch.  I  à  V)  que  dans  les  cha- 
pitres consacrés  à  l'État  de  Sào  Paulo,  au  Parana,  au  Rio  Grande, 
au  Ceara,  ou  que  dans  les  dernières  pages  du  volume,  montrant  quel 
admirable  champ  de  colonisation  demeure  cette  Amazonie,  dont  le 
développement  économique  commence  à  peine. . .  Aussi  faisons-nous 
grand  cas  du  Brésil  au  début  du  xx^  siècle. 

21. —  Des  quatre  chapitres  consacrés  par  M.  Pierre  Denis  à  l'Etat  de 
Sào  Paulo  (ch.  vr-ix),  on  rapprochera  avec  fruit  les  notes  «  d'un  colon 
français  »  relatives  à  cette  même  partie  du  Brésil.  Pour  constituer 
un  appel  manifeste  aux  cultivateurs  qui  songeraient  à  quitter  le  sol 
natal,  le  Sào  Paulo  du  Brésil, de  M.  Louis  Casabona,n'en  contient  pas 
moins  des  données  très  intéressantes  et  que  le  professeur  et  l'écono- 
miste utiliseront  avec  profit.  De  fort  bonnes  gravures  accompagnent 
cette  étude,  très  optimiste,  mais  pleine  de  chiffres,  pleine  de  faits  et 
mettant  entièrement  en  valeur  les  intelligentes  initiatives  du  gouver- 
nement de  l'État. 

22.  ■ —  Notre  tour  du  monde  est  terminé.  Il  semble  donc  que  nous 
n'ayons  plus  rit>n  à  dire,  et  cependant  il  nous  faut  encore  parler  d'une 
publication  bien  digne  d'attention  et  que,  si  nous  ne  l'avions  reçue 
au  iiKiment  où  notre  manuscrit  était  déjà  envoyé  à  l'impression,  il 
eût  convenu  de  signaler  au  début  même  de  cet  article.  Lorsque  parut 
en  l.SiM,  VAtlas  géitércd  Vid(d-Lah](irh(\  le  regretté  comte  de  Bize- 
nidiit  en  iu(li(|iia  (htns  \i'  /*()h/hihli(in{\.  i.XW,  p.  484-485)  les  indiscu- 
tahli's  ituMitcs,  ('Il  lit  irss(H'tii-  la  iiouveaiité  el^  le  très  heureux  agen- 
cemeal,  en  montra  le  remarquable  caractère  pédagogique  et  la  concep- 
tion philosophique.  Sans  doute,  çà  et  là,  l'exécution  n'avait  pas  été 
à  la  hauteur  de  la  conception;  mais  l'œuvre  n'en  existait  pas  moins 


—  230   — 

avec  tous  ses  mérites,  qui  subsisteraient,  tandis  que,  peu  à  peu,  lesfai 
blesses  disparaîtraient.  C'est  là,  en  effet,  ce  quis'est  produit,  et  ce  qu'il 
est  facile  de  constater  en  comparant  avec  l'édition  originale  de  Y  Atlas 
oénéral  Vidal-LahJnche  celle  qui  est  datée  de  1909.  Même  dans  la  partie 
historique,  on  peut  relever  d'heureuses  corrections,  telle  en  particulier, 
à  la  pi.  38,  la  suppression  d'une  bataille  du  Saint-Gothard,  en  1664, 
marquée  dans  l'édition  de  1894  concurremment  avec  la  bataille  de 
Saint-Gothard  de  la  même  date.  Mais  c'est  surtout,  comme  il  fallait 
s'y  attendre,  dans  la  partie  géographique  qu'abondent  les  modifications: 
non  seulement  les  cartes  de  l'Atlas  ont  été  très  soigneusement  tenues 
au  courant  des  plus  récentes  découvertes,  —  comme  on  peut,  notam- 
ment, s'en  rendre  compte  pai  l'examen  des  planches  relatives  à  l'Asie  et  à 
l'Afrique,  ■ —  des  dernières  modifications  territoriales  et  du  développe- 
ment des  voies  ferrées,  mais  les  diagrammes  ont  été  modifiés  et  pour 
leur  établissement  on  a  tenu  compte  des  plus  récentes  données 
statistiques.  On  a  fait  plus  et  mieux  encore:  au  point  de  vue  de  la  re- 
présentation du  relief  du  sol,  un  effort  très  sérieux  a  permis  de  donner 
partout  une  plus  grande  vigueur  au  figuré  de  cette  partie  si  importante 
de  la  géographie  physique;  fréquemment  des  teintes  nouvelles  ont  été 
ajoutées  et  sont  venues  fournir  des  indications  plus  nombreuses  et 
plus  précises  sur  la  bathymétrie  et  sur  l'hypsométrie  (voir,  par  exemple, 
les  cartes  de  la  France  physique,  pi.  62-63,  et  du  Bassin  de  la  Méditer- 
ranée, pi.  84-85).  Parfois  aussi  les  cartes  ont  été  entièrement  remaniées, 
et  tel  est  le  cas  pour  celles  de  l'Australie  (pi.  109)  et  de  Madagascar 
(pi.  125  b).  Parfois  encore,  grâce  à  une  meilleure  disposition  des  cartons 
et  des  figures  accessoires,  l'échelle  de  la  carte  principale  a  été  agrandie; 
c'est  ainsi  que  la  carte  physique  de  la  péninsule  ibérique  est  mainte- 
nant dressée  à  l'échelle  du  1  :  5.000.000^,  tandis  qu'elle  l'était  précé- 
demment à  celle  du  1  :  7.500.000e  (pi.  88).  A  côté  de  tant  d'amélio- 
rations incontestables  portant  sur  les  cartes  générales,  que  de  modi- 
fications de  détail  il  conviendrait  de  signaler  dans  les  cartons  et  dans 
les  figures  distribuées  à  profusion  à  travers  V Atlas  général  Vidal- 
Lablachc  !  Niitnns,  comme  d'un  intérêt  tout  spécial,  à  la  planche  65, 
—  dont  le  planisphère  des  principales  cultures  d'alimentation  a  été 
si  profondément  remanié,  ■ —  une  intéressante  figure  représentant 
les  époques  différentes  de  la  ré«o]t,r>  du  blé  dans  l'hémisphère  nord 
et  dans  l'hémisphère  sud:  à  la  planche  68,  où  la  carte  des  bassins 
houillers  exploités  en  Europe  est  devenue  une  carte  beaucoup  plus 
claire  des  principaux  bassins  houillers  de  l'Europe  occidentale,  —  un 
carton  des  régions  métallurgiques  de  la  Lorraine  aux  planches  80- 
81,  une  refonte  complète  des  cartes  des  colonies  françaises.  Les 
deux  planisphères  de  l'ancienne  édition  ont  été  fusionnés  en  un 
seul  dans  l'édition  de  1909,  d'où  ont  disparu  lescartesdela  Martinique, 


—  231  — 

de  la  Guadeloupe  et  du  N.  de  Madagascar  au  bénéfice  des  cartes  d'en- 
semble de  l'iVfrique  occidentale  française,  du  Congo  français,  de  Ma- 
dagascai'  et  de  l'Indo-Chine  française.  Ailleurs  encore  (pi.  104),  la 
carte  des  mine^ ,  de  l'industrie  et  du  commerce  dans  les  États  Scan- 
dinaves a  été  tra.^ée  àplus  grande  échelle,  et  nous  pourrions  multiplier 
de  tels  exemples.  -  De  quelques  cartons  supprimés  ici  ou  là,  nous 
regrettons  la  disparition  :  de  la  carte  des  possessions  italiennes  en 
Afrique  qui  se  trouvait  autrefois  sur  la  pi.  92,  —  du  croquis  des  divi- 
sions géologiques  des  Alp^'S  qui  figurait  sur  la  pi.  93  a,  —  du  carton 
donnant  la  proportion  de  la  longueur  du  réseau  ferré  à  la  suiface 
des  Etats  placé  sur  la  pi.  l'iS  g  ;  mais  ni  ces  suppressions  ni  le 
fait  que  la  carte  du  Pôle  nord  (pi.  53)  ne  mentionne  pas  la  latitude 
atteinte  récemment  par  Peary  ne  no, -s  empêchent  de  saluer  avec 
joie  l'apparition  de  cette  nouvelle  éditiu.:  de  V Atlas  général  Vidal- 
Lablache  et  de  proclamer  que  l'effort  réalisé  nar  l'auteur  et  par 
ses  collaborateurs  pour  améliorer  l'œuvre  commune  a  et"  heureux 
et  couronné  d'un  plein  succès.  Plus'que  jamais,  cet  atlas  mérite  d'être 
considéré  comme  un  excellent  instrument  de  travail,  auquel  on  re- 
courra toujours  avec  profit.  Henri  Froidevaux. 


THEOLOGIE 

lie  mystère  cbrétien  et  les  mystères  antiques,  par  Rudolf 
Stkiner  ;  trad.  de  l'allemand  et  précédé  d'une  Inlrodiiclion  par  Edouard 
SCHURÉ.  Paris,  Perrin,  1908,  ia-8  de  259  p.,  avec  portrait.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Voici  un  livre  difficile  à  lire  et  à  comprendre  pour  un  Fraviçais,  pour 
un  catholique,  pour  un  théologien  intellectualiste  :  il  est  conçu  et 
tout  entier  écrit  dans  la  mentalité  allemande,  protestante  et  pan- 
théiste. 

Il  a  pour  but,  après  tant  d'autres,  d'expliquer  l'origine  et  la  portée 
du  christianisme.  D'après  l'auteur,  si  nous  l'avons'bien  compris,  le  chris- 
tianisme primitif  est  sorti  des  mystères  païens,  avec  lesquels  il  a  un 
fond  commun,  qu'il  a  personnifié  en  Jésus-Christ,  et  qu'il  a  généraliséi 

Ce  fond  commun,  c'est  l'initiation  antique  ou  plutôt  l'objet  de  cette 
initiation,  et  cet  objet  c'est  la  prise  de  possession  et  le  dégagement 
progressif  par  la  conscience  de  chacun,  à  l'aide  de  méthodes  appro- 
pnées,  du  divin  éternel  qui  existe  au  fond  de  chaque  personnalité  dt 
au  iond  de  tout  l'univers.  C'est  à  cela  que  tendaient. non  seulement 
les  jihilosophi's  antiques,  grecs,  égyptiens,  liiiliens,  par  cette  pajti*'  il.»,' 
leur  sagesse  qui  affectait  des  allui'es  mystiques,  mais  encore  <.t  plus 
profondément,  comme  plus  pratiquement,  les  prêtres  des  dillérentes 
religions  secrètes,  ou  mystères,  du  paganisme.  C'était  cela  1?  but  de 
toutes  les  initiations  si  fameuses,  avec  leurs  rituels  et  leurs   obser- 


—  232  — 

vancos.  Jésus-Christ  lui-même,  comme  Bouddha,  à  qui  on  le  compare, 
n'est  qu'un  successeur  des  grands  initiateurs  des  temps  passés  et  le 
grand  initiateur  des  temps  nouveaux.  Sa  vie,  telle  que  la  représentent 
les  Evangiles,  est  un  tissu  de  faits  mystiques  d'initiation,  que  l'on  a 
présentés  comme  faits  historiques,  mais  dont  l'historicité  réelle,  ou  non, 
importe  peu.  «  Pour  la  communauté  chrétienne,  la  sagesse  des  mystères 
est  indissolublement  rattachée  à  la  personne  de  Jésus.  Ce  que  précé- 
demment on  voulait  atteindre  par  les  mystères  (à  savoir  le  divin  et 
l'éternel)  fut  remplacé  par  la  foi  en  ce  fait  que  le  Christ  (l'initié  d'une 
grandeur  unique  et  suprême)  avait  vécu  sur  la  terre  et  que  ses  fidèles 
lui  appartenaient  ».  «  Les  mystères  transmettaient  par  la  tradition 
les  moyens  d'arriver  à  la  vérité;  la  communauté  chrétienne  a  la 
prétention  de  transplanter  par  elle-même  cette  vérité  de  génération 
en  génération.  La  confiance  dans  les  forces  mystiques  qui  s'éveillent 
dans  l'intérieur  de  l'homme  par  l'initiation  devait  être  remplacée 
par  la  confiance  en  l'Unique,  en  l'Initiateur  primordial.  Les  mystes 
cherchaient  leur  propre  divinisation  :  ils  voulaient  la  voie.  Jésus 
était  divinisé,  nous  devons  nous  en  tenir  à  lui  :  alors,  nous  partici- 
pons à  sa  divinité  dans  la  communauté  fondée  par  lui;  cela  devient 
le  Credo  chrétien.  Ce  qu'on  divinise  pour  Jésus  est  diA'inisé  pour  toute 
la  communauté  (p.  179  et  180).  » 

Les  Evangiles  doivent  être  entendus,  non  pas  d'une  façon  historique, 
mais  d'une  façon  mystique  :  «  ce  qu'ils  veulent  donner,  c'est  une  vie 
typique  (intérieure)  d'un  fils  de  Dieu  selon  les  traditions  des  mystères, 
appliquée  à  la  personne  et  à  la  vie  (extérieure)  de  Jésus  »:ils  ont  puisé 
en  diverses  traditions  my:?tiques,  ce  qui  explique  sufiîsamment  leurs 
divergences.  Le  quatrième  Évangile  a  surtout  emprunté  à  la  tradi- 
tion de  Philon  ». 

Partant  de  ces  difîéi-eiits  point;*  de  vue,  qu'il  n'étayo  d'ailleurs  sur 
aucune  preuve,  l'auteur  explique  à  sa  façon  les  paraboles,  les  miracles 
évangéliques  et  spécialement  le  miracle  de  Lazare  (p.  J92),  de  même 
que  l'Apocalypse  de  saint  Jean  (p.  206).  On  devine  (|iielles  contorsions 
il  leur  impose.  Ce  sont,  d'après  lui,  des  actes  d'initiation  du  grand 
initié  Jésus  qui,  ayant  révélé  en  lui  le  divin,  cumme  l'avait  t'ait 
Bouddha,  divinise  en  sa  personne  toute  la  cnininuiutaté  de  ceux  ijui 
s'unissent,  en  lui  par  la  foi. 

Comment  les  secrets  de  l'initiation  sont-ils  venus  jusqu'à  lui?  C'est 
bien  simple  :  il  y  avait  dans  toutes  les  religions  une  sagesse  sacerdotale 
qui,  sous  des  apparences  dissemblables,  cachait  le  même  noyau. 
Jésus  la  rencontra  chez  les  esséniens  et  les  thérapentes;  et  chez  les 
Juifs  en  général,  il  trouve  la  pensée  de  rendre  les  mystères  ou  l'ini- 
tiation, non  plus  secrète  et  réservée,  mais  accessible  à  toutes  les  âmes 
et  cela  par  la  foi  et  l'unité  dans  l'Église. 


—  233  - 

Il  modifia  sans  doute  raiicieiine  pensée  des  mystiques.  La  divi- 
nisation ne  fut  plus  le  travail  personnel  de  chaque  âme;  mais,  ramassée 
en  Jésus-Christ,  elle  fut  attribuée  à  chacun  de  ceux  qui  crurent  en  lui. 
Elle  ne  fut  donc  plus  de  source  interne,  mais  d'origine  externe.  Elle 
ne  s'appréhenda  plus  par  la  pensée,  la  volonté,  la  vie,  la  conscience 
individuelle,  agissant  sur  l'âme  directement  et  immédiatement,  mais 
par  la  science  de  Jésus-Christ  et  la  confiance  en  son  être  supérieur. 
On  ne  sentit  plus  Dieu  en  soi  :.,on  dut  le  chercher  au  dehors.  Et  c'est 
de  là,  dit  notre  auteur  (p.  235),  qu'est  venu  le  divorce  entre  la  connais- 
sance d'un  Dieu  qui  est  au  dessus  de  l'homme,  et  le  sentiment  reli- 
gieux qui  ne  le  saisit  qu'au  dedans  :  car  le  Dieu  qui  est  au  dessus 
de  l'homme,  le  dépasse  infiniment,  échappe  à  son  intelligence  et 
devient  incompréhensible.  La  science  ne  l'atteint  plus  dans  son  essence  : 
seule  la  foi  monte  jusqu'à  lui,  à  travers  les  ténèbres  d'une  révélation 
imparfaite.  C'est  pourquoi  ces  deux  facultés  sont  en  lutte.  Pour  les 
réconcilier,  il  faudrait  revenir  à  l'initiation  graduée  et  liiérarehique 
d'autrefois  :  avec  ses  méthodes  expérimentales  et  occultistes,  elle 
révélerait  au  monde  toute  la  profondeur  du  christianisme,  et  rendrait 
à  celui-ci  toute  la  vie  que  l'Église  lui  a  enlevi^e  depuis  le  iv^'  siècle 
(p.  257).  . 

Telle  est,  semble-t-il,  la  pensée  de  cet  ouvrage.  Quoiqu'on  dise 
M.  Edouard  Schuré  dans  son  Introduction,  il  est  diffîcile  de  voir  autre 
chose  dans  toutes  ces  élucubrations  que  les  rêves  d'un  cerveau  pétri 
par  le  kantisme  et  le  protestantisme  et  l'indouisme.  Tous  ces  rap- 
prochements, disons  mieux,  ces  synthèses  du  christianisme  avec 
les  philosophies  païennes  ne  sont  fondées  que  sur  des  analogies  loin- 
taines et  des  similitudes  imprécises.  Il  est  bien  singulier,  ce  cerveau 
allemand;  ou  il  se  plaît  dans  une  érudition  indigeste,  exclusive  de 
toute  idée  générale,  ou,  s'il  veut  entrer  dans  le  monde  des  systèmes,  il 
s'affranchit  de  l'histoire,  et  s'envole  dans  la  région  des  songes;  il  ne 
sait  pas  s'élever  dans  les  hauteurs  tout  en  conservant  un  point  d'appui 
sur  la  t(-rre  solide  :  ou  il  rase  do  trop  près  le  su!,  ou  il  s'aventui'o  dans 
les  planètes. 

La  lùograplîie  de  Rudolf  Steiner,  à  la  fois  mystique  et  occultiste, 
est  intéressante.  Dès  sa  jeunesse  il  avait,  paraît-il,  «  une 'vue  directe 
et  involontaire  des  choses  :  il  avait  la  sensation  irréfragable  de  puis- 
sances occultes  qui  agissaient  derrière  lui  et  à  travers  lui  pour  le  diri- 
ger. 11  écoutait  cette  force  et  suivait  ses  avertissements.  Car  il  se  sen- 
tait en  accord  parfait  avec  elle  »  (p.  13).  11  vécut  d'abord  solitaire,  puis 
il  rencontra,  à  dix-neuf  ans,  son  Maîtî'e  dans  les  Mystères.  On  le  trouve 
à  Vienne  de  1881  à  1891,  à  VVeimar  de  1891  à  1901,  à  Rerlia  de  1901 
à  1907;  il  a  46  ans.  Il  connut  Frédéric  Nietzsche,  le  surhomme, 
et    Ernest    Ilœckel,  le  naturaliste,  mais  ne  les  suivit   pas.  11   entra 


—  234  — 

dans  la  Socis  théosophique,  fondée  en  1875  par  Mn^e  Hélène  Blas- 
watzki  et  le  colonel  Olcott  et  s'occupa  de  l'ésotérisme  chrétien 
occidental  et  plus  spécialement  de  l'initiation  rose-crucienne.  La 
tradition  ésotérique,  dont  l'essence  est  l'initiation  individuelle  (p.  32), 
aurait  passé  de  Mânes  aux  cathares,  aux  templiers,  aux  frères  de 
Saint-Jean  de  Jérusalem,  aux  cabalistes,  aux  alchimistes,  et  fina- 
lement elle  aurait  été  recueillie  par  Christian  Rosenkrentz  qui  se  rendit 
^^^gypie et  dans  l'Inde  pour  chercher, une  synthèse  entre  l'initiation 
orientale  et  l'occidentale.  Rudolf  Steiner  se  fit  rose-croix,  et  voulut 
aussi  fondre  la  tradition  hindoue  et  la  tradition  ésotérique  chré- 
tienne. C'est  à  cela  que  tendent  tous  ses  travaux,  et  spécialement 
le  livre  que  nous  avons  analysé.  But  chimérique,  dont  la  grandeur 
est  faite  de  vague  et  d'indécis,  et  pour  lequel  on  regrette  de  voir 
s  user  tant  d'efTorts,  au  fond  généreux,  uniquement  parce  que  l'on 
ne  veut  pas  accepter  que  l'Évangile  soit  un  document  historique,  pré- 
cis, éternel,  et  que  l'Éghse,  dépositaire  de  l'Évangile,  en  soit  l'inter- 
prète infaillible  et  immuable.  La  pensée  protestante  et  panthéiste 
crée  dans  les  âmes  un  préjugé  vraiment  peu  favorable  à  l'étude  exacte 
dos  clioses  religieuses.  A.  Clerva.l. 

Igle^ia  y  Eslado,  poi-  el  P.    Fr.  Paulino  Alvarez.  Barcelona,  Luis 
Gili,  1908,  in-12   de  ;{;;!4  p.  —  Prix:  3  fr. 

Ce  volume,  dédié  à  sainte  Rose  de  Lima,  contient  les  six  confé- 
rences données  pendant  le  carême  de  1906,  dans  l'église  do  Saint- 
Dominique  de  Lima,  par  le  R.  P.  Paulin  Alvarez.  L'éminent  prédi- 
cateur y  expose  la  doctrine  de  la  sainte  Église  catholique,  spécialement 
les  enseignements  de  Pie  X  dans  sa  lettre  apostohque  du  11  février 
1906  à  l'épiscopat  et  au  peuple  de  France,  enseignements  qui  vont  à 
rencontre  des  hérésies  formulées  par  l'auteur  dû  Dictionnaire  de  la 
législation  péruvienne.  Voici  d'ailleurs  les  principales  propositions 
développées  par  le  R.  P.  Paulin  :  !«  l'Église  catholique  est  une  société 
parfaite,  car  elle  possède  les  quatre  éléments  constitutifs  de  toute 
société,  savoir  :  le  nombre,  l'union,  la  fin  commune  et  les  moyens; 
2c>  les  droits  de  l'Église  sont  parfaitement  établis,  ce  sont  des  droits 
d'existence,'  d'enseignement,  de  législation,  etc.;  3"  l'État  a  également 
des  droits  dans  Tordre  législatif,  exécutif  ou  judiciaire,  mais  ces 
droits  ne  peuvent  .porter  atteinte  à  ceux  de  l'Église;  4°  la  société 
chrétienne  est  supérieure  à  la  société  civile,  non  seulement  à  cause 
de  la  dignité  suprême  de  scm  divin  Fdudateur,  mais  en  raison  même 
de  ses  éléments  constitutifs;  .':>"  la  sé])aration  de  l'Église  et  de  l'État 
est  une  apostasie,  une  injustice  et  une  ruine;  6°  l'État  laïque,  c'est-à- 
dire  athée,  est  immoral, irrationel  et  monstrueux.  Telles  sont  les  thèses 
éloquemment  développées  par  le  R.  P.  Paulin.  Elles  sont  appUcables, 


—  23b  — 

comme  on  le  voit,  à  la  France  contemporaine,  à  laquelle  fait  fréquem- 
ment allusion  l'orateur  dominicain,  notamment  dans  la  quatrième 
conférence,  dont  la  péroraison,  vibrante  de  foi  et  de  noble  fierté, 
-mériterait  d'être  citée  ici  tout  entière.  Espérons  que  le  livre,  dont 
nous  venons  de  donner  une  si  sèche  analyse,  ne  tardera  pas  à  être 
traduit  en  français,  pour  le  réconfort  des  âmes  catholiques  de  notre 
pays.  G.  Bernard. 

JURISPRUDENCE 

liesi  Régimes  politiques  a«  JLIL^  siècle.  lies  Républiques 
parlementaires.     La      République     déinoeratique,     par 

Albert  Soubies  et  Ernest  Carette.  Paris,  Flammarioiv  1906  et  1907, 
2  vol.  in-8  de  xii-220  p.  et   xii-226  p.  —  Prix:  12   fr. 

Ces  volumes  sont  les  deux  premiers  d'une  série  à  laquelle  leurs  au- 
teurs donnent  le  titre  collectif  de  :  Les  Régimes  polùiques  au  xx^  siècle. 
Nous  avons  rendu  compte,  en  son  temps,  de  la  première  édition  du 
premier  volume  {Polybiblion  do  décembre  1903,  t.  XCVIII,  p.  526).  Il 
est  consacré  à  l'étude  des  constitutions  des  cinq  répubUques  parlemen- 
taires: France,  Chili,Vénézuéla,  Haïti  et  Saint-Domingue. Laseconde  édi- 
tion a  été  rendue  nécessaire  par  des  changements  profonds  apportés 
dans  la  constitution  du  Venezuela.  On  apprendra  avec  curiosité  que 
le  président  Castro  était  théoriquement  le  placide  président  d'une 
république  bien  et  dûment  parlementaire  où  la  responsabilité  des 
ministres  devant  le  Parlement  était  minutieusement  organisée. 

La  République  démocratique  est  un  autre  type  constitutionnel. 
MM.  Soubies  et  Carette  en  donnent  pour  caractéristique  l'exercice 
d'une  partie  des  fonctions  du  gouvernement  ou  des  assemblées  par 
le  peuple  lui-même.  • —  L'unique  constitution  qui  admette  cette  forme 
de  pouvoir  est  la  République  helvétique. Le  volume  qui  lui  est  consacré 
est  aussi  important  que  le  précédent  et  nous  ajouterons  volontiers 
(pi'il  le  dépasse  en  intérêt  :  la  Suisse  nous  touche  de  trop  près  pour 
nous  laisser  jamais  indiiïérents,  et  ses  institutions  politiques  sont  telle- 
ment différentes  des  nôtres  que  leur  étude  provoque  une  véritable 
curiosité.  Les  auteurs  ont  divisé  leur  étude  en  cinq  chapitres  qui 
forment  une  analyse  complète  de  la  constitution  en  vigueur  :  chap.  I, 
le  Gf)uvernement;  chap.  11,  les  Assemblées  :  Chambre  fédérale  repré- 
sentant It^s  cantons  et  Chambre  unitaire  élue  par  le  sufïrage  universel 
et  direct;  chap.  III,  la  Cour  souveraine;  chap.  IV,  le  Référendum; 
chap.  V,  les  Réformes  constitutionnelles. 

Lin  résumé  de  leur  œuvre  est  impossible.  Quiconque  en  France 
désire  connaître  la  constitution  suisse  devra  le  lire  et  y  trouvera  plus 
d'un  enseignement  utile  sur  les  conditions  nécessaires  de  l'existence 
honnête  d'un  Etat  démocratique.  La  liante  compétence  de  MM.  Sou- 


—  236  — 

.  bies  ci  Curette  en  matière  de  droit  ((tiistitutionnel  leur  a  permis  de 
faire  avee  les  constitutions  des  autres  États  une  quantité  de  rappro- 
chements qui  donnent  à  leur  œuvre  un  caractère  tout  à  fait  particu- 
lier et  singulièrement  vivant.  Unindex  alphabétique  termine  le  volume* 
et  offre  la  possibilité  de  trouver  sans  peine  la  solution  donnée  par  le 
peuple  suisse  aux  questions  si  multiples  soulevées  par  les  nécessités 
quotidiennes  de  la  vie  d'une  nation  essentiellement  démocratique. 
C'est  donc  une  étude  très  précise  de  droit  constitutionnel  en  même 
temps  qu'une  œuvre  de  [)liilos(q-)hie  poUtique  ([ui  fait  le  plus  grand 
honneur  à  ceux  qui  l'ont  conçue  et  exécutée,  et  qui  est  de  nature  à 
causer  plus  d'une  déception  à  ceux  qui  rêvent  d'appUquer  à  un  grand 
Etat  centralisé  comme  la  France  des  institutions  analogues  à  celles 
de  la  Suisse.  Eigkne  Godefroy. 


SGIENCKS  ET  ARTS 

lies    IVIeilleiires    Images  des     écrivains    pédagogiques    de 

Rnhelnis  au  XX<=  siècle.  Extraits  avec  un  Avant-propos  et  des 
notes  par  Edmond  I'aiusot  et  Félix  Henry.  Paris,  Colin,  1908,  in-12 
de  xii-o64  p.  —  Prix  ;  o  fr.  50- 

Ce  volume  est  précédé  d'une  Préface  de  M.  Jules  Pavot,  dont  je  n'ai 
rien  à  dire,  car  elle  se  borne  à  indiquer  la  division  et  la  marche  du 
livre,  en  y  ajoutant,  sur  l'insufTisance  de  la  mémoire  pour  s'incorporer 
les  pensées  d'autrui,  des  observations  qui  ne  sortent  pas  de  l'ordinaire 
banalité. 

Les  Extraits  qui  viennent  ensuite  sont  groupés  sous  les  huit  rubri- 
ques suivantes  :  1.  Éducation  générale;  II.  Les  Méthodes;  III.  Psycho- 
logie de  l'enfant;  lA".  Éducation  morale;  V.  Éducation  esthétique; 
VI.  Éducation  physique;  Xll.  La  Destinée  de  la  femme;  VHI.  Rôle 
social  de  l'instituteur  et  de  l'école. 

Trois  parties  sont  précédées  de  petites  Préfaces  particulières  si- 
gnées E.  P.  La  premièi-e  développe  cette  idée  qu'aujourd'hui  le 
moindre  instituteur  de  hameau  obtient  des  résultats  bien  supérieurs 
à  ceux  des  (<.  maîtres  d'écoles  »  et  «  régents  »  de  l'ancien  temps,  io  ne 
suis  pas  aussi  sûr  ijue  l'auteur  de  cette  allirnuitiou  péremptoire 
et  intéressée. 

La  seconde'  jM'riiu'  l'utiliti'  des  rnt'lliodes  de  iK'dagogie,' dont  on 
avoue  d'ailleurs  le  caractère  toujours  pro\isoii'e. 

La  troisième  et  deridère  expose  —  et  cehi  n'est  pas  trt-s  neuf  — 
que  «  l'éducation  doit  former  avant  tout  des  êli'e  nioraiix  ■>,  c'est-à-dire 
«  des  êtres  sociaux  habitués  à  suivre  uniquement  les  sublimes  ensei- 
gnements de  leur  conscience,  éclairée  et  affranchie  ».  Affranchie  de 
quoi?  L'auteur  n'en  dit  rien  ici,  mais  les  extraits  qui  suivent  montrent 


~  237  — 

assez  qu'il  s'agit  des  vérités  et  des  préceptes  (pii  sont  précisément  les 
meilleurs  et  les  plus  solides  fondements  de  la  moralité. 

Des  Extraits  qui  composent  le  livre,  très  peu  sont  empruntés  aux 
auteurs  antérieurs  au  xix^  siècle  :  je  n'en  trouve  pas  d'autres  que 
Condorcet,  Fénelon,  Fichte,  Lakanal  (qui  est  d'ailleurs  un  peu  du 
XI x^'  siècle),  Lemaistre  de  Sacy,  Locke,  M"'^  de  Maintenon,  Montaigne, 
Necker,  de  Saussure,  Pestalozzi,  Rabelais,  Rollin,  Rousseau,  La 
Bruyère.  Les  contemporains  sont  beaucoup  plus  nombreux,  ujie  soixan- 
taine au  moins,  entre  lesquels  je  relève  les  noms  de  Tjéoii  Bourgeois, 
de  Ferdinand  Buisson,  de  Jules  Ferry,  d'Anatole  France,  de  Guyau, 
de  Pauline  Kergomard,  de  Lavisse,  de  Liard,  de  Paul  et  Victor  Mar- 
gueritte,  de  Jules  Payot,  dont  les  extraits  sont  particulièrement 
agressifs  contre  les  idées  chrétiennes,  de  Félix  Pécaut,  de  Jules  Steeg, 
enfin  d'Emile  Zola.  Il  en  est  de  beaucoup  moins  connus,  et  parmi  eux 
M.  Dessez,  qui  promulgue,  en  un  discours  qui  a  fait  sans  doute  plus  de 
mal  que  de  bruit,*  le  Décalogue  de  l'instituteur.  Le  premier  article 
de  ce  décalogue  est  celui-ci  :  Portez-vous  bien.  Le  cinquième  est  ainsi 
formulé  :  Nous  formerons  de  bons  républicains.  Et  je  crois  que  c'est  à 
cela,  à  peu  près,  que  peut  se  ramener  l'esprit  du  livre  tout  entier. 
Coïnme  instrument  d'éducation  morale  j'estime  tout  de  même  que 
les  commandements  de  Dieu,  bien  démodés  aujourd'hui,  étaient  plus 
efficaces  pour  former  des  honnêtes  gens. 

En  résumé,  livre  très  mêlé,  où  des  pages  intéressantes,  écrites  par 
de  braves  gens,  voisinent  avec  des  pages  très  fâcheuses,  parfois  même 
très  mauvaises  et  nettement  antichrétiennes.  Qu'il  soit  très  bien 
adapté  aux  exigences  pédagogiques  d'aujourd  hui,  je  veux  bien  le 
croire,  puisqu'on  raffîrme  :  mais  cela  même  ne  fait  que  confirmer  la 
mauvaise  opinion  que  nous  avons  déjà  de  Técole  que  le  libéralisme  de 
nos  maîtres  prétend  imposer  à  la  France  chrétienne.  A  ce  point  de  vue, 
la  lecture  de  ce  volume  peut  n  être  pas  inutile  pour  nous  ;  c'est 
d'ailleurs  le  seul  profit  que  nous  en  puissions  tirer. 

Edouard  Pontal. 

UTotre  Budget,  études  critiques  et  plan  de  réorganisation  de  notre 
système  financier,  par  Léon  Foucrière.  Paris,  Rousseau,  1908,  in-8 
de  197  p.  —  Prix  :  5  fr. 

Dans  cet  ouvrage,  dédié  à  l'ancien  premier  Président  de  la  Cour 
de  comptes,  M.  le  sénateur  Boulenger,  l'auteur  qui  connaît  pratique- 
ment ce  dont  il  parle,  puisqu'il  a  été  contrôleur  de  l'Administration 
de  l'armée,  ne  se  contente  pas  de  critiquer  nos  mœui's  financières, 
de  montrer  l'inefficacité  du  contrôle  parlementaire  au  moment  du 
vote  des  crédits  et  encore  plus  au  moment  du  règlement  des  comptes, 
les  lacunes,  de  la  comptabilité-matière,  l'insuffisance  du  contrôle  et 


—  238  — 

des  pouvoirs  de  la  Cour  des  comptes.  11  indique  des  remèdes  :  exten- 
sion des  attributions  de  la  Cour  des  comptes,  qui  serait  appelée  non 
seulement  à  contrôler  plus  exactement  les  comptes,  mais  encore  asso- 
ciée, dans  une  certaine  mesure,  à  l'exécution  du  budget,  puisqu'elle 
autoriserait  les  virements  de  crédits,  de  chapitre  à  chapitre,  en  cours 
d'exercice,  établissement  moins  arbitraire  des  budgets,  les  projets 
devant  prendre  pour  base  les  dépenses  de  la  pénultième  année,  comme 
on  fait  pour  les  recettes.  Rn  exerçant  une  surveillance  plus  vigilante 
sur  l'emploi  des  ressources  pubhques,sans  réduire  nos  forces  militaires, 
que  l'auteur  juge  nécessaire  de  maintenir,  parce  qu'il  ne  croit  pas  aux 
théories  des  pacifistes,  il  estime  que  l'on  pourrait  économiser  annuel- 
lement 300  millions  sur  notre  budget  de  dépenses  et  il  propose  en 
outre  de  demander  100  millions  de  plus  aux  droits  sur  les  héritages 
qui  ne  sont  pas  transmis  en  ligne  directe.  On  aurait  ainsi  de  quoi  con- 
sacrer par  an  100  millions  à  l'amortissement  de  notre  dette  colossale, 
100  millions  à  des  dégrèvements  de  taxes  frappant  trop  lourdement  les 
pauvres,  et  200  miUions  pour  les  retraites  ouvrières. 

Baron  J.  Angot  des  Rotours. 


Tout  ce  qu'il  faut  savoir  en  malhématiques  et  physique,  ctiimie,  mi- 
néralogie, crisCallograpliie,  botanique,  zoologie,  science  médicale,  hygiène. 
Nouvelle  Encyclopédie  publiée  sous  la  direcliou  de  F.  Damé.  T.  II.  Paris, 
Delagrave,  s.  d.,  gr.  in-8  de  329  p.,  avec  19  planches  et  901  lig.  — 
Prix  :  5  fr. 

Le  tome  I^""  de  cet  ouvrage  a  paru  en  1907  et  nous  en  avons  rendu 
compte  ici-même  en  septembre  de  ladite  année.  Le  tome  second  ne 
comporte  aucune  des  réserves  sur  certaines  assertions  et  certaines 
tendances  que  nous  avions  dû  faire  en  archéologie  préhistorique  et 
en  histoire.  La  chose  est  facile  à  expliquer.  Dans  le  tome  I^^,  où  l'on 
allait  «  de  la  nature  à  l'homme  «,  c'est-à-dire  de  l'astronomie,  la 
géologie,  la  géographie,  la  paléontologie,  la  météorologie  à  l'ethno- 
logie, l'histoire  proprement  dite,  les  religions  et  la  philosophie,  —  ces 
derniers  ordres  de  connaissances  touchaient  à  des  questions  brûlantes. 
iJans  le  tome  second,  l'ordre  logique  de  l'enchaînement  des  sciences 
est  substitué  à  l'ordre  chronologique  adopté  pour  le  précédent. 

Or,  en  mathématiques,  en  physique  et  chimie,  en  cristallographie, 
en  botanique  et  zoologie,  voire  en  médecine  et  en  hygiène,  il  est  facile, 
en  se  cantonnant  dans  le  domaine  de  chacune  de  ces  sciences,  sans 
empiéter  ailleurs,  de  n'émettre  aucune  proposition  pouvant  être 
malsonnante  peur  qui  que  ce  soit.  Aussi  pouvons-nous  recommander 
ce  volume  sans  restriction. 

C'est  un  compendium,  un  abrégé  détaillé  de  toutes  les  sciences 
mentionnées,  excellent  pour  remémorer  ce  qu'on  a   su  autrefois  ou 


—  239  — 

pour  donner  un  aperçu  des  connaissances  qu'un  esprit  d'ailleurs  préa- 
lablement cultivé  ne  posséderait  pas  encore.  Mais  il  ne  paraît  pas 
qu'un  écolier  puisse  y  trouver  ce  qui  lui  serait  nécessaire  pour 
apprendre  ce  qui  lui  serait  tout  à  fait  étranger.  En  mathématiques, 
par  exemple,  on  donne,  en  chacune  des  branches  de  cette  science, 
depuis  l'arithmétique  jusqu'au,  calcul  difîérentiel  et  intégral,  les 
délinitions  et  les  règles  pratiques  de  chaque  proposition,  de  chaque 
théorème,  mais  sans  en  développer  la  démonstration.  11  en  est  de 
même  un  peu  partout.  Ce  sont  des  exposés  très  clairs  et  géné- 
ralement très  complets  des  résultats  acquis,  et  c'est  tout.  11  est  même 
donné,  sous  la  rubrique:  «  Mathématiques  supérieures  »,  un  aperçu  de  la 
géométrie  générale  ou  Pangéométrie,  celle  dont  la  géométrie  courante 
ou  euclidienne  ne  serait  qu'un  cas  particulier,  envisagée  pour  un  espace 
à  trois  dimensions  seulement,  sans  aucune  allusion  à  un  hyperespace 
possible. 

De  grands  développements  sont  donnés,  en  physique,  à  l'électricité 
tant  statique  que  dynamique,  dont  l'emploi  occupe  aujourd'hui  une 
place  de  plus  en  plus  étendue  dans  les  applications  de  la  vie  pratique. 
Sur  certains  points,  l'on  peut  relever  quelques  lacunes  ;  ainsi,  en  géo- 
métrie, la  définition  des  parallèles  est  donnée  sans  faire  mention  du 
plan  :  or,  deux  lignes  ne  sont  pas  parallèles  par  cela  seul  qu'elles  ne  se 
rencontrent  pas;  en  optique,  il  n'est  pai'lé  ni  de  la  diffraction  ni  de  la 
polarisation  de  la  lumière.  Sur  d'autres,  quelques  erreurs  :  à  la  plan- 
che 11,  p.  239,  un  rameau  d'épicéa  est  représenté  avec  le  cône  érigé, 
or,  celui-ci  est  essentiellement  pendant  ;  l'araucaria  excelsa  de  l'île  de 
Norfolk  y  est  donné  comme  un  pin  :  or,  le  genre  pinus  appartient 
à  l'ordre  des  abiétinées,  tandis  que  l'ordre  des  araucariées  avoisine 
celui  des  cupressinées. 

Ce  sont  là  des  taches  minimes.  En  somme,  cette  petite  encyclo- 
pédie des  sciences  mathématiques,  physiques  et  naturelles  forme  un 
précieux  groupement  de  matières  à  consulter  dans  chacun  de  ces 
ordres  de  connaissances,  et  les  innombrables  figures  qui  émaillent 
le  texte  ou  l'accompagnent,  lui  sont  un  auxiliaire  inappréciable. 
Tout  ce  qui  concerne  la  structure  du  corps  humain  (à  la  suite  de  la 
zoologie)  est  exposé,  texte  et  figures,  avec  une  convenance  parfaite. 

Au  résumé,  ce  volume  nous  pai'aît,  dans  son  ensemble,  supérieur  à 
celui  qui  l'a  précédé.  C.  de  Kirwan. 

lia  Sefeuce  tseisiiiolo^iciuc.  lie»  Tremblements  de  terre, 

parle  comte  de  Montessus  de  Ballore.  Paris,  Colin,  1907,  in  8  de 
vn-579  p.,  avec  222  fig.  et  cartes  dans  le  texte  et  hors  texte.  — 
Prix  :  16  fr. 

Le  comte  de  Montessus  de  Ballore  s'est  fait  une  spécialité  de  l'étude 
des  tremblements  de  terre.  Après  en  avoir,  dans  un  ouvrage  remar- 


—  240  — 

qualtli'  dont  luuis  avons  rtMidn  (■(tmpte  ( Polyhi bilan  do  juin  1907, 
t.  CIX,  p.  512),  déterminé  la  géograpliie  et  montré  la  connexion  étroite 
avec  la  formation  du  relief  terrestre  et  la  surreotion  des  chaînes  de 
montagnes,  voici  qu'il  entreprend  de  présenter,  dans  la  Science  seisnio- 
logiqiie,  l'ensemble  de  ce  que  l'on  sait  actuellement  sur  les  tremble- 
ments de  terre  et  de  faire  connaître  les  résultats  obtenus  par  les 
deux  catégories  de  savants  qui  les  étudient,  parles  géologues  et  par  les 
physiciens.  En  agissant  ainsi,  M.  de  Montessus  de  Ballore  rend  un 
service  dont  on  ne  saurait  trop  fain?  ressortii- l'importance;  par  suite, 
en  elTet,  de  cette  lamental)le  tendance  à  la  spécialisation  à  outrance, 
qui  va  s'accentuant  de  plus  en  plus,  taudis  que  les  géologues  scrutent 
les  couches  terrestres  des  régions  les  plus  ébranlées  par  les  séismes  ou 
sismes,  pour  tâcher  d'y  lire  les  causes  de  leurs  dérangements,  sans 
se  préoccuper  de  ce  que  deviennent  les  ondes  seismiques  propagées 
au  loin,  les  physiciens  étudient  les  diagrammes  sur  lesquels  sont  enre- 
gistiés  les  mouvements  de  l'écorce  terrestre,  sans  se  préoccuper  outre 
mesure  de  la  cause  des  tremblements  de  terre.  Voilà  donc  deux  branches 
d'une  même  science,  la  seismologie  tectonique  et  la  seismologie  phy- 
sique, qui  tendent  à  s'écarter  de  plus  en  plus  l'une  de  l'autre,  pour  le 
malheur  de  la  seismologie,  dont  l'étude  vraiment  scientifique  et  com- 
plète ne  peut  être  réalisée  que  par  une  judicieuse  combinaison  des 
méthodes  géologiques  et.  djs  méthodes  physiques.  Ramener  à  cette 
conception  les  savants  qui  s'occupent  des  tremblements  de  terre, 
montrer  dans  la  seismologie  un  ensemble  dont  il  convient  d'envisager 
successivement  tous  les  aspects,  tel  avait  déjà  été  le  but  poursuivi  par 
l'auteur  dans  sa  Géographie  seismologiqae  et  tel  est  le  but  qu'il  pou- 
suit  encore  dans  la  Science  seismologique,  dont  l'idée  maîtresse  — 
mise  en  pleine  lumière  d'un  bout  à  l'autre  du  volume  —  est  l'in- 
fluence des  circonstances  géologiques  sur  le  mouvement  seismique  lui- 
même;  aussi  bien  à  l'origine  des  tremblements  de  terre  que  tout  le  long 
des  chemins  dans  lesquels  s'engagent  ses  ondes,  les  différences  de  cons- 
titution tectonique  ne  jouent-elles  pas,  en  effet,  un  rôle  de  première 
importance?  C'est  là  une  des  leçons  qui  se  dégagent  de  la  Science 
se ism.olo gigue;  en  voici  une  autre  :  à  l'ancienne  conception  de  l'épi- 
centr?,  c'est-à-dire  du  point  de  la  surface  terrestre  d'où  semble 
émaner  le  tremblement  de  terre,  —  conception  qui  n'est  plus  valable , 
que  pour  les  ébranlements  dûs  aux  explosions  volcaniques  —  se  substi- 
tue la  conception  de  mouvements  d'ensemble  de  portion  souvent  con- 
sidérables de  l'écorce  terrestre,  de  déplacements  ou  de  dérangements, 
d'origine  tectonique,  de  tout  un  voussoir  plus  ou  moins  étendu.  Une 
telle  conception  explique  admirablement  (est-il  besoin  de  le  dire?) 
ces  épouvantables  catastrophes  dont  l'Italie  méridionale  vient  d'être 
le  théâtre,  et  qui  ajoutent  à  la  portée  scientifique  de  l'ouvrage  de 


—  241  — 

M.  de  Montessus  de  Ballore  un  incontestable  intérêt  d'actualité.  Non 
content  d'avoir,  dans  son  livre,  exposé  l'état  présent  et  les  méthodes 
de  la  science  seismologique,  l'auteur  a  eu  soin  d'y  ajouter  plusieurs 
chapitres  de  «  seismologie  appliquée  »,  dont  la  lecture  fera  comprendre 
pourquoi  l'on  a  songé  à  abandonner  plusieurs  des  villes  siciliennes  ré- 
ceaiment  dévastées.  Des  cartes,  des  gravures,  des  tableaux,  complètent 
l'excellent  ti'avail  de  M.  de  Montessus,  dans  lequel  nous  nous  plaisons 
à  saluer  ce  manuel  do  seismologie  qui  manquait  encore  à  la  science 
française,  Henri  Froide  vaux. 

lie  Problème  de  l'aviation  et  sa  solution  par  l'aéro- 
plane, par  Armengaud  jeune.  Paris,  Delagrave,  190S,  gr.  in-8  de 
vii-86   p.  —  Prix  :    2  tV.  50. 

Le  16  février  1908,  M.  Armengaud  faisait,  au  Conservatoire  national 
des  arts  et  métiers,  une  conférence  sur  l'aviation.  Bien  que  la  salle 
fut  comble,  un  nombre  forcément  restreint  d'auditeurs  avait  pu  suivre 
le  captivant  exposé  fait  par  l'habile  orateur  sur  un  sujet  de 
si  grande  actualité;  aussi  était-il  nécessaire  d'éditer  cette  conférence, 
afin  d'en  faire  proliter  tout  le  public;  c'est  là  l'origine  du  volume  si 
intéressant  que  nous  avons  sous  les  yeux.  Les  divers  systèmes  d'aéro- 
planes expérimentés  jusqu'à  ce  jour  sont  successivement  passés  en 
revue,  ainsi  que  les  théories  qui  ont  déterminé  leur  construction. 
Les  développements  mathématiques,  qui  ne  faisaient  pas  partie  de  la 
conférence  orale,  sont  précédés  par  la  théorie  élémentaire  de 
l'aéroplane;  ils  n'exigent  du  lecteur  que  les  connaissances  de  la  trigo- 
nométrie. Ils  sont  exposés  avec  la  plus  grande  clarté  et  permettent 
d'avoir  une  idée  très  nette  et  suffisamment  complète  des  essais  si 
passionnants  qui  se  déroulent  chaque  jour  sous  nos  yeux.  On  peut 
toutefois  regretter  que  la  date  de  la  conférence  faite  par  M.  Armen- 
•gaud  ait  été  antérieure  aux  vols  de  W.  Wright,  dont,'  par  suite, 
l'aéroplane  n'est  pas  étudié.  Des  schémas  accompagnent  la  description 
des  appareils  et  facilitent  leur  répartition  dans  les  différents  types. 

Toutes  les  parties  de  cette  remarquable  brochure  mériteraient 
d'être  successivement  analysées,  ce  qui  nous  ferait  sortir  des  limites 
de  ce  compte  rendu;  qu'il  nous  soit  au  moins  permis  de  signaler  les 
quelques  pages  consacrées  au  vol  et  au  planement  des  oiseaux  et  celles 
relatives  au  rôle  probable  de  l'électricité  atmosphérique  dans  le  vol. 
Le  lecteur  y  trouvera  maintes  idées  originales  et  fécondes,  ainsi  que 
dans  le  paragraphe  où  sont  indiqués  les  perfectionnements  à  apporter 
aux  aéroplanes. 

En  terminant,  nous  émettrons  seulement  le  regret  que  la  forme 
de  la  conférence  orale  ait  été  respectée  et  qu'il  soit  fait  allusion,  par 
exemple,  aux  vues  cinématographiques  qui  ont  dû  charmer  les  audi- 
iVlAhs  lyoy.  C\\.  T.  16. 


-   242  — 

teurs,  mais  dont  les  lecteurs  sont  forcément  privés.  Par  contre,  nous 
sommes  heureux  de  signaler  le  soin  apporté  par  l'éditeur  à  l'exécution 
matérielle  de  cette  brochure  déjà  si  remarquable  à  tant  d'égards. 

J.  C.  T. 


LITTÉRATURE 


Alt-C^eltiaelier  Spraelisrliatz,  vonALFREP  Holder.  IStf'Liefernag 
(Vesontio-Zusema).  Leipzig,  Teubner,  1908,  gr.  in-8,  col.  257-512. 

On  aurait  pu  croire  que  cette  18^  livraison  achèverait  le  répertoire 
de  l'ancien  celtique  entrepris  par  M.  Holder;  mais  l'auteur  a  tant  fait 
de  recherches  et  il  a  tant  paru  dans  -ce  domaine  depuis  le  début  de  sa 
publication,  qu'après  le  nom  hypothétiquement  celtique  de  Zusema 
(aliluent  bavarois  du  Danube),  il  commence  l'impression  d'un  sup- 
plément considérable.  On  connaît  la  méthode  de  M.  Holder  :  d'abord 
jcwores  ampliandi,  c'est-à-dire  donner,  dans  le  doute,  des  noms  anciens 
qui  pourraient  être  autre  chose  que  celtiques,  par  exemple  dans  cette 
livraison  le  nom  d'homme  Vin'otos,  chef  des  Lusitaniens,  qui  est  peut- 
être  ibérique;  le  nom  de  fleuve  Visiirgis,  le  Weser,  qui  pourrait  être 
ligure;  puis  donner,  outre  les  conjectures  étymologiques,  tous  les 
textes  d'écrivains  et  d'inscriptions  qui  contiennent  un  nom,  de  sorte 
qu'on  pourrait  rédiger  l'histoire  ancienne  d'une  localité  avec  les  textes 
patiemment  réunis  par  M.  Holder  :  tel  serait,  aujourd'hui,  le  cas  de 
Vesontio^  Besançon;  de  Vienna  ou  Vianna  ou  Viana,  Vienne  en  Ûau- 
phiné,  sans  compter  ses  homonymes  actuels  Vincenna,  la  rivière 
Vienne,  et  Vifidobona,  Vienne  en  Autriche.  Le  nom  du  peuple  gaulois 
les  Voice  est  important,  j^arce  que,  passé  chez  les  peuples  germaniques 
sous  la  forme  de  Walah,  il  a,  par  des  transpositions  historiques,  donné 
naissance  aux  noms  des  Welches,  des  Wallons,  des  Valaques,  des 
Gallois,  etc.  —  Nous  avons  déjà  regretté  que  le  savant  auteur,  si  bon 
latiniste,  ait  donné,  en  allemand  et  non  en  latin,  les  quelques  abré- 
viations ou  explications  nécessaires,  si  sobres  qu'elles  soient.  Au  moins 
ferait-il  bien  de  ne  pas  donner  des  termes  de  jargon  linguistique, 
comme  le  sanscrit  tatpiirusha  de  la  colonne  344,  terme  qui  ne  signifiera 
•  'o^-  1p  plupart  de  ses  lecteurs.  H.  Gaidoz. 


Ciiraiiiiiiaii*<'  et  Yorabtilaire  du  g,vee  vulgaire,  par  Girolamo 
Germano,  publiés  d'après  l'édition  de  1622,  par  Hubert  Pernot, 
thèse  complémentaire  présentée  à  la  Faculté  des  lettres  de  l'Université 
de  Paris  [Collection  de  monuments  pour  servir  à  Vétude  de  la  langue  et  de 
la  littérature  néohelléniques.  3^  série,  n°  7.).  Fontenay-sous-Bois,  chez 
l'auteur,  7,  rue  du  Clos-d'Orléans,  1907',  in-8  de  320  p. 

Répétiteur  de  grec  moderne  à  l'École  des  langues  orientales  et  l'un 
de  nos  meilleurs  néohellénistes,  M.  Hubert  Pernot  inaugure  une  nou- 


—  243  — 

velle  série  do  la  Collectiofi  de  monumentf;,  fondée  jadis  par  le  regretté 
Emile  Legrand,  par  la  réimpression  d'un  ouvrage  d'une  importance 
considérable  dans  l'histoire  de. la  lexicographie  néohellénique.  Giro- 
lano  Germano  était  un  jésuite  qui,  ayant  passé  de  longues  années 
dans  les  missions  de  Chio  et  de  l'archipel  grec,  avait  recueilli  pour 
son  usage  tout  ce  qu'il  avait  pu  d'éléments  grammaticaux  et  lexico- 
graphiques  de  la  langue  parlée  par  les  indigènes.  Le  profit  que  pou- 
vaient retirer  de  son  expérience  ses  confrères  et  tous  ceux  qui  avaient 
affaire  dans  ce  pays,  le  décida  à  publier  en  1622  l'ouvrage  que  nous 
redonne  aujourd'hui  M.  H.  Pernot.  Son  livre  est  d'autant  plus  inté- 
ressant que,  comme  le  dit  l'éditeur,  c'est  lui  en  réalité  «  qui  ouvre  la 
série  de  dictionnaires  romaïques  proprement  dits  »  et  que  la  gram- 
maire par  laquelle  il  débute  «  constitue  la  première  grammaire  du 
gi'ec  vulgaire  qui  ait  eu  les  honneurs  de  l'impression  )>. 
^..^Le  long  séjour  du  P.  Germano  dans  l'île  de  Chio  explique  la  pré- 
dominance dans  son  ouvrage  des  formes  chiotes;  et  ce  caractère  de 
son  livre  explique  à  son  tour  l'intérêt  particulier  qu'y  a  pris  M.  Hubert 
Pernot,  à  qui  nous  sommes  redevables  de  précieux  travaux  sur  l'île 
de  Chio  et  qui  poursuit  depuis  des  années  l'étude  de  la  langue  et  de 
la  littérature  chiotes. 

En  préparant  l'édition  de  ce  précieux  Vocabolario,  assez  rare  pour 
avoir  échappé  pendant  un  temps  aux  recherches  d'Emile  Legrand, 
M.  H.  Pernot  a  été  amené  à  étudier  les  œuvres  analogues  écrites  dans 
les  xvi^,  xvii^  et  wiii^  siècles.  Il  nous  en  donne  dans  sa  Préface  une  liste 
intéressante.  Cette  enquête  qu'il  a  menée  l'a  conduit  à  une  conclusion 
assez  inattendue  :  il  montre,  en  effet,  que  le  dictionnaire  et  la  gram- 
maire du  grec  moderne,  publiés  respectivement  en  1635  et  1638  par 
Simon  Portius,  ouvrages  assez  loués  à  l'époque  et  dont  le  second  a 
eu,  en  1889,  les  honneurs  d'une  réimpression,  ne  sont  qu'un  plagiat  et 
un  démarquage  de  l'œuvre  de  Germano.  Si  l'œuvre  de  Portius  est  rem- 
plie de  dialectismes  c'est  qu'il  les  a  empruntés  à  son  prédécesseur; 
loin  d'être  une  preuve  qu'il  soit  natif  de  Chio,  ces  dialectismes,  par  la 
servilité  même  avec  laquelle  Portius  les  a  empruntés  à  son  modèle 
reproduisant  des  fautes  grossières  excusables  chez  un  étranger  mais 
inexplicables  de  la  part  d'un  indigène,  parlent  plutôt  contre  cette 
origine  prétendue. 

On  voit  tout  l'intérêt  que  la  publication  de  M.  Pernot  présente 
non  seulement  au  point  de  vue  de  l'histoire  du  langage,  mais  au  point 
de  vue  de  l'histoire  littéraire.  On  regrettera  peut-être  que  cette  œuvre 
importante  n'ait  point  été  accompagnée  d'un  commentaire.  M.  Pernot 
explique  cette  lacune  par  cette  raison  que  les  observations  qu'il 
aurait  pu  faire  ont  pris  place  déjà  ou  prendront  place  bientôt  dans 
ses  Etudes  de  linguistique  néohellénique.  E.-G.  Ledos. 


—  -244  — 

Aum.  Koiir<'ei8  de  l'él«quencc  Lectures  commeiiiées,  par  Marc   San- 
GNiER.  Paris,  Blond,  1908,  petit  \\\-S  de  /lUl  p.  —  Prix  :  ''•  fr. 

Presque  tous  les  volumes  qui  portent  le  nom  de  M.  Mai'c  Sangniei 
ont  quelque  chose  à  la  fois  d'ingénu  et  de  cavalier,  qui  est  très  carac- 
téristique. Ils  ont  rair,ou  de  l'alburn  d'un  écolier  pressé  de  se  produire, 
ou  du  carnet-journal  d'un  vieil  homme  de  lettres  devenu  complai- 
sant à  ses  moindres  fragments  d'idées  et  aux  notes  quelconques  de 
ses  fonds  de  tiroir.  Pas  un  d'eux  qui  soit  un  livre,  un  livre  fait,  pensé, 
mûri,  écrit.  Et  ce  qu'ils  ont  de  décousu,  de  désordonné,  d'impersonnel 
et  d'insuflisant  vous  mettrait  de  mauvaise  humeur,  si  la  critique 
n'était  désarmée  par  l'aveu,  tout  de  même  un  peu  hautain,  du  sans- 
façon  avec  lequel  ils  furent  improvisés.  «  Peu  nous  importe  que  le  choix 
de  ces  pages  semble  arbitraire,  qu'il  le  soit  en  eiiet...  Nous  ne  nous 
proposons  nullement  ici  une  œuvre  d'érudition  historique  ou  de  cri- 
tique littéraire...  Notre  dessein  a  été  seulement  de  recueillir,  presque 
au  hasard^  quelques-uns  des  plus  nobles  et  des  plus  pathétiques  accents 
de  la  parole  humaine,  non  pas  tant  pom*  instruire  que  pour  soutenir 
et  réconforter  ceux  qui  liront  ce  recueil ...» 

A  cet  aristocratique  ai'gumentdu  «bon  plaisir  .>,  du  «  sit  pro  raiione 
voluntas  »,  il  n'y  a  rien  à  répondre. 

Encore  qu'on  ne  voie  pas  ce  que  le  «  réconfort  »  y  perdrait,  si  le  choix 
avait  été  plus  éclairé  et  plus  juste,  si  le  livre  était  moins  fouillis,  on  n'a 
plus  le  droit  de  s'étonner  que,  derrière  les  orateurs  de  la  Grèce,  Démos- 
thènc,  Eschine,  Platon...  et  Antigone,  il  n'y  ait  pas  eu  la  plus  petite 
place  pour  les  Romains,  ces  maitres  du  genre  oratoire,  ces  éloquents 
diseurs  de  la  vertu  patriotique  et  républicaine,  ni  que  toute  l'éloquence 
religieuse  du  xix^  siècle  soit  ici  représentée  par  Lacordaire  et  Mgr 
d'Hulst,  et  toute  l'éloquence  laïque  par  Lamai'tine,  Gambetta,  Wal- 
deck- Rousseau,  Millerand,  Clemenceau,  Jaurès,  Brunetière  et  M.  de 
Mun.  Ne  songez  même  pas  à  regretter  Chateaubriand,  Victor  Hugo, 
Royer-Collard,  Casimir  Périer,  Benjamin  Constant,  Bcrryer,  Monta- 
lembert,  Ravignan,  Dupanloup,  Guizot,  Dufaure,  de  Broghe,  Jules 
Simon,  etc.,  etc.,  ni  à  vous  plaindre  que  tantôt  les  morceaux  cités 
soient  trop  longs  et  trop  connus,  comme  le  Sermon  sur  la  mort  de  Bos- 
suet,  l'oraison  fmièbre  d'Henriette  de  France,  tantôt  et  plus  souvent 
coupés  trop  menu,  remplacés  quelquefois  même  par  le  récit  des  scènes 
violentes  qui,  dans  la  réalité,  empêchèrent  les  discours  et  en  tinrent 
lieu.  Ainsi  Déroulède,  qui  prononça  tant  de  belles  choses,  ne  fût-ce 
qu'à  Champigny  et  à  Buzenval,  n'est  représenté  que  par  un  article 
de  BaiTès  qui  raconte  cette  héroïque  soirée  de  la  salle  Chaynes  où 
toute  l'éloquence  du  tribun  fut  de  crier  «Vive  la  France  !  »  au  milieu 
de  la  meute  hurlante  des  sans-patrie.  Ainsi  encore  avons-nous,  entre  au- 
tres spécimens  de  l'éloquence  de  la  Révolution,  la  scène  de  l'ai-restation 


—  245  — 

des  Girondins,  celle  de  Robespierre,  ou  l'envahissement,  au  19  bru- 
maire, de  la  salle  de  Saint-Cloud  par  les  soldats  de  Leclerc.  Mais  si 
c'çst  la  fantaisie  de  M.  Marc  Sangnier  de  trouver  là  plutôt  qu'ail- 
leurs les  sources  de  son  éloquence?...  Craignez,  si  vous  insistez,  qu'il 
ne  vous  réponde  qu'un  geste  est  parfois  plus  éloquent  qu'un 
discours.  Ne  discutez  pas  non  plus  la  boursouflure  et  le  mauvais 
goût  do  telles  ou  telles  harangues.  Ne  dites  pas  qu'à  côté  de  tel 
fragment  d'un  médiocre  intérêt,  il  y  avait  à  prendre  une  page  admi- 
rable sur  quelque  grande  idée  immortelle.  Du  moment  que  tout  cela 
a  été  recueilli  presque  au  hasard,  il  n'y  a,  en  notant  que  le  commen- 
taire annoncé  se  réduit  à  quelques  phrases  d'admiration  exclamative, 
((u'à  constater  que  n'importe  qui  peut,  avec  la  collaboration  du  même 
hasard,  en  faire  tout  autant,  et  que,  dans  ce  genre  de  «  Conciones  » 
français,  on  avait  fait  déjà  beaucoup  mieux.         Gabriel  Audiat. 


Le  Clergé  à  l'Académie,  silhouettes  et  portraits  par  Mgr  de  Mouche- 
ron. Paris,  Perrin,  1909,  petit  in-8  de  383  p.,  avec  une  gravure.  —  Prix  : 

5  fr. 

Sur  cent  dix-sept  hommes  d'église  qui  furent  de  l'Académie  fran- 
çaise, l'auteur  en  élimine  neuf,  tels  que  Dehlle,  Sieyès  ou  Feletz,  qu'il 
ne  juge  pas  assez  ecclésiastiques.  Il  consacre  aux  autres  des  notices 
sommaires,  mais  généralement  exactes.  Il  n'aurait  pu,  dans  un  aussi 
petit  nombre  de  pages,  insérer  de  vraies  biographies,  et  moins  encore 
des  études  de  critique  littéraire  :  le  lecteur  trouvera  donc  le  livre 
un  peu  court,  et  c'est  là  une  critique  dont  plus  d'un  auteur  serait 
flatté. 

Le  style  est  agréable,  les  anecdotes  bien  choisies  et  bien  contées; 
la  note  générale  est  cet  optimisme  bienveillant  qui  caractérise  la 
prose  ecclésiastique.  Il  y  aurait  quelques  points  à  discuter  et  même 
quelques  opinions  à  contester  :  j'aime  mieux  dire  que,  dans  son 
ensemble,  l'ouvrage  répond  à  ce  qu'on  était  en  droit  d'en  attendre 
et  qu'il  sera  consulté  avec  profit  par  tous  ceux  qui  s'intéressent  à 
l'histoire  du  clergé  français.  P.  Pisani. 


HISTOIRE 


Saint  AinbroÎMe,  par  P.  de  Labriolle.  Paris,  Bloud,  1908,  in-16  de 
329  p.  (Collection  La  Pensée  chrétienne).  —  Prix  :  3  fr.  50. 

M.  de  Labriolle  vient  de  donner  à  la  Pensée  chrétienne  un  bon  volume 
sur  saint  Ambroise.  L'homme  et  l'évêque,  dans  Ambroise,  sont  plus 
intéressants  que  l'écrivain.  M.  de  Labriolle  le  sait,  et,  avec  beaucoup 
d'art,  il  a  encadré  les  textes  dans  des  études  et  des  notices  biendocu- 
m?ntées  et  fort  instructives.  Dans  une  Introduction  sobre  et  nourrie 
(p.  1-31),  il  nous  dit  la  vie  et  le  rôled'Ambroise,il  nous  fait  connaître 


—  246  — 

les  principa  es  éditions  de  ses  œuvres  et  les  travaux  généraux  dont  il 
a  été  l'objet  Les  autres  indications  historiques  et  bibliographiques 
sont  données  à  leur  place  dans  le  cours  du  volume.  Suivent  les  extraits 
d'Ambroise  groupés  sous  quatre  titres  et  encadrés  en  autant  d'études 
sur  le  politique  (35-162),  l'exégète  (163-208),  le  moraliste  (209-253),  les 
sermons  et  les  traités  dogmatiques.  On  devine  bien  que  les  pages  les 
plus  intéressantes  sont  celles  qui  nous  présentent  le  politique  et  le 
moraliste;  quelques-unes,  comme  celles  sur  les  luttes  ariennes  (p.  70-95), 
sont  on  ne  peut  plus  vivantes  et  dramatiques.  Mais  ces  pages  vien- 
nent-elles bien  sous  la  rubrique  Polilique?  Ce  sont  là  essentielle- 
ment des  questions  religieuses,  et  si  la  politique  s'en  est  mêlée,  qui, 
plus  qu'Ambroise,  a  fait  entendre  à  l'autorité  civile  qu'elle  n'avait 
rien  à  y  voir?  Et  nulle  part,  à  vrai  dire,  Ambroise  n'est  «  politique  ». 
Il  est  évêque,  rien  qu'évêque.  M.  de  LabrioUe  est  le  premier,  à  le  re- 
connaître et  la  question  n'est  peut-être  qu'une  question  de  mot.  J'ai 
peur  que,  sur  un  autre  point,  la  doctrine  ne  soit  un  peu  compromise, 
au  moins  indirectement.  Tout  d'abord,  M.  de  Labriolle  affecte  de 
séparer  Ambroise  de  ses  collègues  catholiques  dans  la  lutte  contre 
Priscillien.  Il  y  a  eu,  je  le  veux  bien,  quelques  malentendus  sur  les 
faits  et  quelques  divergences  de  vue  sur  les  procédés  à  employer. 
Mais  il  est  visible  qu'Ambroise  admettait,  tout  conune  les  autres,  la 
poursuite  jusqu'à  extinction  de  l'hérésie  et  des  liéréti({ues.  Ce  (jui 
suilirait  à  le  montrer,  c'est  la  lettre  à  Théodose  contre  la  reconstruc- 
tion de  la  synagogue  juive  que  des  chrétiens  avaient  brûlée.  Cette 
lettre  scandalise  M.  de  Labriolle.  Bien  à  tort;  car  elle  est  inattaquable, 
en  bonne  théologie...  et  M.  de  Labriolle  devrait  le  reconnaître,  s'il 
admet,  suivant  la  formule  de  Léon  XIII,  que  les  catholiques  ont  dans 
le  SyUahus  une  règle  sûre  de  pensée  et  de  conduite. 

Dans  l'ensemble,  on  eût  attendu,  dans  un  ^'olume  de  la  Pensée 
ehrétienne,  une  part  plus  grande  pour  la  doctrine  et  pour  la  piété. 
Et  du  même  point  de  vue,  la  longue  lettre  sur  l'affaire  de  la  vierge 
Indicia  ne  me  paraît  pas  être  ici  à  sa  place.  Je  ne  vois  pas  non  plus 
de  quel  droit  on  relègue  dans  la  légende  ou  la  poésie  un  fait  attesté 
de  façon  très  précise  par  les  contemporains,  pour  cela  seul  qu'il  est 
extraordinaire  ou  miraculeux,  comme  on  le  fait,  par  exemple,  p.  255. 

On  pourrait  signaler  quelques  inexactitudes  d'interprétation,  par 
exemple,  la  parenthèse  «  de  l'arche '>  (p.  278);  certains  néologismes  à  la 
Huysmans,  comme  «  immine  »  et  détails  semblables.  Mais  peut-être 
ai-je  déjà  trop  insisté  sur  la  critique;  car  le  livre  est  .digne  qu'on  en 
dise  surtout  du  bien.  J.-V.  Bainvel. 


—  217  — 

Laïueiiuais.  Ka  Vie  et  8Ci«  doctrines,  par  l'abbé  Charles  Bou- 
TARD.  II.  Le  Catholicisme  Uhcrul  •  iSi8-i85i).  Paris,  Perrin,  1908,  in-8  de 
vi-409  p.  —  Prix  :  5  fr. 

1828-1834  :  les  dates  disent  ici  que,  dans  l'histoire  de  La  Mennais,  elles 
encadrent  la  période  de  la  «crise»;  crise  malheureuse  qui  se  dénoua  par 
la  chute  du  prêtre  infidèle  à  sa  mission  et  à  sa  foi.  Il  y  a  donc  un  très 
particulier  et  très  triste  intérêt  à  lire  les  pages  fort  sages  et  impartiales 
de  M.  l'abbé  Boutard  sur  cet  épisode  tragique. 

Les  dernières  années  de  la  Restauration  sont  marquées  chez  La 
Mennais  par  une  grande  activité  intellectuelle  ;  il  devient,  avec  son 
frère  Jean-Marie,  «  fondateur  d'ordre  »,  chef  de  la  «  congrégation  de 
Saint-Pierre  »,  dont  le  noviciat,  la  maison  de  formation  est  à  Malestroit 
(près  de  Ploërmel)  et  le  centre  intellectuel  à  la  Chesnaie  (près  Dinan). 
Les  deux  chapitres  consacrés  à  cette  narration  sont  pleins  de  détails 
curieux  et  s'appui(>nt  sur  les  révélations  précédemment  faites  par  le 
P.  Laveille,  dans  sa  biographie  de  l'abbé  Jean-Marie  de  La  Mennais. 

Déjà  FéU,  entouré  de  jeunes  disciples,  rompt  avec  l'ancien  clergé, 
gallican  à  ses  yeux,  dans  la  personne  d'un  de  ses  représentants  les^plus 
autorisés  :  l'archevêque  de  Paris,  Mgr  de  Quélen,  à  qui  il  adresse  ses 
deux  «  Lettres  »  fameuses  (mars  et  avril  1829).  Quand  vient  le  boule- 
versement de  la  révolution  de  1830,  il  est  tout  préparé  à  une  marche 
en  avant,  sans  regret  pour  le  gouvernement  qui  vient  de  tomber.  C'est 
donc  la  formation  de  l'Avenir,  la  création  d'une  Association  pour  la 
défense  de  la  religio)i  catholique,  d'une  Agence  générale  pour  la  défense 
de  la  liberté  religieuse. 

Époque  de  fermentation  dans  les  esprits,  de  généreuse  espérance 
dans  les  actes,  de  sincère  dévouement.  L'analyse  détaillée  et  la  syn- 
thèse que  donne  M.  Boutard  de  ces  articles  de  t Avenir,  non  seulement 
sortis  de  la  plume  de  La  Mennais  mais  de  ses  lieutenants,  Lacordaire 
et  Montalembert,  soulignent  justement  la  verve,  le  talent,  l'impré- 
voyance aussi,  mais  le  sens  catholique  toujours  aigu  de  cette  brillante 
phalange.  La  loyauté  de  La  Mennais  ne  saurait  être  en  cause;  c'est 
dans  ses  lettres,  d'un  ton  si  violent,  qu'il  faut  aller  cliercluir  le  fond 
de  sa  pensée;  elles  sont  injurieuses  au-delà  de  ce  que  l'on  peut  admet- 
tre envers  les  personnes.  Le  fameux  voyage  à  Rome,  afin  de  «  forcer  » 
le  Pape  à  parler,  les  vivacités  de  langage,  l'impatience  du  retour,  tout 
manifeste  clairement  l'emploi  de  moyens  fâcheusement  orgueilleux 
pour  faire  prém(\turément  aboutir  des  idées  heureuses.  M.  Boutard  ra- 
conte à  son  tour,  mais  avec  beaucoup  de  calme,  les  phases  de  ces  jours 
agités;  il  sème  son  récit  de  remarques  justes,  il  blâme  à  raison  cette 
précipitation  qui  a  reculé  l'épanouissement  des  thèses  ultramontaines 
de  La  Mennais  dans  ce  qu'elles  avaient  d'orthodoxe  et  d'approprié  au 
temps,  et  qui  a  prêté  le  flanc  aux  oppositions  systématiques  des 


—  ^'iS  — 

K  gallicans»,  puis  à  leurs  mauvais  procédas  dans  l'apparente  victoire 
d'un  jour.  Sage,  raisonnable,  Rome  ne  condamnait  que  l'excès  des 
théories;  elles  demeuraient  intactes  pftur  s'épanouir  cinquante  ans 
plus  tard,  à  l'heure  venue. 

Incompréhensible  au  premier  abord,  tant  elle  choque  la  logique  et 
les  affirmations  de  sa  vie  précédente,  la  défection  de  La  Mennais,  se 
retournant  contre  l'Eglise,  se  conçoit  mieux  si  l'on  accepte  cette 
double  remarque  :  il  avait  rêvé  de  faire  une  monarchie  théocrati- 
que;  il  rêva  de  faire  une  théocratie  républicaine.  Il  marcha  donc 
toujours  à  l'extrême  avant-garde  des  armées,  où  il  s'enrôla  et  poussa 
les  aventures  avec  autant  de  génie  que  d'indiscipline.  C'est  ainsi  que 
l'on  compromet  les  causes  que  l'on  croit  servir. 

Les  lecteurs  de  M.  Boutard,  après  avoir  pris  grand  i)laisii'  à  v<»ir 
résunier  clairement  une  histoire  très  délicate  par  un  prêtre  soucieux 
de  l'impartialité,  auront  le  droit  de  regretter  des  observations  sans 
aménité  contre  l'abbé  Combalot  et  Lacordaire;  des  sous-entendus 
(toujours  un  peu  naïfs)  contre  les  jésuites,  des  égratignures  au  pas- 
sage contre  l'abbé  Jean,  et  pour  désigner  le  Souverain  Pontife,  les 
cardinaux,  les  évêques,  cette  appellation  un  peu  arrogante  de  la 
«  Hiérarchie  »,  que  La  Mennai^  emplovait  lui-même  dans  un  sens 
aussi  prétentieux  que  malveillant.  On  donne  tort  à  la  «  Hiérarchie  » 
d'une  façon  impersonnelle,  quand  on  n'ose  tout  haut  se  dérober  à  un 
ordre  du  Pape,  ou  critiquer  les  décisions  de  telle  congrégation,  le 
mandement  de  tel  évêque  en  chair  et  en  os;  c'est  commode  plus  que 
loyal.  La  Mennais  avait  inventé  cette  expression  nuageuse  pour  faire 
la  transition  entre  son  ortliodoxie  et  son  apostasie.  J'aimerais  que  ce 
mot  ne  fût  plus  employé  dans  ce  sens  fâcheux.  Toujours  avec  mélan- 
colie l'on  relit  ce  drame  de  notre  histoire  religieuse  contemporaine, 
mais  aussi  avec  un  poignant  intérêt.  M.  Boutard  compte  parmi  les 
historiens  qui  ont  le  mieux  analysé  les  intentions  et  les  faits  de  l'École 
mennaisienne  et  ajouté  à  la  curiosité  passionnante  du  suj^t  l'agrément 
heureux  des  commentaires.  G.  de  G. 

tjSk  nurhoHse  de  Bourgogne  et  l'AIlianee  ««aToyarde  sous 
liOtiii»  XIV,  par  le  comte  n'HAUSsriN ville.  T.  1\'.  Pari;?,  Calmann- 
Lévy,  d908.  in-8  de  682  p.  —  Prix  :  7  fr,  .^0. 

La  fin  de  ce  grand  travail  est  triste  comme  le  sujet  lui-même  qu'il 
raconte;  ce  sont  les  morts  foudroyantes  des  enfants  et  petits-enfants 
du  grand  Roi;  morts  terribles  qui  jetèrent  la  France  dans  l'épouvante, 
mais  auxquelles  M.  d'Haassonvillè,  sur  les  rapports  de  la  science  mo- 
derne, ne  pense  pas  qu'il  faille  attribuer  (comme  le  firent  les  contem- 
porain'*) des  caractères  mystérieux  et  criminels.  De  1709  à  1711,  nous 
assistons  donc  à  la  mort  de  Monseigneur,  à  relie  de  la  diiclii^sp  de 


—  240  — 

Bourgogne,  à  celle  du  duc,  devenu  le  Dauphin.  Autour  de  ces  scènes 
lugubres,  qu'il  retrace  d'après  les  meilleurs  témoignages,  l'auteur 
rapporte  tous  les  détails  de  cérémonial  et  d'étiquette.  Puis  il  relie 
les  différentes  parties  de  son  sujet  par  des  études  très  fouillées  sur  les 
événements  caractéristiques  de  la  Cour  et  du  temps;  le  «  grand  hiver» 
de  1709;  le  procès  de  fdiation  et  de  préséance  des  Rohan,  etc.;  il 
étudie  surtout  les  idées  politiques  de  ce  duc  de  Bourgogne  sur  qui  les 
gens  de  bien  fondaient  tant  de  légitimes  espérances;  les  maximes  de  ses 
oonseillers,  le  petit  troupeau^  comme  les  appelle  Saint-Simon,  c'est-à- 
dire  les  anciens  amis  de  Fénelon  devenus  les  fidèles  du  prince  :  les 
ducs  de  Chevreuse  et  de  Beau\illiers;  il  montre  le  rôle  joué  par  le 
duc  de  Bourgogne  au  Conseil;  il  scrute  les  manuscrits  de  Saint-Simon, 
les  papiers  du  Dauphin  lui-même,  ses  projets  en  matièi-e  financière  ou 
religieuse;  et  ces  pages  (257-351)  sont  les  plus  graves,  les  plus  intéres- 
santes de  ce  volume. 

Bien  informé,  avec  un  esprit  clair,  une  plume  nette,  un  sens  par- 
fait des  nuances  et  la  délicatesse  d'un  cœur  pondéré,  M.  d'Hausson- 
ville  est  très  impartial  dans  un  récit  auquel  on  ne  saurait  peut-être 
reprocher  qu'un  peu  de  froideur,  à  cause  sans  doute  de  cette  impar- 
tialité même.  11  a  dessiné  autour  de  la  figure  de  son  héroïne,  une  vue 
d'ensemble  des  dernières  années  de  Louis  XIV.  Ses  références  sont 
exactes,  ses  notes  précises.  — Une  table  analytique  très  complète,  très 
détaillée  de  deux  cents  pages,  est  infiniment  précieuse  et  facilite  les 
recherches  dans  un  vaste  ouvrage  dont  chaque  partie  se  lit  avec  un 
rare  agrément.  G. 

L'Rglise  de  Paris  et  la  Révolution,  par  P.  Pisani.  T.  I 
(1789-1792).  Paris,  Alphonse  Picard  et  fils,  1908,  in-12  de  350  p.  — 
Prix  :  3  fr.  60. 

Personne  n'était  mieux  préparé  que  M.  le  chanoine  Pisani  à  traiter 
un  semblable  sujet.  Ceux  qui  connaissent  son  Répertoire  biographique 
de  VEpiscopat  constitutionnel  savent  avec  quel  soin  il  s'est  docu- 
menté de  longue  date  sur  l'Église  de  France  pendant  la  Révolution. 
Sur  les  dix  chapitres  qui  composent  son  nouveau  volume,  les  trois 
premiers  se  rapportent  bien  à  l'Eglise  parisienne,  mais  nous  la  pré- 
sentent dans  son  organisation,  dans  son  chef,  dans  son  esprit  et  son 
action  à  la  date  de  1789.  Les  trois  suivants,  s'ils  sont  exactement 
placés  au  point  de  vue  de  la  chronologie,  constituent  une  sorte 
d'Introduction  générale  à  l'histoire  des  rapports  entre  l'Eglise  et  l'Etat 
à  cette  époque.  L'exposé  de  la  législation  religieuse  de  la  Constituante, 
tant  à  l'égard  du  clergé  régulier  que  du  clergé  séculier,  condense  et 
éclaire  tout  ce  qui  a  été  écrit  jusqu'ici  à  ce  sujet. 

Outre  h'S  généralités  du  sujet,  ce  volume  assez  mince,  mais  très 


—  2o0  — 

substantiel  et  que  deux  autres  au  moins  suivront  sans  douto, 
contient  le  récit  des  événements  d'ordre  religieux  à  Paris  de  1789 
à  1792.  A  côté  des  dates,  des  chiffres,  des  détails  topographiques,  les 
détails  biographiques  abondent,  et  quiconque  a  marqué  dans  la 
lutte  entre  les  Eghses  réfractaire  et  constitutionnelle  est  caractérisé 
suivant  son  importance  en  quelques  lignes  ou  en  quelques  mots. 
L'auteur  a  consulté  avec  fruit  aussi  bien  les  brochures  et  les  écrits 
de  l'époque  que  les  dossiers  des  Archives  nationales.  Son  dernier 
chapitre  est  consacré  aux  Massacres  de  septembre,  mais  il  s'est  bien 
gardé  de  raconter  une  fois  de  plus  les  scènes  tragiques  dont  on  a 
déjà  lu  les  épisodes  dans  tant  d'ouvrages;  il  se  contente  de  cons- 
tater que  les  victimes  furent  frappées  sous  prétexte  de  complicité 
avec  l'étranger,  en  réalité  pour  refus  de  complicité  avec  le  schisme. 
Une  série  de  cinq  appendici  s  met  à  la  portée  des  lecteurs  quelques- 
unes  des  curiosités  du  sujet. 

Il  serait  superflu  de  rechercher  les  menues  erreurs  qui  ont  pu  échap- 
per, dans  une  étude  aussi  complexe,  au  savant  chanoine.  P.  227  (note) 
je  lis  que  le  curé  constitutionnel  Demoy  devint  sous  l'Empire  «  pro- 
fesseur suppléant,  doyen  et  recteur  »  dans  une  Faculté  des  lettres. 
11  faudrait  Ih'e  :  professeur,  suppléant  du  recteur  qui  était  lui-même 
ddycn.  Si  je  relève  cette  petite  inexactitude,  c'est  à  seule  fin  de  rap- 
pelei'  que  le  mieux  informé  ne  réussit  pas  encore  à  l'être  infailliblement 
partout  .  L.  P. 

Saiiit-Doiniiigue  (1  ««99-1 9^9)  li»  Société  et  la  \ic 
<*i>coles  sous  l'ancien  régiane,  par  Pierre  de  Vaissière. 
Paris,  Peri'in,  l'JU9,  ui-8  de  viii-o86  p.,  avec  planches.  —  Prix  :  7  fr.  50. 

M.  Pierre  de  N'aissière  est  un  habile  et  persévérant  clierchcui'.  11  a 
entreprisd'étudier  la  vieille  noblesse  française  et  son  rôle,  et  déjà  il  nous 
l'a  montrée,  en  deux  volumes  dont  le  succès  n'est  pas  oublié,  dans 
ses  antiques  manoirs  de  campagne,  et  dans  la  crise  révolutionnaire 
où  a  sombré  son  pouvoir.  A  vrai  dire,  ce  pouvoir  était  déjà  singulière- 
ment restreint  par  le  développement  de  l'autorité  royale,  et  M.  de 
Vaissière  estime  que  c'est  en  partie  pour  en  sauver  quelques  débris 
que  la  noblesse  s'est  portée  aux  colonies.  Là  du  moins  elle  échappait 
un  peu  au  pouvoir  central  de  Richelieu  et  de  Louis  XI\  ,  et  elle  avait 
encore  quelque  prestige;  en  face  des  pnpulations  indigènes  à  demi 
sauvages  et  des  aventuriers  à  demi  sauvages  aussi,  parmi  lesquels  se 
recrutèrent  les  premier  colons,  la  noblesse  militaire,  avec  ses  habitudes 
de  commandement  et  de  discipline,  pouvait  seule  maintenir  quekjue 
régularité  et  quelque  ordre.  Mais  là  aussi  elle  ne  tarda  pas  à  avoir  à 
lutter  contre  les  intendants  autoritaires,  toujours  épris  de  centralisa- 
tion, et  dont    plusieurs,  pour  assurer  leur  prédominance,  n'hésitèrent 


—  251  — 

pas  à  faire  appel  aux  plus  mauvaises  passions  et  à  s'appuyer  sur  les 
pires  éléments  ;  dans  cette  lutte  inégale,  la  noblesse  succomba  et  ce  ne 
fut  pas  pour  le  bien  de  la  colonie. 

M.  de  Vaissière  avait  d'abord  songé  à  étendre  son  étude  à  toutes 
les  colonies  françaises  ;  mais  en  voyant  à  quelle  masse  énorme  de  docu- 
ments, concentrés  dans  les  archives  des  ministères,  il  avait  affaire,  il 
s'est  résigné  à  se  restreindre  et  à  prendre  commesujet  celle  des  anciennes 
colonies  de  la  France  qui  en  reste  le  type  idéal  et  qui  conserve  encore 
le  prestige  .de  la  société  la  plus  polie  et  la  plus  heureuse  évoluant  dans 
le  cadre  le  plus  enchanteur,Saint-Domingue.  Il  semble  que, dans  cette  île 
véritablement  fortunée,  la  vie  était  charmante  et  les  jours  perpétuel- 
lement tisses  d'or  et  de  soie.  Dans  la  réalité,  il  faut  bien  rabattre  de  ce 
rêve  :  cette  société,  si  belle  à  voir  de  loin,  l'est  beaucoup  moins  à  voir 
de  prés.  Et  ce  qui  a  fait  son  mal,  ce  qui  l'a  perdue,  c'est  précisément 
la  facilité  de  sa  vie,  et,  tout  spécialement,  ce  qui  permettait  aux 
créoles  un  farniente  sans  réserve  :  l'esclavage.  Tout  le  travail  étant 
accompli  par  les  noirs,  les  maîtres  étaient  naturellement  livrés  à  toutes 
les  séductions  et  à  tous  les  vices  de  l'oisiveté;  ils  ne  s'occupaient  même 
pas  de  leurs  esclaves  et  laissaient  le  soin  de  les  diriger  à  des  comman- 
deurs qui  en  abusaient  indignement,  et  ne  songeaient  même  pas  à 
leur  donner,  nous  ne  dirons  pas  une  instruction  (Ui  une  éducation, 
mais  une  moralité  quelconque.  II  faut  lire  dans  le  très  attachant 
volume  de  M.  de  Vaissière,  les  chapitres  consacrés  au  Monde  noir 
à  la  Vie  et  aux  Mœurs  créoles.  C'est  un  spectacle  attristant  et  l'on 
comprend,  en  le  voyant,  qu'une  société  ainsi  pourrie  devait  aboutir  où  a 
abouti  Saint-Domingue,  à  la  révolution  qui  a  supprimé  à  peu  près  les 
blancs  et  ramené  les  noirs  à  la  barbarie.        Max.  de  la  Rocheterie. 


Inventaire  sommaire  de  la  roEIrctîon  Bucquel-aux-€'ous- 
teaim,  eoin|>i*enant  S."»  volumes  «le  &'oeuments  nianus- 
erits  et  impriméig  raisHemblés  au  XVlll^  siècle,  sur 
Beauvais  et  le  Beauvaisis.  par  le  Df  Victor  Leblond.  Paris, 
Champion,  s.  rt.,  gr.  io-S  de  xxii-3b0  p.  —  Prix  :  8  fr. 

La  collection  Bucquet-aux-Cousteaux,  donnée  au  mois  de  janvier 
1906  à  la  Bibliothèque  municipale  de  Beauvais  par  M.  l'abbé  Renet, 
est  certainement  l'ensemble  de  matériaux  In  plus  important  qui  ait 
été  réuni  sur  la  ville  de  Beauvais  et  le  Beauvaisis.  Trois  érudits  de  la 
fin  du  xviiie  siècle.  Danse,  Borel  et  Bucquet,  ayant  formé  le  projet 
d'écrire  une  histoire  de  Beauvais,  avaient  amassé  une  quantité  de 
documents  considérable.  De  ces  trois  collections,  seule  la  dernière, 
dont  nous  signalons  l'inventaire,  est  entrée  dans  un  dépôt  public  ;  celle 
du  chanoine  Danse  étant  maintenant  au  château  de  Troussures,  près 
Auneuil,  et  celle  de  Borel  au  château   du  Meux-Rouen  (Seine-Infé- 


—  252  — 

rieure).  La  collection  Ruc([uot  fut  conservée  par  sa  fille,  M^""  Aux 
Cousteaux  de  Marquerie,  et  resta  dans  la  famille  Aux  Cousteaux  pen- 
dant tout  le  cours  du  xix^  siècle,  d'où  le  nom  de  Collection  Aux  Cous- 
teaux que  lui  donna  M.  Labande  dans  son  Histoire  de  Beauvais. 

Parmi  les  documents  les  plus  remarquables  de  cette  collection,  qui 
renferme  de  nombreux  originaux,  il  faut  signaler  des  extraits  de 
l'ancien  Livre  velu,  cartulaire  de  Beauvais  aujourd'hui  perdu,  des  copies 
des  Registres  des  délibérations  municipales  du  xv^  siècle,  des  extraits 
des  anciens  Registres  des  plaids,  aujourd'hui  disparus,  des  copies  des 
anciennes  Archives  de  l'évêché  qui  n'existent  plus  qu'en  partie,  des 
extraits  des  Registres  capilulaires.  On  peut  encore  signaler  des  obi- 
tuaires  d'églises  et  d'abbayes,  vingt-trois  lettres  autographes  de 
Bossuet,  enfin  une  nombreuse  correspondance  de  Bucquet  avec  diiïé- 
rents  érudits  religieux  ou  laïques.  Une  table  générale  placée  à  la  tin 
de  cet  inventaire  permet  de  consulter  et  de  mettre  facilement  à  profit 
les  richesses  qu'il  signale.  J.  Viard. 

lLe%    C^osteiitin,    seigneurs  de  ITourville   et  autres   lieux 
(CoutainTille,Vauville,  Kaint-eermaiu-le-Vieomte,  etc.), 

par  E.   Sarot.    Coutances,  Daireanx,    1907-1908,    2    vol.    in-8    de   101 
et   273  p.,  avec  1  planche  et  1   tableau  généalogique.  —   Prix  :  15   fr. 

Les  généalogies  qui  paraissent  de  nos  jours  sont  le  plus  souvent  des 
panégyriques.  On  n'assume  guère  la  tâche  ingrate  d'établir  degré  par 
degré  la  filiation  d'une  race  que  dans  le  but  de  satisfaire  la  vanité 
nobiliaire  d'autrui,  ou  la  sienne  propre.  Cependant,  il  se  trouve  encore. 
Dieu  merci,  des  généalogistes  désintéressés.  ]\L  Sarot  est  de  ceux-là; 
je  me  plais  à  l'en  féhciter. 

.  Dès  les  premières  pages  de  son  hvre,  il  manifeste  le  plus  complet 
détachement  quant  à  l'antiquité  de  la  famille  dont  il  écrit  l'histoire. 
Pour  les  siècles  antérieurs  au  xvii^  il  se  contente,  à  peu  près,  de 
transcrire  ce  qu'ont  dit  des  Gostentin  le  P.  Anselme,  Moréri  et  La 
Chenaye  des  Bois.  J'ai  peine  à  croire  qu'il  lui  ait  été  impossible  de  con- 
trôler ,  par  des  recherches  personnelles,  les  dires  de  ces  trois  auteurs. 
Sans  doute,  les  Archivesdépartementales  de  la  Manche  renferment  des 
chartes  qui  mentionnent  des  Gostentin  à  une  époque  ancienne;  et  je 
connais  à  la  BibUothéque  nationale  (Pièces  originales,  vol.- 871; 
Dossiers  bleus,  vol.  213),  nombre  de  pièces  dont  l'auteur  aurait  pu 
tirer  parti.  Je  suis  sur})ris  que  AL  Sarot  ait  négligé  des  sources  d'in- 
formation aussi  banales,  alors  qu'il  a  su  atteindre  des  documents 
d'aci-ès  difficile,  dispersés  dans  les  études  des  notaires  et  dans  les 
chartriers  des  familles  normandes.  11  semble  avoir  eu  hâte  d'arriver  au 
règne  de  Louis  XIV,  qui  est  le  temps  où  le  nom  de  Gostentin  est  par- 
venu à  une  large  notoriété, — glorieusement,  grâce  à  l'amiral  deTour- 
ville,  un  cadet,- — scandaleusement,  par  la  faute  des  aînés  de  la  maison^ 


—  253  — 

De  la  carrière  de  l'amiral,  l'auteur  ne  nous  dit  presque  rien.  Il  se 
C(jntente  de  renvoyer  en  bloc  aux  livres  qui  en  ont  parlé.  Il  aurait 
bien  fait  de  donner,  sinon  une  nouvelle  biographie  de  cet  illustre 
marin,  du  moins  l'indicarion  des  ouvrages  importants  qui  ont 
été  consacrés  à  sa  mémoire. 

En  revanche,  il  s'étend  sur  les  faits  et  gestes  des  Costentin  de  la 
branche  aînée;  il  y  trouve  l'occasion  de  relever  de  curieux  traits'.de 
munu's.  La  mésintelligence  de  François-César  de  Costentin  et  de  sa 
femme,  Jeanne  Le  Sauvage,  forme  le  point  de  départ  de  toute  une 
série  d'événements  fâcheux.  Un  fils  de  Jeanne  Le  Sauvage,  Jean- 
Michel,  né  à  une  époque  et  dans  des  circonstances  qui  rendaient  sa 
légitimité  invraisemblable,  arrive,  ensuite  de  longs  procès,  à  se  faire 
reconnaître  comme  l'héritier  du  mari  de  sa  mère.  Son  frère,  Jean- 
Baptiste,  mécontent  du  bailli  de  Périers  qu'il  accuse  d'avoir  favorisé 
Jean-Michel  à  ses  dépens,  se  venge  en  l'assassinant.  Condamné  à 
mort,  il  se  réfugie  à  Jersey  et  finit  par  obtenir  sa  grâce. 

L'auteur  poursuit  la  généalogie  de  cette  branche  jusque  dans  sa 
descendance  féminine,  et  il  y  rencontre  «  la  Vaubadon  »,  femme 
divorcée  d'un  ancien  conseiller  au  Parlement  de  Rouen,  qui,  ruinée 
par  une  vie  de  désordres,  consent,  moyennant  un  prêt  de  60.000  francs, 
à  se  faire  la  complice  de  Fouché,  attire  dans  un  guet-apens  le  jeune 
d'Aché,  agitateur  royaliste,  redouté  du  gouvernement,  et  le  livre  aux 
policiers  qui  le  mettent  à  mort  sur  le  champ. 

Dans  le  second  volume  de  son  ouvrage,  M.  Sarot  étudie  en  détail 
la  destinée  des  terres,  disséminées  dans  l'étendue  des  élections  de  Cou- 
tances,  de  Carentan,  de  Valognes,  de  Bayeux  et  de  Caen,  qui  ont 
appartenu  aux  Costentin.  Par  là,  il  apporte  une  utile  contributions  la 
géographie  féodale  de  la  Basse-Normandie.  Max  Prinet. 


SSainte-Suzanne  (Mayenne),  son  histoire  et  ses  fortifi- 
oationii,  par  Robert  Triger.  Etude  publiée  pour  l'histoire  féodale, 
avec  la  collaboration  du  marquis  de  Beauchesne.  Le  Mans,  au  siège 
de  la  Société  historique  et  archéologique  du  Maine,  1907,  in-8  de  viii- 
271  p.  et  18  plans  ou  gravures. 

Qui  douterait  de  l'importance  de  l'histoire  locale,  traitée  selon  la 
véritable  et  saine  méthode,  non  seulement  pour  elle-même,  mais  pour 
l'histoire  générale,  n'aurait  qu'à  feuilleter  pour  se  convaincre  les 
travaux  en  ce  genre  de  M.  Robert  Triger.  La  preuve  vient  d'en  être 
faite  par  lui  une  fois  de  plus  dans  sa  remarquable  monographie  de  la 
ville  de  Sainte-Suzanne  (Mayenne),  entreprise  et  menée  à  bonne  fin 
avec  l'utile  collaboration  de  M.  le  marquis  de  Beauchesne.  L'ouvrage 
est  ainsi  partagé  :  Histoire  militaire.  I  Sainte-Suzanne  au  xi^  siècle. 
IL  Sainte-Suzanne  aux  xiv^  et  xv®  siècles.  III.  Sainte-Suzanne  pendant 


—  254  - 

dant  les  guerres  de  religion.  IV.  Les  Fortifications.  • —  Histoire  féodale. 
Les  Soigneurs  et  la  baronnie  de^Sainte-Suzanne.  —  Histoire  religieuse 
et  civile.  L  Avant  la  Révolution.  IL  Sainte-Suzanne  au  début  de  la 
Révolution  et  pendant  l'invasion  vendéenne.  IIL  La  Chouannerie 
dans  le  canton  de  Sainte-Suzanne.  IV.  Sainte-Suzanne  depuis  la 
Révolution.  —  Les  notions  indicatives  ou  mêmes  rectificatives  qui 
en  résultent  sur  les  événements,  les  institutions,  les  coutumes,  les 
mœurs,  les  idées  aux  divers  âges  de  notre  histoire,  donnent  à  ce  livre 
un  prix  notable,  même  pour  les  lecteurs  tout  à  fait  étrangers  au 
Maine.  Nous  y  avons  relevé,  dans  une  lecture  que  nous  aurions  voulu 
moins  hâtive,  nombre  de  détails  intéressants,  suggestifs.  Signalons, 
à  titre  d'exemples,  ceux  qui  ont  trait  à  l'art  militaire  au  xi^  siècle 
(siège  de  Sainte-Suzanne  par  Guillaume  le  Conquérant,  p.  1  et  suiv.); 
aux  premiers  emplois  de  l'artillerie  à  feu  (p.  14);  aux  sauvegardes  ou 
appatis  pendant  l'occupation  anglaise  du  xv^  siècle  (p.  23);  au  système 
de  fortification  du  moyen  âge  (p.  42  et  suiv.);  à  l'organisation  et 
à  la  gestion  paroissiales  et  aux  mœurs  religieuses  du  xviii^  siècle 
(p.  132  et  suiv.);  aux  élections  locales  et  aux  assemblées  primaires 
sous  la  Révolution  (p.  148,  151-152);  aux  volontaires  de  1793  (p.  163); 
à  l'insm'rection  vendéenne  (p.  162  et  suiv.);  à  la  Terreur  (p.  175  et 
suiv.)  et  à  la  chouannerie  (p.  179);  à  la  reprise  du  culte  après  le  con- 
cordat (p.  234,  235);  à  la  guerre  de  1870-1871,  d'après  le  journal  inédit 
du  chanoine  Monguillon  (p.  251  et  suiv.).  Et  quels  types  significatifs 
de  la  période  moderne,  révolutionnaire  ou  contemporaine  :  le  curé 
Ducastel  (p.  132);  le  citoyen  Biard  (p.  163);  le  citoyen  Besnard  (p.  183 
et  suiv.,  206^207);  le  blanc  Bouteloup  (p.  248);  etc.  ■ —  Nous  ne  cédons 
pas  à  notre  vieille  amitié  pour  M.  Robert  Triger,  mais  à  une  conviction 
raisonnée,  quand  nous  présentons  .ici  sa  monographie  de  Sainte- 
Suzanne  au  Maine  comme  un  modèle  à  suivre  par  tous  nos  travailleurs 
provinciaux.  M.  S. 

lia   Provence  à  traver<«  leg  siècles,    par  Emile  Camau.    Paris, 
Lechevalier,  1908,  in-8  de  xi-431  p.  —  Prix  :  7  fr.  50. 

Ce  volumineux  livre  sur  la  Provence  n'est  que  la  première  partie 
de  l'ouvrage.  Déjà  l'auteur  nous  annonce  la  prochaine  publication 
de  la  deuxième,  sous  le  titre  :  Les  Invasions  barbares  en  Provence. 
Beaucoup  de  matériaux  sont  là  luxueusement  entassés  et  peuvent 
être  d'utilité  à  ceux  qui  s'occupent  de  la  province  du  Soleil  et  de  la 
Côte  d'Azur.  A  considérer  le  sous-titre  de  ce  volume  on  voit  que  M. 
Camau  veut  faire  grand  et  épuiser  la  matière.  Aussi  commence-t-il 
par  nous  exposer  la  géographie  ancienne  de  la  Provence,  à  savoir 
même  la  géologie,  description  de  la  structure  de  la  terre,  tandis  que 
la  géographie  proprement  dite  a  pour  objet  la  surface  du  globe.  Et  il 


—  -im  - 

nous  entretient  des  différents  terrains  sous-jacents,  de  leurs  contenus 
naturels  ou  fossiles. 

La  partie  :  «  Géographie  ancienne  »  considère  la  Provence  avant 
l'homme;  —  la  Provence  après  la  création  de  l'homme;  —  la  Provence 
depuis  l'ère  chrétienne. Celle  des  «  Premiers  Peuples  »  embrasse  l'homme 
des  cavernes;  —  les  tribus  celto-ligures ;  —  les  Massaliotes  ;  la  «  Do- 
mination romaine  »  s'étend  à  la  conquête,  aux  mœurs  et  institutions, 
aux  travaux  et  monuments,  et  la  «  Civilisation  chrétienne  »  s'occupe 
de  la  propagation  de  l'Evangile,  des  persécutions  et  du  triomphe  du 
christianisme. 

L'autour  mérite  les  plus  grands  éloges  pour  l'honnêteté  et  le  bon 
esprit,  le  long  et  consciencieux  labeur  de  son  ouvrage.  Beaucoup  de 
références,  de  notes,  d'immenses  lectures.  Mais  les  livres  ou  les  l'evues 
consultés  qu'il  nous  indique  sont-ils  de  premier  ordre?  Est-il  bien 
au  courant  do  la  partie  bibJiogi-aphique  récente  se  rapportant,  à  son 
sujet?  Nous  avons  le  regret  de  ne  pouvoir  l'affirmer.  De  plus,  la  bibho- 
graphie  n'est  pas  établie  d'après  la  méthode  et  la  rigueur  aujourd'luii 
exigées  dans  tout  travail  historique  sérieux.  Ainsi  peut-on  actuel- 
lement apporter  comme  une  autorité  l'Histoire  ecclésiastique  de 
Darras?  M.  Camau  n'a-t-il  pas  trop  souvent  consulté  les  sources  de 
seconde  ou  de  troisième  main  ? 

Les  recherches  spéciales  aux  diverses  régions  provençales  fré- 
quemment n'ont  pas  été  assez  utilisées.  Il  est  juste  de  reconnaître 
que  M.  Camau  n'a  pas  entendu  faire  œuvre  érudite  :  «  Notre  travail, 
confesse-t-il  modestement,  et  c'est  là  certainement  le  seul  mérite  de  ce 
livre,  a  consisté  à  chercher  à  bien  poser  et  à  bien  tasser  les  matériaux 
amenés  par  d'autres  à  pied  d'œuvre  (p.  viii)  »....((  Au  fait,  qu'avons- 
nous  voulu,  sinon  vulgariser,  mettre  ce  qu'il  y  a  dans  des  milliers  de 
livres  à  la  portée  de  tous  ceux  qui  n'ont  ni  les  connaissances  néces- 
saires, ni  le  loisir,  ni  la  commodité  de  lire  tant  d'ouvrages  ».  Et  il  a 
suivi  la  méthode  de  A.  Thierry  dans  ses  Récits  mérovingiens  (p.  x), 
en  circonscrivant  son  histoire  de  la  Provence,  sa  petite  patrie,  non 
seulement  au  pays  s'étendant  de  la  Durance  à  la  mer,  mais  aussi  aux 
terres  auxquelles  la  Méditerranée  fait,  avec  le  Rhône  et  les  Alpes,  une 
incomparable  ceinture.  - —  En  dépit  de  nos  précédentes  réserves,  nous 
pouvons  assurer  que  ce  travail,  d'un  style  très  pur,  même  séduisant, 
est  une  importante  contribution  à  l'histoire  provençale. 

Louis    Robert. 


li'ldéal  nioderiie,  par  Paul  Gaultier.   Paris,   Hachette,  1908,   in-l6 
de  viii-3o8  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Livre    très  riche  d'idées  et  qui  contient  de  très  belles  pages.  Il 
aborde  de  haut,  ce  qui  veut  dire,  non    pas   superficiellement,  mais 


—  2?  H  — 

avec  une  hauteur  de  vues  vraiment  ptiilosopliique,  les  questions  do- 
minantes de  l'heure  présente  :  question  morale,  question  sociale,  ques- 
tion religieuse.  11  établit  en  somme —  et  ce  témoignage  très  autorisé, 
très  impartial  a  le  plus  grand  poids  • —  qu'il  n'y  a  nullement  incom- 
patibilité entre  l'idéal  moderne,  sinon  celui  qui  règne  réellement,  du 
moins  celui  que  semblent  devoir  accepter  toutes  les  âmes  droites 
d'aujourd'hui,  et  l'idéal  cluY'tien.  C/est  une  thèse  que  j'ai  tenté  de 
défendre  moi-même  dans  mon  livre  intitulé  :  Aube  de  siècle  et  qui 
me  tient  trop  au  cœur  pour  que  je  n'applaudisse  pas  avec  joie  à 
ce  magistral  ouvrage.  Je  ne  relèverai  donc  pas  les  rares  passages  qui 
pourraient  soit  appeler  discussion,  soit  prêter,  pour  des  lecteurs 
malveillants  ou  peu  éclairés,  à  interprétation  fâcheuse.  A  propos 
de  la  question  sociale,  j'aime  fort  l'apologie  très  opportune  de  la 
charité,  et  la  confiance  témoignée  (p.  239)  dans  l'association  volon- 
taire que  j'aurais  voulu  voir  davantage  encore  mettre  en  honneur 
et  présenter  comme  le  vrai  moyen  d'échapper  au  socialisme.  Même 
avec  ce  commentaire  plus  d'égalité  pour  plus  de  liberté  je  n'apprécie 
guère  l'expression  de  socialisme  libéral  que  propose  M.  Paul  Gaultier, 
essayant  ainsi  de  faire  une  synthèse  de  ce  qui  vraiment  n'est  pas 
conciliable.  ^ — Mais  c'est  surtout  lorsqu'il  nous  parle  de  la  question 
religieuse  que  ses  observations  sont  intéressantes,  méritent  d'être 
retenues  et  méditées.  Il  fait  apercevoir  combien  sont  vaines  les  ten- 
tatives pour  fonder  la  morale  sur  les  sciences  de  la  nature  ou  de  la 
société,  et  qu'il  ne  faut  pas  sacrifier  à  une  sorte  de  renaissance  de 
l'idéal  antique  l'idéal  chrétien  bien  compris,  et  qu'il  faut  se  garder 
d'outrer  la  réaction  antiindividualiste  qui  l'isque  de  méconnaître  l'é- 
minente  dignité  de  la  personne  humaine,  et  que  la  morale,  j^ostulant 
un  Être  suprême,  mène  à  la  religion,  la  soutient  et  est  soutenue  par 
elle,  et  que  l'on  n'a  le  droit  d'opposer  ni  la  science  à  la  foi  chrétienne, 
ni  les  exigences  de  l'esprit  moderne  à  l'autorité  d'une  religion  orga- 
nisée, c'est-à-dire  —  bien  que  notre  auteur  n'emploie  pas  ce  mot  —  à 
l'Eglise.  Ces  trop  rapides  indications  montreront  du  moins  quels  pro- 
blèmes capitaux  sont  abordés  par  M.  Paul  Gaultier  et  avec  quelle 
largeur  d'âme.  Baron  J.  Angot  des  Rotours. 


Études  de  diploiuatique  aiiglnise .  de  l'avènement 
d'Edouard  l^-^  à  celui  de  Heuri  VII  (13  7S-1495),  par 
Eugène  DÉprez.  I.  Le  Sceau  privé,  le  6ceau  sscret,  le  Signet.  Paris,  «Jûam- 
piou,  lyns,  in-16  de  127  p.  —  Prix  :  b  fr. 

Les  archives  anglaises  sont,  pour  notre  histoire  au  moyen  âge,  une 
des  sources  de  renseignements  les  plus  abondants  et  les  plus  précis. 
Pendant  longtemps,  en  effet,  l'Angleterre  occupa  une  partie  de  notre 
pays,  et  c'est  en  outre  une  des  puissances  avec  laquelle  la  France  eut 


—   237   — 

11-  plus  de  relations.  Un  travail  sur  la  diplomatique  anglaise  pendant 
cotte  période  ne  peut  donc  que  rendre  de  grands  services  aux  éru- 
dits  appelés  à  faire  des  recherches  dans  les  innombrables  séries  du 
Record  Office. 

La  diplomatique  anglaise  du  moyen  âge  se  divise  en  deux  grandes 
périodes,  la  période  anglo-saxonne  et  la  période  anglaise  proprement 
dite.  Cette  dernière  se  subdivise  également  en  deux  :  la  première  qui  va 
de  l'avènement  de  Guillaume  le  Conquérant  en  1066  jusqu'à  la  mort 
de  Henri  III  en  1272;  la  seconde  qui  commence  à  l'avènement 
d'Edouard  I^^pour  finir  à  la  mort  de  Richard  III,  en  1485.  C'est  cette 
période  seule  que  M.  Déprez  a  voulu  étudier.  De  plus,  dans  cet  opus- 
cule, qui  semble  n'être  qu'une  étape  pour  un  travail  plus  complet, il  ne 
s'est  occupé  que  des  lettres  de  sceau  privé  et  des  lettres  secrètes. 
Il  fait  connaître  et  passe  en  revue  neuf  sortes  de  lettres  de  sceau  privé: 
les  brefs  de  sceau  privé,  les  lettres  patentes,  les  lettres  closes,  les 
billets  royaux,  les  protections,  les  sauf-conduits,  les  commissions,  les 
congés  et  enfin  les  rôles  de  sceaux  privés  et  trois  sortes  de  lettres 
secrètes  :  les  mandements  sous  sceau  secretj  les  mandements  sous  le 
sceau  du  griffon,  les  mandements  sous  le  signet.  Le  volume  se  termine 
par  quelques  chapitres  sur  les  pétitions  et  les  suppliques,  les  lettres 
des  gardiens  d'Angleterre,  les  brefs  de  sceau  privé  des  rois  d'An- 
gleterre, comte  de  Ponthieu  et  de  Montreuil  et  enfin  par  une 
bonne  table  des  noms  de  personnes  et  de  lieux.  Ce  travail  témoigne 
que  son  auteur  connaît  parfaitement  les  archives  anglaises  et  fait  bien 
augurer  des  publications  de  textes  qu'il  annonce.  J.  Viard. 


•E*iei*re  le  ^rantl  et  le  Premier  Traité  franco-i*u><)se  (ltiS!S 

à  lîtî),  par  le  vicomte  de  Guichen.  Paris,  Perrin,  1908,  petitin-S 
de  viii-299  p.,  avec  5  portraits.  —  Prix  :  5  fr. 

C'est  un  ancien  diplomate  qui  a  écrit  ce  premier  chapitre  d'une 
histoire  des  rapports  diplomatiques  entre  la  France  et  la  Russie 
pendant  les  temps  modernes.  Il  n'a  pas  eu  la  prétention  de  consulter 
toutes  les  sources  ni  d'épuiser  son  sujet.  .le  ne  vois  cités  ni  les  dossiers 
des  Archives  de  Moscou  ni  le  t.  XIII  du  grand  recueil  de  Martens  qui 
contient  le  récit,  par  une  plume  autorisée  entre  toutes,  des  négocia- 
tions de  1717.  Les  documents  de  nos  Archives  des  Affaires  étrangères 
ne  sont  cités  qu'une  fois.  Ce  réserves  faites,  on  constate  que  l'auteur 
a  beaucoup  lu,  qu'il  ne  s'est  pas  borné  à  consulter  les  ouvrages  fran- 
çais de  l'époque,  qu'il  a  relevé  plus  d'une  pièce  intéressante  aux 
Archives  nationales,  qu'il  a  usé  des  sources  imprimées  russes,  alle- 
mandes et  anglaises. 

Son  travail  se  compose  d'une  Introduction  et  de  cinq  chapitres.  Dans 
Mars  1909.  T.  CXV.  17. 


—  258  — 

rintroduction  il  esquisse  le  tableau  des  relations  franco-russes  anté- 
rieures au  xvii«  siècle.  Le  chapitre  I  montre  ces  mêmes  relations  s'af- 
firmant,  tout  en  restant  intermittentes,  à  partir  de  l'avènement  de 
Pierre  l*^'".  Le  chapitre  II,  le  plus  original  de  tous,  explique  au  milieu 
de  quelles  négociations  d'ordre  général  le  rapprochempnt  définitif  eut 
lieu.  Le  rôle  de  la  Prusse  sous  Frédéric-Guillaume  l^^",  au  point  de 
vue  des  projets  d'alliance  continentale  ébauchés  alors  contre  l'Angle- 
terre, est  particulièrement  étudié.  Le  chapitre  III  expose  à  nouveau 
les  événements  les  plus  connus,  c'est-à-dire  le  voyage  du  Tsar  en 
France.  Le  chapitre  IV  est  consacré  au  traité  du  15  août  1717.  On 
aimerait  à  trouver,  dans  la  conclusion  un  peu  écourtée  de  cet  inté- 
ressant ou\Tage, quelques  pages  de  plus  sur  les  circonstances  qui  empê- 
chèrent ce  traité  de  produire  toutes  ses  conséquences. 

Qnq  portraits  figurent  en  tête  des  chapitres.  On  remarquera  surtout 
celui  de  Frédéric-Guillaume  I^^.  Il  témoigne  surtout  pour  les  années 
de  sa  jeunesse.  A  première  vue,  on  hésitera  à  reconnaître  dans  ce 
poupard  en  perruque  poudrée  le  roi-sergent,  l'habitué  des  tabagies 
et  des  corps -de -garde  dont  nous  ont  surtout  entretenus  les  historiens. 

L.  P. 


I^ettres   et  papiers    du    chancelirr    comte   de   Nesselrode. 

1 960-1  StiO.  Extraits  de  ses  arcliives,  publiés  avec  une  Intro- 
duction par  le  comte  A.  de  Nesselrode.  T.  V  {1815-1818)  ;  t.  VI 
{1819-18^).  Paris,  Lahure,  s.  d.,  2  vol.  in-8  de  iii-305  et  iii-302  p., 
avec  2  portraits  et  un  autographe.  —  Prix  :  15  fr. 

Les  dates  de  ce  tome  V  indiquent  que  les  correspondances  se 
réfèrent  à  l'époque  du  grand  effort  de  l'Europe  contre  Napoléon,  après 
les  désastres  de  la  campagne  de  Russie.  Aussi  donc,  le  ministre  du 
Tsar,  qui  le  suit  d'étape  en  étape  pour  les  négociations,  manifeste  la 
plus  vive  animosité  contre  l'Empereur,  et  tous  s^s  correspondants 
également.  Ses  billets  à  sa  femme  et  ceux  que  lui  adresse  la  comtesse 
de  Nesselrode  ont  un  ton  d'enjouement  et  de  franchise;  les  très 
longues  lettres  à  Frédéric  de  Gentz,  le  diplomate  autrichien,  éclai- 
rent la  politique  de  la  Cour  de  Menne  et  le  caractère  de  son  «  grand 
chef  »  le  prince  de  Metternich  ;  Gentz  informe  le  cabinet  de  Pétersbourg 
des  fluctuations  de  sa  Cour,  qui  est  disposée,  dèsnos  premiers  revers,  à 
entrer  avantageusement  pour  elle  dans  la  coalition  contre  la  France. 
La  première  invasion,  l'arrivée  des  alliés  en  France,  leur  installation 
à  Pai'is,  reçoivent,  de  tous  ces  documents,  une  lumière  nouvelle.  Plu- 
sieurs lettres  de  personnages  considérables,  recueillies  dans  les  archives 
de  M.  de  Nesselrode,  bien  que  ne  lui  étant  pas  adressées,  offrent 
un  particulier  intérêt  ;  à  signaler  une  missive  amoureuse  bien  caracté- 
ristique de  la  mentalité  de  Berthier,  envoyée  par  lui  à  sa  maîtresse  : 
5|me  Visconti  (décembre  1813);  une  lettre  capitale  do  Talleyrand  à 


—  259  — 

l'empeivur  Alexandre  (13  juin  1814);  une  lettre  de  Pozzo,  après  la 
bataille  de  Waterloo  (19  juin  1815);  des  lettres  de  la  reine  Hortense 
à  l'empereur  Alexandre  et  au  prince  Eugène,  qui  ne  laissent  pas  que 
d'être  instructives  sur  le  retour  de  l'île  d'Elbe,  qu'elle  se  défend 
d'avoir  préparé  à  Paris  ni  même  connu  à  l'avance. 

La  période  (1819-1827)  du  tome  VI  ne  nous  intéresse  pas  moins,  car 
M"^'^  de  Nesselrode  fait  séjour  en  France  et  écrit  à  son  mari,  demeuré 
à  Saint-Pétersbourg,  à  la  tête  de  la  diplomatie  de  son  pays.  Très 
légitimiste,  en  relations  journalières  avec  la  plus  haute  société  de 
Paris,  la  comtesse  de  Nesselrode  fréquente  les  hommes  politiques 
les  plus  marquants  de  l'époque;  elle  ne  dissimule  point  son  antipathie 
pour  les  libéraux  et  c'est  le  cas  de  dire  qu'elle  se  montre  plus  roya- 
liste que  le  Roi,  car  elle  tient  en  peu  d'estime  Louis  XVIII,  «prince 
rabougri  qui  est  sur  son  trône  comme  un  magot  ».  Elle  aime  passion- 
nément les  Français  et  considère  la  France  «  comme  sa  seconde  patrie». 
Éloignée  de  Russie  sans  qu'on  sache  bien  pourquoi,  nous  la  voyons 
aux  eaux  de  Carlsbad,  d'où  elle  envoie  une  série  de  lettres,  été  de 
1823  et  de  1824;  à  Rome,  à  l'époque  du  Jubilé  de  1825.  Elle  reçoit 
des  correspondances  pleines  de  vivacité  de  la  princesse  de  Talmont, 
fille  aînée  de  la  duchesse  de  Duras.  Elle  est  en  relations  affectueuses 
avec  M"^6  Swetchine.  —  A  côté  de  ses  propres  missives,  on  a  placé,  à 
leur  date,  quelques  dépêches  diplomatiques,  quelques  papiers  d'État, 
dont  le  plus  important  (p.  180-212)  est  un  très  curieux  mémoire 
envoyé  (23  novembre  1824)  à  l'empereur  Alexandre,  par  son  frère,  le 
grand-duc  Constantin,  sur  ce  qu'il  a  vu  pendant  son  voyage  en 
Allemagne,  à  Coblentz,  Dresde,  etc.  Cette  série  de  documents 
ri'arrête  au  moment  de  l'avènement  de  Nicolas  l^^. 

Les  noms  cités  sont  accompagnés  d'une  courte  notice  biographique 
très  généralement  exacte  et  précise.  Malheureusement  c'est  là  la  seule 
annotation  et  il  y  a  trop  souvent  des  passages  épistolaires,  des  allusions 
que  le  lecteur  a  le  droit  d'ignorer  et  qui  auraient  nécessité  des  explica- 
tions complémentaires.  Cela  sans  doute  eût  nécessité  un  tout  autre 
travail,  une  mise  au  point  beaucoup  plus  laborieuse  et  longue,  mais 
au  lieu  d'une  publication  intéressante,  on  aurait  eu  un  ouvrage  de 
premier  ordre.  On  a  le  droit  de  le  regretter.  Ainsi,  (c'est  un  exemple  sur 
vingt  cas),  quand  la  princesse  de  Talmont  envoie  à  son  amie  la  com- 
tesse de  Nesselrode  '<  un  livre  sur  l'indiiïérence  qui  n'a  aucun  rapport 
avec  elle»  (VII,  p.  98),  tout  le  monde  n'ira  pas  deviner  qu'à  cette 
date  d'octobre  1819  ,  il  s'agit  vraisemblablement  de  l'Essai  sur  l' In- 
différence de  La  Mennais,  paru  en  1818.  —  Chaque  tome  est  suivi  d'un 
Index  alphabétique,  et,  en  tête  du  tome  V,  deux  miniatures  d'Isabey 
représentant  le  prince  de  Metternich  et  le  chevalier  de  Gentz  offrent 
une  illustration  agréable.  G.  de  G. 


—  2G0  — 

IlistoEre  «le  la  Tur€|uie,  par  YoussouF  Fehmî.  Paris,  Perrin,  l'.iO'j, 
petit,  iii-s  de  xviri-HiJO  p.,  avec  portrait.  —  Prix  :  b  t'r. 

lies  Ifielations  de  la  France  et  de  la  Turquie  au 
X%'lle  «siècle,  par  Louis  Rousseau.  T.  I^r  {1700-1116).  l'aris,  F. -H. 
de  lUideval,  19U8,  in-18  de  xvi-39t3  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

L'auteur  de  l'Histoire  de  la  Turquie  réside  depuis  de  longues  années 
en  France;  il  s'y  est  familiarisé  avec  notre  langue,  qu'il  écrit  avec 
une  grande  pureté;  il  s'y  est  aussi  pénétré  des  idées  à  la  mode,  comme 
il  convient  à  un  «  jeune  Turc  ».  Admirateur  d'Auguste  Comte,  il  a 
demandé  une  préface  à  un  positiviste  de  marque,  M.  Baumann,  et, 
dans  sa  conclusion,  il  reproduit  en  se  les  appropriant,  quelques  pas- 
sages du  fameux  rapport  de  M.  Chariot.  Très  libéré  de  scrupules  reli- 
gieux, il  reste  cependant  attaché  à  l'islamisme,  qu'il  considère  comme 
le  lien  civil  qui  assure  la  cohésion  du  bloc  ottoman.  Il  professe  un 
grand  mépris  pour  les  chrétiens  d'Orient  et  n'a  pas  beaucoup  plus  de 
considération  pour  ceux  d'Occident  :  il  trouve  (et  en  cela  il  n'a  pas 
toujours  tort)  que  la  conduite  des  puissances  européennes  explique 
et  légitime  les  procédés  dont  les  Sultans  ont  usé  par  réciprocité.  Son 
livre  est  donc  un  mémoire  justificatif  dans  lequel  l'accusé  ne  craint  pas 
de  prendre  l'offensive. 

Ces  réserves  posées,  je  dois  reconnaître  que  le  livre  est  bien  fait  : 
un  court  chapitre  est  consacré  à  chaque  Sultan, avec  un  résumé  très  clair 
des  principaux  événements  de  son  règne.  Naturellement,  les  chapitres 
s'allongent  à  mesure  que  nous  nous  rapprochons  des  temps  modernes, 
et  l'auteur  étudie  avec  une  particulière  complaisance  les  révolutinns 
tentées/)u  accompHes  sous  les  prédécesseurs, d'Abdul  Hamid;  il  y  voit 
la  préparation  de  plus  en  plus  prochaine  de  la  révolution  du  24  juillet 
dernier,  que,  dans  son  épilogue,  il  salue  avec  un  enthousiasme  ([ui 
rappelle  celui  des  honnêtes  constituants  de  1790. 

Dans  un  temps  où  Grecs,  Roumains,  Bulgares,  Serbes  et  autres 
frères  ennemis  publient  des  ouvrages  destinés  à  établir  leui'S  préten- 
tions rivales,  il  était  désirable  qu'un  membre  du  parti  jeune-turc  pi'it 
la  parole  à  son  tour  pour  exposer,  à  sa  manière,  la  question  d'Orient. 
Je  ne  sais  pas  s'il  arrivera  à  convaincre  tous  les  lecteurs,  je  crains 
même  que  certaines  de  ses  thèses  paraissent  quelque  peu  paradoxales, 
mais  tous  ceux  qui  veulent  se  former  une  opinion  raisonnée  doivent 
écouter  ce  témoin  et  retenir  quelque  chose  de  ses  dires.  Grâce,  en 
partie,  au  talent  avec  lequel  ils  sont  exposés,  ils  ne  manqueront  pas 
de  faire  impression. 

—  Le  volume  de  M.  Rousseau,  premier  d'une  série  qui  pourra  bien 
en  compter  cinq  ou  six,  est  relatif  à  la  période  qui  va  de  1700  à  1716. 
Deux  ambassadeurs  ont  représenté  la  France  à  Constantinople  pen- 
dant ces  seize  annnécs  :  le  marquis  de  Ferriol  et  le  comte  des  yVlleurs. 
L:^  premier,  espèce  de  soldat  de  fortune,  ne  paraît  avoir  possédé  aucune 


—  Sol- 
des qualités  qui  font  le  bon  diplomate  :  dès  son  arrivée,  il  souleva,  à 
propos  de  questions  puériles  d'étiquettes,  des  conflits  qui  le  disqua- 
lifièrent pour  toujours  aux  yeux  des  Turcs.  Violent  dans  ses  paroles 
autant  que  dans  ses  actes,  il  sut  se  mettre  dans  son  tort  même  quand 
ii  avait  le  bon  droit  pour  lui;  sa  vanité  le  ridiculisa,  son  peu  d'appli- 
cation au  travail  l'empëcba  de  traiter  avec  suite  les  affaires  qui  lui 
étaient  confiées;  au  bout  de  dix  ans,  la  Porte  demanda  son  rappel  et 
son  départ  fut  unanimement  salué  par  un  soupir  de  soulagement. 
[1  eût  pu  cependant  servir  utilement  son  pays  :  l'Europe  entière  était 
coalisée  contre  Louis  XIV  à  l'occasion  de  la  succession  d'Espagne,  et 
l'entrée  d'une  armée  turque  en  Hongrie  eût  obligé  l'Empereur  à  ré- 
duire les  forces  qui  menaçaient  nos  frontières.  Ferriol  ne  sut  pas  pro- 
voquer cette  diversion;  peut-être,  faute  de  savoir  s'y  prendre,  dé- 
tourna-t-il  môme  le  Sultan  de  venir  en  aide  à  la  France. 

M.  des  AUeurs,  qui  succéda  à  M.  de  Ferriol,  avait  résidé  pendant 
plusieurs  années  auprès  de  Rakoczy,  chef  de  l'insurrection  hon- 
groise. Quand  il  arriva  à  Constantinople,  Charles  XII,  battu  par 
Pierre-le-Grand,  venait  de  se  réfugier  à  Bender.  Des  Alleurs  essaya 
d'amener  une  entente  entre  le  Sultan  et  le  roi  de  Suède,  et,  s'il  n'y 
réussit  que  trop  tard,  c'est  que  les  exigences  du  fier  vaincu  de  Poltava 
étaient  inacceptables.  Par  sa  droiture,  sa  souplesse  et  sa, patience,  il  ne 
tarda  pas  à  reconquérir  les  bonnes  grâces  des  Turcs  et  à  faire  oublier 
les  insignes  maladresses  de  son  prédécesseur. 

On  voit  combien  est  intéressant  le  sujet  choisi  par  M.  Rousseau.  Il  y 
avait  des  pages  bien  attachantes  à  écrire;  elles  le  seraient  plus  encore 
si  l'auteur,  en  se  condamnant  à  une  méthode  strictement  chronolo- 
gique, ne  s'était  mis  dans  l'impossibilité  de  traiter  à  fond  et  avec 
suite  les  vastes  problèmes  qu'il  avait  à  étudier.  Le  récit  paraît  décousu 
et  l'intérêt  s'émiette.  De  plus,  cet  ouvrage  se  trouve  dépourvu  d'uti- 
lité pour  les  historiens  de  profession  par  suite  de  l'absence  systéma- 
tique de  notes.  M.  Rousseau  cite  un  grand  nombre  de  documents 
importants,  mais  il  se  garde  de  dire  où  il  les  a  pris;  il  est  donc  impos- 
sible de  s'y  reporter,  et,  dans  plus  d'un  cas,  cela  eût  été  nécessaire, 
car  ces  documents  ont  été  mal  lus.  Par  l'inattention  ou  l'inexpé- 
rience du  copiste,  les  noms  sont  continuellement  estropiés.  On  sait,  par 
exemple,  que  dans  l'écriture  du  xvii^  siècle,  la  lettre  «  u  »  s'identifiait 
avec  la  lettre  «  c  »  :  on  écrivait  :  «  aiiec,  pouiioir  »  et  comme,  d'autre 
part,  r  «  u  »  mal  écrit  se  confond  facilement  avec  1'  «  n  »,  il  en  résulte 
que  M.  Rousseau  nous  parle  du  «  Cap  Spartinento  »  du  hongrois 
«  Hornath  »  (pour  Horvath),  et  du  patriarche  arménien  «  Anedik  )>. 
Or,  Avedik,  pour  qui  a  un  peu  étudié  l'histoire  de  l'Orient,  n'est  pas 
un  personnage  quelconque  :  pendant  l'ambassade  de  M.  de  Ferriol, 
il  joua  un  rôle  très  important  :  tour  à  tour  partisan  de  Rome  et  fau- 


—  262  — 

teur  de  schisme,  déposé  et  rétabli,  il  joua  des  deux  partis  jusqu'au 
jour  où,  par  un  des  procédés  qui  lui  étaient  familiers,  Ferriol  le  fit 
enlever  et  conduire  en  France;  il  y  fut  détenu  et  quelques  écrivains 
ont  cru  pouvoij'  l'identifier  avec  le  «  Masque  de  fer  ».  M.  Rousseau,  qui 
paraît  ignorer  cette  légende,  nous  dit  qu'Avedik  fut  incarcéré  à  Mes- 
sine, dans  la  prison  de  l'Office  (probablement  du  Saint-Office),  mais 
il  ne  nous  indique  pas  ses  sources,  et  je  le  regrette. 

Tous  ces  défauts  n'empêchent  pas  le  livre  de  M.  Rousseau  de  con- 
tenir une  foule  d'histoires  amusantes,  sinon  authentiques,  qui  feront 
passer  des  moments  agi'éables  à  des  lecteurs  indifférents  aux  questions 
de  méthode  sur  lesquelles  je  m'excuse  d'avoir  un  peu  longuement 
insisté.  P.  PISA^"I. 

lie  ConTentiennel   Goujon  (1966-1  793\  par  L.  Thénaed  et 
P..  GuvOT.  Paris,  Alcau,  19il8,  in-s  de  xviii-243  p.  —  Prix  :  5  fr. 

Le  héros  de  cette  biographie  en  quatorze  chapitres,  Goujon,  n'a 
pas  manqué  de  panégyristes,  même  longtemps  après  sa  mort.  Dès 
l'an  \  III,  son  beau-frère  Tissot  lui  consacrait  une  notice  pathétique 
intitulée:  Souvenirs  de  prairial.  Bien  plus  tard,  il  était  loué  sur  le  mode 
lyrique  par  M.  Claretie  dans  les  Derniers  montagnards,  par  Michelet 
dans  sa  Révolution.  De  nos  jours,  deux  hommes  également  sympa- 
thiques à  sa  mémoire,  ont  voulu,  preuves  en  main,  expliquer  l'enthou- 
siasme de  leurs  devanciers.  Il  n'y  a  pas  eu  collaboration,  mais  travail 
successif,  partiel  de  l'un  et  de  l'autre.  M.  Thénard  a  réuni  les  maté- 
riaux des  sept  premiers  chapitres  et  d'une  publication  documentaire 
qui  n'a  pas  abouti.  Après  sa  mort,  M.  Guyot  a  rédigé  lesdits  chapitres 
et  les  a  complétés  par  sept  autres,  fruit  de  ses  études  personnelles; 
mais,  à  la  suite  d'une  de  ces  interventions  féminines  que  connaissent 
trop  bien  tous  les  chercheurs  d'histoire  moderne,  il  n'a  pu  citer  tex- 
tuellement une  partie  des  documents  réunis  par  M.  Thénard.  L'œuvre 
est  donc  hybride  et  néanmoins  intéressante. 

Goujon  y  apparaît  sous  son  vrai  jour.  C'est  le  jacobin  sans  épi- 
thète,  disciple  aveugle  de  Rousseau,  fanatique  de  vertu  et  par  surcroît 
d'irréligion.  Il  a  quêté  comme  son  maître,  mais  sans  succès,  les  cou- 
ronnes de  l'Académie  de  Dijon  (p.  8,  12-15)  et  il  restera  versificateur 
jusqu'au  pied  de  la  guillotine  (p.  182-184).  Ce  Bressan,  déraciné  en 
Seine-et-Oîse,  y  devint  procureur  général  syndic  au  Conseil  général 
et  inaugura  le  baptême  civil  à  la  mairie  de  \'ersailles  (p.  56).  Entré 
à  la  Commission  des  subsistances  de  la  République  (ch.  VIII)  et, 
pendant  trois  jours,  chai'gé  des  ministères  réunis  de  l'intérieur  et  des 
aiïaires  étrangères  (p.  100),  il  siégea  ensuite  à  la  Convention  comme 
remplaçant  d'Hérault-Séchelles,  sans  jouer,  sous  le  règne  de  Robes- 
pierre aucun  rôle,  si  ce  n'est  par  sa  mission  aux  armées  du  Rhin  et 


—  263  — 

de  la  Moselle.  Là,  il  se  distingua  surtout  par  des  inventaires  dans  les 
couvents  de  Trêves,  prétendant  tirer  de  ces  établissements  deux  mil- 
liards au  profit  de  la  République  (p.  127),  ainsi  que  par  un  arrêté 
contre  les  prêtres,  une  des  plus  brutales  violations  de  la  justice  et  des 
droits  de  l'homme  qui  aient  été  commises  à  cette  époque  (p.  118-121). 
Ce  n'en  était  pas  moins  «  l'âme  la  moins  cruelle  et  la  plus  sensible 
qui  fût  )),  nous  dit  son  biographe,  par  allusion  sans  doute  à  son  idylle 
matrimoniale  avec  Lise  Connéry,  assez  semblable  à  celle  de  Camille 
Desmoulins  et  de  Lucile. 

Les  chapitres  XI,  Xll  et  XIII  appartiennent  vraiment  à  l'histoire 
■générale.  M.  Guyot  y  a  raconté  de  nouveau,  sm*  pièces,  avec  soin,  l'épi- 
sode le  plus  tragique  de  la  Terreur  thermidorienne.  Il  n'a  pu  (ce  qui 
est  presque  impossible  dans  une  biographie  de  conventionnel)  séparer 
Goujon  de  ses  collègues,  les  victimes  du  1^^  prairial.  On  voit  là,  en 
traits  saisissants,  comment  les  jacobins  de  l'an  III  immolèrent  les 
jacobins  de  l'an  II,  vengeant  ainsi  sans  le  vouloir  les  jacobins  de 
la  Gironde  frappés  le  31  mai.  Goujon  périt  sous  les  coups  d'une  com- 
mission militaire,  par  la  même  procédure  que  les  émigrés  pris  les 
armes  à  la  main.  Son  biographe  a  reproduit,  d'après  Tissot,  ses  der- 
nières lettres  à  sa  femme  :  elles  sont  touchantes.  Sa  lettre  d'adieux 
à  sa  mère  (p.  211-212)  laisse  une  impression  plus  mélangée;  on  y  sent 
l'homme  qui  joue  au  stoïcien  antique  et  qui,  avant  de  mourir  comme 
Caton,  a  rédigé  lui-même,  afin  de  pouvoir  la  connaître,  son  oraison 
funèbre.  L.  P. 


Ijettres    «tu    prince    de    lletternich     à    la    comtesse    de 

liieveii,  181^-lSiB,  publiées  avec  une  lulroduclion,  une  Gonclu- 
pion  et  des  notes,  par  Jean  Hanoteau.  Paris,  Plon-Nourrit.  1909,  in-8 
de  a-j  eL  Lxxni-421  p.  —  Prix  :  7  fr.  oO. 

La  comtesse,  puis  princesse  de  Lieven  (1785-1854),  fille  et  femme 
de  généraux  russes,  dont  le  second  fut  ambassadeur  à  Londres,  de 
1812  à  1834,  avait  été  célèbre  en  son  temps  parmi  le  monde  diplo- 
matique pour  le  salon  politique  qu'elle  présidait  et  l'esprit  de  curio- 
sité et  d'intrigue  qu'elle  déployait.  Sur  deux  terrains  différents,  elle 
avait  joué  un  véritable  rôle  :  en  Angleterre,  pendant  que  son  mari 
représentait  la  Russie;  en  France,  à  partir  de  1837,  où,  sans  caractère 
officiel  cette  fois,  mais  dans  une  intimité  étroite  avec  M.  Guizot,  elle 
reçoit  les  diplomates,  les  hommes  politiques  et  les  hommes  d'État. 
Elle  n'était  point  belle,  si  l'on  en  croit  le  pinceau  des  peintres  et  la 
plume  des  contemporains,  mais  son  activité  d'esprit  et  son  aisance 
de  conversation  rendaient  ce  salon  très  couru  et  sa  langue  très  redou- 
tée. D'elle,  M.  Ernest  Daudet  a  écrit,  il  y  a  cinq  ou  six  ans,  une  très 
agréable  biographie  :  Une  Vie  d' ambassadrice  au  siècle  dernier.  Elle 
avait  une  renommée  de  galanterie  assez  marquée;  on  citait  des  noms 


—  264  — 

illustres,  même  le  roi  Georges  1\'.  Aujuunriiui  des  documents  prou- 
vent péremptoirement  une  liaison  amoureuse  avec  le  prince  deMetter- 
nich. 

Dans  ses  Mémoires  d'outre-tombe  (tome  I\'),  Chateaubriand  l'avait 
dit  avec  ime  pointe  de  malice.  M.  Daudet  écrivait  (Revue  hebdo- 
madaire, juillet  1899),  un  article  très  suggestif  et  très  piquant  intitulé  : 
Un  Roman  dû  prince  de  Metternich,  composé  avec  des  fragments  de 
lettres  de  M™^  de  Lieven.  Cette  aventure  galante,  c[ui  commence  en 
coup  de  foudre  (l'ambassadrice,  qui  ne  connaissait  pas  de  vue 
le  prince  le  18  octobre  1818,  a  succombé,  dans  un  moment  de 
fièvre,  le  14  novembre),  se  termine  en  1829,  très  atténuée 
par  l'absence  presque  constante  des  deux  amants.  Ce  sont,  en 
partie,  les  lettres  de  Metternich  que  publie  aujourd'hui  M.  Jean 
Hanoteau,  celles  qui,  échangées  sous  le  couvert  de  la  valise  diplo- 
matique de  Londres  à  ^'iennne,  vont  du  mois  d'octobre  1818  à  la  fin 
d'avril  1819. 

Les  amateurs  de  révélations  scandaleuses  n'auront  rien  à  glaner 
là;  car  le  ton,  malgré  le  tutoiement  très  vif,  est  toujours  retenu  et  les 
sujets  abordés  sont,  avec  la  politique,  des  dissertations  philosophiques 
sur  la  tendresse  du  prince.  Metternich  raisonne,  disserte  sur  lui  prin- 
cipalement, avec  une  complaisance,  une  vanité  très  caractéristiques. 
C'est  ici  un  portrait  moral  tout  à  fait  curieux  du  célèbre  diplomate. 
Pas  d'anecdotes,  peu  de  faits  historiques,  seulement  le  récit  intéres- 
sant et  agréable  de  son  voyage  en  Italie  (p.  234)  de  février  à  avril  1819, 
où  il  accompagne  l'empereur  d'Autriche  à  Florence,  Rome  et  Naples. 
Il  y  a  là  beaucoup  de  traits  à  retenir.  La  correspondance  s'arrête 
brusquement.  Les  manuscrits  retrouvés  ne  vont  pas  plus  loin. 

M.  Jean  Hanoteau,  qui  a  eu  la  bonne  fortune  de  les  découvrir,  les 
a  publiés  avec  un  soin  extrême  et  une  méthode  historique  excellente. 
Il  serait  difficile  de  mieux  «  éditer  »  un  texte.  Il  l'accompagne  d'une 
Introduction  et  d'une  Conclusion  où  il  dit  par  le  détail  les  précédents 
de  ses  personnages  et  la  fin  de  leur  histoire.  Chaque  nom  cité  est  iden- 
tifié avec  la  plus  minutieuse  exactitude,  selon  les  références  biblio- 
graphiques les  mieux  vérifiées.  M.  Jean  Hanoteau  sera  payé  de  sa 
peine  par  le  plaisir  qu'il  donne  à  son  lecteur,  par  la  confiance  qu'il 
lui  inspire.  Ce  sont  là  de  ces  livres  que  l'on  a  profit  à  consulter  pour 
leur  sujet,  mais  surtout  pour  la  valeur  de  leur  mise  au  point.  C'est, 
dit-On,  un  début  :  il  est  heureux,  et  digne  de  tout  éloge. 

Il  manque  seulement  deux  portraits  de  Metternich  et  de  M"^^  de 
Lieven,  qui  eussent  bien  illustré  ce  volume  si  attrayant  et  si  recom- 
mandable.  Geoffroy  de  Grandmaison. 


—  26r.  — 
BULLETIN 

Kl   Saiifo  Evan^elio  de  Wuestro  Senor  «lesuenisto  i   los  lleclio»  de 

io!4  ,%pôstoies,  por  Primitivo   Sanmartî.  Barcelona,  Luis  Gili,   1908, 
in-12  de  415  p.,  illustré.  — Prix,  cartonné  toile,  fers  spéciaux:  2  fr.  50. 

Ce  livre  peut  servir  d'histoire  du  Nouveau  Testament  à  l'usage  des  enfants 
et  des  pères  de  famille^  Le  récit  des  quatre  Evangélistes  y  est  harmonisé 
d'une  façon,  très  simple  et  conformément  à  l'interprétation  la  plus  autorisée 
des  exégètes.  Il  est  divisé  en  petits  paragraphes  fort  clairs,  rédigés  dans 
le  style  qui  convient  à  un  sujet  de  cette  nature,  c'est-à-dire  se  rapprochant 
aussi  scrupuleusement  que  possible  du  style  évangélique.  Il  est  certain 
que  si,  suivant  le  louable  désir  qu'en  exprime  l'auteur,  on  lisait  tous  les 
jours  quelques  pages  en  commun  dans  les  foyers  chrétiens,  de  la  Vie  de 
Notre-Seigneur  et  des  actes  des  Apôtres,  on  vivrait  plus  saintement  et 
l'on  pratiquerait  avec  plus  de  courage  les  vertus  chrétiennes.      G.  Bernard  . 


Le  Pailîum,  par   Jules  Baudot.  Paris,  Bloud,   1909,  in-16  de   64  p.  — 
(Collection  Science  et  Religion).    —  Prix:    0  fr.    60. 

La  série  liturgique  publiée  sous  la  direction  du  RR.  Dom  Cabrol  con- 
tinue à  s'enrichir.  Le  Pallium  nous  apporte  une  excellente  monographie 
où  nous  voyons  cet  ornement  dans  ses  origines  les  plus  lointaines.  Dès  le 
troisième  siècle  avant  Jésus-Christ,  en  usage  chez  les  Romains,  il  n'a  guère 
alors  que  le  nom  de  commun  avec  ce  qu'il  sera  plus  tard.  Au  quatrième 
siècle  de  notre  ère  il  est  devenu  un  signe  honorifique  qui  appartient  de  droit 
au  Souverain  Pontife. Au  dixième  siècle  il  a  sa  forme  définitive.  Bande  étroite 
de  laine  blanche,  posée  sur  les  épaules  en  manière  de  collier  d'où  se  déta- 
chent deux  pendants,  l'un  par  devant,  l'autre  par  derrière.  Cette  bande 
est  ornée  de  huit  croix  noires.  Le  Pape  donne  cet  insigne  aux  archevêques 
et  à  quelques  évoques.  A  partir  du  huitième  siècle,  il  devient  un  signe  de 
juridiction.  On  a  plaisir  et  profit  à  suivre  avec  Dom  Baudot  les  péripéties 
de  cette  histoire.  La  deuxième  partie  liturgique  nous  fait  assister  à  la  pré- 
jiaration  et  à  l'imposition  du  pallium;  on  en  dit  les  usages;  on  en  explique 
le  symbolisme.  Il  est  regrettable  de  voir  répété  que  le  pallium  est  envoyé 
du  tombeau  des  saints  apôtres,  alors  que  tous  les  textes  disent  :  de  cor  pore 
B.  Pétri sumptum.  Et  c'est  sûrement  la  pensée  de  l'auteur.  A.  Vigourel. 


Le  s«-ns  eatiioISque,  par  Henri  Couzet.   Paiis,  Bloud,  1909,  in-12  de  128  p. 
(Collection   Science   et   Religion).  —  Prix  :    1  fr.   20. 

L'auteur  a  résumé  en  quelques  pages  les  instructions  données  par  lui 
dans  la  chapelle  de  l'Institut  catholique  de  Paris  pendant  le  Carême  1908. 
Le  but  qu'il  s'est  proposé  est  de  bien  remettre  les  catholiques  en  face  de 
leur  devoir  actuel.  Ce  devoir  c'est  d'être  vraiment  catholiques  non  pas  seu- 
lement dans  leurs  traditions  et  dans  quelques  habitudes,  mais  dans  tout 
leur  être  et  dans  toute  leur  vie. Il  s'agit  donc  de  penser  et  de  sentir  en  catho- 
liques, de  fermer  leur  conscience  d'après  les  principes  imprescriptibles  du 
catholicisme;  d'agir  en  catholiques,  d'obéir  à  l'Église  en  catholiques;  d'être 
apôtres  catholiques.  Ces  vérités  si  utiles  sont  clairement  et  pratiquement 
rappelées.  Travail  réconfortant  pour  ceux  qui  gémissent  de  voir  trop  souvent 
le  sens  catholique  méconnu  et  oublié.  Il  sera  profitable  à  certaines  âmes 
qui  associent  trop  aisément,  et  pour  leur  plus  grand  préjudice,  l'esprit  du 
monde  au  vrai  esprit  de  l'Église.  A.  C. 


—  -IM  — 

Quelques  Pages  siii*  le  mouvement  catliolique  olicz  les  femmes 
en  Ansletei-i-e,  par  L.  DE  Beauriez.  Paris,  Porrin,  1908,  in-16  de  lf>o  p- 
—  Prix  :   2  fr.  50. 

Ces  Quelques  Pages  émanent  d'un  observateur  qui  a  su  voir  et  qui  sait 
raconter.  C'est  avec  maint  détail  savoureux  que  M™'"  de  Beauriez  décrit 
rhôpital  français  de  Londres,  tenu  par  des  religieuses  de  Versailles,  les 
Servantes  du  Sacré-Cœur  de  Jésus  (p.  22-26)  et  surtout  le  cercle  pour 
femmes  pauvres  [seulement],  dirigé  par  M™^^  la  duchesse  douairière  de  Xew- 
castle  en  personne  (p.  39-58).  Elle  énumère  avec  sympathie  plusieurs  des  nom- 
breuses femmes  distinguées,  qui,  par  leur  plume  et  leur  talent,  ont  créé, 
en  Angleterre,  une  fort  intéressante  littérature  catholique  (p.  91-108).  M™*  de 
Beauriez  «  cause  »  avec  l'aimable  aisance  d'une  personne  de  bonne  compa- 
gnie, et  son  ouvrage,  tout  sommaire  qu'il  puisse  être,  sera  grandement  utile 
aux  gens  du  monde. 

On  comprend  peu  la  raison  d'être  d'un  long  appendice  (p.  115-164), 
parfaitement  étranger  au  sujet  du  volume.  D'autre  part,  l'auteur  donne 
au  premier  roi  clirétien  du  Kent  le  nom  d'Ethebred,  là  où  il  faudrait  écrire 
Etkelbert  (p.  12).  Yves  de  la  Brière. 

.i^pologétîqne  'vivante.  Un  clirétien.  Journal  d'un  néo-mncerii,  p.lr 
Lucien  Roure.   Paris,  Beauchesne,  1908,  in-16  ëe  vi-83  p.   —  Prix   :    1  fr. 

Le  présent  opuscule  n'est  pas  une  auto-biographie,  bien  qu'il  en  ait  la 
forme;  mais,  sous  la  fiction  de  certains  faits  matériels  et  la  fusion  en  un 
personnage  d'éléments  d'origines  diverses,  il  ne  raconte  que  des  choses  vraies, 
vécues,  et  l'on  peut  dire,  à  ce  point  de  vue,  que,  sous  une  forme  arrangée, 
c'est  bien  un  livre  d'  «  apologétique  vivante  ».  Un  jeune  docteur  se  convertit 
par  la  méditation  du  fait  de  l'Eglise,  dont  il  ne  peut  trouver  l'explication 
raisonnable  que  dans  son  caractère  divin.  Converti,  il  ne  cesse  de  poursuivre 
son  mouvement  d'ascension  chrétienne,  à  travers  les  obstacles,  les  épreuves, 
les  traverses  de  toutes  sortes  qui  ne  manquent  jamais  à  une  vie  chrétienne, 
même  à  celles,  qui,  de  loin,  paraissent  les  plus  heureuses.  Victime  et  martyr 
de  ses  convictions,  —  l'on  conviendra  que  rien  n'est  plus  commun  aujour- 
d'hui, —  il  a  tout  juste  le  temps  de  tremper  ses  lèvres  dans  la  coupe  du 
bonheur  chrétien  et  de  connaître  les  nobles  joies  d'un  amour  béni  de  Dieu. 
A  l'appel  du  devoir,  il  va,  il  court,  sans  regarder  derrière  lui,  où  le  danger 
se  montre,  et  il  meurt  victime  de  son  devoir  professionnel,  le  sourire  illuminé 
par  les  espérances  chrétiennes,  qui  lui  montrent  par  delà  la  tombe  le  séjour 
où  l'attendent  tous  ceux  qu'il  a  le  plus  aimés.  Sa  mort  fut  saluée  par  ce  cri 
touchant,  qui  est  la  plus  belle  des  oraisons  funèbres  :  «  Le  saint  de  notre 
ville  est  mort  ».  Voilà  toute  l'histoire  du  néo-converti.  Elle  est  à  la  fois  très 
touchante  et  pleine  d'excellentes  leçons,  et  très  bien  adaptée  aux  besoins 
des  âmes  inquiètes  d'aujourd'hui.  En  l'écrivant,  M.  Lucien  Roure,  qui  est 
un  philosophe  distingué,  a  vraiment  écrit  un  excellent  li\Te,  et  ce  qui  est 
mieux  encore,  un  livre  bienfaisant.  Edouard  Poxtal. 


Oatalogne  de    lii'res  elioisi->  poui-  une  famille  elirétienne.   par   Uu 

Père  de  la  Compagnie  de  Jésus.  F«  et  2^  parties.  Paris,  Retaux,  1907-1908. 
2  vol.  in- 12  de  93  et  de  117  p.  —  Prix  :  2  fr.  50. 

C'est  une  très  heureuse  idée  de  dresser  un  catalogue  de  livres  choisis 
pour  les  familles  chrétiennes.  On  devine  en  effet,  sans  qu'il  soit  nécessaire 
d'insister,  les  services  qu'on  peut  attendi'e  d'une  pareille  publication  : 
il  en  existe  déjà  de  similaires;  mais  comme  ces  catalogues  ne  sont  jamais 


I 


—  267  — 

et  ne  peuvent  pas  être  complets,  et  que,  dans  tous,  subsistent  des  lacunes, 
il  est  utile  d'en  avoir  plusieurs  à  sa  disposition,  car  ils  se  complètent  les  uns 
par  les  autres. 

Le  nouveau  catalogue  que  je  présente  à  nos  lecteurs  comprendra 
trois  parties: -la  première,  Historique,  hagiographique  et  géographique; 
la  seconde,  Scripturaire,  apologétique  et  ascétique  :  ces  deux  parties  sont 
publiées.  La  troisième,  qui  est  en  préparation,  sera  scientifique,  littéraire 
et  artistique.  En  l'absence  de  cette  troisième  partie,  il  m'est  difïicile  de  don- 
ner une  appréciation  définitive  et  juste  des  deux  premières,  où  je  pourrais 
relever  des  lacunes  qui  seront  peut-être  comblées  par  la  troisième.  Je  me 
contenterai  donc  de  préciser  la  composition  des  deux  premières  parties. 

Voici  la  division  de  la  première  :  L  Histoire  ecclésiastique.  1°  Généralités; 
2°  ouvrages  spéciaux,  monographies;  3°  Hagiographie  :  A.  Généralités; 
B.  Monographies. 

II.  Histoire  profane.  1°  Généralités.  2"  Histoire  de  France  :  A.  Avant  1789 
E.  Depuis  1789.  3°  Histoire  étrangère.  —  Sans  entrer  dans  les  détails,  cette 
partie  historique  est  tellement  brève  qu'elle  ne  peut  pas  ne  pas  être  forcé- 
ment très  incomplète. 

IIL  Biographie.  1°  Généralités.  2°  Monographies  :  A.  Hommes.  B.  Fem- 
mes.—  J'avoue  que  je  ne  vois  pas  bien  pourquoi  la  partie  Biographie  est  dis- 
tincte de  la  partie  Histoire,  dont  elle  ne  devrait  former  qu'un  chapitre 
spécial.  Nous  notons  qu'on  y  trouve  plusieurs  biographies  de  Louis  XVII 
et  de  Madame  Éhsabeth,  lesquelles  n'ont  pas  plus  de  titre  à  y  figurer  que 
celle  de  Jeanne  d'Arc,  qui  n'y  est  pas. 

IV.  Géographie  et  voyages.  i°  Généralités;  2°  Monographies. 

V.  Revues  et  journaux.  En  appendice,  une  liste  alphabétique  des  saints, 
bienheureux  et  vénérables,  puis  des  autres  personnages  avec  les  numéros 
correspondants  du  catalogue. 

Après  la  première  partie  Historique,  biographique  et  géographique,  qui 
comprend  aussi  les  Reçues  et  Journaux,  la  seconde  partie  Scripturaire,  apolo- 
gétique et  ascétique,  se  divise  ainsi  qu'il  suit  : 

I.  Ecriture  sainte.  IL  Catéchisme.  III.  Apologétique.  IV.  Liturgie.  V.  Ser- 
monnaires.  VI.  Paroissiens,  Livres  de  piété,  etc.  VIL  Méditations.  VIII.  Vie 
chrétienne  dans  le  monde.  Ascétisme.  Dans  cette  partie  sont  indiquées  les 
Lettres  d'Ozanam  et  de  Mgr  d'Hulst  :  pourquoi  pas  celles  de  Mgr  Dupan- 
loup  et  celles  de  Louis  Veuillot,  sans  parler  de  quelques  autres  ?  IX.  Dévo- 
tions, suVjdivisées  en  huit  chapitres.  X.  Préparation  à  la  mort  :  maladies, 
afflictions,  persécutions.  XL  Préparation  au  sacerdoce  et  à  la  vie  religieuse. 
Elnfin  une  liste  alphabétique  des  auteurs.  Je  note  que,  sous  la  première 
rubrique  ne  figurent  pas  les  vies  de  Jésus-Christ,  de  Louis  Veuillot,  et  de 
Mgr  Dupanîoup,  qui  pourtant  ne  dépareraient  pas  la  collection. 

Ce  catalogue  étant  principalement  destiné  aux  personnes  du  monde, 
il  me  semble  que  la  partie  ascétique  est  trop  abondante  et  trop  longue,  peut- 
être  un  peu  aux  dépens  des  autres.  Malgré  tout,  voUà  deux  excellents  petits 
livres,  pleins  de  précieuses  indications.  Edouard   Portai.. 


GHHOJMQUE 

Nécrologie.  —  Nous  avons  appris  avec  un  bien  vif  regret  que  le  marquis 
Costa  de  Beauregard,  ce  gentilhomme,  qui  fut  un  grand  chrétien,  un 
ardent  patriote  et  un  remarquable  écrivain,  est  mort  à  Paris,  presque  subi- 
tement, le  16  février.  Après  avoir  l)rillamment  combattu  sur  divers  champs 


—  268  — 

(1(^  bataille  en  1870,  à  la  tête  des  mobiles  de  la  Savoie,  sa  province  natale, 
il  était  venu  siéger  à  l'Assemblée  nationale  de  Bordeaux.  Mais,  en  1876,  il 
abandonna  la  politique  active  pour  défendre,  par  la  plume,  les  traditions 
auxquelles  il  était  attaché.  Les  livres  qu'il  a  publiés  et  qui  lui  ont  ouvert  les 
portes  de  l'Académie  française,  où  il  a  remplacé,  en  1896,  M.  Camille  Don- 
cet,  sont  l'œuvre  d'un  profond  penseur  et  d'un  fin  lettré.  En  voici  les  titres  : 
Un  Homme  d'autrefois,  souvenirs  recueillis  par  son  arrière-petit- fils  (Paris, 
1877,  in-12),  ouvrage  couronné  par  l'Académie  française  et  plusieurs  fois 
réédité;  —  Prologue  d'un  règne.  La  Jeunesse  du  roi  Charles- Albert  (Paris, 
1888,  in-8);  - —  Épilogue  dun  règne.  Milan,  Navarre  et  Oporto.  Les  Dernières 
Années  du  roi  Charles- Albert  (Paris,  1888,  in-8);  —  Le  Roman  d'un  royaliste 
sous  la  Révolution.  Souvenirs  du  comte  de  Virieu  (Paris,  1892,  in-8);  —  Là 
Charité  sociale  en  Angleterre  (Paris,  1896,  in-8);  —  Prédestinée  (Paris,  1896, 
in-8),  ouvrage  qui  avait  paru  d'abord  sous  le  voile  de  l'anonymat;  —  En 
Emigration .  Souvenirs  tirés  des  papiers  du  comte  A.  de  la  Ferronnays,  1777- 
1814  (Paris,  1900,  in-8);  —  Courtes  Pages  (Paris,  1902,  in-8);  —  Liberté,, 
égalité,  fraternité  (Paris,  1904,  in-12).  M.  Costa  de  Beauregard  a  écrit  en 
outre  dans  divers  journaux,  particulièrement  dans  Le  Gaulois,  auquel  il  a 
fourni  une  collaboration  régulière. 

—  Un  autre  écrivain,  non  moins  ardent  patriote  et  de  plus  un  zélé  défen- 
seur de  rÉglise,  M.  Emile  Keller,  est  mort  à  Paris,  le  21  février,  à  81  ans. 
Sa  disparition  cause  un  grand  vide  chez  les  catholiques  français.  Né  à  Bel- 
fort  le  8  octobre  1828,  M.  Emile  Keller  fit  de  brillantes  études  et  fut  admis 
à  l'École  polytechnique  en  1847. Toutefois,  il  n'y  entra  pas  et  préféra  s'a- 
donner à  des  études  d'histoire  et  de  philosophie  religieuse.  Élu  en  1857  au 
Corps  législatif  avec  l'appui  du  gouvernement,  il  se  sépara  bientôt  de  la 
politique  impériale  au  sujet  des  affaires  d'Italie  et  se  montra  un  des  plus 
énergiques  défenseurs  de  la  puissance  temporelle  des  Papes.  Réélu  plus  tard, 
cette  fois  malgré  l'opposition  que  lui  fit  l'Administration,  il  protesta  vive- 
ment contre  l'annexion  de  l'Alsace  et  de  la  Lorraine  et  porta  la  parole  avec 
autorité  dans  presque  toutes  les  discussions  importantes.  Il  échoua  aux 
élections  de  1881,  mais  fui;  élu  de  nouveau  en  1885.  Il  ne  se  représenta 
pas  de  nouveau  au  scrutin  de  1889,  mais  ne  cessa  point  pour  cela  de  lutter 
pour  la  Papauté  et  pour  la  France.  Personne,  en  notre  temps,  n'aplusintime- 
ment  allié  le  patriotisme  et  la  religion.  Jusqu'à  sa  dernière  heure  il  a  su 
mériter  l'admiration  reconnaissante  des  catholiques  et  forcer  l'estime  respec- 
tueuse de  leurs  ennemis.  M.  Emile  Keller  laisse  un  certain  nombre  d'ou- 
vrages admirablement  écrits,  dont  l'influence  a  été  considérable.  Ce  sont  les- 
suivants  :  Histoire  de  France  (Paris,  1852,  2  vol.  in-12);  —  Influence  paci- 
fique de  la  charité  chrétienne  sur  la  société  moderne  (Paris,  1856,  in-8);  — 
L'Encyclique  et  les  libertés  de  V Église  gallicane  (Paris,  1860,  in-8);  —  Les 
Rudgets  de  1863,  1864  et  1865  (Paris,  1864,  in  8);  —  U Encyclique  du 
8  décembre  1864  et  les  Principes  de  1789,  ou  l'Église,  l'État  et  la  Liberté 
(Paris,  1865,  in-8);  — Z)ix  années  de  déficit,  de  1859  à  1869  (Paris,  1869, 
in-8);  —  Le  Général  de  Lamoricière,  sa  vie  militaire,  politique  et  religieuse 
(Paris,  1873,  2  vol.  in-8);  —  Les  Congrégations  religieuses  en  France,  leurs 
œuvres  et  leurs  services  (Paris,  1880,  gr.  in-8),  ouvrage  qui  fut  honoré  d'un 
bref  particulier  du  Pape  ;  —  La  Vie  de  Jeanne  d'Arc  (Paris,  1894,  in-16); 
—  L'Ouvrier  libre{Pa.Tis,  1898,  in-18).  Quelques-uns  de  ces  ouvrages  ont 
été  plusieurs  fois  réimprimés. 

—  Le  Tout-Paris  qui  raffole  du  théâtre,  du  roman  et  de  la  littérature' 
légère,  a  été  mis  en  émoi  le  7  février  en  apprenant  que  M.  Catulle  Mendès- 
venait  de  mourir    d'une    façon  tragique,  à  Saint-Germain-en-Laye,  à  l'âge- 


—  269  — 

de    68    ans.    Fils  d'un  père  Israélite  et  d'une  mère  catholique,  M.  Catulle 
Mendès  était  né  à  Bordeaux  le  22  mai  1841.  Après  avoir  suivi  ses  parents 
en  Italie  et  en  Allemagne,  il  vint,  jeune  encore  à  Paris,  et  immédiatement 
se  jeta  avec  ardeur  dans  la  littérature,  s'elTorçant  d'attirer  l'attention  par 
rétrangeté  de  la  forme  et  par  la  hardiesse  scabreuse  des  tableaux.  Il  avait 
dix-huit  ans  seulement  lorsqu'il  fonda  la  Revue  fantaisiste,  qui  fit  grand 
bruit  dans  le  monde  littéraire,  et  devint  l'organe    du    groupe    des  «  Par- 
nassiens. »  C'est  dans  cette  revue  qu'il  inséra  une  pièce  de  vers  :•  Le  Roman 
d'une  nuit,  qui  lui  valut  une  condamnation  à  un  mois  de  prison  et  -500  francs 
d'amende.  Poète,  romancier,  dramaturge  et  chroniqueur,  M.  Catulle  ]\Iendès 
a  écrit  une  foule  de  choses  qu'on  ne  peut  ni  lire  ni  entendre.  Aussi  sa  puis- 
sance de  travail,  son  érudition  étendue  et  les  diverses  autres  qualités  qu'il 
faut  lui  reconnaître," ne  peuvent-elles  faire  oublier  qu'il  fut  un  grand  cor- 
rupteur. Il  a  abordé  successivement  la  poésie,  ke  roman  et  le  théâtre,  et 
dans  chacun  de  ces  genres  sa  principale  préoccupation  est  de  produire 
des  excitations  malsaines  et  des  effets  littéraires  étranges.  Nous  ne  citerons 
qu'un  petit  nombre  de  ses  œuvres  :  il  en  est  trop  parmi  elles  dont  nous  ne 
saurions  même  rappeler  les  titres.  Comme  poète  il  a  donné  :  Philomela 
(Paris,  1864,  in-18)  ;  —  Hesperus  (Paris,   1869,  in-8)  ;  —  Contes  épiques 
(Paris,  1870,  in-8)  ;  —  Odelette  guerrière  (Paris,   1871,  in-18),  etc.   Parmi 
ses  rom^ans,  ceux  parus  avec  des  titres  convenables  sont  :  La  Vie  et  la 
mort  d'un  clown  (Paris,   1879,  in-18)   ;  —  Le  Crime  du  vieux  Blas   (Paris, 
1882,  in-18)   ;   —    Monstres  parisiens  (Paris,   1882,  in-18);  Le  Rose  et 

le  Noir  (Paris,  1883,  in-18)  ;  —  Mephistophcla  (Paris,  1890,  in-18).  Sous 
la  forme  dramatique,  il  a  composé  les  ouvrages  suivants  qui  n'ont  pas 
tous  été  joués  :  La  Part  du  Roi,  comédie  en  un  acte  (Paris,  1872,  in-16);  — 
Le  Capitaine  Fracasse,  opéra  comique  en  3  actes  (Opéra-Comique, 
1870)  ;  —  Les  Mères  ennemies,  drame  en  3  actes  (Ambigu-Comique, 
1882)  ;  — -  Le  Châtiment,  drame  en  une  scène,  en  vers,  (1887)  ;  —  Gwen- 
doline,  opéra  en  deux  actes  (1886)  ;  —  La  Femme  de  Tabarin  (Théâtre 
libre,  1887);  —  Isoline,  féerie  en  trois  actes  (Renaissance,  1888);  —  Fiam- 
mette,  drame  en  6  actes,  en  vers  (Théâtre  libre,  1889); —  Médée  (1905); 
Ariane,  opéra  (1906)  ;  —  La  Vierge  d' Avila  (1906),  pièce  où  l'auteur 
s'est  permis  de  mettre  sur  la  scène  sainte  Thérèse,  etc.  M.  Catulle  Mendès 
avait  écrit  aussi  quelques  volumes  de  critique  littéraire  et  musicale,  entre 
autres  plusieurs  ouvrages  relatifs  au  mouvement  wagnérien  dont  il  avait 
été  un  des  premiers  initiateurs  et  défenseurs  en  France,  ainsi  qu'un  rapport 
publié  à  l'occasion  de  la  dernière  Exposition  universelle  de  Paris  :  Le  Mou- 
vement poétique  de  1867  à  1900.  Enfin,  depuis  1893,  il  était  chargé  au  Journal 
de  la  critique  dramatique  et  musicale. 

—  M.  Èmile-Honoré  Cazelles,  médecin,  administrateur  et  écrivain 
connu,  est  mort  dernièrement  à  Paris,  à  78  ans.  Né  à  Nîmes  le  31  octobre 
1831,  il  étudia  la  médecine,  fut  reçu  interne  des  hôpitaux  en  1857  et  doc- 
teur en  1860  avec  une  thèse  sur  le  Traitement  de  Vectropion  cicatriciel.  Mais, 
entraîné  p  ar  son  goût  pour  l'étude  de  la  philosophie,  il  se  retira  à  Saint-Gilles, 
dans  le  Gard,  et  s'y  livra  à  la  traduction  d'ouvrages  étrangers.  En  1870,  il 
quitta  sa  retraite  pour  entrer  dans  l'Administration  et  fut  successivement 
■  secrétaire  général  de  la  préfecture  du  Gard,  préfet  de  la  Creuse,  puis  de 
l'Hérault,  directeur  du  service  pénitentiaire  au  ministère  de  l'intérieur, 
directeur  de  la  sûreté  générale,  préfet  de  Meurthe-et-Moselle,  puis  des 
Bouches-du-Rhône,  et,  enfin,  membre  du  Conseil  d'État.  Au  milieu  de 
toutes  ces  absorbantes  fonctions,  M.  Cazelles  a  trouvé  le  temps  nécessaire 
pour  continuer  ses  traductions  d'ouvrages  anglais  et  allemands,  dont  nous 


—  -270  — 

citerons  les  suivantes  :  U Assujetisxement  des  femmes,  de  Stuart  Mill  (Paris, 
1867,  in-8);  —  La  Philosophie  de  Hamilton,  du  même  (Paris,  1869,  in-8);  — 
Les  Premiers  Principes, de  Herbert  Spencer  (Paris,  1871,  in-8); —  Les  Sens 
et  l'intelligence,  d'Al.  Bain  (Paris,  1873,  in-8);  —  Les  Mémoires  de  Stuart 
Mill  (Paris,  1874,  in-8); —  La  Religion  naturelle,  de  Georges  Grote  (Paris, 
1873,  in-18);  —  Principes  de  biologie,  de  Herbert  Spencer  (Paris,  1878, 
2  vol.  in-8);  —  Principes  de  sociologie,  du  même  (Paris,  1879-1883,  3  vol. 
in-8);  ■ —  La  Circulation  de  la  vie,  de  Moleschott. 

—  Un  homme  de  lettres  distingué,  le  marquis  de  Sai.\t-Yves,  né  à  Paris, 
en  1842,  est  mort  subitement  à  Pau,  au  milieu  de  février,  à  67  ans.  Il  laisse* 
quelques  ouvrages  publiés  sous  le  nom  de  Saint- Yves  d'Alveydre.  Voici  les 
titres  de  ceux  qui  nous  sont  connus  :  Mission  actuelle  des  souverains,  par 
Vun  d'eux  (Paris,  1882,  in-8);  —  Mission  actuelle  des  ouvriers  (Paris,  1883, 
in-8];  —  Mission  des  Juifè  (Paris,  1884,  in-8);  —  La  France  vraie.  Mission 
des  Français  (Paris,  1887,  in-12);  —  Le  Poème  de  la  Reine  (Paris,  1885, 
in-16);  —  UEmpereur  Alexandre  III,  épopée  russe  (Paris,  1889,  in-16);  — 
Maternité  royale  et  Mariages  royaux.  Danemark,  Suède,  Angleterre,  Grèce, 
Russie,  Hanovre,  France,  poème  (Paris,  1889,  in-16)  ;  —  Jeanne  d'Arc 
victorieuse,  épopée  nationale  dédiée  à  Vannée  française  (Paris,   1890,  in-8). 

—  M.  Édouard-François-Louis  Fétis,  historien  d'art  belge  fort  connu, 
fils  du  célèbre  musicologue  et  compositeur,  est  mort  le  l'^''  février  à  Bru- 
xelles, à  96  ans.  Né  à  Bouvignes,  d^ns  la  province  de  Namur,  le  12  mai 
1816,  il  fit  ses  études  au  lycée  Bourbon,  à  Paris,  puis  suivit  son  père  en 
Belgique,  où  il  fut  nommé,  en  1838,  conservateur  de  la  Bibliothèque  coyale 
de  Bruxelles.  Quelques  années  plus  tard,  il  était  élu  membre  de  l'Académie 
royale  des  sciences,  lettres  et  arts,  où,  en  plus,  il  devenait  professeur  d'es- 
thétique. M.  Edouard  Fétis  a  publié  :  Légende  de  saint  Hubert  précédée 
d'une  préface  bibliographique  et  d'une  introduction  historique  (Bruxelles, 
1846,  in-12);  —  Histoire  des  musiciens  belges  (Bruxelles,  1849,  2  vol.  in-12 

—  Catalogue  descriptif  et  historique  du  musée  royal  de  Relgique,  précédé 
d'une  notice  historique  sur  sa  formation  et  sur  ses  accroissements  (Bruxelles, 
1864,  in-8);  —  Les  Artistes  belges  à  V étranger.  Études  biographiques,  histo- 
riques et  critiques  (Bruxelles,  1857-1865,  2  vol.  in-8);  —  Catalogue  de  la 
bibliothèque  de  F.-J.  Fétis  acquise  par  V État  belge   (Bruxelles,    1877,  in-8)  ; 

—  La  Rible  de  Pierre-Paul  Rubens.  Sujets  de  V Ancien  et  du  Nouveau  Testa- 
ment, gravés  au  burin  par  les  iiiaitres  flaniands  et  reproduits  par  rhélio- 
lypie  (Bruxelles,  1877,  in-ful.). 

—  On  annonce  encore  la  mort  de  MM.  :  Aumerat,  publiciste,  doyen  des 
journalistes  algériens,  qui  avait  fondé  la.  première  feuille  périodique 
pubhée  en  1845  à  Alger, -mort  dernièrement  en  cette  ville,  à  92  ans;  — 
Louis  Bloch,  rédacteur  au  Petit  Journal,  membre  de  l'Association  des 
journalistes  parisiens  et  de  l'Association  des  secrétaires  de  rédaction,  mort 
à  Paris,  à  la  fin  de  février,  à  61  ans;  —  Robert  Charlie,  trésorier  de  l'Asso- 
ciation des  journalistes  parisiens  et  du  Comité  général  des  Associations 
de  presse,  ancien  secrétaire  de  rédaction  du  Mot  d'ordre,  ancien  rédacteur 
en  chef  de  la  République  française,  fondateur  du  journal  spécial  le  Rrasseur 
français,  mort  à  Paris,  au  commencement  de  février,  à  59  ans;  —  Henri 
CoNS,  recteur  de  l'Académie  de  Poitiers,  ancien  professeur  de  géographie 
à  la  Faculté  des  Lettres  de  Lille,  mort  à  Poitiers,  au  commencement  de 
février,  à  70  ans;  —  Ernest-Alexandre-Honoré  Coquelin,  dit  Coquelin 
cadet,  le  célèbre  acteur,  qui  a  collaboré  au  journal  le  Tintamarre  et  a  pu- 
blié quelques  volumes  tels  que  :  Le  Monologue  moderne  (Paris,  1881,  in-16)  ; 
La   Vie  humoristique  (Paris,    1883,  in-12)  et  le  Rue  (Paris,  .1887,  in-12). 


-  271    - 

mort  dans  la  maison  de  santé  où  il  avait  dû  être  interné,  le  8  février,  à 
61  ans;  —  le  D'  J.-M.-L.  De.ieanne,  l'un  des  principaux  représentants  de 
la  littérature  gasconne  et  de  la  philologie  romane,  qui  a  collaboré  à  diverses 
revues  du  Midi  et  aussi  à  la  Romania  et  a  publié,  entre  autres  œuvres  pa- 
toises,  sous  le  voile  de  l'anonyme  :  Caoucos  Fablos  de  J .  de  la  Fontaine  en 
rimos  bigourdanos  (2«  éd.,  Bagnères-de-Bigorre,  1899,  in-12);  —  le  comte 
Joseph-LiOuis-Adolphe  de  Dion,  président  de  la  Société  archéologique  de 
Rambouillet,  mort  à  Montiort-l'Amaury,  le  14  février,  à  86  ans;  —  Ga- 
vouYÈRE,  qui  avait  donné  sa  démission  de  professeur  à  la  Faculté  de  droit 
de  Rennes,  pour  devenir  en  1875  doyen  de  la  Faculté  libre  de  droit  d'Angers, 
mort  au  milieu  de  février;  —  Jumentié,  professeur  honoraire  au  lycée 
Janson-de-Sailly,  mort  à  Paris,  le  l^''  février;  —  Adolphe  Pieyre,  colla- 
borateur de  nombreux  journaux  de  province,  qui,  entre  autres  ouvrages, 
a  publié  une  Histoire  de  Nimes,  mort  à  la  fin  de  février,  à  Montblanc  (Hé- 
rault); —  Edmond  Plaughut,  collaborateur  du  Temps,  ancien  secrétaire 
de  George  Sand,  mort  à  Biarritz,  au  commencement  de  février;  —  Remy 
Sans,  directeur  du  journal  la  Dépêche  de  Toulouse,  mort  à  la  fin  de  février, 
à  Monte-Carlo;  —  le  capitaine  Sisson,  tué  dans  la  catastrophe  de  Puyoo 
(Basses-Pyrénées),  au  commencement  de  janvier,  lequel  avait  publié,  sous 
le  pseudonyme  de  Michel  Antar,  deux  voiumes  qui  eurent  un  certain  suc- 
cès :  En  Smala  (Paris,  1897,  in-12)  et  les  Larbal.  Un  Ménage  d'officier  dans 
le  Sud-algérien  (Paris,  1901,  in-12). 

—  A  l'étranger,  on  annonce  la  mort  de  MM.  :  Adolphe  Beiling,  ancien 
professeur  de  langue  française  et  d'histoire  à  Vienne,  en  Autriche,  mort 
au  milieu  de  février;  —  Dr.  Heinrich  Brat,  mort  dernièrement  à  Méran,. 
à  42  ans,  lequel  laisse  divers  ouvrages  sur  l'hygiène,  notamment  :  Ueber 
Erfolge  der  Sauerstofjtherapie  unter  besonderer  Beritcksichl  der  in  den  gewer- 
bebetrieben  gewonnenen  Erfahrilngen  bei  geiverblichen  Verfigtungen  (léna,. 
1905,  in-8);  —  Edouard  de  Brauwer-Stock,  fondateur  et  directeur  du 
journal  flamand  Landboiuver,  créé  pour  défendre  la  cause  catholique  en 
Belgique,  mort  à  Roulers,  en  février,  dans  sa  86*"  année;  —  Jacopo  Cap- 
poNi,  président  d'honneur  de  l'Association  syndicale  de  la  presse  étrangère 
à  Paris,  mort  à  San-Remo,  au  milieu  de  févi'ier,  à  77  ans;  —  Joseph  Collin, 
qui  a  collaboré  pendant  plusieurs  années  à  la  Voix  du  Luxembourg,  auteur 
de  divers  ouvrages,  mort  à  Uccle,  le  4  février,  à  l'âge  de  61  ans;  —  Oswald 
Crawfurd,  écrivain  anglais  distingué,  mort  le  31  janvier,  à  Montreux 
(Suisse),  à  74  ans,  lequel  laisse  des  romans,  tels  que  :  The  New  Order, 
In  Green  Fields  et  The  Mystery  of  Myrtle  Cottage,  ainsi  que  plusieurs  pièces 
de  théâtre,  notamment  :  Two  Masques  et  The  S  in  of  Prince  Eladane;  — 
Eugène  Van  Cuyck,  éditeur-rédacteur  du  journal  flamand  De  Dixmudenaar, 
mort  à  Dixmude,  en  février,  à  l'âge  de  61  ans;  —  Dr.  John  Duns,  ancien 
professeur  au  «  Free  Church  New  Collège  »  d'Edimbourg,  directeur  de  la 
North  British  Review  et  auteur  de  divers  ouvrages,  tels  que  :  Things  New 
and  Old  (1857);  Science  and  Christian  Thought  (1866)  et  Memoir  of  Sir 
James  Simpson,  mort  au  commencement  de  février,  à  89  ans;  —  Dr.  Emil 
Erlenmeyer,  ancien  professeur  de  chimie  à  l'École  technique  supérieure 
de  Munich,  mort  dernièrement  en  cette  ville,  à  83  ans;  —  le  R.  P.  Fulbus, 
de  la  Compagnie  de  Jésus,  géologue  très  connu,  mort  accidentellement  en 
janvier,  près  de  Oribuela  province  de  Valence  (Espagne);  —  Garagnoni, 
correspondant.de  l'agence  italienne  Stefani  et  du  journal  le  Corriere  délia 
Sera,  mort  à  Paris,  à  la  fin  de  février;  —  le  doyen  Edouard  de  Gryse, 
successivement  professeur  aux  séminaires  de  Roulers  et  de  Bruges,  puis 
doyen  de  Courtrai,  qui  a  collaboré  à  div-^M-ses  revues  scientifiques  et  a  pu- 


—  272  — 

blié,  entre  autres  ouvrages  :  Notre  Droit  National  et  la  Hh'olution  (2  vol.); 
Éléments  de  philosophie  et,  eh  flamand,  Voyages  en  Espagne  et  en  Orient 
(1908,  2  vol.),  mort  à  Courtrai,  au  milieu  de  février,  à  l'âge  de  61  ans;  — 
Wilfrid  H.  Hudleston,  ornithologiste  et  géologue  anglais  de  réputation, 
mort  dernièrement  à  81  ans,  lequel  avait  réuni  de  magnifiques  collections 
au  cours  de  nombreux  voyages  scientifiques  et  dont  les  publications  anté- 
rieures à  1867  sont  signées  :  Simpson,  c'est-à-dire  deson  vrai  nom  defamille, 
qu'il  abandonna  à  cette  date;  —  D""  Johann  von  Kelle,  professeur  de 
langue  et  de  littérature  allemandes  à  l'Université  de  Prague,  mort  en  cette 
ville,  le  30  janvier,  à  80  ans;  —  Guillaume  Lambert,  éminent  ingénieur 
belge,  qui  a  professé  longtemps  à  l'École  spéciale  du  génie  civil  et  des  mines, 
auteur,  entre  autres,  d'un  ouvrage  fort  remarqué  :  Le  Grand  Bassin  houiller 
et  les  richesses  minérales  du  nord  de- la  Belgique  (1876),  mort  à  Bruxelles, 
le  22  février,  à  l'âge  de  91  ans;  —  le  chanoine  Louis  Le  Roy,  président  du 
séminaire  de  Liège,  auteur  de  divers  ouvrages  en  latin  et  en  français, 
sur  la  dévotion  au  Sacré-Cœur,  mort  à  Liège,  en  février,  à  l'âge  de  65  ans; 

—  Junino  Massan,  ingénieur  et  mathématicien  belge,  fort  connu,  pro- 
fesseur à  l'Université  de  Gand,  mort  en  cette  ville  au  milieu  de  février;  — 
]Yjme  Sophie  Meller,  née  Vergi,  femme  de  lettres  polonaise,  auteur  d'un 
certain  nombre  de  pièces  de  théâtre,  morte  dernièrement  à  Varsovie,  à 
61  ans;  —  James  L.  Molloy,  compositeur  anglais,  auteur  de  quelques  opé- 
rettes et  d'un  certain  nombre  de  chants,  dont  quelques-uns  sont  devenus 
populaires,  tels  que  :  Love's  Old  Sweet  Song  et  Thady  CFlynn,  mort  der- 
nièrement à  71  ans;  —  P'riedrich  Pernetti,  écrivain  autrichien,  mort  der- 
nièrement à  Vienne,  à  78  ans;  —  Henry  Russell,  le  célèbre  alpiniste  et 
pyrénéiste,  membre  de  la  Société  de  géographie  de  France  et  écrivain 
remarquable,  mort  dernièrement  à  Biarritz;  —  Ivan  Egorovitch  Sabelin, 
historien  russe,  vice-directeur  du  Musée  historique  de  Moscou,  mort  dei'- 
nièrement  en  cette  ville,  à  88  ans;  —  John  Gilnier  Speed,  ingénieur  civil 
américain  devenu  journaliste  et  écrivain,  mort  dernièrement  dans  sa  rési- 
dence de  Mendham  (New  Jersey),  lequel  avait  dirigé  successivement, 
pendant  un  certain  nombre  d'années,  The  New  York  Herald,  The  American 
Magazine  et  Leslié's  Weckly,  et  publié  un  volume  :  The  Gilmers  in  America; 

—  D'  Adolf  Sprung,  directeur  de  l'Observatoire  météorologique  de  Pots- 
dam,  mort  dernièrement  en  cette  ville,  à  61  ans;  —  le  pasteur  Adolphe 
Stocker,  écrivain  allemand,  ancien  prédicateur  de  la  Cour  de  Prusse, 
mort  à  Bozen-Gries  (Tyrol),  le  8  février,  à  l'âge  de  73  ans;  —  Albert 
Sturm,  directeur  de  la  Budapester  Correspondenz  et  membre  de  la  Société 
littéraire  de  Budapest,  mort  dans  cette  ville,  au  commencement  de  février, 
à  58  ans;  —  abbé  G.  Sunaert,  curé  de  Ressegem,  ancien  professeur  au 
collège  épiscopal  d'Eecloo  et  à  l'institut  Saint-Liévin,  à  Gand,  mort  à  Res- 
segem, le  25  février,  à  l'âge  de  56  ans; —  Hans  Julius  THOMSE^',  président  de 
l'Académie  des  sciences  de  Danemark,  ancien  professeur  de  chimie  à 
riTniversité  de  Copenhague,  directeur  de  l'Institut  technique  de  cette 
ville,  qui  a  réuni  de  nombreux  mémoires  et  articles  en  un  seul  volume  inti- 
tulé Becherches  thermodynamiques,  mort  en  février,  à  83  ans;  —  D''  Her- 
mann  Tischler,  qui  fut  pendant  de  longues  années  le  rédacteur  en  chef 
du  périodique  Gartenlaube,  mort  dernièrement  à  Berlin,  à  64  ans;  —  Chris- 
tian Ulrich,  ancien  professeur  d'architecture  à  l'École  technique  supé- 
rieure de  Vienne,  mort  récemment  en  cette  ville;  —  Dr.  Julius  Varga, 
professeur  de  droit  criminel  à  l'Université  autrichienne  de  Gratz,  mort  der- 
nièrement en  cette  ville,  à  67  ans;  —  Dr.  Karl  Walcker,  professeur  de 
sciences  politiques  à  Leipzig,  mort  en  cette  ville,  le  21  janvier,  à  70  ans. 


—  273  — 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres.  — 
Le  5  février,  M.  Perrot  lit  un  mémoire  du  docteur  Vercoutre  relatif  à  l'iden- 
tification de  Sylphium  en  Cyrénaïque.  —  Le  12,  M.  le  secrétaire  perpétuel 
lit  et  explique  une  lettre  de  Mgr  Duchesne,  qui  traite  des  fouilles  entreprises 
au  Palatin,  par  M.  Gauckler. —  Le  19,  M.  Dieulafoy  signale  les  analogies 
qui  existent  entre  le  plan  d'un  édifice  retrouvé  à  Rome  par  M.  Gauckler  et 
des  monuments  religieux  mazdéens.  —  M.  S.  Reinach  parle  des  fouilles 
faites  à  Vinca  sur  le  Danube  par  le  directeur  du  musée  de  Belgrade. 
11  commente  la  découverte  d'une  feuille  de  diplôme  militaire  acquise  par 
le  musée  de  Belgrade  et  remontant  à  Fépoque  d'Hadrien.  —  M.  Archam- 
bault  lit  un  travail  sur  les  inscriptions  rupestres   en   Nouvelle-Calédonie. 

—  M.  J.  Maurice  parle  de  Constantin  après  sa  conversion  et  de  sa  tolérance 
envers  les  sectateurs  du  paganisme.  —  M.  S.  Reinach  commente  une  inscrip- 
tion grecque  du  x^  siècle  découverte  en  Egypte. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques. 

—  Le  6  février,  M.  Stourm  prononce  l'éloge  de  M.  Aschebourg,  de  Chris- 
tiaMa,  correspondant  de  l'Académie  dans  la  section  de  législation.  —  M. 
F.  Voisin  lit  une  notice  sur  la  vie  et  les  oeuvres  de  son  prédécesseur,  M. 
Doniol.  —  M.  d'Haussonville,  parlant  du  travail  des  femmes  à  domicile, 
«t  du  salaire  minimum,  déplore  l'exode  de  la  population  rurale  vers  les 
villes,  et  préconise  le  mouvement  syndical  comme  remède  à  la  pénurie  des 
salaires.  —  M.  Levasseur  répond  à  ces  observations.  —  Le  13,  M.  Boutroux 
lit  un  travail  sur  le  but  de  la  Fondation  Thiers  et  les  moyens  dont 
elle  dispose.  —  Le  27,  M.  Cheysson  termine  l'exposé  de  ses  observations  sur 
le  travail  des  femmes  à  domicile  et  déclare  sa  préférence  pour  les  moyens 
libéraux  dans  l'application  des  remèdes  à  cette  plaie  sociale.  —  M.  Levas- 
seur lit  des  fragments  de  son  livre  :  Salariat  et  salaire.  —  M.  d'Haussonville 
et  M.  Cheysson  obtiennent  que  M.  Lefébure  et  M.  Ch.  Honnoré  viennent 
exposer  à  l'Académie  les  méthodes  qu'ils  emploient  pour  améliorer  les 
conditions  du  travail  féminin. 

Concours.  —  La  Ligue  d'Action  française  vient  de  mettre  au  concours 
un  Manuel  de  Vhistoire  de  France.  Les  conditions  exigées  pour  la  rédaction 
de  ce  Manuel  sont  indiquées  en  détail  dans  un  programme  que  l'on  peut 
demander  au  siège  de  la  Ligue.  —  Les  manuscrits  devront  être  adressés  à 
M.  Pierre  Garnier,  aux  bureaux  de  V Action  française,  3,  Chaussée  d'Antin, 
à  Paris,  IX^  arr.,  avant  le  l^""  mai  1910.  Ils  devront  pouvoir  former  un  vo- 
lume de  format  in-16  d'environ  350  pages.  Une  somme  de  9.500  francs 
est  afTectée  à  récompenser  ou  à  indemniser  les  auteurs  des  manuscrits 
qui  auront  été  retenus,  laquelle  somme  sera  ainsi  répartie  :  un  prix  de  3.000 
francs  et  six  indemnités,  la  première  de  1.500  francs,  lesautres.de  1.000  francs. 
Cette  répartition  n'est  d'ailleurs  qu'approximative,  la  Commission  se 
réservant  le  droit  de  la  modifier  suivant  les  résultats  donnés  par  le  concours. 
Le  manuscrit  couronné  sera  cédé  en  toute  propriété.  Des  droits  d'auteur 
pourront  cependant  être  servis,  autant  que  le  permettront  les  mesures 
qui  seront  prises  ultérieurement,  pour  la  propagande  de  cet  ouvrage.  Les 
concurrents  ne  devront  pas  se  faire  connnaître  ;  ils  se  borneront  à  marquer 
leur  manuscrit  d'une  devise  ou  d'un  numéro  reproduit  sur  une  enveloppe 
cachetée  qui  contiendra  leur  nom  et  leur  adresse. 

Prix.  —  Le  20  novembre  1908,  l'Académie  des  inscriptions  et   belles- 
lettres  a  décerné  les  prix  suivants  : 

Antiquités  de  la  France.  —  Quatre   médailles  attribuées  :  F*"  médaille 
de  1.500  fr.  :  M.  le  commandant   Espérandieu  :  Recueil  général  des    bàs- 
Mars  1909.  T.  CXV.  18. 


—  274  — 

reliejs  de  la  Gaule  romaine,  tome  l*^"";  —  2*"  médaille  de  1.000  francs  : 
M.  Jacques  Laurent  :  Cartulnire  de  Vabbaye  de  Molesme,  tome  1^'';  — 
3"^  médaille  de  500  fr.  :  M.  Frédéric  Sœhnée  :  Catalogue  des  actes 
d'Henri  I",  roi  de  France  ;  —  4e  médaille  de  500  fr.  :  M^e  Louise 
Pillion  :  Les  Portails  latéraux  de  la  cathédrale  de  Bouen.  —  Mentions 
honorables  attribuées  :  l''^  mention  :  M.  le  marquis  de  Ripert-Monclar  : 
Cartulaire  de  la  commanderie  de  Richerenches  de  l'ordre  du  Temple, 
1136- 121  i;  —  2^  mention  :  MM.  Soyer,  Trouillard  et  de  Cro}^  :  Cartulaire 
de  la  cille  de  Blois;  —  3^  mention  :  M.  Jean  Guiraud  :  Cartulaire  de  Notre- 
Dame  de  Prouille;  —  4^  mention  :  M.  l'abbé  G.  Mollat  :  Études  et  documents 
sur  Vhistoire  de  Bretagne,  xiii^-xYie  siècles;  —  5^  mention  :  M^i^  Marguerite 
Bondois  :  La  Translation  des  saints  Marcellin  et  Pierre;  —  6^  mention  :  M. 
Pierre  Champion  :  1°  Chronique  Martiniane;  2°  Le  Manuscrit  autographe 
des  poésies  de  Charles  d'Orléans;  —  7^  mention  :  M.  Tabbé  Edm.  Albe  :  Les 
Miracles  de  Notre-Dame  de  Roc- Amadour  au  xW^  siècle,  texte  et  traduction. 

Prix  de  numismatique  (Veuve  Duchalais)  (1 .000  fr.).  —  Décerné  à  M.  A. 
Dieudonné  :  Table  générale  de  la  «  Revue  de  numismatique  ». 

Prix  Gobert  (1.000  fr.).  —  Premier  prix  à  M.  Ferdinand  Chalandon  : 
Histoire  de  la  dominatioti  norniande  en  Italie  et  en  Sicile,  t.  I  et  II.  Le  second 
prix  à  M.  Samaran  :  La  Maison  d' Armagnac  au  xv^  siècle  et  les  Dernières 
Luttes  féodales  dans  le  Midi  de  la  France. 

Prix  Bordin  (3.000  fr.).  —  i.OOO  fr.  à  M.  Gustave  Lefebvre  :  Fragments 
cVun  manuscrit  de  Ménandre;  —  500  fr.  à  M.  Henri  Bornecque  :ies  Clau- 
sules  métriques  latines;  —  500  fr.  à  M.  Victor  Chapot  :  La  Frontière  de  V Eu- 
phrate,  de  Pompée  à  la  conquête  arabe;  —  500  fr.  à  M.  Henri  Legras  :  Im 
Table  latine  d'fïéraclé;  —  500  fr.  à  M.  Léon  Robin  :  La  Théorie  platoni- 
cienne des  idées  et  des  Jtombres,  d'api'ès  Aristote. 

Prix  Louis  Fould  (5.000  fr.).  —  Partagé  entre  M.  Georges  Foucard  : 
Histoire  de  la  sculpture  égijptienne,  et  M.  Henri  Saladin  :  Manuel  de  iart 
musulman. 

Prix  La  Fons-Mélicocq  (1.800  fr.).  —  L'ne  récompense  de  500  fr.  à  M. 
Georges  Bourgin  :  Guibert  de  Nogent,  histoire  de  sa  vie  (1053-1124);  — 
Récompense  de  500  fr.  à  M.  Georges  de  Lhomel  :  Première  partie  du  Journal 
de  la  Révolution  à  Montreuil-sur- Mer  et  Recueil  de  documents  pour  servir 
à  Vhistoire  de  Montreuil- sur-  Mer  (1000-1464);  --  Récompense  de  400  fr. 
à  M.  Tabbé  Le  Sueur  :  Le  Clergé  picard  et  la  Révolution;  —  Récompense  de 
400  fr.  à  M.  Léon  Jacob  :  Essai  manuscrit  sur  V  Histoire  de  la  révolte  du 
Boulonnais  en  1662;  —  Enfin,  mention  honorable  à  M.  le  docteur  Victor 
Leblond  .•  Inventaire  sommaire  de  la  collection  Bucquet-aux-Cousteaux. 

Prix  Stanislas  Julien  (1.500  fr.).  —  Partagé  entre  M.  Edouard  Huber; 
traduction  en  français  de  la  version  chinoise  du  Sûtralamkra,  et  M.  Alfred 
Forke  :  traduction  en  anglais  du  Lun-Hêng  de  Wan-Ch'ung. 

Prix  Delalande  Guérineau  (1 .000  fr.).  —  Partagé  entre  M.  Emile  Vernier  : 
La  Bijouterie  et  la  joaillerie  égyptiennes,  et  M.  Schwab  :  Rapport  sur  les 
inscriptions  hébraïques. 

Prix  de  la  Grange  (1.000  fr.).  Décerné  à  la  Société  des  anciens  textes 
français. 

Fondation  Garnier  (15.000  fr.).  —  Subvention  de  3.000  fr.  à  M.  Vuillet, 
chef  de  la  mission  forestière  de  TAfrique  occidentale  française  pour  des 
fouilles  à  exécuter  dans  une  grotte  de  Moriabougou  entre  Kita  et  Bamako. 
Subvention  de  10.000  fr.  à  M.  Prins,  ancien  administrateur  des  colonies, 
pour  une  exploration  dans  l'intérieur  de  l'Afrique,  dans  la  zone  inexplorée 


-  275  — 

(lu  Congo  français,  vers  le  Ouadai  et  le  Dari'our;  —  Subvention  de  2.000  fr, 
à  M.  Pellint,  pour  mission  archéologique  au  Turkestan. 

Fondation  Piot  (17.000  fr.).— 3.000  fr.  au  R.  P.  Delattre,  pour  la  conti- 
nuation de  ses  fouilles  à  Cartilage;  —  600  fr.  à  M.  J.  Zeiller,  ancien  membre 
de  rÉcole  française  de  Rome,  pour  aider  M.  Hébrard  dans  ses  recherches 
pour  la  resauration  à  Spalaio,  en  Dalmatie,  du  palais  de  Dioclétien.  — 
4.000  fr.  à  la  direction  des  antiquités  de  Tunisie,  pour  entreprendre  des 
fouilles  sous-marines  au  large  de  Madia.  —  2.000  fr.  à  M.  A.  Thiers,  ar- 
chitecte, pour  aider  M.  Ebersolt,  à  Constantinople,  dans  ses  relevés  d'églises 
byzantines. 

'  Prix  Joseph  Saintour  (3.500  fr.).  -^  Récompense  de  1.000  fr.  à  M.  Max 
Bruchet  :  Le  Château  de  Ripaille;  —  Quatre  récompenses  de  500  fr.  chacune 
à  MM.  Eugène  Deprez  :  Étude  de  diplomatique  anglaise;  l'abbé  Yilletard  : 
Office  de  Pierre  de  Corbeil,  improprement  appelé  Office  des  fous;  le  P.  J.  Thi- 
baut :  Origine  byzantine  de  la  Jiotation  neumatique;  Amédée  Gastoué  :  Les 
Origines  du  chant  romain. 

Prix  Gabriel-Auguste  Prost  (1.200  fr.).  —  Récompense  de  800  fr.  à  M. 
Paul  Marichal  :  Cartulaire  de  Vévêché  de  Metz;  —  Récompense  de  400  fr.  à 
r Austrasie,  revue  du  pays  Messin  et  de  Lorraine;  —  Mention  à  M.  Emile 
Huber  :  Recueil  de  documents  sur  Sarreguemines  au  xvii*^  siècle. 

Prix  Jean-Jacques  Berger  (15.000  fr.).  —  Partagé  en  trois  récompenses 
de  3.000  fr.  à  chacun  des  auteurs  suivants  :  M.  Coyecque  :  Recueil  d'actes 
notariés  relatifs  à  l'histoire  de  Paris  et  ses  environs  au  xvi^  siècle;  —  M. 
Lacombe  :  Livres  d'heures  imprimés  au  xv^  et  au  xvi^  siècles,  conservés 
dans  les  bibliothèques  publiques  de  Paris;  —  M.  Henri  Martin  :  Les  Minia- 
turistes français.  —  Et  le  solde  de  6.000  fr.  à  la  Société  de  l'histoire  de 
Paris  et  de  l'Ile-de-France. 

Prix  Lefèvre-Deumier  (20.000  fr.).  —  12.000  fr.  à  M.  Guimet  pour  toutes 
les  initiatives  heureuses  qu'il  a  prises  dans  le  domaine  de  l'étude  des  reh- 
gions;  —  8.000  fr.  à  M.  Franz  Cumont  :  travaux  sur  Mithra  et  les  reli- 
gions orientales. 

Anxuaire  pontifical  catholique  pour  1909.  —  Sous  les  apparences 
trop  modestes  d'un  almanach,  Mgr  Albert  Battandier  publie  depuis  douze 
ans  une  véritable  encyclopédie  ecclésiastique.  L'Annuaire  pontifical  catho- 
lique pour  1909  [Pdivis,  Maison  de  la  Bonne  Presse,  petit  in-8  de  609  p.  — 
Prix  :  5  fr.),  contient,  comme  les  précédents,  la  liste  des  cardinaux,  évo- 
ques et  prélats,  avec  des  notices  de  plus  en  plus  complètes  sur  les  per- 
sonnes et  des  satistiques  aussi  exactes  que  possible  sur  les  diocèses.  Cette 
année,  il  donne  d'excellents  portraits  des  évêques  français  morts  ou  nom- 
més en  1908.  Il  ajoute  à  cette  partie  essentielle  des  articles  historiques, 
liturgiques,  artistiques,  archéologiques  et  canoniques,  desquels  nous  ne 
saurions  essayer  l'énumération.  Nous  avons  particulièrement  remarqué 
cette  fois  la  description  de  l'ofTice  pontifical  grec  célébré  à  Saint-Pierre 
par  S.  S.  P'ie  X  pour  le  centenaire  de  saint  Jean  Chrysostome;  les  spécia- 
listes y  trouveront  le  texte  grec  Bt  la  notation  musicale  de  quelques-uns  des 
chants.  La  liste  des  causes  de  canonisation  en  cours  d'examen,  avec  les 
notices  des  nouveaux  Bienheureux.  Une  étude  sur  les  chanoinesses  sécu- 
lières qui  subsistent  encore  en  Autriche,  institution  mal  connue,  qui  est 
décrite  avec  une  grande  richesse  d'informations.  Le  palais  apostolique  de 
Viterbe,  fameux  dans  l'histoire  des  conclaves.  La  chapelle  de  la  comtesse 
Mathilde  au  Vatican  avec  la  description  des  merveilleuses  tapisseries 
qui  la  décorent.  Les  anciens  collèges  ecclésiastiques  de  Rome  et  les  Insti- 


-  276  - 

tuts  historiques  récemment  fondés  jiar  la  France  en  1873,  l'Autrielie  en 
1880,  la  Prusse  en  1883,  l'Angleterre  en  1901,  la  Belgique  en  1*902,  et  la 
Gœrres-  Gesellschaft  en  1888.  C'est  là  que  de  jeunes  savants  vont  se  former 
sous  la  direction  d'hommes  éminents  qui  s'appellent  Duchesne,  Pastor, 
Fraknoi,  Sybel,  Kurth,  et  mettre  à  profit  les  trésors  des  archives  pon- 
tificales. Les  missions  fournissent  la  matière  de  nombreux  articles  histo- 
riques et  statistiques.  —  Mais  la  partie  capitale  de  V Annuaire  est, 
cette  année,  l'analyse  et  le  commentaire  de  la  bulle  :  Snpienti  Consilia 
qui  a  profondément  modifié  et  modernisé  l'administration  centrale 
de  l'Église;  nul  n'était  mieux  qualifié  pour  entreprendre  ce  travail 
qu'un  prélat  rompu  depuis  de  longues  années,  comme  l'est  Mgr  Battandier, 
à  la  pratique  des  Congrégations  romaines.  Son  étude  rendra  de  signalés 
services  à  tous  ceux  qui  ont  à  recourir  aux  Dicastères,  trihunaux  et  offices 
restaurés  ou  réorganisés  en  1908.  A  ce  titre  seul,  V  Annuaire  pontifical  méri- 
terait de  se  trouver  dans  toutes  les  chancelleries  épiscopales  et  entre  les 
mains  de  quiconque  a  le  désir  de  savoir  avec  quelle  sagesse  et  quel  souci 
de  la  justice  fonctionne  cette  immense  administration  qui  a  pour  ressort 
toiite  la  chrétienté. 

Une  Vieille  Histoire  qui  se  rajeunit.  —  La  Question  d'Alesia  et 
LA  Question  d'Alaise.  —  «  On  croyait  morte  la  question  d'Alesia,  elle 
n'était  qu'endormie,  elle  se  réveille.  »  Ainsi  s'exprime  M.  René  Bouton  à 
la  page  19  de  l'étude  qu'il  vient  de  tirer  à  part  des  Mémoires  de  la  Société 
d'émulation  du  Doubs  et  qui  a  pour  titre  :  La  Question  d'Alesia  et  la  Question. 
d'Alaise  (Besançon,  imp.  Dodivers,  1909,  in-8  de  43  p.).  Sortie  tout  armée 
du  cerveau  en  ébullition  de  l'architecte  bisontin  Delacroix,  en  l'an  1855, 
Alaise  du  Doubs  devint  aussitôt  la  grande  rivale  d'Alise  Sainte-Reine  : 
des  deux  localités,  laquelle  était  la  véritable  Alesia  de  César  et  de  ^'ercin- 
gétorix,  le  célèbre  oppidum  dont  la  chute  décida  du  sort  de  la  Gaule  ? 
—  Des  années  durant,  les  mémoires  succédèrent  aux  mémoires  :  la 
vieille  rivalité  des  Éduens  et  des  Séquanes  recommençait  au  xin""  siècle. 
Bourguignons  et  Comtois  (les  uns  et  les  autres  recrutant  des  alliés  tels 
que  l'empereur  Napoléon  III,  le  duc  d'Aumale,  Quicherat,  Henri  Martin, 
etc.),  se  ruèrent  dans  une  mêlée  curieuse,  furieuse,  où  l'encre,  à 
défaut  de  sang,  ruissela...  Finalement,  Napoléon  III,  «  en  un  jour  archéo- 
logique »  (le  mot  est  de  Castan,  si  nous  avons  bonne  souve,nance),  ayant 
décrété  que  l'Alesia  litigieuse  était  bien  Alise  Sainte-Reine,  s'imagina  avoir 
clos  la  discussion  en  campant  sur  le  Mont  Auxois  un  Vercingétorix  «  vêtu 
d'anachronismes,  »  comme  dit  joliment  M.  R.  Bouton.  Le  tnmulte,  en  effet, 
s'apaisa  peu  à  peu,  et,  sauf  quelques  irréductibles,  personne  ne  souffla  plus 
mot  :  la  cause  semblait  entendue.  —  Aujourd'hui,  cependant,  après  un 
somm.eil  semi-séculaire,  la  question  renaît.  Alaise  du  Doubs  garde,  du 
moins  provisoirement,  l'expectative.  Les  adversaires  actuels,  actifs,  de 
l'Alesia  du  Mont  Auxois,  sont  Izernore,  de  l'Ain, —  une  vieille  connaissance, 
• —  et  Aluze,  de  Saône-et-Loire,  une  nouvelle  venue  dans  l'arène.  Attendons- 
nous  donc  à  de  nouveaux  combats  de  plume,  que  nous  sommes  prêts  à 
enregistrer,  impartialement.  Ces  combats,  on  a  déjà  pu  les  pressentir  par 
ce  que  nous  avons  dit  le  mois  dernier  (p.  184),  à  propos  d'un  opuscule  de 
M.  Noël  Amaudru.  —  Dans  sa  brochure,  M.  R.  Bouton,  après  avoir  exposé 
les  origines  de  la  question,  nous  fait  assister  à  la  «  découverte  «  de  Delacroix 
et  à  ses  luttes  épiques  contre  ses  contradicteurs.  Il  envisage  ensuite  les  choses 
telles  qu'elles  se  présentent  de  nos  jours  et  résume  les  prétentions  d'Alise, 
d'Izernore  et  d' Aluze,   non,  parfois,  sans  une  gaîté  communicative,  un 


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humour  de  bon  aloi.  Mais  ne  croyez  pas  qu'il  prenne  parti  :  k  Alise?  Izernore? 
Novalaise?  Aluze?  Combe  Julienne,  près  d'Alais  (Gard)?  AUerey?  Alaise?, 
s'écrie-t-il  (p.  34),  lequel  de  ces  pays  est  l'Alesia  des  Commentaires'^  Aucun 
peut-être  !  »  Et  il  donne  ses  raisons.  Toutes  ces  plaideuses  ou  concurrentes 
étant  ainsi  renvoyées  dos  à  dos,  M.  R.  Bouton,  en  quelques  pages  judicieuses 
(35  à  43),  arrive  au  point  pratique,  —  si  l'on  peut  dire  —  qui  le  préoccupe 
d'une  façon  plus  particulière.  «  Quittons,  déclare-t-il  nettement,  l'incer- 
tain pour  le  certain  :  laissons  pendante  la  question  d'Alesia.  Posons  la  ques- 
tion d'Alaise.  —  Nous  y  voilà  !  —  Secrétaire  de  la  Commission  des  fouilles 
d'Alaise,  créée  récemment  par  l'active  Société  d'émulation  du  Doubs,  — 
cette  Société-là  même  qui  prêta  si  largement  son  appui  aux  Delacroix, 
aux  Castan,  etc.,  lors  de  «  grande  guerre  »  d'Alaise  contre  Alise,  —  M.  René 
Bouton  a  voulu  donner  à  ses  compatriotes  instruits  une  idée  du  haut  intérêt 
archéologique,  historique,  peut-être  même  préhistorique,  que  ne  peuvent 
manquer  d'exciter  dans  le  monde  savant  les  fouilles  à  pratiquer  dans  le 
sol  d'Alaise  et  de  ses  environs.  Et,  en  vérité,  il  s'exprime,  à  ce  propos,  de  la 
manière  la  plus  suggestive.  Jugez-en  plutôt  :  «  En  nul  autre  pays,  affirme- 
t-il  (et  nous  le  croyons),  ne  se  rencontre  peut-être  un  tel  ensemble  de  curio- 
sités archéologiques  :  les  abords  et  les  remparts  de  Chataillon,  les  fonds  de 
cabanes,  les  mardelles  signalés  aux  Petites  Montfordes,  les  voies  celtiques 
maintes  fois  aperçues  tant  au  Pré  de  TOye  que  dans  la  Languetine  et  sur 
Chataillon,  les  tombelles  éparses  dans  les  forêts,  les  gros  tumulus  de  Saraz, 
est-ce  que  tout  cela  n'offre  pas  un  champ  d'études  plein  de  promesses,  digne 
de  tenter  la  curiosité,'  d'inspirer  l'activité  d'archéologues  attentifs?...  Il 
n'est  plus  question,  pour  l'instant,  d'Alesia,  de  César  et  de  Vercingétorix ; 
il  s'agit  simplement  d'Alaise.  Nous  ne  voulons  point  imposer  à  ce  pays  un 
rôle  déterminé,  nous  lui  demandons  au  contraire  quel  rôle  il  a  joué  au  cours 
des  âges.  »  Ainsi  donc,  la  Commission  des  fouilles  d'Alaise  va  opérer  sans 
idées  préconçues;  elle  cherchera  simplement  à  porter  la  lumière  en  ces  heux 
mystérieux  où  les  ténèbres  seules  s'étendent  à  l'heure  actuelle.  —  L'auteur 
termine  sa  très  intéressante  brochure  par  un  appel  fin  et  spirituel  à  la  bourse 
de  ses  confrères  et  de  ses  compatriotes  en  général,  afin  de  pouvoir  com- 
mencer les  travaux.  Et  comme  l'œuvre  scientifique  que  se  propose  d'ac- 
complir la  Société  d'émulation  du  Doubs  est  tout  aussi  nationale  que  pro- 
vinciale, en  raison  de  son  importance  et  des  résultats  qu'elle  peut  donner, 
nous  considérons  comme  un  devoir  d'engager  ceux  de  nos  lecteurs  qu'inté- 
ressent un  tel  projet  à  l'encourager  généreusement  en  envoyant  leurs  sous- 
criptions à  la  Société  d'émulation  du  Doubs,  à  Besançon. 

Paris.  —  Un  peu  tardivement  nous  sommes  mis  à  même  de  parler  des 
deux  beaux  volumes  du  Noël  de  1908.  Cette  excellente  «  revue  hebdoma- 
daire pour  l'enfance  et  la  jeunesse,  »  a  achevé  la  quatorzième  année  de  son 
existence  (Paris,  Maison  de  la  Bonne  Presse,  2  vol.  gr.  in-8  de  chacun  832  p., 
illustré  d'un  grand  nombre  de  grav.  en  noir  et  en  couleurs.  Brochés,  France, 
10  fr.  Étranger,  12  fr.  Reliés  toile,  plaque  spéciale,  13  fr.).  La  multitude  des 
sujets  traités  se  groupe  sous  un  certain  nombre  de  rubriques  :  d'abord 
une  série  de  chroniques  d'actualité  :  Fêtes  et  réunions  noëlistes;  —  Puis  : 
Piété, Morale,  récits  édifiants,  pleins  d'intérêt  et  de  vie;  —  A  travers  le  monde 
catholique,  esquisses  historiques  fort  bien  présentées;  —  Célébrités  contem- 
poraines, choix  de  biographies  de  personnalités  célèbres  à  divers  titres;  — 
A  travers  le  monde  de  la  science  et  de  V industrie,  suite  d'articles  très  instructifs, 
tout  à  fait  à  la  portée  des  jeunes  intelligences  pour  lesquelles  ils  ont  été 
écrits;  —  des  Romans,  nouvelles  et  Zégenrfes,  parmi  lesquelles  on  peut  citer 


-  278  - 

Fine-Lame,  par  M.  Charles  Vincent;  Jehan,  ('pisocle  de  la  commune  d' Amiens, 
par  M.  Nalim  et  aussi,  nous  dirons  même  surtout,  le  Violon  du  tzigane, 
de  M.  Nelly,  véritable  bijou  littéraire  qui  plaira  à  tous  les  âges; —  Poésies, 
fragments  de  poètes  vivants  ou  morts  :  de  ceux-ci  beaucoup  plus  que  de 
ceux-là;  —  de  très  nombreux  morceaux  de  Musique;  —  des  Comédies  et 
monologues;  —  quelques  Causeries  d'un  vieil  instituteur,  etc.;  —  des  va- 
riétés scientifiques  réunies  sous  les  rubriques  Noël-Foyer,  Noël-Amateur 
Noël-Labeur,  Noël-Musica;  enfin  de  charmantes  choses,  dont  la  religion 
fait  presque  tous  les  frais,  rassemblées  sous  le  titre  de  :  Noël-Souvenir. 
L'esprit,  la  gaîté.  le  bon  goût,  la  morale  et  le  sentiment  chrétien  très  vif 
trouvent  ici  un  perpétuel  écho.  Quant  à  l'illustration,  reconnaissons  que  sa 
qualité  équivaut  à  sa  quantité,  et  celle-ci  est  des  plus  considérables.  — 
Ne  cherchez  par  mieux  pour  vos  enfants. 

• —  M.  Gustave  Servois,  le  savant  éditeur  de  La  Bruyère,  dans  la  Collection 
fies  grands  écrivains,  et  l'homme  à  coup  sûr  le  mieux  au  courant  de  tout  ce 
qui  intéresse  l'illustre  auteur  des  Caractères,  a  consacré,  dans  le  Bibliographe 
moderne  (1908,  n"s  1-3),  une  curieuse  étude  aux  Editions  belges  des  «  Carac- 
tères »  de  La  Bruyère  (1688-1697)  (Tirage  à  part.  Besançon,  imp.  de  Jac- 
quin,  1909,  in-8  de  .31  p.).  Pourquoi  Léonard,  le  libraire  bruxellois  auquel 
elles  sont  dues,  après  s'être  contenté  d'insérer  le  privilège  accordé  par  le 
roi  de  France  à  Michallet,  crut-il  devoir  en  solliciter  un  du  roi  d'Espagne? 
Quelles  raisons  politiques  amenèrent  des  coupures  et  des  cartons  dans 
certains  passages?  Quelle  connaissance  La  Bruyère  a-t-il  eu  de  ces  éditions? 
Autant  de  questions  que  l'on  trouvera  discutées  avec  sagacité  dans  le 
mémoire  de  M.  Servois. 

—  M.  Charles  Vellay  publie  le  Numéro  VII  du  «  Vieux  Cordelier»  (Le  Puy, 
imp.  Peyriller,  Ronchon  et  Gamon,  1908,  in-8  de  19  p.).  Il  s'agit  ici  d'une  de 
ces  restitutions  de  textes  si  fort  à  la  mode  aujourd'hui,  par  lesquelles  on  essaie 
de  déterminer  de  plus  près,  après  coup,  la  pensée  d'un  auteur.  On  sait  qun 
Camille  Desmoulins,  dans  son  Vieux  Cordelier,  essaya  de  provoquer  un 
mouvement  d'opinion  contre  la  Terreur;  mais  il  fut  arrêté  dès  le  début.  On 
brisa  sa  plume  avant  de  lui  couper  la  tête;  le  dernier  numéro  (VII),  déjà 
composé,  fut  confisqué  avant  sa  publication.  Des  fragments  inédits  que  nous 
ont  fait  connaître  depuis  Panis,  Matton,  MM.  Carteron  et  Claretie,  appar- 
tenaient-ils à  ce  numéro  ou  étaient-ils  destinés  aux  numéros  subséquents? 
M.  Vellay  a  essayé,  par  cet  article  extrait  de  la  revue  Annales  révolution- 
naires, de  mettre  un  peu  de  lumière  dans  ce  chaos,  sans  se  dis-simuler  qu'il 
sera  difficile  d'arriver  à  une  solution  définitive.  Il  a  traité  Camille  Desmou- 
lins comme  un  critique  littéraire  traiterait  un  écrivain  classique.  Sa  disser- 
tation pourra  intéresser  ceux  qui  ne  trouvent  dans  les  années  sanglantes 
de  la  Révolution  rien  d'inutile  pour  l'histoire. 

—  Dans  une  brochure  intitulée  :  Le  Féminisme  spiritualiste  (gr.  in-8  de 
7  p.,  s.  1.  n.  d.),  M"^<^  O.  de  Bézobrazow  annonce  qu'elle  va  tracer  le  pro- 
gramme d'un  nouveau  féminisme  «  et  de  son  but  éducatif  dans  la  régéné- 
ration religieuse  ».  Mais  l'auteur  reste  dans  le  vague;  nous  apprenons  seu- 
lement par  son  programme  que  la  femme  éclairée  sera  désormais  k  libérée 
des  préjugés  sectaires  cléricaux  et  anticléricaux  »,  et  qu'elle  saura  enseigner 
à  ses  enfants  «  une  doctrine  de  lumière,  de  chaleur  et  de  vie,  substituant 
à  la  lettre  usée  du  dogme  suranné  l'esprit  neuf  du  spiritualisme  scienti- 
fique ».  Simple  explication  :  la  brochure  de  M™^  de  Bézobrazow  est  un 
extrait  de  la  Bévue  spirite. 

—  Une  idée  très  intéressante  est  en  train  de  se  réaliser.  La  librairie. Didier 


—  279  — 

(G,  rue  de  la  Sorbonne)  commence  la  publication  d'une  collection  de  cartes 
postales  illustrées  qui  a  pour  titre  d'ensemble:  La  Littérature  par  Vimage. 
Chaque  mois  paraîtra  une  série  de  12  cartes  réunies  dans  une  pochette 
(Prix  :  1  fr.)  et  consacrées  à  un  même  écrivain  ou  à  une  même  question. 
Les  images  sont  imprimées  en  phototypie  sur  simili-japon;  chacune  est 
accompagnée  d'une  courte  notice  explicative.  «  Le  soin  de  choisir  les  gra- 
vures et  de  rédiger  les  notices, déclare  le  programme  que  nous  avons  sous  les 
yeux,  a  été  confié  à  un  groupe  de  spécialistes,  de  professeurs,  d'artistes, 
d'érudits,  etc.,  sous  la  direction  de  M.  Paul  Crouzet,  professeur,  agrégé 
de  lettres  au  collège  Rollin.  »  L'illustration  promet  d'être  on  ne  peut  plus 
variée  :  «  portraits  authentiques,  estampes  des  diverses  époques,  gravures 
des  éditions  originales  ou  des  éditions  célèbres,  frontispices,  caricatures, 
fac-similés  des  manuscrits,  autographes,  enluminures,  lieux  de  séjour  des 
grands  écrivains,  tableaux  de  maîtres,  ou  sculptures  inspirées  par  les  grandes 
oeuvres,  scènes  et  souvenirs  de  toutes  sortes,  etc.  »  Les  trois  premières  séries 
de  la  nouvelle  publication  viennent  d'être  mises  en  vente  :  la  première  est 
relative  à  Molière;  la  seconde  concerne  Victor  Hugo;  la  troisième  a  pour 
objet  V Ancien  Théâtre  en  images  (avant  Corneille) .  Les  sujets  sont  bien 
choisis  et  l'exécution  presque  toujours  parfaite;  ils  répondent  d'ailleurs 
exactement,  consciencieusement,  au  programme  adopté. 

Anjou.  —  M.  F.  Uzureau  vient  de  publier,  à  part,  deux  extraits  des 
Mémoires  de  la  Société  nationale  d" agriculture,  sciences  et  arts  d'Angers 
(1908),  comprenant,  l'un,  les  Divisions  judiciaires  de  la  province  d' Anjou  et  du 
département  de  Maine-et-Loire  (gr.  in-8  de  19  p.),  sénéchaussées,  présidiaux, 
tribunaux  et  lieux  de  leur  ressort; —  l'autre,  un  Document  inédit  sur  la  guerre 
de  Vendée  (1795)  est  une  réponse  (gr.  in-8  de  42  p.)  que  Joseph  Clemenceau, 
né  en  1767,  à  Saint-Florent-le-Vieil,  entreprit  de  faire,  au  nom  des  «  patriotes, 
et  républicains  »  au  manifeste  (imprimé  ici)  et  que  l'abbé  Bernier,  «  com- 
missaire général  des  armées  catholiques  et  royales,  »  fit  publier  en  forme 
de  protestation,  pour  expliquer  comment  les  Vendéens  allaient  rompre  le 
traité  de  la  pacification  de  la  Jaunaie  et  de  la  Mabilais,  à  l'heure  où  Cha- 
rette  et  Stofïlet  reprenaient  les  armes. 

—  M.  F.  Uzureau  a  publié  aussi,  dans  les  Questions  ecclésiastiques  (Lille, 
novembre  1908,  et  à  part,  in-8  de  26  p.)  une  notice  historique  sur  le  Denier 
du  culte  dans  un  grand  diocèse,  il  y  a  cent  ans.  Il  s'agit  du  diocèse  d'Angers, 
du  Concordat  à  la  séparation  de  l'Église  et  de  l'État. 

Berry.  —  Vient  de  paraître  le  22^  volume  de  la  4'' série  des  Mé/jiotre* 
de  la  Société  historique,  littéraire  et  scientifique  du  Cher  (1908).  (Bourges,  Re- 
naud; Paris,  Lechevalier,  gr.  in-8  de  xviu-355  p.).  Remarquablement  im- 
primé, ce  volume  renferme  les  études  suivantes,  d'importance  variable, 
savoir  :  Monographie  de  Chalivoy-Milon,  par  MM.  les  abbés  -C.  Lelièvre 
et  C.  Vilaire  (p.  1-123).  Nous  n'avons  là  que  la  première  partie  de  cette 
monographie,  qui  méritera  un  tirage  à  part,  où  l'on  aimera  à. trouver  quel- 
ques planches  et  surtout  une  table  onomastique;  —  Sur  la  présencti  de 
^i  Rosa  glauca»  en  Berry,  par  M.  Lambert  (p.  125-127)  ;  —  Notes  sur  les 
«  N asturtium  »  et  «  Roripa  »  hybrides  récoltés  dans  le  Cher,  par  le  même  (p.  129- 
136);  —  Le  Musée  de  Bourges,  notes,  documents  et  souvenirs,  sur  sa  fonda- 
tion et  son  histoire  (2^  partie),  par  M.  Daniel  Mater  (p.  137-237)  ; — Études 
sur  le  moyen  âge.  Le  Mal  des  Ardents,  par  MM.  U.  Cazal  et  Mortier  (p.  239- 
317);  —  Les  Échinides  de  V Argovien  du  Berry  (p.  319-330);  —  La  Vie  et 
Vœuvre  de  Guy  de  Maupassant,  d'après  le  livre  de  M.  Maynial,  par  M.  Marcel 
Mornet  (p.  331-337);  —  Le  Sentiment  de  la  nature  en  France.  De  J.-J.  Rous- 


—  280  — 

seau  à  Bernardin  de  Saint-Pierre,  thèse  pour  le  doctorat  de  M.  Daniel  Mor- 
net,  par  M.  Edouard  Maynial  (p.  339-351). 

BouRGOG^E., —  Le  tome  II  de  la  2^  série  des  Mémoires  de  la  Société 
d'histoire  et  d'archéologie  de  Chalon-sur-Saône,  qui  correspond  au  tome  X 
de  la  collection,  se  divise  en  deux  parties  (Chalon-sur-Saône,  imp.  E.  Ber- 
trand, 1907-1908,  2  fasc.  in-8.  ensemble  de  393  p..  avec  8  planches  et  plans). 
La  première  partie  (1907)  s'ouvre  par  un  discours  du  président  ■NI.  Ch.  Oin- 
driez (p.  1-10)  où,  entre  autres  choses,  il  parle  de  Fidentification  possible 
du  village  dAluze  avec  TAlesia  de  César  et  de  Vercingétorix,  et  cela  d'après 
un  ti'avail,  qui  nous  est  inconnu,  de  M.  Bonneau.  —  Signalons  ensuite  : 
Notice  historique  sur  le  village  de  Laives,  d'crprès  les  archives  antérieures  à 
1790,  par  M.  J. -Louis  Bazin  (p.  11-159,  avec  4  plans  et  planches),  mono- 
graphie consciencieuse,  mais  qui  eût  gagné  à  être  complétée  par  une  table 
des  matières  et  une  table  des  noms  de  lieux  et  de  personnes;  —  Tentative 
en  1700  pour  faire  cesser  la  mendicité  à  Chalon-sur-Saône,  par  M.  P.-J. 
Gauthier  (p.  161-172);  —  Notes  sur  Saint-Loup-de-Varennes,  par  M.  Ale- 
xandre Dubois  (p.  174-214,  avec  2  planches).  —  Quant  à  la  deuxième  partie 
de  ce  tome  (1908!,  elle  est  occupée  presque  en  totalité  par  une  monographie 
aussi  importante  qu'intéressante  :  Histoire  de  Mnuthier-en- Bresse,  par 
M.  Albert  Fîebouillat  (p.  217-375,  avec  une  planche  et  un  plan).  A  la  vérité, 
cette  monographie  n'est  pas  terminée;  la  suite  sera  donnée  dans  le  tome 
suivant  sans  doute.  Nous  espérons  que  l'étude  de  M.  A.  Rebouillat  ne  pré- 
sentera pas  les  inconvénients  de  celle  de  M.  J.-L.  Bazin  et  que  les  deux  tables 
obligatoires,  en  pareil  cas  (table  des  matières  et  table  onomastique)  ne 
seront  pas  oubliées;  —  Le  Puits  symbolique  d'Jshangy,  par  M.  Francis 
Pérot  (p.  377-381,  avec  une  planche);  —  Lettre  adressée  par  M.  Navarre^ 
membre  de  la  Société,  à  M.  le  docteur  Simon,  président  de  la  Société  des  sciences 
de  Semur  (Côte-d'Or),  sur  l'identité  d' Aluze  avec  Alesia  (p.  386-392).  Epître 
curieuse,  pleine  de  modération  et  de  netteté,  où  le  travail  de  M.  Bonneau 
est  encore  cité,  bien  que  M.  Navarre  prenne  la  discussion  à  son  propre 
compte.  Voilà  donc  les  Bourguignons  divisés;  les  Comtois,  de  leur  côté,, 
pourraient  bien  faire  quelque  retour  offensif;  car  un  des  leurs,  M.  Noël 
Amandru,  semble  vouloir  préparer  quelque  chose  en  ce  sens,  ainsi  que  nous 
l'avons  noté  dans  notre  dernière  livraison  (p.  184). 

Flandre.  —  On  peut  être  un  «  jeune  »  et  néanmoins  avoir  déjà  son  bio- 
graphe. Ce  bonheur  arrive  à  M.  Philéas  Lebesgue,  auquel  M.  P. -M.  Gahisto 
vient  de  consacrer  une  étude  d'ensemble, psychologique  et  httéraire  [Phileas 
Lebesgue,  édition  du  Beffroi,  Roubaix,  1908,  in-12  de  80  p.  Prix  :  2  fr.). 
Le  biographe  passe  en  revue  les  différentes  œuvres  de  son  auteur  :  ses  vers 
{Décidément,  Les  Folles  Verveines);  son  théâtre  (la  Tragédie  duGrand  Ferré)', 
ses  romans  {Le  Sang  de  V Autre,  V Ame  du  Destin],  ses  livres  de  critique.  Un 
de  ces  derniers  :  L' Au-delà  des  grammaires,  recueil  d'observations  curieuses 
et  originales  sur  les  mots,  le  style,  la  langue,  etc.,  a  été  justement  remarqué 
en  1904.  On  eût  su  gré  à  M.  Gahisto  d'insister  davantage  sur  ce  volume 
intéressant,  plutôt  que  sur  la  philosophie  des  romans  de  M.  Lebesgue,  qui 
est  d'un  intérêt  moins  général. 

Franche-Comté. —  Si  la  Franche-Comté  n'eut  pas  à  souffrir  de  la  longue 
rivalité  de  François  I*^'  et  de  Charles-Quint,  ce  fut  grâce  au  traité  de  neu- 
tralité dont  elle  bénéficiait.  Cependant,  à  deux  reprises,  en  1521  et  en 
1536,  le  roi  de  France  songea  à  l'envahir,  car  les  Comtois  ne  respectaient 
pas  sérieusement  le  traité.  Il  est  vrai  que  les  Français  ne  se  gênaient  guère 
plus  pour  l'enfreindre,  à  roccasion.  Échange  de  bons  procédés.  Et  si  de 


—  281  — 

graves  événements  ne  se  produisirent  point  alors,  on  le  dut  à  l'intervention 
des  Suisses.  Cet  état  de  choses  n'empêchait  nullement,  du  reste,  Fran- 
çois P'  de  se  montrer  bienveillant  à  l'égard  des  Comtois  établis  dans  son 
royaume  :  il  daignait  les  considérer  comme  des  sujets  ravis  à  sa  sollicitude 
et  les  traitait  comme  tels,  à  moins  qu'il  n'appliquât  à  l'héritage  important 
de  certains  d'entre  eux  (par  exemple  de  Claude  de  Vaudrey  et  de  Claude  et 
Marc  de  Cusance)  le  droit  d'  «  aubaine,  »  c'est-à-dire  la  saisie.  D'autre  part, 
un  certain  nombre  de  châteaux  comtois  étaient  en  la  possession  de  seigneurs 
français  qui  y  entretenaient  une  garnison  composée  naturellement  de  compa- 
triotes :  situation  peu  rassurante  pour  la  province  en  cas  d'hostilités.  Tel 
e.st,  en  raccourci,  le  tableau  que  nous  présente  M.  Max  Prinet  dans  son  étude 
intitulée  :  François  I"  et  le  Comté  de  Bourgogne  (Besançon,  imp.  Jacquin, 
1908,  in-8  de  67  p.  Extrait  des  Mémoires  de  l'Académie  des  sciences,  belles- 
lettres  et  arts  de  Besançon),  étude  complétée  par  ]e  Catalogue  des  lettres- 
patentes  de  François  I^^,  relatives  au  comté  de  Bourgogne,  analyse  brève  mais 
très  précise  de  102  pièces  allant  de  1515  à  1547.  Une  annotation  considé- 
rable et  une  table  onomastique  de  15  pages  à  2  colonnes,  précieuse  pour 
les  recherches,  donnent  au  travail  de  M.  Prinet  une  valeur  toute  particulière 
a-ux  yeux  des  érudits. 

—  M.  Paulin  Teste  a  récemment  publié  une  brochure  intitulée  :  Le  Car- 
dinal de  Cranvelle  (Paris,  imp.  contemporaine,  1908,  in-8  de  14  p.).  L'au- 
teur s'est  borné  à  résumer  la  vie  du  célèbre  ministre  de  Charles-Quint  et 
de  Philippe  II  jusqu'à  l'époque  où,  forcé  de  se  retirer  des  Pays-Bas,  Gran- 
velle  alla  se  reposer  en  Franche-Comté.  Mais  ce  n'est  qu'une  étape  dans  la 
vie  mouvementée  du  cardinal  et  nous  ne  nous  expliquons  pas  pour  quel 
motif  M.  P.  Teste  s'est  ainsi  arrêté  court.  Nous  demanderons  à  l'auteur 
la  permission  de  lui  rappeler  que  Nicolas  Perrenot  de  Granvelle,  père  du 
cardinal,  —  pas  plus  que  celui-ci,  d'ailleurs,  —  ne  porta  le  titre  de 
chancelier,  mais  bien  celui  de  «garde  des  sceaux.  En  efîet,  le  dernier  chan- 
celier de  Charles-Quint  fut  Mercurin  Arborio  de  Gattinara,  celui-là  même 
qui,  aA-ant  d'être  promu  à  la  dignité  de  président  du  Parlement  de  Dole  et 
alors  qu'il  n'était  que  professeur  à  l'Université  de  cette  ville,  s'intéressa 
particulièrement  à  son  élève  Nicolas  Perrenot  et  l'aida  à  se  pousser  dans  la 
r  carrière  quand  il  fut  devenu  lui-même  le  plus  haut  personnage  de  la  monar- 
chie "  où  le  soleil  ne  couchait  jamais  ».  M.  Teste  a  fait  suivre  cette  fraction 
de  biographie,  de  «  documents  inédits  »  sans  liens  avec  elle  :  ce  sont  des 
pièces  établissant  que  certains  ancêtres  de  l'auteur  ont  acquis,  en  1791,  des 
biens  nationaux  dans  la  ville  d'Ornans,  (pays  d'origine  de  Nicolas  Perrenot). 
Quant  à  la  poésie  qui  termine  l'opuscule  et  que  l'on  attribue,  paraît- 
il,  au  cardinal  de  Granvelle,  il  est  surprenant  que  M.  Teste  n'ait 
point  remarqué  que  sa  facture  ne  permet  en  rien  de  la  faire  remonter  au 
xvie  siècle  :  c'est  du  xix^  tout  pur. 

—  M.  Léopold  Reverchon  a  publié  dans  le  Cosmos  du  2  janvier  1909 
{p.  9  à  13)  la  description  d'une  Curieuse  Installation  électrique  dans  le  Jura, 
œuvre  de  l'Union  électrique  de  Saint-Claude.  L'usine,  construite  sur  la 
rivière  d'Ain,  au  Saut-Mortier,  envoie  le  courant  sur  environ  200  kilo- 
mètres de  lignes,  de  Saint- Claude  à  Arinthod  et  de  Moirans,  dans  le  Jura, 
à  Tenay  (Ain;,  sans  compter  nombre  de  villages  situés  à  proximité  de  ses 
grandes  lignes  et  qu'elle  alimente  en  lumière.  Très  intéressante  notice, 
dont  la  parfaite  compréhension  est  facilitée  par  4  gravures,  8  schémas  et  un 
plan. 

—  L'on  ne  saurait  trop  féliciter  les  Sociétés  savantes  qui  font  imprimer 
les  tables  générales  de  leurs  travaux  ou  mémoires.  Nous  avons  déjà  signalé 


—  282  — 

avec  enipressemenl  plusieurs  de  ces  instruments  de  recherches  si  précieux 
pour  les  érudits.  Et  voici  que  nous  arrive  \a  Table  analytique  et  centennale 
des  publications  de  la  Société  d'agriculture,  lettres,  sciences  et  arts  du  dépar- 
tement de  Id  Haute-Saône,  due  à  MM.  Gaston  Letonnelier,  et  Charles  Godard 
(Vesoul,  Louis  Bon  1908,  in-8  de  76  p.).  En  la  parcourant,  on  verra  que 
pendant  assez  longtemps,  cette  société  s'est  occupée  surtout  de  choses 
agricoles;  mais,  depuis  un  certain  nombre  d'années,  l'histoire  et  même 
la  littérature  ont  pris  dans  son  Bulletin  une  place  de  plus  en  plus  importante. 
Cette  table  est  partagée  en  six  divisions  :  I.  Administration  de  la  Société; 
II.  Agriculture;  III.  Belles  Lettres  et  sciences  diverses;  IV.  Sciences  histo- 
riques: V.  Table  des  noms  de  personnes;  VI.  Table  des  noms  de  lieux.  Ces 
deux  dernières  divisions  facilitent  beaucoup  les  recherches  dans  les  quatre 
précédentes.  Tout  en  exprimant  le  regret  de  n'avoir  point  trouvé  ici  la 
nomenclature  détaillée  des  Mémoires  de  la  Commission  archéologique  de  la 
Haute-Saône  (1839,  puis  1854  à  1867,  4  vol.  in-8),  nous  n'aurons  garde  de 
méconnaître,  en  dépit  de  quelques  regrettables  fautes  d'impression,  la  réelle 
utilité  de  la  présente  table. 

Gascogne.  —  Les  amis  et  biographes  de  Montaigne  liront  avec  intérêt 
et  profit  deux  articles  qu'un  médecin  lettré  de  Bagnères-de-Bigorre,  M.  le 
D""  P.  Gandy,  vient  de  pubher  sur  ce  sujet  dans  deux  périodiques  du  Midi. 
Le  premier  dans  les  Explorations  pyrénéennes  ou  Bulletin  de  la  Société 
Bamond  (1908,  n°  2),  a  trait  surtout  à  Bagnères-de-Bigorre,  dont  Mon- 
taigne fait  grand  éloge  «  aménité  de  lieu,  commodité  de  logis,  de  vie  et  de 
compagnie,  »  et  il  s'étend  avec  malice  sur  l'utilité  des  cures  thermales  et 
surtout  celle  de  «  se  laver  le  corps  tous  les  jours.  »  M.  Gandy  note  que 
le  développement  sur  la  médecine  thermale,  plus  étendu  dans  la  première 
et  incomplète  édition  des  Essais  de  1580,  a  été  remanié  et  abrégé  de  quel- 
ques détails  médicaux  dans  l'édition  définitive.  C'est  en  1578  ou  1579  que 
Montaigne  doit  être  allé  à  Bagnères.  M.  le  D""  Gandy  est  revenu  sur  ce 
sujet  :  M.  de  Montaigne  et  les  eaux  thermales  des  Pyrénées  dans  le  Bulletin 
de  la  Société  médicale  de  Pau  (1908,  n°  1).  De  l'étude  du  journal  de  voyage 
de  Montaigne,  il  résulte  que  celui-ci  a  connu  aussi  les  eaux  de  Barbotan  et 
de  Préchacq,  «  mais  rien  ne  nous  autorise  à  penser  qu'il  y  ait  fait  une  cure 
véritable  ».  Montaigne  souiïrait  de  la  gravelle  et  il  a  fait  grand  usage  de 
bains  et  d'eaux. 

L.vxGUEDOc.  —  La  Commission  archéologique  de  Xarbonne  nous  adresse 
le  fascicule  du  l^r  semestre  1909  de  son  Bulletin,  qui  appartient  au  tome  X 
de  la  collection  (Xarbonne.  imp.  Caillard,  in-8  paginé  lix-lxix  et  329  à  519), 
lequel  fascicule  renferme  les  travaux  ci-après  :  Un  Cas  de  surfrappe  ins- 
tructif, par  ^I.  G.  Amardel  (p.  329-352);  —  Notes  sur  Jacques  Gamelin 
(suite),  par  M.  J.  Yché  (p.  353-366);  —  Amauri  II,  vicomte  de  Narbonne 
(1260-1328),  2e  partie,  par  M.  J.  Régné  (p.  367-465);  —  Encore  le  Crocodile 
de  Nîmes,  par  M.  G.  Amardel  (p.  466-484);  —  Becherches  sur  les  Ibères  du 
Boussillon,  par  M.  F.  P.  Thiers  (p.  485-508);  —  La  Danse  de  noce  de  Pieter 
Bruegel,  par  M.  1^.  Berthomieu  (p.  509-519). 

XoRMAXDiE.  —  On  sait  que  chaque  volume  des  Mémoires  de  V Académie 
nationale  des  sciences,  arts  et  belles-lettres  de  Caen  est  formé  d'une  série  de 
travaux  invariablement  pourvus  d'un  titre  particulier  et  d'une  pagination 
spéciale,  placée  dans  le  haut  du  texte,  alors  qu'au  bas  court  une  pagination 
d'ensemble.  Le  volume  portant  la  date  de  1908  vient  de  nous  parvenir 
(Caen,  imp,  Delesques,in-8  de  326-344  p.).  Divisé  en  trois  sections  :  Partie 
scientifique,  Partie  littéraire,  Documents,  les  études  dont  il  se  compose  se 


—  28;{  - 

présentent  comme  suit  :  Partie  scientifique  :  Comment  est  mort  Jésus?  par 
M.  le  D''  Vigot  (18  p.).  —  Partie  littéraire  :  En  Afrique  du  Sud  il  y  a  vingt  ans, 
par  M.  A.  I.e  Page  (31  p.  )  ;  —  L'Émigration  en  Normandie.  Le  comte  et  la  Com- 
tesse G.  de  Mnnnevillc,  d'après  leur  correspondance  et  des  documents  inédits 
(1791-1798),  par  M.  Gabriel  Vanel  (136  p.),  contribution  intéressante  et 
très  documentée  à  l'histoire  de  l'émigration;  —  Jules  Tessier,  notice  bio- 
graphique et  bibliographique,  ]}av  M.  Henri  Prentout  (44  p.);  —  Mon  Jardin. 
Les  Divagations  d'un  horticulteur  nonagénaire,  par  M.  Emmanuel  Chauvet, 
fantaisie  sans  la  moindre  prétention  académique,  mais  bien  amusante 
(18  p.)  ;  —  Im  Constitution  intérieure  de  V Université  de  Caen  au  xviii^  siècle, 
par  M.  C  Pouthas  (96  p.);  —  Documents  :  Daniel  Huet.  Quelques  faits  de 
sa  vie  (1689-1701),  par  M.  l'abbé  A.  Toùgard  (14  p.);  —  Notes  sur  les  textes 
narratifs  provenus  du  prieuré  de  Sainte- Barbe-en-  Auge,  par  M.  R-N.  Sauvage 
(15  p.).  On  est  un  peu  surpris  de  ne  pas  trouver  dans  un  volume  aussi 
bien  imprimé,  au  moins  quelques  portraits  qui  eussent  donné  à  l'ensemble 
un  aspect  plus  riche  encore. 

Vendômois.  —  Le  tome  XLII  du  Bulletin  de  la  Société  archéologique, 
scientifique  et  littéraire  du  Vendômois  vient  de  nous  parvenir  (Vendôme, 
imp.  Launay,  1908,  gr.  in-8  de  260  p.).  Il  est  ainsi  composé  :  Biographie 
vendômoise.  Sur  un  projet  de  continuation  de  la  biographie  vendômoise  du 
marquis  de  Bochainheau,  par  M.  R.  de  Saint-Venant  (p.  13-28),  projet  dont 
la  réalisation  ne  peut  manquer  d'être  bien  accueillie  de  tous  les  travailleurs; 

—  Notes  inédites  sur  le  procès  des  babouvistes  devant  la  Haute-Cou/  de  Ven- 
dôme, par  M.  G.  Bonhoure  (p.  29-53);  —  Deux  notes  à  propos  du  château  de 
Vendôme,  par  M.  l'abbé  Gabriel  Plat  (p.  54-57);  —  Dépenses  de  quatre 
Vendômois  témoins  à  Paris  en  1643,  par  M.  Jean  Martellière  (p.  58-60);  — 
Précis  de  la  formation  de  la  ville  de  Vendôme,  par  le  même.  Seconde  partie. 
/*éri.ode  historique  (p.  91-110);  —  Note  sur  une  fouille  de  la  plaine  d'Arènes, 
jKir  M.  G.  Renault  (p.  111-120)  ;  —  Une  Trouvaille  de  monnaies  du  xiv^'  siècle 
à  Autainville  et  l'Invasion  anglaise  de  1380,  par  M.  L.  Letessier  (p.  121-126); 

—  Le  Sceau  de  Magdeleine  de  Vendôme,  abbesse  de  Soissons,  par  M.  l'abbé 
Métais  (p.  127-133)  ;  —  Le  Grand  Bâtiment  de  l'abbaye  de  Vendôme  (à  propos 
de  l'incendie  de  mai  1908),  par  M.  l'abbé  Gabriel  Plat  (p.  135-139);  —  Note 
sur  le  lieu  de  l'Épinay  ou  Lepinet,  commune  de  Danzé,  par  M.  Jean  Martellière 
(p.  157-169);  —  Histoire  du  collège  de  Vendôme  (suite),  par  M.  G.  Bonhoure 
(p.  171-185  et  p.  233-253);  —  Note  sur  une  station  néolithique  campignienne 
aux  Ruisselets,  près  Sougé,  par  M.  G.  Renault  (p.  187-189);  —  Les  Anciens 
Titres  de  la  paroisse  des  Roches-V Évesque,  par  M.  R.  de  Saint- Venant  (p.  202- 
223);  —  Les  Pierres- aux- Fées,  le  coteau  du  Due  et  la  fontaine  Auduée,  par 
M.  Georges  Renault  (p.  224-232);  —  Sur  les  Synchronismes  crétacés  par  les 
bryozoaires.  La  Craie  de   Vendôme,  par  M.   Marins   Filliozat  (p.   254-257). 

Belgique.  —  Il  ne  nous  semble  pas  inutile  de  signaler  ici  la  création  à 
Bruxelles,  sous  la  présidence  de  M.  l^e  Jeune,  ministre  d'État,  d'une  asso- 
ciation pour  le  développement  et  la  culture  de  la  langue  française.  Déjà, 
•sur  divers  points  du  territoire  belge,  des  associations  analogues  existent  :  à 
Liège  notamment,  à  Mons,  à  Arlon.  La  nouvelle  association  organisera  des 
■conférences  françaises  dans  les  villes  de  province;  des  cours  de  langue  fran- 
çaise dans  les  quartiers  populaires  de  Bruxelles  et  dans  les  communes.  Une 
•création  de  ce  genre  n'est  assurément  pas  inopportune  à  une  épocjue  où  le 
mouvement  flamingant  a  pris  l'extension  et  les  allures  intolérantes  que 
l'on  sait. 

—  Le  R.  P.  Jean  Schul,  S.  J.  nous  envoie  deux  brochures.  La  première  : 


—  284  — 

Élude  sur  les  assurances-vie.  Calcul  des  primes  suivant  la  notation  universelle- 
des  actuaires  (Bruxelles,  Polleunis  et  Ceuterik,  1906,  in-8  de  vni-69  p.  —Prix  : 
2  fr.  50)  nous  fait  rapidement  connaître  le  problème  de  l'assurauce-vie  et 
les  risques  que  couren  t  la  compagnie  ;  puis,  avec  tous  les  détails  nécessaires,  elle 
nous  enseigne  à  résoudre  le  calcul  de  la  prime  dans  tous  les  cas  qui  peuvent 
se  présenter.  L'auteur,  professeur  d'algèbre  financière  à  TÉcole  supérieure 
de  commerce  Saint-Ignace,  à  Anvers,  veut  initier  ses  lecteurs  aux  premiers 
problèmes  d'assurances;  sa  précision  et  sa  netteté  lui  assurent  le  succès.  — 
La  seconde  :  Caisse  de  pension  à  rente  variable  (Anvers,  Librairie  néerlan- 
daise, 1908,  in-8  de  37  p.  —  Prix  :  1  fr.  50)  expose  et  solutionne  un  problème 
du  plus  haut  intérêt.  Il  s'agit  d'une  solution  très  pratique  de  la  question  des 
retraites  ouvrières  :  limiter  les  versements  de  l'ouvrier  à  la  partie  la  plus 
féconde  de  son  existence,  lui  servir  une  rente  à  un  âge  relativement  jeune, 
mais  assez  avancé  pour  que,  sa  force  productive  ayant  diminué  et  son 
salaire  risquant  d'être  réduit,  il  soit  possible  d'augmenter  cette  rente  au 
fur  et  à  mesure  que  l'âge  s'accroît.  Telle  est  la  question  exposée  par  le 
R.  P.  8chul.  Les  tontines  avaient  essayé  autrefois  de  satisfaire  aux  desi- 
derata précédents;  mais  les  derniers  survivants  d'une  tontine  toucliaient 
des  revenus  par  trop  excessifs.  L'auteur,  en  imposant  une  limite  raisonnable 
à  l'accroissement  de  la  rente,  nous  montre,  par  ses  calculs,  qu'il  est  facile 
d'établir  des  Sociétés  sérieuses,  répondant  à  un  besoin  social  réel.  Les 
solutions  exposées  envisagent  les  deux  cas  où  le  capital  est  soit  réservé,  soit 
aliéné.  Brochure  à  propager  dans  tous  les  milieux  mutualistes. 

Espagne.  —  La  dévotion  à  saint  Joseph,  particulièrement  celle  qui  con- 
siste à  lui  consacrer  sept  dimanches  consécutifs —  dévotion  enrichie  de  pré- 
cieuses indulgences  —  a  inspiré  à  D.  Cayetano  Soler,  prêtre  catalan,  la 
composition  d'un  petit  livre  de  piété  :  Los  Siete  doiningos  de  San  José  (Bar- 
celona,  Subirana,  1908,  in-32  de  192  p.,  avec  une  grav.)  destiné  à  favoriser 
cette  pieuse  pratique.  L'exercice  des  sept  dimanches  est  suivi  d'un  triduum, 
de  prières  pour  le  19  de  chaque  mois  et  de  la  messe  de  la  fête  et  du  patronage 
du  saint  Patriarche.  Avec  permission  et  imprimatur  de  l'Ordinaire. 

—  La  maison  éditoriale  Juan  Gili,  de  Barcelone,  vient  de  publier  plu- 
sieurs ouvrages  importants  que  nous  nous  plaisons  à  signaler  ici.  C'est  d'a- 
bord le  2^  vol.  de  la  Vida  espiritual,  du  R.  P.  André  Meynard,  traduit  sur 
la  troisième  édition  française  par  le  P.  Castaho  (in-12  de  534  p.  —  Prix  : 
4  fr.),  excellent  traité  de  théologie  mystique,  dont  l'éloge  n'est  plusà  faire. 

—  C'est  ensuite  les  Meditaciones  para  todos  las  dias  del  ano,  ouvrage  com- 
posé à  la  fin  du  xvni''  siècle  par  le  moine  bénédictin  B.  Uria  et  réimprimé 
par  les  soins  du  P.  Nebreda,  du  monastère  de  Silos  (in-12  de  342  p.  —  Prix  r 
B-fr.)  :  ces  méditations  très  coiirtes  se  l'ecommandent  par  leur  simplicité  et 
leur  sens  pratique. —  Mentionnons  encore  le  premier  volume  des  Origines 
du  christianisme,  par  Mgr  Le  Camus,  évêque  de  la  Rochelle,  traduit  en 
élégant  castillan  par  D.  J.  B.  Codina  y  Forraosa  :  l'ouvrage  complet  com- 
prendra deux  parties,  de  chacune  3  volumes;  le  volume  qui  vient  de  paraître- . 
contient  le  commencement  de  la  vie  de  N.-S.  Jésus-Clirist  (in-8  de  xii-470  p. 

—  Prix:6fr.). 

Italie.  —  Le  Calendario  délia  hasilica  pontificia  del  santissimo  rosario 
in  valle  di  Pompei  pour  Tannée  1909  (Valle  di  Pompei,  Scuola  tipogr.  pon- 
tificia pei  figli  dei  carcerati,  1909,in-16de  224-112  p.)  nous  apporte, comme- 
ses  aînés,  des  renseignements  généraux  sur  le  mouvement  et  les  progrès 
des  deux  œuvres  excellentes  fondées  par  l'avocat  Bartolo  Longo  :  hospice 
pour  les  orphelines,  hospice  éducatif  pour  les  fils  de  condamnés.  Et  comme 


—  285  — 

toujours  aussi  il  nous  relate  quelques  histoires  touchantes  des  enfants 
ainsi  recueillis  sous  le  patronage  de  la  Reine  immaculée  du  rosaire  :  Made- 
leine l'orpheline  russe;  Maria  Rosaria  Custode,  malheureuse  fillette,  dont 
la  sauvagerie, exaspérée  par  les  traitements  cruels  qu'avait  subis  son  enfance, 
mit  longtemps  à  s'apprivoiser  sous  les  caresses  de  ses  compagnes  et  de  ses 
maîtresses;  Giuseppe  Martini,  dont  la  mort  angéhque  fit  l'édification  de 
ceux  qui  l'entouraient. 

Suisse.  —  MM.  A,  Bistrzycki  et  L.  Mauron  donnent  dans  les  Mémoires 
de  la  Société  friboiirgeoise  des  sciences  naturelles  (Fribourg,  imp.  Fragnière, 
1907,  gr.  in-8  de  65  p.  —  Prix  :  1  franc)  un  important  mémoire  intitulé  : 
Ueber  die  Abspaltung  von  Kohlenmonoxyd  ans  tertiàren  Sauren  mittels  konzen- 
trierter  SchwefeUiure.  C'est  une  importante  contribution  à  l'étude  des  substi- 
tutions qui  se  produisent  dans  les  composés  organiques  :  l'acide  sulfurique 
concentré  produit  l'élimination  du  protoxyde  de  carbone  des  acides  ter- 
tiaires. Ce  mémoire  comprend  l'historique  de  la  question  et  l'exposé  des 
expériences  faites  par  les  auteurs.  Ils  étudient  d'abord  la  constitution 
chimique  des  corps  sur  lesquels  ils  ont  opéré,  puis  les  décompositions  aux- 
quelles ils  sont  parvenus;  les  quantités  d'oxyde  de  carbone  sont  mesurées 
■dans  chaque  expérience  et  le  poids  obtenu  est  comparé  au  poids  théorique. 
•Brésil.  —  Le  Ma/iwaZ  c?e  esffr«is«ica  publié  à  Rio-de-Janeiro  par  l'office  de 
Statistique  (1908,  in-16  cartonné  de  xviii-172  p.)  est  la  traduction  en  por- 
tugais d'un  ouvrage  italien  de  M.  Filippo  Virgilii,  professeur  à  l'Université 
de  Sienne.  Dans  la  dernière  langue,  ce  travail  a  eu  quatre  éditions  en  moins 
de  huit  ans.  Travail  de  premier  ordre  dont  nous  regrettons  vivement  de  ne 
point  connaître  une  traduction  française.  Partant  de  la  définition  des  mots  - 
spéciailx  employés  en  statistique,  l'auteur  détermine  très  clairement  l'objet, 
la  méthode  et  les  divisions  de  cette  science,  et  fait  un  cours  résumé  de  son 
histoire.  Il  aborde  ensuite  le  fond  de  son  sujet  :  une  première  partie  s'occupe 
de  la  statistique  en  général  :  comment  doit-on  recueillir  les  données,  en  faire 
la  critique,  en  déterminer  la  valeur  mathématique  et  enfin  exposer  les  résul- 
tats. Si  l'auteur  a  une  méthode  propre  qui  est  excellente,  il  n'hésite  cepen- 
dant pas  à  citer  d'autres  procédés  classiques  et,  s'il  y  a  lieu,  il  discute  l'avan- 
tage relatif  de  chacun  d'eux.  Une  seconde  partie  est  l'application  de  la  pre- 
mière à  quelques  grandes  questions  :  la  démographie,  la  vie  économique, 
la  vie  intellectuelle,  la  vie  morale,  la  vie  politique.  Si  tous  les  statisticiens 
suivaient  rigoureusement  les  méthodes  exposées  dans  ce  livre,  rapidement 
la  statistique  verrait  décupler  les  services  qu'elle  rend. 

États-Unis.  - —  The  Médical  library  and  historical  journal,  qui  avait  cessé 
sa  publication  k  la  fin  de  1907,  renaît  sous  le  titre  de  The  Aesculapian  et 
sous  la  direction  de  M.  Albert  Trany  Huntington  (Brooklyn,  N.  Y.,  1313 
Bedford  Avenue,  12  fr.  50  par  an).  L'histoire,  la  littérature  et  l'art  médi- 
caux ont  également  place  dans  ce  recueil  trimestriel. 

Publications  nouvelles.  —  Histoire  du  canon  de  V Ancien  Testament 
dans  r Eglise  grecque  et  l'Eglise  russe,  par  M.  Jugie  (in- 18,  Beauchesne).  — • 
Jésus-Christ,  sa  vie,  son  temps,  par  le  P.  H.  Le  Roy  (in-18,  Beauchesne).  — 
Les  Fêtes  de  V Église.  Élévation  sur  les  hymnes,  par  J.-D.  Folghera  (in-18, 
Téqui).  —  La  Théologie  scolastique  et  la  Transcendance  du  surnaturel,  par 
H.  Ligeard  (in-16,  Beauchesne).  —  La  Religion  et  les  Religions,  par  l'abbé 
Broussolle.  Seconde  partie  :  Les  Religions  (in-18,  Téqui).  —  Art  et  Apolo- 
gétique, par  A.-D.  Sertillanges  (in-16,  Bloud).  — -  La  Passion  de  Jésus-Christ. 
Courtes  Méditations  pour  chaque  jour  du  Carême,  p&rh  R.  P.  R.  Clarke;  trad. 


—  286  — 

de  l'anglais,  par  J.  Reymond  in-32,  Avignon,  Aubanel).  — ■  Aux  Catholiques 
persécutés.  Lettres  sur  l'épitre  de  saint  Paul  aux  Hébreux,  par  Mgr  G.  Laper- 
rine  d"Haiitpoul  (in- 12,  Lecoffre,  Gabalda).  —  L'Espérance,  conférences 
pour  les  hommes,  faites  en  la  paroisse  de  Saint-Pierre  de  Chaillot,  par  P. 
Girodon  (in-16,  Plon-Xourrit).  —  /  presupposti  Filosofici  délia  nozione  det 
diritto,  da  G.  del  Vecchio  (gr.  in-8,  Bologna,  Zanichelli).  ^-  Le  Journal.  Sa 
]'ie  juridique,  ses  responsabilités  civiles,  par  G.  Duplat  (in-8,  Paris,  Pedone; 
P.ruxelles,  Dewit).  —  Code  Manuel  du  chasseur,  par  G.  Lecouffe  (in- 18,  Giard 
et  Brière).  —  Code  Manuel  du  cycliste,  par  G.  Lecouffe  (in-18,  Giard  et 
Brière).  —  Cours  de  philosophie  positive,  par  A.  Comte.  T.  V.  (in-8,  Schlei- 
cher).  —  La  Philosophie  générale  de  John  Locke,  par  H.  Ollion  (in-8,  Alcan). 

—  Leibniz,  avec  de  nombreux  textes  inédits,  par  J.  Baruzi  (in-16,  Bioud).  — 
La  Théorie  idéologique  de  Galluppi  dans  ses  rapports  avec  la  philosophie  de 
Kant,  par  F.  Palhoriès  (in-8,  Alcan).  —  Le  Rationalisme  comme  hypothèse 
méthodologique,  par  F.  Maugé  (in-8,  Alcan). —  Aux  Jeunes  du  xx°  siècle. 
Un  Paquet  de  lettres  religieuses  et  philosophiques,  par  l'abbé  E.  Dessiaux 
(in-18,  Téqui).  —  La  Sensibilité  individualiste,  par  G.  Palante  (in-16,  Alcan). 

—  La  Morale  de  Vironie,  par  F.  Paulhan  (in-16,  Alcan].  —  Le  Premier 
Éveil  intellectuel  de  Venfant,  par  E.  Cramaussel  (in-16.  Alcan).  —  Les  Vieilles 
Filles,  leur  caractère,  leurs  défauts,  leurs  qualités,  par  l'abbé  L.  Mnzat  •(in-12, 
Librairie  des  Saints-Pères).  —  La  Morale  de  Plutarque,  par  M™«^  J.  Favre 
(in-8,  H.  Paulin).  —  L' Expérience  morale,  par  F.  Rauh  (in-8,  Alcan).  — 
Leçons  de  logique  et  de  morale,  par  H.  Hourticq  (in-12,  H.  Paulin).  —  Morales 
et  Religions.  Leçons  professées  à  r Ecole  des  hautes  études  sociales,  par  R. 
Allier,  G.  Belot,  le  baron  Carra  de  Vaux,  F.  Challaye,  A.  Croiset,  L.  Dori- 
son,  E.  Ehrhardt,  E.  de  Faye,  Ad.  Lods,  W.  Monod  et  A.  Puech  (imS,  cart. 
toile,  Alcan).  —  El  Positivismo,  su  historia  y  sus  errores,  por  J.  M.  de  Jesùs 
Portugal  (in-12,  Barcelona,  Subirana).  —  Principes  d'économie  politique, 
par  A.  Marshall.  T.  II;  trad.  par  F.  Sauvaire-Jourdan  et  F. -S.  Bouissy  (in-8, 
Giard  et  Brière).  —  Histoire  d'une  pièce  de  cinq  freines  et  d'une  feuille  de 
papier,  par  F.  Passy  (in-8,  Alcan).  —  Le  Chômage,  par  P.  de  Las  Cases  (in-12, 
Lecoffre,  Gabalda).  —  Le  Problème  des  retraites  ouvrières,  par  G.  Olphe 
Galliard  (in-16,  Bloud).  —  Esquisses  de  morale  et  de  sociologie,  par  E.  Leroy 
(in-16,  Paulin). —  Vers  la  lumière  et  la  beauté.  Essai  d'esthétique  sociale,  par 
E.  Pierret  (in-16,  Renaissance  française).  —  La  Crise  du  transformisme, 
par  F.  Le  Dantec  (in-16,  Alcan).  —  Le  Cheval  au  Congo  français,  par  le 
lieutenant  Tournier  (gr.  in-8,  Laveur). —  U Agriculture  moderne,  par  V. 
Sébastian  (in-8,  Larousse).  —  Prairies  et  pâturages  ( Praticulture  moderne), 
par  H.  Compain  (in-8,  Larousse).  —  Arboriculture  fruitière  en  images,  par 
J.  Vercier  (in-8,  Larousse).  — •  Les  Planètes  et  leur  origine,  par  C.  André 
(gr.  in-8,  Gauthier- Villars).  —  John  Ruskin  (1819-1900),  par  F.  Harrison; 
trad.  par  L.  Baraduc  (in-18,  Mercure  de  France).  —  La  Pensée  de  Ruskin, 
par  A.  Chevrillon  (in-16,  Hachette).  —  Les  Musiciens  célèbres.  Rameau, 
par  L.  de  la  Laurencie  (in-8,  Laurens).  —  Les  Musiciens  célèbres.  Schubert, 
pai"  L.-A.  Bourgault-Ducoudray  (in-8,  Laurens).  —  Les  Musiciens  célèbres. 
Roieldieu,  par  L.  Auge  de  Lassus  (in-8,  Laurens).  —  L'Idée  de  Dieu  dans  les 
sciences  contemporaines.  I.  I^e  Firmament,  l'atome,  le  monde  végétal,  par 
les  D''s  L.  et  P.  Murât  (petit  in-8,  Téqui).  —  Actualités  scientifiques,  par  M. 
de  Nansouty.  .5<^  année  (petit  in-8,  Schleieher).  —  Essai  d'une  sémantique 
intégrale,  par  R.  de  la  Grasserie  (2  vol.  in-12,  Leroux).  —  Récréations  gram- 
maticales et  littéraires,  par  J.  Stapfer  (  n-18,  Cohn).  —  Rêves  épars,  par  E. 

-Maguier,  (in-lS,  Lemerre).  —  Le  Chapelet  d'ambre,  par  Chatir  Bey  iin-18, 


—  287  — 

Messein).  —  Les  Ailes  de  cire,  par  M.  Pays  (in-18,  Messein).  —  Le  Mage  sans 
étoile,  1902-1908,  par  R.  Arvor  (in-18,  Messein).  —  Nouveaux  Rondels 
païens,  1907-1908.  Rondels  lyriques.  Rondels  plastiques,  par  F.  Lovio  (in-18, 
Messein).  —  Le  Vent  dans  les  arbres,  par  A.  de  Bary  (in-18.  Stock).  —  Chants 
d'avant  l'aube,  pa.r  A.  C.  Swinburne;  trad.  par  G.  Mourey  (in-12.  Stock).  — 
Chants  d'adolescence,  par  A.  Morand  (in-18.  Société  générale  d'éditions).  — • 
Théâtre  d'O.  ^yilde;  trad.  d'A.  Savine.  /.  Les  Drames  (in-18.  Stock).  — 
Dialogues  des  vivants,  par  J.  de  la  Grèze  (in-18,  Lemerre).  —  L'Otage,  par 
H.  Buteau  (in-16,  Plon-Nourrit).  — -Leur  Victime,  par  J.-P.  Heuzey  (in-16, 
Perrin).  —  La  Vie  intérieure,  par  M™®  R.  Waltz  (in-16,  Perrin).  —  Sœu- 
rette, par  P.  Lacour  (in-16,  Perrin).  —  U Ascension  d'une  âme.  Marcienne 
de  Fliie,  journal  de  la  vie  d'une  jemme,  par  I.  Kaiser  (in-16,  Perrin).  —  Le 
Reste  est  sz/cnce...,  par  E.  Jaloux  (in-12.  Stock). —  LaGrande  Ombre,  par  A. 
Conan  Doyle  (in-18.  Stock).  —  Un  Début  en  médecine,  par  A.  Conan  Doyle; 
trad.  de  l'anglais  par  A.  Savine  (in-18.  Stock).  —  Une  Leçon  de  vie,  par 
L.  Evrard  (in-18.  Mercure  de  France).  —  Par  quelle  autorité?,  par  R.-H. 
Benson;  trad.  de  H.  Frilley  (in-12,  Lethielleux).  —  A  l'ombre  de  l'Acropole, 
par  H.  Guerlin  (in-12,  Marne).  —  Les  Défenseurs  (histoires  lorraines),  par 
J.  Tanet  (in-16  carré,  Bloud). —  La  Force  cachée,  par  J.Thiéry  (in-18,  Henri 
Gautier),  t—  Rosèle,  souvenirs  d'une  marraine,  par  M.  d'Arvisy  (in-12, 
Librairie  des  Saints-Pères).  —  Les  Grands  Écrivains  de  la  France.  Corres- 
pondance de  Bossuet,  nouvelle  édition  augmentée  de  lettres' inédites  et  publiée 
avec  des  notes  et  des  appendices  sous  le  patronage  de  l' Académie  française, 
par  C.  Urbain  et  E.  Levesque  (in-8,  Hachette).  —  Pages  françaises,  par 
P.  Déroulède  (in-16,  Bloud).  —  La  Poésie  latine.  (De  Livius  Andronicus  à 
Rutilius  Namatianus),  par  F.  Plessis  (in-8,  C.  Klincksieck).  —  Études  cri- 
tiques sur  la  tradition  littéraire  en  France,  par  M.  Wilmotte  (in-18.  Cham- 
pion). —  Molière,  Florian  et  la  littérature  espagnole,  par  F.  Vézinet  (in-16, 
Hachette).  —  Le  Théâtr»'  contemporain  (1869-1870),  par  J.  Barljey  d'Aure- 
villy. T.  m.  (in-12.  Stock).  —  Journal  d'un  spahi  du  6'o«c?an,  1897-1899, 
]iar  le  lieutenant  G.  Lautour;  publié  par  J.  Hérissay  (in-16,  Perrin).  —  Les 
Petites  Antilles,  élude  sur  leur  évolution  économique,  par  P.  Chemin  Dupontès 
(in-8,  Guilmoto).  —  Les  Ibères.  Étude  d'histoire,  d'archéologie  et  de  linguis- 
lique,  par  B.  Philipon  (in-18,  Champion).  —  Université  de  Paris.  Biblio- 
thèque de  la  Faculté  des  lettres.  XXV.  Mélanges  d'histoire  ancienne  (in-8, 
Alcan).  —  Le  Principe  d'équilibre  et  le  Concert  européen,  de  la  paix  de 
Westphalie  à  l'acte  d'Algésiras,  par  C.  Dupuis  (in-8,  Perrin).  —  Histoire  des 
maîtres  généraux  de  l'ordre  des  frères  prêcheurs,  par  le  R.  P.  Mortier.  T.  IV. 
(gr.  in-8,  A.  Picard  et  fils).  —  Vie  de  saint  Euthyme  le  Grand  (377-473). 
Les  Moines  et  l'Eglise  en  Palestine  au  \^  siècle,  par  le  R.  P.  F.-R.  Génier 
(in-12,  LecofTre,  Gabalda).  —  «  Les  Saints.  »  La  Vénérable  Anne-Marie 
Javouhey,  fondatrice  de  la  congrégation  de  Saint- Joseph  de  Cluny  (1779-18511, 
par  le  chanoine  V.  Caillard  (in-12,  Lecoiïre,  Gabalda!.  —  Lamennais  à  la 
Chênaie,  supérieur  général  de  la  congrégation  de  Saint-Pierre,  1828-1833. 
Le  Père,  l'apôtre,  le  moraliste^  par  A.  Roussel  (in-18,  Téqui).  —  Une  Reli- 
gieuse réformatrice.  La  Mère  Marie  du  Sacré-Cœur,  de  1895  à  1901,  par  la 
vicomtesse  d'Adhémai'  (in-8,  Bloud).  —  Les  Papiers  des  Assemblées  de  la 
Révolution  aux  Archives  nationales,  par  A.  Tuetey  (in-8,  Cornély).  — La  Fin 
de  deux  légendes.  L'Affaire  Léonard.  Le  Baron  de  Batz,  par  G.  Bord  (in-8, 
Daragon).  —  L'Épopée  du  sacre,  1804-1805,  par  G.  d'Esparbès  et  H. 
Fleischmann  (in-18,  Méricant).  —  Souvenirs  (1825-1907),  par  la  princesse 
de  Sayn-Wittgenstein  (petit  in-8,  T.ethielleux).  —  Derniers  Mélanges,  pages 


—  -288  — 

d'histoire  couiemporaine  (1873-1877),  par  L.  \  euillot.  T.  II,  1874-1875  et 
t.  III,  1876-1877  (2  vol.  in-8,  Lethielleux).  —  La  Diplomatie  secrète  nu 
XYiii*"  siècle.  I.  Le  Secret  du  Régent  et  la  Politique  de  Vabbé  Dubois  (triple  et 
quadruple  alliances)  (1716-1718),  par  E.  Bourgeois  (gr.  in-8,  Colin).  — 
Le  Maréchal  Canrobert,  souvenirs  d'un  siècle,  par  G.  Bapst.  T.  IV  (in-8,  Plon- 
Nourrit).  —  La  Plus  grande  France,  bilan  de  la  France  coloniale,  par  H. 
Vast  (in-8,  Garnier).  —  La.  Faculté  de  théologie  de  Paris  et  ses  docteurs  les 
plus  célèbres,  par  l'abbé  P.  Feret.  T.  VI.  xviii^  siècle.  Phases  historiques 
(in-8,  A.  Picard  et  fils).  —  L'Empire  du  soleil,  par  A.  Praviel  (in-18,  Nou- 
velle Librairie  nationale).  —  Précis  de  V affaire  Dreyfus,  par  H.  Dutrait- 
Crozon  (in- 16,  Nouvelle  Librairie  nationale).  —  Les  Fléaux  nationaux. 
Dépopulation.  Pornographie.  Alcoolisme. Affaissement  moral,  par  R.  Lavollée 
(in-12,  Alcan).  —  L'Eglise  de  France  et  la  Séparation.  La  Lutte  du  sacerdoce 
et  delà  République  française,  par  P.  Barbier  (petit  in-12,  Lethielleux). — 
Suis-je  catholique^  Examen  de  conscience  d'un  moderniste,  par  G.  Tyrrell 
(in-12,  Nourry).  —  La  Grèce  éternelle,  par  E.  Gomez-Carillo  (in-16,  Perrin). 
—  Renaissance  italienne.  Pèrouse  et  les  Raglioni,  étude  historique  d'après  les 
chroniqueurs,  les  historiens  et  les  archiçes,  par  le  comte  h.  de  Baglion  (in-8, 
Emile-Paul).  —  Le  Campagne  di  guerra  in  Piemonte  (1703-1708)  e  V Assedio 
di  Torino  (1706).  Vol.  IV  et  VIII  (2  vol.  in-8,  Torino,  Bocca).  —  Les  Ori- 
gines de  la  Russie  moderne.  Le  Rerceau  d'une  dynastie.  Les  Premiers  Romanov 
(1613-1682),  par  K.  Waliszewski  (in-8,  Plon-Nourrit).  —  L'Escadre  de 
Rodjestvenskky  (octobre  1904-7>iai  1905).  Sur  le  chemin  du  sacrifice,  carnet 
de  notes  du  capitaine  de  frégate  W.  Sémenoff,  présenté  par  le  commandant 
de  Balincourt  (in-16  carré,  Challamel).  —  La  Révolution  turque,  parV. 
Bérard  (in-18.  Colin).  —  La  Colombie  britannique,  étude  sur  la  colonisation 
au  Canada,  par  A.  Métin  (in-8, Colin).  —  Les  Demoiselles  de  Saint-Cyr  (1686- 
1793),  par  F.  Vindry  (in-8.  Champion).  —  Deux  Jurés  du  tribunal  révolu- 
tionnaire, Vilate  «  le  Petit  Maître  »;  Trinchard  v  l'Homme  de  la  Nature,  » 
par  A.  Dunoyer  (petit  in-8,  Perrin).  —  Une  Victime  de  la  Révolution.  Sœur 
Marguerite  Rutan,  fille  de  la  Charité,  par  P.  Coste  (in-12,  Lille  et  Paris, 
Desclée,  de  Brouwer).  —  Rarbey  d  Aurevilly  (de  sa  naissance  à  1909),  par 
F.  Clerget  (in-18,  Falque).  —  Lettres  de  jeunesse  de  Eugène  Fromentin.  Rio- 
graphie  et  notes,  par  P.  Blanchon  (in-16,  Plon-Nourrit).  —  Manuel  biblio- 
graphique de  la  littérature  française  moderne  (1500-1900),  par  G.  Lanson. 
Fasc.  I.  Seizième  siècle  (in-8,  Hachette).  Visenot. 


Le  Gérant  :  GHAPUIS. 


Imprimerie  polyglotte  Fb.  Simon.  Bennes. 


POLTBIBLION 

REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE  UNIVERSELLE 

ROMANS,  CONTES  ET  NOUVELLES 

Romans  fantaisistes.  —  Les  Aventures  de  Bécot,  par  Paul  I^eclercq.  Paris, 
Éditions  de  la  «  Vie  parisienne  »,  1909,  in-12  de  236  p.,  3  fr.  50.  —  2.  Un 
Débuten  médecine,  parCoNAN  Doyle;  trad.  de  l'anglais  par  Albert  Savine.  Paris, 
Stock,  1909,  in-18  de  333  p.,  3  fr.  50.  —  3.  La  Folle  Histoire  de  Fridoline,  par 
Guy  Chantepleure.  Paris,  Calmann-Lévy,  s.  d.,  in-18  de  369  p.,  3  fr.  50. 

Romans-feuilletons.  —  4.  La  Femme  au  diamant,  par  Katherine  Green;  trad. 
par  M'"<=  J.  Heywod.  Paris,  Hachette,  1908,  in-16  de  279  p.,  1  fr.  —  5.  Le  Petit 
Faune,  par  Gustave  Hue.  Paris,  Société  française  d'imprimerie  et  de  librairie, 
1009,  in-18  de  315  p.,  3  fr.  50.  —  6.  Clo,  par  Simone  Bodève.  Paris,  Jouve,  s.  d., 
in.l8  de  349  p.,  3  fr.  50. 

Romans  psychologiques.  —  7.  La  plus  forte  Chaîne,  par  Marie-Thérèse  Alem. 
Paris,  Orsoni,  s.  d.,  in-18  de  238  p.,  2  fr.  —  8.  La  Grande  Déesse,  par  Henr; 
Doris.  Paris,  Plon-Nourrit,  1909,  in-18  de  329  p.,  3  fr.  50.  —  9.  Illusion  mascu- 
line, par  Jean  de  laBrète.  Paris,  Plon-Nourrit,  1909,  in-16  de  340  p.,  3  fr.  50.  — 
10.  La  Couronne  de  roses,  par  Edgy.  Paris,  Plon-Nourrit,  1909,  in-16  de  309  p., 
3  fr.  50.  ■ —  11.  L'Ame  libre,  par  Brada.  Paris,  Plon-Nourrit,  s.  d.,  in-18  de 
319  p.,  3  fr.  50.  —  12.  Carrière  d'artiste,  par  M""'  Humphry  Ward  ;  trad.  de 
l'anglais  par  Th.  Bentzon  et  A.  Fliche.  Paris,  Hachette,  1909,  in-16  de  351  p., 
3  fr.  50.  —  13.  Le  Cadet,  par  C.  Nisson.  Paris,  Plon-Nourrit,  1909,  in-18  de  311  p., 
3  fr.  50.  —  VOraison  dominicale,  par  Gabrielle  Zapolska;  trad.  du  polonais 
par  Paul  Cazin.  Paris,  Sansot,  1908,  in-18  de  230  p.,  3  f r.  50.  — 15.  VImmolé, 
par  Emile  Baumann.  Paris,  Grasset,  1909,  in-16  de  365  p.,  3  fr.50. 

Romans  de  mœurs.  — 16.  Les  .Confessions.  Récits  populaires,  par  Léon  Tolstoï. 
Tome  XIX  des  Œuvres  complètes  ;  trad.  de  J.-W.  Bienstock.  Paris,  Stock,  1908, 
in-18  de  456  p.,  2  fr.  50.  —  17.  Le  Chat  maltais,  par  Rudyard  Kipling;  trad- 
de  Louis  Fabulet  et  Arthur-Austin  Jackson.  Paris,  Mercure  de  France,  1908, 
in-18  de  306. p.,  3  fr.  50.  — 18.  Au  Blanc  et  Noir,  par  Rudyard  Kipling;  trad. 
d'ALBERT  Savine.  Paris,  Stock,  1909,  in-18  de  320  p.,  3  fr.  50.  —19.  Œuvres  choi. 
sies,  de  Rudyard  Kipling,  avec  une  Notice  par  Michel  Epuy.  Paris,  Delagrave, 
s.  d.,  in-12  de  409  p.  et  portrait,  3  fr.  50.  —  20.  La  Grande  Ombre,  par  Arthur 
CoNAN  Doyle;  trad.  d'ALBERT  Savine.  Paris,  Stock,  1909,  in-18  de  ix-264  p., 
3  fr.  50.  —  21.  Henri  d'Ofterdingen,  psiV  Novalis;  traduit  par  Georges  Polti  et 
Paul  Morisse.  Paris,  Mercure  de  France,  1908,  in-18  de  xv-294  p.,  3  fr.  50.  — 
22.  Terre  d'Oc,  par  Emile  Pouvillon.  Paris,  Plon-Nourrit,  1908,  in-16  de  246  p., 
3  fr.  50.  —  23.  Les  Fronts  têtus,  contes  du  pays  d'Arvor,  par  Simon  Davaugour. 
Paris,  Nouvelle  Librairie  nationale,  s.  d.  in-18  de  177  p.,  2  fr.  —  24.  Ceux  de 
chez  nous,  par  Louis  Boulé.  Paris,  Plon-Nourrit,  s.  d.,  in-18  de  vii-310  p.,  3  fr.  50- 
' — 25.  Jean-Luc  persécuté,  par  C.-F.  Ramuz.  Paris,  Perrin,  1909,  in-16  de  265 
p.,  3  fr.  50.  —  26.  Rê^e  de  lumière,  par  Jean  Blaize.  Paris,  Pion,  Nourrit, 
s.  d.,  in-18  de  311  p.,  3  fr.  50.  —  27.  Au  temps  de  la  jeunesse,  par  Robert 
DE  Traz.  Paris,  Plon-Nourrit,  1909,  in-18  de  280  p.,  3  fr.  50.  —  28.  La  Vie 
intérieure,  par  M"'e  René  Waltz.  Paris,  Perrin,  1909,  in-16  de  335  p.,  3  fr.  50- 
—  29.  Le  Fantôme  du  passé,  par  Grazzia  Deledda  ;  trad  de  l'italien  par  G. 
Hérelle.  Paris,  Calmann-Lévy,  1908,  in-18  de  352  p.,  3  fr.  50. 

RoM.\NS  FANTAISISTES. — 1.- — La  fantaisie  des  Aventures  de  Bécot 

est  d'une  bonne  volonté  éperdue.  Elle  s'aftlrme  jusque  dans  le  nom 

du  héros,  qui  peut  s'écrire  «  de  quatre  cent    quarante  huit  façons 

différentes,   Bécot,   Bekkot,   Blléko,   Bébaykhaud,  etc.,  etc..»   Et  elle 

Avril  1909.  T.  C.W.  19. 


—  290  — 

s'avère  d'une  qualité  pareille  à  travers  les  trente  chapitres  de  cette 
mirifique  histoire,  où  l'on  voit  un  petit  Gargantua  sécher  le  sein  de  sa 
mère,  avoir  peur  de  la  lune,  enlever  une  île,  la  transporter  à  travers  les 
océans,  et  finalement  s'élever  lui-même  dans  les  airs  et  y  disparaître 
pour  jamais. 

2.  —  Ce  Début  en  médecine  de  l'heureux  auteur  de  Sherlock  Holmes 
ne  trouvera  qu'un  demi-succès  «  de  ce  côté-ci  de  l'eau  ».  La  fantaisie 
y  est  un  peu  lourde,  et  le  récit  y  est  coupé  d'interminables  disserta- 
tions philosophiques,  dans  lesquelles  l'habile  feuilletoniste  qu'a  été 
Conan  Doyle  se  montre  un  logicien  médiocre  :  «  La  religion  est-elle 
le  seul  terrain  de  l'intelligence  inaccessible  au  progrès  et  doit-elle 
se  reporter  sans  cesse  à  un  type  qui  a  été  fixé  il  y  a  deux  mille  ans  ? 
Un  cerveau  à  demi  formé  se  fait  un  Dieu  à  demi  formé,  et  est-on 
bien  certain  que  nos  cerveaux  soient  seulement  à  demi  formés  main- 
tenant? ))  Quel  que  soit  l'état  de  nos  cerveaux,  l'objet  extérieur  perçu 
par  lui  reste  le  même  et  ne  peut  pas  «  progresser,  »  à  moins  de  croire 
qu'il  n'existe  pas  en  dehors  de  notre  perception.  Et  M.  Conan  Doyle 
est  peut-être  un  subjectiçiste  efîréné.  J'aimerais  mieux  qu'il  fût  un 
fantaisiste  un  peu  plus  accessible  à  notre  goût  français,  et  que  les 
deux  médecins,  dont  il  nous  raconte  ici  les  débuts,  fussent  un  peu 
moins  Anglais  et  plus  humains,  si  tant  est  qu'ils  soient  Anglais. 

3.  — La  Folle  Histoire  de  Fridoline  nous  montre  une  jeune  femme 
jouant  sans  le  savoir  à  cache-cache  avec  son  mari;  elle  l'a  épousé 
par  surprise;  elle  l'a  quitté  par  innocence;  elle  lui  est  infidèle  en 
imagination,  puisqu'elle  s'éprend  de  l'auteur  d'un  recueil  poétique, 
oh  !  si  poétique  !  avec  qui  elle  entre  en  correspondance  ;  elle  le  re- 
trouve, sans  le  reconnaître,  caché  qu'il  est,  dissimulé,  travesti,  trans- 
formé par  un  lorgnon  bleu  !  Elle  apprend  d'abord  que  le  porteur  de 
lorgnon  est  son  poète  :  «  Ah  !  quel  malheur  que  je  ne  sois  pas  libre  !» 
lui  dit-elle.  «  Ah  !  quel  dommage  que  je  sois  marié,  lui  dit-il,  et  que 
j'aime  ma  femme  !  »  Ce  petit  jeu  dure  un  bon  bout  de  temps;  l'homme 
s'y  amuse  beaucoup;  il  n'y  met  fin  que  lorsque, ayant  conquis  tout  à 
fait  sa  femme,  comme  poète,  il  réussit  à  la  reprendre  en  tant  que 
mari.  «  Et  tout  ceci  n'est  pas  impossible  !  s  Sans  doute  !  mais  il  y 
fallait  toute  la  bonne  grâce  et  la  bonne  humeur  de  l'auteur  pour  le 
rendre  acceptable. 

Romans-feuilletons. —  4. —  La  Femme  au  diamant  a  été  tuée  dans 
un  bal,  et  son  diamant  a  disparu.  Quel  est  l'assassin?  Quel  est  le  vo- 
leur? On  ferme  toutes  les  portes  de  l'hôtel  où  se  donne  le  bal,  on  fouille 
tous  les  danseurs,  et  l'on  trouve  le  diamant  dans  le  petit  sac  à  main 
d'une  danseuse,  fiancée  d'un  expert  en  bijoux,  lequel  avait  été  vu  s'ap- 
prochant  de  la  victime  quelques  secondes  avant  la  découverte  du 
meurtre!  Alors?  c'est  lui  le  meurtrier?  Il  avoue  qu'il  a  reçu  le  dia- 


—  291   — 

mant  des  mains  de  la  dame,  qu'il  l'a  glissé  dans  le  sac  de  sa 
fiancée,  mais  qu'il  n'est  pour  rien  dans  le  crime.  On  ne  l'arrête 
pas  moins  et  on  instruit  l'affaire.  Tout  l'accable,  tous  l'accusent, 
tous,  excepté  sa  fiancée,  qui  croit  à  son  innocence,  se  jure 
de  la  prouver,  parvient  à  faire  pénétrer  sa  conviction  dans 
l'âme  du  juge  d'instruction,  et  s'associe  à  lui  pour  la  découverte 
du  coupable  —  lequel  n'est  pas,  en  effet,  le  bijoutier  arrêté  d'abord, 
ni  un  lord  anglais  filé  par  elle,  ni  un  domestique  soupçonné  par  la  po- 
lice, ni  le  régisseur  du  mari  divorcé  de  la  victime,  mais  le  mari  lui- 
même  qui  était  déguisé  en  domestique  et  avait  frappé  en  offrant  une 
glace!  —  Ce  méli-mélodrame  est  bien  exposé;  les  premières  scènes 
en  sont  captivantes;  les  suivantes  laissent  un  peu  se  refroidir  la  cu- 
riosité. 

5,  —  Le  Petit  Faune  est  l'histoire  d'un  autre  crime,  avec  un  peu 
plus  de  psychologie  autour.  • —  Une  ville  de  province,  sous  Napo- 
léon III;  quelques  silhouettes  provinciales,  parmi  lesquelles  M^'*^ 
Fritz,  une  vieille  institutrice,  vaniteuse,  aigre,  mauvaise  langue,  dé- 
testée de  tout  le  monde,  reçue  toutefois  chez  les  d'Auribeau,  — 
vieille  famille,  vieille  souche,  qur  efleurit  en  deux  charmantes  enfants  : 
une  fdle,  Henriette,  une  nièce,  Marthe.  Un  magistrÊît  érudit  trouve 
que  celle-ci  ressemble  au  «  petit  Faune  du  Vatican  ».  Le  procureur 
impérial,  un  bel  homme,  est  de  son  avis  et  regarde  de  très  près  le 
petit  Faune,  ce  dont  enragent  et  M^^^^  Henriette,  qui  ressemblait  à 
Minerve,  et  M^^^  Fritz,  qui  rappelle  vaguement  le  profil  d'une  vieille 
Parque.  Le  mariage  entre  le  procureur  et  le  petit  Faune  est  décidé, 
il  va  être  célébré,  lorsque  la  fiancée  meurt  empoisonnée.  Qui  a 
versé  le  poison?  La  Parque!  répond  la  voix  publique,  laquelle  ne 
parut  jamais  autant  être  la  voix  de  Dieu.  Une  perquisition  opérée  chez 
elle  amène,  en  effet,  la  découverte  1°  d'un  paquet  d'arsenic,  2°  d'un 
volume  auquel  manquait  une  page,  laquelle  page  avait  enveloppé  le 
poison  versé  dans  le  lait  de  M^^^^  Marthe.  Preuves  accablantes,  sous 
lesquelles «uccombe  la  malheureuse  Fritz;  elle  passe  en  Cour  d'assises, 
est  condamnée  aux  travaux  forcés,  et  meurt  folle  quelques  jours 
après.  La  conscience  publique  était  vengée  !  Mais  le  beau  procureur 
impérial  reste  triste  et  semble  inconsolable;  la  belle  Henriette  entre- 
prend de  le  consoler  et  réussit  en  partie;  leur  mariage  est  décidé,  il 
est  célébré,  et  alors...  alors  la  vérité  éclate,  brusquement,  par  suite 
d'un  incident  inattendu  :  l'empoisonneuse,  ce  ne  fut  pas  Fritz,  ce 

■  fut  Henriette  !  Elle  avoue,  elle  se  suicide,  et  son  mari  se  fait  moine. 

6.  —  C'est  un  grand  honneur  pour  Clo  de  figurer  à  côté  du  volume 
précédent,  qui  est  écrit  en  français.  Ii»y  est  question  d'ouvrières  qui 
tournent  mal,  et  notamment  d'une  nommée  Clotilde  Minot,  qui  com- 
mence par  l'avortement,  et  qui    finit  par  une   union  libre,    au  sein  de 


-  292  - 

laquelle  elle  trouve  la  réhabilitation  et  le  bonheur,  ainsi  que  l'expli- 
que un  certain  doctein-  Poster  qui  lui  porte  envie  :  il  aurait  bien 
voulu  ne  pas  se  marier,  lui;  mais  les  exigences  de  la  clientèle  lui  ont 
imposé  ce  sacrifice  à  un  usage  désuet  et  d'ailleurs  immoral,  puisque, 
sans  lui,  il  n'y  aurait  pas  un  seul  adultère  !  C'est  évident  ! 

RoMA^'s  psYCHOLOGiQiEs.  —  7. —  C'est  l'autcur  même  de  la  plus 
forte  Chaîne  qui  sous-intitule  son  oeuvre  :«  roman  psychologique.  » 
L'est-il?  11  est  du  moins  honnête  et  animé  des  meilleures  intentions. 
Il  raconte  le  mariage  de  la  fille  d'un  magistrat  provincial,  —  au 
provincialisme  digne  et  correct,  — avec  un  officier  aimable  et  cheva- 
leresque. Ce  n'est  pas  sans  avoir  traversé  mille  épreuves  que  ce  couple 
intéressant  arrive  au  bonheur;  mais  il  ne  l'apprécie  que  mieux,  et 
n'en  est  que  mieux  préparé  à  remplir  les  devoirs  qui  en  sont  et  la  ran- 
çon etlarécompense.«  Ils  auront  dans  leur  cerveau  l'impression  ineffa- 
çable du  sentiment  de  la  patrie,  et  le  tour  de  leur  imagination  sera  celui 
de  Traditionnalistes  comme  vous...  Qu'importe  le  mélange  des  pro- 
vinces et  des  races  quand  ce  mélange  produit  des  unions  faisant  ce  qui 
devrait  toujours  être  :  la  force  et  le  bonheur  par  de  bons  Français.  » 
C'est  la  belle-mère  provinciale  qui  s'exprime  en  ces  termes; —  à  quoi, 
le  préfacier,  qui  est  Parisien,  je  crois,  fait  écho — d'avance,' — quand 
il  dit  que,  par  les  sentiments  qu'il  exprime  «  le  roman  se  hausse  d'un 
ton  au  dessus  do  l'ordinaire  et  domine  de  plus  haut  le  sol  national, 
tout  en  s'y  enracinant  avec  plus  de  solidité.  Il  a  plus  de  tête  (sic) 
parce  qu'il  a  plus  de  racines  !  »  Saperlipopette,  que  c'est  beau  !  — 
Heureusement  que  «  Roger  et  Simone  seront  heureux  !  «  N'en  doutez 
pas  ! 

8.  —  La  Sainte  Vierge  guérit  une  jeune  fille  infirme,  un  curé  guérit 
un  musicien  aveugle,  et  la  Grande  Déesse  les  rend  heureux  l'un  et 
l'autre,  l'un  par  l'autre  !  Qui  est  la  grande  Déesse?  C'est  la  Pau- 
vreté, avec  un  grand  P;  et  c'est  aussi  la  Douleur,  avec  un  grand  D. 
Et  toute  cette  histoire  est  mirifique  quoique  vm  peu  longue  :  Richard 
d'Argentel  avait  du  génie;  il  ne  l'aurait  jamais  su,  s'il  n'avait  pas  été 
ruiné  par  ses  auteurs.  Heureusement  il  fut  obligé  de  travailler  pour 
vivre;  plus  heureusement  encore,  il  fut  malade;  grâce  à  quoi  son  génie 
piit  son  essor;  il  fit  de  la  belle  musique,  il  gagna  beaucoup  d'ar- 
gent, il  racheta  le  château  de  ses  pères,  et  il  épousa  celle  qu'il  aimait. 

9.  —  Il  y  avait  une  fois  un  homme,  un  ingénieur,  un  ancien  élève 
de  l'École  polytechnique,  qui  avait  la  naïveté  de  croire  qu'un  homme 
intelligent  n'a  pas  besoin  d'épouser  une  femme  intelligente  :  «  Je- 
serai  intelligent  pour  deux  !  «  disait  ce  nigaud  savant.  C'était  là  son 
illusion,  que  l'auteur  appelle, r////i5io/i  masculine^  comme  si  c'était 
celle  de  tous  les  hommes...  à  marier  (car  les  autres,  ils  sont  fixés!). 
Quoi  qu'il  en  soit,  ce  polytechnicien,  plus  naïf  qu'on  ne  l'est  à  l'École, 


—  293  — 

aurait  pu  payer  cher  son  illusion;  elle  ne  lui  coûta  rien,  ou  plutôt 
elle  ne  lui  coûta  qu'une  déception,  dont  il  ne  mit  pas  longtemps  à  dire  : 
a  Heureuse  déception,  qui  m'a  valu  une  telle  compensation  !  »  Il  était 
épris  d'une  «  oie  blanche,  »  et  il  allait  l'épouser,  quand  il  s'aperçut 
qu'il  allait  faire  une  sottise,  ou  plutôt  quand  l'oie  elle-même,  qui 
n'aimait  pas  les  hommes  intelligents  (elle  s'était  éprise  d'un  mili- 
taire !  dirait  M.  Anatole  France),  lui  donna  congé  et  le  sauva  de  la 
sottise.  Il  pleura  de  chagrin,  l'ingénieur  !  Mais,  comme  vous  le  savez, 
des  yeux  qui  pleurent  sont  des  yeux  qui  s'ouvrent  :  il  s'aperçut  alor.j 
d'une  autre  chose  qu'il  n^avait  pas  soupçonnée  jusqu'alors,  c'est 
à  savoir  qu'il  avait  près  de  lui,  dans  sa  maison,  sous  sa  tutelle,  une 
jeune  fdle  adorablement  bonne,  dévouée,  généreuse,  courageuse,  et, 
de  plus,  très  jolie,  et,  en  outre,  très  éprise  de  son  tuteur!  Elle  avait 
un  défaut,'  un  seul  :  elle  était  fort  intelligente  !  De  vous  dire  s'il  le 
lui  pardonna,  et  de  quel  cœur,  «  non,  je  ne  l'essaierai  pas  !  » 

10.  —  La  Couronne  en  roses  est,  semble-t-il,  d'une  autre  inspiration 
que  les  précédents  romans  du  même  auteur;  c'est  une  histoire  un 
peu  grosse,  qui  a  pour  dénouement  un  meurtre,  ~  presque  un  mélo- 
drame, quoi  !  Il  est  vrai  qu'il  y  a  des  caractères»  et  des  «descriptions,» 
mais  qui  donnent  la  sensation  du  «  déjà  vu  ».  La  scène  se  passe  à 
Florence  et  à  Fiesole,  que  je  crois  que  vous  connaissez;  y  a-t-il  dans 
le  pays  un  coin  sur  lequel  les  peintres  n'aient  pas  déjà  fait  rage?  Quant 
aux  caractères^  ils  sont  modelés  sur  un  type  depuis  longtemps  fixé  : 
ringénuité  dans  la  violence.  —  Quoi  qu'il  en  soit,  Gina  et  Pietro 
s'aiment  à  l'italienne,  c'est-à-dire  ingénument,  violemment,  et  sans 
fidéHté,  du  moins  Gina  :  car  elle  aime  aussi  Andréa,  qu'elle  enlève 
à  une  modiste  de  ses  amies,  tout  en  continuant  à  aimer  Pietro.  Et 
l'histoire  finit  aussi  à  l'italienne,  par  un  coup  de  couteau  de  Pietro  à 
Gina,  laquelle  a  juste  le  temps  de  baiser  la  main  qui  la  frappe  !  Beau 
sujet  de  livret  pour  la  musique  de  M.  Léoncavallo  ! 

11.  —  L'Ame  libre  est  un  des  mieux  venus  parmi  les  récits  déjà 
nombreux  de  Brada.  Si  les  précédents  dénotaient  déjà  une  certaine 
science  du  métier,  l'art  d'exciter  et  de  soutenir  la  curiosité,  celui-ci 
révèle,  ou  manifeste  avec  plus  d'éclat,  des  mérites  d'un  autre  ordre. 
L'intérêt  n'y  languit  pas  certes,  le  fond  du  sujet  étant  une  de  ces  histoires 
d'héritage,  dont  l'efTet  reste  tou  j'ours  sûr,  quoiqu'il  ait  si  souvent  servi  ; 
mais  il  est  l'occasion  de  peintures  de  mœurs,  qui  sont  d'un  obser- 
vateur, et  d'une  «  étude  d'âme,  »  qui  est  d'un  moraliste  idéaliste.  Des 
gens  du  monde  besogneux  (ils  n'ont  que  trente  mille  francs  de  revenus) 
passent  une  partie  de  l'année  chez  un  vieil  oncle  célibataire,  lequel, 
lui,  a  un  million  et  demi  de  revenu.  Ils  sont  les  héritiers  présomptifs, 
et  donc,  engagent,  sans  trop  d'angoisses,  leurs  capitaux  dans  des 
spéculations  de  bourse,  qui  leur  permettent  de  soutenir  un  train  de 


—  204  — 

maison  proportionné  à  leurs  ressources  futures.  Us  s'y  ruinent,  et  ils 
en  sont  informés  juste  à  l'heure  où  l'oncle  à  héritage  installe  chez  lui, 
à  côté  d'eux,  un  jeune  médecin,  qu'il  ne  va  pas  tarder  à  reconnaître 
pour  son  fds.  Tout  est  donc  perdu?  Pas  entièrement;  leur  fille,  Nicole, 
peut  les  sauver,  si  elle  accepte  le  plan  imaginé  par  le  vieil  original,  et 
qui  n'est  autre  qu'un  maj-iage  avec  l'intrus.  Mais  Nicole  est  une  «  âme 
libre,  »  affranchie  des  soucis  et  des  besoins  qui  font  l'infériorité  des 
gens  de  son  monde;  elle  n'aime  pas  l'argent  !  Et  si  elle  aime  ses  parents 
plus  qu'elle-même,  elle  ne  peut  pas  leur  sacrifier  sa  conscience;  or, 
sa  conscience  lui  défend  d'épouser  le  docteur  qu'elle  sait  être  un 
homme  méprisable.  Elle  refuse  donc,  et  se  condamne,  elle  et  les 
siens,  à  la  pauvreté  !  Personne,  autour  d'elle,  ne  l'approuve,  jusqu'au 
jour  où  l'on  a  là  preuve  que  le  «  bâtard  »  de  l'oncle  n'est  qu'un  coquin, 
et  que  l'oncle  lui-même  n'a  pas  été  aussi  cruel  pour  elle  qu'on  l'a  cru, 
puisque,  en  mourant,  il  lui  a  donné  un  petit  bureau,  lequel  contenait 
un  double  fond,  lequel  recelait  une  petite  fortune  en  billets  de  banque  ! 
Grâce  à  quoi  l'héroïne  de  ce  joli  conte  peut  épouser  son  ami  d'en- 
fance, aussi  libre  d'âme  et  aussi  noble  qu'elle. 

.  12.  —  Voici  une  autre  étude  d'âmes  un  peu  moins  conventionnelle, 
mais  moins  claire  et  moins  simple  :  une  Carrière  d'artiste  nous  fait 
faire  connaissance  avec  une  «  sœur  de  Charité  «  d'une  qualité  un  peu 
spéciale,  telle  que  peut  la  concevoir  le  mysticisme  anglican.  C'est 
une  femme  du  grand  monde  londonien,  dont  la  vie  est  consacrée,  de 
fait  et  sans  vœux  préalable,  à  I'k  accomplissement  du  devoir  envers  nos 
égaux,  le  plus  difiîcile  de  tous  »,  comme  le  disait  un  prédicateur  d'Ox- 
ford, et  qui,  un  moment,  pour  obéir  à  son  besoin  de  dévouement 
et  pour  se  distraire  de  chagrins  intimes,  a  pris  à  cœur  la  forma- 
tion et  le  succès  d'un  jeune  peintre  génial  et  sauvage.  La  scène  du 
premier  dîner  auquel  prend  part  chez  elle  ce  «  paysan  du  Nord,  »  les 
fautes  de  tact  qu'il  y  commet  et  qui  vont  compromettre  son  avenir, 
l'habileté  souriante  avec  laquelle  elle  intervient  et  opère  son  sauve- 
tage, est  une  des  plus  jolies  choses  que  je  connaisse  de  l'éminente 
romancière  qu'est  M"^^  Humphry  Ward.  Son  talent  de  moraliste,  son 
si  YÏï  sentiment  de  toutes  les  délicatesses  de  la  vie  sociale,  s'y  mani- 
festent avec  un  rare  bonheur.  Quant  à  l'histoire  de  ce  peintre  lui-même, 
elle  paraîtra  peut-être  moins  intéressante  que  celle  de  sa  pure  et 
angélique  protectrice;  elle  est  un  peu  mélodramatique,  —  ce  qui  ne 
l'empêche  pas  d'avoir  des  «  dessous  »  psychologiques  très-  solides  et 
très  étudiés.  C'est  celle  d'un  homme  qui  s'acharne  à  se  nuire,  tout 
en  s'élevant  progi*essivement,  par  un  travail  acharné  aussi;  il  com- 
promet, par  les  violences  de  son  caractère,  le  résultat  de  ses  efforts-,, 
des  efforts  de  ses  amis,  et  ses  succès  mêmes.  Comment  il  a  presque 
mérité  (presque  seulement)    d'être  abandonné   par  sa   femme,   com- 


—  295  — 

ment  et  pourquoi  il  a  caché  sa  situation  d'iiomme  marié,  comment  il 
est  amené  à  rechercher  la  fugitive,  après  combien  d'années  il  la  re- 
trouve, et  comment  il  retrouvera  aussi  auprès  d'elle  et  de  la  fille 
qu'elle  lui  ramène  sa  santé  et  son  talent  perdus,  c'est  le  sujet 
principal  de  ce  roman,  — mais  non  le  sujet  le  plus  intéressant.  Encore 
une  fois,  c'est  l'épisode  de  «  la  sœur  de  Charité  »  et  la  peinture  de  la 
haute  société  londonienne  qui  en  semble  la  partie  la  plus  originale. 
13.  —  S'il  y  a  quelques  réserves  à  faire  sur  le  Cadet,  je  les  ferai 
à  contre-cœur,  tant  l'œuvre  est  intéressante,  tant  elle  est  simple, 
quoique  complexe,  tant  la  langue  en  est  claire,  souple,  ferme,  tant  les 
détails  en  sont  réels  et  même  réalistes,  et  tant  l'inspiration  cependant  en 
est  élevée  et  même  idéaliste,  puisque  c'est  une  idée  qui  en  est  le  sujet 
et  presque  le  personnage  principal  !  —  Un  jeune  officier,  Jean  de 
Mondastruc,  cadet  d'une  grande  famille  à  moitié  ruinée,  renonce  à 
sa  carrière,  renonce  à  l'amour  qui  s'offre  à  lui  (deux  fols  et  même 
trois  fois),  pour  se  constituer,  avec  une  abnégation  douloureuse  et 
hautaine,  le  chevalier  et  la  victime  du  devoir  légué  par  les  siècles, 
et  rejeté  par  ses  autres  frères  :  le  devoir  de  maintenir  la  tradition 
familiale.  11  se  charge,  au  refus  de  son  aîné,  de  l'héritage  d'un  vieux 
château  et  de  ses  dépendances.  Il  sait  que  la  charge  e&t  onéreuse, 
qu'elle  sera  écrasante,  qu'il  n'a  pas  les  ressources  nécessaires  au 
relèvement  et  à  l'exploitation  fructueuse  du  domaine;  n'importe! 
11  ne  veut  pas  «  laisser  vendre  )>.  Il  ne  veut  pas  q^ue  sa  mère  soit  obligée 
de  quitter  la  maison  »,  de  rompre  avec  un  long  passé,  de  renoncer  à 
son  indépendance,  à  ses  charités,  à  ses  prodigalités.  Depuis  des  siècles, 
—  sept  exactement,  —  chaque  année,  le  10  décembre,  pour  célébrer 
un  anniversaire  familial,  «  largesse  était  faite  à  tous  les  miséreux 
qui  se  présentaient.  Et  il  s'en  présentait  des  bataillons,  venant  de 
tous  les  coins  du  pays  et  passant  la  nuit  à  faire  la  queue  à  la  grille  du 
château  ;  les  vingt-cinq  premiers  arrivés  recevaient  un  vêtement 
complet,  unpsin  de  six  livres  et  un  louis  d'or  !  Les  autres  étaient 
hospitahsés  et  hébergés.  Ces  largesses,  le  dernier  des  Mondastruc 
veut  les  continuer  malgré  la  baisse  des  fermages,  malgré  les  roueries 
de  ses  métayers,  malgré  la  «  mévente  «  du  vin,  malgré  les  «  soultes  » 
qu'il  a  dû  verser  à  ses  frères  et  qui  ont  vidé  son  portefeuille.  Il  les 
continue,  non  sans  être  obligé  de  les  réduire  cependant  :  une  année, 
le  louis  d'or  devient  un  demi-louis  !  Les  miséreux  ne  sont  pas  con- 
tents :  ((  Si  c'est  pour  çà  qu'on  nous  fait  faire  trois  jours  de  marche  !  » 
grogne  l'un  d'eux.  Mais  la  mère  n'entend  pas  ces  grognements;'  elle 
n'a  vu  de  sa  chambre,  où  la  retiennent  l'âge  et  la  maladie,  que  le  défilé 
traditionnel,  et  elle  peut  croire  que  la  famille,  quoique  appauvrie, 
n'a  pas  dégénéré.  Sans  doute  elle  a  aperçu  quelques  changements 
dans  les  mœurs  du  pays  :  on  est  moins  empressé  et  même  moins  res- 


—  296  — 

pectueux  pour  elle  et  pour  son  fils.  Mais  elle  en  accuse  «  la  politique  », 
qui,  sans  doute,  n'y  est  pas  étrangère;  elle  peut  ignorer,  ou  feindre 
d'ignorer,  que  les  pauvres  respectent  surtout  la  fortune  (c'est  même 
leur  grande  pauvreté  !).  Et  elle  meurt  en  bénissant  son  fils  pour  les 
consolations  et  les  illusions  qu'il  lui  a  données.  Et  lui,  il  continue  sa 
lutte  contre  l'adversité  croissante;  ses  revenus  agricoles  devenant 
décidément  insuffisants,  il  se  fait  industriel.  Il  fabrique  des  pâtés  de 
foie  !  Et  comme  il  les  fabrique  très  bien,  il  impose  «  sa  marque  »  aux 
cliarcu tiers  et  aux  épiciers.  De  plus,  il  impose  le  respect  aux  bour- 
geois qui  auraient  été  tentés  de  l'accuser  de  dérogeance  !  »  Mais  s'il 
a  sauvé  «  sa  maison,  «  il  a  perdu  le  bonheur.  Il  a  perdu  Floriane, 
il  a  perdu  Marie-Josèphe,  il  a  perdu  surtout  Isaure  !  Car  elles 
étaient  trois  à  l'aimer  et  qui  ne  purent  pas  l'épouser  :  —  Floriane, 
parce  qu'elle  dut  obéir  à  son  père,  le  marquis  d'Arjac, 
effrayé  par  les  charges  qu'avait  acceptées  Jean; — Marie-Josèphe, 
parce  qu'elle  avait  gardé  son  secret  trop  pudiquement,  au  plus  pro- 
fond de  son  cœur,  et  parce  que,  étant  la  propre  sœur  de  Floriane,  elle 
avait  laissé  Jean  s'habituer  à  ne  voir  en  elle  qu'une  sœur,  «l'ingrat  !  il 
l'appelait  sa  sœur  !  »  —  Isaure  enfin,  parce  qu'elle  n'avait  que 
dix-huit  ans  alors  qu'il  en  avait  trente-cinq,  et  que,  de  plus  et  en 
outre,  elle  était  sa  nièce,  la  fille  de  l'égoïste  Aîné  ! 

Sentez-vous  venir  les  réserves  annoncées?  La  première  porterait 
sur  la  «  triplicité  »  de  ces  amours,  la  seconde  sur  le  caractère  de  l'amou- 
reux, la  troisième  sur  la  nature  du  troisième  amour.  Mais  après  les 
avon*  formulées  par  acquit  de  conscience,  je  plaiderai  et  signerai  un 
recours  contre  elles.  Car  d'abord  le  «  triplicité  «  de  ces  amours  n'empê- 
che pas  l'unité  de  l'action,  attendu  que  cette  unité  résulte  d'un  qua- 
trième amour,  celui  de  Jean  pour  la  «  Maison  »,  pour  la  tradition 
qu'elle  représente,  pour  cette  Idée,  dont  j'ai  déjà  dit  qu'elle  était  la 
véritable  fiancée  et  l'épouse  !  Et,  sans  doute,  Jean  apporte  dans  sa 
fidélité  héroïque  et  mélancolique  quelque  chose  d'un  peu  passif;  sa 
volonté  ne  réagit  pas  assez  virilement  sur  les  volontés  d'autrui  et 
ne  sait  pas  commander  aux  circonstances,  il  est  un  héros  «aboulique,» 
plus  résigné  qu'agissant,  mais  combien  «  sympathique  »  et  combien 
digne  de  l'amour  d' Isaure  !  Cet  amour,  veuillez  le  remarquer,  n'a 
pas  le  caractère  inquiétant  et  suspect  que  nous  avons  dû  si 
souvent  signaler  ici  dans  les  amours  de  certaines  Agnès  pour  les 
«  vieillards  de  quarante-trois  ans  »,  comme  on  disait  du  temps 
de  Molière.  D'abord  Jean  n'est  pas  encore  arrivé  à  cette  «  vieil- 
lesse, »  qui  n'est  parfois  que  la  seconde  jeunesse  (quand  elle  n'est  pas 
la  seconde  enfance),  des  Arnolphes  contemporains;  il  n'a  que  trente- 
cmq  ans  !  S'il  est  un  peu  mûr,  il  ne  le  montre  que  par  la  gravité  de 
son  attitude,  la  générosité  de  son  sacrifice  et  l'autorité,  agissante, 


—  2'J7  — 

cette  fois,  qui  impose  un  sacrifice  égal  à  sa  nièce.  Et,  quant  à  celle-ci 
elle  a  l'innocence,  la  grâce,  l'espièglerie,  les  tendresses  audacieuses 
des  meilleures  héroïnes  de  Pailleron  (voyez  ici,  si  vous  voulez,  une 
quatrième  réserve  !).  Mais  si  elle  est  un  peu  «  livresque  »  et  conven- 
tionnelle, elle  n'a  pas  ce  je  ne  sais  quoi  de  «  faisandé  »  qui  se  mêle  à 
l'ingénuité  des  Agnès  de  roman  ou  de  théâtre.  Même  lorsqu'elle 
arrive  chez  son  oncle,  à  onze  heures  de  la  nuit,  après  s'être  évadée  de 
chez  son  père,  lorsqu'elle  lui  dit  qu'elle  sait  très  bien  qu'elle  fait  une 
énormité,  elle  reste,  on  le  sent,  une  très  petite  fille, —  inconsidérée, 
certes,  et  un  peu  folle.  Oui  !  oui  !  Mademoiselle  !  vous  êtes  une  petite 
écervelée,  et  je  suis  obligé  de  faire  la  grosse  voix  et  de  vous  gronder  ! 
—  tout  en  répétant,  à  la  cantonade  :  Elle  est  exquise  ! 

14.  —  L'Oraison  dominicale  est  un  recueil  de  neuf  nouvelles,  dont 
chacune  a  un  titre  emprunté  à  une  des  paroles  du  Pater.  L'esprit 
n'en  est  pas  très  sûr.  La  huitième  nouvelle  :  Ne  nous  laissez  pas 
succomber  à  la  tentation,  nous  raconte  l'aventure  d'une  pauvre  ser- 
vante, induite  en  tentation  de  charité  par  la  lecture  d'une  vie  de 
saint,  et  donnant  à  un  mendiant  qui  passe,  la  fourrure  de  son  maître; 
un  ange  viendra  la  lui  rendre  comme  elle  l'a  lu  dans  le  pieux  livre. 
Mais  au  lieu  d'un  ange,  c'est  un  gendarme  qui  vient  et  qui  la  mène 
en  prison  !  —  C'est  «  traduit  du  polonais  »,  mais  d'un  polonais  au 
lyrisme  titubant.  N'allez  pas  y  chercher  de  l'édification  ! 

15.  —  L'édification,  vous  la  trouverez  plutôt  dans  V Immolé.,  d'une 
inspiration  plus  chrétienne,  —  tout  à  fait  chrétienne  sans  doute; 
Les  théologiens  auront  à  décider  ce  dernier  point;  je  m'en 
rapporte  à  eux.  C'est  d'ailleurs  pour  eux  que  semble  écrit  ce  roman. 
Il  ne  l'est  pas  pour  les  petites  filles,  qui  n'y  comprendraient  rien  ou 
qui  seraient  scandalisées  de  ce  qu'elles  comprendraient;  les  jeunes 
gens,  fussent-ils  sillonnistes,  le  trouveront  trop  long,  trop  lent,  sur- 
tout trop  triste  ;  mais  les  professeurs  de  grand  séminaire,  les  chanoi- 
nes, les  archiprêtres  y  trouveront  peut-être  «  un  plaisir  extrême  »  — 
adéquat  à  leurs  goûts,  bien  entendu,  et  conciliable  avec  leurs  plus 
austères  habitudes  d'esprit,  puisqu'il  leur  donnera  l'occasion  d'agiter 
les  plus  graves  problèmes  de  la  vie  chrétienne  et  celle,  aussi,  de  faire 
«  des  objections  »  et  des  réserves  !  Rien  que  pour  avoir  essayé,  — ■ 
ou  plutôt  avoir  mérité  —  de  conquérir  une  pareille  clientèle,  au 
roman  contemporain,  l'auteur  aurait  droit  à  toutes  nos  félicitations. 
Son  œuvre  n'est  rien  moins,  en  effet,  que  l'histoire  d'un  jeune  homme 
qui  comprend  le  prix  de  la  souffrance  chrétienne,  et  qui  accepte  de 
souffrir  pour  s'associer  à  la  Rédemption  du  Christ,  pour  accroître 
le  trésor  de  la  communion  des  saints,  pour  exercer  la  charité  surna- 
turelle à  l'égard  de  ses  frères  morts  ou  vivants,  et  enfin,  pour  expier  les 
péchés  des  hommes,  les  siens  compris  et    ceux   de  sa    famille.    Car  il 


—  208  — 

pèclie  donc,  et  même  il  rechute,  mais  il  se  relève.  Son  père  ne 
s'était  pas  relevé,  il  s'était  suicidé,  après  avoir  volé  Aangt-cinq 
mille  francs  dans  la  caisse  dont  il  avait  la  garde  (détails  macabres 
sur  ce  suicide,  la  recherche,  la  découverte  du  cadavre  dans 
les  eaux  du  Rhône;  tout  un  chapitre,  intitulé  :  Ce  que  pèse  un  mori). 
Le  mobile  du  vol  était  d'ordre  «  passionnel  »,  comme  disent  les  avocats 
d'assises  :  il  était  plutôt  d'ordre  crapuleuix  ;  les  exigences  d'une  femme 
qui  lui  avait  vendu  sa  fille  et  la  lui  avait  livrée  chloroformée  !  Daniel 
supporte  vaillamment  l'horrible  épreuve  et  il  aide  sa  mère  déjà 
infirme  (elle  est  atteinte  d'une  coxalgie  tuberculeuse)  à  n'y  pas  succom- 
ber. Sa  tâche  lui  est  d'abord  facilitée  par  de  bonnes  voisines  qui  veil- 
lent la  malade  la  nuit,  lui  tiennent  compagnie  le  jour,  pendant  que 
lui  va  gagner  son  pain  (il  est  professeur  à  l'école  libre  des  jésuites). 
Mais  bientôt  ce  qui  avait  paru  un  secours  devient  une  pierre  de 
scandale;  l'une  de  ces  femmes  est  jeune,  jolie,  dépourvue  de  sens 
moral;  elle  entraine  Daniel  au  péché..  Or,  devinez  quelle  était  cette 
«jeune  personne?»  Celle  pour  qui  le  caissier  s'était  suicidé!  L'épou- 
vantable découverte  jette  Daniel  au  repentir  le  plus  violent,  à  la  pra- 
tique de  tous  les  sacrements.  L'homme  surnaturel  se  dégage  peu 
à  peu  chez  lui  de  tout  ce  qui  le  retenait  dans  la  médiocrité  morale. 
Il  dévient  plus  patient  avec  ses  élèves,  ceux-là  mêmes  qui  l'insultent 
et  écrivent  le  nom  de  son  père  sur  le  tableau  noir;  il  supporte  sans 
trop  d'amertume  les  habiletés  des  RR.  PP.  jésuites,  qui  voudraient 
se  débarrasser  d'un  collaborateur  compromettant;  ii  leur  pardonne 
leur  «  habitude  »  de  «  déformer  le  Christ  par  des  artifices  de  séduction 
pauATement  humains  »  (p.  184);  Il  rend  ^•isite  aux  Frères  prêcheurs, 
et  ne  remarque  pas  trop  douloureusement  «  le  retroussis  orgueilleux 
de  la  lèvre,  propre  au  type  dominicain  (p.  295)  !  »  11  prend  part  à  des 
conférences  contradictoires  et  se  permet  de  rappeler  à  la  justice  et 
au  bon  sens  un  professeur  de  Faculté  qui  lui  répond  par  une  grossière 
injure  (le  rappel  du  crime  paternel).  Bref,  il  mérite  d'obtenir  pour 
sa  mère  un  signe  éclatant  de  la  faveur  céleste,  vainement  demandé 
jusqu'à  ce  jour.  Le  8  décembre,  après  le  Viatique  reçu,  la  malade, 
déjà  agonisante,  se  dresse  sur  sa  couche,  elle  est  guérie.  La  plaie 
tuberculeuse  est  fermée,  la  jambe  fonctionne,  les  forces  et  la  santé 
sont  revenues.  C'est  alors  qu'il  rechute,  lui  !  Une  rencontre  de  hasard, 
qui  lui  fait  atrocement  sentir  sa  misère,  et  plus  ardemment  éprouver 
le  besoin  de  l'expiation  par  l'immolation.  L'occasion  de  s'immoler 
«en  esprit  »  se  présente  assez  vite  :  la  maladie  de  sa  mère  recommence  ! 
Un  second  miracle,  qu'ils  vont  ensemble  demander  à  Lourdes,  leur 
est  refusé  !  Il  accepte  cet  échec,  il  accepte  même  la  mort  de  sa  mère 
d'un  cœur  ferme  et  fidèle.  Il  e&t  prêt  pour  d'autres  sacrifices,  celui 
même   de  sa  vie,  s'il  lui  est  demandé.  Il  se  trouve  seul  un  jour  en 


—  290  — 

face  d'une  bande  d'apaches  du  gouvernement  qui  essaient  d'envahir 
une  église;  il  se  place  sur  le  seuil,  résiste  à  l'assaut  furieux,  essuie  une 
grêle  de  coups,  est  blessé  à  la  tête  et  à  la  poitirne,  et  finalement  a  la 
main  clouée  contre  la  porte  par  un  coup  de  couteau  !  C'est  une  des 
plaies  de  la  Crucifixion  et  en  l'honneur  du  Christ,  en  compagnie  du 
Christ!  Est-ce  tout?  L'immolation  est-elle  achevée?  Pas  encore  :  il 
va  guérir,  il  va  vivre,  il  pourra  donc  souffrir  de  nouveau.  Recueilli 
dans  une  famille  chrétienne,  où  l'on  panse  et  où  l'on  ferme  ses  bles- 
sures, il  inspire  une  passion  chaste,  mais  violente,  à  la  fille  de  la  maison; 
lui-même,  avec  cette  acuité  de  sensibilité  propre  aux  convalescents,  il 
ne  laisse  pas  de  remarquer  «  la  taille  »,  le  «  teint  »,  le  «  nez  »,  le  «  men- 
ton »,  et  autres  objets  de  l'aimable  personne.  Mais  il  priait,  il  regar- 
dait le  Rhône  «  qui  n'était  plus  le  même  Rhône  qui  avait  charrié  le 
cadavre  de  son  père,  mais  le  fleuve  d'En  haut,  baptismal,  se  ruant 
du  ciel  et  des  cîmes  inviolées.  A  respirer  son  souffle,  il  se  rénovait  le 
sang  au  voisinage  des  sources  éternelles,  ses  espoirs  se  revigoraient  », 
(p.  360)  et  le  courage  de  fuir  lui  venait.  11  part  donc,  non  sans  avoir 
prononcé  quelques  belles  phrases  sur  «  la  Communion  des  Morts  »  et 
sur  sa  propre  personne  qu'il  compare  à  «  un  de  ces  météores  silen- 
cieux qui  pendent  comme  un  glaive  sur  des  horizons  tristes  et  font 
le  ciel  vide  autour  d'eux;  les  êtres  tels  que  moi  n'apparaissent  qu'à 
la  fin  ou  à  l'approche  des  cataclysmes  !»  Ce  qu'entendant,  la  jeune  fille 
est  guérie  net.  Et  Daniel  disparait,  faisant  un  grand  signe  d'au-revoir  : 
ses  longues  mains  pâles  se  déployèrent  élancées  vers  l'azur  qu'elles, 
emplissaient  !  !  !»  Ou  va-t-il?  Il  va  écrire  quelque  «  livre  lent,  prof ond  » 
qui  «  fertilisera  les  âmes  »  «  de  même  que  ce  fleuve  engraisse  en  pas- 
sant là  plaine  inhabitée!...»  — ^Pour  être  «  fertilisant  »,  ce  livre  futur 
devra  avoir  quelques  qualités  de  plus  que  celui-ci.  Il  devra  être  moins 
«  lent  »,  plus  simple,  d'une  «  écriture  »  moins  romantique.  Si  la  matière 
en  reste  la  même  — ■  à  savoir  la  vie  intérieure  d'une  âme  chrétienne, 
ses  tentations,  ses  chutes,  ses  contritions,  son  perfectionnement 
progressif  — •  elle  devra  être  traitée  d'une  main  plus  experte  et  plus 
prudente.  Il  n'y  a  peut-être  pas  de  «  matière  à  mettre  en  roman  »  qui 
exige  une  plus  grande  maîtrise;  il  n'y  en  a  pas  qui  expose  à  offenser 
de  plus  délicates  convenances.  L'âme  a,  comme  le  corps,  ses  pudenda 
qui  ne  sont  pas  montrables,  ai-je  dit  bien  souvent  déjà,  et  il  est 
aussi  difficile  pour  un  chrétien  de  parler  sans  incongruité  de  ses 
confessions,  contritions  et  immolations,  que  pour  un  homme  bien 
élevé  de  sa  brosse  à  dents,  de  sa  cuvette  ou  de  son  bain  de  pieds..  Et 
il  ne  sert  de  rien  d'y  employer  un  langage  tendu,  frénétique,  presque 
apocalyptiq^ue  comme  ici  ;  ce  n'est  au  contraire  que  plus  gênant. 

Ce  Daniel  est  gênant  !  Et  on  a  bien  souvent  envie  de  l'inviter  à 
îiller  «  se  pouiller  l'âme  »  plus  loin.  Il  y  a  dans    son    «    catholicisme  » 


—  300  — 

quelque  chose  d'indiscret,  d'outrancier,  d'anormal,  d'hystérique,  • — 
ne  lisez  pas  hérétique  1  C'est  un  malade.  Sans  doute,  il  est  victime 
do  l'hérédité;  il  est  fds  d'un  suicidé  et  d'une  tuberculeuse;  mais  il 
est  victime  aussi  de    l'auteur,    lequel   a    volontairement    ajouté    à 
ses  tares,  par  une  logique  trop  «  livresque  ■'\  conforme  peut-être  aux 
lois  du  raisonnement,  mais  contraire  aux    lois  de    la    vie.    Ce    qui 
n'empêche  pas  qu'on  ne  surprenne    çà    et    là    quelques    contradic- 
tions; il    se    plaint,  par    exemple,     de    la    manie    qu'ont     certains 
bons    catholiques     de    se    tirer    dessus •  les  uns  les  autres;  pourquoi 
tirc-t-il  lui-même  sur  les  jésuites  et  les   dominicains,  ou,  du  moins,  leur 
décoche-t-il  des  épigrammos  qui,  en  outre   du  tort  d'être  «  désuètes,  « 
ont   celui   d'être   particuhêrement  inopportunes?  Je    terminerai   en 
citant  le  passage  suivant,  où  l'on  peui  voir  comme  un  résumé  des 
mérites  et  des  défauts  de  l'œuvre  ;  les  sentiments  exprimés  y  sont  ad- 
mirables; un  détail  de  l'expression  y  est  bizarre.  «  Tu  pensais,  mon 
enfant,  dit  à  Daniel  sa  mère  redevenue  infirme,  qu'il  vaut  mieux  agir 
que  souffrir.  Eh  bien  !  non  !  vois-tu?  pour  moi,  il  n'y  a  rien  de  meilleur 
que  de  m'immoler.  Je  porte  en  moi  les  douleurs  et  les  péchés  de  trop 
d'âmes;  je  souffrirai  bien  peu  pour  les  expier.  Et  même  quand  je  pâti- 
rais dans  ma  chair,  tout  ce  que  les  martyrs  ensemble  ont  pâti,  mCme 
si  le  Sauveur  penchait  vers  moi  son  calice  et  le  vidait  en  mon  sang, 
ce  serait  encore  très  peu  auprès...  »  Auprès  de  quoi?  Vous  attendez, 
Je  sens  général  du  passage  vous  oblige  à  attendre  un  mot  relatif  eux 
péchés  et  aux  expiations;  mais  vous  avez  la  surprise  de  lire  ceci  : 
«  aaprès  de  ce  qu'il  me  donne,  tous  les  matins  dans  l'Hostie!  »  Le 
livre  entier  est  fait  un  peu  sur  le  modtlc  de  cette  phrase  :  de  haaux 
élans,  qui  ravissent,  et,  brusquement,  des  faux-pas,  des  sautes  de 
sens,   qui  donnent   des  surprises  désagréables.   La  composition  est 
«  pleiiie    de  trous,  »'  comme  dit  un  Petdcloup  de  ma  comiaissance, 
et  l'impression  qu'elle  laisse  est  ambiguë,  —  sauf,  toutefois,  en  ce  qui 
concerne  le  talent  de  l'auteur,  qu'il  n'y  a  pas  moyen  de  nier.  Le  jour 
où  ce  talent  aura  plus  de  confiance  en  soi,  qu'il  s'évertuera  moins  et 
qu'il  sera  plus  simple,  il  donnera  l'ceuvre  hmpide,  saine  et  «  profonde  » 
que  celle-ci  permet,  malgré  tout,  d'espérer. 

RoMAXs  DE  MŒURS.  —  16,  17,  18,  19,  20  et  21.  —  Soyons  courtois 
et  faisons  place  aux  étrangers,  à  l'illustre  Tolstoï  d'abord  et  à  ce 
XIX^  tome  de  ses  œuvres  complètes,  traduites  par  J.-W.  Bienstock, 
lequel  tome  comprend  :  Le5  Confessions  (1879-81);  Récits  populaires 
(1881-86);  Légendes  pour  l'Imagerie  (1885)  et  Légendes  populaires 
(1886)  dont  il  a  été  parlé  à  la  date  de  la  première  publication.  Répé- 
tons une  fois  de  plus  que  le  traducteur  écrit  un  bon  français,  —  ce 
qui  n'est  pas  un  mérite  banal  chez  les  traducteurs. — ^\'oici  deux  Ki- 
pling, l'auteur  favori  de  l'Angleterre,  l'écrivain  que  son  éditeur  paie 


—  301  — 

«  à  tant  le  mot»:  Le  Chat  maltais,  recueil  de  neuf  nouvelles,  avec  une 
préface  Ij^ique,  de  l'un  des  traducteurs, — et  Au  Blanc  et  Noir,  recueil 
devingt-deux  nouvelles. La  scènese  passe  toujours  dans  les  Indes, et  les 
héros  sont  des  indigènes  ou  des  soldats  anglais,  peints  avec  le  même 
humour  britannique  ■ —  tellement  britannique  qu'il  ne  parait  pas 
toujours  humain  —  et  la  même  puissance  créatrice  de  vie,  un  peu 
évaporée  en  arrivant  sur  notre  continent.  M.  Fabulet,  l'auteur  de  la 
préface  admiratrice  et  exclamatrice  susdite,  s'exclamera  peut-être 
devant  ces  réserves  timides.  «  Ah  !  dira-t-il,  Oh  !  cet  homme  qui  a 
tout  vu,  qui  tout  connaît,  qui  do  tout  a  tiré  un  jugement  sûr  et  droit, 
qui  tout  expose  avec  loyauté  !  »  Ne  pas  comprendre  cet  homme  ! 
«  Regardez  l'œil  de  Rudyard  Kipling  !  Regardez  l'homme  sourire  !  ^) 
Il  a  vu  ce  sourire,  lui,  il  a  vu  cet  œil,  à  telle  date,  à  tel  endroit  de 
tel  village,  distant  de  tant  "de  telle  ville,  et  «  sur  la  falaise  anglaise  », 
encore  !  11  en  est  resté  tout  ébloui  !  Nous,  qui  n'avons  vu  que  les 
points  d'interjection,  de  M.  Fabulet,  on  comprend  que  nous  soyons 
moins  émus  !  —  Nous  n'en  sommes  que  plus  reconnaissants  à  l'intel- 
ligent éditeur  qui  a  publié  ce  joli  volume  des  Œiwres  choisies  de 
Rudyard  KipUng,  avec  une  notice  deM.MichelEpuy.Lenomdel'écri- 
vain  anglais,  récent  lauréat  du  prix  Nobel,  appartient  désormais  à 
la  littérature  universelle;  son  œuvre,  traduite  dans  toutes  les  langues, 
est  cependant  difficilement  accessible  à  tous  les  esprits  ;  elle  déconcerte 
nos  habitudes  et  nos  goûts.  Un  recueil  comme  celui-ci  est  tout  à  fait 
propre  à  nous  préparer  à  l'intelligence  d'un  talent  aussi  profondément 
distinct  de  ceux  que  nous  comprenons  :  ~  et  toto  penitiis  divisos  orbe 
Britannos  !  —  Il  est  composé  des  morceaux  les  moins  étranges  et  les 
plus  humains  de  cette  œuvre  si  diverse  et  si  inégale;  il  est  accom- 
pagné de  quelques  indications  brèves,  mais  indispensables.  C'est  un 
livre  à  mettre  dans  les  bibliothèques  de  tous  les  lettrés.  —  La 
Grande  Ombre  est  un  roman  historique  de  l'auteur  de  Sherlock- 
Holmes.  Le  titre  désigne  Napoléon  I^""  que  l'un  des  personnages 
se  représente  comme  une  ombre  pesant  sur  l'Europe.  11  y  a  un  récit 
de  la  bataille  de  Waterloo  par  un  jeune  soldat  anglais,  où  sont  rele- 
vés les  petits  côtés  d'un  des  plus  grands  faits  de  l'histoire,  qui  fait 
penser  —  vaguement  —  à  celui  de  Stendhal  dans  la  Chartreuse  de 
Parme. —  Henri  d'Ojterdingen  nous  ramène  à  plus  d'un  siècle  en 
arrière,  avec  cette  réédition,  dont  le  besoin  ne  se  faisait  peut-être 
pas  bien  sentir,  de  ce  fragment  de  roman  qui  fut  l'œuvre  capitale 
de  Novalis.  Dans  une  courte  préface,  élégante  et  précise,  M.  Henri 
Albert  rappelle  tout  ce  que  les  lettrés  d'aujourd'hui  doivent  savoir 
encore  d'un  poète  mort  en  1801,  et  qui  fut  beaucoup  lu  par  nos 
premiers  romantiques. 

22.  —  Terre  d'Oc  n'est  pas  un  roman  ;  c'est  un  recueil  de  «  causeries  » 


—  302  — 

sur  le  Midi,  écrites  pour  un  journal  radical-socialiste  de  Toulouse, 
par  un  romancier  délicat  qui  s'oublia  parfois  et  qui  s'oublie  ici,  çà  et 
là,  à  être  un  policitien  fort  vulgaire,  \oi\k  ce  qu'oublient  trop  nos 
jeunes  poètes  et  «esthètes  «des  Revues  méridionales,  et  quelques  snobs, 
rédacteurs  des  journaux  les  plus  cléricaux  de  Montpellier  et  de  Tou- 
louse qui  sollicitent  notre  admiration  pour  ce  <'  régionaliste  «  et  notre 
souscription  pour  sa  statue.  Je  voudrais  qu'on  lût  à  la  cérémonie  d'inau- 
guration, une  page  de  lui,  d'un  lyrisme  frénétique,  tout  à  fait  digne 
d'un  Homais  de  sous-préfecture  en  délire,  sur...  «  la  courte-pointe  ^u 
lit  de  M^^e  cjç  ^^'arens  i  !  )>  Les  régionalistes  les  plus  dévots  à  Rousseau 
et  à  son  Initiatrice  en  rougiraient  de  lionte.Eii  attendant,  je  les  invite, 
ou  du  moins  j'invite  les  jeunes  monarchistes  de  là-bas  à  Mre  les  pages 
76  et  77  du  présent  recueil  sur  la  cathédrale  d'Albi  et  la  \'errerie 
ouvrière  comparées  !  - —  la  cathédrale,  nécropole  d'un  passé  aboh, 
édifice  ruiné  par  «  lu  critique  scientifique,  sonnant  creux  aujourd'hui, 
décor  illusoire  porté  sur  le  néant  «  —  et  la  Verrerie  ouvrière,  «  berceau 
d'une  humanité  meilleure  »  vers  lequel  afflueront  plus  tard  «  des  cor- 
tèges, des  processions  de  pèlerins  !  »  En  attendant,  c'est  le  cortège 
des  huissiers  qui  s'est  dirigé  vers  ce  berceau,  et  c'est  -une  procession 
d'ouvriers  déçus  —  qui  ne  pouvaient  vivre  seulement  de  phrases  creu- 
ses,—  qui  en  est  sortie  ! — Que  dites-vous  de  ces  phrases,  mes  petits 
snobs  de  Terre  d'Oc? 

23.  —  Les  Fronts  têtus,  qui  font  pai*tie  de  la  «  collection  des  Écri- 
vains régionaux  »  contiennent  cinq  nouvelles,  d'une  inégale  étendue, 
mais  d'une  valeur  égale  ;  le  récit  y  est  intéressant,  d'une  bonne  langue, 
pas  «  régionale,  «  bien  française,  mais  qui  a  su  traduire  les  sentiments 
particuliers,  les  affections  et  même  les  superstitions  de  l'âme  bre- 
tonne. 

2i.  — ■  Ceux  de  chez  nous  ont  un  goût  de  terroir  plus  prononcé, 
peut-être  un  peu  plus  qu'il  ne  conviendrait.  Le  récit  y  est  plus  lent 
et  moins  prenant;  mais  l"aut''ur  a  moins  visé  à  être  un  conteur  qu'un 
peintre,  le  peintre  du  haut  Berry,  dont  l'âme,  dit-il,  vibre  dans 
son  âme  et  qu'il  a  voulu  faire  passer  —  «  palpiter  »  —  dans  «  ces 
pages  loyales  ».  «  A  cet  effet,  «  ajoute-t-il,  «  j'ai  dû  étudier  noire  idiome 
berrichon  ».  L'a-t-il  au  moins  transposé  dans  la  langue  française, 
puisqu'enfm  c'est  à  tous  les  Français  qu'il  s'adresse?  Il  semble 
que  oui  ;  tout  le  monde  comprendra  que  «  blaude  »  veut  dire  «  blouse,  » 
quand  le  sens  général  du  contexte  y  aidera;  mais  que  «  blaude  »  ait 
plus  d'âme  que  «  blouse,  »  c'est  peut-être  moins  facile  à  saisir.  — 
Quoi  qu'il  en  soit,  le  Joueur  de  (bielle,  par  où  débute  ce  recueil  de 
nouvelles  berrichonnes,  est  l'histoire  d'un  petit  berger  qui  se  laisse 
mourir  d'amour  pour  la  Zélie,  une  paysanne  riche,  à  qui  il  n'a  jamais 
rien  avoué  !  Si  l'auteur  ne  nous  assurait  pas  que  ce  petit  vielleux  est 


—  303  — 

du  Berry,  «  j'aurais  cru  qu'il  fût  »  de  l'Arcadie  ou  du  paj^s  de  l'Astrée  ! 

25.  —  Jean  Luc  persécuié  est  l'histoire  d'un  nigaud  qui  devient  fou. 
On  en  a  loué  «  l'écriture  »  et  les  «  mœui^  ».  Les  mœurs  y  sont  plates, 
et  l'écriture  est  idoine  aux  mœurs  ;■  elle  a  pourtant  une  singularité  : 
le  pronom,  sujet  du  verbe,  y  est  souvent  supprimé  !  Vous  allez  voir 
comme  c'est  intéressant  :  Jean  Luc  avait  pris  femme  ;  fut  vite  trompé  ; 
elle,  belle;  lui,  bête;  s'en  aperçut  pourtant;  pardonna  une  fois,  deux 
fois,  puis  se  'fâcha;  mit  l'infidèle  à  la  porte;  ne  s'en  consola  pas.  Fut 
triste,  fut  mélancolique,  devint  neurasthénique,  puis  dément.  Trouva 
un  jour  sa  femme  près  d'une  meule;  l'y  attacha,  y  mit  le  feu;  après 
quoi,  se  noya.-  Il  y  a  228  pages  sur  ce  sujet  —  et  de  ce  style.  —  Style 
nègre,  mais  commode  ! 

26. — /?êpe  (/e /wmz'ère  est  un  rêve  sociaUste.  Olivier  s'est  promis  de 
transformer  la  société.  Il  s'est  préparé  à  cette  œuvre  en  ayant  trois 
maîtresses  à  la  fois  (s'il  n'avait  pas  été  «  vicieux,  »  il  n'aurait  pas  eu 
l'occasion  de  se  repentir,  comme  il  le  dit  lui-même  p.  226.)  Son  repentir 
et  son  apostolat  s'exercent  d'abord  à  domicile  :  il  convertit  sa  femme 
à  ses  idées,  il  lui  fait  prendre  en  dégoût  les  formes  actuelles  de  la 
société,  et  la  décide  à  se  faire  avec  lui  l'organisateur  de  la  société 
future.  Ils  renoncent  à  la  fortune,  ils  quittent  leur  bel  appartement, 
se  logent  à  un  5*^,  comme  des  ouvriers.  Cela  fait,  Olivier  fonde  un 
journal  où  «il  ressuscite  la  critique  »  —  (car  il  paraît  qu'il  n'y  a  pas 
en  France  un  seul  journal  où  la  critique  soit  hbre);  —  il  songe  aussi 
à  fonder  une  usine,  comme  il  n'y  en  a.  pas  encore  une  au  monde, 
où  les  patrons  et  les  ouvriers  seront  désintéressés  les  uns  et  les  autres 
et  aussi  laborieux  que  désintéressés,  lorsqu'un  accident  arrive, 
qui  l'empêche  de  réaliser  son  rêve.  Il  avait  un  beau-frère,  un  aristo- 
crate, qui  avait  des  maîtresses,  comme  lui,  mais  n'était  pas  arrivé  à 
la  vertu  par  le  chemin  du  vice,  comme  lui;  il  était  arrivé  à  être  un 
coquin.  Ce  coquin  assassine  ce  rêveur  !  —  La  cité  future  perd  un 
ai  ses  ouvriers  les  plus  utiles. — J'avertis  l'auteur,  qui  a  du  style,  qu'il 
n'a  que  du  style,  — ■  ce  qui  peut-être  ne  suffira  pas  toujours  à  faire 
prendre  un  écrivain  au  sérieux  dans  notre  pays  d'écoliers  ! 

27.  —  C'est  sur  la  foi  d'un  prospectus  que  je  place  ici  Au  temps  de 
la  jeunesse  parmi  bjs  romans  de  mœurs;  on  y  assurait  que  ce  livre 
«  fournit  de  précieuses  inductions  sur  les  formations  des  jeunes  gens 
â'3  ce  temps-ci,  sur  leurs  pensées  familières,  leurs  préférences  intimes, 
'l'orientation  habituelle  de  leur  mentalité,  l'évolution...  etc.  »  ; 
'Si  bien,  ajoutait-on,  que  l'œuvre  est  à  la  fois  «  agréable  et  nourris- 
sante !  »  Là-dessus  j'ouvre  cette  œuvre;  elle  est  divisée  en  sept  cha- 
fpitres,  contenant  des  «  Dialogues  imaginaires  »,  (dont  le  premier  avec 
lia  flamme  de  la  lampe  et  la  Femme  inconnue),  des  Réflexions,  des 
Méditations,  des  Nouvelles.  Je  fis  la  nouvelle  intitulée  Amitié.  Deux 


—  304  — 

jeunes  coqs  vivaient  en  paix;  une  piuilf  survint;  que  croyez-vous 
qu'il  arriva?  Le  premier  favorisé  des  deux  coqs  enseigna  à  l'autre 
l'art  d'être  favorisé  à  son  tour  !  \'ous  voilà  reiiseigné  sur  les  forma- 
tions des  jeunes  gens;  ils  se  déforment  les  uns  les  autres  !  «  Jelesavais 
Ascagno 1  » 

28. —  La  Vie  intérieure  est  un  titre  trompeur,  à  moins  que  ce  ne  soit 
une  impropriété  verbale  désignant  l'illusion  où  vivent  successivement 
deux  jeunes  fdles,  éprises  l'une  et  l'autre  d'un  même  jeune  homme 
qui  ne  pense  ni  à  l'une  ni  à  l'autre.  La  première  des  deux  amoureuses 
meurt  de  s'être  trompée  (et  aussi  d'avoir  contracté  la  fièvre  typhoïde 
chez  un  pâtissier,  en  compagnie  de  sa  bonne).  La  seconde  en  guérit 
lorsqu'elle  a  épousé  un  autre  jeune  homme.  A  cela  près,  la  vie  exté- 
rieure de  ces  deux  sœurs  tient  beaucoup  de  place  dans  cette  histoire, 
qui  est  aussi  celle  de  leur  père,  qui  s'était  marié  deux  fois,  —  et  celle 
de  la  première  et  de  la  seconde  femme,  —  et  celle  des  amis  de  leur 
père,  notamment  d'un  banquier,  père  du  jeune  homme  inattentif  aux 
yeux  blancs  des  deux  sœurs,  ■ —  et  celle  des  deux  amis  de  ce  jeune 
homme,  —  et  celle  de  la  sœur  de  l'un  de  ces  amis,  laquelle  ne  voulut 
pas  épouser  l'autre  ami  (vous  suivez?),  lequel  épousa  une  autre 
personne,  de  laquelle  il  eut  une  fille,  de  laquelle  devint  amoureux 
le  fils  de  la  jeune  fille  qui  n'était  pas  morte,  laquelle  s'appelait  (j'allais 
l'oublier  !)  Catherine  !  De  sorte  que  cette  Vie  intérieure  est  une  sorte  de 
bazar  où  sont  entassées  pêle-mêle,  une  demi-douzaine  de  biographies 
individuelles  et  de  monographies  familiale?,  parmi  lesquelles  celle 
de  Catherine,  laquelle  «  naquit  un  matin  de  septembre,  »  au  com- 
mencement du  volume,  et  devient  grand'mère  à  la  fin!  — Je  dois 
dire  que  si  le  roman  est  aussi  mal  composé  que  possible,  il  est  d'une 
moralité  irréprochable,  d'une  austérité  un  peu  triste  même,  presque 
calviniste  ! 

29.  —  Le  Fantôme  du  passé  est  encore  un  titre  trompeur,  attendu] 
que  le  sujet  ne  comporte  l'apparition  d'aucun  fantôme  et  que  le  passé | 
dont  il  s'agit  n'a  pas  dix  ans.  C'est  peut-être  une  faute  de  traduction?' 
Le  texte  italien  porte  :  L'Ombra  del  passato,  ce  qui  est  moins  mélodra- 
matique, mais  reste  encore  un  peu  trop  métaphorique  pour  la  cir- 
constance, puisqu'il  s'agit  de  désigner  un  phénomène  psychologique 
très  simple  et  très  ordinaire.  L-n  jeune  homme  est  entre  deux 
jeunes  filles;  l'une  pauvre,  qui  est  sa  fiancée;  l'autre,  riche,  qui 
ne  demande  qu'à  devenir  sa  femme  et  attend  une  parole  définitive. 
11  laisse  voir  un  peu  d'hésitation;  V ombre  de  sa  fiancée^  c'est-à-dipe 
son  souvenir  se  dresse  devant  lui  et  le  fait  balbutier.  L'occasion  et 
la  tentation  de  trahir  ne  se  renouvellent  plus,  il  revient  à  sa  fiancée  et 
il  l'épouse.  Tel  est  le  canevas  du  nouveau  roman  de  M"^^  Grazzia 
Deledda;    on  devine  que  l'intérêt  principal    en  est  ailleurs,    c'est- 


—  30b  — 

à-dire  dans  l'histoire  minutieuse  des  personnages,  —  les  deux  fiancés 
d'abord,  Adone  et  Catarina,  presque  des  orphelins,  le  premier  mal 
élevé  par  des  pai'ents  de  moralité  suspecte,  s'élevant  peu  à  peu  jus- 
qu'à la  demi-Gulture  qui  lui  permet  de  prendre  rang  dans-  la  société 
régulière  et  de  devenir  institutem*  ;  la  seconde,  une  pauvrette,  ren- 
contrée sur  la  route  près  de  la  ehai*rette  où  agonise  sa  mère,  et  en 
qui,  avec  les  années,  s'épanouissent  la  «  beauté  du  diable  »  et  le 
sens  moral  de  la  femme  ;  — •  Maddalena,  la  rivale  riche,  sèche,  laide, 
a.vec  des  yeux  ardents,  qui  regaj'dent  beaucoup  Adone  et  le  trou- 
blent, avec  un  caractère  impérieux,,  qui  ne  peut  souffrir  de  retai'd 
dans  l'obéissance  à  son  vouloir;—  les  parents  des  uns  et  des  autres, 
mères,  tantes,  oncles,  cousins.  Les  détails  sont  innombrables,  pris,  à 
même  de  la  vie  réelle  rigoureusement  observée  et  transcrite.  Ce 
réaUsme  italien  pourra  pai'aitre  un  peu  brutal  à  notre  goût 
français  :  le  vin  de  Chianti  doit  se  consommer  sur  place. 

Charles  Arnaud. 


SCIENCES  BIOLOGIQUES 

1.  Mœurs  intimes  du  passé,  par  le  D^  Cabanes.  Paris,  Albin  Michel,  s.  d.,  petit 
in-8  carré  de  xii-463  p.,  avec  68  grav.  hors  texte,  3  fr.  50.  —  2.  VOrigine  de 
la  vie,  par  J.-M.  Pargame.  Paris,  Schleicher,  s.  d.,  petit  in-8  de  xiii-194  p.,  avec 
69  fig.,  1  fr.  50.  —  3.  La  Crise  du  transformisme,  par  Félix  Le  Dastec.  Paris, 
Alcan,  1909,  in-16  de  vi-288  p.,  3  fr.  50.  —  4.  Un  Miracle  d'aujourd'hui  ;  dis' 
cussion  scientifique,  par  Georges  Bertrin.  Paris,  Lecolîre,  Gabalda,  1909,  in-12  de 
158  p.,  avec  une  radiographie,  1  fr.  50.  —  5.  Études  de  psychologie  sexuelle,  la 
pudeur,  la  périodicité  sexuelle,  l'auto-érotisme,  par  Havelock  Ellis;  trad.  de 
l'anghiis  par  A.  Van  Gennep.  Paris,  Mercure  de  France,  1908,  in-8  de  407  p., 
5  fr.  —  6.  V Audition  morbide,  par  le  T)'^  A.  Marie.  Paris,  Bloud,  1908,  in-16 
de  iv-147  p.,  1  fr.  50.  —  7.  Les  Préjugés  sur  la  folie,  par  la  princesse  Lubo- 
MiRSKA.  Paris,  Bloud,  1908,  in-16  de  iv-88  p.,  1  fr.  50.  —  8.  La  Pathologie 
de  l'attention,  par  N.  Vaschide  et  Raymond  Meunier.  Paris,  Bloud,  1908, 
in-16  de  iv-116p.,  1  fr.  50.  —  9.  Neurasthénie  et  névroses;  leur  guérison  définitive 
«fi  cure  libre,  par  le  D"'  P.-E.  LÉvy.  Paris,  Alcan,  19Ù9,  in-16  de  407  p.,  4  fr. 
—  10.  Contribution  apportée  à  la  notion  d'hystérie  par  l'étude'  de  l'hypnose,  spécia- 
lement considérée  dans  son  histoire,  dans  son  essence,  dans  ses  effets,  par  le  D"" 
Robert  Van  der  Elst.  Paris,  Vigot,  1908,  gr.  in-8  de  209  p.,  4  fr.  —  11.  Histoire 
pharmacotechnique  et  pharmacolo gique  du  mercure  à  travers  les  siècles,  par  Et.  Mi- 
CHELON.  Tours,  Deslis,  gr.  in-8  de  xii-201  p.,  4  fr.  —  12.  Essais  sur  nos  pré- 
parations galéniques,  étude  pharmacologique,  publiée  sous  la  direction  scientifique 
du  D""  Brissemoret.  Paris,  Boulanger-Dausse,  1908,  in-8  de  xxiii-464-76-42- 
27  p.,  7  fr.  —  13.  La  Maternité  et  la  Défense  nationale  contre  la  dépopulation, 
par  le  D''Sicard  de  Plauzoles.  Paris,  Giard  et  Brière,  1909,  in-18  de  291  p., 
4  fr.  —  14.  La  Lutte  contre  la  prostitution,  par  R.  Df.cante.  Paris,  Giard 
et  Brière,  1909,  in-18  de  v-334  p.,  4  fr. —  15.  L'Hygiène  infantile,  allaitement 
maternel  et  artificiel,  sevrage,  par  le  D'  G.  Variot.  Paris,  Hachette,  1908,  in-16 
de  75  p.,  1  fr.  —  16.  L'Hygiène  du  logement,  par  Paul  Juillerat,  Paris, 
Delagrave,  s.  d.,  in-12  carré  de  223  p.,  1  fr.  50.  —  17.  L'Hygiène  des  dys- 
peptiques^ par  le  D''  René  Gaultier.  Paris,  Delagrave,  s.  d,,  in-16  carré  de 
viu-248  p.,  1  fr.  50.  —  18.  Précis  de  stomatologie,  par  J.  Repier.  Tome  1"^^ 
Paris,  F.-R.  de  Rudeval,  1909,  in-18  cart.,  de  542  p.,  avec  151  fig.,  9  fr. 

Avril  1909.  T.  CXV.  20. 


-  306  — 

1.  —  Le  docteur  Cabanes,  après  avoir  exploré,  à  la  lumière  des 
sciences  médicales,  dans  une  série  de  publications  fort  remarquées, 
de  nombreux  problèmes  historiques,  nous  montre  aujourd'hui  dans 
Mœurs  intimes  du  passé^  la  manière  dont  nos  pères  s'accommodaient 
des  petits  désagréments  de  l'existence,  et  paraient  à  ses  nécessités 
les  plus  intimes.  Si  le  sujet  est  infiniment  moins  relevé,  il  n'en  est 
pas  moins  plein  d'intérêt,  et  il  est,  à  coup  sûr,  beaucoup  plus  diver- 
tissant. Comment  nos  aïeux  se  garantissaient-ils  du  froid?  Tel  est 
le  premier  sujet  traité,  et  le  docteur  Cabanes  prouve,  avec  force 
documents  à  l'appui,  que,  jadis,  l'on  avait  toutes  les  peines  à  se  chauf- 
fer chez  soi;  le  plus  souvent  on  y  gelait  ou  on  était  enfumé,  et  il  faut 
arriver  à  la  fin  du  xviii*^  siècle  pour  constater  quelques  progrès  dans 
l'art  du  chauffage  des  habitations.  Ceux  qui  seraient  tentés  de  croire, 
même  sur  les  assertions  de  certains  archéologues,  que  le  mouchoir 
remonte  à  la  plus  haute  antiquité,  verront  tomber  leurs  illusions 
à  cet  égard,  à  la  lecture  du  deuxième  chapitre:  Comment  se  mouchaient 
vos  aïeules.  Mais  peut-être  l'auteur  exagère-t-il  en  disant  qu'au 
xvii^  siècle,  le  mouchoir  de  poche  fut  un  objet  de  gi'and  luxe  et  par 
conséquent  fort  rare.  Du  moins  Venette  parle-t-il  des  Normandes 
de  son  temps  qui  avaient  à  leur  «  cotte  »  deux  pochettes  dont  l'une 
renfermait  le  «mouche-nez.  «Après  la  question  du  mouchoir,  le  docteur 
Cabanes  a  cru  devoir  faire  une  assez  longue  digression  sur  l'origine 
du  dicton  populaire  :  Dieu  vous  bénisse  !  puis  il  aborde  l'histoire  de 
l'origine  du  peigne,  et  des  soins  donnés  à  la  chevelure  dans  les  siècles 
passés.  Les  chapitres  consacrés  à  la  propreté  de  la  bouche  et  à 
l'usage  du  cure-dents,  à  la  propreté  des  mains  et  à  l'antiquité 
de  la  fourchette  sont  aussi  documentés  que  les  précédents,  et  tout 
bourrés  d'anecdotes  les  plus  variées.  La  fin  du  volume,  d'une  lec- 
ture plus  scabreuse,  est  consacrée  presque  tout  entière  à  l'histoire 
de  meubles  d'usage  tout  à  fait  intime,  crachoir,  vas  necessarium,  etc. 
En  appendice,  un  chapitre  dans  le  même  ordre  d'idées,  le  règne  de 
la  chaise  percée,  où  nous  avons  été  sm'pi'is  de  ne  point  voir  mentionné, 
à  propos  du  meuble  fait  en  forme  de  pile  de  livres,  le  fameux  procès 
qui  éclata  entre  les  relieurs  et  les  miroitiers,  vers  la  fin  du  xviii'?  siècle. 
Enfin,  la  propreté  de  la  rue  et  le  service  de  la  voirie,  del'antiquitéà  nos 
jours,  font  l'objet  d'un  dernier  chapitre.  En  somme,  malgré  quelques 
imperfections  ou  omissions  de  peu  d'importance,  le  dernier  livre 
du  docteur  Cabanes  ne  manquera  pas  d'intéresser  non  seulement 
le  public  médical,  mais  tous  les  érudits  curieux  des  choses  du  passé, 
et  probablement  plus  d'un  lecteur  concluera  que  la  vie  d'aujourd'hui, 
si  elle  a  ses  déboires,  présente  une  foule  d'agréments  et  de  commo- 
dités inconnus  à  nos  pères. 

2.  —  L'Origine  de  la  vie^  de  M.  Pargame,  est  le  troisième  volume  de 


-  307  — 

l'Encyclopédie  d'enseignement  populaire  supérieur  entreprise  par 
M.  Lahy  :  «  La  vie,  dit  ce  dernier,  paraît  conférer  aux  êtres  qui  la 
possèdent  des  caractères  tels  qu'ils  se  diiïérencient  du  même  coup 
do  tous  les  autres  objets  de  Tunivers.  Cela  explique  pourquoi,  au 
cours  de  l'évolution  historique,  les  hommes  ont  cru  qu'ils  faisaient 
partie  d'un  règne  à  part  et  qu'il  n'y  avait  pas  de  lien  possible  entre 
les  phénomènes  vitaux  et  ceux  de  la  matière.  La  science,  grâce  à  ses 
découvertes  successives,  a  ruiné  cette  croyance  en  des  catégories  de 
la  nature,  irréductibles,  mais  tous  les  esprits  ne  sont  pas  rendus  à  ses 
preuves.  Les  phénomènes  de  la  vie  ont  été  diversement  expliqués  par 
les  savants  et  les  philosophes;  la  cause  de  ces  divergences  d'inter- 
prétation est  aisée  à  saisir.  Comme  entre  les  phénomènes  cosmologi- 
ques et  les  phénomènes  biologiques  on  n'aperçoit  guère  de  continuité, 
on  en  conclut  qu'un  fossé  les  sépare  et  que  l'explication  qui  vaut  pour 
les  uns  ne  peut  valoir  pour  les  autres.  Ces  groupes  de  faits  sont  déclarés 
irréductibles,  et  leur  apparente  hétérogénéité  permet  encore  aux 
conceptions  religieuses  du  monde  de  se  construire  sur  des  arguments 
superficiellement  défendebles.  »  De  fait,  l'ouvrage  de  M.  Pargame  est 
franchement  matérialiste,  mais  sans  pourtant  adopter  un  système 
défini,  se  bornant  à  exposer,  hors  de  toute  théorie  préconçue,  le  plus 
grand  nombre  de  faits  scientifiquement  'connus  et  de  les  utiliser 
pour  une  explication  des  phénomènes  de  la  vie. 

3.  —  On  sait  combien  a  été  prodigieux  parmi  les  spécialistes  la 
théorie  des  mutations,  dont  on  trouve  l'exposé  le  plus  complet  dans 
l'ouvrage  :  Espèces  et  variétés  de  de  \^ries.  A  en  croire  M.  Le  Dantec, 
dans  Ja  Crise  du  transformisme,  cette  théorie,  qui  a  pourtant  la  pré- 
tention d'apporter  aux  idées  darwiniennes  tme  démonstration  expé- 
rimentale, saperait,  au  contraire,  dans  les  fondements  «cet  admirable 
système  philosophique')qu'estle transformisme.  Aussi,  a-t-il  cru  devoir 
pousser  un  cri  d'alarme  et  mettre  le  public  scientifique  en  garde  contre 
l'hérésie  nouvelle.  11  insiste  dans  les  différents  chapitres  de  son  livre, 
comme  il  l'a  fait  précédemment  dans  d'autres  publications,  sur  la 
«  nécessité  absolue  d'un  langage  scientifique  approprié  à  la  narration 
de  tous  les  faits  biologiques.  »  Dès  qu'un  problème  se  posera  au  savant, 
le  premier  soin  de  ce  dernier  devra  être  d'en  traduire  l'énoncé  dans 
le  langage  scientifique.  Ce  n'est  qu'après  qu'il  faudra  résoudre  par 
des  raisonnements  le  problème  ainsi  posé;  et,  finalement,  on  s'adres- 
sera à  l'expérience  et  à  l'observation  pour  voir  si  la  conclusion  est 
juste.  L'auteur  ne  désespère  pas  de  voir  un  jour  la  biologie  générale 
s'exposer  «  dans  le  langage  du  patrimoine  héréditaire,  comme  la  géo- 
métrie dans  le  langage  algébrique.  » 

4.  —  L'ouvrage  de  M.  Bertrin  :  Un  Miracle  d'aujourd'hui,  discus- 
sion scientifique,  est  l'exposé  des  faits  relatifs  à  une  guérison  obtenue 


—  308  — 

à  Lourdes,  exposé  accompagné  d'une  discussion  très  serrée  de  toutes 
les  raisons  que  l'on  pourrait  y  opposer  au  nom  de  la  science,  et  des 
pièces  justificatives  les  plus  essentielles.  Bien  que  l'auteur  ne  soit 
point  un  médecin,  on  ne  peut  s'empêcher  de  convenir  qu'il  connaît 
à  fond  son  sujet  et  qu'il  n'a  rien  omis  pour  éviter  toute  erreur.  Il 
pourra  se  flatter  d'avoir  accompli  une  œuvre  utile, car  le  fait  de  la  guéri- 
son  relatée  ne  saurait,  en  aucune  façon,  être  explicable  au  point  de  vue 
scientifique;  et  puis,  des  apologistes  un  peu  trop  enthousiastes  de 
Lourdes  nous  avaient  habitués  au  récit  de  tant  de  faits  impossibles 
à  classer  comme  miracles,  quoique  sortant  plus  ou  moins  de  l'or- 
dinaire, qu'on  est  heureux  d'en  trouver  un,  enfin,  exposé  avec  tous  les 
détails  et  l'argumentation  nécessaires  et  ne  Laissant  place  à  aucune 
critique. 

5.  —  Dans  ses  Études  de  psycJwlogie  sexuelle,  dont  le  premier  vo- 
lume vient  de  paraître  :  La  Pudeur,  la  périodicité  sexuelle,  l'auto^ 
érotisme,  M.  Havelock  ElHs  vise  à  faire  oeuvre  de  sociologue  et  point 
de  théologien.  Même  prétend-il  que  les  questions  sexuelles  ne  sont 
pas  du  ressort  des  théologiens;  bien  mieux,  il  leur  dénie  toute  com- 
pétence à  cet  égard.  Il  reconnaît  pourtant  que  lorsque  l'Eglise  catho- 
lique se  trouva  à  l'apogée  de  son  pouvoir  et  de  son  influence,  elle 
comprit  pleinement  l'ampleur  d«s  problèiaes  sexuels  et  prit  un  intérêt 
actif  et  précis  à  tous  les  détails  de  la  sexualité  normale  et  anormale  ; 
à  ce  point  que,  même  de  nos  jours,  il  est  des  phénomènes  d'ordre 
sexuel  dont  il  est  impossible  de  trouver  une  description  exacte  et 
suffisamment  explicite  ailleurs  que  dans  certains  vieux  traité.?, 
tel  que  celui  du  P.  Sanchez  :  De  matrimonio.  Tout  y  est  dit  avec 
clarté  et  concision,  sans  fausse  prudence  ou  sentimentalité  morbide, 
en  un  langage  rigoureusement  philosophique.  La  suite  vraie  des  actes 
est  indiquée  dans  tous  les  cas  qui  peuvent  se  présenter,  en  même 
temps  qu'on  dit  où  il  y  a  péché  véniel,  où. il  y  a  péché  mortel  et  ce 
qui  est  permis.  Mais  tout  en  déniant  aux  théologiens  la  compétence 
exclusive  de  ces  questions,  et  en  repoussantleurfacon.de  les  envisager , 
il  adopte  leur  esprit  et  leur  tempérament.  Il  estime  qu'il  faut  entrer  en 
possess'ion  des  faits  exacts  et  se  baser  sur  eux  pour  déterminer  ce 
qui  est  juste  et  ce  qui  est  faux  au  point  de  vue  de  la  physiologie,  de 
la  psychologie  et  de  l'éthique.  Il  veut  arriver  à  savoir  ce  qui  est  natu- 
rellement permis  dans  les  circonstances  directes  de  la  vie  sexuelle 
de  l'homme,  non  pas  en  t£uit  qu'être  entaché  du  péché  originel,  mais 
comme  «  animal  social  ».  Il  veut  «  distinguer  le  péché  véniel  du  péché 
mortel  contre  la  nature  ».  Il  convient  que  les  réponses  seront  plus 
malaisées  à  formuler  qu'elles  ne  le  sont  pour  des  théologiens;  mais, 
au  moins,  lui  paraît-il  possible  d'adopter  l'attitude  qui  convient. 
C'est  dans  ces  idées  qu'il  a  abordé  les  trois  études  que  renferme  son 


-  309  — 

premier  volume.  Quoiqu'il  convienne  de  faire  les  réserves  les  plus 
formelles  sur  la  manière  d'envisager  les  problèmes  sexuels  traités  et 
les  conclusions  que  l'auteur  croit  devoir  formuler  dans  son  travail, 
médecins  et  théologiens  y -trouveront  une  foule  de  détails  intéressants 
et  utiles  à  connaître.  Et  Ton  ne  tiendra  pas  trop  rigueur  à  M.  Ellis 
de  l'interprétation  exagérée  donnée  à  certains  faits. 

6,  7  et  8.  —  La  «  Bibliothèque  de  psychologie  expérimentale  et  de 
métapsychie,  »  qui  s'adresse  plus  spécialement  aux  professeurs,  aux 
médecins  et  au  public  cultivé,  pour  les  renseigner  sur  les  données 
acquises  par  la  science  contemporaine  dans  le  domaine  psychologique 
et  psychique,  vient  de  s'enrichir  de  trois  volumes.  L'un,  L'Audition 
morbide,  du  D^"  A.  Marie,  comme  l'indique  son  titre,  est  consacré  aux 
troubles  de  l'organe  de  l'ouïe.  L'auteur  les  divise  d'une  manière  géné- 
rale en  hypoacousie  et  hyperacoasie.  Ces  troubles  sont  d'origine 
périphérique  ou  centrale,  plus  particulièrement  physiologiques  ou 
psychologiques,  et  accompagnent  ou  non  les  divers  états  mor- 
bides des  fibres  de  conduction.  Après  l'étude  détaillée  de  ces  différents 
points,  le  D^  Marie  cherciie  à  les  préciser.  Il  arrive  à  conclure  que 
l'imperfection  de  l'audition  semble  moins  tenir  au  mauvais  état  de 
l'organe  périphérique  acoustique  qu'à  l'insuffisance  des  centres 
d'association.  Les  dégénérés  ont  une  audition  amoindrie  parce  qu'il 
leur  manque  l'attention  volontaire  désirable.  De  même  les  apparentes 
hyperesthésies  ne  sont  que  des  états  de  faiblesse  irritable  où  Tacuité 
réelle  du  sens  n'est  nullement  augmentée;  mais  ce  sont  les  associations 
centrales  qui  sont  plus  actives  et  plus  diA^erses,  ou  leurs  irradiations 
plus  variées,  intenses  ou  insolites.  Un  copieux  index  bibhographique 
termine  le  volume.  —  Un  autre  volume,  dû  à  la  princesse  Lubo- 
mirska,  a  également  un  titre  suffisamment  explicite  :  Les  Préjugés 
sur  la  jolie.  Ce  n'est  pas  d'aujourd'hui  que  ces  préjugés  existent. 
Jadis  on  attribuait  à  la  folie  une  origine  mystérieuse,  surnaturelle 
même.  La  diffusion  dans  le  public  des  découvertes  scientifiques  et 
de  connaissances  médicales  insuffisantes  ou  fausses,  a  fait  naître  celui 
de  l'incurabilité  de  la  fohe,  et,  peut-être,  celui  de  sa  contagiosité. 
La  princesse  Lubomirska  s'est  donné  la  tâche  de  les  faire  disparaître 
et  de  répandre  des  idées  plus  saines  et  plus  justes  à  l'endroit  des 
aliénés.  — MM.  N.  Vaschide  et  R.  Meunier  ont  visé  par  leur  opuscule  : 
La  Pathologie  de  l'attention,  à  combler  une  lacune  de  la  littérature 
psychologique.  Il  n'existait  pas,  en  efîet,  de  travail  spécial  sur  la 
matière,  en  France  du  moins,  et  c'est  à  peine  si  les  traités  les  plus 
récents  sur  la  psychologie  de  l'attention  y  ont  consacré  un  modeste 
chapitre.  Les  auteurs  se  sont  placés  uniquement  sur  le  terrain  expé- 
rimental et  ont  cherché  à  tirer  de  l'expérimentation  les  conclusions 
qu'elle  comporte.   «  Ce  n'est,   disent-ils,    que  par  l'apphcation   des 


—  310  — 

méthodos  de  la  psychologie  exjjérimentalc  à  la  psychiatrie  que  peut 
se  constituer  positivement  la  psychologie  pathologique.  Aussi  ce 
travail,  traitant  de  la  psycho-pathologie  de  l'attention  ne  retiendra- 
t-il  que  les  données  fournies  par  les  laboratoires  ou  par  les  méthodes 
employées  dans  les  laboratoires.  Telle  doit  être,  à  notre  sens, la  posi- 
tion du  problème.  «  Après  avoir  passé  successivement  en  revue  les 
premières  recherches  expérimentales  où  se  sont  précisées  peu  à  peu 
la  méthodologie  et  les  résultats;  puis  les  données  psychométriques  de 
Rémond(de  Nancy);  les  expériences  et  observations deMM.  Raymond 
et  Janet,  qui  devaient  aboutir  à  la  découverte  des  courbes 
paradoxales;  enfin,  les  travaux  les  plus  récents  et  les  leurs  propres, 
ils  établissent  un  tableau  synthétique  des  principaux  résultats  expé- 
rimentaux et  posent  leurs  conclusions. 

9  et  10.  —  Jusqu'à  présent,  la  plupart  des  médecins  adonnés  à  la 
cure  des  aiïections  nerveuses,  ont  été  partisans    du  repos  prolongé 
et  surtout  de  l'isolement  des  sujets  atteints.  Dans  Neurasthénie  et 
névroses;  leur  guérison  définitive  en  cure  libre,  le  D''  P.-E.  Lévy  s'élève 
vigoureusement  contre  la  méthode  classique,  dont  il  proclame  l'inu- 
tilité dans  l'immense  majorité  des  cas  :  «  Je  n'exagérerai  pas,  afiîrme- 
t-il,  en  disant  qu'il  est  désolant,  à  l'heure  actuelle,  de  cjonstater  avec 
quelle  facilité  est  mise  en  œuvre,  systématiquement,  cette  méthode 
d'isolement,    dont    l'observation    impartiale    me    montre    pourtant 
sans  cesse  qu'on  peut  fort  bien  se  passer,  et  dont,  bien  plus,  les  ma- 
lades eux-mêmes  ne  sont  pas  sans  signaler,  dans  bien  des  cas,  les 
inconvénients  certains.  Considéré  autrefois  comme  ayant  une  valeur 
curative  propre,  on  veut  y  voir  surtout,  aujourd'liui,  une  condition 
éminemment  propice  à  l'emploi  de  la  psychothérapie,  dont  l'impor- 
tance primordiale  n'est  actuellement  plus  contestée.  Et  il  n'est  pas 
de  cas,  tant  soit  peu  intense,  ou  même  de  gravité   très  moyenne,  où 
l'on  ne  voie  préalablement  exigée,  imposée,  cette  mesure  quasi  né- 
cessaire, iniluctable  de  l'isolement.   On  isole  pour  quelques    crises 
nerveuses,    on   isole   pour   des   manifestations   neurasthéniques,    des 
phobies,   des   obsessions.  Toujours  et  partout   on  proclame   que  le 
malade  ne  peut  être   utilement   traité,  s'il  n'est  çéparé  de  son  milieu 
habituel,  si  on  ne  lui  fait  perdre  tout  contact  avec  ses  proches,  s'il 
ne  renonce  à  des  affaires,  à  des  occupations,  malgré  l'intérêt  vital  qui 
s'y  attache  pour  lui.  On  va  jusqu'à  instituer  systématiquement  l'iso- 
lement pour  de  simples  dyspepsies  nerveuses  !  »  Le  D^  Lévy  a  beau 
jeu  contre  les  exagérations  d'une  méthode  curative  mise  en  honneur 
et  défendue  par  le  professeur  Dubois,  de  Berne. Mais  ne  pourra-t-on  lui 
reprocher,  à  son  tour,  d'être  systématique  dans  un  sens  tout  à  fait 
opposé?  En  médecine,  et  tout  particulièrement  dans  les  applications 
thérapeutiques,  il  faut  se  garder  des  généralisations.  Cette  réserve 


—  311  — 

faite,  il  est  hors  do  doute  que  la  nouvelle  méthode  proposée  no  soit 
susceptible  de  donner,  dans  bien  des  cas,  d'excellents  résultats.  Elle 
sera  même  à  essayer  en  premier  lieu  chez  les  malades  pour  lesquels 
l'abandon  des  occupations  habituelles  constituerait  un  vrai  désastre. 
—  C'est  à  l'étude  d'une  névrose  dos  plus  communes  que  le  D""  Van  der 
Elst  vient  de  consacrer  sa  thèse  inaugurale  :  Contribution  à  la  notion 
d'hystérie  par  Vétude  de  l'hypnose,  spécialement  considérée  dans  son 
histoire,  dans  son  essence,  dans  ses  effets.  Pour  lui,  on  ne  saurait  com- 
mencer par  une  étude  de  faits  un  travail  sur  l'hystérie,  avant  que 
l'on  ne  se  soit  mis  d'accord  pour  «  rattacher  les  mêmes  faits  à  la 
cause  hystérique  en  vertu  d'une  définition  ».  La  méthode  naturelle 
doit  consister,  avant  tout,  à  résumer  les  traditions  du  passé  de  peur  de 
présenter  comme  neuve  une  vérité  déjà  acquise,  comme  pour  éviter 
de  s'aventurer  dans  des  voies  reconnues  mauvaises  ;  ensuite,  à  résumer 
ces  traditions  par  les  résultats  observés,  tout  en  les  corrigeant  par  les 
objections  tirées  des  faits  eux-mêmes;  enfin,  à  apporter  à  cotte  dis- 
cussion, ses  appréciations  personnelles,  afin  de  démêler  dans  le  conflit 
des  idées  en  cours  le  sens  du  progrés  à  venir.  Les  conclusions  de  l'au- 
teur spnt  que  l'hypnose,  comme  l'hystérie,  est  quelquefois  déguisée, 
associée  ou  larvée,  et,  de  même  que  l'hystérie  est  parfois  essence, 
parfois  fonction,  parfois  complication  d'un  mal,  l'hypnose  est  aussi 
quelquefois  substance,  quelquefois  fonction,  quelquefois  compli- 
cation d'un  traitement.  Les  recherches  relatives  à  la  notion  des  rap- 
ports entre  l'hystérie  et  l'hypnose  semblent  destinées  à  montrer 
comme  le  passé,  comme  le  présent,  que  l'hystérie  soûle  est  justiciable 
de  la  suggestion  hypnotique.  Notons  en  passant,  au  cours  de  cette 
étude  (p.  144  à  148),  une  appréciation  impartiale  des  guérisons 
de  Lourdes. 

11.  —  Le  but  que  s'est  proposé  M.  Michelon  en  retraçant  V His- 
toire pharmacotechniqiie  et  pharmacologique  du  mercure  à  travers  les 
siècles  n'a  pas  été  de  commenter  et  de  discuter  les  idées  des  anciens 
mais  de  remettre  sous  les  yeux  les  textes  vrais  des  différents  autours 
afin  de  donner  l'image  exacte  de  ce  que  fut  la  science  (?)  pharmaceu- 
tique à  travers  les  siècles.  Son  travail  comprend  deux  parties.  La 
première  est  consacrée  à  l'histoire  proprement  dite  des  différents 
sels  mercuriels.  L'auteur  prend,  ou,  du  moins,  croit  prendre  chacun 
d'eux,  dès  l'époque  la  plus  reculée,  et  le  suit  dans  ses  transformations 
à  travers  les  siècles,  s'arrêtant  à  une  époque,  1850,  où  l'abondance 
des  revues  et  de  la  littérature  pharmacologique  et  leur  documentation 
suffisante  rendent  la  poursuite  des  recherches  tout  au  moins  superflue. 
D'ailleurs,  à  cotte  époque,  les  transformations  intéressantes  n'existent 
plus  la  chimie  est  dégagée  des  formules  comphquées  introduites  par 
les  alchimistes,  et  ses  préparations  sont  nettement  définies.  La  biblio- 


—  m^î  — 

grap}iio  elle-mèmo  dn  moTcure  et  de  ses  composés  aurah,  d'autre  part, 
par  trop  augmenté  le  volume  d'utravail.Dansladeuxièmepartiesont 
étudiées  et  passées  en  revue  les  différentes  préparations  que  les  an- 
ciens faisaient  avec  le  mercure.  L'auteur  insiste  tout  particulière- 
ment sur  celles  qui  ont  survécu,  et  qui,  inscrites  au  Codex,  sont  encore 
la  base  de  la  médication  mepcurielle.  Bien  que  très  incomplet,  sur- 
tout au  point  de  vue  des  usages  du  mercure  au  moyen  âge,  le  travail 
de  M.  Michelon  présente  un  assez  grand  intérêt.  11  débute  par  la 
reproduction  de  l'erreur  qui  consiste  à  faire  remonter  la  syphilis 
à  la  fin  du  xv^  siècle,  époque  de  l'expédition  de  Charles  \'lll  en 
Italie.  Cette  idée  n'est  plus  soutenable  aujourd'hui.  On  pourrait  lui 
feprocher  aussi  d'avoir  trop  négligé  les  auteurs  anciens  de  médecine 
qui  auraient  pu  lui  donner  de  précieux  renseig-nements  sur  l'emploi 
du  mercure,  qui  ne  commença  pas  à  jouer  un  rôle  réel  en  thérapeu- 
tique à  la  même  époque.  Même  l'effet  nocif  de  la  respiration,  en  trop 
grande  quantité,  des  vapeure  mercurielles  est  signalé  dans  un  auteur 
de  la    fin    du    xi^   siècle,    Constantin   l'Africain,    qui   n'est  pas  cité. 

12.  —  La  maison  Boulanger-Dausse  a  été  bien  inspirée  en  faisant 
éditer  à  l'usage  des  médecins  praticiens  ses  Essais  sur  les  prépamtions 
galénigues,  dont  elle  a  confié  la  direction  scientifique  au  D^"  Brisse- 
moret.  Ce  n'est  pas  une  énumération  sèche  et  rapide  de  ses  diffé- 
rents produits  ;  elle  a  cru  préférable  pour  montrer  les  résultats  théra- 
peutiques que  peut  obtenir  le  médecin,  en  prescrivant  des  médica- 
ments galéniques  bien  préparés,  de  résumer  la  pharmacologie  de 
chaque  drogue  qui  a  servi  à  les  préparer.  Le  praticien  se  trouve  em- 
barrassé dans  le  choix  des  nombreuses  formules  de  potion  qu'il  trouve 
dans  les  divers  formulaires  :  trop  souvent  elles  sont  défectueuses,  et 
beaucoup  ont  une  saveur  insupportable.  Ici,  aucune  formule  n'est 
donnée  qu'elle  n'ait  été  préalablement  expérimentée,  et  l'on  s'est 
attaché  à  les  rendre,  sinon  bonnes  au  goût,  tout  au  moins  pas  désa- 
gréables. En  somme,  excellent  livre,  qui,  de  l'aveu  des  auteurs,  con- 
tient de  nombreuses  lacunes,  mais  que  l'on  est  disposé  à  compléter 
ultérieurement,  grâce  au  concoure  de  tous,  médecins  et  pharmaciens. 
Il  a,  tel  qu'il  est,  sur  tous  les  formulaires,  un  avantage  précieux  : 
c'est  d'avoir  trois  parties,  supplémentaires,  la  première  consacrée 
aux  extraits  officinaux  des  diverses  pharmacopées,  et  à  leur  mode  de 
préparation  suivant  les  pays  ;  la  deuxième  contenant  un  dictionnaire 
pharmaceutique  latin  français;  la  troisième  traitant  des  incompati- 
bilités médicamenteuses. 

13  et  14.  —  Le  volume  que  le  D^"  Sicard  de  Plauzoles" vient,  après 
tant  d'autres  auteurs,  de  consacrer  au  problème  si  palpitant  d'in- 
térêt qui  préoccupe  tous  ceux  qui  ont  le  souci  de  l'avenir  du  pays  : 
La  Maternité  et  la  Défense  nationale  contre  la  dé-population,  fait  partie 


—  313  — 

de  r  «  Eaicyclopédie  d'assistance,  de  prévoyance  et  d'hygiène  sociale  »^ 
fondée  par  le  D^  A.  Marie.  C'est  une  étude  de  la  dépopulation  envi- 
sagée au  point  de  vue  de  ses  causes  sociales  :  la  limitation  volontaire 
des  naissances,  résultant  des  difficultés  économiques  de  l'existence  et 
du  développement  de  l'individualisme  et  de  la  prévoyance;  la  mor- 
talité infantile,  conséquence  presque  fatale  de  la  misère  des  femmes, 
appartenant  aux  classes  laborieuses,  obligées,  pour  gagner  leur  pain, 
de  se  soustraire  à  la  maternité  et  de  sacrifier  leurs  enfants.  Pour 
l'auteur,  le  seul  moyen  de  diminuer  la  mortalité  infantile  et  de  relever 
la  natalité,  est  d'instituer  une  protection  efficace  de  la  maternité, 
organisée  en  service  national,  de  telle  sorte  que  la  femme  pauvre 
trouve  la  sécurité  dans  la  maternité;  que  la  collectivité  assure  à  la 
femme  enceinte,  à  la  femme  en  couches,  à  la  mère  nourrice,  le  repos, 
les  soins,  les  moyens  d'existence  nécessaires  à  la  santé  de  la  mère 
et  à  la  vie  de  l'enfant  ;  que  la  loi  intervienne  pour  que  l'enfant  ne  soit 
plus  séparé  de  sa  mère,  ni  privé  de  son  lait,  et  que  l'allaitement  maternel 
soit  obligateire.  Comme  conséquence,  il  faut  que  la  maternité  soit 
considérée  comme  une  f<3nction  sociale,  et  rétribuée  par  la  nation; 
que  toute  mère  pauvi'e  soit  la  nourriee  payée  de  son  propre  enfant, 
que  toute  mère  reçoive  pour  élever  ses  enfants  un  salaire  do  maternité 
proportionnel  au  nombre  de  ses  enfants.  11  faut  créer  un  budget  de  la 
maternité  aussi  nécessaire  à  la  défense  nationale  que  les  budgets  de  la 
guerre  et  de  la  marine.  On  voit,  par  cet  exposé,  que  l'auteur  de  cette 
étude  est  un  fervent  adorateur  du  Dieu-Etat. C'est,  en  outre,  un  illu- 
sionné. Assurément,  il  y  a  d'excellentes  choses  dans  son  li^^•e,  mais  il 
se  trompe  du  tout  au  tout  sur  les  causes  de  la  dépopulation  et  les 
remèdes  qu'il  faudrait  y  appliquer.  Le  mal  sévit,  en  effet,  sur  lès 
familles  aisées  bien  plus  que  chez  les  malheureuses,  et  il  a  pour  cause 
essentielle  une  soif  exagérée  de  jouissances  matérielles.  Et  puis,  comme 
l'a  dit  Joseph  de  Maistre,  faire  des  enfants  n'est  que  la  partie  maté- 
rielle et  basse  du  mariage;  faire  de  ces  enfants  des  hommes  est  surtout 
la  chose  à  laquelle  doivent  s'attacher  les  parents.  Et  ee  n'est  que  par 
le  retour  aux  idées  religieuses  qu'on  atteindra  le  double  but  d'avoir 
des  familles  nombreuses  et  une  population  moralement  saine.  — 
La  Lutte  contre  lu  prostitution^  de  M.  R.  Décante,  appartient  à  la 
même  collection  que  le  précédent  ouvrage.  On  sait  en  quoi  consiste 
l'ancienne  régiementation  policière  relative  aux  prostituées;  for- 
tement battue  en  brèche  depuis  quelques  années,  il  semble  qu'elle 
doive,  à  bref  délai,  être  assez  sensiblement  modifiée.  Pour  l'auteur,  la 
lutte  contre  le  mal  n'est  plus  enserrée  dans  la  formule  surannée  qui 
reconnaît  simplement  aux  gouvernements  le  droit  et  le  devoir  de 
combattre  l'influence  du  fléau,  d'en  limiter  les  ravages,  de  le  restrein- 
dre aux  proportions  qu'indique  la  prudence,  et  surtout  de  ne  pas  le 


—  314  — 

laisser  se  propager  publiquement,  au  détriment  des  bonnes  mœurs 
et  à  la  honte  de  l'humanité.  Force  lui  est  de  convenir  que  cette  tâche 
subsiste  tout  entière,  mais  il  admet,  comme  beaucoup  d'écrivains 
l'ont  fait  ces  derniers  temps,  qu'à  côté  «  de  la  morale,  de  l'utilité 
sociale,  du  salut  public  et  de  la  raison  d'État,  il  y  a  un  autre  morale 
à  faire  triompher,  la  morale  rationnelle  et  juridique,  celle  du  respect 
des  droits  et  des  hbertés  ».  Pourtant,  il  s'est  tenu  en  dehors  des  que- 
relles d'école,  se  bornant  à  marquer  les  étapes  de  la  lutte  entre  les 
réglementaristes  et  les  abolitionnistes,  et  à  indiquer  sa  tendance 
actuelle. 

15.  —  C'est  éminemment  un  opuscule  de  vulgarisation  que  V Hy- 
giène infantile  du  D^"  \'ariot,  qui  pense  devoir  faire  appel,  pour  la 
sauvegarde  de  la  première  enfance,  «  à  toutes  les  bonnes  volontés,  et 
spécialement  aux  institutrices  et  aux  maîtresses,  pour  l'aider  à  dif- 
fuser parmi  les  jeunes  fdles  les  notions  de  l'hygiène  infantile.  »  L'au- 
teur, contrairement  à  ce quepensele'professeur  Pinard, n'estpointd'avis 
que  la  vulgarisation  des  notions  d'hygiène  de  la  première  enfance 
doive  être  un  enseignement  scolaire.  Il  pense  qu'on  pourrait  organiser 
des  conférences  d'éducation  maternelle,  ou  bien  le  soir,  ou  bien  les 
jours  de  congé,  et  y  convier  les  jeunes  fdles,  celles  qui  fréquentent  les 
patronages,  les  œuvres  post-scolaires,  etc.  Quoi  qu'il  en  soit  à  cet 
égard,  c'est  un  petit  opuscule  excellent  et  que  toutes  les  jeunes  mères 
ou  les  jeunes  personnes  se  destinant  au  mariage  liront  avec  le  plus 
grand  profit. 

16  et  17.  —  Le  petit  livre  de  M.  Juillerat  :  L'Hygiène  du  logement, 
n'a  pas  été  écrit  pour  les  hygiénistes  professionnels.  Il  s'adresse  à  la 
foule  de  ceux  qui,  ayant  à  faire  choix  d'un  logement,  tiennent  à  s'as- 
surer des  conditions  qu'il  doit  présenter  au  point  de  vue  de  l'habi- 
tabilité, conditions  trop  souvent  négligées  de  la  plupart.  M.  Juil- 
lerat n'est  point  médecin;  néanmoins,  la  charge  de  chef  de  bureau 
des  logements  insalubres  qu'il  remplit  depuis  un  nombre  respectable 
d'années,  l'a  mis  à  même  de  saisir  les  l'apports  qui  existent  entre 
les  dispositions  des  logis  et  les  maladies  et  la  mortalité  des  habitants. 
Ceux  qui  se  donneront  la  peine  de  parcourir  son  travail  ne  tarderont 
pas  à  être  convaincus  que  le  choix  et  l'entretien  d'un  appartement 
ne  sont  point  affaires  négligeables,  et  que  nombre  d'aiTections  plus 
ou  moins  graves  ne  tiennent  trop  souvent  qu'à  l'insalubrité  des  locaux 
habités.  —  Pas  plus  que  le  précédent  ouvrage,  l'Hygiène  des  dys- 
peptiques ne  vise  le  public  médical;  il  est  écrit  très  simplement, 
dans  un  style  débarrassé  de  tous  les  mots  d'origine  grecque  et  latine, 
qui  désorienteraient  les  lecteurs  auxquels  il  s'adresse. 

18.  —  Le  Précis  de  siojnatologie,  de  M.  J.  Redier,ouvrage  dont  le 
premier  tome  a  seul  été  publié  jusqu'à  présent,  est  destiné  à  être  un 


-  315  - 

manuel  pour  ceux  qui,  médecins  ou  non,  désirent  se  consacrer  à  la 
profession  de  dentiste.  Cette  première  partie  comprend  des  notions 
anatomiques  étendues  sur  la  constitution  de  la  bouche  et  des  dents, 
et  leur  mode  de  développement.  La  pathologie  dentaire  (accidents 
consécutifs  à  l'éruption  dentaire  et  carie)  surtout  a  été  traitée  avec 
ime  abondance  assez  grande  de  détails.  xMais  l'auteur  a  tort  de  ne 
faire  remonter  qu'à  une  trentaine  d'années  la  connaissance  des  acci- 
dents provoqués  par  les  dents  de  sagesse. 

D^   L.    DE    Sainte-Marie. 


THÉOLOGIE 

ItH  Vie  lillii*^°ic|Ue,  ou  VAnie  se  nourrissant,  se  consolant  et  tendant  à 
sa  destinée  dans  le  service  de  Dieu  par  VEglise,  par  Eugène  Chipier. 
6e  éd.  Lyon  et  Paris,  Vitte,  1908,  in-16  de  xxii-434  p.  —  Prix  :  3  fr. 

Le  succès  de  cet  ouvrage,  parvenu  à  la  sixième  édition,  témoigne  de 
la  faveur  dont  jouit,  auprès  des  âmes  pieuses,  toute  œuvre  capable 
de  bien  faire  comprendre  et  aimer  la  liturgie  catholique.  Ici,  la  litté- 
rature, la  poésie,  la  piété  marchent  de  concert;  elles  marchent  dans 
une  gradation  harmonieuse  :  la  vie;  la  vie  pour  le  service  divin;  le 
service  divin  par  la  liturgie;  la  liturgie  par  le  sacrifice  eucharistique; 
le  sacrifice  eucharistique  s'accompagnant  de  notre  louange  et  de  nos 
souffrances;  à  l'image  de  la  lampe  du  sanctuaire;  puis  le  sacrifice  de 
louange  se  continuant  dans  l'office  de  vêpres,  de  compiles  et  dans  tout 
l'office  canonique;  le  chant,  enfin,  prêtant  son  concours  à  la  prière. 

Cette  marche  du  chrétien  en  chacune  de  ses  journées  lui  fait  parcou- 
rir le  cycle  annuel  des  fêtes  chrétiennes.  Il  puise  dans  les  sacrements 
la  vie  qui  l'anime,  finalement,  dans  les  circonstances  présentes,  si 
dures  pour  l'Église;  il  trouve  dans  la  liturgie  l'aliment  nécessaire,  la 
consolation  qui  encourage,  la  sécurité  dans  l'acheminement  vers  nr.tre 
destinée  éternelle. 

Tel  est  l'ouvrage  d'un  prêtre  zélé,  qui  nous  livre  le  secret  du  succès 
de  son  action  pastorale.  Par  la  liturgie,  il  a  instruit,  consolé,  vivifié 
ses  paroissiens.  Grâce  à  son  «excellent  livre»,' — ainsil'a  appelé  le  P.  Mon- 
sabré,  —  de  nombreux  prêtres  et  de  nombreux  fidèles  connaîtront, 
aimeront,  vivront  la  liturgie  romaine  et,  ajoutons,  romano-lyonnaise, 
car  l'auteur  n'a  pas  oublié  qu'il  appartient  au  clergé  de  Lyon. 

Nous  avons  regretté  qu'après  avoir  fait  gravir  à  son  lecteur  les 
degrés  de  l'échelle  de  la  vie  humaine  en  son  premier  chapitre,  l'auteur 
renvoyât  au  chapitre  XIII  :  des  Sacrements,  le  dernier  échelon  :  la  vie 
surnaturelle.  N'est-il  pas  vrai  que  toute  la  hturgie  catholique  se  meut 
à  ce  niveau  supérieur?  Sans  doute,  cela  est  supposé,  mais  pourquoi 
ne  pas  le  proclamer  tout  d'abord?  A.  Vigourel. 


—  316  - 

Eia  Fotf  catholique,   par  l'abbé  H.  Lesktre.  3'  édition.  Paris,  Beau- 
chesne,  1909,  in-l6  de  x-^97  p.  --  Prix  :  3  fr.  50. 

Paru  il  y  a  seulement  quelques  mois,  ce  livre  a  déjà  eu  grand  succès. 
Il  semble  destiné  à  en  avoir  plus  encore,  et  pour  longtemps.  Il  ré- 
pond, en  eiïet,  et  très  bien,  à  un  désir  ^^vement  senti  et  qu'on  entend 
exprimer  à  chaque  instant.  C'est,  en  une  langue  limpide  et  transpa- 
rente, un  exposé  clair  et  précis  de  la  foi  catholique.  Il  existe  déjà, 
comme  le  remarque  l'auteur,  beaucoup  de  ces  exposés,  «  et  dont 
plusieurs  sont  excellents  ».  «  Il  n'y  en  aura  jamais  trop,  nous  dit-il, 
car  la  religion  aurait  peu  à  craindre  des  pires  hostilités,  si  celles-ci 
ne  trouvaient  une  alliée  docile  dans  l'ignorance  du  grand  nombre.  » 
Ajoutons  qu'il  n'y  en  a  probablement  pas  d'aussi  bon,  ni  qui  réponde 
si  bien  aux  besoins  actuels.  Apres  un  Avant-propos,  où  sont  indiqués  la 
suite,  l'ordre  et  le  lien  des  questions,  suit,  en  trente  chapitres,  l'exposé 
même  des  principales  vérités  de  la  foi.  Les  six  premiers  sont  comme 
une  Introduction.  Ils  ont  pour  objet  le  pouvoir  et  les  limites  de  la 
raison,  la  révélation  et  la  foi,  le  dépôt  et  la  garde  de  la  révélation,  la 
mission  et  les  prérogatives  de  l'Église  enseignante.  Viennent  ensuite 
Î83  vérités  spéciales  :  Dieu  et  le  monde;  Jésus  et  son  œuvTe,  et,  à  côté 
de  lui,  la  \ierge  Marie;  l'Église,  sa  constitution  et  ses  propriétés 
distinctives ;  la  morale  catholique;  la  vie  surnaturelle,  la  grâce  ac- 
tuelle, la  prière,  les  sacrements;  le  culte  divin,  la  Providence,  l'autre 
vie,  l'éternité.  Dans  ce  cadre  souple  et  ferme  se  présentent  tom*  à 
tour  les  principales  vérités  de  notre  foi,  sans  longs  détails  évidemment, 
mais  aussi  sans  confusion  ni  raideur.  Il  était  difTicile  de  dire  plus  de 
choses  en  moins  de  mots,  avec  précision  et  clarté,  sans  sécheresse  ni 
tension.  Souvent  l'expression  est  empruntée  à  l'Écriture  ou  au  lan- 
gage officiel  de  l'Église,  définitions  ou  explications  des  conciles  et  des 
Papes.  La  justification  du  dogme  se  fait  tout  naturellement  par 
l'exposé  même,  et  les  fondements  scripturaires  ou  traditionnels  de 
la  croyance,  aussi  bien  que  les  motifs  de  crédibilité,  sont  indiqués 
avec  soin. 

Je  n'ai  guère  noté  que  deux  ou  trois  points  qui,  à  mes  yeux,  lais- 
sent à  désirer  : 

1°  Avec  beaucoup  d'aipologistes  populaires  ou  même  de  théolo- 
giens vulgarisateurs,  l'auteur,  p.  234,  expHque  l'axiome  Hors  de 
l'Eglise  pas  de  salut,  en  l'entendant  de  l'âme  de  l'Église,  non  de  son 
corps '^  tel  n'est  pas. le  sens  traditionnel  de  l'axiome  et  la  question  se 
repose  toujours  du  rapport  qu'il  y  a  entre  l'âme  de  l'Église  et  le  corps 
de  l'Église,  et  comment  on  peut  être  de  l'âme  de  l'Église  sans  être  de 
son  corps. 

2°  Tout  en  reconnaissant,  p.  174,  que  la  science  humaine  du  Christ 
«  s'est  certainement  étendue  à  toutesles  connaissances  qui  intéressaient 


—  317  — 

sa  mission  »,  l'auteur  tient  que  Notre-Seigneui'  «  se  contentant  de 
connaître  ce  qu'il  lui  fallait  savoir  pour  instruire  les  hommes  des 
choses  du  salut,  voulut  humblement  ignorer  tout  le  reste  et  n'apprit 
des  choses  de  ce  monde  que  ce  qui  lui  venait  par  l'expérience  quoti- 
dienne ».  Même  si  l'opinion  est  défendable,  en  ces  termes  discrets  et 
mesurés,  et  j'avoue  que  le  silence  de  l'auteur  sur  la  vision  béatifique 
du  Christ  me  laisse  perplexe  à  cet  égard,  on  ne  peut  donner  cola 
comme  acquis,  l'opinion  contraire  étant  et  ayant  toujours  été  beau- 
coup plus  commune.  Même  remarque  pour  ce  qui  est  dit,  p.  471,  du 
temps  où  doit  finir  le  monde  :  «  Le  Fils  même,  dans  son  âme  humaine, 
n'en  a  point  connaissance,  parce  que  c'est  une  question  sur  laquelle 
il  n'a  pas  à  faire  de  révélation  »,  avec  cette  circonstance  aggravante 
que  l'on  ne  voit  pas  comment  concilier  cette  assertion  avec  le  prin- 
cipe formulé  plus  haut  par  l'auteur  que  la  science  humaine  du  Christ 
«  s'est  certainement  étendue  à  toutes  les  connaissances  qui  intéres- 
saient sa  mission  ». 

3°  Ma  dernière  réserve  regarde  ce  qui  touche  à  la  résurrection. 
L'auteur,  p.  473,  formule  parfaitement  le  dogme  cathoUque,  soit  dans 
les  termes  officiels  de  l'Église  :  «  Je  crois  la  vraie  résurrection  de  ce 
corps  que  j'ai  maintenant  »;  soit  en  son  propre  nom  :  «  Dieu  veut 
que  l'âme  retrouve  un  jour  son  corps  dans  l'autre  vie,  afin  que  ce 
corps,  qui  a  concouru  à  ses  actes  bons  ou  mauvais  en  ce  monde, 
devienne  pour  elle  un  élément  de  bonheur  ou  de  malheur  dans  r"éter- 
nité  ».  Mais  je  crains  que  ces  formules  ne  paraissent  un  peu  sacrifiées 
dans  l'explication  qui  suit  :  «  La  nature  des  éléments  qui  le  compo- 
seront (le  corps)  à  la  résurrection  importe  assez  peu.  L'âme  animera 
ces  éléments  et  en  fera  ainsi  son  vrai  et  propre  corps,  que  les  élé- 
ments aient  tous  fait  partie  ou  non  de  ce  corps  terrestre  ».  Le  petit 
mot  tous  apporte  sans  doute  à  la  pensée  une  limitation  importante; 
et  je  reconnais,  d'autre  part,  que  tel  théologien  en  vue,  le  P.  L.  Billot, 
semble  bien  tenir,  comme  fait  M.  Lesêtre,  que  l'identité  du  corps 
«  vient  non  de  la  matière  changeante,  mais  de  l'âme  qui  fait  la  vie 
de  cette  matière.  »  Mais  quelles  que  puissent  être  à  cet  égard  nos 
opinions  métaphysiques,  ce  n'est  pas  à  la  philosophie,  c'est  à  la  foi 
que  nous  devons  demander  notre  idée  de  la  résurrection.  Or,  cette 
idée  de  la  foi,  telle  que  nous  la  trouvons  chez  les  Pères,  et  telle  qu'ils 
s'efforcent  de  la  justifier  contre  les  raisonnements  trop  humains,  ne 
me  parait  pas  pleinement  sauvegardée,  si  l'on  ramène  tout  à  l'union 
de  notre  âme  avec  une  matière  quelconque  dont  elle  ferait  son  corps, 
en  lui  communiquant  sa  vie. 

Nos  réserves,  on  le  voit,  ne  portent  que  sur  quelques  détails,  et  sur 
des  détails  relativement  minimes.  Mais  on  A'oudrait  n'avoir  pas  à  les 
faire  quand  il  s'agit  d'un  ouvrage  destiné  à  faire  tant  de  bien  et  que 


-  318  - 

l'on  SG   plaît  soi-même   à  rocommandor  en   toute   occasion   comme 
le  meillenr  en  ce  genre.  J.-V.  Bainvel. 

>Saiiit  François  de  S'aleg,  texte  et  éludes  fiar  FoinuNAT  Strû-wski. 
Paris,  Bloud,  1908,  in-16  de  364  p.  (Collection  La  Per.sée  chrétienne).  —Prix: 
3  fr.  50. 

M.  Strowski  est  un  familier  de  saint  François  de  Sales,  autant  pres- 
que que  de  Pascal  ou  de  Montaigne. Dans  son  Introduction  à  l'histoire 
du  sentiment  religieux  en  France  au  xyii*^  siècle,  il  a  étudié  de  l'aimable 
saint  le  rôle  historique  et  la  physionomie.  Ici  il  s'attache  à  analyser 
et  à  reproduire  sa  pensée  «  en  témoin  ou  plutôt  en  traducteur.  «  Lui- 
même  nous  dit  très  bien  ce  qu'il  aurait  voulu  faire  et  qu'il  n'a  pas  fait. 
«  En  commençant  ce  livre,  j'espérais  donner  un  résumé  net  et  métho- 
dique de  la  pensée  de  saint  François  de  Sales.  Je  n'avais  certes  pas 
l'illusion  que  je  pommais  la  réduire  à  une  doctrine  systématique  : 
mais  je  comptais  la  dégager  des  «  surcroissances  »,  l'empêcher  de 
s'épanouir  en  tous  sens,  la  ramener  à  quelques  directions  rigoureuses 
et  l'y  enfermer  étroitement.  Je  n'y  ai  pas  réussi;  je  ne  regrette  pas 
de  n'avoir  pas  réussi.  Je  n'ai  pas  réussi,  parce  qu'il  n'y  a  pas 
une  seule  page  de  saint  François  de  Sales,  ni  une  seule  idée  dans 
ces  pages,  qui  ne  soit  ample,  subtile,  étendue  en  tout  sens,  riche 
et  bruissante  comme  un  arbre  dans  une  forêt.  Je  ne  regrette 
pas  de  n'avoir  pas  réussi,  car  il  serait  bien  ridicule  de  vouloir 
faire  l'image  d'un  arbre  et  Timage  d'une  forêt  si  l'on  ne  tient  compte 
ni  des  racines,  ni  des  branches,  ni  des  feuilles,  ni  des  fruits.  »  11  y  a 
trace,  en  effet,  à  travers  le  volume,  dans  les  débuts  surtout,  d'un 
effort  pour  dégager  les  idées  directrices,  et  cet  effort  n'aboutit  pas. 
Peut-être  ne  pouvait-il  pas  aboutir;  et,  s'il  le  pouvait,  peut-être 
n'était-ce  pas  désirable;  car  ce  n'eût  été  sans  doute  qu'aux  dépens 
de  la  vérité  vivante  et  concrète,  en  appauvrissant  et  mutilant  la 
riche  et  complexe  réalité.  C'est  déjà  beaucoup  que  M.  Strowski  nous 
aide  à  reconnaître  «  les  aspects  significatifs  de  la  forêt,  après  en  avoir 
surpris  la  A'ie  ».  Il  le  fait  en  nous  offrant  ces  extraits  et  ces  analyses,  le 
tout  entremêlé  de  réflexions  justes  et  d'explications  utiles.  C'est  sur- 
tout le  psychologue  que  M.  Strowski  nous  montre;  mais  ç^e  psychologue 
est  aussi  un  homme  de  doctrine,  et  il  faut  ajouter,  un  homme  de  Dieu, 
un  saint  et  un  apôtre.  «  La  pensée  de  saint  François  de  Sales,  si  voi- 
sine de  Montaigne  par  le  sens  du  réel  et  par  l'observation  précise  des 
âmes,  si  voisine  de  Platon  par  le  sens  du  divin  et  par  la  description 
du  monde  supérieur,  a  eu  pour  base  l'enseignement  de  l'Église  catho- 
lique. Parmi  les  penseurs  chrétiens,  l'auteur  de  V Introduction  à  la 
vie  dévote  et  du  Traité  de  l'amour  de  Dieu  est  un  des  plus  originaux 
et,  pourtant,  il  y  en  a  peu  qui  aient  aussi  fidèlement  que  lui  représenté 


a 


—  319  — 

la  Pensée  ehrélienne.  »  Ceux  qui  voudront  connaître  la  doctrine  du 
saint  et  avoir  sa  direction,  comme  ceux  qui  en  font  leur  «  lecture  spiri- 
tuelle »,  devront  continuer  à  lire  dans  le  texte  intégral  V Introduction^ 
V Amour  de  Dieu,  les  Entretiens,  les  Sertnons,  les  Lettres.  Mais  qui  ne 
veut  que  prendre  un  moment  contact  avec  lui  pour  voir  sa  manière  et 
se  faire  une  idée  de  l'homme,  de  l'écrivain,  et  de  ses  principaux  chefs- 
d'œuvre,  trouvera  en  M.  Strowski  un  excellent  guide  et  dans  ces 
extraits   des   spécimens   exquis.  J.-V.   Bainvel. 


lia  4|jiie»tioM  leligicii^v,  ciic|iièle  interiintfoiiale,  par  Fré- 
déric Charpin.  Paris,  Meicure  de  Fiance,  1108,  in-lS  de  3cl5  p.  —  Prix  : 
3  fr.  30. 

I^a  mode,  dit-on,  est  aux  enquêtes.  Encore  faudrait-il  enquêter 
sur  un  objet  qui  en  soit  susceptible.  On  enquête  pour  découvrir  un 
coupable;  on  enquête  pour  contrôler  un  fait;  M.  Caillaux  enquête 
pour  savoir  ce  qu'il  y  a  dans  nos  bourses;  mais  nous  comprenons  mal 
une  enquête  sur  l'avenir.  Le  sentiment  religieux  est-il  en  évolution  ou 
en  dissolution?  C'est  un  sujet  sur  lequel  les  recherches  n'ont  aucune 
portée  certaine.  Chacun  répond  suivant  son  impression  personnelle. 

Le  recueil  de  réponses  publiées  par  M.  Charpin  n'a  qu'un  intérêt, 
c'est  de  faire  connaître  l'état  d'esprit  de  gens  très  intelligents,  quel- 
ques-uns même  éminents.  Il  y  a  quelques  bonnes  réponses  des  catho- 
liques, par  exemple  celle  de  Dom  Besse  et  celle  de  l'abbé  Wekerlé. 
M.  de  Mun,  qui  avait  cru  d'abord  ne  pas  devoir  répondre,  s'est  exé- 
cuté après  coup  dans  une  page  magistrale.  Tous  ces  messieurs  sont 
unanimes  à  repousser  l'idée  d'une  dissolution  ou  d'une  transformation 
profonde  du  catholicisme.  Mais  ces  réponses  sont  relativement  peu 
nombreuses;  M.  Charpin  le  regrette  lui-même;  il  aurait  tort  de  s'en 
étonner,  car  la  question  qu'il  a  posée  est  de  celles  sur  lesquelles  les 
catholiques  ne  sauraient  admettre  aucun  doute. 

Il  y  a  quelques  réponses  de  sectaires  décidés  pour  lesquels  la  reli- 
gion est  un  cauchemar  qui  doit  disparaître.  Le  plus  grand  nombre 
de  lettres  expriment  plus  ou  moins  l'idée  que  le  sentiment  religieux 
est  indestructible,  mais  que  la  forme  dans  laquelle  il  s'incarne  importe 
peu.  Quelques  Imaginatifs  tels  que  M.  Minsky  et  M.  Dimitry  Merej- 
kowsky  se  doni^ent  l'innocent  plaisir  de  décrire  une  forme  future  de  reli- 
gion. La  plupart  semblent  assez  disposés  à  admettre  une  religion 
purement  intérieure  pourvu  qu'elle  n'engage  à  rien. 

Ce  qui  nous  étonne,  c'est  le  petit  nombre  de  réponses,  même  parmi 
les  catholiques,  où  l'on  mette  en  avant  le  point  de  vue  surnaturel.  Ce 
point  de  vue  est  cependant  fondamental  pour  notre  foi.  S'il  ne  s'agit 
que  de  morale  et  de  sociologie,  toute  religion  qui  admet  un  Dieu  et  une 
autre  vie  peut  se  défendre. 


—  320  — 

C'est  bien  en  effet  le  triste  spectacle  auquel  nous  assistons  aujour- 
d'hui, l'oubli  par  un  grand  nombre  de  nos  destinées  surnaturelles,  A 
ce  point  de  vue,  le  sentiment  religieux  subit  dans  les  masses  une 
évolution  hautement  regrettable.  D.  V. 


lia  Religion  des  primitif  s,  par  Mgr  A.  Le  Roy.  Paris,  Beauchesne, 
lyG9,  )u-16de  vii-bt8  p.,  avec  caries  et  grav.  hors  texte.  —  Prix  :  4  fr. 

Cette  magistrale  étude  a  fait  l'objet  de  conférences  données  à 
l'Institut  cathohque  par  son  auteur,  du  21  décembre  1907  au  22  fé- 
vrier 1908.  Elle  a  l'inappréciable  avantage  d'être  la  synthèse,  non  de 
recherches  seulement  livresques,  mais  aussi  et  surtout  d'enquêtes 
personnelles,  multipliées,  dui'ant  un  séjour  de  vingt  années  et  plus,  au 
milieu  de  populations  africaines  données  par  la  plupart  des  évolution- 
nistes  antichrétiens  comme  des  spécimens  toujours  vivants  de  l'état 
primitif  de  l'humanité.  Or  il  arrive  que  ces  prétendus  primitifs 
sont  le  plus  souvent  les  derniers  tenants  d'une  civilisation  assez  décré- 
pite, et  que  leur  état  présent  est  le  résultat  d'une  déchéance  progressive,, 
plusieurs  fois  séculaire.  Alors  que  leurs  idées  sont  embryonnaires  et 
leurs  mœurs  d'une  brutalité  choquante,  ils  parlent  une  langue  re- 
marquable par  la  richesse  des  expressions  et  ce  que  l'on  pourrait 
appeler  la  correction  grammaticale,  s'il  ne  s'agissait  de  gens  qui  n'ont 
pas  la  moindre  idée  de  la  grammaire.  Ils  répètent  invariablement  et 
d'une  façon  impeccable,  comme  celle  des  perroquets,  les  mots  qu'ils 
ont  appris  de  leurs  ancêtres.  Ce  contraste  entre  la  perfection  relative 
du  langage  et  la  rudesse,  la  grossièreté  de  tout  le  reste  était  un  avertis- 
sement qui  aurait  dû  guérir  de  leur  manie  les  partisans  du  progrès 
continu,  s'ils  n'avaient  pas  eu  leur  siège  fait.  Que  du  moins  ceux  qui 
sont  de  bonne  foi  lisent  l'exposé  de  cette  multiple  enquête,  faite 
sur  place,  durant  près  d'un  quart  de  siècle,  par  un  observateur  sa-  , 
gace,  merveilleusement  outOlé  pour  la  mener  à  bien,  et  ils  sauront  à 
quoi  s'en  tenir  sur  ces  primitifs  et,  par  là-même,  sur  le  primitif.  J;e 
ne  puis  qu'indiquer  les  points  traités  par  l'auteur,  la  place  dont  je 
dispose  ici  ne  me  permettant  pas  davantage. 

Dans  un  premier  chapitre,  Mgr  Le  Roy  déblaie  le  terrain  et  dit 
ce  qu'il  faut  entendre  par  la  science  de  l'iiistoire  des  religions  appli- 
quée aux  primitifs;  dans  le  second  il  étudie  le  primitif  en  face  de  la 
nature,  tel  que  certains  aiment  à  se  le  représenter,  tel  qu'il  est,  en 
réahté,  du  moins  aujourd'hui,  dans  la  race  bantoue.  Un  troisième  cha- 
pitre a  pour  objet  le  primitif  et  la  famille,  pages  fort  intéressantes  sur 
le  mariage  et  ses  divers  modes  :  monogamie,  polyandrie,  polygamie. 
L'hypothèse  d'une  promiscuité  originelle  est  démentie  par  les  faits- 
La  famiUe  est   fortement  constituée  chez  ces  peuplades  sauvages. 


—  321  — 

Le  chapitre  suivant  traite  un  point  également  du  plus  haut  intérêt, 
savoir,  le  primitif  en  présence,  non  plus  de  la  nature,  mais  de  l'extra- 
naturel,  sinon  du  surnaturel;  c'est-à-dire,  en  face  du  monde  invi- 
sible; ce  qu'il  pense  des  esprits,  du  Grand-Esprit  surtout,  de  l'âme 
et  par  suite  de  l'au-delà.  Dans  le  chapitre  cinquième,  il  est  démontré 
que  la  morale,  chez  ces  peuples,  est  étroitement  liée  à  la  rehgion,  qui, 
d'ailleurs,  lui  fournit  sa  sanction  :  la  morale  indépendante  leur  est 
inconnue;  les  évolutionnistes  la  leur  prêtent  gratuitement.  Le  culte 
qui  fait  l'objet  du  chapitre  sixième  est  un  singulier  mélange 
de  rites  religieux  et  de  pratiques  superstitieuses  :  le  prêtre  ne  se 
distingue  peut-être  pas  toujours  du  sorcier.  En  réalité,  le  vrai  prêtre, 
c'est  le  chef  de  famille.  La  religion  du  primitif  se  traduit  par  la  prière 
et  le  sacrifice  qui  s'adressent  à  la  triple  catégorie  d'êtres  surnaturels: 
Dieu,  les  Esprits,  les  Ancêtres.  Négrilles  et  Bantous  connaissent 
aussi  la  magie  qui  est  bien  plutôt  une  déformation  de  la  religion, 
quand  elle  n'est  pas  son  ennemie,  que  non  pas  sa  devancière,  sa 
mère,  comme  le  veulent  nos  adversaires.  L'homme  fut  religieux  avant 
d'être  superstitieux.  Cette  magie  est  étudiée  dans  le  septième  cha- 
pitre. Le  huitième  compare  les  religions  des  primitifs  dans  les  diverses 
parties  du.  monde,  en  s'aidant  de  l'histoire  qui  seule  d'ailleurs  peut 
éclairer  la  préhistoire.  Le  savant  auteur  termine  son  étude  par  une 
série  de  conclusions  importantes  qui  s'imposent  à  tout  esprit  non 
prévenu.  Ce  livre,  si  abondamment  et  si  excellemment  documenté, 
est  une  solide  réfutation  du  système  évolutionniste,  imaginé  de 
toutes  pièces  par  les  rationalistes,  uniquement  pour  combattre  le 
sarnaturel.  A.   Roussel. 


SCIENCES  ET  ARTS 

Dieu  et  Seîeiice,  par  J.  dk  la  Purrièrk.  Paris  et  Lyon,  Vitte,  1909, 
2  vol.  iii-16  de  xn-3V4  el  369  p.  —  Prix  :  7  fr. 

De  nombreuses  questions  sont  traitées  et  élucidées  dans  cet  ou- 
vrage. On  y  trouve  de  l'ontologie,  de  la  cosmologie,  de  la  biologie, 
de  l'anthropologie,  de  l'ethnographie,  du  préhistorique,  de  la  psj^- 
chologie  (au  sens  ancien  du  terme),  de  la  sociologie,  de  l'histoire 
ecclésiastique  et  de  la  théologie  naturelle.  Le  tout  nianié  de  main  de 
maître,  on  peut  le  dire,  et  appuyé  sur  une  documentation  des  plus 
étendues,  avec  références  non  moins  nombreuses. 

Le  premier  volume  débute  par  une  dissertation  de  haute  philo- 
sophie sur  la  nécessité  de  l'Être;  l'auteur  examine  ensuite  ce  qu'il 
appelle  les  «  Existences  »  :  que  sont  la  Matière,  la  Vie,  l'InteUigence, 
la  Raison,  l'Instinct,  la  Société?  et,  en  second  lieu,  les  «  Origines  «; 
d'où  viennent  toutes  ces  existences?  Il  est  ainsi  amené  à  étudier  la 
AVRIL  1909.  T.  CXV.  2L 


—  322  — 

question  du  transformisme  qu'il  examine  sans  préjugé  ni  parti  pris, 
faisant  valoir  impartialement  les  arguments  des  deux  partis  favo- 
rable ou  hostile,  et  alioutissant  à  cette  conclusion  que  les  faits  établis 
jusqu'ici  semblent  indiquer  une  intervention  créatrice  répétée,  suivie 
d'évolutions  limitées. 

Tandis  que  le  tome  I^^  envisage  surtout  Dieu  et  la  nature,  le  tome  II 
a  essentiellement  pour  sujet  Dieu  et  l'homme.  Sur  les  origines  de 
celui-ci,  sa  nature,  sa  supériorité  sur  l'animalité,  et  son  unité,  sa  répar- 
tition en  races  diverses,  sa  formation  sociale,  l'auteur  a  des  pages 
qui  ne  le  cèdent  en  rien  comme  philosophie,  science,  érudition,  réfé- 
rences, à  celles  dont  se  compose  le  premier  volume.  Au  point  de  vue 
social,  il  faut  signaler  une  dissertation,  toute  fondée  sur  les  constata- 
tions historiques,  où  il  est  démontré  que  le  progrès  ne  saurait  être 
continu,  puisque,  à  des  civilisations  qui  s'éteignent  succèdent  des 
barbaries  qui  ne  remontent  que  lentement  et  laborieusement  les 
degrés  de  civilisations  nouvelles,  par  l'incessante  lutte  de  l'homme 
contre  la  nature  qu'il  domine  peu  à  peu.  'Au  contraire,  le  socialisme, 
qui  est  la  lutte  de  l'homme  contre  l'homme  et  veut  bouleverser  l'ordre 
social' sans  tenir  compte  de  l'élément  inhérent  à  toutes  choses  hu- 
maines, le  temps,  le  socialisme  est  la  contradictoire  même  du  progrès. 

La  seconde  moitié  de  notre  tome  second  a  pour  rubrique  :  Les 
Miracles  qui  prouvent  Dieu.  Il  s'agit  ici  de  ce  que  l'on  peut  appeler  les 
miracles  historiques.  Le  premier  de  tous  est  l'histoire  de  la  vie  et  de 
la  mort  de  Jésus-Christ.  Le  second  réside  dans  la  créance  «  en  Jésus- 
Christ,  »  son  extension  et  l'expansion  du  christianisme.  La  continuité 
et  l'état  de  lutte  où  vit  l'Eglise  en  tout  temps,  contre  le  paganisme, 
contre  les  hérésies,  contre  l'Empire...  en  dernier  lieu,  contre  le  laï- 
cisme,  — constitue  le  troisième  miracle.  Le  quatrième  est  l'ensemble 
des  ruines  de  Ninive  et  de  Jérusalem  prophétisées  longtemps  à  l'avance 
et  du  salut  de  la  France  par  Jeanne  d'Arc.  Enfin,  se  groupent,  sous 
la  désignation  du  «  Quatrième  miracle  »,  les  faits  principaux  histori- 
quement constatés  des  gi'ands  thaumaturges;  et  à  ce -propos,  est  à 
signaler,  page  353,  une  définition  très  précise  et  très  nette  de  ce  qui 
constitue  essentiellement  le  miracle,   au  sens  canonique  du  terme. 

Nous  n'avons  fait,  dans  les  lignes  qui  précèdent,  qu'efileurer  le 
sujet  très  varié  et  très  complexe  embrassé  par  M.  de  la  Perrière.  En 
indiquer  tous  les  points  de  vue  serait  hors  de  proportion  avec  les 
limites  d'un  compte  rendu.  Ce  que  cet  ouvrage  implique,  chez  son 
auteur,  de  lecture,  est  véritablement  effrayant.  Philosophes,  savants, 
historiens  de  tous  les  temps-  et  de  tous  les  pays,  aussi  bien  de  l'anti- 
quité grecque  et  latine,  de  l'Orient,  de  l'Islamisme,  que  du  moyen 
âge  et  des  temps  modernes,  ont  été  consultés,  cités,  au  besoin  discutés. 

La  seule  critique  qu'il  serait  permis  d'indiquer  ici,  c'est  que  l'on- 


—  323  — 

vrage  semble  manquer  un  peu  d'unité  et  de  méthode.  Telles  et  telles 
questions  abordées  dans  le  tome  I*^^  reparaissent  avec  plus  de  détail 
dans  le  tome  II.  Le  classement  des  matières,  dans  ce  dernier  volume, 
surtout,  n'apparaît  pas  avec  une  logique  rigoureuse.  Mais  ces  défauts 
sont  complètement  rachetés  par  l'abondance  et  la  sûreté  des  infor- 
mations, la  dialectique  concise  et  serrée,  la  facilité  donnée  au  lecteur 
de  contrôler  sur  tous  les  points  les  enseignements  donnés.  L'apolo- 
giste trouvera  dans  ces  deux  volumes  une  mine  inépuisable  d'élé- 
ments de  discussion  et  de  réfutation  de  toute  la  somme,  ou  à  peu  près, 
dos  erreurs  contemporaines.  C.  de  Kirwan. 


Amour  et  Foi,  parle  comte  II.  de  LaCOMbe.  Pajis,  PIon-Nourrit,  1909, 
in-8  de  327  p.  -  Prix  :  5  fr. 

Il  n'y  a  guère  plus  d'un  an  que  le  comte  Hilaire  de  Lacombe  est 
arrivé  au  terme  d'une  vie  de  bon  soldat,  dévoué  à  ses  chefs  et  à  son 
drapeau,  et  sans  ambition  pour  lui-même.  Ceux  qui  n'ont  pas  eu  la 
satisfaction  de  le  connaître  en  personne,  dans  toute  la  vivacité  d'une 
intelligence  d'ailleurs  très  cultivée,  dans  toute  la  générosité  modeste 
de  son  âme,  savent,  du  moins,  qu'élève  du  P.  Gratry,  il  a  été  honoré 
ensuite  d'illustres  amitiés;  que,  catholique  et  royaliste  d'éducation 
et  de  conAàctions,  il  n'a  jamais  cessé  d'être  un  libéral  tout  aussi  fidèle; 
que,  pendant  cinquante  ans,  à  VArni  de  la  Religion  et  au  Correspondant^ 
il  a  défendu  sans  relâche  les  causes  et  les  mémoires  qui  lui  étaient 
chères.  Il  a  publié  les  procès-verbaux  de  la  Commission  qui  prépara  la 
loi  de  1850  sur  la  liberté  de  l'enseignement,;  il  a  interprété  les  instruc- 
tions de  Léon  XIII  de  la  manière  à  la  fois  la  plus  agréable  à  ce  grand 
Pape,  et  la  plus  propre  à  rassurer  les  consciences  inquiètes.  Des  docu- 
ments intéressants  pour  l'histoire  politique  de  la  seconde  moitié  du 
XIX''  siècle  sortiront  peut-être  un  jour  de  ses  archives,  comme  il  en  est 
sorti  de  celles  de  son  frère,  M.  Charles  de  Lacombe.  Mais  le  livre  pos- 
thume déposé  aujourd'hui  sur  sa  tombe  est  tout  à  fait  étranger  à  la 
politique;  c'est  une  œuvre  de  moraliste  chrétien  très  digne  de  figurer 
à  côté  des  études  écrites  par  lui,  en  ces  dernières  années,  sur  Bossuet. 

Ce  liv're  se  compose  de  notes  intimes  rédigées  par  l'auteur  à  diverses 
époques  de  sa  vie,  et  rassemblées  par  son  fils,  sans  ordre  chronologique. 
Ce  n'est  pas  un  journal  ;  on  y  entrevoit  seulement  certaines  circonstan- 
ces de  cette  vie  ayant  laissé  une  trace  profonde  dans  l'âme  de  l'au- 
teur. Indiquées  par  lui  avec  discrétion,  mais  non  sans  charme,  elles 
lui  ont  inspiré  des  réflexions  d'une  portée  très  générale  et  très  haute, 
et  d'une  forme  poétique  qui  ne  nuit  pas  à  la  précision  de  .la  pensée, 
sur  la  puissance  et  la  beauté  des  affections  que  la  loi  divine  autorise  et 
recommande,  et  sur  les  espérances  nécessaires  pour  sauver  ces  affec- 
tions d'une  désespérante  fragilité.  Jamais  on  n'a  parlé  avec  une  déli- 


—  324  — 

catesse  plus  pénétrante  de  l'amour  materni'l  (p.  là  5),  des  amitiés  qui, 
«  mêlées  à  notre  vie,  nous  demeurent  présentes  dans  la  mort  »  (p.  315 
à  319),  de  ce  sentiment  de  l'honneur  comparable  à  la  voix  du  torrent 
dans  la  montagne,  «  voix  grondante  et  menaçante  qui  ne  veut  jamais 
se  taire,  et  qui,  sans  souci  du  soleil  et  de  la  fête,  crie  plus  fort  que  tout 
le  monde  ».  (p.  283.) 

L'idée  de  la  mort  revient  très  souvent  dans  tout  le  livre,  mais  sans 
amertume  ni  découragement  de  l'action.  Il  faut,  dit  l'auteur,  «  faire 
sa  paix  avec  la  mort  >^  (p.  306).  Son  extrême  sensibilité  même  l'in- 
cline vers  la  mélancolie,  et  le  tour  très  naturellement  romantique  de 
son  imagination  le  porte  à  chercher  les  harmonies  entre  ses  sentiments 
intérieurs  et  les  spectacles  de  la  nature.  Quelques-unes  de  ses  Médita- 
tions offrent  ainsi,  avec  le  Journal  de  Maurice  de  Guérin  des  ressem- 
blances d'autant  plus  curieuses  qu'elles  n'ont  pas  été  cherchées. 
Toutefois,  son  inspiration  religieuse  et  morale  est  bien  plus  ferme, 
parce  qu'elle  n'est  pas  altérée  par  la  souffrance  physique;  il  se  défend 
mieux  par  la  foi  contre  le  pessimisme,  et  reconnaît  que  le  monde  d'ici- 
bas  est  déjà  «  plein  de  bonheur  perdu  par  mégarde,  perdu  par  notre 
faute.))  —  «L'homme,  ajoute  M.deLacombe,  y  trouverait  plus  de  bonté 
s'il  était  meilleur  lui-même.  Il  traîne  après  lui  une  ombre  doulou- 
reuse, la  sienne,  qui,  se  projetant  à  l'entour,  l'empêche  de  voir  l'œuvre 
divine.  ))  Aucune  citation,  mieux  que  celle-là,  ne  peut  donner  un 
exemple  du  charme  et  de  l'originalité  d'Hilaire  de  Lacombe  comme 
pen-^eur.  Ch.  de  Loméme. 

lu»  ^'Oâx  proieBSioiiBielle.  Leçons  pratiques  de  physiologie  appliquée 
aux  carrières  vocales  (enseignement  public,  barreau,  théâtre).  Cours  du 
Théâtre  Réjane  (1907-1908),  par  le  D'  Pierre  Bonnier,  Paris, 
Larousse,  s.  d.  (1908),  petit  in-8  de  206  p.,  avec  39  fig.  ~  Prix  :  2  fr. 

Cet  ouvrage  n'est  pas  une  méthode,  ce  n'est  pas  non  plus  un  exposé 
synthétique. . .  «  Je  n'ai  fait,  dit  le  D^  Bonnier,  que  mettre  un  certain 
ordre  pratique  dans  une  foule  de  petites  observations,  de  petites  expli- 
cations que  j'ai  eu  souvent  occasion  de  répéter  à  des  professionnels 
en  étudiant  avec  eux  leurs  voix  dans  ses  performances  et  ses  trou- 
bles. Tout  ceci  est  de  l'analyse  sans  aucun  luxe  de  notions  anecdoti- 
ques ...» 

Le  volume  se  di^nse  en  deux  grandes  parties  ou  sections  :  I.  Théorie 
de  la  voix.  —  II.  Pratique  de  la  voix,  et  un  appendice,  sorte  de  diction- 
naire qui  donne,  en  quelques  mots,  la  définition  des  termes  les  plus 
employés.  Dans  la  première  section,  l'auteur  traite,  d'une  façon  très 
scientifique  et  suffisamment  détaillée,  les  sujets  suivants  :  a)  Le  Son, 
sa  nature,  ses  qualités,  intensité,  hauteur,  timbre;  sa  propagation,  sa 
production. —  b)  Un  Son  voulu.  C'est  le  point  le  plus  fouillé.  L'auteur, 
un  médecin,  ne  l'oublions  pas  ■ —  mais  un  médecin  doublé  d'un  artiste 


—  325  — 

à  la  science  profonde,  étendue  • —  étudie  et  décrit  con  amore,  avec 
figures  à  l'appui,  l'appareil  vocal,  le  geste  respiratoire,  le  geste 
vocal,  etc.  Cette  partie,  un  peu  aride  pour  les  profanes,  court  le  risque 
d'être  lue  trop  superficiellement  par  ceux  qui  n'ont  fait  de  la  physio- 
logi\3  qu'une  étude  très  imparfaite,  sinon  nulle.  A  notre  avis,  on  aurait 
tort  de  ne  pas  s'y  arrêter,  même  avec  attention.  Le  simple  chanteur 
y  trouvera  des  notions  à  sa  portée  sur  la  constitution  de  l'appareil 
vocal,  qui  l'aideront  à  mieux  s'assimiler  les  enseignements  pratiques 
de  la  seconde  partie.  —  c)  A  une  distance  çoulue.  Ce  paragraphe  est 
court  mais  1res  important.  De  fait,  c'est  la  base  théorique  de  tout 
l'ouvrage.  L'auteur  résume  sa  pensée  dans  ces  quelques  hgnes  :  «  Le 
but  réel  de  la  voix,  c'est  la  mise  en  sonorité  d'une  partie  définie  de 
l'espace  qui  nous  entoure,  celle  où  se  trouvent  nos  auditeurs...  »  Le 
chanteur,  l'orateur  dci'  ent  donc  savoir  où  ils  envoient  leur  parole, 
leur  chant. . .  l'ignorer  est  aussi  absurde  que  de  ne  pas  savoir  où  l'on 
tire  quand  on  épaule  son  arme  ...»  Dès  lors,  importance  de  la  pose  de 
la  çoix,  de  la  portée  de  la  voix.  11  y  a  dans  ce  paragraphe  beaucoup  à 
apprendre;  d'aucuns  y  trouveront  des  aperçus  très  curieux  qui  seront 
matière  à  réflexion  et  à. . .  conversion  peut  être  !.  . . 

De  la  deuxième  section  :  Pratique  de  la  voix,  il  nous  suffira  d'énu- 
mérer  les  paragraphes  pour  en  montrer  l'importance  :  1°  La  Voix  dès 
Venfance.  Nécessité  d'une  éducation  scientifique  et  d'une  éducation 
physiologique;  conseils  à  l'éducateur,  au  médecin;  2"  La  Voix  pro- 
fessionnelle. L'auteur  passe  en  revue  tous  ceux  dont  la  voix  est  l'instru- 
ment, l'outil  indispensable...  Encore  faut-il  savoir  en  user!...  3° 
Pratique  de  la  voix  chantée.  Données  précises  sur  la  respiration;  pas 
do  respiration  dite  abdominale.  Ici,  l'auteur  revient  pratiquement 
sur  la  pose  de  la  voix  :  «  La  projection  vocale  est  semblable  à  toute 
autre  projection.  Je  dois  entendre  ma  voix  arriver  à  destination. . . 
savoir  produire  le  maximum  d'efîet  avec  le  minimum  d,' effort ...» 
Plus  loin  :  «  Rien  n'est  plus  méconnu  que  l'art  de  poser  la  voix;  rien 
n'est  plus  utile  cependant,  car  aucune  voix  ne  tient  si  elle  n'est  posée.  » 

Les  conseils  du  D^"  Bonnier  seront  précieux  à  ceux  qui  ont  à  parler 
ou  à  chanter  en  public  ;  sans  doute  la  lecture  de  cet  ouvrage  ne  rem- 
place pas  les  cours  pratiques  si  intéressants  que  fait  l'auteur  au  théâtre 
Réjane,  mais  nous  voulons  espérer  qu'un  professeur  de  chant  aura  la 
bonne  inspiration  de  puiser  dans  l'ouvrage  du  D^"  Bonnier  et  de  tra- 
duire cet  enseignement  sous  une  forme  didactique  avec  exercices 
gradués  ;  ce  serait  combler  une  lacune  et  sortir  de  l'ornière  traditionnelle 
où  sont  enfoncées  depuis  si  longtemps  quantité  de  méthodes,  ou  vieilhes 
ou  incomplètes.  Celle  du  D^'  Bonnier  aurait  l'avantage  de  reposer  sur 
des  données  physiologiques  sérieuses  et  sérieusement  étudiées. 

C.    MÉGRET. 


~  326  — 

€Eiivre<«  sociales  des  feiiimes,  par  Paul  Acker.  Paris,  Plon-Nour- 
nt,  1908,  in-lô  dex-2i:iOp.  —  Prix  :  3  fr.  bO. 

Entreprises  sur  le  conseil  de  M.  Brunetière,  dont  le  souvenir  est 
évoqué  dans  une  Préface  reconnaissante,  ces  études,  parues  à  la 
Revue  des  Deux  Mondes,  méritaient  d'être  recueillies  en  volume.  Le 
romancier,  jeune,  mais  déjà  fort  apprécié, qui  les  a  écrites,  abien  observé 
les  principales  manifestations  nouvelles  de  l'activité  des  femmes  de 
France  dans  le  domaine  social.  11  rappelle  d'abord  les  efforts  faits 
pour  développer  l'éducation  sociale  de  la  femme  :  les  conférences 
données,  en  1900,  chez  la  baronne  Piérard,  rue  d'Athènes;  le  grou- 
pement de  V Action  sociale  de  la  jemme  fondé  par  M^^^^  Chenu;  le 
centre  de  cours  et  d'enseignement  organisé  rue  \"aneau,  au  Foyer, 
par  RP"e  Thome.  A  ïa  sollicitude  pour  l'enfant  il  rattache  non  seule- 
ment la  Ligue  fraternelle  des  enfants  de  France,  œuvre  de  AP^*^  Lucie 
Féîix-Faure,  mais  encore  Y  Union  fcimilixde,  actuellement  rue  de 
Charonne,  172,  dont  ^Ple  Gahéry  est  l'âme,  les  maisons  sociales, 
l'école  ménagère  normale  installée  avenue  de  Breteuil  par  M"^^  de 
Diesbach,  les  formes  si  intelligentes  et  si  efficaces  de  charité  que 
Mlle  Chaptal  pratique  à  Plaisance.  Ce  qui  intéresse  spécialement  la 
jeune  fille,  ce  sont  l'Aiguille,  très  bel  exemple  de  syndicat  mixte  qui 
doit  tant  au  Père  du  Lac,  les  svndicats  d'ouvrières  Ivonnaises  de 
AP'*^  Rochebillard,  les  associations  professionnelles  de  la  rue  de 
l'Abbaye,  à  Paris,  la  Ligue  sociale  d'acheteurs,  dont  ^P^^'?  Jean  Bruhes 
est  l'initiatrice  en  France,  YŒuvre  catholicjue  internationale  de  la  pro- 
tection de  la  jeune  fille  fondée  à  Fribourg  'en  1897,  YŒuvre  des  gares, 
YŒuvre  des  maisons  de  famille.  Enfin,  ce  sont  tous  les  membres  de 
la  famille  qui  profitent  des  Jardins  ouvriers,  du  Travail  au  foyer,  de  la 
Presse  pour  tous,  de  la  Mutualité  féminine,  —\oi\k  de  beaux  exem- 
ples donnés  par  les  femmes  françaises  et  qui  devront  à  M.  Paul  Acker 
un   plus  large  rayonnement  bienfaisant. 

B.vRO.N  J.  Angot  des  Rotours. 


Corres|ioii(Sanee   «I'Alexaxdre  de  IIumboldt   avec   François 

Ai'ago  (i^Otl-l  ^53).   publiée  avec  une   Préface  et   des  notes  par 
le  D"^  E.-T.  IIamy.  Guilmoto,  s.  d.,  in-18  de  xvi-377  p.  —  Pris  :  3   fi-.  .=jO. 

Cent  vingt-quatre  lettres  d'Alexandre  de  Humboldt  dont  cent 
quinze  adressées  à  François  Arago,  et  les  neuf  autres,  après  la  mort 
du  grand  astronome  français,  aux  membres  de  sa  famille,  telle  est  la 
substance  de  ce  volume.  L'expression  d'une  tendre  amitié  du  savant 
prussien  pour  Arago  et  l'exposé  de  travaux  et  observations  scien- 
tifiques divers,  ont  fait,  durant  une  période  de  44  ans,  tout  le  fond 
de  cette  correspondance  qui  ne  prit  fin  qu'après  la  mort  de  notre 
grand    astronome,  en  1853.  —  Comme  le  dit  ^L  Hamy,  dans  la  Pré- 


—  327  — 

face  dont  il  fait  précéder  la  publication  de  ces  lettres,  elles  constituent 
'(  un  volumineux  dossier,  d'un  prix  inestimable,  pour  l'histoire  de  la 
science  et  des  savants  de  l'Allemagne  et  de  la  France  »,  durant  une 
part  notable  de  la  première  moitié  du  xix^  siècle.  Qu'il  s'agisse  du 
récit  de  trois  ascensions  au  Vésuve,  du  résumé  d'observations  scien- 
tifiques faites  à  Metz  ou  à  Francfort,  d'une  descente  dans  le  tunnel 
alors  en  construction  sous  la  Tamise,  ou  de  grands  voyages  en  Asie 
jusqu'à  la  Tartarie  chinoise,  en  compagnie  des  savants  Mitscherlich 
et  Rose  ;  ou  bien  que  soient  abordées  les  questions  de  science  pure 
qui  ont  toujours  hanté  l'esprit  du  grand  explorateur,  l'auteur  du 
célèbre  Cosmos  assaisonne  toujours  ses  lettres  à  l'auteur  de  V Astro- 
nomie populaire  d'un  aimable  enjouement  ou  des  témoignages  d'une 
amitié  toute  fraternelle.  L'intimité  vraie, — celle  dans  laquelle  l'ami 
ouvre  son  cœur  à  son  ami  et  lui  confie  ses  peines  et  ses  douleurs,  ou 
bien  prend  sa  défense  quand  il  est  attaqué  —  tient  une  place  impor- 
tante dans  cette  Correspondance.  On  peut  dire  que  si  la  part  de  l'es- 
prit, de  la  science,  en  occupe  la  place  principale,  la  part  du  cœur 
y  est  presque  aussi  étendue.  D'ailleurs,  le  côté  scientifique  s'y  pré- 
sente toujours  d'une  manière  aimable  et  avec  une  clarté  de  bon  aloi. 

C.    DE    KiRWAX. 


Ij»    Crise   iinvale,   par   Charles  Chaumet.   Paris,    Chapelet,   1909, 
in-12  de  340  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

M.  Chaumet,  qui  fut,  en  1908  et  en  1909,  rapporteur  du  budget  delà 
marine,  publie  aujourd'hui  ses  deux  rapports,  vraiment  remarquables, 
tels  qu'ils  ont  été  remis  aux  députés.  Ces  documents,  auxquels  ont 
été  ajoutés  les  débats  de  la  Chambre  des  députés,  constituent  un  vo- 
lume très  intéressant  ;  mais  ce  ne  sont  là  que  les  éléments  d'un  ouvrage. 
Ces  travaux  considérables  auraient  gagné  à  être  fondus  et  amalgamés; 
l'ensemble  aurait  été  ainsi  d'une  lecture  plus  facile  et  plus  impression- 
nante. Quoi  qu'il  en  soit,  ce  volume  vient  bien  à  son  heure,  au  moment 
où  le  ministre  actuel  de  la  marine  est  à  la  veille  de  déposer  son  bilan, 
selon  l'expressoin  consacrée.  Si  l'on  en  juge  par  les  faits  exposés  dans 
la  «  Crise  navale  »  et  par  les  conclusions  aussi  lamentables  qu'exactes 
que  M.  Chaumet  en  a  tirées,  on  peut  prévoir  que  ce  bilan  sera  celui 
d'une  faillite.  En  suivant  page  par  page  le  député  de  la  Gironde,  qui 
a  étudié  en  1908  les  divers  rouages  de  la  marine,  et,  en  1909,  la  flotte 
française,  d'abord  elle-même,  puis,  par  rapport  aux  forces  des  diffé- 
rentes puissances,  et  enfin,  en  vue  des  économies  à  réaliser,  il  est 
navrant  de  constater  à  quel  degré  de  faiblesse,  d'anéantissement 
même  le  régime  actuel  a  pu,  en  moins  de  trente  ans,  conduire  la 
marine.  Rien  n'existe  plus,  tout  est  vicié  et  pourri  et  chaque  année 
voit  augmenter  la  distance  qui  sépare  la  flotte  française  de  la  flotte 


—  328   - 

allemande.  L'argent  que  le  Parlement  n'a  jamais  refusé,  est  gaspillé 
et  a  un  rendement  infime,  et  cependant,  tout  le  monde  se  plaît  à  le 
reconnaître,  fonctionnaires  et  officiers  de  la  marine  sont  d'une  scru- 
puleuse honnêteté.  Que  serait-ce  s'il  en  était  autrement?  Mais,  ici 
comme  partout,  la  critique  est  aisée  et  l'art  est  difficile.  M.  Chaumet 
préconise  bien  un  remède  :  nommer  une  commission  extra-parle- 
mentaire qui  établira  les  bases  d'une  réforme  organique. . .  Hélas  !  on 
a  tant  vu  de  commissions  ne  rien  établir  qu'on  reste  sceptique,  d'autant 
plus  que  le  mal  est  profond  et  la  tâche  bien  lourde  !  J.  C.  T. 


Hnnuel  pratique  du  conféreiicier-pi'ojevtlonni«<e,  pai  G- 

MiGHUL  GoisSAC.  Pans,   Maison   de   la    Houne   Presse,    s.    (i.    (19(i8),    petit 
iu-8  de  xv.'2l8  p.,  avec  fig.  —  Prix  :  2  fr. 

M.  G.-Michel  Goissac  n'est  pas  un  inconnu  pour  le  PoJybiblion,  où 
tout  le  bien  que  nous  pensons  de  son  traité  intitulé  :  La  Théorie  et  la 
pratique  des  projections  a  déjà  été  dit.  Aujourd'hui,  il  édite  un  «  Ma- 
nuel, »  qu'il  qualifie  modestement  de  résumé  de  son  traité,  mais  qui, 
réellement,  est  un  livre  nouveau.  S'il  suit  pas  à  pas  son  aîné  auquel  il 
se  réfère  d'ailleurs  fréquemment,  il  est  cependant  complet  par  lui- 
même  et  renferme  mille  détails  pratiques,  des  trucs  de  métiers,  des 
tours  de  main,  des  conseils  précieux,  qui  ne  se  trouvaient  pas  dans  le 
grand  ouvrage. Il  s'adresse  donc  non  seulement  aux  conférenciers  pro- 
jectionnistes, dont  il  sera  le  très  précieux  compagnon,  mais  encore  aux 
professionnels  et  aux  amateurs  déjà  en  possession  du  volumineux 
traité.  Les  uns  et  les  autres  y  trouveront,  pleinement  exposé,  après  un 
court  historique,  tout  ce  qui  concerne  la  lanterne,les  sources  lumineuses 
et  les  vues.  Enfin,  un  dernier  chapitre,  non  le  moins  intéressant,  est 
consacré  à  la  séance  de  projections  elle-même.  L'auteur  y  donne  de 
minutieux  conseils,  tous  bons  à  méditer  et  à  suivre,  et  se  livre  même 
à  de  courts  aperçus  psychologiques  sur  la  mentalité  du  conférencier 
et  de  ses  auditeurs,  qui  ne  sont  les  pages  ni  les  moins  attachantes 
ni  les  moins  utiles.  En  résumé,  ce  manuel,  pratique,  portatif  et,  ce  qui 
ne  gâte  rien,  très  bien  édité,  doit  être  le  vade-mecum  du  professionnel 
comme  de  Tamateur.  J.  C.  T. 


LITTÉRATURE 


El' Elite  de  la  Révolution  Discours  et  rapports  de  Robes- 
pierre, avec  une  Introduction  et  des  notes  par  Claude  Vellay.  Paris, 
Fasqueile,  1908,  in-12  de  xx-iSO  p.  ~  Prix  :  3  fr.  50. 

L'entreprise  de  réhabilitation  et  de  glorification  des  hommes  de  la 
Révolution  continue.  C'est  un  bloc  intangible  et  malheur  à  qui  y 
touche  !  Il  semble  même  que  les  plus  répugnantes  figures  soient  les  plus 
adulées.  Après  Saint-Just,  après  Marat,  c'est  aujourd'hui  le  tour  de 


—  329  — 

Robespierre.  En  attendant  que  M.  Viviani  lui  élève  une  statue,  M. 
Cbarles  Vcllay  publie  ses  œuvres,  ses  discours  et  ses  rapports,  depuis 
lo  discours  du  5  février  1791  sur  l'organisation  du  jury,  jusqu'à  la 
suDrême  défense  du  8  thermidor  an  II,  en  passant  par  le  discours  du 
30  mai  1791  où  l'homme  qui  devait  couvrir  la  France  d'échalauds 
et  l'inonder  de  sang,  réclamait  l'abolition  de  la  peine  de  mort. 

C'est  assurément  l'un  des  plus  tristes  symptôines  de  l'abarration 
das  esprits,  en  ce  commencement  de  siècle,  qu'on  puisse  présenter 
comme  un  héros  l'homme  qui  a  écrit  que  la  terreur  est  une  é  Tianatioa 
a  d3  la  vertu.  »  R.  M. 

Au  milieu  du  elieinin  de  uoire  ^îe.  Poènies»  légendaires, 
symboliques  et  l'eligieux,  par  Dom  Bruno  Destrée.  Paris, 
Bloud,  s.   d.,  in-16  de  xiv-278  p.   —  Prix  :   3  fr. 

C'est  en  méditant  les  vies  des  saints  et  les  pieux  récits  de  l'hagio- 
graphie que  le  P.  Dom  Bruno  Destrée  a  été  attiré  du  monde  dans 
le  cloître  pour  y  mieux  suivre  la  voie  où  tant  de  héros  l'avaient  pré- 
cédé. Il  a  pensé  que  ses  méditations  et  ses  élévations  d'autrefois 
pourraient  faire  du  bien  aux  âmes  et,  qui  sait?  entrahier quelques-unes 
à  sa  suite  dans  le  chemin  où  il  a  trouvé  la  joie  et  la  paix,  et  tel  est 
l'objet  du  charmant  livre  qu'il  publie  aujourd'hui  sous  le  haut  patro- 
nage du  cardinal  archevêque  de  Alalinep.  Ce  livre  contient  d'abord  ce 
qu'il  appelle  des  poèmes  légendaires,  consacrés  à  faire  revivre  les 
touchantes  figures  chrétiennes  de  sainte  Dorothée  de  Cappadoce,  de 
sainte  Rose  de  Viterbe,  de  saint  Jean  Gualbert,  enfin  de  saint  Pierre. 
Puis  vient  un  joli  conte  écrit  en  marge  de  l'Evangile  sur  lesroismagcs, 
malheureusement  non  terminé,  enfin  les  poèmes  symboliques  et  reli- 
gieux, où  les  spectacles  de  la  nature,  embellis  et  vivifiés  par  l'ima- 
gination chrétienne,  élèvent  les  âmes  à  Dieu.  Toutes  ces  œuvres  sont 
charmantes  et  poétiques,  à  ne  les  prendre  même  que  du  point  de  vue 
littéraire,  mais  elles  sont  surtout  édifiantes,  et  créent  autour  des 
âmes  comme  une  atmosplière  de  piété  tendre  bien  propre  à  faire 
aimer  et  goûter  les  choses  do  Dieu.  Le  cardinal  Mercier  place  l'auteur 
en  compagnie  de  Manzoni,  l'auteur  des  Inni  Sacri,  de  Newman, 
l'auteur  du  Dream  oj  Gerontius^  de  Guido  Geselle,  de  Johannes  Joer- 
gensen;  il  mérite  vi*aiment  cet  honneur  et  son  livre  prouvera,  après 
beaucoup  d'autres,  que  la  foi  catholique,  inspiratrice  de  tant  de 
chefs-d'œuvre,  «  n'est  pas  moins  capable  d'élever  les  âmes  croyantes 
à  la  paésie  «.  Edouard  Po>'tal.. 

H.  Taine.  I*a^eg  choisies,  avec  une  Introduction,  des  notices  et  des 
notes,  par  Victor  Giraud.  Paris,  Hachette,  1909,  in-16  de  xv-383  p. 
—  Prix-:  3  fr.  50. 

Excepté  quand  il  s'agit  d'écrivains  qui  ont  cultivé  l'air  de  bravoure 


-  330  — 

et  ne  valent  que  par  leurs  morceaux  à  effet,  je  n'aime  pas  beaucoup 
les  Pages  choisies.  Je  préférerais,  d'ordinaire,  les  Livres  choisis,  et 
abrégés  au  besoin,  émondés,  mis  au  point  pour  la  jeunesse,  les  gens 
du  monde  ou  le  populaire.  Et  si  je  n'ai  pas  le  temps,  moi,  lettré,  de 
lire  plus  de  400  pages  do  Taine,  peut-être  je  le  connaîtrai  mieux, 
certainement  je  profiterai  davantage  à  étudier  posément  un  seul 
ou  deux  de  ses  volumes  les  meilleurs.  Mais  nous  sommes  en  l'âge  de 
<■(  bluff  »  universel;  et  notre  charlatanisme  de  «  tout-savoir  »  rend 
nécessaires  ces  instruments  d'information  au  rabais. 

Le  genre  une  fois  admis  de  ce  concassage,  il  faut  se  féliciter  quand 
le  de  cujiis,  au  lieu  de  tomber  sous  le  marteau  aveugle  et  les  ciseaux 
rapides  d'un  débitant  pressé,  lui  aussi,  d'en  finir  et  de  toucher  ses 
h  onoraires,  échoit  à  un  ami,  depuis  longtemps  familier  de  sa  pensée  intime 
et  qui,  connaissant  l'œuvre  à  fond  et  dans  ses  moindres  recoins,  sait 
en  dégager  l'essentiel,  en  détacher  les  maîtresses  pages.  Or,  M.  Victor 
Giraud,  qui  a  déjà  conquis  le  prix  Bordin  par  son  Essai  sur  Taine,  qui 
a  composé  une  Bibliographie  critique  de  Taine  très  complète,  très 
minutieuse,  et  qui  est,  en  même  temps,  un  historien  des  idées  reli- 
gieuses en  France  au  xix^  siècle,  avait  une  compétence  presque  unique 
pour  choisir  et  disposer  les  textes,  pour  en  marquer  le  sens  etlaportée, 
indiquer  les  rapprochements  à  faire  et  les  contrastes,  souligner  d'avance 
d'un  trait  sobre  mais  sûr  les  idées  hasardeuses  ou  les  erreurs  que  le 
temps  devait  corriger,  pour  scander  enfin  les  étapes  qui,  de  la  décla- 
r  ation  d' .«  affranchissement  »,  datée  de  la  vingtième  année,  ont 
mené  Taine  à  ses  fortes  déclarations  de  guerre  à  l'idéologie  meurtrière 
de  la  Révolution,  de  foi  à  la  bienfaisance  vitale  de  la  tradition  et  de 
l'ordre,  au  rôle  merveilleusement  social  du  christianisme,  «  organe 
spirituel  nécessaire  à  400  millions  de  créatures  humaines  »,  a  grande 
paire  d'ailes  indispensables  pour  soulever  l'homme  au-dessus  de 
lui-même»,  seul  pouvoir  capable  «d'empêcher  notre  race  de  rétrograder 
vers  ses  bas-fonds.  » 

Qu'on  regrette  çàet  là  ce  qui  n'est  pas  dans  le  volume,  cela  est  iné- 
vitable; que  du  livre  sur  La  Fontaine  ou  de  V Essai  sur  Tite-JLive  on 
ne  nous  donne  pas  de  quoi  savoir,  en  gros,  ce  que  Taine  pensait  de 
La  Fontaine  ou  de  Tite-Live,  c'est  sans  doute  à  dessein  et  pour  que 
Taine  seul  soit  ici  l'objet  de  notre  étude.  Il  suffit,  pour  que  ce  recueil 
remplisse  notre  attente,  que  tous  les  morceaux  cités  soient  ou  très 
beaux  en  eux-mêmes  ou  très  caractéristiques,  et  par  les  notes  et 
notices  rendus  très  clairs;  et  ils  le  sont  toujours.  Non  seulement  il 
ne  manque  à  l'appel  aucune  des  pages  célèbres  sur  le  paysage  et  le 
tempérament  français  {LaFontaine);  sur  la  race,  le  milieu  et  le  moment, 
forces  primordiales  de  l'histoire  humaine  {Littérature  anglaise);  sur 
J'analogie  de  l'histoire  naturelle  et  de  Thistoire  humaine  {Essais  de 


—  331  — 

critique)-^  sur  la  vertu  et  le  vice,  produits  de  certaines  façons  générales 
de  penser  et  de  sentir,  comme  le  sucre  et  le  vitriol  sont  produits 
d'éléments  connus  et  d'opérations  fixes;  sur  Racine,  Saint-Simon, 
Balzac  {Essais  et  Nouveaux  Essais);  sur  la  place  de  l'art  dans  la  vie 
humaine  et  sur  le  caractère  de  bienfaisance  qui  assigne  aux  œuvres 
d'art  leur  rang  dans  l'échelle  {La  Philosophie  de  l'art);  sur  l'esprit 
classique  et  l'idéologie;  sur  l'anarchie  spontanée  de  l'ancien  régime 
à  sa  fin;  sur  l'esprit  jacobin  et  le  crocodile  sacré  de  la  Révolution, 
monstre  mangeur  d'hommes  et  devenu  dieu;  sur  la  psychologie  de 
Napoléon,  les  besoins  moraux  de  la  France  en  1800,  les  limites  de 
l'État  moderne  et  la  malfaisance  de  l'école  d'aujourd'hui  {Origines 
de  la  France  eonlemporaine) etc.,  etc.  Mais  à  travers  la  correspondance, 
à  travers  les  livres  moins  lus  du  grand  public,  les  recueils  d'articles, 
les  Derniers  Essais,  le  carnet  de  voyage,  publiés  depuis  la  mort,  M.Gi- 
raud  a  butiné  des  fragments  d'autobiographie,  des  impressions  toutes 
vives  {Impressions  sylvestres,  Marine  nocturne,  sainte  Odile,  la  Com- 
mune, etc.)  des  pensées,  maximes,  esquisses,  qui  complètent  le  por- 
trait de  Taine  et  font  plus  lumineux  le  développement  de  son  génie. 
C'est  donc  un  livre  excellent,  et  en  soi,  parce  qu'il  est  plein  de 
bonnes  choses,  et  parce  qu'il  conquerra  à  Taine  des  lecteurs  déjà 
averii^,  dressés  à  le  comprendre  dans  son  évolution  et  son  repentir, 
à  être,  commg  il  faut  être  toujours,  un  peu  au-dessus  de  leur  lecture, 
à  séparer  en  un  mot,  le  sucre,  d'avec  le  vitriol.        Gabriel  Audiat. 


iSlir    iflériméc,  notes     bibliographiques    et    critiques,    par  LuCIEN    PiNVERT. 

Paris,  Henri  Leclerc,  1908,  in-8  de  viii-163  p.,  avec  7  grav.  —  Prix  :  10  fr. 

Mérimée,  comme  Stendhal,  a  ses  idolâtres.  I  a  manie  —  ou  la  spé- 
culation— bibliophilique  aidant,  cela  permet  à  quelques  «  mériméistes» 
comme  M.  Féhx  Chambon  de  faire  payer  des  prix  fous,  deux 
à  trois  cents  francs,  le  moindre  bouquet  d'inédit  qu'ils  publient. 
C'est  sans  doute  pour  se  tenir  à  la  hauteur  d'aussi  luxueuses  fantaisies 
que  M.  Lucien  Pinvert  édite  en  cet  in-8  élégant,  précieusement  orné 
de  belles  gravures  amusantes,  fac-similés  de  dessins  ou  d'aquarelles 
de  Mérimée,  les  cinq  ou  six  articles  par  lesquels  il  a,  au  cours  des 
années  1906-1908,  tenu  à  jour  dans  le  Bulletin  du  bibliophile  et  du 
bibliothécaire  ce  qu'on  pourrait  appeler  la  chronique  mériméenne. 
Enumération  et  analyse  des  publications  biographiques,  ou  icono- 
gTiiphiques,  de  MM.  Filon,  Tourneux,  de  Lovenjoul,  Georges  Vicaire, 
des  lettres  données  en  séries  par  M.  F.  Chambon,  M.  C.  Stryenski, 
la  famille  Lagrené,  M.  Arthur  Chuquet,  semées  dans  d'autres 
recueils  et  dans  des  revues,  ou  révélées  seulement  par  des 
ventes  d'autographes;  • —  exposé  et  discussion  ■ — •  très  intéressante, 
des  divers^procès  gagnés  et  perdus  par  M.  Chambon  au  sujet  de  la 


—  332  — 

propriété  des  lettres  missives;  compte  rendu  de  la  fête  commémora- 
tive  célébrée  à  Cannes  en  1907,  de  la  brochure  En  l'honneur  de  Mérimée 
et  du  volume  Pro  Memoria^  édités  par  le  Journal  des  Débats  \  relevé 
d'un  certain  nombre,  d'un  grand  nombre  d'éditions  françaises  ou 
étrangères,  de  traductions  de  fragments  de  Mérimée,  omis  par  ses 
précédents  historiens  et  critiques,  ou  d'articles  de  journaux  le  con- 
cernant; notes  sur  Mérimée  cueillies  dans  des  ouvrages  récents,  sm' 
ses  portraits,  sur  ses  dessins,  sur  ses  amours,  sur  Jenny  Dacquin, 
«  l'Inconnue  »,  sur  la  part  qu'il  prit  (rapport  et  discours)  à  l'affaire 
des  serinettes  au  Sénat  en  1866,  et  à  la  commission  chargée  de  publier 
la  Correspondance  de  Napoléon  I^r  en  1854-1858,  et  encore  sur  son 
père  le  peintre,  professeur  de  dessin  et  chimiste,  Léonor  Mérimée  :  à 
quel  point  ne  touche  pas  cette  «  chronique  »,  agréablement  présentée, 
sans  pédanterie,  sans  sécheresse?  sur  lequel  n'apporte-t-elle  pas  des 
addenda  ou  des  corrigenda  d'une  précision  exemplaire,  d'une  sollicitude 
plus  digne  peut-être  d'un  plus  grand  objet?  Gabriel  Audiat. 


Wos  Femmes  de  lettres,  par  Paul  Flat.  Paris,  Perrin,  1909,  in-i6  de 
xvi-239  p.  —  Prix  :  3  fr.  oO. 

Il  ne  s'agit,  bien  entendu,  que  de  celles  qui  ont  u  un  réel  souci  d'art 
littéraire.  »  A  chacune  d'entre  elles  :  M™^  de  Noaillcs,  M'^^  Lucie 
Delarue-Mardrus,  M^^  Henri  de  Régnier,  M"^^  Marcelle  Tinayre, 
]\|me  Renée  Vivien,  l'auteur  consacre  une  étude  particulière,  psy- 
chologique plus  encore  que  littéraire,  un  peu  abstraite  peut-être, 
lorsqu'il  s'agit  de  muses  d'une  séduction  en  vérité  bien  concrète,  en 
tout  cas  avec  un  souci  élevé  de  la  tâche  de  l'écrivain.  En  chacune 
d'elles,  il  voit  surtout  ce  qui  la  rapproche  de  ses  pareilles  ;et  toutes  les 
parties  du  livre  dirigent  le  lecteur  vers  le  jugement  général  qui  forme 
la  conclusion  :  «  Dès  l'instant  qu'elle  (la  "femme  de  lettres)  prend  en 
main  la  plume,  elle  se  révèle  comme  un  ferment  d'anarchie,  si  bien 
que  nous  la  pouvons  concevoir  dans  l'ordre  privé  excellente  épouse, 
mère  accomplie,  puis,  démentant  comme  de  parti-pris,  dans  ses 
constructions  Imaginatives,  la  valeur  des  vertus  dont,  personnel- 
lement, elle  donna  l'exemple  «.En  vain  M.  P.Fiat  a  subi  comme  tout 
le  monde,  le  charme  caressant  de  leur  poésie  et  de  leurs  fictions, 
nettement  il  caractérise  leurs  faiblesses  :  leur  cosmopolitisme,  leur 
mol  asservissement  aux  thèmes  romantiques,  leur  glorification  con- 
ventionnelle d'un  amour  dominateur,  amer  et  cruel.  Déjà  vers  1904, 
dans  ses  belles  études  publiées  à  la  revue  Minerva  et  jointes  plus  tard 
à  V Avenir  de  l'intelligence,  M.  Charles  Maurras  avait  vigoureusement 
dénoncé  le  Romantisme  féminin,  son  origine  étrangère,  son  goût  pour 
le  bizarre,  ses  aspirations  anarchiques,  son  individualisme  exalté, 
et  le  dessèchement  auquel  aboutissait  finalement  le  culte  exclusif  de 


—  333  — 

la  sensibilité.  Tout  de  même,  pour  M.  Paul  Fiat  :  «  la  femme  litté- 
raire est  un  monstre,  au  sens  latin  du  mot  »  :  parce  qu'elle  est  anti- 
naturelle,  antisociale,  et  qu'elle  concentre  en  elle  tous  «  les  ferments 
de  dégénérescence  qui  travaillent  le  monde  moderne  »,  Elle  s'insurge 
ouvertement  contre  la  fonction  de  la  femme  normale,  qui  est  de  «  con- 
server et  de  créer  «.  Non  seulement,  dans  ses  œuvres,  le  souci  de  la 
moralité  est  absent,  —  elle  est,  comme  on  dit  à  présent,  radicalement 
amorale;  —  mais  encore  au  seul  point  de  vue  de  la  beauté  littéraire, 
comme  elle  ne  trouve  rien  à  opposer  à  la  toute-puissance  des  sens,  elle 
se  prive,  par  là,  et  nous  prive,  de  ces  «  beaux  conflits  »  entre  les  forces 
do  l'instinct  et  ce  qui  les  domine,  de  cette  lutte  entre  le  devoir  et 
passion, sans  lesquels  on  ne  saurait  trouver  de  noblesse  aux  poètes  ou 
aux  romanciers  de  l'amour.  C'est  au  nom  de  l'art  aussi  bien  que  de  la 
morale  sociale  que  M.  Paul  Fiat  souhaiterait  de  voir  ramenées  vers 
une  discipline  plus  ferme  et  plus  saine  ces  âmes  révoltées. 

Louis  Goquelin. 

É<ii«les  all«inaniles,  par  Edouard  de  ^RIorsier.  Paris,  Plon-Nourrit, 
1908,  in-16  de  277  p.  —Prix  :  3  fr.  50. 

Ces  essais  de  critique  littéraire  allemande  sont  très  variés  et  sou- 
vent nouveaux  :  ils  traitent  successivement  de  GniUaume  Tell,,  de 
Schiller,  de  H.  Heine  à  Paris,  de  l'Idylle  dans  la  littératare  allemande, 
de  H.  Grimm,  de  Max  Nordau,  de  L.  Boerne  et  du  théâtre  allemand 
au  xix^  siècle.  Tous  ces  articles  n'offrent  pas  un  égal  intérêt.  L'étude 
sur  '  le  caractère  de  Tell  chez  Schiller  est  un  sujet  classique, 
souvent  traité;  l'auteur  y  réfute  les  vieilles  accusations  de  Boerne 
contre  la  pusillanimité  de  Tell,  et  il  conclut  que  Tell  est  moins  un 
héros  national  qu'un  héros  humain,  un  héros  du  foyer  domestique. 
Beaucoup  plus  neuve  et  plus  intéressante  est  l'étude  sur  H.  Heine  à 
Paris,  grâce  au  jugement  posthume  de  Boerne  sur  son  contemporain 
et  ami,  que  l'auteur  sait  mettre  en  bonne  lumière.  Les  pages  consa- 
crées à  V Idylle  allemande  sont  incomplètes  au  point  de  vue  historique  : 
il  fallait  évidemment  remonter  au-delà  des  pastorales,  imitées  du 
Pastor  fido  de  Guarini  ou  de  VAminta  de  Tasse;  par  contre  on  ne 
peut  qu'applaudir  l'auteur  quand  il  parle  de  Gessner  et  de  Voss  :  on 
rencontre  là  des  vues  fort  justes  et  comme  une  intuition  du  caractère 
allemand.  Peut-être  M.  de  Morsier  place-t-il  trop  haut  le  critique 
Hermann  Grimm,  qui  doit  une  bonne  partie  de  sa  gloire  au  nom  qu'il 
porte,  à  son  père  et  à  son  oncle,  Jakob  Grimm,  le  vrai  fondateur  de 
la  philologie  gerhianique.  H.  Grimm  a  écrit  avec  distinction,  il 
parle  noblement  de  Gœthe,  de  Michel-Ange  et  de  Raphaël;  mais  son 
style  est  trop  distant  et  sa  manière  aristocratique  n'empoignera 
jamais  le  grand  public.  Un  des  beaux  morceaux  de  ce  livre  est  l'étude 


—  334  — 

consacrée  à  Max  Nordau,  l'auteur  des  Mensonges  concentiofinch  et 
de  Dégénérescence.  Max  Nordau  est  à  coup  sûr  un  grand  penseur  et 
un  maître  écrivain,  mais  on  rencontre  souvent  chez  lui  du  parti  pris,  et 
il  y  a  des  réserves  à  faire  à  ses  théories  morales,  qui  ne  sont  pas  loin 
d'être  amorales,  et  M.  de  Morsier  fait  bien  ressortir  que  cette  vue, 
si  perçante  qu'elle  soit,  du  penseur  et  du  savant,  du  médecin  des  corps 
et  des  cerveaux,  ne  va  jamais  très  loin,  et  que  «  derrière  l'épais  rideau 
de  la  matière,  Nordau  n'aperçoit  pas  toujours  l'âme  qui  veille,  la 
Psyché  attentive  qui,  une  lampe  à  là  main,  surprend  l'amour  et  le 
mystère  de  la  vie  ». 

J'ai  lu  avec  grand  intérêt  la  lumineuse  et  chaude  étude  sur  Louis 
Boerne;  on  sent  la  sympathie  du  critique  pour  le  caractèi'e  de  Boerne, 
son  style  en  est  illuminé  et  tout  l'article  est  d'une  belle  venue;  je 
signale  surtout  à  l'attention  du  lecteur  la  comparaison  entre  Heine  et 
Boerne,  où  les  deux  grands  écrivains,  qui  étaient  aux  antipodes  l'un 
de  l'autre,  sont  caractérisés  par  des  traits  justes  et  définitifs.  L'étude 
sur  le  Théâtre  allemand  au  xix^  siècle  n'a  pas  la  prétention  d'être 
complète,  elle  se  propose  surtout  de  montrer  la  filiation  entre  le 
théâtre  classique  de  Sch'ller  et  de  Goethe  et  le  théâtre  contemporain, 
et  de  montrer  comment  l'un  est  sorti  de  l'autre  pour  aboutir  au  réa- 
lisme d'3  Sudermann  et  de  Hauptmann.'Je  crains  que  M.  de  Morsier 
ne  soit  trop  flatteur  pour  les  Allemands,  lorsqu'il  croit  reconnaître 
qao  Bsiiio.  est  en  train  de  devenir  la  capitale  de  l'art  dramatique 
mondial  :  c'ost  beaucoup  dire,  et  on  ne  le  croira  pas  volontiers  en 
Francs.  L.  Mensch. 


HISTOIRE 


lies  DeiiK  C^aïugis  «le  la  lé{|io8i  III^  Aiis:uste  à  IjasnBjèset 
iraps'ès  les  fouilles  réoeutes,  par  R.  Gagnât.  Paris,  C.  Klinck- 
sieck,  1908,  gv.  in-4  de  63  p.,  avec  5  fig.dans  le  texte  et  5  planches. 
—  Prix  :  4  fr. 

Depuislongtcmps  connu,  le  camp  delà  III'^  légion  Auguste  à  Lam- 
bè39,  ne  fut  longtemps  que  très  imparfaitement  exploré.  Il  l'a  été 
avec  suite  et  méthode  au  cours  de  ces  dernières  années,  grâce  à  la  tenace 
initiative  de  M.  Gagnât.  Dans  le  présent  mémoire,  les  résultats  de  ces 
recherches  sont  exposées  par  le  savant  épigraphiste.  Elles  complètent 
et  rectifient  sur  quelques  points  l'étude  que  lui-même  avait 
consacrée  au  camp  et  à  ses  monuments  dans  son  Armée  ro  naine 
cl'  Afrique. 

L'existence  du  camp  provisoire,  occupé  d'abord  par  la  III^  légion, 
lors  de  son  transfert  à  Lambèse  est  désormais  établie  et  sur  la  plate- 
for  ne  centrale,  dont  la  base  existe  encore,  était  le  monument  sur 


—  335  — 

lequel  avait  été  gravé  le  discours  d'Hadrien,   dont  on  a  retrouvé 
quelques  nouveaux  fragments. 

En  ce  qui  concerne  le  grand  camp,  un  fait  important  est  que  l'édi- 
fice bien  connu  sous  le  nom  de  praetorium  n'est  qu'une  faible  partie 
d'un  ensemble  de  constructions  disposées  autour  d'une  large  place  entou- 
rée deportiques.Or,  des  recherches  plus  ou  moins  récentes  ont  démontré 
que  la  partie  centrale  de  tous  les  camps  permanents  était  occupée 
par  des  constructions  analogues,  dont  le  plan  d'ensemble  rappelle 
celai  de  la  maison  romaine.  Le  prétoire  de  Lambèse  était  composé 
de  trois  parties  se  faisant  suite  :  une  grande  salle  servant  d'entrée  et 
affectant  les  apparences  d'un  arc  de  triomphe  à  quatre  faces  (c'est  le 
prétendu  praetoriiivi),  une  première  cour  terminée  par  une  terrasse, 
enfin  une  esplanade,  le  tout  entouré  de  portiques  et  de  salles,  dont 
la  destination  peut  être  fixée,  au  moins  pour  une  partie,  et  c'est  à  quoi 
s'applique  M.  Gagnât. 

Parmi  les  observations  que  suggère  à  l'auteur  l'examen  d'une  autre 
portée  de  camp  mise  au  jour,  la  praeteiiliira,  nous  en  relevons  une  qui 
peut  avoir  une  partie  générale.  On  sait  que  l'empereur  Septime  Sévère 
donna  aux  soldats  le  droit  de  cohabiter  avec  leurs  femmes.  On  en  tirait 
cette  conséquence  que  le  camp  de  Lambèse  avait  dû  en  être  profon- 
dément modifié,  et  la  partie  affectée  aux  casernements  très  réduite. 
Or,  du  moins  pour  la  partie  explorée,  et  elle  est  considérable,  il  n'en 
est  rien.  Les  casernements  occupent  un  très  vaste  espace.  Il  est  donc 
vraisemblable  que  la  concession  de  Septime  Sévère  ne  fit  que  régulariser 
une  situation  de  fait.  Le  nombre  des  soldats  habitant  le  camp  ne  fut 
pas  assez  réduit  pour  que  l'ensemble  des  aménagements  fût  modifié. 
Il  serait  intéressant,  autant  que  faire  se  peut,  d'étendre  à  d'autres 
camps  les  observations  sur  ce  point  particulier. 

André  Baudrii.lart. 


liC  Culte  de  la  Sainte  Vierge  en  ASfif|iie,  «l'après  les 
monuments  arcltéolop^iques,  par  le  R.  P.  Delattre,  Lille  et 
Paris,  Desclée,  de  Brouwei-,  lOOj,  in-8  de  xii-233  p.,  avec  de  nombreuses 
grav.  —  Prix  :  3  fr. 

En  1858,  Mgr  Pa^  y,  évêque  d'Alger,  publiait  une  Histoire  critique 
du  culte  de  la  Sainte.  Vierge  en  Afrique,  depuis  le  commencement  du 
christianisme  et  s'excusait  de  ne  donner  à  ses  lecteurs  qu'un  travail 
des  plus  incomplets,  les  Arabes  ayant  fait  disparaître  tous  les  ves- 
tiges du  culte  de  Marie.  Mais,  depuis  un  demi-siècle,  de  nombreux 
documents  archéologiques  ont  été  découverts,  particulièrement  à 
Carthage,  et  le  P.  Delattre,  auquel  la  plupart  de  ces  découvertes  sont 
dues,  a  pu  reprendre  et  perfectionner  l'œuvre  du  savant  évêque.  Des 
bas-reliefs,  des  mosaïques,  des  vases, .des  statuettes,  des  médailles,  etc. 


—  33()  — 

se  rapportant  sûrement  ou  probablement  au  culte  de  la  Sainte  Vierge, 
ont  été  arrachés  au  sol  où  ils  étaient  enfouis  et  ont  permis  de  prouver 
que  la  Mère  du  Sauveur  a  reçu  les  hommages  des  chrétiens  en  Afrique 
dès   les  premiers  siècles.  Tous  ces  précieux  monuments,  que  de  nom- 
breuses illustrations  mettent  sous  les  yeux  du  lecteur,  sont  minutieu- 
sement décrits  et  expliqués  par  l'auteur.  Est-cf  à  dire  que  le  P.  De- 
lattre  a  toujours  eu  raison  dans  ses  interprétations? Il  est  à  craindre, 
ce  nous  semble,  que  certaines  d'entre  elles  ne  doivent  être  acceptées 
qu'avec  une  certaine  réserve.  iVinsi,  lorsqu'il  avance  que  le   M  qui 
figure  sur  un  grand  nombre  de  monnaies  byzantines  et  qui  n'est 
autre  que  le  chiffre  40,  a  été  choisi  de  préférence,  parce  qu'il  est  la 
première  lettre  du  mot  Marie,  il  émet  une  hypothèse  à  laquelle,  je 
le  crains,  peu  de  numismates  souscriront.  D'un  autre  côté,  est-il  bien 
sûr  que  certaines  statuettes   kourophores,  trouvées  en  Tunisie,  repré- 
sentent la  Sainte  Vierge  et  l'Enfant  Jésus  PCette  question  des  vierges- 
mère^est  loin  d'être  encore  éclairicie,  faute  de  documents  précis.  Très 
certainement  beaucoup  do  ces  statuettes  représentaient  Isis  et  Horus. 
Que  le  clergé,  pour  détruire  le  culte  de  ces  divinités  chçz  les  nouveaux 
convertis,    aient   encouragé  la   fabrication   de   statuettes   analogues 
figurant  Marie  et  son  Fils,  c'est  plus  que  probable.  Et  non  moins  pro- 
bable est-il  que  quelques  statuettes  d'origine  païenne,  ont  été  chris- 
tianisées,  c'est-à-dire  transformées  en  représentations  de  la  Vierge 
et  de  l'Enfant  Jésus.  Mais  enfin,  lorsque  nous  sommes  en  présence 
de  l'une  de  ces  très  anciennes  figurines,  est-il.  possible  de  dire  exac- 
tement à    laquelle  de  ces  trois  catégories  elle    appartient?  L'auteur 
ne  nous  apprend-il  pas  lui-même  qu'il  a  vu  entre  les  mains  d'une 
Maltaise  de  Tunisie  une  antique  statuette,  qu'elle  vénérait  comme  une 
madone  et  qui,  certainement,  était  une  déesse  Isis  portant  le  dieu 
Horus?  Mais,  à  côté  de  ces  identifications  douteuses,  combien  d'autres 
sont  intéressantes  et  instructives    !  Le  chapitre  sur  les  plombs  de 
bulle  est  particulièrement  à  signaler.  Léon  Clugnet. 


Histoire    «lii    concile   «lu   Tatican    <1o|»ui«    sa    première 
annonce  |us«|u'à  sa  |»roro^alion,  d'après  les  documents  authen-  \ 
tiques,  ouvrage   du    P.  Théodore   Grand erath,    S.    J.,    édité   par    le 
P.  Conrad   Kirch.  S.  J.  Trad.  de  l'allemand.  Tome   P'.  Préliminaires 
du  concile.  Bruxelles,  Dewit,  1908,  in-8  de  xin-588  p.  — Prix:  10  fr. 

Le  P.  Granderath  qui,  en  1890,  fit  paraître  la  collection  Acta  et 
décréta  Sacrosancti  Œciimenici  concilii  Vaticani,  \int,  en  1893,  s'établir  i 
à  Rome  pour  enti éprendre  une  Histoire  du  concile  même,  et  Léon  XIII 
fit  mettre  à  sa  disposition  les  trésors  des  archives  et  tous  les  documents; 
authentiques.   vVprès   un  travail  acharné  autant   que  consciencieux; 
de  dix  années,  l'éminent  rehgieux  succomba  à  la  peine,  mais  laissant 


—  337  — 

achevée  la  rédaction  de  son  œuvre.  Un  autre  membre  de  la  Compagnie 
de  Jésus,  le  P.  Conrad  Kirch,  édita  ce  travail,  avec  un  soin  et  une 
compétence  également  scientifiques.  Cette  histoire  considérable  par 
le  fond  et  par  la  forme  a  été  traduite  de  l'allemand  en  français. 
L'édition  qui  nous  est  donnée  aujourd'hui  comprendra  six  volumes. 
Nous  possédons  le  tome  premier  :  Préliminaires  du  concile. 

Dès  le  début,  le  lecteur  éprouve  une  grande  sécurité  en  présence  de 
la  méthode  impersonnelle,  sage  et  réservée  de  l'auteur;  on  voit  com- 
bien il  possède  son  sujet,  qu'il  laisse  parler  les  documents  et  que  sa 
science  théologique  est  admirablement  orthodoxe.  On  a  donc  la  sen- 
sation très  heureuse  de  posséder  une  impartiale  histoire  de  cette 
assemblée,  la  plus  importante  de  toutes  celles  que  l'Eglise  catholique 
a  tenue,  depuis  le  xvi*'  siècle.  —  Ce  souci  de  citer  les  textes  n'offre 
qu'un  léger  défaut  «  littéraire  »  :  c'est  que  la  même  question  est  reprise, 
SGus  des  formes  sensiblement  analogues,  plusieurs  fois  de  suite;  dans 
une  lecture  courante  c'est  un  ennui,  mais  pour  la  consultation  c'est 
peut-être  un  avantage  qui  met,  à  chaque  instant  et  pour  chaque 
épisode,  le  travailleur  au  point,  sans  l'obliger  à  multiplier  ses  recher- 
ches. Celles-ci  sont  facilitées  par  une  table  analytique  des  matières 
et  des  noms  cités. 

Ce  récit  des  «  préliminaires  »  est  divisé  en  trois  chapitres  :  1°  Motifs 
et  annonce  du  concile  ;  2°  Les  Mouvements  d'opinion  après  l'annonce 
du  concile;  3°  Préparation  du  concile.  —  On  voit  là  quelles  hautes 
raisons,  quelles  minutieuses  précautions,  quels  scrupules  de  loyauté  et 
de  détails  présidèrent  à  ce  grand  acte;  la  formation  des  commissions 
préparatoires,  les  qualités  des  personnages  convoqués.  La  seconde 
partie  est  la  plus  intéressante,  car  elle  raconte  les  polémiques  nées  à 
cette  occasion  :  la  publication  du  livre  de  Mgr  Maret  (p.  180),  l'article 
de  la  Civilià  (199);  le  rôle  scandaleux  et  perfide  de  Dôllinger  (p.  219); 
le  manifeste  du  Correspondant  (p.  321);  l'attitude  de  Mgr  Dupanloup 
(p.  331).  Le  chapitre  où  est  dépeint  l'accueil  fait  par  les  Églises  orien- 
tales «  non  unies  »  à  l'invitation  de  Pie  IX  est  un  des  plus  curieux  et 
des  plus  instructifs  (p.  361).  A  signaler  aussi  (p.  425)  les  dispositions  des 
gouvernements.  La  dernière  partie  est  un  peu  plus  austère  par  les  ques- 
tions juridiques  qu'elle  traite;  elle  n'est  pas  moins  très  nécessaire  à 
étudier  pour  bien  comprendre  le  mécanisme  des  rouages  du  concile. — 
Ouvrage  de  la  plus  haute  valeur  et  qui  deviendra  classique  par  l'abcii- 
dance  et  la  sûreté  de  sa  documentation. 

Geoffroy  de  Gra?jdmaison. 


Avril  1909.  T.  CXV.  22. 


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Histoire  de  France,  par  Ernest  Lavissb.  T.  Viii,  ire  partie,  ioius  XI V^ 

la    /in    du    régne   ((085-1113),    par    A.     DK    SaINT-LÉGER,     A.     RÉBELLIAU, 
P.  Sagnac,  C.  Lavisse.  Paris,  Hachette,  1908,  in-4  de  48i  p.  —  Prix  :  6  fr. 

Voici  enfin,  avec  ce  nouveau  volume,  la  fin  du  règne  de  Louis  XIW 
M.  Lavisse,  qui  avait  assumé  la  lourde  tâche  de  raconter  toute  la 
première  partie  du  règne  et  avait  rédigé  sans  collaboration  letomeMI, 
s'était  assuré,  pour  la  suite  du  récit,  le  concours  de  MM.  de  Saint-Léger, 
Rébelliau  et  Sagnac.  Se  réservant  pour  lui-même  le  livre  \\l  sur  le 
Roi  et  la  Cour,  avec  la  conclusion  générale  sur  le  règne,  soit  une  cin- 
quantaine de  pages,  il  a  laissé  M.  de  Saint-Léger  nous  exposer  la 
politique  et  la  guerre  (li-sTes  I  et  II),  tandis  que  M.  Sagnac  retraçait 
l'histoire  économique  (livres  III  et  IV)  et  M.  RébelUau  les  aiïaires  reli- 
gieu&es  et  le  mouvement  des  idées  (livres  V  et  VI). 

Cette  collaboration  n'a  pas  nui  à  l'hannonie  de  l'ensemble;  elle  a 
peut-être  permis  au  tableau  d'être  plus  complet  et  plus  parfait. 

Le  jugement  de  M.  de  Saint-Léger  sur  la  politique  extérieure  du  Roi 
appellerait  peut-être  quelques  réserves;  l'attitude  du  Roi  au  début  de 
la  guerre  de  la  succession  d'Espagne  nous  parait  moins  critiquable 
qu'à  l'auteur;  les  mesures  prises  par  Louis  XIV  pourraient  aisé- 
ment se  justifier  pour  la  plupart. 

Je  préfère  les  deux  li^Tcs  où  M.  Sagnac  nous  retrace  l'évolution  des 
institutions  poUtiques  et  administratives,  le  mouvement  économique, 
agricole,  commercial  et  industriel.  Les  deux  livres  de  M.  Rébelliau, 
en  dépit  des  divergences  d'opinion  et  d'appréciation  que  l'on  peut 
avoir  sur  tel  ou  tel  point,  sont  du  plus  haut  intérêt  et  méritent  vrai- 
ment de  retenir  l'attention. . 

Quant  au  jugement  final  de  M.  Lavisse  sur  le  grand  Roi,  il  est 
dans  l'ensemble  assez  juste  et  pondéré,  bien  que  peut-être  il  soit  un 
peu  sévère  d'accuser  le  prince  de  manquer  de  sincérité.     E.-G.  L. 


Inventaire  des  archives  des  dnrs  de  CrîlloM,  conservées 
cliex  .11.  le  inarciuis  de  tWrantnxont,  publié  par  Jean  Cordey. 
Paris,  Champion,  1908,iii-8  de  i\-309  p.  et  un  fac-similé.  —  Prix  :  10  fr. 

Les  archives  des  grandes  familles  o firent  presque  toujours  des 
renseignement?  de  premier  ordre  aux  historiens.  Les  membres  illustres 
de  ces  familles  ayant  souvent  joué  des  rôles  importants  dans  la  gestion 
des  aiïaires  du  pays,  leur  correspondance,  en  particulier,  est  une 
mine  des  plus  fécondes.  Aussi  la  publication  de  l'inventaire  des  archi- 
ves  des  ducs  de  Grillon  par  M.  Jean  Cordey  nepourra-t-elle  être  accueil- 
lie que  favorablement.  Dans  ce  volume,  est  com-prise  seulement  la 
partie  des  archives  de  la  maison  de  Crillon  qui  se  trouve  maintenant 
en  la  possession  du  marquis  Théodule  de  Grammont,  au  château  de 


—  339  — 

Villersexel.  L'autre  partie,   plus  considérable,  appartenant  à  M.  le 
vicomte  de  Polignac,  sera  publiée  ultérieurement  par  ses  soins. 

Le  fonds  deGrammont,  qui  va  du  xvi^  au  xix^  siècle,  renferme  peu 
de  titres  de  propriété;  la  correspondance,  au  contraire,' y  joue  un  rôle 
capital,  non  seulement  par  le  nombre  de  lettres  qu'on  y  trouve,  mais 
aussi  par  l'intérêt  qu'elle  présente.  Comme  M.  Cordey  a  eu  l'excel- 
lente idée  de  publier  in  extenso  un  certain  nombre  de  ces  lettres  à  la 
fin  du  volume  et  de  donner  de  copieux  extraits  de  quelques  autres, 
son  travail  pourra  rendre  ainsi  des  services  appréciables  aux  érudits 
qui  étudient  les  xvi^,  xvii°  et  xviii^  siècles.  Nous  signalerons 
d'une  façon  toute  particulière  à  leur  attention  quelques  lettres  du 
«  brave  »  Grillon,  de  Henri  IV,  du  connétable  de  Montmorency, 
du  duc  de  Guise,  de  l'archevêque  de  Narbonne,  de  Louis  III  de  Grillon, 
des  nièces  de  Mazarin,  du  duc  de  Nevers,  du  cardinal  Ghigi,  etc.  Une 
annotation  sobre  mais  suffisante  et  une  bonne  table  permettent 
d'utiliser  facilement  cet  inventaire.  J.  Viard. 


lie  Tribunal  réwoliitionnaire  (19 9 3- 19 95),  par   G.  Lenotre. 
Paris,  Perrin,  19U8,  in- 16  de  iii-371  p.,  avec  grav.  et  plaqs.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

On  a  beaucoup  écrit  sur  le  tribunal  révolutionnaire  :  M.  Gam- 
pardon  d'abord,  M.  Wallon  ensidte,  lui  ont  consacré  des  ouvrages 
considérables,  véritables  monuments  de  patience  et  d'impartialité. 
L'œuvre  de  M.  G.  Lenotre  n'a  pas  d'aussi  hautes  prétentions  ni 
des  proportions  si  vastes.  Elle  ne  comporte  qu'un  volume;  mais 
c'est  un  substantiel  et  attachant  résumé  de  cette  affreuse  période 
qui  va  de  1793  à  1795.  L'auteur  prend  le  sanguinaire  tribunal  à 
sa  formation  et  le  conduit  jusqu'à  sa  suppression.  Avec  le  souci 
d'exactitude  et  la  passion  de  détails  qui  le  caractérisent,  il  décrit 
minutieusement  le  lieu  des  séances  —  brutalement  enlevé  par  Fou- 
quier  au  tribunal  de  cassation  —  les  corridors  et  les  escaliers  qui  v 
conduisent,  le  mobilier  qui  le  garnit,  les  sièges  où  s'assoient  les 
accusés,  un  fauteuil  d'abord  quand  il  n'y  a  qu'un  seul  prévenu,  des 
gradins  plus  tard,  auand  on,  arrive  aux  fournées.  Il  ne  raconte  pas 
toutes  les  affaires  comme  M.  Wallon,  mais  il  passe  en  revue  les  prin- 
cipales :  le  procès  de  la  Reine,  celui  des  Girondins,  celui  de  Bailly 
et  de  Manuel,  celui  des  carmélites  de  la  rue  de  Grenelle,  si  bien 
résumé  par  l'une  d'elles,  la  sœur  Vitasse,  le  procès  de  Danton,  les 
prétendues  conspirations  des  prisons,  etc.  Il  nomme  les  jurés  et  les 
juges.  Il  peint  surtout  l'homme  qui  a  été  l'inspirateur,  le  directeur, 
l'âme  sanglante  du  tribunal,  le  sinistre  Fouquier-Tinville.  La  som- 
bre tyrannie  s'aggrave  de  jour  en  jour.  Au  début,  il  y  a  encore 
un  semblant  de  jugement  et  de  discussion  ;  iJ  y  a  des  interrogatoires, 
il  y  a  des  témoins,  il  y  a  des   défenseurs.  A  la    fin,  il  n'y  a  plus 


—  340  — 

rien  et  toutes  les  formes  sont  faussées,  toutes  les  garanties  supprimées. 
En  une  demi-heure,  les  Herman,  les  Coftinhal,  les  Dumas  con- 
damnent quarante,  cinquante,  soixante  personnes  à  mort.  On  con- 
damne tous  les  jours,  sauf  le  décadi.  On  condamne  le  fils  pour  le  père, 
M™6  Mayet  pour  M"'°  de  Maillé,  des  femmes  paralysées,  des  octogé- 
naires en  enfance.  «  Les  têtes  tombent  comme  des  ardoises  »,  dit 
Fouquier.  Le  9  thermidor  seul  peut  arrêter  cette  tuerie.  La  chute  de 
Robespierre  entraine  celle  de  son  abominable  instrument  de  règne. 
Et  par  un  juste  retour  des  choses,  Fouquier  et  ses  complices  viennent 
s'asseoir  à  leur  tour  sur  les  bancs  où  ils  ont  entassé  tant  de  victimes. 
Cette  fois  les  formes  de  la  justice  sont  respectées  :  les  débats  sont 
publics,  les  interrogatoires  prolongés,  la  défense  libre.  Inconscience 
ou  cynisme,  Fouquier  déclare  «  qu'il  n'a  rien  à  se  reprocher  ».  Mais  les 
témoins  l'accablent,  les  parents  de  ses  victimes  le  maudissent,  et  c'est 
au  milieu  des  huées  et  des  applaudissements  de  la  foule,  bonne  jus- 
ticière,  qu'il  porte  sa  tête  odieuse  sur  l'échafaud  où  il  a  fait  couler  tant 
de  sang. 

C'est  aussi  Timpression  de  soulagement  et  de  satisfaction  qu'é- 
prouvent, en  voyant  la  juste  punition  du  monstre,  ceux  qui  lisent 
le  dramatique  et  attachant  volume  de  M.  Lenotre,  dont  une  seizième 
édition  atteste  déjà  l'éclatant  et  légitime  succès. 

Max.  de  la  Rocheterie. 


Fraternité  réi'oIuîioiiiBaire  :  études  et  réeits,  d'après  des 
docum''nis  inédits,  par  Pierre  Bliakd.  Paris,  Émile-Paul,  1908,  iii-8  de 
VIII -385  p.  —  Prix  :  5  fr. 

Est-il  donc  vrai  que  l'histoire  est  un  perpétuel  recommencement? 
On  serait  tenté  de  le  penser,  en  lisant  le  très  curieux  ouvrage  de  M. 
Pierre  Bliard.  Prenez,  par  exemple,  la  première  et  plus  longue  étude 
du  volume,rhistoire  d'un  club  de  province.En  parcourant  les  séances 
du  club  de  Vannes  ne  croirait-on  pas  assister  aux  réunions  d'une 
loge  du  xx<^  siècle?  Même  phraséologie  humanitaire  et  au  fond  même 
haine  et  mêm^e  mépris  de  l'humanité.  Mêmes  dénonciations  des  sus- 
pects, même  appel  à  la  force  contre  les  adversaires;  même  goût  de  la 
persécution,  même  horreur  pour  tout  ce  qui  est  religieux  et  catholi- 
que. Pour  les  prêtres,  nulle  pitié,  nulle  justice  :  qu'on  les  chasse, 
qu'on  les  emprisonne,  qu'on  les  guillotine  !  Ne  semble-t-il  pas  enten- 
dre la  meute  anticléricale  de  1908  hurler  contre  les  évêques,  les  fidèles 
et  les  sœure?  Et  ce  ne  fut  pas  seulement  aux  prêtres  fidèles  qu'on  s'en 
prit;  après  eux  on  s'en  prit  aux  jiireurs,  témoin  l'histoire  du  curé  asser- 
menté de  Saint-Mard,  en  Seine-et-Marne. 

11  y  eut  cependant  une  différence  :  en  1793  et  1794,  on  était  plus 
franc  et  plus  brutal.  On  dénonçait  ouvertement.  On  ne  se  contentait  pas 


—  341  — 

d'expulser  et  crincarcérer.  On  guillotinait  et  on  massacrait.  L'histoire 
(les  arbres  de  la  liberté  est  significative.  A  Amiens,  l'arbre  de  la  liberté 
ayant  été  abattu,  le  représentant  André  Dumont  fit  arrêter  tous  les 
prêtres.  «J'ai  fait  lier  deux  à  deux,  écrivait-il,cm9  douzaines  d'animaux^ 
de  bêles  noires  ».  Dans  le  Bas-Rhin,  pour  un  attentat  du  même  genre, 
Hentz  et  Goujon  firent  jeter  dans  un  cachot  infect  deux  cent  cin- 
quante prêtres,  huit  pasteurs  et  six  rabbins.  «  De  la  paille,  c'est  bon 
pour  les  animaux,  disait  le  commandant  de  la  prison,  le  jacobin  prince 
de  Hesse,  mais  dos  chiens  de  cette  espèce  peuvent  coucher  sur  la  terre.» 
A  Bédouin  ce  fut  plus  atroce  :  soixante-trois  malheureux,  dont  huit 
femmes,  furent  mis  à  mort,  et  le  village  fut  livré  aux  flammes.  L'auteur 
de  ces  atrocités,  Maignet,  fut  applaudi  par  la  Convention. Et  ces  gens-là 
osaient  arborer  comme  devise  la  liberté  et  la  fraternité  !  Au  milieu 
de  toutes  ces  horreurs,  racontées  par  M.  Bhard  à  l'aide  des  documents 
les  plus  authentiques,  il  faut  cependant  relever  un  chapitre  qui  est 
consolant;  c'est  celui  qui  est  intitulé  :  Autour  du  procès  de  Louis XVI. 
Il  y  a  là  d'éloquentes  protestations  contre  le  régicide  et  des  dévoue- 
ments admirables  qui  offrent  d'abord,  au  péril  de  leurs  jours,  de 
défendre  le  Roi  devant  ses  juges,  puis,  après  la  condamnation,  de  se 
substituer  à  la  royale  victime.  M.  Pierre  Bliard  a  bien  fait  d'exhu- 
mer des  archives  ces  pièces  inédites,  qui  prouvent  que  dans  ces 
tristes  jours,  comme  il  le  dit  justement,  «  l'âme  noble  et  chevale- 
resque  de  la  France  n'était  pas  encore  morte  y>. 

Max.  de  la  Rociieterie. 


I^uweaiirs  d'eau  sexagénaire,  par  A.-V.  Arnault.  Nouvelle  édi- 
tion, avec  une  Préface  et  des  notes,  par  Auguste  Dietrich.  Paris, 
Garnier,  s.  d.,  2  vol.  in-18  de  lxxi-447  et  375  p.  —  Prix:  7  fr. 

Né  en  1766,  l'académicien  Arnault  avait  soixante-cinq  ans  lorsqu'il 
rédigea  ses  «  Souvenirs  »,  qu'il  intitula  pour  cette  raison  :  Souvenirs 
d'un  sexagénaire.  Ils  parurent  en  4  volumes  petit  in-8,  à  la  libraiiie 
Dufey,  rue  des  Marais-Saint-Germain,  vers  la  fin  de  1833.  Malheu- 
reusement la  rédaction  n'en  était  pas  terminée  quand  l'auteur 
mourut  subitement  en  1834;  ils  n'ont  jamais  été  suivis  d'un  com- 
plément et  sont  même  devenus  fort  rares  ;  voici  une  réimpression  qui 
rendra  accessibles  au  public  des  «Souvenirs»  très  dignes  d'être  connus, 
appréciés  et  relus.  «  L'éditeur  »,  M.  Auguste  Dietrich,  a  fait  précéder 
le  texte  d'une  longue  et  très  précieuse  Préface  où  il  analyse  bien 
la  vie  et  les  œuvres  du  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  française. 

A  mettre  en  valeur  son  talent  politique,  le  mérite  de  ses  épigrammes, 
de  ses  fables  et  aussi  les  quahtés  historiques  qui  le  distinguent  dans 
sa  Vie  politique  et  tnilitaire  de  Napoléon  (2  vol.  in-foHo  publiés  en  1822, 
au  prix  de  360  fr.),  où  les  anecdotes  de  première  main  abondent,  car 


—  :î42  — 

Arnault,  boaii-frère  de  Regnault  de  Saint- Jean  d'Angely,  avait  été 
des  familiers  dn  Premier  Consul  et  de  l'Empereur,  M.  Dietrich  parle 
avec  esprit,  dans  \m  style  facile  et  agréable,  des  hommes  et  des  choses 
de  ce  temps-là;  il  a  seulement  tort  de  répéter  le  mensonge  historique 
des  cosaques  ramenant  dans  «  leurs  fourgons  «  Louis  XVIII,'  qu'il 
a  aussi  le  mauvais  goût  de  qualifier  de  «  podagre  royal  »;  il  convient 
de  ne  point  oublier  que  ce  sont  les  Bourbons  qui  ont  deux  fois  sauvé, 
par  le  fait  même  de  leur  retour,  la  France  du  démembrement,  après 
les  deux  invasions  causées  par  l'ambition  de  Napoléon.  Toutes 
les  phrases  t-.t  toutes  les  épithètes,  tous  les  sarcasmes  et  toutes 
les  boutades  ne  tiennent  pas  devant  cotte  simple  et  logique  cons- 
tatation.— Des  notes  nombreuses,  exactes,  bien  faites,  accompagnent 
heureusement  le  texte  des  Souvenirs  et  font  de  cette  édition  beaucoup 
mieux  qu'une  réimpression  banale;  elles  donneront  à  ces  volumes 
le  mérite  fort  appréciable  d'être  un  bon  instrument  de  travail,  que 
l'on  pourra  consulter  avec  sécurité  sur  cette  période. 

Le  tome  l*^""  commence  avec  l'année  1766  et  se  termine  à  la  fin  de 
1792.  Le  tome  second  va  jusqu'au  moment  où  l'auteur  part  pour 
l'Italie  avec  le  général  Leclerc,  futur  beau-frère  du  général  Bonaparte, 
au  printeinps  de  1797.  Ce  sont  donc  les  dernières  années  de  la  Cour 
de  France  (  où  le  père  d'Arnault  était  valet  de  chambre  du  comte 
de  Provence),  les  premières  de  la  Révolution,  la  Terreur,  le  Direc- 
toire qui  sont  l'objet  de  ces  huit  premiers  livres  ;ii  est  impossible  d'en 
préciser  les  mille  détails;  ils  oiïrent  un  charme  un  peu  pompeux, 
mais   un  intérêt  toujours  soutenu.  G.  de  G. 


Mémoires  fie  la  eonalesse  de  Boigne,  née  d'Osmond,  publiés  par 
Charles  Nicoullaud.  IV.  1831-1866.  Fragntenis.  Paris,  Pion- ?souii il , 
1908,  in-S  de  547  p.,  avec  portrait.-—  Prix  :  7  fr.  50. 

Ce  sont  des  «  fragments  »  qui  terminent  ces  Récits  d'une  îcmie*, 
sur  chacun  d'eux,  on  pourrait  porter  un  jugement  séparé  et  très  diffé- 
rent. Le  premier,  le  plus  long,  concerne  la  malheureuse  expédition 
de  Madame  la  duchesse  de  Berry  en  France  en  1832,  à  Marseille  d'a- 
bord, puis  en  Vendée,  son  arrestation  à  Nantes  et  son  incarcération  à 
Blaye.  Cette  triste  page  dans  le  fond  et  surtout  dans  les  détails,  Tune 
des  plus  honteuses  du  gouvernement  de  Juillet,  est  présentée  par 
M'^e  jg  Boigne  sous  un  jour  véritablement  odieux.  Avec  une  insigne 
mauvaise  foi,  elle  avance  les  calomnies  les  plus  haineuses,  les  plus 
injurieuses  surlamère  de  Henri  V;  médisances  queles  documents  d'archi- 
ves ont  aujourd'hui  réduites  à  néant,  à  propos  du  mariage  de  cette 
princesse  avec  le  comte  Luchesi-Pàlli.  Les  rares  «  pièces  justificatives  » 
dont  M'"^  de  Boigne  accompagne  son  roman  contredisent  les  conclu- 
sions ajustées  de  son  propre  récit,  et  montrent  comme  elle  exagère  et 
brode  méchamment. 


—  343  — 

Le  second  fragment  concerne  le  séjour  de  la  oour  de  Louis-Philipipe 
à  Fontainebleau  (1834)  et  les  efforts  du  prince  pour  rendre  à  son  en- 
tourage, loin  des  émeutiers  parisiens  de  1830,  les  formes  monarchiques. 
Le  troisième  fragment  (mariage  du  duc  d'Orléans  en  1837)  est  assez 
banal;  il  apporte  certains  détails  intéressants  sur  la  princesse  Hélène 
de  Mecklembourg. 

Les  morceaux  suivants  offrent  le  récit  de  la  mort  de  quatro  person- 
nages importants  :  le  prince  de  Talleyrand  (1838),  la  princesse  Marie 
de  Wurtemberg  (1839),  le  duc  d'Orléans  (1842),  Madame  Adélaïde 
(1847).  Le  ton  en  est  tout  autre  :  sobre,  modéré,  élégant,  dans  un  style 
très  personnel  et  très  persuasif;  les  attaques  injustifiées  et  les  colères 
contre  les  royalistes  en  semblent  absentes,  sauf  une  exception  parti- 
culièrement regrettable  où  M^^  de  Boigne  croit  devoir  porter  sur 
le  vénérable  Mgr  de  Quelen  les  accusations  les  plus  injurieuses  (et  les 
plus  fausses).  A  propos  de  Talleyrand,  rien  de  neuf;  M"^^  ([q  Dino  ne 
s'y  trouve  pas  épargnée,  et  l'intimité  assez  scandaleuse  qui  unissait 
précisément  la  comtesse  de  Boigne  au  baron  Pasquier  eût  pu  lui  ins- 
pirer des  appréciations  plus  charitables  sur  l'intérieur  du  prince  de  Bé- 
névent  et  de  sa  nièce.  Sur  la  princesse  Marie  d'Orléans,  des  aperçus  nou- 
veaux charmants,  un  portrait  véridique,  sincère,  la  peinture  heureuse 
de  son  caractère,  du  sentiment  personnel  de  cette  jeune  femme 
«  artiste  »  et  distinguée;  un  tableau  de  sa  mort  vraiment  touchante. 
Pour  la  catastrophe  qui  termina  lij  courte  existence  du  duc  d'Orléans, 
un  récit  extrêmement  émouvant,  dans  sa  simplicité  même,  de  la  dou- 
leur chrétienne  de  la  Reine.  L'intimité  de  M^^e  ([q  Boigne  avec  Marie- 
Amélie  lui  a  permis  de  bien  voir,  et  ensuite  elle  a  bien  dit.  Enhn,  en 
un  style  excellent,  elle  décrit  les  impressions  de  la  dernière  année  de  la 
monarchie  de  Juillet  à  propos  de  la  fin  de  M^^  Adélaïde. L'exposé  des 
faits  garde  une  note  piquante,  aiguisée,  correcte  et  qui  nous  instruit. 
Un  assez  court  chapitre  sur  la  chute  de  Louis-Philippe  corrobore 
€e  que  l'on  savait  des  journées  de  février;  les  généraux  Jacque- 
minot  et  Bedeau  y  sont  drapés  selon  leur  mérite  ;  quelques  détails  rela- 
tifs au  duc  de  Montpensier  et  à  la  duchesse  d'Orléans  ne  laissent  pas 
une  impression  très  heure'use  de  leur  cœur  en  ces  circonstances  cri- 
tiques. 

L'Histoire,  avec  un  grand  H,  n'aura  pas  à  recueillir  beaucoup  de 
ces  Mémoires;  les  anecdotiers,  au  contraire,  y  puiseront  à  pleines 
mains,  y  cherchant,  y  trouvant  du  scandale  :  la  ipassion,  la  rancune 
et  comme  un  remords  qui  fait  calomnier  les  gens  que  l'on  abandonne 
avec  ingratitude  donnent  à  ces  récits  une  allure  très  vive;  la  forme  en 
est  toujours  celle  d'une  grande  dame  qui  sait,  entraîne  et  divertit  ;  aussi 
cette  publication  ost-elle,  naturellement,  un  très  gros  succès*  de  li- 
brairie. G.  DE  G. 


—  344  — 

L'ne  Paroisse  parisienne  avant  la  Kèvelution.  Saint- 
lli|»polyte.  Contribution  à  Vhistoire  religieuse  et  artistique  de  l'an.' 
cien  Paris,  par  l'abbé  Jean  Gaston.  Paris,  Librairie  des  Saints-Pères, 
1908,  in-8  de  207  p.,  avec  12  grav.,  plans  et  fig.—  Prix  :  7  fr.  50. 

L'auteur  de  cette  excellente  monographie  la  dédie  «  aux  amis  du 
Vieux  Paris,  aux  curieux  de  l'histoire  de  l'art  français,  à  tous  ceux 
qui  ont  quelque  souci  du  passé  religieux  de  la  capitale  «;  c'est  à  juste 
titre  qu'il  prétend  intéresser  les  uns  et  les  autres,attirer  leur  attention 
et  éveiller  leur  curiosité.Ajoutons  que,  le  livre  une  fois  fermé,  celle-ci 
sera  satisfaite.  Je  parle  pour  les  simples  lecteurs  ;  mais  les  travailleurs 
y  auront  bien  souvent  recours,pour  y  retrouver  la  trace  des  nombreux 
documents  mis  en  œuvre.  De  ces  derniers,  un  grand  nombre  étaient 
dispersés  dans  les  publications  les  plus  variées  :  l'auteur  a  eu  le  mérite 
de  les  grouper;  d'autres  étaient  inédits  et  il  a  eu  le  mérite  de  les 
découvrir. 

Saint-Hippolyte  n'avait,  jusqu'à  présent,  été  l'objet  que  de  deux 
courtes  notices  publiées  par  Aglaûs  Bouvenne,  l'une  en  1861,  l'autre 
en  1866.  Elle  méritait  mieux,  et  les  archéologues  sauront  gré  à 
M.  l'abbé  Gaston  d'avoir  retracé  l'histoire  d'une  des  églises  disparues 
de  ce  quartier  Saint-Marcel  si  riche  en  souvenirs  historiques.  Les  ama- 
teurs de  l'histoire  de  l'art  auront  aussi  un  intérêt  particulier  à  lire  cette 
étude.  Ils  y  trouveront,  en  effet,  l'histoire  d'un  monument  qui  fut 
jadis  l'église  paroissiale  de  la  Manufacture  royale  des  Gobelins  et 
dont  le  peintre  Lebrun  fut  un  marguillier  d'honneur.  Un  grand  amateur, 
Jean  de  Julienne,  a  été  le  bienfaiteur  insigne  de  Saint-Hippolyte;  il 
avait  groupé, pour  la  décorer,  toute  une  pléiade  de  peintres  estimés;  en- 
fin, tous  les  grands  noms  des  Gobelins  et  d'une  foule  d'artistes 
célèbres  figuraient  sur  les  registres  paroissiaux  aujourd'hui  dis- 
parus :  le  travail  ne  manquait  pas  à  l'historien  ;  c'est  tout  ce 
passé  qu'il  s'est  efforcé  de  faire  revivre.  L'auteur  de  l'histoire  de 
Saint-Hippolyte  n'a  pas  failli  à  sa  tâche  et  il  mérite  d'en  être  loué 
sans  réserves.  P.  Lbe. 


liOUdiin.  Histoire  civile  et  religieuse,  par  le  chanoine  A.  Lx- 

ROSEY.  Paris,  Champion,  1908,  in-8  de  vii-448  p.,  avec  5  planches.  — 
Prix  :  3  fr.  50. 

M.  Lerosey,  curé  du  Martray,  à  Loudun,  a  réuni  dans  ce  volume, 
d'une  lecture  agréable,  tout  ce  qu'il  a  pu  glaner  de  renseignements 
dans  les  articles  de  M.  Jovy,  dans  les  travaux  de  M.  Bleau  et  dans  les 
inventaires  des  archives  communales  de  Chauvineau.  Il  n'a  pas 
négligé  les  autres  sources  d'information  dont  il  disposait.  L'histoire 
générale  de  la  ville,  avant  et  après  les  guerres  de  religion,  pendant  et 
après  la'  Révolution,  n'occupe  guère  que  quatre  chapitres  ;  l'auteur 
s'étend  davantage  sur  l'histoire  des  institutions,  qui  est  de  beaucoup 


—  345  — 

la  plus  intéressante.  Le  chapitre  deuxième  est  consacré  aux  diverses 
juridictions,  et  le  septième,  à  l'instruction  publique.  L'histoire  des 
deux  paroisses  et  des  institutions  religieuses  qu'elles  renfermaient 
remplit  les  chapitres  de  la  seconde  partie.  Il  y  a  une  notice  pour  la 
collégiale  de  Sainte-Croix,  les  couvents  des  carmes,  des  capucins, 
des  cordeliers,  des  ursulines,  des  visitandines,  des  calvairiennes,  de 
l'Union  chrétienne,  pour  les  prieurés  et  les  hôpitaux.  Les  curés  dont 
M.  Lerosey  a  pu  retrouver  les  noms  ont  une  courte  biographie.  Les 
lecteurs  de  ces  sortes  d'ouvrages  s'intéressent  plus  particulièrement 
à  tout  ce  qui  touche  l'histoire  des  familles;  celles  qui  ont  eu  leur 
existence  mêlée  au  passé  de  Loudun  sont  présentées  dans  un  chapitre 
spécial;  il  y  est,  en  outre,  question  de  quelques  saints  personnages, 
qui  ont  passé  ou  vécu  à  Loudun  ou  dans  les  environs,  tels  que  saint 
Maximin,  saint  Maixent,  saint  Mesme,  saint  Jouin,  sainte  Néomaye. 
Lhi  copieux  appendice  est  formé  par  toutes  sortes  de  notices  biographi- 
ques; la  première  est  celle  de  saint  Alleaume. 

M.  Lerosey  n'a  point  fait  une  œuvre  définitive;  telle  n'était  pas  son 
intention,  et  il  y  aurait  mauvaise  grâce  à  signaler  les  lacunes  et  les 
inexactitudes  qui  ont  pu  lui  échapper.  Sa  monographie  est  un  bon 
travail  de  vulgarisation  :  les  hommes  d'étude  y  trouveront  à  prendre, 
en  attendant  l'histoire  définitive  que  quelque  érudit  du  lieu  nous 
donnera  sans  doute  un  jour.  J.-M.  Besse. 


Kreftl'OS  de  Samuel  Robert  [Archives  historiques  de  la  Saintonge  et  de 
l'Annts,  t.  XXXil),  avec  une  Introduction  de  Georges  Musset.  Paris, 
A.  Picard  et  tiis,  1907,  in-8  de  xii-478  p.  —  Prix  :  15  fr. 

Samuel  Robert,  né  à  Saintes  en  1610,  était  avocat.  11  comptait  dans 
cette  vill.3  parmi  les  principaux  imposés,  et  y  occupa  des  charges  impor- 
tantes obtenues  non  sans  peine,car  il  était  huguenot. Doué  d'un  esprit 
curieux,  intelligent  et  ouvert,  Robert  suivit  avec  un  très  vif  intérêt 
les  événements  qui  se  succédèrent  pendant  cette  époque  troublée 
qu^est  la  Fronde. 11  notait  avec  soin  tous  les  bruits  qui  couraient, 
lisait  les  gazettes  et  les  libelles  dès  leur  apparition,  et  nous  a  laissé 
un  Journal {1639 -i66S)  déjà  édité,  et  une  volumineuse  correspondance 
que  Ton  publie  aujourd'hui. 

Elle  comprend  342  lettres  écrites  du  21  juillet  1650  au  21  juillet 
1652,et  débute  à  peu  près  au  moment  où  Robert  partit  de  Saintonge 
pour  Paris.  Il  tentait  d'obtenir  son  établissement  effectif  dans  l'office 
de  lieutsnant  particulier  aux  élections  de  Saintes,  que  dans  une  lutte 
violente  ses  compatriotes  catholiques  s'efforçaient  d'empêcher.  De 
Paris,  Robert,  par  des  lettres  fréquentes  (il  en  écrivait  parfois  plusieurs 
le  mêmi  jour)  renseignait  ses  amis  et  parents  sur  les  progrès  de  ses 
affaires  et  sur  les  difficultés  qu'il  rencontrait  en  chemin.  Mais  en  dehors 


—  3i6  — 

do  tout  c?  qui  lui  était  personnel  et  peut  intéresser  ses  biographes 
ou  les  historiens  de  la  Saintonge  et  de  l'Aunis,  Robert  ne  manquait 
pas  de  recueilhr  jour  après  jour,  pour  ses  correspondants,  les  nouvelles 
politiques  les  plus  récentes,  faisant  accompagner  ses  lettres  de  l'envoi 
des  gazettes. 

On  pourra  donc  utiliser  pour  l'histoire  de  la  Fronde  les  lettres  de 
Robert,  pleines  de  renseignements  d'où  les  détails  pittoresques  ne  sont 
pas  exclus.  Désireux  surtout  d'informer  sans  retard,  Robert  ne  prenait 
pas  toujours  le  temps  de  vérifier  ce  que  la  rumeur  publique  lui  appor- 
tait :  il  faut  donc  aujourd'hui  contrôler  ses  récits. 

Pour  l'histoire  de  Paris,  on  peut  relever  dans  cette  publication  des 
passages  intéressants,  comme  celui  de  la  crue  de  la  Seine  en  janvier 
1651  (p.  149),  et,  de  loin  en  loin,  des  épisodes  caractéristiques  comme 
celui  des  caricatures  suspendues  à  la  Croix  du  Trahoir  (p.  80  et  87). 

Rentré  en  Saintonge,  Robert  n'en  continua  pas  moins  sa  corres- 
pondance. Nous  sommes  dès  lors  renseignés  pai*  d'abondants  et  pré- 
cieux détails  sur  la  Fronde  dans  le  sud-ouest  et  les  horrem*s  qui  mar- 
quèrent, là  comme  ailleurs,  cette  peu  séduisante  période  de  notre  his- 
toire. Certaines  de  ces  lettres,  comme  celle  du  1^^  février  1652  (n^'  287, 
p.  381),  forment  un  véritable  journal,  tenu  avec  soin  au  courant  de 
tous  les  événements  qui  survenaient  dans  la  région. 

Notons  enfin  que  Robert,  étant  huguenot,  eut  parfois  l'occasion  de 
nommer  dans  ces  lettres  certains  ministres  de  la  Religion  ou  même 
de  correspondre  avec  eux.  Pour  l'histoire  du  protestantisme,  cette 
pubMcation  n'est  donc  pas  non  plus  négligeable. 

Une  table  onomastique,  qu'on  voudrait  un  peu  plus  complète,  ter- 
mine l'ouvrage.  Jeais^  Cordey. 

Études  sociales  *t  politiques.  Cercle  Joseph  de  Maisîre.-'i^^  année, 
février-mars  1i)07 .  Paris,  Nouvelle  Librairie  natiijiiale,  s.  d.  (1908),  in-8 
de  xx-268  p.  —  Prix  :   3  fr.  50. 

Huit  conférences  données  à  l'Institut  d'action  française  en  février 
et  mars  1907  forment  la  matière  de  ce  volume.  Elles  sont  rœu\Te  d'un 
groupe  d'études  qui,  sous  le  patronage  de  Joseph  de  Maistre,  «  tra- 
vaille à  la  restauration  de  l'ordre  français  »,  nous  explique  M.  Jean 
Riv^ain  dans  la  Préface  du  livre. 

Trois  de  ces  conférences  ont  un  caractère  historique  :  la  pohtique 
de  Catherine  de  Médicis,  l'armée  de  l'ancien  régime,  le  patriotisme 
révolutionnaire  en  ont  fait  les  frais  avec  MM.  François  Renié,  de  Bois- 
fleury  et  Robert  Launay.  La  politique  étrangère  est  représentée  par  la 
conférence  de  M.  Gazeau  sm"  l'impérialisme  américain.  Dans  trois 
autres  dissertations  d'ordre  plus  particulièrement  doctrinal,  M.  Jean 
Rivain  a  traité  des  socialistes    antidémocrates,  M.  Pierre  Gilbert  a 


—  347    — 

examiné  la  valoiir  de  la  science  sociale  et  M.  de  la  Massue  a  montré 
l'influence  du  suffrage  universel  sur  îa  centralisation.  Enfin,  M.  Raison 
du  Cleuziou  a  exposé  le  but  de  V Action  française. 

h' Action  française  est  diversement  comprise  et  appréciée  dans  les 
milieux  où  elle  n'aurait  dû,  semble-t-il,  trouver  que  des  amis.  Je  ne 
chercherai  pas,  pour  ma  part,  à  dissimuler  la  sympathie  qu'elle 
m'inspire.  Son  programme  est  magnifique:  défaire  l'œuvre  de  l'Ency- 
clopédie. Chasser  des  cerveaux  les  sophismes  qui  y  ont  usurpé  la  place 
des  idées  traditionnelles  et  saines,  c'est,  sans  comparaison,  le  plus 
grand  et  le  plus  urgent  des  services  qu'on  puisse  rendre  à  notre  mal- 
heureux pays;  et  les  jeunes  gens  qui  se  sont  groupés  pour  concourir 
à  cette  œuvre  de  salut  public,  sous  l'invocation  de  Joseph  de  Maistro, 
ont  été  bien  inspirés  de  choisir  pour  patron  l'homme  à  l'esprit  lucide, 
dont  la  haute  sagesse  a,  dès  le  principe,  jugé  la  Révolution  à  sa  juste 
valeur,  en  proclamant  les  doctrines  de  ses  adeptes  aussi  meurtrières 
que  leurs  actes.  H.  Rubat  du  Mérac. 


Rome  au  X.X«  siècle,  par  Denis  Guibert.  Paris,   Savaèle,  s.  d.,  ia-16 
d3  XI1-3S1   p.  —  Pxix  :  3  fr.  50. 

<■(  Ce  livre  n'est  ni  un  guide  pour  les  voyageurs,  ni  un  récit  d'im- 
pressions de  voyage,  ni  un  essai  d'esthétique  ou  d'archéologie,  ni  une 
dissertation  sur  l'histoire,  ni  enfin  un  compendium  de  réflexions  poli- 
tiques :  il  participe  pourtant  de  tout  cela  ».  C'est  ainsi  que  M.  Denis 
G'iibert  résume,  d'ailleurs  très  exactement,  le  contenu  de  son  ouvrage. 
Ayant  vu  Rome  à  diverses  reprises,  frappé  de  la  transformation  qui 
s'y  accomplit  présentement,  il  a  voulu  fixer  le  caractère  de  la  ville 
avant  1870,  sa  physionomie  actuelle  et  enfin  son  destin  probable  dans 
l'avenir. 

Tous  ceux  qui  connaissent  Rome  trouveront  sans  doute  qu'il  a 
réussi  dans  les  deux  premières  parties  de  sa  tâche.  Quant  à  l'autre, 
elle  était  dénature  trop  hasardeuse  pour  comporter  une  solution  propre 
à  rallier  l'unanimité  des  suffrages.  Divers  motifs  font  croire  à  M.  Denis 
Guibert  que  la  politique  de  Pie  X  prépare  une  réconciliation  de  la 
Papauté  avec  la  Maison  de  Savoie.  Il  s'ensuivra  pour  le  Souverain 
Pontife,  dit-il,  une  situation  intenable.  Tôt  ou  tard  il  devra  quitter 
Rome,  dont  les  portes  lui  seront  rouvertes  par  une  invasion  eu  une 
révolution.  Mais  il  y  a  place  encore  pour  d'autres  hypothèses,  comme 
le  remarque  Tauteur;  et  chacun  est  libre  de  choisir  entre  elles,  suivant 

«es  goûts.  H.  RuBAT  DU  MÉRAC. 

Cruillaumc  II  et  son  peuple,  par  Un   Pessimiste;   trad.  de  Talle- 
maud.  Paris,  Perrin,  1907,  in-KJ  de  199  p.  —  Prix  :  2  fr.  50. 

L'auteur  de  ce  livre,  écrit  quelque  temps  avant  l'incident  des   let- 


—  348  — 

très  et  des  interwiews  qui  a  porté  un  coup  si  grave  au  prestige  et  à 
la  considération  de  l'empereur  allemand,  est  un  monarchiste  et  un 
patriote  sincère.  C'est  en  cette  double  qualité  qu'il  a  publié  ce  vo- 
lume dans  lequel  il  critique  amèrement  la  manière  de  gouverner  de 
son  souverain.  On  peut  dire  qu'il  a  été  prophète,  car  la  dernière 
page  contient  cette  phrase  :  «  Nous  sommes  à  la  veille  d'une  grande 
crise  de  confiance  pohtique  ».  On  sait  du  reste  quelle  est  l'activité 
de  l'empereur  Guillaume  et  son  souci  de  ne  rien  négliger  pour  accom- 
plir avec  conscience  son  rôle  de  souverain.  Il  ne  le  remplit  que  trop, 
pourrait-on  dire;  car  il  touche  à  tout  avec  une  exubérante  et  une 
inlassable  activité.  Les  neuf  chapitres  sont  consacrés  aux  différentes 
manifestations  de  cette  activité.  Il  est  clair  que  bien  faire  tout  ce  que 
veut  faire  cet  empereur  exubérant  est  impossible  à  un  homme. 
Aussi  ne  peut-il  être  que  facile  d'énumérer  les  conséquences  mau- 
vaises ou  ridicules  de  cette  agitation  intellectuelle"  et  physique. 
Une  des  plus  lamentables  est  de  livrer  l'influence  à  une  camarilla  de 
courtisans  sans  valeur.  11  doit  en  être  ainsi;  car  le  souverain  voulant 
trop  faire  manque  de  temps  pour  rien  approfondir,  et,  trop  hanté  de 
sa  dignité  impériale,  écoute  plus  facilement  les  flatteurs  que  les  gens 
sérieux. 

L'auteur,  qui  est  très  probablement  un  Allemand  du  Sud,  ne  voit 
de  remède  que  dans  ce  qu'il  appelle  «  l'autre  souveraineté  ».  Cette 
expression  un  peu  nébuleuse  (ce  n'est  d'ailleurs  pas  la  seule,  et  il  eût 
été  difficile  qu'il  en  fût  autrement  dans  une  production  d'outre-Rhin) 
parait  désigner  ce  qui  est  dans  la  constitution  allemande  le  contre- 
poids de  l'impérialisme,  c'est-à-dire  la  souveraineté  des  États  autres 
que  la  Prusse.  Il  ne  nous  appartient  pas  d'en  apprécier  l'efTicacité. 

Comme  Français,  constamment  attentifs  par  devoir  à  tout  ce  qui 
peut  nous  documenter  sur  les  forces  et  les  faiblesses  de  l'ennemi  que 
nous  avons  à  vaincre," nous  ne  pouvons  lire  sans  plaisir  cet  ouvrage 
qui  dépeint  sans  doute  avec  exactitude  la  situation  de  nos  voisins. 
D'un  autre  point  de  vue,  et  s'il  était  permis  d'oublier  un  instant  le 
premier,  on  peut  peut-être  regretter  les  conséquences  que  peut  avoir 
pour  l'institution  monarchique  l'usage  défectueux  que  fait  Guil- 
laume II  de  son  pouvoir  souverain  et  même  de  ses  facultés  personnelles, 
dont  plusieurs  sont,  à  coup  sûr,  sympathiques.  Il  donne  des  argu- 
ments de  valeur  aux  adversaires  de  l'institution  monarchique.  Si 
le  livre  que  nous  analysons  prenait  la  forme  d'un  manuel  à  l'usage 
des  souverains,  on  pourrait  bien  lui  donner  comme  sous-titre  celui- 
ci  :«  Comment  il  ne  faut  pas  gouverner  ».  Eugène  Godefroy. 


—  349  — 

ïiC  ■•éi'îl  pi'MSSÎCM,  par  le  })<■  d'Okvietko.  Paris,  Lethielleux,  s.  d.,  in- 
12  de  113  p.  —  Prix  :  1  fr.  50. 

L'auteur  de  cette  brochure  est  un  Polonais  qui  a  conservé  toute  sa 
fidélité  au  souvenir  de  l'indépendance  et  de  la  gloire  de  sa  patrie. 
Mais  obligé,  faute  de  dynastie  nationale,  de  s'incliner  devant  les 
faits  accomplis,  il  accepte  loyalement  la  souveraineté  de  la  dynastie 
moscovite,  et  lui  demande  de  jouer  vis-à-vis  de  la  nation  polonaise  le 
rôle  d'une  véritable  dynastie  nationale  en  la  protégeant  contre  la 
Prusse.  Cette  brochure  est  remplie  d'aperçus  historiques  des  plus 
intéressants  et  de  réflexions  d'ordre  diplomatique  d'une  grande  finesse. 
On  y  suivra  avec  beaucoup  d'intérêt  l'exposé  de  la  question  polonaise 
depuis  l'insurrection  de  1863  et  des  cons-équences  de  l'indifférence  de 
l'Europe  et  des  fautes  commises  par  la  Russie  à  cette  époque.  L'auteur 
demande  l'autonomie  du  royaume  de  Pologne  qui,  selon  lui,  «  renfor- 
cerait la  résistance  des  Polonais  sous  le  joug  prussien  «. 

Les  lois  odieuses  d'expropriation  par  lesquelles  la  Prusse  s'efforce 
de  germaniser  les  provinces  polonaises,  ne  justifient  que  trop  la 
haine  violente  des  Polonais  contre  la  domination  allemande  et  il  est 
dans  leur  rôle  de  faire  ressortir  aux  yeux  des  Français  et  des  Anglais 
ies  avantages  d'une  collaboration  des  Slaves  dans  l'œuvre  de  la  résis- 
tanc3  à  l'envahissement  germanique.  Le  docteur  d'Okvietko  n'y 
manque  pas  et  il  insiste  avec  beaucoup  d'âpreté  sur  la  faute  com- 
mise par  les  gouvernements  occidentaux  quand  ils  ont  abandonné  la 
Pologne.  Mais  la  partie  la  plus  intéressante  de  la  brochure  pour  nous, 
Français,  est  le  développement  consacré  à  l'influence  allemande  à 
Saint-Pétersbourg,  influence  que  l'alliance  franco-russe  n'a  pas  fait 
•disparaître,  et  contre  laquelle  s'élève  le  défenseur  de  la  cause  polo- 
naise. Eugène  Godefroy. 

Ii'Aii$;leterre    elirétlcnne  avant   les    IVormands,   par  Dom 

Fernand  Cabrol.  Paris,  Lecofîre,  Gabalda,  1909,  in-12  de  xxiii-341  p. 
—  Prix  :  3  fr.  50. 

On  s'est  beaucoup  occupé  en  France,  depuis  quelques  années,  de  la 
condition  religieuse  du  pays  d'Outre-Manche;  mais  les  origines  loin- 
taines du  christianisme  chez  nos  voisins  sont  demeurées  plus  négligées. 
L'abbé  de  Farnborough  a  pensé  fournir  des  lumières  pour  la  connais- 
sance de  l'histoire  contemporaine,  et  même  des  conditions  politiques 
de  l'avenir,  en  étudiant  l'influence  de  l'Église  dans  le  passé  des  Anglo- 
Saxons.  C'est,  à  la  fois,  avec  toute  la  délicatesse  dont  est  capable  un 
esprit  distingué,  conscient  de  ce  qu'il  doit  à  l'hospitalité  d'un  peuple 
généreux,  et  avec  une  précision  documentaire  du  meilleur  aloi,  que 
l'érudit  bénédictin  a  voulu  traiter  cette  intéresssante  question  de 
l'introduction  du  christianisme  en  Angleterre.  Tout  son  livre,  fruit 


—  350  — 

d'uiie  rare  pondération  et  d'un  sage  discernement,  tend  à  démontrer 
combien  le  clnùstianisme  a  «  donné  sa  marque  à  cette  civilisation,  a 
façonné  ces  peuples,  a  transformé  leur  caractère  ».  Celtes,  Saxons, 
-Vjiglais,  nous  apparaissent  pendant  cette  période  de  sept  siècles, 
pénétrés,  modelés  et  fondus  peu  à  peu,  en  une  grande  nation  homo- 
gène, par  l'influence  bienfaisante  de  la  religion.  Dom  Cabrol,  après 
nous  avoir  décrit  la  Bretagne  celtique  et  la  Bretagne  romaine,  rappelle 
les  légendes  longtemps  admises,  et  décrit  les  origines  réelles  de  la  chré- 
tienté dans  ce  pays.  L'organisation  primitive  de  l'Angleterre  chré- 
tienne, la  question  des  rites  celtiques,  les  missions  postérieures  des 
moines  ntmains  et  l'affermissement  de  la  conquête  rehgieuse,  font 
l'objet  de  captivants  chapitres  au  miUeu  desquels  se  meuvent  les 
curieuses  ou  sympathiques  figures  des  vieux  saints  .\idan,  Oswald 
et  Wilfrid,  du  moine  Théodore,  de  l'ascète  Cuthbert,  du  voyageur 
érudit  Bonuit  Biscop.  L'auteur  redit,  avec  une  compétence  singulière, 
l'épanouissement  de  la  civilisation  et  de  la  httérature  chrétienne, 
ainsi  que  la  rivahté  d'ardeur ...  et  parfois  de  sentiments,  des  moines 
celtes  et  des  moines  romains.  Les  invasions  danoises  du  ix^  au  xi^  siècle, 
la  démoralisation  qui  on  fut  la  conséquence,  enfin  la  conquête,  par 
Guillaume  dé  Normandie,  forment  un  ensem))le  de  tragiques  événe- 
ments où  Dom  Cabrol  démêle  Faction  prévoyante  ou  réparatrice  de 
l'Église,  a^■ec  un  sens  historique  qui  permet  déjà  d'entrevoir  la  gi'an- 
deur  du  rôle  qu'elle  sera  prochainement  appelée  à  jouer.  Aussi  ne  peut- 
on  que  souscrire  aux  conclusions  de  l'auteur  quand  il  déplore  la  sté- 
rilité funeste  qui  fut  la  conséquence  du  schisme  de  l'Angleterre  : 
«  Avec  ses  qualités  de  sérieux,  de  ténacité,  son  esprit  d'entreprise, 
ses  aspirations  sincèrement  religieuses,  sa  puissance  d'expansion, 
dit-il  justement,  quelle  part  lui  eût  été  réservée  dans  l'histoire  reli- 
gieuse des  temps  modernes  »,  si  elle  fût  demeurée  unie  à  Rome  !  — - 
Signalons,  avant  de  clore  ce  compte  rendu,  la  très  riche  bibliographie 
générale  et  les  indications  plus  spéciales  qui  accompagnent  chaque 
chapitre,  ainsi  que  les  savants  appendices  consacrés  à  la  liturgie  et 
au  denier  de  Saint-Pierre.  G.  Péries. 

lie   Catholicisme    en    Angleterre   au  X.X.e  siècle,  par  Paul 
Thur's\u-D\nc:in-.  Paris,  Bloui,  1909,  in-16  de  257  p.  —  Prix:  3  fr.  50. 

M.  Thureau-Dangin  vient  de  réunir  en  volume  les  conférences  qu'il 
a  données,  au  printemps  de  1908,  à  l'Institut  catholique  de  Paris. 
C'est  un  clair  et  substantiel  résumé  desongrand  et  magnifique  ouvrage 
sur  la  renaissance  catholique  en  Angleterre  au  xix^  siècle.  Trois 
hommes  de  haute  valeur,  trois  grands  hommes  peut-on  dire  sans 
exagération,  ont  été  les  auteurs  et  les  initiateurs  de  cette  renaissance  : 
Wiseman,  IS'ewman  et  Manning,  tous  trois  cardinaux,  tous  trois  de 


—  351  — 

caractère  très  différent,  mais  tous  trois  concourant  au  môme  but. 
C'est  Newman  qui  commença  le  mouvement  avec  Técole  d'Oxford; 
Manning  ne  vint  qu'un  peu  plus  tard  ;  mais  c'est  Wiseman  qui  encou- 
ragea et  coordonna  leurs  efforts,  avec  cette  perspicacité  et  cette 
souplesse  qui  lui  firent  comprendre  l'importance  d'un  état  d'esprit 
que  les  catholiques  anglais,  enfermés  dans  leurs  vieilles  traditions  de 
routine  et  de  timidité,  n'envisageaient  pas  sans  méfiance.  Et  ce  mou- 
vement aboutit  à  des  conversions  éclatantes  et  au  retour  au  bercail 
d'un  grand  nombre  d'hommes  distingués:  le  rapprochement,  en  effet, 
s'opérait  surtout  dans  les  classes  élevées  et  intellectuelles,  mais  n'attei- 
gnait guère  les  classes  populaires.  Malheureusement,  après  la  mort  de 
Wiseman,  les  divergences  qui  s'étaient  déjà  manifestées  de  son  vivant 
entre  Manning  et  Newman,  arrivèrent  à  l'état  aigu.  Newman,  dénoncé 
à  Rome  par  un  prélat  anglais  fort  intransigeant,  Mgr  Talbot,  fut  tenu 
en  suspicion.  Il  en  souffrit  beaucoup,  mais  ne  manqua  aucune  occasion 
de  manifester  son  orthodoxie  et  de  répondre  aux  attaques  dont  le 
catholicisme  était  l'objet  de  la  part  des  protestants  et  de  protestants 
de  marque  comme  Gladstone.  Manning,  pendant  ce  temps,  avec  une 
grande  intelligence  des  temps,  s'occupait  d'œuvres  sociales,  et  son 
influence  arrêtait  la  grève  des  dockers  contre  laquelle  l'autorité 
du  Lord  maire  avait  été  impuissante. 

Tous  deux,  d'ailleurs,  disparaissaient  presque  en  même  temps.  Le 
mouvement  dont  ils  avaient  été  les  directeurs,  sans  s'arrêter,  se  trans- 
formait. Le  tractarianisme  devenait  le  ritualisme.  Et  des  hommes 
comine  Pusey  rêvaient  l'union  de  l'Eglise  anglicane  avec  l'Église 
romaine.  Dans  beaucoup  de  temples  on  reprenait  les  rites  et  les  céré- 
monies catholiques.  C'était,  malgré  les  persécutions  auxquelles  ces 
tentatives  étaient  en  butte,  un  premier  pas;  mais  le  pas  définitif  ne 
fut  pas  franchi.  Le  sera-t-il?  C'est  le  secret  de  l'avenir.  Mais  il  est 
certain  que  les  préjugés  dont  le  catholicisme  était  l'objet  sont  tombés, 
et  la  meilleure  preuve,  c'est  l'éclat  incomparable'  qu'a  eu.  cette  année, 
à  Londres,  le  Congrès  eucharistique. 

Ce  n'est  pas  sans  tristesse  qu'on  lit  ces  belles  conférences  de  l'émi- 
nent  secrétaire  perpétuel  do  l'Académie  française.  Et  comment  ne 
pas  faire  de  comparaison  entre  la  liberté  dont  le  catholicisme  jouit 
maintenant  en  Angleterre,  grâce  aux  Wiseman,  aux  Newman  et  aux 
Manning,  et  la  persécution  hypocrite  qui  sévit  contre  lui  en  France? 
Mais  c'est  aussi  une  leçon.  C'est  par  l'étude,  pai'  la  persévérance,  par 
le  dévouement,  par  l'union,  que  les  catholiques  anglais  sont  sortis  de 
leur  long  abaissement  de  trois  siècles.  Faisons  comme  eux,  et  nous 
n^attendrons  pas  trois  cents  ans  pour  secouer  le  joug  des  tyrans  de 
bas  étage  qui  nous  oppriment.  Max.  de  la  RociiETKruE. 


—  3&2  - 

li'Ejikpiation.  I/Ëiscadre  de  f*or1-Ai'tliur,  carnet  de  notes  du 
capitaine  de  frégate  Sèmei\off,  présenté  par  le  commandant  de  Balin- 
couHT.  Paris,  Cliallamel,  1909,  in-18  carré  de  496  p.,  avec  2  cartes.  — 
Prix  :  3  fr.  50. 

Le  capitaine  de  frégate  Sémenoff  est  déjà  connu  des  lecteurs  du 
Polybiblion  par  les  pages  ■ —  les  dernières  ■ —  de  son  carnet  de  notes, 
publiées  sous  le  titre  de  l'Agonie  d'un  cuirassé.  Cette  fois,  ce  sont 
les  premières  pages  de  ce  carnet  que  nous  présente  le  commandant 
de  Balincourt  :  c'est  la  préface  du  drame  dont  nous  avons  déjà  vu  le 
dénouement.  Cette  inversion  dans  l'ordre  chronologique  ne  diminue 
on  rien  l'intérêt  de  ce  nouveau  volume.  Si  nous  n'y  retrouvons 
pas  à  chaque  page  l'émotion  si  angoissante  qui  nous  pénétrait  en 
voyant  se  dérouler  sous  nos  yeux  l'agonie  d'un  cuirassé,  nous  y  lisons 
un  récit  non  moins  vivant,  non  moins  sincère,  et  peut-être,  d'une 
façon  générale,  plus  instructif,  plus  rempli  d'enseignement§,  des 
heures  douloureuses  du  début  du  siège  de  Port-Ai'thur.  Et  d'ailleurs, 
hâtons  -nous  de  le  dire,  certaines  pages,  comme  celle,  par  exemple,  de 
la  disparition  du  «  Petropavlovsk  »,  ne  le  cèdent  en  rien  aux  passages 
les  plus  dramatiques,  les  plus  émouvants,  du  récit  de  la  bataille  de 
Tsoushima. 

Le  commandant  Sémenoff,  arrivé  à  Port- Arthur  peu  de  jours  après 
l'attaque  du  4  février,  en  est  parti  à  bord  d^e  la  «  Diana  »  qui,  à  la 
suite  du  combat  du  10  août,  a  été  se  réfugier  à  Saigon.  Pendant  ces 
six  mois,  il  a  tout  vu  et  tout  noté,  en  marin  actif  et  en  observateur 
consciencieux.  Nous  avons  ainsi  une  histoire  des  opérations  maritimes, 
une  série  d'études  psychologiques  très  fines  sur  l'état  d'âm.e  de  ses 
compagnons  d'armes,  et  de  critiques,  parfois  un  peu  acerbes,  mais 
toujours  justifiées  de  ce  qu'il  voyait,  de  ce  qu'il  entendait.  Et,  domi- 
nant le  tout,  plane  un  profond  sentiment  de  patriotisme,  de  douleur 
et  de  rage,  qui  fait  ressortir  de  ce  volume  si  complètement  russe,  des 
leçons  à  la  portée  vraiment  universelle,  profitables  à  tous  et,  en  parti- 
culier, aux  marins  de  toutes  les  nations. 

Est-il  nécessaire  d'ajouter  que  la  traduction  est  excellente  et  l'exé- 
cution typographique  parfaite,  selon  les  traditions  de  l'éditeur  Chal- 
lamel?  J.  C.  T. 


Correspondance  entre  Alexis  de  Tocqtjeville  et  Arthur  de 
Gobineau  (iSi3-iS59),  publiée  par  L.  Schemann.  Paris,  Plon-Nourril, 
1909,  in-8  de  vn-557  p.  —  Prix  :  5  fr. 

Lorsque  ces  lettres  échangées  entre  deux  hommes  de  grande  valeur 
ont  paru  dans  la  Reç'ue  des  Deux  Mondes,  elles  ont  offert  un  régal  lit- 
téraire aux  amis  de  l'histoire.  M.  de  Tocqueville  y  apparaît  avec  sa 
verve  incisive  et  maliciQuse,  son  sens  pénétrant,  sa  clarté  d'esprit  et  de 
langage;  le  comte  de  Gobineau,  dans  la  position  naturellement    dé- 


—  353  — 

férente  envers  celui  qui  lui  a  ouvert  la  carrière  diplomatique  et  dont 
il  a  été  le  chef  de  cabinet,  M.  de  Gobineau  se  montre  travailleur 
acharné,  penseur  très  personnel,  un  peu  pessimiste  et  homme  qui  sait 
voir  dans  les  pays,  où  il  séjourne.  Il  donne  donc  des  appréciations 
curieuses  sur  la  Suisse  et  sur  la  Perse,  les  deux  nations  si  différentes 
où  le  conduisent  ses  fonctions  de  secrétaire  d'ambassade.  Mais  il  ne 
se  borne  pas  à  des  renseignements  fournis  à  son  ancien  ministre  en 
des  lettres  qui  ressemblent  tout  à  fait  à  de  longues  dépêches  de  chan- 
cellerie :  il  expose  des  «  systèmes  »  historiques  qui  lui  oht  valu  une 
renommée  posthume,  et  apporte  des  conclusions  philosophiques, 
sociales,  ethnographiques  que  Tocqueville  n'accepte  pas  volontiers 
et  combat  avec  une  grande  vivacité  de  riposte.  Il  y  a  là,  de  part  et 
d'autrp,  des  pages  véritablement  pleines  de  feu  et  qui  sembleraient 
une  conversation  piquante  si  les  deux  interlocuteurs  ne  se  trouvaient 
séparés  par  des  centaines  de  lieues.  Cette  correspondance  s'arrête 
seulement  à  la  mort  de  Tocqueville,  pour  qui  Gobineau  professe  une 
affection  un  peu  jalouse. 

M.  Schemann  a  édité  ces  lettres  avec  une  respectueuse  admiration 
pour  le  comte  de  Gobineau,  à  qui  les  Allemands  accordent  une  valeur 
de  premier  ordre.  Nous  regretterons  l'absence  totale  de  notes,  d'éclair- 
cissements, de  tables,  qui  eussent  été  souvent  nécessaires,  toujours 
utiles.  Le  lecteur  n'aura  pas  cet  appui  en  ouvrant  ces  pages,  mais  il 
ne  s'arrêtera  pas  en  route,  car  ces  lettres  sont  charmantes,  instructives 
et  très  captivantes,  fond  et  forme.  G.  de  G. 

Un    $;rand    llariii.    Tourwille  (  1649-1 901),  par   Emmanuel 

DE   Broglie.  Paris,   Plon-Nourrit,  1908,  in-16   de  viii-313  p. —  Prix  : 
3  fr.  50. 

Si  des  esprits  chagrins  prétendent  qu'il  appartient  à  un  marin  seul 
d'écrire  la  biographie  d'un  homme  de  mer,  qu'ils  lisent  l'ouvrage 
consacré  par  M.Emmanuel  de  Broglie  à  Tourville  et  ils  seront  contraints 
d'avouer  que  la  règle  qu'ils  aiment  à  poser  peut  soufïrir  des  excep- 
tions. L'auteur  n'a  pas  cherché  à  décrire  les  manœuvres  des  bâti- 
ments en  présence  à  Bévéziers  ou  à  la  Hougue,  ou,  s'il  l'a  fait,  il  s'est 
contenté  de  citer  les  lettres  et  les  relations  des  acteurs  eux-mêmes  ou 
de  leurs  contemporains,  mais  il  a  jugé  préférable  de  nous  montrer 
en  Tourville  l'homme  lui-même  plutôt  que  le  tacticien  ou  le  manœu- 
vrier. Cette  tâche,  M.  de  Broglie  l'a  remplie  dans  la  perfection,  et  si 
la  phrase  n'était  vraiment  trop  banale,  on  serait  tenté  de  dire  que 
cette  vie  de  Tourville  est  intéressante  et  captivante  comme  un  roman 
bien  fait.  La  figure  de  l'illustre  marin  nous  apparaît  en  pleine  lumière, 
avec  toute  sa  rudesse,  sa  franchise,  son  courage  civique  aussi  bien 
que  militaire,  et  aussi,  avec  tout  son  charme  et  son  entrain.  Ce  fut 
Avril  1909.  T.  CXV.  23. 


—  354  — 

ATaimont  un  grand  marin  ot  un  liomme  dans  toute  la  force  du  terme 
que  ce  Tourville  qui  fit  ses  premières  armes  à  l'âge  de  quinze  ans  sur 
les  vaisseaux  de  Malte,  passa  au  sei*\'ice  du  Roi,  où  il  combattit  Ruyter 
sous  les  ordres  do  d'Estrées  {*t  de  Duquesne  et  enfin,  se  couvrit  de 
gloire  à  la  victoire  de  Bévéziers,  au  cours  de  la  campagne  du  Large, 
peut-être  son  chef-d'œuvre,  et  enfm,  à  la  bataille  de  la'Hougue,  défaite 
plus  honorable  que  maintes  victoires.  Cette  brillante  carrière,  qui  se 
termina  à  la  paix  de  Ryswiciv,  peu  après  la  victoire  de  Lagos,  est  peinte 
à  grands  traits,  mais  très  exactement  par  M.  de  Broglie,  qui  a  su, 
grâce  en  partie  à  de  nombreux  extraits  de  lettres  et  de  Mémoires, 
faii'e  revivre  à  nos  yeux  ce  grand  homme  de  guerre  qui  n'était  pas  un 
homme  de  cour  et  qui  dut  toute  sa  fortune  à  son  mérite.  L'existence 
de  tels  hommes,  où  apparaissent  à  chaque  instant  les  plus  mâles  vertus 
de  courage,  de  persévérance,  de  ténacité  et  de  loyauté,  est  bonne  à 
connaître  et  à  méditer.  A  notre  époque  de  veulerie,  il  est  salutaire 
d'étudier  de  tels  modèles,  dont  hélas  !  les  exemples  sont  trop  souvent 
pour  nous  des  reproches.  J.  C.  T. 


"Voltaire  moua'asat.  Enquête  faite  en  4778  sur  les  circonstances  de  sa 
dernière  maladie,  publiée  sur  le  manuscrit  inédit  et  annotée  par  Fré- 
déric Lachèvre,  suivie  de  :  Les  Quatrains  du  Déiste,  ou  V Antibigot 
et  de  Voltaire  et  Des  Barreaux.  Paris,  Champion,  1908,  gr.  in-8  de 
\xxiii-208  p.  —  Prix  :    7  fr.   50. 

M.  Lachè\Te,  auteur  de  maintes  pubhcations  soigneusement  éditées 
autant  que  curieusement  commentées  sur  la  littérature  du  xyii^  siècle, 
nous  fait  connaître,.certtefcHS,  une  relation  inédite  des  derniers  jours  et 
de  la  mort  de  Voltaire.  Ce  récit  corrige  celui  de  Wagnière,  le  dernier 
secrétaire  de  Voltaire  :  il  confirme  et  complète  celui  de  l'abbé  Gaultier, 
ce  prêtre  qui  entreprit  avec  persévérance  la  tâche  ardue  de  confesser 
le  philosophe  mourant  ;  il  reproduit  même  les  lettres  de  l'abbé  Gaultier 
dans  un  état  plus  complet  et  probablement  plus  exact  que  l'abbé 
Gaultier  ne  l'a  fait  lui-même  dans  son  propre  mémoire.  L'auteur  de 
V Enquête,  demem^é  inconnu,  probablement  ecclésiastique,  fut  à  même 
de  se  bien  renseigner.  Son  récit  est  vivant,  avec  un  air  de  vérité,  de 
réalité  et  une  grande  modération  d'expression,  en  dépit  des  senti- 
ments qu'il  devait  éprouver  en  racontant  à  un  évêque  (l'évêque 
d'Annecy)  une  mort  aussi  peu  édifiante.  11  expose  avec  détail  les  nom- 
breuses et  vaines  tentatives  de  l'abbé  Gaultier,  confesseur  volon- 
taire, et  du  curé  de  Saint -Su Ipice,  pour  obtenir  de\'oltaire  la  rétrac- 
tation de  ses  écrits  impies  et  sa  réconciliation  finale.  L'arrivée  de 
Voltaire  à  Paris,  l'enthousiasme  de  l'Académie  et  du  public  lettré, 
, l'apothéose  du  philosophe  à  la  représentation  d'Irène,  et,  en  revanche. 
Je  délaissement  d'un  vieillard  mal  soigné  et  abandonné  aux  mains 


—  35b  — 

des  étTangers,  les  hésitations  d'un  mourant  qui  craint  «  d'aller  à  la 
voirie  »,  mais  qui  a  peur  de  démentir  tout  un  passé  d'irréligion,  les 
diplomaties  de  son  entourage,  préoccupé  de  lui  ménagerûne  sépulture 
ecclésiastique,  les  fureurs  délirantes  de  son  agonie;  tnfince  macabre 
voyage  d'un  cadavre  qu'on  a  lié,  liabillé  etassis  dans  un  carrosse, et  qui, 
rapidement  et  clandestinement,  court  se  faire  enterrer  à  l'abbaye  de 
Scellières,  dont  l'abbé  Mignot,  neveu  du  défunt,  était  abbé  commen- 
dataire  :  tout  cela  est  un  drame  singulier  où  le  comique  et  même  le 
grotesque  se  mêlent  au  funèbre  et  à  l'horrible;  où  il  ne  manque  rien 
que  l'affection,  la  dignité  et  le  respect. 

A  la  suite  de  cette  relation,  M.  Lachèvre  publie,  pour  la  première 
fois  intégralement,  les  106  Quatrains  du  Déiste,  ou  V Antibigot,  connus 
seulement  jusque-là  par  des  citations  fragmentaires,  et  par  les  réfuta- 
tions des  PP.  Mersenne  et  Garasse,  œuvre  anonyme  d'une  versifica- 
tion très  plate,  mais  exposé  systématique  et  fort  curieux  du  déisme 
des  «  libertins  ».  Enfin,  M.  Lachèvre  discute  une  opinion  de  Voltaire 
qui  voulait  enlever  à  Des  Barreaux,  pour  la  donner  à  l'abbé  Lavau, 
la  paternité  du  fameux  sonnet  du  Pénitent.  L.  C. 


Mathieu  de  llontniorency  et  ]fIa4Ëame  «le  Ktaël,  d'après 
les  lettres  inédites  de  M.  de  Montmorency  à  Mme  JVecker  de  Saus- 
sure, par  Paul  Gautier.  Paris,  Plon-Nourrit,  i908,  in-16  de  vii-311  p. 
avec  portrait.  —  Prix  :   3  fr.  50. 

La  très  agréable  et  gracieuse  figure  de  Mathieu  de  Montmorency, 
qui  est  aussi  très  vivante  et  très  humaine,  précisément  par  la  variété 
de  ses  enthousiasmes  successifs  et  l'ardeur  logique  de  ses  convictions, 
n'avait  jamais  encore  été  mieux  présentée  que  dans  ce  petit  livre.  Il 
n'offre  cependant  pas  une  vue  d'ensemble,  car  les  documents  em- 
ployés par  l'auteur  ne  commencent  pas  au  début  de  la  vie  de  M.  de 
Montmorency,  ne  se  poursuivent  pas  jusqu'à  sa  mort;  ils  vont  de 
1790  à  1817,  c'est-à-dire  qu'ils  passent  sous  silence  les  vingt-trois 
premières  et  les  dix  dernières  années  de  son  existence.  M.  Paul  Gautier 
a  voulu  limiter  son  sujet  aux  relations  de  son  «  héros  »  avec  M^^  de 
Staël  :  1790-1817;  il  a  utilisé  une  correspondance  assez  volumineuse 
échangée  entre  Mathieu  et  une  cousine  de  son  amie  :  M"^^  Necker  de 
Saussure  (la  fille  de  l'illustre  savant)  ;  et,  par  sélection,  ne  prendre  dans 
cette  correspondance  que  les  seules  lettres  où  il  est  question  de 
Mme  de  Staël. 

L'âmé  droite  et  candide,  on  dirait  naïve,  de  Mathieu,  se  montre  là 
tout  entière.  On  peut  regretter  que  le  côté  religieux  de  son  esprit  n'y 
soit  pas  un  peu  plus  étudié,  car-  ce  sont  ses  sentiments  catholiques, 
réveillés  après  les  catastrophes  publiques  et  domestiques  de  la  Révo- 
lution, qui  lui  donnent  la  pondération,  la  sagesse,  la  loyauté,  l'oubli 


—  356  - 

do  s(ii-mênio  qui  manquent  i-adicalenient  à  toute  la  «  société  »  de  ses 
amis  que  nous  voyons  déliler  sous  nos  yeux.  Par  sa  piété,  il  plane  au- 
dessus  des  misères  de  ces  gens  à  religion  fausse,  à  passions  coupables, 
aux  appétits  déchaînés,  aux  colèi'es  jalouses  et  aux  mensonges  faciles. 
La  figure  de  Benjamin  Constant,  l'une  des  plus  mésestimables  de 
cette  époque  de  palinodies,  est  bien  tracée  par  M.  Gautier  ou, pour 
mieux  dire,  par  les  documents  qu'il  produit  loyalement  (p.  23,  30,  57, 
63,  157,  224,  etc.).  Le  rôle  de  Mathieu  est  parfaitement  compris  et  l'on 
voit  comment  son  opposition  à  Napoléon,  qui  l'exila,  fut  suscitée  par 
la  persécution  impériale  elle-même,  et  pourquoi,  logiquement,  il  se 
trouve  dans  les  rangs  des  membres  de  la  «  Congrégation  »,  des  partisans 
des  princes  d'Espagne,  de  ceux  qui  secondent  les  Cardinaux  noirs, 
qui  portent  une  aide  respectueuse  à  Pie  VII  prisonnier,  de  ceux  à  qui 
songe  le  général  Malet  lors  de  sa  tentative  téméraire,  des  Français 
qui  saluent  avec  enthousiasme  le  retour  du  roi  de  France,  qu'ils  (tnt 
préparé. 

M.  Gautier  cite  des  paroles  charmantes  de  M.  de  Montmorency,  des 
traits  délicats  d'un  cœur  tendre,  d'un  esprit  distingué,  d'une  âme 
trop  indulgente  aux  fautes  de  ceux  qu'il  aime,  au  point  que  sa  vertu 
paraît  la  complice,  certainement  la  dupe  de  leur  malice.  La  situation 
<(  adverse  »  de  M'"^  de  Staël  et  de  son  vieil  ami,  à  la  restauration  des 
Bourbons,  est  bien  saisie,  bien  exposée  (p.  283);  les  pages  sur  sa  mort 
(14  juillet  1817)  demeurent  simples  et  touchantes.  L'auteur  a  ajoute 
là  tout  un  chapitre  heureux,  d'une  allure  rapide  (je  n'ose  dire  super- 
ficielle) aux  études  qu'il  a  entreprises  avec  sagacité  sur  M'"^  de  Staël, 
éloigné  du  panégyrique  et  du  dénigrement.  Je  regrette  l'absence  d'une 
table  nominative  à  la  fin  du  livre,  je  loue  une  jolie  petite  miniature 
de  M'"e  ]\ecker  de  Saussure. qui  en  orne  la  première  page. 

Geoffroy    de    Grandmaison. 


lia   Comtesse   de  Valoii,    A|toIlonie  de  la  Roclielamltert, 

souvenirs  d''  sa  vie,  s'i  famillu,  ses  amis,  ses  correspondants,  par  G^''- GlÉMBNT- 
SiMON.  Paris,  Plou-Nourril,  I9u9,  in-8  de  V-/404  p.,  avec  portrait.  —  Prix  : 
7  fr.  50. 

Descendant  par  ses  origines  paternelles  d'une  vieille  famille  d'Au- 
vergne que  le  hasard  d'un  mariage  avait  conduit  dans  le  Maine  au 
xviii®  siècle,  apparentée  par  sa  mère  à  de  nobles  maisons  de  Russie, 
mêlée  dans  son  enfance  aux  jeux  du  comte  de  Chambord,  élevée  en 
Prusse  où  elle  fréquenta  les  princes  royaux  et  se  créa  de  nombreuses 
amitiés,  mariée  à  un  Limousin,  dont  le  père  représenta  longtemps  à 
la  Chambre  son  pays,  Apollonie  de  la  Rochelambert,  comtesse  de 
Valon,  se  vit  appelée  par  les  circonstances  et  par  ses  relations  à  jouer 
un  certain  rôle  dans  les  affaires  de  notre  pays. 


—  357  - 

Ce  fut  surtout  pendant  la  guerre  sanglante  qui  mit  aux  prises 
avec  une  patrie  qu'elle  aimait  ardemment  cette  Allemagne  où  elle 
avait  laissé  de  si  chers  souvenirs  et  de  si  précieuses  amitiés  que  son 
action  eut  à  s'exercer.  Elle  ne  se  contenta  pas  de  donner  à  l'armée 
française  ses  deux  fils,  âgés,  l'un  de  dix-sept  et  l'autre  de  dix- 
neuf  ans;  elle  se  dévoua  encore  avec  une  belle  abnégation  au  soin  des 
blessés  et  au  soulagement  des  misères,  sans  se  laisser  atteindre  par 
les  soupçons  odieux  de  connivence  avec  l'ennemi  que  lançait  contre 
elle  l'afTolement  d'une  population  rendue  injuste  par  les  revers  et 
prompte  à  voir  partout  la  trahison.  Mais  ce  fut  surtout  pendant 
les  négociations  pour  la  paix  et  pendant  l'occupation  à  laquelle  devait 
mettre  un  terme  le  paiement  de  la  lourde  indemnité  de  guerre,  que 
son  action  se  manifesta  bienfaisante  ;  plus  d'une  fois  le  gouvernement 
où  elle  comptait  un  vieil  ami  dans  la  personne  de  Pouyer-Quertier 
fit  appel  à  son  intervention  et  mit  à  profit  les  relations  qu'elle  et  sa 
mère  avaient  avec  le  vainqueur. 

Royaliste  ardente  et  convaincue,  M'"^  de  Valon  fut  aussi  mêlée  à 
l'essai  de  restauration  monarchique. 

On  trouvera  là-dessus  plus  d'un  détail  curieux  et  inédit  dans  le 
livre  que  consacre  à  sa  mémoire  M.  Gustaj,^e  Clément-Simon;  long- 
temps honoré  de  l'amitié  de  cette  noble  femme,  l'auteur  n'a  pas 
puisé  seulement  dans  ses  souvenirs  personnels,  mais  aussi  dans  les 
papiers  de  famille,  dans  les  correspondances  largement  mis  à  sa  dis- 
position. Les  documents  qu'il  apporte  éclairent  plus  d'un  point  de 
l'histoire  contemporaine  :  le  rôle  de  Pouyer-Quertier,  par  exemple, 
ot  aussi  la  sincérité  du  ralliement  des  princes  d'Orléans  au  comte  de 
Chambord. 

On  y  trouvera  encore  plus  d'un  trait  pour  l'histoire  de  la  société 
tant  en  Allemagne  qu'en  France,  sous  Louis-Philippe  ou  sous  le  second 
Empire. 

Mais  ce  qu'a  voulu  faire  surtout  M.  Clément-Simon,  dans  ce  livre, 
primitivement  destiné  au  seul  cénacle  de  la  famille  ot  des  amis, 
c'était  de  tracer  un  portrait  fidèle  de  celle  qu'il  avait  appris  à  con- 
naître non  seulement  comme  «  une  femme  de  tête,  ;>  mais  surtout 
comme  «  une  femme  de  cœur,  une  âme  de  bonté  et  do  sentiment.  » 

II  a  bien  fait  de  céder  aux  instances  de  Cîu:-:  qui  lui  demandaient 
d'agrand'r  le  cercle  de  ses  lecteu  s  E.-G.  liEuos. 


liouis  Kouilltet,  son  milieu,  ises  hérédités,  l'amitié  de 
FCauberl,  par  Etienne  Frère.  Paris,  Société  française  d'impri- 
merie et  de  librairie,  1908,  in-18  de  307  p.  —Prix  :   3  fr.  50. 

L'auteur  de  ce   volume,    ayant  eu    communication  de  papiers  de 
famille   relatifs  à  L.  Bouilhet,  s'est  proposé  de  nous  montrer  le  poète 


-  358  - 

au  milieu  dos  siens  et  dans  l'intimité  de  sa  vie.  Cette  vie  fut,  du  reste, 
des  plus  ordinaires:  des  études  de  médecine  abandonjiées  pour  la  littéra- 
ture, quelques  séjours  à  Paris,  acceptés  plutôt  que  recherchés,  le  goût 
de  la  tranquillité  provinciale,  une  liaison  très  bourgeoise  dans  son  irré- 
gularité, beaucoup  de  timidité,  une  grande  facilité  à  se  laisser 
influencer,  des  croyances  religieuses  d'enfance  échangées  contre 
les  idées  naturalistes  à  la  mode  dans  le  groupe  littéraire  dont 
Louis  Bouilhet  subit  la  marque  :  en  voilà  les  principaux  traits. 
Très  brave  homme,  à  ce  qu'il  semble,  et  qui  aimait  beaucoup  sa 
famille.  Bouilhet  la  scandalisa  fort,  parce  qu'elle  était  provinciale, 
bourgeoise  et  pieuse,  et  qu'il  était  littérateur,  païen,  et  grand  ami  de 
Flaubert,  lequel  haïssait  le  bourgeois  et  le  prêtre  avec  une  férocité 
truculente  et  naïve.  Bouilhet  eut  la  passion  des  lettres  et  de  la  poésie 
dès  l'enfance  et,  pour  ainsi  dire,  héréditairement,  issu  d'un  père  qui 
s'épancha  dans  des  écrits  abondants  et  pompeux,  et  d'une  mère  qui 
cultiva  avec  grâce  le  genre  troubadour.  Littérairement,  l'influence  de 
Bouilhet  sur  Flaubert,  dont  il  tempérait  la  fougue,  et  qui  l'appelait  sa 
«  conscience  littéraire»,  et  réciproquement  l'influence  de  Flaubert  sur 
Bouilhet,  qui  fit  relire  une  partie  de  son  œuvre  par  son  illustre  ami, 
tel  est  le  point  le  plus  intéressant  de  l'étude  de  M.  Frère.  Parmi  les 
maîtres  de  Louis  Bouilhet,  il  indique  aussi,  en  passant,  Théophile  Gau- 
tier et  Leconte  de  l'Isle.  C'est  qu'en  effet,  soit  par  sa  richesse 
verbale,  soit  par  son  goût  de  l'exotisme,  soit  par  certaines  théories 
—  celle  par  exemple  de  la  mort  des  religions,  qu'il  a  mise  en  œuvre 
dans  sa  pièce  célèbre  la  Colombe,  —  Bouilhet,  dans  ses  vers,  trahit 
l'influence  de  l'auteur  de  la  Comédie  de  la  Mort,  et  au  moins  une 
communauté  d'inspirations  avec  l'auteur  des  Poèmes  antiques,  et 
c'est  ce  que  M.  E.  Frère  aurait  pu  développer  davantage,  si  son 
dessein  n'avait  pas  été  si  exclusivement  biographique.         L.  C. 


Stimples   SouYeiiirs,    1959-1909,    par  le   comte    de    Pimodan. 
Paris,  PIon-Nourrit,  1908,  in-16   de  386  p.  —  Prix:  3  fr.  50. 

Le  comte  Claude  de  Pimodan,  second  fils  de  l'illustre  soldat  catho- 
lique glorieusement  tombé  à  Castelfidardo  pour  la  défense  du  Saint- 
Siège,  a  voulu  retracer  les  étapes  de  sa  propre  existence  au  lendemain 
du  jour  où  lui-même  a  sacrifié  sa  carrière  (comme  son  père  avait  offert 
sa  vie)  à  ses  convictions  et  à  son  sentiment  de  l'honneur.  C'est  une 
victime  des  «  Inventaires  »,  et  il  a  brisé  son  épée  voyant  l'impossibi- 
lité de  continuer,  sans  déchéance  à  ses  yeux,  une  carrière  militaire 
brillamment  commencée. 

11  reprend  donc  les  Simples  souvenirs  de  sa  petite  enfance,  de  sa 
jeunesse  à  Saint-Cyr,  à  Saumur,  ses  débuts  au  régiment,  ses  garni- 
sons,  sa  mission  au  Japon  (comme  attaché  militaire),  son  séjour  en 


—  359  - 

Afrique  (chef  d'escadrons  à  Tlemcen),  son  passage  aux  bureaux  de 
l'état-major  de  l'armée  au  ministère  de  la  guerre;  enfin  la  doulou- 
reuse matinée  qui,  en  décembre  1906,  vit  Fexpulsion  policière  du 
grand  séminaire  de  Cambrai,  à  laquelle  il  dut  assister  en  service  com- 
mandé. La  table  des  matières  indique  au  lecteur  les  chapitres  oùisoat 
relatés  ces  événements  si  divers  tous  retracés- d'une  plume  alerte,,  vive 
et  vibrante;  notes  jetées  sur  le  papier  au  jour  le  jour  avec  une  certaine 
nuance  d'ironie  et  un  esprit  volontiers  mordant.  Ces  souvenirs  char- 
meront particulièrement  la  génération  des  hommes  de  cinquante  ans 
qui  retrouvera  là  cent  passages  des  impressions  qu'elle-même  a  reçues. 
Ils  intéresseront  aussi  tous  ceux  qui  ont  le  sentiment  de  l'honneur, 
le  goût  des  choses  militaires,. le  culte  delapatrie.  Petit  Hvre  facile,  agréa- 
ble, utile  à  lire  ;  qui  parle  de  bien  des  choses,  même  de  l'affaire  Dreyfus, 
car  M.  de  Pimodan  a  coudoyé  Foilicier  juif  dans  les  bureaux  de  la 
guerre;  et  sur  ce  point  délicat,  triste  (obsédant  et  ennuyeux  surtout) 
il  apporte  une  note  très  réservée,  très  sage,  très  neuve,  éclairant  peut- 
être  toute  cette  triste  histoire,  du  moins  ses  débuts,  en  soulignant  la 
rivalité  des  commandants  du  Paty  de  Clam  et  Picquart.  G. 


ItSelleis  du  pass^.  ]¥«wvelles   Études   d'àmes,   par  E^4    Tbr- 

RADB.   Paiis,  i'oussielgue,  1908,  in-lZ  de  vii-311   p.  —  Prix  :3  fr.  50. 

C)n  retrouvera  dans  ce  volume  la  même  abondance  d'informations, 
la  même  ouverture  de  sympathie  et  le  même  cliarme  que  dans  les 
Étiidea  d'âmes  (Cf.  Polybiblion,  octobre  1907,  t.  CX,  p.  359-360)  dues 
au  même  auteur.  Ces  pro'^aenades  à  travers  le  meilleur  du  passé  vont 
du  baptême  de  Clovis  et  des  sacres  de  rois  à  Reims,  de  Dante  et  de 
Pétrarque  jusqu'aux  romans  de  M..  Sienkiemcz,  rapprochés  des  Mar- 
tyrs de  Chateaubriand.  Mais  ce  sont  évidemment  les  âmes  qui  vécurent 
sous  l'influence  de  ce  fier  génie,  en  une  véritable  époque  de 
belle  renaissance  française,  qui  attirent  le  plus  cet  intelUgent 
amateur  de  noblesse  et  de  déhcatesse.  Il  se  complaît  à  recueillir  les 
souvenirs  de  l'Abbaye-aux-Bois,  à  opposer  Chateaubriand  à  Renan, 
à  montrer  Victor  Hugo  arraché  par  la  lecture  du  Génie  du  christia- 
nisme à  l'irréligion  voltairienne  de  sa  mère  et  préparé  ainsi  à  devenir 
le  pénitent  de  Lamennais.  (A  rapprocher  la  récente  étude  de  M.  Mau- 
rice Souriau  :  Les  Idées  morales  de  Victor  Hugo.) 

Attachantes  figures  de  femmes  que  celles  de  M^^^^  Yemeniz,  une 
amie  de  Lamennais,  et  celle  de  la  princesse  de  Condé,  tante  du  duc 
d'Enghien,et  qui  finit  ses  jours  parmi  les  bénédictines.  Le  seul  reproche 
que  l'on  pourrait  avoir  la  tentation  d'adresser  à  un  aussi  charmant 
critique,  c'est  de  voir  ceux  qu'il  ainEie'  plus  beaux  que  nature.  A  propos 
de  ce  qu'il  dit  (p.  113)  de  Chateaubriand,  de  Pétrarque  et  de  la  fon- 


—  360  - 

taine  de  Vaucluse,  je  n'ai  pu  m'empêcher  de  songer  à  une  lettre  du 
5  novembre  1802,  écrite  à  Fooitanes  par  l'auteur  du  Génie  du  christia- 
nisme et  publiée  par  M.  René  Kerviler  {Essai  d'une  bio-bibliographie 
de  Chateaubriand)  :  On  y  lit  :  «  J'arrive  de  Vaucluse;  je  vous  dirai 
ce  que  c'est.  Cela  vaut  sa  réputation.  Quant  à  Laure,  la  bégueule, 
et  à  Pétrarque  le  bel  esprit,  ils  m'ont  gâté  la  fontaine  ». 

Baron  J.  Angot  des  Rotours. 


l'oi'traîts  de  liiiancieriii  [Ouvrard,  Mollien,  baron  Louis,  Gandin, 
CorvcUo,  Lajfite,  de  Villèle),  par  André  Liesse.  Paris,  Alcan,  1908, 
in- 16  de  xvi-348  p.  —  Prix:  3  fr.  50. 

M.  Liesse  a  étudié  l'action  personnelle  des  hommes  qui,  à  des  titres 
divers,  ont  contribué  à  réorganiser  les  finances  de  la  France  dans  la 
période  comprise  entre  la  fin  du  Directoire  et  la  révolution  de  Juillt-t. 
Il  n'a  pas  voulu  faire  œuvre  d'historien  (pourquoi,  dans  sa  Préface, 
dit-il  :  «  œuvre  systématique  d'historien?  «  On  peut  être  historien 
sans  suivre  aveuglément  un  système)  ;  • —  mais  il  a  simplement  cherché 
à  connaître  quelle  a  été  la  formation  de  l'esprit  et  du  carac- 
tère, l'origine  des  idées  et  des  opinions  des  financiers  dont 
les  noms  précédent.  C'est  là  sans  doute  un  côté  technique,  un  peu 
spécial;  M.  Liesse,  professeur  au  Conservatoire  des  arts  et  métiers 
et  à  l'École  des  sciences  politiques,  a  mené  cette  enquête  à  bien,  préci- 
sément parce  qu'il  parle  en  homme  de  métier  parfaitement  compétent 
et  en  pédagogue  «  émérite  ».  Son  impartialité,  un  peu  forcée  parfois 
est  grande  ;  elle  enlève  la  chaleur  de  style,  mais  précise  l'idée  et  donne, 
du  poids  aux  conclusions  qui^sont  aussi  modérées  que  possible. 

A  côté  des  fonctionnaires  de  l'Empereur  :  Gaudin  (ministre  des 
finan-ces,  c'est-à-dire  des  recettes)  et  Mollien  (ministre  du  trésor,  c'est- 
à-dire  des  dépenses),  des  ministres  de  la  Restauration  :  Louis,  Corvetto, 
Villèle,  il  esquisse,  avec  une  certaine  sympathie,  la  figure  de  deux 
banquiers  qui  sembleraient  en  mériter  assez  peu  :  Ouvrard  et  Jacques 
Laffite,  le  premier  brasseur  d'affaires,  intelligent  sans  doute  mais  sans 
scrupules,  le  second,  ridicule  dans  son  personnage  de  «  bourgeois 
libéral  >>,  encore  plus  grotesque  qu'un  bourgeois  gentilhomme.  Cepen- 
dant les  agissements  d'Ouvrard  sont  intéressants  à  connaître.  Il  résulte 
de  cette  lecture  que  l'on  voit  comment  les  grandes  entreprises  de 
Napoléon  avaient  mis  à  mal,  à  la  fin,  les  finances  de  la  France,  et 
quelle  tâche  douloureuse  il  léguait  aux  Bourbons  sur  ce  terrain  comme 
sur  tant  d'autres.  Il  ressort  également  combien  la  Restauration  paci- 
fia les  esprits,  amena  la  prospérité  matérielle  autant  que  la  grandeur 
morale  de  notre  pays,  dans  les  conditions  les  plus  délicates.  M.  Liesse, 
qui  n'est  certainement  pas  royaliste,  en  apporte  loyalement  la  démons- 
tration d'une  façon  précise  et  péremptoire;  peut-être  un  peu  à  son 


—  361   — 

insu.  Son  livre,  sous  une  forme  modeste,  est  très  important  par  sa 
clarté  et  sa  compétence.  Les  portraits  des  ministres  de  l'Empereur 
sont  tracés  avec  sobriété;  dans  les  chapitres  consacrés  à  Laffîte  et  à 
M.  de  Villèle,  on  expose  (p.  284  et  p.  338)  cette  célèbre  conversion 
du  5  ^/o  proposée  en  1824  et  qui  amena  une  véritable  crise  politique; 
elle  avait  aussi,  en  partie,  une  origine  politique  et  une  portée  sociale 
autant  qu'économ.ique.  G. 

Biblio^rapliie    raisunnée    des    Œuvres    de     Ko^suet,    par 

l'abbé  V.  Verlaque.  Paris,  A.  Picard  et  fils,  1908,  in-8  de  viii-141  p. 
—  Prix  :  5  fr. 

M.  l'abbé  Verlaque,  bossuétiste  fervent  et  bien  informé,  a  vouli? 
combler  la  lacune  signalée  jadis  par  Brunetière,  quand  il  disait  cjue  f  s 
œuvres  de  Bossuet  n'ont  jamais  été  l'objet  d'une  bibliographie  rais  n- 
née.  Il  a  donc  pris  la  question  au  point  où  l'avaient  amenée  ses  p  t- 
décesseurs  immédiats,  M.  l'abbé  Bourseaud  et  M.  l'abbé  Ch.  Urbain, 
et,  profitant  des  recherches  et  des  travaux  plus  récents,  il  a  fait  son 
livre,  qui  rendra  des  services  non  seulement  aux  bossuétistes,  mais  à 
tous  ceux  qui  s'intéressent  au  génie  français.  Bien  entendu,  son  volume 
n'est  pas  un  livre  de  lecture,  mais  un  instrument  de  travail.  Il  se 
divise  en  quatre  parties  :  la  première  comprend  les  ouvrages  publiés 
du  vivant  de  Bossuet,  depuis  la  thèse  de  Navarre,  qui  est  de  1651, 
jusqu'à  V Explication  de  la  prophétie  d'Isaïe,  qui  porte  la  date  de  1704. 
Chaque  livre  est  accompagné  d'une  exacte  description  soit  de  l'édition 
originale  soit  des  éditions  qui  l'ont  suivie,  ce  qui  permet  d'en  recons- 
tituer l'histoire  en  quelque  sorte  extérieure.  L'auteur  a  soin  de  signaler 
les  traductions  contemporaines  en  diverses  langues  et  aussi,  quand  il 
y  a  Heu,  les  ouvrages  qui  ont  été  publiés  pour  y  répondre. 

La  seconde  partie  comprend  les  ouvrages  de  Bossuet  publiés 
isolément  depuis  sa  mort,  en  second  lieu  les  Lettres  de  Bossuet,  enfin 
les  ouvrages  attribués  à  Bossuet. 

La  troisième  partie  est  consacrée  aux  Collections  cV œuvres  de  Bossuet, 
édition  dite  de  Pérau  ou  de  Paris  (1734-1747)  ;  édition  de  Venise  (1736- 
1757);  édition  des  bénédictins  :  c'est  l'édition  de  Dom  Dcforis  (1772- 
1788),  les  collections  diverses,  enfn  les  Extraits. 

La  quatrième  partie,  c'est  la  bibliographie  des  documents  sur  Bos- 
suet et  ses  œuvres  :  Biographie,  Bossuet  et  le  Protestantisme,  Bossuet 
et  le  Gcdlicanisme,  Bossuet  et  le  Quiétisme,  Bossuet  et  le  J ansénisme, 
Oraisons  funèbres  et  Eloges  académiques,  Critiques  et  Histoire  lit- 
téraire, Bibliographie. 

Tous  les  admirateurs  de  Bossuet,  et  les  travailleurs  surtout  qui  en 
ont  fait  l'objet  de  leurs  études,  seront  reconnaissants  à  M.  l'abbé 
\'erlaque  de  leur  avoir  donné  ce  précieux  et  désormais  indispensable 
instrument  de  travail.  Edouard  Pontal. 


—  3r,2  — 
B^LLET!^ 

La  D^tiicace  des  ésilscs,  par  JULES  Baudot.  Paris,  Biouii,  l9oy,  in-i6  do 
(A  p.  —  Prix  :  0  fr.  60. 

Le  côté  historique  de  ce  rite  devenu  si  solennel,  est  minulisusement 
traité  dans  cet  opuscule.  Le  lecteur  y  trouvera  tous  les  éléments  d  une 
étude  approfondie. 

Le  rite  actuel  est  traité  dans  une  deuxième  partie,  aux  points  de  vue 
canonique,  liturgique  et  symbolique.  L'auteur  excelle  à  débrouiller  par 
d'heureuses  subdivisions  la  marche  assez  compliquée  de  cette  fonction 
pontificale.  Dans  une  note,  il  invite  le  lecteur  à  suivre  les  explications  en 
ayant  sous  les  yeux  le  texte  olFiciel. 

Cette  précaution  permettra  de  rectifier  le  détail  donné  de  la  procession 
<les  reliques  où  la  description  est  moins  heureuse  (page  51);  et  aussi  de 
préciser  la  tri^'S  intéressante  cérémonie  de  la  combustion  des  croix  de  cire  et 
des  grains  d'encens  sur  les  croix  de  la  table  d'autel.  La  phrase  qui  y  fait 
allusion  (page  55)  parait  vraiment  trop  vague. 

On  ne  peut  que  louer  l'heureuse  idée  de  grouper  les  détails  du  symbolisme 
en  les  rapprochant  des  rites  du  baptême  et  du  mariage. 

De  telles  études  font  comprendre  les  merveilleuses  richesses  d'instruction 
et  d'édifi-;ation  que  renferme  la  liturgie.  A.  Vigourel. 


tifs  l<léo»  inoftesi.  par  Albert  Bayet.    Paris,    Cornély,    1908,    petit    in-8   de 
220  p.   =    Prix  :   3  fr.  50. 

M.  Bayet  est  l'un  des  prophètes  de  la  loi  nouvelle,  cette  loi  très  laïque 
que  le  régime  actuel  vise  à  rendre  obligatoire,  pour  nous  prouver  son  grand 
amour  de  la  liberté.  Pour  M.  Bayet,  les  idées  mortes,  ce  sont  celles  auxquelles 
il  ne  croit  pas,  et  les  idées  vivantes,  ce  sont  les  siennes.  Il  les  professe  d'ail- 
leurs sans  enthousiasme,  étant  persuadé,  car  c'est  le  fond  de  sa  doctrine,  — 
si  l'on  peut  appeler  cela  une  doctrine  —  que  ce  qui  est  vrai  aujourd'hui 
peut  être  faux  demain,  et  que  le  bien  du  présent  a  des  chances  de  devenir 
le  mal  de  l'avenir.  Son  livre  est  un  manuel  d'anarchie,  mais  d'anarchie 
bourgeoise  et  peureuse,  oîi  les  idées  baroques  de  Victor  Hugo  s'amalgament 
aux  blasphèmes  sucrés  de  Renan.  Sur  les  dernières  pages  plane  la  figure 
réhabilitée  de  Judas.  L'auteur  a  des  lettres;  je  le  plains  d'en  user  si  mal. 
Cela  lui  a  d'ailleurs  peu  réussi.  Son  livre,  d'un  dilettantisme  rafTiné  mais 
vieillot,  où  M.  A.  France  lui-même,  le  maître  du  genre,  ne  se  reconnaîtrait 
plus,  abonde  en  propos  dignes  de  Homais.  Ouvrage  de  pure  fantaisie,  qui, 
en  dépit  du  talent  de  l'auteur,  n'arrive  pas  à  se  hausser  au  dessus  du  niveau 
d'un  livre  médiocre   et  d'un  mauvais  livre.  Edouard  Poxtal. 


ILa  Sloi-nie  de  la  Fi-s»nce,  par  Paul  Adam.  Paris,  Bauche,  s.   d.,  in-16 
de  xxv-311  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Pourquoi  ce  volume  est-il  ïntïtxûé  laMoralede  la  France?  Je  n'en  sais  rien- 
C'est  un  simple  recueil  d'articles  de  journaux  ou  de  revues,  et  le  soin  que 
l'auteur  a  mis  à  dissimuler  son  procédé  en  supprimant  le  titre  de  chaque 
article  pour  y  substituer  une  numérotation  anonyme  de  chapitres,  ne  sufTit 
pas  à  faire  un  livre  de  cette  série  de  chroniques  incohérentes.  M.  Paul  Adam, 
qui  me  paraît  dénué  d'esprit  critique,  adopte,  sans  y  regarder  de  près,  toutes 
les  conclusions  du  livre  qu'il  vient    de   lire,  et  proclame  comme  dogmes 


—   363  — 

intangibles  toutes  les  théories  scientifiques  ou  pseudo-scientifiques  dont 
l'ensemble,  d'ailleurs  très  variable,  constitue  le  fond  de  la  religion  de  la 
foule  des  primaires  d'aujourd'hui.Onpeut,certes,y  trouver  de-ci,de-là, quelques 
bribes  de  vérités,  mais  noyées  dans  une  masse  d'extravagances,  tout  juste 
bonnes  à  servir  un  jour  de  pâture  à  l'ignorante  curiosité  des  lecteurs  de 
journaux.  Lues  une  fois,  ces  chroniquettes,  d'un  style  souvent  vigoureux, 
mais  lourd,  ont  rempli  tout  leur  destin  et  ne  méritent  pas  d'être  fixées 
dans  un  livre.  Comme  il  est  question  de  tout  dans  la  Morale  de  la  France, 
sauf  peut-être  du  sujet  que  le  titre  annonce,  nos  lecteurs  comprendront 
que  je  me  sois  borné  à  en  indiquer  les  tendances  et  le  mode  de  composition, 
sans  me  mettre  en  peine  de  résumer  un  sujet  qui  n'existe  pas  :  de  sujets, 
l'auteur  en  traite  bien  une  centaine,  trois  fois  plus  qu'il  ne  nous  donne  de 
cliapitres,  et  franchement,  c'est  beaucoup  trop  pour  un  seul  livre. 

Edouard  Pontal. 


I»ci«séo(*    d'ii.-tfmoiiio.  par    M.    de    Meck.    Paris,   Plon-Nourrit,    1908,    in-16 
de  175  p.  —   Prix  :  3  fr.   50. 

Ce  livre  est  un  recueil  de  pensées,  de  très  inégale  importance,  et  où  il 
ne  faut  donc  pas  chercher  l'ordre  didactique  d'un  traité  de  philosophie  ou 
de  morale.  L'auteur  n'a  même  pas  essayé  d'introduire  dans  ses  pensées 
un  essai  de  classification  quelconque  qui  guiderait  un  peu  et  aiderait  à 
comprendre  ce  qu'il  a  voulu  faire.  A  vrai  dire,  je  trouve  ce  genre  bien  démodé 
■et  tout  juste  à  la  portée  de  ceux  (je  mets  à  part  l'espèce  très  rare  des  écri- 
vains de  génie)  qui  aspirent  à  se  faire  imprimer  mais  U'^  visent  pas  à  se 
faire  lire. 

Le  livre  de  M.  de  Meck  ne  débute  pas  trop  mal,  par  d'assez  bonnes  pages 
sur  l'amitié,  sur  la  mort,  sur  le  dévouement,  sur  la  souffrance  chrétienne. 
Puis,  à  mesure  qu'on  avance,  les  idées  deviennent  de  plus  en  plus  contes- 
tables et  bizarres,  et  l'on  n'emporle  de  cette  lecture  qu'une  impression  très 
mêlée.  Mettez  dans  un  mortier  un  peu  de  Brahma,  de  Fogazzaro,  de  Spinoza, 
de  Kant,  peut-être  de  Sabatier  et  de  Darmesteter,  bien  qu'ils  ne  soient  pas 
nommés,  broyez  le  tout  et  vous  aurez  un  résidu  peu  consistant  oii  se  con- 
dense à  peu  près  la  religion  de  l'auteur,  religion  exempte  de  tout  dogma- 
tisme, c'est-à-dire,  au  fond,  de  toute  vérité,  et  se  résolvant  en  une  vague 
religion  de  pure  sentimentalité.  C'est  un  appui  bien  peu  consistant  pour  y 
fonder  l'harmonie  des  âmes.  Aspirations  élevées,  si  l'on  veut,  mais  posées 
simplement  sur  un  piédestal  de  nuées,  qui  se  dissoudront  an  premier  sonfïle 
du  vent. 

Après  beaucoup  de  pensées  en  prose,  l'auteur  a  cru  bon  de  nous  donner  des 
vers  :  il  appelle  cela  Poésies,  lesquelles  valent  beaucoup  moins  que  sa  prose, 
et  il  aurait  mieux  fait  de  se  tenir  à  la  première  forme  de  ses  pensées.  L'art 
des  vers  lui  est  tout  à  fait  étranger.  11  y  a  là  des  vers  de  dix,  douze,  treize 
quatorze  et  quinze  pieds,  d'autres  plus  longs  peut-être,  car  je  ne  les  ai  pas 
tous  mesurés.  L'auteur  nous  dit  dans  sa  Préface  qu'il  est  étranger  :  excuse 
insuffisante;  car  enfin  rien  ne  l'obligeait  à  faire  des  vers  français.  JSle  sutor... 
M.  de  Meck,  dont  je  ne  suspecte  pas  d'ailleurs  les  bonnes  intentions,  aurait 
été  bien  inspiré  de  s'en  souvenir.  Edouard  Postal. 


—  364   -. 

Le*  Jaunes,  par  F.-Fkrd.  COCHET.  l'aris,  Savaèle,  s.  d.,  iti-8  ne  ^i5  p.  —  Prix  : 

0  fr.  50. 
Iv'Utopie   Jaune.    L,a    iVouveile    Monai-chie,  par   PiKKRii  FÉLIX.  Paris, 

Bonvalot-Jouve,  1908,  in-18  do  88  p.  —  l'rix  :   1  fr. 

On  trouvera  dans  la  brochure  de  M.  F. -F.  Cochet  un  rapide  historique 
du  mouvement  des  u  jaunes  «  depuis  leurs  premières  manifestations  en 
1899,  et  surtout  depuis  leur  rénovation  avec  M.  P.  Biétrj-  au  début  de  1904, 
après  une  sorte  d'approbation  de  son  programme  par  des  hommes  éminents 
de  science  et  de  foi.  L'auteur  refuse  de  souscrire  aux  allégations  âprement 
malveillantes  de  M.  Paul  Bureau  et  de  M.  Marc  Sangnier  contre  les  Jaunes. 
11  leur  est  sympathique.  11  veut  être  optimiste  à  leur  endroit,  mais  sous  con- 
dition. Il  ne  croit  à  leur  avenir  que  s'ils  se  donnent  plus  activement  et  plus 
exclusivement  à  leur  tâche  de  syndicat  ouvrier,  en  considérant  les  autres 
syndiqués  plutôt  comme  des  recrues  de  l'avenir  que  comme  d'irréduc- 
tibles adversaires,  en  évitant  toute  solidarité  compromettante  avec  les 
partis  politiques,  en  se  gardant  surtout  de  sembler  des  agents  ou  des  instru- 
ments des  patrons. 

—  Ecrite  par  ce  franc-parleur,  ce  franc-penseur  et  ce  franc-tireur  à  qui 
nous  devons  la  Contre-Révolution  et  VÉquivoque  démocratique,  l'étude  de 
M.  P.  Félix  est  vivement  critique.  Il  reproche  au  programme  de  M.  Biétry 
de  n'être  ni  bien  neuf  ni  précis,  de  n'offrir  guère  qu'un  assemblage  de 
formules  creuses  ou  de  promesses  irréalisables.  Le  placement  des  épargnes 
des  ouvriers  dans  rétablissement  qui  les  occupe,  et  dont  ils  deviendraient 
ainsi  co-propriétaires  pour  une  parcelle,  lui  semble  dangereux  à  recom- 
mander. L'auteur  croit  plus  sage  et  plus  utile  d'affirmer  qu'il  y  aura  toujours 
des  patrons  et  des  ouvriers,  les  seconds  subordonnés  aux  premiers,  et  que 
le  devoir  essentiel  du  patron  est  de  faire  prospérer  son  entreprise,  et 
que  l'effort  des  ouvriers  doit  simplement  tendre,  par  l'organisation  pro- 
fessionnelle, à  faire  monter  leurs  salaires  et  améliorer  leurs  conditions  de 
travail.  —  En  appendice,  une  critique  très  vive  aussi  de  l'hérédité  monar- 
chique chère  à  M.  Charles  Maurras,  M.  P.  Félix  étant  monarchiste,  mais 
en  laissant  au  chef  de  l'État  le  soin  de  désigner  son  successeur. 

Baron  J.  Angot  des  Rotours. 


Science  ou  Komnn,  par  John-Gérard  ;  traduction  de  Jean   d'Orlyé. 
Paris,  Savaète,  s.  d.,  in-8  de  150  p.  —  Prix  :  2  fr. 

Les  six  articles  de  revue  dont  est  formée  cette  brochure  ont  été  écrits 
assurément  dans  d'excellentes  intentions.  C'est  une  réfutation  du  darwi- 
nisme avec  une  argumentation  assez  exacte,  mais  un  peu  vieillie,  n'envi- 
sageant d'ailleurs  qu'un  seul  côté  de  la  question,  ne  tenant  compte  que  des 
faits  .contraires  à  la  théorie,  sans  examiner  ni  discuter  les  faits  favorables, 
ni  même  tenir  compte  des  nombreux  amendements  et  modifications  que 
ses  partisans  lui  ont  apportés  en  ces  dernières  années.  D'autre  part,  les 
titres  des  articles,  comme  celui  de  la  brochure  elle-même,  ne  répondent  pas 
toujours  ou  ne  répondent  que  de  loin  aux  sujets.  Qui  se  douterait  que,  sous 
la  rubrique  générale  :  Science  ou  Roman,  il  s'agit  de  darwinisme  et  de  posi- 
tivisme? Le  premier  article,  qui  comprend  l'exposé  de  la  théorie  d'évo- 
lution darwinienne,  est  intitulé  :  «  Une  Histoire  embrouillée  ».  Un  autre, 
désigné  comme  «Le  Jeu  de  la  spéculation,»  est  l'histoire  d'ailleurs  intéressan- 
te, voire  amusante,  des  mœurs,  ébats  et  habitudes  du  merle  d'eau  (cinclus 
aquaticus).  Dans    ce   chapitre  se  rencontre,  au  reste,  le  meilleur  argument 


-   3H5  - 

opposé  par  l'auteur  aux  doctrines  transformistes,  celui  de  l'ignorance  où 
nous  sommes  encore  de  la  plus  grande  partie  des  secrets  de  la  nature,  nous 
faisant  édifier  des  théories  qui  peuvent  être  renversées  plus  tard  par  les 
nouvelles  connaissances  acquises.  Le  chapitre  intitulé  :  «  La  Nouvelle 
Genèse  »  est  une  bonne  réfutation  du  matérialisme. 

En  examinant  certaines  références  indiquées  au  bas  des  pages,  et  notam- 
ment la  dernière  ligne  d'une  courte  Préface,  on  s'aperçoit  que  ces  articles 
remontent  à  l'année  1891.  Avons-nous  afTaire  ici  à  une  reproduction  tar- 
dive d'articles  de  quelque  revue  anglaise,  parus  il  y  a  16  ou  17  ans,  ou  à  une 
réimpression  récente  d'une  traduction  parue  à  cette  époque?  Le  titre  prin- 
cipal de  la  brochure  ne  portant  aucune  date,  on  ne  peut  répondre  à  cette 
question;  mais  de  l'ensemble  du  texte  il  résulte  que  l'œuvre  n'est  pas  pré- 
cisément une  nouveauté.  Ch.  de  Kirw.^x. 

i.e  Socs-et  «les»  soui-eiers.  par  le  D''  Gkorgks-Surblkd.  2»  éfliUon,  revue 
et  aiij.;inent,ee.  Paris,  .Aiuat,,  s.  d.,  in-1-2  de  33  p.  —  Prix  :  0  fr.  30. 

L'auteur  décrit  cette  faculté  singulière,  propre  à  certaines  personnes 
seulement,  qui  leur  permet,  tenant  en  chaque  main  l'une  des  hranches  d'une 
petite  fourche  en  bois  (ordinairement  en  coudrier)  ou  même  en  inétal,  de 
constater  la  présence  des  eaux  souterraines,  par  la  torsion  ({ue  la  petite 
fourche  fait  subir  aux  mains  qui  la  tiennent. 

Après  avoir  exam.iné  les  diverses  hypothèses  proposées  pour  l'explication 
de  ce  bizarre  phénomène,  et  avoir  écarté  toute  intervention  d'ordre  extra- 
naturel, l'auteur  en  trouve  la  cause  elïiciente  dans  cet  élément  encore  peu 
<  onnu  de  l'organisme  qu'est  le  fluide  magnétique  ou  vilal,  le  même  qui,  à  un 
degré  beaucoup  plus  développé  et  sous  une  forme  différente,  agite  les  «mé- 
diums »  quand  ils  sont  ce  qu'on  appelle  en  ?ra;ise.  C.  DE    KiRWAN. 


!.<•»   Pénsiies    comiois'eM,  par  LÉON  MONNiER.  Pari?.  V^ic  et  Amat  ;  Gray, 
O.  Roux,  1908.  in-12  de  188  p.  —  Prix  :  -2  fr .  50. 

Avant  d'écrire  son  petit  volume,  M.  Léon  Pionnier  semble  bien  l'avoir 
un  peu  rêvé.  Dans  une  lettre  servant  de  Préface,  adre.ssée  à  l'auteur  par 
M.  Etienne  Lamy,  de  l'Académie  française,  nous  relevons  ces  deux  phrases  : 
«  Avez-vous  eu  dès  l'abord  la  pensée  de  nouvelles  en  prose?  Je  me  le  de- 
mandais en  commençant  leur  lecture;  elle  m'a  prouvé  que  la  prose  elle- 
même  peut  être  poésie.  » 

Bien  jugé.  —  Mais,  tout  en  ratifiant,  j'engagerai  M.  L.  Monnier  à  s'efforcer 
d'être  un  «  provincialiste  »  plus  original,  plus  vrai  :  il  nage  un  peu  trop  dans 
le'  vague,  dans  le  bleu,  dans  le  mauve;  bref,  il  est  poète  à  l'excès  ;  voilà, 
certes,  un  reproche  que  la  plupart  des  romanciers  ou  nouvellistes  d'aujour- 
d'hui, courtisans  du  réalisme  brutal,  ne  risquent  guère  d'encourir. 

M.  L.  Monnier  est  un  jeune  —  cela  se  sent  —  qui  a  la  foi,  l'amour  de  la 
terre  natale  et  qui  semble  s'être  donné  pour  tâche  d'exalter  sa  province 
dans  une  série  de  petits  récits  :  s'il  en  est  ainsi,  véritablement,  je  vais  lui  offrir 
un  conseil  qui  vaut  son  pesant  de  remerciements  :  qu'il  prenne  pour  modèle 
son  compatriote  Georges  Riat,  si'  prématurément  enlevé  à  la  littérature, 
et  qu'il  lise  plusieurs  fois  son  volume  paru  en  1903  :  L\line  du  pays,  mœurs 
comtoises  :  au  point  de  vue  de  la  couleur  locale,  de  l'esprit  et  de  l'originalité 
dans  l'observation,  c'est,  dans  le  genre  «  nouvelles,  «  l'un  des  plus  remar- 
quables que  je  connaisse.  Et  si  M.  L.  Monnier,  en  travaillant,  nous  présente 
quelque  jour  un  recueil  de  cette  valeur,  je  serai  vraiment  heureux  de  le 
proclamer.  E.-A.   Chapuis. 


—  36  r,  — 


CHHONIOUL 


NÉCROLOGIE.  —  Le  corps  médical  français  a  fait  une  grande  perte  en  la 
personne  du  docteur  Motet,  mort  à  Paris,  le  11  mars,  à  76  ans.  Né  à 
La  Flèche  (Sai'thei,eii  1832,M.  Auguste  Motet,  après  de  bonnes  études  secon- 
daires, vint  suivre  les  cours  de  médecine  à  Pai'is  et  fut  brillamment  reçu 
docteur  en  1859,  avec  une  thèse  sur  les  Effets  toxiques  produits  sur  V homme 
par  la  liqueur  d'absinthe.  Bientôt  après,  il  fut  nommé  médecin  de  la  Petite- 
Roquette,  mais  tout  le  temps  qui  n'était  pas  absorbé  par  cette  fonction,  fut 
consacré  par  lui  à  Tétude  des  maladies  mentales.  Il  ne  tarda  pas  à  faire 
autorité  pour  tout  ce  qui  concerne  le  côté  médico-légal  d^e  Taliénation  men- 
tale. Devenu  expert  près  les  cours  et  tribunaux  de  la  Seine,  il  a  rendu  de 
grands  services  en  cette  qualité.  Membre  de  la  Société  de  médecine  légale 
de  France  dès  sa  fondation,  il  en  fut  le  secrétaire  général  en  1887  et  le  pré- 
sident en  1904.  11  était, en  outre, vice-président  de  l'Association  centrale  des 
médecins  de  France  et,  en  1895,  il  avait  été  élu  membre  de  l'Académie  de 
médecine.  Outre  de  nombreux  rapports  sur  l'organisation  de  la  médecine 
légale,  le  tarif  des  expertises,  etc.,  et  des  articles  insérés  dans  des  revues 
scientifiques,  telles  que  les  Annales  médico- psychologiques,  le  D*"  Motet  laisse 
des  ouvrages  fort  estimés,  particulièrement  sur  les  questions  de  psychiatrie 
médico-légale,  entre  autres  :  Les  Aliénés  devant  la  loi  (Paris,  1866,  in-8);  — 
Introduction  à  un  cours  d'hygiène  (Paris,  1866,  in-12);  — r  Siège  de  Paris 
(1870-1871).  L'Ambulance  militaire  de  Reuilly,  annexe  du  Val-de- Grâce 
(Paris,  1872,  in-8):  —  Eloge  de  Morel,  lu  à  la  séance  publique  annuelle  de  la 
Société  médico-psychologique  (Paris,  1875,  in-8l:  — Accès  de  sonifiambulisme 
spontané  et  provoqué  :  prévention  d'outrage  public  à  la  pudeur.  Relation 
médico-légale  (Paris,  1881,  in-8). 

—  M.  Alexandre  Beaume,  avocat  à  la  Cour  d'appel  de  Paris  et  l'un  des 
doyens  de  l'ordre,  est  mort  au  commencement  de  mars,  à  l'âge  de  82  ans. 
Il  était  né  à  Paris  en  1827,  et  s'était  fait  inscrire  au  tableau  des  avocats  le 
24  novembre  1849.  Il  a  publié,  avec  la  collaboration  de  plusieurs  de  ses 
collègues,  un  certain  nombre  d'ouvrages  concernant  la  jurisprudence  et 
siu'tout  les  questions  de  propriété  littéraire  et  artistique  qu'il  avait  tou- 
joxu's  étudiées  avec  prédilection.  Les  plus  connus  sont  :  Code  général  de  la 
propriété  industrielle,  littéraire  et  artistique,  cow^prenant  les  législations  de 
tous  les  pays  et  les  traités  internationaux  sur  les  inventions  brevetées,  les 
œuvres  de  littérature,  de  musique,  de  théâtre,  de  peinture,  de  ■  dessin,  sculpture 
et  gravure;  les  enseignes,  les  noms  des  commerçants,  les  marques  et  les  dessins 
de  fabrique  (Paris,  1854,  in-8),  avec  Etienne  Blanc;  —  Dialogue  des  morts 
sur  la  propriété  littéraire  (Paris,  1862,  in-8),  avec  M.  Huai'd ;  —  Recueil  des 
actions  possessoircs,  jurisprudence  générale  des  cours  et  des  tribunaux  (Paris, 
1863,  in-16),  avec  M.  Laurent  Jay.  ]\t  Beaume  a  donné  en  outre  avec  M. 
Ch.  ^lillion,  une  troisième  édition  de  l'ouvrage  de  M.  Laurent  Jay  :  Dic- 
tionnaire général  et  raisonné  des  justices  de  paix  en  matières  civile,  adniinis- 
trative,  de  simple  police  et  d' instruction  criminelle  (Paris,  1869,  5  vol.  in-8). 
De  plus,  il  avait  fondé,  toujours  avec  M."  Million,  les  Annales  et  journal 
spécial  des  justices  de  paix,  ainsi  que  le  Bulletin  spécial  des  décisions  des 
juges  de  paix.  Mais  M.  Beaume  n'était  pas  tellement  absorbé  par  ses  graves 
occupations  juridiques  qu'il  ne  pût  consacrer  une  partie  de  son  temps  à  des 
travaux  ]:iurement  littéraires.  C'est  ainsi  qu'il  a  écrit  avec  M.  Ch.  Nuitter 
plusieurs  hvrets  d"opér.as-comiques  qu'il  a  signés  du  pseudonyme  de 
Beaumont  et  parmi  lesquels  nous  citerons  :  Une  Nuit  à  Séville  (Paris,  1855, 


-  367   - 

in-12,  );  —  Abou-Hassan  (Paris,  1859,  in-12)-,  —  La  Flûte  etichantée  (Paris, 
1865,  in-12);  —  Le  Lion  de  Saint-Marc  (Paris,  1865,  in-12);  —  Macbeth 
(Paris,  1865,  in-12);  —  Le  Docteur  Crispin  (Paris,  1866,  in-12);  —  Car- 
dillac  (Paris,  1868,  in-12)  ;  —  Le  Vengeur  (Paris,  1869,  in-12)  ;  —  Les  Masques 
(Paris,  1869,  in-12);  —  Le  Dernier  Jour  de  Pompéi  (Paris,  1869,  in-12);  — 
Le  Cœur  et  la  main  (Paris,  1882,  in-12),  etc.  Eniin  il  a  composé  quelques 
nouvelles,  comme  :  Le  Legs  du  cousin  Drack  (Paris,  1881,  in-12)  et  le  Beau 
Colonel  (Paris,  1884,  in-12). 

—  Vers  le  milieu  de  février,  M.  l'abbé  Victor  Verlaque,  chanoine  titu- 
laire de  la  cathédrale  de  Fréjus,  écrivain  et  érudit  distingué,  est  mort  à 
Tamaris-sur-Mer  (Var),  à  65  ans.  Fils  de  l'illustre  créateur  des  chantiers 
de  la  Seyne,  il  était  né  en  1844.  Venu  à  Paris  pour  faire  ses  études  ecclésias- 
tiques au  séminaire  de  Saint-Sulpice,  il  fut  ordonné  prêtre  dans  ccXi'^ 
même  ville  et  fut  attaché  comme  professeur  à  TÉcole  Bossuet  au  moment  de 
sa  fondation.  Plus  tard,  il  fut  nommé  aumônier  de  la  marine,  et  enfin,  étant 
rentré  dans  son  diocèse  d'origine,  il  devint  un  des  membres  du  chapitre  de 
la  cathédrale  de  Fréjus,  et  consacra  son  temps  désormais  à  la  pubhcation 
de  savants  ouvrages,  principalement  sur  l'histoire  hagiographique  de  la 
Provence.  Voici  les  titres  des  principaux  :  Histoire  du  cardinal  de  Fleury  et  de 
son  administration  (Paris,  1877,  in-12);  —  Jean  XXII,  sa  vie  et  ses  œuvres 
d'après  des  documents  inédits  (Paris,  1883,  in-8):  —  Saint  Louis,  prince 
royal,  évêque  de  Toulouse,  et  la  Famille  d'Anjou  au  xiii*^  siècle,  diaprés  des 
documents  inédits  (Paris,  1885,  in-12)  ;  —  Bibliograqhie  raisonnée  des  Œuvres 
de  Bossuet  (Paris,  1908,  in-8).  M.  l'abbé  N'erlaque  était  membre  cor- 
respondant de  plusieurs  sociétés  savantes. 

—  La  Hongrie  vient  de  perdre  un  de  ses  meilleurs  économistes,  M.  Jules 
Kautz,  né  à  Gyôr,  le  5  novembre  1829.,  Professeur  à  l'Ecole  de  droit  de 
Nagy-Vàrad,  il  publia  d'abord  :  Adam  Smith  et  V Économie  politique  mo- 
derne (1854).  Quelques  années  plus  tard,  il  donnait  :  La  Statistique  de  la 
monarchie  hongroise.  Vidée  de  VEtat  dans  le  développement  de  Vhistoire 
universelle  (1862);  - — •  Ecoiwmie  politique  et  finance  (1860-1863);  — -  Eco- 
nomie politique  et  Politique  douanière:  —  Histoire  du  développement  de 
Vidée  économique  et  son  influence,  en  Hongrie  (1874);-—  La  Politique  ou 
V administration  de  VÉiat  (1877);  il  avait  aussi  donné,  en  langue  allemande  : 
Théorieet  histoire  de  V  économie  politique  et  sa  littérature  (Vienne,  1858-1860), 
qui  a  été  traduit  en  hongrois.  M.  Jules  Kautz  devint,  en  1892,  gouver- 
neur de  la  Banque  austro-hongroise.  Il  était  membre  de  l'Académie  hon- 
groise depuis  1860  et  a  collaboré  à  de  nombreuses  revues  spéciales. 

—  On  annonce  encore  la  mort  de  MM.  :1e  D"^  B ai lleax",  auteur  de  divers 
ouvrages  d'archéologie,  mort  au  commencement  de  mars,  à  Pierrefitte-sur- 
Loire  (Allier),  dans  sa  79"  année;  —  le  D'"  Barrette,  chirurgien  distingué 
et  professeur  à  l'Ecole  de  médecine  de  Paris,  mort  en  cette  ville.,  à  la  fin  de 
mars,  à  57  ans;  —  Louis-Mncent  Bigot,  ancien  sous-préfet  de  Senlis  et 
d'Étampes,  ancien  collaborateur  du  Temps,  mort  à  Paris,  au  milieu  de 
mars,  à  77  ans;  —  Eugène  Capé-Moktrosier,  critique  d'art  distingiié, 
mort  àParis,  à  la  fin  de  mars,  à  69  ans;  —  Louis  Cornu,  secrétaire  général 
de  l'Association  nationale  de  la  meunerie  française,  directeur  du  Marché 
français,  mort  au  milieu  de  mars,  à  Menton,  à  59  ans;  — •  ÉticTine  Dubois 
DE  l'Estaxg,  inspecteur  général  des  finances,  ancien  professeur  à  l'Ecole 
libre  des  sciences  politiques,  qui  a  collaboré  au  Nouveau  Dictirinnaire  déco- 
nomie  politique  et  a  publié  une  étude  sur  Turgot  et  la  Famille  royale,  mort 

•^à  Paris,  au  commencement  de  mars,  à  l'âge  de  58  ans;  — -  Victor  Egger, 


-  368  - 

professeur  à  la  Faculté  des  lettres  de  Paris,  fils  d'Emile  Rgger,  le  célèbre 
helléniste,  auteur  de  plusieurs  ouvrages,  entre  autres  d'une  thèse  de  doc- 
torat, qui  souleva  de  nombreuses  discussions  lorsqu'elle  fut  publiée  :  La 
Parole  intérieure,  essai  de  psychologie  descriptive  (Paris,  1881,  in-8),  mort  à 
Paris,  au  milieu  de  février,  à  71  ans;  —  Charles  Letort,  conservateur  à  la 
Bibliothèque  nationale,  mort  à  Paris,  à  la  fin  de  janvier,  à  l'âge  de  63  ans; 
—  Maurice  Léyy,  professeur  de  physique  à  Paris,  mort  dernièrement  en 
cette  ville,  à  71  ans;  —  Alfred  de  Lostalot  de  Bachoué,  un  des  plus  an- 
ciens rédacteurs  et  le  sous-directeur  de  la  Gazette  des  beaux-arts  et  de 
rillustration,  auteur  de  plusieurs  ouvrages  sur  la  peinture  et  la  gravure, 
notamment  de  :  L'École  française  de  Delacroix  à  Regnault  (Paris,  1891,  in-4), 
de  quelques  œuvres  dramatiques  qui  n'ont  pas  été  représentées,  et  d'une  tra- 
duction de  la  comédie  allemande  d'Henri  de  Kleist:  La  Cruche  cassée,  mort  à 
Paris,  le  2  mars,  à  71  ans;  - —  Mélard,  qui  pendant  plusieurs  années  a  dirigé 
la  Revue  des  eaux  et  forêts  et  qui  n'a  cessé  d'y  collaborer  activement,  mort 
au  commencement  d'avril;  —  de  Moidrey,  ancien  magistrat,  rédacteur 
du  journal  la  Croix,  mort  en  mars,  au  château  d'Hanoncelles;  —  le  mar- 
quis Emmanuel-Henri-Victurnien  de  Noailles,  ancien  ambassadeur  de 
France  à  Piome,  à  Constantinople  et  à  Berlin,  qui,  entre  autres  études  histo- 
riques, a  publié  :  Henri  de  Valois  et  la  Pologne,  ouvrage  couronné  par  l'Acadé- 
mie française,  mort  le  16  février,  à  l'âge  de  79  ans  ;  —  Emmanuel  Poiré, 
plus  connu  sous  le  nom  de  Caran  d'Ache,  le  célèbre  dessinateur  et  caricatu- 
riste, qui  avait  fourni  une  quantité  énorme  de  dessins  à  diverses  publica- 
tions illustrées,  le  Gil  Blas,  la  Vie  parisienne,  la  Caricature,  le  Figaro, 
r Assiette  au  beurre,  etc.,  mort  à  Paris,  le  26  février,  à  51  ans;  —  Frédéric- 
Salomon  Rauh,  chargé  de  cours  de  philosophie  à  la  Sorbonne  et  à  l'École 
normale  supérieure,  mort  à  Paris^  au  milieu  de  février,  à  48  ans,  lequel  a 
exercé  une  grande  influence  au  point  de  vue  antireligieux,  par  son  ensei- 
gnement et  ses  ouvrages,  tels  que  :  De  la  méthode  dans  la  psychologie  des 
sentiments  (Paris,  1899,  in-8)  et  Essai  sur  le  fondement  métaphysique  de  la 
morale  (Paris,  1891,  in-8);  —  le  baron  Edmond  be  Rivières,  cjui  a  collaboré 
très  activement  au  Bulletin  monumental,  aux  Mémoires  de  la  Société  ar- 
chéologique du  midi  de  la  France,  aux  Mémoires  de  la  Société  archéologique 
de  Tarn-et- Garonne  et  à  la  Revue  du  Tarn,  mort  le  13  janvier  dernier,  dans 
son  château  de  Rivières,  près  Gaillac  (Tarn),  à  l'âge  de  73  ans;  —  Jules 
Roques,  directeur  du  Courrier  français,  mort  à  Paris,  au  commencement 
de  mars;— Antoine- Jean-Louis  DE  Tard  y,  vicomte  de  Montravel,  membre 
de  nombreuses  société»  savantes  françaises  et  étrangères,  qui  a  publié  dans  la 
Revue  du  Vivarais  quaniiié  d' études  et  d'articles  sur  l'histoire  et  sur  les  fa- 
milles de  cette  région,  mort  le  28  février,  au  château  de  Blou,  à  Thueyts(Ar- 
dèche),  à  l'âge  de  86  ans;  —  Céleste  Vénard,  actrice  très  en  vue  sous  le  second 
Empire  et  connue  sous  le  nom  de  «  la  Mogador,  »  morte  dans  le  courant 
de  février,  à  Paris,  à  85  ans,  laquelle,  après  avoir  abandonné  la  scène,  lors 
de  son  mariage  en  1853  avec  le  comte  de  Chabrillan,  écrivit  un  certain 
nombre  de  nouvelles,  entre  autres  :  Sapho  et  les  Voleurs  d'or,  ainsi  que 
5  volumes  de  Mémoires  dont  la  publication,  plusieurs  fois  retardée,  ne 
put  avoir  heu  qu'en  1876  sous  ce  titre  :  Adieux  au  monde.  Mémoires  de 
Céleste  Mogador;  —  Auguste  Voigt,  ancien  professeur  de  physique  au 
lycée  de  Lyon,  ancien  membre  du  Conseil  supérieur  de  l'instruction  pu- 
blique, mort  le  11  mars,  à  Géanges  (Saône-et-Loire),  à  82  ans. 

—  A  l'étranger  on   annonce  la  mort  de   MM.  :  H.   O.  Arnold-Forster, 
écrivain  anglais,  mort  le  12  mars,  à  54  ans,  auquel  on  doit,  entre  autres 


—  360  — 

volumes  :  The  War  Office,  the  Army  and  the  Empire  (Londres,  1900,  in-8), 
The  Army  in  1906;  a  Policy  and  a  ^indication  f Londres,  1906,  in-8)  et 
Military  Needs  and  Military  Policy  (Londres,  1908,  in-8);  —  D^  Emile 
AscHKiNASs,  professeur  de  physique  à  l'Université  de  Berlin,  mort  en  cette 
ville,  le  l^"^  mars,  à  36  ans;  —  D""  Alfr.  Baldamus,  historien  et  géographe 
allemand,  professeur  au  gymnase  du  Roi  Albert  de  Leipzig,  mort  en  cette 
ville,  à  la  fin  de  décembre,  à  52  ans;  —  Edouard  Blaes,  auteur  de  plu- 
sieurs ouvrages  sur  la  musique,  mort  à  Gendbrugge  (Belgique),  1  ■  14  mars, 
à  l'âge  de  63  ans; — Sir  Rowland  Blennerhassett, ancien  inspecteur  des 
écoles  en  Irlande,  ancien  directeur  du  «  Queen's  Collège,  »  d^  Cork,  auteur 
de  plusieurs  ouvrages  sur  la  politique  étrangère,  mort  le  22  mars;  —  W.  H. 
Bliss,  représentant  du  «  Public  Record  Office  »  de  Londres  à  Rome  et  dans 
l'Italie  centrale,  mort  à  Rome,  le  8  mars,  à  74  ans,  lequel  avait  édité,  alors 
qu'il  dirigeait  la  publication  du  catalogue  de  la  Bibliothèque  Bodléienne,  le 
Liber  Regalis  et  1  s  quatre  premiers  volumes  de  la  liste  des  bulles  papales 
se  rapportant  aux  Iles  Britanniques;  —  Ruperto  Chapi,  compositeur  es- 
pagnol, auteur  de  .morceaux  populaires,  mort  dans  le  courant  de  mars,;  — 
D''  Richard  Englander,  professeur  de  constructions  de  machines  à  l'École 
technique  supérieure  de  Vienne,  mort  en  cette  ville,  à  la  fi  de  décembre,  à 
59  ans;  —  Frederick  Gard  Fleay,  professeur  et  écrivain  anglais,  auteur 
d'ouvrages  de  valeur,  tels  que  :  Life  of  Shakespeare,  Chronicle  of  the  En- 
glish  Stage  et  Biographical  Chronicle  of  the  English  Drania,  mort  au  milieu 
d  mars;  —  Gustav  af  Geijerstam,  écrivain  suédois,  mort  à  Stockholm, 
le  6  mars,  à  51  ans;  —  M"'^  Emmy  Gordon,  née  von  Beulwitz,  femme  de 
leltres  allemande,  morte  dernièrement  à  Wurtzbourg,  à  laquelle  on  doit, 
entre  autres  volumes  :  P raktis cher  Rat geber  fur  Erverb  suchende  Frauen  und 
Maedchen  ais  besseren  Staenden  (Leipzig,  1883,  in-8)  ^i  Die  Pflichten  eines 
Dienstmaedchens  oder  das  A-B-C  des  Haushaltes  (Donauwertli,  1894,  in-12)  ; 

—  D""  Rudolf  VON  GoTTscHALL,  écrivaiu  allemand,  mort  dernièrement  à 
Leipzig,  à  96  ans,  lequel,  étant  étudiant,  avait  publié  deux  volumes  devers 
rela  ifs  au  mouvement  libéral,  ce  qui  lui  valut  d'être  expulsé  de  Breslau, 
sa  ville  natal'^  —  D"^  van  Heubck,  savant  bel,e,  connu  pour  s'^s  études  sur 
les  diatomées,  dirpct?ur  du  Jardin  zoologique  d'Anvers,  mort  dernière- 
ment en  ce* le  ville;  —  D''  Paul  Horn,  professeur  de  philologie  orientale  à 
rUniver  ité  de  Strasbourg,  mort  en  cette  ville,  dernièrement,  à  46  ans, 
lequel  laisse  plusieurs  ouvrages  importants,  tels  que  :  Die  Denkwûrdigkeiten 
Schah  Thaniasi's  l  von  Persien  (1515-1576),  ans  dem  Original-Text  zum 
trsten  Maie  ûbersetzt  und  mit  Erl-.e'iterungen  versehen  (Strasbourg,  1891, 
in-8);  £)as  Heer  und  Kriegswesen  der  Gr  ssmoghuls  (Leiden,  1874,  in-8)  et 
AsadVs  neupersisches  Woerterbuch  Lughat-i  Furs  (Goettin^ue,  1897,  in-4); 

—  Ernst  Hrusa,  profe.sseur  de  droit  romain  à  l'Université  autrichienne 
d'Innsbruck,  mort  en  cette  ville,  le  l'^'"  mars,  à  53  ans,  lequel  a  publié  :5ei- 
traeg  ■  zur  Geschicht"  des  griechischen  und  roemischen  Familienrechts  (Leipzig, 
1892-1894,  in-8);  —  Xaver  Imfeld,  géographe  suisse,  mort  à  Zurich,  à  la 
fin  de  février;  —  D''  Johann  vox  Kelle,  philologue  allemand,  ancien  pro- 
fe  seur  de  langue  et  de  littérature  allemandes  à  l'Université  allemande  de 
Prague,  un  des  derniers  élèves  survivants  des  célèbres  frères  Grimm,  auteur 
d'une  Geschichte  der  deutschen  Literatur  von  der  aeltesten  Zvit  bis  zum  drei- 
zehnten  Jahrhundert  et  d'une  excellente  édition  de  V Evanglien- harmo- 
nie d'Ottf  ied,  mort  dernièrement  à  Prague,  à  l'âge  de  8r  ans  ;  — ■ 
j^jme  Henriette  Keller-Jordan,  femme  de  lettres  allemande,  morte  der- 
nièrement à  Munich,  à  74  ans,  dont  nous  citerons  :  Natalie,  Eine  Erzeah- 

AVRIL  190y.  T.  CXV.  -2L 


—  370  — 

lujig  ans  der  Zeit  Kaiser  Maximilians  in  Mexico  (Tubingue,  1885,  in-8)  et 
Ausgewanderte.  Roman  (Stuttgart,  1892,  in-8);  —  Alexander  Romanovitch 
Kreisberg,  bibliothécaire  de  l'Université  de  Saint-Pétersbourg,  mort  en 
cette  ville,  le  9  février; —  Dr.  Simon  S.  Laurie,  professeur  d'histoire  de 
l'éducation  à  Edimbourg,  auteur  de  nombreux  ouvrages  sur  la  philo- 
sophie et  les  méthodes  d'enseignement,  tels  que  :  Fhilosophy  ofEthics  (1866), 
Primary  Instruction  in  Education  (1867),  Lije  and  Educational  Writings  of 
J.  A.  Comenius  (1881),  plusieurs  fois  réimprimé,  Linguistic  Method  in 
Schools  (1890),  etc.,  mort  à  Edimbourg,  le  2  mars,  à  80  ans;  —  Dr.  H.  M. 
LucKOCK,  doyen  de  Lichfiel,  ancien  principal  de  1'  c.  Ely  Theological  Col- 
lège,, ))  auteur  de  :  After  Death,  mort  au  milieu  de  mars;  — ■  Georg  Nikolaus 
Marschall,  professeur  allemand,  mort  à  Munich,  le  15  février,  à  83  ans, 
lequel  laisse  entre  autres  volumes  :  Deutsches  Sprachbuch  (Munich,  1883, 
in-8)  et  Deutsches  Lesebiich  jur  hoehere  Lehranstalten  (Nuremberg,  1884,  in-8)  ; 
■ —  Junius  Massai",  professeur  de  physique  et  de  mathématiques  à  l'Uni- 
versité belge  de  Gand,  mort  dernièrement  en  cette  ville,  à  78  ans;  —  Her- 
mann  Julius  Meyer,  éditeur  allemand  connu,  mort  le  12  mars,  à  Leipzig,  à 
83  ans;  —  D''  Ludwig  Oldeinburg,  écrivain  allemand  connu,  mort  à  Berlin, 
le  15  mars,  à  65  ans;  —  Ottomar  Piltz,  écrivain  allemand,  mort  à  la  fin 
de  décembre  à  Maderno,  sur  le  lac  de  Garde,  à  44  ans;  —  Gustav  Pilz,  pro- 
fesseur de  médecine  vétérinaire  à  Kœnigsberg  (Prusse),  mort  en  cette  ville, 
à  la  fin  de  décembre;  —  Dr.  Richard  Pischel,  professeur  de  sanscrit  à 
l'Université  de  Berlin,  mort  à  la  fin  de  décembre,  à  Madras  (Hindoustan), 
à  59  ans,  lequel  a  publié  plusieurs  ouvrages,  notamment  :  Die  Hofdichter 
des  Laksmanasena  (Goetingue,  1893,  in-4)  et  Beitraege  zur  Kenntniss  der 
deutschen  Zigeuner  (Halle,  1894,  in-4);  —  Frederick  G.  Hilton  Price, 
banquier  et  archéologue  anglais,  directeur  de  la  «  Society  of  Antiquaries,  » 
président  de  1'  «  Egypt  Exploration  Fund,  )>  vice-président  de  la  «  Society 
of  Biblical  Archaeology,  »  membre  de  la  «  Geological  Society  »  et  de  plu- 
sieurs autres  sociétés  savantes,  auteur  de  quelques  ouvrages  estimés,  tels 
que  :  A  Handbook  of  London  Bankers;  The  Manjgold;  Signs  of  Lombard 
Street;  Old  Base  Métal  Spoons,  mort  à  Cannes,  en  France,  le  20  mars;  — 
D''  August  Reifferscheid,  professeur  de  philosophie  à  l'Université  alle- 
mande de  Greifwald,  depuis  1877,  mort  en  cette  ville,  le  11  février,  à  62 ans, 
lequel  laisse  de  nombreux  et  importants  ouvrages,  notamment  :  Anec- 
dotum  Fulgentianum  (Breslau,  1883,  in-8);  Quaestiones  syntacticae.  Schedae 
Basilicanae  (Breslau,  1885,  in-4);  Marcus  Evangelian  Mart.  Luther'' s. 
Nach  dem  Septemberhibel  mit  den  Lesearten  aller  Orig.  Ausgaben  und  Proben 
aus  denhoch  deutschen  N achrucken  des  16  Jarhunderts  herausgegeben  (Leipzig, 
1889,  in-8);  —  Ernest  Rousseau,  professeur  de  physique  à  l'Université 
libre  de  Bruxelles,  mort  à  Paris,  à  la  fin  de  décembre,  à  77  ans;  —  Dr.  Kar. 
Schaarschmidt,  professeur  d'histoire  de  la  philosophie  à  l'Université  alle- 
mande de  Bonn,  mort  le  26  décembre,  en  cette  ville,  à  86  ans,  auquel  on 
doit  entre  autres  publications  :  Ueber  den  Unsterblichkeitsglauben.  Ein 
Vortrag  (Heidelberg,  1883,  in-8);^ — ^  Dr.  Ludwig  Schiffaer,  professeur  de 
droit  romain  et  de  droit  civil  autrichien  à  l'L'niversité  d'Innsbruck,  mort 
en  cette  ville,  le  3  janvier,  à  63  ans,  lequel  a  publié  :  Der  V ermaechtinssver- 
trag  nach  oesterreichischem  Recht  mit  Bervcksichtung  des  gemeinen  Rechts 
wie  der  neueren  Codificationen  und  EntwUrfe,  insbesondere  auch  des  deuts- 
chen Entwurfs  (Leipzig,  1891,  gr.  in-8);  —  Dr.  Alwin  Schultz,  écrivain 
allemand,  auteur  d'ouvrages  sur  l'histoire  de  l'art  et  de  la  civilisation, 
mort  le  12  mars,  à  Munich,  à  71  ans,  auquel  on  doit  :  Einfiihrung  in  das  Stu- 


—  371  — 

diwn  der  neucren  Kunstgeschichte  (Prague,  1886-1887,  in-8);  Alltagsleben 
einer  deutschen  Frau  im  Anfgang  des  18  Jahi-Juoulerts  (Leipzig,  1890,  in-8) 
etc.;  —  Dr.  Karl  Seggel,  ophtalmologue  allemand,  mort  le  2  mars,  à  Mu- 
nich, à  72  ans,  dont  nous  citerons  :  Sehproben-Tafeln  zur  Prf'fung  des 
Lichtsinns  (Munich,  1888,  in-8); —  Dr.  James  Hutchison  Stirling,  médecin 
anglais, qui  al)andonna  la  pratique  de  son  art  pour  s'occuper  de  philosophie 
et  a  publié  un  certain  nombre  d'ouvrages  dont  les  plus  connus  sont  : 
The  Secret  of  Hegel  (1865)  réimprimé  en  1893,  et  une  traduction  anglaise 
de  y  Histoire  de  la  philosophie  de  Schwegler,  qui  a  eu  douze  éditions,  mort  le 
19  mars,  à  89  ans;  —  Julius  Thomson,  professeur  de  chimie  à  l'Université 
de  Copenhague,  mort  en  cette  ville,  le  13  février; — Dr.  Albrecht  Wagner, 
professeur  de  langue  et  de  littérature  anglaises  à  l'Université  allemande  de 
Halle,  auteur  d'ouvrages  estimés,  tels  que  :  Ueber  den  Mônch  von  Heils- 
hronn  et  Ueber  die  deutschen  Namen  der  àltesten  Freisinger  Urkunden,  mort 
à  Halle,  le  16  février,  à  60  ans; — Dr.  Charles  H.  H.  Wright,  écrivain  an- 
glais, inspecteur  de  la  «  Protestant  Reformation  Society,  «  auteur  d'une 
édition  de  l'Ancien  Testament  en  hébreu  (1859),  de  plusieurs  ouvrages  sur 
l'Ecriture  sainte,  tels  que  :  Introduction  to  the  Old  Testament  (1898),  plu- 
sieurs fois  réimprimé,  et  d'un  volume  contre  les  catholiques  :  Roman  Catho- 
licism  in  the  Light  of  Scripture  (1903)  qui  a  eu  3  éditions,  mort  au  milieu  de 
mars;  —  Dr.  Carroll  Davidson  Wright,  statisticien  américain,  directeur 
du  «  Clark  Collège,  »  de  Worcester  dans  le  Massachusetts  et  président  du 
Bureau  de  statistique  de  cet  État,  auteur  d'un  volume  :  Ouiline  of  practical 
Sociologxj  (1899,  in-8)  et  de  plusieurs  rapports,  tels  que  :  Tlie  Factory  System 
of  the  United  States  (1880,  in-8)  et  The  Industrial  Evolution  of  the  United 
States  (1887,  in-8),  mort  dernièrement  à  68  ans;  —  Nikolai  A..  Warpa- 
CHOWSYi,  ichtyologue  russe,  directeur  du  Musée  de  l'industrie  de  la  pêche 
d'Archangel,  mort  en  cette  ville,  au  commencement  de  mars,  à  47  ans;  — 
Joseph  Xhénemont,  écrivain  belge,  auteur  de  poésies  wallonnes,  mort  le 
4  mars,  à  Bruxelles,  à  41  ans. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres. 

—  Le  3  mars,  le  secrétaire  perpétuel  décrit  un  document  intéressant  l'his- 
toire de  l'Académie  ofîert  par  M.  Adrien  Blanchet.  —  M.  H.  Cordier  fait 
un  rapport  sur  la  collection  d'antiquités  péruviennes  déposées  au  Musée 
d'ethnographie  du  Trocadéro  et  recueillies  par  le  capitaine  Berthon.  — 
M.  de  Mély  lit  un  travail  sur  l'obligation  qui  fut  imposée  aux  miniaturistes, 
par  une  ordonnance  d'avril  1426,  de  signer  leurs  œuvres  sous  peine  d'amende. 

—  M.  Ebersolt  lit  une  communication  au  sujet  de  la  colonne  de  Marcien 
et  de  quelques  églises  de  Constantinople.  - —  M.  Chassignon  entretient 
l'Académie  du  château  militaire  d'Al  Oktadir,  en  Mésopotamie.  —  M.  Dieu- 
lafoy  fait  remarquer  l'analogie  qui  existe  entre  ce  château  et  les  cons- 
tructions de  la  Perse.  —  Le  13  mars,  M.  Paul  Foucart  présente  un  travail 
sur  la  politique  des  Athéniens  dans  la  Chersonèse  de  Thrace,  au  iv^  siècle. 

—  M.  Th.  Reinach  commente  une  inscription  découverte  dans  l'île  d'Amor- 
gos,  relative  à  une  véritable  rente  hypothécaire,  aux  intérêts  de   10  o/o- 

—  M.  A.  Thiers  présente  des  dessins  relatifs  à  l'architecture  byzantine, 
illustrant  la  communication  de  M.  J.  Ebersolt.  —  Le  19  mars,  M.  Foucart 
achève  sa  lecture  sur  la  politique  athénienne.  —  M.  J.  Beck  présente  l'expo- 
sition de  son  système  sur  la  notation  musicale  au  moyen  âge,  qu'il  pré- 
tend lire  clairement.  —  MM.  Th.  Reinach,  Havet  et  Ph.  Berger  font  à  ce 
système  quelques  objections.  —  Le  30,  M.  le  secrétaire  perpétuel  fait  un 
rapport  sur  la  découverte  au  mont  Janicule,  par  M.  Gauckler,  de  deux  tem- 


-   37-2  — 

p]ps  superposés  appartenant  au  culte  syrien.  —  M.  Clermont-Ganneau  lit 
une  communication  au  sujet  de  la  découverte  à  Nazareth  d'une  église  bâtie 
par  les  croisés  au  xii^  siècle.  —  M.  de  Lasteyrie  expose  son  opinion  sur 
l'ancienne  cathédrale  de  Reims,  bâtie  par  Ebbon  au  ix«  siècle.  —  M.  Paul 
IMonceaux  parle  des  inscriptions  donatistes  et  antidonatistes  découvertes 
dans  l'AtVique  du  nord.  —  i\I.  l'abbé  H.  Breuil  lit  un  mémoire  sur  les  pein- 
tures rupestres  étudiées  par  lui  à  Cretas,  province  d'Aragon,  et  à  CoguI, 
province  de  Lerida. 

Lectures  taites  a  l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques 
—  Le  6  mars,  M.  d'Eichtal  présente  ses  observations  sur  les  conclusions 
développées  dans  une  séance  précédente  par  MM.  Cheysson  et  d'Hausson- 
^^lle,  sur  les  syndicats  féminins  et  leur  heureuse  influence.  M.  E.  Seillière 
lit  un  travail  qui  met  en  relief  Finfluence  de  Taine  sur  le  philosophe  al- 
lemand Nietzsche  à  la  fin  de  la  carrière  de  celui-ci.  —  Le  13  mars,  M. 
de  Lanzac  de  Laborie  expose  à  l'Académie  que  le  commerce  parisien  subit 
ime  crise  très  grave  au  moment  de  la  reprise  des  hostilités  de  la  France 
avec  l'Angleterre,  de  1804  à  1806,  et  que  cette  crise,  par  suite  des  conseils 
donnés  à  Napoléon,  par  les  financiers  de  son  entourage,  de  la  solutionner 
par  le  prohibitionnisme  à  outrance,  joua  un  rôle  important  dans  Torien- 
tation  de  la  politique  extérieure  du  premier  Empire.  —  Le  20,  M.  Louis 
Passy  lit  un  mémoire  relatif  aux  fondations  de  sociétés  d'agriculture,  au 
xviii^ siècle,  sous  la  protection  du  contrôleur  général  Bertin.  et  aux  me- 
sures prises  par  Louis  XIV  pour  l'encouragement  de  cette  industrie.  — 
M.  d'Eichtal  lit  un  travail  de  M.  Frédéric  Passy,  dans  lequel  celui-ci  dé- 
gage la  responsabilité  de  Malthus  dans  la  diminution  de  la  natalité. 

CoxcouRS  ET  PRIX.  —  Le  5  décembre  1908,  l'Académie  des  sciences 
morales  et  politiques  a  décerné  les  prix  suivants  : 

Prix  Le  Dissez  de  Penanrun.  —  1 .  000  fr.  à  M.  Paul  Dubois  :  V Irlan- 
de contemporaine  et  la  Question  irlandaise;  —  500  fr.  à  M.  Georges  Fonse- 
grive  :  Morale  et  Société  et  500  i'r.  à  M.  Emile  PieiTet  :  Le  Péril  de  la  race. 

Prix  Paul-Michel  Perret.  —  2.000  fr.,  partagés  entre  MM.  le  comte  de 
Baglion  de  la  Dufïerie  :  Histoire  de  la  Maison  de  Basilion,  et  André  Lemaire  : 
Les  I^nis  fondamentales  de  la  monarchie  française.  —Une  mention  très  hono- 
rable à  M.  le  prince  Alexandre  Sturdza  :  Règne  de  Michel  Stiirdza.  prince 
régnant  de  Moldavie  (1334-1349). 

L'Académie  met  au  concours,  pour  le  prix  Rossi  à  décerner  en  1912 
(4.000  fr.)  :  Des  divers  éléments  au  moyen  desquels  peuvent  être  réglés  les 
conflits  internationaux. 

Paris. — M.  l'abbé  Auguste  Delassus  publie  une  brochure  intitulée  :  La  Solu- 
tion franciscaine  de  la  question  sociale  (Paris,  Poussielgue,  1908,  in-18  de 
iv-36  p.), dans  laquelle  il  estime  et  expose  avec  une  franchise  un  peu  biei 
sévère  que  le  clergé  a  fait  souvent  fausse  route  et  besogne  vaine,  en  aban- 
donnant son  domaine  propre,  son  œuvre  d'apostolat  spirituel,  pour  s'occuper 
de  philanthropie  et  de  questions  économiques.  11  ne  voit  dans  ces  méthodes, 
dites  nouvelles,  que  dangereux  naturalisme.  Point  d'autre  remède  efficace 
que  de  faire  œu\Te  A'raiment  évangélique.  Et  précisément  la  règle  du  tiers- 
ordre  de  Saint-François,  qui  a  déjà,  Thistoire  l'atteste,  été  un  si  puissant 
agent  de  réforme  sociale,  n'a  d'autre  objet  que  la  mise  en  action,  intégra- 
lement, de  l'Évangile. 

—  On  peut  dire  que  ]\I.  F.  Jollivet-Castelot  aura  réussi  la  Synthèse  de  Vor 
s'il  vend  un  nombre  considérai"  le  d'exemplaires  de  sa  brochure  ainsi  inti- 
tulée (Paris,  Daragon,  1909,  in-16  de  40  p.  —  Prix  :  1  îr.  ).  Les  espérances 


—   373  — 

que  le  radium  fait  naître  chez  les  alchimistes,  quelques  \'ues  sur  l'avenir  de 
la  chimie,  deux  comptes  rendus  d'ouvrages  de  M.  Lebon  ne  sauraient  nous 
engager  à  conseiller  à  nos  lecteurs  de  transformer  leur  argent  en  une  mine 
d'or  pour  l'auteur. 

—  Encore  une  de  ces  intéressantes  brochurettes  horticoles  que  M.  Georges 
Gibault  n'oublie  jamais  de  nous  envoyer  :  La  Bette-Poirée  et  la  Betterave 
potagère,  leur  histoire  (Pai'is,  Amat,  1909,  petit  in-12  de  28  p.,  avec  vignettes). 
Le  premier  de  ces  légumes  a  eu  son  temps  de  faveur,  mais  aujourd'hui  il 
n'en  est  plus  de  même.  Cependant,  l'auteur  remarque  que  «  le  bon  estomac 
des  campagnai'ds,  qui  ne  craint  pas  les  aliments  un  peu  indigestes,  fait 
toujours  honneur  à  cette  vieille  plante  potagère  de  nos  pères,  au  moins  dans 
l'est  et  l'ouest  de  la  France.  »  Quant  à  la  betterave  potagère,  elle  est  restée 
appréciée  à  peu  près  pai'tout  en  Europe.  «  La  betterave  de  table,  en  parti- 
culier, appartient,  au  point  de  vue  culinaire,  à  la  catégorie  des  salades;  on 
la  mange  cuite,  découpée  en  rondelles  et  associée  à  la  mâche,  à  la  barbe  de 
capucin  ou  aux  pommes  de  terre.  »  Elle  offre  beaucoup  de  variétés,  dont 
M.  G.  Gibault  nous  raconte  l'histoire  avec  autant  d'érudition  que  d'agré- 
ment. 

L'opuscule  dans  lequel  M.  le  chanoine  Salembier  donne  la  Bihlio- 

graphie  des  œuvrer  du  cardinal  Pierre d'AiUy,évêque  de  Cambrai  (1350-1420) 
(Besançon,  imp..  Jacquin,  1909,  in-8  de  11  p.  (Extrait  du  Bibliographe 
moderne)  est  une  excellente  contribution  à  l'histoire  de  ce  personnage 
qui  illustra  la  fin  du  xiv^  siècle  et  le  commencement  du  xv®,  et  joua  un 
si  grand  rôle  dans  le  schisme  d'Occident.  M.  Salembier  ne  se  contente  pas 
de  dresser  la  bibliographie  la  plus  complète  que  l'on  ait  jusqu'alors  des 
œuvres  de  Pierre  d'Ailly  (il  signale  172  ouvrages);  mais  encore,  dans  une 
courte  notice  placée  en  tête,  il  rectifie  les  époques  erronées  de  sa  mort,  et 
en  fait  connaître  la  date  exacte  :  9  août  1420. 

—  Les  directeurs  d'œuvres  et  de  patronages,  —  du  moins  ceux  qui  l'igno- 
rent, —  apprendront  avec  plaisir  que  l'Union  des  Associations  ouvrières 
catholiques  (82,  rue  de  l'Université,  Paris,  vir"  arr.)  a  dressé  un  Catalogue 
théâtral  analytique  (in-12  de  168  p.  —  Prix  :  1  fr.  25)  formé  des  pièces  pou- 
vant être  jouées  par  des  jeunes  gens  des  deux  sexes.  On  trouve  là  de  nom- 
breux drames,  comédies,  tragédies,  saynètes,  pastorales  et  mystères, 
opérettes,  pantomimes,  etc.  D'abord,  une  table  générale  des  matières, 
divisée  par  catégorie  de  pièces,  avec  renvoi  à  la  page  où  est  faite  l'analyse 
du  sujet.  Ensuite  l'ensemble  des  analyses.  Enfin,  une  table  alphabétique 
des  titres.  Catalogue  vraiment  commode  et  pratique. 

Anjou. —  Dans  la  8^  série  de  Andegaviana  (Paris,  A.  Picard  et  fils  ;  Angers, 
Siraudeau,  1909,  gr.  in-8  de  540  p.—  Prix  :  4  fr.),  M.  F.  Uzureau  continue 
la  publication  des  documents  angevins,  puisés  soit  aux  sources  originales, 
soit  dans  les  livres  publiés  et  jusque  dans  les  revues  les  plus  récentes. 
Nous  avons  déjà  dit  combien  il  serait  malaisé  d'analyser  ces  Miscellanées; 
le  8^  volume  n'en  contient  pas  moins  de  66,  allant,  dans  l'ordre  chronologique, 
d'une  étude  de  J.  Rangeard,  écrite  au  xyiii*^  siècle,  et  avec  les  éléments 
dont  l'auteur  disposait  alors,  sur  V Établissement  du  christianisme  en  Anjou 
jusqu'à  VÉloge  de  Mgr  Freppel,  par  le  comte  de  Falloux,  en  1872,  et  par 
réciprocité  l'éloge  de  M.  de  Falloux  par  Mgr  Freppel.  L'histoire  rehgieuse 
est  représentée  par  des  pièces  et  notes  sur  l'abbaye  de  Saint-Florent-le- 
Vieil,  les  bénédictins  de  la  Congrégation  de  Saint-Maur,  les  paroisses  d'An- 
gers, Drain,  Saint-Laurent-des-Autels,  les  cérémonies  religieuses  à  Angers, 
•avant  la  Révolution,  les  visitandines,  le  clergé  de  Beaupréau,  de  Doué,  de 


—  374  — 

Chanzeau,  Mont  jean,;Châteaupanne,Villevêque, pendant  la  Révolution, le  ser- 
ment de  liberté,  égalité,  des  prêtres  poitevins  et  tourangeaux  guillotinés  à  An- 
gers, les  Sœurs  de  Sainte-Marie  de  Torfou;  riiistoire  civile  parle  de  la  Dive, 
de  la  P'ièche  et  son  élection,  des  voyages  en  Anjou,  entre  autres  celui  de  Arthur 
Young  en  1738,  Champteussé,  la  rivalité  de  Beaupréau  et  Cholet,  l'insur- 
rection de  Saint-Florent,  les  généraux  républicains  morts  en  Vendée,  les 
chouans;  divers  documents  sur  la  Révolution  et  depuis,  concernant  la 
poste,  les  ponts  et  chaussées,  un  journal  de  1796,  V Ami  des  'principes,  les 
préfets  de  Maine-et-Loire  jusqu'en  1908,  les  hôpitaux,  les  conseillers  géné- 
raux, les  émigrés,  la  sénatorerie  du  département,  le  lycée,  les  Usages  locaux, 
le  monument  de  Cathelineau  à  Saint-Florent  (1858).  Nous  avons  déjà  dit 
le  parti  que  les  historiens,  les  curieux,  peuvent  tirer  de  ces  archives,  natu- 
rellement de  valeur  inégale,  et  nous  ne  pouvons  que  répéter  ce  que  nous 
disions  aussi,  c'est  que  le  complément  indispensable  des  Andegaviana  — 
l'auteur  s'en  préoccupe,  sans  doute,  —  c'est  une  table  complète,  alpha- 
bétique, de  tous  les  noms  propres  et  de  toutes  les  matières. 

BÉARN.  — '  Dans  sa  brochure  sur  Ramond  et  Lomet  (Pau,  Garet,  1908, 
in-8  de  19  p.  avec  2  portraits),  M.  Lucien  Briet  fait  connaître  en  Lomet,  né  à 
Château-Thierry  le  6  novembre  1759,  un  de  ceux  qui,  les  premiers,  impor- 
tèrent la  lithographie  en  France,  et  en  Ramond,  né  à  Strasbourg,  le  4  jan- 
vier 1755,  un  des  pyrénéistes  les  plus  illustres  du  siècle  dernier.  Ils  se  ren- 
contrèrent même  tous  deux  dans  les  Pyrénées,  où  Lomet,  envoyé  en  mission 
pour  la  réfection  des  établissements  thermaux  de  cette  région,  sauva  Ra- 
mond emprisonné,  en  1794,  sur  la  dénonciation  de  trois  scélérats.  La  notice 
de  M.  Briet  donne  un  bon  nombre  de  renseignements  biographiques  et 
bibliographiques  sur  ces  deux  personnages  à  qui  l'on  doit  quelques  mé- 
moires et  publications  sur  la  région  pyrénéenne  et  ses  stations  thermales. 

BouRGOGXE. —  Depuis  quelques  années,  les  volumes  du  Congrès  archéo- 
logique de  France  tendent  à  devenir  énormes;  encore  un  peu  et  il  faudra  de 
toute  nécessité  le  partager  en  deux.  Voici  celui  qu'a  provoqué  la  LXXIV^ 
s'^ssion  tenue  à  Avallon  en  1907  par  la  Société  française  d'archéologie  (Paris, 
A  Picard;  Caen,  H.  Delesques,  1908,  in-8  de  lxxii-717  p.,  avec  255  plan- 
ches ou  figures.  —  Prix  :  15  fr.).  Ce  magnifique  volume  s'ouvre,  selon  les 
habitudes  du  congrès,  par  un  Guide  archéologique  (p.  4-234.  avec  103  plan- 
ches ou  fig.)  non  seulement  de  la  ville  où  le  congrès  s'est  réuni,  mais  aussi 
de  toute  la  région,  c'est-à-dire  d' Avallon  en  premier  lieu,  puis  de  Pontau- 
bert,  Saint-Père-sous-Vézelay,  Flavigny,  Semur-en-Auxois,  Saint-Jean- 
les-Bons-Hommes,  Montréal,  Thizy,  Sauheu,  Vermenton,  Clamecy,  Druyes, 
Pontigny,  et  surtout,  comme  offrant  des  curiosités  archéologiques  plus 
nombreuses,  Autun,  Auxerre  et  Sens.  —  L'on  passe  ensuite  aux  mémoires  : 
il  y  en  a  dix-huit  dont  voici  les  titres  :  Les  Études  archéologiques  dans  V  Yonne 
au  xix'5  siècle,  par  M.  Charles  Porée  (p.  307-316);  —  Tableau  du.  préhisto- 
rique dans  V  Yonne,  par  M.  l'abbé  A.  Parât  (p.  317-328);  —  La  Vallée  de 
la  Cure  aux  époques  gauloises,  gallo-romaine  et  mérovingienne,  par  le  même 
(p.  329-338);  —  Le  Champ  antique  de  Cora,  encore  par  M.  l'abbé  A.  Parât 
(p.  339-353,  avec  un  plan  et  une  planche);  —  Recherches  sur  les  aqueducs 
romains  en  Gaule,  importante  étude  de  M.  Adrien  Blanchet  (p.  354-458, 
avec  14  pi.);  —  Les  Influences  orientales  dans  V architecture  romane  de  la 
Rourgogne,  par  M.  le  vicomte  Pierre  de  Truchis  (p.  459-500),  avec  14  pi. 
ou  fig.);  —  L'Église  romane  de  Russy-le- Grand,  par  le  même  (p.  501-512, 
avec  1  plan,  2  planches  et  1  fig.);  —  La  Chapelle  Saint-Nicolas  d' Autun  et 
l'église    de  Dompierre-en- Montagne,  par  le  même  (p.   513-526,  avec  5  pi. 


—  375  — 

ou  fig.);  —  Les  Chapiteaux  des  pilastres  de  Saint-Martin  d'Ainay  à  Lyon, 
par  M.  le  D''  J.  Birot  (p.  527-536,  avec  5  planches);  —  Le  Ravissement  de 
Marie- Madeleine  au  Musée  d'Autun,  par  M.  Emile  Maie  (p.  537-539,  avec 
une  planche);  —  S aint-Jean-les- Bons- Hommes,  par  M.  Ernest  Petit  (p.  530- 
545);  —  Les  Caractères  distinctijs  des  écoles  gothiques  de  la  Champagne  et  de 
la  Bourgogne,  par  M.  E.  Lefèvre-Pontalis  (p.  546-558,  avec  13  pi.  et  fig.); 

—  Les  Architectes  et  la  construction  de  la  cathédrale  de  Sens,  par  M.  Charles 
Porée  (p.  559-598,  avec  un  plan);  —  La  Sculpture  des  portails  de  la  cathé- 
drale d'Auxerre,  au  xiii<^  à  la  fin  du  xiv^  siècle,  par  M.  C.  Enlart  (p.  599- 
626,  avec  13  planches);  —  L'Abbaye  de  Saint- Germain-d^ Auxerre,  par 
M.  Jules  Tillet  (p.  627-635,  avec  16  planches,  plans  et  fig.);  —  L'Église  de 
Villeneuve-sur- Yonne,  par  M.  E.  Lefèvre-Pontalis  (p.  654-674,  avec  24  plan- 
ches, plans  et  fig.)  ;  —  La  Prière  «  Avete,  omnes  animae  »  au  petit  portail  de 
Saint-Lazare  d' Avallon,  par  M.  l'abbé  Villetard  (p.  675-690,  avec  3  planches); 

—  Les  Vestier  (artistes  avallonnais),  par  M.  Nizet  (p.  691-701,  ave:  2  por- 
traits). 

Bretagne. — Comme  brochure  à  répandre  en  faveur  des  droits  des  pères 
de  famille  sur  l'éducationdeleurs  enfants,  on  ne  saurait  trouver  mieux  que 
celle  que  vient  de  publier  M.C.  Desbois,  avocat  à  la  Cour  d'appel  de  Rennes  : 
L'Enfant  confisqué  par  l'État  (Rennes,  imp.  Fr.  Simon,  1909,  in-12  de  38  p. — 
Prix  :  0  fr.  50).  L'enfant  confisqué  par  l'Etat  :  c'est  à  quoi  vise  la  franco 
maçonnerie,  qui  peut  aujourd'hui,  mieux  que  ne  le  pouvait  Louis  XIV, 
dire  :  «  L'Etat,  c'est  moi  ».  M.  Desbois  montre  parfaitement  que  c'est  à  cette 
tyrannie  odieuse  qu'aboutiront  les  projets  de  loi  préparés  par  M.  Doumergue 
pour  obliger,  d'une  part,  les  pères  de  famille  à  subir  la  loi  des  mauvais 
instituteurs  et  pour  affranchir,  d'autre  part,  les  instituteurs  de  toute  res- 
ponsabilité envers  les  pères  de  famille.  Vienne,  après  cela,  le  monopole  de 
l'enseignement,  et  l'œuvre  d'oppression  sera  complète  :  l'État  fera  des 
enfants  ce  qu'il  voudra;  les  pèi'es  de  famille  n'auront  p!us  d'autres  droits 
que  de  paver  et  de  se  taire. 

—  Notre  distingué  collaborateur  M.  A.  Roussel  a  fait  tirer  à  part 
de  la  Revue  de  Fribourg  une  étude  littéraire  très  curieuse  sur  le  Mystère 
de  Noël  à  Saint- Méloir-des-Ondes  (I lie- et- Vilaine)  en  1861-1862  (Fribourg, 
Suisse,  imp.  de  l'Œuvre  de  Saint-Paul,  1908,  in-8  de  37  p.).  «  Voici,  dit 
l'auteur,  presque  un  demi-siècle  que  se  forma,  dans  la  paroisse  demi-agricole 
et  demi-maritime  de  Saint-Méloir,  voisine  de  Cancale,  une  association  de 
jeunes  gens,  garçons  et  filles,  pour  jouer  ce  qu'ils  appelaient  la  Pastourelle, 
c'est-à-dire  le  mystère  de  la  Nativité,  la  Noël.  Sans  doute,  ces  artistes 
improvisés  n'étaient  point  sortis  du  Conservatoire,  et  bien  peu  probable- 
ment eussent  pu  y  entrer;  mais  ils  étaient  admirablement  faits  pour  leur 
public  et  leur  public  pour  eux.  »  M.  Roussel  décrit  ensuite  la  .salle  de  spec- 
tacle étabhe  dans  le  celher  d'une  maison  importante  de  la  localité;  il  es- 
quisse la  physionomie  des  «  artistes,  »  enfin,  il  nous  présente  la  foule  des 
spectateurs,  accourus  de  toutes  les  paroisses  voisines.  Autant  de  détails 
vivants,  spirituels  et  comiques.  Puis  il  passe  à  l'analyse  de  la  pièce, 
due  à  un  certain  Frère  Claude  Macée,  ermite  de  la  province  de  Saint- An- 
'toine,  lequel,  paraît-il,  vivait  au  xvii<^  siècle,  mais  dont  l'œuvre,  revue  et 
corrigée,  avait  été  éditée  à  Saint-Malo  en  1819.  Donc,  cette  Pastourelle, 
jouée  en  1861-1862,  fit  fureur  dans  ce  coin  de  campagne  bretonne;  «  une 
reprise  eut  lieu  beaucoup  plus  tard,  dans  la  même  paroisse,  au  hameau  des 
Portes,  mais  sans  grand  succès  :  les  premiers  artistes  n'étaient  plus  là  !  » 
Aperçu  aussi  érudit  qu'égayant  sur  ce  que  l'on  pourrait  peut-être  appeler 


-  376  - 

le  théâtre  populaire  en  Bretagne  au  début  de  la  seconde  moitié  du  xix^  siè- 
cle, et  dont  il  convient  de  remercier  M.  A.  Roussel. 

Champagne. —  Charly-sur-Marne  (Aisne)  possède  une  église  qui  semble 
remonter  à  la  fin  du  xiv^  siècle.  11  y  a  quelques  années,  le  clocher  qui  la  sur- 
montait menaçant  ruine,  la  commune  en  entreprit  la  restauration.  C'est 
surtout  l'histoire  de  cette  restauration  que  nous  donne  M.  Lucien  Briet 
dans  son  travail  intitulé  :  Le  Clocher  de  Charly-sur- Marne  (Aisne)  (Châ-' 
teau-Thierry,  imprimerie  moderne,  1908,  in-8  de  ■  5G  p.,  avec  2  grav.  et  un 
plan.  Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  historique  et  archéologique  de  Château- 
Thierry  (année  1907).  Après  avoir  consacré  quelques  pages  à  l'église  et  à 
l'ancien  clocher,  il  s'étend  longuem.ent  sur  les  anciennes  cloches  et  leurs 
inscriptions,  sur  toutes  les  délibérations  du  conseil  municipal  de  Charly 
au  sujet  de  la  réfection  du  clocher  et  sur  les  difTérentes  décisions  qui  furent 
prises.  Enfin,  l'opuscule  se  termine  par  la  description  des  quatre  nouvelles 
cloches  replacées  dans  le  clocher  restauré  et  des  cérémonies  qui  s'accom- 
plirent  à   cette   occasion. 

Fraxche-Comté.  —  L'aviation,  à  l'heure  actuelle,  est  devenue  une 
préoccupation  internationale  obsédante.  A  qui  mieux-mieux,  des  particu- 
liers, des  sociétés,  les  gouvernements  rivalisent  d'ardeur  et  d'audace  :  il 
s'agit  de  construire  des  «  dirigeables  «  pouvant  être  pratiquement  utilisés, 
au  point  de  vue  militaire  surtout.  Depuis  l'expérience,  restée  fameuse, 
faite  à  Annonay,  le  5  juin  1783,  par  les  frères  Montgolfier  (voilà  un  siècle 
et  un  quart),  les  inventeurs  n'ont  cessé  de  perfectionner  les  engins  primitifs. 
Et  cependant,  nous  n'avons  pas  encore  conquis  siàrement  le  domaine  aérien- 
En  attendant  que  ce  résultat,  probablement  lointain,  soit  obtenu,  et 
que  des  flottes  de  guerre  sillonnent  l'espace,  il  est  intéressant  d'assister, 
rétrospectivement,  aux  premiers  essais  de  lancement  des  ballons.  A  Besan- 
çon, comme  en  diverses  autres  villes,  des  expériences  du  genre  se  produi- 
sirent en  1783  et  en  1784,  et  M.  Georges  Gazier,  conservateur  de  la  Biblio- 
thèque de  cette  ville,  nous  les  raconte  très  agréablement,  d'après  un  petit 
journal  bisontin  du  temps,  dans  un  travail  intitulé  :  Les  Premiers  Ballons  à 
Besançon  (Besançon,  imp.  Dodivers,  1909,  in-8  de  14  p.  Extrait  des  Mé- 
moires de  la  Société  d' émulation  du  Doubs).  Tout  alla  bien  tant  qu'il  s'agit 
de  simples  aérostats  non  montés.  Mais  on  avait  l'ambition  de  faire  mieux  : 
un  libraire  du  cru  nommé  Lepagnez  «  forma  le  projet  d'une  expérience 
beaucoup  plus  importante,  d'un  caractère  vraiment  scientifique  cette  fois, 
et  qui  devait  être  exécutée  avec  le  concours  des  savants  les  plus  estimés  de 
la  province.»  Les  fonds  nécessaires  ayant  été  recueilhs,  le  ballon  fut  construit, 
et,  juste  au  moment  où  il  allait,  par  sa  majestueuse  ascension,  émerveiller 
les  spectateurs,  il  devint  la  proie  des  flammes.  Et  pour  comble  de  misère, 
«  une  complainte  courut  les  rues,  tournant  en  ridicule  le  pauvre  Lepagnez 
et  se  moquant  des  souscripteurs.  >■  Il  faut  toujours  réussir, sinon:  Vœ  victis  ! 

—  M.  Emmanuel  Fallot,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Bordeaux, 
a  publié  dans  les  Mémoires  de  la  Société  d'émulation  de  Montbéliard 
une  Notice  sur  Charles  Contejean  (1842-1907)  (Tirage  à  part.  Montbéliard, 
Imp.  montbéhardaise,  1908,  in-8  de  13  p.,  avec  portrait).  Cette  figure  de 
savant  aussi  consciencieux  que  modeste  est  mise  en  parfaite  lumière  par 
M.  E.  Fallot,  qui  rappelle  les  débuts  de  Contejean,  ses  études  incessantes, 
ses  travaux,  ses  succès.  Le  biographe  suit  son  personnage  depuis  la  naissance 
de  celui-ci,  à  Montbéliard,  le  15  septembre  1824,  jusqu'à  la  fin  de  sa  car- 
rière universitaire,  en  1890  :  Contejean  occupait  alors  la  chaire  de  géologie 
à  la  Faculté  des  sciences  de  Poitiers.  Il  ne  mourut  que  longtemps  après,  à 


—  377   — 

Paris,  le  13  septembre  1907,  âgé  de  82  ans.  A  la  fois  géologue,  botaniste, 
archéologue,  numismate  et  même  philologue,  Charles  Contejean  laisse  un 
grand  nombre  d'ouvrages,  de  notices,  et  d'articles  dont  M.  Fallot  a  dressé 
la  liste  avec  soin.  II  eût  été  désirable  toutefois  qu'au  lieu  de  se  borner  à 
indiquer  la  page  où  commencent  les  articles  insérés  dans  divers  pério- 
diques, il  eût  aussi  marqué  la  page  où  ils  se  terminent,  afin  de  fixer  les 
intéressés  sur  l'étendue  desdits  articles.  92  titres  sont  ainsi  mentionnés,  et^ 
malgré  l'observation  qui  précède,  l'on  ne  peut  que  savoir  beaucoup  de  gré 
à  M.  Fallot  de  nous  avoir  bien  renseignés  sur  l'estimable  savant  montbé- 
liardais. 

■ —  Vers  la  fin  de  novembre  1870,  le  comité  auxihaire  de  Mulhouse  de  la 
Société  française  de  secours  aux  blessés  avait  chargé  le  docteur  J.  Ehrmann 
d'organiser  pour  l'armée  de  la  Loire  une  ambulance  dont  le  but  plus  spécial 
était  de  suivre  la  brigade  dont  feraient  partie  les  bataillons  des  mobiles  du 
Haut-Rhin.  Mais  .cette  ambulance,  mise  très  vite  en  état,  ne  devait  fonc- 
tijnner,  en  réalité,  qu'à  la  suite  de  l'armée  que  Bourbaki  conduisait  contre 
Belfort.  Les  faits  et  gestes  du  docteur  Erhmann,  un  bien  brave  homme,  et 
de  ses  adjoints  à  tous  degrés  sont  enregistrés  dans  le  petit  volume  que  M. 
Henri  Juillard,  l'un  des  infirmiers,  a  dernièrement  publié  sous  le  titre  de  : 
Guerre  de  1870-1871.  Notes  journalicres  concernant  V ambulajice  de  Mul- 
house à  V armée  de  VEst  (Paris,  Fischbacher;  Mulkouse,  Meininger,  1908, 
petit  in-8  de  xii-155  p.,  avec  2  portraits,  plan  et  15  grav.  ou  croquis.  — 
Prix  :  5  fr.).  L'auteur  n'affiche  pas  la  moindre  prétention  littéraire;  nous 
avons  là  simplement  ce  que  promet  l'intitulé  :  des  «  notes  »  prises  au  jour  le 
jour.  Exposés  par  un  non  combattant,  dont  l'horizon  est  naturellement  très 
limité,  les  détails  bien  particuhers  qu'il  consigne  sur  la  terrible  bataille  de 
Villersexel  sortent  de  la  banaUté.  L'ambulance  de  Mulhouse,  entraînée 
dans  la  retraite  de  l'armée  de  l'Est,  se  retira  vers  Besançon,  qu'elle  ne  fit 
guère  que  traverser  (un  jour  d'arrêt)  et  se  dirigea  vers  les  hauts  plateaux 
du  département  du  Doubs.  Arrivée  à  Ornans,  cependant,  le  28  janvier  1871, 
elle  s'immobilisa  dans  cette  ville,  bientôt  occupée  par  l'ennemi,  et  y  rendit 
de  tels  services  que  la  municipalité,  par  une  déclaration  remise  au  D''  Ehr- 
mann, les  constata  éloquemment.  A  cette  date  du  20  février,  les  Mulhou- 
siens  continuèrent  leur  route  sur  Pontarlier  et  pénétrèrent  en  Suisse  par 
les  Verrières;  après  quoi,  la  guerre  étant  finie,  ils  rentrèrent  à  Mulhouse. 
Nous  avons  le  regret  de  relever  dans  cet  attachant  journal  de  fâcheuses 
«  notes  »  visant  le  clergé  d'Ornans.  Toutefois,  M.  Juillard  rend  justice  à 
l'excellent,  au  dévoué  prêtre  que  fut  l'abbé  Suchet.  Ajoutons  que  notre 
«  infirmier  ■>  se  plaint,  de  temps  à  autre,  du  mauvais  accueil  fait  aux  soldats 
français  dans  certains  coins  de  Bourgogne  ou  de  Franche- Comté,  mais, 
d'autre  part,  il  mentionne  avec  émotion  la  manière  cordiale  dont,  dans  ces 
mêmes  régions,  les  populations  se  sont  comportées. 

—  Dans  le  n°  11  du  Bulletin  de  la  Société  grayloise  d'émulation,  qui  vient 
de  nous  parvenir  (Gray,  G.  Roux,  1908,  in-8,  de  175  p.,  avec  un  plan), 
nous  trouvons  :  la  fin  de  la  relation  de  la  Mission  confiée  par  la  ville  de 
Besançon  à  Jean- Baptiste  d' Auxiron  en  1769  (p.  21-58).  Les  fragments 
précédents  de  cet  intéressant  compte-rendu  ont  été  insérés  dans  les  volumes 
no  9  (1906)  et  n»  10  (1907)  du  présent  Bulletin;  —  Annales  de  Gray,  1903- 
1908  (sorte  d'éphémérides)  et  iVoricps  biographiques,  supplément  à  «-V His- 
toire de  la  ville  de  Gray  et  de  ses  monuments,  »  par  M.  Ch.  Godard  (p.  59-123). 
Cette  Histoire  de  la  ville  de  Gray  a  été  pubHée' originairement  par  les  abbés 
Gatin  et  Besson  (ce  dernier  mort  évèque  de  Nîmes)   en  1851.   En  1892, 


—  378  — 

M.  Godard  en  a  donné  une  édition  revue  et  complétée,  à  laquelle  il  a  jugé 
utile  d'ajouter  le  très  Taon  supplément  que  nous  signalons  :  il  y  a  là  noml)re 
de  biographies  qui  ne  figurent  ni  dans  la  première  ni  dans  la  nouvelle  édi- 
tion de  V Histoire  de  la  ville  de  Gray;  —  Les  Bâtiments  des  cordeliers  de 
Oray,  par  le  même  M.  Ch.  Godard  (p.  123-141),  courte  étude  appuyée  de 
pièces  justificatives;  -—  Contribution  à  la  connaissance  de  la  faune  des 
marnes  à  Creniceras  Benggeri,  dans  la  Franche-Comté  septentrionale.  Pre- 
mière partie.  Le  Callovien  et  Voxjordien  inférieur  à  Authoison  [Haute- 
Saône),  par  M.  V.  Maire  (p.  143-174). 

Languedoc.  —  De  la  Société  scientifique  et  littéraire  d'Alais,  nous 
devons  signaler  les  Mémoires  et  comptes  rendus  de  Vannée  1907  (Alais, 
imp.  J.  Brabo,  1908,  in-8  de  126  p.,  avec  une  planche,  une  carte  et  2  por- 
traits). Tout  d'abord,  ncfus  citerons  le  travail  de  M.  Euclide  Carli  :  De 
r Adoption  de  Vesperanto  comme  langue  auxiliaire  internationale  (p.  37-47); 
puis  la  Poste  aux  lettres  dans  le  Gard  au  cours  du  xix^  siècle,  par  M.  E.  Re- 
nard (p.  51-112).  L'auteur,  qui  est  «  de  la  carrière,  »  nous  fait  observer  que 
son  étude  «  fait  suite  à  sa  petite  publication  (que  nous  ignorons)  sur  la  Poste 
aux  lettres  dans  le  Gard  sous  la  Révolution  (1789-1795);  après  quoi  il  déclare 
que  les  pages  qu'il  nous  offre  actuellement  ont  «  pour  but  de  rechercher 
et  de  mettre  un  lumière  les  progrès  accomplis,  les  améliorations  réalisées, 
les  facilités  multiples  données  successivement tiu  public,  les  résultats  obtenus, 
l'importance  colossale  prise  par  le  service  des  postes  au  cours  du  \\\^  siècle.  « 
Cette  étude  est  bien  présentée  et  intéressante;  de  même  qu'elle  a  été  précé- 
dée par  une  autre,  nous  lui  voudrions  voir  une  suite  dont  l'intitulé  pourrait 
se  rapprocher  de  celui-ci  :  Les  Postes  dans  le  Gard  au  début  du  xx^  siècle 
(1901-1910)  :  entre  autres  choses,  nous  verrions,  dans  l'histoire  de  cette 
période,  si  le  personnel  des  agents  et  sous-agents  des  postes,  télégraphes 
et  téléphones  (des  P.  T.  T.,  comme  l'on  écrit  couramment  à  l'heure  pré- 
sente), a  toujours  gardé  «  la  très  grande  sympathie  du  public,  des  corps 
élus  et  du  gouvernement  de  la  République...  >>  (p.  105). — Viennent  ensuite  : 
Éléments  sur  l'énergie  psychique,  par  le  lieutenant  Charles  Parison  (p.  113- 
126)  ;  et  la  première  partie  d'un  «  modeste  récit  de  voj^age  »  qui  a  pour  titre  : 
De  Marseille  à  Shanghaï  (p.  129-185),  dont  l'auteur,  est  M.  Ernest  Dadre, 
ancien  chargé  de  mission  en  Indo-Chine.  Sans  nous  arrêter  sur  d'autres 
points,  qui  ont  cependant  leur  intérêt,  nous  insisterons  plus  particulièrement 
sur  les  renseignement  suggestifs  que  M.  Dadre  fournit  sur  l'état  de  nos 
colonies  d'Extrême-Orient.  Une  fois  .sa  relation  terminée,  l'auteur  jugera 
sans  doute  utile  d'en  faire  un  tirage  à  part. 

Nivernais.  —  Tardivement  nous  recevons  le  4*^  fascicule  du  tome  XII 
de  la  3^  série  (XXII«  de  la  collection)  du  Bulletin  de  la  Société  nivernaise 
des  lettres,  sciences  et  arts  (Nevers,  Mazeron,  1908,  in-8  paginé  541-660, 
avec  3  planches).  Outre  les  pages  (647-657)  qui  renferment  les  C/irozu'g'Me  et 
Mélanges  pour  Vannée  1908,  dues  à  M.  René  de  Lespinasse,  ce  fascicule  e.st 
entièrement  rempli  d'abord  par  le  travail  de  M.  l'abbé  L.  Charrault,  inti- 
tulé :  La  Chartreuse  de  Bellary  (1209-1793)  (p.  541-632),  puis  par  les  Notes 
et  documents  pour  servir  à  Vhistoire  de  Condate,  de  M.  J.-B.-H.  Delort  (p.  163- 
646,  avec  3  pi.). 

Allemagne.  — Les  recueils  de  contes  populaires  sont  maintenant  bien 
nombreux  en  Allemagne  :  peut-être,  cependant,  peut-on  signaler,  comme  édi- 
tion élégante,  et  recueil  amusant,  le  volume  de  récits  et  de  légendes  de  la 
province  prussienne  de  Posnanie,  qu'un  vétéran  du  folk-lore,  M.  O.  Knoop, 
vient  de  publier  sous  le  titre  :   Ostmaerkische  Sagen,    Mâerchen  (Lissai.  Pr. 


—  379  — 

Eulitz,  1909,  petit  in-8  de  vi-193  p.  —  Prix  :  2  fr.  25).  Il  contient  90  contes 
ou  légendes  locales,  en  langue  allemande,  mais  qui  peuvent  être  d'origine 
polonaise,  aussi  bien  qu'allemande,  car  ils  ont  été  recueillis  au  sein  d'une 
population  mêlée  et  quelquefois  même  en  langue  polonaise.  Les  récits 
sont  courts  et  sobrement  racontés;  et  ce  joli  volume  pourrait  servir  de 
livre  de  lectures  allemandes.  Quant  aux  contes  eux-mêmes,  ce  sont,  comme 
on  peut  le  penser,  les  mêmes  qu'ailleurs  en  Europe,  sauf  avec  quelques 
traits  de  mœurs  ou  d'usages  qui  sont  un  fait  d'adaptation  au  milieu  social. 
Nous  y  avons  remarqué,  par  exemple,  un  conte  de  conseils  (no  72)  qui 
rappelle  le  Lai  de  V oiselet,  étudié  par  Gaston  Paris;  le  conte  du  moine 
sceptique  sur  les  joies  du  Paradis  qui  revient  à  son  couvent  après  trois 
siècles  passés  comme  une  heure  (n°  22),  etc. 

—  Les  catalogues  de  libraires  antiquaires  —  quand  ils  sont  consacrés  à 
une  matière  spéciale  — peuvent  tenir  lieu  parfois,  dans  une  certaine  me- 
sure, de  bibliographies.  C'est  à  ce  titre  que  nous  signalons  ici  le  catalogue 
n"  133  de  la  maison  Ludwig  Rosenthal  de  Munich,  consacré  à  la  Bavière. 
La  première  partie  de  ces  Bavarica  (Miinchen,  Ludwig  Rosenthal,  1909, 
in-8  de  258  p.)  ne  répertorie  pas  moins  de  3.955  ouvrages  rangés  dans  une 
seule  liste  alphabétique,  de  A  à  R,  au  nom  des  auteurs,  des  personnages, 
des  localités  ou  au  premier  substantif  du  litre.  Histoire,  géographie,  art  et 
littérature  sont  également  représentés  dans  cette  riche  collection,  où  les 
manuscrits  se  mêlent  aux  imprimés.  Le  mot  Bavarica  est  d'ailleurs  com- 
pris fort  largement;  sous  le  n»  809  nous  trouvons  une  édition  du  Rhada- 
miste^de  Crébillon,  faite  à  Munich  en  1755  à  l'occasion  de  la  représentation 
de  la  pièce  dans  cette  ville.  Ce  seul  exemple  suffira  pour  montrer  l'abon- 
"dance  de  renseignements  variés  que  les  curieux  des  choses  bavaroises  trou- 
veront dans  ce  répertoire. 

• —  Nous  signalerons  par  la  même  occasion  un  catalogue  [n°  363)  de  la 
librairie  Karl  W.  Hiersemann  de  Leipzig,  relatif  à  l'Amérique  :  A  Catalogue 
of  n  choice  collection  of  scarce  and  valuable  books,  pamphlets,  inanus- 
rripts  and  maps  relating  to  Central  and  South  America,  the  W  est- 1  ndia  and 
the  Philippine  Islands  (Leipzig,  K.  W.  Hiersemann,  1909,  in-8  de  222  p. 
Dire  que  les  2. 16G  numéros  de  ce  catalogue  englobent  en  partie  les  collec- 
tions de  deux  érudits  connus,  W.  Reiss  et  E.  W.  Middendorf,  c'est  dire 
les  trésors  que  l'on  peut  y  trouver.  Voyez,  à  titre  d'exemple,  parmi  les 
.  manuscrits,  les  n^^  32  (Journaux  de  bord  deRév.  James  H.  I  ang  del850à 
'1859  pour  des  croisières  en  Espagne,  Portugal,  Australit^,  Afrique,  Indes, 
Amérique);  72  a,  903,  998,  1190  (Documents  originaux  sur  l'ordre  de  la 
Merci  en  Mexique,  Guatemala,  Chili,  Saint-Domingue,  etc.),  141,  1210. 
(Papiers  des  inquisiteurs  de  Portugal  et  d'Espagne)  ;  264  (Documents  sur 
la  conjuration  de  1641  contre  Jean  IV  de  Portugal);  940  (Manuscrit  auto- 
graphe de  J.  A.  de  Bafaras  sur  l'origine,  les  coutumes  et  l'état  des  Mexicains, 
1763);  997  (Procès- verbaux  authentiques  du  concile  provincial  de  Mexico 
en  1585);  1062  (Documents  sur  les  jésuites  espagnols);  1479  (Journal  du 
voyage  du  G.  Perez  de  Alderete  aux  Philippines  en  1772-1774);  1683  (Pa- 
piers de  l'amiral  George  Cockburn).  Parmi  les  cartes,  portulans  ou  globes 
nous  relevons  les  n^^  1482  (Derrotero  gênerai  de  J.  B.  Funes,  1700);  1609 
(Mappemonde  de  Gastaldi,  1546);  1611  (Portulan  méditerranéen  de  Freducci 
{1524);  1616  (globe  terrestre  de  Hondius,  1618);  1624, 1628, 1636,  (Portulans 
méditerranéens  de  Maiolo,  1512;  de  N.  de  Nicolo,  1470  ;  de  P.  Rosellis, 
1468;  parmi  les  imprimés,  les  n°^  266  (Villegaignon,  1567),  891  (Actas 
y  estatutos  de  reformacion  del  capitulo  provincial  de  Guatemala,  de  la 


—   380  — 

Orden     de  la  Merced,   1680),  1472  (Recueil  de  110  cédules  royales  de  Phi- 
lippe V  et   Charles  III  i;   1592  (Cosmographie  d'Hylacomylas,  1507). 

—  M.  August  Schmarsow,   qui  est  en  Allemagne  l'un  des  maîtres  de 
Thistoire  de  l'art,  et  qui  professe  cette  matière  avec  éclat  à  l'Université  de 
Leipzig,  vient  de  voir  quelques-uns  de  ses  disciples  s'unir  pour  célébrer, 
par  la  publication  d'un  volume  de  mélanges  en  son  honneur,  le  50^  semestre 
de  son  enseignement  dans  les  Universités  germaniques.  Les  Kunstwissen- 
schajtUche  Beitrâge  August  Schwarsow  gewidmet,  qui  inaugurent  une  série 
de  Beihejte    der  kunstgeschichtlichen  Monographien  (Leipzig,  K.  W.  Hierse- 
mann,  1909,  gr.  in-4    de  179  p.,  avec  12  pi.  et  43  fig.)  comprennent  les 
mémoires  suivants  :  Oskar  WulfT,  Die  umgekchrtc  Perspektive  und  die  Nie- 
dersicht,    eine   Raumanschauungsjorm    der  althyzantinischen  Kunst  und  ihre 
Fortbildung  in  der  Renaissance  (p.  1-40);  — ■  Wilhelm  Niemeyer,  Das  Tri- 
forium  (p.  41-60);  —  Georg  Graf  Vitzthum,  Ein-e    Miniaturhandschrijt  aus 
Weigelschem  Besitz  (p.    61-72);  —   Rudolf    Kautzsch,     Ein    Beitrag    zur 
Geschichte   der   deutschen  Malerei  in  der  ersten  Hàljte  des  XIV .  Jahrhunderts 
(p.  73-94); — Md^\'^QnïYB.\i,l)onateUounddersog.  Forzori-Altur  (p.  95-102);  — 
Paul  Schubring,  Matteo  de  Pasti  (p.  103-114);  — James  von  Schmidt,  Pas- 
quale  da   Caravaggio   (p.    115-128);  —  Aby   Warburg,   Francesco   Sassettis 
letzi»'illige  Verfugun g  {p.  129-152):   — Heinrich  Weizsàcker,   Der  sog.  Jaba- 
cheche  Altar  und  die  Dichtung  des  Bûches  Hiob  (p.  153-162);  —  Karl  Simon, 
Zwevischersche    Grabplatien  in  der  Provinz  Posen  (p.  162-169);  —  Wilhelm 
Pinder,  Ein    Gruppenbildnis  Friedrich  Tischbeins  in  Leipzig  (p.   170-178). 
Belgique.  —    Dans  une  Conférence  sur   Emile  Verhaeren,    publiée  sous 
forme  de  plaquette  (Paris,  Jouve,  1908,  in-12  de  74  p.,  avec  portrait  et  fac- 
similé  d'écriture),  M.  Albert  de  Bersaucourt  a  bien  mis  en  valeur  les  trois 
manières  successives  du  poète  belge. Dans  ses  premiers  recueils  :  Tendresses 
premières,  les  Petites  Légendes,  les  Flamandes,  les  Moin  es, \eThSieren  se  révèle 
un  réahste  puissant,  un   descriptif  qui  excelle  à  rendre  les  aspects,  les  colo- 
ris les  plus    violents  des  choses.  Puis  Tinfluence  d'une  longue  maladie  et 
d'angoisses  douloureuses  se  marque  dans  les  volumes  suivants  :  Les  Soirs, 
les  Débâcles,  les  Flambeaux  noirs,   qui  ont  quelque  chose  de  morbide  et 
d'halluciné.  Enfin,  le  retour  à  la  santé  physique,  à  l'espoir,  à  la  joie,  inspire 
des  livres  tels  que  :  I^es  Apparus  dans  mes  chemins,  les  Campagnes  hallu- 
cinées, les  Villages  illusoires,  les  ilfojs  et  surtout  ceux-ci  qui  tiennentune  place 
essentielle  dans  l'œuvre  de  Verhaeren  :  Les  Villes  tentaculaires,  les  Visages 
'de  la  Vie,  les  Forces  tumultueuses,  la  Multiple  Splendeur.  Verhaeren  sort  de 
lui->nême  pour  devenir  un  poète  social,  plein  de  tendresse    humanitaire 
et  panthéiste,  de  foi  fervente  dans  la  science,  d'optimisme  IjTique.  Malgré 
tout  ce  que  cet  optimisme  a  de  fragile  et  d'  «  anarchique  '  (cette  juste  épi- 
thète  est  du  conférencier),  cette  poésie  de  tourmenté,  de  trépidant,  d'e.valté 
et  de  fiévreux,    en  dépit  des  réserves  qu'on  pourrait  faire  sur  la  versification  • 
disloquée  qu'il  adopta  en  dernier  lieu,  Verhaeren  est  un  artiste  vigoureux, 
essentiellement  flamand  par  son  abondance  et  son  riche  coloris,  un  peintre 
largement  réaliste  des  campagnes  et  des  villes  de  son  pays. 

—  Le  31  décembre  1908,  la  Revue  tournaisienne  a  accomph  sa  quatrième 
année  d'existence.  S'adressant  au  grand  public,  elle  n'est  pas  une  revue 
d'érudition.  Mais,  sous  l'habile  direction  de  M.  A.  Hocquet,  lé  très  distingué 
conservateur  des  archives  et  de  la  bibliothèque  de  la  ville  de  Tournai,  ses 
rédacteurs  s'appliquent  à  faire  de  la  vulgarisation  scientifique.  Par  ce 
moyen,  la  Revue  tournaisienne  parvient  à  jouer  un  rôle  excellent  puisqu'elle- 
apprend  petit  à  petit  aus  Toumaisiens  l'histoire  vraie  de  leur  ville.  Parmi 


—  381   — 

les  articles  publiés  en  1908  par  la  Revue  tournaisienne,  on  peut  signaler, à 
côté  des  nombreuses  notes  historiques  et  archéologiques  du  directeur,  les 
précieuses  généalogies  du' comte  P.  A.  du  Chastel,  les  notices  de  M.Wattier 
sur  les  dictons  et  expressions  populaires  du  Tournaisis,  les  articles  de  M.  A. 
d'Herbomez  sur  le  Collège  de  Tournai  à  Paris  et  sur  les  fournisseurs  tour- 
naisiens  de  la  Cour  de  France  au  temps  de  Charles  VI,  quelques  notes  inté- 
ressantes de  M.  le  docteur  F.    Desmons  sur  les  quais  de  l'Escaut,  etc.,    etc. 

Italie. — La  librairie  Loescher,  de  Rome,  qui,  depuis  deux  ans,  publiait  à 
intervalles  irréguliers  une  Bibliographia  arckaeologica,  catalogue  assez 
complet  des  derniers  ouvrages  parus  sur  rarchéologie  et  l'histoire  antique, 
entreprend  aujourd'hui  un  répertoire  analogue  pour  l'histoire  de  l'art.  Sans 
être  une  véritable  bibliographie,  et  bien  qu'elle  ne  soit,  à  pro- 
prement parler,  qu'un  catalogue  de  librairie,  la  Bibliographia  artistica 
«  donnant  une  liste  très  complète  des  ouvrages  sur  l'histoire  de  l'art  du 
moyen  âge  jusqu'à  nos  jours  dernièrement  parus  et  en  vente  chez  (sic) 
la  librairie  Loescher  »,  peut  permettre  à  ceux  qu'intéresse  l'histoire  de  l'art 
de  se  tenir  au  courant  des  principales  publications  sur  la  matière,  à  en 
juger  au  moins  par  le  n"  1  (mars  1909).  Noms  d'auteurs  et  d'artistes  sont 
rangés  dans  une  seule  liste  alphabétique. 

États-ITnis.  —  Un  ouvrage  destiné  assurément  à  piqi?er  la  curiosité 
et  qui  provoquera  probablement  des  controverses  passionnées  est  celui 
dont  M.  William  Stone  Booth  annonce  la  prochaine  pubhcation  à  la  librairie 
Houghton,  Mifflin  and  C".,  de  Boston,  sous  le  titre  de  :  Some  acrostic  signa- 
tures of  Francis  Bacon,  baron  Veridam  of  Verulam,  Viscount  St.  Alban. 
M.  Booth  prétend,  en  effet,  prouver  par  des  acrostiches  qu'il  a  décniffiés 
que  c'est  au  célèbre  écrivain  et  homme  d  Etat  qu'il  faut  attribuer,  non 
seulement  les  ouvrages  connus  sous  le  nom  de  Shakespeare,  mais  d  autres 
encore  parus  sous  les  noms  de  ou  attribués  à  Spenser,  Marlowe,  Ben  Jon- 
son,   Milton,    etc. 

Publications  nouvelles.  —  Die  Wiederkunft  Christi  nach  den  Pauli- 
nischen  \on  F.  Tillmann  Briefen,  (Biblische  Studien)  (in-8,  Freiburg  im 
Breisgau,  Herder).  —  Der  Verfasser  der  Eliu-Reden  (Job  Kap.  32-37). 
Eine  krit.i^che  untersuchung,  von  W.  Po.sselt  (Biblische  Studien)  (in-8,  Frei- 
burg im  Bre'Sgau,  Herder)  —  Jésus  de  Nazareth.  Notes  historiques  et  critiques, 
par  E,  Giran  (in-12,  E.  Xourrv).  —  Jésus  historique,  par  C.  Piepenbring 
(in-12,  E.  Nourry).  —  Petite  Bible  illustrée  des  écoles,  par  J.  Ecker.  Edition 
française  par  Un  Père  de  la  Compagnie  de  Jésus  (petit  in-  8,  cartonné, 
Bloud).  —  Œuvres  choisies,  oratoires  et  pastorales,  j^ar  Mgr  Touchet.  T.  V 
(in-12,  LethielleuxJ.  —  Sur  les  pai  de  Jésus,  l^e  série.  Bethléem- Nazarth, 
par  P. -F.  Moureau  (in-12,  Haton).  —  L'Évangile  du  Sacré  Cœur . Les  Mys- 
tères d'amow  du  Cœur  de  Jésus,  par  l'abbé  J.  Vaudon  (in-12,  Poussielgue). 

—  La  Maternité  adoptive  de  la  Très  Sainte  Vierge.  Étude  de  théologie,  par 
A.  Largent  (in-12,  Roger  et  Chernoviz).  —  Joseph  d'après  l'Evangile,  par 
Vabbé  M.  Caron  (petit  in-12,  Haton). —  Les  Jeunes  Filles  de  VÉvangile,  notes 
d'une  retraite  de  jeunes  filles,  par  Mgr  H.  Bolo  (in-12,  Haton).  —  Aux  daines 
et  aux  jeunes  filles.  La  Ferveur,  par  l'abbé  de  Gibergues  (in-12,  Poussielgue). 

—  Les  Larmes  consolées,  par  P.-C.  Laurent  (in-12,  Haton).  —  Nos  Devoirs 
envers  le  prochain,  intructions  d'ap  logétique,  par  L.  Désers  (in-12,  Pous- 
sielgue). —  De  la  Croyance  en  Dieu,  par  C.  Piat;  2^  éd.  (in-18,  Alcan).  — 
L'Etre  et  le  Connaître,  par  H.  Espinass  t  (iu-8,  Leroux).  —  L" Expérience 
esthétique  et  l'Idéal  chrétien,  par  A.  Loisel  (in-8,  Bloud).  —  Le  Subjectivisme, 
par  H.  Ryner  (in-8  carré,  Gastein-Serge).  —  Éléments  de  la  théorie  des  pro» 


—  382  — 

habilités,  par  E.  Borel  (gr.  in-8,  Herinann). —  Auguste  Comte  et  son  œuvre. 
Le  Positivisme,  par  G.  Deherme  (in-18,  Giard  et  Brière).  — -  Agnostiques 
français.  Positivisme  et  anarchie.  Auguste  Comte,  Littré,  Taine,  par  le  comte 
P.  Cottin  (in-18,  Alcan).  —  Chez  un  philosophe.  Deux  interviews,  par  C. 
Fondet  (in-18,  Giard  et  Brière). —  Les  Théories  individualistes  dans  la.  philo- 
sophie chinoise.  Yan-Tchou,  par  A.  David  (in-16,  Giard  et  Brière).  —  L'Évo- 
lution psychique  de  Venfant,  par  le  D''  H.  Bouquet  (in-16,  Bloud).  —  Le  Fon- 
dement psychologique  de  la  morale,  par  A.  Joussain  (in-16,  Alcan).  —  L'Édu- 
cation française.  L'Individu  et  les  diplômes,  par  A.  Faure  (in-12,  Stock).  — 
Les  Principes  de  l'évolution  sociale,  par  D.  Aslanian  (in-8,  Alcan).  — -  Le 
Socialisme  conservateur  ou  municipal,  par  A.  Mater  (in-18,  Giard  et  Brière). 

—  Cosmopolitisme,  par  S.  Tornudd  (in-18,  Giard  et  Brière).  —  Ce  que  les 
pauvres  pensent  des  riches,  par  F.  Nicolay  (in-16,  Perrin).  —  Travail  et  folie, 
influences  professionnelles  sur  Vétiologie  psychopathique ,  par  les  D""  A.  Marie 
el  R.  Marital  (in-16,  Bloud).  —  Le  Hachich.  Essai  sur  la  psychologie  des 
paradis  éphémères,  par  R.  Meunier  (in-16,  Bloud).  — -  Cours  de  physique 
conforme  aux  programmes  des  certificats  et  de  l'agrégation  physique,  par  H. 
Bouasse.  5*^  partie.  Électroptique.  Ondes  hertziennes  (in-8,  Delagrave).  • — ■ 
Les  Oscillations  électromagnétiques  et  la  Télégraphie  sans  fil,  par  le  pro- 
fesseur D*'  J.  Zenneck;  trad.  de  l'allemand  par  P.  Blanchin,  G.  Guérard,  E. 
Picot  (2  vol.  gr.  in-8,  Gauthier- Villars).  —  Machines- outils,  outillages, 
vérification,  notion  pratiques,  par  P.  Gorgeu  (gr.  in-8,  Gauthier- Villars).  — 
Les  Céréales,  par  A.  Desriot  (in-16  cartonné,  Hachette).  —  L' Aviation. 
Ses  débuts,  son  -  développement,  par  F.  Ferber  (in-8,  Berger-Levrault).  — 
Dans  les  airs.  Aérostation,  aviation  ;  étude  aérostatique,  par  G.  de  la  Landelle 
(in-18,  Vivien).  — -  Aéronef  dirigeable  plus  lourd  que  l'air  (Hélicoptère).. 
Influence  du  vent  sur  la  marche  de  l'aéronef,  par  A.  MiccioUo  (in-8,  Vivien). 

—  Les  Hélices  aériennes.  Théorie  générale  des  propulseurs  hélicoïdaux  et 
méthode  de  calcul  de  ces  propulseurs  pour  l'air,  par  S.  Drzewiecki  (in-8, Vivien). 

—  Aviation.  Comment  l'oiseau  vole.  Comment  l'homme  volera,  par  W.  Kress; 
trad.  par  R.  Chevreau  (in-8,  Vivien).  —  Les  Aéronautes  et  les  colombophiles 
du  siège  de  Paris,  par  F.  Mallet  (in-18,  Vivien).  —  Histoire  de  l'aviation. 
Avions  et  aviateurs  d'hier,  d'aujourd'hui,  de  demain,  par  Turgan  (in-8, 
Geisler).  —  L'Homme  s'envole,  Z?  passé,  le  présent  et  l'avenir  de  l'aviation 
par  le  capitaine  Sazerac  de  Forge  (in-8,  Berger-Levrault).  —  État  actuel  et 
avenir  de  l'aviation,  par  R.  Soreau  (in-8,  Vivien).  —  Les  Maîtres  de  1%  mu- 
sique. Trouvères  et  troubadours,  par  P.  Aubry  (petit  in-8,  Alcan).  —  Le 
Grec  et  le  latin.  Notions  élémentaires  de  grammaire  comparée,  phonétique 
et  morphologie,  par  Fabbé  Cliquennois  (in-8,  Poussielgue).  —  Vingt  années 
de  rectorat.  Discours  de  rentrée  et  annexes,  par  Mgr  Baunard  (in-8,  Poussielgue). 

—  Les  Muses  françaises,  anthologie  des  femmes- poètes  (w^  siècle) .  Morceaux 
choisis  accompagnés  de  notices  biographiques  et  bibliographiques,  par  A. 
Séché.  T.  II.  (in-12,  Michaud). —  Le  Cénacle  de  la  muse  française,  1823-1827, 
par  L.  Séché  (in-18,  Mercure  de  France).  —  La  Poésie  de  Jean  Aicard, 
portrait  littéraire  et  choix  de  poèmes,  par  J.  Calvet  (in-12,  Hatier).  —  L'Am- 
phore, par  J.  Segrestaa  (in-16,  Perrin).'  —  Crépuscule  d'amour,  p,ar  G.  Ba- 
tault  (in-16,  Bibliothèque  de  l'Occident).  —  Jeanne  d'Arc,  drame  en  cinq 
actes,  pour  jeunes  gens,  par  J.  Grech  (in-12,  Haton).  —  Le  Cœur  de  Jeanne 
d'Arc,  drame  historique  en  trois  actes  et  apothéose,  pour  jeunes  filles,  par 
J.  Grech  (in-12,  Haton).  —  La  Bienheureuse  Jeanned' Arc,  drame  historique 
en  quatre  actes  et  douze  tableaux,  par  l'abbé  J.  Oger  (in-8,  Haton).  — 
Lourdes  et  Bernadetlc,  drame  historique  en  un  prologue,  cinq  actes  et  dix 


—  383  — _ 

tableaux,  par  l'abbé  J.  Oger  (gr.  in-8,  Haton).  —  Bernadette  et  Lourdes, 
drame  historique  en  un  prologue,  cinq  actes  et  dix  tableaux,  par  l'abbé 
J.  Oger  (in-12,  Haton).  —  Une  Fille  de  Fra-Diavolo,  petit  opéra-comique 
en  trois  actes,  avec  un  prologue,  par  J.  Grech  (in-12,  Haton).  —  Villa  du 
Doux-Repos,  comédie  en  un  acte  pour  jeunes  filles,  par  G.  Le  Roy-Villars 
(in-12,  Haton).  —  Le  Prix  de  la  vie,  par  H.  Davignon  (in-16,  Plon-Nourrit). 
Marie-Rose  au  couvent,  par  J.  Leroy-Allais  (in-12,  Plon-Nourrit).  — 
Bourgeoises  artistes.  Le  Préjugé,  par  H.  Bezançon  (in-16,  Plon-Nourrit).  — 
Les  Deux  Routes,  par  P.  Tany  (in-16,  Perrin).  —  Mémoires  d'une  50  H.  P., 
par  B.  Arosa  (in-18,  Stock). —  Nicole  à  Marie,  par  G.  Bergeret  (in-16,  Ha- 
chette). —  Le  Drame  du  «  Korosko  »,  par  Conan  Doyle;  trad.  de  l'anglais  par 
H.  Evie  (in-16.  Hachette).  ■ —  Injerna,  par  C.  Lucius  (in-18,  Garnier).  — 
Nuevo  Libro  de  los  exemplos,  por  A.  Casafial  Shakery  (in-12,  Zaragoza, 
Gasca).  —  Las  Caracolas,  cuentos  aragones,  por  J.  Blas  y  Ubide  (in-12, 
Zaragoza,  Gasca).  —  Le  Journal  d'une  fille  d'honneur,  par  H.  de  Zobeltitz; 
trad.  de  l'allemand  par  J.  Ritt  (in-18,  tolin).  —  Le  Cottage  fleuri,  par  L.  des 
Ages  (in-12,  Haton).  —  Fidèle  à  Dieu,  par  F.  de  Noce  (in-12,  Haton).  — 
La  Famille  Ellis,  par  M.  Auvray  (in-8,  Haton).  —  Lettres  de  jeunesse.  Études 
littéraires  et  sociales  (1892-1900),  par  J.-A.  Coulangheon  (in-12,  Paulin).  — 
Les  plus  jolies  lettres  d'amour  recueillies  et  publiées  par  A.  de  Pêne  (in-12, 
Messein). —  De  la  Pcécde  scientifique,  par  R.  Ghil  (in-8,  carré,  Gastein-Serge). 

—  Les  Origines  de  la  littérature  française.  Jehan  Bodel,  avec  des  commentaires 
sur  le  «  Congé  »  de  Baude  Fastoul,  par  E.  Langlade  (gr.  in-8,  F.-R.  de  Rudeval). 
- —  Pages  choisies  des  grands  écrivains.  Fontenelle  (in-18.  Colin).  —  Dans  le 
jardin  de  Sainte-Beuve.  Essais,  par  G.  Grappe  (in-12.  Stock).  —  Flaubert, 
sa  vie,  son  caractère  et  ses  idées  avant  1857,  par  R.  Descharmes  (gr.  in-8, 
Ferroud).  —  Un  Ami  de  Flaubert.  Alfred  Le  Poittevin.  Œuvres  inédites  pré- 
cédées d'une  Introduction  sur  sa  vie  et  son  caractère,  par  Jl.  Descharmes  (gr. 
in-8,  Ferroud).  —  La  Chanson  des  Nibelunge;  traduite  du  moyen-haut- 
allemand,    avec  une  Introduction  et  des  notes  par  J.Firmery  (in-18,  Cohn). 

—  Vie  et  œuvre  du  comte  Léon  Tolstoï.  Mémoires,  souvenirs,  lettres,  extraits 
du  Journal  intime,  notes  et  documents  èîograp/ii^we^,  réunis,  coordonnés  et 
annotés  par  P.  Birukov;  trad.  par  J.-W.  Bienstock.  T.  III  (in-18.  Mercure 
de  France).  —  Bon  an,  mal  an,  par  H.  Lavedan  2*^  série  (in-16,  Perrin).  — 
Revue  de  géographie  annuelle,  pubhée  sous  la  direction  de  C.  Vélain.  T.  II. 
Année  1908  (in-4,  Delagrave).  —  La  France  et  ses  colonies  au  début  du 
xx^  siècle,  por  M.  Fallex  et  A.  Mairey  (petit  in-8,  Delagrave).  —  Le  Morvan. 
Étude  de  géographie  humaine,  par  le  capitaine  J.  Levainville  (gr.  in-8, 
Colin).  —  Impressions  de  Corse,  par  E.  Spalikowski  (in-12,  Maloine).  — 
Les  Régions  du  Moi  du  Sud  indo-chinois.  Le  Plateau  du  Darlac,  par  H. 
Maître  (in-16,  Plon-Nourrit).  —  Histoire  sanglante  de  l'humanité,  par  F. 
Nicolay  (in-12,  Téqui).  —  Figures  de  moines,  par  E.  Dimnet  (in-16,  Perrin). 

—  Saint  aidas  de  Ruis  et  la  Société  bretonne  au  vi^  siècle  (493-570),  par 
J.  Fonssagrives  (in-12,  Poussielgue).  —  Une  sainte  Figure.  Mgr  Anger 
Billards,  chapelain  de  Notre-Dame  de  la  Délivrance,  etc.,  par  V.  Féli  (in-16, 
Poussielgue).  — La  Bienheureuse  Jeanne  d' Are,  son  vrai  caractère,  par  M.  Sepet 
(in-12,  Téqui).  —  La  Cour  du  RoiSoleil,  par  A.  Parmentier  (petit  in-8.  Colin). 

—  Les  Grands  Écrivains  de  la  France.  Mémoires  de  Saint-Simon,  édités  par 
A.  de  Boislisle.  T.  XXI  (in-8,  Hachette).  —  Documents  sur  la  Révolution 
dans  le  Vaucluse.  Correspondance  intime  du  conventionnel  Rovère  avec 
Gûupilleau  (de  Montaigu)  en  mission  dans  le  Midi  après  la  Terreur  (1794- 
1975),  publiée  d'après  les  documents  originaux  inédits  avec  une  Introduc- 


—  3S4  — 

tion  el  des  noies,  par  M.  Jouve  et  M.  Giraud-jMangin  (in-8,  Nîmes,  Debroas). 

—  Jean  de  Bry  (1760-1835).  Le  Congrès  de  Rastadt.  Une  Préfecture  sous  le 
premier  Empire,  par  L.  Pingaud  (in-8,  Plon-Nourrit). —  L'Exil  et  la  mort  du 
général  Moreau,  par  E.  Daudet  (in- 16,  Hachette).  —  Les  Projets  de  restau- 
ration monarchique  et  le  Général  DucroL,  par  le  vicomte  de  Chalvet-Naslrac 
(in-8,  A.  Picard  et  fils).  — -  Un  Séjour  à  Lourdes.  Journal  d'un  pèlerinage  à 
pied.  Impressions  d'un  brancardier,  par  A.  Retté  (in-18,  Messein).  —  Le 
Premier  Ministre  constitutionnel  de  la  guerre.  La  Tour  du  Pin.  Les  Origines 
de  l'armée  nouvelle  sous  la  Constituante,  par  L.  -de  Chilly  (in-8,  Perrin).  — 
Trois  Héros.  Bataille  de  Beaumont-en- Argonne  et  passage  de  vive  force  du 
Pont  de  Mouzon  les  30  et  31  août  1870.  M'^^  Bellavoine.  Maréchal  des  logis 
Collignon.  Colonel  Démange,  par  le  général  F.  Canonge  (in-18,  Garnier). — - 
Le  17^  Corps  à  Loigny,  d'après  des  documents  inédits  et  les  réctis  des  combat- 
tants, par  le  commandant  H.  de  Sonis  (in-8,  Berger-Levrault).  ■ —  Souvenirs 
d'un  Parisien,  par  H.  Boucher.  2^  série  (1853-1862)  (in-1.6,  Perrin).  — 
Études  contemporaines.  La  Crise  intime  de  l'Eglise  de  France.  Les  Prêtres 
démocrates.  Le  Sillon.  Les  Hypercritiques,  par  P.  Barbier  (in-12,  Lethielleux). 

—  La  Crise  religieuse.  Non  Credo,  par  Timothébn  (in-12,  Gastein-Serge).  — 
Traditionnalisme  et  Démocratie,  par  D.  Parodi  (in-18,  Colin).  —  Quelques 
propos  d'un  contre-révolutionnaire,  par  G.  Chardonchamp  (petit  in-8,  Le- 
thielleux). - —  Un  Siècle  de  politique  allemande.  Mémoires  du  prince  Clovis 
de  Hohenlohe.  T.  I  et  II;  trad.  de  P.  Budry  (2  vol.  in-8,  Conard).  —  La 
Condesa  de  Bureta  D^  Maria  Consolaciôn  de  Azlor  y  V illavicencio  y  el  Régente 
Don  Pedro  M^  Rie  y  Monserrat,  episodios  y  documentos  de  los  sitios  de  Zara- 
goza,  por  -M.  de  Pano  y  Ruata  (in-8,  Zaragoza,  Escar).  —  La  Enseîianza 
en  Espaùa,  por  el  P.  T.  Rodriguez  (in-18,  Madrid,  Millân).  —  La  Hongrie 
rurale,  sociale  et  politique,  par  le  comte  J.  de  Mailâth  (in-8,  Alcan).  —  Les 
Sforza  et  les  arts  en  Milanais,  1450-1530,  par  G.  Gausse  (gr.  in-8,  Leroux). — 
Le  Réveil  de  la  Turquie,  par  H.  Diamantopulo  (in-8.  Le  Soudier).  —  La 
Turquie  nouvelle  et  V Ancien  Régime,  par  J.  Denais  (in-8.  Rivière).  —  Au 
Maroc  avec  Is  général  d' Amade,  par  R.  Rankin;  trad.  de  l'anglais  (in-16, 
Plon-Nourrit).  —  The  self-reconstruction  of  Maryland,  1864-1867,  by  W. 
Starr  Myers  (in-8,  Baltimore,  the  Johns  Hopkins  Press).  —  La  Intervenciôn 
francesa  en  Mexico  ,segun  el  archivo  del  mariscal  Bazaine.  Sexta  parte  (textos 
espanol  y  frances),  publicado  por  G.  Garcia.  T.  XXII  (petit  in-8,  Mexico, 
Vda.  Bouret).  —  La  Vie  de  F.  Chopin  dans  son  œuvre,  par  E.  Ganche  (in-18, 
Société  des  auteurs  éditeurs).  —  Les  Ex-libris  de  médecins  et  de  pharmaciens , 
ouvrage  complété  par  les  listes  internationales  des  ex-libris  et  devises  des  mem- 
bres de  ces  corporations,  suivi  d'une  Elude  sur  les  marques  personnelles  ma- 
cabres, par  Henry-André  (in-8,  chez  l'autour,  Paris,  3,  faubourg  Saint- 
Jacques).  ViSENOT. 


Le  Gérant  :  GHAPUIS. 


Imprimerie  polyglotte  Fr,  Simun,  Hennés 


POLTBIBLION 

REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE  UNIVERSELLE 

PHILOSOPHIE 

Philosophie  générale.  —  Logique.  —  1,  Leçons  de  philosophie  et  Plans  de  disser. 
talions.  I.  Psychologie,  par  l'abbé  J.-B.  Domecq.  Tours,  Cattier,  s.  d.  in-8  cart.  de 
389  p.,  8  fr.  —  2.  Supplément  au  Dictionnaire  de  philosophie  ancienne,  moderne  et 
contemporaine  (années  1906, 1907,  1908),  par  l'abbé  Elie  BLANC.Paris,  Lethielleux, 
s.  d.,  in-4  de  vi-154  p.,  2  fr.  —  3.  Leçons  de  logique  et  de  morale,  par  R.  Hourticq. 
Paris,  H.  Paulin,  1908,  in-12  de  322  p.,  3  fr.  —  4.  Cours  de  philosophie  positive,  par 
Auguste  Comte.  T.  IV  et  V.  Paris,  Schleicher,  1908,  2  vol.  petit  in-8  de  viii-389 
et  411  p.,  4  fr.  —  5.  Les  Grands  Ecrivains  de  la  France.  Œuvres  de  Blaise  Pascal. 
T.  I,  II  et  III,  publiés  suivant  l'ordre  chronologique,  avec  documents  complémen- 
taires, Introduction  et  notes  par  Léon  Brunschwig  et  Pierre  Boutroux.  Paris, 
Hachette,  1908,  3  vol.  in-8  de  lxv-406,  574  et  600  p.  22  fr.  50.  —  6.  Les  Problèmes 
de  la  science-et  la  Logique,  par  Frédéric  Enriques;  trad.  de  l'italien  par  Juliex 
Dubois.  Paris,  Alcan,  1909,  in-8  de  256  p.,  3  fr.  75.  —  7.  Les  Principales  Théories 
de  la  logique  contemporaine,  par  P.  Hermant  et  A.  Van  de  Waele.  Paris,  Alcan, 
1909,  in-8  de  303  p.,  5  fr.  —    8.  Insuffisance  des  philosophies  de  Vintuition,  par 
Cloduts  Piat.  Paris,  Plon-Nourrit,  1908,  petit  in-8  de  319  p.,  5  fr. 
Psychologie.  —  9.  La  Psychologie  quantitative,  par  J.-J.  Van  Biervliet.  Paris, 
Alcan,  1907,  in-8  de  219  p.,  4  fr.  —  10.  Psycho-Physiologie  de  la  douleur,  par  MM"'^^ 
loTEYKO  et  M.  Stefanowska.  Paris,  Alcan,  1909,  in-8  de  251  p.,  5  fr.  —  11.  Le 
Premier  Éveil   intellectuel  de  Venfant,  par     Edmond    Cramaussel.   Paris,   Alcan, 
1909,  in-16  de  200  p.,  2  fr.  50.  —  12.  V Adolescence,  étude  de  psychologie  et  de  péda- 
gogie, par  Gabriel  Compayré.  Paris,  Alcan,  1909,  in-16  de  196  p.,  2  fr.  50.  — 
13.  Le  Cœur  humain  et  les  Lois  de  la.  psychologie  positive,  par  Antoine  B.aumann*. 
Paris,  Perrin,  1909,  in-16  de  vnij350  p.,  3  fr.  50. 
Morale   et  Sociologie.  —  14.  Éthique,  droit  et  politique,  par  Arthur  Schopen- 
hauer;  trad.  de  rallemand  avec  Préface  et  notes  par  Auguste  Dietrich.  Paris, 
Alcan,  1909,  in-16  de  188  p.,  2  fr.  50.  —  15.  La  Morale  naturelle,  par  J.-L.  de 
Lanessan.  Paris,  Alcan,  1908,  in-8  de  412  p..  7  fr.  50.  —  16.  L'Expérience  mo- 
rale, par  F.  Rauh.  2=  éd.  Paris,  Alcan,  1909,  in-8  do  vi-236  p.,  3  f;.    75.    —  17. 
Esquisses  de  morale  et  de  sociologie,  par  Eugène  Leroy.  Paris,  H.  Paulin,    1909, 
in-16  de  175  p.,  2  fr.  —  18.  La  Sensibilité  individualiste^  par  G.  Palante.   Paris, 
Alcan,  1909,  in-16  do  140  p.,  2  fr.  50.  —  19.  La  Morale  de  F  ironie,  par  Fr.  Paulhan. 
Paris,  Alcan,  1909,  in-16  de  fO  p.,  2  fr.  50. —  20.  Démocratie,  patrie  et  humanité, 
par  J.  GiROD.  Paris,  Alcan,  1908,  in-16  de  11-172  p.,  2  fr.  50.  —  21.     L'Idéal    du 
xix*^  siècle,  par  Marius-Ary  Leblond.  Paris, Alcan,  1909,  in-8  de  x-328  p.,   5  fr. 
Histoire  et  Critique.  —  22.  Pascal  et  son  icmps^  jjar  Fortunat  Strowski.  3^  par- 
tie. L?s  Provinciales  et  les  Pensais.  Paris,  Plon-Nourrit,  1908,  in-16  de  419  p.,  3  fr.  50. 
—  23.  La  Philosophie  de  L'.ibniz,  exposé  critique,  par  Bertrand  Russell;  trad. 
de  l'anglais  par  Jean  et  Renée-J.  Ray.  Paris,  Alcan,  1908,  in-8  de  xvi-233  p., 
3  fr.  75.  —  2k.  Leibniz, avec  de  nombreux  ietctes  inédits  et  une  Introduction  par  Jean 
Baruzzi.  (Collection  La  Pensée  chrétienne).  Paris,  Bloud,  1909,  in-16  de  386  p., 
5  fr.  —  25.  La  Théorie  idéologique  de  Galluppi  dans  ses  rapports  avec  la  philosophie 
de  Kanl,  par  F.  Palhoriès.  Paris,  Alcan,  1909,  in-8  de  193  p.,  4  fr.  — 26.  Les 
Grands  Philosophes.  Piosmini,  par  F.  Palhoriès.   Paris,  Alcan,  1908,  in-8  de  xi- 
398  p.,  7  fr.  50.  —  27.  El  Positivismo,  su  historia  y  sus  errores,  por  José   M.    de 
Jesûs  Portugal.  Barcclona,  Subirana,  1908,  in-12  de  320  p.,   2  fr.  —  28.   Cour- 
not  et  la  Renaissance  du  probabilisme  au  xix'^  siècle,  par  F.  Mentré.  Paris,  Marcel 
Rivière,  1908,  in-8  de  viii-651  p.,  12  fr.  —  29.  La  Philosophie  sociale  de  Renouvier, 
par  Roger  Picard.  Paris,  Marcel  Rivière,  1908,  in-8  de  344  p.,  7  fr.  50.  —  30. 
Le  Déterminisme  économique  de  Karl  Marx.  Recherches  sur  Vorigine  de  r  évolution 
des  idées  de  justice,  du  bien,  de  Vâme  et  de  Dieu,  par  Paul  Lafaugue.  Paris,  Cîiard 
Mai  1909.  T.  CXV.  25. 


—  386  — 

el  Bi'ière,  1909,  ia-lS  de  384  p.,  4  fr.  —  31.  Anti-Pragmatisme.  Examen  des  droits 
respectifs  de  l'aristocratie  intellectuelle  et  de  la  démocratie  sociale,  par  Albert  Schinz. 
Paris,  Alcan.  1909,  in-8  de  309  p.,  5  fr.  —  32.  Pragmatisme  et  Modernisme,  par  J. 
BounDEAU.  Paris,  Alcan,  1909,  in-16  de  vn-238  p.,  2  fr.  ."iO.  —  33.  Revue  des  sciences 
philosophiques  et  théologiques.  2«  année,  1908.  Le  Saulchoir,  à  Kain  (Belgique),  gr. 
in-8  de  873  p..  12  fr.  —  34.  Études  et  controverses  philosophiques,  par  l'abbé 
Eugène  Lanusse.  Paris,  Roger  et  Chernoviz,  1909,  in-12  de  iv-323  p.,  3  fr. 

Philosophie  générale.  — Logique.  — 1.  — Aucun  professeur  de 
philosophie  n'est  satisfait  du  manuel  qu'il  recommande  à  ses  élèves; 
cela  est  inévitable,  le  cerveau  de  chacun  d'entre  eux  faisant  subir  une 
déviation  à  la  pensée  d'autrui,  et  cela  est  heureux  puisqu'après 
quelques  années  d'enseignement  et  d'expérience,  le  maître  conçoit 
toujours  et  accomplit  quelquefois  le  projet  de  rédiger  son  cours  et  de 
l'offrir  au  public  cultivé.  C'est  ainsi  que  M.  .J.-B.  Domecq  a  publié  ses 
Leçons  de  philosophie  et  Plans  de  disserta  lion  s.  I,  Psychologie.  C'est 
un  des  meilleurs  traités  que  nous  connaissions  :  la  doctrine  est  sûre, 
l'exposition  nette  et  précise,  les  divisions  excellentes.  L'auteur  s'entend 
à  condenser  les  idées  essentielles,  sans  inutiles  développements.  Chaque 
leçon  est  suivie  d'un  tableau  analytique;  enfin,  les  lectures  recom- 
mandées et  les  ouvrages  à  consulter  dirigeront  et  aideront  les  élèves 
et  permettront  aux  mieux  doués  de  compléter  leur  instruction  philo- 
sophique. 

2.  —  Mgr  Elie  Blanc,  professeur  à  l'Université  catholique  de  Lyon, 
vient  d'ajouter  à  son  Dictionnaire  de  philosophie  un  Supplément  où 
sont  indiqués  les  noms  et  les  travaux  mis  en  lumière  pendant  ces  trois 
dernières  années.  On  trouvera,  résumés  en  160  pages,  quantité  de 
renseignements  intéressants  et  précieux,  qu'on  chercherait  vainement 
ailleurs.  Les  articles  :  Aristote,  Bergson,  W.  James,  Modernisme,  etc. 
témoignent  des  qualités  d'information  et  d'appréciation  judicieuse 
qui  ont  valu  une  place  à  part  à  Mgr  Elie  Blanc,  parmi  les  penseurs 
catholiques  contemporains. 

.  3.  — Faut-il  répéter  ce  que  nous  avons  écrit,  ici  même,  il  y  a  six  mois 
à  propos  du  livre  de  M.  Hourticq  :  Leçons  de  logique  et  de  morale? — 
C'est  un  manuel  clair  et  parfois  un  peu  trop  concis,  qui  s'inspire 
beaucoup  trop  des  idées  de  M.  Durkheim,  c'est  à  dire  du  positivisme 
sociologique. 

4.  —  M^L  Sehleicher  poursuivent  la  publication  des  Cours  de 
philosophie  positive  d'Auguste  Comte.  Les  tomes  IV  et  V  sont  con- 
sacrés à  la  Physique  sociale.  On  y  trouve  les  considérations  sur  la 
statique  et  la  dynamique  sociales  qui  ont  fait  fortune,  et  aussi 
l'exposé  de  la  loi  des  trois  états  :  théologique,  métaphysique  et  scien- 
tifique. Il  est  facile  de  se  convaincre  des  emprunts  que  nos  sociologues 
ont  faits  au  fondateur  du  positivisme;  son  influence  demeure  consi- 
dérable, continuelle  et  désastreuse. 


-   387  — 

5.  —  La  collection  des  Grands  Eaiçains  de  la  France  vient  de 
s'enrichir  de  trois  volumes  contenant  les  Œuvres  de  Biaise  Pascal 
jusqu'en  1654,  époque  de  ce  qu'on  a  nommé  sa  seconde  conversion. 
On  y  trouvera  spécialement  les  écrits  se  rapportant  à  ses  travaux  de 
mathématiques  et  de  physique,  sa  correspondance  scientifique  et  aussi 
un  grand  nombre  de  lettres  sur  divers  sujets.  Le  discours  sur  les 
Passions  de  l'Amour  y  est  résolument  attribué  à  Pascal.  Mais  ce  qui 
fait  le  mérite  exceptionnel  de  cette  édition,  c'est,  avec  sa  netteté  et 
son  élégance  typographiques,  la  série  d'Introductions  et  de  notes  qui 
éclairent  et  interprètent  les  textes.  M.  Brunschwig,  auquel  nous  devons 
plusieurs  éditions  des  Pensées^  s'est  chargé  de  la  partie  littéraire; 
M.  Pierre  Boutroux,  professeur  au  Collège  de  France,  a  commenté  la 
partie  scientifique.  Tous  deux  ont  heureusement  appliqué  les  méthodes 
d'une  critique  judicieuse  et  pénétrante.  Enfin,  quantité  d'opuscules, 
lettres  ou  biographies  dus  aux  parents  et  amis  de  Pascal,  complètent 
et  expliquent  son  œuvre  glorieuse.  Tous  ses  admirateurs  sauront  gré 
à  MM.  Brunschwig  et  Boutroux  de  s'être  si  bien  acquittés  de  leur  tâche 
et  attendent  avec  impatience  les  volumes  qui  restent  encore  à  publier. 

6.  —  Dans  son  livre  :  Les  Problèmes  de  la  science  et  la  Logique,  un 
professeur  de  l'Université  de  Bologne,  M.  F.  Enriques,  cherche  à  dé- 
terminer les  lois  de  la  Gnoséologie  ou  théorie  générale  de  la  science. 
Puisque  celle-ci  se  compose  de  notions,  fruits  de  nos  opérations  intel- 
lectuelles, on  peut  et  on  doit  se  demander  comment  ces  notions  se 
forment,  à  quels  objets  elles  correspondent,  de  quelle  manière  elles 
s'accordent  entre  elles,  quelle  est  leur  origine  et  quelle  est  leur  valeur. 
—  Le  sens  de  ces  problèmes  est  établi  dans  une  Introduction  qui 
sert  de  premier  chapitre;  le  second  examine  les  faits  et  théories;  le 
troisième  résout  les  principaux  problèmes  de  la  logique  formelle  et  de 
la  logique  réelle.  La  préoccupation  dominante  de  l'auteur  c'est  d'exor- 
ciser le  fantôme  de  l'absolu;  à  la  fois  positive  et  critique,  sa  méthode 
s'en  tient  d'une  part  aux  phénomènes  et  à  leurs  rapports,  de  l'autre 
à  leurs  représentations,  et  distingue  les  éléments  objectifs  et  subjectifs 
de  la  connaissance  sans  faire  appel  à  la  métaphysique.  D'rù  une  série 
de  tours  de  force  où  s'avère  la  virtuosité  d'un  dialecticien  reffmé  mais 
qui  nous  donne  l'impression  d'un  sport  difficile,  ingénieux  et  stérile. 

7.  —  L'ouvrage  de  MM.  Hermant  et  Van  deWaele  :  Les  Principales 
Théories  de  la  logique  contemporaine,  est  un  exposé  critique  des  sys- 
tèmes imaginés  et  élaborés  en  Allemagne,  en  AngletéiTe  et  en  France 
pour  formuler  un  art  d'arriver  au  vrai  et  définir  le  vrai  lui-même.  En 
Allemagne,  Riehl  et  Wundt  admettent  ce  principe:  «Ce  qui  est  perçu, 
est.  »  C'est  le  réaHsme  naïf. —  Lasson  et  Michelet  réduisent,  avec 
ïlégol,  l'être  à  la  pensée;  c'est  l'idéahsme  absolu.  Les  néo-criticistes, 
tels  que  Lange  et  Volkelt,  affirment  l'existence  des  données  expéri- 


—  388  — 

mentales,  reçues  dans  les  formes  a  priori  de  la  sensibilité  et  organisées 
par  l'application  des  catégories  de  l'entendement.  Schuppe  réduit  la 
vérité  à  l'association  et  à  la  concordance  universelle  de  tous  les  actes 
de  la  pensée;  il  fonde  la  théorie  de  l'immanence  développée  par  de 
nombreux  disciples.  Plus  indépendants,  Lotze,  Sigwart,  Erdmann 
semblent  plus  ou  moins  rattacher,  de  diverses  manières,  l'existence 
du  monde  à  l'existence  du  moi.  \'on  Hartmann  et  Natorp  relient  notre 
connaissance  à  des  lois  de  vérité  objective,  et  font  rc-A'ivre  une  sorte 
de  chose  en  soi,  qui  serait  l'unité  persistante  sous  la  mobilité  des  ap- 
parences, analogue  à  la  volonté,  fond  et  source  de  l'être,  de  Schopen- 
hauer.  Opposés  à  ce  réalisme  transcendental,  les  empirio-critieistes  tels 
que  Mach  et  Avenarius,  ne  voient  dans  la  conception  philosophique 
qu'une  évolution  progressive  delà  connaissance  vulgaire,  une  interpré- 
tation scientifique  de  l'expérience,  une  liaison  de  plus  en  plus  parfaite  et 
toujours  provisoire  de  nos  idées.  Nous  retrouverons,  avec  des  variantes, 
ces  diverses  orientations  de  la  pensée  dans  les  écoles  anglaises,réalistes 
avec  Spencer  et  Sidgwick  ;  idéalistes  avec  Green,  Bradley,  Hobbhouso 
et  Bosanquet;  pragmatistes  avec  l'Américain  \^'.  James  et  le  professeur 
d'Oxford,  Schiller,  qui  définissent  la  vérité  en  fonction  d'utilité. 
L'É-'ole  française  est  représentée  par  M.  Laclielier,  qui  fait  appel  à  la 
croyance  pour  atteindre  l'être  réel;  par  M.  Fouillée  qui  n'attribue  do 
réalité  et  de  certitude  immédiates  qu'aux  faits  de  conscience;  par 
M.  Weber  qui,  poussant  l'idéalisme  à  ses  conséquences  extrêmes,  no 
reconnaît  de  réel  que  l'être  logique,  la  pure  et  seule  affirmation;  par 
M.  Liard  qui  exclut  l'existence  du  domaine  de  la  logique  pour  l'attri- 
buer à  la  psychologie;  par  M.Thouverez,  qui  proclame  et  sauvegarde 
les  droits  du  réalisme  métaphysique.  Enfin,  quelques  pages  sont  con- 
sacrées aux  néo-scolastiques  :  Mgr  Mercier,  MM.  de  Wulf,  Domet  de 
Vorges,  É.  Blanc,  qui  maintiennent  le  réalisme  «  naïf  »  et  le  défendent 
par  despreuves  empruntées  à  Aristote  et  àsaint Thomas.  Naturellement, 
au  cours  de  ces  pages,  sont  relatées  les  opinions  sur  l'essence  du  juge- 
ment, la  portée  de  l'induction,  la  valeur  du  syllogisme.  Dans  la 
conclusion,  MM.  Hermant  et  Van  de  Waele  nous  font  connaître  leur 
propre  système,  mixture  d'éléments  hétérogènes,  où  criticisme, 
évolutionnisme  et  empirisme  se  joignent  comme  ils  peuvent,  non 
sans  se  gêner.  Considéré  comme  une  revue  et  un  recueil  des  travaux 
contemporains  sur  la  logique,  cet  ouvrage  est  important  et  remar- 
quable: lecture  variée,  érudition  considérable,  labeur  persévérant  et 
louable,  tels  sont  ses  mérites.  Mais  c'est  un  chef-d'œuvre  de  confusion, 
d'entassement  indigeste,  de  disproportion.  Le  dédain  que  ces  auteurs 
témoignent  au  réalisme  est  à  la  nfiode  et  tranche  sommairement  les 
questions  les  plus  graves;  mais  il  est  injustifié  et  inintelligent. 
8.  —  Quels  sont  les  philosophes  qui  croient  à  l'existence  du  monde 


—  389  — 

extérieur,  de  Dieu,  du  devoir?  On  ne  peut  guère  les  considérer  que 
comme  des  réalistes  «  naïfs  ».  M.  Piat,  aux  yeux  duquel  l'univers  est 
créé  }3ar  un  Être  intelligent  et  pour  une  fin  morale,  dénonce  une  des 
principales  raisons  de  l'idéalisme,  de  l'athéisme,  de  Tamoralisme  dans 
son  livre  :  Insuffisance  despldlosophiesdel'intuiiion.  L'intuition  sert  à 
tout  et  ne  suffit  à  rien.  C'est  elle  qui  amène  Stuart  Mill  à  définir  la 
matière  :  une  possibilité  permanente  de  sensations,  Bergson  à  enfer- 
mer la  perception  extérieure  dans  la  conscience,  H.  Spencer  à  n'ad- 
mettre que  des, raisonnements  relatifs;  elle  est  impuissante  à  atteindre 
l'être  sous  les  apparences.  En  théodicée, elle  nousavalulapreuveonto- 
logique  de  saint  Anselme  qui  passe  du  logique  au  réel,  la  vision  en  Dieu 
de  Malebranclie  et  de  Fénolon  qui  implique  la  confusion  de  l'indéfini  et 
de- l'infini,  l'expérience  du  divin  de  W.James,  qui  est  un  mysticisme 
irrationnel  et  vide.  En  morale  enfin,  l'intuition  ne  conçoit  pas  l'idée 
vraie  du  devoir,  n'explique  pas  la  délibération,  le  souvenir,  l'acte 
libre  sans  lesquels  il  n'y  a  pas  de  sujet  moral,  n'établit  pas  l'harmonie 
du  devoir  et  du  bonheur.  Il  faut  que  nous  passions  du  «  donné  »  à  ce 
qui  ne  l'est  pas  pour  posséder  le  réel,  insaisissable  en  dehors  de  nos 
inférences  rationnelles.  Les  concepts  de  notre  esprit  sont  notre  vrai 
trésor  intellectuel  :  ils  diffèrent  de  nos  représentations  sensibles  et 
leur  sont  très  supérieurs.  Telle  est  la  thèse  affirmée,  soutenue  et 
développée  par  l'éminent  professeur  de  l'Institut  catholique  de  Paris, 
dont  on  connaît  la  vigueur  et  la  souplesse  dialectiques,  la  pénétration 
dans  l'exposition,  l'analyse  et  la  critique  des  systèmes  et  le  talent 
d'écrivain.  Seules,  les  pages  destinées  à  l'objectivisme  d'Aristote  nous 
paraissent  discutables.  Nous  n'oserions  dire  que  «  sa  doctrine  ne 
répond  pas  à  la  critique  aiguë  qu'on  a  faite,  en  notre  temps,  des  con- 
ditions de  la  connaissance  humaine  »,  car  nous  croyons  qu'on  ne  peut 
échapper  au  scepticisme  qu'en  admettant,  avec  le  philosophe  de 
Stagyre  l'objectivité  de  nos  sensations. 

Psychologie. —  9.  —  La  Psychologie  cfaaniiiaiive,  de  M.  J.-J,  Van 
Biervliet,  se  compose  de  trois  études  distinctes  :  la  Psychophysique, 
la  PsychophysioJogie,  la  Psychologie  expérimentale.  —  Il  expose  et 
critique  dans  la  première,  les  travaux  de  Fechner,  de  Delbœuf,  de 
Miinstenberg  pour  corriger  la  loi  de  Weber  destinée  à  mesurer  les  rap- 
ports entre  la  sensation  et  l'excitation.  «  Toute  tentative  de  mensuration 
des  sensations  est  actuellement  impossible.»  L'école  de  Leipzig  fondée 
par  Wundt  détermine  surtout  la  durée  des  processus  conscients  et 
s'attache  à  l'étude  des  courants  nerveux.  L'école  expérimentale 
se  dégage  et  se  détache  des  problèmes  métaphysiques,  étudie  les 
phénomènes  sans  se  préoccuper  de  leur  nature  intime;  elle  a  per- 
fectionné les  méthodes,  multiplié  les  enquêtes  pour  étudier  les  varia- 
tions de  la  perception,  de  la  sensibilité,  de  la  mémoire  chez  divers  sujets. 


—  300  - 

MM.  Binet,  Bourdon,  Toulouse,  en  dos  laboratoires  bien  outillés,  ont 
institué  dos  expériences  intéi'essantes.  Parmi  ces  cberclieurs,  M.  Van 
Biervliet  occupe  un  rang  distingué  par  ses  travaux  laborieux, 
ingénieux  et  savants.  Il  est  entenlu  que  les  psychologues  empi- 
riques no  font  plus  de  métaphysique;  mais,  en  ce  cas,  ont-ils  le  droit 
d'écrire  :  «  L'homme  plus  intelligent,  plus  esthète,  plus  moral,  est 
le  produit  de  la  culture  de  certains  centres,  particulièrement  déve- 
loppés, sous  l'action  du  milieu  renforcée  par  celle  de  l'hérédité.  » 
Cette  phrase  est  une  négation  de  la  psychologie  rationnelle,  ce  qui 
est  une  manière  —  mauvaise  —  de  faire  de  la  métaphysique. 

10.  —  Nous  ressentons  tous  la  souffrance,  mais  nous  serions  assez 
embarrassés  pour  la  définir  iMM'ies  loteyko  et  Stefanowska  l'ont  essayé 
dans  le  volume  :  Psycho-Physiologie  de  la  douleur.  La  tâche  est  difficile 
et  complexe,  car  les  éléments  de  la  douleur  sont  multiples  et  divers. 
Il  faut  déterminer  ses  causes,  ses  organes,  ses  signes,  ses  expressions, 
ses  variétés,  ses  aspects;  et  c'est  l'objet  de  nombreux  détails  aussi 
bien  choisis  que  mal  présentés  et  agencés.  Avec  les  matériaux  que 
renferment  ces  pages,  on  pourrait,  en  les  classant,  en  les  divisant,  en 
les  ordonnant,  composer  une  utile  et  intéressante  monographie. 
D'autant  plus  qu'aux  observations  des  physiologistes  et  des  psycho- 
logues, les  deux  doctoresses  ont  ajouté  des  théories  nouvelles  :  par 
exemple  sur  l'asymétrie  de  la  douleur  :  le  côté  gauche  du  corps  est 
plus  sensible  que  le  côté  droit;  sur  l'excitant  de  la  douleur  :  elle  est  due, 
à  une  intoxication  des  terminaisons  nerveuses  dolorifiques  et  produite 
par  des  substances  algogènes  nées  au  moment  de  l'excitation  forte. 
Ce  sont  des  interprétations,  tout  au  moins  vi'aisemblables,  d'expé- 
riences bien  conduites.  On  doit  encore  louer  une  très  complète  biblio- 
graphie et  aussi  des  considérations  justes  et  élevées  sur  le  rôle  de  la 
douleur  qui, n'auraient  besoin  que  d'être  très  peu  perfectionnées  pour 
fournir  une  justification  chrétienne  de  la  Providence. 

11.  — Ce  n'est  pas  seulement  dans  un  but  pédagogique  qu'il  importe 
d'étudier  la  plante  humaine  dès  son  éclosion,  mais  aussi  pour  se  rendre 
compte  de  son  évolution  psychologique,  en  marquer  les  étapes,  les 
degrés  et  les  progrès.  Le  Premier  Eveil  intellectuel  de  V enfant ^  par 
M.  E.  Cramaussel,  est  un  ouvrage  destiné  à  exposer  les  divers  aspects 
de  la  vie  mentale,  d'après  des  observations  attentives  et  minutieuses, 
dont  furent  l'objet  de  jeunes  sujets  âgés  de  dix-huit  à  trente-deux  mois. 
L'auteur  cherche  d'abord  comment  se  forment  les  sensations,  distinctes 
des  impressions  et  réactions  nerveuses  ;  elles  se  groupent  par  l'associa- 
tion, se  conservent  dans  la  mémoire,  se  fixent  au  moyen  de  l'attention. 
Mais  c'est  l'intuition  qui  l'unit  à  une  réalité  consistante,  avec 
une  spontanéité,  une  fraîcheur,  une  vivacité  qui  s'émoussent  au 
contact  des  choses  et  par  l'effet  de  l'habitude.  Nous  assistons  ensuite 


—  391   — 

à  l'élaboration  du  langage  avec  ses  hésitations,  ses  tâtonnements,  ses 
inventions,  ses  trouvailles;  puis  vient  le  concept  qui  «peut  être  con- 
sidéré comme  résultant  d'un  ordre  établi  entre  les  intuitions  )>.  (Nous 
croyons  qu'il  est  plus  et  mieux  que  cela;  il  dépasse  les  données  de 
l'intuition.)  Enfin  le  jugement  et  le  raisonnement  complètent  et 
ferment  le  cycle  des  opérations  intellectuelles. —  Ces  pages,  nettement 
et  agréablement  écrites,  apportent  une  contribution  intéressante  à  la 
psychologie  infantile;  les  faits  sont  choisis  et  inteijjrétés  avec  discer- 
nement. 

12.  —  L'Adolescence^  étude  de  psychologie  et  de  pédagogie^  par  M.  G. 
Compayré,  continue  le  précédent  ouvrage:  âge  de  transition,  âge  ingrat, 
caractérisé  physiologiquement  par  la  puberté,  cette  époque  de  la  vie 
présente  des  phénomènes  qui  lui  sont  propres.  Ala croissance  physique, 
au  développement  des  organes  correspondent  une  activité  mentale, 
un  peu  confuse  mais  féconde,  une  éclosion  de  sentiments  plus  ardents 
que  mesurés,  plus  enthousiastes  qu'ordonnés.  Pour  étudier  cet  état  nous 
pouvons  recourir  aux  Mémoires,    journaux,  confidences  écrits  avec 
prédilection,  entre  quatorze  et  dix-huit  ans  :  la  conception  de  la  vie 
qui  s'ébauche  en  ces  jeunes  cerveaux  indiqua  la  direction  qu'une  sage 
éducation  peut  et  doit  leur  donner.  M.  Coinpayré  estime  «que  la  psycho- 
logie du  jeune  homme  et  la  psychologie  de  la  jeune  fille  seront  toujours 
distinctes  ».  Vérité  fondamentale  oubliée  ou  méconnue  par  un  trop 
grand  nombre  d'éducateurs  et  de  «  faiseurs  de  programmes  ».  Ce  petit 
livre  qui  donne  à  penser  et  résout,  sans  formules  prétentieuses,  beau- 
coup de  problèmes  de  l'ordre  pratique,  est,  dans  l'ensemble,  judicieux  et 
attrayant.  Il  serait  excellent  s'il  faisait  une  part  à  la  vie  religieuse  des 
adolescents    et   indiquait   l'influence    des    croyances  sur  leur  pensée 
et    sur  leur    vie. 

13.  —  Le  Cœur  humain  et  les  Lois  de  la  psychologie  positive  comprend 
deux  parties  :  I.  Analyses  et  générahsations.  Le  cœur  est  la  synthèse 
des  penchants  égoïstes  et  des  penchants  altruistes  :  leur  combinaison 
subordonne  les  premiers  aux  seconds  et  établit  l'équilibre  moral,  loi  de 
notre  existence.  Cet  état  d'âme  n'influe  pas  seulement  sur  notre  vie 
affective  et  sur  nos  décisions,  mais  encore  dirige  et  domine  l'exercice  de 
nos  facultés  intellectuelles  ;  la  science,  l'art,  la  pensée  n'acquièrent  leur 
valeur  et  leur  dignité  que  par  l'altruisme.  —  II.  Examen  de  quelques 
problèmes  particuliers.  Il  s'agit  d'appliquer  à  des  cas  particuliers  les 
théorèmes  généraux  de  la  science  morale.  Les  deux  penchants  altruistes  : 
attachement  et  soumission,  expliquent  et  justifient  la  plupart  des 
anomalies  apparentes  de  l'ordre  intellectuel,  moral,  esthétique  et 
social;  surtout,  ils  se  manifestent  comme  des  normes  suprêmes  de 
l'existence.  M.  Baumann,  l'auteur  de  ce  livre,  positiviste  convaincu, 
déduit  du  système  d'A.  Comte  des  conséquences  que  le  maître  n'avait 


—  392  — 

])as  prévues.  Son  langage,  (mi  di'pit  de  la  sécheresse  rigide  de  ses  prin- 
cipes, est  souvent  élevé  et  délicat  et  l'on  est  surpris  que  cet  écrivain, 
qui  ne  croit  ni  à  Dieu,  ni  à  l'âme,  ni  au  devoir,  s'exprime  parfois 
comme  un  disciple  de  Jouffroy  ou  de  Cousin. 

Morale  et  Sociologie.  —  li.  —  M.  A.  Dietrich  poursuit  la  tra- 
duction des  Parerga  et  Pacalipomena  de  Scliopenhauer;  le  présent 
volume  iutitulé  :  Éthique,  droit  et  poHtique,  a  pour  objet  les  sciences 
morales  :  «  Dire  que  le  monde  a  purement  une  signification  physique 
et  non  morale,  c'est  l'erreur  la  plus  grande  et  la  plus  pernicieuse, 
l'erreur  fondamentale,  la  véritable  perversité  d'opinion.  «  On  ne  saurait 
mieux  dire;  maiheurousomênt,  nous  appienons,  dans  le  même  essai, 
que  «  le  Liheruni  mbiirium  ùidiffereniiœ  sous  le  nom  do  libcité 
morale,  est  un  délicieux  jouet  pour  les  professeurs  de  philosophie.  Il 
faut  le  leur  laisser  à  ces  gens  spirituels,  honnêtes  et  de  bonne  foi.  » 
Or,  la  morale  sans  la  liberté  est  juste  aussi  réelle  que  la  science  sans 
intelligence.  Il  n'en  reste  pas  moins  que  le  philosophe  de  Francfort 
critique  la  morale  formelle  d'E.  Kant.  La  pohtique  emprunte  à  la 
morale  les  principes  du  droit  déterminant  les  limites  du  juste  et  de 
l'injuste,  et  s'empresse  de  les  violer.  Cette  thèse  est  développée  sous 
la  forme  paradoxale  et  humoristique  qui  a  fait  la  fortune  de  Scho- 
penhauer,  bien  plus  que  la  profondeur  de  sa  pensée.  Et  on  ne  peut  nier 
que  cette  verve  ne  soit  amusante,  qu'elle  n'embellisse  parfois  une  idée 
juste: «Chaque  séparation  donne  un  avant-goût  de  la  mort  et  chaque 
nouvelle  rencontre  un  avant-goût  de  la  résurrection.  »  Mais  elle  est 
souvent  inconvenante  et  imprégnée  d'une  saveur  grossière  d'impiété 
canaille. 

15.  — La  Morale  naturelle,  de  M.  de  Lanessan,  est  la  suite  et  l'an- 
tithèse de  sa  Morale  des  religions.  Le  livre  débute  par  l'examen  et  la 
condamnation  sommaire  des  systèmes  de  morale,  reUgieux,  méta- 
physiques, hédonistes,  utilitaires,  évolutionnistes,  etc.  On  regrettera 
quelques  omissions,  mais  on  sera  dédommagé  par  l'exposé  des  idées 
géniales  de  MM.  E.  \'éron,  Letourneau  et  Yves  Guyot.  La  morale  n'est 
que  l'organisation  des  besoins  humains,  spécialement  des  besoins  de 
nutrition,  de  reproduction  et  d'activité.  Sous  leur  double  forme  égoïste 
et  altruiste,  ils  engendrent,  par  leurs  combinaisons  diverees  et  com- 
plexes, nos  devoirs  individuels,  familiers  et  sociaux  sans  qu'il. soit 
requis  ou  possible  de  faire  intervenir  des  entités  invisibles  et  chi- 
mériques. La  morale  plonge  ses  racines  dans  la  biologie,  dont  elle  dérive 
uniquement.  N'objectez  pas  à  l'auteur  que,  s'il  en  est  ainsi,  elle  nous 
sera  commune  avec  les  animaux,  car  c'est  précisément  ce  qu'il  afTirme. 
«  lln'est  pasplus  difficile  de  faire  un  honnête  homme  qu'un  chien  savant.  » 
Vous  trouverez,  en  ce  livre,  les  procédés  et  recettes  qu'il  convient  de 
mettre  en  œuvre  et  les  portraits  du  citoyen  idéal  et  de  la  citoyenne  ai- 


—  .3.'J3  — 

mable  de  la  cité  future.  En  attendant,  ceux  «  qui  tiennent  aJjsolument 
à  avoir  un  libre  ar'bitre,  une  âme  et  un  Dieu  »  doivent  en  faire  leur  deuil. 
—  Bien  qu'il  mette  son  orgueil  à  se  donner  pour  un  être  purement  maté- 
riel, M.  de  Lanessan  n'est  incapable  ni  d'intelligence  ni  de  réflexion; 
mais  en  présence  de  l'édifice  qu'il  a  voulu  construire  pour  abriter 
les  générations  libre-penseuses,  songeant  qu'il  prodigua  jadis  ses  soins 
à  la  marine  française,  nous  sommes  tentés  de  lui  appliquer  les  vers  de 
Boileau  : 

Vous  êtes,  je  l'avoue,  ignerant  médecin, 

Mais  non  pas  habile  architecte. 

IG.  —  Très  i)eu  de  temps  avant  sa  mort,  M.  Rauh  publiait  une 
deuxième  édition  de  son  ouvrage  :  L' Expérience  morale^  mais  qui  est 
précédée  d'une  Préface  nouvelle  où  il  précise  son  idée  maîtresse  qui 
parait  bien  être  formulée  dans  cette  phrase  :  «  J'oserai  pi'esque  dire 
que  la  morale  commence  par  la  science  impersonnelle  pour  aboutir  à 
la  polémique,  aux  personnalités,  et  cela,  non  pas  seulement  pour 
adapter  à  des  circonstances  contingentes  des  principes  établis  par 
ailleurs,  mais  pom^  établir  les  principes  mêmes  de  l'action.  »  La  manière 
dont  est  développée  cette  théorie  réduit  la  morale  à  un  ensemble  de 
règles  empiriques  essentiellement  relatives,  naturellement  contingentes 
et  principalement  subjectives.  D'autres  expliquent  de  même  les  lois 
de  la  nature,  et  d'autres  les  lois  de  la  pensée  ;  mais  quelques  précautions 
qu'ils  prennent  et  quelques  réserves  qu'ils  énoncent,  ils  aboutissent, 
en  fait  et  en  droit,  au  scepticisme. 

17.  — Les  Esquisses  de  morale  et  de  sociologie,  par  ^L  Eugène  Leroy, 
s'inspirent  des  idées  de  MAL  Lévy-  Briihl,  Dui'kheim  et  Bourgeois. 
L'auteur  nous  montre  la  morale  distincte  de  l'esthétique,  indépen- 
dante de  la  métaphysique,  unie  au  bonheur,  positive,  particulière, 
perfectible;  elle  repose  sur  la  solidarité  physiologique,  économique, 
morale,  dont  les  devoirs  individuels  (respect  de  la  vie,  de  la  pensée) 
sont  des  formes  et  les  obligations  sociales  des  conséquences.  Ces 
brèves  leçons  se  complètent  par  des  extraits  de  divers  ouvrages; 
l'idée  serait  excellente  si  ces  fragments  n'étaient  trop  souvent  choisis 
en  des  livres  pernicieux  ou  en  des  chroniques  insignifiantes.  Après 
touf,  des  «  moralistes  «  tels  que  Zola,  Jaurès  ou  A.  France  ne  déparent 
pas  les  théories  «  laïques  »,  au  pire  sens  du  mot,  d'un  philosophe, 
capable  cependant  de  composer  une  a^uvre  meilleure,  car  il  n'est  pas 
dépourvu  de  cohérence   dans  les  idées. 

18.  — M.  G.  Palante  n'est  pas  dupe  des  sociologues,  des  solidaristes, 
des  économistes,  des  syndicalistes  et  s'avère  plutôt  comme  mi  partisan 
de  l'individualisme,  un  apologiste  de  l'autonomie  de  la  personne 
humaine,  un  fervent  du  culte  du  moi.  L'attitude  fière  et  lointaine 
d'un  Benjamin  Constant,  d'un  Mgny,  d'un  Stendhal  lui  semble  un 


—  31)4  — 

teigne  do  noblesse  :  le  sentiment  de  la  différence  sépare  un  homme  du 
I  l'oupeau  social,  où  ses  qualités  spontanées  et  singulières  s'émoussent 
et  s'absorbent.  L'amitié  s'oppose  par  ses  choix  et  ses  préférences  aux 
banales  liaisons,  aux  promiscuités  dégradantes  qu'engendre  la  sociabi- 
lité. Aux  isolés  que  la  pression  sociale  gêne,  offusque,  meurtrit,  l'ironie 
offre  une  reprise,  une  revanche,  presque  une  délivrance.  Mais  l'indivi- 
dualisme cherche  à  secouer  le  joug  de  la  morale  et  la  déclare,  sui- 
vant son  tempérament,  inefficace  ou  odieuse,  vaine  ou  tyrannique. 
Cependant  il  ne  faut  pas  confondre  l'individualisme,  l'impitoyable 
réalisme  de  ceux  qui  essaient  de  s'accommoder  au  déterminisme 
social,  avec  l'anarchisme,  idéahsme  exaspéré  et  fou  qui  se  révolte  et 
cherche  à  le  briser.  Les  différentes  études  où  sont  développées  ces 
idées,  avec  talent,  dans  un  très  bon  style,  sont  réunies  sous  ce 
titre  qui  les  explique  et  les  résume  :  La  Sensibilité  individualiste.  Si 
M.  Palante  était  chrétien,  il  trouverait  une  conciliation  des  droits 
personnels  et  des  devoirs  sociaux  dans  la  doctrine  qui  exalte  la 
conscience,  exige  la  justice  et  glorifie  la  charité. 

19. — La  MoraledeV ironie  àçM.  F.  Paulhan  est  un  essai  pour  résoudre 
le  conflit  essentiel  entre  la  nature  et  la  condition  humaines.  La  contra- 
diction est  le  fonds  de  notre  être  puisque  notre  moi  s'oppose  au  groupe 
où  il  doit  vivre,  par  ses  penchants  égoïstes,  et  que,  d'autre. part,  il  ne 
peut  se  développer  physiquement,  intellectuellement  et  moralement 
sans  lui.  D'où  le  rôle  de  la  morale  qui  règle  notre  activité  afîn  delà 
rendre  fructueuse  pour  la  société,  mais  aussi,  ses  inévitables  et  per- 
pétuels mensonges  pour  nous  imposer  les  lois  universelles,  alors  qu'elles 
sont  relatives  à  notre  situation  dans  le  temps  et  dans  l'espace,  aux 
besoins  divers  et  aux  aspirations  mobiles  de  chacun  de  nous.  Ici  encore, 
si  nous  sommes  forcés  d'obéir,  nous  ne  serons  pas  dupes  de  notre  sou- 
mission et  nous  revendiquerons  et  recouvrerons  notre  indépendance 
par  l'ironie.  Cette  attitude  désabusée  nous  permettra  de  nous  dégager 
et  témoignera  que  nous  ne  conservons  pas  d'illusion  sur  la  valeur  do 
nos  actes  et  de  nos  sentiments.  En  somme,  il  ressort  de  ce  livre  que  la 
morale  est  l'état  d'équilibre  instable  auquel  tend  une  espèce  animale 
déséquilibrée  que  «  le  rire  »  élève  au-dessus  des  autres.  —  Nous  ne 
voyons  pas  pourquoi  AL  Paulhan,  philosophe  ingénieux  et  subtil, 
déploie  tant  d'esprit  pour  démontrer  à  l'homme  qu'il  n'est  qu'une 
bête. 

20.  —  M.  Girod  ressent  pour  la  République  un  amoin-  attnntif, 
vigilant  et  fervent  :  c'est  son  droit.  Il  essaie  de  nous  le  faire  partager 
par  son  livre  :  Démocratie,  patrie  et  humanité.  La  démocratie  est  la 
meilleure  des  formes  de  gouvernement;  la  famille,  l'école,  l'armée,  la 
femme  jouent  dans  sa  constitution,  sa  formation,  sa  propagation,  son 
•embellissement,  un  rôle  salutaire.  Loin  d'être  hostile  à  l'idée  de  patrie. 


—  395  — 

<3]le  la  défend  et  l'exalte  ;  mais  elle  Cfjuroniu;  toutes  ses  afîections  par 
le  culte  de  l'humanité.  «  Les  faits  permettent  de  constater  que,  de  plus 
en  plus,  la  démocratie  s'éclaire  et  s'élève  en  s'éclairant,  et  qu'elle  tend 
à  devenir  vraiment  une  aristocratie^  au  sens  exact  du  terme,  c'est-à-dire 
un  régime  où  les  meilleurs  gouvernent  (c'est  M.  Girod  qui  souligne) 
parce  que,  de  mieux  en  mieux  la  masse  améliorée  sait  les  discerner  et 
les  choisir,  afin  de  se  gouverner  par  eux.  »  —  Et  dire  que  l'auteur  de  ce 
livre,  qui  se  montre  parfois  sensé  et  modéré,  repousse  le  christianisme 
parce  qu'il  implique  un  acte  de  foi  !... 

21.  —  Nous  voudrions  bien  savoir  au  juste  ce  que  M.  Marius- 
Ary  Leblond  a  prétendu  prouver  dans  son  ouvrage  :  L' Idéal  du 
xix^  siècle?  Essayons  de  le  résumer  :  I.  L'Evolution  de  l'idée  do  l'âge 
d'or.  Autrefois  on  l'imaginait  dans  le  passé,  à  l'origine  do  l'humanité, 
<m  le  figurait  en  des  mythes  paradisiaques.  Au  siècle  deiniîr,  on  l'en- 
trevoit dans  l'avenir  comme  le  terme  d'une  évolution,  la  perfection  de 
notre  activité,  la  réalisation  de  nos  désirs. — ^ILLe  Rêve  du  bonheur 
dans  Rousseau  et  Bernardin,  éducateurs  du  xix*^  siècle.  Rousseau  est 
un  esprit  constructeur  «dont  les  excès  de  bon  sens  touchent  à  la  folie», 
et  qui,  par  le  senliment  de  la  nature,  a  indiqué  et  tracé  la  voie  vers  le 
bonheur,  non,  comme  oh  l'a  cru  faussement  et  prétendu  injustement, 
en  ennemi  de  la  société, mais  en  adversaire  des  principes  abstraits  et  des 
conventions  artificielles  ;  son  disciple  Bernardin  a  cherché  dans 
l'exotisme  des  images  pour  figurer  et  faire  désirer  la  réalisation  de  son 
optimisme.  —  lïl.  L'élaboration  du  sentiment  du  bonheur.  Le  roman- 
tisme a  mis  en  couvre  et  singulièrement  enrichi  les  éléments  de  notre 
idéal;  culte  delà  force,  individualisme,  panthéisme  scientifique,  pri- 
mitivisme chrétien,  biblisme,  hellénisme, hindouisme,  beauté,  silence  et 
solitude,  concourent  à  dessiner,  à  colorer,  à  animer  le  rêve  qui  nous 
enchante. —  IV.  Le  couple,  la  famille,  la  société.  Ce  sont  les  réalisations 
des  désirs  de  bonheur,  des  applications  des  idées  optimistes.  En 
somme,  le  socialisme  sera  esthétique  ou  il  ne  sera  pas;  il  faut 
imprégner  de  beauté  nos  théories  sociales  et  les  vivifier  pour  l'art 
qui  est  l'anticipation  et  l'interpi-étation  des  réalités  désirables  et 
aimables.  —  Ces  pages  sont  pleines  d'indications,  d'allusions,  de 
suggestions,  de  suppositions...  et  d'illusions.  Elles  dénotent  des 
lectures  très  nombreuses  et  variées,  des  réflexions  pénétrantes  ren- 
fermant des  détails  curieux,  assez  mal  liés  les  uns  aux  autres  et 
cherchent,  sans  y  parvenir,  à  nous  convaincre  que  l'homme  peut  être 
heureux  sans  croire  à  l'âme  immortelle  et  au  Dieu  éternel. 

Histoire  et  Critique.  —  22.  — M.  Strowski  poursuit  avec  une 
intelligence  persévérante  son  Histoire  du  sentiment  religieux  en 
France  au  xviV"  siècle.  Le  dernier  volume  qu'il  ait  publié  est  intitulé  : 
Pascal  et  son  temps.  Les  Provinciales  et  les  Pensées.  Il  n'est  guère  de 


-  396   - 

sujet  plus  fréquemment  abordé  par  les  historiens  do  notre  littérature, 
mais  il  n'est  pas  épuisé,  puisque  M.  Strowski  trouve  le  moyen  de  le 
renouveler  et  dfr  l'enrichir  par  des  documents  nouveaux,  et  surtout 
par  l'interprétation  judicieuse  de  textes  ou  d'événements  ignorés  ou 
négligés  par  de  précédents  critiques.  Il  défend  la  bonne  foi  du  mer- 
veilleux écrivain  auquel  nous  devons  les  Petites  Lettres^  mais  il  n'ap- 
prouve pas  toutes  ses  attaques  contre  les  jésuites.  Il  est  très  facile  de 
montrer  que  l'immortel  pamphlétaire  n'a  rien  compris  à  l'esprit  et 
aux  principes  de  la  casuistique,  qu'il  a  calomnié  ses  adversaires  — ^ 
inconsciemment,  sans  doute,  mais  réellement.  Il  a  conti'ibué  largement 
àrépandrelejans('nusme,'quifut  unehypocrite  et  redoutable  hérésie.  On 
pouvait  aisément  railler  les  puérilités  et  condamner  le  laxisme  de 
certaines  décision-s,  mais  ces  ridicules  et  ces  excès  ne  prouvent  rien 
contre  le  probabilisme,  système  chrétien  et  humain,  qui  concilie  les 
exigences  de  la  loi  et  les  droits  de  la  liberté.  Nous  serions  donc  plus 
sévère  pour  Pascal  que  ne  l'a  été  M.  Strowski  qui  a  écrit  un  chapitre 
intéressant  au  sujet  des  apologies  qui  ont  précédé  les  Pensées.  Celles- 
ci  offrent  des  problèmes  à  notre  examen  et  à  notre  méditation. 
Profondes  et  subHmes,  certes,  elles  ne  laissent  pas  que  de  nous  décon- 
certer parfois  par  leurs  antinomies.  On  y  trouverait,  avec  les  éléments 
d'une  démonstration  classique  de  la  crédibilité  du  christianisme,  des 
anticipations  et  des  germes  des  méthodes  modernes,  séduisantes  et 
dangereuses,  parce  qu'elles  font  une  part  trop  considérable  au  subjec- 
tivisme  et  discréditent  cette  raison  dont  elles  sont  pourtant  obligées 
de  se  servir.  C'est  un  des  mérites  de  cet  ouvr-age  de  soulever  tant 
de  questions  importantes  qui  passionnent  et  inquiètent  les  âmes 
humaines.  La  finesse  et  la  fermeté,  la  délicatesse  et  la  précision,  la 
simplicité  et  l'élégance  sont  les  traits  caractéristiques  de  cet  écrivain 
sincère  et  informé  dont  l'autorité  grandit  à  mesure  qu'il  développe  sa 
pensée,  et  qui  sait  trouver  le  moyen  d'être  à  la  fois  personnel  et 
objectif.  Il  s'est  placé  certainement  par  son  talent  et  sa  science  au 
premier  rang  dos  historiens  de  notre  littérature  philosophique. 

23.  —  La  Philosophie  de  Leibniz^  exposé  critique,  par  M.  Bertrand 
Russell,  est  un  livre  répandu  en  Angleterre,  et  il  faut  remercier  M"^®  et 
M.  Ray,  les  traductoui's  qui  l'ont  fait  connaître  au  public  français. 
L'interprétation  du  professeur  de  Cambridge  est  très  ingénieuse  et  très 
spéciale.  D'après  lui,  l'immense  et  complexe  construction  méta- 
physique de  l'auteur  de  la  Théodicée,  dérive  de  ses  idées  logiques  et 
spécialement  de  ce  qu'il  n'admet  que  des  jugements  d'attribution, 
à  l'exclusion  des  jugements  de  relation,  d'où  sa  définition  des  subs- 
tances, ses  théories  sur  leur  inactivité  réciproque  et  leur  harmonie 
préétablie,  leurs  relations  avec  Dieu,  etc.  Toutes  les  idées  leibniziennes 
sont  examinées   par   le   logicien   anglais;  plusieurs   sont   justement 


—  3D7  — 

critiquées,  d'autres  ne  sont  pas  atteintes  par  ses  objections;  il  no 
démontre  pas,  à  notre  gré,  que  les  propositions  arithmétiques  et 
géométriques  soient  des  jugements  synthétiques,  ni  que  les  preuves  de 
l'existence  de  Dieu  soient  inefficaces.  Mais  rien  n'est  vulgaire  ou  banal 
dans  ce  livre  très  vivant,  pas  même  l'accusation  portée  contre  Leibniz 
d'être  resté  «  en  ce  qui  concerne  l'Eglise,  le  philosophe  de  l'ignorance 
et  de  l'obscurantisme  ».  Un  penseur  de  la  valeur  de  M.Russell  se  disqua- 
lifie en  parlant  comme  Haeckel  ou  M.  Le  Dantec. 

24.  —  Ce  que  les  philosophes  modernes  pardonnent  le  moins  à 
Leibniz,  c'est  d'être  résolument  substantialiste.  Nous  avons  une 
preuve  nouvelle  de  lA  fermeté  de  sa  conviction  dans  le  volume  publié 
par  M.  Baruzzi  dans  la  collection  de  la  Pensée  chréiienue  :  Leibniz,  avec 
de  nombreux  textes  inédits.  Une  Introduction  remarquable  est  destinée 
à  mettre  en  lumière  le  caractère  religieux  de  ce  philosophe  et  les  pré- 
jugés de  son  pessimisme  protestant.  Elleinsiste  sur  les  tendances  mys- 
tiques, parfois  excessives,  de  ce  grand  esprit  :  elle  est  essentielle  pour 
la  connaissance  de  son  système  et  indique,  avec  pénétration,  la 
cohérence  de  ses  idées.  —  Les  fragments  qui  suivent  sont  importants, 
bien  choisis,  mais,  à  mon  gré,  insuffisamment  ordonnés.  11  en  est  do 
très  importants  et  de  très  curieux  sur  la  Prière  et  le  Miracle, 
la  Nature  et  la  Grâce,  la  Transsubstantiation,  l'Enfer,  etc.  Certains 
d'entre  eux  de\Taient  être  éclairés,  expliqués  ou  rectilîés  par 
f[uelques  notes.  Néanmoins,  ce  recueil  rendra  de  grands  services  aux 
apologistes  et  aux  historiens  de  la  philosophie. 

25. — M.  l'abbé  Palhoriès  entreprend  la  tâche  aussi  utile  qu'(!pportunc 
de  faire  conneitre  au  public  français  les  philosophes  célèbres  d'Italie. 
Le  ]>remier  de  ses  ouvrages  a  pour  titre  :  La  Théorie  idéologique 
de  Galluppi  dans  ses  rapports  avec  la  p/iilosophie  de  Kant.  l)ans  la 
première  partie  sont  exposées  les  idées  de  Galluppi  sur  la  conscience, 
la  substance,  le  sujet  et  l'objet  de  la  connaissance,  la  réalité  du  moi  et 
du  monde,  les  sensations  et  les  idées,  synthèse  confuse  et  mal  ordonnée 
des  systèmes  de  Descartes,  de  Locke  et  de  Reid.  Mais  voulant  faire  la 
théorie  de  l'expériencef,  il  emprunte  à  Kant,  qu'il  interprète  à  sa  façon 
et  comprend  à  sa  manière,  les  éléments  a  priori  destinés  à  l'organiser 
et  à  l'unifier.  Cette  tentative  est  exposée  dans  la  seconde  partie  : 
Galluppi  et  Kant.  Malgré  son  engouement  pour  l'Allemagne,  le  phi- 
losophe italien  n'adopte  pas  a])Solument  les  principes  et  les  con- 
clusions de  l'auteur  de  la  Critique  de  la  raison  pure  et  diffère  de  lui 
soit  en  assignant  la  matière  et  la  forme  de  l'expérience,  soit  en  dé- 
crivant le  rôle  de  l'activité  intellectuelle,  soit  en  déterminant  la  valeur 
de  la  connaissance.  Son  œuvre,  malgré  des  détails  intéressants  et  des 
analyses  pénétrantes,  manque  à  la  fois  de  logique  et  d'originalité. 
M.  Palhoriès  expose  clairement,  discute  avec  sagacité  et  appré-rie  avec 


—  398  — 

justesse  la  doctrine  complexe  et  composite  du  pi'éourseur  de  Rosmini 
et  de  Gioberti. 

26.  —  Hosmiiti,  par  le  même  auteur,  est  consacré  à  un  penseur 
d'une  tout  autre  envergure  que  Galhippi.  Partant  de  l'idée  d'être 
donnée  dans  l'expérience  psychologique,  Rosmini  en  déduit  la  con- 
naissance de  l'être  idéal,  de  l'être  réel  et  de  l'être  moral  :  logique, 
métaphysique,  cosmologie,  psychologie,  éthique,  sont  des  déter- 
minations de  cette  idée  qui  nous  vient  de  Dieu  et  emprunte  sa  valeur  et 
sa  fécondité  à  son  origine,  car,  en  nous  communiquant  cette  forme 
essentielle  de  notre  entendement,  Dieu  constitue  notre  intelligence. 
L'idée  intuitive,  innée,  immédiate,  fonde  notre  certitude  parce  que 
l'être  pensé  est  le  vrai.  L'expérience  nous  fournit  la  matière  de  nos 
connaissances,  mais  l'être  en  est  la  forme.  L'âme  est  un  sentiment 
substance  dont  nous  prenons  conscience  en  appliquant  l'idée  d'être  au 
sentiment  qui  nous  constitue.  L'ne  réalité  quelconque  n'existe  que  dans 
et  par  une  intelligence,  mais  se  manifeste  comme  étrangère  à  nous  et 
indépendante  de  nous.  L'être  est  bon  et  notre  action  doit  réaliser  cette 
bonté  :  la  faute  est  un  mensonge  puisque  c'est  la  négation  de  l'être  tel 
qu'il  existe  et  s'offre  à  notre  entendement.  L'être  divin  est  la  fin 
absolue  et  suprême  des  personnes  et  des  choses.  —  Cette  philosophie 
grandiose,  dont  les  parties  sont  rigoureusement  liées  entre  elles  et 
déduites  les  unes  des  autres  ouvre  la  voie  au  panthéisme  dont  Rosmini 
avait  horreur.  L'Eglise  ne  pouvait  approuver  ni  tolérer  des  affirmations 
contraires  à  la  théologie  chrétienne.  —  ^L  Palhoriès  nous  donne  une 
idée  exacte  et  compréhensive  de  cette  doctrine  dont  iJ  analyse  tous  les 
éléments  et  dénonce  les  lacunes  et  les  défauts  avec  une  netteté  et  une 
fermeté  dignes  d'éloges.  Il  est  un  guide  clairvoyant  et  sûr  à  travers  les 
subtilités  et  les  obscurités  de  ce  système  touffu  qu'il  était  malaise  de 
saisir  sous  tous  ses  aspects  et  déjuger  équitablement. 

27. — L^n  évêque  espagnol,  Mgr  de  Jesùs  Portugal,  nous  offre  dans 
im  volume  intitulé  :  El  Positi'çismo,  su  historia  y  sus  errores,  un  manuel 
substantiel  et  très  bien  composé  cù  sont  décrites  exactement  et 
péremptoirement  réfutées  les  théories  d'Auguste  Comte  et  de  son 
école.  Nous  avons  spécialement  noté  les  chapitres  où  sont  étudiées  les 
manifestations  du  positivisme  en  Angleterre  et  en  Russie,  aux  Etats- 
Unis  et  au  Mexique;  il  s'y  imprègne  de  teintes  diverses  et  y  revêt  des 
aspects  singuliers.  A  l'exposé  de  la  doctrine  succède  son  analyse  cri- 
tique, et  c'est  l'occasion,  pour  le  vénérable  auteur,  de  définir  des  notions 
métaphysiques,  et  d'en  montrer  l'objectivité,  la  valeur  et  la  certitude. 
Il  analyse  ensuite  les  diverses  théories  de  la  connaissance,  établit  la 
réaUté  de  son  objet  :  l'univers,  l'âme,  l'absolu,  et  décèle  l'immoralisme 
et  le  scepticisme  impliqués  dans  la  négation  des  vérités  éternelles,  des 
causes  et  des  lois.  L'auteur  est  très  informé  des  courants  de  la  pensée 


—  399  — 

contemporaine,  en  indique  les  directions  avec  un  discernement  judicieux 
et  montre  comment  ils  doivent  s'orienter  vers  le  vrai  et  le  bien. 

28.  —  M.  F.  Montré  a  voulu  exposer  un  système  auquel  il  attribue 
une  influence  considérable  et  donner  sa  vraie  place  à  son  auteur, 
envers  lequel  il  a  contracté  une  dette  personnelle  de  reconnaissance; 
tel  est  l'objet  de  son  livre  :  Cournot  et  la  Renaissance  du  probabiUsme  au 
xi\^  siècle.  Après  un  chapitre  biographique  et  un  aperçu  sur  les  travaux 
scientifiques  de  cet  éminent  mathématicien,  M.  Montré  recherche  et 
indique  les  sources  du  probabilisme,  définit  et  compare  la  probabilité 
mathématique  et  la  probabilité  scientifique  et  résume  la  doctrine  de 
Cournot  sur  le  hasard  et  sur  l'ordre  dont  l'action  combinée  explique  et 
organise  l'univers.  Il  y  a  du  hasard  dès  que  s'entrecroisent  deux  séries 
de  faits  dus  à  des  causes  différentes,  et  cette  rencontre  modifie  les  lois 
qui  gouvernent  ces  faits.  D'autre  part  les  choses  sont  dominées  par  leur 
raison  d'être,  et  cette  raison  est  la  loi  objective  et  subjective  qui  cons- 
titue la  loi  des  choses  et  de  notre  esprit  que  nous  appelons  l'ordre. 
La  philosophie  des  sciences  est  éclairée  par  ces  deux  principes  qui 
nous  permettent  de  les  classer  en  sciences  techniques,  historiques, 
théoriques,  celles-ci  comprenant  cinq  groupes  :  sciences  mathématiques, 
physiques,  biologiques,  zoologiques,  politiques.  S'il  professe  à  l'égard 
de  la  métaphysique  une  défiance  excessive,  l'auteur  de  la  Théorie  des 
chances  met  la  morale  au  premier  rang  des  préoccupations  humaines 
et  célèbre  la  valeur  et  l'influence  de  la  religion.  M.  Montré  cite  de 
nombreux  extraits  de  son  œuvre  si  variée  et  si  riche  et  montre  les- 
ressources  qu'elle  fournit  aux  mathématiciens,  aux  logiciens,  aux 
apologistes.  Son  livre  est  une  introduction  essentielle  à  l'étude  de  ces 
théories  dont  les  applications  sont  innombrables,  et  si  l'on  peut  discuter 
quelques-unes  de  ses  assertions,  il  ne  faut  pas  moins  rendre  hommage 
à  son  labeur,  à  sa  parfaite  compréhension,  à  son  esprit  pénétrant  et 
réfléchi. 

29.  —  La  Philosophie  sociale  de  Renouvier,  par  M.  Roger  Picard, 
expose  les  idées  du  fondateur  du  néo-criticisme  sur  l'origine  du  droit  ; 
l'idée  de  l'Etat;  les  rapports  des  trois  pouvoirs  législatif,  exécutif  et 
judiciaire  dans  la  démocratie;  les  problèmes  économiques  qui  naissent 
de  la  propriété,  de  l'impôt,  du  crédit;  les  questions  morales  qui  se 
rapportent  à  la  famille,  à  l'Éghse,  à  l'éducation  et  les  hypothèses 
religieuses  qui  s'accordent  avec  les  divers  éléments  de  son  système. — 
M.  Picard  est  ordinairement  de  l'avis  de  M.  Renouvier  et  il  introduit 
Tordre  et  presque  la  lucidité  en  ce  fouillis  où  quantité  d'idées 
obscures  se  mêlent  à  des  réflexions  profondes  et  parfois  ennuyeuses. 
M.  Renouvier,  qui  veut  fonder  la  société  sur  la  justice,  ne  pratique  guère 
cette  vertu  envers  l'Église  catholique  dont  il  se  montre  l'adversaire 
opiniâtre  et  acharné. 


-   400  — 

30.  —  Disciple  et  gendro  do  Karl  Marx,  M.  Paul  Lafargue  est 
qualil'iô  pour  nous  faire  coiuiaître  exactement  les  vues  du  socialiste 
allemand.  Tel  est  l'objet  du  livre  :  Le  Déterminisme  économique  de 
Karl  Marx.  Il  s'agit  de  trouver  dans  le  mode  de  production  de  la  vie 
matérielle  le  développement  de  la  vie  sociale,  politique  et  intellectuelle.  Il 
faut  donc  établir  la  genèse  des  idées  abstraites  de  la  justiceetdubien, 
exterminer  Dieu  et  l'âme,  pour  chercher  et  trouver  les  causes,  les 
moyens  et  les  fins  dans  la  matière.  Comment  s'y  prend  M. Lafargue? 
En  déployant  une  éloquence  emphatique  et  fougueuse  contre  ce  qu'il 
nomme  «  l'idéalisme  ».  Mais  on  aurait  quelque  droit  do  lui  dire  : 

Les  gens  que  vous  tuez  se  portent  assez  bien. 

Il  n'y  a  pas  une  définition  nette,  un  argument  plausible,  un  raison- 
nement cohérent  et  sj)écieux  dans  ce  fatras  déclamatoire. 

31.  —  Les  articles  réunis  sous  le  titre  de  :  Pragmatisme  et  Moder- 
nisme parurent  dans  le  Journal  des  Débats.  Elles  initient  le  grand  public 
aux  discussions  récentes  des  philosophes  et  décrivent  les  «  nouvelles 
modes  »  de  penser.  Si  quelques-uns  d'entre  eux  n'apprennent  pas  grand' 
chose  aux  lecteurs  avertis,  sur  Kant,  Mérimée  ou  Ernest  Haeckel,  par 
exemple,  d'autres  sont  intéressants  et  amusants  :  le  rédacteur  du 
Leo7iardo,  M.  Giovanni  Papieri,  est  un  iconoclaste  divertissant  ; 
M.  Prezzolini  réhabilite  les  sophistes  en  des  paradoxes  suggestifs; 
la  plupart  sont  graves  et  instructifs,  sur  Pascal,  et  l'inquiétude  reli- 
gieuse, sur  la  logique  des  sentiments,  sur  la  crise  du  catholicisme. 
Du  reste,  M.  Bourdeau  est  un  type  représentatif  incarnant  à  mer- 
veille l'esprit  de  la  maison  où  il  écrit  :  lucidité  des  idées,  convenance 
parfaite  du  ton,  style  élégant  et  approprié  au  sujet,  information 
exacte;  mais  il  a  horreur  des  affirmations  nettes  et  de  la  certitude. 
Son  état  d'âme  paraîtra  sans  doute  à  plusieurs  mesuré  et  distingué; 
nous  le  jugeons  illogique  et  afïligeant. 

32.  —  M.  Schinz  s'en  prend  résolument  et  hardiment  à  M.  James 
et  à  Schiller  dans  :  Anti-Pragmatisme.^  examen  des  droits  respectifs  de 
V aristocratie  intellectuelle  et  de  la  démocratie  sociale.  L'ouvrage  com- 
prend trois  parties  :  I.  Pragmatisme  et  Intellectualisme.  Il  réfute  les 
raisons  sur  lesquelles  s'appuie  la  philosophie  opportuniste  et  la 
convainc  d'erreur  par  ses  propres  aveux.  C'est  une  charge  vive  et  à 
fond  de  train  contre  les  principes  proclamés  par  les  professeurs 
d'Harvard  et  d'Oxford.  La  philosophie  sera  intellectualiste  ou  elle  ne 
sera  pas  :  nous  adhérons  pleinement  à  cette  déclaration;  il  y  a  contra- 
diction manifeste  à  concevoir  un  système  de  pensées  qui  ne  soit  un 
organisme  construit  par  la  raison.  —  IL  Pragmatisme  et  Moder- 
nisme. M.  Schinz  étudie  les  phénomènes  sociaux  qui  expliquent  le 
pragmatisme.   Actif,    pratique,    énergique,    le    peuple    américain    se 


—  401  — 

préoccupe  de  fournir  un  aliment,  approprié  à  ses  jionchants  et  favo- 
rable à  ses  progrès,  d'inventer  un  frein  moral  et  efficace  qui  le  retienne 
sur  la  pente  qui  conduit  aux  abîmes  ;  le  pragmatisme  est,  à  ses  yeux, 
ce  que  fut  pour  Kant,  la  raison  pratique;  il  restaure  les  ruines  accu- 
mulées par  la  raison  pure.  Il  remplit  dans  la  société  moderne  le  rôle 
que  jouait  la  scolastique  au  moyen  âge  (  !).  —  III.  Pragmatisme  et 
A'érité.  Le  pragmatisme  triomphera,  non  parce  qu'il  est  juste,  mais 
parce  qu'il  est  faux.  La  démocratie  éclaterait  si  la  vérité  la  pénétrait 
comme  un  explosif;  la  morale  et  la  sociologie  supposent  des 
conceptions  vulgaires  et  un  peu  basses  de  l'existence;  l'élite  ne  s'en 
contentera  pas,  mais  il  est  salutaire  que  la  foule  les  adopte  et  les 
embrasse.  Vivre  et  philosopher  sont  opposés  l'un  à  l'autre. 
Parmi  quelques  vérités  de  détail  librement  exprimées  en  dehors  des 
préjugés  d'école  et  de  secte,  avec  un  réel  talent,  une  verve  attrayante, 
l'auteur  prêche  un  divorce  impie  entre  la  pensée  et  la  vie,  la 
croyance  et  l'action,  le  vrai  et  le  bien. 

33.  — ha  Revue  des  scieui'es  philosophiques  et  théologiques  {2'"  année, 
1908)  publie  des  articles  importants  d'exégèse,  de  dogmatique, 
d'histoire,  de  sciences.  Nous  avons  remarqué,  parmi  les  études  philoso- 
plîiques  :  InteUectualisme  et  Liberté  chez  saint  Thomas,  par  M.  Gar- 
rigou-Lagrange  ;  La  Philosophie  delà  foi  chez  les  disciples  d'Abélard,  les 
mystiques  du  xi^  siècle  et  Albert  le  Grand,  par  M.  Th.  Heitz;  La  Xaîure 
de  l'émotion,  par  M.  H.  Noble;  L'Idée  de  la  connaissance  dans  saint 
Thomas,  par  M.  Sertillanges  ;  La  Théologie  brahmanique,  par  M. 
Roussel.  Signalons  encore  des  notes  importantes  du  P.  de  Munnyncksur 
l'Allochirie  des  représentations  et  la  paramnésie,  et  des  «Bulletins  «de 
philosophie  informés  et  judicieux.  Cet  excellent  recueil  est  écrit  par  des 
théologiens  et  des  philosophes  qui  savent  penser  et  écrire,  allient 
l'orthodoxie  la  plus  rigoureuse  à  la  largeur  d'esprit^  et  une  fidélité 
intelligente  à  la  doctrine  thomiste  au  souci  des  préoccupations  et  des 
aspirations  contemporaines. 

34.  — Sous  le  titre  d'Etudes  et  controverses  philosophiques,  M.  rabl)é 
Lanusse  a  réuni  quelques  dissertations  dont  la  plus  importante  est  un 
examen  critique  de  la  Théodicée  de  Kant  ;  la  plus  actuelle,  une 
appréciation  du  livre  de  M.  Laberthonnière  sur  le  Réalisme  chrétien 
et  l'Idéalisme  grec;  la  plus  psychologique,  une  détermination  de  l'élé- 
ment formel  de  la  vérité  logique;  la  plus  combative,  une  excellente 
défense  du  Molinisme;  la  plus  mesurée  sur  l'expérience  en  mathéma- 
tiques ;  la  plus  abstraite,  sur  la  raison  ontologique  de  la  distinction  des 
parties  qui  composent  les  substances.  Il  y  fait  montre  d'une  vigueur 
et  d'une  rigueur  de  raisonnement  peu  communes,  y  déploie  un  sens 
métaphysique  très  exercé,  se  meut  avec  aisance  dans  ces  régions 
élevées  et  parfois  obscures  et  résout  avec  netteté  les  problèmes  les  plus 
Mai  1909.  T.  CXV.  26. 


—  402  — 

ardus.  Nous  lui  l'oproclious  poui'tant  de  ne  pas  toujours  exposer  avec 
assez  do  clarté  l'état  de  la  question.  Quelques  préambules  et  quelques 
conclusions  ne  seraient  pas  supeifhi;-.  Mais  les  esprits  avertis  et 
j'éflécliis  liront  avec  proiit  ces  pages  de  haute  spéculation  philoso- 
pliiciue.  L.    Maiso'netve. 

SCIENCES  PHYSIQUES  ET  CHIMIQUES 
SCIENCES   MATHÉMATIQUES 

Physique.  —  1.  Coins  de  physique  conforme  aux  programmes  des  certificats  et  de  l'agré. 
gation  de  physique,  pai»  H.  Bouasse.  4"^  partie.  Optique.  Étude  des  instruments. 
Paris,  Ddagrave,  s.  d.,  in-8  de  -^20  p.  et  207  fig.,  13  fr.  —  5^  partie.  Électroptique, 
ondes  herziennes,  in-8  de  xix-458  p.  et  192  fiis^.,  14  fr.  —  2.  Thermodiinamique,  par 
H.  Poi\CARÉ.  2®  édition  revue  et  corrigée.  Paris,  Gauthier-ViUars,  1908,  in-8  de 
Xix-4o8  p.  et  41  fig.,  16  fr.  —  3.  International  Catalogue  of  scientifi^  Literaturc. 
C.  Physins.  London,  Harrison;  Paris,- Gaiithier-Villars.  4»  et  5'^  années.  1906-1907. 
2  vol.  in-8  de  vni-408  et  vih-617  p.,  60  fr.  —  4.  La  Télégraphie  sans  fd  et  les  appli- 
cations pratiques  des  ondes  électriques,  par  Albert  Turpaix.  2'-  éd.  Paris,  Gautluer- 
Villars,  1908,  in-8  de  xi-396  p.  et  220  fig.,  cartonné  à  l'anglaise,  12  fr.  —  5.  L' Élec- 
tricité industrielle,  par  C.  Lebois.  Paris,  Delagrave,  1909,  2  vol.  in-12  d-;  387  p.  et 
265  fig.  et  437  p.  et  282  fig.,  cartonné,  3  et  4  fr. 

Chimie. —  6.  Cours  de  chimie  inorganique,  par  Fréd.  Swarts.  Paris,  Hermann,1908,gr. 
in-8  de  706  p.  et  79  fig.,  \^>  îv.  —  7.  Traité  complet  d'analyse  chimique  appliquée  aux 
essais  industriels,  i)nv  J.  Post  et  B.  Neumaxx;  traduction  d'après  la  3<=  édition 
allemande  et  augmentée  de  nombreuses  additions  par  le  D"'  L.  Gautier.  Paris, 
Hermann,  1908.  T.  L,  fasc.  2,  in-8  paginé  219-  562,  10  fr.  —  8.  Histoire  du  dévelop- 
pement de  la  chimie  depuis  Lavoisier  jusqu'ct  nos  jours,  par  A.  Ladenburg  r  trad. 
sur  la  i''  édition  allemande  par  A.  Corvisy.  Paris,  Hermann,  1909,  in-8  de  ii-388  p., 
15  fr.  —  9.  Initiation  chimique,  ouvrage  étranger  et  tout  programme, dédié-  aux  amis 
de  renfonce,  par  Georges  Darzexs.  Paris,  Hachette,  1909,  in-16  de  xi-132  p.  et 
31  fig.,  2  fr. 

Mathématiques.  —  10.  Traité  de  mathématiques  générales  à  l'usage  des  chimistes, 
physiciens,  ingénieurs  et  des  élèves  des  Facultés  des  sciences,  par  E.  Fabry'.  Paris, 
Hermann,  19&9,  gr.  in-8  de  x-440  p.,  9  fr.  —  11.  leçons  sur  les  fonctions  définies 
par  les  équations  diffcreniiclles  du  premier  ordre,  par  Pierre  Boutroux.  Paris, 
Gauthier-Villars,  1908,  gv.  in-8  de  190  p.,  6  fr.  50. —  12.  Exercices  et  leçons  d'analyse, 
par  R.  d'Adhémar.  Paris,  Gauthier-Villars,  1908,  in-8  de  viii-208  p.,  6  fr.—  13. 
Cours  d'astronomie,  par  H.  Andoyer.  2''  partie.  Astronomie  pratique.  Paras, 
Hermann,  1909,  gr.  in-8  de  304  p.,  10  fr.  —  14.  Cours  d'arithmétique,  classe  de  5"  B., 
par  V,.-A.  Laisaxt  et  Élie  Perrix.  Paris,  H.  Paulin,  s.  d.,  in-18  de-vn-247  p. 
cartonné  à  l'anglaise,  2  fr.  —  15.  Arithmétique  commerciale  et  Algèbre  .financière, 
par  H.  FuzET  et  L.  Reclus.  Paris,  Delagrave,  s.  d.,  in-12  de  396  p.,  cartonné. 
—  16.  Leçons  d'algèbre,  classes  de  mathématiques  A  et  B,  par  L.  Zoretti.  Paris, 
H.  Paulin,  s.  d.,  in-18  de  in-464  p.  et  71  fig.,  cartonné  à  l'anglaise,  6  fr. — 17.  Précis 
de  géométrie  descriptive  et  de  géométrie  cotée,  par  Joseph  Girod.  Paris,  Alcan, 
1908-1909.  1"  partie,  in-8  de  iv-200  p.  et  152  fig.,  2  fr.50.  —  2^  partie,  in-8  de  iv- 
264  p.  et  156  fig.,  3  fr.  50.  —  18.  Bécréations  mathématiques  et  Problèmes  des  temps 
anciens  et  modernes,  par  W.  Rouse-Ball.  2^  partie;  tvad.  d'après  la  ■i'^  édition 
anglaise  et  enrichie  de  nombreuses  additions  par  Fitz  Patrick.  Paris,  Hermann, 
1908,  petit  in-8  carré  de  363  p.,  5  fr. 

Industrie.  —  19.  Machines-outils,  outillage,  vérificateurs,  notions  pratiques,  par 
P.  GoRGEu.  Paris,  Gauthier-Villars,  1909,  gr.  in-8  de  232  p.,  avec  200  schémas 
7  fr.  50.  —  20.  Comment  on  construit  une  automobile,  pai"  M.  Zerolo.  Paris,  Garnier, 
1907-1908,  in-12  cartonné  toile.  T.  II  de  404  p.  et  84  fig.;  t.  III  de 480  p.  et  199  fig., 
10  fr.  —  21.  Actualités  scientifiques,  par  Max  de  Nansouty.  5«  année.  Paris, 
S<:'hleiclier,  1908,  petit  in-8  de  384  p.,  3  fr.  50. 


—  403   — 

Physique.  —  1.  —  Nous  avons  constaté  (Polybiblion  de  novembre 
1908,  t.  CXni,  p.  419-421)  la  joie  des  étudiants  de  posséder  les  pre- 
miers volumes  du  Cours  de  physique  de  M.  Bonasse.  Le  quatrième 
volume,  qui  coniientVOptiqueetV  Etude  des  instruments,  a  conquis,  par  sa 
première  partie,  V Optique  géométrique,  toute  une  nouvelle  catégorie  de 
lecteurs.  On  sait  que  cette  branche  de  la  physique  s'occupe  de  l'en- 
semble des  propositions  qui  se  déduisent  de  l'hypothèse  de  rayons 
rectilignes  se  réfractant,  dans  des  milieux  isotropes,  suivant  les  lois  de 
Descartes.  Le  programme  d'admission  à  l'Ecole  polytechnique  propose 
l'étude  de  cette  optique  limitée.  Aussi  connaissons-nous  plusieurs  pro- 
fesseurs (il  nous  a  été  naturellement  impossible  de  les  interviewer  tous) 
qui,  dès  cette  année,  se  sont  fortement  servis  du  livre  de  M.  Bonasse 
pour  modifier  et  perfectionner  leur  enseignement,  .lusqu'à  présent, 
nous  disait  l'un  deux,  on  n'avait  pas  été  si  au  fond  des  choses.  Quelques 
bons  élèves  de  mathématiques  spéciales  ont,  de  leur  côté,  fortifié  leurs 
connaissances  en  étudiant  directement  cet  ouvrage.  Pour  en  faire  la 
lecture  avec  profit,  il  faut,  certes,  des  connaissances  assez  étendues  sur 
la  théorie  des  surfaces  ;  mais  actuellement  il  n'est  pas  rare  de  voir  un 
bon  élève  de  spéciale  les  posséder.  Incidemment,  nous  relevons  le 
reproche  que  l'on  fait  à  l'ouvrage  d'être  trop  mathématique.  Mais  ce 
n'est  pas  de  la  faute  de  l'auteur  :  toute  science  de  mesure  ne  pourra  se 
synthétiser  qu'en  faisant  appel  à  toutes  les  ressources  de  l'analyse, 
La  physique  a  fait  des  progrès;  il  ne  faut  plus  essayer  de  l'approfondir 
si  l'on  n'a  que  de  vagues  notions  de  calcul  difïérentiel  et  intégral.  Si 
l'optique  géométrique  n'embrasse  qu'un  nombre  limité  de  phénomènes, 
son  étude  ne  doit  pas  être  négligée;  pour  s'en  convaincre,  il  sufilt  de 
savoir  que  c'est  avec  son  aide  qu'Abbe  et  Zeiss  ont  renouvelé  et  perfec- 
tionné d'ime  façon  si  merveilleuse  tous  les  instruments  optiques. 
M.  Bonasse  nous  fait  connaître  le  résultat  de  leurs  travaux.  L'Optique 
ondulatoire  s'occupe  des  questions  classiques  sur  ce  sujet,  mais  comme 
dans  le  reste  de  l'ouvrage  tous  les  raisonnements  sont  serrés  de  plus 
près  qu'ils  ne  l'étaient  jusqu'ici.  Ne  pouvant  tout  citer,  nous  n'in- 
sistons pas. 

Le  tome  \'  est  consacré  aux  ondes  herziennes  et  à  rélectroptique. 
Un  rapide  coup  d'ceil  jeté  sur  la  table  des  matières  ferait  dire  à  une 
personne  inexpérimentée  :  <(  Ce  volume,  c'est  le  chaos  ».  Erreur  :  c'est 
au  contraire  une  très  belle  étude  de  synthèse  scientifique.  Après  avoir 
établi  les  équations  fondamentales  des  déplacements  (sens  Maxwell) 
dans  un  milieu  isotrope,  l'auteur  étudie  les  ondes  herziennes  et  leurs 
applications,  comme  la  télégraphie  sans  fil.  Il  pose  ensuite  les  hypo- 
thèses (p.  JOl)  qu'il  faut  faire  pour  assimiler  la  lumière  au  déplacement 
électrique.  Aux  personnes  qui  voudraient  étudier  l'élcctroptique, 
nous  conseillerons   de  lire  avant  toute  chose  cette  page,  puis  d'aller  un 


—   i04   — 

peu  plus  loin  (p.  109)  pour  y  trouver  l'idéo  direct rico  de  M.  Bouasso 
dans  la  rédaction  de  cet  important  travail  :«la  théorie  électromagné- 
tique est  bonne,  non  parce  qu'elle  est  vraie,  ce  qui  n'a  pas  de  sens, 
mais  parce  qu'elle  concilie  analytiquement  un  gi'and  nombre  de 
théories^).  Chaque  fois  que,  dans  un  calcul  particulier,  il  introduit  des 
simplifications  particulières,  il  nous  fait  connaître  si  le  résultat  est 
conforme  avec  l'expérience.  Il  ne  cite  d'ailleurs  que  les  expériences 
principales.  Un  bon  travail  au  laboratoire  doit  compléter  son  ensei- 
gnement. Il  ne  faut  pas  oublier  qu'avant  tout  M.  Douasse  cherche  à 
développer  l'étude  théorique  de  la  physique,  et  il  fait  œuvre  utile. 

2.  —  La  seconde  édition  de  la  Thermodynamique  de  M.  H.  Poincaré 
diffère  peu  de  celle  parue  en  1892.  Si  depuis  cette  époque  les  appli- 
cations de  la  thermodynamiquesesont  grandement  élargies,  la  théorie 
est  restée  jjresque  invariable.  Cet  ouvrage  a  été  très  sérieusement 
revu  et  corrigé.  D'assez  nombreux  alinéas  rappellent  que  les  lois 
exposées  ne  sont  que  partiellement  vérilîables  par  l'expérience;  par 
exemple  :  il  n'existe  pas  pratiquement  de  cycles  réversibles.  Le  n°  119 
précise  la  définition  théorique  de  la  température  absolue;  le  n^  130 
donne  ce  théorème  :  un  gaz  qui  obéit  aux  lois  de  Mariette  et  de  Gay- 
Lussac  obéit  également  à  celle  de  Joule;  le  n^  193  s'est  subdivisé:  au 
lieu  de  quelques  lignes  il  occupe  dix  pages  consacrées  aux  cycles 
représentables  géométriquement  et  à  la  définition  précise  de  l'entropie. 
Cette  nouvelle  édition  va  être  très  favorablement  accueillie  par  les 
travailleurs  qui  ne  pouvaient  se  procurer  la  première  devenue  presque 
introuvable. 

3.  —  Le  quatrième  volume  consacré  à  la  Pliysique  dans  V Interna- 
tional Catalogue  of  scientijic  Literature  contient  les  titres  et  indications 
bibliograpliiques  reçus,  de  mai  1904  à  mai  1905,  sur  toutes  les  branches 
de  la  physique.  Le  cinquième  volume  s'arrête  aux  documents  parvenus 
en  mai  1906.  Nous  avons  déjà  signalé  (  Polyhihlion  de  mai  1906, 
t.  CVI,  p.  406)  la  haute  valeur  de  cette  publication  et  sa  dispo.sition 
particulièrement  heureuse  pour  que  les  recherches  soient  faciles  et 
rapides.  Nous  ne  reviendrons  pas  sur  ces  points  importants.  Nous 
signalerons,  avec  plaisir,  ime  autre  qualité  de  tout  premier  ordrt^  que 
possède  également  cette  publication  :  elle  est  aussi  complète  que 
possible.  Tous  les  journaux  et  revues  de  physique  pure,  aussi  bien  qu(? 
ceux  qui,  consacrés  habituellement  à  l'industrie,  peuvent  contenir  des 
mémoires  de  physique,  sont  minutieusement  dépouillés.  Le  but  que 
l'on  s'était  proposé  en  fondant  cette  importante  pubhcation  est  donc 
parfaitement  rempli  :  les  travailleurs  ont  un  instrument  de  recherches 
sur  lequel  ils  peuvent  compter. 

4.  —  Les  progrès  de  la  Télégraphie  sans  fil  sont  incessants.  Aussi 
M.  Turpain  a-t-il  voulu  refondre  son  ouvrage  dont  la  première  édition 


—  405  - 

ost  depuis  longtemps  épuisée  (Cf.  Polijhihlion  d'août  1902,  t.  XCV, 
p.  141-142).  Les  premiers  chapitres  ne  contiennent,  comme  nouveauté, 
que  deux  interrupteurs  inventés  par  l'auteur.  Mais  les  suivants  sont 
riches  en  éléments  nouveaux.  Du  quatrième  chapitre  au  huitième 
inclus  nous  apprenons  à  connaître  les  détails  des  dispositifs  de  la 
télégraphie  sans  fil,  le  calcul  des  longueurs  d'ondes  et  les  efforts  faits 
pour  produire  leur  amortissement;  le  délicat  problème  de  la  syntonie 
est  minutieusement  étudié;  les  résultats  pratiques  obtenus  en  télé- 
graphie et  en  téléphonie  sans  fil  sont  exposés;  malheureusement 
l'auteur  a  arrêté  son  exposition  à  l'état  des  travaux  à  la  fin  de  1907, 
ce  ({ui  nous  prive  de  quelques  détails  fort  intéressants.  La  commande 
à  distance  et  l'étude  des  orages  forment  deux  chapiti'es  entièrement 
nouveaux.  Par  contre,  l'auteur  a,  sans  aucun  inconvénient,  supprimé 
la  liste  des  brevets.  Celle-ci  s'est  allongée  sans  limite,  sans  intérêt,  et 
les  brevets  primitifs  n'ont  plus  de  raison  d'être  cités.  Quoique  nous 
regrettions  le  long  temps  qui  s'est  écoulé  entre  la  rédaction  et  l'impres- 
sion de  cet  ouvrage,  nous  pouvons  afhrmer  qu'il  aura  un  grand  succès, 
car  il  est  rédigé  sous  une  forme  essentiellement  pratique.  i 

5.  — La  première  partie  de  V Électriciié  industrieUe,  de  M.  CLobois, 
est  un  cours  élémentaire  destiné  aux  écoles  primaires  supérieures  et 
aux  écoles  professionnelles.  Il  contient,  sous  une  forme  simple  et 
précise  :  les  premières  notions  sur  les  courants  électriques,  en  insistant 
particulièrement  sur  la  chute  du  potentiel  dans  les  différentes  parties 
d'un  circuit;  les  piles  hydro-électriques;  les  actions  chimiques  des 
courants;  les  accumulateurs;  d'excellentes  notions  sur  les  champs 
magnétiques  qui  sont  la  base  des  instruments  de  mesure;  ia  production 
des  courants  par  les  champs  magnétiques  nous  amène  à  l'étude  des 
générateurs  et  des  moteurs  industriels;  incidemment,  toutes  les  appli- 
cations pratiques  sont.  Tune  après  l'an  tre,  décrites  à  leur  place  naturelle. 
La  netteté  de  la  rédaction  et  des  gravures  nous  explique  que  ce  livi-e 
soit  arrivé  rapidement  à  la  quatrième  édition.  Nous  regrettons 
seulement  qu'il  y  soit  fait  appel  à  des  comparaisons,  hydrauliques 
pour  faire  comprendre  (?)  certains  phénomènes.  Nous  croyons  que  les 
élèves  à  qui  l'on  ne  présente  pas  ces  comparaisons  comprennent  mieux, 
car  ils  ne  font  pas  de  fausses  assimilations.  La  seconde  partie  n'est  qu'à 
sa  deuxième  édition.  Elle  n'est  pas  d'une  moindre  valeur,  mais  elle 
s'adresse  à  un  public  beaucoup  plus  restreint.  Pour  les  courants  con- 
tinus, ce  volume  contient  un  supplément  sur  la  construction  des 
induits  et  quelques  études  théoriques  sur  la  dynamo.  11  aborde  ensuite 
l'emploi  des  courants  alternatifs,  de  la  self  induction,  des  alternateurs 
et  des  alternomoteurs.  Quelques  mots  sur  le  transport  de  l'énergie  et 
sur  la  télégraphie  sans  fil  terminent  cet  excellent  ouvrage  d'ensei- 
gnement. Dans  son  ensemble,  ce  courses!  très  bon;  nous  reprocherons 


—  406  — 

à  l'auteur  (Tavoir  voulu  quelquefois,  par  des  artifices  de  calcul,  établir 
lies  formules  dont  la  démonstration  régulière  dépend  du  calcul 
intégral.  C'est  un  travail  superflu;  il  vaut  mieux,  comme  cela  se  fait 
couramment,  adopter  franchement,  sans  démonstration,  une  formulé 
que  de  charger  les  mémoires  de  calculs  qui  ne  conduisent  qu'à  des 
démonstrations  truquées. 

Chimie.  —  6.  — La  partie  descriptive,  c'est-à  dire  celle  qui  s'occupe 
des  propriétés  des  métalloïdes  et  des  métaux  ainsi  que  de  la  prépai*ation 
des  principaux  composés  est  très  bien  exposée  dans  le  Cours  de  chimie 
inorganique  de  M.  Swarts.  Les  expériences  qui  cfï.'cnt  une  valeur  réelle 
et  pratique  actuellement  ont,  seules,  été  conservées.  Nous  n'insisterons 
pas  sur  ce  point,  parce  que  s'il  fait  de  ce  livre  un  excellent  cours,  ce 
n'est  pas  cela  qui  le  met  hors  de  pair.  La  chimie  s'est  complètement 
transformée,  depuis  quelques  années,  dans  ses  recherches  purement 
théoriques,  dans  l'étude  des  lois  qui  président  aux  phénomènes. 
^L  Swarts  présente  successivement  les  faits  acquis  par  une  méthode 
très  logique  :  il  attend  qu'un  fait  expérimental  de  haute  importance 
rende  l'esprit  attentif  au  développement  purement  théorique  qui 
suit.  Lés  premiers  principes  de  chimie  donnés,  l'auteur  aborde  aussi- 
tôt la  théorie  cinétique  des  gaz,  indispensable  pour  comprendre 
la  composition  moléculaire  des  corps.  La  théorie  de  la  double  décompo- 
sition des  corps  l'amène  à  énoncer  le  principe  de  Le  ChateKer  et 
celui  du  travail  maximum.  La  dissolution,  l'ébullition,  la  cryoscopie 
sont  devenus  des  agents  d'étude  chimique.  Il  en  est  de  même,  mais  à 
un  plus  haut  degré,  de  l'ionisation.  L'électrochimie  ne  saurait  plus 
être  séparée  d'une  étude  générale  de  la  chimie.  Toutes  ces  questions 
sont  abordées  dans  ce  très  intéressant  ouvrage;  elles  sont  réduites, 
il  est  vrai,  à  leurs  premiers  éléments,  mais  ceux-ci  sont  encore  suAit 
samment  étendus  pour  donner  des  idées  très  nettes  sur  les  méthodes  et 
leurs  applications  pratiques.  Ce  livre  est  à  consulter  non  seulement 
par  les  élèves  de  l'enseignement  supérieur,  mais  encore  par  ceux  de 
l'enseignement  secondaire.  Pour  ces  derniers,  quelques  pages,  à  peine, 
faisant  appel  au  calcul  intégral,  leur  échapperont  ;  partout,  ailleurs, 
lorsque  l'auteur  a  eu  recours  au  calcul  ou  à  la  physique,  il  ne  dépasse 
pas  ce  que  doit  connaître  un  bon  élève.  Nous  rappelons  que  nous 
avons  lu  avec  un  très  grand  plaisir  la  Chimie  organique  du  même 
auteur  (Cf.  PoJybiblion,  mai  1907,  t.  CIX,  p.  404-405). 

7.  —  Nous  avons  déjà  eu  le  plaisir  de  signaler  deux  fascicules  du 
Traité  complet  d'analyse  chimique  appliquée  aux  essais  industriels 
{Ci.  Polybihlion  de  mai  1908,  t.  CXII,  p.  405-406);  aussi  serons-nous 
brr'f  pour  ce  troisième.  Nous  rappellerons  cependant  que  chaque  fas- 
cicule se  vend  séparément,  qu'il  forme  un  tout  complet  s'adressant  à 
une   classe   spéciale    de   chimistes.    Toutes   les    méthodes   d'analyse 


—  /i(J7  — 

(loiinant  dos  résultat?;  pratiques  sont  minutieusement  décrites, 
l'opérateur  n'a  qu'à  suivre  pas  à  pas  les  indications  qui  lui  sont 
données.  Ce  volume  contient  :  «  Gaz  d'éclairage  »,  par  M.  J.  Becker, 
comprenant  l'analyse  des  gaz  et  des  sous-produits,  le  pouvoir  éclairant, 
le  traducteur  a  ajouté  la  méthode  suivie  à  Paris  pour  l'essai  du 
pouvoir  éclairant  et  de  la  bonne  épuration  du  gaz;  «  Carbure  de 
calciimi  et  acétylène'»,  par  M.  J.-H.  Vogel,  plus  les  conditions 
françaises  pour  être  autorisé  à  produire  de  l'acétylène;  «  Pétrole, 
huiles  de  'graissage,  huiles  de  goudron,  paraffine,  cire  minérale, 
ozocérite,  asphalte,  »  par  M.  C.  Engler  et  L.  Ubbelohde;  «  Graisses  et 
huiles  grasses,  glycérines,  bougies,  savons,  »  par  M.  W.  Fahrion;  les 
analyses  et  la  recherche  des  fraudes  dans  les  matières  alimentaires 
de  cette  série  sont  particulièrement  étudiées  tant  par  les  procédés 
allemands  que  par  les  méthodes  suivies  en  France  dans  les  laboratoires 
officiels.  Tous  les  appareils  spéciaux  sont  décrits  avec  grand  soin, 
d'excellentes  figures  permettent  soit  de  les  construire,  s'ils  sont  simples, 
soit  de  comprendre  le  détail  de  leur  fonctionnement  s'ils  sont 
compliqués. 

g. —  Sauf  en  quelques  points  particuliers,  V Histoire  du  développement 
de  la  chimie  depuis  Lauoisier  jusqu'à  nos  jours,  de  M.  A.  Ladenburg, 
pourrait  ainsi  s'intituler  :  «  De  l'influence  de  la  balance  sur  la  con- 
naissance de  la  constitution  chimique  des  corps  ».  Il  était  donc  naturel 
que  l'auteur  prît  pour  point  de  départ  l'époque  de  Lavoisier.  Ce- 
pendant il  traite  auparavant  de  la  théorie  du  phlogistique  et  des  idées 
successives  qu'a  engendrées  le  .phénomène  de  combustion.  Cette  étude 
est  très  belle  et  très  suggestive  :  elle  nous  montre  comment  on  émet 
facilement  des  hypothèses,  comment  on  les  modifie,     comment  on 
torture  les  phénomènes  pour  les  faire  rentrer  dans  l'hypothèse,  enfin, 
quels  eiïorts  il  faut  pour  abattre  les  derniers  retranchements  cù  est 
cantonnée  l'erreur.Cette  histoire  du  passé  est  à  méditer,  car,  nous  aussi, 
nous  avons  peut-être  notre  phlogistique  :  que  pensera-t-on  plus  tard 
des  qualités  contradictoires  dont  nous  avons  doté  successivement  l'ét^lier  ? 
La  chimie  minérale  s'est  d'abord  seule  développée;  nous  avons  pris 
le  plus  vif  intérêt  à  voir  comment  se  sont  établies  les  lois  que  nous 
avons  apprises  dès  le  début  de  la  chimie.  Il  est  vrai  que,  par  sa  forte 
documentation,  par  son  exposition  claire,  l'auteur  nous  fait  ressortir 
l'enchaînement   des  idées   chez  les  savants   qui,  par  diverses  voies, 
tendent  au  même  but.  N'est-il  pas  curieux  de  voir  la  théorie  de  Davy 
renaître  après  plus  de  soixante  ans  d'oubh?  Avec  la  naissance  de  la 
chimie  organique  et  son  essor  rapide  les  questions  de  notions  d'équi- 
valent, atome  et  molécule,  qui  paraissaient  bien  établies,  subissent  des 
assauts  terribles.  M.  Ladenburg  fait  un  historique  bien  compli^t  de 
chacune  de  ces   questions.  Mais   il   y   a  une   question   spécialement 


—  408  — 

intci'i-ssante  en  chimie  organique  :  c'est  celle  de  l'organisation  molécu- 
laire.Il  y  a  un  intérêt  considérable  à  voir  comment,partie  de  la  théorie 
des  radicaux  et  des  phénomènes  de  substitution  par  une  suite  de 
remarquables  travaux,  la  chimie  est  ari'ivée  à  pouvoir  formuler  tous 
les  groupements  possibles.  Les  trois  dernières  leçons  sont  consacrées 
à  la  dissolution  d'une  part,  puis  à  la  termochimie  et  aux  premières 
notions  de  chimie  physique.  Outre  son  grand  mérite,  cet  ouvrage, 
dont  la  lecture  est  en  grande  partie  à  la  portée  de  toute  personne 
ayant  fait  un  peu  de  chimie,  est  excellent  pour  former  l'esprit  à 
l'étude  des  sciences  expérimentales. 

9.  —  Après  les  deux  volumes  d'initiation  consacrés  à  la  mathé- 
matique et  à  l'astronomie,  qui  étaient  susceptibles  d'éveiller  la  curio- 
sité et  l'intelligence  des  enfants,  est  venu  celui  qui  a  pour  titre:  Initia- 
tion chimique.  Le  sujet  se  prêtait  moins  à  une  exposition  séduisante. 
Aussi  ^L  Darzens  s'est-il  contenté  de  composer  un  petit  traité  simple 
et  élémentaire  permettant  de  faire  connaître  aux  enfants  les  prin- 
cipales propriétés  des  métalloïdes  et  de  quelques  coi'ps,  minéraux  ou 
organiques,  d'un  usage  courant.  Le  but  principal  de  l'auteur  a  été  de 
rendre  l'expérience  facile  et  attrayante  quoique  restant  essentiellement 
scientifique.  Un  matériel  de  peu  d'importance  suffît  pour  répéter  ces 
expériences.  Il  y  a  loin  de  ce  petit  livre  aux  indigestes  leçons  de  choses 
dont  on  a  tant  abusé  pour  arriver  à  un  résultat  presque  nul.  L'auteur 
n'a  cherché  qu'à  faire  naître  le  goût  de  l'expérimentation  et  de  l'obser- 
vation; l'application  rationnelle  des  conseils  qu'il  donne  permet 
d'arriver  à  ce  double  résultat. 

Mathématiques.  —  10.  —  Avant  de  composer  son  Traité  de 
mathématiques  générales  à  l'usage  des  chimistes,  physiciens,  ingénieurs, 
et  des  élèves  des  Facultés  des  sciences,  M.  Fabry  a  fait  une  soigneuse 
enquête  pour  déterminer  de  la  façon  la  plus  précise  les  besoins  de  ses 
futurs  lecteurs.  Il  suppose  naturellement  que  ceux-ci  possèdent  d'une 
façon  convenable  tous  les  éléments  scientifiques  donnés  dans  l'ensei- 
gnement secondaire,  mais  rien  de  plus.  Partant  de  cette  base,  il  a  fixé 
les  notions  d'algèbre  supérieure,  de  géométrie  analytique,  de  calcul 
différentiel  et  intégral,  de  mécanique  rationnelle  qu'il  lui  fallait 
traiter,  non  seulement  pour  remplir  le  programme  proposé,  mais  encore 
pour  en  faire  un  tout  présentant  un  ensemble  logique.  Au  lieu  d'exé- 
cuter un  simple  travail  de  compilation  ou  plutôt  de  coupures  dans 
des  traités  plus  étendus,  M.  Fabry  s'est  donné  la  peine  de  reprendre 
une  à  une  toutes  les  théories  qu'il  expose  et  d'en  faire  une  rédaction 
spéciale  :  il  en  résulte  une  grande  homogénéité  dans  son  travail, 
qualité  précieuse  pour  les  lecteurs  dont  les  mathématiques  ne  sont 
pas  la  principale  occupation.  Il  a,  autant  que  cela  était  possible,  été 
rigoureux  dans  ses  démonstrations.  Mais,  si  la  preuve  précise  d'un  fait 


—  409  — 

('"tait  trop  longue  ou  trojD  délicate  à  établir  et  que  l'ensemble  des 
théorèmes  nécessaires  n'eût  aucune  autre  utilité  dans  le  cours  de  l'ou- 
vrage, M.  Fabry  n'hésite  pas  à  donner  le  fait  sans  démonstration. 
Ce  mode  d'agir  est  d'ailleurs  conforme  à  l'usage  actuelde  l'enseigne- 
ment :  on  n'hésite  plus  à  se  servir  d'une  formule  utile  sous  prétexte 
que  l'on  ne  peut  la  démontrer,  et  surtout  on  répugne  à  donner  des 
démonstrations  incomplètes  ou  même  fausses.  L'ouvrage  entier  de 
M.  Fabry  est  rédigé  très  sobrement  :  les  principes  et  les  propriétés 
sont  énoncés  avec  une  précision  merveilleuse.  Les  calculs  sont 
développés  dans  leurs  parties  principales,  quelques  intermédiaires  faci- 
lement remplaçables  sont  omis.  Les  exemples  et  applications  sont 
donnés  d'après  des  méthodes  simples  et  régulières,  sans  jamais 
employer  d'artifices  de  calcul.  Mais  que  le  lecteur  débutant  y  prenne 
bien  garde  :  lorsque  l'auteur  a  donné  un  théorème  et  une  méthode 
au  début  d'un  chapitre,  dans  l'application  il  écrit  sans  explication 
l'équation  correspondante;  il  en  résulte  que  si  ce  livre  contient  tout  ce 
qui  est  nécessaire,  sous  une  forme  excellente,  il  demande  à  être  étudié 
avec  soin  :  pour  aller  de  l'avant  les  parties  antérieures  doivent  être 
bien  possédées. 

IL  — •  D'après  la  méthode  de  Cauchy  on  n'étudie  Tintégrale 
d'une  équation  diiïérentielle  que  dans  le  voisinage  d'un  point;  les 
remarquables  travaux  de  M.  Painlevé  ont  établi  que  les  intégrales  des 
équations  différentielles  du  premier  ordre,  sauf  un  seul  cas,  étaient 
multiformes  et  présentaient  des  points  jouissant  de  propriétés  toutes 
particulières.  M.  Pierre  Boutroux,  dans  des  Leçons  sur  les  fonctions 
définies  par  les  équations  différentielles  du  premier  ordre,  après  avoir 
montré  qu'il  existe  des  points  où  la  méthode  de  Cauchy  n'est  plus 
applicable  pour  l'étude  des  intégrales  et  rappelé  les  principaux  résultats 
auxquels  est  parvenu  M.  Painlevé,  s'occupe  spécialement  de  deux 
types  d'équations  différentielles.  Dans  l'un  la  dérivée  de  la  fonction 
égale  le  quotient  de  deux  polynômes  contenant  la  fonction  et  la 
variable;  dans  l'autre, cette  dérivée  égale  un  polynôme  du  quatrième 
degré  par  rapport  à  la  fonction,  les  coefficients  étant  des  polynômes 
par  rapport  à  la  variable.  C'est  surtout  sur  l'allure  d'une  branche 
d'intégrale  lorsque  la  variable  approche  d'un  point  singulièrement 
transcendant,  la  classification  de  ces  points,  puis,  par  quel  mécanisme 
les  différentes  branches  de  l'intégrale  arrivent  à  se  permuter  entre 
elles  que  portent  les  efforts  de  l'auteur.  Souvent  la  méthode 
employée  par  M.  Boutroux  ne  donne  que  des  résultats  négatifs. 
On  ne  saurait  lui  en  faire  le  reproche  :  il  rend  autant  de 
services  à  la  science  en  montrant  les  voies  ouvertes  que  celles 
qui  sont  fermées.  Cet  ouvrage  se  termine  par  une  importante 
note  de  M.   Painlevé  sur  les   équations   différentielles   du    premier 


—    'ilO   — 

ordre  dont  les  intégrales  n'ont  qu'un  nonilji'c  fini  de  branches.  Nous 
rappelons  que  ce  livre,  comme  les  dix  auti-es  de  la  collection  Emile 
Borel,  est  destiné  à  des.  lecteurs  ayant  de  sérieuses  connaissances 
mathématiques,  mais  il  est  indispensable  pour  faire  des  études  sur 
la  théorie  des  équations  difTércntielles. 

1 2.  —  Dès  que  l'on  quitte  le  programme  de  la  licence  ordinaire  pour 
étudier  sérieusement  les  mathématiques,  on  ne  tarde  pas  à  s'apercevoir 
qu'une  foule  de  questions  vous  sont  absolument  inconnues.Tels  sont 
par  exemple  :  les  nombres  de  Bernoulli,  les  poljaiômes  de  Legendre,  les 
fonctions  de  Bessel,  etc.  D'autre  part,  certaines  questions  préoccupent 
plus  particulièrement  les  chercheurs,  nous  allions  dire,  sont  plus  à  la 
mode.  Si  dans  les  cours  classiques  on  a  entendu  parler  de  l'équation  de 
Laplace,  on  ignore  le  problème  de  Dirichlet;  les  équations  fonction- 
nelles de  Fredholm  et  de  Volterra  sont  totalement  inconnues. 
M.  d'Adhémar  a  voulu  ouvrir  quelques  horizons  sur  ces  diverses  que^- 
tions  et  sur  bien  d'autres  dans  ses  Exercices  et  leçons  d'analyse.  Il  n"a 
pas  la  prétentfon  do  traiter  à  fond  aucun  point  particulier;  son  but 
principal  a  été  d'attirer  l'attention  des  étudiants  sur  diverses 
brandies  de  l'analyse  en  signalant,  en  même  temps  que  leur  exis- 
tence, quelques  théorèmes  importants.  Une  bibliographie  assez 
copieuse  permet  de  pousser  plus  loin  l'étude  ainsi  amorcée.  -Nous 
trouvons  en  plus  dans  cet  ouvrage  toute  une  suite  de  problèmes  qui, 
quoique  élémentaires  et  correspondant  au  programme  de  licence,  sont, 
en  général,  d'un  niveau  plus  élevé  que  ceux  contenus  dans  les  autres 
recueils  d'exercices. 

13. —  Différent  de  ses  prédécesseurs  à  la  Sorbonno,  M.  Andoyer  a 
voulu,  non  plus  donner  des  notions  générales  sur  toute  l'astronomie, 
mais  amener  ses  auditeurs  à  avoir  des  notions  précises  sur  quelques 
points  choisis  pai'mi  les  plus  importants.  S'il  ne  peut  prétendre  trans- 
former tous  ses  élèves  en  astronomes,  il  leur  met  en  main  des  éléments 
conformes  à  la  pratique  effective  de  l'astronomie.  C'est  pénétré  de  ces 
idées  qu'il  faut  lire  la  seconde  partie  du  Cours  cV astronomie.,  encore  plus 
que  la  première  (Cf.  Pohjhiblion  de  mai  1907,  t.  CIX,  p.  405-406). 
Ce  volume  débute  par  les  calculs;  l'effort  de  l'auteur  se  porte  parti- 
culièrement sur  le  calcul  des  erreurs  et  l'utilisation  des  mesures 
d'observations.  Passant  aux  instruments,  M.  Andoyer  fait  cojinaître 
les  éléments  communs  à  tous  les  appareils  astronomiques,  il  étudie  à 
fond  le  théodolite,  l'équatorial  et  l'appareil  méridien;  il  ne  s'attarde 
pas  à  décrire  les  divers  appareils  qui  en  dérivent,  il  signale  les  prin- 
cipaux; d'ailleurs  ce  qu'il  dit  suffit  pour  étudier  'en  particulier  tel 
appareil  dont  on  aurait  besoin  de  se  servir.  Pour  la  détermination  des 
constantes  fondamentales,  l'au^-eur  n'hésite  pas  à  mettre  très  en 
é\'idence  les  hypothèses,  parfois  bien  hasardées,  sur  lesquelles  s'appuie 


—  Ail- 
la théorie  actuelle.  Nous  recommandons  tout  spécialem<nit  aux 
géographes  et  marins  l'important  chapitre  "onsacré  à  l'astronomie 
géographique  et  nautique.  Si  cela  n'avait  pas  l'air  d'une  critique 
pour  le  reste  de  l'ouvrage,  ce  qui  est  fort  loin  de  notre  pensée, 
nous  dirions  que  ce  chapitre  est  parfaitement  clair  et  précis.  Dans 
l'ensemble  du  volume  les  calculs  sont  plus  détaillés  que  dans 
la  première  partie;  certains  débutants  se  sont  plaints  que 
trop  d'intermédiaires  étaient  supprimés.  Nous  espérons  (ju'ime 
prochaine  édition  de  la  première  partie  donnera  satisfaction  aux 
réclamants  dont  nous  nous  faisons  l'écho  parce  qu'on  ne  saurait  trop 
encourager  ceux  qui  débutent  dans  l'étude  d'une  science. 

14. — ^  Un  livre  signé  do  M.  C.-A.  Laisant  doit  toujours  être  lu  très 
attentivement,  car  il  est  d'un  mathématicien  doublé  d'un  psycho- 
logue. Dans  le  cas  présent  du  Coiws  d' nrithmélique,  qui  nous 
occupe,  l'auteur  s'est,  préparé  à  sa  rédaction  par  de  nombreuses 
expériences  directes  faites  durant  plusieurs  années.  Sans  savoir 
exactement  quelle  part  exacte  dans  ce  livre  il  faut  attribuer  à 
M.  C.  A.  Laisant  ou  à  INI.  Élie  Perrin,  nous  avons  de  fortes  raisons  pour 
faire  surtout  honneur  au  premier  des  deux  collaborateurs  de  la  partie 
la  plus  élémentaire,  nous  ne  disons  pas  la  plus  simple,  c'est-à-dire  la 
pratique  et  la  théorie  des  quatre  opérations.  Tout  éducateur  doit 
apprendre  dans  ce  livre  :  comment  il  doit  agir  pour  faire  germer 
dans  l'esprit  de  l'enfant  la  nécessité  de  chaque  opération;  comment 
on  l'amène  à  désirer  une  définition  et  des  règles  précises;  comment 
on  peut  exposer  des  théories  parfaitement  rigoureuses.  Peut-être 
que  sur  ce  dernier  point  le  lecteur  trouvera  que  les  auteurs  ont  été 
un  peu  loin  :  un  livre  ne  peut  convenir  à  tous  les  cas  particuliers. 
Ceux  qui  trouveront  trop  longues  les  pages  consacréas  à  la  divisi- 
bihté  et  aux  nombres  premiers  n'ont,  qu'à  couper.  Nous  attirons 
spécialement  l'attention  sur  le  choix  deS  exercices:  ils  sont  tout  à 
fait  pratiques  et  souvent  leur  texte  seul  éveillera  la  curiosité  des 
enfants.  Ajoutons  encore  que  le  livre  entier  est  rédigé  dans  une 
langue  d'une  netteté  et  d'une  correction  parfaite,  que  la  disposition 
typographique  est  excellente.  Ces  points  sont  trop  souvent  consi- 
dérés comme  négligeables;  c'est  un  grand  tort.  Il  faut  rendre  la 
^science  attrayante  en  tout  :  les  auteurs  y  sont  admiralilement 
parvenus. 

15.  —  C'est  pour  les  écoles  pratiques  do  commerce  et  d'industrie 
■que  MM.  H.  Fuzet  et  L.  Reclus  ont  écrit  :  Arithmétique  commerciale,  et 
Algèbre  financière;  mais  en  examinant  ce  livre  nous  nous  sommes 
vite  persuadé  qu'il  convenait  à  Monsieur  Tout  le  Monde.  Sauf  sur 
quelques  points  très  particuliers  il  suffît  pour  résoudre  les  problèmes 
qu'il    traite    des   connaissances    courantes    que   l'on   acquiert    dans 


—  412  — 

l'onseignoment  primaire  supérieur  ou  secondaire.  Que  de  fois  nous 
a-t-on  demandé  un  bon  livre  pour  calculer  les  intérêts,  l'escompte, 
le  prix  de  revient  d'une  marchandise,  le  bénéfice  réel,  en  un  mot 
pour  -toutes  les  opérations  qui  se  pratiquent  dans  le  commerce  du 
plus  petit  au  plus  grand.  Quelle  est  la  personne  qui  n'est  pas  intéressée 
à  savoir  quelles  sont  les  opérations  de  la  Bourse  des  valeurs  et 
comment  elles  se  traitent?  Nous  irons  même  plus  loin  :  comment  lire 
intelligemment  son  journal  si  on  ignore  ces  questions.^  A  côté  de  ces 
points  d'intérêt  général  sont  des  problèmes  particuliers  qui  s'adressent 
à  un  public  plus  limité  :  il  s'agit  des  emprunts  dont  le  remboursement 
se  fait  par  annuités,  les  lecteurs  ordinaires  les  laisseront  aux  spécia- 
listes. Nous  n'avons  trouvé  aucun  reproche  à  faire  aux  auteurs  tant 
sur  la  rédaction  que  sur  la  disposition  matérielle  de  l'ouvrage.  Aux 
intéressés  de  profiter  de  l'excellent  manuel  qui  leur  est  olfert. 

16.  —  Les  nouveaux  programmes  universitaires  ont  naturellement 
provoqué  une  floraison  de  livres  classiques.  M.  Zoretti  s'excuse 
presque  d'en  augmenter  le  nombre  par  ses  Leçons  d'algèbre.  Il  a  tort, 
car  il  a  produit  un  ouvrage  qui  rendra  de  nombreux  services.  Certes, 
l'idée  de  ramener  à  la  théorie  générale  des  fonctions  celles  d'entre 
elles  qui  font  partie  du  programme  de  mathématiques  élémentaires 
découle  de  l'esprit  même  qui  a  inspiré  ce  programme.  Mais  si  ses 
prédécesseurs  s'en  sont  pénétrés,  M.  Zoretti  s'est  particulièrement 
attaché  à  rendre  son  enseignement  tout  à  la  fois  théorique  et  pratique. 
Il  signale  spécialement  les  points  délicats  qui  peuvent  gêner  les  élèves  et 
leur  donne  d'excellents  conseils  pour  sortir  d'embarras.  Nous  trouvons 
chez  M.  Zoretti  cette  qualité  rare  :  un  professeur  qui  fait  un  bon  cours 
et  qui  s'est  donné  la  peine  de  le  rédiger  avec  soin  pour  en  faire  un 
bon  livre.  Nous  ne  trouvons  plus  trace  des  anciens  errements  qui 
faisaient  de  l'algèbre  élémentaire,  un  tout  complètement  différent 
de  l'algèbre  de  spéciale;  il  s'ensuit  que,  pour  les  élèves  qui  poursuivront 
leurs  études  scientifiques,  il  n'y  aura  pas  de  brusque  transition.  Pour 
ceux  qui  s'arrêteront  aux  élémentaires,  l'auteur  a  sur  certains  points 
légèrement  dépassé  le  programme  officiel,  mais  il  l'a  fait  surtout  dans 
un  but  pratique.  Enfin  il  est  entré  sans  réticence  dans  la  voie  moderne 
sur  le  fait  des  postulats  :  si  un  théorème  utile  n'est  pas  démontrable 
élément airement,  M.  Zoretti  ou  l'admet  simplement  ou  montre  qu'il 
est  vrai  dans  les  cas  particuliers  qui  l'intéressent,  en  faisant  remar- 
quer qu'il  ne  donne  pas  ainsi  une  démonstration. 

17.  —  Sous  le  titre  modeste  de  :  Précis  de  géométrie  descriptive  et 
de  géométrie  cotée,  M.  J.  Girod  publie  un  excellent  ouvrage  classique. 
C'est  le  développement  intégral  des  nouveaux  programmes  de  l'en- 
seignement secondaire.  La  première  partie  est  à  l'usage  des  classes  de 
première  C  et  D,  la  seconde  est  pour  les  classes  de  mathématiques 


—  413  — 

A  et  B.  Nous  ajoutons  volontiers  que  Tensemble  forme  un  très  l)on 
traité  de  géométrie  descriptive  à  l'usage  de  tous  ceux  qui  ont  besoin 
de  connaître  cette  science,  tout  au  moins  dans  ses  parties  éléiiientairos. 
M.(jii'<^'dentend,en  employant  le  mot  précis,  indiquer  qu'il  donne  tout 
ce  qu'il  faut,  sans  hors-d'œuvre  superflus,  avec  les  détails  nécessaires. 
Nous  tenons  à  ce  que  nos  lecteurs  tiennent  bien  compte  de  cette 
signification.  Pour  le  détail  des  matières  traitées,  nous  renvoyons 
aux  programmes  officiels,  nous  ne  parlerons  que  de  la  rédaction  de  l'ou- 
vrage. Les  méthodes  fondamentales  telles  que  changement  de  plan, 
rabattements  et  rotations  sont  tout  d'abord  exposées;  chaque  pro- 
blème particulier,  après  avoir  été  étudié  géométriquement,  est  résolu 
par  la  méthode  la  plus  avantageuse;  les  exigences  du  programme  ont 
amené  à  séparer  des  questions,  partie  dans  ce  volume,  partie  dans 
l'autre;  il  est  toujours  facile  de  réunir  dans  une  étude  finale  ces 
diverses  notions.  Les  épures  sont  particulièrement  bien  soignées, 
un  grand  nombre  d'entre  elles  ont  été  empruntées  à  l'excellent 
ouvrage  de  M.  Caron.  Il  ne  faut  pas  voir  dans  ce  fait  une  tentative 
d'économie  de  l'éditeur  :  M.  Caron  a  établi  des  épures  parfaites 
jtour  des  problèmes  classiques;  si  l'exposé  théorique  s'est  modifié,  le 
fait  reste;  il  faut  lui  être  reconnaissant  d'avoir  permis  à  son  ancien 
élève  M.  Girod  d'utiliser  les  belles  figures  qui  faciliteront  l'étude  de 
la  géométrie  descriptive. 

18.  — •  La  deuxième  partie  des  Récréations  malliématiques  et  Pro- 
blèmes des  temps  anciens  et  modernes  deM.W.  Rouse-Ball  ne  le  cède  pas 
en  intérêt  à  la  première  (Cf.  Polybiblion  de  mai  1908,  t.  CXII,  p.  411- 
412),  mais,  dans  leur  ensemble,  le  niveau  est  plus  relevé,  si  nous  osons 
nous  exprimer  ainsi,  ce  qui  signifie  que  leur  solution  repose  parfois 
sur  des  notions  mathématiques  qui  ne  sont  pas  connues  de  tout  le 
monde.  Hâtons-nous  de  dire  que  le  simple  curieux  n'aura  pas  à 
regretter  l'acquisition  et  la  lecture  de  ce  volume.  Les  divers  jeux 
basés  sur  les  combinaisons  géométriques,  sur  les  arrangements 
d'objets  et  les  propriétés  des  nombres  sont  passés  en  revue  dans  les 
différents  chapitres.  Les  quelques  questions  de  mécanique  nous  font 
regretter  que  l'auteur  ait,  "pour  le  moment,  renoncé  à  nous  exposer 
les  curiosités  physiques.  L'histoire  des  trois  fameux  problèmes  de 
géométrie  :  la  duplication  du  cube,  la  trisection  de  l'angle,  la  qua- 
drature du  cercle  avaient  sa  place  marquée  dans  un  tel  recueil;  il  va 
été  joint  celle  de  la  résolution  de  l'équation  du  3^  degré.  Nous  avons 
eu  un  grand  plaisir  à  lire  ce  livre,  nous  le  conserverons;  et  nous  sommes 
persuadé  que  tous  ceux  qui  le  connaîtront  feront  comme  nous. 

Industrie.  — ■  19.  — -Si,  n'ayant  jamais  visité  une  usine,  vous  dési- 
rez comprendr^^  !e  fonctionnement  des  MacJnnes-outils,  outillage 
et  (vérificateurs,  assimilez-vous  au  préalable  l'ouvrage  de  M.  Gorgeu. 


—   il4  — 

Puis  regardez,  mais  regardez  intelligemment,  et  vous  arriverez  à  vous- 
rendre  compte  non  seulement  du  travail  elîectué  devant  vous,  mais 
encore  si  ce  travail  est  effectué  avec  la  machine  qui  convient  le  mieux 
et  si  le  rendement  est  le  meilleur  possible.  La  première  partie  est 
consacrée  aux  dispositions  employées  pour  transformer  le  mouvement 
tlu  inoteur  central  en  les  divers  mouvements  utilisés  par  les  machines- 
uutils.  La  seconde  partie  est  d'une  importance  capitale.  Les  machines- 
outils  sont  séparément  dé  'rites  schématiquement,  les  conditions  de 
bon  fonctionnement  sont  signalées,  les  avantages  et  inconvénients 
minutieusement  relevés,  enfui,  la  liste  des  travaux  qu'il  y  a  à  faire 
exécuter  de  préférence  par  chacune  d'elles  est  précisé  avec  un  soin 
tout  particulier.  Pour  l'outillage  employé  sur  les  machines,  l'auteur 
attire  l'attention  sur  les  conditions  variées  que  doit  remplir  un  outil 
suivant  le  travail  qu'on  lui  demande;  il  indique  tous  les  soins  à 
apporter  au  choix  de  l'acier  et  à  la  nature  de  la  trempe;  peut-être 
trouverons-nous  qu'il  se  méfie  un  peu  trop  des  aciers  rapides, 
pourtant  fort  économiques  lorsqu'ils  sont  judicieusement  employés^ 
Les  quelques  pages  consacrées  aux  vérificateurs  indiquent  leur  cons- 
truction et  leur  mode  d'emploi,  l'auteur  n'insiste  pas  assez  sur  ce  fait: 
quelle  que  soit  la  fonction  que  l'on  ait  dans  une  usine,  il  faut  d'abord 
arquérir  une  grande  habileté  manuelle  avant  de  se  servir  des  vérifi- 
cateurs. L'enseignement  théorique  de  AL  P.  Gorgeu  est  parfait;  aux 
intéressés  d'apprendre  ensuite  la  pratique  effective. 

20.  —  Nous  devons  tout  d'abord  rappeler  que  le  premier  volume 
(Cf.  Pohjhiblion  de  novembre  1906,  t.  CVII,  p.  412-413)  de  l'ouvrage 
de  M.  Zéi'olo  :  Coimnenl  on  construit  une  automobile,  était  consacré  à 
l'aménagement  général  d'une  usine.  Mais  le  sujet  n'était  pas  entiè- 
rement épuisé  ;  l'auteur  y  revient  à  plusieurs  reprises,  en  rapprochant 
des  connaissances  qui  ont  tout  intérêt  à  être  réunies.  Dans  le  tojne  II 
qui  a  pour  's,o\x'3-\\iYe:Les  ]\Iatières  premières,  M.Zérolo  étudie  d'abord 
le  choix  des  aciers  employés  à  fabriquer  les  outils,  leur  trempe  et  leur 
forgeage.  Il  insiste  longuement  sur  ce  fait  important  que  chaque 
métal  a  besoin  d'un  outil  de  qualité  spéciale  pour  le  bien  travailler. 
11  Qurait  pu  ajouter  qu'un  bon  contremaître  exerçant  une  surveillance 
constante  est  indispensable  pour  que  les  frais  d'usure  ne  dépassent 
pas  des  limites  raisonnables.  Les  matières  premières  employées  sont 
les  diverses  fontes,  les  aciers  et  en  particulier  ceux  cî  forte  élasticité 
unie  à  une  forte  résistance,  le  cuivre  et  l'aluminium  ainsi  que  leurs 
alliages.  Les  chapitres  sur  ces  sujets  auraient  pu  quelque  peu  être  allégés 
sm*  la  métallurgie  générale  et  complétés  sur  les  composés  spéciaux. 
Pour  utiliser  ces  divers  métaux  il  faut  les  bien  connaître,  toutes  les 
questions  relatives  aux  essais  et  analyses  sont  bien  traitées.  Le  tome  III 
et  doi'ràer  :  Procédé  de  fabrication,  traite  d'abord  de  la  préparation  des 


-  415    - 

pièces  qui  se  font  à  la  fonderie  et  à  la  forge  pour  être  finies,  après 
le  traçage,  par  le  travail  h  la  machine-outil.  Revenant  sur  ce  qu'il  a 
dit  do  ces  machines  dans  le  premier  volume,  l'auteur  insiste  sur  les 
précautions  à  prendre  dans  le  tournage,  le  filetage,  le  fraisage  et  la 
taille  des  engrenages  et  il  se  préoccupe  particulièrement  d'obtenir 
de  bons  produits  sans  détériorer  l'outil.  Quelques  mots  sur  le  montage 
et  le  réglage  ainsi  que  les  essais  de  rendement  du  moteur  terminent 
cet  ouvrage  rempli  d'excellents  conseils  et  de  tours  de  main  pratiques. 
11  ne  faut  pas  faire  erreur  sur  le  but  que  s'est  proposé  l'auteur  :  il  a 
voulu  nous  apprendre  seulement  la  construction  matérielle  d'une 
automobile,  supposant  les  lecteurs  familiers  avec  les  éléments  qui  la 
forment. 

21.  — ■  Dans  les  81  articles  formant  le  5^  volume  des  Actualités 
scientifiques,  M.  Max  de  Nansouty  a  eu  par  trop  recours  au  fonds  commun 
des  connaissances  utiles  et  cela,  quelque  intérêt  qu'il  y  ait,  les  couches 
de  lecteurs  se  renouvelant,  à  rééditer  des  faits  instructifs.  Les  con- 
serves de  poissons,  l'apiculture,  les  champignons  sont  de  l'actualité  à 
la  fois  ancienne  et  moderne.  Mais  nous  aimons  mieux  que  l'auteur 
nous  parle  du  radium,  du  béton  armé,  de  la  téléphonie  sans  fil  et 
de  "beaucoup  d'autres  sujets  qui  rendent  ce  volume  intéressant.  Ce 
qui  ne  nous  empêche  pas  de  regretter  qu'il  n'y  ait  pas  de  nombreux 
articles  sur  l'aéroplane  et  un  mot  sympathique  pour  ce  cher  di- 
plodocus. É.  Chailan. 

HAGIOGRAPHIE  ET  BIOGRAPHIE   ECCLÉSIASTIQUE 

1.  Les  Livres  de  saint  Patrice,  apôtre  de  Vlrlande.  Introduction,  trad.  et  notes  par 
Georges  Dottix.  Paris,  Blond.,  s.  d.,  in-12  de  63  p.,  0  fr.  60.  —  2.  /  Fioreîti, 
les  petites  fleurs  de  la  vie  du  Petit  Pauvre  de  Jésus  Christ,  saint  François  d^ Assise. 
Trad.,  Introduction  et  notes,  par  Arnold  GoFFiN.Paris.Bloud,  s.  d.,  in-12  de  143  p., 
1  fr.  20.  —  3.  Saint  Thomas  Beck:t  (1117-1170),  par  Mgr  Demimuid.  {Les  Saints). 
Paris,  Lecofïre,  Gabalda,  1909,  in-12  de  207  p.,  2  fr.  —  4.  Vida  de  Santa  Teresa 
de  Jesûs,  por  el  P.  Francisco  de  Ribera.  Nueva  ediciôn  aumentada  con  una 
Introducciôn,  copiosas  notas  y  apendices  por  el  P.  Jaime  Pons.  Barcelona,  Gus- 
tavo  Gili,  1908,  in-8  de  xx.xii-6d6  p.  (avec  un  portrait,  une  vue  et  une  carte,  8  fr. — 
5.  Les  Martyrs.\'lll.  La  Réforme  (1573-1642),  par  le  R.P.  Dom  H.Leclercq.  Paris, 
Oudin,  1908,  petit  in-8  de  489  p.,  3  fr.- 50.  —  6.  Une  Victime  de  la  Révolution.  Sœur- 
Marguerite  Rutan,  fille  de  la  Ch.arité,  par  l'abbé  Pierre  Coste.  Paris,  Desclée,  de 
Brouwer,  s.  d.  (1908),  in-fô  de  xxi-168  p.,  1  fr.  75.  —  7.  Vie  de  M.  Vabbé  Beulé, 
fondateur  des  Sœurs  de  V Immaculée-Conception  de  Nogeni-le-Rotrou,  par  l'abbé 
Sainsot.  Chartres,  imp.  Laffray,  1908,  in-18  de  xvii-568  p.,  avec  portrait  et  grav. 
hors  texte,  6  fr.  —  8.  La  Vénérable  Anne-Marie  Javouhey,  fondatrice  de  la  Congré- 
gation de  Saint-Joseph  de  Cluwj  (1779-1851),  par  le  chanoine  V.  Gaillard  [Les 
Saints).  Pari5,  LtcofTr.\  Gabalda,  19Q9,  in-12  de  n-223  p.,  2  fr.  —  9.  U Abbé  Bé- 
raud,  ancien  curé  de  Blanzij  et  de.  Montceau-les- M ines,  fondateur  d'orphelinats,  par 
l'abbé  J.-B.  Chaillet.  Paris  et  Lyon,  Vitte,  1909,  in-18  de  vin-451  p.,  3  fr.  50. 
—  10.  M.  l'abbé  de  Préville  et  les  Œuvres  de  jeunesse,  par  l'abbé  E.  Occre.  Paris, 
Vitte,  1909,  in-16  de  320  p.,  3  fr.  —  11.  Une  Religieuse  réformatrice.  La  Mère 
Marie  du  Sacré-Cœur,  de  1895  à  1901,  parla  vicomtesse  d'Aduémar.  Paris,  Bloud, 
s.  d.,    (1908),    in-8    de    xi-440  p.,   5  fr.  — -     12.    Une   Sainte  Figure.     Mgr  Anger 


—  416  — 

Billards,  chapelain  de  Notre-Dame  de  la  Délivrance,  chanoine  missionnaire  apos- 
tolique, chorévêque  d\4ntioche,  prélat  mitre  de  Caithage,  vicaire  général  de  Césaréc, 
etc.,  par  Victor  Féli.  Paris,  Poussielgue,  1900,  in-l()  de  vii-226  p.,  avec  grav., 
2  fr.  50. 

1.  —  La    plaquette  .sur  les  Livres    de  saint  Patrice   est  précédée 
d'une  Introduction  fouillée  où  Fauteur  étudie  la  vie  du  saint  irlandais, 
d'après  l'excellent  ouvrage  de  J.-B.  Bury  :  The  life  of  St.  Patrick  and 
Jiis  place  in  history   (1905).  Les  notes  et   les   commentaires  dont  il  a 
accompagné  la  rigoureuse  traduction  des  écrits  de  saint  Patrice  sont 
un  chef-d'œuvre  d'érudition  critique,  surtout  au  point  de  vue  de  la 
connaissance  des  sources  anglaises.  Ensuite,  dans  ladite  Introduction, 
il  s'occupe  de  l'état  social  et  religieux   de   l'Irlande  au  v^  siècle,  de 
l'histoire    de    l'illustre    apôtre,    déclarant   toutefois    que   les    détails 
biographiques  que  fournissent   les    ouvrages   de    saint    Patrice    sont 
insufïisants  à  retracer  une  image  exacte  et  complète  de  sa  vie,  mais, 
dit-il,  la  «  légende   remplit   et    au    delà   les   lacunes    de    l'histoire  «. 
Les  éléments    de    la  légende    utilisés    ici  sont    exclusivement    ceux 
qui  semblent  garder  quelque  trace  d'histoire  et  touchent  d'assez  près 
les  auteurs  contemporains;  comme  tous  les  documents  légendaires 
celle-ci  s'est  prodigieusement  accrue  au  cours  des  siècles.  «On attribue 
à  l'apôtre  pati'iote  toutes  sortes  de  miracles  que  l'on  trouve  dans  les 
recueils  hagiographiques  :  ainsi,  il  fit  parler  les  animaux,  changea  les 
hommes  en  bêtes,  guérit  toutes  espèces  de  malades,  ressuscita  même 
les  morts  et  laissa  en  Irlande  la  réputation  d'un  des  plus  grands 
thaumaturges   qui   aient   existé  »   (p.   23).   Après   l'Introduction,   la 
traduction   des  hvres  de  saint  Patrice,  sous  ces  divers  titres  :  «  Con- 
fession. —  Epitre.  —  Les  dits  de  Patrice.  — -  Hymne  en  l'honneur  do 
saint  Patrice. — Voilà  certes  de  la  solide  hagiographie,  sans  l'ombre  de 
phraséologie  vague  et  diffuse. 

2.  ■ — ^  Comme  le  précédent,  ce  volume  appartient  à  la  très  intéressante 
et  très  répandue  collection  :  Science  et  Religion  publiée  par  la  librairie 
Bloud.  Il  renferm.e  les  Fioretti^  les  petites  fleurs  de  la  pie  du  Petit 
Pauvre  de  Jésus-Christ,  saint  François  d'Assise.  C'est  une  traduction 
avec  Introduction  et  notes  des  «  Fiorëtti  »  qui  ont  déjà  une  abondante 
littérature.  Le  traducteur  a  un  tome  II  en  préparation  avec  les 
appendices  suivants  :  «  Considérations  sur  les  stigmates  ;  Vie  de  frère 
.lunipère;  Vie  et  doctrine  de  frère  Égide.  »  Cette  première  partie  est 
remplie,  comme  le  travail  de  M.  Dottin,  d'une  critique  de  bon  aloi. 
Elle  met  au  point  beaucoup  de  faits  et  de  questions  contemporaines 
du  saint  qui  avaient  plutôt  pour  but  d'exalter  la  gloire  du  *<  Petit 
Pauvre  »  et  d'exciter  envers  lui  une  sentimentale  piété  que  de  mettre 
en  lumière  la  stricte  et  indiscutable  vérité.  C'était  l'époque  où 
fleurissait  la  légende  franciscaine,  «  cette  broderie  de  l'histoiri' 
M.  Arnold  GolTm  essaie  aussi  de  déterminer  l'auteur  des   Fiorelti   en 


—  417  — 

ces  termes  :  «  C'était  d'abord  la  vie  même  expressive  et  savoureuse, 
le  grand  charme  des  paroles  et  des  actes;  mais  lorsqu'on  en  arrive 
aux  frères  de  la  Marche,  les  traits  précis  disparaissent,  les  physio- 
nomies cessent  de  se  particulariser  pour  s'envelopper  d'on  ne  sait 
quel  rayonnement  uniforme  ».  L'Introduction  est  une  étude  critique 
très  consciencieuse  :  elle  constitue  sans  conteste  le  plus  utile  et  le 
plus  beau  portique  du  texte  charmant  des  Fioretti;  la  traduction 
en  est  aussi  fidèle  qu'élégante.  ' 

3.   —  Le  saint  pauvre  resplendit  dans  l'ombre  de  son  humilité; 
Saint    Thomas  Becket  illustra  sa  carrière  d'homme  d'État  qu'il  cou- 
ronna par  le  martyre.  Bien  que  né  à  Londres,  il  eut  pour  père  un 
Normand  d'origine  et  pour  mère  une  des  descendantes  de  la  nation  des 
Sarrasins.  Contre  l'opinion  des  érudits  qui,  de  nos  jours,  en  France  et 
en  Angleterre,  n'ont  vu  dans  l'origine  sarrasine  de  la  mère  do  Thomas 
Becket  qu'une  fable  iss\ie  de  chansons  populaires  bien  postérieures 
à  la  mort  du  saint,  Mgr  Demimuid  se  range  à  la  tradition   opposée  : 
«  Elle  est,  assure-t-il,  selon  nous,  tellement  liée,  identifiée  avec  l'histoire 
de  l'enfance  de  Thomas  que  si  l'on  y  renonce,  cette  histoire  est  tout 
entière  à  refaire  ».  La  tradition  que  soutient  l'auteur  nous  paraît, 
d'après  les  raisons  par  lesquelles  il  prétend  l'établir,  peu  solidement 
assise.  C'est  du  reste  une  question  d'ordre  secondaire  qui  n'importe 
guère  à  la  glorieuse  personnahté  du  héros,  «  le  premier  martj^r  de 
la   discipline  ecclésiastique   ».  Ces    belles  pages  le  suivent  dans  son 
éducation  première,  dans  sa  vie   d'évêque,   de  chanceher  d'Angle- 
terre, dans    ses    doubles    fonctions   d'homme    d'Église  et   d'homme 
d'État,   sa    courageuse  rupture  avec  le    roi    Henri   II,   sa  fuite  en 
France,  son  exil,  son  retour  en  Angleterre  et  enfin  son  admirable 
martyre.  Que  ceux  qui  détiennent  le  pouvoir  apprendraient  d'utiles 
choses  dans  cette  vie,  pour  le  sage  gouvernement  des  peuples  !  Pour 
la  bibliographie  on  ne  parcît   guère  s'être   servi   que   de  la   Vita  et 
Passio  S.  Thomae  Cantuariensis...  de  la  collection  Migne  (t.  CXC). 
Ce  volume  reproduit  le  recueil  des  sources  de  l'histoire   de  Thomas 
Becket  publié  à  Oxford  en  1845.  Mgr  Demimuid  a  bien  aussi  com- 
pulsé une  autre  collection  plus  récente  et  plus  complète,  croit-il,  qui 
parut  à  Londres  en  1878,  sous  le  titre:  Materials  of  the  history  of 
Thomas  Becket,  mais  il  cite  constamment  le  volume  de  Migne  «  d'un 
usage  plus  facile  et  plus  courant  ».  La  méthode  en  honneur  de  nos 
jours  nous  semble  plus  exigeante  pour  les  sources. 

4.  — -Coque  fut  saint  Thomas  Becket  dans  le  gouvernement  temporel 
d'un  royaume,  sainte  Thérèse  le  réalisa  dans  la  directi(»n  spirituelle 
des  âmes  :  hauteur  de  pensées,  pureté  d'intention,  inspiration 
théologique  profonde,  discernement  afiiné  des  esprits,  tels  sont  les 
traits  qui  distinguent  la  «  Doctoresse  mystique  »  qu'est  la  grande 
Mai  190y.  T.  CXV.  27. 


—  418  — 

contemplative  espagnole.  Cet  le  Vida  de  saiila  Teresa  de  JeaUsAw  l'.d" 
Ilibera  est  une  réédition  de  celle  du  célèbre  auteur  qui  naquit  au 
diocèse  de  Ségovie  (Espagne),"  vers  le  militni  du  xvi°  siècle  (1537). 
Elle  tient  un  des  premiers  rangs,  sinon  le  tout  premier,  dans  l'histoire 
thérésienne.  Quiconque  s'en  occupe  sera  satisfait  de  cette  nouvelle 
édition  augmentée  d'une  longue  et  remarquable  Introduction  : 
T.  Le  R.  P.  Francisco  de  Ribera  proto-biographe  de  sainte  Thérèse; 
II.  L'Autobiographie;  III.  La  Biographie  de  sainte  Thérèse  (celle-ci 
bien  complète);  une  «  Étude  préliminaire  sur  Thérèse  de  Jésus, 
Docteur  mystique  »,  par  le  R.  P.  Luis  Martin,  S.  J.  (p.  1-57).  Puis 
c'est  la  vie  proprement  dite  de  la  grande  réformatrice  du  Carmel 
(p.  61-563);  enfin  quelques  appendices  fort  intéressants  tels  que  les 
suivants  :  Canonisation  desainteThérèseetson  patronage  spécial  à 
l'égard  de  l'Espagne;  —  Sainte  Thérèse  et  la  Compagnie  de  Jésus;  — 
Lettre  de  saint  Pierre  d'Alcantara  à  sainte  Thérèse;  —  Documents  sur 
l'état  actuel  du  cœur  de  Thérèse  de  Jésus.  —  Relation  des  prodiges 
opérés  durant  la  guerre  avec  les  Français  par  l'intercession  de  sainte 
Thérèse;  —  Déposition  de  la  vénérée  Mère  Anne  de  Jésus  relative 
à  la  béatification  et  à  la  canonisation  de  la  ^^  Mère  Thérèse  de  Jésus. 
(p.  569-619).  En  terminant,  nous  exprimons  le  vœu  qu'un  esprit 
courageux  et  compétent  entreprenne  bientôt  la  traduction  de  cet 
important  ouvrage  pour  sa  plus  grande  diffusion  et  pour  la  gloire 
de  la  séraphique  vierge  d'Avila. 

5.  • —  Ce  sont  les  Martyrs  du  sang  dont  le  R.  P.  Dom  H.  Leclercq 
a  entrepris  de  raconter  la  vie,  d'après  les  actes  authentiques,  depuis 
les  origines  jusqu'au  xx^  siècle  et  dont  voici  le  huitième  gros  volume. 
11  embrasse  la  période  de  la  Réforme  (1573-1642)  et  comprend  vingt- 
six  biographies;  presque  toutes  ont  pour  objet  des  saints  étrangers, 
de  nationalité  anglaise,  à  quelques  exceptions  près.  —  Nous  y  ren- 
contrerons, sans  Préface  cette  fois,  comme  précédemment,  même 
excellente  méthode,  même  information  étendue.  \'oici  le  sommaire 
du  dernier  tome  paru  :  Le  Martyre  d'Edmond  Campion.  —  Le 
Martyre  de  Margaret  Clitherow.  —  Le  Martyre  de  Marie  Stuart.  — 
Le  Martyre  de  M.  Lampton  et  Waterson.  —  Martyre  d'un  prêtre.  — 
Le  Martyre  de  J.  Salez  et  G.  Saultemouche.  —  Le  Martyre  de  P. 
Abraham  George.  —  Le  Martyre  de  John  Roberts.  —  La  Captivité, 
le  Mart>Te  de  Jean  Ogilvie.  —  Le  Martyre  de  Jean  André  Cargo.  ■ — 
Le  Martyi*e  des  BB.  Crisin,  Pongracz  et  Grodecz.  —  Histoire  véritable 
de  la  cruauté  envers  les  capucins.  — Le  Martyre  de  Marguerite  Powel. 

—  Martyre  d'un  jeune  Japonais.  — Les  Vingt-six  Martyrs  du  Japon. 

—  La  Mort  glorieuse  de  plusieurs  prêtres  anglais  séculiers  et  religieux. — 
Le  Martyre  de  Guillaume  Webstei-Ward,  de  sept  prêtres  religieux  et 
séculiers.  —    Le   Martvre  d'Ambroise   Barlo.  —  La   Constance    du 


—  419  — 

B.  Jean  Goodmon. —  Le  Martyre  de  Thomas  Greeneetd'Alban  Roe. — 
Le  Martyre  d'Edouard  Morgan.  —  Le  Martyre  de  Jsan  Lockwode  et 
Ed.  Cattericke.  —  Le  Martyre  de  Hughes  Greevve.  —  Le  Martyre 
du  B.  Jean  Baptiste  de  S.  Bonaventure.  —  La  Mort  du  B.  Thomas 
Holland.  —  Les  âmes  françaises  s'arrêteront  particulièrement  avec 
un  intérêt  ému  au  martyre  de  l'infortunée  Maris  Stuart. 

G.  —  Avec  la  Sœur  Marguerite  Rutan  nous  arrivons  aux  martyrs 
de  la  Révolution.  Sa  vie  entière  d'obscur  dévouement,  d'absolue 
abnégation,  d'énergie  virile  est  une  éloffuente  leçon  pour  les  dégénérés 
de  notre  temps  désemparé.  La  sœur  Rutan  n'avait  pas  encore  une 
biographie  détaillée  puisée  aux  sources  de  première  main.  Celle-ci  s'est 
principalement  inspirée  de  ces  dernières  et  «n'est  pas  l'œuvre  d'un 
panégyriste  à  tout  prix,  uniquement  préoccupé  de  faire  de  l'édification» 
(p.  xi).  Les  sources  ont  été  minutieusement  examinée.;  quant  à  leur 
provenance  et  à  leur  valeur  critique.  Sœur  Marguerite  Rutan  est  du 
nombre  de  ces  guillotinés  de  la  Terreur,  dont  le  dossier  est  perdu. 
Où  sont  les  papiers  confisqués  dans  son  bureau  ?  Où  se  trouve  le  procès- 
verbal  de  son  interrogatoire?  Triste  énigme.  Peut-être  l'ignorera-t-on 
toujours.  Son  existence  eut  un  bien  humble  mais  bien  méritoire 
théâtre  :  l'hôpital  de  Dax  où  elle  ariiva  au  commencement  de  la 
tourmente  révolutionnaire  et  eut  des  épreuves  terribles  à  subir  soit 
de  la  part  du  pouvoir  civil,  soit  du  côté  du  pouvoir  religieux,  en  par- 
ticulier de  l'évê'que  constitutionnel  et  de  l'aumônier  schismatique  de 
l'hôpital.  Cette  vie  ravit  le  lecteur  d'admiration,  notamment  le  beau 
chapitre  où  sont  décrits  les  jours  de  prison  qu'avec  ses  sœurs  elle 
endura  à  Dax,  en  attendant  la  gloire  libératrice  de  l'échafaud.  Les 
délits  retenus  contre  elle  méritent  d'être  relevés,  tant  ils  sont  d'in- 
vraisemblable sottise  :  appel  à  la  désertion  du  drapeau  de  jeunes  soldats 
soignés  par  elle;  correspondance  et  relations  suspectes  avec  un  ci- 
devant  prince  de  Lorraine;  pamphlets  aristocratiques  et  fanatiques 
(on  dirait  aujourd'hui  cléricaux)  trouvés  dans  ses  papiers  saisis.  Or, 
ces  prétendus  écrits  fanatiques  n'étaient  autres  que  des  livres  de  la 
plus  pure  piété,  des  feuilles  d'innocentes  prières,  comme  les  litanies 
du  Sacré-Cœur. 

7.  —  L'Abbé  Beulé  vécut  également  au  milieu  des  ruines  de  la 
Révolution,  mais  n'en  fut  point  la  victime,  comme  sœur  Rutan,  et 
dès  le  commencement  de  son  sacerdoce,  il  s'appliqua,  pendant  près 
d'un  demi-siècle,  à  les  restaurer  dans  le  Christ.  Cette  vie  fut  dédiée 
par  l'auteur  à  Mgr  Foucault,  évêque  de  Saint-Dié,  son  ami  et  con- 
disciple, et  le  prélat  lui  écrivit  la  belle  lettre  suivante  :  «  ...Très 
heureusement  et  très  solidement  documenté,  selon  votre  habitude, 
vous  vous  êtes  attaché  aux  pas  deM.  Beulé  et  vous  l'avez  suivi  dans  les 
voies,  si  différentes  et  parfois  si  épineuses,  où  la  Providence  se  plut 


—  420  — 

à  l'engager  :  son  laborieux  et  fécond  exil,  son  mystérieux  voyage  à 
Rome...  les  épreuves  qui  l'attendaient  au  retour  et  dont  l'une  surtout 
dut  lui  être  si  amère.  Sa  Congrégation  fondée  au  prix  de  tant  de  soucis, 
son  école  de  sourds-muets  anéantie  presque  en  naissant,  un  ministère 
évangélique  mené  de  front  avec  les  occupations  les  plus  absorbantes, 
tout  cola  nous  montre,  dans  vos  pages  aussi  érudites  qu'intéressantes, 
un  prêtre  à  l'intelligence  déliée,  au  cœur  ardent,  au  zèle  inépuisable, 
avec  une  assez  forte  dose  d'originalité  assaisonnée  de  fine  bonhomie... 
Grâce  à  des  femmes  de  foi  et  d'énergie...  la  Congrégation  de  l'imma- 
culée-Conception  et  l'Institut  des  sourds-rnuets  renaissant  de  ses 
cendres  ont  connu  de  beaux  jours  et  pourront  affronter,  je  l'espère, 
les  heures  critiques  présentes...»  Entièrement  nous  souscrivons  à  cet 
élogieux  jugement  de  Mgr  Foucault  et  nous  félicitons  sincèrement 
M.  Sainsot,  dont  l'ouvrage  a  mérité  ce  témoignage  aussi  autorisé  que 
p.'écieux. 

8.  —  Pour  cette  même  restauration  de  l'tcuvre  de  Dieu,  pendant  la 
même  période,  la  Vénérable  Anne- Marie  Javoiihey  fonda  l'Jnstitut 
de  Saint-Joseph  de  Cluny,  aujourd'hui  fleurissant  partout,  et  partout 
donnant  d'abondants  fruits  de  bénédiction,  de  régénération  sociale. 
Le  présent  volume  a  trois  parties  :  la  première  a  pour  objet  la  jeunesse 
et  la  vocation  d'Anne-Marie;  la  fondation  et  l'épanouissement  de 
.  son  ordre.  La  deuxième,  son  développement  aux  colonies  :  Bourbon, 
le  Sénégal,  la  Guyane,  et  les  traverses  que  ces  maisons-filles  lui 
créèrent  à  leurs  débuts  agités  et  incertains.  La  troisième  s'occupe 
des  fondations  diverses,  des  épreuves  de  la  vénérable  Mère,  de  ses 
dernières  années  remplies  d'angoisses  et  de  son  beau  portrait  moral. 
Ces  épreuves  apostoliques  d'une  frêle  femme  donnent  du  ressort  au 
zèle  des  âmes  de  charité  pour  travailler  à  étendre  le  règne  terrestre  de 
Dieu.  L'ouvrage  est  composé  avec  des  matériaux  amples  et  sûrs  : 
les  Annales  hrtoriques  et  religieuses  de  la  Mère  Léotitine;  les  deux 
oTos  volumes  du  P.  Delaplace  où  sont  mis  «  largement  à  contribution 
les  paroles  et  les  écrits  de  la  vénérable  Mère  elle-même,  quelques 
autres  documents,  des  notes  biographiques  et  les  «  Actes  du  procès 
informatif  pour  la  béatification  de  la  servante  de  Dieu,  Anne-Marie 
Javouhey  »  complètent  les  sources  énumérées,  de  tout  premier  ordre. 
D'une  littérature  sobre  et  agréable,  d'une  disposition  harmonieuse,  ce 
livre  fait  preuve  d'une  indépendance  complète  de  jugement  et  de  la 
plus  intèg-'e  sincérité.  Respect  do  la  justice  et  de  la  vérité,  telle  fut  la 
règle  scrupuleusement  suivie  par  le  vicaire  général  de  Tours.  Certains 
hagiographes  devraient  bien,  en  conscience,  l'imiter. 
.9,  — Le  constant  idéal  fut  pareillement  pour  l'Abbé  Béraiid,  dans 
son  œuvre  apostolique,  le  Divin  Pasteur.  11  fut,  ce  bon  prêtre,  l'homme 
d'oeuvres  dans  un  milieu  spécial,  essentiellement  ouvrier  :  Blanzy, 


—  421  — 

Montceau-les-Mines,  II  y  fonda,  à  la  grâce  de  Dieu,  des  orphelinats 
et  des  patronages  qui  ont  conservé  une  partie  saine  et  chrétienne 
dans  des  agglomérations  considérables  autant  que  corrompues. 
Peut-être  quelques  jeunes  prêtres  adonnés  à  cette  sorte  d'apo.  tolat 
dans  nos  immenses  cités  y  découvriraient-ils  quelques  idées  excellentes 
quoique  de  1'  «  ancien  régime  »,  comme  on  dit  aujourd'hui,  dans 
certaines  couches  ecclésiastiques  :  «  Nova  et  votera  »  doit  être, 
croyons-nous,  leur  devise  directrice.  A  l'occasion  de  son  prixMontyon 
(20  novembre  1890),  Léon  Say,  alors  directeur  de  l'Académie 
française,  disait  de  l'abbé  Béraud  :  «  Je  ne  sais  pas  si  les  exemples 
qu'il  a  donnés  d'un  dévouement  absolu  à  tous  ceux  qui  l'entouraient, 
d'une  volonté  très  ferme  où  il  puisait  la  force  de  se  tirer  de  tout  et 
de  tout  débrouiller,  d'une  modestie  et  d'une  discrétion  qu'on  rencontre 
chez  ceux-là  seulement  qui  savent  compter  avant  tout  sur  eux-mêmes, 
d'un  travail  coupé  par  quatre  ou  cinq  heures  de  sommeil  et  pour- 
suivi avec  une  bonne  humeur  et  une  énergie  à  faire  honte  aux  gens 
qui  demandent  à  la  loi  huit  heures  de  bon  temps  sur  ce  qu'on  appelle 
les  «  trois-huit  »  de  la  journée,  si  sa  vie  tout  entière,  en  un  mot,  n'a  pas 
fait  et  ne  fera  pas  plus  de  bien  que  ses  œuvres  mêmes,  et  ne  restera 
pas  dans  la  mémoire  des  habitants  de  la  région  où  il  a  vécu,  comme 
un  monument  plus  durable  encore  que  les  abris  qu'il  a  construits  pour 
ses  orphelins.  »  —  M.  l'abbé  Chaillet  dédie  de  préférence  son  hvre  à 
la  double  jeunesse  cléricale  et  laïque,  qu'affectionnait  particulièrement 
le  bon  curé  :  il  leur  fera  aimer  ce  vrai  prêtre  et  ils  l'imiteront  dans  la 
mesure  qui  leur  convient.  Cette  longue  et  bienfaisante  vie  sera  pour 
tous  une  leçon  d'énergie  et  d'action  s'inspirant  de  l'amour  de  Dieu  et 
des  âmes  adolescentes. 

10.  —  Encore  un  apôtre  de  la  jeunesse,  l'Abbé  de  Préçille.  Le 
travail  qui  nous  occupe  est  une  réédition.  Nous  ne  saurions  mieux  la 
caractériser  qu'en  recourant  à  l'appréciation  de  l'examinateur  cano- 
nique de  l'ouvrage  :  «  Ces  pages,  dit-il,  consacrées  à  sa  mémoire 
constituent  un  attrayant  récit  où  sont  habilement  mis  en  œuvre  son 
journal  intime  et  sa  volumineuse  correspondance,  tous  documents 
de  premier  ordre.  Aussi  la  physionomie  de  cette  grande  âme  faite  de 
foi  vive  et  d'abnégation,  de  bonté,  d'intelligente  charité  et  d'aimable 
condescendance  s'y  accuse  trait  par  trait  et  s'y  reflète  avec  une 
saisissante  fidélité  ».  Cette  édition  a  été  augmentée  d'une  Introduction 
fort  attachante  où  est  démontrée  la  nécessité  pressante  des  œuvres  de 
jeunesse,  ainsi  que  la  connaissance  parfaite  de  cette  science  nouvelle 
des  œuvres  post-scolaires  dont  fit  preuve  M.  de  Préville.  Celui-ei, 
dans  un  douzième  et  dernier  chapitre  dont  le  volume  s'est  enrichi,  nous 
apparaît  conduisant  avec  de  très  spéciales  aptitudes  une  retraite  de 
jeunes   gens.   Les   directeurs   d'œuvres   y  recueilleront   quantité  de 


—   i22  — 


détails  éminemment  pratiques  et  bien  précieux.  Ce  livre  sera  lu  avec 
plaisir,  édification  et  prolit,  aussi  bien  par  les  prêtres  que  par  les 
âmes  zélées. 

11.  • — ■  La  vicomtesse  d'Adhémar,  qui  s'est  tant  occupée  d'ensei- 
gnement et  d'éducation  chrétienne,  raconte  en  toute  sincérité  les 
efîorts  que  tenta  à  la  fin  du  xix<?  siècle,  une  religieuse  de  l'ordre  do 
Notre-Dame,  connue  par  ses  ccuvres  scolaires  sous  le  nom  de  la  Mère 
Marie  du  Sacré-Cœur,  pour  fonder  une  Ecole  normale  supéiieure 
congréganiste.  Dès  le  principe,  elle  ne  s'était  point  placée  en  dehors 
de  l'autorité  ecclésiastique.  «  Elle  a  agi,  il  faut  qu'on  le  saclie,  avec  la 
protection  de  son  chef  diocésain,  l'archevêque  d'Avignon,  Mgr  Sueur, 
à  qui  le  S.  Pontife,  consulté  par  lui,  au  mois  d'avril  1898,  avait  donné 
sa  bénédiction  et  ses  encouragements  pour  l'œuvre,  avec  le  concours 
de  dix-sept  évêques,  avec  l'appui  d'une  haute  élite  de  prêtres  et  de 
laïques,  avec  l'adhésion  de  cinq  supérieures  générales  d'ordres  et  de 
neuf  supérieures  de  communautés  autonomes  »  (p.  viii).  L'entreprise 
de  cette  intelligente  et  vaillante  réformatrice,  aussi  vivement  encou- 
ragée, d'une  part,  que  violemment  combattue,  d'autre  part,  par  des 
hommes  également  éminents  et  de  bonne  foi,  échoua  après  plusieurs 
années  de  luttes.  Ce  sont  ces  efforts,  ces  encouragements  et  ces 
combats  qu'expose  M"^^  d'Adhémar  dans  un  récit  sincère  autant 
qu'il  est  véridique  et  particulièrement  animé,  car  cette  histoire  fut 
vécue  par  l'auteur.  Il  est  en  outre  bien  documenté  avec  la  plus  incon- 
testable authenticité.  Ayant  combattu  elle-même  côte  à  côte  avec  la 
Mère  Marie  du  Sacré-Cœur  elle  a  été,  après  la  mort  de  son  amie,  la 
dépositaire,  en  grande  partie,  des  papiers  qu'elle  a  laissés,  aussi  bien 
que  de  la  correspondance  considérable  de  la  réformatrice.  Il  se  termine 
par  une  conclusion  d'actualité  des  plus  intéressantes.  «  C'est,  dit 
l'auteur,  avec  l'appui  des  adversaires  et  des  partisans  réconciliés 
de  la  Mère  du  Sacré-Cœur  que  M'"^  Daniélou,  agrégée  de  l'Université, 
exécute  aujourd'hui  l'œuvre  conçue  en  1908  »  (p.  x).  Nul  doute  que  ce 
livre  de  grande  sincérité  n'éclaire  une  foule  d'esprits  sur  une  page 
demeurée  obscure  de  l'histoire  de  l'Eglise  contemporaine.  On  goûtera 
dans  cet  ouvrage  le  charme  d'exposition  et  la  pénétration  de  pensée 
qui  ont  valu  aux  précédents  travaux  de  M"^^  d'Adhémar  sur  l'éduca- 
tion des  femmes  d'être  couronnés  par  l'Académie  des  sciences  morales 
et  par  l'Académie  française. 

12.  ■ —  La  chamarrure  de  titres  honorifiques  qui  figure  en  tête  du 
livre  de  M.  Victor  Féli  serait  de  nature  à  surprendre  ceux  qui  igno- 
reraient que  Mgr  Anger  Billards  fut  un  humble,  un  saint,  un  apôtre 
de  la  parole,  de  l'exemple  et  de  la  plume,  enfin'  un  érudit  et  un 
littérateur  de  marque.  Il  ne  voulut  jamais  être  que  le  chapelain  de 
Notre-Dame  de  la  Délivrance  au  diocèse  de  Coutances,  malgré- xies 


—  423  — 

offres  brillantes  et  réitérées  faites  à  l'incomparable  professeur,  à 
l'éblouissant  journaliste.  Cette  âme  brûlante  de  ferveur  sacerdotale, 
<rintime  piété,  noua  les  relations  les  plus  désirables  dans  le  monde 
ecclésiastique  et  dans  la  société  civile.  Citons  seulement  quelques 
amitiés  illustres  et  fidèles  telles  que  celles  du  duc  d'Aumale,  du 
général  de  Sonis,  de  Bourbaki,  général  Estancelin,  cardinal  Lavigerie, 
François  Coppée,  Huysmans.  Parmi  ces  cœurs  qui  vinrent  à  lui 
spontanément,  attirés  par  sa  haute  sainteté  et  son  grand  esprit,  l'ami 
particulièrement  affectionné  et  dont  il  parla  toujours  jusqu'à  la  fin 
de  sa  longue  vie,  avec  la  plus  vive  tendresse,  fut  Barbey  d'Aurevilly, 
avec  lequel  il  entretint  une  copieuse  correspondance.  L'autour 
envisage  notamment  l'aspect  le  plus  saisissant  et  le  plus  édifiant  de 
cette,  noble  et  vertueuse  existence  :  celui  des  trente  ans  pendant 
lesquels  Mgr  Anger  Billards  fut  avant  tout  «  l'apôtre  de  Marie  », 
comme  chapelain  de  Notre-Dame  de  la  Délivrance.  Quiconque  lira 
ces  pages  sera  ému  par  le  spectacle  d'une  si  belle  carrière  sacerdotale 
toute  à  Dieu,  autant  que  charmé  par  la  grâce  littéraire  du  biographe' 
averti.  Louis  Robert. 

THÉOLOGIE 

Ilifiitoire  des  comina^ideiiienls  de  l'Église,  par  A.  Villien. 
Paris,  Lecoffre,  Gabalda,  1909,  in-12  de  xii-357  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

C'est  bien,  en  effet, une  histoire  qui  nous  est  ici  racontée.  Avec  quel 
intérêt  et  quel  charme  le  lecteur  la  suit,  il  faut  en  faire  l'expérience  ! 
C'est  un  conflit  perpétuel  entre  deux  adversaires.  Tout  d'abord  voici 
l'Église  qui  proclame  et  défend  les  droits  de  Dieu  à  être  honoré,  le 
devoir  qu'a  l'homme  de  purifier  sa  conscience,  de  nourrir  son  âme  par 
l'usage  de  l'adorable  sacrement,  et  de  mortifier  sa  mauvaise  nature. 
Voici  d'autre  part,  cette  mauvaise  nature  elle-même  avec  ses  faiblesses, 
ses  lâchetés,  et  aussi,  il  faut  bien  l'ajouter,  avec  les  difiicultés 
qu'apportent  de  nouvelles  mœurs,  des  travaux  plus  assujétissants 
et  plus  durs,  des  tempéraments  où  les  nerfs  excités  prédominent  sur 
des  muscles  affaiblis  et  des  forces  anémiées. 

Il  y  a  plaisir  de  voir  l'Eglise,  toujours  mère  aimante  et  prudente, 
aflirmer  énergiquement  les  principes  d'une  vraie  vie  chrétienne,  tout 
en  tenant  compte  du  malheur  des  temps  et  des  obstacles  variables. 
Ses  exigences  maintiennent  énergiquement  l'essentiel  et  savent 
sacrifier  l'accessoire  qui,  par  les  rigueurs  de  la  pénitence,  accablerait 
■  la  nature,  en  les  remplaçant  par  de  véhémentes  exhortations  à  puiser 
plus  fréquemment  et  avec  plus  de  ferveur  aux  sources  de  vie  que  nous 
offre  l'Eucharistie. 

Le   premier   chapitre   sur   l'énumération  et  la  liste  des  comman- 


—  424  — 

déments  prépare  le  lecteur,  par  l'intérêt  qu'il  y  trouve,  à  l'étude  plus 
aride  de  chacun  de  ces  commandements. 

Lorsqu'un  résumé  a  été  possible,  l'auteur  ne  manque  pas,  à  la  fin  de 
chaque  chapitre,  de  montrer  en  raccourci  les  diverses  phases  des 
compromis  entre  les  lois  formulées  et  la  coutume  qui  les  interprète. 
Ce  volume  apporte  une  contribution  importante  à  l'étude  de  ce  que 
le  droit  canon  nous  dit  de  la  vie  chrétienne  aux  diverses  époques 
de  l'histoire  de  TÉghse.  Une  lettre  de  M.  Boudinhon  à  son  ancien 
élève,  devenu  son  collègue,  sert  de  préface  et  donne  remarquablement 
la  philosophie  de  l'ouvrage.  A.  Vigouçel. 

Tesoro  del  Saeertlotc,  por  el  P.  José  Magh.  Decimotercera  edicion 
notablemente  aumenlada  y  corregida,  segi'iii  los  mas  recieiites  decretos 
de  las  Sagradis  Congregaciones  romanas  y  las  nuevas  disposiciones  del 
derecho  civil  por  el  P.  Juan  B.  Ferreres.  Barcelona,  Stibirana,  2  vol. 
in-S  de  xxiv-720  el  x-925.  —  Prix  :  broché,  11  fr.  ;  relié,  13  fr.  ^0. 

Il  est  superflu  de  redire  en  détail  l'esprit  sacerdotal  et  les  vertus 
apostoliques  du  saint  missionnaire  que  fut  le  P.  Mach.  L'Espagne, 
la  France,  la  Belgique,  et  même  l'Afrique  du  nord,  l'ont  connu  tour  à 
tour;  mais  ce  furent  surtout  les  villes  et  les  villages  de  Catalogne, 
d'Aragon,  de  \'alence  et  de  Galicie  qui  eurent  le  bonheur  d'être  évan- 
gélisées  par  lui.  C'est  son  expérience  de  confesseur,  de  prédicateur, 
d'homme  d'oraison,  de  religieux  angélique  et  mortifié,  de  véritable 
saint,  qu'il  a  consignée  dans  ce  «  Trésor,  «  —  le  mot  est  bien  choisi  — 
et  qu'apprécient  tant  tous  les  prêtres  qui  l'ont  une  fois  approché. 
Mais,  une  œuvre  si  intimement  connexe  aux  matières  régies  par  le 
droit  positif,  tant  civil  que  canonique,  nécessite  des  retouches  et 
mises  au  point.  Depuis  la  disparition  de  l'auteur,  de  nombreuses 
constitutions  ou  décrets  du  Souverain  Pontife,  des  actes  importants 
émanés  des  SS.  Congrégations,  ont  fait  désirer  cette  treizième  édition 
due  aux  soins  de  l'infatigable  P.  Ferreres.  Le  pieux  auteur  a  consacré 
la  première  partie  de  son  ouvrage  au  prêtre  lui-même  :  sainteté  de 
l'état  sacerdotal,  science,  sanctification  des  œuvres  ordinaires, 
oraison  mentale,  office  divin  et  liturgie,  Saint  Sacrifice  de  la  Messe, 
autres  moyens  d'avancer  dans  la  vertu.  Le  tome  II  envisage  le 
prêtre  dans  son  œuvre  de  sanctification  d'autrui  :  zèle  pour  les  âmes,, 
devoirs  spéciaux  des  curés,  ordre  à  faire  régner  dans  la  paroisse, 
son  gouvernement  spirituel,  sollicitude  envers  les  enfants  et  les  ma- 
lades, direction  des  âmes,  sacrement  de  mariage,  prédication,  moyens- 
extraordinaires  pour  faire  du  bien,  missions,  etc.  —  La  librairie  Subi- 
rana  a  imprimé  cet  excellent  traité  avec  un  soin  qui  lui  fait  honneur 
et  qui  le  rend  digne  de  l'auteur,  de  son  savant  éditeur  et  du  vénérable 
clergé  auquel  il  est  destiné.  G.  P. 


—  423  — 

Hélanges  d'Iiîstoîre  des  religions,  par  H.  Hubert  et  M.  Mauss. 
Paris,  Alcan,  I'j09,  ia-8  de  xLii-23(5  p.  —  Prix  :  o  fr. 

Ce  volume  fait  partie  de  la  Bibliothèque  de  philosophie  contem- 
poraine. Les  auteurs  nous  y  présentent  ce  qu'ils  appellent  :  Quelques 
résultais  de  la  sociologie  religieuse,  concernant  le  sacrifice,  l'origine 
des  pouvoirs  magiques,  la  représentation  du  temps.  La  première 
étude,  qu'ils  intitulent  avec  une  modestie  louable  :  Essai  sur  la  nature 
et  la  jonction  du  sacrifice^  est  de  beaucoup  la  plus  considérable.  Non 
contents  de  consulter  les  ouvrages  des  savants  qui  les  ont  devancés 
dans  cette  voie,  ils  sont  allés  aux  sources  mêmes  et  leurs  références 
sont  aussi  nombreuses  que  bien  choisies.  Maintenant,  que  ces  quelques 
résultais  soient  définitifs,  ils  ne  le  prétendent  pas  et  ils  auraient  grand 
tort  de  le  prétendre,  car  la  science  des  religions,  entendue  comme  on 
l'entend  aujourd'hui,  n'en  est  encore  qu'à  ses  débuts,  en  dépit 
de  la  masse  de  matériaux  accumulés  et  mis  en  œuvre.  Procéder  à  la 
synthèse  quand  l'analyse  est  encore  aussi  incomplète,  serait  aven- 
tureux et  nos  jeunes  auteurs  (car  je  les  crois  jeunes  encore)  ont  déjà 
assez  de  science  et  de  prudence  pour  ne  point  le  faire,  ou  ne  le  faire 
que  dans  la  mesure  où  les  autorise  une  enquête  nécessairement  limitée. 
Si  j'osais  leur  faire  une  observation,  je  ne  dis  pas  adresser  un  reproche, 
ce  serait  au  sujet  des  rites  et  pratiques  de  l'Église.  Étrangers  l'un  et 
l'autre,  non  seulement  au  catholicisme,  mais  encore  au  christianisme, 
si  je  ne  me  trompe,  et  je  ne  crois,  pas  me  tromper,  ils  ne  pouvaient  le 
comprendre  et  ne  l'ont  compris  que  par  les  dehors,  et  par  là  même 
superficiellement;  c'était  fatal.  Ce  qu'ils  disent  du  sacrifice,  d'un 
Dieu  qui  s'immole,  c'est-à-dire  suivant  eux  qui  se  suicide,  et  de  ses 
résultats  pour  le  sacrifiant,  qu'il  s'agisse  d'un  particulier  ou  d'une 
collection  d'individus,  d'une  Église,  appelle  bien  des  réserves.  La 
place  dont  je  dispose  ici  ne  me  permet  pas  d'entrer  dans  les  détails. 
En  général,  ceux  qui  s'occupent  de  la  science  des  religions  considèrent 
comme  un  grand  avantage  de  n'avoir  aucune  religion.  Je  crois  qu'ils 
se  trompent,  et  que  si,  pratiquant  une  religion  quelconque,  ils  s'ap- 
pliquaient à  la  connaître  à  fond,  cette  connaissance  préalable  leur 
serait  d'un  grand  secours  pour  entendre  hs  autres  et  se  rendre 
coaipto  de  leurs  points  de  contact  et  de  leurs  différences.  Les  préjugés 
de  secte  dont  ils  parlent  et  qu'ils  auraient  à  combattre  seraient  moins 
dithciles  à  vaincre  que  ceux  d'un  esprit  fermé,  sinon  hostile  à  toute 
croyance.  Il  en  est  pour  les  religions  comme  pour  les  autres  sciences. 
On  ne  s'avisera  jamais,  je  pense,  de  dire  que  pour  bien  étudier  celles-ci, 
il  soit  indispensable  de  n'en  pratiquer  aucune,  et  qu'un  chirurgien, 
par  exemple,  soit  moins  qualifié  pour  comprendre  la  thérapeutique, 
que  s'il  ignorait  la  chirurgie.  Or,  tout  se  tient  dans  l'âme  un  peu 
comme  dans  le  corps,  et  la  religion,  c'est  l'hygiène  de  l'âme. 


—  426  — 

Une  autre  observation  que  je  me  permets  de  faire  aux  auteurs  de 
cette  étude,  d'ailleurs  si  consciencieuse;  elle  concerne  la  forme.  S'ils 
veulent  m'en  croire,  qu'ils  évitent  les  néologismes  comme  héroisalion, 
communie],  sacralisation,  désacralisation.  Le  français  est  assez  riche 
pour  qu'ils  ne  soient  pas  obligés  de  recourir  à  ces  nouveaux  venus, 
qui  sont  des  étrangers  mal  vaaus,  de  vrais  Barbares.     A.  Roussel. 


SCIENCES  ET  ARTS 

lies  (Socialistes  et  le  ISutl^et,  par  J.-L.  Breton.  Paris,  Coruély,  1908, 

in- 16  de  32  p.  —  Prix  :  0  iv.  20. 
Pour  le  Bloc,  par  J.-L.   Breton.   Paris,   Goraély,   1908,   in-IG   de   vir- 

-527  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Nous  réunissons  ces  deux  volumes  dont  le  premier  n'est  guère 
qu'un  extrait  du  second.  M.  Breton  s'y  plaint  qu'on  veuille  le  mettre 
hors  du  sociahsme  parce  qu'il  a  voté  le  budget.  Querelle  de  ménage 
qui  n'a  pour  nous  aucun  intérêt. 

—  Le  second  volume  est  un  recueil  d'articles  publiés  dans  divers 
journaux  sur  des  questions  d'actualité.  Il  a  un  intérêt  pour  le  lecteur 
impartial  en  ce  qu'il  montre  bien  l'état  d'esprit  des  gens  qui  consti- 
tuent ce  qu'on  appelle  le  Bloc. 

M.  Berteaux,  vice-président  de  la  Chambre  des  députés,  est  un 
radical  décidé.  La  Préface  qu'il  a  donnée  au  livre  de  son  ami  marque 
surtout  la  haine  de  la  religion  chrétienne.  On  prétend  que  les  catho- 
liques se  sont  perdus  à  se  servir  de  la  religion  comme  instrument  de 
certaines  préférences  politiques.  Les  radicaux  n'ont  rien  à  leur  repro- 
cher à  ce  sujet  :  depuis  quarante  ans,  en  effet,  ils  font  servir  l'idée 
républicaine  au  triomphe  de  leur  passion  antireligieuse. 

M.  Breton,  lui,  nous  paraît  un  brave  homme,  mais  de  ces  braves  gens 
qui  donnent  aveuglément  dans  des  idées  qui  paraissent  généreuses,  sans 
se  rendre  compte  des  conséquences  et  des  possibilités.  AL  Breton  ne 
veut  pas  du  sabotage,  de  l'antipatriotisme,  des  luttes  de  classe,  du 
collectivisme,  qui  serait  la  tyrannie  la  plus  effroyable  qu'on  ait 
jamais  vue;  mais  il  travaille  à  la  suppression  du  salariat  et  du  patronat 
sans  réfléchir  que  le  collectivisme  est  le  seul  moyen  pratique  d'y 
arriver.  En  effet,  tant  que  le  travail  sera  nécessaire  à  la  vie,  et  tant 
que  beaucoup  de  travaux  ne  pourront  être  exécutés  que  par  le  con- 
cours de  plusieurs  agents,  il  faudra  cpielqu'un  qui  fasse  marcher  d'ac- 
cord ces  agents,  ce  sera  le  patron,  et  quelqu'un  qui  fournisse  les 
instruments  de  travail,  ce  sera  le  capitaliste.  On  pourra  supprimer 
le  patron  privé  et  le  riche  capitaliste,  mais  alors  il  faudra  les  remplacer 
par  l'Etat,  seul  patron  et  seul  capitaliste,  armé  d'une  nuée  de  fonc- 
tionnaires qui  vivront  aux  dépens  des  travailleurs  et  soumettront  toute 
vie  humaine  à  leur  pouvoir  absolu. 


—  427   — 

Nos  Chambres  sont  ainsi  pleines  de  gens  qui  ne  sont  pas  autrement 
pervers,  mais  suivent  une  opinion  ou  une  autre,  d'après  une  impres- 
sion formée  au  hasard  et  sans  aucune  étude  préalable  et  approfimdie 
des  questions,  tandis  que  leurs  préjugés  les  éloignent  d'accepter  le 
concours  de  rÉgliso  catholique,  l'institution  du  monde  la  plus  démo- 
cratique, où  le  fils  d'un  petitpaysan  peut  devenir  le  Chef  souverain  de 
deux  cents  millions  d'âmes.  D.  V. 


^''oimtruetious  ruralcfi,  par  Jacques  Dvnguy.  Paris,  Baillière,  1908, 
iii-16  lie  xl!-ïUf)  p.,  avec  :;U3  (ig.  {Encijdopéiie  agricole).  —    Prix  :o  fr. 

CoilïitriietioilS  rurales.  Malària\(x,  habitations  des  gens,  logements  des 
animaux  et  d' s  récoltes,  par  Paul  et  PiERRB  Blangarnoux.  Paris, 
1;.  Lnveur,  s.  d.,  in-12  de  260  p.,  avec  b6  grav.  {U Agriculture  au  xx^  siècle). 
—  Prix  :  2  fr. 

Les  anciennes  constructions  rurales  laissaient  en  général  beaucoup 
;"i  désirer;  d'ordinaire  elles  avaient  été  élevées  par  des  ouvriers  de  peu 
de  connaissances  spéciales,  dirigés,  la  plupart  du  temps,  par  des  habi- 
tudes routinières  et  ne  se  préoccupant  guère  des  nécessités  de  l'hygiène. 
Aujourd'hui,  on  est  devenu  plus  habile  et,  partant,  plus  exigeant;  cha- 
cun veut  des  guides  sûrs  et  expérimentés.  Les  ouvrages  de  MM.  Danguy 
ri  Blancarnoux  répondent  aux  besoins  actuels  et  présentent  à  qui- 
■onque  veut  construire  ou  faire  construire,  des  traités  vraiment 
utiles. 

A  des  nuances  près,  tous  deux  suivent  les  mêmes  divisions  :  prin- 
iipes  généraux  d'abord  qui  doivent  présider  à  la  confection  de  la 
maçonnerie,  des  charpentes,  des  couvertures  et  des  travaux  spé- 
ciaux qui  complètent  une  construction  pour  la  rendre  vraiment  utili- 
sable à  sa  destination.  Puis  ils  décrivent  ce  qui  concerne  spécialement 
les  habitations  destinées  soit  aux  gens,  soit  aux  animaux,  soit  aux 
diverses  récoltes  qui  seront  faites. 

Les  diiïérences  qui  caractérisent  ces  deux  excellents  ouvrages 
proviennent  surtout  du  point  de  vue  auquel  se  sont  placés  les  au- 
teurs. Celui  de  M.  Danguy  est  plus  didactique,  s'adresse  à  des  esprits 
désireux  d'approfondir  les  matières  et  d'apprendre  ce  qu'ils  ignorent; 
l'ouvrage  de  MM.  Blancarnoux  résume  plutôt  des  connaissances 
acquises  sur  le  détail  desquels  il  y  a  moins  lieu  de  s'appesantir  actuel- 
lement .  Tous  deux  ont  parfaitement  accompli  leur  programme. 

G.    DE    S. 


9j', agriculture  moderne,  encyclopédie  de  Vagriculleur,  par  Vic- 
tor SÉBAsriA>'.  .T^  éd.  Paris,  Larousse,  s.  d.,  in-8  de  560  p.,  orné  de 
G71   'vw.  —   Prix  ;  5  fr. 

Prairnes  et  pâturages  [P r ai i culture  moderne),  par  H.  Compaix. 
Paris,  Larousse,  s.  d.,  in-8  de  286  p.,  avec  181  grav.  —  Prix  :   2  fr. 

Deux  importants  ouvrages  viennent  s'ajouter  à  ceux  déjà  parus 


—  428  — 

dans  «  la  Bibliothèque  rurale  »  qu'édite  la  librairie  Larousse,  et 
continuent  la  série  de  ses  publications  agricoles.  Le  premier  traite 
d'une  façon  générale  de  l'agriculture  en  elle-même  et  de  tout  ce  qui  s'y 
rapporte;  l'autre  approfondit  un  sujet  plus  restreint,  plus  spécial: 
les  prairies. 

L'Agriculture  moderne  est  donc  un  ensemble  détaillé,  fort  complet 
et  étendu  de  la  matière.  Après  avoir  étudié  d'abord  tout  ce  qui  con- 
cerne la  production  végétale,  les  plantes  en  elles-mêmes,  l'auteur 
s'occupe  des  différents  agents  qui  contribuent  à  leur  existence,  à  leur 
accroissement  et  à  leur  développement,  sol,  air,  eau,  engrais,  irrigations, 
travaux  divers,  etc.  Mais,  sur  les  façons  culturales,  il  ne  s'appesantit 
pas  avec  autant  de  détails  que  sur  d'autres  parties  qui  sont  propor- 
tionnellement  plus   développées.  C'est  ainsi   que,    dans   la  suite  de 
l'ouvrage,   il   passe   successivement  en   revue   les   plantes   cultivées, 
céréale^;,    légumineuses,    plantes    industrielles,    fourragères,  puis   les 
cultures  arborescentes,  la  vigne  notamment.  Enfin,  il  examine  avec 
soin  ce  qui  concerne  le  potager.  Le  livre  se  termine  enfin  par  une 
dernière  partie,  fort  importante  d'ailleurs,  occupant  plus  du  quart  du 
volume  et  qui,  à  première  vue,  ne  paraîtrait  pas  rentrer  sous  le  titre 
d'agriculture  proprement  dite.   Elle  est  consacrée  à  la  production 
animale  de  la  fermé,  bétail,  basse-cour,  produits  divers,  comme  les 
abeilles  par  exemple,  et  ce  qui  s'y  rattache.  Aussi  devons-nous  dire^ 
avec  le  sous-titre  du  volume,  qu'il  contient  une  véritable  encyclo- 
pédie agricole,  où  l'on  trouve  réunis  les  renseignements  et  les  notions 
utiles  à  l'homme  de  la  campagne  dans  les  différentes  phases  de  son  exis- 
tence. Le  texte  est  émaillé  d'une  foule  de  vignettes  et  de  gravures,  671 
exactement,  qui  facilitent  les  explications,  les  gravent  mieux  dans  l'esprit 
du  lecteur  et  ajoutent  intérêt  et  valeur  à  cette  importante  publication. 
—  Le  sujet  des  prairies,  sommairement  abordé  dans  l'ouvrage  précé- 
dent, est  au  contraire  soigneusement  traité  et  développé  dans  celui-ci. 
Le  titre  en  indique  la  division,  prairies  naturelles  et  prairies  arti- 
ficielles. Les  unes,  destinées  à  durer  longtemps,  les  autres  ne  devant 
occuper  le  sol  que  pour  les  nécessités  transitoires  de  l'exploitation. 
Dès  lors,  les  règles  de  conduite,  du  cultivateur  à  l'égard  de  chacune 
d'elles  doivent  varier  nécessairement.  Ce  sont  ces  derniers  points  que 
M.  Compain  traite  avec  grande  compétence.   II  insiste  sur  l'impor- 
tance du  sol,  du  cHmat  pour  la  création,  l'entretien,  le  développement 
et  l'exploitation  des  prairies.  Mais  les  seules  forces  de  la  nature  ne 
suffisent  pas;  il  faut,  en  outre,  que  le  travail  de  l'homme  intervienne, 
et  la  présente  étude  en  indique  fort  bien  les  moyens.  Le  rôle  de  l'amé- 
nagement des  eaux  est  bien  exposé;  il  faut  aussi  qu'on  s'attache  à 
l'étude  et  à  la  sélection  des  plantes  qui  composent  les  prairies,  celles 
qu'il  importe  de  développer,  celles  inutiles  ou  même  mauvaises  qu'il 


—,  429  — 

faut  éliminer  ou  tout  au  moins  négliger.  Au  courant  de  son  exposé 
l'auteur  a  réparti  nombre  de  figures  explicatives,  181  gravures.  Comme 
le  précédent  ouvrage,  celui-ci  gagne  par  là  en  intérêt  et  en  utilité. 

G.  DE  Senneville, 

lies  Gazons,  par  J.-C.-N.  Forestier.  Paris,  Laveur,  1908,  in-12  carré 
de  129  p.,  orné  de  grav.  et  de  plans.  —  Prix  :  5  fr. 

Cet  ouvrage  est  imprimé  avec  très  grand  soin,  comme  pour  un 
objet  de  luxe,  car  il  s'occupe  surtout  des  vastes  gazons  et  pelouses 
en  ce  qu'ils  forment  les  plus  beaux  ornements  des  somptueuses 
habitatif  ns  de  la  campagne  comme  des  palais  princiers.  Les  pays 
étrangers,  l'Angleterre  surtout,  ne  le  cèdent  en  rien  à  notre  pays. 
Afin  d'être  parfaits,  les  gazons  exigent  des  soins  d'état lissement  et 
d'entretien  qui  demandent  bien  des  connaissances  spéciales  et,  pour 
être  faits  en  grand,  une  habileté  professionnelle  consommée.  Dans 
bien  des  cas,  ce  sera  une  recherche  de  grand  seigneur.  Bien  que  les 
observations  et  les  conseils  de  l'auteur  visent  surtout  les  grands 
propriétaires,  ils  peuvent  néanmoins  être  utiles  à  tous.  Dans  ce  livre, 
orné  de  nombreuses  planches  photographiées  qui  augmentent  son 
intérêt,^  sont  étudiés  les  principes  du  choix  des  espèces  d'herbes  à 
semer  pour  l'établissement  et  le  constant  entretien  des  pelouses 
et   des  gazons.  G.  de  S. 

Lies  Stations  lacustres  «l'l]iii*o|>e   aux   âges  de   la   pierre 
et  »lîi  hronze,  par  Robert  Munro.  K itlion  française  par  le  D'   Paul 

KoDiiT.  Paris,  Sclileiclier,  190S,  in-S  de  -iO'i  p.,  avec  81  fig.  dans  le  texte, 
33  planches  et  un  frontispice.  —  l^rix  :  1-2  fr. 

Voici  un  ouvrage  précieux  pour  l'histoire  de  la  civilisation  euro- 
péenne et  qu'il  n'eût  pas  été  possible  d'écrire  à  une  époque  peu 
éloignée.  L'étude  des  premières  stations  lacustres  a  été  faite  par  le 
D""  Keller  au  lac  de  Zurich  dans  l'hiver  de  1S53-1854.  Depuis  les 
découvertes  ont  été  constantes  dans  les  lacs  qui  se  groupent  autour 
des  Alpes,  mais  il  fallait  en  coordonner  les  résultats  pour  connaître 
cette  curieuse  phase  de  l'humanité.  Toutes  les  stations  sont  catalo- 
guées et  décrites  avec  une  abondante  illustration.  Dans  un  dernier 
chapitre,  Tauteur  reprend  tous  les  résultats  pour  donner  un  tableau 
dss  mjpurs  et  de  l'état  social  des  lacustres.       F,  de  Vii.iekoisy. 


LITTÉRATURE 

Correspondance  de  Bory  de  Sa[nt-Vingent,  puljliée  et  annotée  par 
Ph.  Lauzun.  Agen.  Maison  d'édition  et  imprimerie  moderne,  1908, 
gr.  iu-8  de  358p.,  avec  2  portraits.  —  Prix  :  5  fr. 

Le  personnage  dont  M.  Lauzun  publie  la  correspondance  fut  un 


—  430  — 

soldat,  1111  homme  poliliquo  et  un  savant.  Sans  avoir  occupé  nulle 
part  la  première  place  et,  précisément  à  cause  de  cela,  il  est  bien  repré- 
sentatif du  temps  où  il  a  vécu.  Officier,  plus  par  nécessité  que  par 
vocation,  il  guerroya  pendant  quinze  ans  aux  quatre  coins  de  l'Eu- 
rope; il  termina  sa  carrière  avec  le  grade  de  colonel.  Député  en  ISlfi 
et  en  1831,  il  fut  l'ennemi  acharné  des  Bourbons,  ce  qui  lui  valut 
cinq  ans  d'exil  après  les  Cent-Jours  et  quelques  faveurs  officielles. 
après  1830;  irréligieux  comme  beaucoup  de  ceux  qui  étaient  arrivés 
à  l'âge  d'homme  pendant  la  Révolution,  il  se  montra  particulièrement 
batailleur,  ainsi  que  le  voulait  son    tempérament,  mais  quand    sa 
fille  voulut  se  marier  à  l'église,  il  oublia  ses  animosités  et  étonna  se.s 
amis.  De  plus,  il  manquait  d'esprit  pratique,  comme  beaucoup  de^ 
gens  de  sa  trempe;  il  se  ruina,  et,  sans  le   dévoûraent  de  sa  fille,  ii 
serait  mort  dans  la  misère.  Enfin,  et  surtout,  il  était  botaniste;  j' 
ne  suis  pas  assez  compétent  pour  dire  s'il  fut  un  grand  savant,  mais 
en  tout  cas,  ce  fut  un  botaniste  passionné  qui,  au  cours  de  ses  cam- 
pagnes, herborisa  avec  délices  :  il  l'eût  fait  sous  la  mitraille  en  char- 
geant à  la  tète  de  ses  dragons.  Dans  sa  correspondance,  il  se  montre 
bien  plus  fier  de  la  découverte  d'une  fougère  ou  d'un  champignon 
que  d'une  victoire  remportée  sur  les  Prussiens.  Par  ce  côté  sa    figure 
apparaît  comme  un  type  de  l'espèce  un  peu  conventionnelle  du  savant 
que  la  science  absorbe  au  point  de  lui  faire  perdre  la  notion  des   réa- 
lités. Quand  il  mourut,  en  1846,  il  était  membre  de  l'Académie    des 
sciences. 

Par  leur  spontanéité,  leur  décousu,  la  finesse  des  remarques  et 
surtout  par  l'esprit  frondeur  et  primesautier  qui  s'y  révèlent,  ces 
lettres  formeut  wne  collection  un  peu  incohérente,  mais  vivante,  de 
faits  et  de  jugements  qui  rendront  service  à  l'historien  qui  les  exploi- 
tera avec  sagacité. 

L'éditeur,  M.  Lauzmi,  secrétaire  perpétuel  de  la  Société  des  sciences, 
lettres  et  arts  d'Agen,  a,  d'abord,  eu  le  grand  mérite  de  reconstituer 
cette  collection  éparpillée  un  peu  partout.  Il  y  a  joint  une  excellente 
Introduction  biographique  et  des  notes  fort  soignées.  En  faisant  revi- 
vre la  figure  curieuse  de  son  compatriote,  il  a  apporté  une  contribu- 
tion fort  estimable  à  l'histoire  de  la  prenî.ièi'e  moitié  du  xix^  siècle. 

P.    PiSAM. 


lit»  Raiiinit  Bsnliuienlal  avant  a  l'Astréc  »,  par  Gustave  Rby- 
MKH.  Paris,  Colin,  1908,  in-8  de  viii-i06  p.  —  Prix  :  5  fr. 

Sans  doute  il  n'est  pas  mauvais  que  quelques  professeurs  de 
Sorbonne,  parmi  tant  d'autres  que  dévorent  le  journalisme  et  les 
polémiques  pédagogiques,  politiques  ou  sociales,  daignent  encore 
s'occuper  de  ce  qui  fait  la  matière  de  leur  enseignement.  Sans  cela, 


—  431  — 

l'Allemagne,  déjà  grande  pourvoj^euse  de  travaux  originaux  de  haute 
érudition,  serait  la  seule  bientôt  à  nous  fournir  nous-mêmes  d'éditions 
et  d'études  de  nos  vieux  textes  français.  M.  Gustave  Reynier  est  de 
ceux  qui  ont  le  bon  goût  de  pousser  dans  le  champ  qu'ils  ont  choisi 
leur  sillon.  Et  comme  il  a,  je  pense,  connu  l'ouvrage  du  baron  de 
\A'aldberg:  Der  empfindsame  Roman  in  Frankreich,  il  s'est  mis,  de  son 
côté,  à  l'œuvre,  et,  se  restreignant  pour  mieux  étreindre,  il  a  écrit 
cette  histoire  du  Roman  sentimental  avant  VAstrée^  qui  peut,  en 
face  des  plus  copieux  livres  de  Berlin,  faire  figure  d'œuvre  savante  et 
fortement  documentée. 

Et  d'abord,  en  150  pages,  il  a  étudié  les  origines  du  genre  qu'il 
voyait  s'épanouir  à  la  fin  du  xvi^  siècle.  Rappelant  sommairement 
—  beaucoup  trop  sommairement  à  mon  sens, — •  ce  qu'il  y  a  d'amour 
tendre  ou  de  passion  violente  dans  nos  anciennes  épopées  courtoises 
et  nos  contes,  nos  chante-fables,  et  dans  le  Roman  de  la  Rose,  et  les 
poésies  romanesques  d'Ëustache  Deschamps,  Froissart  ou  Alain Ghar- 
tier,  il  a,  depuis  le  xv^  siècle,  noté,  classé,  analysé,  jugé,  quantité  do 
belles  histoires,  celles-ci  venues  d'Italie,  traduites  ou  imitées  du 
FHostrato,  du  Decameron,  de  la  Fiammetta  de  Boccace,  ou  d'autres 
œuvres  d'^Enéas  Sylvius,  de  Gaviceo,  d'Alberti,  les  autres  de  source 
espagnole,  ayant  pour  inventeurs  des  San  Pedro,  des  Juan  de  Flores, 
des  Juan  de  Segura,  quelques-unes  un  peu  plus  françaises,  comme  les 
Angoisses  douloureuses  de  M"^^  Hélisenne  de  Grenne,  les  Contes  amou- 
reux de  Jeanne  Flore,  VHeptameron  de  la  reine  de  Navarre  et  l'Amant 
ressuseité  de  Pierre  Boaistuau.  Or,  toutes  les  éditions  de  ces  livres  oubliés, 
perdus,  sont  comptées  et  décrites,  comme  par  le  plus  minutieux  de& 
bibliographes;  et  cela,  qui  nous  apprend  la  vogue  et  nous  fait  sonder 
l'influence  de  chacun,  nous  invite  à  philosopher  sur  l'éphémère  destin 
de  ces  fictions  toujours  un  peu  pareilles,  où  s'amuse,  en  tournant 
ainsi  qu'aux  chevaux  de  bois,  la  très  pauvre,  en  somme,  et  très  pué- 
rile imagination  des  enfants  des  hommes.  Mais,  critique  avisé  en 
même  temps  qu'analyste  et  collectionneur  de  fiches,  M.  Reynier 
débrouille  en  ce  fatras  l'apport  propre  de  chaque  peuple;  par  exemple, 
plus  de  volupté  triomphante  chez  les  Italiens,  plus  de  respect  de  la 
femme  et  plus  de  sentiment  du  «  martyre  d'amour  »  chez  les  Espagnols  ; 
et  il  note  les  couleurs  et  les  nuances  dont  l'amour  est  peint,  violent  ici, 
ot  là  sombre,  sensuel,  ou  chevaleresque,  ou  platonique...  Non,  en 
vérité,  c'est  de  toute  histoire  un  peu  fouillée  l'éternelle  conclusion, 
les  romanciers  modernes,  en  fait  d'amour,  ne  pourront  guère  inventer, 

Mais  voici  qu'à  la  fin  du  xvi^  siècle,  après  les  guerres  civiles,  à  la 
faveur  de  la  vie  mondaine  qui  lui  fait  une  atmosphère  plus  favorable, 
" — sous  le  souille  aussi  du  paganisme  de  la  Renaissance  dont  j'aurais 
aimé  voir  étudier  l'influence  et,  en  vis-à-vis,  celle  du    christianisme 


—  432   — 

qui,  sur  un  genre  touchant  au  vif  des  mœurs,  n'a  pas  pu  ne  pas  marquer 
son  empreinte...  ou  son  anatlième,  — le  roman  sentimental  épanouit 
sa  riche  floraison.  De  tous  les  livres  qui  appartiennent  en  propre  au 
genre  ou  qui  seulement  y  tiennent,  M.  Reynier  a,  en  appendice,  dressé 
une  bibliographie,qui  contient  plus  de  20  pages,  plus'de  100  numéros, 
puis  un  tableau  chronologique  qui  met  en  parallèle,  année  par  année, 
de  1593  à  1(310,  les  romans  chevaleresques  et  d'aventures,  les  histoires 
tragiques  et  les  histoires  sentimentales  (c'est  la  colonne  la  plus  riche). 
Et  de  tout  cela  qu'il  a  eu  la  patience  de  dépouiller,  il  a  tiré,  non  pas 
seulement,  comme  on  pouvait  le  croire,  encore  des  contes  et  des 
contes  d'amour,  mais  un  certain  nombre  d'idées  générales  sur  le  pro- 
grès de  l'esprit  de  société  à  cette  époque,  et  le  prestige  des  femmes, 
sur  certaines  tendances  à  purifier  l'amour,  dont  il  leur  fait  honneur 
ainsi  qu'au  platoîiisme  et  au  pétrarqui&me,  sans  tenir,  je  le  répète, 
un  compte  suffisant  du  sentiment  chrétien;  sur  lapolitesse  des  manières 
et  la  préciosité  'du  langage,  qui,  même  avant  Rambouillet,  sévit 
terriblement  dans  cette  littérature  ;  enfin  il  y  relève,  et  cela  est  piquant, 
sinon  des  ébauches  de  thèses  morales  et  sociales,  du  moins  quelques 
propos  et  quelques  gestes  un  peu  vifs  de  l'amour  contre  la  tyrannie 
des  pères  et  la  tyrannie  de  l'argent,  contre  les  mariages  imposés  et 
les  vocations  forcées. 

Lo  livre  est  docte  et  d'appareil  un  peu  austère.  Mais,  outre  qu'il  est 
mi  chapitre  d'liistc>ii'e  httéraire  et  un  ^Tai  répertoire  utile  à  consulter 
pour  qui  touchera  à  cette  époque,  il  porte  en  lui,  telle  une  châtaigne 
savoureuse  sous  la  bogue  hérissée  de  piquants,  la  matière  d'un  article 
sur  le  roman  d'amour  et  sur  l'amour  même  au  temps  d'Henri  ÏV, 
qui  serait  fort  joli,  assez  instructif,  et  que  tout  le  monde  lirait  avec 
plaisir.  Gabriel  AroiAT. 

JTean- Jaofiue^  Rousseau.  De  Genève  à  l'Herniitage  (171  *1- 

■  75  7),  par  Louis  Ducros.  Paris,  Foutemoing,  1908,  gr.  in-8  de  419  p.— 
Prix  :  10  fr. 

Gros  livre  de  province,  à  couverture  en  grisaille,  imprimé  à  Mar- 
seille (on  ne  le  voit  que  trop  au.\:  fautes  de  typographie  !),  élaboré  sans 
hâte,  écrit  sans  trépidation,  d'une  encre  un  peu  tiède,  par  un  doyen 
de  Faculté  qui  a,  on  le  voit  aussi,  beaucoup  de  temps  derrière  et] 
devant  lui,  lourd  à  la  main  et  qui  n'est  pourtant  qu'un  commencement, 
qui  a  la  maladresse,  enfin,  d'arriver  à  Paris  après  les  conférences  si 
acclamées,  le  volume  si  léger,  si  plein  d'idées,  si  savoureux  de  M. 
Jules  Leniaître...  Qu'on  ne  se  hâte  pas  cependant  de  lui  fermer,  par 
lassitude  ou  dédain,  la  porte  de  la  bibliothèque.  Parce  que  M.  Ducros 
est  de  province,  parce  qu'il  a  du  temps  et  le  sang  calme,  il  a  pu  beau- 
coup lire.  Il  a  tout  lu  de  Rousseau  d'abord,  même  ce  qu'un  professeur 


—  433   — 

de  Paris  ne  lirait  jamais,  les  premiers  essais,  le^  premiers  v^rs,  les 
comédies  de  Narcisse,  et  de  l'Engagement  téméraire,  la  Dissertation 
sur  la  musique  moderne,  l'Allée  de  Sylvie  et  le  Verger  des  Charmettes, 
le  premier  et  unique  numéro  de  son  joiu'nal  le  Persifleur,  les  extraits 
publiés  de  ses  Institutions  chymiques,  etc.;  or,  même  à  qui  ne  veut 
raconter  que  le  génie  et  l'âme  de  Rousseau,  il  y  a  en  tout  cela  plus 
d'un  pronostic  intéressant  à  glaner.  Il  a  lu,  en  même  temps,  à  peu 
près  tout  ce  qui  a  été  écrit  sur  Rousseau,  les  gros  ouvrages  documen- 
taires, les  opuscules  et  articles  de  revues  sur  des  points  de  détail. 
N'ayant  point  à  Aix  où  chasser  l'inédit,  comme  un  candidat  au  doc- 
torat ou  un  chartiste,  mais  ayant  déjà  travaillé  sur  le  xviii^  siècle, 
il  a  mis  à  profit  «  l'inédit  «  des  autres,  lea  Annales  de  J.-J.  Rousseau, 
par  exemple;  il  a  recueilli,  non  seulement  dans  Diderot,  Grimm.  Mar- 
montel,  M"^<^  d'Épinay,  mais  dans  les  ouvrages  récents  sur  M'"*^  de 
Warens,  M^ie  d'Épinay,  M™^  Dupin^  le  comte  de  Montaigu,  bien  des 
textes  et  des  traits  permettant  de  compléter,  éclairer  ou  rectifier  les 
récits  autobiographiques  des  Confessions.  C'est  besogne  moins  glo- 
rieuse, mais  plus  utile  peut-être  :  et  il  y  a  chance  que  l'ouvrage  de 
M.  Ducros  constitue,  pour  l'heure,  l'histoire  de  la  vie  et  des  ouvrages 
de  Rousseau  îa  plus  exacte.  Car,  sans  voir  le  pourquoi  de  cet  a  jour 
nement,  je  ne  doute  pas  que  telle  question  importante,  comme  l'aban- 
don des  enfants,  qui  n'est  à  sa  date  indiquée  que  d'un  mot,  et  rap- 
pelée par  voie  d'allusion,  ne  soit  reprise  et  traitée  avec  la  même  abon- 
dance que  les  chamailleries  et  tout  le  «  tripotage  »  avec  M™^  d'Épinay, 
M"i6  d'Houdetot  et  leurs  amis.  J'espère,  par  contre,  que  J\I.  Ducros 
sera  un  peu  plus  sobre  d'analyse  et  de  discussion  d'idées,  quand  il  en 
viendra  à  V Emile  ou  au  Contrat  social,  q\\\\  ne  l'a  été  pour  le  Discours 
sur  les  sciences  et  les  arts  et  le  Discours  sur  Vinégalité.  Tout  inté- 
ressantes que  soient  ces  deux  études  (et  elles  le  sont  surtout  par  L'his- 
toire extérieure  des  deux  discours,  l'analyse  des  réponses  faites  à 
Jean-Jacques  Rousseau  et  ses  ripostes),  elles  ont  l'inconvénient  et 
d'être  plus  longues  que  les  discours  eux-mêmes,  et  de  faire  longueur 
dans  un  ouvrage  où  la  biographie  forme  la  matière  essentielle...  et 
suffisante. 

Et  l'esprit  dans  lequel  ce  livre  est  écrit?  demariderez-vous. —  Sans 
faire  un  mauvais  et  méchant  jeu  de  mots,  je  dirai  tout  simplement  qu'il 
n'y  en  a  aucun  .  M.  le  doyen  écrit  • —  on  peut  le  regretter  au  point  de 
vue  de  l'art,  —  sans  flamme  et  sans  fièvre.  Il  a  vraiment  voulu,  sans 
parti  pris,  savoir  et  écrire  la  vérité.  Hélas  !  cette  vérité,  plus  on  la 
tire  du  puits,  n'apparaît  favorable  ni  à  Rousseau  ni  à  ses  ennemis. 
C'était  un  vilain  être  au  milieu  d'un  vilain  monde.  Et  M.  Ducros, 
assez  disposé  d'abord  à  faire  crédit  au  grand  écrivain  classique,  au 
pontife  sacré  de  la  «  pensée  moderne  »  qu'est  Jean-Jacques,  o\  à  le 
Mai  1909.  T.  CW.  28. 


—  434   - 

préjuger  sincère  en  ses  actes  comme  en  ses  paroles,  le  découvre,  flagrante 
delicio,  chapitre  par  chapitre,  plus  sensuel,  plus  orgueilleux,  plus 
égoïste,  plus  ingrat,  plus  «goujat  »,  plus  menteur  et  plus  fourbe.  Il 
est  déjà  tout  près  {p.  401  et  413)  de  souscrire  aux  formules  de  Diderot  : 
«  Il  n'y  a  que  le  méchant  tjui  soit  seul.  — Cet  homme  est  lui  forcené, 
il  me  fait  horreur;  il  est  damné,  cela  est  sûr,  cela  est  sûr;  il  me  ferait 
croire  aux  diables  et  â  Veiifer...  «  Si,  dans  la  suite,  la  pathologie  de 
Rousseau  —  dont  je  trouve  que  c'est  une  lacune  de  n'avoir  pas  parlé 
déjà  et  fait  état  — si  sa  folie  finale,  qui  est  peut-être  en  effet  un  ré- 
sultat et  un  châtiment  de  sa  «  méchanceté»  plutôt  qu'une  cause  et  une 
excuse,  ne  viennent  pas  attendrir  son  nouveau  biographe,  l'ouvrage  de 
M.  Ducros  pèsera  plus  lourd  et  plus  dur  sur  sa  mémoire  que  le  livre 
de  M.  Jules  Lemaître,  où,  avec  des  mots  si  narquois,  si  démolisseurs, 
il  y   avait  encore  tant  de  pitié.  Gabriel  Audiat. 


I>u  DîSfttwiilîssMfi  à  l'action.  Éludes  conlemporaines,  par  C.  Le- 
cîGiNK.  1"  série.  Paris,  Lelhielieux.  s.  d.,  gr.  ia-12  de  340  p.  —  Prix  : 
3  fr.  50. 

11  nous  faut  saluer  avec  une  grande  sympathie  ce  brillant  début 
d'un  nouveau  maître  de  la  critique  française.  Maître  chrétien,  ai-je 
besoin  de  le  dire,  puisqu'il  nous  vient  des  Facultés  catholiques  de 
Lille,  ce  qui,  sans  rien  lui  enlever  de  ses  grandes  qualités  littéraires, 
communique  à  sa  critique  plus  d'élévation  et  d'autorité.  Plus  familier 
avec  la  vie  intérieure,  plus  versé  dans  la  connaissance  des  âmes,  armé 
de  principes  très  sûrs,  le  prêtre  écrivain,  pourvu  du  talent  nécessaire 
et  préparé  par  une  forte  éducation  littéraire,  est  mieux  placé  que  nul 
autre  pour  bien  juger  des  œu^Tes  et  des  hommes. 

Le  titre  choisi  pour  son  livre  de  début  par  M.  l'abbé  Lecigne  n'est 
pas  un  titre  de  fantaisie.  Sans  être  tous  à  proprement  parler  des 
dilettantes,  au  sens  un  peu  spécial  qu'on  attache  généralement  à  ce 
mot,  tous  les  auteurs  qu'il  nous  présente  ont  été  d'abord,  même 
ceux  qui  avaient  l'esprit  plutôt  dogmatique,  des  curieux  passionnés 
des  choses  intellectuelles,  ardents  à  rechercher,  à  connaître,  à  expli- 
cjuer,  et  se  complaisant  dans  leurs  conquêtes  et  s'en  enorgueillissant, 
sans  leur  demander  autre  chose  que  les  jouissances  hautaines  de  la 
curiosité  ou  de  l'orgueil  satisfait.  Comment,  au  contact  de  la  vie  ou 
aux  leçons  de  l'expérience,  ce  dilettantisme  est-il  devenu  de  l'action, 
c'est  ce  que  l'auteur  nous  montre  fort  bien  en  étudiant  les  œuvi'es  et 
la  vie  d'Hippolyte  Taine,  de  Ferdinand  Brunetière,  de  Baul  Bourget, 
de  Jules  Lemaître,  de  Maurice  Barrés  et  d'Anatole  France.  Car  tout 
le  monde  sait  que  ce  dernier  lui-même,  qui  fut  si  longtemps  le  type 
accompli  du  dilettante  et  qui  semblait  ne  devoir  jamais  être  autre 
chose,  s'est  aussi  tourné  vers  Taction   et   avec    une  violence  et   une 


—  43o  - 

passion  qu'on  n'aurait  pu  prévoir,  si  l'on  n'avait  déjà  vu  parfois  monter 
de  sa  littérature  de  ces  fumées  grossières  qui  déforment  souvent  les 
meilleurs  cerveaux.  Donc,  les  cinq  premiers,  sous  des  formes  d'ailleurs 
très  différentes,  ont  été  amenés  à  exercer  une  action  morale  féconde  et 
salutaire  et  se  sont  transformés,  d'hommes  d'études  et  de  littéra- 
ture, en  hommes  de  combat,  se  servant  à  la  fois  de  l'épée  pour  défendre 
et  de  la  truelle  pour  reconstruire  l'édifice  social,  moral  et  religieux 
de  l'avenir.  M.  France,  au  contraire,  est  devenu  l'enragé  destructeur 
de  tout  ce  que  les  autres  défendent.  Malgré  cette  différence  d'attitude, 
M.  l'abbé  Lecigne  les  juge  tous  avec  impartialité,  et  même  les  égare- 
ments de  M.  France  ne  le  décident  pas  à  le  traiter  sans  justice  ni  à 
méconnaître  les  restes  de  talent  qui  fleurissent  encore  dans  ses  ruines. 
Seule,  l'étude  sur  M.  Paul  Bom'get  m'amènerait  à  formuler  quelques 
réserves,  si  j'en  avais  la  place  et  le  temps.  M.  Lecigne,  qui  admire 
l'Étape,  et  même  en  approuve  la  thèse  générale,  lui  fait  des  reproches 
de  détail,  qui,  la  plupart,  ne  me  paraissent  pas  fondés.  Est-il  néces- 
saire d'y  appuyer?  Je  ne  le  crois  pas.  Le  livre  de  M.  l'abbé  Lecigne  est 
vraiment  un  beau  livre,  plein  d'idées,  d'une  bonne  tenue  littéraire, 
mieux  que  cela  encore,  un  livre  bienfaisant,  et  la  réserve  que  j'ai 
cru  devoir  faire  n'est  pas  de  nature  à  diminuer  la  haute  estime 
qu'en  le  lisant  j'ai  conçue  de  l'homme  et  de  l'écrivain.  Ce  volume  n'est 
que  le  premier  d'une  série  que  je  souhaite  longue,  car  elle  montrera 
«  que  la  puissance  et  la  fécondité  de  l'action  sont  toujours  en  raison 
directe  de  la  force  des  croyances,  et  que  les  plus  balles  œuvres  sont 
encore  celles  où  il  y  a  le  plus  de  foi  exprimée  et  le  plus  d'amour  ré- 
pandu ».  Edouard  Pontal. 

I^es    Pas    sur  la  terre,  par  Adrien  Mithouard.  Paris,  Stock,  1908, 
in-8  de  307  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Voilà  un  bon  livre  de  plus,  écrit  avec  la  conscience  artistique  que 
l'auteur  met  dans  toutes  ses  œuvres.  M.  Mithouard  est  à  la  fois  un 
écrivain  et  un  philosophe  ;  écrivain  un  peu  trop  appliqué  et  tendu, 
peut-être,  en  sorte  qu'on  ne  peut  le  lire  sans  beaucoup  d'attention  et 
un  peu  de  fatigue;  philosophe  pénétrant,  mais  dont  la  pensée  se 
voile  un  peu  sous  le  symbolisme  des  choses.  Je  crains,  pour  ces  raisons, 
qu'il  ne  puisse  être  compris  et  goûté  que  par  un  petit  nombre  de 
lettrés,  ceux  qui  sont  capables  de  trouver  la  sève  de  la  pensée  sous 
l'écorce  de  la  forme.  Le  style  est  d'un  artiste,  d'ailleurs,  et  la  pensée, 
d'un  philosophe  chrétien,  à  la  fois  traditionnel  et  plein  de  ce  bon  sens 
aigu,  qui  est  comme  la  fleur  de  l'âme  française.  Ni  aérien  ni  souter- 
rain, il  conduit,  tranquille,  ses  Pas  sur  la  terre,et  sur  la  terre  chrétienne 
et  française,  parce  que  c'est  vraiment  là  le  domaine  propre  de  l'homme 
qui  a  le  bonheur  d'être  né  chrétien  et  Français.  Et  il  en  décrit  les. 


—  43G  - 

paj'sages,  de  façon  savoureuse  et  vive,  et  il  en  célèbre  les  grandes 
œuv^res,  en  homme  qui  s'y  connaît  et  qui  a  d'autres  soucis  que  celui 
d33  banales  admirations,  et  il  en  rappelle  les  traditions,  en  philosophe 
qui  sait  de  quel  poids  le  passé  pèse  sur  le  présent  et  sur  l'avenir,  et 
il  exerce  sa  verve  mordante  contre  tous  les  destructeurs,  que  leur 
science  ne  sauve  pas  toujours  du  reproche  de  ne  pas  savoir  ce  qu'ils 
font  et  d'agir  au  rebours  du  plus  simple  bon  sens  et  de  nos  plus  chers 
intérêts,  A  tous  les  points  de  vue  donc,  ce  livre  est  un  bon  livre,  à  qui 
S3S  qualités  mêmes  ne  per/nettront  pas  sans  doute  de  devenir  popu- 
lairj.v  mais  qui  sollicite  l'attention  des  penseurs  et  des  lettrés, c'"est-à- 
dirj  d'une  éhte.  Edouard  Pontal. 

lia  iSrelagiie  à  I'.4en«léiitio  fi-aiiraise  an  XIX^  siècle, 
d'après  des  docuuieuls  menus,  [ar  }-!h>é  Efevuer.  Paris,  Chanjpion, 
1908,  in-8  de  v[n-342  p.,  avec  portrait.  —  Prix  :  6  fr. 

C'est  la  dernière  série  —  malheureusement  incomplète  —  des 
études  que  le  très  regretté  René  Kerviler  ou-  René  de  Kerviler  (les 
deux  sont  imprimés  sur  la  couverture  et  dans  la  Préface)  avait  pré- 
parées pour  faire  suite  à  ses  Académiciens  bretons  du  xvii^  siècle  et 
du  Xviii^.  Et  parce  que  les  personnages  dont  il  s'agit  ici  sont  plus 
près  de  nous,  et  que  les  dictiomiaires  biographiques,  les  notices  nécro- 
logiques ou  autres,  les  discours  académiques  fournissaient  les  prin- 
cipaux éléments  tout  réunis,  le  travail  fut  plus  facile,  moins  personnel, 
les  résultats  aussi  sont  moins  intéressants  et  surtout  moins  neufs. 
Je  me  plains  même,  doucement,  que,  par  habitude,  sans  doute,  et 
entraînement  de  librairie,  on  nous  fasse  une  annonce  de  «  documents 
inédits  «,  que  justifient  très  mal  quelques  lettres  sans  importance 
tirées  du  portefeuille  de  Louis  de  Carné.  L'article  sur  Chaieauhiiand, 
le  principal,  ne  vaut  que  pour  être  assez  bien  au  courant  des  dernières 
publications  de  M.  Biré,  ou  de  l'abbé  Pailhès.  Celui  sur  Bigot  de  Préu- 
meiieii  est  plus  curieux,  parce  que  la  figure  du  vieux  jurisconsulte  ou- 
vrier du  code  civil  et  ministre  des  cultes  souf>  Napoléon  est  plus  effacée, 
et  parce  que  M.  Kerviler  a  mis  en  03uvre  des  notes  prises  au  Moniteur 
universel  et  dans  la  Correspondance  impériale.  On  lit  sans  fatigue, 
comme  ils  furent  écrits,  d'une  plume  facile,  et  qui  ne  visait  qu'à 
l'exactitude,  point  à  l'art,  les  chapitres  consacrés  à  Alexandre  Daval, 
l'auteur  comique, dont  les  Préfaces  ont  fourni  quelques  renseignements 
pour  compléter  les  monographies;  à  Mgr  de  Quélen,  dont  on  croit 
volontiers,  avec  M.  Ker\aler,  que  les  pamphlets  de  1830-1860  ont 
dénaturé  le  rôle  et  diffamé  le  caractère;  au  comte  de  Sainte-Auhtire, 
dont  les  Mémoires  inédits  n'ont  pas  été  mis  à  contribution  ;  et  le  cotntc 
Louis  de  Carné,  qui  s'était  déjà  raconté  dans  ses  Souvenirs  de  jeunesse 
et  qui  avait  été  raconté  par  M.  de  Champagny  en  1876. 


—  437   - 

Ct  n'est  pas  que  je  critique,  —  je  l'aime  fort  au  conti'aire  et  la  loue 
cordialement, —  l'idée  de  grouper  ainsi  d'après  leur  origine  et  de  vulga- 
riser en  leur  pays  les  grands  écrivains  qui  y  sont  si  souvent  oubliés. 
Mais,  au  nom  même  du  régionalisme,  on  désirerait  quelque  chose 
de  plus  pénétrant,  de  plus  intime,  qui  peignit  ceux-ci  dans  leur  vie  bre- 
tonne, et  révélât,  fût-il  tiré  du  fond  très  caché  de  leur  talent  et  de 
leur  âme,  le  caractère  breton  qui,  squf  en  Chateaubriand,  a'apparait 
en  aucun  d'eux.  Gabriel  Audiat. 


Tlie  Shakespeare  i^iiooryplta,  being  a  coUeclioii  of  fourleen 
plays  whicb.  bave  ben  ascribed  lo  Shakespeare,  ediled  wilh  inlroiluclion, 
notes  and  bibliography  by  G.  G.  F.  Tuckur  Brooice.  Oxford,  Clareudon 
rress,  1908,  iii-8  de  LVi-4.:i6  p.  —  Prix  :  6  fr.  25. 

On  ne  prête  qu'aux  riches,  et  le  nombre  des  pièces  anonymes  ou 
d'auteur  douteux  qui  ont  été  attribuées  par  tels  ou  tels  à  Shakespeare 
s'élève  à  quarante  et  davantage.  Attributions  insoutenables  dans  la 
plupart  des  cas;  attributions  plus  ou  moins  dignes  d'être  discutées 
(^n  ce  qui  concerne  un  quart,  environ,  de  ces  productions.  De  ce 
quart,  soit  exactement  de  quatorze  pièces  choisies,  M.TuckerBrooke 
vient  de  nous  donner  une  édition  depuis  longtemps  désirée  et 
d'autant  plus  utile  que,  sauf  de  rares  exceptions,  les  textes  ici  réunis 
(■'talent  ou  bien  presque  introuvables  ou  bien  incorrectement  publiés. 

C'est  avec  un  soin  infini  que  M.  Tucker  Brooke  a  collationné 
les  éditions  originales  de  ces  pièces;  il  reproduit  les  meilleures, 
indiquant  les  variantes,  proposant,  en  cas  de  nécessité,  des  corrections. 
Une  excellente  Introduction  passe  en  revue  l'histoire  des  attri- 
butions, classe  les  pièces  suivant  leurs  dates,  les  étudie  séparé- 
ment et  débat,  au  sujet  de  chacune,  la  part  qui  en  peut  revenir  au 
grand  poète.  Cette  part,  si  elle  existe,  ne  peut  être  qu'extrêmement 
réduite.  D'aucune  des  quatorze  pièces  Shakespeare  ne  peut  être  le 
principal  auteur;  à  très  peu  il  est, à  la  rigueur,possible,  mais  nullement 
démontré,  qu'il  ait  collaboré.  11  est  à  remarquer  que  M.  Brooke,  pour 
de  fort  bonnes  raisons,  rejette  la  collaboration,  admise  par  beaucoup, 
de  Shakespeare  avec  Fletcher  dans  The  Two Noble  Kiiismen;  il  verrait 
volontiers,  en  Massinger,  le  second  auteur  de  la  pièce.  C'est  dans 
quelques  passages  de  Si)'  Thomas  More  qu'il  retrouverait  plutôt,  s'il 
le  fallait,  la  main  de  Shakespeare.  Une  connaissance  étendue  et 
approfondie  du  théâtre  anglais  sous  Elisabeth  et  Jacques  I^^  permet 
à  M.  Brooke  de  faire  des  rapprochements  ingénieux  et  nouveaux  entre 
certaines  de  ces  pièces  anonymes  et  des  œuvres  d'auteurs  connus;  ces 
rapprochements  tendraient  à  donner  Loerine  à  Greene  et  Edward  III  à 
Peele.  De  quelque  obscurité  que  soit  enveloppée  leur  origine,  plusieurs 
des  drames  ici.  réunis  sont  en  tout  ou  en  partie  remarquables  :  ainsi 


—  438  — 

Ardeii  of  Fevers/iai»,  Edward  111  et  Sir  Tliotnas  More;  les  autres  sont 
curieux  à  des  titres  divers.  Il  fallait  jusqu'ici  se  résigner  à  n'en  con- 
naître la  plupart  que  de  seconde  main,  par  des  citations  incom- 
plètes; les  voici  remis  à  notre  portée  dans  une  édition  accessible, 
sûre,  pleine  de  renseignements  et  terminée  par  une  excellente  bi- 
bliographie. A.  Baubeau. 

HISTOIRE 

.4l>régé  «le  l'Hiistoire  «le  Port-IBoyal,  par  Jean  Racine,  d'après 
uu  manuscrit  préparé  pour  l'hupression  par  .Jeau-Baplisle  Racine,  avec 
un  Avant-propos,  un  appendice,  des  notes,  un  Essai  biblio.sraphiMue  par 
A.  Gazier.  Paris,  Société  française  d'irnpriinerie  et  de  librairie,  19iJ8,  in-18 
de  xin-324  p.,  avec  3  grav.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Il  faut  remercier  M.  Gazier  de  nous  avoir  donné  cette  nouvelle  édi- 
tion de  V Abrégé  de  l'Histoire  de  Port-Royal,  établie  d'après  le  nTanus- 
crit  préparé  en  vue  de  l'impression  par  le  fds  aîné  du  poète.  M.  Gazier 
a  complété  ce  texte  par  des  notes  et  éclaircissements  et  un  Essai 
bibliographique,  les  uns  et  les  autres  susceptibles  de  rendre  service 
aux  travailleurs.  J'aurais  aimé  que  l'éditeur  joignît  à  l'Abrégé  les 
deux  lettres  fameuses  par  lesquelles  on  peut  dire  que  Racine  lui-même 
y  avait  d'avance  répondu.  Outre  que  lo  charme  littéraire  en  est  grand, 
cela  eût  ajouté  un  peu  de  justice  et  d'impartialité  à  une  histoire  qui, 
malgré  ses  qualités,  n'est  en  somme  qu'un  pamphlet.  Pamphlet  d'ail- 
leurs amusant  à  lire,  mais  où  il  faut  se  garder  de  voir,  en  dépit  de 
l'autorité  de  Boileau,  «  le  plus  parfait  morceau  d'histoire  que  nous 
ayons  dans  notre  langue  ».  Même  en  prose,  Racine  a  fait  beaucoup 
mieux.  Éd.  Pontal. 


L^Oraiid  Siècle  intime.  De  Rielielieii  st  ITInxariii  (161*^- 

■  lt-1-1;,  par  Emile  Roca.  Paris,  Perriu,  1908,  in-lo  de  vi-367  p.  —  Prix  : 
3  fr.  50. 

Il  n'est  pas  bien  certain  que  le  système  d'écrire  l'histoire  d'une 
façon  amusante  ait  tous  les  avantages  que  développe  M.  Roca  dans 
son  Avant-propos.  Les  anecdotes  ont  leur  prix,  et  elles  font  connaître 
le  temps  et  les  personnages;  mais  elles  ont  beaucoup  de  chances  de 
n'être  pas  toujours  vraies.  Nous  n'avons  pas  de  peine  pourtant  à 
reconnaître  que  ce  second  essai  est  peut-être  supérieur  au  premier 
intitulé  :  Le  Règne  de  Richelieu. 

Ici,  le  cardinal  Mazarin  joue  le  rôle  principal;  mais  son  «  règne  « 
est  expliqué  par  une  foule  de  circonstances,  très  heureusement  dé- 
duites et  exposées.  Le  mécontentement  général  qui  suivit  la  mort  de 
Richelieu  est  un  facteur  important  dans  l'attitude  que  prendrait  son 
successeur.   Il    devait    suivre  la     même     politique,  ménageant   les 


-  439   - 

grands  seigneurs,  qui  pouvaient  bien  troubler  parfois  l'État,  mais 
en  faisaient  cependant  la  principale  force.  Louis  XIII  se  trouve  ainsi 
rahaussé  de  toute  sa  clairvoyance  politique  ;  et,  en  même  temps,  ses 
vertus  privées  et  sa  mort  admirable  lui  donnent  une  véritable  auréole. 
La  fameuse  question  d'Anne  d'Autriciie  et  de  ses  rapports  avec  son 
premier  ministre  est  également  traitée  avec  convenance  et  résolue 
très  vraisemblablement  par  le  mariage  secret,  qui,  seul,  pouvait  ras- 
surer leur  conscience.  Deux  preuves  nouvelles  sont  développées  :  la 
dureté  rogue  avec  laquelle  Mazarin  traitait  la  Reine,  et  la  docilité 
soumise  que  le  jeune  Louis  XIV,  qui  connaissait  sans  doute  la  situa- 
tion, montra  vis-à-vis  du  cardinal,  attendant  respectueusement  sa 
mort  pour  se  déclarer  Roi. 

Enfin,  M.  E.  Roca  a  utilisé  heureusement  deux  recueils  inédits  et 
peu  coFinas  de  la  Bibliothèque  nationale.  L'un  est  une  courte  satire 
intitulée  :  Les  Contrevéritez  (Ms.  fr.  10,145),  qui  contient  )e  tableau,  à 
l'env8rs,si  on  peut  dire,  d-e  toute  la  société  parisienne  de  1612.  L'au- 
teur publie  eu  appendice  ces  78  versets;  mais,  auparavant,  il  a  donné 
de  chacun  un  intéressant  et  presque  toujours  exact  commentaire, 
passant  ainsi  en  revue  nombre  de  personnages  aujourd'hui  assez  in- 
connus, qui.  composaient  le  a  Tout-Paris  »  de  ce  temps.  L'Estoile,  pour 
lexvi°sièr:le,  a  recueilli  des  pièces  analogues.  L'autre  est  un  manuscrit 
dénommé  Mil  i>ers,  déjà  utiUsé  dans  le  volume  de  Richelieu.  Tous  les 
Mémoires  du  temps,  Tallemant  des  Réaux  en  particulier,  ont  été  aussi 
utilisés  et  on  ne  se  prive  point  d'y  puiser  de  nombreuses  médisances. 
Elles  ne  sont  dangereuses  que  pour  la  réputation  très  posthume  des 
femmes  de  cour  dont  les  héritiers,  — s'il  en  est,  — seront  plus  flattés 
que  blessés.  L'auteur,  du  reste,  a  prévenu  loyalement  ses  lecteurs. 
Il  leur  a  ménagé  aussi  ime  table  analytique  très  précieuse  et  qui 
permettra  à  plus  d'un  écrivain  de  puiser  quelque  jour  dans  ce  volume 
une  citation  ou  un  bon  mot,  que  le  public  aura  eu  le  temps  d'ouhher. 
M.  Roca  ne  se  choquera  point  de  ce  parallélisme^  lui  qui  se  déclare 
«  très  heureux  d'obliger  autrui  ».  G,  Baguenault  de  Puchesse. 


Récifs  dvfs  leiii|is  rcvoliitioiiiiairci^,  d'*a|»rè!^  de.^  doeuiuents 
inédi(<!$,  par  Ernest  Daudet.  Paris,  Hachette,  1908,  ia-l6  de  vn-292  p. 
Prix  :  3  fr.  50. 

Dans  les  très  précieuses  archives  qui  lui  ont  été  ouvertes,  outre  les 
éléments  de  ses  ouvrages  de  longue  haleine,  comme  sa  grande  Histoire 
de  l'émigration,  M.  Ernest  Daudet  a  trouvé  de  nombreux  documents 
où  il  a  puisé  le  sujet  d'intéressants  récits,  comme  ceux  qu'il  publie 
aujourd'hui  :  ce  ne  sont  que  des  épisodes,  quelques-uns  fugitifs, 
mais  qui  n'en  jettent  pas  moins  une  curieuse  lumière  sur  les  temps 
de  la  Révolution.  Le  plus  important,  qui  occupe  presque  la  moitié  du 


—  440  — 

volume,  c'est  le  Complot  Coigny-Hyde  de  Neuville.  On  verra  là  en 
œuvre  la  fâcheuse  rivalité  qui  régnait  entre  le  Comité  royaliste  fondé 
par  Louis  XVIII  et  l'Agence  non  moins  royaliste  qui  recevait  les 
ordres  de  Monsieur  et  de  Londres;  on  y  verra  aussi  l'impuissance  à 
laquelle  ces  déplorables  divisions  avaient  réduit  les  partisans  des 
Bou  bons.  Mais  comme  dans  les  événements  les  plus  graves  la  note 
comique  se  glisse  toujours,  nous  y  relèverons  le  curieux  rapport  de 
l'officier  de  gendarmerie  chargé  d'arrêtor  le  beau-frère  d'Hyde  de 
Neuville,  l'ancien  représentant  de  la  Rue,  et  son  amusante  stupé- 
faction quand  il  constate  l'évasion  de  son  prisonnier,  malgré  la  pré- 
sence des  gendarmes  auxquels  il  avait  cependant  ordonné  «de  ne  pas 
le  quitter,  non  plus  que  la  chemise  «.  Sur /a  Mort  de  Pichegru,  — dont 
le  sujet  vient  d'être  repris  par  M.  Barbey — il  n'y  a  que  quelques  pages; 
mais,  après  les  avoir  lues,  il  nous  est  bien  difficile  de  croire  au  suicide. 
«  Le  cou,  —  du  prétendu  suicidé  —  dit  l'auteur,  est  entouré  d'une 
cravate  de  soie  noire,  large  de  deux  doigts,  fortement  nouée,  dans 
laquelle  on  a  passé  un  bâton  long  de  quarante  cinq  centimètres  et  de 
cinq  de  pourtour,  et  dont  on  s'est  servi  comme  d'un  tourniquet.  La 
)?iain  qui  s'en  est  servie  a  tourné  jusqu'à  strangulation  complète  ».  Et 
M.  Daudet  ajoute  et  nous  ajoutons  avec  lui  :«Est-ce  celle  de  Pichegru?» 
Le  chapitre  sur  la  Constitution  civile  du  clergé  dépeint  l'état  d'âme 
de  beaucoup  de  membres  du  clergé  inférieur,  que  la  menace  et  la  peur 
ont  réduits  à  prêter  serment  et  même  à  se  marier,  et  auxquels  leur 
repentir  a  valu  le  pardon  du  Saint-Siège. Celui  sur  le  Comte  de  Provence 
et  i/»ie  f/g  Balbi^est  emprunté,pour  la  plus  grande  partie,  aux  Mémoires 
de  d'Avaray;  il  présente  la  favorite  sous  un  jour  très  défavorable, 
malheureusement  trop  souvent  vrai.  Il  est  pourtant  un  point  sur 
lequel  les  récentes  recherches  du  vicomte  de  Reiset  ont  fait  justice 
des  insinuations  de  l'ami  de  Louis  XVIII  :  la  naissance  en  Hollande 
de  deux  jumelles,  filles  de  M"^^  de  Balbi  et  du  bel  Archambaud  de 
Périgord,est  une  légende.  Les  lettres, nouvelles  aussi, de  Louis  XVIII 
et  de  Charetle  apportent  dans  la  correspondance  de  ce  dernier,  une 
preuve  de  plus  à  ceux  qui  ne  croient  point  à  l'évasion  de  Louis  XVII. 
Et  après  avoir  montré  les  bons  rapports  qui  ont  régné  entre  les 
Émigrés  et  les  généraux  de  Napoléon, ^l.  Daudet,  dans  Autour  de  Hoche, 
fait  une  attrayante  description  du  musée  réuni  à  Gaillefontaine  par 
le  petit-fils  du  héros  républicain,  le  marquis  des  Roys;  il  lui  emprunte 
plusieurs  lettres,  les  unes  charmantes,  comme  celles  que  le  générai 
envoyait  à  sa  fiancée,  les  autres  fâcheuses,  comme  celles  qu'il  adres- 
sait aux  membres  du  Directoire  après  Fructidor.  Et  il  conclut  en 
regrettant  que  l'illustre  capitaine  no  fût  pas  mort  quelques  semaines 
plus  tôt. 

Notre  souhait,  à  nous,  est  que  M.  Daudet  ne  s'en  ticiine  pas  là.  et 


i 


Ji 


—  4'.1  — 

que  ce  premier  volume,  qui  offre  tant  d'intérêt,  soit  bientôt  &ui\i  de 
plusieurs  autres  empruntes  aux  mêmes  archives. 

Max.  de  la  Rocheterie. 


^jCS    Ase^eniblées    du  clergé  et   le   «f  stiiséiiisiiie,  par   l'abbé 
J.  BouRLON.  Paris,   Bloud,  1007,  in-8  de   379  p.  —   Prix:   6  fr. 

Les  assemblées  du  clergé  tiennent  une  très  grande  place  dans  l'his- 
toire religieuse  des  xvii^  et  xviii^  siècles.  L'action  de  ces  assemblées 
]iériodiques,  électives  et  délibérantes,  se  fait,  sentir  dans  toutes  les 
questions  mises  à  Tordre  du  jour  pendant  deux  cents  ans,  à  propos  de 
la  vie  catholique,  morale  et  parfois  politique  de  la  France.  AL  l'abbé 
Bourlon,  qui  déjà  a  donné  un  petit  résumé,  une  heureuse  synthèse, 
de  toute  l'histoire  de  ces  assemblées  sous  l'ancien  régime,  examine 
plus  à  fond  leur  rôle  à  propos  du  jansénisme  «  l'hérésie  dissimulée  et 
liabile,  dit-il,  qui  fit  encore  plus  de  mal  à  la  religion  catholique  en 
France  que  le  protestantisme  ».  Sa  conclusion,  c'est  que  les  assemblées 
du  clergé  ne  faillirent  point  à  leur  devoir;  malgré  les  préjugés  gallicans 
de  l'époque,  elles  condamnèrent  l'erreur  et  ses  partisans  à  maintes 
l'éprises;  elles  n'eurent  jamais  «  une  défaillance  doctrinale,  comme 
on  eurent  les  Parlements  et  même  la  Sorbonne  ».  Le  sacerdoce  et 
l'épiscopat  français  demeurèrent  donc  en  majorité  indemnes  d'une 
hérésie  dont  les  partisans  s'agitaient  sans  doute  beaucoup,  mais  ne 
furent  en  réalité  «  qu'une  poignée  de  révoltés  ». 

Reprendre  et  exposer  chacun  des  points  traités  avec  beaucoup  de 
soin  par  M.  Bourlon  serait  écrire  notre  histoire  religieuse  pendant 
deux  siècles;  qu'il  nous  suffise  de  signaler  au  lecteur  ce  volume  comme 
un  bon  résumé  dominé  par  un  sentiment  très  net  de  l'orthodoxie  et 
un  respect  de  la  justice  trop  rare  c^umd  on  aborde  les  persécutions 
dont  fut  victime  la  Compagnie  de  Jésus,  par  exemple;  la  nomenclature 
des  XIII  chapitre?  (auxquels  il  ne  manque  sans  doute  qu'une  biblio- 
graphie plus  complète  et  des  références  plus  étendues)  en  dit  l'impor- 
tance ;  Condamnation  des  cinq  propositions.  — L'Affaire  du  cardinal  de 
Retz  et  l'Assemblée  de  1655.  — -L'Assemblée  de  1655  et  le  Jansénisme. 
—  De  1660  à  la  «  paix  Clémentine  ».  — Le  Quesnellisme  (je  n'aime  pas 
beaucoup  ce  néologisme)  et  l'Assemblée  de  1700.  —  Le  Cas  de  cons- 
cience et  l'Assemblée  de  1705.  —  La  Bulle  Unigenilus.  —  Le  Jansé- 
nisme et  les  Assemblées  jusqu'en  1725.  — Les  Appelants.  — Les  Billets 
de  confession.  —  Les  Jésuites.  —  Les  «Actes  du  clergé  »  en  1765.  —  Les 
Dernières  Assemblées.  G. 


Essai  historiciue  sur  les  F.xpositiuns  universelles  île 
Paris,  par  Adolphe  Démy.  Paris,  A.  Picard  et  lils,  1907,  gr.  in-8  de 
11-1097  p.  —  Prix  :  15  fr. 

Il  n'est  pas  trop  tard  pour  dire  quelques  mots  de  l'ouvrage  consi- 


-    U2  — 

dérablo  daiis  lequel  ?il.  Adolphe  Démy  s'est  eiïorcé  de  synthétiser 
l'histoiEe  des  Expositions  universelles  qui  se  sont  succédé  à  Paris 
au  cours  de  la  seconde  moitié  du  xix^  siècle,  et  a  tenté  d'en  retracer 
les  gi'andes  lignes,  de  faire  saisir  le  caractère  général  de  chacune  d'elles, 
d'esquisser  la  vie  sociale  de  son  époque,  de  raconter  succinctement 
l'histoire  de  son  temps.  Ce  progi'amme,  éminemment  complexe,  expli- 
que le  développement  pris  par  l'Essai  de  .M.  Adolphe  Démy,  et  encore 
n'en  trouve-t-on  dans  ce  livre  qu'une  esquisse  extrêmement  som- 
maire.Comment  pourrait-il  en  être  autrement,  puisque  l'auteur,  non 
content  d'étudier  les  cinq  Expositions  universelles  organisées  à  Paris 
de  1855  à  1900,  a  considéré  chacune  d'entre  elles  comme  un  «  anneau 
de  la  chaîne  sans  fin  des  expositions  cosmopolites  »  et.  a  été  ainsi 
amené  à  parler  de  toutes  les  «  foires  du  monde  »  qui  ont  eu  lieu  à  la 
surface  du  globe  jusqu'en  1900?  Ainsi  s'expliquent  à  la  fois  l'am- 
pleur et  la  brièveté,  la  prolixité  et  la  sécheresse  apparentes  de  cet 
Essai  historique  sur  les  Expositions  universelles,  dont  l'aspect  impo- 
sant décourage  d'abord  le  lecteur,  qui  se  trouve  ensuite  tenté,  au 
cours  de  sa  lecture,  de  reprocher  à  M.  Démy  d'être  trop  court.  Que 
de  renseignements  utiles  ou  curieux,  ou  simplement  pittoresques  et 
amusants  se  trouvent  dispersés  dans  ce  gi'os  volume  de  près  de  1100 
pages  !  Nous  en  avons,  pour  notre  part,  noté  plusieurs  qui  nous  pa- 
raissaient tout  à  fait  dignes  d'être  relevés,  et  qui,  de  l'iiistoire  des  Expo- 
sitions universelles,  méritent  d'être  reportés  dans  l'histoire  générale. 
Aussi  ne  saurions-nous  mieux  caractériser  Touvrage  de  M.  Démy 
qu'en  le  qualifiant  d'  «  encyclopédie»  des  Expositions  universelles; 
tel  est  bien  en  effet,  grâce  au  copieux  index  alphabétique  des  p. 1041- 
1096,  ce  li\T*e  dont  la  conclusion  est  qu'il  y  a  place  et  matière  pour 
une  nouvelle  Exposition  à  Paris,  et  que  «  cette  Exposition  n'est  pas 
seulement  possible  et  utile,  mais  nécessaire  ».  Il  est  permis,  sur  ce 
point,  de  différer  d'opinion  avec  M.  Démy;  du  moins  doit-on  recon- 
naître qu'il  invoque  en  faveur  de  sa  conclusion  des  arguments  qui 
seraient  excellents  si...  l'expérience  des  précédentes  Expositions  uni- 
verselles ne  nous  contraignait  d'y  voir  plutôt  des  utopies.        H.  F. 


li»  Franc-llaçoiiiterie  en  France,  des  originess  n  I!^l5, 
par  Gustave  Bord.  T.  I.  Les  Ouvi-i-;  b  de  Pidce  révolutionnai) e  {16SS-i77i). 
Paris,  Nouvelle  Librairie  ualionale,  '9r8,  ia-8  de  xxvr-5ol  p.,  avec  portraits 
et  fac-similé.  —  Prix:  10  fr. 

\oki  un  volume  consciencieux  et  documenté  comme  tous  ceux 
qu'écrit  M.  Gustave  Bord.  Et  quelle  somme  de  travail  il  a  dû  exiger 
pour  fouiller  aussi  profondément  ces  archives  de  la  franc-maçonnerie, 
si  jalousement  fermées  aux  profanes  1  Aux  yeux  du  savant  auteur,  le 
principe   fondamental   de  la  franc-maçonnerie  c'est  l'idée  égalitaire. 


—  4i3   - 

non  pas  l'idée  égalitaire  chrétienne,  équitable  et  bienfaisante,  mais 
une  idée  égalitaire  envieuse  et  haineuse,  qui  détruit  toute  hiérarchie 
et  engendre  l'anarchie.  Les  prédécesseurs  des  francs-maçons,  ce  sont 
les  alchimistes,  les  kabalistes,  les  sociniens,  les  disciples  do  Bayle  et 
de  Swedenborg.  La  secte  n'est  pas  née  spontanément;  elle  ne  remonte 
pas  non  plus,  comme  on  l'a  prétendu,  aux  temps  antiques,  à  Salomon 
ou  à   Hiram,  l'architecte  du  temple  de  Jérusalem.   Il  y  avait,   au 
moyen  âge,  des  associatioixs  d'ouvriers  pour    construire    les    cathé- 
drales gothiques.  Lorsque  la  foi  s'est  refroidie  et  qu'on  ne  bâtit  plus 
d'églises,  ces  associations  n'eurent  plus  de  raison  d'être.    Les  ^adeptes 
des  idées  égaUtaires  s'y  glissèrent  insensiblement  et  s'en  emparèrent; 
la  maçonnerie  corporafii'e  devint  la  maçonnerie  spéculative,    dit  M. 
Bord.  C'est  au  xvii^  siècle  qu'elle  s'épanouit  surtout,  et  d'abord  en 
Ecosse  et  en  Angleterre,  où  elle  se  recruta  parmi  les  partisans  des 
Stuarts.  On  y  retrouve  les  noms  des  Radclyfîe,  de  Ramsay,  de  Fitz 
Gerald,  des  Lally,  etc.  C'est  par  eux,  lorsque  les  Stuart  furent  expulsés, 
que    la    franc-maçonnerie    s'introduisit    en    France;    le    prétendant 
Charles-Edouard  en  devint  le  gi'and-maitre  et  fonda  à  Arras,  entre 
autres,  une  loge  dont  le  vénérable  était  le  père  de  Robespierre.  Les 
premiers  grands-maîtres  français  furent  le  duc  d'Antin  et  le  comte 
de  Glormont,  un  des  principaux  propagateiu's  fut  le  dac  de  Bouillon. 
Les  grands  seigneurs,  les  bourgeois,  les  militaires  entrèrent  en  grand 
nombre  dans  les  loges,  séduits  par  la  nouveauté,  par  un  certain  air 
d'indépendance,  par  une  apparence  d'humanité.  On  en  fonda  de  tous 
les  côtés.  M.  Bord  a  retrouvé  cent  cinquante-quatre  loges  existant  en 
France  en  1771;  il  en  donne  la  liste  détaillée,  avec  les  noms  des  prin- 
cipaux membres.  Mais  sous  la  grande-maîtrise  du  comte  de  Qermont, 
le  lien   qui  les  rattachait  ensemble  s'était  relâché.  Il  y  avait  bien 
des  variétés  de  francs-maçons,  non  seulement  ceux  du  rite  écossais 
—  c'étaient    les  jacobistes  • —  et  ceux  du  rite  anglais  — c'étaient  les 
orangistes  —  mais  les   Rose-Croix,   les    Réaux-Croix,   les   Illuminés 
théosophes,  les  Amis  réunis,  les  Philalèthés,  les  Élus  Cohens,  la  Grande 
Loge  anglaise,  la  Mère  Loge  écossaise  de  Marseille,  le  Chapitre  de  Cler- 
mont,   le  Conseil  des   Empereurs   d'Orient  et     d'Occident,   l'Etoile 
flamboyante,  etc.,  etc.  L'auteur,  dans  des  chapitres  fort  curieux, 
donne  leurs  règlements,  décrit  les  cérémonies  d'initiation,  rcglements 
impérieux,  cérémonies  grotesques.  On  en  lira  le  détail  avec  le  plus 
vif  intérêt  dans  les  chapitres  VI  et  VIII.  Nous  recommandons  aussi 
le  chapitre  IX,    Profils  maçonniques,  où  l'on  verra    défiler  le    maçon 
bienfaisant    Puisieux,    le  maçon  gai   Procope,  les  maçons   mystérieux 
■comme  Saint-Germain  et  Lavalète  de  Lange.  Les  volumes  qui  suivront 
nous  en  réservent  bien  d'autres.  Max.  de  la  Rocheterie. 


—    ï4'i   — 


Lia  FacuKô  «le  'IJiéologie  «le  rai*i«s  et  ses  «looleiirs  les  plus 

célèbres,  par  l'abbé  P.  Féret.  Époque  moderne.  T.  VI,  xviii^  stèc/e. 
Phases  historiques.  Paris,  A,  Picard  et  fils,  1909,  in-8  de  417  p.  — 
Prix  :    7    ir.  50. 

Les  phases  historiques  par  lesquelles  la  Faculté  de  théologie  de 
Paris  passe  au  xviii®  siècle  sont  dépeintes  d'une  façon  intéressante 
par  M.  le  chanoine  Féret.  Il  nous  fait  assister  d'abord  à  un  réveil  du 
jansénisme,  puis  aux  discussions  excitées  par  les  thèses  gallicanes 
ou  des  consultations  épineuses  adressées  à  la  docte  assemblée.  Le 
grand  public  s'attachera  sans  doute  davantage  aux  chapitres  con- 
sacrés à  la  lutte  contre  le  philosophisme.  Citons,  parmi  les  paragraphes 
les  plus  importants,  les  thèses  des  abbés  de  Prades  et  de  LoméUe  de 
Brienne,  VHistoire  naturelle  et  les  Epoques  de  la  nature,  de 
Bufïon,  Montesquieu  et  son  Esprit  des  lois,  puis  les  Essais  de  Pope, 
d'Helvétius,  l'Emile  de  J.-J.  Rousseau  et  le  Bélisaire  de  Marmontel. 
La  Faculté  s'associa  aux  condamnations  portées  à  Rome  ou  en  France 
par  le  Conseil  du  Roi  et  le  Parlement,  contre  \'oltaire,  mais  elle  n'éleva 
la  voix  pour  le  flétrir  directement  qu'après  la  mort  du  philosophe, 
lorsqu'on  entreprit  l'édition  complète  de  ses  œuvres.  Un  dernier 
chapitre  nous  décrit  la  fin  lamentable  de  l'Université  et  de  la  Faculté 
de  théologie,  amenée  par  le  décret  de  la  Convention  du  1<?'"  septembre 
1793.  —  Nous  signalerons,  parmi  les  appendices,  le  curieux 
mémoire  des  docteurs  de  Sorbonne,  présenté  à  Pierre  le  Grand,  pour 
la  réunion  de  l'Église  russe  à  l'Eglise  latine. 

Ce  volume  clôt  dignement  la  vaste  étude  où  l'activité  et  les  luttes 
de  la  vénérable  Faculté  de  théologie  de  Paris  sont  évoquées,  depuis 
de  nombreuses  années  déjà,  avec  un  amour  passionné,  par  l'un  de  ses 
plus  fervents  admirateurs.  F.  d'H. 

Cr»My-si»B'-OMr«€|    e*   CSes^res-le-Wair    (Seiiie-et-l!as'iie), 

par  Georges  Darnev.  Paris,  Lechovaiier,  lOOS,  in-8  de  318  p.,  avec 
5  dessins.  —  Prix  :  10  fr. 

Comme  la  plupart  des  monographies  de  petites  localités,  l'histoire 
de  Crouy-sur-Ourcq  (Seine-et-Marne,  arrondissement  de  Meaux, 
canton  de  Lizy-sur-Ourcq)  n'offre  guère  d  intérêt  que  pour  la  période 
révolutionnaire.  Avant  la  Révolution,  on  ne  possède  sur  un  grand 
nombre  de  villages  que  des  documents  épaos  et  bien  disséminés  à  tra- 
vers les  siècles.  Après  les  troubles  qui  agitèrent  notre  pays  à  la  fin  du 
xviii^  siècle,  tout  rentre  en  général  dans  l'ordre  et,  comme  les  peuples 
heureux,  beaucoup  de  ces  petits  bourgs  n'ont  plus  d'histoire.  C'est  ce 
qui  explique  que,  dans  tous  les  travaux  du  genre  de  celui  que  nous 
signalons,  les  dix  dernières  années  du  xviii^  siècle  occupent  une  si 
grande  place.  Pour  Crouy,  plus  de  la  moitié  du  volume  lui  est  consacrée 
et  cette  partie  n'est  pas  la  moins  intéressante,  car  elle  nous  fait  saisir  sur 


—  445  ~ 

le  vif  tout  ce  que  de  paisibles  villages  eurent  à  souiïrir  do  la  tyrannie 
jacobine.  Dans  la  dernière  partie  du  volume,  on  trouve  des  notices 
assez  détaillées  sur  deux  monastères,  Notre-Dame  du  Chêne  et  Raroy 
qui,  avant  la  Révolution,  existaient  sur  son  territoire,  puis  sur  la 
seigneurie  de  Gesvres  et  les  seigneurs  de  Gesvres.  Avant  1790,  Gesvres 
formait  une  paroisse  indépendante  dont  l'église  avait  subsisté  jusqu'en 
1745.  Au  moment  de  la  Révolution,  le  peu  d'importance  de  Gesvres 
ne  permettant  pas  à  ses  habitants  de  l'administrer  eux-mêmes,  ils 
demandèrent  leur  incorporation  à  Crouy,  ce  qui  leur  fut  accordé  par 
arrêté  du  2  novembre  1790.  Après  quelques  notices  sur  plusieurs 
membres  de  la  famille  Potier,  qui  furent  les  plus  illustres  seigneurs 
de  Gesvre?.,  sur  les  établissements  de  bienfaisance  et  sur  les  écarts  de 
Brumier,  Froide- Fontaine,  Fussy,  La  Chaussée,  La  Tuilerie,  M.  Darney 
termine  son'  ouvrage  par  la  biographie  d'un  certain  nombre  de  per- 
sonnages remarquables  de  Crouy.  J.  Viard. 


iflélaii^es  d'Iiistoire  l»i'e«oiine   (%'le-lLl'^  siècle),  par  Ferdi- 
nand Lot.  Paris,  Cliampion,  PJu7,    in-8  de  478  p.  —  Prix  :  20  l'r. 

Sous  le  titre  do  Mélanges  d'histoire  bretonne^  M.  Ferdinand  Lot, 
érudib  justement  estimé,  notamment  pour  ses  beaux  travaux  sur 
les  derniers  temps  carolingiens  et  sur  le  règne  de  Hugue«  Capet,  a 
réuni  une  série  de  mémoires  publiés  antérieurement  dans  les  Annales 
de  Bretagne  (1906  et  1907).  Ces  dissertations,  d'une  grande  valeur 
critique,  avec  quelques  excès  de  scrupule  et  de  rigorisme  hypercritique, 
sont  au  nombre  de  sept,  savoir  :  I.  Les  Gesla  sanctonim  Rotonensium. 
Date  de  leur  composition.  L'autour.  IL  Fe'-tien,  archevêque  de  Dol. 
m.  Nominoé,  Erispoé  et  l'empereur  Lothaire.  ÎV.  Nominoé  et  le 
monastère  de  Saint-Florent-le-Vieil.  V.  Le  Schisme  breton  du  ix^ 
siècle.  Etude  sur  les  sources  narratives  :  Chronique  de  Nantes,  Gesta 
sanctorum  Rotonensium,  Indiculus  de  episcoporum  Brittonum  deposi- 
tioneXl.  Les  Diverses  Rédactions  de  la  vie  de  saint  Malo.  \ïï.  La  \ie 
de  saint  Gildas.  En  appendice  l'auteur  a  donné  une  édition  nouvelle 
et  critique  des  textes  suivants  :  l.La  plus  ancienne  Vie  de  saint  Malo. 
IL  La  Vita  Machutis,  par  BiU.  III.  Gildae  Vita  et  Translatio. —  C'est 
d'après  le  septième  et  dernier  mémoire,  celui  qui  a  pour  objet  la\'ie  de 
saint  Gildas.  que  nous  avons  pu  apprécier,  avec  quelque  connaissance  de 
cause  le  mérite  du  présent  volume,  car  nous  avons  nous-même  naguère 
touché  le  sujet  dans  notre  livre  intitulé  :  Saint  Gildas  de  Rais, 
aperçus  d'histoire  m  on  ast  i  que  (P  mis,  Tequi,  1900,  in-12).  — Ce  mérite  est 
considérable  et  témoigne  de  qualités  qui  font  honneur  ù  la  science 
française,  en  particulier  d'une  observation  perspicace  jointe  à  une 
rare  patience  et  vaillance  de  labeur  et  à.  un  souci  d'exactitude  jusque 


—  446  — 

dans  les  plus  petits  détails  presque  exagéré.  A  la  vérité  nous  différons 
d'avis  avec  l'auteur  sur  quelques  points.  Mais  ce  n'est  pas  le  lieu  de 
signaler  et  de  discuter  ces  divergences.  D'une  façon  générale,  la  méthode 
employée  ici  est  peut-être  à  la  fois  un  peu  trop  timide  et  dillicultueuse 
à  certains  égards,  et  à  d'autres  un  peu  trop  hardie  et  conjecturale. 
Quoi  qu'il  en  soit,  ce  livre,  comme  les  précédents  écrits  de  M.  Lot,  est 
de  ceux  qu'il  n'est  pas  permis  de  négliger,  et  dont  l'étude,  un  peu  aride 
au  premier  abord,  est  instructive  et  féconde,  dût-on  conclure  autre- 
ment sur  tel  ou  tel  des  sujets  traités.  M.  S. 


liO  ]?lA»«i8erit  du  prienr  iS«  Sestnely.  LIne  Paroisse  de 
Sologne  a«a  XVI.le  slèeSe  (1695-1  9  ï  O),  par  Emile  Huet. 
Orléans,  Herluison,  1908,  in-8  de  82-ccxvii  p.,  avec  fac-similés  et 
vignettes. 

Ce  volume  se  compose  de  deux  parties:  l'une,  la  seconde,  est  la  repro- 
duction littérale  d'un  manuscrit  qui  se  trouve  moitié  à  la  BibUothèque 
d'Orléans,  moitié  au  presbytère  de  Scnnely;  l'autre  est  une  longue 
Introduction  par  l'auteur  sur  ce  manuscrit. 

Ce  manuscrit  est  l'œuvre  d'un  curé  de  Sologne,  nommé  Sauvageon, 
de  la  Congrégation  de  France,  né  en  1639,  profès  en  1664,  qui  vint 
en  la  paroisse  de  Sennely  en  1675  et  y  mourut  en  1710.  a  II  a  divisé 
son  récit  en' quinze  chapitres  d'inégale  longueur.  Du  troisième  au  neu- 
vième, il  traite  successivement  de  la  paroisse,  de  la  justice,  de  l'église, 
de  la  fabrique  de  Sennely,  puis  des  fondations  et  s-ervices,  des  titres 
et  du  mobiher  de  l'église  et  des  réparations  à  faire  au  monument. 
L'administration  des  gagcrs  occupe  le  dixième.  .Enfm,  dans 
un  ordre  un  peu  fantaisiste,  les  cinq  derniers  exposent  le  cérémonial 
en  usage  dans  la  paroisse,  la  visite  annuelle  de  l'évêque  et  de  l'archi- 
diacre, la  liste  des  confréries,  l'histoire  du  prieuré  et  des  prieurs  qui 
l'ont  présidé,  pour  terminer  par  la  description  de  la  maison  priorale 
et  de  ce  qu'il  conviendrait  de  faire  pour  la  rendre  parfaite.  » 

«  C'est  donc  un  traité  complet  de  la  vie  d'un  curé  de  campagne  au 
xvii'^  siècle  ;>  et  d'un  curé  de  Sologne.  «  Le  prieur  no  l'a  point  oublié 
et,  en  guise  d'Introduction,  il  a  écrit  tout  d'abord  deux  chapitres  sous 
ces  titres  :  De  la  Sologne  en  général,  et  des  Solognos,  de  leur  reUgion, 
de  leur  commerce  et  de  leurs  mœurs  »  (p.  V^). 

L'ensemble  de  ces  chapitres  est  intéressant,  car  l'auteur  avait 
une  plume  originale  et  un  tour  d'esprit  caustique.  Partout  il  a  semé 
soîi  récit  do  réflexions  piquantes  :  c'était  un  bon  prêtre,  mais  qui  gar- 
dent sa  liberté  d'appréciation  envers  ses  paroissiens  et  même  envers 
ses  suporieu's;  c'était  un  indépendant  et  un  malin. 

Très  curieux,  le  parallèle  entre  les  Solognos  et  les  Beaucerons,  où, 
après  avoir  balaiicé  les  vices  et  les  vertus  des  uns  et  des  autres,  il  donne 


-  447  - 

avix  premiers,  mais  d'assez  mauvaise  grâce,  la  préférence,  «  Les  Beau- 
cerons sont  durs  et  impitoyables  envers  les  pauvres,  les  Solognos 
sont  charitables  et  aumôniers,  etc.,  tous  préfèrent  la  Sologne  à  la 
Bauce  et  les  Solognos  aux  Beaucei-ons;  mais,  après  tout  cela,  il  ne 
faut  pas  conclure  que  les  Solognos  en  soient  plus  recommandables, 
ainsi  que  Talions  voir  dans  le  chapitre  suivant.  » 

(i  Les  Solognos,  dit-il  en  commençant  ce  chapitre,  sont  en  toutes 
choses,  ainsi  qu'ils  le  disent  eux-mêmes,  un  chétif  peuple». Au  physique 
ils  ont  petite  mine,  des  manières  niaises  et  sont  sujets  à  la  fièvre  et  à 
la  pleurésie.  Au  point  de  vue  religieux,  ils  sont  plus  superstitieux  que 
dévots;  au  point  de  vue  social,  ils  sont  rusés,  méfiants  et  discrets  à 
l'excès,  ils  écorchent  les  mots  de  la  langue  française,  etc.  Bref,  il  fait 
d'eux  un  portrait  peu  flatté. 

Dans  les  détails  qu'il  donne  sur  la  vie  paroissiale  de  Sennely,  il  y 
am'ait  plus  d'un  trait  intéressant  à  relever  bien  qu'ils  s'appliquent  à 
une  localité  spéciale  :  il  énumère,  en  effet,  les  superstitions  (en  trois 
pages)  du  pays,  les  coutumes  pieuses,  les  cérémonies  propres  à  chaque 
fête,  les  devoirs  des  gagers,  les  revenus  de  la  pai'oisse,  les  besoins  de 
l'église  :  il  fait  en  un  mot  une  monographie  complète  de  ses  fonctions 
pastorales.  Ce  genre  de  travail  est  très  utile  pour  apprécier  le  rôle  et 
la  situation  du  clergé  dans  les  campagnes  avant  la  Révolution. 

M.  Huet  a  très  bien  fait  valoir  la  valeur  documentaire  et  l'intérêt 
de  ce  manuscrit,  il  en  a  donné  scrupuleusement  le  texte,  il  l'a  complété 
par  des  pièces  d'archives  dont  plusieurs  lui  ont  été  communiquées 
pai'  M.  E.  Jarry,  et  par  un  index  alphabétique  et- critique  des  noms 
cités;  il  l'a  même  orné  de  huit  vignettes.  En  somme,  il  a  fait  un  travail 
consciencieux  et  recommandable. 

A  propos  des  titres  de  la  paroisse,  qui  ont  disparu  en  grande  partie 
à  la  Révolution,  la  tradition  du  pays,  encore  vivante,  raconte  ainsi 
cette  destruction:  «11  y  avait  alors  au  village  un  paysan,  le  père  Minos, 
qui  passait  pour  lettré,  c'est-à-dire  capable  de  déchiffrer  l'écriture  : 
«  Lis,  voir  »,  lui  disaient  ceux  qui  étaient  chargés  de  faire  l'inven- 
taire des  titres.  11  regardait  sommairement  —  oh  !  combien  —  et 
tout  ce  qu'il  ne  pouvait  pas  lire  était  jeté  au  feu.  Que  de  richesses 
disparues  !  » 

En  combien  d'endroits  cette  même  scène  de  barbarie  ne  s'est-elle 
pas  reproduite,  dans  cette  époque  dévastatrice  !         A.  Clerval. 


Les  l'oiniilt^s  ilii  9'oi  Kené,  publiés  d'api  es  les  oriijinaax  inédits 
conservés  dans  les  Archives  des  Bouches-du-Rhône,  par  l'abbé  Aknaud 
d'Agnel.  t.  I.  Paris,  A.  Picard  eliils,  Uj08,  gr.  in-8  de  xxviu-411  p.  —  Prix 
(avec  le  t.  II)  :  20  fr. 

Afin  do  donner,  en  187.^,  à  la  Société  do  TÉcole  dos   cliartes  sg3 


—  448  — 

intérossanls  Extraits  des  comptes  c'  mémoriaux  r/a  roi  /?c/?<?, pour  servi" 
à  riiistoire  des  arts  au  xv<^  siècle,  A.  Lecoy  de  la  Marche  avait  puis'" 
ses  documents  aux  Archives  nationales,  parmi  les  papiers  subsistant 
encore  de  la  Cour  des  comptes  d'Angers.  11  se  contentait  d'indiquer 
en  sa  Préface  (p.  vu)  les  précieux  registres  de  la  Cour  des  comptes 
d'Aix,  où  l'on  devait  trouver,  disait-il,  «  un  utile  complément  »  à  sa 
publication  :  le  temps  et  la  distance  ne  lui  ayant  pas  permis  do  les 
mettre  à  profit.  C'est  ce  second  travail  que  vient  d'entreprendre  M. 
Arnaud  d'Agnel,  qui  nous  donne  un  premier  volume  excellent  et  nous 
annonce  le  second  avec  des  tables  détaillées  qui  permettront  d'utiliser, 
selon  les  besoins  et  les  recherches,  toutes  les  indications  relevées 
dans  les  pièces  originales. 

Nous  nous  contenterons  pour  aujourd'hui  de  donner  les  divisions 
admises  par  l'auteur  en  ses  groupements.  Après  les  Bâtiments  et 
Domaines  de r An jou^chSiTpitre  nécessairement  assez  court,  concernant  le 
château  d'Angers,  Saumur,  les  Ponts-de-Cé,  Beaufort,  la  Rive  de 
Chanzé,  l'île  Carreau,  la  Ménitré,  la  Baumette,  viennent  les  Edifices 
de  Provence,  .\ix,  Avignon,  Marseille,  Peyrolles,  Tarascon,Gardanne, 
le  chapitre  Ménagerie  et  oisellerie,  René  étant  fort  curieux  de  ces  col- 
lections, celui  de  la  Batellerie;  puis  les  pbjets  d'art,  peinture  et  enlu- 
minure, sculpture,  livres,  tapisserie  et  broderie,  orfèvrerie,  armes  et 
armures,  verreries,  en  attendant  les  Costumes,  équipages,  les  Meubles, 
ustensiles,  objets  divers,  enfin  la  Vie  et  les  Mœurs.  Comme  le  l'emarque 
l'auteur,  les  classifications  sont  forcément  un  peu  arbitraires,  les 
notes  concernant  parfois  plusieurs  séries  différentes  :  les  tables  com- 
pléteront et  rectifieront  au  besoin  les  textes.  Nous  trouvons  fort 
louable,  en  des  ouvrages  de  ce  genre,  la  pensée  de  M.  l'abbé  Arnaud 
d'Agael,  qui  nous  annonce  ses  errairi  à  leur  ordre  alphabétiquD,  dans 
la  table  même.  Il  nous  permettra  de  lai  sigaaler  une  erreur  de  lec- 
ture ou  d'impression  d'autant  plus  explictible,  au  reste,  qu'il  s'agit 
d'un  nom  propre;  p.  7,  art.  13,  il  est  compté  71  sols  8  deniers,  lo 
25  octobre  1452,  «  pour  mott-'e  soubz  la  première  pierre  delà  Basi- 
nette  ));  la  note  au  bas  de  la  page  fait  une  même  confusion  :  il  s'agit 
évidemment,  non  d'une  «  église  de  la  Basinotte  »,  mais  de  la  première 
pierre  du  couvent  do  «  la  Basmette  »  (xv''  siècle)  depuis  appelé  «  la 
Baumette,  »  petit  ermitage  que  le  roi  René  fit  rebâtir,  tout  près  de 
son  manoir  de  Chanzé,  en  1451,  et  où  Rabelais  devait  séjourner 
plus  tard. 

Les  notes  de  M.  l'abbé  Arnaud  d'Agnel  paraissent  fort  judicieuse- 
ment établies,  c'est  une  raison  de  plus  pour  présenter  ces  courtes 
observations  :  ainsi,  p.  342,  la  verge  de  corail  ne  désignerait-elle  pas 
un  anneau  ;  une  sorte  de  bague  très  haute  et  percée  de  trous,  à  la 
manière  d'un  dé  à  coudre,  est  encore  appelée  verge,  en  Anjou.  Assu- 


—  449  — 

l'émont,  p.  345,  les  couteaux  emmanchés  de  licorne,  sont  des  cou- 
teaux aux  manches  d'ivoire  ;  les  pièces  de  «  licorne,  »  auxquelles  on 
attribuait  des  mérites  fabuleux,  n'étaient  que  des  dents  de  narval, 
habitant  la  mer  dti  Nord;  Jeanne  de  Laval  en  possédait  un  morceau 
qu'elle  confia  avec  ses  bijoux  à  la  cathédrale  d'Angers.  (Voir  notre 
Monographie  de  la  cathédrale  d'Angers,  p.  263.) 

Faut-il  ajouter  qu'à  la  page  337,  en  note,  nous  sommes  moins  con- 
vaincu que  l'auteur,  de  la  «  preuve  décisive  «  que  le  roi  René  lit 
fondre  des  écus,  de  ce  qu'il  bailla  un  écu  à  certain  fondeur;  il  pouvait, 
ce  semble,  le  lui  «  bailler  »  pour  le  remercier  ou  pour  lui  faire  don. 
Mais  ces  petites  remarques  ne  diminueront  pas  le  mérite  de  l'ouvrage 
ji.i  M.  Arnaud  d'Agnel;  nous  attendons  le  second  volume  avec  impa- 
tience, Joseph  Denajs. 

CaB'Siilaire    de     la     cosiasti^anilevis     de    I%icSiei*e»«°3ie@   de 

l'iirdro  «l«i  Teaiiple  (  i  1 3©-l*-5B  I},  publié  et  annoté  par  l8 
marquis  de  Ripert-Moxclah,  Avignon,  Seguin;  Paris,  Champion, 
1907,  in-8  de  clxiv-307  p.  —  Prix  :  8  fr. 

îl  n'est  personne  tant  soit  peu  au  courant  des  études  relatives  au 
moyen  âge,   qui  ne  sache   quelle  mine  précieuse  de  renseignements 
historiques  de  toute  sorte  on  trouve   dans  les  cartulaires.   On   ne 
s'étonnera  donc  pas  que  la  publication  par  M.  le  marquis  de  Ripert- 
Monclar  du  cai-talaire  de  la  commanderie  de  Richerenches,  de  l'ordre 
du  Temple,  ait  été  particulièrement  distinguée  par  l'Académie  des 
inscriptions  et  belles-lettres  dans  le  concours  des  antiquités  nationales. 
Elle  forme  le  tome  I  de  la  série  intitulée  :  Documents  inédits  pour 
ser^-'ir  à  l'histoire  du  département  de   Vaiicliise  dans  les  Mémoires  de 
l'Académie  de  Vaucluse.  Elle  comprend  262  pièces  du  douzième  siècle 
et  des  premières  années  du  treizième,  auxquelles   s'en  ajoutent  quel- 
ques autres,  publiées  en  appendice. Une  ample  Introduction  nous  offre 
la  moisson  recueillie  dans  ces  documents  par  la  diligente  érudition  de 
M.  de  Monclar.  Elle  est  divisée  en  onze  chapitres  :  I.  Description  du 
manuscrit.    Intérêt    qu'il    présente.    II,    Dignitaires    ecclésiastiques. 
ni.  Les  Suzerains.  IV.  Comté  de  Valentinois,  V.  Comtes  d'Orange  de 
la  maison  de  Nice.  VI.  Le  Pays  des  Baronnies.  VIL  Seigneurs  indé- 
pendants de    Montéhmar.    VI IL    Coseigneurs    de    Saint-Paul-Trois- 
Ghâteaux.IX.  Notes  diverses  sur  la  région.  X.  Renseignements  sociaux: 
L  Etat  des  personnes.  2.   Notes  économiques.  3.   État  des  terres. 
Monographie  d'une  seigneurie  sous  le  régime  des  partages  successo- 
raux. XI.  Notes  historiques  sur  l'ordre  du  Temple  et  la  commanderie 
de  Richerenches.  — ■  Cette  simple  énumèration  suffit  à  justifier  cette 
assertion  de  M.  de  Monclar  que  le  eartulaire  de  Richerenclies  i>  cons- 
titue, pour  l'éclaircissement  du  marquisat  de  Provence  pendant  le 
Mai  1909.  T.  CXV.  -29. 


—  450  — 

douzième  siècle,  un  document  de  premier  ordre  ».  Elle  donne  aussi 
quelque  idée  de  la  ferme  et  patiente  énei'gie  de  travail  du  vaillani 
archiviste-paléographe,  qui,  après  avoir  longtemps  servi,  représenté  h 
France  au  dehors,  revenant  aux  études  de  sa  jeunesse,  se  montre, 
aujourd'hui  encore,  le  digne  disciple  de  l'Ecole  des  chartes,  d'oii 
nous  l'avons  vu  sortir,  le  9  janvier  1865,  le  premier  de  sa  pro- 
motion. M.  S. 


lia  i^orse  dans  l'askliquité  et  tSans  le  Itavtt  iitœyeBE  âge.  par 

Xavier    Poli.  Des  Origines   à    Vexpuision    ans   Sariazins.  Paris,    Fon- 
temoing,  1907,  in-8  de  xi-207  p.  —  Prix:  5  fr. 

Jusqu'à  présent,  l'histoire  des  époques  les  plus  reculées  de  la  Corse 
n'avait  pas  été  étudiée.  Il  faut  reconnaître  que  cette  histoire  est  diffi- 
cile à  écrire,  car,  pour  une  période  qui  s'étend  sur  un  grand  nombre 
de  siècles,  les  documents  sont  bien  rares  et  bien  clairsemés.  M.  Poli 
n'hésita  pas  à  se  mettre  à  la  recherche  de  tous  ces  témoignages  du 
passé,  et,  grâce  aux  textes  qu'il  put  recueillir  et  aux  indications  que 
les  commentateurs  de  ces  textes  purent  lui  fournir,  il  put  donner  une 
étude  intéressante  sur  ce  sujet. 

Les  monuments  mégalithiques  (dolmens,  menhirs,  alignements,  etc.) 
trouvés  en  divers  endroits  de  l'île  prouvent  qu'elle  fut  habitée  dès 
la  plus  haute  antiquité.  Les  témoignages  écrits, recueillis  danslasuite, 
nous  apprennent  que  la  Corse  fut  occupée  successivement  par  des 
Libyens,  des  Ibères,  des  Ligures,  puis  par  les  Phéniciens,  les  Étrusques. 
les  Phocéens  et  les  Carthaginois.  Les  traces  laissées  par  ces  différents 
peuples  dans  les  coutumes  et  les  noms  de  lieux  permettent  de  se  rendre 
compte  de  la  durée  et  de  l'importance  approximative  de  leur  occupa- 
tion. Pour  l'étude  de  cette  période,  jusqu'à  la  conquête  romaine,  l'his- 
torien est  nécessairement  obligé  de  se  livrer  à  de  nombreuses  hypothè- 
ses. En  ce  qui  concerne  la  domination  romaine,  on  a  les  témoignages 
écrits  de  divers  historiens,  et,  à  partir  de  cette  époque,  les  faits  se  pré- 
cisent davantage.  On  n'a  que  fort  peu  de  renseignements  sur  l'établisse- 
ment du  christianisme  dans  cette  île;  mais  les  documents  relatifs  aux 
invasions  des  Barbares,  aux  relations  de  la  Corse  avec  le  Saint-Siège 
à  partir  du  vi*"  siècle,  et  surtout  aux  incursions  des  Sarrazins,  nous 
font  connaître  suffisamment  l'état  de  l'île  jusqu'à  la  fm  du  xii<^  siècle. 
Quelques  appendices  terminent  ce  volume  fait  avec  soin  et  à  l'aide 
de  bons  travaux  et  de  bons  textes.  J.  \'i\rii. 


lia  ■•resse  «  oiaire  r£:glii§e,  par  L -Cl.  Delfour.  Paris,  Lelhieileu.'Ç, 
s.  d.,  in-12  de  -.'iiL-416  p.  —  Prix  :  3  fr.  30. 

A'oici  vraiment  un  bon  livre,  courageux  et  fort,  et  où  les  illusions 
libérales  n'ont  laissé,  grâce  à  Dieu,  aucune  trace.  M.  Delfour  dit 


—  451  — 

franchement  la  vérité  à  tous,  même  aux  amis,  mais  il  n'a  aucune 
complaisance  pour  l'ennemi,  et  c'est  do  quoi  il  faut  le  louer  Lien  haut, 
parce  que  c'est  devenu  aujourd'hui  trop  rare.  Donc  M.  Delfour  nous 
parle  d'abord  De  la  Presse  considérée  comme  un  instrument  de  persé- 
cution ou  tout  au  moins  de  propagande  antireligieuse;  puis  il  dessine 
Quelques  types  de  journcdistes,  les  adversaires,  puis  les  modérés;  en 
troisième  lieu,  il  nous  montre  D'où  la  presse  ennemie  tire  sa  force,  et  il 
nous  fait  voir  que  c'est  de  son  intransigeance,  de  sa  richesse,  du  se- 
cours que  lui  fournissent  les  journaux  étrangers,  de  l'art  supérieur 
avec  lequel  elle  pratique  l'ofTensive,  enfin  de  sa  doctrine;  et  de  ces 
considérations,  il  fait  jaillir  des  leçons  dont  nous  devrons  tirer  profit, 
pourvu  que  nous  ayons  une  claire  conscience  de  nos  devoirs.  La  lec- 
ture du  livre  de  M.  Delfour  contribuera  à  nous  la  donner.  La  forme 
en  est  un  peu  rude  peut-être,  la  composition  un  peu  fragmentaire; 
mais  le  fond  est  solide  et  la  documentation  abondante,  et  aussi  les 
idées  nettes  et  sûres  et  l'accent  d'une  belle  combativité.  Le  volume 
est  intéressant  et  instructif;  il  peut  et  doit  faire  beaucoup  de  bien, 
pourvu  seulement  que  nous  voulions  et  sachions  en  tirer  profit.  L'au- 
teur a  bien  rempli  son  devoir  :  faisons  bien  le  nôtre. 

Edouard  Pontal. 

Précis  «le  l'al'Srtîi-e  Oïpejlsi.*,  par  Henri  Dutraît-Crozox.  Paris, 
Nouvelle  Librairie  nationale,  1909,  in- 16  de  xvi-812  p.,  reliure  peau 
souple.  —  Pi  i\  :    6    i'r. 

La  lecture  de  ce  livre  permet  de  mesurer  la  place  qu'a  tenue  l'affaire 
Dreyfus  dans  notrj  vie  poHtique.  Même  réduit  à  un  simple  exposé  des 
faits,  le  récit  de  ce  célèbre  épisode  d'histoire  contemporaine  suffît  à 
rempKr  650  pages  d'un  volume  compact.  Le  procès  de  Paris,  celui  de 
Rennes,  les  deux  procès  de  revision,  les  multiples  incidents  qui  ont 
enchaîné  ces  quatre  instances,  ont  défilé  sous  ri,  s  yeux  dans  les  jour- 
naux quotidiens.  Mais  qui  pourrait  se  flattîU'  d'avoir  retenu  tous  les 
détails  de  leurs  péripéties,  en  dépit  des  passions  qu'elles  soulevèrent 
au  fur  et  à  mesure  qu'elles  se  déroulaient? 

M.  Dutrait-Crozon  s'est  proposé  de  reconstituer  la  suite  des  faits  tels 
qu'ils  ont  pu  être  connus  du  public  par  les  iuform.ations  de  la  presse. 
Comme  il  l'annonce,  son  livre  est  un  précis.  Il  ne  vise  nullement  à 
apporter  des  révélations  sensationnelles,  mais  seulement  à  être  exact  : 
chacune  de  ses  assertions  est  appuyée  d'un  renvoi  aux  sources,  et 
presque  toujours  aux  sources  officielles.  D'appréciations^  ii  s'en 
abstient  le  plus  possible,  préférant  avec  raison  laisser  la  parole  aux 
faits.  Je  dois  dire  toutefois,  pour  indiquer  les  tendances  de  l'ouvrage, 
que  l'auteur  ne  croit  pas  à  l'innocence  de  Dreyfus  et  qu'il  voit  dans 
Esterhazy  «  l'homme  de  paille  des  juifs  )>. 


-   452  — 

Comme  conclusion,  il  j'oprndnit  in  extenso  l'ari'êt  de  cassation  du 
12  juillet  1906,  dont  il  réfute  les  considéi-ants,  paragraphe  par  para- 
graphe. Ment  enfin  un  index  alphabétique,  qui  occupe  114  pages  et 
contient  les  noms  de  plus  de  mille  personnes  ayant  joué  un  rôle  dans 
le  drame,  avec  renvoi  aux  feuillets  du  volume  où  sont  relatés  les 
événements  auxquels  elles  ont  été  mêlées. 

Tel  quel,  ce  hvre,  dont  d'excellents  juges  ont  loué  la  méthode  et  la 
limpidité  parfaite,  est  susceptible  de  rendre  de  grands  services  aux 
lecteurs  de  toute  opinion.  Ajoutons  que,  par  une  originalité,  qu'a  peut- 
être  suggérée  un  détail  retentissant  de  l'Afiaire,  il  est  imprimé  sur 
papier  pelure  :  ce  qui  lui  procure  l'avantage  de  ne  représenter,  malgré 
le  nombre  considérable  de  ses  pages,  qu'un  très  modeste  poid?. 

H.  RUBAT  DU  MÉRAC. 


Tlae  Ednai'âian  isiveufories  for  Bucl4iis«|liains!iBa*e,  edited 

hy  F.   C.  Eeles,  froin  transcripts  by  the  Rt:v.  J.   E.  Ergwn,  London, 
Longnians,  Green,,  1908,  in-?  cartonné  de  lii-157  p.  —  Prix  :  26  fr.  25. 

Ce  volume,  soigneusement  édité,  mais  'de  prix  peu  abordable, 
contient  la  liste  des  objets  confisqués  au  temps  de  la  Réforme,  dans 
chacune  des  églises  ou  chapelles  du  comté  de  Buckingham.  Les  ' 
inventaires,  datant  du  règne  d'Edouard  \l,  existaient  on  manuscrits 
au  British  Muséum  et  au  Public  Record  Office  de  Londres^  C'est  là  que 
le  Rev.  BroNMi  et  M.  Eeles  ont  été  les  transcrire  et  les  collationner,pour 
las  belles  collections  documentaires  de  YAlcuiji  Club,  où  figuraient 
déjà  des  répertoires  semblables  sur  le  Bedfordshire  et  l'Hunting- 
donshire. 

h'Alcuin  Club  comprend  exclusivement  des  fidèles  de  l'Église  angli- 
cane. L'institution  a  pour  but  de  promouvoir  l'étude  pratique  du 
cérémonial  liturgique,  toujours  en  harmonie  avec  le  Book  of  Common 
Praye7\  De  caractère  high-Church  et  ritualiste,  cette  ligue  croit  trou- 
ver, dans  l'anglicanisme,  la  continuation  légitime  de  l'ancienne 
Église  catholique  d'Angleterre.  Elle  considère  la  Réforme  comme  un 
pur  accident,  d'ailleurs  funeste  et  déplorable  :  elle  consacre  ses  géné- 
reux efforts  à  en  réparer  les  méfaits.  Des  documents  comme  ceux  du 
présent  volume  lui  offrent  des  ressources  précieuses,  dans  son  entre- 
prise de  résurrection  des  coutumes  ecclésiastiques  antérieures  à  la 
Réforme.  Ce  n'est  pas  sans  émotion  que  le  lecteur  catholique  constate, 
dès  les  premières  pages  de  la  Préface,  avec  quelle  franche  netteté  plu- 
sieurs de  nos  frères  séparés  stigmatisent  «  l'œuvre  de  sacrilège  et  de 
confiscation  »  (ivork  of  sacrilège  and  confiscation,  p.  m),  accomplie 
sous  Henri  VIII  et  sous  Edouard  VI.  Yves  de  la  Brière. 


—  453  — 

lia  Hongrie  au  1L'%J'  siècle.  Étude  éeanomiciue  et  !«ociale, 

par  René  Gonnard.  Paris,  Colin,  1908,  in-18  de  xu-400  p.—  Prix  :  4  fr. 

Le  titre  paraîtrait  ambitieux  et  les  quatre  cents  pages  du  livre  de 
M.  Gonnard  ne  parviendraient  guère  qu'à  effleurer  le  sujet,  si  l'auteur 
n'avait  pas  borné  ses  études  aux  seules  questions  agraires  et  écono- 
miques, et  encore,  comme  il  le  fait  remarquer  lui-même,  les  économistes 
y  trouveront  bien  des  lacunes.  Lacunes  inséparables  d'un  aussi  vaste 
sujet  que  celui  de  l'agriculture  dans  une  nation  comme  la  Hongrie,  et 
dont  on  ne  peut  faire  un  grief  à  l'auteur  qui  a  vraiment  parcouru  le 
pays,  — ■  au  moins  certaines  régions,  car  pour  la  facilité  de  ses  recher- 
ches, il  laisse  un  assez  grand  nombre  de  comitats  à  l'écart,  —  a  vu 
par  lui-môme,  a  étudié,  a  comparé  et  a  pu  tirer  des  conséquences, 
basées  sur  des  faits. 

Après  avoir  tracé  le  tableau  des  grandes  régions  de  la  Hongrie, 
pays  où  68  pour  100  des  habitants  vivent  de  l'agriculture,  M.  Gon- 
nard aborde  la  question  des  voies  de  communication  de  ce  pays 
qui  <(.  semble  prédestiné  par  la  nature  à  posséder  un  magnifique  réseau 
circulatoire  ». 

Dans  le  chapitre  consacré  aux  populations,  l'auteur  fait  remarquer 
que  '(  le  Hongrois,  non  seulement  aime  sa  patrie,  mais  encore  est  fier 
d'elle.  Il  admire  sa  grande  plaine  et  ne  voit  rien  de  plus  pittoresque 
que  les  montagnes  de  la  Tâtra  ou  les  rives  du  Balaton  ».  Le  Hongrois, 
fier  de  sa  race  et  de  son  histoire,  ne  cache  pas  ses  antipathies,  et  c'est 
pourquoi  M.  Gonnard  peut  dire  qu'il  a  constaté  partout  un  état 
d'esprit  qui  lui  permet  d'affirmer  que  «  le  souvenir  des  luttes  de  1849 
est  peut-être  plus  vif  chez  les  Magyars  que  celui  des  m^alheurs  de 
1870  chez  nous  ». 

L'État  est  le  grand  initiateur  en  matière  d'agriculture  ;  il  intervient 
le  plus  qu'il  peut,  sans  se  laisser  arrêter  par  les  arguments  de  l'éco- 
nomie libérale  ou  par  les  théories  du  droit  naturel.  C'est  à  Budapest 
(  non  Buda-Pesth),  au  Musée  agricole,  qu'est  centralisé  tout  ce  qui  se 
rapporte  à  Tagriculture  hongroise.  L'enseignement  agricole  a  atteint 
un  haut  degré  de  perfectionnement,  et  la  Hongrie  a  peut-être  devancé, 
à  ce  point  de  vue,  la  plupart  des  nations  plus  anciennement  civilisées. 

C'est  à  l'Université  de  Nagyszombat  que  les  premiers  essais  d'ensei- 
gnement agricole  ont  été  faits  dès  1630,  et  à  l'École  supérieure  de 
Sârospatak,  en  1650.  Transférée  plus  tard  à  Buda,  l'LIniversité  de 
Nagyszombat  eut,  jusqu'en  1814,  une  chaire  d'agronomie  à  laquelle 
était  annexé  un  champ  d'expériences.  En  1787,  on  y  avait  créé  une 
chaire  pour  létude  des  épizooties.  La  plus  digne  de  remarque  parmi 
les  anciennes  institutions  agronomiques  fut  l'École  d'agriculture  de 
Keszthely,  créée  par  le  comte  Georges  Festetics,  en  1797;  elle  possédait 
un  domaine  superbe  et  un  outillage  remarquable. 


—   4o4   — 

D'une  manière  générale,  dit  l'autour,  pendant  la  première  période 
de  l'histoire  de  l'enseignement  agronomique  hongrois,  les  bases  do 
celui-ci  ont  été  jetées  par  des  particuliers;  généralement  par  de  grands 
seigneurs  poursuivant  à  la  fois  leur  intérêt  propre  et  l'intérêt  national. 

L'enseignement  ménager  n'est  pas  oublié,  et  l'Institut  ménager  de 
Kassa,  dirigé  par  les  ursulines,  est  un  établissement  modèle  dont  les 
programmes  sont  compris  de  façon  à  former,  pour  les  familles  de  la 
haute  bourgeoisie,  des  fem^mes  du  monde  et  des  ménagères  sachant 
également  tenir  leur  salon  et  diriger  le  département  fém.inin  d'un 
domaine  agricole. 

En  des  chapitres  distincts,  l'auteur  traite  des  grands  domaines  qui, 
aujourd'hui,  ne  sont  plus  le  monopole  des  seuls  magnats,  car  quelques- 
uns  ont  déjà  passé  entre  les  mains  d'immigrés  allemands,  ce  qui 
alarme  le  parti  national;  de  la  propriété  moyenne,  puis  de  la  petite 
propriété  dont  r'étend:i(?  ne  dépasse  pas  le  plus  souvent  soixante  hec- 
tares. 

Les  question^  relatives  aux  tiuvriers  agricoles,  à  l'émigration 
ru  raie,  aux  associations  agricoles,  sont  traitées  avec  le  développement 
nécessaire;  de  même  le  socialisme  agraiœ  qui  ne  remonte  guère  plus 
loin  qu'à  l'année  1893. 

Ayant  examiné  ces  quostiens,  l'auteur  passe  aux  produits  du  sol; 
les  céréales,  la  vigne,  les  lorêts,  les  jardins  et  les  vergers,  les  cultures 
industrielles,  etc.,  et  il  termine  par  la  politique  économique  de  ce  pays 
qui  cherche  à  se  créer  une  industrie  nationale.  L'État,  adaptant  à 
notre  époque  la  tradition  de  Colbert,  crée  des  institutions  spéciales, 
favorise  l'établissement  d'industries  nouvelles  en  Hongrie,  encou- 
rage les  initiatives,  accorde  des  exemptions  d'impôts,  des  concessions, 
etc.  , 

M.Gonnard,  quittant  le  domaine  des  faits  strictement  économiques, 
essaie  de  fournir  l'explication  des  grands  faits  politiques  et  il  montr.- 
la  dcsalTection  des  Hongrois  pour  les  Allemands,  leur  résistance  au 
germanisme  et  leur  sympathie  toujours  croissante  pour  la  France. 
11  a  raison  d'insister  sur  ce  point  dont  ont  pu  se  cojivaincre  tous  les 
Français  qui  ont  visité  la  Hongrie.  Son  livre,  bien  documenté  et  d'une 
lecture  attrayante  malgré  l'aridité  des  chiffres  qu'il  renferme,  ne  sera 
pas  sans  utilité  s'il  fait  connaître,  en  France,  ce  sjnliment  intéressant 
à  la  fois  les  deux  nations.  E.  H. 

I>a   Qsiestion   «rOiieist    «1e|iifii$  stes  ori«|iiio.«   jusîgii'à    nos 

jours,  par   Étiocard  Driali.t,  4"  éd.,  refondue,   Paris,  AScan,   1909, 

"in-8  de  xv-407  p.  —  Prix  :  7  fr. 
lia  ISévoliation  «urciiie,  par  Victor  Bérard.    Paris,    Colin,    1909, 

in-18  de  353  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 
li»  Kéveîl  «le  îa  T«irf|uio.  études  et  acquis  historiques,   par  Her- 


—  455  — 

cuLE    DiAMANTOPur.o.  Alexandrie,    délia  Rocoa;    Paris,   Le    Soudier» 
1909,  gr.  in-8  de  xiv-380  p.,  illustré  de    35    grav.    —    Prix  :   8  fr. 
l,a  Turquie  nouvelle   et  i'anvieii    i*é§;iniie,  par  Joseph  Dexais. 
Paris,  Rivière,   1909,  in-8  de  96  p.  —  Prix  :  2  fr.  50. 

J'ai  rendu  compte  (Polybiblion,  t.  LXXV,  p.  150  et  t.  CIV,  p.  258) 
(les  précédentes  éditions  de  cet  excellent  ouvrage;  j'ai  dit  tout  le 
bien  que  j'en  pensais  alors,  et  que  je  continue  à  en  penser,  car  le  livre 
(le  M.  Driault  est  de  ceux  qui  ne  vieillissent  pas.  La  présente  édition 
est  refondue,  mais  il  convient  de  dire  que  cette  refonte  ne  porte  que 
sur  les  vingt  dernières  pages.  Depuis  1905,  la  question  d'Orient  a 
ihangé  de  face  et  une  mise  au  point  s'imposait.  D'une  main  légère, 
l'auteur  a  fait  passer  du  présent  au  passé  quelques-unes  de  ses  con- 
clusions ;  il  a  atténué  ses  ardeurs  franco-russes  et  supprimé  les  passages 
où  il  égratignait  nos  bons  amis  d'Outre-Manche.  Pour  ce  qui  con- 
cerne la  révolution  de  Constantinople,  M.  Driault  fait  comme  tous  les 
hommes  de  sens  et  prend  une  attitude  expectante,  sympathiquement 
sceptique.  Pendant  qu'il  imprimait,  les  événements  ont  encore  marché: 
c'est  de  l'ouvrage  sur  la  planche  pour  sa  cinquième  édition. 

— •  AL   Bérard    a    essayé,   avec  son  indiscutable  compétence,   de 
rechercher  les  causes  profondes  de  la  révolution  ottomane.  Dans  un 
premier  chapitre,  il  remonte  jusqu'aux  origines  de  l'empire  des  sultans, 
où  les  influences  mongole,  musulmane  et  byzantine  se  combinent  et 
constituent  ce  régime  fait  de  violences  soldatesques,  de  vénalité  et  de 
servilisme  qui  n'a  pas  encore  achevé  do  disparaître.  Il  fait  voir  les 
essais  de  réforme  de  1839  et  de  1856  qui  avortent  et  laissent  subsister 
la  orruption  et,  comme  on  dit  en  Orient,  les  «  mangeries  ».    Au 
••hapitre  II  nous  entrons  dans  les  temps  modernes  :  après  la  révo- 
lution sanglante  de  1875,  Midhat-Pacha  entreprend  de  nettoyer  les 
écuries  d'Augias;  il  échoue,  s'exile,  et,  dupe  d'une  feinte  réconciliation, 
il  est  étranglé  en  prison.  La  constitution  qu'il  a  élaborée  semble  périr 
avec  lui.  Le  chapitre  III  nous  fait  assister  à  la  lutte  de  la  Russie  et  de 
l'Autriche  qui  veulent,  dans  un  zèle  peu  désintéressé,  mettre  fin  aux 
abus,  sauf  à  profiter  de  la  situation  nouvelle;  leurs  rivalités  laissent 
Abd-ul-Hamid  libre  de  gouverner  par  la  terreur,  et  la  guerre  japo- 
naise, en  afîaibhssant  les  Russes,  fournit  aux  Autrichiens  le  moyen 
de  regagner  l'avance  que  le  Tsar  avait  prise.  Le  dernier  chapitre  voit 
entrer  en  scène  les  autres  pays  :  mais,  grâce   aux  divergences  de  vues, 
aux  jalousies,  à  certains  compromis  que  M.  Bérard  stigmatise  avec 
indignation,  la  situation  ne  se  modifie  pas  :  les  réformes,  toujours 
annoncées,  ne  se  réalisent  pas  :  ce  n'est  qu'un  trompe-l'œil  dont  ne 
sont  dupes  que  ceux  qui  tiennent  à  être  dupés.  Tout  aboutit  logi- 
quement à  la  révolution  du  24  juillet   1908,    et  c'est  à  cette    date 
que  M.   Bérard    s'arrête,    jugeant    que  les    événements    postérieurs 
ne  sont  pas  encore  du  domaine  de  l'histoire. 


—  456  — 

—  Telle  n'a  pas  été  ropinion  de  M.  Diamantopulo  qui  nous  raconte 
la  révolution  de  Gonstantinople.  L'auteur  est  un  Hellène  d'Alexandrie 
.qui  a  été  à  même  de  savoir  bien  des  choses  et  qui  appuie  son  récit  de 
nombreux  documents  dont  plusieurs  sont  curieux.  Les  portraits  qu'il 
esquisse  dos  principaux  personnages  du  drame  sont  très  vivants,  sans 
qu'il  poit  possible  do  dire  si  les  uns  no  sont  pas  flattés  et  les  autres 
poussés  à  la  charge;  mais  on  ne  peut  en  faire  reproche  à  celui  qui  écrit 
dans  l'émotion  d'une  victoire  inespérée,  surtout  quand  cette  victoire 
est  celle  de  la  liberté  contre  la  plus  odieuse  des  tyrannies.  Sans  doute, 
certaines  appréciations  seront  modifiées  par  les  derniers  événements 
[derniers  au  moment  où  j'écris,  avani-derniers  quand  ces  lignes  seront 
imprimées)  ,et  il  se  peut  que  l'auteur  soit  amené  à  avouer  qu'il  a  fait 
preuve  de  beaucoup  d'optimisme. 

—  J'en  dois  dire  autant  de  M.  Joseph  Denais.  Sa  conférence,  donnée  en 
novembre  1908,  publiée  avec  des  notes  et  des  retouches  en  mars  1909, 
risque  de  ne  plus  être  au  courant  dans  quelques  semaines.  Les  événements 
d'avril  démentent  lamentablement  les  considérations  des  pages  22  à  29, 
d'où  il  résulterait  que  «  ni  leur  nature,  ni  leur  religion,  ni  le  Koran,  n 
la  Sonna{]Q  dirais  Sunna)  ne  font  des  Turcs  des  fanatiques  intolérants» 
Après  l'échec  des  essais  de  réforme  tentés  en  1839, 1856  et  1876,  essais  qui 
ont  abouti  à  un  retour  de  la  plus  sauvage  barbarie,  il  paraît  douteux  que 
du  jour  au  lendemain  l'empire  turc  devienne  l'État  le  mieux  policé  d( 
l'Europe.  Le  Sultan,  qui  pendant  trente-deux  ans  a  régné  par  l'espion- 
nage et  la  délation,  les  concussions  et  les  corruptions,  les  tortures  et 
les  massacres,  ne  va  pas,  par  la  vertu  magique  de  la  constitution,  de- 
venir un  autre  saint  Louis,  et  l'empressement  avec  lequel  il  a  cédé 
devant  la  force  donne  à  penser  qu'il  ne  recule  que  pour  mieux  sauter... 
à  la  gorge  des  réformateurs.  Il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  cette  con- 
férence contient  des  passages  fort  instructifs,  en  particulier  quand  elle 
laisse  voir  derrière  les  Jeunes-Turcs  un  autre  parti  libéral,  jacobins  se 
préparant  à  dépasser  les  girondins,  dont  l'action,  encore  mal  définie, 
donne  cependant  à  réfléchir,  et  il  y  a  là  des  rivahtés  qui  seront  cer- 
tainement exploitées;  j'ai  peur  qu'elles  ne  présagent  rien  de  bon  poui' 
la  Nouvelle-Turquie.  P.  Pisani. 

Claude  Faucliot,    éwèque  cousttiiutionnel  «lie    Cal'vados, 
dé|>ulé    à    l'AiKseniItlée    législatiwe  et  à   Ia    l'oiGveiitioa» 

(1944  1993),   par   J,  Charrier.    Paris,     Champion,    1909,    2  vol. 
gr.  in-8  de  xv-397  et  370  p.,  avec  16  grav.  hors  te.xte.  —  Prix:  15 fr. 

Prédicateur  de  Cour,  membre  de  la  commune  de  Paris,  évoque  cons- 
titutionnel du  Calvados,  député  à  la  Législative  et  à  la  Convention, 
guillotiné  le  31  octobre  1793,  l'abbé  Fauchet  fut  victime  de  la  Révo- 
lution après  en  avoir  été  l'un  des  ouvriers  les  plus  bruyants  :  il  faut 


—  4o7  — 

savoir  gré  à  M.  i'abbé  Charrier  d'avoir  su  préciser  les  traii,s  do  cette 
figure  en  quelque  sorte  symbolique. 

C'était  un  homme  de  talent,  instruit,  maniant  la  parole  avec  une 
facilité  dont  il  abusait  et  la  plume  avec  une  verve  qui  lui  coûta  cher. 
L'ancien  régime  eût  fait  de  lui  un  évêque  sans  ses  origines  plébéiennes  ; 
c'est  pour  cela  qu'il  devint  révolutionnaire,  car  il  était  ambitieux, 
vaniteux  même  et  nous  trouvons  là  l'explication  des  contradictions 
apparentes  de  sa  vie.  Le  14  juillet  1789,  il  fut  envoyé  en  parlementaire 
à  la  Bastille  :  de  là  à  s'imaginer  que  c'était  lui  qui  avait  pris  la  fameuse 
forteresse,  il  n'y  avait  c[.u'an  })as;  il  le  crut  et  arriva  à  le  faii'e  croire  à 
})as  mal  de  naïfs,  comme  on  en  trouvait  beaucoup  à  cette  époque.  —  Il 
fonde  au  Palais- Royal  le  Club  social  et  cherche  la  régénération  ûq  la 
France  dans  une  association  de  l'Église  et  de  la  Franc-Maçonnerie.  Le 
club  des  jacobins,  à  qui  il  faisait  concurrence,  et  qui  alors  était  ro^lati- 
vement  modéré,  s'effarouche  de  ses  audaces  et  fait  échouer  douze  fois 
sa  candidature  à  un  siège  d'évêque  constitutionnel  (tome  I,  p.  214), 
notamment  à  Paiis  et  à  Nevers,  son  pays  natal.  Pour  ari'iver  à  l'épis- 
copat,  il  fait  la  paix  avec  les  jacobins  et  est  élu  à  Bayeux.  Mais  alors 
le  jacobinisme  évoluait;  Fauchet  y  contribua  pour  sa  part  et  eut  à  ce 
sujet  de  retentissants  démêlés  avec  les  administrations  encore  royalistes 
du  Calvados.  Il  quitte  donc  sans  regret  son  diocèse  pour  aller  siéger  à 
la  Législative,  puis  à  la  Convention.  Dans  la  première  de  ces  assemblées 
il  est  un  des  orateurs  les  plus  écoutés  de  la  gauche  :  républicain  de  la 
veille,  il  tonne  contre  le  Roi  et  ses  ministres  et  prononce  des  discours 
enflamm'^s  contre"  les  prêtres  insermentés.  A  la  Convention  il  est 
dépassé;  de  plus  violents  que  lui  se  font  applaudir;  lors  du  procès  de 
Louis  XVI  il  essaie  vainement  de  sauver  la  tête  du  Roi  ;  un  mandement 
qu'il  publie  contre  les  prêtres  mariés  lui  fait  perdre  le  peu  qui  lui 
restait  de  popularité.  Insulté,  calomnié,  on  finit  par  le  traiter  de 
royaliste,  on  essaie  de  faire  de  lui  un  complice  de  Charlotte  Corday, 
qui  était  sa  diocésaine,  mais  qui  le  traitait  d'intrus;  finalement,  on 
l'englobe  dans  le  procès  des  girondins  qu'il  avait  toujours  combattus. 
11  va  à  la  mort  après  avoir  épanché  dans  le  cœur  de  M.  Emery  l'aveu 
de  ses  désillusions  et  surtout  de  son  repentir.  Il  avait  péché  surtout 
par  inconscience  :  comme  trop  d'orateurs,  il  avait  été  dupe  des  belles 
phrases  que  lui  suggérait  une  imagination  surchauffée;  étourdi  par 
le  spectacle  des  événements  extraordinaires  auxquels  il  s'était  trouvé 
mêlé,  il  paya  cher  son  emballement. 

C'est  un  excellent  ouvrage  que  M.  l'abbé  Charrier  publie  sur  ce 
curieux  personnage  :  admirablement  documenté  grâce  à  de  patientes  et 
judicieuses  recherches,  aussi  éloigné  de  l'admiration  que  tout  bio- 
graphe est  tenté  d'éprouver  pour  son  héros  que  de  l'hostilité  que 
pourrait   inspirer    une    carrière   en   somme    malfaisante,    l'auteur    a 


—  458  — 

(inmiiu'  son  siijot.  Les  esprits  chagrins  lui  n'proclieroiit  son  impar- 
tialité et  son  iiHhiloonee  :  d'auti'cs  trouveront  qne  c'est  précisément 
là  la  qualité  maîtresse  de  son  livre,  et  que  c"(st  ainsi  qu'il  con- 
vient d'écrire  l'histoire.  "         P.  Pisani. 


CORRESPONDANCE 

Nous  recevons  la  lettre  suivante  : 

14,  Rue  Jacques  Taveau,  Sens,  le  5  mai  1909. 
«  Mojisieur, 

((  On  me  communique  le  compte  rendu  qu'a  fait  de  mon  roman, 
\  Immolé ,  dans  le  Pohjhiblion  d'avril,  M.  Ch.  Arnaud. 

Au  cours  de  cet  article,  reproduction  avec  quelques  variantes 
atténuées  de  celui  auquel  j'ai  répondu  dans  V Univers  du  £0  avril, 
M.  Arnaud  cite,  en  dénaturant  d'une  façon,  grave  le  texte  et 
l'idée,  une  phrase  ou  plutôt  un  fragment  de  phrase  qu'il  emprunte 
à  la  p.  184  du  livre.  Il  s'agit  de  la  chapelle  des  jésuites  à  Lyon 
et  de  son  faux  luxe  ornemental  ;  lo  texte  réel  porte  : 

((  U habitacle  du  Christ  déformé  par  des  artifices  de  séduction..., 
M.  Arnaud  veut  avrir  lu  :  L'habitude  de  déformer  le  Christ  par... 

((  11  m/attribue  ainsi  :  1°  une  platitude;  2°  une  opinion  sur  les 
jésuites  vraiment   monstrueuse  dans  un  livre  catholique. 

((  Je  vous  prie  donc,  Monsieur,  en  vertu  du  droit  de  réponse,  d'in- 
sérer, à  la  même  place  que  l'article  de  M.  Arnaud,  et  dans  le  plus 
procliain  numéro  du  Polybiblion,  la  présente  rectification. 

«  Veuil!ez  agréer  l'expression  de  ma  consielération  la  plus  distinguée. 

Emile  Raumann.  » 

M.  Charles  Arnaud,  ayant  eu  communication  de  la  lettre  ci-dessus> 
nous  écrit  : 

«  ...  Cmument  cette  inexactitude  a-t-ello  pu  se  produire  et 
surtout  être  répétée  ?  Je  ne  me  l'explique  pas! 

...  Je  n'essaierai  donc  pas  d'amoindrir,  par  un  plaidoyer  quel- 
conque, la  satisfaction  qui  est  duo  à  M.  Baumann;  mon  seul  regret 
est  de  ne  pouvoir  l'égaler  à  mon  devoir.  Mais  M.  Baumann  a  du 
talent;  je  T'ai  dit,  je  le  maintiens;  je  compte  qu'il  me  fournira 
bientôt  l'occasion  d'une  entière  et  conjplèto  îéparation.» 


Asi    vîustîème  Siècle.    Fi-î«nç:»îses  selon  l'É^'an^ile,  pur  la  COintP.sSC 

DK  Flavigny.  Paris,  Lelhielh  ux,  s.  d.,  in-12  de  OS  p.  —  l'rix  :  0  fr.  50. 

Je  recommande  à  nos  lectrices  cette  belle  méditation  sur  les  malheurs 
de  notre  temps  et  sur  les  devoirs  qui  en  résultent  pour  les  femmes  chré- 
tiennes d'aujourd'hui.  Dans  un  langage  très  élevé,  Fauteur  de  tant  d'ex- 
cellents livres  où  se  sont  affermies  et  consolées  la  foi  et  la  vertu  de  plu- 


—  459  — 

sieurs  o'énérations,  recherche  et  montre  «  quelle  sera  au  xx'^  siècle  la  ma- 
nière de  conformer  nos  mœurs  à  la  morale  évangélique  et  de  la  répandre, 
chacune  selon  son  état  et  sa  condition  ».  Le  premier  chapitre  s'adresse 
spécialement  aux  filles  et  aux  veuves  chrétiennes,  le  second  aux  épouses  et 
aux  mères.  Aux  unes  et  aux  autres,  le  pieux  auteur  enseio-ne  l'art  de  rendre 
la  vie  meilleure,  plus  bienfaisante  et  plus  vraiment  fécoi.de,  et  c'est  aux 
sources  chrétiennes  qu'elle  en  trouve  le  secret.  11  serait  à  souhaiter  que 
Iteaucoup  de  mondaines  lussent  ce  petit  livre,  et  qu'elles  v  apprissent  à  se 
déprendre  de  tant  de  frivolités  qui  les  détournent  de  la  pratique  des  meil- 
leurs et  plus  pressants  devoirs.  Ce  livre,  d'une  inspiration  supérieure,  fera 
du  bien  aux  âmes  en  qui  d  allumera  ou  ravivera  la  flamme  de  l'apostolat 
chrétii-n.  \nus  lu'  souhaitons  beaucoup  de  lectrices.       Edouard  Poatvl. 


i.,a  soij«f.î<in  «le»  «giie*itii>:i>  t^ociitio!*.    ou  le  Dècilogiie  connu   et  obs'irvè; 
son  expos?  cliir,    précis,  complet,   avec    un    texte    exact    et    des    tab'eÀUv 
parlants,  par  l'abbé    L.    de    Cas.\major.  Paris    et    Lille.   Desclée,    de 
Bronwe;',  1908,  inl8  carré  de  vni-199  p.  —  Prix  »    1   fr.  90. 
Passant  en  revue  les  commandements  de  Dieu  et  les  commandements 
de  l'Église,  Fauteur  les  accompagne,  comme  il  le  dit  lui-même  en  sous-titre, 
d'un  exposé  clair,  précis,  complet.  A  l'énoncé  des  préceptes,  il  joint  des 
anecdotes,  qu'il  a  recueillies  dans  un  but  d'édification,  et  des  illustrations 
nombreuses.  "Chaque  chapitre  se  termine  par  une  conclusion  en  f  rnie  do 
résolution.  On  voit  que  ce  bon  livre  est  à  la    portée    des    hun.l.les.    Miiis 
M.  l'abbé  de  Casamajor  n'a  pas  tort  d'espérer  que  ses  ei).'-:r;ar.en.ents  peu- 
vent être  utiles  aussi  aux  grands,  et  à  beaucoup  de  s?.\an!s. 

J J.-A.   DIS   R. 

I,"Kv;itsi  :i' i<»ii     «Iji     >-<-V(-if,i     5 '«»  j>.>»:«h|j;     «Se»     forèts,     par     A.     ArNOULD. 

l'an-,   L^ivcdi'.  l'.Ki^.  in  s  'le  (j(i  \).  —  l'.i\  :   i  Ir.  7.5. 

Il  est  unanimement  reconnu  que,  d'une  ir.anière  très  générale,  l'impôt  pèse 
sur  les  forêts  dans  une  pnajortion  excessive,  comparativement  aux  autres 
propriétés  immobilières,  au  point  que  parfois  la  quotité  de  cet  impôt  dé- 
passe le  revenu  même  de  la  forêt.  Des  réclan^alions  trop  justifiées  s'élèvent 
de  toute  part  à  ce  sujet,  et  c'est  pour  permettre  aux  propriétaires  fores- 
tiers de  se  rendre  un  compte  exact  du  produit  de  leur  domaine,  de  manière 
à  prouver  le  bien  fondé  de  leurs  réclamations,  que  M.  Arnould  a  publié  le 
présent  opuscule.  Il  a  voulu,  dit-il,  «  rendre  claire  une  théorie  quelque  peu 
abstraite  pour  quiconque  n'est  pas  familiarisé  avec  le  calcul  des  intérêts 
composés  et  des  annuités.  » 

Ce  travail  est  divisé  en  trois  chapitres.  Dans  la  premier,  Principes  géné- 
raux, l'auteur  présente  quekfues  aperçus  <le  données  techniques  sur  les  di- 
vers modes  de  culture  forestière,  qu'il  appelle  «  parcelles  types  >;  (bois  feuil- 
lus, linis  résineux,  taillis  simples  et  composés,  futaies  pleines,  sapinières 
jardinées,  etc.)  et  s'étend  principalement  sur  le  calcul  des  annuités  et  le 
taux  de  placement,  au  moyen  des  calculs  par  les  diverses  appropriations 
de  la  formule  classique  (1  -|-  «)  "  —  1,  dans  laquelle  t  repré.sente  le  taux 
de  l'intérêt,  et  n  le  nombre  d'années  de  la  révolution. 

L'application  à  V Evaluation  du  revenu  foncier  imposable  des  parcelles- types 
forme  le  chapitre  second.  Là  est  faite  l'application  des  principes  généraux 
aux  différents  cas  de  taillis  simple,  de  taillis  composé,  de  taillis  fureté,  de 
futaies  feuillues  (cas  très  rare  chez  les  propriétaires  autres  que  l'Élal),  de 
futaies  résineuses  régulières  ou  pleines,  de  futaies  résineuses  jardinées,  et  en- 
fin aux  jeunes  peuplements  artificiellement  obtenus  (rebordements). 


—  460  — 

Le  troisième  chapitre,  sous  la  ruljriqiie  :  Revenu  du  capital-bois,  examine 
le  cas  du  revenu  du  capital  représenté  par  le  matériel  sur  pied  d'une  forêt 
ou  d'un  massif,  indépendamment  du  sol  qui  le  porte,  et  de  la  plus-value 
qu'acquiert  ce  capital  par  le  fait  de  la  croissance  dudit  matériel  sur  pied, 
comme  aussi  de  riiugmentation  de  revenu  pouvant  résulter  d'un  judicieux 
aménagement. 

Il  n'est  pas  douteux  que  cet  opuscule  ne  soit  de  nature  à  rendre  éminem- 
ment service  aux  propriétaires  de  bois  en  état  de  le  bien  comprendre  et 
de  s'en  pénétrer.  On  peut  craindre,  toutefois,  que  l'exécution  n'ait  pas  entiè- 
rement répondu  aux  intentions  de  Tauleur  quant  à  la  clarté  et  à  la  n  isa  à 
la  portée  des  esprits  peu  coutumiers  du  calcul  algébrique. 

D'autre  part,  M.  A.  Arnould  se  réfère  fréquemment  au  Recudl  métho- 
dique des  lois  et  règlements  du  cadastre,  qu'il  semble  supposer  connu  de  ses 
lecteurs  comme  s'il  s'agissait  du  code  civil,, par  exemple.  Or,  qui  connaît  le 
Recueil  rncthcdique,  surtout  quelques  cinquante  ans  après  que  le  cadastre  est 
terminé  en  France? 

L'Évaluation  du  revenu  imposable  des  forêts  est  incontestablement  un 
savant  et  solide  travail;  nous  craignons  seulement  qu'il  n'oblige  ses  lecteurs 
à  Un  effort  intellectuel  pouvant  en  rebuter  quelques-uns. 

C.    DE     KiRWAN. 


Le*  Cro!sadcs,  par  Adrien   Fortin.    Paris,  Blond,  190'.»,  in-12  de  C'2  p. 
(Colleclion  Scicnc,  cl  Beliyion).  —  Prix  :  0  fr.  60. 

Tableau  bien  résumé  des  croisades.  Après  avoir  fait  connaître  l'état  de 
rOrient  au  xi^  siècle,  l'auteur  consacre  un  chapitre  aux  causes  et  aux  pré- 
liminaires des  croisades.  Vient  ensuite  une  histoire  très  succincte  de  cha- 
cune des  croisades.  M.  Fortin  expose  d'une  manière  très  claire  combien  les 
efforts  des  chrétiens  pour  conquérir  le  Saint-Sépulcre  furent  considérables 
etcombien,  hélas!  ils  furent  inutiles,  à  cause  des  divisions  trop  souvent  ré- 
pandues dans  l'armée  chrétienne.  Le  dernier  chapitre  est  réservé  aux  ré- 
sultats des  croisades. Si,  au  point  de  vue  conquête,  ils  furent  nuls,  ils  restèrent 
considérables  au  point  de  vue  politique,  économique  et  commercial. L'Orient 
et  l'Occident  se  rapprochèrent  et  se  comprirent  mieux,  et  ce  rapprochement 
fut  une  cause  de  grands  progrès  pour  l'Occident.  Avec  les  croisades  aussi, 
1-3  moyen  âge  prit  fin,  et  à,  l'idéal  religieux  succédèrent  les  calculs  pohtiques 
et  comm.erciaux.  J.   Viard. 

Histoire     du    ontkïolîcSsme    «mi    i%.iij;;letc'i-i-c,      par     GaBRIEI.     PLANQUE. 

Paris,  Bload,  l'j09,  in  10  de  127  p.  (Collection  Science  et  Religion).  —  Prix  : 
1  fr.  20. 

Ce  petit  volume,  qui  atteste  chez  son  auteur  une  connaissance  appro- 
fondie du  sujet,  est  divisé  en  deux  parties  :  la  première  s'arrête  à  Henri  VIII  ; 
la  seconde  à  l'année  1829,  date  du  bill  qui  émancipe  les  catholiques 
anglais.  Le  chapitre  le  plus  important  est  intitulé  :  «  État  des  esprits  à 
l'aïu'ore  du  xvi'^'  siècle;  «  c'est  là  que  l'auteur  essaie  de  caractériser  les  causes 
de  la  Réforme  anglaise.  Il  n'admet  pas  que  cette  réforme  «  ait  poussé  dans 
une  nuit  comme  un  champignon  »  (p.  82);  mais  il  se  défie  beaucoup  des 
historiens  «  déterministes  »,  auxquels  il  reproche  «  de  plier  trop  souvent 
les  événements  à  leur  thèse  )>  (p.  72).  C'est  entre  ces  deux  extrêmes 
qu'il  essaie  de  trouver  une  solution  moyenne,  et  ses  conclusions  sont  de 
nature  à  satisfaire  les  apologistes  les  plus  exigeants.  P. 


—  461  — 

Les  Convertis  «l'hser.  Franrois  Coppée,  Ad.  Relte,  J.-K .  Huysinans,  Paul 
BonrçfeA,  Ferdinand  Bi-unelière,  par  ALEXIS  Crosnibb.  Paris,  Beauchesne, 
19  H,  iii-lO  de  V[i[-8U  p.  —   i'rix  :  1  l'r. 

Ce  petit  livre  fait  partie  de  la  collection  Apologétique  vivanlc  et 
il  y  fait  vraiment  très  bonne  figure.  L'apologétique  vivante  est,  je  ne 
dis  pas  la  meilleure,  mais  probablement  la  plus  efficace  et  la  plus 
féconde  de  tcaites  les  méthodes  d'apologétique  :  tout  au  moins,  plus 
facilement  accessible  à  la  généralité  des  âmes,  elle  entraîne,  par 
l'évocation  des  bons  exemples,  les  hommes  très  nombreux  à  qui  ne 
suffiraient  pas  les  bonnes  raisons.  Ce  qui  ne  veut  pas  dire  d'ailleurs  que  les 
bons  exemples  ne  soient  pas  aussi  dans  une  large  mesure  de  très  bonnes 
raisons.  Que  des  homnîes  de  la  valeur  intellectuelle  de  Coppée,  de  Retté, 
de  Huysmans,  de  Bourget,  de  Brunetière,  aient  fini,  après  des  années 
d'indifférence  et  même  d'hostilité,  par  donner  leur  adhésion  à  la  vérité 
catholique  et  à  la  prendre  pour  règle  de  leur  vie,  c'est  un  argument  sérieux 
à  l'appui  de  nos  croyances  cfui  se  sont  imposées  à  ces  grandes  âmes,  c'est 
surtout  un  exemple  bienfaisant,  d'autant  plus  efficace  qu'il  nous  vient  de 
plus  haut.  Et  voilà  la  leçon  que  M.  l'abbé  Crosnier  a  voulu  tirer  de  ces 
conversions  retentissantes,  en  analysant,  avec  autant  de  finesse  que  d'élo- 
-quence,  les  raisons  déterminantes  de  chacune  d'elles  et  en  traçant  comme 
leur  courbe  d'évolution,  des  inquiétudes  du  début  aux  certitudes  et  aux 
joies  de  la  victoire.  Sur  son  chemin  l'auteur  rencontre  un  mauvais  livre 
fait  précisément  dans  une  intention  contraire  et  ayant  pour  objet  d'en- 
lever toute  valeur  démonstrative  à  ces  triomphes  de  la  foi.  11  le  discute  et 
le  réfute  avec  autant  de  courtoisie  que  de  vigueur  et  il  conclut  en  remerciant 
Dieu  «  qui,  des  chemins  de  l'erreur  où  elles  s'étaient  égarées,  ramène  de 
hautes  intelligences  au  chemin  de  la  vérité,  au  foyer  de  l'Église  catho- 
licjue,  pour  être,  à  la  fois,  et  un  argument  victorieux  en  sa  faveur,  et,  dans  le 
combat,  de  très  précieux  auxiliaires  ».  Je  recommande  bien  volontiers  cet 
excellent  petit  livre.  Edouard  Poîn'tal. 


Une     ﻫ'Ile     Ame.   llisto!i-c     riit^nie     do    Jean     <le    Itocliex^ieille,    par 

Hen'ry  Calhiat.  Tours,  Cattier,  s.  d.,  gr.  in-8  de  303  p.,  avec  grav.  — 
Prix  :  2  fr.  50. 

«  Ce  livre,  dit  l'auteur  dans  sa  Préface,  n'est  pas  autre  chose  que  le  por- 
trait d'une  âme,  d'une  âme  naive  et  chrétienne,  qui,  presque  tous  les  jours, 
s'amuse  à  se  peindre  dans  les  pages  de  son  journal.  » 

Le  héros  de  ce  beau  livre  mourut  poitrinaire  à  vingt-cinq  ans,  vers  1880, 
dans  le  château  de  ses  pères,  en  Quercy.  Il  était  tout  à  la  fois  homme  d'esprit  et 
homme  de  cœur.  Lapar. 


Clïl^  UNIQUE 

NÉCROLocrE.  —  M.  Paschal  Grousset,  journaliste  et  écrivain,  ancien 
membre  de  la  Commune,  député  de  la  Seine,  est  mort  à  Saint-Mandé,  le 
10  avril,  à  64  ans.  Né  à  Corte,  en  Corse,  le  7  avril  1845,  M.  Paschal  Grousset 
vint  étudier  la  médecine  à  Paris;  mais,  attiré  par  le  journalisme,  il  débuta 
dans  VÉtendard,  feuille  bonapartiste,  par  des  articles  scientifiques,  puis 
passa  au  Figaro,  où  il  publia  des  romans  sous  le  nom  de  Léopold  Virey, 
et  des  chroniques  sous  celui  de  Docteur  Blasius.  Cependant,  l'opposition 
qu'il  faisait  à  l'Empire  le  plaça  bientôt  aux  côtés  de  M.  de  Rochefort,  qu 
en  fit  le  rédacteur  en  chef  de  la  Marseillaise    qu'il  venait  de  fonder.  Il 


—  462  — 

collaborai!;  à  la  môme  époque  au  journal  la  Revanche.  C'est  à  la  suite  d'une 
violente  polémique  entre  cette  feuille  et  V Ai'enir  de  la  Corse,  organe  du 
prince  Pierre  Bonaparte,  qu'eut  lieu  ce  fameux  drame  d'Auteuil  qui  se 
termina  par  la  mort  de  Victor  Noir,  et  dont  les  conséquences  furent  si 
considérables  non  seulement  pour  M-.  Paschal  Grousset,  qui  avait  provoqué 
le  prince,  mais  aussi  pour  l'Empire  qui  vit  s'accroître  dès  lors  Fagitation 
républicaine.  Après  la  révolution  du  4  septembre,  M.  Grousset,  qui  avait 
pris  la  direction  de  la  Marseillaise,  fonda,  au  moment  de  Finsurrection  du 
18  mars,  trois  journaux  éphémères,  V Affranchi,  la  Bouche  de  fer  et  la 
Nouvelle  République,  et  devint  un  des  membres  les  plus  actifs  de  la  Com- 
mune. Arrêté,  après  les  succès  de  l'armée  de  Versailles,  il  fut  condamné  à 
la  déportation  dans  la  Nouvelle-Calédonie.  Le  20  mars  1874,  il  s'évada,  en 
compagnie  de  M.  H.  de  Rochefort  et  réussit  à  gagner  l'Angleterre,  d'où 
il  ne  put  rentrer  en  France  qu'après  l'amnistie  de  1881.  Aux  élections  légis- 
latives de  la  même  année,  il  se  porta  candidat  en  Corse  contre  Emmanuel 
Arène,  mais  échoua.  Ce  n'est  qu'en  1892  qu'il  se  présenta  de  nouveau 
devant  les  électeurs,  et  cette  fois  dans  le  département  de  la  Seine.  Il  fut 
élu  et  son  mandat  lui  fut  renouvelé  aux  élections  de  1898,  1902  et  1906. 
Il  siégeait  à  la  Chambre  dans  le  groupe  socialiste  et  fut  un  des  promoteurs  et 
un  des  soutiens  de  la  politique  du  ministère  Combes.  En  dehors  de  sa  colla- 
boration aux  journaux  mentionnés  plus  haut,  M.  Paschal  Grousset  avait 
publié  sous  l'Empire  :  Le  Bilan  de  Vannée  1868,  politique,  littéraire,  dra- 
matique, artistique  et  scientifique  (Paris,  1869,  in-12),  avec  MM.  Ranc,  Casta- 
o;narv  et  F.  Sarcey;  —  La  Conspiration  du  générât  Malet,  d'après  les  docu- 
ments authentiques  (Paris,  1869,  in-12);  —  Les  Origines  d'une  dynastie.  Le 
coup  d'État  de  brumaire  an  VIIL  Étude  historique  (Paris,  1869,  in-12);  — 
La  Régence  de  Décembrostein,  vaudeville  politique  en  cinq  actes  (Paris, 
1869,  in-o2):  —  Le  Rêve  d'un  irréconciliable  (Paris,  1869,  in-18);  —  Le 
26  octobre  (Paris,  1869,  in-18).  Un  seul  de  ses  ouvrages,  les  Condamnés 
politiques  en  Nouvelle-Calédonie,  récit  de  deux  évadés  (Genève,  1876,  in-8}, 
écrit  en  collaboration  avec  M.  Jourde,  rappelle  le  rôle  qu'il  a  joué  dans  la 
Commune.  Pendant  son  séjom*  en  Angleterre,  il  avait  envoyé  au  Temps, 
sous  le  nom  de  Philippe  Daryl,  d'abord  des  correspondances  anglaises» 
puis  des  romans  traduits  de  l'anglais,  tels  que  Polly,  la  Légende  de  Godiva, 
l'Enquête  du  Coroner,  en  1877,  et  En  Yacht,  en  1879,  ce  dernier  publié 
plus  tard  en  volume  (Paris,  1890,  in-4).  Sous  le  même  nom  il  a  donné  encore, 
après  son  retour  en  France,  les  volumes  suivants  :  La  Vie  partout  (La  Vie 
publique  en  Angleterre,,  les  Anglais  en  Irlande,  la  Petite  Lambton,  etc.) 
(Paris,  1884-1888,  4  vol.  in-12);  —  Histoire  de  deux  enfants  de  Londres 
(Paris,  1891,  in-8),  etc.  Sous  le  pseudonyme  de  Tiburce  Morazy,  il  a  com- 
posé :  Un  Ménage  royal.  Chronique  d'Angleterre  (Paris,  1882,  in-18),  tra- 
duit de  l'anglais,  Le  Chef  au  bracelet  d'or  du  capitaine  Mayne-Reid,  et 
édité  :  Les  Lettres  du  général  Gordon  à  sa  sœur,  écrites  du  Soudan,  avec  une 
notice  historique  et  biographique  (Paris,  1884,  in-18),  etc.  Enfin,  M.  Grousset 
qui,  grand  admirateur  des  mœurs  anglaises,  était  devenu  un  des  plus  actifs 
promoteurs  de  la  réforme  de  l'éducation  physique  par  les  jeux  sportifs, 
a  écrit  sous  le  nouveau  pseudonyme  d'André  Laurie,  que  lui  avait  imposé 
son  éditeur,  J.  Hetzel,  toute  une  série  d'ouvrages  relatifs  à  la  vie  scolaire 
et  de  romans  d'aventures  à  l'usage  de  la  jeunesse,  parmi  lesquels  nous 
citerons  :  Scènes  de  la  vie  de  collège  dans  tous  les  pays  (Paris,  1881,  in-8  et 
in-18)  ;  —  Mémoires  d'un  collégien  (Paris,  1882,  in-8  et  in-18);  —  Une  Année 
de  collège  à  Paris  (Paris,  1883,  in-8)  ;  —  Histoire  d'un  écolier  hanovrien  (Paris, 


-    463   — 

1884,  in-8);  —  Tito  le  Florentin  (Paris,  1885,  in-8);  —  Autour  d'un  lycée 
japonais  (Paris,  1886,  in-8);  —  Le  Bachelier  de  Séville  (Paris,  1887,  in-8);  — 
Mémoires  d'un  collégien  russe  (Paris,   1889,  in-8);  —  Axel  Ebersen  (Paris, 

1894,  in-8);  — •  L'Héritier  de  Robinson  (Paris,  1884,  in-4);  —  L'Épave  du 
C/yni/ua  (Paris,  1885,  in-4),  avec  Jules  Verne;- —  Le  Capitaine  Trafalgar 
(Paris,  1886,  in-8);  —  Les  Exilés  de  la  terre,  Séléné  and  Company  liinited 
(Paris,  1888,  in-8);  —  De  New  York  à  Brest  en  sept  heures  (Paris,  1889, 
in-8);  — •  Le  Rubis  du  Grand  Lama  (Paris,  1892,  in-8);  —  Atlantis  (Paris, 

1895,  in-12);  —  Les  Chercheurs  d'or  de  V Afrique  orientale  (Paris,  1899, 
in-8). 

—  L'illustre  romancier  Marion  Crawford  est  mort  le  9  avril  à  Sant 
Agnello-di-Sorrente,  en  Italie,  à  l'âge  de.  55  ans.  Frank  Marion  Crawford 
(■tait  né  le  21  août  4854  à  Bagni-di-Lucca,  dans  le  duché  de  Lucques.  Son 
père  était  un  sculpteur  américain  de  grand  talent.  Elevé  en  Amérique,  puis 
en  Angleterre,  au  Trinity  Collège  de  Cambridge,  il  vint  ensuite  étudier  le 
sanscrit  à  l'Université  de  Rome  et  partit  pour  les  Indes  où,  de  1879  à  1881, 
il  dirigea  le  journal  VIndian  Herald  d'Allahabad.  Il  se  rendit  ensuite  da 
nouveau  en  Amérique,  mais,  en  1883,  il  termina  cette  vie  errante  en  retour- 
nant en  Italie,  où  il  se  fixa  définitivement  près  de  Sorrente,  sur  les  bords  du 
golfe  de  Naples.  En  dehors  de  son  premier  ouvrage,  M.  Isaacs,  qui,  publié 
en  1882,  avait  attiré  sur  lui  l'attention,  c'est  là  qu'il  a  écrit  la  plupart  de 
ses  romans,  dont  le  nombre  s'élève  à  une  quarantaine  environ,  entre  autres  : 
Le  Docteur  Claudius  (1883);  —  L'Histoire  d'une  cure  solitaire  (1886);  — 
Le  Crucifix  de  Marzio  (1887);  —  Paul  Patoff  (1887),  etc.,  etc.  Marion 
Crawford  avait  composé  également  un  drame,  Francesca  da  Rimini,  qui 
fut  traduit  en  français  par  Marcel  Schwob  et  joué  en  1902  par  Sarah  Bern- 
hardt. 

—  On  annonce  encore  la  mort  de  MM.  Tabbé  Félix  Botton,  chanoine 
honoraire  de  Lyon,  ancien  directeur  de  l'Institution  des  Chartreux,  ancien 
supérieur  du  petit  séminaire  de  l'Argentière,  mort  au  commencement  d'avril, 
à  83  ans; —  Adolphe  Bouit,  administrateur  du  journal  V Aurore  depuis  sa 
fondation,  ancien  membre  de  la  Commune,  mort  à  Paris  au  milieu  d'avril, 
à  73  ans;  —  Auguste  Bourceret,  rédacteur  à  V Action,  ancien  rédacteur 
de  la  Lanterne,  et  du  Petit  Méridional,  membre  de  l'Association  des  jour- 
nalistes parisiens,  mort  à  Paris,  au  commencement  d'avril;  —  Eugène 
C.arriot,  inspecteur  honoraire  d'académie,  directeur  honoraire  de  l'en- 
seignement primaire  de  la  Seine,  mort  à  Paris,  à  la  fin  d'avril,  à  80  ans;  — 
l'abbé  CAS.A.BIANCA,  curé  de  Notre-Dame  de  Bonne-Nouvelle,  à  Paris, 
qui  a  collaboré  à  la  Revue  des  questions  historiques,  à  la  Revue  du  Monde 
catholique,  à  la  Revue  des  études  historiques  et  qui,  indépendamment  d'une 
Histoire  de  Notre-Dam.e  de  Bonne-Nouvelle,  a  publié  une  importante  étude 
sur  Christophe  Colomb  et  divers  ouvrages  d'édification,  mort  à  Arcachon 
(Gironde),  le  25  mars,  dans  sa  67^  année;  —  Gustave  Clément-Simon, 
auteur  d'un  grand  nombre  de  publications  historiques,  parmi  lesquelles 
nous  rappellerons  seulement  :  Un  Conseiller  du  roi  François  I^^.  Jean  de 
Selves,  premier  président  du  Parlement  de  Paris,  négociateur  du  traité  de 
Madrid  (Paris,  1903,  in-8.  Extr.  de  la  Revue  des  questions  historiques); 
Recherches  de  l'histoire  civile  et  municipale  de  Tulle  avant  l'érection  du  Con- 
sulat (Tulle,  1904-,  in-8);  Documents  sur  l'histoire  du  Limousin  tirés  des 
archives  du  château  de  Bach,  près  Tulle  (Brive,  1904,  in-8)  et  la  Comtesse  de 
Valon,  Apollonie  de  la  Rochelambert,  souvenirs  de  sa  vie,  sa  famille,  ses  amis^ 
ses    correspondants    (Paris,     1909,     in-8),     mort    à    Paris,     le     l"^"'"    février 


—  4IJ4   — 

ilernier,  à  Tâge  de  74  ans;  —  Chevaux,  proviseur  du  lycée  Hoche, 
à  Versailles,  mort  en  cette  ville,  le  22  avril;  — ^'  Léon  Derville, 
professeur  de  clinique  médicale  et  de  dermatologie  à  l'Université  catho- 
lique de  Lille,  médecin  à  Fliôpital  de  la  Charité,  mort  à  LiUe,  le  24  avril,  à 
50  ans;  —  François. Escard,  bibliothécaire  du  prince  Roland  Bonaparte, 
mort  à  Paris,  vers  le  milieu  d'avril;  ■ —  l'abbé  de  Foville,  ancien  élève  de 
l'École  polytechnique,  ancien  directeur  au  séminaire  d'Issy,  directeur  do 
l'Ecole  supérieure  de  théologie  de  Paris,  qui  a  concouru  à  la  fondation  du 
séminaire  de  l'Institut  cathohque  de  Paris  et  de  l'Université  Laval  de 
Montréal  (Canada),  mort  à  Paris,  le  11  avril,  dans  sa  70^  année;  —  M™'^ 
Marguerite  Hébert,  auteur  d'ouvrages  pédagogiques  et  notamment  d'un 
traité  de  prononciation  française,  morte  à  Londi'es,  à  la  fm d'avril,  à 59  ans; 

—  Georges  Husson,  auteur  de  trois  pièces,  dont  l'une  :  Aux  souffles  du 
printemps^  avait  obtenu  du  succès  sm'  la  scène  du  Nouveau  Théâtre  d'Art, 
mort  à  Paris,  le  24  avril,  à  l'âge  de  29  ans;  —  B.  Jacob,  professeur  aux 
Ecoles  normales  supérieures  de  Sèvres  et  de  Fontenay-aux-Roses,  mort 
à  Paris,  au  commencement  d'avril;  —  Pierre  de  Jonckheere,  directeur 
du  journal  le  Kinéma,  organe  des  cinématographes,  mort  à  Paris,  au  com- 
mencement d'avril,  à  60  ans;  —  Georges  Lefebvre,  président  de  la  Chambre 
de  commerce  de  Paris,  auteur  de  nombreux  mémoires  sur  les  questions  de 
douanes  et  de  voies  de  communication,  mort  à  Cannes,  le  25  avril,  à  55  ans; 

—  le  R.  P.  Portalié,  de  la  Compagnie  de  Jésus,  professeur  de  théologie 
positive  à  l'Institut  catholique  de  Toulouse,  auteur  de  travaux  remarquables 
sur  saint  Augustin,  mort- le  21  avril,  à  Amélie-les-Bains;  • —  le  chanoine 
QuiNAuLT,  administrateur  de   la  Croix  du  Nivernais,  mort  à  l^âge  de  70  ans; 

—  Alfred  Robaut,  graveur  distingué,  qui  avait  publié  quelques  ouvrages 
sur  des  questions  d'art,  notamment  :  L'Œuvre  complet  d'Eugène  Delacroix 
Peintures,  dessins,  gravures,  lithographies  (Paris,  1885,  in-4),  mort  à  Paris, 
dans  le  commencement  d'avril,  à  79  ans;  —  Rousselet,  administrateur  du 
journal  La  Patrie,  mort  au  commencement  d'avril;  —  Paul  Soleilhac, 
rédacteur  à  VExpress  de  Lyon,  ancien  rédacteur  en  chef  de  la  Gazette  d'An- 
nonay,  mort  à  Vénissieux  (Rhône),  le  22  avril,  dans  sa  43^  année  ;  —  Alexan- 
dre ViTALis,  membre  correspondant  de  la  Société  des  antiquaires  de 
France,  mort  à  Lodève  (Hérault),  au  commencement  d'avril,  à  53  ans, 
lequel  a  publié  :  Une  Page  de  l'histoire  du  diocèse  de  Lodève.  Le  Prieuré  de 
Saint- Michel  de  Grandmont  (Montpellier,  1896,  in-4). 

—  A  l'étranger,  on  annonce  la  mort  de  MM.  Emil  Arleth,  professeur 
de  philosophie  à  l'Université  autrichienne  d'Innsbruck,  mort  en  cette  ville, 
le  9  mars,  à  53  ans;  —  Eginhard  von  Barfus,  ancien  officier  prussien,  qui 
avait  servi  également  dans  l'armée  que  les  Pays-Bas  entretiennent  dans 
les  Indes,  mort  dernièrement  à  Munich,  à  83  ans,  lequel  a  consigné  ses 
souvenirs  de  voyages  dans  un  certain  nombre  de  nouvelles  telles  que  : 
Vom  Kap  nach  Deutsch- Afrika.  StreifziXge  nach  einem  Verschollenen.  Der 
reiferen  Jugend  erzaehlt  (Stuttgart,  1886,  in-8)  et  Durch  aile  Meere.  Denk- 
a-ûrdige  Abenteuer  einer  jungen  Matrosen  auf  seiner  Erstlingreise  (Stuttgart, 
1889,  in-8);  —  Sir  Rowland  Blennerhassett,  écrivain  anglais,  mort  der- 
nièrement à  Londres,  à  70  ans;  -^  la  baronne  Frieda  von  Bulow,  femme 
de  lettres  allemande,  morte  le  12  mars,  à  léna,  à  55  ans,  laquelle  a  laissé  de 
nombreux  romans,  entre  autres  :  Einsame  Frauen.  Novellen  (Berlin,  1897, 
in-8);  Wir  von  heute.  Zwei  Erzâhlungen  (Dresde,  1898,  in-8),  et  Anna  Stem 
Roman  in  2  Biichern  (Dresde,  1898,  in-8;)  • —  Dr.  Ernst  Carlson,  professeur 
d'histoire    suédois,    mort   dernièrement    à   Stockholm;  —    l'abbé   Victor 


■> 


—  465  - 

De  MARTE  AU,  archéologue  très  distingué,  ancien  préfet  de  l'externat  du 
collège  Saint-Quirin,  à  Huy  (Belgique),  mort  à  Vivegnis,  le  9  avril,  à  l'âge 
de  62  ans;  —  le  comte  Adalbert  Dziedusvcki,  écrivain  allemand,  auteur 
d'ouvrages  sur  l'esthétique  et  la  philosophie  de  l'art,  mort  dernièrement  à 
Vienne,  à  61  ans;  —  Dr.  Hermann  Ebbinghaus,  professeur  de  philosophie 
à  l'Université  allemande  de  Halle,  mort  en  cette  ville,  le  26  février,  à  59  ans, 
auquel  on  doit  d'importants  ouvrages,  tels  que  :  Grundziige  cler  Psycho- 
logie (Leipzig,  1897,  in-8)  et  Ueber  eine  neue  Méthode  zur  Priifung  geistlichen 
Fàhigkeiten  und  ihre  Anwendiing  bei  Schulkindern  (Hambourg,  1897,  in-8); 

—  Friedrich  Elbogen,  écrivain  autrichien,  mort  à  Vienne,  le  15  avril,  à 
55  ans,  lequel  a  publié,  entre  autres  ouvrages  :  Ein  Skizzenbuch  (Vienne, 
1895,  in-8);  Die  neue  Schule.  Eine    Gerichtssaalstudie  (Vienne,  1898,  in-8); 

—  le  R.  P.  FiCHELET,  de  la  Compagnie  de  Jésus,  qui  a  exercé  les  fonctions 
de  régent  et  de  professeur  au  collège  Saint-Servais,  à  Liège,  mort  à  Bruxelles, 
le  26  avril,  à  l'âge  de  42  ans;  —  Dr.  Persifor  Frazer,  géologue  américain, 
mort  dernièrement  à  Philadelphie,  à  65  ans;  —  Wilhelm  Frey,  musicologue 
autrichien,  mort  à  Vienne,  le  16  avril,  à  75  ans;  —  Arthur  Gamgee,  le  dis- 
tingué naturaliste  anglais,  auteur  de:  Physiological  Chemistry oj the  Animal 
Bodij  (1893),  mort  le  l^r  avril;  —  Rudolf  von  Gottschall,  écrivain  et 
romancier  allemand,  mort  le  21  mars,  à  Leipzig,  à  89  ans,  lequel  laisse  un 
grand  nombre  de  volumes,  entre  autres  :  Bunte  Bliithen.  Gedichte  (Breslau, 
J891,  in-8);  Gedanken- Harmonie  aus  Goethe  und  Schiller.  Leben  und  Weis- 
heitsspriichc  auf:  den  Werken  (Leipzig,  1893,  in-8);  Eine  diechterlicte.  Erzaeh- 
lung  (Dresde,  1894,  in-8),  etc.;  —  Pierre  Haeck,  ancien  directeur  de  l'École 
industiielle  catholique  de  Turnhout  (Belgique),  professeur  à  l'École  moyenne 
de  C'?tte  ville,  mort  à  Turnhout,  le  26  avril; —  Dr.  Rudolf  Haug,  professeur 
de  thérapeutique,  pour  les  maladies  des  oreilles,  à  Munich,  mort  en  cette 
ville,  le  15  avril,  à  49  ans,  auquel  on  doit  entre  autres  volumes  :  Die  Grund- 
ziige einer  hygienischen  Prophylaxie  der  Ohrentzundungen  unter  besonderen 
Berilcksicht  der  allgemeinen  hygienischen  Massnahmtn  (léna,  1895,  in-8) 
et  Ueber  dos  Cholestcatom  der  Mittelohrràume.  Ein  Ueberblick  uebcr  den 
gegenivaertigen  Stand  der  Cholesteatomfrage  nebst  einen  eigenen  neuen  Beo- 
bachtungen  zur  Genèse  dieser  Bildung  (léna,  1895,  in-8);  —  Dr.  Julius  von 
Hautz,  vice-président  de  l'Académie  hongroise,  mort  le  27  mars,  à  Buda- 
pest, à  79  ans;  —  Anton  Hess,  professeur  de  plastique  à  l'École  technique 
supérieure  de  Munich,  mort  le  12  avril,  en  C3tte  ville;  -^  Frederick  Edward 
Hulme,  naturaliste  et  archéologue  anglais,  mort  le  11  avril,  à  68  ans,  lequel 
laissa  de  nombreux  ouvrages  de  vulgarisation,  notamment  :  Familiar  Wild 
Flowers \  Butterfly  and  Moths  of  the  Country-Side;  Natural  History  Lore  and 
Legend;  The  Principles  of  Ornamental  Art  Instruction  in  En  gland;  — 
Henry  Holdex  ancien  directeur  de  !'«  Uppingham  School  »  et  de  la 
«  Durham  Grammar  School  »,  qui  a  fait  paraître,  en  1849,  The  Symbolical 
Teaching  of  the  Sanctuary  et  a  contribué  à  la  publication  de  la  Sabrinac 
Corolla,  mort  le  2  avril,  à  94  ans;  —  Dr.  William  Jones,  explorateur  amé- 
ricain, auteur  de  Mémoires  relatifs  à  ses  voyages,  mort  dernièrement  dans 
les  îles  Philippines,  à  l'âge  de  34  ans;  —  Dr.  Kielmeyer,  écrivain  allemand, 
auteur  d'ouvrages  sur  le  droit,  mort  à  Stuttgart,  le  12  avril,  à  l'âge  de 
77  ans;  — Ernst  Klasing,  éditeur  allemand,  mort  dernièrement  à  Heidel- 
berg,  à  66  ans;  —  Stefan  von  Kotze,  écrivain  allemand,  mort  à  Berlin,  le 
12  avril,  à  40  ans,  lequel  a  publié,  entre  autres  ouvrages  :  Fern  im  Siid, 
Australische  Skizzen  (Berlin,  1902,  in-8)  ;  Der  letzte  Mann.  Ein  Cyklus  (Berlin, 
1902,  in-8);  - —  Alexander  Krakau,  professeur  d'électrochimie  à  Saint- 

iMai  1909.  T.  CXV.  30. 


—  'ir.6  — 

Péiersbourg,  mort  dernièrement  en  cette  ville;  —  Dr.  Edouard  Kufferath, 
professeur  de  gynécologie  à  Bruxelles,  mort  en  cette  ville,  le  4  avril,  à  56  ans; 
—  Guillaume  Lambert,  géologue  belge,  mort  à  Bruxelles,  le  22  février,  à 
92  ans;  —  M™^  Elinor  Macartney  Lane,  femme  de  lettres  américaine,  qui  a 
écrit  quelques  romans  devenus  populaires  aux  États-Unis  :  Mills  of  Gnd 
(1901),  Nancy  Stair  (1904),  et  récemment  :  Katrine,  morte  peu  de  temps 
après  la  publication  de  ce  dernier  volume;  —  Georg  Lawerau,  archéologue 
allemand,  mort  dernièrement  à  Stettin;  — David  Lewis,  écrivain  anglais, 
qui  a  consacré  toute  son  énergie  à  lutter  contre  l'alcoolisme  par  la  publi- 
cation d'ouvrages    tels  que  :  Hislory  of  the  Tempérance  Mocement  in  Scot- 
land;   The  Drink  Problem;   The  Drink  Trade,  etc.,  mort  à  Edimbourg,  le 
13  avril,  à  87  ans;  —  Dr.  E.  Loviagiiv,  professeur  de  grec  à  Saint-Péters- 
bourg, mort  en  cette  ville,  le  9  avril,  à  87  ans;  —  Dr.  Richard  Mahrenholz, 
historien  allemand,  mort  dernièrement  à  Dresde,  à  60  ans,  lequel  laisse 
divers  ouvrages  la  plupart  sur  des  sujets  d'histoire  et  de  littérature  fran- 
çaises, notamment   :    Geschichte  d£r  ersten  jranzoesischcn  Révolution.   Ihre 
Entwickehmg  bis  zur  Aufioesung  des  Convents,  1789-1795     (Leipzig,  1888, 
in-8);  Jean-Jacnues  Rousseau.  Lehen,  Geistesentwickelung  und  Hauphverke 
(Leipzig,   1889,   in-8);   Jeanne  Darc  in    Geschichte.  Légende,  Dichtung  auj 
Grund   neuerer   Forschung   (Leipzig,    1890,    in-8);    —   D.    A.     Mansfeld^ 
auteur  dramatique  russe,  mort  dernièrement  à  Moscou  ;  —  Dr.  Karl  Marold, 
philologue  allemand,  mort  à  Kœnigsberg  (Prusse),  le  18  mars,  à  59  ans;  — 
August  Mau,   archéologue   allemand,   ancien  professeur  du  gymnase   de 
Gliickstadt,  mort  à  Rome,  ie  6  mars,  à  69  ans,  lequel  était  attaché  à  l'Ins- 
titut archéologique  allemand  de  Rome,  et  s'était  fait  connaître  par  de  nom- 
breux et  excellents  ouvrages  sur  la  ville  de  Pompéi,  tels  que  :  Fûhrer  durch 
Pompeji  (Leipzig,  1898,  in-12)  et  Pompeji  in  Leben  und  Kunst  (Leipzig, 
1900,  in-8);  —  le  R.  P.  Hector  Nimal,  ancien  professeur,  à  qui  l'on  doit 
diverses  études  historiques  et  hagiographiques,  mort  à  Saint-Trond  (Bel- 
gique), à  l'âge  de  59  ans;  —  Richard  Owen,  poète  écossais,  mort  dernière- 
ment à  Glasgow;  —  Alexandre  Perrochet,  professeur  de  théologie,  rec- 
teur de  l'Académie  de  Nauenbourg  (Suisse),  mort  dernièrement  en  cette 
ville,  à  64  ans;  —  Alexander  Ramsay,  journaliste  et  écrivain  écossais,  qui 
fut  pendant  62  ans  l'éditeur  du  Banfshire  Journal  et  qui  a  publié  divers 
ouvrages  sur  l'agriculture  et  l'élevage  du  bétail  en  Ecosse,  entre  autres  : 
The  Polled  Herd  Book,  mort  au  commencement  d'avril,  à  87  ans; —  Dr.  Karl 
VON    Reinhardstoettner,    le    distingué   romaniste    bavarois,    professeur 
honoraire  de  langues  romanes   à  l-'Ecole  technique  supérieure  de  Munich, 
auteur  d'une  grammaire  portugaise  et  d'une  excellente  édition  critique  des. 
oeuvres  de  Camoens,  mort  à  Munich,  le  l'5''a\Til.  à  62  ans;  —  AntoninREZEK, 
historien  et  homme  d'État  tchèque,  à  qui  l'on  doit,  entre  autres  ouvrages  : 
UÉlection  et  le  couronnement  de  Ferdinand  I*^^  comme  roi  de  Bohême  (1877); 
Histoire  de  la  Bohême  et  de  la  Moravie  pendant  la  période  moderne.,  et  qui  a 
publié  de  nombreux  articles  dans  diverses  revues  tchèques  et  allemandes, 
mort  à  Prague,  le  4  février,  à  l'âge  de  56  ans;  —  Ernst  Otto  Rodnagel, 
musicologue  allemand,  mort  dernièrement  à  Berlin,  à  39  ans;  —  Dr.  Fritz 
Roemer,  directeur  du  Musée  d'histoire  naturelle  de  Senckenberg,   mort 
dernièrement  à  Francfort-sur-le-Mein;    — •   Rentner  Karl  Roettgen,  fon- 
dateur du  Musée  des  antiquités  de  la  région  du  Rhin,  mort  dernièrement  à 
Bonn;  —  Dr.  Paul  von  Staelix,  directeur  des  aichives  royales  du  Wur- 
temberg, mort  à  Stuttgart,  le  2  avril,  à  68  ans;  —  Dr.  HermannvoN  Stahl, 
professeur  de  mathématiques  à  l'Université  allemande  de    Tubingue.  moit 


—  467   - 

en  cette  ville,  le  6  avril,  à  65  ans; —  Karl  Straup,  diiectenr  du  théâtre 
d'Erfurth  et  auteur  d'un  certain  nombre  de  comédies,  mort  le  14  mars,  à 
58  ans;  —  Frederick  Strutt,  le  plus  jeime  fils  de  feu  Lord  Belper,  archéologue 
anglais,  président  de  la  «  Darbyshire  Archaeologica!  and  Natural  History 
Society  «,  auteur  d'intéressants  mémoires  insérés  dant  le  journal  de  cette 
société,  mort  dernièrement  à  66  ans;  —  Caspar  Sturenburg,  rédacteur  en 
chef  de  la  New  Yorker  Staatszeitimg,  mort  dernièrement  à  New  York,  à 
66  ans;  —  Algernon  Charles  Swinburne,  poète  anglais,  mort  le  10  avril,  à 
Putney  (Londres),  à  82  ans;  —  Charles  de  Trier,  administrateur  du 
journal  belge  la  Meuse,  dont  il  dirigea  longtemps  la  politique,  mort  à  Spa, 
le  13  avril,  dans  sa  79^  année;  —  Augustus  Toeteberg,  bibliophile  et  écri- 
vain américain,  mort  dernièrement  à  85  ans;  —  l'abbé  Edouard  Van 
Cauwenberghs,  vice-président  du  cercle  archéologique  d'Enghien,  à  qui 
l'on  doit  plusieurs  ouvrages  historiques,  mort  à'  Hérinnes-le'î-Enghien 
(Belgique),  le  6  avril,  à  l'âge  de  81  ans;  — le  R.  P.  Arthur  Van  den  Broeck 
de  la  Compagnie  de  Jésus,  ancien  professeur  à  Bruxelles  et  à  Aîost,  sa  ville 
natale,  fondateur  du  Bourdon  de  Pâques  (De  Paaschklok)  qui  avait  pour 
mission  de  rappeler  à  leurs  devoirs  les  chrétiens  négligeants  et  se  tirait  à 
un  nombre  considérable  d'exemplaires,  mort  à  Alost,  le  28  avril,  à  l'âge 
de  39  ans;  —  Dr.  Erns£  aus'm  Weerth,  archéologue  allemand,  ancien  di- 
recteur du  Musée  provincial  rhénan,  auteur  d'ouvrages  estimés,  tels  que  : 
Bad  der  roeinischen  Villa  bei  Alleuz;  Mosaikboden  von  St.  Gereon  zuCoeln; 
Wandnialereien  des  christlichen  MiUelalters  zu  Coeln,  mort  dernièrement  à 
Bonn,  à  80  ans;  —  le  vice-amiral  allemand  Reinhold  von  Werner,  auteur 
d'ouvrages  se  rapportant  presque  tous  à  la  marine  de  guerre,  tels  que  : 
Deutsches  Kriegsschijf  in  der  Siidsee  (Leipzig,  1889,  in-8)  et  Deutsches 
Kriegsschiffsleben  und  Seefahrkunst  (Leipzig,  1891,  in-8),  mort  dernière- 
ment à  Charlottenburg,  à  84  ans;  —  Dr.  Friedrich  Wiekhoff,  professeur 
d'histoire  de  l'art  à  l'Université  de  Vienne,  auteur  d'importants  ouvrages 
dans  lesquels  il  a  montré  quelle  influence  la  littérature  a  eue  sur  l'inspiration 
des  artistes  de  la  Renaissance,  mort  à  Venise,  le  7  avril,  à  56  ans. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres. 
—  Le  2  avril,  M.  Héron  de  Villefosse  décrit  une  inscription  découverte  par 
le  R.  P.  Delattre  en  Tunisie  et  relative  à  un  secrétaire  du  Sénat  romain 
sous  les  empereurs.  — .  M.  Cordier  entretient  l'Académie,  d'après  une  lettre 
du  général  de  Beylié,  du  rétablissement  du  pèlerinage  d'Angkor-Vat,  dans 
le  Cambodge.  —  M.  Delisle  parle  d'un  manuscrit  de  la  Bibliothèque  vati- 
cane  exécuté  pour  Blanche  de  France,  fille  de  Philippe  V,  cjui  entra  en 
religion  à  l'abbaye  de  Longchamps,  en  1318.  —  M.  Monceaux  termine  la 
lecture  de  son  mémoire  sur  les  donatistes.  —  M.  H.  Prost  lit  un  mémoire 
sur  la  forme  primitive  de  la  coupole  de  Sainte-Sophie  de  Constantinople.  — 
Le  7,  M.  G.  Villain  entretient  l'Académie  des  falsifications  que  les  reli- 
gieux de  Saint-Magloire  firent  subir  à  des  documents  royaux  les  concer- 
nant. —  M.  Ch.  Berger,  commentant  une  inscription  i>nnique  relative  à 
une  prêtresse  du  nom  d'Annibal,  fait  remarquer  que  l'aspiration  qui  com- 
mence ce  nom  est  très  adoucie  quand  il  s'agit  d'un  nom  de  femme.  —  M. 
Bernier  parle  d'un  manuscrit  épigraphique  provenant  de  la  collection  de 
l'intendant  Foucault.  —  Le  15,  M.  Héron  de  Villefosse  lit  un  rapport  de 
M.  le  curé  de  Sousse,  sur  des  fouilles  pratiquées  à  Hadrumète  dans  des 
catacombes  aut,  efois  occupées  pai'  les  chrétiens.  —  M.  Cagnat  donne  lec- 
ture d'un  mémoire  de  M.  le  docteur  Carton  sur  une  nécropole  berbère 
découverte  "fen  Tunisie.  —  M.  Millet  entretient  l'Académie  de  l'emploi  de 


—  468    - 

la  croix  par  les  iconoclastes,  et  d'une  inscription  relevée  enCappadoce  par 
M.  Grégoire.  —  M.  le  comte  Paul  Durrieu  lit  une  note  sur  la  Bible  caro- 
lingienne conservée  à  Saint-Paul  hors  les  Murs.  —  Le  23,  M.  le  clianoine 
Uh'sse  Chevalier  lit  un  travail  sur  Claude  Santeul,  frère  du  poète  Jean 
Santeul  et  poète  lui-même.  —  Mgr  Scheer  parle  du  poète  syriaque  Josepli 
Khazai  et  de  ses  œuvres  littéraires  retrouvées  à  Keert,  dans  la  Turquie 
d'Asie.  —  M.  Clermont-Ganneau  lit  un  commentaire  sur  un  monumeni 
élevé  à  Delos  à  Astarté  Palaistine  au  ii^  siècle  av.  Jésus-Christ.  —  M.  Héron 
de  Villefosse  parle,  d'après  les  travaux  de  M.  Ringelmann,  de  la  panifica- 
tion chez  les  anciens  et  démontre  que  le  pain  a  dû  être  un  objet  de  luxe  tant 
qu'on  n'a  pas  connu  les  moulins  à  grand  rendement  de  farine  tels  que  ceux 
découverts  à  Pompéi. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques. 
—  Le  7  avril,  M.  Boutroux  analyse  le  livre  offert  par  M.  Jacques  Bardoux 
et  intitulé  :  Silhouettes  d'Outre-Ma?iche.  —  Le  même  M.  Boutroux  lit  un 
chapitre  de  l'ouvrage  de  M.  Frédéric  Passy  :  Pour  la  paix.  —  M.  Chuquet 
raconte  la  camjiagne  de  1793  contre  les  Espagnols  dans  les  Pyrénées-Orien- 
tales, sur  le  plateau  de  Peyres  Tortes.  —  Le  24,  M.  Levasseur  présente 
la  statistique  des  batailles  livrées  depuis  1748  jusqu'à  nos  jours.  —  M.  Fré- 
déric Passy  continue  la  lecture  de  son  travail  sur  la' création  d'un  ministère 
de  l'agriculture  au  xviii^  siècle  et  l'enquête  faite  à  ce  sujet  par  Vincent  de 
Gournay,  intendant  du  commerce. 

Agenda    et    annuaire    des    bibliophiles.  —  Les    bibliophiles  feront 
bon  accueil   à  1  agenda  et    à  l'annuaire  que  j\L  G.-A.-E.  Bogeng  publie  à 
leur  intention.  L'Agenda  [Taschenbuch  des  Bucherfreundes  fur  1909.  Niko- 
lasse  bei  Berlin,  Max  Harrwitz,  in-8  oblong  de  159  p.)  est  un   carnet   des- 
tiné à  recevoir  au  jour  le  jour  la  mention  des  livres  acquis  par  le  collec- 
tionneur. Ce  carnet  est  précédé  et  suivi  d'un  double  tableau  1°  systéma- 
tique;   2°  statistique  de    la    collection;  le    tableau  systématique   devant 
fournir  l'état  des  livres  relatifs  à  telle  ou  telle  section  dont   se    compo.so 
la  collection  (beaux-arts,  Gœthe,  etc.),  le  tableau  statistique   fournissant 
un  relevé  des  li\Tes,  revues,  etc.  A  la  fin  de  chaque  trimestre  un  feuillet 
est  réservé  pour  dresser  le  bilan  do   la  collection.   Le   carnet  se  termine 
par  :  1°  une  liste  d'adresse;  2°  un  état  des  reliures;  3°  une  liste  de  deside- 
rata; 4°  une  autre  des  doubles;  5°  et  6°  un  état  des  hvres  empruntés   ou 
prêtés;  7°  un  état  des  suites;  8<*  un  état  des  défets.  L"n  appendice  contient 
des  renseignements  pratiques  (indication  de  livres  d'adresses,  de    biblio- 
graphies, etc;  notions   sur   le  service  postal,  sur   les  monnaies,  etc).  — 
L'Annuaire   (Jahrhuch    fur  Bûcher-Kunde    und  -  liebhaberhei.    l^r  Jahrg. 
1906.  Ibid.,  in-8  oblong  de  140-xn  p.)  qui  se  présente  comme  un  appen- 
dice (Beilage)  à  l'Agenda,  comprend  une  courte  notice  de   M.   Fedor  von 
Zobeltitz  sur  la  Société  des  bibliophiles  dont  il  est  actuellement  le  prési- 
dent et  une  esquisse  par  M.  G.-A.-E.  Bogeng  de  la  science  bibliophilique. 
Cette  esquisse,  très  clairement  écrite,  et  dans  laquelle  sont  condensées  unp 
masse  de  renseignements,  avec  de  nombreuses  références  qui  permettront 
à  qui  le  voudra  de  se  documenter  plus  à  fond  sur  chaque  matière,  rendra 
les  plus  précieux  services  au  collectionneur.  Dans  cinq  chapitres,  dont  le 
premier  (I)  forme  introduction,    M.  Bogeng  expose  tour  à    tour  (II)   les 
principes  de  la  connaissance  des  livres;  (III)  le  choix  des  livres;  (IV)  l'éta- 
blissement et  l'entretien  d'une  bibliothèque;  (V)  la  reliure  et   les  soins  à 
donner  aux  livres.  Le  collectionneur  trouvera  là  l'es-sentiel  de  ce  qu'il  lui 
faut  savoir  pour  se  diriger  dans  la  formation  et  l'entretien  de"  sa  collée- 


—  469  — 

tion.  Les  termes  employés  dans  le  commerce  des  livres  et  dans  l'industrie 
de  la  reliure  sont  donnés  non  seulement  en  allemand,  mais  en  français 
et  en  anglais,  et,  à  l'occasion,  en  italien;  une  règle  pour  la  détermina- 
tions des  formats  que  l'on  peut  détacher  et  coller  sur  carton,  accompagne 
l'Annuaire,  qu'orne  un  portrait  de  M.  Fedor  von  Zobeltitz.  L'impression 
faite  Hu  très  petits  caractères  est  néanmoins  très  nette  et  excellente, 
malgré  quelques  fautes  typographiques  (p.  52,  Assalineau  pour  Asselineau; 
p.  89,  vermoude  pour  vennomde;  p.  90,  Anerard  pour  Quérard,  etc.). 
L'Annuaire  de  1910  contiendra  la  suite  du  travail  de  M.  Bogeng  que  nous 
recommandons  une  fois  encore  aux  bibliophiles,  non  seulement  de  l'Alle- 
magne, mais  de  tout  pays. 

Paris.  —  Le  PnhjhihUon  a  rendu  compte  en  décembre  1907  (t.  CX, 
p.  484-485)  de  l'important  ouvrage  de  M.  André  Marty  :  L'Histoire  de 
Jeanne  d' Arc  d'après  les  documents  originaux  et  les  œuvres  d'art  du  xv^  au 
\\i^  siècle.  Ce  recueil  d'histoire  et  d'art  était  précédé  et  éclairé  d'une 
remarquable  Introduction  de  notre  très  distingué  collaborateur  M.  Marins 
Sepet,  dont  quelques  privilégiés  seuls  ont  pu  bénéficier  jusqu'à  présent.  Il 
n'en  sera  plus  ainsi;  car  la  voilà  lancée  dans  le  grand  public  sous  le  titre  : 
La  Bienheureuse  Jeanne  d'Arc,  son  vrai  caractère  (Paris,  Téqui,  1909,  in-12 
de  46  p.  —  Prix  :  0  fr.  50).  Nul  ne  connaît  mieux  l'héroïne  française  que 
M.  Sepet.  Son  travail  fait  ressortir  avec  autant  de  vigueur  que  d^  logique 
les  deux  traits  essentiels  de  la  physionomie  de  Jeanne  :  sa  réalité  vivante 
et  son  caractère  surnaturel.  Passant  en  revue  les  points  capitaux  de  son 
étonnante  carrière,  depuis  sa  mission  jusqu'à  son  martyre,  il  nous  la  fait 
voir  telle  qu'elle  est,  incontestablement  divine  et  profondément  vraie. 
Il  nous  montre  que  tout  en  elle  est  historique  et  qu'il  est  absurde  de  parler 
ici  de  légende.  D'inspiration  chrétienne  et  patrioticjue,  cette  suggestive 
étude  ne  s'appuie  que  sur  des  faits  certains  et  des  textes  authentiques. 
Il  faut  remercier  M.  Sepet  d'avoir,  grâce  à  son  petit  livre,  mis  à  même  les 
bons  Français  de  pouvoir  repousser  en  connaissance  de  cause,  ies  théories 
perverses  que  certains  écrivains  ont  récemment  mises  en  avant  à  propos 
de  la  vierge  lorraine,   qui  restera  toujours  la  plus  pure  gloire  de  la  France. 

—  Le  R.  P.  Eymieu  a  prononcé  sur  la  Bienheureuse  Sophie  Barat,  trois 
panégyriques,  à  Montpellier,  à  Marseille,  à  Besançon,  dans  lesquels  il  a 
exami^lié  avec  une  compétence  profonde,  un  rare  bonheur  d'expression  :  la 
Fondaïrice,  la  Protectrice,  et  le  Modèle.  Parmi  tous  les  discours  donnés  au 
sujet  t^es  Triduum  en  l'honneur  de  la  nouvelle  «  Bienheureuse  »  française, 
ceux-ci,  compteront  parmi  les  meilleurs  pour  la  forme  et  le  fond.  On  n'en 
saurait  trop  recommander  la  lecture;  on  trouvera  cette  plaquette,  nu  prix 
de  0  fr.  75,  à  Lyon,  imprimerie  Paquet  (in-8  de  71  p.).  —  Pour  le  premier 
anniversaire  de  cette  Béatification,  le  25  mai,  M.  Geoffroy  de  Grandmaison 
donne  au  public  une  vie  nouvelle  de  Madame  Barat.  Elle  paraît  à  la  librairie 
Lecoffre,  dans  la  collection  des  Saints,  et,  pour  aujourd'hui,  nous  nous  bor- 
nons à  l'annoncer.  La  Bienheureuse  Mère  Barat  (1779-1865),  présente  un 
résumé  complet  et  rapide  de  l'existence  intime  de  cette  grande  religieuse; 
ce  petit  livre  très  attendu  insiste  sur  son  rôle  d'éducatrice,  et  donne  une  syn- 
thèse vivante,  tout  àfait  opportune,  de  l'éducation  que  les  jeunesfdles  reçoi- 
vent dansles  couventsduSacré-Cœur.  Ce  tableau  intéresse  tous  les  catholiques 
et  ofïve  une  réponse  de  premier  ordre  au  problème  du  féminisme  et  de 
l'instruction  de  la  femme.  M.  Geoffroy  de  Grandmaison  a  puisé  les  éléments 
de  son  étude  dans  les  archives,  les  documents  les  plus  probants  du  procès 
de  béatification;  il  a  étudié  de'  très  près  les  méthodes  pédagogiques,  les 


-  no  - 

livres,  les  papiers  des  religieuses  du  Sacré-Cœur  et  ses  conclusions  sont  un 
hommage  rendu  à  ces  femmes  admirables  que  la  persécution  chasse  de 
France,  mais  qui  ne  se  lassent  pas  de  rouvrir  des  pensionnats;  elles  en 
ont  aujourd'hui  141  dans  le  monde  entier  et  comptent  6500  religieuses. 

—  La  question  d'une  langue  internationale  n'est  pas,  semble-t-il,  près 
de  sa  solution.  Voici  que  les  espérantistes,  qui,  jusqu'ici,  avaient  réuni  les 
adhérents  les  plus  nombreux,  commencent  à  se  déchirer  entre  eux.  Un 
comité  international,  fondé  en  1907,  prétend  imposer  à  l'espéranto  des 
simplifications  (suppression  des  lettres  accentuées,  suppression  de  quelques 
règles  grammaticales,  etc.).  L'espéranto  ainsi  modifié  s'appelle  linguo  inter- 
naciona  di  la  delegitaro  (sistemo  ido).  A  ceux  que  ces  questions  peuvent 
intéresser,  nous  signalerons  quelques  tracts  ou  brochurettes  :  Délégatioiu 
pour  Vadoption  d'une  langue  internationale.  Historique,  par  MM.  L.  Couturat 
et  L.  L?au  (Paris,  imp.  Chaix,  1909,  in-8  de  4p.);  —  Apprenez  la  langue 
internationale!  (Ibid.,  1908,  in-8  de  2p.);  —  Linguo  inttrnaciona  di  dele- 
gitaro {sistemo  ido).  Franca  guidlibreto,  par  MM.  Couturat  et  Leau  (ïbid., 
1908,  in-18  de  20  p.).  —  Enkhiridion  o  Manuhhro  di  Epikteto,  traduit  par 
C.  S.  Pearson  et  L.  Couturat  (Paris,  Delagrave,  1909,  in-12  de  24  p.). 

Bretagne.  —  M™^  Mai'ie-René  Le  Fur  a  fait  paraître  chez  Bloud,  pour 
la  Bibliothèque  régionaliste,  un  charmant  recueil  de  légendes  bretonnes, 
intitulé  :  Les  Ames  errantes  (in-16  cai'ré  de  103  p.,  avec  quelques  grav.  — 
Prix  :  1  fr.).  Elles  sont  empruntées  au  folklore  de  la  presqu'île  de  Quiberon. 
Toutes  sont  intéressantes  par  quelque  endroit,  surtout  les  deux  dernières  : 
Kemeur  et  La  Grande  Côte. 

—  Un  Comité  s'est  formé  à  Saint-Brieuc  pour  provoquer  et  préparer  la 
publication  des  monuments  originaux  du  procès  de  canonisation  de  Charles 
de  Blois,  duc  de  Bretagne.  L'enquête  de  1371  est  un  des  documents  les 
plus  précieux  pour  la  connaissance  de  l'histoire  politique,  sociale  et  morale 
de  la  Bretagne  au  xiv<^  siècle.  Et  les  Bretons,  fidèles  à  la  mémoire  du  bon 
duc,  ne  seront  pas  les  seuls  à  se  réjouir  de  cette  publication.  Pour  la  rendre 
accessible  à  un  plus  grand  nombre  de  personnes  on  se  propose  d'accompagner 
les  textes  latins  d'une  traduction  française  en  même  temps  que  des  notes 
biographiques,  généalogiques  et  géographiques  éclairciront  les  difficultés. 
Les  souscriptions  (30  francs)  sont  reçues  chez  M.  Prudhomme,  libraire  à 
Saint-Brieuc. 

—  M.  P.  Hémon,  qui  a  déjà  publié  d'importantes  études  sur  la  Révo- 
lution en  Bretagne,  vient  de  faire  paraître  une  brochure  intitulée  :  Le  Deist 
de  Botidoux  a-t-il  trahi  les  députés  Girondins  proscrits)?  (Saint-Brieuc,  Guyon; 
Paris,  Champion,  1909,  in-8  de  51  p.).  Il  nous  avertit  que  c'est  là  un  frag- 
ment d'un  ouvrage  en  préparation  sur  les  députés  Girondins  proscrits  en 
Bretagne.  Accusé  par  Louvet  de  les  avoir  trahis,  lui  et  ses  collègues,  Botidoux 
protesta,  lors  de  l'apparition  des  Mémoires  du  fameux  conventionnel,  dans 
une  sorte  de  mémoire  justificatif  demeuré  longtemps  inconnu  et  retrouvé 
dans  la  collection  d'autographes  de  M.  Gustave  Bord.  D'autre .  part,  M. 
Hémon,  s'autorisant  d'une  note  de  Louvet  où  le  prétendu  dénonciateur 
est  désigné  non  plus  par  l'initiale  B  mais  par  un  L,  croit  pouvoir  affirmer 
qu'il  s'agit  d'un  certain  AUain-Launay,  ou  Launay  tout  court,  dont  il  a 
découvert  dans  les  archives  du  Finistère  une  lettre  où  il  dénonce,  en  effet, 
les  Girondins,  au  moment  de  leur  passage  dans  les  Côtes-du-Xord.  Voici 
déchargée  d'autant  la  mémoire  de  Botidoux,  personnage  assez  insignifiant 
d'ailleurs. 

Champagne.  —  L'Académie  nationale  de  Reims  nous  envoie  à  la  fois  les 


—  471  — 

trois  derniers  volumes  qu'elle  a  publiés  de  ses  Travaux.  Le  premier  (CXX® 
volume  de  la  collection.  Année  1905-1906.  T.  II.  Reims,  L.  Michaud,  1907, 
in-8  de  397  p.,  avec  2  planches)  ne  renferme  que  trois  mémoires  et  une 
notice  biographique.  , C'est  d'abord  la  Paroisse  de  Saint- Jacques  de  Reims 
avant  et  pendant  la  Révolution,  par  M.  l'abbé  Em.  Bouchez.  Cet  important 
travail  (p.  1-235)  débute  par  une  courte  Introduction  et  un  chapitre  préli- 
minaire sur  les  trois  frères  Savar  (ecclésiastiques  ayant  vécu  au  wii^  siècle) 
et  dont  l'aîné  et  le  cadet  furent  tour  à  tour  cm-és  de  Saint-Jacques.  Puis  il 
se  divise  en  trois  parties,  savoir  :  I.  La  Paroisse  de  Saint-Jacques  de  Reims 
avant  la  Révolution.  II.  La  Paroisse  de  Saint- Jacques  de  Reims  pendant 
la  Révolution.  III.  La  Paroisse  de  Saint-Jacques  de  Reims    après  le  Con- 
cordat. Outre  des  pièces  justificatives,  cette  monographie  comporte  une 
table  des  matières  et  un  Index  alphabétique;  —  Le  Palais  archiépiscopal 
de  Reims,  du  xiiie  au  xx^  siècle,  par  M.  Henri  Jadart  :  excellente  étude, 
accompagnée  de  pièces  justificatives  et  complétée  par  une  table  des  ma- 
tières (p.  237-320,  avec  2  planches);  —  U Ancienne  Abbaye  de  Saint-Denis 
de   Reims    [District,    Grand    Séminaire),   ses    bâtiments     subsistants   et   leur 
intérêt  au  point  de  vue  de  l'histoire  et  de  Vart,  par  le  même  M.  Henri  Jadart 
(p.  321-357,  avec  table);  —  enfin  une  notice  sur  Louis  Pommery,  membre 
titulaire  de  V Académie  nationale  de  Reims,  par  M.  Paul  Pellot  (p.  359-386). 

—  Le  volume  suivant  (CXXI.  Année  1906-1907.  T.  \^^.  Reims,  L.  Michaud, 
1907,  in-8  de  316  p.),  s'ouvre  par  un  curieux  Discours  d'ouverture  prononcé 
pai'  M.  le  Dr  A.  Bourgeois,  président,  sur  ^(  les  rapports  de  la  musique  avec 
la  médecine  »  (p.  1-18).  Laissant  de  côté  tout  ce  qui  ne  rentre  pas  dans  la 
catégorie  des  mémoires  proprement  dits,  nous  signalerons  :  Impressions 
d'un  passant  à  Berlin,  de  M.  le  D""  Colleville  (p.  109-120);  cette  relation 
n'est  pas  longue,  mais  elle  est  particulièrement  humoristique  :  on  trouve 
là,  entre  autres  choses  gaies  (p.  110),  une  recette  de  salade  allemande, 
capable  de  révolter  l'estomac  français  le  plus  complaisant  ;  — •  Un  Essai  de 
crédit  populaire  en  Champagne,  par  M.  Paul  Rozey  (p.  121-142);  —  Du 
Vagabondage  des  mitieurs,  par  M.  A.  Duval  (p.  143-160);  —  Les  Dernières 
Nouvelles  de  la  réforme  orthographique,  par  l'abbé  Haudecœur  (p.  161-173); 

—  Les  «  Georgiques  »  de  Virgile  et  l'Agriculture  moderne,  par  M.  Paul  Mar- 
guet  (p.  175-187);  —  Une  Figure  rémoise  ( Ahel  le  souffleur  d'orgue),  par 
M.  E.  Kalas  (p.  189-190);  —  Godefroy  Kurth,  par  M.  Lefort  (p.  191-224); 

—  Histoire  du  département  des  Forêts,  par  M.  Alfred  Lefort,  compte-rendu 
par  M.  l'abbé  Haudecœur  (p.  225-230);  —  Deux  Anciens  Livrets  de  famille 
à  Reims  et  à  Château- P or cien  (1617  et  1748),  par  M.  Henri  Jadart  (p.  231- 
257);  —  Un  Troisième  Livret  de  famille  rémois  de  1567  à  1753,  publié  par 
le  même  M. 'H.  Jadart  (p.  259-291);  —  La  Procession  de  la  Résurrection 
fondée  par  le  cardinal  de  Lorraine  en  l'église  métropolitaine  de  Reims  (1549- 
1907) ,  encore  par  M.  H.  Jadart  (p.  393-314).  —  Du  tome  CXXI,  nous  passons 
au  tome  CXXIII  des  Travaux  de  l'académie  nationale  de  Reims,  par  le 
motif  que  le  tome  CXXII,  «  destiné  au  Répertoire  archéologique  du  canton 
de  Bourgogne,  ne  sera  publié  qu'après  les  tomes  CXXIII  et  CXXW  ». 
Et  donc,  ce  tome  CXXIII  se  compose  comme  il  suitj  Assistance  des  vieil- 
lards et  des  infirmes,  par  M.  le  D^  Colleville  (p.  87-97)  ;  —  A  propos  d'un  cours 
d'histoire  de  l'art,  par  M.  E.  Kalas  (p.  99-115);  —  Le  Trésor  de  l'abbaye 
de  Saint- Pierre-les-Dames  de  Reims  en  1690,  par  M.  H.  Jadart  (p.  117-128); 
■ —  Le  Bosphore,  de  la  pointe  du  Serai  à  la  Mer  Noire  (p.  129-136);  — ■  Chro- 
nique des  bourdons  et  des  cloches  de  Notre-Dame  de  Reims  depuis  un  quart 


—  472  — 

de  siècle  (1882-1908),  par  M.  H.  Jadart  (p.  137-147,  avec  une  figure);  — 
La  Théorie  et  Vhistoire  du  paysage  de  J.-B.  Deperlhes,  Rémois,  peintre,  his- 
torien et  critique  d'art,  d'après  des  documents  inédits,  par  M.  Cliamberland 
(p.  149-166);  —  Rapport  sur  quelques  ouvrages  russes,  par  M.-R.  de  Bovis 
(p.  166-173);  —  Note  sur  une  trouvaille  de  monnaies  du  xv^  siècle  faite  à 
Reims,  rue  Brûlée,  près  Saint- Marcoul,  par  M.  Ad.  Bellevoie  (p.  175-188);  — 
Alexandre-le- Grand  sur  h  Danube,  sa  première  rencontre  avec  les  Gaulois, 
par  AI.  R.  de  Bovis  (p.  189-233).  — Documents  inédits.  Extraits  des  auto- 
graphes de  1%  Bibliothèque  de  Reims,  du  xvi^  au  xix^  siècle,  annotés  et 
publiés  par  M.   Henri  Jadart  (p.  235  282 i. 

Dauphiné.  — •  La  Société  dauphinoise  d'ethnologie  et  d'anthropologie 
Commence  la  publication  du  tome  XV^  de  son  Bulletin.  Nous  recevons  le 
fascicule  n°^  1  et  2  de  ce  tome,  lequel  s'applique  aux  trimestres  d'avril 
et  de  juillet  1908  (Grenoble,  imp.  Allier  frères,  in-8  de  181  p.,  avec  vignettes 
et  fac-similé  d'écriture).  A  signaler  :  Un  Mot  sur  les  pierres  à  sculptures 
préhistoriques,  par  M.  L.  Jacquot  (p.  5  à  7);  —  Le  Dauphiné  inconnu.  Les 
S emi- Troglodytes  de  Chantemerle  (Drôme),  par  le  même  (p.  8-10);  —  L'Oi- 
sans,  son  avenir  agricole  et  industriel,  par  M.  Casimir  Chalvin  (p.  11-59, 
avec  6  vues  dans  le  texte);  —  Graphologie  et  psychophysique,  par  M.  le 
commandant  Audebrand  (p.  59-181),  étude  très  importante,  aussi  inté- 
ressante que  curieuse.  L'auteur  a  joint  à  ce  travail  20  pages  de  fac-similé 
de  l'écriture  de  personnalités  très  diverses,  connues  ou  célèbres,  telles  que 
la  comtesse  Dash,  Maxime  du  Camp,  Barbey  d'Aurevilly,  Alphonse  Karr, 
Victor  Hugo,  Lamartine,  A.  Dumas  fils,  Cherbuliez,  etc. 

Fraxche-Coïité.  —  Du  13  au  16  du  présent  mois  de  mai,  un  Congrès 
des  Œuvi'es  diocésaines  se  tiendra  à  Gray.  Cette  ville  a  été  ainsi  choisie 
parce  que  Mgr  l'archevêque  de  Besançon,  en  vertu  d'une  autorisation  per- 
sonnelle et  d'une  délégation  spéciale  de  N.  S.  Père  le  Pape,  couronnera 
solennellement,  le  dimanche  16  mai,  la  statue  vénérée  de  Notre-Dame  de 
Gray.  Cette  imposante  cérémonie  religieuse  et  le  Congrès  qui  l'accompagnera 
ont  fait  l'objet  du  mandement  de  carême  de  Mgr  Fulbert  Petit,  archevêque 
de  Besançon,  formant  supplément  au  n»  du  20  février  dernier  de  la  Semaine 
religieuse  de  Besançon  (Besançon,  imp.  Jacquin,  1909,  petit  in-8  de  32  p.). 
«  Parmi  les  cités  de  Franche-Comté  dévouées  à  l'Immaculée  Vierge,  dit 
Mgr  Petit,  la  ville  de  Gray  tient  un  rang  d'honneur.  Plusieurs  chapelles 
dédiées  à  Notre-Dame  s'élevaient,  dès  les  premiers  âges,  autour  de  la  ville.. 
L'image  virginale  décorait  la  façade  d'un  grand  nombre  de  maisons  et 
ornait  beaucoup  d'oratoires  particuliers.  Son  sanctuaire  de  Notre-Dame 
des  Capucins  fut  le  plus  renommé.  L'origino  de  l'image  que  l'on  vénère 
sous  ce  vocable  n'est  pas  exempte  de  toute  obscurité.  Mais  les  récits  con- 
trôlés de  la  donatrice  [Jeanne  Bonnet,  de  Salins],  une  attestation  officielle 
du  notaire  Morizot,  de  Bruxelles  [1613],  des  témoignages  nombreux  et 
dignes  de  foi,  une  décision  de  l'archevêque  de  Besançon,  Ferdinand  de  Rye, 
et,  surtout,  de  nombreux  et  éclatants  miracles  accomplis  par  son  inter- 
cession établissent  son  authenticité,  sa  glorieuse  et  bénigne  influence.  » 
Après  ce  préambule,  Mgr  Petit  fait  l'historique  de  la  statuette  de  Notre- 
Dame  de  Gray  et  des  miracles  qui  se  produisirent,  avec  une  telle  précision 
dans  les  détails,  que  son  mandement  doit  être  considéré,  au  moins  par- 
tiellement \p.  7  à  23',,  comme  une  excellente  et  très  intéressante  page  de 
l'histoire  du  culte  rendu  à  la  Sainte  Vierge  en  Franche- Comté. 

Ile-de-Fraxce.  —  Nous  mentionnerons  ici  avec  autant  de  plaisir  que 
d'empressement,  le  tome  XX  des  Mémoires  de  la  Société  archéologique  de 


—  473  — 

Rambouillet  (Versailles,  imp.  Auber t,  1908,  in-8  de  543  p.,  avec  15  planches}. 
Un  peu  plus  de  la  moitié  de  ce  volume  est  consacrée  aux  Élections  à  V As- 
semblée législative  de  1791  dans  le  département  de  Seine-ct-Oise,  documents 
publiés  par  M.  E.  Coiiard  et  F.  Lorin  (p.  1-277,  avec  carte).  Cet  ensemble 
est  divisé  en  trois  parties  :  dans  la  première  ont  été  léunis  les  lois  et  docu- 
ments administratifs;  la  deuxième  comprend  les  procès- verbaux  des  assem- 
blées primaires;  la  troisième  se  compose  des  pièces  relatives  à  l'assemblée 
électorale  de  Versailles.  Le  tout  se  termine  par  une  table  des  matières.  — 
Viennent  ensuite  :  Notes  sur  Épernon  (\i\^  siècle),  par  M.  E.  Ledru  (p.  278- 
:>15);  —  Les  Huitième,  neuvième  et  dixième  Pardons  d'' Anne  de  Bretagne  à 
Monlfort-V Amaury  (centenaire  d'Emile  Souvestre) ,  intéressantes  relations 
anonymes  (p.  316-424,  avec  9  planches).  L'auteur  débute  en  faisant  re- 
marquer que  le  «  centenaire  du  Morlaisien  Emile  Souvestre  n'a  pas  été 
célébré  en  Bretagne  »,  et  il  ajoute,  pour  le  contraste,  évidemment,  qu'  «  il 
a  été  célébré  le  27  mai  1906,  à  Montfort-l'Amaury,  où  l'on  fêta  superbement 
la  mémoire  de  l'auteur  du  Foyer  Breton  et  des  Derniers  Bretons  »;  —  La 
Légende  de  saint  Yves  et  les  Peintres  verriers,  par  M.  Lorin  (p.  425-440, 
avec  3  pi.);  —  La  Porte  du  cimetière  de  Montfort-V Amaury ,  par  le  même 
(p.  441,  avec  1  pi.);  —  Limours,  contribution  à  son  histoire,  par  le  même 
(p.  444-484);  — ■  Madame  de  Sévigné  est-elle  venue  à  Rambouillet?  par  le 
même  (p.  485-496);  —  Une  Œuvre  présumée  de  Martin  Claustre.  La  Statue 
(V Antoine  de  Poysieu  à  Sainte-Mesme,  par  M.  P.  Beaufils  (p.  497-501,  avec 
1  pi.);  —  L'Arrivée  des  mérinos  d'Espagne  et  de  perdreaux  à  Rambouillet, 
sous  Louis  XVI,  par  M.  Lorin  (p.  502-508). 

Poitou.  —  Le  Dictionnaire  historique  et  généalogique  des  familles  du 
Poitou,  commencé  par  Henry  Filleau,  continue  à  paraître  en  deuxième 
édition,  grâce  à  l'activité  de  MM.  Beauchet-Filleau  et  Maurice  de  Goutte- 
pagnon.  Le  premier  fascicule  du  tome  IV  (Poitiers,  Société  française  d'im- 
primerie et  de  librairie,  1909,  gr.  in-8  de  160  p.),  qui  vient  de  paraître, 
comprend  une  partie  de  la  lettre  G  (articles  :  Gauvain- Girard).  Parmi  les 
notices  qui  s'y  trouvent,  on  remarquera  particulièrement  celles  de  la 
famille  Gillier,  issue  de  fonctionnaires  financiers  du  xiv^  siècle,  qui  se  sont 
rendus  célèbres  par  leurs  concussions,  —  de  Gilbert  de  la  Porée,  évêque 
de  Poitiers,  philosophe  du  xii«  siècle,  —  de  Mgr  Gay,  théologien  et  orateur 
de  nos  jours,  —  de  Denis  Généreux,  notaire  et  soldat,  auteur  d'un  Journal 
historique  (1567-1576),  —  des  Gilbert  de  Voisins,  magistrats  distingués,  — 
(le  Pliilippe  Gentils  de  Langallerie  (mort  en  1717),  général  français  passé 
au  service  de  l'Autriche,  —  des  Gigault  de  Bellefonds^,  dont  un  maréchal 
de  France,  —  de  Gigost  d'Elbée,  le  malheureux  généralissime  de  l'armée 
vendéenne.  Dans  la  généalogie  très  détaillée  qu'ils  donnent  de  la  famille 
Gazeau,  les  auteurs  ont  omis  de  rappeler  que  la  comtesse  de  la  Bouëre  (née 
Le  Duc),  a  laissé  des  Souvenirs  sur  la  guerre  de  Vendée,  qui  ont  été  publiés- 
Autant  que  possible,  le  Dictionnaire  donne  les  armoiries  des  familles 
dont  il  parle.  Il  est  regrettable  que  les  dessins  héraldiques  ne  concordent 
pas  toujours  exactement  avec  les  descriptions  cpi'ils  accompagnent  (Voir 
les  articles  Gélinard,  Genty  de  la  Borderie,  Gérard  de  la  Guerenue,  Gilbert 
de  Ghâteauneuf). 

Savoie.  — ■  Il  est  regrettable  que  nous  n'ayons  pas  plus  fréquemment  à 
signaler  aux  érudits  les  Mémoires  et  documents  publiés  par  la  Société  savoi- 
sienne  dlnstoire  et  d'archéologie,  dont  le  tome  XXI  de  la  2®  série,  corres- 
pondant au  tome  XLVI  de  la  collection,  vient  de  nous  parvenir  (Chambéry, 
imp.  V''''  Ménard,  1908,  in-8  de   xxxix-497   p.,   avec   planches).   En  effet, 


si  l'on  peut  ]ngv.v  les  piihliralidiis  de  cette  Société  par  le  volume  que  nous 
avons  sous  les  yeux,  leur  intérêt  est  réel.  Il  n'y  a  là  que  quatre  titres,  mais 
les  sujets  traités  —  les  trois  derniers  surtout  —  ont  de  l'importance.  Citons  : 
Michel  Paccard  et  Jacques  Balmat.  Deux  Portraits  savoyards  du  wiii^  siècle, 
par  un  aHiste  alors  savoisin,  devenu  général  de  VE>npire  (Bâcler  Dalbe, 
Louis- Albert  Guislain),  par  M.  J.  Cochon  (p.  1-18,  avec  2 reproductions);  — 
Documents  pour  Vhistoire  de  la  Révolution  en  Savoie.  Procès-verbaux  de 
r Assemblée  générale  des  Allobroges.  Procès-verbaux  de  la  Commission  pro- 
visoire d'administration  des  Allobroges,  publiés  par  MM.' François  Vermale 
et  J.  Blanchoz.  T.  I  (p.  19-136).  Il  sera  ultérieurement  question  de  ce  re- 
cueil, qui  nous  est  parvenu  complet  en  tirage  à  part;  —  Le  Prieuré  d'  Yenne, 
suivi  de  Nouveaux  Docwnents  inédits  sur  sa  léproserie  {maladrerie  d'En- 
tresaix),  par  M.  Jean  Laplanche  (p.  139-242,  avec  2  planches);  —  Histoire 
de  r  ancienne  Chautagne  depuis  les  temps  les  plus  reculés  jusqu'à  la  Révolution, 
par  M.  Jules  Masse.  Première  partie.  Les  Origines,  les  suzerains,  les  sei- 
gneurs et  les  autres  propriétaires  du  sol  (p.  245-484,)  avec  une  planche  et 
une  carte). 

Angleterre. —  Le  Book  priées  current,  que  la  maison  Elliot  Stock,  de 
Londres,  si  connue  des  bibliophiles,  publie  régulièrement  chaque  année, 
depuis  1887,  est  un  répertoire  précieux  pour  les  collectionneurs,  tn  leur 
permettant  de  se  rendre  compte  des  prix  atteints  dans  les  ventes  par  tel 
ou  tel  volume.  Malheureusement  les  recherches  dans  une  série  de  volumes 
annuels  sont  parfois  longues  et  difficiles.  C'est  pour  remédier  à  cet  incon- 
vénient que  M.  Stock  avait  publié  un  index  général  des  dix  premières  années. 
Il  nous  donne  aujourd'hui  un  répertoire  analogue  pour  la  période  décen- 
nale suivante  :  Index  to  the  second  ttn  volumes  of  book  priées  current,  1897- 
1906  (1909,  in-8  de  xx-10.53  p.).  Noms  d'auteurs,  d'éditeurs,  de  traduc- 
teurs, d'artistes  sont  relevés  dans  cet  index  alphabétique;  la  date  des 
ouvrages  ou  diverses  éditions  d'un  ouvrage  répertoriés  dans  le  Book  priées 
current  est  indiquée  chaque  fois  que  la  chose  est  possible. 

Belgique.—  La  publication  faite  par  William  Woodville  Rockill  en  1900, 
pouz'  Ls  seuls  membres  de  l'Hakluyt  Society,  du  voyage  de  Guillaume 
Rubrouck  en  Asie  centrale,  a  inspiré  à  M.  Henri  Matrod  l'excellente  idée 
de  racpeler  les  mérites  de  l'envoyé  de  saint  Louis  auprès  du  khan  Mangou 
et  de  mettre  en  pleine  lumière  la  valeur  de  sa  relation.  Il  l'a  fait,  avec  une 
véritable  piété  et  un  très  grand  luxe  de  preuves,  dans  un  excellent  mémoire 
inséré  d'abord  dans  les  Études  franciscaines  et  ensuite  tiré  à  part,  où  il 
montre  quelle  place  il  convient  d'assigner,  dans  l'histoire  de  la  géographie, 
à  ce  pieux  et  intelligent  franciscain  et  avec  quelle  perspicacité,  quel  esprit 
de  suite,  cet  apôtre,  au  cours  de  sa  longue  et  périlleuse  chevauchée  de  Cons- 
tantinople  à  Karakoroum,  sut  obéir  aux  instructions  du  roi  de  France  et 
mener  à  bien  une  véritable  enquête  scientifique.  Aussi  ne  pourrait-on  qu'ap- 
plaudir à  l'étude  de  M.  jMatrod,  si  on  n'y  relevait,  dans  les  dernières  pages, 
une  appréciation  quelque  peu  injuste;  seuls,  à  l'en  croire,  les  Anglais  ont 
apprécié  et  apprécient  les  mérites  de  la  relation  de  Guillaume  de  Rubrouck 
(p.  124).  Pourquoi,  dans  ce  cas,  citer  le  texte  original,  le  texte  latin,  de 
Guillaume  de  Rubrouck,  d'après  l'édition  donnée  en  1839  par  les  érudits 
Francisque  Michel  et  Thomas  Wright,  dans  le  Recueil  de  voyages  et  de 
Mémoires  publiés  par  la  Société  de  géographie  de  Paris,  «  qui  est,  au  témoi- 
gnage même  de  M.  Matrod  (p.  9,  note  1),  la  meilleure  »?  Cette  légère  contra- 
diction ne  retire  d'ailleurs  au  travail  de  notre  auteur  aucun  de  ses  mérites; 
aussi  convient-il  de  recommander  à  tous  ceux  qui  s'intéressent  à  l'histoire  et 


—    '.75  — 

à  l'ethnographie  de  l'Asie,  centrale  le  Voyage  de  Fr.  GuiUaume  de  Rubrouck 
(1253-1255)  de  M.  Henri  Matrod  (Couvin,  Maison  Saint-Roch,  1909,  in- 8 
del27p.  —  Prix:  2  fr.). 

Espagne.  —  L'étude  de  M.  Joaquim  Miret  y  Sans,  intitulée  :  Viatges 
del  Infcmt  en  Père,  fill  de  Jaime  I  ene  eîs  anys  1268  y  1269  (Barcel'ona,  tip. 
<'.  FAvenç  »,  1908,  in-8  de  28  p.),  vient  à  point  pour  compléter  et  rectifier  un 
point  de  détail  dans  la  vie  de  don  Jaime  le  Conquistador,  dont  on  a  célébré 
récemment  le  septième  centenaire.  A  vrai  dire,  elle  n'intéresse  directement 
que  la  Catalogne;  cependant  on  sait  que  le  midi  de  la  France  a  voulu 
s'associer  aux  fêtes  de  l'Espagne,  et  les  rapports  étroits  qui  unirent  jadis 
la  Provence  aux  provinces  ibériques  voisines  sont  loin  d'être  oubliés 
chez  nous.  C'est  à  ce  titre  que  nous  aimons  à  signaler  la  brochure  de  M.  Mire 
y  Sans. 

Italie.  —  La  Bibliothèque  universitaire  de  Catane,  dans  Fintention  de 
facihter,  grâce  aux  prêts  entre  bibliothèques,  Futilisation  des  instruments 
de  travail  qu'elle  possède,  vient  de  publier  une  Biblfografia  sistematica  délie 
pubblicazioni  stranierc  pervenute  alla  R.  Biblioteca  universitaria  di  Catania 
(1899-1908), dressée  par  M.  N.  D.  Evola  (Catania,  stab.  tipogr.  S.  di  Mattei, 
1909,  in-8  de  37  p.).  Les  accroissements  ne  portent  pas  seulement  sur  les 
ouvrages  parus  pendant  cette  période  de  dix  années,  mais  aussi  sur  des 
ouvrages  plus  anciens  et  qui  manquaient  à  la  bibliothèque.  En  parcourant 
cette  liste,  il  nous  a  paru  que  les  ouvrages  ainsi  acquis  par  la  Bibliothèque 
de  Catane  étaient  généralement  bien  choisis;  l'on  peut  simplement  regretter 
des  lacunes  imputables  peut-êti-e  au  peu  d'élasticité  du  budget.  Dans  la 
section  des  revues,  il  semble  que  le  côté  purement  scientifique  soit  repré- 
senté bien  largement,  au  détriment  des  disciplines  historiques  :  nous  ne 
voyons  pas  mentionnée  une  seule  grande  revus  historique,  ni  française,  ni 
étrangère. 

Suisse.  — ■  Le  Bulletin  de  la  Société  fribourgeoise  des  sciences  naturelles 
Compte  rendu  1906-1907,  vol.  XV  (Fribourg,  1907,  in-8  de  136  p.,  avec 
2  portraits  et  2  graphiques)  contient,  avec  les  procès-verbaux  des  séances 
de  1906  et  1907,  quelques  articles  intéressants,  tels  que  :  Pour  notre 
patrimoine  hydrauliqus,  par  leproî.  i.  Brunhes; — La  Fêté  du  centenaire  de 
L.  Agassiz  à  Motier  le  25  mai  1907  ;  —  Le  Musée  d'histoire  naturelle  de  Fri- 
bourg en  1907,  par  le  prof.  M.  Mury  ; — Das  meteorologische  Jahr  1907,  von 
prof.  Dr.  A.  Gockel. 

—  Signalons  aussi  :  Mémoires  de  la  Société  fribourgeoise  des  sciences  na- 
turelles. Botanique.  II L  Contribution  à  F  étude  de  la  flore  cryptogamique  fri- 
bourgeoise. Die  Bacillariaceen  von  Freiburg  und  Umgehung,  235  p.,  von 
Dr  Ed.  Motschi  (Fribourg,  imp.  Fragnière,  1907,  in-8  de  235  p.).  Cette 
intére  santé  f  tude  commence  p.ir  un  aperçu  sur  la  faune  des  bacillariacae 
de  la  Suisse  t  les  caractéristiques  des  terrains  explorés.  Vient  ensuite  la 
liste  des  esp      ^  trouvées  avec  leur  description,  quand  cela  est  nécessaire. 

Indo-Chi-.  —  La  section  indo-chinoise  de  la  Société  de  géographie 
commerciale  a  pubhé,il  y  a  quelques  mois, le  second  fascicuJe  de  ses  Annales; 
on  y  trouvera,  sur  une  partie  de  la  Chine  méridionale,  sur  la  vallée  du 
Si-Kiang,  deux  études  très  consciencieuses.  L'une  est  un  examen,  entrepris 
au  point  de  vue  économique,  de  l'itinéraire  Lang-Son- Canton,  qui  a  été 
déjà  maintes  fois  paixouru,  mais  dont  le  réseau  des  voies  de  communica- 
tions n'avait  pas  encore  été  Fobjet  d'une  investigation  minutieuse;  son  au- 
teu»,   M.  Ch.  B.  Maybon,  a  mené  à  bien  son  programme  et   formulé  sur  les 


—  476  ~ 

trois  voies  qui  relient  à  la  mer  la  vallée  du  Si-Kiang,  des  conclusions  tout  à 
fait  intéressantes;  aussi  convient-il  de  louer  son  excellent  travail  qu'ac- 
compagnent des  vues  et  quelques  plans.  - —  Également  digne  d'attention  est 
l'exposé,  dû  à  M.  H.  Deseille,  d'un  projet  de  voie  ferrée  entre  Dong-Dang  et 
Na-Cham,  puis  Bin-Dao  et  la  frontière  chinoise,  dans  la  direction  de  Long- 
tcheou;  par  cette  voie  ferrée,  le  commerce  français  se  trouverait  deliniti- 
vement  implanté  dans  une  zone  qui  doit  lui  revenir  normalement,  et  que  ses 
rivaux  ont  seuls  exploitée  jusqu'à  présent.  Une  carte  du  bassin  du  Si-Kiang, 
à  l'échelle  du  1  :  2.000.000^',  accompagne  ce  fascicule  consacré  à  la  Vallée 
du  Si-Kiang,  et  contribue  à  en  augmenter  la  valeur  (Annales  de  la  Société 
de  géographie  commerciale,  section  indo-chinoise  :  La  Vallée  du  Si-Kiang, 
Hanoï,  imp.  d'Extrême-Orient,  1908,  gr.  in-8  de  48  p.,  cartes  et   gravures). 

États-Unis.  —  Le  Rev.  Alfred  Mortimer,  recteur  de  l'église  protes- 
tante épiscopalienne  de  Saint-Marc,  à  Philadelphie,  connu  aux  États-Unis 
par  certaines  interviews  retentissantes  contre  l'encyclique  et  le  Syllabus 
de  S.  S.  Pie  X  sur  le  Modernisme,  a  donné  sur  le  même  sujet  une  série  de 
conférences,  lors  du  dernier  carême.  L'auteur  d'une  brochure  intitulée  : 
Religious  unrest.  The  way  out  ^New  York,  International  Catholic  Trutli 
Society,  1908,  in-8  de  48  p.),  M.  James  P.  Lafferty,  avocat  au  barreau  de 
Philadelphie,  assista  à  ces  discours  en  qualité  de  reporter  du  Catholic 
Siaudard  and  Times.  Ses  articles,  particulièrement  appréciés,  furent  ensuite 
réunis  en  brochure.  Il  résume  d'abord,  en  une  page  ou  deux  au  ph'S,  les 
grandes  lignes  de  chaque  conférence,  met  en  relief  les  objections  les  plus 
outrageantes  pour  les  catholiques;  puis  il  y  répond  en  un  style  nerveux, 
avec  une  compétence  avertie,  réfutant  victorieusement  les  assertions 
imprudentes  ou  les  erreurs  de  jugement  dont  le  D''  Moitimer  s'est  rendu 
coupable.  Excellente  méthodr",  dont  nous  pourrions  faire  plus  fréquemment 
noti'e  profit  dans  des  cas  analogues. 

—  D'après  un  nouveau  règlement  datant  de  janvier  1907,  le  rapport  annuel 
du  Musée  national  des  Etats-Unis,  publié  et  relié  à  part  depuis  1905,  ne 
contient  plus  que  le  compte  rendu  des  opérations  administratives  de  l'ins- 
titution smithsonienne.  Les  communications  qui  avaient  jusqu'alors  paru 
dans  un  même  volume  avec  ce  rapport  et  sous  forme  d'appendice  sont  depuis 
publiées  dans  d'autres  séries.  En  conséquence,  nous  ne  trouvons  plus  dans 
le  rapport  de  Tannée  finissant  au  30  juin  1907:  Report  on  the  progress  and 
condition  of  the  U.  S.  national  Muséum  for  the  year  ending  June  30,  1907 
(Washington,  Government  printing  Oflke,  1907,  in-8  cartonné),  que  des 
renseignements  concernant  l'administration,  les  constructions  neuves,  les 
dépenses,  les  objets  ajoutés  aux  collections,  leur  exposition  dans  les  galeries, 
les  explorations  entreprises  avec  les  fonds  de  l'institution,  la  statistique 
des  visiteurs,  les  noms  des  employés,  celle  des  livres,  brochures,  etc.,  reçus 
ou  expédiés,  la  liste  des  publications  parues,  etc.,  en  tout  118  p.  de  texte 
parfaitement  rédigées.  Les  publications  scientificjues  parues  à  part  depuis 
janvier  1907  sont  les  suivantes  :  1°  The  bamacles  (cirripedia)  contained  in 
the  collections  of  the  U.  S.  national  Muséum,  by  Henry  A.  Pilsbry.  Bulletin 
n°  60,  in-8  de  x-122  p.,  avec  xi  planches  hors  texte  et  36  fig.  dans  le  texte. 
C'est  une  description  des  cirripèdes  de  la  collection  du  Musée  national  de 
Washington  par  le  conservateur  des  mollusques  de  l'Académie  des  sciences 
naturelles  de  Philadelphia.  La  synonymie  est  soigneusement  indiquée.  Ce 
travail  ne  traite  que  des  cirripèdes  pédoncules  et  sessiles  de  la  famille  des 
Verrucidées.  —  2°  Contributions  from  the  U nitcd  Stalcs  National  Herharium. 
Ce  travail  est  publié  dans  le  volume  X  et  Tannée  1907   a  vu  paraître  les 


—   'i77   — 

parties  des  n"»  4  et  5,  l'année  1908  les  parties  6  et  7.  —  Le  fascicule  4  allant 
(les  pages  133  à  220  du  vol.  X  est  intitulé  :  (a)  The  leguminosae  of  Porto 
Rico,  by  J.Perkins.  Ce  travail  est  une  revision  des  légumineuses  de  l'île  de 
Porto-Rico,  faite  à  Berlin  par  M*"^  J.-R.  Russell  Perkins  aux  frais  du  dépar- 
tement de  l'agriculture  des  E.  U.  d'Amérique.  Elle  y  décrit  67  genres  de 
légumineuses  donnant  la  synonymie.  Il  n'y  a  malheureusement  ni  figures 
ni  planches  dans  ce  travail  pourtant  fort  utile  et  intéressant;  — -  (h)  Report 
on  the  diatoms  of  the  Alhatross  voyages  in  the  Pacific  Océan,  1888-1904,  by 
Albert  Mann.  Ce  rapport  fait  suite  au  précédent,  allant  de  la  page  221  à  la 
page  442  du  volume  X  dont  il  forme  le  fascicule  V.  Il  donne  :  1°  un  cata- 
logue annoté  des  genres  et  espèces  de  diatomées  recueillies  par  la  mission 
scientifique  embarquée  sur  V Albatros;  2°  une  liste  des  endroits  où  elles 
furent  recueillies  et  la  date  du  jour;  3°  enfin  26  pages  de  bibliographie  com- 
plètent cet  excellent  travail,  illustré  d'ailleurs  par  11  planches  de  similigra- 
vures des  diatomées  importantes  vues  au  microscope  avec  en  face  l'expli- 
cation et  les  dimensions;  —  (c)  The  cyperaceae of  Costa  Rica,  by  C.B.  Clarke 
forment  le  fascicule  6  du  volume  X  faisant  suite  au  travail  ci-dessus  et 
allant  de  la  page  443  à  la  page  472.  C'est  une  description,  sans  planches 
ni  même  figures,  de  46  genres  de  cyperacées  provenant  de  Costa  Rica,  faite 
par  M.  C.  B.  Clarke  en  latin  et  traduite  en  anglais  par  le  D""  E.  L.  Greene 
après  la  mort  du  premier.  La  synonymie  est  soigneusement  notée;  —  fd) 
Studies  of  tropical  american  ferns  n°  \,  by  William  R.Maxon.  Ce  travail  fait 
suite  au  précédent,  allant  de  la  page  473  à  la  page  508  du  vol.  X  en  ques- 
tion. Il  décrit  quelques  fougères  nouvelles  de  la  collection  du  Muséum  de 
Washington,  entre  autres  V Asplenium  salicifolium,  le  Diplasium  delitescens, 
V Aspleniiun  inte gerriinutn  VA.  sarcodes  et  VHalodictymn  finckii.  Les  4  pre- 
miers de  Cuba  le  5®  du  Mexique.  Deux  bonnes  planches  en  similigravure 
ajoutent  beaucoup  à  la  valeur  de  ce  travail  qui  doit  être  continué  par  les 
descriptions  de  fougères  du  Mexique,  du  Centre  Amérique  et  des  Indes 
occidentales. 

Publications  nouvelles.  —  Le  Cantique  des  cantiques.  Commentaire 
philologique  et  exégétique,  par  P.  Joûon  (in-8,  Beauchesne).  —  La  Vraie 
Science  des  Ecritures,  ou  les  Erreurs  de  la  scolastique  et  renseignement  officiel 
de  VÉglise  sur  le  vrai  sens  de  la  Bible,  par  X  (in-12,  Annonay,  Bonnard).  — 
Histoire  des  dogmes.  II.  De  saint  Athanase  à  saint  Augustin  (318-430),  par 
J.  Tixeront  (in-12,  Lecoffre,  Gabalda). —  La  Prescience  divine  et  la  Liberté 
humaine.  Réponses  aux  objections,  par  J.  Siméon  (in-12,  Poussielgue).  — 
De  Modernistarum  doctrinis;  tractatus  philosophico-tlieologicus  ad  cleri 
scholarumque  penitiorem  institutionem,  auctore  C.  Carbone  (in-8,  Romae, 
Desclée).  —  El  Corazon  de  Jesûs  y  el  modernismo ,  por  el  P.  J.  M.  Aicardo 
(in-8,  Madrid,  «  Razon  y  Fe  »  ).  — ■  Abrégé  de  théologie  sociale,  d'après  les 
grands  auteurs,  par  le  R.  P.  Dom  L.  Hourcade  (in-8,  Amat). —  Asserta-mo- 
ralia,  por  M.  M.  Matharan,  S.  J.  (in-18,  Beauchesne).  — -De  Minusproba- 
bilismo,  auctore  L.  Wouters  (in-8,  Lecoffre,  Gabalda).  —  La  Forme  idéa- 
liste du  sentiment  religieux.  Deux  exemples  :  Saint  Augustin  et  saint  François 
de  Sales,  par  M.  Hébert  (in-12,  E.  Nourry).  —  Les  Miracles  de  N dtre- 
Seigneur  Jésus-Christ,  exposés  et  médités  avec  un  appendice  sur  les  miracles 
en  général,  par  C.  Lacouture  (in-12,  Beauchesne).  —  Aux  Hommes  du 
monde.  La  Pratique  de  Vamour  de  Dieu,  par  l'abbé  de  Gibergues  (in-18, 
Poussielgue).  —  Correspondance  de  Monseigneur  Gay,  évêque  d'Anthédon, 
auxiliaire  de  Son  Éminence  h  cardinal  Pie.  Lettres  de  direction  spirituelle. 
4«  série  (in-8,  Oudin).  —  La   Vierge  Marie  dans  VÉvangile,  lectures  pour 


—  478  — 

le  mois  de  Marie,  le  mois  du  Rosaire  et  les  fêles  de  In  Sainte  Vierge,  par 
Y.  d'Isné  (in-32,  Lethielleiix).  —  Les  Merveilles  de  Massabieïle  à  Lourdes. 
Apparitions,  miracles,  pèlerinages  (in-32,  Maison  de  la  Bonne  Presse).  — 
Voici  cotre  Mère.  Entretiens  sur  la  Très  Sainte  Vierge  pour  les  enfants  qui 
se  préparent  à  faire  leur  première  communion,  par  l'abbé  J.  Millot  (in-32, 
Letlîielleux).  —  La  Lumière  du  cœur.  Les  trois  Moments  de  la  vie.  Les  trois 
Morales,  par  J.  Serre  (in-12,  Lyon  et  Paris,  Vitte).  —  Retraite  spirituelle, 
par  J.  Guibert  (in-12,  Poussielgue).  —  Vers  les  Cimes.  Exhortations  à  un 
jeune  homme  chrétien,  par  l'abbé  Chabot  (in-12,  Beauchesne).  —  En  che- 
minant, par  A.  Besson  (in-32,  Lille,  Société  Saint- Augustin).  —  Maia  ou 
nilusion  de  la  pensée  occidentale.  Introduction  à  la  Raison  mystique,  par 
A.  L.  Tradens  (in-18,  Messein).  —  Éléments  tt  notions  pratiques  de  droit, 
par  H.  Michel  (in-18,  cartonné,  Colin).  —  Connaissances  pratiques  sur  le 
droit  rural  et  le  cadastre,  mises  à  la  portée  de  tous  les  cultivateurs,  fermiers, 
métayers,  etc.,  par  V.  Cayasse  et  J.-N.  Rabaté  (in-18,  Giard  et  Brière).  — 
Petit  Dictionnaire  de  droit  rural  et  usuel,  par  L.  Lesage  (in-12.  Librairie  agri- 
cole de  la  Maison  rustique). —  Les  Éléments  •cartésiens  de  la  doctrine  spino- 
zist^e  sur  les  rapports  de  la  pensée  et  de  son  objet,  par  A.  Léon  (gr.  in-8,  Alc«in). 

—  La  Philosophie  religieuse  de  S chleier mâcher ,  par  E.  Cramaussel  (in-8, 
Alcan).  —  Théorie  fondamentale  de  Vacte  et  de  la  puissance  ou  du  mouvement , 
le  devenir,  sa  causalité,  sa  finalité,  par  Mgr  A.  Farges  (gr.  in-8,  Berche  et 
Tralin).  —  Essais  sur  la  connaissance,  par  G.  Fonsegrive  (in-12,  Lecofïre, 
Gabalda).  —  Histoire  de  la  création  des  êtres  organisés,  d'après  les  lois  na- 
turelles, par  E.  Haeckel:  trad.  de  l'allemand  par  le  D""  C.  Letourneau  (in-8, 
Schleicher).  —  Les  Réflexions  de  Monsieur  Houlette,  notes  sur  Véducation, 
par  F.  de  Witt-Guizot  (in-16,  Perrin).  —  Causeries  familières  avec  des  jeunes 
filles  de  la  campagne  sur  V économie  domestique,  l'hygiène  et  Véducation  des 
enfants,  par  de  Lavaur  de  Laboisse  (in-18  cartonné,  Bloud). —  La  Femme 
dans  la  société,  par  L.  Legavre  (in-16,  Mons  et  Paris,  Édition  de  la  «  Société 
nouvelle  «).  —  La  Révision  douanière,  par  A.  Huart  (in-8,  Giard  et  Brière). 

—  Le  Marché  financier  américain  et  sa  récente  crise  monétaire,  par  H.  Schu- 
macher; trad.  de  l'allemand  par  J.  Lescure  (in-18,  Giard  et  Brière).  — 
Une  Étude  sur  V apprentissage,  d'après  des  documents  toulousains.  Essai  de 
philosophie  sociale,  par  J.  de  Bonne  (in-8,  Paris,  A.  Picard  et  fils;  Toulouse, 
Privât).  —  La  Vie  sociale,  la  vie  économique,  par  P.  Lassale  (in-16,  Lyon 
et  Paris,  Vitte).  —  La  Vie  ouvrière,  observations  vécues,  par  J,  Valdour 
(in-18,  Giard  et  Brière).  —  Pourquoi  nous  sommes  socialistes,  par  J.  Noël 
(in-16,  Mons,  Imp.  générale). —  Les  Idées  du  père  Rontemps,  journal  d'un 
paysan,  par  A.  Noël  (in-12,  Mons,  édition  de  la  Société  nouvelle).  —  Le 
Socialisme  à  V  étranger.  Angleterre,  Allemagne,  Autriche,  Italie,  Espagne, 
Hongrie,  Russie,  Japon,  États-Unis,  par  J.  Bardoux,  G.  Gidel,  Kinzo  Goraï, 
G.  Isambert,  G.  Louis-Jaray,  A.  Marvaud,  da  Motta  de  San  Miguel, 
P.  Quentin-Bauchart,  M.  Revon,  A.  Tardieu  (in-16,  Alcan). —  Essai  sur  la 
psychologie  de  la  main,  par  N.  Vaschide  (in-8.  Rivière).  —  La  Magie  dans 
rinde  antique,  par  V.  Henry  (in-12,  E.  Nourry.)  —  Traité  de  physique,  par 
O.  D.  Chwolson;  trad.  sur  les  éditions  russe  et  allemande  par  E.  Davaux; 
édition  revue  et  considérablement  augmentée  par  l'auteur,  suivie  de  Notes 
sur  la  physique  théorique,  par  E.  et  F.  Cosserat.  T.  II,  3^  et  4^  fasc.  (gr.  in-8, 
Herraann).  —  Traité  complet  d'analyse  chimique  appliquée  aux  essais  indus- 
triels, par  J.  Post  et  B.  Neumann  (in-8,  Hermann).  —  Les  Rovidés,  par 
S.  Guéraud-de  Laharpe  (in-16.  Laveur).  —  Les  Engrais,  par  J.  Fritsch. 
T.  1  et  II  (2  vol.  in-16,  Lr.veur).  —  Mémento  d'un  jardinier-amateur,  par 


-  479  — 

L.  Chevreau    (in-12  cartonné,  Librairie  agricole  de  la  Maison  rustique).  — 
La  Nation  armée.  Leçons  professées  à  l'École  dîs  hautes  études  sociales, 
l)ar  le  g-'^  Bazaine-Hayter,  C.  Bougie,  E.  Bourgeois,  le  c"'=  Bourguet,  E. 
Boutroux,.  A.   Croiset,   G.   Demeny,   G.   Lanson,  L.   Pineau,  le  c""  Poter, 
F.  Rauh  (in-8    cartonné,   Alcan).  —  La  Manœuvre  de  Lorlanges  exécutée 
par  le  13*?  corps,  le  12  septembre  1908,  par  le  général  Percin  (in-8,  Berger- 
Levrault). —  Le  Costume  en  Provence,  par  J.  Charles-Roux  (in-16,  Bloud).  — 
Théâtre  contre  la  guerre.  Scènes  de  guerre  de  tous  les  temps,  par  P.  Lacombe 
(in-6,  A.  Messein).  —  La  Cage  aux  œufs  d'or,  comédie  en  trois  actes  pour 
jeunes  filles,  par-  C.  Leroy- Villars  (in-12,  Haton).  —  La  Dernière  Farce  de 
Marfaillou.r,  comédie  en  ?.  actes  pour  jaunes  gens,,  par  C.  Leroy- Villars 
(in-12,  Haton).  —  Nuit  d'Egypte,  poème.  Esquisses,  par  J.  de  Bère  (in-16,. 
Perrin).  —  Clochettes  et  Bourdons,   par   R.    Huchard   (in-16,   Perrin).  — 
L'Écho  des  heures,  par  la  c^esse  de  Salorges  (in-12,    Lemerre).  —  Moisson 
d'étoiles,  par  T. -P.  de  Liuertat  (in-12,  Lemerre).  —  La  Pâque  des  roses, 
par  Touny-Lerys  (in-12,  Mercure  de  France). —  Les  Jardins  de  Bade,  bal- 
lades des  bords  du  Rhin,  par  G.  Philippe  (in-12,  édition  du  Befïioi).  —  Les 
Demoiselles  de  la  Poste,  par  G.  Bonhomme  (in-16,  Plon-Nourrit).  —  Les 
Metteurs  en  scène,  par  É.  Wharton  (in-16,  Plon-Nourrit).  —  Les  Anxiétés 
de  Thérèse  Lcsieure,  par  E.  Bricon  (in-16,  Plon-Nourrit).  —  Sœur  Marie- 
Odile,  par  C.  d'Ollone  (in-16,  Lemerre).  ■ —  Simone  la  romanesque,  par  L. 
Trotignon  (in-16,  Perrin).  —  La  Double  Confession,  par  C.  Le  Goffn  (in-16. 
Nouvelle  Librairie  nationale).  — La  Caverne,  par  Bay  Nys>  (in-8,  Baillière)/ 
—  La  Route  choisie,  par  M.  Debrol  (in-12,  Lethielîeux).  —  Les  Féodaux,  par 
Y.  Le  Febvre  (in-12,  Stock).  —  Petite  José,  par  P.  Perrault  (in-18,  Henri 
Gautier).  —  Le  Mari  de  la  veuve,  par  B.  do  Buxy  (in-18,  Henri  Gau';ier). — 
O  Jeunesse!    par  M.  Aigueperse  et  R.  Dombre  (in-18,  Henri  Gautier).  — 
Déserteur?   par  Florian-Parmentier   (in-16,   Gastein-Serge).  —  Études  sur 
l'humanisme,  par  F.  C.  S.  Schiller;  trad.  de  l'anglais  par  le  D^  J.  Jankele- 
vitch  (in-8,  Alcan).  —  La  Femme  et  l'amour  au  xii^  siècle,  d'après  les  poèmes 
de  Chrétien  de  Troi/es,  par  M.  Borodine  (in-8,  A.  Picard  et  fils).  — •  Stendhal 
et  l'Angleterre,  par  D.  Gunnell  (in-8,  Bosse).  — ■  Wir  Katholiken  und  die 
deutsche  Literatur,  von  H.  Falkenberg  (in-8,  Bonn,  Georgi).  — ■  Littérature 
anglaise,  par  W.  Thomas  (petit  in-8,  Larousse).  —  Régions  et  pays  de  France, 
par  J.  Fèvre  et  H.  Hauser  (in-8,  Alcan).  —  Dictionnaire  topographique  du 
département  du  Pas-de-Calais  comprenant  les  noms  de  lieu  anciens  et  mo- 
dernes, rédigé  par    le  comte  de  Loisne  (in-4,  Leroux). —  La  France  dans 
rOcéan  indien.  U Afriqwi  orientale  française,  par  E.  Gallois  (in-8,  Paris,  rue 
de  Mézières,  6).  —  Saint  François  d'Assise,  sa  vie  et  son  œuvre,  par  J.  Joer- 
gensen;  trad.  du  danois  par  T.  de  Wyzewa  (in-8,  Perrin).  —  Vie  du  vénérable 
Jean  Eudes,  instituteur  de  la  congrégation  de  Jésus  et  de  Marie  et  de  l'ordre 
de  Notre-Dame-de-Charité,  par  le  P.  D.  Boulay.  T.  IV  (gr.  in-8,  Haton).  — 
La   Vénérable  Anne-Marie  Javouhey  (1779-1851).   Sa  vie,  ses  travaux,  ses 
épreuves,  par   le  chanoine  I.  Chaumont  (in-8,  Poussielgue).  —  Jeanne  d' Arc, 
d'après  Anatole  France,  par  J.  Bricout  (in-12,  Lethielîeux).  —  Les  Amies 
de  Jeanne  d'Arc,  par  V.-D.  Artaud  (in-12,  Beauchesne).  —  Les  Reliques  de 
Jehanne  d'Arc.  Ses  lettres,  par  le  comte  C.  de  Maleissye  (in-12,  Bloud).  — 
La   Grande  Révolution,  1789-1793,   par  P.    Kropotkine    (in-12.   Stock).   — 
Autour  d'un  problème.  Réfutation  du  livre  de  M.  Joseph  Turquan  sur  Louis 
XVII,  par  O.  P'riedrichs  (in-18,  Daragon).  —  Napoléon  au  printemps  de 
1807.  Un  tableau  historique,  par  le  comte  H.  zu  Dohna;  trad.  de  Tallemanë 
par  G.   Douare   (in-8,   Champion).  —  Lettres  de  l'empereur  Napoléon,  du 


—  480  — 

l"^""  août  au  18  octobre  1813,  non  insérées  dans  la  Correspondance,  publiées 
par  X...  (in-8,  Berger-Levrault).  —  Trente-cinq  ans  d'cpiscopat,  par  Mgr  de 
Cabrières  (in-8,  Plon-Nourril).  —  Les  Écoles  et  renseignement  de  la  théo-' 
logie  pendant  la  première  moitié  du  xn^  siècle,  par  G.  Robert  (in-8,  Lecoffre, 
Gabalda).  —Étude  sur  les  relations  de  la  commune  de  Lyon  avec  Charles  Vil 
et  Louis  XI  (1417-1483),  par  L.  Caillet  (gr..in-8,  Lyon,  Rey;  Paris,  A. 
Picard  et  fils).  — ■  Le  Nivernais  et  les  Contes  de  Nevers,  par  R.  de  Lespinassc 
T.  L  (in-8.  Champion).  —  Za  Politique  religieuse  de  la  République  fran- 
çaise, par  A.  Mater;  publié  par  le  Comité  pour  défendre  à  l'étranger  la 
politique  religieuse  de  la  France  (in-12,  E.  Nourry).  —  Les  Textes  de  la 
politique  française  en  matière  ecclésiastique,  1905-1908,  publiés  par  le  Co- 
mité pour  défendre  à  l'étranger  la  politique  religieuse  de  la  France  (in-12, 
E.  Nourry). —  Le  Bilan  de  notre  marine,  par  J.-L.  de  Lanessan(in-16,  Alcan). 
—  Sous  les  aigles  autrichiennes.  Souvenirs  du  chevalier  de  Grueber,  officier 
de  cavalerie  autrichien  (1800-1820),  publiés  par  son  neveu^  Fr.  von  St...; 
trad.  de  l'allemand  avec  une  Préface  et  des  notes  par  le  capitaine  de  Ma- 
leissye-Melun  (in-16,  Perrin).  —  En  face  du  Soleil  levant,  par  Avesnes 
(in-16,  Plon-Xourrit).  —  The  Development  of  the  English  law  of  conspiracy, 
by  J.  Wallace  Br^-an  (in-8,  Baltimore,  The  Johns  Hopkins  Press).  —  Le 
Roman  de  Lamartine ,  par  L.  Séché  (in-16,  cartonné,  Fayard).  —  Interna- 
tional Catalogue  of  scientific  Literature.  Sixth  annual  issue.  L.  General 
Biology  (in-8,  London,  Harrison;  Paris,  Gauthier-Villars).  —  hiternational 
Catalogue  of  scientific  Literature.  Sixth  annual  issue.  R.  Bacteriology  (in-8, 
London,  Harrison;  Paris,  Gauthier-Villars).  —  International  Catalogue  of 
scientific  Literature.  Sixth  annual  issue.  M.  Botany  (in-8,  London,  Harrison; 
Paris,  Gauthier-Villars).  —  International  Catalogue  of  scientific  Literature. 
Sixth  annual  issue.  C.  Physics  (in-8,  London,  Harrison;  Paris,  Gauthier- 
Villars).  —  Bibliothèques.  Essai  sur  le  développement  des  bibliothèques  pu- 
bliques et  de  la  librairie  dans  les  deux  inondes.,  par  E.  Morel  (2  vol.  in-S, 
Mercure  de  France).  Visenot. 


Le  Gérant  :  CIIAPUIS. 


Imprimerie  pulyglulle  Kk.  Simon,  Keimes. 


POLTBIBLION 

REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE  UNIVERSELLE 

JURISPRUDENCE 

Mariage  et  Féminisme.  —  i.  Le  Mariage  et  le  divorce  de  demain,  par  Henri  Coulon 
et  René  de  Chavagnes.  Paris,  Flammarion,  s.  d.,  in-18  de  viii-432  p.,  3  fr.  50. — 
2.  Au  cxur  du  féminisme,  par  Théodore  Joran.  Paris,  Savaete,  s.  d.,  in-8  de 
xv-211  p.,  3  fr.  50.  —  3.  Féminisme  et  Christianisme,  par  A.-D.  Sertillanges. 
Paris,  Lecoffre,  Gabalda,  1908,  in-12  de  343  p.,  3  fr.  50.  —  4.  Un  Féminisme 
aceptable,  por  el  P.  Julio  Alarcôn  y  Meléndez.  Madrid,  s  Razon  y  Fe,  «  1908, 
in-16  de  327  p.,  3  fr. 

Droit  civil  et  Procédure.  —  5.  Traité  de  droit  civil  comparé,  par  Ernest  Roguin. 
Les  Successions.  Paris,  Pichon  et  Durand-Auzias,  1908,  2  vol.  in-8  de  xxxi-503 
et  xni-414  p.,  20  fr. —  6.  Précis  théorique  et  pratique  de  procédure  civile,  par 
E.  Glasson,  avec  le  concours,  au  point  de  vue  pratique,  de  P.  Colmet-Daage. 
2e  éd.,  mise  au  courant  de  la  législation  et  de  la  jurisprudence  par  Albert  Tissier. 

T.  II.  Paris,  Pichon  et  Durand-Auzias,  1908,  gr.  in-8  de  966  p.,  25  fr.  (les  2  vol.). 

7.  Petit  Manuel  pratique  des  vices  rédhibitoires  et  maladies  contagieuses  dans  les 
ventes  d'animaux  domestiques,  par  Louis  Malnoury.  Paris,  Giard  et  Brière,  1909, 
in-12  de  viii-142  p.,  1  fr.  50. 

Droif  public  et  administratif.  —  8.  Traité  de  droit  public  belge.  Droit  constitu- 
tionnel. Droit  administratif,  par  Paul  Errera.  Paris,  Giard  et  Brière,  1909,  in-8 
de  xii-821  p.,  12  fr.  50.  —  9.  L'Impôt  progressif  en  théorie  et  en  pratique,  par  Edwin 
R.  A.  Seligman;  trad.  par  Ant.  Marcaggi.  Paris,  Giard  et  Brière,  1909,  in-8  de 
ix-345  p.,  10  fr.  —  10.  Guide  pratique  des-  impôts  (vérification,  comparaison  et 
réclamations),  par  Henri  Fayollet.  Pari<î,  Giard  et  Brière,  1909,  in-18  de  100  p., 

1  fr. 

Droit  international.  —  11.  Curso  elemental  de  derecho  internacional  publico  é 
historia  de  los  tratados,  por  Luis  Gestoso  y  Acosta.  2^  éd.  Valencia,  Domenech, 
1907,  2  vol.  in-8  de  533  et  244  p.,  12  fr.  —  12.  Library  of  Congress.  List  of  Réfé- 
rences on  international  arbilration,  compiled  unter  the  direction  of  Appleton 
Prentiss  Clark  Griffin.  Washington,  Government  printing  Ofïïce,  1908,  sv. 
in-8  de  151  p. 

Ouvrages  divers.  —  13.  Le  Journal,  sa  vie  juridique,  ses  responsabilités  civiles, 
par  Georges  Duplat,  avec  Préface  de  Louis  Coosemans.  Paris,  Pedone;  Bruxelles, 
Dewit,  1909,  in-S  de  414  p.,  7  fr.  —  14.  Code-manuel  du  chasseur,  par  Gaston 
Lecouffe.  Paris,  Giard  et  Brière,  1909,  in-12  de  192  p.,  2  fr.  —  15.  Code-manuel 
du  cycliste,  par  Gaston  Lecouffe.  Paris,  Giard  et  Brière,  1909,  in-12  de  191  p., 

2  fr.  —  16.  Le  Cinématographe  devant  le  droit,  par  E.  Maugras  et  M.  Guégan. 
Paris,  Giard  et  Brière,  1908,  in  18  de  142  p.,  1  fr.  50. 

Mariage  et  Féminisme.  —  1.  —  On  a  beaucoup  parlé,  ce.s  années 
dernières,  d'un  «  comité  de  réforme  du  mariage  »,  qui  s'était  assigné 
la  tâche  de  préparer  un  projet  de  loi  modificatif  du  code  civil  sur 
tout  ce  qui  regarde  l'union  conjugale.  MM.  Henri  Coulon  et  René 
de  Chavagnes,  dans  leur  ouvrage  :  Le  Mariage  et  le  divorce  de  demain, 
nous  offrent  le  résultat  des  travaux  de  ce  comité.  Le  livre  s'ouvre 
par  un  chapitre  destiné  à  montrer  «  la  faillite  de  la  démagogie  ». 
Les  auteurs  recommandent  de  ne  pas  omettre  ce  chapitre;  ils  ont 
raison  :  c'est  la  meilleure  partie  de  leur  ouvrage.  Nous  y  relevons 
cette  vue  fort  juste  sur  notre  régime  constitutionnel  actuel  :  «  Les 
Juin  1909.  T.  CXV.  3L 


pouvoirs  exécutif  et  législatif  sont  liés  de  telle  sorte  l'un  à  l'autre 
qu'il  leur  est  également  impossible  d'échapper  à  l'oppression  démago- 
gique. Le  pouvoir  exécutif  s'exerce  dans  la  dépendance  absolue  du 
législatif,  lequel  est  lui-même  resclave  du  suffrage  universel,  lequel, 
à  son  tour  est  accaparé  par  les  démagogues.  \'oilà  le  cercle  affreuse- 
ment vicieux,  voilà  l'abime  d'incohérence  et  d'aventures  dans  lequel 
nous  nous  débattons  depuis  trente  ans.  »  Pour  nous  tirer  de  cet  abîme, 
nos  auteurs  font  appel  à  l'élite.  Mais  où  est  cette  élite?  Comment  la 
découvrir?  A  cette  question,  on  remarquera  qu'ils  ne  font  aucune  ré- 
ponse précise.  Ils  semblent  seulement  nous  présenter  l'œuvre  du 
comité  de  réforme  du  mariage  comme  une  intervention  des  intellec- 
tuels et  des  penseurs  dans  une  des  matières  où  une  réforme  législa- 
tive leur  paraît  nécessaire.  Ces  intellectuels  et  ces  penseurs  qui  ap- 
portèrent leur  collaboration  au  comité  sont  tous  cités  et  biographies 
dans  Touvrage.  La  plupart  soiit  des  écrivains,  des  romanciers,  tels 
que  ]\LM.  Paul  Adam,  Henry  Bataille,  Jules  Bois,  Ai'mand  Charpen- 
tier, Lucien  Descaves,  Pierre  Louys,  Maurice  Msetei'linck,  Paul  et 
Victor  Margueritte,  Octave  Mirbeau,  Marcel  Prévost,  etc.  Nous  no- 
tons un  avocat  seulement,  M*^  Le  Foyer,  et  trois  magistrats,  l'illustre 
président  Magnaud,  son  émule  parisien  M.  Séré  de  Rivières  et  ^L 
Sébastien-Charles  Leconte,  poète  et  président  du  tribunal  de  Dole, 
puis  quelques  femmes  de  lettres  ou  féniinistes,  M'^i^s  Avril  de  Sainte- 
Croix,  Bertault-Séguin,  Oddo-Deflou,  Héra  Mirtel,  Jeanne  Schmall 
et  Séverine.  \'oilà  certes  une  élite  !  On  ne  nous  donne  malheureuse- 
ment qu'une  partie  des  délibérations  du  comité,  et  c'est  dommage  : 
par  ce  qu'on  nous  montre,  nous  pouvons  juger  de  ce  que  nous  per- 
dons. ^^^ici,  par  exemple,  un  petit  dialogue  qui  a  son  prix  : 

M.  Séré  de  Bh'ières.  —  La  règle  nouvelle  doit  être  le  mariage  libre,  et  l'excep- 
tion le  mariage  enregistré  ou  notarié.  Point  de  célébration,  point  de  consécration. 

Jl/'oe  Séi'érine.  —  Considéroris  l'enregistreur  d*s  mariages  comme  un  distribu- 
teur automatique  1 

M.  Lucien  Le  Foyer.  —  Oui,  mais  n'y  mettons  pas  de  mauvaises  pièces,  sans 
quoi  nous  commettrions  une  escroquerie.  Il  serait  peu  intéressant  de  favoriser  des 
actes  illégaux. 

Quelques  discussions  furent  orageuses,  notamment  celle  où  un 
membre  du  comité  s'avisa  de  proposer  d'établir,  comme  régime  ma- 
trimonial, «  une  nouA'elle  forme  de  communauté  où  le  mari  serait 
simplement  administrateur  des  biens  ».  «  Cette  proposition,  dit  le 
compte  rendu,  déchaîna  une  véritable  tempête.  Tous  les  représen- 
tants du  sexe  réputé  fort  protestèrent  avec  indignation  contre  cette 
nouvelle  manière  de  perpétuer  la  puissance  légale  du  mâle.  »  Le  pro- 
jet de  loi  proposé  par  le  comité  se  trouve  à  la  fin  du  volume.  Hélas  ! 
avouons-le,  sa  lecture  a  été  pour  nous  une  déception.  De  la  collabo- 
ration de  tous  ces  hommes  d'esprit,  de  ces  romanciers  et  de  ces  poè- 


—  483   - 

tes,  est  sorti  le  document  le  plus  banal,  le  plus  dépourvu  d'idéal  qui 
se  puisse  concevoir.  Voici,  à  titre  d'exemple,  comment  ce  projet  défi- 
nit le  mariage  :  «  Le  mariage  est  un  engagement,  qui  est  formé  par 
tout  acte  d'où  résulte  l'identité  des  contractants  et  leur  volonté  de 
s'unir.  »  Cela  ne  ressemble  en  rien  à  la  belle  définition  du  juriscon- 
sulte romain  :  consortium  omnis  vitae,  divini  et  huniani  jiiris  commu- 
nicatio.  Quant  à  la  manière  dont  le  mariage  se  ferait,  c'est  presque 
à  la  lettre  le  système  du  distributeur  automatique  proposé  par  M"^^  Séve- 
rine :  dans  toutes  les  mairies,  on  délivrerait  gratuitement  des  formules 
imprimées  que  les  futurs  époux  n'auraient  qu'à  remplir!,..  Inutile 
d'insister.  Si  le  Mariage  et  le  divorce  de  demain  est  un  livre  d'apparence 
grave  et  sérieuse,  on  voit  qu'il  est  aussi,  par  ejidroits,  fort  amusant. 

2.  —  Dans  son  nouvel  ouvi'age  :  Au  Cœur  du  féminisme,  M.  Théor 
dore  Joran  nous  dit  que  la  plupart  des  membres  du  fameux  comité 
de  réforme  du  mariage  avaient  quelque  raison  personnelle  de  détes- 
ter le  mariage.  Ils  étaient  dans  la  situation  du  renard  qui  voulait 
persuader  à  ses  congénères  de  ne  plus  porter  queue;  on  aurait  pu 
leur   dire,   à  eux  aussi   : 

Eh  1  tournez-vous,  de  grâce,  et  l'on  vous  répondra. 

On  pourrait  le  dire  également  à  beaucoup  de  féministes.  Daniel 
Stern  en  a  déjà  fait  la  remarque  :  «  Les  femmes  ciui  ont  été  malheu- 
reuses en  ménage  demandent  le  divorce;  celles  qui  aiment  leur  mari 
veulent  l'indissolubilité  du  mariage  :  voilà  toute,  leur  logique.  »  M. 
Frédéric  Mas  son,  dans  la  belle  Préface  qu'il  a  écrite  pour  le  livre  de 
M.  Joran,  dit  à  son  tour  que  le  féminisme,  dans  ses  origines,  «  ne 
dérive  point  d'idées,  mais  de  passions,  et  de  passions  qui,  pour  ga- 
lantes qu'elles  sont,  n'en  sont  pas  plus  avouables.  »  Notons  aussi  cette 
juste  observation  de  l'éminent  académicien  :  «  Le  féminisme  n'est 
pas  autre  chose  qu'une  des  formes  de  la  doctrine  anarchique,  qui, 
sur  toutes  les  classes,  sur  tous  les  êtres  de  la  société  française,  sur 
toutes  ses  institutions,  sur  tout  ce  qui  forme  l-'essentiel  de  la  nation, 
s'étend  avec  la  rapidité  d'une  épidémie.  »  Pour  nous  faire  pénétrer 
«  au  cœur  du  féminisme  »,  M.  Théodore  Joran  expose  et  critique  les 
idées  de  quelques  féministes  de  marque,  M'"^^  Cécile  Renooz,  Lydie 
Martial,  Nelly  Roussel,  Avril  de  Sainte-Croix,  Madeleine  Pelletier. 
Il  consacre  aussi  un  chapitre  à  un  précurseur  du  féminisme.  Poulain 
de  la  Barre,  qui  a  publié  au  xvii^  siècle  un  discours  sur  l'égalité  des 
deux  sexes.  M.  Théodore  Joran  avoue  qu'il  s'attache  plutôt  à  dévoiler 
les  tares  du  féminisme  qu'à  en  montrer  les  côtés  avantageux.  Mais, 
dit-il,  c'est  exprès;  il  y  a  assez  de  gens,  sans  lui,  pour  en  vanter  les 
beautés  1 

3.  —  Au  nombre  de  ces  gens  qui  célèbrent  le  féminisme,  on  peut, 


—  484  — 

à  la  rigueur,  ranger...  M.  l'abbé  Sertillanges,  professeur  de  philoso- 
phie morale  à  l'Institut  catholique  de  Paris.  Dans  les  belles  conférences 
qu'il  a  publiées  sous  le  titre  :  Féminisme  et  Christianisme,  il  se  montre 
très  manifestement  sympathique  au  mouvement  d'émancipation 
de  la  femme.  Ce  mot  même  d'émancipation  ne  lui  fait  pas  peur.  «  Si 
l'en  entend,  dit-il,  par  féminisme  :  premièrement,  une  lutte  des  sexes; 
deuxièmement,  un  individualisme,  un  égoïsme  pour  femmes,  et,  enfin, 
une  tendance  à  supprimer  la  division  du  travail  humain  en  écartant 
la  femme  des  rôles  familiaux  pour  la  jeter,  ex  aequo  avec  l'homme,  dans 
la  vie  publique,  alors  nous  ne  sommes  pas  féministes.  Mais  si,  par 
féminisme,  on  entend  Témancipation  de  plus  en  plus  effective  de  la 
personne  morale  féminine,  son  développement  en  valeur,  son  appli- 
cation enrichie  à  toutes  les  occupations  en  rapport  avec  ses  aptitudes 
et  ses  deyoirs,  dans  toute  l'ampleur  que  permettent  ces  devoirs  et 
-  que  rendent  hem'euses  ces  aptitudes,  en  ce  cas,  nous  en  sommes.  » 
J'avoue  que  ce  passage  me  lais?e  un  peu  d'inquiétude.  Ce  que 
]\I.  l'abbé  Sertillanges  réprouve  est  très  précis;  ce  qu'il  admet  est  un 
peu  vague,  et,  dans  sa  bienveillance  pour  ce  qu'il  appelle  lui-même  «  le 
89  féminin  »,  il  me  parait  aller  quelquefois  un  peu  trop  loin.  Ainsi, 
il  ne  voit  aucun  obstacle  à  l'entrée  des  femmes  dans  les  fonctions 
publiques.  Il  invoque  ce  texte  :  «  En  ces  jours-là,  Débora  jugeait  Is- 
raël. »  Mais  Débora  était  une  prophétesse,  et,  en  définitive,  l'Écriture 
ne  nous  montre  qu'une  Débora.  Parce  que  Jeanne  d'Arc  a  conduit  des 
armées,  peut-on  dire  que  toutes  les  femmes  sont  faites  pour  le  métier 
des  armes?...  Sur  leur  accession  aux  droits  politiques,  M.  Sertillan- 
ges ne  se  prononce  pas  très  formellement.  En  théorie  pure,  il  ne  voit 
rien  qui  s'y  oppose;  il  demande  seulement  qu'on  tienne  compte  des 
contingences  et  de  la  résistance  des  mœurs,  qu'on  procède  par  étapes. 
En  définitive,  il  y  est  favorable.  Mais  c'est  surtout  dans  la  grave 
question  de  l'organisation  du  foyer  que  l'éminent  professeur  nous  pa- 
raît faire  de  bien  grandes  concessions  aux  idées  féministes.  Tout  en 
reconnaissant  que  la  famille  doit  être  une,  il  admet  qu'un  temps  pourra 
venir  où  l'autorité  sera  partagée  entre  le  mari  et  la  femme;  chacun 
d'eux  aura  ses  attributions.  Comment  alors  le  mari  sera-t-il  encore 
le  chef  de  l'épouse,  comme  le  veut  saint  Paul?  Comment  concilier 
cette  nouvelle  organisation  de  la  famille  avec  le  texte  prescrivant 
aux  femmes  d'être  soumises  à  leur  mari  «  en  toutes  choses  »?  S'il  y  a 
désaccord  et  que  chacun  soit  libre  de  faire  à  sa  guise,  où  sera  alors 
l'unité  de  la  famille?...  Telles  sont  les  objections  sérieuses  que  nous 
suggèrent  quelques  pages  du  livre  de  M.  Sertillanges.  Sauf  cela,  l'on 
ne  doit  pas  hésiter  à  dire  que  ce  livre  est  le  plus  beau,  le  plus  éloquent, 
qui  existe  sur  la  question  féministe.  Dans  un  style  à  la  fois  familier 
et  imagé,  nerveux  et  plein  de  délicatesse,  l'éminent  orateur  démêle 


—  485  — 

merveilleusement  tous  les  difficiles  problèmes  que  soulève  la  situa- 
tion de  la  femme.  Les  deux  dernières  conférences  surtout,  consacrées 
à  l'instruction  et  à  l'éducation  féminines,  abondent  en  observations 
fines  et  judicieuses  et  en  conseils  éclairés;  elles  méritent  d'être  lues 
par  toutes  les  personnes  qui  ont  à  élever  des  jeunes  filles,  et  d'abord 
par  les  pères  et  mères  de  famille. 

4.  —  Qu'il  y  ait  quelque  chose  de  bon  dans  le  féminisme,  le  R.  P. 
Alarcôn  y  Meléndez,  de  la  Compagnie  de  Jésus,  l'admet  lui-même, 
et  le  titre  de  son  livre  le  proclame  :  Un  Feminismo  aceptable.  Toute- 
fois, le  religieux  espagnol  est  incontestablement  plus  rigide  que 
M.  l'abbé  Sertillanges.  Il  estime  que  la  femme  ne  doit  pas  pénétrer 
dans  les  magistratures,  dans  les  offices  publics;  qu'elle  ne  doit  pas 
être  électeur.  Sur  ce  dernier  point,  dans  une  note,  le  R.  P.  Alarcôn 
cite  l'opinion  du  Souverain  Pontife  actuel.  Dans  une  audience  accor- 
dée à  Mme  Camille  \Mener,  de  Vienne,  Pie  X  aurait  dit  :  «  Les  fem- 
mes électeurs  !  les  femmes  députés  !  les  femmes  membres  d'un  Parle- 
ment L  Ah  !  cela  non!  Il  ne  nous  manquerait  plus  que  cela!  »  Au 
féminisme  révolutionnaire,  qui  prétend  rendre  la  femme  plus  heu- 
reuse en  l'assimilant  à  l'homme,  le  R.  P.  Alarcôn  oppose  le  féminisme 
rationnel  et  chrétien,  qu'il  formule  ainsi  :  «  La  femme  sera  d'autant 
plus  heureuse  en  cette  vie  et  en  l'autre  qu'elle  sera  plus  vraiment 
femme  et  moins  homme.  «  C'est  surtout,  d'ailleurs,  en  se  plaçant  au 
point  de  vue  espagnol,  eu  égafd  à  la  religion,  aux  traditions  et  aux 
mœurs  de  l'Espagne,  que  le  P.  Alarcôn  étudie  et  apprécie  le  fémi- 
nisme. II  loue  les  écrits  de  M'^^  Concepciôn  Arenal,  qu'il  appelle 
«  une  célébrité  méconnue  »,  mais  réfute  cependant  quelques-unes  des 
idées  émises  par  elle,  notamment  celle  de  faire  sortir  les  femmes  de 
leur  foyer  pour  les  lancer  dans  un  apostolat  religieux  et  social.  D'a- 
près le  R.  P.  Alarcôn,  la  seule  politique  qui  convienne  à  la  femme, 
c'est  la  politique  du  service  de  Dieu,  dans  la  famille  ou  dans  le  cloître; 
sa  véritable  mission  est  celle  de  la  charité;  son  meilleur  apostolat  est 
celui  de  la  prière  et  du  sacrifice.  Ce  féminisme-là  est,  sans  contredit, 
le  plus  noble  et  le  plus  beau;  mais  j'ai  peur  que  ce  soit  justement 
celui  dont  les  féministes  ne  veulent  plus! 

Droit  civil  et  Procédure.  — ■  b.  — ^  M.  Ernest  Roguin  invoque, 
avec  juste  raison,  la  haute  portée  sociale  du  droit  de  succession  pour 
motiver  l'étendue  qu'il  a  donnée  à  l'étude  de  ce  droit  dans  son  remar- 
quable Traité  de  droit  civil  comparé.  Deux  volumes  sont  consacrés  par 
le  savant  professeur  de  Lausanne  à  la  succession  ab  intestat;  le  troi- 
sième, non  encore  paru,  traitera  de  la  succession  testamentaire  ou 
contractuelle  et  des  limites  opposées  à  la  liberté  de  tester.  M.  Ro- 
guin insiste  à  maintes  reprises  sur  cette  idée  fort  exacte  que  le  droit 
d'héritage  est  un  des   liens  les  plis  puissants  de  la  famille,  et  il  en 


—  186  — 

conclut  naturellement  que  toute  loi  qui  restreint  ou  relâche  ce  lien 
est  antisociale  et  anarchique.  «  Los  législateurs  bourgeois,  dit-il,  ne 
se  sont  jamais  opposés  énergiquement,  comme  ils  auraient  dû  le  faire, 
à  la  confiscation  de  leurs  successions.  Au  contraire,  ils  l'ont  toujours 
admise  plus  facilement  que  l'élévation  de  l'impôt  sur  la  fortune  des 
vivants,  préférant  ainsi  la  ruine  de  leur  classe  à  la  restriction  de  leurs 
dépenses  personnelles.  La  discussion  de  la  dernière  loi  française 
sur  la  taxation  des  héritages  n'a  rien  été  en  comparaison  de  celle  du 
projet  d'impôt  sur  les  revenus,  qui  fait  actuellement  l'objet  des  déli- 
bérations des  Chambres.  Lorsque  les  membres  d'un  groupe  dirigeant 
pratiquent  une  politique  semblable,  ils  signent  leur  abdication  et  même 
leur  arrêt  de  mort.  »  M.  Roguin  reproche  même  aux  catholiques  d'a- 
voir pactisé  sur  ce  point  avec  les  socialistes.  Il  n'a  peut-être  pas  tort 
pour  quelques  catholiques  individuellement  :  on  sait  que  certains 
moutons  se  plaisent  à  fréquenter  avec  les  loups,  sans  prévoir  le  sort 
inévitable  qui  les  attend.  Mais  il  n'est  pas  exact,  à  notre  avis,  de  dire 
que  «  le  christianisme,  religion  éminemment  égalitaire  et  considérant 
l'homme  comme  un  individu  porteur  d'âme,  non  comme  le  membre 
d'un  groupe  naturel  dont  le  principe  d'union  le  plus  énergique  est  la 
propriété,  a  toujours  été  et  sera  jusqu'à  la  fin  l'ennemi  de  la  famille  »; 
que  «  I3  chrétien  conséquent  ne  saurait  être  le  défenseur  de  la 
propriété,  et,  en  particulier,  du  droit  de  succession  ».  Entre  le  droit 
ancien,  qui,  trop  souvent,  sacrifiait  l'individu  à  la  famille,  et  le  droit 
nouveau,  qui  pai'aît  mettre  son  idéal  dans  l'union  hbre,  le  christia- 
nisme se  place  dans  le  juste  milieu.  Mais  peut-on  l'accuser  d'être  l'en- 
nemi de  la  famille,  lui  qui  proclame  l'indissolubilité  du  mariage?  Et, 
quant  à  l'héritage,  M.  Roguin  ne  sait-il  pas  que  tous  les  docteurs  chré- 
tiens s'accordent  pour  affirmer  qu'il  est  de  droit  naturel?...  Cette 
boutade,  un  peu  irréfléchie,  du  savant  auteur  ne  doit  pas  nous  em- 
pêcher de  reconnaître  en  lui  un  homme  à  l'esprit  supériem*, 
capable  de  s'élever  au-dessus  de  préjugée  anciens  qui,  par  leur  anti- 
quité même,  en  imposent  à  un  trop  grand  nombre  de  jurisconsultes. 
C'est  ainsi  qu'il  proteste  avec  énergie  contre  certains  aphorismes 
qui,  trop  longtemps,  ont  passé  pour  des  axiomes,  tels  que  l'impossibilité 
de. faire  un  legs  à  une  personne  non  conçue,  de  créer  une  fondation 
par  le  même  acte  testamentaire  qui  y  affecte  des  biens  déterminés; 
ces  faux  principes,  on  le  sait,  infestent  encore  notre  droit  français,  au 
détriment  de  la  liberté  testamentaire.— L'étudesystématique  du  droit 
successoral,  comme  le  remarque  M.  Roguin,  est  fort  difficile  à  ordon- 
ner. Les  lois  des  différents  peuples  sur  les  successions  sont  très  dis- 
parates, et,  quand  on  les  rapproche  encore  des  lois  anciennes,  notam- 
ment de  celles  sur  la  dévolution  des  fiefs,  qui  eurent  tant  d'impor- 
tance autrefois,  l'incohérence  paraît  encore  plus  grande.  Avant  d'en- 


—  487  — 

trer  dans  le  détail  des  différentes  législations,  M.  Roguin  a  voulu 
rechercher  de  quels  principes  généraux  ell&s  ont  pu  s'inspirer.  Jus- 
qu'ici on  se  bornait  à  dire  que  la  dévolution  de  la  succession  ab  intestat 
était  motivée  sur  l'affection  présumée  du  défunt.  M.  Roguin  pousse 
l'analyse  plus  loin;  suivant  lui,  trois  idées  peuvent  inspirer  le  législa- 
teur dans  la  réglementation  des  droits  héréditaires:  la. communauté 
du  sang,  la  proximité  du  degré  de  parenté  et  la  représentation.  «  Un 
successeur  quelconque,  dit-il,  ne  saurait  se  rattacher  au  de  en/as  au- 
trement qu'en  vertu  d'un  de  ces  faits  naturels  et  généraux,  suscep- 
tibles d'être  érigés  en  principes.»  Cela  est  exact,  et  néanmoins  il  nous 
semble  que  l'affection  présumiîe  doit  intervenir  aussi  pour  expliquer 
certaines  règles  successorales,  notamment  la  préférence  donnée  aux 
descendants  sur  les  ascendants  à  degré  égal.  Un  système  successoral 
très  en  faveur  aujourd'hui  est  celui  dit  «  des  parentèles»  ;  il  consiste, 
comme  on  sait,  à  déférer  la  succession  aux  parents  issus  des  ascen- 
dants les  plus  proches,  d'abord  aux  descendants  des  père  et  mère,  puis 
à  ceux  des  grands-pères  et  grand'mères,  et  ainsi  de  suite.  Ce  système, 
combiné  avec  la  représentation,  est  plus  favorable  aux  jeunes  géné- 
rations. En  revanche,  il  augmente  le  nombre  des  successibles  et 
■  par  suite  le  morcellement  des  fortunes.  Il  a  été  adopté,  non  sans 
d'importants  tempéraments,  par  le  code  allemand  et  par  le  code 
suisse.  Certains  juristes  allemands  ont  soutenu  que  le  système 
parentélaire  tirait  son  origine  du  vieux  droit  germanique.  Dans  une 
intéressante  incursion  sur  le  terrain  historique,  M.  Roguin  soutient 
que  cette  prétention,  inspirée  par  le  nationahsme,  est  bien  loin  d'être 
démontrée.  Le  deuxième  volume  débute  par  l'étude  de  quelques  insti- 
tutions particulières,  notamment  du  «  homesteadt  «  nord-américain 
et  des  «  asiles  de  famille  »  organisés  par  le  code  suisse,  mais  dont  le 
succès  paraît  fort  problématique.  Ensuite,  sous  le  titre  de  «  Droits  des 
<îàtégories  naturelles  de  successeurs  »,  l'auteur  expose  la  manière  dont 
la  succession  se  répartit  entre  les  différents  groupes  d'héritiers, 
soit  dans  le  même  groupe,  soit  entre  héritiers  de  groupes  différents. 
C'est  cet  exposé  surtout  qui  permet  de  comparer  les  tendances  diver- 
ses des  législations  de  chaque  peuple.  Quant  à  une  tendance  générale, 
elle  n'apparaît  pas  clairement.  L'étude  systématique  des  droits 
des  parents  légitimes  est  suivie  de  celle  de  la  place  faite  aux  enfants 
naturels.  Ici  M.  Roguin  constate  une  propension  presque  universelle 
à  augmenter  les  droits  de  cette  classe  de  successeurs.  Quant  à  lui, 
il  voit  dans  l'assimilation  des  enfants  nés  hors  du  mariage  à  ceux  nés 
d'une  union  légitime  «  le  comble  de  la  déraison  ».  La  discussion  à  la- 
quelle se  livre  sur  ce  point  M.  Roguin  est  fort  intéressante;  le  savant 
professeur  réfute  avec  esprit  toutes  les  considérations  égalitaires, 
sentimentales,  «  lacrymatoires  »,  invoquées  en  faveur  des  enfants  na- 


—  .188  — 

turels;  il  montre  qu'elles  ne  doivent  pas  prévaloir  contre  l'intérêt 
moral  et  social  qu'il  y  a  à  sauvegarder  la  famille  légitime.  Par  une 
véritable  contradiction,  tandis  qu'on  affaiblit  le  lien  du  mariage,  on 
tend  à  augmenter  les  droits  héréditaires  du  conjoint  survivant. 
M.  Roguin  est  bien  d'accord  avec  la  plupart  des  jurisconsultes  moder- 
nes pour  approuver  l'établissement  entre  époux  de  droits  successo- 
raux. Mais  il  préfère  le  système  français,  n'allouant  au  conjoint  qu'un 
droit  d'usufruit,  à  celui  du  code  allemand  qui  lui  fait  une  attribution 
de  pleine  propriété.  Les  dernières  pages  du  volume  sont  consacrées 
à  l'examen  de  la  question  de  la  limitation  du  droit  de  succéder  : 
M.  Roguin  se  retrouve  ici  en  face  des  partis  socialistes  qui  réclament  la 
restriction  et  même  la  suppression  complète  de  l'héritage.  Il  déplore 
les  concessions  que  leur  font  trop  souvent  de  pseudo-conservateurs. 

6.  —  Nous  avons  déjà  signalé  la  nouvelle  édition  donnée  par 
M.  Albert  Tissier,  professeur  à  la  Faculté  de  droit  de  Paris,  du  Précis 
théorique  et  pratique  de  procédure  civile,  de  M.  Glasson  (V.  Polybiblion, 
T.  CXI II,  p.  398).  C'est  un  livre  de  haut  mérite  scientifique  et  de 
grande  utilité  pratique.  Le  second  volume,  qui  vient  de  paraître, 
traite  des  voies  de  recours,  des  voies  d'exécution,  y  compris  les  pro- 
cédures d'ordre  et  de  distribution  par  contribution,  dos  procédures 
spéciales  et,  en  particulier,  de  celle  relative  aux  accidents  du  travail, 
et,  enfin,  de  l'arbitrage.  Considérablement  augmenté,  mis  au  courant 
de  la  législation  et  de  la  jurisprudence,  et  complété  par  une  table 
des  matières  très  détaillée,  l'ouvrage  du  regretté  doyen  de  la  Faculté 
de  Paris,  bien  qu'il  ait  été  composé  en  vue  de  l'enseignement,  ser- 
vira peut-être  encore  plus  dorénavant  aux  hommes  d'affaires  qu'aux 
étudiants. 

7.  — Les  questions  de  vices  rédhibitoires  et  de  maladies  contagieuses 
peuvent  causer  bien  des  soucis  aujourd'hui  aux  cultivateurs.  Des 
lois  nouvelles  imposent  des  obligations  rigoureuses  :  en  cas  de  mala- 
die contagieuse,  une  déclaration  à  la  mairie  et  l'isolement  de  l'ani- 
mal. La  vente  de  cet  animal  est  désormais  interdite.  Si  elle  a  lieu, 
malgré  la  défense,  elle  est  nulle;  mais  l'acheteur  n'a  que  quarante- 
cinq  jours  pour  en  demander  la  nullité;  trente  jours  même  seulement 
quand  la  maladie  est  la  tuberculose.  Lorsqu'il  s'agit  d'un  animal  at- 
teint seulement  d'un  vice  rédhibitoire,  le  délai  pour  agir  est  encore 
plus  court  :  neuf  jours.  Le  juge  compétent  est  tantôt  le  juge  de  paix, 
tantôt  le  tribunal  civil,  tantôt  le  tribunal  de  commerce,  sans  parler 
du  tribunal  correctionnel,  qui  a  aussi  son  rôle.  Bref,  en  cette  matière, 
tout  agriculteur,  tout  possesseur  d'animaux  domestiques  a  besoin 
d'être  exactement  renseigné;  il  le  sera,  s'il  a  soin  de  se  munir  du 
Petit  Manuel  pratique  des  vices  rédhibitoires  et  mcdadies  contagieuses 
dans  les  ventes  d'animaux  domestiques,  de  M.  Louis  Malnoury,  qui 


—  480  — 

contient,  outre  les  règles  à  suivre  dans  les  diverses  circonstances,  les 
formules  des  actes  de  procédure  auxciuels  il  y  a  lieu  de  recourir. 

Droit  public  et  administratif.  — 8.  — «  Liberté  en  tout  et  pour 
tous  »,  telle  est  la  devise  dont  s'inspira  en  Belgic[ue  le  Congrès  natio- 
nal qui,  après  1830,  élabora  la  constitutioii  du  nouveau  royaume.  «  Li- 
berté en  tout  et  pour  tous  »,  cet  adage  peut  encore  être  cité  aujour- 
d'hui comme  caractéristique  des  institutions  belges.  En  lisant  le 
Traité  de  droit  public  belge  que  M.  Paul  Errera,  professeur  à  l'Uni- 
versité de  Bruxelles,  vient  de  publier,  on  est  parfois  tenté  d'y  voir, 
non  pas  seulement  l'exposé  du  régime  gouvernemental  d'une  nation- 
déterminée,  mais  le  tableau  idéal  de  la  législation  d'un  pays  libre. 
Comme  le  montre  M.  Errera,  les  auteurs  de  la  constitution  belge  se 
sont  appliqués  à  assurer,  sous  un  régime  monarchique,  le  plein  exer- 
cice de  la  souveraineté  nationale.  Pour  cela,  ils  n'ont  pas  jugé  utile 
de  proclamer  de  grands  principes  théoriques,  comme  l'avait  fait  la 
Constituante  française  de  1789;  ils  ont  mieux  aimé  chercher  la  garan- 
tie des  libertés  publiques  dans  des  dispositions  précises  et  praticpies. 
Ils  ont  vu,  notamment,  dans  la  séparation  des  pouvoirs,  bien  com- 
prise, une  barrière  sérieuse  contre  l'absolutisme,  et  ils  se  sont  efforcés 
de  donner  au  pouvoir  judiciaire  cette  autorité  qui  lui  a  toujours  fait 
défaut  en  France.  S'il  est  vrai  qu'en  Belgique,  comme  chez  nous,  le 
pouvoir  législatif  est  souverain  dans  son  domaine,  qu'il  échappe  à 
tout  contrôle  et  que  les  juges  ne  peuvent  refuser  d'appHquer  une  loi 
comme  inconstitutionnelle,  du  moins  les  tribunaux  ont  le  pouvoir 
d'apprécier  la  légalité  de  tous  les  actes  du  pouvoir  exécutif.  Le  respect 
des  lois  est  ainsi  imposé  aux  administrateurs  non  moins  qu'aux  sim- 
ples particuliers.  Estimant  avec  Montesquieu  que  «  les  lois  qui  éta- 
blissent le  droit  de  suffrage  sont  fondamentales,  »  les  constituants  bel- 
ges avaient  inséré  ces  lois  dans  la  constitution.  C'est  pourquoi,  en 
1893,  quand  M.  Bernaert  voulut  remplacer  le  régime  électoral  censi- 
taire par  le  vote  plural,  la  revision  de  la  constitution  fut  nécessaire. 
Suivant  M.  Errera,  le  vote  plural  ne  serait  qu'un  acheminement  vers 
le  suffrage  universel  pur  et  simple.  Toutefois,  bien  que  peu  sympa- 
thique au  parti  catholique  qui  a  introduit  la  représentation  propor- 
tionnelle dans  les  élections  politiques,  le  savant  professeur  considère 
cette  innovation  comme  heureuse  et  comme  devant  être  appliquée 
dans  l'avenir  à  toutes  les  élections.  A  l'étude  du  droit  constitution- 
nel, M.  Errera  ajoute  celle  du  droit  administratif,  il  traite  encore 
notamment  des  impôts,  de  l'organisation  de  l'armée,  des  institu- 
tions provinciales  et  locales,  de  l'enseignement,  des  cultes,  des  voies 
et  moyens  de  communication,  du  régime  des  eaux,  du  régime  minier, 
de  la  lé^slation  sociale  et  de  la  propriété  industrielle,  littéraire  et  ar- 
tistique. L'ouvrage  se  termine  par  un  important  appendice  sur  l'orga- 


—  490  — 

nisation  do  l'ancien  Etat  indépendant  du  Congo,  récemment  tran?- 
fin'mé  en  C(flonie  belge. 

9.  —  De  tout  temps  les  gouvernements  ont  cherché  à  augmenter  les 
impôts.  C'était  déjà  la  principale  préoccupation  des  seigneurs  féodaux, 
et  c'est  encore  plus  aujourd'hui  le  but  visé  par  to-us  les  États  démo- 
cratiques. Un  procédé  qui  paraît  tout  simple  et  qui  plaît  surtout  à  la 
démocratie,  c'est  de  taxer  de  plus  en  plus  les  riches  et  de  demander 
de  moins  en  moins  aux  pauvres.  C'est  le  système  de  l'Impôt  progressif. 
Que  vaut  ce  système?  M.  Edwdn  Seligman,  professeur  d'économie 

•  politique  à  l'Université  de  Columbia  (New  York),  a  consacré  tout  un 
livre  à  ce  problème,  qu'il  étudie  en  théorie  et  en  pratique.  Au  mo- 
ment où  se  discute  en  Fi'ance  l'établissement  d'un  impôt  global  et 
progressif  sur  le  revenu,  la  traduction  de  ce  livre,  due  à  M.  Mar- 
caggi,  juge  suppléant  au  tribunal  civil  de  Grenoble,  présente  une 
réelle  opportunité.  On  y  trouve  d'abord  l'histoire  de  l'impôt  pro- 
gressif depuis  l'antiquité  jusqu'aux  dernières  appUcations  qui  ont 
été  faites  de  ce  système  par  les  nations  modernes.  L'auteur  recherche 
ensuite  sur  quels  arguments  la  progressivité  peut  se  baser.  Il  dis- 
tingue trois  théories  principales  :  la  théorie  socialiste,  qui  prétend 
employer  l'impôt  à  corriger  les  inégalités  sociales;  la  théorie  compen- 
satoire, qui  voit  dans  l'impôt  progressif  un  moyen  de  contrebalan- 
cer les  avantages  dont  jouissent  les  riches,  notamment  dans  la  répar- 
tition des  impôts  de  consommation;  en  troisième  lieu,  la  théorie  éco- 
nomique, qui  est  double  :  elle  consiste,  d'un  côté,  dans  le  système 
dit  du  bénéfice,  d'après  lequel  le  citoyen  doit  payer  l'impôt  en  propor- 
tion des  services  que  lui  rend  l'État,  et  il  y  a,  d'un  autre  côté,  la  théorie 
des  facultés,  suivant  laquelle  chacun  doit  être  imposé  en  égard  à  ses 
moyens  ou  à  ses  capacités  contributives.  Chose  étrange  :  ces  deux  idées 
ont  été  adoptées  tour  à  tour  par  les  tenants  de  l'impôt  propor- 
tionnel et  par  le». défenseurs  d^  l'impôt  progressif;  M.  Edwin  R.  A. 
Seligman  en  donne  la  preuve  dans  des  appendices  où  il  relate  les 
opinions  des  auteurs  qui  ont  traité  des  contributions  publiques  dans  les 
différentes  nations.  Pour  conclure,  il  estime  qu'en  se  plaçant  au 
point  de  vue  de  la  justice  idéale,  on  est  conduit  à  réclamer  la  progres- 
sivité, mais  que  les  difficultés  pratiques  de  son  application  sont 
presque  insurmontables. 

10.  —  En  attendant  que  nous  soyons  dotés  en  France  de  l'impôt 
global  et  progressif,  le  Guide  pratique  des  impôts  de  M.  Henri  Fayol- 
let  peut  encore  rendre  des  services  aux  contribuables.  Ce  petit  livre 
indique  pour  chaque  contribution  et  taxe  les  déclarations  à  faire  à  la 
mairie,  les  formalités  à  remplir  pour  les  réclamations;  il  sera  apprécié 
de  tous  ceux  qui  tiennent  à  se  rendre  compte  de  ce  que  contient 
leur  feuille  d'impôts,  avant  de  passer  chez  le  percepteur. 


-  491  — 

Droit  international.  —  11.  —  Sous  le  titre  de  Curso  ehmental 
de  dereclio  internacional  publico  é  hisloria  de  los  tralados,  M.  Gestoso 
y  Acosta,  professeur  à  l'Université  de  Valence,  a  publié  le  cours  de 
droit  international  qu'il  fait  déjà  depuis  de  nombreuses  années;  il 
vient  d'en  donner  une  seconde  édition,  revue  et  augmentée.  L'ouvrage, 
qui  comprend  deux  volumes,  est  divisé  en  cinquante-six  leçons.  Il 
s'adresse,  comme  tout  livre  d'enseignement,  principalement  aux  étu- 
diants; mais  on  peut  le  citer  comme  un  excellent  résumé  de  l'état  ac- 
tuel du  droit  des  gens,  et  il  se  distingue  par  des  qualités  qu'on  ne  trouve 
guère  dans  la  plupart  des  traités  du  même  genre  que  nous  possédons. 
Le  professeur,  franchement  catholique,  ne  perd  jamais  de  vue  que  le 
droit  international,  comme  toutes  les  autres  branches  de  la  science 
juridique,  a  sa  source  dans  le  droit  naturel;  il  estime  que  le  droit  et  la 
morale  s'imposent,  avec  la  même  autorité,  aux  sociétés  comme  aux 
individus.  Dès  ses  premières  leçons,  il  établit  la  réalité  d'une  société 
internationale  des  peuples  et  démontre  l'inexactitude  de  la  théorie 
hégélienne  qui  ne  veut  admettre  aucune  autorité  supérieure  à  la 
souveraineté  de  chaque  État.  L'idée  de  la  société  internationale  est 
née  du  christianisme;  M.  Gestoso  rappeUe  qu'elle  a  été  affirmée  par 
les  docteurs  de  l'Église;  il  en  montre  le  fondement  dans  l'ordre  moral, 
dans  l'ordre  politique  et  dans  l'ordre  économique.  Ayant  établi  les 
principes  rationnels  du  droit  international  dans  ses  leçons  préliminaires 
et  d'Introduction,il  expose  ensuite,  sous  le  titre  de  «Histoire  externe», 
comment  ce  droit  s'est  formé  et  développé  depuis  l'antiquité 
jusqu'à  nos  jours.  A  partir  de  la  Réforme,  l'idée  de  la  solidarité  des 
nations  chrétiennes  a  fait  place  à  d'autres  théories  :  celle  de  l'équi- 
libre européen,  celle  des  nationalités,  dont  l'influence  a  été  grande  sur 
les  relations  des  peuples.  M.  Gestoso  recherche  les  principes  directeurs 
de  ces  relations  jusqu'au  moment  actuel.  Il  consacre  une  leçon  à  l'ex- 
tension coloniale  des  nations  européennes  et  une  autre  à  la  politique 
des  peuples  américains.  La  suite  de  l'ouvrage  est  divisée  en  deux  par- 
ties, l'une  générale  et  l'autre  spéciale.  Dans  la  première,  le  profes- 
~  seur  définit  l'État  et  en  détermine  les  conditions  essentielles,  les 
droits  absolus  :  autonomie,  souveraineté  territoriale,  droits  de  défense, 
de  commerce,  d'égalité,  d'intervention.  Il  traite  aussi  de  la  responsa- 
bilité des  États  les  uns  envers  les  autres.  Dans  la  partie  spéciale, 
M.  Gestoso  se  conforme  à  la  méthode  traditionnelle  en  traitant  succes- 
sivement des  différentes  espèces  d'États  et  des  autres  personnes  du 
droit  international,  notamment  du  Saint-Siège  ;  p;iis  des  agents  di- 
plomatiques, ensuite  des  territoires  et  autres  choses  susceptibles  d'être 
acquises  et  possédées  par  les  États  ;  en  troisième  lieu,  des  traités  et 
autres  contrats  que  peuvent  faire  les  États  entre  eux;  enfin,  de  la 
guerre  et  des  moyens    d'éviter    ou    d'apaiser  les    conflits    entre   les 


—  492  —  . 

peuples.  En  tête  de  l'ouvrage  de  M.  Gestoso  se  trouve  une  Préface  de 
M.  Rodrigucz  de  Cepeda,  collègue  de  l'auteur  à  l'Université  de  Valence. 
Le  Cours  de  droit  naturel  de  M.  de  Cepeda  jouit  depuis  longtemps 
d'une  notoriété  très  justifiée,  non  seulement  en  Espagne,  mais  aussi 
en  France  et  en  Belgique,  grâce  à  la  traduction  qui  en  a  été  faite 
par  M.  Onclair;  le  Cours  de  droit  international  public  de  M.  Gestoso  y 
Acosta  peut  être  placé  au  même  rang,  et  nous  aimerions  le  voir  aussi 
traduit  en   français. 

12.  —  La  question  de  l'arbitrage  international  est  assez  impor- 
tante pour  mériter  une  bibliographie  spéciale.  Ce  travail  utile  vient 
d'être  fait  à  Washington,  sous  la  direction  de  M.  A.  P.  C.  Griffm;  il 
est  publié  par  l'imprimerie  du  gouvernement  sous  le  titre  de  List 
oj  Références  on  international  arbitration.  On  y  trouve  particuliè- 
rement l'indication  de  tout  ce  qui  a  paru,  tant  en  Europe  qu'en  Amé- 
rique, comme  livres,  brochures  et  articles  de  revues,  sur  les  confé- 
rences de  La  Haye.' Après  une  première  partie  consacrée  aux  ouvrages 
généraux,  deux  autres  parties  contiennent  l'énumération  des  travaux 
concernant  la  limitation  des  armements  et  la  responsabilité  des  Etats 
à  raison  des  dommages  soufferts  par  les  étrangers.  Accessoirement 
et  en  appendice,  le  volume  contient  encore  la  bibliographie  des  ou- 
vrages relatifs  aux  relations  des  États-Unis  et  de  la  France  pendant 
la  guerre  du  Mexique,  au  conflit  vénézuélien  et  à  la  question  de  Saint- 
Domingue. 

Ouvrages  divers.  — ■  13.  —  Jusqu'ici,  malgré  l'immense  dévelop- 
pement qu'a  pris  le  journalisme,  les  jurisconsultes  ne  s'en  sont  guère 
occupés  que  dans  les  traites  généraux  sur  la  presse.  M.  Georges 
Duprat,  avocat  à  la  cour  d'appel  de  Bruxelles,  a  eu  raison  de  penser 
que  la  presse  périodique  méritait  bien  d'être  l'objet  d'une  étude  spé- 
ciale. Son  livre  intitulé  :  Le  Journal,  sa  vie  juridique,  ses  responsabili- 
tés civiles,  est  un  véritable  manuel  juridique  du  journaliste.  Il  s'adresse, 
du  reste,  aussi  bien  aux  journalistes  français  qu'à  ceux  de  Belgique, 
car  l'auteur  traite  le  sujet  d'après  les  deux  législations,  française  et 
belge,  lesquelles,  d'ailleurs,  sont  peu  différentes.  Un  journal  peut  être 
considéré  sous  deux  aspects  :  comme  une  œuvre  intellectuelle  et 
comme  une  valeur  économique.  C'est  à  ce  double  point  de  vue  que 
M.  Duprat,  dans  une  première  partie,  étudie  successivement  les  condi- 
tions auxquelles  est  soumise  la  fondation  d'un  journal,  les  lois  qui  en 
assurent  la  propriété,  les  rapports  juridiques  qui  s'établissent  entre 
propriétaires,  directeurs  et  rédacteurs  et  enfin'  les  règles  de  la  pubhcité. 
D'innombrables  et  difficiles  questions  se  présentent  déjà  dans  cette 
première  partie.  Un  journal  est-il  ou  non  une  entreprise  commerciale? 
Dans  quelle  mesure  a-t-il  le  monopole  de  son  titre,  de  ses  informa- 
tions? Les  rédacteurs  conservent-ils  la  propriété  de  leurs  articles? 


—  493  — 

Jusqu'à  quel  point  dépendent-ils  du  directeur  ou  du  propriétaire? 
A  quelles  conditions  peuvent-ils  être  congédiés?  Lorsque  la  publicité 
est  affermée,  quel  contrôle  le  directeur  conserve-t-il  sur  les  annonces?.. 
La  seconde  et  la  troisième  parties  de  l'ouvrage  de  M.  Duprat  trai- 
tent do  la  responsabilité  civile  des  journaux  envers  les  tiers  et 
du  droit  de  réponse.  C'est  surtout  la  matière  de  la  responsabi- 
lité qui  soulève  les  questions  les  plus  délicates.  Dans  le  compte 
rendu  des  débats  judiciaires,  par  exemple,  jusqu'où  va  le  droit 
du  journaliste?  Dans  les  polémiques  électorales,  que  peut-il  dire 
contre  les  candidats?  Aujourd'hui,  sous  les  régimes  démocratiques, 
la  presse  se  donne  toutes  les  licences.  Cependant,  la  jurisprudence 
pose  en  principe  qu'il  n'est  pas  permis  d'attaquer  la  vie  privée;  elle 
refuse  même  le  droit  de  divulguer  les  opinions  philosophiques  ou  reli- 
gieuses d'une  personne  en  vue  de  lui  nuire  dans  ses  intérêts  profes- 
sionnels. Relativement  au  droit  de  réponse  accordé  par  la  loi  à  toute 
«  personne  nommée  ou  désignée  dans  un  journal  »,  des  discussions 
se  sont  élevées  sur  le  point  de  savoir  s'il  doit  être  admis  même  lorsque 
le  journal  n'a  pas  excédé  son  droit,  s'il  peut  être  exercé  entre  journa- 
listes ou  par  un  auteur  à  l'égard  d'un  critique.  M.  Duprat  nous  sem- 
ble avenir  une  tendance,  sur  ces  questions,  à  soutenir  les  décisions  de 
la  jurisprudence  belge,  qui  sont  généralement  plus  restrictives  que 
celles  des  tribunaux  français.  A  notre  avis,  c'est  un  tort;  la  presse 
est  une  puissance  assez  redoutable  pour  qu'on  laisse  à  ceux  qu'elle 
attaque  toute  latitude  pour  se  défendre.  Néanmoins,  M.  Duprat,  en 
rapportant  exactement  les  arguments  dans  les  deux  sens,  fournit 
en  ces  matières  tous  les  éléments  d'appréciation  dont  on  peut  avoir 
besoin. 

14.  —  M.  Gaston  Lecouffe,  procureur  de  la  RépubHque  à  Mamers, 
s'intéresse  tout  à  la  fois  aux  chasseurs  et  aux  cyclistes.  Son  Code- 
manuel  du  chasseur,  dont  nous  avons  eu  déjà  l'occasion  de  parler,  en 
est  à  sa  troisième  édition.  Si  nul  ne  doit  ignorer  la  loi,  le  chasseur  doit 
l'ignorer  encore  moins  qu'un  autre,  car  il  est  souvent  exposé  à  la 
transgresser.  C'est  pour'lui  faire  éviter  tout  faux  pas  que  M.  Lecouffe 
lui  offre  un  traité  simple,  pratique,  résumant  d'une  façon  claire  et 
concise  la  législation  sur  la  chasse.  Ajoutons  que  ce  manuel  peut 
être  utile  aussi  aux  gardes-chasse,  qui  sont  les  ennemis  des  braconniers, 
mais  non  point  des  chasseurs;  il  renseigne,  en  effet,  non  seulement  sur 
les  contraventions  et  déhts  de  chasse,  mais  aussi  sur  la  manière  de 
les  constater  et  d'en  poursuivre  la  répression. 

15.  —  Dans  le  Code-manuel  du  cycliste,  M.  Lecouffe  expHque  et  com- 
mente les  arrêtés  préfectoraux,  identiques  dans  tous  les  départements 
de  France,  qui  ont  réglementé  la  circulation  des  vélocipèdes.  Il  traite 
ensuite  des  responsabilités  que  peuvent  encourir  les  vélocipédistes 


—  494  — 

pour  dommages  causés  par  eux  aux  personnes,  aux  animaux,  et 
aussi  des  recours  qu'ils  peuvent  exercer  lorsqu'ils  sont  victimes  d'un 
accident  par  la  faute  d'un  passant  ou  d'un  anima],  particulière- 
ment d'un  chien.  Dans  les  fréquents  conflits  qui  éclatent  entre  cy- 
clistes et  chiens,  ce  n'est  pas  toujours  le  chien  qui  a  tort.  Le  juge  doit 
apprécier  quel  est  celui  des  deux  qui  a  commis  une  imprudence;  le 
Code-manuel  du  cycliste  relate  les  décisions  de  jurisprudence  inter- 
venues dans  un  sens  ou  dans  l'autre. 

16.  —  MM.  Maugras  et  Guégan  étudient,  en  un  petit  volume,  le 
Cinématographe  devant  le  droit.  S'il  est  vrai,  comme  le  disent  ces  au- 
teurs, que  le  cinématographe  «  fait  la  joie  de  tous  les  âges  )>,  il  mérite 
bien  que  les  jurisconsultes  prennent  souci  de  lui.  Qui  le  croirait?  Sa 
situation  juridique  met  en  jeu  les  plus  graves  problèmes  :  la  cinéma- 
tograpliie  est-elle  un  art?  Qu'est-ce  que  l'art?  «  Un  effort  de  l'esprit 
vers  l'idéal  ».  Eh  bien,  est-ce  que  le  cinématographe  ne  sait  pas  «  éle- 
vei;  les  âmes,  grandir  les  caractères,  peindre  les  hommes  tels  qu'il 
devraient  être?...  Quand  les /i/w5  nous  représentent  les  traits  d'hé- 
roïsme, de  courage,  d'abnégation,  de  dévouement,  parmi  un  décor 
approprié,  avec  des  personnages  dont  les  gestes  ont  été  minutieusement 
étudiés,  n'y  a-t-il  pas  là  œuvre  d'ai't...»  Cette  argumentation  élo- 
quente autorise  sans  conteste  MM.  Maugras  et  Guégan  à  conclure 
que  la  cinématographie  est  protégée  par  la  loi  de  1793  sur  la  propriété 
artistique,  d'où  il  résulte  que  la  contrefaçon  des  «  fdms  »  peut  être 
poursuivie  civilement  et  même  correctionnellement.  MM.  Maugras 
et  Guégan  développent  ensuite  les  conséquences  qu'il  ^  a  lieu,  de 
tirer  de  ces  principes;  ils  citent  les  jugements  et  arrêts  qui  ont  déjà 
été  rendus  en  matière  de  cinématographie  et  ils  recherchent,  dans  un 
dernier  chapitre,  comment  le  «  film  »  peut  obtenir  d'être  protégé  en 
droit   international.  Maurice   Lambert. 


OUVRAGES  POUR  LA  JEUNESSE 

Romans,  contes  et  nouvelles. —  1. Par  gwe//e  aMto/'iVé?,par  Robert  HughBenson; 
trad.  par  H.  Frilley.  Paris,  Lethielleux,  s.  d.,  in-12  de  620  p.,  3  fr.  50.  —  2.  Le 
Barbier  Graechus,  épisode  de  la  Terreur  lyonnaise,  par  Jean  Drault.  Paris, 
Nouvelle  Librairie  nationale,  s.  d.,  in-18  de  456  p.,  3  fr.  50.  —  3.  Au  temps  de 
l'Empereur,  par  Ernest  Daudet.  Paris,  Maison  de  la  Bonne  Presse,  s.  d.,.gr.  in-8 
de  124  p.,  illustr.  de  Lecoultre,  1  fr.  —  4.  En  1815,  récits  d'une  grand'mère,  par 
Ernest  Daudet.  Paris,  Maison  de  la  Bonne  Presse,  s.  d.,  gr.  in-8  de  119  p.,  illustr. 
de  Lecoultre,  1  fr.  —  5.  Les  Aventures  dhine  bourgeoise  de  Paris,  par  Myriam 
Thelen.  Paris,  Lethielleux,  s.  d.,  in-12  de  319  p.,  3  fr.  50.  —  6.  Haine  de  femme, 
par  Marion  Crawford;  trad.  de  l'anglais.  Paris,  Hachette,  in-18  de  453  p.,  s.  d., 
illustr.  d'après  les  dessins  de  Cassimacker,  3  fr.  50.  —  7.  Par  dessus  les  vieux  murs, 
par  Claude  Mancey.  Paris,  Lethielleux,  s.  d.,  in-12  de  xi-369  p.,  3  fr.  50.  —  8. 
La  Brisure,  par  Pierre  l'Ermite.  Paris,  Maison  de  la  Bonne  Presse,  s.  d.,  gr.  in-8 
de  112  p.,  illustr.  de  H.  Rousseau,  1  fr.  —  9.  Ma  Grande,  par  Paul  Marguerîtte. 
Paris,  Hachette,  s.  d.,  in-16  allong'é  de  328  p.,  avec  illustr.  de  Marold,  3  fr.  50.  — 


—  495  — 

10.  La  Romance  de  Joconde,  par  Mathilde  Alanic.  Paris,  Plon-Nourrit,  s.  d., 
iii-16  de  319  p.,  3  fr.  50.  —  11.  Au  but,  par  Marie  Thiéry.  Abbeville,  Paillarl, 
s.  d.,  in-12  de  276  p.,  2  fr.  .50.  —  12.  Le  Sequin  d'or,  par  Anne  Osmont.  Paris, 
Hachette,  s.  d.,  in-16  allongé  de  247  p.,  illustr.  d'après  les  dessins  de  M. -A.  de 
Cassimacker,  3  fr.  50.  ■ —  13.  U Anneau  fatal,  par  Charles  Foley.  Tours,  Marne, 
s.d.,  in-12  de  319  p.,  ilhistr.  de  G.  Dutriac,  3  fr.  —  14.  La  Race  qui  revit,  par  le 
vicomte  du  Motey.  Paris,  Librairie  des  Saints-Pères,  1908,  in-12  de  323  p.,  3  fr.  50. 

—  15.  Le  Trèfle  rouge.  Le  Secret  du  capitaine,  par  Norbert  Sevestue.  Paris, 
Hachette,  s.  d.,  in-16  de  298  p.,  avec  illustrations  d'après  R.  Wallace,  3  fr.  50.  — 
16.  Criminelle  par  amour,  par  Arch.  Clavering  Gunter;  trad.  de  l'an^^'lais  par 

•M"e  L   Zeys.  Paris,  Hachette,  s.  d.,  in-16  de  340  p.,  avec  illustr.  de  Mohut,  3  fr.  50. 

—  17.  Le  Voueur,  par  Charles  Géniaux.  Paris,  Hachette,  s.  d.,  in-16  de  318  p., 
avec  illustrations  d'après  de  Cassimacker,  3,  fr.  50.  —  18.  Le  Patrimoine,  par 
Marie  de  Vienne.  Paris,  Maison  de  la  Bonne  Presse,  s.  d.,  in-12  de  300  p.,  avec 
illustr.  de  Girard  0  fr.  75.» —  19.  Huguette,  la  fille  de  l'imagier,  par  Georges 
Thierry.  Paris,  Maison  de  la  Bonne  Presse,  s.  d.,  in-12  de  305  p.,  0  fr.  75.  — 
20.  Le  Moulin  du  Grand-Ré,  par  Richard  Manoir.  Paris,  Maison  de  la  Bonne 
Presse,  s.  d.,  in-12  de  343  p.,  0^  fr.  75.  —  21.  Le  Franc-Maron  de  la  Vierge,  par 
Fl.  Bouhours.  Paris,  Maison  de  la  Bonne  Presse,  s.  d.,  in-12  de  252  p.,  avec 
illustr.  de  H.  Morin,  0  fr.  75.  ■ —  22.  Par  le  dur  chemin,  par  Jean  Ducluseau. 
Paris,  Maison  de  la  Bonne  Presse,  s.  d.,  in-12  de  280  p.,  0  fr.  75.  —  23.  Jean 
Chouan,  par  Roger  Duguet  et  J.  Rochebonne.  Paris,  Maison  de  la  Bonne  Presse, 
s.  d.,  in-12  de  270  p.,  0  fr.  75.  —  24.  Les  Divins  Jongleurs,  épisodes  de  l'épopée 
franciscaine,  par  A.  Bailly.  Paris,  Plon-Nourrit,  1908,  in-16  de  271  p.,  3  fr.  50.  — 
25.  En  Hiver,  par  .Jean  des  Tourelles.  Paris,  Lethielleux,  s.  d.,  in-12  de  188  p., 
1  fr.  50.  —  26.  Histoires  de  tous  les  jours,  par  Léon  Dupont.  Paris,  Bloud,  s.  d., 
in-12  de  320  p.,  2  fr.  50.  —  27.  Méprise,  par  M.  Maryan.  Paris,  Henri  Gaitier, 
s.  d.,  in-12  de  319  p.,  3  fr.  —  28.  L.' Ascension  d'une  âme.  Marcienne  de  Fliie, 
journal  de  la  vie  d'une  femme, -^a^v  Isabelle  Kaiser.  Paris,  Perrin,  1909,  in-16  de 
223  p.,  3^  fr.  50.  —  29.  L'Irrésistible  Force,  par  Jeanne  de  Coulomb.  Paris, 
Henri  Gautier,  s.  d.,  in-12  de  337  p.,  3  fr. —  30.  La  Force  cachée,  par  Jean  Thiéry. 
Paris,  Henri  Gautier,  s.  d.,  in-12  de  320  p.,  3  fr.  —  31.  Veuve  de  quinze  ans,  par 
B.  DE  BuxY.  Paris,  Henri  Gautier,  s.  d.,  in-12  de  320  p.,  3  fr.  —  32.  Nicole  à  Ma- 
rie, par  Gaston  Bergbret.  Paris,  Hachette,  s.  d.,  in-16  de  334  p.,  illustr.  d'après 
H.  Vop:el,  3  fr.  50.  —  33.  Le  Journal  d'une  fille  d'honneur,  par  H.  de  Zobeltitz; 
trad.  de  l'allemand    par  Joi^L  Ritt.  Paris,  Colin,  1909,  in-12.de  285  p.,  3  fr.  50. 

—  34.  A  l'Ombre  de  l'Acropole,  par  Henri  Guerlin.  Tours,  Marne,  s.  d.,  in-12 
de  284  p.,  illustr.  de  G.  Dutriac,  3  fr.  —  35.  Rosèle,  souvenirs  d'une  marraine, 
par  M.  d'Arvisy.  Paris,  Librairie  des  Saints-Pères,  s.  d.,  in-12  de  132  p.,  3  fr.  — 
36.  Marie-Rose  au  couvent,  par  J.  Leroy-Allais.  Paris,  Plon-Nourrit,  s.  d.,  in-16 
de  335  p.,  2  fr.  50.  —  37.  En  passant,  par  Y.  D:'Isné.  Paris,  Lethielleux,  s.  d., 
in-12  de    98  p.,  2  fr.  50. 

Pièces  de  théâtre.  —  1.  Le  Fiancé  distrait,  coméàiv'  bouffe  en  un  acte,  par  Paul 
Gabriac.  Paris,  Bricon  et  Lesot,  1908,  in-16  de  32  p.  0  fr.  80.  —  2.  Virgamelle  et 
Patrouillât,  saynète  militaire,  par  Ary-Stéphane.  Paris,  Bricon  et  Lcsot,  1908, 
in-18  de  15  p.,  0  fr.  50.  —  3.  Le  Jeune  Homme  du  sixième,  comédie  bouffe  en  un  acte, 
par  Louis  Descombes.  Paris,  Bricon  et  Lesot,  1908,  in-16  de  60  p.,  1  fr.  —  4.  Le 
Retraité,  scène  de  la  vie  de  bureau,  saynète  en  un  acte,  par  Charles-Albert  Janot. 
Paris,  Bricon  et  Lesot,  1909,  in-16  de  33  p.,  0  fr.  80. —  5.  Décoré  par  téléphone, 
conversation  téléphono-comiquc,  sans  fil,  à  un  seul  personnage,  par  Paul  Deroyre. 
Paris,  Bricon  et  Lesot,  1908,  in-18  de  8  p.,  0  fr.  25.  —  6.  Représentation  gratuite, 
monologue,  par  Edouard  Bigot.  Paris,  Bricon  et  Lesot,  1908,  in-18  de  7  p., 
0  fr.  25.  —  7.  Voyage  circulaire,  monologue,  jfar  Edouard  Bigot.  Paris,  Bricon  et 
LQ,sot,  19-08,  in-18  de  8  p.,  0  fr.  25. 

Romans,  contes  et  nouvelles. —  1.  —Voici  un  beau  livre,  C£ui  a 
obtenu  au-delà  du  détroit  un  grand  et  légitime  succès,  et  qui,  grâce  à 
une  traduction  bien  faite,  garde,  en  français,  beaucoup  do  son  charme. 


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Si  quelques-uns  des  personnages  de    Par   quelle    autorité?   sont    fic- 
tifs, leur  état  d'âme  a  été  celui  d'une  quantité  de  personnages  réels 
au  temps  troublé  de  la  reine  Elisabeth.  L'auteur  s'est  documenté 
aux  meilleures  sources,  le  fond  de  ses  récits  est  rigoureusement  vrai 
et  les  lecteurs  français,  qui  s'intéressent  au  développement  du  catho- 
licisme dans  l'ancienne  Ile  des  saints,  y  verront  au  prix  de  quelles 
souffrances  y  ont  été  achetées  les  magnifiques  conquêtes  de  la  vérité. 
La  figure  complexe  d'Elisabeth  est  bien  celle  que  nous  décrivent  les 
Mémoires  de  l'époque,  et  le  caractère  de  l'illustre  jésuite  Campion, 
avec  les  détails  de  son  martyre,  sont,  en  tous  points,  authentiques. 
L'auteur  nous  dépeint,  avec  une  rare  compréhension  de  l'époque  dont 
il  parle,  la  confusion  d'idées,  le  choc  des  opinions,  le  mélange  bizarre 
de  catholicisme  et  de  puritanisme,  qui  troublaient  alors  J'âme  popu- 
laire, encore  flottante  entre  ses  croyances  séculaires  et  la  religion 
nouvelle.  Certains  types  sont  bien  anglais  :  celui,  par  exemple,  de  Sir 
Nicolas  Maxwell,  gentilhomme    religieux    et    loyal,  mais    dont,    en 
d'autres  temps,  la  vie  se  serait  écoulée  monotone  et  régulière  dans  son 
vieux  manoir.  Du  jour  au  lendemain,  ce  pacifique  devient  un  lutteur 
que  couronne  l'auréole  des  confesseurs.  Il  va  à  la  prison  avec  une  sim- 
plicité dont  nous  retrouvons    maints    exemples  dans    l'histoire  des 
martyrs  anglais.  Signalons  aussi  le  loyaUsme  des  persécutés  envers 
leur  souveraine;  encore  un  trait  authentique  de  ce  temps  où  les  pri- 
sonniers catholiques,  détenus  pour  la  foi,  demandaient  à  combattre 
les  Espagnols,  leurs  soi-disant  libérateurs.  Ajoutons  que  si  le  volume 
est,  comme   la  plupart  des  romans  anglais,  un  peu  touffu,  l'intérêt 
n'y  languit  pas;  les  événements  dramatiques,  les  péripéties  tragiques 
y  abondent,  de  plus,  l'auteur  y  fait  preuve,  dans  sa  peinture  des  ca- 
ractères, d'un  sens  psychologique  qui   donne   à  ses  personnages  une 
vie  intense. 

2.  —  Dans  une  Préface  signée  de  M,  J.  Chavanon,  élève  de  l'École 
des  chartes,  le  nouveau  volume  de  M.  Jean  Drault  est  qualifié  de 
«  bonne  aubaine  pour  les  amis  de  la  vérité  historique  ».  En  effet,  le 
Barbier  Gracchus,  sous  la  forme  d'un  roman,  nous  initie  à  l'un  des 
épisodes  les  plus  saisissants  de  la  Révolution  :  celui  de  la  Terreur 
lyonnaise,  que  les  historiens  francs-maçons  et  révolutionnaires  ont 
dénaturé  à  plaisir.  Se  basant  sur  des  données  historiques  parfaite- 
ment exactes,  l'auteur  a  reconstitué  l'histoire  de  la  «  Vendée  du 
Midi  »  et  il  a  dessiné  d'après  nature  les  chefs  terroristes  :  Chalier, 
Riard  et  leurs  complices.  L'intrigue  amoureuse  du  récit  est  toute 
d'imagination,  mais  elle  se  place  dans  un  cadre  vrai;  aussi  ce 
volume,  rempli  d'aventures  dramatiques-,  pourra-t-il  faire  œuvre 
de  propagande.  Compris  ainsi,  le  roman  historique  a  son  utilité  et  sa 
valeur;  il  sera  lu  par  ceux  qui  redoutent  l'austérité  de  l'histoire 


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pure  et  leur  montrera,  sous  son  jour  véritable,  une  époque  dont  l'en- 
seignement officiel  veut  dissimuler  l'horreur.  Les  personnages  du 
récit  :  Lumirski,  la  comtesse  de  Vérigny,  Sylvie,  la  chanteuse,  sont 
crayonnés  avec  verve.  L'esprit  excellent  du  livre,  ses  épisodes  mou- 
vementés, son  mystère  habilement  voilé  jusqu'aux  dernières  pages, 
assureront  à  l'œuvre  de  M.  Jean  Drault  un  légitime  succès. 

3.  — ■  Encore  un  roman  historique,  bien  pensé  et  bien  écrit,  par 
M.  Ernest  Daudet  :  Au  temps  de  l'Empereur  fait  suite  à  Dans  la  tour- 
mente, que  nous  avons  analysé  en  son  temps;  les  mêmes  personnages 
s'y  retrouvent,  mêlés  à  l'épopée  impériale  comrne  ils  étaient  mêlés 
jadis  aux  drames  de  la  Terreur.  Le  siège  de  Saragosse,  épisode  à" 
la  fois  héroïque  et  horrible,  de  la  guerre  d'Espagne,  est  peut-être  le 
récit  le  plus  saisissant  du  volume. 

4.  —  En  1813,  du  même  auteur,  est  l'iiistoire  des  mêmes  person- 
nages pendant  les  années  troublées  qui  virent  le  retour  éphémère  de 
l'Empereur  et  l'avènement  définitif  des  Bourbons.  Ce  «  nouveau 
récit  d'une  grand'mère  »  ne  dépare  pas  la  série;  il  s'y  joint,  à  l'intérêt' 
des  événements  publics,  l'épisode  mystérieux  du  faux  marquis  de 
Retournac,  épisode  fictif,  sans  doute,  mais  qui  n'a  rien  d'invraisem- 
blable étant  donnée  l'époque  troublée  où  se  passe  le  récit.  Les  person- 
nages historiques  :  Louis  XVIII,  Fouché  et  autres,  qui  traversent  la 
scène,  ont  bien  la  physionomie  que  leur  prêtent  les  Mémoires  contem- 
porains. En  somme,  ce  Récit  d'une  grand'mère,  de  même  que  le  vo- 
lume précédent,  fournira  aux  jeunes  gens  une  lecture  aussi  inté- 
ressante au  point  de  vue  dramatique  et  mille  fois  plus  saine,  au  point 
de  vue  moral,  que  les  mièvres  romans  qui  pullulent  aujourd'hui  et 
dont  beaucoup  n'ont  guère  que  le  mérite  d'être  incolores  et,  par  là 
même,  inoffensifs. 

5.  —  Les  Aventures  d'une  bourgeoise  de  Paris  :  c'est  également  un 
roman  historique,  mais  qui  nous  reporte  bien  des  années  en  arrière, 
au  temps  du  bon  roi  saint  Louis.  Les  aventures  de  Mahault  de  Fou- 
gères, veuve  d'André  Bonnard,  orfèvre  du  Roi,  ne  sont  pas  banales. 
Veuve,  riche  et  sans  enfants,  dame  Mahault  sert  de  mère  à  sa  nièce 
orphehne,  Jehanne  de  Fougères,  fiancée  à  Hugues  de  Lusignan; 
puis  elle  part  pour  la  croisade  où  elle  soigne  Louis  IX  malade,  elle 
veille  sur  Marguerite  de  Provence  restée  seule  à  Damiette,  et,  par 
son  dévouement  persomiel  et  ses  largesses  royales,  sert  efficacement 
la  cause  sainte.  Finalement,  elle  ramène  à  Jehanne  son  fiancé,  sur 
lequel  a  pesé  une  fausse  accusation,  dont,  grâce  à  Mahault,  il  se  jus- 
tifie avec  éclat.  L'auteur,  s'appuyant  sur  les  récits  de  Joinville,  a 
mis  dans  son  volume  de  la  couleur  locale,  du  pittoresque  et  une  foi 
naïve  et  chevaleresque,  bien  caractéristique  de  l'époque. 

6.  —  Le  nom  de  M.  Marion  Crawford,  mort  dernièrement  à  Sor- 
JuiN  1909.  T.  CXV.  32. 


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rente,  est  très  populaire  au  delà  du  détroit,  où  ses  romans  ont  un 
succès  légitime;  il  n'est  pas  non  plus  inconnu  en  France.  Dans  Haine 
de  femme,  l'auteur,  nous  transportant  dans  cette  société  italienne 
qui  lui  est  si  familière,  nous  raconte  un  drame  terrible  qui  s'y  dé- 
roule au  milieu  d'un  décor  moderne  et  mondain.  La  princesse  Adèle 
Savelli,  que  sa  haine  pour  sa  demi-sœur,  Laura  Arden,  pousse  au 
crime,  est  la  digne  descendante  de  ces  femmes  du  moyen  âge,  dont 
les  passions,  aussi  violentes  que  les  siennes,  éclataient  au  grand  jour; 
la  nature  anglo-saxonne  de  Laura,  honnête  et  calme,  contraste  avec 
la  personnalité  complexe  de  l'Italienne.  L'intérêt  du  livre  est  réel, 
il  se  soutient  jusqu'à  la  fin,  sans  longueurs  inutiles,  avec  une  force 
grandissante  et  un  style  qui  ne  sent  pas  trop  la  traduction. 

7.  ■ —  Dans  la  Préface  qu'il  a  écrite  pour  le  volume  :  Pardessus 
les  vieux  murs,  M.  de  Wyzevva,  le  critique  si  apprécié  de  la  Revue  des 
Deux  Mondes,  loue  l'auteur  d'avoir  voulu  offrir  à  ses  lecteurs,  non 
pas  seulement  la  description,  mais  la  «  philosophie  »  de  la  vie  de 
province.  «  Ce  n'est  pas,  dit-il,  la  petitesse  de  vos  villes  qui  vous 
étouffe,  mais  bien  celle  de  vos  âmes,  celle  des  sentiments  et  des  habi- 
tudes où  vous  vous  complaisez...  Accoutumez-vous  à  nourrir  vos 
cerveaux  et  vos  cœurs  d'autre  chose  que  des  misérables  curiosités  et 
bavardages  qui  sont  aujourd'hui  leur  unique  ahment...  Tout  cela, 
c'est  autant  de  vieux  murs,  où  vous  vous  obstinez  sottement  à  rester 
enfermés.  »  Ce  discours,  adressé  à  des  provinciaux,  est  plein  de  sens  : 
c'est,  en  effet,  la  noblesse  des  sentiments,  la  hauteur  des  pensées  et  la 
beauté  des  actes  qui  donnent  à  toute  vie,  quel  que  soit  son  cadre,  sa 
vraie  dignité.  L'auteur  décrit  avec  verve  la  société  qui  évolue  derrière 
les  «  vieux  murs  «  d'une  petite  ville  :  M™*^  Bargemol,  mère  de  trois 
filles  à  marier,  est  un  type  amusant,  et  les  tribulations  amoureuses  et 
politiques  du  percepteur,  Marcel  Duparc,  de  même  que  les  agissements 
sournois  et  tyranniques  des  républicains  sectaires,  sont  vivement 
contés.  L'auteur  a  des  idées  très  justes  sur  la  nécessité  de  développer 
la  volonté  chez  les  jeunes  gens;  des  deux  héros  du  livre,  Marcel 
Duparc,  semble,  à  première  vue,  «  un  bon  jeûne  homme  »,  mais,  sans 
idées  personnelles,  il  tourne  à  tous  les  vents;  Bernard  Lestral,  au 
contraire,  élevé  dans  les  mêmes  principes,  mais,  avec  une  note  plus 
vigoureuse,  a  été  habitué  à  se  diriger  selon  ses  convictions,  à  dominer 
les  influences  au  Heu  de  les  subir;  de  là,  sa  supériorité  et  sa  force. 

8.  —  La  Brisure,  comme  tous  les  livres  de  Pierre  l'Ei'mite,  est 
écrit  avec  verve  et  l'on  y  sent  vibrer  le  zèle  de  l'apôtre,  dont  les  idées 
souvent  hardies,  quelquefois  ingénieuses,  sont  toujours  inspirées 
par  le  désir  d'atteindre  l'âme  populaire.  L'abbé  Bourgeois,  curé  des 
Herbiers,  est  un  prêtre  pieux  et  charitable,  mais  c'est  aussi  un 
sensitif,  qui  souffre  de  la  malveillance  de  certains  de  ses  paroissiens, 


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poussés  par  les  loges.  Un  curé  voisin,  jeune  et  combatif,  incarne  un 
esprit  plus  hardi  ;  il  entreprend  de  remonter  le  moral  de  son  confrère, 
à  qui  il  voudrait  un  courage  lui  permettant  de  lutter  corps  à  corps 
avec  les  difficultés  et,  sous  la  trivialité  voulue  de  la  forme,  ses  discours 
ne  manquent  pas  d'une  certaine  noblesse.  Autour  de  ces  deux  figures 
sacerdotales,  se  meuvent  d'autres  personnages  :  M.  Franbois,  conser- 
vateur, ami  de  son  curé,  mais  aussi  trop  ami  de  ses  aises  pour  se 
jeter  franchement  dans  la  mêlée;  Pascale,  sa  fille,  jeune,  ardente, 
un  peu  volontaire,  que  l'échec  et  la  contradiction  indignent;  Gillenor- 
mand,  leur  ami,  sceptique  élégant  et  égoïste,  raffiné  et  raisonneur, 
qui,  presque  sans  le  vouloir,  est  entraîné  dans  la  lutte,  plus  étonné  que 
charmé  d'y  jouer  le  rôle  de  clérical  à  outrance.  Le  récit  se  termine 
par  la  mort  de  l'abbé  Bourgeois,  le  «  sensitif  »,  qui,  n'ayant  pu  con- 
quérir ses  paroissiens  par  ses  efforts  durant  sa  vie,  les  attire  à  lui  par 
l'héroïsme  de  son  trépas.  Il  succombe  en  sauvant  un  des  «  carriers  »  , 
ses  adversaires  acharnés,  et  sur  sa  tombe  l'on  trace  ces  mots,  qui 
expliquent  le  titre  du  livre  :  «  L'amour  a  brisé  la  haine  ».  Une  idée 
chère  à  l'auteur,  est  celle-ci  :  le  prêtre,  en  France,  est  regardé  comme 
un  paria,  tandis  qu'en  Angleterre  et  en  Amérique  c'est  un  citoyen, 
ayant,  comme  tous  les  autres,  des  droits  et  des  devoirs;  son 
ministère  sacré  ne  l'empêche  pas  de  prendre  part  à  tout  ce  qui 
concerne  le  bien  de  son  pays.  Cette  idée,  qui  est  juste,  aura  besoin 
pour  mûrir  de  l'action  du  temps;  mais,  dans  les  conditions  nouvelles 
où  se  trouve  l'Église  de  France,  elle  pourra  plus  facilement 
s'implanter  dans  l'esprit  public.  Peut-être  pourrait-on  reprocher  à 
Pierre  l'Ermite,  de  peindre  trop  volontiers  les  riches  bien  pensants 
comme  des  inutiles.  Qu'ils  le  soient  parfois,  trop  souvent  même, 
c'est,  hélas!  incontestable;  mais  dans  des  volumes,  excellents 
d'ailleurs,  et  appelés  à  être  lus  dans  les  milieux  populaires,  ne  serait-il 
pas  utile,  pour  garder  le  sens  du  respect,  si  oublié  de  nos  jours,  de 
faire  vivre  des  types  d'hommes  et  de  femmes,  —  et  il  y  en  a,  —  à 
qui  leur  fortune  impose  un  devoir  social  qu'ils  remplissent  avec 
conscience  et  générosité  ? 

9.  —  Ma  Grande^  par  M.  Paul  Margueritte,  est  un  récit  très  simple 
délicatement  conté.  Le  professeur  Noël  Guislain  s'éprend  d'une 
jeune  fille  russe  et  l'épouse;  sa  sœur  aînée,  Marie-Anne,  dite  «  Ma 
Grande  »,  qui  a  servi  de  mère  à  son  frère,  a  le  dévouement  exigeant 
et  l'amour  jaloux,  si  bien  que  l'essai  d'un  ménage  à  trois  échoue 
d'une  façon  lamentable.  Sonia,  la  jeune  femme,  met  de  la  bonne 
volonté  à  gagner  le  cœur  de  sa  belle-sœur,  mais  la  situation  devient 
tragique  et  Noël,  ballotté  entre  deux  femmes  qui  l'adorent,  fait 
piètre  figure.  La  seule  solution  possible  est  la  mort  de  Marie-Anne, 
trop  vieille  pour  transformer  sa  nature  difficile;  elle  est  soignée  et 


—  500  — 

aimée  par  Noël  et  Sonia  et  meurt,  ayant  sur  les  lèvres  des  paroles 
de  douceur.  Ce  récit  d'un  drame  intime  est  agrémenté  de  Jolies 
descriptions  de  la  campagne,  de  réflexions  psychologiques  nuancées, 
avec  une  note  un  peu  douloureuse  ;  «  Ma  Grande  »,  dont  les  petites 
bassesses  sont  presque  inconscientes,  n'est  pas  sympathique,  mais 
cette  vieille  fille,  qui  aime  tant  et  si  maladroitement,  inspire  la  pitié. 

10.  —  L'héroïne  de  la  Romance  de  Joconde  est  une  artiste,  Claude 
Morgat.  Dans  une  pension  de  famille  des  Ardennes,  elle  rencontre 
une  jeune  fille  belge,  Marcelle  Desclays,  qui  lui  donne  toute  sa  con- 
fiance. Frêle,  sensitive,  menacée  par  dos  parents  inconscients  ou 
tyranniques,  Marcelle  s'appuie  sur  la  personnaUté  vigoureuse  de  sa 
nouvelle  amie  et  lui  confie  qu'elle  est  fiancée  à  Pascal  Jousselin;  or, 
il  se  trouve  que  ce  Pascal,  qui  n'est  en  fin  de  compte  qu'un  vulgaire 
égoïste,  a  été  longtemps  l'unique  affection  de  Claude;  elle  l'a  attendu 
pendant  des  années  et  a  cruellement  souffert  de  son  abandon.  Quand 
Pascal  paraît  sur  la  scène,  il  est  combattu  entre  la  parole  donnée 
à  la  dolente  Marcelle  et  le  charme  prenant  de  Claude,  et,  symptôme 
plus  étrange,  celle-ci  qu'on  nous  représente  cependant  comme  fière 
et  énergique,  est  reprise  par  un  renouveau  d'afïection  pour  son 
ex-fiancé.  Elle  se  ressaisit  cependant  et  laisse  à  Marcelle,  qui  croit 
en  lui,  ce  Pascal,  pauvre  et  plat  héros,  bien  indigne  d'elle.  Le  style 
est  aisé  et  l'auteur  a  décrit,  avec  un  certain  charme,  les  jolis  paysages 
des  Ardennes,  l'aspect  recueilli  et  triste  de  Bruges  et  l'intérieur, 
un  peu  bigarré,  de  la  pension  de  famille. 

IL  —  Marcelle  de  Givoire,  jolie,  noble,  intelligente,  s'éprend,  elle 
aussi,  d'un  homme  bien  peu  intéressant,  Georges  Nessyer.  Le  triste 
héros  de  :  Au  bat,  est  tout  simplement  déplaisant;  romancier  d'ori- 
gine obscure  et  de  talent  douteux,  il  épouse,  malgré  tous  les  obstacles, 
Marcelle,  qui  ne  tarde  pas  à  se  trouver  très  malheureuse.  Un  affreux 
accident  rend  Georges  infirme,  mais  guérit  son  âme  en  affligeant 
son  corps;  il  écrira  désormais  des  livres  qui  feront  du  bien,  et  sa  vie, 
assombrie,  sera  féconde  sinon  heureuse.  Récit  très  moral,  un  peu 
banal,  écrit  d'une  façon  assez  ordinaire. 

12.  —  Le  Seguin  d'or  est  l'histoire  d'un  talisman.  Une  gitane  anda- 
louse  donne  à  une  jeune  veuve,  qui  vient  la  consulter,  une  monnaie 
rare  en  lui  recommandant  de  n'épouser  jamais  que  le  possesseur 
d'une  pièce  absolument  semblable.  Grande  est  la  perplexité  de 
M^i^^  Sarazin  en  découvrant  que  le  second  «  sequin  d'or  »  appartient 
à  un  illustre,  mais  très  vieux  savant,  le  D^  Flamel.  Superstitieuse 
et  imaginative,  la  jeune  veuve  hésite  entre  les  amoureux  qui  aspirent 
à  sa  main,  parmi  lesquels  elle  préfère  Jacques  Ango,  son  camarade 
d'enfance,  mais  il  n'est  pas  possesseur  du  «  sequin  d'or  »  et  elle 
regarde  sa  destinée  comme  attachée  k  ce  talisman.  Malgré  l'âge 

li 


—  501  — 

du  vieux  savant,  elle  serait  presque  tentée  de  l'épouser,  quand  il 
meurt  à  point,  laissant  aux  mains  de  Jacques  Ango  le  mystérieux 
«  sequin  d'or  »,  qui  devient  alors  un  porte-bonheur  puisqu'il  assure 
le  mariage  de  la  veuve  avec  celui  qu'elle  aime.  Récit  honnête,  sans 
grande  portée,  écrit  avec  un  peu  trop  d'emphase. 

13.  —  L'héroïne  de  l'Anneau  fatal  est  une  Parisienne,  Huguette 
Marsac,  qui  s'est  installée  pour  passer  l'été  dans  un  château  délabré 
près  de  Venise.  Jeune,  jolie  et  riche,  Huguette  a  été  séduite  par  le 
décor  pittoresque  du  vieux  manoir;  mais  elle  a  compté  sans  le  pro- 
priétaire, Aldo  Grimani,  gentilhomme  ruiné  et  peu  scrupuleux,  qui 
convoite  la  fortune  de  sa  jolie  locataire.  Huguette  est  fiancée  à  un 
brave  garçon  qu'elle  aime,  mais  elle  est  jeune,  un  peu  coquette  et 
elle  accepte  de  l'Italien  «  l'anneau  fatal  »,  bijou  mystérieux  qui  a 
servi  jadis  aux  noces  du  doge  avec  la  mer  Adriatique.  Elle  ne  se  doute 
pas,  l'imprudente,  que  les  populations  sauvages  qui  l'entourent  la 
détestent  parce  qu'elle  détient  cet  anneau  et  veulent  à  tout  prix  le 
lui  enlever.  De  là,  une  série  de  péripéties,  dans  lesquelles  Aldo  Gri- 
mani joue  un  rôle  équivoque  et  Huguette  court  un  réel  danger. 
L'arrivée  de  son  fiancé,  Hubert  Varville,  est  le  salut  de  la  jeune 
fille,  que  la  présence  de  sa  tante,  M^^®  Flore,  ne  suffit  pas  pour  protéger; 
la  vieille  demoiselle,  essentiellement  peureuse,  n'est  guère  à  son  aise 
dans  ces  scènes  de  mélodrame.  On  connaît  le  style  facile  et  l'ima- 
gination fertile  de  M.  Chaiies  Foie  y,  dont  les  romans,  si  populaires, 
peuvent  être  mis  entre  toutes  les  mains  ;  celui-ci  a  les  mêmes  qualités 
que  ses  devanciers. 

14.  —  La  Race  qui  revit  résume  l'histoire  d'une  famille  du  ving- 
tième siècle,  fidèle  aux  saines  traditions  religieuses  et  sociales. 
Le  comte  de  Saint-Andréol  est  un  châtelain  modèle,  maire  de  sa 
commune,  qui,  malgré  la  campagne  menée  contre  lui  par  un  insti- 
tuteur sectaire,  gai'de  l'influence  qu'il  mérite.  Son  unique  enfant, 
Geneviève,  partage  ses  occupations  et  ses  soucis,  mais  il  lui  manque 
un  héritier  mâle  pour  perpétuer  sa  race  et  ses  traditions  séculaires. 
Cet  héritier  se  trouve  d'une  façon  inespérée  dans  la  personne  de 
Jacques  Thibault  du  Plessis,  dont  la  famille  a  jadis  habité  une  gen- 
tilhommière, aujourd'hui  en  ruines,  à  deux  pas  du  château  de  Saint- 
Andréol.  Des  recherches  généalogiques  mettent  en  rapport  les  deux 
familles,  issues  du  même  sang,  et,  malgré  une  noire  intrigue  ourdie 
par  des  voisins  jaloux,  Geneviève  et  son  lointain  cousin  se  plaisent 
et  s'épousent.  Ce  récit,  écrit  avec  correction  et  une  certaine  élégance, 
touche  à  toutes  les  questions  actuelles  :  laïcisation,  sémitisme,  franc- 
maçonnerie  et  les  envisage  à  un  point  de  vue  profondément  chrétien. 

15.  —  La  donnée  du  Trèfle  rouge  est,  en  apparence,  très  simple, 
mais  le  récit  a  cependant  une  couleur  dramatique.  Mrs.  Porridge^ 


—  502  - 

fruitière  dans  un  pauvre  quartier  de  Londres,  abandonnée  par  son 
mari,  s'est  consacrée  à  son  fds  Joe,  qu'elle  aime  avec  passion.  Arrivé 
à  l'âge  d'homme,  Joe  part  pour  l'Amérique  afin  de  se  créer  une  posi- 
tion; sa  mère  poursuit  son  existence  mesquine  et  devient  de  plus  en 
plus  hargneuse  et  violente.  Détestée  de  ses  voisins,  elle  le  leur  rend 
bien;  elle  prend  surtout  à  partie  un  jeune  chimiste,  Patrick  Murphy, 
récemment  établi  dans  son  voisinage  et  qu'elle  finit  par  dénoncer  à  la 
police  comme  faisant  partie  d'une  société  d'anarchistes.  En  effet,  Pa- 
trick Murphy  est  un  conspirateur,  enrôlé  dans  la  société  secrète  du 
«  Trèfle  rouge  »,  et,  dans  son  laboratoire  de  chimiste,  il  fabrique  des 
engins  destructeurs;  mais,  au  moment  même  où  elle  le  trahit,  la  vieille 
femme  découvre  que  Patrick  n'est  autre  que  son  fils  Joe;  désespérée, 
elle  implore  son  pardon  et,  sur  ses  indications,  fait  sauter  le  labora- 
toire, où  ils  périssent  tovis  deux.  Il  y  a  dans  la  description  de  la  vieille 
Mrs. Porridge,  dure  et  puritaine,  une  certaine  puissance  psychologique; 
mais  aucun  des  personnages  du  récit  n'est  sympathique. 

16.  —  Criminelle  par  amour,  traduit  de  l'anglais,  est,  une  histoire 
mouvementée,  surtout  à  son  début.  Lady  Annerley,  jeune  veuve 
riche  et  belle,  se  trouve  à  Alexandrie  au  moment  où  la  révolte  des 
mahométans  y  met  en  péril  la  vie  des  Européens.  Elle  est  sauvée 
par  Charles  Errol,  jeune  Australien,  à  qui  elle  doit  faire  une  commu- 
nication importante,  qui  réhabilitera  Ralph  Errol,  le  père  de  Charles, 
accusé  d'un  crime  dont  le  véritable  auteur  est  le  père  de  la  jeune 
veuve.  Les  événements  dramatiques  auxquels  celle-ci  est  mêlée 
retardent  d'aboi'd  cette  communication  pénible,  puis,  devenue  très 
éprise  d' Errol,  Lady  Annerley  n'a  plus  le  courage  de  lui  dévoiler  un 
secret  qui  Téloignera  d'elle.  Son  amour  pour  Errol  la  rend  «  crimi- 
nelle ))  et,  pour  séparer  celui-ci  de  la  fiancée  de  son  choix,  elle  ne 
recule  pas  devant  les  pires  mensonges.  Tout  finit  cependant  par 
s'éclaircir  et  ce  récit,  où  Australiens,  Américains  et  Anglais  jouent 
tour  à  tour  un  rôle,  se  termine  le  mieux  du  monde.  Il  ne  faut  pas 
y  chercher  une  psychologie  bien  profonde,  mais  on  y  trouvera  des 
types  très  divers,  crayonnés  avec  aisance,  dans  un  style  coulant 
et  un  esprit  parfaitement  honnête. 

17.  —  Dans  le  Voueur,  l'histoire  classique  des  Montaigu  et  des 
Capulet  se  pom-suit,  non  plus  à  Vérone,  mais  au  fond  de  la  Bretagne. 
Les  Penarvan,  seigneurs  de  Cadoudal,  sont  les  ennemis  séculaires 
des  Rohec,  seigneurs  de  Keror.  En  dépit  de  tous  les  obstacles,  les 
deux  rejetons  des  familles  rivales  trouvent  moyen,  comme  Roméo 
et  Juliette,  de  se  voir  et  de  se  plaire;  ils  entreprennent  même  de 
réconcilier  leurs  parents,  entreprise  impossible,  car  le  sieur  de  Penar- 
van est  un  fou  !  Ce  maniaque,  qui  n'est  guère  à  sa  place  dans  un 
siècle  sceptique,  croit  que,  par  ses  maléfices,  il  peut,  de  loin,  exercer 


—  503  — 

sur  le  fils  de  son  ennemi  une  influence  malfaisante.  L'auteur  semble 
admettre  qu'il  en  est  ainsi  et  que  les  forces  du  jeune  de  Rohec 
déclinent  sans  cause  apparente.  Heureusement  pour  tout  le  monde, 
le  sinistre  «  voueur  «,  trouve  la  mort  dans  son  laboratoire  et  un  avenir 
plus  lumineux  se  lève  sur  sa  fille,  libre  désormais  d'épouser  Joël  de 
Rohec.  De  jolies  descriptions  des  landes  bretonnes  donnent  à  ce 
volume  une  couleur  locale  qui  n'est  pas  sans  charme;  mais  on 
pourrait  désirer  plus  de  vigueur  dans  le  style  et  plus  d'art  dans 
l'agencement  du  récit. 

18.  —  La  donnée  du  Patrimoine  est  très  simple  :  M.  Georges  Villa, 
riche  banquier,  est  subitement  ruiné  et  ses  six  enfants,  très  gâtes 
jusque-là,  doivent  gagner  leur  vie.  Cette  rude  épreuve  devient,  après 
tout,  une  bénédiction  :  étroitement  unis  entre  eux,  les  enfants  se 
montrent  courageux  et  dévoués,  ils  sauvegardent,  à  défaut  de  la 
fortune  perdue,  «  l'honneur  et  la  vertu  du  foyer,  les  traditions  de 
travail  persévérant,  les  exemples  de  dévouement  joyeux  ».  Contraire- 
ment, hélas  !  à  ce  qui  arrive  d'ordinaire,  le  désastre  matériel  est 
réparé  et  les  enfants  du  banquier,  mûris  par  l'épreuve,  sauront  mieux 
user  de  la  fortune  qui  leur  est  revenue.  Ce  livre  est  écrit  surtout  pour 
les  jeunes  enfants;  les  sentiments,  comme  on  le  voit,  en  sont  irré- 
prochables, la  note  religieuse  discrète. 

19.  — Hugueîte,  la  fille  de  V imagier,  appartient  à  la  même  série  que 
le  récit  précédent;  cette  histoire  se  déroule,  non  plus  au  vingtième 
siècle,  mais  à  l'époque  tourmentée  qui  suivit  la  mort  de  Jeanne  d'Arc. 
Au  milieu  des  divisions  intestines  qui  déchiraient  alors  le  royaume, 
passent  les  hommes  de  guerre  et  les  hommes  d'EgHse,  les  prêtres 
et  les  soldats,  les  nobles  et  les  bourgeois,  les  traîtres  et  les  héros;  la 
douce  et  pure  figure  d'Huguette  contraste  avec  les  types  guerriers 
qui  l'entourent  et  ses  aventures  périlleuses  passionneront  les  jeunes 
lecteurs.  Inutile  d'ajouter  que  des  sentiments  irréprochables  inspirent 
ce  volume,  comme  tous  ceux  de  cette  série,  populaire  par  excellence. 

20.  —  Le  Moulin  du  Grand-Bé  est  un  épisode  de  la  guerre  de  1870, 
écrit  avec  une  pensée  patriotique  et  dans  un  style  mouvementé  et 
alerte.  L'héroïne,  Christelle,  est  un  joli  type  de  jeune  Alsacienne. 

21.  —  L'auteur  du  Franc- Maçon  de  la  Vierge  nous  assure  que  son 
livre  est  écrit  d'après  des  données  vraies.  Un  jeune  homme,  élevé 
chrétiennement,  est  séduit  par  les  francs-maçons,  mais  il  n'en  garde 
pas  moins  au  fond  du  cœur  un  sentiment  filial  pour  la  Sainte  Vierge, 
et,  quand  il  est  sommé  d'insulter  une  de  ses  images,  il  brise  avec  la 
secte.  Œuvre  de  foi  plutôt  que  de  littérature;  mais  les  renseignements 
que  donne  l'auteur  sur  les  francs-maçons,  ennemis  ténébreux  .^t 
implacables  du  catholicisme,  sont  confirmés  par  des  ouvrages  sérieux 
publiés  depuis  quelques  années. 


—  r.04  — 

22.  —  Par  le  dur  chemin  de  la  misère,  Jean  Sardière,  ouvrier  méca- 
nicien, qui  abandonne  sa  province  pour  se  fixer  à  Paris,  est,  après 
bien  des  aventures,  ramené  à  la  foi  de  son  enfance.  Au  contact  de 
la  grande  ville,  il  devient  incroyant  et  anarchiste,  mais  on  l'accuse 
d'un  assassinat  dont  il  est  innocent  et  il  s'enfuit  à  travers  la  Beauce 
pour  échapper  à  la  police.  L'influence  heureuse  d'un  homme  intelligent 
refait  à  l'ouvrier,  assagi  par  la  souffrance,  une  mentalité  nouvelle 
et,  à  ce  propos,  l'auteur  exprime  des  idées  sociales  utiles  à  répandre. 

23.  —  Jean  Chouan  nous  donne,  sous  la  forme  d'un  roman,  l'histoire 
véridique  d'un  héros,  dont  le  nom  est  resté  populaire  dans  les  cam- 
pagnes de  l'Ouest.  Certains  détails,  ajoutés  pour  l'agrément  du  récit, 
sont  tout  au  moins  \Taisemblables  et  complètent  la  physionomie  de 
ces  rudes  combattants,  hommes  de  foi  et  de  courage,  que  les  excès  de 
la  Révolution  forcèrent  à  prendre  les  armes. 

24.  —  La  figure  du  pénitent  d'Assise,  sublime,  mystique  et  ce- 
pendant animée  d'un  sens  pratique  des  besoins  de  son  époque,  a 
tenté  de  nombreux  écrivains.  Dans  les  Divins  Jongleurs,  M.  A.  Bailly 
raconte  l'histoire  du  «  Poverello  »,  qu'il  aime  et  qu'il  admire,  mais 
auquel  il  a  donné  une  physionomie  quelque  peu  fantaisiste.  Les 
relations  de  saint  François  avec  sainte  Claire,  très  correctes  d'ailleurs, 
ont  un  cachet  de  sentimentalisme  romanesque  qui  n'est  pas  exact, 
et  sainte  Claire,  étant  religieuse  cloîtrée,  n'a  pu,  l'histoire  est  là  pour 
le  prouver,  assister  à  la  mort  de  saint  François.  L'épisode  d'Orlando 
et  de  Simonetta,  de  pure  invention,  manque  de  vraisemblance  pour 
qui  connaît  les  règles  et  les  usages  des  religieux,  même  à  l'époque, 
déjà  lointaine,  où  le  séraphique  Patriai"che  d'Assise  fonda  son  ordre. 

25.  —  Dans  ce  nouveau  volume,  En  Hiver,  M.  Jean  des  Tourelles 
nous  raconte,  dans  un  style  alerte  et  sous  une  forme  populaire,  des 
histoires  du  temps  présent.  Il  flagelle  les  compromissions  des  peureux, 
1.3S  méfaits  des  sectaires  et  prend  ses  exemples  dans  la  vie  des 
humbles,  car  ce  sont  eux  qu'il  s'agit  d'éclairer  sur  leurs  devoirs. 
Excellent  livre  à  répandre  dans  les  milieux  populaires,  où  entrent 
tant  de  doctrines  malfaisantes,  qui  y  sèment  le  trouble  et  l'envie. 

26.  —  Les  Histoires  de  tous  les  jours  sont  écrites  dans  le  même  but 
par  un  auteur  qui  s'est  occupé,  de  manière  pratique,  de  la  classe 
ouvrière.  Il  aime  le  peuple,  non  pas  pour  le  flatter  par  des  utopies 
trompeuses,  mais  pour  lui  montrer  là  où  est  son  vrai  bonheur. 

27.  —  La  Méprise  de  l'officier  de  marine  Bertiu  de  Champsautiers 
est  de  croire  que  la  brillante  Livia  Valbrys  est  la  femme  qui  lui 
convient.  Par  certains  côtés,  elle  paraît  supérieure  à  son  milieu 
mondain;  mais  il  y  a  entre  elle  et  son  fiancé  trop  de  divergences 
d'origine  et  d'éducation  pour  qu'elle  ne  heurte  pas,  à  chaque  instant, 
les  délicatesses  d'âme  de  l'ofiicier.  Celui-ci,  heureusement,  reconnaît  sa 


—  505  — 

«  méprise  »  à  temps.  Livia  trouve,  pour  l'épouser,  un  étranger  qui 
voit  ses  défauts  sans  en  être  choqué  et  Bertin  devient  l'tieureux 
fiancé  d'une  Alsacienne,  France  Wellser,  qui  continuera  dignement  la 
lignée  des  châtelaines  de  Champsautiers.  Notons,  au  passage,  la 
figure,  finement  crayonnée,  de  «  Tante  Hermine  »,  héroïque  sous  ses 
l'  dehors  incolores  et  de  jolies  descriptions  d'Einsiedeln,  où  l'auteur, 
cela  se  sent,  est  chez  elle.  Inutile  d'ajouter,  puisqu'il  s'agit  de 
Mme  Maryan,  que  la  note  religieuse  du  volume  est  juste  et  discrète, 
et  le  style,  aisé  et  agréable. 

28.  —  Les  lecteurs  du  Correspondant  ont  eu  la  primeur  de  l'œuvre 
délicate,  un  peu  douloureuse,  de  M"^  Kaiser,  appelée,  avec  raison, 
l'Ascension  d'une  âme.  Comme  toutes  les  ascensions,  celle-ci  s'accom- 
plit a  force  de  souffrances.  Marcienne  de  Fluë,  malade,  incroyante, 
lasse  de  tout,  meurtrie  des  mille  heurts  de  l'existence,  est  ramenée 
à  la  vérité  religieuse  et  à  la  paix  morale  par  des  années  de  solitude 
et  de  prière  et  aussi  par  l'exercice  de  la  charité.  Elle  finit  par  trouver, 
sur  les  sommets  qu'elle  a  atteints,  uii  contentement  qui  est  une  forme 
de  bonheur.  Il  y  a  dans  ce  volume  plus  de  psychologie  que  d'événe- 
ments, plus  de  luttes  d'âme  que  de  péripéties  extérieures,  et  il  nous 
semble  convenir  plutôt  aux  esprits  déjà  mûris  et  assagis  par  l'épreuve 
qu'aux  très  jeunes,  souvent  assoiffés  de  mouvement.  La  paysage 
grandiose  où  vit  Marcienne  n'est  pas  sans  influer  sur  sa  mentalité; 
l'auteur  parle  des  montagnes  comme  quelqu'un  qui  les  connaît  et  qui 
les  aime  et  elle  sait  faire  comprendre  combien  les  aspects  extérieurs 
ont  sur  certaines  natures  une  véritable  puissance  colorant,  pour 
ainsi  dire,  leurs  pensées  et  s'harmonisant  avec  leurs  sentiments. 

29.  —  L' Irrésistible  Force  qui  donne  son  titre  à  ce  roman  est  la 
force  bénie  et  sainte,  faite  du  sentiment  du  devoir,  de  l'amour  qui 
croit  et  qui  pardonne,  de  la  patience  qui  finit  par  triompher.  Elle 
s'incarne  dans  la  personne  d'Aliéner  de  Vertadour  à  qui  le  testament 
bizarre  d'un  archéologue  maniaque  rend  le  domaine  familial  où 
les  ancêtres  ont  vécu  jusqu'à  la  Terreur.  La  famille  d'Aliénor,  grisée 
par  cette  fortune  inattendue,  n'en  comprend  pas,  comme  elle,  tous 
les  devoirs;  mais,  peu  à  peu,  l'expérience  aidant,  un  esprit  meilleur 
vient  animer  l'ancien  château,  où,  en  face  des  flots  grandissants  de 
l'incroyance  et  de  la  révolte,  ceux  qui  portent  un  beau  nom  sont 
appelés  à  soutenir  le  «  bon  combat  ».  Leurs  armes  ne  sont  pas  celles 
dont  se  servaient  lem's  ancêtres;  adaptées  aux  besoins  nouveaux 
du  vingtième  siècle,  elles  exigent,  de  la  part  de  ceux  qui  les  manient, 
un  courage  plus  patient  peut-être  que  batailleur.  Le  livre  de  M'"^ 
Jeamie  de  Coulomb  est  écrit  avec  aisance;  les  personnages  y  sont 
nombreux  et  vivants;  les  sentiments  élevés,  et  l'auteur,  en  touchant 
aux  questions  brûlantes  qui  agitent  en  ce  moment  les  esprits,  met 
dans  son  récit  une  note  d'actualité. 


—  506  — 

30.  —  Dans  les  romans  que  nous  venons  d'analyser,  c'est  «la  force  » 
du  bien  qui  triomphe;  dans  la  Force  cachée,  par  M.  Jean  Thiéry, 
c'est  le  contraire.  Le  volume  a  pour  épigraphe  ce  passage  de  Sainte- 
Beuve  :  «  Il  y  a  je  ne  sais  quelle  force  cachée  qui  semble  se  plaire  à 
briser  les  choses  humaines,  à  faire  manquer  d'un  coup  l'appareil 
établi  de  la  puissance,  et  à  déjouer  la  pièce  juste  au  moment  où  elle 
promettait  de  mieux  marcher.  »  M.  Monti-Ville,  richissime  financier, 
jouit  d'une  fortune  volée,  mais  nul  ne  le  sait  que  la  baronne  de 
Mertens,  dont  les  dénonciations  sont  traitées  de  folies  et  d'extrava- 
•gances.  Une  affection  profonde  existe  entre  J.  Monti-Ville,  petit-fils 
du  voleur  et  Suzanne  de  Mertens,  descendante  du  gentilhomme 
béarnais  qui  a  été  dépouillé  de  sa  fortune  et  dont  les  descendants  sont 
dans  la  misère.  Pour  apaiser  ses  remords,  M.  Monti-Ville  pousse  son 
fils,  qui  ignore  tout,  à  épouser  Suzanne;  mais,  en  face  de  la  mort, 
il  avoue  le  crime  de  son  grand-père,  dont  il  a  profité.  Cet  aveu  est 
la  «  force  cachée  «  qui,  au  moment  où  leur  union  semble  assurée, 
sépare,  peut-être  pour  jamais,  les  deux  jeunes  gens  :  l'un  s'éloigne 
par  honte  du  crime  paternel,  et  l'autre,  par  la  terreur  des  malédictions 
dont  sa  mère  a  jadis  accablé  les  détenteurs  de  la  fortune  des  siens. 
Un  jour  peut-être  Suzanne  de  Mertens,  devenue  riche  et  qui  aime 
toujours  celui  sur  lequel  pèse  la  faute  d'autrui,  persuadera-t-elle  à  son 
fiancé  de  jadis  de  reprendre  les  projets  brusquement  renversés  par 
la  «  force  cachée  ».  L'on  connaît  le  style  mouvementé  de  M.  Jean 
Thiéry;  l'action  est  rapidement  menée,  les  dialogues  sont  naturels 
et  les  sentiments,  inutile  de  le  dire,  irréprochables. 

31.  —  Los  qualités  et  les  lacunes  qui  caractérisent  les  œuvres 
de  M"^eg,  de  Buxy  se  retrouvent  dans  son  nouveau  roman  :  Veiwe  de 
quinze  ans,  savoir  :  une  certaine  originalité  de  conception,  une  ima- 
gination vive,  une  vraie  poésie  dans  les  descriptions  de  la  nature 
qu'elle  aime  et  qu'elle  comprend,  et  aussi,  ajoutons-le,  quelque  chose 
d'étrange  et  d'imprécis,  qui  donne  à  ses  personnages  un  air  plus 
fantasmagorique  que  réel.  La  «  veuve  de  quinze  ans  »  répond  au  nom 
bizarre  de  Calician,  elle  a  été  élevée  dans  un  couvent  d'Espagne, 
mariée  en  Ecosse  à  Jean-Jacques  Coronat,  Français  affilié  aux  sectes 
anarchistes.  Il  la  quitte  pour  une  mission  lointaine  et  mystérieuse 
et  l'envoie  dans  sa  famille,  qui  habite  un  village  de  la  Bresse,  attendre 
son  retour  problématique.  Calician,  acceptée  avec  peine  par  ces  gens 
paisibles  et  terre  à  terre,  qui  ignoraient  le  mariage  de  Jean-Jacques, 
se  fait  cependant  une  place  à  leur  foyer,  grâce  à  sa  douceur,  à  sa 
jeunesse -et  à  l'étrangeté  même  de  sa  position.  Le  volume  se  ferme 
sur  le  retour  inopiné  du  mari,  qu'elle  a  si  peu  connu;  mais  le  lecteur 
demeure  dans  le  vague  sur  le  voyage  mystérieux  de  Jean-Jacques, 
«ur  sa  vraie  nature,  sur  l'avenir  qui  s'ouvre  devant  celle  qui  n'est 


—  507  — 

plus  maintenant  la  «  veuve  de  quinze  ans  »  et  dont  la  figure  imprécise 
et  mystérieuse  est  un  peu  celle  d'une  princesse  de  légende. 

32.  —  Nicole  à  Marie,  comme  ce  titre  l'indique,  est  un  roman 
par  correspondance.  Nicole  Garnier  épouse  Robert  Morancey  et 
raconte  à  son  amie  les  hésitations  qui  ont  précédé  son  mariage, 
la  joie  qui  l'a  accompagné  et  les  difficultés  qui  l'ont  suivi.  Nous 
n'avons  pas  les  réponses  de  «  Marie  »,  mais  nous  les  devinons  dans 
les  lettres  de  Nicole,  petite  personne  décidée,  pratique,  raisonnable, 
ayant,  semble-t-il,  plus  de  tête  que  de  cœur.  Son  mari  n'est  pas  un 
méchant  homme,  mais  il  n'est  pas  non  plus  un  héros,  et  le  milieu 
de  province  dans  lequel  est  transportée  la  fine  Parisienne,  est,  en 
somme,  peu  intéressant  et  peu  sympathique.  Elle  s'y  fait  sa  place 
en  bataillant,  se  montre  adroite,  énergique,  avec  des  idées  très  nettes 
sur  ses  droits  et  aussi,  il  convient  de  le  constater,  sur  ses  devoirs, 
une  dose  de  raison,  de  bon  sens  et  de  volonté,  rare  chez  une  toute 
jeune  femme.  La  fibre  affectueuse,  d'abord  moins  développée  chez 
elle,  se  révèle  tout  à  fait  à  la  naissance  de  son  fils  et  le  volume  se 
ferme  sur  une  jolie  page  de  joie  maternelle.  Il  manquerait  peut-être 
à  ces  lettres,  écrites  d'un  style  alerte  et  pleines  d'idées  pratiques, 
une  note  un  peu  plus  élevée  :  celle  qui  donne  à  la  vie  un  sens  à  la 
fois  profond  et  surnaturel,  aux  épreuves,  même  légères,  une  valeur 
morale;  aux  événements  quotidiens  une  certaine  envolée,  qui  en  fait 
oublier  la  A^ulgarité. 

33.  —  Le  Journal  d'une  fille  d'honneur  nous  transporte  dans  une 
petite  C'tur  allemande.  La  comtesse  Edith  Bruck/y  est  attachée  au 
service  de  la  duchesse  régnante,  minée  par  un  cliagrin  secret  qui 
met  une  note  tragique  dans  l'atmosphère  monot.me  de  Gerda.  Ce 
chagrin  vient  de  l'état  moral  du  prince  héritier,  dont  le  physique 
magnifique  cache  une  mentalité  d'idiot.  A  force  de  dressage,  on  a 
fait  du  prince  Maurice  un  automate,  qui  sait  saluer  son  peuple  et 
l'on  a  établi  autour  de  lui  une  légende,  destinée  à  voiler  son  infir- 
mité, légende  qui,  du  reste,  ne  disparaît  pas  après  la  mort  violente 
de  l'infortuné.  Les  divers  personnages  du  récit  ont  de  la  vie  :  la  prin- 
cesse Marie  surtout  est  une  séduisante  petite  Altesse,  qui  n'a  rien  de 
protocolaire.  Elle  est  si  peu  princesse  qu'elle  épousera  un  simple 
officier  de  cavalerie,  frère  de  la  «  fille  d'honneur  »;  et,  chose  plus 
extraordinaire,  cette  mésalliance  est  acceptée  par  ses  parents.  La 
traduction  est  bien  faite  et  la  lecture  du  volume  facile  et  aisée,  avec 
une  certaine  couleur  locale  qui  semble  exacte. 

34.  —  Avec  le  volume  de  M.  H.  Guerlin  :  A  l'Ombre  de  l'Acropole, 
nous  revenons  aux  romans  historiques.  L'auteur  de  la  Petite  Patri- 
cienne, dont  nos  lecteurs  se  rappellent  sans  doute  la  touchante 
histoire,  évoque,  dans  cette  nouvelle  œuvre,  la  Grèce  ancienne  avec 


—  508  — 

son  culte  pour  la  beauté,  sa  lumière  et  son  ciel.  A  travers  les  foules 
livrées  au  culte  des  faux  dieux,  mais  dont  les  erreurs  se  cachent 
sous  un  certain  rafnnement  extérieur,  passe  l'austère  figure  de 
Paul  de  Tarse,  l'apôtre  du  Christ  :  il  prêche  la  doctrine  nouvelle  à 
ces  Grecs,  épris  de  la  joie  de  vivre  et  ses  leçons  tombent  dans  le 
cœur  sincère  de  Damaris,  riiéroïne  du  récit,  en  qui  s'incarne  toute 
la  beauté  de  sa  race.  Cette  beauté  même  vaut  à  la  jeune  chrétienne 
la  palme  du  martyre  :  le  sculpteur  Apollonidas,  qui  l'aime,  l'a  repré- 
sentée sous  les  traits  d'Ai'témis,  la  grande  déesse,  à  laquelle  les  masses 
rendent  un  culte  idolâtrique.  Damaris,  indignée  de  servir  de  prétexte 
à  des  manifestations  qu'elle  réprouve,  brise  la  statue  et  expie,  par 
une  mort  cruelle,  son  héroïque  audace.  L'auteur  s'est  pénétré  des 
usages,  des  mœurs  et  des  coutumes  du  temps  et  du  pays  qui  servent 
de  cadre  à  son  héroïne,  mais  sa  science  historique  n'alourdit  pas  son 
récit,  elle  donne  seulement  une  base  plus  solide  à  cet  épisode  des 
premiers  temps  du  christianisme.  Cette  époque  a  tenté  un  grand 
nombre  d'écrivains  de  foi  et  de  talent,  et  Damaris  est  bien  la  sœm' 
cadette  de  Fabiola  et  de  Calhsta. 

35.  — Rosèle  ou  Marie-Rose  est  une  petite  fille  dont  les  joies  et 
les  chagi'ins  sont  racontés  avec  attendrissement  par  sa  tante,  qui 
est  aussi  sa  marraine.  On  pourrait  croire  que  dans  une  \\e  aussi  courte 
que  fut  celle  de  Rosèle,  il  n'y  ait  place  que  pour  la  joie;  mais, 
toute  petite,  Rosèle  est  déjà  une  sensitive  et  la  cause  de  sa  mort 
est  moins  la  maladie  que  le  chagrin  causé  pai'  le  second  mariage  de 
son  père.  Il  est  vrai  de  dire  que  sa  future  belle-mère  est  une  intrigante 
dont  la  sécheresse  de  cœur  a  été  devinée  par  l'enfant  et  la  mort  de 
celle-ci  empêche  l'accomplissement  d'une  union  qui  ne  promettait  que 
déceptions.  Le  volume  est  rempli  d'émotion  et  la  persounahté  de 
Rosèle  est  étudiée  avec  amour.  Cette  petite  âme  d'enfant  nous  est 
présentée  comme  douée  d'une  profondeur  rai'e  à  son  âge,  apanage, 
dit-on,  de  ceux  qui  meurent  jeunes  et  que  l'on  redouterait  de  voir 
chez  les  siens. 

36.  —  Encore  une  Marie-Rose,  mais  plus  sohde  et  moins  mélanco- 
lique que  sa  frêle  homonyme.  L'autem*  de  Marie-Rose  au  couvent  nous 
raconte  les  années  passées  par  une  petite  orpheline  dans  une  de 
ces  maisons  religieuses  auxquelles  les  sectaires  qui  nous  gouvernent 
font  une  guerre  acharnée.  Son  hvre  est,  par  le  fait,  un  plaidoyer 
pour  les  couvents;  les  petitesses  et  les  imperfections,  dont  on  parle 
tant,  sont,  dit-il,  de  bien  légères  taches,  comparées  à  la  somme 
de  dévouement  désintéressé  dont  font  preuve  celles  qui  y  dirigent 
cette  œuvre  importante  et  délicate  :  la  formation  des  âmes  de  jeunes 
filles.  Marie- Rose  n'est  ni  une  victime  ni  une  opprimée;  malgré 
les    ennuis    qui    se   rencontrent    au   couvent    comme  ailleurs,    elle 


—  509  — 

en  franchit  le  seuil  avec  regret,  à  la  fin  de  son  éducation.  Si  tout  n'y 
est  pas  parfait,  l'atmosphère  en  est  saine,  l'esprit  excellent,  les  reli- 
gieuses maternelles,  et  certaines  d'entre  elles  sont  douées,  dans  la 
direction  de  leurs  élèves,  d'une  perspicacité  et  d'une  sagesse  re- 
marquables. L'auteur  écrit  comme  quelqu'un  qui,  par  expérience, 
connaît  bien  son  sujet. 

37.  —  Voici  un  excellent  volume  à  répandre  dans  les  milieux 
populaires.  L'auteur  de  :  En  passant  aborde,  sous  forme  d'historiettes, 
les  problèmes  du  temps  présent  et  les  sujets  d'actualité  comme  les 
expulsions,  la  séparation,  les  hôpitaux  et  les  écoles  laïques.  Il  le  fait 
d'une  plume  alerte,  avec  une  bonne  humeur,  qui  s'allie  à  une  vive 
indignation  contre  tout  ce  qui  est  méchant,  lâche  ou  injuste.  Ses 
petites  nouvelles  sont  éloquentes,  plus  que  de  longues  argumen- 
tations. La  Préface  du  volume,  signée  d'un  nom  connu  :  Jean  de  la 
Brête,  exprime  la  pensée  qu'un  bon  li\Te,  comme  celui-ci,  réunissant 
l'excellence  du  fond  à  l'agrément  de  la  forme,  pourra  exercer  un 
véritable  apostolat  et  réveiller  dans  des  âmes  de  bonne  volonté  «  des 
forces  endormies  ».  C'est  là  une  mission  que  remplira  certainement 
En  passant;  l'auteur  s'y  montre  souvent  indigné,  jamais  larmoyant  ni 
découragé. 

Pièces  de  théâtre.  —  i.  —  Le  Fiancé  distrait  est  une  comédie 
bouffe  en  un  acte,  avec  seulement  deux  personnages,  le  maître  et  son 
domestique;  pièce  un  peu  vulgaire,  mais  parfaitement  inofïensive. 

2.  —  Virgamelle  et^  Patrouillot,  saynète  militaire,  à  deux  person- 
nages, l'un  type  du  soldat  campagnard,  naïf  et  crédule,  l'autre  du 
gamin  de  Paris,  loustic  et  moqueur.  C'est  un  dialogue,  d'un  comique 
très  simpliste. 

3.  —  Le  Jeune  Homme  du  sixième  est  dans  la  même  note.  Comédie 
bouffe  en  un  acte  avec  trois  personnages. 

4.  —  Le  Retraité,  saynète  en  un  acte,  est  une  scène  de  la  vie  de 
bureau,  avec  trois  personnages,  d'une  ironie  plus  fine  et  d'un  comique 
moins  vulgaire  que  les  précédentes. 

5.  —Le  Décoré  par  téléphone,  conversation  téléphono-comique,  sans 
fil,  par  M.  Paul  Deroyre,  est  un  monologue  de  la  conversation.  On 
n'entend  qu'un  seul  personnage. 

6  et  7,  —  Représentation  gratuite  et  Voyage  circulaire,  du  même 
auteur,  sont  également  des  monologues  comiques;  et, comme  les  pièces 
précédentes,    d'une    honnêteté   irréprochable. 

Comtesse  R.  de  Courson. 


—  510  — 
THÉOLOGIE 

Cseai  Btir  la  théologie  d'Iréiiée.  Étude  d'histoire  des  dogmes,  por 
P.  Beuzart.  Paris,  Leroux,  1908,  gr.  in-8  de  180  p.  —  Prix  :  4  fr. 

Essai  modeste  et  consciencieux,  fruit  d'une  étude  sérieuse  du  texte 
même  d'Irénée,  avec  un  effort  méritoire  pour  être  objectif  et  nous 
donner  la  pensée  du  saint  évêque.  L'auteur  nous  explique  avec 
candeur  comment,  après  son  cours  de  théologie  aux  Facultés  de  Paris 
et  de  Lausanne,  il  a  voulu  compléter  ses  études  en  préparant  une 
thèse,  et  comment,  i§olé  dans  un  pastorat  de  campagne,  il  a  été  amené, 
au  lieu  des  recherches  érudites,  à  se  contenter  «  d'un  entretien  prolongé 
avec  le  texte  ».  Il  nous  dit  ce  qu'il  a  appris  dans  cet  entretien,  et, 
malgré  des  traces  d'inexpérience  technique  (dans  le  maniement  des 
textes  grecs,  par  exemple),  la  modestie  de  ses  prétentions  et  la  fidéhté 
au  document  l'ont  préservé  le  plus  souvent  des  erreurs  trop  criantes. 
Mais  le  tableau  est  terne,  l'ensemble  manque  de  vie,  et  même,  il  faut 
le  reconnaître,  de  vérité.  Est-ce  conséquence  de  ses  croyances  calvi- 
nistes, est-ce  manque  d'une  culture  générale  assez  profonde,  d'intuition 
historique? Toujours  est-il  qu'il  n'a  vu  son  auteur  que  du  dehors,  et 
ne  nous  donne  sa  doctrine  qu'en  fragments  tant  bien  que  mal  ajustés. 
Il  traduit  des  textes  et  les  groupe.  Mais  il  n'a  pas  pris  contact  avec  la 
réalité  vivante  où  se  retrempe  sans  cesse  la  pensée  d'Irénée.  De  là  vient 
qu'il  ne  saisit  pas  le  lion  intime  des  choses,  et  ne  voit  souvent  qu'inco- 
hérence ou  contradiction,  là  où  quelqu'un  qui  se  meut  dans  le  même 
monde  que  le  vieil  évêque  s'explique  tout  et  conîprend  sans  peine. 

h-\.  Bainvel. 


Ije  Dogme  eatitolifiiie  ife^aiit  la  s-aisioii  et   la  seieitce,    la 

Trinité,  les  Ai2ges,  les  Origines,  C Attente  du  Messie,  Conférences  apo- 
logétiques faites  aux  étudiants  par  Louis  Boucard.  Paris,  Beauchesne, 
1908,  in-12  de  viii-315  p.  —  Prix  :  3  fr. 

Nous  n'aimons  guère  ce  titre,  avouons -le  bien  simplement.  Le  dogme 
catholique  devant  la  raison  et  la  science  :  cela  fait  penser  à  un  accusé 
qui  comparaît  devant  ses  juges  pour  se  justifier,  à  un  candidat  qui 
parait  devant  ses  examinateurs  pour  obtenir  un  diplôme  ou  une 
approbation.  N'oublions  donc  jamais  que  si  le  catholicisme  a  le  droit 
de  se  défendre,  il  ne  doit  pas  donner  à  sa  défense  l'apparence  d'un 
plaidoyer.  Cette  petite  restriction  de  forme  établie,  nous  convenons 
bien  volontiers  que  ce  nouveau  traité  d'apologétique  présenté  par 
M.  Louis  Boucard  continue  logiquement  et  heureusement  ses  travaux 
passés.  Après  nous  avoir  montré  les  fondements  et  motifs  de  notre  foi, 
il  fallait  en  faire  admirer  l'édifice.  L'auteur  nous  conduit  en  pleine 
révélation.  Nous  mettant  à  l'école  de  l'Église  dont  il  expose  l'infailli- 
bilité doctrinale;  plaçant  entre  nos  mains  les  Ecritures,  dont  il  rappelle 


-su- 
ies garanties  divines,  le  docte  conférencier  nous  engage  d'un  pas  sûr 
dans  les  ombres  lumineuses  des  mystères,  dans  la  société  même  de 
Dieu  et  des  anges.  Il  montre  ensuite  que  la  doctrine  catholique  n'a 
rien  de  commun  avec  les  mensonges  et  les  puérilités  du  spiritisme, 
rien  de  contraire  aux  données  de  la  vraie  science.  Quelques  aperçus 
sur  les  origines  de  l'humanité,  la  chute  originelle  et  le  monde  mosaïque 
complètent  utilement  ce  travail  si  soHde,  si  documenté,  si  concluant. 

A.  C. 

Histoire  tlii  dogme  de  la  l'édeinptioii.  Essai  historique  et  apo- 
logétique avec  une  Introduction  sur  le  principes  des  développements  théo- 
logiques, par  Henri  E.  Oxenham;  trad.  de  l'anglais  par  Joseph  Bru- 
ne au.  Paris,  Bloud,  1909,  in-16    de  348  p.  —  Prix  :   4  fr. 

Après  le  beau  livre  de  M.  Rivière  sur  le  Dogme  de  la  Rédemption 
(1905),  on  ne  se  fût  guère  attendu  à  cette  traduction  d'une  œuvre 
anglaise  dont  la  première  édition  est  de  1865  et  la  dernière  de  1805. 
M.  Bruneau.  qui,  je  suppose,  avait  fait  son  travail  avant  que  n'eût 
paru  celui  de  M.  Rivière,  a  cru  qu'il  y  avait  encore  place  pour  lui 
maintenant.  L'ouvrage  anglais  n'est  plus  tout  à  fait  au  point;  il  n'a 
ni  l'exactitude  ni  la  sûreté  du  livre  français.  Mais  on  y  trouve  des  vues 
intéressantes,  notamment  dans  l'Introduction  et  dans  le  chapitre 
des  Harmonies  de  la  Rédemption.  Le  traducteur  a  joint  au  texte 
quelques  notes  bibliographiques,  quelques  citations  d'auteurs 
récents.  On  entrevoit  où  vont  les  préférences  de  celui-ci;  mais  on  les 
devine  plus  qu'elles  ne  sont  exprimées.  Son  silence  même  étonne  en 
certains  cas,  quand,  par  exemple,  il  laisse  passer  des  assertions  comme 
celle-ci,  page  73  :  «  Il  peut  y  avoir  eu  des  périodes,  dans  l'histoire 
de  l'Eglise,  où  on  a  pu  croire,  en  certains  milieux,  que  la  pureté, 
l'humilité  et  les  autres  grâces  de  l'Évangile  pouvaient  remplacer  la 
franchise,  la  justice,  la  force  de  caractère  et  les  autres  vertus  de 
l'ordre  naturel  «;  comme  celle-ci  encore,  page  103:  «  que  la  théorie 
d'une  rançon  payée  à  Satan  par  la  mort  du  Christ...  avait  prévalu 
dans  l'Eglise  pendant  près  de  mille  ans  ».  Çà  et  là,  l'auteur  semble 
avoir  oubhé  de  signer  des  notes  qui  doivent  être  de  lui. 

J.-V.  Bainvel. 

SCIENCES  ET  ARTS 

Ii'Aiitliro|iologic  Ae  Maine  de  Oiraii,  ou  la  Scîeiiee  de 
l'hoiiiisie  iattéi'ieur,  suivie  de  la  Note  de  Maine  de  Biran  de 
1824  sur  Vidée  d'existence  (aperception  immédiate,  édition  Cousin),  par 
Pierre  Tisserand.  Paris,  Alcan,  1909,  in-8  de  xi-336  +  148  p.  — 
Prix  :  10  fr.  » 

Ce  volume  contient  en  réalité  deux  thèses  de  doctorat,  et  une 
brève  mention  nous  suffira  pour  la  seconde,  réimpression  scrupuleu- 


—  512  - 

sèment  levisée  d'une  note  assez  étendue  laissée  manuscrite  et  ina- 
chevée par  Maine  de  Biran  à  sa  mort,  en  182'i,  et  publiée  sans  un 
soin  suffisant  par  Cousin. 

La  première  offre  une  indiscutable  valeur,  car  nous  n'avons  de 
Maine  de  Biran  (en  qui  Cousin  saluait  «  le  premier  métaphysicien  » 
de  son  temps)  aucun  ouvrage  qui  soit  l'expression  méthodique  et 
complète  de  sa  doctrine  :  tout  au  plus  a-t-il  indiqué  en  certains 
endroits  les  lignes  essentielles  de  l'édifice  philosophique  qu'il  se 
proposait  de  construire.  Reprenant,  à  son  point  de  vue,  la  célèbre 
distinction  des  trois  ordres  enseignée  par  Pascal,  Biran  considérait 
l'homme  comme  capable  de  trois  modes  d'activité  :  au  degré  le  plus 
bas,  la  vie  animale;  au-dessus,  la  vie  humaine  proprement  dite,  et 
enfin,  comme  couronnement,  la  vie  de  l'esprit,  qui  nous  élève  à  unO; 
sorte  d'union  constante  avec  Dieu.  D'ailleurs,  «  chacune  de  ces  vie; 
est  la  manifestation  d'une  torce  propre  :  il  n'y  a  pas  de  passage  logic[ue"^ 
ou  métaphysique  de  l'une  à  l'autre;  on  ne  peut  que  constater  leur 
existence,  non  l'expliquer  »  (p.  297).  Pour  connaître  dans  son  origi- 
nalité et  sa  pureté  ce  que  Biran  appelle  «  le  fait  primitif  »  (réalité 
psychologique,  objet  d'une  aporception  immédiate)  «  il  faut  —  écrit 
M.  Tisserand  —  pour  ainsi  dire,  désohjectiver  la  conscience  et  la 
saisir  dans  son  intimité  :  et,  en  ce  sens,  l'esprit  de  la  philosophie  de 
M.  Bergson  est  tout  à  fait  conforme  aux  tendances  de  la  psychologie 
biranienne  »  (p.  26).  Ici,  ce  qui  domine  tout,  ce  n'est  pas,  comme  chez 
les  cartésiens,  l'idée  de  substance,  c'est  l'idée  de  force  :  la  conscience 
s'identifie  au  sentiment  de  l'tff.jrt,  c'est-à-dire  de  l'action  personnelle. 
Nous  sommes  en  présence  d'un  «  dynamisme  conscient  et  conséquent  ». 

Longtemps  avant  nos  physiologistes  contemporains,  Biran  avait 
approfondi  la  vie  «  inconsciente  »,  pour  lui  synonyme  de  vie  «orga- 
nique »  :  il  s'était  préoccupé  d'en  décrire  les  éléments,  les  conditions 
et  la  nature.  Mais  ce  qui  l'intéressait  tout  particulièrement,  c'est  le 
développement  de  l'intuition  intellectuelle,  d'où  toute  science  résulte. 
«  La  théorie  biianienne  de  la  vie  réflexive  a  la  beauté  abstraite  de  la 
conception  platonicienne  et  cartésienne  du  monde  intelligible  et  sou- 
lève les  mêmes  difficultés  «.  I/homme  nous  apparaît  ici  essentiellement 
«  libre  dans  ses  pensées,  quoique  déterminé  dans  ses  affections  ». 

Mais  il  peut  s'élever  plus  haut  encore.  Son  intelligence  est  capable 
du  double  concept  de  l'universel  et  de  l'absolu,  qui  ne  s'explique  que. 
par  une  faculté  de  croire,  distincte  de  la  faculté  de  connaître.  Dans 
cette  voie  Biran  est  allé  plus  loin  que  les  éclectiques  ses  contemporains: 
c'est  qu'à  ses  yeux  les  croyances  purement  rationnelles  ne  suffisent 
pas  pour  dissiper  le  mystère  qui  nous  enveloppe;  aussi,  désespérant 
de  trouver  Dieu  par  la  voie  du  raisonnement,  il  l'a  cherché  ou  fond 
de  lui-même,  et  s^n  expérience  personnelle  de  la  vie  l'a  conduit 


—  513  — 

jusqu'à  la  religion  où  il  voit  une  alliée  bien  plus  qu'une  ennemie  de  la 
philos  jphio.  Cousin  avait  traité  cette  orientation  nouvelle  d'  «  incon- 
séquence »  ;  M.  Tisserand  est  moins  sévère,  mais  dans  un  chapitre 
des  plus  piquants  de  son  ouvrage  (p.  210  et  suiv.)  il  la  rattache,  autant 
qu'il  est  en  lui,  à  des  considérations  physiologiques,  ce  qui  nous  vaut 
une  analyse  très  pénétrante  du  tempérament  de  Biran.  Que  d'autres 
considérations,  et  d'un  ordre  trrès  supérieur,  aient  dicté  au  philosophe 
cette  évolution,  c'est  ce  que  son  Journal  inlime  met  en  pleine  lumière  : 
il  a  cédé  avant  tout  au  besoin  de  posséder  un  point  d'appui  et  une 
suprême  consolation  dans  un  principe  suprême  de  justice  et  de  bonté. 
Pour  rencontrer  le  vrai  bonheur,  il  lui  a  paru  que  l'homme  avait  à 
sortir  de  lui-même,  ce  qui  n'est  possible  que  par  l'aide  d'En  haut  : 
l'œuvre  ébauchée  en  nous  par  la  volonté  s'achève  par  l'action  de  la 
grâce.  Et  de  sa  plume  émue  est  tombée  une  apologie  vraiment  admi- 
rable do  la  prière. 

Jusqu'où  Biran  a-t-il  poussé  cette  conversion?  Ce  point  a  été  souvent 
discuté.  «  Il  semble  bien,  écrit  M.  Tisserand  (p.  287),  qu'en  vieilUssant 
il  se  soit  de  plus  en  plus  rendu  compte  de  la  nécessité  d'un  secouis 
extérieur,  et  notamment  des  pratiques,  pour  déterminer  en  lui  la 
vivacité  de  la  foi  et  des  sentiments  religieux.  »  Un  fait  est  certain  : 
c'est  qu'avant  de  mourir  il  reçut  l^s  dernieis  sacrements  de  l'Eglise. 

Mais  pour  en  revenir,  avant  de  terminer,  au  philosophe,  citons 
ce  jugement  de  M.  tisserand  dans  sa  Conclusion  :  c  Aristcte,  Leibniz, 
Kant,  tels  sont  les  penseurs  dont  les  doctrines  se  rapprochent  le  plus 
de  celle  de  M.  de  Biran,  si  l'on  considère  les  résultats  auxquels  elle 
aboutit.  Si  on  en  considère  la  méthode,  M.  de  Biran  procède  de  Des- 
cartes et  des  idéologues  du  wiii-^  siècle  :  néanmoins,  il  conserve 
son  originalité...  Que  d'analyses  délicates  et  fines,  que  de  vues  in- 
génieuses dans  les  études  de  psychologie  qu'il  nous  a  laissées  !  »  (p.  3 lu 
e.  ?20).  '  C.  Huit. 

L.'É«8Bi<>atiou  intellectuelle,  morale  et  iiliysiciue,  par  Her- 
bert Spencer;  trad.  de  l'anglais  par  Marcel  Guymiot.  Pans,  Schlei- 
cher,  1908,  petit  in-8   de  265  p.—  Prix  :  2   fr. 

Ce  livre  n'est  pas  nouveau,  et,  pour  cette  raison,  n'a  pas  besoin 
d'être  présenté  longuement  au  lecteur.  Le  seul  élément  neuf,  ici,  c'est 
la  traduction  française,  dont  je  ne  suis  pas  à  même  de  garantir  l'exac- 
titude, mais  qui  parait  bien  faite,  claire,  facile  à  lire,  pourvue  de  ces 
qualités  qui  gardent  à  un  livre  traduit  la  meilleure  part  de  son  intérêt. 
Quant  au  fond,  les  œuvres  du  philosophe  anglais  étant  depuis 
longtemps  connues  de  tous  ceux  qui  sont  un  peu  familiers  avec  les 
questions  de  philosophie  et  de  pédagogie,  il  me  semble  un  peu  tard 
pour  parler  en  détail  de  cet  ouvrage  presque  cinquantenaire.  Le  phi- 
JuiN  1909.  T.  CXV.  33. 


—  514  — 

losophc  évolutionniste  y  étudie  la  façon  dont  l'éducation  doit  répondre 
aux  besoins  nés  aux  divers  stades  de  l'évolution  humaine.  Comment 
traiter  le  corps?  Comment  traiter  l'esprit?  Comment  faut-il  diriger 
ses  affaires?  Comment  faut -il  élever  sa  famillo?  Comment  faut-il  se 
conduire  en  citoyen?  De  quelle  façon  utiliser  les  diverses  sources  de 
bonheur  qui  nous  sont  offertes  par  la  nature?  Comment  faut-il 
employer  toutes  nos  facultés  pour  notre  plus  grand  avantage  et  pour 
celui  des  autres?  Comment,  en  un  mot,  vivre  d'une  vie  complète?  Tel 
est  le  but  de  l'éducation,  et  l'on  voit  que  la  tâche  n'c^t  pas  petite  et 
qu'il  ne  serait  pas  trop  de  toute  une  vie  pour  faire  l'éducation  d'un 
homme  complet.  C'est  peut-être  rationnel,  nous  croyons  que  ce  n'est 
guère  raisonnable,  et  que  toute  cette  pédagogie  n'arrivera  pas  à 
former  seulement  un  bon  maître  d'école.  Bien  entendu,  les  préoccu- 
pations chrétiennes  n'ont  aucune  place  dans  le  volume  de  Herbert 
Spencer.  Pour  ces  raisons,  on  peut  admirer,  peut-être,  l'ingéniosité  du 
philosophe  et  du  théoricien  de  l'éducation,  mais  on  ne  vrit  pas  quel 
profil  sérieux  on  peut  tirer  d'un  livre  dénué  do  tout  caractère  pratique, 
et  qui  ne  m'apparaît  que  comme  une  simple  méthode  de  dressage, 
contestable  en  plus  d'un  point,  de  l'animal  humain.  L'âme  humaine  a 
des  besoins  que  Herbert  Spencer  n'a  même  pas  soupçonnés,  et  c'est 
pourquvoi  son  étude  ne  me  semble  guère  avoir  qu'une  valeur  de  curio- 
sité. Valait-il  vraiment  la  peine  de  la  traduire?  J'en  doute  un  peu, 
et  les  maîtres  chrétiens,  tout  au  moins,  puisque  c'est  à  eux  surtout 
que    je    m'adresse,    seront    certainement    de    mon   avis. 

Edouard  Pont  al. 


Ketteler,    par    Georges    Goyau.     (Collection  La  Pensée   chrétienne). 
Paris,  Bloud,  1907,  in-16  de  xlviii-290  p.  —  Prix  :  3  fr.   50. 

Elles  sont  encore  bien  actuelles  et  elles  peuvent  encore  apporter  de 
la  lumière  à  bien  des  esprits  ces  pages  du  célèbre  évêque  de  Mayence, 
qui  mourut  en  1877,  âgé  de  soixante-seize  ans.  Elles  ont  été  choisies 
par  l'homme  de  France,  et  je  crois  bien  du  monde  entier,  qui  connaît 
le  mieux  l'Allemagne  religieuse  du  xix^  siècle,  M.  Georges  Goyau.  Sa 
Préface,  pénétrante  et  brillante,  où  l'érudition  se  fait  aisée  et  lumi- 
neuse, doit  être  lue  d'un  bout  à  l'autre.  Le  corps  de  l'ouvrage  se 
décompose  en  cinq  parties.  Dans  l'Église  et  les  Temps  nouveaux  se 
révèle  un  esprit  très  ouvert,  certes,  aux  besoins  du  présent,  mais  qui 
ne  rompt  nullement  avec  la  tradition,  qui  ne  professe  point  à  l'égard 
du  passé  un  arrogant  dédain,  qui  dégage  et  retient  les  idées  toujours 
fécondes  des  formes  qu'elles  ont  pu  répéter  et  qui,  parfois,  ne  subsistent 
plus  que  vides  et  mortes.  —  Dans  l'Église  et  les  diverses  variétés 
d'absolutisme,  Mgr  de  Ketteler  se  montre  foncièrement  libéral,  au 
noble  sens  du  mot,  et  il  dévoile  tout  ce  qu'il  y  a  d'hypocrisie  dans  le 


-   Dla  — 

prétendu  libéralisme  de  ceux  qui  refusent  à  l'Église  la  liberté  d'admi- 
nistrer elle-même  ses  propres  affaires  sans  autre  sujétion  que  celle  des 
lois  générales.  — L'Église  et  le  Droit  de  propriété,  c'est  la  réfutation  du 
communisme  d'une  part,  et,  d'autre  part,  du  droit  de  propriété,  absolu 
jusqu'à  l'abus,  indépendant  de  la  loi  divine;  c'est  la  défense  de  la 
charité  libre,  l'obligation  légale  de  l'assistance  n'étant  admise  que  pour 
les  cas  à'extrema  nécessitas.  On  remarquera  dans  ces  pages,  écrites  vers 
1848,  une  défiance  contre  les  interventions  législatives  que  perdra  plus 
tard  l'évêque  de  Mayence.  —La  quatrième  partie,  la  plus  développée, 
a  pour  titre  :  L'Église  et  la  Question  ouvrière.  Sous  le  nom  de  libéralisme 
Ketteler  y  réfute  un  individualisme  doctrinaire  et  destructeur  de 
tous  les  groupements  naturels,  famille,  corporation,  patrie.  Certaines 
pages  exposent  les  espérances  qu'il  fonda,  quelque  temps,  sur  les 
sociétés  coopératives  de  production,  et  les  ouvertures  qu'il  fit  à 
Lassalle  pour  les  développer  sans  avoir  recours  aux  fonds  de  l'Etat. 
Il  oppose  à  la  loi  d'airain  des  salaires,  afiirmée  avec  trop  d'assurance 
et  trop  de  rigueur,  l'association  professionnelle  pénétrée  d'esprit 
chrétien.  —  Dans  la  cinquième  partie  :  Politique  sociale,  on  trouvera 
un  programme  proposé  au  centre  allemand  en  1873  et  les  dernières 
pages  de  Ketteler  distinguant,  dans  les  revendications  socialistes,  ce 
qui  peut  être  accepté,  ce  qui  doit  être  rejeté  par  les  catholiques. 

Baron  J.  Angot  des  Rotours. 


]?Ia  Voratioii  sociale.  Souvenirs  delà  fondation  de  V Œuvre  des  cercles 
catholiques  d'ouvriers  (1871-1875),  par  le  comte  Albert  de  Mun. 
Paris,   Lethielleux,  s.  d.,  petit  in-8  de   324  p.  —  Prix  :  4  fr. 

Ce  volume  reporte  à  des  années  qui  se  font  lointaines,  non 
seulement  par  la  chronologie,  mais  par  tous  les  changements  sur- 
venus depuis.  Quelle  belle  montée  de  vie,  au  sortir  des  tragiques 
épreuves  de  la  guerre  étrangère  et  de  la  Commune,  quels  beaux  espoirs 
de  régénération  sociale  et  chrétienne  1  De  cette  période  si  attachante, 
l'Œuvre  des  cercles  catholiques  d'ouvriers  fut  l'une  des  floraisons  les 
plus  caractéristiques.  Et  nul,  certes,  ne  pouvait,  mieux  que  le  comte 
Albert  de  Mun,  raconter  comment  elle  est  née  et  s'est  épanouie. 
Il  se  plaît  à  indiquer  ce  qu'elle  doit  à  tel  livre  d'Emile  Keller,  à 
l'initiation,  pendant  de  longs  mois  de  captivité,  au  mouvement 
catholique  allemand  dont  Mgr  de  Ketteler  fut  l'un  des  chefs,  aux 
admirables  chrétiens  rencontrés  dans  le  cercle  Montparnasse,  à 
Lucien  Brun  et  à  Léon  Gautier,  à  Léon  Harmel  ralliant,  en  quelque 
sorte,  l'armée  mobilisée  au  pèlerinage  de  Liesse,  en  août  1873,  et 
tournant  les  sollicitudes  vers  le§  ouvriers  de  la  grande  industrie. 
Mais  le  lecteur  sentira  combien  l'œuvre  dut  surtout  à  l'éloquent  et 
vaillant  officier  de  cavalerie  qui  en  fut  l'âme,  avec  son  frère  Robert 


—  516  — 

et  avec  le  capitaine  de  la  'reur  du  l'in.  11  sentira  de  même  ce  que 
cette  entreprise,  aux  ambitions  très  hardies  et  très  vastes,  à  Tallure 
très  militaire,  avait  d'entraînant  et  de  superbe,  ce  qui  en  elle 
pouvait  heurter  certaines  prudences  et  certaines  habitudes,  ce  qu'elle 
jetait,  même  en  d'autres  sillons  que  le  sien  propre,  de  semences 
fécondes,  dont  beaucoup  ont  germé  et  grandi...  Et  ce  livre  char- 
mant, qui  garde  et  qui  communique  comme  un  souffle  vivifiant  de 
jeunesse,  demeurera  un  document  historique  de  premier  ordre  pour 
qui  voudra  étudier  comment  réagirent,  d'abord,  sous  le  coup  des 
terribles  chocs  de  1870-1871,  la  société  et  l'âme  françaises. 

Baron  J.  Angot  des  Rotours. 


SiiZi:i>  TA  «PALNOIIEAA.  Essai  sur  la  notion  de  théorie 
physiciiBe  de  Plato»  à  tialilée,  par  Pierre  Dure  m.  Paris,  Her- 
mann,    1909,  gr.  in-8  de  144  p.  — Prix  :    5  fr. 

— cl)'(îiv  Tx  ox'-voaevx,  sauver  les  phénomènes,  autrement  dit  le,s 
apparences,  tel  était  le  but  que,  dans  l'antiquité,  au  moyen  âge 
et  aux  débuts  de  la  Renaissance,  se  proposaient  avant  tout  les  savants 
en  matière  de  sciences  physiques,  lesquelles  se  réduisaient  à  peu 
près  à  l'astronomie,  ce  que  nous  appelons  aujourd'hui  la  physique  ne 
se  distinguant  point  alors  de  la  métaphysique.  Or,  trouver  des 
hypothèses  expliquant  les  mouvements  des  astres  et  permettant  de' 
les  calculer,  sans  se  préoccuper  de  leur  réalité  ou  même  de  leur  vrai- 
semblance, mais  dans  un  but  purement  abstrait  et  théorique,  cela 
suffisait  à  des  géomètres  comme  Hipparque  ou  Ptolémée,  pour  ne 
nommer  que  les  plus  célèbres.  Des  philosophes,  comme  Platon  ou 
Aristote  et  leurs  successeurs,  cherchaient  à  se  rapprocher  de  la  réalité, 
mais  par  d'autres  voies,  et  en  recourant  à  des  considérations  où  se 
retrouvait  la  séparation  étanche  que  l'on  admettait  entre  la  physique 
terrestre  et  celle  des  astres. 

Tout  le  travail  de  M.  Duhem  consiste  à  exposer  ces  deux  tendances 
chez  les  Grecs,  les  Juifs,  les  Arabes,  les  scolastiques  et  de  Copernic 
à  Galilée.  Osiander,  dans  sa  préface  au  magistral  traité  De  revolu- 
tionibns  orbium  caelestiiun  du  chanoine  de  Frauenburg;  Bellarmin, 
dans  sa  lettre  à  Foscarini,  dont  Galilée  eut  connaissance;  le  pape 
Urbain  Mil,  dans  ses  bienveillants  conseils  à  l'astronome  de  Florence, 
étaient  dans  le  vrai,  selon  M.  Duhem,  à  l'encontre  de  Kepler  et  de 
Galilée,  en  persistant  à  considérer  le  système  copernicien,  au  point 
de  vue  d'une  spéculation  abstraite,  plus  favorable  que  les  autres  à 
donner  une  explication  théorique  des  phénomènes,  à  sauver  les  appa- 
rences, cà'Çv.v  Tx  oa.iv6j7.sva,.  —  D'autre  part,  Kepler  et  Galilée  ont 
contribué  à  montrer,  à  l'encontre  des  errements  antérieurs,  l'unité 


—  517  — 

des  lois  qui  régissent  la  création  sublunairc  aussi  bien  que  celle  des 
astres  :  croyant  renouveler  Aristote,  ils  préparaient  Ne\Nl;on. 

Cette  analyse,  écourtée  et  incomplète,  ne  donne  qu'un  faible  aperçu 
du  prodigieux  travail  de  science,  d'érudition  en  même  temps  que 
d'humanisme  condensés  dans  cette  brochure.  Elle  eût  mérité,  au 
surplus,  une  disposition  typographique  meilleure,  se  réalisant  en  un 
volume  plus  dense  sous  un  format  moindre,  avec  intervalles  de  blancs 
entie  les  chapitres  :  quelques  subdivisions  de  ces  derniers  eussent 
rendu  plus  facile  la  lecture  de  cette  très  savante  dissertation. 

C.    DE    KiRWAN. 


LITTERATURE 


Introduction  to  Early    IVelsB»,    by    the  late    John    Strachan. 
Manchester,  Sherratt  and  Hughes,   1909,  in-8  de  xvi-294  p. 

Le  titre  indique  déjà  que  l'on  a  ici  l'œuvre  posthume  de  M.  Strachan 
«  Professer  of  Greek  and  Lecturer  in  Celtic  in  the  University  of 
Manchester  »,  double  titre  c{ui  indique  la  double  compétence  du 
regretté  philologue.  Après  avoir,  par  des  études  minutieuses,  affirmé 
sa  maîtrise  dans  la  grammaire  irlandaise,  M.  Strachan  voulut  s'an- 
nexer la  grammaire  galloise,  et  il  avait  fait  un  cours  sur  ce  sujet  à 
l'Université  de  Manchester  pendant  les  deux  années  scolaires  qui 
précédèrent  sa  mort  (octobre  1907).  On  a  jugé  utile  de  publier  le 
manuscrit  de  ces  leçons,  mais  la  critique  ne  doit  pas  oublier  que 
l'auteur  n'a  pas  vécu  pour  mettre  la  dernière  main  à  son  oeuvre,  et 
pour  la  faire  profiter  d'vme  plus  longue  expérience  de  cet  enseigne- 
ment. 

Tel  qu'il  est  pourtant,  cet  ouvrage  remplit  une  lacune  de  la  phi- 
lologie celtique,  car  il  permet  d'aborder,  dans  l'ensemble  et  dans 
le  détail,  l'étude  des  textes  gallois  du  moyen  âge,  ce  qu'on  appelle 
le  gallois-moyen.  11  est  limité  dans  son  cadre  ;  ce  n'est  pas  l'histoire 
ancienne  de  la  langue  ni  sa  transformation  récente  :  c'est  le  tableau 
de  ce  qu'elle  a  été  du  xi*'  au  xv^  siècle,  telle  qu'on  la  connaît  par 
les  textes  de  cette  période.  L'ouvrage  se  compose  donc  de  deux 
parties,  une  grammaire  et  une  chrestomathie  avec  glossaire.  La 
grammaire,  venant  d'un  grammairien  de  profession,  est  une  œuvre 
de  grande  précision;  mais  le  lecteur  ne  doit  pas  s'attendre  à  y  trouver 
une  extrême  facilité  d'abord  :  une  ceriiaine  expérience  grammaticale 
est  supposée  chez  ceux  c[ui  étudieront  le  gallois  avec  ce  livre  pour 
guide;  la  syntaxe  est  piésentée  avec  la  morphologie  (ou  théorie 
des  formes),  comme  cela  est  à  sa  place  dans  un  enseignement  oral  : 
l'auteur,  grammairien  çt  helléniste,  se  laisse  aller  à  l'emploi  d'ex- 
pressions pédantesques  comjTie  apodosis.   Je  note  aussi   qu'il  n'eût 


-  518  - 

été  que  stricte  justice  de  nommer  feu  Evander  Evans  comme 
auteur  des  articles  de  YArchacologin  Camhrcnsis  cités  p.  83.  Cuique 
suiini  !  Povu-  l'enseignement  du  gallois  dans  les  cours  d'Université, 
la  grammaire  de  M.  Strachan  dispense  à  peu  près  de  recourir  à  la 
Grammaiica  celtica  de  Zeuss,  d'autant  plus  que  lorsqu'on  emploie 
cette  dernière,  il  faut  la  compléter  et  la  corriger  par  les  travaux 
postérieurs.  Mais  plus  encore  que  par  sa  section  grammaticale, 
l'ouvrage  de  M.  Strachan  rendra  service  par  la  chrestomathie.  Pour 
aborder  l'étude  du  gallois  du  moyen  âge,  on  n'avait  jusqu'ici  que 
l'édition  de  Peredur,  publiée  en  1887  à  Leipzig  par  M.  Kuno  Meyer, 
texte  de  dimension  restreinte.  La  chrestomathie  de  M.  Strachan 
comprend  :  le  roi  Lear  et  ses  fdles,  l'histoire  d'Arthur,  un  autre 
texte  légendaire,  un  texte  de  loi  et  plusieurs  poésies,  le  tout  accom- 
pagné d'vm  glossaire.  Et  comme  la  grammaire  technique  est  suivie 
d'un  index  détaillé,  il  est  aisé,  par  l'étude  combinée  des  textes  et  de 
la  grammaire,  de  mener  à  bonne  fin  un  apprentissage  jusqu'ici 
difficile. 

Quoique  le  titre  dé  ce  livre  porte  seulement  le  nom  de  feu  Strachan, 
il  convient  d'y  joindre  celui  de  son  ami,  collègue  et  confrère,  M.  Kuno 
Meyer,  qui  a  revu  l'ouvrage  laissé  en  manuscrit,  l'a  retouché  et  com- 
plété et  l'a  mis  en  état  de  voir  le  jour,  car  le  rôle  bénévole  d'éditeur 
d'une  œuvre  posthume  a  des  difficultés  que  le  public  ne  voit  pas,  et 
c'est  chose  aussi  laborieuse  que  délicate.  H.   Gaidoz. 


Flore  populaire,  ou  Histoire  umtiirelle  des  plantes  dans 
leurs  S'apporta  nvec  la  linguistique  et  le  iolklore.  par 

Eugène  Rolland.  T.  V  et  t.  VI.  Paris,  chez  l'auteur,  5  rue  des   Chan- 
tiers, 1904-1906,   2  vol.  in-8  de  416  et  307  p.  —  Prix  :  8  et  7  fr. 

M.  Eugène  Rolland  a  terminé  ce  grand  travail  —  je  dis  terminé, 
puisque  le  tome VII,  formant  supplément  aux  six  premiers,  est  lui  aussi 
paru,  —  qui  est  la  plus  considérable  contribution  qu'on  ait  donnée 
jusqu'à  ce  jour  à  la  connaissance  des  rapports  de  l'homme  et  des 
plantes.  L'intérêt  qui  s'attache  à  ces  deux  volumes  n'est  pas  moins 
grand  que  celui  que  présentaient  les  autres.  Il  suffit  de  dire  que  le 
tome  V  est  uniquement  consacré  aux  Rosacées,  pour  qu'on  devine 
queUe  riche  moisson  a  pu  récolter  l'auteur  avec  des  végétaux  qui,  par 
la  beauté  de  leurs  fleurs  ou  la  saveur  de  leurs  fruits,  jouent  un  si 
grand  rôle  dans  la  vie  de  l'homme.  Il  est  certain  que  l'Eglantier, 
le  Poirier,  le  Cerisier,  etc.  devaient  présenter  à  l'auteur  une  mine 
infinie  de  formes  dialectales,  de  traditions,  de  coutumes  singulières, 
de  jeux  et  de  superstitions  qu'il  a  su  mettre  en  valeur.  Le  tome  VI,  qui 
contient,  entre  autres  familles,  celles  des  Cucurbitacées,  des  Grossu- 
lariées,  les  Ombellifères  avec  le  Persil  et  la  Ciguë,   les  Loranthées, 


—  519  — 

avec  le.  Gai,  les  Sambucées,  avec  le  Sureau,  n'offre  pas  un  moindre 
intérêt.  Au  surplus,  le  champ  était  si  vaste  que  M.  Rolland  a  dû  parfois 
renvoyer  le  lecteur  aux  rares  monographies  qui  ont  déjà  été  faites 
de  certaines  espèces  au  point  de  vue  du  folklore.  De  tels  renvois  biblio- 
graphiques augmentent  encore  la  valeur^de  l'immense  répertoire  lin- 
guistique qu'est  la  Flore  populaire.  Et  voilà  complétée  cette  ency- 
clopédie des  relations  de  l'homme  avec  les  êtres  au  milieu  desquels 
il  vit  et  dont  il  vit,  que  M.  Rolland  avait  commencée  avec  sa  Faune. 

D. 

Tliéàlre  (I'Oscar  Wilde.  I.  Les  Drames,  avec  une  étude  sur  Oscar 
\Mlcle  p9r  Albert  Savine.  Paris,  Stock,  1909,  In-18  de  250  p.  — 
Prix  :  3  fr.  50. 

Impiimés  en  Amérique,  à  un  très  petit  nombre  d'exemplaires,  en 
1882  et  1883,  les  deux  drames  d'Oscar  Wilde  que  traduit  aujourd'hui 
M.  Savine  sont  fort  peu  connus,  même  dans  les  pays  de  langue  anglaise. 
Le  premier,  Véra,  repose  sur  une  donnée  bien  invraisemblable  (un 
tsarévitch  nihiliste),  et,  sans  souci  des  dates  ni  de  l'histoire,  nous  fait 
voir  des  nihilistes  en  1800,  c'est-à-dire  soixante  ans  aA^ant  que  le  nom 
même  de  cette  secte  eût  été  inventé  par  Tourguénef  :  inutile  de  dire 
qu'ils  ont  partout  le  beau  rôle.  L'action  est  rapide  et  bien  menée, 
les  personnages  nettement  quoicfue  un  peu  sommairement  dessinés, 
et  le  dialogue  montre  déjà  ces  qualités  par  où  vaut  surtout  le  théâtre 
de  Wilde.  Avec  ses  conventions  et  ses  violences,  la  pièce  produirait 
sans  doute  de  l'effet  à  la  scène.  Dans  la  Duchesse  de  Padoue^  qui  est 
le  second  drame,  l'imitation  d'autres  pièces  et  surtout  de  Lorenzaccio 
paraît  évidente.  Duc  tyrannique  et  chargé  de  crimes,  jeune  con- 
spirateur qui  le  sert  pour  l'assassiner  et  venger  ainsi  son  père,  duchesse 
belle  et  malheureuse,  amour  réciproque  du  conspirateur  et  de  la 
duchesse,  dialogues  lyriques  entre  eux,  voilà  qui  constitue  un  drame 
romantique  suivant  la  formule  et  dans  le  cadre  ordinaires.  Ce  qui  est 
encore  romantique,  ce  sont  les  sautes  brusques  de  sentiment  et  les 
revirements  mal  expliqués  qui  amènent  le  jeune  homme  à  renoncer 
à  sa  vengeance,  la  duchesse  à  poignarder  son  mari.  Après  diverses 
péripéties  assez  étranges,  poignard  et  poison  terminent  congrûment 
par  un  double  suicide  ce  mélodrame  assez  habilement  fait,  malgré 
des  longueurs  et  les  -défauts  d'une  poétique  surannée.  La  traduction 
de  M.  Savine  selit  facilement  et  doit  être  fidèle  ;  pour  en  juger  convena- 
blement, il  faudrait  avoir  sous  les  yeux  les  textes  originaux,  qu'on  a 
peine  à  rencontrer.  On  cherche  vainement  dans  le  volume  l'étude 
annoncée  sur  l'auteur;  cette  étude  se  trouvera,  paraît-il,  en  tête  du 
tome  II.  A.  Barbeau. 


—  520  - 

Viugt   années  «le  rectoral.  Discours    de  rentrée    et    annexes,   par 
Mgr  Baunard,  Paris,  Poussielgue,  1909,  in-8  de  xi-568  p. —  Prix  :  5  fr. 

Par  une  excellente  idée,  Mgr  Baunard,  qui  a  été  longtemps  le  recteur 
admirable  de  l'admirable  Université  de  Lille,  recueille  ses  discours 
et  en  forme  un  bouquet.  C'est  écrire  l'histoire  même  de  ces  glorieuses 
■  Facultés  libres  et  par  la  plume  de  celui  qui  a  contribué  le  mieux  à  leur 
prospérité  et  à  leur  honneur.  Professeurs,  élèves,  amis  retrouveront 
là  la  trame  de  leurs  annales  domestiques  et  aimeront  à  en  garder  le 
vivant  souvenir.  Mais  ce  livre  peut  et  doit  avoir  une  portée  plus 
étendue,  il  devient  un  monument  catholique  et  national,  qui  inté- 
resse l'enseignement  libre  tout  entier. 

Nous  n'entrerons  pas  dans  le  détail  des  faits  qu'il  retrace  et  aux- 
quels il  se  réfère;  il  commence  à  la  séance  d'installation  du  nouveau 
recteur  à  l'automne  de  1887,  il  prend  fin  à  sa  démission,  à  sa  retraite, 
à  son  «  remerciement  «  d'adieu  le  25  octobre  1908.  La  composition  du 
volume  comporte  pour  chaque  «  année  académique  »  le  discours  de 
rentrée,  en  «  Annexes  »,  l'allocution  annuelle  du  recteur  aux  jeunes 
étudiants,  les  notices,  paroles,articJes  relatifs  aux  événements  retracés 
dans  le  rapport  de  la  séance  solennelle. 

Au  cours  de  ces  vingt  ans,  Mgr  Baunard  a  abordé  bien  des  sujets 
de  première  importance  et  qui,  chaque  année,  présentaient  un  intérêt 
spécial  d'actualité;  ainsi  :  l'Audience  pontificale  accordée  à  l'Uni- 
versité de  Lille  par  Léon  XIII  en  1889;  les  Universités  régionales, 
travail  da  l'idée  religieuse  (1891);  l'Éducation  aux  Facultés  (1894); 
les  fonctions  de  l'Université  (1897);  les  deux  Frances  (1900);  l'Apos- 
tolat; les  Expulsions  (1903);  L'Année  funèbre  de  1905;  le  Trentenaire 
da  l'Université  (1906);  l'Encyclique  Pascendi  (1907).  — Les  allocutions 
plus  intimes  ont  généralement  trait  aux  œuvres  charitables  spéciales 
des  étudiants  :  la  Maternité  Sainte-Anne,  l'Hôpital  des  enfants, 
l'Asile  des  incurables,  la  Section  des  sciences  morales,  l'Ecole  des 
hautes  études  industrielles  (1895),  l'Enseignement  supérieur  des 
jeunes  filles,  le  Pèlerinage  eucharistique,  le  Congrès  des  juris- 
consultes catholiques  (1900),  le  Cercle  des  étudiants,  le  Médecin 
chrétien,  le  Carmel  et  l'Université,  etc.  Ces  pages  présentent 
tous  les  événements  qui  ont  impressionné  la  vie  intérieure  et  exté- 
rieure du  grand  établissement  confié  à  la  haute  sagesse  de  Mgr  Bau- 
nard; elles  renferment  aussi  un  Nécrologe  des  hommes  éminents 
qui,  pendant  vingt  ans,  lui  appartenant,  ont  disparu  :  M.  Henri 
Bernard,  M.  Kolb  Bernard,  Mgr  Thibaudier,  le  comte  de  Caulain- 
court  ,  le  baron  Raoul  des  Retours,  M.  Philibert  Vrau,  M.  de 
Margprie,  le  marquis  de  Vareilles,  le  comte  de  Nicolay,  M.  Camille 
Féron-Vrau,  etc.  —  On  devine  l'importance  que  ces  notices  élo- 
quentes peuvent    atteindre  et  combien    elles  resteront    précieuses. 


—  K21  — 

Mgr  Baimard  y  a  voulu  déployer  toute  la  reconnaissance  de  son 
coeur,  toute  raiïoction  de  son  esprit.  Ce  genre  littéraire  convenait 
à  celui  qui  est  l'un  des  premiers  biographes  catholiques  du  xix^ 
siècle  ;  en  élevant  un  monument  aux  autres,  l'éminent  recteur  a 
apporté,  et  placé  et  taillé  les  pierres  qui  serviront  plus  tard  à  la  glo- 
rification de  son  œuvre,  de  son  propre  labeur  et  do  sa  mémoire 
respectée.  G. 

HISTOIRE 

Tlie  ilai«i  of  Franec,  beiiigtlie  stoa«y  of  titelife  anti  deatli 
oX  Jeanne  «l'Arc,  by  Andrew  Lang.  London,  Longmans,  Green 
and  Ce,  1908,  in-8de  xvi-379p.,avecportraits  et  cartes.- Prix:  15  fr.  65. 

Jeanne  d'Arc  d'après  11.  Anatole  France,  par  J.  Bricout. 
Paris,  Lethielleux,  1909,  in-12  de  128  p.  —Prix  :    0  Ir.  60. 

lies  Reliques  de  Jelianne  d'Arc.  Ses  Tjettres,  par  le  comte 
C.  DE  Maleissye.  Paris,  Bloud,  1909,  in-8  de  88  p.,  avec  figures  et 
fac-similés.  —  Prix  :  2  fr. 

Aux  Jeunes  Filles  de  France.  lies  Amies  de  Jeanne  d'Are, 

par   V.-D.    Artaud.  Paris,    Beauchesne,    1909,    )n-12    de    viii-297  p. 
—  Prix  :  2  fr.  50. 

I^a  Kienlieureuse  Jeanne  d'Arc  ^es  Wertus,  d'après  lo  témoi- 
gnage des  contemporains,  par  le  P.  Marie-Bernard.  .3«  éd.  Paris, 
Poussielgue,  1909,  in-32  d  i  64  p.,  avec  figures.  —  Prix  :  Ofr.  20. 

Le  nombre  chaque  jour  croissant  des  publications  nouvelles  oblige 
le  Polybiblion  à  ne  rendre  compte  que  de  celles  qui  lui  sont  directement 
adressées  :  il  peut  à  peine  y  suffire.  Cette  règle  pourtant  souffre 
quelques  exceptions,  parce  qu'il  y  a  des  cas  vraiment  exceptionnels. 
Nous  croyons  devoir  compter  parmi  ceux-ci  l'ouvrage  de  M.  Andrew 
Lang  :  La  Vierge  de  France^  histoire,  de  la  vie  et  de  la  mort  de  Jeanne 
d'Arc,  qui  est  venu  entre  nos  mains  au  titre  d'un  autre  recueil.  Encore 
nous  bornerons-nous  à  en  signaler  à  nos  lecteurs  en  peu  de  mots 
Kexrstence  et  l'importance.  Par  lui-même,  c'est  un  dos  écrits  sur 
l'héroïque  vierge  dont,  au  point  de  vue  critique,  il  y  a  Heu  de  tenir 
compte.  C'est,  de  plus,  un  éclatant  témoignage  de  l'état  actuel  de 
l'opinion  anglaise  sur  Jeanne  d'Arc  et  un  complément  merveilleux 
do  son  triomphe.  Le  savant  et  vaillant  auteur,  qui  s'est  désormais 
acquis  des  deux  côtés  de  la  Manche  un  renom  durable,  a  peut-être 
pris  trop  au  sérieux  la  bruyante  et  vaine  tentative  de  l'académicien 
sceptique,  qui  a  cru,  l'an  dernier,  ensevelir  la  gloire  de  Jeanne  sous 
l'épaisseur  de  deux  volumes,  peu  dignes  même  de  son  talent  d'écrivain, 
et  qu'il  faut,  malgré  leur  cadre  bibliographique,  renvoyer,  sauf  l'agré- 
ment qui  leur  manque,  à  la  littérature  de  l'Ile  des  Pingouins.  M.  Lang 
s'est  attaché  d'une  façon  toute  particulière  à  en  réfuter  les  assertions 
et  à  faire  ressortir  le  vide  audacieux  des  preuves  et  le  trompe-l'œil  des 


—  522  —    ■ 

notes  et  renvois.  Sa  démonstration  à  cet  égard  est  décisive  et  confirme 
l'étincelante  exécution  de  ce  même  ouvrage,  méprise  énorme  d'un 
homme  d'esprit  qu'aveugle  sa  passion  sectaire,  par  M.  Frantz  Funck- 
Brentano  dans  la  Revue  hebdomadaire  (4  juillet  1908),  un  petit  chef- 
d'œuvre  de  verve  scientifique  et  d'ironie  vengeresse.  Signalons  sur 
le  même  sujet,  puisque  l'occasion  s'en  offre  à  nous,  un  récent  et  très 
bon  article  du  P.  Ayroles  dans  les  Études  (20  avril  1909).  Il  en  résulte 
entre  autres  choses  que  l'écrivain  académique,  fils  do  Voltaire  et  de 
Renan,  s'il  sait  le  français,  ignore  terriblement  le  latin. 

—  Un  prêtre  très  distingué,  M.  J.  Bricout,  directeur  de  la  Revue  du 
clergé  français^  a  pris  part,  lui  aussi,  à  la  juste  mais  parfois  un  peu 
naïve  levée  de  boucliers  pour  la  défense  de  Jeanne  d'Arc  contre  son 
prétentieux  et  subtil  agresseur.  Sous  ce  titre  :  Jeanne  d'Arc  d'après 
M.  Anatole  France/û  nous  donne  aujourd'hui  le  texte  français  d'une 
étude  publiée  par  lui  dans  un  excellent  recueil  d'outre-mer,  The 
Catholic  World^  de  New  York.  Elle  est  divisée  en  trois  chapitres  : 
I.  L'Eglise  et  Jeanne  d'Arc.  II.  Examen  critique  des  documents. 
III,  Une  Caricature  de  la  Pucelle.  En  lisant  ce  travail  avec  le  soin 
qu'il  mérite,  nous  avons,  pleinement  d'accord  avec  l'auteur  sui 
l'ensemble,  regretté  de  ne  pas  toujours  partager  tout  à  fait  son  avis 
sur  tel  ou  tel  point  particulier,  par  exemple  sur  l'usage  qu'il  convient 
de  faire  du  Procès  de  condamnation,  dont,  selon  nous,  il  rabaisse  trop 
la  valeur  historique,  et  sur  la  célèbre  fiction  de  l'Ange.  Nous  avons 
remarqué  ses  utiles  observations  sur  la  valeur  doctrinale  des  procès 
de  canonisation  (p.  42  et  suiv.)  et  sûr  la  liberté  laissée  par  l'Église. en 
pareille  matière  à  la  critique  catholique.  Nous  avons  approuvé  la 
loyauté,  la  courtoisie  de  M.  Bricout  dans  la  discussion  et  jugé  même 
cette  dernière  un  peu  excessive.-  Il  s'est,  croyons-nous,  fort  exagéré 
le  «  bruyant  succès  de  librairie  »  obtenu,  dit-il,  par  son  adversaire, 
et  aussi  ses  qualités  littéraires,  du  moins  dans  le  cas  présent.  «  Quel 
artiste  que  M.  France  !  »  s'écrie-t-il  (p.  18),  entraîné  par  une  opinion, 
par  une  mode  quelque  peu  banale  et  conventionnelle.  Artiste  ailleurs, 
nous  le  voulons  bien,  mais  pas  ici.  Qu'est-ce,  en  effet,  qu'un  peintre  qui 
aboutit,  comme  le  note  M.  Bricout  lui-même  en  très  justes  termes, 
à  faire  du  portrait  de  Jeanne  d'Arc  une  caricature? 

—  C'est  avec  raison  que  M.  le  comte  C.  de  Maleissye,  l'un  des 
membres  de  la  descendance  authentique  de  la  famille  de  Jeanne, 
considère  comme  des  reliques  de  la  Bienheureuse,  les  seules  que  nous 
possédions,  les  lettres  originales,  revêtues  de  sa  signature,  qui  sont 
venues  jusqu'à  nous.  L'une  d'elles  est  conservée  aux  archives  de  la  ville 
de  Riom.  Deux  autres  sont  le  joyau  des  archives  famihales  de  M.  le 
marquis  de  Maleissye,  chef  actuel  de  la  branche  à  laquelle  appartient 
l'auteur  de  l'intéressante  et  utile  publication  intitulée  :  Les  Reliques 


—  r.23  — 

de  Jehanne  d'Arc.  Ses  Lettres,  qu'illustrent  plusieurs  fac-similés  de  ces 
documents  précieux.  Si  le  zèle  de  l'auteur  trahit  quelque  inexpérience, 
il  n'en  est  pas  moins  digne  d'éloges.  Ses  observations  sur  la  sous- 
cription de  l'héroïque  vierge  sont  judicieuses  et  méritent  l'attention 
de  la  critique,  bien  qu'on  ne  puisse  lui  accorder  que,  dès  son  enfance, 
Jeanne  avait  «  appris  au  moins  à  former  sa  signature  »  (p.  13).  C'est 
une  très  juste  remarque  de  M.  de  Maleissye  (p.  55),  que,  «  dans  toutes 
ses  lettres,  on  retrouve  un  esprit  vif,  alerte,  telle  que  Jehanne  s'est 
montrée  devant  la  commission  de  Poitiers  et  telle  qu'elle  fut  à 
Rouen  devant  ses  juges.  Elle  va  droit  au  but,  sans  exagération,  d'une 
manière  très  personnelle  et  avec  une  finesse  qui  souvent  étonne.  » 
Nous  n'aimons  pas  l'archaïsme  Jehanne  qu'un  certain  nombre  de 
personnes  essaient  de  mettre  en  faveur.  Il  est  prétentieux  et  inutile. 

—  La  béatification  de  Jeanne  d'Arc  va  certainement  redoubler  la 
production,  commencée  déjà  depuis  quelque  temps,  de  livres  d'édi- 
fication destinés  à  répandre  l'exemple  et  l'imitation  de  ses  vertus. 
Aussi  nous  proposons-nous  de  réserver  désormais,  à  moins  que  l'histoire 
proprement  dite  n'y  tienne  une  place  notable,  l'examen  et  l'apprécia- 
tion des  publications  de  ce  genre  à  la  compétence  si  distinguée  de 
notre  collaborateur  spécial  pour  les  ouvrages  d'instruction  chré- 
tienne et  de  piété.  Nous  sommes  heureux  toutefois  (l'histoire  d'ailleurs 
y  est  fréquemment ;citée  et  invoquée)  "de  signaler  et  de  recommander 
à  nos  lecteurs  l'excellent  volume  de  M.  l'abbé  Artaud,  curé  de  Beaune- 
la-Rolande,  au  diocèse  d'Orléans  :  Aux  Jeunes  filles  de  France.  Les 
Amies  de  Jeanne  d'Arc.  Recueil  de  conférences  prêchées  par  l'auteur 
au  patronage  de  jeunes  filles  de  sa  paroisse,  il  fait  le  plus  grand  honneur 
à  la  solidité  d'esprit,  au  zèle  éclairé,  à  l'instruction  étendue,  au  sens 
pratique,  au  goût  littéraire  de  M.  l'abbé  Artaud.  Saint  François  de 
Sales,  dont  visiblement  le  docte  et  judicieux  curé  est  un  fervent 
disciple,  aurait  applaudi  à  cet  ouvrage.  Nos  éloges  sont  impartiaux  et 
tout  spontanés,  car  M.  le  curé  de  Beaune-la-Rolande  ne  nous  est 
connu  que  par  son  livre.  Mais  nous  sommes  convaincu  qu'il  y  en  a 
peu  de  meilleurs,  même  d'aussi  bons  et  utiles  en  ce  genre.  Lecteurs 
et  lectrices  du  Polybiblion  feront  œuvre  méritoire  en  contribuant 
à  son  succès  et  à  sa  diffusion. 

—  C'est  un  élégant  et  gracieux  «  souvenir  de  béatification  »  que  la 
plaquette,  abondamment  et  richement  illustrée,  qu'oiïre  au  public 
ami  de  Jeanne  un  religieux  exilé,  le  P.  Marie-Bernard,  sous  ce  titre  : 
La  Bienheureuse  Jeanne  d'Arc.  Ses  vertus.  L'auteur  y  passe  en  revue, 
avec  talent  et  avec  onction,  «  la  piété  de  Jeanne  d'Arc;  sa  dévotion 
envers  la  Très  Sainte  Vierge;  son  obéissance;  son  horreur  du  blas- 
phème; son  humilité;  son  amour  pour  Jésus-Eucharistie;  sa  pureté; 
sa  charité  pour  les  pauvres  et  les  affligés;  sa  foi  chrétienne;  son 


—  524  — 

courage;  sa  patience...  Ce  sera,  dit-il,  le  faibl(^  hommage  d'un  frère- 
mineur  capucin,  se  rappelant  que  si  la  Bienheureuse  Jeanne  d'Arc 
ne  revêtit  peut-être  jamais  l'habit  du  tiers-ordre,  elle  eut  du  moins 
souvent  recours  au  ministère  des  enfants  de  saint  François  d'Assise 
et  se  plut  à  prier  dans  leurs  pauvres  églises,  »  M.  S. 


inarie-TjOiiise  et  la  Cour  «l'Aiitriclie  entre  les  âeux  alidi- 
vatioiis  (1  81-1-1  S15),  par  le  baron  de  Menneval.  Paris,  Émile- 
Paul,    1909,  in-8  de  xiii-422  p.,  avec  2  portraits.  —  Prix:  5  fr. 

Le  nom  do  M.  de  Menneval,  secrétaire  du  portefeuille  de  l'Empereur, 
se  rattache  étroitement  aux  choses  intimes  du  premier  Empire.  Il  a 
laissé  des  Mémoires,  publiés  il  y  a  une  quinzaine  d'années,  je  crois;  ils 
offrent  un  intérêt  particulier  et  comptent  parmi  les  bons  documents 
de  l'époque.  C'est  avec  eux,  et  aussi  avec  divers  papiers  de  famille, 
que  le  petit-fils  de  ce  serviteur  fidèle  de  Napoléon  vient  aujourd'hui 
retracer  l'existence  de  Marie-Louise  depuis  son  retour  à  la  Cour 
d'Autriche  (avril  1814)  jusqu'au  mois  de  juin  1815,  que  le  congrès 
de  Vienne  lui  concéda  le  duché  de  Parme.  Il  est  si  vrai  même  que 
l'usage  de  ces  documents  personnels  fixe  le  dessein  de  M.  de  Menneval, 
qu'il  arrête  son  récit  à  l'heure  précise  où  son  grand-père  quitte  à 
Vienne  l'ex-impératrice  (auprès  de  qui  Napoléon  l'avait  placé)  pour 
revenir  en  France  au  moment  des  Cent  Jours  (mai  1815).  L'auteur 
a  eu  l'intention  évidente  de  défendre  la  mémoire  de  son  grand-père 
qu'il  estime  calomniée  par  les  ouvrages  de  M.  Frédéric  Masson,  dont 
il  accuse  la  «  partialité  »  peu  dissimulée,  les  jugements  passionnés 
et  souvent  injustes.  Sa  détermination  semble  avoir  été  prise  surtout 
depuis  la  publication  assez  récente  (on  1908)  des  «  Souvenirs  «  du  baron 
Fain,  autre  secrétaire  de  l'Empereur;  ce  livre  était  fort  intéressant, 
rempli  de  détails  curieux,  topiques, d'apparence  réservés  et  probants; 
M.  de  Menneval  considère  Fain  comme  coupable  d'ingratitude,  en 
certains  passages,  pour  son  ancien  collègue  Menneval,  et  afin  de 
rectifier  ces  appréciations,  de  mettre  le  lecteur  à  même  de  les  examiner 
ta  son  tour,  il  proteste  dans  un  Avant-propos  assez  vif  et  il  écrit 
l'histoire  du  rôle  do  son  aïoul  auprès  de  Marie-Louise  en  1814  et  1815. 

Il  nous  montre  donc  la  fille  de  l'empereur  d'Autriche  jouant  le 
rôle  auquel  la  condamne  la  politique  paternelle;  il  garde  toutes  ses 
sévéritéspour  le  prince  de  Metternich,  qui  tient  les  fils  de  l'intrigue  et 
pour  le  fameux  général  Neipperg,  qui  s'en  fait  le  complaisant  ins- 
trument. M.  de  Menneval  ■ — ■  le  grand-père  —  représente  auprès  de 
Maiie-Louise  l'esprit  français  et  les  pïincipes  d'honneur  que  sa  sou- 
veraine oublie  si  complètement,  si  promptement.  Tous  les  détails 
de  cette  «.  Cour  »  en  miniature  sont  tristement  curieux.  Ils  étaient 
connus  et  ce  récit  nouveau    n'y    ajoute    point    grand'chose.    Une 


—  525  — 

correspondance   do   M.  de  Menneval  avec  M^^  de  Menneval  restée  en 
France  en  fournit  les  meilleurs  éléments. 

M.  le  baron  de  Menneval  aurait  pu,  aurait  dû  donner  à  son  étude 
une  forme  plus  historique,  éviter  des  répétitions,  écarter  des  inutilités, 
serrer  davantage  son  récit,  l'accompagner  de  notes  sérieuses  et  de 
références  précises  ;  ces  avantages  extérieurs,  bien  nécessaires,  manquent 
absolument.  Il  s'appuie  aussi  avec  une  complaisance  trop  confiante 
sur  des  «  auteurs  »  qui  ne  sont  point,  par  malheur,  des  autorités  : 
passe  pour  les  Mémoires  de  la  générale  Durand^  qu'il  cite  très  volontiers, 
encore  qu'ils  n'offrent  qu'une  valeur  relative;  mais  prendre  pour  guide 
l'indigeste -travail  de  Vaulabelle  (le  nombre  des  volumes  ne  fait  point 
qu'ils  ne  demeurent  un  pamphlet  démodé),  c'est  s'abuser,  comme 
aussi  d'attacher  beaucoup  d'importance  aux  multiples  petits  livres 
de  feu  M,  le  baron  Imbert  de  Saint- Arnaud.  Il  semble  que  l'autour, 
en  reprenant  les  rapports  connus  de  Marie-Louise  avec  la  Cour  de 
Vienne,  avait  entre  les  mains,  par  ses  propres  papiers  de  famille, 
mieux  que  ces  écrivains  sans  crédit  ;  les  meilleures  pages  de  son  propre 
livre  sont  les  citations  qu'il  nous  donne  des  lettres  de  son  grand-père. 
.On  rencontre  ainsi  dos  traits  fort  curieux  relatifs  à  la  reine  d'Angle- 
terre Caroline  de  Brunswick  (p.  152)  et  un  passage  très  touchant  sur 
l'infortuné  petit  Roi  de  Rcme  (p.  386).  G, 


lïiouwenirs  «l'un  Parisien,  par  Henri  Boucher.  2«  série  (1853- 
1862).  Paris,  Perrin,  1909,  in-16  de  495  p.,  avec  une  photogr .  — 
Prix  :  3  fr.   50. 

On  aimerait  que  le  titre  de  ce  livre  fût  légèrement  modifié  pour  être 
plus  exact;  ce  seraient,  par  exemple,  les  impressions  d'un  bourgeois, 
de  Paris  ou  d'ailleurs,  qui  raisonne  facilement  sans  rien  dire  de 
bien  nouveau,  les  réminiscences  d'un  esprit  cultivé  assez  libre, 
d'un  fonctionnaire  du  second  Empire  qui  n'aime  pas  l'Empereur, 
d'un  bureaucrate  qui  se  grise  de  littérature,  d'un  brave  citadin 
qui  se  plait  à  être  discrètement  de  l'opposition. 

On  trouvera  çà  et  là  quelques  pensées  heureuses  en  style  lapidaire; 
quelques  portraits  dont  les  coups  de  crayon  ne  manquent  pas  de  pro- 
fondeur et  de  relief  ;  ainsi  :  la  physionomie  craintive,  le  regard  terne, 
la  tournure  «  d'homme  à  prétention  »  de  Napoléon  III  (p.  249) 
sont  bien  rendus  ;  —  les  fuiiàh'ailles  aux  Invalides  du  maréchal  Saint- 
Arnaud  (p.  99)  semblent  peut-être  le  tableau  le  plus  saisissant  qui 
nous,  soit  donné;  — les  façons  théâtrales  du  maréchal  Canrobert  aux 
obsèques  de  l'amiral  Bruat  (p.  202);  la  démarche  de  Rossini  sur  le 
boulevard  (p.  253);  la  rentrée  des  troupes  de  Crimée,  le  2  mars  1856 
(p.  238);  une  amusante  séance  de  l'Institut  (p.  280).  Les  belles-lettres 
enthousiasmant   notre   «  Parisien  »,    il    admire,    un    peu   trop,    les 


—  526  — 

théories  humanitaires  du  Tailleur  de  pierres  de  Saint-Point  d).  148); 
pour  Victor  Hugo,  il  est  feu  et  flammes.  Toutefois,  il  sait  dire  des 
choses  justes  des  Châtiments  (p.  48),  chef-d'œuvre  «  où  tous  les  instru- 
ments ont  prêté  leur  concours:  de  l'orgue  au  chapeau-chinois,  du  haut- 
bois au  clairon».  Il  attend  avec  une  émotion  frémissante  l'apparition 
des  Contemplations^  en  1856,  et  sa  déception  mal  déguisée  lui  fait  avouer 
qu'il  ne  peut  suivre  ces  calembredaines  ni  relire  ces  vers  incompré- 
hensibles (p.  266).  Il  donne  de  jolis  croquis  de  Jules  Janin  dans 
son  chalet  d'Auteuil  (354-412),  d'Auguste  de  Chatillon,  poète  dont 
il  s'éprend  tout  à  coup  et  qui  aussi  lui  apporte  certaines  déceptions 
(p.  273);  il  dit  nettement  son  avis  sur  Madame  Bovary^  «  exécrable 
roman  »,  sur  la  peinture  «  agressive  »  de  Puvis  de  Chavannes,  etc. 
Il  garde  à  ses  amis  un  culte  très  honorable,  et  il  y  a  un  certain  Vuille- 
mot,  brave  officier  tué  en  Crimée,  qui  revient  à  chaque  instant  pour 
lui  inspirer  de  nobles  pensées. 

Malgré  tout  cela,  l'ensemble  demeure  terne,  froid,  et,  tranchons 
le  mot,  ennuyeux;  un  lien  eût  été  utile  entre  ces  réflexions  diverses  et 
eût  donné  un  attrait  biographique  à  ces  remarques  jetées  sans  suite. 
Mais  il  n'y  a  pas  une  note,  pas  une  expUcation,  pas  un  éclaircissement; 
c'est  publier  un  livre  avec  trop  de  sans-façon  et  faire  que  le  lecteur 
ne  peut  prendre  intérêt  à  des  choses  que  ne  savent  pas  lui  rendre 
intéressantes  ceux  qui  les  lui  apportent  avec  cette  désinvolture  assez 
peu  adroite.  G. 

Sou'veiiirs    de    l' Assemblée    nationale  (1991-1975),  par 

Paul  Bosq.  Paris,  Plon-Nourrit,  1908,  in-8  de  341  p.  —  Prix  :  1  fr.  50. 

Une  piquante  série  de  portraits  et  d'anecdotes  avec  beaucoup 
d'esprit  et  de  bon  sens  comme  fil  conducteur,  tel  est  cet  intéressant 
volume  qui  mérite  de  figurer  à  côté  de  ceux,  dont  le  nombre  s'accroît 
chaque  jour,  qui  retracent  l'histoire  de  la  fondation  de  la  troisième 
République.  Il  ne  fait  double  emploi  avec  aucun,  parce  que  son  auteur 
n'a  pas  la  prétention  d'écrire  l'histoire,  encore  moins  de  tirer  des  faits 
qu'il  rencontre  des  conclusions  politiques.  M.  Bosq  est  un  journaliste 
qui  se  délasse  du  compte  rendu  des  travaux  parlementaires  en 
racontant  comment  il  les  a  vus  s'accomphr;  un  Parisien  qui,  même 
dans  les  circonstances  les  plus  sérieuses,  ne  manque  jamais  d'aper- 
cevoir les  à-côtés  ridicules  ou  plaisants  des  séances  auxquelles  il 
assiste;  un  philosophe  qui  ne  croit  guère  aux  vertus  héroïques,  mais 
ne  croit  pas  plus  facilement  aux  grands  crimes  ;  et  peut-être 
s'approche-t-il  plus  près  que  d'autres  de  la  vérité  historique  si  diffi- 
cile à  établir  et  tour  à  tour  obscurcie  par  les  passions  mal  éteintes, 
quand  il  s'agit  d'événements  récents,  et  par  les  ombres  de  l'éloi- 
gnement,  s'il  s'agit  d'événements  anciens. 


—  527  — 

Mais  M.  Bosq  a  droit  aussi  à  un  éloge  plus  sérieux.  S'il  n'a  pas  eu  la 
prétention  d'écrire  un  livre  d'histoire,  au  sens  grave  et  élevé  du  mot, 
le  lecteur  avisé  s'apercevra  vite  qu'il  aurait  pu  le  faire,  et  avec  le 
plus  grand  intérêt.  Dans  les  anecdotes  qu'il  raconte  et  dans  les  por- 
traits, souvent  un  peu  poussés  à  la  charge,  qu'il  trace,  règne,  d'un 
bout  à  l'autre,  la  finesse  la  plus  délicate  et  il  n'est  pas  rare  qu'un 
trait  de  lumière  éclaire  une  situation  politique  et  illumine  l'obscurité 
d'une  négociation.  Certaines  légendes  en  pâtiront;  mais  ceux  qui 
cherchent  avec  passion  dans  l'histoire  vraie  du  passé  des  enseigne- 
ments pratiques  en  vue  de  l'avenir  en  resteront  reconnaissants  à 
l'auteur  trop  modeste  d'un  livre  extrêmement  agréable  et  dont  il 
n'a  pas  dépendu  de  lui  que  la  conclusion  ou  plutôt  la  fin  (car 
M.  Bosq  n'avait  pas  à  conclure)  fût  moins  désolante. 

Eugène  Godefroy. 


Histoire  du  dioeèse  d«  Troyes  lîendant  la  Révolution, 

par  l'abbé  A.  Prévost.  T.  IL   Troyes,  chez  l'auteur,  25,  cloître  Saint- 
Étienne,  1909,  in-8  de  707  p.   —  Prix  :  7   fr.  50. 

J'ai  rendu  compte  {Polijhihlion  d'octobre  190:-^,  t.  CXIII,  p.  34G) 
du  premier  volume  de  M.  l'abbé  Prévost;  j'ai  dit  alors  mes  réserves 
sui  la  méthode  adoptée  pai'  l'auteur  et  je  ne  reviendrai  pas  sur  mes 
critiques.  Je  reconnais  d'autre  part  que  peu  de  diocèses  possèdent 
sur  leur  histoire  révolutionnaire  des  études  aussi  richement  docu- 
mentées; toutefois,  cette  richesse  a  ses  mauvais  côtés  et  le  lecteur 
s'égare  dans  le  dédale  des  innombrables  détails  qui  ne  sont  résumés 
nulle  part.  Qu'il  s'agisse  des  jureurs,  des  rétractés,  des  exilés,  des 
abdicataires  ou  des  déportés,  on  aimerait  à  savoir  en  gros  combien 
ils  sont,  et  ne  pas  avoir  à  compulser  tout  un  volume  pour  réunir  les 
renseignements  relatifs  à  un  seul  individu.  M.  Prévost  annonce  que 
son  troisième  et  dernier  volume  se  terminera  par  une  table  générale 
alphabétique  :  c'est  un  travail  énorme  qu'il  s'impose,  mais  il  doublera 
ainsi  la  valeur  de  son  ouvrage. 

Dans  le  présent  volume,  qui  embrasse  la  période  qui  va  de  1791  à 
1794,  je  signalerai  particulièrement  les  chapitres  relatifs  aux  prêties 
qui  exerçaient  pendant  la  Terreur  un  ministère  qui  suppose  une 
intrépidité  peu  commune,  et  à  ceux  qui  farent  incarcérés  ou  dé- 
portés au  cours  de  la  persécution;  on  y  trouvera  des  pages  d'un 
intérêt  puissant,  et,  à  part  les  longueur-j,  le  livre  est  excellent  d'un 
bout  à  l'autre.  .  P.  Pisani. 


—  528  — 

Cori'eH|iond»uee  du  comte  de    lv  Forest,  ambassadeur  de 

Frauce  en  Esiia^ne  (1»0>*-1^13),  publiée  par  la  Société 
d'histoire  contemporaine,  par  Geoffroy  de  Grandmaison.  T.  II 
(janvier-septembre  1809).  Paris.  A.  Picard  et  fils.  1908,  in-8  de  470  p.  — 
Prix  :  8  fr. 

Nous  avons  rendu  compte  dans  le  Pohjbiblion  (t.  CVI,  p.  67)  du 
premier  volume  de  cette  intéressante  autant  qu'importante  corres- 
pondance. Le  second  volume,  qui  ne  comprend  que  l'histoire  diplo- 
matique des  neuf  premiers  mois  de  1809,  nous  donne  les  détails  de 
l'entrée  et  de  l'installation  du  roi  Joseph  à  Madrid  (janvier-mars); 
il  nous  fait  assister  aux  séances  du  Conseil  d'État  et  aux  luttes 
nouvelles  auxquelles  donne  lieu  le  retour  offensif  des  alliés  (avril-juin)  ; 
enfin, il  raconte  la  campagne  du  roi  Joseph  au  milieu  des  complications 
politiques  que  suscitent  les  événements  de  la  guerre  en  Autriche  et 
l'annexion  des  Etats  pontificaux  (juillet-septembre).  Tous  ces  docu- 
ments forment  un  véritable  journal,  où  l'on  suit  pas  à  pas  les  faits 
contemporains  et  où  se  reflète  parfaitement  l'âme  du  peuple  espagnol, 
soumis,  mais  non  dompté,  impatient  sous  le  joug  et  toujours  plein 
de  préjugés  et  de  préventions  à  l'égard  du  gouvernement  qui  lui  a  été 
imposé  par  Napoléon.  Ce  n'est  pas  seulement  la  question  nationale  qui 
est  en  jeu  —  et  ce  serait  déjà  beaucoup,  étant  donné  le  caractère 
espagnol;  —  mais  il  y  a  la  question  religieuse,  les  nobles  exigences 
des  catholiques  qui  réclament  toute  liberté  à  l'intérieur  du  royaume, 
et  qui  ne  peuvent  souffrir  que  le  Pape  soit  esclave  à  Rome  ou  à  Paris, 

Le  même  ordre,  très  clair  et  très  précis,  que  M.  de  Grandmaison  a 
mis  dans  la  rédaction  du  premier  volume,  est  suivi  ici  scrupuleusement. 
Les  documents  sont  publiés  d'après  leur  date  chronologique  et  avec 
les  références  ordinaires.  Chacune  des  trois  divisions  dont  se  compose 
le  livre  porte  en  tête  un  sommaire  historique,  auquel  l'auteur  ajoute 
en  italique  la  part  prise  aux  événements  par  le  comte  de  la  Forest. 
On  ne  saurait  nier  l'immense  importance  de  cette  correspondance 
diplomatique,  au  point  de  vue  de  l'histoire  déjà  centenaire  de  ces  faits, 
mis  ainsi  en  relief  par  un  témoin  et  un  acteur  contemporain  digne 
de  tout  crédit.  Des  notes  abondantes  au  bas  des  pages  évitent  au 
lecteur  la  peine  de  chercher  ailleurs  des  éclaircissements  sur  certains 
points  particuHers  de  la  vie  des  personnages  en  jeu,  ou  sur  quelques 
détails  topographiques  de  la  géographie  du  pays.  Et,  enfin,  une  table 
des  noms  propres  ajoutée  à  la  fin  du  volume  permet  de 
trouver  sans  difficulté  la  page  où  il  faut  se  reporter  pour  avoir 
immédiatement  la  documentation  relative  à  telle  ou  telle  étude  qu'on 
voudrait  faire  à  part.  En  somme,  la  Société  d'histoire  contemporaine 
s'est  honorée  grandement  en  publiant  l'édition  si  instructive,  si 
complète  et  si  parfaite  que  l'éminent  écrivain  M.  Geoffroy  de  Grand - 
maison  a  faite  de  la  Correspondance  du  comte  de  la  Forest. 

G.  Bernard. 


I 


—   5-29  - 

llaiiuel  l>il>lios;i*a|»lii(|uo  de  la  lhtéi*a<ui'e  iraii^'aii«e  iiio- 
•lei'iK',  l.><>0- 1»<>0,  par  Gustave  La\so.\,  I.  Seizirine  sircle. 
Paris,  Hachette,  1909,  in-8  de  xv-247  p.  —  Prix  :  4  fr. 

C'est  un  incontostable  mérite  à  M.  Gustave  Lausuu  do  n'avoir  pas 
recylé  devant  le  labeur  assez  ingrat  d'un  travail  bibliographiquo. 
C'est  pour  avoir  «  souvent  éprouvé  que  les  jeunes  gons  qui,  au  s(trtir 
du  lycée,  voulaient  étendre  et  approfondir  leur  connaissance  de  la 
littérature  française,  ne  savaient  où  s'adresser  )>;  que  les  manuels  ou 
liistoires  de  la  littérature  leur  donnaient  «  les  impressions,  les  ju- 
gements, les  constructions  de  leurs  auteurs,  bien  plus  que  les  moyens 
d'aller  eux-mêmes  aux  textes  et  documents  »;  c'est  pour  avoir 
l'ccdiiiiu  ce  besoin  des  étudiants  d'être  renseigrïés  et  la  difficulti' 
pour  (Mix  de  le  faire,  que  M.  Lanson  s'est  déterminé  à  entreprendre 
lo  Manuel  bil)liograpbique  dont  nous  annonçons  ici  le  premier  fascicule. 

Consacré  au  xvi^  siècle,  ce  fascicule  comprend  d'abord  une  Jntro- 
diiclio}!  dans  laquelle  M.  Lanson  a  groupé,  à  l'usage  des  étudiants, 
une  liste  assez  considérable  (496  articles)  d'articles  ou  d'ouvrages 
d'un  intérêt  général,  sous  les  rubriques  suivantes  :  I.  La  Méthode  de 
l'histoire  littéraii'c;  IL  Catalogues  et  répertoires  de  manuscrits; 
111.  Bibliographie  rétrospeetive  (y  compris  les  dictionnaires  biogra- 
phiques, les  pncyelopédies,  les  histoires  locales,  etc.);"  IV.  Biblic- 
grapliie  courante;  V.  Histoires  générales  de  la  littérature  française; 
VI.  Langut"  française;  VIL  Versification;  enfin  les  collections. 

Luis,  en  17  chapitres,  M.  Lanson  nous  d(Uine  la  bibliographie  de 
la  Renaissaïuc  en  général;  de  Marot  et  de  son  école;  de  Marguerite 
de  Navarre,  du  platonisme  et  do  l'École  lyonnaise;  de  Calvin  et  des 
écrivains  religieux  do  la  Réforme;  de  Rabelais  et  des  conteurs;  des 
traducteurs;  de  la  pléiade  (en  2  chapitres);  des  contemporains  et  prin- 
cipaux successeurs  do  Ronsard;  des  petits  poètes;  de  l'histoire,  des 
mt'moires  et  des  lettres;  des  écrits  politiques,  de  l'éloquence  et  des 
pamplilets;  de  la  philosophie,  de  l'érudition,  de  l'économie  et  des 
sciences;  do  Montaigne;  des  romans;  du  théâtre;  enfin  do  la  langue 
française  au  xvi*^  siècle. 

M.  Lanson  ne  fournit  à  ses  lecteurs  aucune  appréciation  critique 
sur  les  ouvrages  ([u'il  leur  indique;  mais  il  a  soin,  le  cas  échéant,  de 
spi'cilipr  dans  ces  ouvrages  les  parties  à  consulter  plus  spécialement  sur 
telle  ou  telle  matière  :  par  ex.,  au  chapitre  des  traducteurs,  sous  le 
n"  976,  il  mentionno  la  Bibliographie  ikdico-française,  de  Blanc,  eji 
notant,  les  pages  relatives  aux  traductions  d'Horace,  d'Ovide,  d(> 
Virgile,  d'auteurs  italiens.  De  même,  pour  les  ouvrages  récents,  il 
ii'idi{{ue  souvent  les  comptes  rendus  que  l'on  en  trouve  dans  tel  ou  tel 
recueil.  Le  soin  qu'il  a  pris  de  multiplier  les  références  à  des  articles 
de  périodiques,  qui  ont  plus  de  chances  que  les  livres  d'échapper  aux 
Juin  1909.  T.  CXV.  34. 


—  530  — 

recherches  des  curieux,   ajoute  à  l'utiUto    pratique    de    ce    Manuel 
bibliographique. 

M.  Lanson  exprime  l'espoir  qu'il  ne  servira  pas  aux  seuls  étudiants, 
mais  que  les  lettrés  y  troiiveront  aussi  «  quelque  utilité  ».'  Nous  en 
sommes,  quant  à  nous,  convaincu;  tous  ceux  qui  s'intéressent  au 
seizième  siècle  littéraire  trouveront  profit  à  consulter  le  travail  do 
M.  Lanson.  Ce  n'est  pas  qu'il  soit  sans  lacunes  ni  sans  défauts;  l'autour 
est  le  premier  à  en  faife  l'aveu;  on  pourra  lui  reprocher  de  n'avoir  pas 
mentionné  telle  œuvre  ou  telle  édition  originale  d'un  écrivain;  mais, 
outre  que  parfois  ces  lacunes  ont  pu  être  volontaires,  il  était  bien 
difficile  qu'il  n'y  en  eût  pas  dans  un  travail  de  ce  genre. 

L'on  ne  voit  pas  bien  pour  quelles  raisons  l'auteur  tantôt  indique 
et  tantôt  supprime,  dans  ses  descriptions  bibliographiques,  soi-t  le 
lieu  d'impression,  soit  le  nom  du  libraire  ou  de  l'imprimeur,  soit  le  for- 
mat; et  cela  tant  pour  les  livres  anciens  que  pour  les  livres  m<i- 
dernes.  Il  y  a  là  un  manque  d'uniformité  quelque  peu  choquant. 

Les  références  à  un  même  ouvrage  ne  sont  pas  toujours  faites  de 
la  même  façon.  Voici,  par  ex.,  aux  n^  103  et  534,  un  renvoi  à  Claudin, 
Histoire  de  V imprimerie  en  France\  ce  n'est  que  sous  le  n°  534  que  je 
titre  est  donné  exactement:  au  n°  103,  les  mots  en  France  manquent. 
Les  titres  sont  parfois  reproduite  ainsi  d'une  manière  incomplète  qui 
on  change  le  sens;  nous  en  donneions  encore  un  exemple  :  au  n*'  328, 
le  Giornale  storico  délia  letteratura  italiana  est  mentionné  sans  ce 
floinier  mot.  Au  n^  10,  les  Manuscrits  français  de  la  Bibliothèque  du  roi, 
de  Paulin  Paris;  au  n°  70,  le  Cabinet  des  estampes  de  la  Bibliothèque 
nationale,  de  R.Bonchoi,  sont  indiqués  d'une  manière  complètement 
inexacte,  sans  grand  inconvénient  peut-être  pour  quelqu'un  qui 
travaille  à  Paris;  mais  en  iia-t-il  de  même  pour  un  travailleur  de 
province  ou  de  l'étranger?  Les  mots  étrangers  —  les  allemands  en  par- 
ticulier . —  sont  trop  souvent  écorchés;  nous  citerons,  un  peu  au 
hasard  :  n°  83.  Grundriss  des  Geschichte,  pour  der;  n°  615.  novella 
francesa  pour  francese;  n°6'20,  Halfte  pour  Hàlfte;  n^  1108,  auf  den 
frayizôsische  ThesLler,  pouv  franzôsischen;  n^  2474,  ^em  Thatigkeit, 
pour  seine;  n°  2632,  Versucht  tiber'die...  Archaismen,  pour  Versuch, 
Archàismen;  n°  2823.  jesuitico  pour  gesuitico. 

Ce  ne  sont  là  d'ailleurs  que  des  vétilles,  qui  sont,  en  partie  sans 
dmite,  du  fait  de  l'imprimeur  et  sur  lesquelles  il  ne  convient  pas  d'ip- 
sister.  Elles  n'empêcheront  pas  le  Manuel  de  M.  Lanson  d'avoii  le 
succès  qu'il  mérite  et  que  nous  lui  souhaitons.         E.-G.  Ledos. 


CORRESPONDANCE 

L'insertion  de  k  lettre  suivante  nous  est  demandée  : 
«  Monsieur  lo  Diiectour, 

«  Dans  votre  n*^  de  mai,  M.  Maisonneuve  écrit,  à  propos  de  notre 
livre  L'Idéal  du  xix^  siècle  (1909,  Alean,  éd.),  après  une  analyse, 
d'ailleurs  plutôt  bienveillante,  dont  nous  le  remercions  :  «  Ces  pages 
cherchent  à  nous  convaincre  que  Thomme  peut  être  heureux  san-"> 
croire  à  l'âme  immortelle  et  au  Dieu  éternel  ».  Nous  avons,  au  contraire, 
si  peu  cherché  cela  qu'vme  partie  est  consacrée  au  primitivisme 
chrétien,  dont  la  littérature  n'est  pas  très  abondante.  Le  sujet  d«> 
la  croyance  dans  ses  rapports  avec  le  bonlieur  mérite  d'ailleurs  d'être 
beaucoup  plus  longuement  traité  dans  un  ouvrage  sur  le  bonheur 
individuel  que  dans  un  ouvrage  sur  le  bonheur  social,  comme  le  nôtie. 
Nous  n'avons,  en  définitive,  exprimé  aucune  opinion  personnelle 
sur  la  croyance  —  dans  ce  livre  qui  a  obtenu  le  prix  annuel  de  la 
critique  en  ralliant  les  suffrages  des  croyants  comme  M.  Charle:-. 
Le  GofTic. 

«  Veuillez  agréer,  Monsieur  le  Directeur,  l'assurance  de  nos  sen- 
timents les  plus  distingués.  '  jMarius-Ary  Lebi.oxd.  » 

M.  Maisonneuve,  à  qui  nous  avons  communiqué  la  protestation  de 
M.  M. -A.  Leblond,  y  répond  dans  les  termes  ci-après  : 

«  Mon  cher  Directeur, 

«  Je  reconnais  volontiers  que  M.  Marius-Ary  Leblond  n'a 
«  exprimé  aucune  opinion  personnelle  sur  la  croyance.  » 

«  La  «  croyance  »  étant,  à  mon  gré,  un  des  éléments  essentiels  du 
problème  du  bonheur,  cette  omission  m'avait  paru  équivalente  ù 
une  négation.  Je  suis  charmé  de  m'être  trompé. 

«  Agréez,  mon  cher  Directeur,  l'expression  de  mes  meilleurs  sen- 
timents. «  L.  Maisonneuve.  » 


BULLETIN 

Trutliietion    et    commentaire    il^s    ^rnn<le*      antiennes     ou    O     tl''^ 

l'Avent  et  de  l'Office  de  ?ve«i,  parles  bénédictines  du  Temple.  Paris, 
Oudin,  s.  d.,  in-16  carré  de  iv-193  p.,  avec  2  grav.  —  Prix  :  3  fr. 

Précédées  de  lettres  élogieuses  de  plusieurs  évêques,  ces  pages  sont  des 
prémices.  On  ne  pouvait  mieux  choisir  pour  inaugurer  la  traduction  entière 
du  Bréviaire.  —  Et,  semble-t-il,  nul  n'était  plus  autorisé  que  des  vierges 
vouées  à  la  louange  divine  pour  traduire  et  commenter  les  sentiments 
exprimés  par  l'Église  dans  les  saints  offices  de  l'attente  et  de  la  naissance  de 
l'Enfant-Dieu.  A  lire  ces  développements  lumineux,  tout  imprégnés  de  la 
plus  pure  poésie  des  livres  saints,  on  sent  qu'avant  d'être  exprimés  ils  ont 


—  r.32  - 

été  vécus.  Deux  belles  graviires  de  l'école  de  Beuron   annoncent  les   mys- 
tères :  l'Annonciation,  ceux  de  TAvent,  la  Nativité,  celui  de  Noël. 

Les  âmes  pieuses  trouveront  en  cet  ouvrage  un  aliment  aussi  substantiel 
que  délicat.  On  y  sent  battre  le  cœur  de  l'Eglise  notre  Mère.  «  Votre  travail, 
écrit  Mgr  de  Cabrières  aux  auteurs,  sera  un  digne  pendant  de  cette  Année 
liturgique,  qui  a  assuré  la  renommée  de  Doni  Guéranger.  « 

A.    ViGOUREL. 
.N  oiîons  siii"    les  i*clif;tmis  do  l'Inde.   f,c  ^'édi^me,    ]iar    Lot'IS     T)  F.    I.A 

Vali.ée-Poussin.  Paris,  Bloud,  1909,  in-16  de  127  p.  —  Prix  :  1  fr.  20. 

Ce  volume  fait  partie  de  la  collection,  déjà  considérable,  de  l'Histoire  des 
religions;  il  en  est  certainement  l'un  des  mieux  informés  et  par  conséquent 
l'un  des  meilleurs.  L'auteur,  dans  son  Introduction,  pose  le  problème  des 
Indo-Européens  et  des  Indo-Éraniens;  il  établit,  par  des  exemples  probants, 
que  ce  que  l'on  a  pris  parfois  pour  indo-éranien  ou  indo-européen  était 
tout  simplement  de  l'humain,  les  traditions  que  l'on  estimait  particulières 
à  ces  deux  groupes  se  retrouvant  partout.  Après  une  description  sommaire 
de  la  littérature  védique,  de  son  époque  et  de  ses  caractères,  le  savant 
indianiste  étudie  la  divinité  védique  en  général,  et  retrace  rapidement, 
mais  d'une  main  exercée,  le  portrait  de  certains  dieux,  tels  que  Dyaus, 
Varuna,  Indra,  P»udra,  etc.  Il  consacre  un  cliapitre,"  le  quatrième,  à 
Asni  et  à  Soma,  ce  qui  l'amène  à  étudier  le  sacrifice  védique.  Dans  les 
trois  derniers  chapitres  de  cette  courte  mais  substantielle  étude,  l'auteur 
examine  :  1°  les  idées  morales  du  védisme,  découlant  plus  ou  moins 
indirectement  du  principe  qui  se  retrouve  à  la  base  même  du  sacrifice,  r/o 
ut  des,  et  se  traduit,  du  moiu.'^  dans  la  i)ensée  de  l'Hindou,  par  un  échange 
de  bons  procédés  entre  le  dieu  et  son  fidèle;  2°  les  puis-sances malignes  de 
la  magie,  ce  parasite  de  la  religion,  et  non  son  précurseur;  3°  la  mort, 
le  paradis,  les  rites  funéraires,  autour  desquels  évolue  tout  un  essaim  de 
traditions  plus  superstitieuses  les  unes  que  les  autres  qui  témoignent  d'une 
décadence  et  non  d'un  progrès,  l'histoire  du  védisme  et  de  tous  les  autres 
cultes  naturels  étant  la  condamnation  formelle  du  sj-stème  de  l'évolution, 
tel  qu'il  est  sorti  tout  armé  du  cerveau  de  nos  mythologues,  comme  jadis 
Minerve  de  celui  de  Jupiter,  mais  plus  mal  venu.  A.  Roussel. 


Conseils  piaiique^  sur  Isi  vîUcuitui-e.  Notes  mensuelles  de  la  station 
viticole  de  Cognac  (1003-1907),  par  J.-lM.  Guillon.  Paris,  Hacliette, 
1908,  in-16  de  vi-122   p.  —  Prix  :   1  fr,  50. 

Comme  son  titre  l'indique,  on  ne  trouvera"^  point  ici  un  traité  ex-prof essn 
de  la  culture  de  la  vigne.  Notes  réunies,  mais  prises  au  fur  et  à  masarj 
des  événements  culturaux,  le  mode  mêaie  de  sa  composition  ne  po;"t3 
l'auteur  à  étudier  aucun  sujet  spécialement,  mais,  à  l'occasion  des 
faits  météorologiques,  culturaux,  commerciau.x:  mê.na,  qui  surviennent, 
il  les  relate  ave^  soin,  les  étudie,  les  compare  et  en  tirj  les  conclusions 
nécessaires.  Cet  intéressant  opuscule  est  un  résu.né  fort  utila  de  la  vie 
du  vignoble  charentais  pendant  cinq  années  consécutivas,  de  1903 
à  1907;  il  sera  fort  apprécié  des  viticulteurs  des  diversas  région?  fran- 
çaises.  Tous  sont  soumis  aux  mêmes  vicissitudes  et  il  leur  ssra  utile  de  savoir 
comment  on  les  a  subies  à  côté  d'eus.  Jne  table  méthodique  tî.'.Tiine 
l'ouvrage  et  le  rend  plus  pratique  et  plus  usuel  -J.  de  S. 


—  ;;33  — 

ICIementos    de    literutui-a    preccptiva,     por   el  Dr,  D.   MANUEL   PERENA. 

Y  PUENTE.  4»  ediciôn.     Barcclona,    Juan    Gili,    1908,    in-16    de  140    p.  — 

Prix  :  1  fr.  50. 

Ce  qui  distingue  ce  manuel  classique  de  littérature  des  livres  simi- 
laires, c'est  la  part  donnée  à  la  métrique  latine,  qu'il  est  toujours  intéressant 
dd  comparer  à  la  prosodie  des  langues  romanes,  parce  qu'elle  la  fait  mieux 
comprendre.  Des  nombreux  manuels  de  littérature  espagnole  que  nous 
avons  eus  en  main,  celui-ci  nousa  paru  le  plus  complet  et  le  plus  concis  tout 
à  la  fois.  Aussi  le  conseillons-nous  à  tous  ceux  qui  s'occupent  de  grammaire 
castillane,  car  il  élucidera  beaucoup  de  difficultés  et  donnera  en  peu  do 
mots  des  notions  claires  et  simples  sur  une  multitude  de  points,  toujours 
exposés  d'une  façon  plus  ou  moins  vague,  sinon  obscure,  dans  les  autres 
ouvrages  du  même  genre.  G.  Bernard. 

IV'iiei'o     l.ll>i-o     <Ie     lo«     onxeinplos,     por    ALBERTO    CaSAÂAL    SpAKERY, 

Zarag  jza,  Gasca,  1909,  in-12  de  148  p.  —  Prix  :  2  fr. 

Ce  recu'^il  de  fableanx  en  langage  archaïque  est  une  imitation  assez 
réussie  de  deux  x)uvrages  castillans  du  xiv°  siècle,  je  veux  dire  du  [Conde 
Lucanor  (ou  Lihro  de  Palronio)  de  D.  Juan  Manuel,  et  du  Libro  de  enxeinplos 
de  Clémente  Sanchez.  Il  se  lit  avec  beaucoup  d'intérêt  et  prouve  chez  son 
auteur  une  connaissance  profonde  du  style  des  anciens  écrivains  de  l'Es- 
pagne. Relevons  toutefois,  entre  autres  fautes  de  philologie,  la  fausse 
orthographe  des  conditionnels  analytiques  «  serme-y-a  »  pour  serine-ya  », 
podervos-y-ades  »  pour  «  podervos-yades  »,  Vy  (pour  i)  faisant  substantielle- 
ment partie  de  la  désinence  empruntée  à  l'imparfait  du  verbe  haber.  Le 
glossaire  qui  est  à  la  fin  du  volume  aurait  pu  également  être  augmenté 
de  plusieurs  termes  que  les  érudits  seuls  sont  à  même  de  comprendre  sans 
difficulté.  Oserons-nous  ajouter  que  le  style  est  un  peu  trop  uniforme  et 
qu'on  y  retrouve  trop  souvent  les  mêmes  tournures  de  phrase  et  d'expres- 
sion? G.  Bernard. 

Les  Filles  puI>lii|ueN  sous  la  TeiTCur,  d'après  les  rapports  de  la  police 
secrète^  des  documents  nouveaux  et  des  pièces  inédiles,  tirées  des  Archiues  natio- 
nales, par  Hector  Fleischmaxx.  Paris,  Méricant,  s.  d.,  in-Ki  de  324  p. 
avec  100  grav.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Est-il  bien  utile  de  raconter  l'histoire  des  filles  publiques  pendant  la 
Terreur?  Et  quel  intérêt  les  admirateurs  du  Bloc  ont-ils  à  établir  ce 
tableau  de  la  prostitution  de  Paris  et  à  fournir  eux-mêmes  la  preuve  que 
le  libertinage  le  plus  éhonté  n'a  pas  été  moins  florissant  sous  la  Convention 
que  pendant  les  temps  les  plus  décriés  de  la  Monarchie?  La  démonstration 
est  là,  dans  ce  livre,  et  elle  n'est  pas  empruntée  à  des  pamphlets  réaction- 
naires et  suspects.  Elle  sort  des  Archives  nationales;  elle  est  tirée  de 
rappo  'ts  de  la  police,  de  ce  qu'on  nommait  pompeusement  les  observateuiS 
de  l'esprit  public.  Et  il  est  bien  certain  que  le  peuple,  afi'ranchi  de  la  ty- 
rannie monarchique,  débarrassé  des  scrupules  religieux,  et  purifié  par 
la  Révohifion,  n'était  pas  devenu  plus  moral.  Montesquieu  avait  écrit  que 
la  République  est  le. règne  de  la  vertu.  On  ne  s'en  apercevait  guèra  en 
France  en  1793  :  c'est  M.  Fleischmann  qui  le  dit  et  qui  le  prouve.     R.  M. 


Voix  cauadieiiiiLvs.  Vei-s  l'ubiiue  [par   Arthur  Savaète].  PaHs,   Sa 
vaète,  s.  d.  (1908),  in-8  de  130  p.  —  Prix  :  2  fr. 
Par  suite  de  l'orientation  libérale  qui  lui  a  été  donnée  depuis  plus  de  trente 


.  -  a:^4  -- 

uns,  l'Église  catholique  du  Canada  court  à  sa  perte.  Voilà  comment  il  est 
possible  de  résumer  ce  travail  de  M.  Arthur  Savaète,  qui,  pour  arrêter  le 
Canada  sur  une  pente  fatale,  a  entrepris  d'informer  l'opinion  canadienne, 
K  sincère,  mais  égarée  «,  et  de  lui  faire  connaître  le  péril  que  court  «  la  cause 
du  catholicisme  intégral  »  en  approuvant  l'orientation  donnée  aux  affaires 
par  Sir  Wilfrid  Laurier,  «  politicien  aussi  rusé  qu'ambitieux,  catholique  de 
nom  plutôt  que  de  profession  »,  et  ses  collaborateurs.  Pour  y  parvenir,  l'au- 
tour a  estimé  que  la  meilleure  manière  de  procéder  était  de  publier  un  certain 
nombre  de  ménuiires  ti'ès  iuqiortants,  signés  de  personnages  aussi  éminents 
et  respectés  que  Mgr  Bourget  et  Mgr  Laflèche,  établissant  nettement  les 
responsabilités  de  chacun  et  montrant  à  la  suite  de  quelles  intrigues  le 
Saint-Siège  avait  été  amené  à  ap])rouver  une  attitude  qui  devait 
èlre  préjudiciable  aux  intérêts  du  catholicisme.  C'est  en  s'inspirant  des 
sages  recommandations  du  pape  Léon  XIII  sur  la  manière  d'écrirfs 
l'histoire  que  M.  Savaète  a  i>ublié  les  documents  inédits  que  contient 
Vers  V abîme;  on  y  trouvera,  sur  l'histoire  contemporaine  du  Canada,  des 
indications  intéressantes  à  plus  d'un  titre.  H.  F. 


rjl  HO  NIQUE 


Nécrologie.  ■ —  Le  monde  médical  français  a  perdu  un  de  ses  membres 
les  plus  distingués  et  les  plus  universellement  connus  en  la  personne  du 
docteur  Besnier,  qui  est  mort  à  Paris  le  16  mai,  à  78  ans.  Né  à  Hontleur,  le 
21  avril  1831,  Ernest-IIenri  Besnier  vint  faire  ses  études  médicales  à  Paris, 
devint  interne  des  hôpitaux  en  1853,  fut  reçu  docteur  en  18i7  avec  t-ne 
thèse  sur  VOcdusion  de  rintestin  et  obtint  au  concours  en  1863  le  titre  de 
médecin  des  hôpitaux.  Pendant  une  dizaine  d'années,  if  s'i  ccupa  de  mé- 
d(^cine  générale,  mais  ayant  été  nommé,  en  1872,  médecin  de  l'hôpital 
Saint-Louis,  il  se  consacra  dès  lors  entièrement  à  l'étude  de  la  dermalologia 
et  tu  dans  cet  établissement,  sur  cette  branche  de  la  médecine;  un  cours  hbre 
qui  fut  très  suivi  pendant  de  longues  années.  Le  29  mars  1885,  il  fut  élu 
membre  de  l'Académie  de  médecine  (section  d'hygiène).  En  outre  des  nom- 
breux mémoires  qu'il  a  fait  paraître  dans  le  Dictionnaire  encyclopédique, 
dans  diverses  revues  spéciales  et  principalement  dans  les  Annales  de  der- 
matologie qu'il  avait  fondées  avec  Doyon?le  docteur  Besnier  a  publié  des 
volumes  qui  ont  fait  l'admiration  du  monde  savant  et  parmi  lesquels  nous 
citerons  :  Les  Accidents,  leurs  causes  et  leurs  effets.  Moyen  d'en  atténuer  les 
fâcheux  résultats  (Paris,  1865,  in-8);  —  Comptes  rendus  mensuels  de  la 
comjtiission  des  maladies  régnantes  faits  à  la  Société  médicale  des  hôpitaux  de 
Paris  (Paris,  1875,  in-8);  —  Leçons  sur  les  maladies  de  la  peau  de  Kaposi. 
Traduction  de  Vallemand  avec  annotation  (Paris,  1881,  2  vol.  in-8);  —  De  la 
HcK'uccinatiun  des  jeunes  sujets  (Paris,  1886,  in-8);  —  De  la  Typhlite  ster- 
c'irale  chez  les  jeunes  sujets  en  particulier  et  de  la  péritonite  qui  raccom- 
pagne (Paris,  1888,  in-8);  —  Musée  de  Vhôpital  Saint-Louis.  Iconographie 
d's  maladies  cutanées  et  syphilitiques,  avec  texte  explicatif  (Paris,  1897,  in-4), 
itvec  MM.  A.  Fournier,  Tenneson,  Hallopeau,  etc.;  —  Sur  la  lèpre.  Rôle 
itiologique.  De  l'hérédité.  De  la  transmissibilité  (Paris,  1897,  in-8). 

—  Un  autre  médecin  parisien  fort  connu,  le  docteur  Hippolyte  Bar.\j)ui', 
qi  i  était  né  à  Hyères  (Var)  en  1850,  est  mort  à  Paris  au  commencement 
de  mai,  à  59  ans.  Ce  savant,  qui  s'était  spécialisé  dans  l'étude  des  affections 
nerveuses  et  des  phénomènes  d'ordre  psychique,  laisse  des  travaux  nom- 
breux et  appréciés,  entre  autres:  Des  Ventouses  vésieantcs  dans  les  cou  gestion  j 


—  -335  — 

chroniques  médullaires,  travail  lu  au  Congrès  médical  de  Copenhague  (Parisi 
1886,  in-8); —  Traitement  des  tutneurs  fibreuses  interstitielles  par  le  drainage 
If/mpho- galvanique  positif  (Paris,  1890,  in-8);  — -  Précis  des  méthodes 
clectrothérapiques  spéciales  aux  affections  du  système  nerveux,  de  la  matrice, 
de  l'estomac  (Paris,  1890,  in-8);  — Du  Lavage  électrique  et  de  la  faradisation 
intra- stomacale  dans  la  dilatation  de  Vestomac  fonctionnelle  {?naladie  de 
Bouchard)  (Paris,  1890,  in-8);  —  La  Force  vitale.  Notre  corps  vital  fluidique. 
Sa  formule  biométrique  (Paris,  1893,  in-8); — L'Aine  humaine,  ses  mouvements, 
ses  lumières  et  l'iconographie  de  l'invisible  fluidique  (Paris,  1896,  in-8);  — 
La  Force  courbe  cosmique.  Photographie  des  vibrations  de  l'éther  (Paris, 
1897,  in-8);  —  Méthode  de  radiographie  humaine  (Paris,  1877,  in-8);  — 
Les  Vibrations  de  la  vitalité  humaine.  Méthode  biométrique  appliquée  aux 
sensitifs  et  aux  névrosés  (Paris,  1903,  in-8). 

—  Un  peintre  et  écrivain  d'art  distingué,  M.  François-Emile  MIchel, 
est  mort  à  Paris  le  24  mai,  à  81  ans.  Né  à  Metz  le  19  juillet  1828,  il  avait 
fait  ses  études  au  lycée  de  sa  ville  natale.  Venu  à  Paris  pour  suivre  des 
cours  de  mathématiques,  il  ne  tarda  pas  à  retourner  à  Metz  pour  se  con- 
sacrer à  la  peinture.  Sa  carrière  artistique  a  été  des  plus  brillantes  et  lui  a 
valu  d'être  élu  membre  libre  de  l'Académie  des  beaux-arts,  le  19  mars  1892, 
en  remplacement  du  comte  de  Nieuwerkerke.  Mais,  maniant  la  plume  avec 
autant  d'habileté  que  le  pinceau,  M.  Emile  Michel  s'est  fait  connaître 
aussi  comme  écrivain  et  critique  d'art.  Parmi  les  volumes  qu'il  a  publiés, 
nous  citerons  :  Le  Musée  de  Cologne,  catalogue  (Paris,  1883,  in-4);  —  Les 
Musées  d' Allemagne  (Paris,  1885,  in-4);  —  Rembrandt  (Paris,  1886,  in-4);  — 
Hobbema  et  les  paysagistes  de  son  temps  en  Hollande  (Paris,  1890,  in-4);  — 
Jacob  Van  Ruysdaël  et  les  paysagistes  de  l'école  de  Haarlem  (Paris,  1890, 
in-4).  M.  Michel  a  donné  en  outre  de  nombreux  et  importants  articles 
aux  Mémoires  de  V Académie  de  Metz,  à  la  Revue  des  Deux  Mondes,  à  V Art 
et  à  la  Gazette  des  beaux-arts. 

—  M.  Jules-Ernest  Naville,  le  philosophe  protestant  suisse  qui  b'était 
a t lire  une  grande  notoriété  par  son  enseignement  et  ses  publications 
il  y  a  un  demi-siècle,  est  mort  à  Genève,  au  milieu  de  mai,  à  l'âge  de  93  ans. 
Il  était  né  à  Cliancy,  le  3  décembre  1816.  Il  professa  la  philosophie,  de 
1844  h  1848,  et  la  théologie,  de  1860  à  1861,  à  l'Université  de  Genève. 
Élu  en  1865  correspondant  de  l'Institut  de  France  (Académie  des 
sciences  morales  et  politiques),  il  en  devint  associé  étranger,  le  3  avril  1886, 
en  remplacement  de  Mamiani.  Parmi  les  publications  de  M.  Ernest  Naville, 
nous  citerons  les  suivantes  :  Maine  de  Biran,  sa  vie  et  ses  pensées  (1857, 
in- 18);  —  La  Vie  éternelle,  sept  discours  (Genève,  1861,  in-8);  —  Madame 
Swelchine,  esquisse  biographique  {lS6'i,  in-S)  ;  —  Le  Père  céleste,  sept  discours 
(Genève,  1865,  in-8);  —  La  Patrie  et  les  partis  (Genève,  1865,  in-8);  — 
Ls  Problème  du  Tnal  (Genève,  1868,  in-8);  —  La  Question  électorale  en 
Europe  et  en  Amérique  (Genève,  1868,  in-18);  —  Les  Adversaires  de  la  phi- 
losophie (Genève,  1869,  in-8);  —  Réforme  électorale  (Genève,  1871,  in-8);  — 
L<;3  Prjgrès  de  la  réforme  électorale  en  1873  (Genève,  1874,  in-8);  —  Le 
Christ,  sept  discours  (Genève,  1878,  in-8);  —  L'Église  romaine  et  la  Liberté 
des  cultes  (Genève,  1878,  in-8);  —  La  Logique  de  l'hypothèse  (Genève,  1880, 
in-8);  —  La  Physique  moderne,  études  historiques  et  philosophiques  (1883, 
in-8);  etc.  M.  Ernest  Naville  a  publié  en  outre,  avec  M.  Marc  Debrit,  les 
Œuvres  inédites  de  Maine  de  Biran  (1859,  3  vol.  in-8;  nouvelle  édition  en 
1874). 

—  La  philologie  celtique  vient  de  podie  son  doyen  et  son  principal  re- 
présentant en  M.  Whitley  Stokes,  né  à  Dubhn  le  28  février  1830,  et  mort 


~  oS6  - 

.à  Londres  le  13  avril  1909.  Il  sortait  d'une  famille  anglo-irlandaise  qui  a 
compté    plusieurs    personnalités    éminentes,    notamment     son     père     le 
Dr  W.  Stokes  (1804-1878),  hnpiel  a  laissé  son  nom  dans  l'histoire  des  mala- 
dies de  cœur  après  notre  Laënnec,  et  aussi  sa  sœur  l'archéologue,  feue 
Mlle  Marguerite  Stokes.  Son  étude  })rofessionnelle  était  le  droit:  en  1862,  il 
était  parti  poiir  l'Inde  comme  avocat;  il  y  devint  en  1865  secrétaire  du  Conseil 
législatif;  plus  tard,  en  1877,  membre  du  Conseil  du  gouvernement,  jusqu'en 
mai  1882  quand  il  pi'it  sa  retraite  et  rentra  en  Europe.  A  cette  première 
partie  de  sa  vie  appartient  un  certain  nombre  d'ouvrages  de  droit,  no- 
tamment The  Anglo  Indian  Codes  (2  vol.  1887  et  1888,  avec  des  supplémnots 
ou  1889  et  1891).  —  Mais,  dès  avant  son  départ  pour  l'Inde,  le  jeune  jurist(! 
était  devenu  un  adepte  de  la  grammaire  comparée  et  il  s'était  aussitôt 
tourné  vers  l'irlandais  et  la  philologie  celtique.  Son  départ  pour  l'Inde  n(! 
diminua  en  rien  son  zèle,  et  il  ne  se  jjassa  guère  d'année  qu'il  n'envoyât 
de  l'Inde  un  nouveau  volume,  d'ordinaire  publié  à  ses  Irais  à  petit  nomhru 
^  privately  printed).  Toutes  les  branches  de  la  famille  celtique  ont  bénéhi  ié 
de  son  activité,   de})uis  l'ancien  gaulois  jusqu'à  notre  breton-armoricain. 
Mentionnons   seulement  à  ce  dernier   égard  :    Middle- Breton  Hours,  cditcd 
with  a  translation,  and  glossarial  Index  (Calcutta,  1876,  in-8);  —  Old-Bretoii. 
(liasses  (Calcutta,  1879);  —  The  Breton  Glosses  at  Orléans  (Calcutta,  1880). 
—  Revenu  en  Europe  en  1882  et  libre  de  toute  occupation  professionnelle, 
M.  Stokes  se  consacra  absolument  à  ses  études  préférées  avec  une  activité 
merveilleuse  et  cela  jusqu'à  son  dernier  jour  :  éditions  de  textes  avec  tra- 
duction, commentaire  et  glossaire,  mémoires  de  j)hilologie  et  de  linguisticpu; 
dans  les  revues  savantes  des  Iles  Britanniques,  de  France  et  d  Allemagni;, 
il  menait  tout  de  front,  et  avec  une  fécondité  telle  que  nous  devons  laisser 
à  une  jniblication  spéciale  le  soin  d'en  dresser  la  liste  :  ce  sera  fait  sans 
doute  dans  la  Revue  celtique.  Nous  mentionnerons  pourtant,  à    cauïo    dt; 
son  importance  pour  l'histoire  et  l'hagiographie  de  l'Irlande,  la  Triparlilc 
Life  of  Patrick  (London,  1887),  qui  forme  deux  volumes  de  la  collection 
olFicielle  du  «  Master  of  the  Rolls  ».  Il  nous  faut  bien  aussi  nommer  le  Thé- 
saurus pnlaeohibcrnicus,  en  collaboration  avec  M.  Strachan  (Cambridge, 
1901,  2  vol.,  in-4)  qui  renferme,  édités  avec  traduction  et  commentaire, 
tous  les  docunaents  en  langue  irlandaise   antérieurs  à  l'an  mille  ou  environ. 
Mais  la  simple  énumération  des  œuvres  de  M.  Stokes  et  l'appréciation  des 
divers  services  qu'il  a  rendus  à  la  philologie  dépasserait  les  bornes  de  cette 
notice.   On  a   justement  fait   remarquer  dans  V Athenœum  que  M.  Stokes 
a,  par  ses  traductions,  fait  connaître  une  grande  partie  de  l'ancienne  litté- 
rature de  l'Irlande,  et  cela  en  un  anglais  remarquable  d'excellence.  Il  nous 
suffira  de  dire,  pour  terminer,  que  M.  Stokes,   élu   correspondant  de  notre 
Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres  en  1879,  en  était  devenu  associé 
étranger  en  1891. 

—  L'un  de  nos  plus  anciens  collaborateurs,  M.  le  marquis  de  Monclar 
nous  adresse  l'intéressante  notice  nécrologique  dont  le  texte  suit  : 

Le  18  avril  dernier  s'est  éteint  pieusement,  à  Santa  Maria  des  Baléares 
(Ile  de  Majorque),  Ulysse-François-Ange  comte  de  Séguier,  ancien  officier, 
consul  de  France  en  retraite,  né  à  Narbonne  le  2  décembre  1830.  Humaniste 
de  premier  ordre,  à  une  époque  où  cette  branche  de  l'érudition  est  de  plus 
en  plus  délaissée  aux  professionnels  de  l'enseignement,  son  nom  restera 
lié  aux  efforts  que  firent  naguère  encore  nos  plus  illustres  typographes, 
notamment  MM.  Didot  et  Quantin,  pour  ramener  la  faveur  aux  études 
ilassiques,  tout  au  moins  au  moyen  de  traductions  assez  exquiseinent 
éditées  pour  les  faire  ardemment  rechercher  des  bibliomanes. 


-    a37  - 

Doué  d'un  sens  poétique  très  fin  et  d'une  remarquable  aptitude  au 
maniement  de  la  langue,  M.  de  Séguier,  sans  pour  cela  négliger  les  devoirs 
des  carrières  qu'il  a  successivement  parcourues  avec  honneur,  consacrait 
ses  loisirs  à  l'étude  de  l'antiquité,  s'appliquant  sans  relâche  à  reproduire 
en  notre  langue  l'énergique  concision  des  poètes  latins  et  grecs.  C'est 
ainsi  qu'il  parvint  à  cette  faculté,  à  peu  près  unique,  croyons-nous,  dans 
les  fastes  de  l'humanisme,  de  rendre  en  français  vers  pour  vers,  dans  le 
même  rythme,  et  sans  suppressions,  les  chefs-d'œuvre  de  l'antiquité. 

Enlré  à  18  ans  dans  l'armée,  il  prit  part  aux  guerres  de  Crimée  et  d'Italie. 
Parvenu  au  grade  de  capitaine  adjudant  major,  il  donna  sa  démission  et 
.'^e  rendit  à  Mexico  auprès  de  l'empereur  Maximilien,  au  cabinet  duquel 
il  fut  attaché  assez  longtemps.  Mais,  désireux  de  mieux  connaître  un  pays 
nouveau  pour  lui,  il  entreprit,  accompagné  de  M"^^  la  comtesse  de  Séguier, 
une  étude  méthodique  de  l'intérieur,  au  cours  de  laquelle  le  surprit  la 
tragédie  de  Quérétaro.  Tous  deux  savaient  si  bien  se  faire  aimer  de  tous, 
riches  et  pauvres,  qu'ils  purent,  nonobstant,  y  séjourner  plusieurs  années 
encore  sans  renier  leur  drapeau,  et  en  rendant  souvent  service  auprès 
des  autorités  à  nos  compatriotes  alors  privés  de  tout  appui  diplomatique 
ou  consulaire.  Aussi,  à  son  retour,  en  1877,  M.  de  Séguier  fut-il  appelé  par 
le  duc  Decazes  au  service  de  son  Département.  Successivement  consul 
à  Kœnigsberg,  Dublin,  Newport,  la  Corogne,  détaché  comme  commissaire 
du  gouvernement  à  Madagascar  au  début  de  l'occupation  française,  ])uis 
envoyé  de  nouveau  à  Sydney,  à  Batavia,  c'est  au  cours  d'une  vie  aussi  aclive 
qu'il  trouva  le  moyen,  sans  négliger  en  rien  les  devoirs  de  sa  charge, 
d'acquérir  une  connaissance  prodigieuse  de  l'antiquité. 

La  maison  Quantin,  au  moment  où  il  revenait  du  Mexique,  commençait 
l;i  publication  de  l'exquise  série  in-32  :  «  Petits  Chefs-d'œuvres  antiques.  » 
Là  parurent,  en  1879,  la  traduction  des  Amours  d'Ovide,  oi,  en  iSS3,  celle 
des  Odes  et  Epodes  d'Horace. 

Un  second  volume  devait  compléter  Horace.  Mais  cette  collection  n'ayant 
point  été  continuée,  la  maison  Didot  lui  demanda  la  suite  de  ses  travaux, 
ot  donna  coup  sur  coup,  en  format  in-12  carré  avec  vignettes  à  chaque 
page,  en  1895,  les  Œuvres  complètes  d'Horace,  et,  en  1896,  la  traduction, 
également  verç  pour  vers,  de  VOdyssée  d'Homère. 

L'heure  de  la  retraite  avait  alors  sonné.  Plus  fait  aux  climats  chauds 
qu'aux  hivers  de  la  France  centrale  où  l'avaient  rappelé  des  attaches  fa- 
miliales, M.  de  Ségu.ier  transporta  sa  résidence  aux  Baléares.  Et  ne  pouvant 
])lus  surveiller  de  près  l'impression  de  ces  chers  poèmes  s'ils  eussent  éLé 
édités  à  Paris,  il  eut  l'art  de  former  à  des  publications  dignes  des  biblio- 
philes les  plus  exigeants,  l'imprimeur  de  la  modeste  petite  ville  de  Felanitx, 
à  Majorque,  M.  Bartolomé  Reus.  -C'est  ainsi  qu'ont  été  donnés,  en 
éditions  petit  in-8,  impeccables  de  correction  et  d'élégance  typographique, 
d'abord  en  1906,  Les  Argon  antique  s,  d'Apollonius  de  Rhodes,  et  en  1908, 
un  2'-'  volume  portant  comme  titre  général  :  De  VHélicon  au  Calvaire,  nt 
renfermant  :  La  Théogonie  d'Hésiode,  Le  Rapt  d'Hélène  par  Coluthus,  Lu 
Prise  de  Troie  par  Triphiodore,  Les  Perses  d'Escliyle.  et  enfin  Le  Christ  Pa- 
tient, de  saint  Grégoire  de  Nazianze,  drame  en  cinq  actes,  qui  a  été  le  pro- 
totype de  tous  les  mystères  religieux  depuis  les  premiers  tomps  de  l'Eglise. 
L'espace  nous  manque  pour  parler  des  poésies  originales  qu'il  a  semées 
aux  vents  dos  cinq  parties  du  monde,  bluettes  souvent  charmantes,  mais 
dont  il  ne  gardait  même  pas  trace.  Une  seule  composition  a  i)ris ^allure 
de  poème  :  son  Épilogue  à  la  Divine  Comédie.  Cruellement  atteint  par  les 
désastres  de  1870,  il  exhala  sa  douleur,  aussi  bien  que  ses  angoisses  pour 


—  538  - 

l'avenir,  en  tercets  dantesques.  Ce  livid  fut  imprimé  à  petit  nombre  en 
1873,  à  Mexico;  et  déjà  à  cette  date,  dans  uni' vigoureuse  prosopopée  faisant 
parler  saint  Paul  arx  gentils  de  notre  temps,  il  dit  ce  que  le  luxe,  la  mau- 
vaise presse,  l'école  sans  Dieu,  l'abolition  de  la  peine  de  mort,  la  lutte 
contre  la  religion  sous  le  masque  de  la  tolérance,  tous  les  maux  dont  nous 
souffrons,  bêlas  !  feront  un  jour  de  nous.  Dieu  veuille  que  ce  grand  cb  ré- 
tien ait  vu  également  juste  lorsqu'il  propbétise  ensuite  aux  Français,  potir 
le  jour  où  le  malbeur  les  aura  rendus 

un  peu  plus  graves, 

V  3-  ?  Un  Judas  Macchabée  enfanté  de  leur  sein. 

—  On  annonce  encore  la  mort  de  MM.  :  Frédéric  Bableu  professeur 
à  la  Faculté  de  droit  d'Aix,  mort  au  milieu  de  mai;  —  Henri  Baumont, 
docteur  es  lettres,  proviseur  du  lycée  de  Beauvais,  mort  en  cette  ville, 
au  commencement  de  mai,  à  40  ans;  —  Raoul  Biville,  professeur  à  la 
Faculté  de  droit  de  Caen,  mort  en  cette  ville,  à  46  ans,  au  commencement 
de  mai,  lequel  a  publié  :  Les  Conséquences  de  la  mauvaise  foi  du  second 
acquéreur  d'un  immeuble  qui  a  transcrit  son  contrat  avant  le  premier  (Paris, 
IS.'iS,  in-8);  La  Participation  des  femmes  aux  élections  paroissiales  dans 
VEglise  réformée  de  France,  rapport  présenté  au  synode  de  Normandie  (Vals- 
les-Bains,  1896,  in-8);  Le  Chrétien  et  les  ligues  morales  et  sociales  (Vals-les 
Bains,  1901,  in-8),  etc.;  - —  Paul  Cavaillon,  professeur  ag''égé  de  la  Faculté 
de  médecine  de  Lyon,  mort  en  cette  ville,  au  commencement  de  mai,  à  32  ans, 
lequel  a  publié  :  Thérapeutique  chirurgicale  du  cancer  du  gros  intestin  (rectum 
excepté)  (Paris,  190.5,  in-8);  —  Colomb,  caricaturiste  politiqu.e,  connu 
sous  le  nom  de  Molocb,  qui  a  fourni  de  très  nombreuses  compositions  à 
divers  journaux  illustrés,  mort  à  Paris  au  commencement  de  mai;  — 
Emmanu.el  Delbousquet,  poète  et  romancier,  l'un  des  meilleurs  écrivains 
bilingues  du  félibrige,  mort  dernièrement  à  35  ans,  lequel  laisse  des  œuvres 
remarquables  par  les  peintures  qu'elles  contiennent  des  traditions  et  mœurs 
locales  ainsi  que  par  leurs  tendances  catholiques,  notamment  :  Z,e  Maza- 
reilh  (Paris,  1902,  in-12);  Margot  (Touloi'.s*?,  1903,  in-12);  VÉcarteur  (Paris, 
1904,  in-12);  Le  Chant  de  la  race  (Paris,  1908,  in-12);  —  Edouard  Delsald, 
éditeur  catholique  à  Cahors,  mort  au.  milieu  de  mai;  —  François  Ferrari, 
jou.rnalistc  parisien  qui  était  chargé  au  Figaro  des  informations  mondaint^s, 
mort  au  milieu  de  mai;  - —  Gruat,  journaliste,  correspondant  de  VUnion 
catholique  de  Rodez,  mort  accidentellement,  au  milieu  d'avril,  dans  les 
gorges  du  Tarn;  —  Charles  Hérissey,  imprimeur  à  Évreux,  ancien  pré- 
sident de  l'Union  des  imprimeurs  de  France,  mort  au  commencement  do 
mai;  —  Jules  Hollier-Larousse,  éditeur,  mort  à  Paris,  au  milieu  de  mai, 
à  66  ans;  ^  B.  Jacob,  qui,  entre  autres  ouvrages,  a  publié  :  Éléments  intel- 
lectuels de  la  représentation,  des  conférences  intitulées  :  Devoirs,  et  a  colla- 
boré à  divers  périodiques  tels  que  la  Revue  de  métaphysique  et  de  morale  et  /;; 
Breton  socialiste,  fondé  par  lui,  en  1894,  à  Brest,  mort  dernièrement  en  cette 
ville,  à  51  ans;  —  Antony  Jaxxaris,  inspecteur  général  de  l'instruction 
publique,  mort  dernièrement  à  bord  du  «  Majestic»,  en  cours  de  route  pour 
New  York;  - —  le  P.  Lodieil,  de  la  Compagnie  de  Jésus,  auteur  de  plusieurs 
ouvrages  estimés,  mort  dernièrement  à  Saint-IIélier  (Jersey);  —  Emile 
Mancel,  collaborateur  assidu  de  V Intermédiaire  des  chercheurs  et  curieux, 
mort  dernièrement  au  château  de  Tarperon  (Côte-d'Or);  —  Papillaud, 
journaliste  parisien,  un  des  principaux  collaborateurs  de  la  Libre  Parole, 
mort  à  Paris,  au  commencement  de  mai;  . —  A.-Constant  Poyard, 
professeur  honoraire  de  l'Université,  helléniste  distingué,   mort  à  Paris 


—  530   - 

au  milieu  de  mai,  à  83  ans,  leqrel  avait  publié  :  Morceaux  choisis  d'Aris- 
tophane. Texte  grec,  avec  des  notices,  des  analyses  et  des  notes  (Paris,  1866, 
in-18);  Morceaux  choisis  d'Aristophane.  Traduction  française  (Paris,  1867, 
in-12);  Œuvres  complètes  de  Pindare.  Traduction  française  (Paris,  1881, 
in-12)-,  —  Amédée  Prouvost,  poète  de  talent,  qui,  entre  autres  volumes, 
a  publié  :  L'Ame  voyageuse  (Paris,  1904,  in-18);  Le  Poème  du  travail  et 
du  rêve  (Lille,  1905,  in-18)  et  Sonates  au  clair  de  lune  (Paris,  1905,  in-18), 
mort  à  Roubaix,  le  8  mai,  à  31  ans;  —  l'abbé  Ribet,  du  diocèse  de  Tou- 
lou.se,  auteur  de  savants  ouvrages  d'ascétique  et  de  théologie  mystique, 
mort  dernièrement  à  72  ans,  à  la  Maison-Carrée,  chez  les  Pères  Blancs,  en 
Algérie;  —  Louis-Laurent  de  Soye,  imprimeur  parisien,  directeur  de  la 
Semaine  religieuse  de  Paris,  mort  à  Paris  au  milieu  de  mai,  à  70  ans. 
- —  A  rétranger  on  annonce  la  mort  de  MM.  :  Emile  Agniez,  professeur  de 
la  classe  d'orchestre  au  Conservatoire  royal  de  Bruxelles,  à  qui  l'on  doit  de 
nombreuses  compositions  musicales  très  appréciées,  mort  à  Bruxelles  à 
la  fin  de  mai; —  Isaac  Albeniz,  pianiste  et  compositeur  espagnol  de  talent, 
auteur  d'œuvres  qjii  ont  eu  un  certain  succès,  telles  que  Pépita  Jimenez, 
opéra  qui  fut  joué  à  Bruxelles;  Catalogne,  rapsodie  pour  orchestre;  Iberia, 
suite  de  morceaux  pour  piano,  etc.,  mort  au  milieu  de  mai  à  Cambo-les- 
Bains,  à  50  ans;  —  D^  Otto  Biermann,  professeur  de  mathématiques  à 
l'Ecole  technique  supérieure  de  Brunn  en  Moravie,  mort  dernièrement  en 
cette  ville,  à  51  ans;  —  Frieda  de  Bulow,  femme  de  lettres  et  romancière 
allemande,  qui  a  raconté  de  nombreux  épisodes  de  sa  vie  et  de  ses  voyages, 
en  Afrique  orientale  allemande  surtout,  dans  des  romans  tels  qi'e  :  Trop- 
penkoller  et  Einsame  Frauen,  morte  au  château  de  Dornburg,  près  d'Iéna, 
le  12  mars,  à  l'âge  de  52  ans;  —  D"^  Ferdinand  Eichwede,  ingénieur 
allemand,  professeur  d'architecture  à  l'École  technique  supérieure  de 
Hanovre,  mort  dernièrement  en  cette  ville,  à  31  ans;  —  H.  C.  S.  Everard, 
écrivain  anglais,  auteur  de  :  The  Theory  and  Practice  of  Golf  et  History  ^jf 
the  royal  and  ancicnt  Golf  Club,  mort  dernièrement  à  St.  Andrews;  — 
D""  Richard  Fleischer,  ancien  professeur  d'histoire  de  la  médecine  à 
Erlangen,  mort  dernièrement  en  cette  ville,  à  60  ans;  —  D''  Christian 
Gaenge,  professeur  de  chimie  à  l'Université  allemande  de  léna,  mort 
dernièrement  en  cette  ville,  à  77  ans;  — ■  Jacques  Godenne,  imprimeur  et 
éditeur  catholique  à  Namur,  mort  en  mai,  à  57  ans;  —  A. -A.  Grainger, 
avocat  et  écrivain  écossais,  éditeur  du  périodique  The  Scots  Laxv  Times, 
auquel  on  doit  l'introduction  et  les  notes  de  l'ouvrage  :  The  Portraits  in 
the  Hall  of  Parliament  House,  mort  accidentellement,  au  commencement 
de  mai;  —  D''  Albert  Guttstadt,  écrivain  allemand,  auteur  d'ouvrages 
sur  la  statistique  médicale,  mort  le  4  mai  à  Berlin,  à  70  ans;  —  Polydore 
Hemelsoet,  l'un  des  plus  anciens  imprimeurs-éditeurs  de  Gand,  mort  en 
cette  ville,  au  milieu  de  mai,  à  l'âge  de  67  ans; —  Julius  Hey,  musicien  et 
compositeur  allemand,  qui,  sur  la  recommandation  de  Wagner,  avait  été 
nommé,  en  1867,  professeur  à  l'Ecole  de  chant  de  Munich  et  qui  laisse  une 
excellente  méthode  de  chant  publiée  en  1886  :  Deutscher  Gesangunterricht, 
mort  au  commencement  de  rjiai,  à  77  ans;  —  D^  Max  Ihm,  professeur  de 
l)hilologie  classique  à  l'Université  de  Halle-sur-la-Saale,  mort  en  cette 
ville,  à  la  fin  d'avril,  à  45  ans;  —  Johann  Kieldsen,  explorateur  et  écrivain 
suédois,  mort  le  15  avril,  à  Tromsoe;  —  William  Francis  Henry  KI^'G, 
ancien  «  clergyman  «  de  l'Église  anglicane,  qui  s'est  converti  au  catholi- 
cisme et  a  expliqué  sa  conversion  dans  un  ouvrage  :  The  Church  of  my 
baptism,  auteur  d'un  excellent  dictionnaire  de  Classical  and  Foreign 
Quotations  (1904,  in-8),  collaborateur  des  Notes  andQueries,  mort  !o  31  mars; 


—  :i4o  — 

—  le  Rév.  John  Marshall  Lang,  docteur  on  tliéologie,  chanccliri-  cl  prin- 
cipal de  l'Université  écossaise  d'Aberdeen,  auteur  de  quelques  ouvrages, 
tels  que  :  Heaven  and  Home;  Life,  is  it  Worth  Living;  The  Last  Supper  nj 
Our  Lord;  Homileticsin  St.  Liike's  Gospel,  mort  à  Aberdeen,  le  2  mai,  à 
76  ans;  —  Albert  Langen,  publiciste  allemand,  fondateur  et  directeur  d*; 
la  revue  comique  Simplicissimus,  mort  le  30  avril,  à  40  ans;  —  D'  Ludwig 
Laqueur,  ancien  professeu.r  de  thérapeutique  pour  les  maladi€S  des  yeux 
k  l'Université  de  Strasbourg,  mort  dernièrement  à  Sta  Margherita,  près 
de  Nervi,  à  70  ans;  —  Léon  Julianovitch  Lazarevitch-Szepelevitcm, 
professeur  des  littératures  des  pays  occidentaux  à  l'Université  ru.sse  de 
Charkov,  mort  en  cette  ville,  à  la  fin  d'avril,  à  46  ans;  —  Miss  h.  M.  Litti.e, 
i'emme  de  lettres  bien  connue  dans  les  cercles  littéraires  de  l'Irlande,  auteur 
de  deux  volumes  de  vers  :  Perséphone  et  Wild  Myrtle  et  de  nombreux 
articles  insérés  dans  les  revues  irlandaises,  morte  le  4  mai,  à  Bray,  près 
do  Dublin;  —  Léo  Mankowski,  professeur  de  sanscrit  à  Cracovie,  mort 
en  cette  ville,  le  19  avril,  à  51  ans;  —  Dr.  Oskar-Emil  Meyer,  professeur  de 
physique  expérimentale  à  Breslau  (Silésie),  mort  en  cette  ville,  le  24  avril, 
à  74  ans;  —  Emilio  Mitre,  directeur  du  journal  la  Nacion,  fils  du  général 
Mitre,  ancien  président  de  la  République  Argentine,  mort  dernièrement  à 
Buenos-Ayres;  —  M^ne  Olive  Morgan,  actrice  américaine  qui  abandonna 
la  scène  pour  le  journalisme,  morts  dernièrement  à  Banstead,  à  70  ans, 
laquelle  a  collaboré  au  New  York  Herald,  à  la  New  York  Tribune  et  au 
World  de  Londres  et  a  publié  Photographs  of  Paris  Life,  son  premier  livro 
paru  à  Paris  en  1861  et  loué  par  Dumas  fds  dnns  le  Figaro,  ainsi  que  divers 
romans,  tels  que:  The  Mimic  Worldei  Gct  thet  bahindme, Satan;— Br.Bern- 
hard  Niehues,  ancien  professeur  d'histoire  à  Munster  en  Westphalie,  mort 
en  cette  ville,  à  la  fin  d'avril,  à  78  ans;  —  Hans  Nydegger,  écrivain  suisse, 
mort  au  milieu  de  mai,  à  Zurich,  à  62  ans,  lequ.el  a  écrit  dans  le  dialecte 
allemand  propre  à  la  Suisse  un  certain  nombre  de  romans  historiques 
devenu,s populaires  ;  —  Dr.  Hermann  Osy h off,  professeur  de  grammaire  com- 
parée des  langues  indo-européennes  à  l'Université  allemande  d'Heidelberg, 
mort  en  cette  ville,  le  7  mai,  à  62  ans,  à  qui  on  doit  de  nombreux  etimportants 
travaux  de  linguistique,  tels  que  :  Zur  Geschichte  des  Perfects  ini  Indoger- 
manischen  mit  besonderer  Berucksieht  auf  griechisch  und  Inteinisch  (Stras- 
bourg, 1884,  in-8);  Die  neueste  Sprachforschiing  und  die  Erklàrung  des 
uidogermanischen  Ablautes.  Antwort  auf  die  gleichnamige  Schrift  i,>on 
Hermann  Collitz  (Heidelberg,  1886,  in-8);  Morphologische  Untersuchungen 
auf  dem  Gebiete  der  indogermanischen  Spraehen  (Leipzig,  1890,  in-8);  — 
D''  Alfred  Partheil,  professeur  de  chimie  pharmaceutique  à  Kœnigsberg 
(Prusse),  mort  dernièrement  en  cette  ville,  à  44  ans;  —  le  R.  P.  Paya, 
ancien  provincial  des  frères  prêcheurs  en  Espagne,  fondateur  de  l'Uni- 
versité dirigée  par  les  religieux  de  son  ordre  au  Japon  et  recteur  do  l'Uni- 
versité pontificale  de  Saint-Thomas,  à  Manille  (îles  Philippines),  mort 
subitement  en  mars,  à  Louvain,  où  il  était  venu  pour  assister  aux  fêtes 
du  jubilé  de  1'  «  Aima  Mater  »;  —  Dr.  Heinrich  von  Ranke,  médecin  alle- 
mand, neveu  du  grand  historien  de  ce  nom,  ancien  professeur  de  l'Uni- 
versité de  Munich,  mort  dans  le  courant  de  mai,  à  Munich,  à  79  ans,  lequel 
a  publié  de  nombreux  travaux  sur  des  questions  d'hygiène  principalement 
et  qu.elques  étu.des  sur  des  questions  d'archéologie,  notamment  :  Arbeitcn 
aus  der  koeniglichen  V niversitàts- Kinderklinik  (Munich,  1891-94,  in-8)  et 
TJeber  Hoehàcker  (Munich,  1893,  in-8); —  Henri  de  Reder,  général  et 
poète  allemand,  à  qui  l'on  doit  quelques  volumes  de  vers  et  de  nouvelles 
inspirés  par  ses  souvenirs  de  campagnes,  mort  à  Munirh,  le  17  féviyor, 


—  r./ii  — 

à  l'âge  do  85  ans;  —  l'abbé  Schmit,  ancien  professeur  au  collège  de  Bellevue 
à  Dinant,  et  professeur  de  religion  à  l'école  normale  des  filles  d'Arlon, 
mort  en  cette  ville,  à  la  fin  de  mai,  à  l'âge  de  75  ans;  —  le'chanoine  Segers, 
vicaire  général  de  Gand,  ancien  professeur  au  collège  épiscopal  d'Eecloo, 
ancien  principal  du  collège  de  Grammont  et,  en  dernier  lieu,  président  du 
séminaire  de  Gand,  mort  à  Gand,  le  5  niai;  —  Adolf  Spemann,  éditeur 
allemand,  mort  le  19  avril,  à  Stuttgart,  à  57  ans;  —  Charles  Warren 
Stoddard,  ancien  acteur  américain,  devenu  plus  tard  journaliste,  écrivain 
et,  à  partir  de  1889,  professeur  de  littérature  anglaise  à  l'Université  catho- 
lique de  Washington,  mort  dernièrement  à  66  ans,  lequel  fut  pendant 
plusieurs  années  correspondant  du  San  Francisco  Chronicle  et  a  publié, 
outre  quelques  volumes  de  vers:  The  Lepers  of  Molakai  (1885);Lazî/  Letlers 
jrom  Lotv  Latitudes  (1894);  A  Cruise  under  the  Crescent  from  Suez  to  San 
Marco  (1898)  et  For  the  Pleasure  of  his  Company  (1903);  —  le  chanoine 
SwoLFs,  ancien  professeur  au  petit  séminaire  de  Malines,  inspecteur  de 
l'enseignement  moyen  en  Belgique,  membre  de  la  Société  scientifique 
de  Bruxelles,  à  qui  l'on  doit,  notamment,  une  Histoire  nationale  en  usage 
dans  les  établissements  de  l'enseignement  moyen  belge  et  un  volume 
sur  r Œuvre  des  six  jours,  mort  le  2  mai; —  Dr.  Johann  Szamosi,  professeur 
di:;  philologie  classique  à  Klausenburg  en  Transylvanie,  mort  en  cette  ville, 
à  la  fin  d'avril,  à  69  ans;  - —  Horace-Saint-George  Voules,  attaché  à  la 
lil)rairie  Cassel,  de  Londres,  éditeur  de  Tfie  Echo,  de  1868  à  1876,  et,  à 
partir  de  cette  dernière  année,  du  Trufh,  mort  à  Londres,  au  commencement 
de  mai;  —  Philippe  Weigand,  botaniste  allemand,  mort  au  commen- 
cement de  mai,  à  Bemberg,  à  70  ans; —  Dr.  Gustav  Weinberg,  professeur 
de  correspondance  commerciale  anglaise  et  française  à  l'Académie  des 
sciences  sociales  et  commerciales  de  Francfort-sur-le-Mein,  mort  en  cette 
ville,  le  26  avril,  à  55  ans;  —  M"^"  Augusta-Jane-Evans  Wii.soN,  femme 
de  lettres  américaine,  auteur  d'une  dizaine  de  romans,  dont  plusieurs  ont 
passé  par  de  nombreuses  éditions,  notamment  :  Inez  (1856);  Beulah  (1859); 
Macaria  (1864);  Infelice  (1875);  At  the  Merci/  of  Tiberius  (1887);  A  Spec- 
hied  Bird  (1902),  morte  dernièrement  à  Mobile  (Alabama),  à  74  ans;  — 
le  Rév.  G.  H.  Thuvsfleld  Woon,  ancien  directeur  de  l'École  de  Scherborne, 
mort  le  17  mai,  à  40  ans. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres.  — 
Le  2  mai,  M.  S.  Reinach  parle  de  là  découverte,  par  M.  Seymour  de  Ricci, 
d'un  passage  de  chroniqu.e  relatif  à  la  prise  de  Jeanne  d'Arc  à  Compiègne.  — 
M.  P.  Aubry  donne  lecture  d'une  note  sur  le  rythme  des  chansonniers  du 
xiii''  siècle.  —  M.  Jullian  entretient  l'Académie  de  certains-  textes  litté- 
raires du  moyen  âge,  dont  on  peut  tirer  parti  pour  l'histoire  de  la  conquête 
romaine.  —  M.  Pottier  lit  un  mémoire  sur  des  vases  grecs  à  sujets  homé- 
riques. —  Le  P.  Scheil,  au  nom  de  M.  J.  Et.  Gautier,  présente  à  l'Académie 
les  archives  juridiques  d'une  famille  originaire  des  environs  de  Babylone,  — 
lie  .3  mai ,  M.  Dieulafoy  montre  et  explique  un  bol  en  faïence  décorée,  remontant 
à  une  très  haute  antiquité,  d'origine  persane,  dont  le  décor  semble  contenir 
une  signification  hermétique.  —  M.  le  comte  Durrieu  annonce  à  l'Académie 
qu'il  a  retrouvé  à  la  Bibliothèque  Vaticane  une^  traduction  manuscrite 
du  Decameron  de  Boccace  ayant  appartenu  à  Jean-Sans-Peur  et  dont  la 
trace  était  perdue.  M.  Pichon  présente  des  observations  sur  le  caractère  ma- 
gique des  cérémonies  décrites  par  Virgile  dans  le  second  chant  de  YÉnéide. 
—  Des  observations  sont  échangées  à  ce  sujet  entre  divers  membres  de 
l'Académie.  — L^  21  mai,  M.  le  comte  Durrieu  montre  des  photographies 
démontrant  l'exactitude  des  observations  par  lui  soumises  à  l'Académie 


—  r.'i-z  - 

dans  une  précédente  séance.  —  M.  H.  Viollet  étudie  devant  les  mombres 
de  l'Académie  certains  monuments  arabes  de  la  vallée  de  l'Euphrate.  — 
M.  Dietilafoy  signale  Tintérêt  de  cette  étude  qui  peut  fournir  des  indications 
sur  l'origine  de  certains  procédés  de  la  construction  médiévale  française.  — 
M.  Léopold  Delisle  offre  à  l'Académie  la  rejjroduction  qu'il  a  dirigée  du 
Rouleau  des  morts  de  Vital,  abbé  de  Savigny,  en  la  faisant  précéder  d'une 
Introduction.  —  Le  28  mai,  M.  le  secrétaire  perpélrel  donne  lecture  d'une 
lettre  de  M.  Cavvadias  au  sujet  de  fouilles  très  intéressantes  faites  dans 
Pile  de  Céphalonie.  —  M.  P.  Viollet  parle  d'un  incident  de  la  j)rocédure 
qui  concerne  Jacques  de  Molay,  le  grand-maître  des  templiers. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques.  — 
Le  4  mai,  M.  I^evasseur  présente  quelques  observations  supplémentaires  sur 
le  nombre  des  combattants  en  présence  pendant  les  combats  de  1870-1871. 
—  M.  Paul  Robiquet  lit  un  chapitre  de  son  livre  sur  Philippe  Buonarrotti, 
le  démagogue  condamné  par  la  Haute  Cour  de  Vendôme,  en  1796.  —  Le 
S  mai,  M.  Louis  Passy  achève  la  lecture  de  son  travail  sur  les  encouragements 
iifTieiels  donnés  à  l'agriculture  en  Fi  ance  au  xviii^  siècle.  —  Le  22  mai,  M.  Mo- 
rizot-Thibault  lit  une  notice  sur  la  vie  et  les  œuvres  de  son  prédécesseur 
M.  Glasson.  —  Le  29  mai,  M.  Morizot-Thibault  termine  la  lecture  de  son 
travail  sur  la  vie  de  M.  Glasson. 

CoNGR^.s.  —  Par  l'initiative  de  l'Association  des  archivistes  et  biblio- 
thécaires belges,  un  comité  a  été  institué,  sous  la  présidence  de  M.  A.  Gail- 
lard et  du  R.  P.  Van  den  Gheyn,  S.  J.,en  vue  de  l'organisation  d'un 
Congrès  international  des  archivistes  et  des  bibliothécaires,  qui  se  tiendra 
en  août  1910,  à  Bruxelles.  La  constitution,  dans  presque  tous  les  pays, 
d'associations  d'archivistes  et  de  bibliothécaires,  la  nécessité  qui  se  fait 
chaque  jour  plus  vivement  sentir  de  donner  une  solution  aux  questions 
multiples  que  soulèvent  l'organisation  et  la  réglementation  des  archives 
et  des  bibliothèques  rendent  opportune  la  réunionjd'un  semblable  Congrès. 
Le  Congrès  comprendra  quatre  sections  :  une  pour  les  archivistes,  une  pour 
les  bibliothèques,  une  pour  les  collections  annexées  aux  archives  et  aux 
bibliothèques  (sceaux,  estampes,  médailles),  une,  enfin,  pour  les  bibliothèques 
p(i[)ulaires.  Les  deux  premières  sections  tiendront  des  séances  complètement 
indépendantes,  tandis  que  les  deux  autres  ne  pourront  se  réunir  qu'en 
doliors  des  séances  des  deux  premières  sections.  «  Les  membres  du  Congrès 
auront  liberté  absolue  dans  le  choix  de  la  langue  qui  leur  conviendra  le 
mieux  »,  dit  un  article  du  règlement  qui  ne  rendra  peut-être  pas  les  discus- 
sions bien  faciles.  Les  actes  du  Congrès  seront  publiés  en  un  volume  que 
.•ecevront  tous  les  adhérents.  Vingt  et  une  questions  sont  mises  à  l'ordre 
du  jour  du  Congrès  pour  les  archives  (relation  à  la  construction  des  dépôts, 
à  la  conservation,  au  classement,  à  la  restauration,  à  la  destruction,  eta 
des  archives);  seize  pour  les  bibliothèques  (notamment  sur  le  recrutement, 
sur  le  prêt,  sur  la  vente  et  l'échange  des  doubles,  sur  le  catalogage);  douze 
pour  la  troisième  section  (presque  toutes  relatives  aux  .sceaux);  six  pour 
la  quatrième  section  (bibliothèque  pour  enfants,  désinfection  des  livres,  etc.). 
Les  secrétaires  de  la  commission  d'organisation,  auxquels  on  peut  s'adresser 
pour  toutes  les  communications  et  pour  les  adhésions  au  Congrès  (cotisation 
10  fr.),  sont:  MM.  J,  Cuvelier,  sous-chef  de  section  aux  Archives  du  royaunit? 
de  Belgique,  pour  les  archives;  M.  L.  Stainier,  conservateur  adjoint  à 
la  Bibliothèque  royale  de  Bruxelles,  pour  les  bibliothèques. 

Institut  international  de  technobibliographie.  —  Avec  l'appui 
de  l'Association  des  ingénieurs  allemands  et  d'autres  sociétés  techniques, 


-  543  — 

il  vient  de  se  fonder  à  Berlin  un  lasiilut  international,  présidé  par  M.  Kam- 
merer,  professeur  à  l'École  technique  supérieure,  et  destiné  à  dresser  et  à 
mettre  à  portée  des  intéressés,  par  la  voie  d'une  revue  mensuelle  :  la  Tech- 
nische  Auskunft,]e  répertoire  de  la  presse  technologique.  L'Institut  se  propose 
(Ml  outre  de  fournir  sur  demande  des  indications  et  des  bibliographies  sur 
dos  questions  techniques  déterminées. 

Paris.  —  Le  mercredi  12  mai  dernier  a  eu  lieu,  au  Restaurant  des  Sociétés 
savantes,  rue  Danton,  8,  un  dîner  qui  a  réuni,  pour  la  cinquième  fois,  un 
certain  nombre  de  rédacteurs  du  Pnlyhiblion. 

—  Dans  Épiscopat  et  presbytéral  (Paris,  Savaète,  1908,  in-8  de  34  p.  — 
Prix  :  0  fr.  50  ),  M.  G.  Péries  rappelle  d'abord  les  différentes  théories  hétéro- 
doxes et  rationalistes  sur  l'origine  de  l'épiscopat  et  du  presbytérat,  surtout, 
S(^mble-t-il,  pour  bien  faire  comprendre,  par  l'intérAt  qu'on  y  a  toujoiirs 
attaché,  l'importance  théologique  de  la  question.  Il  expose  ensuite  la 
solution  catholique,  qu'il  justifie  par  des  considérations  empruntées  en 
grande  partie  aux  travaux  de  Mgr  Duchesne. 

—  Une  excellente  réfutation  des  thèses  fantastiques  de  la  critique  libre- 
penseuse  à  notre  époque,  c'est  le  savant  et  intéressant  travail  de  M.  Em- 
manuel Cosquin  :  Le  Prologue-cadre  de»  Mille  et  une  Nuits,  les  légendes 
pieuses  et  le  livre  d'Esther  iPm'is,  Lecofïre,  Gabalda,  1909  in-8  de  80  p. 
Extrait  de  la  Revue  biblique  internationale).  —  «  Y  aurait-il  à  s'étonner  gran- 
dement, conclut  avec  esprit  le  docte  folkloriste,  si  quelque  jour  un  his- 
tiirien  novateur  allait  découvrir  qu'Esther  serait...  Esther?  » 

—  Dans  un  temps  comme  le  nôtre,  où  l'on  tend  de  plus  en  plus  à  la 
spécialisation,  où  la  division  du  travail  semble  de  plus  en  plus  une  condition 
indispensable  du  progrès  de  la  science,  l'ornithologie  n'avait  pas  encore 
d'organe   particulier   en   France,   où,   cependant,   elle   a  depuis  longtemps 
passionné  de  nombreux  amateurs.   M.   Louis  Denise,  bibliothécaire  à   la 
Bibliothèque  nationale,  a  pensé  qu'il  y  avait  là  une  lacune  à  combler  et  il 
vient  de  lancer  le  premier  numéro  d'une  Revue   française   d'ornithologie 
scientifique  et  pratique  (14,  rue  Antoine-Roucher,  Paris,  XVI.   Mensuelle. 
7  fr.  par   an).  M.  Denise  définit  dans  les  termes  suivants  le  programme  et 
les  espérances  du  nouveau  recueil,   auquel   nous  souhaitons  le   meilleur 
succès  :  «  La  Revue   française  d'ornithologie    ne  s'occupera  que  de  l'oiseau, 
mais  de  tout  ce  qui  est  de  l'oiseau  :  anatomie,  classification,  synonymie, 
descriptions  techniques,  faunes,  d'une  part;  de  l'autre,  mœurs,  migi'ation, 
mues,  modes  de  nidification,  œufs,  chants,  et  autres  faits  touchant  à  la 
biologie  (;t  à  la  psychologie.  La  place  de  l'élevage  de  luxe  et  d'observation 
y  est  ainsi  toute  marquée,  parce  que  l'étude  de  l'-oiseau  captif  est  indispen- 
sable à  la  connaissance  de  la  vie  des  espèces  exotiques  et  doit  rendre  à 
la  biologie  et,   par  elle,  à  la  systématique,  d'inappréciables  services.   La 
Revue  française  d'ornithologie  compte  sur  la  collaboration  efllcace  de  tous 
ceux  qui  aiment  cette  science  charmante  et  en  font  leur  unique  étude  ou 
l'occiipation  de  leurs  loisirs  :  collaboration   financière  manifestée  par  de 
nombreux   abonnements;    collaboration   intellectuelle   surtout   puisqu'elle 
n'existera  que  par  les  travaux  et  les  communications  qu'ils  lui  enverront. 
S'ils  n'ont  rien  à  dire,  elle  se  taira.  »  La  Revue,  on  le  voit,  ne  s'adresse  pas 
seulement  aux  savants  et  aux  spécialistes,  mais  à  tous  les  amateurs. 

—  Les  Notes  de  théâtre  de  M.  Robert  Guillou  (Paris,  Albert  Méricant, 
1908,  in-8  de  30  p.  —  Prix  :  1  fr.)  s'inspirent  d'assez  bons  sentiments  et  con- 
tiennent d'assez  bonnes  observations.  Mais  l'auteur,  absorbé,  à  ce  qu'il 
semble,  par  la  production  prématurément  hâtive  de  la  presse  quotidienne, 
ne  s'est  p  is  appliqué  de  façon  suffisante  à  éclaircir  sa  pensée  et  à  châtier 


-  UVI  - 

son  style.  On  ne  voit  pas  loujours  bion  ce  qu'il  veut  dire  el  il  ne  sait  pas 
manier  sa  langue.  Il  ét^rira,  par  exemple  (p.  24)  :  «  Il  est  bien  difficile  de 
donner  une  solution  adéquate  suc  une  opinion  aussi  scabreuse,  sur  laquelle 
il  est  très  simple  de  rejeter,  comme  insuffisantes,  les  explications  dont  la 
tendance  pourrait  faire  disparaître  l'auréole  artistique  d'une  ^'ande  partie 
des  gens  de  théâtre.  >>  S'imagine-t-il  que  ce  soit  là  du  français? 

—  La  Société  de  l'histoire  de  France  réimprime  les  Mémoires  de  Mar- 
tin et  Guillaume  du  Bellay  (Paris,  Laurens,  1908.  T.  I,  in-8  de  362  p.). 
C'est,  comme  l'on  sait,  un  document  de  premier  ordre  sur  François  I"^'  et 
les  guerres  d'Italie.  Mais  les  éditions  anciennes  étaient  presque  dépourvues 
de  notes  et  de  références.  Les  éditeurs  nouveaux,  ]\IM.  V.-L.  Bourrilly 
et  F.  Vindry  sont  préparés  à  leur  tâche  par  de  nombreux  travaux  estimés. 
Leur  premier  volume  comprend  les  années  1513  à  1525;  il  sera  suivi 
de  deux  autres. 

—  Le  célèbre  et  spirituel  opuscule  de  J.-P>.  Pérès  :  Comme  quoi  Napoléon 
na  jamais  existé,  dirigé  contre  les  fantaisies  de  la  science  de  son  temps, 
ne  s'applique  pas  moins  bien  aux  extravagances  de  celle  du  nôtre.  La 
nouvelle  édition  qui  vient  d'en  être  donnée  (Paris,  l'Édition  bibliogra- 
l)iii(iue,  1909,  in-o2  de  61p.)  est  donc  utile  en  elle-même.  On  louerait  aussi 
les  Notes  bio-bibliographiques,  que  M.  Gustave  Davois  y  a  jointes,  si  la 
rédaction  et  le  ton  n'en  étaient  bizarres. 

—  Le  tome  CXLII  des  Mémoires  publiés  par  la  Société  nationale  d^agri- 
rulture  de  France,  qui  vient  de  paraître  (Paris,  imp.  Renouard,  1909, 
in-8  de  252-clxviii,  avec  une  carte),  mérite  de  fixer  l'attention.  Les  sujets 
agricoles  proprement  dits  qui  ont  été  traités  sont  au  nombre  de  quatre, 
savoir  :  La  Reconstitution  des  châtaigneraies,  par  M.  A.  Prunet  (p.  1-14)  ; 
—  La  Culture  continue  du  blé  aux  points  de  vue  pratique  et  chimique,  par 
MM.  W.  A.  Prout  et  A.  Voelcker;  traduit  de  l'anglais  par  M.  Robert 
Stanton  (p.  15-41);  —  Sur  la  Restauration  des  pâturages  communaux, 
par  M.  E.  Cardot  (p.  55-70);  —  enfin,  en  annexe  (spécialement  paginé 
i-CLXViii),\in  très  important  Rapport  sur  la  situation  agricole  dans  quelques 
parties  de  la  France,  par  M.  Levasseur,  qui  renferme  de  précieux  renseigne- 
ments. —  A  mentionner  aussi  :  Notice  sur  Henri  Mares,  par  M.  Prosper 
Gervais  (p.  43-54),  et  Notice  sur  la  vie  et  les  travaux  de  Henri  de  Lacaze- 
Duthiers,  par  M.  Joannès  Chatin  (p.  71-99).  «  L'Index  chronologique  des 
publications  de  M.  de  Lacaze-Duthiers  »,  qui  embrasse  les  années  1849  à 
1902,  ne  compte  pas  moins  de  256  numéros.  —  jNIais  ce  que  nous  retenons 
plus  particulièrement  dans  ce  volume,  c'est  le  consciencieux  Historique 
de  V organisation  de  V ancienne  poste  aux  chevaux  en  France;  son  influence 
sur  les  progrès  agricoles,  par  M.  Eugène' Anxionnat  (p.  101  à  252,  avec 
une  carte).  «  Le  but  de  cette  étude,  dit  l'auteiu'  dans  son  Avant-propos, 
n'est  pas  de  recommencer  l'histoire  générale  des  postes;  elle  est  plus 
modeste  :  elle  se  borne  à  suivre  les  postes  à  travers  les  siècles  et  à  relever, 
sous  chaque  règne,  ce  qui  a*  spécialement  trait  à  la  poste  aux  chevaux 
proprement  dite,  et  de  faire,  depuis  l'édit  de  Luxies  (1464)  jusqu'en  187;>, 
date  de  la  suppression  du  dernier  relais,  l'historique  de  la  poste  aux 
ciievaux.  ))  A  la  fin  de  son  travail.,  M.  Anxionnat  donne  une  liste  assez 
longue  des  ouvrages  consultés.  Si  l'auteur  se  décide  à  faire  un  tirage  à  part 
de  son  Historique,  nous  l'engageons  vivement  à  le  compléter  par  une  table 
des  matières  et  une  table  onomastique  qu.i  rendront  les  recherches  plus 
faciles. 

—  Sans  parier  de  quelques  pièces  de  poésiu  signées  d'auteurs  divers, 
nous  n'avons  que  trois  morceaux  à  signaler  dans  l'Annuaire  de  la  Société 


—  545  — 

philoitchniqiic  (années  1905-1908.  T.  LXIII)  (Paris,  Fontemoing;  Delagrave, 
1909,  in-8  de  110  p.).  Citons  donc  :  Sur  la  psychologie  du  goût,  par  M.  le 
comte  Léonce  de  Larmandie  (p.  20-34);  —  Le  Théâtre  comique  au  moyen. 
âge  (anonyme)  (p.  47-58);  —  La  Bonne  Fortune  de  M .  de  Ncuhof  {111 ...],  pAv 
M.  Élie  de  Biran  (p.  80-88). 

Champagne.  —  La  Société  académique  d'agriculture,  des  sciences, 
arts  et  belles-lettres  du  département  dé  l'Aube  nous  envoie,  comme  de 
coutuiie,  son  volume  de  Mémoires  pour  l'année  1908  (t.  LXXII  de  la 
collection,  t.  XLV  de  la  3^  série.  Troyes,  imp.  Paul  Nouel,  gr.  in-8  de- 
456  p.,  avec  4  planches).  Ce  volume  est  ainsi  composé  :  Notes  sur  Joinville 
[Haute -Marne),  par  M.  René  Gillet  (p.  9-116,  avec  2  pi.).  Neuf  pièces 
justificatives  et  v.wq  importante  bibliographie  termine  ce  travail  qui, 
en  cas  de  tirage  à  part,  gagnera  à  être  complété  par  une  table  des  matières 
et  une  table  onomastique;  —  Un  Épisode  de  la  vie  de  François  Gentil 
(1579),  sculpteur  troyen,  par  M.  Boutillier  du  Retail  (p.  117-125);  — 
VHynine  aux  Muses,  traduit  de  Proclus,  par  M.  Charles  des  Guerrois 
(p.  127-134)  ;  —  Notes  sur  les  oscillations  et  secousses  des  véhicules  des  chemins 
de  fer  et  les  moyens  de  les  atténuer,  par  M.  E.  Hallade  (p.  136-148),  avec  une 
figure);  —  Lafontaine  et  Boccace  {Trois  Contes),  par  M.  Julien  Dubois 
p.  149-169);  —  La  Champagne  crayeuse.  Étude  de  géographie  botanique^ 
par  M.  P.  Fliche  (p.  171-277,  avec  2  planches);  —  Au  Pays  Ouargli,  très 
attachante  relation  due  à  M.  le  médecin-major  Ed.  Pigeon  (p.  279-378). 

—  De  même  nous  avons  ^ reçu  de  la  Société  d'agriculture,  commerce, 
sciences  et  arts  du  département  de  la  Marne  (ancienne  Académie  de  Chàlons) 
le  tome  X  de  la  2"^  série  de  s^m  Mémoires  pour  1906-1907  (Châlons-sur-Marne,, 
imp.  Martin  frères,  1908,  in-8  de  446  p.,  avec  une  carte).  Là  ont  trouvé 
place  les  travaux  ci-après  :  Sermaize-les- Bains  et  la  région  environnante^ 
Vitry-le- François,  Saint-Dizier,  Bar-le-Duc.  Guide  du  touriste  et  du  pro- 
meneur, par  M.  Louis  Brouillon  (p.  75-174,  avec  une  carte).  Cette  intéressant» 
monographie  est  pourvue  d'une  table  des  matières  et  d'une  autre  relative 
aux  noms  de  lieux;  —  Simples  Causeries  sur  la  nature,  par  M.  Henry  Gérard 
(p.  177-255);  - —  Lettres  inédites  de  Louis  XIV  et  Mazarin  au.  sieur  Jean 
de  Styron,  sergent  de  bataille,  publiées  avec  une  Introduction  et  des  notes 
par  M.  l'abbé  Lallement  (p.  259-268);  —  Étude  sur  les  pierres  branlantes 
et  les  superstitions  qui  s'y  rattachent.  La  Pierre  branlante  de  Montmirail, 
-par  M.  le  D^  Grosjean  (p.  271-307),  curieuse  étude  d'archéologie  et  de  folk- 
lore; —  Bemarques  sur  les  noms  de  famille.  Les  Noms  régionaux,  par 
M.  Octave  Maurice  (p.  311-359);  —  Découverte  d'une  verrerie  d'art  gallo- 
romnine  aux  Houis,  écart  de  Sainte-Menehould  (Marne),  2"  notice,  par 
M.  L.  Mauget  (p.  363-386). 

Franche-Comté.  —  Dans  notre  dernière  livraison  (p.  472),  nous  avons, 
annoncé  le  Congrès  des  Œuvres  diocésaines  qui  s'est  tenu  à  Gray  (Haute- 
Saône)  du  13  au  16  mai  et  nous  avons  .signalé  le  mandement  de  carême  de 
Mgr  Fulbert  Petit,  archevêque  de  Besançon,  qui  renfermait  un  excellent 
historique  de  la  statuette  miraculeuse  de  Notre-Dame  de  Gray.  Or,  voici 
que  nous  arrive,  sous  forme  de  brochure,  cette  notice  qui  avait  attiré  notre 
attention.  Titre  :  Notre-Dame  de  Gray,  le  culte  de  la  Très  Sainte  Vierge 
en  Franche-Comté  et  le  Couronnement  de  Notre-Dame  de  Gray,  par  Mgr 
Fulbert  Petit,  archevêque  de  Besançon  (Gray,  Gilbert  Roux,  1909,  in-16  de 
31  p.,  avec  reproduction  d'une  vieille  gravure).  On  ne  saurait  trop  remercier 
ï«  prélat  d'avoir  eu  la  bonne  idée  de  mettre  cette  étude  à  la  fois  édifiante, 
intéressante  et  instructive,  à  la  portée  de  tous  ceux  qui  ne  lisent  pas  d'ha- 

JuiN  1909.  T.  CXV.  3.=^. 


—  n4fî  — 

hitudo  la  Sernaijie  religieuse  de  Besançon  où  son  texte  avait  d'abord  paru 
Comme  faisant  partie  du  mandement  de  carême  de  1909. 

—  Également  nous  devons  une  mention  à  un  opuscule  sur  le  même  sujet, 
dû  à  ]\I.  l'abbé  O.  Boillot,  curé  de  Liesle  (Doubs)  :  Soutenir  du  congrès 
de  ijray,  18-16  mai  1909.  Notrt-Dome  de  Gray  (Besançon,  imp.  catholique 
de  l'Est,  1909,  in-32  de  27  p.K  Bien  que  l'auteur  semble  avoir  voulu  surtout 
faire  œuvre  de  propagande,  il  convient  de  dire  que  son  petit  travail  a 
été  rédigé  aA'ec  beaucoup  de  soin  et  de  clarté  et  que,  sans  qu'il  y  paraisse, 
en  raison  de  la  rareté  des  référenc-es,  nous  sommes  ici  en  présence  d'une 
publication  érudite  qui  pourra  être  utilement  consultée. 

—  Par  son  testament,  Xavier  Marmier  a  légué  à  l'Académie  de  Besançon, 
dont  il  était  membre,  ses  manuscrits  inédits,  qui  se  composent  de  9  vol. 
in-8.  «  Ils  seront,  recommandait-il,  renfermés  dans  une  caisse  qu'il  ne  sera 
permis  d'ouvrir  que  quinze  ans  après  ma  mort  ;  alors  on  pourra  publier,  si  on 
le  juge  convenable,  ceux  de  ces  volumes  qu.i  n'auront  pas  encore  été  impri- 
més, notamment  ceux  où  j'ai  raconté  diverses  choses  de  mon  temps...  » 
Le  délai  ainsi  fixé  par  le  testateur  —  sa  mort  remontant  au  8  octobre  1892, 
—  expirait  le  8  octobre  1907.  En  conséquence,  les  manuscrits  dont  il  s'agit 
ont  été  remis  à  M.  Maurice  Lambert,  notre  distingué  collaborateur  en 
matière  de  jxirisprudence,  président  annuel  de  l'Académie  de  Besançon, 
pour  être  examinés  et  faire  l'objet  d'un  rapport  paru  sous  ce  titre  :  Les 
Manuscrits  inédits  de  Xavier  Marmier  (Besançon,  imp.  Jacquin,  1909, 
in-8  de  24  p.,  avec  une  planche  reproduisant  deux  portraits  de  Marmier 
datant  de  1835  et  de  1851.  Extrait  des  Mémoires  de  r Académie  de  Besançon). 
M.  Lambert,  avec  \in  sens  critique  aiguisé  et  un  goût  parfait,  nous  donne 
un  aperçu  de  ce  qve  renferment  les  manuscrits  en  question.  Ce  sont  surtout 
des  impressions,  semées  d'anecdotes  amusantes,  sur  les  personnalités 
plus  ou  moins  célèbres  avec  lesquelles  Marmier  s'est  trouvé  en  relations 
et  aussi  sur  les  événements  dont  il  a  été  témoin  depuis  1848  jusqu'à  une- 
époque  rapprochée  de  sa  mort.  Son  très  intéressant  travail  achevé,  M.  Lam- 
bert s'est  demandé  si  l'Académie  de  Besançon  devait  publier  les  manuscrits 
qui  lai  ont  été  légués.  «  A  cette  question,  déclare-t-il  judicieusement, 
il  me  semble  qu'on  ne  peut  répondre  que  par  une  distinction.  Pour  les 
plus  anciens,  ceux  qui  remontent  à  1848,  rien  ne  s'opposerait,  selon  moi, 
à  ce  qu'on  en  tirât  la  matière  d'un  volume,  qui  pourrait  encore  être  lu 
avec  plaisir  et  profit,  même  après  ce  qui  a  déjà  paru  sur  cette  époque 
mouvementée,  mêlée  de  joie  et  d'épouvante.  •  Quant  aux  cahiers  plus~ 
récents,  à  ceux  surtout  qui  semblent  avoir  pour  objet  de  dévoiler  les  scan- 
dales du  temps  du  second  Empire,  les  mœurs  des  personnages  qui  étaient 
le  plus  en  vue  sous  ce  régime,  je  suis  loin  de  penser  qxi'il  faille  les  supprimer 
ni  même  les  condamner  pour  toujours  au  .secret.  Mais,  j'estime  qu'avant 
de  songer  à  leur  publicatioïi,  il  faut  attendre  au  moins  que  tous  les  hommes 
qui  y  sont  nommés  aient  disparu,  attendre  que  ce  qui  ressemblerait  encore 
aujourd'hui  à  de  la  médisance  et  de  la  difTamation  soit  devenu  de  l'histoire.  » 

Autriche-Hongrie.  —  Franz  GriUparzer  est  le  plus  grand  poète  que 
l'Autriche  s'honore  d'avoir  produit.  Le  conseil  municipal  de  Vienne, 
n'oubliant  pas  que  c'est  dans  cette  ville  que  le  poète  a  vu  le  jour  en  1791, 
se  prépare  à  en  célébrer  la  mémoire  par  une  édition  critique  et  définitive 
de  ses  œuvres  complètes.  C'est  à  un  professeur  de  l'Université  allemande 
de  Prague,  bien  connu  par  ses  recherches  sur  le  poète,  M.  August  Sauer, 
qu'a  été  confié  le  soin  de  préparer  cette  édition,  qui  doit  se  publier  à  la 
librairie  Gcrlacher  Wiedîing,  de  Vipunc.  Elle  comprendra  toutes  les  œu\Tes 
<!=•  GriUparzer,  vers  et  prose,  y  compris  sa  correspondance  et  ses  journaux 


—  :ii7    - 

de  voyage.  On  compte  que  cette  nouvelle  édition  formera  25  volumes. 
M.  Sauer  fait  appel  à  tous  ceux  qui  peuvent  aider  à  la  rendre  plus  complète 
en  lui  communiquant  des  manuscrits  de  Grillparzèr. 

Irlande.  —  La  littérature   gnomique   est  chose   ancienne,   mais   n'in- 
téresse gr.ère  que  quelques  curieux  d'histoire  littéraire.  Elle  a  de  nombreuses 
ramifications,  comme  la  littérature  des  proverbes:  au.ssi  est-ce  indiquer 
de  précieux  documents  aux  amis  de  la  littérature  comparative   que   de 
leur  signaler  un  vieux  recueil  irlandais  que  M.  Kuno  Meyer  vient  de  publier, 
traduire  et  commenter  sous  ce  titre  :   The  Instructions  of  King  Connue 
Mac  Airt.  Cette  brochure  forme  le  fascicule  XV  de  la  Todd  Lecture  Séries. 
(Dublin,  Hodges,  in-8  de  xn-62  p.).  C'est  un  texte  du  milieu  du  moyen  âge 
et  conservé  dans  de  nombreux  manuscrits;  pour  traduire  un  texte  où  le 
verbiage  se  mêle  à  la  sagesse,  avec  une  surabondance  de  répétitions,  de 
termes  oiseux  et  de  mots  rares,  il  ne  fallait  rien  moins  qu'un  celtiste  d'une 
habileté  éprouvée.  Il  s'agit  ici  d'un  genre  littéraire  que  l'ancienne  Irlande 
n'a  pas  inventé,  mais  où  ses  moralistes  se  sont  complu  en  le  développant 
à  l'excès  :  en  tout  cas,  ces  «  Instructions  «  attribuées  à  un  vieux  roi  d'Irlande 
célèbre  par  sa  sagesse  sont  un  curieux  document  d'histoire  Httéraire. 

Chine.  —  A  force  de  s'accroître  d'année  en  année  depuis  sa  fondation, 
le    Calendrier- Annuaire    de    VObservatoire    de    Zi-Ka-Wei    a    triplé    comme 
quantité  et  importance  des  matières.  Parmi  celles  qui  sont  nouvelles  dans 
le  volume  de  1909  (7^  année),  nous  signalerons,  page  43,  une  explication,, 
sous  ce  titre  :  «  Clair-de-Lune  à  Chang-Hai  »,  des  tableaux    des  phases 
de  la  Lune  pour  chaque  mois  de  l'année,  lesquels  ont  été  renvoyés  à  la 
suite  de  la  première  partie  de  l'annuaire,  suivis  eux-mêmes  de  tableaux 
analogues  pour  Vénus,  Mars,  Jupiter  et  Saturne,  donnant  les'  heures  de 
leurs  levers  et  de  leurs  couchers  dans  le  cours  de  l'année.  —  On  sait  qu'une 
éclipse  de  Soleil,  invisible  à  Paris,  devait  avoir  lieu  le  18  juin  et  être  visible 
en  Chine  :  l'Annuaire  en  donne  tous  les  éléments  appuyés  d'une  carte  où 
sont  tracées  les  courbes  de  visibilité  du  phénomène  sur  toute  la  portion 
du  globe  terrestre  qui  en  a  été  favorisée.  —  Signalons  aussi  la  publication 
d'un  «  Code  des  signaux  de  l'Observatoire  de  Zi-Ka-Wei  »,  signaux  de 
l'heure,  du  tamps,  de  la  direction  des  vents,  des  tempêtes,  etc.;  plus  loin 
l'explication  nécessaire  à  la  lecture  astronomique  de  douze  cartes  du  «  Ciel 
étoile  à  Chang-Haï  »  avec  trajectoire  des  planètes  en  chacun  des  mois  de 
l'année,  ces  cartes  étant  renvoyées  à  la  suite  des  tableaux  de  visibiltié  de 
la  Lune  et  des  quatre  principales  planètes.  Elles  sont  -elles-mênres  suivies 
de  deux  autres  cartes,  géographiques  celle-là,  donnant  la    Mappemonde 
rapportée   à   Chang-Haï  comm.e   centre  et  distances  sphériques.   —  Un 
sommaire  des  événements  généraux  accomplis,  mois  par  mois,  de  juillet 
1907  à  juin  1908,  suivi  d'un  résumé  analogue  des  principaux  faits  météo- 
rologiques    arrivés,     durant   la   même   période,  en    Extrême-Orient,   sont 
suivis,  à  la  fin  de  la  première  partie,  des  tableaux  des  missions  catholiques 
en  Chine,  Corée  et  Japon  et  de  ceux,  nominatifs,  des  évêques  et  vicaires 
apostoliques.  Cette  première  partie  est  suivie  d'un  «  Appendice  »  contenant, 
pour  l'année  courante,  les  mêmes  données  astronomiques,  météorologique» 
mathémathiques  et  statistiques  que  les  années  précédentes.  —  On  peut 
voir,  par  ce  qui  précède,  que  cet  annuaire  acquiert  une  importance  scien- 
tifique de  plus  en  plus  grande,  grâce  au  zèle  éclairé  et  axi  dévouement  de 
son  très  savant  rédacteur,  le  R.  P.  de  Moidrey  (Chang-Haï,  imp.  de  !;< 
Mission  catholiqiîe,  in-?>2  do  173  p.,  avec  32  pi.  +  67  p.). 

Publications    NorvEr.i.ES.   —   Dcr    Alttestomentlirhe    Kanon    dcr    Ant'o- 


—  548  — 

clienischen  Scinde,  von  Dr.  L.  Dennefeld  {Biblischt  Studien)  (in-S,  Frei- 
Iv.irg  im  Breisgau,  Herder).  —  Le  Pays  de  l'Écangile,  par  E.-N.  Gaussens 
(iii-12,  Oudin-).  —  Cours  supérieur  d'instruction  religieuse.  Israël,  Jésus- 
Christ,  r Église  catholique,  par  l'abbc  J.  Labourt  (in- 12,  LecofTre,  Gabalda). 

—  Actes  de  S.  S.  Pie  X,  encycliques,  motu  proprio,  brefs,  allocutions,  etc. 
Texte  latin  avec  traduction  française  en  regard  précédés  d'une  notice  bio- 
graphique, suivis  d'une  table  générale  alphabétique.  T.  III  (in-12,  Maison 
de  la  Bonne  Presse).  —  Desenvolvimiento  del  dognia,  pT)r  el  cardenal  J.  H. 
Newman.  Version  directa  del  inglés  (gr.  in-8,  Barcelona,  Luis  Gili).  — 
Cor  Jesu,  historique,  doctrine,  pratique  de  la  décotion  au  Sacré  Cœur  de 
.lésus,  par  Tabbé  L.  Poux  (in-32,  Maison  de  la  Bonne  Presse).  —  Marie 
et  le  Sy?nbolism(  des  pierres  précieuses,  par  l'abbé  E.  Vaîère  (in-12,  Oudin).  — 
.Yotes  de  pastorale  pratique.  Le  Prêtre  et  les  œui'res  au  point  de  vue  paroissial 
par  Un  Curé  d^-»  Lyon,  directeur  d'Œuvres  (in-12,  Maison  de  la  Bonne 
Presse).  —  La  Loi  du  17  mars  1909  et  la  Loi  du  1"  avril  1909.  De  la  Vente  tt 
du  nantissemtjit  des  fonds  de  commerce  par  C.  Maréchal  (in-8,  Librairie 
générale  de  droit  et  de  jurisprudence).  —  Étude  critique  du  casier  judiciaire 
en  France  et  dans  les  pays  étrangers,  par  G.  Richard  (in-8,  Fontomoing).  — ■ 
La  Définition  d-  Vêtre  et  la  nature  des  idées  dans  le  Sophiste  de  Platon,  par 
A.  Diès  (in-8,  Alcanl.  —  Quellenbeitràgc  und  Untersuchungen  zur  Geschi- 
fhte  d^r  Gottesbei"eisc  im  dreizehnten  Jahrhundert  mit  besonderer  Berûcksi- 
'htigung  des  Arguments  im  Proslogion  des  Hl.  Anselm,  von  P.  A.  Paniels 
iBeitràge  zur  Geschichte  der  Philosophie  des  Mittelalters]  (in-8.  Munster, 
Aschendorfî).  • —  Les  Systèmes  de  philosophie,  ou  les  Philosophies  affirma- 
tives, par  E.  Naville  (in-8,  Alcan).  —  Essai  historique  sur  les  rapports  entre 
la  philosophie  tt  la  foi,  de  Béranger  de  Tours  à  S.  Thomas  d'Aquin,  par 
T.  Heitz  (gr.  in-8,  LecofTre,  Gabalda).  —  Éléments  de  logique  formelle, 
par  G. -H.  Luquet  (in-8,  Alcan).  —  Le  Pluralisme,  essai  sur  la  disconti- 
nuité et  l'hétérogénéité  des  phénomènes,  par  J.-H.  Boex-Borel  [J.-  H.  Rosny 
aîné]  (in-8,  Alcanl  —  Le  Doute,  par  le  D""  P.  Sollier  (in-8,  Alcan).  —  Le 
Cycle  mystique.  La  Divinité,  origine  et  fin  des  existences  individuelles  dans 
la  philosophie  antésocratique,  par  A.  Diès  (in-8,  Alcan).  —  Le  Problème 
de  Faction,  la  pratique  morale,  par  G.  Rodrigues  (in-8,  Alcan).  —  L'Année 
philosophique,  publiée  sous  la  direction  de  F.  Pillon.  19^  année,  1908  (in-8 
Alcan).  — L'Éducation  morale  rationnelle,  par  A.  Leclèr©  (in-16,  Hachette). 

—  Le  Problème  de  l'éducation,  essai  de  solution  par  la  critique  des  doctrines 
pédagogiques,  par  L.  Dugas  (in-8,  Alcan).  —  La  Femme  et  son  pouvoir,  par 
^fme  \.  Lampérière- (in-12,  Giard  et  Brière).  —  La  Théorie  de  l'économie 
politique,  par  W.  Stanley  Jevons;  trad.  par  H.-E.  Barrault  et  M.  Alfassa 
(in-8,  Giard  et  Brière).  —  Contribution  à  la  critique  de  l'économie  politique, 
par  K.  Marx  ;  trad.  sur  la  2^  éd.  allemande  de  K.  Kautsky  par  L.  Lafargue 
tin-18,  Giard  et  Brière).  —  Su  la  îcoria  del  contratto  sociale,  da  G.  del  Vecchio 
(in-8,  Bologna,  Zanichelli).  —  Pages  sociales,  par  E.  d'Eichthal  (in-16, 
Alcan).  —  Le  Lien  social,  par  Sully  Prudhomme  (in-8,  Alcan).  —  Les  Riches 
depuis  sept  cents  ans,  par  le  vicomte  G.  d'Avenel  (in-18.  Colin). —  La  Pau^'n-té 
sa  seule  cause,  son  seul  remède.  Malthusianisme  et  néo-malthusianismc ,  par 
ie  D^  G.  Drysdale  (in-12,  Éditions  néo-malthusiennes).  — La  Criminalité  dans 
l'adolescence.  Causes  et  remèdes  d'un  mal  social  actuel,  par  G.-L.  Duprat 
{in-8  cartonné,  Alcan).  —  Animaux  de  nos  pays,  par  H.  Coupin  (in-18 
cartonné  toile.  Colin).  —  Faut-il  devenir  mage?  par  F.  Divoire  (in-12, 
Falque).  —  Études  sur  Léonard  de  Vinci,  ceux  qu'il  a  lus  et  ceux  qui  l'ont 
lu,  par  P.  Duhem,  f^  et  2«  séries  (2  vol.  gr.  in-8,  Hermann).  —  La  Gram- 
maire des  électriciens  enseignée  au.v  débutants  par  expériences  et  mesures, 


—  r;49  — 

par  E.  Gossart.  T.  I.  Le  Courant  continu  (in-8,  Viiibert  et  Nony).  —  Les 
Découvertes  modernes  en  physique,  par  O.  Manville.  2^  éd.  (in-8,  Hermann).  — 
Théorie  des  corps  déformables,  par  E.  et  F.  Cosserat  (in-8,  Hermann).  — 
L'Enseignement  agricole  et  ses  méthodes,  par  P.  de  Vuyst  (in-8,  Amat).  — - 
La  Terre  arable,  par  J.  Dumont  (in-12,  Amat).  —  Terres  antiques.  La 
Sicile,  par  A.  Segard  (in-16  Plon-Nourrit).  —  La  Normandie  et  ses  peintres, 
par  J.-  P.  Henzey  (in- 18,  Nouvelle  Librairie  nationale).  —  Les  Maîtres 
de  Vart.  Charles  Le  Brun,  par  P.  Marcel  (in-8,  Plon-Nourrit).  —  Reflets 
d'histoire,  par  P.  Gaultier  (in-16.  Hachette).  —  Iter  Hispanicum.  Notices 
et  extraits  de  manuscrits  de  musique  ancienne  conservés  dans  les  bibliothèques 
d'Espagne  (gr.  in-8,  Geuthner).  —  Musiciens  d'autrefois,  par  Pv.  Pvolland 
(in-16,  Hachette).  —  Traité  de  stylistique  française,  par  G.  Bally.  l^r  vol. 
(in-18  cartonné,  C.  Klincksieck).  —  Aucassin  et  Nicolette.  Texte  critique 
accompagné  de  paradigmes  et  d'un  lexique,  par  H.  Suchier  (in-8,  Paderborn, 
Schœningh).  —  Les  Argonautiques  d'Apollonius  le  Bhodien:  trad.  pour  la 
première  fois  en  vers  français  (et  vers  pour  vers),  par  le  comte  U.  de  Ségiiier 
(in-8,  Félanitx  (Majorque),  imp.  de  B.  Reus).  —  Œuvres  inédites,  de  P.-J.  de 
Béranger,  préface  et  notes  par  L.-H.  Lecomte  (in-8,  Daragonl.  —  L'An- 
thologie du  félibrige.  Morceaux  choisis  des  grands  poètes  de  la  Renaissance 
méridionale  au  xix^  siècle,  par  A.  Praviel  et  J.-R.  de  Brousse  (in-18. 
Nouvelle  Librairie  nationale.  —  Au  Soleil  du  rêve,  par  G.  Sorbets  (in-12 
Lemerre).  —  Le  Voile  des  choses,  par  P.-L.  Aubert  (in-12,  Lemerr^j.  — 
Le  Sablier,  par  P.  Galland  (in-12.  Sansot).  —  L'Ame  inquiète,  par  J.  Noir 
(in-12,  Édition  du  Beffroi).  —  Trois  Années,  poésies,  1905-1908,  par  F.  Éon 
(in-12,  Alençon,  Édition  du  DWan).  ^  Études  dramatiques,  i^ar  A. 'Slôny. 
TP.  IV.  Le  Déluge  (in-16,  Plon-Nourrit).  —  M érovée,  drame  historique  en 
cinq  act^.s,  en  vers,  par  B.  Schnitzler  (in-12,  Lemerre).  —  Lequel  l'aimait? 
par  M.  Floran  (in-18,  Calmann-Lévy).  —  La  Voie  du  mal,  par  G.  Deledda  ; 
trad.  de  l'italien  par  G.  Hérell.-^  (in-18,  Calmann-Lévy).  • —  La  Lanterne 
magique,  par  P.  Margueritte  (in~16,  Plon-Nourrit).  —  La  Mésangère,  par 
M.  Thélen  (in-16,  Plon-Nourrit).  —  La'Voix  de  l'oiseau,  par  H.  Morane 
)(in-16,  Plon-Nourrit).  —  Le  Jardin  délaissé,  suivi  de  Ce  qui  ne  ressuscite 
pas,  par  J.  Gallotti  (in-16,  Plon-Nourrit).  —  L'Expiairice,  pai'C.  Nicoullaud 
(in-16,  Perrin).  —  La  Course  à  l'abîme,  par  E.  Daudet  (in-16,  Roger  et 
Chernoviz).  —  Une  Vie  d'artiste,  par  A.  Schmitthenner  :  trad.  de  l'allemand 
pai  H.  Heinecke  (in-16,  Hachette).  —  Ames  juives,  par  S.  Coubé  (in-12, 
Lethielleux).  —  A  Tour  de  bras.  Histoires  du  temps  présent,  par  J.  des 
Tourelles  (in-12,  Lethielleux).  —  Face  au  devoir,  par  E.  Coz  (in-12,  Maison 
de  la  Bonne  Presse).  —  Le  Livre  de  la  mort,  par  E.  Gauche  (in-16,  carré, 
Société  des  auteurs-éditeurs).  —  La  Légende  de  Jean-Jacques  Rousseau, 
rectifiée  d'après  une  nouvelle  critique  et  des  documents  nouveaux,  par  F.  Mac- 
donald;  trad.  de  l'anglais  par  G.  Roth  (in-16.  Hachette).  —  George  Sand. 
Dix  co7iférences  sur  sa  vie  et  son  œuvre,  par  R.  Doumic  (in-18,  Perrin).  — 
Au  Temps  du  Romantisme,  études  pittoresques  et  littéraires,  par  A.  Séché 
et  J.  Bertaut  (in-18,  Sansot).  —  De  tout  un  peu,  par  A.  ^lézières  (in-16, 
Hachette).  —  La  Littérature  allemande  d'aujourd'hui,  par  M.  Muret  (in-16, 
Perrin).  —  Histoires  des  littératures.  Littérature  allemande,  par  A.  Chuquet 
{in-8,  Colin).  ^  Dictionnaire  d'histoire  et  de  géographie  ecclésiastiques, 
publié  sous  la  direction  de  Mgr  A.  Baudrillart,  M.  A.  Vogt  et  M.  U.  Rouziès, 
avec  le  concours  d'un  grand  nombre  de  collaborateurs.  Fasc.  L  Aachs- 
Achot  (gr.  in-4,  Letouzey  et  Ané).  —  Missions  au  Sahara,  par  E.-F.  Gautier 
et  R.  Chudeau.  T.  IL  Sahara  soudanais,  par  R.  Chudeau  (gr.  in-8,  Cohn).  — 


-   ;ibO    - 

Le  Génie  de  V  Amérique,  par  H.  Van  Dyke;  Irad.  de  l'anglais  par  E.  Sainte- 
^larie  Perrin  (in-18,  Calmann-Lévy).  —  La  Translation  miraculeuse  de. 
hi  sainte  Maison  de  Notre  Mère  à  Lorettc.  IV.  Preuves  surabondantes  de 
son  authenticité,  par  l'abbé  J.  Faurax  ()n-8,  Lyon  et  Paris,  Vitte).  —  Le 
Quinzième  Centenaire  de  S.  Jean  Chrysostomt  (407-1907)  et  ses  conséquences, 
pour  l'action  catholique  dans  VOrient  gréco-slave,  par  le  P.  C.  Charon  (in-8, 
Rome,  Collège  pontifical  gTec).  —  Prêtres  victimes  de  la  Révolution  dans 
le  diocèse  de  Cambrai,  1792-1799,  par  l'abbé  .T.  Dehaut  (in-8,  Cambrai, 
O.  Masson).  —  «  Les  Saints  ».  La  Bienheureuse  Mère  Barat  (1779-1865), 
par  Geoffroy  de  Grandmaison  (in-12,  Lecofîre,  Gabalda).  —  Réponse  à 
MM.  Loyson  et  Houtin.  Charles  Perraud,  Pcrrcyre  et  Gratry,  par  quelques 
témoins  de  leur  vie  (in-12,  Bloud).  —  Madame  mère  du  Régent,  par  A.  Barine 
(in-16.  Hachette).  —  La  RéveÀution,  la  Terreur,  le  Directoire,  1791-1799, 
d'après  les  Mémoires  de  Gaillard,  ancien  président  du  directoire  exécutif  de 
.Seine-et-Marne,  cemseiller  en  Cassation,  par  le  baron  Despatys  (in-8,  Plon- 
Xourrit).  — Napoléon  et  la  Pologne  (1806-1807),  par  M.  Handelsman  (in-8, 
Alcan).  —  Joacliim  Mural,  roi  de  Naples.  La  Dernière  Année  de  règne  [mai 
1814-/«flt  1815),  parle  commandant  M. -H.  Weil.  T.  II  (in-8,  Fontemoing).  — 
Les  Écoles  et  V Enseignement  de  la  théologie  pendant  la  première  moitié 
du  xii^  siècle,  par  G.  Robert  (in-8,  Lecofîre,  Gabalda).  —  Histoire  de  la 
guerre  de  Vendée  (1793-1815),  par  J.  Clsmanceau,  publié  par  les  soins  de 
l'abbé  F.  Uzureau  (in-8,  Nouvelle  Librairie  nationale).  — -  Un  Voyage 
d'études  militaires  du  duc  d'Orléans,  1809-1908.  Avec  une  lettre  de  Monr 
seigneur  le  duc  d'Orléans,  par  le  général  Donop  (in-12.  Nouvelle  Librairii^ 
nationale).  —  Une  Algérie  nouvelle,  quelques  principes  de  colonisation 
pratique  sur  le  propos  du  Maroc  oriental  et  de  Port-Say,  par  J.  Hess  (in-18, 
Stock).  —  La  Politique  française.  Esquisse  d'une  politique  française.  Figures, 
politiques  et  parlementaires,  par  A.  d"Espie  (in-18,  Cornély).  —  A  travers  V  An- 
gleterre conteniporainc,  par  P.  "Mantoux  (in-16,  Alcan).  —  François  Racki 
et  la  Reneiissance  scientifique  et  politique  de  la  Croatie  (1828-1894),  par 
V.  Zagorsky  (gr.  in-8,  Hacheitei  —  Biblioteca  di  Storia  italiana  recentp 
(1800-1850).  Vol.  II  [R.  Deputazione  sovra  gli  studi  di  storia  patria  per 
le  antiche  provincie  e  la  Lomhardia)  (in-4,  Toîino,  Bocca).  —  Institutions 
politiques  de  l'Europe  contemporaine,  par  E.  Flandin.  T.  IV.  Pays-Bas, 
Lu.iembourg,  Danemark,  Suède,  Norvège  (in-16,  Le  Soudier).  —  Les 
Roumains.  Histoire,  état  matériel  et  intellectuel,  par  A.-D.  Xenopol  (in-18, 
Delagrave).  —  La  France  et  la  Russie  au  xviii^  siècle.  Études  d'histoire 
tt  de  littérature  franco-russe,  par  C.  de  Larivière  (in-16,  Le  Soudier).  — 
La  Rénovation  de  l'Empire  otto?nan.  Affaires  de  Turquie,  par  P.  Imbert 
(in-16,  Perrin).  —  Législative  and  judicial  History  of  the  fifteenth  amenel- 
ment,  by  J.  Mabry  Mathews  (in-8,  Baltimore,  The  Johns  Hopkins  Press).  — 
Les  Indiscrétions  de  l'histoire,  par  le  D""  Cabanes.  6^  série  (in-16,  Albin- 
Michel).  —  Pages  d'histoire  contemporaine,  par  P.  de  Coubertin  (in-8, 
Plon-Nourrit).  —  La  Carrière  d'un  favori.  Jacques  el' Albon  de  Saint- 
André,  maréchal  de  France  (1512-1562),  par  L.  Romier  (in-16,  Perrin).  — 
Un  Prélat  indépendant  au  wii^  siècle.  Nicolas  Pavillon,  évêque  d' .ilet 
(1687-  J677),  par  E.  Dejean  (in-8,  Plon-Nourrit).  —  Turgot,  par  G.  Schelle 
(in-16,  Alcan).  —  Hippolyte  Taine.  Essai  d'une  biographie  intellectuelle, 
par  A.  Laborde-Milaâ  (in-16,  Perrin).  Vise^ot. 


—  551  — 


TABLE   METHODIQUE 

DES    OUVRAGES    ANALYSÉS 


THÉOLOGIE 

Èr*riture  sainte   Exégèse.  Alte  und  neue  Angrifîe  auf  das  Alte 

Testament.  Ein  Ruckblick  und  Ausblick  [Johannes  Nikel) ,194 

Die    Glaubwurdigkeit   des   Alten   Testamentes   im    Lichte    der 

Inspirationslehre  und  Literarkritik  {Johannes  Nikel) 195 

Der   Ursprung  des  alttestamentlichen  Gottesglaubens   (Johan- 

jies  Nikel) 195 

L'Histoire  et  les  histoires  dans  la  Bible  [M.  Landrieux) 196 

Doppelberichte  im  Pentateucli.  Ein  Beitrag  zur  Einleitung  iri 

das  Alte  Testament  [A.  Schulz) 196 

Die  Amarnazeit.  Palàstina  und  TEgypten  in  der  Zeit  israelitischer 

Wanderung  und  Siedelung  {Karl  Miketta) 197 

Das  Hohelied,  ûbersetzt  und  erklârt  [Joseph  Hontheim) 197 

)Le  Livre  d'Amos  (  J.  Touzard) 198 

Les    Prédécesseurs    de    Daniel    {Edouard   Dujardin) 199 

Die  griechische  Philosophie  im   Bûche  der  Weisheit  {Paul  Hei- 

jiisch) 200 

Hieronymi   graeca  in   Psalmos   fragmenta   {Joh.   Joseph   Klem. 

Waldis) 20O- 

Histoire  et  Sagesse  d'Ahikar  l'Assyrien  (fils  d'Anael,  neveu  de 
Jobie).  Trad.  des  versions  syriaques  avec  les  principales  diffé- 
rences des  versions  arabes,  arménienne,  grecque,  néo-syriaque, 

slave  et  roumaine,  par  F.  Nau 201 

Le  Messianisme  chez  les  Juifs  (150  av.  Jésus-Christ  à  200  après 

Jésus-Chriot)  {le  P.  M.-J.  Lagrange) ^ 202 

Histoire  du  canon  de  FAncien  Testament  dans  l'Église  grecque 

et  l'Église  russe  (M.  Jugie) 203 

Der  Kanon  des  Neuen  Testaments  {P.  Dausch) 204 

Kardinal  Wilhelm  Sirlets  Annotationen  zum  Neuen  Testament. 
Eine  Verteidigung  der   Vulgata  gegen  Valla   und   Erasmus 

(P.   Hildehrand  Hpfôl) 204 

Les  Théories  de  M.  Loisy.  Exposé  et  Critique  {M.  Lepin) 205 

M.  Loisy  et  la  critique  des  Évangiles  {F.  Jubaru) '    205 

Jésus-Christ.  Réponse  à  M.  Renan  {A.  Gratry) 206 

Der  Vernichtungskampf  gegen  das  biblische  Christusbild  (Ignaz. 

Rohr) 206 

Ersatzversuche  ftir  das  bibliche  Christusbild  {Ignaz  Rohr) 206 

Christus  und  Bhudda  (O.  Wecker) 207 

St.  Augustins  Schrift  De  consensu  evangelistarum  unter  vorneh- 
mlicher  Beriicksichtigung  hrer  harmonitischen  Anschauungen. 
Eino  biblisch-palristische  Studie  [Heinrich  Joseph  Vogels). .  .  .     207 
De  Bethléem  à  Nazareth.  Étude  historique  sur  l'enfance  et  la  jeu- 
nesse du  Rédempteur  {le  P.  M.-J.  OUivier) 208 

Die  Dauer  der  ôfTentlichen  Wirksamkeit  Jesu.  Eine  patristisch- 

exegetische  Studie  {WHhelm  Homanner) 209 

Kamel  und  Nadelohr.  Eine  kritisch-exegetische  Studie  iiber  Mt. 
19,  24  und  Parallelen  (  Gcorg  Aicher) 210 


—  552  — 

Jésus-Christ,  sa  vie,  sou  temps  {le  P.  Hippolyfe  Leroy) 210 

Die  Auferstehung  Jesu  Christi  nach  den  Berichten  des  Neuen 
Testaments  [E.  Dentier) 211 

Die  Apostelgeschichte  {Joh.  Belser) ^ 211 

Manuel  biblique,  ou  Cours  d'Écriture  sainte  à  l'usage  des  sémi- 
naires. (A.  Brassac).  T.  IV.  Nouveau  Testament 212 

Histoire  des  livres  du  Nouveau  Testament  [E.  Jacquier).  T.  III 
et  IV ^ .- 213 

L'Apocalypse  interprétée  par  l'Écriture  {Marc  Passama) 215 

liitur^sie.  La  Vie  liturgique,  ou  l'âme  se  nourrissant,  se  consolant 
et  tendant  à  sa  destinée  dans  le  service  de  Dieu  par  l'Église 
{Eugène  Chipier) 315 

Instructions  sur  les  fêtes  de  l'année  [l'abbé  Morisot) 100 

Les  Fêtes  sociales,  ou  les  Fêtes  chrétiennes  au  point  de  vue  social 
[Vabbé  L.  de  Casamajor) 100 

La  Dédicace  des  églises  {Jules  Baudot) 362 

Le  Pallium  {Jules  Baudot) 265 

Traduction  et  commentaire  des  grandes  antiennes  en  O  de  l'Avent 

et  de  l'Office  de  Noël  {les  Bénédictines  du  Temple) 531 

Théologie  dogmatique.  Dictionnaire  de  théologie  catholique, 
publié  sous  la  direction  de  Vabbé  Mangenot.  Fasc.  XXV, 
XXVI  et  XXVII 147 

Essai  sur  la  théologie  d'Irénée.  Étude  d'histoire  des  dogmes 
(P.  Beuzart) 510 

Le  Dogme  catholique  devant  la  raison  et  la  science,  la  Trinité,  les 
Anges,  les  Origines,  Tattente  du  Messie.  Conférences  apologé- 
tiques faites  aux  étudiants  {Louis  Boucard) 510 

Histoire  du  dogme  de  la  Rédemption.  Essai  historique  et  apologé- 
tique avec  une  Introduction  sur  le  principe  des  développements 
théologiques  {Henri  E.  Oxenham)  ;  trad.  de  l'anglais  par 
Joseph  Bruncau 511 

La  Foi  catholique  {l'abbé  H.  Lesêtre) 316 

De  gratia  Christi.  ln-1-2  partem  Summae  theologicae  S.  Thomae 
Aquinatis  a  q.  CIX  ad  q.  CXIV  {Richardo  Tabarelli) 57 

Enchiridion  symbolorum,definitionum  et  declarationum  de  rébus 
fidei  et  morum  {Henrico  Denzinger).  Editio  décima,  emendata 
et  aucta,   quam  paravit  Clemens  Bannwart 56 

Tesoro  del  Sacerdote  {el  P.  José  Mach).  Decimotercera  edicion 
notablemente  aumentada  y  corregida,  segùn  los  mas  recientes 
decretos  de  las  Sagradas  Congi'egaciones  romanas  y  las  nuevas 
disposiciones  del  derecho  civil  por  el  P.  Juan  B.  Ferreres 424 

Credo.  I.  Je  crois  en  Dieu  {Vabbé  Lemoine) 99 

Catéchistes  et  catéchismes,  ou  Traité  théorique  et  pratique  de 
pédagogie  catéchistique  {le  chanoine  F.  Finot) 98 

Le  Catéchisme  et  sa  pédagogie,  ou  Nouvelle  Méthode  pratique 
d'enseignement  sûre  et  rapide  de  la  doctrine  {Vabbé  Louis 
Reignat) 98 

L'Essentiel  de  la  religion  catholique,  directoire  peur  les  caté- 
chistes d'adultes  {Vabbé  P.  Coqueret) 99 

THéologie  morale.  SermoiiÉi.  Le  Sens  catholique  {Henri  Couzet)     265 

El  sanlo  Evangelio  de  Nuestro  Senor  Jesucristo  i  los  Hechos  de  los 
Apôstoles  {Primitivo  Sanmarti).^ , 265 

Le  Modernisme  dans  la  religion.  Étude  sur  le  roman  «  IlSanto  », 
de  Fogazzaro    {Vabbé    1  -A.  Chollet) , 168 

Œuvres  de  saint  François  de  Sales,  évêquc  et  prince  de  Genève  et 
docteur  de  l'Église.  Édition  complète  publiée  par  les  soins  de 
religieuses  de  la  Visitation  du  premier  monastère  d'Annecy. 
T.  XV.  Lettres.  Vol.  V ! .      109 


—  3o3  — 

Saint  François  de  Sales,  texte  et  études  [Fortunat  Strowski).    .  .     318 
Péchés  capitaux.  Quinze  discours  pour  prônes,  sermons,  confé- 

lences  d'hommes  [Ph.-G.  Laborie) 100 

La  Pràtica  del  Pulpito.   Estudios  homiléticos  (A.  Meyenberg): 

trad.  por  it  P.  Ramon  Ruiz  Amado     101 

Œuvres  oratoires  (le  P.  Henri  Chambellan^.  T.  II.  Retraite  ecclé- 
siastique. Conférences  sur  l'éducation.  Retraite  pascale 101 

Le  Prédicateur  de  la  doctrine  chrétienne    (Vabbé  J.  Sabourct). 

T.  III '. . . .      102 

La  Virilité  chrétienne.  Conférences  universitaires  'Je  P.  Gillet).     102 
Pour  le  peuple,  conférences  dialoguées  {Joseph  et  Pau!  Gaboreau).     103 

Histoire  des  commandement?  de  TÉgUse  {A.  Villien) 423 

Iglesia  y  Estado  (el  P.  Fr.  Paulino  Alvarez) 234 

Ce  que  sera  le  prêtre    au  xx'^  siècle  (  Mgr  Henrif  Bolo) 108 

Las  Religiosas  segùn  la  disciplina  vigente.  Comentarios  canônico- 

morales  (el  R.  P.  Juan  B.  Ferrere-i) 72 

Aseétisme  ,ef  Piété.  La  Bible  des  fidèles.  La  Lettre  et  l'esprit.  Le 
Saint  Évangile  de  Jésus-Christ  selon  S.  Matthieu,  S.  Marc. 
S.  Luc  et  S.  Jean.  Commentaire  traditionnel  extrait  des 
SS.  Pères,  d'après  la  «  Chaîne  d'or  «  de  S.  Thomas  d'Aquin 

(l'abbé  Claude-Eugène  Bouvier) 103 

Jésus.  Lectures  évangéliques  pour  l'Avent  et  le  temps  de  Noël 

(Vabbè  Dard) 104 

La  Royauté  de  Jésus-Christ  (le  R.  P.  Félix).  Huitième  Retrait; 

de  Notre-Dame  de  Paris 105 

Méditations  sur  les  évangiles  du  dimanche  à  la  portée  des  simples 
fidèles  pour  tous  les  jours  de  l'année  {le  chanoine  François 

Fournier) , 109 

Méditations    sur    l'Eucharistie    (Bossuet).    Édition    par    l'abbé 

Max    Caron 106 

Fragments  eucharistiques  extraits  des  Œuvres  de  Mgr  Charles 

Gay 106 

Le  Décret  sur  la  communion  quotidienne  et  son  application  aux 

fidèles  (le  R.  P.  J.-M.  Lambert 106 

Triduum  eucharistique  et  instructions  sur  la  communion  quo- 
tidienne, d'après  les  décrets  de  S.  S.  Pie  X  (le  P.  Jules  Lintelo).     107 

Vers  la  vie  euchai'istique  (P.  Le  jeune) 107 

Le   Sacerdoce   et   le  Sacrifice   de   Notre-Seigneur    Jésus-Christ 

(J.  Grimai) 107 

La  Bondad  divina  (José  M.  de  Jesûs  Portugal) 110 

Méditations  du  soir,  tirées  de  nos  saints  Livres,  pouvant  servir 
pour  la  méditation,  la  lecture  spirituelle,  etc.  (le  R.  P.  André 

Prévôt 110 

Au   vingtième   siècle.    Françaises  selon   l'Évangile    (la  comtesse 

de  Flavigny) 458 

Marie  et  les  Mystères  de  Jésus.  Un  Mot  sur  chaque  mystère  du 

Rosaire.  Extraits  des  écrits  de  Mgr  Charles  Gay 110 

Marie,  reine  de  France   par  droit  d'héritage,  par  droit  de  con- 
quête, par  droit  d'élection  (l'abbé  Fuzier) 105 

Dialogue  sur  l'esclavage  de  la  Sainte  Vierge,  d'après  le  B.  Louis- 
Marie  Grignion  de  Montfort  (  Un  ancien  aumônier) 110 

Oficio  de  la  Santissimâ  Virgen  Maria  y  de  difuntos 110 

Ancora  de  Salvaciôn  ô  devocionario  {el  R.  P.  José  Mach) 111 

IHsfoîpc  des  religi«ngi.  La  Religion  des  primitifs  (Mgr  A.  Le 

Roy) 320 

Mélanges  d'histoire  des  religions  (H.  Hubert  et  3/.  Mauss) 425 

La  Question  religieuse,  enquête  internationale  {Frédéric  Charpin).     319 
Le  Mystère  chrétien  et  les  Mystères  antiques  [Rudolf  Steiner);  trad. 
de  l'allemand  et  précédé  d'une  Introduction  par  Edouard  Schuré.     231 


Hétérodoxir.     Modernisme  et    tradition   catholique   en  France 

{Ch.  Guignebert) 148 

Les  Vierges  mères  et  les  Naissances  miraculeuses.  Essai  de  mytho- 
logie comparée  {P.  Saintyves) 168 

Notions  sur  les  religions  de  l'Inde.  Le  Védisme  {Louis  de  la  Vallée- 
Poussin) • 532 

JURISPRUDENCE 

Droit  intr ■•national.   Curso  elemental  de  derecho  internacional 

publicii  é  historia  de  los  tratados  [Luis  Gestoso  y  Acosta). . . .     491 
Droit   eonstittitionuel.  Les  Régimes  politiques  au  xx®  siècle. 
Les  Républiques  parlementaires.   La  République  démocratique 

(  Albert  Soubies  et  Ernest  Curette) 235 

Droit  i>ubli<*  et  administratif.  Traité  de  droit  public  belge. 

Droit  constitutionnel.  Droit  administratif  (Paul  Errera) 489 

L'Impôt  progressif  en  théorie  et  en  pratique  [Edwin  R.  A.  Se- 

ligman  ;  trad.  par  Ant.  Marcaggi .      490 

Guide  pratique  des  impôts  (vérification,  comparaison  et  récla- 
mations) (Henri  Fayollet) 490 

Droit  ciTil.   Traité  de  droit  civil  comparé   [Ernest  Roguin).   Les 

Successions 485 

Le  Mariage  et  le  divorce  de  demain  (Henri  Coulon  et  René  de 

Chavagnes) 481 

Le  Journal,  sa  vie  juridique,  ses  responsabilités  civiles  (Geor- 
ges Duplat) •. 492 

Code-manuel  du  chasseur  (  Gaston  Lecouffe) 493 

Code-manuel  du  cychste  (  Gaston  Lecouffe] 493 

Le  Cinématographe  devant  le  droit  (E.  Maugras  et  M.  Guègan).     494 
Procédure.  Précis  théorique  et  pratique  de  procédure  civile  (E.Glas- 

■.•i'son,  P.  Colmet-Daage  et  Albert  Tissier).  T.  II 488 

Petit  Manuel  pratiqi-e  des  vices  rédhibitoires  et  maladies  conta- 
gieuses dans  les  ventes  d'animaux  domestiques  (LouisMalnoury)     488 

SCIENCES   ET   ARTS 

PliiloHopliie.  Ciiénéralité^.iinLélHn^es».  Leçons  de  philosophie 

et  Plans  de  dissertations.  I.  Psychologie  [Vabbé  J.-B.  Domecq)..     386 
Supplément  au  Dictionnaire  de  philosophie  ancienne,  moderne 
et  contemporaine  (années  1906,  1907,  1908)  (Vabbé  Elie  Blanc).     386 

leçons  de  logique  et  de  morale  (R.  Hourticq) 386 

Cours  de  philosophie  positive  (Auguste  Comte).  T.  IV  et  V 386 

Les  Problèmes  de  la  science  et  la  Logique  (Frédéric  Enriques); 

trad.  de  l'italien  par  Julien  Dubois 387 

Les  Principales  Théories  de  la  logique  contemporaine  (P.  Her- 

mant  et  A.   Van  de  Waele) 387 

Insuffisance  des  philosophies  de  l'intuition  (Clodius  Piat) 388 

Éthique,    droit   et    politique    (Arthur   Schopenhauer);    trad.    de 

l'allemand  avec  Préface  et  notes  par  Auguste  Dietrich 392 

La  Sensibilité  individualiste  (  G.  Palante) 393 

El  Positivismo,  su  historia  y  sus  errores  (José  M.  de  Jesûs  Por- 
tugal)       398 

La  Philosophie  sociale  de  Renouvier  (Roger  Picard) •     399 

Le  Déterminisme  économique  de  Karl  Marx.  Recherches  sur  l'ori- 
gine de  l'évolution  des  idées  de  justice,  du  bien,  de  l'âme  et  de 

Dieu  (Paul  Lafargue) 400 

Pragmatisme  et  Modernisme  (J.  Bourdeau) •  •     ^^^ 

Anti-Pragmatisme. Examen  des  droits  respectifs  de  l'aristocratie 
intellectuelle  et  de  la  démocratie  sociale  (Albert  Schinz) 400 


—  H55  — 

Etudes  et  controverses  philosophiques  [Vabhé  Eugène  Lanusse).     401 
L'Homme  selon  la  science,  son  présent,  son   passé,  son   avenir 
[le  docteur  Louis  Buchner);    trad.  de  l'allemand  par  le  D^  Ch. 

Letourneau 148 

Les  Croyances  religieuses  et  la  Science  de  la  nature  (/.  Guibert).     149 

Nova  et  vetera  [Claude-Charles  Charaux) 73 

Les  Idées  mortes  [Albert  Bayât) 362 

Science  ou  Roman  (/o/jn- Gérard);  "trad.  de  Jean  d'Orlyé 364 

Psychologie.  La  Psychologie  quantitative  [J.-J.    Van  BierUiet).     389 
Psycho-Physiologie  de  la  doulenr  (M^'^s  joteyko  et  Stefanoivska).     390 

Premier  Éveil  intellectuel  de  l'enfant  {Edmond  Cramaussal) 390 

L'Adolescence,  étude  de  psychologie  et  de  pédagogie  [Gabriel 

Compayré) 391 

Le  Cœur  humain  et  les  Lois  de  la  psychologie  positive  [Antoine 

Baumann) 391 

Morale.  La  Morale  naturelle  [J.-L.  de  Lanessan) 392 

L'Expérienc3  morale  [F.  Bauh) • 393 

Esquisses  de  morale  et  de  sociologie  (Eugène  Leroy) 393 

La  Morale  de  l'ironie  [Fr.  PauJhan) 394 

La  Morale  de  la  France  [Paul  Adam) 362 

Amour  et  Foi  [le  comte  H.  de  Lacoinbe) 323 

Pensées  d'harmonie  [M.  de  Meck) 363 

IIiNtoiredelapliilo80|»liie.  lYlélaii^^s.  Les  Grands  ÉcrivaiiiS 
de  la  France.  Œuvres  de  Biaise  Pascal.  T.  I,  II  et  III,  pubUés 
suivant  Tordre  chronologique,  avec  documents  complémen- 
taires,  Introduction  et  notes  par  Léon  Brunschwig  et  Pierre 

Boutroux 387 

Pascal  et  son  temps  [Fortunat  Strowski).  3e  partie.  Les  Provin- 
ciales et  les  Pensées 395 

L'Anthropologie  de  Maine  de  Biran,  ou  la  Science  de  l'homme 
intérieur, suivie  de  la  Note  de  Maine  de  Biran  de  1824  sur  l'Idée 
d'existence   (aperception   immédiate,    édition   Cousin)   [Pierre 

Tisseraïul) 511 

La  Philosophie  de  Leibniz,  exposé  ci'itique  (Bertrand  Bussell); 

trad.  de  l'anglais  par  Jea)t  et  Benée-J .  Bay 396 

La  Théorie  idéologique  de  Galluppi     dans  ses  rapports  avec  la 

philosophie   de    Kant   (F.   Palhoriès) 397 

L'Idéal  du  xix^  àècle  (Marins- Ary  Leblond) 395 

Leibniz,  avec  de  nombreux  textes  inédits  et  une  Introduction  par 

Jean  Baruzzi 397 

Les  Grands  Philosophes.  Rosmini  [F.  Palhoriès) 398 

Cournot    et    la    Renaissance    du    probabilisme  au    ix^     siècle 

(F.  Mentré) •  .      399 

Revue   des  sciences  philosophiques  et   théologiques.   2®  année, 

1908 401 

Édurution.  Eu»ei^nemen4.  Lettres  à  ma  petite-fille  (le  mar- 
quis de  Charnacé) : 150 

L'Éducation  intelh^ctuelle,  morale  et  physique  (Herbert  Spencer); 

trad.  de  l'anglais  par  Marcel  Guymiot. •  •  •  •     ^^^ 

Les  Meilleures  Pages  des  écrivains  pédagogiques  de  Rabelais  au 
xx^  siècle.  Extraits  avec  un  Avant-propos  et  des  notes  par 

Edmond  Parisot  et  Félix  Henry 23b 

Féminisme.  Au  cœur  du  féminisme  (Théodore  Joran) 483 

Féminisme  et  christianisme  (A.-D.  Sertillanges) 483 

Un  Feminismo  aceptable  (el  P.  Julio  Alarcon  y  Meléndez) *?  485 

Keienees  politiques,  économiques  et  sociales.  Théorie  du 

salaire  et  du  travail  salarié  (Christian   Cornélissen) 29 


—  556  — 

Le  Problème    de   la    misère    et   les    Phénomènes   économiques 

naturels  (J.  Novicow) 30 

Les  Forces  productives  de  la  France  (P.  Baudin,  P.  Leroy- 
Beaulieu,  Millerand,  Roume,  J.  Thierry,  E.  Allix,  J.-C.  Char- 
pentier, H.  de  Peyerimhojf ,  P.  de  Bousiers,  Daniel  Zolla). 31 

Notre  Budget,  études  critiques  et  plan  de  réorganisation  de  notre 

système  financier  {Léon  Foucrière) 237 

Les  Socialistes  et  le  Budget  [J.-L.  Breton) 426 

Pourquoi  et  comment  on  fraude  le  fisc  (Ch.  Lescœur) 32 

La  Solution  des  questions  sociales,  ou  le  Décalogue  connu  et 
observé;  son  exposé  clair,  précis,  complet,  avec  un  texte  exact 

et  des  tableaux  parlants  (Vabbé  L.  de  Casamajor) 459 

Ketteler  (  Georges  Goyau) 514 

Ma  Vocation  sociale.  Souvenirs  de  la  fondation  de  l'Œuvre  des 
cercles    catholiques    d'ouvriers    (1871-1875)    (Is    comte  Albert 

de  Mun) 515 

Lé  Socialisme  agi'aire,  ou  le  Collectivisme  et  l'évolution  agricole 

(Emile  Vandervelde) 33 

Sociologie  et  Fouriérisme  (  F.  Jollivet-Castelot) 34 

Œuvres  sociales  des  femmes  [Paul  Acker) 326 

Les  Jaunes  [F.-Ferd.  Cochet) 364 

L'Utopie  jaune.  La  Nouvelle  Monarchie  {Pierre  Félix) 364 

Quelques  écrits  [Adhémar  Schwilzguébel] 35 

La  Démocratie  vivant  e  (  Georges  Deherme) 36 

Démocratie,  patrie  et  humanité  (/.   Girod) 394 

Pour  le  Bloc  (J.-L.  Breton) 426 

Les  Colonies  de  vacances  (Louis  Delpérier) 37 

La  Mutualité  scolaire  (  Maurice  Bcrtelnnt) 38 

médecine.  Histoire,  ^-éiiéralilés    Mœurs  intimes  du  passé 

(le  D^  Cabanes) 306 

Histoire  pharmacotechnique  et  pharmacologique  du  mercure  à 

travers  les  siècles  (Et.  Michelon) 311 

Essais  sur    nos  préparations  galéniques,  étude  pharmacologique 

publiée  sojs  la  direction  scientifique  du  D^  Brissemoret 312 

La  Maternité  et  la  Défense   nationale  contre  la  dépopulation 

[le  D^  Sicard  de  Plauzole.^) 312 

La  Lutte  oontrr-  la  prostiti  tion  [R.  Décante) 313 

Les  Microbes  [le  Z>r  P.-  G.  Charpentier) 7 

Biologie.   L'Origine  de  la  vie  (J.-M.  Pargame) 306 

La  Crise  du  transformisme  [Félix  Le  Dantec) 307 

Physiologie.  La  Voix  professionnelle.  Leçons  pratiques  de  physio- 
logie appliquée  aux  carrières  vocales  (enseignement  public, 
barreau,  théâtre).     Cours    du    Théâtre    Réjane      (1907-1908) 

[le  D^  Pierre  Bonnier) 324 

Hygiène.  L'Hygiène  infantile,  all.'iitement  maternel   et   artificiel, 

sevrage  (le  D^  G.    Variât) ; 314 

L'Hygiène  des  dyspeptiques  [le  D^  René  Gaultier) 314 

L'Hygiène  du  logement   [Paul  Juillerat) 314 

Pathologie  et  Thérapeutique.  L'Audition  morbide  [le  D^A. 

Marie) 309 

Les  Préjugés  sur  la  folie  (la  princesse  Lubomirska) 309 

La  Pathologie  de  l'attention  (N .  Vaschide  et  Raymond  Meunier).  309 
Neurasthénie  et  névroses;  leur  guérison  définitive  en  cure  libre 

'le  Z>r  P.-E.  Léi-y) 310 

Contribution    apportée    à   la    notion  d'hystérie   par   l'étude  de 

l'hypnose,  .spécialement  considérée  dans  son  histoire,  dans  son 

essence,  dans  ses  effets  (le  D^  Robert  Van  der  Eht) 311 

Précis  de  stomatologie  (J.  Redier).  T.  I" 314 


-  557  - 

SKeivnceii     psyeliiciueH.   Un  Miracle  d'aujourd'hui;    discussion 

scientifique  {  Georges  Bertrin) 307 

Études  de  psychologie  sexuelle,  la  pudeur,  la  périodicité  sexuelle, 
l'auto- érotisme  (Havèlock  Ellis):  trad.  de  l'anglais  par  A.  Van 

Gennep 308 

Sciences  physiques  et  chimiques.  Cours  de  physique  con- 
forme aux  programmes  des  certificats  et  de  l'agrégation  de 
physique (//.-Boaoss^).  impartie.  Optique.  Étudedesinsîrumpnts. 

5"'  partie.  Électroptique,  ondes  herziennes 403 

Thermodynamique  {H.  Poincarv] 404 

La  Télégraphie  sans  fil  et  les  applications  pratiques  des  ondes 

électriques  (Albert  Turpain) 404 

L'É'ectricit?  industrielle  (C  Lebois) 405 

Cours  de  chimie  inorganiqu'^  {Frrd.  Swarts) 406 

Traité  complet  d'analyse  chimique  appliquée  aux  essais  industriels 
[J.  Post  et  B.  Neumann);  trad.  d'après  la  3^  éd.  allemande  et 
augmentée  de  nombreuses  additions  par  le  D"^  L-  Gautier.  T.  I., 

fasc  2 406 

ilwJlc'.v  Tot  cpa'.voaevoc.    Essai   sur  la  notion  de    théorie    physique 

de  Platon  à  Galilée  [Pierre  Duhem) .516 

Histoire  du  développement  de  la  chimie  depuis  Lavoisier  jusqu'à 
nos  jours  [A.  Ladenburg);  trad.  sur  la  4^  éd.  allemande,  par 

.-1.  Corvisy 407 

Initiation  chimique,  ouvrage  étranger  à  tout  programme,  dédié 
aux  amis  de  l'enfance  (  Georges  Darzens) 408 

^ienees  iiidiistrielli'S.  Machines-outils,  outillage,  vérificateurs, 

notions  pratiques  (P.  Gorgeu)  ■ 413 

Comment  on  construit  une  automobile  [M.  Zerolo).  T.  II.  et  III.     4l4 
Agriculture.    Horticulture.     Viticulture.    L'Agriculture 

moderne,  encyclopédie  de  l'agriculteur  [Victor  Sébastian)....     427 

Prairies  et  pâturages  (Praticulture  moderne)  [H.  Compain) 428 

Les  Gazons  [J.-C.-N.  Forestier) 429 

Constructions  rurales  [Jacques  Danguy) 427 

Constructions   rurales.   Matériaux,   habitations   des   gens,   loge- 
ments des  animaux  et  des  récoltes  [Paul  et  Pierre  Blancarnoux).     427 
Conseils   pratiques  sur  la  viticulture.   Notes   mensuelles  de   la 

station  viticole  de  Cognac  (1903-1907)  [.J.-M.  Guillon) 532 

Sylviculture.    L'Evaluation    du    revenu    imposable  des    forêts 

[A.  Arnould) 459 

Sciences  inatliéinatiq-iies.  Traité  de  mathématiques  générales  à 
l'usage  des  chimistes,  physiciens,  ingénieurs  et  des  élèves  des 
Facultés  des  sciences  [E.  Fabnj) 408 

Leçons  sur  les  fonctions  définies  par  les  équations  différentielles 
du  premier  ordre  [Pierre  Boutrour) 409 

Exercices  et  leçons  d'analyse  [R.  d' Adhémar) 410 

Cours  d'arithmétique,   classe   de    5^   B    [C.-A.   Laisant  et  Élie 

Perrin) 411 

i        Arithmétique   commerciale   et   Algèbre  financière  [H.   Fuzet  et 

L.  Reclus) 411 

Leçons  d'algèbre,  classes  de  mathématiques  A  et  B  (L.  Zoretti). . .     412 

Précis  de  géométrie  descriptive  et  de  géométrie  cotée  [Joseph 
Girod).  pe  et  2^  parties 412 

Récréations  mathématiques  et  Problèmes  des  temps  anciens  et 
modernes  [W.  Rouse-Ball).  2^  pai-tie;  trad.  d'après  la  4^  éd. 
anglaise  et  enrichie  de  nombreuses  additions  par  Fitz  Patrick. .     413 
Astronomie.  Cours  d'astronomie  [H.  Andoyer).  2^  partie.  Astro- 
nomie pratique 410 

Annuaire  pour  l'an  1909,  publié  par  le  Bureau  des  longitudes 58 


—  558  — 

Ciéologie.  La  Science  séismologique.  Les  Tremblements  de  terre 

(le  comte  de  Montessus  de  Èallore) 239 

Aéronautique.    Le   Problème   de   l'aviation   et  sa  solution  par 

l'aéroplane  [Armengaud  jeune) 241 

Sciences  militaires.  L'Éducation  patriotique  du  soldat  [le  lieu- 
tenant M.  Roland) 132 

Vers  la  fusion.  Conférences  faites  en  1907-1908  à  Saint-Maixent. . .     135 

Lettres  à  un  sous-ofTicier  [le  commandant  Roche) 135 

L'Artillerie  de  campagne  en  liaison  avec  les  autres  armes  [le  géné- 
ral H .  Lan  glois) 136 

Vieille  Routine  [le  général  Devaureix) . 136 

Réalité.  Études  tactiques  [le  commandant  Passarga) 136 

marine.  La  Crise  navale  [Charles  Chaumet) 327 

Oeaux-Arts.  Itio<|ra|*ltie«iti''artistes.  Histoire  de  l'art  depuis 
les  premiers  temps  chrétiens  jusqu'à  nos  jours,  publiée  sous  la 
direction  de  André  Michel.  T.  IIL  Le  Réalisme.  Les  Débuts 

de  la  Renaissance.  Première  partie .' 40 

Nouvelles  Études  sur  l'histoire  de  l'art  [Emile  Michel) 50 

Manuel    d'archéologie   préhistorique,   celtique   et   gallo-romaine 

[Joseph  Déchelette).  l.  Archéologie  préhistorique 41 

L'Art  égyptien.  Choix  de  documents  accompagnés  d'indications 

bibliographiques  [Jean  Capart) ■ 42 

Supplementary  papers  of  the  American  school  of  classical  studies 

in  Rome.  Vol.  II 42 

Le  Forum  romain  et  las  forums  impériaux  [Henry  Thédenat). . .       '43 
La  Villa  d'Hadrien  près  de  Tivoli.  Guide  et  description,  suivi 

d'un  Catalogue  des  œuvres  d'art  [Pierre  Gusman) 43 

L'Art  religieux  de  la  fin  du  moyen  âge  en  France,  étude  sur 
l'iconographie  du  moven  âge  et  sur  ses  sources  d'inspiration 

[Emile  Maie) '. 43 

Les  Doctrines  d'art  en  France.   Peintres,   amateurs,  critiques. 

De  Poussin  à  Diderot  [André  Fontaine) 51 

La  Vierge   de   Miséricorde,   étude   d'un  thème  iconographique 

[Paul  Perdrizet) 44 

Les  Maîtres  de  l'art.  Ghirlandaio  [Henri  Hauvette) 48 

Les  Clou  et,  peintres  officiels  des  rois  de  France  [Etienne   Moreau- 

Nélaton) 45 

Les  Frères  Du  Monstier,  peintres  de  la  reine  Catherine  de  Médicis 

[Etienne  Moreau-Nélaton) 46 

Kiinstler-Monographien.  Auguste  Rodin  [Otto  Grautoff) 47 

Trois  Églises  et  Troi'?  Primitifs  [J.-K.  Huysmans) 46 

Les  Anciens  Artistes-Peintres  et    décorateurs    mulhousiens   jus- 
qu'au   xix^  siècle  [Ernest  Meininger) 48 

Bibliothèque  de  l'enseignement  des  beaux-arts.  La  Sculpture  espa- 
gnole [Paul  Lafond) 46 

Les  Monuments  nationaux  en  Allemagne  [Eugène  Poiré) 47 

Souvenirs  de  Belgique  et  de  Hollande.   Un  Dessin  de  Colyer 

Edouard  [J.-C- Alfred  Prost). 48 

Petites    Villes    d'Italie.    IL    Emilie,  Marches,    Ombrie    [André 

Maurel) 49 

Le  Repos  de  Saint-Marc.  Histoire  de  Venise  pour  les  rares  voya- 
geurs  qui   se   soucient   encore   de   ses   monuments   [Ruskin); 

trad.  de  l'anglais  par  K.  Jonhston 49 

Ruskin.  Pages  choisies,  avec  une  Introduction  de  Robert  de   la 

Sizeranne 49 

Les  Beaux- Arts  et  la  Nation  [Ch.-M.  Couyba) 51 

Les  Idées  et  les  formes.  Rapport  au  public  sur  les  beaux-aris 
j^[Péladan) ^- 


Itliisique.  Biograpliiesde  iniiMiciens.  Graduale  sacrosanc- 
tae  Romanae  Ecclesiae.  De  tempore  et  de  Sanctis;  S.  S.  D.  N. 
Pii  X.  Pontificis  maximi  jussu  restitutum  et  editum;  cui 
addita  sunt  festa  novissima 53 

Le  Chant  de  la  sainte  Église.  Histoire,  théorie,  pratique 
{L.D.S.) 53 

Grammatica  di  canto  gregoriano:  primo  corso,  nozioni  fonda- 
mentali  e  paratica  délie  mélodie  più  facili  (A.  Minetti) 53 

Traité  de  prononciation  romaine  du  latin  (  Un  religieux  béné- 
dictin)         53 

Les  Subdivisions  binaires  et  ternaires  en  rythmique  grégorienne 
et  la  Musica  sacra  belge  (l'auteur  du  «  Psautier  Vespéral  »)....        53 

Organum  comitans  and  Cantus  Gradualis  O.  Paer,  necessarios  pro 
diebus  dominicis  et  festivis,  neenon  pro  plurimis  aliis  diebus  in 
quibus  organum  pulsari  licet  [P.  Brunone  M.  Hespers) 54 

Carmina  scripturarum,  scilicet,  antiphonas  et  responsoria  ex 
sacro  Scripturae  fonte  in  libros  liturgicos  Sanctae  Ecclesiae 
Romanae  derivata  [Carolus  Marbach) , 54 

Cent  Motets  du  xiii®  siècle,  publiés  d'après  le  ms.  Éd.  IV.  6.  de 
Bamberg,  par  Pierre  Aubry 55 

Les  Maîtres  de  la  musique.  Rameau  {Louis  Laloy) 137 

Les  Maîtres  de  la  musique.  Haydn  [Michel  Brenet] 139 

Les  Maîtres  de  la  musique.  Moussorgsky  [M.-D.  Cah'ocoressi) .  .     140 

Vies  des  hommes  illustres.  Beethoven  [Bomain  Bolland) 141 

Un  Romantique  sous  Louis-Philippe.  Hector  Berlio/..  1831-1842 

[Adolphe  Bosc.hot] 141 

Œuvres  en  prose  [Bichard  Wagner)  \  trad.  par  L.-G.  Prod'honime 
et  Z)T  phil.  F.  Holl \.  .'. 141 

Musiciens  d'aujourd'hui  (  Romain  Bolland) 142 

La  Main  et  l'âme  au  piano,  d'après  Schiffmacher  (M'^e  Aline 
Tasset) 143 

Répertoire  encyclopédique  du  pianiste,  analyse  raisonnée  d'œu- 
vres  choisies  pou'r  le  piano.  T.  II  (Auteurs  modernes)  [Hor- 
tense  Parent).. 144 

La  Sonate  pour  clavier  avant  Beethoven  (Introduction  à  l'étude 
des  sonates  pour  piano  de  Beethoven)  [Henri  Michel) 144 

Le  Livre  de  l'évolution.  L'Homme  (Psychologie  musicale  des 
civilisations)  [Bicciotto  Canudo) 145 

Esquisse  d'une  esthétique  musicale  scientifique  [Charles  Lalo) .  .      146 
mélangen.  Dieu  et  science  [J.  de  la  Perrière) 321 

Les  Stations  lacustres  d'Europe  aux  âges  de  la  pierre  et  du 
bronze  [Bobert  Munro).  Édition  française  par  le  £>'  Paul  Bodet.     429 

Tout  ce  qu'il  faut  savoir  en  mathématiques  et  physique,  chimie, 
minéralogie,  cristallographie,  botanique,  zoologie,  science 
médicale,  hygiène.  Nouvelle  Encyclopédie  pubhée  sous  la 
direction  de  F.  Damé.  T.  II 238 

Actualités  scientifiques  [Max  de  Nansouty).  5^  année 415 

^       Manuel    pratique    du    conférencier-proiectionniste    (  G.     Michel 

Coissac) '. 328 

Le  Secret  des  sourciers  [le  D^  Georges  Surbled) 365 

LITTÉRATURE 

l..inffui^1fcsue.  Pliîlolosrîo.  Grammaire  et  vocabulaire  du  grec 
vulgaire  [Girolamo  Ccrmano),  pul^liés  d'après  l'édition  de  1622, 

par  Hubert  Pernot 242 

Introduction  to  Earlv  Welsh  [John  Strachan) 517 

■       \!(-Ccllischcr     Rprcchschatz     [Alfred     Holder).     18*'^     Liofernag 

(Vesontio-Zusema) 242 


—  î>t;u  — 

Etyniologisclies  Wôrterbucli  dr^r  iVaazôsischen  Sprache  (Gustai> 

Kërdng] 60 

Glossaire  étymologique  et  iiislorique  des  patois  et  des  parlers 
de  rAnjou,  comprenant...  des  dialogues,  contes,  récits  et  nou- 
velles en  patois,  le  folk-lore  de  la  province  (A.-J.   Verrier  et 

R.  Onillon) 152 

Dictionnaire  du  patois  valdôtain,  précédé  de  la  Petite  Gram- 
maire (Vabbé  Jean-Baptiste  Cerlogne)' 154 

FoIk.-IiOi*e.  Flore  populaire, ou  Histoire  naturelle  des  plantes  dans 
leurs   rapports    avec   la  linguistique    et    le  folk-lore   [Eugène 

Hnlland).  T.  V.  et  VI 518 

Éloquence.  L'Élite   de   la   Révolution.  Discours   et   rapports    de 
Bobespierre,   avec  une  Introduction  et  des  notes  par   Claude 

Vellay 328 

Vingt  années  de  rectorat.  Discours  de  rentrée  et  annexes  [Mgr 

Baunard) 520 

fo^aie.  Le  Prisme  des  lieures  [Louis  Maigue) 112 

Près  du  foyer  et  dans  les  champs  [E.  Pinçon) 113 

A  la  Source  d'eau  vive  [André  Bessnn) 113 

L'Année  mystique  [le  même) 114 

Du  Grave  au  doux  [Paul  Collin) 114 

Comme  au  temps  joli  des  marquises  [Henri  Allorge) 115 

Au  Caprice  des  heures  [Jean  Mauclère) 115 

Le  Don  de  soi  [André  Delacour) 116 

Quelques  vers  [H.  des  Portes  de  la  Fosse) 116 

Heures  de  brume  (.4.  Barratin) 117 

Au  Jardin  des  roses  mourantes  (R.  Christian- Frogé) 117 

Poésies  [A.  Couvreur) 118 

Le  Chemin  solitaire  [Blanche  Sahuqué) 118 

Dans  les  brumes  des  cités  [Marguerite  Berthet) 119 

Les  Voix  de  la  forêt  [la  même) , 119 

L'Essor  [la  baronne  Antoine  de  Brimant) 120 

Le  Chemin  qui  monte  [Nicolas  Beauduin) 120 

Le  Voyage  d'Afrique  (  G.  Demnia) 121 

Le  Sentier  sonore  [Bobert  de  Fay) 121 

La  Rose  entr'ouverte  [Bené  Turpin) 122 

Les  lies  fortunées  (  Gaston  Beauvais) 122 

Le  Cantique  des  Cantiques  [Guy  d'Aveline)  [M™e  Gazala] 123 

Les  Fardeaux  chéris, pantoums  (/.  B.-G.) 123 

Pauca  Pauci  ■  [Baymond  Darsilles) 124 

Poèmes  [Archag  Tchobanian)  (trad.  française) 124 

Rêves  païens  [C.  Psycha) 125 

Les  Muses  françaises.  Anthologie  des  femmes-poètes  (1200  à  1891). 
Morceaux  choisis  accompagnés  de  notices  biographiques  et  bi- 
bliographiques par  Alphonse  Séché.  T.  1 112 

Théâtre.  Un  Divorce,  pièce  en  trois  actes  [Paul  Bourget  et  André 

Cunj) 125 

Théâtre  (ïOscar  Wilde.  I    Les  Drame^>,  avec  une  étude  sur  Oscar 

Wilde,  par  Albert  Savine 519 

Alkestis,  pi^ce  en  cinq  actes  en  vers,  d'apr\s  Euripide  IBerthe 

Vadie-') 126 

Théâtre  [Léon  Duvauchel) 126 

La  Bonne  Lorraine,  chronique  nationale  [Jules  de  Marthold). .  .  127 

L'Aube  sur  Béthanie,  poème  dramatique  en  un  acte  [Jules  Leroux)  127 

La  Route  infinie,  pièce  en  un  acte  [L.-M.  Thémanlys) 127 

Le  Fiancé  distrait,  comédie  bouiïe  en  un  acte  [Paul  Gabriac). .  . .  509 

Yirgamelle  et  Patrouillot,  saynète  militaire  [ Ar y- Stéphane) ...  .  509 


—  581   — 

Lo  Jeune  Hcmime  du  sixième,  comédie  bouffe  en  un  acte  [Louis 

Desconihes) 509 

Le  Retraité,  scène  de  la  vie  de  bui-eau,  saynète  en  un  acte  (Charles- 
Albert  Janol) 509 

Décoré  par  téléphone,  conver.-^ation  téléphono-comique,  sans  fil,  à 

un  seul  personnage  (PaulDeroyre) 509 

Représentation  gratuite,  monologue  [Edouard  Bigot) 509 

Voyage  circulaire,  monologue  [Edouard  Bigot) 509 

Roinaus,  eonte>«  el  nouvelles.  L'Ile   des  Pingouins   [Anatole 

France) 12 

Le  Parasite  (^4.  Conan  Doyle);  trad.  par  Albert  Savine  et  Georges  i  i 

Michel ■ 16 

Monsieur  Gendron  va  au  peuple  [René  Thinj) 17 

Timandra,  courtisane  d'Athènes  [le  comte  Paul  d'Abbes) 17' 

La  Folle  Aventure  [André  Lirhtenberger) 18 

Après  !e  divorce  [Marie- Anne  de  Bovet) 18 

La  Jolie  Princesse  [Marie- Anne  de  Bovet) 18 

Les  Camp-Volantes  de  la  Riviera  (  G.  Réval) 18 

4        Le  Maître  de  la  terre  [Robcrt-Hugh  Benson):  trad.  de  l'anglais  par 

T.  de  Wyzewa 19 

Chez  les  heureux  du  monde  [Edith  Wharton):    trad.  de  Charles 

du  Bos 19 

Terre  fertile  [Paul  Samy) 20 

'        Les  Trois  Apôtres  (  Georges  Beaunie) 21 

La  Vie  lorraine.  Contes  de  la  route  et  de  l'eau  [Emile  Moselly). . .  21 
Les  Pvoutes  de  Gascogne,  contes  et  croquis  de  chez  moi  [Armand 

Praviel) 22 

Miguette  de  Cante-Cigale  {Emmanuel  Delbousquet) 22 

Mémoires  d'une  vieille  fille  (René  Bazin] 22 

Les  «  Pages  »  [Enée  Bouloc) 22 

Histoire  d'une  demoiselle  de  modes  [Philippe  Lautrey) 23 

Camille  Frison  [André  Vernières) 23 

Le  Miracle  de  Courteville  [Jacques  Nayral) 24 

Les  Détours  du  Cœur  [Paul  Bourget) 24 

Le  Petit  Jardin  de  dame  Mnrel,  ou  l'Idole  favorite  [Louis  De- 
monts)  25 

Au,  Cœur  de  la  vie  [Pierre  de  Coulevain) .  25 

L'Épreuve  de  JuHe  Faurelle  (Louis  Riballier) 26 

La  Vie  secrète  [Edouard  Estaunié) 27 

Les  Aventures  de  Bécot  [Paul  Leclercq) 289 

Un   Début  en  médecine   [Conan  Doyle);  trad.  de  l'anglais  par 

Albert  Savine 290 

La  Folle  Histoire  de  Fridoline  [Guy  Chantepleure) 290 

La   Femme   au  diamant  [Katherine   Green);   trad.    par  M™''   J. 

Heywod 290 

Le  Petit  Faune  (  Gustave  Hue) 291 

Clo  [Simone  Bodève) 291 

La  plus  forte  Chaîne  [Marie-Thérèse  Alem) 292 

La  Grande  Déesse  [Henri  Doris) 292 

Illusion  masculine  [Jean  de  la  Brète) 292 

La  Couronne  de  roses  [Edgy) 293 

L'Am.^  libre  [Brada) 293 

Carrière  d'artiste  (il/'^^e  Humphry  Ward)\  trad.  de  l'anglais  par 

Th.   Bentzon  et  A.  Fliche) 294 

Le  Cadet  ( C.  Nisson) 295 

L'Oraison   dominicale    [Gabrielle   Zapolska);   trad.    du   polonais 

par  Paul  Cazin 297 

L'Immolé  [Emile  Baumann) 297 

JiiN    1909.  T.  CXV.  36. 


—  515 -J  — 

Les    Confessions.    Récils    populaires    {Léo?i    Tolstoï);    ti'acl.    de 

J.-W.  Bienstock 300 

Le  Chat  maltais  (Rudyard  Kipling);  trad.  de  Louis  Fabulet  ei 

Artliur-Auslin  Jurksotj 30o 

Au  Blanc  et  Noir  (Rudyard  Kipling):  trad.  d'Albert  Savint...-.  300 

Œuvres  choisies  (Rudyard  Kipling) ; 301 

La  Grande  Ombre  (Arthur  Conan  Doyle);  trad.  d'Albert  Savine.  .  301 
Henri  d'Ofterdingen  (Novalis);  trad.  par   Georges  Polti  et  Paul 

Morisse.. • 301 

Terre  d'Oc  (Emile  Pouvillon] 301 

Les  Fronts  têtus,  contes  du  pays  d'Arvor  (Simon  Dn.vaugour] . . .  302 

Ceux  df  cliez  nous  (L^uis  Boulé] 30i! 

Jean  Luc  persécuté  (C.-F.  Ramuz) 303 

Rêve  de  lumière  (Jean  Blaize) 30m 

Au  temps  de  la  jeunesse  (Rohtrt  de  Traz) 303 

La  Vie  intérieure  (M^e  René  Waltz) 30  i 

Le  Fantôme  du  passé  (Grazzia  Deledda):  trad.  de  l'italien  par 

G.  Hérelle 304 

Les  Pénates  comtoises  (Léon  Monnicr) 365 

OuYra^es  pour  la  jeunesse.  Par  cpielle  autorité?  (Robert  Hugh 

Benson)  ;  trad.  par  H.  Frilley 49.'i 

Le  Barbier  Gracchus,  épisode  de  la  Terreur  lyonnaise  (  Jean  Drault)  49i'i 

Au  temps  de  l'Empereur  (Ernest  Daudet) 497 

En  1815,  récits  d'une  grar.d'mère  (Frne>t  Daudet) 497 

Les  Aventures  d'une  bourgeoise  de  Paris  (Myriam  Thelen)....  497 

Haine  de  femme  (Marion  Crawjord);  trad.  de  l'anglais 49^ 

Par  dessiis  les  vieux  murs  (Claude  Mancey) .*.  . .  49S 

La  Brisure  (Pierre  V Ermite) 49;-; 

Ma  Grande  (Paul  Margueritle) 499 

La  Romance  de  Joconde  (Mathilde  Alanic) ôO(» 

Au  But  (Marie  Thiéry) '. 50o 

Le  Sequin  d'or  (  Anne  Osmont) 50»i 

L'Anneau  fatal  [Charles  Foley) 50 1 

La  Race  qui  revit  (le  vicomte  du  Moley) 50  I 

Le  Trèfle  rouge.  Le  Secret  du  capitaine  (Norbert  Secestre) 501 

Criminelle  par  amour  (Arch.  Clavering  Gunter);  trad.  de  l'anglais 

par  M"e  L.  Zeys 502 

Le  Voueur  (Charles  Géniaux) 502 

Le  Patrimoine  (Marie  de  Vienne) 50:'. 

Huguette,  la  fille  de  l'imagier  (  Georges  Thierry) 503 

Le  Moulin  du  Grand-Bé  (Richard  Manoir) 503 

Le  Franc-Maçon  de  la  Vierge  (FI.  Bouhours) 503 

Par  le  dur  chemin  (Jean  Ducluseau) 50^ 

Jean  Chouan  (Roger  Duguet  et  J.  Rochebonne) 504 

Les    Divins    Jongleurs,    épisodes   de   l'épopée    franciscaine    [A. 

Bailly) 504 

En  Hiver  (Jean  des  Tourelles) 504 

Histoires  de  tous  les  jours  [Léon  Dupont) 50^ 

Méprise  (M.  Maryan) ■.••;•••  ^^* 

L'Ascension  d'une  âme.  Mârcienne  de  Flûe,  journal  de  la  vie  d'une 

femme  (Isabelle  Kaiser) 505 

L'Irrésistible  Force  {Jeanne  de  Coulomb). 505 

La  Force  cachée  (Jean  Thiéry) 50  ^ 

Veuve  de  quinze  ans  (B.  de  Buxy) 506 

Nicole  h  Marie  (  Gaston  Bergeret) 50 < 

Le  Journal  d'une  fille  d'honneur  (H.  de  Zobeltitz);  trad.  de  l'ai-  ^  ^ 

lemand  par  Joél  Ritt 5^i 

A  l'Ombre  de  l'Acropole  (Henri  Gucrlin) 50/ 

Rosèle,  souvenirs  d'une  marraine  [M.  d" Annsy) ^'^"^ 


—  503  — 

Marie-Rose  au  couvent  (J.  Leroy- Allais) 508 

En  passant  {Y.  cCIsné) 509 

Au  Pays  des  Binious  (  G.  Sevrette] 9 

Pério«li4«ies  illustrée  et  Albianii».  Le  Mois  littéraire  et  pit- 
toresque           9 

Les  Veillées  des  chaumières,  journal  bi-hebdomadaire  ilhistré. . .       10 

La  Ponpée  modèle.  Ptevue  des  petites  filles 11 

Épistoliors.  Correspondance  à' Alexandre  de  Humboldt  avec  Fran- 
çois Arago  (1809-1853),  publiée  avec  une  Préface  et  des  notes 
par  le  !>'"  E.-T.  Hamy 326 

Correspondance  de  Bory  de  Saint-Vincent,  publiée  et  annotée 

par  Ph.  Lauzun 429 

liittérature  f  miiçaise.  Le  Roman  sentimental  avant  «  l'Astrée  » 

(  Gustave  Reipiier) 430 

Jean-Jacques  Rousseau.  De  Genève  à  l'Hermitage  (1712-1757) 
{Louis  Ducros) 432 

Sur  Mérimée,  notes  bibliographiques  et  critiques  {Lucien  Pirwert).     331 

Le  Théâtre  contemporain  (/.  Barbey  d'Aurevilly)  (1866-1868)- 
(1868-1869) 156 

L'Esprit  de  J.  Barbey  d'Aurevilly.  Dictionnaire  de  pensées, 
traits,  portraits  et  jugements  tirés  de  son  œuvre  critique.  Pré- 
face par  Octave  Uzanne 158 

Aux  Sources  de  l'éloquence.  Lectures  commentées  (Marc  Sangnier)     244 

Du  Dilettantisme  à  l'action.  Études  contemporaines  (C.  Lecigne). 
ire  série 434 

Le  Clergé  à  l'Académie,  silhouettes  et  portraits  {Mgr  de  Mou- 
cheron ] '.  .  . .      245 

La  Bretagne  à  l'Académie  française  au  xix^  siècle,  d'après  des 
documents  inédits  {René  Kerviler) 436 

Nos  Femmes  de  lettres  {Paul  Fiat) 332 

liîttératureiii   étrangères.    Études    allemandes    {Edouard    de 

Morsier) 333 

The  Shakespeare  Apocrypha,  being  a  collection  of  fourteen 
plays  which  hâve  been  ascribed  to  Shakespeare,  edited  with 
Introduction,  notes  and  bibliography  by  G.  C.  F.  Tucker- 
Brooke , 437 

Elementos  de  literatura  preceptiva  {el  Dr.  D.  Manuel  Perena  y 
Puente) 533 

Nuevo  Libro  de  los  exemplos  {Alberto  Casanal  Spakery) 533 

^Vlélaiiges.  Les  Pas  sur  la  terre  {Adrien  Mithouard) , 435 

,  H.  Taine.  Pages  choisies,  avec  une  Introduction,  des  notices  et 

des  notes,  par  Victor  Giraud 329 

HISTOIRE 

Géographie  et  Voyages.  Atlas  général  Vidal- Lablache 229 

Atlas  universel  de  géographie  (  Vivien  de  Saint-Martin  et  F. 
Schrader).  No  75.  Etats-Unis,  feuille  Sud-Ouest 217 

L'Année  cartographique.  Supplément  annuel  à  toutes  les  pubh- 
cations  de  géographie  et  de  cartographie  {F.  Schrader) 217 

Régions  naturelles  et  noms  de  pays.  Étude  sur  la  région  pari- 
sienne {Lucien  Gallois) 220 

Les  Paysans  de  la  Normandie  orientale  (Pays  de  Caux,  Bray, 
Vexin  normand,  Vallée   de  la    Seine).    Étude    géographique 

JJules  Sion) '-^19 

Étude  sur  la  vallée  lorraine  de  la  Meuse  {J.  Vidal  de  la  Blache) .     220 

Le   Berry.    Contribution   à   l'étude  géographique  d'une  région 

française  {Antoine  Vacher) 22 1 


—  5n4  — 

Esquisse  toponymique  sur  la  vallée  de  Cauterets  (Hautes-Pyré- 
nées)   [Alphonse   Meillon) 222 

Nos  Frères  de  Bohême.  Le  Vieil  Alsacien  chez  les  Tchèques 
(Jeanne  et   Frédéric  Régamei;) î^222 

La  Côte  d'Azur  russe  (Riviera  du  Caucase),  voyage  en  Russie 
méridionale,  au  Caucase  occidental  et  en  Transcausasie  (Mis- 
sion du  gouvernement  russe,  1903)  (E.-A.  Martel) 5 

Villes  et  solitudes.  Croquis  d'Europe  et  d'Afrique  [P. -Louis 
Rivière) 218 

Voyage  de  deux  bénédictins  aux  monastères  du  Mont  Athos 
[D.  Placide  de  Meester) 159 

La  Sainte  Vierge  au  Liban  (Joseph  Goudard) 225 

Sur  les  grandes  routes  de  l'Asie  Mineure.  Les  Parcours  ferrés  de 

la  péninsule  [Jean  de  Nettancourt-Vaubecourt) 7 

La  Perse  d'aujourd'hui  (Iran,  Mésopotamie)  (Eugène  Aubin)..     226 

Autour  de  l'Afghanistan  (aux  Frontières  interdites)  (ie  comman- 
dant de  Bouillane  de  Lacoste) 6 

Indo-Chine  et  Japon.  Journal  de  voyage  (M.  et  M^^  Emile 
Jottrand) ., 225 

Le  Maroc  d'aujourd'hui  et  de  demain.  Rabat.  Études  sociales. 

(le  D^  Mauran) 223 

Sur  la  Côte  ouest  du  Maroc  (E.  Pobéguin) 223 

S,  A.  R.  le  prince  Louis-Amédée  de  Savoie,  duc  des  Abruzzes. 
Le  Ruwenzori.  Voyage  d'exploration  et  premières  ascensions 
des  plus  hautes  cîmes  de  la  chaîne  neigeuse  située  entre  les 
grands  lacs  équatoriaux  de  l'Afrique  centrale.  Relation  du 

D^  Filippo  de  Filippi:  trad.  par  Alfred  Poizat 224 

t        Trois  Années  de  chasse  au  Mozambique  (Guillaume  Vasse)....     224 

Mes  Croisières  dans  la  Mer  de  Behring.  Nouvelles  Chasses,  nou- 
veaux voyages  (Paul  Niediech):  trad.  de  l'allemand  par 
L.  Roustan 227 

Canada  et  Canadiens  (le  D^  Adrien  Loir) 227 

Les  Grandes  Antilles.  Étude  de  géographie  économique  (Daniel 
Bellet) 282 

Le  Brésil  au  xx^  siècle  (Pierre  Denis) ' 229 

Sào^Paulo  du  Brésil.  Notes  d'un  colon  français  (Louis  C«^«fco»«j         ^ 

Histoire  aiicieiiiie    Études  sur  l'histoire  financière  d'Athènes  au 

v^  siècle.  Le  Trésor  d'Athènes  de  480  à  404  (E.  Cavaignac) .  . .      169 
La  Frontière  de  l'Euphvate,   de   Pompée  à  la  conquête  arabe 

(  Victor  Chapot) 159 

Les  Deux  Camps  de  la  légion  III^  Auguste  à  Lambèse,  d'après 
les  fouilles  récentes  (R.  Gagnât) 334 

Hiiitoiro  de  fÉglise.  Le  Culte  de  la  Sainte  Vierge  en  Afrique,  d'a- 
près les  monuments  archéologiques  (le  R.  P.  Delattre) 335 

Histoire  des  conciles,  d'après  les  documents  originaux  (Charles- 
Joseph  Hefele).  Trad.  de  l'allemand  par  un  religieux  bénédictin 
de  Saint-Michel  de  Farnborough.  T.  II.  l'e  partie 62 

Histoire  du  concile  du  Vatican  depuis  sa  première  annonce 
jusqu'à  sa  prorogation,  d'après  les  documents  authentiques, 
ouvrage  du  P.  Théodore Granderath,  S.  7.,  édité  par  le  P.  Conrad 
Kirch,  S.  J.  ;  trad.  de  l'allemand.  T.  I".  Préliminaires  du 
concile 336 

La  Iglesia  y  el  obrero  (el  P.  E.  Guitart) 74 

nagiofirapliie.  BîofirapliieeeclésiiaBtique.  Saint  Ambroise 

(P.  de  Labriolle) • '. 245 

Les  Livivs  de  saint  Patrice,  apôtre  de  l'Irlande.  Trad.,  Introd.  et 

notes,  par   Georges  Dottin 416 

I  Fioretti,  les  petites  fleiu's  de  la  vie  du  Petit  Pauvre  de  Jésus- 


—  LJ()5  — 

Christ,  saint  François  d'Assise.  Trad.,  introd.  et  notes,  par 
Arnold  Goffin 416 

Saint  Thomas  Becket  [Wil-lXld]  {Mgr  Demimuid)  (hQs  Saints).     417 

Vida  de  santa  Teresa  de  Jesûs  [el  P.  Francisco  de  Ribera).  Nueva 
ediciôn  aumentada  con  una  Introducciôn,  copiosas  notas  y 
apendices  por  el  P.  Jaime  Pons 417 

Les  Martyrs.  VIII.  La  Réforme  (1573-1642)  (le  R.  P.  Dom  H. 
Leclercq) 418 

Une  Victime  de  la  Révolution.  Sœur  Marguerite  Rutan,  fille 
de  la  Charité  (Vabbé  Pierre  Caste) 419 

La  Vénérable  Anne- Marie  Javouhey,  fondatrice  de  la  Congi'éga- 
tion  de  Saint- Joseph  de'  Cluny  (1779-1851)  [le  chanoine  V. 
Gaillard)    (Les  Saints) . .  .  .- 420 

Vie  de  M.  l'abbé  Beulé,  fondateur  des  Sœurs  de  l'Immaculée-Gon- 
ception  de  Nogent-le-Rotrou  {Vabbé  Sainsot) 419 

L'Abbé  Béraud,  ancien  curé  de  Blanzy  et  de  Montceau-les-Mines, 
fondateur  d'orphelinats  {Vabbé  J.-R.  Chaillet) 420 

M.  l'abbé  de  Préyille  et  les  Œuvres  de  jeunesse  {Vabbé  E. 
Occre) 421 

Une  Religieuse  réformatrice.  La  Mère   Marie  du  Sacré-Cœur, 

de  1895  à  1901  {la  vicomtesse  cV Adhémar) i22 

Une  Sainte  Figure.  Mgr  Anger  Billards,  cliapelain  de  Notre- 
Dame  de  la  Délivrance,  chanoine  missionnaire  apostolique, 
chorévêque  d'Antioche,  prélat  mitre  de  Carthage,  vicaire 
général. de  Césarée,  etc.  (  Victor  Féli) 422 

Hi8toire[dii[inoyen[àge.[Les  Croisades  {Adrien  Fortin) 460 

HÎMtoire  «le  Franre .  The  Maid  of  France,  being  the  story  of  the  life 

and  death  ofJeanned'Arc  {Andrew  Long) 521 

Jeanne  d'Arc  d'après  M.  Anatole  France  (7.  Rricout) .t22 

Les  Reliques  de  Jeanne  d'Arc.  Ses  lettres  {le  comte  C.  de  Ma- 
leissye) 22 

Aux  Jeunes  Filles  de  France.  Les  Amies  de  Jeanne  d'Arc  (  V.-D. 

Artaud) 523 

La  Bienheureuse  Jeanne  d'Arc.  Ses  Vertus,  d'après  le  témoignage 
des  contemporains  [le  P.  Marie-Remard] 523 

Inventaire  des  archives  des  ducs  de  Grillon,  conservées  chez 
M.  le  marquis  de  Grammont,  publié  par  Jean  Cordey 338 

Le  Grand  Siècle  intime.   De  Richelieu  à  Mazarin  (1642-1644) 

{Emile  Roca) 438 

Les  Grands  Écrivains  de  la  France.  Mémoires  de  Saint-Simon. 
Nouvelle  édition  collationnée  sur  le  manuscrit  autographe,  etc-, 
avec  notes  et  appendices  [A.  de  Roislisle  et  L.  Lecestre). 
T.  XX 61 

La  Duchesse  de  Bourgogne  et  l'Alliance  savoyarde  sous  Louis  XIV 

{le  comte  d'Haussonville).  T.  IV 248 

Histoire  de  France  {Ernest  Lavisse).  T. VIII.  l^e  partie,  Louis  XR', 
la  fin  du  règne  (1683-1715).  [A.  de  Saint-Léger,  A.  Rébelliau, 
P.  Sagnac,  C.  Lavisse) 338 

Correspondance  générale  de  Carnot,  publiée  avec  des  notes  histo- 
riques et  biographiques  par  Etienne  Charavay.  T.  IV.  No- 
vembre 1793-mars  1795 62 

Œuvres  inédites  de  J'abbé  de  Bonneval  sur  la  Révolution,  publiées 
par  Vabbé  Eugène  Griselle 163 

Récils  des  temps  révolutionnaires,  d'après  des  documents  inédits 
{Ernest  Daudet) 439 

Le  Tribunal  révolutionnaire  (1793-1795)  (  G.  Lenotre) 339 

Fraternité  révolutionnaire  ;  études  et  récits,  d'après  des  docu- 
ments inédits  {Pierre  Bliard) 840 


—  56(i  — 

La  Guillotine  en  1793,  d'après  des  documents  inédits  des  Archives 
nationales  [Hector  Flelsehmarm) .  . 73 

Marie-Louise  et  la  Cour  d'Autriche  entre  les  deux  abdications 

(1814-1815)  [le  baron  de  Menneval) 524 

Souvenirs  d'un  sexagénaire  [A.-V.  Arnault).  Nouvelle  édition, 
avec  une  Préface  et  des  notes  [Auguste  Dietrich)    341 

Mémoires  de  la  comtesse  de  Baigne,  née  d'Osmond,  publiés  par 
Chartes  NicouUaud.  IV.  1831-1866.  Fragments 342 

L'Empire  libéral,  études,  récits,  souvenirs  [Emile  Ollivier). 
T.  XIII.  Le  Guet-Apens  Hohenzollern.  Le  Concile  œcumé- 
nique. Le  Plébiscite 64 

Souvenirs  de  l'Assemblée  nationale  (1871-1875)  [Paul  Bosq). . . .     526 

Histoire  reli^ieu^e.  Les  Assemblées  du  clergé  et  le  Jansénisme 

(l'abbé  J.  Bourlon) 441 

L'Église  de  Paris  et  la  Révolution  [P.  Pisani).  T.  I.  (1789-1792)     249 

Histoire  «le  l'enseiçinemeiit.  Quinze  ans  à  la  rue  des  Postes 

(1880-1895).  Souvenirs  (/'rtèèé  Léon  Jolhj) 164 

Histoire  «les  inslitiition)i>  et  «les  mcr-urs.  La  Franc-Maçon- 
nerie en  France,   des  origines  à   1815   [Gustave  Bord).  T.   I. 

Les  Ouvriers  de  l'idée  révolutionnaire  (1688-1771) 442 

Les  Filles  publiques  soas*a  Terreur,  d'après  les  rapports  di-  la 
police  secrète,  des  documents  nouveaux  et  des  pièces  inédites 

tirés   des  Archives   nationales  [Hector  Fleischmann)  : 533 

Souvenirs  d'un  Parisien  [Henri  Boucher).   2^  série  (1853-1862).     525 
Essai  historique  sur  les  Expositions  universelles  de  Paris  [Adolphe 
Démy) 441 

Histoire  «liplomatique  et  militaire.  Correspondance  du 
comte  de  la  Forest,  ambassadeur  de  France  en  Espagne  (1808- 
1813),  publiée  par  la  Société  d'histoire  contemporaine,  par 
Geoffroy  de  Grandmaison.  T.  II  (janvier-septembre  1809)....      528 

Correspondance  entre  Alexis  de  Tocqueville  et  Arthur  de  Gobi- 
neau (1843-1859),  publiée  par  L.  Schemann 352 

Vers  la  Bérésina  (1812),   d'après  des  documents   nouveaux  [le 

général-major  B.   B.   F.    Van    Vlijmen) 128 

Waterloo  (1815)  [le  général  Albert  Pollio)\  trad.  de  l'italien  par 

le  général  Goiran 129 

Anglais  et  Français.  Les  Anglais  au  combat.  Fontenoy,  Ligny  et 

Waterloo   [le   général   Zurlinden) 130 

Honneur    militaire.    Italie,  1859.    Cochinchine,    1882.    France, 

1870  (***) 133 

La  Intervenciôn  francesa  en  Mexico  Fegun  el  archivo  del  mariscal 
Bazaine.  Textos  espanol  y  francés.  Cuarta  y  quinta  partes, 
publicados  por  Genaro  Garcia. .  .  .  .^ 130 

Souvenirs  du  second  Empire.  Les  Etapes  douloureuses.  L'Em- 
pereur, de  Metz  à  Sedan  (le  baron  Albert  Verly) 131 

Le  Haut  Commandement  des  armées  allemandes  en  1870  (d'après 
des  documents  allemands)  [le  lieutenant-colonel  Bousset) 131 

Une  Campagne  dans  le  Haut-Tonkin  (janvier-mai  1896)  [le  capi- 
taine Bernard) 132 

Histoire  inaritinio  et  coloniale.  Saint-Domingue  (1629-1789). 
La  Société  el  la  vie  créoles  sous  l'ancien  régime  [Pierre  de 
Vais.'^ière) 250 

Histoire  nionasliqise.  Abrégé  de  l'Histoire  de  Port-Royal  (Jean 
Bacine),  d'après  un  manuscrit  préparé  pour  l'impression  par 
Jean-Baptiste  Racine,  avec  un  Avant-propos,  un  appendice, 
des  notes,  un  Essai  bibliographique  par  A.  Gazier 438 


—  5(i7   — 

Histoire  provinciale  et  locale.  La  Faculté  de  théologie  de 
Paris  et  ses  docteurs  les  plus  célèbres  [Vabbé  P.  Férei).  Époque 
moderne.  T.  IV.  xviii<^  siècle.  Phases  historiques 444 

Une  Paroisse  parisienne  avant  la  Révolution.  Saint-Hippolyte. 
Contribution  à  l'histoire  religieuse  et  ai'tistique  de  l'ancien  Paris 
{Vabbé  Jean    Gaston) 344 

Crouy-sur-Ourcq  et  Gesvres-le-Duc  (Seine-et-Marne)  [Georges 
Darneij) 444 

Inventaire  sommaire  de  la  collection  Bucquet-aux-Cousteaux, 
comprenant  95  volumes  de  documents  manuscrits  et  imprimés 
rassemblés  au  wiii*^  siècle,  sur  Beauvais  et  le  Beauvaisis  (le 

•   Z)r   Victor  Leblond) 251 

Mélanges  d'histoire  bretonne  (vi^-xie  siècle)  [Ferdinand  Lot)...  .      445 

Les  Costentin,  seigneurs  de  Tourville  et  autres  lieux  (Coutainville, 
Vauville,  Saint-Germain-le-Vicomte,  etc.)  [E.  Sarot) 252 

Histoire  du  diocèse  de  Troyes  pendant  la  Révolution  [Vabbé  A. 

Prévost).  T.  II 527 

La  Compilation  de  Bouhier  et  les  Coutumiers  bourguignons  du 
xive  siècle.  Le  Coutumier  bourguignon  de  Montpellier  [Ernest 

Champeaux) 74 

'     Le  Manuscrit  du  priein*  de  Sennely.  Une  Paroisse  de  Sologne 

au  XYii^  siècle  (1675-1710)  [Emile  Huet) 446 

Sainte-Suzanne  (Mayenne),  son  histoire  et  ses  fortifications 
[Robert  Triger).  Étude  publiée  pour  l'hi-toire  féodale,  avec 
la  collaboration  du  marquis  de  Beauche<-ne 253 

Loudun.  Histoire  civile  et  religieuse  [le  chanoine  A.  Lerosey) .  .  .  .      344 

LeUres  de  Samuel  Robert,  avec  une  Introduction  de  Georges 
Mussft 345 

('artulaire  de  la  commanderie  de  Richerenches  de  l'ordre  du 
Temple  (1136-1214),  publié  et  annoté  par  le  marquis  de  Ripert- 
Monclar 449 

La  Provence  à  travers  les  siècles  [Emile  Camau) 254 

Les  Comptes  du  roi  René,  publiés  d'après  les  originaux  inédits 
conservés  dans  les  ai'chives  des  Bouches-du-Rhône  [Vabbé 
Arnaud d' A gnel).  T.  I 447 

La  Corse  dans  l'antiquité  et  dans  le  haut  moyen  âge  [Xavier 
Poli).  Des  Origines  à  l'expulsion  des  Sarrazins 450 

QueMtions  du  jour  .     La  Presse  contre  l'Église  [L.-Cl.  Delfour).  450 

Rome  au  xx«  siècle  [Denis  Guibert) 347 

L'Idéal  moderne  [Paul  Gaultier) 255 

Mentalité  du  peuple  souverain.  Causes  et  remèdes  [J.  Schall). ...  66 
Études  sociales  et  politiques.  Cercle  Joseph  de  Maistre.  1''*'  année, 

février,  mars  1907 346 

Précis  de  l'afîaire  Dreyfus    [Henri  Dutrait-Crozon) 451 

Histoire  étrangère.  Guillaume  II  et  son  peuple  [Ihi  Pessi- 
miste) ;  trad.  de  l'allemand 347 

Le  Péril  prussien  [le  D^  d'Okvietko) 349 

L'Angleterre    chrétienne    avant   les    Normands    [Dom    Fernand 

Cabrol) 349 

Histoire  du  cathoHcisme  en  Angleterre  (  Gabriel  Planque) 460 

Études  de  diplomatique  anglaise,  de  l'avènement  d'Edouard  l^^ 
à  celui  de  Henri  VII  (1272-1485)  [Eugène  Déprez).  I.  Le  Sceau 

privé,  le  Sceau  secret,  le  Signet 25(>, 

The    Edwardian    inventories    for   Buckinghamshire,    edited    by 

F.  C.  Eeles,  from  transcripts  by  the  Rev.  /.  E.  Brown 452 

The  Elizabethan  parish  in  ils  ecclesiastical  and  fmancial  aspects 

[Sedley  Lynch  Ware) ^5 


—  rjf.s  — 

Le   Catholicisme   en   Angleterre   au   xx*^"  siècle   {Paul   Thureau- 

Dangin) 350 

Quelques  Pages  sur  le  mouvement  catholique  chez  les  femmes 

en  Angleterre  [L.  de  Beauriez] 266 

La  Hongrie  au  xx^  siècle.  Étude  économique  et  sociale  {Retié 

Gon  n  ard) 453 

Un  État  neutre  sous  la  Révolution.  La  Chute  de  la  république 

de  Venise  (1789-1797)  (André  Bonnefons) 66 

Pierre  le  Grand  et  le  Premier  Traité  franco-russe  (1682  à  1717 1 

[le  vicomte  de  Guichen) 257 

Lettres  et  papiers  du  chancelier  comte  de  Nesselrode,  1760-1850. 
Extraits  de  ses  archives,  publiés  avec  une  Introduction  par  le 

comte  A.  de  Nesselrode.  T.  V  (1813-1818);  t.  VI  (1819-1827) 258 

L'Expiation.  L'Escadre  de  Port-Arthur,  carnet  de  notes  du 
capitaine   de   frégate   Sémenoff,   présenté  par  le    commandant 

de  Balincourt 352 

La    Question    d'Orient   depuis   ses    origines   jusqu'à   nos   jours       ""^ 

[Edouard  Driault] 455 

Histoire  de   la  Turquie  (  Youssouf  Fehmi) 260 

Les  Relations  de  la  France  et  de  la  Turquie  au  xyii^  siècle  [Louis 

Rousseau).  T.  I"  (1700-1716) 260 

La  Révolution  tiirque    (  Victor  Bérard). 455 

Le  Réveil  de  la  Turquie,   études  et  croquis  historiques  [He/'- 

cule  Diamantopulo) 456 

La  Turquie  nouvelle  et  l'ancien  régime  {Joseph  Dcnais] 456 

Voix  canadiennes.  Vers  l'abîme  [Arthur  Savaète) 533 

Siographie  française.  In  grand  Marin.  Tourville  (1642-1701) 

[Emmanuel   de  Broglie) 353 

Voltaire  mourant.  Enquête  faite  en,  1778  sur  les  circonstances  de 
sa  dernière  maladie,  publiée  sur  le  manuscrit  inédit  et  annotée 
par  Frédéric  Lachèvre,  suivie  de  :  Les  Quatrains  du  Déiste,  ou 

î'Antibigot  et  de  :  Voltaire  et  Des  Barreaux 354 

Le  Conventionnel  Goujon  (1766-1793)  [L.  Thénard  et  R.  Guyot).     262 
Claude  Fauchet,  évêque  constitutionnel  du  Calvados,  député  à 
l'Assemblée   législative   et   à   la   Convention   (1744-1793)  (./. 

Charrier) 456 

Un  Girondin,  François  Buzot,  député  de  l'Eure  à  l'Assemblée 

constituante  et  à  la  Convention  (  1760-1794)  [Jacques  Hérissay).       67 
L'Égérie    de    Louis-Philippe.    Adélaïde    d'Orléans    (1777-1847), 

d'après  des  documents  inédits  {Raoul  Arjiaud) 69 

Mathieu  de  Montmorency  et  M™<^  de  Staël,  d'après  les  lettres 
inédites  de  M.  de  Montmorency  à  M^^^  Necker  de  Saus- 
sure [Paul  Gautier) 355 

Lamennais.  Sa  Vie  et  ses  doctrines  [Vabhé  Charles  Boutard).  II. 

Le  Catholici.sme  libéral  (1828-1834) 247 

Muses  romantiques.  Hortense  Allart  de  Méritens  dans  ses  rapports 
avec  Chateaubriand,  Béranger,  Lamennais,  Sainte-Beuve, 
G.  Sand,  Mn^^  d'AgouIt.  Documents  inédits  publiés  par  Léon 

Séché • 75 

HortcTise  Allart  de  Méritens.  Lettres  inédites  à  Sainte-Beuve 
(1841-1848),  avec  une  Introduction  et  des  notes  par  Léon  Séché.       75 

Taine,  historien  de  la  Révolution  française  [A.  Aulard) 162 

Le  P.  Lacordaire,  apôtre  et  directeur  des  jeunes  gens  {le  P.  Henri- 
Dominique  Noble) 161 

Louis  Bouilhet,  son  mili  "u,  ses  hérédités,  l'amitié  de  Flaubert 

[Etienne  Frère) 357 

La  Comtesse  ds  Valon,  Apollonie  de  la  Rochelambert,  souvenirs 
de  sa  vie,  sa  famille,  ses  amis,  ses  correspondants  (  G' «  Cié/nenî- 
Simon) 356 


—  :it>9  — 

Le  Capitaine  de  vaisseau  Rolland,  généra]  commandant  la  7^  divi- 
sion militaire  et  la  place  de  Besançon  en  1870-1871  [le  D^  Chal- 
lav  de  Belval) 70 

Simples  Souvenirs,  1859-1907  {le  comte  de  Pimodan) H58 

Portraits  de  financiers  (Ouvrard,  Mollien,  baron  Louis,  Gandin. 
Corvetto,  LafTite,  de  Villèle)  [André  Liesse) 360 

Apologétique  vivante.  Un  chrétien.  Journal  d'un  néo-converti 
(Lucien  Roure) 266 

Une  belle  Ame.  Histoire  intime  de  Jean  de  Rochevieilla  [Henni 
Calhiat) 461 

Les  Convertis  d'hier.  François  Coppée,  Ad.  Retté,  J.-K.  Huys- 
mans,  Paul  Bourget,  Ferdinand  Brunetière  [Alexis  Crosnier).     461 

Reflets  du  passé.  Nouvelles  Études  d"âmes  [Em.  Terrade) 359 

Figures  de  pères  et  de  mères  chrétiens  [Vabbé  H.  Bels).  V^  série.      168 

Biographie  étraiigèpe.  Lettres  du  prince  de  Metternichàla com- 
tesse de  Lieven,  1818-1819,  pubhées  avec  une  Introduction, 

une  Conclusion  et  des  notes,  par  Jean  Hanoteau 263 

Les  Maris  de  Marie-Louise,  d'après  des  documents  nouveaux  ou 
inédits  [le  docteur  Max  Billard] 72 

Mélanges.  Regards  en  arrière.  Les  Préfaces  de  «  la  Quinzaine    ■  ' 

(  G.  Fonsegrive) 1 69 

Biblîojsrrapltie.  Ex-lil»rif«.  Manuel  bibliographique  de  la  littéra- 
ture française  moderne,  1500-1900  [Gustave  Lanson).  L  Sei- 
zième siècle 529 

Catalogue  de  livres  choisis  pour  une  famille  chrétienne  (  Vu  Phc 
de  la  Compagnie  de  Jésus).  V^  et  2®  parties 266 

Bibliographie  raisonnée  des  Œuvres  de  Bossuet  [Vabbé  V.  Ver- 
laque) 361 

An  alphabetical  subject  index  and  index  encyclopaedia  to  perio- 
dicals  articles  on  reUgion,  1890-1899,  compiled  and  edited  by 
Ernest  Cushing  Richardson,  with  the  coopération  of  Charles 
S.  Thayer,  William  C.  Hanks,  Paul  Martin,  and  somehelpfrom 
A.  D.  Savage 165 

Library  of  Congress.  List  ofReferences  on  international  Arbitra- 
tion,  compiled  unter  the  direction  of  Appleton  Pr:i>tiss  Clark 
Griffin :  .      492 

Library  of  Congress.  List  of  boolis  relating  to  the  first  and  second 
banks  of  the  United  States  [Appleton  Prentiss  Clark  Griffin).       39 

Library  of  Congress.  List  of  more  récent  works  on  fédéral  control 
of  commerce  and  corporations  [Appleion  Prenùfs  Claris 
Griffin) 39 

Library  of  Congress.  Select  List  of  books  with  références  to  perio- 
dicals  relating  to  currencv  and  banking  [Appleton  Prentiss 
Clark  Griffin) \ 39 

International  Catalogue  of  scientific  Literature.  C.  Physics..  .  .  .      404 

Library  of  Congress.  List  of  books  with  références  to- periodicals 
relating  to  the  eight  hours  working  day  and  to  limitation  of 
working  hours  in  gênerai  [Appleton  Prentiss  Clark  Griffin)  ...        39 

3  500  ex-libiis  itahani,  illustrati  con  755  figure  e  da  oltre  2  000 
motti,  sentenze  e  devise  che  si  leggono  sugli  stemmi  e  sugU  ex- 
hbri.^,  con  840  incisioni  [Jacopo  Gelli) 167 


—  570  - 


TABLE     ALPHABÉTIQUE 

DES  NOMS  D'AUTEURS 


Abefs  (le  comte  Paul  d')  .....  17 
Abrl'zzes  (S.  A.  R.  !e  prince 

Louis- Amédée    de    Savoie, 

duc  des) ,....:.  224 

AcKER(Paul) 326 

AcosTA  (Luis  Gestoso  y) . .  . .  491 

Adam  (Pau!) 362 

Adhémar  (R.  d') 410 

Adhémar  (la  vicomtesse  d').  .  422 

Agnel  (l'abbé  Arnaup  d").  .  .  447 

AiCHER  (Georg) 210 

Alanic  (Mathilde) 500 

Alarcôn    y     Meléndez      (le 

P.Julio) N 485 

Alem  (Marie  Thérèse) 292 

Allart   de   Mébitrns    (Hor- 

tense) 75 

Allix  (E.) 31 

Allorge  (Henri) 115 

Alvarez  (le  P.  Fr.  Paulino)..  234 

Amado  (el  P.  Ramon  Ruiz).  .  101 

Andoyer  (H.) 410 

Armengaud  (jeune) 241 

Arnaud  (Raoul) 69 

Arnaud  d'Agnei.  (l'abbé)..  .  .  447 

Arnault  (A.-V.  1 341 

Arnould  (A.) . 459 

Artaud  (V.  D.) 523 

Arvisy  (M.  d") 508 

Ary-Stéphane 509 

Aubin  (Eugène  l 226 

AuBRY  (Pierre) 55 

AULARD    (A.)... 162 

Aurevilly  (J.  Barbey  d').     156. 156 

Aveline  (Guy  d') 123 

Bailly  (A.) 504 

Balincourt   (le  l'omniandant 

DE) 352 

Ballore   (le  comte   de   Mon- 

TESsus  de) 239 

Bannwart  (Clemensl 56 

Barbey  d'Aurevilly  (J.).    156,  158 

Barratin  (A.) 117 

Baruzzi  (Jean) 397 

Baudin  (P.\ 31 

Baudot  (Jules) 265,  362 

Baumann  (Antoine) 391 

Baumann  (Emile) 297 

Baunard  (MgiM 520 


Bayet  (Albert) 362 

Bazin  (René). 22 

Beauchesne  (le  marquis  de).  253 

Beauduin  (Nicolas) 120 

Beaume  (Georges) 21 

Beauriez  (L.  de) 266 

Beauvais  (Gaston) 122 

Bels  (l'abbé  H.) 168 

Belser  (Joh.) 211 

Bellet  (Daniel) 228 

Belval  (le  D''  Challan  de).  .  70 
Benso;;  (Robert  Hugh) ...      19,  495 

Bentzon  (Th.) 294 

Bérard  (Victor) 455 

Bergeret  (Gaston) 507 

Bernard  (le  capitaine) 132 

Berteloot  (Maurice) 38 

Berthet  (Marguerite) 119 

Bertrin  (Georges) 307 

Besson  (André) 113,  114 

Beuzart  (P.) 510 

Bienstock  (J.-W.). 300 

Bigot  (Edouard) 509 

Billard  (le  D' Max) 72 

Blaize  (Jean) >  303 

Blanc  (abbé  Éhe) 386 

Blancarnoux  (Paul) 427 

Blancarnoux  (Pierre) 427 

Bliard  (Pierre) 340 

Bodéve  (Simone) 291 

BoiGNE,  née  d'Osmond  (C^^sse 

de)..; 342 

BoisLisLE  (A.  de) 61 

BoLo  (Mgr  Henry) 108 

BoNNEFONs  (André) 66 

BoNNEVAL  (l'abbé  de) 163 

BoNNiER  (le  D"^  Pierre) 324 

Bord  (Gustave) 442 

BoRY  DE  Saint- Vincent.  .. .  429 

Bos  (Charles  du) 19 

BoscHOT  (Adolphe) 141 

Boso  (Paul) 526 

Bossuet 106 

BouASSE  (H.) 'i03 

BoucARD  (Louis) 510 

Boucher  (Henri) 525 

BouHOURS  (FI.) 503 

Bouillane    de    Lacoste    (le 

Com*  de) 6 

Boulé  (Louis) 302 


—  574  — 


BouLOG  (Enée) 22 

BOURDEAU  (J.^ 400 

BouRGET  (Paul) 24,125 

BouRLON  (l'abbé  J.) 441 

BouTARD  (l'abbé  Charles).  .  .  .  247 

BouTROUX  (Pierre) 387,409 

Bouvier    (l'abbé    Claude-Eu- 
gène)   103 

BovET  (Marie- Anne  de) 18 

Brada 293 

Brassac  (A.) 212 

Brenet  (Micliel) 139 

Breton  (J.-L.) 426 

Bricout  (J.). 522 

Brimont  (la  baronne  Antoine 

de) 120 

Brissemoret  (le  D') 312 

Broglie  (Emmanuel  de) 353 

Brooke  (G.  C.  F.  TucKER).  .  .  437 

Brown  (J.-E.) 452 

Bruneau  (Joseph) 511 

Brunschwig  (Léon) 387 

Bùchner  (D""  Louis) 148 

BuxY  (B.  de) 506 

Cabanes  (le  D') 306 

Cabrol  (Dom  Fernand) 349 

Cagnat(R.) 334 

Gaillard  (le  chanoine  V.) 420 

Calhiat  (Henry) 461 

Calvocoresst  (M.-D.) 140 

Camau  (Emile) 254 

Canudo  (Ricciotto) 145 

Capart  (Jean) 42 

Carette  (Ernest) 235 

Carnot -62 

Caron  (l'abbé  Max) 106 

Casabona  (Louis) 229 

Casamajor  (l'abbé  L.  de).   100,  459 

Cavaignac  (E.) 169 

Cazin  (Paul) 297 

Cerlogne    (l'abbé   Jean-Bap- 
tiste)   154 

Chaillet  (l'abbé  J.-B.) 420 

Challan  de  Belval  (le  D^).  .  70 

Chambellan  (le  P.  Henri)..  .  .  101 

Champeaux  (Ernest) 74 

Chantepleure  (Guy) 290 

Chapot  (Victor) 159 

Charaux  (Claude-Charles).  .  .  73 

Charavay  (Etienne) 62 

Charnacé  (le^marquis  de).  .  .  .  150 

Charpentier  ( J.-C.) 31 

Charpentier  (le  Dr  P. -G.)..  .  .  7 

Charpin  (Frédéric) 319 

Charrier  ( J.) 456 

Ch  AU  M  ET  (Charles) 327 

Chavagnes  (René  de) 481 

Chipier  (Eugène) 315 


Chollet  (abbé  J,-A.) 168 

Christian-Frogé  (R.) 117 

Clément-Simon  (G^^) 356 

Cochet  (F.  Ferd.)..  .; 364 

CoissAG  (G. -Michel) 328 

CoLLiN  (Paul) 114 

Colmet-Daage  (P.) 488 

CoMPÀiN  (H.) 428 

Compayré  (Gabriel). ...;....  391 

Comte  (Auguste) 386 

CoQUERET  (l'abbé  P.) 99 

Cordey  (Jean) , .  338 

CoRNÉLissEN  (Christian) 29 

CoRvisY  (A.) 407 

CosTE  (l'abbé  Pierre) 419 

CouLEVAiN  (Pierre  de) 25 

Coulomb  (Jeanne  de) 505 

CouLON  (Henri) 481 

Couvreur  (A.) 118 

CouYBA  (Ch.-M.) 51 

Couzet  (Henri) 265 

Cramaussel  (Edmond) 390 

Crawford  (Marion) 497 

Crosnier  (Alexis) 461 

CuRY  (André) 125 

Damé  (F.) 238 

Danguy  (Jacques) 427 

Dard  (l'abbé  A.) 104 

Darney  (Georges) 444 

Darsiles  (Raymond) 124 

Darzens  (Georges) 408 

Daudet  (Ernest) 439,497 

Dausch(P.) 204 

Davaugour  (Simon) 302 

Décante  (R.) 313 

Déchelette  (Joseph) 41 

Deherme  (Georges) 36 

Delacour  (André) 116 

Delattre  (leR.  P.) 335 

Delbousquet   (Emmanuel)..  22 

Deledda  (Grazzia^ 304 

Delfour  (L.-Cl.)..' 450 

Delpérier  (Louis) 37 

Demimuid  (Mgr) 417 

Demnia(G.) 121 

Demonts  (Louis) 25 

Démy  (Adolphe) 441 

Denais  (Joseph) 456 

Denis  (Pierre) 229 

Dentler  (E.) 211 

Denzinger  (Heinrich) 56 

Déprez  (Eugène) 256 

Deroyre  (Paul) 509 

Descombes  (Louis) 509 

Destrée  (Dom  Bruno) 329 

Devaureix  (le  général) 136 

DiAMANTOPULo  (HerculcL  .  .  .  456 

Dietrich  (Auguste) .     341,  392 


—  572  — 


DoMECQ  (Pabbé  J.-B.) 386 

DoRis  (Henri) 292 

DoTTiN  (Georges) 416 

DoYLE  (Conan) 16,  290,  301 

Drault  (Jean) 496 

Driault  (Edouard) 455 

Dubois  (Julien) 387 

DucLUSEAU  (Jean) 504 

Ducros  (Louis) 432 

DuGUET  (Roger) 504 

DuHEM  (Pierre) 516 

DujARDiN  (Edouard) 199 

DuPLAT  (Georges) 492 

Dupont  (Léon) 504 

Dutrait-Crozon  (Henri) 451 

DuvAucHEL  (Léon) 126 

Edgy 293 

Eeles  (F.  C.) 452 

Ellis  (Havelock) 308 

Enriques    (Frédéric) 387 

Errera  (Paul) 489 

EsTAUNiÉ  (Edouard) 27 

Fabry  (E.) 408 

Fabulet  (Louis) 300 

Fay  (Robert  de) 121 

Fayollet  (Henri) 490 

Fehmi  (Youssouf) 260 

FÉLi  (Victor) 422 

Félix  (le  R.  P.) 105 

FÉLIX  (Pierre) 364 

Féret  (l'abbé  P.) 444 

FERREREs(elP.  JuanB.)..  .   72,424 

FiLippi  (D' Filippo  de) 224 

FiNOT  (le  chanoine  F.) 98 

FiTZ  Patrick '413 

Flat  (Paul) 332 

Flavigny  (la  comtesse  de)  .  .  .  458 
Fleischmaînn  (Hector).  .  .      73,  533 

Fliche  (A.) 294 

Foley  (Charles) 501 

FOSEGRIVE  (G.) 169 

FoNTAiîSE  (André) 51 

Forestier  (J.-C.-N.) 429 

P'oRTiN  (Adrien) 460 

FoucRiÈRE  (Léon) 237 

Fournier  (le  chanoine  Fran- 
çois)   109 

France  (Anatole) 12 

François  DE  Sales  (saint)..  109 

Frère  (Etienne) 357 

Frilley  (H.) 495 

Fuzet(H.) 411 

Fuzier  (l'abbé) 105 

Gaboreau   (Joseph) 103 

Gaboreau  (Paul) 103 

Gabriac  (Paul) 509 

Gallois  (Lucien) 220 


Garcia  (Genaro) 130 

Gaston  (l'abbé  Jean) 344 

Gaultier  (Paul) 255 

Gaultier  (le  D'  René) 314 

Gautier  (D""  L.) 406 

Gautier  (PauD 355 

Gay  (Mgr  Charles) 106.110 

Gazala  (Mme) 123 

Gazier  (A.) 438 

Gelli  ( Jacopo) 167 

Géniaux  (Charles) 502 

Geoffroy  de  Grandmaison.  528 

Germano  (Girolamo) 242 

Gestoso  y  Acosta  (Luis^  ....  491 

GiLLET(leP.) ^ 102 

Giraud  (Victor) 329 

GiROD  (J.) 394 

GiROD  (Joseph) 412 

Glasson  (E.) 488 

Gobineau  (Arthur  de) 352 

GoFFiN  (Arnold) 416 

GoiRAN  (le  général) 129 

GoNNARD  (René) 453 

G0RGEU(P.) 413 

GouDARD  (Joseph) 225 

GoYAu  (Georges) 514 

Granderath  (le  P.  Théodore).  336 

Grandmaison  (Geoffroy  de)  528 

Gratry(A.) 206 

Grautoff  (Otto) 47 

Green  (Katherine) 290 

Griffin     (Appleton    Prentiss 

Clark) 39.492 

Grimal  (J.) 107 

Griselle  (l'abbé  Eugène).  ..  .  163 

GuÉGAN  (M.) 494 

GuERLiN  (Henri) 507 

GuiBERT  (Denis) 347 

Guibert  (I.K.. 149 

GuiCHEN  (le  vicomte  de) 257 

Guignebert  (Ch.) 148 

GuiLLON  (J.-M.) 5o2 

GuiTART(elP.  E.) 74 

Gunter  (Arch.  Clavering) ....  502 

GusMAN  (Pierre) 43 

GuYOT  (R.) 262 

HAMY(leDrE.-T.) 326 

Hanks  (Wilhain  C.) 165 

Hanoteau  (Jean) 263 

Haussonville  (le  comte  d')  . .  248 

Hauvette  (Henri) 48 

Hefele  (Charles-Joseph)....  62 

Heinisch  (Paul) 200 

Henry  (Félix) 236 

Hérelle  (G.) 304 

Hérissay  (Jacques) 67 

Hermant(P.) 387 

Hespers  (P.  Brunone  M.).  ...  54 


—  573  — 


Heywod  (M'ne  J.) 290 

HoLDER  (Alfred) 2V2 

HoLL  (F.) 141 

HoMANNER  (Wilhelm) 209 

HoNTHEiM  (Joseph) 197 

HouRTicQ  (R.) 386 

Hpfôl  (le  P.  Hildebrand) 204 

Hubert  (H.) 425 

Hue  (Gustave) 291 

HuET  (Emile) 446 

HUYSMANS  (J.-K.).. 46 

lOTEYKO  (Mlle) 390 

IsNé  (Y.  d') 509 

Jackson  (Arthur-Austin) .  .  .  .  800 

Jacquier  (E.) 213 

Janot  (Charles-Albert) 509 

John-Gérard 364 

JoLY  (l'abbé  Léon) 164 

Jollivet-Castellot  (F.) 34 

JONSHTON  (K.) 49 

JoRAN  (Théodore) 483 

Jottrand  (Emile) 225 

JoTTRA^D  (Mme  Emile) 225 

JUBARU  (F.) ,205 

JuGiE  (M.) 203 

JuiLLERÂT  (Paul) 314 

Kaiser  (Isabelle) 505 

Kerviler  (René) 436 

Kipling  (Rudyard) 300.  301 

KiRGH  (le  P.  Conrad) 336 

KoRTiNG  (Gustav) 60 

La  Blache  (J.  Vidal  de)  ...  .  220 

Laborie  (Ph.-G.) 100 

La  Brète  (Jean  de) 292 

Labriolle  (P.  de) 245 

Lachèvre  (Frédéric) 354 

Lacombe  (le  comte  H.  de)..  .  .  323 
Lacoste  (le  com*  de  Bouil- 

lane  de) 6 

Ladenburg  (A.) 407 

Lafargue  (Paul) 400 

Lafond  (Paul) 46 

La  Forest  (le  comte  de) 528 

La  Fosse  (H.  DES  Portes  de).  116 

Lagrange  (le  P.  M.-J.) 202 

Laisant  (C.-A.).. 411 

Lalo  (Charles) 146 

Laloy  (Louis) • 137 

Lambert  (le  R.  P.  J. -M.) 106 

Landrieux  (M.) 196 

Lanessan  (J.-L.  de).  . 392 

Lang  (Andrew) .  .  .■ 521 

Langlois  (le  général) 136 

Lanson  (Gustave) 529 

Lanusse  (l'abbé  Eugène) 401 

La  Perrière  ( J.  de) 321 

I^A  81ZERANNE  (Robert  de)  . .  .  49 


Lautrey  (Philippe) 23 

Lauzun  (Ph.) 429 

La    Vallée-Poussin     (Louis 

de) 532 

Lavisse  (G.) 338 

Lavisse  (Ernest) 338 

Leblond  (Mariiis-Ary) 395 

Leblond  (le  Dr  Victor) 251 

Lebois  (C.) 405 

Lecestre  (L.) 61 

Lecigne  (C.) 434 

LECLERCQ(leR.  P.  DomH.).  .  418 

Leclercq  (Paul) 289 

Lecouffe  (Gaston) 493 

Le  Dantec  (Félix) 307 

Le.ieune  (P.) 107 

Lemoine  (l'abbé) 99 

Lenotre  (G.) 339 

Lepin  (M.) 205 

L'Ermite  (Pierre) 498 

Lerosey  (le  chanoine  A.) 344 

Leroux  (Jules) ~.  127 

LERov(MgrA.) 320 

Leroy  (Eugène) 393 

Leroy  (le  P.  Hippolyte) 210 

Leroy-Allais  ( j.) 508 

Leroy-Beaulieu  (P.) 31 

Lescœur  (Ch.) 32 

Lesêtre  (Tabbé  H.) 316 

Letourneau  (le  D""  Ch.) 148 

LÉVY  (leD'P.-E.) 310 

Lichtenberger  (André) 18 

Liesse  (André) 360 

Lintelo  (le  P.  Jules) 107 

Loir  (le  D^  Adrien) 227 

Lot  (Ferdinand) 445 

LuBOMiRSKA  (la  princesse).. .  .  309 

Mach  (el  P.  José) 111,424 

Maigue  (Louis) 112 

Mâle  (Emile) 43 

Maleissye  (le  comte  C.  de).  .  .  522 

Malnoury  (Louis) 488 

Mancey  (Claudel. 498 

Mangenot  (l'abbé^ 147 

Manoir  (Richard).' 503 

Marbach  (Carolus) 54 

Marcaggi  (Ant.) 490 

Margueritte  (Paul) 499 

Marie  (le  Dr  A.) 309 

Marie-Bernard  (le  P.) 523 

Martel  (E.-A.) 5 

Marthold  (Jules  de) 127 

Martin  (Paul) 165 

Maryan  (M.) 504 

Mauclère  ( Jean^ 115 

Maugras  (E.) 494 

Mauran  (le  DO 223 

Maurel  (André) 49 


—  574 


Mauss(M.) 425 

Megk  (M.  de) 363 

Meester  (D.  Placide  de) 159 

Meillon  (Alphonse) 222 

Meininger  (Ernest) 48 

Menneval  (le  baron  de) 524 

Mentré(F.) 399 

MÉRITENS   (Hortense   Allaut 

de) 75 

Metternich  (le  prince  de)..  .  263 

Meunier  (Raymond) 309 

Meyenberg  (A.) 101 

Michel  (André) 40 

Michel  (Emile) Sq 

Michel  (Georges) •  16 

Michel  (Henri) 144 

Michelon  (Et.) 311 

Miketta  (Karl).. 197 

Millerand 31 

Minetti  (A.). 53 

Mithouard  (Adrien) 43.") 

Monclar  (le  marquis  de  Ri- 

PERT-) 449 

Monnier  (Léon) 365 

Montessus    de    Ballore    (le 

comte  de) , 239 

MoREAU-NÉLATON  (Etienne).  45,  46 

Morisot  (l'abbé) 100 

MoRissE  (Paul) 301 

MoRsiER  (Edouard  de) 333 

MosELLY  (Emile). 21 

MoTEY  (le  vicomte  du) 501 

Moucheron  (Mgr  de) 245 

MuN  (le  comte  Albert  de) 515 

Munro  (Robert) 429 

Musset  (Georges) 345 

Nansouty  (Max  de) 415 

Nau  (F.) 201 

Nayral  (Jacques) 24 

Nesselrode  (le  comte  de)..  .  .  258 

Nesselrode  (le  comte  A.  de).  258 
Nettancourt  -  Vaubecourt 

(Jean  de) 7 

Neumann  (B.) 406 

Nicoullaud  (Charles) 342 

NiEDiECK  (Paul) 227 

NiKEL(Johannes) 194,195 

Ni3son(C.) 295 

Noble     (le    P.     Henri-Domi- 
nique)   161 

NOVALIS 301 

Novicow  (J.) 30 

Occre  (l'abbé  E.) 421 

Okvietko  (le  D''  d') 349 

Ollivier  (Emile) 64 

OLLiviER(leP.  M.-J.) 208 

Onillon  (R.) 152 

Orlyé  (Jean  d') 364 


Osmont  (Anne) 500 

Oxenham  (Henri  E.) 511 

Palante  (G.) 393 

Palhoriès(F.) 397,398 

Parent  (Hortense) 144 

Pargame  (J.-M.) 306 

Parisot  (Edmond) 236 

Pascal  (Biaise) 387 

Passama  (Marc) 215 

Passarga  (le  commandant)..  136 

Paulhan  (Fr.) 394 

PÉLADAN 52 

Perdrizet  (Paul) 44 

Pere.xa  y  PuENTE  (Manuel).  .  533 

Pernot  (Hubert) 242 

Perrin  (Élie) -  411 

Peyerimhoff  (H.  de) 31 

PiAT  (Clodius)..... 388 

Picard  (Roger) 399 

Pimodan  (le  comte  de) 358 

Pinçon  (E.) 113 

Pinvert  (Lucien) 331 

PisANi  (P.) 249 

Planque  (Gabriel) 460 

Plauzoles  (le  D^SicARD  de).  312 

POBÉGUIN  (E.) 223 

POINCARÉ  (H.) 404 

Poiré  (Eugène) 47 

PoizAT  (Alfred) 224 

Poli  (Xavier) 450 

PoLLio  (le  général  Albert) 129 

PoLTi  (Georges) 301 

PoNs(elP.  Jaime) 417 

Portes  de  LA  Fosse  (H.  des).  116 

Portugal  (José  M.  de  Jesùs).  110 

PosT  (J.) 406 

PouviLLON  (Emile) 301 

Praviel  (Armand) 22 

Prévost  (l'âbbé  A.) 527 

Prévôt  (le  R.  P.  André) 110 

Prod'homme  (L.-G.) 141 

PROST(J.-C.-Alfred) 48 

Psycha(C.) 125 

Puente  (Manuel  Perena  y).  .  533 

Racine  (Jean) 438 

Ramuz  (C.-F.) 303 

Rauh(F.) 393 

Ray  (Jean) 396 

Ray  (Renée-J.) ' 396 

Rébelliau  (A.) 338 

Reclus  (L.) :..  411 

Redier  (J.) 314 

RÉGAMEY  (Frédéric) 222 

RÉGAMEY  (Jeanne) 222 

Reign AT  (l'abbé  Louis) 98 

RÉVAL  (G.) IS 

Reynier  (Gustave) 430 

Riballier  (Louis) 26 


—  575  — 


RiBERA  (el  p.  Francisco  de).  .  417 

RiCHARDSON  (Eiinest  Cushing).  165 
RiPERT-MoNCLAR  (le  marqiUs 

DÉ)..., 449 

RiTT  (Joël) 507 

Rivière  (P. -Louis) 218 

Robert  (Samuel) 345 

Robespierre 328 

RocA  (Emile) 438 

Roche  (le  commandant) 135 

Rochebonne  (J.) 504 

Rodet  (Paul) 429 

RoGuiN  (Ernest) 485 

RoHR  (Ignaz) 206 

Roland  (le  lieutenant  M.) .  .  .  .  132 

Rolland  (Eugène) 518 

Rolland  (Romain) 141,  142 

Roume 31 

Roure  (Lucien) 266 

Rouse-Ball  (W.) 413 

Rousiers  (P.  de) 31 

FioussEAu  (Louis) 260 

RoussET  (le  lieutenant-colonel)  131 

RousTAN  (L.) 227 

RusKiN 49 

RussELL  (Bertrand) 396 

Sabouret  (l'abbé  J.) 102 

Sagnac  (P.) 338 

Sahuqué  (Blanche) 118 

Saint-Léger  (A.  de) 338 

Saint-Martin  (Vivien  de)..  .  .  217 

Saint-Simon 61 

Sainsot  (l'abbé) 419 

Saint-Vincent  (BoRY  de)..  .  .  429 

Saintyves  (P.) 168 

Sales  (saint  François  de)  ...  .  109 

Samy  (Paul) 20 

Sangnier  (Marc) 244 

Sanmarti  (Primitivo) 265 

Sarot  (E.) 252 

Savaète  (Arthur) 533 

Savage  (A.  D.) 165 

Savine    (Albert),  16,  290,   300,301 

519 

Savoie,    duc    des   Abruzzes 
(S.  A.  R.  le  prince  Louis- 

AmédéeDE) 224 

SCHALL  (J.) 66 

Schemann  (L.) 352 

ScHiNz  (Albert) 400 

ScHOPENHAUER  (Arthur) 392 

Schrader  (F.) 217 

ScHULz  (A.) 196 

ScHURÉ  (Edouard) 231 

Schwitzguébel  (Adhémar)...  35 

Sébastian  (Victor) 427 

Séché  (Alphonse) 112 

SÉCHÉ  (Léon) 75 


Seligman  (Edwin  R.  A.) 490 

SÉMENOFF(le  capitaine  de  fré- 
gate)   352 

Sertillanges  (A.-D.) 483 

Sevestre  (Norbert) 501 

Sevrette  (G,) 9 

Sicard  de  Plauzoles  (le  D').  312 

SioN  (Jules) 219 

SouBiES  (Albert) 235 

Spakery  (Alberto  Casafial)..  .  533 

Spencer  (Herbert) 513 

Stefanowska  (Mlle  M.) 390 

Steiner  (RUjdolf ) 231 

Strachan  (John) 517 

Strowski  (Fortunat) 318,  395 

Surbled  (le  D''  Georges) 365 

SwARTs  (Fréd.) 406 

Tabarelli  (Richardo) 57 

Taine  (H.) 329 

Tasset  (Mme  Aline) 143 

Tchobanian  (Archag) 124 

Terrade  (Em.) 359 

Thayer  (Charles  S.) 165 

Thédenat  (Henry) 43 

Thelen  (Myriam) 497 

Thémanlys^  (L.-M.) 127 

Thénard  (L.) 262 

Thierry  (Georges) 503 

Thierry  (J.) 31 

Thiéry  (Jean) 506 

Thiéry  (Marie) 500 

Thiry  (René) 17 

Thureau-Dangin  (Paul) 350 

Tisserand  (Pierre) 511 

T1SSIER  (Albert) 488 

T0CQUEVILLE  (Alexis  de) 352 

Tolstoï  (Léon) 300 

Tourelles  (Jean  des) 504 

Touzard  (J.) 198 

Traz  (Robert  de) 303 

Triger  (Robert) 253 

Turpain  (Albert) 404 

TuRPiN(René) 122 

LTzanne  (Octave) 158 

Vacher  (Antoine) 221 

Vadier  (Berthe) 126 

Vaissière  (Pierre  de) 250 

Van  Biervliet  (J.-J.) 389 

Van  de  Waele  (A.) 387 

Van  derElst  (le  D-^  Robert).  311 

Vandervelde  (Emile) 33 

Van  Gennep  (A.) 308 

Van  Vlijmen  [Is  général-ma- 
jor B.R.  F.) 128 

VARioT(leDrG.) 314 

Vaschide  (N.) 309 

Vasse  (Guillaume) 224 


—  576  — 


Vki.i.av  (Claude) '-'^'^^ 

Verl.\qi:e  (l'abbé  V.) :<61 

Veri.v  (le  baron  Albert) 131 

Vermf.res  (André) '2:î 

Verrier  I  A. -J.) 152 

Vidai,  de  la  Blache  (.T.).     220,  229 

Vienne  (Marie  de) 503 

Villien  (A.) 423 

VoGELs  (Heinrich  Joseph) 207 

Wagner  (Richard) 141 

Waldis  (Joh.  Joseph  Klem.).  200 

Waltz  (M'np  René) 304 

\V\KD  (M"'''  Humphry^ 294 


Ware  (Sedlev  Lvnchi 75 

WEr.KER(0.) 207 

Wharton  (Edith) 19 

Wilde  (Oscar) 519 

Wyzewa(T.de) 19 

Zapolska  (Gabrielle) 297 

Zerolo 414 

ZEYs(MiieL.) 502 

ZoBELTiTZ  (H.  de) 507 

ZoLLA  (Daniel) 31 

Zoretti  (L.) 412 

ZuRLiNDEN  (le  général) 130 


TABLE   DE    LA    CHRONIQUE 


Nécrologie  :  Baraduc  (le  D''  Hip- 
polvte),  534.  —  Beaume  (Alexan- 
dre), 366.  —  Besnier  (le  Dr  Er- 
nest-Henri), "ioH.  BLAMPIG^ON 

(Mgr  Emile-Antoine).  76.  —  Ga- 
zelles (Émile-Honoré),  269.  — 
CoQUELiN  aîné  (Benoît-Constant), 
171.  —  Costa  de  Beauregard 
(le  marquis),  267.  —  Crawford 
(Frank  Marion),  463.  —  Fétis 
(Édouard-François-Louis),  270.— 
Gavdry  (Jean- Albert),  77.  — 
Gevaort  (François-Auguste),171. 
—  Grousset  iPaschal),  461.  — 
HAMY(Théodore- Jules-Ernest), 76. 
Kaltz  (Jules),  367.  —  Keller 
(Emile),  268.  —  Marcel  (Ga- 
briel, 171.  —  Me N DÈS  (Catulle), 
268.  —  Michel  (François-Emile), 
535.  —  Motet  (Auguste),  366.  — 
Naville  (Jules-Ernest),  535.  — 
Reyer  (Loi  is-Ernest  Rey  dit), 
170.  —  Saint- Yves  (le  marquis 
DE),  270.  —  SÉGuiER  (le  comte 
Ulysse-François- Ange  de), 536.  — 
Stoke.'-  (Whitleyi,  535.  —  Ver- 
laque  (labbé  Victor),  367.  — 
Wildenbruch  (Ernst  Adam  von), 
172. 

Lectures    faites    à    TAcadémie    des 
inscriptions   et  belles-lettres,   80, 

176,  273,  371,  467.  541. 
Lectures    faites    à   l'Académie    des 

sciences  morales  et  politiques,  80, 

177,  273,  372,  468,  542. 

Concours  et  Prix,  273,  372. 
Congrès,  542. 
Correspondance,  458,  531. 


Mélanges  :  Index,  179.  —  Institut 
international  de  technobibliogra- 
phie, 542.  —  Annuaire  pontifical 
catholique  pour  1909,  275.  — 
Agenda  et  annuaire  des  biblio- 
philes, 468.  —  Mélanges  Gode- 
froy  Kurth,  80.  —  Une  Vieille 
Histoire  qui  se  rajeunit.  La  Ques- 
tion d'Alesia  et  la  Question  d'A- 
laise, 276. 

Nouvelles  :  Paris,  82,  180,  277,  372, 
469,  543.  —  Anjou,  84,  181,  279, 
373.  —  Béarn,  374.  —  Beauvaisis, 
181.  —  Berrv,  279.  —  Boulonnais. 
85.  —  Bourgogne,  181,  280.  374. 

—  Bretagne,  375,  —  Cham- 
pagne, 182.  376,  470,  545.  ~ 
Dauphiné.  87,  472.  —  Flandre, 
280.  —  Franche-Comté,  87,  182, 
280,  376,  472,  545.  —  Gascogne, 
282.  —  Ile-de-France,  472.  — 
Languedoc,  89,  282,  378.  — 
Marche,  89.  —  Nivernais,  378.  — 
Normandie,  382.  —  Poitou,  473. — 
Savoie,  473.  —  Vendômois,  283. 

—  Vermandois.  185.   —   Algérie, 

186.  — Alsace.  89.  — Allemagne, 
90,   187,  378.  —  Angleterre,  90, 

187,  474.  —  Autriche  -  Hon- 
grie, 546.  —  Belgiqu\   187,  283, 

380,  474.    —   Espagne.    90,    188, 

284,  475.  —  Hongrie,  90.  — 
Irlande,  547.  —  Itahe,  91,   284, 

381,  475.  —  Suisse,  285,  475.  — 
Chine,    547.   —  Indo-Chine,  475. 

—  Brésil,  285.  -    États-Unis,  188, 

285,  381,  476.  ^ 

Pubhcations  nouvelles,  91,  189,  285, 
381,  477,  547. 


Fk.  Simon,  hcnne». 


Le  Gérant  :  C.HAPUIS. 


POLYBIBLION 


REVUE 
BIBLIOGIUPHIQUE   UNIVERSELLE 


Juillet  1909.  T    GXVI,  1. 


POLYBIBLION 


REVUE 

BIBLIOGRAPHIQUE  UNIVERSELLE 

PARAISSANT     TOUS      LES      MOIS 


PARTIE  LITTÉRAIRE 


DEUXIÈME     SÉRIE.     —    TOME     SoiXitIVTE-DIXIÈME 


ICENT-Sl  IZIE.MB    DE     LA    COLLECTION) 


PAIMS    (7*^) 


AUX     BUREAUX     DU     POLYBIBLION 

5,    RUE    DE    SAINT-SIMON,    5 


1909 


POLTBIBLION 

REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE  UNIVERSELLE 


ROMANS,  CONTES  ET  NOUVELLES 

Roman?  tanta  sist.'.s.  —  1.  Mémoires  d'une  50  H.-P.,  par  Paul  Arosa.  Paris. 
Stock,  1909,  in-18  de  ix-336  p.,  3  fr.  50.  —  2.  Infcnia,  par  Ci  éa  T.uctu=..  Paris, 
Garnier,  1909,  in-18  de  282  p.,  3  fr.  50.  —  3.  Immortelle  Pologne  I  par  Gabriel 
Dauchot.  Paris,  Perrin,  1909,  in-16  de  xviii-29't  p.,  3  fr.  50.  —  't.  Le  Drame  du 
Korosko,  par  CoNAN  Doyle;  traduit  de  l'anglais  par  Henry  F.vic.  Paris,  Hachette, 
1909,  in-16  de  2i't  p.,  1  fr. —  5.  Vers  plii^  de  joie,  roman  c/fiTa/mée  1995,  par  André 
GoDARP.  Paris,  Perrin,  1909,  in-16  de  3'.8  p.,  3  fr.  50. 

Romans  psychologiques.  —  (j.  Le  Prix  de  la  vie,  par  Henri  Davignon.  Paris, 
Plon-Nourrit,  1909,  in-16  de  343  p.,  3  fr.  50.  —  7.  Une  Leçon  de  'Ae,  par  Laurent 
Evrard.  Paris,  Mercure  de  France,  1909,  in-18  de  239  p.,  3  fr.  50.  —  8.  Leur  Vic- 
time, par  Jules-Philippe  Heu7ey.  Paris,  Perrin,  1909,  in-16  de  277  p.,  3  fr.  50.  — 
9.  Au  bord  de  r idyUe,  yiSlI'  Prosveb.  Dor.  Paris,  Sansot,  1908,  in-18  de  288  p.,  3  fr.  50. 

—  10.  L'Otage,  par  Henry  Buteau.  Paris,  Plon-Nourrit,  1909,  in-18  de  303  p., 
3  fr.  50.  —  11.  Sœurette,  par  Paul  Lacour.  Paris,  Perrin,  1909,  in-16  de  247  p., 
3  fr.  50.  —  12.  L'Été  de  Guillemette,  par  Henri  Ardel.  Paris,  Plon-Nourrit,  1909, 
in-16  de  314  p.,  3  fr.  50.  —  13.  Le  Reste  est  silence...,  par  Edmond  Jaloux.  Pario, 
Stock,  1909,  in-12  de  257  p.,  3  fr.  50. 

Romans  historiques.  —  14.  Les  Défenseurs  (histoires  lorraines],  par  Jean  Tanet. 
Paris,  Bloud,  1909,  in-16  carré  de  137  p.,  avecgrav.,  1  fr.  50.  —  15.  La  Déroute,  par 
G.  Erastoff;  trad.  de  Marie  Redgar  et  Iann  Karmor.  Paris,  Emile  Nourry, 
1909,  in-18  de  xtx-435  p.,  3  fr.  50. 

Romans  de  mœurs.  —  16.  Les  Demoiselles  de  la  poste,  par  Paul  Bonhomme.  Paris, 
Plon-Nourrit,  1909,  in-16  de  326  p.,  3  fr.  50.  —  17.  Sœur  Marie-Odile,  par  Charles 
d'Ollone.  Paris,  Lemerre,  1909,  in-18  de  265  p.,  3  fr.  50.  —  \S. Bourgeoises  artistes, 
par  Henriette  Bezançon.  Paris,  Plon-Nourrit,  1909,  in-16  de  302  p.,  3  fr.  50.  — 
19.  iesDeur/îo{<tes,  par  Paul  Tany.  Paris,  Perrin,  1909,  in-16  de  269  p.,  3  fr.  50. 

—  20.  Le  Roi  des  milliards,  par  Henry  Gréville.  Paris,  Plon-Nourrit,  1909,  ia-16 
de  383  p.,  3  fr.  50. —  21.  L'Armoire  au  linge  blanc,  par  Armand  Delmas.  Paris, 
Plon-Nourrit,  s.  d.,  in-16  de  271  p.,  3  fr.  50.  —  22.  Les  Pays  de  France.  Passions 
celtes,  par  Charles  Le  Goffic.  Paris,  Nouvelle  Librairie  nationale,  s.  d.,  ia-16  de 
179  p.,  2  fr.  —  23.  Trois  Troupiers,  par  Rudyard  Kipling;  trad.  de  Albert 
Savine.  Paris, Stock,  1908,  in-18  de  341  p.,  3  fr.  50. ~  2k.  La  Lanterne  magique,pAr 
Paul  Margueritte.  Paris,  Plon-Nourrit,  s.  d.,  in-16  de  306  p.,  3  fr.  50.  —  25. 
Colette  Baudoche,  histoire  d'une  jeune  fdle  de  Metz,  par  Maurice  Barrés.  Paris, 
Juven,  s.  d.,  in-16  de  vii-258  p.,  3  fr.  50. 

Romans  fantaisistes.  —  1.  La  poésie  «  prête  à  tout  un  esprit,  un 
visage  »;  M.  P.  Arosa  a  prêté  en  outre  «  une  plume,  de  Tencre,  et  tout 
ce  qu'il  faut  pour  écrire  »,  à  une  voiture  automobile;  de  là  ces  Mémoi- 
res d'une  50  H.-P.,  qui  a  beaucoup  vu,  beaucoup  retenu,  très  peu  lu; 
le  temps  lui  a  manqué  !  Elle  est  très  douce,  très  souple,  très  astiquée, 
mais  pas  lettrée;  elle  a  gagné  des  Coupes  et  des  Circuits;  elle  aurait 
de  la  peine  à  gagner  un  prix  de  style.  Ses  aventures  n'en  sont  pas 
moins  intéressantes.  Elle  a  eu  plusieurs  maîtres,  dont  un  venait  de  se 
marier;  plus  attentif  à  sa  compagne  de  route  qu'à  son  volant,  il 
s'écrabouilla,  Lui,  Elle  et  sa  voiture.  La  voiture  put  être  réparée; 
elle  fit  un  long  séjour  à  l'infirmerie,  en  compagnie  d'autres  éclopées, 


—  6  — 

avec  qui  elle  causa  et  se  disputa.  Rendue  à  la  circulation,  elle  fut 
volée,  truquée,  retrouvée.  Elle  aurait  pu  faire  une  longue  carrière 
encore,  sans  l'Amour,  qui  la  perdit  !  Elle  s'amouracha  d'un  canot 
automobile,  amarré  près  d'elle;  pendant  la  nuit,  quand  tout  reposait, 
et  que  les  chauffeurs  étaient  dans  leur  lit  (du  moins  il  faut  le  croire), 
elle  s'échauffa  au  point  de  sauter  sur  le  bien-aimé.  Elle  ignorait,  l'in- 
nocente, le  sort  qui  les  attendait,  elle  et  lui  :  ils  coulèrent  à  pic  tous 
deux  !  —  La  fantaisie  est,  elle  aussi,  innocente,  —  un  peu  plus  que 
les  treize  autres  petites  nouvelles  qui  terminent  le  voljme. 

2.  —  Il  y  avait  une  fois  un  frère  et  une  sœur  qui  étaient  nés  dans 
une  étoile;  ils  y  coulèrent  des  jours  heureux.  Mais  un  jour,  le  sort  les 
condamna  à  renaître  sur  la  terre,  appelée  Inferna  par  opposition  au 
domicile  supérieur  qu'ils  venaient  de  quitter;  mais  ils  ne  renaquirent 
pas  dans  la  même  famille,  ni  sur  le  même  point  de  la  planète  infé- 
rieure; le  caprice  du  sort,  déjà  nommé,  fit  de  la  sœur  une  Française 
et  du  frère  un  Anglais.  Mais  une  bohémienne,  pour  laquelle  le  susdit 
sort  n'avait  pas  de  secrets,  révéla  aux  deux  intéressés  qu'ils  se  retrou- 
veraient. Et  en  effet  ils  se  retrouvèrent,  lui,  uni  librement  à  sa  cui- 
sinière, elle,  mariée  en  justes  noces  à  un  brave  homme,  qui  était  fou. 
Ils  recommençaient  à  couler,  à  recouler  ensemble  des  jours  heureux, 
lorsque  le  sort  (quatre  fois  nommé)  envoya  une  pleurésie  à  la  sœur,  dont 
elle  mourut.  Le  frère  voulut  prouver  au  monde,  l'inférieur  comme  le 
supérieur,  que  «  la  vie  triomphe  de  la  mort  »:  il  eut  un  second  enfant 
de  sa  cuisinière.  —  L'auteur  me  pardonnera  d'avoir  classé  cette  œuvre, 
qu'il  semble,  lui,  prendre  très  au  sérieux,  parmi  les  fantaisies; 
c'était  la  seule  manière  d'en  parler  avec  indulgence. 

3.  —  Et  de  même  pour  ImmorleUc  Pologne  !  Comme  étude  de  mœurs, 
elle  est  négligeable  ;  la  matière  peut  s'en  retrouver  toute  dans  des  dic- 
tionnaires d'histoire  et  de  géographie;  mais  le  roman  qu'il  y  ajoute 
est  d'une  fantaisie  très  personnelle,  si  personnelle  qu'il  convenait 
de  le  placer  sous  cette  rubrique.  • —  C'est  un  Journal  intime,  une 
suite  de  Sensations  \  en  voici  le  résumé,  dans  le  cadre  même  et  le  ton 
adoptés  par  l'auteur  :  «  A  peine  au  sortir  de  l'enfance,  vingt  ans  à 
peine  je  comptais,  Lola  trahit  ma  confiance,  Lola,  la  femme  que 
j'aimais  I  (Ces  rimes  ne  sont  peut-être  pas  de  l'auteur,  mais  je  garantis 
le  sens).  Lola  était  belle,  vous  le  savez,  quoique  plus  bête  encore; 
mais  je  l'aimais,  ah  !  Sa  trahison  faillit  me  rendre  fou.  J'eus  besoin 
de  consolations.  Oh!  Je  les  cherchais  dans  les  prix  doux;  «  je  m'en 
fourrai  jusque  là  »,  comme  disait  un  académicien  du  second  Empire. 
La  plus  consolante  de  toutes  s'appelait  Claudine.  Elle  était  Polonaise, 
mais  elle  n'en  disait  rien,  par  respect  pour  Kosciusko.  J'eus  l'honneur 
de  mériter  sa  confiance;  elle  me  confia  le  secret  de  sa  nationaUté,  en 
ajoutant  :  Chérimènemy  !  Je  compris  qu'elle  me  demandait  d'aller 


—  7  — 

voir  sa  patrie,  avec  elle.  Docile,  j'y  allai,  mais  sans  elle.  Dès  mon 
arrivée,  j'y  rencontrai  Aniela  !  Ah  !  la  délicieuse  enfant  !  Elle  me  fit 
voir  du  pays,  je  veux  dire  qu'elle  me  fit  visiter  et  connaître  la  Polo- 
gne. Elle  fit  plus;  elle  me  fit  des  confidences  sur  tous  les  capitaines, 
les  hommes  politiques,  les  poètes  de  son  pays,  conférences  si  remar- 
quables que  je  les  ai  reproduites  ici,  sans  y  changer  un  mot,  de  la  page 
101  à  la  page  230;  j'ai  seulement  pris  soin  de  mettre  ces  pages  entre 
guillemets,  pour  bien  marquer  que  je  n'en  suis  pas  l'auteur;  il  faut 
rendre  à  Aniela  ce  qui  est  à  Aniela.  Quelle  admirable  jeune  fille  1  Quel 
génie  !  Quel  historien  !  Quel  esthéticien  !  Quel  critique  !  Aussi  ne  f  us-je 
pasétonné  d'apprendre  qu'elle  allait  épouser  un  berger,  lequel  d'ailleurs 
était  un  grand  artiste  lui  aussi,  attendu  qu'il  jouait  supérieurement 
de  la  flûte  !  Oh  !  cette  flûte  !  Vous  ne  serez  pas  étonné  d'apprendre, 
vous  non  plus,  que  je  quittai  la  Pologne  en  proie  à  de  nouveaux 
chagrins  et  avec  le  besoin  de  nouvelles  consolations.  Claudine  étant 
encore  disponible,  je  m'adressai  à  elle,  et  pour  lui  prouver  ma  recon- 
naissance, je  l'installai  chez  moi,  je  la  comblai  de  bonheur  et  de 
petits  cadeaux.  Elle  en  fut  touchée,  à  ce  point  qu'elle  se  suicida.  Vive 
la  Pologne,  Messieurs  !»  —  Je  me  permettrai  d'ajouter  à  cette  analyse, 
exacte  et  fidèle  jusqu'au  scrupule,  le  renseignement  suivant  :  un  des 
premiers  chapitres  (il  y  en  a  dix-sept)  est  intitulé  :  Mystère  d'al- 
côve !  ■ —  et  l'avant-dernier  :  Mystère  !  Tout  s'explique  !  —  Post- 
scRiPTUM.  Une  préface  de  18  pages  précède  cette  composition  peu 
banale;  elle  est  de  M.  Teodor  de  Wyzewa;  elle  est  donc  exquise,  pleine 
d'admiration  pour  la  Pologne,  et  très  discrète  sur  Immortelle 
Pologne! 

4.  —  La  fantaisie  du  Drame  du  Korosko  est  moins  subjective,  si  l'on 
peut  dire;  les  données  en  ont  été  empruntées  à  l'histoire,  et  l'auteur 
nous  laisse  libre  de  croire  que  «  ceci  n'est  pas  un  conte  ».  La  scène 
se  passe  en  Egypte,  dans  le  haut  Nil,  aux  confins  du  pays  des  Der- 
viches. «  Est-ce  qu'il  y  a  seulement  des  derviches?  »  dit  en  ricanant 
un  journaliste  français  à  des  touristes  anglais,  embarqués  avec  lui 
sur  le  Korosko  et  remontant  le  Nil;  «  c'est  l'Angleterre  qui  les  a  in- 
ventés pour  nous  conter  des  blagues  et  nous  faire  admirer  ses  faux 
héros.  ))  Il  n'avait  pas  fini  de  ricaner,  que  la  caravane,  descendue  à 
terre,  fut  enveloppée  par  une  troupe  de  derviches  armés  jusqu'aux 
dents,  montés  sur  des  chevaux  rapides  comme  le  vent  et  emmenée  pri- 
sonnière du  côté  de  Khartoum.  Quelles  souffrances  elle  eut  à  endurer, 
quel  héroïsme  elle  déploya,  —  en  la  personne  principalement  du 
journaliste  gouailleur,  ■ —  et  comment  finalement  elle  fut  délivrée  par 
des  soldats  de  l'armée  régulière,  non  sans  avoir  perdu  quelques-uns 
de  ses  membres,  tel  est  le  drame  très  intéressant  que  nous  raconte 
le    célèbre  fantaisiste  anglais,  et  avec  une  humour  qui   rappelle  la 


verve  —  (ayons  le  courage  de  le  dire)  • —  de  notre  vieil  Alexandre 
Dumas  père;  encore  est-il  que  cette  verve  avait  je  ne  sais  quoi  de  plus 
léger,  de  plus  spirituel,  de  plus  français,  quoi  !  —  Plaise  à  nos  anglo- 
manes  de  ne  pas  l'oublier  ! 

5.  —  Vers  plus  de  joie  est  une  fantaisie  logique.  Etant  donné  ce  qui 
est  aujourd'luii,  qu'est-ce  qui  sera  en  1995?  Et  comment,  d'ici  là, 
préparer  et  conduire  le  monde  vers  plus  de  bonheur,  les  hommes  vers 
plus  d'humanité,  les  croyants  vers  plus  de  foi  et  surtout  vers  plus 
d'actes?  Tel  est  l'espèce  de  problème  que  s'est  imposé  de  résoudre 
M.  Godard.  Il  l'a  fait,  inutile  de  le  dire,  avec  la  vigueur  et  l'élévation 
d'esprit  qui  caractérisent  ses  précédentes  œuvres.  Quelques-uns  de  ses 
jugements  sur  le  passé,  quelques-unes  des  mesures  qu'il  propose  pour 
l'avenir  prêteront  peut-être  à  controverse;  je  remai'que  notamment 
ce  résumé  de  notre  histoire  pédagogique  :  «  La  sombre  éducation  de 
l'ancienne  France  avait  préparé  des  esprits  trop  durs,  ou  bien  des  âmes 
révoltées.  Le  caporalisme  de  l'Université  impériale  dessécha  ensuite 
toute  sève.  Les  jésuites  surent  à  peu  près  seuls  se  faire  les  amis  de 
leurs  élèves;  mais  ils  développèrent  trop  l'esprit  de  caste  et  oublièrent 
la  nature.  Le  clergé  séculier  restaura  les  études  classiques;  mais  cette 
besogne  priva  les  paroisses  de  prêtres  éclairés,  car  il  n'a  pas  été  dit  :: 
Allez,  enseignez  le  grec  et  la  rhétorique...  »  Tout  n'est  peut-être  pas 
faux  dans  ces  jugements  sommaires  :  mais  je  vois  d'ici  quels  lec- 
teurs fronceront  le  sourcil  et  les  trouveront  un  peu  trop...  sommaires 
et  catégoriques.  Il  es)^  vrai  qu'en  logique  il  n'existe  pas  de  nuances; 
le  positiviste  chrétien  qu'est  M.  A.  Godard  le  sait  très  bien  et  il  sait 
aussi  ce  que  vaut  la  logique  dans  l'ordre  des  réalités  positives,  passées 
ou  futures.  Et  alors?  Alors  le  monde  en  1995  sera  peut-être  différent 
de  ce  que  le  voit  M.  A.  Godard;  mais  soyez  sûr  que  s'il  a  «  plus  de 
joie  »  et  plus  de  vertus,  ce  sera  grâce  aux  efforts  des  «  hommes  de 
bonne  volonté  )>,  parmi  lesquels  Fauteur  de  ce  li\Te  a  déjà  pris  sa 
place  et  à  un  rang  si  honorable. 

Romans  psychologiques.  —  6.  • —  «  Sachez-le,  le  prestige  des 
familles  comme  les  nôtres  est  fait  de  leur  long  contact  avec  la  terre 
transmise  de  père  en  fils.  II  déchoit,  il  s'en  va  en  poussière,  en  vanité, 
si  on  le  monnaie  ou  si  on  le  troque  contre  des  plaisirs  mondains.  Nous, 
nous  n'avons  pas  à  chercher  ailleurs  le  Prix  de  notre  vie\  il  est  tout 
entier  dans  l'amour  du  sol  et  la  continuation  de  ce  qu'ont  fait  nos 
aïeux  »  (p.  120).  Ces  fortes  paroles  résument  l'idée  générale  de  ce 
roman  sur  le  Prix  de  la  vie;  inutile  d'en  faire  ressortir  la  haute  portée. 
Voici  maintenant  les  faits  destinés  à  mettre  cette  idée  en  lumière,  ou 
qui,  du  moins,  reçoivent  d'elle  un  surcroît  d'intérêt.  La  fille  d'un 
«  terrien  »  ruiné  avait  épousé  le  fils  d'un  banquier;  elle  fut  trompée 
par  son  mari  et  un  peu  plus  ruinée  par  son  beau-père,  qui  perdit 


—  9  — 

dans  une  dernière  spéculation  toute  sa  fortune  et  sa  vie,  par-dessus  le 
marché. Or  la  malheureuse  femme  avait  une  consolation  à  sa  portée,  et 
la  plus  douce  de  toutes,  au  gré  des  âmes  romanesques  et  de  leurs 
historiographes,  les  romanciers  :  l'Amour  !  ■ —  l'amour  d'un  honnête 
et  loyal  voisin,  qu'elle  avait  elle-même  toujours  aimé,  sans  s'en  douter. 
Mais  elle  sut  s'en  passer;  elle  fit  plus!  Elle  détourna  d'elle  cet 
amour  et  le  dirigea  vers  une  autre,  vers  une  jeune  fille,  choisie  par 
elle,  et  qu'elle  lui  fit  épouser.  Elle  fit  plus.  Elle  essaya  d'aimer  son 
mari,  et  si  peut-être  elle  n'y  parvint  pas,  elle  le  sauva  de  l'oisiveté 
et  du  déshonneur.  Tout  cela  parce  qu'elle  était  «  terrienne?  «  Peut- 
être  !  Mais  surtout  parce  qu'elle  était  chrétienne  et  qu'elle  avait  pris  de 
bonne  heure  l'habitude  de  placer  «  le  prix  de  la  vie  »  ailleurs  que  dans 
la  recherche  du  bonheur.  Il  y  a  encore  de  par  le  monde  des  femmes 
d'employés,  de  pâtissiers,  de  boutiquiers,  qui  en  sont  là,  sans  être 
terriennes;  et  il  y  en  aurait  bien  davantage  et  dans  les  boutiques, 
et  dans  les  fermes  et  dans  les  châteaux,  si  les  romans  qu'on  y  lit 
étaient  inspirés  du  même  esprit  que  celui-ci  et  donnaient  les  mêmes 
leçons. 

7.  • —  Une  L'^çon  de  vie  est  d'un  spiritualisme  moins  pur;  mais  le 
réalisme  pratique  n'en  est  pas  négUgeable.  Une  femme  s'aperçoit 
que  son  mari  la  trompe,  sans  cesser  pourtant  de  l'aimer;  elle  se  résigne 
au  partage,  non  sans  avoir  lutté  longtemps  pour  le  faire  cesser. 
«  Il  faut  savoir  se  contenter  de  peu  !  »  c'est  la  leçon  que  donne  la  vie 
à  la  pauvre  femme.  Si  elle  donne  cette  autre  au  mari  :  «  On  ne  peut 
pas  servir  deux  maîtres  à  la  fois,»  chacun  aura  sa  part  de  morale;  mais 
ni  l'un  ni  l'autre  n'aura  une  morale  entière.  Aussi  bien,  c'est  moins 
la  morale  que  la  psychologie  qui  fait  la  valeur  de  cette  double  étude 
de  l'infidéUté  repentante  et  presque  amoureuse  d'une  part,  de  la 
jalousie  furieuse  et  résignée  d'autre  part.  Et  c'est  aussi  la  finesse  de 
l'observation,  à  laquelle  s'ajoute  1b  finesse  de  l'expression.  Que  dites- 
vous  de  ceci,  par  exemple  :  «  Dans  certains  milieux,  on  risque  d'être  in- 
férieur à  des  gens  d'esprit;  chez  les  gens  du  monde,  on  est  inférieur 
à  des  imbéciles  »...  quand  on  est  «  seul  de  son  genre  au  milieu  de  per- 
sonnages qui  sont  si  forts  de  leur  espèce  ».  L'explication  est  un  peu 
alambiquée  et  vague  ;  mais  l'affirmation  qui  précède  donne  l'impression 
d'être  juste,  quoique  insolente.  Ce  double  caractère  de  préciosité 
vague  et  de  justesse  aiguë  se  retrouve  presque  à  chaque  page  de 
cette  oeuvre  distinguée. 

8.  ■ —  Leur  Victime  est  une  démonstration  de  ce  qu'a  de  «  fondé,  en 
raison  et  en  fait  »,  comme  disent  les  disputeurs  d'école,  le...  devinez 
quoi?  le  neuvième  commandement  du  Décalogue.  La  moralité  du 
sujet  est  indiscutable;  celle  de  la  démonstration  pourrait  être  dis- 
cutée. L'auteur  y  a  mis  pourtant  quelques-uns  des  «  purifiants  »  et«  dé- 


—  10  — 

sinfcctauts»  recommandés  par  les  théoriciens  de  jadis:  des  «sentences» 
vertueuses  et  même  des  tirades,  et  surtout  un  «  dénouement  vertueux»: 
le  péché  est  puni  à  la  fin  do  la  démonstration,  du  moins  dans  la  per- 
sonne de  la  pécheresse,  sinon  dans  celle  du  pécheur.  - —  Sylvie  (elle 
s'appelait  Sylvie)  perd  le  bonheur  qu'elle  avait  cherché  en  dehors 
des  joies  légitimes  et  dans  l'oubli  de  ses  devoirs  d'épouse;  elle  perd 
même  la  vie,  par  un  affreux  suicide  !  Et  maintenant,  pécheresses,  ses 
sœurs,  instruisez-vous,  réfléchissez!  Intelligite  !  Erudimini  !  Quant 
à  vous  qui  n'avez  pas  péché  et  qui,  espérons-le,  ne  pécherez  jamais, 
inutile  de  vous  instruire.  Je  ne  veux  pas  même  vous  apprendre  que 
Bernard  (il  s'appelait  Bernard),  le  complice  de  Sylvie,  continua 
paisiblement  sa  carrière  de  complice,  et  qu'il  en  est  souvent  ainsi  de 
ses  confières  !  Si  vous  tenez  à  réfléchir  sur  «  les  lenteurs  de  la  justice 
divine  »,  que  ce  soit  à  propos  d'un  autre  sujet  que  ce...  mauvais  sujet. 

9.  • —  Le  héros  de  Au  bord  de  V idylle  fut  un  pécheur  moins  cynique. 
Il  était  mal  marié,  du  moins  à  son.  sentiment,  et  il  aurait  bien  voulu 
divorcer.  Seulement  sa  femme  était  malade;  le  divorce  aurait  pu 
la  tuer.  Que  faire?  La  guérir  d'abord,  décide-t-il,  et  la  renvoyé i* 
ensuite.  Pour  la  guérir,  il  voyage,  en  sa  compagnie,  lui  prodiguant 
les  remèdes  les  meilleurs  et  les  soins  les  plus  tendres.  C'est  à  peine  s'il 
quittait  la  malade  pour  aller  prendre  l'air,  et  se  livrer,  de  temps  à 
autres,  à  son  sport  favori,  le  tennis.  Or  le  tennis  est  dangereux;  une 
balle  égarée  y  vient  frapper  son  cœur  !  !  C'était  la  main  de  Luise, 
qui  l'avait  lancée,  Luise,  une  juive,  juive  à  faire  damner  un  saint  !  Il 
l'aima,  elle  l'aima;- toutefois  ils  respectèrent  le  Décalogue  (voir  ci- 
dessus),  en  attendant  le  divorce.  Mais  hélas  !  la  femme  malade,  trop 
bien  soignée,  guérit,  et  la  jeune  fdle,  si  belle  et  si  bien  portante,  mourut. 
Ce  que  voyant,  le  joueur  de  tennis  résolut  de  s'empoisonner;  il  n'en  eut 
pas  le  temps;  il  mourut  de  la  rupture  d'un  anévrisme.  —  Ce  n'est  pas 
un  pharmacien  qui  a  écrit  ce  volume,  c'est  un  artiste,  un  vrai,  et  qui 
aura  du  talent  quand  il  n'oubliera  pas  que  l'art,  le  vrai,  doit  être 
«  à  base  de  bon  sens  »,  comme  dit  l'autre. 

10.  —  L'Otage  marque  un  progrès  considérable  sur  les  précédents 
romans  de  M.  Bateau,  où  l'effort  était  plus  visible  que  le  résultat.  Ici, 
la  composition  est  plus  aisée  et  plus  sûre,  et  l'action  plus  simple,  ce 
qui  ne  veut  pas  dire  qu'elle  soit  banale;  l'auteur  est  exposé  à  manquer 
toujours  de  banalité!  Un  mari,  abandonné  par  sa  femme,  laquelle 
vit  avec  son  amant  et  a  eu  de  lui  un  enfant,  arrive  à  reprendre  ladite 
femme  par  le  moyen  que  voici  :  il  reconnaît  l'enfant  né  hors  du  ma- 
riage, le  fait  enlever,  le  garde  chez  lui  sous  une  surveillance  très 
étroite,  qui  rend  impossible  un  autre  enlèvement;  mais  il  permet  seu- 
lement à  la  mère  de  venir  le  visiter  toutes  les  quinzaines.  Il  a  calculé 
que  la  mère  l'emporterait  sur  l'amante,  et  que  les  petites  mains  de 


—  11  — 

l'enfant  finiraient  par  l'arracher  à  la  vie  irrégulière  et  par  la  fixer 
dans  les  voies  légales.  Ce  calcul  n'est  pas  trompé,  grâce  à  un  concours 
de  circonstances  très  habilement  aménagées  par  le  conteur.  C'est  dans 
cet  «  aménagement  »  que  M.  Buteau  révèle  ses  qualités  de  «dramatiste». 
Quant  à  ses  qualités  de  psychologue,  réelles  aussi,  et  qui  s'ulfirmont 
dans  les  caractères  de  la  mère  et  du  père  réel  de  l'enfant  (il  en  a  fait 
deux  très  nobles  âmes,  malgré  l'incorrection  de  leur  situation),  elles 
n'ont  pas  suffi  à  rendre  acceptable  le  caractère  du  mari;  cet  homme  qui 
se  décide  à  couvrir  de  son  nom  le  fruit  de  la  trahison,  et  qui  s'en  sert 
pour  y  mettre  fin,  est  peut-être  un  héros,  mais  c'est  un  héros  de 
l'Ambigu,  un  Barbe-Bleue  à  rebours,  plus  théâtral  qu'humain.  —  Pour 
montrer  à  M.  H.  Buteau  avec  quelle  attention  j'ai  lu  son  œuvre,  je 
lui  soumettrai  deux  doutes,  l'un  d'ordre  doctrinal,  l'autre  d'ordre 
littéraire.  Croit-il  vraiment  que  «  des  mariages  peuvent  être  annulés 
en  cour  de  Rome,  lorsqu'ils  sont  restés  stériles  »  (p.  47),  et  pour  cette 
cause  unique  de  stérilité  ?  Et  croit-il  que  la  phrase  suivante  :  «  Tout, 
même  leur  vie  d'exilés,  lui  était  préférable  à  ce  qu'il  connût  leur  retraite?)) 
(p.  56)  est  d'une  bonne  langue?  Parce  qu'on  en  trouve  de  pareilles 
chez  bon  nombre  de  ses  confrères  en  roman,  ce  n'est  pas  une  raison 
pour  qu'il  se  les  permette,  lui. 

11.  ■ —  L'héroïsme  de  deux  femmes,  la  veulerie  d'un  homme,  c'est 
le  sujet  de  Sœuretie.hui,  il  exerçait  la  profession  «  d'homme  de  lettres  », 
mais  il  avait  surtout  la  vocation  de  l'amour,  je  veux  dire  du  plaisir, 
comme  tant  d'autres  hommes  (de  lettres  ou  sans  lettres).  Il  aimait, 
depuis  longtemps,  une  riche  veuve;  mais  il  aimait,  en  même  temps, 
et  la  nièce  de  sa  maîtresse,  et  une  actrice  de  la  Comédie  française. 
L'actrice  se  moqua  de  lui,  jusqu'au  jour  où  elle  s'aperçut  qu'il  se 
détachait  d'elle  ;  alors  elle  se  vengea  par  «  une  rosserie  »  :  elle  «  sabota  » 
et  fit  échouer  une  pièce  de  lui,  qu'elle  représentait  et  dont  il  attendait 
honneur  et  profit.  La  veuve  souffrit  en  silence,  sans  la  moindre  k  scène  », 
quand  elle  connut  la  double  infidéhté  de  son  ami;  la  jeune  fille  tendit 
toutes  ses  forces  à  feindre  d'ignorer  l'amour  qu'elle  inspirait  et  qu'elle 
partageait,  hélas  !  Elle  poussa  l'abnégation  jusqu'à  refuser  d'épouser, 
même  avec  le  consentement  de  sa  tante  !  Oli  !  la  brave  enfalit  !  «  Le 
cœur  dos  hommes  doit  être  fait  autrement  que  le  nôtre  !  »  dit-elle,  en 
retenant  ses  pleurs'.  —  N'en  doutez  pas,  Mademoiselle  ! 

12.  —  L'Été  de  Guillemette  nous  raconte  le  roman,  souvent  conté 
depuis  quelques  années,  de  la  jeune  fille  qui  s'éprend  d'un  homme 
mûr,  sans  s'en  douter  ou  du  moins  sans  l'avouer.  Vous  connaissez, 
pour  l'avoir  beaucoup  vu  depuis  Pailleron,  ce  type  de  l'Agnès  mo- 
derne qui  préfère  Arnolphe  au  jeune  Horace.  Il  est  vrai  que  l'Ar- 
nolphe  de  ce  roman  est  un  homme  de  grand  mérite  et  de  grand  cœur. 
Quand  il  s'aperçoit  qu'il  aime  Guillemette,  sa  nièce,  il  s'enfuit,  il  fait 


—  12  — 

la  cour  à  Nicole.  Sans  doute  cette  Nicole  est  une  femme  mariée,  et  ' 
un  grand  cœur  aurait  pu  choisir  un  autre  remède  !  Mais  rassurez-vous  ! 
Cet  Arnolphe,  même  quand  il  s'essaie  à  être  malhonnête,  reste  bien- 
faisant; il  dégage  de  la  moralité  et  de  l'honneur  autour  de  lui.  Il 
réconcilie  Nicole  avec  son  mari,  il  sauve  le  père  de  Guillemette  de  la 
ruine  et  du  déshonneur,  et  s'il  se  permet  d'être  heureux  pour  son 
propre  compte,  c'est  après  avoir  fait  le  bonheur  de  tous  les  siens. 
On  comprend  qu'un  homme  pareil  gagne  le  cœur  d'une  jeune  fdle 

et  là-dedans  remue 

Certain  je  ne  sais  quoi  dont  elle  est  tout  émue  ! 

Il  faut  ajouter  qu'il  parle  aussi  bien  qu'il  agit  :  M.  Henri  Ardel  l'a 
doté  de  toutes  les  séductions...  Et  pourtant!  Pourtant  je  n'aime 
pas  beaucoup  les  oncles  qui  séduisent  leurs  nièces,  même  pour  le  bon 
motif  ! 

13.  —  Aimez-vous  les  enfants  qui  racontent  les  fautes  de  leur 
maman  ?  Si  non,  vous  ne  lirez  pas  le  Reste  est  silence... {un  titre  emprunté 
à  Shakespeare  !  On  nous  le  rappelle   pour    que    nul   n'en   ignore  !), 
journal  autobiographique  d'un  enfant,  dont  le  père  était  un  jobard 
et  la  mère  une  coureuse.  Le  pauvre  garçon  servait  à  cette  aimable 
dame  de  prétexte  à  courir;  son  mari  ne  la  comprenant  pas,  ne  l'appré- 
ciant pas,  elle  cherchait  des  consolations.  Et  quand  elle  en  trouvait, 
surtout  quand  on  rencontrait  un  certainmonsieur,  porteur  d'une  canne 
«  dont  la  poignée  avait  une  tête  d'aigle  »,  elle  disait  à  sonpetit  chaperon: 
Tu  ne  le  diras  pas  à  papa  !  Il  ne  le  dit  pas  à  papa,  mais  il  nous  le 
dit  à  nous,  avec  des  réticences,  des  mines  discrètes,  des  airs  ingénus 
qui  ne  trompent  personne,  pas  même  lui  !  Oh  !  le  vilain  petit  bon- 
homme !  D'autant  plus  vilain,  qu'il  n'est  plus  petit,  qu'il  a  de  la  barbe 
au  menton,  et  qu'au  moment  où  il  écrit  ses  Mémoires,  il  est  un  homme, 
au  moins  pour  l'âge.  Car,  pour  le  reste,  et  notamment  pour  le  sens 
moral,  il  est  encore  un  bébé  inconscient.   Son  factum    se   termine 
par  les  lignes  suivantes,  tout  à  fait  caractéristiques  de  son  sens  moral. 
Il  vient  d'enterrer  sa  mère,  un  an  après  son  père;  il  a  besoin  de  «  se 
distraire  un  peu  ;>;  il  entre  dans  un  café-concert,  et  il  aperçoit  parmi 
les  spectateurs,  devinez  qui?  L'homme  à  la  canne  susdite,  un  peu 
vieilli  sans  doute,  mais  très  reconnaissable  encore.  Il  n'ose  pas  l'abor- 
der, et  le  laisse  sortir.  «  J'eus  soudain,  conclut-il,  un  grand  regret  de 
n'être  pas  allé  vers  lui  et  de  ne  pas  avoir  serré  sa  main,  tout  simple- 
ment, comme  celle  d'un  vieil  ami  !  » —  On  ne  peut  pas  juger  «  ça  »; 
il  y  faudrait  de  trop  gros  mots.  Je  me  reprocherais  pourtant  de  ne  pas 
ajouter  que  l'exécution  de  l'œuvre  est  digne  de  la  conception  :  le^ens 
littéraire  y  égale  le  sens  moral. 

Romans  historiques.  —  14.  —  Les  Défenseurs,  recueil  de  onze    j 
«  histoires  lorraines  »,  font  défder  devant  nous,  au  pas   accéléré. 


—  13  — 

quelques-unes  des  gloires  militaires  du  pays  de  Jeanne  d'Arc  et  do 
M.  Barres.  Inutile  de  vous  apprendre  que  M.  Barrés  y  a  mis  une 
Préface.  «  Ce  haut  sentiment  que  les  nôtres  avaient  de  l'honneur, 
on  le  respire  à  pleins  poumons  dans  les  récits  de  Jean  Tavet,  digne 
camarade  de...  des...  des...  et  d'une  série  indéfinie  de  soldats  résolus, 
à  la  fois  sages  et  braves,  nos  concitoyens,  la  fleur  de  notre  duché.  » 
Le  premier  de  ces  concitoyens  et  de  ces  camarades  de  l'auteur  était 
un  légionnaire  romain,  et  s'appelait  Publius  Scarpon;  le  dernier  était 
le  clairon  Pointât,  qui  fut  tué  par  les  Prussiens  en  1870.  Ils  méritent 
tous  les  éloges  du  préfacier.  Vingt  gravures  illustrent  le  texte  et  ne 
le  font  pas  valoir,  —  je  veux  dire  qu'il  n'en  était  pas  besoin  pour  le 
faire  valoir.  Il  manque  un  peu  de  simplicité,  mais  il  révèle  un  sens 
artistique  «  distingué  ». 

15.  —  La  Déroute  nous  raconte  le  cauchemar  de  la  récente  guerre 
russo-japonaise,  dans  une  forme  appropriée  :  composition  et  style 
de  cauchemar.  Pas  de  plan  suivi,  des  impressions,  des  sensations, 
qui  se  succèdent  sans  ordre  mais  qui  toutes  sont  lugubres.  L'œuvre 
a  plutôt  l'air  d'un  pamphlet  que  d'une  histoire  impartiale;  elle  est 
animée  d'une  sorte  de  rage  contre  les  officiers  russes,  qui  nous  sont 
représentés  comme  des  brutes  ignorantes  et  malfaisantes,  occupant  à 
de  basses  débauches  les  loisirs  que  leur  laisse  la  guerre.  On  n'ose  pas 
croire,  on  proteste  tout  bas,  sans  pouvoir  justifier  cette  protestation, 
pas  plus  que  ne  sont  justifiées  les  accusations  contre  lesquelles  on 
proteste.  C'est  très  pénible,  si  pénible  qu'on  renonce  à  «  lire  plus  avant  » 
une  œuvre  qiii  vous  met  dans  cet  état,  sans  donner  en  échange  un 
surcroît  d'informations  sûres.  On  ferme  donc  le  livre  tout  en  rendant 
hommage  à  la  puissance  de  l'auteur.  Il  n'est  pas  donné  à  tout  le 
monde  de  vous  mettre  au  suppUce.  Cet  Erastoff  n'est  peut-être  pas 
un  historien  véridique,  mais  c'est  un  «  tortionnaire  «  éminent. 

Romans  de  mœurs.  • — ^16.  —  Y  a-t-il  une  étude  de  mœurs  dans 
les  Demoiselles  de  la  poste?  Il  y  en  a  quelques  commencements;  mais 
il  y  a  surtout  une  histoire  romanesque  qui  pourrait  aussi  bien  se  passer 
chez  des  modistes  ou  des  employées  de  magasin.  La  receveuse  des 
postes,  à  X...,  un  petit  village  peu  gai,  agrée  les  hommages  d'un  jeune 
peintre,  fort  honnête  d'ailleurs  et  qui  s'est  épris  pour  le  bon  motif. 
Mais  la  tante  —  et  aide  assermentée  —  de  la  jeune  receveuse  s'oppose 
au  mariage;  elle  a  voué  sa  nièce  au  céhbat  !  Pour  vaincre  la  résistance 
de  la  vieille  fille  il  ne  faudra  rien  moins  qu'une  tragédie  !  Un  jour  qu'elle 
était  de  service,  elle  a  remis  une  lettre  chargée,  dont  le  chargement 
avait  disparu.  Quel  est  le  voleur?  Les  demoiselles  de  la  poste  sont 
responsables  devant  l'administration;  elles  sont  accusées,  elles  seront 
peut-être  condamnées  !  La  tante  est  au  désespoir,  lorsque  le  salut  leur 
arrive  par  l'intermédiaire  du  jeune  peintre,  ou  plutôt  de  son  oncle. 


—  14  — 

le  magistrat  chargé  d'instruire  l'afTaire.  Il  l'a  instruite,  et  si  bien  qu'il 
a  découvert  le  coupable,  un  employé  du  bureau  qui  avait  expédié 
le  chargement.  Cette  découverte  faite,  il  met  ses  gants  et  va  demander 
la  main  de  la  receveuse  à  la  tante  terrible,  dont  le  malheur  avait 
abattu  la  fierté  !  «  C'est  une  idylle  et  voilà  tout  !  » 

17.  —  Autre  idylle,  Sœur  Marie-Odile;  mais  celle-ci  dans  un  cadre 
rural,  et  non  plus  dans  un  cadre  administratif,  et  avec  un  dénouement 
...  j'allais  dire  plus  triste,  disons  différent.  L'héroïne  épouse  Dieu, 
celui  qu'elle  avait  cru  épouser  ayant  changé  d'amour.  Contrairement 
au  livre  précédent,  celui-ci  donne  plus  d'importance  à  l'étude  des 
mœurs  qu'à  la  fable.  Ce  que  sont  les  âmes  des  «  terriens  w,  proprié- 
taires ou  ouvriers,  dans  un  coin  des  Vosges,  c'est  ce  que  l'auteur  a 
voulu  nous  montrer,  c'est  ce  qu'il  nous  montre  dans  une  suite 
de  tableaux  très  soignés,  un  peu  «  léchés  »  même,  et  c'est  aussi  ce 
qu'il  est  à  peu  prés  impossible  de  faire  passer  dans  une  analyse.  Il 
suffira  de  rendre  hommage  au  talent  de  l'auteur,  et  à  l'élévation  de 
son  inspiration,  en  lui  souhaitant  de  s'abandonner  un  peu  plus  à  sa 
verve  et  de  la  moins  gêner  par  ses  scrupules  d'artiste. 

18.  —  Des  trois  Bourgeoises  artistes  que  l'auteur  nous  présente 
dans  ce  volume,  une  seule  arrive  au  bonheur,  une  seconde  l'attend 
encore,  la  troisième,  en  ayant  désespéré,  est  tombée  dans  la  basse 
galanterie.  Et  pourquoi  ce  «  sort  différent  »?  comme  disait  Henri  de 
Bornier.  Parce  que  la  première  était  peintre  et  les  deux  autres  écrivain 
et  comédienne?  Est-ce  la  profession  qui  a  sauvegardé  l'une  et  perdu 
les  autres?  On  pourrait  le  croire,  au  moins  pour  la  comédienne,  dont 
la  profession  offre  évidemment  des  périls  particiliers.  Mais  les  périls 
auxquels  succombent  les  deux  pauvres  jeunes  fdles,  c'est  en  elles- 
mêmes  plutôt  que  dans  leur»  métier )> qu'elles  les  ont  rencontrés;  c'est 
dans  la  croyance,  si  fausse,  quoique  si  universellement  répandue,  que 
l'art  confère  aux  artistes  des  privilèges  et  des  dispenses  en  matière 
de  morale  traditionnelle  ou  simplement  de  conventions  sociales.  Et  la 

preuve  que  cette  croyance  est  fausse  et  dangereuse,  c'est  que  la 
peintresse^  qui  a  respecté  ces  traditions,  n'a  rien  perdu  de  son  talent, 
et  que  l'écrivain  et  la  comédienne  n'ont  rien  gagné  à  s'en  affran- 
chir; la  plus  artiste  de  ces  Bourgeoises  artistes  a  été  celle  qui  est 
restée  la  plus  bourgeoise.  La  valeur  logique  de  cette  «  preuve  »  peut 
être  contestée,  mais  non  la  valeur  morale  de  la  «  leçon  »  qu'a  voulu 
donner  l'auteur,  et  qui  peut  se  résumer  dans  ces  deux  affirmations  : 
les  besoins  de  l'art  n'exigent  pas  le  sacrifice  de  la  morale,  —  et,  dans 
tous  les  cas,  ils  ne  peuvent  pas  exiger  le  sacrifice  de  la  vie  !  —  entendez 
de  la  dignité,  de  l'honneur  et  de  la  sécurité  de  la  vie,  —  puisqu'après 
tout  la  vie  n'est  pas  faite  pour  l'art  et  que  c'est  l'art  qui  est  fait  pour 
la  vie. 


—  15  — 

19.  —  Dans  les  Deux  Routes  il  s'agit  encore  d'art  et  d'artistes, 
mais  non  pas  de  morale.  Les  artistes  y  sont  opposés  aux  critiques 
et  les  critiques  sacrifiés  aux  artistes.  C'est  une  vieille  querelle,  qui 
n'est  pas  près  de  finir,  et  dans  laquelle,  je  l'affirme,  les  artistes  ap- 
portent plus  de  passion  que  les  critiques,  les  premiers  ne  cessant  de 
répéter  sous  toutes  les  formes,  et  avec  toute  sorte  d'injures  le  mot  de 
Lamartine  :  «  La  critique  est  la  puissance  des  impuissants  »,  —  et  les 
seconds  répétant,  avec  plus  au  moins  d'humilité,  mais  avec  sincérité 
le  mot  de  ce  bourgeois  à  sa  cuisinière  :  «  Victoire,  votre  sauce  est 
exécrable,  quoique  je  sois  incapable  d'en  faire  autant.  »  —  Le  critique 
des  Deux  Routes  a  le  tort  de  se  croire  capable  de  tout.  Parce  qu'il  est 
expert  en  musique,  en  peinture,  en  style,  il  se  croit  musicien, 
peintre,  écrivain.  Il  a  imposé  sa  croyance  à  quelques  imbéciles,  notam- 
ment à  un  sous-secrétaire  d'Etat,  qui  lui  a  donné  une  fonction  offi- 
cielle du  haut  de  laquelle  il  régente  le  monde  des  arts.  Seule,  une  femme 
d'esprit  et  de  peu  de  préjugés  a  su  le  pénétrer,  et  si  un  jour  elle  lui 
dit  :  «  Vous  êtes  un  demi-dieu  »,  c'est  pour  lui  faire  entendre  qu'il 
n'est  pas  un  dieu,  c'est  à  dire  un  «  auteur».  Il  n'entendait  d'ailleurs 
pas.  Mais  il  allait  l'apprendre  à  son  dam.  Las  de  ses  triomphes  de 
critique,  et  en  voulant  connaître  d'autres,  il  s'était  retiré  dans  la 
solitude  et  se  livrait  à  la  composition.  Son  travail  fut  acharné,  fiévreux  ; 
il  essaya  d'un  opéra,  d'un  tableau,  d'un  livre;  il  entassait  pages  sur 
pages,  toiles  sur  toiles,  brûlant  le  lendemain  ce  qu'il  avait  écrit  la 
veille  (il  jugeait  ses  propres  productions  avec  le  même  sens  critique 
que  celles  d'autrui),  recommençant  sa  besogne  sans  se  lasser,  mais 
non  sans  gémir. 

Parfois,  contemplant  seul,  le  front  chargé  d'ennuis, 
Les  clous  de  diamant  sur  le  plafond  des  nuits, 

Il  invoquait  les  Muses,  l'une 

Ou  l'autre,  et  leur  disait  :... 
Ne  m'inspirerez-vous  aucun  ouvrage  ?  Rien  ? 
Quoi  !  pas  même  un  nouveau  système  aérien, 

Un  livre  sur  l'architecture? 
Un  vaudeville  grand  de  toute  ma  hauteur? 
Ne  deviendrai-je  point  ce  qu'on  nomme  un  Auteur 

Dans  les  cabinets   de  lecture? 

C'est  le  scénario  tracé  dans  ces  vers  de  Banville  que  l'auteur  a 
développé  ici,  un  peu  longuement.  Il  montre  son  héros  s'obstinant 
pendant  quatre  mois  dans  ce  travail,  dans  ce  supplice,  et  en  sortant 
sans  la  moindre  petite  toile,  sans  une  phrase  musicale,  sans  une  page 
présentable,  mais  humilié,  désespéré,  malade,  prêt  à  la  folie;  le 
demi-dieu  n'est  plus  même  un  demi-homme,  et  il  va  finir  dans  une 
maison  de  santé.  «  Et  pendant  ce  temps-là,  »  les  artistes  qu'il  avait 
traités  du  haut  de  son  orgueil,  qu'il  avait  dénigrés  et  desservis,  ont 
fait   tranquillement   leur  chemin;  ils  ont  continué   à  travailler  et    à 


—  16  — 

produire,  et,  peu  à  peu,  de  progrès  en  progrès,  de  production  médiocre 
en  production  meilleure,  ils  sont  devenus  de  vrais  créateurs  de  vie 
et  ils  sont  célèbres,  et  ils  sont  heureux,  et  ils  se  moquent  des  critiques. 
Car  la  route  la  meilleure  (il  faut  bien  expliquer  le  titre  !)  pour  arriver 
à  faire  œuvre  d'art,  ce  n'est  pas  la  critique,  c'est...  la  pratique  directe 
de  l'art.  —  Et  cette  «  moralité  »  est  un  truisme,  et  il  n'y  a  pas  de  cri- 
tique qui  ne  soit  prêt  à  la  contresigner,  au  risque  de  passer  pour  un 
La  Palisse.  C'est  à  peine  s'il  s'en  trouvera  un,  plus  hardi  et  moins 
modeste  que  ses  confrères,  pour  hasarder  cet  autre  truisme,  à  savoir 
que  la  critique  peut  être  un  art,  elle  aussi  !  En  outre  de  ces  vues 
esthétiques,  sur  lesquelles  l'auteur  sait  bien  qu'on  pourrait  le  chicaner, 
il  y  a  dans  les  Deux  Roules  une  étude  des  milieux  artistiques,  qui  semble 
assez  bien  documentée,  mais  qui  semble  aussi  entachée  do  quelque 
snobisme;  inutile  d'ajouter  qu'elle  manque  de  sévérité  pour  les  pri- 
vilèges et  dispenses  d'ordre  moral  qu'on  s'octroie  si  largement  dans 
les  dits  milieux.  —  Mais  il  faut  dire  encore  qu'elle  marque  un  réel  pro- 
grès sur  le  précédent  roman  de  M.  P.  Tany  {Quelques  Bandits)  et  que 
donc  elle  est  déjà  d'un  «  auteur  ». 

20.  —  Je  suis  un  peu  en  retard  avec  le  Roi  des  milliards  de  la  re- 
grettée Henri  Gréville,  qui  «  contait  si  bien  »  et  qui  nous  a  conté  tant 
de  jolies  histoires.  Celle-ci  est  plutôt  un  roman-feuilleton;  mais  comme 
elle  se  passe  parmi  les  brasseurs  d'affaires  du  Nouveau  Monde,  et 
qu'elle  nous  fait  connaître  quelques  fermes  du  Canada  et  quelques 
mines  de  pétrole  (et  aussi  parce  que  je  suis  en  retard  avec  elle),  je 
la  place  sous  la  rubrique  plus  honorable  «  Romans  de  mœurs  », 
tout  en  vous  avertissant  que  je  n'en  garantis  pas  la  documentation.  Le 
héros  est  un  nommé  Bruce,  lequel  construit  tant  d'usines,  élève  tant  de 
cheminées  de  fourneaux,  découvre  tant  de  sources  de  pétrole,  fabrique 
de  si  beau  papier,  emprunte  au  Niagara  tant  de  chevaux-vapeur,  qu'il 
mérite  d'être  appelé  non  seulementle  Roi,  mais l'Imperator  !  Dans  l'in- 
tervalle de  s^s  occupations,  il  trouve  le  moyen  de  marier  deux  nièces 
pauvTes,  qu'il  avait  fait  venir  d'Europe,  de  déjouer  les  manœuvres 
d'un  traître,  de  faire  le  bonheur  d'un  brave  jeune  homme,  de  créer 
des  orphelinats  et  des  asiles  pour  jeunes  filles  aveugles,  bref  d'être 
plus  et  mieux  qu'un  grand  homme  d'affaires,  c'est  à  savoir  un  homme 
de  bien.  —  Œuvre  à  mettre  à  l'actif  de  la  succession  de  la  féconde 
romancière. 

2L  —  L'Armoire  au  linge  blanc  est  une  étude  de  «  la  Province  », 
étude  à  la  fois  cruelle  et  bienveillante.  La  Province  y  est  représentée 
telle  qu'elle  est,  ou  du  moins  telle  que  l'a  vue  l'auteur,  avec  toutes 
ses  étroitesses  et  ses  mesquineries;  rien  n'en  est  dissimulé,  quelques 
détails  en  sont  peut-être  un  peu  grossis.  Et  cependant  cette  Pro- 
vince si  maussade,  si  grinchue,  si  potinière,  si  peu  artistique,  finit 


—  17  — 

par  l'emporter  sur  Paris,  dans  le  cœur  d'un  ancien  Parisien,  que  le 
sort  y  cwait  exilé^  comme  on  chante  à  l'Opéra-Comique.  Et  notez  que 
ce  Parisien  était  le  plus  convaincu,  le  plus  intransigeant  des  Parisiens, 
puisqu'il  était  un  ancien  provincial;  nul  n'ignore  en  effet  que  c'est  la 
province  qui  fournit  Paris  de  ses  dévots  les  plus  fervents,  les  plus 
enivrés  de  ce  haschisch  spécial  que  Nestor  Roqueplan  appelait  jadis 
la  Parisine.  Seulement,  il  faut  tout  dire  :  la  Pz'ovince  ne  triomphe  pas 
toute  seule.  «  Par  quel  charme,  dis-moi,  l'as-tu  donc  enchanté?  » 
Par  le  charme  éternel,  toujours  ancien  et  toujours  nouveau,  de 
l'amour.  Une  jeune  fille  parut,  et  même  qui  s'appelait  Béatrice  ! 
Et  aussitôt  Aurillac  (car  c'est  à  Aurillac  que  l'auteur,  aimant  à  jouer 
la  difficulté,  a  placé  le  lieu  de  la  scène)  manifeste  une  beauté  inaperçue, 
les  cercles  d'Aurillac  ne  sont  plus  peuplés  de  vieux  garçons  maniaques 
ou  de  marchands  «  fermés  aux  idées  générales  »;  les  salons  d'Aurillac 
ne  sentent  plus  le  moisi,  les  vieilles  dames  y  ont  des  sourires  exquis, 
les  vieilles  dévotes  n'y  montrent  plus  leurs  dents,  les  vieux  curés  y 
sont  jeunes,  au  moins  d'idées.  «  Un  seul  être  apparaît,  et  tout  est 
enchanté  »  et  Paris  est  oublié. La  Province  a  ressaisi  son  enfant  ingrat  ! 

22.  ■ —  Je  vous  recommande  les  dix  petites  nouvelles  réunies  sous 
ce  titre  :  Les  Passions  celtes.  C'est  de  la  «  littérature  régionale  »,  sans 
doute;  mais  ne  craignez  pas  d'y  trouver  seulement  ce  «  bric  à  brac 
régionaliste  »  qui,  aux  yeux  de  quelques  snobs  (critiques  ou  auteurs), 
constitue  le  plus  grand  mérite  de.  cette  littérature;  vous  y  trou- 
verez en  outre  «  de  l'humanité  »,  et  un  art  très  personnel,  qui 
n'est  ni  breton,  ni  provençal,  mais  que  les  Provençaux  peuvent  ap- 
précier comme  les  Bretons. 

23.  —  Les  douze  récits  qui  composent  les  Trois  Troupiers  nous  font 
retrouver  les  soldats  Mulvaney,  Octteris  et  Learoyd,  —  trois  mous- 
quetaires moins  élégants  que  ceux  du  père  Dumas,  que  l'auteur  nous 
avait  présentés  dans  les  Simples  Contes  des  collines.  Nous  avons  eu 
plusieurs  fois  l'occasion  d'apprécier  l'humour  de  Rudyard  KipHng, 
l'auteur  le  plus  lu  par  ses  compatriotes  et  le  plus  payé  par  ses  éditeurs  (un 
shelHnglemot  !)  et  nous  avons  dit  que  ses  lecteurs  du  continent  avaient 
parfois  de  la  peine  à  en  apprécier  le  mérite.  Un  Anglais  doit  très  bien 
comprendre  tout  ce  qu'il  y  a  sans  doute  de  drôle  et  de  spirituel  dans 
cette  phrase  de  la  Préface  :  «  J'aurais  réimprimé  ici  ces  quatre  récits 
(les  Contes  de  la  colline),  mais  Dinati  dit  q\\  arracher  les  tripes  à  un 
livre  qui  a  une  image  sur  le  dos,  rien  que  pour  inspirer  à  Tchence  un 
orgueil  démesuré,  c'est  du  gaspillage;  et  Mulvaney,  de  son  côté,  dit 
qu'il  préfère  voir  sa  gloire  répandue  en  plusieurs  volumes.  «  Je  ne 
comprends  pas  !  Et  vous?  Ah  !  que  nous  somm'es  Français  !  ■ —  11  n'en 
faut  pas  moins  remercier  l'infatigable  traducteur,  M.  A.  Savine,  de 
faire  passer  dans  notre  langue  les  œuvres  d'un  écrivain  qui,  malgré 

Juillet  1909.  -  T.  CXVI.  2. 


—  18  — 

ses  qualités  trop  particulières,  appartient  pourtant  à  la  littérature 
générale,  et  que  les  lettrés  de  tous  les  pays  doivent  connaître,  en 
gardant  le  droit  de  ne  pas  toujours  le  comprendre. 

24.  —  Cette  Lanterne  magique  n'est  pas  faite  pour  les  enfants;  elle 
ne  les  intéresserait  d'ailleurs  pas.  Les  sujets  (il  y  en  a  trente-trois), 
quand  ils  ne  sont  pas  grivois,  en  sont  insignifiants.  L'auteur  est  de 
ceux  qui  professent  la  plus  parfaite  indifïérence  pour  «  le  sujet  «  : 
toute  matière  leur  est  bonne,  qui  peut  exercer  leur  art  et  faire  valoir 
leur  «  outil  ».  Et  l'outil  de  M.  P.  Margueritte  est  remarquable;  c'est 
un  burin,  poli,  brillant,  et  froid. 

25.  —  On  a  dit  tellement  de  bien  de  Colette  Baudocke  qu'il  ne  reste 
plus  à  en  dire  que...  la  vérité.  L'inspiration  en  est  très  haute;  elle 
est  animée  du  plus  pur  et  du  plus  généreux  patriotisme,  celui  qui  est 
fait  à  la  fois  d'instinct  et  de  raison  et  où  entrent  tous  les  grands  sen- 
timents qui  honorent  l'homme  :  le  culte  des  traditions,  le  respect  des 
ancêtres,  l'oubli   de  soi,  l'esprit  de  sacrifice.  ]\L  Barrés  en  a  fini,  — 
depuis  longtemps,  —  avec  le  paradoxe  de  «  la  culture  du  moi  «,  il 
prêche  désormais  l'immolation  du  moi  au  non-moi,  du  moins  à  ce 
non-moi  qu'est  la  famille  nationale.  J'ai  dit  qu'il  prêche;  mais  j'ajoute 
qu'il  prêche  de  manière  à  se  faire  écouter  par  ceux  qui  se  refuseraient 
à  écouter  d'autres  prédicateurs  (pas  plus  prédicatoires  toujours).  Sa 
Colette  va  devenir  la  sainte  de  la  religion  dont  il  est  le  pontife,  et  elle 
aura  une  belle  niche  dans  le  temple  où  il  officie.  Elle  est  le  type  idéal 
—  avec  juste  assez  de  chair  et  d'os  pour  n'être  pas  tout  à  fait  une 
idée  abstraite,  • —  de  la  petite  bourgeoise  qui  a  gardé  un  grand  cœur 
dans  une  vie  consacrée  aux  petits  devoirs  et  aux  petits  soucis.  Elle  est 
d'une  de   ces   familles  lorraines,   annexées  mais  non  oubHeuses,  et 
pour  qui  la  France  reste  la  patrie.  Elle  vit  à  Metz,  avec  sa  mère, 
des  minces  profits  que  leur  vaut  leur  aiguille  et  la  location  d'une  partie 
de  leur  appartement.  Leur  locataire  est  un  jeune  professeur  allemand, 
brave  garçon,  un  peu  lourd,  mais  sentimental,  qui  leur  parle  de  sa 
fiancée,  restée  en  Prusse,  d'où  elle  lui  envoie,  pour  Noël,  un  coussin 
bourré  de  ses  cheveux,  «  ceux  qui  tombent  quand  elle  fait  sa  toilette  !  » 
Est-ce  parce  qu'il  est  ce  fiancé,  un  peu  ridicule,  que  AP»e  Baudoche 
le  laisse  pénétrer  dans  son  intimité?  Les  mères  françaises  sont  d'or- 
dinaire plus  prudentes.  Ce  qui  devait  arriver,  arrive;  au  contact  de 
«  ces  dames  »,  le  Teuton  se  francise  et  oublie  sa  fiancée.  Colette,  de 
son  côté,  ne  rit  plus  de  son  locataire,  et  lorsqu'illa  demande  en  mariage, 
elle  ne  dit  pas  non.  Elle  demande  seulement  à  retarder  sa  réponse  après 
les  vacances. Mais  dans  l'intervalle,  elle  assiste  à  «  la  messe  des  soldats 
du  siège  »,  celle  que  les  dames  de  Metz  font  célébrer  chaque  année, 
le  7  septembre.  Or,  au  cours  de  cette  cérémonie,  elle  s'aperçoit  qu'entre 
elle  et  le  professeur,  «  ce  n'est  pas  une  question  personnelle,  mais  une 


—  19  — 

question  française  »; —  «  elle  se  sent  toute  soulevée  vers  quelque  chose 
de  plus  vaste,  de  plus  haut,  et  de  plus  constant,  que  sa  modeste 
personne,  »  et,  en  sortant  de  l'église,  elle  dit  simplement  :«  Monsieur, 
je  ne  peux  pas  vous  épouser  !  » 

On  voit  la  noblesse  du  thème.  11  est  traité  avec  gravité,  avec  com- 
ponction et  aussi  avec  une  complaisance  qui  rappelle  le  Barrés  d'antan. 
L'artiste  ne  s'y  oublie  pas  assez;  il  manque  d'  «  objectivité  »,  ou  plus 
clairement,  de  désintéressement  personnel;  il  a  des  bizarreries  d' «écri- 
ture »,  des  longueurs  dans  les  descriptions  et  les  dissertations,  des 
effusions  lyriques,  où  il  trouve  sans  doute  son  compte,  mais  qui  ne 
donnent  pas  aux  autres  le  plaisir  qo'^l  a  ipu  y  prendre  lui-même.  Bref, 
l'exécution  a  nui  au  sujet;  elle  lui  a  fait  perdre  de  la  puissance  et  de 
l'intérêt.  «  C'est  une  belle  narration,  et  bien  amplifiée,  où  l'on  voit 
aussi  «  qu'un  Monsieur  très  sage  s'est  appliqué  »,  me  disait  une  lectrice 
de  beaucoup  d'esprit  et  surtout  d'esprit  très  libre,  affranchi  de  f-ous 
les  snobismes,  y  compris  les  plus  excusables.  «  On  m'en  avait  vanté 
le  pathétique,  et  je  l'avais  lue  pour  pleurer  !  Or,  je  crois  que  j'ai 
baillé  !  »  Et  elle  ajoutait,  avec  un  sourire  :  «  Suis-je  une  mauvaise 
Française?  »  —  La  question,  pour  ironique  qu'elle  soit,  ne  laisse  pas 
de  faire  honneur  à  M.  Barrés;  elle  lui  prouve  que,  si  on  ne  fait  pas 
bénéficier  son  roman  de  la  sympathie  et  de  la  reconnaissance  qui  sont 
dues  à  son  rôle  politique,  ce  n'est  pas  sans  quelque  angoisse,  presque 
sans   quelque  remords.  Charles  Arnaud, 

ÉCONOMIE    POLITIQUE  ET  SCIENCES   SOCIALES 

Économie  POLITIQUE.  —  1.  Cours  d'économie  politique,  par  Cu.iRtBS  Gide.  Paris 
Larose  et  Tenin,  1909,  iii-8  de  796  p.,  10  fr.  —  2.  Principes  d'économie  politique,  par 
Alfred  Marshall;  trad.  par  Sauvaire-Jourdan  et  J.  Savinie.n  Bouyssy.  T.  II. 
Paris,  Giard  et  Brière,  1909,  in-8  de  661  p.,  12  fr.  —  3.  Manuel  d'économie  poli- 
tique, par  ViLFREDO  Pareto;  trad.  de  l'italien  par  Alfred  Bonnet.  Parh,  Giard 
et  Brière,  1909,  in-8  de  693  p.,  12  fr.  50.  —   4.  //  Sesso  dal  punto  di  çista  siatistico 

da  CoRRADO  GiNi.  Milano,  Remo  Sandron,  z.  à.,  in-12  de  xxix-.519  p.,  8  fr. 

5.  Les  Trusts  et  les  syndicats  de  producteurs,  par  .1.  Chastin.  Paris,  Alcan,  1909 
in-8  cartonné  de  viii-304  p.,  6  fr.  —  6.  Le  Marché  financier  américain  et  sa  récente 
crise  monétaire,  par  Hermann  Schuhmacher;  trad.del'allemand  parJEAW  Lescure. 
Paris,  Giard  et  Brière,  1909,  in-18  de  88  p.,  1  fr.  50.  —  7.  La  Révision  douanière^ 
par  Albin  Huart.  Paris,  Giard  et  Brière,  1909,  in-8  de  78  p.,  î  fr.  50. —  8.  Régime 
du  travail,  par  L.  Garriguet.  Paris,  Blond,  1908,  2  vol.  ia-18  de  342  et  290  p., 
7  fr.  —  9.  Le  Chômage,  par  Ph.  de  Las  Cases.  Paris,  Lecoffre,  Gabalda,  1909^ 
in-12  de  xvi-191  p.,  2  fr.  —  10.  Beneficiary  features    of  American    trade-unions, 

by  James  B.  Kennedy.  Baltimore,  John  Hopkins  Press,  1908,  in-8  de  128  p. 

11.  Le  Problème  des  retraites  ouvrières,  par  G.  Olphe-Galliard.  Paris,  Blond,  1909, 
in-16  de  354  p.,  3  fr.  50.  —  12.  Le  Droit  de  grève,  par  Ch.  Gide,  H.  Berthélemy, 
P.  Bureau,  A.  Keufer,  C.  Perreau,  Ch.  Pkjquenard,  A.-E.  Sayous,  F.  Fagnot 
et  VanderveldE.  Paris,  Alcan,  1909,  in-8  cartonné  de  x-270  p.,  6  fr.  — 13.  Library 
of  Congress.  Select  list  of  références  on  tvorkingmen's  insurance,  conipiled  under 
the  direction  of  Appleton  Prentiss  Clark  Griffin.  Washington,  Government 
printing  Office,  1908,  gr.  in-8  de  28  p.  —  14.  Library  of  Congress.  List  of  norks 


—  20  — 

relating  to  government  régulation  of  Insurance,  compilée!  under  the  direction  of 
Appleton  Prentiss  Clark  Griffin.  Washington,  Government  printing  Office, 
1908,  gr.  in-8  de  67  p. 

Histoire  économique.  —  15.  Histoire  économique  depuis  Vantiquité  jusqu'à  nos 
jours,  par  Louis  André.  Paris,  Alcan,  1908,  in-16  de  ii-200  p.,  2  fr.  —  16.  La 
France  économique  et  sociale  à  la  veille  de  la  Révolution,  par  Maxime  Kovalewski. 
I.  Les  Campagnes.  Paris,  Giard  et  Brière,  1909,  in-8  de  392  p.,  8  fr.  —  17.  Histoire 
des  corporations  de  métiers  depuis  leurs  origines  jusqu''à  leur  suppression  en  1791, 
suivie  d'une  Étude  sur  révolution  de  l'idée  corporative  do  1791  à  nos  jours  et  sur  le 
mouvement  syndical  contemporain,  par  Etienne  Martin  Svint-Léon.  2«  édit., 
Paris,  Alcan,  1909,  in-8  de  xxiu-795  p.,  10  fr.  —  18.  Une  Etude  sur  T apprentissage 
d'après  des  documents  toulousains . Essai  de  philosophie  sociale,  par  .Joseph  de  Bonne. 
Paris,  A.  Picard  et  fils:  Toulouse,  Privât,  1909,  gr.  in-8  de  xlv-144    p.,  4  fr.    i 

Sociologie  et  Etudes  sociales.  —  19.' /.a  Vie  sociale,  la  vie  économique,  programme 
d'études,  par  la  Fédération  régionale  des  t^roupes  du  Sud-Est.  Lyon,  Ville,  1909, 
ia-12  de  136  p.,  1  fr.  25  .  —  20.  Lf  Travail  sociologique.  La  Méthode,  par  Pierre 
MÉLiNE.  Paris,  Bloud,  1909,  in-12  de  124  p.,  1  fr.  20.  —  21.  Auguste  Comte  et  son 
auvre  le  positivisme,  par  Georges  Deuerme.  Paris,  Giard  et  Brière,  1909,  in-12 
de  128  p.,  2  fr.  50.  —  22.  Agnostiques  français.  Positivisme  et  anarchie.  Auguste 
Comte,  Litt'-é,  Taine,  par  le  comte  Paul  Cottin.  Paris,  Alcan,  1908,  in-12  de 
79  p.,  2  fr.  —  23.  Les  Fléaux  nationaux.  Dépopulation,  pornographie,  alcoolisme, 
affaissement  moral,  par  René  Lavollée.  Paris,  Alcan,  1909,  in-12  de  307  p., 
3  fr.  50.  —  24.  La  Vie  ouvrière,  observations  vécues,  par  Jacques  Valdour.  Paris, 
Giard  el  Brière,  1909,  in-18  de  2'8.  p..  3  fr.  50.  —  25.  Vers  la  lumière  et  la  beauté, 
essai  d'esthétique  sociale,  par  Emile  Pierret.  Paris,  «  la  Renaissance  française  ", 
s.  d.,  in-16  de  viii-320  p.,  3  fr.  50.  —  26.  Verità,  scorrihande  d'uno  spregiudicato 
a  traversa  l'essere  e  il  parère  délia  vita  soclnle,  da  X...  [Lo  Forte  Réndi].  Pa- 
lerm^  Reber,  1909,  ip.-12  de  312  p.,  3  fr.  50. 

Socialisme.  —  27.  Le  Socialisme  ccuservateur  ou  municipal,  par  André  Mater. 
Paris,  Giard  et  Brière,  1909, in-18  de  622  p.,  6  fr. —  28.  Cosmopolitisme,  par  Picurd 
ToRNUCD.  Paris,  Giard  etBrière,  1909,  in-1.-'  de  256  p.,  3  fr.  50.  —  29.  Le  Socialisme 
à  l'étranger.  Angleterre,  Allemagne,  Autriche,  Italie,  Espagne,  Hongrie,  Russie, 
Japon,  Etats-Unis,  par  J.  Bardoux,  G.  Gidel,  Kin70-Goraï,  G.  Isameert,  G. 
Lovis- Jaray,  a.  Marvaud,  Da  Motta  de  San  Miguel,  P.  Quentin-Bauchart, 
M.  Revon,  a.  Tap-t^ieu.  Paris,  Alcan,  1909,  in-16  de  vu  420  p.,  3  fr.  50.  ~-  30. 
Syndicalisme  révolutionnaire  et  Syndicalisme  réformiste,  par  Félicien  Challaye. 
Paris,  Alcan,  1909,  in  16  de  156  p.,  2  fr.  50.  —  31.  Pourquoi  nous  sommes  socialistes, 
par  Jules  Noël.  2'"  édit.  Mons,  Imprimerie  générale,  1906,  in-16  de  126  [>.,  1  fr. 

Économie  politique.  —  1.  —  Sous  le  titre  :  Cours  d'économie 
politique,  M.  Gfde  a  refondu  et  considérablement  augmenté  ses  Prin- 
cipes, qui  étaient  parvenus  à  un  nombre  très  élevé  d'éditions  et  qui 
sont  fort  répandus  dans  le  public  des  étudiants.  Le  nouveau  volume 
est  bien  certainement  le  double  de  l'autre.  Il  renferme  plusieurs 
chapitres  tout  nouveaux,  que  l'auteur  a  marqués  par  des  astérisques. 
Sa  division  est  la  division  ordinaire  et  classique  en  quatre  parties  : 
production,  circulation,  répartition  et  consommation;  mais  cette 
dernière  partie  est  très  écourtée,  elle  ne  parle  que  de  dépense  et  de 
placement  (M.  Gide  n'avait  jamais  réédité,  depuis  la  première  édition 
des  Principes,  son  chapitre  odieux  contre  l'aumône  sous  ses  formes 
quelconques)  et  elle  omet  complètement  les  consommations  d'Etat, 
si  considérables  pourtant  qu'elles  soient  aujourd'hui.  L'esprit  de 
l'ouvrage  est  celui  qu'on  connaît.  ■ —  Une  simple  question.  M.  Gide, 
citant  lo  texte  si  connu  sur  le  rôle  du  prince  en  général,  niinister  Dei 


—  21  — 

in  boniim,cToit  avoir  découvert  que  «cette  parole,  attribuée  à  Léon  XIII, 
est  de  l'apôtre  Paul  «  (p.  33).  Où  donc  M.  Gide  avait-il  trouvé  cette 
bévue,  qu'il  se  donne  le  trop  facile  mérite  de  corriger?  Ne  serait-ce 
pas  lui-même  qui  aurait  commis  la  confusion  entre  saint  Paul  et 
Léon  XIII  ? 

2.  —  MM.  Sa!uvaire-Jourdan  et  Savinion  Bouyssy  ont  traduit  de 
l'anglais  le  deuxième  volume  des  Principes  d'économie  politique  de 
M.  Marshall.  Celui-ci  renferme  les  livres  V  et  VI  :  le  livre  V  traite  de 
la  «  théorie  de  ré(|uilibre  de  l'olTre  et  de  la  demande  »;  le  livre  VI,  de 
la  «  valeur  ou  distribution  et  échange  ».  Ce  n'est  pas  un  hvre  d'étudiant, 
tant  s'en  faut  :  il  faut  être  passé  maître,  presque  même  aussi  on  mathé- 
matiques, pour  suivre  M.  Marshall.  Quant  à  moi,  tout  en  rendant 
pleinement  hommage  aux  qualités  de  fond  de  l'auteur,  je  ne  sais 
pas  si  certains  défauts  de  plan  et  de  méthode  n'apparaissent  pas 
ici  beaucoup  plus  sensibles  que  dans  le  premier  volume.  Il  ne  faut  pas 
trop  de  philosophie  pour  bien  philosopher,  et  j'en  dirais  volontiers 
autant  de  l'économie  politique.  Est-ce  que  celle-ci  se  mettrait  à 
subtiliser  et  à  quintessencier  comme  fit  la  scolastique  à  son  déclin? 
Ici,  il  y  a  de  la  longueur  et  des  longlieurs;  parfois  un  phénomène  élé- 
mentaire et  usuel  est  obscurci  plutôt  qu'expliqué  par  les  raisonnements 
qlii  en  embrouillent  l'exposition;  enfin  et  surtout  les  parties  et  les 
chapitres,  insuftlsammont  isolés  les  uns  des  autres,  se  compénètrent 
mutuellement.  Par  exemple,  la  rente  inspire  les  chapitres  viii-xi  du 
livr.3  V  non  moins  q'ue  le  chapitre  ix  du  livre  VI.  Dans  le  fond  M.  Mar- 
shall est  purement  ricardiste;sdus  ce  rapport,  il  reste  très  anglais,  à  tel 
point  qu'il  ne  se  dégage  pas  de  la  confusion  qu'Adam  Smith  et  ses 
successeurs,  presqlie  môme  Stuart  Mill,  faisaient  en  étendant  beau- 
coup trop  le  sens  du  mot  «  profits  »  et  en  parlant  des  «  profits  du  ca- 
pital )>  (entre  autres,  p.  126,  353,  etc.,  etc.).  —  Mais  il  y  a  des  choses 
fort  intéressantes.  Ainsi,  dans  ce  volume  (et  c'est  là  un  lien  de  plus 
avec  le  ricardisme)  nous  signalons  la  théorie  très  ingénieuse  de  la 
«  quasi-rente  »  telle  que  la  construit  M.  Marshall  (1.  V,  ch.  vi).  Dans 
le  revenu  d'un  instrument  de  production  créé  par  l'homme,  c'est-à- 
dire  dans  le  revenu  d'un  capital  non  foncier,  la  «  quasi-rente  »  serait 
toute  la  tranche  supérieure  qui  aurait  pour  cause  le  monopole  de  la 
possession  ou  emploi  de  ce  capital  aussi  longtemps  que  d'autres 
n'auraient  pas  construit  en  vue  de  la  concurrence  d'autres  instruments 
semblables  de  production.  La  «  quasi-rente  »  est  donc  essentiellement 
temporaire  (p.  126,  132,  etc.). 

3.  —  Le  Manuel  d'économie  politique  de  M.  Vilfredo  Parefb,  qui 
vient  d'être  traduit  par  M.  Alfred  Bonnet,  est  encore  bien  autrement 
profond  et  ardu.  En  dépit  de  son  titre,  il  n'a  rien  d'élémentaire;  c'est 
un  traité  savant  d'économie  poHtique  pure  selon  la  méthode  mathé- 


—  22  — 

matique  :  ne  peuvent  donc  y  être  étudiées  que  les  matières  où  l'emploi 
des  mathématiques  n'apparaît  point  déplacé  et  sans  objet;  aussi  le 
côté  éthique  ou  psychologique  des  problèmes  est-il  forcément  laissé 
dans  l'ombre.  M.Pareto  distingue  trois  branches  en  économie  politiqlie: 
une  paitie  statique,  qui  étudie  un  équikbre  actuel  etréaHsé  et  qui  est 
«  la  partie  la  plus  ayancée  »  de  la  science  ;  p'uis  une  première  partie  dy- 
namique, qui  «  étudie  des  équilibres  successifs  »  et  où  l'on  n'a  que  «  très 
peu  de  notions  »•,  enfin  une  seconde  partie  dynamique,  qui  étudie  le 
«mouvement  du  phénomène  économique  ;>  et  qui  est  tout  entière  à 
découvrir  (p.  147).  Avec  cela,  l'auteur  écarte  plus  de  questions  qu'il 
n'en  résout  :  par  exemple,  «  ne  fût-ce  que  parce  que  les  éléments  de 
cette  étude  lui  font  défaut  «,  il  «  ne  s'attarde  pas  à  rechercher  s'il  est 
possible  que  la  collectivité  (sociale)  subsiste  et  que  la  hiérarchie 
cependant  disparaisse  «  (p.  380).  Le  problème  de  la  population  est 
également  réduit  à  de  purs  calculs  de  chrématistique  (p.  393  et  s.), 
parce  que  tout  facteur  social  autre  qu'une  quantité  de  richesses  est 
dédaigné.  Natui'ellemont  M.  Vilfredo  Pareto  n'a  que  des  expressions 
de  mépris  pour  les  économistes  «  littéraires  »  (p.  544,  546,  638,  etc)'. 
Est-ce  qu'il  ne  serait  pas  juste  de  lui  rendre  la  pareille?  Mais  on  aura 
du  reste  assez  à  faire  à  le  comprendre  d'abord,  puis  à  continuer  de 
travailler  dans  les  innombrables  domaines  d'où  sa  méthode  le  tient 
forcément  exclu. 

4.  —  Si  nous  passons  à  des  traités  sur  des  matières  spéciales,  je 
place  au  premier  rang  le  très  remarquable  ouvrage  de  M.  Corrado  Gini, 
//  Sesso  dal  piinto  di  çisia  statistico  (le  Sexe  au  point  de  vue  statistique). 
La  proportion  des  naissances  de  chaque  sexe  n'est  pas  rigoureusement 
constante  :  en  France  notamment,  nous  constatons  une  tendance  mar- 
quée vers  une  moindre  supériorité  des  naissances  masculines.  Mais 
sans  parler  spécialement  de  la  France,  les  écarts  d'une  année  à  l'autre 
s'expUquent-ils  par  de  simpleshasards?Ousinon,quellessontles causes 
qui  les  déterminent?  M.  Gini  fait  d'abord  un  long  exposé  de  la  loi  des 
grands  nombres  et  des  écarts  plus  ou  moins  considérables  qu'elle 
comporte  :  ceci,  c'est  la  partie  mathématique  de  son  œuvre,  et  elle 
est  fort  claire  non  moins  que  fort  instructive.  Vient  ensuite  la  partie 
physiologique,  et  ici  les  observations  des  naturalistes  sur  les  oiseaux, 
les  insectes,  les  plantes  dioïques,  etc.,  fournissent  des  rapprochements 
du  plus  vif  intérêt.  Après  avoir  tout  pesé,  M.  Gini  admet  volontiers 
que  la  proportion  des  sexes  est  un  peu  influencée  par  l'état  anaboliqiie 
(suralimentation,  etc.),  qui  provoque  un  nombre  un  peu  plus  élevé 
de  Ucfissances  féminines,  et  en  sens  contraire  par  l'état  caiaboliqiie 
(sous-ahmentation,  épuisement,  etc.),  qui  pousse  aux  naissances  fé- 
minines. De  même,  chez  certains  animaux  on  a  pu  constater  que  l'en- 
dogamie  ou  consanguinité  a  une  tendance  à  augmenter  la  proportion 
des  êtres  féminins.  Par  contre,  M.  Gini  repousse  l'opinion  souvent 


—  23  — 

admise  d'une  influence  du  jeune  âge  de  la  femme  en  faveur  des  nais- 
sances féminines.  Tout  cela  est  présenté  très  clairement,  avec  une 
richesse  de  documentation  et  une  netteté  de  discussion  qui  ne  peuvent 
que  très  fortement  impressionner.  Voilà  donc  un  livre  qui  ajoute 
réellement  beaucoup  à  l'étude  de  ces  mystérieux  phénomènes  des 
mouvements  de  la  population.  Il  y  a  cependant  un  point  que  j'aurais 
aimé  à  voir  élucider,  mais  il  est  très  français.  C'est  celui-ci  :  pourquoi, 
en  France,  la  proportion  des  naissances  mascuHnes  est-elle  toujours 
moindre  parmi  les  naissances  naturelles  que  parmi  les  naissances  lé- 
gitimes? Et  pourquoi  la  supériorité  des  garçons,  qui  est  moyennement 
constante  hors  mariage,  à  103  garçons  contre  100  filles,  tend-elle 
à  diminuer  en  mariage?  Dans  les  naissances  légitimes  elle  n'est  plus 
maintenant  que  de  104  contie  100,  tandis  qu'elle  a  été  autrefois 
beaucoup  plus  élevée.  M.  Gini,  avec  sa  compétence  indiscutable,  aurait 
jeté  peut-être  quelque  lumière  sur  ce  curieux  problème  de  démographie, 
qui  pourrait  bien  se  lier,  pensons-nous,  aux  progrès  du  néo-malthu- 
sianisme pratique. 

5.  —  M.  Chastin  donne  une  fort  bonne  étude  sur  les  Trusts  et  les 
syndicats  de  producteurs^  en  distinguant  très  judicieusement  à  sa 
première  page,  les  ententes,  les  /?ook,les  cartells,  les  trusts  et  les  corners,  de 
qui  l'amène  plus  tard  à  une  discussion  très  intéressante  sur  le 
dumping  (p.  204  et  s.).  L'ouvrage  est  divisé  en  trois  parties  :  1°  l'his- 
torique  des  syndicats  de  producteurs  (on  y  trouvera  de  curieuses 
pages  sur  les  anciens  syndicats  de  l'industrie  houillère,  la  Compagnie 
de  la  Loire  et  la  formation  des-((  quatre  groupes  »)  (p.  13  et  s.);  2°  les 
syndicats  au  point  de  vue  économique  ;  3°  les  syndicats  au  point  de  vue 
social.  Partout  règne  un  heureux  mélange  de  documentation  et  de 
critique  éclairée.  Les  appréciations  sont  toujours  prudentes  et  judi- 
cieuses, et  nous  signalons  particulièrement,  à  ce  point  de  vue,  les 
chapitres  sur  les  prix,  les  salaires  et  l'influence  effective  que  les  syn- 
dicats exercent  à  leur  égard.  L'étude  de  cet  ouvrage  serait  de  nature 
à  faire  tomber  beaucoup  de  préjugés,  quoique  d'ailleurs  M.  Chastin 
reconnaisse  fort  bien  les  dangers  de  l'évolution  industrielle  qui  emporte 
vers  les  ententes  à  outrance  certains  pays  plus  particulièrement  que 
les  autres. 

6. —  On  fait  penser  tout  de  suite  à  l'Amérique  quand  on  parle  trusts. 
Et  la  crise,  donc,  que  les  États-Unis  viennent  de  traverser?  Là-dessus 
M.  Schuhmacher,  professeur  d'économie  politiqfue  à  l'Université  de 
Bonn,  nous  donne  le  Marché  financier  américain  et  sa  j-écente  crise  mo- 
nétaire, que  M.  J.  Lescure  traduit  fort  à  propos.  Après  une  distinction 
judicieuse  entre  une  crise  de  capital,  une  crise  monétaire  et  une  crise 
de  crédit  —  triple  phénomène  qui,  aux  États-Unis,  s'est  produit  et  a 
évolué  avec  des  origines  et  des  vitesses  difféientes, —  M.  Schuhmacher 


—  24  — 

a  des  pages  instructives  sur  l'organisation  du  crédit  et  de  l'émission 
aux  Etats-Unis.  «  La  traite,  dit-il,  n'y  joue  aucun  rôle  dans  le  com- 
merce intérieur  :  c'est  le  chèque  qu'on  emploie  comme  moyen  de  paie- 
ment. ))  De  même,  «  c'est  au  moyen  de  promissoi-y  noies  h  une  signature 
que  le  crédit  personnel  se  réalise  ».  Suit  un  historique  du  billet  de 
banque  aux  Etats-Unis  et  une  description  de  la  crise  éprouvée. 

7.  —  Qui  prouve  trop  ne  prouve  rien,  dit  le  proverbe.  J'ai  bien  envie 
d'en  dire  autant  de  la  brochure  la  Revision  douanière  par  M.  Albin 
Huart,  avec  Préface  de  M.  Yves  Guyot.  Les  coups  de  ciseaux  dans  les 
journaux  y  ont  pris  autant  de  part  que  la  plume.  M.  Huart  est  un  libre- 
échangiste  intransigeant,  qui  ne  recule  pas  même  devant  les  affirma- 
tions les  plus  osées.  A  l'en  croire,  «  le  protectionnisme  et  le  socialisme 
ont  le  même  but  »  (p.  3).  Mais  j'aurais  voulu,  quant  à  moi,  un  peu 
plus  d'analyse  et  de  philosophie.  Il  ne  suffît  pas,  pour  prouver  ce  qu'on 
avance,  de  donner  des  tableaux  statistiques  sur  le  mouvement  de  notre 
commerce  extérieur  ou  sur  renchérissement  des  denrées  depuis  1892  : 
car  les  phénomènes  économiques  ont  rarement  une  seule  cause,  et  ce 
n'est  pas  ass,urément  le  protectionnisme  qui  a  fait  monter  le  prix  du 
café  de  25  %,  celui  du  charbon  de  34  o/g  et  celui  du  poisson  de  50  o/o, 
quoique  M.  Huart  paraisse  attacher  une  importance  décisive  à  ces 
comparai'sons-là. 

8.  —  Peu  à  peu  nous  arrivons  à  dos  œuvres  où  les  considérations  d'é- 
conomie sociale  l'emportent  sur  celles  d'économie  politique.  Je  place 
dans  cette  catégorie  le  Régime  du  travail,  de  M.  L.  Garriguet.  Il  se 
recommande  par  la  clarté  de  l'exposition  :  on  y  sent  du  premier  coup 
la  façon  d'un  maître  qui  a  coutume  d'enseigner.  En  sous-titre  :  «  Traité 
de  sociologie  d'après  les  principes  de  la  théologie  catholique». Qu'est-ce 
que  le  contrat  de  travail?  Et  comment  le  travail  doit-il  être  rému- 
néré? Tel  est  le  plan  en  deux  mots.  Je  regrette  seulement  que  M.  Gar- 
iiguet  ait  quelques  injustices  à  l'égard  de  l'économie  politique  libérale 
et  beaucoup  trop  de  sympathies  pour  la  démocratie  chrétienne  dont 
il  habite  les  confins.  Il  en  cite  avec  faveur  les  opinions  principales. 
Par  exemple,  il  ne  redoute  rien  du  syndicalisme  (p.  100),  et  il  incline, 
quoique  assez  obscurément,  vers  la  thèse  qui,  condamnée  énergi- 
quement  en  1890  par  Mgr  Freppel,  fait  du  salaire  le  prix  de  la  renoncia- 
tion de  l'ouvrier  à  la  propriété  du  produit.  Il  se  borne  à  laisser  ignorer, 
sans  les  critiquer,  des  form,U)les  excessives  dont  il  n'oserait  pas  prendre 
la  défense.  M.  Paul  Bureau  est  l'auteur  qu'il  cite  le  plus  volontiers 
et  dont  «  les  idées  sociales,  dit-il  lui-même  tout  franchement,  se  rap- 
prochent souvent  des  nôtres  »  (p.  69). 

9.  —  L'ouvrage  de  M.  de  Las  Cases  sur  le  Chômage  n'est  pas  le 
premier  qui  traite  ce  sujet,  mais  il  nous  paraît  de  beaucoup  le  plus  ju- 
dicieux et  le  plus  complet.  Après  avoir  fait  sommairement  une  statis- 
tique du  chômage,  après  avoir  donné  sa  définition,  expliqué  sa  nature 


—  25  — 

et  écarté  les  incapables,  les  paresseux  et  les  grévistes,  tous  gens  qui 
ne  sont  pas  de  vrais  chômeurs,  M.  de  Las  Cases  étudie  quels  moyens 
peuvent  être  employés  pour  prévenir  ou  soulager  le  chômage.  Il  ne 
se  fait  aucune  illusion  sur  la  difficulté  de  l'assurer  de  la  même  façon 
que  l'on  assure  les  accidents  (p.  49  et  s.).  L'assurance  obligatoire, 
comme  à  Saint-Gall,  n'a  donné  que  des  déceptions,  à  tel  point  que  cer- 
tains ouvriers  préféraient  aller  se  loger  à  de  grandes  distances  pour 
ne  pas  avoir  à  en  pâtir  :  inaugurée  en  1895,  elle  fut  condamnée  dès 
1897  par  l'unanimité  des  suffrages  (p.  79-83).  Les  caisses  syndicales 
lui  sont  préférables.  M.  de  Las  Cases  préconise  en  leur  faveur  les 
subventions  des  pouvoirs  publics.  Ce  système  fut  employé  à  Limoges 
dès  1854,  au  début  avec  des  sommes  insignifiantes,  puis  avec  des 
ressources  plus  sérieuses.  A  Dijon,  il  est  vrai,  il  a  donné  des  résultats 
déplorables  ;  mais  la  cause  principale  en  a  été  que  la  subvention  y 
était  en  raison  directe  de  l'imprévoyance  des  syndicats  et  de  la  fainéan- 
tise des  chômeurs  (p.;137).  C'est  à  Gand  que  la  meilleure  expression 
a  été  trouvée,  avec  le  «  fonds  gantois  »  imaginé  et  inspiré  par  M.  Variez 
(p.  139  et  s.).  Finalement,  dit  M.  de  Las  Cases,  «  le  système  de  l'assu- 
rance contre  le  chômage  par  la  mutualité  subventionnée  nous  semble 
devoir  être  considéré  provisoirement  comme  la  meilleure  solution  du 
problème  «  (p.  185).  —  J'aurais  bien  quelques  questions  à  poser  ou 
quelques  doutes  à  émettre  ;  mais  l'ouvrage  de  M.  de  Las  Cases  est  plus 
un  exposé  qu'une  thèse,  et  je  m'abstiens. 

10.  —  Cette  question  particulière  de  l'assurance  contre  le  chômage 
au  moyen  des  mutualités  m'amène  tout  naturellement  à  parler  des 
Beneficianj  feaUires  of  American  trade-unions  dont  a  traité  M.  James 
Kennedy.  Seulement  ici  le  sujet  est  infiniment  plus  étendu.  Comment 
las  trade-unions  aux  Etats-Unis  ont-elles  collaboré  à  l'assurance 
ouvrière  en  général?  M.  Kennedy  distingue  trois  périodes  :  dans  la 
première,  qui  va  jusqu'en  1830,  les  trade-unions  mènent  de  front  les 
assurances  et  la  réglementation  du  métier;  dans  la  seconde,  de  1830 
à  1880,  les  préoccupations  purement  professionnelles  prennent  le  pas; 
enfin,  un  mouvement  contraire  se  dessine  après  1880.  Mais  il  importe 
beaucoup  de  distinguer  si  ce  sont  les  unions  locales  ou  bien  les  fédé- 
rations nationales  qui  pratiquent  l'assurance.  Le  plus  généralement, 
ce  sont  les  fédérations.  Suivent  des  détails  sur  les  divers  cas  d'assu- 
rances :  mort,  incapacité  de  travail,  maladie,  ôhômage,  enfin  vieillesse 
ou  survie  prolongée,  dernière  forme  qui  est  encore  peu  pratiquée,  mais 
qui  paraît  appelée  à  l'être  beaucoup  plus  (p.  100  et  s.).  Tout  cela  est 
exposé  très  sobrement,  avec  une  foule  de  citations  et  d'exemples,  mais 
sans  aucune  vue  générale  ni  aucune  tentative  d'appréciations  en  un 
sens  quelconque.  A  ce  dernier  point  de  vue,  l'œuvre  entière  est  d'un 
terre-à-terre  essentiellement  américain. 

11.  —  Il  est  difficile  d'être  neuf  en  matière  d'organisation  de  retraites 


—  26  — 

ouvrières  :  au  moins  M.  Olphc-Gailiard,  abordant  ce  sujet  dans  son 
Problème  des  retraites  ouvrières^  a  le  mérite  d'être  instructif  et  inté- 
ressant. Il  expose  les  premières  propositions  faites  en  France;  il 
étudie  les  régimes  de  l'initiative  privée  aux  Etats-Unis  et  en  An- 
gleterre, de  la  «  liberté  subsidiée  »  en  Belgique  et  en  Italie,  de  la  liberté 
encouragée  en  France,  de  l'assurance  obligatoire  en  Allemagne  et  dans 
quelques  cas  particuliers  de  la  législation  française,  enfin  de  la  «  pen- 
sion complémentaire  »  en  Danemark,  Australasie  et  Angleterre.  Cette 
-dernière  dénomination  —  «  qui  n'a  pas  encore  été  employée  )>,  nous 
dit  l'auteur  (p.  2'79)  —  désigne  une  pension  servie  à  des  individus 
qui  sont  dans  certaines  conditions  déterminées  de  moralité  et  de  besoin; 
ce  complément  va  donc  à  des  gens  qui,  rigoureusement  parlant,  n'au- 
raient pas  dvoit  à  l'assistance.  Ce  système  a  toutes  les  sympathies  de 
l'auteur  (p.  320  et  s.),  malgré  les  conditions  d'arbitraire  qui  en  sont 
inséparables.  Du  reste,  M.  Olphe-Galliard  ne  paraît  guère  porté  à  ce 
genre  de  soucis.  Ainsi,  il  croit  savoir  que  le  régime  de  notre  loi  de  1905 
sur  l'assistance  obligatoire,  avec  le  pouvoir  qu'elle  donne  aux  auto- 
rités communales  ou  plus  généralement  aux  autorités  électives,  «  ne 
semble  pas  motiver  jusqu'ici  de  réclamations  (p.  345),  On  voit  qu'il 
ignore  les  gabegies  scandaleuses  des  Pyrénées-Orientales  et  d'ailleurs. 
Au  demeurant,  bon  travail  et  assez  impartial  malgré  certaines  illusions. 
Évidemment  aussi,  le  problème  financier  est  complètement  inconnu 
de  M.  Olplie-Galliard  ou  bien  peu  lui  en  chaut. 

12.  —  L'École  des  hautes  études  sociales  a  organisé  l'an  dernier 
une  série  de  confér'ences  sur  le  Droit  de  grève  ou  plutôt  en  faveur  du 
droit  de  grève.  Je  dis  «  en  faveur  »,  car  les  conférenciers  prenaient 
nettement  parti  pour  les  grèves  et  les  grévistes.  Cependant  le  premier 
d'e.itre  eux,  M.  Berthélemy,  professeur  à  la  Faculté  de  droit  de 
Paris,  refuse  énergiquement  les  droits  de  coalition  et  de  grève  à  tous 
les  fonctionnaires,  même  chargés  d'un  simple  service  de  gestion. 
Ses  arguments  sont  plutôt  faibles,  ou  bien  ils  feraient  condamner  toute 
grève  qui  serait  assez  générale  pour  compromettre  l'ordre  et  la  pros- 
périté économique.  Y  pensez-vous  donc?  dirait  M.  Gide;  interdire 
ou  entraver  des  grèves,  quelle  folie,  quelle  utopie  !  Et  M.  Gide,  dans 
une  phrase  à  effet,  conclut  qu'il  faut  attendre  du  consommateur 
l'abolition  ou  l'apaisement  des  conflits  entre  le  capital  et  le  travail. 
M.  Paul  Bureau,  professeur  à  la  Faculté  catholique  de  droit  de  Paris, 
est  encore  plus  gréviste,  passez-moi  l'expression.  Je  suis,  du  reste, 
moins  étonné  que  peiné  de  le  trouver  dans  cette  compagnie.  Il  ren- 
chérit sur  les  autres  conférenciers,  quand  il  étudie  les  conflits  entre 
le  droit  de  travailler  des  uns  et  le  droit  de  faire  grève  des  autres,  et 
ce  dernier  droit  peut  bien  être  à  ses  yeux  plus  respectable  que  le 
premier.  Voici  en  tout  cas  des  jugements  auxquels  MM.  Pataud  etGrif- 


—  27  — 

fuehles  souscriraient  bien,  volontiers  :  «  Le  nombre  est  grand,  dit 
M.  Bureau,  des  ouvriers  qui  voudraient  et  devraient  déclarer  la  grève 
et  qui  en  sont  empêchés  par  la  veulorie  plus  ou  moins  égoïste  de  leurs 
camarades...  Il  semble  que  les  injustices  commises  par  les  grévistes  à 
l'égard  des  non  grévistes  auront  toujours  de  la  peine  à  égaler  en  nombre 
et  en  importance  les  injustices  commises  par  les  ouvriers  égoïstes 
au  détriment  de  leurs  compagnons  plus  soucieux  de  la  dignité  ouvrière. 
Il  faut  avoir  le  courage  de  le  dire,  même  à  la  suite  des  grèves  brutales 
et  révolutionnaires  dont  nous  sommes  trop  souvent  les  témoins  depuis 
huit  années  :  beaucoup  de  grèves  devraient  être  déclarées  qui  ne  le 
sont  pas;  beaucoup  de  grèves  surtout  ont  une  issue  que  doit  con- 
damner une  conscience  équitable  »  (p.  60-61).  Me  sera-t-il  permis  de 
dire  que  cette  conférence  m'a  attristé  et  pour  le  pr^^esseur  qui  l'a  faite 
et  pour  le  corps  auquel  il  a  l'honneur  d'appartenir?  —  Passons  aux 
autres.  M.  Perreau,  professeur  à  la  Faculté  de  droit  de  Paris,  se  de- 
mande quelle  est  la  nature  juridique  de  la  grève  au  point  de  vue  du 
contrat  de  travail;  M.  Keufer,  bien  connu,  examine  si  tous  les  moyens 
sont  bons;  M.  Savons  étudie  les  mesures  défensives  ou  offensives 
auxquelles  les  patrons  peuvent  recourir;  M.  Fontaine  analyse  les  ré- 
sultats obtenus  en  gain  ou  en  perte;  enfin  MM.  Fagnot  et  Vandervelde 
cherchent  à  nous  révéler  l'avenir  des  grèves.  Bien  entendu,  la  situation 
officielle  de  M.  Fagnot  le  rend  optimiste,  tandis  que  M.  Vandervelde, 
le  célèbre  socialiste  belge,  se  pose  en  apôtre  et  en  prophète  d'une 
grande  révolution  sociale  que  les  grèves  sont  chargées  d'accomplir.  — 
Au  demeurant,  ce  volume  relève  du  socialisme  autant  et  plus  que 
de  l'économie  politique,  et  peut-être  n'en  ai-je  pas  mis  l'analyse  à  sa 
bonne  place. 

13  et  14.  —  Nous  avons  eu  à  citer  plusieurs  fois  la  Lihrary  of  Congress 
•et  les  excellents  catalogues  bibliographiques  dressés  par  les  soins  de 
M.  Appleton  Prentiss  Clark  Griffin.  En  voici  encore  deux  très  complets 
l'un  et  l'autre,  :  List  of  works  relating  to  government  reguîatio?i  of  insu- 
rance^  et  Select  list  of  références  on  workingmens  insurance.  Le  premier 
serapporte  à  l'assurance  en  général  et  tout  spécialement  à  l'intervention 
du  gouveï'nement  dans  les  assurances  sur  la  vie;  le  second,  à  l'assu- 
rance des  accidents.  Les  publications  non  seulement  américaines, 
mais  anglaises,  françaises,  allemandes,  etc.,  y  sont  passées  en  revue,  et 
même  un  très  grand  nombre  d'articles  de  périodiques. 

Histoire  économique.  —  15.  —  Passons  maintenant  à   l'histoire. 

UHistoire  économique  depuis  l'antiquité  jusqu'à  nos  jours^  par 
M.  Louis  André,  répond  assez  mal  à  son  titre.  C'est  «  l'histoire  du 
commerce  »  qu'il  aurait  fallu  dire.  Assurément,  dans  ce  petit  volume, 
il  y  a  beaucoup  de  choses,  comme  il  convient  à  un  manuel  «  à  l'usage 
des  écoles  de  commerce  et  des  écoles  professionnelles  »  ;  mais  ces 


—  28  — 

choses-là,  dites  on  si  peu  de  mots,  sont-elles  toutes  justes?  Beaucoup 
de  jugements  ne  sont-ils  pas  trop  absolus  pour  être  vrais?  Nous  ne 
chicanerons  pas  M.  André  sur  l'intransigeance  de  ses  idées  libre-échan- 
gistes ;  mais  nous  pourrions  bien  lui  reprocher  de  mettre  toute  l'éco- 
nomie politique  dans  la  question  de  la  protection  et  du  libre-échange. 
Cela  dit,  relevons  quelques  erreurs.  Il  ne  connaît  les  précurseurs  que 
par  l'ouvrage  de  Horn,  l'Economie  politique  avant  les  physiocrates^  paru 
en  1867  et  vieux  de  plus  de  quarante  ans;  il  en  reste  à  l'opinion  très 
inexacte  que  Daire  a  répandue  sur  les  théories  des  physiocrates  et 
même  de  Vauban  en  matière  de  commerce  international;  il  attribue 
un  livre:  la  Phj/siocratie,  à  Quesnay  qui  l'aurait  écrit  en  1768  (p.  83); 
il  croit  que  la  Banque  de  France  «  fut  d'abord  une  entreprise  privée  » 
pour  devenir  en  1806  une  «  banque  d'état  «  (p.  95)  (apparemment,  c'est 
«  d'État  »  qu'il  voulait  dire,  mais  peu  importe,  il  est  clair  que  le  sens 
technique  du  mot  lui  est  inconnu);  enfui  il  trouve  que  le  traité  de 
Francfort  renfermait  à  l'égard  de  la  France  et  de  l'Allemagne  récipro- 
quement la  clause  de  la  nation  la  plus  favorisée  d'une  manière  générale 
et  sans  termes  spéciaux  de  comparaison.  Par  ailleurs  et  pour  le 
présent,  M.  André  a  tout  l'optimisme  courtisan  que  sa  situation  de 
fonctionnaire  lui  impose.  Il  serait  bon  cependant  de  comparer  les 
autres  pays  avec  la  France  et  de  noter  ch^z  nous  1  elat  stationnaire 
et  presque  rétrograde  de  notre  population.  Or,  à  ses  yeux, 
«  pour  la  France  la  modération  dans  le  progrès  est  presque  un 
avantage  »,  parce  que  «  son  état  présent  n'est  pas  à  la  merci  de  crises 
et  de  kracks  analogues  à  ceux  qui  ont  bouleversé  plusieurs  des  pays 
dont  le  développement  rapide  étonne,  mais  paraît  quelquefois  instable  « 
(P-  122).  • 

13.  —  M.  Maxime  Kovalewski,  professeur  à  l'Université  de  Saint- 
Pétersbourg,  n'est  pas  le  premier  Russe  qui  étudie  l'état  social  de  la 
France  à  la  fin  du  règne  de  Louis  XV  et  sous  celui  de  Louis  XVI. 
Il  a  été  précédé  par  Afanassiev,  avec  le  Commerce  des  céréales  en 
France  au  xviii^  siècle,  et  par  Kareiev,  avec  les  Paysans  et  la  question 
paysanne  en  France  dans  le  dernier  quart  du  xviii^  siècle;  mais,  à  mon 
avis,'  M.  Kovalewski  ne  vaut  ni  l'un  ni  l'autre  et  surtout  pas  Afanas- 
siev. Ce  n'est  pas  que  la  France  économique  et  sociale  à  la  veille  de  la 
Révolution,  dont  le  tome  I^^  est  publié  maintenant,  ne  contienne 
infiniment  de  choses  :  seulement,  que  M.  Kovalewski  me  permette 
de  le  lui  dire,  il  ne  sait  pas  composer;  il  se  perd  volontiers  dans  les 
détails,  il  dispose  mal  ses  matériaux  et  surtout  il  ne  divise  pas.  Voilà 
un  volume  de  près  de  400  pages  qui  n'a  que  deux  chapitres,  Tan  sur 
«  les  Ordres  possesseurs  et  non-possesseurs  »  et  l'autre  sur  «le  Droit 
seigneurial  »;  ce  dernier  a  270  pages  compactes,  avec  de  rares  subdi- 
visions  sans  sous-titres,  et.il  n'y  a  ni  table  des  matières  détaillée, 


—  29  — 

ni  index  alphabétique  quelconque.  Comment  peut-on  se  retrouver  là- 
dedans?  Comment  ne  pas  éprouver  une  sensation  de  continuelles 
redites?  Notez  aussi  l'emploi  de  termes  de  vieux  droit  non  expliqués 
ni  définis;  notez  des  polémiques  contre  certains  professeurs  russes, 
vastes  digressions  qui  auraient  dû  être  rejetées  en  appendice.  Les 
noms  propres  enfin  sont  estropiés  à  chaque  instant  :  de  Berny  pour 
de  Bernis,  Vèze  pourVaise  (commune  aux  portes  de  Lyon),  etc.  Et  quand 
l'auteur  cite  l'Ami  des  hommes  (p.  19,  etc.,  etc.),  pourquoi  ne  nous 
dit-il  pas  quelle  édition,  puisqu'il  y  en  a  eu  plusieurs  et  puisque  entre 
les  premières  des  parties  entières  ont  été  ajoutées  à  l'œuvre  primitive. 
Je  ne  veux  pas  dire  qu'il  n'y  ait  pas  beaucoup  à  prendre,  par  exemple 
dans  les  discussions  contre  Arthur  Young  et  de  Tocqueville,  mais 
il  y  a  aussi  beaucoup  à  contrôler  et  l'ordonnancement  général  du 
livre  le  rend  tout  particulièrement  difficile. 

17.  —  L'éloge  de  V Histoire  des  corporations  de  métiers,  par  M.  Martin 
Saint-Léon,  n'est  plus  à  faire  :  par  conséquent  nous  n'aurons  pas  à 
nous  étendre  sur  la  seconde  édition  qui  vient  d'en  être  publiée.  Toute- 
fois ceux  qui  lisent  cet  ouvrage  sans  connaître  suffisamment  par 
ailleurs  l'histoire  économique  du  moyen  âge  et  de  la  Renaissance,  en 
retirent  facilement  l'idée  que  la  corporation  était  jadis  le  caractère 
essentiel  et  dominant  du  travail  :  or,  ce  serait  une  erreur,  puisque 
le  travail,  dans  son  immense  majorité,  était  alors  rural,  domestique 
et  non  corporatif. —  L'ouvrage  est  maintenant  mis  à  jour  sur  toutes  les 
questions  contemporaines,  notamment  sur  les  syndicats  do  fonction- 
naires. M.  Martin  Saint-Léon  se  montre  favorable  à  ceux-ci,  qu'il  croit 
moins  dangereux  que  ne  seraient  des  associations  selon  la  loi  de  1901 
(p.  702  et  s.).  Avec  cela,  il  regarde  le  syndicalisme  avec  sympathie;  il  le 
considère  comme  un  «  puissant  agent  de  pacification  sociale  sainement 
entendue  »  (p.  767  et  s.);  il  a  des  indulgences  même  pour  MM.  Jaurès 
et  Georges  Sorel  (p.  782  et  783);  le  sociahsme,  en  un  mot,  ne  l'efiraye 
guère,  et  s'il  comble  d'éloges  M.  Paul  Boncour,  il  se  garde  bien,  en 
citant  les  patrons  de  la  grève  générale,  de  se  souvenir  que  le  ministre 
actuel  de  la  justice  en  fut  un,  et  de  beaucoup  le  plus  illustre.  Pourquoi 
cette  omission?  C'est  que  M.  Martin  Saint-Léon  est  un  optimiste  qui  ne 
soupçonne  rien  d'une  lutte  de  classes  et  d'idées,  parce  que  l'éducation 
de  la  démocratie  et  l'intelligence  de  la  classe  ouvrière  suffisent  ample- 
ment, selon  lui,  à  nous  garantir  de  tous  les  dangers.  Par  contre,  il  est 
hostile  à  la  participation  aux  bénéfices,  et  nous  le  trouvons  plutôt 
sévère  à  l'égai'd  des  syndicats  jaunes  (p.  754  et  s.).  Cela,  en  effet, 
n'est  pas  le  vrai  syndicalisme  comme  il  le  conçoit. 

18.  —  Sur  le  même  sujet,  Une  Étude  sur  l'apprentissage  d'après  des 
documents  toulousains  est  une  monographie  fort  instructive.  Je  croyais 
n'y  trouver  que  des  recherches  historiques  et  une  simple  érudition 


—  30  — 

de  faits  ou  d'archives  :  j'y  trouve  bien  cela  sans  doute,  avec  un  parallèle 
très  intéressant  entre  autrefois  et  aujourd'hui,  mais  j'y  trouve  aussi 
un  Essai  de  philosophie  sociale  comme  le  sous-titre  aurait  dû  me  le 
faire  penser  plus  tôt.  Il  y  a  là  une  longue  Préface  d'un  sens  philoso- 
phique et  chrétien  très  profond,  non  pas  pour  condamner  Tindivi- 
clualisme  au  nom  du  socialisme  ou  de  la  solidarité  sociale,  qui  est  un 
véhicule  très  ordinaire  des  idées  socialistes,  mais  pour  l'expliquer 
en  démontrant  que  «  toute  doctrine  qui  ne  vise  pas  au  perfectionne- 
ment de  l'individu  est  vaine  intellectuellement  »  (p.  xii).  Là-dessus,  M. 
J.  de  Bonne  ne  craint  pas  de  dire  quelques  justes  vérités  au  Sillon  et  à 
la  démocratie  chrétienne,  pour  se  recommander  au  contraire  des  doctri- 
nes historiques  et  sociales  de  M.  de  la  Tour-du-Pin.  Finalement,  après 
l'étude  des  faits,  il  conclut  que,  «  tant  au  point  de  vue  professionnel 
que  moral,  l'apprenti  était,  malgré  des  abus,  protégé  sous  le  régime 
corporatif,  alors  que  notre  régime  individualiste  l'abandonne  au  point 
qu'il  tend  à  disparaître  »  (p.  117).  Décidément  ce  mot  «  individua- 
lisme »  est  bien  malheureux  de  signifier  tant  de  choses  à  la  fois,  et 
j'aimais  mieux  l'étude  approfondie  que  M.  de  Bonne  en  avait  faite 
lui-même  dans  sa  Préface,  avec  le  désir  très  légitime  de  le  réhabiliter 
(p.  X). 

Sociologie  et  Études  sociales.  —  19.  —  Il  est  possible  qu'avec 
la  Vie  sociale,  la  vie  économique,  programme  d'études  rédigé  par  les 
groupes  d'études  sociales  du  Sud-Est,  nous  revenions  aux  confins 
de  la  sociologie,  ne  fût-ce  que  par  le  dédain  de  l'économie  politique 
et  les  hautes  prétentions  de  faire  de  la  sociologie.  C'est  un  cadre  de 
développements  à  donner  en  vue  de  c  l'éducation  et  formation  sociale 
populaire  ».  Il  s'agit  de  vulgariser  les  idées  et  les  conceptions  de  la 
démocratie  chrétienne.  Evidemment  le  titre  lui-même  n'indique  rien  : 
cependant  les  index  bibliographiques  et  les  canevas  de  conférences 
n'ont  pas  de  peine  à  révéler  l'esprit  de  ceux  qui  les  dressent.  Par 
exemple,  j'ai  bien  vu  qu'il  faut  expliquer  comment  a  par  l'encyclique 
Rerum  novarum  Léon  XIII  précipite  le  mouvement  »  (p.  29);  mais 
j'ai  vainement  cherché  une  mention  quelconque,  soit  de  son  autre 
encyclique  Graves  de  commiini,  qui  est  un  post-scriptum  inséparable 
de  la  première,  soit  du  motu  proprio  de  Pie  X,  du  18  décembre  1903. 
C'était  cependant  à  signaler,  à  moins  qu'on  n'aimât  mieux  laisser 
ignorer  ces  documents  comme  gênants.  L'index  bibliographique  n'a 
pas  à  lui  seul  moins  de  47  pages,  avec  des  renvois  aux  numéros  du 
programme  et  une  nomenclature  très  bien  ordonnée  de  tous  les  vo- 
lumes ou  articles  de  revue  des  écrivains  de  cette  école,  Sangnier, 
Lemire,  Ch.  Boucaud,  Naudet,  de  Pascal,  Fonsegrive,  etc.,  etc.  Ils 
sont  à  peu  près  les  seuls  auteurs  qui  y  figurent,  ou  bien,  parmi  les 
rares  exceptions  qui  sont  faites  à  cette  règle,  il  faut  citer  celles  dont 


—  31  — 

jouissent  quelques  universitaires  plus  ou  moins  teintés  de  socialisme, 
comme  M.  Gide  que  Ton  y  tient  en  grand  honneur. 

20.  —  Peut-être  ne  suis-je  pas  assez  intelligent  pour  avoir  compris 
le  Travail  sociologique.  La  Méthode^  de  M.  Pierre  Mcline.  D'abord  j'ai 
le  premier  tort  d'aimer  la  langue  française  dans  ses  mots  :  ainsi  la 
«  tessiture  »  d'une  philosophie  (p.  6)  me  déplaît  autant  que  «  Tétoile 
salvatrice  :»  (p.  7).  J'ai  le  second  tort  d'aimer  la  logique  et  la  clarté 
de  cette  langue,  et  les  incohérences  me  répugnent.  Ainsi  l'on  me  dit 
que  «  la  détermination  des  buts  vers  lesquels  il  convient  de  diriger 
l'activité  soit  des  collectivités  soit  des  individus,  demeure  hors  de 
la  portée  de  nos  sciences  »  (p.  5),  et  cela  sent  le  scepticisme;  mais 
ailleurs  on  me  dit  que  «  la  révélation  des  fins  in,times  de  l'humanité  » 
doit  être  trouvée  dans  «  l'étude  minutieuse  et  d'abord  objective  dont 
les  morts  ont  usé  pour  atteindre  ces  fins  ».  Que  voulez-vous  que  je 
comprenne?  On  me  dit  aussi  que  la  psychologie  doit  être  fondée  sur 
ia  sociologie  au  lieu  de  lui  servir  de  base  (p.  114  et  115).  Quoi  !  vous 
étudierez  donc  la  société  avant  de  vous  observer  vous-même  et  de  con- 
clure au  fait  de  votre  propre  conscience?  Autre  incohérence,  selon, 
moi.  Je  fis  à  la  page  13,  :  «  C'est  par  les  résultats  que  les  méthodes 
prouvent  le  mieux  leur  valeur.  »  Très  bien  !  Mais  par  malheur  je  me 
souviens  d'avoir  lu  à  la  page  10  :  «  Ses  résultats  actuels  (de  la  science 
des  phénomènes  sociaux)  sont  pour  la  plupart  contestables,  divers 
selon  les  écoles,  mélangés  d'affirmations  contraires,  parfois  faussés 
par  des  passions  subjectives  et  des  soucis  étrangers.»  Donc,  me  dis-je, 
si  les  résultats  font  juger  les  méthodes  et  si  l'on  n'a  point  eu  de  bons 
résultats,  c'est  que  la  science  sociologique  est  tout  simplement  une 
bonne  blague  ou  une  outre  pleine  de  vent.  Cependant,  à  en  croire 
M,  Pierre  Méhne,  il  y  a  eu  en  France  trois  hommes  qui  «  marquent 
l'ère  positive  de  la  sociologie  ».  Positive?  Pardon,  vous  venez  de  dire 
qu'il  n'y  a  point  de  résultats  !  Ces  trois  hommes  sont  Le  Play  (1806- 
1883),  Tarde  (1843-1904)  et  Durkheim.  Trop  dédaigneux  du  premier, 
M.  Méhne  est  trop  flatteur  pour  les  deux  autres.  Il  ne  voit  pas  ce  qu'il 
y  a  chez  eux  d'ignorance  du  sens  profond  de  l'histoire.  Par  exemple, 
il  accepte  sans  critique  des  jugements  a  priori  comme  celui-ci  de 
Durkheim  :  «  Les  représentations,  émotions,  tendances  collectives, 
n'ont  pas  pour  causes  génératrices  certains  états  de  la  conscience 
des  particuliers,  mais  les  conditions  où  se  trouve  le  corps  social  dans 
l'ensemble  »  (p.  96).  Eh  bien  !  expliquez-moi  donc  sans  la  «  conscience 
des  particuliers  »  certains  événements,  certaines  phases  historiques, 
certains  courants  comme  la  pénétration  du  christianisme  à  travers 
les  persécutions,  comme  l'épanouissement  du  régime  monastique 
CLUx  iv^  et  v^  siècles,  comme  l'éruption  foudroyante  de  l'islamisme  au 
viie,ou  bien  comme  le  mouvement  des  croisades  !    Les  théories  de 


—  32  — 

M.  Mcline  ne  sont  clone,  à  tout  prendre,  ni  plus  vraies  ni  plus  fausses 
que  le  fameux  matérialisme  historique  de  Karl  Marx,  et,  ce  disant, 
il  doit  être  bien  entendu  que  je  ne  prétends  point  faire  un  compliment 
à  M.  Méline. 

21.  —  M.  Georges  Deherme,  bien  connu  par  son  œuvre  des  «  Uni- 
versités populaires  «,  est  un  positiviste  intégral  et  convaincu,  dont 
le  dernier  opuscule,  Auguste  Comte  et  son  œuvre  le  positivisme,  éclaire 
heureusement    la    pensée.    Admirateur    enthousiaste    de    Comte,    il 
s'attache  ici  tout  particulièrement  à  montrer  en  lui  une  unité  de  vie 
et  de  doctrine  que  l'on  a  coutume  de  briser.  Ordinairement,  en  effet, 
si  ses   disciples   célèbrent  Comte  comme  le    positiviste,   adversaire 
de  l'inconnaissable  et  de  la  métaphysique,  ce  n'est  que  pour  oublier 
et  dédaigner  le  fondateur  d'une  rehgion  nouvelle  de  l'humanité  ;  cette 
partie  de  son  œuvre,  ils  la  regardent,  jiit  M.  Deherme,  comme  «  les 
pitoyables  élucubrations  d'un  esprit   que  la  sénilité  fait  régresser 
jusqu'au  mysticisme  r>  (p.  20)  :  il  ne  manquerait  plus  que  de  les  ex- 
pliquer par  les  trois  périodes  de  dérangement  cérébral  que  Comte 
a  traversées.  Voilà  pourquoi  le  positivisme  «  n'a  eu  aucune  influence 
sur  l'action  sociale  »  (p.  109);  aussi  bien  Laflîtte  n'a  pas  continué  le 
maître  (p.  16)  et  Littré  «  a  fait  tout  le  mal  qu'il  pouvait  »  (p.  20).  Au 
contraire,  suivant  M.  Deherme,  le  positivisme  est  «  la  vraie  religion  » 
(p.  21);  il  est  «  une  doctrine  pour  le  peuple,  et  il  sera  bien  mieux  com- 
pris par  le  cœur  que  par  l'intelligence  »  (p.  40).  Il  faut  cependant  dis- 
tinguer deux  dates  et  deux  carrières,  la  carrière    intellectuelle    qui 
s'ouvre  en  1822,  et  la  carrière  religieuse  qui  ne  s'ouvrira  qu'en  1845, 
après  la  liaison  si  vite  brisée  avec  Clotilde  de  Vaux.  Alors,  en  effet. 
Comte  «  sera  saint  Paul  »,  comme  auparavant  il  avait  été  Aristote 
(p.  10).  —  Ce  petit  volume  est  d'une  lecture  fort  instructive,  parce 
qu'il  éclaire  bien  le  rôle  que  les  Universités  populaires  étaient  appelées 
à  jouer  dans  l'esprit  de  leur  fondateur.  Mais  j'aime  infiniment  mieux 
l'œuvre  puissante  que  la  Démocratie  vivante  de  M.  Deherme  nous  était 
apparue  :  c'était  alors  une  anivre  de  critique,  pour  ne  pas  dire  de 
démolition,  et  M.  Deherme  y  était  autrement  fort  que  dans  une  œuvre 
de  reconstruction,  pour  laquelle  malheureusement  il  manque  de  bases. 
22.  —  Assurément,   dans  son  opuscule  :  Positivisme  et  anarchie. 
Auguste  Comte,  Littré,   Taine,  M.  Paul    Cottin   ne  songeait   pas    à  ' 
M.  Deherme,  que  sans  doute  il  ignorait  :  mais  il  en  a  pris  tout  le  con- 
trepied.  Il  démontre  que  le  positivisme,  en  niant  toutes  les  notions 
abstraites  de  cause,  de  fin,  de  devoir,  etc.,  ne  peut  logiquement 
aboutir  qu'à  l'anarchie  dans  la  société  ;  les  positivistes,  selon  lui, 
ne  peuvent  pas  se  soustraire  au  reproche  «  d'affirmer  dans  leurs  théories 
sociales  ce  qu'ils  ont  nié  et  détruit  par  avance  dans  leur  œuvre  phi- 
losophique »  (p.  53). 


—  33  — 

23.  —  Avant  d'aborder  le  socialisme,  il  me  reste  à  analyser  certaines 
œuvres,  certaines  études  de  questions  sociales  que  je  suis  fort  em- 
barrassé pour  classer.  Je  mets  parmi  elles  l'excellent  livre  de  M.  René 
LavoUée,  les  quatre  Fléaux  nationaux  de  la  France  ;  la  dépopulation^ 
la  pornographie,  V alcoolisme  et  l'affaissement  moral.  Il  les  décrit  «  pour 
secouer  l'indiflerence  dans  laquelle  nombre  de  nos  contemporains 
sont  portés  à  s'endormir  »  (p.  5).  Sur  la  dépopulation,  ce  ne  sont  certes 
pas  les  documents  ni  les  statistiques  qui  lui  manquent  :  il  a  le  mérite 
de  les  résumer  très  clairement  et  de  tout  faire  pour  dissiper  des  aveu- 
glements troff  réels.  Il  est  plus  neuf  dans  l'alcoolisme  et  je  dirais  aussi 
dans  la  pornographie,  matière  qu'il  traite  avec  toute  la  délicatesse 
et  la  sobriété  que  comporte  un  sujet  malheureusement  si  scabreux. 
L'affaissement  moral  est  quelque  chose  de  plus  indéterminé,  et  ici 
les  statistiques  de  faits  matériels  sont  forcément  muettes  :  mais  M.  La- 
voUée expose  en  penseur  un  phénomène  général,  «  né,  dit-il,  de  l'ob- 
scurcissement de  l'idéal  spiritualiste  et  de  l'envahissement  de  plus 
en  plus  marqué  de  l'âme  populaire  par  le  matérialisme  »  (p.  218). 
Inutile  d'en  citer  davantage  pour  faire  apprécier  à  quel  excellent 
point  de  vue  M.  Lavollée  s'était  placé  pour  traiter  un  sujet  d'une 
actualité  si  angoissante.  Nous  devons  souhaiter  à  ce  livre,  pour  le 
bien  de  tous  ceux  qui  le  liront,  tout  le  succès  qu'il  mérite. 

24.  —  On  a  souvent  loué  l'ouvrier;  on  l'a  flatté  en  littérature 
autant  qu'adulé  en  politique.  M.  Jacques  Valdour  (qui  est-il  de  son 
vrai  nom?)  n'a  voulu  dans  la  Vie  ouvrière,  observations  vécues,  ({\\q\q 
peindre  tel  qu'il  est  —  mieux  que  cela,  le  photographier  sans  chercher 
la  pose,  ni  retoucher  le  cliché.  —  «  Il  s'est  fait  ouvrier,  dit-il;  il  a  rap- 
porté dans  leurs  formes  spontanées  les  conversations  entendues, 
laissé  les  personnages  dans  le  cadre  où  ils  lui  sont  apparus  »  (p.  1). 
Le  voilà  donc  qui  s'embauche  à  Vierzon,  passe  à  AIontluçon,Saint-Éloi, 
Saint- Etienne,  Roanne  et  enfin  Lyon,  avant  de  retourner  à  Paris,  où 
il  termine  son  odyssée  par  ime  étude  de  l'ouvrier  au  théâtre.  C'est 
fortement  réaliste  :  on  y  trouve,  mais  en  une  langue  toujours  sobre, 
•de  vrars  relents  à' Assommoir.  Le  pis  est  que  toutes  ces  peintures 
m'ont  paru  d'une  exactitude  douloureuse.  Avec  cela,  elles  sont  émail- 
lées  de  vues  justes  et  profondes.  Ce  photographe  réaliste  est  assurément 
doublé  d'un  penseur  et  d'un  philosophe,  mieux  encore,  je  crois,  d'un 
«hrétien.  Voici,  par  exemple,  quelques  appréciations  caractéristiques  : 
«Jamais  plus  qu'en  notre  temps  l'ignorance  des  foides  n'a  été  grande, 
car  elle  a  moins  diminnué  que  la  science  ne  s'est  accrue  (p.  213)... 
L'école  de  mensonge  se  coalise  avec  l'atelier  de  servitude  pour  com- 
pléter la  déchéance  (p. 134)...  Le  discours  était  de  Trarieux.  Quelle 
différence  entre  l'argumentation  de  Trarieux  et  celle  de  mon  demi- 
ivrogne?  Le  discours  de  Trarieux,  c'est  de  l'incohérence  mise  en  forme 

Juillet    1909,  T.  CXVL  3, 


—  34  — 

de  syllogisme  et  \êtue  de  littérature;  la  thèse  de  nos  ivrognes, 
c'est  de  l'incohérence  sans  syllogisme,  ni  littérature  »  (p.  108).  J'ai 
aussi  noté  avec  un  plaisir  extrême  —  et  je  voudrais  que  Ton  finît 
par  le  voir  —  j'ai  noté,  dis-je,  l'antagonisme  foncier  du  socialisme 
et  de  la  religion,  à  tel  point  que  «  les  feuilles  socialistes  sont  encore 
plus  anticléricales  que  sociahstes  »  (p.  132).  Cette  remarque  revient 
à  plusieurs  reprises  et  avec  pièces  à  l'appui  (p.  24),  etc.,  particulière- 
ment à  propos  du  Progrès  (de  Lyon),  qui  «  ne  défend  une  politique 
radicale-socialiste  que  pour  mieux  faire  triompher  l'idée  anticléricale  » 
(p.  205). 

25.  —  Vers  la  lumière  et  la  beauté,  essai  d'esthétique  sociale... 
J'attendais  de  l'auteur,  M.  Emile  Piorret,  quelque  chose  de  philoso- 
phique dans  le  genre  de  Ruskin.  mais  je  dois  baisser  le  ton,  quoique 
le  style  s'efforce  d'avoir  partout  de  la  poésie  et  du  lyrisme.  Il  s'agit 
simplement  des  habitations  à  bon  marché,  des  cités-jardins  ou  garden- 
cities  d'Angleterre  et  de  Port-Sunlight  en  particulier,  puis  des  jardins 
ouvriers,  enfin  de  la  conservation  des  paysages  et  du  reboisement. 
C'est  très  intéressant  par  le  côté  des  détails,  avec  une  haute  philo- 
sophie du  confortable  :  mais  de  philosophie  proprement  dite,  il  n'y  en 
a  pas.  Il  semble  que  M.  Pierrot  mette  toute  la  morale  dans  le  bien-être, 
ou  du  moins  qu'il  la  tienne  pour  assurée  et  réalisée  par  lui  tout  seul  et 
sans  plus.  «  C'est  l'honneur  de  notre  époque,  dit-il,  d'avoir  changé 
l'ancien  point  de  vue...  et  de  vouloir  que  chaque  homme,  dans  une 
certaine  mesure,  sorte  de  la  prison  où  le  sort  injuste  l'a  fait  naître  » 
(p.  VI).  On  y  arrivera  par  la  lumière  et  la  beauté.  Tout  le  livre  est  là, 
JNI.  Pierrot  ne  voit  pas  plus  loin  dans  l'institution  maçonnique  de  la 
«  Fête  de  l'Arbre  »  (p.  310).  Par  ce  côté,  donc,  je  ne  peux  pas  m'em- 
pêcher  de  le  trouver  superficiel,  si  intéressant  qu'il  soit  par  ailleurs, 
comme  aussi  je  le  trouve  bien  crédule  lorsqu'il  croît,  sur  la  foi  de 
M.  IMéline  et  de  son  Retour  à  la  terre,  à  une  réaction  de  l'opinion  publi- 
que vers  les  placements  en  immeubles  ruraux  (p.  11  en  note). 

26.  —  Il  est  difficile  d'analyser  Verità,  de  M.  Lo  Forte  Rendi.  Lui- 
même  met  en  sous-titre  :  scorrihande  d'uno  spregiudicato  a  traversa 
Vessere  e  il  parère  délia  cita  sociale  :  et  effectivement,  c'est  bien  la  course 
désordonnée  d'un  homme  que  les  préjugés  n'embarrassent  guère. 
Cette  indépendance  de  jugement,  ce  scepticisme  universel,  cette 
défiance  ou  cette  égale  hostilité  à  l'égard  de  toutes  choses,  de  l'EgHse, 
du  socialisme,  de  la  franc-maçonnerie,  du  progrès  et  de  je  ne  sais  plus 
quoi  encore,  font  le  seul  lien  des  vingt-deux  chapitres  du  volume. 
Les  peuples  et  même  l'humanité  ont  une  jeunesse,  une  maturité,  puis 
une  décrépitude  qui  les  achemine  au  mystère  de  la  mort  :  mais  qu'im- 
porte, puisque  la  «  nature  »  l'a  voulu  (p.  261  et  s.)  ?  J'avais  espéré 
trouver  mieux  dans  le  chapitre  Missione  salvatrice  clella  Chiesa  catto- 


—  35  — 

lica  :  je  me  trompais.  L'idée  est  tout  simplement  qu'il  faut  une  religion 
aux  foules,  qu'une  religion  est  faite  de  rites  et  de  cérémonies  avec  peu 
d'instruction  répandue  dans  les  masses,  que  les  prêtres  sont  nécessaires 
pour  entretenir  cet  extérieur  religieux,  et  que  l'Église,  pour  ce  motif, 
a  bien  raison  de  se  fermer  avec  intransigeance  aux  innovations  du 
modernisme,  parce  que  ce  serait,  sans  cela,  la  fin  de  son  règne.  Donc 
un  gouvernement  doit  faire  respecter  l'Église,  et  «  vous  verrez  bientôt 
les  effets  horribles  et  terribles  de  la  guerre  déloyale  et  féroce  que  les 
flibustiers  français,  sans  autre  pourquoi  que  leur  démence,  font  aux 
ordres  religieux  dans  l'intention  brigantesque  de  les  dépouiller  de 
leurs  richesses  »  (p.  92).  Néanmoins  l'auteur  répète  à  vingt  reprises 
qu'il  n'a  aucun  credo,  que  tous  les  prêtres  sont  des  menteurs  et  que 
tous  les  dogmes  sont  faux,  y  compris  celui  de  la  vie  future. 

Socialisme.  —  27.  —  Dans  le  Socialisme  consen^aieiir  ou  municipal 
de  M.  André  Mater  il  y  a  deux  choses  :  une  histoire  et  une  thèse. 
L'histoire,   intéressante   et  bien  documentée,   c'est  la  peinture   de 
l'ancieime  vie  municipale  :  villages  d'origine  domaniale  ou  d'origine 
paroissiale,  villes  franches  ou  villes  neuves,  régime  démocratique  ou 
régime   oligarchique,   services  communaux,   etc.   La  thèse,   c'est  la 
nécessité  d'un  socialisme  municipal,  qui  ne  serait,  au  dire  de  M.  Mater, 
qu'un  retour  au  régime  du  passé."  Il  ne  se  contente  pas  de  réclamer 
la  municipalisation  des  services  :  il  demande  encore  la  reprise  de 
l'unearned  incremoit  au  moyen  de  taxes  municipales.  Bien  entendu,  il 
ne  s'agirait  pas  de  jamais  indemniser  des  moins-values.  Tout  cela  est 
chez  lui  une  théorie  plus  juridique  que  socialiste  (voyez,  notamment, 
p.  454).  Mais  ce  chapitre,  très  riche  en  citations  comme  tous  les  autres, 
présente  de  graves  lacunes  au  point  de  vue  économique,  soit  que 
.M.  Mater  se  désintéresse  des  variations  du  pouvoir  général  delà  mon- 
naie, ainsi  que  de  l'amortissement  ou  de  la  reconstitution  des  capitaux 
fixes,  soit  qu'il  ne  voie  pas  les  impôts  périodiques  que  nous  avons  en 
France  sur  les  capitaux, je  veux  dire  les  droits  de  mutation  après  décès, 
impôts  qui,  à  eux  seuls,  absorbent  en  un  siècle  le  tiers  de  la  valeur  de  la 
pleine  propriété.  N'y  a-t-il  pas  là  une  large  compensation  à  cette 
interception  de  l'unearned  incrément  que  réclame  M.  Mater?  Le  cha- 
pitre «  Théories  municipalistes  et  Socialisme  municipal  »  (p.  474-539) 
contient,  avec  beaucoup  de  banalités  historiques  que  donnent  tous 
les  traités  d'histoire  de  doctrines  économiques,  certains  détails  in- 
téressants sur  les  précurseurs  des  socialistes  actuels,  depuis  Morus 
jusqu'à  Cwen  et  Fourier  :  malheureusement  M.  Mater,  pour  pouvoir 
trouver  des  autorités  à  invoquer  dans  son  seijs,  ferme  les  yeux  sur 
les  monstruosités  morales  de  ces  systèmes,  à  tel   point  qu'il  voit  un 
modèle  de  socialisme  municipal  dans  les  orgies  de  Jean  de  Leyde 
pendant  le  siège  de  Munster  (p.  482).  Enfin,  le  grand  défaut  de  cette 


—  36  — 

juxtaposition  de  l'histoire  et  de  la  thèse,  c'est  que  M.  Mater  ne  note 
rien  des  changements  économiques,  moraux  et  politiques  survenus 
entre  le  moyen  âge  et  le  xx^  siècle  :  l'apparition  des  grandes  et  très 
grandes  villes,  la  mobilité  des  populations  on  contraste  avec  la  fixité 
de  fait  et  de  droit  de  jadis,  le  caractère  commun  et  non  plus  individuel 
ou  domestique  de  la  satisfaction  dos  besoins,  la  division  des  manières 
de  penser  sur  presque  toutes  choses  et  par  conséquent  le  danger  de 
l'oppression  des  minorités  par  les  majorités,  etc.  M.  Mater  connaît  bien 
les  détails  et  même  la  jurisprudence  du  Conseil  d'Etat,  c'est  entendu  : 
mais  il  est  plutôt  faible  dans  les  vues  d'ensemble,  qui  chez  lui  sont 
fortement  influencées  par  des  inclinations  vers  le  socialisme. 

28.  —  Cosmopolitisme,  de  M.  Sigurd  Tornudd,  livre  sentencieux, 
mais  supei'ficiel,  aussi  peu  intéressant  que  peu  nouveau,  pourrait 
être  intitulé  :  «  A  la  recherche  d'un  principe  qui  réalise  le  bonheur 
des  individus  et  l'union  des  peuples.  »  Partant  de  l'idée  d'Auguste 
Comte,  que  «  si  la  réunion  des  esprits  dans  une  même  réunion  de  prin- 
cipes peut  être  une  fois  obtenue,  les  institutions  convenables  en  décou- 
leront nécessairement  »,  M.  Tornudd  développe  sa  thèse  :  le  positivisme 
réalisera  la  félicité  du  genre  humain.  Seulement  son  positivisme  à  lui 
ne  respire  pas  le  mysticisme  humanitaire  du  Comte  des  dernières 
années.  Le  sien  est  purement  utilitaire.  Il  étudie  tour  à  tour  les  ga- 
ranties du  droit,  l'utilité  et  le  droit.  Pourquoi  le  droit,  qui  est  un  prin- 
cipe, est-il  étudié  seulement  après  ses  garanties,  qui  sont  des 
moyens?  Mystère!  L'anarchie  intellectuelle,  «un  des  phénomènes 
les  plus  tristes  de  notre  "temps  »,  disait  Comte,  «  disparaîtra 
par  un  affranchissement  radical  de  l'intelligence  humaine  de  toute 
religion  métaphysique  (quel  français!)  (p.  79)...  Il  faut  fonder  des 
écoles  et  répandre  l'instruction  dans  les  rangs  inférieurs  »  (p.  249)t 
afin  que  les  enfants  soient  formés  d'avance  à  la  prévoyance  néomal- 
thusienne, conséquence  ir\évitable  de  l'instruction  :  je  n'invente  pas, 
tout  cela  y  est. 

29.  —  Le  Socialisme  à  l'étrange?;  avec  une  Préface  de  M.  Anatole 
Leroy-Beaulieu  et  une  Introduction  de  M.  Louis-Jaray,  est  un  recueil 
d'études  de  MM.  Bardoux,  Isambert,  Louis-Jaray,  Gidel,  Marvaud, 
Da  Motta  de  San  Miguel,  Kinzo-Goraï,  Tardieu,  etc.,  sur  le  socialisme 
dans  tous  les  grands  pays,  y  compris  le  Japon.  On  y  trouve  quelques 
détails  intéressants  :  mais  quelle  est  bien  la  valeur  de  fond  de  cet 
ouvrage?  En  tout  cas, l'optimisme  y  domine,  et  le  côté  philosophique 
ou  moral  de  la  question  est  complètement  ignoré  ou  négligé.  Même  le 
côté  économique  est -.faible,  notamment  dans  les  conclusions  de  M. 
Quentin-Bauchart  saluant  d'avance  «  une  époque  d'organisation  que 
tout  fait  prévoir  une  époque  d'immobilité  »  (p.  397).  Quoi  !  il  y  aurait 
maintenant  de  l'immobilité  dans  l'histoire  et,  qui  plus  est,  dans 
l'histoire  de  la  Révolution?  C'est  que  personne  n'a  vu  d'un  peu  haut 


—  37  — 

son  sujet,  et  M.Bourdeau,  quia  rédigé  les  dernières  pages  du  volume, 
trouve  tout  naturel  que  «  nos  formes  de  société,  fondées  sur  la  liberté, 
la  propriété  et  la  famille,  telles  que  nous  les  entendons», soient  «appelées 
à  subir  des  transformations  profondes  »  (p.  409). 

30.  —  Comptez  pour  cela  sur  le  syndicalisme  !  M.  Félicien  Chal- 
laye,  auteur  de  Topuscule  :  Syndicalisme  révolutionnaire  et  Syndica- 
lisme réformiste,  connaît  bien  la  littérature  de  son  sujet.  Sa  bibliogra- 
phie est  fort  complète,  en  remontant  jusqu'à  la  création  de  la  Con- 
fédération générale  du  travail  à  la  suite  du  congrès  socialiste  de  Li- 
moges en  1895,  qui  aurait  décidé  de  former  une  «  Fédération  des 
fédérations  nationales  corporatives  ».  Peut-être  bien  M.  Challaye 
exagèi'o-l-il  la  distance  qui  sépare  les  réformistes  des  révolutionnaires. 
Surtout  il  n'étudie  aucunement  le  syndicalisme  comme  véliicule  du 
socialisme.  H  se  borne  à  conclure  que  «  pour  la  transformation  de  la 
société,  pour  la  libération  du  prolétariat,  il  est  bon  que  syndicalisme 
révolutionnaire  et  syndicalisme  réformiste  se  mêlent  dans  la  conscience 
ouvriè.'o  »  (p.  133).  N'est-ce  pas,  n'en  déplaise  à  M.  Challaye,  la  meilleure 
preuve  qu'il  n'y  a  pas  tant  d'antagonisme  ou  d'antithèse  entre  les 
deux  et  que  les  débats  entre  Niel  et  Griiïuehles,  par  exemple,  sont 
affaire  seulement  de  circonstance  et  d'opportunité,  avec  des  rivalités 
temporaires  de  personnes  et  d'influences? 

31 . —  Pourquoi  nous  sommes  socialistes?  se  demande  M.  Jules  Noël. 
Parbleu  !  parce  que  le  monde  est  mal  bâti  !  L'anarchie  originaire  avait 
engendré  par  réaction  la  liiérarcliie  de  la  force;  celle-ci  a  «  inventé 
Dieu  »  pour  se  défendre  (p.  5);  puis  il  n'y  eut  plus  rien,  quand  les  en- 
cyclopédistes eurent  «  démontré  que  l'hypothèse  religieuse  est  fausse  » 
(p.  13).  Alors  il  faut  rebâtir  contre  le  régime  économique  capitalis- 
tique  qui  règne  depuis  lors.  Foin  des  statistiques  !  elles  ne  peuvent 
rien  prouver  contre  le  raisonnement  (p.  53).  Comme  procédés  de 
réformes,  on  devra  supprimer  l'iiérédité  en  ligne  collatérale,  fmpper 
d'un  impôt  de  25  ^ lo  l'hérédité  en  ligne  directe,  donner  à  bail  aux 
travailleurs  la  terre  et  les  instruments  de  production  qui  rentreront 
aux  mains  de  l'État,  enfin  imputer  les  intérêts  des  dettes  sur  le  capital 
jusqu'à  l'amortissement  intégral  (p.  120-122).  Ce  n'est  pas  ingénieux, 
mais  ce  n'en  est  pas  moins  dangereux  pour  les  esprits  faibles.  Quant 
à  moi,  je  n'ai  noté  d'intéressant  que  la  discussion  sur  l'incompatibilité 
du  darwinisme  et  du  socialisme  (p.  107  et  s.),  à  la  suite  de  Colins  qui, 
par  suite  de  l'immatérialité  de  la  raison  chez  l'homme,  trouvait  déjà 
dans  la  série  des  êtres  vivants  un  hiatus  entre  ceux  qui  raisonnent 
et  ceux  qui  ne  raisonnent  pas.  Ce  n'est  pas  le  seul  point  de  rapproche- 
ment que  je  remarque  entre  M.  Noël,  qui  se  dit  collectiviste  rationnel,, 
et  de  Colins,  qui  avait  inventé  le  mot  même  de  collectivisme. 

J.  Ramba-UD. 


AVIATION 

1.  Dans  les  airs.  Aérostation,  aviation,  études  aérostatiques,  par  G.  DE  LA  Landelle. 
Paris,  Vivien,  s.  d.,  2«'  éd.  in-18  de  288  p.,  3  fr.  50.  —  2.  Les  Aéronautes  et  les  colom- 
bophiles  du  siège  de  Paris,  p.ir  François  Mallet.  Paris,  Vivien,''1909,  p'Hit  iii-8  de 
153  p.,  3  fr.  50.  —  3.  Histoire  de  l  aviation.  Avions  cl  aviat'iurs  d'hier,  d'aujourd'hui 
de  demain,  par  Turgan.  Paris,  Geisler,  1909,  in-8  de  280  p.,  avec  nombreuses  pho- 
tographies et  figures,  5  fr.  —  k.  L'Aviation,  ses  débuts, son  développement,  par  F.  Fer- 
EER.  Paris,  Berger-Levrault,  s.  d.,  in-8  de  xn-250  p.,  avec  115  fig.,  5  fr.—  5.  L'Hom- 
me s'envole.  Le  Passé,  le  présent  et  l'avenir  de  l'aviation,  par  le  capitaine  Sazerac 
DE  For'îe.  Paris,  Berger-Levrault,  1909,  in-8  de  viu-93  p.,  avec  42  grav.,  1  fr.  25 
—  6.  État  actuel  et  avenir  de  l'aviation,  par  Rodolphe  Soreau.  Paris,  Vivien,  s.  d., 
in-8  de  245  p.  avec  50  fig.  et  1  carte,  4  fr.  —  1.  Aviation.  Comment  l'oiseau  vole, 
comment  l'homme  volera,  par  Wilhelm  Kress;  trad.  par  R.  Chevreau.  Paris, 
Vivien,  1909.  in-8  de  93  p. avec  38  fig.,  3  fr.  50.  —  8.  Comparaison  entre  certaines 
théories  relatives  aux  automobiles  et  aux  machines  à  voler.  Cent  an"  d'études,  par 
J.-J.  BouRCABT.  Paris,  Vivien,  1908,  in-32  de  20  p.,  avec  2  fjg.  et  1  pi.  Ofr.  50.— 
9.  L'Aéroplane  des  frères  Wright.  Paris,  Berger-Levrault,  1908,  in-8  de  30  p..  avec 
1  pi.  et  dessins,  1  fr.  —  10.  Aéronef  dirigeable  plu.'^  lourd  que  l'air  (hélicoptère). 
Influence  du  vent  sur  la  marche  de  l'aéronef ,  par  Alfred  Micciollo.  Paris,  "^  ivien, 

1908,  in-8  de  fjl  p.,  avec  1  pL,  1  fr.  50.  — 11.  Les  Hélicoptères  Paul  Cornu.  Paris, 
Vivien,  1908,  in  8  de  16  p.,  avec  2  fig.  et  1  grav  .hors  texte,  0  Tr.  15.  —  12.  De  la 
Nécessité  urgente  de  créer  un  laboratoire  d'essais  aérodynamiques,  destiné  à  fournir 
aux  aviateurs  les  éléments  nécessaires  à  la  construciion  des  a-^roplnn-^s  et  df:  la  m  an  ère 
d'organiser  ce  laboratoire,  par  P.  Drzewieck'.  Paris,  Vivien,  1909,  'n-8  de  15  p., 
€  fr  75.  —  13.  Des  Hélices  aériennes.  Théorie  générale  des  propulseurs  hélicoïdaux  et 
Méthode  d?  ci.lcul  de  ces  propulseurs  pour  V  t.i .,  p^r  S.   Drzewiecki.  Paris,  Vivien, 

1909,  in-8  de  62  p.,  avec  grav.,  2  fr.  50. 

1.  —  Un  volume  déjà  ancien  —  il  date  de  1S84  —  revêtu  d'une  cou- 
verture neuve,  ne  constitue  pas,  à  proprement  parler,  la  seconde 
édition  d'un  ouvrage.  C'est  là,  cependant,  semble-t-il,  ce  qui  a  été  fait 
pour  Dans  les  airs.  Aérostation,  aviation.,  études  aérostatiqiies,  de  G.  de 
la  Landelle.  Nous  ne  saurions  toutefois  nous  en  plaindre  trop  éner- 
giquement,  car  il  convenait  que  ce  volume  reparût  à  la  devanture 
des  libraires;  nous  eussions  seulement  souhaité  qu'il  eût  été  complété 
et  mis  au  point.  Cet  ancêtre  de  la  bibliographie  aéronautique  con- 
temporaine contient  en  eiïet  de  fort  intéressantes  choses,  des  rensei- 
gnements historiques  qu'il  serait  difficile  de  rencontrer  ailleurs.  On 
y  trouve  mentionnés  la  plupart  des  précurseurs  et  des  inventeurs  qui 
se  sont  occupés  d'aérostation  ou  d'aviation,  et  de  multiples  anecdotes 
rendent  aussi  agréable  qu'instructive  la  lecture  de  ce  livre,  écrit  pour 
le  pubUc,  aussi  bien  que  pour  les  savants  ou  les  spécialistes. 

2.  —  C'est  encore  l'histoire  de  l'aérostation  qu'écrit  M.  François 
Mallet,  mais  limitée  au  chapitre  le  plus  intéressant,  le  plus  drama- 
tique. L'auteur  raconte  en  eiïet  le  rôle  des  aéronautes  pendant  le  siège 
de  Paris,  et  il  est  bon,  principalement  à  notre  époque,  de  remettre  en 
lumière  les  prodiges  d'audace,  de  dévouement  et  aussi  de  science  que 
nos  aînés  ont  su  accomplir  au  service  de  la  patrie  et  par  amour  pour 
elle.  M.  Mallet  a  pu  puiser  dans  les  documents  officiels  les  détails  de 


—  39  — 

ses  récits,  qui  présentent  ainsi  mille  traits  peu  connus.  Des  chapitres 
consacrés  aux  pigeons  voyageurs,  aux  piétons  messagers  et  aux 
actes  de  dévouement  accomplis  pendant  la  guerre  par  des  télégra- 
phistes complètent  très  heureusement  ce  volume  intitulé  :  Les  Aéro- 
naiites  et  les  colombophiles  du  siège  de  Paris. 

3.  —  Ce  n'est  plus  une  page  d'histoire  que  nous  donne  M.  Turgan, 
c'est  l'Histoire  de  l'aviation  tout  entière.  Ce  sont  en  effet  les  avions  et 
les  aviateurs  d'hier,  d'aujourd'hui  et  même  de  demain,  que  l'auteur, 
dans  une  magistrale  étude,  a  réussi  à  décrire.  Ce  volume  est  une  mine 
de  documents  précieux,  dont  la  réunion  représente  un  travail  consi- 
dérable ;  on  y  trouve  l'histoire  de  l'aviation,  depuis  les  temps  les  plus 
reculés  —  Icare  lui-même  est  mentionné  !  • — -  jusqu'aux  aéro- 
planes dont  les  prouesses  seront  peut-être  célèbres  avant  peu,  mais 
qui,  pour  le  moment,  n'existent  que  sur  le  papier  et  peut-être  même, 
uniquement  dans  l'imagination  fertile  des  inventeurs.  Tous  les  appa- 
reils connus  sont  décrits  d'une  façon  très  complète,  toutes  les  expé- 
riences intéressantes  et  concluantes  sont  relatées,  et  ainsi,  cette  his- 
toire de  l'aviation  détermine  une  sorte  de  point  de  départ  extrême- 
ment utile,  qui  évitera  des  redites  oiseuses  et  des  recherches  très 
longues  aux  auteurs  de  demain.  Un  grand  nombre  de  gravures  et  de 
photographies  illustrent  cet  ouvrage,  dont  les  premières  pages  ren- 
ferment les  si  remarquables  dessins  de  Léonard  de  Vinci  sur  le  vol 
des  oiseaux  et  sur  des  projets  de  machines  volantes.  II  est  enfin  de 
toute  justice  de  signaler  le  soin  remarquable  avec  lequel  a  été  édité 
ce  volume,  qui  fait  le  plus  grand  honneur  à  la  maison  Geisler.  Le 
papier,  les  caractères  et  même  la  couverture  concourent  à  faire  de 
cette  histoire  d'e  l'aviation  une  publication  de  luxe,  aussi  agréable 
à  voir  qu'intéressante  à  lire. 

4.  —  Le  capitaine  Ferber,  à  qui  nous  devons  L'Aviation^  ses  débuts, 
son  développement,  sort  de  Polytechnique;  aussi  ne  craint-il  pas  d'ap- 
peler les  formules  à  son  secours,  dans  un  chapitre  d'ailleurs  intitulé  : 
Les  Calculs,  où  il  expose  avec  une  netteté  parfaite  et  la  plus  grande 
précision,  la  théorie  générale  de  l'aéroplane  dans  l'espace.  C'est  la  pre- 
mière fois,  à  notre  connaissance,  que  cette  étude  ait  été  exposée  aussi 
complètement  et  avec  une  méthode  aussi  scientifique  et  il  était 
vraiment  nécessaire  que  ce  travail  fût  accompli.  Ce  chapitre,  et  en 
particuher  la  partie  donnant  la  théorie  de  l'hélice  propulsive,  est 
d'un  puissant  intérêt;  il  termine  dignement  un  volume  remarquable, 
où  le  capitaine  Ferber,  après  avoir  défini  les  trois  principales  variétés 
d'appareils  volants,  les  ornithoptères,  les  héUcoptères  et  les  aéro- 
planes, fait  l'historique  des  aviateurs  qui,  au  cours  des  douze 
dernières  années,  se  sont  lancés  à  la  conquête  de  l'air  et  ont 
obtenu  les  résultats  que  tout  le  monde  connaît  —  plus  ou  moins  èxac- 


—  40  — 

tement.  —  Enfin,  avant  d'aborder  les  calculs,  l'auteur,  dans  un  résumé 
prophétique,  expose  par  quelles  étapes  successives  passera  l'aéroplane 
dans  un  avenir  prochain  et  quel  sera  l'usage  de  ce  merveilleux  appa- 
reil. Est -il  nécessaire  d'ajouter  que  ce  volume,  remarquable  à  tant  de 
titres,  est  très  bien  édité,  sur  du  beau  papier  et  illustré  de  nombreuses 
et  excellentes  reproductions  de  photographies  ? 

5.  —  Un  autre  officier,  le  capitaine  Sazerac  de  Foige,  a  voulu,  par 
une  élégante  brochure,  contribuer  également  à  Tétude  de  l'aviaiion. 
Moins  scientifique  que  le  capitaine  Forber,  mais  non  moins  intéressant, 
il  a  négligé  complètement  les  x,  pour  jjarler  un  langage  moins  précis, 
mais  qui  sera  compris  par  tous  les  lecteurs.  L'Homme  s'envole.  Le 
passé,  le  présent  et  Vcivenir  de  l'aviation  est  donc  un  ouvrage  de  vul- 
gaiùsation,  dont  le  style  alerte,  les  descriptions  très  claires,  doivent 
séduire  les  personnes  les  moins  initiées.  L'auteur,  après  un  rapide 
exposé  historique,  dans  un  chapitre  intitulé  :  Hier  et  aujourd'hui^ 
étudie  le  problème  de  l'aviation  dans  ses  différents  aspects  :  l'air,  le 
moteur,  la  stabilité,  le  départ  et  l'atterrissage.  Enfin,  dans  un  troi- 
sième chapitre,  non  le  moins  attachant,  il  cherche  à  concevoir  l'avenir 
de  l'aviation,  dans  son  application  à  l'armée,  au  commerce,  aux  sports 
et  aussi  dans  les  transformations  que  ce  nouveau  mode  de  locomotion 
apportera  à  la  vie  sociale.  Une  annexe  donne,  à  la  fin  du  volume, 
les  prix  attribués  à  l'aviation. 

6.  —  Avec  le  volume  de  l'ingénieur  Rodolphe  Soreau  :  Etat  actuel 
et  avenir  de  l'ainaiion,  nous  retrouvons  les  formules,  sans  lesquelles 
une  science  comme  celle  de  l'aviation  ne  saurait  songer  à  s'établir  et, 
encore  moins,  à  progresser.  L'auteur,  dans  cette  importante  brochure, 
a  suivi  une  méthode  rigoureusement  logique.  II  a  d'abord  établi  très 
complètement  la  technique  de  l'aéroplane,  sans  craindre  de  faire 
une  digression  sur  le  vol  des  oiseaux;  puis  il  en  a  exposé 
l'historique,  expliquant  et  critiquant  les  divers  appareils  décrits,  au 
moyen  des  principes  démontrés  dans  la  première  partie.  L'étude  de 
l'aéroplane  ^^'^ight  et  de  son  fameux  «  gauchissement  »  est  pai'ti- 
cuhèrement  intéressante.  Enfin,  dans  une  troisième  partie,  l'auteur 
étudie  les  perfectionnements  qtie  réclament  les  aéroplanes  et  prévoit 
l'avenir  réservé  à  ces  nouveaux  moyens  de  locomotion.  Un  tel  volume, 
qui  constitue  un  ensemble  logique,  homogène,  n'est  pas  suscep- 
tible d'une  analyse,  qui,  si  détaillée  soit-elle,  ne  pourrait  jamais  en 
donner  qu'une  idée  approximative.  Qu'il  nous  Suffise  de  dire 
l'intérêt  très  grand  que  nous  avons  trouvé  à  sa  lecture  et 
les  enseignements  que  nojis  y  avons  puisés.  Nous  n'avons  qu'à 
formuler  une  seule  critiqtie  :  pourquoi  l'auteur  ne  s'est-il  pas 
donné  la  peine  de  modifier  la  forme  de  «  conférence  »  qu'il  a  main- 
tenue à  cet  ouvrage?  Celui-ci  aurait  beaucoup  gagné  à  cette  modifi- 


—  41  — 

cation,  qui  n'aurait  eu  aucun  inconvénient  si  on  avait  pris  soin  de 
rappeler  dans  une  note  que  cette  magistrale  étude  avait  primitivement 
été  présentée  à  la  Société  des  ingénieurs  civils  de  France.  ■ —  L'excel- 
lent éditeur  Mvien  a  illustré  ce  volume  de  nombreuses  gravures  et  a 
multiplié  les  tableaux  numériques  et  les  graphiques,  particulièrement 
précieux  pour  les  constructeurs. 

7.  —  C'est  encore  chez  Mvien  qu'a  été  publiée  la  traduction  fran- 
çaise de  l'ouvrage,  remarquable  à  tant  de  titres,  écrit  en  1905  par 
l'ingénieur  autrichien  Kress,  sous  le  titre  :  Aviation.  Comment  l'homme 
vole,  comment  l'homme  volera.  M.  Kress  a  pris  comme  base  de  ses 
théories  sur  l'aviation  l'étude  approfondie  et  méthodique  du  vol  des 
oiseaux,  précédée  par  des  considérations  nouvefles  et  de  la  plus  haute 
importance,  sur  l'influence  du  vent  sur  les  corps  qui  volent  librement 
dans  les  airs.  Du  vol  des  oiseaux,  l'auteur  passe  tout  naturellement 
au  vol  des  hommes  et  est  ainsi  amené  à  décrire  et  à  étudier  les  diffé- 
rentes tentatives  faites  pour  s'élever  dans  les  airs,  entre  autres  celles 
du  D""  Langley,  peu  connues  en  France.  En  terminant,  l'ingénieur 
■\Mlhelm  Kress  établit  les  caractéristiques  de  l'aéroplane  de  l'avenir 
—  un  sixplans  —  susceptible  de  transporter  cinq  passagers.  Cette 
brochure  est -écrite  avec  une  netteté  et  une  simphcité  qui  séduisent, 
qui  cliarment  et  que  n'a  pas  altérées  l'élégante  traduction  de 
M.  Chevreau. 

8.  ■ —  Quinze  pages  et  un  tableau  d'ensemble  résument  Cent  ans 
d'études  par  MM.  J.-J.  Bourcart,père,  fds  et  petit-fils,  et  étabhssent  une 
Comparaison  curieuse  et,  d'après  l'auteur,  fertile  en  conséquences, 
entre  certaines  théories  relatives  aux  automobiles  et  aux  machines  à  voler. 
Cette  plaquette  qui,  somme  toute,  fait  honneur  aux  facultés  d'obser- 
vation de  la  famille  Bourcart,  apporte  une  très  utile  contribution 
à  l'étude  de  l'aérodynamique.  Malheureusement,  imprimée  en  Alsace, 
elle  fourmille  de  coquilles  désagréables  et  bizarres. 

9.  —  Il  faut  savoir  beaucoup  de  gré  aux  éditeurs  Berger-I.evrault 
d'avoir  réuni  en  une  même  brochure  les  documents  qu'il  est  indis- 
pensable de  connaître  pour  pouvoir  se  faire  une  opinion  exacte  et 
précise  sur  l'Aéroplane  des  frères  Wright,  si  longtemps  méconnu  et  mé- 
prisé et  aujourd'hui  si  célèbre.  On  trouve  ainsi  successivement  le 
le  rapport  présenté  par  les  frères  Wright,  en  1908,  à  l'Aéro-Club  d'Amé- 
rique et  qui  résume  leurs  expériences;  une  note  du  ministre  de  la 
guerre  des  États-Unis  sur  l'adjudication  d'aéroplanes;  la  description 
des  appareils  des  frères  Wright  d'après  les  brevets;  enfin,  quelques 
indications  complémentaires  sur  l'appareil  actuel.  Des  dessins, 
réunis  sur  une  môme  planche  et  extraits  des  brevets,  accompagnent 
les  descriptions.  Ces  divers  documents  n'ont  rien  de  confidentiel  et 
chacun  aurait  pu,  évidemment,  les  rechercher  dans  des  publications 


—  42  — 

spéciales,  en  particulier  dans  la  Reme  d'artillerie]  mais  c'est  là  une 
besogne  longue  et  fastidieuse,  que  beaucoup  ne  peuvent  entreprendre; 
aussi  est-ce  avec  une  réelle  satisfaction  et  un  vif  sentiment  de  reconnais- 
sance que  tous  les  aviateurs,  théoriciens  et  praticiens,  ainsi  que  le 
public,  salueront  l'apparition  de  cette  plaquette. 

10.  ■ —  L'aéroplane  \\ 'right  a  une  grande  supériorité  sur  bien  d'autres 
appareils  :  il  existe  et  il  vole.  On  n'en  pourrait  dire  autant  d'autres 
machines  à  voler,  admirables,  merveilleuses  en  projet,  mais  qui  ont 
le  tort  de  ne  pas  exister.  Il  en  est  ainsi  de  V Aéronef  dirigeable  plus 
lourd  que  l'air  {hélicoptère),  que  M.  Alfred  Micciollo  a  longuement 
étudié,  dont  il  a  étabh  scientifiquement,  et  à  grand  renfort  de  calculs 
et  de  formules,  les  principales  caractéristiques,  mais  qui,  on  peut  le 
craindre,  ne  verra  jamais  le  jour.  C'est  vraiment  regrettable,  car  il 
est  rare  que,  dans  une  invention,  il  n'y  ait  pas  quelque  chose  d'inté- 
ressant à  glaner,  et  ici,  en  particulier,  les  hélices  proposées  mériteraient 
d'être  étudiées.  Quoi  qu'il  en  soit,  cette  brochure  est  bien  à  sa  place 
parmi  les  nombreux  volumes  concernant  l'aviation  qui  portent  le  nom 
de  l'éditeur  Vivien. 

11-  —  L'hélicoptère  Cornu,  s'il  n'a  pas  volé,  s'est  cependant  soulevé 
du  sol;  on  peut  en  déduire  qu'il  y  a  dans  cette  conception  de  la  ma- 
chine à  voler  quelque  chose  de  sérieux  et  de  réalisable  dans  la  pratique, 
au  moins  jusqu'à  un  certain  point.  L'éditeur  Vivien  a  donc  été  bien 
inspiré  en  faisant  figurer  dans  la  collection  des  monographies  d'avia- 
tion la  description  des  Hélicoptères  Paul  Cornu.  On  trouve  là,  en 
effet,  le  fruit  d'expériences  longues  et  tenaces,  riches  de  promesses 
et  susceptibles  de  conduire  à  des  résultats  intéressants,  quoiqu'il  soit 
permis  de  croire  que  l'hélicoptère  ne  soit  pas  la  solution  probable  du 
problème  de  l'aviation.  On  peut  penser,  justement,  semble-t-il,  que, 
dans  l'avenir,  les  aéroplanes  ne  seront  hélicoptères  qu'au  départ  et  à 
rai'rivée,  afin  de  pouvoir  atterrir  ou  s'envoler  verticalement.  Deux 
reproductions  de  photogi'aphies  montrent  les  dispositions  de  l'héli- 
coptère et  d'un  appareil  d'étude. 

12.  ■ —  Les  quelques  pages,  courtes  mais  substantielles,  de  M.  S. 
Drzewiecki  sont  un  ardent  plaidoyer  sur  la  Nécessité  urgente  de  créer  un 
laboratoire  d'essais  aérodynamiques.  Il  semble  vraiment  que,  depuis 
longtemps,  un  semblable  étabhssement  devrait  être  construit,  mais 
il  n'en  est  rien  :  on  n'a  pas  d'argent  !  Et  cependant,  que  de  tâtonne- 
ments dispendieux  auraient  été  évités  aux  aviateurs  s'ils  avaient  pu, 
au  préalable,  obtenir  par  l'expérience  les  éléments  nécessaires  à  la 
construction  de  leurs  appareils  !  Il  faut  souhaiter  que  cet  opuscule, 
qui  met  si  parfaitement  en  lumière  les  services  que  l'on  serait  en  droit 
d'attendre  d'un  tel  étabhssement,  et  qui  indique  la  manière  d'organiser 
ce  laboratoire,   puisse  en   déterminer  la  construction   et  peut-être 


—  43  — 

même  provoquer  un  acte  généreux  de  la  part  d'un  aviateur  foi'tuné  — 
et  il  doit  s'en  trouver  ! 

13.  ■ —  Il  est  évident  que,  pour  l'aviation,  la  perfection  des  propul- 
seurs est  une  question  de  tout  premier  ordre;  aussi  était-il  indispen- 
sable de  déterminer  une  méthode  générale  et  scientifique  permettant 
de  pouvoir  obtenir  rapidement  les  caractéristiques  de  l'hélice  dont 
on  a  besoin.  C'est  à  exposeï'  cette  méthode,  après  toutefois  l'avoir 
fait  précéder  de  la  théorie  générale  des  propulseurs  hélicoïdaux,  que 
Mr.  Drzewiecki  a  consacré  une  brochure  telle  qu'on  pouvait  l'attendre 
d'un  ingénieur  aussi  compétent,  aussi  connu  et  estimé  dans  le  monde 
maritime  pour  ses  travaux  sur  les  hélices  destinées  à  la  propulsion 
des  bâtiments.  Nous  ne  doutons  pas  que  par  ses  publications  actuelles, 
l'auteur  de  la  remarquable  étude  :  Des  Hélices  aériennes  ne  rende 
aux  aviateurs  des  services  comparables  à  ceux  qu'ont  rendus  aux 
marins  ses  travaux  antérieurs.  J.  C.  T. 


THÉOLOGIE 


Tractatus  «le  vera  religione,  auctore    Joanne  Muncunill,.   Bar- 
celona,   Gustave  Gili,  1909,  gr.  in-8  de   vii-423  p.  —  Prix  :  8  fr. 

Le  P.  Muncunill  nous  donne  ici  un  bon  traité  classique  de  la  vraie 
leligion.  11  y  a  là  un  elïort  méritoire  pour  la  mise  au  point  et  pour 
tenir  compte  des  nécessités  actuelles.  L'auteur  connaît  les  travaux 
français,  et  cite,  parfois  de  première  main,  A,  Sabatier,  Loisy,  et 
aussi  Bougaud,  Blondel;  il  utiUse  l'encyclique  Pascendi.  Le  cadre 
est  celui  auquel  nous  sommes  accoutumés,  avec  d'heureuses  modi- 
fications de  détail,  fr.iis  dissertations  :  la  première,  sur  la  révélation 
et  ses  critères,  l'autorité  des  Évangiles  et  des  Actes:  la  seconde,  sur 
la  vérité  de  la  religirni  chrétienne  :  preuve  des  miracles,  preuve  des 
prophéties,  preuves  diverses  (vie  et  autorité  de  Jésus-Christ,  doctrine 
chrétienne,  propagation  rapide,  effets,  martyrs,  conservation  mi- 
raculeuse dans  l'Église  catholique);  la  troisième,  sur  les  religions  non 
chrétiennes  :  la  vraie  religion  avant  Jésus-Christ  (religion  primitive, 
révélation  mosaïque),  les  fausses  rehgions, (polythéisme,  bouddhisme, 
mahométisme).  Cette  troisième  partie  est  très  courte,  vingt  pages 
seulement. 

On  pourrait  souhaiter,  peut-être,  sinon  une  attitude  plus  sympa- 
thique et  plus  accueillante,  du  moins,  une  curiosité  plus  éveillée  et 
une  pénétration  plus  intime,  à  l'égard  de  ce  qu'on  appelle  la  mentalité 
moderne.  Tout  n'est  pas  modernisme  dans  le  mouvement  actuel  des 
études  bibliques,  philosophiques,  historiques,  et  tous  les  problèmes 
d'apologétique  ou  d'histoire  ne  se  ramènfmt  pas  à  la  seule  que -tion 
ai  vrai  et  do  faux  :  ce  n'est  pas  rien  que  le  sens  historique,  le  sens 


—  42  — 

spéciales,  en  particulier  dans  la  Revue  d'artillerie;  mais  c'est  là  une 
besogne  longue  et  fastidieuse,  que  beaucoup  ne  peuvent  entreprendre; 
aussi  est-ce  avec  une  réelle  satisfaction  et  un  vif  sentiment  dereconnais- 
sance  que  tous  les  aviateurs,  théoriciens  et  praticiens,  ainsi  que  le 
public,  salueront  l'apparition  de  cette  plaquette. 

10.  —  L'aéroplane  ^^'right  a  une  grande  supériorité  sur  bien  d'autres 
appareils  :  il  existe  et  il  vole.  On  n'en  pourrait  dire  autant  d'autres 
machines  à  voler,  admirables,  merveilleuses  en -projet,  mais  qui  ont 
le  tort  de  ne  pas  exister.  Il  en  est  ainsi  de  Y  Aéronef  dirigeable  plus 
lourd  que  l'air  {hélicoptère),  que  M.  Alfred  INIicciollo  a  longuement 
étudié,  dont  il  a  établi  scientifiquement,  et  à  grand  renfort  de  calculs 
et  de  formules,  les  principales  caractéristiques,  mais  qui,  on  peut  le 
craindre,  ne  verra  jamais  le  jour.  C'est  vraiment  regrettable,  car  il 
est  rare  que,  dans  une  invention,  il  n'y  ait  pas  quelque  chose  d'inté- 
ressant à  glaner,  et  ici,  en  particulier,  les  hélices  proposées  mériteraient 
d'être  étudiées.  Quoi  qu'il  en  soit,  cette  brochure  est  bien  à  sa  place 
parmi  les  nombreux  volumes  concernant  l'aviation  qui  portent  le  nom 
de  l'éditeur  \'ivien. 

11-  —  L'hélicoptère  Cornu,  s'il  n'a  pas  volé,  s'est  cependant  soulevé 
du  sol;  on  peut  en  déduire  qu'il  y  a  dans  cette  conception  de  la  ma- 
chine à  voler  quelque  chose  de  sérieux  et  de  réahsable  dans  la  pratique, 
au  moins  jusqu'à  un  certain  point.  L'éditeur  ^"ivien  a  donc  été  bien 
inspiré  en  faisant  figurer  dans  la  collection  des  monographies  d'avia- 
tion la  description  des  Hélicoptères  Paul  Cornu.  On  trouve  là,  en 
effet,  le  fruit  d'expériences  longues  et  tenaces,  riches  de  promesses 
et  susceptibles  de  conduire  à  des  résultats  intéressants,  quoiqu'il  soit 
permis  de  croire  que  l'hélicoptère  ne  soit  pas  la  solution  probable  du 
problème  de  l'aviation.  On  peut  penser,  justement,  semble-t-il,  que, 
dans  l'avenir,  les  aéroplanes  ne  seront  hélicoptères  qu'au  départ  et  à 
1  ai'rivé?,  afin  de  pouvoir  atterrir  ou  s'envoler  verticalement.  Deux 
reproductions  de  photog.'aphies  montrent  les  dispositions  de  l'héli- 
coptère et  d'un  appareil  d'étude. 

12.  —  Les  quelques  pages,  courtes  mais  substantielles,  de  M.  S. 
Drzewiecki  sont  un  ardent  plaidoyer  sur  la  Nécessité  urgente  de  créer  un 
laboratoire  d'essais  aérodynamiques.  Il  semble  vraiment  que,  depuis 
longtemps,  un  semblable  étabhssement  devrait  être  construit,  mais 
il  n'en  est  rien  :  on  n'a  pas  d'argent  !  Et  cependant,  que  de  tâtonne- 
ments dispendieux  auraient  été  évités  aux  aviateurs  s'ils  avaient  pu, 
au  préalable,  obtenir  par  l'expérience  les  éléments  nécessaires  à  la 
construction  de  leurs  appareils  !  Il  faut  souhaiter  que  cet  opuscule, 
qui  met  si  parfaitement  en  lumière  les  services  que  l'on  serait  en  droit 
d'attendre  d'un  tel  étabhssement,  et  qui  indique  la  manière  d'organiser 
ce  laboratoire,  puisse  en  déterminer  la  construction   et  peut-être 


—  43  — 

même  provoquer  un  acte  généreux  de  la  part  d'un  aviateur  fortuné  — 
et  il  doit  s'en  trouver  ! 

13.  —  Il  est  évident  que,  pour  l'aviation,  la  perfection  des  propul- 
seurs est  une  question  de  tout  premier  ordre;  aussi  était-il  indispen- 
sable de  déterminer  une  méthode  générale  et  scientifique  permettant 
de  pouvoir  obtenir  rapidement  les  caractéristiques  de  l'hélice  dont 
on  a  besoin.  C'est  à  exposer  cette  méthode,  après  toutefois  l'avoir 
fait  précéder  de  la  théorie  générale  des  propulseurs  héUcoïdaux,  que 
Mr.  Drzewiecki  a  consacré  une  brochure  telle  qu'on  pouvait  l'attendre 
•  d'un  ingénieur  aussi  compétent,  aussi  connu  et  estimé  dans  le  monde 
maritime  pour  ses  travaux  sur  les  hélices  destinées  à  la  propulsion 
des  bâtiments.  Nous  ne  doutons  pas  que  par  ses  publications  actuelles, 
l'auteur  de  la  remarquable  étude  :  Des  Hélices  aériennes  ne  rende 
aux  aviateurs  des  services  comparables  à  ceux  qu'ont  rendus  aux 
marins  ses  travaux  antérieurs.  J.  C.  T. 


THÉOLOGIE 


Tractatus  tle  vora  religione,  auctore    Joanne  Muncunill„   Bar- 
celona,   Gustave  Gili,  1909,  gr.  in-8  de   vii-423  p.  —  Prix  :  8  fr. 

Le  P.  Muncunill  nous  donne  ici  un  bon  traité  classique  de  la  vraie 
lehgion.  II  y  a  là  un  effort  méritoire  pour  la  mise  au  point  et  pour 
tenir  compte  des  nécessités  actuelles.  L'auteur  connaît  les  travaux 
français,  et  cite,  parfois  de  première  main,  A.  Sabatier,  Loisy,  et 
aussi  Bougaud,  BlondeL  il  utihse  l'encyclique  Pascendi.  Le  cadre 
est  celui  auquel  nous  sommes  accoutumés,  avec  d'heureuses  modi- 
fications de  détail.  Triiis  dissertations  :  la  première,  sur  la  révélation 
et  ses  critères,  l'autorité  des  Évangiles  et  des  Actes:  la  seconde,  sur 
la  vérité  de  la  religion  chrétienne  :  preuve  des  miracles,  preuve  des 
prophéties,  preuves  diverses  (vie  et  autorité  de  Jésus-Christ,  doctrine 
chrétienne,  propagation  rapide,  effets,  mortyrs,  conservation  mi- 
raculeuse dans  l'Église  catholique);  la  troisième,  sur  les  reUgions  non 
chrétiennes  :  la  vraie  religion  avant  Jésus-Christ  (religion  primitive, 
révélation  mosaïque),  les  fausses  religions, (polythéisme,  bouddhisme, 
mahométisme).  Cette  troisième  partie  est  très  courte,  vingt  pages 
seulement. 

On  pourrait  souhaiter,  peut-être,  sinon  une  attitude  plus  sympa- 
thique et  plus  accueillante,  du  moins,  une  curiosité  plus  éveillée  et 
une  pénétration  plus  intime,  à  l'égard  de  ce  qu'on  appelle  la  mentalité 
moderne.  Tout  n'est  pas  modernisme  dans  le  mouvement  actuel  des 
études  bibliques,  philosophiques,  historiques,  et  tous  les  problèmes 
d'apologétique  ou  d'histoire  ne  se  ramènent  pas  à  la  seule  question 
do  vrai  et  de  faux  :  ce  n'est  pas  rien  que  le  sens  historique,  le  sens 


—  44  - 

psychologique,  le  sens  de  Teliort  et  du  devenir.  Ce  livre  érudit,  solide,. 
sérieux,donne  l'impression  que  la  pensée  théologique  serait  absolument 
étrangère  à  la  pensée  actuelle  et  vivante  —  chacune  allant  son  chemin, 
l'une  et  l'autre  se  croisant  parfois,  mais  sans  se  connaitie  —  et  cette 
impression  est  angoissante,  de  sentir  qu'on  possède  la  vérité,  et 
qu'il  n'y  a  personne  pour  la  recevoir,  comme  de  se  sentir  porteur 
des   richesses   divines   et  de  n'avoir  pas  à  qui  les  donner. 

L'auteur  eût  pu,  je  crois,  alléger  son  livre  de  discussions  contre  des 
systèmes  périmés,à  moins  qu'ellesn'aient  encore  leur  utilité  en  Espagne. 
Il  eût  été  bon  aussi,  puisqu'il  s'agit  ici  de  raisons  et  de  faits,  non  d'au- 
torité ni  de  théologie,  de  ne  pas  prendre  pour  acquises,  en  matière 
biblique  notamment,  des  positions  qui,  même  si  elles  s'imposaient 
à  nous,  catholiques,de  par  les  principes  de  la  foi  et  l'autorité  de  l'Église, 
sont  scientifiquement  incertaines  et  discutables  pour  de?,  non  croyants. 

De  ce  chef,  l'auteur  n'aurait  pas  dû,  par  exemple,  faire  entrer  dans 
son  argument  des  prophéties  messianiques  des  détails  qui  ne  s'imposent 
qu'à  la  foi,  comme  la  naissance  virginale  du  Messie,  puisque,  même 
en  supposant  que  la  fameuse  prophétie  de  l'Emmanuel  doit  scien- 
tifiquement s'entendre  en  ce  sens,  il  reste  que  l'accomplissement  n'est 
pas  scientifiquement  vérifiable,  ce  qui  est  cependant  indiqué  par 
le  P.  Muncunill  lui-même  comme  nécessaire  pour  que  l'argument  soit 
valable.  Même  remarque  pour  la  préexistence  éternelle  du  Messie  : 
il  n'est  pas  sûr  que  Michée  l'affirme  au  sens  où  l'entend  le  P.  Mun- 
cunill, et  quand  il  l'affirmerait,  il  ne  s'ensuivrait  pas  que  l'affirmation 
s'impose  à  la  raison  de  l'incroyant.  Un  argument  peut  valoir  en 
théologie,  qui  ne  vaut  pas  en  apologétique. 

La  remarque  ne  vaut  pas  que  pour  le  P.  Muncunill.  Nous  avons 
tous  à  nous  surveiller  sur  ce  point.  J.-V.  Bainvsl. 


lia  IVotiou  du  lieu  tliéologic|ue,  par  le  P.  A.   Gardeil.   Paris, 
Lecoiïre,  Gabalda;  Kain  (Belgique),  1908,  in  8  de  86  p.  —  Prix  :  1  fr.  50. 

Question  de  méthodologie  théologique.  Partant  du  De  locis  theo- 
logicis  de  Melchior  Gano,  le  P.  Gardeil  essaye,  non  pas  de  nous 
donnei  un  nouveau  traité  des  lieux  théologiques,  mais  de  préciser 
et  de  dégager  l'idée  qui  est  à  la  base  du  célèbre  traité.  Pour  cela, 
'1  remonte  aux  Topiques  d'Aristote,  et  il  en  expose  le  principe  et  le 
procédé  fondamental.  11  y  a  bien,  à  cause  de  la  nature  spéciale  du 
donné  théologique,  certaines  différences  entre  la  dialectique  de  la 
théologie  et  celle  des  Topiques.  Mais  l'analogie  est  profonde.  Appuyé 
sur  cette  analogie,  il  pousse  plus  loin  qu'on  n'avait  fait  jusqu'ici 
l'étude  du  lieu  théologique,  il  nous  en  décrit  le  fonctionnement,  il 
nous  indique,  enfin,  ce  qu'il  y  aurait  à  faire  pour  avoir  une  sorte 
à'Ars  magna  de  la  théologie,  quelque  chose  comme  ce  que  Leibniz 


—  45  — 

voulait  réaliser  dans  sa  Caractéristique  universelle^  un  recueil  mé- 
thodique, trié,  préparé,  prêt  à  l'usage  de  tout  le  donné  théologique, 
avec  la  notation  précise  de  la  valeur  dialectique  de  chaque  proposition 
et  du  fondement  de  cette  valeur. 

On  devine  que  ce  n'est  pas  ici  un  travail  de  vulgarisation;  c'est 
une  étude  «  purement  ésotérique  »,  l'auteur  lui-même  nous  en  avertit. 
Ceux  qui  pourront  le  suivre  y  gagneront  do  mieux  sav^jir  ce  qu'est 
la  Théologie,  et  «  ce  que  doit  être  le  De  locis,  qui  lui  sert  d'Introduction  ». 

J.-V.  Bm^vel. 

lia  Foi  et  J'acte  de  loi,  par  J.-V.  Bainvel,  Nouvelle  édition.  Paris, 
Lethielleux,  s.  d.,  in  12  de  338  p.  —  Prix  :  2  fr.  50. 

Cette  nouvelle  édition  qui  suit  de  dix  ans  la  première  et  la  reproduit 
presque  identiquement  mérite  de  grands  éloges,  puisque  les  idées 
qu'elle  renferme  ont  pu  subir  l'épreuve  du  temps  sans  avoir  besoin 
d'être  modifiées.  Il  fallait  qu'elles  fussent  bien  profondes  et  bien 
définitives  pour  traverser  ainsi  les  tempêtes  thé  dogiques  de  ces 
dernières  années.  Les  exphcations  que  donne  M.  Bainvel  de  l'acte 
de  foi,  de  sa  nature,  de  ses  éléments  sont  peut-être  difficiles  à  suivre 
pour  d'autres  que  des  théologiens  de  profession,  mais  elles  sont  aussi 
claires  que  le  sujet  le  comporte.  Leur  simplicité  ne  nuit  pas  à  leur 
finesse  ou  à  leur  solidité.  Plusieurs  appendices  complètent  heureu- 
sement toute  l'exposition,  soit  en  la  résumant,  soit  en  la  confrontant 
avec  les  textes  dogmatiques  et  théologiques  les  plus  autorisés. 

A.  Clerval. 

SCIENCES  ET  ARTS 

IVotre  Œuvre  d'éducatrîces,  par  Une  Religieuse  des  Sacrés-Cœurs 
de  Jésus  et  de  Marie.  2^  éd.  Paris,  Beauchesne,  1908,  in-18  de  282  p.  — 
Prix  :  2  fr.  50. 

«  Ce  petit  ouvrage  n'est  point  une  étude  pédagogique.  Il  n'entre 
point  dans  la  question  des  méthodes  et  des  procédés  d'enseignement; 
il  ne  traite  pas  non  plus  des  divers  aspects  de  l'éducation  et  des 
moyens  particuhers  qui  conviennent  à  chacun  d'eux...  Il  s'agit  ici  de 
ce  qui  est  spécialement  notre  œuvre,  en  tant  que  nous  sommes  insti- 
tutrices chrétiennes.  »  Ces  lignes,  empruntées  à  la  Préface,  précisent 
le  but  du  livre,  qui  n'est  pas  un  traité  de  pédagogie  et  s'adresse  spé- 
cialement aux  institutrices  chrétiennes.  Son  sujet,  c'est  donc  uni- 
quement l'éducation  chrétienne  des  jeunes  filles  et  il  n'y  faut  pas 
chercher  autre  chose.  La  première  partie,  c'est  l'éducation  chrétienne 
à  l'école,  œuvre  capitale,  très  délicate,  particulièrement  méritoire, 
qui  vise  à  la  formation  d'un  tempérament  chrétien,  chrétien  par 
l'esprit,  par  le  cœur,  par  la  conscience,  conspirant  ensemble  pour  la 


métapsychie  ».  Cette  bibliothèque,  dirigée  par  M.  Raymond  Meunier, 
a  pour  but  d'étudier  les  parties  encore  obscures  de  la  psychophy- 
siologie. 

Dans  le  présent  volume,  le  sixième  de  la  collection,  Tauteur, 
M.  Henri  Laures,  étudie  les  synesthésies,  c'est-à-dire  ces  associations 
de  sensations  s'appelant  l'une  l'autre,  telle  l'audition  colorée  éprou- 
vée par  certaines  personnes  chez  qui  le  son  d'une  lettre  ou  même 
un  son  musical  évoque  immédiatement  l'image  d'une  couleur.  Chez 
un  grand  nombre,  d'après  M.  Laures,  ce  phénomène  dépend  d'une 
analogie  affective  entre  tel  son  et  telle  couleur.  Mais  il  est  des  cas 
où  l'auteur  ne  croit  pas  cette  explication  suffisante  et  où  il  faudrait 
recourir  à  une  particularité  de  l'organisation  du  système  nerveux. 
Cela  semblerait  d'autant  plus  problable  que  beaucoup  d'enfants 
éprouvent  des  phénomènes  d'audition  colorée  qui  disparaissent 
avec  l'âge.  D.  V. 

Iflutation  et  trauinatij^mes,  étude  sur  révolution  des  formes 
végé-ales,  par  L.  Blarixghem.  Paris,  Alcan,  1908,  gr.  in-S  de  248  p., 
avec  8  planches.  —  Prix  :  10  fr. 

Fréquemment  les  agTiculteurs,  de  même  que  les  amateurs  de  jardins, 
se  trouvent  en  présence  de  plantes  ou  de  fleurs  de  nouvelles  espèces, 
résultant  de  sélections  naturelles  ou  d'artifices  de  culture.  Ces  nou- 
veautés, disent  les  obtenteurs,  sont  de  véritables  «  créations  ».  En  fait, 
elles  sont  obtenues  parfois  dans  la  nature  à  la  suite  de  certaines  cir- 
constances accidentelles  dues  au  hasard,  pai'fois  produites  par  des 
spéciaUstes  à  la  suite  d'études  et  d'expériences  de  l'homme,  qui  arrive 
à  diriger  les  eiïets  d'accidents  identiques  et  par  suite  certaines  apph- 
cations  de  règles  normal 3S  du  développement,  des  modifications  ou 
de  la  reproduction  des  espèces.  L'ouvrage  de  M.  Blaringhem  est 
consacré  à  ces  études  de  l'évolution  des  formes  végétales  :  il  est  des 
plus  intéressants  et  des  plus  curieux. 

«  La  théorie  des  mutations  ou  la  variation  créatrice  d'espèces  est 
encore  inconnue»,  dit  l'auteur,  mais  bien  des  faits  sont  acquis;  ils  se 
renouvellent  et  sont  déjà  utilisés.  Ils  proviennent  la  plupart  de  muti- 
lations et  de  blessures  faites  au  végétal,  de  «  traumatismes  »,  suivant 
le  nom  qu'on  leur  a  donné.  Exposer  les  résultats  des  expériences 
reconnues,  les  rapprocher,  est  le  but  de  ce  mémoire  rempli  de  faits 
intéressants  qui  pourront  servir  de  guide  aux  spécialistes  et  aux  esprits 
curieux.  L'ouvrage  se  termine  d'abord  par  un  relevé  bibliogra- 
phique de  toutes  les  publications  se  rapportant  à  la  matière  en  France 
et  à  l'étranger,  et  ensuite  pai*  huit  planches  photographiques  représen- 
tant cent-deux  spécimens  obtenus  jusqu'ici.  C'est  un  complément 
des  plus  instructifs.  G.  de  S. 


—  49  — 

TArpIlles  et  projeetîles  automobiles,  par  H.  Noalhat.  Paris  et 
Nancy,  Berger- Levrault,  1908,  in-o  de  vii-110  p.,  avec  40  grav.  — 
Prix  :  2  fr.  50. 

•  M.  Noalhat  est  un  spécialiste  de  la  torpille  automobile;  il  la  connaît 
bien,  ce  qui  lui  permet  de  l'apprécier  à  sa  juste  valeur.  Aussi  n'a-t-il 
pas  hésité,  dans  le  premier  chapitre  de  sa  nouvelle  étude,  à  affirmer, 
contrairement  à  Topinion  généralement  admise,  que  cet  engin  n'avait 
joué,  pendant  la  dernière  guerre  russo-japonaise,  qu'un  rôle  tout  à  fait 
secondaire.  C'est  là  d'ailleurs,  il  faut  s'empresser  de  le  reconnaître, 
l'expression  de  la  stricte  vérité,  vérité  d'autant  plus  pénible  pour  nous 
autres  Français,  que,  suivant  en  cela  les  tendances  de  la  «  jeune  marine  », 
nous  confions  en  grande  partie  aux  torpilleurs  — et,  par  suite,  aux 
torpilles,  —  le  soin  de  défendre  l'intégrité  de  nos  côtes. 

Malgré  cela,  nous  sommes  à  peu  près  impuissants  à  construire  dans 
nos  arsenaux  cet  engin,  et  ainsi  nous  trouvons-nous  tributaires  de  la 
fabrique  autrichienne  de  Fiume,  en  attendant,  selon  le  fâcheux  pro- 
nostic de  M.  Noalhat,  que  nous  devenions  tributaires  des  États-Unis, 
avec  la  nouvelle  torpille  Bliss-Leavitt.  Celle-ci,  annoncée  depuis  de 
longs  mois  à  Toulon,  ne  paraît  pas,  a  priori,  avoir  sur  la  Whitehead 
des  avantages  assez  considérables  pour  compenser  son  prix,  vraiment 
américain. 

La  torpille  dirigeable  compléterait  utilement  la  torpille  automobile, 
mais  elle  est  encore  à  créer,  et,  d'ailleurs,  c'est  plutôt  vers  le  projectile 
automobile  sous-marin,  robuste,  simple,  à  grande  vitesse  et  à  faible 
prix  de  revient,  qu'il  conviendrait  de  diriger  les  recherches.  C'est  un 
projectile  de  ce  genre  que  propose  et  décrit  M.  Noalhat, et  nous  recon- 
naissons volontiers  que  ses  idées  et  ses  projets  sont  exposés  sous  une 
forme  très  séduisante,  bien  faite  pour  inciter  un  ingénieur  à  mettre 
au  point  le  nouvel  engin. 

Des  annexes  font  connaître,  avec  de  nombreux  dessins  à  l'appui, 
les  derniers  perfectionnements  apportés  aux  torpilles  actuelles. 

J.  C.  T. 


LITTERATURE 


l>a  Parole  hiiiiiaiiie.  É<u«le^  «le  philologie  itoiivelie  d'après 
une  lanuue  d'AiMériciue,  par  A.  Berloin.  Paris,  Champion; 
Montréal,  Beauchemin,  1908,  gr.  in-8  de  221  p.  —  Prix  :  5  fr. 

Il  est  un  mérite  qu'on  ne  saurait  refuser  à  l'auteur  du  présent 
ouvrage.  Ses  recherches  ont  porté  sur  une  branche  encore  assez 
peu  explorée  des  études  linguistiques.  Les  dialectes  du  groupe  dit 
Algique,  et  spécialement  le  «  cri  »,  par  lui  considéré  comme  vm  des  re- 
présentants les  plus  purs  et  les  mieux  conservés  de  toute  la  famille, 
ont  spécialement  attiré  son  attention. 

Juillet  1909.  T.  CXVL  4. 


—  50  — 

Il  nous  fournit  de  cunoiix  renseignements  sur  le  mode  de  formation 
des  mots  dans  cet  idiome,  notamment  sur  l'emploi  de  ce  que  nous 
pourrions  qualifier  d'infixés  instrumentaux.  Ainsi,  l'intercalation  de 
la  diphthongue  consonantique  sk  en  cri,  ck  en  algonkin  indique 
une  action  faite  au  moyen  du  pied  ;  Ex.  (en  cri),  Taku-sk-ew^  «  il  pose 
le  pied  sur;  taki-sk-awew,  «  il  la  frappe  du  pied  ».  Cela  ne  nous 
rappelle-t-il  pas  quelque  peu  nos  verbes  français  «  maintenir  »,  litt. 
«  tenir  avec  la  main  »;  «  manœuvrer  »,  litt.  «  ouvrager  à  la  main  »? 
Encore,  avons-nous  affaire,  dans  ces  deux  derniers  termes,  à  de 
véritables  composés,  tandis  que  dans  les  langues  du  Nouveau 
Monde,  on  se  trouve  en  présence  d'un  groupement  de  lettres  dont 
l'origine  première  reste  obscure  et  n'a  plus,  aujourd'hui  du  moins, 
de  relation  appréciable  avec  l'objet  désigné. 

Ajoutons  à  regret  que  l'ensemble  du  travail  de  M.  Berloin  laisse  à 
désirer  au  point  de  vue  de  la  méthode.  Or,  sans  méthode,  pas  de  salut, 
surtout  en  linguistique,  observe  Schleicher.  L'auteur  se  montre,  par 
suite,  ce  que  nous  pourrions  appeler  trop  fantaisiste.  Il  s'épuise  en 
recherches  sur  la  valeur  primordiale  à  attribuer  à  chaque  son,  à  chaque 
lettre.  Bien  des  essais  ont  déjà  été  faits  dans  ce  sens,  et  depuis  long- 
temps. Mais  ils  n'ont  jamais  amené,  que  nous  sachions,  à  des  résultats 
satisfaisants.  Notre  auteur  veut  que  la  voyelle  a  éveille  une  idée  de 
grandeur.  Est-ce  pour  cela  qu'elle  apparaît  dans  le  latin  parviis, 
l'hébreu  kathon.,  «  petit  ». 

Sans  doute,  nous  ne  contestons  pas  le  rôle  important  joué  par  l'ono- 
matopée dans  le  vocabulaire  des  populations  primitives.  Hésitera- 
t-on  à  admettre  que  le  sanskrit  kokila,  «  coucou  »,  tout  comme 
le  latin  ciicullus  ne  soit  tu-é  du  cri  même  de  l'oiseau?  Même  obser- 
vation pour  le  latin  upupa,  notre  français  «  huppe  ».  Nous  recon- 
naîtrons également  une  certaine  convenance  phonétique  entre  l'alle- 
mand hrechen,  le  latin  frangere  et  l'idée  de  «  briser  ».  Mais  de  là  à 
admettre  que  l'esprit  humain  se  soit  plu  à  isoler  chaque  phonème 
pour  lui  assigner  une  valeur  sémantique  spéciale,  il  y  a  loin,  ce 
semble. 

Nous  ne  contestons  pas  qu'il  n'existe  certains  éléments  lexico- 
grapliiques  communs  aux  langues  de  l'Ancien  et  du  Nouveau 
Monde.  Est-ce  que,  suivant  toute  apparence,  la  race  cuivrée  n'a 
pas  eu  pour  séjour  primitif  certaines  régions  de  l'Asie  orientale? 
On  a  même  assez  lieu  de  penser  qu'elle  n'a  traversé  le  détroit  de 
Behring  qu'à  une  époque  relativement  récente  et  postérieure  aux 
débuts  de  la  période  de  la  pierre  polie.  Le  continent  occidental  mé- 
riterait donc  à  un  double  titre  son  nom  de  Nouveau  Monde,  et  par 
l'époque  tardive  de  la  découverte  et  plus  encore  par  celle  où  il  a  reçu 
ses  premiers  habitants.  Les  ancêtres  des  Indiens  d'Amérique  se  sont 


—  51  — 

forcément,  pendant  une  longue  suite  de  siècles,  trouvés  en  contact 
avec  des  populations  de  race  caucasienne  ou  mongolique.  Certains 
emprunts  linguistiques  ont  dû  résulter  d'un  tel  état  de  choses. 

En  tout  cas,  rien  ne  prouve  que  le  nombre  de  ces  termes  ait  été 
considérable,  et  une  étude  approfondie  apparaîtrait  indispensable 
pour  les  déterminer. 

A  cet  égard  précisément,  les  rapprochements  indiqués  par  M.  Berloin 
ne  semblent  pas  toujours  fort  concluants.  Plusieurs  d'entre  eux 
pourraient  bien  n'être  que  le  résultat  du  pur  hasard.  D'autres  doivent 
être,  a  priori^  tenus  pour  inadmissibles. 

Nous  nous  refusons,  par  exemple,  absolument,  à  supposer  la  moindre 
parenté  entre  les  termes  lyini,  ilini,  «  homme  »,  dans  divers  dialectes 
algiques  et  le  grec /ie/Ze/i  et  ethnos,  entre  l'algonkin  ikkwe^  «  femme  » 
et  le  grec  gyné  ou  le  latin  uxor.  Ce  dernier  terme,  tiré  de  ungere, 
«  oindre  »,  signifie,  au  pied  de  la  lettre,  «  celle  qui  oint  ».  En  efïet,  la 
fiancée  entrant  dans  la  maison  de  son  époux,  devait  frotter  les  portes 
avec  de  l'huile. 

Nous  pourrions  multiplier  les  observations,  mais  ce  que  nous  venons 
de  dire  suffit.  L'on  voit  avec  quelles  précautions  il  convient  d'avoir 
recours  au  travail  de  M.  Berloin.  On  ne  niera  pas  que  l'auteur  n'y 
déploie  de  réels  trésors  d'érudition,  mais,  vraiment,  nous  le  trouvons 
trop  homme  à  système.  Comte  de  Charencey. 

Ite  XVII®  Siècle  par  le»  tex.fés.  Morceaux  choisis,  par   Georges 
Pellissier.    Paris,  Delagrav^  1908,  petit  in  8  de  592  p.  —  Prix  :  5  fr. 

Ces  lectures  diffèrent  heureusement  de  ces  morceaux  choisis  trop  ré- 
pandus,que  les  élèves  doivent  se  procurer  chaque  fois  qu'ils  changent  de 
classe  et  où  ils  retrouvent  perpétuellement  les  mêmes  extraits.  L'auteur 
a  évité  ces  répétitions  banales. 'Il  a  écarté  de  son  volume  les  passages 
des  chefs-d'œuvre  que  les  élèves  possèdent  d'autre  part  en  vertu  des 
programmes.  :  théâtres  de  Corneille  et  de  Piacine,  Pensées  et  Provin- 
ciales de  Pascal,  Fables  de  La  Fontaine,  etc.  Les  textes  qu'il  a  repro- 
duits ne  sont  pas  courants  :  ils  n'en  sont  pas  moins,  pour  la  plupart, 
d'une  grande  importance  littéraire,  soit  par  la  beauté  de  la  forme, 
soit  parce  qu'ils  résument  ou  caractérisent  d'une  manière  frappante 
les  idées  d'un  écrivain.  Quel  amateur  de  bonnes  lettres  ne  lira  pas 
avec  plaisir,  dans  ce  recueil,  ce  magnifique  poème  :  la  Belle  Vieille, 
do  Maynard,  et  les  sonnets  des  \'oiture  et  de  Malleville  à  la  Belle  Ma- 
tiuense  et  les  poésies  lyriques  ou  les  fragments  en  prose  de  Corneille 
ou  de  Racine?  Tel  passage  de  Pellisson  ou  telle  lettre  de  Patru  donne 
dos  renseignements  intéressants  sur  les  origines  et  les  débuts  de 
l'Académie  française.  Le  discours  de  Pascal  rapporté  par  son  neveu, 
Etienne  Périer.  est  aussi  utile  à  connaître,  pour  l'histoire  des  Pensées, 


—  .52  — 

qiio  VEntretien  cwec  M.  de  Sacy  qui  est  reproduit  dans  toutes  les 
éditions.  Des  exemples  de  ce  genre  font  voir  la  méthode  qui  a  présidé 
au  choix  de  ces  morceaux.  Des  notes  sobres  éclaircissent  les  diflicultés 
de  langue,  et  —  détail  digne  de  mention  • —  on  y  trouve  reproduite 
do  fins  jugements  de  Sainte-Beuve  sur  les  passages  cités.         L.  C. 


I*ag;e8  rSioisies  det^  graiids  éci*iTniii««.  Emerson;  traduction  et 
Introduction  nar  M.  'Dugard,  Paris,  Colin,  1908,  în-18  de  xlviii- 
377  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Il  a  été  rendu  compte  ici  même  (t.  CXIII,  p.  328)  du  grand  ouvrage 
de  M116  Dugard  sur  Emerson.  Après  nous  avoir  présenté  et  expliqué 
le  philosophe  américain  dans  cette  étude  biographique  et  critique, 
le  même  auteur  traduit  aujourd'hui  en  français  quelques-unes  de  ses 
pages  les  plus  originales  et  les  plus  significatives.  Ces  morceaux, 
quelquefois  assez  étendus,  ont  été  choisis  et  groupés  de  façon  à 
donner  un  aperçu  des  idées  fondamentales  d' Emerson  :  choix  et 
groupement  qui  ne  paraîtront  nullement  aisés  à  qui  sait  combien 
ses  idées  sont  éparses  et  disséminées  et  combien  l'accord  en  paraît 
tout  d'abord  impossible.  De  même  que  l'Introduction  (résumé  du 
grand  ouvrage)  reconstitue  l'unité  très  peu  apparente  du  système, 
de  même,  dans  cette  série  bien  ordonnée  de  fragments  hétérogènes, 
on  trouvera  plus  de  logique  que  dans  maints  textes  complets  de 
l'écrivain  américain.  Philosophie,  morale  et  religion;  l'Homme  et  sa 
culture;  la  Société  et  les  questions  sociales;  les  Arts  et  les  lettres; 
les  Grands  Hommes;  Mélanges  :  telles  sont  les  sections  dans  lesquelles 
]\|iic  Dugard  a  rangé  une  centaine  d'extraits,  fort  bien  traduits,  où 
l'on  pourra  faire  connaissance  avec  cet  esprit  à  la  foi  puissant 
et  infirme,  avec  ce  «  message  »  singulier,  mélange  d'idéalisme 
et  d'esprit  pratique,  de  mysticisme  'et  de  négation,  où  se  confondent 
ou  du  moins  se  juxtaposent  toutes  les  religions  et  touteslesphilosophies, 
et  où  toutes  les  contradictions,  sans  chercher  à  se  résoudre,  semblent 
vivre  côte  à  côte  et  faire  bon  ménage.  A  beaucoup  de  points  de  vue,  on 
peut  adresser  à  cette  œuvre  plus  de  reproches,  et  de  plus  graves,  que 
n'en  fait  M^i^  Dugard  dans  son  intéressante  Introduction  :  nul  n'en 
niera  toutefois  la  noblesse  morale  et  la  persuasive  éloquence. 

A.  Barbeau. 


lie  Théâtre  eoiileinporain  (1S69-IS90),  par  J.  Barbey 
d'Aurevilly.  T.  III.  Paris,  Stock,  1909,  in-12  de  de  350  p.  — 
Prix  :  3  fr.  50. 

Barliey  d'Aurevilly  (De  sa  naissance  à  1909),  par  Fernand  Cler- 
GET.  Paris,  Falque,  1909,  in-18  de  346  p.,  avec  un  portrait  et  un  auto- 
graphe inédits.  —  Prix  :  3   fr.  50. 

J'ai  déjà,  en  annonçant  ici  les  deux  premiers  tomes  du  Théâtre 


—  53  — 

contemporain  de  Barbey  d'Aurevilly,  dit  ce  que  je  pensais  de  cette 
réédition  :  qu'au  lieu  de  tirer  à  la  ligne  et  de  la  diluer  en  nombreux 
volumes,  il  eût  sans  doute  mieux  valu,  pour  sa  gloire  et  pour  la 
revanche  décisive  que  son  œuvre  mérite,  l'alléger  de  tous  ces  feuil- 
letons de  remplissage  qu'un  chroniqueur  à  la  semaine  est  forcé  d'écrire, 
la  condenser,  en  l'ordonnant,  autour  des  seuls  noms  qui  en  valent 
la  peine  et  nous  intéressent  encore.  C'est  bien  assez  que  le  vieux  lion 
ait  été  ainsi  contraint  par  le  res  angusta  domi  à  faire  le  chien  savant 
sur  les  tréteaux  de  l'actualité  !  Il  n'estimait  pas  très  haut  l'art  dra- 
matique en  général;  il  avait  une  véritable  horreur  pour  le  bas,  et  sale 
et  cupide  histrionisme  qui  est  le  fond  du  théâtre  contemporain  :  visi- 
blement, il  s'acquitte  avec  dégoût  de  cette  besogne  d'exécuteur  de 
mélodrames  mort-nés,  de  vaudevilles  idiots,  d'opérettes  et  de  revues 
qui,  déjà,  il  y  a  quarante  ans,  n'étaient  qu'un  pur  néant.  Et  il  est  vrai 
que  l'exécution  est  souvent  rapide,  et  que  devant  ces  «  tragédies- 
cadavres  »  {V Affranchi  de  Pompée)^  ces  vieux  «  mélos  décrépits  »  {Une 
Histoire  d'hier,  les  Cosaques,  la  Flava,  le  Passeur  du  Louvre,  etc.), 
ces  «  tissus  d'absurdités  «  comme  la  Fièvre  du  four  ou  la  Boule  de  neige, 
ces  «  loques  de  plaisanterie  usée  «  comme  le  Ver  rongeur,  ces  «  abo- 
minables bouillies  »  comme  Gilbert  d'Anglars,  ou  ces  «  hémorragies  de 
bêtise  »,  comme  les  Turcs,  il  se  borne  souvent  à  quelques  cinglantes 
injures  ou  à  «  un  énorme  :  Pouah  !  » 

Mais  il  lui  faut  pourtant  aligner  sa  copie.  Alors  il  s'en  tire  comme 
il  peut,  à  force  de  facéties,  de  calembours,  de  libres  propos  sur  les 
acteurs  et  les  actrices  dont  il  eut  toujours  une  curiosité  très  vive,  et 
de  boutades  d'une  acre  drôlerie  contre  «  la  fdature  de  coton  «  de  la 
Revue  des  Deux  Mondes,  contre  l'Académie,  cette  «  morte  qui  a  oublié 
de  se  faire  enterrer  »,  contre  «  les  croque-morts  de  la  critique  »,  contre 
la  Tragédie,  «  une  hydropique  qui  a  crevé  dans  son  enflure  et  dans 
son  eau  »,  contre  le  Romantisme  et  ses  vessies,  contre  les  Parnassiens, 
«ces  Jocrisses  superbes  delà  poésie  vide  »,  contre  «  l'encanaillement 
de  l'Histoire  »,  contre  toutes  les  bassesses  et  lâchetés  d'un  temps 
qui  avilit  tout,  qui  «  fait  scie  de  tout  »,  et  toujours  contre  le  théâtre 
lui-même,  où  «  toutes  choses  se  dégradent  à  plaisir,  passent  au  batelage, 
se  précipitent  en  bas,  se  démagogisent,  tombent  dans  la  fange  des 
farces  malpropres  et  imbéciles!  »...  Or,  cela,  grâce  à  son  grand 
diable  de  style  pittoresque  et  gesticulant,  grâce  à  sa  verve,  à  sa 
fougue,  grâce  aussi  à  sa  belle  droiture  artistique  et  morale,  ne  cesse 
jamais  d'être  sympathique  et  amusant.  Mais  on  a  quelque  peine  à 
voir  un  génie,  né  pour  déplus  grandes  choses  que  le  journalisme,  se 
répéter  et  s'user  en  ces  jeux  d'une  escrime  un  peu  vaine,  devenir  lui 
aussi,  par  la  force  des  choses,  un  peu  histrion,  un  peu  clown.  Pour  ceux 
qui  pensent  — et  je  suis  de  ceux-là  —  que  rien  de  ce  qui  est  sorti  d'une- 


—  54  — 

telle  plume  ne  devait  être  tout  à  fait  perdu,  il  suffisait  peut-être  que 
ces  feuilletons  eussent  été  une  première  fois  réunis  en  des  volumes  qui 
ne  sont  pas  introuvables.  A  cette  heure,  quand  il  s'agit  de  conquérir 
le  grand  public  et  la  jeunesse  qui  étudie  à  un  écrivain  si  méconnu, 
le  plus  pressé  était,  à  mon  sens,  de  nous  donner  la  fleur  de  sa  critique 
si  indépendante,  si  clairvoyante  et  si  savoureuse.  A  cette  fin,  le 
présent  volume  aurait  fourni,  pour  les  joindre  à  d'autres  traitant  des 
mêmes  hommes,  de  bien  jolies  et  bien  justes  pages,  sur  Regnard,  et 
sa  gaîté  jaillissante,  mousseuse,  innocente  dans  le  cynisme  à  force 
d'être  de  la  gaité;  —  sur  Victor  Hugo,  le  «  Corneille  bossu  »,  et  l'em- 
phase «  sans  âme  ni  flamme  »  de  sa  Lucrèce  Borgia;  — sur  George  Safid, 
la  lourde  rêveuse  et  prêcheuse  à  la  Rousseau,  avec  «ses  tendresses 
fondantes,  ses  gelées  de  sentiment  transparentes  qui  tremblent  à 
l'œil  et  engluent  les  esprits  et  les  cœurs  »;  —  sur  Dumas  père,  ce 
«  grand  prolifique  »,  ce  «  père  malade  et  distrait  de  tous  les  drames 
qui  sont  venus  après  les  siens  «;  —  sur  Eugène  Sue,  «le  Restif  de  la 
Bretonne  du  romantisme  expirant  et  du  socialisme  à  son  aurore  »,  et 
X.  de  Montépin,  le  gentilhomme  d'argent,  qui  fait  «  sa  cuisine  de  mélo 
comme  les  émigrés  tournaient  la  salade  »';  - —  sur  Ponsard,  «  le  faux 
grand  homme  »,  le  poète  Prudhomme  du  Juste  Milieu,  le  «  poète  du 
cul  par  terre  entre  la  poésie  classique  et  la  poésie  romantique  »;  — 
sur  Octave  Feuillet,  «  le  Bourgeois  gentilhomme  de  la  littérature  », 
«  le  poète  ambré  et  larmoyant  des  petites  maîtresses  »,  qui  «  fait  très 
gentiment  la  babiole  dramatique,  la  vertu  ébréchée,  mais  pas  trop... 
et  qu'on  peut  recoller  avec  du  lait  doux,  comme  autrefois  on  recollait 
les  porcelaines  »;  —  sur  Sardou,  dit  «  l'Escamoteur  »,  dit  le  «  Renai'd 
subtil  »,  la  «  Main  de  Velours  »,  qui  dépouillerait  un  mannequin  à 
sonnettes  sans  en  faire  tinter  une  seule,  le  tf  virtuose  qui  pince  des 
ficelles  comme  on  pince  de  la  harpe  »;  —  sur  Meilhac  et  Halévy,  et 
leur  Froufrou,  ce  «  poème  de  la  frivolité  triomphante  »,  «  charmant, 
léger,  svelte,  élégant,  marchant  bien,  filant  comme  une  frégate  sur 
la  mer  bleue  pendant  trois  actes  délicieux  »,  puis  sombrant,  au  4«  acte,- 
dans  le  mélodrame,  «  minotaure  qui  dévore  toutes  les  comédies  d'à  pré- 
sent »; —  sur  Da/nas /ï/5,  le  seul  alors,  reconnaît  Barbey  d'Aurevilly, 
«  qui  ait  la  griffe  du  lion  »,  «  esprit  puissant,  mais  trop  tendu  au  tour 
de  force,  versant  au  public  un  vin  violent,  d'un  goût  âpre,  fait  pour 
les  hommes  qui  savent  boire  et  porter  leur  vin  »,  «  penseur  dramatique 
qui  tous  les  jours  se  christianise  davantage  et  s'élève  »...  Mettons 
qu'on  recueille  aussi  ses  propos  sur  quelques  Minores,  sur  Théod. 
Barrière,  le  pleurard  et  prosaïque  Eugène  Manuel  qui  est  copieusement 
éreinté,  Villiers  de  V Isle-Adam,  Labiche  Bt  Gondinet,  Verconsin  même... 
Mais  il  ne  faudrait  guère  plus  bas  descendre,...  à  moins  que,  pour  une 
fois,  et  à  la  fin  du  recueil  on  ne  mit, afin  de  le  faire  tout  entier  connaître, 


—  55  — 

un  peu  de  ses  sourires  de  vieil  enfant  artiste  aux  féeries,  aux  ballets,... 
à  «  telles  jambes  dictatrices  sortant  d'un  amoureux  caleçon  de  satin 
gris  bleu  »,  etc.. 

—  M.  Fernand  Clerget,  qui  a  déjà  écrit  tout  un  volume  sur  M.  Emile 
Blémont,  un  autre  sur  M.  Paul  Gourmand,  et  qui  en  annonce  à  la  fois 
dix  en  préparation  sur  V.  Hugo,  G.  Sand,  Lamennais,  Haraucourt, 
Thiaudière,  Madeleine  Lépine,  etc.,  etc.,  nous  donne,  avec  le  présent 
livre,  le  secret  de  cette  fécondité  redoutable.  Imaginez  quelqu'un 
qui  lit  copieusement  mais  hâtivement,  dévore  les  soixante  volumes  de 
Barbey  d'Aurevilly,  en  prenant  de  chacun  un  sommaire  et  quelques 
traits,  résume  de  même  les  biographies,  notices  et  ai'ticles  concernant 
son  auteur,  puis,  n'ayant  pour  tout  principe  de  composition  que 
Tordre  chronologique,  nous  recopie  bout  à  bout  ses  fiches  suivant 
leurs  dates,  et  entremêle  ainsi  à  ses  soixante  sèches  et  monotones 
analyses  les  indications  biographiques  essentielles,  et  les  coupures 
d'articles  de  journaux,  et  qui  mène  ce  travail  de  compilation  jusqu'à 
1909;  vous  aurez  l'idée  de  ce  que  ce  volume  a  de  consciencieux  comme 
dossier,  d'insuffisant  comme  étude  critique,  à  la  fois  utile  et  ilhsible, 
exact  sans  doute  à  peu  près,mais  qui  ne  donne,  en  son  éparpillement, 
aucune  vive  image  ni  de  la  vie,  ni  des  idées,  ni  de  l'âme  et  du  talent 
de  Barbey.  Pourtant  M.  Clerget  s'essaie,  sur  la  fin,  à  une  conclusion 
personnelle.  Mais  elle  est  faite  encore  presque  exclusivement  de 
citations.  D'ailleurs,  comme  Barbey  d'Aurevilly  mit  toujours  toutes 
voiles  dehors,  et  comme  M.  Clerget,  l'ayant  lu  ou  feuilleté  tout  entier, 
le  connaît  assez  bien,  j'estime  que  l'idée  qu'il  en  donne,  si  elle  est 
vague  et  incomplète,  n'est  point  fausse.  Et  je  lui  saurais  gré  volontiers 
de  son  admiration  pour  l'auteur  des  Prophètes  du  passée  et  de  son 
idéalisme,  et  de  son  théisme  très  ardent  («  Il  faudra  bien  que  la 
société  revienne  au  principe  religieux,  si  elle  désire  ne  pas  sombrer 
prochainement  »).  Mais  d'où  tire-t-il  autorité  pour  mêler  à  cela  un 
dédain  tranquille  —  et  suranné  —  «  de  ce  qu'il  y  eut  de  trop  étroit 
dans  les  croyances  du  moyen  âge  »,  de  l'idée  d'expiation,  par  exemple, 
ou  des  vœux  du  prêtre,  ainsi  qu'une  confiance  ingénue,  et  vieille 
aussi,  en  la  renaissance  religieuse,  qu'il  voit  naître  et  germer  à  la 
minute  où  nous  sommes,  des  cendres  mêmes  du  catholicisme?... 

Gabriel   Audiat. 

M.  Taine,  par  Charles  Picard.  Paris,  Perrin,  1909,  in-16  de  99  p.  — 
.  Prix  :  1  fr. 

En  composant  ce  discours,  qui  a  obtenu  le  prix  d'éloquence  décerné 
par  l'Académie  française  en  1908,  l'auteur  a  su  résister  à  la  tentation 
d'étudier  Taine  en  lui  appliquant  sa  propre  méthode.  Il  a  considéré 
successivement  la  structure  de  son  esprit,  la  méthode  qui  s'impose 


—  56  — 

à  cet  esprit,  la  doctrine  qui  résulte  de  cette  méthode,  procédant  en 
quelque  sorte  du  dedans  au  dehors,  au  lieu  de  procéder  à  la  façon  de 
Taine,  du  dehors  au  dedans.  Dans  un  corps  de  valétudinaire  un 
esprit  d'ascète  qui  a  la  passion  de  la  vie  spéculative,  et,  en  même 
temps,  l'admiration  de  tout  ce  qui  vit  avec  énergie  dans  le  monde, 
une  volonté  qui  se  manifeste  dans  le  ton  dogmatique  de  la 
'démonstration  et  jusque  dans  le  style  :  voilà  Taine.  Sa  méthode 
résulte  de  la  double  faculté  d'abstraire  et  de  générahser,  d'une 
part,  et,  d'autre  part,  de  saisir  les  faits  particuliers  et  caracté- 
ristiques. Peu  à  peu,  l'expérience  et  l'amour  de  la  vérité  aidant, 
l'observation  l'emportera  sur  l'esprit  de  système.  La  doctrine,  c'est 
que  l'enchaînement  des  causes,  que  Taine  ramène  à  une  sorte  de 
déterminisme  logique,  et,  parallèlement,  la  nature  avec  ses  formes 
variées  sont  les  deux  aspects  de  la  vie;  pour  exprimer  complètement 
la  réalité,  il  faut  être  à  la  fois  poète  et  logicien  :  c'est  ce  que  Taine  a 
souhaité  d'être  et  ce  qu'il  a  été.  Il  a  voulu  comprendre  et  faire  com- 
prendre: mais  là  ne  s'est  pas  toujours  bornée  son  activité.  Si,  au  début 
de  sa  vie  et  de  son  œuvre,  il  n'a  cure  que  de  vérité  scientifique,  et 
a  cherché  le  repos  dans  le  seul  exercice  de  son  intelligence,  il  survient 
un  moment  de  crise — d'ailleurs  lentement  préparé  par  un  long  travail 
intérieur  —  où  il  reconnaît  l'insuffisance  de  l'intellectualisme  pur. 
Déjà,  dans  sa  Philosophie  de  l'art,  il  attribue  un  rôle  important  aux 
caractères  «  bienfaisants  »;  quand  il  aborde  les  Origines  de  la  France 
contemporaine,  c'est  avec  un  souci  pratique  très  évident.  Il  cherche 
dans  le  passé  lointain  les  causes  des  fautes  d'hier  et  des  directions  pour 
la  conduite  de  la  société  de  demain.  Pénétré  de  cette  vérité  que  la 
société  se  doit  à  elle-même  de  se  conserver,  il  estime  désormais  à  leur 
valeur  toutes  les  forces  conservatrices  et  salutaires  de  la  tradition,  par 
exemple  la  puissance  organisatrice  de  l'Église,  qu'il  considère  avec 
de  tout  autres  sentiments  que  jadis.  «  N'est-il  pas  émouvant,  dit 
M.  Picard,  qu'une  existence,  vouée  tout  d'abord  aux  spéculations 
impassibles,  s'achève  par  un  inquiet  besoin  de  religiosité,  par  une 
morale  d'appel  à  la  conscience?  » 

Tel  est,  à  peu  près,  l'ordre  de  ce  discours,  qui  se  recommande  par 
la  liberté  et  l'impartialité  du  jugement,  l'ingéniosité  de  la  méthode, 
la  clarté  de  la  composition  et  de  la  forme.  L.  Coolelin. 


HISTOIRE 


jflanuol  d'Iiistsire  ecclésiastique,  adaptation  de  la  seconde  édi- 
tion hollandaise  du  R.  P.  Albers,  S-  J-,  par  le  R-  P.  Hedde.  Paris, 
Lecofîre,  Gabalda,  1908,  2  vol.  in-12  de  xxxvi-636  et  622  p.  — 
Prix:  8  fr. 

Le  présent  ouvrage  prendra  certainement  place  parmi  les  meilleurs 


—  57  -- 

manuels.  Les  divisions  sont  claires  et  bien  conçues;  tout  au  plus 
pourrait-on  trouver  un  peu  arbitraire  la  date  de  692  adoptés  comme 
terme  de  la  deuxième  période  de  la  première  époque.  Le  ton  est 
scientifique;  les  conclusions,  sur  quelques  «  traditions  »  longtemps 
accréditées,  nettes  et  franches;  si  quelques  ombres  ont  parfois  été 
un  peu  atténuées,  si  l'Inquisition,  par  exemple,  ou  la  fiscalité  pon- 
tificaie  au  moyen  âge,  ont  été  excusées  plus  que  de  raison,  ou  pré- 
sentées sous  un  jour  un  peu  trop  favorable,  ce  n'est  que  dans  la 
mesure  qui  est  peut-être  inévitable.  L'information  est  étendue  et 
la  bibliographie  généralement  au  courant.  Nous  avons  été  surpris 
cependant  de  ne  voir  mentionnés,  ni  la  Geschichte  des  Kônigreichs 
Jérusalem  de  Rôliricht,  ni  le  livre  de  M.  Dodu  sur  les  institutions 
politiques  de  ce  royaume;  ni  la  Kultur geschichte  der  Kreuzzûge  de 
Prutz;  ni  les  tiavaux  de  Finke  sur  le  concile  de  Constance,  ni  ceux 
de  Gottlob  sur  les  Décimes  de  croisade,  et  sur  les  communs  services 
au  xiii^  siècle,  ni  ceux  de  Kirsch  sur  les  Annates  et  les  collectories 
pontificales  en  Allemagne  au  xiv^  siècle  ;  ni  l'ouvrage  de  Baum- 
gartner  sur  la  Caméra  collegii  cardinaliiim,  ni  Celui  de  Gôller  sur  la 
pénitencerie  apostolique;  ni  les  livres  de  Kirsch  et  de  Mirot  sur 
le  retour  des  papes  d'Avignon  à  Rome.  Ces  lacunes  trahissent  le 
défaut  le  plus  grave  que  l'on  pourrait  reprocher  à  ce  bon  ouvrage; 
l'histoire  des  institutions  y  est  un  peu  trop  subordonnée  à  l'histoire 
extérieure  de  l'Eglise.  É.   Jordan. 

Histoire  d«  l'Iiiif|iiisitioii  en  France,  par  Th.  de  Cauzons. 
Tome  I^"".  Les  Origines  de  l'Inquisition.  Paris,  Bloud,  1909,  in-8  de 
LV-499  p.  —  Prix  :  7   fr. 

Les  travaux  récents  sur  l'Inquisition  sont  légion.  Celui  dont  nous 
présentons  aujourd'hui  le  premier  volume  à  nos  lecteurs,  traitera 
seulement  de  l'Inquisition  en  France,  mais  il  aura,  si  nous  ne  nous 
trompons,  une  importance  et  une  répercussion  considérables.  L'auteur, 
en  effet,  avec  une  indépendance  de  vues  qui  semblerait  parfois  tout 
près  de  devenir  dangereuse  (voir  les  notes  des  pages  135,  137,  251, 
324,  403,  4Ô8,  472,  488),  aborde  les  questions  de  si  haut,  qu'on  est 
obligé  de  lui  reconnaître  une  véritable  maîtrise.  Parmi  les  causes  bien 
connues  d'infériorité  qu'il  relève  dans  la  situation  prise  par  les  apo- 
logistes chrétiens,  il  insiste  surtout  sur  celle  qu'il  réussira  à  éviter,  — 
sur  l'hésitation  trop  explicable  à  aborder  franchement  le  délicat 
problème.  L'impartiaUté,  voilà,  certes,  la  note  caractéristique  que 
parait  ambitionner  cet  ouvrage,  où  le  lecteur  est  constamment 
provoqué  à  prononcer  lui-même.  Impartialité  vis-à-vis  de  l'Église, 
d'une  part,  impartialité  aussi  à  l'égard  des  gouvernements  et  des 
hérétiques. 


—  58  — 

Un  premier  chapitre  est  consacré  à  la  façon  dont  l'Église  envisagea 
l'erreur  dès  ses  origines  et  dans  la  suite.  L'influence  de  la  Bible  sur 
l'Eglise  et  la  mentalité  spéciale  qui  en  résulta  expliquent  dans  une 
certaine  mesure  la  sévérité  montrée  contre  les  transgresseurs  de  la  loi 
nouvelle.  L'auteur  a,  sur  l'intransigeance  des  religions,  des  consi- 
dérations qui  démontrent  un  esprit  de  fine  observation  et  des  con- 
naissances historiques  étendues.  «  Le  libéralisme  sans  limites,  re- 
marque-t-il  justement,  ne  saurait  se  concilier  avec  l'existence  sociale.  » 
L'unité  morale  qui  cimentait  l'immense  fédération  enchevêtrée  de 
peuples  et  de  seigneuries  au  moyen  âge,  reposait  sur  le  lien  religieux; 
et,  pour  la  conserver,  la  société  chrétienne  n'hésita  pas  à  recourir 
à  des  peines  qui  nous  paraissent  odieuses  :  amendes,  mutilation, 
prison,   exil  et  mort.   Ce  n'est  donc  ni  l'ambition,  ni  la  cupidité, 

—  M.  de  Cauzons  l'établit  ensuite,  — mais  l'esprit  de  préservation  qui 
conduisit  l'ÉgHse  romaine  à  recourir  aux  mêmes  moyens.  Cette 
sévérité  envers  les  hérétiques  fit,  au  reste,  toujours  place  à  la  doctrine 
de  tolérance  relativement  aux  infidèles.  —  Quels  châtiments  l'Éghse 
employa-t-elle  pour  réduire  les  révoltés?  Aux  pénitences  canoniques, 
l'empire,  devenu  chrétien,  ajouta  sa  législation  pénale,  et,  peu  à  peu, 
l'idée  d'employer  la  force  finit  par  triompher.  La  sévérité  des  lois 
des  Barbares  amena  l'introduction  des  supplices  contre  les  héré- 
tiques qui,  de  plus  en  plus,  étaient  traités  en  criminels.  Les  évêques 
et  abbés,  gros  propriétaires  territoriaux,  se  trouvaient  placés  dans 
une  condition  identique  à  celle  des  autres  seigneurs.  On  ne  saurait  du 
moins  leur  reprocher  de  s'être  servi  de  leur  double  pouvoir  dans  des 
vues  égoïstes  et  basses.  L'auteur  montre  par  quels  tâtonnements  se 
fixa  l'échelle  des  peines  et  quelles  hésitations  conduisirent  jusqu'à  la 
peine  capitale  et  au  bûcher  imposé  par  les  lois  aux  xi^etxii^siècles. 
«  Les  preuves  abondent  que  l'Église  voyait  d'un  mauvais  œil  la  peine 
de  mort  «  (p.  279);  alors  même  qu'elle  l'admit  avec  Innocent  IV 
(1243-1254),  ce  fut  en  livrant  l'hérétique  au  bras  séculier  et  en  insérant 
dans  sa  sentence  des  clauses,  au  moins  en  apparence,  miséricordieuses. 

—  Le  chapitre  III  nous  fait  assister  au  développement  de  la  juridiction 
épiscopale,en  montre  les  défauts  et  l'insuffisance,  les  abus  des/Mgeme«^ 
de  Dieu,  l'imperfection  des  formes  de  la  procédure.  Ce  manque 
d'organisation  appelait  le  contrôle  du  Saint-Siège,  et  c'est  de  là  que 
sortit  l'Inquisition,  basée  sur  l'accusation  d'ofiice.  Les  Papes,  en  effet, 
excitent  les  évêques  à  veiller  avec  plus  de  soin  sur  les  hérétiques, 
envoient  eux-mêmes  des  légats,  dont  les  pouvoirs  s'accrurent  gra- 
duellement avec  la  diffusion  de  l'institution.  La  naissante  des  inqui- 
siteurs, délégués  pontificaux,  remonterait  ainsi  à  1227.  La  combinaison 
des  actions  civile  et  religieuse  et  les  appels  de  l'Église  à  la  force  de 
l'Etat  laissent  ordinairement  distincts  les  rôles  de  l'un  et  de  l'autre  : 


I 


—  59  ~ 

le  pouvoir  spirituel  vérifie  les  doctrines,  constate  les  égarements; 
le  pouvoir  temporel  édicté  les  peines  et  les  applique.  —  Tout  cela 
est  très  net  sous  la  plume  de  M.  de  Cauzons,  et  pourtant  les  jugements 
sont  circonspects  et  mesurés.  On  peut  éprouver  certains  heurts  au 
cours  de  la  lecture,  mais  partout  on  arrive  à  constater  bonne  foi  et 
raison.  Ce  premier  volume,  qu'on  discutera  sans  doute,  fait  désirer 
la  prochaine  apparition  du  second,  dans  lequel  on  étudiera  l'Inqui- 
sition dans  ses  organes,  sa  procédure,  son  personnel  et  ses  châtiments. 

G.   PÉRIES. 


Mémoriaux  du  Conseil  de  1661,  publiés  pour  la  Société  de 
l'histoire  de  France  par  Jean  de  Boislisle.  Introduction.  Paris, 
Laurens,  1907,  in-8  de  xcviii  p. 

Nous  avons  fait  connaître  aux  lecteurs  du  Polybiblion,  par  la  voie 
de  notre  Chronique,  la  publication  de  M.  Jean  de  Boislisle:  Mémoriaux 
du  Conseil  de  1661.  h'  Introduction  que  nous  avons  sous  les  yeux, 
destinée  à  prendre  place  en  tête  du  tome  P'",  n'a  en  réalité  paru, 
comme  il  est  souvent  d'usage  et  comme  il  est  naturel,  qu'après  Tachè- 
vement  du  texte,  en  un  fascicule  spécial.  Elle  nous  offre  l'occasion 
d'insister  sur  l'intérêt  historique  des  Mémoriaux,  dont  elle  a  poui 
objet  de  faire  ressortir  les  résultats  principaux  pour  une  connaissance 
plus  ample  et  plus  nette  des  débuts  du  règne  personnel  de  Louis  XIV. 
M.  de  Boishsle  nous  y  montre  d'abord  l'organisation  des  divers 
<(  conseils  »,  et  en  particulier  de  ce  «  Conseil  des  Trois))OU«  Conseil  secret» 
qui  fut  le  principal  organe  du  gouvernement  après  que  le  jeune  roi 
eut  recueilli  les  rênes  de  l'État  des  mains  du  cardinal  Mazarin,  glacées 
par  la  mort.  Il  nous  présente  les  «  trois  ministres  »,  Le  Tellier,  Foucquet 
et  Lionne,  qui  composaient  ce  conseil,  et  nous  explique  leurs  rapports 
avec  «  les  secrétaires  d'État  »  et  notamment  avec  les  deux  Brienne, 
père  et  fds.  Il  nous  expose  le  caractère  du  «  Mémorial  de  Chantilly  », 
principal  texte  de  sa  publication,  et  les  confirmations  et  compléments 
que  lui  ont  fournis  les  «  archives  et  documents  ministériels  »,  en  par- 
ticulier les  «  archives  diplomatiques  ».  Il  passe-  en  revue  les  «  affaires 
extérieures  »  dont  le  Conseil  eut  à  s'occuper  de  mars  à  septembre  1661 
et  examine  successivement  les  rapports  de  la  France  avec  les  puissances 
suivantes  :  Provinces-Unies,  Espagne,  Portugal,  Autriche,  Ligue  du 
Rhin,  Brandebourg,  États  du  Nord,  Pologne,  Moscovie,  Turquie, 
Rome,  Italie,  Venise,  Savoie,  Suisse,  Malte,  Afrique.  Il  aborde  ensuite 
le  «  gouvernement  intérieur  »  :  religion,  politique  et  administration, 
pays  cédés  ou  conquis,  justice  et  compagnies  judiciaires,  guerre  et 
armées,  finances,  rôle  de  Colbert,  marine,  commerce.  Il  termine  enfin 
cet  intéressant  et  utile  travail  en  le  plaçant,  par  un  pieux  hommage, 
sous  le  patronage  de  son  regretté  père,  sous  les  yeux  et  avec  l'aide 
de  qui  fut  menée  à  bien  par  lui  la  publication  des  Mémoriaux.    M.  S. 


—  60  — 

Crépuscule  d'aiicîeii  régime,  par  le  vicomte  de  Guichen.  Paris, 
Perrin,    1909,  petit  in-8  de  323  p.,  avec  3  portraits.  —   Prix  :  5  fr. 

De  la  gloire  à  la  ruine,  tel  pourrait  être  le  titre  de  cet  intéressant 
volume  de  M.  le  vicomte  de  Guichen,  et  ce  douloureux  itinéraire  est 
marqué  par  cinq  étapes  successives  qui  forment  autant  de  chapitres. 
Au  premier,  Louis  XIV  est  dans  tout  son  éclat;  l'Europe  est  à  ses 
pieds.  Irrité  par  les  tergiversations  de  Gênes,  qui  a  passé  tour  à 
tour  de  l'Espagne  à  la  France  et  de  la  France  à  l'Autriche,  il  fait 
bombarder  la  ville,  et  malgré  la  constitution  qui  défend  au  Doge  de 
quitter  sa  résidence,  il  force  le  premier  magistrat  de  la  superbe 
république  à  venir  s'humilier  devant  lui.  On  connaît  le  mot  du  Doge, 
auquel  on  demande  ce  qui  l'a  le  plus  étonné  à  Versailles  :  «  C'est  de 
m'y  voir.  «  Qui  ne  fut  pas  moins  surpris  de  s'y  voir,  ce  fut  Jean  Ca- 
valier. Ce  fils  de  paysans,  sans  naissance,  sans  extérieur,  admis 
dans  le  palais  et  en  présence  du  grand  Roi  !  Qui  eût  pu  le  prévoir?  Ce 
fut  une  habileté  de  Villars  d'avoir  décidé  le  chef  en  qui  s'incarnait 
la  résistance  des  Camisards  exaspérés  par  la  tyrannie  maladroite 
de  Basville  et  de  Montrevel,  à  se  rendre  à  Versailles  pour  traiter  avec 
les  ministres.  Flatté  dans  son  amour -propre,  Cavalier  céda  et  la 
soumission  du  chef  entraîna  la  pacification  du  pays.  Mais  après'  les 
succès,  les  revers  allaient  venir.  La  fin  de  Louis  XH' fut  triste,  et  si, 
dans  ces  dernières  campagnes,  le  roi  se  montra  peut-être  plus  réelle- 
ment grand  que  dans  ses  prospérités,  les  deuils  de  famille,  les  revers, 
la  misère  du  peuple,  suite  de  tant  de  guerres,  jettent  une  teinte  singu- 
lièrement sombre  sur  sos  dernières  années.  Et  après  la  mort  du  Roi, 
la  misère  morale  vient  s'ajouter  à  la  misère  matérielle.  Il  y  a  un 
relâchement  de  mœurs,  un  débordement  de  licence  véritablement 
effrayant.  Le  nom  de  la  Régence  est  resté  comme  le  symbole  de  cette 
décomposition  de  la  société.  Le  tableau  en  est  bien  noir,  et  M.  le 
vicomte  de  Guichen  l'a  peut-être  chargé  encore.  Peut-être  aussi  les 
sources  auxquelles  il  a  puisé  ne  sont-elles  pas  toujours  très  sûres  : 
les  Mémoires  de  Dubois^  entre  autres,  sont  d'une  authenticité  très 
douteuse.  Le  long  règne  de  Louis  XV  aggravé  encore  la  situation, 
et  après  des  débuts  brillants  dans  la  guerre  de  la  Succession  d'Autriehe, 
la  malheureuse  guerre  de  Sept  ans  achève  la  ruine  et  la  décomposition 
du  pays. 

Le  chapitre  le  plus  curieux  de  ce  volume  nous  paraît  être  le  dernier  : 
Franklin  à  Paris.  Il  contient  des  détails  fort  curieux  sur  les  agissements 
de  l'envoyé  des  Américains,  très  fin  diplomate  sous  son  aspect 
rustique  et  qui  n'avait  d'un  bonhomme  que  les  apparences.  Il  y  eut 
alors  un  engouement  pour  les  insurgents,  un  entraînement  des  classes 
élevées  qui  jeta  un  dernier  rayon  de  gloire  sur  la  fin  de  l'ancien 
régime,  mais  qui  en  détermina  la  chute.  Gomme  l'a  dit  un  historien, 


—  61  — 

on  croyait  simplement   encomagoi-  une   révolte;   on  préparait  une 
révolution.  Max.  de  la  Rocheterie. 


li'AiSiBÎslaiice  et  l'Ivtat  eu  France  à  la  veille  de  la  Révo- 
lution (Généralités  de  Paris,  Rouen,  Alençon,  Orléans,  Chalons, 
Soissons,  Amiens)  (i764  179  '),  par  Camille  Bloch.  Paris,  A.  Picard 
et  fils,   1908,  gr.  in-8  de   lxiv-504  p.  —  Prix  :  10  fr. 

De  cet  important  ouvrage,  par  lequel  M.  Camille  Bloch,  inspecteur 
général  des  bibliothèques  et  des  archives,  a  obtenu,  après  une  brillante 
soutenance,  le  titre  de  docteur  es  lettres,  on  peut  dire  tout  d'abord 
qu'il  offre  une  excellente  méthode  et  un  précieux  instrument  de 
travail,  par  la  bibliographie  très  complète  qui  lui  sert  d'Introduction," 
par  la  table  alphabétique  très  détaillée  qui  le  termine,  par  l'abondance 
et  la  précision  de  ses  références.  Ce  n'est  pas  un  mince  mérite.  L'auteur 
soumet  ainsi  aux  lecteurs,  loyalement,  les  pièces  sur  lesquelles  il  base 
ses  conclusions.  Et  celles-ci  sont  nettement  formulées.  Reprenant, 
en  matière  d'assistance,  la  thèse  qui,  chez  Tocqueville,  apparut  comme 
une  découverte,  et  qui  a  été  déclarée  juste  par  vVlbert  Sorel  en  matière 
de  politique  extérieure,  il  affirme  que  la  Révolution  contourna  bien 
plus  qu'elle  ne  renversa  la  tradition  antérieure.. Et  c'est  vrai  dans 
une  large  mesure,  surtout  si  l'on  s'en  tient  aux  plans  de  la  Constituante, 
aux  travaux  du  comité  de  mendicité.  En  poussant  plus  loin,  et  en 
s'aidant  de  l'instructif  ouvrage  de  M.  Léon  Lallemand  :  La  Résolution 
et  les  pauvres^  on  verrait  que,  du  programme  annoncé,  de  l'organisation 
de  l'assistance  comme  service  d'Etat,  la  Révolution  a  surtout  réalisé 
la  partie  négative,  qu'elle  a  su  surtout  désorganiser  la  charité  libre, 
confisquer  et  proscrire.  Et  puis  une  partie  des  précédents  notés  par 
M.  Camille  Bloch  prouve  simplement  que  l'esprit  révolutionnaire 
s'est  formé  et  s'est  manifesté  avant  1789.  On  aurait  pu  y  joindre  une 
citation  bien  caractéristique  d'Helvetius,  le  fils  du  médecin  bien- 
faisant, dont  le  nom  était  connu  dans  les  provinces  par  les  envois 
de  médicaments  que  faisait  le  Roi  avec  des  affiches  portant  en  grosses 
lettres  :  Remèdes  de  M.  Heh-etius,  d'Helvetius  qui  écrivait  dans  le 
traité  De  l'homme  (sect.  I,  14)  :  «  La  puissance  temporelle  a  le  droit 
de  se  charger  de  l'administration  des  legs  faits  à  l'indigence  et  de 
rentrer  dans  tous  les  fonds  que  les  moines  ont  volés  aux  pauvres.  » 
Les  critiques  amères  qui,  dans  ce  milieu,  furent  alors  formulées  contre 
les  étabUssements  existants  de  charité  ne  doivent-elles  pas  être  quelque 
peu  atténuées?  Si  les  plaintes  que  l'on  nous  rapporte  contre  le  ser- 
vice des  reUgieuses  dans  les  hôpitaux  avaient  été  générales,  ces  reli- 
gieuses auraient-elles  été  rappelées  sous  le  Concordat  avec  un  em- 
pressement dont  rendent  témoignage  des  préfets  fort  peu  dévots? 
N'est-on  pas  surpris  d'entendre  un  certain  abbé  de  Récalde,  vitu- 


—  62  — 

pérant  les  hôpitaux  de  France,  leur  opposer  comme  modèles  les 
hôpitaux  du  paganisme?  Où  donc  les  a-t-il  découverts?  Quoiqu'il  en 
soit,  le  livre  de  M.  Camille  Bloch  oiïre  un  tableau  d'ensemble,  portant 
spécialement  sur  la  généralité  de  Paris  et  sur  les  généralités  voisines 
(Rouen,  Alençon,  Orléans,  Soissons,  Châlons  et  Amiens),  un  tableau 
qui  nous  manquait,  et  auquel  il  sera  nécessaire  de  se  reporter,  du 
grand  mouvement  de  bienfaisance  qui  s'est  développé  durant  les 
vingt-cinq  dernières  années  de  l'ancien  régime,  qui  animait  toute 
la  société  française,  gouvernants  et  gouvernés,  reine  et  bourgeoises, 
hauts  seigneurs,  évêques  et  intendants,  simples  curés  de  campagne 
et  grands  ministres  comme  Turgot,  qui  occupe  dans  cette  galerie  une 
place  d'honnnir.  Baron  J.  Angot  des  Rotours. 


Victionnaire  top&gra|iliique  du  dé|»artenienf  de  la 
Haute-IiOÎre,  comprenant  les  noms  de  lieu  anciens  et  modernes^ 
par  Augustin  Chassaing,  complété  et  publié  par  Antoine  Jacotin. 
Paris,  Leroux,  1907,  in-4  de  xliii-393  p.  —  Prix  :  14  fr.  50. 

Un  premier  titre  avertit  que  cet  ouvrage  fait  partie  du  Dictionnaire 
topographique  de  la  France^  publié  par  ordre  du  ministre  de  l'ins- 
truction publique  et  sous  la  direction  du  Comité  des  travaux  histo- 
riques. 

Ainsi  donc  le  département  de  la  Haute-Loire  est  doté  d'un  diction- 
naire topographique  de  la  plus  rigoureuse  exactitude.  Le  nom  du  com- 
missaire responsable  en  est  assurément  la  meilleure  garantie.  Cet 
ouvrage  devient  un  instrument  de  travail  indispensable  à  l'historien 
comme  au  bibhophile.  L'un  et  l'autre  trouveront,  en  consultant 
chaque  nom  de  lieu,  tout  ce  que  l'on  sait  sur  cette  localité,  soit  ville, 
village,  hameau,  maison  isolée,  avec  l'indication  des  établissements 
publics  ;  partout  où  l'érudition  a  trouvé  accès,  on  a  recueilli  avec  soin 
tout  ce  qui  pouvait  ofTrir  un  intérêt  historique,  archéologique,  litté- 
raire ou  de  toute  autre  nature. 

Dans  l'Introduction,  remarquablement  conçue,  la  liste  alphabétique 
des  principales  sources  où  les  renseignements  ont  été  puisés  est  in- 
diquée soigneusement  ;  elle  comprend  :  1°  les  manuscrits  ;  2°  les 
imprimés  (p.  xxxix-xlii). 

On  prévient  qu'il  n'a  été  tenu  aucun  compte  des  deux  ouvrages  de 
topographie  du  département,  parus  l'un  en  1820  et  l'autre  en  1888  : 
«  œuvres  déjà  incomplètes  au  moment  de  leur  apparition  et  contenant 
en  outre  de  nombreuses  inexactitudes,  provenant  de  documents 
erronés  ou  d'une  connaissance  insuffisante  des  règles  philologiques.  » 

L.  Pascal. 


—  63  — 

li'Einpire  «lu  Soleil.  Sei^nes  et    portraits  iélibrcensi,   par 

Armand    Praviel.   Paris,   Nouvelie  Librairie  nationale,   s.    d.  (1909), 
in-18  de  168  p.  —  Prix  :  2  ir. 

M.  Praviel  est  un  ardent  apôtre  du  régionalisme  félibréen.  Dans  ce 
volume,  il  l'étudié  avec  un  amour  assombri  par  une  ombre  de  tristesse. 
Il  fait  une  sorte  de  bilan  de  la  renaissance  méridionale,  du  félibrige, 
-depuis  ses  origines  illustrées  par  Frédéric  Mistral,  Roumanille, 
Paul  Giera,  Aubanel,  Jean  Brunet,  Anselme  Mathieu  et  Alphonse 
Tavan,  etc.  Ce  mouvement  régionaliste  eut  pour  théâtre  le  Midi, 
«  l'empire  du  Soleil  »  et  rayonna  non  seulement  en  Provence,  mais 
aussi  dans  le  pays  pyrénéen,  en  Gascogne,  en  Périgord,  en  Limousin, 
en  Languedoc,  en  Auvergne  et  en  Rouergue.  Il  s'attache  aux 
félibres  de  ces  diverses  provinces,  à  leurs  actes,  leurs  fêtes,  leurs  écrits 
donnant  l'élan  à  la  renaissance  régionaliste  :  l'amour  ensoleillé  de  la 
petite  patrie,  qui  n'amoindrit  point  celui  de  la  grande  : 

«  Ame  moun  vilatge  mai  que  toun  vilatge; 
Ame  ma  Prouvenço  mai  que  ta  prouvinço; 
Ame  la  France  mai  que  tout!  »  (Félix  Gras). 

«  J'aime  mon  village  plus  que  ton  village; 
J'aime  ma  Provence  plus  que  ta  province; 
J'aime  la  France  plus  que  tout  ! 

Malgré  bien  des  obstacles,  des  éléments  de  ruine,  de  centralisation 
à  outrance,  l'extension,  le  progrès  félibréen  se  poursuit,  l'amour  du 
sol  et  de  la  race  s'affirme  de  plus  en  plus.  «  Dans  ces  quelques  croquis, 
dit  M.  Praviel,  imparfaits  et  rapides  (nous  disons  :  charmants),  nous 
espérons  que  l'on  sentira  la  vie  profonde  des  provinces  du  Midi  — •  de 
l'empire  du  Soleil  —  et  que  les  sceptiques  eux-mêmes,  se  rendront 
compte  que  le  félibrige,  malgré  toutes  les  critiques  et  tous  les 
dénigrements,  est  plus  que  jamais,  à  l'heure  où  nous  écrivons,  quelque 
chose  d'extrêmement  vivant  et  sans  cesse  renouvelé;  mieux  encore 
peut-être,  que  les  joueurs  do  guitare  méridionale  ont  trouvé  la  clef 
de  bien  des  questions  angoissantes  et  de  bien  des  problèmes  obscurs  » 
(p.  15).  —  L'ouvrage  se  termine  par  des  conseils  plus  pratiques  que 
sentimentaux  pour  accroître  le  mouvement  félibréen,  promouvoir  la 
renaissance  méridionale  qui  s'étend  du  Périgord  aux  Pyrénées  et 
un  Index  bibUographique  bien  à  jour.  Il  sera  l'un  des  meilleurs  de 
la  «  Collection  des  écrivains  régionaux  ».  Louis  Robert. 


Li'Figlise  fie  France  et  la  Séparation,  fi»  l^utte  dn  Sacer- 
doce et  de  la  République  Irançai^e,  par  Paul  Barbier. 
Paris,  Lethielleux,  s.  d.  (1909),  in-16  de  115  p.  —  Prix  :  0  fr.  60. 

Ce  petit  livre  fait  partie  d'une  collection  pubUée  par  M.  l'abbé 
Barbier  sur  la  crise  religieuse  contemporaine.  La  compétence  de 
l'auteur  s'est  affirmée  par  d'assez  nombreux  travaux  connexes  au 


—  64  — 

même  sujet  pom'  qu'elle  no  puisse  fairo  doute.  On  revit,  à  la  lecture 
de  son  opuscule,  les  mois  d'attente  et  d'anxiété  qui  suivirent  le  vote 
de  la  loi  de  séparation,  alors  qu'on  ignorait  si  Rome  accepterait 
les  associations  cultuelles  et  qu'on  se  demandait,  une  fois  le  non 
possnmus  prononcé  par  le  Saint-Siège,  quelle  attitude  prendrait  le 
gouvernement  français.  M.  l'abbé  Barbier  fait  ressortir  la  sagesse 
de  la  décision  pontificale  et  montre  combien  il  eût  été  contraire  à 
la  constitution  de  l'Église  de  tolérer  la  subordination  du  clergé  à 
des  assemblées  de  laïques.  Au  surplus,  cette  combinaison  n'avait  été 
imaginée  qu'en  vue  de  semer  la  division  parmi  les  catholiques  et  de 
terminer  par  un  coup  décisif  la  guerre  que  poursuit  contre  eux,  depuis 
1879,  c'est-à-dire  depuis  qu'il  est  au  pouvoir,  le  parti  républicain. 

H.    RUB.VT    DU    MÉRAC. 

La    Conjuraficn    jiifiTe  contre     le    monde   efaréiien,  par 

Copin-Albancelli.    Lvon  et  Paris,  Vitte,  1909,  in-16   de  534  p.   — 
Prix  :  3  ff.  50. 

Ce  volume  est  le  complément  des  études  si  intéressantes  et  si  utiles 
de  j\I.  Copin-Aibancelli  sur  la  franc-maçonnerie.  Dans  une  première 
brochure,  il  avait  indiqué  pourquoi  il  avait  quitté  la  franc- 
maçonnerie  quand  il  avait  soupçonné  qu'elle  était  une  société  interna- 
tionale ayant  la  prétention  de  diriger  la  politique  française  dans 
des  intérêts  étrangers.  Dans  son  précédent  volume,  il  nous  a 
exposé  l'organisation  si  ingénieuse  et  si  perfide  de  cette  association, 
composée  de  sociétés  superposées  et  dont  chacune  est  secrète  pour 
les  sociétés  inférieures.  Aujourd'hui,  il  cherche  à  se  rendre  compte  de 
la  nature  du  pouvoir  caché  qui  la  dirige  dans  l'ombre,  de  son  origine 
et  de  son  but. 

Il  nous  montre  ce  pouvoir  occulte  ne  donnant  aucun  ordre  à  décou- 
vert, mais  agissant  par  des  influences  soigneusement  couvertes, 
chaque  agent  ne  sachf>jit  précisément  que  ce  qu'il  est  nécessaire  de 
savoir  pour  l'acte  à  accomplir  au  moment  choisi,  les  gens  qui  ne  sont 
pas  suffisamment  disposés  restant  dans  les  bas  grades  ou  quittant  la 
franc-maçonnerie;  ou  par  des  associations  secondaires  suscitées  pour 
répondre  à  des  nécessités  transitoires  ;  partout  la  direction  supérieure 
provoquant  les  événements  qui  doivent  mener  à  son  but,  sans  jamais 
que  personne  puisse  connaître  ce  but. 

L'auteur  conclut  qu'une  organisation  si  compliquée  et  si  parfai- 
tement adaptée  aux  desseins  ténébreux  du  pouvoir  occulte,  ne  peut 
être  que  l'œuvre  d'une  association  très  expérimentée  dans  la  pratique 
des  sociétés  secrètes  et  ayant  un  but  constant  poursuivi  de  générations 
en  générations.  Il  ne  voit  que  le  peuple  juif,  partout  répandu  comme 
la  franc-maçonnerie,  qui  réponde  à  ces  conditions.  Il  se  croit  d'ailleurs 


—  65  — 

assuré  que  ce  peuple  a,  depuis  des  siècles,  un  gouvernement  secret.  Il 
en  voit  la  preuve  dans  l'existence  jusqu'à  l'an  1005  de  princes  de  la 
captivité,  et  dans  une  consultation  qui  aurait  été  demandée  au  xv^ 
siècle  par  les  juifs  de  Provence  au  grand  sanhédrin  de  Constantinople. 

Nous  avou3fons  que  ces  preuves  ne  nous  paraissent  pas  absolument 
décisives.  D;^,  tout  temps,  il  y  a  eu  en  Europe  des  sociétés  secrètes  de 
magie,  de  sorcellerie  ou  d'hérétiques,  dont  la  fihation  paraît  pouvoir 
être  établie  jusqu'aux  écoles  gnostiques  et  aux  religions  orientales. 
Il  n'est  donc  pas  absolument  nécessaire  de  faire  intervenir  les  juifs  à 
l'origine  de  la  franc-maçonnerie.  Quant  à  la  consultation  à  Constan- 
tinople, elle  repose  sur  deux  pièces  publiées  au  xvii^  siècle  et  trouvées 
dans  un  monastère  de  Provence  et  aux  archives  de  Simancas.  On 
n'explique  pas  comment  des  pièces  d'une  nature  aussi  secrète  sont 
venues  entre  les  mains  chrétiennes. 

Néanmoins  la  conclusion  de  M.  Copin-Albancelli  nous  paraît  bonne. 
Nous  croyons  certain  que  les  juifs  ont  eu, àunmoment  donné, une  part 
considérable  dans  la  formation  de  la  franc-maçonnerie.  La  meilleure 
preuve,  bien  que  l'auteur  y  insiste  très  peu,  nous  paraît  ce  rituel  tout 
farci  de  termes  et  d'idées  hébraïques,  que  le  vulgaire  considère  comme 
grotesque  et  qui  au  fond  a  une  signification  très  sérieuse.  Le  rétablisse- 
ment du  temple  de  Salomon,  n'est-ce  pas  le  symbole  transparent  du 
rétablissement  de  l'empire  juif?  Les  juifs  ont  d'ailleurs  aujourd'hui  une 
influence  avouée  et  prépondérante  dans  la  franc-maçonnerie.  On  sait 
qu'ils  ont  toujours  rêvé  la  domination  universelle  et  nous  croyons  bien 
avec  M.  Copin-Albancelli  que  ce  but  est  celui  de  la  franc-maçonnerie. 

L'auteur  fait  une  œuvre  méritoire  en  nous  montrant  ainsi  le  but 
où  l'on  nous  conduit  et  l'abîme  vers  lequel  on  nous  pousse.  Malheu- 
reusement ses  livres  sont  trop  volumineux  et  trop  élevés  pour  atteindre 
les  masses  électorales.  Il  faudrait  en  tirer  des  faits  biens  choisis  et  de 
considérations  frappantes  dont  on  formerait  des  petites  hruchures  pou- 
vant pénétrer  partout.  Nous  sommes  aujourd'hui  aurégime  du  suffrage 
universel,  c'est-à  dire  conduits  par  des  ignorants  qui  nous  mènent 
sans  savoir  où.  Il  faut,  pai'  quelques  traits  saillants,  éveiller  en  eux  le 
sentiment  du  danger  ou  périr  tous  ensemble.  D.  V. 


Politique    iranco-allemande,  par  LuciEis'  Coquet.  Paris,  Alcan, 
1908,  in-12  de  xix-226  p.  —  Prix  :  3  fr,  50. 

Le  but  de  cet  ouvrage  est  de  préconiser  un  rapprochement  franco- 
allemand  sur  le  terrain  commercial  par  la  conclusion  d'un  traité 
de  commerce  et,  sur  le  terrain  colonial,  par  la  conclusion  d'un  traité 
d  arbitrage.  Qu'il  y  ait  de  bonnes  raisons  à  faire  valoir  en  ce  sens,  ce 
n'est  pas  contestable,  et  M.  Coquet  les  expose  fort  bien,  en  ayant  soin 
d  appuyer  sa  démonstration  par  de  nombreuses  pièces  justificatives 
Juillet  1909.  T.  CXVI.  5. 


—  66  — 

qui  permettent,  même  au  lecteur  peu  familiarisé  avec  les  questions  si 
ardues  des   tarifs  douaniers,  de  se  faire  sur  beaucoup  de  points  une 
impression  raisonnée.    Il   est   juste   de   signaler   comme   une   partie 
très  intéressante  de  cet  ouvrage  l'exposé  contenu  dans  les  chapitres 
II,  III,  et    IV  de  l'état  des  relations  douanières  entre  les  deux  pays 
en  fonction  du  ti'aité  de  Francfort  et  du  nouveau  tarif  allemand.  L'au- 
teur relève  avec  le  plus  grand  soin  tous  les  symptômes  favorables  au 
rapprochement,  depuis  les  déclarations  de  diverses  chambres  de  com- 
merce de  France  et  d'Allemagne  jusqu'à  la  convention  du  8  avril  1907 
pour  la  protection  des  œuvres  littéraires  et  artistiques.  La  seconde 
partie  du  livre  est  consacrée  à  la  politique  coloniale  franco-allemande. 
L'auteur  est  un  admirateur  des  hommes  d'Etat  de  la  République  : 
de   Gambetta,  de  Jules  Ferry,  de  Paul  Bert,  pour  ne  parler  que  des 
morts.  Il    exalte  les  efforts  de  MM.  Lucien  Hubert  et  Etienne  et  leurs 
visites  en  Allemagne  pour  arriver  au  lapprochement  désiré  par  lui. 
Il  croit  qu'en  détournant  ses  yeux  de  l'Europe  et  en  créant  son  nouvel 
empire   colonial,  la  France  a  satisfait  à  sa  destinée,  et  il  s'en  faut  de 
peu  qu'il  n'y  trouve  la  marque  d'une  glorieuse  suprématie  dans  le 
monde...  et  de  la  bonne  volonté  de  l'Allemagne  de  ne  s'y  point  opposer  ! 
Les  amis  du  Polyhihlion  ne  liront  pas  ces  pages  sans  une  profonde 
tristesse.  Eux,  pour  qui  la  France  ne  date  pas  d'hier,  n'oublient  pas 
que  cet  empire  colonial  n'a  été  offert  à  la  République  que  pour  dé- 
tourner l'attention  de  la  France  de  la  plaie  du  Rhin  et  de  ses  intérêts 
en  Europe,   que  sa  fragilité  est   telle  que  nous  ne  sommes  pas  en 
mesure  d'en  assurer  la  défense,  et  qu'ilsuffit  que  sur  un  point, comme 
au  Maroc,  la  politique  coloniale  de  la  France  se  combine  avec  ses 
intérêts  traditionnels  et  européens,  pour  que  l'hostilité  allemande  se 
manifeste  avec  sa  venimeuse  virulence.  Ce  n'est  point,  certes,  qu'il 
n'y  eût  rien  à  faire  en  dehors  de  l'Europe  et  qu'il  fallût  laisser  procéder, 
sans  y  prendre  part,  aux  répartitions  de  territ  Dires  qui  se  sont  faites 
depuis  trente  ans.  Mais  avoir  payé  ce  que  nous  avons  acquis  par 
l'abandon  de  notre  situation  en  Orient  et  en  Europe,  c'est  trop  cher, 
surtout  si  l'on  songe  que  le  sort  de  toutes  nos  colonies,  que  l'Allemagne 
ne  cesse  de  guetter  comme  une  proie  d'avenir,  dépend  d'une  bataillp 
sur  le  Rhin. 

La  vérité,  la  triste  et  lugubre  vérité,  c'est, que,  depuis  quaranti' 
ans,  la  France,  malgré  d'apparentes  victoires,  malgré  d'apparent> 
succès  diplomatiques,  ne  s'est  pas  relevée.  Elle  reste  au  second  plan 
sous  la  dépendance  tantôt  de  l'Allemagne  et  tantôt  de  l'Angleterre. 
Elle  ne  peut  avoir  aucune  action  hbre  et  ne  peut  agir  (hormis  pour  se 
détruire  elle-même)  sans  la  permission  de  quelqu'un.  Faut-il  admirer 
le  courage  des  hommes  d'Etat  de  laRépubhque,  qui  prennent  leur  parti 
de  cette  situation  et  veulent  s'en  accommoder  le  moins  mal  possible? 


'—  67  - 

Je  ne  sais.  Mais,  en  tout  cas,  ce  n'est  pas  à  nous  qu'il  faut  demander 
ce  courage,  car  nous  ne  l'avons  pas. 

Nous  ne  comprenons  le  respect  et  l'amour  de  la  patrie  que  dans 
la  poursuite  constante  d'un  double  but,  qui  se  confond  :  lui  rendre 
sa  place  en  Europe,  c'est-à-dire  la  première,  et  son  territoire  entier, 
c'est-à-dire  l'Alsace  et  la  Lorraine.  Tout  autre  but  nous  paraît  mi- 
sérable, et  inconciliable  avec  le  respect  même  qu'on  doit  à  une  patrie 
comme  la  nôtre.  N'est-ce  point  s'en  écarter  que  d'organiser  des 
visites  pacifiques  et  des  banquets,que  de  conclure  des  traités  et  combi- 
ner des  ententes?  Il  est  permis, tout  au  moins, de  poser  la  question  sans 
pour  cela  mettre  en  doute  le  patriotisme  de  personne.  Mais  quelle 
réponse  attendre  des  hommes  qui  représentent  un  régime  dont 
les^  fondateurs  n'ont  réussi  à  conquérir  le  pouvoir,  en  1877,  qu'en  se 
mettant  sous  la  protection  allemande,  et  qui  ont  cru  relever  la  patrie 
en  suivant  les  conseils  de  son  plus  implacable  ennemi  :  le  prince  de 
Bismarck?  Eugène  Godefrov. 

La  Hongrie  ruB'ale,  «»ciale  ci.  politique,  par  le  comte  Joseph 
DE  Mailath.  Paris,  Alcan,  1909,  in-8  de  viii-356  p.  —  Prix  :   5  fr. 

L'ouvrage  du  comte  J.  de  Mailâth  :  La  Hongrie  rurale^  sociale  et 
politique^  paraissant  presque  en  même  temps  que  celui  de  M.  René 
Gonnard  :  La  Hongrie  au  xx^  siècle.  Etude  économique  et  sociale^  montre 
que  la  question  économique  est  bien  d'actualité.  Elle  est  traitée  à 
des  points  de  vue  différents,  car  si  M.  René  Gonnard  a  visité  la  Hongrie 
et  en  a  rapporté  des  impressions  presque  toujours  exactes  et  des  notes 
précises,  le  comte  de  Mailâth,  lui,  est  Hongrois,  et  écrit  sur  un  sujet 
où  il  est  passé  maître.  Grand  propriétaire  terrien,  il  vit  presque 
toute  l'année  à  la  campagne,  tantôt  dans  son  domaine  de  Perbenyik, 
dans  le  comitat  de  Zemplén,  tantôt  dans  sa  propriété  familiale  de 
Slavonie.  Il  administre  lui-même  ses  domaines,  et,  membre  de  la 
Chambre  haute,  il  prend  part  aux  discussions  de  toutes  les  questions 
relatives  à  l'agriculture,  au  mouvement  social  et  économique. 

Parlant  plusieurs  langues,  le  comte  de  Mailâth  se  tient  au  courant 
de  tout  ce  qui  se  publie  en  Europe  sur  les  questions  qui  lui  semblent, 
à  bon  droit,  vitales  pour  l'avenir  de  son  pays;  il  suit  les  discussions 
qui  ont  lieu  dans  les  congrès  agricoles,  et  les  essais  qu'il  tente  sur 
ses  domaines,  avant  d'en  conseiller  l'application  générale,  sont  le 
fruit  de  réflexions  et  de  comparaisons  approfondies. 

Son  livre  présente  l'histoire  agricole  de  la  Hongrie  et  en  même  temps 
l'histoire  de  l'aristocratie  qui,  au  pays  des  Magyars,  tient  à  peu  près 
la  même  place  qu'en  Angleterre  la  noblesse  britannique.  «  Cette  aris- 
tocratie, dit  M.  René  Henry,  qui  a  écrit  une  intéressante  Préface  pour 
cet  ouvrage,  est  précisément  l'épine  dorsale  et  le  système  nerveux 


—  6S  —    • 

de  la  Hongrie;  il  est  bon  que  ce  soit  un  des  siens  qui  s'adresse  à  nous.  » 
D'autant  plus,  pourrions-nous  ajouter,  qu'il  connaît  à  fDnd  son  pays 
et  ses  habitants.  Il  vit  au  milieu  des  paysans,  il  a  étudié  leur  caractère, 
et  il  conclut  :  «  Ce  qui  caractérise  le  paysan  hongrois,  c'est  son  an.our 
exalté,  sans  bornes  de  la  terre.  Cette  passion  s'explique  sbu?;  même 
qu'il  soit  nécessaire  de  faire  intervenir  les  tendances  héréditaires  : 
la  culture  de  la  terre  est  la  plus  indépendante  de  toutes  les  occupations. 
Le  paysan  hongrois  n'en  connaît  point  et  ne  veut  point  en  connaître 
d'autre.  Il  est  fier  que  la  fertilité  des  plaines  dépende  de  ses  bras  et 
que  ce  soit  lui  qui  produise  le  pain  pour  le  pays  tout  entier.  »  Cette 
vie  indépendante  a  développé  dans  l'âme  du  paysan  une  certaine 
fierté,  et  c'est  ainsi  qu'on  l'entend  souvent  dire  :  «  Je  ne  crains  que 
Dieu...  Je  ne  reçois  d'ordre  de  personne.  » 

L'auteur  de  la  Hongrie  rurale  explique  comment  cet  état  d'âme 
a  facilité  la  propagation  des  doctrines  socialistes.  Quelques  mauvaises 
récoltes  privèrent  le  paysan  de  l'Alfôld  du  pain  blanc  qu'il  juge  indis- 
pensable à  son  existence;  aussi,  quand,  vers  1890,  les  sociahstes 
vinrent  répandre  leurs  doctrines,  les  paysans  les  crurent  volontiers; 
de  plus,  les  paysans  ne  connaissant  guère  comme  texte  imprimé  que 
la  Bible  qui,  pour  eux,  est  sacrée,  ils  considérèrent  les  journaux  et  les 
bxochures  distribuées  par  les  socialistes  comme  aussi  authentiques. 
«  S'il  est  permis,  disaient-ils,  de  les  imprimer,  de  les  vendre  et  de  les 
répandre,  c'est  qu'assurément  ils  contiennent  la  vérité.  «  Cette  naïve 
illusion  devait  être  bientôt  détruite,  mais  non  sans  avoir  fait  un 
mal  immense  dont  une  des  conséquences  fut  l'émigration,  désastreuse 
pour  un  pays  dont  la  population  est  loin  d'être  dense.  Le  gouvernement 
fait  de  louables  efforts  pour  enrayer  cet  exode  et  pour  faciliter  le  rapa- 
triement des  émigrés. 

Après  avoir  tiaité  en  des  chapitres  spéciaux  la  question  des  asso- 
ciations, des  sociétés  coopératives  de  consommation,  de  l'assurance 
ouvrière  en  cas  de  maladie  ou  d'accidents,  l'auteur  rappelle  ce  que  fut 
le  comte  Alexandre  Kârolyi,  un  disciple  hongrois  de  Le  Play;  puis 
il  expose  son  propre  programme  agraire,  basé  sur  de  solides  études 
et  des  comparaisons  judicieuses  entre  ce  qui  se  passe  dans  les  différents 
Etats  de  l'Europe,  et  il  conclut  que  «  le  triomphe  de  l'agrarisme 
rétablira,  entre  toutes  les  branches  de  production,  l'harmonie  détruite 
sous  le  règne  du  capital.  » 

La  seconde  partie  de  l'ouvrage  du  comte  de  Mailâth  est  d'un  intérêt 
plus  vif  pour  les  lecteurs  français,  car  l'auteur  y  aborde  les  questions 
pclitiques,  et,  après  avoir  retracé  à  grands  traitsl'histoire  de  la  Hongrie, 
il  traite  avec  quelques  développements  les  événements  qui  se  sont 
produits  dans  le  domaine  politique  depuis  le  commencement  du 
xx^  siècle.  Tout  d'abord  l'auteur  proteste,  et  à  juste  titre,  contre 


—  69  — 

les  interprétations  inexactes  de  la  politique  magyare;  si  les  lecteurs 
étrangers,  notamment  les  Français,  interprètent  de  façon  erronée 
ce  qui  se  passe  en  Hongrie,  c'est  qu'ils  sont  mal  renseignés:  la  plupart 
du  temps  les  journalistes  puisent  leurs  renseignements  à  des  sources 
pangermanistes,  puis  aussi  la  Hongrie  n'est  pas  toujours  heureuse  dans 
le  cho'x  de  ceux  qu'elle  charge  de  faire  connaître  ses  actes  à  l'étranger; 
elle  a  souvent  de  maladroits  amis,  et  le  bon  La  Fontaine  déplorait 
déjà  cette  sorte  de  relations. 

Aussi  serait-il  fort  intéressant,  pour  ceux  qui  ont  à  traiter  des 
questions  de  nationalités  en  H  mgrie,  de  se  documenter  dans  l'ouvrage 
du  comte  deMailâth:  ils  y  apprendraient  de  quelle  façon  la  Croatie 
fut  réunie  à  la  Hongrie,  au  xi^  siècle,  par  le  roi  saint  Ladislas;  ils 
verraient  qu'au  commencement  du  xix^  siècle,  la  question  des  na- 
tionalités n'existait  pour  ainsi  dire  pas  et  que  l'agitation  panslaviste 
^  commença  en  1812,  à  l'époque  où  le  tsar  Alexandre  F"",  par  son 
ordonnance  adressée  à  l'amiral  Csisakov,  disait  :  «  Il  est  nécessaire 
que  vous  employiez  tous  les  moyens  pour  enthousiasmer  les  peuples 
slaves,  afin  de  les  faire  servir  à  nos  projets.  » 

Ce  mouvement  fut  favorisé  par  l'Autriche  qui,  fidèle  à  sa  devise  : 
Divide  et  impera,  encouragea  par  des  promesses  les  idées  séparatistes 
des  Slaves,  auxquels  se  joignirent  bientôt  les  Croates  et  les  Roumains. 
La  charte  octroyée  par  l'Autriche,  le  4  mars  1849,  donna  en  partie 
satisfaction  aux  nationalités.  Mais  dès  que  les  Hongrois,  vaincus  par 
les  Russes,  durent  renoncer  à  la  lutte  pour  l'indépendance,  l'Autiiche 
reprit  aux  nationalités  les  privilèges  qu'elle  leur  avait  accordés.  La 
germanisation  et  l'absolutisme  régnèrent  partout  :  il  n'y  eut  pas  de 
droits  pour  quelques-uns,  mais  l'oppression  pour  tous.  Les  nationa- 
lités s'étaient  trompées  lorsqu'elles  avaient  compté  sur  la  recon- 
naissance de  l'Autriche  pour  laquelle  elles  avaient  trahi  la  Hongrie, 
qui,  en  1848,  avait  partagé  avec  elles  les  hbertés  conquises. 

Lorsqu'à  cette  époque  la  noblesse  hongroise  renonça  volontai- 
rement à  SOS  droits,  elle  ne  fit  aucune  différence  entre  les  Magyars 
et  les  autres  nationalités;  «  il  n'y  a  jamais  eu,  au  point  de  vue  des 
droits  civils,  aucune  différence  entre  le  noble  hongrois  et  le  noble 
de  nationalité  étrangère,  entre  le  citoyen  hongrois  de  langue  magyare 
et  le  citoyen  hongrois  parlant  une  langue  étrangère.  Par  conséquent, 
les  nationalités  combattent  pour  des  droits  qu'elles  n'ont  jamais  eus, 
qui  ne  sont  basés  sur  aucune  loi,  qui  sont  en  opposition  directe  avec 
le  principe  d'une  nation  hongroise  unique,  car  elles  veulent  séparer 
de  l'Etat  hongrois  les  parties  qu'elles  habitent  et  qu'elles  regardent 
comme  étrangères  sur  le  territoire  de  l'État  national  hongrois,  unifié 
depuis  des  siècles.  » 

Après  une  lecture  attentive  de  la  partie  politique  de  l'ouvrage 


—  70  — 

du  comte  de  Mailàth,  on  se  rendra  compte  de  la  partialité  avec  laquelle 
on  a  trop  souvent  jugé  de  la  question  des  nationalités  en  Hongrie, 
et  on  conviendra  que,  loin  de  mériter  les  reproches  que  les  écrivains 
insuffisamment  renseignés  lui  adressent,  la  Hongrie  a  droit  à  l'ad- 
miration pour  l'équité  et  la  tolérance  dont  elle  fait  preuve  à  l'égard 
des  peuples  qui  font  partie  de  la  Couronne  de  Saint  Etienne.  En 
établissant  ces  faits,  le  grand  économiste  hongrois  aura  rendu  à 
son  pays  un  incontestable  service.  É.  Horn. 


Jean  Hé  Kry  (1760-1^35).  lie  Ton^ïrès  de  Rastatt.  Une 

Prt^feetiire  son»  le  premier  Em|iire.  par  Léonce  Pingaud. 
Paris,  Plon-Nourrit,  1909,  in-8  de  vii-401  p.,  avec  portrait.  —  Prix  : 
7  fr.  50. 

Toujours  la  même  tige  avec  une  autre  fleur. 

L'on  connaît  cette  image  suggestive  du  panthéonisé  qui,  aux  origines, 
signant  aristocratiquement  «  vicomte  Hugo  «,  finit  en  démagogue.' 
Elle  peut  s'appliquer  à  Jean  De  Bry.  En  eftet,  sur  une  tige  d'ambitieux, 
on  vit  s'épanouir  tour  à  tour  des  fleurs  de  girondin  jacobinisé,  de 
thermidorien,  de  fructidorien,  de  brumairien,  enfih  de  bonapartiste 
enfiévré.  Et,  dans  cette  flore  variée,  les  lis  eussent  eux-mêmes  figuré, 
éclatants,  si  la  Restauration  n'eût  finalement  invité  ce  clown  politique 
à  aller  exécuter  ses  pirouettes  sous  un  ciel  autre  que  celui  de  France. 

Ce  serait  naïveté  pure,  il  me  semble,  que  s'indigner  de  la  conduite 
si  parfaitement  opportuniste  —  le  mot  n'était  pas  encore  inventé  — 
de  Jean  De  Bry.  Son  cas  est  celui  de  quantité  de  ses  contemporains 
dont  bon  nombre  ont  trouvé  place  dans  le  fameux  Dictionnaire  des 
girouettes,  paru  en  1815.  Naturellement  Jean  De  Bry  s'y  trouve 
portraituré,   en  huit  lignes  brèves. 

Né  à  Vervins  en  1760,  d'un  «  marchand  d'étolîes  qui  avait  obtenu, 
moyennant  finances,  les  titres  de  conseiller  du  Roi  et  de  lieutenant 
de  maire  breveté  »,  il  n'eût  pas  été  fâché  de  pouvoir  établir  qu'il  des- 
cendait d'une  famille  illustre,  les  Derby  d'Angleterre.  Ces  prétentions 
nobiliaires  ne  l'empêchèrent  point,  toutefois,  d'emboîter  résolument 
le  pas  à  la  Révolution  dès  qu'elle  se  mit  en  marche.  D'échelon  en 
échelon,  il  arriva  à  se  faire  nommer,  par  ses  concitoyens,  député  à 
l'Assemblée  législative,  puis  à  la  Convention  nationale. 

En  quelques  mots,  notons  simplement,  pour  cette  période,  son 
rôle  dans  le  procès  de  Louis  XVI.  Sur  ce  point,  M.  Léonce  Pingaud 
s'exprime  ainsi  :  «  Le  cas  de  Jean  De  Bry  est  intéressant  à  étudier, 
après  celui  de  tant  d'autres;  c'est  celui  d'un  homme  qui  tint  à  dire 
son  mot  à  toutes  les  phases  du  procès  et  qui,  partisan  au  début  d'une 
mesure  de  clémence,  se  trouva  amené  à  voter  la  mort,  sans  appel  au 
peuple  et  sans  sursis  »  (p.  18).  C'est  ainsi  qu'il  devint  régicide. 

Franchissons  l'époque  de  la  Terreur  et,  sans  insister  sur  la  mission 


—  71  — 

de  De  Bry  dans  le  Midi,  soulignons  le  fait  que  ce  représentant  avait 
très  efTicacement  protégé  le  général  de  brigade  Bonaparte  en  le  recom- 
mandant au  gouvernement  quelques  jours  avant  le  13  vendémiaire. 
Déjà  il  avait  eu  roccasion  d'être  utile  à  Joséphine  de  Beauharnais. 
De  sorte  que  le  futur  couple  impérial  avait  alors  contracté  à  l'égard 
de  De  Bry  une  dette  de  reconnaissance  qui  devait  être  payée  assez 
maigrement  plus  tard. 

L'homme  politique  nous  ayant  été  présenté  dans  les  deux  premiers 
phapitres  composant  la  première  partie  de  l'ouvrage,  M.  L.  Pingaud 
consacre  la  deuxième  partie  (chapitres  III  et  IV)  au  congrès  de 
Rastatt  de  1799  et  à  la  relation  de  l'assassinat  des  ministres  français, 
Bonnier  et  Roberjot.  De  Bry  n'échappa  au  massacre  que  par  une  sorte 
de  miracle.  Les  détails  rassemblés  ici  sur  cette  alïaire,  qui  passionna 
la  France  et  l'Europe,  sont  extrêmement  attachants  et  précis;  l'auteur 
rappelle  les  différentes  versions  de  cette  tragédie  qu'il  considère,  très 
justement,  à  mon  avis,  comme  un  attentat  commis  par  l'Autriche. 
Que  les  victimes  fussent  peu  intéressantes  par  elles-mêmes,  cela  n'est 
pas  douteux  :  leur  caractère  diplomatique  reconnu  eût  dû,  malgré  tout, 
les  protéger.  Le  plus  singulier,  dans  ce  drame,  c'est  que  l'on  ne  tarda 
pas  à  accuser  le  «  mau-tué  »,  ■ —  comme  on  devait  l'appeler  ironique- 
ment à  Besançon  —  d'avoir  fait  lui-même  perpétrer  l'assassinat.  Et  le 
comble,  c'est  que  Napoléon,  du  fond  de  sa  tombe  {Mémoires  sur  la 
captivité  de  Sainte- Hélène,  publiés  en  1825)  avait  paru  émettre  des 
doutes  sur  l'innocence  de  son  protecteur  d'antan.  Ne  serait-ce  point 
à  cela  qu'il  convient  d'attribuer  la  faveur  restreinte  accordée  au  person- 
nage sous  l'Empire?  M.  Pingaud  n'envisage  pas  cette  question;  mais 
cette  supposition  n'est-elle  pas  assez  naturelle? 

La  troisième  partie  du  volume  (chapitres  V  à  VIII)  est  relative 
à  «  l'Administration  ».  Fort  d'une  promesse  du  Premier  Consul,  qui 
devait  lui  donner  un  témoignage  d'estime  «  sous  la  forme  d'une  fonc- 
tion publique  honorable  et  suffisamment  importante  »,  De  Bry  en 
réclama  bientôt  la  réalisation  :  le  29  avril  1801,  deux  ans  après  son 
aventure  tragique  de  Rastatt,  il  fut  nommé  préfet  du  Doubs,  mais 
il  ne  se  rendit  à  Besançon  que  le  15  juillet  suivant. 

Tout  de  suite,  il  remplit  les  fonctions  de  sa  charge  avec  une  con- 
viction et  un  zèle  qui  ne  devaient  pas  se  démentir  un  seul  in- tant. 
Spécialement  il  s'efforça,  lorsqu'il  eut  à  appliquer  le  concordat  dans 
son  département,  de  concilier  les  deux  clergés,  réfractaire  et  asser- 
menté; et,  en  vérité,  ce  ne  fut  pas  chose  banale  que  de  voir  ce  révolu- 
tionnaire de  fraîche  date  s'évertuer  à  pacifier  les  esprits,  qu'il  avait 
si  bien  contribué  à  exciter,  et  agir  presque  toujours  en  parfait  accord 
avec  l'archevêque  Lecoz.  Page  186,  M.  L.  Pingaud  caractérise  très 
joliment  l'archevêque  et  le  préfet  :  «  On  a  dit  de  Lecoz  qu'à  certains 


—  12  — 

joiirs.il  s'était  conduit  en  policier  plutôt  qu'en  ministre  du  Seigneur. 
Par  contre,  il  arriva  à  De  Bry  de  s'exprimer  en  Père  de  l'Église.  » 

Pour  ramener  l'ordre  dans  la  maison  de  détention  de  Bellevaux, 
le  préfet  n'hésita  pas  à  faire  appel  à  des  religieuses,  qu'il  sut  défendre 
à  l'occasion,  même  en  haut  lieu.  Comme  on  le  voit,  le  vieil  homme  se 
dépouillait  assez  vite  pour  faire  place  à  une  sorte  d'apôtre  du  bien. 

Je  ne  saurais  entrer  dans  les  détails  de  l'administration  de  Jean 
De  Bry  pendant  son  long  séjour  à  Besançon  (1801-1813).  Il  suffira  de 
constater  impartialement  qu'il  sut  se  montrer,  à  peu  près  en  toutes 
circonstances,  prudent,  conciliant,  habile,  sans  rien  abdiquer  toutefois 
de  son  autorité.  Ce  fut,  en  somme,  un  préfet  modèle,  très  dévoué  à 
Napoléon,  qui  le  créa  baron,  mais  le  laissa  indéfiniment  au  poste  qu'il 
lui  avait  octroyé  quand  il  n'était  encore  que  Premier  Consul. 

De  Bry  était  un  lettré;  il  s'intéressa  beaucoup  à  l'Académie  de 
Besançon  ressuscitée  et  se  lia  d'amitié  avec  Charles  Nodier,  qui  lui 
resta  fidèle  dans  le  malheur.  A  noter  aussi  ses  rapports  avec  divers 
prisonniers  d'Etat,  parmi  lesquels  le  plus  important  et  le  plus  célèbre 
fut  le  général  comte  de  Bourmont,  détenu  à  la  citadelle  dont  il  finit 
par  s'évader. 

Passons  sur  les  années  glorieuses  de  l'Empire,  pendant  lesquelles 
le  préfet  accomplit  son  devoir,  tout  son  devoir.  Mais  quand  sonnaTheure 
de  la  grande  débâcle  napoléonienne,  notre  caméléon  s'empressa,  par 
une  lettre  fort  plate,  adressée  au  lieutenant-général  du  royaume,  de 
faire  acte  «  d'obéissance  et  de  fidélité  sans  bornes  à  S.  M.  Louis  XVII I», 
implorant  en  même  temps  l'oubli  et  le  pardon,  criant  son  «  plus  pro- 
fond repentir  »  pour  sa  conduite  de  1793  :  «  Dieu  me  garde,  disait-il, 
d'atténuer  ce  qui  ne  peut  l'être  !  J'avais  vingt-huit  ans  quand  je  fus 
égaré  par  la  fièvre  qui  égara  la  France.  » 

Vaine  supphque  !  Il  dut  céder  sa  préfecture  au  comte  de  Scey. 
Cependant  la  Restauration  lui  accorda,  malgré  sa  tare  de  «  votant  », 
une  pension  de  6000  francs,  plus  une  indemnité  de  15  000  francs 
et  admit  son  fils  Fieurus  comme  lieutenant  à  la  suite  du  régiment 
des  chasseurs  du  Roi.  On  conviendra  que  cette  manière  de  traiter  un 
régicide  ne  manquait  point  de  générosité;  mais  cola  n'empêcha  pas 
De  Bry,  quand  Napoléon  revint  do  l'île  d'Elbe,  d'accepter  la  préfecture 
de  Strasbourg  ni  son  fils  de  se  rallier  à  l'P^mpereur.  Double  défection 
qui  fut  punie  par  la  seconde  Restauration.  L'ancien  conventionnel 
se  trouvait  à  Mons,  en  Belgique,  où  il  était  allé  voir  sa  fille  aînée 
malade,  lorsqu'il  fut  avisé  de  l'exil  qui  le  frappait.  Cette  mesure  de 
juste  rigueur  n,e  fut  pas  accueillie  par  lui  avec  résignation;  elle  garda 
son  effet  jusqu'à  1830,  époque  à  laquelle  il  rentra  en  France  pour 
mourir  quelques  années  après  (6  janvier  1834). 

Dans  son  livre  .plein  de  faits,  de  mouvement  et  de  vie,  qui  ouvre 


—  73  — 

plus  d'une  vue  sur  Thistoire  générale  de  notre  pays  en  ces  teraps  si 
troublés,  M.  Léonce  Pingaud  apprécie  avec  beaucoup  de  justesse 
le  rôle  de  son  héros  soit  comme  conventionnel  soit  comme  diplomate 
de  circonstance.  Il  en  est  de  même  en  ce  qui  concerne  le  préfet;  mais 
peut-être  plusieurs  estimeront-ils  qu'il  se  montre  bien  miséricordieux 
pour  le  fonctionnaire  tombé  :  générosité  d'âme  que  je  n'aurai  pas  le 
courage  de  lui  reprocher. 

La  curieuse  figure  qui  vient  d'être  mise  si  rcnjarquablc-ment  en 
lumière,  d'après  de  nombreux  documents  authentiques  consultés 
dans  les  archives  publiques  ou  empruntés  à  des  collections  privées,  ne 
saurait,  à  mon  avis,  inspirer  ni  haute  estime  ni  réelle  sympathie.  Et 
cependant  Jean  De  Bry  était  certainement  l'un  des  moins  mauvais 
parmi  ses  pareils;  il  eût  été  un  peu  dur  de  lui  refuser  toute  pitié  dans 
l'infortune,  même  méritée.  D'autant  mieux  qu'au  contact  des  hommes 
et  des  événements,  le  conventionnel  d'autrefois  s'était  largement 
assagi  :  le  diable,  devenu  vieux,  s'était  fait  ermite.     E  -A.  Chaphis. 


Kihliografia  genernlc  «li  Ronsa,  a  cura  di  Emilîo  Calvi.  L 
Biblwgrafia  di  Roma  net  medio  evo  i476-1499).  Supplemento  1,  con 
Appendice  sulle  catacombe  e  sulle  chiese  di  Roma.  Roma,  Lceschet', 
iyU8,  in-S  de  xxxiv-162  p.  —  Prix  ;  15  Ir. 

Deux  ans  à  peine  après  l'achèvement  du  tome  I^^  de  sa  Bibliogra- 
phie de  Rome  (cf.  Polybihlion,  t.  CIX,  p.  534),  voici  que  M.  Emilio 
Calvi  nous  apporte  un  supplément  à  son  travail,  qui  contient  à  la 
fois  l'indication  d'ouvrages  postérieurs  à  son  livre  et  d'autres  qui  lui 
avaient  échappé. 

Peut-être  eût-il  mieux'  fait  de  remettre  à  plus  tard  la  publication 
de  ce  suppléaient,  —  après  l'achèvement  de  sa  bibnographie  di'iit  il 
nous  annonce  qu'il  poursuit  activement  l'étabUssement  et  dont  il 
nous  fait  espérer  à  brève  échéance  le  t.  II  consacré  au  xvi*^  siècle. 
Cela  lui  aurait  permis  de  nous  le  présenter  plus  complet  et  aurait  évité 
à  ses  lecteurs  le  désagrément  d'avoir  à  multiplier  leurs  recherclies 
dans  plusioiirs  volumes.  Il  aurait  jui  aussi  préciser  davantage  ses 
indications  et  éviter  quelques  erreiu\s  :  par  ex.  les  n"^  159  et  342  de  sa 
bibliographie  sont  le  môme  ouvrage,  dont  il  donne  ici  le  sous-titre  et 
là  le  titre. 

Mais  ce  qui  a  sans  doute  décidé  M.  Calvi  à  nous  donner  ce  nouvaau 
volume  est  le  désir  de  nous  présenter  la  bibliographie  des  catacombes 
et  des  églises  romaines,  et  de  combler  ainsi  une  lacune  de  son  ouvrage, 
lacune  volontaire  d'ailleu.  s,  expressément  reconnue  par  lui  à  la  page  xv 
de  sa  Préface  et  qu'il  avait  justifiée  en  annonçant  la  préparation 
d'un  travail  analogue  par  «  un  appassionato  cultore  di  cose  romane.» 

Cet  appendice  à  la  Bibliografia  di  Roma  comprend  à  lui  seul  2620 


—  74  — 

articles,  à  peu  près  autant  que  le  travail  principal.  Les  divisions,  fort 
simples,  (le  cette  bibliographie  sont  les  suivantes:  I.  Sources  biblio- 
graphiques; II.  Œuvres  générales  d'archéologie  chrétienne  et  d'hagio- 
graphie; III.  Bibliographie  des  catacombes  et  des  cimetières  chré- 
tiens en  général;  IV.  en  particulier;  V.  Bibliographie  des  églises  en 
général;  VI.  en  particulier.  M.  Calvi  reconnaît  modestement  que 
son  travail  n'est  pas  définitif  et  n'embrasse  pas  tout  ce  qui  a  été  écrit 
sur  les  catacombes  ou  sur  les  églises  de  Rome.  Il  n'en  rendra  pas  mains 
de  précieux  services  aux  amis  et  aux  curieux  des  choses  romaines. 

Il  a  sagement  renoncé  au  système  de  numérotation  des  articles 
qu'il  avait  suivi  dans  sa  Bibliographie;  au  lieu  de  recommencer  la 
numérotation  pour  chaque  chapitre  de  son  livre,  il  a  adopté  un  seul 
ordre  de  numéros,  ce  qui  a  l'avantage  de  faciliter  les  recherches  et  les 
renvois;  ses  tables  donnent  ainsi  le  n°  précis  d'un  article  et  ne  vous 
obligent  pas  à  parcourir  toute  une  page. 

On  pourrait  conseiller  à  M.  Calvi  une  autre  amélioration  pour  Ja 
suite  de  son  travail;  sous  chaque  rubrique  de  son  livre  les  ouvrages 
sont  classés  suivant  l'ordre  alphabétique  des  auteurs;  il  vaudrait  mieux 
les  grouper  par  matière  et  pour  chaque  matière  chronologiquement  : 
par  exemple  tous  les  articles  relatifs  à  un  même  pontife  auraient  inté- 
rêt à  être  réunis  et  leur  classement,  d'après  les  dates  de  publica- 
tion, rendrait  service  au  chercheur. 

Nous  espérons  pouvoir  signaler  bientôt  à  nos  lecteurs  la  suite  de 
cette  œuvre  méritoire.  E.-G.  Ledos. 

lies  Ek  lîbris  de  mèdeciniii  et  de  pliarmaeiens ,  ouvrage 
complété  par  des  listes  internationales  des  ex-libris  et  devises  des 
membres  de  ces  coi-poratioti<.  suivi  d'une  étude  sur  les  marques  per- 
sonnelles macabres,  par  Henry-André.  Paris,  chez  l'auteur,  3,  fau- 
bourg Saint-Jacques,  1908,  in-8  de  164  p.,  avec  107  reproductions 
d'ex-libris.  —  Prix  :  10  fr- 

M.  Henry-André  a  justement  reconnu  que,  pour  étudier  les  ex- 
libris  d'une  façon  scientifique,  il  convenait  de  les  grouper  de  manière 
à  rendre  les  comparaisons  faciles.  Il  a  pensé  que  des  séries  devaient 
être  constituées  d'après  la  profession  des  bibliophiles,  et  il  s'est 
attaché  à  faire  connaître  l'une  de  ces  séries. 

Sous  l'ancien  régime,  les  ex-libris  médicaux  sont  presque  tous 
héraldiques.  Leur  décoration  est  formée  par  le  blason  familial,  trop 
souvent  agrémenté  de  couronnes  usurpées.  A  peine  y  voit-on  appa- 
raître çà  et  là  quelque  attribut  de  profession,  discrètement  relégué 
dans  un  coin.  A  la  Révolution,  il  faut  bien  renoncer  aux  emblèmes 
proscrits  par  les  lois.  On  ne  sait  trop,  d'abord,  que  mettre  à  la  place 
des  armoiries  supprimées  :  les  uns  essaient  de  scènes  antiques, 
d'autres  se  contentent  de  sèches  étiquettes  portant  un  nom  ou  de 


—  75  — 

simples  initiales.  Durant  le  xix^  siècle  presque  entier,  ces  étiquettes 
persistent,  partageant  la  vogue  avec  des  pastiches  de  l'art  ancien 
auxquels  le  r.)mantisme  donne  un  succès  durable. 

Vers  1875,  apparaissent  des  «  marques  vraiment  modernes,  prenant 
le  caractère  d'armoiries  intellectuelles  de  leur  possesseur  ».  Elles 
évoquent  le  pays  natal,  des  goûts  littéraires  ou  scientifiques,  des 
spécialités  médicales;  elles  jouent  sur  le  nom,  ou  bien  elles  donnent 
l'interprétation  d'une  devise;  souvent  elles  ont  un  caractère  complexe. 
On  trouve,  sur  la  même  estampe,  des  livres,  des  instruments  de 
chirurgie,  des  squelettes  entiers  ou  des  têtes  de  mort,  les  emblèmes 
d'Esculape,  l'encrier  et  la  plume  du  savant,  avec  un  coin  de  paysage 
et  quelque  figure  «  parlante  ». 

M.  Henry- André  veut  que  les  «  armoiries  intellectuelles  »  comportent 
une  devise,  un  écusson  et  un  cimier.  La  devise  serait  personnelle  et  non 
familiale.  L'écusson,  représenté  par  le  sujet  principal  de  la  vignette 
reproduirait  et  interpréterait  en  figure  la  devise.  Le  cimier  consisterait 
en  un  attribut  de  la  corporation.  Les  analogies  entre  cette  composition 
et  celles  des  armoiries  héraldiques  sont  moins  étroites  que  ne  paraît 
le  croire  M.  Henry-André.  Quoi  qu'il  en  soit,  on  ne  peut  qu'approuver 
les  conclusions  de  l'auteur  et  souhaiter  avec  lui  plus  de  simplicité 
dans  la  décoration  des  ex-libris.  Mkx  Prinet. 


RTILLETIN 

I^a     Cai-idad    taaceiulotJtl,    ô     L,oceloiies    de    teolo;:ia    pastoral,     por 

P.  Aquileo  Desurmont.  Version  delà  3»  ediciôn  francesaporei  P.  José 
Pardo.  t.  LBarcelona,  Luis  Giii,  1908,  in-12  de  x-68c!  p.  — Pris  :  4  fr. 

Ce  volume,  le  second  de  la  collection  Religion  y  Cultura,  est  déjà  bien 
connu  en  France  et  y  a  fait  beaucoup  de  bien.  Nous  ne  doutons  pas  qu'il 
ait  un  égal  succès  à  l'étranger  :  c'est  ce  à  quoi  contribuera  très  certainement 
la  traduction  exacte  et  élégante  du  R.  P.  José  Pardo,  frère  en  religion  du 
regretté  P.  Desurmont.  Il  est  écrit  pour  les  prêtres  et  semble  être  le  com- 
mentaire des  paroles  que  l'évêque  leur  dit,  au  jour  de  leur  ordination  : 
Accipe  vesteni  sacerdotalem,  per  quant  caritas  intelligitur.  Simple  et  digne, 
clair  et  pénétrant,  ce  livre  !^st  inspiré  par  les  préceptes  et  les  exemples 
des  saints,  mais  surtout  de  saint  Alphonse  de  Liguori.  Les  âmes  sacer- 
dotales y  trouveront  leur  profit,  en  même  temps  qu'un  réconfort  précieux 
dans  les  temps  de  lutte  et  de  conflits  que  nous  traversons.     G.  Bernard. 


I>o    lu    Condition    du  pi  dti-«  dans  IV(sH»e    api'ès    le»    loi»  de  B«pa- 

i-atîon,  par  F.  DE  Vallavieille.    Paris.  Lecoffre,  Gabalda,  1908,  gr. 

in-8  de  77  p.  —  Prix  :  1  fr.   50. 

Le  culte,  tel  qu'il  s'exerce  aujourd'hui  en  France,  n'a  pas  de  statut  légal, 
puisque  les  associations  cultuelles  n'ont  pas  été  constituées  et  qu'aucun  des 
moyens  suggérés  pour  les  remplacer  n'a  été  mis  en  pratique.  On  peut  donc 
se  demander  quelle  est  la  condition  du  curé  dans  sa  paroisse,  s'il  y  agit  en 


—  76  — 

vertu  d'une  simple  tolérance,  ou  s'il  trouve  dans  les  lois  existantes  une 
protection  pour  ses  droits,  une  régie  de  sfis  devoirs.  L'auteur  constate  que 
la  loi  attribue  à  l'État,  aux  départements  ou  aux  communes  la  propriété 
des  édifices  cultuels,  mais  il  explique  la  nature  et  l'étendue  de  la  servitude 
d'usage  établie  au  profit  des  fidèles  et  des  ministres  du  culte.  Seul  le  prêtre 
orthodoxe  a  droit  à  l'usage  de  l'église  et  les  conséquences  sont  pour  lui 
tout  d'abord  la  faculté  exclusive  d'y  exercer  son  ministère,  de  se  servir 
du  mobilier  cultuel,  de  réglementer  les  cérémonies,  etc.  Le  prêtre  desservant 
l'église  a  naturellement  des  obligations.  M.  de  Vallavieille  examine  en  détail 
les  questions  deftes,  réparations,  impôts,  assurances,  etc.  Cet  utile  opuscule 
sera  d'un  grand  secours  aux  curés  qui  ont,  plus  que  jamais,  besoin  d'une 
notion  claire  de  leurs  droits,  fondés  sur  un  commentaire  autorisé  des  lois 
et  des  textes.  G.  P. 

i>en<ié«>e  de  F.  DE  LAMENNAIS  [1SI9-1S26),  avcc uue  Introduction  et  des 
notes  par  Christian  Maréchal.  Paris,  Bloud,  1909,  in-12  de  62  p. 
(Collection  Science  et  Religion.)  —  Prix  :  0  i'r.  60. 

M.  Maréchal  est  connu  par  ses  belles  études  sur  Lamennais  et  certains 
de  ses  disciples  littéraires,  tels  que  Lamartine  et  Victor  Hugo.  Les  Pensées 
qui  font  l'objet  de  cette  p'iblication  sont  celles  du  Lamennais  croyant  et 
orthodoxe.  Dans  son  Introduction,  M.  Maréchal  écrit  ces  lignes  «  Dans 
la  doctrine  comme  dans  les  faits,  Lamennais  a  tout  pressenti  :  so/i  œuvre 
est  un  monde  où  palpitent  et  s'éveillent,  pêle-mêle  et  s'ignorant  parfois 
elles-mêmes,  les  pensées  bonnes  ou  mauvaises  dont  nous  vivons  ou  qui  nous 
déchirent.  »  Le  don  d'intuition, qu'il  erit  à  un  merveilleux  degré, fit,  en  effet, 
de  l'illustre  solitaire  de  la  Chênaie  une  sorte  de  voyant.  Quand  on  relit, 
par  exemple,  sa  vaste  correspondance,  on  est  étonné  de  sa  perspicacité 
géniale. 

D'abondantes  notes,  qui  ont  pour  but  de  bien  préciser  les  pensées  de 
Lamennais  en  les  rapprochant  de  celles  des  Bonald,  des  Maistre  et  autres 
penseurs  non  moins  célèbres  ou  plus  célèbres  encore,  tels  que  Montaigne 
et  Pascal,  achèvent  de  rendre  ces  pages  fort  intéressantes  et  très  suggestives. 

A.  Roussel. 

BManipiilaS  ions  de  zoologie  et  de  IloianlqDe,  Classe  de  pttilosovhie  et 
de  m  ithénmliqui'S,  prép^ralinn  aux  écnles,  par     H.     Mo\NIER   et     \r    KOLL- 

MA.w.  Paris,  H.  Paulin,  1909,  in-lG  de  80  p.  avec  18  grav.  —    Prix 
1  fr.  50. 

Des  séances  de  travaux  pratiques  doivent  compléter  l'enseignement 
des  sciences  naturelles  dans  les  lycées.  Complément  souvent  difficile  à 
rendre  utile  par  suite  de  l'installation  matérielle,  insuffisante  la  plupart  du 
teups.  Les  auteurs  de  ce  petit  opiiscule  ont  tracé  le  plan  de  quinze  mani- 
pulations pour  lesquelles  peu  d'instruments  spéciaux  seront  nécessaires, 
et  les  autres  les  plus  usuels  sont  décrits  et  représentés  avec  soin.  En  suivant 
les  indications  données,  il  sera  aisé  d'arriver  aux  résultats  que  réclament 
les  programmes,  G.  de  S. 

CiuMMification  palet hnoioj^iqiie.  par  A.  DE  MoKTiLLET.  Paris,  Schleicher  , 
1908,  petit  in-16  de  9  p.,  avec  12  id.  contenant  117  lig.  —  Prix  :  i  ïr.  50. 

Dans  ce  petit  album  fort  bien  compris  et  dessiné,  le.  fils  du  grand  vul- 
garisateur et  palethnologue  que  fut  Gabriel  de  Mortillet  a  su  réunir  les 
formes  typiques  de  chaque  époque  et  les  pièces  les  plus  célèbres  qui  nous 


—  li- 
en sont  parvenues.  Nul  guide  meilleur  à  donner  aux  débutants.  On  peut 
cependant  formuler  une  critique  de  détail.  Le  passé  nous  est  révélé  par 
les  monuments  et  les  textes,  et  les  stations  sont  la  seule  base  de  notre  étude 
là  où  ces  derniers  font  défaut  :  aussi  leur  étude  est-elle  le  domaine  propre  de 
la  préhistoire;  mais  pourquoi  des  noms  de  stations  pour  les  temps  histo- 
riques? Après  le  marnien,  la  Gaule  nouvelle  est  décrite  par  César,  on  est 
dans  l'histoire,  des  noms  de  localité  ne  correspondent  plus  à  rien  de  ca- 
ractéristique, .       F.   DE  ViLLENOISY. 

Las  Caracola»,  cuentos  ««ra^once*  por  JuAN Blast  Ubide.  Zaragoza  , 
Gasca,  1909,  in-16  de  149  p.  —  Prix  :  2  fr. 

Cs  charmant  volume  est  un  recueil  de  onze  petites  nouvelles  d'un  honnête 
réalisme  et  d'une  morale  parfaite,  se  rapprochant  du  genre  picaresque  et 
écrites  dans  un  style  sobre,  simple,  correct.  Nous  signalerons  en  particu- 
lier les  récits  intitulés  :  Vengeance  d'un  pêcheur  à  la  ligne  et  VEscopetle  du 
curé,  vrais  modèles  du  genre,  pleins  de  verve  et  de  naturel.     G.  Bernard. 


Seize  lettre»  de  Dom  lii:>i)iiioa,  publiées  par  Dom  Paul  Denis,  Ligugé, 
imp.  Aubin,  1909,  in-  8  de  44  p. 

Ijes   Bé  nêcllotîi»!»  «le  Sal  iit-<ie«-iiiMin-tles-I*i-és  et    la   t>oiii'  «le   Itoine 

en   irsjî,  parle  même.  Ligugé,   imp.     Aubin,  1908,    in-8    de    47    p. 
(Extrait  de  la  Revue  Mabillon.) 

Qii<-l(|iieM    letti-es   «le    B>oni    l.«mvai-«l,    pi-isonniei-  à     la    Baiîitille,  pSf 

le  même.  Ligugé,  imp.  Aubin,  1909,  in-8  de  30  p. 

En  entreprenant  la  publication  des  lettres  inédites  des  grands  bénédic- 
tins du  XYiii^  siècle,  D.  Denis  rendra  service  aux  érudits.  D.  Mabillon 
se  montre  dans  sa  coirespondance  l'homme  d'étude,  absorbé  par  ses  re- 
cherches savantes  et  qu'aucune  découverte  ne  laisse  indifférent;  d'excel- 
lentes notes  mettent  le  lecteur  à  même  de  comprendre  les  allusions  rapi- 
des aux  événements  contemporains  et  à  connaître  les  coirespondants  du 
savant  moine. 

—  Les  deux  autres  brochures  se  rapportent  à  l'histoire  du  jansénisme 
en  France.  Dans  la  première,  nous  voyons  (  omment  le  cardinal  de  Bissy, 
abbé  commendataire  de  Saint-Germain-des-Prés,  réussit  à  ramener  la  paix 
parmi  les  religieux  de  l'abbaye  et  à  les  faire  se  désister  de  l'appel  au  futur 
concile  qu'ils  avaient  interjeté  de  la  bulle  Unigenitus.  A  partir  de  cette  date, 
dit  l'auteur,  le  jansénisme  militant  cessa  d'être  (à  Saint-Germain-des-Prés) 
une  cause  permanente  de  dissolution. 

—  Le  Père  Louvard  était  au  contraire  un  appelant  obstiné,  et  le 
mauvais  esprit  qu'il  semait  partout  où  il  résidait  amena  son  incarcéra- 
tion à  la  Bastille  en  1728;  il  y  resta  six  ans.  Sa  correspondance  ne  le  fait 
pas  voir  sous  un  bon  jour  :  il  se  plaint,  et  en  cela  il  n'a  pas  tout  à  fait  tort, 
du  régime  de  la  prison,  réclame  sans  cesse  quelques  adoucissements,  et, 
quand  il  les  a  obtenus,  en  demande  encore  d'autres.  Mais,  sur  la  question 
de  doctrine,  il  est  inébranlable  et  ne  cède  rien.  On  le  mit  en  liberté  en 
1734,  et  on  lui  assigna  pour  résidence  le  prieuré  de  Rebais  d'où  il  s'échappa 
pour  aller  mourir  à  Utrecht.  D.  P.  Denis  constate  que  les  Nouvelles 
ecclésiastiques  ont  créé  de  toutes  pièces  autour  de  ce  religieux  une  légende 
mensongère  que  B.  Hauréau  a  contribué  à  accréditer,  et  il  rectifie,  en 
publiant  les  pièces  authentiques,  quelques-unes  des  erreurs  qui  tiaves- 
tissent  l'histoire  de  ce  personnage  d'ailleurs  peu  intéressant,  mène  dans 
la  persécution.  P. 


—  78  — 

L.a  Ci'l«e  intime  «le  l'Église  «le  France.  Les  Prêtres  démoerates.  Le 
Sillon.  Les  Hypercritiques,  par  EMMANUEL  Barbier.  Paris,  Lethielieux.s.d., 
in-12  de  123  p.  —  Prix  :  0  fr.  60. 

Que  penserait-on  d'un  soldat  qur,  au  cours  de  la  bataille,  tirerait  sur 
ses  propres  compagnons  d'armes,  sous  prétexte  qu'ils  ne  suivent  pas  la 
même  tactique  que  lui?  L'ennemi  de  M.  Barbier.ce  n'est  pas  le  franc-maçon, 
le  blocard,  mais  le  catholique,  le  prêtre  surtout  qui  n'a  pas  adopté  toutes 
ses  rancunes,  qui  n'a  pas  épousé  toutes  ses  querelles,  et  dont  l'orthodoxie 
n'est  pas  identique  à  celle  qu'a  définie  M.  Barbier.  Si  l'Église  jouissait 
de  la  paix,  ces  tournois  ne  seraient  qu'oiseux,  mais  quelle  faute  à  l'heure 
présente  !  P.  Pisawi. 

CHRONIQUE 

NÉCROLOGIE.  - —  Nous  avous  appris  avec  le  plus  vif  regret  que  M.  le 
chanoine  Augustin  Lémann,  prélat  de  la  maison  de  Sa  Sainteté  et  professeur 
d'Ecriture  sainte  et  d'hébreu  à  la  Faculté  de  théologie  de  Lyon,  est  mort 
dernièrement  dans  cette  ville,  à  l'âge  de  73  ans,  quittant  ainsi  pour  la 
première  fois  son  frère.  Mgr  Joseph  Lémann,  à  la  destinée  duquel  la  sienne 
fut  si  étroitement  unie  qu'il  ne  semblait  pas  que  ces  deux  frères  jumeaux 
dussent  jamais  être  séparés.  Nés  à  Dijon  le  18  février  1836,  de  parents  israé- 
htes,  Achille  et  Edouard  Lémann,  qui  devaient  prendre  plus  tard,  à  leur 
baptême,  les  noms  d'Augustin  et  de  Joseph,  perdirent  leur  mère  ce. même 
jour  et  leur  père  peu  de  temps  après.  Ils  furent  alors  pnvoyés  à  Lyon  et 
confiés  à  des  oncles,  également  Israélites.  Invinciblement  attirés  vers  le 
christianisme,  à  la  suite  de  circonstances  providentielles,  ils  abjurèrent 
le  judaïsme  le  27  avril  1854  et  cela  en  dépit  des  obstacles  et  d'un  véri'table 
guet-apens  que  dressa  devant  eux  leur  famille  exaspérée.  Bien  plus,  pov.ssés 
par  la  vocation  sacerdotale,  ils  entrèrent  au  séminaire  de  Saint-Sulpice, 
et  en  1860  ilc  furent  ordonnés  prêtres  par  Mgr  de  Bonald.  Après  avoir  été 
pendant  quelque  temps  vicaire  dans  la  nouvelle  paroisse  lyonnaise  de 
l'Annonciation,  l'abbé  Augustin  Lémann  se  consacra  entièrement  à  la 
prédication,  pour  laquelle  il  avait  une  aptitude  spéciale.  L'n  peu  plus  tard, 
en  1878,  lorsque  fut  fondée  la  Faculté  canonique  de  théologie  à  l'Université 
catholique  de  Lyon,  il  y  fut  appelé  pour  occuper  la  chaire  d'hébreu  et  d'Écri- 
ture sainte.  Connaissant  à  fond  la  langue  qu'il  enseignait  et  très  versé  dans 
les  saintes  Écritures,  il  vit  les  élèves  assister  avec  autant  d'empressement 
à  ses  cours  que  les  fidèles  en  mettaient  auparavant  à  écouter  ses  sermons. 
Les  ouvrages  qu'il  a  trouvé  le  temps  de  publier,  en  dehors  de  ses  occupations 
professionnelles,  sont  fort  estimés.  Parmi  eux,  nous  citerons  :  Aux  Israé- 
lites et  aux  chrétiens.  La  Question  du  Messie  et  le  concile  du  Vatican  (Paris, 
1869,  in-8),  avec  l'abbé  Joseph  Lémann;  —  Jeanne  d'Arc  et  Charles  VII. 
Panégyrique  prononcé  dans  la  cathédrale  d'Orléans,  le  8  mai  1874  (Orléans, 
1875,  in-8);  —  Valeur  de  rassemblée  qui  prononça  la  peine  de  mort  contre 
Jésus-Christ  (Paris,  1877,  in-8);  —  Le  Sceptre  de  la  tribu  de  Judas  entre  les 
mains  de  Jésus-Christ,  ou  le  Messie  venu  (Lyon,  1880,  in-8);  —  Les  Étapes 
d'une  nation  qui  meurt,  d'après  Isaïe  (Paris,  1883,  in-8);  —  Dieu  a  fait  la 
France  guérissable  (Paris,  1884,  in-8); —  Une  très  ancienne  Prophétie  sur  la 
prospérité  passée  et  la  décadence  actuelle  des  Étais  chrétiens  (Paris,  1885,  in-8)  ; 
—  Les  Psaumes  des  pèlerinages  avec  réflexions  (Paris,  1886,  in-18);  —  Dé- 
nouement de  la  persécution  (Paris,  1886,  in-8];  —  L" Antéchrist  de  l'Ancien 
Testament;  la  Paganisation  de  l'enseignement;  les  prêtres  à  In  palestre  (Paris, 


—  79  — 

1890,  in-8);  —  L'Apostasie  dans  V enseignement  public  (enseignement  pri- 
maire) (Lyon,  1891,  in-8)  :  —  La  Police  autour  de  la  personne  de  Jésus-Christ 
(Paris,  1895,  in-12):  —  Jésus-Christ  sur  le  trône  de  David  (Lyon,  1896,  in-16). 

—  La  disparition  de  M.  de  Goeje,  l'illustre  arabisant  hollandais  mort  au 
milieu  de  mai,  à  73  ans,  laissera  longtpmps  un  grand  vide  dans  le  monde 
des  orientalistes.  Né  en  1836,  Michel- Jean  de  Goeje  étudia  la  langue  arabe 
à  l'Université  de  Leyde,sous  la  direction  de  Juynboll  et  de  Dozy,  à  partir 
de  1856.  Quelques  années  plus  tard,  il  se  rendit  à  Oxford  pour  perfectionner 
ses  connaissances  en  philologie  arabe  au  milieu  de  la  splendide  collection  de 
manuscrits  orientaux  conservés  dans  la  Bibliothèque  Bodléienne.  A  la  mort 
de  Dozy,  en  1883,  il  lui  succéda  comme  profes-.eur  d'arabe  à  l'Université  de 
Leyde  et  il  conserva  ce  poste  jusqu'à  ces  dernières  années,  lorsque  sa  mau- 
vaise santé  le  contraignit  à  prendre  sa  retraite.  Doué  d'une  puissance  de 
travail  extraordinaire,  Jean  de  Goeje  avait  exploré  le  cliamp  immense  de 
la  langue  et  de  la  littérature  arabe,  et  il  l'a  rendu  accessible  à  beaucoup 
d'autres  par  les  nombreuses  et  admirables  publications  que  seul  il  était 
capable  d'entreprendre  et  de  mener  à  terme.  Outre  sa  monumentale  édition 
de  Tabarî,  qu'il  a  fait  paraître  avec  le  concours  d'autres  éminents  orien- 
talistes (1879-190J),  il  a  donné,  entre  autres  ouvrages,  tous  d'une  impor- 
tance capitale  :  BelâdhwVs  history  of  ihe  early  Moslem  conquests  (1863-1868)  ; 

—  Fragmenta  Historicorum  Arabicorum  (1869-1871,  2  vol.  in-8);  —  Biblio- 
theca  Geographorum  Arabicorum  (1870-1894,  8  vol.  in-8h  —  le  Diwan  de 
Muslim  ben  VValîd  (18751^  —  des  biographies  de  poètes  arabes  par  Ibn 
Quiaiba  (1904);  —  Mémoires  d'histoire  et  de  géographie  orientâtes.  Son 
dernier  ouvrage,  paru  en  1907,  forme  lecinquième  volume  du  «Gibb  Mémo- 
rial »  et  contient  une  nouvelle  édition  des  voyages  d'Ibn  Jubaye,  que  son 
ami  Wright,  professeur  à  Cambridge,  avait  publié  pour  la  première  fois. 
M.  de  Goeje  avait,  en  outre,  composé,  avec  le  concours  d'autres  savants 
hollandais,  le  catalogue  des  manuscrits  orientaux  de  la  bilbiothèque  de 
l'Université  de  Leyde. 

—  On  annonce  encore  la  mort  de  MM.  :  Ludovic  Baschet,  ancien  éditeur 
parisien,  fondateur  de  la  librairie  artistique,  où  se  publia  le  Paris  illustré, 
la  Revue  illustrée,  etc.,  mort  au  milieu  de  juin,  à  75  ans; —  Basset,  dit 
Louis  Bannières,  qui  rédigeait  la  critique  théâtrale  dans  la  Gazette  du 
Palais,  mort  en  juin,  à  l'âge  de  50  ans;  —  Lucien-Napoléon  Bonaparte- 
Wyse,  ancien  officier  de  marine,  qui,  le  premier,  eut  l'idée  de  percer  l'isthme 
de  Panama,  en  suivit  toutes  les  péripéties  et  publia  une  brochure  intitulée  : 
Le  Rapt  de  Panama  (1904),  mort  près  de  Toulon,  le  15  juin,  à  l'âge  de  66  ans; 

—  Léonce  de  Castei-nau  de  Curières,  député  de  l'Aveyron,  jurisconsulte 
et  érudit  de  grand  mérite,  qui  a  publié  sur  l'ancien  des  études  remarquées 
telles  C}ue  :  L'Ancien  Régime  et  la  Bourgeoisie;  Les  Libertés  publiques  et 
V ancienne  Monarchie;  Les  L.ivres  de  raison  d'une  famille  noble  de  Van  1200 
jusqu'en  1789,  mort  à  Paris,  le  30  mars  dernier,  à  l'âge  de  64  ans;  —  Henri 
Chambige,  qui  sous  le  pseudonyme  de  Marcel  Lemi,  a  écrit  des  romans  et 
des  nouvelles,  entre  autres  la  Débandade;  —  Champoiseau,  ministre  pléni- 
potentiaire en  retraite,  membre  correspondant  de  l'Institut,  mort  à  Paris, 
le  29  juin,  à  80  ans.  lequel  a  raconté  dans  une  intéressante  brochure  comment 
étant  consul  à  Andrinople,  il  découvrit  dans  l'île  de  Samothrace  la  fameuse 
«  Victoire  de  Samothrace  »,  chef-d'œuvre  de  la  statuaire  antique,  une  des 
gloires  du  musée  du  Louvre;  —  Chatel,  professeur  à  la  Faculté  de  droit  de 
Rennes,  mort  subitement  en  cettf  ville,  à  l'âge  de  53  ans  ;  —  Emmanuel  Del- 
bousquet,  poète  et  romancier,  auteur  de:  Le  Chant  des  races,  le  Mazareilh, 
Margot,  l'Écarteur,  Miguette  de  Cante-Cigale  (Paris,  1908,  in-18),  mort  pré- 


—  80  — 

niaiurénienl  à  Sos,en  Albret,  le  24  mai,  à  l'âge  de  36  ans; — l'abbé  P.-G.  Dey- 
Dou,  curé  de  la  paroisse  de  Saint-Nicolas  de  Bordeaux,  ancien  professeur  de 
rhétorique  au  petit  séminaire  de  cette  ville,  mort  dernièrement  à  72  am,, 
lequel  laisse  divers  écrits,  discours,  panégyriques  et  le  volume  :  Bernard- 
Louis  Beaulieu,  prêtre  de  la  Société  des  missions  étrangères,  mort   pour  la  foi 
en  Corée,  le  8  mars  1866;  vie  et  correspondance  (Bordeaux,  1894.  in-8);  — 
Guillaume  DuBUFE,  artiste  peintre  de  réputation,  qui  a  publié  d'intéressantes 
Etudes  de  critique  artistique  dans  la  Revue  des  Deux  Mondes  et  dans  laiVou- 
i>elle  Revue,  mort,  à  lâge  de  66  ans,  sur  le  bateau  qui  l'emmenait  à  Biionos- 
Aires,  où  il  allait  organiser  une  exposition  de  peinture; —  Armand-NapoJéon- 
Thaddée    Dujardin-Beaumetz,   ancien  inspecteur  générai  du  service  sa- 
nitaire de  l'armée,  à  qui  l'on  doit  divers  mémoires  scientifiques,  notamment 
sur  l'emploi  du  rétracteur  métallique  dans  l'amputation  de  la  jorobo  et  de 
la  cuisse,  mort  à  Montpellier,  le  8  mai,  dans  sa  74^  année; —  Georges  Grisier, 
auteur  dramatique,  qui  a  collaboré  à  divers  journaux  comme  critique  théâ- 
tral et  a  écrit  un  certain  nombre  de  comédies,  telles  que  :  Appartement  à 
louer  I Paris,  1881),  avec  M.  de  Lyden;  Au  clair  de  lune  (Paris,  1885),  avec 
H.Blondeau  et  H.  Monréal,  mort  à  Paris  le  4  juin,  à  l'âge  de  56  ans;  ~  Joseph 
Henry,  collaborateur  du  joi.rnal  V Accord  social,  mort  à  Reims,  dans  le 
milieu  de  mai.  à  l'âge  de  31  ans;  —  Lucien- Joseph-Edouard  Hillemachee, 
compositeur  de  musique,  qui,  en  collaboration  avec  son  frère  Paul-Joseph- 
Wilhelm,  avait  donné  des  œuvres  scéniques  parmi  lesquelles  noi  s  rappellerons 
seulement  :  Le  Chevalier  de  Saint-Mégrin ,  Orsola,  Circé,  représentée  à  l'Opéra- 
Comiqiie,  etc.,  rnort  à  Paris  le  2  juin,  à  l'âge  de  49  ans;  —  l'abbé  Hugufnot, 
curé  de  Brion,  secrétaire  général  de  la  Société  académique  du  Centre,  crudit 
très  estimé,  mort  en  mai,  à  Brion;  —  Olivier  Joubin,  bibliothéraire  en  chef 
de  la  ville  d'Angers,  mort  en  cette  ville,  à  l'âge  de  80  ans,  à  la  fm  d'avril  ;  — 
G.-C.  Langer,  qui  partageait  avec  M™-  Langer  le  pseï  donyme  littéraire 
de  Georges  Régnai  ainsi   qie  la  direction  de  Simple  Revue,   qu'il  avait 
l'ondée,  mort  en  mai;  —  J'abbé  Rémi- Joseph  Ledoux,  ancien  curé  d'Iré- 
le-Sec  (Meuse),  qui  a  pubhé  divers  ouvrages  dont  un  sur  la  Sainte  Vierge, 
mort  à  Devant-le-Pont-Visé  (Belgique),  le  6  juin;  —  le  D""  Saint-Yves  MÉ- 
NARD,  membre  de  l'Académie  de  médecine,  pré.sident  de  l'Association  na- 
tionale des  vétérmaires,  professeur  d'hygiène  à  l'École  centrale,  auteur  de  : 
Contribution  à  l'étude  de  la  croissance  chez  Vhomme  et  les  animaux  (physio- 
logie et  hygiène  comparées\.  thèse  pour  le  doctorat  (Paris,  1885,  in-8),  mort 
à  Paris,  au  commencem.ent  de  ji.in,  à  62  ans;  —  Adolphe  Matox,  prof<:;sseur 
de  chant,  compositeur  apprécié,  mort  en  mai;  —  Claude  Motteroz,  l'un 
des  plus  grands  imprimeurs  parisiens,  dont  les  éditions  li:Xi.e'.  ses  ont  été 
fort  appréciées,  mort  à  Paris,  le  9  juin;  —  l'abbé  Renard,  directeur  au 
séminaire  de  Saint-Sulpice,  mort  en  mai,  à  l'âge  de  38  ans;  —  Sam  ères, 
directeur  du  journal  Iv  Populaire  de  Nantes,  mort  à  la  fm  de  jiin;  —  Paulin 
Teste,  conservateur  adjoint  à  la  Bibliothèque  nationale,  à  qi  i  l'on  doit 
notamment  le  Catalogue  des  manuscrits  ru.^'scs  et  slavons  de  la  Bibliothèque 
nationale;  le  Répertoire  du  «  Cabinet  historique  »  et  le  Répertoire  de  la  «^  Gazette 
dee  beaux-arts  »,  mort  à  Paris,  dans  le  courant  de  mai,  à  l'âge  de  52  ans;  — 
Georges-Alfred  Vaissier,  conservateur  du  musée  archéologiq.e  de  Besançon, 
qui  a  publié  deux  études  sur  la  vigne  et  les  vignerons  en  Fronche-Comté, 
dans  les  Mémoires  de  l^'Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts  de  Besançon, 
de   nombreux  travaux  et  notices   d'archéologie   franc-comtoise   dans    les 
Mémoires  de  la  Société  d'émulation  du  Douhs,  entre  autres  :  I.es  Poteries  es- 
tampillées dans  l'ancienne  Séquanie  (1881);  Essai  d'interprétation  des  scul- 
ptures de  l'arc  antique  de  Porte-Noire  à  Besançon  (1897);  Porte-Noire  et  ses 


—  81  — 

cominentaleurs  (1902),  mort  à  Besançon,  le  25  mai,  dans  sa  76^  année;  — 
Paul  ZiEGLER,  journaliste  français,  correspondant  du  Figaro  et  du  Temps 
à  Rome,  mort  en  cette  ville,  au  milieu  de  juin,  à  55  ans. 

—  A  l'étranger,  on  annonce  la  mort  de  MM.  :  George  Webb  Appletonv 
journaliste  et  nouvelliste  anglais,   correspondant  du  New   York  Times  à 
Paris  et  à  Rome,  et  dont  le  dernier  roman  Dr.  Dale^s    Dilemma  doit  être 
publié  sous  peu,  mort  le  12  juin;  —  Theodor  Barth,  homme  politique, 
économiste  et  écrivain  allemand,  mort  dernièrement  à  Baden-Baden,  à 
59  ans,  lequel  a  remarquablement  défendu  la  théorie  du  libre-échange  dans 
le  journal  la  Nation  et  a  publié,  entre  autres  volumes  :  Gegen  den  Staatsso- 
cialismus,    Amerikanisches    Wirthschaftsleben    et   Politische    Portraets  ;    — 
Braekevelt,  professeur  au  petit  séminaire  de  Roulers,  mort  le  31  mai,_ 
dans  sa  42^  année;  —  Dr.  Maria  Aristides  Brezina,    géologue   allemand, 
directeur  du  musée  de  Ruhestand,  mort  à  la  fin  de  mai  ;  —  Antonio  Caccia- 
NiGA,  écrivain  italien,  auteur  de  nombreux  ouvrages,  parmi  lesquels  les 
suivants  ont  été  traduits  en  français  :  Le  Baiser  de  la  comtesse  Savine  (1877)  ; 
Les  Délices  du  far  niente,  scènes  de  la  vie  vénitienne  au  siècle  passé  (1881); 
Le  Bocage  de  Saint- Alipio  (1883);  La  Vie  champêtre,  éludes  morales  et  écono- 
miques (1883),  mort  à  Masareda,  près  Trévise,  le  22  avril,  dans  sa  87«  année; 
—  Bartliolomeeus  von  Carneri,  homme  politique  et  philosophe  allemand, 
qui  fut  un  ardent  défenseur  des  théories  de  Darwin  et  laisse,  entre  autres 
ouvragfs  :  Sittlichkeit  und  Darwinismus.  Drei  Biicher  Ethik  (Vienne,  1871, 
in-8);  Gefiihl,  Bewusstsein,  Wille.  Eine  psychologische  Studie  (Vienne,  1876, 
in-8);  Der  Mensch  als  Selbstzweck.   Eine  positive  Kritik  des    Ûnbewussten 
(Vienne,  1877,  in-8);  Grundlegung  der  Ethik  (Vienne,  1881,  in-8),  mort  le 
18  mai,  à  Marbourg  (Steiermark),  à  88  ans;  —  Jacob  Corbin,  auteur  drama- 
tique, mort  dernièrement  à  New  York;  — le  chevalier  de  Corswarem,  qui 
a  publié  un  certain  nombre  d'ouvrages  de  jurisprudence,   notamment  : 
Les  Électeurs  et  la  revision  annuelle  des  listes  électorales  et  Explication  rai- 
■<onnée  des  titres  /^r  et  III  du  nouveau  Code  électoral,  mort  à  Hasselt(Belgique), 
au  milieu  de  juin,  dans  sa  60^  année;  —  Dr.  Karl  Elbl,  professeur  de  théo- 
logie à  Prague,  mort  en  cette  ville,  à  la  fin  de  mai;  —  G.  R.  Elsmie,  ancien 
juge  de  la  Cour  suprême  du  Punjab,  dans  l'Hindoustan,  mort  à  la  fin  de 
mai,  lequel  a  publié  :  Epitome  of  Cabul  Correspondence  (1864);  Notes  on 
Peshava  Crime  (1884);  Lumsden  of    the  Guides  (1899);  Field-Marshal   Sir 
Donald  Stewart  (1903)  et  Thirty-five   Years  in  the  Punjab  (1908);    —    Dr. 
Theodor-Wilhelm  Engelmann,  médecin  allemand  de  réputation,  mort  à 
Berlin,  le  18  mai.  à  81  ans,  qui  fut  professeur  de  physiologie  successivement 
à  Utrecht  et  à  Berlin  et  dont  les  travaux  sur  l'anatomie  musculaire  et 
nerveuse  font  autorité,  par  exemple  :  Ùber  den  Ursprung  der  Muskelkraft 
(Leipzig,  1893,  in-8);   Gedàchtnisrede  auf  Hermann  von  Helmholtz  (Leipzig, 
1854,    in-8);    Die   Erscheinungsweise   der    Sauer-stoffausscheidung   chromo- 
phyllhaltiger  Zellen  im  Licht  bei  Anwendung  der  Bacterienmethode  (Amster- 
dam, 1894,  in-8);  —  Arthur  Fitger,  artiste  peintre  et  écrivain,  mort  en 
juin,  à  Berlin,  à  l'âge  de  68  ans;  —  Jean-Jacques  Gourd,  professeur  de  phi- 
losophie à  Genève,  mort  en  cette  ville  le  26  mai  ;  —  E.  J.   Gregorv,  peintre 
et  dessinateur  anglais,  président  de  la  Société  des  aquarellistes  de  Londres, 
qui  a  fourni  de  nombreuses  illustrations  au  Graphie,  mort    le  22  juin;  — 
Dr.  Edward  Evarett  Hale,  chapelain  du  Sénat  des  États-Unis  d'Amé- 
yique,  journaliste  et  écrivain,  mort  dernièrement,  à  87  ans,  lequel  collabora 
longtemps  au  Boston  Daily  Advertiser  de  Boston,  que  dirigeait  son  père, 
fonda  le  Lend-a-Hand  Becord  pour  soutenir  le    «  Ghautauqua  movement  » 
et  publia  divers  ouvrages,  tels  que  :  Franklin  in  France  (1886);  J.  Bussell 
Juillet  1909.  T.  CXVL  6. 


—  82  — 

Lowell  and  his  Friends  (1899)  ;  Ralph  Waldo  Emerson  et  Memories  oj  a  Hun- 
drcd  Years  (1902i,  ainsi  qu'un  volume  de  documents  tirés  des  archives 
d'État  relatifs  à  l'histoire  de  la  première  colonie  fondée  par  Raleigh  (1860); 

—  St.  John  Emile  Clavering  Hankin,  auteur  dramatique  anglais,  mort 
accidentellement  à  Llandrindod  Wells,  au  milieu  de  juin,  à  39  ans, 
lequel  avait  composent  fait  jouer,  non  sans  succès,  les  cinq  pièces  suivantes: 
The  iwo  Mr.  Wetherbys,  The  Return  of  th-,  Prodigal,  The  Cnssilis  Engagement, 
The  Charittj  that  began  at  Home  et  The  Last  oj  the  De  Mullins;  —  Johanna 
Herdert,  femme  de  lettres  allemande,  morte  à  Dresde,  à  la  fm  de  mai,  à 
86  ans,  laquelle  a  publié  un  grand  nombre  de  romans  et  nouvelles  sous  le 
pseudonyme  de  Egon  P'els,  notamment  :  Adriana  (léna,  1887,  in-8);  Der 
Glûckstern  (léna,  1888,  in-8);  Die  Millionenbraut  (léna,  1889,  in-8),  etc.; 

—  A.  Herzog,  ancien  directeur  de  l'École  polytechnique  fédérale  do  Zu- 
rich, mort  en  cette  ville,  le  14  juin,  à  .57  ans;  —  Dr.  I.udwig  Hoffer  von 
SuLMTHAL,  professeur  de  médecine  interne  à  l'Université  autrichienne 
'le  Gratz,  mort  ^n  cette  ville,  à  la  fin  de  mai,  à  59  ans;  —  -  le  colonel  danois 
Fritz  HoLST,  auteur  dramatique,  mort  dernièrement  à  Copenhague,  à 
75  ans;  —  Dr.  Otto  HliNziker,  professeur  de  pédagogie  à  Zurich,  mort  en 
cette  ville,  à  la  fm  de  mai;  - —  Eugène  Lanpoy,  rédacteur  en  chef  du  Matin 
belge,  mort  le  23  juin,  àTâge  de  .52  ans;- —  Dr.  Georg  von  Lai;bma\n.  di- 
recteur de  la  Bibliothèque  d'État  de  Munich  (Bavière),  mort  en  cette  ville 
le  5  juin,  à  66  ans;  —  Auguste  Lesimple,  musicologue  allemand,  qui 
laisse,  entre  autres  ouvrages  :  Bildcr  ans  der  Musikwelt.  Sludicn  und  Er- 
lebnisse  (Cologne,  1891,  in-8)  et  Aus  dem  Reiche  der  Frau  Musikn.  Von 
Mozart  zu  Mozart  (Leipzig,  1893,  in-8),  mort  dernièrement  à  Cologne;  — 
Dr.  Heinrich  Limpricht,  professeur  de  chimie  à  Greifswald,  mort  en  cette 
ville,  le  13  mai,  à  82  ans;  —  Dr.  Karl  Lohmeyer,  professeur  d'histoife  à 
l'Université  de  Kœnigsberg  (Prusse),  mort  dernièrement  à  77  ans,  lequel 
a  publié  des  ouvrages  fort  estimés  en  Allemagne,  notamment  :  Geschichte  i^on 
Ost  und  West  Preussen  et  Herzog  Alhrecht  von  Preussen;  — ^Giuseppe  Mar- 
Tucci,  pianiste  et  compositeur  italien  de  talent,  mort  dernièrement,  à  53  ans: 

—  George  Meredith,  romancier  et  poète  anglais,  auteur  de  nombreux 
ouvrages,  pnrmi  lesquels  nous  citerons  :  The  Egoist  (1859);  The  Ordeal  of 
Richard  Feverel  (1859);  Rhoda  Fleming  (1865);  The  Adventures  of  Harry 
Richmond  (1871^;  The  Tragic  Comedions  (1881^:  Diana  of  thr  Crosswnys 
(1885);  Ballads  and  Poemsaf  Tragic  Life  (1887);  A  reading  of  Lif"  lJ90i], 
mort  à  Boxhiîl,  près  de  Dorking  (Surrey),  le  18  mai;  —  Dr.  O.  Mertins, 
pT'ofe.sseur  au  gymnase  de  Breslau  (Silésie),  auteur  d'ouvrages  d'histoire  et 
d  archéologie  relatifs  à  la  Silésie,  mort  àBreslau,]e  15mai;— Dr.  RichardMu- 
THER,  professeur  à  l'Université  de  Bre.slau,  à  qui  l'on  doit  plusieurs  ouvrages 
relatifs  à  l'histoire  de  l'art,  mort  à  Woelfelsgrumo,  le  29  juin;— Dr.WilhpJm 
Mt'i.LER,  professeur  d'anatomie  pathologique  à  l'Université  allemande 
d'Iéna,  mort  en  cette  ville,  le  19  juin,  à  77  ans;  —  Georg  von  Netjmayeb, 
météorologiste  allemand  de  gi-ande  réputation,  mort  le  25  mai,  à  Kirch- 
heimbolanden,  à  83  ans,  lequel,  après  être  allé  fonder  en  1857  l'Observa- 
soire  de  Melljourne  on  Australie,  fut  nommé  en  1872  directeur  du  départe- 
ment hydrographique  de  l'amirauté  allemande,  puis,  en  1876,  directeur  de 
l'observatoire  météorologique  du  port  de  Hambourg  et  a  pul)!ié  entre  autres 
ouvrages  :  Magtœtical,  Meieorohgical  and  Naulical  Observations  (Melbourne), 
Masnetic  and  Meteorological  Observations  ?nade  in  Melbourne  in  1857-1864 
( Melbourne),  Anleitung  zu  (vissenschafîlichen  Beobachtungen  auf  Reisen 
et  Die  Beobachtungen  der  deutschen  Stationen  im  System  der  internationalen 
Polarforschung;  —  Dr.  Adolf  Pinner,  professeur  de  chimie  à  l'Université 


—  83  — 

(le  Berlin  et  à  l'École  vétérinaire  supérieure  de  cette  vilie.  inuri  le  2)  iiii<t. 
h  61  ans:  —  Charles  Burnliam  Porter,  professeur  de  chiriirgie  à  l'Universit'^ 
amécicaine  de  Harvard,  mort  le  21  mai,  à  Boston,  à  70  ans;  —  Dr.  Heinrich 
VON  Ranke,  médecin  allemand,  professeur  de  thérapeutique  pour  les  ma- 
ladies des  enfants,  mort  le  18  mai,  à  Munich,  à  79  ans;  —  T.  iMelIard  Reade, 
géologue  anglais  de  grande  réputation,  mort  à  Blundellsands,  près  de  Li- 
verpool,  le  26  mai,  à  77  ans,  lequel,  avait  ohtenu  en  1896  de  la  Société 
géologique  de  Londres  la  médaille  Murchison  pour  ses  importants  travaux, 
tels  que  :  The  Origin  of  Mountain  Rangfis:  The  Evolution  of  Earth-Strunture: 
Chemical  Denudation  in  relation  to  gcological  Time,  etc.;  —  Ferdinand  vo^" 
Recnicek,  dessinateur  allemand,  connu  surtout  grâce  aux  nombreuses 
illustrations  satiriques  qu'il  a  données  à  la  revue  Siniplicissi?nus,  mort  au 
milieu  de  mai,  à  Munich,  à  'lO  ans;  —  Dr.  J.-D.-E.  Schmelz,  directeur  du 
musée  royal  d'ethnographie  de  Leyde,  mort  en  cette  ville,  à  la  fin  de  mai  ;  —  - 
Jose])h  Schrattenholz,  musicologue  allemand,  mort  à  Berlin,  à  la  fin  de 
mai,  à  62  ans; —  Andrew  F.  Tait,  libraire  anglais  de  la  vieille  école,  qui 
avait  une  remarquable  connaissance  des  livres  anciens,  mort  dernièrement 
à  Londres,  à  64  ans;  —  Auguste  Tonnar,  poète  populaire,  mort  à  Eup^^n, 
à  la  fin  de  mai;  —  Dr.  Martins  Waldeck,  écrivain  allemand,  mort  le  lOm^i, 
à  Berlin,  à  68  ans,  auquel  on  doit,  entre  autres  ouvrages  :  Lehrburh  der  katho- 
li-schen  Religion  ouf  Grundlage  des  in  den  Dioecesen  Breslau,  Fulda,  Hildes- 
heim,  Kôln,  Limburg,  Miinster,  Padwborn  und  Trier  eitigej.  Katechismus 
nach  den  neuesten  Ausgaben  derselben  (Freiburg  im  Brisgau,  1897,  in-8i, 
plusieurs  fois  réimprimé;  —  Franz  Zottmann,  professeur  à  l'Académie  de 
musique  et  d'art  dramatique  de  Vienne,  mort  en  cette  ville,  à  la  fin  de 
mai,  à  52  ans. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres,  — 
Le  4  juin,  M.  Merlin  donne  des  détails  sur  les  recherches  faites  au  large  'h') 
la  côte  tunisienne  pour  retrouver  les  œuvres  d'art  dont  était  chargé  un 
vaisseau  naufragé  dans  le  cours  du  v^  siècle.  —  M.  Gauckler  parle  d'uî.e 
statue  trouvée  dans  les  fouilles  du  Janicule  et  qu'il  croit  être  celle  d'une 
déesse  identifiée  par  les  Romains  avec  la  Fortuna  primigenia.  —  M.  Cordii  r 
entretient  l'Académie  de  la  correspondance  d'Alexandre  de  Huniboidt  avec 
Arago  et  qui  a  été  donnée  à  la  bibliothèque  de  l'Institut  par  les  héritier,^ 
de  ce  dernier.  —  M.  Homolle  lit  une  lettre  de  M.  Letourneau,  chargé  d'une 
mission  scientifique  ayant  pour  but  l'exploration  archéologique  de  l'église 
de  Salonique.  —  M.  P.  Viollet  donne  un  résumé  de  son  travail  sur  Jacques 
de  Molay.  —  M.  Paul  Girard  lit  un  mémoire  sur  le  mythe  de  Pandore  tel 
qu'il  est  exposé  dans  le  poème  d'Hésiode  :  Les  Travaux  et  les  Jours. —  MM. 
Salomon  Reinach,  Maurice  Croiset,  Paul  Viollet  échangent  leurs  obser- 
vations à  ce  sujet.  —  Le  11  juin,  M.  Gagnât  donne  de  pouveaux  détaiî-; 
*sur  les  fouilles  de  Tunisie  :  on  a  retrouvé  des  marbres  antiques  et  des  inscrip- 
tions. —  M.  Philippe  Berger  présente  le  rapport  de  M.  F.  Scheurer  sur  les 
fouilles  ayant  pour  objet  le  cimetière  mérovingien  de  Bourogne  (Haut-Rhin). 
—  Le  18  juin,  M.  Antoine  Thomas  indique  l'origine  liturgique  de  certains 
mots  appartenant  aux  patois  locaux.  —  I^e  25  juin,  M.  Philippe  Berger  si- 
gnale une  inscription  découverte  à  Carthage  par  le  P.  Dom  Delattre  ei 
dont  les  caractères,  très  fins,  sont  tracés  sur  une  base  de  colonne.  —  L^ 
P.  Lagrange  expose  dans  une  lettre  les  résultats  d'une  campagne  de  fouill-'S 
qu'ont  dirigée  dans  l'Arabie  septentrionale  les  PP.  Janssen  et  Savignac  »'t 
qui  ont  abouti  à  la  découverte  d'un  petit  temple  et  d'inscriptions  remontant 
au  11^  siècle  de  notre  ère.  —  M.  de  Mély  donne  son  opinion  sur  l'attribuli'ju 
à  Jean  Bourdichon  d'un  livre  d'heures  ayant  appartenu  à  Anne  de  Bretagao, 


—  84  — 

et'qu'il  croit  avoir  été  exécuté  par  mi  inconnu  appelé  selon  lui  de  Merseau, 
dont  il  croit  lire  la  signature.  —  MM.  de  Lasteyrie  et  le  comte  Durrieu 
exposent  une  opinion  différente.  —  M.  Salomon  Reinach  approuve  ces  der- 
niers et  cite  à  l'appui  de  ses  observations  des  inscriptions  dépourvues  de 
sens  qui  existent  sur  les  vases  grecs. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques.  — 
Le  5  juin,  M.  Levasseur  entretient  l'Académie  du  prix  des  denrées  alimen- 
taires en  France  de  1880  à  1908,  d'après  une  enquête  faite  dans  les  lycées, 
sous  les  auspices  du  ministre  de  Tinstruction  publique. —  Le  19,  iM.  Gabriel- 
Louis  Jaray,  dans  une  communication  à  TAcadéniie,  explique  les  problèmes 
posés  par  la  question  politique  et  gouvernementale  en  Autriche-Hongrie.— 
Le  26,  M.  Monod  lit  un  travail  sur  les  troubles  du  Collège  de  France  en  1844. 

Prix.  —  L'Académie  française,  dans  sa  séance  du  13  mai,  a  décerné  les 
prix  suivants  : 

Prix  du  budget  (4  000  fr.)  :  1»  2  000  fr.  à  M.  Maurice  Couaillac;  2°  1  500  fr. 
à  M.  le  lieutenant  Rollin;  3°  500  fr.  à  M.  Marcel  Toussaint. 

Prix  Toirac  (4  000  fr.),  à  IM.  André  Rivoire  :  Le  Bon  Roi  Dagohert. 

Prix  Archon-Despérouses  (2  500  fr.)  :  1°  1  500  fr.  à  M.  Abel  Bonnard; 
20  500  fr.  à  M.  Jean  Balde;  3°  500  fr.,  à  M^e  Jeanne  Neis. 

Prix  François-Coppée  (1  000  fr.),  à  M.  Gustave  Zidler. 

Prix  Saintour  (3  000  fr.)  :  1»  1  5Q0  fr.  à  M.  Théodore  Rosset;  2°  1  500  fr. 
à  MM.  Verrier  et  Onillon. 

Prix  Langlois  (1  200  fr.)  :  1°  800  fr.  à  jNI.  Legouis;  2°  400  fr.  à  M.  Georges 
Duval. 

Concours  Montyon  (18  500  fr.)  :  1°  7  prix  de  1  000  fr.  à  chacun  des  ouvrages 
suivants  :  Vieille  Allemagne,  par  M.  Ferdinand  Bac;  L'Immolé,  par 
M.  Emile  Baumann;  Les  «  Pages  »,  par  M.  Ênée  Bouloc;  Lamennais,  sa  vie 
et  ses  doctrines,  \>&x  M.  l'abbé  Charles  Boutard;  U Afrique  occidentale 
française,  par  M.  Georges  Deherme;  Byron  et  le  Romantisme  français,  par 
M.  Edmond  Estève;  Sainte-Hélène,  les  derniers  fours  de  l'Empereur,  par 
Paul  Frémeaux.  —  2°  23  prix  de  500  fr.  à  chacun  des  ouvrages  suivants  : 
Les  Catacombes  de  Rome,  par  M.  Maurice  Besnier;  Ceux  de  chez  nous,  par 
M.  Louis  Boulé;  Les  Généraux  morts  pour  la  patrie,  par  M.  Noël  Charavay; 
Les  Microbes,  par  M.  P. -G.  Charpentier;  L'Ombre  de  Guillemette,  par  M.  Ch.O'p- 
pin  d'Arnouville;  La  Pierre  de  touche,  par  le  capitaine  Georges  Couderc  de 
Fonlongue;  ie  P/-I.T  du  sang,  par  M.  André  Daverne;  Fénelon  et  laDoctrine 
de  V amour  pur,  par  M.  Albert  Delplanque;  L'^//aî>e  Nell,  par  M.  Louis 
Estang;  U  Alsace- Lorraine  de  nos  jours,  par  M.  Florent-Matter  ;  L'/rféai 
moderne,  par  M.  Paul  Gaultier;  1870-1871  :  laGuerre  en  province;  campagnes 
de  la  Loire  et  du  Mans,  par  M.  Ernest  Gay;Z-e  Pays  berrichon,  par  M.  Hugues 
Lapaire;  Trois  Familiers  du  grand  Condé, par  MM.  Jean  Lemoine  et  André 
Lichlenberger  ;  Preux  d' Armor,  par  le  commandant  de  Malleray;  Au  Japon, 
projïienades  aux  sanctuaires  de  Vart,  par  M.  Gaston  Migeon:Le  Cadet,  par 
M.  C.  Nisson;  Terres  de  soleil  et  de  sommeil,  par  M.Ernest  Psicliari;  Le  Pro- 
blème du  devenir  et  la  Notion  de  la  matière  dans  la  philosophie  grecque,  par 
M.  Albert  Rivaud;X-a  France  à  Madagascar,  par  M.Pierre  Suau:  Les  Défen- 
seurs, histoires  lorraines,  par  M.  Jean  Tanet;  Patatras,  par  M.  Maurice  Vau- 
caire;  Camille  Frison,  ouvrière  de  la  couture,  par  M.  André  Vernières. 

Prix  Juteau-Duvigneaux  (2.500  fr.)  :loi  500  fr.  R.  au  P.  Mortier  :  Histoire 
des  maîtres  généraux  de  V ordre  des  Frères  Prêcheurs;- —  2<*  2  prix  de  500  fr.  à 
chacun  des  ouvrages  suivants  :  Saint  Jean  Chrysostome  xt  la  Femme  chré- 
tienne au  quatrième  siècle  de  V Église  grecque,  par  M™«  Henriette  Dacier; 
Le  Jansénisme,  par  M.  l'abbé  J.  Paquier. 


—  85  — 

Prix  Sobi'ier-Arnould  (2  000  fr.)  :  2  prix  do  1  000  fr.  chacun  :  1°  à  M.  Eu- 
gène Guénin  :  Dupleix;  2°  à  M.  Jean  I -ionnet  :  Chez  les  Français  du  Canada. 

Prix  Furtado  (1  000  fr.)  :  A  M.  Georges  Rivollet  :  La  Dentelle  de  Thermidor. 

Prix  Fabien  (3  200  fr.)  :  1°  2  prix  de  900  fr.  chacun,  à  M.  Maurice  Bellom  : 
La  Mission  sociale  des  élèves  des  écoles  techniques  à  l'étranger  et  en  France, 
et  l'Enseignement  économique  et  social  dans  les  écoles  techniques  à  l'étranger 
et  en  France;  à  M.  René  LavoUée  :  Les  Fléaux  nationaux;  —  2"  2  prix  de 
700  fr.  chacun  :  à  M^^e  j.p  Bazous  :  Le  Devoir  social  des  patrons  etlesQbli- 
gations  morales  des  ouvriers  et  employés;  à  M.  A.  Weber  :  A  travers  la  mutua- 
lité. 

Prix  Charles  Blanc  (2  400  fr.)  :  1°  900  fr.  à  M.  Gustave  Clausse:  Les  Sforza 
et  les  arts  en  Milanais  (1450-1530);  —  2°  500  fr.  à  chacun  des  ouvrages 
suivants  :  La  Peinture,  des  origines  au  seizième  siècle,  par  M.  Louis  Hour- 
ticq;  Les  Anciens  Artistes  peintres  et  décorateurs  mulhousiens  jusqu'au  dix- 
neuvième  siècle,  par  M.  Ernest  Meininger;  Textes  choisis  de  Léonard  de  Vinci, 
par  M.  Péladan. 

Prix  de  Joest  (2  000  fr.),  au  commandant  Lenfant  :  La  Découverte  des 
grandes  sources  du  centre  de  V Afrique. 

Pi'ix  de  Jouy  (1  400  fr.),  à  M.  Benjamin  Vallotton  :  La  Famille  Profit. 

Prix  Jules  Favre  (1  000  fr.),  à  M'ne  Reynès-Monlaur  :  Jérusalem. 

—  L'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres  a  décerné,  le  3  mai,  les 
prix  suivants  : 

Fondation  Brunet  :  1  500  fr.  à  M.  Pliilippe  Renouard  :  Bibliographie  des 
impressions  et  œuvres  de  Josse  Badins;  500  fr.  à  M.  A.  Briquet  :  Filigranes, 
dictionnaire  historique  des  marques  du  papier;  500  fr.  à  M.  L.  Nardin  : 
Jacques  Foillet,  imprimeur  libraire  et  papetier  (1554-1619);  500  fr.  à  M.  Henri 
Stein  :  Bibliographie  générale  des  cartulaires  français. 

Elle  a  attribué  sur  les  fonds  du  prix  Honoré  Chavée  :  1  000  fr.  à  M.  l'abbé 
Rousselot  :  Principes  de  phonétique  expérimentale;  800  fr.  à  M.  Ernouf  : 
Les  Eléments  dialectaux  du  vocabulaire  latin. 

Elle  a  décerné  le  prix  Stanislas  Julien  (1  500  fr.)  à  M.  Aurel  Stein  :  Ancient 
Khotan. 

Le  21  mai,  elle  a  décerné  le  premier  prix  Gobert  à  M.  Delachenal  :  Histoire 
de  Charles  V.  —  Le  2'-  prix  est  attribué  à  M.  Caillet  :  Histoivp  des  rapports  d^e 
la  commune  de  Lyon,  avec  Charles  VII  et  Louis  XI. 

Le  prix  Saintour  est  ainsi  réparti  :  1  500  fr.  à  M.  l'abbé  A.  Roussel  : 
traduction  du  Bamayana;  500  fr.  au  D''  Antonin  Jaussan  :  Coutumes  des 
Arabes  au  pays  de  Moab;  500  fr.  à  M.  A.  Macler  :  Catalogue  des  manuscrits 
arméniens  et  géorgiens;  500  fr.  à  M.  F.  Martin  :  Le  I,ion  d'Enoch,  traduit 
sur  le  texte  éthiopien. 

Le  prix  extraordinaire  Bordin  est  ainsi  réparti  :  1  000  fr.  à  M.  Ed.  Doutte  : 
Magie  et  Beligion  dans  V  Afrique  du  nord;  500  fr.  à  M.  le  général  de  Beylié  : 
La  Kalaa  des  Beni-Hammad;  500  fr.  à  M.  de  Genouillac  :  Matériaux  pour 
servir  à  l'histoire  de  la  société  sumérienne;  500  fr.  à  M.  Clément  Huart  :  Les 
calligraphes  et  les  miniaturistes  de  l'Orient  musulman;  500  fr.  à  M.  Lafuma  : 
traduction  du  Zohar. 

Le  28  mai,  le  prix  Gabriel-Auguste  Prost  est  attribué  à  M.  Dorvaux  : 
Anciens  Pouillés  du  diocèse  de  Metz. 

Index.  —  Un  décret  de  la  Sacrée  Congrégation  de  l'Index  condamne 
les  ouvrages  suivants  :  Histoire  du  dogme  de  la  papauté,  par  Joseph  Turmel; 
Histoire  du  dogme  du  péché  originel,  par  le  même;  L'Eschatologie  à  la  fin 
du  iv^  siècle,  par  le  même;  La  Sainte  Vierge  dans  l'histoire,  par  Guillaume 
Herzog;  Batailles  d'aujourd'hui,  par  R.  Murri. 


-  86  — 

Qui  êtes-vous?  Annuaire  des  contemporains  français  et  étrangers 
1909-1910.  —  Nous  avons  accueilli  sympathiquement  le  premier  Annuaire 
des  contemporains  intitulé  de  façon  originale  :  Qui  êtes-vous?  (Cf.  Polyhiblion 
d'avril  1908,  t.  CXIl,  p.  369-370),  Or,  nous  recevons  l'édition  1909-1910  de 
cette  très  utile  publication  (Paris,  Delagrave,  in-18  de  viii-550  p.  sur  2  co- 
lonnes. —  Prix  :  6  l'r.  50).  Nous  espérions  cjue  cet  annuaire  allait  acquérir, 
avec  la  présente  édition,  une  importance  plus  considérable.  A  qui  la  faute 
si  cette  importance  n'est  qu«  relative?  Aux  intéressés  évidemment  qui  n'ont 
pas  réclamé  leur  inscription  D'autre  part,  l'envoi  d'un  questionnaire  à 
remplir  est-il  toujours  suffisant  pour  atteindre  le  but  visé?  Certaines  portes 
doivent  être  forcées  :  le  mieux,  dans  ce  cas  trop  fréquent,  ne  serait-il  pas 
d'essayer  des  démarches  particulières  auprès  de  certaines  célébrités  ou  no- 
toriétés dont  l'omission  est  criante?  ^  Quoi  qu'il  en  soit,  le  volume  de  l'an 
dernier,  qui  comprenait  uniquement  des  personnalités  françaises,  est  passé 
aujourd'hui, pour  ces  seules  pereonnalités,  de  492  à  511  pages.  Assurément 
il  y  a  progrès,  mais  il  n'est  pas  assez  visible.  Les  pages  suivantes  (512-550) 
sont  consacrées  à  un  certain  nombre  d'étrangers.  Il  y  a  là  des  indications 
intéressantes;  simple  début  :  nous  comptons,  pour  l'édition  future,  sur  un 
nombre  beaucoup  plus  considérable  de  notices.  Et,  en  ce  qui  concerne  la 
France,  nous  engageons  tous  les  écrivains,  artistes,  hommes  pohtiques 
marquants,  etc.,  qui  lisent  le  Pohjhihlion ,  à  ne  pas  se  heurter  à  d,e  vaines 
considérations  de  modestie  :  une  notice  se  composant  de  simples  renseigne- 
ments sans  aucune  appréciation  sur  les  œuvres  peut  se  donner  sans  incon- 
vénient, d'autant  mieux  qu'elle  est  de  nature,  à  être  utils  au  grand  public  et 
plus  encore  au  monde  des  lettres,  des  sciences,  des  arts,  de  la  politique,  etc. 
—  Les  personnages  morts  depuis  l'an  dernier  ont-ils  tous  été  retranchés  de 
rédition  1909-1910  de  Qui  êtes-vous?  Pas  absolument.  Ainsi  nous  signalerons 
à  l'éditeur  la  notice  concernant  le  peintre  Ziem,  mort  il  y  a  plusieurs  années, 
laquelle  devra  être  supprimée.  Il  en  devra  être  de  même  de  Sandoz  (Charles). 
décédé  le  20  décembre  1908.  Autre  remarque:  V Avertissement  dit  que  les 
noms  commençant  par  La  et  Le  sont  classés  à  la  lettre  L,  ce  qui  est  correct. 
Mais  alors,  pourquoi  avoir  placé  trois  La  Sizeranne  à  la  lettre  S?  Cette  irré- 
gularité pourra  facilement  être  rectifiée  dans  l'édition  future.  De  même 
Stéphen  Liégeard  ne  doit  pas  être  placé  à  S,  mais  bien  à  L  :  Stéphen  n'étant 
qu'un  prénom.  Ces  quelques  observations,  —  il  est  à  peine  besoin  de  le  dé- 
clarer, —  n'enlèvent  rien  à  la  grande  utilité  du  recueil,  qui  s'adresse  par- 
ticulièrement aux  travailleurs  de  tous  pays. 

Paris.  —  En  mars  dernier  (t.  CXV,  p.  278-279),  nous  avons  signalé  à  nos 
lecteurs  la  très  intéressante  entreprise  de  la  librairie  Didier  :  La  Littérature 
par  Vimage,  qui  consiste  en  une  série  de  cartes  postales  illustrées.  A  cette 
date,  trois  «  pochettes  ),  de  chacune  12  sujets,  avaient  déjà  paru.  Depuis, 
quatre  nouvelles  séries  ou  «  pochettes  ->  ont  été  publiées  :  N°  4.  Corneille 
en  images;  n»  5.  Racine  en  images;  n°^  6  et  7,  Voltaire  en  images.  Portraits, 
scènes,  autographes,  reproductions  diverses  de  dessins  ou  de  tableaux  se 
succèdent  très  agréablement.  Et  nous  constatons  avec  plaisir  que  l'exécu- 
tion artistique  a  gagné  d'une  manière  sensible.  Comme  pour  les  trois  pre- 
mières séries,  les  cjuatre  nouvelles  sont  accompagnées  de  noticessuccinctes  qui 
expliquent  les  gravures  représentées.  —  Prix  de  la  pochette  :  1  fr.  —  Abonne- 
ment annuel  pour  12  pochettes  renfermant  144  cartes  :  8  fr. 

—  M.  Jean  Lemoine  a  fait  paraître  :  L'Affaire  Montespan.  Réponse 
à  MM.  Sardou  et  Funck-Brentano  (Paris,  H.  Leclercq,  1908,  in-8  de  34  p.). 
Ces  quelques  pages  ne  sont  guère  qu'un  article  de  journal  en  réponse 
à  deux  autres  articles  publiés  dans  la  Liberté.  M.  J.  Lemoine  s'est  fait. 


—  87  — 

c(Mrttne  l'on  sait,  l'apologiste  de  M'^'^  de  Montespan  (Voir  Polybiblion 
de  juin  1908,  t.  CXII,  p.  517)  et  il  attaque  à  ce  propos  le  lieutenant  de 
pofiee  La  Reynie,  qu'il  accuse  de  pure  naïveté,  et  Louvois,  qu'il  représente 
comme  injuste  et  passionné.  M.  Sardou  tient  à  son  drame  et  M.  Funck- 
Brentano  aime  les  crimes  historiques  :  ils  inclinent  tous  les  deux  à  croire 
que  le  «  drame  des  poisons  »  était  véritable  et  que  Louis  XIV  l'a  étoi  ffé  dans 
l'intérêt  de  son  ancienne  favorit*.  M.  J.  Lemoine  donne  de  bonnes  raisons 
pour  détruire  la  légende;  il  s'appuie  sur  le  procès  faussement  fait  au 
maréchal  de  Luxembourg  et  aussi  sur  le  témoignage  rétracté  par  la  Pilastre. 
La  discussion  poiuTait  se  prolonger  longtemps  si  l'auteur  n'annonçait  sm'« 
la  question  une  étude  complète  et  «  définitive  ».  Attendons-la  ! 

—  Les  deux  plaquettes  de  M.  Armand  Bourgeois  :  Nouvelle  Étude  his- 
torique sur  Louis  XVII  (Paris,  Daragon,  1907,  in-8  de  8  p.  —  Prix  :  1  fr.) 
et  Mes  Dernières  Découvertes  sur  Louis  XVII  et  sa  sœur  (Paris,  Daragon, 
1909,  in-8  de  24  p.  —  Prix  :  2  fr.)  contiennent  quelques  menus  détails 
concernant  les  derniers  mois  du  séjour  de  Louis  XVII  au  Temple  et  la 
résidence  de  Madame  Royale  à  Vienne,  au  lendemain  de  sa  mise  en  liberté. 
Ils  'jut  la  prétention  d'être  inédits  et  ne  le  sont  pas  tous,  tel  que  le  récit  de 
sa  visite  aux  deux  orphelins  par  le  conventionnel  Harmand.  Inédits  ou  non, 
on  ne  voit  pas  qu'ils  puissent  fournir  aucun  argument  nouveau  en  faveur 
de  la  thèse  naundorfliste,  qui  est  celle  de  l'auteur. 

—  La  maison  D.  A.  Longuet,  de  Paris,  entreprend  une  intéressante  col- 
lection do  "Notices historiques  et  archéologiques  sur  les  grands  monuments». 
L'an  dernier,  elle  nous  donnait  un  travail  de  MM.  Paul  Vitry  et  Gaston 
Brière  sur  l'Église  abbatiale  de  Sai?it-Denis  et  ses  tombeaux.  Ce  volume,  bien 
accueilli,  est  suivi  de  près  par  un  autre  sur  la  Cathédrale  No're-Dame  de 
Paris  (1909,  in-18  de  viii-168  p.,  avec  plan  et  18  pi.  hors  texte).  Ce  nouveau 
volume,  auquel  M.  Paul  Vitry  a  mis  une  courte  introduction,  est  dû  à 
M.  Marcel  Aubert,  qui  a  récemment  donné  à  l'École  des  chartes  une  thèse 
remarquée  sur  la  cathédrale  de  Senlis  et  qui  prépare  sur  Notre-Dame  de 
Pai'is  une  vaste  monograpliie  analogue  à  celle  que  M.  Georges  rhirand  a 
consacrée  à  la  cathédrale  d'Amiens.  L'ouvrage  de  M.  Marcel  Aubert  com- 
porte une  notice  historique  (p.  1-54)  et  une  description  ai'chéologique  (p.  55- 
158),  que  suivent  un  index  alphabétique  des  noms  des  artistes  cités  et  une 
liste  des  planches.  Ré'digé  d'après  les  sources  et  d'après  une  éti.de  très 
personnelle,  très  attentive  du  monument,  s'attachant  avant  tout  à  fournir 
des  renseignements  sûrs  et  précis,  écrit  avec  une  élégante  sobriété,  orné 
de  gravures  excellentes  et  parfaitement  nettes  malgré  le  format  réduit  du 
Volume,  le  livre  de  M.  Marcel  Aubert  est  assurément  le  meilleur  guide  que 
piiisse  consulter  le  visiteur  d.ésireux  de  bien  voir  et  de  bien  connaître  l'admi- 
rable monument  qui  est  une  des  gloires  de  Paris. 

— -  M.  Paul  Marmottan,  qui  a  réuni  depuis  plusieurs  années  d'importantes 
contributions  à  l'histoire  de  Neuilly,  de  Saint-JamesetdeBagatelle,  vient  d'y 
joindre  une  fort  érudite  et  intéressante  Causerie  sur  le  mobilier  de  l'ancien 
château  de  Neuilly  (Paris,  Chéronnet,  1909,  in-8  de  40  p.,  avec  5  pi.). 
On  sait,  gi'âce  à  M.  Frcdéric  Masson,  de  quel  luxe  Murât  et  Caroline  avaient 
fait  preuve  dans  l'installation  de  leur  hôtel  parisien;  ils  n'avaient  pas  été 
moins  fastueux  dans  l'aménagement  de  leur  demeure  estivale  de  Neuilly. 
A  défaut  d'inventaires  et  d'états  de  lieux  détaillés,  qui  nous  manquent 
poivî-  l'instant,  mais  dont  on  peut  espérer  la  découverte  dans  quelque  carton 
des  Archives  nationales,  la  copieuse  et  substantielle  éti.de  de  M.  Marmottan, 
enrichie  de  photogravures  reproduisant  des  sculptures  et  des  meubles, 
resss;soite  la  jolie  habitation  qui  devait  être  pillée  et  incendiée  par  les 


—  88  — 

émeutiers  de  1848.  Avec  autant  de  patience  que  de  goût,  l'auteur  s'attache- 
à  rassembler  et  à  classer  les  charmantes  épaves  d'un  mobilier  pour  la  plus 
grande  partie  détruit;  il  nous  fait  connaître,  par  des  lettres  inédites,  com- 
ment ce  mobilier  fut  complété  lorsque  Pauline  devint  à  son  tour  proprié- 
taire du  château.  Peut-être  des  descriptions  si  précises  aideront-elles  à 
retrouver  encore  quelques  restes  d'un  si  bel  ensemble;  elles  ajoutent  à  nos 
regrets  en  nous  faisant  constater,  une  fois  de  plus,  avec  quelle  fureur  aveugle 
le  vandalisme  français  s'est  acharné,  à  tant  de  reprises,  sur  les  plus  précieux 
trésors  de  la  nation. 

—  M.  Georges  Demeny,  connu  par  ses  études  sur  la  physiologie  des  mou- 
vements, a  été  amené  à  créer  le  premier  cinématographe,  pour  analyser 
les  mouvements  de  l'homme  et  des  animaux.  Il  était  donc  très  qualifié  pour 
exposer  avec  exactitude  les  Origines  du  cirtémaio graphe  (Paris,  H.  Paulin, 
s.  d.,  in-8  de  64  p.,  avec  fig. — ^Prix  :  1  fr.),  ce  qu'il  a  fait,  le  l'^'"  février  1909, 
à  la  Ligue  française  de  l'enseignement,  dans  une  conférence  qui  forme 
la  matière  de  la  présente  brochure,  ornée  de  nombreuses  figures  démon;*- 
tratives.  Cette  conférence  est  très  bien  faite  et  fort  instructive  • —  la  con- 
clusion morale  (?)  pourrait  seule  être  critiquée  —  mais  il  est  regrettable  que 
J'auteur  ait  cru  devoir  la  faire  suivre  d'extraits  de  lettres  personnelles  et 
^nettre  ainsi  le  public  au  courant  de  ses  querelles  avec  son  ancien  maître, 
collaborateur  et  ami,  M.  Marey. 

Anjou.  —  ^I.  l'abbé  F.  Uzureau  vient  d'ajouter  deux  nouvelles  pla- 
quettes à  ses  publications  locale.'^.  L'une  porte  pour  titre  :  Les  Conseiller^ 
d'arrondissement  tn  Maine-et-Loire  (1800-1009)  (Angers,  imp.  Germain  ^t 
Grasain,  in-8  de  52  p.  Extrait  des  Mémoires  de  la  .Société  nationale  d'agri- 
culture, sciences  et  arts  d'Angers,  1008)  et  l'autre  :  Les  Elections  du  clergé 
dans  la  sénéchaussée  de  Saumur  (1789)  (Angers,  même  imprimerip,  in-8  de 
;>.3  p.). L'auteur  est  infatigable  d"ailleurs;il  ne  se  contenta  pas  de  publier  tout 
<e  qu'il  trouve,  tout  ce  qu'il  peut,  sur  sa  province,  dans  V Anjou  historiqur, 
•'t  dans  diverses  revues  de  ce  genre;  il  n'a  pas  craint,  — ■  et  de  cela  il  mérite 
<l"ètre  loué,  —  de  s'adresser  même  aux  journaux  politiques  quotidiens; 
c'est  ainsi  que  le  Journal  de  Maine-et-Loire  publie,  depuis  quelque  temps, 
sous  la  signature  de  M.Uzureau,  nombre  de  notes  et  notules  rappelant  les 
hommes  et  les  choses  d'Anjou  :  ceux  qui  ont  le  culte  des  traditions  ne 
peuvent  que  le  féliciter  d'une  telle  initiative  et  formuler  le  vœu  qu'elle  trouve 
d.es  imitateurs  dans  chacun  de  nos  départements. 

Bourgogne.  —  La  Société  éduenne  a  mis  dernièrement  en  distribution 
le  tome  XXXVI<^  de  la  nouvelle  série  do  ses  Mémoires  (Autu.n,  imp.  Deju^- 
sieu,  1908,  in-8  de  xxiv-392  p.,  avec  5  pi.).  L'éloge  de  cette  active  société 
n'est  plus  à  faire;  d'ailleurs  la  simple  mention  des  travaux  qui  composent 
ce  beau  volume  en  diront  assez  l'importance  et  l'intérêt  :  Chaseu,  par  M.  Eu- 
gène Fyot,  excellente  monographie  d'un  château  qui  a  compté  an  nombre 
de  ses  possesseurs  le  chancelier  bourguignon  Nicolas  Rolin  et  le  fameux 
Bussy-Rabutin  (p.  1-50,  avec  2  pi.);  —  Tssy  VÉvêque.  seigneurie  et  paraisse, 
par  M.  Georges  Valat,  autre  monographie  également  intéressante  (p.  51-110, 
avec  1  pi.);  —  Note  sur  la  communaufé  d'habitants  de  Nolay,  d'après  une 
charte  de  1244,  par  M.  A.  de  Charmasse  (p.  111-119);  — Les  Députés  de  Saône- 
et-Loire  aux  Assemblées  de  la  Révolution,  1789-1799,  par  M.  Paul  Montarlot 
(suite)  (p.  121-221).  Ces  cent  pages  sont  relatives  au  Conseil  des  Cinq-Cents 
et  au  Conseil  des  Anciens.  Les  parties  précédentes  de  cette  étude  considé- 
rable ont  paru  dans  les  tomes  XXX  à  X.XXV  des  Mémoires  de  la  Société 
éduenne;  -^  Le  Prieuré  du  V al-Saint-Benoii ,  par  M.  Paul  Muguet  (suite) 
tp.  223-265).  Cette  monographie,  dont  une  première  partie  a  été  insérée  dans 


—  89  — 

le  tome  XXXV  des  Mémoires  de  la  SociéUi  eduenne,  n'est  pas  encore  terminée  ; 
—  Le  Jeu  du  Fort  chez  les  Romains,  par  M.  Joseph  Déchelette  (p.  267-275, 
avec  1  pi.);  —  Note  sur  un  hypocauste  trouvé  dans  une  maison  gallo-romaine 
du  faubourg  Saint-Jean,  à  Autun,  par  M.  René  Gadant  (p.  277-282,  avec 
l  pi.);  —  Les  Spectacles  républicains  à  Autun  pendant  la  Révolution,  pair 
M.  Charles  Boëll  (p.  283-303)  ;  — -  I^es  Familles  de  dix  à  douze  enfants  à  Autun 
au  dix-huitième  siècle,  par  M.  A.  de  Charmasse  (p.  30.5-316).  Les  dernièr«^.s 
pages  du  volume  sont  occupées  par  de  courts  Mélanges  d'histoire  et  d'ar- 
chéologie, de  numismatique  et  de  bibliographie,  signés  de  simples  initiale.s 
(p.  317-337)  et  par  deux  relations  anonymes  :  A  travers  les  rues  de  l'histoire  de 
Semur-en-  Auxois .Excursion  faite  par  la  Société  éduenne  le  8  juin  1908  (p.  339- 
348)  et  Promenade  aux  ruines  de  Chandiou.  Excursion  du  15  septembre  1908 
(p.  3A9-353). 

Bretagne.  —  L'étude  de  M.  J.  Renault  sur  le  Barde  breton  Théodore 
Boirel  (Paris,  Savaète,  gr.  in-8  de  55  p.,  avec  portraits)  a  été  couronnée 
aa  30^  concours  breton -normand  de  «  la  Pomme  »  avec  cette  restriction 
qu'  «un  peu  plus  de  discrétion  dans  l'éloge  ne  ferait  que  le  rendre  plus  sûr  ». 
L'auteur  déclare  qu'il  n'a  pas  cru  devoir  écouter  ce  conseil,  et  il  plaide  si 
habilement  sa  cause,  ou  plutôt  celle  de  Botrel,  que  plus  d'un  lecteur 
et  surtout  plus  d'un  auditeur  du  barde  lui  donnera  raison.  L'idéal  de  c<î 
dernier,  suivant  M.  Renault,  c'est  de  chanter  le  peuple  au  peuple.  De  là, 
dans  les  pièces,  même  les  mieux  venues,  ces  négligences  volontaires  qui 
dénotent  la  préoccupation  constante  du  chansonnier  :  celle  de  se  faire 
comprendre  de  tous,  même  des  plus  illettrés.  L'auteur  de  ce  travail  cite 
ce  que  nous  appellerions  les  chansons-types  de  Botrel,  celles  qui  permettent 
d'approcher  de  plus  près  le  chantre  de  la  religion,  de  la  patrie,  de  la  fa- 
mille, des  laboureurs  et  des  marins.  L'œuvre  déjà  considérable  du  barde 
se  recommande  surtout  par  sa  valeur  moralisatrice.  Il  a  prouvé  que  l'on 
peut  charmer  les  masses  et  captiver  leur  attention,  en  faisant  appel  aux 
nobles  instincts  de  l'homme,  loin  de  flatter  ses  vices  et  de  célébrer  ses 
turpitudes.  L'ouvrier  qui  se  plaît  aux  chansons  de  Botrel  se  sent  meilleur  : 
c'est  le  plus^bel^éloge^que  l'on  en  puisse  faire. 

Comté  de  Foix.  —  M.  E.-A.  Martel  a  inauguré  en  1907 ,  par  une  investiga- 
tion sommaire,  l'exploration  méthodique  des  Pyrénées  souterraines,  et  il  a 
commencé  en  1908,  avec  l'aide  de  nombreux  collaborateurs,  l'éti.de  spéléolo- 
gique  de  la  section  occidentale  de  la  grande  chaîne  qui  sépare  la  péninsul»? 
ibérique  du  reste  de  l'Europe.  Si  aucun  des  résultats  obtenus  au  cours  de 
la  campagne  de  1908  n'a  encore  été  publié,  voici  qu'un  mémoire  inséré  'dans 
Spelunca  permet  de  connaître  quelques-unes  des  conclusions  auxquelles, 
dès  1907,  M.  E.-A.  Martel  est  arrivé  sur  un  point  particulier.  Consacré  aux 
cavernes  de  Tarascon-sur-Ariège,  c'est-à-dire  aux  grottes  de  Niaux,  —  dont 
la  topographie  et  les  dessins  préhistoriques  ont  été  si  bien  étudiés  par  le  feu 
commandant  Molard^, — de  Lombrive  et  de  Sabart,  cet  important  mémoire 
en  fait  connaître  l'évolution  et  la  synthèse,  et  montre  la  solidarité  hydraii- 
lique  »'d.e  ces  trois  grandes  cavernes.  Aux  intéressantes  indications  fournies 
par  ce  groupe  de  grottes,  le  groupe  des  trois  grottes  de  Bédeillac-Soudoir 
situé  à  l'ouest  de  Tarascon-sur-Ariège,  ajoute  des  renseignements  analogues 
et  fournit  en  quelque  sorte  la  contre-épreuve  des  observations  déjà  faites 
à  Lombrive,  Niaux  et  Sabart.  Aussi  M.  Martel  a-t-il  bien  fait  d'exposer 
minutieusement  le  résultat  de  ses  constatations  nouvelles,  qui  lui  permettent 
de  crier  casse-cou,  une  fois  de  plus,  à  des  généralisateurs  hâtifs;  naguère- 
c'était  aux  préhistoriens,  aujourd'hui  c'est  aux  géologues,  à  propos  des 
théories  glaciaires,  qu'il  donne  un  salutaire  avertissement  [Cavernes  de  Ta- 


—  90  — 

rafSCon-sur-Ariège,  par  E.-A.  Martel.  Spelunca.  Bulletin  et  Mémoires    de  la 
Société  de  spéléologie,  n"  5'i,  décembre  1908.  in-8  de  47  p.,  avec  28   plans  et. 

Franche-Comté.  —  La  Société  d'émulation  de  Montbéliard  publie  chaqu'? 
année  un  volume  de  Mémoires  dont  la  collection  est  très  appréciée,  car  elle 
renferme  des  travaux  de  réelle  importance  non  seulement  pour  l'histoire 
particulière  de  ce  petit  pays,  qui  eut  avant  la  Révolution  une  existence 
propre,  mais  aussi  pour  l'histoire  générale.  Le  XXXV^  volume  de  ces 
Mémoires  a  récemment  paru  (Montbéliard,  Imprimerie  montbéliardaise, 
l'.)08.  in-8  de  xx-32'i  p.,  avec  12  planches,  une  carte  et  2  fac-similés  d'auto- 
graphes). Cinq  étvtdes,  d'importance  matérielle  très  différente,  ont  trouvé 
place  dans  ce  volume,  savoir  :  Notice  biographique  sur  M.  Clément  Duvernoy, 
par  M.  Albert  Roux  (p.  3-9,  avec  portrait);  — •  La  Guerre  de  1870-71  aux 
environs  de  Montb''liard.  Combats,  rencontres,  escarmouches  et  anecdotes,  par 
iNL  le  capitaine  ^^  Huber  (p.  13-91,  avec  8  planch.es  et  une  carte).  Bonne 
et  intéressante  contribution  à  l'histoire  de  l'Année  terrible,  que  l'auteur 
a  divisée  ainsi  :  1.  De  la  Déclaration  de  guerre  à  l'investissement  de  Belfort. 
IL  De  l'Investissement  de  Belfort  à  la  concentration  de  l'armée  de  l'Est. 
III.  Du  l^r  janvier  1871  à  la  retraite  de  l'armée  de  l'Est.  IV.  Du  19  janvier 
à  la  fin  de  la  guerre  :  —  yoiice  sur  Charles  Contejean,  1824-1907,  par  M.  Em- 
manuel Failot  (p.  95-105,  avec  portrait),  mentionnée  ici  même  en  avril 
dernier  (t.  CXV,  p.  376-377):  —  L' Apparition  de  l'homme  dans  le  pays  de 
Montbéliard.  par  M.  le  pasteur  B.  Mériot  (p.  109-143),  travail  dans  lequel 
l'auteur,  en  trois  chapitres,  nous  parle  tour  à  tour  des  cavernes  et  des  abris 
sous  '"oches  explorés  jusqu'à  ce  jour,  des  silex  taillés  et  ,de  la  faune  quater- 
naire, enfin  de  l'homme  primitif  dans  le  pays  de  Montbéliard;  —  Autour 
d'un  prft  hypothécaire.  Voltaire  crf-ancier  du  Wurtemberg.  Correspondance 
inédite  publiée  avec  un  commentaire  par  M.  Frédéric  Rossol  (p.  147-322, 
avec  2  planclies  et  2  fac-similés  d'autographes;.  Dans  une  Préface  de  5  pages 
qu'il  a  écrite  pour  cette  suggestive  publication,  M.  Henry  Iloujon,  de 
1  Institut,  résume  très  spirituellement  l'histoire  du  prêt  de  620,000  livres 
consenti  par  VoHair.?  au  duc  Charles-Eugène  de  \A  urtemher-;.  «Le  duT, 
observe  A!.  Roujon,  mit  vingt-cinq  ans  à  s'acquitter,  ce  qui  permit  à  Vol- 
taire de  touch'^r  1  MjO  000  fran^^s  <jLe  rentes  viagères.  »  Puis,  dans  son  Intro- 
duction, M.  F.  Rossel  s'exprime  ainsi  :  .;  Inédite.>  pour  ta  plupart,  les  pièces 
qui  vont  suivre  sont  intéressantes  pour  ceux  qui  sont  curieux  de  la  vie  intime 
de  Voltaire.  Ses  moyens  d'existence,  ses  besoins  d'argent,  la  gêne  momenta- 
née où  il  se  trouva  souvent,  même  après  son  opulente  installation  à  Ferney, 
r-ssortent  clairement  de  cette  série  de  lettres.  Elles  montrent  au  jour  un 
\'oltaire  financier  remarquablement  avisé,  ce  qui  se  rencontre  souvent; 
et,  chose  infiniment  plus  rare,  financier  doué  de  bienveillance  et  de  lon- 
ganimité envers  ses  débiteurs.  «  Les  pièces  en  question,  empruntées  aux 
Arc!ùves  nationales  (fond.  Montbéliard),  à  la  collection  personnelle  de 
]\î.  Rossel,  aux  archives  de  Stuttgart  et  à  celles  de  Colmar,  sont  au  nombre 
'le  221. 

—  \.\Annuaire  du  Douhs,  de  la  Franche-Comté  et  du  territoire  de  Belfort 
pour  1909  /Besançon,  imp.  Jacquin,  in-8  de  4fiG  p.)  publie  (p.  432-455) 
divers  documents  relatifs  à  la  période  révolutionnaire  en  Franche-Comté, 
tous  émanant  de  l'Pprésentants  régicides  :  1°  quatre  arrêtés  concernant 
les  salines  et  signés  d'Alexandre  Besson  (1794  et  1795);  2°  deux  autres  (1794), 
portant  la  double  signature  du  dit  Besson  et  de  Jacques  Pelletier;  3°  enfin 
huit  arrêtés  de  Jean-iMaric  Calés  se  rapportant  pour  la  plupart  à  la  manu- 
facture d'horlogerie  de  Besançon  (1795). 


—  91  — 

Lorraine.  —  La  Société  des  lettres,  sciences  et  arts  de  Bar-le-Duo  publie 
un  Bulletin  mensuel,  paginé  en  chiffres  romains.  C'est  une  simple  revue 
régionale  composée  d'une  poussière  d'articles,  intéressants  d'ailleurs  pour 
le  pays  qu'il  Lait  ainsi  mieux  connaître  et  aimer.  Nous  recevons  les  12  nu- 
méros de  l'année  1908  (Rar-le-Duc,  imp.  Contant-Lag'uorre,  in-8  de  cxx  p., 
avec  2  pi.  Nous  n'avons  rien  à  dire  de  plus;  mais  nous  devons  regretter 
l'absence  d'une  table. 

Angleterre.  —  Le  Conseil  du  Catalogue  international  de  la  littérature 
«Scientifique,  composé  de  savants  de  tous  les  pays,  voire  même  du  Japon, 
vient  de  faire  paraître  la  sixième  année  de  ses  travaux  représentant  les 
manuscrits  reçus  du  mois  de  novembre  1906  au  mois  de  novembre  1907  : 
I nternational  Catalogue  of  Scientific  Literature.  Sixth  nnnual  issue.  M.  Bo- 
tany  (London,  Harrison;  Paris,  Gauthier- Villars ,  1908,  2  vol.  in-8  de 
vin-330  et  843  p.).  Il  a  paru  seulement  en  septembre  1908.  Ces  travaux 
sont  la  suite  de  la  publication  connue  sous  le  nom  de  Catalogue  of  Scientific 
Papeis  de  la  Société  royale  de  Londres  où  se  trouve  le  siège  de  l'association 
scientifique  internationale,  mais  qui  a  des  bureau.x  dans  les  principaux 
jiays  du  monde.  Le  bureau  français  est  dirigé  par  M.  le  D""  J.  Deniker, 
conservateur  de  la  Bibliothèque  du  Muséum  d'histoire  naturelle .  Les 
deux  volumes  actuels  contiennent  les  fiches  et  les  index  de  tout  ce  qui 
a  paru  sur  la  botanique  en  anglais,  en  allemand,  en  français  et  en  italien. 
Le  Catalogue  des  auteurs  et  celui  des  matières  sont  à  part.  L'ordre  suivi 
est  celui  décidé  par  la  convention  internationale  de  1905.  Les  divisions 
primaires  adoptées  correspondent  aux  branches  reconnues  de  la  science 
botanique,  y  compris  la  botanique  fossile.  Les  grandes  divisions  comprises 
dans  les  divisions  du  système  décimal  allant  de  0000  Philosophie  à  9900 
Distribution  géographique,  sont  les  suivantes  :  Catalogue  des  auteurs 
(p.  17  à  p.  330.);  Catalogue  des  matières  (p.  1  à  790)  subdivisé  comme 
suit  :  Philosophie  Histoire,  Biographie,  etc.,  de  nos  i  à  999;  Morpholo- 
gie, Anatomie,  Embryologie  et  Cytologie,  de  1000  à  2999;  Physiologie, 
de  3000  à  3999  ;  Pathologie  de  4000  à  4399;  Évolution  4400  à  4999. 
Taxonomie  de  5000  à  7999;  Distribution  géographique  8000  à  9999. 
Le  tout  est  complété  par  une  liste  des  journaux  scientifiques  avec  leurs 
titres  abrégés  tels  qu'ils  sont  cités  dans  le  texte.  Cette  liste  remplit  les 
pages  791  à  832,  puis  vient  un  index  de  la  classification  topographique. 

Belgique.  —  D'un  haut  intérêt  pour  l'histoire  de  l'enluminure  des  livre?, 
au  xv^  .'^iècle  est  le  beau  volume  que  le  P.  J.  Van  den  Gheyn,  S.  J.,  vient  de 
publier  sous  le  titre  :  Cronicgues  et  conquestes  de  Charlemaine,  reproduction 
des  105  miniatures  de  Jean  Le  Tavernier  d' Audenarde  (1460^  (Bruxelles, 
Vromant,  1909,  in-4  de  24  p.  et  105  pi.).  C'est  sur  les  ordres  de  Philippe  le 
Bon,  duc  de  Bourgogne,  que  le  maître  enlumineur  illustra  ce  beau  manuscrit 
en  3  volumes,  actuellement  conservé  à  Bruxelles. 

Espagne.  —  Sous  les  auspices  et  par  les  soins  de  la  députation  provin- 
ciale de  Barcelone,  il  a  été  fondé  en  1907  dans  cette  ville  un  Institut  d'études 
catalanes,  composé  de  huit  membres  et  de  deux  secrétaires  rédacteurs.  Ces 
hait  membres  se  répartissent  en  quatre  sections  :  histoire;  archéologie; 
littérature;  droit.  Dans  le  cadre  des  publications  de  l'Institut  rentrent  : 
les  publications  documentaires;  les  éditions  de  textes  littéraires  inédits  ou 
publiés  défectueusement;  enfin  des  travaux  de  critique.  L'Institut  a  pour 
président  M.  Antoni  Rubié  y  Lluch  et  pour  secrétaire  M.  Joseph  Pijoan. 
Dès  la  première  année  de  son  existence,  l'Institut  a  manifesté  son  activité 
par  les  publications  suivantes  :  l'^'"  fascicule  d'un  inventaire  des  Peintures 
murales  catalanes;  premier  volume  d'un  travail  de  D.  Joaquim  Botet  y  Sisô  : 


—  92  — 

Les  Monedes  calalaries;  un  volume  de  Documents  pera  l'historia  de  la 
cultura  catalana  migeval,  rassemblés  par  D.  Anloni  Rubiô  y  Lluch; 
premier  tome  d'une  histoire  de  V Arquitectura  romànica  a  Catalunya,  par 
MM.  J.  Puig  y  Cadafalch,  D.  Antoni  de  Falguera  et  D.  J.  Godoy.  En  même 
temps  une  publication  périodique  [Institut  d'estudis  catalans.  Anuari)revi- 
ferme  des  travaux  de  moindre  haleine.  Celui  de  1907,  qui  vient  de  paraître 
(Barcelona,  palau  de  la  diputacio,  in-4,  534  p.,  pi.  et  fig.)  nous  offre,  ave« 
les  documents  relatifs  à  l'établissement  de  Tlnstitut,  les  travaux  suivants  : 
I.  Section  archéologique.  J.  Gudiol,  El  necrologi  de  l'iglesia  de  Roda,  inscrip- 
tions funéraires  qui  tapissent  les  murailles  du  cloître  et  qui  remontent  en 
partie  au  xiii*'  siècle  ;  J.  A.  Brutails,  Les  Influences  de  Vart  oriental  et  lesGoths 
dans  le  midi  de  la  France;  R.  Caselles,  Origens  del  renaixement  barceloni. 
étude  sur  Viladomat;  P.  Paris,  Quelques  vases  ibériques  inédits:  A.  Mun07.. 
/  paliotti  dipinti  de  musé  di  Vich  e  di  Barcelona);  J.  Puig  y  Cadafalch,  Les 
Iglesies  romàniques  ah  cobertes  de  justa  de  las  valls  de  Bohi  y  d' Arnn,  églises 
de  la  première  moitié  du  xii^  siècle. —  II.  Section  historique  :  J.  Calmette,  Les 
Historiens  du  Roussillon  ;  E.  Gonzales  Hurtebise,  Inventario  de  los  bienes 
tnuebles  de  Alfonso  V  de  Aragon  como  infant  y  como  rey  (1412-1424)  ; 
J.  Miret  y  Sanz,  Nota  de  geografia  hist6rica,k  propos  de  la  délimitation  de 
frontière  faite  en  1300  entre  la  France  et  la  Catalogne;  A.  Giménez  Soler. 
Episodios  de  la  historia  de  las  relaciones  entre  la  corona  de  Aragon  y  Tûnez, 
au  xiv^  siècle;  A.  Rubiô  y  Lluch.  Atenes  en  temps  dels  Catalans,  de  1377  à 
1388.  —  ■  III.  Section  juridique.  G.  M.  de  Brocâ,  De  les  investigacions 
respecte  del  dret  de  Catalunya  y  de  la  reintegraciô  de  ses  fonts;  Ordinacions 
fêtes  en  cort  per  tota  Catalunya  (xiii^  siècle);  Traça  de  classificaciô  dels 
usatges  y  idea  delà  potestat  (xv^  siècle);  J.  Gudiol,  Traduccio  dels  usalges 
les  mes  antigues  constitucions  de  Catalunya  y  les  costumes  de  Père  Albert 
(xiii«  siècle);  G.  M.  de  Brocâ,  Costujns  iuridycos  a  la  rattla  d'Arago;  — 
IV.  Section  littéraire.  E.  Moliné  y  Brasé,  La  Letra  de  reyals  costums  del 
Petrarca;  P.  Fabra,  Sobre  diferents  problems  pendents  en  Vactual  català 
literari;  J.  Pijoan,  Un  nou  viatge  aTerra  Santa  en  català  (1323);  J.  Rubiô, 
R.  d'Alos,  F.  MâTiOTeU,  Inventaris  inédits  de  l'ordre  del  Temple  a  Catalunya; 
F.  Pedrell,  Z)os  Jiiûsichs  cinchcentistcs  catalans,  cantors  d'Auzias  March; 
J.  Massô  y  Torrents,  Riambau  de    Vaqueres  en  els  cançoners  catalans. 

—  Sous  le  titre  de  Pensamientos  de  una  creyente  (Barcelona,  Subirana, 
1909,  petit  in-16  de  133  p. —  Prix  :  1  fr.),  D.  Luis  Gispert  nous  offre  une 
élégante  traduction  de  l'opuscule  français  de  M™^  Célina  Renard  (Maria 
Jenna),  qui  contient  des  pensées  courtes,  mais  pleines  de  foi  autant  qu'ex- 
quises dans  leur  forme,  sur  la  joie,  la  tristesse,  le  calme,  l'évangile  et  la 
conduite  de  la  vie.  La  brochure  espagnole  est  éditée  avec  soin  et  porte 
l'approbation  de  l'ordinaire. 

Indo-Chine.  —  M.  Cl.  Madrolle  a  fait  de  l'île  de  Hai-Nan  son  étude 
spéciale;  après  en  avoir  reconnu  les  côtes  en  1896,  il  a,  en  1907,  exécuté  deux 
expéditions  dans  l'intérieur  de  cette  terre  aussi  considérable  que  la  Corse, 
la  Sardaigne  et  les  Baléares  réunies,  il  a  d'abord  visité,  au  nord-est,  le  pays 
de  Voun-sio  et  les  volcans  éteints  de  la  chaîne  des  Dzong,  des  «  puys  •>, 
dirions-nous  en  français;  il  a  ensuite  pénétré  chez  les  aborigènes  du  massif 
central  et  reconnu  les  cîmes  les  plus  élevées  de  la  contrée,  ces  «  Cinq-Doigts  » 
dont  deux  sommets  atteignent  2  000  mètres.  On  trouvera  un  intéressant 
résumé  de  cette  exploration  dans  une  récente  conférence  de  ^I.  Cl.  Madrolle 
sur  Hai-nan,  le  pays  et  ses  habitants  (Paris,  Comité  de  l'Asie  française,  in-8 
de  26  p.,  avec  une  carte.  Extrait  du  Bulletin  du  Comité  de  V  Asie  française'^. 


—  93  — 

Congo.  —  Voici  Jongtemps  que  l'avenir  du  Congo  français,  de  cette  co- 
lonie qu'on  a  parfois  appelée  «  l'enfant  de  douleur  »  de  la  métropole,  préoc- 
cupe tous  ceux  qui  ont  souci  du  développement  de  notre  empire  d'outre-mer. 
Gardons-nous  d'en  désespérer,  dit,  dans  une  remarquable  conférence  sur 
le  Congo  français  au  point  de  vue  économique  (Melun,  imp.  administrative, 
J909,  in-S  de  .'iO  p.),  un  de  ceux  qui  le  connaissent  le  mieux  pour  l'avoir, 
depuis  quinze  ans,  parcouru  un  peu  dans  tous  les  sens,  et  pour  en  avoir  revu 
différentes  régions  à  plusieurs  années  de  distance.  M.  l'administrateur  G. 
Bruel;  l'histoire  explique  presque  toutes  les  fautes  et  les  erreurs  commises; 
t  lie  seule  permet  de  comprendre  la  situation  actuelle  et  la  nécessité  où  l'on 
est  de  disséminer  les  efîorts  et  de  continuer  à  tout  entreprendre  avec  des 
moyens  insuffisants,  au  lieu  de  sérier  les  questions.  D'autre  part,  les  chiffres 
du  commerce  spécial  prouvent  que  les  efforts  tentés  jusqu'à  ce  jour  n'ont 
pas  été  vains  ;  si  le  progrès  n'est  pas  plus  accentué,  quelles  en  sont  les  causes? 
L'absence  de  coordination  et  aussi  l'absence  de  persévérance  dans  les  efforts 
tentés,  l'absence  d'outillage  économique,  à  en  croire  M.  Bruel;  le  jour  où  des 
vues  d'ensemble  seront  appliquées  avec  continuité,  où  le  Congo  français 
sera  doté  d'un  outillage  économique  complet  et  harmonique,  il  sera  défini- 
tivement sorti  de  l'ornière  dans  laquelle  il  se  traîne  depuis  sa  naissance, 
et  prendra  un  remarquable  essor. 

Maroc  —  De  1904  à  1907,  le  commandant  A. -H.  Dyé  a  dirigé  les  tra- 
vaux de  la  mission  maritime  du  Maroc  à  qui  on  doit  l'étude  hydrographique 
et  économique  des  principaux  ports  du  Maghreb-el-Aksa;  il  y  a  recueilli  sur 
place  une  foule  de  matériaux  scientifiques  dont  les  belles  cartes  publiées 
sous  les  auspices  du  Comité  du  Maroc  présentent  la  coordination,  et  d'abon- 
dants matériaux  économiques  dont  la  synthèse  systématique  a  été  pré- 
sentée par  le  commandant  Dyé  lui-même  à  la  Société  de  géographie  com- 
merciale de  Paris,  dans  une  étude  sur  les  Ports  du  Maroc,  leur  commerce  avec 
la  France  fCoulommiers,  imp.  Paul  Brodard,  1909,  in-8  de  78  p.,  avec  carte 
et  grav.).  Par  des  considérations  et  des  faits  de  toute  nature,  le  savant  marin 
y  a  pleinement  démontré  que  l'activité  commerciale  française  doit  surtout 
se  faire  sentir  à  l'ouest  du  Maroc,  dans  tous  les  ports  de  l'Atlantique,  en- 
vironnés des  meilleures  régions  agricoles.  Là  se  doivent  concentrer  tous  nos 
efforts  de  pénétration  économique,  car  là  existe  un  sol  souvent  fertile,  et 
que,  faute  de  sécurité,  le  paysan  marocain  n'a  pas  encore  pu  mettre  en  valeur. 
—  Nous  devons  déjà  à  M.  Ch.  René-Leclerc,  délégué  général  du  Comité  du 
Maroc  à  Tanger,  une  excellente  notice  sur  le  Commerce  et  l'industrie  à  Fez; 
voici  maintenant  qu'en  quelques  pages,  il  résume  les  renseignements  essen- 
tiels relatifs  au  régime  économique  de  cette  capitale  du  Maroc  septentrional, 
peuplée  de  70  à  80  000  habitants,  et  où  le  commerce  français  (qui  y 
est  en  voie  d'indéniable  accroissement)  pourrait  encore  réaliser  de  nouveaux 
progrès.  Non  content  de  décrire  le  présent  de  Fez,  M.  René-Leclerc  indique 
dans  quel  sens  cette  grande  ville  marocaine  devra  se  développer  dans  l'avenir 
et  quelles  ressources  il  lui  faudra  utiliser  pour  se  transformer  véritablement. 
Ainsi,  et  par  d'utiles  et  précieux  Conseils  aux  commerçants  se  trouve  com- 
plétée cette  courte  et  substantielle  notice  sur  Fez  (Fez.  Notice  économique. 
Paris,  imp.  Levé,  1909,  in-8  de  27  p.  Extraitjdu  Mois'colonial  et  maritime). 

PuBMCATioiNS  NOUVELLES.  —  V Existcncc  historique  de  Jésus  et  le  na- 
tionalisme contemporain,  par  L.-C.  Fillion  (in-12,  Bloud).  —  L'Église  apos- 
tolique. Actes  d'apôtres.  Epîtres.  Apocalypse,  trad.  et  commentaire  par  l'abbé 
Verdunoy  (in-12,  Lecoffre,  Gabalda).  —  Le  Principe  des  développements 
thèologiques,  par  H.  N.  Oxenham  (in-12,  Bloud);  —  Le  Christianisme  pro- 


—  94  — 

gressif.  essai  sur  le  Christian isnie  et  la  conscience  moderne,  par  E.  Gii'an 
(in-12,  E.  Noiirry).  —  Le  Modernisme,  sa  position  vis-à-vis  de  la  science, 
sa  condamnation  par  le  Pape  Pie  X,  par  le  cardinal  Mercier  (in-12,  Blond).  — 
Éléments  d'apologétique.  JI .  Jésus  et  V Église,  par  J.-L.  de  la  Paquerie.  2^  éd. 
(in-12,  Bloud).  —  U Apologétique  de  Brunetière,  par  H.  Guyot  (in-12,  E. 
Nourry).  —  Le  Cœur  de  Jésus  dans  ses  paroles.  Élévations,  par  M.  Baron 
(in-16,  Beauchesne).  ■ —  Retraite  de  réparation  pour  les  âmes  vouées  au  Sacré- 
Cœur  pour  le  temps  présent,  d'après  un  plan  nouveau,  par  le  R.  P.  A.  Prévost 
(petit  in-18,  Paris  et  Tournai,  Casterman).  —  Traité  du  devoir  de  conduire 
les  enfants  à  Jésus-Christ,  par  Gerson;  trad.  par  A.  Saubin  (in-12,  Bloud).  — 
Paroles  de  prêtre  et  de  Français,  par  l'abbé  Vie  (in-16,  Beauchesne).  — ' 
Bouddhisme.  Opinions  sur  V  histoire  de  la  dogmatique,  par  L.  de  la  Vallée 
Poussin  (in-12.  Beauchesne).  —  La  Doctrine  de  Flslam,  par  le  baron  Carra 
de  Vaux  (in-12,  Beauchesne).  —  Œuvres  complètes  du  comte  L.  Tolstoï. 
T.  XX.  Critique  de  théologie  dogmatique,  1879-1881  (in-16.  Stock).  —  Guil- 
laume du  Breuil.  Stilus  curie  parlamenti,  nouvelle  édition  critique,  publiée 
avec  une  Introduction  et  des  notes,  par  F.  Aubert  (in-8,  A.  Picard  et  fils).  — 
Étude  historique  sur  Vidée  de  sentences  indéterminées,  par  G.  de  Lacoste 
(in-8,  Rousseau).  —  La  Bruyère.  Des  Ouvrages  de  l'esprit  avec  commentaires 
et  notes,  par  O.  Caron  (in-12,  Paris,  5,  rue  Bayard).  —  Pensées,  reproduction 
de  l'édition  originale  avec  la  notice  historique  du  frère  de  Joubert,  par  Joubert", 
Introduction  et  notes  par  V.  Giraud  (in-12,  Bloud).  —  Vie  de  Sénèque,  par 
R.  Waltz  (in'8,  Perrin).  —  Leibniz,  historien.  Essai  sur  l'activité  et  la  méthode 
historiques  de  Leibniz,  par  L.  Davillé  (in-8,  Alcan).  —  Le  Socialisme  et  la 
Sociologie  réformiste,  par  A.  Fouillée  (in-8,  Alcan).  —  La  Monarchie  et  la 
Classe  ouvrière,  par  G.  Valois  (in-16,  Nouvelle  Librairie  nationale).  —  Les 
Bases  du  pacifisme.  Le  Pacifisme  réformiste  et  le  pacifisme  «  révolutionnaire  » 
par  A.  H.  Fried;  trad.  de  Tallemand  et  Avant-propos  par  J.  Lagorgette 
(in-8,  Pedone).  — L'Exercice  illégal  de  la  médecint  et  les  Articles  de  réclame 
médico-pharmaceutique  à  tournure  scientifique,  par  G.  de  Lacoste  (iu-8, 
Rousseau).  —  Rééducation  physique  et  psychique,  par  le  D''  H.  Lavrand  (in-16, 
Bloud). — De  l'Illusion.  Son  Mécanisme  psycho-social, p<xr  le  prestidigitateur 
Alber  (in-16,  Bloud).  — Électricité  agricole,  par  A.  Petit  (in-18,  Baillière).  — 
La  Théorie  des  courants  alternatifs,  par  A.  Russe!!.  T.  I'^'';  trad.  de  l'angiai.^ 
par  G.  Séligmann-Lui  (gr.  in-8,  Gauthier- Villars).  —  Lectures  de  mécanique. 
La  Mécanique  enseignée  par  les  auteurs  originaux,  par  E.  Jouguet.  2^  partie. 
L'Organisation  de  la  mécanique  (gr.  in-8,  Gauthier- Villars).  —  Cours  de 
géométrie  descriptive  à  l'usage  des  candidats  à  l'École  des  beaux-arts,  par 
E.  Vallois  (in-8,  Gauthier- Villars).  — La  Marine.  _Le  Haut  Commandement, 
ses  fautes,  sa  réforme,  par  L.-M.-V.  et  E.  Liron  (in-12,  Chapelot).  —  Les 
Maîtres  de  la  musique.  Wagner,  par  H.  Lichtenberger  (in-8,  Alcan).  — 
Portraits  et  souvenirs,  par  C.  Saint-Saëns  (in-18,  Calmann-Lévy).  —  Profils 
d'artistes.  Rosina  Stoltz,  de  l'Académie  de  musique  (  Victoire  Noël),  1815-1908, 
par  G.  Bord  (in-18,  Daragon).  —  Les  Trucs  du  théâtre,  du  cirque  et  de  la  foire, 
par  M.  de  Nansouty  (petit  in-^,  Colin).  —  Traité  de  stylistique  fratiçai-se, 
par  C.  Bally.  Vol.  II  (in-8  cartonné,  C.  Klincksieck).  —  La  Romance  à 
Madame,  par  G.  Ferrières  (in-12,  Lemern-).  —  Les  Deux  Jeunesses,  par 
E.  Rochard  (in-12,  Lemerre).  —  Les  Beaux  Jours,  par  J.  Clienevière  (in-12, 
Lemerre).  — Les  Argonautiques  d' Apollonius  le  Rhodien;  trad.  vers  par  vers, 
par  le  comte  U.  do  Séguier  (in-8,  Félanitz,  Majorque,  imp.  B.  Reus).  — De 
l'Hélicon  au  Calvaire,  par  le  comte  U.  de  Ségiàer  (in-8,  Félanitx,  Majorque, 
imp.  B.  Reus).  —  I^es  Printemps,  par  J.  Gasquet  (in-16,  Perrin).  — Décors  et 
chants,  par  E.  Koeberlé  (petit-in-8.  Mercure  de  France).  —  Œuvres  poétiques 


—  95  — 

choisies  d" Honoré  (TUrfé,  précédées  d'une  Introduction,  par  G.  Michant 
(petit-in-18,  Sansot).  —  A  rOmhre  des  marbres,  par  J.  Nayral  (ih-18,  Gastein- 
Serge).  —  La  Légende  de  Vhomme,  par  N.  Couytigne  (in-12,  Edition  du 
Beffroi).  —  Le  Mariage  de  Mademoiselle  Gimel,  dactylographe,  par  R.  Bazin 
(in-18,  Calmann-Lévy).  —  Sur  les  deux  rives,  par  L.  de  Tinseau  (inrIB, 
Calmann-Lévy).  —  Le  Vaisseau  de  plomb,  par  G.  Lechartier  (in-16,  PJon- 
Nourrit).  —  Mon  Prince  charmant,  par  A.  Noël  (in-16,  Plon-Nourrit),', — 
Le  Miroir  aux  alouettes,  par  J.  de  Mestral  Combremont  (in-16,  Plon-Nourrit). 
—  Un  étrange  Divorce,  par  le  comte  A.  de  Saint-Aulaire  (in-16,  Perrin).  — 
Trois  Sœurs,  par  E.  d'Esterre  Keeling;  trad.  de  l'anglais  par  F.  O'Noll 
(in-16,  Hachette).  —  Roselyne,  par  M.  Maryan  (in-18,  Henri  Gautier).  — 
L'Ame  de  Pilate,  par  J.  de  Comlomb  (in-18,  Henri  Gautier].  —  La  Bague 
d'opale,  par  M.  Maryan  (in-18,  Firmin-Didot).  —  Mes  Pannes,  par  H.  d'A- 
grain  (in-16,  Poisson). — Le  Roman  sournois,  par  P.  Lièvre  (in-32.  Stock).  — 
Les  Aventures  du  cardinal  dt  Richelieu  et  de  la  duchesse  d'Elbeuf,  par  le  baron 
A.  de  Maricourt  (in-18,  Sansot).  —  Les  Fêtes  du  cœur,  par  G.  Gasztowtt 
(in-18,  Gastein-Serge).  —  Les  Caquets  du  docteur,  par  O.  Béliard  (in-16 
allongé,  TasseU-  —  L'Argent  et  V Amour.  Pour  si  peu,  par  J.  France  (in-18, 
Nancy,  Éditions  de  «  France-Semeuse  »).  —  L' Académie  de  Mérivat-les- 
Chaumes,  par  J.  Voisin  (petit  in-8.  Moulins,  Crépin-Leblond).  —  Roland 
et  Marie  Phlipon.  Lettres  d'amour  (1777  à  1780),  publiées  avec  Introduction, 
commentaire  explicatif  et  notes  p»ar  C.  Perroud  (in-8,  A.  Picard  et  filsl  — 
Le  Théâtre  français  des  origines  à  nos  jours.  Extraits  et  analyses,  notices 
biographiques,  par  F.  d'Armade  (in-8,  Delagrave).  —  Idées  et  doctrines  litté- 
raires du  xviiie  siècle,  par  F.  Vial  et  !..  Denise  (in-î2,  Delagrave).  —  De 
Gottsched' à  Leasing,  étude  sur  les  commencements  du  théâtre  moderne  en  Alle- 
magne (1724-1760),  par  G.  Belouin  (in-8,  Hachette).  —  Anthologie  de  la 
littérature  allemande  des  origines  au  xx^  siècle,  par  L.  Roustan  (petit  in-16. 
Delagrave).  —  Dante,  essai  sur  son  caractère  et  son  génie,  par  M.  Paléologue 
(in-16,  Plon-Nourrit).  —  Histoire  et  géographie.  Atlas  général  Vidal- Lablache, 
édition  1900  (gr.  in-4  relié  toile,  Colin).  —  En  Espagne.  «  Du  30  à  l'heure  », 
d'Irun  à  Algésiras,  par  la  comtesse  do  la  Morinière  de  la  Rochecantin  (in-16, 
Plon-Nourrit).  —  Le  Touriste  français  en  Espagne  et  dans  les  pays  de  langue 
espagnole.  Grammaire.  Vie  pratique,  par  J.  Laborde  (in-12  cartonné,  Dela- 
grave). —  Au  Pays  de  l'or  noir.  Para,  Amazonas,  Mattô  Grosso,  par  P. 
Walle  (in-8,  Guilmoto).  —  Nos  Fils  et  nos  filles  en  voyage,  par  A.-L.  Leroy 
(in-8,  Vuibert  et  Non}').  —  Histoire  des  conciles,  d'après  les  documents  ori- 
ginaux, par  C.  J.  Hefele;  trad.  sur  la  2^  édition  allemande  par  Dom  H. 
Leclercq.  T.  III,  l^e  partie  (gr.  in-8,  Letonzey  et  Ane).  —  La  Question  des 
missions.  Les  Doléances  d'un  vieux  missionnaire  sur  les  tribulations  d'un 
vieux  chanoine,  parle  Fî.  P.  Damerval  (in-8,  Paris  et  Tournai,  Casterman). — 
La  Vie  et  la  légende  de  saint  Gwennolé,  texte  publié  par  P.  Allier  (in-12, 
Bloud).  —  La  Mission  de  saint  Benoit,  CCCCLXXX-DXXXXIII,  par  le 
cardinal  Newman  (in-12,  Bloud).  —  Une  Ame  d'apôtre.  Le  Père  Victor 
Delpech,de  la  Compagnie  de  .Jésus,  missionnaire  au  Maduré  (18.35-1887),  par 
le  p.  F.  Suau,  (in-16.  Tournai  et  Paris,  Casterman).  —  Ln  Chronique  de 
Morigny  (1095-1152),  publiée  par  L.  Mirot  (in-8,  A.  Picard  et  fils.  — Le  Dix- 
huitième  Siècle,  par  C.  Stryienski  (in-8,  Hachette).  — La  Conspiration  révo- 
lutionnaire de  1789.  Les  Complices.  Les  Victimes,  par  G.  Bord  (in-8,  Paris, 
Bibliothèque  d'histoire  moderne).  —  Éludes  révolutionnaires,  par  J.  Guil- 
laume, 2^  série,  (in-12,  ^iock).— Recueil  de  pièces  et  documents  officiels  relatifs 
à  la  Légion  d'honneur  compre?iant  la  distribution  des  croix  au  camp  de  Bou- 
logne, la  pierre  Napoléon  et  la  colonne  de  la  Grande  Armée,  précédé  d'une  notice 


—  96  — 

historique,  par  A.  Lefebvre  (gr.  in-8,  Champion).  —  L'Empire  libéral. 
Études,  récits,  souvenirs,  par  Ê.  Ollivier  (in-18.  Garnier).  —  Histoire  religieuse' 
de  la  Révolution  française,  par  P,  de  la  Gorce.  T.  I^''  (in-8,  Plon-Nourrit).  — 
Histoire  du  catholicisme  libéral  en  France,  1828-1908,  par  G.  Weill  (in-16. 
Alcan).  — La  Société  française  au  temps  de  Philippe-  Au guste,  par  A.  Luchaire 
(in-8,  Hachette).  —  La  Société  française  du  xvi''  siècle  au  xx^  siècle,  par 
V.  du  Bled.  7*^  série,  xviii^  siècle  (in-16,  Perrin).  —  La  Bruyère  critique  dn 
conditions  et  des  institutions  sociales,  par  AI.  Lange  (in-8,  Hachette).  — 
Le  Congo  français.  La  Question  internationale  du  Congo,  par  F.  Challayo 
;in-8,  Alcani.  • —  Le  Château  de  Lauzun  en  Agenais.  Description  et  histoire, 
par  P.  Lauzun  (in-8.  Agen,  Maison  d'édition  et  imprimerie  moderne).  — 
L'Église  de  France  après  la  persécution  religieuse,  1907-1908,  par  P.  Barbier 
(in-12,  Lelhielleux).  —  Où  mène  V école  sans  Dieu,  par  F.  Gibon  (in-12,  Téqui). 
—  La  Crise  de  l'école  la'ique.  L'École  et  la  famille,  par  D.  Gurnaud  (in-lG, 
Perrin).  —  Une  Année  de  politique  extérieure,  par  R.  Moulin  et  S.  de  Chessin 
(in-16,  Plon-Xourrit).  —  Som'ejiirs  de  la  dernière  guerre  carliste  (1872-1876), 
par  Je  généra!  Kirkpatrick  de  Closeburn  (in-8,  A.  Picard  et  fils).  —  Docu- 
mentos  inédites  à  muy  rares  para  la  historia  de  Mexico,  publicados  por  G. 
Garcia.  T.  XXIIL  El  Sitio  de  Puebla  en  1863,  segun  los  archivas  de  D. 
Ignacio  Comonfort  y  de  D.  Juan  Antonio  de  la  Fuente  (petit  in-8,  México- 
Vda.  de  C.  Bouret).  —  Madame  du  Barry,  d'après  les  documents  authen- 
tioues,  par  C.  Saint-André  (in-8.  Emile-Paul).  —  Belles  du  vieux  temps,  par 
1'^  vicomte  de  Reiset  (petit  in-8,  Emile-Paul).  - —  Journaliste,  sans-culotte 
i/  thermidorien.  Le  Fils  de  Fréron  {l'}5i-lS02),  d'après  des  documents  inédits, 
par  R.  Arnaud  (in-16,  Perrin).  — ]\^otes  intimes  d'un  gentilhomme,  recueillies 
par  sa  fille,  par  la  comtesse  M.  de  Couronnel  (in-16,  Bloud).  —  Albert 
Hetsch,  médecin.  Allemand  et  protestant,  devenu  Français,  catholique  et  prêtre. 
Introduction  du  cardinal  Perraud  (2  vol.  in-16,  Beauchesne).  —  Constance 
Teichmann,  par  M.-E.  Belpaire  (in-8,  Louvain,  Bibliothèque  choi.sie;  Tours, 
C^ttier).  —  Gallia  typographica,  ou  Répertoire  biographique  et  chronologique 
de  tous  les  imprimeurs  de  France,  depuis  les  origines  de  V imprimerie  jusqu'à 
la  Révolution,  par  G.  Lépreux.  T.  I.  Flandre- Artois ,  Picardie  (gr.  in-8.  Cham- 
pion). —  Library  of  Congress.  List  of  works  relating  to  the  suprême  Court  of 
ihe  United  States,  by  H.  H.  B.  Meyer  (in-8,  Washington,  Government 
Printing  Office).  —  An  English  Bibliography  on  the  near  Eastern  Ques- 
-Aon,  1481-1906,  by  V.  M.  Yovanovitch  (gr.  in-4,  Belgrade,  Tzviyanovitch, 

ViSENOT. 


Le  Gérant  :  CHAPUIS. 


Imprimerie  polyglotte  Fr.  Simon,  Rennes 


POLTBIBLION 

REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE  UNIVERSELLE 


OUVRAGES   D'ENSEIGNEMENT  RELIGIEUX 
ET  DE   PIÉTÉ 

Enseignement.  —  Prédication.  —  1.  Œuvres  choisies  oratoires  et  pastorales  de 
Mgr  ToucHET,  évêque  d'Orléans.  T.  V.  Paris,  Lethielleux;  Orléans,  Marron,  1905, 
in-12  de  iv-457  p.,  3fr.  50. —  2.  Exposition  de  la  morale  catholique.  VI.  Le  Vice  et 
le  péché.  II.  Leurs  effets,  leurs  formes,  leurs  remèdes.  Conférences  et  retraite  (Carême 
de  1908),  par  E.  Janvier.  Paris,  Lethielleux,  s.  d.,  petit  in-8  de  433  p.,  4  fr.  — 
3.  Les  Fêtes  de  l'Église.  Elévations  sur  les  hymnes,  par  J.-D.  Folghera.  Paris, 
Téqui,  1909,  in-18  de  154  p.,  1  fr.  50.  —  4.  Vers  les  cimes.  Exhortations  à  un  jeune 
homme  chrétien,  par  l'abbé  Chabot.  Paris,  Beauchesne,  1909,  in-12  de  iv-360  p., 
3  fr.  —  5.  Du  Connu  à  Vinconnu.  Simple  catéchisme,  par  l'auteur  du  Catéchisme 
expliqué  sans  maître.  Paris,  Lethielleux,  s.  d.,  in-38  de  92  p.,  0  fr.  30. 

Jésus.  Marie.  Joseph. —  6.  Sur  les  pas  de  Jésus.  V^  série.  Bethléem-Nazareth,  ^lAr  \e 
P.  F.  MouREAU.  Paris,  Haton,  s.  d.,  in-12  de  212  p.,  1  fr.  50.  — 7.  L'Évangile  du 
Sacré-Cœur.  Les  Mystères  d'amour  du  cœur  de  Jésus,  par  l'abbé  Jean  Vaudon. 
2'ï  éd.  Paris,  Poussielgue,  1909,  in-12  de  viii-387  p.,  3  fr.  50.  —  8.  Marie  et  le 
Symbolisme  des  pierres  précieuses,  par  l'abbé  E.m.  Valère.  Paris,  Oudin,  1909, 
in-12  de  xxxvi-290  p.,  3  fr.  50.  —  9.  La  Vierge  Marie  dans  l'Évangile,  lectures 
pour  le  mois  de  Marie,  If  mois  du  Rosaire  et  les  fêtes  de  la  Sainte  Vierge,  par  Y.  d'Isné. 
Paris,  Lethielleux,  s.  d.,  in-32  de  134  p.,  o  fr.  50. —  10.  Voici  votre  Mère.  Entretiens 
sur  la  Très  Sainte  Vierge,  par  l'abbé  J.  Millot.  Paris,  Lethielleux,  s.  d.,  in-32  de 
328  p.,  1  fr.  50.  —  11.  Joseph  d'après  l'Évangile,  par  l'abbé  Max  Caron.  Paris, 
Haton,  1909,  in-12  de  336  p.,  2  fr. 

Eucharistie.  —  Évangile.  —  12.  Allons  à  l'Eucharistie,  par  A.  Drive.  Avignon, 
Aubanel  frères,  s.  d.,  in-32  de  32  p. —  13.  Petite  Retraite  de  première  communion 
avec  nombreuses  histoires  édifiantes,  par  l'abbé  de  Martrin-Donos.  Paris,  Haton, 
1909,  in-32  de  71  p.,  0  fr .  20. —  14.  La  Communion  des  enfants, ^Avl^H. P. M.\zvre  . 
Paris  et  Lille,  Desclée,  de  Brouwer,  petit  in-18  de  80  p.,  0  fr.  25.  —  15.  Les  Miracles 
de  Notre- Seigneur  Jésus-Christ  exposés  et  médités,  avec  un  appendice  sur  les  miracles 
eji  général,  ç AT Cn.  Lacouture.  Paris,  Beauchesne,  1908,  in-12  de  viir-279  p.,  1  fr.  50. 

—  16.  Lettres  sur  l'épître  de  saint  Paul  aux  Hébreux,  par  Mgr  G.  Laperrine 
d'Hautpoul.  Paris,  Lecofïre,  Gabalda,  1909,  in-12  de  256  p.,  2  fr.  50.  —  17. 
Les  Jeunes  Filles  de  l'Evangile  (Notes  d'une  retraite  de  jeunes  filles),  par  Mgr  Henri 
BoLO.  Paris,  Haton,  s.  d.,  in-_18  de  346  p.,  2  fr.  50. 

Spiritualité.  —  18.  Retraite  spirituelle,  par  J.  Guibert.  Paris,  Poussielgue,  1909,. 
in-12  de  iv-407  p.,  3  fr.  50.  —  19.  La  Montée  du  Calvaire,  par  P. -Louis  Perroy. 
Nouvelle  édit.  Paris,  Lethielleux,  s.  d.,  in-12  de  334  p.,  3  fr.  50.— 20.  La  Pratique 
de  l'amour  de  Dieu.  Aux  hommes  du  monde  (Carême  1909),  par  l'abbé  de  Gi- 
BERGUES.  Paris,  Poussielgue,  s.  d.,  in-12  de  267  p.,  3  fr. —  21.  Le  Grand  Devoir 
de  la  prière  enseigné  aux  enfants  du  catéchisme,  p&r  l'abbé  J.  Millot.  Paris,  Lethiel- 
leux, s.  d.,  in-32  de  x-278  p.,  1  fr.  50.  —  22.  L'Espérance.  Conférences  pour  les 
hommes,  par  P.  Girodon.  Paris,  Plon-Nourrit,  s.  d.,  in-16  de  209  p.,  2  fr.  —  23. 
La  Ferveur.  Aux  dames  et  aux  jeunes  filles,  par  l'abbé  de  Gibergues.  Paris,  Pous- 
sielgue, 1909,  in-12  de  174  p.,  1  fr.  50.  —  24.  Les  Larmes  consolées,  par  le  P. 
Ch.  Laurent.  Paris,  Haton,  s.  d.,  in-12  de  viir-359  p.,  2  fr.  50. 

Dévotions.  —  Piété.  —  25.  Za  Passion  de  Jésus-Christ.  Courtes  méditations  pour 
chaque  jour  du  Carême,  par  le  R.  P.  Richard  F.  Clarke;  trad.  de  l'anglais  par 
J.  Reymond.  Avignon,  Aubanel  frères,  s.  d.,  in-32  de  viii-96  p. —  26.  Cor  Jesu. 
Historique,  doctrine,  pratique  de  la  dévotion  au  Sacré-Cœur  de  Jésus,  par  l'abbé 
Lucien  Poux.  Paris,  Maison  de  la  Bonne  Presse,  s.  d.,  in-32  de  xv-164  p.,  0  fr.  50. 

—  27.  Les  Merveilles  de  Massabielle  à  Lourdes.  Apparitions,  Miracles.  Pèlerinages 

Août  1909.  T.  CXVI.  7. 


—  98  — 

Paris,  Maison  de  la  Bonne  Presse,  s.  d.,  in-32  de  202p.,  Ofr.  50.: — 2ii.  Mesenhonor 
del  patriarca  san  José,  patrùn  de  la  Iglesia,  poi'  ei  JusÉ  Torra«  y  Bagïs,  obispo 
de  Vich.  Version  castillana.  Barcelona,  Subirana,  19G9,  petit  in-16  de  190  p., 
avec  une  grav.,  1  fr. 

Enseigne.ment.  —  Prédic.vtion.  —  1  à  5.  —  Mgr  l'évcqiie 
d'Orléans  continue  la  publication  de  ses  Œuvres  choisies  oraloires  et 
pastorales;  il  en  est  au  tome  cinquième,  qui  comprend  des  mémoires, 
des  allocutions,  des  lettres  qui  rappellent  les  principaux  événements 
écoulés  pendant  les  années  1902  et  1903  :  droit  de  pétition  des  évêques; 
suppression  des  traitements  ecclésiastiques;  discours  sm'  la  crise 
sardinière  en  Bretagne;  les  souffrances  de  TEglise;  le  Sacré-Cœur  et 
les  saints  français;  les  exécutions  du  24  mars  1903;  Léon  XIII;  Pie  X; 
formation  des  clercs;  vocation  religieuse,  œuvres  .sociales;  l'Eucha- 
ristie; cause  de  Jeanne  d'Arc;  histoire  sommaire  et  promulgation  de 
l'héroïcité  de  ses  vertus.  Il  y  a  là  des  documents  de  tout  premier  ordre 
pour  l'histoire  religieuse  contemporaine;  il  y  a  des  pages  d'une  éIo~ 
quence  vraie,  naturelle,  soutenue,  qui  frappe,  émeut,  élève  et  excite  ; 
il  y  a  de  remarquables  morceaux  de  littérature  sous  forme  de  descrip- 
tions, de  tableaux,  pleins  de  couleur  et  de  vie.  Mgr  Févêque  d'Orléans 
sent  très  vivement  et  il  s'exprime  avec  la  même  force;  il  prouve  une 
fois  de  plus  que  le  style,  c'est  l'homme;  lui  surtout  a  un.  style  personnel 
qui  est  bien  lui-même  et  ce  qu'il  dit  est.  si  bien  sa  pensée,  sa  conviction 
qu'elle  va  droit  à  l'esprit  et  pénètre  jusqu'au  plus  intime  du  cœur. 
Une  expression  très  moderne  rendra  mieux  encore  le  sens  de  notre 
critique  :  ces  œuvres  oratoires  et  pastorales  sont  des  œuvres  vraiment 
vécues. 

—  Dans  ses  conférences  de  Notre-Dame  pour  le  Carême  de  1908, 
M.  le  chanoine  Janvier  continue  son  Exposition  de  ht  fi/orale  catlioliqne 
en  montrant  les  eiïets  du  vice  et  du  péché,  leur.-^  formes  et  leurs  remèdes. 
C'était  certes  bien  urgent  de  rappeler  à  nos  contemporains,  au  milieu 
d'une  société  où  le  péché  et  le  vice  semljlent  avoir  pris  hardiment 
position,  que  l'homme  n'est  point  fait  pour  être  Tesclave  et  la  victime 
de  ses  passions,  qu'il  doit  résister  à  leurs  suggestions  pour  rester 
fidèle  à  la  loi  de  Dieu,  et  que  s'il  a  le  malheur  de  céder  à  la  tentation, 
Dieu  lui  a  préparé  des  moyens  de  relèvement  et  de  réhabilitation. 
Les  ravages  du  péché  soit  dans  l'ordre  de  la  vie  publique,  de  la  vie 
morale  et  de  la  vie  sociale,  soit  dans  l'ordre  de  la  vie  surnaturelle  et 
de  la  vie  éternelle  font'  l'objet  des  six  principales  conférences.  L:^s  ins- 
tructions de  la  retraite  pascale,  pendant  la  Semaine  sainte,  traitent  de 
la  différence  du  péché  mortel  et  du  péché  véniel^  des  péchés  de  la  chair 
et  de  l'e.'^prit,  du  péché  du  cœur,  des  lèvres,  des  aaivres,  du  remède  au 
péché  :  la  confession;  de  l'expiation  du  péché;  passion  de  N.-S.  J.-C ; 
de  la  réparation  des  ruines  accumulées  par  le  péché.  Ces  conférences 
et  ces  instructions  sont  précédées  d'une  exposition  d'ensemble  qui 


—  99  — 

met  l)ipn  en  relief  la  pensée  et  le  plan  de  l'orateur;  elles  sont  suivies 
d'un  résumé  elair,  précis,  court,  qui  fait  mieux  ressortir  le  développe- 
ment et  l'enchaînement  des  principales  pensées;  nous  ne  saurions 
trop  les  recommander  aux  lecteurs.  Ce  VI^  volume  des  conférences 
est  la  suite  logique  des  volumes  précédents  :  il  a  eu,  comme  ses  aînés, 
l'honneur  privilégié  d'être  loué  par  le  Saint-Père,  qui  a  voulu  envoyer 
à  l'orateur  de  Notre-Dame  ses  félicitations  et  ses  encouragements  : 
il  ne  saurait  être  rien  de  plus  flatteur  pour  un  auteur,  ni  rien  de  plus 
avantageux  pour  son  livre. 

—  Pour  nous  faire  connaître  les  Fêtes  de  l'Église,  le  R.  P.  Folghera 
se  sert  ingénieusement  des  hymnes  du  Bréviaire.  Il  juge  avec  raison, 
que  «  dégager  des  hymnes  la  pensée  chrétienne  et  théologique  qu'elles 
contiennent,  exposer  brièvement  cette  pensée  en  ses  diverses  parties, 
commenter  chacune  d'elles  à  l'aide  d'une  hymne  ou  de  quelques 
strophes,  c'est  aboutir  à  un  ensemible  d'élévations,  de  méditations,  où 
l'idée  éclaire  la  poésie,  où  la  poésie  colore  et  échauffe  l'idée,  où  la  piété 
profite  également  de  cette  clarté,  de  ce  coloris,  de  cette  chaleur.  » 
Ce  qui  fait  de  son  livre  une  Année  liturgique  en  miniature:  il  est  divisé 
en  trente-sept  chapitres,  consacrés  chacun  à  une  fête,  mais  aussi  court 
que  substantiel.  Ce  sont  des  méditations  où  l'on  ne  dort  pas  :  l'atten- 
tion y  est  tenue  bien  éveillée  par  des  considérations  et  des  applications 
qui  mettent  l'âme  dans  les  dispositions  pieuses  en  harmonie  avec 
la  fête. 

—  Elles  sont  très  courtes  aussi  les  Exhortations  à  un  jeune  homme 
chrétien,  par  M.  l'abbé  Chabot.  C'est  que,  pour  monter  Vers  les  eîmes 
il  ne  faut  pas  se  sentir  accablé  par  un  lourd  fardeau;  l'élan  suppose 
une  allure  dégagée,  une  démarche  alerte.  Dans  sa  Préface  —  plus 
courte  encore  —  l'auteur  prévient  son  jeune  homme  qu'il  veut  le 
conduire,  l'entraîner  vers  les  cimes,  aux  régions  pures  et  sereines; 
il  l'avertit  de  ne  pas  s'effrayer  :  «  les  chemins  montants  ne  sont  rudes 
qu'en  apparence  et  pour  qui  les  voit  de  loin.  On  y  marche  aisémient, 
pourvu  qu'on  ait  l'élan  et  qu'on  sache  où  est  le  but.  »  Et  voici  son 
programme,  ou  plutôt  son  itinéraire.  Il  prend  l'abord  «rélan;):c'est  la 
première  partie  où  il  dit  ce  que  c'est  qu'être  jeune,  vivre,  agir,  progres- 
ser et  ce  qu'est  l'enthousiasme.  Puis  il  s'élève  vers  le  bonheur,  vers  le 
bien,  vers  la  lumière,  vers  la  vie,  vers  Dieu,  et  il  expose,  en  cours  de 
route,  ce  qu'il  faut  entendre  par  le  bonheur,  par  le  devoir,  parla  foi, 
par  la  vie  en  Jésus-Christ,  par  l'attraction  divine.  Il  termine  par  cette 
exhortation,  qui  résume  très  fidèlement  son  li^Te  :  «  Aussi,  dit-il,  pour 
arriver  à  Dieu,  c'est-à-dire  au  bonheur  adéquat,  au  bien  absolu,  à  la 
complète  lumière,  à  la  pleine  vie,  faut-il  que  tu  le  cherches  avec  toutes 
tes  facultés  donnant  tout  leur  effort,  avec  tous  tes  élans,  avec  toute 
ton  âme.  » 


—  100  — 

■ —  Du  Connu  à  l'inconnu  est  le  titre  d'un  petit  catéchisme  qui 
procède  ingénieusement  par  demandes  et  réponses,  avec  logique, 
brièveté,  précision.  Gomme  le  dit  très  justement  l'auteur  :  «  Passant 
systématiquement  du  connu  à  l'inconnu,  et  amenant  les  vérités  de 
foi  à  se  présenter  comme  d'elles-mêmes  par  un  enchaînement  logique 
et  naturel,  on  le?  fait  accepter  sans  méfiance  et  elles  s'assimilent 
aisément.  »  Il  n'est  pas  possible  qu'un  enseignement  ainsi  conçu  et 
pratiqué  ne  paraisse  pas  aimable  et  qu'il  ne  se  grave  pas  plus  facile- 
ment dans  la  mémoire. 

Jésus.  Marie.  Joseph. —  6  à  11.  —  Sur  les  pas  de  Jésus,  nous  voici 
parcourant  avec  le  divin  Enfant  les  collines  et  les  vallées  qui  séparent 
Bethléem  de  Nazareth,  «  chevauchée  d'un  charme  exquis  et  vraiment 
divin,  »  que  l'auteur,  le  P.  F.  Moureau,  a  eu  le  bonheur  d'accomplir  et 
qu'il  a  essayé  de  faire  revivre  pour  la  consolation  de  tous  ceux  qui 
se  plaisent  à  marcher  en  esprit  «  sur  les  pas  de  Jésus  «.  C'est  d'abord  le 
?ite  de  Bethléem  qui  nous  est  fidèlement  décrit;  c'est  aussi  son  histoire 
qui  nous  est  racontée  avec  l'idylle  de  Ruth  et  tout  ce  qui  a  trait  au 
mystère  de  la  naissance  du  Fils  de  Pieu  :  la  cité  de  David,  le  grotte 
de  la  Nativité;  la  messe  de  minuit.  Puis  se  succèdent  rapidement 
des  chapitres  très  courts,  mais  très  intéressants  sur  l'Annonciation 
et  la  Visitation,  l'adoration  des  bergers  et  des  mages,  la  fuite  en 
Egypte  et  le  retour  en  Galilée,  l'épisode  du  temple,  etc.  Dans  la 
seconde  partie,  c'est  l'histoire  de  Nazareth  et  le  souvenir  de  tout  ce  qui 
s'y  rattache  :  le  Mont-Garmel,  les  premières  années,  la  personnalité 
de  Jésus,  Jésus  et  la  nature,  Jésus  et  l'humanité,  la  parenté  de  Jésus, 
l'épreuve,  les  adieux  à  Nazareth,  les  noces  de  Cana.  li'auteur  décrit 
et  parle,  encore  sous  l'influence  des  douces  et  fortes  émotions  qu'il  a 
éprouvées  en  parcourant  tous  ces  lieux  bénis  qui  ont  été  sanctifiés 
par  la  présence  du  divin  Sauveur;  et,  à  le  lire,  il  nous  semble  voir  Jésus 
et  le  suivre,  «  le  rencontrer  et  le  voir  apparaître  au  détour  du  sentier 
désert  ». 

■ —  L'Évangile  du  Sacré-Cœur,  par  M.  l'abbé  Vaudon,  nous  révèle 
les  mystères  d'amour  que  le  Sacré-Cœur  de  Jésus  renferme  pour  nous. 
L'auteur  développe  lui-même,  dans  une  table  analytique,  l'encliaîne- 
ment  logique  des  considérations  qu'il  a  écrites  :  pour  lui,  le  centre 
même  de  la  création  c'est  le  cœur  de  Jésus  qui  assume  une  double 
tâche  :  réconcilier  ensemble  l'amour  et  la  justice  mis  en  opposition 
par  le  péché;  transfuser  dans  l'homme  son  propre  sang.  Mais  le  Ré- 
dempteur ne  travaille  pas  seul  à  cet  ouvrage;  il  a  bien  voulu  y  associer 
Marie,  sa  mère, et  saint  Joseph,  son  père  nourricier.il  y  associe  l'Église, 
qui,  dépositaire  de  la  divine  Eucharistie,  continue  par  la  sainte  Messe 
l'œuvre  de  la  rédemption,  à  laquelle,  par  la  communion,  nous  devons 
tous  prendre  notre  part  personnelle.  L'œuvre  se  consomme  dans  le 


—  101  — 

Ciel,  où  Jésus-Christ  nous  est  représenté,  par  saint  Jean  dans  l'Apo- 
calypse, comme  la  victime  éternelle  du  grand  sacrifice  :  Agneau 
divin  immolé  pour  nous.  Telle  est  la  marche,  tel  le  développement 
de  l'ouvrage  de  M.  l'abbé  Vaudon.  Aussi  bien,  il  n'est  pas  un  inconnu 
pour  nos  lecteurs,  auxquels  nous  l'avons  déj."!  présenté,  il  y  a  quelques 
années;  ils  ont  pu  en  apprécier  la  réelle  valeur,  appréciation  bien  con- 
firmée par  son  succès,  puisqu'il  en  est  à  sa  deuxième  édition.  Le  P.  Lon- 
ghaye,  dans  une  étude  critique,  écrivait  ces  lignes  où  nous  trouvons 
exactement  l'expression  même  de  notre  jugement:  «  On  sera  toujours 
neuf,  on  sera  beau,  utile,  toutes  les  fois  que  l'on  fera  bien  connaître 
Jésus-Christ,  le  grand  inconnu;  toutes  les  fois  que  l'on  prêchera  le 
Sacré-Cœur  d'une  manière  sensée,  pratique  et  haute  par  le  fait  même. 
Autant  d'éloges  acquis  de  plein  droit  au  R.  P.  Vaudon.  » 

—  Il  est  neuf  aussi,  M.  l'abbé  Valère,  dans  son  livre  :  Marie  et  le 
Symbolisme  des  pierres  précieuses.  Non  pas  qu'il  ait  tout  à  fait  innové, 
mais  il  a  eu  l'heureuse  pensée  de  grouper  des  coni-idérations  qu'il  a 
trouvées  çà  et  là  éparses  dans  les  commentateurs  autorisés  de  nos 
I,i\Tes  saints  et  d'en  faire  un  ensemble  harmonieux  qui  rend  hommage 
à  la  grandeur  suréminente  de  l'auguste  Mère  de  Dieu,  \u\q\  en  quels 
termes  il  justifie  son  but  et  son  plan:  «Dans  le  concert  de  louanges 
de  la  création  en  l'honneur  de  Marie,  dit  M.  Valère,  les  pierres  pré- 
cieuses ont  une  voix  plus  éloquente  que  la  voix  des  fleurs  ou  celle 
des  étoiles.  Elles  symbolisent  les  privilèges,  les  vertus,  la  puissance  de 
Celle  que  Dieu  nous  a  donnée  pour  mère.  »  Et  ce  n'est  pas  seulement 
parmi  nos  écrivains  ecclésiastiques,  docteurs  ou  exégètes,  que  nous 
trouvons  ces  rapprochements  ingénieux  entre  les  pierres  précieuses 
et  les  qualités  ou  les  vertus  de  personnages  notables.  Les  anciens 
n'ont  pas  ignoré  cet  art  de  la  comparaison,  et  parmi  eux  ]NL  Valère 
cite  surtout  Pline  l'Ancien  et  le  sénateur  romain  Boèce.  Le  premier, 
qui  vivait  au  i*^*'  siècle,  à  la  cour  de  Tibère,  a  fait  de  son  Histoire  natu- 
relle une  sorte  de  compilation  avec  commentaires  de  tout  ce  que 
l'antiquité  avait  pensé  et  écrit  du  symbolisme  des  pierres  précieuses. 
Le  second  vivait  au  v^  siècle  et  était  chrétien;  il  intercala,  dans  un 
ouvrage  considérable  sur  les  arts  et  le  naturalisme,  un  traité  :  De 
Gemmis^  dans  lequel  il  examine  les  croyances  de  son  temps  sur  le  sym- 
bolisme des  pierres  précieuses.  Tout  en  suivant  l'exemple  de  ses 
illustres  devanciers,  M.  Valère,  s'il  ne  dit  pas  des  choses  tout  à  fait 
nouvelles,  inédites,  sait  leur  donner  une  forme  nouvelle  qui  constitue 
son  originalité.  Non  nova  sed  no^e.  Après  une  savante  Introduction, 
l'auteur  traite  de  chacune  des  vingt- deux  pierres  précieuses  dont  les  rares 
qualités  sont  un  vrai  symbole  de  quelque  vertu  ou  de  quelque  attribut 
de  la  Vierge  Marie.  C'est  un  traité  très  intéressant  et  aussi  très  utile 
pour  la  prédication. 


—  102  — 

—  La  Vierge  Marie  dans  V Évangile,  par  M"i<^  Y.  d'Isné,  nous  retrace, 
sous  la  forme  de  considérations  pieuses  pour  les  mois  de  mai  et  d'octo- 
bre, la  vie  de  la  Très  Sainte  X'ierge  telle  que  nous  la  font  connaître 
les  saints  évangélistes.  C'est  la  méthode  ordinairement  suivie  pour  ces 
opuscules,  mais  l'autour  l'a  parfaitement  adaptée  à  son  genre  et  il  a 
fait  de  son  livre  un  ouvrage  qui  «  excite  dans  les  âmes  une  dévotion 
plus  filiale  et  plus  pratique  à  la  Mère  de  Dieu...  Une  doctrine  très  sûre 
y  soutient  une  piété  très  éclairée  et  très  simple.  Voilà  un  Mois  de 
Marie  idéal.  »  Ce  petit  livre,  pénétré  dévie  pieuse,  sera  goûté  de  ses 
lecteurs. 

• —  Celui  de  M.  l'abbé  J.  Millot  :  Voici  votre  Mère,  complète  le  pré- 
cédent. Il  ne  rappelle  pas  seulement  la  vie  de  la  T.  S.  X'ierge;  il  étudie 
aussi  le  culte  que  nous  devons  lui  rendre,  ou  les  caractères  que 
doit  avoir  notre  dévotion  pour  Marie.  Ce  que  ce  livre  ofîre  encore 
de  particulier,  c'est  l'exemple,  ou  plutôt  ce  sont  les  exemples  ou 
histoires  '  qui  suivent  la  méditation  et  l'on  sait  qu'il  n'y  a  rien  de 
plus  intéressant  et  de  plus  utile  que  l'exemple.  Exempta  irahunt.  On 
tend,  il  est  vrai,  à  considérer  cette  méthode  comme  démodée,  peut- 
être  même  comme  peu  digne  de  lecteurs  sérieux.  C'est  un  tort.  Il  y  a 
d'abord  des  lecteurs  même  sérieux  qui  ne  dédaignent  pas  de  lire  les 
traits  édifiants.  Ensuite,  il  faut  tenir  bon  compte  de  la  masse  du 
peuple,  à  qui  les  exemples  ouïes  histoires  rendent  encore  plus  sensible 
l'exposition  de  la  doctrine.  Nous  nous  tromperions  fort  si  le  livre  de 
M.  l'abbé  Millot  n'obtenait  pas  le  plus  flatteur  accueil. 

—  L'approbation  récemment  donnée  par  le  Saint-Siège  à  la  récita- 
tion des  litanies  de  saint  Joseph  a  rappelé  l'attention  sur  le  véné- 
rable patriarche  de  Nazareth.  C'est  dire  que  le  nouveau  livre  de 
M.  l'abbé  Max  Caron  est  très  opportun  et  vient  à  son  heure  :  Joseph 
d'après  VEvangile.  Et  comment  connaître  bien  S.  Joseph,  si  ce  n'est 
en  méditant  les  passages,  hélas  !  bien  trop  rares  de  l'Évangile  où  il  est 
question  du  chaste  époux  de  la  Mère  de  Dieu?  C'est  ce  qu'a  voulu  faire 
le  vénéré  supérieur  du  grand  séminaire  de  Versailles.  Il  entendit,  au 
jour  de  son  expulsion,  une  communauté  de  religieuses  réciter  les 
litanies  de  saint  Joseph,  et  la  pensée  lui  vint  d'appeler  à  son  aide  le 
protecteur  si  puissant  qu'est  le  Père  nourricier  du  Fils  de  Dieu.  Et 
de  là  est  venu  ce  livre  tout  imprégné,  pour  ainsi  dire,  de  ses  larmes, 
mais  aussi  et  siu'tout  confident  affectueux  de  toutes  ses  angoisses 
aussi  bien  que  de  ses  plus  solides  espérances.  Combien  d'âmes  ne 
seront-elles  pas  encouragées,par  ces  pages  émues  et  vécues,  à  redoubler 
de  confiance  enA^ers  saint  Joseph  qui  partagea  si  courageusement  les 
épreuves  de  la  Sainte  Famille,  surtout  les  doideurs  d'un  long  exil  en 
Egypte  !  Combien  de  cœiu's  ne  seront-ils  pas  réconfortés  par  l'espoir 
d'une  protection  plus  paternelle,  méritée  par  une  prière  plus  fervente 


—  103  — 

et,  mieux  encore,  par  une  plus  complète  imJtation  des  vertus  de  ce 
grand  saint  1 

ErcHARisTiE.  —  Évangile.  —  12  à  17. —  Une  poussée  puissante 
et  providentielle  conduit  un  plus  grand  nombre  d'âmes  à  la  sainte 
Table;  M.  l'abbé  A.  Drive  veut  contribuer  encore  à  en  accroître  la  force 
en  criant  à  tous  :  Allons  à  l'Eacharislie  !  Allons  à  ce  Dieu  qu'ont  aimé 
et  reçu  tant  de  nobles  cœurs;  à  ce  Dieu  qui  est  vi'e  et  amour;  l'Eu- 
charistie sera  le  salut  de  la  société.  »  Puisse  cet  appel  être  entendu 
par  la  foule  des  fidèles  et  surtout  être  docilement  accueilli  ! 

—  Ne  craignons  pas  d'exhorter  même  les  enfants  à  répondre  mieux 
encore  aux  secrets  désirs  de  Notre-Seigneur  et  aux  solennelles  exhor- 
tations de  l'Église.  Par  sa  Petite  Retraite  de  première  communion, 
M.  l'abbé  de  Martrin-Donos  s'applique  à  leur  faire  bien  comprendre 
les  précieux  avantages  que  nos  chers  petits  peuvent  retirer  de  la  ré- 
ception de  la  divine  Euchafis'tie,  et  il  est  sûr  de  réussir  à  les  convaincre 
par  les  nombreuses  histoires  édifiantes  qui  viennent  si  à  propos  donner 
la  force  du  témoignage  et  de  l'expérience  aux  considérations  les  plus 
élevées.  Nous  félicitons  l'auteur  de  son  heureuse  initiative  et  lui  sou- 
haitons le  plus  grand  succès. 

—  L'opuscule  du  R.  P.  Mazurp  sur  la  Communion  des  enfants  ne 
s'adresse  pas  directement  à  ceux  ci;  elle  a  seulem,ent  pour  but  de 
prouver  cette  thèse,  d'ailleurs  si  orthodoxe,  de  l'utilité  de  la  communion 
fréquente  pour  les  enfants,  même  de  la  pratique  de  la  communion  quo- 
tidienne. Évidemment  il  y  a  ici  à  user  d'une  grande  prudence  et  d'un 
sérieux  discernement  pour  ne  pas  s'exposer  à  ce  que  l'usage  d'un  si 
grand  bien  devienne  un  abus  et  que  ce  qui  doit  donner  la  vie 
ne  se  change  pas,  pai*  la  routine,  en  im  principe  de  mort,  ALais  il  faut 
bien  admettre  qu'il  y  a,  auprès  des  enfants,  à  essayer  une  pratique 
de  laquelle,  bien  surveillée  et  graduellement  dosée,  on  peut  attendre 
les  plus  précieux  bienfaits. 

—  L'Eucharistie  est,  après  la  Résurrection,  le  plus  grand  miracle 
opéré  par  Jésus-Christ,  qui  revit  ainsi  à  travers  les  siècles,  pour  être 
tous  les  jours  avec  nous.  Il  est  facile  de  le  constater,  en  rappelant,  pour 
les  méditer,  tous  les  Miracles  de  Notre- Seigneur  Jésus-Christ  tels  que 
nous  les  expose  le  R.  P.  Lacouture.  Nous  en  comptons  trente-huit, 
et  combien  d'autres  nous  sont  restés  inconnus  parce  que  l'E&prit- 
Saint  n'a  pas  vi>ulu  qu'ils  fussent  révélés?  Aussi  bien,  ce  nombre  suffit- 
il,  et  au_ delà,  pour  témoigner,  aux  yeux  de  tout  homme  de  bonne  fo:^, 
en  faveur  de  la  divinité  de  Jésus.  11  suffit  pour  intéresser  et  accroître 
notre  piété.  Ceux  de  nos  lecteurs  qui  voudront,  à  l'aide  de  ce  petit 
livre,  d'ailleurs  très  soigné,  méditer  les  miracles  du  Sauveur,  essayer 
d'en  comprendre  la  signification,  d'en  apprécier  l'enseignement,  ne 
pourront  trouver   que   douce  satisfaction  et  sérieux  profit  à  cette 


—  104  — 

lecture  méditée.  «  Puisse  ce  présage  se  réaliser,  dirons-nous  avec  l'au- 
teur, et  ce  petit  ouvrage  contribuer  ainsi  à  faire  mieux  connaître  et 
servir  plus  fidèlement  le  meilleur  des  Maîtres  !  » 

—  Heureux  qui  sait  se  nourrir  de  cette  substance  divine  qu'est  l'É- 
criture sainte  !  Elle  est  bien  aussi  le  pain  que  Dieu  a  donné  à  l'homme 
et  qui  possède  toutes  les  délices.  Mgr  Laperrine  d'Hautpoul  veut, 
pour  sa  part,  contribuer  à  l'amour  et  à  l'étude  des  saintes  lettres, 
et,  nous  offrant  son  ouvrage  sur  VÉpître  de  saint  Paul  aux  Hébreux^  il 
ne  pouvait  mieux  réussir  à  nous  la  faire  goûter  qu'en  dédiant  son 
travail  «  aux  catholiques  persécutés  ».  On  saisit  aussitôt  le  but  de 
l'érudit  auteur  et  on  se  sent  incité  à  prendre  son  livre  pour  y  puiser 
les  consolations  et  les  espérances  que  cette  dédicace  nous  promet.  On 
n'est  certes  point  trompé  dans  son  attente;  et  après  chacune  des 
vingt-cinq  lettres  dont  se  compose  cet  ouvrage,  on  éprouve  comme 
un  réel  allégement,  comme  un  puissant  réconfort.  «  C'est  à  des  persé- 
cutés, dit  l'auteur,  que  saint  Paul  s'adressait  (dans  cette  épître).  » 
Dès  lors,  comment  n'y  trouverions-nous  pas  notre  profit,  nous  qui 
sommes  dans  une  position  analogue?  Les  attaques  contre  la  vérité 
et  les  prépotences  vis-à-vis  les  faibles  ne  varient  guère  de  forme, 
quelle  que  soit  l'époque  où  elles  se  produisent...  Soyez  donc  conviés  à 
la  lire,  vous  tous  qui  souflrez  pour  la  justice  et  vous  aussi  qui  endurez 
quelque  épreuve  d'où  qu'elle  vienne.  »  Rendons-nous  à  cette  invitation 
si  pressante;  ne  refusons  pas  la  main  charitable  qui  cherche  à  nous 
relever.  Nous  ne  tarderons  pas  à  témoigner  à  ce  véritable  ami  notre 
fraternelle  gratitude. 

—  C'est  encore  un  grave  et  utile  enseignement  que  Mgr  Bolo  nous 
donne  dans  son  étude  sur  les  Jeunes  Filles  rfe/'£'can^i7e.«  Les  histoires 
évangéliques  de  jeunes  filles,  nous  dit-il,  sont  conçues  et  exposées  de 
telle  sorte  que,  dans  leur  ensemble,  elles  offrent  le  traité  le  plus  com- 
plet, le  plus  pratique  et  le  plus  touchant  de  la  perfection  chrétienne, 
à  cet  âge  où  la  femme  ressemble  le  plus  à  l'ange.  »  Sept  chapitres 
se  partagent  les  considérations  que  le  travail  de  la  méditation  a 
suggérées  à  l'auteur  pour  les  appliquer  aux  jeunes  filles  faisant  re- 
traite :  la  fille  de  Jaïre;  la  fille  d'Hérodiade;  la  fille  de  la  Chananéenne; 
vierges  sages  et  vierges  folles;  Marthe;  les  filles  de  Jérusalem;  la  Reine. 
Ses  enseignements  se  dégagent  peu  à  peu,  logiquement,  avec  une 
adaptation  très  opportune,  de  telle  sorte  que  cette  retraite  montre 
bien  à  la  jeune  fille  quelles  sont  les  dispositions  réclamées  de  Dieu 
pour  que  la  grâce  opère  dans  son  cœur  soit  pour  prévenir  tous  les 
dangers  de  perdre  la  pureté  de  l'âme,  ou  pour  les  éviter,  soit  pour 
corriger  ses  défauts,  ou  acquérir  les  vertus  qu'elle  doit  pratiquer,  soit 
enfin,  s'il  y  a  eu  mort  de  l'âme  par  le  péché,  pour  ressusciter,  à  la  voix 
de  Dieu,  à  une  nouvelle  vie  que  devra  protéger  et  conserver  une  plus 


—  105  —      . 

géaéreiiso  persévérance.  Nous  ne  sommes  point  étonné  des  fruits 
spirituels  que  dut  produire  une  retraite  de  jefines  filles  consacrée  au 
développement  de  ces  divers  épisodes  de  nos  Livres  saints  et  qui,  au 
témoignage  de  l'auteur,  «  fut  particulièrement  consolant.  » 

Spiritu/Vlité.  —  18  à  24.  —  La  Retraiie  spirituelle,  de  M.  J.Guibert, 
supérieur  de  séminaire,  s'adresse  au  clergé;  elle  n'est  pas  la  reproduc- 
tion exacte  des  allocutions  et  des  conférences  prêcliées  à  ses  confrères 
par  le  docte  et  pieux  auteiu';  elle  est  rédigée  sous  forme  de  méditations 
dépourvues  de  tout  artifice  oratoire,  de  telle  sorte  que,  «conduite  avec 
méthode,  elle  peut  servir  de  guide  aux  retraitants  solitaires,  et  fournir 
des  indications  très  utiles  aux  prédicateurs  de  retraite  ».  Cette  retraite 
spirituelle  se  propose  de  nous  faire  obtenir  ou  réaliser  quatre  buts  : 
nous  faire  connaître  et  prendre  conscience  de  notre  état  moral;  nous 
conquérir  sur  le  péché  ;  nous  travailler  pour  développer  en  nous  le  chré- 
tien et  l'homme;  nous  dépenser  par  ia  pratique  du  zèle  apostolique. 
La  triple  tâche  de  se  connaître,  de  se  conquérir  et  de  se  travailler 
appartient  à  tous,  prêtres,  religieux  ou  laïques;  la  tâche  de  se  dépen=;er 
est  le  propre  des  personnes  vouées  à  l'apostolat  et  principalement  des 
prêtres.  Ces  méditations  sont  marquées  au  sceau  d'une  sérieuse  et 
longue  expérience,  d'une  doctrine  très  sûre,  d'un  ardent  amour  de 
Notrc-Seigneur  et  des  âmes  :  nous  remercions  l'auteur  d'avoir  cédé 
aux  instances  de  Mgr  l'archevêque  de  Paris  qui,  à  la  suite  d'une  re- 
traite prêchéo  à  Paris  en  1907,  eut  la  bonne  inspiration  de  le  presser 
de  publier  ses  instructions.  —  Nous  avons  dit  que  M.  Guibert  avait 
préféré  rédiger  sa  retraite  sous  forme  de  méditations  renfermant  le  code 
complet  qui  doit  régler  la  vie  du  prêtre  et  du  simple  chrétien.  Une 
table  des  matières  donne  un  résumé  succinct  et  exact  de  chaqua 
méditation  qui  peut  servir  très  efficacement  à  en  retenir  la  pensée 
principale  et  à  former  ce  que  les  auteurs  mystiques  appellent  «  le 
bouquet  spirituel.  ;> 

—  La  Montée  du  Calvaire,  par  M.  P. -Louis  Perroy,  est  le  rccit- 
médité  pi  commenté  du  drame  de  la  passion  et  de  la  mort  du  divin 
Sauveur.  Ce  livre  ne  date  pas  d'hier;  il  remonte  à  quelques  années 
et  c'est  une  nouvelle  édition  que  nous  offre  l'auteur.  N'est-ce  pas- 
un  témoignage  non  suspect  de  sa  valeur?  Le  fond  du  récit  est 
évidemment  le  même  que  da.as  d'autres  nombreux  ouvrages;  la 
disposition  et  les  commentaires  constituent  son  originalité,  qui  est 
de  très  bon  aloi.  Dans  la  première  partie  l'auteur  appelle  notre  attention 
sur  les  instruments  de  supplice  ;  les  liens,  le  voile,  la  robe,  les  fouets, 
la  couronne,  la  croix,  etc.  La  deuxième  partie  est  consacrée  à  étudier 
les  tortures  du  cœur  :  l'agonie,  le  baiser  et  l'abandon,  Pierre, 
Judas,  Pilate,  Jérusalem,  etc.  Enfin  dans  la  troisième  partie  nous 
assistons  aux  grandes  scènes  du  Calvaire  :  les  moqueries,  les  traits 


—  106  — 

du  visage  de  JNotre- Seigneur,  les  paroles  suprêmes,  le  grand  silence, 
Marie;  les  derniers  cris.  Et  l'auteur,  ayjuit.  achevé  son  œuvre,  ajoute 
simplement  ces  quel  nues  Usines,  si  simples  mais  si  éloquentes  :  «  Ici 
finit  la  jnontco  du  Calvaire.  Le  grand  œuvre  de  la  rédemption  est 
accompli  :  le  Christ  a  réconcilié  le  ciel  avec  la  terre.  O  mes  frères  du 
monde  entier,  venez,  accourez  tous  pleins  d'espérance  sur  ce  sommet 
ensanglanté  :  maintenant  v'ous  pouvez  vous  sauver...  si  vous  voulez,  » 

—  De  cette  contemplation  à  la  Pratique  de  l'amour  de  Dieu,  il 
ne  saurait  y  avoir  loin  :  ceci  est  même  la  conséquence  de  cela.  Mais 
cette  Pratique,  en  quoi  consiste-t-elle ?  Tel  est  l'enseignement  qu'a  vou- 
lu donner  aux  hommes  M.  l'abbé  de  Gibergues  dans  ses  conférences 
du  Carêjne  de  1909.  Il  aborde  son  sujet  dès  la  première  page  par  la 
définition  et  les  formes  de  l'anaour  divin  ;  il  s'arrête  à  signaler  l'obstacle 
à  cet  amour  fjni  est  l'égoïsme,  mais  il  signale  ensuite,  comme  disposi- 
tion à  la  pratique  de  l'amour  di\an,  le  renoncement  à  soi-même. 
Alors  nous  sont  indiqués  les  moyens  efficaces  d'aijnor  Dieu  :  appliquer 
courageusemejût  .à  Dieu  son  esprit,  son  cœur,  sa  volonté,  s'aider  de  la 
communion  fréquente  et  de  l'assiduité  à  la  prière.  Notre  modèle  en 
cette  œuvre,  comme  en  toute  autre, est  Notre-.Seigneur  Jésus-Christ; 
il  l'est  sm-tout,  notre  modèle,  en  même  temps  que  notre  soutien,  dans 
la  divine  Eucharistie.  C'est  du  fond  de  ses  tabernacles  que  notre  hôte 
divin  no'us  adresse  ces  paroles  qui  sont  une  invitation  pressante  à 
limitation  de  l'auguste  victime  dont  l'Eucharistie  rappelle  si  bien 
l'immolation  par  l'amour  :  Regardez  et  faites  selon  l'exemple  qui  vous 
a  été  montré  sur  la  montagne? 

—  Nous  revenons  avec  M.  l'abbé  Millot  sur  le  Grand  Devoir  de  la 
prière  dont  nons  parlait  tout  à  l'heure, avec  moins  de  développement, 
M.  l'abbé  de  Gibergues.  Avec  le  livre  de  M.  le  vicaire  général  d'Oran 
nous  nous  trouvons  en  face  d'im  vrai  traité  sur  cette  ]natière.  Sous 
quatre  divisions  principales,  l'autour  nous  dit  d'abord  la  nature  et 
la  puissance  de  la  prière  :  Qu'est-ce  que  la  prière?  Prière  vocale  et 
mentale;  prière  du  cœui",  puissance  de  la  prière,  chaque  question 
bien  clairement. exposée  et  développée, sui tout  afficacement  confirmée 
par  une  histoire  ou  un  exemple;  ce  sera  ainsi  dans  toute  la  suite  de 
^ou^Tage  :  cette  méthode  a  de  si  grands  avantages  !  Nous  lisons 
maintenant  les  pages  consacrées  à  rappeler  la  nécessité  et  le  précepte 
do  la  prière,  ensuite  les  conditions  delà  piière  :  état  de  grâce,  attention, 
humilité,  confiance,  persévérance;  enfin  quand  et  où  il  faut  prier, 
souvent,  mais  surtout  le  matin  et  le  soir,  dans  la  tentation,  dans  la 
souffrance,  à  l'église,  en  couimun,  etc.  Le  livre  se  termine  par  une 
longue  série  de  prières  ;  la  messe,  les  vêpres,  prières  les  plus  diveo'ses, 
toutes  excellentes,  à  ré('iter  suivant  les  besoins  et  les  circonstances. 
C'est  uû  délicieux  petit  manuel  qui  est  très  bien  adapté  sans  doute 


—  107  ^ 

aux  enfants  du  catéchisme  pour  lesquels  il  est  fait,  mais  aussi  à  tous 
les  fidèles,  avides  de  bien  remplit",  pour  la  gloire  de  Dieu  et  leur  propre 
utilité,  ce  grand  devoir  de  la  prière. 

—  Dans  ses  conférences  pour  les  hommes  faites  en  la  paroisse  de 
S;-int-Pierre  de  Chaillot,  M.  l'abbé  Girodon  traite  de  V Espérance. 
C'est  un  si  grand  bien,  un  si  puissant  réconfort,  que  cette  vertu  divine  ! 
Heureux  qui  possède  l'Espérance  !  La  l'"'^  conférence  nous  fixe  sur 
l'objet  même  de  cette  vertu,  sur  notre  récompense  qui  est  Dieu,  le  but 
de  notre  vie.  La  2^  et  la  3^  traitent  du  bonheur  individuel  et  social; 
dans  les  suivantes,  de  la  4^  à  la  8^  l'auteur  expose  la  doctrine  catho- 
lique sur  l'immortalité  de  l'âme,  l'espérance  chrétienne,  l'enfer,  le 
purgatoire,  le  ciel;  la  9^  et  dernière  nous  enseigne  com.ment  nous 
devons  considérer  les  événements  .de  la  vie  présente  pour  les  faire 
tourner  à  assurer  la  réalisation  de  notre  espérance.  «Acceptons,  dit 
l'auteur,  les  joies  que  la  Providence  nous  donne  en  ce  monde  et  accep- 
tons aussi  les  tristesses.il  y 'a  des  unes  et  des  autres  dans  notre  vie 
purement  humaine  ;  il  y  a  aussi  des  unes  et  des  autres  dans  notre  vie 
chrétienne  et  surnaturelle.  Et  joies  et  tristesses,  ne  l'oublions  jamais, 
nous  sont  envoyées  par  notre  Père  pour  que...  nous  nous  élevions 
sans  cesse  v^ers  Lui...i)  N'est-ce  pas,  ajouterons-nous,  le  meilleur  moyen 
de  soutenir  notre  Espérance,  cette  pensée  que  tout  ici-bas  nous  est 
ménagé  pour  faciliter  et  assu''er  ce  que  Dieu  nous  a  permis  d'espérer? 

—  La  Ferveur  !  Mais  tout  ce  que  nous  venons  d'étudier  nous  y 
conduit  :  la  montée  du  Calvaire,  ila  pratique  de  l'amour  de  Dieu,  le 
grand  devoir  de  la  prière,  etc.  M.  l'abbé  de  Gibergues  juge  avec  raison 
que  nous  avons  encore  besoin  de  quelques  considérations  plus  spéciales 
pour  nous  faire  envisager  directement  cette  disposition  de  l'âme  pieuse 
qui  s'appelle  «  la  ferveur  ».  Il  s'empresse  de  nous  révéler  ce  suprême 
désir  de  Jésus  et  sa  confidence  s'adresse  surtout  aux  dames  et  aux 
jeunes  filles.  Viennent  ensuite  «  une  étude  délicate  et  approfondie  de 
la  f0l'^^eur,  de  ses  motifs  et  de  ses  avantages;  une  critique  très  fine 
des  fausses  ferveurs;  une  analyse  toute  pratique  de  la  conduite  à 
tenir  dans  la  consolation  et  dans  la  sécheresse,  enfin  de  précieux  con- 
seils sur  la  direction  ».  Nous  venons  de  donner  le  résumé  de  ce  petit 
volume  qu'il  est  impossible  de  lire  sans  se  sentir  porté  à  aimer  la  fer- 
veur et  à  l'acquérir. 

—  Nous  ne  saurions  plus  favorablement  présenter  à  nos  lecteurs  le 
nouveau  livre  du  P.  Ch.  Laurent  :  Les  Larmes  consolées^  qu'en  citant 
ces  quelques  mots  de  la  lettre  d'approbation  écrite  à  l'auteur  par  son 
supérieur  général  :  «  C'est  assurément  une  grande  et  précieuse  science 
que  celle  de  savoir  bien  soulîrir.Les  lecteurs  attentifs  de  ces  pages,  où 
vous  rappelez,  en  un  style  aussi  doctrinal  qu'élégant,  l'histoire  et  la 
mission  de  la  douleur,  acquerront  sans  nul  doute  cette  science,  et  ils 


—  108  — 

sauront  surnaturaliser  et  sanctifier,  christianiser  en  un  mot  Jours 
souffrances.  «  Il  n'y  a  rien  d'exagéré  dans  ce  jugement  ou  dans  cette 
appréciation.  Il  sutTit,  pour  s'en  convaincre,  de  parcourir,  même  rapi- 
dement pour  en  avoir  un  simple  aperçu,  les  divers  chapitres  de  ce  livre 
toujours  si  opportun  parce  qu'il  y  aura  toujours  des  larmes  à  consoler  : 
La  douleur;  l'universelle  souffrance;  les  origines  de  la  douleur;  la 
faute  originelle;  le  divin  ministère  de  la  douleur  et  ses  apostolats,  ses 
consolations  et  ses  joies. Et  alors,  puisque  la  douleur  est  la  loi  inévitable 
de  notrp  destinée  sur  la  terre,  faudrait-il  au  moins  être  bien  pénétré 
de  la  doctrine  de  l'auteur  et  nous  efforcer  de  tirer  de  la  souffrance 
tous  les  avantages  qu'elle  contient,  aux  yeux  de  la  foi.  Une  seule 
disposition  de  notre  âme  renferme  toutes  les  conditions  pour  jouir  de 
tous  les  bienfaits  de  la  douleur,  cell£  de  l'envisager  comme  l'expression 
de  la  volonté  de  Dieu,  la  supporter  avec  docilité  et  la  lui  offrir  généreu- 
sement. Ce  que  traduisait  si  bien  une  âme  pieuse,  familiarisée  avec 
la  douleur,  quand  elle  écrivait  à  une  de  ses  amies  :  «  La  souffrance, 
quand  elle  est  bien  acceptée  et  bien  offerte  à  Dieu,  est  la  meilleure  de 
toutes  les  prières.  »  C'est  cette  conclusion  que  tirera  tout  lecteur  du 
livre  du  Père  Laurent. 

Dévotion.  —  Piété.  ■ —  25  à  28.  —  Nous  n'aurons  pas  à  trop  insister 
sur  les  petits  opuscules  qu'il  nous  reste  à  présenter  à  nos  lecteurs  : 
ils  se  recommandent  assez  eux-mêmes  par  le  sujet  qu'ils  traitent. 
La  Passion  de  Jésus-Christ  est  une  série  de  courtes  méditations  dis- 
posées pour  chaque  jour  du  Carême;  on  ne  s'y  ennuiera  certes  pas, 
car  elles  sont,  en  effet,  très  courtes  et  aussi  très  attachantes.  L'exami- 
nateur écrit  à  l'auteur  que  «  les  âmes  pieuses  le  bénissent  d'avoir  eu 
l'heureuse  inspiration  de  traduire  et  de  vulgariser  ainsi  la  Passion 
de  Jésus-Christ  par  le  R.  P.Richard  Clarlce  »;  il  ajoute  que,  si  l'opuscule 
est  petit  par  la  forme,  il  est  très  grand  par  sa  piété. 

—  Souffrir  et  mourir  pour  nous  :  tel  a  été  le  sacrifice  que  le  divin 
Cœur  de  Jésus  lui  a  inspiré.  Et  le  lecteur  se  plaira  à  parcourir,  en  les 
méditant, les  quelques  pages  que  vient  de  publier  sur  l'Historique,  la 
doctrine  et  la  pratique  de  la  dévotion  au  Sacré-Cœur  de  Jésus,  M.  l'abbé 
Lucien  Poux.  Ces  intéressantes  considérations  sont  suivies  de  pensées 
pieuses  sur  la  convenance  et  la  portée  des  actes  de  consécration  et 
d'hommage  au  Sacré-Cœur.  Le  livre  se  clôt  sur  un  formulaire  de  prières 
adaptées  à  cette  dévotion.  Cor  Jesu  mérite  la  plus  sérieuse  recomman- 
dation. 

—  Maintenant,  c'est  la  Mère  du  divin  Rédempteur,  Marie,  qui  nous 
réapparaît  avec  les  Merveilles  de  Massabielle  à  Lourdes,  récit  des  Appa- 
ritions, des  Miracles,  des  Pèlerinages,  à\ST^os,é  en  trente-deux  chapitres 
pour  les  mois  de  mai  et  d'octobre.  Tout  le  monde  ne  peut  avoir  et  lire 
les  gros  volumes  si  documentés  sur  Lourdes,  publiés  par  le  D'"  Boissarie 


—  109  — 

et  M.  l'abbé  Bei'trin.  L'opuscule  que  nous  annonçons  est  à  la  portée 
des  plus  modestes  bourses  et  il  suffira  à  propager  dans  le  peuple  les 
Merveilles  de  Massa  bielle. 

—  Voici  enfin  saint  Joseph,qui  complète  la  Sainte  Famille;  il  en  est 
même  le  chef,  maintenant  encore  qu'elle  est  au  Ciel.  C'est  dire  la  puis- 
sance d'intercession  dont  il  jouit  et  dont  il  peut  nous  faire  profiter. 
Le  Mois  de  saint  Joseph,  de  D.  José  Torras  y  Bages,  aidera  beaucoup 
à  propager  la  piété  et  la  dévotion  envers  le  saint  patriarche  de  Nazareth; 
mais,  pour  c[ue  la  France  pût  en  profiter,  il  devrait  être  traduit  de  l'es- 
pagnol :  c'est  cette  bonne  fortune  que  nous  lui  souhaitons  et  nous  ne 
croyons  pas  pouvoir  faire  un  meilleur  éloge  de  l'opuscule  dont  il  s'agit  : 
Mes  en  honor  dcl  patriarca  sari  José.  Qu'un  bon  traducteur  ne  se 
fasse  pas  trop  attendre  !  F.  Chapot. 

POÉSIE  —  THÉÂTRE 

Poésie.  —  1.  Les  Muses  françaises,  anthologie  des  femmes  poètes,  par  Alph.  Séché. 
T.  III  (xx«  siècle),  Paris,  Louis  Michaud,  s.  d.,  in-12  de  384  p.,  3  fr.  50.  —  2.  Les 
Poètes  du  terroir,  du  xv«  au  xx'^  siècle,  par  Ad.  Van  Bever.  T.  I<^''.  Paris,  Dclagrave, 
p.  d.,  in-12  de  xv-375,  avec  cartes  des  anciens  pays  de  France,  3  fr.  50.  —  3.  L'An- 
thologie du  félibrige,  morceaux  choisis  des  grands  poètes  de  la  Renaisiance  méridionale 
au  xix"^  siècle,  par  Armand  Praviel  et  J.-R.  de  Brousse.  Paris,  Nouvelle  Li- 
brairie nationale,  1909,  in-18  de  xvi-342  p.,  3  fr.  50.  —  4.  La  Poésie  de  Jean  Aicard. 
Portrait  littéraire  et  choix  de  poèmes,  par  J.  Calvet.  Paris,  Hatier,  s.  d.,  in-12  de 
315  p.,  avec  portrait,  3  fr.  50.  —  5.  Le  Sablier,  par  Paul  Galland.  Paris,  Sansot, 
1909,  in-12  de  180  p.,  3  fr.  50.  —  6.  V Amphore,  par  Jean  Segrestaa.  Paris,  Perrin, 
1909,  in-16  de  203  p.,  3*fr.  50.  —  7.  Clochettes  et  bourdons,  par  Robert  Huchard. 
Paris,  Perrin,  s.  d.,  in-16  de  346  p.,  3  fr.  50.  —  8.  Par  ces  longues  nuits  d'hiver, 
par  Raoul  Gaubert-Saint-Martial.  Paris,  édition  de  «  l'Abbaye  »,  1908,  petit 
in-8  de  115  p.,  3  fr.  50.  —  9.  Chants  d'adolescence,  par  Alphonse  Morand.  Paris, 
Société  générale  d'éditions,  s.  d.,  in-18  de  142  p.,  2  fr.  —  10.  Les  Argonautiques 
d'Apollonius  le  Rhodien,  traduites  pour  la  première  fois  en  vers  français  (et  vers 
pour  vers),  par  le  comte  Ulysse  de  Séguier.  Félanitx  (Majorque),  Bartolomé 
Reuss,  1906,  in-8  de  xxxii-191  p.  —  11.  De  VHélicon  au  Calvaire,  par  le  même. 
Même  éditeur,  1908,  in-8  de  vii-273  p.  —  12.  Le  Livre  des  chats,  par  Alfred 
RuFFiN.  Paris,  Lemerre,  1908,  in-18  de  117  p.,  3  fr.  —  13.  Le  Mage  sans  étoile 
(1902-1908),  par  Raphakl  Arvor.  Paris,  Messein,  1908,  in-18  de  170  p.,  3  fr.  50. 

—  14.  Rêves  épars,  sonnets,  par- Edmond  Maguier  (œuvres  posthumes).  Paris, 
Lemerre,  1909,  in-18  de  385  p.,  3  fr.  —  15.  L'Écho  des  heures,  par  la  comtesse  de 
Salorges.  Paris,  Lemerre,  1909,  in-12  de  166  p.,  3  fr.  —  16.  Moisson  d'étoiles, 
par  Thérèse-Pierre  de  Libertat.  Paris,  Lemerre,  1909,  in-12  de  91  p.,  3  fr.  — 
17.  Les  Ailes  de  cire,  par  Marcel  Pays.  Paris,  Messein,  1909,  in-18  de  151  p., 
3  fr.  50.  —  18.  Nuit  d'Egypte,  esquisses,  par  Jean  de  Bére.  Paris,  Perrin,  1909, 
in-16  de  146  p.,  3  fr.  —  19.  La  PAque  des  Roses,  par  Touny-Lérys.  Paris,  Mer- 
cure de  France,  1909,  in-18  de  220  p.,  3  fr.  50.  —  20.  Le  Vent  dans  les  arbres,  par 
A.  DE  Bary.  Paris,  Stock,  1909,  in-18  de  251  p.,  3  fr.  50.  —  21.  Crépuscules  d'amour, 
par  GeoRGES  Batault.  Paris,  Bibliothèque  de  l'Occident,  1909,  in-16  de  64  p. 

Poésie.  —  L  —  Le  tome  deuxième  des  Muses  françaises,  antho- 
logie des  femmes  poètes,  vient  de  suivre  le  premier,  dont  nous  avons 
déjà  parle.  Cette  fois,  M.  Alphonse  Séché  a  groupé  les  «  muses  »  du 
xx^  siècle.  C'est  dire  que  toutes  sont  vivantes,  sauf  deux  qui  viennent 


—  110  — 

do  mourir  avant  la  publication.  Oaaranto-quatro  noms  figurent  ici. 
Combien  de  ces  noms  tomberont  ?ans  tarder  dans  le  plus  vengeur 
des  oublis  !  ■ —  La  lecture  de  ce  volume  est  affligeante,  et  une  vérité 
qui  saute  aux  yeux,  lorsqu'on  le  ferme,c'est  que  la  sélection  des  femmes 
poètes  est,  dans  notre  société,  une  sélection  à  rebours.  Presque  toutes 
s'affirment  comme  libres  penseuses  et  libres  viv-euses.  A  plusieurs 
reprises,  dans  ses  notices  biogi'aphiques,  M.  Séché  constate  que  ses 
poétesses  ont  perdu  toute  «  fausse  pudeur  «.  Comment  donc  s'expri- 
meraient-elles si  elles  avaient  perdu  la  vraie  ?  Nous  demandons  pardon 
à  des  personnes  comme  M"^"  Edmond  Rostand  ou  M™^  Goyau  de  ces 
critiques  «  globales  »  q\ii  ne  les  atteignent  nullement,  non  plus  que 
quelques  autres.  Pour  ce  qui  est  du  talent,  il  y  en  a  un  peu  partout, 
dilué,  émietté.  De  génie,  point. I.e  lecteur  patient  peut  faire  la  cueillette 
des  jolies  strophes,  des  vers  heureux,  et  aussi  des  passages  qui,  à  force 
de  vouloir  être  tragiqiiement  inspirés,  produisent  un  eiïot  de  comique 
irrésistible. 

N'achevons  pas  cette  exécution  nécessaire  sans  quehjues  citation? 
variées. 

De  M"is  la  baronne  de  Baye  : 

Et  je  ferme  les  yeux  pour  te  voir  mieux  encor. 

De  M"e  Marthe  Dupuy  : 

La  robe  la  plus  belle  est  celle  que  je  porte. 

Est-ce  assez  féminin?  —  De  W^^  Claudine  Funck-Brentano  : 
Sois  belle,  ô  mon  amie,  pour  que  je  souffre  davantage  ! 

Un  sentiment  si  remarquable  vaut  bien  un  vers  de  quatorze  pieds.  — 
De  x\|iie  Marie  Huot    {Litanies  des  hôtes  )  : 

Chères  bêtes,  mangez  et  buvez  dans  mon  cœur. 

De  M-i6  Hélène  Vacaresco  : 

Les  jasmins  sont  jaloux  de  la  lune  aux  doigts  bleus. 

2.  —  Les  décentralisateurs,  les  régionahstes  salueront  avec  plaisir 
le  premier  volume  d'une  publication  importante  :  Les  Poètes  du  terroir, 
du  xv^  au  xx^  siècle.  Ce  sont  des  textes  choisis  accompagnés  de  no- 
tices biographiques,  de  bibliographies  et  de  cartes  des  anciens  «  pays  » 
de  France.  L'auteur  de  la  publication  est  M.  Ad.  Van  Bever.  Ce  tome 
premier  est  consacré  aux  poètes  d"" Alsace,  d'Anjou,  d'Auvergne,  de 
Béarn,  de  Berry,  de  Bourbonnais,  de  Bourgogne,  de  Bretagne  et  de 
Champagne.  Les  provinces,  comme  on  le  voit,  sont  rangées  par  ordre 
alphabétique.  Notons  que  le  patois,  lorsqu'il  y  a  lieu,  est  accompagné 
de  la  traduction  française,  ce  qui  facilite  la  lecture.  Parmi  les  noms 
connus,  nous  voyons  figurer  ceux  de  Joachim  du  Bellay,  de  Baïf, 


—  111  — 

de  Delille,  de  Piierre  de  Noiîiao.,  dfÉmiie  Deschamps,  do  Théodore  de 
Banville,  de  Honaventure  Despériers,  de  Lamartine,  de  Gabriel  Vicaire, 
de  Chateaubriand,  de  Brizeux,  de  Tui'qiiéty,  d'Élisa  Merojjur,  de 
La  Villemarqtié,  de  Passerat,  du  P.  Le  Moyne,  de  La  Fontaine,  d'Hégf';- 
sippo  Morean.  Bien  entendu,  lorsqu'on  cite  les  poètes  illustres,  il 
s'agit  toujours  de  morceaux  se  raipportant  sua  terroir  et  imprégnés  de 
couleur  locale.  Dans-  la  Prol'ace  de  M.  Van  Bever,  l'on  peut  relever  des 
idées  vagues  ou  contestables.  Il  s'y  trouve  aussi  des  observations 
fort  jushes,  notamment  celle-ci  :  <;  En  fait,  il  n'y  a  pas  de  chanson 
originaire  d'un  lieu  unique,  jaillie  spontanément  du  sol,  mais  des  thèmes 
généraux  sur  lesquels  l'imagination  du  pouple  a  brodé  d'infinies 
variations,  et  qui  se  sont  localisées  (c'est  le  mot)  en  passant  par  telle 
ou  telle  contrée.»  Comme  travail  de  recherche  et  d'assemblage,  l'œuvre 
patiente  de  M.  Van  Bever  s'impose  à  l'attention  des  littérateurs. 

3.  —  L'Anthologie  du  félibn'ge,  publiée  par  MM.  Armand  Praviel 
et  J.-R.  de  Brousse,  est  une  oeuvre  de  vulgarisation  des  plus  utiles 
pour  ceux  qui  veulent  être  au  courant  du  mouvement  littéraire  ac- 
compli depuis  un  demi-siècle  dans  le  midi  de  la  France.  Ce  sont  des 
morceaux  choisis  des  meilleurs  poètes  provençaux,  languedociens, 
gascons,  limousins,  etc.  Comme  bien  Ton  pense,  Mistral,  Rournanille 
et  Aubanel  sont  en  bonne  place;  mais  ils  ont  vingt  com.pagnons,  sans 
compter  deux  compagnes.  La  traduction  est  en  regard  du  texte.  Il 
y  a  dos  notices  biographiques  et  de  sommaires  indications  bibliogra- 
phiques. Une  Introduction  résume  la  création  du  félibrige  et  précise 
le  but  des  auteurs  du  recueil,  qui  est  de  grouper  des  chefs-d'œuvre  vrai- 
m^ent  littéraires,  postérieurs  à  la  Renaissance  de  la  langue  d'oc,  et 
exempts  des  formes  «  patoisantes  «  où  tombaient  les  poètes  antérieurs. 
C'est  pourquoi  le  recueil  ne  contient  rien  de  Jasmin. 

4.  —  M.  Jenn  Aicard,  après  les  honneurs  de  la  Coupole,  connaît 
ceux  de  l'authologie.  Sous  ce  titre  :  La  Poésie  de  Jean  Aicairl,  portrait 
littéraire  et  choix  de  poèmes,  M.  J.  Calvot  vient  de  réunir  des  extraits 
de  ses  diverses  œu^Tes  en  vers,  précédés  d'un  éloge  en  prose.  Tout  en 
louant  les  qualités  réelles  du  poète,  il  nous  semble  exagérer  quelque 
peu  soti  importance.  On  ne  peut  soutenir  que  M.  Jean  Aicard  soit 
«  profondément  populaire  »,  ni  qu'on  le  considère  en  Provence  comme 
«  l'àme  chantante  du  pays  ».  M.  Calvet  insiste  sur  1'  «idéalisme  »  de  M. 
Jean  Aicard.  Certes,  ce  n'est  pas  pour  rien  que  la  grande  ombre  de 
Lamartine  se  projeta  sur  son  enfance;  mais  cet  idéalisme  se  traduit 
trop  souvent  par  des  déclamations  sociales  et  humanitaires.  Il  y  a  en 
M.  Jean  Aicard  un  Berquin  rajeuni,  mais  un  Berqui?i  démocrate,  sou- 
cieux de  se  mettre  bien  avec  l'opinion  de  la  majorité.  Il  poursuit  le 
Christ  de  sa  sympathie  et  de  son  admiration,  mais  il  ne  croit  pas.  Sa 
religion  n'est  qu'une  religiosité  nébuleu^^e  qui  éteint  tout  dogme  et  se 


—  112  — 

résout  en  une  phraséologie  sentimentale.  Dans  ses  vers,  M.  Jean 
Aicard  reste  généralement  noble,  et,  quand  il  parle  des  enfants,  il  a 
des  trouvailles  gracieuses,  qui  ont  fait  du  reste  une  bonne  part  de  son 
succès.  11  a  dit  de  charmaates  choses  sur  les  cigales.  Le  recueil  de 
M.  Calvet  contient  le  Chant  des  explorateurs,  qui  est  un  beau  inorceau 
lyrique,  assez  peu  connu.  Il  s'y  trouve  également  quelques  pièces 
inédites,  mais  qui  n'ont  rien  de  saillant.  Tel  qu'il  est,  ce  recueil  est 
intéressant  par  sa  nature  même.  Toutes  les  publications  poétiques 
de  M.  Jean  Aicard  y  sont  représentées  par  des  pièces  généralement 
entières.  Une  bibliographie  instructive  y  est  annexée. 

5. —  En  quittant  le  Sablier,  de  M.  Pavd  Galland,  nous  sommes  tentés 
de  déclarer  qu'il  contient  du  sable  d'or.  Voilà  un  recueil  sérieux,  et 
d'un  vrai  poète  qui,  s'il  n'est  pas  parfait,  a  plus  de  qualités  que  de 
défauts.  Son  exemple  prouve  que  le  bon  sens  et  la  mesure  ne  nuiront 
pas  toujours  à  l'inspiration  et  aux  belles  envolées  : 

Le  clinquant,  en  ce  siècle,  a  tué  le  bon  goût, 

dit  le  poète.  Pas  chez  lui,  toutefois.  M.  Galland  excelle  aux  tableautins 
pittoresques;  ses  scènes  rustiques  sont  vraies.  Nous  suivons  l'auteur 
avec  plais'r  à  l'auberge  de  campagne,  où  il  s'attable  devant 

Une  omelette  d'or  parfumée  au  cerfeuil. 

Dans  l'expression  de  l'amour,  le  poète  reste  chaste,  et  sa  poésie  ne 

fait  qu'y  gagner  on  émotion.  Dans  certains  passages  il  touche  au  splen- 

dide.  On  peut  toutefois  reprocher  à  certains  de  ses  sonnets  et  de  ses 

pièces  courtes,  de  ne  pas  ofTrir  des  «  chutes  »  assez  frappantes.  Nous 

voudrions  citer  b'en   des  rhoses.  Bornons-nous  à  un  sonnet  sur  le 

Calfat  : 

Grave  et  minutieux,  de  la  proue  à  la  poupe, 

Il  a  sondé  les  flancs  du  navire  blessé; 

Et,  noires  de  goudron,  ses  mains  ont  enfoncé, 

Dans  les  joints  qui  bâillaient,  les  fils  de  blonde  étoupe. 

Il  a  soigné  le  brick  et  guéri  la  chaloupe, 
Mis  un  baume  de  poix  à  l'étambot  gercé, 
Et,  dans  la  nuit  tombante,  il  regagne,  lassé, 
Son  très  pauvre  logis  où  mitonne  la  soupe. 

—  Vois,  comme  une  leçon  vivante  du  Devoir, 
Passer  l'humble  calfat  dans  la  gloire  du  soir, 
Avec  ses  lourds  souliers  et  sa  cote  salie. 

Il  va  sa  route  simple  aujourd'hui  comme  hier, 
Ignorant  que  sa  tâche  ingénument  remplie 
Garde  la  Vie  et  l'Or  des  fureurs  de  la  mer. 

Que  M.  Paul  Galland  se  défie  de  son  admiration  pour  certains  de  ses 
confrères.  11  vaut  mieux  qu'eux. 

(\.  —  De  l'Amphore  coulent  des  vers  antiques,  en  lesquels  se  complaît 
M.  Jean  Segrestaa.  Bien  des  pièces  du  recueil  • —  les  sonnets  princi- 


—  113  — 

paiement  —  rappellent,  a-vec  quelque  chose  de  moins  «erré  et  de  moins 
nerveux,  la  manière  de  l'auteur  des  Trophées.  M.  Segrestaa  est  un 
fidèle  de  la  rime  riche.  Son  vers  est  souvent  pl-^in,  «  nombreux  »,  sonore, 
artistement  ciselé.  Tl  cultive  la  couleur  locale  ot  accumule  les  détails 
techniques.  M.  Segrestaa  sort  de  l'antique  pour  nous  parler  du  Vene- 
zuela, ou  du  pays  basque.  Parfois  il  pince  la  corde  sentimentale.  Mais 
alors,  sauf  exceptions,il est .m(>in5inti3ressant,,plus  vague,  plus  abstrait, 
et  nous  aimons  mieux  ses  variations  sur  la  Sicile  de  Théocrite,'  dût-il 
nous  abreuver  de  «  l'onde  Aganippide  ».  Ecoutons  avec  recueillement 
ce  beau  vers  : 

L'AngéliLS  du  soir  tinte  au  cœur  des  cloches  lentes. 

M.  Segrestaa  est  un  virtuose  un  peu  froid,  mais  estimable. 

7.  —  Comme  il  convient  à  un  poète  qui  intitule  son  recueil  Clocl'eUes 
et  bourdons,  M.  Robert  Huchard  sait  faire  rendre  à  son  vers  des  notes 
diverses.  Il  a  de  l'habileté  et  de  l'humour,  de  l'élan  oratoire  et  lyrique, 
de  l'haleine  didactique  et  de  Ja  fantaisie.  Il  affronte  les  longues  «  pério- 
des »  et  sa  phrase  retombe  heureusement.  Certaines  de  ses  stroplies 
rivalisent,  pour  l'harmonieux  balancejnent,  avec  celles  de  Lamartine, 
quoique  le  poète  soit  plutôt  hugolâtre.  Malheureusement,  M.  Huchard 
ignore  un  art,  celui  d'être  court,  et,  quand  il  se  mot  à  être  long,  il  pro- 
fite de  l'occasion  pour  tomber  dans  le  vague,  dans  le  solennel,  dans 
le  prudhommesqiue,  dans  la  philosophie  sociale  à  l'usage  des  viauts 
Français  ou  des  .Teunes-Turcs.  Son  petit  essai  dramatique,  'Un.  Conseil.^ 
est  faible  malgré  quelques  jolis  vers.  Le  genre  pittoresque  est,  on  som- 
me, celui  qui  lui  convient  le  mieux.  Admirez  ce  coin  de  tableau  cham- 
pêtre. 

La  main  droite  appuyée  au  manche  d'im  râteau, 
•Une  femme  un  instant  abandonnant  des  gerbes, 
Posait  ses  doigts  ombreux  sur  de  grands  yeux  superbes.  * 

Mais  nous  devons  dire  que  M.  Huchard  laisse  percer  par  moments 
des  dispo-sitions  antireligieuses  dont  on  ne  peut  le  féliciter. 

8.  —  M  Raoul  Gaubert-Saiut-Martial,  qui  est  Vendéen,  écrit  à  un 
ami  : 

Prenons  la  plume  ainsi  qu'un  chouan  sa  carabine 
Et  travaillons  ensemble  à  quelque  œflvre  divine. 

C'est  que  l'auteur  a  une  haute  idée  de  la  fonction  de  poète.  Il  rêve, 
Par  ces  longues  nuits  d'/iwer,  d'une  «destinée  haute  comme  une  tour  ». 
Légèrement  misanthrope,  il  aime  la  province,  le  vieux  logis,  la  solitude 
fière  et  indépendante.  Il  avoue  avoir  fait  des  fredaines,  et  il  semble 
parfois  qu'il  s'en  repent,  bien  qu'à  d'autres  moments  on  ait  l'impression 
toute  contraire.  Voici  du  reste  son  idée  sut  l'amour  : 

Qu'est-ce  aimer?  être  seul  un  soir,  »e  sentir  triste, 
Ravoir  qu'on  est  un  très  mystérieux  artiste, 
Août  1909.  T.  CXVI.  8. 


—  114  — 

Marquis  du  Soir,  duc  de  Là-Bas,  c'est  être  doux 
Après  que  l'Angélus  a  sonné  ses  neuf  coups. 

11  chante  son  intérieur  : 

Et  la  soupe  qui  vous  attend,  le  soir  qui  tombe, 
La  modeste  pomme  de  terre  et  le  naïf 
'"■  Œuf  à  la  coque  et  la  pipe  qui  rend  pensif. 

On  devine  l'étoiïe  d'un  néo-catholiquo  et  d'un  néo-royaliste  frotté 
d'occultisme  et  de  décadentisme. 

9.  —  On  respire,  en  lisant  les  Chants  d' adolescence  de  M.  Alphonse 
Morand,  une  atmosphère  do  pureté  et  de  fraîcheur.  L'auteur,  qui  est 
prêtre,  nous  traduit  l'écho  de  ses  souvenirs  d'enfance  et  mêle  à  de  gra- 
cieuses images  d'édifiants  élans  de  ferveur. 

Voici  deux  strophes  de  la  pièce  intitulée  :  lie  : 

L'heure  est  grave.  Je  sais  qu'à  l'amour  qui  le  presse 
Souvent  le  prêtre  entend  répondre  le  dédain, 
Et  je  sais  qu'en  marchant,  il  faut,  parfois,  qu'il  blesse 
Son  pied  en  se  heurtant  aux  pierres  du  chemin. 

Mais  que  font  le  mépris,  la  haine  et  le  martyre. 
Si  dans  le  sang  du  Christ  a  germé  notre  foi. 
Si  l'Esprit  souffle  encor  dont  le  puissant  délire 
Fit  les  premiers  semeurs  de  la  nouvelle  loi? 

M.  l'abhé  Morand  a  une  versification  correcte  et  un  style  clair.  On 
lui  souhaiterait  cependant  je  ne  sais  quoi  de  plus  original. 

JO.  —  M.  le  comte  Ulysse  de  Séguier,  mort  récemment,  était 
un  intrépide.  Il  a  fait  une  traduction  en  vers  (et  vers  pour 
vers)  des  Argonautiqiies  d'Apollonius  le  Rhodien,  avec  une 
Préface  érudite  et  des  notes.  Il  y  a  là  un  travail  énorme, 
et,  à  ce  point  de  vue,  digne  d'admiration.  Dirons-nous  main- 
tenant que  la  traduction  est  un  chef-d'œuvre?  Nous  craignons 
fort  que  telle  ne  soit  pas  l'opinion  du  lecteur.  Les  difficultés  de  la 
versification,  combinées  avec  l'enthousiasme  de  l'humaniste,  ont 
porté  l'auteur  à  multiplier  les  néoîogismes  forgés  d'après  le  latin  et  le 
grec  :  dives,  ancilles,  amphipoles,  nitide,  roscide,  périte,  gémibonde. 
11  est  question  de  «  lances  amphistomes  »,  de  «  l'ost  Terrigène  »,  de 
«  présents  scéniens  ».  Il  faut  savoir  le  grec  pour  comprendre  ce  fran- 
çais. M.  de  Séguier  s'écrie,  à  la  fin  de  son  p.atient  labeur  : 

O  chevaliers  divins,  aidez-moi  :  que  mon  carme 
Ait  d'année  en  année  un  invincible  charme. 

l^e  «  carme  o,  c'est  le  <;  chant  >i  (de  carmen):  mais  ce  langage,  constant 
dans  le  volume,  engendre  la  fatigue  et  le  malaise. 

11.  —  Même  style,  même  profusion  de  néoîogismes  dans  un  autre 
volume  du  même  auteur  :  De  VHèUcon  an  Calcaire.  Sous  ce  titre  sont 
réunies  les  traductions  de  la  Théogonie,  d'Hésiode;  du  Rapt  d'Hélène, 


—  115  — 

de  Coluthus;  de  la  Prise  de  Troie,  de  Triphiodore;  des  Perses,  d'Eschyle, 
et  du  Christ  patient,  drame  en  cinq  actes,  attribué  à  saint  Grégoire  de 
Nazianze.  Nous  ne  pouvons  que  répéter,  comme  critique,  ce  que  nous 
avons  dit  plus  haut.  L'auteur,  pour  emprunter  un  de  ses  vocables, 
s'y  montre  «barbarophone»  :  c'est,  d'ailleurs,  pour  mieux  suivre  pas  à 
pas  ses  auteurs  grecs.  Sa  langue  fait  penser,  tantôt  aux  odes  pinda- 
riques  de  Ronsard,  tantôt  au  Jardin  des  raeines  grecques.  On  nous 
parle  de  Jupiter  Altitonant,  du  scutifère  Mars,  de  Vénus  spumigère, 
de  balles  brise-remparts,  de  «  nuit  postrème  »,de  «somme  irréveillable», 
etc.  En  ce  qui  concerne  le  Christ  patient,  c'est  moins  un  drame  qu'une 
accumulation  de  dialogues-^sermons.  Comme  document,  c'est  \me 
œuvre  curieuse  à  connaître.  i 

12.  —  On  exagérerait  peut-être  en  traitant  le  Livre  des  chats  de 
chef-d'œuvre.  Mais  le  recueil  de  M.  Alfred  RufTm  est  spirituel,  amusant 
et,  comme  il  est  court, par  dessus  le  marché,  on  le  lit  d'une  traite  avec 
plaisir.  Sauf  un  ou  deux  traits  de  mauvais  goût  qu'on  voudrait  re- 
trancher, l'œuvre  est  tout  à  fait  geatille.  L'auteur  nous  décrit  son  chat, 
et  les  chats  des  autres,  avec  ce  curieux  amour  que  le  même  animal 
inspira  d'ailleurs  à  tant  d'autres  poètes.  Et  cela  fait  une  série  de  gra- 
cieux tableautins. 

Le  chat,  ami  du  foyer,  lui  semble  un  bon  patriote  : 
Le  chat  aurait  sans  Fliomme  inventé  la  patrie. 

Le  chat  est  pour  l'écrivain  un  agréable  compagnon  : 

Quand  sans  gêne,  sautant  par  dessus  mon  épaule, 
Tu  viens  sur  mon  bureau  flairer  mon  encrier, 
Ou  que,  près  de  ma  main,  se  courbant  comme  un  saule, 
Ta  tête  aux  longs  sourcils  ombrage  mon  papier. 

Combien  de  fois,  à  bout  de  veilles  fatigantes, 
J'ai  senti  naître  en  moi  le  rire  qui  guérit 
A  l'aspect  étonnant  de  tes  barbes  piquantes 
Sortant  de  ton  museau  comme  des  traits  d'esprit! 

Le  volume  de  M.  RufTm,  par  son  caractère  gai,  repose  utilement 
d'autres  productions  poétiques,  et  nous  lui  savons  gré  de  la  distraction 
qu'il  nous  a  fournie. 

13.  —  M.  Raphaël  Arvor  (un  pseudonyme  sans  doute)  nous  explique 
dans  sa  Préface  que  c'est  lui  qui  est  le  Mage  sans  étoile.  Son  livre  est 
d'un  rêveur,  d'un  Breton,  d'un  apprenti  décadent  (heureusement  inex- 
périmenté), mais  en  somme  d'un  vrai  poète.  Il  y  a,  selon  les  passages, 
une  sincérité  douloureuse,  ou  une  préciosité  laborieuse,  ou  un  pittores- 
que d'assez  bon  aloi.  Le  poète  a  ses  heures  de  doute  et  de  négation  : 

Ma  foi  bleue  est  allée  au  pays  des  idylles. 

Mais  le  recueil  ne  s'en  ferine  pas  moins  sur  uu  élan  vers  Dieu  : 
Je  vous  offre  du  moins  mon  désir  de  mieux  faire. 


—  116  — 

En  quelques  vers  se  dessinent  facilement  les  qualités  et  les  défauts 
du  poète  ; 

Soir  bleu  d'octobre.  Au  loin  semble  pleurer  la  lune, 
Les  roses  de  l'enclos  meurent,  l'autre  après  Tune, 
Et,  seuls,  assis  parmi  le  calme  essentiel. 
'Nous  buvons  la  douceur  qui  tombe  en  nous  du  ciel... 

Si  l'auteur  recouvrait  la  foi  et  se  débarrassait  de  ses  admirations 
décadentes,  il  pourrait  faire  quelque  chose  de  bien. 

l'i.  —  On  a  recueilli,  sous  le  titre  de  Rêves  cpars,  de  nombreux 
sonnets  posthumes  de  M.  Edmond  Maî^uier.  Les  impressions  du  poète 
sont  ardentes,  sincères,  souvent  nobles  et  fières.  Il  a  de  l'idéalisme 
toujours  et  de  la  religion  quelquefois.  C'est  un  ardent  patriote.  La  fa- 
mille et  l'amitié  ont  une  bonne  part  dans  ses  vers.  Il  est  dommage  que 
la  passion  a'fîo'lée  et  désordonnée  s'ytaille  aussi  la  sienne. 

Citons  une  bonne  partie  du  sonnitt  sur  «  le  drapeau  «  : 

La  mode  est  à  présent  d'être  insensible  à  tout; 
fii  parfois  on  se  trouble  encor,  c'est  par  mégarde. 
On  est  plein  de  dédain  pour  ce  que  l'on  regarde, 
Car  toute  émotioji  semble  de  mauvais  goût. 

Je  le  sais,  et  pourtant  quand  le  tambour  résonne, 
Quand  chante  le  clairon,  en  moi  vibre  et  frissonne 
Quelque  chose  de  grand,  de  sincère  et  de  beau... 

Je  crois  vraiment  sentir  —  que  le  sceptique  en  rie  !  — 
0  saint  lambeau  d'étoffe,  ô  symbole,  ô  drapeau. 
Palpiter  dans  tes  plis  l'âme  de  la  patrie  ! 

Dans  ce  genre  de  pièces,  M.  Maguier  est  mieux  inspiré  que  daufi  ses 
pastiches  de  l'antiquité  païenne  ou  que  dans  ses  pièces  de  circonstance, 
généralement  faibles. 

15.  —  En  écoutant  l'Écho  des  heures  de  M"^^  la  comtesse  de  Salorges, 
on  croit  entendre  eiïectivement  un  écho,  celui  des  élégies  de  Lamartine, 
dont  l'harmonie  douce  et  caressante  revit  parfois  en  des  vers  heureux, 
endos  fins  de  strophes  cadencées.  Mais  c'est  un  «  écho  »  alïaibli,  et  l'on 
pourrait  signaler  des  incorrections  grammaticales  qui  nuisent  à  la 
clarté. 

Nous  reproduirons  un  sonnet  A  la  lune,  tout  en  observant  que  l'au- 
tevir  cultive  plus  volontiers  d'autres  genres,  qui  exigent  moins  de  con- 
trainte. 

■Belle  amie  au  front  calme,  au  mystique  sourire, 

Visage  de  mystère  aux  vagues  traits  humains, 

Blanche  hostie  élevée  en  d'invisibles  mains, 

Tout  être  en  ta  splendeur  te  contemple  et  t'admire. 

J'aime  en  les  sombres  eaux  que  ton  disque  se  mire 
Ou  que  ton  globe  énorme,  aux  ors  teints  de  carmins, 
A  l'horizon  se  lève.  Et  j'aime  en  les  chemins 
Ta  lueur  sous  la  feuilleoù  tremble  un  frais  zéphire. 

Ce  qui  fait  ta  douceur  et  ta  sérénité 
Planant  des  champs  déserts  à  la  vaste  cité. 
C'est  d'être  le  rayon  de  l'astre  qui  t'éclaire. 


—  117  — 

Flambeau  des  longues  nuits,  gardienne  du  sommeil, 
Comme  à  toi  pour  le  cœur  la  joie  et  la  lumière 
Sont  de  porter  en  toi  le  reflet  d'un  soleil. 

Le  deuxième  quatrain  est  faible;  le  dixième  vers  est  une  cheville; 
le  deraier  contient  évidemment  une  erreur.  II  faudrait  «  en  soi  w  et 
non  «  en  toi  d,  puisqu'il  s'agit  du  cœm*  comparé  à  la  lune.  Dans  l'en- 
semble, l'idée  est  belle.  Du  reste,  la  poésie  de  M"^^  j^  comtesse  de 
Salorges  est  assez  comparable,  elle  sussi,  à  un, clair  de  lune. 

16.  —  C'est  à  Sully-Prudhomme,  comme  à  son  maître,  que  M™°  Thé- 
rèse-Pierre de  Libertat  dédie  sa  Moisson  d'étoiles.  Et  c'est  vaw  mois- 
sonneuse expérimentée.  Son  vers  bien  frappé,  et  même  savamment 
martelé,  arrive  parfois  à  la  grandeur  tragique.  C'est  que  M'^i^  de  Li- 
bertat est  une  énergique,  une  concentrée,  stoïcienne  à  contre-cœur 
peut-être,  mais  stoïcienne  quand  même.  Elle  use  avec  ingéniosité 
de  la  répétition  à  la  iin  des  strophes,  et  peut-être  aussi  en  abiise. 
D'autre  part,  la  grandeur  dégénère  çà  et  là  en  emphase.  La  note  mâle 
et  flore  rend  un  son  d'orgueil  : 

J.'ai  dit  à  mon  orgueil  :  «  Hausse-toi  chaque  jour 
Vers  le  rayonnement  d'un  astre  inaccessible; 
Et,  lorsque  les  douleurs  me  choisiront  pour  cible. 
Pose  un  masqiie  d'airain  sur  mon  front*  triste  et  lourd. 

Vers  la  fm  du  volume  apparaissent  quelques  pièces  chrétiennes. 
Sont-elles  absolument  dénuées  dé  dilettantisme?  Nous  ne  demandons 
pas  mieux  que  de  le  croire. 

Roy  Jésus,  c'est  vous  seul  que  je  voudrais  charmer; 
Au  milieu  des  humains  je  passe,  dédaigneuse; 
Vous  si  grand,  pardonnes  si  je  suis  orgueilleuse; 
Vous  si  beau,  pardonnez  si  j'ose  vous  aimer. 

17.  —  En  intitulant  son  recueil  :  Les  Ailes  de  cire ^  M.  Marcel  Pays 
a-t-il  voulu  avouer  qu'il  est  quekp.ie  peu  étourdi,  comme  le  pauvre 
Icare?  En  fait,  il  y  a  beaucoup  de  jeunesse  dans  ce  volume,  et. le  poète 
s'y  montre  sous  les  traits  d'un  libertin  : 

Marton,    Margot,    Suzon,    Thérèse, 
Mon  cœur  est.  un  vaste  univers, 
Entrez  et  mettez-vous  à  l'aise... 

Mais  il  y  a  des  pièces  pittoresques,  amusantes,  corsées  d'un  grain 
d'impertinence  qui  ne  déplaît  pas  toujom's.  M.  Marcel  Pays  a  souvent 
la  trivialité  d'un  gavroche;  il  enchâsse  le  mot  trivial  en  des  vers  qui 
sont  quelquefois  bien  tournés. 

Ex;trayons  une  strophe  de  la  pièce  sur  le  Bon  Ivrogne  : 

I)  marche  en  louvoyant,  le  vent  est  dans  ses  voiles . 
Avec  les  becs  de  gaz  il  veut  fraterniser,. 
Il  rit  aux  arbres  noirs,  à  la  lune,  aux  étoiles. 
Au  nuage  qui  passe  il  envoie  un  baiser. 


—  118  — 

L'auteur  sait  écrire,  non  sans  esprit,  et  il  }Dourra,  en  appropriant 
la  sphère  de  son  vol  à  ses  «  ailes  de  cire  »,  conquérir  un^  honorable 
notoriété. 

18.  —  M.  .lean  de  Bère  sait  tourner  les  vers.  11  sait  peut-être  moins 
y  introduire  des  pensées  intéressantes  et  claires.  Son  recueil,  intitulé  : 
Nuit  d'Egypte,  esquisses;  contient  d'abord  un  minuscule  drame  où  la 
déesse  Isis  (très  à  la  mode)  se  venge  d'un  amoureux  qui  a  trahi  le 
serment  de  ne  plus  aimer,  puis  une  courte  série  de  poésies  généralement 
élégiaques,  où  l'on  trouve  de  temps  en  temps  des  vers  harmonieux. 
Il  y  a,  chez  M.  Jean  de  Bère,  un  efîort  vers  le  grandiose.,  vers  le  tra- 
gique. Cette  solennité  s'allie  parfois  avec  un  soupçon  de  pédantisme. 
Voici  la  fin  d'un  sonnet  sur  les  Titans  : 

Tout  à  coup,  Zeus  parut  avec  un  grondement  ! 
Alors,  dans  les  éclairs  déchirants  et  la  foudre 
Tous  roulèrent  frappés  en  vaste  éboulement. 

Et  Sélène  éclaira,  dans  des  gouffres  profonds, 
Des  Titans  écrasés  parmi  les  blocs  en  poudre, 
Qui  dans  leurs  soubresauts  faisaient  bouger  les  monts. 

On  voit,  par  ce  seul  exemple,  que  M.  de  Bère  en  use  librement  avec 
la  versification  traditionnelle  {éboulement  voisin  de  profonds). 

19.  —  La  Pâqae  des  Roses,  de  M.  Touny-Lérys,  s'intitule  ainsi  parce 
que  c'est  le  titre  de  la  première  subdivision  du  recueil,  et  aussi  sans 
doute  parce  que  le  poète  aime  à  parler  des  roses,  fleur  très  poétique 
assurément,  mais  dont  il  ne  faudrait  pas  abuser.  L'autour  est  un  tendre, 
un    sentimental,    parfois  un  extatique.  Il  dit  lui-même  à  ses  vers  : 

Vers,  ô  mes  vers  I  miroirs  de  joie  ou  de  souffrance. 

M.  Touny-Lérys  est  lié  avec  les  décadents  ou  symbolistes  à  la  mode, 
assez  pour  gâter  son  style.  Il  fait  rimer  vrille  et  immobile,  pas  et  quel- 
quefois, mêle  et  abeille,  rose  et  robe,  Tarn  et  parc.  Malgré  tout,  il  est 
touchant  aux  bons  endroits  et  rencontre,  sans  la  chercher,  la  facture 
classique  : 

Tout  est  bien  fait;  il  faut  des  larmes  aux  sourires, 

Il  faut  de  la  rosée  aux  fleurs  qui  vont  s'ouvrir; 

Et  des  bouches  crispées  et  des  cœurs  en  délire, 

Il  faut  des  mots  d'espoirs  pour  ceux  qui  vont  mourir. 

En  morale,  il  est  pour  l'imprévoyan'^e  et  pour  la  prodigalité. senti- 
mentale. 

Il  ne  faut  rien  promettre,  ajnie,  oh  !  rien  promettre; 
Il  faut  donner  son  cœur  comme  on  donne  son  pain. 

Il  avoue  également  ne  pas  croire,  et,  comme  il  aime  sa  mère  disparue, 
il  se  forge  une  immortalité  d'abstraction  qui  doit  être  peu  conso- 
latrice. 

20.  —  Le  Vent  dans  les  arbres,  chez  Mn^e  \,  de  Bary,  soulTle  de 
diverses  façons,  mais  surtout  d'une  façon  monotone.  Durant  toute  une 


—  119  — 

partie  du  volume,  Fauteur  nous  fatigue  avec  la  tristesse  que  lui  cause 
«  l'aimé  ».  Elle  abuse  de  l'adjectif  «  jeune  »,  de  l'adjt^^ctif  «  l)leutc»et 
des  fleurs  en  général.  Nous  préférons,  à  ces  élégies  languissantes, 
certains  eiïorts  vers  le  pittoresque.  Le  vent,  dont  M'"e  de  Bary  s'oc- 
cupe à  plusieurs  reprises,  donne  son  titre  au  volume.  Extrayons  quel- 
ques vers  parmi  ceux  qui  lui  sont  consacrés  : 

Le  vent  se  hâte  et  fuit  et  court  par  la  colline.; 
Il  appelle,  il  se  plaint,  il  grimpe  sur  l'échiné 
Des  montagnes;  il  hurle;  il  parsème  de  pleurs 
Les  prés  et  la  forêt;  il  porte  les  langueurs 
Des  nuages  pesants  qu'il  poursuit;  il  les  chasse 
A  coups  de  fouet  et  fait  mouvoir  la  brume  lasse 
Qu'il  disperse  et  déchire  en  lambeaux  pâles,  mous. 
Le  vent  rôdeur  a  l'âme  inquiète  des  fous. 

M"'^  de  Bary  a  de  l'observation  et  de  la  valeur  comme  poète  des- 
criptif; mais  nous  la  dissuadons  fortement  de  persévérer  dans  le  genre 
élégiaqiie. 

21.  —  Les  Crépuscules  d'amour  ne  se  diffusent  pas,  chez  M.  Georges 
Batault,  dans  une  atmosphère  bien  saine.  Une  subtilité  langoureuse, 
qui  dégénère  à  l'occasion  en  perversité  maladive,  règne  à  travers  ces 
rimes  semi-décadentes  où  «  triste  »  accompagne  volontiers  ><  amé- 
thyste »,  où  le  soir  nous  est  décrit  comme  «  un  grand  oiseau  bleu  », 
où  l'on  nous  parle  de  «  la  nuit  qui  s'affine  »  et  qui  «  imprécise  les 
contours  ». 

On  serait  étonné  de  ne  pas  rencontrer  la  note  impressionniste  : 
La  lune  trerablo  et  joue  au  front  des  arbres  bleus, 

1^0  trait  suivant  souligne  la  beauté  d'une  femme  : 
Ses  yeux  fouettés  de  cils  s'emplissent  d'infini. 

C'est  peut-être  à  cette  belle  que  l'auteur  tient  un  discours  pathétique 
dont  voici  la  péroraison  : 

Ah  !  mon  amie,  ah  !  mentez-moi,  chère  !  mentez  ! 

Mais  nous,  qui  ne  voulons  pas  mentir,  nous  dirons  que  ce  «  vague 
à  l'âme  »,  combiné  avec  le  maniérisme  deia  forme,  est  moralement 
et  littérairement  fâcheux.  Gabriel  d'Azambuja. 

(A  suivre.) 

ART,  HISTOIRE  ET  SCIENCES  MILITAIRES 

1.  Le  Premier  Ministre  constitutionnel  de  la  guerre.  La  Tour  du  Pin.  Les  Origines  de 
l'armée  nouvelle  sous  la  Constituante,  par  le  lieutenant  Lucien  de  Chilly.  Paris, 
Perrin,  1909,  in-8  de  ii-377  p.,  5  fr.  —  2.  Les  Armées  du  Rhin  au  début  du  Direc- 
toire. Sambre-et-Meuse,  Rhin-et- Moselle,  par  le  capitaine  H.  Bourdeau.  Paris, 
Charjes-Lavauzelle,  s.  d.,  gr.  in-8  de  384  p.,  7  fr.  50. — 3.  Histoire  de  la  guerre  de 
Fenrfée(1793-1815),  par  Joseph  Clemanceau,  publiée  par  les  soins  de  l'abbé 
F.  UzuREAU.  Paris,  Nouvelle  Librairie  nationale,  1909,  gr.  in-8  de  xxxv-377  p., 


—  120  — 

5.  tr..  —  t.  Les  Étals^majors  de  Napoléon.  Le  Lieutenant- général  comte  Belliard, 
chef  d'^tat-major  de  Murai,  par  le  général  Derrécagaix.  Paris,  Chapelot,  1909, 
in-8  de  666  p.,  12  fr.  —  5.  Correspondance  inédite  de  l'empereur  Alexandre  et  de 
BERi\ADOTT£  pendant  V année  1812,  publiée  par  X.  Paris,  Chapelot,  1909,  in-8  de 
xxxvi-70p.,  2fr.50. — 3/é;no(>e.s  du  général  Griois  (1792-1822),  publiés  par  son  petit- 
neveu,  avec  Introduction  et  notes  par  Arthur  Chuquet.  Tome  !«'.  Paris,  Plon- 
Nourrit,  1,909,  in-8  de  xxxviii^430  p.,  avec  portrait,  7  fr.  50.  —  7.  Souvenirs 
d'un  officier  fribourgeois  (1798-18-48),  par  H.  de  Schallek.  Genève,  Jullien,  s.  d., 
in-8  de  230  p.,  3  fr.  —  8.  Soldats  de  Napoléon.  Journal  de  route  du  capitaine  Robi- 
NAux,    1803-1832,    publié   par   Gustave    Schlumberger.    Paris,     Plon-Nourrit, 

1908,  in-16  de  x-334  p.,  avec  fac-similé  d'écriture,  3  fr.  50.  —  9.  Soldats  de  Napo- 
léon. Lettres  du  commandant  Coudreux  à  son  frère,  1804-1815,  publiées  par  Gus- 
tave acHLUMBERGER.  Paris,  PloD-Nourrit,  1908,  in-16  de  xviii-295  p.,  3  fr.  50.  — 
10.  Un  Voyage  d'études  militaires  du  duc  d'Orléans,  1809-1908.  Avec  une  lettre 
de  Mgr  le  duc  d'Orléans,  par  le  général  Do:vop.  Paris,  Nouvelle  Librairie  nationale, 

1909,  in-12  de  iv-324  p.,  3  fr-.  50.  —  11.  Sous  les  Aigles  autrichiennes.  Souvenirs 
du  chevalier  de  Grueber;  publiés  par  son  neveu  le  baron  von  St...;  trad.  de 
l'allemand  avec  une  Préface  et  des  notes  par  le  capitaine  de  Maleyssie-Melun. 
Paris,  Periin,  1909,  in-16  de  xii-302  p.,  3' f r.  50.  —  12.  La  Guerre  nationale  de 
1812.  Trad.  du.  russe  par  le  capitaine  Cazala;s>  T.  V.  Paris,  Gharle,s-Lavauzelle, 
s.  d.,  gr.  in-8  de  448  p.,  10  fr.  —  13.  Le  Maréchal  Canrohert.  Souvenirs  d'un  siècle, 
par  Germain  Bapst.  T.  IV.  Paris,  Plon-Nourrit,  1909,  in-8  de  n-437  p.,  avec 
cartes,  7  fl'.  50.  —  l'4.  Trois  Héros.  Bataille  de  Biaumont-en-Argonne  et  passage 
de  vive  force  du  pont  de  Mouzon,  les  30  et  31  août  1870.  A/""^  Ballavoine.  Maréchal- 
des-logis  Collignon.  Colonel  Démange,  par  le  général  Fr.  Canoxge.  Paris,  Garnier, 
1908,  in-18  de  xvi-236  p.,  3  fr.  50. —  15.  La  Défense  nationale  dans  le  Nord,  en 
1870-1871,  par  le  commandant  Camille  Lévi.T.  II.  Paris,Gharles-Lavauzelle,  s.  d., 
in-8  de  742  p.,  7  fr.  50.  —  16.Z.e  17'^  Corps  à  Loignij,  d'après  des  documents  inédits 
et  les  récits  des  combattants,  par  le  commandant  H.  de  Sonis.  Paris  et  Nancy, 
Berger-Levrault,  1909,  in-8  de  xxi-472  p.,  avec  8  croquis  et  une  carte,  6  fr.  — 
17.  La  Guerre  en  province  (1870-1871).  Campagnes  de  la  Loire  et  du  Mans,  par 
Ernest  Gay.  Paris,  Ducrocq,  s.  d.,  in-8   de  vui-264  p.,  4  fr. 

1.  —  l,e  ministère  du  comte  de  La  Tour  du  Pin,  le  premier  de  nos 
ministres  de  la  guerre  qui  ait  paru  à  ce  titre  dans  une  assemblée  déli- 
bérante française,  a  duré  un  peu  plus  d'un  an  :  du  4  août  1789  au 
16  novembre  17yO.  Cette  période  de  quinze  mois  est  caractérisée  par 
deux  ordres  de  faits  :  la  désorganisation  de  l'armée  royale  sous  le  choc 
des  idées  révolutionnaires,  l'adoption  par  l'Assemblée  constituante 
de  lois  et  de  principes  dont  plu.sieurs  ont  servi  de  base  à  la  législation 
militaire  du.  dix-neuvième  siècle.  M.  le  lieutenant  de  Chilly  a  pensé 
avec  raison  qu'il  y  avait  là  un  sujet  d'études  intéressant,  d'autant 
plus  digne  d'être  traité  que  la  matière  est  presque  neuve.  Effective- 
ment, entraînés  par  l'importance,  la  prépondérance  des  événements 
politiques,  les  historiens  ont  laissé,  la  plupart,  décote  les  controverses 
qu'amena  au  sein  de  l'Assemblée,,  la  discussion  de  la  que.stion  militaire, 
encore  que  leur  importance  méritât  d'être  traitée  avec  plus  d'atten- 
tion. L'ouvrage  de  M.  de  Chilly  :  Le  Premier  Ministre  constitutionnel  de 
la  guerre.  La  Toiir  du  Pin  comble  donc  à  cet  égard  une  véritable  lacu- 
ne. Le  volume  est  à  lire  ou  à  consulter  par  quiconque  s'occupe  de 
l'histoire  de  la  Révolution. 

2.  —  Mi.  le  capitaine  Bourdeau,  qui  nous  donne  aujourd'hui  un 


—  121  — 

volume  sur  les  Armées  du  Rhin  au  f/é6uirf»Z)i>ec^cire, prépare, paraît-il, 
une  histoire  de  la  campagiîe  de  1796  et  il  n'a  pas-  voulu  entamer  ce 
dernier  sujet  sans  bien  connaîtTe  les  troupes-  dont  la  valeur  allait 
révéler  au  monde  le  génie  militaire  de  Bonaparte.  Dans  un  volume  paru 
il  y  a  quelques  années,  Bonaparte  en  Italie^  M.  l'intendant  de  réserve 
Bouvier  avait- déjà  étudié  cette  question  intéres&ante  de  Tétat  moral 
de  nos  armées,  aumoment  où  le  Pj-emier  Consul  allait  se  mettre  à  leur 
tête;  mais  il  n'avait  pas  tout  dit  et  l'ouvrage  du  capitaine  Bourdeau 
vient  compléter  en  plus-d'un  point  des  considérations  que  le  précédent 
écrivain  n'avait  fait  au'ébaucher.  Efîectivement,  il  est  de  toute  impor- 
tance pour  bien  connaître  l'histoire  militaire  et  même  l'histoire  poli- 
tique du  premier  Empire,  de  déterminer  de  quelle  façon,  par  quelle 
gradation,  les  armées  de  la  Révolution,  levées  pour  défendre  le  terri- 
toire national,  arrivèrent  à  être,  dans  les  mains  d'un  général  ambitieux, 
uniquement  un  instrument  de  conquête,  instrument  merveilleux  au 
point  de  vue  du  savoir,  du  mérite  professionnels,  mais  déplorable  à 
tant  d'autres  points  de  vue.  f-e  volume  de  M.  BOurdeau  contribuera 
utilement  à  fixer  no&  idées  à  cet  éga^d  :•  c'est  donc  un  livre  utile,  par 
conséquent  digne  d'être  recommandé. 

3.  —  Les  Armées  du  Rhin  au  début  du  Directoire  nous  parlent  d'horn- 
mes  combattant  au  delà  de  nos  frontières;  avec  V Histoire- de  la  guerre 
de  Vendée  nous  rentrons  sur  le  territoire  national  pour  y  assister  à 
d'autres  luttes,  plus  vives,  plus  sanglantes  souvent  que  celles  combat- 
tues par  nos  armées  à  l'étranger.  Cette  relation  nouvelle  des  événe- 
ments militaires  de  Bretagne  et  de  Vendée  sous  la  Révolution  est, 
en  réalité,  vieille  de  près  d'un  siècle,  puisque  son,  auteur,  Clemanceau, 
était  juge  au  tribunal  de  Beaupréau,  en  1793,  lors  de  son.  premier  con- 
tact avec  l'armée  «catholique  et  royale)),  comme  elle  s'intitulait, nous 
dit-il.  Et  les  appéciations  de  récrivain  sur  les  événements  qu'il  rapporte 
sont  d'autant  plus  dignes  de  foi,  qu'appartenant  lui-même  au  nouveau 
régime,  au  parti  des  Bleus,  comme  on  appelait  alors  les  ré- 
publicains, on  ne  peut  le  taxer  de  trop  de  mansuétude  en 
faveur  des  soldats  de  d'Elbée,  de  La  Rochejaquelein  ou  de  Charette. 
Au  point  de  vue  des  faits  qu'il  rapporte,  Clemanceau  ne  nous  dit 
rien  que  l'on  ne  sache  depuis  longtemps  et  la  valeur  historique  de 
l'œuvre  est  tout  au  plus  celle  d'un  bon  résumé.  Mais,  il  n'en  va  pas  de 
même  au  point  de  vue  dés  détails  fournis  sur  l'état  moral  des  troupes 
vendéennes,  leur  discipline,  lés  relations  de  chefs  à  soldats,  leur 
façon  de  combattre,  de  vivre,  de  camper,  etc.,  etc.  Sous  ce  rapport, 
le  livre  a  toute  la  valeur  d'un  témoignage  vécu,  c'est-à-dire  qu'il  est 
plein  de  couleur,  de  vie,  et  sans  doute  de  vérité. 

4.  —  Après  ses  deux  volumes  sur  le  maréchal  Berthier,  M.  le  général 
Berréeagaix  nous  donne  la  vie- d'un  autre  chef  d'état-major  des  armées 


—  122  — 

<iu  premi(?r  Empire,  celle  du  Lieutenant-général  comte  Belliard.  Au 
temps  de  Napoléon,  les  officiers  d'état-major,  même  les  plus  en  vue, 
étaient  considérés  comme  des  rouages  de  second  ordre,  qui  ne  pou- 
vaient aspirer  à  la  gloire  réservée  aux  commandants  de  troupes. 
Qu'était  eiïectivement  Berthier,  à  côté  de  l'Empereur,  quelle  que  fut 
sa  valeur,  son  intelligence,  son  aptitude  merveilleuse  au  travail?  For- 
cément réduit  à  demeurer  un  enregistreur  d'ordres,  i)  eut  le  mérite 
d'accepter  cette  situation  secondaire,  s'en  contentant,  et  mourant, 
peut-être,  de  ne  l'avoir  point  conservée.  Le  comte  Belliard,  dont  l'his- 
torien du  prince  de  Neufchâtel  raconte  aujourd'hui  la  vie,  fut, 
tout  do  même,  une  personnalité  qui  méritait  d'être  étudiée  et  qui  serait 
mieux  connue  si,  au  lieu  de  se  borner  à  être  un  chef  d'état-major  de 
premier  mérite,  il  avait  exercé  son  talent  à  la  tête  d'un  corps  d'armée. 
Les  premières  lettres  de  Belliard  à  Bonaparte,  son  amitié  avec  Joubert 
dans  son  expédition  au  Tyrol,  et,  plus  tard,  avec  Desaix  dans  la  con- 
quête de  la  Haute-Egypte,  sa  désignation  comme  chef  d'état-major  de 
Murât,  ses  courses  en  Europe  en  tête  de  la  cavalerie  napoléonienne, 
les  difficultés  de  son  commandement  à  Madrid,  ses  lettres  à  Berthier, 
ses  observations  sur  les  actes  de  Napoléon  en  Espagne,  la  colère  de 
ce  dernier,  les  entretiens  de  Belliard  avec  l'Empereur,  au  début  de  la 
campagne  de  Russie  et  de  la  deuxième  campagne  de  Saxe,  la  mission 
de  réorganiser  les  débris  de  la  Grande  Armée  après  Leipzig,  enfin  sa 
rencontre  avec  Napoléon  après  la  prise  de  Paris  sont  autant  de  faits 
intéressants  sur  lesquels  on  est  générak m  -nt  peu  renseigné.  Plus  tarvl, 
la  nomination  de  Belliard  comme  major-général  du  duc  de  Berry, 
ses  disputes  avec  ce  prince,  sa  mission  à  Naples  au  moment  d(3S  der- 
nières luttes  de  Murât,  son  envoi  à  Vienne  par  le  roi  Louis-Philippe 
et  la  part  si  importante  qu'il  prit  à  la  création  du  royaume  de  Bel- 
gique donnent  au  récit  de  cette  belle  existence  un  charme  particulier. 
Les  érudits,  si  nombreux  aujourd'hui,  qui  se  passionnent  pour  l'épopée 
impériale,  trouveront  dans  le  nouveau  volume  du  général  Derrécagaix 
quantité  de  détails  qui  les  instruiront  et  lesintéresseront  àlafois. Cette 
nouvelle  contribution  de  l'éminent  écrivain  à  l'histoire  du  premier 
Empire  a  tout  le  mérite  des  deux  volumes  consacrés  précédemment 
au  maréchal  Berthier. 

Tj.  —  Le  rôle  joué  par  Bernadotte,  en  1813  et  1814,  a  été  diversement 
apprécié  par  les  historiens,  mais  ce  n'est  pas  le  lieu  de  formuler,  à  cet 
égard,  une  opinion.  Nous  n'avons  à  nous  occuper  ici  du  prince  de  Pon- 
tecorvo  que  pour  signaler  sa  conduite  politique,  en  1812,  à  une  époque 
où  il  était  déjà  prince-royal  de  Suède.  La  Correspondance  inédite  de 
l'empereur  Alexandre  et  de  Bernadotte  pendant  l'année  1812  nous  montre 
que,  dès  cette  dernière  année,  il  avait  pris  à  cœur  son  rôle  de  souverain 
suédois  et  que,  sans  se  préoccuper  de  ses  origines  françaises,  il  s'était 


—  123  — 

jeté  résolument  du  côté  de  nos  ennemis,  ou  plutôt  du  côté  des  ennemis 
de  Napoléon. C'est  une  distinction  qu'il  est  juste  de  faire  si  l'on  ne  veut 
pas  jugi^r  trop  sévèrement  ce  Gascon  madré,  qui  rêva,  dit-on,  en  1814, 
de  troquer  sa  couronne  par  trop  septentrionale  pour  celle  qu'avaient 
portée  Henri  IV  et  Louis  XIV.  L.es  conseils  militaires  donnés  par  le 
prince  royal  au  Czar  sont  marqués  au  bon  coin  et  dénotent  chez  leur 
auteur  du  bon  sens  et  une  science  militaire  réfléclue.  On  les  lira 
avec  une  curiosité  soutenue. 

6.  —  C'est  encore  de  la  période  révolutionnaire  et  impériale  que  nous 
entretiennent  les  Mémoires  du  général  Griots^  dont  le  premier  volume 
vient  de  paraître  à  la  librairie  Plon-NourriL.  L'ouvrage  entier  embrassera 
la  période  de  1792  à  1822,  date  delà  mort  de  l'auteur;  mais  le  tome  l^'', 
que  nous  avons  sous  les  yeux,  ne  dépasse  pas  la  date  de  1811,  et  encore 
à  cette  époque,  l'auteur  n'a  eu  qu'une  fois  (en  1800)  l'occasion  de  servir 
sous  les  ordres  directs  de  Bonaparte.  Griois  débute,  on  1792,  à  l'École 
d'artillerie  de  Châlons  et,  appelé,  en  1793,  à  l'armée  des  Pyrénées  orien- 
tales, donne  sa  démission,  en  1797,  reprend  du  service,  en  1800,  et  fait, 
cette  même  année,  la  campagne  d'Italie.  Nous  le  voyons  ensuite  en- 
voyé d'abord  à  Brest,  puis  à  Grenoble,  à  l'île  d'Elbe,  à  Plaisance,  à 
Naples,  à  Vérone,  et  c'est  de  là  qu'il  part  pour  participer  à  la  cam- 
pagne de  Russie.  Griois  est  un  conteur  agréable  de  même  qu'il  est 
un  soldat  intrépide,  cela  va  sans  dire.  Il  aime,  comme  Thiébault,  à  nous 
dire  ses  bonnes  fortunes,  mais  il  ne  nous  fatigue  pas  de  ces  conquêtes 
galantes,  comme  le  fait,  dans  sescinq  volumes,  le  fils  du  lecteur  de  Fré- 
déric IL  Ax\  reste,  on  est  surpris  de  trouver  dans  les  Souvenirs  d'un 
officier  mêlé  à  des  événements  de  guerre  de  longue  durée  aussi  peu 
de  détails  militaires.  L'ouvrage  n'en  est  pas  moins  intéressant, 
et  la  plupart  des  lecteurs  de  Griois,  surtout  de  ses  lectrices  —  il 
en  aura  certainement  beaucoup  —  ne  s'en  plaidront  pas.  Ce  nouveau 
volume  de  Mémoires  napoléoniens  fera  bonne  figure  dans  l'impor- 
tante collection  du  même  genre  éditée  par  la  maison  Plon-Nourrit. 
Ils  fourmillent  de  pages  captivantes  et  constituent  une  excellente 
contribution  à  la  vulgarisation  de  la  période  impériale. 

7.  —  Beaucoup  moins  léger,  tout  au  moins  d'un  ton  plus  grave, 
apparaissent  les  Soiwcnirs  d'un  officier  frihonrgeois  {il98-iS^iS). 
Cet  officier  fribourgeois  n'est  autre  que  le  général  suisse  de  Schailer 
qui,  après  avoir  pris  part  aux  luttes  intestines  qui  déchirèrent  sa  patrie 
au  moment  de  la  Révolution,  entra,  en  1806,  comme  sous-lieutenant 
dans  un  des  régiments  suisses  (le  4'')  que  de  nouvelles  capitulations 
mettaient  au  service  de  la  France.  Schailer  tint  tout  d'abord  garnison 
dans  diverses  villes  de  l'Ouest,  combattit  en  Espagne,  gn  1810,  passa 
ensuite  en  Allemagne,  fit,  en  1812,1a  campagne  de  Russie  et  en  revint 
blessé  au  point  de  ne  pouvoir  prendre  part  aux  campagnes  de  1813  et 


—  124  - 

1814.  Après  la  chute  de  Napoléon,  le  général  do  Scliallor  se  retira  dans 
son  pays  où  il  rendit  jusqu'à  sa  mort,  survenue  en  1863,  des  servi- 
ces qui  y  lurent  tort  appréciés.  Ses  Souvenirs^  remplis  de  très  précieux 
détails  sur  l'es  campagnes  du  premier  Empire,  méritent  d'être  lus. 

8  et  9.  —  Sous  le  titre  :  Soldats  de  Napoléon,  M.  Gustave  Schlum- 
berger,  l'érudit  bien  connu,  vient  de  nous  offrir  deux  intéressants 
v{dumes  de  Mémoires  :  le  Journal  de  route  du  capitaine  Robinnux{iS03- 
1832)  et  les  Lettres  du  commandant  Coudrevx  à  son  frère  (1804-1815). 
Aucun  point  de  ressemblance  entre  ces  deux  braves,  sinon  d'avoir 
servi  le  même  maître  et  pris  part  aux  mêmes  triomphes-,  aux  mêmes 
misères.  Robinaux  est  un  paysan  dégrossi,  qui  a  ime  certaine  teinture 
de  lettres  et  qui  se  plaît  à  faire  preuve  de  son  savoir.  De  là,  quelques 
amusants  quiproquos  —  comme  celui,  par  exemple,  où  il  nous  parle  de 
la  «  bataille  de  Pharsale  livrée  par  Bi-utus  et  Gass-ius  dans  les  plaines 
de  Marathon.  »  —  Mais  son  Journal  n'en  est  pas  moins  précieux, 
autant  par  les  renseignements  militaires  qu'il  fournit  sur  les  enga- 
gements auxquels  il  prit  part  que  par  les  détails  curieux  sur  la  vie  en 
campagne,  l'intérieur  de&  corps  de  troupe,  les-  mœurs  du  soldat,  dont 
son  travail  est  rempli.  —  Les  Lettres  du  commandant  C oudr eu x  AénotQni 
un  autre  homme:  milieu  social  plus  élevé,  éducation  plus  soignée,  ins- 
truction variée  et  même  brillant(\  Goudreux,  né  à  Tours,  en  1783,  entra 
dans  les  vélitesde  la  garde  en  1803,  puis  à  Fontainebleau,  et  en  sortit, 
en  1806,  comme  sous-Iieut^nant  au  15®  d'infanterie  légère.  En  1809, 
il  était  capitaine  et  décoré,  mais  son  avancement  devait  se  borner  à 
cette  double  épaulette  d'officier  subalterne.  Blessé  et  fait  prisonnier 
en  Russie,  il  ne  rentra  en  France  qu'en  1814  et  il  n'était  encore  que 
chef  de  bataillon  quand  il  mourut  subitement,  en  1821,  à  trente-huit 
ans.  —  Les  lettres  du  commandant  Coudreux  à  son  frère  embrassent 
une  période  de  dix  ans  (1804-1813),  période  bien  romplii^,  comme  on 
sait,  piiisqu'elle  contient  l'a  et  l'to  de  l'épopée  napoléonienne.  Elles 
sont  remplies  de  détails  intéressants,  moins  sur  les  événements  de 
gueire  que  sur  la  vie  aux  années  sous  le  premier  Empire.  G'est  par 
là  que  les  Lettres  du  commandant  Coudreux  peuvent  être  rapprochées 
du  Journal  de  routeclu  capitaine  Rohinaux  et  que  ces  deux  volumes 
se  complètent  l'un  Fautre. 

10.  —  Le  marquis  de  Valfons  parle  quelque  part  avec  faveur  d'un 
«comte  d'Onepp »,  lieuirenant-général  hessois,  qui» aimait  la  France  où 
il  avait  voyagé  »,  Gé  comte  d^Onepp  est,  croyons-nous,  le  grand-père 
ou  Farrière-grand-père  du  général  Donop  (dont  la  famille,  s'est  depuis 
le  commencement  du  siècle  dernier,  définitivement  fixée  dans  notre 
pays),  qui  commandait'  naguère  brillamment  le  10"^  ou  11*^  corps,  et  que 
M.  le  duc  d'Orlëang  a  choisi  comme  mentor  militaire,  quand  il  a 
voulu,  l'année  dernière,  étudier  sur  place^la  campagne  de  1809.  Parmi 


—  125  — 

nos  g'ônéraiix  le  plus  en  vue,  personne  n'était  mieux  en  mesure 
d'expliquer  au  Prince,  non  seulement  les  faits,  mais  leurs  causes, 
leiu-s  résultats,  leurs  enseignements.  Le  Voyage  d'études  militaires  du 
duc  d'Orléans,  volume  dans  .lequel  le  J2:énéral  Donop  a  réuni  les  souvenirs 
de  ce  déplacement  en  Autriche,  est  eiïectivement  un  tableau  très  vi- 
vant, très  vécu  de  la  campagne  d'Essling  et  de  Wagram,  et  ce  tableau, 
tout  en  étant  écrit  ad  usum  Delpkini,  n'en  demeure  pas  moins  un 
traité  d'art  militaire  où  fourmillent  les  cons  dérations  les  plus  élevées, les 
plus  judicieuses.  11  y  a  cependant  un  reproche  que  nous  nous  pei'met- 
trons  de  faire  à  l'éminent  écrivain  :  sa  sévérité  outrée  vis-à-vis  du  ma- 
réchal Berthier.  En  disant  que  le  prince  de  Neufchâtel  cne  fut  jamais 
qu'un  lieutenant  incapable  »,  le  général  Donop  nous  parait  avoir  dé- 
passé la  mesure  dos  critiques  permises.  Nous  le  renvoyons,  à  cet  égard, 
au  livre  du  général  Derrécagaix  sur  le  major-général  de  Napoléon. 

il. —  Les  Sojweriirs  du  ckeçal.ier  de  Grueher  nous  parlent, eux  aussi, 
des  campagnes  napoléoniennes,  mais  nous  les  apercevons  ici  au  rebours 
du  sens,  où,  nous  autres  Français,  nous  les  considérons  d'ordinaire; 
nous  les  contemplons  du  côté  ennemi,  du  côté  autîichien.  Elîoctive- 
ment,  le  choA^alier  de  Grucber,  bavarois  d'origine,  s'engagea,  en  1800, 
au  régiment  des  cuirassiers  du  duc  Albert  de  Saxe-Teschen  et  fit  dans 
ce  corps  le  plus  grande  partie  de  sa  carrière  militaire.  11  quitta  l'armée 
à  la  suite  d'incidents  dramatiques  qui  rendirent  fort  malheureuse  la  fin 
d'une  existence  extrêmement  mouvementée  et  dont  le  récit,  même 
très  sommaire,  serait  hors  de  place  ici.  Quoi  qu'il  en  soit  à  cet  égard, 
nous  assistons,  avec  Grueher,  dans  le  camp  autrichien,  à  toutes  les 
■campagnes  do  l'Empire,  et  ces  campagnes,  ainsi  envisagées,  nous  appa- 
raissent avec  desrevers  de  médaille  qui  ne  laissent  pas  que  de  surprendre 
un  Français.  La  cam.pag-ae  de  France,  en  particulier,  est  tellement 
défigurée  que,  si  on  ne  la  connaissait  pas,  on  se  figurerait  que  Napoléon 
y  fut  toujours  battu.  Heureusement  pour  eux,  les  Allemands  a^ppren- 
neat  l'histoire  du  premier  Empire  dans  des  ouvrages  plus  véridiques 
que  celui  de  Grueber.  IjC  capitaine  de  Ma'eyssie-Melun,  qui  a  traduit  ces 
Mémoires,  les  a  éclairés  de  notes  judicieuses.  Pourquoi  cependant, 
parle-t-il,  à  propos  de  Dupont,  l'héroïque  soldat  do  Hasslac.h,  de  «  la 
mansuétude  de  Napoléon  (?)  »  Quand  on  a  lu,  à  propos  de  la  façon  dont 
l'ut  traitée  cette  victime  des  rancunes  napoléoniennes,  les  livres  du 
colonel  Clerc  et  du  colonel  Titeux,  on  se  demande  comment  de  telles 
accusations  peuvent  encore  trouver  place  sous  la  phmie  d'un  écrivain 
sérieux.  Mettre  sur  le  même  pied  Dupont  et  Bazaine  est  une  singulière 
façon  d'apprécier  les  hommes. 

12.  —  Avec  la  Guerre  nationale  de  1812,  dont  le  cinquième  volume 
vient  de  paraître,  nous  terminons  ce  que  nous  avons  à  dire  .des 
ouvrages   concernant    le  Révolution    et    le  premier   Empire.    Nous 


—  126  - 

avons  rendu  compte  des  précédents  volumes  de  cette  publication 
importante,  faite  à  Pétersbourg  par  les  soins  de  Tétat-major  général 
russe.  Ce  tome  cinquième  met  sous  nos  yeux  les  documents  relatifs 
à  la  préparation  russe,  en  1811,  notamment  le  fameux  état  d'empla- 
cement des  troupes  françaises  communiqué  au  colt)nel  Tchernychov 
par  Michel,  l'employé  au  ministère  de  la  guerre  français  qui  fut  fusillé 
pour  ce  fait.  Au  moment  où  la  Russie  va  célébrer  le  centenaire 
de  la  campagne  de  1812,  la  publication  de  la  Guerre  nationale  sera 
accueillie  avec  faveur  par  les   érudits. 

13.  —  C'est  d'un  autre  Empire,  du  second,  que  nous  entretient 
le  Maréchal  Canrohert  dans  les  Souvenirs  d'an  siècle,  dont  .M.  Germain 
Bapst  a  entrepris  la  publication.  Cinq  années  se  sont  écoulées  depuis 
l'apparition  du  troisième  volume,  mais  enfin  le  tome  quatrième  vient 
de  voir  le  jour  et  nous  nous  empressons  de  le  signaler  aux  lec- 
teurs du  Polybihlion.  Ce  quatrième  volume  nous  parle  de  la  guerre  de 
1866,  de  l'Exposition  universelle  de  1887,  de  la  préparation  à  une 
lutte  avec  l'Allemague,  qu'on  sentait  imminente,  enlîn  de  la  campagne 
de  1870-71,  tout  au  /noins  de  ses  débuts.  Encore  que  l'éditeur  ne 
montre  jias  toujours  sur  ce  dernier  sujet  l'impartialité  sereine  qui  est  la 
première  qualité  de  l'historien,  l'ouvr-age  n'en  garde  pas  moins  la 
valeur  que  lui  avaient  conquise  les  premiers  volumes.  11  demeure, 
pour  J'histoire  du  second  Empire,  une  source  précieuse  de  renseigne- 
ments sinon  tous  inédits,  du  moins  peu  connus. 

14.  —  Également  intéressant  est  le  volume  consacré  par  le  général 
Canonge  à  trois  épisodes  de  la  Bataille  de  Beaumont-en-Argonne 
(30  août  1870),  dont  les  héros,  aujourd'hui  oubHés,  jouiront  désormais 
d'un  regain  de  vie,  grâce  aux  laborieuses  recherches  de  l'émincnt  écri- 
vain :  le  colonel  Démange,  dont  la  belle  conduite  sur  le  champ  de 
bataille  sauva  son  régiment  de  la  panique  et  qui  tomba  là,  frappé 
d'une  blessure  dont  il  ne  se  releva  pas  ;M"^eBellavoine  qui  vint  avertir 
en  vain  le  commandant  du  5''  corps  français  que  les  Prussiens  commen- 
çaient à  envahir  le  village  de  Reaumont  et  qu'on  renvoya  brutalement 
comme  une  hallucinée;  ei^fm, lemaréchal-des-logis  Edmond  Collignon, 
du  5^  cuirassiers,  qui,  lors  (le  la  charge  de  son  régiment,  ne  voulut  pas 
obéir  à  la  sonnerie  de  ralliement  et  fut  tué  dans  un  corps  à  corps  avec 
un  capitaine  allemand.  Le  récit  de  ces  trois  actes  glorieux  constitue 
le  fond  du  volume  récent  du  général  Canonge,  intitulé  :  7>oz'6'//i7'o.s,  vo- 
lume que  l'écrivain  a  dédié  comme  exemple  à  son  fils  Michel,  lieutenant 
au  2^  régiment  de  tirailleurs  algériens.  On  sait  que  l'enfant  s'est  inspiré 
vaillamment  de  ces  nobles  conseils  de  son  père  et  qu'à  Casablanca  il  a 
montré  qu'il  savait  les  suivre,  au  péril  de  sa  propre  vie.  Grièvement 
blessé  siu'  le  champ  de  bataille,  Michel  Canonge  a  fourni  à  son  tour  un 
exemple  de  courage  héroïque  :  c'est  un  quatrième  héros  dont  le  général 
peut  être  particulièrement  fier. 


—  127  — 

15.  —  M.  le  commandant  Lévi  poursuit  les  études  sur  la  Défense 
nationale  dans  le  Nord,  à  laquelle  il  a  consacré  déjà  un  premier  volume. 
Le  tome  second,  qui  vient  de  paraître,  nous  parle  de  Pont-Noyelle, 
c'est-à-dire  des  opérations  du  3  au  20  décembre  1870.  Un  souci  rigou- 
reux de  l'exactitude  historique,  une  méthode  d'exposition  claire  et 
précise,  enfin  le  soin  constant  de  faire  ressortir  des  événements  les 
enseignements  qu'ils  comportent,  tels  sont  les  traits  caractéristiques 
de  cet  ouvrage.  Le  travail  du  commandant  Lévi  s'adresse  particu- 
lièrement aux  officiers  qui  cherchent  dans  l'étude  des  guerres  passées 
des  enseignements  pour  l'avenir.  Cependant  les  simples  curieux  ou 
les  érudits  qui  désirent  être  fixés  sur  les  dessous  delà  guerre  de  1870 
feront  également  bien  de  lire  cette  œuvre  de  mérite. 

16.  —  iJien  que  la  journée  de  Loigny  (2  décembre  1870)  ait  été 
l'objet  de  publications  de  tous  genres,  les  détails  en  sont  encore  peu 
connus,  souvent  dénaturés.  Ni  les  relations  françaises,  ni  les  ouvrages 
historiques  allemands,  notamment  la  Balaillede  Loigny ,  du  major  Kunz; 
le  Volkskrieg  a?i  der  Loire,  du  capitaine  Hœnig,  ni  surtout  la  Relation 
du  grand  état-majorde  Berlin  n'ont  fait  encore  la  lumière  sur  cette  san- 
glante journée.  C'est  doncune  idée  judicieuse  qu'aeue  M.  le  commandant 
de  Sonis  de  reprendre  sur  de  nouvelles  bases  un  récit  qui,  hier  encore, 
demeurait  en  réalité  tout  entier  à  écrire.  Possesseur  d'un  certain  nom- 
bre de  documents  rédigés  au  lendemain  de  la  guerre,  —  c'est-à-dire 
avant  toute  ]>olémique,  et  présentant  une  réelle  valeur  en  raison  de 
la  personnalité  de  leurs  auteurs  —  l'écrivain  a  ajouté  à  ces  sources 
quantité  de  souvenirs  persojinels  i-ecueillis  depuis  auprès  de  témoins 
dûment  qualifiés  pour  parler  des  événements  de  Loigny.  Grâce  à  cette 
enquête,  M.  de  J^onis  a  pu  nous  donner  une  œuvre  qui  nous  semble 
définitive,  au  moins  pour  la  part  prise  par  le  17®  Corps  à  Loigni/. 

17.  —  La  Guerre  en  province.  Campagnes  de  la  Loire  et  du  Mans  est, 
de  même  que  le  précédent  travail,  une  œuvre  consacrée  à  la  dernière 
partie  des  opérations  militaires  pendant  l'Année  terrible.  M.  Ernest 
Gay,  l'auteur  de  cette  étude,  est  un  ancien  combattant  de  1870  :  son 
récit  a  donc  la  valeur  d'un  document  vécu.  Des  livres  de  ce  genre,  en 
vulgarisant  les  détails  de  la  dernière  guerre  franco-allemande,  en  mon- 
trant les  dangers  de  l'improvisation,  la  nécessité  de  la  réflexion  et 
de  la  méthode,  font,  à  ce  point  de  vue,  la  plus  utile  des  propagandes. 
C'est,  suivant  l'expression  à  la  mode,  une  «  leçon  de  choses  ».  Et  cette 
leçon  nous  dit  qu'un  pays  ne  doit  jamais  renoncer  aux  préparatifs 
incessants  sans  lesquels  il  n'y  a  pas  de  défense  assurée,  qu'il  doit 
ériger  le  devoir  militaire  au  premier  rang  des  devoirs  civiques,  qu'enfin, 
la  paix  armée  demeure  la  condition  indispensable  de  rindépendance 
des  nations.  Comte  de  Sér'gnan. 

(A  suivre.) 


—  128  — 
HISTOIRE   COLONIALE  ET  COLONISATION 

1.  La  France  au  dehors,  par  Jules  Delafosse.  Paris,  Plon-Nourrit,  1908,  in-18  de 
viii-313  p.,  3  fr.  50.  —  2.  La  plus  jurande  France.  Bilan  de  la  France  coloninle,  par 
Henri  Vast.  Paris,  Garnier,  1909,  in-8  de  559  p.,  avec  40  cartes  hors  texte,  5  £r.  — 
3.  Une  Algérie  nouvelle.  Quelques  principes  de  colonisation  pratique  sur  le  propos 
du  Maroc  oriental  et  de  Port-Say,  par  Jean  Hess.  Paris,  Stock,  1909,  in-18  de 
299  p.,  3  îr.'SO. —  4.  Une  Compagnie  française  dans  T  empire  du  Marocau  xvn^  siècle, 
par  E.  RouA'RD  de  Gard.  iParis,  Pedone,  1908,  in-8  de  73  p.  —  5.  X'  Éveil  d'un 
monde.  L'Œuvre  de  la  France  en  Afrique  occidentale,  par  Lucien  Hubert.  Paris, 
Alcan,  1909,  in-16  de  2M  p., '3  fr.  50.  —  6.  L'Afrique  occidentale  française.  Les 
Grandes  Voies  commerciales,  les  produits  d' exportation,  par  Pierre  Duchesne- 
FouRNET.  Paris,  Société  de  géographie  commerciale  de  Paris,  1909,  in-8  de  80  p., 
avec  carte  et  grav.  —  7.  Journal  d'un  spahi  au  Soudan  (1897-1899),  par  le  lieu- 
tenant Gaston  Lautour,  publié  par  Jacques  Hérissay.  Paris,  Perrin,  1909,  in-18 
de  x-351  p.,  avec  carte  et  portrait,  3  fr.  SO. —  8.  Le  Congo  français.  LaQuestion 
internationale  du  Congo,  par  Féi.icien  Challaye.  Paris,  Alcan,  1909,  in-8  de 
n-313  p.,  5  fr.  —  9.  Les  Escales  françaises  sur  la  route  de  Vlnde,  1638-1731,  par 
Paul  Kaeppelin.  Paris,  Challamel,  1908,  in-8  de  114  p.,  2'fr.50. —  lO.LaFrance 
dans  VOcéan  Indien.  L'Afrique  orientale  française,  par  Eugène  Gallois.  Dépôt  : 
Paris,  6,  rue  de  Mézières,  s.  d.,  in-12  de  232  p.,  avec  cartes  et  illustrations.  —  11. 
L'Ile  de  France  contemporaine,  par  Hervé  de  Rauville.  Paris,  Nouvelle  iLibrairie 
nationale,  s.  d.,  in-18  de  xxxiv-364  p.,  avec  portraits,  3  fr.  50. —  12.  La  France  à 
Madagascar,  histoire  politique  et  religieuse  d'une  colonisation,  par  Pierre  Suau. 
Paris,  Perrin,  1909,  in-8  de  xii-422  p.,  avec  12  planches,  5  fr.  —  13.  France  c 
Angleterre.  Cent  années  de  rivalité  coloniale,  par  Jean  Darcy.  L'Affaire  de  Mada. 
gascar.  Paris,  Perrin,  1908,  in-8  de  viii-161  p.,  4  fr.  —  14.  La  Colombie  britannique . 
Étude  sur  la  colonisation  au  Canada,  par  Albert  Métin.  Paris,  ColiU;  1908,  in-8  de 
431  p.,  avec  20  cartes  et  cartons  et  33  phototypies  hors  texte,  12  fr. 

\.  ■ —  Des  différents  ouvrages  relatifs  à  l'histoire  coloniale  et  à  la 
colonisation,  dont  il  nous  faut  parler  aujourd'hui,  le  plus  général  est 
incontestablement  celui  que  M.  Jules  Delafosse  a  publié  sous  le  titre 
de  :  La  France  au  dehors.  Livre  de  politique  extérieure,  dira-t-on; 
livre  au  premier  chef  d'histoire  et  de  pohtique  coloniales,  répondrons- 
nous,  car  tous  les  sujets  traités  dans  ce  volume  • —  question  d'Egypte, 
question  d'Orient,  question  coloniale  proprement  dite,  question  du 
Maroc,  question  des  alliances,  ■ —  tous  les  événements  rappelés  ou 
mentionnés  par  M.  Delafosse,  tous  les  problèmes  étudiés  par  lui  se 
rapportent  en  réalité  à  une  seule  et  même  question  générale  :  celle 
de  l'influence  de  la  France  dans  le  monde;  et  qui  contestera  le  rapport 
étroit  existant  entre  cette  question  et  la  question  coloniale,  au  sens 
le  plus  large  du  mot?  \^oilà pourquoi  nous  sommes  en  droit  de  parler 
ici  de  la  France  au  dehors,  non  seulement  parce  que  les  chapitres  inti- 
tulés :  Comment  nous  avons  perdu  l'Egypte,  —  la  Colonisation  en 
Asie  et  l'expédition  du  Tonkin,  —  la  Question  du  Maroc,  traitent 
directement  de  questions  coloniales,  mais  aussi  parce  que  des  études 
sur  la  rupture  avec  le  Saint-Siège,  sur  les  massacres  arméniens,  etc., 
envisagent,  de  manière  plus  ou  moins  directe,  des  questions  de  protec- 
torat dont  tout  Français  soucieux  de  l'influence  de  sa  patrie  a  le  devoir 
de  se  préoccuper.  Ce  devoir,  personne  ne  pourra  reprocher  à  M.  Delà- 


—  129  —     . 

fosse  de  ne  l'avoir  pas  rempli  à  la  tribune  du  Parlement;  mais  peut- 
être  ne  s'est-il  pas,  pour  le  faire,  suffisamment  dégagé  de  l'esprit  de 
parti,  ce  qui  l'a  empêché  parfois  de  s?  faire  écouter  de  tous 
comme  il  eût  dû  l'être.  Du  moins,  est-ce  l'impression  que  nous 
avons  éprouvée  en  lisant  la  France  au  dehors  avec  toute  l'attention 
que  ce  livre  mérite;  on  y  trouve  d'excellentes  idées,  et  des  notions 
très  justes  au  point  de  vue  colonial,  mais  on  y  trouve  encore  des  cons- 
tatations pessimistes,  telles  que  celle-ci  :  les  colonies  de  la  France, 
«  sporadiques,  situées  un  peu  partout,  aussi  distantes  les  unes  des 
autres  que  distantes  de  la  métropole,  constituent,  par  leur  épai^pille- 
ment,  une  prime  à  la  dépossessiofi))  (Tp.Sb).  Ce  sont  là  des  vérités  que  le 
parti  colonial  ne  peut  contester,  mais  qu'il  n'aime  pas  à  entendre. 
Et  allez  donc  faire  admettre,  d'autre  part,  à  un  républicain,  que  «  dans 
la  République,  la  politique  extérieure  est  une  improvisation  continue  », 
la  mobilité  parlementaire  faisant  «  qu'elle  n'a  ni  principe,  ni  suite, 
ni  fixité  ))  (p.  33),  ou  bien  encore  que  «  la  diplomatie  républicaine 
a  presque  toujours  manqué  de  prévoyance,  de  méthode  et  de  décision, 
et  que  l'amoindrissement  que  la  puissance  française  a  subi  de  ce  chef 
n'est  imputable  qu'à  l'incohérence  et  à  la  mollesse  de  son  action  » 
(p.  ni-iv). 

2.  —  Peut-être  d'ailleurs,  dans  certains  cas,  M.  Delafosse,  ne  serait- 
ce  que  pour  stimuler  l'attention,  force-t-il  sa  pensée  et  va-t-il  au 
delà.  Quand,  par  exemple,  il  déclare  que  nos  colonies  sont  «  indé- 
fendables »,  «  nous  échapperont  fatalement  »,  et  «  nous  échappe- 
ront après  que  nous  les  aurons  outillées,  aménagées,  pourvues  de 
tous  les  avantages  nécessaires  à  leur  exploitation»,  il  fait,  sans  aucun 
doute,  exception  pour  le  bloc  de  l'Afrique  septentrionale  et  occiden- 
tale; pourquoi  ne  pas  le  dire  formellement?  De  ce  côté,  en  eff'et,  les 
reproches  que  l'on  a  pu  faii'e  à  nos  possessions  d'Extrême-Orient  et 
d'Océanie  tombent  d'eux-mêmes;  et  ce  ne  sont  vraiment  pas  des 
colonies  «  en  l'aii*  »  que  l' Algérie-Tunisie  et  l'Afrique  occidentale  fran- 
çaise. D'autre  pai't,  notre  domination  s'y  fortifie  chaque  jour,  comme 
le  démontre  M.  Henri  Vast,  dans  un  très  intéressant  volume  auquel 
il  a  donné  le  titre  de  :  La  plus  grande  France.  Cette  esquisse  d'en- 
semble des  possessions  françaises  d'outre-mer,  ce  «  bilan  de  la  France 
coloniale  »,  selon  l'expression  même  du  sous-titre,  trouvera  incontes- 
tablement un  excellent  accueil  auprès  de  tous  ceux  qui  se  préoccupent 
de  l'avenir  du  pays  et  du  maintien  de  son  influence;  à  un  moment 
où,  pour  justifier  (ou  plutôt  pour  excuser,  pour  dissimuler  sous  de 
spécieuses  apparences  de  raisonnement)  l'abandon  du  protectorat 
des  missions  d'Orient,  on  allègue  que  la  situation  de  la  France  dans 
la  Méditerranée  occidentale  l'entraîne  à  se  désintéresser  des  pays 
plus  orientaux  pour  concentrer  toute  son  attention  sur  les  pays  de 
Août  1909.  T.  GXVl.  9. 


—  130  — 

l'Atlas,  à  un  momont.  où  tant  d'cftorts  sont  tentés  de  tous  les  côtés 
jDOur  la  mise  en  valeur  de  nos  dilTérontes  possessions,  on  éprouve  un 
impérieux  besoin  de  connaître  les  résultats  obtenus,  et  de  savoir  si 
vraiment  la  France  n'aura  pas  travaillé  en  pure  perte.  Voilà  préci- 
sément ce  que  M.  Henri  \'ast  expose  dans  la  plus  grande  France,  qui 
est  une  synthèse  extrêmement  consciencieuse  des  travaux  les  plus 
récents,  des  monographies  de  toute  nature  publiés  par  les  explorateurs, 
les  administrateurs  et  les  savants.  Peut-être  cette  synthèse  est-elle 
un  peu  trop  optimiste;  peut-être  eût-il  convenu  d'énoncer  sur  diffé- 
rents points  quelques  réserves,  au  lieu  de  se  complaire  dans  l'admiration 
de  l'œuvre  déjà  accomplie;  bien  des  fautes  ont  été  commises,  en  effet, 
et  influent  encore  sur  le  développement  de  telle  ou  telle  de  nos  posses- 
sions, et  nulle  part,  pour  ainsi  dire,  la  période  des  tâtonnements  n'est 
absolument  terminée.  Cela,  mais  cela  seul,  M.  Vast  ne  l'a  pas,  à  notre 
avis,  mis  suffisamment  en  lumière  dans  cet  excellent  volume,  accom- 
pagné de  cartes  suffisantes,  qu'est  la  plus  grande  France,  et  cependant 
de  telles  réserves  eussent  permis  à  l'auteur  de  dire  avec  plus  d'autorité 
encore  cette  phrase  que  nous  faisons  nôtre  :  «  Il  ne  faut  pas  croire 
à  la  faillite  de  l'œuvre  civilisatrice  de  la  France.  » 

3.  ■ —  De  cette  œuvre,  que  la  France  poursuit  avec  une  inlassable 
persévérance  dans  les  différentes  parties  de  son  empire  colonial, 
M.  Jean  Hess  a  raconté,  dans  Une  Algérie  nouvelle,  un  épisode  encore 
fort  mal  connu.  Dès  l'année  1886,  un  officier  de  marine,  qui  est  enmême 
temps  un  explorateur  de  mérite,  M.  Louis  Say,  avait  entrepris  de 
fonder  un  établissement  à  l'est  de  l'embouchure  de  la  Moulouïa,  au 
Cap  de  l'Eau,  c'est-à-dire  en  territoire  marocain;  il  fut  chassé, 
non  pas  par  les  Marocains,  mais  par...  le  gouvernement  français,  de 
ce  point  stratégique  que,  tout  récemment,  nous  avons  songé  à  occu- 
per trop  tard,  alors  que  les  Espagnols  en  avaient  déjà  pris  possession. 
Sans  se  laisser  décourager,  M.  Louis  Say  a  recommencé  son  œuvre,  à 
partir  de  1900,  à  l'embouchure  de  l'Oued  Kiss,  c'est-à-dire  en  terri- 
toire français,  au  débouché  maritime  naturel  du  Maroc  oriental  :  il  y 
a  fondé  un  port  français,  Port-Say,  qu'il  s'efforce  de  développer  avec 
une  continuité  de  vues,  avec  une  persévérance  dignes  d'admiration, 
et  qui  a  déjà  pris  une  certaine  importance,  en  dépit  du  mauvais 
vouloir  et  des  obstacles  de  rAd-nî(-nis-tra-tion.  Mais  à  lui  seul,M.  Louis 
Say  ne  peut  pas  tout  faire;  pixir  mettre  en  valeur  et  exploiter  les 
200  000  hectares'debonnes  terres  qui  constituent  la  plaine  des  Anglads, 
dont  Port-Say  est  le  débouché,  il  faut  des  capitaux,  il  faut  des  colons; 
comment,  sans  capitaux  ni  colons,  fonder  dans  le  Maroc  oriental  «  une 
Algérie  noiwelle  »,  c'est-à-dire,  selon  les  expressions  mêmes  de  M.  Jean 
Hess,  «  une  terre  de  colonisation  où  l'expérience  acquise  dans  l'an- 
cienne Algérie  sera  mise  à  profit  pour  une  action  plus  logique  et  plus 


—  131  — 

pratique,  dès  le  début  »  (p.  8)?  Voilà  pourquoi  M.  Jean  Hess  a  écrit 
ce  livre  très  vivant,  dont  certains  chapitres  sentent  fortement  le 
pamphlet,  — ^ l'histoire  de  l'initiative  individuelle  en  matière  coloniale; 
et  voilà  aussi  pourquoi  il  Ta  intitulé  :  Une  Algérie  nouvelle. 

4.  • —  Ce  n'est  pas  d'aujourd'hui  que  la  France  a  songé  à  exploiter 
le  Maroc  septentrional;  M.  E.  Rouard  de  Gard  en  a  fourni  récemment 
la  preuve  pour  un  point  de  lacôte  marocaine  situé  à  l'ouest  de  la  Wou- 
louïa,  dans  une  bonne  étude  sur  Une  Compagnie  française  dans  l'em- 
pire du  Maroc  au  xvii^  siècle.  Déjà  MM.  Boutin  et  Masson,  ■ —  pour 
ne  parler  que  des  plus  récents  historiens  des  rapports  de  la  France  avec 
la  Barbarie,  —  avaient  fourni  d'utiles  renseignements  sur  cette  com- 
pagnie commerciale,  fondée  en  1664  par  les  Marseillais  Michel  et 
Roland  Fréjus,  dans  le  but  de  créer  des  débouchés  à  l'industrie  fran- 
çaise sur  la  côte  septentrionale  du  Maroc,  en  arrière  des  îlots  d'Alhuce- 
mas  ou  Albouzème;  M.  E.  Rouard  de  Gard  a  entrepris  d'en  retracer 
«  l'historique  complet  )>  d'après  les  documents  authentiques.  A-t-il 
rempli  tout  son  programme,  et  fait  toute  la  lumière  sur  la  courte 
histoire  de  cette  Compagnie  d'Albouzème,  dont,  dès  Tannée  1670, 
le  privilège  fut  transféré  à  la  Compagnie  du  Levant?  On  éprouve, 
en  lisant  l'étude  du  savant  professeur  de  droit  de  Toulouse,  l'im- 
pression que  le  sujet  n'est  pas  épuisé,  et  qu'il  reste  encore,  après  lui, 
à  glaner  dans  les  archives.  Du  moins,  les  cadres  sont-ils  tracés  désor- 
mais, et  les  documents  capitaux  relatifs  à  la  création  de  la  Compagnie 
des  frères  Fréjus,  à  sa  constitution  et  à  la  subrogation  de  son  privilège 
se  trouvent-ils  désormais  publiés.  Aussi  convient-il  de  faire  bon  accueil 
à  une  monographie  qui  vient,  sur  ce  point  particulier,  préciser  les 
données  précédemment  acquises;  dans  toute  bibliothèque  un  peu 
complète  d'histoire  coloniale  française,  il  convient  de  réserver  une 
petite  place  au  nouveau  travail  de  M.  Rouard  de  Card. 

5.' — Non  moins  que  le  Maroc  soit  oriental  soit  occidental,  l'Afrique 
occidentale  française  sollicite  d'une  manière  continue  l'attention  des 
hommes  d'État,  des  voyageurs  et  des  économistes.  Les  hommes 
d'Etat  y  suivent  avec  attention  et  même  avec  complaisance  l'œuvre 
coloniale  tout  à  fait  remarquable  entreprise  par  la  France  depuis 
quelques  années,  œuvre  dont  les  plus  lointaines  origines  datent  de 
près  de  deux  siècles,  c'est-à-dire  du  moment  où  André  Brtie  donna 
aux  comptoirs  français  du  Sénégal  leur  premier  développement  et  en- 
voya jusqu'en  plein  Bambouk  des  explorateurs  et  des  prospecteurs 
français.  M.  Lucien  Hubert  n'a  pas,  dans  son  étude  sur  l'Éveil  d'un 
monde,  remonté  aussi  loin  ;  il  n'a  même  pas  étudié  l'œuvre  si  intéressante 
de  Faidherbe;  c'est  seulement  de  l'épanouissement  actuel  de  l'Afrique 
occidentale  française,  de  son  évolution  contemporaine,  sous  la  vigou- 
reuse impulsion  de  M.  le  gouverneur  général  Roume,  qu'il  a   voulu 


—  132  — 

esquisser  le  tableau.  11  y  a  fort  bien  réussi;  son  livre  est  un  brillant 
ré-^umé  de  la  situation  administrative,  financière,  économique  et 
sociale  de  l'Afrique  occidentale  française  à  l'heure  actuelle,  un  pané- 
gyrique enthousiaste  et  parfois  éloquent  d'une  a>uvre  coloniale  dont 
nous  avons  le  droit  d'être  fiers,  car  elle  est  la  meilleure  réponse  qu'on 
puisse  faire  actuellement  à  ceux  qui  s'aviseraient  de  prétendre  encore 
que  les  Français  ne  savent  pas  (ou  ne  savent  plus)  coloniser. 

6.  —  Peut-être,  toutefois,  M.  Lucien  Hubert  s'est-il  trop  laissé 
séduire  par  les  documents  qu'il  a  consultés,  par  le  spectacle  qu'il  a  eu 
sous  les  yeux,  et  n'a-t-il  pas  toujours  pénétré  jusqu'au  fond  des  choses. 
Quelle  est  la  valeur  exacte  de  la  grande  colonie,  ou  plutôt  de  cet  en- 
semble de  colonies  qu'est  l'Afrique  occidentale  française?  Quels  pro- 
duits peut-on  en  exporter?  Quels  résultats  sa  mise  en  valeur  donnera- 
t-elle  un  jour?  Sur  ces  questions  de  si  haute  importance  aétéinstituée, 
ici  oiïiciellement,  là  spontanément,  une  vaste  enquête  qui  n'est  pas 
encore  terminée.  M.  Pierre  Duchesne-Fournet,  le  frère  du  regretté 
explorateur  de  l'Abyssinie,  a  collaboré  à  cette  enquête;  à  la  suite 
d'un  voyage  dans  nos  colonies  de  l'Afrique  occidentale,  il  a  publié 
sur  le  réseau  très  peu  dense  des  grandes  voies  commerciales  du  pays, 
laissant  encore  entre  ses  mailles  des  régions  fort  étendues,  et  sur  les 
produits  d'exportation  de  la  contrée,  une  étude  très  intéressante  et 
très  sincère,  dans  laquelle  il  ne  ménage  ni  les  réserves,  ni  même  les 
critiques.  On  est  heureux,  à  côté  de  l'optimisme  officiel,  de  pouvoir 
consulter  des  travaux  aussi  indépendants  et  aussi  précis,  où  la  situa- 
tion exacte  du  pays,  —  «  pauvre  et  peu  peuplé,  qui  ne  pourra  en  con- 
séquence évoluer  rapidement  »,  —  est  exposée  sans  aucun  parti-pris 
d'enthousiasme  ni  de  dénigrement.  C'est  pourquoi  il  convenait  de 
signaler  ici  l'intéressante  étude  de  M.  Pierre  Duchesne-Fournet  sur 
l'Afrique  occidentale  française. 

7.  —  Parmi  les  meilleurs  agents  de  la  colonisation  française,  il  est 
de  stricte  justice  (encore  qu'on  l'oublie  trop  souvent  aujourd'hui) 
de  compter  les  missionnaires,  et,  à  côté  d'eux,  les  soldats;  les  uns  et  les 
autres  collaborent  avec  une  ardeur  vraiment  infatigable  à  la  même 
œuvre  de  civilisation  et  d'extension  de  l'influence  de  notre  patrie. 
A  ceux  qui  en  demanderaient  des  preuves,  il  convient  de  signaler  un 
ouvrage  posthume,  hélas!  un  journal  qui  n'était  nullement  destinée 
la  publicité,  celui  que  tint,  durant  son  séjour  au  Soudan,  ce  malheureux 
lieutenant  Gaston  Lautour,  assassiné  (il  est  impossible  d'employer  un 
autre  mot)  le  18  avril  1906,  par  les  grévistes  de  Lens,  dans  des  circons- 
tances qu'on  n'a  pas  oubliées.  Le  Journal  d'un  spahi  au  Soudan,  rédigé 
par  lui  de  1897  à  1899  et  publié  par  M.  Jacques  Hérissey,  en  faisant 
mieux  connaître  cette  belle  figure,  la  rend  plus  belle  encore.  Ce  soldat 
chrétien,  profondément  attaché  à  ses  devoirs,  qui  est  mort  en  servant 


—  133  — 

sa  patrie  (car  n'est-ce  pas  encore  servir  son  pays  que  de  défendre  la 
société  contre  ceux  qui  veulent  la  détruire?)  avait  débuté  par  la  faire 
aimer  et  apprécier  des  noirs  avec  lesquels,  au  Soudan,  il  s'était  pendant 
deux  ans  trouvé  en  contact;  il  leur  avait  présenté  un  type  de  Français 
ferme  dans  sa  foi,  affable,  gai,  vraiment  bon,  soucieux  de  contribuer 
de  toutes  manières  à  leur  instruction,  à  leur  bonheur  et  à  leur  bien- 
être...  Tel  apparaît  le  lieutenant  Lautour  dans  ce  livre,  rempli  de 
pages  charmantes,  de  jolies  descriptions,  de  scènes  de  genre  lestement 
troussées;  tel  il  fut  aussi  (l'exquise  Préface  du  marquis  Costa  de 
Beauregard  le  donne  à  entendre)  pour  ses  dragons,  qui  l'aimaient, 
et  qui  l'ont  pleuré. 

8.  —  Si,  au  lieu  d'être  envoyé  dans  les  pays  s'étendant  entre  Sénégal 
et  Niger,  le  lieutenant  Lautour  avait  été  employé  au  Congo  français, 
il  eût  sans  doute  assisté  à  bien  des  spectacles  qui  eussent  fait  saigner 
son  cœur  do  chrétien  et  de  Français,  et"  son  journal  eût  contenu  bien 
des  renseignements  susceptibles  de  faire  comprendre  comment  des 
Européens  civilisés  ont  pu  arriver  à  commettre  les  horreurs  rapportées 
par  M.  Félicien  Challaye  dans  son  ouvrage  sur  le  Congo  français. 
Membre  de  la  mission  Brazza,  ayant  accompagné,  durant  toute  la 
durée  de  son  dernier  voyage  dans  le  pays  donné  par  -lui  à  la  France, 
l'illustre  explorateur  sur  l'œuvre  duquel  on  s'efforce  aujourd'hui  de 
faire  le  silence,  M.  Challaye  a  vu  avec  un  très  grand  soin  le  Congo  fran- 
çais; il  en  a  observé  les  habitants,  il  en  a  comparé  les  agents  euro- 
péens à  ceux  de  ce  Congo  belge,  qui  était  alors  l'État  indépendant 
du  Congo;  il  a  collaboré  pour  sa  part  à  cette  enquête  dont  avait  été 
chargé  Savorgnan  de  Brazza  et  des  résultats  de  laquelle  on  attend 
toujours  la  publication.  C'est  donc  un  témoin  et  un  témoin  bien  infor- 
mé, dont  on  consultera  les  dépositions  avec  profit;  ces  dépositions 
sont,  dans  le  Congo  français,  groupées  sous  trois  chefs  distincts.  Dans 
une  première  partie,  traitant  du  pays  et  de  ses  habitants,  M.  Challaye 
s'est  borné  à  réimprimer  les  lettres  qu'il  avait  adressées,  durant  le 
co-urs  de  son  voyage,  au  journal  le  Temps,  lettres  très  vivantes,  très 
pittoresques,  d'où  l'observation  n'exclut  nullement  l'esprit,  lettres 
dans  lesquelles  Savorgnan  de  Brazza  apparaît  tel  qu'il  fut  toujours, 
avec  les  qualités  de  générosité,  de  désintéressement,  de  bonté  et 
d'humanité  qui  l'ont  fait  tellement  aimer  et  qui  ont,  jusqu'à  son 
dernier  moment,  inspiré  toute  sa  conduite.  —  Fort  de  ses  études  sur 
les  lieux  mêmes,  M.  Challaye  discute  ensuite,  dans  une  deuxième 
partie,  les  grands  problèmes  généraux  qui  se  posent  au  sujet  du  Congo 
français,  s'elforçant  d'abord  de  définir  la  vie  mentale,  sentimentale 
et  sociale  des  indigènes,  puis  tâchant  de  déterminer  la  valeur  du 
régime  des  Compagnies  concessionnaires,  travaillant  enfin  a  indiquer 
le  rôle  joué  par  l'administration  française  à  l'égard  des  noirs.  Ces 


—  134  — 

questions  difïicilcs  et  complexes  entre  toutes,  M.  Challaye  a  su  les 
traiter  avec  une  remarquable  légèreté  do  touche  et  avec  une  modéra- 
tion à  laquelle  il  convient  de  rendre  hommage.  —  Il  s'est,  dans  la 
troisième  partie  de  son  ouvrage,  où  il  traite  de  la  question  internatio- 
nale du  Congo,  montré  moins  réservé  et  plus  tranchant;  il  n'a  pas  craint 
d'y  montrer  complètement  quelle  opposition  soulève,  en  Europe  et  en 
Amérique,  le  régime  économique  et  politique  établi  dans  le  centre 
;>fricain,  d'y  indiquer  les  réformes  qui  s'imposent  dans  l'intérêt  des 
indigènes,  au  nom  de  Thumanité  et  de  la  justice.  Ainsi  M.  Challaye 
a  écrit  un  bon  livre,  un  document  auquel  on  aimera  (comme  à  l'excel- 
lent travail  de  M.  Cattier  sur  le  Congo  belge)  à  se  reporter,  —  en  môme 
temps  qu'il  a  fait  une  bonne  action. 

9.  —  Dès  le  xvri^  siècle,  la  France  s'est  préoccupée  de  s'établir  dans 
les  mers  de  l'Extrême-Orient;  et  comme  il  fallait  à  ce  moment,  pour 
pénétrer  dans  l'Océan  Indien,  doubler  le  cap  de  Bonne-Espérance, 
des  hommes  d'Etat  ont  voulu  ménager  aux  vaisseaux  de  commerce  des 
étapes  sur  la  route  des  pays  dont  ils  allaient  chercher  les  ri- 
chesses au  sud  de  l'Asie  ou  en  Malaisie.  Voilà  pourquoi,  entre  1638  et 
1731.  les  Français  ont  songé  à  s'établir  ou  ont  essayé  de  fonder  des 
comptoirs  à  la  baie  de  Saldanka  et  au  Cap  même,  à  l'extrémité  méri- 
dionale de  l'Afrique,  à  Madagascar,  à  Bourbon,  à  l'île  de  France,  dans 
les  parages  africains  de  la  mer  des  Indes.  Mais  ni  le  gouvernement 
royal  ni  la  Compagnie  des  Indes  orientales  ne  portèrent  une  attention 
soutenue  à  cette  question  essentielle,  que  seul  Colbert  envisagea  avec 
suite  et  clairvoyance;  néanmoins,  c'est  bien  après  lui  que  l'occupation 
de  l'ile  Maurice,  abandonnée  parles  Hollandais,  fut  décidée  et  enfin 
effectuée;  alors  seulement  la  France  posséda,  sur  la  route  des  Indes, 
l'étape  absolument  nécessaire  à  ses  marins.  Telle  est,  succinctement 
résumée^  l'histoire  que,  d'après  les  sources  imprimées  et  manuscrites, 
M.  Paul  Kaeppelin  a  racontée  dans  son  iravRil  sur  les  Escales  françaises 
sur  la  route  de  l'Inde;  les  amateurs  d'histoire  coloniale  y  trouveront 
une  bonne  esquisse  des  origines  de  l'occupation  de  Madagascar  et  des 
Mascareignes  par  la  France. 

10.  ■ —  Avec  cette  étude  de  M.  Paul  Kaeppelin  contraste  le  volume 
que  vient  de  consacrer  M.  Eugène  Gallois  à  la  France  dans  l'Océan 
Indien;  ce  n'est  pas,  comme  on  pourrait  être  tenté  dé  le  croire,  une 
étude  historique,  mais  une  étude  géographique.  Ce  que  l'auteur  a 
entendu  faire,  en  effet,  c'est  un  exposé  de  la  situation  présente  de  la 
France  dans  la  partie  orientale  de  la  mer  des  Indes,  exposé  pour  lequel 
il  s'est  documenté  sur  place,  au  cours  d'un  récent  voyage  à  Djibouti, 
aux  Conjores,  à  Madagascar  et  à  l'île  de  la  Réunion.  Les  points  de  vue 
politique  et  économique,  voilà  donc  ceux  qui,  durant  cette  excursion, 
comme  durant  les  précédentes,   ont  surtout  retenu  l'attention  de 


—  135  — 

M.Gallois;  on  trouvera, dans  ces  deux  ordres  d'idées, de  nombreux  ren- 
seignements dans  la  France  dans  VOcéan  Indien.  Sans  doute  l'aimable 
clobe-trotter  n'a  pas  tout  visité;  il  a  délaissé,  par  exemple,  la  partie 
méridionale  de  Madagascar,  et  les  centres  do  Fort-Dauphin  et  de 
Tuléar;  si,  de  ce  côté,  notre  curiosité  est  déçue,  elle  trouve,  par  contre, 
ample  satisfaction  dans  les  pages  consacrées  à  l'île  Maurice,  l'ancienne 
île  de  France,  si  française  aujourd'hui  encore  !  Comme  tous  ceux 
qui  ont  eu  le  'otsnheur  de  visiter  la  terre  de  Paul  et  de  Virginie,  M.  Gal- 
lois en  a  conservé  un  déhcieux  souvenir. 

11.  —  Si  telle  est  la  séduction  qu'exerce  l'île  de  France  sur  des 
visiteurs,  quel  amour  ne  doit-elle  pas  inspirer  à  ceux  qui  y  sont  nés? 
Ils  aiment  leur  patrie,  en  effet;  ils  l'aiment  d'un  profond  amour,  d'un 
amour  qu'une  absence,  si  longue  soit-elle,  ne  fait  qu'accroître  encore. 
C'est  ce  dont  on  se  rendra  compte  en  lisant  le  livre  si  vivant,  si  in- 
téressant, consacré  par  M.  Hervé  de  Rauville  à  l'Ile  de  Fronce  con- 
temporaine. C'est  un  ouvrage  d'histoire,  celui-là.  un  exposé  de  l'histoire 
de  l'île  de  France  sous  la  domination  britannique,  empreint  du  plus 
pur  et  du  plus  ardent  patriotisme,  non  seulement  mauritien,  mais 
aussi  français.  Comme  le  dit  très  bien  l'auteur,  en  effet,  au  début  de  son 
Avant-propos,  «  les  pays  de  France  ne  sont  pas  tous  en  France.  On  les 
trouve  en  bien  d'autres  endroits  :  partout  où  le  Français  de  la  vieille 
France  a  passé,  il  a  laissé  sa  marque  indélébile,  ineffaçable  «;  l'histoire 
si  dramatique  de  la  lutte  des  créoles  français  contre  la  domination 
anglaise,  cette  histoire  que  raconte  l'Ile  de  France  contemporaine,  et 
la  manière  même  dont  cette  histoire  est  contée,  en  fournissent  des 
preuves  multiples  et  vraiment  touchantes.  Il  n'est  pas  jusqu'aux 
pages  où  M.  Hervé  de  Rauville  attaque  la  République  et  la  Démocratie 
(p.  137;  cf.  p.  264,  etc.)  et  appelle  de  tous  ses  vœux  le  retour  du  «  Roi, 
pivot  de  l'harmonie  française»  (p.  345)  où  l'on  ne  puisse  trouver  la 
trace  de  l'affection  inspirée  aux  créoles  de  Maurice  par  leur  ancienne 
métropole,  l'empreinte  dont  les  vieux  colons  de  l'île  de  France  ont 
si  profondément  marqué  leurs  descendants. 

12.  —  A  l'île  de  France,  le  voyageur  peut  se  croire  reporté  à  un 
siècle  en  arrière  ;  à  Madagascar,  le  spectacle  qu'il  a  sous  les  yeux  est 
celui  d'une  colonie  toute  nouvelle,  dont  l'essor  est  momentanément 
paralysé,  en  dépit  du  labeur  opiniâtre,  de  l'activité,  de  l'ingéniosité 
déployés  naguère  par  l'admirable  colonisateur  qu'est  le  général 
Galliéni.  Veut-on  se  rendre  un  compte  exact  de  l'intensité  de  cet  effort 
et  des  résultats  obtenus  par  l'ancien  gouverneur  général  de  Madagascar, 
•qu'on  lise  le  très  intéressant  volume  récemment  publié  par  M.  Pierre 
Suau  sur  la  France  à  Madagascar  au  xix^  siècle,  «  l'histoire  la  plus 
complète  qui  ait  paru  jusqu'ici  )>  sur  la  grande  île,  au  témoignage  d'un 
ion  juge,  M.   Le  Myre  de  Vilers.  Bien  que,  par  suite  de  l'impossibilité 


—  136  — 

où  il  s'est  trouvé  de  consulter  différents  documents  essentiels,  il 
n'ait  pas  pu  déterminer  avec  une  entière  précision  les  directions  don- 
nées à  la  politique  française  à  Madagascar  depuis  1885,  l'auteur  de  ce 
livre  n'en  a  pas  moins  émis,  sur  cette  période  qui  est  celle  de  l'in- 
tervention française  entre  1885  et  1895,  puis  la  période  d'occupation 
et  de  colonisation  depuis  la  prise  de  Tananarive  par  le  général  Dn- 
chesne,des  vues  très  exactes  et  des  appréciations  parfaitement  justi- 
fiées; mais  c'est  surtout  sur  la  période  de  luttes  entre  missionnaires 
de  la  London  Missionary  Society  et  jésuites  que  M.  Pierre  Suau 
fournit  de  précieux  renseignements  et  des  indications  précises.  A  cet 
égard,  son  livre  constitue  un  véritable  document,  qu'il  convient  de 
verser  au  dossier  patriotique,  déjà  si  abondamment  fourni,  des  mission- 
naires, ces  obscurs  et  inlassables  serviteurs  de  la  France.  De  1861  à 
1884,  les  Pères  furent  à  peu  près  les  uniques  défenseurs  désintérêts 
français;  par  la  dignité  de  leur  existence,  par  leur  esprit  de  sacrifice, 
joint  à  une  discipline  sévère  qui  assurait  la  continuité  des  efforts,  ils 
surent  en  imposer  aux  Malgaches  et  se  faire  respecter.  Personne  no 
peut  contester  que  nous  leur  devons  la  possession  de  Madagascar.  « 
Personne  plus  que  M.  Le  Myre  de  Vilers  n'a  autorité  pour  s'exprimer 
ainsi  ;  n'a-t-il  pas,  en  arrivant  dans  l'île,  en  1886,  pu  se  rendre  un  compte 
exact  de  l'œuvre  accomplie  par  les  missionnaires?  De  cette  œuvn 
vraiment  admirable,  les  chapitres  IV  à  VI  de  l'ouvrage  de  M.  Pieri.: 
Suau  contiennent  le  meilleur  résumé  qui  ait  été  pubHé;  par  là,  et  par 
les  indications  discrètes,  mais  très  précises,  éparses  dans  la  dernière 
partie  du  volume,  se  justifie  pleinement  le  sous-titre  donné  à  son  livre 
par  l'auteur  de  la  France  à  Madagascar;  c'est  bien  ici  Vhisloire  politi- 
que et  religieuse  d'une  colonisation. 

13.  —  De  ces  documents  qui  ont  fait  défaut  à  M.  Pierre  Suau,  et 
dont  l'absence  rend  moins  solide  la  contexture  des  derniers  chapitres 
de  son  ouvrage,  M.  Jean  Darcyaconnu  quelques-uns,  en  particulier 
la  correspondance  inédite  de  M.  Le  Myre  de  Vilers;  ainsi  a-t-il  pu 
écrire  sur  l'Affaire  de  Madagascar  des  pages  aussi  précises  et  aussi 
intéressantes,  aussi  neuves  parfois,  que  celles  dont  naguère,  lors  de  la 
publication  du  premier  volume  de  Cent  années  de  rivalité  coloniale^  nous 
avions  pris  plaisir  à  faire  ressortir  les  rares  mérites  (Cf.  Polybiblioji  de 
juillet  1904,  t.  Cl ,  p.  44-45).  C'est  seulement  un  des  côtés  du  vaste  sujet 
traité  dans  l'ensemble  par  M.  Suau  qu'a  étudié  M.  Jean  Darcy;  il  l'a 
fait  avec  le  soin,  la  conscience  et  aussi  la  finesse  et  la  perspi- 
cacité dont  ses  premières  études  d'histoire  coloniale  avaient  déjà 
fourni  tant  de  preuves.  Rien  de  plus  dramatique,  de  plus  émouvant 
que  le  duel  engagé  entre  Anglais  et  Français  à  Madagascar,  avec  ses 
alternatives  et  ses  péripéties;  rien  de  plus  remarquable  que  cette  action 
persévérante  et  habile  de  l'Angleterre,  plus  soucieuse  d'écarter  la 


—  137  — 

Franco  do  la  grande  île  malgache  que  de  s'y  établir  elle-même.  Tout 
cela,  M.  Jean  Darcy  l'a  mis  en  pleine  lumière  dans  une  étude  où,  avec 
la  plus  grande  impartialité,  il  a  montré  la  lourde  responsabilité  qui 
pèse  sur  chacun  des  différents  gouvernements  qu'a  eus  la  France 
au  siècle  dernier;  aucun  d'eux,  déclare-t-il,  «  ne  sut  comprendre  ni 
accomplir  franchement  sa  tâche,  et  je  ne  crois  pas  qu'aucune  autre 
nation  ait  à  son  actif,  en  matière  coloniale,  une  aussi  copieuse  série 
de  fautes,  de  maladresses  et  d'inconséquences  ».  En  lisant  l'Affaire  de 
Madagascar,  on  se  rendra  compte  de  l'exactitude  de  ce  jugement;  on 
com.prendra  d'autre  part,  en  fermant  le  livre,  pourquoi  l'Angleterre 
a  pendant  si  longtemps  lutté  contre  nous  dans  cette  partie  de  l'Océan 
Indien  comme  dans  toutes  les  régions  du  continent  noir,  et  quelle 
adresse  elle  a  déploj^ée  dans  la  lutte;  on  déplorera  enfin  qu'une  mort 
prématurée  soit  venue  frapper  M.  Jean  Darcy  au  milieu  de  ses  travaux 
et  n'ait  pas  permis  au  jeune  écrivain  de  remplir  son  dessein  ni  de  retra- 
cer l'histoire,  sur  les  différents  points  du  globe,  de  l'éternelle  rivalité 
de  la  France  et  de  l'Angleterre.  Mais,  encore  qu'inachevée,  l'œuvre 
de  M.  Jean  Darcy  restera,  car  elle  est  vraiment  bonne,  et  faite  de 
main  d'ouvrier. 

16,  —  C'est  de  la  France  seule  (peut-être  l'a-t-on  remarqué)  qu'il  a 
été  jusqu'ici  question  dans  cet  article;  il  serait  vraiment  regrettable 
que,  satisfaits  d'étudier  ce  qui  se  passe  dans  leurs  colonies,  nos  auteurs 
se  désintéressassent  de  l'œuvre  coloniale  de  nos  voisins,  d'autant  plus 
que  cette  œuvre  est  souvent  excellente,  et  susceptible  de  nous  fournir 
d'utiles  enseignements.  Aussi  ne  peut-on  que  se  féliciter  de  voir 
M.  Albert  Métin,  un  des  plus  anciens  boursiers  de  voyage  autour  du 
monde  de  l'Université  de  Paris,  consacrer  un  gros  volume  à  une 
Étude  sur  la  colonisation  au  Canada  et  rechercher  comment  procè- 
dent les  Anglais  dans  la  Colombie  britannique,  c'est-à-dire  dans 
la  partie  la  plus  occidentale  du  Dominion,  dans  celle  dont  l'Océan 
Pacifique  baigne  les  rivages.  Là,  contrairement  à  ce  qui  se  passe  dans 
nos  colonies,  la  mise  en  valeur  précède  l'étude  scientifique  du  pays; 
là  (ce  qui  semble  d'abord  parfaitement  inadmissible),  «la  géographie 
figure  comme  la  suivante  de  l'économie  ».  Et  cependant  telle  est  bien 
la  stricte  vérité;  le  livre  de  M.  Métin  en  fournit  la  démonstration 
absolue.  Après  avoir,  dans  les  deux  premières  parties  de  la  Colombie 
britannique,  fait  connaître  les  conditions  géographiques  de  la  province 
(terrains  et  relief,  chmat,  eaux,  végétation),  l'auteur  montre  comment 
le  territoire  a  été  colonisé  et  peuplé;  puis  il  passe  en  revue  les  richesses 
du  pays  :  pêche  et  chasse,  bois,  agriculture,  mines  (or,  charbon  et  coke); 
il  détermine  enfin,  dans  la  sixième  partie  de  son  ouvrage,  Ic'^  différentes 
régions  économiques  de  la  Colombie  britannique  :  les  îles,  la  côte,  la 
zone  du  chemin  de  fer  Canadien  Pacifique  et  ses  dépendances,  les  zones 


—  138  — 

minérales  des  Kootenay  et  de  la  frontière,  les  champs  d'or  du  Caribou. 
L'aire  à  développer  (c'est-à-dire,  au  centre  de  la  province,  parcourue 
naguère  par  Mackenzie  et  les  premiers  fondateurs  de  forts),  le  nord  de 
la  contrée,  voilà  les  sujets  des  deux  derniers  chapitres  de  cet  ouvrage 
plein  de  faits  et  de  renseignements  de  toute  nature,  où  M.  Métin  a  parfai- 
tement montré  pourquoi  les  employés  de  la  Puissance  et  de  la  Pro- 
vince étudient  simplement  les  zones  d'attrait  :  mines  à  exploiter, 
régions  à  cultiver,  et  abandonnent  aux  particuliers  science  pure  ou 
tourisme;  où  il  a  très  bien  expliqué  comment  le  développement  du  pays 
se  fait  surtout  par  des  spéculateurs;  c'est  à  eux,  dit  très  justement 
notre  auteur  (p.  392),  plus  qu'au  budget  provincial  qu'on  doit  les 
endiguements,  les  drainages,  les  irrigations.  Il  conviendrait,  si  l'espace 
ne  nous  était  étroitement  limité,  de  s'arrêter  longuement  sur  la  Co- 
lombie britannique  de  M.  Métin;  écrit  à  l'aide  des  documents  les  plus 
sûrs,  après  deux  voyages  au  Canada,  ce  livre  qu'illustrent  de  nom- 
breuses cartes  et  de  fort  belles  phototypies,  qu'accompagne  une 
copieuse  bibliographie,  contient  un  exposé  très  clair  et  très  complet, 
très  scientifique  aussi,  de  l'œuvre  coloniale  accomplie  à  l'extrémité 
occidentale  du  Dominion,  dans  un  pays  qui  n'est  devenu  province 
autonome  qu'en  1865;  bien  qu'il  semble  difficile  de  transporter  dans 
nos  possessions  d'outre-mer  les  méthodes  qui  y  sont  exposées,  les 
coloniaux  feront  bien  de  le  lire,  et  même  de  le  méditer. 

He^ri  Froidevaux. 


THÉOLOGIE 


li' lin  m  a  cola  ta  Coiicezione  di  ITIai'ia  Vergiiie  e  In  CItiesa 
^re<*a  ortodossa  dissitlente,  da  Mens.  Niccolo  Marini.  Roma, 
Salviucci,   1908,  in-8  de  vi-172  p. 

Le  haut  clergé  de  l'Église  gi'ecque  dissidente  prétend  que  l'Eglise 
latine  a  eu  le  très  grand  tort  d'imposer  à  ses  fidèles  des  dogmes 
nouveaux,  entre  autres  celui:  de  la  Conception  immaculée  de  la 
Vierge  Marie.  Aveuglé  par  son  animosité  contre  les  Pontifes  romains, 
il  ne  veut  pas  reconnaître  que  si  ce  dogme  n'a  jamais  été  défini 
explicitement  par  les  anciens  conciles,  il  est  implicitement  contenu 
dans  les  louanges  et  les  épithètes  qui  accompagnent  invariablement 
le  nom  de  Marie  dans  tous  les  écrits  des  Grecs.  C'est  par  milliers 
qu'on  trouve,  dans  les  œuvres  des  Pères,  des  hymnographes  et  des 
liturgistes  do  l'Orient,  des  expressions  telles  que  les  suivantes, 
appliquées  à  la  Mère  du  Sauveur  :  «  la  toute  sainte  »,  «  la  création 
nouvelle  »,  «  la  merveille  de  la  nature  »,  «  la  vierge  incompréhensible  », 
«  lo  médiatrice  de  la  grâce  »,  «  la  fille  de  Dieu  »,  «  l'apologie  du  genre 
humain   »,   etc.,   etc.   Comment   expliquer  autrement   que   par  une 


—  139  — 

croyance  intime  à  la  conception  immaculée  de  la  Sainte  Vierge  une 
pareille  terminologie,  qui  n'a  jamais  pu  et  ne  pourra  jamais  être 
employée  pour  une  autre  créature  humaine?  Si  les  Latins  ont  été 
les  premiers  à  préciser  avec  netteté  le  privilège  incomparable  de 
Marie,  ils  ont  été  de  beaucoup  surpassés  par  les  Grecs,  à  imagination 
plus  vive  et  plus  poétique,  dans  l'invention  de  cette  multitude  de 
termes  laudatifs,  qui  n'ont  leur  raison  d'être  que  si  celle  qui  en  est 
l'objet  a  été  exempte  de  la  tache  originelle.  Et  de  plus,  très  nombreux 
sont  les  passages  des  écrits  que  nous  ont  laissés  les  Pères  grecs,  dans 
lesquels  se  trouvent  contenus  une  affirmation  plus  ou  moins  directe 
de  l'immaculée  conception.  Ce  sont  tous  ces  textes  et  toutes  ces 
poétiques  louanges  que  l'auteur  met  sous  nos  yeux  et  commente 
savamment  pour  en  démontrer  toute  la  valeur.  Il  prouve  ainsi,  une 
fois  de  plus,  sur  cette  question  de  la  conception  immaculée,  comme 
on  peut  le  faire  sur  tant  d'autres,  que  ce  ne  sont  pas  lès  Latins  qui 
ont  inventé  un  dogme  inadmissible,  mais  que,  tout  au  contraire,  ce 
sont  les  membres  de  l'Église  grecque  officielle  qui  innovent  inconsi- 
dérément en  cette  matière,  puisqu'ils  lenient  aujourd'hui  une 
croyance  qu'affirmaient,  implicitement  si  l'on  veut,  mais  très  clai- 
rement néanmoins,  tous  leurs  prédécesseurs  avant  la  consommation 
du  schisme.  Léon  Clugnet. 

lie  t^élèbre  Ifliraele  «Te  saint  Janvier  à  IVaples  et  à 
l'ouzzoles  exaniBiié  au  doitblt^  point  de  vue  lti8toi*ic|ue 
et  e^eieutiiiiiiie,  avec  une  Introduction  sur  le  miracle  en  général, 
par  LÉON  Cavène.  Paris,  Beauchesne,  1909,  in-8  de  vii-356  p.  — 
Prix  :  5  fr. 

Cet  ouvrage,  consacré  à  la  défense  du  fameux  miracle  de  saint 
Janvier,  se  lit  avec  un  sympathique  intérêt.  Il  est  écrit  avec  verve  et 
sincérité.  L'auteur,  qui  est  un  laïque,  fait  d'abord  l'hi'Jtorique  de  ce 
miracle,  en  treize  chapitres  (p.  1-211)  (il  a  lieu  depuis  1387  au  moins), 
et  l'étudié  ensuite  scientifiquement  (p.  211-343).  Il  prend  à  partie  les 
différents  auteurs,  soit  des  temps  passés,  soit  des  temps  modernes,  qui 
l'ont  contesté.  Sa  correspondance  avec  M.  Aulard,  professeur  à  la  Sor- 
bonne,  avec  le  député  allemand  Ladenburg,  le  député  italien  Gaudenzi, 
l'ingénieur  Giaccio,  le  spirite  Luigi  di  Pace,  ne  manque  pas  de  piquant. 
Il  montre  les  préjugés  et  les  entêtements  de  ces  hommes  qui,  sans 
avoir  jamais  voulu  vérifier  par  eux-mêmes  la  réalité  de  la  liquéfaction 
du  sang  miraculeux,  crient  à  la  supercherie  ou  supposent  des  explica- 
tions sans  rapport  avec  les  circonstances 'du  fait.  Il  leur  oppose  triom- 
phalement, et,  semble-t-il  bien,  avec  raison,  les  expériences  scienti- 
fiques de  M.  Sporindeo  et  du  P.  Silva,  qui,  non  contents  de  constater 
dans  la  fiole  une  augmentation  croissante  du  volume  du  sang,  (toute 
addition  de  matière  étrangère  étant  d'ailleurs  prouvée  impossible),  ont 


—  140  — 

de  plus,  avec  des  balances  de  précision,  enregistré  des  augmentations 
de  poids  et  de  masse  proportionnelles.  Ce  résultat,  obtenu  parl'emplci 
des  méthodes  chères  à  la  science,  est  vraiment  singulier,  et  bien 
qu'il  atteste  une  intervention  miraculeuse,  doit  donner  à  réfléchir  aux 
savants  de  bonne  foi,  qui  peuvent  le  vérifier  pour  leur  propre  compte. 
Ce  volume  est  honoré  d'une  lettre  d'approbation  de  S.  G.  Mgr  de 
Cabrières,  évêque  de  Montpellier.  A.  Clerval. 


SCIENCES  ET  ARTS 

U.es  CoiiilitÂons  du  lioiilieur,  par  Paul    Souriau.  Paris,    Colin, 
1908,  in-18  de  348  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Le  livre  de  M.  Paul  Souriau,  qui  a  l'ambition  d'enseigner  à  ses 
contemporains  les  conditions  du  bonheur,  se  divise  en  trois  partie.^  : 

La  première  est  consacrée  aux  conditions  personnelles  du  bonheur; 
elle  en  analyse  les  éléments,  nous  fait  voir  comment  on  peut  en  faire 
l'évaluation,  soit  pour  autrui,  soit  pour  soi-même,  en  expose  les 
conditions  physiologiques  et  psychologiques,  nous  montre  ensuite 
ce  qu'est  le  bonheur  normal,  et,  en  finissant,  fait  un  tableau  de  la  vie 
intérieure,  où  les  heures  de  joie  alternent  avec  les  heures  grises  et 
les  heures  sombres,  et  où  l'eiïort  personnel  a  son  rôle  marqué  pour 
assurer  contre  les  surprises  et  les  épreuves  de  la  vie  les  réactions 
nécessaires. 

La  deuxième  partie  traite  de  la  vie  de  famille.  Elle  nous  dit  ce 
qu'est  la  famille,  comment  elle  se  forme  par  le  mariage,  et  quelles 
dispositions  on  y  doit  apporter  pour  avoir  chance  d'y  trouver  le 
bonheur  comme  époux  d'abord,  puis  comme  parents,  et  quelle  part 
revient  aux  enfants  dans  le  bonheur  de  la  famille.  On  trouve  là  de  très 
bonnes  choses  et  des  tendances  élevées  :  l'auteur  a  tort  pourtant  de 
croire  que  le  divorce  puisse  être  jamais  justifié,  même  par  la  faute 
ou  l'indignité  d'un  des  époux  :  si  l'état  des  mœurs  a  pu  ou  peut  encore 
l'expliquer,  il  faut  y  voir  un  signe  de  barbarie  ou  de  décadence.  Pour 
cette  raison  seule,  sans  compter  quelques  autres,  je  trouve,  contrai- 
rement à  l'auteur,  l'idéal  de  la  famille  chrétienne  d'autrefois  bien  supé- 
rieur à  l'idéal  abaissé  de  la  famille  d'aujourd'hui. 

La  troisième  partie,  c'est  l'étude  des  conditions  sociales  du  bonheur, 
conditions  économiques,  conditions  tenant  aux  progrès  de  la  civilisa- 
tion, conditions  de  morahté.  Et  l'auteur  se  demande  en  finissant 
quelle  influence  la  religion  peut  exercer  sur  le  bonheur.  Il  traite  la 
question  avec  modération  et  avec  respect  et  ne  disconvient  pas  que  la 
religion  puisse  exercer  une  influence  morale  et  heureuse;  mais  il  estime 
que  la  libre  pensée  peut  produire  d'aussi  bons  résultats  et  que  ni  la  mo- 
ralité ni  le  bonheur  ne  sont  exposés  à  souffrir  de  l'absence  de  croyances 


—  141  — 

religieuses.  C'est  dire  assez  que  l'auteur  ne  donne  aux  croyances  reli- 
gieuses ni  la  valeur  objective  ni  l'influencf^  pratique  qu'elles  possèdent 
à  nos  yeux.  Ce  n'est,  à  son  avis,  qu'une  solution  estimable  du  problème 
de  la  vie  et  une  règle  respectable,  mais,  d'ailleurs,  conventionnelle  de 
l'action.  J'ai  donc,  à  ce  sujet,  de  graves  réserves  à  formuler.  L'auteur 
est  d'ailleurs  un  homme  de  talent,  et  son  volume,  plpjn  do  fines 
analyses  et  d'honnêtes  conseils,  se  lit  avec  intérêt.  C'est  un  livre 
optimiste,  où  la  foi  au  progrès,  à  la  civilisation,  à  la  démocratie, 
induit  l'auteur  en  un  certain  nombre  d'illu-^ùons  :  la  philosophie  chré- 
tienne du  bonheur  nous  parait  à  la  fois  plus  vraie  et  plus  sûre. 

Edouard  Pontal. 

I>e(ti'es  sur  les  études  ecclésiasticiues,  par  Mgr  Mignot.  Paris, 
Lecoffre,  Gabalda,  1909,  in  12  de  xvii-3i:5  p.—  Prix:  3  fr.  50. 

Les  cinq  lettres  que  renferme  ce  volume  roulent  sur  les  Études 
littéraires  et  scientifiques,  la  philosophie,  l'apologétique  contemporaine^ 
l'histoire,  l'apologétique  et  la  critique  biblique  et  sont  suivies  d'un 
discours  sur  la  Méthode  de  la  théologie.  L'énoncé  seul  de  ces  sujets 
en  démontre  l'importance  et  l'actualité.  Elles  ferment  un  véritable 
manuel  de  critique  à  l'usage  des  ecclésiastiques  qui  se  hvrent  aux 
sciences  sacrées.  Elles  se  recommandent,  non  seulement  par  la  haute 
notoriété  de  leur  éminent  auteur,  dont  personne  n'ignore  la  com- 
pétence dans  ce  domaine,  mais  encore  par  la  largeur  et  la  siireté 
des  principes,  la  chaleur  et  la  clarté  du  style.  En  les  lisant,  on 
apprend  tout  à  la  fois  les  grandes  libertés  et  les  salutaires  réserves 
dont  doit  s'inspirer  quiconque  étudie  les  matières  où  se  rencontrent 
la  science  et  la  foi.  On  y  apprend  aussi  les  dispositions  moral<^s,  les 
pi'éparations  techniques,  les  méthodes  appropriées  qui  conviennent 
à  l'historien,  à  l'exégète,  h  l'apologiste.  Elles  résument,  en  un  mot, 
tout  ce  que  renferment  de  bon  les  traités  de  critique  et  seraii?nt  très 
utiles,  non  seulement  aux  ecclésiastiques,  mais  à  tous  les  travailleurs 
de  bonne  foi.  A.  Clerval. 

I*e  CItcval  rte  deini-saKg.  Kaces  frauçaises,  par  Alfred 
Gallier.  Paris,  Laveur,  s.  d.,  in-18  de  vi-332  p.  (Collection  l'Agriculture 
au  xx«  siècle.)  —  Prix  :  2  fr. 

ILe  Porc.  iCaees,  élevage,  maladies,  par  H.-L.-A.  Blanchon. 
Paris,  Laveur,  s.  d.,  in-18  de  224  p.  (Même  collection.)  —  Prix  :  2  fr. 

Ces  deux  volumes  se  recommandent  vraiment  aux  lecteurs  spéciaux 
par  leurs  quahtés  d'exposition,  claires  et  méthodiques.  Le  premier 
Tist  écrit  avec  la  compétence  d'un  homme  qui  a  fait  sa  carrière  dans 
en  des  centres  principaux  d'élevage,  et  il  ne  pense  pas  que  nos 
diverses  races  de  demi-sang  et  de  trait  léger  soient  en  décadence  et 


—  142  — 

doivent  périr  par  un  envahissement  même  plus  considérable  de  la  trac- 
tion mécanique.  On  en  aura  toujours  besoin,  mais  il  faut  perfec- 
tionner toujours.  L'auteur  se  montre  partisan  convaincu  de  l'anglo- 
normand,  et  après  avoir  décrit  le  pays  privilégié  dont  cette  race  fait 
la  gloire  et  la  richesse,  il  examine  ce  qu'il  fournit,  les  pratiques  de 
l'élevage  tel  qu'il  y  est  fait.  Il  passe  en  revue  ses  diverses  phases, 
les  différents  besoins  auxquels  il  doit  satisfaire,  examine  les  résultats 
obtenus,  y  consacre  le  premier  chapitre  de  son  livre,  le  plus  développé 
de  l'ouvrage.  Les  mêmes  méthode  et  disposition  président  aux  cha- 
pitres suivants.  Le  second  est  consacré  au  demi-sang  vendéen, 
charcutais  et  breton;  le  troisième,  aux  productions  du  centre;  le  dernier 
enfin,  au  demi-sang  du  Midi.  Dans  chacune  de  ces  parties,  on  trouve 
spécialement  développées  les  ressources  que  chaque  pays  présente 
et  permet  de  perfectionner,  les  institutions  qui  s'en  occupent,  les 
haïras,  et  les  courses  qui  s'y  font  périodiquement.  Mais  il  faut  par- 
ticuhèrement  mentionner  le  résumé  qui  termine  chacune  d'elles.  En 
quelques  pages,  il  forme  un  aperçu  complet  et  utile  sur  les  ressources 
de  chaque  région,  ce  que  l'amateur  y  trouvera,  les  achats  qu'il  aura  à 
faii'e,  le  commerce  habituellement  pratiqué  et  les  foires  régulièrement 
tenues. 

■ — Le  Porc,  rédigé  par  M.  Blanchon,  ancien  élève  de  l'Ecole  nationale 
d'agriculture  de  Montpellier,  est  un  ouvrage  méthodiquement  pré- 
senté, réellement  bien  fait.  Il  décrit  d'abord  ce  qui  caractérise  les 
diverses  races  qui  se  partagent  notre  pays,  les  avantages  qu'elles 
présentent,  comme  aussi  les  défauts  qu'on  y  peut  rencontrer.  Il 
s'occupe  donc  de  l'exploitation  des  richesses  alimentaires  qu'elles 
fournissent  et  du  choix  à  en  faire  pour  le  milieu  où  l'on  se  trouve. 
On  lira  avec  profit  la  partie  qui  expose  ce  que  doit  être  le  porc  parfait, 
et  les  pages  qui  suivent  consacrées  aux  moyens  zootechniques  qui 
concourront  au  perfectionnement  de  ses  élèves.  Combien  trop  souvent 
est  laissé  à  la  routine,  au  pur  liasard  même,  un  élevage  qui,  bien  con- 
duit, pourrait  être  productif  !  Les  leçons  d'une  expérience  consommée, 
d'observations  nombreuses,  seront  suivies  avec  fruit  en  ce  qui  concerne 
l'alimentation  et  l'engraissement  de  ces  animaux.  L'ouvrage  se  ter- 
mine par  des  conseils  d'hygiène  et  des  avis  sur  les  maladies  qui 
peu^^'ent  les  atteindre.  G.  de  S. 


Étiiflcs    nouvelles    sut*    l'astronomie,    par     Ch.    André    et 

P.  PuisEux.  Eies  l*laiiè(es  et  leur  origine,  par  Ch.  André. 
Paris,  Gauthier -Vil]  ars,  1909,  gr.  in-8  de  285  p.,  avec  3  pi.  et  94  fig. — 
Prix  :  10  fr. 

En  rendant  compte,  en  septembre  1908  {Polybiblion,  t.  CXXÏII, 
p.  242-243)  du  premier  volume  de  ces  Études  nouvelles^  lequel  avait 


—  143  — 

pour  objet  la  Terre  et  la  Lune,  nous  pressentions  des  «Etudes  «  ana- 
logues concernant  les  autres  astres  dont  se  compose  notre  système 
planétaire.  C'est  cette  seconde  série  que  nous  donne  aujourd'hui 
M.  Ch.  André,  directeur  de  l'Observatoire  de  Lyon. 

Nos  connaissances  comme  nos  idées  sur  le  cortège  de  planètes  et  d& 
satellites  dont,  en  plus  de  notre  petit  système  terrestro-lunaire,  se 
compose  le  cortège  du  Soleil,  sont  bien  différentes,  comme  elles  sont 
plus  étendues,  de  ce  qu'elles  étaient  à  la  fin  du  xyiii*^  et  au  com- 
mencement du  xix*^  siècle.  La  mise  à  jour  et  à  point  de  ce  que  sont 
devenues  ces  idées  et  ces  connaissances  à  l'aurore  du  xx^  siècle, 
tel  est  le  but  que  s'est  proposé  M.  Ch.  André.  —  Après  une  Intro- 
duction exposant  les  lois  de  Kepler,  la  loi  de  Bode  et  les  données  très 
générales  du  système  planétaire,  l'auteur  divise  son  sujet  en  trois 
parties  d'inégale  importance:  les  planètes,  les  satellites,  la  formation 
du  système  planétaire. 

Dans  la  première,  chaque  planète  est  l'objet  d'un  exposé  descriptif, 
historique  et  critique,  résumant  tous  les  travaux  dont  elle  a  été 
l'objet  par  les  divers  astronomes.  Pour  Vénus  et  Mercure,  dont  la 
durée  du  mouvement  de  rotation  a  été  fort  discutée,  l'auteur  conclut, 
pour  ces  deux  planètes,  comme  pour  Mars,  à  une  durée  voisine  de 
24  heures.  Quant  à  cette  dernière  planète,  M.  Ch.  André,  s'appuyant  sur 
des  expériences  de  ]\L  Lumière,  conclut  à  l'inexistence  des  fameux 
canaux  dont  l'apparence  proviendrait  de  jeux  de  lumière, 
tandis  qu'ils  n'auraient  aucune  réalité  objective.  —  L'étude  ap- 
profondie de  l'anneau,  ou  plutôt  des  anneaux  d'astéroïdes,  dont  le 
nombre  s'accroît  sans  cesse,  débordant  même  les  orbites  de  Mars 
et  de  Jupiter,  modifie  sensiblement  l'idée  qu'on  s'était  faite  de  cette 
région  de  l'espace.  —  Comme  conclusion  à  toutes  les  observations 
ayant  Jupiter  pour  objet,  l'auteur  se  demande  si  les  taches  brillantes 
qu'on  y  remarque  ne  seraient  pas  «  comme  les  noyaux  de  satellites 
qui  n'auraient  pas  pu  se  séparer  de  la  planète  ».  Saturne,  avec  ses 
anneaux,  n'est  pas  la  moins  intéressante  de  cette  série  de  monographies 
planétaires.  Dans  les  deux  dernières,  qui  ont  pour  objet  Uranus  et 
Neptune,  on  ne  lira  pas,  sans  un  particulier  intérêt,  l'historique  de  leur 
découverte,  surtout  de  Neptune.  Mais  où  l'éminent  directeur  de 
l'Observatoire  de  Lyon  rencontrera  peut-être  des  contradicteurs, 
c'est  dans  l'affirmation  de  la  non-existence  de  planètes  extraneptu- 
niennes  :  on  assure,  en  effet,  que  le  professeur  W.  H.  Pickering,  de 
l'Observatoire  de  Harvard  Collage,  annonce  la  découverte  probable, 
dans  le  cours  de  1909,  d'une  planète  appartenant  à  notre  système 
solaire  et  se  mouvant  au-delà  de  l'orbite  de  Neptune. 

Passons  rapidement  sur  les  vingt-cinq  satellites.  Lune  non  comprise, 
répartis  entre  les  cinq  planètes  extérieures  :  deux  pour  Mars,  assez  ré- 


—  144  — 

cemmout  découvertes;  huit  pour  Jupiter,  dont  trois  toutes  récentes, 
•dues  à  la  photographie;  onze  pour  Saturne,  la  dernière  découverte 
photographiquement  aussi;  quatre  pour  Uranus  et  une  pour  Neptune. 
Un  court  chapitre  est  aiïecté  à  la  recherche  de  leurs  masses  et  de 
•celles  des  planètes. 

Dans  sa  troisième  partie,  l'auteur  se  livre  à  un  examen  critique 
des  théories  émises  sur  la  formation  du  système  planétaire,  par 
Laplace,  Roche,  G.  H.  Darwin  (ne  pas  confondre  avec  Charles  Darwin), 
Faye,  S'ratton,  et  termine  en  présentant  ce  qui  lui  paraît  être,  «  à  la 
lumière  de  cet  ensemble  de  travaux  »,  l'idée,  assez  approchée  de  la 
vérité,  que  l'on  peut  se  faire  aujovu-d'hui  du  système.  —  Il  est  sur- 
prenant que  l'auteur  n'ait  accordé  aucune  attention  aux  travaux 
non  moins  dignes  d'intérêt,  sur  la  même  question,  du  colonel  du 
Ligondès  et  de  M.  l'abbé  Moreux.  C.  de  Kîrwan. 


JLe  Bfiila»  tic  notre  cn^i'iiie,  par  J.-L.  de  Lanessan.  Paris,  Alcan, 
1909,  in-8  de   viii-384  p.  —  Prix:   3    fr.  50. 

La  marine  est  aujourd'liui  à  l'ordre  du  jour;  elle  s'impose  à  l'atten- 
tion de  tous,  plutôt,  liélas  !  par  ses  accidents,  ses  catastrophes,  sa 
mauvaise  organisation,  que  par  ses  prouesses.  Chacun  attaque  la  marine, 
souvent  sans  indulgence  ni  justice,  plus  souvent  enf^ore  sans  aucune 
oompétence.  Aussi,  J'ouvrage  de  M.  de  Lanessan  vient-il  bien  ;î  son 
heure.  Ecrit  par  un  ancien  ministre,  il  est  aussi  jnste  et  impartial  que 
peut  l'être  une  apologie,  un  plaidoyer  pro  domo.  Cette  réserve  faite, 
ces  pages,  présentées  sous  une  forme  aussi  littéraire  que  le  comporte 
un  tel  sujet,  sont  très  intéressantes,  très  documentées  et  mettent  par- 
faitement en  lumière  ntn  seulement  les  vices  de  l'organisation  actuelle 
de  la  marine,  mais  encore,  ce  qui  est  mieux,  les  remèdes  vraiment  ra- 
tionnels qu'il  paraîi  opportun  et  nécessaire  d'apporter,  dans  le  plus 
bref  délai,  à  la  situation  présente.  Il  est  juste  enfin  de  faire  remarquer 
que  l'auteur,  contrairement  aux  mœurs  lamentables  qui  temient  à 
s'établir,  a  évité  soigneusement  de  provoquer  le  moindre  scandale  et 
s'est  toujours  exprimé  avec  la  plus  grande  modération. 

M.  de  Lanessan  étudie  successivement  nos  bâtiments  de  combat,  le 
prix  de  notre  flotte,  l'artillerie  navale,  les  approvisionnements,  l'outil- 
lage des  ports,  le  personnel  de  la  flotte,  les  arsenaux,  les  constructions 
navales  et  enfin  l'administration  centrale  de  la  marine.  Dans  ces  divers 
chapitres,  toute  la  marine  est  passée  en  revue,  ses  rouages  multiples 
sont  démontés,  et,  à  côté  de  l'exposé  de  l'état  actuel  et  de  ses  imperfec- 
tions, se  trouA'e  l'indication  du  remède  le  meilleur.  Cet  ouvrage,  très 
bien  fait,  est  donc  d'un  puissant  intérêt  et  indispensable  à  consulter 
pour  éclairer  les  discussions  qui,  aujourd'hui,  remplissent  la  presse. 
On  regrette  seulement  d'y  rencontrer  quelques  erreurs  techniques 


—  145  —       ■ 

grossières  (par  exemple,  p.  174,  sur  le  métal  des  coiffes)  et  aussi  des 
appréciations  sur  le  personael,  imbues  d'un  véritable  parti-pris  et 
que  l'on  déplore  de  trouver  chez  un  écrivain  par  ailleurs  aussi  éclairé. 
On  voit  bien,  par  exemple,  que  M.  de  Lanessau  n'a  jamais  fréquenté, 
à  bord,  le  personnel  des  machines,  pour  affirmer  que  les  officiers  mé- 
caniciens sont,  de  tous  nos  officiers,  les  plus  respectés  par  leurs  subor- 
donnés (p.  2'il).  L'affirmation  contraire  serait  ici  l'expression  de  la 
vérité;  il  suffit  d'avoir  navigué  pour  en  être  convnincu.  Ces  critiques 
n'enlèvent  du  reste  que  bien  peu  de  chose  à  la  valeur  de  cet  ouvrage 
qui,  nous  le  répétons,  mérite  d'être  lu,  consulté  et  médité. 

•T.  G.  T. 

LITTÉRATURE 

licttres  de  jeunesse  d'EuGÈJiE  Fromentin.  Biographie  et  notes 
par  Pierre  Bi.anchon  [Jacques-André  Mérys].  Paris,  Plon-Nourrit, 
1909,  in-16  deiv-367   p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Eugène  Fromentin,  le  peintre  de  l'Orient,  et  aussi  l'écrivain  de 
premier  mérite  à  qui  les  lettres  françaises  doivent  ce  livre  magistral  : 
les  Maîtres  d'autrefois,  mania  avec  un  bonheur  égal  le  pinceau  et 
la  plume.  Dans  ses  Souvenirs,  Maxime  du  Camp  hésite  à  dire  de  quel 
côté  il  ferait  pencher  le  meilleur  éloge;  les  «  Lettres  de  jeunesse»  lui 
eussent  apporté  un  élément  de  plus  en  faveur  de  l'écrivain.  M.  Blanchon 
les  encadre  d'un  commentaire  un  peu  vague,  un  peu  trop  contenu 
et  sobre  comme  le  morne  paysage  du  pays  d'Aunis  où  l'adolescence 
de  Fromentin  se  déroule,  de  1820  à  1840,  Il  les  range,  en  homme  bien 
informé  mais  sagement  discret,  sous  quatre  rubriques  successives: 
Jeunes  Années  (1820-1840);  La  Voie  cherchée  (1840-1843);  Initiation 
cà  la  peinture  (1843-1846);  l'Orient  révélé  (1846-1849).  Il  passe  donc 
en  revue  la  maison  paternelle,  les  camarades  de  collège  (La  Rochelle), 
les  amis  (à  Pai'is);  l'École  de  droit  et  les  ateliers  où  se  forme  notre 
débutant;  il  explique,  avec  uneréserve  dont  je  le  loue,  la  passion  mal- 
heureuse et  coupable  dont  Fromentin  a  fait  la  trame  de  ce  roman 
de  Dominique,  si  tragique  précisément  par  la  sincérité  «  vécue  »  de 
son  héros. 

Cette  correspondance,  diverse,  fut  adressée  à  Paul  Bataillard  pour 
la  majeure  partie,  à  Emile  Beltrémieulx,  à  Armand  du  Mesnil.  Eugène 
Fromentin  s'y  livre  tout  entier,  il  y  révèle  une  nature  assez  mal- 
heureuse, assez  pessimiste,  très  impressionnable,  très  attachante, 
dominé  par  le  sentiment  artistique  plus  que  par  les  événements 
contemporains.  Il  lutte  contre  les  hésitations  de  son  père,  à  qui  le 
«■  métier  de  peintre  »  ne  dit  rien  de  bon,  d'autant  mieux  que^  médecin 
austère,  il  a  toujours  considéré,  pour  lui-même,  ses  médiocres  pin- 
AouT  1909.  T.  CXVI.  10. 


—  146  — 

ceaux  comme  un  simple  divertissement.  Le  hasard  fit  qu'au  mois  do 
mars  1846,  Eugène  Fromentin  suivit,  comme  en  courant,  un  ami 
en  Algérie  ;  l'impression  artistique  qu'il  ressentit  de  cette  terre  du 
soleil  fut  profonde,  décisive  ;  les  lettres  où  il  la  décrit  offrent  un 
charme  particulier  (p.  165-181).  Un  second  voyage,  plus  important 
(septembre  1847-mai  1848),  à  Alger,  à  Blidah,  à  Constantine,  à  Bis- 
kra,  au  seuil  du  Sahara  même,  achève  la  conquête,  décide  la  voca- 
tion, détermine  le  genre  et  ferme  la  bouche  aux  objections.  On  re- 
oTette  seulement  de  voir  s'arrêter  cette  correspondance,  tant  elle 
prend  d'agrément;  et  c'est  le  meilleur  éloge  qu'on  j)uisse  sans  doute 
faire  de  ce  récit  sincère  où  se  dévoile  une  belle  âme. 

Le  «littérateur  «  marquera  plus  d'un  passage  à  noter  par  son  charme  : 
sur  le  sentiment  du  repos  (p.  122),  les  souvenirs  (p.  126),  l'automne 
(p.  157)  ;  la  Provence  (p.  167)  ;  le  «  voyageur  »  retiendra  des  descriptions 
vivantes  de  l'Orient,  petits  tableaux  de  plume  qui  rappellent  la  fac- 
ture du  pinceau  même  de  Fromentin,  tel  le  portrait  du  vieux  brodeur 
Maure  (p.  241),  du  bivouac  dans  le  désert  (p.  313);  «  l'historien  v 
fera  une  moisson  moins  ample,  car  Fromentin  passe  à  côté  des  évé- 
jiements  contemporains  (sauf  peut-être  l'année  1848),  sans  leur  jeter 
autre  chose  qu'un  coup  d'œil  hâtif;  il  suit  son  rêve  d'artiste;  et  c'est 
ce  qui  constitue  son  attrait,  sa  force,  sa  beauté.  G. 


Mans  le  jai'dîii  de  Saîiile-Beuve.   Essais,  par  Georges  Grappe. 
Paris,  Stock,  1909,  in-12  de  324  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Il  faut  sans  doute  ou  avoir  beaucoup  de  jeunesse  ou  se  sentir  beau- 
coup d'autorité  pour  publier  un  volume  d'articles  critiques  où  des 
auteurs  aussi  peu  nouveaux  que  Victor  Hugo,  Dumas  père,  George  Sand, 
Edgard  Quinet,  Balzac,  Mérimée,  et  Sainte-Beuve,  sont  racontés, 
analysés,  jugés  tout  entiers  en  vingt  ou  vingt-cinq  pages.  Je  con- 
jecture, ici,  que  M.  G.  Grappe  n'est  pas  très  loin  encore  de  sa  jeunesse, 
et  j'augure  qu'il  a  beaucoup  des  qualités  nécessaires  pour  conquérir 
l'autorité.  Si,  en  effet,  il  n'a  point  cherché  et  n'apporte  point  de 
faits  inédits,  il  a  beaucoup  lu,  il  est,  comme  on  dit,  bien  informé,  et  il 
sait,  avec  précision  et  mesure,  tirer  des  biographies  de  ses  personnages 
les  traits  essentiels  pour  caractériser  leur  figure  et  leur  œuvre.  Si  ses 
idées  et  ses  jugements  offrent  peu  d'imprévu — et,  d'ailleurs,  à  ne 
pas  s'attarder  aux  menus  détails  et  fouiller  dans  les  petits  coins  encore 
secrets,  il  ne  peut  guère  en  être  autrement  devant  des  maîtres  que  des 
maîtres  ont  déjà  expliqués, — ils  se  présentent  pourtant  avec  un  accent 
très  personnel  :  il  y  a  là  déjà  l'assurance,  l'imperatoria  brevitas  d'un 
]»rofesseur.  Ces  sept  études,  substantielles  et  complètes  autant  que 
le  permet  leur  raccourci,  d'ailleurs  écrites  avec  vivacité,  finesse,  esprit 


—  147  — 

et  bonne  humeur,  feraient  dans  une  histoire  de  la  Httérature  ou  dans 
une  grande  encyclopédie  autant  d'excellents  chapitres. 

Pas  tout  à  fait  autant...  Car  si  l'Alexandre  Dumas,  le  Balzac,  et 
le  George  Sand  donneraient  à  presque  tous  l'impression  d'un  à  peu 
près  de  justice  impartiale,  nul  doute  que  beaucoup  crieraient  au 
scandale  à  voir  bâtonner  de  si  bon  cœur  et  avec  tant  de  malice  la 
folie  romantique,  et  le  charlatanisme  de  Hugo,  si  bien  nommé  par 
Veuillot  «  Jocrisse  à  Pathmos  »,  l'idéologie  germanico-protestante 
et  phraseuse  de  Quinet.  Par  contre,  moi  qui,  étant  de  ma  génération, 
suis  sans  idolâtrie  et  goûte  fort  l'exécution  de  ces  vieilles  barbes, 
je  me  plaindrais  d'une  admiration  sans  réserve  pouv  ce  libertin  de 
Mérimée;  et  je  n'acceptepas  qu'on  fasse  de  Port-Royal  un  chef-d'œuvre, 
un  modèle,  ni  qu'on  vante  l'honnêteté,  et  le  loyalisme,  et  la  loyauté 
de  ce  vieux  renard  de  Sainte-Beuve,  qui  me  paraît  bien  avoir  eu 
l'intelligence  la  plus  merveilleusement  souple  et  pénétrante,  mais  qui 
fut  un  pohsson  dans  ses  mœurs,  un  matois,  un  sournois,  un  perfide  en 
les  feuilletons,  et  dont  la  critique,  dangereuse  à  qui  n'est  pas  en 
léfiance  et  ne  sait  pas  lire  entre  les  lignes  et  les  nuances,  se  sent  trop 
les  misères  de  son  cœur... 

Ce  m'est  une  raison  de  plus  de  ne  pas  ni  emballer  sur  le  long 
)rologue,  où  M.  Grappe  se  met  lui-même  en  conversation  avec  Sainte- 
'Beuve,  dans  la  maisonnette  et  le  jardin  de  la  rue  Montparnasse, 
pour  provoquer  et  recueillir  toute  sorte  de  propos,  désabusés,  sceptiques 
et  renaniens,  sur  la  vie,  l'amour,  la  politique,  la  religion,  les  lettres, 
la  critique...  Outre  que  je  n'aime  pas  ce  flirt  avec  les  idées,  cette 
coquetterie  chatoyante,  minaudière,  précieuse,  sans  franchise,  je 
trouve  «  vieux-jeu  »  ce  jeu  d'esprit  renouvelé  de  M.  Barrés...  et  usé 
par  M.  Lajouness'e.  Gabriel  Audiat. 

Be  tout  ma  |teia,  par  A.  Mézières»  Paris,  Hachette,   1909,  in-16  de 
326    p.  —  Piix;  3  1r.  50. 

Voici  un  bien  charmant  volume  dans  sa  variété  savante  et  aimable. 
L'auteur  y  cause, dans  cette  langue  de  bonne  compagnie  qu'on  ne  sait 
plus  guère  parler  et  qu'on  sait  encore  moins  écrire,  des  sujets  les  plus 
divers  et  les  plus  intéressants  :  I.  Au  temps  passé.  La  Création  des 
Facultés  de  Nancy.  La  Sorbonne  en  18G0.  On  trouve  dans  ce  chapitre 
de  très  jolis  crayons  :  tels  ceux  de  Villem-^in  (p.  25)  et  de  Victor  Leclerc 
(p.  30-31).  II.  L^n  Coin  de  la  société  parisienne  sous  le  second  Empire, 
élégant  et  fin  tableau  de  genre  où  se  détachent  des  figures  vivement 
perçues  et  rendues,  celle  entre  autres  de  l'éditeur  Charpentier  (p.  55- 
56).  lîl.  Dante.  IV.  Le  Frère  de  Pétrarque.  V.  Jean  des  Bandes  Noires. 
Vî.  Lorenzaccio.  VII.  Le  Mystère  de  la  vie  du  Tasse.  Dans  ces  belles 
études  M.  Mé/.ières,  sanscesser  d'être  un  délicieux  causeur,  se  retrouve 


—  148  — 

dans  la  rliairo  de  Sorbonne  qu'il  a  si  dignement  occupée  et  nous  fait 
pénétrer  dans  la  séduisante  et  redoutable  c(»mple\ité  d'âmes  et  d'in- 
telligences italiennes.  Peut-être  y  montre-t-il  pour  le  Tasse,  au  déti-i- 
ment  d'Alphons3  d'Esté,  un  peu  de  partialité.  Son  érudition  souple 
et  forte  se  inaràfeste  avec  le  même  agrément  solide  dans  les  trois  études 
suivantes  :  VHI.  Le  Tliéàtre  espagnol.  IX.  Lessing.  X.  Edgard  Pi  ë. — 
C'est  toujours  le  causeur  merveilleux,  uni  non  plus  au  professeur,  mais 
à  riinmme  politique  et  au  patieineidaire  avisé  (plût  au  Ciel  que  nous  en 
eussions  seulement  de  tels  que  lui  !),  qui  nous  fait  les  honneurs,  dans  le 
dernier  chapitre,  de  l'âme  et  des  sentiments  d'une  souveraine  :  XI.  La 
Reine  Victoria  d'après  sa  correspondance  inédite.  —  Sans  être  toujours 
sur  tous  les  points,  en  ces  causeries  également  agréables  et  instruc- 
tives, quoique  si  diverses,  de  l'avis  de  M.  Mézières,  ses  auditeurs,  ses 
lecteurs  le  quittent  enchantés  de  sa  parole,  de  sa  plume  si  spirituelle  et 
si  naturelle,  fâchés  seulement  de  le  quitter  et  le  priant  très  fort  de  ne 
pas  tarder  à  revenir.  M.  S. 

lies  Femmes  tl'e»|»rsl.  en  FraBioe,  histoire  littéi'oire  et  sociale, 
par  le  comte  J.  du  Plessis.  Paris,  Nouvelle  Librairie  nationale;  s.  d., 
in- 18  de  290    p.  —  Prix  :   3  fr.  50. 

J'ai  lu  avec  grand  plaisir,  et  non  sans  profit,  le  livre  que  M.  le 
comte  J.  du  Plessis  vient  de  consacrer  aux  Femmes  d'esprit  en  France. 
Ce  n'est  pas  l'œuvre  d'un  pédant;  c'est  plutôt  la  causerie  d'un  homme 
du  monde,  très  spirituel,  qui  a  beaucoup  lu,  beaucoup  retenu,  et  qui 
en  cause  agréablement,  comme  on  causait  autrefois,  à  l'époque  où  il 
existait  encore  des  salons  où  l'on  savait  causer.  Peut-être  en  reste-t-il 
encore,  mais  hélas  !  ce  n'est  plus  là  que  se  vit  et  se  fait  l'histoire  litté- 
raire de  la  France.  On  y  a  le  plus  souvent  d'autres  sujets  de  conver- 
sations. Heureusement,  de  temps  en  temps,  quelques  bons  livres  y 
suppléent.  Tels  les  livres  du  vicomte  de  Broc,  du  marquis  de  Charnacé, 
dont  j'ai  eu  le  plaish'  de  parler  à  cette  place,  tel  le  nouveau  volume 
de  M.  le  comte  du  Plessis.  Ainsi  que  l'indique  le  sous-titre,  ce  n'est 
pas  seulement  une  histoire  littéraire,  c'est  en  même  temps  une  histoire 
sociale,  et  c'est  la  France  d'autrefois  et  celle  d'hier  qu'on  sent  palpiter 
et  vivre  en  ces  cercles  tantôt  sérieux,  tantôt  frivoles,  toujours  aimables, 
où  se  sont  en  quelque  sorte  parlés  tant  de  livres  avant  que  de  grands 
génies  leur  aient  dimné  la  forme  définitive  en  des  chefs-d'œuvre 
immortels.  De-ci  de-là  surgissent  quelques  portraits,  finement 
brossés,  où  se  fixent  l'esprit,  le  sourire,  les  passions  des  femmes  qui 
ont  mis  plus  profondément  leur  empreinte  sur  les  œuvres  du  génie 
français. 

L'auteur  est  parfois  assez  sévère,  et  nous  l'en  louons,  pour  les 
femmes  dont  l'influence  a  été  malheureuse,  et  il  souhaite  en  finissant 


—  149  — 

que  les  femmes  chrétiennes  et  françaises  «  ne  laissent  pas  la  royauté 
intellectuelle  et  sociale  échoir,  pour  le  malheur  du  xx^  siècle,  aux 
femmes  qui  n'aiinent  pas  le  Christ  ». 

Nous  nous  associons  à  ce  vœu,  et,  pour  en  faciliter  la  réalisation, 
nous  souhaitons  le  succès  du  livre.  Edouard   Pontal. 


HISTOIRE 


Eia  Bieulieiireuso  ITlère  Barnt  (1  7  70-IS65),  par  Geoffroy 
DE  Grandmaisom.  Paris,  Lecoiïre,  Gabalda,  1909,  in-12  de  viii- 
206   p.  (Collection  Les  Samts).  —  Prix  :  2  fr. 

La  collection  Les  Saints  a  été  bien  conçue  et  elle  est  bien  dirigée. 
Mais  on  peut  dire  aussi  qu'elle  a  eu  de  la  chance.  En  voici  une  preuve. 
La  fondatrice  de  la  congrégation  du  Sacré-Cœur,  le  Bienheureuse  Mère 
Barat,  pouvait  en  tout  cas  donner  lieu  à  une  biographie  occupant 
dans  la  série  une  place  honorable.  Mais  notre  collaborateur  et  ami 
M.  GeolTroy  de  Grandmaison,  qui  s'en  est  chfirgé,  a  fait  mieux  et 
dépassé  de  beaucoup  la  moyenne  en  ce  genre.  Ce  petit  volume,  nous 
inclinons  à  le  croire,  est  de  tous  ses  excellents  écrits  le  plus  achevé. 
Le  sujet  était  beau,  mais  non  sans  difficulté,  parce  qu'il  semblait 
qu'une  certaine  monotonie  y  fût  inhérente  et  inévitable.  La  Mère 
Barat  a  pratiqué  les  vertus  clirétiennes  à  un  degré  suréminent;  elle  a 
fondé  un  nombre  extraordinaii-e  de  maisoas  d'éducation,  qu'elle  a 
dirigées  et  visitées.  N^oilà  sa  vie.  Au  premier  abord,  cela  se  rapporte  plus 
à  la  littérature  d'enseignement  religieux  et  de  pieuse  édification,  à 
l'hagiographie  au  sens  étroit,  qu'à  l'histoire.  M.  de  Grandmaison  a  su 
diice.'ner  et  mettre  en  relief  les  éléments  historiques  qui  de  fait  se 
trouvaient  dans  cette  noble  existence,  et,  sans  négliger  l'enseignement 
et  l'édification  qui  en  résultent,  il  en  a  fait  un  tableau  d'histoire,  d'où 
rejaillit  de  la  lumière  sur  plusieurs  des  aspects  de  la  fin  du  dix-hui- 
tième et  de  la  première  moitié  du  dix-neuvième  siècle.  Madame  Barat, 
grâce  au  ])eiutre,  se  monti'e,  en  ce  portrait,  ressemblante  et  vivante 
dans  un  miheu  vrai  et  vivant.  On  y  saisit  ce  qu'elle  a  été,  c'est-à-dire 
non  seulement  une  élue  de  Dieu  ^o^ur  la  gloire  céleste,  mais  une  des 
forces  catholiques  et  sociales  sus(!f:i.ées  par  la  Providence  pour  recons- 
truire l'édifice  jeté  bas  par  la  convulsion  de  1789.  Le  talent  littéraire 
de  l'auteur,  déployé  ici  avec  un  art  solide  et  un  éclat  contenu,  se  mani- 
feste sous  son  vrai  et  mt-il!eur  jour.  Comme  nous  nous  sommes  à  l'oc- 
casion permis  de  marquer  en  quoi  nous  diiïérions  d'avis  avec  notre  très 
distingué  collaborateur,  nous  ne  serons  pas  suspect  de  complaisance 
en  disant  que  ce  nouvel  ouvrage  est  de  valeur  significative  et  porte 
plus  haut  son  rang  comme  historien  et  comme  écrivain.  Nous  bavons 
lu  deux  fois,  la  seconde  tout  d'un  trait.  Aucune  personne  de  goût  ne 
le  lira  sans  plaisir,  aucune  âme  chrétienne  sans  fruit.  M.  S. 


—  150  — 

Étude  sut*  les  ■•elations  «le  la  eoBnniiiiie  de  E^yoïi  avec 
diarles  Vil  et  liOuis  XI  (1  ll'7-l  iS.'fi).  par  Louis  Caillet. 
Lyon,  Rey;  Paris,  A.  Picard  et  fils,  1909,  gr.  in-8  de  xlv-720  p.  — 
Prix  :   10  fr. 

Ce  gros  mémoire  fait  partie  des  Annales  de  l'Université  dp  Li/on 
(Nouvelle  série:  II,  Droit,  Lettres.  Fascicule  21).  Il  dénote  une  somme 
de  travail  extrêmement  considérable,  l'auteur  ayant  dépouillé  avec 
un  soin  minutieux  les  archives  de  Lyon  comme  celles  de  Paris,  n'ayant., 
d'ailleurs,  négligé  ni  les  chroniques  ni  les  livres.  Mais  il  dénote  aussi 
une  certaine  inexpérience,  explicable,  du  reste,  si  l'on  sait  que  nous 
sommes  ici  en  présence  de  l'œuvre  d'un  débutant.  Je  suis  donc  tout 
prêt  à  excuser  chez  M.  Caillet  certaines  longueurs  et  certaines  redites. 
En  revanche,  il  me  semble  que  je  suis  en  droit  de  lui  repro.  her  de 
n'avoir  pas  revu  d'assez;  près  les  épreuves  de  son  livre,  et  d'avoir 
send  le  besoin  d'expliquer,  dans  un  petit  «  Lexiqae  des  termes  anciens 
difficiles  et  obscurs  »  (p.  xliii-xlv),  un  cortoin  n3mbre  de  termes 
qai  ne  sont  vraiment  ni  difficiles  ni  obscurs,  comme  bailler  qu"  l'auteuî 
)uge  utile  de  trad'iir^^  par  donner  ou  larron  qu'il  traduit  pour  nous  par 
voleur.  Encore,  si  les  traductions  étaient  toujours  justes!  Mai?  que 
dire  do  chapon  traduit  par  poulet  ou  de  conil  traduit  par  pigeon  ? 
M.  Caillet  me  permettra  encore,  avant  d'en  arriver  à  louer  sincèrement 
la  belle  ordonnance  de  son  livre  et  toutes  les  grandes  qualités  qu'il 
manifeste,  de  lui  reprocher  de  n'avoir  pas  fait  l'économie  de  la  plus 
grande  partie  de  son  Avant-propos.  Sans  doute  il  a  très  bien  fait 
d'y  marquer  sa  reconnais' sance  aux  maîtres  qui  l'ont  encouragé,  assisté, 
soutenu;  et  s'il  s'en  était  tenu  là,  il  n'y  aurait  qu'à  le  louer.  Mais 
quelle  nécessité  de  nous  faire,  en  outre,  dans  cet  Avant-propos, toute 
une  autobiographie  pour  le  moins  prématurée?  Je  répète  qu'en 
dépit  de  ces  critiques,  que  je  devais  faire,  le  livre  de  M.  Caillet  est 
très  important.  Il  n'éclaire  pas  seulement  les  rapports  de  nos  rois 
Charles  VII  et  Louis  XI  avec  leur  bonne  ville  de  Lyon,  il  apporte 
une  contribution  précieuse  à  l'histoire  du  xv^  siècle.  J'ajoute  qu'il 
est  complété  par  une  très  forte  série  de  Pièces  justificatives  (il  n'y 
en  a  pas  moins  de  trois  cent  trente,  occupant  plus  de  la  moitié  du 
volume),  qui  seront  certainement  consultées  toujours  avec  grand 
profit  par  les  historiens  de  Charles  VII,  de  Louis  XI  et  de  leur  temps. 

Armand  d'Herbomez. 


]¥otcs   liistoriques.    Cliàtilloii-siir-Ijoing  (lioiret),  sa   sei- 
gneurie et   ses    aneîeniies  îustitutiens  rel^ieuses,  par 

Eugène  Tonnellier.  2«  éd.  Paris,  Champion,  1908,  gr.  in-8  de  256  p. 
—  Prix  :  5  fr. 

La  petite  ville  de  Châtillon-sur-Loing,  qui  est  aujourd'hui  un  chef- 
lieu  de  canton  du  dépaitement  du  Loiret,  arrondissement  de  Mon- 


—  151  — 

targis,  joua  un  certain  rôle  dans  l'histoire  de  France,  surtout  àTépoquo 
des  guerres  de  religion.  Dans  son  ouvrage,  M.  Eugène  Tonnellier 
a  voulu  moins  donner  une  monographie  complète  de  cette  localité 
que  mettre  en  lumière  les  points  les  phis  saillants  de  son  passé. 

La  situation  de  Châtillon  dut  certainement  attirer  l'attention  des 
Romains  par  sa  position  éminemment  favorable  pour  une  défense; 
mais  c'est  seulement  depuis  les  xi"^  et  xii^  siècles,  que  l'excellence 
de  sa  position  stratégique  semble  définitivement  consacrée  par  la 
forteresse  qui  y  fut  élevée  et  dont  une  remarquable  tour  subsiste 
encore.  Au  xii^  siècle,  Châtillon-sur-Loing  dépendait  du  comté  de 
Sancerre,  qui  relevait  lui-même  du  comté  de  Champagne.  Dans  les 
siècles  suivants  jusqu'à  la  fin  du  xiv*^  siècle, la  seigneurie  de  Châtillon 
appartint  successivement,  après  les  maisons  de  Champagne  et  de  San- 
cerre, aux  maisons  de  Melun  et  de  Braque.  C'est  seulement  au  milieu 
du  xv^  siècle  que  les  Coligny  en  devinrent  seigneurs.  M.  Tonnellier 
s'étend  longuement  sur  leur  rôle  pendant  les  guerres  de  reHgion  et 
donne  d'excellents  renseignements  sur  l'histoire  de  Châtillon  aux 
xvi^  et  xvii^  siècles.  De  la  fin  du  xvii®  siècle  jusqu'à  la  Révolution, 
les  Montmorency  -  Luxembourg  en  furent  les  seigneurs.  Après  ces 
notes  sur  les  familles  seigneuriales,  l'auteur  consacre  trois  chapitres 
aux  anciennes  institutions  religieuses,  soit  à  l'hôtel-Dieu,  à  la  mala- 
drerie,  au  monastère  des  bénédictines  de  l'Adoration  perpétuelle 
du  Saint-Sacrement,  et  à  l'église  collégiale.  Vingt-six  pièces  justi- 
ficatives terminent  ce  volume  qui  forme  un  excellent  appoint  à 
l'iiistoire  de  cette  ville.  Jules   Viard. 

litt  Ké'volutioia  à  Sainl-lleiioiix,  par  Ernest  Delaigue.  Moulins, 
Crépin-Leblond,  1908,  petit  in-8  de  312  p.  —  Prix  :  6  fr. 

M.  Ernest  Delaigue  a  eu  la  très  heureuse  pensée  d'écrire  l'histoire  de 
la  commune  dont  il  est  maire,  pendant  la  Révolution.  11  l'a  fait  à  l'aide 
des  archives  locales  et  des  archives  départementales,  à  l'aide  aussi 
des  souvenirs  qu'il  a  pu  recueillir  dans  le  pays,  et  il  a  composé  ainsi 
une  monographie  très  documentée,  très  attachante  et  très  instructive. 
Ce  qui  s'est  passé  à  Saint-Menoux,  en  effet,  pendant  cette  époque 
troublée,  s'est  passé  presque  partout  en  France.  D'abord  un  vif 
enthousiasme  pour  les  idées  nouvelles,  dans  toutes  les  classes  à  peu 
près,  un  désir  ardent  de  réformes,  le  ferme  espoir  d'un  avenir  idéal. 
Le  chevalier  de  Jersaillon,  qui  fut  le  premier  maire  et  qui  devait 
émigrer,  n'était  pas  moins  confiant  dans  l'âge  d'or  futur  que  le  curé 
Fallier  qui  devait  apostasier.  Puis  la  désillusion  arrive;  la  consti- 
tution civile  du  clergé,  la  suppression  des  ordres  religieux,  la  confis- 
cation des  biens  des  bénédictines  de  Saint-Menoux,  puis  l'expulsion 
des  religieuses,  un  peu  pbis  tard  même  l'emprisonnement  de  l'abbesse, 


—  152  — 

M"^®  de  Sainte-Hermine,  la  création  puis  la  dépréciation  effroyable 
des  assignats,  conséquence  de  ces  deux  grandes  fautes,  de  ces  deux 
grands  crimes  politiques  et  économiques,  la  vente  des  biens  nationaux 
et  l'établissement  du  maximum,  tout  cela  refroidit  singulièrement 
l'enthousiasme  primitif.  Les  modérés  font  place  aux  violents,  les 
feuillants  aux  girondins,  les  girondins  aux  jacobins  ;  la  tyrannie 
s'installe  sous  le  nom  de  liberté  et  la  guillotine  fonctionne  à  Moulins 
avec  Fouché.  La  loi  des  suspects, qui  règne  dans  les  villes,  sé\^t  jusque 
dans  les  campagnes,  qui,  sans  participer  aux  agitations  de  la  rue  et 
aux  luttes  politiques,  en  subissent  néanmoins  le  contre- coup.  Au  lieu 
de  tyrans  de  haut  vol,  on  trouve  là  de  petits  tyi'anneaux  :  c'est  la 
.'^eule  différence,  mais  l'oppression  n'est  pas  moins  insupportable  et 
la  misère  est  extrême.  Il  faut  lire  dans  le  beau  livre  de  M.  Delaigue 
les  deux  chapitres  sur  les  Subsistances,  et  sur  les  Impôts  et  le  papier 
monnaic,])o\\v  voir  quelle  était  la  lamentaljle  situation  des  populations 
rurales  pendant  les  années  du  règne  de  Robespierre  et  de  ses  succes- 
seurs, qui  ne  valaient  guère  mieux. 

«  L'an  III  s'achevait  tristement.  Il  semblait  que  l'on  ne  pût  se 
relever  des  ravages  causés  par  la  loi  du  maximum.  La  privation  d'ob- 
jets de  première  nécessité,  à  cause  des  prix  fantastiques  et  de  leur 
pénurie,  s'était  cruellement  fait  sentir  depuis  de  longs  mois  :  le  sel, 
la  chandelle,  le  savon,  si  essentiels  dans  les  plus  humbles  ménages, 
faisaient  défaut.  A  un  moment  donné,  l'agriculture  avait  manqué  de- 
son  outillage  le  plus  indispensable  et  on  avait  envisagé  avec  angoisse 
le  cas  où  la  continuation  des  travaux  agricoles  deviendrait  im- 
possible. Pour  augmenter  le  désarroi,  on  assistait  à  la  chute  des 
assignats...  Il  semblait  que  le  pays  éprouvât  les  effets  d'une  longue 
maladie  où  s'étaient  usés  tous  ses  rouages  vitaux.  » 

Le  tableau  est  complet  et  nous  voudrions  que  l'exemple  de  M.  De- 
laigue fût  suivi,  qu'on  publiât  beaucoup  de  monographies  comme 
celle  de  Saint-Menoux  :  ce  serait  instructif.  Les  générations  actuelles  y 
verraient  quelle  est  la  prospérité  dont  ont  joui  leurs  pères  pendant 
les  jours  si  vantés  de  la  Révolution.         Max.  de  la  Rocheterie. 


Guerres  de  reliffion  daus  le  sud  ouest  de  la  France  et 
priuei|»alenieiit  dans  le  Querej,  cVaprès  les  papiers  des 
seigneurs  de  Saint-Sulpice,de  1 06 1  à  ioOO.  Documents  transcrits,  classés 
et  annotés  par  Edmo>;d  Cabié.  Paris,  Champion,  s.  d.,  in-4  de  xliii- 
939  p.  —  Prix  :   10  fr. 

Les  papiers  analysés  dans  ce  gros  recueil  sont  ceux  de  Jean  de  Saint- 
Sulpice,  l'un  des  peisonnages  les  plus  connus  du  xvi^  siècle,  comme 
gueirier,  diplomate,  administrateur,  un  fidèle  serviteur  du  trône, 
un  fam.ilier  de  tous   les  hommes  de  guerre  et   de  tous   les    diplo- 


—  153  — 

mates  de  l'époque.  Ces  documents  vont  de  1561  à  1590,  embras- 
S';int  la  période  entière  des  guerres  de  religion.  Le  nombre  des 
articles  de  la  table  indique  l'importance  des  pièces  se  rapportant 
à  des  événements  que  l'éditeur  rappelle  sommairement.  Peut-être 
pourrait-on  souhaiter  ime  annotation  plus  complète;  car  beaucoup 
de  noms  sont  plutôt  cités  qu'identifiés.  Mais  il  faut  remercier 
M.  Cabié  de  s'être  imposé  un  si  grand  travail  et  d'avoir  mis  à  la 
disposition  de  tous  des  coirespondances  inédites  qu'il  était  impos- 
sible de  soupçonner  :  ces  correspondances  émanent  do  Charles  IX, 
la  duchesse  de  Savoie,  Henri  III,  le  roi  et  la  reine  de  Navarre,  Ca- 
therine de  Médicis,  le  duc  d'Anjou,  etc. 

—  Nous  apprenons  que  l'auteur  de  si  importants  travaux  sur 
sa  province,  poursuivis  avec  autant  de  compétence  que  de  mo- 
destie, vient  d'être  enlevé  à  ses  amis,  et  nous  ne  pouvons  que 
joindre  tous  nos  regrets  aux  leurs.  B.  P. 


Poni*  l'Idée  vlirétieime.  Payeiv  tic   bonne  loi,   par  Eugène 
Franon.  Paris,  Beaucl.esne,  1908,  in-16  deviii-33i  p. —  Prix:3fr.  50. 

Ces  pages  méritaient  d'être  recueillies  et  conservées.  Elles  ont 
paru  dans  le  Bulletin  paroissial  de  Tournus,  vieille  petite  ville  de 
Bovu'gogne,  à  peu  près  mois  par  mois,  de  mai  1900  à  novembre  1907, 
c'est-à-dire  de  l'ouverture  de  notre  dernière  Exposition  internationale 
à  l'encyclique  sur  le  modernisme.  Pages  d'histoire,  fixant  l'impression 
vive  et  juste  des  grandes  épreuves  subies  par  l'Eglise  de  France, 
et  pages  de  discussion  serrée,  précise,  judicieuse,  sur  les  questions  les 
plus  actuelles  qui  s'imposent  à  l'apologiste  de  la  foi  catholique. 
L'auteur,  très  bien  informé,  très  soucieux  de  ne  pas  se  contenter  de 
vagues  et  douteuses  assertions,  fait  preuve  d'un  esprit  ferme  et  large, 
n'a  de  goût  à  combattre  que  les  adversaires  de  l'idée  chrétienne, 
utilisant  le  concours  de  tous  ses  défenseurs,  depuis  M.  Marc  Sangnier 
jusqu'à  MM.  Jacques  Piou  et  Jules  Lemaître.  Il  reproche  à  M.  Paul 
Bourget  d'avoir,  dans  l'Etape]  opposé  comme  incompatibles  chris- 
tianisme et  démocratie.  Mais  il  formule  ce  reproche  sans  aigreur. 
En  somme,  ce  livre  atteindra  bien  le  noble  but  que  s'est  proposé 
l'auteur  :  éclairer  et  réconforter  les  âmes  de  foi  anxieuse  et  imprécise. 

Baron  J.  Angot  des  Botours. 


Ijes  Disciplines  de  la  France,  par  Paul  Adam.  Paris,  Vuibert  et 
Nony,  1908,  in-18  de  xvi-220  p.—  Prix  :  3  fr,  50. 

Sous  ce  titre  de  fantaisie,  le  lecteur  trouvera  réunies  treize  disser- 
tations traitant  des  sujets  variés  d'histoire,  d'économie  politique  et 
de  morale.  M.  Paul  Adam  se  rattache  corps  et  âme  à  l'idéal  roman- 


—  154  — 

tique,  dont  les  jeunes  générations  s'écartent  si  volontiers,  comme  il  le 
note  avec  chagrin  dans  sa  Préface.  Il  a  les  qualités  aimables  de  son 
école  favorite  :  une  sensibilité  aiguë,  une  imagination  brillante,  un 
style  très  personnel.  Mais  il  en  a  aussi  les  défauts  :  l'a  peu  près  dans 
les  idées,  un  air  assez  déplaisant  de  supériorité,  le  mépris  du  passé, 
dont  il  parle  sur  un  ton  parfaitement  inconvenant,  enfin  une  certaine 
conception  messianique  de  l'avenir.  S'il  s'aventure  à  préciser  ses 
rêves  de  rénovation  sociale,  il  propose  d'offrir  aux  fonctionnaires, 
pendant  la  durée  de  leurs  vacances,  Thospitalité  dos  châteaux  his- 
toriques inoccupés  et  de  conférer  les  titres  de  duc  ou  de  comte  aux 
ouvriers  victimes  d'accidents  du  travail.  Que  voilà  done  de  belles 
réformes!  H.    Rub\t   du   MériAC. 

Ciescliii  lite  des  deutsclien  Vnikes  uiid  seiner  Kulttir  îm 
i'VIittelalter.  von  Heinrich  Gerdes.  III'^''  Band.  Geschichte  der 
Hohenstaufen  und  ihrer  Zeit.  Leipzig,  Duncker  und  Humblot,  1908, 
in-8   de  xii-720  p.  —  Prix  :  18   fr.  75, 

Avec  ce  troisième  volume,  AI.  Heinrich  Gordes  mène  à  terme  la 
tâche  qu'il  s'était  imposée  il  y  a  une  trentaine  d'années  :  celle  de  nous 
donner  un  tableau  d'ensemble  de  l'histoire  de  la  civihsation  germa- 
nique, de  la  vie  intime,  intellectuelle  et  morale  du  peuple  allemand  dans 
le  moyen  âge  jusqu'au  grand  interrègne,  dans  sa  connexité  avec  l'his- 
toire politique.  Le  tome  I*"^  de  cette  histoire  a  paru  en  1891  (Cf.  Poly- 
hiblion,  t.  LXII,  p.452),  le  tome  II  en  1898  {ihid.,  t.  LXXXVI,  n.  348) 
et  il  n'a  pas  fallu  moins  de  dix  années  à  M.  Gerdes  pour  rassembler 
<?t  mettre  en  œuvre  les  matériaux  de  son  tome  III. 

C'est  qu'il  avait  à  traiter  ici  du  siècle  des  Hohenstaufen,  cette  grande 
période  sur  laquelle  les  noms  surtout  de  Frédéric  I^r  Barberousse  et  de 
Frédéric  II  jettent  un  éclat  particulier.  Ici  les  sources  originales  se 
inultiplient,  sont  plus  abondantes,  et  les  travaux  mejne  des  modernes 
sont  assez  nombreux. 

Nous  avons  déjà  dit,  à  l'occasion  des  deux  premiers  volumes  de  cet 
ouvrage,  que  le  patriotisme  et  le  protestantisme  de  l'auteur  impré- 
gnaient trop  fortement  ses  jugements  et  ses  opinions.  Il  n'en  va  pas 
autrement  ici,et  il  est  toujours  prêt  à  rompre  une  lancepour  l'Empereur 
contre  le  Pape.  C'est  que,  dans  la  lutte  qui  s'établit  entre  les  Hohen- 
staufen, désireux  d'assurer  l'hérédité  du  trône  impérial  dans  leur  fa- 
mille, et  le  Pontife  romain,  soucieux  de  maintenir  le  principe  de  la 
libre  élection,  il  lui  semble  que  l'iiérédité  seule  était  capable  de  donner 
à  l'empire  germanique  cette  force  et  cette  cohésion  qui  lui  ont  toujours 
manqué.  Mais  les  vastes  projets  des  princes  germaniques,  leur  ambition 
de  dominer  réellement  sur  l'empire  du  mond*;,  le  gaspillage  de  leurs 
forces  dans  les  expéditions  d'outre-monts  ont  plus  nui  qu'ils  n'ont 
servi  au  déA-eloppement  politique  de  l'Allemagne. 


—  155  — 

Quant  à  sa  prospérité  économique  et  intellectuelle,  elle  s'est  assu- 
rément développée  dans  le  siècle  des  llohenstaufen;  là,  comme  ailleurs, 
les  croisades  y  ont  largement  contribué.  L'état  des  mœurs  ne  s'en  est 
pas  amélioré;  et  M.  Gerdes  ne  fait  pas  difficulté  d'aiïinner  que  dans 
l'ensemble  la  moralité  a  été  inférieure  dans  ces  temps  à  celle  de 
l'époque  précédente;  il  conteste  seulement,  non  à  tort,  semble-t-il, 
que  la  corruption  ait  été  générale. 

Certains  points  de  sa  seconde  partie  auraient  gagné  à  être  plus 
développés;  il  dit  un  mot,  par  exemple,  des  poursuites  contre  les  héré- 
tiques; il  n'explique  guère  ce  qu'étaient  ces  hérésies  et  l'importance 
qu'elles  pouvaient  avoir  non  seulement  au  point  de  A^ue  religieux, 
mais  même  au  point  de  vue  politique.  Ce  qu'il  dit  de  l'éducation  fé- 
minine est  aussi  bien  ïnaigi'e,eb  il  eut  pu  trouver  aisément  les  éléments 
d'un  tableau  plus  précis. 

L'ouvrage  de  M.  Gerdes  n'en  est  pas  moins  fort  intéressant  et  d'une 
lecture  agréable  et  instructive.  E.-G.  L:. 


liCS  Boiiniaiiis,  par  James  Caterly.  Tome  I^'.  Paris, Calmann-Lévy, 

1908,  gr.  in-8  de  iv-307   p.  et  planches.  —  Prix  :  7  fr.  50. 

Les  Roumains,  on  le  sait,  sont  répandus  en  Valachie,  Moldavie, 
Bessarabie,  Bukovine,  Transylvanie  et  dans  le  banat  de  Temesvar 
(Hongrie)  :  dans  ces  derniers  pays  soumis  à  une  domination  étrangère, 
ils  constituent  la  majeure  partie  de  la  population.  Ces  pays  furent 
habités  jadis  par  les  Gètes  et  les  Daces,  et  conquis  par  Trajan,  qui, 
en  souvenir  de  S3S  victoires,  érigea  à  Rome  la  célèbre  colonne  qui 
porte  son  nom.  De  cette  époque  à  aujourd'hui,  ces  pays  subirent 
bien  des  maîtres  d'origine  différente,  et  longtemps  la  culture  slovène 
et  byzantine  sut  y  fleurir.  La  fondation  de  la  Moldavie  ne  date  que 
de  1348  :  son  nom  est  emprunté  à  la  Moldava,  affluent  du  Pruth, 
qui  naît  en  Bukovine.  Les  moines  grecs  y  appaiurent  après  la  prise 
de  Constantinople;  la  civilisation  grecque  s'y  implanta  au  point 
qu'il  y  eut  ensuite  réaction,  à  plusieurs  reprises,  jusqu'au  jour  où 
la  Porte  y  installa  de  fidèles  hospodars,  qui  y  laissèrent,  par  leurs 
vexations  fiscales  et  leui'  rapacité,  un  odieux  et  douloureux  souvenir. 
Opprimé,  misérable,  le  peuple  indigène  dut  son  salut  à  l'intervention 
de  l'Europe  pour  qui  les  intérêts  des  principautés  furent  une  des 
phases  de  la  question  d'Orient.  Et  le  xix^  siècle  amena  pour  les 
Roumains  des  circonstances  vraiment  critiques  où  naissaient  des 
ambitions  contraires  et  où  s'épanouissaient  des  rivalités  menaçantes, 
jusqu'au  jour  où  un  prince  étranger,  de  la  famille  des  Hohenzollern, 
fut  élu  prince  héréditaire  (20  avril  1866). 

Tels  sont,  narrés  en  quelques  mots,  les  événements  dont  M.  Caterly 


—  156  — 

nous  offre  le  récit  mouvementé.  En  réalité,  l'auteur,  désireux  surtout 
d'étudier  l'histoire  du  xix^  siècle,  ne  nous  instruit  des  périodes  an- 
térieures qu'à  titre  d'introduction.  L'occupation  russe,  les  régnes 
de  Ghika  et  de  Bibcsco,  la  révolution  de  1848,  le  congrès  de  Paris,  le 
gouvernement  du  prince  Stirbey,  défdent  successivement  sous  nos 
yeux;  M.  Caterly  résume  les  événements  dont  les  principautés  da- 
nubiennes furent  le  théâtre  pendant  un  demi-siècle  en  s'efforçant 
d'être  indépendant.  Ses  lecteurs,  qui  n'ont  pas  le  privilège  de  lire 
à  livre  ouvert  la  langue  roumaine,  et  qui  auraient  peut-être  quelque 
peine  à  rencontrer  un  récit  impartial  de  ces  temps  où  la  Roumanie 
n'était  pas  encore  élevée  à  l'état  de  royaume,  reconnaîtront  volontiers 
l'eiïort  imposé  en  leur  faveur,  et  non  en  vain,  souhaitons-le.     H.  S. 


IlSi-ifoire  dft  la  colonie  française  de  Moscou  «ïoiiiiifîi  les 
origines  jusqu'à  ISIîî,  par  F.  Tastevin.  Paris,  Champion,  1908, 
in- 18  de  191  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

De  tous  les  établissements  foi'més  par  les  Français  en  Russie, 
un  seul  mérite  une  monographie,  car  il  est  antérieur  à  Pierre  le  Grand 
et  s'est  perpétué  jusqu'à  nos  jours  dans  des  conditions  particulières. 
Un  des  membres  de  cette  colonie  a  recueilli  sur  place  les  éléments  de 
son  histoire  dans  un  volume  dont  il  est  à  la  fois  l'auteur  et  l'éditeur. 
Cette  histoire  date  de  1627;  des  Français,  d'abord  mêlés  dans  la 
Sloboda  allemande  aux  autres  étrangers,  possèdent  depuis  1685  un 
centre  paroissial  qui  s'est  déplacé  et  renouvelé  un  siècle  plus  tard,  lors 
de  l'édification  de  l'église  Saint-Louis.  Parmi  eux  les  commerçants, 
sous  la  protection  d'un  consul  installé  en  1760,  forment  le  groupe 
principal  et  stable,  renforcé  par  les  précepteurs  de  passage  dans  les 
familles  aristocratiques  et,  à  partir  de  la  Révolution,  par  les  émigrés  de 
diverses  catégories. 

RLTastevin,  qui  connaît  aussi  bien  latopograpliie  que  la  bibliographie 
de  son  si  J3t,  a  relevé  les  traces  d'un  grand  nombre  de  Franco-Mosco- 
vites, tant  autour  de  lui  que  dans  le  livre  de  M.  Pingaud  sur  les 
Français  en  Russie.  Il  transporte  successivement  son  lecteur  à  l'église, 
au  quartier  du  Pont  des  Maréchaux,  à  l'Université,  dans  le  monde  des 
professeurs  et  même  des  acteurs,  propagateurs,  à  leur  manière,  de  la 
culture  française.  Un  dernier  chapitre,  particulièrement  intéressant, 
fait  connaître  les  rapports  de  ces  déracinés  avec  la  société  et  le  gou- 
vernement russes  jusqueset  y  compris  1812.  Dans  ce  petit  volume  com- 
posé en  Russie,  mais  imprimé  en  France,  figurent  des  noms  originaires 
de  la  plupart  de  nos  provinces  ;  il  constitue  une  collection  de  documents 
précis  qui  n'avaient  pas  encore  été  réunis  et  condensés  d'une  façon 
aussi  complète.  Un  copieux  index  termine  l'ouvrage. 

Page  31,   M.  Tastevin  émet  l'hypothèse  que  les  premiers  prêtres  de 


—  157  — 

l'église  Saint-Louis  étaient  peut-être  «  des  jésuites  venus  de  Saint-Pé- 
tersbourg» Cette  hypothèse  pèche  par  labase,  car  les  jésuites,  conservés 
par  Catherine  II  dans  ses  provinces  polonaises,  n'obtinrent  l'accès  de  la 
capitale  que  sous  le  règne  de  Paul.  I^^.  Je  ne  crois  pas  d'ailleurs  que  les 
noms  cités  par  lui  se  rencontrent  dans  les  publications  des  jésuites 
français  sur  leurs  confrères  de  Russie.  P.  M. 


li'l^seadre    Roiliestveii^ky .    I^iii*    le   clkeiiiin  «1»  sa«*rifî<rc, 

carnet  de  notes  du  capitaine  de  frégate  W.  Sémenoff,  présenté  par  le 
commandant  de  Balincourt  (octobre  1904-mai  1905).  L'Expiation. 
2^  partie.  Paris,  Cliallamel,  1908,  in-16  carré  de  397  p.,  avec  2  cartes. 
—  Prix  :  3  fr.  50. 

Le  drame,  si  tragique  et  si  douloureux,  est  terminé  :  nous  en  connais- 
sons les  trois  actes,  «  l'Escadre  de  Port-Arthur  »;  «  Sur  le  chemin  du 
sacrifice  »;  «  L'Agonie  d'un  cuirassé  ».  Dans  le  premier,  nous  avons 
assisté  aux  opérations  maritimes  qui  ont  marqué  les  six  premiers  mois 
du  siège  de  Port-Arthur;  dans  le  troisième,  nous  avons  été  les  témoins 
angoissés  de  la  bataille  de  Tsoushima,  bataille  unique  dans  l'histoire 
de  l'humanité,  tant  par  le  déploiement  des  forces  en  présence  que  par 
l'immensité  des  pertes  des  vaincus.  Enfin,  aujourd'hui,  le  commandant 
de  Balincourt,  en  nous  faisant  connaître  les  pages  encore  inédites  du 
carnet  de  notes  du  capitaine  de  frégate  Sémenoff,  nous  permet  de 
suivre  la  longue  odyssée  de  l'escadre  commandée  par  l'amiral  Rodjest- 
vensky,  depuis  son  départ  de  Liban,  le  13  octobre  1904,  jusqu'à  son 
entrée  dans  le  détroit  de  Corée,  le  25  mai  1905. 

Ce  que  fut  ce  voyage,  cette  interminable  voie  douloureuse,  on  ne 
saurait  l'imaginer,  si  le  commandant  Sémenofî,  historiographe  incom- 
parable, n'avait  été  là  pour  nous  le  raconter.  L'escadre  est  peuplée 
de  volontaires  ;  tous,  au  départ  de  Russie,  sont  pleins  d'enthousiasme 
et  de  confiance;  ils  ne  doutent  pas  de  pouvoir  ramener  le  succès  sons 
les  plis  du  drapeau  de  S.  Georges;  ils  vont  joyeusement  au  combat,  à  la 
mort,  mais  aussi  à  la  gloire,  à  la  victoire.  Mais  à  peine  l'ancre  est -elle 
levée  que  la  réalité  apparaît;  peu  à  peu,  l'enthousiasme  se  ralentit,  la 
confiance  s'affaiblit.  Chaque  jour  se  voient  plus  nettement  les  consé- 
quences des  fautes  antérieures  :  rien  n'a  été  prévu,  tout  est  à  faire; 
cette  belle  escadre  si  nombreuse,  cette  armada,  n'est  qu'une  façade; 
elle  est  vouée  d'avance  à  l'insuccès  par  l'incurie  des  stratèges  en 
chambre  qui  ont  tout  ordonné  de  leur  fauteuil  de  Saint-Pétersbourg  et, 
infatués  de  leur  science  théorique,  n'ont  même  pas  su  profiter  des 
leçons  des  combats  sous  Port-Arthur.  Puis,  c'est  l'affaire  de  Hull,  si 
nettement  mise  au  point  par  le  commandant  Sémenoff,  les  ennemis 
suscités  dans  chaque  relâche  soit  par  la  mauvaise  volonté  des  amis  de 
l'Angleterre,  soit  par  la  timidité,  encore  plus  néfaste  peut-être,  des 


Figures  byzantines,  par  Charles    Diehl.  Il"  série.    Paris,    Colin, 
1908,  vni-355  p.  —  Prix  :  3   fr.    50. 

Les  nombreux  lecteurs  de  M.  Diehl  s  3  rappellent  sans  doute  l'admi- 
rable galerie  de  portraits  féminins  parue  en  1906  sous  le  titre  de  : 
Figures  byzantines.  C'était  les  femmes  d'avant  les  croisades  qui 
revivaient  sous  nos  yeux,  femmes  prises  un  peu  dans  tous  les  mondes 
et  à  toutes  les  civilisations  qui,  du  v^  siècle  au  xii^,  se  déroulèrent 
dans  l'empire  romain  d'autrefois.  Aujourd'hui,  le  même  savant  nous 
donne  une  seconde  série  de  portraits  d'hommes  et  de  femmes  ayant 
vécu  du  xii^  siècle  à  la  fin  du  xv^.  fiècle.  Inutile  de  souligner  le 
puissant  intérêt  qui  s'attache  à  ces  pages  dan?  lesquelles  M.  Diehl  nous 
fait  assister  au  .choc  des  Occidentaux  et  des  Orientaux  et  à  leurs  dé- 
mêlés comme  à  leurs  alliances  pendant  presque  trois  siècles.  Avec 
Anne  Comnène  et  Irène  Doukas,  nous  sommes  à  la  première  rencontre 
des  deux  civilisations.  C'est  le  début  des  croisades,  c'est  l'heure  où 
Alexis  Comnène  espère  beaucoup  de  l'Occident,  où,  l'Occident,  plein 
d'enthousiasme,  place  dans  l'empereur  byzantin  la  moitié  de  sa  con- 
fiance. Puis  c'est  l'histoire  d'un  illustre  et  triste  personnage  de  la 


—  158  — 

alliés  de  la  Russie.  Enfin,  c'est  le  long  séjour  à  Madagascar,  anémiant 
les  corps,  atrophiant  les  volontés,  les  fatigues  des  charbonnages  en  mer, 
les  ennuis  de  traversées  interminables,  l'attente  de  Nébogatofî  que 
l'on  sait  amener  non  un  secours  actif,  mais  un  boulet  à  traîner.  Com- 
ment s'étonner  après  cela  que,  la  veille  du  combat,  la  foi  dans  le 
succès  ait  disparu,  et,  cependant,  tous  ces  hommes  avaient  des  âmes 
de  héros  ;  aussi  le  lendemain,  au  premier  coup  de  canon,  se  sont-ils  ré- 
veillés prêts  à  étonner  le  monde  par  leur  bravoure,  qui  pouvait  être 
vaincue,  mais  non  diminuée. 

C'est  avec  une  tristesse  poignante  et  sans  cesse  grandissante,  qu'on 
suit  chaque  jour,  pas  à  pas,  cette  puissante  escadre  svr  la  route  de 
l'expiation.  Et,  en  apprenant  ce  qu'il  advint  aux  Russes,  quelles 
furent  les  causes  de  leur  défaite,  on  fait  involontairement  un  retour  sur 
soi-même  :  on  se  demande  si  la  marine  française  aurait  été  capable 
d'un  tel  effort,  d'une  tâche  aussi  gigantesque  que  celle  qui  con- 
sistait à  mener,  sans  perdre  un  seul  navire,  une  semblable  escadre  de 
la  Baltique  dans  la  mer  du  Japon,  et  on  n'ose  répondre  par  l'affirmative. 
Hélas  !  les  fautes  de  nos  alliés  ont  trop  souvent  été  aussi  les  nôtres,  et  si 
on  pouvait  espérer  savoir  profiter  de  l'expérience  d'autriii,on  devrait, 
pour  cela  seulement,  en  mettant  à  part  le  puissant  intérêt  historique 
et  psychologique  de  ces  pages,  être  reconnaissant  au  commandant  de 
Balincourt  d'avoir  fait  connaître  au  public  français  le  si  remarquable 
carnet  de  notes  du  capitaine  de  frégate  Sémenoff.  J.  C.  T. 


—  159  — 

famille  impériale,  Andronic  Comnène,  qui  apparaît.  M.  DiehU'appelle 
un  Don  Juan  byzantin,  et  il  a  raison.  S'il  est  grand  capitaine,  il  est  encore 
plus  grand  fanfaron  de  vice.  Savie  est  un  scandale  perpétuel,  et  l'histoire 
de  ses  exploits,  malgré  la  touche  déhcate  avec  lequelle  M.  Diehl  les  a  ra- 
contés, n'est  pas  peut-être  à  mettre  entre  toutes  les  mains.  Car,  en 
réahté,  cette  société  est  très  corrompue  et  les  princesses  occidentales, 
que  les  nécessités  politiques  marieront  sur  le  Bosphore,  en  seront 
beaucoup  plus  les  victimes  que  les  sanctificatrices:  telle  cette  pauvre 
sœur  de  Philippe-Auguste,  Agnès  de  France.  Et  c'est  aussi  ce  qu'a 
voulu  montrer  M.  Diehl.  Malgré  les  apparences,  l'Occident  n'a  pas 
pénétré  l'Orient  :  il  n'a  pas  insufflé  à  ce  vieux  corps  la  vie  nouvelle 
d'un  sang  plus  jeune,  comme  le  firent  les  Barbares  au  v^  siècle,  pas 
plus,  du  reste,  que  l'Orient  n'a  profondément  pénétré  l'Occident, 
même  après  le  long  séjour  des  croisés  dans  l'empire,  même  malgré  les 
mariages  qui  amenèrent  en  Occident  quelques  princesses  orientales. 
Les  deux  sociétés  n'avaient  point  de  terrain  commun  sur  lequel  elles 
pussent  se  rencontrer,  non  pas  même  la  religion,  «  l'unité  »  qui  seule, 
sous  la  houlette  de  Pierre,  aurait  pu,  peut-être,  fondre  ces  éléments 
divers  et  en  faire  surgir  un  grand  peuple  et  un  puissant  empire. 

A.  V. 

lia     Rénovation   de    l'empire     ottoman,   par  Paul   Imbert. 
Paris,  Perrin,  1909,  in-16  de  xvi-311  p., avec  2  cartes. —  Prix:  3  fr.  50. 

Esprit  sage  et  prudent,  l'auteur,  qui  a  de  l'Orient  une  connaissance 
approfondie,  cherche  à  déterminer  les  causes  intimes  de  la  révolution 
dont  les  péripéties  sont  venues  surprendre  l'Europe  en  lui  montrant 
que  r  «  homme  malade  »  sortait  do  la  torpeur  où  l'avait  maintenu  la 
diplomatie  des  grandes  puissances  qui  veillaient  à  son  chevet.  Dans 
ce  volume,  le  lecteur  trouvera  une  étude  claire  et  impartiale  dos  grandes 
questions  ottomanes  :  l'aiïaire  de  Bagdad,  qui  met  aux  prises  les  con- 
voitises internationales;  la  ligne  de  Damas  à  la  Mecque,  par  laquelle 
Constantinople  n'est  plus  qu'à  trois  jours  des  villes  saintes  de  l'Islam; 
le  protectorat  français  d'Orient,  d'où  dépendent  tant  de  problèmes  de 
politique  intérieure  et  étrangère;  l'histoire  duTanzimat  et  des  réformes, 
qui  retrace  les  étapes  franchies  depuis  un  siècle  poar  passer  de  l'absolu- 
tisme aux  institutions  libérales  d'aujourd'hui  ou  de  demain;  les  rela- 
tions de  la  Porte  avec  les  puissances  sous  le  dernier  règne,  alors  que 
l'ingérence  étrangère  était  la  rançon  du  despotisme  hamidien;  enfin  les 
débuts  de  la  Turquie  constitutionnelle,  les  conflits  diplomatiques 
récents  et  les  efforts  de  réorganisation  entrepris  par  les  hommes 
d'État  qui  ont  en  main  les  destinées  de  leur  pays.  C*^  livre  instructif 
et  bien  écrit  sera  consulté  avec  profit  par  tous  ceux  qui  cherchent  avoir 
clair  dans  les  imbroglios  de  la  question  d'Orient.  P.   Pisaxi. 


—  160  — 

Éluder !»iir  les  aiiKiurs  ■•eliif  ieiiseset  9g;ocial«s  <ierF.x.trènie- 

Orient,  par  Sir  Alfred  C.  Lyall;  trad.  de  l'anglais.  T.  II.  l^^  et 
2"  pariies.  Paris,  Fontomoing,  1908,  1  vol.  in-8  de  xxxix-o60  et  de 
485  p.  —  Prix  :    24  fr. 

Ces  deux  importants  volumes  forment  les  XVI^  et  XVII^  tomes  de 
la  «  Bibliothèque  de  l'histoire  du  droit  et  des  institutions  ».  Un  autre 
-volume  du  même  ouvrage,  paru  précédemment,  est  le  3®  tome 
de  la  même  collection.  Dans  une  Préface  qui  fait  suite  à  celle  de 
l'auteur,  le  traducteur,  qui  a  voulu  garder  l'anonyme,  raille  fort 
spirituellement  ces  «  jeunes  savants  »  qui  étudient  le  problème  religieux 
en  ayant  soin  de  proclamer  bien  haut  leur  «  exemption  de  préjugés  », 
et  ne  réussissent  le  plus  souvent  qu'à  se  rendre  ridicules,  leur  suffi- 
sance n'ayant  d'égale  que  leur  insuffisance. 

Trois  parties  composent  le  premier  volume.  La  première  conïprehd 
trois  lettres  du  brahmane  Vamadeo  Shastri,  lequel  n'est  autre  que 
Sir  Lyall  lui-même,  ou  plutôt  trois  études  très  documentées  et  fort 
intéressantes  sur  le  progrès  moral  et  matériel  de  l'Inde,  le  brahma- 
nisme et  les  fondements  de  la  croyance,  et  sur  la  situation  théologique 
de  l'Inde.  L'auteur  fait  preuve  d'une  rare  sagacité  dans  l'étude  de 
l'âme  hindoue,  qu'il  put  d'ailleurs  interroger  pendant  son  long  séjour 
dans  l'Inde.  Il  place  sur  les  lèvres  de  son  brahmane  ces  paroles  qui 
résument  éloquemment  les  aspirations  de  ce  peuple  essentiellement 
religieux  :  «  Nous  n'inclinons  pas  plus  que  les  Eglises  chrétiennes  à 
trouver  notre  consolation  dans  les  limites  de  l'expérience  sensuelle; 
car  accepter  de  pareilles  conclusions  serait  confesser  son  ignorance 
spirituelle,  esclavage  déshonorant  auquel  nous  nous  efforçons  toujours 
de  nous  soustraire.  »  Et  plus  loin,  à  propos  de  ce  qu'il  appelle  la 
«  synthèse  du  christianisme  orthodoxe  »,  Vamadeo,  après  avoir  reconnu 
que  «  le  positivisme  moderne  ne  peut  offrir  à  ses  fidèles  aucune 
espèce  d'avenir  >,  ajoute  :  «  J'accorde  que  ce  système  de  théologie 
autoritaire  (le  catholicisme)  est  très  raisonnable  :  il  a  pour  articles 
cardinaux  la  croyance  ferme  et  indubitable  à  un  Dieu  personnel, 
à  la  résurrection  et  à  l'immortalité  de  l'âme;  et,  comme  grand  ressort 
pour  agir,  il  prône  la  doctrine  des  conséquences  morales.  »  Voilà 
qui  n'est  pas  pour  plaire  aux  jeunes  étourncaux,«  dégagés  de  préjugés  », 
dont  il  est  question  plus  haut. 

La  seconde  partie  traite  des  rapports  entre  l'Eglise  et  l'Etat  en 
Chine.  La  nature  de  ces  rapports  est  parfaitement  caractérisée  dans 
ces  lignes  :  «  L'État  s'interpose,  autant  que  possible,  entre  le  peuple 
et  ses  dieux;  l'Empereur  prétend  être  leur  «  chargé  d'affaires»accrédité, 
le  principal  agent  et  l'intercesseur  de  son  pays  auprès  des  Puissances 
suprêmes.  »  A  ce  propos,  le  traducteur  rappelle  qu'en  Europe, 
naguère  encore,  sinon  même  aujourd'hui,  «  les  princes  n'oubliaient 
peint  de  se  poser  en  lieutenants  de  la  divinité,  témoin  les  catéchismes 


—  161  — 

politiques  de  Napoléon  ler,...  do  Ferdinand  VII  d'Espagne,...  de 
François  P"^  d'Autriche  ».  Il  aurait  pu  ajouter  le  Kaiser  et  le  Czar 
actuels,  qui  se  réclament  à  tout  moment  de  Dieu  dont  ils  se  donnent 
pour  les  sergents,  comme  eût  dit  notre  grand  saint  Louis.  Il  conclut  : 
«  La  démocratie  française,  par  son  anticléricalisme  et  surtout  par 
les  principes  dont  elle  l'appuie,  travaille  donc,  avec  son  habituelle 
inconsidération,  à  perdre  l'empire  qu'elle  rêve  d'obtenir  sur  les 
consciences,  dont  elle  ambitionne  en  secret  précisément  la  soumission 
jusque  dans  le  for  intérieur  où  la  loi  ne  peut  atteindre.  »  On  ne  saurait 
mieux  dire;  mais  c'est  ce  que  ne  voudra  jamais  comprendre  notre 
gouvernement  athée. 

Dans  la  troisième  partie,  l'auteur  étudie  la  Religion  naturelle  dans 
l'Inde;  et  il  en  arrive  à  cette  conviction  qu'  «  aucune  race  humaine  n'a 
jamais  accepté,  ce  semble,  que  la  mort  fût  le  terme  définitif  de  la  per- 
sonnalité du  défunt  ».  Les  pages  consacrées  à  cette  question  sont  par- 
ticulièrement suggestives. 

Dans  le  second  volume,  M.  Lyall  traite  divers  problèmes,  fort 
intéressants,  avec  toute  l'ampleur  désirable.  Il  s'en  prend,  pour 
commencer,  au  fameux  Rameau  rf'or  de  Frazer;  ce  système  de  l'évo- 
lution qui  devait  être  la  clef  de  tous  les  mystères,  clef  qui  se  trouve 
ne  pouvoir  ouvrir  aucune  serrure.  Après  avoir  démontré  combien 
ce  système  est  peu  scientifique,  l'auteur  continue  :  «  Le  Rameau  d'or 
est  d'ailleurs  si  amusant,  souvent  même  si  instructif  (il  explique 
dans  quel  sens)  que  j'hésite  à  pousser  trop  loin  la  critique.  »  Il  la  pousse 
cependant,  non  pas  trop  loin,  sans  doute,  mais  jusqu'au  bout,  et  ce 
pauvre  rameau  d'or,  au  sortir  de  ses  mains,  n'est  plus  qu'une  brin- 
dille desséchée,  fragile  comme  verre.  Cette  réfutation  magistrale  forme 
le  sujet  du  quatrième  chapitre  qui  se  trouve  être  le  premier  du 
volume.  Les  chapitres  suivants  traitent  de  l'Origine  et  de  l'In- 
terprétation des  religions  primitives,  de  l'Histoire  et  de  la  Fable; 
de  la  Domination  européenne  et  de  la  Situation  politique  en  Asie.  Le 
huitième  et  dernier,  intitulé  -.Race  et  Religion,  termine  ce  beau  travail, 
fruit  de  patientes  et  laborieuses  recherches,  qui  témoigne  de  la  haute 
valeur  intellectuelle  et  morale  de  son  auteur.  A.  Roussel. 


Un  Aventuriei*  gascou.  I>e  Vrai  IBaron  de  Ifiatz.  Rectifications 
h  storiques  d'après  des  documents  inédits, pâv  Ch.de  Batz-Tkenqiiei.lûon. 
Bordeaux,  Feret;  Paris,  Mulo,  1908,  gr.  in-8  de  v-61  p.  —  Prix  :  2  fr. 

Dans  le  Polybiblion  de  septembre  1908  (t.  CXIV,  p.  256),  je  parlais 
d'un  livre  récent  sur  la  Vie  et  les  conspirations  de  Jean  Baron  de  Batz; 
et  j'estimais  cette  «  figure  un  peu  légendaire  ».  Je  trouvais  «  peu  solide  » 
le  lien  qui  rattacherait  ce  personnage  au  compagnon  d'Henri  IV 
et  à  d'Artagnan,  «  un  peu  louche  »  la  façon  dont  ce  gentilhomme 
Août  1909.  T.  CXVL  11. 


—  162  — 

«  se  mêle  aux  tripotages  d'alTaires  »,  enfin  «  un  peu  mystérieux  » 
son  lôle  de  député  aux  Etats  généraux.  Je  ne  saurais  regretter  mes 
réserves,  aujomd'hui  que  M.  le  baron  de  Batz-Trenquelléon  apporte 
toute  une  série  de  preuves  documentaires  afin  de  réfuter,  et  qui 
réfutent  les  prétentions  de  ce  personnage  énigmatique,  afin  d'éclairer, 
et  qui  éclairent  le  rôle  infiniment  moins  chevaleresque,  courageux 
et  loyaliste  de  ce  Jean  d'Armanthieu  «  breveté  baron  de  Batz,  en  1776.  » 
Nous  n'entrerons  pas  ici  dans  des  discussions  de  famille;  il  est 
au  moins  singulier  que  ce  soient  des  membres  très  authentiques  do 
la  maison  de  Batz  qui  aient  aidé  à  rattacher  à  leur  tronc  cet  aven- 
turier que  la  légende  en  effet  a  fait  célèbre;  M.  Charles  de  Batz, 
baron  de  Tranquelléon,  représentant  de  la  branche  aînée,  proteste  et 
apporte  les  raisons  de  sa  protestation. 

L'histoire  doit  enregistrer  ce  témoignage  parce  qu'il  sert  à  élucider 
le  côté  mystérieux  d'un  chapitre  de  la  Révolution.  Il  s'agit  donc  ici 
de  familles  «  homonymes  »;  on  trouvera  dans  ces  courtes  pages  la 
preuve  des  «  faux  »  que  les  généalogistes  du  Roi,  Chérin  en  tête,  ne 
voulurent  jamais  sanctionner  ni  accepter;  des  détails  sur  les  agisse- 
ments financiers  et  politiques  du  «  baron  de  Batz  »,  qui  tendent  à  le 
montrer  rien  m.oins  que  dévoué  au  Roi,  au  contraire  en  relations 
d'affaires  lucratives  avec  ses  ennemis,  et  qui  dorment  à  penser  qu'il 
n'a  jamais  tenté  de  sauver  Louis  XVI  conduit  à  l'échafaud,  ni  fait 
autre  chose  que  de  compromettre  Marie-Antoinette  à  la  Concier- 
gerie. Les  faits  précis  de  sa  mort,  en  1822,  qui  ressemble  fort  à  un 
suicide,  jettent  jusqu'à  la  fin  une  ombre  fâcheuse  et  un  renom  mal- 
sonnant sur  sa  personnahté. C'est  donc  une  rectification  qui  garde  toute 
sa  gravité,  et  c'est  pourquoi  il  conviendra  désormais  de  placer  cette 
importante  brochure  à  côté  des  Irvres  de  jM.  Lenotre  et  du  baron  de 
Batz.  Il  devient  même  douteux  que  l'ouvrage  de  ce  dernier  (^.a  Vie 
et.  les  conspirations  de  Jean  de  Batz)  puisse  être  continué.      G.  de  G. 


\]in  flisisioiiuaire  aie  93.  .Harc-^totoîiie  Raudot.  par  A.  Tnr- 
MouLiER.  Paris,  Dorbon  aîné,  19u8,  in-8  de  xvir-l5;  p. —  Prix;  3  Ir.  50. 

Baudot,  conventionnel  obscur,  doit  sa  notoriété  à  Quinet,  qui  Ta 
connu  et  a  inséré  quelques  fragments  de  lui  dans  son  livre  la  Révo- 
lution. M.  Trimoulier,  dans  son  étude  biogi'aphique,  a  voulu  le  peindre 
sous  trois  aspects,  comme  homme  pohtique,  comme  «  missionnaire  », 
comme  écrivain. 

La  vie  publique  de  Baudot  a  été  courte.  Elle  tient  tout  entière, 
sauf  sa  «  lieutenance  de  police  »  en  Bretagne  pendant  les  Cent- Jours, 
dans  les  trois  années  d'existence  de  la  Convention.  A  l'Assemblée,  il 
parla  et  agit  peu;  mais  sa  mission  en  Alsace,  accomplie  de  concert 
avec  Lacoste,  fait  pendant  et  contraste  avec  celle,  bien  plus  connue,  de 


I 


—  163  —  . 

Saint-Just  et  Lebas.  M.  Trimoulier  lui  applique  sérieusement  la  qua- 
lification donnée  ironiquement  par  Fabry,  un  royaliste  qu'il  connaît 
bien  (p.  32),  aux  terroristes  de  toute  nuance.  Seulement  il  expose, 
sans  même  recourir  aux  publications  si  connues  de  M.  Chu- 
quet,  son  rôle  patriotique  et  se  tait  absolument  sur  son  rôle  «  aposto- 
lique ».  Il  paraît  avoir  ignoré  le  Recueil  de  pièces  authentiques  publié  à 
Strasbourg,  qui  lui  aurait  fourni  des  renseignements  nombreux  et  précis 
sur  la  part  prise  par  son  héros  aux  délibérations  de  la  Société  propagan- 
diste de  Strasbourg.  Il  n'a  donc  pas  su  le  montrer  prêchant  la  «  régéné- 
ration guillotinière  »  des  Juifs,  imposant  aux  particuliers,  malgré  un 
décret  de  }a  Convention,  l'échange  de  leur,  numéraire  contre  des 
assignats,  etc.  A  défaut  du  recueil  cité  plus  haut,  les  documents  conser- 
vés aux  Archives  nationales  lui  eussent  révélé  d'autres  détails  sembla- 
bles. Peut-être  y  eût-il  trouvé  le  rapport  où  Baudotestquahfié  proprié- 
taire de  20  000  hvres  de  rente  et  d'un  magnifique  château  (d'Estrée); 
ce  qui  eût  dispensé  son  biographe  de  vanter  sa  «  noble  pauvreté  ».  Si 
seulement  il  eût  feuilleté  la  notice  très  substantielle  et  très  complète 
pubUée  récemment  par  M.  Montarlot  dans  les  Mémoires  de  la  Société 
édaenne  (d'Autun),  il  n'eût  pas  donné  prise  à  la  critique  par  ses 
trop  nombreuses  lacunes  et  omissions. 

D'une  façon  générale,  M. Trimoulier  s'est  très  imparfaitement  docu- 
menté. L'indispensable  Moniteur,  quelques  histoires  très  anciennes 
de  la  Révolution  (Mignet,  Thiers,  etc.),  les  recueils  publiés  par  M. 
Aulard,  les  Notes  historiques  de  Baudot  imprimées  par  les  soins  de 
Mme  Quinet  (je  ne  parle  pas  des  Considérations  sur  la  France,  par 
Joseph  de  Maistre  !)  lui  ont  suffi  pour  mettre  sur  pied  sa  biographie. 
Que  n'a-t-il  au  moins  essayé,  à  propos  de  ces  Notes  incohérentes,  mais 
pleines  de  saveur  pour  qui  veut  apprécier  la  mentalité  jacobine,  un 
travail  à  la  fois  critique  et  synthétique!  Mais  il  s'est  borné,  de  son 
propre  aveu,  à  faire  «  besogne  de  copiste  »  (p.  149).  L.  P. 


lia  ITIoi't  de   Piehegi'u.    Biville.    I^aris.  Ije  Temple,  1S04, 

par  Frédéric  Barbey.    Par;s,   Perrin,   1909,  in-lG  de  ii-277  p.,    avec 
5  plans  du  Temple   et   7  gravures  hors  texte.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

La  mort  de  Pichegru,  il  y  a  là  un  mystère  qui  a  séduit  déjà  bien 
des  écrivains  et  qui  vient  de  tenter  encore  le  très  distingué  historien 
de  M™e  Atkyns,  M.  Frédéric  Barbey.  11  l'a  abordé  dans  un  élégant 
volume  plein  d'érudition  et  d'intérêt.  Pichegru  vivait  en  An- 
gleterre, depuis  un  certain  temps  déjà,  en  relations  avec  les  princes, 
lorsqu'il  s'aboucha  avec  Georges  Cadoudal,  et,  pressé  par  le  comte 
d'Artois,  séduit  d'ailleurs  par  de  faux  rapports  qui  lui  annonçaient 
qu'il  y  avait  à  Paris  beaucoup  de  généraux  mécontents  de  Bonaparte, 
il  se  décida  à  rentrer,  en  France  pour  essayer   de   le   renverser.   Le 


_  164  — 

11  jauvior  1804,  il  s'embarqua  sur  un  petit,  bateau,  resta  cinq  jours  sans 
pouvoir  aborder  à  cause  de  l'état  de  la  mer,  puis  enfin,  le  16,  débarqua 
sur  la  falaise  de  Biville,  et,  après  avoir  erré  quelques  jours  encore, 
arriva  le  23  janvier  à  Paris.  Il  n'y  resta  pas  longtemps  tranquille. 
Dès  le  28  janvier,  un  chouan  menacé  d'être  fusillé,  Querelle,  avait 
dénoncé  le  complot  de  Cadoudal.  Quelques  jours  après,  un  autre 
conjuré.  Bouvet  de  Lozier,  révélait  la  présence  de  Pichegru  dans 
la  capitale.  Toute  la  police  fut  sur  pied.  Les  portes  de  Paris  furent 
fermées,  des  perquisitions  furent  faites  de  tous  côtés;  on  saisit  un 
certain  nombre  de  conspirateurs,  et,  pour  les  forcer  à  parler,  on  emploj^a 
les  procédés  les  plus  cruels;  on  ressuscita  même  la  torture. Pichegru, 
traqué  de  toutes  parts,  changeant  sans-  cesse  d'asile,  et  ne  sachant 
plus  où  se  réfugier,  —  car  on  n'osait  pas  le  recevoir,  dans  la  crainte 
de  se  compromettre,  —  tomba  dans  le  piège  que  lui  tendit  un  mouchard 
nommé  Leblanc  ou  Blanc.  Ce  misérable,  feignant  d'être  tout  dévoué 
au  général,  lui  offrit  de  le  recevoir  dans  son  appartement  de  la  rue 
de  Chabannais,  et,  dès  qu'il  y  fut,  s'empressa  d'aller  prévenir  la 
police. Les  agents  accouiurent,  enfoncèrent  la  porte,  se  jetèrent  sur 
Pichegru,  qui  tenta  vainement  de  se  défendre,  le  maltraitèrent  odieu- 
sement, le  ligotèren.t  et  le  conduisirent  au  Temple.  C'était  le  28  février. 
Le  général  fut  incarcéré  dans  un  cachot  du  rez-de-chaussée,  où  il  ue 
voyait  personne  que  le  conseiller  Real  qui  venait  l'interroger,  ou 
le  porte-clefs  Popon  et  les  deux  gendarmes  qui  le  gardaient  et  le 
surveillaient  lorsqu'il  se  promenait  dans  un  étroit  préau.  Pour  se 
distraire,  il  avait  demandé  qu'on  lui  achetât  les  œuvres   de  Sénèque. 

Un  matin,  le  6  avTil,  Popon,  entrant  chez  le  prisonnier  à  sept  heures 
pour  allumer  son  feu,  comme  d'habitude,  le  trouva  immobile.  Effrayé, 
il  alla  prévenir  le  concierge;  puis  tous  deux  coururent  chez  le  juge 
Thuriot  qui  envoya  le  commissaire  de  police  Dusser,  et  celui-ci  constata 
que  le  général  était  étranglé  au  moyen  d'un  petit  morceau  de  bois, 
de  quarante- cinq  centimètres  environ,  passé  dans  sa  cravate  et  qui 
avait  servi  à  la  tordre.  Les  médecins  conclurent  au  suicide.  C'est 
aussi  la  conclusion  de  M.  Barbey. 

Un  dernier  point  reste  à  éclaircir,et  la  question  a  été  très  nettement 
posée  par  M.  Daudet  dans  ses  Récits  des  temps  révolutionnaires  : 
Comment  un  homme,  affaibli  par  l'effort  même  qu'il  a  fait  pour 
se  détruire,  a-t-il  pu  imprimer  et  maintenir  à  un  morceau  de  bois 
une  impulsion  assez  prolongée  pour  se  donner  la  mort? 

Une  très  curieuse  cai'icature  du  temps,  que  M.  .Barbey  a  eu  l'heu- 
reuse idée  de  reproduire  avec  des  portraits  de  Pichegru  et  des  plans 
du  Temple  inédits,  représente  la  scène;  mais  elle  a  été  saisie  par  la 
police  sous  l'inculpation  de  lèse-Majesté. 

Max.  de  la  Rociieterie. 


—  165  — 

lie  Comte  Josegili  de  IVInistre  et  «i^a  famille.  Études  et  portraits 
politiques  et  littéraires,  par  M.  de  Lescure.  Nouvelle  édition.  Paris, 
Téqui,  1908,  in-12  de  442   p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Ce  volume  n'est  qu'une  nouvelle  édition,  ou  plutôt  un  nouveau 
tirage  d'un  livre  déjà  ancien,  publié  avant  Its  beaux  ouvrages  de 
M.  François  Descostes,  qui  ont,  sinon  renouvelé,  du  moins  com- 
plété dans  une  large  mesure  la  biographie  de  Joseph  de  Maistre.  Mais 
comme  il  dit  on  somme  l'essentiel  sur  de  Maistre,  et  qu'il  nous  fait  fort 
bien  connaître  les  divers  côtés  de  cette  si  attachante  physionomie,  le 
magistrat,  l'homme  d'État,  l'écrivain,  l'homme,  le  père,  le  philosophe, 
le  grand  chrétien,  il  reste  encore  fort  intéressant  à  lire.  La  correspon- 
dance de  famille  de  Joseph  de  Maistre  y  est  surtout  longuement 
analysée  et  citée,  et  le  chapitre  où  sont  rassemblées  ses  plus  belles 
lettres  à  ses  filles  peut  passer  pour  un  admirable  traité  de  pédagogie 
chrétienne.  Il  est  impossible  de  montrer  à  la  fois  plus  d'esprit,  plus 
de  bon  sens  que  ce  père  qui,  de  loin,  séparé  des  siens  par  les  événements 
et  comme  exilé  de  sa  famille,  s'epplique  avec  un  soin  si  jaloux-  à 
assurer  par  ses  conseils  la  bonne  formation  intellectuelle  et  morale  de 
ses  filles.  Pour  ce  chapitre  seul,  le  livre  mériterait  d'être  lu  et  relu, 
puisqu'il  nous  épargne  la  peine  de  faire  un  choix  dans  cette  corres- 
pondance immortelle,  qui  suffirait  à  mettre  Joseph  de  Maistre  à  la 
première  place  des  grands  écrivains  français.  On  y  trouve  comme  la 
substance  et  le  meilleur  de  ce  grand  esprit  et  de  ce  grand  cœur. 

Les  autres  chapitres  d'ailleurs  sont  aussi  pleins  d'intérêt,  et  résu- 
ment parfaitement  et  la  vie  et  les  œuvres  de  Joseph  de  Maistre. 
M.  de  Lescure,  écrivain  consciencieux,  s'est  tiré  de  sa  tâche  de 
biographe  et  d'analyste  avec  un  vrai  talent.  Son  livre  ne  saurait  rem- 
placer, bien  entendu,  les  œuvres  de  Joseph  de  Maistre,  mais  il  incitera 
à  faire  plus  ample  connaissance  avec  elles  et  il  aidera  à  en  tirer  un 
meilleur  profit. 

Je  crains  que  les  épreuves  n'en  aient  pas  été  corrigées  avec  assez 
de  soin,  car  j'ai  relevé  au  passage  quelques  fautes  qui  rendent  cer- 
taines phrases  incompréhensibles.  -  C'est  peu  do  chose  sans  doute, 
mais  assez  pourtant  pour  gêner  un  lecteur  peu  expérimenté  dans  la 
lecture  de  ce  livre  excellent.  Edouard  Pontal. 


lie  Komaii  de  liamnrtiaie,  par  Léon   Séché.  Paris,  Fayard,  s.  d., 
in-16de-2><2p.,avecgrav.et  fac-similé  d'écriture  —Prix  cartonné:  Ifr.  35. 

Nous  en  sommes  à  la  littérature  à  bon  marché.  Pour  la  collection 
Les  Livres  nouveaux,  M.  Léon  Séché,  ayant  entremêlé  aux  pages  de 
Raphaël,  qui  lui  semblaient  le  plus  près  de  la  vérité  (et  je  pense,  moi, 
qu'il  y  a  encore  dans  celles-ci  bien  du  romantisme),  les  parties  de  la 
correspondance  avec  Vignet  et  Virieu  et  M'^^  de  Canonge  se  référant 


—  166  — 

à  l'élégiaque  idylle  d'Aix-les  Bains,  les  renseignements  sur  M™e 
Charles  fournis  par  la  plaquette  de  M.  Anatole  France,  les  lettres 
brûlantes  d'Elvire  publiées  par  M.  Doumic,  et  les  quelques  documents 
sur  Julie  Bouchaud  dos  Hérettes  (M™®  Charles),  trouvés  par  lui-même, 
dont  il  avait  fait  état  dans  sa  compilation  ?,\xf  Lamartine  de  1816  à  1830, 
ayant  grapillé  en  même  temps  quelques  médiocres  images  d'Aix-les- 
Bains,  de  Servolex,  du  Grand  Lemps,  des  Charmettes,  de  Milly,  etc., 
s'est  trouvé  avoir  composé  facilement  et  à  peu  de  frais  le  Roman  de 
Lamartine.  11  n'y  a  rien  en  tout  cela  de  neuf  et  le  travail  n'est  pas 
plus  distingué  que  le  papier  du  volume.  Mais  aussi  cela  ne  coûte  que 
vingt-sept  sous;  et  dans  vulgarisation  il  y  a  vulgaire... 

Si  je  blâme,  d'ailleurs,  M.  Séché  de  faire  beaucoup  trop  ses  livres 
avec  ceux  des  autres,  et  d'avoir,  en  l'espèce,  pour  corser  son  «  roman  », 
semblé  prendre  -au  sérieux  et  pris  à  son  compte  les  invraisemblables 
épisodes  dont  Lamartine  avait  dramatisé  le  sien  —telle,  la  fantastique 
aventure  du  naufrage  sur  le  lac  du  Bourget,  et  la  nuit  à  Hautecombe 
et  les  promenades  sentimentales  à  Meudon,  etc.,  etc.,  —  je  lui  donne, 
une  fois  de  plus,  mon  suffrage  pour  maintenir  contre  de  redoutables 
contradicteurs  sa  thèse  :  que  l'amour  de  l'auteur  du  Crucifix  pour 
la  malade  et  mourante  M"^*^  Charles  fut  très  ardent,  assez  fou, 
et  par  conséquent  coupable,  mais  que,  pour  une  raison  ou  pour  une 
autre,  raison  morale  ou  raison  de  santé,  il  demeura  pur.  Les  quelques 
textes  un  peu  équivoques  qu'on  a  jusqu'ici  allégués  de  l'autre  côté 
de  la  barre  peuvent  tous  s'interpréter  en  ce  sens.  Ils  ne  sauraient 
donc  prévaloir  contre  les  affirmations  très  nettes  que  Lamartine,  en 
sa  vieillesse,  a  plusieurs  fois  répétées  (et  j'en  connais  au  moins  une 
qui  a  échappé  à  M.  Séché)  et  contre  le  caractère  élevé,  fier  et  pieux 
du  culte  dont  il  entoura  la  mémoire  d'Elvire.         Gabriel  Audiat. 


lie  Comte  ^V.  de  Ifléradc  (BSlft-i9t>ô),  par  Al.  Esiignard. 
Besançon,  Jacquin;  Paris,  Cham|àon,  1909,  in-8  de  258  p.,  avec 
2  portraits  et  2  planches.^ —  Prix  :    6  fr.       ^    ^  ^__^i  -^  _     ^ 

i)iv'^rs  écrivains  et  artistes  friinc-comtois  de  marque  ont  fait  l'objet 
d'études  intéressantes  de  la  part  de  M.  Alexandre  Estignard.  En  leur 
temps,  il  en  a  été  question  ici  même.  Aujouj'd'hui,il  nous  donne  sur  le 
comte  \Verner  de  Alérode  un  livre  de  réelle  valeur. 

fssu  d'un  père  dont  la  famille  est  illustre  entre  les  plus  illustres  de  la 
Belgique  et  d'une  mère  franc-comtoise,  fille  du  marquis  de  Grammont, 
le  comte  Werner  de  Mérode  naquit,  le  13  janvier  1816,  au  clâteau 
do  Villersexel,  devenu  célèbre  depuis  la  bataille  qui  se  livra  en  ce  lieu 
pondant  l'Année  terrible. 

>L  P^stignard  jette  d'abord  un  coup  d'œil  sur  la  famille  de  Mérode, 
i1<mt  il  esquisse  le  rôle  prépondérant  dans  le  mouvement  national  qui, 


—  167  — 

en  1830,  affranchit  la  Belgique  de  la  domination  des  Pays-Bas.  Puis, 
aussi  brièvement,  il  résume  les  jeunes  années  de  son  héros,  qui  entre 
dans  la  vie  publique  à  Tàgo  de  trente  ans,  c'est-à-dire  en  1846.  A  cette 
date,  le  canton  do  Maîche,  dans  le  Doubs,  le  désigne  pour  son  représen- 
tant au  conseil  général  du  département,  où  il  devait  siège?  près  d'un 
demi-siècle,  et  l'arrondissement  de  Montbéliard  l'envoie  à  la  Chambre 
des  députés. 

Survient  la  révolution  de  18^*8.  Lorsque  la  fugitive  Assemblée  cons- 
tituante eut  fait  place  à  l'Assemblée  législative  (18^i9),  le  comte  de 
iMérode,  élu  dans  le  Nord,  se  signala  par  son  attitude  résolument  ca- 
tholique. Aux  élections  de  1852  (Corps  législatif),  il  fut  réélu,  aune 
énorme  majorité,  dans  le  même  département,  comme  candidat  indé- 
pendant; mais,  le  27  février  18r)3,  il  donna  sa  démission  de  député  par 
une  lettre  au  président  Billault,  où  il  déclarait  considérer  «  comme 
de  sa  dignité  de  ne  plus  siéger  dans  une  Assemblée  à  laquelle  on  refuse 
tous  pouvoirs,  »  protestant  en  outre  contre  la  spoliation  dont  lesprin- 
ces  d'<)rléans  venaient,  d'être  victimes. 

Candidat  de  l'opposition,  en  186.3,  il  ôchoua  dans  le  département 
du  Doubs,  et  de  nouveau  en  1860,  par  suite  des  plus  détestables  ma- 
chinations. 

Bientôt  la  guerre  éclate  entre  la  France,  la  Prusse  et  les  Etats  alle- 
mands confédérés.  L'auteur  résume  en  quelques  pages  la  situation,  de 
la  Franche-Comté  à  cette  époque  néfaste  et  le  rôle  joué  à  Besançon  par 
le  comte  de  Mérodc.  Devenu  membre  de  l'Assemblée  nationale  en  1871, 
puis  sénateur  du  Doubs  en  1S76,  M.  de  Mérode  ne  fut  pas  réélu  en  1885 
parce  que  —  l'auteur  indique  comment  —  «  la  partiesejouaitaveodes 
cartes  bisautées  ».  Pendant  toute  la  durée  de  se«  mandats,  le  comte  de 
Mérode  ne  cessa  pas  un  seul  instant  de  défendre  l'Église  et  de  flageller 
les  excès  ou  les  turpitudes  sans  nombre  du  régime  anticatholique  que 
la  Franco  subissait  déjà. 

«  En  mai  1889,  raconte  M.  Estignard,  lodépartement  du  Doubs  fut 
appelé  à  élire  un  sénateur.  Tous  les  modérés,  tous  les  indépendants 
se  réunirent  sur  le  nom  du  comte  de  Mérode.  Son  passé,  sa  haute  si- 
tuation, son  patriotisme,  l'intérêt  et  le  dévouement  qu'il  avait  toujours 
témoignés  aux  campagnes,  en  faisaient  un  candidat  hors  Hgne  devant 
lequel  devaient  s'incliner  respectueusement  ceux-là  mêmes  qui  au- 
raient eu  la  pensée  de  faire  valoir  k'urs  droits.  »  Or,  les  électeurs,  pas 
fiers,  en  vérité,  lui  préférèrent  «  un  ancien  thu  rif éraire  du  régime  impérial, 
ancien  gratte-papier  à  lapréfecture  du  Doubs  sous  l'Empire,  adversaire 
ardent  des  catholiques».  Mais,  qnoiqueexcln.  des  Assembléeslégislatives, 
M.  de  Mérode  était  trop  bon  Français,  trop  combatif  par  tempérament, 
pour  se  désintéresser  de  nos  luttes  politiques;  il  le  prouva  par  de  nom- 
breux articles  qu'il  publia  alors,  tous  marqués  au  coin  du  bon  sens 


—  168  — 

ot  de  la  clair voyanco.  Ses  fâchousos  prévisions  nous  apparaissent 
aujourd'hui  comme  de  véritables  prophéties. 

Et  maintenant,  voici:  en  quels  termes  M.  A.  Estignard  caractérise 
l'émincntc  personnalité  dont  il  s'est  fait  le  biographe  très  informé  : 
((  En  toute  occasion,  dans  l'assemblée  départementale  comme  dans  les 
Chambres,  le  comte  de  Mérode  s'est  élevé  contre  l'arbitraire,  a  pris 
la  défense  des  persécutés,  des  humbles  religieux,  des  malheureux  ha- 
bitants des  campagnes,  dos  hommes  de  désintéressement  et  d'intégrité 
qui  ont  honoré  la  magistrature,  et  ont  noblement  refusé  d'abaisser  leur 
conscience  aux  caprices  de  l'injustice  et  de  l'iniquité  triomphante. 
Quand  l'erreur,  sous  mille  formes  diverses,  s'est  produite  de  toutes 
parts  et  au  grand  jour,  il  n'a  pas  hésité  à  affirmer  le  droit  et  la  vérité, 
et  à   opposer  à  l'audace  du  mal  la  probité  et  l'honneur  ». 

Assurément,  nous  sommes  là  en  présence  d'une  biographie,  et  d'une 
biographie  excellente;  mais  il  y  a  plus,  sinon  mieux  :  ce  volume,  qui 
affecte  parfois  des  allures  d'impitoyable  réquisitoire  contre  les  choses 
et  contre  certains  hommes,  o lire  aussi  une  vue  d'ensemble,  en  raccourci, 
pourrais-je  dire,  et  donc  nette  et  précise,  sur  la  période  de  notre 
histoire  qui  va  de  18'i8  à  1900,  laquelle  manque  de  réconfort.  C'est  une 
raison  pour  que  je  m'associe  de  tout  cœ\u'  à  cette  pensée,  à  cette  affir- 
mation consolante  qui  termine  l'ouvrage  documenté  de  M.  A.  Esti- 
gnard :  «  Malgré  les  anarchies  contemporaines,  malgré  les  persé- 
cutions, la  tyrannie  et  l'arbitraire,  la  patrie  à  laquelle  il  (le  comte  de 
Mérode)  a  donné  tout  son  dévouement,  la  vertu  dont  il  a  fait  la  régie 
de  sa  conduite,  la  liberté  et  la  religion  qu'il  a  toujours  défendues,  sont 
immortelles.  ))  E.-A.  Chapuis. 

Souvenirs,  1  S'iS-tOOT,  parla  princesse  de  Sayn-Wittgenstein. 

Paris,  Lethielleux,  s.  d.  (1909),  petit  in-S  de  182  p.   —  Prix  :  3  fr.  50. 

Dans  une  causerie  aimable,  avec  le  ton  charmant  et  détaché  d'une 
très  grande  dame  qu'elle  est,  la  princesse  de  Sayn  recueille  quelques 
souvenirs  de  sa  longue  vie,  retrace  quelques  portraits  des  personnages 
dans  l'intimité  desquels  elle  a  vécu.  C'est  d'abord  à  la  Cjur  de  Russie, 
en  la  dernière  année  du  règne  de  l'empereur  Alexandre  I*^'";  de  Pé- 
tersbourg,  elle  passe  à  Berlin  où  elle  nous  montre  les  princes  et 
princesses,  surtout  Frédéric-Guillaume  IV;  puis  elle  arrive  à  Paris, 
éternellement  le  centre  des  élégances  et  de  l'agitation  :  c'est  pour 
assister  à  la  révolution  de  février.  Du  cercle  intime  de  ses  relations 
personnelles,  la  princesse  nous  fait  gracieusement  les  honneurs  : 
l'élite  intellectuelle  et  l'élite  morale  :  Montalembert,  Mgr  Dupanloup, 
tout  le  faubourg  Saint-Germain.  L'admiration  sans  réserve  qu'elle 
porte  à  l'évêque  d'Orléans  la  rend  même  injuste  pour  ceux  qui  ne 
partagent  pas  sa  manière  de  voir  :  ainsi  elle  trace  sur  Louis  Veuillot, 


—  169  — 

sans  ù-propos,  iiiio  page  aussi  inutile  ((u"iujustv!  <■[,  inexacte.  Elle 
se  plaisait  à  ofTrii'  à  ses  amis  une  hospitalité  pleine  d'une  délicatesse 
extrême,  seit  au  château  de  Sayn,  soit  à  la  villa  délicieuse  (et  bien 
nommée)  de  Monahri  sur  le  lac  de  Genève.  C'est  là  qu'elle  recevait 
chaque  année  M^^  Graven,  Pauline  de  la  Ferronnays,  —  et,  sur 
cette  femme  d'une  si  rare  culture  et  d'un  esprit  si  séduisant,  la  prin- 
cesse écrit  des  lignes  pleines  d'émotion.  Elle  s'émeut  également 
au  souvenir  des  malheurs  de  la  guerre  de  1870,  pendant  laquelle  elle 
prodigua  des  secours  à  nos  blessés.  Toutes  ces  réminiscences  sont 
un  peu  futigitives,  toujours  aimables,  et  paraissent  trop  courtes 
au  lecteur,  qui  y  trouve  l'attrait  d'une  élégante  conversation.        G. 


Éronomie  de  l'Iiistoire.  'i'Iiéorie  «le  l'évolution,  par  G.  de 

MoLiNARi.  Pans,  Alcan,  iy08,  inl6  de  259  p.—   Prix  :  3  Ir,  50 

M.  de  Molinari  est  l'un  des  chefs  et  des  vétérans  de  l'écolii  dite 
classique  ou  libérale  en  économie  politique.  On  ne  peut  qu'admirer  la 
vigueur  de  son  talent  et  la  fécondité  de  sa  verte  vieillesse.  Le  livre  que 
nous  avons  sous  les  yeux:  Economie  de  l'histoire.  Théorie  de  révolution, 
est  un  essai  d'application  de  la  science  économique  à  la  science  histori- 
que et  à  la  science  politique,  d'où  résulterait  une  philosophie  explica- 
tive du  passé,  directrice  du  présent  et  de  l'avenir.  Il  est  ainsi  divisé 
Chapitre  I.  Les  Lois  naturelles.  Le  gouvernement  des  espèces  infé- 
rieures. II.  Temps  primitifs.  III.  L'Agriculture.  La  fondation  des 
États.  IV.  Progrès  déterminés  par  la  fondation  des  États.  V.  L'Es- 
clavage. Le  servage.  La  sujétion.  VI.  La  Concurrence  politique  et 
ses  effets.  Féodalité  et  Unité.  Progrès  du  matériel  de  guerre.  VII.  Le 
Monopole.  La  concurrence  productive  ou  économique.  VIII.  Con- 
séquences de  l'unification  de  l'État.  IX.  La  Révolution  française.  X. 
Le  Nouveau  Régime,  les  constitutions.  XL  La  Grande  Industrie.  XII. 
La  Crise.  XIII.  Risques  de  décadence  et  chances  de  progrès.  —  Fidèle 
à  l'esprit  dominateur  de  Turgot,  l'un  de  ses  maîtres  de  prédilection, 
M.  de  Molinari  a  dans  la  science  qu'il  cultive  une  telle  foi  qu'il  en  fait 
la  reine  et  l'institutrice  de  toutes  les  autres,  qu'il  plie,  bon  gré,  mal 
gré,  sans  toujours  en  bien  posséder  les  données  exactes,  aux  conclusions 
déduites  de  ses  études  spéciales.  Théologie,  philosophie,  histoire  re- 
ligieuse, sociale,  politique,  voire  histoire  naturelle,  il  faut  que  tout 
s'exp'lique  par  V échange^  le  monopole  et  la  concurrence.  Cette  préoccu- 
pation le  conduit  à  des  assertions  extraordinaires  et,  nous  reg>'ettons 
de  le  constater,  tout  à  fait  hétérodoxes.  C'est  ainsi  que  M.  de  Molinari 
est  polygéniste  (p.  29);  qu'il  déclare  «  morales  »  à  une  certaine  époque, 
parce  qu'alors  elles  étaient  «  utiles  »,des  coutumes  telles  que  «  l'immo- 
lation des  vieillards  et  l'infanticide  »  (p.  44);  qu'il  justifie  pour  la  même 
raison  l'esclavage  (p.  62);  qu'il  rapproche  le  baptême  chrétien  de  la 


—  170  — 

coutume  Spartiate  de  plonger  les  nouveau-nés  dans  TEurotas  (p.  72); 
qu'il  présente  un  tableau  historiquement  faux  de  l'invasion  germanique 
du  cinquième  siècle  (p.  116)  et  en  déduit,  par  suite,  des  vues  erronées 
sur  l'ensemble  de  notre  histoire.  Toujours  obsédé  par  la  fixité  d'une 
thèse  poussée  à  bout,  il  en  vient  à  de  prodigieuses  erreurs  de  fiiit  :  à 
écrire,  par  exemple,  que  l'Église,  «  après  avoir  refusé  de  sanctionner 
le  second  mariage  de  Philippe-Auguste,  sanctionna  les  adultères 
de  Louis  XIV  »  (p.  158).  Absorbé  par  ses  études  économiques,  M.  de 
Molinari  n'a  évidemment  jamais  lu  ni  Bourdaloue,  ni  M"^"  ^q  Sévigné 
sur  tel  sermon  de  Bourdaloue,  prononcé  en  face  de  Louis  XIV.  — 
Par  contre,  là  où  les  théories  économiques  du  savant  auteur  sont 
en  réalité  d'accord  soit  avec  les  faits,  soit  avec  les  données  certaines 
ou  probables  des  autres  sciences,  son  livre  renferme  des  explications, 
des  remarques,  des  vues  ingénieuses  et,  comme  l'on  dit,  suggestives. 
Telles  sont  ses  observations  sur  la  nécessité  sociale  du  sentiment  reli- 
gieux (p.  80), sur  la  substitution  du  servage  à  l'esclavage  (p.  91), sur  Rome 
et  l'empire  romain  (p.  111  et  suiv.),  sur  le  régime  féodal  (p.  117),  sur 
les  armes  de  guerre  et  les  armées  (p.  120  et  suiv.),  sur  les  foires  (p.  136- 
137),  sur  la  crise  révolutionnaire  (p.  170-171),  sur  l'armée  de  l'ancien 
régime  (p. 172),  transformée  par  cette  crise  en  «ateher  national»  (p. 173), 
attendu  que  la  guerre  était  devenue  «  la  plus  productive  des  industries  » 
(p. 174),  sur  l'œuvre  de  Napoléon  (p. 175),  etc. —  Le  livre  de  M.  de  Moli- 
nari est  l'œuvre  d'un  esprit  vigoureux,  égaré  par  des  partis  pris  de 
spécialiste  et  des  notions  erronées  ou  incomplètes  sur  las  sciences 
autres  que  la  sienne.  C'est  un  mélange  de  bon  et  de  mauvais,  de 
vrai  et  de  faux.  Il  n'est  pas  à  recommander,  mais  il  n'est  pas  à  néghger 
non  plus.  M.  S. 

CORRESPONDANCE 

Nous  recevons  de  M.  l'abbé  Emmanuel  Barbier  la  lettre  ci-après 
que  nous  insérons,  bien  qu'elle  excède  les  proportions  fixées  par 
la  loi  : 

Le  7  août  1909. 
NJonsieur, 

Le  PohjhibUon  (T.  GXVI,  juillet  1909,  p.  78)  a  inséré,  sous  la  plu  ne  de 
M.  le  «liaiioiiie  Pisani,  professeur  à  l'Iuslitut  calholique  de  Paris,  le  compte 
rendu  suivaut  : 

«  La  Oi-fs«  infini*^  de  i'Kgit>ie  d«-  }Pft\nac  Les  Prêtres  démocrates^ 
<■<■  Le  Sillon.  Les  Hypercritiques,  par  Emmanuel  Barbier.  Paris,  Lethiel- 
«  leux,  s.  d.,  in- 12  de  123  p.  —  Prix  :  0  fr.60. 

«  Qu<i  i)Piiseiait-on  d'iui  soldat  qui,  au  cours  de  la  bataille,  tirerait  sur 
«  ses  propres  compajiuoiis  d'arm»  s,  sous  prétexte  qu'ils  ne  suivent  p.is  la 
«  même  lactique  que  lui?  L'euueiui  de  M.  Barbier,  ce  n'e  t  pas  k-  franc- 
«  mdçon,  le  blocari^  mais  le  cailiolique,   le  prêtre  surtout,  qui  n'a  pas 


—  171  — 

.<  aflopté  toutes  ses  rancunes,  qui  n'a  pas  énousé  toutes  ses  querelles,  et 
«  dont  l'orihofloxie  n'est  pas  Hentique  à  celle  qu'a  définie  M.  Barbier.  Si 
«  l'Étrlise  jouissait  de  la  paix,  ces  tournois  ne  seraient  qu'oiseux,  mais 
«  que'le  faute  à  l'heure  présente!  p.  Pisani.  » 

Or,  cette  brochure  n'est  pas  de  moi.  mais  de  M.  l'abbé  Paui  Barbier,  curé 
(le  Beautrency  (Loirel). 

Loin  même  d'avoir  quelque  rpssemblance  avec  mes  ouvra^res,  elle  n'est 
autre  '-hose  qu'un  chdlenrt-ux  plaidoyer  en  faveur  des  prêtres  démocrates 
du  Sillon  et  des  hypercritiqu'  3.  La  conclusion  de  cette  troisième  partie  est 
celle-ci  :  'V  n'est  donc  pas  vrai  que  les  bypercritiques  fassent  courir  un 
danger  à  la  foi. 

Il  est  donc  clair,  tout,  d'abord,  que  M.  le  chanoine  Pisaui  n'a  pas  ouvert 
une  patTM  du  livre  dont  il  a  fait  ce  compte  rendu.  C'est  regrettable  pour  son 
honriêt^'té. 

Mais  c'est  bien  de  moi  qu'il  a  voulu  parler.  Avec  quel  heureux  à-pronos 
il  l'a  fait,  or,  il  -n  po  irra  juger  lui-mè  ne,  vos  lecteurs  au^^si  ;  je  n'aurai  pas 
la  frnauté  d'y  insister. 

Négligeant  ce  détail,  et  laissant  de  côté  toute  question  personnelle  pour 
ne  retenir  que  le  fond,  je  me  permettrai  de  dire  qu'un  tel  j  igpinent.  dans 
la  bouche  d'un  professeur  de  nos  Instituts  catholiques  et  d'un  homme 
aussi  instruit  que  M.  le  chanoine  l'isani,  est  vraiment  éirang-,  contraire  à 
tout  ce  que  nous  appr»  ud  l'histoire  de  l'Église,  et,  pour  tout  dire,  frappé 
au  coin  du  libéralisme  moderniste.  Je  me  tiens  â  la  disposition  de 
M.  Pisaui  nour  le  démontrer. 

La  brochure  qu'il  commet  la  méprise  de  m'attribuer  peut  d'ailleurs  nous 
servir  ici  d'exemple.  C'est  moi,  qui,  le  premier,  en  ai  dénoncé  les  témérités, 
d'abord  par  une  lettre  publique  dans  la  pr«  sse,  puis  dans  mon  ouvrage  : 
Ls  Déniocv'iies  chrétiens  et  le  Modetni^me.  M.  Pisiani  n'a  sans  doute  pas  plus 
lu  mes  livres  que  ceux  de  mon  homonyme  ;  c'est  ce  qui  explique  la  con- 
fusion qu'il  a  faite.  Il  me  semble  que  l'encyclique  P'mcevdi  a  donné  assez 
hautement  rai>on  à  ma  protestation  contre  les  conclusions  de  celni-ci  au 
sujet  de  l'hypercritisme,  de  même  que  le  Décret  du  Saint-Oltice  contre 
MM.  les  abl)es  Naudet  et  Dabry,  et  les  désaveux  infligés  au  Siltoti  par  le 
(  Pape  et  les  Évêqnes,  confirment  ce  que  j'^i  écrit,  sur  les  prêtres  démocrates 
et  le  Sill-m.  C'est  qu'il  y  a  des  règles  (\''ortlindoxie,  un  sens  de  i^onhndoxie, 
qui  guident  sûrement  le  critiijue  catholique,  lorsqu'il  a  soin  d'y  chercher 
tout  son  appui.  Il  ne  les  «i  définit  »  pas  de  sa  propre  autorité,  il  les  applique. 
M.  Pisimi  en  neglige-l-il  l'existence  ?  Ou  bien,  s'est-il  mis,  par  la  connais- 
sanc-  de  mes  ouvrages,  en  tiiesure  de  montrer  que  je  m'en  écarte  et  de 
détruire  l'accord,  ju.squ'ici  bien  apparent,  entre  mes  criiiques  et  les 
décisions  du  Saint-Siège? 
Si  non,  que  veut-il  direquisoitdignede  lui  etconforme  à  l'espritde  l'Église? 
Aussi  ne  puis-je  vous  cacher,  Monsieur  le  Directeur,  que  même  en  faisant 
abstraction  d'une  attaque  personnelle  aussi  vive,  et  aussi  pitoyablement 
jusliQ 'e,  j'ai  éprouvé  un  sentiment  pénible  en  voyant,  de  telles  idées 
énoncées  dans  une  revue  coin.nx'i  I'j  PolijhibHon,  que  nous  aimions  à 
considérer  comme  auimie  du  véricible  esprit  citliolique. 

(^jnfidut  dans  votre  équité  et  dans  votre  courtoisie,  mais  également 
aippuyé  sur  le  droit  le  plus  incontestable,  je  me  permets  de  vous  demander 
l.'iiist-nion  intégral-^  d--  ma  lettre  dans  votre  plus  prochain  numéro. 

Recevez,  Monsieur  le  Directeur,  l'express^ion  de  mes  sentiments  respec- 
tueux et  distingués.  L'abbé  Emm;\nuel  Bakeibr. 


—  172  — 

M.  l'abbé  Pisani,  à  (jiii  nous  avoiis  coinïnniiiqui''  la  lettre  ci-dessus, 
nous  adresse  la  n'^ponse  suivante  : 

Le  lu  août  1909. 
ChfT  Monsieur, 

La  lettre  que  vous  me  communiquez  relève  une  erreur  toute  nnatérielie, 
mais  infini  lient  regrettable;  il  convient  de  la  réparer  en  priant  M.  l'abbé 
Barbier  (Emmanuel)  de  recevoir  nos  excuses.  Le  voici  donc  liors  de  cause. 

Mais  est-ce  à  dire  que  je  doive  modifier  quelque  chose  des  conclusions 
d'ordre  tout  général  que  m'avait  inspirées  la  lecture  du  livre  eu  question? 
N'avous-nous  pas  le  <1roii,  et  môme  le  devoir,  de  déplorer  rémietiement 
des  forces  catholiques?  Qu'en  des  temps  moins  tourmentés  il  y  ait  parmi 
nous  des  querelles  d'école,  et  même  des  rivalités  de  personnes,  ou  peut 
soutenir  que  cela  a  pu  avoir  une  influence  utile  sur  la  maturation  de 
certaines  idées.  Mais  aujourd'hui!  n'avons-nous  pas  mieux  à  faire  que  de 
nous  passionner  pour  des  controverses  byzantines,  alors  que  nous  devrions 
serrer  les  rangs  autour  de  nos  évèques,  groupes  eux-mêmes  sous  la  main 
du  Pape?  C'est  d'eux  que  nous  devons  recevoir  la  direction,  et  nous  renver- 
serions les  rôles  si  nous  allions  leur  donner  des  conseils  qu'ils  ne  nous 
demandent  pas,  parce  que,  mieux  que  nous,  ils  savent  ce  qu'ils  ont  à  faire. 
C'est  ce  que  je  me  suis  toujours  efforce  de  recommander,  sans  que  la  Con- 
grégation de  l'Index  ait  eu  bes  .in  de  me  remettre  dans  mon  cbemin. 

Recevez  l'expression  de  mes  sentiments  très  dévoués. 

P.    PlSANl. 


BULLETIN 

La  Question  des  miia^lonB.   le»  Doléunce»  d'un  vieux  nil»«ionnaii>e 
suf-  le»  Ti-ibiil»lioiiP.  d'un  virox   <-li;ino   n  ••,    par  le  R.  P    DaMERVALî 

S.  J.  Paris  et  Tournai,  Casterman,  1909,  in-8  de  86  p.  —  Prix:  1  fr. 

Après  les  articles  du  P.  Brou  et  du  P.  de  la  Servière,  voici  J'œuvre 
posthume  d'un  missionnaire  de  Chine,  mort  à  Pékin  l'an  dernier,  q;  i,  à 
Son  tour,  élevait  la  voix  et  formulait  une  protestation  attristée  contre  les 
critiques  lancées,  un  peu  à  la  légère,  disons-le,  contre  les  méthodes  d'a- 
postolat pratiquées  en  Extrême-Orient.  Très  digne  et  très  modérée  de 
ton,  cette  réfutation  va,  semble  t-il,  clore  définitivement  un  pénible 
débat.  —  Q  loi  !  le  chanoine  Joly  va  renoncer  à  la  lutte?  Il  ne  publiera 
plus  ces  volumes  pétillanls  de  verve  où  il  défendait  et  renouvelait  ses 
critiq  les?  Non,  le  chanoine  Joly  ne  répondra  pas,  car  il  est  mo''t  le 
7  juillet  dernier,  mort  à  62  ans,  ce  qui  est  la  fleur  de  Tàge  pour  un 
chanoine.  C'était  un  homme  de  foi,  d'esprit  et  de  cœur,  habituellement 
modeste  j.usqu'au  scrupule,  redoutant  les  honneurs  et  les  responsabi'ités; 
bien  qu'il  ne  fût  pas  riche,  tant  s'en  fa..t,  il  donnait  généreusement, 
même  pour  la  Propagation  de  la  Foi;  c'était  un  ami  sûr  et  un  prêtre 
édifiant,  qui  ne  m'avait  pas  gai  dé  longtemps  rancune  de  certaine  bou- 
tade dont  les  lecteurs  du  Polybiblion  ont  peut-être  conservé  le  souvenir* 
Bref,  c'était  un  saint  homme;  seulement  il  avait  un  gros  défaut  (ne  doit- 
on  pas  la  vérité  aux  morts?)  :  il  était  un  peu  entêté  et  tenait  ferme  à 
ses  idées,  notamment  à  propos  de  l'évangéiisation  des  Orientaux. 

P.    PiSAM. 


—  17.}  — 

l^c«  Croyances    pnpulali-es.    1'**    série.    VIL    l.a  Survie    dtîs    onibi'es, 

par  Élie  Reclus.  Paris,  Giard  et  Brière,  1908,  in-8  de  xxviii-279  p. 
—  Prix  :  5  fr. 

Ce  volume  forme  la  première  série  des  Croyances  populaires  et  se  com- 
pose de  leçons  sur  l'histoiie  des  religions,  professées  à  l'Université  nou- 
velle de  Bruxelles.  II  se  rattache  aux  études  économiques  et  sociales  pu- 
bliées avec  le  concours  du  Collège  libre  des  sciences  sociales.  M.  Maurice 
Vernes,  directeur  de  l'École  pratique  des  hautes  études,  section  des  sciences 
religieuses,  en  a  écrit  l'Avant-propos. 

La  lecture  de  ce  livre  est  stupéfiante.  On  se  demande  comment  un  homme 
qui  passait  pour  sérieux  a  pu  écrire  de  pareilles  inepties,  comment  une 
Université,  si  «  nouvelle  »  qu'elle  soit,  a  voulu  les  patronner  et  un  directeur 
d'études  les  publier.  Vaste  amas  d'insanités  séniles,  ramassées  dans  tous 
les  coins,  j'allais  dire  à  toutes  les  bornes,  ces  pages  donnent  l'impression 
d'un  Voltaire  en  sous-ordre  qui,  à  l'instar  de  son  modèle  et  suivant  une 
expression  de  celui-ci,  «  un  pied  dans  la  tombe,  de  l'autre  ferait  dfs  gam- 
bades. »  On  peut  s'amuser  un  instant  à  ce  radotage,  mais  on  regrette  qu'il 
se  présente  sous  le  couvert  d'un  nom  justement  respecté,  que  rien  ni 
personne  n'obligeait  à  ridiculiser.  L'auteur  est  le  frère  d'Elisée  et  d'Onésime 
Reclus,  les  éminents  géographes  que  l'on  sait.  La  science  n'a  rien  à  voir 
absolument  dans  ce  ramas  d'élucubrations  où  l'ineptie  le  dispute  à  l'im- 
piété. De  pareils  livres  portent  avec  eux  leur  châtiment. 

A.  Roussel. 

Lee    Iflées»  inoi-ales  Ue   Cli»te:>ubri»nd,  pai"  MAURICE    SOURIAU.    PafiS, 

Bioud,  1909,  in-12  de  94  p.  (Collection  Science  et  Religion.)  —  Prix  : 
0  fr  60. 

Lee.     f(l«'e«     morales     de     l.aniartlne.     X^V    JeAN    DES   COGNETS.     Même 

librairie,  1909,  in-12  de  63  p.  (Même  collection.)  —  Prix  :  0  fr.  60. 

Nicole  i,e  r^i-i»me.  De»  i><>niiits  «i.-s  :;eiis  «le  i>«cn.  eic  I ntroduc- 
tion  par  Henri  Brémond.  Même  librairie,  1909,  in-12  de  70  p.  (Même 
collection).  —  Prix  :  0  fr.  60. 

Si  j'ai  réimi  ces  trois  petits  livres  dans  un  seul  article,  c'est  qu'ils  appar- 
tiennent tous  les  trois  à  la  même  collection,  celle  qui  a  commencé  sous 
le  titre  Science  et  Religion,  et  qui  se  subdivise  aujourd'hui,  à  raison  de 
l'extension  qu'elle  a  prise,  en  diverses  séries,  dont  les  séries  Philosophes 
et  Penseurs  et  Chefs-d'œuvre  de  la  littérature  religieuse  ne  sont  pas  les  moins 
intéressantes. 

Ai-je  besoin  de  dire  que  le  volume  sur  Chateaubriand  est  très  bien  fait  : 
le  nom  de  l'auteur  en  est  un  sûr  garant.  Ce  n'est  pas,  d'ailleurs,  le  simple 
exposé  des  Idées  morales  de  Chateaubriand,  m.ais  vraiment  une  analyse 
complète  de  ses  œuvres,  sauf  pourtant  de  ses  œuvres  historiques,  dont 
il  n'est  à  peu  près  pas  question  ici.  Mais  le  reste,  c'est-à-dire  les  œuvres  où 
s'expriment  le  mieux  les  idées  morales  de  Chateaubriand,  sont  analysées  de 
façon  intéressante  et  judicieuse.  C'est  en  somme  une  charmante  histoire 
de  Chateaubriand,  et  qui,  bien  qu'elle  nous  le  montre  par  l'envers,  —  ce 
qui  est  le  droit  et  même  le  devoir  de  l'historien,  —  ne  nous  en  fait  que 
mieux  comprendre  «  les  vraies  beautés  de  son  œuvre  et  la  vraie  grandeur 
de  sa  vie  ». 

—  Bien  fait  aussi,  mais  conçu  sur  un  plan  moins  vaste,  le  livie  de  M.  Jean 
des  Cognets  sur  Lamartine.  La  vie  de  Lamartine  n'y  est  pas  racontée; 
l'auteur  se  borne  à  extraire  de  ses  œuvres  ^  qu'il  pense  de  Dieu,  d'i  Pro- 
blème du  mal,  de  la  Souffrance,  de  la  Prière,  de  la  Charité,  du  Pardon  des  injures , 


—  174  — 

du  Devoir  social,  de  V Amour  de  la  vie,  de  la  Confiance  dans  la  mort  et  de 
VEspnir  de  la  vie  étermlle,  et  il  en  conclut  que  la  mornle  de  Lamartine  est 
incomplète,  tout  juste  chrétienne  mais  non  pas  catholique,  et  en  somme 
que,  dénuée  d'obligation  et  de  sanction,  elle  reste  assez  imprécise.  Pourtant 
elle  est  de  nature  à  élever  les  âmes  par-dessus  les  soucis  matériels,  jusqu'aux 
désirs  éternels  et  jusqu'à  Dieu.  Nous  croyons  que  c'est  assez  exact,  mais 
que  Lamartine  a  été  plus  chrétien  dans  sa  vie  que  dans  la  plupart  de  ses 
œuvres,  et  que  c'est  là  peut-être  qu'on  verrait  mieux  les  idées  morales 
qui  ont  orienté  sa  destinée  et  marqué  surtout  ses  derniers  jours.  L'auteur 
ne  l'a  pas  du  reste  tout  à  fait  oublié,  puisque  c'est  à  la  longue  agonie  de 
Lamartine  qu'il  demande  la  leçon  d'énergie  morale  qu'il  n'a  pas  trouvée 
dans  ses  oeuvres. 

—  Le  volume  sur  Nicole  comprend  d'abord  une  Introduction  de  M.  Henri 
Brénond,  agréable  et  pénétrante,  mais  exagérant  un  peu,  je  crois,  le 
mérite  de  Nicole.  Après  l'Introduction,  viennent  des  extraits  de  Nicole, 
gro  ipés  sous  ces  titres  :  Le  Prisne;  Des  Défauts  des  gens  de  bien;  Des  Moyens 
de  p") filer  des  mauvais  sermons;  Pensées  sur  divers  sujets  de  morale;  Lettres 
choisie'!.  C3S  titres  sont,  bien  entendu,  sauf  le  dernier,  empruntés  à  Nicole 
lui-  ne  ne  et  indiquent  l'origine  des  extraits.  Il  faut  renercier  M.  Henri  Bré- 
mond  de  mettre  à  notre  disposition  ce  choix  jaiicieut  de  morceaux:,  les 
œuvres  de  Nicole  n'étant  pas  à  la  portée  de  tous.  M'°-  de  Sévigné  adorait 
Nicole  :  c'est  une  bonne  recommandation.  Edouard  Pontal. 


L.'RvoMit<on  du  ma-is»:eo,  par   Paul  Abram.  Paris,  Sansot,  1908,  in-16 
de  xx-225  p.  —  Prix:  3  fr.  50. 

Le  Tout-Israël  des  nouvelles  couches  évolua  dans  ces  pages  où  s'étale 
avec  impudence  le  programme  de  la  société  domestique  rêvée  par  les 
pionniers  de  l'immoralité  ofTioielIe.  M.  Naquet,  M.  Blum,  M.  Cr^n-ieu, 
apportent  tour  à  tour  à  la  thèse  de  M.  Abram  l'autorité  de  leur  témoignage 
et  de  leur  mentalité  bien  traditionnellement  française.  Pour  lui,  «  l'irritante 
question  du  mariage  »  mérite  une  solution  d'autant  plus  radicale  et  urgente, 
que  cette  institution  surannée  est  demeurée  empreinte  de  «  concepts  auto- 
cratiques et  religieux  ».  Notre  système  matrimonial  est  une  démarque  du 
mariage  chrétien,  une  persévérance  attardée  du  droit  canonique  qu'il 
importe  de  transformer  au  plus  tôt.  Après  un  aperçu  historique  du  mariage 
dans  l'antiquité  et  le  christianisme,  agrémenté  d'une  anthologie  des  auteurs 
qui  en  ont  fait  les  plus  virulentes  satires,  l'auteur  indique  d'abord  dans  le 
divorce  le  moyen  de  pousser  à  la  liberté  des  unions,  puis  décrit  avec  un 
zèltî  d'apôtre  enthousiaste  les  phases  de  la  campagne  actuelle  où  se  ren- 
contre M.  Paul  Bourget,  champion  de  la  morale  tradi-tionnelle,  en  face  des 
frères  Margueritte,  de  M^^  Ellen  Key  et  de  M.  Paul  Adam.  Il  termine  par 
l'exposé  de  son  système,  en  préconisant  la  destruction  de  l'idée  du  lien 
conjugal  créé  par  la  civilisation  chrétienne,  et  la  réduction  du  mariage 
civil  au  rôle  de  simple  contrat  privé.  En  effet,  si  l'union  libre  est  aux  yeux 
de  M.  Abram  «  un  beau  rêve  au  point  de  vue  philosophique»,  il  consent 
pourtant  à  ne  pas  la  trouver  compatible  avec  une  société  comme  la  nôtre. 
—  Cet  ouvrage,  qui  décèle  un  manque  de  maturité  et  une  absence  de  tact  évi- 
dents, constitue  néanmoins  un  document  significatif  pour  l'étude  de  la 
formidable  dépression  morale  accusée  par  notre  société  contemporaine, 
et  fournit  de  tristes  indications  sur  l'origine  et  les  procédés  de  diffusion  de 
la  corruption  générale  que  nous  déplorons.  G.  Pertes. 


—  175  — 

Ver»  mnémoteclinifiues.   500  dates  historiques,  avec   légendes,   anecdotes 

et  récits,  par  D.-Cn. Cellier.  Paris,  Dujarric,  s.  d.,  in-18de  xi-3'i2    p. 

Cette  façon  d'apprendre  l'histoire  n'est  pas  neuve  :  elle  consiste  à  donner 
aux  lettres  de  l'alphabet  la  valeur  d'un  chiffre,  et  puis  à  résumer  les  prin- 
cipaux événements  de  l'histoire  en  un  vers  dont  les  trois  dernières  con- 
sonnes sonnantes  correspondent  aux  chiffres  mêmes  formant  la  date  de 
l'événement.  Quand  la  date  comprend  plus  de  trois  chiffres,  on  ajoute  un 
1  devant. 

Voici  pour  la  mort  de  Victor  Hugo  : 

Le  vers  d'Hugo  toujours  comme  un  flot  d'or  /-e/uit. 

Les  trois  consonnes  sonnantes  sont  r,  r,  l,  qui  correspondent  aux  chiffres 
8,  8,  5,  et  cela  veut  dire  que  Victor  Hugo  est  mort  en  1885. 

Pour  Gambetta  : 

Gambetta  viit.  soudain  son  essor  arrêté. 

Et  cpla  veut  dire  qu'il  est  mort  en  1882. 

Le  dernier  événement  notable  de  la  sprie,c'est  la  présidence  de  M.  Loubet: 

Le  septième,  Loubet  du  pouvoir  prend  .«ou''i. 

Et  nous  savons  ainsi  qu'il  fut  élu  président  de  la  République  en  1899. 

Et  ainsi  de  suite,  de  la  mort  de  Salomon  à  l'avènement  de  M.  Loubet,  nous 
avons  500  applications  du  procédé.  Ajoutons  que  l'énoncé  de  l'événement 
est  suivi  d'une  courte  notice  qui  le  commente  et  l'explique,  suppléant  ainsi 
à  l'insuffisance  du  vers. 

L'esprit  de  ces  notices  est  parfois  assez  mauvais  ;  v.  g.  la  notice  sur 
Jeanne  d'Arc  L'auteur  ne  fait  pas  mention  dans  ses  dates  du  baptême 
de  Clovis,  nous  laissant  croire  ainsi  que,  pour  lui,  la  France  chrétienne 
n'existe  pas.  C'est  une  grave  lacune. 

Le  procédé  de  l'auteur  est-il  pratique,  même  au  simple  point  de  vue 
mnémotechnique?  Je  laisse  aux  professionnels  le  soin  d'en  décider.  Mais  il 
me  semble  bien  puéril.  Je  l'ai  vu  pratiquer  au  temps  lointain  de  ma  jpunesse, 
et  j'avoue  que  je  n'en  ai  pas  gardé  bon  souvenir.  En  tête  du  livre,  l'auteur 
a  placé  sa  photographie  :  ainsi  les  enfants  qui  auront  usé  de  son  procédé,  et 
qui,  plus  heureux  que  moi,  en  auront  apprécié  les  bienfaits,  pourront  se 
faire  une  image  de  l'auteur  à  qui  doit  aller  leur  reconnaissance. 

Edouard  Pontal. 

Mil   Clîiii.-ione»,    obi>as   poét[c:ti>,    por    el    R.    P.    Re.=  TITUTO    DEL    VaLLE 

Ruiz.  Barcelona,  Gustavo  Gili,  1908,  petit  in-8  de  190  p.,  avec  portrait. 
—  Prix  :  3  fr. 

•  Il  nous  sufTirait,  pour  apprécier  ce  recueil  de  poésies,  de  résumer  la 
belle  Préface  du  P.  Zacarias  Martînez  Nunez.  Mais  la  lecture  attentive  des 
vingt-cinq  pièces  dont  se  compose  ce  charmant  volume,  fait  naître  nu  nous 
une  impression  plus  personnelle,  dont  nous  devons  rendre  compte  au 
lecteur  et  à  l'auteur.  Le  R.  P.  Restituto  del  Valle  Ruiz  ne  saurait  être 
comparé  aux  grands  poètes  classiques  de  l'Espagne  :  il  n'a  pas  leur  grande 
envolée,  leur  sublime  inspiration,  leur  génie  et  leur  souffle  grandios-i;  c'est 
un  parfait  versificateur,  avec  beaucoup  de  délicatesse  et  beaucoup  de 
sentiment.  S'il  n'est  pas  poète,  au  sens  propre  du  mot,  il  3st  artiste,  et  il 
l'est  d'une  façon  aussi  exquise  que  correcte.  S'il  ne  s'élève  pas  aux  sublimes 
hauteurs  des  lyriques  du  xvi^  siècle,  il  se  montre  du  moins  le  disciple  fidèle 
des  Luis  de  Léon  et  des  Herrera  par  le  goût  et  par  la  pureté  d.i  style.  Et 
c'est  là  une  grande  qualité,  à  une  époque  où  tant  d'autres  versificateurs, 
désertant  les  traditions  de  leur  pays,  cherchent  à  imiter  maladroitement 
nos  romantiques  français,  pouT  ner  pas  dire  nos  décadents,  ou  bien  mettent 


—  176  — 

leur  idéal  dans  la  prétendue  finesse  de  quelque  pointe  d'esprit  vulgaire. 
Le  R.  P.  Restituto  del  Valle  a  encore  ce  mérite  de  se  maintenir  constamment 
à  la  même  hauteur;  on  signalerait  difficilement  dans  tout  son  recueil  un 
seul  vers  prosaïque.  Et  s'il  nous  était  permis  de  faire  un  choix  parmi  ses 
poésies,  nous  mettrions  volontiers  au  premier  rang  celle  qui  a  pour  titre  : 
La  Go/onc^rtVm  (l'hirondelle),  divisée  en  deux  chants  :  Le  Retour  eila  Chanson 
de  V hirondelle.  Quelle  variété  de  mètre,  quelle  délicatesse  de  pensée  et  d'ex- 
pression, quelle  onction  et  quelle  émotion  chrétienne  dans  cette  pièce 
digne  des  meilleurs  poètes  castillans  !  En  vérité,  le  P.  Restituto  fait  honneur 
à  l'ordre  augustinien,  auquel  il  appartient,  et  son  petH  livre  laisse  une 
douce  impression  dans  le  cœur  et  dans  l'âme.  G.  Bernard. 


L.a    Qne^t'on    sooiale    an    X.VIIie    ^tiècle,    paT    AnDRÉ     LeCOCQ.    PariS> 

Bloud,  1909,  in-12  de  126  p.  (Collection  Science  et  Religion.) —  Prix  : 
1  fr.  20. 

Ce  petit  volume  contient  d'abondantes  informations  sur  une  matière 
bien  complexe  et  confuse.  Elle  ne  paraît  pas  aussi  élucidée  que  Ton  sou- 
haiterait, faute  de  conclusions  saillantes.  Mais  celles  ci  n'étaient  pas  aisées 
à  dégager.  Ce  qui  frappe  à  la  lecture  de  ce  curieux  opuscule,  c'est  le  dés-u-dre 
des  idées  qui  se  manifestent  au  xviii^  siècle  sur  la  question  sociale.  L'idée 
de  prendre  pour  base  du  droit  la  nature  des  choses,  telle  que  Dieu  l'a  faite, 
les  conditions  qui  s'imposent  au  développement  de  l'humanité,  aurait 
pu  être  relevée  chez  Montesquieu  et  ne  nous  est  guère  présentée  que  chez 
les  physiocrates;  encore  la  mêlent-ils  d'idées  fausses  et  préconçues.  Mais 
que  de  chimères  chez  les  romanciers  et  géographes  qui,  mettant  à  la  mode  les. 
sauvages  et  l'état  de  nature,  sont  les  précurseurs  directs  des  grands  socia- 
listes du  siècle,  Morelly,  Rousseau  et  Mably  !  Quels  âpres  révolutionnaiies 
sont  le  curé  champenois  Meslier  et  le  marquis  d'Argenson,  sans  parler,  à 
la  veille  de  la  Révolution,  de  Leroy  de  Barincourt,  de  Gosselin,  de  Maréchal 
et  de  Babœuf  !  Seulement, entre  les  écrivains  d'une  époque, il  faut  distinguer 
ceux  qui  ne  sont  que  des  enfants  perdus  et  des  francs-tireurs  de  ceux  qui 
représentent  un  courant  d'idées  largement  répandues.  On  devra  donc  lire, 
avec  une  attention  particulière,  les  chapitres  consacrés  à  J.-J.  Rousseau 
et  aix  Encyclopédistes.  Peut-être  notre  aiiteur  peint-il  un  peu  sombre 
l'état  des  campagnes  sous  l'ancien  régime  :  M.  l'abbé  Bernier  a  montré 
dans  son  Essai  sur  le  tiers  état  rural  en  Basse- Normandie  que  tout  n'était 
pas  si  noir.  Et  il  faut  se  rappeler  que  nombre  d'écrivains  d'alors  ont  dénigré 
la  France  avec  une  injustice  passio.inée  qui  révoltait  Turgot.  Pour  la 
prochaine  édition,  que  ne  manquera  pas  d'avoir  cette  instructive  étude,  nous 
demanderons  à  M.  .\ndré  Lecocq  de  dater  les  principales  œu\Tes  qu'il 
relève  et  qui  Jalonnent  cette  histoire  des  idées  ayant  servi  de  préface  à 
ia  Révolution  de  1789.  Baron  J.  A\got  des  Rotours. 


le  com«t«  de  »aiut  public,  par  MARCEL  Navarre.  Paris,  Bîoud,  1909, 
in-12  de  64  p.  (Collection  Science  et  Religion.)  — Prix  :  0  fr.  60. 

Le  comité  de  salut  publie  avait  été  fondé  par  les  girondins,  sous  le  nom 
de  comité  de  défense  générale.  Mais  il  ne  tarda  pas  à  changer  de  nom  ei  de 
composition  et  ses  fondateurs  figurèrent  parmi  ses  premières  victimes. 
Danton  et  Robespierre  remplacèrent  Isnard  et  Vergniaud.  Ce  que  fut  ce 
comité,  la  réputation  qu'il  a  laissée  le  dit  assez,  et  M.  Marcel  Navarre  le 
résume  en  quelques  pages  singulièrement  instructives  :  un  abominable  in- 


—  177  — 

strument  de  tyrannie.  Robespierre  et  Saint- Just  furent  ses  oracles; Fouquier, 
Tinville  et  Samson,  ses  instruments.  A  la  Irontière,  il  fut  d'une  énergie  fa- 
rouche, et,  sons  l'impulsion  de  Carnot,  suscita  dos  armées,  et  prit  en  leur 
faveur  des  mesures  utiles  ;  mais  il  désorganisa  la  discipline  et  mit  les  généraux 
en  coupe  réglée.  A  l'intérieur,  il  établit  le  régime  des  suspects  et  en  dressa  la 
liste, qui  serait  grotesque  si  elle  n'était  odieuse. Sont  suspects  non  seulement 
les  royalistes,  les  aristocrates,  les  prêtres  contrerévolutionnaires,  les  ci- 
devant  nobles,  les  feuillants,  les  modérés,  les  partisans  do  La  Fayette, 
mais  ceux  qui  s'apitoient  sur  le  sort  du  peuple,  ceux  qui  plaignent  les 
fermiers  et  les  marchands, les  boutiquiers,  les  gros  commerçants,  les  rentiers, 
les  hommes  d'affaires;  ceux  qui, n'ayant  rien  fait  contre  la  liberté,  n'ont  rien 
fait  pour  elle;  ceux  qui  ont  eu  l'imprudence  de  conserver  des  objets  ornés 
de  fleurs  de  lys  ou  paraissant  ornés'de  fleurs  de  lys.  A  Lyon  il  commanda 
les   incendies    et  les   massacres   et  décida  la  destruction    de     la    ville. 

«  Les  services  que  tu  as  rendus,  écrit-il  à  Fouché  dans  ce  style  emphatique 
et  déclamatoire,  qui  est  le  style  et  comme  la  marque  de  l'époque,  sont  les 
garants  de  ceux  que  tu  rendras  encore.  Tu  ranimeras  à  Ville  Affranchie  le 
flambeau  de  l'esprit  public  qui  pâlit.  Secondée  par  des  collègues  dont  l'âme 
est  trempée  d'énergie,  la  tienne  y  versera'tous  les  feux  de  la  liberté.  Achève 
la  Révolution,  termine  la  guerre  de  l'aristocratie  et  que  les  ruines  qu'elle 
veut  relever,  retombent  sur  elle  et  l'écrasent  !  » 

Fouché  était  digne  de  comprendre  ce  langage  et  d'exécuter  ces  décrets. 
Et  si  des  représentants,  qui  ne  prêchaient  guère  pourtant  le  modéran- 
tisme,  comme  Ysabeau  et  Tallien,  laissaient  condamner  des  accusés  à 
une  simple  amende,  le  comité  les  reprenait  vertement:  c  On  ne  satisfait  point 
à  prix  d'or,  leur  écrivait-il,  une  République  offensée.  »  C'était  le  régime 
de  la  liberté  et  de  la  fraternité.  M.  de  la  Rocheterie. 


I^es   Événements  d'Oi-îent  et  le  Congrès  de  Berlin   do   1878,  par  1© 

comte  Adolphe  du  Chastel.  Tournai,  Casterman,  1908,  in-8de63p. 
—  Prix  :  1   fr. 

La  présente  brochure  reproduit  deux  lettres  que  l'auteur,  alors  diplomate, 
écrivait  pendant  le  Congrès  de  Berlin.  Les  événements  sont  analysés  avec 
netteté:  les  prévisions  se  sont  pour  la  plupart  réalisées;  cependant  on  a  eu 
depuis  le  magistral  traité  du  baron  d'Avril  qui  est  autrement  complet  et 
les  souvenirs  du  comte  de  Mouy  qui  donnent  la  chronique  quotidienne  du 
Congrès  avec  plus  de  détails.  La  seconde  partie,  avec  les  portraits  humo- 
ristiques des  diplomates  présents  à  Berlin,  se  lit  avec  plaisir.  P. 


CHRONIQUE 


Nécrologie.  —  Un  savant  distingué,  M.  Henri  de  Parville,  est  mort  à 
Paris,  le  12  juillet,  à  71  ans.  Né  à  Évreux,  le  27  janvier  1838,  M.  François 
Henri  Peudefer  de  Parville  fit  d'excellentes  études  littéraires  et  scien- 
tifiques au  lycée  Bonaparte, à  Paris,  puis  suivit  les  cours  de  l'École  supérieure 
des  mines  et  devint  ingénieur  civil.  Orienté  dès  le  début  de  sa  carrière  vers 
les  recherches  scientifiques,  il  eut  l'avantage,  grâce  à  sa  remarquable  for- 
mation littéraire,  de  pouvoir  les  exposer  dans  un  style  attrayant  et  d'une 
grande  clarté.  Aussi  débuta-t-il  avec  un  véritable  succès  comme  rédacteur 
scientifiqiie  dans  divers  périodiques,  tels  que  le  Constitutionnel,  le  Moniteur, 
le  Journal  officiel,  le  Journal  des  Débats,  le  Correspondant,  etc.  Depuis  lors, 

Août  1909.  T.  CXVL  12. 


—  178  - 

il  n'a  cessé  do  se  livrer  aux  travaux  de  vulgarisalion  si  appréciés  de  nos  jours. 
Parmi  les  nombreux  volumes  qu'il  a  publiés  et  qui,  pour  la  plupart,  sont 
composés  de  la  réunion  de  certains  articles  de  journaux,  nous  citerons  : 
Causeries  scientifiques;  découvertes  et  inventions.  Progrès  de  la  science  et  de 
l'industrie  (Paris,  1861-96,  31  vol.  in-12);  — ■  Un  Habitant  de  la  planète 
Mars  (Paris,  1865,  in-12);  —  Exposition  universelle  de  1867.  Itinéraire  dans 
Paris,  précédé  de  promenades  à  l'Exposition  (Paris,  1867,  in-18);  —  L'Elec- 
tricité et  ses  applications.  Exposition  de  Paris  (Paris,  1882,  in-12).  M.  de 
Parville  a  donné,  en  outre,  une  édition  refondue  de  la  Clef  de  la  science,  ex- 
plication des  phénomènes  de  tous  les  jours,  par  Brewer  et  Moigno  (Paris,  1889, 
gr.  in-8).  Enfin,  depuis  la  mort  de  M.  Gaston  Tissandier,  il  dirigeait  la  revue 
la  Nature. 

—  Le  docteur  Henry  Cazalis,  plus  connu  sous  son  pseudonyme  de  Jean 
Lahor,  est  mort  au  commencement  de  juillet,  à  Genève,  à  l'âge  de  69  ans. 
Né  en  1840,  à  Cormeilles-en-Parisis  (Seine-et-Oise),  cet  écrivain  et  poète 
distingué  était,  avec  Léon  Dierx,  h  dernier  survivant  de  l'école  parnas  -ienne. 
Outre  ses  recueils  de  vers,  dont  plusieurs  jouissent  d'une  réputation  méritée 
et  dont  certaines  pièces  pourront  avantageusement  figurer  dans  les  antho- 
logies, il  a  consacré  divers  travaux  aux  qaestions  sociales  et  aux  doctrines 
bouddhiques  dont  il  s'était  fait  l'apôtre  depuis  quelques  années.  Parmi 
ses  œuvres,  nous  mentionnerons  les  suivantes  :  Le  Cantique  des  cantiques. 
Traduction  en  vers  d'après  la  version  de  M.  Reuss  (Paris,  1885,  in-12);  — 
Poésies  complètes.  L'Illusion  (Paris,  1888,  in-12),  ouvrage  couronné  par 
l'Académie  française  et  plusieurs  fois  réimprimé;  —  Histoire  de  la  littérature 
hindoue.  Les  Grands  Poèmes  religieux  et  philosophiques  (Paris,  1888,  in-12); 

—  La  Gloire  du  néant  (Sous  le  citl  du  nord:  En  Orient  ;  L'Illusion;  Cosmos) 
(Paris,  1896,  in-12); —  Les  Quatrains  d' Al  Ghazali  (Paris,  1896,  in-12);  — 
William  Morris  et  le\Mouvement  nouveau  de  l'art  décoratif  (Paris,  1897,  in-16)  ; 

—  L'Art  nouveau  (Paris,  1902,  in-16);  ■ —  L' Art  pour  le  peuple  à  défaut  d'art 
par  le  peuple  (Paris,  1902,  in-8);  —  Les  Habitations  à  bon  marché  et  un  Art 
nouveau  pour  le  peuple  (Paris,  1904,  in-8);  —  Le  Bréviaire  d'un  panthéiste 
et  le  Pessimisme  héroïque  (Paris,  1906,  in-12);  —  L' Alimentation  à  bon 
marché,  saine  et  rationnelle  (Paris,  1907,  in-12),  avec  M.  Lucien  Graux. 

—  M.  Gaston  Méry,  conseiller  municipal  de  Paris,  écrivain  et  journaliste 
très  en  vue,  est  mort  le  15  juillet,  à  43  ans.  Né  à  Sens,  le  20  avril  1866,  il 
fut  d'abord  répétiteur  à  rÉcolt  Monge  puis  en  sortit  pour  entrer  à  l'Assis- 
tance publique  en  qualité  de  commis  rédacteur,  après  avoir  été  reçu  licencié 
en  droit  en  1889.  Le  20  avril  1892,  il  abandonnait  cette  situation  pour  s'at- 
tacher au  journal  la  Libre  Parole  qu'Edouard  Drumont  venait  de  fonder. 
Élu  conseiller  municipal  du  faubourg  Montmartre,  il  fut  réélu  en  1904  et 
1908.  On  sait  avec  quelle  ardeur  il  a  lutté  particulièrement  contre  la  persé- 
cution antireligieuse.  En  dehors  des  articles  hebdomadaires  qu'il  donnait 
à  la  Libre  Parole,  dont  il  était  devenu  le  secrétaire  général,  et  de  sa  Cjllabo- 
ration  à  VÉcho  du  merveilleux,  revue  qu'il  avait  fondée  en  1897,  M.  Gaston 
Méry  a  publié  de  nombreuses  brochures  de  polémique,  notamment  : 
L'École  où  Von  s'amuse,  roman  parisien  (Paris,  1890,  in-12);  —  Jean  Révolte, 
roman  de  lutte  (Paris,  1902,  in-12);  —  Un  Complot  maçonnique.  La  Vérité 
sur  Diana  Vaughan  (Paris,  1896,  in-8);  —  La  Voyante  de  la  rue  du  Paradis 
et  les  Apparitions  de  Tilly-sur-Stulles  (Paris,  1896,  9  fasc.  in-8);  — Loubet- 
la-Honte  (Paris,  1899,  in-16). 

" —  M.  Eugène  Rollaxd,  ancien  libraire  parisien  et  folkloriete  distingué, 
mort  à  Paris  le  24  juillet,  à  l'âge  de  63  ans,  était  né  à  Metz,  le  21  mars  1846. 
Nombre  de   bibliophiles   de  Paris  et  de  la  province  se  rappellent  les  ser- 


•  —  179  — 

vices  qu'il  leur  a  rendus  grâce  à  son  admirable  connaissance  des  livres  rares 
et  difficiles  à  trouver.  Très  érudit  lui-même,  il  s'est  consacré  spécialement  à 
l'étude  des  traditions  populaires  et  a  publié  toute  une  série  d'ouvrages  dont 
certains  offrent  un  réel  intérêt.  Parmi  eux,  nous  citerons:  Faune  populaire 
de  la  Frince.  Noms  vulgaires,  dictons,  proverbes,  contes  et  superstitions 
(Paris,  1876-1883,  6  vol.  in-8);  —  Devinettes  ou  énigmes  populaires  do  la 
France,  suivies  de  la  réimpression  d'un  recueil  de  77  indovinelli,'  publié  à 
Trévise  en  1628.  Avtc  une  préface  de  Gaston  Paris  (Paris,  1877,  in-12;;  — 
Rimes  et  jeux  de  Venjancc  (Paris,  1883,  in-16);  —  Recueil  de  chansons  popu- 
laires (Paris,  1883-1890,  6  volumes  in-8);  —  Flore  populaire,  ou  Histoire 
naturelle  des  plantes  dans  leurs  rapports  avec  la  linguistique  et  le  folklore  (Paris, 
1896-1906,  6  vol.  in-8).  M.Eugène  Rolland  avait  en  outre  fondé  et  publié, 
de  concert  avec  M.  H.  Gaidoz,  la  revue  folkioriste  bien  connue  :  Mélusine, 
recueil  de  mythologie,  littérature  populaire,  traditions  et  usages,  dont  le  pre- 
mier numéro  parut  en  1878. 

—  M.  P'rédéric  de  Martens,  l'éminent  professeur  de  droit  international 
à  l'Université  et  de  droit  constitutionnel  à  l'École  impériale  de  droit  de 
Saint-Pétersbourg,  membre  permanent  du  Conseil  du  ministère  des  Affaires 
étrangères  de  Russie,  est  mort  en  juin,  au  cours  d'un  voyage  en  Livonie, 
à  l'âge  de  64  ans.  Il  était  né  en  1845  à  Pernau  (Provinces  baltiques)  d'une 
famille  d'origine  suédoise.  M.  de  Martens,  qui  a  joué  un  rôle  important 
aux  conférences  de  la  Croix-Rouge  en  1887,  au  Congrès  de  Bruxelles  de  1889 
pour  le  droit  commercial  et  maritime,  à  la  Conférence  antiesclavagiste  de 
Bruxelles,  et,  plus  récemment,  dans  les  deux  Conférences  de  la  Haye  pour 
la  paix  et  l'arbitrage,  laisse  un  certain  nombre  d'ouvrages  relatifs  à  la 
science  du  droit  des  gens,  qui  font  autorité  dans  le  mode  des  diplomates, 
entre  autres  les  suivants  :  Étude  historique  sur  la  politique  russe  dans  la  ques- 
tion d'Orient  (Gand,  1877,  in-8);  —  Le  Conflit  entre  la  Russie  et  la  Chine, 
ses  origines,  son  développement  et  sa  portée  universelle.  Etude  politique  (Bru- 
xelles, 1881,  in-8);  —  Traité  de  droit  international,  traduit  du  russe  par 
Alfred  Léo  (Paris,  1883-1887,3  vol.  in-8);  —  Recueil  des  traités  et  conventions 
conclus  par  la  Russie  avec  les  puissances  étrangères,  publié  d'ordre  du  minis- 
tère des  affaires  étrangères  (Saint-Pétersbourg-Paris,  1874-1895,  12  vol. 
gr.  in-8). 

—  On  annonce  encore  la  mort  de  MM.  :  Georges  Arth,  professeur  à  la 
Faculté  des  sciences  de  Nancy,  directeur,  depuis  1899,  de  l'Institut  chi- 
mique de  cette  ville,  mort  au  milieu  de  juillet,  à  56  ans;  • —  le  P.  Henri  de 
BiGAULT,  de  la  Compagnie  de  Jésrs,  ancien  professeur  à  l'École  de  la  rue 
des  Postes,  mort  au  commencement  de  juillet,  à  74  ans;  —  Adrien  Boudet, 
professeur  honoraire  à  la  Faculté  de  médecine  de  Lj^on,  mort  à  Coligny 
(Ain),  au  commencement  de  ji  illet,  à  79  ans;  —  Irénée  Carré,  inspecteur 
général  honoraire  de  l'instruction  publique,  ancien  professeur  de  philoso- 
phie à  Douai,  mort  au  commencement  de  juillet,  à  Sormonne  (Ardenn?s), 
à  80  ans,  lequel  est  l'auteur  non  seulement  de  petits  Vocabulaires  utilisés 
dans  l'enseignement  primaire,  au  perfectionnement  duquel  il  s'était  spécia- 
lement consacré,  mais  encore  de  divers  ouvrages  tels  que  :  Essai  de  pédago- 
gie pratique  [souvenirs  de  dix  ans  d'inspection),  précédé  d'un  cours  de  psy- 
chologie et  de  morale  (Charleville,  1881;  Paris,  1882,  in-12);  L'Année  pré- 
paratoire de  rédaction  et  d' allocution  à  l'usage  du  cours  moyen  des  écoles  pri- 
maires et  des  cours  préparatoires  des  lycées  et  des  collèges  (Paris,  1885,  in-12), 
etc.;  ■ —  le  chanoine  Gustave  Cliquennois,  professeur  aux  Facultés  ca- 
tholiques de  Lille,  philologue  d'une  grande  science,  qui  venait  de  publier 
un  excellent  ouvrage  :  Le  Grec  et  le  latin,  notions  élémentaires  de  grammaire 


—  180  -   • 

comparée;  phonétique  et  morphologie  (Paris,  1909,  in-8),  mort  au  milieu  de 
juillet  à  Loos-lez-Lille,  à  65  ans;  —  François-Guillaume  Dumas,  fondateur 
et  directeur  de  divers  journaux  illustrés,  le  premier  qui  ait  eu  l'idée  d'adapter 
au  goût  français  le  procédé  anglais  de  l'illustration  des  périodiques  et  sur- 
tout des  impressions  en  couleurs,  éditeur,  pendant  plusieurs  années,  du 
Catalogue  illustré  du  Salon,  auteur  de  l'intéressant  Catalogue  de  la  grande 
Exposition  de  1889,  mort  dans  le  courant  de  juillet;  —  le  D'  Roger  Dumas, 
poète  de  talent,  dont  VHélène  fut  représentée  l'année  dernière  à  Orange 
avec  un  grand  succès,  mort  au  milieu  de  juillet;  —  Henry  Fays,  président 
honoraire  de  la  Société  archéologique  de  Touraine,  mort  à  Tours,  au  milieu 
de  juillet;  —  le  chanoine  Léon-Irénée  Joly,  du  chapitre  de  Notre-Dame 
de  Paris,  ancien  directeur  de  l'École  Sainte-Geneviève  de  la  rue  des  Postes, 
après  l'expulsion  des  PP.  jésuites,  et  supérieur  du  petit  séminaire  de  Saint- 
Nicolas-du-Chardonnet,  auteur  de  :  Le  Christianisme  et  V Extrême-Orient 
(Paris,  1907,  2  vol.  in-12);  Le  Problème  des  missions.  Tribulations  cVun  vieux 
chanoine  (Paris,  1908,  in-12)  et  Quinze  ans  à  la  rue  des  Postes  (1880-1895). 
Souvenirs  (Paris,  1908,  in-12),  mort  le  7  juillet,  à  l'âge  de  62  ans;  —  Ulysse 
JouvET,  directeur  du  Courrier  du  Puy-de-Dôme,  mort  au  commencement 
de  juillet,  à  l'âge  de  76  ans;  —  Paul  Laroche,  directeur  du  Courrier  du  Pas- 
de-Calais,  mort  au  milieu  de  juillet,  à  77 ans; — M^e Henriette  Moll,  colla- 
boratrice du  Conseiller  de  la  famille,  qui  a  publié,  sous  le  psei.donyme  de 
Biela  Ocîna,  un  certain  nombre  de  nouvelles  dans  le  journal  le  Temps,  morte 
en  juin,  à  Mulhouse;  —  Victor  Retaux,  ancien  éditeur,  qui  laisse  un  nom 
bien  connu  et  fort  apprécié  dans  la  librairie  catholique,  mort  aa  milieu  de 
juillet,  à  Clamarl,  à  70  ans;  —  Louis  Trannin  qui  fut  le  premier  directeur 
de  l'École  supérieure  de  commerce  de  Lille,  mort  à  Mers-les-Bains,  à  la  fin 
de  juillet,  à  62  ans. 

—  A  l'étranger  on  annonce  la  mort  de  MM.  :  Karl  Baumann,  archéologue 
allemand,  directeur  du  musée  des  antiques  de  Mannheim,  mort  dans  cette 
ville,  le  14  juin,  à  62  ans;  —  le  marquis  de  Baviera,  du  corps  des  Gardes- 
Nobles  du  Vatican,  fdleul  de  Pie  IX,  membre  de  toutes  les  associations  catho- 
liques de  Rome,  lequel  fonda  en  1861  et  dirigea,  tant  que  ses  forces  le  lui 
permirent,  VOsservatore  romano,  mort  à  Rome,  vers  la  fin  de  juillet,  à  81  ans; 
—  Jakob  Bettelheim,  romancier  et  auteur  dramatique  allemand,  auteur 
de  Elena.  Roman  aus  der  Bukarester  Gesellschajt  (Dresde,  1898,  in-8),  Der 
Retter.  Komôdie  in  1  Akt.  (Berlin,  1898,  in-8),  etc.,  mort  le  13  juillet,  à  Berlin, 
à  68  ans;  —  Mademoiselle  Rosa  Nouchette  Carey,  femme  de  lettres  an- 
glaise, morte  le  19  juillet,  à  laquelle  on  doit  toute  une  série  d'excellentes 
nouvelles  pour  jeunes  filles  qui  commença  en  1868  par  la  publication  de 
Nellie's  Memories; —  Dr.  Theodor  Dantscher  von  Kollesberg,  professeur 
de  droit  civil  à  l'Université  autrichienne  d'Innsbrûck,  mort  en  cette  ville, 
le  21  juillet,  à  65  ans;  —  John  Hanno  Deiler,  ancien  professeur  de  langue 
et  de  littérature  allemandes,  mort  dernièrement  à  la  Nouvelle-Orléans, 
à  60  ans  ;  —  Dr.  Samuel  Martin  Deutsch,  professeur  d'histoire  de 
l'Église  à  Berlin,  mort  dernièrement  en  cette  ville,  à  78  ans,  lequel  laisse 
quelques  volumes,  notamment  :  Drei  Aktenstiicke  zur  Geschichte  des 
Donutismus.  Neu  herausgegeben  und  erklaert  (Berlin,  1875,  in-4)  et  Die 
Synode  von  Sens  1141  und  die  verurteilung  Abàlards.  Eine  Kirchen- 
geschichtliche  Untersuchung  (Berlin,  1880,  in-8);  —  Wilhelm  Dittmer, 
peintre  allemand,  qui  a  publié  un  grand  ouvrage  illustré  sur  les 
Maoris  de  la  Nouvelle-Zélande,  mort  dernièrement  à  Hambourg, 
à  93  ans;  —  George  Dunlop,  journaliste  anglais,  rédacteur  en  chef 
et  co-propziétaire  du  journal  The  Kilmamock  Standard,  mort  le  26  juin;  — 


—  181  — 

Charles  Duvivier,  professeur  honoraire  à  l'Université  libre  de  Bruxelles, 
membie  de  l'Académie  royale  de  Belgique,  mort  en  juin;  —  Dr.  Sigmand 
Faendel,  professeur  de  langues  sémitiques  à  l'Université  de  Breslau  (Si- 
lésie),  mort  dernièrement  en  cette  ville,  à  54  ans;  —  Dr.  Oskar  Froelich, 
privat-docent    d'électrométallurgie    pratique    et    d'électrochimie  à  l'École 
technique  supérieure  de  Berlin,  mort  en  cette  dernière  ville,  le  6  juillet,  à 
66  ans;  —  Henriette  Gotthelf,  femme  de  lettres  allemande,  auteur  de 
nouvelles  et  de  traductions,  morte  dernièrement  à  Paris,  à  53  ans;  —  Mgr 
Joseph  GuERBER,  supérieur  du  couvent  de  la  Toussaint,  de  Strasbourg, 
ancien  supérieur  du  petit  séminaire  de  Zillisheim,  qui,  pendant  plus  de  soi- 
xante ans,  a  collaboré  à  divers  périodiques  alsaciens  et  français  et  a  publié 
un  certain  nombre  de  monographies  et  de  récits  historiques  alsaciens,  mort 
dernièrement  à  Strasbourg,  à  90  ans;  —  Dr  Ernest  von  Halle,  professeur 
de  sciences  politiques  à  Berlin,  mort  en  cette  ville  le  28  juin,  auquel  on  doit 
de  nombreux  ouvrages,  entre  autres  :  Reisebriefe  aus  Westindien  und  Vene- 
zuela. Skizzcn  wàhrend  eines  iOwôchentlichen  Tour  mit  dem  Schnelldampfer 
«  Cohuuhia  »  (Hambourg,  1856,  in-8)  \Zur  Geschichtedes Maklerwesens iriHam- 
burg  (Hambourg,  1897,   in-8);  Die  Bedeutung  des  Seeverkehrs  filr   Deutsch- 
land  (Berlin,    1858,  in-8);  • —  Dr.  Hans    Hoffmann,  poète  et   nouvelliste 
allemand,  secrétaire  général  de  la  «  Schillerstiftung  »,  qui  laisse  quelques 
volumes,  tels  que  :  Pablo  de  Sarasate.  Schwank  in  1  Akt  (Barmen,  1879, 
in-8),  et   Unter    hlauem  Himmel.  Novellen  (Berlin,  1881,  in-8),  mort  le  11 
juillet,  à  Weimar,  à  61  ans; —  Dr.  Antonios  N.  Jannarakis  (appelé  parfois 
Jannaris),  professeur  gr%c,  a^uÏQuv  à\in  Deutsch-neugriecliiches  Handivoer- 
terbuch  et  d'un  manuel  de  la  conversation  en  grec  moderne,  mort  dernière- 
ment en  Grèce; —  Gustav  Karpelès,  mort  à  Bad-Nauheim,  le  20  juillet, 
à  61  ans,  qui,  en  dehors  des  très  nombreux  articles  fournis  par  lui  à  divers 
périodiques,  particulièrement  à  V Allgemtine  Zeitung  des  Judentums,  dont  il 
était  le  directeur,  a  publié  entre  autres  ouvrages  :  Heinrich  Heine  und  seine 
Zeitgenossen    (Berlin,    1888,   in-8);    Friedrich   Spielhagen.    Ein    literarischer 
Essay  (Leipzig,  1889,  in-8);  Die  Zionsharfe  Eine  Anthologie  der  neuhebrdis- 
chen  Dichtungen  in  deutschtn  Uebertragungen  (Leipzig,  1889,  in-8);   Goethe 
in  Posen.   Ein  Beitrag  zur  allgemeinen   Literaturgeschichte   (Berlin,    1890, 
in-8);  —  Frédéric  de  Laet,  rédacteur  en  chef  du  Journal  d'Anvers,  mort 
en  cette  ville,  dans  le  courant  de  juin;  —  le  baron  Detler  von  Liliencron, 
ancien  officier  de  l'armée    allemande,    mort   le  22  juillet,  à  Alt-Nahstedt, 
près  de  Hambourg,  à  66  ans,  lequel,  après  la  guerre  de  1870,  entra    dans 
l'administration  allemande,  puis  donna  sa  démission   afin  de   se  consacrer 
entièrement  à  la  littérature  et  à  la   publication  de  romans  et  de  pièces  de 
théâtre,  tels  que  :  Breide  HummelsbUttel.  Roman  (Leipzig,  1887,  in-8);  Die 
Merowinger.    Ein    Trauerspiel    in    5    Akten    (Leipzig,     1888,    in-8);    Der 
Màcen.    Erzàhlungen  (Leipzig,    1889,  in-8);  Der  Haidegànger  und   andere 
Gedichte  (Leipzig,    1890,    in-8);  —   Louis  Loeb,    peintre    et   lithographe 
américain  de  réputation,  qui  a  collaboré  a  l'illustration  du  Harper's  Maga- 
zine, mort  dans  le  courant  de  juillet,  à  43  ans;  - —  Dr.  Gustav  Christian 
Ldtt,  professeur  de  gynécologie  à  l'Université  de  Vienne,    mort  en  cette 
ville,  le  16  juillet,  à  67  ans;  —  Joachim  Maehl,  poète  et  nouvelliste  alle- 
mand,  auteur  de  divers  volumes  écrits  en-  bas-allemand,  par  exemple  : 
Stûckchen  ut  de  Mus'kist  (Altona,  1868,  in-8),  et  Reineke  Voss.  Ut  Prier  Hand 
(Stuttgard,  1878,  in-8),  mort  dernièrement  à  Segeberg,  dans  le  Holstein, 
à  82  ans;  —  Louis  Marchetti,  dessinateur  italien  fixé  en  France,  mort 
dernièrement  à  Mériel  (Seine-et-Oise),  lequel  est  l'auteur  des  illustrations 
de  divers  ouvrages  de  luxe  parus  ces  dernières   années;  —  Vittore   Rafïaël 


—  182  — 

]\Iatteucci,  météorologiste  et  géologue  italien,  directeur  de  TObservatoire 
du  Vésuve,  mort  dernièrement  à  Naples;  —  M^i^  Johanna  Mestorf,  ancienne 
directrice  du  Musée  des  antiquités  nationales  du  Schleswig-Holstein,  morte 
à  Kiel,  le  20  juillet,  à  81  ans;  —  Simon  Newcomb,  astronome,  mathémati- 
cien et  économiste  américain,  mort  le  11  juillet,  à  Washington,  à  74  ans; 
Dr  Johs.  Pfannenstiel,  professeur  de  gynécologie  à  Kiel  (Allemagne),  mort' 
en  cette  ville,  le  2  juillet,  à  47  ans;  —  la  baronne  José  Schneider  von 
Arno,  femme  de  lettres  autrichienne,  auteur  de  :  Novellen  (Stuttgart,  1894, 
in-8);  Gastein  (Vienne,  1901,  in-8);  Mosaik.  Was  ich  empfinde,wie  ich  denke, 
was  mich  hegeistert,  was  ich  vortrage.  Gcdichte  und  Reime  (Vienne,  1902, 
in-8),  etc.,  morte  dernièrement  à  Vienne,  à  56  ans;  — Arthur  Schroeder, 
professeur  d'architecture  à  l'Éco'e  technique  supérieure  de  Hanovre, 
mort  dernièrement  en  cette  ville,  à  64  ans;  —  Dr.  Siegmund  Schlossmann, 
professeur  de  dro't  romain  à  l'Université  allemande  de  Kiel,  mort  en  cette 
ville,  le  2  juillet,  à  65  ans;  —  Clément  Laurence  Smith,  professeur  de  langue 
latine  à  l'Univei'sité  Harvard  de  Cambridge  (Massachusetts),  mort  en  cette 
ville,  le  l^""  juillet,  à  66  ans;  —  le  P.  Sodiro,  de  la  Compagnie  de  Jésus, 
originaire  de  Vicence,  botaniste  distingué,  très  estimé  dans  le  monde  scien- 
tifique, mort  dernièrement  à  Quito,  dans  la  maison-mère  des  missions 
équatoriennes  des  PP.  jésuites;  —  Dr.  August  Specht,  ancien  ébéniste 
allemand,  qui,  sur  le  conseil  de  Gustav  Freytag,  ayant  étudiélaphilosophie, 
devint  le  directeur  du  Menschentum,  organe  de  la  libre  pensée,  et  publia, 
outre  un  certain  nombre  de  drames,  des  ouvrages  de  philosophie  tels  que  : 
Populàre  Entwickelungsgeschichte  der  Welt  (Gotha,  1889,  in-8);  Gelirn 
und  Seele  iin  Lichtc  der  neuesten  Forschungen  (Gotha,  1888,  in-8);  Afrika- 
nische  Sitten  und  Gebràuche  (Leipzig,  1891,  in-8);  Théologie  und  Wissen- 
schaft  oder  alte  und  neue  W eltanschauung  (Gotha,  1893,  in-8),  mort  à  Gotha, 
le  23  juin,  à  64  ans;  —  Féodor  Féodorovitch  Sokolov,  professeur  de  droit 
romain  et  de  droit  grec  à  l'Université  de  Saint-Pétersbourg,  mort  en  cette 
ville,  le  14  juin,  à  68  ans;  —  l'abbé  George  Tyrrell,  ancien  membre  de  la 
Compagnie  de  Jésus,  le  protagoniste  des  modernistes,  qui  s'est  attiré  une 
triste  célébrité  par  les  publications  d'ouvrages  et  d'articles  dont  la  plupart 
furent  condamnés  à  Rome,  mort  au  milieu  de  juillet,  à  Storrington;  —  Casi- 
miroVARESE,  littérateur  et  ancien  haut  fonctionnaire  italien,  mort  dernière- 
ment à  Vicence,  sa  ville  natale,  à  90  ans,  lequel,  en  dehors  de  quelques  essais 
littéraires  et  quelques  biographies,  telles  que  Ënrico  Heine  negli  scritti  e 
nella  vita  (1894)  et  Hamerling,  cita  e  scritti,  a  publié  toute  une  série  de  traduc- 
tions de  poètes  allemands,  parmi  lesquelles  nous  citerons  :  Bùrger  :  Ballate; 
Gœthe  :  Torquato  Tassa;  Grillparzer  :  Saffo;  Klopstock  :  La  Morte  di  Adamo; 
Lessing  :  Natano  il  saggio;  Heine  :  Il  Libro  dei  canti;  —  James  E.  Vincent, 
écrivain  et  journaliste  anglais,  mort  le  18  juillet,  auquel  on  doit  une  Histonj 
of  Football,  ainsi  qu'un  excellent  volume,  Berkshire,  dans  la  collection  des 
Highways  and  Byways,  et  qui  fut  correspondant  du  Times  et  directeur  du 
National  Observer;  —  Dr.  Wilhelm  Zopf,  professeur  de  botanique  à 
Munster  en  Wesphalie,  mort  en  cette  ville,  le  24  juin,  à  62  ans. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques. 
—  Le  3  juillet,  M.  Fagniez  analyse  deux  travaux  de  M.  Boissonnade,  l'un 
sur  les  efforts  tentés  par  Colbert  pour  engager  les  corps  administratifs  du 
Poitou  à  souscrire  des  actions  de  la  Compagnie  des  Indes,  l'autre  sur  les 
moyens  employés  par  le  même  ministre  pour  parer  à  la  crise  économique 
qui  s'était  déclarée  vers  1630,  après  une  période  de  prospérité  commerciale  et 
industrielle.  —  Le  10,  M.  Imbart  de  la  Tour  lit  une  notice  sur  la  vie  et  les 
œuvres  de  sort  prédécesseur,  M.  Luchaire,  érudit  et  historien,  qui  a  su 


—  183  — 

éclairer  les  siècles  pendant  lesquels  vécurent  les  premiers  Capétiens.  — 
Le  17,  M.  Anatole  Leroy-Beaulieu  analyse  l'ouvrage  de  M.  Xénopol  sur 
les  Roumains.  M.  Levasseur  lit  une  notice  rédigée  par  M.  Limantour,  asso- 
cié étranger,  sur  la  vie  et  les  œuvres  de  M.  Carlos  Calvo,  auquel  il  succède. 
Lectures  faites  a  l'académie   des  inscriptions  et  belles-lettres- 

—  Le  2  juillet,  M.  Héron  de  Villefosse  commente  une  inscription  en  21  vers 
latins  remontant  au  i*^""  siècle  de  notre'ère  et  trouvée  en  Tunisie. — M.  S.  Rei- 
nach  parle  de  la  découverte  par  le  commandant  Espérandieu,  à  Alise,  d'un 
bist'e  de  déesse  en  bronze.  —  M.  Luc  de  Vos  lit  un  mémoire  sur  l'élection 
de  Julien  l'Apostat  à  l'Empire  et  snv  une  ratification,  qu'il  prétend  être 
intervenue,  de  cette  élection  faite  par  les  troupes.  —  M.  Hai-ssoulier  explique 
l'organisation  de  l'instruction  primaire  à  Milet  au  xi^  siècle  après  l'exécu- 
tion de  la  fondation  d'Eudémos.  —  Le  10,  M.  L.  de  Vos  achève  la  lecture 
de  son  mémoire  ayant  trait  à  Julien  l'Apostat.  —  M.  Th.  Reinach  conteste 
l'intervention  du  Sénat  des  Parisii  et  du  concile  des  Gaules.  MM.  Cagnat, 
Bouché-Leclerq  et  Viollet  échangent  à  ce  sujet  leurs  observations.  — 
Le  comte  Durrieu  entretient  l'Académie  des  représentations  de  chiens 
ayant  appartenu  au  duc  Jean  de  Berry,  et  qui  indiquent,  lorsqu'on  les 
retrouve  dans  un  manuscrit,  que  celui-ci  a  appartenu  et  provient  de  la 
bibliothèque  de  ce  prince  capétien,  frère  du  roi  Charles  V.  - —  MM.  S.  Rei- 
nach et  le  comte  de  Lasteyrie  ajoutent  quelques  observations.  —  Le  16, 
M.  Gauckler  entretient  l'Académie  des  trois  temples  superposés,  dédiés 
sur  le  Janicule  à  Jupiter  Heliopolitanus,  construits  sur  des  formules  orien- 
tales pour  un  culte  syrien  et  qui  viennent  d'être  dégagés  des  décombres. 
MM.  Dieulafoy,  Pottier,  Gauckler  et  Collignon  échangent  leurs  idées  sur  ce 
sujet. 

Prix.  —  Les  11  et  19  juin  1909,  l'Académie  des  sciences  morales  et  poli- 
tiques a  décerné  les  prix  suivants  : 

Prix  Stassart  :  1  000  fr.  à  M.  Raoul  de  Felice;  —  1  000  fr.  à  M.  H.  Clé- 
ment; —  mentions  honorables  à  MM.  A.  Roguenant  et  Louis  Warlez. 

Prix  Audifîred  :  1  000  fr.  à  M.  A.  Arcin  :  La  Guinée  française,  races,  reli- 
gions, coutumes  productions,  commerce;  —  1  000  fr.  à  M.  Bloch  :  V Assistance 
et  V Etat  en  France  à  la  veille  de  la  Révolution;  —  1  000  fr.  à  M.  Henri  Marie  : 
L" Abbaye  de  Léritis,  histoire  et  monuments  ;  —  1  000  fr.  à  M.  Alfred  Rébelliau  : 
Bossuet,  histoire  du  protestantisme,  compagnie  secrète  du  Saint-Sacrement  et 
les  affaires  religieuses,  la  science,  la  littérature  et  les  arts  de  1683  à  1717.  - — 
1  000  fr.  à  ]\L  Félix  Thomas  :  L' Education  dans  les  familles,  les  péchés  des 
pères;  —  1  000  fr.  à  M.  Maurice  Rolland  :  L" Education  patriotique  du  soldat; 

—  1  000  fr.  à  M.  Camille  Vallaux:  La  Basse-Bretagne,  étude  de  géographie 
humaine;  —  500  fr.  à  M.  Jules  Delvaille  :  La  Vie  sociale  et  V  Education;  — 
500  fr.  à  M.  Edouard  Dolléans  :  Robert  Owen  (1771-1858);  —  500  fr.  à 
M.  Henri  Malo  :  Les  Corsaires;  —  500  fr.  à  M.  Charles  Normand  :  La  Bour- 
geoisie française  au  dix-septième  siècle;  —  500  fr.  à  M.  André  Tardieu  :  La 
France  et  ses  alliances,  la  lutte  pour  V  équilibre;  —  500  fr.  à  M.  L.  Thénard  : 
Le  Conventionnel   Goujon. 

PrixKœnigswarter  (1  500  fr.). — Partagé  également  entre  M.  L.  Beauchet  ; 
Histoire  de  la  propriété  foncière  en  Suède  et  la  loi  d'Upland,  et  M.  Pierre 
Royer  :  Les  Anciens  Fors  de  Béarn. 

Paris.  —  Dans  son  opuscule  intitulé:  Le  Verbe  français  raisonné  [Paris, 
Amat,  1909,  in-8  de  16  p.),  M.  Louis  Tesson  expose  «  une  méthode  tout  à  fait 
nouvelle  pour  apprendre  et  pour  enseigner  les  verbes  français  ».  Il  est  con- 
vaincu i[ue  son  procédé  simplifie  beaucoup  cette  étude  aride.  Nous  laissons 


—  184  — 

la  chose  au  jugement  des  spécialistes,  mais  nous  ne  sommes  pas  très  con- 
vaincu. 

—  Le  Traité  de  la  projiojiciation  normale  du  latin,  de  M.  l'abbé  J.-M.  Meu- 
nier (Paris,  Poussielgue,  1909,  in-16  de  v-41  p.)  est  d'un  homme  vraiment 
docte  et  compétent,  et  au  courant  des  derniers  progrès  de  la  linguistique. 
Il  se  recommande  aux  trop  rares  amis  des  études  classiques,  aux  philo- 
logues, aux  professeurs.  Quant  à  l'application  des  notions  qu'il  expose, 
l'auteur  fera  prudemment  en  réduisant  de  beaucoup  ses  exigences.  S'it 
obtient  seulement  des  écoliers  l'observation  exacte  de  l'accent  tonique  et, 
dans  une  certaine  mesure,  de  la  quantité,  ce  sera  très  beau  déjà.  Pour  le 
reste,  U  pourrait  bien  y  avoir  dans  sa  doctrine  et  ses  espérances  un  peu 
d'utopie. 

—  Nous  recevons  de  la  librairie  Welter,  4,  rue  Bernard-Palissy,  un  pros- 
pectus relatif  à  la  revue  de  folk-lore  Mélusine,  dont  cette  maison  vient 
d'acquérir  la  collection.  Ce  prospecti.s  forme  un  résumé  de  l'histoire  con- 
temporaine des  études  de  folk-lore  en  France,  et  il  est  accompagné,  en  ma- 
nière de  spécimen,  d'un  joli  choix  de  gravures  publiées  dans  Mélusine. 
On  y  annonce  que  Mélusine  va  reparaître  après  un  nouveau  sommeil  de 
sept  ans,  et  que  le  tome  XI  est  en  préparation. 

—  Nous  signalerons  ici  trois  opuscules  sur  Jeanne  d'Arc,  dont  la  gloire 
croissante  excite  l'émulation  des  écrivains  et  des  orateurs  :  Petit  Précis  de 
la  Vie  de  Jeanne  d'' Arc,  précédé  d'aile  réponse  aux  assertions  des  contempteurs 
de  Vhéroine,  par  M.  Maurice  Beauchamp  (Paris,  libraiiie  Sainte-Geneviève, 
et  au  siège  de  l'A.  C.  J.  F.,  76,  rue  des  Saint-Pèros,  inl2  ae  88  p. — Prix: 
0  fr.  50).  Cet  écrit  de  propagande,  illustré  de  plusieurs  figures,  est,  dans  un 
excellent  espr't,  celui  de  l'Associai  ion  catholique  de  la  jeunesse  française. 
L'auteur  est  sévère  pour  Michelet  jusqu'à  l'injustice,  en  le  rangeant  dans 
la  même  catégorie  que  MM.  Thalamaset  Anatole  France.  Ceux-ci  sont  des 
détracteurs  de  l'héroïque  vierge;  Michelet  en  fut  un  admirateur  sincère  et 
zélé,  quoique  incomplet.  On  trouvera  (p.  13)  un  curieux  relevé  d'opinions 
ipaçonniques.  —  Jeanne  d'Arc  et  la  France,  par  le  R.  P.  Léapold  de  Chérancé 
(Tours,  Cattier,  s.  d..,  in-32  illustré  de  31  p.  —  Prix  :  0  fr.  10).  «  Rendre 
populaire  le  nom  de  Jeanne  d'Arc,  exciter  la  confiance  en  sa  mission  rédemp- 
trice :  voilà  ce  que  vous  avez  voulu  et  ce  que  réalise  la  publication  de  votre 
belle  conférence  »,  écrit  à  l'auteur  Mgr  Rumeau,  évêque  d'Angers.  — 
Jeanne  d'Arc  et  la  Révolution,  par  M.  l'abbé  de  la  Taille  (Tours,  Cattier,  s.  d., 
in-8  de  31  p.), est  un  panégyrique  de  laBienheureuse, prononcé; le  24  juinl909, 
dans  la  cathédrale  de  Tours.  «  Jeanne  d'Arc,  dit  l'orateur,  revient  parmi 
nous,  pour  y  faire  ce  qu'elle  a  fait  jadis  parmi  nos  pères  :  elle  a  mis  un  terme 
à  la  guerre  de  Cent  ans,  duel  fatidique  entre  la  France  et  l'Angleterre; 
elle  vient  mettre  un  terme,  si  nous  le  voulons,  à  cet  autre  duel,  séculaire 
aussi,  entre  l'âme  de  la  France  et  l'esprit  de  la  Révolution.  « 

—  Sur  les  54  pages  que  compte  sa  brochure  :  La  Vie  de  F.  Chopin  dans 
son  œuvre;  sa  liaison  avec  George  Sand  (Paris,  Société  des  auteurs-éditeurs, 
1909,  in-18.  —  Prix  :  1  fr.),  M.  Edouard  Gauche  en  emploie  quinze, 
ce  qui  est  beaucoup,  à  résumer  les  diverses  théories  d'esthétique  musicale 
avant  de  conclure  que  l'œuvre  d'un  musicien  est  le  miroir 'de  sa  vie.  Il  fait 
de  ce  principe  une  application  particulière  à  Frédéric  Chopin  dont  il  retrace 
très  brièvement  l'e.vistence  tourmentée,  mélancolique  et  maladive,  spécia- 
lement, comme  l'indique  le  sous-titre,  dans  la  période  que  remplit  sa  liaison 
avec  George  Sand.  Il  nous  dit  à  quels  moments  de  la  vie  sentimentale  de 
Chopin  on  doit  rapporter  les  plus  émouvantes  de  ses  œuvres  :  il  accepte 
même  assez  facilement  telle  légende  racontée  par  Listz.  Tout  cela  est  assez 


—  185  — 

connu  :  l'auteui'  a  jugé  qu'il  n'était  pas  sans  intérêt  de  l'exposer  sommai- 
rement. Il  cite  en  terminant  les  curieux  fragments  du  journal  intime 
de  Chopin,  poignantes  confessions  d'un  agonisant,  étrange  document  sur 
la  plus  romantique  ôme  d'artiste  qui  se  soit  jamais  rencontrée. 

—  A  mentionner  une  brochurette  de  M.  Firmin  Bacconnier  :  A.  B.  C.  du 
royalisme  social,  cours  familier  de  corporatisme  (Paris,  aux  bureaux  da  V Ac- 
cord social,  1909,  petit  in-16  de  32  p.  —  Prix  :  0  fr.  10). 

Angoumois.  —  U  nous  est  vraiment  agréable  de  signaler  aux  érudits  les 
deux  derniers  volumes  des  Bulletin  et  Mémoires  publiés  par  la  Société 
archéologique  et  historique  de  la  Charente.  Le  premier  de  ces  volumes 
se  rapporte  à  l'année  1900-1907  (7<^  série,  tome  VII.  Angoulême,  E.  Cons- 
tant, 1907,  in-8  de  cvni-405  p.,  avec  de  nombreises  fig.  et  1  pi.).  Outre 
les  mémoires  proprement  dits,  chacun  des  volumes  que  nous  avons  sous  les 
yeux  renferme  un  certain  nombre  de  travaux  assez  courts  ou  de  pièces  inté- 
ressantes, placés  en  «  annexes  »  à  la  suite  des  procès-verbaux  de  la  société 
et  qui  présentent,  à  divers  points  de  vue,  un  trop  réel  intérêt  pour  être 
passés  sous  silence.  Donc,  pour  le  tome  VII  de  la  7®  série  de  cette  publica- 
tion, noi:S  citerons  les  Annexes  suivantes  :  25  janvier  1713.  Protestation  des 
curés  de  la  grande  Champagne  contre  le  fisc,  publiée  par  M.  Paul  Legrand 
(p.  xxxi-xxxni);  —  Le  Triomphe  de  V  amour  conjugal,  plaidoyer  français 
dédié  à  MM.  les  avocats  de  la  cille  d' Angoulême  par  les  rhétoriciens  du  collège 
de  la  Compagnie  de  Jésus,  sujet  tiré  de  Vhistoire  romaine,  publié  par  M.  A. 
Favraud  (p.  xxxiii-xxxiv);  —  Quelques  Légendes,  par  M.  J.  de  la  Martinière 
(p.  xxxv-xxxix);--  Une  Fibule  en  forme  d'oiseau,  par  G.  Chauvet  (p.  xlv- 
XLix,  avec  une  fig);  —  Une  Forge  du  premier  âge  du  fer,  par  M.  A.  Favraud 
(p.  XLix-Liii)  ;  —  U  Ancienneté  de  Vhomme.  Bésumé  d'un  article  de  M.  de  Lap- 
parent  dans  le  «  Correspondant  »  du  25  novembre  1906,  par  M.  A.  Mazière 
(p.  LVii-LXiii);  —  Documents  pour  servir  à  V étude  du  quaternaire  dans  les 
Pyrénées,  parle  même  (p.  lxxiii-lxxv);  —  Grotte  de  la  papeterie,  commune 
de  Puymoyen  [Charente],  par  M.  G.  Chauvet  (p.  lxxxii-lxxxvii,  avec  2  fig.); 

—  Fouilles  de  la  Quina  du  docteur  Henri  Martin,  par  le  même  (p.  xcviii-cvi, 
avec  4  fig.).  —  Les  mémoires  que  renferment  ce  même  tome  VII  sont  les 
suivants,  dont  l'importance  est  telle  qu'ils  pourraient  former,  le  premier 
Furtout,  la  matière  de  volumes  à  part  :  Saint  Cybard,  étude  critique  de  textes, 
par  M.  J.  de  la  Martinière  (p. 1-292,  avec  1  planche).  La  table  des  matières 
nous  donne  les  divisions  principales  ci-après  :  L'Acte  d'affranchissement. 

—  La  Vie  et  les  Miracles  :  témoignages  du  vi"  au  xii^  siècle. —  La  Réclusion. 

—  Les  Interpolations  angoumoisines  de  l'Histoire  d'Adhémar  de  Cha- 
bannes  :  livres  I-II.  —  Saint  Cybard,  d'après  l'histoire  et  la  légende.  — 
Annexes.  —  Le  deuxième  et  dernier  mémoire  a  pour  titre  :  Inventaire  archéo- 
logique d' Angoulême,  par  MM.  J.  George  et  P.  Mourier  (p.  293-398,  illustré 
de  97  fig.).  Les  auteurs  ont  passé  en  revue  tout  ce  qu'ils  ont  pu  retrouver 
à  Angoulême  en  fait  de  ferronnerie,  menuiserie,  maçonnerie,  architecture 
civile  et  architecture  militaire)  et  ils  ont  éclairé  leur  étude  de  vignettes 
intéressantes  et  artistiques.  —  Le  tome  VIII  de  la  même  7^  série  des 
Bulletin  et  Mémoires  de  la  même  société  (année  1907-1908.  Angoulême, 
E.  Constantin,  1908,  in-8  de  cxxx-298  p.,  avec  planches  et  vignettes),  débute 
comme  le  précédent,  par  un  certain  nombre  d'annexés  :  La  Grande  Peur 
dans  le  Confolentais  (1789),  par  M.  Léonide  Babaud-Lacroze  (p.  xxxiv- 
XLiii);  —  Érection  de  la  baronnie  de  Bourg- Charente  en  marquisat,  décem- 
bre 1765.  Avis  favorable  donné  par  les  habitants,  15  juin  1766,  par  M.  Pai.l 
Legrand  (p.  xliii-xlv)  ;  —  Béclamation  des  bouilleurs  de  cru  en  la  Champagne 
de  Cognac,  1765-1758,  par  le  même  (p.  xlvi-xlviii);  —  La  Cité  lacustre 


—  186  — 

de  la  Forit-Brisson,  commune  des  Cours  (Charente),  par  M.  A.  Favraud 
(p.  XLix-Liv,  avec  34  fig.  en  4  groupes)  ;  —  Rôle  de  la  montre  de  Philippe  Hor- 
ric.  La  Rochebeaucourt ,  15  novembre  1549,  publié  par  M.  S.-C.  Gigon  (p.  lx- 
LXi);  —  Note  sur  le  souterrain-refuge  de  Chez-Rassac,  commune  d'Yviers, 
canton  de  Chalais  [Charente),  par  M.  Hilaire  Lafitte  (p.  lxvi-lxx);  — 
V Affranchissement  des  serfs  et  les  Origines  de  la  petite  propriété.  Un  Arrêt 
du  président  Nesmond,  prononcé  le  mardy  7  avril  1610.  Du  Droit  de  questalie 
ou  servitude,  par  M.  D.  Touzaud  (p.  lxx-lxxxv);  —  27  mars  1731.  Quittance 
d'honoraires  donnée  par  le  prédicateur  du  carême  à  Saint-Maxime  de  Con- 
folens,  publiée  par  M.  E.  Biais  (p.  cv);  —  Liberté,  égalité,  justice.  Les  Admi- 
nistrateurs et  le  procureur  général-syndic  du  département  de  la  Charente,  à 
leurs  concitoyens  (8  messidor  an  III),  document  publié  par  M.  G.  Chauvet 
(p.  cxi);  -  Une  Lettre  de  J.-L.  Guez  de  Balzac,  texte  primitif  et  texte  définitif, 
(4  septembre  1622),  publiée  par  M.  A.  Terrachsr  (p.  cxxii-cxxvi).  —  Pas- 
sant aux  mémoires  insérés  dans  ce  tome  VIII,  noi.s  dirons  que,  pour  être 
de  moindre  envergure  que  ceux  du  tome  VII,  ils  ofïrent  un  intérêt  égal. 
On  en  compte  neuf  :  André  Thevet  d' Angoulême,  géographe  et  historien,  intro- 
ducteur du  tabac  en  France  (1504-1592),  par  M.  Dani?l  Touzaud  (p.  1-47, 
avec  portrait  hors  texte).  «  Jean  Nicot,  dit  l'auteur,  a  été  l'Améric  Vespuce 
de  ce  Christophe  Colomb  au  petit  pied  qui  fut  notre  compatriote  [angou- 
moisin]  :  André  Thevet.  C'est  André  Thevet  et  non  Jean  Nicot  qui  a  introduit 
le  tabac  en  France.  Mais  les  légendes  ont  la  vie  dure  et  les  erreurs,  historiques 
sont  tenaces.  »  Voilà,  certes,  quelque  chose  qui  sera  nouveau  pour  bien  des 
gens;  ■ —  Station  moustérienne  du  Petit-Puymoyen,pa.!''M.A.Fa.\Ta.udoi  les 
lieutenants  Bel'on  et  Foureur  (p.  49-58,  avec  5  fig.)  ;  —  Les  Cahiers  de 
doléances  d'Esse  et  d'Hiesse,  par  M.  Léonide  Babaud-Lacroze  et  P.  Bcis- 
sonnade  (p.  59-64);  —  Le  Théâtre  gallo-romain  des  Bouchauds  (Charente), 
par  le  R.  P.  Cami'le  de  la  Croix  (p.  65-172,  avec  un  atlas  cartonné  in-folio, 
de  14  planches).  Découvert  en  1865,  le  théâtre  dont  il  s'agit  n'a  commencé 
à  être  déblayé  qu'en  1870  par  la  Société  archéologique  de  la  Charente. 
«  Malheureusement,  observe  l'auteur,  à  partir  de  cette  époque,  des  diffi- 
cultés sans  nombre  et  de  tout  genre  l'empêchèrent,  à  diverses  reprises 
et  jusqu'en  1901,  de  mener  à  bien  sa  louable  entreprise...  Je  crois  donc 
utile,  avant  de  donner  la  description  de  ce  théâtre  qui,  grâce  à  la  générosité 
de  son  nouveau  propriétaire,  vient  d'être  entièrement  déblayé  et  remis  dans 
un  ordre  fort  satisfaisant,  de  faire  brièvement  connaître  :  d'abord  la  loca- 
lité dans  laquelle  se  trouve  cette  antiquité;  puis  ce  qu'était  M.  Gontier 
qui  entreprit  le  premier  l'étude,  et  la  marche  qu'il  suivit  pour  en  assurer 
le  résultat;  ensuite  les  difficultés  qui  pendant  de  longues  années  rendirent 
impossible  l'achèvement  de  cette  étude;  enfin  les  circonstances  grâce  aux- 
quelles le  déblaiement  du  théâtre  et  sa  mise  en  ordre  purent  être  accomplis 
pendant  les  années  comprises  entre  1901  et  1906.  «  Ces  préliminaires  ont 
formé  le  chapitre  premier  de  ce  remarquable  travail,  à  la  suite  duquel 
viennent  les  divisions  suivantes  :  Chapitre  II  :  Déblaiement  général  du 
théâtre  et  réfection  des  murs.  —  Chapitre  III.  Description  du  théâtre  après 
son  déblaiement  et  sa  réfection.—  Chapitre  IV.  Le  Théâtre  des  Bouchauds 
aurait-il  fait  partie  d'une  ville  aujourd'hui  disparue?  A  cette  question, 
le  R.  P.  de  la  Croix  répond  par  l'aflirmative,  en  émettant  l'opinion  que 
M  cette  \ille  gallo-romaine  aurait  été  Germanicomagus,  dont  la  carte  des 
voies  romaines  de  Peutinger  fixe  l'emplacement  sur  la  voie  de  Limoges 
à  Saintes  »;  — Un  Paquet  de  vieilles  lettres  (1652-1658;  1683-1693),  publiées 
avec  des  notes  par  A.  et  H.-R.  du  V...  (p.  173-218).  L'auteur  de  ces  lettres 
qui  «  font  revivre  la  vie  domestique  et  intime  des  ancêtres  »  est  «  Charles 


—  187  — 

de  Goret,  écuyer,  sieur  de  Grosbost...  né  sou^  Henry  IV,  appartenant  à 
une  des  familles  de  Champagne-Mouton  les  plus  en  vue  «  ; — François  Jamen, 
notaire  à  Cognac  (1551-1553),  par  M.  l'abbé  P.  Legrand  (p.  219-230);  — 
V Assiette  de  la  taille  à  la  Valette  et  à  Gurat.  Doléances  des  communautés 
d'habitants  (1669-1673),  par  M.  l'abbé  A.  Mazière  (p.  231-2^9) ; —  Le  Châ- 
teau de  Saveille  en  Angoumois,  par  M.  Daniel  Touzaud  (p.  241-254,  avec 
une  pi.  et  une  vignette);  —  Étude  bibliographique  sur  V  v.  Engoulesme  » 
d'Èlie  Vinet,  Poitiers,  1567,  par  M.  Ernest  Labadie  (p.  257-289,  avec  une 
planche). 

Bretagne.  —  I.a  Société  d'émulation  des  Côtes-du-Nord  nous  envoie 
le  tome  XYLl  (1908)  de  ses  Bulletins  et  Mémoires  (Saint-Brieuc,  imp. 
F.  Guyon,  1909,  gr.  in-8  de  xiv-293  p.,  avec  vignettes  et  planches).  Ce 
volume  r<>nferme  six  mémoires,  toi  s  de  la  ph  s  grande  utilité  pour  l'histoire 
bre.tonne,  savoir  :  Documents  pour  servir  à  l'histoire  de  la  paroisse  d'Évran 
(Côtes-du-Nord),  par  M.  le  vicomte  H.  Frotier  de  la  Messelière  (p.  1-160). 
«  Nous  avons  réuni  dans  le  présent  recueil,  dit  l'auteur  dans  son  Avertisse- 
ment, les  notes  généalogiqies  par  nous  extraites  des  anciens  registres  pa- 
r  issiaux  de  l'état  civil  d'Évran,  autrefois  de  l'évêché  de  Saint-Malo,  baron- 
nie  de  Bécherel,aujobrd'hiii  du  diocèse  de  Saint-Brieuc  etchef-lieu  decanton 
de  l'arrondissement  de  Dinan,  département  des  Côtes-du-Nord. Ces  registres, 
dont  le  pli. s  ancien  date  de  1540,  sont  en  général  assez  bien  conservés  et, 
à  partir  du  commencement  du  xvii'^  siècle,  il  y  a  très  peu  de  lacunes.  »  Ces 
notes  intéressantes  sont  illustrées  d'un  certain  nombre  de  vignettes  et  la 
publication  se  termine  par  la  description  des  «  armoiries  des  familles  pos- 
sessionnées  ou  alliées  dans  la  paroisse  d'Évran  »;  ^ —  Le  Château  de  Kerazan 
cl  la  Famille  de  Tréanna  Trémaria,  par  M.  l'abbé  Peyron  (j).  161-205);  — 
Les  Botterel  de  la  Villegeffroy,  par  M.  le  vicomte  Hervé  du  Halgouët  (p.  206- 
229,  avec  un  tableau  généalogique);  —  Notice  généalogique  et  biographique 
sur  le  général  de  Courson  de  la  Villevalio,  décédé  à  Fontainebleau  le  25  jan- 
vier 1847,  par  M.  C.  Berthelot  du  Chesnay  (p.  230-236,  avec  portrait);  — 
U Enceinte  féodale  de  la  Haye- aux- Lions,  en  Saint- Glen,  par  le  même  (p.  237- 
240,  avec  un  plan)  ;  —  La  Révolution  en  Bretagne,  notes  et  documents.  Le  Deist 
de  Botidoux  a-t-il  trahi  les  députés  girondins  proscrits?  (fragment  d'un 
ouvrage  en  préparation  :  Les  Députés  girondins  proscrits  en  Bretagne),  par 
M.  P.  Hémon  (p.  241-289,  avec  portrait). 

Champagne.  • —  En  1908,  la  Société  française  d'émulation  agricole 
ouvrit  un  concours  national  sur  l'abandon  des  campagnes,  ses  causes,  ses 
inconvénients  et  les  remèdes  à  y  apporter.  M.  Arsène  Thévenot  prit  part  à 
ce  concours,  mais  ne  traita  pas  complètement  le  sujet  proposé,  et  fit  porter 
tout  son  efîort  sur  un  sujet  d'actualité  ai  ssi  grave  que  le  précédent  :  la 
dépopulation  de  la  France,  ses  causes,  ses  effets  et  ses  remèdes.  A  un  moment 
où  la  question  préoccupe  très  justement  l'opinion  publique,  on  lira  avec 
intérêt  le  travail  de  M.  Thévenot  qui  insiste  avec  raison  sur  la  proscription 
de  la  religion  catholique  par  le  gouvernement  républicain,  mais  ne  montre  pas 
avec  assez  de  force  comment  la  religion  est  le  principal  et  presque  l'unique 
remède  au  mal  dont  souffre  notre  pays  {La  Dépopulation  de  la  France,  ses 
causes,  ses  effets  et  ses  remèdes.  Arcis-sur-Aube,  Gradassi-Royer,  s.  d.,  in-16 
de  47  p.  —  Prix  :  0  fr.  50). 

Franche-Comté.  —  On  a  beaucoup  écrit,  en  P>ancc  et  en  Allemagne 
notamment,  sur  P.-J.  Proudhon.  A  son  tour,  l'un  de  ses  compatriotes,  M. 
Edouard  Droz,  professeur  à  la  Faculté  des  lettres  de  l'Université  de  Besançon, 
publie  un  volume  sur  le  fameux  démolisseur  :  P.-J.  Proudhon  (1809-1865) 
(Paris,  Librairie  des  «  Pages  libres  »,  1909,  in-18  de  284  p.  —  Prix  :  3  fr.  50). 


~  188-  — 

Dans  une  étude  préliminaire  intitulée  :  Le  Centenaire  de  Proudhon,  l'anteur 
passe  en  revue  un  certain  nombre  do  livres  sur  le  personnage,  puis  il 
examine  «  la  fortune  du  proudhonisme  auprès  des  organisations  ouvrières 
françaises  »,  laquelle,  entre  parenthèses,  nous  paraît  très  discutable  au  temps 
présent.  «  Revenir  à  Proudhon,  conclut  M.  É.  Droz,  ce  serait  pour  le  socia- 
lisme, revenir  à  la  santé  et  marcher  au  succès.  »  —  Serait-on  bien  veau  de 
dire  cela  à  la  C.  G.  T.? —  La  majeure  partie  du  volume,  consacrée  là  a  bio- 
graphie de  Pierre-Joseph  Proudhon  et  à  la  brève  analyse  de  ses  œuvres 
principales,  se  termine  par  une  bibliographie  utile  à  consulter.  M.  Droz  cri- 
tique fort  (p.  23-25)  l'ouvrage  magistral  de  M.  Arthur  Desjardins  :  P.-J. 
Proudhon,  sa  vie,  ses  œuvres,  sa  doctrine,  paru  chez  l'éditeur  Perrin,  en  1896. 
Il  accuse  Je  distingué  écrivain  de  n'avoir  étudié  Proudhon  quepourleréfuter; 
«  ce  conservateur,  observe-t-il,  avait  choisi  Proudhon  comme  son  héros  afin 
d'en  faire  sa  victime.  «  Admettons;  mais  lui,  M.  É.  Droz,  n'a-t-il  pas  choisi 
le  même  héros  pour  s'en  constituer  l'apologiste,  à  quelques  bénignes  critiques 
près?  Ajoutons,  à  propos  du  caractère  de  Proudhon,  qu'en  ce  qui  concerne 
la  conduite  de  ce  pen'ionnaire  Suard  à  l'égard  de  ''Académie  de  Besançon,  M. 
Droz  nous  a  paru  assez  partial  ou  insuffisamment  informé.  En  fait,  le  débu- 
tant révolutionnaire  s'est  montré  ai  ssi  répréhensible,  nous  pourrions  dire 
aussi  ingrat  et  odieux  que  les  membres  de  cette  compagnie  lui  ont  témoigné 
de  miséricorde.  Un  peu  plus  de  fermeté  et  de  sévérité  de  la  part  de  ces  der- 
niers eût  été  légitime  et  désirable. 

Et  très  opportunément,  voici  que  nors  parvient  une  brochure  de  M. 
Maurice  Lambert,  président  actuel  de  l'Académie  de  Besançon  :  Proudhon 
et  V Académie  de  Besançon  (Besançon,  imp.  Jacquin,  1909,  in-8  de  52  p. 
Extrait  des  Mémoires  de  cette  Académie).  A  vue  des  documents  conservés 
dans  les  archives  de  la  compagnie,  l'auteur  expose  les  circonstances  dans 
lesquelles  Proudhon  obtint,  en  1838,  la  pension  triennale  de  1  500  francs, 
fondée  par  M^e  Suard  et  dont  l'attribution  était  réservée  à  l'Académie  de 
Besançon.  Il  montre  ensuite  les  écarts  d'écrivain  du  titulaire  et  souligne, 
comme  il  convient,  l'audace,  ou  l'inconscience,  dont  il  fit  preuve  en  dédianr 
à  l'Académie  bisontine,  de  tout  ttemps  très  conservatrice,  son  volume  : 
Qu'est-ce  que  la  propriété??  Non  seulement  ce  singulier  hommage  ne  fut  point 
agréé,  mais  on  agita  un  instant  la  question  de  savoir  s'il  ne  conviendrait 
pas  de  lui  retirer  la  pension  dont  il  se  rendait  si  pen  digne.  Proudlion,  alors, 
e'^saya  de  se  justifier  dans  im  long  factum  adressé  à  l'Académie,  où  il  finis- 
sait par  déclarer  que  «  rien,  jamais,  ne  saurait  altérer  les  liens  de  vénération 
et  d'amour  qui  m'attachent  à  cette  illistre  compagnie.  »  La  pension  lui 
lut  maintenue.  Mais  cette  mesure  d'excessive  bienveillance  n'empêcha  nulle- 
ment Proudhon,  rappelant  la  délibération  académique  ayant  repoussé 
l'hommage  de  son  livre  subversif,  d'écrire,  un  an  plus  tard,  cette  impar- 
donnable gro.ssièreté  :  «  Après  cet  arrêt  burlesque,  que  ses  auteurs  ont  cru 
rendre  énergique,  en  lui  donnant  la  forme  d'un  démenti,  je  n'ai  plus  qu'à 
prier  le  lecteur  de  ne  pas  mesurer  l'intelligence  de  mes  compatriotes  àce'le 
de  notre  Académie.  »  On  le  voit,  P.-J.  Proudhon,  qui  d'ailleurs  se  démentait 
à  tout  propos,  pratiquait  remarquablement  l'indépendance  du  cœur.  Quant 
à  l'Académie  bisontine  de  1838-1840,  on  la  trouvera  sans  doute  trop  conci- 
liante et  il  n'est  pas  téméraire  de  penser  que  celle  de  nos  jours  le  serait  moins  : 
en  vérité,  la  charité  n'oblige  pas  de  fournir  ainsi  des  armes,  sous  forme 
d'espèces  sonnantes  et  trébuchantes,  aux  pires  adversaires  de  l'ordre  social. 
—  A  l'occasion  de  la  Distribution  des  prix  du  collège  Pasteur,  à  Arhois, 
le  31  juillet  1909,  M.  René  Vallerj^-Radot,  qui  présidait  cette  cérémonie, 
a  prononcé  une  allocution  pleine  de  c.tur  et  d'esprit,  qu'il  a  eu  l'excel- 
lente idée  de  faire  imprimer  (Arbois,  imp.  Chapeau,  petit  in-8  de  8  p.). 


—  189  — 

Pages  d'inspiration  bien  locale,  où    le  sonvenir  de    l'illustre  Pasteur  est 
évoqué  avec  autant  de  charme  que  d'à-propos. 

Normandie.  - —  Sous  ce  titre:  Albert  Sorel  à  la  Société  libre  de  VEure, 
souvenirs  (Évreux,  Hérissey,  1909,  in-8  de  63  p.),  M.  Louis  Passy  a  rassem- 
blé divers  discours  prononcés  par  lui  et  l'analyse  critique,  parue  dans  le 
Temps,  d'une  étude  de  M.  A.  Sorel  sur  le  marquis  de  Blosseville.  Telle  est 
la  composition  de  la  plaquette  que  nous  offre  la  Société  libre  de  l'Eure. 
Toutes  ces  pièces  ne  sont  pas  inédites,  il  s'en  faut;  mais  on  aura  plaisir  à 
les  retrouver  ici.  Certaines  témoignent  même  d'une  haute  élévation  de  la 
pensée.  Telles  sont,  par  exemple,  les  réflexions  de  M.  A.  Sorel  sur  l'histoire 
en  formation  continuelle,  et  l'érudition,  son  auxiliaire  indispensable. 

—  M.  J.  Touquette-Macé,  qui  a  écrit  :  Les  Ursulines  d  Avranches.  Sur 
les  chemins  de  Vexil  (Coutances,  imp.  Notre-Dame,  1908,  in-8  de  40  p.)  n'est 
pas  un  professionnel  de  la  plume.  Il  résume  ce  que  lui  a  inspiré  l'exode  de 
religieuses  chassées  de  France  et  conduites  par  lui  sur  les  routesde  l'exil.  La 
lecture  des  pages  émues  qu'il  nous  livre  donnent  l'impression  d'une  parfaite 
santé  morale,  d'un  complet  équilibre  du  bon  sens  et  de  la  sensibilité  poé- 
tique. Remercions  l'auteur  de  cette  brochurette  de  nous  avoir  conservé  le 
souvenir  de  son  charitable  voyage. 

Belgique.  —  La  science  et  la  jurisprudence  occupent  à  elles  seules  le 
tome  X  de  la  VI®  série  des  Mémoires  et  publications  de  la  Société 
des  arts  et  des  lettres  du  Hainaut  (Mons,  imp.  Dequesne-Masquillier,  1909, 
in-8  de  xxii-10-297  p.).  Deux  mémoires:  le  premier,  de  M.  Lucien  Godeau, 
a  pour  titre  :  Sur  la  congruence  (2,  1)  de  coniques  (10  p.).  Quant  au  deuxième 
et  dernier  :  La  Stipulation  pour  autrui.  Structure  juridique.  Bénéficiaires 
déterminés,  indéterminés  et  futurs.  Applications  modernes.  Droit  comparé, 
par  M.  Jean  Sosset  (297  p.),  c'est  un  important  travail  divisé  en  trois  livres, 
comportant  eux-mêmes  divers  titres  et  de  nombreux  chapitres  et  sections. 
Nous  nous  bonnerons  simplement  à  noter  ici  les  intitulés  de  ces  trois  livres  : 
I.  La  Structure  juridique  de  la  stipulation  pour  autrui.  II.  Situation  des 
bénéficiaires  déterminés,  indéterminés  et  futurs.  III.  Les  Principales  Appli- 
cations de  la  stipulation  pour  autrui.  Ouvrage  qui  intéressera  autant  les 
jurisconsultes  de  la  France  que  ceux  de  la  Belgique. 

Espagne.  —  Depuis  qu'il  a  pris  la  direction  de  l'Académie  d'infanterie 
de  Tolède,  M.  le  colonel  Hilario  Gonzalez  s'est  donné  pour  tâche  d'en  réor- 
ganiser et  d'en  déve'opper  la  bibliothèque.  Il  s'est  appliqué  particulièrernent 
à  donner  aux  ouvrages  de  technique,  de  géographie  et  d'histoire  militaires 
la  place  prépondérante  qui  'eur  revient  dans  un  établissement  de  ce  genre. 
Et  il  n'a  pas  reculé  devant  le  labeur  un  peu  ingrat  de  dresser  le  catalogue 
de  cette  collection.  Les  sept  mille  et  quelques  ouvrages  qui  composent  la 
bibliothèque  et  qui  forment  plus  de  12  500  volumes  —  sans  compter  les 
doubles,  —  ont  été  répartis  en  dix  sections,  dont  la  plus  considérable,  con- 
sacrée aux  ouvrages  de  science  militaire  (3  093  ouvrages)  est  elle-même 
subdivisée  en  dix  sous-sections.  Le  catalogue  est  un  catalogue  semi-métho- 
dique :  les  ouvrages  y  sont  classés  par  section  et  sous-section,  mais  dans 
chaque  division,  ils  sont  rangés  suivant  l'ordre  alphabétique  des  noms 
d'auteurs.  Un  index  alphabétique  des  mêmes  auteurs  termine  le  volume. 
Il  était  bien  superflu  d'y  créer  une  rubrique  Anônimos  et  une  autre  Varias 
pour  les  ouvrages  rédigés  par  plusieurs  auteurs.  Il  est  étonnant  que  le  co- 
lonel Gonzalez,  qui,  sans  doute,  a  fait  faire  ce  travail  par  un  aide,  ait  laissé 
terminer  cet  index  d'auteurs  par  la  mention  ridicule  :  Zweitcr  Band  3. 
Heft.  Et  puisque  nous  en  sommes  aux  critiques,  nous  regretterons  l'incorrec- 
tion trop  fréquente  dans  les  noms  ou  les  mots  étrangers  :  P.  170,  Bepetir- 
Gewehre,  pour  Repetir;  p.  248,  refiexiones  pour  réflexions;  y). 2^9, l'escuadron 


—  190  -- 

pour  Vcscadron;  p.  5^1,  Barbelon  pour  Bahelon;  p.  b'i.'i^Castailhac  pour  Car- 
tailhac,  etc.  Mais  nous  préférons  insister  sur  l'efTort  vraiment  louable  que 
nous  révèle  le  catalogue  pour  tenir  la  bibliothèque  au  courant  de  la  produc- 
tion non  seulement  nationale,  mais  étrangère.  La  France,  notamment, 
est  bien  représentée  dans  cette  bibliothèq?;e:  parmi  les  16  revues  étrangères 
auxquelles  elle  est  abonnée,  dix  sont  françaises.  Ce  n'est  pas  qu'il  n'y  ait 
point  de  lacunes;  il  y  en- a  de  graves  :  ni  Chuquet,  ni  Sorel,  ni  Taine,  ni 
Vandal  ne  figurent  dans  le  catalogue;  et  des  ouvrages  qui  intéressent  plus 
directement  l'Espagne,  comme  ceux  de  M.  Geoffroy  de  Grandmaison,  font 
également  défaut;  Ton  est  surpris  de  ne  pas  rencontrer  un  ouvrage  de  réfé- 
rence ai'ssi  utile  que  la  Bibliotheca  historico-militaris,  de  Pohier.  Mais  il  ne 
faut  pas  oublier  que  M.  le  colonel  Gonzalez  ne  dispose  que  de  res.>ources  res- 
treintes, et  l'on  peut  juger  par  l'appendice  consacrée  aux  nouvelles  acquisi- 
tions des  efTorts  tentés  par  lui  pour  combler  les  lacunes. 

États-Unis.  —  Nous  recevons  îe  volume  XXXIII  de  la  Smith.sonian 
Institution  United  States  national  Muséum.  Proccedings  of  the  UnitedStates  Na- 
tional Muséum. WdiShmgton,  Government  printing Office,  1908,  in-8  de750p., 
avec  65 pi.  et  de  nombreuses  fig.  dans  le  texte).  Ce  volume  ne  renferme  pas 
moins  de  37  mémoires  originaux  dus  à  divers  naturalistes  américains  et  décri- 
vantles  collections  du  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Washington.  Parmiles 
plus  intéressants,  citons  les  descriptions  de  nouvelles  espèces  de  fossiles  des  ter- 
rains palseozoïques  supérieurs  de  la  Chine, par  M.  G.  H.  Girty;  les  nouvelles 
tineides  américaines,  par  Lord  Walsingham  (32  espèces);  les  collections  des 
poissons  des  Philippines,  dont  sept  espèces  nouvelles,  par  le  major  E.  A.  Mearus. 
Les  copépodes  parasites  de  la  famille  des  caligidae,  par  M.C.B.Wilson,  etc.. 
La  Smith?;onian  a  aussi  publié  à  part  les  parties  1,  2  et  3  du  vol.  XII  des 
Contributions  jrom  the  United  States  national  Herbarium,  qi.i  contiennent  : 
Part.  1.  Le  Catalogue  de  la  bibliothèque  de  botanique  de  John  Donnel 
Smith,  dressé  par  M™e  Alice  Cary  Atwood  (94  pages).  —  Part.  2.  Les  Lecy- 
thidaceae  de  Costa  Rica  (6  p.  et  8  planches),  par  M.  H.  Pittier  de  Fabreg.-i. 
Tonduzia  (un  nouveau  genre  d'apocynacées,  de  l'Amérique  centrale),  par 
le  même  auteur  (2  p.  avec  1  pi.  et  2  fig.).  Une  collection  de  plantes  des  envi- 
rons de  la  Guaira  (Venezuela),  par  M.  J.  R.  Johnston  (7  p.). — Part.  3.  Types 
des  graminées  américaine.s...,  par  M.  A.  S.  Hitchcock  (50  p.).  —  Enfin  le 
Bulletin  de  la  même  institution,  qui  contient  une  série  de  travaux  plus  ou 
moins  longs  relatifsà  la  description  des  collections  du  Muséum,  est  complété, 
pour  cette  année  1908,  par  le  n»  61  formé  d'un  mémoire  de  M.  Aîexander 
Ruthven  sur  les  serpents-jarretière,  leurs  variations  et  relations  généti- 
ques, travail  fort  complet  de  198  p.,  avec  3  pages  de  tabîe-index,  illustré 
de  82  figures,  cartes,  diagrammes,  etc.  dans  le  texte  et  1  planche  hors  texte. 
Il  semble  bien  que  c'est  ce  qu'il  y  a  de  plus  complet  sur  ce  sujet  des  garter- 
snakes  (Tamnophies,  etc.). 

- —  Smithsonian  Institution.  United  States  national  Muséum  Contributions 
jrom  the  United  States  national  Herbarium.  \o\.  XII.  Part.  4.  The  mexican 
and  central  american  spscies  of  Sapium,  by  Henry  Pittier,  in-8  de  11  p., 
avec  8  planches  similigravure  et  4  fig.  dans  le  texte.  M.  Henry  Pittier 
décrit  8  espèces  de  sapium  de  1" Amérique  centrale,  à  savoir  :  Sapium 
pleiostachys,  S.  anadenum;  S.  mexicanum;  S.  thelocarpum;  S.  pedicellatum; 
S.  Pittieri;  S.  pachi/stachys,  et  S.  oligoneurum. 

Publications  nouvelles.  —  La  Sainte  Liturgie,  par  Dom  A.  Gréa 
(in-12.  Maison  de  la  Bonne  Presse).  —  Commentaire  sur  VEvangilc  selon 
saint  Matthieu,  par  A.  Gratry  (2  vol.  in-18,  Téqui).  —  D'i  VÉglisc  et  de  sa 
divine  constitution,  par  Dom  A.  Gréa  (2  vol.  in-12,  Maison  de  la  Bonne 


—  191  — 

Presse).  —  Souvenir  des  catéchismes.  Pieuses  Catéchèses  d'évangile,  par  l'abbé 
P.  Baudot  (petit  in-18,  Paris  et  Lille,  Désolée,  de  Brouwer).  —  Le  Christia- 
nisme de  V avenir,  ou  la  Théologie  nouvelle,  par  R.  R.  J.  Campbell;  trad.  de 
l'anglais  par  J.  Arnavon  (in-12,  Emile  Nourry).  —  UArt  d'assurer  son  salut, 
par  le  T.  R.  P.  A.  Desurmont  (in-lG,  Librairie  de  la  Sainte-Famille).  —  Le 
Credo  et  la  Providence,  par  le  T.  R.  P.  A.  Desurmont  (in-16.  Librairie  de  la 
Sainte-Famille).  — LaVievraiment  chrétienne,  par  le  T.  R.  P.  A.  Desurmont 
(in-16,  Librairie  de  la  Sainte-Famill^).  —  Le  Monde  et  VÉvangile,  par  le 
T.  R.  P.  A.  Desurmont  (in-16,  Librair«e  de  la  Sainte-Famille). — La  Fidélité 
à  Jésus-Christ,  par  le  T.  R.  P.  A.  Desurmont  (in-16,  Librairie  de  la  Sainte- 
Famille).  —  Dévotions.  Sucré-Cœur.  N.-D.  du  Perpétuel-Secours.  Saint 
Joseph,  par  le' T.  R.  P.  A.  Desurmont  (in-16,  Librairie  de  la  Sainte-Famille). 
• —  Le  Chrétien  intime.  T.  IV.  Le  Culte  du  Cœur  de  Marie  (Salve  Regina... 
Vita  nostra).  Élévations,  par  l'abbé  C.  Sauvé  (in-8,  Amat).  —  Retraite  reli- 
gieuse du  Chemin  de  la  croix,  par  G.  Billot  (in-18,  Téqij).  — Les  Apparitions 
de  Notre-Dame  de  Lourdes  et  la  Société  contemporaine,  par  l'abbé  P.  Borde- 
debat  (in-18,  Téqui). —  En  face  de  la  mort,  courtes  méditations  pour  la  retraite 
du  mois,  par  le  R.  P.  Lescœur  (in-18,  Téqià). —  L'Inquiétude  religieuse,  par 
H.  Bremond.  2^  série  (in-16,  Perrin).  —  Religions  orientales,  l^e  série.  La 
Religion  védique,  par  A.  Roussel  (in-12,  TéqLi).  —  Étude  théorique  et  pratique 
sur  la  nullité  et  la  caducité  des  libéralités  adressées  aux  établissements  publics 
et  particulièrement  aux  anciens  établissements  ecclésiastiques,  par  P.  Ravier 
du  Magny  (in-12.  Éditions  de  la  «  Revi:e  d'organisation  et  de  défense  reli- 
gie!:se  »).  —  Précis  de  psychologie,  par  W.  James;  trad.  par  E.  Baudin  et 
G.  Bertier  (in-8,  Marcel  Rivière).  —  Leçom  de  morale,  par  É.  Boirac  (in-8, 
A'can).  —  Métaphysique  et  esthétique,  par  A.  Schopenhauer;  trad.  par  A. 
Dietrich  (in-16,  Alcan). —  La  Science  de  la  vie.  Deuxième  Partie.  Le  Devoir. 
Pages  recueillies  dans  les  papiers  ou  rédigées  d'après  les  cours  de  l'abbé 
Guinand.  T.  III.  Gouvernement  des  sociétés  :  justice  ('n-12,  Lyon,  Rey),  — 
Psychologie  des  mystiques  chrétiens.  Les  Faits  :  le  Poème  de  la  conscience, 
Dante  et  les  mystiques,  par  J.  Pacheu  (in-16,  Perrin). —  Où  mène  Vécole  sans 
Dieu,  par  F.  Gibon,  avec  une  lettre  d'Introduction  de  Mgr  Baudrillart  (in-12, 
Téqui).—  Mères  et  fils,  par  F.  Gâche  (in-16,  Toulouse,  Privât;  Paris,  Didier). 

—  Pour  la  vie  familiale,  conférences  faites  à  V Ecole  des  mères,  par  E.Boutroux, 
E.  Cheysson,  G.  Compayré,  Darlu,  A.  Lichtenberger,  P.  Malapert,  A.  Moll- 
Weiss,  F.  Passy,  C.  Wagner  (in-12,  Touloi;se,  Privât;  Paris,  Didier).  — 
L"s  Accidents  du  travail,  étude  critique  des  améliorations  à  apporter  au  régime 
du  risque  professionnel  en  France,  par  \e  B^  A.  Marie  et  R.  Décante  (in-18, 
Giard  et  Brière).  —  Rovidés  bretons,  par  H.  Vidlou  (in-12,  Amat).  —  Les 
Systèmes  logiques  et  la  Logistique.  Etude  sur  Venseignement  et  les  enseigne- 
ments des  mathématiques  modernes,  par  G.  Lucas  de  Pesloûan  ('n-8,  Marcel 
Rivière).  —  Initiation  à  la  mécanique,  par  C.-É.  Guillaume  (in-16, Hache+te). 

—  La  Navigation  aérienne  par  ballons  dirigeables,  par  le  commandant 
Bouttieaux  (gr.  in-8,  Delagrave).  —  Aviation.  Études  expérimentales  sur  les 
zooptères,  par  P.  Amans  (gr.  in-8,  Vivien).  —  Le  Trait  léger.  L'Artillerie,  le 
commerce,  par  le  capitaine  Charpy  (in-8,  Laveur).  —  Le  Néo-latinisme,  par 
J.-L.  Dartci.s  (Jn-12,  Société  de  auteurs-éditeurs).  —  Tâin  bô  cûalnge. 
Enlèvement  du  taureau  divin  et  des  vaches  de  Cooley,  la  plus  ancienne  épopée 
de  VEurope  occidentale;  trad.  par  H.  d'Arbois  de  Jubainville.  2^  livr.  publiée 
avec  la  collaboration  de  E.  Bibait  (in-8,  Champion).. —  Le  Reflet  des  heures, 
par  H.  de  Surany  (in-18,  Lemerre).  —  De  la  vie  au  mystère,  par  J.  Larroche 
(in-18,  Lemerre). —  Œuvres  choisies  de  Marceline  Des  bordes -Valmore,  études 
et  notices,  par  F.  Loliée,  (in-18,  Delagarde).  —  Avant  la  rampe.   Premiers 


—  192  — 

Bauenients  de  cœur.  La  Signature,  intermède.  L'Ame  broyée,  par  C,  de  Bussy 
(in- 18,  Stock).  —  La  Lumière  invisible,  scènes  et  récits  de  la  vie  mystique, 
par  R.  H.  Benpon;  trad.  de  l'anglais  par  T.  de  Wyzcwa  (in-16,  Perrin).  — 
Pereat  Rochus  et  autres  nouvelles,  par  A.  Fogazzaro;  trad.  de  l'italien  (in-16, 
Perrin).  ■ —  La  Folle  Passion,  par  M. -A.  de  Bovet  (in-18,  Lemerre).  —  Les 
Vacancts  de  Suzette  pour  1909  (petit  in-8,  Henri  Gautier).  —  Le  Journal 
d'un  potache,  par  J.  Vézère  (gr.  in-8,  Maison  de  la  Bonne  Presse).  —  Le 
Château  de  Pontinès,  par  V.  Mag  (in-12,  Maison  de  la  Bonne  Presse).  —  De-ci, 
de-là,  légendes,  fantaisies,  par  Berthem-Bontoux  (in-12,  Avignon,  Aiibanel 
frères).  —  Nouveaux  Essais  choisis  de  critique  et  de  morale,  par  T.  Carlyle; 
trad.  de  l'anglais  avec  une  Introduction  par  E.  Barthélémy  (in-16,  Mercure 
de  France).  —  Charles  Dickens,  par  G.  K.  Chesterton;  trad.  par  A.  Laurent 
et  L.  Martin-Dupont  (in-18,  Delagrave).  —  La  France  et  ses  colonies.  Classe 
de  premièie,  par  H.  Bi,ssnn,  J.  Fèvre  et  H.  Haiser   (in-12  cartonné,  Alcan). 

—  Géographie  rapide  (Europe),  par  O.  Reclus  (petit  in-8,  Larousse).  —  Le 
Tour  de  F  Espagne  en  automobile,  étude  de  tourisme,  par  P.  Marye  (in-16, 
Plon-Nourrit).  —  Le  Passage  du  Nord-Ouest,  par  le  capitaine  R.  Amundsen; 
trad.  par  C.  Rabot  (in-8.  Hachette).  —  Dans  les  marches  tibétaines.  Autour 
duDokerla,  novembre  190&-janvier  1908,  par  J.  Bacot  (in-16,  Plon-Nourrit). 

—  Asie  et  Insulinde.  Afrique.  Classe  de  cinquième,  par  H.  Busson,  J.  Fèvie 
et  H.  Hauser  (in-12  cartonné,  Alcan).  —  L'Empire  du  Soleil.  Pérou  et  Bo- 
livie, par  le  baron  et  la  baronne  Conrad  de  Meyendorff  (gr.  in-8.  Hachette). 

—  Étude  critique  sur  les  relations  d'Érasme  et  de  Luther,  par  A.  Meyer  (in-8, 
Alcan).  — ■  Les  Sources  de  Vhistoire  de  France,  xvi"  siècle  (1494-1610),  par 
H.  Hauser.  II.  François  /er  et  Henri  II  (1515-1559)  (in-8,  A.  Picard  et  fils).  — 
Jeanne  d'Arc,  heroine  and  healer,  documentary  évidences,  by  C.  Rœssler 
(in-8,  London,  Dulau;  Williams  and  Norgate;  Paris,  A.  Picard  et  fils).  — 
La  Jeanne  d'Arc  de  M.  Anatole  France,  par  A.  Lang  in-16,  Perrin).  — 
Dix  ans  d'émigration  (1791-1801).  Souvenirs  de  François  de  Cézac,  hussard 
de  Berchény,  volontaire  à  l'armée  de  Condé,  publiés  par  le  baron  A.  de  Mari- 
court  (in-8,  Emile-Paul).  —  La  Crise  de  l'histoire  révolutionnaire.  Taine  et 
M.  Aulard,  par  A.  Cochin  (in-8.  Champion).  • —  La  Cathédrale  de  Verdun. 
Étude  historique  et  archéologique,  par  l'abbé  C.  Aimond  (gr.  in-8,  Nancy, 
Royer).  —  Livre  rouge  du  chapitre  métropolitain  de  Sainte-Marie  d'Auch, 
publié  pour  la  Société  historique  de  Gascogne,  par  l'abbé  J.  Dufîour.  2® 
partie  (in-8,  Paris,  Champion;  Auch,  Cocharaux).  —  Quelques  questions 
d'actualité,  par  le  général  H.  Langlois  (in-12,  Berger-Levrault). — Les  Hon- 
nestes  Dames  allemandes,  par  J.  et  F.  Régamey  (in-18,  Albin  Michel).  — 
Miscellanea  di  storia  italiana.  Terza  série.  T.  XIII  (R.  Deputazione  sovra 
gli  studi  di  storia  patria  per  le  antiche  provincie  e  la  Lombardia)  (gr.  in-8, 
Torino,  Bocca).  ■ —  La  Question  polonaise,  par  R.  Dmowski;  trad.  du  polo- 
nais par  V,  Gasztowtt  (in-18,  Colin).  —  Prusse  et  Pologne.  Enquête  inter- 
nationale organisée  par  H.  Sienkiewicz  (in-8.  Agence  polonaise  de  presse).  — 
Dans  les  cachots  de  Nicolas  II,  par  G.  Guerchouni  (in-12,  Dujarric).  — 
La  Situation  du  catholicisme  à  Genève,  1815-1907,  par  W.  Martin  (in-16, 
Paris,  Alcan;  Lausanne,  Payot).  —  Les  Mavroyéni.  Histoire  d'Orient  [de 
1700  à  nos  jours),  par  T.  Blancard  (2  vol.  in-8,  Leroux). —  Voix  canadiennes. 
Vers  l'abîme,  par  A.  Savaète.  T.  II  (in-8,  Savaète).  —  Causeries  franco- 
canadiennes.  Premier  Entretien,  par  A.  Savaète  (in-8,  Savaète).  —  La  Vie 
du  livre,  derniers  feuillets  d'un  bibliophile,  par  F.  Fertiault  (in-18,  Lemerre). 

—  International  Catalogue  of  scientific  literature.  Seventh  annual  issue.  J. 
Geography  (in-8,  London,  Harrison;  Paris,  Gauthier- Viilars).    Visenot. 

Imp.  Fn.  Simon.  Bonnes.  Le  Gérant  :  CHAl'UiS. 


POLTBIBLION 

BEVUE  BIBLIOGRAPUIOIJE  UNIVERSELLE 


PUBLICATIONS    RÉGENTES  SUR  L'ÉCRITURE  SAINTE 
ET   LA   LITTÉRATURE    ORIENTALE. 

1.  Der  alitestamentliche  Kanon  der  Antiochenischen  Schule.  Gekroate  Preisschrift  von 
D''  LuDwiG  Dennefeld  (Bibllscke  Studien,  t.  XIV,  fasc.  4).  Freiburg  im  Breisgau, 
Herder,  1909,  in-8  de  vi-93  p.,  3  fr.  25.  —  2.  La  Vraie  Science  des  Écritures,  ou  les 
Erreurs  de  la  scolastique  el  l^ enseignement  officiel  sur  le  vrai  sens  de  la  Bible,  par  X. 
Annoiiay,  Bonnard,  1909,  in-12  de  xvii-129  p.,  1  fr.  50.  —  3.  Petite  Bible  illustrée 
des  écoles,  par  J.  Ecker.  Édition  française  par  Un  Père  de  la  Compagnie  de  Jésus. 
Paris,  Bloud,  s.  d.  (1909),  in-12  de  276  p.,  avec  de  nombr.  vignettes  et  2  cartes, 
relié  toile,  2  fr.  —  4.  Cours  supérieur  d'instruction  religieuse.  Israël,  Jésus-Christ, 
VÉglise  catholique,  par  J.  Labourt.  Paris,  Lecofl're,  Gabalda,  1909,  in-12  de  vii- 
315  p.,  3  fr.  —  5.  Der  Vcrfasser  der  Eliu-Reden  (Job  Kap.  32-37).  Bine  kritische 
Untersuchung  von  D''  Wenzel  Posselt  (Biblische  Studien,  l.  XIV,  fasc.  3).  Frei- 
burg  im  Breisgau,  Herder,  1909,  in-8  de  xi-lU  p.,  3  fr.  75.  —  6.  Le  Cantique  des 
cantiques.  Commenta-ire  philologique  et  exégétique,  par  P.  JoiJON.  Paris,  Beauchesne, 
1909,  petit  in-8  de  viii-335  p.,  5  fr.  —  7.  L'Existence  historique  de  Jésus  et  le  Ra- 
tionalisme contemporain,  par  L.-Cl.  FitLiON  (Collection  Science  et  Religion).  Paris, 
Bloud,  1909,  in-12  de  63  p.,  0  fr.  60.  —  8.  Jésus  historique,  par  C.  Piepenbring. 
Paris,  E.  Nourry,  1909,  in-12  de  195  p.,  2  fr.  50.  —  9.  Jésus  de  Nazareth.  Notes  his- 
toriques et  critiques,  par  Etienne  Giran.  2«  édition,  Paris,  E.Nourry,  1909,  in-12  de 
205  p.,  avec  une  carte,  2  fr.  50.  —  10.  L'Église  apostolique.  Actes  d'Apôtres.  Épîtres. 
Apocalypse.  Traduction  et  commentaire,  par  l'abbé  Verdunoy.  Paris,  Lecoffre, 
Gabalda,  1909,  in-12  de  vii-551  p.,  avec  2  cartes,  3  fr.  50.  —  11.  Die  Wiederkunft 
Christi  nach  paulinischen  Briefen,  von  D''  Fritz  Tillmann  {Biblische  Studien, 
t.  XIV,  fasc.  1  et  2).  Freiburg  im  Breisgau,  Herder,  1909,  in-8  de  viii-205  p.,  7  fr.  — 
\2.  Ascension  d'I saie.  Traduction  de  la  version  éthiopienne,  avec  les  principales 
variantes  des  versions  grecque,  latines  et  slave.  Introduction  »t  notes  par  Eugène 
TissERANT  (Documents  pour  l'étude  de  la  Bible).  Paris,  Letouzey  et  Ané,  1909, 
in-8  de  252  p.,  4  fr.  —  13.  Le  Pays  de  l'Évangile,  par  E.-N.  Gaussens.  P.iris,  Oudin, 
1909,  in-12  de  yiii-466  p.,  3  fr.  50. 

L  —  Nous  manquions  d'une  monographie  sur  le  canon  de  1  Ancien 
Testament  dans  l'école  exégétique  d'Antioche.  M.  Dennefeld  nous  la 
donne,  solide  et  claire,  en  un  mémoire  couronné  :  Ber  alUestamentliche 
Kanon  der  Antiochenischen  Schule.  Dans  l'Introduction,  il  résume 
l'histoire  de  ce  canon  au  iv^  siècle  on  dehors  de  cette  école.  A  cette 
date,  qui  inaugure  une  nouvelle  période,  paraissent  ailleurs  des  listes 
ou  catalogues  incomplets,  desquels  sont  exclus  les  livres  bibliques 
dits  aujourd'hui  deutérocanoniquos  et  parfois  le  livre  d'Esther.  Cette 
exclusion  s'exphque  par  l'influence  des  Juifs  contemporains  à  Alexan- 
drie, à  Jérusalem  et  dans  d'autres  milieux  chrétiens.  Par  défiance 
pour  les  ouvrages  apocryphes,  qui  s'étaient  multiphés  aux  ii®  et  m® 
siècles,  les  docteurs  de  l'Église  soumirent  à  un  nouvel examenle  canon 
des  Livres  saints,  et  prirent  comme  critérium  le  sentiment  des  Juifs 
de  leur  temps.  L'école  d'Antioche  ne  subit  pas  cette  influence,  et  ses 
Septembre  1909.  T.  CXVI.  13. 


_  194  — 

docteurs  ne  dressèrent  aucun  catalogue  des  Livres  saints  de  l'Ancien 
Testament.  Leur  attitude  fut  par  suite  constamment  favorable  aux 
deutérocanoniques.  M.  Dennefeld  a  recueilli  avec  beaucoup  de  soin 
et  d'exactitude  tous  les  renseignements  que  leurs  écrits  conservés 
fournissent  sur  tous  les  Mytcs  de  l'ancienne  alliance.  Le  fondateur 
de  cette  école,  saint  Lucien,  ses  disciples  immédiats,  les  lucianistes, 
et  les  autres  anciens  docteurs  ont  laissé  peu  d'indices  de  leur  pensée  à 
ce  sujet.  Les  grands  Antiochiens,  Diodore  de  Tarse,  saint  Jean 
Chrysostome,  Polychronius,  Théodoret,  témoignent  nettement  de 
l'attitudç  de  leur  écolo.  Ils  placent  sur  le  même  rang  d'écrits  inspirés 
les  protocanoniques  et  les  deutérocanoniques  de  l'Ancien  Testament,  y 
compris  le  III^  des  Macchabées  et  le  III^  d'Esdras.  Seul,  Théodore 
de  Mopsueste  s'écarte  du  sentiment  commun  de  son  école;  mais  on  a 
tort  de  le  citer  avec  les  adversaires  des  deutérocanoniques,  puisqu'il 
excluait  du  canon  plusieurs  livres  protocanoniques  :  Job,  le  Cantique, 
les  Paralipomènes,  Esdras  et  Néhémie,  Esther,  et  reconnaissait  la 
canonicité  de  l'Ecclésiastique  et  de  Baruch.  Il  est  un  isolé,  quia  été 
justement  condamné  par  le  \^  concile  œcuménique  de  Constanti- 
nople.  Son  frère,  Polychronius,  n'adopta  pas  ses  opinions.  Notons  que 
M.  Dennefeld  tient  pour  authentique  la  plus  courte  édition  de  la 
Synopsis  sacrae  Scriptiirae,  attribuée  à  saint  Chrysostome.  Dans  une 
section  finale,  il  étudie  le  sentiment  des  derniers  Antiochiens,  disciples 
de  saint  Chrysostome  :  saint  Isidore  de  Péluse,  saint  Nil,  Marc  l'Er- 
mite, Proclus  de  Constantinople,  Cassien,  Victor  d'Antioche,  ou  de 
Théodore  de  Mopsueste  et  de  Théodoret  :  Adrien,  Cosmas  Indico- 
pleustes  et  Nestorius.  Ceux-ci  abandonnent  résolument  leur  maître 
et  admettent  les  deutérocanoniques.  L'école  d'Antioche  a  donc  tou- 
jours reconnu  la  cancnicité  de  tous  les  livres  de  l'Ancien  Testament. 
A  corriger,  page  17,  Cereani  par  Ceriani. 

2.  —  Les  lecteurs  qui  voudraient  percer  l'anonymat  de  X,  auteur 
de  la  Vraie  Science  des  Ecritures,  ou  les  Erreurs  de  la  scolastique  et 
V enseignement  officiel  sur  le  vrai  sens  de  la  Bible,  n'auraient  qu'à  se 
reporter  à  un  an  en  arrière  dans  cette  revue  (t.  CXIII,  p.  199-200).  Ils  y 
trouveront  le  nom  de  cet  auteur  et  l'exposé  de  ses  théories,  pour  ne  pas 
dire  de  ses  rêveries.  Je  ne  veux  pas  perdre  mon  encre  à  analyser  de  nou- 
veau le  fatras  d'idées  saugrenues,  qu'il  reproduit  avec  un  inlassable  cou- 
rage. Je  maintiens  mes  critiques  de  l'année  dernière.  L'anonyme  essaie 
bien  d'y  répondre,  en  y  joignant  quelques  injures  à  mon  adresse.  Ses  in- 
jures m'honorent,  puisqu'elles  me  confondent  avec  tous  les  théologiens 
et  les  exégètes  scolastiques.  Si  je  me  trompe  avec  eux  sur  l'objet  propre 
de  la  révélation  et  de  l'inspiration,  je  suis  en  benne  compagnie;  et  si  leur 
doctrine  sur  ces  points  et  d'autres  est  en  opposition  avec  l'enseigne- 
ment ofTiciel  de  l'Église  aux  conciles  de  Trente  et  du  Vatican  et  par 


—  195  — 

l'organe  de  Léon  XIII  dans  l'encyclique  Providentissimus  Deiis,  je 
ne  comprends  pas  que  les  trois  derniers  Souverains  Pontifes,  Pie  IX, 
Léon  XIII  et  Pie  X,  pour  ne  parler  que  d'eux,  aient  tant  hué  et  recom- 
mandé la  philosophie  et  la  théologie  scolastiques,  et  que  Léon  XIII 
ait  même  vanté  l'exégèse  des  scolastiques.  Ces  Papes  manqueraient-ils 
donc  si  gravement  à  leur  mission  de  gardiens  de  la  véritable  doctrine  ? 
Il  est  vrai  qu'ils  ignoraient  et  que  Pie  X  ignore  encore  les  idées  nou- 
velles d'un  prêtre  du  diocèse  de  Grenoble,  idées  qui  doivent  révolu- 
tionner la  théologie.  Mais  les  révolutionnaires,  fussent-ils  chanoines, 
ne  réussissent  pas  en  ces  matières,  parce  qu'ils  vont  centre  le  sentiment 
commun  des  docteurs,  dont  on  ne  peut  s'écarter  pas  plus  que  du  bon 
sens  dans  les  choses  de  son  ressort.  La  singularité  est  souvent,  surtout 
en  théologie,  un  signe  d'erreur.  Loin  de  redouter  la  sienne,  X  s'en 
enorgueillit  :  il  se  complaît  à  être  seul  contre  tous.  Un  peu  de  modes- 
tie siérait  même  aux  révolutionnaires.  Sur  V imprimatur^  dont  le  refus 
barre  le  chemin  à  la  vérité  en  marche,  X  a  les  mômes  idées  que  M.  Loisy. 
Le  refus  d'imprimatur  cependant  est  une  garantie  contre  les  excès, 
qu'ils  viennent  d'extrême  droite  ou  d'extrême  gauche.  X  a  cru  pou- 
voir passer  outre,  grâce  à  l'anonymat  transparent,  dont  il  se  couvre. 
Il  fut  un  temps  où,  dans  l'Eglise,  tous  les  livres  anonymes  étaient 
suspects.  Pour  suivre  l'esprit  de  la  loi  ecclésiastique,  qui  exige  l'impri- 
matur, X  a  voulu  publier  «  un  travail  solide  et  inattaquable  au  point 
de  vue  doctrinal  »(p-  x),  en  se  décernant  ainsi  lui-même  le  iViAi/oè^/a^.  La 
solidité  du  travail  dépend  d'une  interprétation  très  particulière  des 
documents  conciliaires  et  ponoificaux.  Or,  j'ai  rarement  rencontié 
un  esprit  aussi  faux  pour  rr  me  leràun  sentiment  personnel  les  décisions 
officielles,  qui  lui  sont  diamétralement  opposées.  D'autre  part,  ce  solide 
travail  est  attaquable,  au  point  de  vue  doctrinal,  au  moins  sur  une 
doctrine  de  grave  impoi  tance.  Quel  que  soit  lesensprécisdelaparolede 
Mgr  Simor  au  concile  du  Vatican  sur  la  nature  de  l'inspiration  (parole 
rapportée  sans  aucune  référence  aux  Actes  authentiques,  ce  qui  est 
peu  scientifique),  il  résulte  du  texte  même  de  la  constitution  Dei 
Filius  que  les  Pères  du  Vatican  ont  condamné  deux  exphcations  de 
théologiens  allemands  sur  ce  sujet.  La  seconde,  que  renouvelle  le 
chanoine  de  Grenoble,  ramène  l'inspiration  au  contenu  de  la  révéla- 
tion sans  aucune  erreur  dans  les  Livres  saints,  et  elle  est  déclarée 
insuffisante.  Aussi  Léon  XIII  et  Pie  X  ont-ils  condamné  les  adversaires 
de  l'inerrance  absolue,  non  pas  de  la  révélation,  comme  il  est  dit  (p'.  102), 
mais  de  l'Ecriture,  et  un  article  des  nouvelles  lois  de  l'Index,  établies 
en  1900  par  la  constitution  0/fi.ciorum,  frappe  tout  écrit  qui  nie  l'iner- 
rance de  l'Eciituie,  donc  les  livres  de  M.  Crozat  et  de  X.  Il  est  inutile 
dès  lors,  et  vraiment  ils  n'en  valent  pas  la  peine,  de  les  déférer  à  la  Sacrée 
Congrégation  de  l'Index."  Notons,  en  terminant,  que  l'imprimerie  d-i 


—  196  — 

Montligeon,  qui  est  une  œuvre  catholique,  pnin'raib  réserver  ses  presses 
à  l'impression  d'écrits  plus  orthodoxes  que  ceux  do  X, 

3.  —  Le  docteur  Ecker,  professeur  au  grand  séminaire  do  Trêves, 
s'est  dévoué  à  la  diffusion  de  l'Ecriture  sainte  parmi  les  classes  popu- 
laires en  Allemagne.  Après  sa  Bible  des  familles,  il  a  publié,  en  1906, 
une  Bible  des  écoles,  qui  a  été  adoptée  déjà  comme  livre  d'enseignement 
dans  beaucoup  d'écoles  primaires.  Un  religieux  de  la  Compagnie  de 
Jésus  a  traduit  en  français  la  seconde  édition  allemande,  un  peu  abré- 
gée, sous  le  titre  :  Petite  Bible  illustrée  des  écoles.  Ce  n'est  pas  un  recueil 
d'extraits,  ni  un  abrégé  décharné  des  Livres  saints.  C'est  l'exposé  d'en- 
semble de  toute  l'histoire  sainte,  le  plus  souvent  possible  dans  le  lan- 
gage même  des  écrivains  sacrés.  Le  choix  de  ce  qui  est  tradu't  textuel- 
lement et  de  ce  qui  n'est  que  résumé  est  fait  avec  tact.  L'auteur  a  cité, 
comme  spécimen,  quelques  passages  des  livres  prophétiques  et  doctri- 
naux. On  peut  regretter  leur  rareté.  Après  un  verset  d'Osée  et  un  autre 
d'Amos,  on  trouve  au  long  l'histoire  de  Jonas.  Job  est  placé  avant 
Moïse.    Une   sentence   appropriée  suit  chaque  paragraphe.    Dans  le 
Nouveau  Testament,  le  texte  des  évangiles  des  dimanches  et  fêtes  est 
reproduit  en  entier  avec  l'indication  du  jour  de  sa  lecture.  Une  table, 
à  la  fin  du  volume,  permet  de  le  retrouver.  On  pourrait,  au  point 
de  vue  critique,  discuter  l'ordre  suivi  pour  la  vie  de  Notre-Seigneur, 
surtout  pour  le  ministère  public.  Toutefois,  l'ensemble  est  bon  pour 
le  but  pratique,  qui  est  poursuivi.  Les  extraits  des  Epîtres  sont   trop 
courts.  L'histoire  ultérieure  de  Marie  et  des  apôtres  contient  quelques 
détails  légendaires.  Dans  la  table  chronologique  (p.  272)  Adam  est 
placé  «  avant   l'an  4000  ».  Le  vocabulaire  des  noms  propres  indique 
leur  signification  étymologique.  Quelques  fautes  d'impression  seraient 
à  corriger.  L'illustration,  qui  est  abondante,  est  bien  réussie.  Les  vues 
de  localités  bibliques  et  les  cartes  finales  aideront  à  comprendre  le 
texte.  En  résumé,  la  Petite  Bible  des  écoles  est  un  excellent  manuel 
pour  les  classes  élémentaires,  où  il  aura  du  succès. 

4.  — -  Les  matières  exposées  dans  l'ouvrage  précédent   font  partie 
du  programme    que  M.  Labourt,  aumônier  au  Collège  Stanislas,  a 
suivi  dans  son  Cours  supérieur  d'instruction  religieuse.  Elles  sont   com- 
prises  dans  le  sous-titre   :   Israël,   Jésus-Christ,   et   complétées  par 
l'Eglise  catholique.  Elles  ne  sont  pas  traitées  dans  le  même  esprit  et 
selon  la  même  méthode,  et  cela  s'imposait  en  raison  des  élèves  aux- 
quels le  Cours  est  destiné,  et  du  but  que  se  proposait  l'auteur.  Rédigé 
pour  les  élèves  des  classes  supérieures  des  collèges  secondaires  ou  des 
cours  de  jeunes  filles  ou  pour  les  grands  catéchismes  de  persévérance, 
ce  Cours  supérieur  devait  exposer  l'histoire  biblique  et  la  vie  de  Notre- 
Seigneur  autrement  qu'une  13ible,  illustrée  ou  non,  qu'une  Histoire 
sainte  des  écoles  primaires.  Ici,  on  procède  par  anecdotes  et  nom  et 


—  197  — 

sur  le  même  plan  et  presque  sans  perspective  tous  les  personnages 
mentionnés  et  tous  les  faits  merveilleux  de  la  Bible.  Là,  on  a  envisagé 
à  dessein  l'histoire  du  peuple  de  Dieu  et  la  v^e  de  Jésus-Clirist  au  point 
de  vue  synthétique,  en  présentant  un  tableau  succinct  et  exact  de  la 
vie  religieuse  et  politique  des  Israélites  depuis  l'origine  de  leur  nationa- 
lité, c'est-à-dire  depuis  Abraham,  et  en  montrant  l'intervention  sur- 
'laturelle  de  Dieu  dans  les  grandes  lignes  de  cette  histoire  plutôt  que 
dans  les  événements  particuliers.  De  même,  M.  Lab(»urt    a  replacé 
Jésus-Christ  dans  son  milieu  politique  et  religieux,  et  l'a  fait  voir 
agissant,  enseignant,  mourant  et  ressuscitant  en  Fils  de  Dieu.  Enfin, 
dans  la  troisième  partie,  il  établit  le  caractère  divin  de  l'Église  dans 
son  origine,  sa  mission,  son  enseignement  et  son  action  à  travers  le 
monde.  Ainsi,  il  a  considéré  la  religion  révélée  comme  un  fait  plutôt 
que  comme  une  doctrine,  et  il  envisage  son  Cours  supérieur  comme 
un  supplément  aux  Cours  primaires  et  moyens,  où  le  dogme,  la  morale, 
la  liturgie,  l'histoire  sainte  et  l'histoire  de  l'Éghse  ont  déjà  été  expliqués. 
'  D'autre  part,  il  a  compris  son  Cours  de  religion  comme  devant  servir 
d'antidote  aux  manuels  d'histoire  religieuse,  dans  lesquels  l'histoire 
d'Israël  et  le  christianisme  sont  exposés  dans  un  sens  tout  à  fait  ra- 
tionaliste. C'est  donc  délibérément  que  le  plan  suivi  ne  répond  pas 
à  celui  des  précédents  ouvrages  d'instruction  religieuse,  destinés  à 
l'enseignement  des  collèges.  Enfin,  ce  cours  est  un  livre  de  i  élève,  qui 
est  extrêmement  concis  et  qui  a  besoin   d'être  expliqué,  commenté  et 
développé  par  le  maître.  Celui-ci  comblera,  s'il  le  juge  à  propos, 
certaines  lacunes,   et   éclaircira  les  passages  trop  condensés.  Ainsi 
compris,  le  Cours  de  M.  Labourt  se  justifie  aisément.  S'il  n'échappe 
pas,  surtout  dans  la  disposition  des  matériaux,  à  quelques  défauts, 
qui  seront  corrigés  dans  une  prochaine  édition,  il  ne  donne  prise  à 
aucune  critique  sérieuse  au  point  de  vue  de  l'orthodoxie.  Despersonnes, 
figées  dans  l'immobilité,  lui  reprocheront  peut-être  sa  «  nouveauté  », 
ou  lui  feront  un  procès  de  tendance;  les  esprits  sages  et  pondérés 
demanderont  seulement  quelques  améliorations,  que  l'auteur  ne  re- 
fusera pas  de  faire.  Se  frayant  une  voie  nouvelle,  il  a  pu  laisser,  dans 
un  premier  essaj,  quelque  sujet  à  la  critique;  mais  le  genre  est  à  recom- 
mander comme  Cours  supérieur  d'instruction  religieuse. 

5.  —  Dans  un  fascicule  des  Biblisclie  Studien^  M.  Posselt  a  traité  un 
problème  littéraire  concernant  l'originaUté  des  discours  d'Ehu,  Der 
Verfasser  der  Eliu-Reden.  La  plupart  des  exégètes  protestants  nient 
qu'ils  aient  primitivement  fait  partie  du  livre  de  Job;  selon  eux,  ils 
auraient  été  ajoutés  plus  tard.  L'auteur  expose  et  discute  les 
arguments,  tirés  du  fond  et  de  la  forme  littéraire  en  preuve  de  la  non- 
authenticité.  Dans  l'Introduction,  il  rapporte  la  composition  du  livre 
entier  au  commencement  de  la  captivité  des  Juifs  à  Babylone.    Dans 


—  198  — 

la  première  partie,  il  indique  les  particularités  littéraires  de  ces  dis- 
cours et  les  traces  qu'ils  présenteraient  d'une  rédaction  postérieure. 
Mais  leur  rapport  avec  le  reste  du  livre,  et  surtout  avec  le  but  de  l'auteur, 
qui  est  la  solution  du  prnblème  de  la  souffrance  pour  un  juste  tel  que 
Job,  lui  fait  conclure  que  ces  discours  sont  nécessaires  à  la  trame  du 
livre,  puisque,  en  leur  absence,  le  problème  débattu  entre  Job  et  ses 
amis  resterait  sans  solution.  Cet  exposé  amène  iM.  Posselt  à  dire  son 
sentiment  sur  le  plan  du  poème,  sur  sa  marche,  et  en  particulier  sur 
l'idée  que  Job  se  faisait  des  rétributions  d'outre-tombe.  Il  pense  qu'il 
les  ignorait  d'abord,  mais  que,  par  l'effet  du  malheur  et  avec  le  sen- 
timent profond  de  son  innocence,  sa  foi  religieuse  est  allée  en  progres- 
sant et  s'est  élevée  jusqu'à  l'espérance  de  la  résurrection.  Dans  la 
seconde  partie,  il  étudie  à  fond  les  caractères  de  la  langue  et  du  style 
des  discours  en  question.  Comme  dans  la  première  partie,  il  expose 
longuement  les  arguments  pour  et  contre.  Sa  conclusion  est  que, 
quoique  toutes  les  objections  contre  l'unité  d'auteur  ne  soient  pas 
complètement  résolues,  elles  ne  sont  pas  cependant  suffisantes  pour 
diminuer  la  fermeté  de  la  solution  donnée  dans  la  première  partie. 
Cette  dissertation  semble  épuiser  le  sujet.  Son  auteur  a  lu  tous  les 
ouvrages  allemands  et  discuté  les  nombreuses  objections  des  critiques. 
Il  ne  cite  aucun  travail  français:  les  études  de  Le  Hir,  Lesêtre  et  Loisy 
lui  sont  inconnues.  Elles  lui  auraient  fourni  de  bons  arguments. 

6.  —  Le  P.  Juû'm  vient  de  publier  un  Comme?7taire  philologique  et 
exégétiqiie  sur  le  Cantique  des  cantiques^  un  des  livres  les  plus  courts  et 
les  plus  obscurs  de  la  Bible.  La  conclusion  de  son  étude  est  que  ce 
poème,  «  au  sens  httéral,  chante  l'amnur  mutuel  de  Jéhovah  et 
d'Israël  et  retrace  à  grands  traits  l'histoire  religieuse  de  la  nation  élue, 
depuis  la  première  alliance,  lors  de  la  sortie  d'Egypte,  jusqu'à  l'ère 
messianique  »  (p.  m).  L'ancienne  traditi(»n  juive  lui  a  fuurni  cette 
donnée  fondamentale,  qu'il  s'est  ingénié  à  développer  et  à  justifier 
par  des  raisons  d'ordre  historique  et  Uttéraire.  Dans  l'Introduction, 
l'auteur  ébauche  l'interprétation  qu'il  adopte  et  discute  les  différents 
systèmes  d'interprétation,  qu'il  ramène  à  trois  grandes  catégories  : 
l'exphcation  allégorique,  l'cxphcation  naturaliste  et  l'exphcation 
mixte,  qui  superpose  au  sens  apparent  et  grammatical  un  sens  plus 
élevé  (spirituel  ou  typique).  Sa  critique  se  porte  d'abord  sur  cette 
dernière.  L'ordre  adopcé  ne  me  semble  pas  naturel  :  il  eût  mieux  valu 
répéter  en  première  ligne  l'interprétation  natuiahste,  qui  ne  voit  dans 
le  poème  qu'un  épithalame  et  qui  ne  se  concihe  guère  avec  la  canoni 
cité  du  livre,  puis  l'exphcation  mixte,  enfin  les  diverses  interpréta- 
tions afiégoriques.  Le  P.  Jouon  expose  ensuite  les  caiactères  (rehgieux 
et  saint,  national,  littéraires)  du  Cantique,  son  symbohsme,  la  ques- 
tion d'authenticité,  le  texte  et  les  versions.  Il  lui  «  paraît  problable  que 


—  199  — 

le  poème  a  été  composé  ou  à  la  fin  de  l'exil  ou  peu  de  temps  après  le 
retour  :  l'auteur  a  pu  l'écrire  aussi  bien  en  Babylonie  qu'en  Palestine  » 
(p.  92).  Il  ne  s'agit  donc  plus  d'attribution  salomonienne.  La  personne 
de  l'auteur  est  inconnue,  et  on  ne  peut  la  juger  que  d'après  son  œuvre. 
Le  texte  hébreu  nous  est  parvenu  dans  un  état  de  conservation  assez 
satisfaisant.  Le  nombre  des  passages  certainement  corrompus  est 
minime,  ainsi  que  celui  des  passages  critiquement  douteux.  Le  P. 
Joûjn  n'a  constaté  ni  glose  ni  transposition  certaine,  et  il  se  défie  avec 
raison  des  hypothèses  métriques  qui  exigent  de  nombreuses  transpo- 
sitions et  la  suppression  de  prétendues  gloses  ajoutées  au  texte.  Dans 
les  notes  bibliographiques^  il  a  suivi  l'ordre  alphabétique  des  noms  des 
commentateurs  (pourquoi  dire  Clericus,  et  pas  Jean  Leclerc?)  Il  eût 
mieux  valu  les  grouper  par  système  d'interprétation,  en  rangeant  les 
partisans  de  chaque  système  dans  l'ordre  chronologique.  La  traduc- 
tion française  est  donnée  d'un  seul  trait,  p.  111-123.  Elle  est  répétée, 
morceaux  par  morceaux,  dans  le  commentaire.  Je  n'y  vois  qu'avan- 
tages pour  le  lecteur,  et  aucun  inconvénient.  Le  commentaire  est  à  la 
fois  philologique  et  exégétique,  comme  le  sous-titre  l'indique.  La  partie 
philologique  est  traitée  avec  toute  l'étendue  qui  convient  à  un  com- 
mentaire scientifique.  Elle  a  de  réels  mérites,  et  elle  sera  utilement 
consultée,  même  par  ceux  qui  n'admettraient  pas  l'interprétation 
adoptée.  Quant  à  celle-ci,  elle  ne  me  semble  pas  prouvée,  malgré  les 
louables  efforts  de  l'auteur.  Le  principe  de  l'allégorie  de  l'amour  mu- 
tuel de  Jéhovah  et  d'Israël  est  fondé.  Mais  s'applique-t-il  au  Cantique, 
et  dans  quelle  mesure.^  Son  application  n'apparaît  pas  dès  le  début 
du  poème,  et  il  faut  Hre  plusieurs  hgnes  avant  de  rencontrer  une 
première  allusion.  Elle  diffère  de  celle  qu'ont  faite  les  prophètes  an- 
térieurs, si  on  adopte  la  date  pioposée  par  le  P.  Juûon.  Cette  diversité 
s'expHquerait  mieux,  si  le  poème  était  le  plus  ancien.  Plus  récent, 
comment  son  auteur  a-t-il  modifié  la  tradition?  Serait-ce  que  les  poètes 
prennent  aisément  des  licences?  Enfin, la  progression  aperçue  dans  le 
poème  et  l'appHcation  à  l'histoire  successive  d'Israël  ne  sont  pas 
suffisamment  prouvées.  Les  rares  allusions,  trouvées  dans  le  choix 
des  images,  etc.,  ne  sont  pas  transparentes  :  on  ne  les  aperçoit  que  si 
on  veut,  à  tout  prix,  justifier  un  système  d'interprétation  qu'on  a 
dans  l'esprit.  Bref,  le  P.  Joûon  n'a  pas  réussi,  à  mon  avis,  à  exphquer 
définitivement  l'énigme  du  Cantique.  L'effort  qu'il  a  fait  est  louable; 
il  ne  sera  pas  stérile,  car  il  aidera  certainement  à  mieux  comprendre 
beaucoup  de  particularités  d'un  texte  fort  obscur. 

7.  —  Dans  une  JDrochure,  qui  fait  partie  de  la  collection  Science 
et  Religion,  M.  Fillion  a  étudié  l'Existence  historique  de  Jésiis  et  le 
Rationalisme  contemporain.  Très  rares  sont,  parmi  les  rationalistes 
les  plus  avancés,  ceux  qui  ont  osé  nier  ou  mettre  en  doute  l'existence 


—  200  — 

historique  de  Jésus.  Il  s'en  est  trouvé  cependant  en  Allemagne,  en 
Angleterre,  en  Amérique  et  même  en  France.  M.  Fillion  les  nomme 
(Charles-François  Dupuis,  Bruno  Bauer  et  quelques  autres  à  sa  suite, 
Albert  Kalthoiï,  W.  B.  Smith  et  P.  Jensens),  et  il  expose  leurs  princi- 
paux arguments.  Il  est  regrettahle  qu'il  n'ait  rien  dit  des  trois  récents 
volumes  de  Heullard  sur  le  il/e/?5owge/iistori</tie;peut-êtren'avaient-ils 
pas  encore  paru,  quand  il  a  rédigé  son  étude.  M.  Fillion  rapporte  ensuite 
des  preuves  irréfutables  de  l'existence  personnelle  de  Jésus-Christ. 
Il  les  trouve  dans  les  témoignages  des  écrivains  païens  (Pline  le  Jeune 
Tacite,  Suétone),  des  écrivains  juifs  contemporains  et  des  chrétiens. 
Il  fait  ressortir  leur  signification,  explique  le  silence  de  Philon,  écarte 
les  interpolations  des  textes  de  Joséphe,  et,  pour  les  témoignages  chré- 
tiens, examine,  en  dehors  des  livres  du  Nouveau  Testament,  ce  que 
prouvent  les  agrapha.,  les  Pères  apostoliques,  les  Evangiles  apocryphes 
et  les  peintures  des  catacombes,  enfin  l'existence  du  christianisme 
comme  preuve  de  l'existence  de  son  fondateur.  La  conclusion  est  donc 
que  le  système  d'après  lequel  Jésus  n'aurait  jamais  existé  et  ne  serait 
qu'un  personnage  allégorique  ou  qu'un  mythe  juif,  babylonien,  chré- 
tien ou  composite,  non  seulement  n'a  pas  le  moindre  appui  dans 
l'histoire,  mais  est  une  «  monstruosité  «  en  face  de  la  vraie  science. 

8.  —  La  librairie  Nourry,  qui  s'est  fait  une  spécialité  de  publications 
modernistes  ou  modernisantes,  semble  abandonner  sa  série  d'ouvrages 
pseudonymes  et  la  continuer  par  des  écrits,  composés  par  des  protes- 
tants de  Strasbourg  ou  d'Amsterdam.  "En  voici,  au  moins,  deux  de  ce 
nouveau  genre,  sur  le  même  sujet.  Dans  Jésus  historique,  M.  Piepen- 
bring  se  propose  et  de  réagir  contre  le  scepticisme  de  certaines  publi- 
cations récentes,  telles  que  celles  de  M.  Guignebert,  et  de  rectifier 
certaines  opinions  actuelles  et  notamment  plusieurs  conclusions  de 
M.  Loisy  sur  la  personne  de  Jésus,  tout  en  acceptant  la  plupart  des 
résultats  critiques  et  historiques  de  son  commentaire  des  Evangiles 
synoptiques.  En  elTet,  il  corrige  diverses  appréciations  de  l'abbé 
'Loisy  par  des  considérations  empruntées  à  Harnack.  Soii  écrit  com- 
prend deux  parties.  Dans  la  première,  il  étudie  les  sources  :  lesLogia, 
qu'il  tient  pour  la  plus  ancienne  source  évangélique  et  dont  il  détermine 
le  contenu  à  peu  près  comme  Harnack;  le  Proto-Marc  ou  une  des  sour- 
ces de  notre  second  Evangile,  qui  est  presque  le  document  historique 
que  M.  Loisy  met  à  la  base  de  cet  écrit;  d'autres  éléments  primitifs, 
reproduits  par  saint  Matthieu  et  saint  Luc.  Dans  la  seconde  partie,  il 
extrait  de  ses  sources  ce  que  la  tradition  primitive  rapportait,  selon 
lui,  de  Jésus  historique.  11  rejette  comme  fausse  l'esjquisse  que  M.  Loisy 
a  tracée  de  la  carrière  de  Jésus,  parce  que  l'eschatologie  absorbe  ou  à 
peu  près  toute  cette  conception  du  ministère  du  Sauveur.  Pour  lui, 
comme  pour  Harnack,  l'eschatologie  n'est  qu'un  élément  secondaire. 


—  201  — 

et  la  paternité  divine  constitue  l'essence  du  christianisme.  C'est  dans 
ce  sens  qu'il  examine  successivement  les  deux  périodes  du  ministère 
de  Jésus,  distinguées  par  la  déclaration  messianique.  Au  sujet  de  la 
première,  il  s'écarte  de  M.  Loisy  tant  pour  la  durée,  les  premiers  succès 
et  surtout  les  caractéristiques  de  la  prédication,  qui  était  morale  et  de 
plus  en  plus  universaliste.  Le  messianisme  n'apparaît  que  dans  la  se- 
conde période;  mais,  loin  d'être  exclusivement  eschatologique, 
comme  on  le  prétend,  il  a  été  essentiellement  religieux  et  moral.  Sous 
ce  rapport,  M.  Piepenbring  comprend  l'Evangile  mieux  que  M.  Loisy. 
Mais  il  demeure  dans  la  note  du  protestantisme  libéral,  et  ne  reconnaît 
dans  le  Maître  divin  qu'un  homme  supérieur,  que  personne  n'a  dépassé 
ni  en  piété  ni  en  vertu.  La  tradition  des  Evangiles  nous  le  présente 
comme  le  Fils  de  Dieu,  non  seulement  dans  les  parties  qu'on  juge 
secondaires,  mais  encore  dans  les  passages  tout  à  fait  primitifs. 
M.  Piepenbring  est  demeuré  à  mi-chemin  dans  l'étude  de  Jésus  his- 
torique. 

9.  —  Dans  Jésus  de  Nazareth^  M.  Etienne  Giran  a  réuni  des  Notes 
historiques  et  critiques  en  vue  de  former  un  manuel  scolaire  de  critique 
et  d'histoire  concernant  Notre-Seigneur.  Il  emprunte  ces  idées  aux 
protestants  libéraux  et  aux  critiques  les  plus  avancés,  et  il  les  présente 
comme  les  idées  d'un  libre  croyant. Son  érudition  paraît  être  de  seconde 
main.  Le  nom  de  Wellhausen,  orthographié  toujours  Welhausen,  et  des 
inexactitudes  touchant  les  opinions  de  ce  critique  trahissent  qu'il  n'a 
vu  ses  ouvrages  que  de  très  loin.  Son  exposé  sur  la  situation  politique 
et  religieuse  de  la  Palestine  à  l'époque  de  Jésus  n'a  d'original  que 
quelques  attaques  indirectes,  et  d'ailleurs  inexactes,  contre  la  doctrine 
ou  les  institutions  catholiques.  Sous  ce  titre  :  Les  Sources  de  la  vie  de 
Jésus,  il  ne  donne  qu'un  résumé  amorphe  de  la  critique  évangélique; 
sur  les  sources  proprement  dites,  il  tient  le  Proto-Marc  pour  antérieur 
aux  Logia,  et  il  n'a  pas  sur  leur  contenu  les  mêmes  opinions  que 
M.  Piepenbring.  C'est  là  un  indice  évident  que  la  critique  littéraire  des 
Evangiles  est  loin  d'avoir  dit  son  dernier  mot.  M.  Giran  rejette  comme 
légendaires  les  récits  que  l'on  appelle  l'Évangile  de  l'enfance  et  il 
leur  substitue  comme  historique  la  reconstitution  archéologique  qu'en 
a  faite  M.  Edmond  Stapfer.  La  tentation  de  Jésus  n'a  rien  d'histo- 
rique, mais  elle  est  symbolique  et  elle  symbohse  tous  les  combats  que 
Jésus  a  soutenus  contre  Satan  durant  toute  sa  vie. 'A  propos  du  minis- 
tère en  Galilée,  qui  a  duré  trois  années,  l'auteur  présente  des  considé- 
rations philosophiques  comme  données  historiques,  et  il  fait  de  Jésus, 
prêchant  la  paternité  divine,  un  docteur  protestant.  Le  royaume  des 
cieux,  que  Jésus  annonce,  est  tout  intérieur.  Jésus  s'est  cru  le  Messie, 
et  il  a  prévu  sa  mort.  A  Jérusalem,  où  il  n'est  venu  qu'une  fois,  il 
comptait  dos  amis,  sans  qu'on  nous  apprenne  de  quand  datait  leur 


-  202  — 

amitié.  Les  doutes  émis  sur  la  non-existence 'de  Judas  ne  sont  pas 
fondés,  et  la  trahison  est  une  réalité.  Jésus  a  été  enseveli  par  Joseph 
d'Arimathie.  Si  le  tombeau  a  été  trouvé  vide,  c'est  que  les  chefs  juifs, 
qui  avaient  fait  clouer  Jésus  sur  la  croix,  avaient  enlevé  de  nuit  le 
cadavre.  Les  apparitions  de  Jésus  ont  été  le  résultat  naturel  d'extases 
individuelles  ou  collectives;  les  disciples  ont  vu  des  yeux  de  la  foi 
Jésus  vivant,  et  ils  ont  senti  en  eux  sa  présence.  Il  n'y  a  pas  eu  de  résur- 
rection; mais  l'âme  de  Jésus  est  restée  vivante,  et  la  foi  en  la  pésurrec- 
tion  n'est  que  la  foi  à  l'immortalité.  On  le  voit,  M.  Giran  est  un  éclec- 
tique ;  il  choisit  ses  opinions  librement  parmi  celles  qui  sont  en  vogue 
chez  les  protestants  libéraux.  Il  est  partisan  de  «  la  foi  libre  ».  Pourquoi 
rédiger  un  manuel?  Sinon  pour  indiquer  les  opinions  entre  lesquelles 
les  croyants  de  son  espèce  feront  leur  libre  choix.  Ce  livre  a  beaucoup 
moins  de  valeur  que  le  précédent.  Il  justifie  un  essai  cathohque,  du 
même  genre,  mais  pas  du  même  esprit,  tel  que  celui  de  M.  Labourt, 
signalé  plus  haut. 

10. —  Après  r Evangile,  et  comme  suite  à  cet  ouvrage,  M.Verdunoy 
donne  au  public  l'Eglise  apostolique,  ou  la  traduction  et  le  commen- 
taire des  Actes  des  Apôtres,  des  Epîtres  et  de  l'Apocalypse.  Ce  n'est 
donc  pas  une  histoire  de  l'Eghse  apostolique,  mais  une  version  com- 
mentée des  écrits  apostoliques.  Après  une  courte  Introduction  générale, 
relatant  les  faits  historiques  et  exposant  la  situation  de  l'Éghse  chré- 
tienne, au  point  de  vue  de  la  vie  rehgieuse  et  de  l'apostolat,  l'auteur 
aborde  successivement  les  livres  du  Nouveau  Testament.  La  méthode 
est  uniforme  :  Introduction  ou  notions  préhminaires,  traduction  du 
texte  divisé  en  morceaux  et  commentaire  succinct  de  chaque  morceau, 
La  traduction  est  faite  sur  le  grec.  Les  Epîtres  de  saint  Paul  sont 
rangées  par  ordre  chronologique.  L'auteur  met  la  lettre  aux  Galates 
la  première,  vers  53.  Cette  date  ne  s'impose  pas,  et,  à  mon  avis,rEpitre 
aux  Galates  a  précédé  de  peu  celle  aux  Romains,  dont  elle  traite 
sommairement  la  doctrine  comme  si  elle  en  était  une  ébauche.  L'Épître 
de  Jude  est  traduite  parallèlement  à  la  seconde  de  Pierre.  M.  Verdunoy 
est  bien  au  courant  du  sujet,  sans  le  dominer  toutefois  et  en  être  par- 
faitement maître.  Il  dépend  trop  visiblement  des  ouvrages  qu'il  a 
consultés.  Son  exposition  est  très  personnelle  pour  la  forme,  qui  est 
châtiée,  sinon  pour  le  fond.  Il  adopte  des  hypothèses  qui  ne  sont  pas 
nécessaires,  qui  surchargent  plutôt  inutilement  la  solution  des  pro- 
blèmes et  que  les  meilleurs  exégètes  laissent  de  côté.  Ainsi,  il  suppose 
une  seconde  lettre  aux  Corinthiens  perdue.  Certaines  conclusions 
manquent  de  fermeté.  Tantôt  il  affirme  nettement  que  saint  Luc  est 
l'auteur  des  Wirsiiicke,  tantôt  il  énonce  quelque  doute  à  ce  propos. 
Telle  affirmation  est  trop  catégorique;  celle-ci,  par  exemple,  que 
l'Épître  aux  Hébreux  n'est  plus  attribuée  à  saint  Paul  (p.  128).  Du 


—  203  - 

reste,  la  question  de  l'auteur  de  cette  lettre  est  traitée  d'une  façon 
incomplète  tant  au  point  de  vue  de  la  tradition  ecclésiastique  qu'au 
point  de  vue  de  la  critique,  et  les  rapports  du  contenu  de  cette  Épître 
avec  la  doctrine  de  saint  Paul  sont  insuffisamment  exposés  (p.  378-383), 
Il  est  loin  d'être  certain  que  cette  lettre  a  été  adressée  à  une  Église 
italienne,  purement  judéo-chrétienne  (p.  384-385).  On  pourrait  relever 
un  certain  nombre  d'inexactitudes  ou  d'impropriétés  dé  termes:  «Jacques 
force  Paul  à  se  purifier  solennellement  dans  le  Temple  »  (p.  10).  Le 
texte  ne  contient  pas  un  ordre,  mais  un  simple  conseil   (p.   98-99). 
Le  cas  d'Apollo  ne  prouve  pas,  comme  il  est  dit  (p.   90),  que  pour 
le  catéchuménat  à  cette  époque  on  réservait  l'explication  du  baptême 
au  moment  même  de  l'initiation.  Cette  discipline  est  bien  postérieure. 
L'argument  que  saint  Paul  tire  des  pains  azymes,  I  Cor.,  v,  7,  8,  ne 
prouve  rien  en  faveur  de  la  date  j<ihannique  de  la  dernière  cène,  car, 
à  rencontre  de  ce  qui  est  dit  (p.  177,  note),  l'usage  exclusif  des  azymes 
ne  commençait  que  le  15  nisan,  compris  à  la  façon  juive,  après  l'immo- 
lation de  l'agneau  qui  terminait  la  journée  du  14.  Il  est  faux  que  saint 
Denys  d'Alexandrie  ait  attribué  l'Apocalypse  au  presbytre  Jean,  qu'il 
ne  connaît  pas  (p.  482);   il  la  rapporte  à  un  autre  Jean,  distinct  de 
l'évangéliste.  Dans  la  préface  (p.  v),  la  Pentecôte  est  placée  40  jours 
après  la  Passion;  le  prodig?  n'est  pas  assez  clairement  décrit  comme 
glossolalie,  et  les  apôuies  (à  savoir  saint  Pierre)  ne  proclamaient  pas 
seulement  la  suri>ie  de  leur  Maître,  mais  sa  résurrection.  La  phrase  en- 
tière est  donc  inexacte  et  imprécise.  L'exposé  de  la  doctrine  de  saint 
Paul,  fait  p.  122  sq.,  est  théorique  et  n'indique  pas  la  marche  suivie 
par  l'esprit  de  l'apôtre.  Est-il  juste  de  dire  que  saint  Pai^l  emprunte 
aux  Septante  le  fond  de  son  vocabulaire  théologique  (p.  127)?  On  sait 
aujourd'hui  que  beaucoup  de  termes,  réputés  jadis  des  hébraïsmes, 
étaient  usités  dans  le  langage  vulgaire  du  temps;  saint  Paul  les  a  em- 
ployés pour  exprimer  des  vérités  nouvelles.  Suffît-il  de  dire  qu'en 
écrivant  aux  Romains,  l'apôtre  «  expose  le  résultat  de  ses  réflexions 
personnelles  en  même  temps  qu'un  résumé  de  l'histoire  extérieure 
de  l'Eghse  «  (p.  235)?  Les  réflexions  personnelles  do  Paul  ont  au 
moins  porté  sur  l'enseignement  de  Jésus,  qu'elles  ont  exphqué,  appro- 
fondi et  appliqué  à  la  situation  des  destinataires  de  sa  lettre.  Malgré 
ces  inexactitudes  de  détail,  l'ouvrage  de  M.  Verdunoy  peut  être  recom- 
mandé et  fera  du  bien,  en  répandant  dans  le  public  le  texte  inspiré 
des  écrits  apostoliques. 

11.  —  La  proximité,  sinon  l'imminence,  de  la  parousie,  qui,  selon 
M.  Verdunoy,  est  acceptée  dans  la  communauté  chrétienne  pendant 
tout  le  i^r  siècle  (p.  5),  fait  l'objet,  au  moins  pour  les  Épîtres  de  saint 
Paul,  dans  les  Biblische  Studien,  d'une  savante  monographie,  qui  a 
pour  auteur  le  jeune  docteur,  M.  Tillmann  :  Die  Wiederkunft  Christi 


—  204  — 

nach  âen  paiûinischen  Briefen.  Le  chapitre  I^^  donne  un  aperçu  général 
de  l'enseignement  de  saint  Paul  sur  ce  point  :  l'apôtre  a  toujours  admis 
la  proximité  du  retour  de  Jésus.  Le  chapitre  II  sur  la  distinction  du 
temps  présent  et  du  temps  futur  rentre  encore  dans  les  préliminaires. 
Le  fond  est  abordé  dans  les  autres  chapitres.  Le  III^  et  le  lY^  traitent 
de  la  date  de  la  parousie.  L'auteur  explique  longuement  les  passages 
les  plus  importants,  dans  lesquels  saint  Paul  parle  de  la  seconde  Avenue 
de  .Jésus.  Il  exagère  souvent  le  sens  de  son  interprétation,  et  il  voit 
une  confirmation  de  son  sentiment  dans  des  détails  du  texte,  qui 
supporteraient  aisément  une  explication  différente  et  atténueraient 
la  pensée  qu'on  attribue  à  l'apôtre.  Il  serait  trop  long  de  relater  ici 
tous  les  points  sur  lesquels  porteraient  de  notables  nuances  d'inter- 
prétation. La  conclusion  de  l'auteur  (p.  117-118)  est  que  saint  Paul 
a  espéré  que  la  génération  qui  vivait  de  son  temps  verrait  le  Seigneur. 
Nulle  part  il  n'a  dit  qu'il  pourrait  y  avoir  d'autres  générations  avant 
la  parousie.  Toutefois,  il  n'a  jamais  affirmé  que  ce  retour  aurait  lieu 
avant  sa  mort  ;  il  ne  pouvait  pas  le  dire  avec  certitude.  Cependant, 
à  l'époque  où  il  écrivait  la  P*^  Épître  aux  Thessaloniciens  et  la  P*^  aux 
Corinthiens,  il  ne  voyait  aucune  impossibilité  à  se  trouver  encore  au 
nombre  des  vivants,  qui  ne  mourraient  pas  à  la  venue  du  Seigneur. 
Ce  vague  espoir  a  diminué  au  moment  où  il  rédige  la  II^'  lettre  aux 
Corinthiens,   et  l'apôtie  croit   qu'il  sera   mort   peut-être,   quand  le 
Seigneur  viendra.  Mais  il  a  désiré  en  être  témoin  de  son  vivant,  et  il 
n'a  jamais  douté  de  la  proximité  du  retour.  Ces  conclusions  sont  un 
peu  différentes  de  celles  de  M.  Verdvmoy  (p-  125-126,  3S6).  L'accord 
est  loin  d'exister  entre  les  exégètes  en  ces  matières  délicates  et  difficiles, 
et  il  faut  être  prudent  et  circonspect  danssesaffirmations.  Le  chapitre  V 
est  consacré  aux  signes  précurseurs  du  retour,  c'est-à-dire  aux  évé- 
nements qui  doivent  se  produire  avant  la  réalisation  prochaine  du 
retour.  Ce  sont  l'entrée  des  païens  dans  le  royaume  ou  l'Église,  la 
conversion  d'Israël,  l'apostasie  et  l'avènement  de  l'Antéchrist.  Les 
deux  premiers  précéderont  le  dernier;  mais  l'apostasie  est  déjà  com- 
mencée et  ira  toujours  croissant.  Ils  se  concilient  avec  la  proximité  du 
retour.  Dans  le  chapitre  M,  l'auteur  expose  comment  s'accomplira 
le  retour  :  Jésus  descendra  du  ciel  sur  terre  avec  les  anges  et  les  saints 
pour  juger  le  monde,  et  il  traite  du  juge,  des  justiciables,  de  l'objet  du 
jugement  et  du  moyen,  par  le  feu.  Les  rapports  de  la  parousie  avec  la 
résurrection  des  morts  sont  signalés  au  chapitre  VII.  L'auteur  n'admet 
pas  qu'il  y  ait  entre  les  deux  événements  un  intervalle,  dans  lequel 
aurait  lieu  la  punition  des  coupables,  ni  que  saint  Paul  parle  exclusive- 
ment de  la  résurrection  des  bons  et  se  tait  sur  celle  des  méchants 
pour  la  mort  éternelle,  ni  que  les  ressuscites  aient  déjà  revêtu  un  corps 
céleste,  dont  ils  se  dépouilleront  pour  reprendre  leur  corps  ressuscité. 


—  205  — 

On  le  voit,  cette  étude  porte  sur  des  questions  difficiles.  L'auteur  les 
discute  longuement  et  solidement.  Il  projette  beaucoup  de  lumière 
sur  des  chapitres  qui  sont  des  plus  obscurs  des  Épîtres  do  saint  Paul. 
Son  interprétation  n'est  pas  définitive;  elle  appelle  des  correctifs; 
niiais  sur  les  points  même  où  elle  est  le  plus  contestable,  elle  attire 
l'attention  sur  des  difficultés  qu'un  examen  superficiel  n'aurait  pas 
fait  voir,  elle  provoque  la  discussion  et  elle  rapproche  de  la  solution. 
La  monographie  do  M.  Tillmann  mérite  donc  d'être  méditée;  elle  fera 
avancer  la  question  de  la  proximité  delà  parousie,  question  si  angois- 
sante pour  beaucoup  d'âmes,  si  agaçante  quand  elle  est  résolue  trop 
lestement,  et  exagérée  à  plaisir, même  par  certains  exégètes  catholiques. 
12.  —  La  collection  des  Documents  pour  l'étude  de  la  Bible,  publiée 
sous  la  direction  de  M.  l'abbé  François  Martin,  s'est  enrichie  d'un 
volume  sur  Y  Ascension  d'haie,  dû  à  la  plume  de  M.  Tisserant,  profes- 
seur d'assyrien  à  l'Apollinaire,  à   Rome.  L'ouvrage  comprend  une 
traduction  de  la  version  éthiopienne,  par  laquelle  cet  écrit  nous  est 
parvenu  en  son  entier,  avec  les  principales  variantes  des  versions 
grecque,  latines  et  slave,  qui  en  ont  conservé  quelques  fragments. 
Cet  apocryphe,  d'origine  juive  et  chrétienne,  remonte    à  la   fin  du 
i^r  siècle  de  notre  ère.  Il  est  donc  important  pour  les  notions  qu'il  con- 
tient sur  Dieu,  le  Fils  de  Dieu,  le  Saint-Esprit,  les  sept  cieux,  les  anges 
et  les  démons,  l'Eglise  chrétienne  et  le  martyre  de  saint  Pierre  à  Rome. 
Ces  doctrines  sont  exposées  au  début  de  l'Introduction,  après  une 
courte  analyse  du  livre.  Vient  ensuite  l'histoire  du  livre,  de  ses  ver- 
sions et  l'étude  du  problème  littéraire,  c'est-à-dire  de  la  composition 
et  de  la  date  de  cette  Ascension.  Ici,  M.  Tisserant  a  exposé  les  vues 
diverses  de  ses  devanciers  pour  se  rallier  dans  l'ensemble  à  celles 
de  Charles.  Les  rapports  de  l'apocryphe  avec  les  littératures  juive  et 
chrétienne  et  avec  les  traditions  orientales  sont  signalés  avec   soin. 
Observons  qu'au  point  de  vue  chronologique  le  Talmud  de  Jérusalem 
aurait  dû  être  placé  avant  celui  de  Babylone,  et  que  Commodien  est 
plutôt  du  v^  siècle  que  du  iii^.  Une  bibliographie  complète  termine 
cette  soUde  Introduction.  Comme  dans  les  volumes  précédents  de 
la  collection,  la  traduction  est  accompagnée  d'un  double  étage  de 
notes  :  le  premier  indiquant  les  variantes  des  manuscrits,  le  second  d  js 
notes  explicatives  de  tous  lespassages  obscurs  ou  intéressants.  Ajoutons 
que  les  fragments  latins  sont  reproduits  parallèlement  à  la  version 
française  de  l'éthiopien  et  que  la  légende  grecque  d'Isaïe,  dépendante 
de  l'Ascension,  est  traduite  en  appendice.  Une  table  alphabétique  des 
matières  permet  de  se  reporter  au  texte.  Le  travail  fait  honneur  à  son 
jeune  auteur  et  au  maître  qui  l'a  dirigé.  Le  public  en  tirera  de  réels 
profits  pour  l'histoire  des  doctrines,  et  aura  à  sa  disposition  un  écrit 
important,   peu  connu  eu  France,   quoiqu'il  ait  été  partiellement 


—  206  — 

traduit  dans  le  Dictionnaire  des  apocryphes,  de  Migne.  Les  personnes 
qui  compareront  les  deux  publications  constateront  avec  bonheur 
les  progrès  réalisés  parmi  nous  pour  l'étude  et  l'édition  des  apocryphes 
de  l'Ancien  Testament. 

13.  —  Le  Pays  de  l'Êi^angile  est  le  récit  d'un  pèlerinage  que  M.  Gaus- 
sens,  curé  de  Notre-Dame  de  Bordeaux,  a  fait  en  Terre  Saintp.  La 
première  partie  répond  seule  au  titre  et  nous  transporte  de  plain  pied 
à  Jérusalem,  puis  en  Judée  et  en  Galilée.  Le  journal  du  pèlerin  est 
bien  écrit;  néanmoins,  il  laisse  constamment  l'impression  du  déjà  vu. 
Comme  toutes  les  relations  analogues,  on  y  trouve  des  descriptions 
pittoresques,  des  renseignements  empruntés  aux  Guides,  des  impres- 
sions de  piété  et  de  détails  de  soifs,  plus  ou  moins  bien  satisfaites, 
car  il  fait  chaud  voyager  en  Orient.  Le  reste  du  volume  :  Voyage 
interméditerranéen,  Constantinople,  Egypte,  raconte  les  étapes  du 
voyage  en  Terre  Sainte,  à  l'aller  et  au  retour,  en  sorte  que  le  lecteur 
se  trouve  à  Marseille,  pour  le  départ,  après  avoir  terminé  le  Vf'yage 
de  la  Palestine.  Cette  partie  a  été  plus  neuve  pour  moi,  encore  que 
tous  les  détails  personnels  m'aient  laissé  fort  indifférent.  Ce  récit  a  paru 
d'abord  dans  la  Voix  de  Saint-Romain,  bulletin  paroissial  de  Blaye. 
Il  a  dû  intéresser  vivement  les  anciens  paroissiens  de  M.  Gaussens; 
il  aurait  pu  se  contenter  de  ce  succès  et  ne  pas  en  solliciter  un  autre, 
qui  probablement  sera  beaucoup  moindre.  E.  Mangenot. 


POÉSIE  —  THEATRE 

[Suite.) 

22.  Heures  vécues,  par  Réno.  Paris,  Messein.  1909.  in-18  de  47  p  ,  1  fr.  50.  —  23. 
Les  Beaux  Jours,  par  Jacques  Chenevière.  Paris,  Lemerre,  1909,  in-18  de  129  p., 
3  fr.  —  2'i.  Lecture  et  récitation,  par  Maurice  Bouchor  (cours  supénrur  et  moyen 
des  écoles  primaires).  Paris,  Corni''ly,  1909,  in-12  cartonné  de  xi\  96  p.,  1  fr.  — 
25.  Le  Voile  des  choses,  par  Paul-Louis  Aubert.  Paris,  Lemerre,  1909.  in-18 
de  119  p.,  3  fr.  —  26.  L'Ame  inquiète,  par  Jacques  Noir.  Pari-,  Édition  du  Bef- 
froi, 1909,  in-12  de  133  p.,  3  fr.  50.  — 27.  Les  Synthèses,  poèmes  philosophiques, 
par  J.  Bru  d'Esquille.  Paris,  Lemerre,  1909,  in-18  de  157  p.,  3  fr.  —  28.  Le 
Chapelet  d'arnbre,  par  Chatir  Bey.  Pans,  Messein,  1909,  in-18  de  179  p.,  3  fr.  50. 

—  29.  Le  Luth  d'amour,  par  "Yvon  Sthel.  Paris,  Daragon,  in-18  de  142  p.,  2  fr.  — 

—  30.  Trois  années  (1905-1908),  par  P'rancis  Éon.  Alençon,  Édition  du  Divani 
1909,  in-12  de  113  p.  —  31.  Les  Soirs,  par  Liton  Chevalet.  Paris,  Perrin,  1909, 
in-16  de  206  p.,  3  fr.  50.  —  32.  Les  Deux  Jeunesses,  par  Emile  Rochard.  Paris, 
Lemerre,  1909,  in-18  de  xx-228  p.,  3  fr.  —  33.  La  Légende  de  r homme,  par  Nelson 
Couytigne.  Paris,  Édition  du  Beffroi,  1909,  in-12  de  34  p.,  1  fr.  —  34.  Nouveaux 
Rondels  païens,  par  Ferdinand  Lovio.  Paris,  Messein,  1908,  in-18  de  396  p., 
3  fr.  50.  —  35.  Aux  Jeunes-Turcs,  par  Robert  Huchard.  Paris,  Perrin,  s.  d.,  in-16 
de  10  p.,  1  fr.  —  36.  La  Guerre,  par  le  même.  Même  éditeur,  s.  d.,  in-lS  de  28  p., 
1  fr.  —  37.  Les  Jardins  de  Bade,  ballades  des  bords  du  Rhin,  par  Georges  Philippe. 
Paris,  Édition  du  Beffroi,  19C9,  in-12  de  108  p.  —  38.  Vingt  Poèmes  tn  prose, \>AV 
Marcel  de  Malherbe.  Paii.s,  I,emerre,  19'  9,  in-8  de  144  p.  3  fr. 

TrÉATRE.  —   i_.    Études  dramatiques.   Tome  IV.   Le  Déluge,  par  Adolphe   Mônv. 
Paris,  Plon-"Nourrit,  1009,  in-16  de  206  p.,  3  fr.  50.  — 2.  Œuvres  médites  de  P.-J- 


—  207  — 

DE  BÉRANGER.  Préface  et  notes  par  L.  Henry-Lecomte.  Paris,  Daragon,  1909, 
in-8  de  238  p.,  avec  portrait,  8  fr.  —  3.  Mérovée,  drame  historique  en  5  actes  en 
vers,  par  Blanche  Schnitzler.  Paris,  Lemerre,  1909,  in-8  de  110  p.,  2  fr.  50.  -^ 
4.  Au  soleil  du  rêve,  par  Gaston  Sorbets.  Paris,  Lemerre,  1909,  in-18  de  148  p. 
3  fr.  —  5.  Théâtre  contre  la  guerre.  Scènes  de  guerre  de  tous  les  temps,  par  Paul 
Lacombe.  Paris,  Messein,  1908,  in-4  de  151  p.,  2  fr.  —  6.  Jeanne  d'Arc  libéra, 
trice,  tragédie  en  3  actes,  par  Mgr  Henri  Debout.  Paris,  Téqui,  1909,  in-12  de 
68  p.,  1  fr.  —  7.  Dialogues  des  vivants,  par  Jean  de  la  Grèze.  Paris,  Lemerre, 
1909,  in-18  de  309  p.,  3  fr.  50.  —  8.  Théâtre  de  la  Révolution,  par  Romain  Rolland. 
Paris,  Hachette,  1909,  in-16  de  vin-359  p.,  3  fr.  50. 

22.  —  M.  Réno  est  disciple  de  Musset.  I. 'alexandrin  des  Heures  vécues 
imite,  dans  une  certaine  mesure,  l'élan  et  l'abandon  de  celui  des  Nuits. 
Ti'amour  chanté  par  le  poète  est  de  ceux  que  réprouve  la  «  froide 
morale  ». 

Pour  se  faire  une  idée  de  l'inspiration  de  M.  Réno,  il  n'est  pas  mau- 
vais de  citer  des  débuts  de  pièces  comme  celui-ci  : 

Vous  tous  qui  m'entourez,  intrépides  buveurs. 
Suspendez  un  moment  ces  joyeuses  ripailles 
Et  joignez-vous  à  moi  pour  entonner  des  chœurs 
En  l'honneur  du  bon  vin  et  des  vieilles  futailles. 

Musset  aussi  aimait  le  bon  \4n.  On  voit  que  l'élève  est  fidèle  au 
maître  de  point  en  point;  mais  l'on  n'égale  pas  toujours  ceux  que 
l'on  imite,  et,  d'autre  part,  il  serait  louable,  en  imitant,  de  ne  s'atta- 
cher qu'aux  bons  côtés. 

23.  —  En  un  langage  souple  et  gracieux,  de  forme  souvent  classique 
et  d'inspiration  parfois  romantique,  M.  Jacques  Chenevière  chante 
Ips  Beaux  Jours,  et  spécialement,  dans  lesdits  beaux  jours,  les  jeunes 
personnes  en  robe  blanche  qui  déambulent  sur  les  terrasses  et  sous  les 
marronniers.  Il  montre  le  soleil 

Buvant  des  grains  d'argent  dans  le  creux  d'une  fleur. 

Cet  autre  vers  pourrait  servir  de  leit  motw  au  volume  : 

Que  le  jour  est  charmant  sur  les  robes  d'été. 

Plusieurs  pièces  rappellent,  comme  genre,  T  «  épitre  »  poétique. 
Voici  une  jolie  fin  de  rêverie  sur  l'eau 

Midi...  La  sueur  perle  et  coule  sur  les  fronts, 
Des  gouttes  de  cristal  tombent  des  avirons. 
Et  je  pense,  en  voyant  la  terre  si  prochaine, 
Que  tout  à  l'heure,  assis  près  des  roses,  rentré 
Dans  le  jardin  paisible  et  frais,  j'écouterai 
Bourdonner  la  chaleur  et  rire  la  fontaine. 

La  langue  de  M.  Chenevière,  comparée  à  celle  des  poètes  contem- 
porains, est  remarquablement  pure. 

24.  —  M.  Maurice  Boucher  travaille  pour  les  petits.  Dans  Lecture 
et  récitation,  il  leur  oflVe  un  peu  de  vers,  avec  beaucoup  de  prose  autour. 
Les  vers  sont  insignifiants.  La  prose  témoigne  d'un  effort  pour  se 


—  208  — 

mettre  à  la  portée  de  l'eiifant,  mais  cet  effort  lui-même  est  parfois 
comique  et  puéril.  Jj'auteur  nous  conte  dans  sa  Préface  qu'il  avait, 
en  une  édition  précédente,  laissé  percer  plus  de  spiritualisme  et  de 
patriotisme,  mais  que,  dans  cette  édition  nouvelle,  il  a  sabré  ça  :  il 
faut  se  mettre  au  goût  du  jour.  Sur  l'ensemble  plane  quelque  chose  de 
prudhommesque.  Mais  M.  Prudliomme  a  rajeuni  et  tient  sa  phraséo- 
logie au  courant. 

25.  —  Dans  le  Voile  des  choses,  M.  Paul-Louis  Aubert  chante  princi- 
palement l'Amour  (avec  un  A  majuscule),  et,  après  l'avoir  longuement 
exalté,  finit,  à  la  dernière  pièce,  par  le  traiter  de  «  pernicieux  Tyran  » 
(avec  un  T  non  moins  majuscule).  Il  y  a  dans  ces  vers  de  la  facilité, 
de  la  médiocrité,  une  certaine  grâce  mignarde,  des  expressions  à  la 
mode  (lune  bleue,  silence  bleu),  du  paganisme,  et  surtout  une  mélan- 
colie d'un  genre  rebattu  qui  ne  touche  pas  le  moins  du  monde. 

26.  —  M.  Jacques  Noir,  dans  VAmc  inquiète,  pousse    l'inquiétude 

jusqu'à  la  bizarrerie.  Ce  sont  des  vers  fantasques,  souvent  irréguliers, 

parfois  vraiment  lyriques,  œuvre  d'un  «jeune»  passionné,  qui  abhorre 

les  «  bourgeois  »  et  les  «  mufles  ^>  et  qui  dit  carrément  dans  sa  Préface  : 

«  L'auteur  n'est  pas  un  modeste.  »  Il  dit  encore  : 

Mon  âme  est  celle  d'un  cloporte,  _ 

Et  je  vais,  mes  mille  pattes  recroquevillées  sur  la  vie,  \) 

Guettant  le  soleil  à  travers  les  nuages  gris 

Et  réveillant  mes  illusions  ensevelies. 

Et  mes  illusions  ne  sont  pas  si  mortes, 

Elles  font  bourdonner  ma  tête  qui  n'est  plus  bien  forte;.. 

Et  plus  loin  : 

Mon  pauvre  cerveau  déménage. 

Pauvre  garçon  I  Mais  alors  il  faut  vous  soigner.  Du  reste,  il  y  a  encore 
de  l'espoir  chez  vous,  car  il  y  a  de  l'étofl'e. 
■  27.  —  M.  Bru  d'Esquille  est  grave,  grave;  et  cette  gravité  est  triste, 
triste.  Cet  homme  qui  a  perdu  la  foi  est  obsédé  par  l'idée  religieuse- 
Il  éprouve,  dans  les  Synthèses,  le  besoin  de  parler  sans  cesse  de  la  reli- 
gion pour  nous  dire  qu'il  n'en  faut  pas.  De  là  des  tartines  philoso- 
phiques où  il  est  question  de  la  justice,  de  la  liberté,  de  la  solidarité,  de 
l'évolution,  du  devenir,  de  l'Inquisition,  des  Borgia  et  autres  matièi-es 
non  moins  originales.  M.  Brù  d'Esquille,  lui,  met  tout  cela  en  vers 
émaillés  d'abstraction.  Il  en  veut  aux  prêtres  en  général  et  au  Pape  en 
particuher.  On  croirait  parfois  lire  du  Condorcet  versifié.  11  n'admet 
pas  l'iramortahté  de  l'Ame   : 

Volontaire  émigré  de  la  foi  routinière, 
J'entendrai  sans  frayeur  sonner  l'heure  dernière 
Et  je  m'endormirai,  tranquille  désormais, 
Dans  la  nuit  qui  commence  et  ne  finit  jamais. 

On  conçoit  qu'un  poète  semblable  ne  soit  pas  gai,  malgré  quelque» 

sonnets  gracieux  qu'il  adresse  à  sa  fille. 


—  209  — 

28.  —  Le  Chapelet  d'ambre  est  un  recueil  plutôt  faible,  composé  en 
partie  de  sonnets  où  l'auteur,  Chatir-Bey,  rime  des  déclarations  d'a- 
mour à  différentes  personnes,  désignées  par  des  initiales,  sans  avoir 
l'air  de  se  douter  de  ce  qu'il  y  a  de  bizarre  et  de  naïvement  cynique 
dans  ce  procédé.  Ce  monsieur  aime  vraiment  trop  de  dames  p oui- 
que  nous  nous  intéressions  à  ses  amours,  et,  du  reste,  les  vers,  pleins 
d'incorrections  prosodiques  et  grammaticales,  ne  rachètent  pas  le  fond. 
Suivent  des  Méditations  assyriennes  où  l'on  ne  comprend  goutte, 
sinon  qu'elles  n'ont  rien  d'assyrien.  L'ensemble  est  jeune,  maladroit, 
avec  une  certaine  ingénuité  dans  la  ferveur  volage,  et  quelque  chose 
de  transi  qui  désarme,  tout  en  ennuyant. 

29.  —  Dans  le  Luth  d'amour^  M"^*^  Yvon  Sthel,  faisant  parler  une 
certaine  '<  Doloros  »,  poursuit  d'un  amour  exalté,  inquiet,  idolâtrique,  un 
quidam  qui  n'a  pas  l'air  d'y  répondre  beaucoup.  Le  style  est  riche  en 
incorrections,  en  obscurités  et  en  impropriétés  de  termes.  Détail  co- 
mique: le  volume  paraît  avec  une  «Lettre-Préface»  de  François  Coppée, 
qui  félicite  l'auteur  d'aborder  le  genre  de  la  fable.  Or,  û  n'y  a  qu'une 
fable  dans  le  recueil.  C'est  la  première  pièce,  la  seule  évidemment 
que  le  pauvre  Coppée  ait  lue.  Mais  il  lui  était  si  doux  de  faire  plaisir  ! 

30.  ■ —  Le  recueil  de  M.  Francis  Éon  intitulé  :  Trois  années  (1905- 
1008),  débute  ainsi  : 

Ne  t'en  va  pas,  ô  ma  douleur,  je  t'en  supplie. 
Comme  je  serais  seul  si  tu  allais  mourir  I 

La  subtilité  du  sentiment  donne  tout  de  suite  la  note,  et  l'hiatus 
est  également  révélateur.  En  fait,  M.  Éon  est  un  décadent  modéré, 
qui  travaille  à  ne  pas  être  naturel,  mais  qui,  malgré  les  nuages  dont 
il  s'enveloppe,  reste  souvent  assez  clair.  L'alambiqué,  sous  sa  plume, 
touche  parfois  au  joli  :  ~"- 

Afin  de  penser  mieux,  elle  baissait  la  lampe. 

Malgré  tout,  le  rythme  est  généralement  correct,  et  c'est  quelque 
chose. 

.31.  —  Que  peut-on  faire  dans  les  Soirs,  sinon  d'y  rêver?  M.  Liton 
Chevalet  y  rêve  donc;  mais  c'est  une  rêverie  flottante  et  banale,  bien 
que  l'auteur  vise  au  tragique  et  au  pénétrant.  Si  l'on  nous  passe  l'ex- 
pression, le  volume  est  d'une  tristesse  laborieuse.  Les  jolis  vers  sont 
rares.  En  voici  un  : 

A  quoi  bon  regarder  les  larmes  du  printemps? 

Souvent  l'alTectation  les  gâte  : 

Oh  !  que  je  souffre  !...  oh  !  que  c'est  doux  !... 

Il  faut  Tout  supporter...  et  n'approfondir  Rien  I... 

J'ai  déjà  trop  souffert,  et  je  n'ai  plus  de  cœur. 

La  succession  et  l'entrelacement  des  rimes  choquent  parfois  l'oreille. 
Septembre  1909.  T.  CXVL  14. 


—  210  — 

Les  images  sont  incolores  ou  usées.  On  ne  peut  nier  un  certain  déploie- 
ment de  lyrisme,  mais  l'idée,  souvent  insignifiante,  n'est  pas  à  la  hau- 
teur du  ton. 

.32.  —  M.  Emile  Rochard,  qui  dirigea  plusieurs  théâtres,  fait  aussi 
des  vers  anacréontiques.  Les  Deux  Jeunesses  sont  l'œuvre  d'un  libertin 
persévérant,  qui  d'ailleurs,  au  point  de  vue  de  la  versification,  demeure 
conservateur.  Le  poète  est  toujours  gai,  inais  d'une  gaieté  systéma- 
tique et  parfois  grimaçante.  Notons  comme  exception  la  strophe  sui- 
vante, empruntée  à  une  pièce  où  il  compare  au  cœur  de  sa  mère  celui 
des  autres  femmes  : 

A  l'heure  du  péril,  pour  calmer  les  tourmentes, 

Aucun  n'a  le  vrai  talisman  : 
Il  faudrait  tous  les  cœurs  de  toutes  les  amante? 

Pour  faire  un  seul  cœur  de  maman. 

33.  —  La  Légende  de  l'homme,  de  M.  Nelson  Couytigno,  est  une  «  vi- 
sion K,  ou  plus  exactement  un  discours  obscur  et  déclamatoire  sur 
les  épreuves' et  l'avenir  de  l'humanité,  symbolisé  —  une  fois  de  plus  — 
par  une  sorte  de  Prométhée  qui  triomphe  de  son  vautoufr'^^^^elques 
alexandrins,  çà  et  là,  sont  bien  frappés. 

'à-i.  —  Des  Nouveaux  Rondels  païens,  de  M.  Ferdinand  Lovio,  rien 
à  dire  sinon  qu'ils  ne  volant  pas  leur  titre,  ave(^  cette  réserve  que  l'au- 
teur, d'ailleurs  plat  et  monotone,' est  bien  moins  décent  que  la  plu- 
part df-s  poètes  païens. 

3.'>.  —  M.  1-lobert  Huchard,  en  une  mince  plaquette,  adresse  .4 fja: 
Jeunes-Turcs  des  félicitations  solennelles  dans  lesquelles,  évoquant 
avec  enthousiasme  le  souvenir  de  Robespierre,  il  appelle  de  ses  vœux 
la  chute  de  tous  les  rois.  y^w^e-Turc,  peut-être,  mais  très  vieux  ]e\x. 

36.  ■ —  Autre  plaquette  du  même  auteur,  sur  la  Guerre.  C'est  une  rê- 
verie devant  l'Arc  de  triomphe  de  l'Étoile,  et  une  évocation  des  héros 
sculptés  par  Rude.  Il  y  a  de  la  pompe,  et  aussi  du  vague.  L'auteur 
termine  en  prédisant  «  l'envahissement  splendide  d'une  aurore  ». 

37.  —  M.  Georges  Philippe  est  un  jeune  esthète  récemment  décédé,  • 
qui  a  laissé  des  impressions  en  prose,  et  aussi  des  admirateurs  qui  ont 
fait  éditer  les  dites  impressions.  C'est  donc  en  vertu  d'une  vague  analo- 
gie que  nous  classons  dans  les  œuvres  poétiques  :  I^es  Jardins  de  IJade,  . 
suivis  des  Ballades  des  bords  du  Rhin,  âe  la  Petite  Ville  allemande,  des  ^ 
Cygnes  d'Alsace  et  de  Fragments.  I^a  seule  raison  valable  de  cette 
classification,  c'est  que  l'auteur  n'écrit  pas  comme  tout  le  monde. 
11  aime  les  expressions  comme  i(  vallée  de  silence,  nom  de  caresse, 
yeux  de  délif^ate  sottise  )>.  Il  appelle  les  cigognes  des  '<  cygnes  d'Alsace  » 
et  les  compare  à  des  «  gouvernantes  anglaises  ».  On  voit  d'ici  le  genre. 
Cueillons  dans  cette  prose  «  artiste  »  un  alexandrin  perpétré  par  mé- 
garde,  et  qui  a  du  cachet.  Il  s'agit  de  bûcherons  allemands  qui 

■î  .    j    Parlaient  un  patois  dur  dans  leur  barbe  d'apôtre. 

5"; 


—  211  — 

\  .'>S.  —  Les  Vingt  Poèmes' en  prose  de  M.  Marcel  de  Malherbe  sont 
édités  avec  luxe.  Du  romantisme  éperdu,  de  l'amphigouri,  du  mari- 
vaudage, et  une  sensualité  vainement  déguisée  en  culte  transi  de  la 
beauté.  Satan  vient  même  faire  un  petit  discours  plutôt  obscur,  d'où 
il  semble  résulter  que  l'archange  déchu  est  le  patron  des  grands  génies 
méconnus.  Pas  neuf.  Les  cyprès  sont  comparés  à  de  «  sataniques  cier- 
ges )).  Un  alcyon  dit  à  l'auteur,  à  propos  d'une  sirène  :  c  J'eus  toutes 
les  peines  à  ne  pas  me  noyer  à  ses  pieds.  »  Çà,  oui,  c'est  gentil.  Termi- 
nons sur  cette  profonde  pensée,  élucubrée  dans  un  cimetière  :  «  Peut- 
être  à  force  de  périr,  ô  beautés,  finirez-vous  par  lui  donner  une  âme, 
à  la  nature  !  »  Nous  recommandons  aux  philosophes  cette  conception 
inattendue  de  l'immortalité. 

TuÉATRE.  —  1.  —  M.  Adolphe  Môny  publie  le  tome  IV  de  ses 
Études  dramatiques^  et  le  drame  qu'il  nous  offre  cette  fois,  le  Déluge, 
est  vraiment  digne  d'attention.  Le  drame  biblique  se  déroule  avec 
simplicité  et  grandeur.  Pour  corser  l'action,  l'auteur  nous  représei^te 
.lapheth  amoureux  de  la  belle  Magdala,  fdle  du  roi  Magog.  Ce  dernier, 
avec  son  entnurage,incarne  le  genre  humain  corrompu.et  nous  suivons  pas 
à  pas,  enunesériedetableauxémouvants,maispeufacilesàréalisersur  le 
théâtre,  la  fuite  des  populations  éperdues  devant  le  fléau.  Magdala  est 
sauvée  à  la  cime  du  pic  d'Armon,  au  moment  oùle  déluge  va  l'engloutir, 
et  devient  la  femme  de  Japheth.  —  Le  style  est  clair,  naturel;  l'action, 
sauf  en  quelques  passages,  est  assez  rapide.  Les  «  beaux  morceaux  » 
manquent;  mais  l'ensemble  est  soutenu  et  honorable.  La  pièce  se  lit. 
avec  intérêt.  Mais  comment  la  jouer? 

2.  —  Qui  pense  encore  aujourd'hui  au  chansonnier  Béranger? 
M.  L. -Henry  Lecomte,  dépositaire  des  manuscrits  du  poète,  y  songe, 
lui,  puisqu'il  publie,  à  l'usage  des  amateurs,  les  GbAwres  inédites  «le  P.  J.. 
de  Béranger.  Cet  ouvrage  comprend  :  1°  une  comédie  en  vers  :  Le  Pares- 
seux;  2'^  un  livret  d'opéra-comique  :  La  Vieille  Femme  et  le  Jeune 
Mari;  3°  un  à-propos  intitulé  :  Les  Amis  de  Molière.  Pauvre  Béranger  !: 
cette  exhumation  ne  le  rajeunira  pas.  Cet  homme,  si  révolutionnaire 
en  politique,  et  si  réactionnaire  en  littérature,  est  encore  plus  vieillot, 
dans  ses  oeuvres  comiques  que  dans  ses  chansons.  L'à-propos  est  abso- 
lument nul.  La  comédie  du  Paresseux  présente  çà  et  là  quelques  jolis 
traits,  faible  écho  des  imitateurs  de  Molière.  En  un  mot,  la  publica- 
tion de  ces  Œuvres  inédites  ne  peut  avoir  qu'un  intérêt  documentaire. 
.  3.  ^ —  Le  Mérovée  sur  lequel  M^^^  Blanche  Schnitzler  a  rimé  un  drame' 
historique  en  cinq  actes,  est  le  lils  de  Chilpéric  I^r.  Épris  de  Brunehaut 
captive,  le  jeune  homme  l'épouse,  mais  se  trouve  séparé  d'elle  par 
les  vicissitudes  de  cette  époque,  et,  finalement,  trahi  par  un  seigneur, 
'  il  se  fait  tuer  par  un  leude  fidèle.  Ce  drame  n'est  pas  méprisable,  bien 
qu'il  contieane  des  longueurs,  dos  gaucheries  et  des  négligences  de. 


—  212  — 

stylo.  Une  f(>ule  de  passages  sont  pleins  de  mouvement  et  de  coulem'. 
On  peut  admirer  les  vigoureuses  tirades  de  Brunehaut  devant  les 
leudes  austrasiens.  Les  scènes  d'amour  sont  plutôt  faibles,  et  intéres- 
sent moins  que  les  dialogues  belliqueux  où  les  paroles  s'entrecroisent 
comme  les  épées.  Le  lecteur  peut  faire  f;à  et  là  une  cueillette  de  beaux 
vers.  Par  sa  «  manière  »  énergique,  .M'"^  Blanche  Schnitzler  fait 
preuve  d'un  talent  viril. 

4.  —  M.  Gaston  Sorbets  est  im  emballé,  qui  d'ailleurs.  Au  Soleil 

du  rcçe,  n'abandonne  pas  la  facture  classique.  1 /abstraction,  avec  lui, 

devient  délirante.  Son  recueil,  qui  contient,  au  commencement  et  à  la 

fm,  des  pièces  lyriques,  a  pour  centre  et  pour  cœur  une  scène  dialoguée, 

représentant  des  soldats  postés  dans  une  clairière,  où  Vercingétorix, 

Charlemagne,  saint  Louis,  Jeanne  d'Arc,  Henri  IV,  Turenne,  Hoche 

et  un  anonyme  de  1870  viennent  successivement  les  exhorter  à  jeter 

leurs  armes,  parce  que  les  hommes  sont  frères.  Convertis  par  les 

prédications  pacifistes  de  ces  illustres  militaires,  ils  crient  à  l'ennemi  : 

«  Ennemi,  nous  t'aimons  !  »  mais  un  officier  vient  les  morigéner  comme 

il  faut.  Hélas  !  ce  n'était  qu'un  rêve  !  Et  il  faut  encore  se-faire  trouer 

la  peau  !  ^ 

Il  faut  donc  ramasser  cet  instrument  infâme, 

dit  l'un  d'eux  en  reprenant  son  fusil.  Ce  dialogue  n'a  d'autre  valeur 
que  d'être  un  triste  signe  des  temps. 

5.  —  Sous  le  titre  de:  Théâtre  contre  la  guerre.  Scènes  de  guerre  de  tous 
les  temps^  M.  Paul  Lacombe  réunit  quatre  pièces  en  prose  où,  en  ardent 
pacifiste,  ii  s'attache  à  mettre  en  relief  tous  les  maux  et  toutes  les 
douleurs  causées  par  la  guerre.  La  première,  Vercingétorix,  n'est  pas 
sans  mérite.  La  quatrième  :  C'est  la  guerre  (Sleswig-Holstein,  1864)  a 
aussi  quelque  intérêt  dramatique.  La  seconde  :  Le  Sac  de  Béziers,  et  la 
troisième  :  Une  Famille  sous  Napoléon  Z^'',  sont  encombrées  de  disser- 
tations qui  alourdissent.  Partout,  d'ailleurs,  l'intention  «  prédicati'ice  » 
de  l'auteur  nuit  à  l'intérêt.  Dans  le  Sac  de  Béziers,  on  a  l'ennui  de  re- 
trouver de  vieux  clichés  sur  les  Albigeois.  Dans  C'est  la  guerre,  l'auteur 
met  en  scène  un  prêtre  qui,  mû  d'ailleurs  par  un  noble  mobile,  trahit 
le  secret  de  la  confession,  ce  qui  jette  une  note  fausse.  Dans  l'ensemble 
règne  une  atmosphère  légèrement  prudhommesque. 

(3.  • —  Mgr  Henri  Debout  nous  olîre  une  tragédie  en  prose,  en  trois 
actes  :  Jeanne  d'Arc  libératrice,  «  afin,  dit-il,  de  donner  aux  directeurs 
d'Œuvres  cathoUques  le  moyen  de  représenter  à  peu  de  frais  une  Jeanne 
d'Arc  qui  soit  vraiment  celle  de  l'histoire.  ;;  liC  sujet  est  une  évasion 
manquée  de  la  Pucelle,  à  Arras.  Un  gentilhomme  écossais  mène  le 
complot.  Un  espion  anglais  le  surveille;  un  jeune  Français,  trompé  sur 
le  compte  de  Jeanne,  fait  tout  avorter  malgré  ses  remords  tardifs. 
La  pièce  se  recommande  par  l'unité  d'action,  et  même  de  lieu.  Le  passé 


I. 

—  213  — 

et  l'avenir  de  l'héroïne  y  sont  rappelés  grâce  à  certains  artifices.  En- 
fantine par  son  but,  la  pièce,  nous  l'avouons,  l'est  un  peu  dans  sa 
facture;  mais  il  y  a  de  touchants  caractères,  et  nous  applaudissons 
aux  intentions  édifiantes  qui  ont  inspiré  l'auteur. 

7.  —  On  ferme  avec  écœurement  les  Dialogues  des  citants,  de  M. 
Jean  de  la  Grèze.  Possible  que  ces  gens-là  «  vivent  »;  mais,  à  coup  sûr, 
ils  vivent  mal.  A  travers  leurs  répliques  «  rosses  »  et  leur  psychologie 
faisandée,  on. voit  surtout  le  monde  par  le  côté  de  ses  malpropretés 
et  de  ses  tares.  Çà  et  là  quelques  observations  ingénieuses  se  détachent 
du  texte,  où  d'ailleurs  on  sent  toujours  l'auteur  derrière  la  prose  do 
ses  personnages.  Les  femmes  surtout  y  parlent  un  langage  peu  natu- 
rel, peut-être  parce  qu'elles  sont  toutes  —  ou  à  peu  près  toutes  —  des 
névrosées  et  des  détraquées. 

8.  —  Singulier  esprit  que  celui  qui  anime  le  Théâtre  de  la  Révolution, 
de  M.  Romain  Rolland.  L'auteur  prétend  travailler  à  la  gloire  des 
grands  révolutionnaires,  et  il  les  peint,  en  définitive,  sous  de  tristes 
et  hideuses  couleurs.  Le  14  Juillet,  c'est  surtout  des  dialogues  de  rues, 
des  évocations  de  remous  de  foule.  Danton  est  la  mise  en  scène,  peu 
intéressante,  de  la  chute  du  trop  fameux  tribun.  Les  Loups  sont  une 
pièce  plus  vivante  et  d'intérêt  mieux  corsé,  où  les  officiers  de  l'armée 
de  Mayence  sont  représentés  comme  des  bêtes  féroces  acharnées  les 
unes  contre  les  autres.  La  prose  de  M.  Rolland  est  énergique,  triviale, 
et  même  grossière.  Elle  roule  par-ci  par-là  des  paillettes  de  pensée; 
mais  que  de  phraséologie  inutile  et  que  do  longueurs,  surtout  dans  les 
deux  premières  pièces  !  Gabriel   d'Azambuja. 

GÉOGRAPHIE  —  VOYAGES 

.  Atlas  général  Vidal-Lablache.  420  cartes  et  cartons.  Index  alphabétique  de  46  000 
noms.  Paris,  Colin,  1909,  gr.  in-4  de  48  p.  sur  7  colonnes,  relié  toile,  30  fr.  —  2.  Iiiter- 
naiional  Catalogue  of  Scientific  I.iterature.  Seventh  annual  Issue.  J.  Geography. 
Londres,  Harrison  et  fils;  Paris,  Gauthier-Villars,  1909,  in-8  de  vni-336  p.,  20  fr.— 
3.  Revue  de  géographie  annuelle,  publiée  sous  la  direction  de  Charles  Vélauv. 
Tome  II,  année  1908.  Paris,  Delagrave,  s.  d.  (1909],  gr.  in-8  de  731  p.,  avec  nombr. 
cartes,  planches  et  fig.,  15  fr.  —  4.  Géographie  rapide  (£'w/-ope),par  Onésime  Reclus. 
Paris,  Larousse,  s.  d. [1909],  petit  in-8  de  131  p.,  avec  une  carte  et  16  grav.,  1  fr.  20. 

—  5.  Nos  Fils  et  nos  filles  en  voyage,  par  A.-L.  Leroy.  Paris,  Vuibert  et  Nony, 
s.  d.  [1909],  in-8  de  xv-263  p.,  avec  116  grav.,  4  fr.  —  6.  La  France  et  ses  colonies  au 
début  du  \\<^  siècle,  par  M.  Fallex  et  A.  Mairey.  Paris,  Delagrave,  s.  d.  [1909], 
petit  in-8  de  vi-660  p.,  avec  152  cartes  et  grav.,  5  fr.  —  7.  Régions  et  pays  de  France, 
par  Joseph  Fèvre  et  Henri  Hauser.  Paris,  Alcan,  1909,  in-8  de  ii-516  p.,  avec 
147  cartes  et  grav.,  7  fr.  —  8.  Le  Morvan.  Étude  de  géographie  humaine,  par  le  ca- 
pitaine Jacques  Levainville.  Paris,  Colin,  1909,  gr.  in-8  de  305  p.,  avec  cartes, 
planches  et  fig.,  10  fr.  —  9.  Impressions  de  Corse,  par  Ed.  Spalikowski.  Paris, 
Maloine,  1909,  in-12  de  108  p.,  2  fr.  50.  —  10.  Les  Ibères.  Étude  d'histoire,  d'archéo- 
logie et  de  linguistique,  par  Edouard  Philipon.  Paris,  Champion,  1909,  in-12 
de  xxiv-344  p.,  5  fr. —  11.  Le  Tour  de  VEspagne  en  automobile.  Étude  de  tourisme, 
par  Pierre  Marge.  Paris,  Plon-Nourrit,  1909,  in-16  de  301  p.,  avec  grav.,  3  fr.  50. 

—  12.  Missions  au  Sahara,  par  E-F.  Gautier  et  R.  Chudeau.  Tome  II.  Sahara 


—  214  — 

soudanais,  par  R.  Chldeau.  Paris,  Colin,  1909,  gr.  in-8  de  iv-326  p.,  avec  cartes, 
planches  et  fig.,  15  fr.  —  13.  Au  Pays  de  la  reine  Candace,  par  Jean  d'Allema- 
gne. Paris,  Bloud,  1909,  in-16  de  46  p.,  avec  gravures.  —  14.  Dans  les  Marches 
tibétaines.  Autour  du  Dokerla  (novembre  i90&-janvier  1908),  par  Jacques  Bacot. 
Paris,  Plon-Nourrit,  1909,  in-16  de  ni-218  p.,  avec  carte  et  grav.,  3  fr.50.—  15., 
Les  Régions  Moi  du  Sud  indo-chinois.  Le  Plateau  du  Darlac,  par  Henri  Maître. 
Paris,  Plon-Nourrit,  1909,  in-lG  de  835  p.,  avec  portrait  et  carte,  4  fr.  —  16. 
L'Empire  du  Soleil.  Pérou  et  Bolivie,  par  le  baron  et  la  baronne  Conrad  de  Meyen- 
DORFF.  Paris,  Hachette,  1909,  gr.  in-8  de  lvi-318-xiii  p.,  avec  12  planches  en  cou- 
leurs, 121  grav.  et  une  carte,  15  fr. —  17.  Bulletin  commémoratij  de  V Exposition  na- 
tionale de  1908,  par  la  Direction  générale  de  statistique.  [Rio  de  Janeiro,]  Imprime- 
rie de  la  statistique,  1908,  in-8  de  xlii-239  p.,  avec  cartes,  planches,  diagrammes.  — 
18.  Au  Pays  de  l'or  noir.  Para,  Amazonas,  Matto  Grosso,  par  Paul  Walle.  Paris, 
Guilmoto,  1909,  in-8  de  244  p.,  avec  3  cartes  et  60  grav.,  4  fr.  50.  —  19.  Les  Petites 
Antilles.  Étude  sur  leur  évolution  économique,  par  P.  Chemin-Dupontès.  Paris, 
Guilmoto,  s.  d.  [1909],  in-8  de  viii-362  p.,  avec  cartes  et  diagramme, 
7  fr.  50.  —  20.  Le  Passage  du  IVord-Ouest,  par  le  capitaine  Roald  Amundsen; 
trad.  par  Charles  Rabot.  Paris,  Hachette,  1909,  in-8  d-"  229  p.,  avec  86  grav.  et 
2  cartes,  12  fr. 

1.  —  En  signalant,  il  y  a  quelques  mois,  une  nouvelle  édition,  revuf 
et  mise  à  jour,  de  l'Atlas  général  Vidal-Lablache,  norwcne  nous   atten- 
dions pas  à  devoir  y  revenir  si  rapidement.  Il  n'est  cepeirdant  que  stricte 
justice  de  le  faire,  puisque  l'édition  de  1909  que  les  éditeurs  ont  récem- 
ment adressée  au  Polybiblion  marque  encore  un  nouveau  progrès 
sur  le  tirage  dont  nous  avions  rendu  compte.  Au  point  de  vue  matériel 
d'abord,  voici  une  amélioration  heureuse  :  un  supplément  de  3  500 
noms  a  été  ajouté  à  l'Index  alphabétique,  et  permet  de  trouver  très 
facilement  les  localités  nouvelles  inscrites  pour  la  première  fois  sur 
les  différentes  cartes  de  l'Atlas  (nous  n'avons  pas  dit,  en  mars  dernier, 
que  ces  cartes  avaient  été  gravées  à  nouveau)  ou  qu'on  avait  autrefois 
omis  d'y  relever.  —  Puis,  au  point  de  vue  géographique,  on  peut  cons- 
tater que  l'édition  de  1900  présente  un  tableau  fidèle  et  un  inventaire 
exact  des  connaissances  actuelles.  C'est  ce  dont  fait  la  preuve  en  par- 
ticulier la  planche  130**,  consacrée  à  la  géologie  de  l'Amérique'  du 
nord;   non  seulement  les  contours  des  terres  arctiques  nouvellement 
découvertes  y  figurent   (sans  couleurs  géologiques,   naturellement), 
mais  les  différents  terrains  qui  ont  été  reconnus  dans  l'Alaska  et  dans 
l'Amérique  centrale  y  figurent  pour  la  première  fois.  Ailleurs  (carte 
physique  de  l'Asie,  pi.  116)  est  donné,  pour  la  première  fois  égale- 
ment, un  tracé  des  fonds  de  l'Océan  Indien  jusqu'au    20°  de  latitude 
sud.   Dans  les  cartons  relatifs  à  l'exploration  de  l'Asie  et  de  l'Afrique 
(pi.  118  et  124)  sont  mentionnés  les  voyages  les  plus  récents,  ceux 
de  Sven  Hedin;  de  Kozlov  et  de  Pelliot  en  Asie,  ceux  de  Villatte  et  du 
lieutenant  Niéger  en  Afrique,  tandis  que  le  réseau  de  l'Ouest  est  teinté 
de  la  même  couleur  que  le  réseau  de  l'État  sur  la  carte  des  chemins 
de  fer  français  (pi.  72).  —  Ainsi  se  trouve  soigneusement  tenu  à  jour 
Y  Atlas  général  Vidal- Lablache,  dont  différentes  cartes  ont  maintenant, 
pour  cause  de  clarté  et  de  lisibilité  plus  grandes,  certains  traits  ren- 


—  215  — 

forcés;  le  tracé  de  plusieurs  voies  ferrées  (en  particulier  celle  du 
Hedjaz,  aux  pi.  85  et  120,  celles  de  Russie  à  la  pi.  115,  celle  d'Ande- 
vorante  à  Tananarive  à  la  pi.  125'';  cf.  les  Transpacifiques  de  la  pi. 
127)  a  été  très  accentué.  De  même,  à  la  planche  130,  des  teintes  nou- 
velles ont  différencié  la  ville  de  Rio  de  Janeiro  et  les  campagnes  avoisi- 
nantes,  et,  à  la  planche  116,  la  coupe  du  continent  asiatique  à 
travers  le  87°  longitude  orientale  de  Paris  a  été  complétée.  Le  progrès 
de  l'édition  de  1909  sur  l'édition  précédente  est  donc  indéniable. 
Sans  douue,  il  convient  de  réaliser  encore  ici  et  là  certaines  amélio- 
rations de  pur  détail;  il  serait  bon,  par  exemple,  de  tracer  sur  la 
planche  90  les  lignes  de  chemin  de  fer  aboutissant  à  Morez  (qui 
n'est  pas  nommé  pi.  72)  et  à  Saint-Claude,  de  mettre  d'accord 
les  planches  86,  où  le  chemin  de  fer  Sud-Oranais  s'arrête  à  Aïn-Sefra 
(à  noter  que  la  ligne  du  Simplon  n'y  est  pas  tracée),  et  84,  où  il 
s'arrête  à  Beni-Ounif,  avec  les  cartes  où  il  est  prolongé  jusqu'à  Colomb- 
Béchar  (pi.  78,  81^  125*^),  de  faire  aboutir  partout  à  Diré-Daoua,  et 
non  à  Gildessa  (cf.  les  pi.  125^  et  108,  carton  1)  la  voie  ferrée  partie  d^ 
Djibouti...  Mais  ce  sont  là,  répétons-le,  des  améhorations  de  pur  dé- 
tail, très  faciles  à  réahser,  et  qu'il  n'est  pas  besoin  d'attendre  pour 
reconnaître  une  fois  de  plus  la  grande  valeur  géographique  et  péda- 
gogique de  l'Atlas  général  Vidal-Lablacke. 

2.  —  U International  Catalogue  of  Scientific  Lilerature,  dont  le  sep- 
tième volume  consacré  à  la  géographie  (/.  Geography)  a  paru  au  mois 
de  mars  dernier,  est  encore  loin  de  nous  fournir  pareille  satisfaction. 
Sans  doute  les  progrès  que  nous  avions  pris  plaisir  à  constater  l'année 
dernière  dans  la  réalisation  des  fiches  françaises  ont  persisté,  mais 
ils  ne  se  sont  pas  accentués  ;  aussi  nous  faut -il  signaler  encore  dans 
ce  nouveau  fascicule  de  regrettables  fautes  d'impression  portant, 
ici  sur  des  noms  propres  de  lieu  (llferouane  pour  Iferouane,  p.  52; 
Moiidier  Ahnet  pour  Mouidir  Ahnet,  p.  69),  là  sur  des  noms  propres 
d'hommes  {Lapperrine  pour  Laperrine,  p.  69;  de  Pauliny  pour  de, 
Paulmy,  p.  59  et  187),  ailleurs  sur  des  termes  géographiques  {oven  pour 
aven,  p.  69  et  247)  ou  sur  des  articles  qui  transforment  un  nom  de 
localité  en  nom  de  pays  («  Du  Zinder  au  Tchad  »,  au  lieu  de  «  De  Zinder 
...  »,  p.  52  et  216).  Ce  sont  là  des  incorrections  regrettables  dans  une 
bibliographie;  plus  fâcheuse  encore  est  la  lacune  que  nous  avons 
constatée  aux  pages  123  et 206,  où  l'adaptation  française  de  l'ouvrage 
du  Di"  Otto  Nordenskjold  sur  la  Terre  de  Feu  est  présentée  comme 
un  ouvrage  original  de  M.  Charles  Rabot,  et  où  la  traduction  russe  de 
cette  adaption  ne  fait  aucune  mention  du  nom  du  voyageur  suédois  ! 
Notons  encore  que'ce  volume  de  bibliographie,  qui  doit  contenir  prin- 
cipalement la  bibliographie  de  1907  («  the  literature  indexed  is  mainly 
that  of  1907  »,  disent  les  «  Instructions  »  de  la  p.  viii),  cite   à  peine 


—  216  — 

quelques  ouvrages,  —  par  exemple  la  3*^  édition  des  Leçons  de  géo- 
graphie physique  du  regretté  A.  de  Lapparent  • — et  n'analj^se  aucun 
périodique  français  daté  de  J907,  tandis  qu'il  répertorie  des  ouvrages 
ou  des  articles  remontant  à  1901  ou  1902  qui  n'avaient  pu  être  insérés 
dans  les  tomes  précédents  !  Dans  de  telles  conditions,  l'utilité  de  lo 
publication  annuelle  de  V International  Catalogue  of  Scientific  Litera- 
lure,  ou  du  moins  de  sa  partie  géographique  —  si  défectueuse,  —  ne 
nous  apparaît  que  très  vaguement. 

3.  ■ —  La  Revue  de  géographie,  sous  sa  forme  nouvelle  c'est-à-dire 
sous  la  forme  d'un  volume  annuel  constitué  par  la  réunion  d'arti- 
cles lus  et  acceptés,  • —  peut-être  même  parfois  commandés,  —  a  récem- 
ment distribué  son  tome  II,  daté  de  1908.  Peu  nombreux,  mais  d'un 
intérêt  considérable  sont  les  mémoires  contenus  dans  ce  gros  volume. 
S'imposant  avant  tout  autre  à  l'attention,  le  travail  du  capitaine 
G.  Perrier,  un  des  membres  de  la  Mission  géodésique  de  l'Equateur, 
sur  la  Figure  de  la  terre  mérite  d'être  signalé  ici^ur  sa  parfaite  luci- 
dité tout  autant  que  pour  son  érudition;  sur  les  grandes  opérations 
géodésiques  anciennes  et  contemporaines,  terminées  ou  en  cours, 
sur  l'ancienne  mesure  de  l'arc  méridien  de  Quito  (celle  de  Godin, 
Bouguer  et  La  Condamine  au  xviii*^  siècle)  et  sur  la  nouvelle  mesure 
du  même  arc  récemment  effectuée  par  le  Service  géographique  de 
l'armée,  il  semble  vraiment  impossible  de  fournir  un  exposé  d'ensem- 
ble plus  complet  et  plus  précis  tout  à  la  fois.  —  Pour  être  d'une  impor- 
tance moins  considérable,  l'Etude  analytique  du  relief  de  la  Corse, 
signée  de  M.  J.  Deprat,  n'est  pas  moins  digne  d'attention;  on  y  voit 
mise  en  pleine  évidence  l'importance  prépon,dérante  du  rôle  pris  dans 
le  relief  de  cette  île  montagneuse  par  les  groupes  très  différenciés 
de  roches  éruptives  que  sont  les  granulites  et  les  gabbros,  et  très  habile- 
ment précisées  les  circonstances  qui  ont  présidé  au  creusement  de  la 
côte  abrupte  occidentale  et  à  la  régularisation  de  la  côte  si  plate  du 
nord-est;  pour  être  très  brèves,  les  indications  relatives  à  la  géogra- 
phie humaine  que  contiennent  les  dernières  pages  de  ce  mémoire  n'en 
sont  pas  moins  dignes  d'attention,  elles  aussi.  —  Les  travaux  de 
MM.  Perrier  et  Deprat  sont  les  seules  études  originales  contenues 
dans  ce  volume;  mais  on  trouvera  dans  la  seconde  partie  des  articles 
qui,  pour  être  moins  étendus,  n'en  ont  pas  moins  leur  utilité,  articles 
de  mise  au  point  d'une  question  (telles  sont  les  notes  de  M.  A.  Berget 
sur  les  méthodes  et  les  instruments  du  géographe  voyageur,  —  et  de 
MM.  Zimmermann  sur  la  colonisation  européenne  depuis  un  demi- 
siècle),  ou  encore  articles  résumant  les  observations  d'un  voyageur 
ou  d'un  géographe  sur  un  pays  déterminé.  Bien  plus  que  les  notes  de 
M.  F.  Guibeaud  sur  le  Pérou,  le  substantiel  travail  de  M.  P.  Girardin 
sur  la  glaciation  quaternaire  dans    le  massif  des  sources  de    l'Arc  et 


—  217  — 

de  risère  mérite,  dans  cet  ordre  d'idées,  une  mention  particulière; 
c'est  une  nouvelle  pierre  d'attente  à  ce  travail  d'ensemble  que  M.  Gi- 
rardin,  à  la  suite  de  ses  consciencieuses  et  persévérantes  recherches, 
doit  être  maintenant  en  mesure  de  nous  donner  bientôt.  De  nom- 
breuses illustrations,  des  tableaux,  des  planches  hors  texte,  des 
cartes  (parmi  lesquelles  une  «  carte  géologique  schématique  de  la 
Corse  (pi.  Il)  ajoutent  à  l'attrait  de  ce  beau  volume,  d'une  si  bonne 
tenue  scientifique  avec  ses  bibliographies,  ses  légendes  explicatives  des 
figures,  etc.  Nous  ne  lui  reprocherons  qu'une  chose  :  son  titre.  Ce 
n'est  pas  une  «  revme  »,  ce  sont  des  «  archives»  degéographie qu'en  1908 
comme  en  1907  nous  a  données  là  M.  Véiain. 

4.  ■ —  M.  Onésime  Reclus  excelle  à  peindre  en  quelques  traits  un 
pays  tout  enLier,  et  à  en  donner  une  description  exacte  et  pittoresque 
à  la  fois,  se  gravant  profondément  dans  l'esprit  du  lecteur.  Ces  qua- 
lités lui  ont  permis  de  réahser  un  véritable  tour  de  force  :  en  cent  pages, 
il  est  parvenu  à  donner  une  idée  précise  de  l'Europe,  de  ses  différents 
aspects,  de  ses  climats  variés,  de  ses  peuples  multiples,  de  ses  langues. 
Les  sceptiques  mettront  en  doute  la  possibilité  du  fait  ;  qu'ils  lisent, 
pour  s'en  convaincre,  le  premier  volume  de  la  petite  Géographie  rapide 
pubHée  par  le  savant  auteur  dans  la  «  Bibliothèque  Larousse  ».  Force 
leur  sera  bien  de  se  rendre  à  l'évidence;  et,  tout  en  souhaitant  de  voir 
M.  0.  Reclus  reprendre  et  développer  un  jour  quelques  chapitres  de 
ce  livre  joliment  illustré,  —  le  chapitre  sur  la  France  en  particulier,  — ■ 
il  leur  faudra  .reconnaître  qu'il  est  impossible,  en  si  peu  de  pages,  de 
condenser  autant  de  faits  et  de  les  présenter  avec  plus  d'agrément. 

5.  ■ —  Beaucoup  plus  volumineux,  bien  que  décrivant  beaucoup 
moins  de  pays,  est  le  livre  intitulé  :  Nos  Fils  et  nos  filles  en  voyage. 
M.  A.-L.  Leroy,  l'un  des  fondateuis  des  caravanes  scolaires  du  Club 
alpin  français,  débute  par  y  rappeler  comment  Adam  exécuta  seul, 
dans  le  Paradis  terrestre,  la  «  première  excursion...  scolaire  »(p.  6)  et 
par  y  évoquer  le  souvenir  de  plusieurs  de  ses  collègues  du  Club  alpin, 
tels  que  le  P.  dominicain  Barrai,  d'Arcueil;  puis  il  y  montre  comment, 
sous  la  conduite  de  chefs  expérimentés,  les  jeunes  Français  et  les 
jeunes  Françaises  sont  capables  de  voyager,  quel  entrain  et  quelle 
endurance  ils  déploient,  quel  bénéfice  physique  et  intellectuel 
ils  tirent  de  leurs  excursions  proches  ou  lointaines,  au  Bois  de 
Boulogne  ou  dans  la  vallée  de  Chevreuse  comme  dans  le  Jura  vaudois 
ou  en  Algérie  et  en  Tunisie.  De  fort  belles  photographies  illustrent 
ce  joli  volume,  écrit  d'une  façon  alerte  et  souriante,  où  se  coudoient 
les  descriptions  géographiques,  les  réminiscences  historiques  et  aussi 
quelques  aimables  poésies.  Peut-être  conviendrait-il  d'en  discuter 
différents  passages  (en  particulier  la  note  des  p.  179-180  sur  le  Trans- 
saharien; le  passage  qui  fait  de  Jeanne  d'Arc  et  de  Camulogène  «  deux 


—  218  — 

Parisiens  »  à  la  p.  217,  est  également  peu  net)  et  d'y  relever  quelques 
légères  fautes  d'impression  {Magolin  pour  Macoiin,  à  la  p.  53);  mieux 
vaut  reconnaître  sans  détour  quel  plaisir  nous  avons  pris,  en  suivant 
Nos  Fils  et  }20s  filles  en  voyage^  à  évoquer  nos  propres  souvenirs  d'ex- 
cursion aux  alentours  de  Paris,  comme  dans  le  Jura  et  en  Algérie. 

6.  —  Poursuivant  la  série  de  ses  excellents  précis  de  géographie^ 
M.  Maurice  Fallex,  qui  tantôt  seul,  tantôt  en  collaboration  avec  M.  A. 
Hentjen  ou  M.  A.  Mairey,  a  déjà  tracé  tant  de  si  bons«  états  géogia- 
pliiques  »  des  différentes  parties  du  monde  au  début  du  xx^  siècle, 
publie  aujourd'hui  un  travail  du  même  genre  sur  la  France  et  ses  co- 
lonies. On  retrouvera  dans  ce  nouvel  ouvrage  les  qualités  de  méthode, 
d'exposition  et  de  style  qui  rendent  si  attrayants  et  si  instructifs  tout 
à  la  fois  les  précédents  volumes  de  la  même  collection  (Cf.  Polybiblinn, 
mars  1908,  t.  CXII,  p.  215-216  et  218),  et^n  prendra  plaisir  à  voir, 
une  fois  encore,  en  lisant  la  Finance  et  ses  colomes  au  début  du  xx^  siècle, 
comment  la  synthèse  géographique,  par  ses  études  de  rapports  et 
d'enchaînements,  découvre  des  horizons  nouveaux  et  donne  aux  faits 
toute  leur  signification  et  toute  leur  portée.  Peut-être  même,  pour 
quelques  lecteurs,  le  plaisir  sera-t-il  plus  vif  que  précédemment,  et  la 
démonstration  plus  complète;  quelque  lucide  que  fût  l'exposé  des 
faits,  parfois,  dans  les  volumes  relatifs  à  des  pays  étrangei's  et  souvent 
exotiques,  on  pourrait  ne  pas  saisir  immédiatement  les  étroits  rapports 
existant  entre  la  terre  et   l'homme...    Quand  il  s'agit  de  la  France,  il 
n'en  va  plus  de  même,  et  chacun  comprend  immédiatement  l'impor- 
tance de  ces  rapports,  que  d'ailleurs  MM.  Fallex  et  Maii'ey  ont  eu  le 
mérite  d'exposer  avec  une  clarté  et  un  art  remarquables.  —  Leur  vo- 
lume débute  par  une  étude  de  la  France  dans  son  ensemble,  qui  esc 
l'introduction  nécessaire  de  la  seconde  partie,  consacrée  à  la  géogra- 
phie régionale.  Dans  cette  étude  très  développée  (elle  occupe  la  moitié 
du  vclume,  de  la  p.  91  à  la  p.  420),  les  deux  auteurs  ont  déployé  beau- 
coup de  souplesse,  insistant  toujours  comme  il  convenait  sur  les  carac- 
tères physiques,  différenciant  de  manière  très  heureuse  les  onze  grandes 
régions  naturelles  entre  lesquelles  ils  partagent  la  France,  mais  faisant 
passer  parfois,pour  des  raisons  locales,  l'étude  économique  d'une  région 
avant  son  étude  politique,  sachant  en  un  mot  dominer  leur  sujet  et 
ne  pas  se  conformer  servilement,  malgré  la  géographie  elle-même,  à 
un  plan  trop  invariable  et  trop  rigoureux.  La  géographie  administra- 
tive et  économique  de  la  France,  tel  est  le  sujet  de  la  troisième  partie, 
à  laquelle  fait  suite  une  étude  rapide  de  la  France  d'outre-mer  (p.  507- 
635).  —  Telle  est  l'économie  générale  de  l'ouvrage,  où,  malgré  tout 
le  soin  apporté  à  la  rédaction  de  chaque  ligne  par  les  auteurs,  on  peut 
trouver  parfois  à  critiquer  légèrement.  Nous  regrettons  surtout  que 
MM.  Fallex  et  Mairey  n'aient  pas  mis  en  pleine  lumière,  après  M.  Paul 


—  219  — 

Girardin,  l'existence  de  la   «  Savoie    massive    »,   c'est-à-dire    de    ce 
pays  d'une  altitude  moyenne  considérable,  et  qui  n'a  d'analogue  en 
Suisse  que  dans  les  Grisons,  que  constituent  la  haute  Maurienne  en 
amont  de  Modane  et  la  haute  Tarentaise  en  amont  de  Bourg- Saint- 
Maurice  (Cf.  les  Glaciers  de  Savoie,  dans  le  Bulletin  de  la  Société  neu- 
châteloise  de  géographie,  1905,  p.  17-48,  et  la  Glaciation  quaternaire 
et  actuelle  en  fonction  du  socle  dans  la  «  Savoie  massive  »;  id.,  1908, 
p.  96-119).  Peut-être  aussi,  dans  les  bibliographies  qui  accompagnent 
les  différents  chapitres  de  leur  livre,  eussent-ils  pu  mentionner,  ici 
les  deux  articles  de  M.  Paul  Girardin  dont  nous  venons  de  rappeler 
les  titres, —  là  le  remarquable  article  de  M.  Marcellin  Boule  sur  le 
Massif  central,  publié  dans  le  Dictionnaire  de  Joanne,  —  ailleurs  les 
volumes  sur  Madagascar  et  la  Tunisie  au  d^'but  du  xx^  siècle.  Mais  ce 
ne  sont  là  que  de  futiles  querelles.  Au  total,  le  texte  du  nouveau  volume 
de  MM.  Fallex  et  Mairey  est,  dans  l'ensemble,  tout  à  fait  bon,  et  d'ex- 
cellents croquis,  rigoureusement  explicatifs  du  texte,  des  illustrations 
vroiment    typiques,    commentées    avec    une    sobriété    qui    n'exclut 
nullement  l'exactitude,  des  bibliographies  sommaires,  mais  contenant 
à  peu  près  tout  l'essentiel,  un  précieux  index  des  noms  géographiques 
(cet  index  n'existe  pas  dans  les  volumes  antérieurs)  achèvent  de  faire 
de  la  France  et  ses  colonies  au  début  du  xx^  siècle  un  volume  presque 
parfait. 

7.  —  A  ceux  qui,  après  avoir  lu  le  très  intéressant  volume  de  MM. 
Fallex  et  Mairey,  voudraient  approfondir  l'étude  de  la  France  métro- 
politaine, et  en  bien  comprendre  l'extrême  variété,  il  convient  de 
recommander,  comme  intermédiaire  entre  les  travaux  d'ensemble 
et  les  monographies  de  pur  détail,  le  Hvre  que  MM.  J.  Fèvre  et  H.  Hau- 
ser  viennent  de  publier  sous  le  titre  de  :  Régions  et  pays  de  France. 
«  Nous  n'avons  pu  nous  résoudre  à  disséminer  l'étude  régionale  dans 
la  poussière  des  pays  »,  ont  déclaré  très  franchement  MM.  Fallex  et 
Mairey  (p.  92),  qui  entendent  faire  toujours  œuvre  d'enseignement; 
c'est  un  autre  but  que  poursuivent  MM.  Fèvre  et  Hauser,  dont  le  dessein 
est  de  montrer,  par  des  études  sur  les  «  régions  »  et  les  «  pays  »  de  notre 
patrie,  V  «  harmonieuse  et  vivante  variété  de  la  France  »  et  «les  mysté- 
rieuses correspondances  qui  existent  entre  le .  sol  et  les  hommes  ». 
C'est  donc  le  rôle  de  lectures  «  géographiques  »  que  jouera,  en  quelque 
sorte,  à  côté  de  la  France  et  ses  colonies  au  début  du  xx^  siècle,  cet 
ouvrage  sur  les  Régions  et  pays  de  France.  Ses  deux  auteurs  n'ont  nulle- 
ment prétendu  y  faire  œuvre  originale;  eux-mêmes  ont  grand  soin 
de  le  déclarer  au  début  de  leur  Avant-propos;  «  ce  qu'ils  souhaitent, 
c'est  de  faire  passer  dans  le  grand  public  les  idées  neuves  et  fécondes 
qui  ont,  depuis  environ  un  quart  de  siècle,  révolutionné  la  géographie 
de  notre  pays  ».  Ce  but  est  excellent,  et  on  ne  saurait  qu'applaudir  à 


—  220  — 

la  manière  dont  il  a  été  réalisé  si  on  ne  constatait  que,  parfois,  les 
auteurs  n'ont  pas  été  au  courant,  autant  qu'il  eût  convenu,  de  certains 
travaux  contemporains;  la  bibliographie  des  Annales  de  géographie 
aurait  dû  cependant  leur  éviter  de  regrettables  lacunes,  car  elle  men- 
tionne des  travaux  de  première  importance  que  n'ont  pas  utilisés 
]\IM.  Fèvre  efc  Hauser,  en  particulier  différentes  publications  remar- 
quables établies  à  l'occasion  de  ces  sessions  annuelles  de  l'Afas,  qui 
ont  contribué  pour  une  large  part  à  l'étude  intelligente  du  sol  de  la 
France.  Pas  plus  que  MM.  Fallex  et  Mairey,  les  auteurs  de  Régions 
et  pays  de  France  n'ont,  d'autre  part,  tiré  parti  des  études  de  M.  Paul 
Girardin,  —  à  qui  ils  se  sont  bornés  à  emprunter  deux  ou  trois  intéres- 
santes photographies,  —  ni  de  précieïïS^s, monographies  régionales. 
Par  là  leur  ouvrage  perd  en  valeur  et  en  précision  ;  il  n'est  plus,  dans  de 
telles  conditions,  cet  «  inventaire  »  résumé  des  connaissances  actuelle- 
ment acquises  sur  les  régions  et  sur  les  pays  de  la  France  que  nous 
avions  un  moment  espéré  trouver  en  lui.  Du  moins  demeure-t-il 
toujours  un  livre  intéressant  et  instructif,  où  sont  groupées  systé- 
matiquement, avec  beaucoup  de  clarté  et  d'agrément,  sans  aucune 
sécheresse,  de  nombreuses  notions  nouvelles,  où  des  gravures  bien 
choisies  et  des  cartes  vraiment  démonstratives  éclairent  ou,  pour 
mieux  dire,  «  illustrent  »  parfaitement  le  texte.  Aussi,  tout  en  sou- 
haitant vivement  que  MM.  J.  Fèvre  et  H.  Hauser  revoient  de  très 
près  leur  ouvrage  et  comblent  soigneusement  les  lacunes  que  nous  y 
avons  constatées  et  celles  qu'ils  n'auront  pas  de  peine  à  y  découvrir, 
saluons-nous  avec  plaisir  la  publication  de  Régions  et  pays  de  France. 
8.  —  Dès  maintenant,  voici  un  nouveau  livre  qui  s'impose  à  l'atten- 
tion des  deux  collaborateurs;  c'est  une  «  étude  de  géographie  humaine  » 
sur  le  Morv^an,  dont  l'auteur,  le  capitaine  J.  Levainville,  a  déjà  publié 
dans  les  Annales  de  géographie  de  bons  travaux  de  détail.  Le  conscien- 
cieux observateur  livre  aujourd'hui  à  l'examen  des  géographes  un  ou- 
vrage considérable,  une  monographie  destinée  à  prendre  place  à  côté  de 
celles  que,  à  bien  des  reprises  différentes,  nous  avons  déjà  eu  occasion 
de  signaler  ici.  Fruit  de  lectures  nombreuses,  de  multiples  expéditions 
sur  les  lieux  mêmes  et  d'études  répétées  faites  sur  place,  le  Morvan 
de  M.  Levainville  se  recommande  à  l'attention  par  d'incontestables 
qualités  d'observation;  son  auteur  a  le  sens  de  la  géographie  et  sait 
parfaitement  mettre  en  lumière  l'influence  que  la  nature  exerce  sur 
l'homme;  il  a  aussi  de  très  réelles  qualités  d'ordre  et  de  classement. 
Voilà  ce  dont  on  se  rendra  compte  très  vite  en  lisant  le  volume,  par- 
faitement illustré,  de  M.  Levainville;  après  trois  chapitres  de  géogra- 
phie physique  destinés  à  «  situer  »  le  Morvan  et  à  définir  cette  person- 
nalité géographique,  cette  région  naturelle,  cette  terre  infertile  et 
ingrate,  ce  mauvais  pays,  l'auteur,  pour  montrer  de  quelle  manière 


—  221  — 

l'homme  a  dû  «  violenter  la  terre  pour  la  rendre  féconde  )),passe  succes- 
sivement en  revue  les  différentes  manifestations  de  l'activité  humaine  : 
l'utilisation  des  rivières,  l'exploitation  des  bois,  les  formes  culturales, 
l'exploitation  du  sol  et  les  relations  économiques;  il  termine  en  étu- 
diant les  manifestations  qui  révèlent  au  géographe  l'action  de  la  nature 
sur  l'homme  :  les  conditions  de  l'habitat,  les  agglomérations,  les  va- 
riations de  densité  de  la  population  et  les  mouvements  humains 
(émigration,  immigration).  Mais,  demanderez-vous  sans  doute,  cet 
homme  qui  peine  sur  les  pentes  du  Morvan,  ce  rural  qu'est  demeuré 
essentiellement  le  Morvandeau,  qui  est-ce?  Voilà  précisément  le  point 
faible  de  l'excellent  travail  de  M.  Levainville;  des  deux  facteurs  qui 
doivent  sans  cesse  réagir  l'un  sur  l'autre  dans  une  étude  de  géographie 
humaine,  l'auteur  a  débuté  par  n'en  définir  qu'un  seul.  Sans  doute, 
le  chapitre  complémentaire  que  nous  attendons  de  lui,  il  nous  le  don- 
nera quelque  jour;  mais  nous  ne  pouvons  pas  ne  pas  déplorer  son 
absence  dans  ce  Mon>an  que  nous  eussions  autrement  eu  plaisir  à  louer 
sans  restriction. 

9.  —  Avec  l'étude  scientifique  de  M.  J.  Deprat,  dont  nous  parlions 
tout  à  l'heure,  contrastent  complètement  les  Impressions  de  Corse  du 
D^.  Ed.  SpaHkowski.  Ici,  rien  que  de  simples  notes  touristiques,  mais 
des  notes  prises  par  un  observateur  sympathique  et  attentif,  par 
un  admirateur  des  beautés  naturelles  de  la  Corse,  par  un  loyal  ami 
des  insulaires.  Toutefois,  quelque  soucieux  que  puisse  être  M.  SpaH- 
kowski de  mettre  en  pleine  lumière  les  qualités  des  Corses,  il  ne  saurait 
celer  leurs  défauts,  et  il  proclame  hautement  que  «  le  plus  grand  fléau  » 
du  pays  est  la  politique,  que  «  sociologiquement  parlant,  l'insulaire 
est  en  retard  d'un  siècle  »,  que  «  le  Corse  meurt  sur  ses  trésors,  faute 
d'énergie  pour  les  mettre  en  valeur  ».  Voilà  pourquoi  1'  «  île  d'Azur  », 
ce  coin  de  terre  «  merveilleux  »,  qui  serait  susceptible  de  devenir  «  le 
plus  riche  département  de  France  »,  demeure  encore  en  friche  et  reste 
inexplorée;  mais  le  D^  Spalikowski,  si  beinveillant  soit-il  pour  les 
habitants  du  pays,  ne  veut  pas  voir  se  continuer  une  telle  stagnation; 
il  estime  qu'il  faut  tirer  industriellement  parti  des  richesses  naturelles 
de  la  Corse  et  exploiter  scientifiquement  ce  sol  admirable  et  presque 

"inculte.  Economiquement  parlant,  rien  de  mieux  pensé;  mais  que 
deviendra  alors  la  Corse?  M.  Spalikowski  le  déclare  sans  ambages  : 
le  jour  où  le  progrès  l'aura  conquise,  «  la  Corse,  la  vraie  Corse,  sera 
morte  ».  Telle  est  bien  la  vérité,  en  effet,  et  c'est  pourquoi  les  amateurs 
de  pittoresque  doivent,  tandis  qu'il  en  est  temps  encore,  se  hâter  de 
refaire,  sous  la  conduite  du  prince  Roland  Bonaparte,  une  excursion 
en  Corse  ;  comme  le  D'"  Spalikowski,  ils  y  trouveront  agrément,  sinon 
profit. 

10.  —  Au  sujet  du  peuplement  de  la  France  méridionale  se  posent 


—  222  — 

différentes  questions  très  délicates  et  qui  attendent  encore  leur  solu- 
tion. Telle  est  la  question  ibérique.  D'où  viennent  les  Ibères?  Que 
peut-on  dire  exactement  de  leur  histoire?  Quelle  était  leur  langue? 
leur  civilisation?  Quelles  sont  les  populations  en  descendant?  Con- 
vient-il d'y  rattacher  les  Basques?  Voilà  autant  de  problèmes  des  plus 
difficiles,  mais  dont  la  difficulté  n'a  nullement  rebuté,  et  a  peut-être 
même  séduit  M.  Edouard  Philipon,  comme  en  témoigne  son  tout  récen*^ 
volume  sur  les  Ibères.  On  lira  avec  le  plus  grand  profit  cette  étude 
d'histoire,  d'archéologie  et  de  linguistique,  très  prudemment  conduite 
et  très  habilement  exécutée,qui  est"fîiu,t  à  la  fois  un  excellent  inventaire 
des  connaissances  acquises  et  un  essai  de  solution  des  problèmes  de- 
meurés en  suspens.  Après  avoir  constaté  que,  vers  le  vii^  siècle  avant 
l'ère  chrétienne,  l'Espagne  était  habitée  en  Bétique  et  dans  une  partie 
de  la  Tarraconaise  par  les  Libyo-Tartesses,  en  Asturie  et  dans  une  partie 
de  la  Gahce  et  de  la  Celtibérie  par  les  Ibères,  M.  Philipon,  qui  voit 
dans  les  Libyo-Tartesses  des  Indo-Européens  et  dans  les  Ibères  «  des 
populations  appartenant  à  la  branche  dite  européenne  de  la  grande 
famille  arienne  »  (ch.  I-III),  montre  comment  ces  peuples  sont  entrés 
en  contact  avec  les  envahisseurs  et  les  conquérants  qui,  dans  l'antiquité, 
ont  entrepris  de  soumettre  l'Espagne  :  Celtes,  Phéniciens,  Cartha^ 
ginôis.  Grecs  et  Romains  (ch.  R'-A");  puis  il  en  étudie  avec  le  plus 
grand  soin  la  langue,  l'organisation  pohtique  et  sociale,  la  civihsation 
sous  tous  ses  aspects.  A  la  rédaction  de  cet  ouvrage  plein  de  faits, 
aussi  précieux  pour  le  géographe  et  l'ethnologue  que  pour  l'historien  et 
l'archéologue,  M.  PhiUpon  a  apporté  toute  son  érudition  et  tous  ses 
soins;  ainsi  est-il  parvenu  à  écrire  un  livre  vraiment  intéressant,  à 
l'utilité  duquel  on  rendra  toujours  hommage,  même  si,  avec  M.  d'Ar- 
bois  de  Jubainville,  on  en  conteste  différents  points.  Ce  n'est  pas  ici 
le  lieu  de  le  faire;  mais  il  convient  au  contraire  d'y  exprimer  le  regret 
que  nous  ont  causé  l'absence  de  quelques  cartes  et  l'absence  d'un  très 
court  chapitre  groupant  systématiquement  les  conclusions  auxquelles 
est  ai'rivé  M.  Philipon.  Ainsi,  eût  été  facilitée  la  lecture  de  l'ouvrage, 
ainsi  l'auteur  eût  mis  plus  en  valeur  ses  théories  personnelles,  basées 
sur  l'examen  des  textes  originaux  et  vraiment  séduisantes  en  plus 
d'un  point. 

11.  —  Si  M.  Pierre  Marge  avait  pu  lire  le  travail  de  M.  Phihpon  sur 
les  Ibères,  nul  doute  que,  dans  h  Tour  de  l'Espagne  en  automobile,  il  . 
n'eût  fait  à  ce  peuple  une  place  d'honneur,  à  côté  des  Romains  et  des 
Ai'abes.  Bien  que,  en  effet,  ce  livre  soit  toujours,  comme  l'indique  le 
sous-titre,  une  «  étude  de  tourisme  »,  on  y  trouve  également  autre 
chose,  et  M.  Marge,  très  sensible  au  bon  établissement  d'une  route,  ne 
l'est  pas  moins  à  la  beauté  des  paysages,  au  pittoresque  des  costumes, 
au  charme  des  nuits  étoilées,  à  la  séduction  des  œuvres  d'art  ou  des 


—  223  — 

jolis  minois.  Aussi  son  volume,  écrit  d'une  plume  alerte,  sans  préten- 
tions, se  lit-il  très  vite  et  avec  un  grand  plaisir;  il  est  agrémenté  de 
réminiscences  historiques,  de  récits  empruntés  à  la  «Chronique  du  Cid», 
de  traits  d'humour  dont  voici  un  exemple  savoureux  :  à  l'une  des  étapes 
de  son  voyage,  M.  Marge  et  ses  compagnons  firent  la  connaissance 
d'un  hôtel  dont  la  simplicité  leur  était  «  patriarcale,  parce  que,  dif. 
l'auteur  à  la  p.  10,  ce  qui  y  fut  mis  à  notre  disposition,  chambres  et 
nourriture,  était  dans  un  état  de  perfectionnement  qu'on  ne  pourrait 
retrouver  qu'en  remontant  jusqu'aux  anciens  peuples  pasteurs.  » 
Cela  veut-il  dire  que  les  automobilistes  dont  M.  Marge  était  le  conduc- 
teur aient  eu  d'ordinaire  à  se  plaindre  des  hôtels  qu'ils  ont  pratiqués? 
Nullement.  En  règle  générale,  l'Espagne  est,  à  cet  égard,  comme  le 
Portugal,  un  -pays  calomnié.  Il  est,  d'ailleurs,  si  peu  connu  !  M.  Marge 
ne  nous  en  fournit-il  pas  lui-même  la  preuve  quand  il  nous  parle  des 
«  alcarazas  »  comme  d'un  véritable  découverte  faite  par  lui  (p.  28)? 
Du  moins,  par  son  exemple  et  par  son  livre,  contribuera-t-il  à  le  faire 
mieux  connaître,  et  inspirera-t-il  à  d'autres  voyageurs  le  désir  de  voir 
l'Espagne  avec  toute  l'attention  et  tout  le  temps  nécessaires  pour  bien 
voir...  Ce  sera  certainement  pour  lui  la  meilleure  récompense  de  ses 
fatigues  et  de  ses  peines. 

12.  ■ —  Par  delà  ces  régions  méditerranéennes  auxquelles  appar- 
tiennent les  pays  de  TAtlas,  comme  ceux  de  la  péninsule  ibérique, 
s'étendent  les  contrées  sahariennes,  qui  séparent  du  Soudan  l'Afrique 
Mineure.  Scientifiquement  peu  explorées  pendant  longtemps,  ces 
vastes  espaces  ont  été,  depuis  quelques  anuées,  étudiés  de  telle  sorte 
qu'il  commence  à  devenir  vraiment  possible  d'en  dresser  une  carte 
et  d'en  donner  une  description  systématique.  Sans  doute,  les  cartes 
ont  encore  un  caractère  provisoire,  et  les  descriptions  ne  peuvent 
pas  être  d'une  rigoureuse  précision;  du  moins,  dans  les  deux  cas,  les 
grandes  lignes  sont-elles  valables.  C'est  ce  dont  on  a  pu  se  rendre 
compte  naguère  en  lisant  le  tome  I  des  Missions  au  Sahara  par 
E.-F.  Gautier  et  R.  Chudeau  »,  celui  que  M.  Gautier  avait  consacré 
au  Sahara  algérien;  c'est  également  ce  qui  se  dégage  avec  évidence  du 
beau  volume  de  M.  Chudeau  intitulé  :  Sahara  soudanais.  —  Ici  encore, 
comme  dans  le  livre  de  M.  Gautier,  auquel  il  fait  exactement  pendant, 
aucun  récit  anecdotique,  mais  un  exposé  systématique  des  résultats 
des  voyages  faits  et  des  études  de  toute  nature  menées  à  bonne  fin, 
une  synthèse  des  connaissances  acquises,  un  relevé  minutieux  des  pro- 
blèmes à  résoudre.  Si  soigneusement  établie  soit-elle,  aucune  relation 
n'est  susceptible  de  rendre  les  mêmes  services  qu'un  «inventaire  «de 
ce  genre,  appelant  l'attention  des  futurs  explorateurs  sur  certains 
points  déterminés,  les  invitant  à  contrôler  sans  cesso  les  idées  énoncées, 
les  hypothèses  faites,  les  observations  déjà  recueillies,  provoquant 


—  224  — 

l'étude  et  la  critique...  C'est  le  meilleur  moyen  de  faire  jDrogresser  la 
science.  Honneur  à  MM.  Gautier  et  Chudoau  pour  l'avoir  si  bien  com- 
pris! —  Il  ne  suffit  pas  toutefois  d'indiquer  l'esprit  général  d'une 
œuvre  comme  celle  des  deux  excellents  voyageurs;  il  convient  éga- 
lement d'en  exposer  au  moins  les  grandes  lignes,  et  c'est  ce  que  nous 
voulons  faire  maintenant.  Les  deux  premiers  chapitres  du  Sahara 
soudanais  montrent  comment,  des  frontières  de  ce  Sahara  algérien, 
qu'a  plus  spécialement  parcouru  M.  Gaut'er,  jusqu'au  Niger  et  au 
Tchad,  se  succèdent  les  régions  qui  font  partie  de  la  pénéplaine  centrale 
du  Sahara  et  celles  dont  l'ensembl^^nstitue  les  hautes  plaines  du 
Soudan,  les  terrains  de  parcours  des  pasteurs  touareg  et  la  lisière 
septentiionale  des  pays  habités  par  des  cultivateurs  de  race  noire. 
A  ces  monographies  de  pays  très  dissemblables,  les  uns  d'une  stérilité 
désolante,  d'autres  (isolés  par  les  précédents)  presque  habitables, 
d'autres  encore,  plus  méridionaux,  reproduisant  à  peu  près  les  con- 
ditions géologiques  du  Sahara  algérien  et  constituant  la  zone  sahé- 
lienne,  véritable  transition  (au  point  de  vue  humain)  entre  le  Sahara 
et  le  Soudan,  succèdent  des  chapitres  plus  généraux,  où  M.  Chudeau, 
débordant  son  cadre  piimitif,  porte  ses  investigations  sur  l'ensemble 
même  du  Sahara  et  en  expose  successivement  la  météorologie  (ch.  III) 
et  la  géographie  botanique  et  zoologique  (ch.  IV).  L'étude  de  l'hydro- 
graphie ancienne  du  Sahara  soudanais,  de  ses  dunes  fossiles  et  de  ses 
phénomènes  de  dessèchement  (ch.V  et  VI), ainsi  que  celle  de  différentes 
questions  techniques,  de  celle  de  la  latérite  en  particuher,  permettent 
ensuite  à  M.  Chudeau  d'affirmer  l'improbabilité  d'un  empiétement 
progressif  du  Sahara  sur  le  Soudan,  Enfin  le  chapitre  consacré  au  com- 
merce contient  des  données  précises  desquelles  se  dégage  avec  force 
cette  conclusion  que  l'utihté  économique  d'un  chemin  de  fer  transsa- 
harien  aboutissant  aux  Etats  haoussas  ou  bornouans  «paraît  bien  dou- 
teuse ».  — ^ Telle  est,  succinctement  esquissée,  l'ordonnance  du  livre  de 
M.  Chudeau;  si  l'on  se  rappelle  ce  que,  ici  même,  nous  avons  dit  du 
Sahara  algérien  de  M.  Gautier  (Polybiblion,  septembre  1908,  t.  CXIII 
p.  234-235),  on  comprendra  comment  ces  deux  ouvrages  n'en  font 
qu'un  on  réalité,  tant  ils  se  complètent,  se  compénètrent,  se  corrobo- 
rent l'un  l'autre.  C'est  la  même  tenue  scientifique,  la  même  manière 
d'étudier  les  questions,  le  même  souci  d'exactitude;  ainsi  se  trouve 
constitué  un  nouvel  inventaire  de  nos  connaissances  sur  le  Sahara 
occidental.  Admirablement  illustré,  cet  ouvrage,  près  de  vingt  ans 
après  le  Sahara  de  M.  Schirmer,  va  devenir  le  vade-mecum  des  explo- 
rateurs et  des  géographes,  et  constituer  sans  aucun  doute  le  point  de 
départ  de  nouveaux  progrès  dans  la  connaissance  des  régions  saha- 
riennes. 

13.  —  C'est  à  l'autre  extrémité  de  l'Afrique  septentrionale  que  s'est 


—  225  — 

rendu  M.  Jean'  d'Allemagne  pour  aller  Aa  Pays  de  la  reine  Candace. 
De  Suez,  il  a  gagué  Port-Soudan,  et,  par  la  nouvelle  ligne  qui  met  ce 
point  en  communication  avec  Khartoum,  il  a,  au  retour  de  la  Pales- 
tine, pénétré  en  plein  cœur  de  la  Nubie,  jusqu'au  confluent  du  Nil 
bleu  et  du  Nil  blanc;  mais  ce  que  M.  Jean  d'Allemagne  a  cherché  dans 
les  contrées  désertiques  et  dans  les  savanes  qu'il  a  traversées  et  vi- 
sitées, ce  n'est  nullement  le  spectacle  pittoresque  des  heurts  de  ci- 
vilisation dont,  à  Port-Soudan,  à  Atbara,  ailleurs  encore,  il  lui  a  été 
donné  de  jouir;  ça  été  la  résurrection  du  passé  historique  de  la  contrée. 
Aussi  a-t-il  été  visiter  les  ruines  de  Méroé  et  a-t-il  pris  plaisir,  en  exa- 
minant ses  trois  groupes  de  pyramides,  à  évoquer  le  souvenir  de  ce 
que  fut  jadis  le  vieux  pays  de  Koush,  après  s'être  affranchi  de  la  do- 
mination égyptienne  et  avant  de  tomber  sous  le  joug  de  Rome... 
Le  bref  tableau  qu'il  a  tracé  du  passé  de  la  Nubie  nous  fait  regretter 
que  M.  Jean  d'Allemagne  ait  cru  devoir  être  si  sobre  de  détails  sur 
l'état  actuel  de  la  contrée. 

14.  —  Des  plaines  désertiques  et  des  steppes  du  Soudan  égyptien 
aux  marches  tibétaines  du  sud-est,  il  y  a  loin;  nous  devons  cependant 
franchir  d'un  seul  bond  cette  énorme  distance  pour  suivre  M.  Jacques 
Bacot  autour  du  Dokerla.  Tel  est  le  nom  d'un  massif  montagneux  du 
Tibet  oriental  qui  dresse  jusqu'à  6  000  mètres,  entre  Salouen  et 
Mékong,  ses  hautes  cîmes  couronnées  de  glaciers;  chaque  année,  de 
juin  à  novembre,  de  nombreux  pèlerins  viennent  de  toutes  les  parties 
orientales  du  Tibet,  et  de  Lhassa  même,  faire  en  une  vingtaine  de 
jours  le  tour  de  cette  montagne  vénérée.  Comme  eux,  mais  dans  un 
sens  inverse  du  leur,  c'est-à-dire  en  gardant  toujours  à  sa  gauche  (et 
non  pas  à  sa  droite)  le  massif  sacré,  M.  Bacot  a  contourné  le  Dokerla, 
mais  avec  d'autres  préoccupations  que  les  Tibétains,  c'est-à-dire  en 
s'efforçant  de  bien  voir  le  pays  qu'il  traversait  et  surtout  d'en  com- 
prendre les  habitants.  La  tâche  n'était  guère  facile;  mais  M.  Bacot 
doué  de  très  réelles  qualités  de  voya[;eur  et  d'observateur  (les  deux 
choses  sont  loin  d'aller  toujours  ensemble)  a  parfaitement  réussi,  là 
comme  dans  les  autres  parties  des  marches  tibétaines  visitées  par  lui, 
depuis  Tahfou  jusqu'à  Yerkalo  et  Batang.  Du  pays  lui-même,  M.  Bacot 
a  rapporté  une  impression  assez  favorable  :«  c'est,  écrit-il  très  joliment 
(p.  Il),  le  Tibet  des  maisons,  opposé  à  celui  des  plateaux  ou  des  tentes. 
On  pourrait  dire  aussi  le  Tibet  fleuri,  car  au-dessus  des  gorges  désolées, 
au-dessus  encore  des  grandes  forêts  de  cèdres,  dans  les  nuées,  les 
montagnes  sont  des  massifs  fabuleux  d'orchidées,  de  hs  et  de  rhodo- 
dendrons «.Quant  aux  habitants,  Mossos,  Dissous,  Loutzés  et  Tibétains 
surtout  (Cf.  les  p.  191-215  du  volume),  M.  Bacot  les  a  observés  avec  un 
esprit  dépourvu  de  toute  prévention,  en  se  montrant  respectueux  de 
leurs  usages  et  de  leurs  préjugés. C'était  là,  pour  le  voyageur,  une  excel- 
Septembre  190S  T.CXVI.  15, 


—  226  — 

lente  recommandation;  M.  Bacot  en  a  ti'ouvé  une  autre  dans  sa  na- 
tionalité. ('■  Sur  tout  le  Mékong  tibétain  et  habité  où  sont  établis  nos 
.  missionnaires,  déclare-t-il,  à  la  p.  49,  la  seule  qualité  de  Français  est 
une  garantie  de  bienvenue...  Les  missionnaires  font  connaître  ei> 
aimer  la  Franco  dans  des  pays  que  la  France  ignore.  Ils  n'ont  d'autres 
ennemis  qu'une  minorité  de  lamas  orthodoxes  qui,  craignant  pour 
leur  puissance  temporelle,  la  défendent  par  la  terreur.  »  Nombre  de 
ces  pionniers  de  la  foi,  et  en  même  temps  de  la  France,  de  la  civilisa- 
tion et  de  la  science,  les  Soulié,  les  Dubernard,  d'autres  encore,  ont 
récemment  trouvé  la  mort  au  cours  des  tragiques  événements  dont 
M.  Bacot  a  naguère  fait  l'histoire  devant  le  Comité  de  l'Asie  française 
(Cf.  les  p.  161-189  de  Dans  les  Marches  tibétaines);  remercions-les,  eux 
et  leurs  successeurs,  de  leur  dévouement  à  la  foi  et  à  la  France,  et  re- 
mercions en  même  temps  le  méritant  et  modeste  voyageur  (et  non  pas 
simplement  touriste)  qu'est  M.  Bacot  de  leur  avoir  rendu  pleine  et 
entière  justice;  il  a  ainsi  accru  la  très  réelle  valeur  documentaire  de 
son  excellent  petit  volume  :  Dans  les  Marches  tibétaines,  où  il  a 
oublié  de  parler  des  précieux  manuscrits  mossos  qu'il  a  rapportés  en 
France. 

15.  —  Non  loin  des  côtes  de  cette  Mer  de  Chine  où  aboutissent  les 
grands  fleuves  sortis  du  Tibet,  le  Yang-tsé-Kiang,  le  Mékong,  se 
dressent  au  centre  de  l'Indo-Chine  française  les  plateaux  moï,  et,  en 
particulier,  le  plateau  du  Darlac.  C'est  à  ces  régions,  qui  comptent 
parmi  les  plus  sauvages  et  les  moins  connues  de  notre  belle  colonie 
d'Extrême-Orient,  que  M.  Henri  Maître,  le  distingué  directeur  actuel 
de  l'École  française  fondéa  à  Hanoï  par  M.  Doumer,  vient  de  consacrer 
un  volume  plein  d'observations  personrelles  et  plein  de  faits.  Ce 
livre,  intitulé:  Les  Rcgions  Moï  du  Sud  indo-chinois,  se  divise  en  deux 
parties,  dont  la  première  est  une  précieuse  étude  sur  les  populations 
moï,  sur  leur  classification,  leurs  mœurs  et  leurs  coutumes,  leurs 
légendes  et  leurs  traditions.  Dans  la  seconde  partie  du  volume,  d'un 
caractère  tout  différent,  à  l'étude  systématique  fait  place  le  récit  de 
voyage;  M.  Maître  raconte  les  différentes  excursions  et  reconnaissances 
que,  de  1905  à  1908,  tantôt  seul,  tantôt  avec  quelques  compagnons, 
tels  que  le  marquis  de  Barthélémy  et  le  comte  de  Houdetot,  il  a  exé- 
cutées de  tous  les  côtés  autour  du  plateau  du  Darlac.  Dans  ces  récits 
de  voyage,  très  vivants  et  très  pittoresques,  M.  Maître  a  su  enchâsser 
avec  beaucoup  d'habileté  une  foule  de  renseignements  géographiques 
(Cf.  aux  p.   181-183  le  passage  relatif  au  plateau  du  Lang-Biang) 
et  ethnographiques,  des  traditions,  des  légendes,  des  poésies  populaires, 
des  souvenirs  historiques,  et  bien  rares  sont  les  passages  manquant 
vraiment  de  netteté  (tel  est  le  passage  des  p.  314-315  relatif  aux  trous 
circulaires     creusés  dans  les  rocheis  gréseux  du  Draé  Chep;  nous 


è 


—  227  — 

croyons  que  ce  sont  des  marmites  creusées  par  les  eaux  et  dues  à  la 
tactique  des  tourbillons).  Ainsi  M.  Maître  a  su  faire  de  ses  Régions 
Moi  du  Sud  indo-chinois  une  des  relations  de  voyage  les  plus  intéres- 
santes et  les  plus  instructives  que  nous  possédions  sur  l'Indo-Chine 
française. 

16.  —  C'est  des  pays  de  l'Extrême-Orient,  dit-on  parfois,  que  sont 
venus  les  anciens  peuples  colonisateurs  du  Nouveau  Monde,  ceux 
qui,  avant  l'arrivée  des  Européens,  avaient  su  imprimer  aux  civilisa- 
tions aztèque  et  inca  un  éclat  extraordinaire;  le  baron  et  la  baronne 
Conrad  de  Meyendorfî  le  rappellent  dans  l'Avant-propos  du  beau  vo- 
lume qu'ils  viennent  de  consacrer  au  passé  et  au  présent  des  pays  qui 
constituaient  autrefois  l'empire  des  Incas,  au  Pérou  et  à  la  Bolivie, 
et  font  en  même  temps  remarquer  que  la  théorie  rattachant  les  Qque- 
chua  aux  Chinois  est  très  répandue  au  Pérou.  Mais,  bien  plus  qu'à  ces 
insolubles  questions  d'origine,  les  deux  voyageurs  se  sont  attachés 
à  la  civilisation  pré-européenne  des  peuples  dont  ils  visitaient  le  pays; 
et,  non  contents  d'étudier  en  artistes  les  paysages  si  variés  et  parfois 
si  beaux  qu'il  leur  était  donné  de  contempler,  de  se  montrer  attentifs 
aux  scènes  de  mœurs,  de  s'efforcer  de  comprendre  à  la  fois  les  pays 
qu'ils  visitaient  et  les  hommes  dont  ils  étaient  les  hôtes,  le  baron  et  la 
baronne  de  MeyendorlT  ont  voulu,  par  un  examen  attentif  des  ruines 
encore  subsistantes  et  par  une  comparaison  perpétuelle  de  ces  monu- 
ments avec  les  textes  relatifs  à  la  civiHsation  des  Incas,  reconstituer 
en  quelque  manière  le  tableau  de  cette  civilisation.  De  là  le  titre  de 
l'ouvrage  :  L'Empire  du  Soleil;  de  là  nombre  de  chapitres  au  caractère 
bien  plutôt  historique,  et  surtout  archéologique,  que  géographique. 
Nous  en  plaindrons-nous?  Pas  le  moins  du  monde,  car  M.  et  M™®  Con- 
rad de  Meyendoriï  sont  vraiment  au  courant  des  questions  dont  ils 
parlent,  et  en  dissertent  d'une  manière  fort  agréable  ;  peut-être,  parfois, 
acceptent-ils  un  peu  trop  facilement  les  idées  de  Ch.  Wiener,  mais  ils 
font  montre  le  plus  souvent  de  prudence  et  d'esprit  critique.  Aussi 
convient-il  de  recommander  leur  volume,  non  seulement  à  cause  de 
ses  fort  belles  et  très  intéressantes  gravures ,  mais  aussi  à  cause  du 
texte  lui-même,  qui  contient  tout  à  la  fois  une  bonne  description 
de  la  Bolivie  et  du  Pérou  actuels  et  un  très  instructif  exposé  de  ce  que 
fut,  avant  sa  destruc'^^ion  complète    par    les    Espagnols,  le  brillant 
empire  des  Incas. 

17.  —  Il  est  impossible  de  trouver  deux  ouvrages  plus  dissemblables 
que  l'Empire  du  Soleil  et  le  Bulletin  commémoratif  de  l'Exposition 
nationale  de  1908.  Là,  ce  sont  des  impressions  de  voyage,  des  descrip- 
tions alertes  du  temps  présent,  de  suggestifs  souvenirs  du  passé; 
ici,  ce  ne  sont  guère  que  des  séries  de  tableaux  statistiques,  des 
colonnes  de  chiffres  dont  seules  des  cartes,  des  planches  de  botanique. 


—  228  — 

des  fijrures  graphiques  viennent  rompre  la  froide  monotonie...  On 
aurait  tort  toutefois  de  ne  pas  consulter  ces  chiffres;  en  les  examinant, 
(in  ne  tarde  pas  à  se  rendre  compte  que  le  Bulletin  commémoratij  de 
l'Expositioji  nationale  de  1908  est  mieux,  en  dépit  de  son  titre,  qu'une 
publication  de  circonstance.  Ce  que  la  Direction  générale  de  statis- 
tique du  Brésil  a,  en  effet,  sous  cette  appellation  singulière,  entrepris  de 
constituer,  a  été  un  recueil  d'informations  inédites  ou  déjà  connues 
permettant  de  se  faire  une  idée  exacte  de  l'état  actuel  de  cette  répu- 
blique fédérative,  et,  si  l'on  peut  ainsi  parler,  de  sa  vie  démographique, 
économique  et  sociale.  Une  pareille  tâche  était  d'autant  plus  com- 
plexe et  délicate  qu'il  fallait  faire  entrevoir  en  même  temps  l'essor  pris 
par  le  Bi'ésil  depuis  sa  séparation  d'avec  le  Portugal;  la  Direction  géné- 
rale de  statistique  a  su  s'en  acquitter  à  son  honneur.  Elle  a  établi  un 
recueil  bien  compris  et  systématiquement  ordofiné  de  tableaux  rela- 
tifs au  territoire,  à  la  population,  au  mouvement  économique  et  au 
mouvement  social  du  Brésil,  et  a  accompagné  ces  tableaux  de  cartes, 
de  diagrammes,  de  dessins  très  ingénieux  qui  en  traduisent  d'une 
manière  singuhèrement  expressive  les  données  essentielles...  Non 
moins  cpie  l'économiste  ou  le  sociologue,  le  géogi'apliQ  applaudira  à 
cette  publication;  que  d'informations  difficiles  à  se  procurer  sont, 
en  effet,  réunies  da;ns  la  première  partie  du  Bulletin  commémoratij  ! 
A  côté  des  données  relatives  à  la  superficie  des  différents  Etats, 
voici  des  séries  de  cliiffres  relatifs  à  l'altitude,  au  climat  (il  est 
fâcheux  que  les  moyennes  données  soient  «  annuelles  »,  et  non 
pas  «  saisonnières  »),  aux  richesses  minéralogiques,  botaniques  et 
zoologiques  du  Brésil;  puis,  dans  les  trois  autres  parties  du 
volume,  voici  des  indications  statistiques  concernant  les  mouve- 
ments de  la  population  brésilienne,  l'immigration,  la  situation  écono- 
mique, les  éléments  du  commerce,  la  vie  sociale...  Une  Introduction 
préliminaire  assez  développée  (une  quarantaine  de  pages)  synthétise 
les  séries  de  chiffres  groupés  dans  les  diiïérents  tableaux  de  chaque 
partie,  formule  les  conclusions  qui  se  dégagent  de  leur  examen  et 
esquisse  un  tableau  d'ensemble  de  la  situation  actuelle  du  Brésil. 
Sans  doute  cet  aperçu  est  quelque  peu  «  en  l'air  »  et  manque  de  cette 
base  indispensable  qu'est  l'étude  du  sol  même;  mais  c'est  au  géographe 
à  combler  une  lacune  qu'il  n'a  pas  le  droit  de  reprocher  à  une  Direc- 
tion générale  de  statistique.  Celle-ci  lui  a  mis  en  main,  en  les 
accompagnant  de  précieux  commentaires  et  de  fort  belles  planches, 
les  matériaux  d'une  indiscutable  valeur  qu'elle  pouvait  lui  fournir;  à 
lui  maintenant  d'en  tirer  parti  ! 

18,  —  Dans  cette  tâche,  le  nouveau  livre  de  M.  Paul  Walle  :  Au 
Pays  de  l'or  noir,  lui  sera  d'un  précieux  concours.  Comme  il  existe  une 
«  houille  blanche  »,  de  même  il  existe  un  «  or  noir  »;  ouro  preto,  tel  est,  en 


—  229  — 

effet,  le  nom  sous  lequel  les  seringuoiros  et  les  caucheros  de  T^mazonie 
désignent  le  caoutchouc,  dont  les  Etats  brésiliens  de  Para  et  d'Ama- 
zonas  sont  actuellement  les  principaux  pays  producteurs.  Mais,  si 
importante  que  soit  en  Amazonie  l'industrie  du  caoutchouc,' —  à  qui 
seule  il  convient  d'attribuer  le  merveilleux  développement  économique 
de  la  région,  —  ce  n'est  pas  l'unique  ressource  dont  dispose  cette 
contrée,  soit  dans  les  Etats  de  Para  et  d'Amazonas,  soit  dans  celui 
de  Matto  Grosso,  où  l'exploitation  du  caoutchouc  est  encore  rudimen- 
taire.  Comme  le  dit  fort  bien  M.  Paul  Walle,  «  aucun  pays  du  monde 
n'est  aussi  favorisé  que  la  vallée  amazonique  pour  l'extraordinaire 
valeur  des  produits  naturels»,  et  si  toute  autre  industrie  s'est  jusqu'à 
présent  effacée  devant  le  caoutchouc,  un  jour  viendra  sans  doute  où 
la  mise  en  valeur  de  l'Amazonie  amènera  ses  habitants  à  exploiter 
les  autres  ressources  de  la  région;  déjà  l'élevage  est  pratiqué  sur  ure 
grande  échelle  dans  certaines  parties  de  l'Etat  de  Pai'a,  dans  l'île  de 
Marajo,  en  particulier;  ailleurs, les  cultures  de  la  noix  de  Brésil,  du 
cacao,  du  tabac,  du  manioc  (sans  parler  de  l'exploitation  des  bois  de 
toute  nature)  sont  susceptibles  de  prendre  une  extension  considérable; 
mais  le  caoutchouc,  «  qui  fait  vivre  et  qui  enrichit  celui  qui  le  récolte 
comme  l'exportateur  qui  le  vend  )),n'en  demeure  pas  moins  l'industrie 
par  excellence  de  l'Amazonie.  N'est-ce  pas  en  quantité  innombrable 
qu'on  y  rencontre  à  l'état  sauvage  l'arbre  à  gomme,  Vhevea  ou  sypîw- 
nia  elastica^  la  «  seringueira  »  des  indigènes,  1'  «  arbre  seringue  »  de 
François  Fresneau?  Aussi  M.  Paul  Wallc  n'a-t-il  pas  hésité  à  s'arrêter 
longuement  sur  les  différentes  espèces  des  arbres  à  caoutchouc  de 
l'Amazonie,  surles  procédés  d'extraction  et  d'élaboration  des  différentes 
sortes  de  gomme,  sur  l'existence  indépendante,  mais  pénible,  des  cher- 
cheurs de  caoutchouc  (ch.  VI  à  IX).  D'instructives  comparaisons  entre 
le  caoutchouc  amazonien  et  le  caoutchouc  asiatique  (ch.X) complètent 
cette  étude,  très  documentée  et  basée  sur  l'expérience  personnelle 
de  l'auteur,  qu'encadrent  des  chapitres  sur  les  trois  grands  états 
brésiliens  de  l'Amazonie,  sur  le  climat  de  la  contrée,  sur  ses  possibilités 
économiques  et  sur  les  causes  de  l'infériorité  du  commerce  français 
dans  ces  régions. 

19.  —  Gomme  M.  Paul  Walle,  M.  P.  Ghemin-Dupontès  s'est  surtout 
proposé,  dans  son  ouvrage  sur  les  Petites  Antilles^  de  traiter  le  point 
de  vue  économique.  Non  pas  que  la  géographie  physique,  la  géogi-aphie 
politique,  l'histoire  de  la  colonisation  européenne  aient  été  négligées 
par  lui  ;  mais  c'est  incontestablement  du  côté  économique  que  l'auteur 
a  fait  porter  son  principal  effort,  et  quoi  de  plus  naturel  de  la  part 
d'un  spéciahste,  de  celui  qui  est  chargé  de  la  statistique  à  l'Office 
colonial  .^  Nous  ne  pouvons  pas,  toutefois,  ne  pas  adresser  à  M.Chemin- 
Dupontès  quelques  reproches  analogues  à  ceux  que  nous  avons  faits 


—  230  — 

naguère  à  M.  Daniel  Bellet  à  propos  de  son  livre  sur  les  Grandes  An- 
tilles: pourquoi  n'avoir  pas  indiqué  la  situation  de  la  «  Microantilie  » 
sur  une  des  lignes  de  fracture  les  mieux  cai-actérisées  du  globe,  et 
n'avoir  pas  montré  la  différence  de  stabilité  sismique  existant  entre 
le  talus  atlantique  et  la  pente  caraïbe  de  l'étroite  plate-forme  suppor- 
tant les  terres  émergées?  pourquoi  n'avoir  fait  qu'une  mention  insi- 
gnifianbe  des  anciens  habitants  de  ces  îles,  des  Caraïbes,  et  n'avoir  pas 
soufflé  mot  de  leur  civilisation?  Ces  malheureux  mdigènes  ont  été 
exécutés  par   M.  Chemin-Dupontès    comme  ils   l'ont   été   jadis   par 
les  colons  européens,  si  bien  qu'à  peine  soupçonne-t-on  dans  les  Petites 
Antilles  qu'ils  ont  «  vécu  »?  Pourquoi  avoir  glissé  si  rapidement  sur  les 
querelles  des  Anglais  et  des  Français  à  Saint-Christophe  (p.  20)? 
Pourquoi  enfin  n'avoir  pas  tenté  de  faire  un  peu  de  géographie  hu- 
maine? Que,  dans  ces  critiqiies  et  dans  ces  regrets,  M.  Chemin-Dupon- 
tès trouve  simplement  l'expression  de  notre  désir  de  le  voir  produire 
un   ouvrage  de  tous  points  excellent  I  Sans  doute,  comme  étude  sur 
l'évolution  économique  des  Petites  Antilles,  si  l'on  se  place  sous  un 
angle  déterminé,  ce  livre  est  à  peu  près  parfait;  les  colonies  françaises  y 
tiennent  la  place  prépondérante  qu'elles  ont  dans  nos  préoccupations, 
et  on  trouve  sur  elles,  dans  l'ouvrage  de  M.  Chemin-Dupontès,  des  faits 
intéressants,  exacts  et  précis,  des  chiffres  récents,  groupés  dans  une 
série  de  chapitres  très  nourris  (ch.  VI-XI),  qu'accompagne  (à  la  p.  265) 
un  excellent  diagramme  du  commerce  des  Antilles  françaises  de  1882 
à  1907;  sans  doute  aussi,  au  point  de  vue  social,  M.  Chemin-Dupontès, 
qui  n'a  pas  osé  qualifier  (à  la  p.  192)  d'  «  erreur  humanitaire  «  la  ma- 
nière dont   fut   effectuée  l'émancipation  des  esclaves,   nous  paraît 
avoir  raison  en  signalant  dans  la  participation  des  habitants    des 
Antilles  françaises  à  nos  querelles  politiques  et  aux  élections  législa- 
tives une  des  grandes  causes  de  leur  décadence.  Ainsi  l'ouvrage  de 
M.   Chemin-Dupontès  se  présente   de   manière  très  satisfaisante... 
Toutefois,  l'auteur  n'y  a  pas  tout  dit;  il  n'a  pas  montré,  en  particulier, 
combien  est  délétère  la  conception  que  les  habitants  de  la  Martinique 
et  de  la  Guadeloupe  se  font  du  rôle  de  la  métropole  envers  eux;  mais 
cela,  lui,  fonctionnaire  du  ministère  des  colonies,  pouvait-il  le  signaler? 
...  Tel   qu'il  est,  en  dépit  de  ses  lacunes,  ce  livre  sur  les  Petites  Antilles 
n'en  offre  pas  moins  un  très  vif  intérêt;  il  contient,  en  effet,  un  bon 
exposé  de  ce  que  l'on  peut  appeler  la  «  question  des  Antilles  françaises  » 
et  il  montre  comment  les  Anglais  sont  parvenus,  à  force  d'études  et 
de  sacrifices,  à  rendre  la  prospérité  à  leurs  colonies.  Puisse  cet  ensei- 
gnement être  compris  de  nos  gouvernants  et  adapté  par  eux  aux  be- 
soins de  nos  vieilles  colonies  du  Nouveau  Monde  !  ^ 
20.  —  Dans  la  phalange  des  explorateurs  arctiques  Scandinaves,     1 
le  capitaine  Roald  Amundsen   occupa  une  place  éminente;  en  effet, 

I 


^-  231  — 

n"a-t-il  pas  eu  la  gloire  d'effectuer  de  1903  à  1906  la  traversée  du  pas- 
sage nord-ouest  sur  la  Gjôa^  un  petit  navire  d'environ  cinquante  tonnes, 
dont  l'équipage  se  composait  simplement  de  sept  hommes,  lui-même 
compris  ?  Ce  que,  au  milieu  du  xix^siècle,  lors  de  la  recherche  de  Frankhn 
et  de  ses  compagnons,  Mac  Clure  n'avait  pu  parvenir  à  faire,  le  navi- 
gateur norvégien  l'a  réalisé  très  facilement,  et  quelques  mois  lui  eussent 
incontestablement  suffi  pour  passer  de  l'Océan  Atlantique  jusqu'au 
Pacifique  s'il  n'avait  tenu  à  rendre  son  expédition  fructueuse  pour 
la  science  et  à  recueillir  en  cours  de  route  une  véritable  moisson  d'ob- 
servations précises.  Voilà  pourquoi  le  capitaine  Amundsen  s'est  arrêté 
à  la  Terre  du  roi  Guillaume  dès  le  mois  de  septembre  1903,  et  y  est 
demeuré  jusqu'au  13  août  1905,  effectuant  au  Port  Gjôa,  dans  le  voi- 
sinage du  pôle  magnétique  boréal,  en  compagnie  de  Gustav  Juel  Wiik, 
une  longue  et  importante  série  d'observations  magnétiques,  tandis  que 
ses  autres  compagnons  s'occupaient  d'études  géologiques,  météoro- 
logiques et  ethnographiques,  ou  encore,  tels  le  lieutenant  danois 
Godfred  Hansen  et  le  météorologiste  Peter  Ristvedt,  exploraient 
dans  l'est  du  canal  de  Mac  CUntock  la  Côte  du  roi  Haakon  VIL 
Mais  ce  n'est  pas  seulement  durant  un  long  séjour  au  sud-ouest  de  la 
Terre  du  roi  Guifiaume  que  les  explorateurs  de  la  Gfàa  ont  fait  des 
études  géographiques  et  scientifiques  d'un  très  vif  intérêt;  en  achevant 
la  navigation  du  Passage  Nord-Ouest,  puis,  durant  le  nouvel  hivernage 
que  les  glaces  les  obligèrent  de  faire  un  peu  à  l'est  de  l'embouchure  du 
Mackenzie,  à  King  Point,  ils  ont  continué  leurs  observations  de  toute 
nature  et  ont  ajouté  à  la  reconnaissance  du  lieutenant  Hansen  vers 
le  nord-est  du  Port  Gjoa  une  expédition  vers  le  sud,  à  travers  l'Alaska 
septentrional,  jusqu'au  Youkon  et  à  Eagle  City.  Tel  est,  succinctement 
résumé,  le  voyage  tout  à  fait  remarquable  dont  on  trouvera  le  récit 
anecdotique  dans  le  Passage  du  Nord-Ouest-^  le  capitaine  Amundsen 
n'y  a  donné  que  do  très  brefs  renseignements  sur  ses  études  scientifi- 
ques, —  trop  brefs  à  notre  gré;  mais  il  songeait  au  gi-and  public,  —  et 
y  a  relaté  d'une  manière  très  attachante  l'histoire  de  son  beau  voyage. 
A  lire  son  récit,  il  semblerait,  comme  le  dit  très  justement  M.  Rabot 
dans  sa  Préface,  que  les  vaillants  explorateurs  de  la  Gjoa  étaient  autant 
de  «  naturalistes  tranquillement  installés  dans  un  laboratoire,  et  pour- 
suivant leurs  recherches  avec  la  certitude  du  lendemain  ».  Il  n'en  a  ce- 
pendant pas  été  ainsi,  le  lecteur  s'en  apercevra  très  vite  s'il  veut  bien 
s'en  donner  la  peine  et  comprendre  tout  ce  que  la  vie  de  l'explorateur 
arctique  comporte  de  privations  et  de  dangers  de  toute  sorte;  il 
s'en  apercevra  aussi  en  lisant  le  passage  où  le  capitaine  Amundsen 
raconte  la  mort  de  son  compagnon  et  collaborateur  Wiik  (p.  183). 
Rien  de  plus  simple  et  de  plus  bref  que  cette  oraison  funèbre;  mais 
on  y  sent  une  douleur  qui,  pour  être  contenue,  n'en  est  pas  moins  pro- 


—  232  — 

fonde.  La  joie  du  retour  se  devine,  elle  aussi,  un  peu  plus  loin,  dans  les 
dernières  lignes  du  récit,  contenue  et  profonde  à  la  fois.  En  vérité, 
Roald  Amundsen  est  bien,  comme  Otto  Sverdrup  et  comme  Fritjof 
Nansen,  éminemment  représentatif  de  la  race  norvégienne;  on  s'en 
rendra  compte  en  lisant  l'attachante  relation,  si  bien  traduite  par 
M.  Charles  Rabot  et  si  agréablement  illustrée,  qu'est  le  Passage  du 
Nord-Ouest.  Henri  Froidevaux. 

ART,  HISTOIRE  ET  SCIENCES  MILITAIRES 

(Suite.) 

18.  Historique  des  troupes  coloniales.  Campagne  du  Mexique,  par  le  capitaine 
VALLiER.Paris,Charles-Lavauzelle,s.d.,in-18de284p.,3fr.50. —  19.La  Intervencion 
francesa  en  Mexico  se  gunel  archiva  delmariscalBazaine.Textosespa.noly  francés.  Par- 
tes sexta  \seplima  {Documentas ineditos  puhVicaidospor  Gf.naro Garcia).  Mexico, 
Viuda  G.Bouret,  1909,  petit  in-8de  266  et  268  p.,  lOfr.  —  20.  El  Sitio  dePueblaen 
1863,  segun  los  archivas  del  gênerai  D.  Ignacio  Comonfort  y  de  D.  Juan  A.  de  la 
Fuente  {Documentos  ineditos  publicados  por  Genaro  Garcia).  Mexico,  Viuda 
G.  Bouret,  1909,  petit  in-8,  de  263  p.,  5  fr.  —  21.  Enseignements  tactiques  de  la  guerre 
russo- japonaise,  par  le  commandant  Niessel.  3«  éd.  Paris,  Charles-Lavauzelle, 
s.  d.,  in-8  de  186  p.,  3fr.  —  22.  Histoire  abrégée  de  la  guerre  russo-japonaise.  Le 
Combat  d' infanterie  d'après  les  enseignements  de  la  guerre,  par  le  lieutenant  Escalle. 
Auxerre,  Laniei-,  1908,  in-8  de  232  p.,  3  fr.  —  23.  Comptes  rendus  publiés  par  le 
Rouskii  Irwalid  de  conférences  sur  la  guerre  russo-japonaise  faites  à  l' Académie 
Nicolas.  8«  fasc.  Bataille  de  Moukden.  Paris,  Charles-Lavauzelle,  s.  d.,  in-8  de 
448  p.,  10  fr.  —  24.  Au  Maroc  avec  le  général  d^Amade,  par  Reginald  Rankin; 
trad.  de  l'anglais.  Paris,  Plon-Nourrit,  1909,  in-16,  iv-306  p.,  avec  18  grav.  hors 
texte,  un  portrait  et  4  cartes,  3  fr.  50.  —  25.  Le  Combat  des  Rfakha,  près  Casablanca, 
29  février  1908.  Extraits  d'un  carnet  de  route,  par  le  capitaine  Paul  Azan.  Paris, 
Chapelet,  1909,  in-8  de  94  p.,  2  fr.  —  26.  Impressions  de  campagne  et  de  manœuvres, 
1907-1908.  Campagne  de  Casablanca;  manœuvres  impériales;  manœuvres  du  Centre, 
par  RÉGiNALD  Kann.  Paris,  Charles-Lavauzelle,  s.  d.,  in-8  de  136  p.,  3  fr.  — 
27.  Événements  d'Orient,  par  le  général  Mahmoud  Mouktar  Pacha.  Paris,  Cha- 
pelet, 1909,  in-16  de  210  p.,  3  fr.  50.  —  28.  Enseignements  de  deux  guerres  récentes, 
par  le  général  Langlois.  Paris,  Charles-Lavauzelle,  s.  d.,  gr.  in-8  de  246  p.,  5  fr. 

—  29.  La  Guerre  elles  traités.  Etude  du  droit  international  et  d'histoire  diplomatique, 
par  le  lieutenant  Robert  .Jacomet.  Paris,  Charles-Lavauzelle,  s.  d.,  gr.  in-8  de 
vi-188  p.,  5  fr.  —  30.  La  Discipline  moderne,  par  le  capitaine  Paul  Simon.  Paris, 
Charles-Lavauzelle,  s.  d.,  in-8  de  88  p.,  1  fr.  50.  —  31.  Étude  sur  la  psychologie  de 
la  troupe  et  du  commandement,  par  le  commandant  Gaucher.  Paris,  Charles- 
Lavauzelle,  s.  d.,  in-8  de  110  p.,  2  fr.  —  32.  Notre  armée  à  l'œuvre.  Aux  grandes 
manœuvres  de  1908,  par  Pierre  Baudix.  Paris,  Charles-Lavauzelle,  s.  d.,  in-16  de 
184  p.,  3  fr.  —  33.  La  Nation  armée.  Leçons  professées  à  l'École  des  hautes  études 
sociales,  par  le  général  Bazaine-Hayter,  E.  Bourgeois,  C.  Bouglè,  le  capitaine 
Bourguet,  E.  Boutroux,  Croiset,  g.  Demeny,  G.  Lanson,  L.  Pineau,  le 
capitaine  Potez,  F.  Rauh.  Paris,  Alcan,  1909,  in-8  de  ii-278  p.,  cartonné,  6  fr.  — 

—  34.  Sur  l'autel  de  la  patrie.  Nos  drapeaux  pendant  l' Année  terrible  (1870-1871), 
par  le  commandant  A.  Richard.  Paris,  Chapelet,  s.  d.,  in-4  de  xvi-208  p.,  avec 
frontispice  de  Détaille,  10  fr.  —  35.  L'Armée  et  ses  cadres,  par  A.  Messim  y.  Paris, 
Chapelet,  1909,  in-16  de  196  p.,  2  fr.50. —  3G. Pourlarace. Notre  soldat;sacaserne, 
par  le  D'  Lachaud.  Paris,  Charles-Lavauzelle,  1909,  in-8,  de  382  p.,  5  fr.  —  37. 
Précis  d'hygiène  militaire  à  l'usage  des  candidats  à  l'Ecole  de  guerre,pa.T  le  D'  Monéry. 
Paris,  Charles-Lavauzelle,  s.  d.,  in-16  de  216  p.,  cartonné,  3  fr.  —  38.  Le  Service 
des  renseignements  militaires  en  temps  de  paix  et  en  temps  de  guerre,  par  le  lieutenant 
colonel  RoLLiN.  Paris,  Nouvelle  Librairie  nationale,  s.  d.,  in-18  de  139  p.,  2  fr.  — 


—  233  — 

39.  UOrganisation  de  ^infanterie  et  de  V artillerie.  Paris,  Chapelot,  1909,  in-8  de 
188  p.,  3  fr.  —  40.  Cours  élémentaire  de  tir  de  campagne,  par  le  capitaine  Tréguier. 
Pari.s,  Charles-Lavauzelle,  s.  d.,  in-8  de  288  p.,  5  fr.  —  41.  L'Infanterie  au  combat, 
par  le  lieutenant-colonel  Thomas  de  Colligny.  Paiis,  Charle.s-Lavauzelle,  s.  d., 
in-8  de  276  p.,  4  fr.  —  42.  La  Manœuvre  de  Lo'rlanges,  exécutée  par  le  13*^  corps, 
le  12  septembre  1908,  par  le  général  Percin.  Paris  et  Nancy,  Berger-Levrault,  1909, 
in-8  de  68  p.,  avec  5  croquis,  une  planche  et  une  carte,  1  fr.  50.  —  43.  Dictionnaire 
militaire.  Encyclopédie  des  sciences  militaires  rédigée  par  un  Comité  d'officiers  de 
toutes  armes.  24®  livraison.  Théorie  -  Train  d'artillerie.  Paris  et  Nancy,  Berger- 
Levrault,  1908,  gr.  in-8,  p.  2945  à  3072,  3  fr.  —  44.  Le  Campagne  di  guerra  in  Pie- 
monte  (1703-1708)  e  V  Assedio  di  Torino  (1706).  T.  IV  et  VIII.  Torino,  Bocca,  1908 
et  1909,  2  vol.  gr.  in-8  de  LV-529  et  533  p. 

18.  —  La  campagne  du  Mexique  sous  le  second  Empire  n'a  pas  eu 
chez  nous  un  grand  nombre  d'historiens  et,  sauf  l'ouvrage  du  général 
Niox,  peu  de  livres  ont  été  écrits  sur  la  matière.  On  lira  donc  avec  in- 
térêt le  travail  de  M.  le  capitaine  Vallier  qui,  dans  son  Historique  des 
troupes  coloniales.  Campagne  du  Mexique.^  aborde  une  matière  sinon  nou- 
velle, tout  au  moins  mal  connue  en  France.  Encore  que  le  sujet  abordé 
par  l'écrivain  ne  vise  qu'une  portion  des  combattants  engrgés  dans 
cette  lutte  lointaine,  il  a  été  nécessaireàM.Vallier  d'envisager,  la  plu- 
part du  temps,  la  guerre  mexicaine  dans  son  ensemble,  et  c'est  par  oe  • 
côté  que  son  Hvre  intéressera  le  plus  grand  nombre, 

19  et  20.  —  Nous  avons  eu  déjà  à  signaler  la  publication  remarqua- 
ble entreprise  par  l'éminent  M.  Genaro  Garcia,  directeur  du  Museo 
nacional  de  Mexico,  ■ —  un  établissement  analogue  à  notre  Collège  de 
France,  —  publication  qui  n'est  autre  que  celle  de  la  partie  des  archives 
du  maréchal  Bazaine  ayant  trait  à  la  guerre  du  Mexique.  Les  docu- 
ments publiés  dans  les  volumes  VI  et  VII,  qui  viennent  de  paraître 
{La  Intervencion  jranccsa  en  i/ézmv),  nous  parlent  du  voyage  fait  par 
l'empereur  Maximilien  à  l'intérieur  du  pays  en  1S64,  de  la  promotion 
de  Bazaine  au  maréchalat,  de  la  soumission  au  gouvernement  nou- 
veau de  divers  généraux  mexicains,  notamment  celle  du  général 
Cortina,  etc.  Ils  nous  signalent  également  que  nos  officiers  ne  surent 
pas  toujours  garder,  là-bas,  la  modération  qu'il  eût  été  liabile  de  mon- 
trer vis-à-vis  d'un  peuple  fier  que  trop  de  brutalité  révoltait  au  lieu 
de  convaincre.  —  El  Sitio  de  Puebla  en  1863,  rédigé  d'après  les  archives 
du  général  Comonfort  (qui  commandait  alors  l'armée  libérale  du  Centre) 
et  d'après  les  papiers  du  ministre  des  affaires  étrangères  D.  Juan 
A.  de  la  Fuente,  complète  heui'eusement  le  tableau  du  Mexique  lors 
de  l'intervention  française,  fourni  par  les  archives  de  Bazaine.  Il  nous 
suffira  de  signaler  ces  documents  à  nos  lecteurs  :  leur  importance  n'a 
pas  besoin  d'être  souHgnée. 

21.  —  Avec  les  Enseignements  lactiques  découlant  de  la  guerre  russo- 
japonaise  nous  entrons  dans  une  autre  époque.  En  constatant  que 
l'ouvrage  en  est  à  sa  troisième  édition,  nous  n'avons  pas  à  nous  appe- 
santir sur  ses  mérites.  M.  le  commandant    Niessel,  l'auteur  de  cette 


—  234  — 

étude,  conclut  qui^  plus  qu»;  janiais  la  victoiro  appartient  aux  obstinés, 
à  ceux  qui  poursuivent  par  l'oflensive  un  but  positif,  à  ceux  qui  réelle- 
ment veulf^nt  vaincre.  Pour  cela,  il  faut  que  le  commandement  ne  soit 
pas'  atteint  de  sensiblerie  iunnanitairo,  qu'il  ne  redoute  pas  les  pertes, 
si  cruelles  qu'elles  soient,  qu'il  demeure,  ainsi  que  tous  les  exécutants, 
résolu  à  mener  l'offensive  à  fond,  sans  rien  ménager,  avec  la  volonté 
déterminée,  inébranlable  d'engager,  au  besoin,  jusqu'au  dernier 
homme. 

22.  —  L'Histoire  abrégée  de  la  guerre  russo-japonaise,  de  M.  C.  Es- 
calle,  lieutenant  au  4^  d'infanterie,  est  à  la  fois  une  œuvre  histori- 
que et  un  petit  traité  de  tactique,  l'écrivain  nous  exposant  d'abord  les 
faits  et  tirant  des  événeinents  les  enseignements  tactiques  et  moraux 
qu'ils  comportent.  Comme  l'indique  exactement  le  titre,  la  partie  his- 
torique a  été  traitée  de  façon  rà  présenter,  sous  un  petit  nombre  de 
pages,  l'ensemble  des  événements.  Cependant  cette  synthèse  n'est 
pas  tellement  condensée  qu'elle  ne  soit  qu'un  aride  sommaire,  une  no- 
menclature de  combats  ou  de  batailles,  c'est  un  récit  qui  se  lit  facile- 
ment et  qui  laisse,  bien  nettes  dans  l'esprit  du  lecteur,  les  dates  prin- 
cipales qu'il  convient  de  connaître,  les  faits  principaux  dont  il  est 
utile  de  conserver  la  mémoire.  M.  Escalle  estime  que  les  conclusions 
émanant  de  la  guerre  russo-japonaise  n'ont  fait  ressortir  aucun  prin- 
cipe nouveau  en  tactique,  qu'elles  confirment  les  grands  principes  im- 
manents de  la  guerre,  tels  qu'on  les  connaissait  jusqu'ici,  que,  comme 
le  disait  l'écrivain  que  nous  citons  plus  haut,  la  guerre  ne  s'improvise 
pas,  encore  moins  les  armées,  que  «  la  préparation  du  temps  de  paix 
a  une  influence  décisive  sur  les  premières  batailles  d'une  campagne, 
l'avance  acquise  se  manifestant  la  plupart  du  temps  pendant  tout  le 
reste  de  la  campagne  ».  En  somme,  travail  consciencieux  qui  mérite 
d'être  vulgarisé  et  qui  pourrait  être  utilement  donné  en  prix  dans 
quantité  d'établissements  d'instruction,  car  de  jolies  gravures  donnent 
au  volume  un  caractère  artistique  appréciable. 

23.  —  Ecrites  sur  le  morne  sujet,  mais  d'une  portée  beaucoup  plus 
élevée,  sont  les  Conférences  sur  la  guerre  russo- japonaise,  faites  à  Péters- 
j)Ourg,  à  l'Académie  Nicolas,  aux  officiers  d'état-major  russes,  par 
des  ofliciers  généraux  ayant  la  plupart  assisté  aux  événements 
militaires  qu'ils  racontent.  Nous  avons  signalé  à  diverses  reprises  ces 
conférences  et  nous  avons  à  présenter  aux  lecteurs  du  Polybiblion 
lo  8e  fascicule  de  cette  publication,  consacré  à  la. Bataille  de  Moukden. 
Comme  nous  le  disions  naguère,  la  plupart  des  conférenciers  ne  mé- 
nagent pas  leurs  compatriotes  et  s'eiïorcent,  en  mettant  le  fer  sur  la 
plaie,  de  guérir  radicalement  le  mal  qu'a  causé  à  nos  alliés  leur  récente 
défaite.  «  Nous  autres,  dit  l'un  d'eux,  nous  n'étions  pas  préparés  à  la 
guerre;  nous  ne  croyions  pas  à  sa  possibilité;  nous  ne  souhaitions  pas 


—  235  — 

(le  nous  y  préparer.  Nous  étions  engourdis  par  les  divagations  de 
l'écrivain  autrichien,  M'"<^  Bertho  Suttner,  par  la  lecture  des  élucu- 
brations  de  l'Israélite  Bloch,  tendant  à  démontrer  par  des  formules 
mathématiques  que,  dans  la  situation  actuelle  des  Etats,  la  guerre 
était  impossible.  En  vain  des  hommes  comme  l'amiral  Makharofî 
répétaient-ils  sans  se  lasser  :  a  Songeons  à  la  guerre  ».  Nous  préparions 
notre  jeunesse  à  tout  sauf  au  service  militaire  ».  • —  Cette  citation  ty- 
pique monti'e  l'esprit  et  le  genre  de  ces  conférences.  Elles  sont  extrê- 
mement intéressantes  à  lire,  ayant  de  plus  le  mérite  de  nous  faire 
pénétrer  plus  avant  dans  le  cceur  d'une  armée  qu'il  nous  importe  de 
connaître  intimement. 

24.  —  M.  Reginald  Rankin,  un  des  correspondants  que  les  Anglais 
avaient  envoyé  au  Maroc  pour  être  tenus  au  courant  des  événements 
de  Casablanca,  a  publié  récemment,  à  Londres,  les  impressions  recueil- 
lies au  cours  de  son  déplacement  près  de  notre  corps  expéditionnaire, 
et  ce  sont  ces  impressions  que  nous  livre  aujourd'hui  la  maison  Plon- 
Nourrit  en  un  volume  intitulé  :^a  Maroc  avec  le  général  (VAmade. 
Bien  accueilli  par  nos  officiers,  M.  Rankin  ne  dit  rien  qui  ne  soit  en  leur 
faveur  :  il  consigne  cependant  dans  son  ouvrage  quelques  appréciations 
qui  montrent  chez  lui  un  souci  de  dire  la  vérité,  sans  se  préoccuper  d'être 
agréable,  même  à  ses  amis.  Diverses  observations  frappèrent  nos  com- 
patriotes, dont  quelques-unes  sont  bonnes  à  retenir.  C'est  ainsi  qu'à 
propos  de  l'armement  de  notre  infanterie,  M.  Rankin  trouve  que  le 
Lebel  est  une  arme  excellente,  mais  «  que  le  système  de  répétition  ne 
vaut  rien  »  (p.  39).  De  même,  il  assurequenotrebaïonnetteestbeaucoup 
trop  longue,  partant  très  faible;  elle  plie  invariablement  à  l'usage  (?)  ». 
En  ce  qui  concerne  les  ofTiciers  français,  il  y  a,  dit  M.  Rankin,  deux 
points  qui  frappent  immédiatement  un  Anglais  ;  d'abord,  il  sont  beau- 
coup moins  jeunes  que  nos  ofïiciers  du  grade  correspondant;  ensuite 
la  discipline  subsiste,  même  en  dehors  du  service,  à  un  degré  qui  nous 
paraît  inutile.  Ainsi  deux  lieutenants  sont  sortis  en  même  temps  de 
Saint-Cyr  :  lorsque  l'un  d'eux  est  promu,  l'autre  en  lui  demandant 
du  pain,  se  croit  obligé  d'ajouter  :  «  Mon  capitaine  ».  M.  Rankin,  com- 
me on  le  voit,  prend  souvent  pour  la  règle  ce  qui  n'est  que  l'exception. 
Ceci  nous  rappelle  T^ady  Montagu  qui,  n'ayant  en  sa  vie  passé  que 
vingt-quatre  heures  en  France,  à  Boulogne  ou  à  Calais,  et  y  ayant  été 
accueillie,  à  l'auberge  ou  elle  était  descendue,  sans  les  égards  qu'elle 
s'estimait  dus,  écrivait  dans  ses  Mémoires  :  «  Tous  les  aubergistes  de 
France  sont  hargneux  et  mal  élevés.  »  Par  ailleurs,  M.  Rankin  est 
mieux  avisé  et  son  livre,  qui  est  un  journal  de  marche  au  petit  pied, 
inet  sous  nos  yeux  un  intéressant  tableau  des  opérations  du  général 
d'Amade.  Il  mérite,  pour  ce  motif,  la  faveur  du  public. 

25.  —  C'est  pncore  du  Maroc  que  nous  parle  un  autre  témoin  ocu- 


—  236  — 

laire  do  notre  récente  campagne  devant  Casablanca  :  le  capitaine 
Paul  Azan.  M.  Azan  a  extrait  d'un  Carnet  de  route,  tenu  au  cours  de 
l'expédition,  ses  notes  relatives  au  Combat  des  Rjahha  (29  février  1908), 
cette  journée  qui  fut,  on  s'en  souvient,  fatale  à  notre  cavalerie,  et  il 
les  publie  par  anticipation  pour  ne  pas  retarder  l'hommage  rendu 
à  la  mémoire  de  ses  camarades  morts  au  champ  d'honneur.  Brochure 
écrite  avec  humour,  couleur,  et  souvent  avec  une  émotion  communi- 
cative. 

26.  —  M.  Réginald  Kann  est,  comme  M.  Rankin,  un  correspondant 
de  journal,  du  journal  le  Temps,  si  nous  ne  nous  trompons;  il  a  été,  lui 
aussi,  au  Maroc  et  il  nous  donne,  de  même  que  son  confrère  anglais,  ses 
impressions  sur  ce  qu'il  a  vu  pendant  la  Campagne  de  Casablanca. 
Observations  et  renseignements  sont  pris  sur  le  vif.  L'écrivain  a 
grossi  son  volume  de  deux  annexes  consacrées,  l'une  aux  dernières 
grandes  mojiœuvres  exécutées  en  Allemagne  et  en  F'rance.  Intéres- 
santes en  elles-mêmes,  on  est  un  peu  étonné  de  les  voir  figurer 
à  une  place  où  l'on  ne  les  attendait  pas.  On  les  lira  quand  même 
avec  profit. 

27.  —  Le  livre  publié  par  le  général  Mahmoud  Moukhtar  Pacha  sur 
les  E^'énements  d'Orient  n'est,  en  réalité,  qu'une  biographie  du  maréclial 
Moukthar  Pacha,  le  récit  de  ses  expéditions  militaires,  expédition  de 
Kosan,  de  l'Yémen,  de  l'Herzégovine,  guerre  turco-russe  de  1877, 
campagne  d'Anatolie,  etc.,  etc.  Çà  et  là,  quelques  aperçus  pohtiques 
sur  l'Egypte,  la  question  crétoise,  le  rapprochement  turco-allemand 
complètent  l'histoire  de  la  vie  du  maréchal,  dont  la  carrière  militaire 
rappelle,  dit  son  biographe,  •<  celle  des  grands  généraux  du  premier 
Empire  »  (?). 

28.  —  Les  Enseignements  de  deux  guerres  récentes,  que  cherche  à 
mettre  en  lumière  M.  le  général  Langlois,  sont  ceux  qu'ont  fournis  la 
campagne  turco-russe  de  1S77  et  la  guerre  anglo-boer  de  190  j.  Mais 
la  première  de  ses  luttes  date  déjà  de  trente-deux  ans,  elle  n'a  mis  en 
présence  que  des  adversaires  insuffisamment  préparcs  au  point  de  vue 
tactique  aussi  bien  qu'au  point  de  vue  stratégique  et  les  enseignements 
qu'on  pourait  tirer  de  ces  exemples  ne  sont  pas  de  ceux  dont  l'autorité 
s'impose.  Il  en  est  de  même  pour  la  campagne  des  Anglais  au  Transvaal 
qui,  toute  récente  qu'elle  soit,  est  bien  pauvre  au  point  de  vue 
didactique.  Que  sont  d'ailleurs  ces  deux  campagnes  à  côté  de  la  guerre 
russo-japonaise,  où,  au  contraire,  les  enseignements  fourmillent,  sau- 
tent aux  yeux?  Ne  serait-ce  pas  plutôt  de  ce  côté  que  devrait  se 
porter  l'attention  des  professeurs  de  science  militaire,  s'ils  veulent  faire 
œuvre  utile  et  pratique  ? 

29.  —  Avec  la  Guerre  et  les  traités,  de  M.  le  lieutenant  Robert  Jaco- 
met,  nous  passons  à  une  autre  branche  des  sciences  militaire^  :  au  droit 


—  237  — 

de  la  guorre  et  àThistoire  diplomatique.  Le  fondmêmedulivredeM.  Ja- 
(omet  est  l'étude  de  ce  point  délicat  de  droit  international  :  De  quelle 
façon  et  jusqu'à  quel  point  certaines  clauses  de  traités  conclus  en  temps 
de  paix  doicent-dles  être  maintenues  et  déclarées  valables  pendant  la 
guerre?  Question  capitale  à  une  époque  comme  la  nôtre,  où  les  frontières 
s'abaissent  de  plus  en  plus,  où  les  nations  tendent  à  se  pénétrer  chaque 
jour  davantage,  où  les  particuliers  augmentent,  développent  leurs 
relations  commerciales,  industrielles  et  autres,  sans  se  préoccuper 
des  questions  de  nationalité.  L'on  sait  même  que  sous  ce  dernier  rap- 
port, les  gouvernements  font  souvent  comme  les  particuliers,  et  les 
nombreux  emprunts  d'États  russe,  espagnol,  portugais,  italien,  etc., 
souscrits  presque  totalement  par  des  nations  autres  que  l'emprunteur 
sont  là  pour  attester  un  modus  vivendi  international  qui  tend  chaque 
jour  à  devenir  plus  commun.  La  guerre  a-t-elle  le  droit  de  briser  les 
obligations  nées  de  ces  échanges,  consenties  en  temps  de  paix,  en  de- 
hors de  toute  préoccupation  politique?  Jusqu'à  quel  point  d'autres 
conventions  internationales,  comme  celles  concernant  la  propriété 
littéraire,  l'union  ouvrière,  l'union  pour  le  transport  des  marchandises 
en  chemin  de  fer  peuvent-elle  être  modifiées  par  l'état  de  guerre  sur- 
gissant à  l'improviste  entre  deux  nations  hier  amies  et  qui,  après  une 
bourrasque  plus  ou  moins  longue,  reprendront  un  jour  ou  l'autre 
leurs  relations  de  confraternité?  C'est  ce  sujet  épineux  qui  a  attiré  l'at- 
tention de  M.  le  lieutenant  et  docteur  en  droit  Jacomet  et  c'est  à  la 
solution  de  ce  problème  complexe  qu'il  a  consacré  la  science  d'un  vé- 
ritable juriste.  Sans  doute,  de  nombreux  spécialistes  l'avaient  abordée 
avant  lui;  mais  aucun,  que  nous  sachions,  n'avait  fait  de  ce  point  de 
droit  international  une  étude  spéciale  aussi  lumineuse  et  aussi  pro- 
fondément creusée.  On  comprendra  qu'il  nous  soit  impossible,  dans  les 
quelques  lignes  dont  nous  disposons  ici,  de  parler  avec  le  moindre  dé- 
tail d'un  travail,  dont  chaque  chapitre  comporterait  un  long  com- 
mentaire; qu'il  nous  suffise  de  le  signaler  comme  une  œuvre  sérieuse, 
qui  trouvera  nécessairement  sa  place  parmi  nos  meilleurs  traités  de 
littérature  juridique. 

30.  —  D'un  tout  autre  genre  que  le  précédent  volume  sont  les  trois 
conférences  publiées  sous  le  titre  :  La  Discipline  moderne^  par  M.  le 
capitaine  Paul  Simon.  Signalons  seulement  leur  titre  :  Puissance 
militaire  et  Démocratie;  V Éducation  militaire  et  l'Éducation  de  la  démo- 
cratie; la  Discipline  moderne  et  l'Éducation  des  troupes.  L'écrivain  émet, 
au  cours  de  ses  développements,  quantité  d'aphorismes  qui  nous  ont 
paru  fort  contestables;  nous  laisserons  nos  lecteurs  juger  de  leur  valeur. 

31.  —  Beaucoup  plus  intéressante  nous  a  paru  ï Étude  du  comman- 
dant Gaucher  sur  la  psychologie  de  la  troupe  et  du  comrnandement,  c'est- 
à-dire  sur  la  façon  dont  un  chef  pourra  entraîner  la  foule  spéciale  que 


—  238  — 

constitue  le  soltiat  (m  troupo,  comment  il  imposera  son  uscendant,  sa 
volonté  aux  masses  qu'il  aura  à  diriger,  depuis  la  plus  petite  unité 
jusqu'à  la  plus  con'^idérable.  Un  vieil  axiome  militaire  dit  qu'  «  une 
troupe  manœuvre  comme  elle  est  commandée  ».  Rien  n'est  plus  vrai. 
Il  importe  donc  que  l'ofiicier  apprenne  à  bien  commander,  qu'il  con- 
naisse notamment  les  lois  psychologiques  auxquelles  obéissent  les 
foules  et  sans  la  connaissance  desquelles  il  demeurera  inapte  à  les  foire 
agir.  Travail  neuf,  où  abondent  des  idée?  originales. 

32.  —  •  Dans  Notre  Armée  à  l'œuvre^  M.  Pierre  Baudin,  ancien  ministre 
du  commerce,  qui  s'est  fait  récemment  une  spécialité  des  questions 
militaires,  étudie  les  dernières  grandes  manœuvres  de  1908  et  résume 
les  réflexions  que  lui  ont  inspiré,  au  cours  des  opérations,  d'abord 
l'état  dos  troupes,  ensuite  les  procédés  du  commandement,  enfin  la 
façon  d'entendre  et  de  diriger  les  grandes  manœuvres.  Encore  qu'écrit 
par  un  profane,  ce  livre  estpleind'intérêt  et  d'enseignements.  Nombre 
d'ofTiciers  en  feront  leur  profit  et,  comme  dit  Dumanet,  x  chacun 
en  prendra  pour  son  grade  ». 

33.  —  Sous  le  titre  :  La  Nation  armée,  — un  titre  qui  a  le  tort  de 
f  aire  double  emploi  avecle  traité  du  général  von  derGoltz,— la  librairie  Al- 
can  publie  un  certainnombredeconférencesprofesséesà  l'Ecole  des  hau- 
tes études  sociales.  Ces  conférences,  dues  à  des  écrivains  ayant  la  plupart 
une  notoriété  reconnue,  ontétédivisées  en  trois  groupes  portant  chacun 
une  enseigne  particulière:  1. 1/Ecole  et  le  Patriotisme;  2.  Ij' Armée  et  la 
Nation;  3.  Questions  diverses.  Comme  on  s'en  doute,  un  tel  livre 
n'a  pas  une  unité  de  doctrine  irréprochable,  et  ces  conférences,  reliées 
sous  une  même  couverture,  diffèrent  assez  souvent  l'une  de  l'autre  et 
comme  facture  et  comme  esprit.  Il  nous  est  cependant  agréable  de  dire 
que  la  plupart  d'entre  elles  sont  intéressantes  et  qu'en  dépit  de 
théories  souvent  imprudentes,  elles  nous  ont  semblé  dignes  d'êtres 
lues. 

34.  —  D'ailleurs,  quelle  conférence,  quelle  leçon  ex  cathedra  vaut 
pour  l'enseignement  du  patriotisme,  pour  le  culte  du  dévouement  à 
la  patrie,  l'exemple  de  ce  qu'ont  fait  à  cet  égard  nos  aînés,  de  d'Assas 
au  général  Margueritte,  et,  tout  près  de  nous,  ces  braves  tombés 
naguère  à  Casablanca  pour  l'honneur  du  drapeau  ?  C'est  en  conformité 
d'une  telle  pensée  que  M.  le  commandant  A.  Richard  à  songé  à  résumer 
les  actes  de  dévouement  sublime  dont  la  défejise  de  nos  drapeaux 
a  été  la  cause  et  le  mobile  en  1870-71  et  qu'il  a  consigné  ces  actes  dans 
un  superbe  volume  très  artistiquement  illustré  :  Sur  l'autel  de  la  patrie. 
Nos  drapeaux  pendant  l'Année  terrible  (1870-1871).  Une  Préface  de 
M.  Henry  Houssaye,  un  admirable  frontispice  de  Détaille  font  de  ce 
bon  livre  un  très  beau  livre,  où  l'on  ne  sait  ce  qu'il  faut  davantage 
admirer,  le  fond  ou  la  forme. 


—  239  — 

35.  —  L'Armée  et  ses  cadres,  do  M.  le  député  Messimy,  est  la  reproduc- 
tion des  trois  propositions  de  loi  formulées  par  Fauteur  sur  :  1^^  le  re- 
crutement des  ofliciers;  2°  ravancemcnt  des  officiers  de  l'armée  active  ; 
3"  les  retraites  proportionnelles  des  officiers  de  l'année  active.  Travail 
qu'il  n'est  guère  possible  d'analyser,  qui  doit  être  lu  en  ejitier  si  l'on 
veut  en  suivre  et  en  co}nprendre  le  sens  et  l'ordonnance. 

36.  —  Dans  son  travail  intitulé  :  Pour  la  race,  M.  le  docteur  Lachaud, 
député  de  la  Corrèze,  cherche  à  démontrer  que  la  diminution  de  notre 
natalité,  celles  des  qualités  de  notre  race  a  sa  cause  principale  dans  la 
mauvaise  hygiène  de  nos  casernes.  I^e  mal  n'est  pas  sans  remède,  nous  dit- 
il, mais  il  faut  se  hâter.  Nous  avons  lu  avec  soin  Pou;- /a  race,  et  diverses 
allégations  de  l'iionorable  écrivain  nous  ont  paru  un  peu  risquées. 
Quoiqu'il  en  soit,  il  est  possible  qu'il  y  ait  en  France  quelque  chose 
à  faire  pour  l'amélioration  des  casernements.  Mais  est-ce  bien  dans 
ces  défectuosités  actuelles  que  résident  les  causes  de  démoralisation 
signalées  par  M.  I^achaud?  Nous  croyons  qu'elles  sont  ailleurs  :  la 
question  n'est  pas  une  question  de  briques  ou  de  moellons;  elle  est  plus 
élevée.  C'est  à  modifier  l'esprit  de  ncitre  jeunesse  qu'il  faut  tendre 
tout  autant  qu'à  développer  ses  muscles.  Le  problème  est  là,  qu'on 
n'en  doute  point. 

37.  —  Entre  temps,  i-ien  n'empêche  de  surveiller  rigouseusement 
l'hygiène  de  nos  soldats;  tout  le  monde  y  gagnera,  et,  dans  cet  ordre 
d'idées,  le  Précis  d'hygiène  militaire,  de  M.  le  docteur  M onéry,  rendra 
de  bons  services.  Ecrit  à  l'usage  de  nos  candidats  à  l'École  de  guerre, 
ce  petit  manuel  pourra  être  consulté  utilement  non  pa'^  seulement  par  les 
officiers  auxquels  il  est  destiné,  mais  par  tous  ceux  qui,  sans  se  pré- 
senter à  l'Ecole  de  guerre,  font,  dans  les  régiments,  le  service  des  corps 
de  troupe.  Nous  verrions  volontiers  ce  volume  consulté  par  nos  institu- 
teurs de  campagne  :  ils  y  trouveraient  quantité  de  conseils  judicieux 
dont  ils  profiteraient  autant  que  leurs  élèves. 

38.  ■ —  Le  Sercice  des  renseignements  militaires  en  temps  de  paix  et 
en  temps  de  guerre,  de  M.  le  lieutenant-colonel  Rollin,  nous  donne 
sur  le  fonctionnement  de  l'espionnage  militaire,  en  paix  ou  en  guerre, 
des  détails  peu  connus.  Quoique  traitée  sommairement,  la  question  est 
cependant  suffisamment  développée  et  demeure  autre  chose  qu'un 
résumé  aride,  qu'une  nomenclature.  Nous  y  voyons  figurer  quelques 
agents  célèbres  de  renseignements,  notamment  le  fameux  Schulmeister, 
dont  M.  Paul  Muller,  le  laborieux  érudit,  nous  racontait  naguère  lavie 
mouvementée.  En  somme,  intéressante  plaquette. 

39. —  Le  Journal  dessciences  .'nzVzVa^re^aeul'idéedeconsulterlepublic 
miHtaire  sur  la  situation  actuelle  de  notre  armée  au  point  de  vue  or- 
ganique et  tactique,  et  ce  sont  les  résultats  de  cette  enquête  qu'il 
pubUe  aujourd'hui  en  volume,  sous  le  titre  :  L'Organisation  de  Vinf an- 


—  240  —  ■ 

ieric  et  de  l'artillerie.  Il  est  assez  consolant  de  constater  que  la  plupart, 
que  la  grande  majorité  de  ces  collaborateurs  isolés  concluent  aux  mêmes 
modifications,  aux  mêmes  améliorations.  Il  faut  que  le  mal  soit  bien 
notoire  pour  être  signalé  avec  cette  uniformité  :  les  pouvoirs  publics 
se  décideront-ils  à  tenir  compte  de  cette  consultation  d'hommes  com- 
pétents? Nous  le  souhaitons  sans  trop  y  compter. 

40.  —  Le  canon  de  75,  susceptible  d'un  rendement  remarquable 
quand  il  est  manié  avec  habileté,  peut  n'être  qu'une  arme  inefficace 
entre  les  mains  de  qui  n'a  pas  étudié  à  l'avance  les  multiples  problèmes 
qui  se  poseraient  au  cours  du  combat.  C'est  pour  remédier  à  Cet  incon- 
vénient que  M.  le  capitaine  IVéguier  a  écrit  son  Cours  élémentaire 
de  tir  de  catnpagne,  ouvrage  dans  lequel  il  réunit  toutes  les  questions 
qu'un  artilleur  doit  connaître  et  dont  un  certain  nombre  ne  sont  pas 
traitées  par  le  règlement,  telles  que  le  tir //^a^giié,  le  tir  sur  zone  repérée, 
le  tir  à  grande  distance,  le  tir  de  nuit,  etc.  Ce  cours  de  tir  répond  à  un 
véritable  besoin  de  l'artillerie,  mais,  grâce  à  sa  grande  netteté,  il  rendra 
des  services  aux  officiers  de  toutes  les  armes,  même  à  quiconque,  sans 
appartenir  à  l'armée,  voudra  se  rendre  compte  des  méthodes  de  com- 
bat de  l'artillerie  contemporaine. 

41.  — L'Infanterie  au  combat^  de  M.  le  lieutenant-colonel  Thomas  de 
Colligny,  en  est  à  sa  deuxième  édition.  Nous  nous  bornons  à  signaler 
cette  publication  en  renvoyant  le  lecteur  à  ce  que  nous  en  disions 
naguère. 

42.  — Le  général  Percin  n'ayant  jamais  vu, — depuis  plus  de  trente  ans 
qu'il  assiste  à  desmanœuvres  d'automne, — un  corps  d'armée  pourvu  de 
toute  son  artillerie,  décida  certain  jour  de  se  rendre  compte,  par  une  expé- 
rience personnelle,  des  difficultés  que  présenterait  l'emploi  de  vingt-trois 
batteries  sur  un  front  de  cinq  kilomètres,  et  il  prescrivit,  le  12  septembre 
dernier,  im  mouvement  où  le  nombre  de  pièces  que  nous  venons  d'indi- 
quer était  déployé  côte  à  côte  sur  les  hauteurs  de  Lorlanges  (Hnute- 
Loire).  C'est  le  résultat  de  cette  manœuvre  et  ses  enseignements  qu'il 
publie  aujourd'hui  dans  une  brochure  intitulée  :  La  Manœuvre  de 
Lorlanges.  Elle  touche  surtout  les  artilleurs. 

43.  ■ —  Le  Dictionnaire  militaire  entrepris,  il  y  a  de  longues  années 
déjà,  par  la  maison  lîerger-Levrault  s'achemine  tout  doucement  vers 
son  terme,  et  la  24 ^  livraison,  l'avant-dernière,  a  récemment  paru, 
nous  donnant  les  mots  allant  de  Théorie  a  Train  d'artillerie.  Nous  avons 
dit,  à  diverses  reprises,  tout  le  bien  que  nous  pensions  de  cette  publica- 
tion. Le  récent  fascicule  n'est  pas  inférieur  à  ses  aîaés.  Signalons  parmi 
les  mots  traités  avec  le  plus  d'ampleur  ceux  de  Tir  (104  colonnes), 
Tirailleurs,  Mouvement  tourna nt^  Train,  etc.,  etc. 

44.  • —  Nous  terminerons  cette  revue  bibliographique  par  quelques 
mots  siff  un  livre  qui  nous  arrive  d'Italie  au  dernier  moment  et  que, 


—  241  — 

la  matière  traitée  nous  aurait  i;\vité  à  classer  plus  haut,  s'il  nous  était 
parvenu  à  temps.  Nous  voulons  parler  des  Campagne  di  Giierra  in  Pie- 
monte{i~03-il0?>)  eV  Assedio  di  Torino  {il06),  publication  officielle  de  la 
Commission  d'histoire  nationale  italienne,  dontnous  avons  pre'senté  déjà 
deux  volumes  aux  lecteurs  du  Polybiblion.  Nous  avons  dit  précédem- 
ment que  cet  ouvrage  étant  une  série  de  documents  n'ayant  entre  eux 
souvent  aucune  liaison,  les  volumes  en  sont  publiés  au  furet  à  mesure 
qu'ils  sont  prêts,  comme  le  seraient,  en  réalité,  des  volumes  à  part,  c'est- 
à-dire  le  4^  avant  le  premier,  s'il  y  a  lieu,  et  le  10*"  avant  le 6*5.  C'est  ainsi 
<[ue  nous  recevons  aujourd'hui  les  tomes  IV  et  VIII,  de  la  même  façon 
que  nous  avons  reçu  précédemment  le  l^r  et  le  10®.  (^uoi  qu'il  en  soit, 
nous  pouvons  assurer  que  les  documents  insérés  dans  ces  deux  nou- 
veaux volumes  sont  d'un  intérêt  capital  aussi  bien  pour  l'histoire  du 
Piémont  que  pour  celle  de  la  France  au  xviii^ siècle;  nous  pourrions 
ajouter  pour  celle  de  la  plupart  des  nations  du  continent,  caril  n'en  est 
guère  qui  n'aient  pris  une  part  plus  ou  moins  active,  plus  ou  moins 
souterraine,  à  cette  longue  et  sanglante  guerre  de  la  succession  d'Es- 
pagne. Citons  parmi  les  pièces  les  plus  remarquables  (tome  IV)  :  les 
négociations  diplomatiques  de  la  Cour  de  Turin  avec  le  Cabinet  de  Vienne 
(tome  y\\\)  :  une  notice  biographique  sur  le  maréchal  Rehbinder; 
le  journal  inédit  du  siège  de  Turin,  de  Mario  Zucehi;  les  lettres  de 
Carlo  Roero,  comte  de  Guarene  (1704-1707)  etc.,  etc.  Nous  n'insistons 
pas  sur  la  valeur  historique  de  ces  précieux  documents  :  il  nous  suffît 
de  les  signaler  aux  érudits  qui  en  sentiront  l'inappréciable  importance. 

Comte    de    Sérignan. 

THÉOLOGIE 

liCS  inoderniste!^,  parle  P.  Maumus.  Paris,  Beauchesne,  1909,  in-16 
de    xv-269  p.  —  Prix  :  2  fr.  50. 

Cet  ouvrage  est  spécialement  dirigé  contre  les  théories  de  M.  Loisy. 
D'après  ces  théories,  très  clairement  exposées  et  très  fortement  com- 
battues par  le  savant  dominicain,  le  christianisme  n'aurait  pas  été 
fondé  par  J.-C.  qui  n'aurait  pas  eu  l'idée  d'établir  une  nouvelle 
religion;  mais  l'enthousiasme  religieux  qu'il  a  communiqué  à  ses  dis- 
ciples les  aurait  amenés  peu  à  peu  à  créer  tout  l'organisme  de  la  so- 
ciété chrétienne.  De  même,  J.-C.  n'aurait  jamais  laissé  entendre  qu'il 
était  fds  de  Dieu  par  nature  et  Dieu  lui-même.  II  n'a  jamais  prétendu 
être  autre  chose  que  le  Messie;  c'est  saint  Paul  qui, pour  faire  admettre 
la  religion  nouvelle  chez  les  Grecs,  que  l'idée  d'un  messie  juif  eût  fort 
peu  intéressé,  en  a  fait  un  Dieu  et  lui  a  appUqué  les  idées  platoniciennes 
sur  le  Xoyo;. 

Le  P.  Maumus  montre  combien  ces  théories  de  M.  Loisy  font 
Septembre  1909.  T.  CXVl.  16. 


—  242  — 

violence  aux  textes  évangéliques,  qu'elles  n'expliquent  en  aucune 
façon  le  prodigieux  succès  de  la  religion  chrétienne  et  qu'elles  détrui- 
sent le  christianisme  dans  son  fondement.  .M.  Loisy  prétend  rétablir 
la  paix  entre  l'Eglise  et  la  société  contemporaine;  il  emploie  un  moyen 
radical,  c'est  de  supprimer  l'Eglise.  C'est  en  effet  'a  suppiimer  que  de 
la  réduire  à  n'être  qu'une  société  d'illuminés  créant  par  leur  imagina- 
tien  surchauffée  t'»uto  une  théologie  qui  n'aurait  aucun  fondement 
dans  l'histoire.  D.  V. 


lya     îfiRgio    dans    l'Inde    antique,   par    Victor    Henry.    Paris, 
E.  Nourry,   1909,in-12  de  xxxix-286  p.  —    Prix  :   3  fr.  50. 

J'ai  annoncé  aux  lecteurs  du  Pohjbiblion  (t.  C,  p.  44)  l'apparition 
de  ce  livre.  Je  lui  en  présente  aujourd'hui  la  seconde  édition,  en  tout 
conforme  à  la  première,  de  sorte  que  je  ne  puis  dire  de  celle-là  que 
ce  que  je  disais  de  celle-ci,  savoir  qu'elle  témoigne  de  l'érudition 
de  son  auteur,  mort  depuis.  Les  renseignements  dont  abondent  ces 
pages  sur  les  croyances  et  superstitions  de  l'Inde  antique,  lesquelles 
sont  aussi,  en  majeure  partie,  celles  de  l'Inde  contemporaine,  V.Henry 
les  puisa  aux  sources  mêmes,  je  veux  dire  dans  les  documents  védiques, 
TAtharva-Véda  surtout.  Les  réserves  que  je  crus  devoir  faire  alors 
sur  le  prétendu  conflit  de  la  religion  et  de  la  science,  je  les  maintiens, 
par  la  bonne  raison  que  je  persiste  à  penser  qu'il  ne  saurait  y  avoir 
d'antinomie  entre  la  connaissance  de  l'auteur  et  celle  de  son  œuvre, 
pas  plus  qu'il  n'y  en  a  entre  le  Créateur  et  la  création,  entre  Dieu 
et  la  nature. 

J'observe  que  cet  ouvrage,  avant  tout  de  vulgai'isation,  passe  de 

la  collection:  Les  Religions  des  peuples  civilisés,  dsins  celle  intitulée: 

Bibliothèque  de  critique  religieuse,  l'une  et  l'autre  fort  peu  cléricales, 

en  dépit  de  leur  titre;  du  moins,  le  présent  ouvrage  sera-t-il  l'un  des 

^lus  inoiïensifs  de  ceux  qui  en  font  ou  en  doivent  faire  partie. 

A.  Roussel. 


SCIENXES   ET  ARTS 

De  la  .TIélliode  dans  les  seieiires,  par  divers.  Paris,  Alcan,  ^909, 
in-16  de  ni-411   p.  —  Prix  :  3  fp.  50. 

Quelles  sont  les  méthodes  suivies  dans  les  principales  sciences; 
quels  sont  les  principaux  problèmes  dont  se  préoccupe,  au  point 
de  vue  philosophique  surtout,  le  monde  savant  :  voilà  des  questions 
passionnantes,  auxquelles  il  n'est  pas  possible  de  dormer  <ie  réponse 
ferme.  Mais  lorsque,  comme  M.  F.  Thomas,  on  a  su  grouper  une 
élite  de  savants,  en  pubHant  leurs  idées  personnelles  on  produit 
un  livre  dont  la  lecture  est  indispensable  à  quiconque  s'intéresse 


—  243  — 

au  mouvement  scientifique.  Certes,  souvent,  les  idées  exposées  ne 
plairont  pas  aux  lecteurs  ordinaires  du  Polyhihlion\  ce  n'est  pas 
une  raison  pour  vouloir  les  ignorer,  bien  au  contraire.  Les  vues  géné- 
rales sur  :  la  Science,  sont  exposées  par  M.  Emile  Picard  (Sorbonne); 
les  Mathématiques  pures,  par  M.  J.  Tannery  (Sorbonne);  la  Physique, 
que  nous  recommandons  tout  particulièrement,  par  M.  H.  Bonasse 
(Toulouse);  la  Chimie,  par  M.  A.  Job  (Toulouse);  la  Morphologie, 
par  M.  A.  Giard  (Sorbonne);  la  Physiologie,  par  M.  F.  Le  Dantec 
(Sorbonne)  ;  les  Ssiences  médicales,  par  M.  P.  Delbet  (Faculté 
de  médecine  de  Paris);  la  Psychologie,  par  M.  Th.  Ribot  (Collège  de 
France);  la  Sociologie  et  les  Sciences  sociales,  par  M.  E.  Durkheim 
(Sorbonne)  ;  la  Morale,  qui  ne  nous  semble  qu'un  chapitre  vagiie  de  la 
Sociologie,  par  M.  L.  Lévy-Bruhl  (Sorbonne);  l'Histoire,  par  M.  G. 
Monod  (Collège  de  France);  la  Mécanique,  par  M.  P.  Painlevé  (Sor- 
bonne). Cet  ouvrage  s'adresse  théoriquement  aux  élèves  des  classes 
supérieures  de  l'enseignement  secondaire;  dans  sa  généralité,  il  nous 
paraît  convenir  à  des  esprits  plus  mûrs.  Aux  professeurs  de  nos 
collèges  de  l'étudier  et  de  communiquer  ce  qu'ils  jugeront  bon  à 
leurs  élèves;  mais,  en  plus,  encore  une  fois,  tous  les  esprits  cultivés 
doivent  le  lire.  F.  Ch.vil.vn. 

Dieu  et  fA^^nosticisnie  ronteinp»rain,  par  Georges  JMiche» 
LET.  Paris,  Lecoffre,  GabaJda,  iy09,  in-l2  de  xx-416  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Beau  et  bon  hvre.  On  ne  saurait  mieux,  ce  me  semble,  en  donner 
l'idée  que  ne  le  fait  Mgr  Germain,  archevêque  de  Toulouse,  dans  la 
lettre  courte,  mais  pleine,  qu'il  adresse  à  l'auteur  :  «  Votre  ouvrage 
est  très  important  et  très  actuel.  Il  suit  de  près  le  mouvement  de 
la  pensée  contemporaine,  en  indique  les  directions  et  les  formes 
diverses.  C'est  une  contribution  très  intéressante  à  la  philosophie 
de  la  religion;  la  doctrine  est  sûre,  l'érudition  riche  et  exacte,  la 
dialectique  pénétrante,  le  style  lucide  et  savoureux.  Ces  pages 
éclaireront  les  intelligences  et  feront  du  bien  aux  âmes.  »  Dans  une 
Introduction  de  belle  venue,  l'auteur  montre  comment  au  fond  de 
toute  sociologie  il  y  a  une  philosophie  de  la  ^ae,  et  comment  une 
philosophie  de  la  vie  suppose  résolues  la  question  de  Dieu  et  la  question 
du  devoir.  C'est  à  l'idée  de  Dieu  qu'il  s'attache  présentement,  et  il 
refait,  pour  la  génération  présente,  quelque  chose  comme  le  livre 
de  Caro  sur  Vidée  de  Dieu  et  ses  nouveaux  critiques.  Il  étudie  parti 
culièrement  trois  systèmes  :  la  théorie  sociclogique  (Durkheim), 
le  pragmatisme  (\Mlliam  James),  l'immanence  rehgieuse.  Ce  sont  les 
plus  récents;  ils  sont,  de  plus,  «  éminemment  représentatifs  des 
diverses  influences  dont  l'ensemble  constitue  la  mentalité  contem- 
poraine ».  Poussant  plus  loin  son  analyse,  M.  Michelet   montre  à  la 


—  244  — 

base  de  tous  ces  systèmes  les  tendances  agnostiques  et  immanentistes 
signalées  par  l'encyclique  Pascendi  comme  caractéristiques  du 
modernisme. 

Mais  l'auteur  ne  se  contente  pas  .d'exposer  les  systèmes  et  de  les 
réfuter.  Dans  une  seconde  partie,  qu'il  intitule  :  Dieu  et  le  Spiritualisme 
chrétien^  il  nous  donne  deux  belles  études,  l'une  sur  l'origine  psycho- 
logique de  la  religion,  l'autre  sur  la  valeur  de  la  connaissance  religieuse 
en  face  des  objections  de  la  critique  philosophique,  scientifique, 
religieuse.  Il  y  a  là  des  analyses  intéressantes  sur  l'éveil  de  l'être 
i'eligieux,  sur  le  passage  de  la  connaissance  spontanée  de  Dieu  à  la 
connaissance  consciente  et  réfléchie,  avec  les  solutions  intellectualistes 
de  l'École.  Intéressante  également  et  utile  la  critique  des  positions 
de  Bergson,  de  Poincaré,  de  A.  Sabatier,  et  des  objections  soulevées 
contre  la  valeur  de  la  connaissance  religieuse  au  nom  de  la  «  philosophie 
nouvelle  »,  du  «  contingentisme  »,  du  subjectivisme  religieux.  Avec 
beaucoup  de  finesse,  M.  Michelet  fait  le  départ  du  vrai  et  du  faux 
dans  tous  ces  systèmes,  et  dégage  les  «  vérités  à  retenir  »,  lesquelles 
sont,  en  définitive,  celles  que  nous  tenions  déjà  de  par  la  foi,  comme 
de  par  la  philosophie  du  bon  sens  et  la  scolastique.  C'est  une  première 
constatation,  bien  faite  pour  fortifier  et  rassurer  les  croyants.  Une 
autre  constatation,  bienfaisante  aussi,  c'est  que  le  spiritualisme 
chrétien  est  seul  aujourd'hui  à  maintenir  comme  il  faut  la  religion,  la 
morale,   la  personnalité.  J.-V.   Bainvel. 

li'Art  de    pincer  et   de  gérer  sa    fortune,  .par  Paul  Leroy 
Beaclieu.  Nouvelle  édition   entièrement    refondue.  'Paris,    Delagrave, 
s.  d.  (1908),  in-18  de  391  p.  —   Prix  :  3  fr.  50. 

Les  éloges  que  nous  donnions  de  cet  ouvrage,  lors  de  sa  première 
édition  {Polyhiblion,  décembre  1907,  t.  CX,  p.  524-^25),  ont  été  con- 
firmés par  son  éclatant  succès.  Il  atteint  son  trentième  mille  dans 
cette  nouvelle  édition  revue  et  augmentée.  Les  conseils  donnés  en 
ces  pages  judicieuses  sont  toujours  opportuns  :  étude  des  avantages 
^tdes  inconvénients  des  diverses  sortes  de  placements;  prudente  division 
des  placements  et  des  risques;  défiance  des  emballements  contagieux, 
de  la  routine  paresseuse  et  des  recherches  de  trop  brusques  plus-va- 
lues; nécessité  de  laisser  dans  son  budget  quelque  chose  pour  l'épar- 
gne. Quant  aux  additions  que  complètent  les  différents  chapitres  elles  les 
mettent  au  courant  des  faits  nouveaux  survenus  depuis  1906.  Tout  un 
chapitre  nouveau  est  consacré  à  la  fiscalité  en  préparation  dans  notre 
pays,  aux  ententes  fiscales  internationales  dirigées  contre  les  dépôts  de 
titres  à  l'étranger.  En  appendice,  on  trouve  des  exemplaires  point  du 
tout  forcés,  point  de  tout  imaginaires,  de  ces  prospectus  charlata- 
nesques  qui  ne  cessent  d'exploiter  la  naïveté  et  les  convoitises  des 
gogos.  Baron  J.  Angot  des  Rotours. 


—  245  — 

Espèces  et    Yariétés,    leur    naissance    par   miilation,  par 

Hugo   de  Vries;   trad.  de  l'anglais  par  L.  Blaringhem.  Paris,  Alcan, 
1909,  in-82de|vin-548  p;  —  Prix,  cartonné  toile:  12  fr. 

Le  titre  de  cet  ouvrage  est  incomplet  en  ce  qu'il  n'avertit  pas  que 
les  espèces  et  variétés  dont  il  s'occupe  appartiennent  exclusivement 
au  règne  végétal.  Les  allusions  faites  de  loin  en  loin,  et  incidemment 
aux  espèces  et  variétés  du  règne  animal,  ne  suffisent  pas  à  justifier 
la  trop  grande  généralité  du  titre.  Critique  après  tout  secondaire,  car 
il  suffît  d'ouvrir  le  livre  au  hasard  pour  constater  que  c'est  seulement 
le  règne  végétal  qui  en  est  l'objet. 

Bien  que  s'appuyant  sur  la  théorie  darwinienne,  et  lui  attribuant 
une  autorité  peut-être  excessive,  l'auteur  est  loin  toutefois  de  la  suivre 
servilement.  Ainsi,  contrairement  à  l'opinion  de  l'école  qui  admet 
la  formation  de  types  nouveaux  par  transformations  lentes,  M.  Hugo 
de  Vries  n'attribue  à  celles-ci,  sous  le  nom  de  fluctuations,  qu'un  rôle 
très  secondaire,  et  se  montre  partisan  de  la  théorie  de  la  mutation^ 
c'est-à-dire  de  la  formation  de  formes  nouvelles  dérivant  des  formes 
anciennes  par  sauts  brusques.  C'était  l'opinion  soutenue  naguère, 
bien  que  notre  auteur  n'en  parle  point,  par  le  regretté  Charles  Naudin, 
directeur  du  Jardin  botanique  d'Antibes. 

Ajoutons  que,  dans  les  limites  où  elle  se  meut,  la  théorie  de  M.  Hugo 
de  Vries  ne  peut  donner  prise  à  aucune  objection  d'ordre  philoso- 
phique ou  exégétique.  Elle  ne  préjuge  rien  sur  les  causes  et  l'origine 
premières;  elle  se  tient  exclusivement  sur  le  terrain  de  l'observation 
théorique  et  pratique,  au  double  point  de  vue  de  l'horticulture  et  de 
l'agriculture.  Les  vingt-huit  conférences  dont  la  réunion  compose  ce 
compact  volume  y  forment  naturellement  autant  de  chapitres  groupés 
en  six  divisions.  Introduction  comprise.  Celle-ci  donne  un  exposé  qui, 
tout  en  étant  à  l'extrême  éloge  de  Darwin,  ne  signale  pas  moins  les 
modifications  qu'a  dû  subir  sa  théorie  et  les  erreurs  auxquelles  ses 
successeurs  se  sont  laissé  entraîner. 

La  description  de  ce  que  l'auteur  appelle  les  espèces  élémentaires 
ou  sous-espèces,  de  ce  qui  constitue  à  ses  yeux  leur  valeur  réelle  tant 
à  travers  champs  que  dans  les  cultures,  et  leur  sélection  artificielle, 
occupe  les  trois  conférences  suivantes.  Une  troisième  division,  en 
six  conférences,  est  consacrée  aux  variétés  régressives^  aux  cas  d'ala- 
visme,  de  vicinisme  (faux  atavisme),  d'hybridité,  de  métissage,  aux 
caractères  latents.  Il  y  a  aussi,  quatrième  division,  les  variétés 
instables,  concernant  très  principalement  les  plantes  cultivées  dans 
un  but  ornemental  ou  utihtaire,  bien  qu'elles  se  rencontrent  aussi 
à  l'état  sauvage,  les  monstruosités,  et  les  adaptations  doubles  ou  à 
deux  destinations  différentes.  —  Les  mutations  forment,  en  neuf 
conférences,  la  division  la  plus  importante  de  l'ouvrage  :  l'auteur 


—  246  — 

y  examine,  avec  d'amples  détails,  les  cas  de  production  brusque  de 
formes  nouvelles,  soit  qu'elle  ait  lieu  naturellement,  soit  qu'elle  ait 
été  provoquée  par  pollinisation  artificielle  ou  autrement,  à  titre 
d'expérience  ou  dans  un  but  cultural.  - —  Enfin,  la  sixième  et  dernière 
ilivision  est  consacrée  aux  fluctuations,  qui  sont  les  modifications 
lentes  et  graduelles  supportées  par  une  suite  plus  ou  moins  longue 
de  générations  soit  spontanées,  soit  dirigées  par  l'homme,  et  qui 
ne  constituent  que  des  améliorations  peu  constantes,  étant  incapables, 
d'ailleurs,  suivant  M.  Hugo  de  Vries,  de  créer  des  types  nouveaux. 

Cet  ouvrage  révèle  chez  son  auteur  une  observation  nombreuse, 
approfondie,  une  expérience  fréquente  et  de  précieuses  données 
pour  l'agronomie  horticole  et  culturale.  C.  de  Kirwan. 


Le  Problème  «le  la  marine  marehaiide,  par  Louis  Fraissaix- 
GEA.  Paris,  Larose  et  Tanin,  1909,  in-18  de  120  p.  —  Prix  :  2  fr.50. 

Cette  excellente  brochure,  parfaitement  documentée,  est  la  mise  au 
point  d'une  série  de,  conférences  faites,  au  nom  de  l'Univeisité  de 
Toulouse,  à  MM.  les  ofTicier»  de  la  garnison  et  dont  la  Nouvelle  Revue 
du  i^^  novembre  1908  a  déjà  donné  les  idées  essentielles.  Nous  y  avons 
trouvé  fort  bien  exposée  toute  la  question  des  primes  à  la  navigation 
et  à  la  construction.  Les  professeurs  de  géographie  commerciale  y 
trouveront  des  indications  des  plus  utiles  sur  les  plus  grands  ports 
du  monde,  puisées  aux  meilleures  sources.  Hong  Kong  y  est  indiqué 
comme  le  plus  important  de  tous,  avec  ses  h)  204  830  tonnes  do 
marchandises;  c'est  là  un  pdint  souvent  oublié  dans  les  manuels  mo- 
dernes, qui  ne  parlent  que  de  Londres,  d'Anvers  et  de  New  York. 

L'auteur  nous  expUque  la  nécessité  de  subventionner  les  flottes 
commerciales  et  de  réduire  le  nombre  des  ports  qui  absorbent  inutile- 
ment les  fonds  qu'il  faudrait  accorder  plus  largement  à  quatre  ou  cinq 
grands  ports  seulement,  ôans  se  laisser  distraire  par  des  considérations 
d'ordre  purement  politique. 

D'abondantes  notes  marginales  éclairent  le  texte  et  contiennent 
d'utiles  citations  d'autorités  incontestables  sur  la  matière  :  telles  que 
^L\L  Charles  Roux,  le  vicomte  d'Avenel,  etc. 

En  résumé,  cette  brochure  devrait  faire  partie  du  bagage  classique 
des  élèves  qui,  dans  nos  lycées  ou  dans  nos  écoles  libres,  se  prépa- 
rent à  la  carrière  industrielle.  A.-A.   FAUVEf, 


LITTÉRATURE 


Haiiilbiirli  d«8  Alt  Irisciien.  Grammatik.  Texte  und  Wœrterbuch, 
von  PtUDOLF  Thurneysen.  I.  Teil  :  Grammatik.  Heidelberg,  C.  Winter, 
1900,  in-8  de  xvi-582  p.    —  Prix  :  18  fr.  75. 

Les  ouvrages  sur  les  langues  celtiques  se  multipUent,  et  les  maîtres 


—  247  — 

qui  l'enseignent  font  profiter  leurs  collègues  et  confrères  du  fruit  de 
leur  enseignement.  Le  «  Manuel  du  vieil-irlandais  »  que  publie  au- 
jourd'hui M.  Thurneysen  est,  en  effet,  sorti  d'un  cours  fait  depuis  de 
longues  onnées  déjà  à  l'Université  de  Fribourg  en  Brisgau  :  de  jeunes 
philologues  d'Irlande  y  sont  même  venus  plus  d'une  fois  étudier,  sous 
cette  direction,  les  formes  anciennes  de  leur  langue  nationale. 

C'est  ici  une  œuvre  non  seulement  approfondie,  mais  aussi,  péné- 
trante dans  les  détails  et  même  dans  les  minuties.  Un  débutant  s'y 
retrouverait  malaisément,  au  moins  sans  avoir  cette  forte  discipline 
grammaticale  qui  se  rencontre  plus  en  Allemagne  que  chez  nous.  On 
le  voit  dès  le  début,  car  les  cent  cinquante  premières  pages  sont  con- 
sacrées à  la  phonétique.  La  morphologie  n'est  pas  moins  détaillée, 
et  un  index  de  cinquante  pages  sur  trois  colonnes  rend  les  recherches 
faciles.  Ce  n'est  pas  ici  une  œuvre  abrégée  et  facile,  comme  la  Grammaire 
irlandaise  que  M.  Windisch  a  pubUée  en  1879,  et  qui  a  rendu  tant 
de  services  en  suscitant  et  en  guidant  *oute  une  génération  de  celtistes  : 
c'est  une  œuvre  touffue  et  parfois  compliquée  où  celui  qui  est  déjà 
un  peu  initié  aura  une  notion  large  et  complète  du  mécanisme  gram- 
matical de  l'ancienne  langue  de  l'Irlande  aux  viii^  et  ix'^  siècles. 
Des  comparaisons  sobres,  mais  nettes  et  précises,  avec  les  autres  lan- 
gues celtiques  éclairent  les  questions  traitées,  et  surtout  la  citation 
des  formes  gauloises  quand  nos  inscriptions  en  fournissent  les 
éléments. 

11  convient  de  signaler  deux  chapitres  qui,  non  seulement  augmen- 
tent la  valeur  pédagogique  de  cette  grammaire,  mais  serviront  de 
fil  d'Ariane  aux  philologues  de  la  grammaire  comparée  :  l'un  sur  le 
développement  régulier  des  sons  indo-européens  en  irlandais,  et  l'autre 
sur  la  forme  et  la  flexion  des  mots  empruntés  par  l'ancien  irlandais. 

Pourquoi  faut-il  que  nous  ayons  à  regretter  la  forme  trop  savante 
que  les  philologues  allemands  donnent,  par  tradition,  à  leurs  livres? 
Il  faut  souvent  être  déjà  initié  pour  s'y  instruire  et,  par  exemple, 
pour  comprendre  leurs  abréviations  :  ainsi,  quoiqu'il  y  ait  au  début 
du  volume  une  liste  des  abréviations,  M.  Thurneysen  a  oublié  d'ex- 
pliquer UB  :  il  faut  deviner  que  cola  se  lit  Unbelegt,  c'est-à-dire  cas 
d'un  substantif  ou  temps  d'un  verbe  qui  ne  se  trouve  pas  dans  les 
textes  anciens.  Et  pourquoi  écrire  ackusatw  (parc  +  k),  et  cela  quand 
on  ne  prononce  qu'une  consonne  simple?  Si  Quintilien  revenait  au 
monde,  il  blâmerait  certainement  cette  façon  d'écrire  les  mots  latins, 
lui  qui  critiquait  chommoda  poui  commoda. 

Cette  grammaire  forme  la  première  partie  du  «  Manuel  de  l'ancieii 
irlandais  »;  la  seconde  sera  une  chrestomathie  formée  de  textes 
anciens  et  accompagnée  d'un  glossaire  :  faite  avec  l'acribie  dont 
M.  Thurneysen  a  déjà  donné  tant  de  preuves,  elle  rendra  les  plus 


—  248  — 

grands  services  pour  l'enseignement   dans  les   Universités  et   pour 
l'étude  personnelle  de  ceux  qui  sont  leurs  propres  maîtres. 

H.  Gaidoz. 


Tlie  Oxioffl  Enjilisli  Diption  try,  a  new  Englisli  Di«tio- 
nary  on  lil>iitorical  pi*iuci|ilei§,  editedbySir  James  A.  M. Mur- 
■RAy.'Movement-Myz  (Vol.  VI),  by  Kenry  Bradley.  Oxford,  Clarendon 
Press;  London,  Frowde,  1908,  gr.  in-4  paginé  729-820.  —  Prix  :  3  fr.  15. 

Ce  fascicule  du  New  English  Dictionary  termine  le  tome  VI  de  ce 
grand  ouvrage,  édité  par  MM.  Bradley  et  Craigie  et  publié  en  partie 
aux  frais  de  la  corporation  des  orfèvres  {Worshipful  Association  of 
Goldsmiilis).  Dans  la  portion  finale  de  la  lettre  M  qu'il  contient,  il 
renferme  3  777  articles  et  1  072  citations  (il  y  en  a  respectivement  1 819 
et  619  dans  la  partie  correspondante  du  Century  Dictionary,  déjà  fort 
complet).  Ce  n'est  d'ailleurs  pas  par  ces  comparaisons  do  chiffres,  si 
instructives  qu'elles  soient,  que  peut  se  mesurer  l'immense  supériorité 
de  ce  dictionnaire,  sur  tous  ceux  qui  l'ont  précédé,  mais  bien  par 
l'abondance,  la  sûreté,  le  choix  judicieux,  le  classement  des  rensei- 
gnements; l'étymologie  y  est  traitée  de  la  façon  la  plus  scientifique, 
l'histoire  de  chaque  mot  retracée,  les  définitions  données  avec  une 
clarté  parfaite  et  appuyée  d'exemples  empruntés  à  toutes  les  périodes 
de  la  langue.  Pour  l'étude  d'aucun  idiome  nous  ne  disposons  d'un  pareil 
instrument  de  travail;  à  la  gloire  d'aucun  idiome  pareil  monument 
n'a  jamais  été  élevé;  il  se  construit  régulièrement,  pierre  à  pierre, 
depuis  bien  des  années,  et  chaque  pierre  est  aussi  solide  et  aussi  bien 
taillée  que  la  précédente.  Puisse  une  œuvre  semblable  s'édifier  un  jour 
chez  nous,  pour  la  plus  entière  connaissance  et  le  plus  grand  honneur 
de  notre  langue  française  !  A,  Barbeau. 

lia  l^awgue  française  d'aujoiii'd'liui.  Évofution  Problè- 
mes actuels,  par  Albert  Dauzat.  Paris,  Colin,  1908,  in-18  de 
275  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

lia  ^Versification  française.    I^es    Grenres     poétiques,    par 

Joseph   Vincent.  Paris,  H.    Paulin,  1908,   in-18    de  95    p.  —  Prix  : 
1  fr.  20. 
De  la  Poésie  scientifique,  par  René   Ghil.   Paris,   Gastein-Serge, 
1909,  in-8  de  65  p.,   avec  portraits.  —  Prix  :  1  fr. 

Trente  ]¥oëls  poitevins  du  XV^  au  XVIIie  siècle,  fpubliés 
par  Henri  Lemaitre  et  Henri  Clouzot.  Airs  notés  par  Aymé  Kunc. 
Niort,  Clouzot;  Paris,  Leclerc,  1908,  in-8  de  xxxviii-170  p.—  Prix  :  5  fr. 

IVolice  sur  la  Bible  des  sept  états  du  monde  de  Geul'roy 
de  Paris,  par  Paul  Meyer.  Paris,  C.  Klincksieck,  1908,  m-4  de 
72  p.—  Prix  3  fr. 

L'éfcude  de  M.  Albert  Dauzat  sur  la  Langue  française  d'aujourd'hui. 
Évolution.  Problèmes  actuels  est  un  livre  fort  intéressant,  auquel  les 
connaissances  techniques  de  l'auteur  donnent  une  valeur  sérieuse, 


—  249  — 

son  talent  et  sa  verve  d'exp(3siti(»n  de  l'intérêt  et  de  l'agrément. 
Mais  c'est  l'œuvre  d'un  spécialiste,  disciple  ardent  d'une  école,  pénétré 
jusqu'à  l'excès  de  l'importance  de  la  philologie  romane  et  de  l'histoire 
de  la  langue,  qui  confond  à  tort  la  linguistigue  avec  la  grammaire,  et 
fait,  ce  semble,  trop  bon  marché  de  l'esthétique  rationnelle  du  langage. 
C'est  une  erreur  de  croire  que  tout  ce  qui  s'explique  se  justifie.  Les 
«  anciens  grammairiens  »  avaient  le  tort  (bien  involontaire)  d'ignorer 
la  génération  exacte  et  les  métamorphoses  graduées  des  divers  éléments 
de  notre  idiome;  mais  ils  avaient  raison  de  penser  qu'on  peut  discuter, 
et,  par  suite,  au  moins  dans  une  certaine  mesure,  corriger  et  améhorer 
l'usage,  surtout  dans  la  langue  écrite.  A  cet  égard,  leurs  travaux, 
malgré  leurs  excès  et  leurs  erreurs,  n'ont  pas  été  inutiles.  Leur  œuvre 
serait  à  reprendre  avec  l'aide,  mais  non  sous  le  joug  absolu,  de  la  lin- 
guistique. La  «  méthode  linguistique  »  et  «  l'enseignement  du  fran- 
çais par  la  grammaire  historique  »,  tels  que  les  propose  M.  Dauzat, 
ne  nous  paraissent  acceptables  que  dans  une  mesure  beaucoup  plus 
restreinte  qu'il  ne  le  voudrait.  Nous  croyons,  d'autre  part,  que  l'élé- 
ment visuel  tient,  depuis  la  diffusion  de  la  lecture  et  de  l'écriture,  et 
tiendra  désormais  une  place  plus  grande  «qu'il  ne  le  pense  dans  la  con- 
ception et  la  pratique  de  la  langue  et  surtout  du  style.  Nous  n'avons 
pas  d'objection  absolue  contre  la  réforme  orthographique,  dont  notre 
auteur  est  un  tenant  convaincu  et  d'ailleurs  modéré,  mais  il  nous 
paraît  qu'il  se  grossit  les  inconvénients  de  l'état  présent  des  choses. 
Nous  avons  goûté  son  remarquable  exposé  des  récentes  expériences 
de  la  «  phonétique  expérimentale  »,  bien  qu'il  s'en  exagère  manifeste- 
ment les  applications  pratiques.  Les  pages  consacrées  à  la  «  formation 
des  néologismes  »,  au  «  déplacement  des  frontières  linguistiques  »  du 
français,  à  la  «  disparition  des  patois  »  et  à  c  l'étude  des  parlers  popu- 
laires »,'  sont  nourries  de  faits  et  par  conséquent  fort  instructives. 
Mais  nous  ne  saurions  souscrire  à  certaines  manifestations  des 
sentiments  personnels  de  l'auteur,  produites  à  l'occasion  des  sujets 
traités.  Selon  nous,  par  exemple,  la  langue  française  a,  Dieu  merci  ! 
en  Belgique,  de  meilleurs  titres  de  gloire  que  celui  d'y  être,  selon  l'ex- 
pression de  ]\L  Dauzat,  «  le  drapeau  du  libéralisme  »  (p.  187),  car  ce 
libéralisme  s'est  manifesté  chez  nos  voisins,  quand  il  y  a  été  le  maître, 
comme  une  tyrannie  sectaire.  Ces  petits  éclats  de  voix  sont  d'ailleurs 
une  exception  dans  le  livre  dont  il  s'agit,  qui  montre  en  somme  chez 
son  auteur  un  mérite  réel  et  de  bonnes  intentions  pour  le  présent  et 
l'avenir  de  notre  langue.  C'est  un  ouvrage  à  lire  et  à  discuter. 

— -  L'opuscule  de  M.  Joseph  Mncent  :  La  Versification  française.  Les 
Genres  poétiques.,  a  plus  de  mérite  qu'il  n'est  gros.  La  première  partie 
surtout  est  remarquable.  L'auteur  est  bien  informé,  judicieux,  d'un 
sens  délicat,  et  son  exposé  se  lit  avec  grand  plaisir.  Les  citations  ont 


—  250  — 

été  choisies  avec  goût,  mais  pas  toujours  peut-être  avec  une  sévéritt^ 
suffisante  pour  un  ouvrage  qui  se  présente  comme  scolaire  (Cf.  p.  62). 
Les  contemporains  y  tiennent  d'ailleurs  trop  de  place  et  les  classiques 
pas  assez.  La  théorie  est  juste  en  général,  bien  qu'une  notion  capitale, 
celle  de  l'accent  secondaire,  tonique  ou  rythmique,  échappe  à  M.  Vin- 
cent comme  à  presque  tous  ses  émules.  Nous  diiïérons  d'avis  avec  lui 
sur  divers  points,  et  certains  exemples  donnés,  par  exemple  pour 
V hiatus  (p.  35,  36)  ou  V enjambement  (p,  42),  nous  paraissent  contes- 
tables. La  seconde  partie  :  Les  Genres  poétiques,  est  beaucoup  plus 
faible  que  la  première.  Elle  est  incomplète  et  sensiblement  écourtée. 
Mais  la  vocation  de  M.  Joseph  Vincent  pour  ces  études  est  évidente. 
Nous  souhaitons  qu'il  continue  de  la  cultiver  et  le  fasse  de  façon  plus 
ample. 

• —  Rien  n'est  plus  lucide  (ce  n'est  pas  sa  moindre  quahté)  que  le 
petit  livre  dont  nous  venons  de  parler.  Rien  ne  l'est  moins  que   l'ou- 
vrage un  peu  plus  étendu  qui  a  pour  titre  :  De  la  Poésie  scientifique 
et  pour  auteur  :  M.  René  Ghil.  Celui-ci  met  une  sortedepointd'honneur 
à  n'être  pas  compris  du  commun  des  hommes  e*^^  sa  prose  a  quelque 
chose  d'apocalyptique.  Partisan  décidé  de  l'axiome  connu  :  «  Ce  qui 
n'est  pas  clair,  n'est  pas  français  »,  et  ayant  d'ailleurs  peu  de  temps 
à  perdre,  nous  avons  dû  renoncer  à  extraire  la  pensée  de  M.  Ghil  du 
jargon  brumeux  où  il  s'enorgueillit  de  la  cacher.  Tout  ce  que  nous 
pouvons  faire  à  son  égard  est  de  reproduire  les  titres  des  diverses  par- 
ties de  son  manifeste,  car  cet  écrit  semble  bien  être  le  manifeste  d'une 
école  nouvelle  en  poésie.  Les  voici  donc  :  «  Quelques  mots  d'actualité 
poétique.  —  Origines  de  la  poésie  moderne.  —  Le  Symbolisme  et  ses 
écoles.  —  De  la  Poésie  scientifique.  L  De  l'Intuition  et  de  la  science 
en  poésie.  —  IL  L'Instrumentation  verbale.  Le  Rythme  évoluant.  — 
III.  La  Métaphysique  et  la  Philosophie.  —  IV.  La  Philosophie  et 
l'Éthique.  Morale  sociale.  —  \'.  L'Œuvre.  »  On  aura  une  idée  du  style 
de  l'auteur  par  cette  phrase  typique  dont   nous  respectons  la  ponc- 
tuation  et  les  majuscules  :  «  Le  vrai  don  poétique,  le  don  qui  a  été, 
quand  les  poètes  des  Livres  sacrés  sous  les  créations  théogoniques 
enclosaient  ce  qui  éuait  conscient  en  eux  de  la  nature  des  Choses,  le 
don  qu'une  conception  rénovée  de  la  Poésie  rendra,  nous  l'espérons, 
unique  demain,  —  c'est,  il  me  semble,  celui  de  pénétrer  intuitivement 
de  douleur  et  de  volupté  immense,  le  plus  du  mystère  de  notre  Moi 
et  du  Tout,  à  la  fois.  Et,  acquise,  en  quelque  point  de  contact  que  ce 
soit,  cette  certitude  qui  naît  de  leur  identification,  —  le  Poète,  alors, 
de  chacun  de  ces  points  comme  centres  vibratoires,  s'évertuera  de 
pensée  à  susciter  et  harmoniser  en  la  série  évolutive,  des  rapports 
nouveaux  de  l'Univers.  Et  constamment,  il  pourra  et  devra  suggérer 
sa  présence  innombrable  et  ses  lois,  et  signifier  émotivement  toute 


—  251  — 

chose  particulière  en  rapport,  donc,  avec  la  Signification  totale.  » 
(p.  40-41). —  Est-ce  clair? 

—  Une  œuvre  autrement  utile  dans  la  netteté  de  sa  méthode  cor- 
recte et  sans  prétention,  c'est  la  publication  de  Trente  Noëls  poitevins 
du  xv^  au  XVI 11^  siècle,  dont  nous  sommes  redevables  à  ALM.  Henri 
Lemaitre  et  Henri  Clouzot,  et  qui  nous  offre  de  bons  échantillons  de 
la  poésie  populaire  ou  demi-populaire  de  nos  piovinces.  Nous  avons 
remarqué  dans  leur  Introduction  précise  et  claire  des  renseignements 
ou  indications  curieuses  sur  les  danses  des  bergers,  les  danses  de  Noël, 
la  localisation  des  chants  inspirés  par  le  récit  évangélique,  les  mœurs 
et  usages  poitevins.  Ils  ont  extrait  des  textes Téunis  par  eux  et  ils  ont 
classé  en  bon  ordre  les  faits  de  linguistique  que  ceux-ci  leur  présente- 
taient.  Ils  ont  éclairci  ces  textes  par  dès  notes  sobres  et  par  un  glos- 
saire. Ils  ont  joint  quelques  «airs»,  notés  en  musique  par  M.  Aymé 
Kunc.  Nous  leur  devons  ici  un  éloge  particulier  pour  le  soin  qu'ils 
.)nt  pris  de  communiquer  au  lecteur  la  «  bibliographie  »  de  leur  sujet. 
Ils  se  sont  montrés  en  tout  cela  de  vrais  érudits  et  des  hommes  de 
goût. 

—  La  Notice  sur  la  Bible  des  sept  états  du  Monde  de  Geufroi  de  Paris, 
tirée  à  part  des  Notices  et  extraits  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque 
nationale  et  autres  bibliothèques  (t.  XXXIX)  est  l'une  de  ces  disserta- 
tions d'histoire  littéraire  du  moyen  âge  où  excelle  M.  Paul  Meyer,  et 
dont  son  érudition  aussi  exacte  qu'abondante,  sa  critique  si  fine  et  si 
perspicace  font  en  leur  genre  de  petits  chefs-d'œuvre.  On  regrette  d'au- 
tant plus  que  son  dilettantisme  se  complaise  tiop  souvent  en  des  in- 
vestigations où,  selon  son  propre  aveu,  «la  recherche  est  plus  intéres- 
sante que  le  sujet  auquel  elle  s'applique  «  (p.  7).  L'éminent  érudit  nous 
permettra  aussi  de  contester  sa  compétence  hors  de  son  domaine  et  de 
refuser  de  souscrire  à  son  appréciation  sur  le  caractère  et  l'ancienneté 
de  la  doctrine  du  Purgatoire.  Il  la  qualifie  bizarrement  de  «  conception 
rationahste  »  (p.  59)  et  ajoute  qu'elle  «  ne  s'est  fixée  qu'à  une  époque 
assez  taidive,  vers  le  xii^  siècle  ».  En  réalité,  cette  doctrine,  dans  ses 
points  essentiels,  est  à  la  fois  lationnelle  et  traditionnelle  et  a  été  de 
tout  temps  tenue  par  l'Église  (Cf.  Hurter,  Theologiae  dogmaticae 
compendium,  tractatus  X,  caput  I\',  n^  !J18  seq.).  M.  S. 


lier»  iTlaitres  «le  la  chaire  en  Fraiieo.  ITIassillon.  Sa  Prédi- 
cation MOUS  l>.oiii.s  XIV  et  80U8  liouiit  XV,  par  l'abbé 
L.  Pauthe.  Paris,  LecofTre,  Gabalda,  1908,  in-8  de  xv-463  p.  —  Prix  : 
6  fr. 

Poursuivant  ses  consciencieux  travaux  sur  les  Maîtres  de  la  chaire 
en  France,  M.  le  chanoine  Pauthe  étudie  Massillon,  de  même  qu'il  a 
étudié  précédemment  Bossuet,  Fénelon,  Bourdaloue.  Parmi  les  ques- 


—  252  — 

tions  traitées  dans  ce  nouvel  ouvrage  avec  le  plus  de  justesse  et  d'am- 
pleur, signalons  :  les  rapports  de  TOratoiro  et  du  jansénisme 
(p.  73-102);  les  conférences  de  saint  Magloire  (p.  128-147); les  carêmes 
de  Versailles,  en  1701  et  1704  (p.  195-243);  les  oraisons  funèbres  de 
Massillon  (p.  252-269);  les  caractères  moraux  et  littéraires  du  Petit- 
Carême  (p.  269-292);  le  sacre  du  futur  cardinal  Dubois  (p.  328-339); 
le  gallicanisme  de  Massillon  (p.  377-382);  l'évêque  de  Clermont  prri- 
tecteur  et  bienfaiteur  de  son  peuple  (p.  383-410). 

Il  est  permis  de  regretter  que  les  références  bibliographiques  soient 
gravement  incomplètes  :  M.  Pauthe  n'indique  ni  le  lieu  de  publication, 
ni  la  date,  ni  le  format*  des  ouvrages  qu'il  énumère;  bien  plus,  il  ne 
mentionne  pas  les  éditions  ou  les  répertoires  contenant  les  textes  et 
documents  auxquels  il  renvoie  son  lecteur  (p.  443-446).  Signalons, 
en  outre,  quelques  inexactitudes.  Par  exemple,  M.  Pauthe  attribue 
à  saint  Paul  un  aphorisme  célèbre  de  saint  Augustin  (p.  91).  L'auteur 
estime  que  les  Réflexions  morales  (de  Quesnel)  étaient  plus  dangereuses 
que  V Augustinus  lui-même,  puisqu'elles  contenaient  cent  et  une  propo- 
sitions censurées  et  condamnées,  tandis  que  l'ouvrage  de  Jansénius. 
n'en  comptait  que  cinq  »  (p.  93).  C'est  mettre  en  balance  des  valeurs 
qui  ne  sont  pas  du  même  ordre  :  les  cinq  propositions  de  Jansénius 
forment  autant  à'hérésies  proprement  dites;  alors  que  la  plupart  des 
cent-une  propositions  de  Quesnel  sont  des  phrases  équivoques  et  ten- 
dancieuses, condamnées  dans  la  mesure  même  où  elles  insinuent  et 
favorisent  la  doctrine  de  Jansénius.  M.  Pauthe  paraît  croire  que  c'est 
le  Régent  qui  a  dit  :  <<  Après  nous,  U  déluge]  »  (p.  291);  tandis  qu'en 
réalité,  c'est  Louis  XV  (non  pas  toutefois  en  propres  termes).  L'auteur 
applique  le  nom  à' Institut  aux  Académies  de  l'ancienne  France  (p. 
324  et  325),  bien  que  l'Institut  ait  été  créé  seulement  par  la  loi  du 
3  brumaire  an  IV  (25  octobre  1795).  Le  nom  de  Séez  (département 
actuel  de  l'Orne)  est  substitué  par  M.  Pauthe  au  nom  de  Senez  (dépar- 
tement actuel  des  Basses-Alpes)  :  et,  comme  l'erreur  est  constante,  on 
peut  redouter  qu'elle  ne  soit  pas  exclusivement  typographique 
(p.  338,  347,  364,  366,  368,  371,  374,  381,  417,  446). 

Le  récit  et  les  commentaires  semblent  parfois  prolixes,  et  le  ton 
général  du  volume  est  un  peu  trop  solennel  et  sentencieux.  Néanmoins, 
ce  sera  une  lecture  instructive  et  attachante;  car  M.  Pauthe  fait  con- 
naître la  personne  et  l'œuvi  e  oratoire  de  Massillon  avec  une  compétence 
très  avertie,  non  moins  qu'avec  un  enthousiasme  bien  légitime  envers 
l'illustre  oratorien  qui,  selon  le  mot  de  Lacordaire,  fut,  pour  l'impiété 
au  xviii^  siècle,  «  comme  un  reproche  doux  et  ingénieux  ». 

Yves  de  la  Brière. 


—  253  — 

Études  d'histoire  romautique.  I^e  Cénacle  de  la  lluse 
li-aiiçaise,  lS*i3-iS*i'î  (Documents  inédits),  par  Léon  Séché. 
Paris,  Mercure  de  France,  1909,  in-18  de  xv-409  p. —  Prix  :  afr.  50. 

Quand  a  commencé  réellement  le  mouvement  romantique?  Ce 
n'est  pas  la  moindre  des  controverses  aux^quelles  son  étude  historique 
a  donné  lieu  depuis  quelque  temps.  M.  Léon  Séché,  d'accord  avec 
Sainte-Beuve  pour  adopter,  comme  point  de  départ  de  ce  mouvement, 
la  période  de  1819  à  1824,  a  exposé  dans  son  ouvrage  récent 
le  premier  rapprochement  important  des  jeunes  esprits  qu'un  même 
élan,  non  concerté  d'abord,  avait  portés  à  renouveler  l'inspiration 
et  les  formes  poétiques  usées  du  xviii^  siècle.  La  revue  la  Muse  fran- 
çaise eut,  en  1823,  sept  fondateurs,  comme  la  Pléiade  de  1550  avait 
été  formée  de  sept  étoiles  :  Soumet  et  Emile  Deschamps  avaient  pris 
l'initiative;  Victor  Hugo  et  Vigny  étaient  à  leurs  côtés;  Lamartine, 
bienveillant,  restait  isolé  dans  la  gloire  sans  conteste  qu'il  avait 
atteinte  du  premier  coup  ;  Chateaubriand,  alors  ministre,  soutenait  et 
protégeait  la  revue  nouvelle.  Celle-ci  publia,  sous  le  titre  de  Nos 
Doctrines^  une  sorte  de  manifeste  fort  modéré,  rédigé  par  Guiraud;et 
ce  programme  de  l'école  naissante  fut  l'occasion  du  Discours  sur 
ou  plutôt  contre  le  romantisme,  prononcé  le  24  avril  1824,  dans  la 
séance  annuelle  des  quatre  Académies,  par  Auger,  secrétaire  perpétuel 
de  l'Académie  française. 

La  Muse  française^  après  avoir  rassemblé  de  nombreux  collabo- 
rateurs, disparut  assez  vite,  au  moment  même  où  Chateaubriand  fut 
chassé  du  ministère;  mais  le  groupe  qui  s'était  formé  autour  d'elle 
subsista.  On  s'était  réuni,  préalablement  à  la  fondation  de  la  Muse, 
chez  le  vieux  fonctionnaire  de  l'Administration  des  domaines, 
père  d'Emile  et  Antony  Deschamps;  on  se  retrouva  de  préférence  par 
la  suite  à  l'Arsenal,  dans,  cet  aimable  salon  de  Charles  Nodier,  où  un 
livre  antérieur  de  M.  Michel  Salomon  nous  avait  fait  pénétrer,  et  que 
M.  Séché  décrit  avec  de  nouveaux  détails  (p.  223-303). 

L'esprit  du  «  Cénacle  »,  ainsi  constitué  et  continué,  se  modifia 
un  peu  en  1827,  sous  l'influence  d'un  nouveau  venu,  Sainte-Beuve,  et 
d'un  événement,  la  publication  de  Cromwell  par  Victor  Hugo;  mais 
jusqu'alors  le  groupe  des  premiers  romantiques  est  demeuré  par- 
faitement fidèle  à  la  tradition,  en  religion  et  en  politique,  et  idéaliste 
avant  tout  par  son  inspiration  poétique  et  sentimentale.  L'ouvrage 
de  M.  Séché  met  en  évidence  cette  vérité  qu'ont  semblé  contester  les 
auteurs  d'études  récentes  hostiles  au  romantisme  jusqu'en  ses  origines. 

Les  grands  romantiques  se  sont  laissé  emporter,  surtout  depuis 
1830,  extrêmement  loin  de  leur  point  de  départ  :  le  culte  en  eux-mêmes 
de  la  passion,  et  la  recherche  de  ses  émotions,  comme  aussi  le  trouble 
répandu  dans  les  esprits  par  la  révolution  de  Juillet,  ont  fait  d'eux. 


—  254  — 

à  des  degrés  divers,  des  adversaires  du  vieil  organisme  social  et  poli- 
tique. Ils  ont  oublié  dans  cette  évolution  les  compagnons  de  jeunesse, 
ou,  comme  disait  plus  tard  Emile  Deschamps,  les  «  compagnons 
d'armes  »  qui  avaient  stimulé  et  soutenu  leurs  premières  inspirations. 
Ceux-ci,  pour  la  plupart,  ne  les  ont  pas  suivis  dans  leur  déviation,  mais 
n'en  ont  pas  moins  été  auparavant  les  collaborateurs  indirects  des 
œuvres  plus  importantes  et  plus  durables  composées  à  côté  d'eux. 
On  ne  saurait  donc  négliger  cet  entourage,  surtout  si  l'on  envisage 
avec  raison  l'histoire  de  la  littérature  comme  celle  des  mœurs  et  de  la 
société.  Et  il  n'est  pas  indifférent  que  M.  Léon  Séché  nous  ait  donné 
d'intéressants  détails  sur  Soumet,  plus  connu  aujourd'hui  comme 
poète  de  la  Pauvre  Fille  que  par  ses  succès  au  théâtre;  sur  Guiraud, 
qui  n'a  pas  écrit  uniquement  les  Petits  Savoyards;  sur  Michel 
Pichat,  Pichald  en  littérature,  et  pour  Antony  Deschamps, 
Cygne  du  Paradis  qui  traversa  le  monde, 

auteur  de  la  tragédie  de  Léonidas,  représentée  avec  acclamations  en 
1825  (Talma  disait  qu'elle  avait  sauvé  le  Théâtre  Français);  enfin, 
sur  les  personnages  féminins  du  groupe,  M°^es  Desbordes-\"almore, 
Tastu,  de  Girardin  qui  ont  exprimé  la  sensibilité  de  leur  sexe  avec 
une  harmonie  si  pénétrante. 

Dans  l'histoire,  la  période  de  1819  à  1824  est  un  moment  fugitif 
où,  à  part  un  petit  nombre  d'hommes  de  parti,  on  put  croire  la 
France  sortie  des  agitations  qui  commençaient  à  ébranler  le  reste 
de  l'Europe;  l'indignation  contre  l'assassinat  du  duc  de  Berry, 
l'attendrissement  à  la  naissance  de  son  fils  semblèrent  sceller  la 
réconciUation  de  la  France  et  des  Bourbons,  de  la  liberté  et  de  la 
monarchie,  de  la  tradition  et  de  la  pensée  moderne  émancipée.  Les 
premiers  romantiques  eurent  foi  en  cette  réconciliation.  On  leur  a 
reproché  leur  prédilection  pour  les  littératures  et  les  institutions 
étrangères,  comme  si,  dans  le  contact  guerrier,  puis  pacifique,  repris 
entre  la  France  et  l'Europe,  ils  n'avaient  pas  eux-mêmes  affermi 
leurs  motifs  de  revenir  aux  sources  nationales  d'inspiration.  «  Nous 
avons  abandonné  l'héritage  qui  nous  est  propre  pour  les  riantes 
créations  de  la  Grèce  »,  disait  Ballanche.  « ...  Ce  n'est  pas  ainsi  que  les 
Allemands  ont  agi  envers  leurs  pays,  ajoutait  l'éditeur  des  poé&ies 
de  Chénier,  Latouche;  écoutez  dans  leurs  chants  l'accent  de  la 
patrie,  et  songez  à  la  vôtre.  »  En  obéissant  à  ces  sentiments,  les 
premiers  romantiques  se  sont  détournés  de  l'antiquité  artificiellement 
comprise;  ils  ont,  après  Chateaubriand  et  à  son  exemple,  ramené 
le  goût  public  vers  nos  monuments  du  moyen  âge  et  de  la  Renais- 
sance, vers  les  œuvres  du  génie  français  antérieures  à  la  grande 
époque  classique,  même  vers  les  beautés  du  sol  natal.  -:  -- 

Ce  que  l'on  peut  surtout  louer  en  eux,^ avec  la  certitude  de  ne  céder 


—  255  — 

à  aucune  prévention,  c'est  la  hauteur  des  aspirations  intellectuelles 
dans  la  simplicité  de  la  vie,  et  la  cordialité  dans  l'émulation  féconde 
de  la  confraternité  littéraire.  Le  xviii^  siècle  n'avait  pas  connu  de 
pareilles  mœm's  chez  les  gens  de  lettres,  et  le  xix^,  après  1830,  ne 
les  a  plus  connues;  mais  le  tableau  que  Sainte-Beuve  a  tracé  avec 
émotion  dans  la  pièce  des  Poésies  de  Joseph  Delorme  intitulée  le  Cénacle 
a  été  vrai;  les  travaux  de  M.  Séché  nous  le  confirment  en  complétant 
ce  tableau.  Ch.  de  Loménie. 

El  Doetoi*  D.  manuel  IVIilâ  y  Fontanala;  Hemblauzn  lite- 
raria,  por  Marcelino  Menéndez  y  Pelayo.  Barcelone,  Gustave  Gili, 
1908,  in-12  de  80  p.  —  Prix  :  1  fr. 

Obrars  eatalaiies  d'en  Manuel  MilA  y  Fontanals.  Barcelona, 
Gustave  Gili,  1908,  in-12   de  378  p.  —  Prix  :  4  fr. 

Quand  le  docte  et  érudit  M.  Menéndez  y  Pelayo  fait  l'éloge  d'un 
écrivain,  on  peut  s'en  rapporter  sans  réserve  à  son  jugement  autorisé. 
Le  portrait  littéraire  qu'il  trace  du  docteur  Milâ  y  Fontanals  peut 
servir  amplement  d'Introduction  aux  œuvres  de  cet  illustre  professeur, 
qu'il  nous  fait  connaître  sous  leur  véritable  jour.  Personne,  d'ailleurs, 
n'était  mieux  placé  que  M.  Menéndez  pour  parler  de  l'illustre  pro- 
fesseur barcelonais,  sous  lequel  le  critique  et  littérateur  madrilène  a 
fait  ses  premières  armes.  Milâ  y  Fontanals  a  contribué  puissamment 
à  remettre  en  honneur  dans  son  pays  et  à  l'étranger,  l'étude  du 
moyen  âge,  des  chansons  de  gestes,  des  traditions  séculaires  qui  sont 
le  fond  du  folk-lore,  de  la  formation  et  du  développement  des  litté- 
ratures néo-latines.  La  bibliographie  qui  se  trouve  à  la  fin  des  Œuvres 
catalanes  de  ce  fécond  écrivain  en  est  une  preuve  éloquente.  Beaucoup 
de  questions  relatives  aux  grammaires  romanes  ont  été  définitivement 
tranchées  par  lui,  et  les  éclaircissements  qu'il  a  apportés  sur  nombre  de 
points  restent  comme  des  jalons  précieux  sur  la  route  qui  mène  à  la 
solution  d'autres  problèmes. 

—  M.  Milâ  y  Fontanals  n'est  pas  seulement  un  professeur  et  un 
critique;  il  est  aussi  poète,  et,  dans  son  catalan  sonore  et  harmonieux, 
il  a  chanté  la  Vierge  de  Montserrat,  la  Mort  de  Galinde,  Pie  IX,  etc.; 
mais  il  est  à  remarquer  que,  poète  sur  ses  vieux  jours,  il  a  surtout 
excellé  dans  l'imitation  de  la  poésie  populaire,  avec  des  réminiscences 
très  marquées  des  romances  anciens  et  des  chants  héroïques  français 
et  étrangers.  Parmi  les  poésies  catalanes  de  Milâ,  il  en  est  trois  qui 
sont  de  vrais  joyaux  littéraires  :  celle  qui  a  pom'  titre  Arnaldo  de 
Beseya  est  un  magistral  romance  plein  d'un  symbolisme  fantastique 
et  religieux  tout  à  la  fois;  la  Complanta  d'en  Guillén  est  une  mélodie 
d'une  grande  suavité  et  d'une  tendresse  extrême,  qui  chante  les 
fiançailles  du  chaste  amour  et  de  la  mort;  la  Cansô  del  Pros  Bernart, 
la  plus  remarquable  de  toutes  les  compositions  de  Milâ,  et,  au  dire 


—  256  — 

de  M.  Menéndez  y  Pelayo,  de  toutes  les  chansons  épiques  du  Parnasse 
espagnol  moderne,  renferme  des  passages  qui  égalent  et  dépassent 
les  plus  belles  inspirations  de  \'ictor  Hugo  dans  sa  Légende  des  siècles. 
M.  Milâ  y  Fontanals,  malgré  tout,  fut  essentiellement  un  savant 
et  un  critique  :  son  génie  poétique  naquit  de  son  étude  approfondie 
et  de  son  admiration  sincère  des  anciens  poèmes  catalans  et  castillans, 
dédaignés  ou  méconnus  avant  lui.  Qu'on  lise  son  Prologue  aux  Chants 
mystiques  et  aux  Idylles  de  Verdaguer,  son  article  nécrologique  sur 
Balaguer,  son  étude  sur  la  Chronique  dite  de  Turpin,  son  Essai  his- 
torique et  critique  sur  les  anciens  poètes  catalans;  et  l'on  restera  con- 
vaincu que  Milâ  est  l'un  des  premiers  et  des  plus  érudits  littérateurs 
du  xix^  siècle,  et  que  l'hommage  que  lui  a  rendu,  d'une  voix  si  auto- 
risée, l'éminent  académicien.  M.  Menéndez  y  Pelayo,  est  comme  le 
tribut  de  reconnaissance  de  toute  l'Espagne  savante  déposé  sur  la 
tombe  de  celui  qui  a  si  dignement  honoré  les  lettres  et  son  pays. 

G.  Bernard. 


HISTOIRE 


La  Rei^anclie  de  la  banquise.  L'U  Eté  de  dérive  dans  la 
■nei°  de  liara  (juin-Heptembre  1907),  par  le  duc  Philippe 
d'Orléans,  Paris,   Plon-Nourrit,  1909,   gr.   in-4    de  288  +  39  p.,    avec 

10  héliogravures,  I30illustr,  en  phototypie  et  six  cartes.  —  Prix  :  30  fr. 

11  y  a  trois  ans,  le  duc  d'Orléans  a  raconté,  dans  un  livre  dont  les 
lecteurs  du  Polybiblion  (décembre  1906,  t.  CVII,  p.  484-485)  n'ont  pas 
perdu  le  souvenir,  comment  il  a  navigué  àtravers  la  banquise,  du  Spitz- 
berg  au  cap  Philippe,  et  ajouté  une  nouvelle  nomenclature  française 
à  celle  qu'au  temps  de  son  aïeul,  le  roi  Louis-Philippe,  les  marins 
de  la  Lilloise  avaient  donnée  à  une  partie  plus  méridionale  de  la 
côte  du  Groenland  oriental.  Dans  un  superbe  volume,  récemment 
publié,  il  expose  comment,  au  cours  d'un  nouveau  voyage  entrepris 
par  lui  dans  les  mers  arctiques  qui  s'étendent  au  nord  de  l'Europe 
et  de  l'Asie  occidentale,  le  vaillant  navire  sur  lequel  il  avait  pris  pour 
la  seconde  fois  jjassage,  l'illustre  Belgica,  s'est  trouvé  arrêté  par  les 
glaces;  durant  les  mois  d'été  de  l'année  1907,  de  juin  à  septembre,  ce 
bâtiment,  qui  avait  naguère  si  fructueusement  exploré  les  mers  an- 
tarctiques et  qui  s'était  ensuite  si  bien  comporté  dans  les  eaux  du 
Groenland,  a  vainement  tenté  de  faire  une  campagne  nouvelle  d'ex- 
ploration sur  les  côtes  de  la  Nouvelle-Zemble.  A  peine  entré  dans  la 
mer  de  Kara,  il  a  été  emprisonné  dans  les  glaces,  et  ne  s'en  est  dégagé 
que  fort  tard,  au  moment  où  il  n'était  plus  possible  de  faire  œuvre 
géographique  nouvelle,  -\insi  le  duc  d'Orléans  n'a  pas  pu  accomplir 
la  tâche  que,  primitivement,  le  D^  Charcot  avait  projeté  de  réaUser 


—  257  — 

dans  une  partie  encore  fort  mal  connue  des  mers  arctiques  ;  c'a  vraiment 
été,  selon  l'expression  du  royal  explorateur,  la  Revanche  de  la  banquise. 
.  Est-ce  à  dire  que  de  ce  nouveau  voyage  arctique  du  duc  d'Orléans, 
les  résultats  sont  nuls?  Pas  le  moins  du  monde.  La  présence  à  bord  de  la 
Belgica  du  commandant  A.  de  Gerlache  et  du  naturaliste  Stappers  a 
permis  au  prince  de  publier,  à  la  suite  de  son  intéressant  journal  de 
bord,  de  précieux  appendices  scientifiques  :  des  tableaux  météorolo- 
giques établis  par  le  commandant  de  Gerlache,  des  notes  biologiques 
dues  à  M.  Stappers,  une  étude  sur  la  florule  des  neiges  et  des  glaces 
de  la  mer  de  Kara  signée  du  professeur  Meunier.  Ce  sont  là  des  garants 
de  l'intérêt  que  présentera  la  publication  exclusivement  scientifique 
annoncée  par  le  duc  d'Orléans  dans  la   Revanche  de  la  banquise,  qui 
contient  encore  une  courte  étude  sur  la  pêche  dans  la  Mer  Blanche  et 
un  excellent  historique  des  voyages  précédemment  accomplis  dans  la 
mer  do  Kara.  Le  prince  en  a  présenté  un  tableau  d'ensemble  dans  le- 
quel il  a  insisté,  de  manière  spéciale,  sur  les  expéditions  que  leur 
champ  d'action  ou  les  difficultés  rencontrées  de   la  part   des   glaces 
rendaient  les  plus   analogues  à  la   sienne.    Des   planches  superbes, 
parfois  d'un  très  grand  intérêt  géographique  ou  glaciologique,  exécu- 
tées d'après  les  photographies  prises  par  le  prince  et  par  le  D^  Réca- 
mier,  de  très  belles  cartes  (parmi  lesquelles  celle  du  Matotchkin  Char 
dressée  à  l'échelle  du   160  000^^  par  le  commandant  A.  de  Gerlache, 
mérite   une   mention   particulière)   accompagnent   cette   magnifique 
publication  dans  laquelle  il  convient  de  voir  une  preuve  nouvelle  de 
la  sollicitude  éclairée  apportée  par  le  duc  d'Orléans,  selon  les  traditions 
de  sa  famille,  à  la  géographie  et  aux  sciences  naturelles. 

Henri  Froidevaux. 


Coi'i'eiipoiidaiice  du  eoiiite  de   la  Forest,  ambassadeur  de 

Frauce  cm  Elspa.siite  (I»OS-t813),  publiée  pour  la  Société 
d'iiistoire  contemporaine  par  Geoffroy  de  Grandmatson.  T.  III. 
Octobre  i^O'è-juin  1910.  Paris,  A.  Picard  et  fib,  1909,  in-8  de  492  p. 
—  Prix  :  8  fr. 

Le  troisième  volume  de  cette  importante  publication  embrasse  une 
période  de  neuf  mois  et  va  jusqu'au  miheu  de  l'année  1810.  M.  Geof- 
froy de  Grandmaison  a  divisé  la  correspondance  de  notre  ambassadeur 
en  trois  titres  généraux  :  1°  le  Duc  de  Dalmatie,  major  général;  2° 
l'Expédition  d'Andalousie;  3°  le  Retour  de  Joseph  àMadrid.  Les  grandes 
qualités  par  lesquelles  se  signalent  les  volumes  précédents  se  retrouvent 
dans  celui-ci,  et  nous  ne  nous  attarderons  pas  à  les  faire  ressortir  de 
nouveau.  Résumons  seulement  les  événements  historiques  que  les 
lettres  du  comte  de  la  Forest  nous  font  suivre,pour  ainsi  dire  pas  à  pas, 
en  disant  que  l'ambassadeur  français^fait  sentir  très  clairement  la 
Septembre  1909.  T.  CXVI.  17. 


—  253  — 

crise  qui  se  prépare,  l'énorvement  du  peuple  espagnol  et  les  préoccu- 
pations du  roi  Joseph  en  face  des  décrets  impériaux  qui  contrai ient 
ses  propres  intentions,  en  un  mot,  le  conflit  imminent  qui  va  éclater 
entre  les  deux  frères  et  qui  peut  avoir  de  si  redoutables  conséquences. 
En  effet,  tandis  que  Napoléon  organise  les  provinces  espagnoles  voi- 
sines de  la  Fiance  en  six  gouvernements  militaires  confiés  exclusi- 
vement à  des  généraux  français,  le  roi  Joseph,  à  qui  n'a  été  réservé 
que  le  commandement  direct  d'une  seule  armée,  riposte  en  établissant 
dans  le  royaume  trente-huit  préfectures  et  en  partageant,  à  son  tour, 
l'Espagne  en  quinze  divisions  militaires.  D'ailleurs,  la  Péninsule  est 
perpétuellement  en  ferment  de  révolte,  et  elle  cherche  à  secouer  le 
joug  qu'on  veut  lui  imposer  des  deux  côtés  des  Pyrénées.  Le  tableau 
est  saisissant  de  vérité,  et  l'on  croirait  assister  en  témoin  oculaire  à 
tout  ce  qui  se  passe  et  à  tout  ce  qui  se  trame.  G.  Bernard. 


Histoire  de  l'abl>»ye  royale  et  de  l'orclre  dc«i  cliannines 
réguliers  fie  Saiiït-Viêtor  de  i^aris.  Deuxième  période  [IHOO- 
'tldl),  par  FovRiER  Boînnarti.  T.  II.  Tremblay-sur-MauIdre  (Seine-et- 
Oise),  chez  l'auteur,  s.  d.,  1908,  in-8  de  viii-o27  p.,  avec  un  plan.  — 
Prix:  10  fr. 

La  deuxième  période  de  l'histoire  de  la  grande  abbaye  parisienne 
est  beaucoup  moins  importante  que  la  première.  Les  chanoines  vic- 
torins  ont  perdu  une  situation  qu'ils  ne  retrouveront  plus;  néanmoins, 
comme  ces  temps  sont  plus  à  la  portée  de  rhistorien,les  renseignements 
abondent  sur  les  hommes  et  sur  les  choses.  L'auteur  se  trouve  mieux 
à  l'aise.  Les  phases  qui  remplissent  ces  trois  siècles  sont  pleines 
d'intérêt:  c'est  d'abord  une  tentative  de  réforme  intérieure,  au 
commencement  du  xvi^  siècle;  elle  échoue,  comme  il  advint  dans 
de  nombreux  monastères.  Le  dernier -abbé  régulier,  Jean  Bordier, 
fait  très  bonne  figure;  vient  ensuite  la  commende  et  le  gouvernement 
de  l'abbaye  par  des  prieurs  vicaires.  L'humanisme  fut  en  honneur 
parmi  les  chanoines  \actorins.  Deux  chapitres,  pleins  de  traits  curieux, 
sont  consacrés  aux  rapports  de  l'abbaye  avec  la  Ligue  et  la  Cour 
d'Henri  IV.  Le  cardinal  de  la  Rochefoucauld  voulut  entraîner  cette 
maison  dans  la  réforme,  d'où  sortit  la  florissante  Congrégation  de 
France:  ce  fut  peine  perdue.  Les  victorins  tinrent  à  rester  eux-mêmes 
et  ils  continuèrent  une  décadence,  qui  se  prolongea  jusqu'au 
moment  de  la  Révolution.  Simon  Gourdan  tenta  une  réaction  durant 
les  dernières  années  du  xvii^  siècle;  il  ne  réussit  pas.  M.  Bonnard 
qualiGe  exactement  l'homme  et  sa  mission  dans  un  chapitre  intitulé  : 
Un  Saint  venu  trop  tard.  Cinquante  ans  plus  tôt,  Gourdan  aurait  pu 
sauver  la  situation.  Le  jansénisme  entra  de  bonne  heure  à  Saint- Victor. 
L'auteur  fait  au  victorin  Santeul  la  part  qu'il  mérite,  un  chapitre 


—  '259  - 

tout  entier,  où  il  apparaît  au  milieu  de  ses  amis  et  de  ses  contem- 
porains :  c'est  tout  de  même  une  curieuse  figure.  Les  pages  où  il  est 
question  de  la  bibliothèque  de  l'abbaye  et  du  bibliothécaire  Mulot, 
sans  ramener  le  lecteur  au  temps  du  grand  labeur  théologique,  le 
distraient  du  spectacle  douloureux  qu'offre  cette  maison,  qui  est  en 
pleine  décadence.  Les  querelles  déchaînées  par  les  projets  réformateurs 
do  la  Commission  des  réguliers  attristent  plus  encore.  Les  victorins 
eurent  en  face  de  la  Révolution  les  illusions  de  leurs  contemporainrs. 
L'auteur  nous  fait  assister  à  la  fin  pénible  de  cette  institution,  qui 
restai!  après  tout  une  de  nos  gloires  nationales. 

Le  volume  se  lit,  comme  le  précédent,  avec  plaisir.  M.  Bonnard 
n'a  rien  laissé  perdre  de  l'œuvre  des  chanoines  réguliers;  c'est  pour  lui 
un  trésor  de  famille  et  i!  l'exploite  avec  amour.  D'autres  abbayes  vont 
probablement  solliciter  son  attention. 

Voici  une  liste  des  documents  qu'il  donne  en  appendice  :  Abbés 
commendataires;  Prieurs  vicaires;  Prieurs  triennaux;  Chanoines 
dont  le  nom  présente  quelque  intérêt  ;  Fortune  de  l'abbaye,  les  prieurés, 
avec  une  notice  et  la  liste  des  prieurs  connus;  Inventaire  du  trésor  des 
reliques  au  xiv*^  siècle;  Localités  où  l'abbaye  avait  des  possessions. 

J.  Besse. 


Diaire    de    Joseph     Guillaudeau,  siewi*    dk    Baupréau   (15SX- 
iei5).  VérîâaltSes  faits  «C  gestes  du  tïieis^HCHr  IBeiijamiit 

Priolt'aii  (Archives  historiques  de  la  Saintonge  et  de  fAunis, 
t.  XXXVIII).  Paris,  A.  Picard  et  fils;  Saintes,  J.  Prévost,  1908,  in-8 
de  507  p.,  avec  plans  et  planches.  —  Prix  :   15   fr. 

C'est  un  curieux  document  que  ce  «  Diaire  »  de  l'avocat  rochelais 
Joseph  Guillaudeau,  tiré  de  la  bibliothèque  Marsh,  de  Dubhn,  et  publié 
par  M.  Meschinet  de  Richemond  dans  un  des  beaux  volumes  de  la 
précieuse  collection  des  Archives  historiques  de  la  Saintonge  et  de 
l'Aunis.  Et  que  peut-il  y  avoir  qui  promette  un  plus  alléchant 
apport  à  l'histoire  locale  et  à  l'histoire  générale  tout  ensemble, 
qu'une  relation,  comme  dit  l'en-tête  du  manuscrit,  de  tout  ce  qui  se 
serait  fait  en  chacune  desdites  années^  rédigé  par  escript  et  recueilli 
par  moi  M'^  Joseph  Guillaudeau,  advocat  au  siège  présidial  de  cette 
ville  de  La  Rochelle,  quand  lesdites  années  sont  l'époque  héroïque  de 
La  Rochelle  et  de  ses  luttes  contre  Louis  XIII  et  Richelieu.^ 

Remarquons  cependant  tout  de  suite  que  ce  n'est  pas  là  proprement 
un  au  jour  le  jour.  Outre  que  pour  les  premières  années  c'est  trop 
évident,  Guillaudeau  étant  né  en  1571,  plus  tard  même,  à  la  façon 
dont  il  met  sous  leur  date  exacte  des  événenlents  lointains:  naissances 
et  morts  dans  la  famille  royale  par  exemple,  exécution  de  Léonora 
Concini,  bataille  de  Lutzen  et  mort  de  Gustave- Adolphe,  etc.,  à  la 
façon  dont,  en  inscrivant  un  mariage  rochelais,  il  dotme  en  même 


__  260  — 

temps  les  accouchements  qui  ont  suivi,  et,  en  introduisant  un  person- 
nage, note  par  avance  l'année  quelquefois  très  éloignée  de  sa  mort, 
aux  quelques  dates  enfin  laissées  en  blanc,  on  voit  tout  de  suite  qu'il 
a  «  recueilli  v  et  «  escript  »  les  faits  après  coup  et  en  se  servant  de  notes 
dont  nous  ne  pouvons  savoir  dans  quelle  mesure  elles  étaient  de 
lui,  ni  comment  elles  avaient  été  prises.  D'ailleurs  il  ne  se  présente 
jamais  comme  témoin  oculaire,  encore  qu'il  ait  dû  souvent  l'être; 
il  ne  révèle  non  plus  rien  d'intime  ni  de  secret,  quoiqu'il  ait  été 
membre  du  conseil  d'amirauté  pendant  le  siège  de  1627;  son  récit 
est  aussi  impersonnel  que  possible  et  il  n'y  insère  que  des  choses 
publiques  :  crimes,  incendies,  grêles  et  coups  de  vent,  entrées  et  sorties 
de  grands  personnages,  processions,  enterrements,  nominations  de 
pairs,  de  maires,  de  procureurs  et  faits  —  innombrables  —  d'état 
civil:  voilà  pour  l'histoire  intérieure; — combats  de  terre  et  de  mer 
autour  de  La  Rochelle,  députations  vers  l'étranger,  vers  les  Pays-Bas 
et  l'Angleterre  pour  demander  aide  en  vue  de  la  guerre  civile,  qui 
alternent,  régulièrement,  avec  des  députations  «  vers  Sa  Majesté  pour 
la  supplier  très  humblement  et  très  afîectueusement  de  nous  donner 
la  paix  «,  documents  ofTiciels  ou  demi-ofTiciels  concernant  la  paix, 
lettres  de  Rohan,  du  roi  d'Angleterre,  articles  secrets  accordés  par 
le  rci  de  France  à  ceux  de  la  religion  réformée  :  voilà  pour  l'histoire 
extérieure;  —  et  je  ne  pense  pas  qu'il  y  ait  rien  là  de  bien  nouveau, 
mais  on  y  peut  trouver  de  quoi  confirmer,  préciser,  ou  rectifier 
certains  points  de  détail.  Et  çà  et  là  les  notes  s'étendant  en  récits 
assez  longs,  touchant,  par  exemple,  les  divisions  entre  les  bourgeois 
non  originaires  et  le  corps  de  ville,  les  émeutes,  les  batailles  navales, 
l'entrée  d'Anne  d'Autriche  en  1632,  on  y  peut  saisir,  avec  quelques 
couleurs  de  la  vie  rochelaise  de  ce  temps-là,  quelques  traits  de  la 
bonne  âme  huguenote  de  Guillaudeau. 

^-  Mais,  c'est  un  autre  avis  au  lecteur  que  je  dois  donner,  ce  Journal  est 
plein  de  trous.  Non  seulement  Guillaudeau,  appliqué  à  noter  les 
seuls  iaits  matériels  comme  pour  un  aide-mémoire,  n'essaie  de  rien 
exphquer,  ni  pourquoi  la  guerre  commence,  ni  pourquoi  elle  finit, 
vous  jetant  brusquement  la  note  d'une  bataille  tout  après  un  mariage 
ou  la  plantation  d'un  mai  vert,  et  une  déclaration  de  paix  humblement 
demandée  et  joyeusement  reçue,  qui  tombe  d'autant  plus  inopinément 
qu'il  n'avait  jusqu'alors  presque  enregistré  que  des  victoires  admi- 
rables et  des  merveilles  opérées  par  Dieu  en  faveur  des  réformés;  non 
seulement  il  ne  nous  dit  rien  de  ce  qui  se  passe  dans  les  conseils  de 
guerre  et  dans  les  délibérations  des  échevins,  des  syndics,  des  anciens 
du  temple  ou  des  assemblées  protestantes  (c'est  ainsi  qu'une  hgnc  à 
peine  nous  révèle  la  tenue  de  la  fameuse  Assemblée  générale  de  1621, 
d'où  sortit  la  proclamation  de  la  Répubhque^et  l'organisation  des 


■É 


—  261  — 

églises  réformées  de  France  et  de  Béarn);  non  seulement  il  est  éga- 
lement muet  sur  l'état  des  esprits  et  les  mouvements  de  l'opinion, 
mais  je  n'arrive  pas  à  comprendre  pourquoi,  lui,  qui  inscrit  en  sa  chro- 
nique un  feu  de  cheminée,  un  flagrant  délit  d'adultère,  ou  l'échoue- 
ment  d'une  baleine,  pendant  tout  le  fameux  siège  de  1627-1628  n'a 
mentionné,  en  dehors  d'un  tarif  du  prix  de  vivres,  terminé  à  brûle- 
pourpoint  par  cette  phrase  étonnante  :  «  et  cette  grande  chèreté  est 
cause  qu'en  ce  mois  il  est  mort  en  cette  ville  plus  de  dix-huit  mille 
personnes  »,  aucun  des  faits  de  misère,  de  courage,  de  folie  obsidionale 
qui  ont  dû  s'y  passer.  Tout  ne  doit  pas  être  pourtant  légende  dans  ce 
qu'on  en  raconte  1  Et  ces  dix-huit  mille  morts  (  !),  soixante  par  jour  (  !), 
ne  se  sont  pas  enterrés  en  un  mois  sans  horreur  1  Et  ce  Jean  Guitton, 
qui  ne  tient  ici  pas  plus  de  place  que  les  autres  maires,  une  hgne  pour 
annoncer  sa  nomination,  et  une  note  en  marge  pour  dire  qu'il  ne  fut 
maire  que  sept  mois  environ,  est-ce  que  ses  prouesses  ne  méritaient 
pas  d'être  consignées?  ou  bien  serait-ce  que  sa  légende  n'était  pas 
pas  encore  née?,..  D'autres  en  ont  trop  dit  :  et  il  est  vrai  — je  prends 
ces  faits  ici  même  —  que  les  assiégés,  moins  héros  qu'ils  ne  se  sont 
vantés  d'avoir  été,  furent  excités  à  la  résistance  par  les  lettres  du 
roi  d'Angleterre,  disant:  «  Tenez  bon  jusqu'au  dernier  jour,  car  je  suis 
résolu  que  toute  ma  flotte  périra  plutôt  que* vous  ne  soyez  secourus  »; 
je  suis  frappé  de  voir  que,  aussitôt  les  Anglais  arrivés  (28  septembre)  et 
partis  (23  octobre),  la  ville  se  rendait  le  28  octobre.  Il  est  vrai  encore, 
teste  Guillaudeau,  que  «  par  la  grâce  de  Dieu  »  les  coups  de  canon  de 
l'ennemi  faisaient  d'ordinaire  peu  de  mal  »,  que  «  par  sa  grande  puis- 
sance, providence  et  clémance  »  les  entreprises  de  l'armée  royale 
contre  la  ville  échouaient  presque  toujours,  que  la  digue  de  Richelieu, 
la  «  paUssade  »,  fut  plusieurs  fois  rompue  par  des  coups  de  mer  et 
laissa  passer  des  pataches  «  chargées  de  blé  et  autres  commodités  » 
ou  «  pour  plus  de  400  écus  de  bois  de  la  rupture  »...  Mais  Guillaudeau, 
lui,  en  dit  trop  peu;  et  ce  silence  étrange  donne  bien  à  penser... 

Sa  sincérité  cependant  est  pour  moi  évidente.  Elle  m'est  garantie 
par  sa  candeur  à  n'enregistrer,  tels  les  Chinois  dans  la  guerre  du 
TonkiQ,  que  des  écrasements  des  troupes  ou  des  flottes  royales,  que 
d33  prouesses,  à  un  contre  dix,  des  soldats  ou  des  navires  des  réformés, 
que  d33  batailles  où,  pourcent  ou  deux  cents  mortsducôté  de  l'ennemi, 
il  y  a  à  peine  quelques  blessés  du  côté  des  Rochelais;  par  cette  amu- 
sante et  si  humaine  partialité,  qui  lui  fait  appeler  vaillance,  quand 
c'est  Soubise  qui  met  à  Sablanccaux  la  troupe  de  Toiras  «  en  piteuse 
et  effroyable  déroute  »  ou  qui  brûle  les  vaisseaux  ennemis  avec  leur 
équipage  dedans,  et  cruauté,  quand  ce  sont  ses  coreligionnaires  qui 
«  écoppeut  »;  par  cette  pieuse  crédulité  enfin,  qui  lui  fait  rapporter  froi- 
dement des  choses  énormes,  comme  cette  léthargie  miraculeuse  dont 


_  262  — 

sont  frappés  une  nuit  quinze  mille  hommes  de  l'armée  royale,  au    mo- 
ment où  ils  marchaient  à  l'escalade  de  la  ville. 

Le  document  est  donc  bizarre,  incohérent  et  trouble;  mais  il  est 
intéressant  et  instructif  à  sa  manière.  Il  le  serait  davantage  encore 
si  l'éditeur,  pour  ménager  notre  temps  —  et  nos  bibhothèques  — 
avait  coupé  ou  imprimé  en  appendice  et  sous  le  plus  petit  volume 
possible  tout  ce  qui  n'est  que  nomenclature  d'état  civil,  et  s'il  avait, 
lui  qui  était  si  bien  outillé  pour  cela,  fait  lui-même  avec  quelque 
esprit  critique  le  commentaire  de  ce  texte  naïf,  marqué  les  lacunes, 
confronté  les  dires  de  Guillaudeau  avec  ceux  de  la  partie  adverse, 
expliqué  ce  qui  est  obscur,  et  souligné  ce  qu'il  y  a  de  nouveau  daus 
ce  singulier  almanach. 

—  Le  volume,  déjà  gros,  contient  en  outre  une  très  piquante  vie 
du  seigneur  Benjamin  Prioleau,  qu'un  coup  de  fortune  étrange,  mais 
de  ceux  qui  n'arrivent  pourtant  qu'aux  chercheurs  qui  les  méritent, 
a  fait  découvrir  à  M.  Eugène  Réveillaud  dans  les  papiers  de  Conrart 
déposés  à  l'Arsenal.  On  ne  connaissait  jusqu'ici  que  par  ses  propres 
mensonges,  puisque  c'est  lui-même  qui  avait  écrit  ou  dicté  la  bio- 
graphie où  Bayle  et  tous  les  lexicogi'aphes  ont  puisé,  cet  énigma- 
tique  personnage,  qui  fut  secrétaire  du  duc  de  Rohan  dans  la  Valteline, 
secrétaire  du  duc  de  Longueville  à  Munster,  agent  secret  de  Mazarin 
et  historiographe  «  pensionné  »  de  son  gouvernement.  Un  mot  de 
Chapelain  avait  jadis  annoncé,  «  pour  désabuser  le  monde  »  de  ses 
impostures,  «  un  abrégé  de  sa  vie,  véritable  et  divertissant»,  fait  par 
«  un  gentilhomme  dont  il  avait  été  autrefois  le  précepteur,  et  qui  le 
connaissait  i?itiis  et  in  ente  ».  Cet  abrégé,  nous  l'avons  là,  il  n'y  a  point 
de  doute,  écrit  par  un  des  fils  d'Aubery  du  Maurier  qui  fut  ambassadeur 
de  France  en  Hollande  sous  Louis  XIII;  et  voilà  déshabillé  ce  Mas- 
carille,  qui  disait  descendre  de  l'illustre  famille  des  PrioU  de  Venise,  et 
qui,  fils  d'un  petit  pasteur  protestant  de  Saint- Jean-d'Angély,  vivant 
d'expédients  et  de  coquineries,  précepteur  des  trois  fils  du  Maurier, 
faisant  à  leurs  dépens  des  voyages  dans  toute  l'Europe,  étudiant  la 
médecine  à  Padoue,  et  se  faufilant  comme  médecin  chez  le  duc  de 
Rohan,  changeant  de  nom  et  de  religion  quand  il  le  fallait,  pillant 
et  perdant  l'argent  avec  une  égale  facilité,  fait  un  joli  type  d'aven- 
turier et  de  maître  fourbe. 

Le  récit  est  amusant  à  lire,  bien  annoté;  il  a  tous  les  caractères  de 

la  véracité  :  c'est  un  petit  gibier,  mais  qui  valait  le  coup. 

Gabriel  AuDiAT. 

li'ETolution  d'*!!!!  village  f  routière  €le  Provence,  ^»aillt- 
JFeaniiet  (Alpe^-iTlaritintes),  par  J.-E.  Malaussèxe.  Paris, 
A.  Picard  et  fils,  1909,  gr.  in-8  de  xii-429  p.,  avec  planches.  — 
Prix:  6  fr. 

Après  quelques  considérations  «  générales  »  et  un  trop  bref  aperçu 


—  263  — 

historique,  M.  Malaussène  étudie  l'histoire  et  les  institutions  de  Saint 
Jeannet  d'après  la  division  suivante  :  organisation  municipale,  admi- 
nistration municipale,  impôts  et  finances,  servicespubUcs,  régime  féodal, 
Révolution,  affaires  ecclésiastiques,  événements  militaires.  Ce 
plan,  à  propos  duquel  on  pourrait  d'ailleurs  formuler  quelques  obser- 
vations, a  le  grand  défaut  de  nuire  à  l'exposé  de  l'éçoliition  du  village 
de  Saint-Jeannet  qu'on  prétend  nous  présenter.  En  fait,  l'ouvrage 
traite  surtout  du  xvii®  et  du  xviii^  siècle,  et  ne  consacre  que  quelques 
pages  à  la  période  antérieure  à  1492.  Il  eût  été  cependant  intéressant 
d'étudier  les  origines  de  la  seigneurie  de  Saint-Jeannet,  la  condition 
des  habitants  groupés  autour  du  château,  de  montrer  quand  et 
comment  la  communauté  des  habitants  s'est  dégagée  de  l'autorité 
seigneuriale,  d'indiquer  enfin  par  quelle  série  d'usurpations  ou  de 
concessions  se  sont  étabhes  les  fonctions  si  importantes  des  syndics. 
On  eût  montré  ainsi  l'évolution  des  institutions  municipales  de 
Saint-Jeannet,  mieux  que  par  des  notions  sommaires  éparpillées  dans 
des  chapitres  différents. 

Cette  critique  contre  la  méthode  adoptée  par  l'auteur  ne  doit  pas 
nous  empêcher  de  dire  avec  quelle  bonne  volonté  et  quelle  appUcation 
il  a  travaillé  à  remplir  la  tâche  qu'il  s'était  fixée.  Il  nous  a  donné  ainsi 
une  monographie  fort  convenable  et  qui  sera  consultée  avec  fruit 
par  les  érudits  qui  s'intéressent  à  l'histoire  des  institutions  mu- 
nicipales et  à  l'histoire  sociale.  Le  chapitre  X,  qui  traite  des  événements 
militaires  survenus  à  Saint-Jeannet  du  xvi*^  siècle  à  la  Révolution, 
fournira  également  quelques  détails  utiles  à  l'histoire  des  opérations 
de  guerre  fort  importances  auxquelles  ce  village  a  été  mêlé  à  cause 
de  son  voisinage  de  la  frontière.  J.  Girard.  . 


Ii'4clioii    fs'aiiçaise  et   Initiée    clirétienne,   étude  critique,  par 
A.  LuGAN.  Paris,  Bloud,  1909,  in-16  de  238  p.  —  Prix  :  3  fr. 

Ce  volume  est  une  attaque  à  fond  contre  l'Action  française.  M.  Lugan, 
citant  de  nombreux  passages  des  membres  les  plus  en  vue  de  cette 
ligue,  montre  que,  bien  qu'ils  se  disent  catholiques  pour  la  plupart, 
leurs  idées  sont  celles  de  Comte  et  des  positivistes.  Ils  séparent  l'Église 
de  Jésus-Christ,  son  fondateur,  qui  n'aurait  pas  conçu  l'Église  telle 
qu'elle  est  aujourd'hui,  mais  celle-ci  aurait  amélioré  sa  doctrine  et 
l'aurait  rendue  particulièrement  adaptée  au  tempérament  français. 
C'est  pourquoi  ils  soutiennent  que  la  France  doit  rester  catholique  et 
monarchique,  ces  deux  institutions  étant  les  conditions  indispensa- 
bles de  son  existence  comme  France.  Ils  entendent  arriver  à  ce  but  par 
tous  les  moyens,  même  violents  et  illégaux,  le  succès  justifiant  tout 
et  le  droit  n'étant  au  fond  que  la  force  qui  réussit. 


—  264  — 

Nous  n'appartenons  pas  à  l'Action  française  et  nous  n'avons  aucune 
envie  d'y  entrer.  Toutefois,  nous  pensons  qu'il  ne  faut  pas  attacherune 
trop  grande  importance  à  des  incartades  de  journalistes  qui  n'ont 
aucune  compétence  religieuse  ou  même  philosophique;  nous  connais- 
sons des  membres  de  l'Action  qui  sont,  eux,  vraiment  catholiques,  et 
nous  croyons  qu'ils  sont  le  grand  nombre.  Dans  leur  ardeur  pour 
l'idée  monarchique,  ils  ont  pu  accepter  le  concours  de  gens  qui  ne 
sont  pas  catholiques  ou  ne  le  sont  que  superficiellement,  mais  alors  ils 
devraient  empêcher  le  journal  qui  représente  leur  ligue  de  traiter  les 
matières  de  morale  et  de  religion.  C'est  la  recommandation  expresse 
de  Pie  X  aussi  bien  que  de  Léon  XIII  :  ne  point  mêler  la  question 
religieuse  à  la  question  de  forme  du  gouvernement.  On  voit  combien 
elle  est  sage.  D.  V. 

Figures  de  Femmes,  marie  Jeûna  intime,  par  M"^  Marie 
Pesnel  [Myriam].  Paris,  Librairie  des  Saints-Pères,  1908,  in-12  de 
158    p.,  avec   portrait.  —  Prix  :   2  fr. 

Marie  Jenna,  de  son  nom  Cécile  Renard,  naquit  à  Bourbonne-les- 
Bains,  en  1834;  elle  y  mourut  pendant  l'hiver  de  1887.  Entre  ces  deux 
dates,  assez  rapprochées,  elle  y  vécut  au  milieu  d'une  famille  respectée^ 
s'occupant  des  siens,  se  dévouant  aux  pauvres,  se  délassant  par  la 
lecture  des  poètes,  poète  elle-même  et  le  manifestant  en  des  vers 
tout  pleins  de  délicatesse  et  de  foi.  Ils  franchirent,  discrètement,  le 
cercle  de  son  intimité  et  lui  valurent  sinon  la  grande  célébrité  littéraire^ 
du  moins  la  reconnaissance  profonde  et  l'admiration  émue  des  âmes 
à  qui  elle  parlait  de  Dieu,  de  la  nature  et  de  l£i  patrie.  La  presse  catho- 
lique loua  avec  raison  ces  poésies  délicates  venues  d'un  cœur  sincère, 
tracées  par  une  plume  alerte,  et  chantant  avec  une  douceur  remplie 
de  charme  les  belles  choses  de  la  religion.  Les  Elévations  de  Marie 
Jenna  renferment  des  morceaux  qui  justifient  tous  les  compliments 
que  leur  adressèrent  V.  de  Laprade,  Mgr  Mermillod,  Mistral  et 
Aubanel;  ils  valurent  à  l'auteur  des  amis  dévoués,  dignes  d'elle  par 
la  pureté  et  la  noblesse  de  leurs  communs  sentiments.  Ces  petits 
livres  de  poésie  chrétienne  et  française  devraient  être  entre  les  mains 
de  toutes  les  jeunes  filles,  car  ils  apprennent  à  croire,  à  se  dévouer,  à 
aimer  la  vérité;  voilà  du  bon,  de  l'excellent  «  féminisme  »,  c'est-à-dire 
l'exemple  d'une  noble  femme  qui  emploie  ses  qualités  intellectuelles 
à  dire  simplement  des  choses  élevées  sans  sortir  de  son  rôle,  de  sa 
sphère,. de  son  sexe,  et  sans  que  cette  réserve  enlève  rien  à  son  talent, 
tout  au  contraire.  —  Marie  Jenna  goûtait  le  Récit  d'une  sœur, 
elle  possédait  avec  Eugénie  de  Guérin  des  affinités  profondes;  elle 
est  de  la  famille  de  ces  âmes  d'élite,  l'honneur  des  femmes  du  xix^ 
siècle. 


I 


—  265  — 

Son  seul  malheur  est  de  n'être  point  assez  connue.  Tout  ce  qui 
mettra  en  lumière  son  «  œuvre  »  discrète  doit  donc  être  encouragé. 
A  bon  droit  on  lui  a  réservé  une  place  dans  cette  galerie  des  «  Figures 
de  femmes  ».  M'^^^  Pesnel  a  donné  des  citations  abondantes, — elle  a 
eu  raison,  —  se  contentant  de  relier  morceaux  à  morceaux,  comme  on 
rattache  sans  doute  par  un  léger  fil  les  pièces  d'un  ouvrage;  ses 
réflexions  cependant  ne  sortent  guère  de  la  banalité  et  on  regrette 
de  ne  pas  rencontrer  une  étude  vraiment  plus  «  intime  »,  plus  neuve, 
des  livres  de  Marie  Jenna.  C'eût  été  rendre  un  service  véritable  à 
des  lecteurs  qui  s'estimeront  trop  mal  renseignés  et  qui  garderont 
Tenvie  de  l'êtr^  davantage;  une  bibliographie  exacte  des  travaux 
de  ce  délicat  poète  eût  été  à  sa  place;  une  note  précise  des  commen- 
taires qu'ils  ont  inspirés  également.  Le  relief  fait  défaut,  et  c'est 
dommage.  G. 


Quelques  figures  de  femmes  ainianles  ou  malheureusest 

par  Teodor  de  Wyzewa.  Paris,  Perrin,  1908,  petit  in-8  de  418  p.,  avec 
portraits.  —  Prix  :  5  fr. 

Elle  est  très  attachante  cette  galerie  de  figures  mélaneoliques, 
choisies  du  xvi^  au  xix®  siècle,  à  travers  la  grande  et  la  petite 
histoire.  Elles  sont  présentées  avec  finesse  et  charme  par  un  artiste  et 
un  érudit  d'une  érudition  européenne.  Il  y  a  des  figures  de  reines, — 
la  cinquième  femme  du  cruel  Henri  VIII, et  la  seule  qui  fut  belle,  cette 
Catherine  Howard,  pour  laquelle  les  écrivains  protestants  paraissent 
avoir  été  bien  injustes,  parce  qu'elle  fut  sincèrement  catholique,  — • 
Marie  Stuart,  sur  laquelle  pèsent  aussi  bien  des  calomnies,  —  Marie 
de  Modène,  cette  séduisante  et  admirable  femme  de  Jacques  II,  dont 
Bourdaloue  disait  :  «  Je  ne  connais  personne  d'aussi  saint,  »  — 
Caroline-Mathilde,  reine  de  Danemark,  reine  de  larmes,  comme  dit 
son  biographe  anglais,  la  victime  de  l'infâme  Struensée,  — ■  la  reine 
d'Etrurie,  Marie  de  Modène,  qui  eut  tant  à  souffrir  de  l'épopée  napo- 
léonienne. —  "il  y  a  des  figures  de  grandes  aventurières  comme 
Christine  de  Northumberland,  une  célébrité  italienne  du  xvii^ 
siècle,  et  des  figures  de  femmes  mêlées  à  l'histoire  littéraire  par  elles- 
mêmes  ou  par  des  grands  hommes  dont  elles  furent  rapprochées.  — 
Telles  la  femme  de  Carlyle,  la  femme  de  Robert  Browning,  l'amie 
inconnue  dont  la  correspondance  excita  l'imagination  de  Chateaubriand,, 
la  jeune  fille  romantique  qui  sollicita  vainement  des  consolations  du 
dogmatique  et  très  orgueilleux  Emmanuel  Kant,  etc.  On  trouvera 
dans  ce  volume  de  quoi  rêver  à  toute  une  série  de  drames  et  de  romans 
historiques,  qui  sont  bâî»is  sur  des  données  vraies. 

Baron  J.  Angot  des  Rotours. 


—  266  — 

ïïjem  Weitioîselles  de  Saîiit-€:'yr  (l«»e-19»a),  par  Fleury  Vin- 
dry.  Paris,   Champion,  1908,  in-8  de  459  p.  —  Prix  :   25   fr. 

Le  titre  que  M.  Vindry  a  donné  à  son  livre  laisserait  croire  qu'il  y 
est  traité  de  la  vie  commune  des  jeunes  filles  élevées  à  Saint-Cyr,  aussi 
bien  que  de  la  vie  personnelle  de  chacune  d'elles. 

Mais  l'auteur  a  pensé,  sans  doute,  que  l'institution  de  Madame  de 
Maintenon  était  suffisamment  connue  dans  ses  traits  généraux,  et  il 
s'est  borné  à  dresser  une  liste,  aussi  exacte  que  possible,  des  demoi- 
selles qui  ont  été  admises  dans  la  maison  de  Saint-Louis.  Do  la  destinée 
de  chaque  élève,  il  rapporte  les  faits  essentiels  :  sa  naissance,  son  séjour 
à  Saint-Cyr,  son  mariage  ou  son  entrée  en  religion,  plus  rarement  sa 
mort.  En  fait,  il  lui  aurait  été  impossible  d'aller  beaucoup  plus  loin, 
et  de  détailler  la  biographie  de  quelque  trois  mille  personnes,  vouée?, 
presque  toutes,  à  l'obscurité  par  la  modestie  de  leur  fortune.  11  a  fallu, 
pour  mettre  en  vue  quelques-unes,  sur  la  scène  de  l'histoire,  les  brutalités 
de  la  Révolution  qui  en  a  fait  des  victimes  et  parfois  aussi  des  héroïnes  : 
M^^^  de  Béjarry  suivit,  avec  ses  sœurs,  la  campagne  des  Vendéens 
au  delà  de  la  Loire;  M^^^  du  Houx,  devenue  M'"^  d'Elbée,  partagea 
les  épreuves  et  le  sort  malheureux  de  son  mari,  le  généralissime  de 
de  l'armée  royale. 

La  plupart  des  élèves  de  Saint-Cyr  qui  ont  acquis  quelque  réputation, 
la  doivent  à  des  mérites  paisibles  et  à  des  talents  aimables.  La  corres- 
pondance de  certaines  d'entre  elles  leur  a  valu  une  sorte  de  renommée 
littéraire.  On  a  dit  de  Marie-Jeanne  Thébaut  de  Boisgnorel,  en 
religion  sœur  Saint-Louis,  supérieure  des  augustines  du  faubourg 
Saint-Marcel,  à  Paris,  qu'elle  écrivait  «  comme  une  Sévigné.  »  M*^^ 
d'Osmond,  demoiselle  de  compagnie  de  M'"^  de  Maintenon,  et  M"^ 
d'Aumale-Murtin  ont  laissé  des  lettres  qu'a  publiées  M.  Asselin. 
La  plus  célèbre  de  ces  agréables  épistolières  est  M'^^  d'Aumale-Mareuil, 
auteur  des  Mémoires  édités  par  MAL  le  comte  d'Haussonville  et 
Hanotaux.  Adélaïde  de  Bizemont  a  composé  des  pièces  de  vers  et  des 
comédies  que  sa  famille  conserve  manuscrites.  M^^^  de  Bombelles- 
Orangis  a  créé  la  fameuse  romance  du  Pauvre  Jacques. 

Les  preuves  exigées  des  candidates  n'étaient  pas  fort  rigoureuses  : 
aussi  n'y  avait-il  pas  que  de  grands  noms  à  Saint-Cyr,  mais  il  y  en  a 
eu  de  glorieux.  On  trouve,  dans  la  liste  établie  par  M.  Vindry,  des 
Boufflers,  des  Chabannes,  des  Choiseul,  des  Foix-Candale,  des  Gouffier- 
Bonnivet,  des  La  Rochefoucault,  des  Maillé,  des  Montesquieu,  des 
Musset,  des  Sabran,  une  Clermont-Tonnerre,  une  Fabert,  une  d'Har- 
court,  la  nièce  du  chevalier  d'Assas,la  sœur  de  Davout,  une  sœur  de 
Napoléon  (la  future  grande-duchesse  de  Toscane),  deux  tantes  de 
l'impératrice  Joséphine,  etc. 

Pour  dresser  le  catalogue  qu'il  nous  présente,  M.  Vindry  s'est  aidé 


—  267  — 

des  travaux  de  Lavallée,  de  M.  Taphanel  et  de  M.  le  comte  de  Riocourt 
qui  ont  donné  des  listes  de  saint-cyriennes.  Il  a  étudié  les  papiers 
provenant  de  l'ancienne  maison  de  Saint-Louis  déposés  aux  archives 
de  Seine-et-Oise,  les  collections  du  Cabinet  des  titres  à  la  Bibliothèque 
nationale,  une  foule  de  généalogies  et  de  nobiliaires  imprimés,  des 
monographies  de  couvents.  Enfin,  il  a  fait  et  fait  faire  des  recherches 
dans  les  archives  de  l'état  civil  des  communes  et  dans  les  chartriers 
de  nombreuses  familles.  Il  lui  a  fallu,  nous  dit-il,  trois  ans  pour 
achever  son  travail;  ce  sont  trois  ans  bien  employés. 

M.  Vindry  a  catalogué  les  saint-cyriennes  selon  l'ordre  alpha- 
bétique de  leurs  noms  de  famille.  Il  s'est  cru  dispensé,  par  là-même, 
de  donner  à  son  livre  une  table  onomastique.  C'est  fâcheux.  Bien  des 
noms  risquent  d'échapper  ainsi  aux  investigations  des  chercheiu's: 
noms  de  lieu,  noms  de  famille  aussi  (ceux  des  mères  et  ceux  des  maris 
des  demoiselles  de  Saint-Cyr).  Max   Prinet. 


Lia  Coiiflésa  de  Biiréta,  Doîaa  llnria  C»u@olaci«»ii  de  Azloi* 
y  Villavicencio  y  el  Kegoute  l>oii  l^edro  Marna  Rie  y 
]TIoiiseri*a(.  Episodios  y  documentos  de  los  sitios  de  Zaragoza,  por 
D.  Mariano  de  Pano  y  Ruata.  Zaragoza,  Mariano  Escar,  1908,  in-8  de 
554  p.,  avec  portrait.  —  Prix  :  8  fr. 

A  propos  du  centenaire  de  l'invasion  de  l'Espagne  par  Napoléon, 
toute  une  floraison  de  livres  a  vu  le  jour  de  l'autre  côté  des  Pyrénées. 
Les  glorieux  épisodes  des  deux  sièges  de  Saragosse  devaient  avoir,  des 
premiers,  leur  commémoration;  la  figure  de  la  fameuse  comtesse  de 
Bureta  était  digne  d'être  rappelée  et  célébrée;  son  portrait  en  costume 
mi-féminin,  mi -guerrier  ouvre  le  volume  que  lui  consacre  Don  Mariano 
de  Pano  et  nous  montre  le  prestance  énergique  plus  qu'aristocratique 
de  cette  vaillante  personne.  On  devine  tout  de  suite  un  caractère  que  dé- 
voilent et  exposent  nettement  les  lettres  échangées  entre  Dona  Maria 
Consolaciôn  et  son  époux.  Don  Pedro  Rie,  baron  de  Valdedivos,  per- 
sonnage important  lui  aussi,  courageux,  bien  espagnol.  Comme  le 
dit  l'auteur,  tous  deux  incarnent  à  leur  façon  «  la  légende  merveilleuse 
du  siège  de  Saragosse,  le  poème  admirable  de  l'indépendance  de 
l'Aragon  ».  Il  accompagne  de  portraits,  d'autographes,  son  étude  où 
il  a  mis  en  œuvre,  avec  un  certain  nombre  d'historiens  espagnols  et 
même  français,  les  archives  où  il  a  eu  la  bonne  fortune  et  le  talent  de 
puiser.  La  mine  la  plus  riche  qu'il  a  su  exploiter  lui  a  été  fournie  par 
le  chef  actuel  de  la  maison  de  Rie  :  Don  Francisco  de  Otal.  Tout  un 
paquet  de  documents  lui  a  donc  été  confié,  et  il  les  a  dépouillés  avec  soin 
avec  patriotisme,  avec  enthousiasme. 

Nous  avons  la  correspondance  particulière  de  Don  Pedro  Maria 
Rie,  celle  de  Dona  Maria  Azlor;  des  papiers  de  la  junte  suprême 
d'Aragon;  une  correspondance  militaire;  des  imprimés. 


—  268  — 

L'auteur  peut  reprendre  ainsi  les  origines  familiales  de  la  comtesse  de 
Bureta,  son  premier  mariage,  son  veuvage,  sa  seconde  union  avec 
Perdo  Rie,  grave  et  loyal  magistrat,  et  leur  «  lune  de  miel  »  au  moment 
des  jours  les  plus  tragiques  de  l'investissement  de  Saragosse.  La  figure 
de  Palafox,  leur  cousin,  et  celle  du  général  anglais  Doyle,  leur  ami,  tra- 
versent cette  histoire  et  l'animent  par  instant  d'un  reflet  belliqueux. 
Le  lecteur  retrouvera  dans  ces  pages  les  détails  précisés  des  deux  sièges, 
l'héroïsme  des  Ai'agonais,  l'ardeur  de  la  comtesse,  la  tranquille  fermeté 
de  son  mari  devenu  président  de  l'Audience  et  repoussant  jusqu'au 
bout  la  capitulation,  même  lorsque  toute  défense  militaire  est  devenue 
impossible.  L'auteur  a  raison  de  célébrer  le  courage deses compatriotes; 
il  aurait  bien  fait  de  souligner  également  la  vaillance  des  soldats  fran- 
çais; la  justification  des  vaincus  c'est  d'avoir  été  conquis  par  des 
vainqueurs  dignes  de  ce  nom. 

Ce  livre  est  plus  qu'une  biographie  (s'il  n'était  que  cela,  il  donne- 
rait lieu  à  une  juste  critique  :  de  n'avoir  pas  conduit  jusqu'à  la  fin  de 
sa  vie  l'histoire  de  la  comtesse  de  Bureta),  c'est  un  document  impor- 
tant, désormais  nécessaire  à  consulter  pour  mieux  connaître  cette  page 
de  la  guerre  de  l'Indépendance.  Don  Mariano  de  Pano  est  très  au 
courant  de  cette  époque  et  il  en  rapporte  les  circonstances,  avec  un 
grand  agrément,  un  talent  littéraire  simple  et  soutenu. 

Geoffroy  de  Grandmaisox. 


Biblio(liè<|ues.  Essai  sur  le  développement  des  bibliothèques  publiques 
et  de  la  librairie  dans  les  deux  mondes,  par  Eugène  Morel.  Paris,  Mer- 
cure de  France,  1909,  2  vol.  in-8  de  xiii-390  et  475  p.  —  Prix  :  15  fr. 

Commencé  il  y  a  une  dizaine  d'années,  ce  livre,  qui  ne  voulait  être 
d'abord  que  quelques  chapitres  sur  la  Bibliothèque  nationale,  s'est 
transformé  dans  la  pensée  de  son  auteur  et  est  devenu  le  gros  ouvrage 
que  nous  annonçons  sur  les  bibliothèques.  Des  morceaux  en  ont  paru 
à  diverses  époques  et  c'est  peut-être  ce  qui  explique,  bien  qu'ils  aient 
été  remaniés  pour  prendre  place  dans  le  volume,  pourquoi  l'on  trouve 
dans  les  idées  de  M.  Morel  quelques  flottements,  quelques  divergences 
qui  vont  presque  jusqu'à  la  contradiction. 

L'ouvrage  est  divisé  en  trois  livres  :  L  Les  Bibhothèques  (1.  Le  Pu- 
blic et  la  Bibliothèque  nationale;  2.  Paris;  3.  La  Science  dans  les  bi- 
bliothèques; 4.  La  Province;  5.  Les  Populaires;  6.  L'État,  le  budget  de 
l'Etat  et  les  envois  de  l'État  ;  7.  L'Effort  allemand  ;  8.  Trois  Nationales  : 
Washington,  le  British  Muséum,  la  Bibliothèque  nationale;  9.  Char- 
tistes  contre  gens  de  lettres;  10.  Géographie  des  bibliothèques).  II.  La 
Bibliothèque  libre  (1.  Free  public  Library;  2.  LaBibhothèque  Carnegie 
à  Edimbourg;  3.  La  Guerre  des  livres  en  Angleterre;  4.  En  Amérique; 
5.  Dans  la  nouvelle  Allemagne;  6.  Le  Règne  des  périodiques;  7.  Com- 


—  269  — 

ment  créer  en  France  des  bibliothèques  libres).  III.  Devant  l'invasion 
des  livres,  systèmes,  classement,  catalogue,  métier  (1.  Le  Grand  Ci- 
metière des  livres;  2.  Le  Dépôt  légal;  3.  Bâtisse  et  mécanique;  4.  Con- 
servation; 5.  Catalogues;  6.  Classement;  7.  Essai  de  classement 
réaliste;  8.  Le  Catalogue  de  la  Bibliothèque  nationale;  9.  Bibliothèque 
sans  hvres;  10.  Le  Choix  en  bibhographie;  IL  De  l'Administration; 
12.  Du  Fonctionnaire  en  général,  du  métier  de  bibliothécaire  en  particu- 
lier; 13.  Du  vol  et  des  moyens  de  l'encourager;  14.  Ce  qu'il  faut  mettre 
dans  une  bibliothèque. 

Dans  ces  deux  gros  volumes,  M.  Morel  a  rassemblé  une  masse  assez 
considérable  de  faits  et  remué  beaucoup  d'idées.  Lui-même  nous  met 
en  garde  contre  ses  statistiques  et  nous  prévient  que  les  chiffres  qu'il 
donne  sont  souvent  faux,  la  documentation  exacte  n'étant  pas  facile, 
et  les  chilfres  d'il  y  a  quelques  années  ou  même  quelques  mois  n'étant 
plus  vrais  aujourd'hui.  On  aurait  mauvaise  grâce  à  le  chicaner  sur  ce 
point;  tout  au  plus  pouvons-nous  regretter  qu'il  se  montre  si  scep- 
tique pour  la  France  et  si  peu  pour  l'étranger.  Peut-être  aussi  son  infor- 
mation a-t-elle  été  trop  rapide  pour  être  sûre.  Il  se  moque  quelque 
part  des  lecteurs  qui  hsent  Schopenhauer  en  une  séance;  pense-t-il 
qu'une  visite  à  un  établissement  de  lecture  lui  suffise  pour  le  connaître 
et  en  parler  avec  compétence? 

Il  n'est  pas  possible  d'analyser  ici  ces  deux  volumes  ni  d'en  discuter 
toutes  les  idées;  j'aurais  trop  de  réserves  à  faire. 

Mais  je  dois  trop  à  l'École  des  chartes  et  m'honore  trop  d'en  être 
sorti  pour  ne  pas  protester  contre  l'attaque  violente,  passionnée  que 
M.  Morel  dirige  contre  elle;  le  seul  nom  de  chartiste  semble  produire 
sur  lui  l'effet  de  la  loque  rouge  sur  le  taureau.  Je  sais  bien  qu'il  dé- 
clare quelque  part  que  les  plus  chartistes  des  chartistes,  dans  le  sens 
défavorable  qu'il  attache  à  ce  terme,  ne  sont  pas  toujours  des  élèves 
de  l'École  des  chartes.  Alors  pourquoi  ce  discrédit  jeté  sur  une  école? 
L'esprit  chartiste  n'est  et  ne  peut  être  que  l'esprit  que  l'enseignement 
et  la  tradition  de  l'École  tendent  à  inspirer  à  ses  élèves  et  dont  ils 
profitent  dans  une  mesure  plus  ou  moins  large;  c'est  un  esprit  de  pré- 
cision scientifique  et  de  critique  sévère,  dont  l'historien  et  l'archéologue 
ne  sont  pas  seuls  à  profiter.  Opposer  les  savants  aux  chartistes  est 
une  pure  plaisanterie  :  d'être  sortis  de  l'École  des  chartes,  cela  n'a 
pas  empêché  M.  Maupas  de  s'acquérir  un  nom  dans  les  sciences  natu- 
relles, ni  M.  Jules  Soury  de  poursuivre  sur  le  Cerveau  les  recherches  les 
plus  savantes  et  les  plus  appréciées.  Quant  à  la  prétention  des  char- 
tistes, —  qui  paraît  si  exorbitante  à  M.  Morel,  —  de  réclamer  quelques 
garanties  de  ceux  qui  veulent  devenir  bibUothécaires,  elle  n'a  rien  que 
de  légitime  :  assurément  on  peut  avoir  passé  l'examen  de  bibliothécaire 
et  être  cependant  un  mauvais  bibliothécaire,  de  même  qu'on  peut  avoi- 


—  270  - 

été  reçu  au  concours  d'agrégation  ou  subi  brillamment  les  épreuves 
des  examens  médicaux  et  être  un  piètre  professeur  ou  un  déplorable 
médecin.  Un  examen  ne  pourra  jamais  prouver  qu'une  chose  :  c'est 
que  vous  possédez  le  minimum  des  connaissances  exigibles  pour  rem- 
plir une  fonction.  M-ais  c'est  du  moins  cela. 

M.  Morol  se  laisse  aller  à  sa  passion,  et  cela  l'entraîne  à  des  inexac- 
titudes dans  ses  assertions,  à  dos  injustices  dans  ses  appréciations. 
Mais  cette  passion  même  donne  à  son  ouvrage  une  certaine  vie  qui  on 
rend  la  lecture  presque  amusante  parfois.  Et  cela  même  peut  servir 
la  cause  qu'il  défend  et  dont  le  triomphe  semble  être  l'objet  essentiel 
qu'il  se  soit  proposé  en  écrivant  ce  livre. 

11  voudrait  provoquer  la  création  en  France  de  bibliothèques  «libres  » 
(le  mot  «  populaires  >>  dont  on  se  sert  en  France  lui  répugne),  à  l'instar 
de  ce  qui  existe  ailleurs,  en  Grande-Bretagne  notamment  et  aux  Etats- 
Unis.  Il  estime  à  juste  titre  que  la  BibUothèque  nationale  ne  saurait 
remplir  ce  rôle  et  qu'il  y  a  injustice  à  le  lui  demander,  comme  on  n'est 
que  trop  porté  à  le  faire. 

Sans  partager  l'optimisme  de  M.  Morel,  qui  répète  volontiers 
l'adage  fameux  :  qu'ouvrir  une  bibliothèque  c'est  fermer  une  prison, 
je  suis  d'accord  avec  lui  pour  penser  qu'il  serait  grand  temps  pour  la 
France  de  suivre  l'exemple  de  sa  voisine  ;  qu'il  est  honteux  à  une  ville 
comme  Paris  de  ne  mettre  à  la  disposition  de  ses  babil  ants  aucune 
bibliothèque  capable  de  satisfaire  leurs  besoins  courants  et  que  la 
création  de  salles  de  lecture  et  de  prêt  bien  outillées  et  d'un  accès 
facile  est  une  nécessité  qui  s'impose. 

Ce  n'est  pas  le  seul  point  d'ailleurs  sur  lequel  je  partage  —  en  gros 
du  moins,  —  les  idées  exposées  ici  par  M.  Morel;  je  l'ai  vu  avec  plaisir, 
par  exemple,  insister  sur  l'utilité  des  catalogues  méthodiques. 

Son  livre  est  de  ceux  que  l'on  a  intérêt  à  hre;  et  nous  lui  souhaitons 
des  lecteurs,  tout  en  leur  recommandant  une  certaine  méfiance  vis-à-vis 
des  assertions  comme  des  appréciations  de  l'auteur. 

Peut-être  M.  Morel  eût-il  mieux  servi  la  cause  qui  lui  est  chère,  en 
dégageant  son  livre  de  polémiques  trop  vives  et  trop  amères  et  en  le 
réduisant  à  de  plus  modestes  proportions.  Sa  masse  comme  son  prix 
éloigneront  bien  des  lecteurs.  E.-G.  Ledos. 


BULLETiN 

i.*Rgiise  et  la  Pei»séc  (Esquisse  d'une  théorie  nouvelle),  par  Joseph 
Serre.  2'^  édition.  Paris  et  Lyon,  Vitte,  1908,  in-16  de  xii-132  p. 
—  Prix  :  1  fr.    50. 

M.  Serre  a  été  fatigué  d'entendi'e  accuser  l'Église  d'être  d'un  esprit  étroit,, 
repoussant  tous  les  progrès.  Pour  la  justifier,  il  a  entrepris  de  montrer  qu'elle 


—  271  — 

sait  accepter  tout  ce  qu'il  y  a  de  bon  dans  toutes  les  religions  et  philosophies^ 
A  ses  yeux,  toute  vérité  est  une  affirmation  et  l'Église  accepte  toutes  les 
affirmations  d'où  qu'elles  viennent  et  ne  repousse  que  les  négations.  L'in- 
tention de  M.  Serre  est  évidemment  bonne,  mais  sa  thèse,  telle  qu'il  la  pré- 
sente, a  paru  à  plusieurs  par  trop  paradoxale.  Ce  qu'il  eût- pu  dire,  c'est  que 
chaque  rehgion  ou  philosophie  particulière  développe  une  tendance  de  la 
nature  humaine  aux  dépens  des  autres,  tandis  que  la  vérité  catholique 
embrasse  dans  une  synthèse  supérieure  tout  ce  que  les  religions  et  philo- 
sophies  adverses  ont  de  vrai  et  de  bon.  La  forme  paradoxale  peut  piquer 
la  curiosité  du  lecteur,  mais  si  elle  est  trop   forte,   elle  l'éloigné  plutôt. 

D.  V. 

posiiivismc  et  i%nai>ciiie,  par  le   comte  Paul    Cottin.   Paris,   Alcan, 
1908,  in-12    de  79  p.  —  Prix  :  2  fr. 

Ce  petit  volume  contient  un  exposé  fort  clair  de  la  doctrine  positiviste, 
d'après  Ai.g.  Comte,  Littré  et  Taine.  Cette  doctrine  est  le  matérialisme, 
sa  méthode  est  de  ne  vouloir  connaître  dans  l'homme  que  la  sensation, 
la  conséquence  est  l'anarchie  sociale  :  car,  s'il  n'y  a  ni  Dieu  ni  âme,  il  n'y  a 
nulle  loi,  nul  devoir,  nul  droit;  par  suite,  l'autorité,  dont  le  principal  rôle  est 
de  maintenir  le  respect  de  nos  droits,  n'a  pUis  sa  raison  d'être.  Ces  consé- 
quences ne  sont  pas  admises  par  les  auteurs  de  la  doctrine  positiviste,  mais 
leurs  disciples  les  acceptent  et  la  foule  les  fait  entrer  dans  la  pratique. 

M.  Cottin  dit  fort  bien  que  l'erreur  positiviste  dérive  d'une  observation 
incomplète;  la  sensation  n'est  pas  tout  dans  l'homme,  il  y  a  aussi  des  faits 
d'activité  qui  impliquent  l'âme  et  des  vérités  éternelles  qui  impliquent 
Dieu. 

Brochure  courte,  mais  claire,  très  utile  à  lire  pour  les  gens  du  monde 
qi:i  veulent  se  rendre  compte  des  choses  sans  avoir  besoin  de  s'engager  dans 
des  théories  abstraites.  D.  V. 


I»oui-  et  eonti-e  le  baccalauréat.  Compte  rendu  et  conclusions  de 
Venquête  de  la  «  Re'ue  universitaire  »,  par  Paul  Crouzet.  Paris,  Colin, 
1907,in-8de    95  p.   —Prix   :  1  fr.   50. 

La  Revue  universitaire  a  fait  une  enquête  relativement  au  baccalau- 
réat. Faut-il  le  supprimer?  Faut-il  le  maintenir?  Et,  dans  ce  dernier  cas, 
comment  pourrait-on  l'améliorer?  Elle  a  reçu  la  réponse  d'un  assez  grand 
nombre  d'universitaires,  de  quelques  associations  universitaires,  et  d'un 
petit  nombre  de  membres  de  l'enseignement  libre  et  de  pères  de  famille, 
et  elle  a  confié  à  un  distingué  professeur  de  l'enseignement  ofTiciel, 
M.  Paul  Crouzet,  le  soin  de  résumer  cette  enquête  et  d'en  formuler  les  con- 
clusions. Ai-je  besoin  de  dire  que  ce  résumé  est  fort  bien  fait,  précis,  spiri- 
tuel, suffisamment  impartial,  et  qu'on  y  trouve  un  certain  nombre  d'idées 
qui  naturellement  ne  sauraient  être  les  nôtres  ni  celles,  croyons-nous,  des 
amis  sincères  de  la  liberté.  Nous  y  notons  un  certain  nombre  d'intéressants 
aveux  sur  la  mauvaise  organisation  des  examens  du  baccalauréat,  et 
diverses  manifestations  de  cette  vanité,  tout  à  fait  dénuée  de  naïveté,  qui 
porte  les  professeurs  officiels  à  se  croire  et  à  se  dire  très  supérieurs  à  leurs 
concurrents  de  l'enseignement  libre.  Les  résultats  des  examens  eux-mêmes 
devraient  suffire  à  les  préserver  de  ces  jugements  sommaires  oùs'expriment 
de  petites  passions  qui  ne  leur  font  pas  honneur. 

Impossible  de  résumer  toutes  les  opinions  formulées  ou  citées  par  M.  Crou- 
zet. Je  n'en  veux  retenir  que  deux  :  l'une  de  ]\L  Koch,  de  l'enseignement 


—  272  — 

libre,  qui  n'hésite  pas  à  dénoncer  dans  le  projet  de  suppression  du  bacca- 
lauréat «  l'intention  d'arriver  au  monopole  par  des  voies  obliques,  en 
évitant  la  grosse  difficulté  d'une  discussion  ouverte  »;  l'autre,  d'un  pontife 
universitaire,  qui  écrit,  sans  rirt,  «  que  la  liberté  d'enseignement  est  une 
des  formes  de  la  liberté  de  conscience,  et  que  le  gouvernement  a  prouvé 
qu'il  entend  respecter  cette  liberté  ».  Parfaitement,  cela  est  signé  de 
M.  Lavisse,  de  l'Académie  française,  directeur  de  l'École  normale  supé- 
rieure. 

Venons  aux  conclusions  générales  :  la  plus  sérieuse  nous  paraît  avoir 
été  exprimée  sous  une  forme  humoristique  par  M.  Desdevises  du  Dézert, 
s'inspirant  d'une  boutade  de  Murât  :  «  Fichez-les  en  sciences,  fichez-les  en 
lettres,  ils  ne  ficheront  rien.  « 

Celles  du  rapporteur,  qui  ne  fait  d'ailleurs  que  résumer  les  résultats  de 
l'enquête,  sont,  sinon  plus  sérieuses,  du  moins  plus  graves  :  1°  Un  examen 
éliminatoire  à  la  fin  du  la  3^  pour  empêcher  les  mauvais  élèves  d'entrer 
dans  le  2^  cycle.  L'idée  est,  je  crois,  de  M.  Scalla,  directeur  du  Caousou,  et 
elle  est  très  bonne. 

2°  Les  élèves  éliminés  iraient  à  l'enseignement  professionnel. 

3°  Ces  éliminés  seraient  remplacés  par  les  meilleurs  élèves  de  l'enseigne- 
ment primaire  supérieur,  recrutés  par  voie  de  concours.  C'est  une  idée  démo- 
cratique qui  paraît  chère  au  cœur  de  M.  Crouzet.  Nous  y  voyons  plus  d'in- 
convénients que  d'avantages. 

4°  Les  meilleurs  élèves  des  lycées  devraient  pouvoir  être,  jusqu'à  concur- 
rence de  30  °/o,  déclarés  bacheliers  de  droit  sans  examen.  Nouvelle  mani- 
festation de  la  vanité  universitaire. 

5°  Enfin,  et  ceci  vaut  mieux,  «  le  baccalauréat  devrait  être  améUoré 
par  toutes  les  modifications  de  détail  (anonj-mat  des  copies,  double  note, 
augmentation  de  l'importance  du  livret  scolaire  sous  certaines  garanties" 
de  détail,  compétence  des  examinateurs,  etc.),  capables  de  réaliser  pour 
tous  les  candidats,  libres  ou  autres,  les  meilleures  conditions  de  justice 
humaine.  »  Sous  réserve  des  garanties  de  détail,  dont  nous  nous  méfions 
un  peu,  nous  ne  pouvons  qu'approuver  cette  conclusion. 

En  somme,  travail  intéressant  et  bien  fait,  et  dont,  sans  en  approuver 
toutes  les  idées,  nous  conseillons  la  lecture.  Edouard  Pontal. 


liCS     Sciences     pliyslqnew     et     natui-elles     dans     le     livre     de    «lob, 

par  René    Deloche.    Nîmes,  Chastanier,   1909,    in-8  de  80  p.  (Extrait 
des  Mémoires  de  V Académie  de  Nîmes). 

Dans  cet  opuscule,  l'auteur  a  réuni  tous  les  passages,  traduits  d'après 
la  Vulgate,  du  Livre  de  Job,  où  il  est  fait  allusion  aux  phénomènes  res- 
sortissant au  domaine  des  sciences  physiques  et  naturelles.  Astronomie;  en 
physique  du  globe,  mers  et  eaux  d'une  part,  phénomènes  continentaux 
d'autre  part;  en  météorologie,  phénomènes  généraux,  simoun  et  siroco; 
minéralogie;  botanique;  zoologie  des  animaux  domestiques,  zoologie  des 
bêtes  sauvages,  Béémoth,  Léviathan;  telles  sont  les  principales  divisions 
du  travail  de  M.  l'inspecteur  général  des  ponts  et  chaussées  Deloche. 
Dans  chacune  sont  commentés  et  interprétés  les  versets  qui  s'y  rappoTtent. 
Cette  interprétation  n'a,  dans  les  intentions  de  l'auteur,  rien  d'exégétique; 
elle  se  borne  uniquement  à  rechercher  quelle  peut  être  la  traduction,  en 
langage  scientifique  contemporain,  des  termes  imagés  du  poème  de  Job. 
Du  moment  que  toute  pensée  d'exégèse  est  bannie  de  ce  travail,  on  ne  saisit 
pas  très  clairement  quel  but  s'est  proposé  l'auteur.  Cependant,  la   sélection 


-  273  — 

et  le  classement  de  tous  les  textes  du  Livre  pouvant  être  rapportés  respecti- 
vement aux  diverses  sciences  physiques  et  naturelles,  les  discussions 
critiques  qui  les  accompagnent  offriront  aux  chercheurs  et  aux  exégètes 
un  travail  préalable  précieux  pour  des  études  ultérieures  et  plus  approfon- 
dies sur  le  même  sujet.  C.  de  Kirwan. 

ApborSsin es,  boutades  et  propos  sub*ei"ii.lf«  <l'un  ennemi  du  peuple 

et  des  lois,  par  Marc  Stéphank.  3e  et  4e  séries.  Neuillv,  Cabinet  du 
Pamphlétaire,  1907-1908,  2  vol.  in-18  de  86  et  81  p.  —  Prix  :  2  fr. 

L'auteur  de  ces  brochures  singulières,  dont  nous  avons  déjà  présenté  les 
deux  premières  séries  à  nos  lecteurs,  se  plaint  quelque  part  que  les  pé- 
riodiques auxquels  il  les  envoie  ne  daignent  même  pas  les  annoncer.  Il 
ne  peut  vraiment  s'en  prendre  qu'à  lui,  ces  livres  exaspérés,  violents, 
grossiers,  étant  faits  pour  déplaire  à  tout  le  monde.  Les  deux  nouvelles 
séries  nous  semblant  pires  encore  que  les  deux  premières.  On  y  trouve 
sans  doute  quelques  bonnes  vérités,  quelques-un^s  finement  dites,  mais 
noyées  dans  un  flot  d'ordures  et  même  d'obscénités  qui  rendent  ces  bro- 
chures insupportables  et  illisibles  aux  honnêtes  gens,  à  qui  il  ne  peut  être 
agréable  de  se  commettre  en  pareille  compagnie.  Elles  nous  apportent 
un  terrible  témoignage  contre  la  société  d'aujourd'hui  telle  que  la  Révo- 
lution l'a  faite;  mais  l'exagération  et  la  grossièreté  de  la  forme  enlèvent  à 
ce  témoignage  la  meilleure  part  de  son  autorité.  L'auteur  s'y  montre 
l'ennemi  de  tout  le  monde;  mais  les  hommes  du  jour,  ceux-là  mêmes  qui 
nous  gouvernent,  paraissent  avoir  tout  spécialement  le  don  de  l'irriter, 
probablement  parce  qu'ils  sont  les  vainqueurs.  Cette  attitude  nous  inspi- 
rerait quelque  sympathie  pour  l'homme,  qui  a  beaucoup  soufîert  sans 
doute,  et  qui,  à  ce  titre,  mérite  au  moins  de  la  pitié;  mais  tout  d^  même  ses 
rancœurs,  justifiées  peut-être,  pourraient  s'exprimer  sous  une  autre  forme: 
celle  qu'il  a  malheureusement  adoptée  ne  relève  pas  de  la  critique  littéraire. 

Edouard  Pontai. 

De  la   Restitulion    du    plan   au  moyen   de    la    télépiiotograpiiie  en 

ballon,  par  L.  Pezet.   Paris  et  Nancy,  Berger-Levrault,  1906,  in-8  de 
80  p.,  avec  37  flg.  —  Prix  :  2  fr. 

Le  distingué  officier  du  génie  qu'était  le  capitaine  Pezet,  ravi  trop  tôt 
par  la  mort  à  la  science,  a  groupé,  dans  une  brochure  qui  nous  arrive  tar- 
divement, les  méthodes  connues  il  y  a  deux  ans,  permettant,  au  moyen 
de  photographies,  ou  mieux,  de  téléphotographies,  prises  d'un  ballon 
dont  la  position  dans  l'espace  est  relevée  simultanément  par  deux  obser- 
vateurs, de  dresser  le  plan  du  terrain  dont  l'image  a  été  fixée  sur  la  plaque. 
Cette  «  restitution  »  du  plan  est  une  des  applications  les  plus  intéressantes, 
les  plus  fécondes  et  les  plus  pratiques  qui  aient  été  faites  de  la  photographie. 
Les  méthodes  et  les  procédés  en  sont  exposés  avec  netteté  et  d'une  façon 
très  complète  dans  la  brochure  que  nous  avons  sous  les  yeux;  la  théorie, 
puis  la  pratique,  sont  passées  successivement  en  revue,  et  enfin,  des  exemples 
de  relevés  par  la  téléphotographie  sont  donnés  comme  conclusion.  Ces 
exemples  montrent  les  erreurs  auxquelles  peuvent  conduire  les  méthodes 
employées,  erreurs  qui  ne  se  produiraient  plus  aujourd'hui,  car,  depuis 
l'époque  où  cette  étude  a  été  écrite,  on  obtient  des  résultats  bien  supérieurs, 
beaucoup  plus  précis,  grâce  en  particulier  aux  procédés  du  capitaine  du 
génie  Saconney,  dont  les  travaux,  quoique  antérieurs  à  1906,  paraissent 
avoir  été  ignorés  du  capitaine  Pezet.  J.  C.  T. 


Septembre  1909.  T.  CXVI.  li 


—  274  — 

Une  Anglaise  convertie,  par  le  P.  H.d'Aubas.  Paris,  Beauchesne,  1909, 
in-18  de  v-212  p.  —  Prix  :  2  fr. 

Quel  charmant  et  pénétrant  récit  que  celui  où  nous  apparaît  l'action 
mystérieuse  de  la  grâce  sur  Miss  Lechmere  !  Ame  droite  et  sincèie,  elle 
découvre  le  catholicisme  au  travers  des  griefs  accumulés  contre  lui  dans 
des  ouvrages  de  perfide  controverse.  Malgré  l'opposition  des  siens,  en  dépit 
de  goûts  mondains  bien  excusables  à  son  âge  et  dans  son  milieu,  elle  accepte 
les  humiliations  et  les  luttes  les  plus  amères,  pour  répondre  à  l'appel  divin. 
L'histoire  de  sa  conversion  est  écrite  de  la  main  même  de  la  noble  femme. 
Après  cette  autobiographie,  vient  une  deuxième  partie  composée  de  notes,  de 
souvenirs,  et  d'une  correspondance,  mise  en  ordre  par  le  P.  d'Arras,  fils  de 
la  pieuse  convertie,  où  nous  la  voyons,  épouse  et  mère,  marchant  dans  la 
voie  royale  de  la  croix,  goûtant,  au  milieu  d'inévitables  épreuves,  des 
consolations  spirituelles,  et  parvenant  enfin  à  ce  «  home  »  du  ciel  qui  était 
si  véritablement  la  demeure  où  toutes  ses  affections  l'appelaient  depuis 
longtemps.  —  Certes,  c'est  bien  là,  conformément  au  titre  de  la  série  inau- 
gurée par  la  maison  Beauchesne,  une  «Apologétique  vivante»!  Après 
avoir  parcouru  de  telles  pages,  on  se  sent  prêt  à  devenir  meilleur,  à  corres- 
pondre plus  franchement  à  la  grâce,  à  estimer  davantage,  à  sa  réelle  voleur, 
le  souverain  bienfait  de  la  vérité.  G.  P. 


CHRONIQUE 


NÉCROLOGIE.  —  M.  Georges  Picot,  l'éminent  historien,  membre  de  l'Ins- 
titut, est  mort  presque  subitement,  à  Allevard-les-Bains  (Isère),  le  16  août, 
à  71  ans.  Sa  fin  si  brusque  a  vivement  ému  tous  ceux  qu'il  avait  longtemps 
aidés  par  la  plume,  la  parole  et  l'action  à  soutenir  le  bon  combat.  M.  Geor- 
ges-Marie-René Picot  naquit  à  Paris  le  24  décembre  1838.  Après  de  brillantes 
études  au  lyc^ée  Bonaparte,  puis  à  la  Faculté  de  droit  de  Paris,  il  fit  plusieurs 
voyages  en  Angleterre  pour  y  examiner  l'organisation  de  la  détention 
préventive  et,  en  1865,  il  entra  dans  la  magistrature  comme  juge  suppléant 
au  tribunal  de  la  Seine.  Encouragé  dans  la  voie  des  études  historiques  par 
un  prix  que  lui  valut  un  mémoire  présent'é  en  1872  au  concours  ouvert  par 
l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques  sur  l'histoire  des  États  géné- 
raux, il  écrivit  son  principal  ouvrage  :  Histoire  des  États  généraux  et  leur 
influence  sur  le  gouvernement  de  la  France  de  1355  à  1614  (Paris,  1872,  4  vol. 
in-8;  2e  édit.,  1888,  5  vol.  in-12),  qui  obtint  deux  fois  de  suite, en  1873  et  en 
1874,  le  grand  prix  Gobert  à  l'Académie  française.  Quand  M.  Dufaure  forma 
son  ministère,  le  14  décembre  1877,  il  appela  auprès  de  lui  M.  Georges  Picot, 
qui  était  gendre  de  M.  de  Montalivet,  et  il  le  chargea,  au  ministère  de  la 
justice,  de  la  direction  des  affaires  criminelles  et  des  grâces.  L'avènement 
de  M.  Grévy  à  la  présidence  le  décida  à  démissionner  et,  restant  désormais 
en  dehors  de  toute  fonction  publique,  il  se  consacra  entièrement  à  ses  travaux 
d'histoire  et  aux  œuvres  de  bienfaisance  et  de  préservation.  Il  devint  un  des 
rédacteurs  les  plus  zélés  du  Parlement,  le  nouvel  organe  du  centre-gauche, 
et  il  contribua  en  1869  à  la  fondation  de  la  Société  de  législation.  A  deux 
reprises  il  tenta  de  rentrer  dans  la  vie  politique,  mais  chaque  fois  il  échoua, 
d'abord  aux  élections  municipales  de  Paris  du  4  mai  1884,  ensuite  aux  élec- 
tions législatives  de  1885.  En  dehors  de  l'ouvrage  mentionné  plus  haut  et  d'un 
certain  nombre  de  Discours,  Rapports,  Conférences,  etc.  M.  Georges  Picot  a 
publié  de  nombreux  volumes  parmi  lesquels  nous  citerons  les  suivants  : 


—  275  — 

Notes  sur  l" organisation  des  tribunaux  de  police  à  Londres  (Paris,  1862,  in-8); 

—  Recherches  sur  la  mise  en  liberté  sous  caution  (Paris,  1863,  in-8)  ;  —  Loi  sur 
les  flagrants  délits.  Commentaire  (Paris,  1863,  in-8);  —  Observations  sur  le 
projet  de  loi  relatif  à  la  mise  en  liberté  provisoire  (Pai'is,  1865,  in-8);  —  Les 
Fortifications  de  Paris,  Vauban  et  le  gouvernement  parlementaire  (Paris,  1870 
in-8);  —  Les  Élections  aux  États  généraux  dans  les  provinces  de  1302  à  1614 
(Paris,  1874,  in-8);  —  Les  Jugements  par  défaut  en  matière  correctionnelle  à 
propos  du  nouveau  code  autrichien  (Paris,  1874,  in-8);  —  Le  Parlement  de 
Paris  sous  Charles  VIII.  Les  Débuts  du  règne  :  le  procès  criminel  d'Olivier 
le  Dain  (Paris,  1876-1877,  in-8);  —  La  Réforme  judiciaire  en  France  (Paris, 
1881,  in-12);  —  Études  d'histoire  parlementaire.  M.  Dufaure,  sa  vie  et  ses 
discours  (Paris,  1883,  in-12);  —  La  Magistrature  et  la  Démocratie;  une  épu- 
ration radicale  (Paris,  1884,  in-8);  —  Le  Devoir  social  et  les  logements  cV ou- 
vriers (Paris,  1885,  in-12)  ;  —  Le  Centenaire  de  l'assemblée  de  Vizille(2\  juillet 
1788)  (Paris,  1889,  in-12);  —  La  Pacification  religieuse  et  les  suspensions  de 
traitement,  1832-1892  (Paris,  1892,  in-12);  —  Lutte  contre  le  socialisme  révo- 
lutionnaire (Paris,  1895,  in-16);  —  Jules  Simon.  Notice  historique' lue  en 
séance  publique  de  V Institut  de  France  le  5  décembre  1896  (Paris,  1897,  in-16); 

—  M.  le  duc  d' Aumale.  Notice  historique  lue  en  séance  publique  le  27  novembre 
1897  à  V Institut  de  France  (Paris,  1898,  in-16);  —  Rarthélemy  Saint-Hilaire. 
Notice  historique  lue  en  séance  publique  le  3  décembre  1898  à  VInstitut  de 
France  (Paris,  1899,  in-16);  —  Fragments  et  souvenirs  de  M.  de  Montalivet, 
1810-1848  (Paris,  1899,  2  vol.  in-8),  etc.  M.  Georges  Picot  a  donné  en  outre 
de  nombreux  articles  à  la  i?e(^Me  c/'iVt'^Me  de  législation,  au  Rulletin  du  comité 
des  travaux  historiques,  à  la  Revue  des  Deux  Mondes,  au  Journaldes  Débats,  etc. 
Élu  membre  de  l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques,  le  6  juillet 
1878,  en  remplacement  de  M.  Thiers,  il  en  était  devenu  le  secrétaire  perpétuel, 
en  1896,  à  la  mort  de  Jules  Simon. 

—  M.  Adeline,  l'artiste  et  littérateur  normand  bien  connu,  est  mort  à 
Rouen,  le  24  août,  à  64  ans.  Né  dans  cette  même  ville  le  28  avril  1845, 
M.  Jules  Adeline  se  destina  tout  d'abord  à  l'architecture  et  acquit  une  habi- 
leté dont  témoignent  divers  monuments  exécutés  sous  sa  direction.  Mais 
initié,  vers  1871,  par  Henry  Somm,  à  l'art  de  l'eau-forte,  il  s'adonna  dès  lors 
spécialement  au  dessin  et  à  la  gravure  et  il  ne  tarda  pas  à  utiliser  ce  nouveau- 
talent  pour  illustrer  toute  une  série  de  publications  historiques  et  archéolo- 
giques dont  il  est  l'auteur  et  qui,  pour  la  plupart,  sont  relatives  à  sa  ville 
natale.  Parmi  ces  dernières  nous  citerons  :  De  Rouen  à  la  Bouille.  Itinéraire 
anecdotique,  historique  et  pittoresque  (Rouen,  1876,  in-32);  —  Les  Environs 
de  Rouen  (Paris,  1876,  in-16);  —  Voyage  de  la  Bouille  par  terre  et  par  mer. 
Nouvelle  historique  (Rouen,  1877,  in-8);  —  Rouen  qui  s'en  va.  Vingt  eaux- 
fortes  précédées  d'une  notice  illustrée  (Rouen,  1877,  in-4);  — L.-H.  Brevière 
dessinateur  et  graveur,  renovateur  de  la  gravure  sur  bois  en  France,  1797-1869. 
Notes  sur  la  vie  et  les  œuvres  d'un  artiste  normand  (Rouen,  1877,  in-4);  — 
Les  Quais  de  Rouen  autrefois  et  aujourd'hui  (Rouen,  1879,  in-fol.);  —  Les 
Sculptures  grotesques  et  symboliques  (Rouen  et  environs)  (Rouen,  1879, 
in-12);  —  Hippolyte  Bellangé  et  son  œuvre  (Paris,  1880,  in-8);  —  Le  Cortège 
historique  organisé  en  1880  par  le  Comité  des  fêtes  de  bienfaisance  de  Rouen. 
Entrée  du  roi  Henri  II  à  Rouen,  en  1550  (Rouen,  1880,  in-4);  —  Le  Musée 
d'antiquités  et  le  musée  céramique  de  Rouen  (Rouen,  1883,  in-4);  —  Lexique 
des  termes  d'art  (Paris,  1884,  in-8);  —  La  Peinture  à  l'eau  :  aquarelle,  lavis, 
gouache,  miniature  (Paris,  1888,  gr.  in-8);  —  Rouen  au  xvi"  siècle  d'après 
le  manuscrit  de  Jacques-le-Lieur  (1525).  22  eaux-fortes  avec  planches  explicati- 


—  276  — 

ces  introduction,  index  et  notice  explicative  (Rouen,  1894,  in-8);  —  Les  Arts 
de  reproduction  vulgarisés  (Paris,  1893,  gr.  in-8);  —  Rouen  au  xvii^  siècle. 
Album  in-folio  formé  par  le  Plan  de  Gomboust  (Rouen,  1893,  in-fol.);  — 
L'Illustration  photographique  {Rouen,  1895,  in-16);  —  La  Légende  du  violon 
de  faïence  (Rouen,  1895,  in-8);  —  Revue  de  l'Exposition  de  Rouen  en  1896. 
315  illustrations  avec  texte  (Rouen,  1897,  gr.  in-4),  avec  divers  collaborateurs. 

—  Le  18  août  est  mort  à  Bryntysilio,  dans  le  pays  de  Galles,  à  93  ans, 
Sir  Théodore  Martin,  un  des  derniers  survivants  du  groupe  des  écrivains 
qui  ont  illu?tré  la  «  Victorian  era  ».  Né  en  1816  à  Edimbourg,  il  fit  ses  études 
à  la  «  High  School  «  et  à  l'Université  de  cette  ville,  occupa  une  charge  d'avoué 
jusqu'en  1845,  puis  alla  s'étabhr  à  Londres.  Fin  lettré  et  très  érudit,  intime- 
ment lié  avec  les  principaux  auteurs  de  l'époque,  Dickens,  Thackeray, 
Browning,  etc.,  il  publia  de  nombreuses  traductions  de  classiques  étrangers, 
tels  que  Catulle,  Horace,  Goethe,  etc.  et  composa,  avec  W.  E.  Aytoun,  la 
meilleure  de  ses  œuvres  poétiques  :  The  Bon  Gaultier  Ballads,  admirable 
série  de  parodies,  dont  quelques-unes  sont  devenues  populaires.  Comme 
biographie  il  a  écrit  des  vies  de  lord  Lyndhurst  et  de  son  ami  Aytoun,  ainsi 
que  de  Helena  Faucit,  actrice  bien  connue  qu'il  avait  épousée  en  1851. 
Mais  son  œuvre  principale  est  sans  contredit  celle  qui  a  pour  titre  Life  of  the 
Prince  Consort  (Londres,  1874-1880,  5  vol.  in-8)  qui  lui  obtint  la  faveur  delà 
reine  Victoria  et  son  titre  de  noblesse.  Dernièrement,  en  1908,  il  avait  fait 
paraître  :  Queen  Victoria  as  I  knew  Her. 

—  On  annonce  encore  la  mort  de  MM.  :  Henri-Roger  de  Beauvoir,  fon- 
dat-^ur  de  V Annuaire- Album  de  l'armée  française,  que  l'Académie  française 
a  deux  fois  couronné,  mort  à  Paris,  le  19  août;  —  Pierre  Bourgoin,  précep- 
teur français  des  enfants  du  prince  de  Furstemberg,  mort  accidentellement, 
au  milieu  d'août;  —  Charles  Démange,  jeune  littérateur  nancéien,  mort  à 
Nancy  dans  le  courant  d'août;  —  le  baron  Gustave  Gozdawa  Gotskowski, 
directeur-fondateur  du  Nouveau  Monde,  mort  à  Paris,  au  milieu  d'août,  à 
70  ans;  —  M.  Paul  Guichard,  membre  de  l'Académie  de  Besançon,  qui, 
outre  un  volume  de  vers,  a  publié  de  nombreuses  poésies  dans  les  Mémoires 
de  cette  compagnie,  mort  le  29  juillet,  à  l'âge  de  77  an?;  —  Arthur  Lesigne, 
professeur  agrégé  au  lycée  de  Cherbourg,  mort  à  Gafîosses,  près  de  Coutances, 
au  milieu  d'août,  à  49  ans;  —  A.  Moine,  publiciste  et  journaliste  parisien, 
qui  avait  collaboré  à  l'Événement  et  au  Gaulois,  mort  à  la  fin  d'août,  à  66  ans; 
E.  Montaut,  artiste  qui  s'était  fait  remarquer  par  des  estampes  et  des  affi- 
ches relatives  à  l'automobile  et  à  l'aviation,  mort  à  la  fin  d'août;  —  Gaston 
Perrier,  secrétaire  de  la  rédaction  de  VÉcho  d'Oran,  mort  au  commence- 
ment d'août;  —  Léon  Riffard,  mort  à  la  fin  de  juillet,  à  81  ans,  lequel  a 
publié,  outre  des  adaptations  du  théâtre  grec,  l'ouvrage  suivant  :  Contes 
et  apologues  [poésies)  (Paris,  1885  et  1888,  in-12);  —  Eugène  Tavernier, 
membre  de  l'Académie  de  Besançon,  rédacteur  à  divers  journaux  de 
Franche-Comté,  en  dernier  lieu  à  la  Dépêche  et  aux  Gaudes,  de  Besançon, 
qui  a  publié  la  Vie  littéraire  en  province.  Une  Vocation  (Besançon,  1892, 
in-16)  et  la  Presse  bisontine  et  la  Révolution  de  Juillet,  discours  de  réception 
à  l'Académie  de  Besançon  (1908),  mort  en  cette  ville  le  4  août,  à  l'âge  de 
46  ans. 

—  A  l'étranger  on  annonce  la  mort  de  MM.  :  l'abbé  Jules  Ampe,  aumô- 
nier des  Dames  de  la  Sainte-Famille  à  Thielt,  en  Belgique,  ancien  professeur 
de  rhétorique  et  ancien  principal  du  collège  épiscopal  de  Furnes,  mort  à 
Thielt,  le  13  août,  à  52  ans;  —  Alexander  Anderson,  ancien  ouvrier  carrier 
et  employé  de  chemin  de  fer,  devenu  secrétaire  de  la  «  Plûlosophical  Insti- 


—  277  — 

tution  »  d'Edimbourg,  puis  sous-bibliothécaire  delabibliothèquede  l'Univer- 
site  de  la  même  ville,  mort  au  commencement  de  juillet  à  64  ans,  lequel  a 
publié,  sous  le  pseudonyme  de  Surfaceman,  quelques  volumes  de  poésies, 
notamment  :  Songes  of  Labour  and  other  Poems  (1873)  ;  The  Two  Angels  and 
other  Poems  (1875)  et,  un  peu  plus  tard  :  Songs  of  the  Rail;  —  Richard 
BoDDAERT,  ancien  médecin  en  chef  de  l'hôpital  civil  de  Gand,  professeur 
émérita  à  l'Université  de  cette  ville,  mort  le  8  août,  à  77  ans;  —  Emil  Bohn, 
musicologue  allemand,  mort  le  5  juillet,  à  Breslau  (Silésie),  à  71  ans,  auquel 
on  doit,  entre  autres  ouvrages  :  Festschrift  zur  Feier  des  25  jàhrigen  Bestehens 
des  Breslauer  Orchester-Verelns  (Breslau,  1887,  in-8).  Die  niusikalischen 
H andschrijten  der  xvi  und  xvii  Jahrhunderten  in  der  Stadthibliothek  zu 
Breslau.  Ein  Beitrag  zur  Geschichte  der  Musik  xvi  in  und  xvii  Jahrhunder- 
ten (Breslau,  1890,  in-8)  ;  —  Oscar  Bystrœm,  le  doyen  des  musiciens  et  com- 
positeurs suédois,  mort  dernièrement  à  88  ans,  lequel  laisse  des  opérettes, 
des  compositions  orchestrales  et  vocales,  des  morceaux  de  musique  de 
chambre  et  surtout  plusieurs  volumes  estimés,  sur  les  chants  d'église  en 
Suède  pendant  le  moyen  âge;  —  Albert  Dollfus,  publiciste  à  Lugano  en 
Suisse,  fondateur-directeur  du  Courrier  du  Tessin,  mort  accidentellement 
à  Houlgate,  à  la  fin  d'août;  — Dr.  Karl  Friedheim,  ancien  professeur  de 
chimie  inorganique  à  l'Université  de  Berne,  mort  au  commencement  d'août 
à  Bœningen  sur  le  lac  de  Brienz,  à  51  ans;  —  l'abbé  Nicolas  Gauthy,  au- 
mônier des  religieuses  carmélites  d'Amay  en  Belgique,  ancien  professeur  au 
collège  de  Saint-Trond,  mort  à  Amay  le  17  août,  à  61  ans;  —  le  chanoine 
Guillaume,  ancien  doyen  de  Beauraing,  prêtre  très  érudit,  polémiste  ardent, 
orateur  et  écrivain  distingué,  qui  s'était  particulièrement  adonné  àla  réforme 
des  éditions  des  auteurs  classiques  à  l'usage  des  étudiants  et  avait  publié, 
avec  l'aide  de  plusieurs  collaborateurs  d'élite,  une  Collection  de  classiques 
grecs  et  latins  comparés,  mort  le  10  août  à  Nefîe,  près  de  Dinant  (Belgique); 

—  Dr.  Ludwig  Gumplowicz,  ancien  professeur  de  droit  civil  à  l'Université 
de  Grâtz,  mort  en  cette  ville,  le  13  août,  à  72  ans;  —  Dr.  Karl  Habermann, 
professeur  de  construction  de  machines  pour  l'exploitation  des  mines,  mort 
le  20  août,  à  Teplitz-Schœnau  (Saxe);  —  Dr.  Adofï  Hausrath,  ancien  pro- 
fesseur d'histoire  de  l'Église  à  l'Université  de  Heidelberg,  mort  en  cette 
ville,  le  2  août,  à  73  ans,  lequel  a  publié,  outre  un  certain  nombre  de  romans 
parus  sous  le  pseudonyme  de  George  Taylor,  divers  ouvrages,  tels  que  : 
Arnold  von  Brescia  (Leipzig,  1891,  in-8);  Peter  Ahàlard.  Ein  Lehensbild 
(Leipzig,  1893,  in-8);  Martin  Luthers  Romfahrt,  Nach  einem  gleichzeiti gen 
Pilgerbuche  erlàutert  (Berlin,  1894,  in-8);  —  Dr.  Ernst  Heitz,  ancien  pro- 
fesseur d'économie  politique  à  l'École  d'agriculture  de  Hohenheim,  mort 
le  30  août,  dans  une  station  estivale  des  bords  du  lac  de  Constance,  à  70  ans; 

—  Sidney  Richard  John,  journaliste  et  celtisant  anglais  d'avenir,  mort 
prématurément  à  29  ans,  au  commencement  d'août,  lequel  a  donné  de  nom- 
breux et  très  intéressants  articles  sur  la  poésie  galloise  aux  journaux  The 
Tribune  et  The  Daily  News,  à  la  Celtic  Review,  à  la  Celtica,  bulletin  de  la 
«  Celtic  Association  »,  dont  il  était  le  secrétaire,  et  au  journal  The  London 
Celt,  dont  il  était  l'un  des  fondateurs;  —  Adolf  Kamphausen,  professeur 
de  théologie  protestante  à  l'Université  de  Bonn,  mort  en  cette  ville,  le  13 
août,  à  80  ans,  lequel,  étant  secrétaire  de  Bunsen  à  Heidelberg,  aida  consi- 
dérablement ce. savant  dans  son  œuvre  littéraire  et  a  publié  lui-même  divers 
ouvrages,  par  exemple  :  Die  Chronologie  der  hchrâischen  Kônige.  Eine  Ges- 
chichtlige  Untersuchung  (Bonn,  1883,  in-8);  Dos  Buch  Daniel  und  die  neuere 
Geschichtsforschung.  Ein   Vortrag  mit  Anmerkungen  (Leipzig,   1893,  in-8); 


—  278  — 

Die  berichtigte  Lutherhihel.  Rektoratsrede  mit  Anmerkungen,  (Berlin,  1894, 
in-8);  —  Dr.Viktor  Félix  Kremser,  directeur  de  l'une  des  sections  de  l'Ins- 
titut météorologique  de  Berlin,  mort  en  cette  ville,  le  30  août,  à  51  ans;  — 
Dr.  Franz  Meschede,  professeur  émérite  de  psychiatrie  à  l'Université  de 
Kœnigsberg,  mort  le  30  août,  à  Munster  en  Westphalie,  à  77  ans;  —  Francic? 
DE  jMonge,  xàcomte  de  Franeau,  ancien  professeur  de  droit  à  l'Université 
de  Louvain,  mort  le  26  juillet,  au  château  de  Wallay,  à  Ohey  (Belgique), 
lequel  s'était  attiré  une  réputation  méritée  par  la  netteté  et  la  profondeur 
de  son  enseignement  ainsi  que  la  haute  valeur  de  ses  divers  ouvrages  sur  le 
droit  romain,  le  droit  d'association,  le  droit  d'enseignement,  etc.  ;  —  Sigis- 
mund  NosKOvsKi,  compositeur  de  musique  polonais,  inventeur  d'un  sys- 
tème de  notation  à  l'usage  des  aveugles,  directeur  de  l'École  musicale  de 
Varsovie,  mort  dernièrement  en  cette  ville,  à  63  ans  ;  —  Dr.  Charles  Kirkby 
RoBixsox,  «  master  »,  puis  «  fellow  »  du  Collège  de  Sainte-Catherine,  à  Cam- 
bridge, mort  le  14  juillet,  à  83  ans;  —  Dr.  Alfons  von  Rosthorn,  professeur 
de  gynécologie  à  l'Université  de  Vienne,  mort  en  cette  ville,  le  9  août,  à 
52  ans;  —  Dr.  Karl  Sachs,  philologue  et  lexicographe  allemand  connu, 
auquel  on  doit,  entre  autres  ouvrages, l'excellent  Dictionnaire  encyclopédique 
français-allemand  et  allemand-français  (Berlin,  1885,  2  vol.  in-8),  mort  à 
Berlin,  le  l^r  août,  à  81  ans;  —  W.  F.  Stanley,  savant  anglais  connu  pour 
ses  nombreuses  inventions,  fondateur  des  «  Stanley  TechnicalTradeSchools», 
mort  dernièrement  à  82  ans,  lequel  a  publié  sur  diverses  questions  scienti- 
fiques, ainsi  que  sur  certains  problèmes  sociaux,  des  ouvrages  estimés,  tels 
que  :  Surveying\  Drawing  Instruments;  Fluids;  The  Nebula  Theory;  Utopia, 
etc.;  —  Dr.August  Emil  Vogl,  baron  de  Fernheim,  professeur  de  pharma- 
cologie à  l'Université  de  Vienne,  mort  à  Bozen,  à  la  fin  de  juillet,  à  76  ans  ;  — 
Stefan  Wassilievitch  Smolenski,  écrivain  russe,  auteur  d'ouvrages  sur 
l'histoire  de  la  musique,  mort  à  Kazan,  au  commencement  d'août,  à  61  ans; 
—  le  R.  P.  WiAux,  du  collège  du  Sacré-Cœur  de  Charleroi,  qui  fut  successi- 
vement professeur  aux  collèges  Saint-Stanislas  de  Mons  et  de  Saint-Michel 
à  Bruxelles,  mort  le  11  août,  à  Thiméon  (Hainaut),  à  58  ans;  —  l'abbé 
J.  H.  Wynen,  qui  s'est  fait  connaître  par  divers  ouvrages  de  mérite  pour 
l'enseignement  catholique,  mort  à  Eysden  (Hollande)  à  la  fin  d'août. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres.  — 
Le  3  août,  M.  S.  Reinach  explique  un  texte  du  prêtre  gaulois  Vicentius; 
qui  démontre  que  l'arc  de  triomphe  d'Orange  fut  élevé  par  le  père  de  Tibère 
en  l'honneur  des  victoires  de  J.  César  sur  les  Marseillais  et  lesAlbigues. — 
M.  H.  Cordier  dépose  un  rapport  de  M.  Veuillet  sur  son  exploration  de 
la  grotte  de  Marsabougou,  dans  le  Haut  Niger.  —  M.  E.  Naville  lit 
la  fin  du  mémoire  du  P.  Schell  sur  la  Découverte  de  la  loi  sous  Josias.  — 
Le  6,  M.  Espérandieu  rend  compte  des  fouilles  qu'il  a  entreprises  sur 
le  mont  Auxois  et  de  la  découverte  récente  de  fragments  importants 
d'une  statue  d3  Déméter  ou  d'Hygie.  —  Le  P.  Schell  présente  une  série 
de  communications  sur  la  langue  des  inscriptions  de  Suze. —  Le  13,  M.  Cha- 
vannes  donne  l'explication  d'inscriptions  indo-chinoises  rapportées  par 
le  capitaine  d'Olonne.  —  M.  Cagnat  démontre  par  des  inscriptions  décou- 
vertes par  le  commandant  Donau  l'existence  de  la  tribu  berbère  appelée 
par  Ptolémée  I\-ygheniQi,  par  les  textes  de  M.  Donau,  Nyhtnii.  —  Le  21, 
M.  Caron  lit  un  rapport  sur  les  fouilles  qu'il  a  dirigées  en  Tunisie  et  no- 
tamment sur  la  découverte,  dan?  un  des  thermes,  de  nombreux  usten- 
siles et  d'objets  d'art.  —  M.  R.  Cagnat  lit  un  travail  de  M.  Basset  sur  les 
inscriptions    lybiques    de    Kabylie.    —    M.    Homolle    lit    un    mémoire 


—  279  — 

de  M.  Joubert  sur  VÉphchie  dans  VÉgypte  gréco-romaine.  —  Le  29, 
M.  R.  Gagnât  montre  et  expl'que  la  photographie  d'un  vase  antique  trouvé 
en  Tunisie.  —  M.  HomoJle  lit  une  lettre  de  M.  Adamantion  qui  explique 
l'organisation  du  service  des  monuments  médiévaux  en  Grèce. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques. — • 
Le  14  août,  M.  Chuquet  lit  un  travail  sur  les  extravagances  de  Junot, 
après  la  bataille  de  Valentina.  —  Le  21,  M.  R.  Stoi.rm  lit  un  éloge  de 
M.  Georges  Picot,  récemment  décédé.  —  Le  28,  M.  Esmein  lit  une  étude 
sur  les   projets  de  réforme  de  la  Chambre  des  Lords  en  Angleterre. 

Congrès.  —  Sous  la  présidence  de  S.  G.  Mgr  Marty,évêque  de  Montauban, 
et  de  M.  le  sénateur  de  Lamarzelle,  le  trente-troisième  congrès  des  juriscon- 
sultes catholiques,  organisé  par  la  Revue  catholique  des  institutions  et  du  droit, 
se  tiendra  à  Montauban  les  27  et  28  octobre  prochain.  Le  sujet  à  Tordre  du 
jour  sera  «  la  Révolution  sociale  par  l'impôt  ».  —  Une  circulaire  signée  de 
M.  de  Lamarzelle  et  de  M.  Joseph-Lucien  Brun,  secrétaire, expose  comme 
suit  les  motifs  de  ce  congrès  :  «  Des  lois  récentes  déjà  votées  et  tendant  à  la 
dépossession  d'une  minorité  par  la  majorité  maîtresse  du  pouvoir,  des  lois 
plus  graves  encore  actuellement  soumises  à  un  parlement  exclusivement 
préoccupé  de  ses  intérêts  électoraux  et  plus  soucieux  de  flatter  la  masse  des 
électeurs  que  de  veiller  aux  intérêts  primordiaux  du  pays,  ont  vivement 
ému  tous  ceux  qui  ont  à  cœur  notre  avenir  économique  et  la  paix  sociale. 
Les  jurisconsultes  catholiques  étudieront  attentivement  ces  projets,  leurs 
causes  et  leurs  conséquences,  leur  principe  et  leur  application  pratique. 
Mais  bien  au-dessus  des  intérêts  matériels  des  particuliers  directement 
et  immédiatement  menacés,  doivent  être  placés  les  intérêts  moraux  du  pays. 
La  législation  actuelle  a  pour  but  presque  avoué,  et  pour  résultat  certain 
d'augmenter  encore  l'omnipotence  de  l'État,  qui  depuis  plus  d'un  siècle  pèse 
chaque  jour  plus  lourdement  sur  l'indépendance  légitime  des  Français  soi- 
disant  affranchis  par  une  Révolution  qui,  au  nom  d'une  liberté  théorique 
et  imaginaire,  a  ruiné  nos  libertés  traditionnelles  et  engendré  le  despotisme, 
nouveau  en  France,  dont  nous  avons  vu  varier  les  formes,  mais  dont  nous 
n'avons  pu  secouer  le  joug.  Cette  omnipotence  de  l'État  telle  que  la  rêvent 
ceux  qui  se  sont  emparés  du  pouvoir  est  un  retour  aux  principes  et  à  l'état 
social  de  l'antique  cité  païenne.  Cette  omnipotence  de  l'État-dieu,  si  contraire 
à  l'esprit  du  christianisme  seul  propagateur  et  unique  sauvegarde  de  la  vraie 
liberté  dans  le  monde,  a  été  sans  cesse  combattue  par  notre  Revue  et  nos 
congrès,  depuis  leur  fondation.  Elle  l'a  été  notamment  lorsque  nous  avons 
revendiqué  la  liberté  de  l'enseignement  dont  on  voulait  anéantir  les  derniers 
restes  pour  porter  un  nouveau  coup  à  l'Église,  et  lorsque,  montrant  la  su- 
périorité de  la  charité  chrétienne  sur  la  bienfaisance  officielle,  nous  avons 
revendiqué  pour  l'Église  la  plénitude  de  la  liberté  dans  l'exercice  de  la  (;ha- 
rité.  Elle  le  sera  encore  par  nous  sans  relâche.  C'est  elle  que  nous  dénoncerons 
dans  notre  prochain  congrès;  c'est  contre  elle  que  nous  mettrons  en  garde 
tous  ceux  qui  aspirent  à  restaurer  les  libertés  françaises  sur  les  ruines  de  la 
tyrannie  révolutionnaire.  »  —  Ne  pouvant  reproduire  ici,  faute  de  place,  le 
programme  dans  son  intégralité,  nous  nous  bornerons  à  en  indiquer  les  gran- 
des lignes  :  L  Socialisme  (son  fondement;  origine  du  socialisme).  —  IL  But 
poursuivi  par  le  législateur  socialiste  (1.  Monopolisation  aux  mains  de  l'État 
de  toutes  les  sources  de  richesses,  des  fortunes  et  des  moyens  de  production; 
2.  Destruction  de  l'idée  de  famille  et  de  l'autorité  paternelle;  3.  Destruction 
des  fondations  pieuses  et  des  œuvres  ecclésiastiques;  les  bien-  d'Église).  — 
IIL  Moyens  de  réalisation  (Moyens  directs;  moyens  détournés.  Impôts  par- 


—  280  — 

ticulièrement  proposés  et  grossissant  toujours;  impôts  sur  le  revenu; 
questions  actuelles).  —  IV.  Le  Socialisme  et  les  Impôts  nouveaux  à  l'étran- 
ger. —  Ce  simple  résumé  montre  assez  le  très  grand  intérêt  qu'offrira  le 
congrès  en  question.  Les  cartes  d'entrée  doivent  être  demandées  à  M.  Félix 
Barat,  administrateur  délégué  de  la  Bévue  catholique  des  institutions  et  du 
droit,  avenue  de  l'Archevêché,  2,  à  Lyon,  qui  les  délivrera  moyennant  l'envoi 
préalable  d'un  mandat-poste  de  5  francs.  Ces  cartes  contiennent  tous  les 
renseignements  pratiques  que  peuvent  désirer  les  congressistes. 

MÉLANGES  Châtelain.  —  M.  Emile  Châtelain  achève  la  trentième  année 
du  cours  de  paléographie  dont  il  a  été  chai'gé  à  l'École  des  hautes  études. 
Amis  et  élèves  en  profitent  pour  lui  témoigner,  par  la  publication  d'un  vo- 
lunie  de  Mélanges,  leur  attachement  ou  leur  estime.  A  la  tête  du  Comité  se 
trouve  M.  Léopold  Dehsle;  les  secrétaires  qui  reçoivent  les  souscriptions 
(20  fr.)  sont  MM.  Marcel  Lecour  et  Jean  Bonnerot,  47,  boul^  Saint-Michel, 
à  Paris.  Parmi  les  articles  promis  aux  Mélanges  (ce  volume  fera  un  in-4 
d'environ  500  p.,  avec  de  nombreuses  planches),  nous  relevons  les  suivants  : 
La  Bibliothèque  de  Philodème,  par  M.  D.  Comparetti;  Un  Évangéliaire  caro- 
lingien, provenant  de  Schuttern,  par  M.  L.  Dorez;  Ingobert,  un  grand  artiste 
franc  du  ix*^  siècle,  par  M.  le  comte  P.  Durrieu;  Les  Franciscains  et  la  Déca- 
dence des  archives  et  de  la  bibliothèque  des  Papes  au  début  du  xiii^  siècle,  par 
le  P.  Ehrle;  Une  Lacune  des  Captifs  de  Plante,  par  M.  L.  Havet;  De  V Illus- 
tration de  quelques  manuscrits  de  ValèreMaxime  au  moyen  âge,\:>aT  M.  H.  Mar- 
tin; Lettres  inédites  de  Mabillon  à  Ciampini,  par  M.  P.  de  Noîhac;  Dagobert 
J^^,  roi  des  Francs  et  le  Val  BregagUa,  par  M.  F.Novati  ;  Un  Nouveau  Fragment 
de  la  version  grecque  du   Vieux  Testament  par  Aquila,  par  M.  C.  Wessely. 

Paris.  —  Nous  avons  annoncé  en  son  temps  l'ouvrage  considérable  dans 
lequel  notre  collaborateur  M.  P.  Laconibe  avait  dressé  la  Bibliographie  des 
travaux  de  M.  Léopold  Delisle  (1902,  in-8).  De  proportions  beaucoup  plus 
modestes  naturellement  est  le  travail  dans  lequel  M.  Hildenfinger  a  donné  le 
catalogue  des  ouvrages  de  l'illustre  savant  conservés  à  la  Bibliothèque,  na- 
tionale. Ce  n'est  qu'un  simple  fascicule  de  74  colonnes  in-8  intitulé  :  Biblio- 
thèque nationale.  Catalogue  des  ouvrages  de  M.  L.  Delisle  conservés  au  dé- 
partement des  imprimés  (Extrait  du  t.  XXXVII  du  Catalogue  général.  Paris, 
Imp.  nationale,  1909).  N'entrant  point  —  le  plan  de  la  pubhcation  dont  il 
est  tiré  ne  le  permettait  pas  —  dans  le  détail  des  articles  de  revue  dont  il 
n'existe  pas  de  tirage  à  part,  ce  catalogue  est  incomparablement  moins 
complet  que  la  Bibliographie  de  M.  P.  Lacombe;  il  la  complète  cepen- 
dant, par  cela  même  que,  paraissant  quelques  années  après,  il  enregistre 
des  publications  postérieures  à  1902.  L'ordre  suivi  n'est  pas  l'ordre  chro- 
nologique adopté  par  M.  Lacombe.  Ici  les  publications  sont  cataloguées 
par  ordre  alphabétique;  mais  l'on  a  groupé  sous  des  rubriques  spéciales  les 
rapports,  catalogues,  etc.,  relatifs  à  la  Bibliothèque  nationale  que  M.  Delisle 
a  administrée  pendant  pi  longtemps  de  la  plus  féconde  manière. 

—  Vient  de  paraître  la  22^  année  de  V  Annuaire  du  Conseil  héraldique  de 
France  (Paris,  15,  rue  Lacépède,  1909,  in-18  de  368  p.).  Outre  quelques 
poésies  charmantes  signées  :  Pimodan,  comte  de  Colleville,  F.  de  Salles  et 
L.  de  Villiers  de  l'Isle-Adam  (p.  299-304),  ce  volume  renferme  les  publications 
ou  études  ci-après  :  Inventaire  sommaire  des  archives  des  généalogistes  de 
Vordre  souverain  de  Saint- Jean  de  Jérusalem  [Malte)  pour  les  trois  Langues 
de  France,  par  M.  G.  du  Boscq  de  Beaumont  (p.  ^61-173);  —  Entrevue  de 
François  I^^  et  de  Charles-Quint  à  Aiguesmortes  en  1538,  par  M.  Lionel 
d'Albinousse   (p.    174-186);  —  Notes  complémentaires  sur  les   Trésiguidy, 


—  281  — 

par  M.  le  baron  Gaétan  de  Wismes  (p.  187-192);  — Documents  sur  les  Clouet, 
peintres  du  Roi,  de  1522  à  1572  et  sur  plusieurs  peintres  de  leur  époque,  avec 
une  Introduction  et  des  notes,  par  M.  Théodore  Courtaux  (p.  193-233);  — 
Maison  de  Portai,  notes  généalogiques,  pai*  M.  E.  Portai  (p.  234-251);  — 
Une  Vieille  Famille  bourbonnaise.  Le  Livre  de  raison  des  Bodin  de  Verneuil 
(1550-1749).  Leur  généalogie,  par  M.  Francis  Ferot  (p.  252-284);  —  Une 
Lettre  inédite  de  Marguerite  de  Lorraine,  duchesse  d' Alençon,  par  M.  le  vi- 
comte du  Motey  (p.  285-288);  —  Les  Marquis  de  Grimaldi-Regusse,  par 
M.  le  comte  de  Colleville  (p.  289-298);  —  Rapport  adressé  par  le  comte  de 
Colleville,  délégué  du  patriarcat  latin  de  Jérusalem,  à  S.  G.  Monseigneur 
r archevêque  de  Paris,  pour  demander  le  rétablissement  de  V ancienne  tradition 
qui  conférait  aux  membres  de  Vordre  illustre  du  Saint- Sépulcre  Vhonneur 
de  jnonter  la  garde  devant  les  saintes  Reliques  pendant  la  Semaine  sainte 
(p.  305-319). 

—  A  signaler:  Réflexions  d'iine  artiste  sur  les  dessins  de  la  caverne  d' Altamira, 
par  Lotus  Péralté  (Paris,  Sansot,  1909,  in-8  de  23  p.  —  Prix:  0  fr.  60).  Avec 
cette  intuition  qui  révèle  parfois  aux  femmes  ce  que  l'appareil  scientifique 
masque  souvent  aux  hommes,  l'auteur  signale  tout  ce  que  ces  étonnantes 
peintures  préhistoriques  suppose  chez^  leurs  auteurs  de  culture  accumulée. 
Elle  penche  à  voir  en  eux  les  survivants  d'une  humanité  ayant  vécu  sur  la 
mystérieuse  Atlantide.  Le  plateau  télégraphique  nous  en,  conserve  les  con- 
tours entre  l'Europe  et  le  Canada,  et  il  a  disparu  sous  l'eau  à  une  époque  où 
l'homme  vivait  peut-être  déjà  sur  les  deux  continents;  cette  thèse  n'est 
donc  pas  scientifiquement  inacceptable. 

Anjou. — Les  curieux  recherchent  parmi  les  récits  des  anciens  voyageurs 
celui  de  Le  Gk)uz  ds  la  Boullaie,  né  vers  1710  près  de  Baugé  et  mort  de  la 
fièvre  chaude  à  Ispahan,  vers  4669.  Cet  ouvrage,  qui  eut  deux  éditions 
in-4,  la  première  à  Paris  (Clousier,  1653),  la  seconde  à  Troyes,  en  1657, 
porte  pour  titre  :  Voyages  et  observations  du  sieur  de  la  Boullaye  le  Gouz, 
gentilhomme  angevin,  où  sont  décrites  les  religions,  gouvernements  et  situations 
des  Estats  et  royaumes  d'Italie,  Grèce,  Natolie,  Syrie,  Perse,  Palestine... 
Un  membre  de  l'École  française  de  Rome,  M.  Claude  Cochin,  vient  de  dé- 
couvrir en  la  Bibliothèque  Corsini,  le  manuscrit  original  illustré  (coté  360} 
de  cet  ouvrage,  probablement  l'exemplaire  de  dédicace  offert  par  l'auteur 
à  son  protecteur,  -le  cardinal  Capponi. 

—  La  Revue  de  V  Anjou  publie  d'intéressantes  notes  sur  l'exploitation 
des  mines  de  charbon,  dans  cette  province,  depuis  le  xiv^  siècle,  par  M.  Oli- 
Tier  Couffon. 

Bourgogne.  —  Dans  le  Correspondant  du  25  juillet  dernier,-  M.  René 
Vallery-Radot  raconte  de  manière  vraiment  charmante,  d'après  une  cor- 
respondance échang-ée  entre  le  duc  d'Aumale  et  Cuvillier-Fleury,  son  ancien 
précepteur,  comment  fut  écrite  1'  «  Alesia  »  du  duc  d'Aumale  (p.  209-222). 
On  sait  qu'en  1855,  l'architecte  bisontin  Delacroix,  Commentaires  de  César 
en  main,  crut  pouvoir  identifier  le  fameux  oppidum  gaulois  d' Alesia  avec 
le  village  d'Alaise,  dans  le  Doubs.  Le  travail  qu'il  publia  à  cette  époque  sur 
la  question  fit,  dans  le  monde  de  l'érudition,  l'effet  d'un  coup  de  tonnerre 
dans  le  ciel  bleu.  Jamais  peut-être  l'on  ne  vit  pareille  bataille  historico-ar- 
chéologique.  Bourguignons,  Comtois,  d^autres  aussi  qui,  par  leurs  origines, 
étaient  étrangers  à  ces  deux  «  nationahtés  »,  se  jetèrent  dans  l'arène,  pour  les 
uns  ou  pour  les  autres,  selon  leurs  convictions.  C'est  ainsi  que  Quicherat, 
de  l'École  des  chartes,  dont  les  opinions  en  matière  historique  exerçaient 
une  grande  influence,  prit  parti  pour  l'Alaise  du  Doubs  contre  l'Alise  de 


—  282  — 

Bourgogne,  réputée,  jusqu'à  la  «  découverte  »  de  Delacroix,  comme  étant 
cette  funèbre  Alesia  qui  vit  sombrer  la  fortune  militaire  des  Gaulois.  Int-^r- 
vinrent  alors  M.  Eugène  de  Lanneau  et  Cuvillier-Fleury  qui  eurent  l'idée 
de  consulter  le  duc  d'Aumale  sur  le  problème  à  l'ordre  du  jour.  C'était  en 
1857.  Non  sans  quelques  hésitations,  le  royal  exilé,  très  absorbé  par  son 
Histoire  des  Condés,  se  décida  enfin  à  étudier  la  question,  et,  le  l^r  mai  1858, 
la  Revue  des  Deux  Mondes  publia  l'œuvre  du  duc  d'Aumale  sur  Alesia,  que 
Michel  Lévy  édita  ensuite  en  -volume.  La  thèse  de  l'auteur  fut  favorable  à 
Ahse  de  Bourgogne.  Mais  cela  ne  termina  pas  la  lutte;  elle  continua  de  plus 
belle,  au  contraire,  jusqu'à  l'espèce  de  sentence  rendue  par  Napoléon  III 
contre  Alaise  du  Doubs.  Peu  à  peu,  le  silence  se  fit  et  les  combattants  ren- 
trèrent souf  leurs  tentes,  sauf  quelques  rares  Comtois  qui  sans  doute  vou- 
laient justifier  leur  vieille  devise  :  «  Comtois,  rends-toi;  nenni,  ma  foi  !  »  — 
Aujourd'hui  Alise-Sainte-Reine  est  plus  que  jamais  considérée  comme  l'Ale- 
sia  de  César  et  de  Vercingétorix,  à  telles  enseignes,  que  la  station  des  Laumes 
(chemin  de  fer  de  Paris-Lyon-Méditerranée)  s'appelle  «  Les  Laumes- Alesia.» 
Ce  n'est  pas  que  toutes  revendications  aient  cessé;  ma's  actuellement  elles 
s'élèvent  pour  Izernore  dans  l'Ain  et  pour  Aluze  en  Saône-et-Loire,  ce  qui 
ne  nous  paraît  pas  sérieux.  M.  R.  Vallery-Radot  croit  qu'  «  il  ne  reste  plus 
que  quelques  Franc-Comtois  isolés  »  pour  soutenir  la  cause  d'Alaise.  Appa- 
remment, il  est  dans  le  vrai;  en  réalité  il  semble  bien  en  être  différemment. 
Ainsi,  d'une  part,  M.  Noël  Amaudru  (un  Comtois  irréductible)  a  provoqué 
récemment  la  formation  d'une  société  pour  «  rechercher  la  véritable  Alesia  » 
(Cf.  Polybiblion  de  février  1909,  t.  CXV,  p.  184),  et,  d'autre  part,  la  Société 
d'émulation  du  Doubs,  qui  lança  jadis  le  premier  trait  contre  Ahse,  a  institué 
une  commission  spéciale  dont  l'objet  est  de  reprendre,  sans  idées  préconçues, 
les  fouilles  à  Alaise  (Cf.  Polybiblion  de  mars  dernier,  t.  CXV,  p.  276-277). 
La  Société  veut  essayer  de  résoudre  le  problème  archéologique  posé  pour 
cette  localité,  lequel  n'a  peut-être  aucun  rapport  avec  le  conquérant  des 
Gaules.  On  entrevoit  même  des  choses  préhistoriques...  Mais  si,  cependant... 
N'ajoutons  rien;  attendons  ! 

Dauphin É.  —  La  Commission  française  des  glaciers,  dont  la  courte  exis- 
tence a  naguère  été  marquée  par  la  publication  d'excellents  travaux,  avait 
fait  paraître,  en  1905,  une  excellente  monographie  de  deux  glaciers  du  massif 
du  Pelvoux,  le  Glacier  Noir  et  le  Glacier  Blanc  (Étude  sur  le  Glacier  Noir  et 
le  Glacier  Blanc  dans  le  massif  du  PeU'oux,\idS  MM.  Charles  Jacob  et  Georges 
Flusin.  Grenoble,  Allier,  s.  d.,  in-8).  Le  ministère  de  l'agriculture,  dont  le  Comi- 
té d'études  scientifiques  a  recueilli  l'héritage  de  la  Commission  française  des 
glaciers,  publie  maintenant,  sur  quelques  glaciers  des  Pyrénées  centrales, 
les  deux  glaciers  orientaux  du  Pic  Long,  un  intéressant  travail  de  MM.  D. 
Eydoux  et  L.  Maury.  La  carte  au  5000^  que  les  deux  missionnaires  du  mi- 
nistère de  l'agriculture  ont  dressée  de  ces  glac'ers,  leu:  étude  de  ces  appa- 
reils glaciaires  et  du  régime  hydraulique  de  la  haute  vallée  de  la  Neste  de 
Couplan  et  de  la  vallée  de  Calhaouas  complètent  heureusement  les  conscien- 
cieuses descriptions  que  M.  Emile  Belloc  a  données, _il  y  a  quelques  années, 
d'une  partie  de  la  même  région  [Les  Glaciers  orientaux  du  Pic  Long,  Pyrénées 
centrales.  Paris,  Masson,  s.  d.,  in-8  de  18  p.,  avec  carte,  fig.  et  tableaux. 
Extrait  de  la  Géographie,  n»  du  15  juillet  1909). 

Franche-Comté.  —  M.  E.  Fournier  est  vraiment  infatigable.  Il  en  est 
à  sa  dixième  campagne  de  Recherches  spéléologiques  dans  la  chaîne  du  Jura, 
de  laquelle  il  expose  les  résultats  dans  le  n»  56  (juillet  1909  des  Bulletin  et 
Mémoires  de  la  Société  de  spéléologie  (Paris,  au  siège  de  la  Société,  1909,  in-8 


—  283  — 

de  32  p.,  avec  10  fig.).  «  La  campagne  de  1907-1908,  dit  l'auteur,  professeur 
de  géologie  et  de  minéralogie  à  la  Faculté  de  sciences  de  Besançon,  a  été  surtout 
consacrée  à  l'exploration  souterraine  des  plateaux,  dans  les  environs  de  Salins, 
Arbois  et  Poligny  et  aussi  à  l'étude  de  quelques  parties  de  la  Haute  Chaîne 
et  des  plateaux  occidentaux.  De  plus,  grâce  à  l'initiative  du  syndicat  des 
usiniers  du  Doubs,  nous  avons  pu  reprendre  en  détail,  en  collaboration  avec 
M.  le  professeur  Schardt,  de  Neufchâtel,  l'étude  de  la  question  des  pertes 
qui  se  produisent  dans  la  partie  supérieure  des  bassins  du  Doubs...  Enfin, 
une  série  d'études  hydrologiques  a  été  poursuivie  dans  diverses  communes 
de  Franche-Comté.  »  Au  point  de  vue  de  l'actualité,  la  plus  importante  des 
explorations  de  M.  Fournier,  au  cours  de  cette  campagne,  est  certainement 
celle  du  gouffre  du  Mont-Grevé,  qui  «  revêtait  un  intérêt  particulier  de  ce 
fait  que  ce  gouffre,  s'ouvre  à  une  distance  relativement  faible  du  point  où  le 
tunnel  projeté  de  la  Faucille  passerait  à  la  plus  grande  profondeur.  Or, 
déclare  le  professeur  de  Besançon,  les  adversaires  du  projet  ont  prétendu, 
à  mainte?  reprises,  sans  autre  raison  d'ailleurs  que  leur  désir  d'en  empêcher 
la  réalisation,  que  le  tunnel  rencontrerait  des  nappes  d'eau  immenses  ou  de 
véritables  lacs  souterrains  qui,  dans  leur  hypothèse,  d'ailleurs  contraires 
à  toutes  les  observations  sérieuses,  devaient  alimenter  les  grandes  résur- 
gences du  Flumen,  de  la  Versoix,  de  la  Bienne,  etc.,  etc.  Ici,  comme  partout, 
l'observation  a  démontré  que  la  circulation  dans  les  calcaires  s'effectuait 
par  des  fissures  souvent  étroites,  que  les  avens  ne  sont  que  des  points  d'ab- 
sorption, les  uns  anciens,  gouffres  secs, les  autres  actuels,  goules  et  entonnoirs. 
S'il  existe,  comme  nous  l'avons  constaté  des  centaines  de  fois,  des  rivières 
souterraines  assez  importantes,  par  contre  il  n'y  a  nulle  part,  ni  lacs  un  peu 
volumineux,  ni  nappe  d'imprégnation  continue,  et  par  conséquent...  l'exé- 
cution de  ce  travail  ne  présente,  de  ce  fait,  aucunes  difficultés  spéciales. 
La  théorie  du  Jura  éponge  ne  fait  que  dénoter  chez  ses  promoteurs  l'igno- 
rance la  plus  absolue  de  la  structure  géologique  et  du  régime  hydrologique 
de  la  région,  et  il  serait  absolument  déplorable  qu'elle  fût  un  instant  prise  au 
sérieux  par  les  membres  de  la  Commission  internationale  chargée  de  discuter 
la  question.  » 

—  En  1898,  M.  Camille  Cellard,  ayant  été  chargé  de  procéder  à  la  restau- 
ration de  l'église  abbatiale  d'Acey  (Jura),  qui  n'a  pu  être  que  partielle  en 
raison  de  circonstances  particulières,  a  vu  son  attention  spécialement  attirée 
sur  le  pavage  primitif  de  cet  édifice.  Des  notes  inédites,  groupées  sur  Acey 
par  l'architecte  Ducat,  ont  mis  M.  Cellard  sur  la  voie.  De  ces  notes,  il  résul- 
tait que  le  pavage  en  question  «  était  formé  de  briques  enterre  cuite  émaillée», 
mais  qu'en  1656  des  dalles  lui  avaient  été  substituées.  L'auteur  s'occupa 
aussitôt  de  rechercher  si  quelques  spécimens  du  pavage  en  brique  existaient 
encore.  Ses  investigations  ingénieuses  ayant  été  couronnées  de  succès,  il  a 
eu  l'excellente  idée  de  donner  la  description  des  pièces  de  ce  pavage  dans  une 
brochure  intitulée  :  Ancien  Carrelage  de  Véglise  abbatiale  (T Acey.  Essai  de 
reconstitution  (Besançon,  imp.  Cariage,  1909,  in-8  de  19  p.,  avec  3  planches). 
Il  ne  s'en  est  pas  tenu  là  :  il  a  voulu  aussi  savoir  quel  pouvait  être  le  fabri- 
cant de  ces  curieuses  pièces,  ornementées  de  dessins,  qu'il  attribue  au  xii^ 
ou  au  xiii^  siècle.  Ce  fabricant  a  bien  signé  ses  bric[ues  :  ><  S.  Rous  fit  ce 
pavement  »;  mais  d'où  venait-il;  où  prenait-il  ses  matériaux;  où  tra- 
vaillait-il? De  déduction  en  déduction,  M.  Cellard  en  arrive  à  penser  que 
Rous  était  probablement  Bourguignon  et  qu'il  semble  avoir  exécuté  ses  bri- 
ques à  la  tuilerie  d'Acey,  avec  de  la  terre  prise  sur  place. 

—  Le  père  de  Victor  Considérant,  —  ce  bizarre  officier  qui  donna  sa  dé- 
mission, alors  que  la  carrière  militaire  lui  souriait,  pour  devenir  le  propaga- 


—  284  — 

teur  des  théories  de  l'utopiste  Fourier,  —  méritait  assurément  de  tenter  la 
plume  de  M.  Georges  Gazier.  On  lira  donc  avec  curiosité  la  biographie  qu'il 
nous  donne  de  ce  personnage  spirituel,  frondeur  et  d'humeur  plutôt  aigre  : 
Jean- Baptiste  Censidérant,  de  Salins,  17;1-1827  (Besançon,  imp.  Dodivers, 
1909,  in-8  de  24  p.  Extrait  des  Mémoires  de  la  Société  d'émulation  duDoubs). 
Né  le  25  novembre  1771,  à  Salins,  Jean-Baptiste  Considérant  y  est  mort  le 
27  avril  1827.  Bibliothécaire  de  Salins  et  professeur  au  collège  de  cette  ville, 
il  appartenait,  par  ses  opinions,  au  parti  dit  des  libéraux.  «  Les  colères  de 
Considérant  contre  le  clergé  d'alors,  observe  M.  Gazier,  surtout  contre  les 
jésuites,  tiennent  un  peu  à  des  considérations  personnelles.  «  Nous  voilà 
fixés.  Il  ne  faut  donc  pas  s'étonner  si,  un  beau  jour,  on  voulut  s'en  débarrasser 
et  l'envoyer  professer  à  Sarlat,  situation  qu'il  refusa.  M.  Gazier  s'est  servi 
de  la  correspondance  échangée  entre  Considérant  et  son  ami  Thelmier,  ins- 
pecteur des  postes,  dont  les  opinions  politiques  étaient  opposées  aux  siennes. 
De  1815  jusqu'à  la  veille  de  sa  mort,  il  écrivit  à  ce  fonctionnaire  des  lettres 
qui  le  dévoilent  tout  entier.  Et  cette  physionomie,  parfaitement  oubliée  en 
Franche- Comté,  où  elle  ne  brilla  d'ailleurs  qu'à  l'heure  de  sa  disparition, 
c'est-à-dire  de  façon  très  éphémère,  est  loin  de  nous  être  sympathique.  II 
était  utile  cependant  de  la  faire  revivre,  car  elle  nous  fait  «  comprendre 
l'état  d'esprit  d'un  universitaire  sous  la  première  Restauration,  et  comme  cet 
universitaire  est  le  père  et  le  pri^mier  maître  de  Victor  Considérant,  cet  état 
d'esprit  est  doublement  intéressant  à  étudier.  » 

• —  Parlez-nous  des  poètes  originaux.  Ils  ne  sont  pas  légion;  en  voici  un 
cependant  :  M.  Alfred  Marquiset.  Le  petit  recueil  qu'il  a  formé  sous  le  titre  : 
Besançonnettes  (Besançon,  imp.  Cariage,  1909,  in-12  de  46  p.)  est  pétri 
d'esprit  et  de  bonne  humeur,  avec  pas  mal  de  sel  comtois.  Vous  ne  trouverez 
point  là  de  ces  mièvreries,  niaiseries  et  banalités,  fonds  ordinaire  de  tant  de 
rimeurs  visant  à  l'auréole  du  poète.  C'est  la  réunion  d'un  certain  nombre  de 
pièces  très  amusantes  dont  la  \alle  de  Besançon  et  diverses  personnalités  du 
cru,  pas  nommées,  mais  désignées,  font  les  frais.  Ces  vers  nous  rappellent, 
avec  un  peu  plus  de  malice,  la  manière  de  Viancin,  en  son  vivant  secrétaire 
en  chef  de  la  mairie  et  membre  de  l'Académie  bisontine.  Citons  un  peu. 
Dans  Péril  public,  l'auteur  parle  de  la  maladie  du  sommeil  qui  s'abattit  un 
jour  Sur  la  cité  : 

La  maladie  est  éphém<^re, 

Mais  pour  en  arrêter  le  cours, 

Allez  supplier  votre  maire 

De  ne  plus  faire  de  discours. 

Ceci  n'est  que  railleur.  Mais  voici  du  plus  sévère.  Le  poète  s'en  prend  au 
même  personnage  (Derniers  Souvenirs  du  peuple)  à  qui  il  impute  la  jolie  dé- 
claration suivante  : 

Les  miens   désirant  paraître 

Me  firent  dèj  mon   début, 

Sans  payer  aucun  tribut, 

Élever  par  un  brave  prêtre. 

C'est  celui  que  j'expulsai 

L'an  dernier  de  son  église; 

Mais  j'en  fus  récompensé 

Par  une  aimable  surprise, 

En  tenant  des  manitous 

La  croix  d'honneur  qui  m'est  chère. 

—  Quel  beau  jour  pour  vous,  grand  maire, 

Quel  beau  jour  pour  vous  1 

Les  Bisontins,  nés  malins,  qui  liront  ce  petit  volume,  ne  s'ennuieront  pas. 


—  285  — 

Limousin.  —  Nous  avons  sous  les  yeux  les  deux  fascicules  formant  la 
23^  année  (2^  série)  du  Bibliophile  limousin  (Limoges,  imp.  Ducourtieux  et 
Oout,  1908,  in-8  de  96  p.).  Nous  y  trouvons  d'abord  la  suite  du  Catalogue 
analytique  de  manuscrits  d'une  bibliothèque  limousine  {V^  partie),  Auteurs 
limousins.  Ouvrages  relatifs  au  Limousin,  par  M.  G.  C.-S.  (c'est-à-dire 
M.  Gustave  Clément-Simon).  Ce  fragment  débute  par  Bonnelie  (François) 
(1804-1869)  et  finit  par  Dubois  (Jean-Baptiste  (1635-1756)  (p.  1-17  et  33-52). 
Cette  intéressante  publication  sera-t-elle  poursuivie?  L'auteur  est  mort 
le  1^''  février  dernier.  M.  Paul  Ducourtieux  lui  a  consacré  cinq  pages  de  bio- 
graphie (p.  92-96)  que  méritait  bien  ce  consciencieux  érudit,  perte  réelle  pour 
sa  province.  —  Nous  citerons  ensuite  une  courte  étude  de  M.  Paul  Ducour- 
tieux :  A  propos  de  Vétymologie  du  nom  de  Pissevache  donné  à  F  une  des  portes 
du  château  de  Limoges  (p.  52-55).  Nous  rappellerons  enfin  que  le  recueil 
contient,  comme  toujours,  le  dépouillement  bibliographique  des  journaux 
et  des  revues  du  Limousin,  de  plusieurs  recueils  périodiques  ayant  publié  des 
articles  intéressant  cette  province  et  de  nombreux  comptes  rendus  analy- 
tiques et  critiques  d'ouvrages  concernant  le  Limousin  ou  écrits  sur  des  sujets 
variés  par  des  enfants  du  pays.  C'est  en  vain  que,  sans  nous  lasser,  nous  don- 
nons ce  périodique  en  exemple  aux  autres  provinces  de  France  :  notre  voix 
-  reste  sans  écho.  Pourquoi?  La  réponse  ne  nous  embarrasse  guère  :  les  entre- 
prises du  genre  sont  coûteuses  et  ne  rapportent  à  ceux  qui  les  poursuivent 
que  de  l'honneur.  Pour  s'y  dévouer,  il  faut  aimer  la  petite  patrie  infiniment. 

Lorraine.  —  Dans  notre  livraison  de  juillet  dernier  (p.  91),  nous  avons 
noté,  le  prenant  pour  une  petite  revue  locale,  le  Bulletin  mensuel  de  la  So-^ 
ciété  des  lettres,  sciences  et  arts  de  Bar-le-Duc.  Or,  ce  Bulletin  n'est  qu'une 
simple  partie  (la  première)  du  volume  que  pubhe  annuellement  cette  société 
et  nous  avait  été  ainsi  envoyé  par  suite  d'une  erreur.  Nous  recevons  au- 
jourd'hui le  volume  complet  qui  a  pour  titre  :  Mémoires  de  la  Société  des 
lettres,  sciences  et  arts  de  Bar-le-Duc  (tome  VI  de  la  IV^  série.  Bar-le-Duc, 1908, 
in-8  de  cxx-233  p.,  avec  8  planches).  Sept  mémoires,  d'un  réel  intérêt  pour 
l'histoire  de  la  région,  et  dont  quatre  pourront  être  utilement  consultés 
pour  l'histoire  générale  de  la  Révolution,  ont  trouvé  place  dans  ce  volume, 
savoir  :  Un  Maire  de  Bar-le-Duc  sous  la  Restauration.  M.  Charles- François 
Bouillard  (1817-1824  —  1828-1832),  par  M.  G.  Vigo  (p.  3-38,  avec  portrait); 
—  La  Fête  constitutionnelle  du  10  août  1793  à  Bar-sur-Ornin  [Bar-le-Duc),  par 
M.  Léon  Thevenin  (p.  39-57); —  Inscriptions  de  Vancien  décanat  de  Juvigny, 
par  M.  l'abbé  Nicolas  (p.  59-102); —  Les  Volontaires  de  la  Meuse  et  la  Loi 
du  3  février  1793,  par  M.  le  capitaine  Porcher  (p.  103-145);  —  La  Vente  des 
biens  nationaux  à  Lisle-en-Barrois,  par  M.  Alphonse  Schmitt  (p.  147-160);  — 
Quelques  Portraits  du  musée  de  Bar-le-Duc,  par  M.  H.  Dannreuther  (p.  161- 
175,  avec  6  planches).  Un  tirage  à  part  de  cette  étude,  qui  nous  est  parvenu, 
sera  prochainement  examiné  ici;  —  Les  Cahiers  de  doléances  de  Verdun  en 
1789,  par  M.  P.  d'Arbois  de  Jubainville  (p.  177-211). 

Belgique.  —  L'Académie  royale  de  Belgique  se  compose  de  trois  classes, 
celles  des  sciences,  des  lettres,  et  des  arts.  Il  avait  déjà  été  publié,  en  annexe 
à  V Annuaire  de  cette  Académie,  quatre  séries  de  notices  biographiques  et 
bibliographiques  sur  ses  membres.  Par  les  soins  du  très  distingué  secré- 
taire perpétuel  de  l'Académie,  M.  le  chevalier  Edmond  Marchai,  une-  cin- 
quième série  vient  de  paraître.  Elle  ne  concerne  que  les  membres,  les  corres- 
pondants et  les  associés  habitant  la  Belgique.  C'est  dire  qu'on  y  chercherait 
vainement,  par  exemple,  la  bibliographie  des  Ulysse  Chevalier,  des  Paul 
Meyer,  des  d'Arbois  de  Jubainville  et  autres  associés  français  de  l'Académie 


—  286 


(le  Belgique.  En  revanche  on  y  trouve,  à  la  suite  d'une  biographie  très  courte, 
la  bibliographie  très  complète  de  chacun  des  membres  belges  actuels  de 
rAcadémie.  L'ouvrage  a  pour  tiire  :  Notices  biographiques  et  bibliographiques 
concernant  les  membres,  les  correspondants  et  les  associés,  1907-1909.  5^  édition 
(Bruxelles,  Hayez,  1909,  petit  in-8  de  viii-1124  p.).  On  remarquera  que 
l'impression  en  a  été  commencée  en  1907.  II  en  résulte  qu'on  y  trouve  la 
bibliographie  de  savants  comme  MM.  Léon  Vanderkindere  et  Edouard 
Félis,  aujourd'hui  décédés.  Par  suite  d'une  modification  adoptée  au  cours 
de  l'impression  de  l'ouvrage,  qui  ne  devait  d'abord  comprendre  que  l'énu- 
mération  des  travaux  publiés  par  les  académiciens  belges  depuis  1896, 
date  de  la  précédente  édition  des  Notices,  le  maniement  du  gros  volume  qui 
vient  de  voir  le  jour  n'est  pas  toujours  facile,  puisqu'il  faut  y  chercher  en 
deux  endroits  différents  la  bibliographie  d'un  certain  nombre  d'académi- 
ciens. Tel  qu'il  est  ce  volume  n'en  rendra  pas  moins  de  bons  services,  les 
notices  bibliographiques  qu'il  contient  ayant  été  établies  avec  beaucoup  de 
soin.  Il  est  indispensable  d'ajouter  que  les  notices  «  bibliographiques  » 
consacrées  aux  peintres,  sculpteurs,  musiciens,  graveurs,  architectes,  qui 
composent  la  classe  des  beaux-arts  de  l'Académie,  énumèrent  en  général 
les  œuvres  produites  par  ces  artistes. 

—  Dans  une  brochure  intitulée  :  Le  Mariage  tel  qu'il  fut  et  tel  qu'il  est 
(Mons,  Imprimerie  générale,  1907,  in-16  de  60  p.),  M.  Élie  Reclus  prétend 
justifier  le  parti  adopté  dans  sa  famille,  qui  est,  comme  on  le  sait,  de  re- 
noncer au  mariage  légal  et  de  se  contenter  de  l'union  libre.  Ce  système  a 
tout  au  moins  un  avantage  incontestable  :  c'est  de  faciliter  le  divorce.  S'il 
peut  avoir  aussi  quelques  inconvénients,  spécialement  pour  les  enfants,  que  la 
loi  tiendra  pour  illégitimes,  et  que  le  monde  appellera  des  «  bâtards  »,  M. Reclus 
ne  doute  pas  que  ces  restes  de  vieux  préjugés  ne  soient  destinés  à  bien- 
tôt disparaître.  La  brochure  comprend  l'allocution  que  M.  Elisée  Reclus 
père  adressa  à  ses  enfants  le  jour  où...  ils  ne  se  marièrent  pas,  et  une  lettre 
du  même  à  son  ami  M.  Naquet,  qti  l'avait  félicité  «  d'avoir  substitué  la 
consécration  paternelle  à  la  consécration  sociale  ».  M.  Elisée  Reclus  réclame 
contre  cette  formule  et  dit  :  «  J'ai  tout  simplement  pris  note  de  la  volonté 
de  mes  deux  filles  lorsqu'il  leur  a  convenu  de  s'unir  librement.  » 

Espagne.  —  Il  a  déjà  été  question  ici  des  travaux  accomplis  dans  le 
Haut- Aragon  par  M.  Lucien  Briet;  voici  qu'un  nouveau  mémoire  de  ce 
consciencieux  observateur  nous  apporte  une  nouvelle  contribution  à  l'étude 
de  cette  région  encore  si  mal  connue  des  Pyrénées  espagnoles.  Non  content 
d'y  décrire  les  grottes  de  Bastaras,  ou  plutôt  les  deux  grottes  de  Chavés  et 
de  Solencio,  situées  à  proximité  du  hameau  de  Bastaras,  au  pied  de  la  Sierra 
de  Guara,  non  content  aussi  d'y  expliquer  le  fonctionnement  de  la  cueva 
de  Solencio,  M.  Lucien  Briet  y  étudie  d'une  manière  tout  à  fait  intéressante 
l'aspect  des  sierras  du  Haut- Aragon,  et  y  discute  la  question  de  la  dessicca- 
tion progressive  de  notre  planète.  C'est  dire  que,  non  moins  que  les  spéléo- 
logues, les  géographes  trouveront  leur  profit  à  la  lecture  de  ce  mémoire, 
[Les  Grottes  de  Bastaras,  Haut-Aragon  (Espagne). Spelunca.  Bulletins  et  Mé- 
moires de  la  Société  de  spéléologie,  n°  55,  mars  1909, in-8  de  23  p.,  avec  3  plans] 
etSgrav.). 

Italie.  —  Mgr  Domenico  Taccone  Gallucci  a  pubhé  (Roma,  Society 
tipog.  editrce  romana,  1909,  in-8  de  72  p.)  une  Monografia  del  cardinale 
Guglielmo  Sirleto  (1514-1585),  bibUothécaire  de  la  Vaticane  et  l'un  des  p\nê 
savants  théologiens  du  xvi^ siècle.  Sous  une  forme  un  peu  compacte  et  d'une 
lecture  difficile,  la  courte  étude  de  Mgr  Taccone  Gallucci  contient  une  grande! 


—  287  — 

quantité  de  renseignements  compilés  dans  les  meilleii^3  auteurs  et  puisés 
parfois  aux  manuscrits  mêmes.  D'abondantes  informations  bibliographiques 
sur  la  bibliothèque,  les  œuvres,  les  lettres  et  les  manuscrits  de  Sirlet  com- 
plètent cette  notice,  qui  pourrait  aisément  devenir  le  canevas  d'une  œuvre 
moins  aride,  plus  littéraire  et  plus  psychologique. 

—  M.  Angelo  Goppola  a  lu,  le  7  juin  1908,  à  la  Société  sicilienne  d'histoire 
nationale  de  Palerme,  une  notice  nécrologique  sur  l'architecte  Giuseppe 
Patricolo,  mort  en  1905,  à  71  ans.  Le  biographe  a  remis  en  lumière  les  mérites 
de  ce  technicien  distingué  qui  fut  antiquaire  et  archéologue  :  on  connaît  de 
lui  les  restaurations  de  l'église  des  Chiodari  à  Palerme,  et  de  celles  de  San 
Cataldo  à  la  Martorana  et  de  Santa  Maria  di  Délia  près  Castelvetrano, 
des  mosaïques  de  Monreale;  il  a  construit  un  grand  nombre  d'édifices  mo- 
dernes à  Palerme, le  Teatro  comunale  de  Castelvetrano;  dans  la  Commission 
des  antiquités  et  beaux-arts  de  Sicile  il  a  joué  un  rôle  utile.  Il  méritait  que 
le  souvenir  de  tant  de  services  rendus  à  ses  compatriotes  fût  fixé  avec  pré- 
cision par  l'un  d'eux.  A  la  suite  de  la  notice  de  M.  Coppola  ont  été  imprimés 
les  discours  prononcés  aux  funéraillesde  Patricolo  par  Ant.  Salinas,Minutella 
et  Francesco  Valenti  {Délia  vita  e  délie  opère  del  prof.  Giuseppe  Patricolo. 
Commemorazione.  Palermo,  tip.  Virzi,  1908,  gr.  in-8  de  37  p.,  avec  un 
portrait.). 

États-Unis.  —  h'Annual  report  of  the  board  of  régents  of  the  Smithsonian 
Institution...  for  the  yeard  ending  June  30.  1907  (Washington,  Government 
printing  Office,  1908,  in-8  de  lvii-726  p.)  contient  :  1°  le  compte  rendu  des 
travaux  de  la  Société  pour  les  sessions  du  4  décembre  1906,  des  23  janvier  et 
6  mars  1907;  2°  le  rapport  du  comité  exécutif  donnant  l'état  financier  de 
l'institution  pour  l'année  finissant  le  30  juin  1907;  3°  le  rapport  annuel 
du  secrétaire  donnant  un  compte  rendu  des  opérations  et  de  la  situation  de 
l'institution  avec  la  statistique  des  échanges  etc..  pour  la  même  année; 
4°  enfin  une  annexe  (General  Appendix)  qui  commençant  à  la  page  95  et  allant 
jusqu'à  la  page  709,  renferme  29  articles  des  plus  intéressants,  par  diiïérents 
auteurs  tant  Américains  qu'étrangers,  et  dans  ce  dernier  cas  traduits  en 
anglais,  sur  toutes  les  questions  scientifiques  étudiées  en  ces  dernières 
années.  La  plupart  sont  illustrés  de  photogravures.  Citons  parmi  ces  tra- 
vaux celui  de  M.  Ch.  A.  Parsons  sur  les  turbines  à  vapeur;  un  article  de 
M.  A.  Turpain  sur  les  développements  de  la  composition  mécanique  en 
imprimerie;  un  travail  sur  le  bronze  dans  l'Amérique  du  sud  avant  l'arrivée 
des  Européens,  par  feu  M.  A.  de  Mortillet;  les  Jardins  zoologiques  en  Angle- 
terre, en  Belgique  et  en  Hollande  par  M.  G.  Loisel;  Marcellin  Berthelot,  par 
M.  Camille  Matignon.  Il  serait  impossible  d'analyser  ici  tous  ces  travaux  qui 
ne  sont  d'ailleurs  que  des  réimpressions  de  mémoires  parus  ailleurs;  nous  ren- 
voyons donc  au  volume  du  Smithsonian  Institution  les  lecteurs  désireux 
d'approfondir  cette  étude. 

Publications  nouvelles.  —  Die  Mens.chenopfer  der  alten  Hebràer  und 
der  benachbarten  Volker.  Ein  beitrag  zur  Alttestainentlichen  Religionsgeschi- 
chte,  von  P.  Dr.  E.  Mader  (Biblische  Studien)  (in-8,  Freiburg  im  Breisgau, 
Herder).  — Der  Vorirenâische  Opferbegriff,  von  Dr.  F.  Wieland  (in-8,  Mûn- 
chen,  Lentner).  —  Manuel  des  catéchistes  volontaires.  Explication  raisonnée, 
historique,  du  dogme  et  de  la  morale  catholique,  par  le  P.  D.  Lodiel  (in-12. 
Maison  de  la  Bonne  Presse).  —  Thomae  A.  Kempis  De  Imitatione  Christi. 
Libri  quatuor.  Textum  edidit  H.  Gerlach  (petit  in-16,  Friburgi  Brisgoviae, 
Herder). —  L'Œuvre  de  Lourdes,  par  le  Dr.  Boissarie  (in-8,  Téqui).  —  Le 
Régime  administratif  et  juridique  de  la  pêche  fluviale,  par  M.  Raux  (in-18 


—  288  — 

cartonné,  Amat).  —  Nouvelle  Méthode  de  prévision  du  temps,  par  G.  Guilbert 
(gr.  in-8,  Gauthier- Villars).  —  La  Cité  intérieure,  par  A.-R.  Schneeberger 
(in-12,  L'  «  Édition  «).  —  L'Idole  fragile,  poèmes,  par  J.-F.-L.  Merlet  (in-18, 
Société  de  l'édition  libre).  —  Je  meurs  où  je  m'attache,  par  G.  Deledda;  tiad. 
de  l'italien  par  A.  Lécuyer  (in-16,  Hachette).  —  Le  Dernier  Duc  de  Bretagne, 
par  P.-Y.  Sébillot  (in-16,  Union  internationale  d'éditions).  —  La  Chevauchée 
des  retires,  par  C.  Lesbruyères  (in-12.  Maison  de  la  Bonne  Presse).  —  Jeunes 
Gloires,  par  R.  Gaëll  (in-12,  Maison  de  la  Bonne  Presse).  —  Lettres  familières 
de  Jérôme  Aléandre  (1510-1540),  par  J.  Pasquier  (in-8,  A.  Picard  et  fils).  — 
Histoire  du  concile  du  Vatican  depuis  sa  première  annonce  jusquà  sa  proro- 
gation, d'après  les  documents  authentiques,  par  le  P.  T.  Granderath,  édité  par 
le  P.-C.  Hirch,  T.  II.  1^^  partie.  L'Ouverture  du  concile  et  les  premiers  débais 
(in-8,  Bruxelles,  Dewit).  —  Les  Premières  Pages  du  pontificat  du  pape 
Pie  IX,  par  le  P.  R.  Ballerini  (in-8,  Rome,  Brets<hneider).  —  Der  einhei- 
mische  Klerus  in  den  Heidenlàndern,  von  A.  Hiionder  (in-8,  Freiburg  im 
Breisgau,  Herder). —  Mœurs  intimes  du  passé,  par  le  D^  Cabanes.  2^  série.  La 
Vie  aux  bains  (in-16,  Albin  Michel).  —  La  Bretagne  et  les  pays  celtiques,  La 
Bévolution  dans  le  département  des  Côtes-du-Nord  {études  et  documents),  par 
L.  Dubreuil  (in-16.  Champion).  —  États  d'âme  et  d'esprit.  L'Ignorance  actuelle 
en  matière  religieuse,  par  P.  Barbier  (in-12,  Lethielleux).  —  Lettres  et  papiers 
du  chancelier  comte  de  Nesselrode,  1760-1850.  Extraits  de  ses  archives  publiés 
et  annotés  avec  une  Introduction  par  le  comteA.de  Nesselrode.  T.  VII.  4S^8- 
i839  (in-8,  Lahure).  —  La  Intervencion  francesa  en  Mexico  segun  el  archiva 
del  mariscal  Bazaine.  Septima  parte  (textos  espaùol  y  frances)  [Documentos 
inéditos  ô  muy  raros  para  la.  histôria  de  Mexico,  publicados  por  G.  Garcia. 
T.  XXIY)  (in-8,  Mexico,  Viuda  C.  Bouret). 


Le  Gérant  :  Chapuis. 


Imprimerie  polyglotte  Fr.  Simon,  Rennes. 


POLTBIBLION 

REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE  UNIVERSELLE 


ROMANS,  CONTES  ET  NOUVELLES 

ROMANS  FANTAISISTES.  —  1.  Lp,  Lwre  de  la  mort.  A  ^hôpital,  à  V amphithéâtre,  au  ci- 
metière, par  Edouard  Ganche.  Paris,  Société  des  auteurs-éditeurs,  1909,  in-16 
carré  de  252  p.,  3  fr.  50.  —  2.  Paysages  passionnés,  par  Gabriel  Faure.  Paris, 
8ansot,.I909,  in-18  carré  de  48  p.,  3fr.  — 3.  Le  Roman  sournois,  par  Pierre  Lièvre. 
Paris,  Stocl<,  1909,  in-32  de  127  p.,1  fr. 
JloMANS  ROMANEsnuES.  —  4.  MoH  Priiice  Charmant,  par  Alexis  NoiiL.  Paris,  Plon- 
Xourrit,  1909,  in-16  do  352  p.,  3  fr..  50.  —  5.  Simone  la  Romanesque,  par  Lucien 
Trotignon.  Paris,  Perrin,  1909,  iri-16  de  291  p.,  3  fr.  50.  —  6.  Lequel    Vaimait? 
liar  Mary  Floran.  Paris,  Cslrnann-Lévy,  i909,  in-18  de  392  p.,  3  fr.  50.  —  7.  Le 
Jardin  délaissé,  suivi  de  Ce  qui  ne  ressuscite  pas,  par  Jean  Gallotti.  Paris,  Pion- 
Nourrit,  1909,  in-16  de  274  p.,  3  fr.  50.  —  8.  Z'Sw,  par  Eugène  Joliclerg.  Paris, 
Lemerre,  1908,  in-16  de  351  p.,  3  fr.  50.  —  9.  Trois  Sœurs,  par  Elsa  d'Estërre 
Keeling;  trad.  de  l'anglais  par  Florence  O'Noll.  Paris,  Hachette,  1909,  in-16 
de  284  p.,  1  fr.  —  10.  Une  Vie  d'artiste,  par  Adolphe  Schmitthenner;  trad-  d? 
l'allemand  par  H.  Heinecke.  Paris,  Hachette,  1909,  in-16  de  236  p.,  1  fr. 
INiM.vNS  psychologiques.  —  11.  La  Double  Confession,  par  Charles  Le  Goffic. 
Paris,  Nouvelle  Librairie  nationale,  1909,  in-16  de  xiii-262  p.,  3  fr.  50.  —  12.  La 
]'oie  du  mal,  par  Grazia  Deledda;  trad.   de  l'italien  par  G.   Hérelle.  Paris, 
Calmann-Lévy,  1909,  in-18  de  413  p.,  3  fr.  50.  —  13.  Le  Miroir  aux  alouettes,  par 
.r.  DE  Mestral-Combrehont.  Paris,  Plon-Nourrit,  1909,  in-16  de  384  p.,  3  fr.  50.  — 
i4.  La  Voix  de  Voiseau,  par  Henry  Morane.  Paris,  PIon-Nourrit,  19i)9;  in-16  de 
:124  p.,  3  fr.  50.  —  15.  Les  Anxiétés  de  Thérèse  Lesieure,  par  Etienne  Bricon.  Paris, 
Plon-Nourrit,  1909,  in-16  de  295  p.,  3  fr.  50. 
I>oma:is  HiSTor.iQUES.  —  16.  Ames  juives,  par  Stéphen  Coubé.  Paris,  Lcthieileux, 
1909,  in-12  de  xlvii-389  p.,  3  fr.  50.   —  17.  La  Course  à  Vabîme,  par  Ernest  Dau- 
det. Paris,  Roger  et  Chernoviz,  1909,  in-lG  de  295  p.,  3  fr.  50.  —  18.  Les  Aventures 
du  cardinal  de  Richelieu  et  de  la  duchesse  d'Elbeuf,  récit  anonyme  extrait  des  arciiives 
du  châtea.u  d'Acy,  publié  par  le  baron  A.  de  Maricourt.  Paris,  Sansot,  1909,  in-18 
de  244  p.,  3  fr.  50. 
r.oMANS  DE  MŒURS.  —  19.  Chez  les  Moumenin,  récits  algériens,  par  Antonin  Mule. 
l'aris,  Dujarric,  1906,  in-12  de  315  p.,  3  fr.  oQ.  —  20.  Les  Metteurs  en  scène,  par 
Edith  Wharton.  Paris,  Plon-Nourrit,  1909,  in-16  de  354  p.,    3    fr.    50;    —    21. 
Un  Étrange  Divorce,  par  le  comte  A.  de  Saint-Aulatre.  Paris,  Perrin,  1909,  in-16 
de  292  p.,  3  fr.  50.  —  22.  Sur  les  deux  rives,  par  Léon  de  Tinseau.  Paris,  Caimann. 
Lovy,  1909,  in-18  de  405  p.,  3  fr.  50.  —  23.- Les  Caquets  du  docteur,  par  Octave 
Bi'liard.  Paris,  Tassel,  1909,  in-16  allongé  de  110  p.,  avec  iilustr.,  2  fr.  50.  —  24. 
Mes  Pannes,  par  PIenry  d'Agrain.  Paris,  Poisson,  1909,  in-18  de  275  p.,  3  fr.  — 
25.  Pereat  Rochus  et  autres  nouvelles,  par  Antonio  Fogazzaro;  trad.  de  l'italien- 
Paris,  Perrin,  1909,  in-16  de  345  p.,  3  fr.  50.  —  26.  Le  Mariage  de  Mademoiselle 
Gimel,  dactylographe,  par  PiEné  Bazin.  Paris,  Calmann-Lévy,  1909,  in-18  de  367  p., 
o  fr.  50.  —  27.  L'Expiatrice,  par  Charles  Nicoullaud.  Paris,  Perrin,  1009,  in-16 
de  419  p.,  3  fr.  50.  —  28.  La  Mésangère,  par  Myriam  Thélem.  Paris,  Plon-Nourrit. 
s.  d.,  ia-16  de  xix-342  p.,  3  fr.  50.  —  29.  Le  Vaisseau  de  plomb,  par  G.  Lechartier. 
Paris,  Plon-Nourrit,  1909,  in-18  de  339  p.,  3  fr.  50. 

KoMANs  FANTAISISTES.  —  i.  —  Le  Livrc  de  la  mort  est  une  fantaisie 

<lt'  carabin,  sans  gaieté,  inutile  de  vous  le  dire,  mais  sans  esprit  et 

même  sans  style,  il  est  bon  de  l'apprendre  à  l'auteur.  Une  «  Prière  à 

lu  Mort  »,  qui  sert  de  Préface,  contient  ce  petit  bout  de  phrase  :  «  O 

Octobre  1909.  T.  CXVI.  19. 


1 


—  290' — 

Mort...  force  morlifère  de  la  Nature  I;  »  C'est  un  rien,  mais  qui  suflit 
à  vous  renseigner  sur  la  «  force  «  de  l'écrivain.  Il  n'a  fallu  rien  moins  ■ 
que  la  conscience  de  mon  devoir  pour  me  faire  achever  la  lecture  de 
la  première  des  «  nouvelles  »  distribuées  dans  les  quatre  parties  de . 
cette  «  œuvre  »  :  A  l'hôpital,  à  l'amphithéâtre,  à  la  morgue,  au  cime- 
tière; elle  raconte  le  cas  d'un  préparateur  anatomique,  lequel  prépare  le 
corps  de  sa  maîtresse,  en  fait  un  beau  squelette,  et  l'installe  chez  lui, 
à  la  place  que  l'aimable  personne  occupait  de  son  vivant;  il  en  devient 
fou,  naturellement.  Il  est  dangereux  de  batifoler  avec  la  Mort.  Avis 
aux  lecteurs  • —  et  à  l'auteur  • —  de  ces  fantaisies  macabres  ! 

2.  —  Dans  les  Paysages  passionnés  on  a  voulu  montrer  qu'il  peut 
y  avoir  des  rapports  entre  un  paysage  et  nos  sentiments,  à  ce  point 
«  qu'un  paysage  voluptueux  peut  exalter  les  sensualités diçerses (?) 
d'êtres  ardents  et  passionnés.»  Soit  !  ne  chicanons  pas  l'expression,, 
qui  vise  à  être  profonde,  et  concédons  l'idée,  qui  est  banale.  Oui,  un 
paysage  peut  être  «  un  état  d'âme  »,  —  une  projection  du  moi  sur  le 
non-moi,  comme  dit  l'autre,  —  et  il  peut  aussi  créer  un  état  d'âme, 
inspirer  et  conseiller  la  joie,  la  tristesse,  la  volupté.  L'année  dernière, 
une  nietzschéenne  nous  assurait  que  le  mont  Cervin  conseillait  la 
moralité  et  même  qu'il  l'imposait  de  force,  tel  un  garde  champêtre 
sévère  !  M.  G.  Faure  nous  assure  ici  que  les  coteaux  de  Mitylène,  les 
rivages  delà  Bretagne,  le  lac  de  Côme,les  jardins  de  Bellagio  sont  au 
contraire  des  entremetteurs,  conseillers  de  «  sensualités  diverses  », 
et  complices  de  sentiments  «  j^assionnés  ».  Et  il  le  prouve  par  des 
monologues  et  des  dialogues  qui  ne  sont  pas  assez  passionnés;  ses 
descriptions  psycho-géographiques  sont  sages  et  même  appliquées; 
c'est  du  Bsedeker  léché. —  Pourquoi  ai-je  classé  ce  petit  livre  sous  la 
rubrique  ro?nans  fantaisistes?  J'ai  eu  tort,  puisque,  vérification  faite, 
il  n'y  a  pas  de  fantaisie,  sauf  peut-être  dans  le  litre. 

3.  —  Tandis  que  dans  le  Roman  sournois  il  y  on  a  partout.  Le  format 
en  est  mignon,  l'impression  exquise,  les  épigraphes,  en  tête  de  chaque 
chapitre,  des  mieux  choisies  (de  saint  François  de  Sales  et  de  Montes- 
quieu, de  l'Imitation,  de  la  Bible,  de  Corneille),  les  chapitres  nombreux 
(XIV)  mais  courts,  l'écriture  pas  banale  et  même  bizarre,  et  enfin  le 
sujet  un  peu  «  loufoque  »  :  un  jeune  homme  «  chipe  »  à  un  ami  sa  maî- 
tresse, qu'il  se  laisse  «  chiper  »  à  son  tour  par  un  autre  ami,  sans  s'être 
aperçu,  dans  l'intervalle,  qu'il  était  aimé  et  qu'il  aimait.  Quel  dom- 
mage seulement  que  cette  jolie  drôlerie  soit  si  ennuyeuse  ! 

Romans  romanesques.  —  4.  —  Mon  Prince  Charmant  est  char- 
mant, —  à  moitié,  c'est-à-dire  à  partir  de  la  seconde  moitié.  —  La 
première  paraît  longue  et  mal  composée;  un  long  épisode,  notamment, 
relatif  à  la  guerre  de  1870,  y  tient  une  place  qu'on  ne  s'explique  pas 
tout  de  suite;  ce  n'est  qu'au  dénouement  que  la  pensée  de  l'auteur 


—  291  — 

se  révèle;  c'est  un  peu  tard,  et  c'est  dommage,  car  ce  dénouement 
est  intéressant.  Donc,  il  y  avait  une  fois  une  jeune  fille  romanesque* 
elle  écrivait  même  des  romans,  en  attendant  d'en  vivre  un.  Elle  en- 
voyait à  une  Revue  célèbre  l'histoire  d'un  «  Monsieur  Merle  »  qui  avait 
fait  payer  cher  aux  Prussiens  un  acte  de  brutahté,  pendant  la  «Grande 
Guerre»; et  comme  la  Revue  n'insère  pas  cette  «copie  »,  elle  l'insère  dans 
son  Journal  intime,  pêle-mêle  avec  les  pages  où  elle  nous  raconte  son 
enfance,  son  adolescence,  ses  discussions  avec  sa  nourrice,  sa  mère,  son 
frère,  ses  amours  avec  son  cousin  Claude,  son  départ  pour  l'Allemagne, 
son  installation  dans  la  famille  Muller,  où  elle  va  vivre  au  pair,  jusqu'à 
ce  qu'elle  ait  achevé  d'apprendre  l'allemand.  Et  c'est  ici  que  son  Journal 
commence  à  être  amusant.  —  Dans  cette  paisible  ville  d'Allemagne, 
gouvernée  par  un  prince  qui  a  deux  fils,  la  petite  Française  a  beaucoup 
de  succès;  elle  tourne  la  tête  du  prince  héritier,  qui  lu:  ofi're  de  l'épou- 
ser. Et  elle  ne  dit  pas  non,  elle  va  même  dire  oui  (pauvre  cousin 
Claude  !)  lorsque,  au  cours  d'un  dîner  solennel,  qui  est  presque  le 
dîner  des  fiançailles,  le  prince  régnant  raconte  un  des  ses  exploits  de 
1870  :  il  avait  joué  un  bon  tour  à  un  certain  Mon  sieur  Merle,...  «qui 
vous  le  rendit  bien,  Monseigneur  !  »  s'écrie  la  pétulante  Française,  se 
ressouvenant  tout  à  coup  de  son  pays  et  de  son  cousin.  —  Tout  le  livre 
est  fait  pour  cette  dernière  scène,  qui  est  fort  jolie,  et  tout  à  fait  digne 
d'une  Colette  Baudoche  , —  une  Colette  moins  humaine  et  plus  arti- 
ficielle que  l'autre. 

5.  —  Simone  là  Romanesque  rêvait,  elle  aussi,  d'un  Prince  Char- 
mant, et  elle  attendait.  Ce  fut  un  marchand  de  nouveautés  qui  arriva 
un  peu  tard  d'ailleurs,  après  un  avocat,  qui,  lui,  pouvait  passer  pour 
\\\\  prince,  un  prince  de  la  parole,  mais  non  pour  un  «  gentleman», 
attendu  qu'après  avoir  profité  des  faiblesses  de  Simone,  il  la  laissa 
^('ule,  avec  son  déshonneur.  Ce  fut  alors  que  l'autre  se  présenta,  et 
s'oiïrit  à  tout  réparer.  Il  répara  et  très  bien;  ce  calicot  était  un  «  stop- 
peur »  sans  doute  ! 

6.  —  Lequel  V aimait?  Celui  qui  refusa  de  l'épouser,  parce  qu'elle 
était  pauvre?  Ou  celui  qui  l'épousa,  quoiqu'il  fût  riche,  et  qui,  ne  se 
sentant  pas  aimé,  tenta  de  se  suicider  pour  lui  rendre  la  liberté?  La 
question  n'est  pas  de  celles  qui  peuvent  fatiguer  les  méninges,  et  le 
livre  est  de  ceux  qui  peuvent  être  lus  avec  plaisir  par  des  lecteurs 
ingénus.  Il  est  du  reste  un  des  mieux  «  troussés  »  qui  soient  sortis  de 
la  plume  infatigable  de  l'aimable  conteuse  qui  signe  Mary  Floran. 

7.  —  Dans  le  Jardin  délaissé  il  y  avait  une  belle  fleur  qui  se  flétrit 
parce  que  le  printemps  lui  refusa  «  sa  goutte  de  rosée  »  et  son  «rayon 
de  soleil  ».  Il  y  avait  aussi  une  jeune  fille  qui  fut  bien  triste  et  pleura 
longtemps,  parce  qu'un  jeune  homme,  l'ami  de  son  frère,  dédaigna 
le    don   de   son   cœur,  qu'elle    lui  avait  fait  secrètement.   Les  âmes 


—  292  — 

sensibles  compatiront  à  son  chagrin,  très  ingénument  raconte.  —  Elles 
resteront  peut-être  plus  indifférentes  aux  malheurs  du  héros  de  Ce  qui 
ne  ressuscite  pos^  la  seconde  nouvelle  de  ce  même  volume.  C'était  un 
chimiste  de  génie;  il  administra  un  remède  de  sa  composition  à  sa 
femme  adorée;  elle  en  mourut.  Comme  il  avait  découvert  le  secret  de 
la  vie,  il  ne  désespéra  pas  de  ressusciter  la  morte;  il  essaya,  et  ce  fut  lui 
qui  mourut  de  ses  essais,  non  sans  être,  au  préalable,  devenu  fou. 

8.  —  L'Eve  est  un  gros  feuilleton,  cuisiné  par  un  marmiton  inexpé- 
rimenté, cjui  a  voulu  imiter  les  «  chefs  »  avant  d'avoir  fini  son  appr-^n- 
tissage.  ■ —  Gilberte  fut  une  femme  fatale,  c|ue  l'amour  rendit  crimi- 
nelle Elle  n'aimait  pas  son  mari,  M.  X;  elle  aimait  son  beau-frère, 
M.  Y;  à  peine  veuve  de  X,  elle  prit  un  amant,  M.  Z.  Pourquoi? 
Pour  avoir  un  enfant,  qu'on  attribuerait  au  mari  défunt  et  qui  serait  un 
motif  décisif  pour  Y  d'épouser  sa  belle-sœur.  Ce  calcul  ■  profond 
réussit.  Gilberte  fut  épousée  par  Y,  et  elle  eut  un  second  fils,  et 
elle  fut  heureuse  durant  dix,  quinze,  vingt  ans.  Mais  la  Juatice  im- 
manente l'attendait  à  un  tournant.  Quand  le  fils  aîné,  le  fils  de  Z  fut 
majeur,  il  tomba  amoureux,  et  de  qui?  De  la  fille  de  Z!  Vous  com- 
prendrez les  affres  qui  dès  lors  torturèrent  l'âme  de  Gilberte,  si  vous 
voulez  bien  vous  souvenir  que  les  femmes  adultères  du  théâtre  et  du 
roman  éprouvent  pour  les  unions  incestueuses  une  horreur  invincible, 
—  témoignage  suprême  de  la  délicatesse . . .  primitive  !  de  leur  âme. 
Plutôt  la  mort  qu'un  pareil  mariage,  plutôt  la  honte  !  Et  Gilberte 
avoua  tout  à  son  mari,  tout  !  L'aveu  fut  entendu  par  le  fils  de  Z,  qui 
par  hasard  écoutait  aux  portes.  Que  fit-il?  Il  dit  à  son  jeune  frère  : 
«  Abel,  viens  canoter  avec  moi!  «  Et  Caïn  tua  encore  une  fois  Abel, 
pour  se  venger  d'Eve!  Et  lui,  il  resta  six  mois  entre  la  vie  et  la  mort; 
et  quand  il  fut  près  de  trépasser,  il  écrivit  une  belle  lettre  à  Eve,  pour 
lui  demander  pardon;  et  Eve  tomba  à  genoux,  et  dit  :  Pardon! 
— -  Et  si  les  lecteurs  pardorment  à  l'auteur,  ils  auront  bon  caractère. 

9.  —  L'humour  do  l'auteur  des  Trois  Sœurs,  qui  doit  être  infiniment 
agréable  en  anglais,  devient,  dans  la  traduction  française,  obscurité 
et  incohérence.  Il  est  très  difficile  d'y  suivre  l'histoire  de  ces  trois  filles 
pauvres  qui  s'efforcent  de  gagner  leur  pain  par  le  travail,  par  les 
leçons  de  français,  de  peinture  et  de  musique  et  dont  l'une  même 
consent  à  s'expatrier  en  Russie  et  y  meurt.  Ce  qu'on  en  comprend 
est  d'ailleurs  intéressant;  le  récit  du  voyage  en  Russie  offre  notam- 
ment quelques  détails  touchants. 

10.  —  Une  Vie  d'artiste  est  d'une  lecture  plus  facile,  quoique  ce  soit, 
encore  une  traduction  et  de  l'allemand  !  On  y  voit  comment  le  petit 
ouvrier  Georges  devint  un  sculpteur  glorieux,  grâce  d'abord  à  la  bien- 
veillance de  son  premier  «  patron,  »  entrepreneur  de  monuments  fu- 
néraires, et  ensuite  aux  exigences  et  aux  sévérités  de  son  second  maître, 


—  293  — 

un  professeur  du  Conservatoira.  Il  eut  «  la  chance  de  rencontrer  un 
maître  difficile  ».  Il  en  eut  d'autres  :  il  fut  aimé  de  Louise,  il  fut  aimé 
de  Gertrude,  il  fut  aimé  de  Marie;  il  quitta  Louise,  qui  pleura,  oublia 
et  se  maria  ;  il  quitta  Gertrude,  qui  mourut,  après  lui  avoir  inspiré  un 
chef-d'œuvre;  il  épousa  Marie,  qui  était  la  fille  de  son  second  maître 
et  qui  lui  donna  conscience  de  sa  valeur  d'artiste  et  de  ses  devoirs 
d'homme.  Ce  fut  d'ailleurs  et  en  outre  un  très  bon  fds  : 
«  Il  aimait  bien  sa  pauvre  mère  !  » 

Romans  psychologiques.  —  IL  —  La  Double  Confession  avait 
déjà  paru  en  1894,  et  avait  obtenu  les  suffrages  du  «  bon  »  Sarcey. 
Elle  a  dû  en  obtenir  d'autres  depuis  lors,  puisque  voici  qu'on  la  réim- 
prime • —  ou  du  moins  qu'on  la  réédite.  C'est  un  joli  pastiche  du 
style  rococo,  en  honneur  vers  1820.  L'auteur  nous  assure,  dans  une 
Préface  des  plus  consciencieuses,  ■ —  où  sont  notés,  pour  que  nul  n'en 
ignore,  tous  les  détails  relatifs  à  la  conception,  à  la  naissance  et  au 
baptême,  double  et  triple  de  son  œuvre,  —  que  ce  pastiche  n'est 
])as  un  pastiche,  tout  en  étant  un  pastiche,  attendu  qu'il  est  né,  non 
d'une  imitation  littéraire  voulue  et  consciente,  mais  d'un  phénomène 
d'inconsciente  régression  psychologique,  lequel,  un  jour,  vers  1893,  fît 
rétrograder  son  esprit,  son  imagination  et  sa  plume  jusqu'à  l'année 
1820  !  Phénomène  bien  connu  des  médecins,  paraît-il,  et  «  qu'ils 
appellent  un  dédoublement  de  la  personnalité  »,  grâce  auquel  un  jeune 
homme  peut  être,  pendant  quelque  temps,  son  propre  grand-père  ! 
C'est  entendu  !  Acte  lui  est  donné  de  ses  explications  un  peu  longues, 
mais  intéressantes,  oh  !  combien  !  Et  nous  voilà  à  l'aise  pour  déclarer 
c{ue  le  même  auteur  peut  être  un  petit- fils  très  spirituel  et  un  grand- 
père  un  peu  fatigant.  La  Double  Confession  est  une  curiosité  peut-être, 
mais  comme  ces  fauteuils,  roides  et  meurtrissants,  où  l'on  est  si  mal 
assis,  quoiqu'ils  aient  le  mérite  d'être  «  de  l'époque  »,  cette  histoire 
(l'adultère,  en  style  pudique,  poudré  et  filandreux,  n'a  d'autre  mé- 
j'ite  que  d'être  ou  de  paraître  «  de  l'époque  ».  L'auteur  craint  en  outre 
qu'elle  ne  soit  d'un  mauvais  exemple  et  que  certaines  théoiies  de  ses 
deux  principaux  personnages  ne  rappellent  celles  de  Naquet  et  des 
frères  Margaeritte.  Qu'il  se  rassure  !  Ses  persv^nages  ne  sont  pas  assez 
amusants  pour  être  dangereux. 

12.  —  La  Voie  du  mal  est  une  forte  étude  des  conséquences  logiques 
d'une  première  faute  ou  d'une  première  faiblesse.  Cette  voie  du  mal  ne 
semble  pas  d'abord  s'écarter  beaucoup  de  la  voie  du  bien;  c'est  à  peine 
si  l'épaisseur  d'une  aiguille  les  sépare;  mais  au  bout  de  quelques  mètres, 
nn  en  est  déjà  loin.  C'est  ce  qu'apprirent  à  leurs  dépens  Pietro  et  Maria, 
lui  le  domestique,  elle  la  fille  d'un  cultivateur  aisé  de  Sardaigne.  Il  osa 
aimer  et  le  dire  ;  elle  consentit  à  entendre  et  même  à  écouter,  ce  qui  ne 
l'empêcha  pas  de  se  marier  avec  un  riche  propriétaire.  Mais  si  elle  ou- 


—  294  — 

bliait,  lui  se  souvenait,  et,  dans  son  âme  de  primitif,  robuste  et  violent 
les  regrets  se  tournèrent  vite  en  colère  et  en  projets  sinistres.  Les 
mauvais  conseils  et  les  mauvais  exemples  aidant,  il  devint  progressi- 
vement un  contrebandier,  un  voleur,  un  assassin  ;  il  tua  l'homme  à  qui 
Marial'avait  sacrifié,  et  il  réussit  à  lui  succéder;  .Maria  devint  sa  femiiie, 
tout  en  soupçonnant  le  crime  dont  il  était  coupable;  un  jour  même 
elle  en  eut  la  preuve,  et  alors  commença  pour  elle  et  pour  lui  l'expia- 
tion; «  pareils  aux  condamnés,  marchant  deux  par  deux,  enchaînés  l'un 
à  l'autre,  ils  étaient  rivés  à  la  même  chaîne,  en  route  pour  la  mort...  » 
Ce  drame  est  situé  dans  le  même  «  miheu  sarde  »  dont  M^^e  Grazia 
Deledda  ne  croit  pas  pouvoir  épuiser  la  valeur  esthétique  et  docu- 
mentaire, et  il  est  écrit  avec  ce  souci  du  détail  réaliste  et  avec  cette 
puissance  d'évocation  qui  ont  fait  le  succès  de  la  romancière  italienne. 

13.  —  La  beauté  de  la  femme  est  le  Miroir  aux  alouettes  auquel  se 
laissent  prendre  les  hommes,  y  compris  ceux  qui  n'ont  pas  une  cervelle 
d'oiseau.  C'est  ce  qui  explique  que  Berthe  fût  devenue  la  femme  de 
Daniel;  elle  était  belle,  il  fut  bête,  quoiqu'il  fût  un  intellectuel  et  un 
penseur.  Elle  le  rendit  très  malheureux.  Elle  ne  concevait  pas  de  bon- 
heur plus  grand  que  d'aller  passer  de  longues  heures  au  Louvre  ou  au 
Bon  Marché,  de  ranger  ses  armoires,  de  compter  son  linge,  et  de  se 
porter  bien.  Quant  aux  travaux  de  son  mari,  quant  à  ses  ambitions 
d'écrivain  et  de  philosophe,  elle  ne  s'y  intéressait  pas  —  elle  ne  com- 
prenait pas.  —  Or,  il  se  rencontra  une  autre  femme,  jeune  comme  jlle 
et  aussi  jolie,  qui  consola  l'homme  incompris,  «  qui  le  comprit  et  qui 
le  prit  ».  Elle  était  même  sur  le  point  de  prendre  la  place  de  Berthe, 
lorsqu'elle  comprit  subsidiairement  qu'elle  allait  commettre  une  vilenie  ; 
et  comme  elle  était  aussi  courageuse  qu'intelhgente,  elle  s'échappa  très 
loin,  jusqu'en  Amérique,  laissant  son  grand  homme  seul,  avec  ses 
devoirs  de  mari  et  de  père.  Ces  devoirs,  finira-t-il  par  les  comprendre, 
lui?  Ce  n'est  pas  sûr,  les  hommes  incompris  —  comme  les  femmes  in- 
comprises d'ailleurs,  —  ayant  souvent  de  la  peine  à  comprendre.  — 
Sous  un  titre  pessimiste  et  schopenhauerien,  ce  roman  n'est  qu'une 
anecdote,  longuement  mais  gentiment  développée.  Si  elle  ne  prouve 
pas  que  la  «  femme  est  un  piège  »  et  l'homme  une  linotte,  elle  prouve 
que  l'auteur  est  un  agréable  conteur. 

14.  —  Si  je  n'ai  pas  catalogué  la  Voix  de  l'oiseau  sous  la  rubrique 
no  II,  c'est  par  respect  et  par  sympathie  pour  le  talent  de  l'auteur,  et 
par  respect  pour  quelques-unes  des  théories  qu'il  a  mêlées  à  son 
conte.  Elles  sont  très  nobles,  sinon  très  persuasives  :  je  les  respecte, 
sans  oser  les  adopter.  Elles  sont  relatives  à  la  valeur  éducatrice  et 
civilisatrice  de  la  musique.  Sihestres  homines  docuit  Orpheus;  c'est 
Orphée  qui  a  été  le  premier  maître  de  l'homme  des  bois;  c'est  Orphée, 
aidé  par  quelques  ténors  et  quelques  soprani,  qui  sera  le  dernier  maître 


—  295  — 

de  l'homme  d'Amérique,  celui  qui  achèvera  son  éducation  et  lui  donne- 
ra ce  qu'il  n'a  pas  encore  et  ce  qui  lui  manque,  malgré  ses  dollars,  ses 
biceps  et  sa  volonté,  à  savoir...  à  savoir  quoi?  Les  Européens  qui  re- 
prochent aux  Américains  de  n'être  pas  des  Latins,  et  les  Américains 
qui  avouent,  avec  une  humilité  touchante,  qu'il  ne  sont  pas  dès  Eu- 
ropéens, le  savent  sans  doute.  Et  moi  aussi  :  les  Européens  sont  vieux 
et  les  Américains  sont  jeunes  !  C'est  à  cela,  «sauf  erreur  ou  omission», 
que  se  réduit  la  différence  des  uns  aux  autres,  et  il  n'y  a  peut-être  pas 
là  de  quoi  justifier  les  reproches  des  uns,  ni  l'humilité  des  autres. 
Mais,  dans  tous  les  cas,  la  musique  serait-elle  capable  de  faire  dispa- 
raître cette  différence?  Pourrait-elle  avancer  d'un  jour  le  «vieillisse- 
ment »  des  verdeurs  américaines  ?  —  De  plusieurs  années  et  même  de 
plusieurs  siècles,  répondent  les  personnages  de  la  Voix  de  l'oiseau,  et 
notamment  un  brasseur  d'affaires,  qui  est  le  plus  grand  bluffeur  du 
pays  du  bluff,  et  un  milliardaire,  qui  est  un  primaire  et  un  gogo.  Et 
je  me  permets  de  croire  qu'ils  ne  sont  pas  les  truchements  fidèles  de 
l'auteur  et  que,  çà  et  là,  ils  dépassent  sa  pensée.  Mais  si  leurs  théories 
sociales  et  musicopédagogiques  sont  contestables,  «  l'histoire  »  où  ils 
figurent  est  des  plus  amusantes,  malgré  (je  me  hâte  d'indiquer  toutes 
mes  réserves)  quelques  longueurs  dans  le  développement  de  l'action  et 
quelques  «  trous»  dans  la  trame  du  récit.  Et  cette  histoire  est  celle  des 
amours  d'une  cantatrice  américaine,  «  une  étoile»  de  l'Opéra  de  Paris, 
qui  est  une  honnête  femme,  avec  un  jeune  Français,  qui  est  un  homme 
de  bonne  volonté.  Pour  rester  une  honnête  femme,  la  cantatrice  l'ésilie 
son  engagement  et  revient  en  Amérique,  résolue  d'y  braver  la  pauvreté 
et  d'y  gagner  sa  vie  en  donnant  des  leçons  de  chant.  Pour  prouver  sa 
bonne  volonté,  le  bon  jeune  homme  relève  de  ses  ruines  l'usine  pa- 
ternelle et  s'occupe  d'améhorer  le  sort  et  l'âme  de  ses  ouvriers;  il 
espère  mériter  ainsi  d'être  rappelé  près  de  la  fugitive.  11  l'est  en  effet, 
et  la  trouve  plus  fêtée,  plus  applaudie,  plus  triomphante  qu'à  Paris, 
et  plus  aimante.  Dès  son  arrivée,  son  premier  concert  lui  a  été  payé 
vingt  mille  dollars  par  un  roi  de  l'Acier  ou  du  Porc,  qui  veut  travail- 
ler à  «  l'épanouissement  de  l'Ame  américaine  nai*  la  Musique  »,  et  qui, 
en  attendant,  assure  le  maiiage  des  deux  «  amants  vertueux  »,  comme 
oa  disait  du  temps  de  Richardson.  Le  cinquième  acte  de  cette  féerie 
se  termine  par  une  catastrophe  :  le  tremblement  de  terre  de  San  Fran- 
cisco !  L'amant  arrache  l'amante  à  la  mort,  mais  il  succombe  lui- 
même.  En  vain  elle  le  cherche  à  travers  la  ville  ensevelie;  en  vain  sa 
voix  magique  fait  ejitendre  le  Chant  de  l'oiseau,  qui  avait  été  associé 
à  tous  les  événements  importants  de  leur  intimité;  rien  ne  lui  répond, 
que  le  crépitement  de  l'incendie,  l'écroulement  des  murailles,  le  gronde- 
ment des  flots  en  courroux.  Ce  dernier  tableau  ferait  très  bien  à  l'Opé- 
ra-Comique.  —  Je  crois  avoir  déjà  dit,  et  je  suis  heureux  de  répéter  que 


—  296  — 

cette  œuvre  intéressante  est  cependant  inférieure  au  talent  qu'elle 
révèle,  et  qu'elle  permet  d'en  espérer  d'autres  qui  nous  donneront  le 
plaisir,  trop  rare,  d'admirer  sans  réserve. 

15.  —  Les  Anxiétés  de  Thérèse  Lesieure  ont  été  beaucoup  louées  par 
un  do  nos  confrères,  qui  y  a  trouvé  toute  sorte  de  «  mérites  »  et  d'«  at- 
traits »,  et  spécialement  le  mérite  d'une  psychologie  exacte  et  fine  à  la 
fois,  et  l'attrait  d'un  esprit  «naturel, spontané,  jamais  cherché,  jailli  de 
source  ».  Ce  confrère,  qui  est  chargé  dans  un  journal  grave  de  l'emploi 
d'homme  aimable  et  souriant,  et  qui  écrit  des  phrases  doucereuses  et 
même  sucrées     (dont    il  a  l'air  de  savourer  lui-même  chaque  mot, 
comme  on  suce  un  sucre  d'orge),  recomman.de  à  notre  admiration 
la  page  266  où  est  exposée  une  théorie  sur  «  les  quatre  manières  de 
prendre  l'heure  qui  vient  »,  lesquelles  quatre  manières  sont  :    1°   d'en 
sf)ufTrir,  parce  qu'elle  est  douloureuse;  2°  de  n'en  jouir  pas,  dans  l'at- 
tente de  la  suivante;  3°  de  n'en  jouir  pas,  dans  la  crainte  delà  voir  finir; 
40  d'en  jouir,  sans  penser  à  rien,  —  et  sans  couper  lescheveux  en  quatre  ! 
Je  me  permets  de  recommander,  à  mon  tour,  à  ce  confiseur  de  lettres 
la  phrase  suivante,  qui  se  trouve  page  291,  sur  Beethoven  :  «  Vous 
êtes-vous  attardé  quelquefois  à  regarder  vi\Te  cet  homme  prodigieux 
de  qui  le  nom  solennel,  aux  neuf  lettres  prédestinées^  semble  une  auréole 
faite  du  rayonnement  de  ses  neuf  symphonies?  »  Je  connais  un  autre 
confrère  (mon  plus  proche  ami,  sinon  le  rceilleur),  à  qui  ce  genre  d'es- 
prit si  «  naturel  »  et  ce  style  «  jailli  de  source  »  donnent  des  accès  de 
rage  !  Il  y  a  des  esprits  mal  faits  !  Il  n'a  pas  compati,  inutile  de  vous 
le  dire,  aux  anxiétés  de  la  dame  qui  a  trouvé  un  tel  historiographe.  Cette 
dame  s'ennuyait;  elle  avait  un  amant,  qui  ne  l'amusait  pas  plus  que 
son  mari.  Elle  résolut  de  se  confesser,  non  parce  qu'elle  avait  la  contri- 
tion de  ses  fautes,  mais  pour  en  avoir  un  peu  de  joie.  Raconter  ses  fautes 
c'est  en  effet  en  mieux  jouir,  quelquefois  :  cela  dépend  du  confesseur. 
Celui  que  choisit  Thérèse  n'était  pas  un  curé,  c'était  un  romancier, 
un  psychologue  patenté,  nommé  Jean  Dalbret,  lequel,  précisément, 
souïïre  des  mêmes  misères   que  sa  pénitente    et    lui    semble    tout 
désigné  pour  y  compatir  et  y  remédier,  car,  si  elle  a  un  amant,  qui 
la  fait  bailler,  lui  il  a  une  maîtresse  qui  lui  fait  horreur.  Il  répond  donc 
à  la  confession  de  Thérèse  par  sa  propre  confession;  elle  répond 
à  ses  bons  conseils  par  des  conceils  excellents,  si  bons,  si  excellents, 
qu'il  en  résulte  d'abord  un  rendez-vous.  Et  il   en  résulte,  en   outre, 
que,  dans  ce  rendez-vous,  les  deux  conseilleurs,  contrairement  à  leurs 
espérances  peut-être   ou  à  leurs  craintes,   continuent   à  se   donner 
des  conseils  excellents  et  bons  !  Ils  s'en  remercient  à  la  hâte  et  se  sé- 
parent satisfaits,  du  moms  en  apparence.  Et  c'est  ainsi  que  les  an- 
xiétés de  Thérèse  Lesieure  prirent  fin  !  —  L'auteur  voudra  bien  me 
permettre  de  juger  ce  marivaudage  suspect  avec  moins  d'indulgence 


—  297  — 

que  le  critique  sirupeux,  cité  tout  à  l'iieure.  Non  pas  qu'il  n'y  fasse 
pas  preuve  de  talent  (iZ,  c'est  l'auteur,  pas  le  critique);  mais  c'est 
précisément  parce  qu'il  a  du  talent  qu'il  mérite  qu'on  lui  dise  et,  au 
besoin,  qu'on  lui  répète  la  vérité;  il  est  capable  d'en  profiter.  Il  a 
trop  lu  et  trop  admiré  les  Lettres  à  Françoise;  il  a  exagéré  les  défauts 
de  son  modela  {la  préciosité  dans  le  style,  et  les  sous-entendus  libertins 
dans  la  prédication  morale  ),  sans  en  «  attraper  les  grâces  »;  les  pudi- 
bonderies polissonnes  de  ses  homélies  prennent  ici  quelque  chose  de 
particulièrement  désobligeant,  et  telle  de  ses  phrases  qu'il  croit  être 
du  Marcel  Prévost  de  bonne  marque,  est  du  pur  Mascarille.  —  Et 
quant  à  sa  psychologie,  dont  je  le  soupçonne  d'être  particulièrement 
fier,  elle  est  aussi  peu  naturelle  que  son  style.  Deux  pécheurs  endurcis, 
comme  Thérèse  et  Jean,  n'arrivent  pas  à  la  conversion  par  la  voie 
qu'il  leur  a  fait  prendre.  Thérèse,  qui  raisonne  beaucoup  sur  son  cas, 
attribue  sa  rentrée  dans  le  devoir  à  «  la  discipline  de  Tesprit  »  et  aux 
«  idées  coordonnées  »  que  lui  a  rendues  Jean  (p.  2S3).  C'est  de  la 
psychologie  à  la  Philaminte.  Des  idées  coordonnées  peuvent  parfaite- 
ment coexister  avec  des  actes  désordonnés,  et  la  discipline  de  l'ecprit 
n'est  pas  nécessairement  celle  de  la  volonté,  l'homme  n'étant  pas  une 
mécanique  logique,  à  ce  qu'aflîrment  du  moins  les  vrais  psychologues. 
«  Je  fais  le  mal  que  je  hais  et  je  fuis  le  bien  que  j'aime.  »  C'est  un  psy- 
chologue, et  un  vrai,  qui  a  dit  cela,  voici  longtemps.  Thérèse  et  Jean 
auraient  pu  le  répéter,  si  l'auteur  n'avait  pas  été  aussi  préoccupé  de 
leur  faire  dire  des  choses  plus  nouvelles  et  moins  connues.  Ils  savaient 
parfaitement,  avant  de  l'avoir  appris  l'un  de  l'autre,  que  leur  «  péché  « 
était  contraire  à  l'ordre  logique;  s'ils  y  renoncent,  c'est,  on  le  voit  trop, 
parce  qu'il  a  cessé  de  leur  plaire.  Je  les  attends  à  la  première  'c  bonne 
occasion  »  qui  se  présentera.  A  moins  que,  d'ici  là,  ils  n'aient  appris 
l'un  et  l'autre  quelle  est  la  véritable  règle  des  mœurs,  et  surtout 
qu'ils  n'aient  essayé  de  la  mettre  en  pratique,  sérieusement,  sévère- 
ment et  sans  toutes  ces  batifoleries  et  folâtreries  complaisantes  avec 
le  vice.  Et  j'attends  aussi  M.  E.  Bricon  à  son  prochain  roman,  qui 
sera  meilleur  que  celui-ci. 

Romans  historiques.  —  16.  —  Ames  juives  est  un  roman  évangéli- 
que  en  quatre-vingt-quatre  chapitres;  il  est  précédé  d'une  Préface, 
de  quarante-sept  pages.  L'auteur  y  explique  son  dessein,  ses  idées  sur 
les  romans  «  christologiques  «  et  proteste  de  la  droiture  de  ses  inten- 
tions, qui  sont,  paraît -il,  sans  perfidie  (?).  Mais  cette  petite  esthétique 
et  cette  petite  apologie  ne  tiennent  que  trois  pages  dans  cette  Intro- 
duction; les  quarante-cinq  autres  sont  occupées  par  un  résumé  de  l'his- 
toire du  peuple  juif,  une  série  de  vues, —  de  «regards»,  dirait  M.  de 
Vogiié,  —  sur  son  rôle  dans  le  monde,  ancien  et  moderne,  l'étendue  et 
les  limites  de  son  génie,  les  services  qu'il  a  rendus  à  l'humanité,  et 


—  298  - 

les  crimes  qu'il  a  commis  contre  elle,  ces  derniers  étant  du  reste  la 
conséquence  de  son  crime  contre  la  divinité,...  etc.,  etc.,  etc. —  Cette 
pièce  d'éloquence,  très  soignée,  sous  ses  allures  familières  et  négligées, 
aura  beaucoup  de  succès  dans  on  devine  quels  milieux  littéraires  et 
autres.  Si  quelques  phrases  étranges  —  (une,  entre  autres,  sur  le  crachat 
que  les  Juifs  ne  cessent  pas,  depuis  la  scène  du  prétoire,  de  jeter  à  la 
face  du  Christ,  et  sur  les  éléments  qu'une  analyse  consciencieuse  peut 
découvrir  dans  ledit  crachat); — si  d'autres  phrases,  sans  épithète, 
étonnent  quelques  lecteurs,  c'est  qu'ils  oublieront  quels  privilèges 
et  quelles  habitudes  comporte  une  certaine  rhétorique.  Quant  au 
roman,  divisé  en  petits  chapitres  (à  l'imitation  de  ceux  de  l'Evangile), 
il  est  à  la  fois  un  résumé,  une  paraphrase  et  im  appendice  de  la  vie 
publique  de  Notre-Seigneur.  Si  quelques  épisodes  en  sont  supprimés, 
d'autres,  en  revanche,  y  sont  comme  redoublés.  C'est  ainsi  que  «  la 
Multiplication  des  pains  »,  est  précédée  de  la  Multiplication  des  pièces 
de  monnaie  !  Pour  inspirer  l'amour  de  la  pauvreté  et  ajouter  l'exemple 
à  ses  paroles,  Jésus  ordonne  à  Judas,  qui  tient  l'emploi  d'éco 
nome,  de  lui  apporter  la  bourse  commune  «  et  le  Rabbi  prend  la 
bourse,  et  y  puise  à  pleines  mains  »,  et  il  en  jette  le  contenu  à  la 
foule,  et  la  bourse  se  remplit  à  mesure  qu'il  la  vide,  et  la  foule 
ramasse  cette  manne  inattendue,  ...  et  peut-être  laisse-t-elle  perdre 
la  leçon  qu'a  voulu  donner  le  Maître  !  —  Ah  !  qu'il  est  périlleux  d'es- 
sayer d'ajouter  à  l'Evangile  !  —  D'autres  additions  sembleront  peut- 
être  plus  heureuses:  l'amour  de  Johanna  et  de  son  fiancé,  Jean,  le 
futur  évangéliste,  amour  virginal,  si  l'on  peut  dire,  précédant  et 
préparant  l'amour  divin,  qui  va  envahir  et  remplir  les  deux  âmes; 
- —  les  machinations  d'un  banquier  juif,  grand  brasseur  d'affaires,  qui 
a  rêvé  d'augmenter  sa  fortune  en  s'associant  avec  Jésus  et  en  lui  fai- 
sant épouser  sa  pupille,  et  qui  emploie  à  ses  plus  basses  besognes  son 
commis,  l'Iscariote;  —  les  consultations  diaboliques  données  par  une 
pythonisse,  avec  les  invocations  à  Belzébuth;  —  les  monologues  et 
dialogues  d'Anne  et  de  Caïphe,  destinés  à  nous  montrer  les  dessous 
de  l'âme  juive,  etc.,  etc.,  etc.,  tout  cela,  psychologie,  histoire,  géogra- 
phie, archéologie,  théologie  et  prédication,  amalgamées  à  des  doses 
diverses  et  non  sans  quelque  habileté  parfois,  intéressera  et  édifiera 
peut-être.  Si  je  n'en  réponds  pas  absolument,  c'est  sans  doute  que  je 
n'en  suis  pas  sûr,  mais  c'est  aussi  parce  que  je  n'ai  pas  qualité  pour 
répondre  de  quoi  que  ce  soit,  en  pareille  matière.  J'ai  déjà  eu  l'occasion 
de  le  dire,  et  tous  les  efforts  que  je  viens  de  faire  n'ont  probablement 
pas  réussi  à  vous  le  cacher  :  le  roman  évangéhque,  en  général,  m'ins- 
pire de  la  défiance!  Pour  quels  motifs?  Peut-être  tout  simplement 
parce  que  j'ai  l'esprit  mal  fait  ou  «  des  yeux  mal  conformés  »,  comme 
dit  M.  l'abbé  Coubé  dans  sa  Préface^  en  parlant  de  ceux  qui  ne  parta- 


-^-J 


—  299  — 

gent  pas  sa  confiance.  Quoi  qu'il  en  soit,  je  sais  et  je  confesse  que  j'ap- 
porte dans  l'examen  dd  «  cette  espèce  »  de  romans  des  préjugés  défa- 
vorables, qui  doivent  gêner  la  liberté  de  mon  jugement  et  diminuer 
mon  admiration.  —  Et  si  j'accumule  les  />,  les  moi  lorsqu'il  y  a  lieu, 
ce  n'est  pas,  vous  le  voyez,  par  outrecuidance;  c'est  au  contraire 
par  modestie,  par  confusion,  presque  par  contrition.  Je  n'admire  pas 
les  Ames  juives?  C'est  ma  faute!  c'est  ma  faute!  c'est  ma  très 
grande  faute  !  Et  le  Père,  qui  voit  bien  que  je  confes.S8  cette 
faute  et  que  je  ne  m'en  vante  pas,  ne  me  refusera  sans  doute  pas 
l'absolution.  Et  il  me  permettra  d'ajouter  que  si  j'ai  méconnu  son 
œuvre,  je  rends  à  ses  «  intentions  »  (voir  Préface)  le  plus  profond  et  le 
plus  respectueux  hommage  ! 

17.  —  La  Course  à  l'abîme  est  un  des  nombreux  épisodes  de  l'his- 
toire de  la  Terreur;  les  héros,  Robert  de  Dalassène  et  Lucie,  comtesse 
d'Entremont,  furent  les  victimes,  lui,  des  c  idées  nouvelles  »,  elle,  de 
l'amour.  Robert,  séduit  par  les  doctrines  libérales,  fut  entraîné,  moitié 
par  conviction,  moitié  par  rancune,  contre  ses  anciens  amis,  jusqu'à 
partager  les  pires  erreurs  révolutionnaires  et  jusqu'à  se  faire  l'instru- 
ment des  terroristes,  à  qui  d'ailleurs  il  devint  vite  suspect.  Lucie, 
mariée  malgré  elle  à  un  vieux  mari,  avait  i^ejoint  Robert,  son  pi'emier 
fiancé,  et  attendait  pour  l'épouser  que  son  divorce  fût  prononcé.  Et 
c'est  ainsi  que  de  défaillance  en  défaillance,  cet  ancien  aristocrate 
était  devenu  un  conventionnel  féroce,  et  cette  chrétienne  une  «  concu- 
binaire  ».  La  guillotine  sépara  les  deux  amants,  non  sans  avoir  laissé 
à  Robert  le  temps  de  se  repentir  et  de  se  réconcilier  avec  sa  famille. 
Quant  à  Lucie,  veuve  de  Robert,  en  attendant  de  l'être  de  son  mari, 
elle  traîna  une  existence  de  remords  et  de  larmes.  Et  toute  cette  aven- 
ture est  racontée  par  M.E.Daudet  avec  l'érudition  abondante  et  sûre 
que  vous  lui  connaissez,  et  dans  ce  style  improvisé,  sans  couleur  et 
sans  saveur  que  l'on  regrette  de  trouver  dans  quelques-uns  de  ses  tra- 
vaux; pourquoi  ce  désintéressement  artistique  tle  la  part  d'un  écrivain 
de  cette  valeur? 

18.  —  Les  Aventures  du  cardinal  de  Richelieu  et  de  la  duchesse  d'El- 
beuf^  restées  jusqu'ici  inédites, et  dont  un  manuscrit  était  déjà  catalo- 
gué à  la  Bibliothèque  nationale,  a\ant  la  récente  découverte  d'un  au- 
tre manuscrit  dans  les  archives  du  château  d'Acy,  appartiennent  à  la 
littérature  pamphlétaire  du  xvii^'siècle.  Quelques  détails  de  la  rédaction, 
et  même  le  caractère  général  du  style,  visiblement  imité  de  la  Princesse 
de  Clèves,  autorisent  l'éditeur,  M.  de  Maricourt,  à  en  placer  la  com- 
position vers  l'an  1680;  mais  les  sentiments  et  les  passions  qui  l'ani- 
ment, ou  plutôt  —  car  l'animation  lui  manque  —  qui  l'inspirent, 
appartiennent  à  une  époque  antérieure.  On  y  retrouvera  toutes  les 
calomnies,  tous  les  commérages  que  les  ennemis  du  cardinal  colpor- 


-  300  — 

taient  alors  dans  les  milieux  hostiles  à  sa  politique  (jusque  dans  la 
«  chambre  bleue  d'Arthemice  »),  et  qui  remplissent  tant  de  Mémoires, 
notamment  les  Historiettes  de  Tallemant  des  Réaux;  la  révolte  des 
princes  y  est  attribuée  à  une  rivalité  amoureuse  du  cardinal  et  du 
comte  de  Soissons.  —  Ce  roman,  qui  ne  se  cache  pas  d'être  une  fiction, 
pour  le  cadre  et  la  suite  des  faits,  n'en  vise  pas  moins  à  se  donner 
comme  un  écho,  de  l'histoire;  et  peut-être  qu'en  cherchant  bien,  on 
pourrait  en  extraire  quelques  parcelles  de  vérité;  mais  les  résultats 
ne  vaudraient  pas  ce  qu'il»  coûteraient.  En  réalité,  la  valeur  docu- 
mentaire en  est  faible;  il  nous  apprend  que  Riclrelieu  avait  encore  t'e; 
ennemis  à  la  fin  du  xvii^  siècle,  et  il  nous  apprend  encore  que  M™^  de 
la  Fayette^  eut  vite  des  imitateurs;  il  est  un  témoin  des  haines  poli- 
tiques et  des  modes  littéraires  du  temps;  or,  de  ces  témoins-là,  nous 
en  avons  plus  que  nous  n'en  voudrions.  Quant  à  la  valeur  dramatique 
et  littéraire  de  Cette  composition,  elle  est  tout  à  fait  négligeable.  C'est 
une  curiosité,  qui  pourra  intéresser  les  érudits;  les  autres  trouveront 
qu'il  est  difficile  de  pousser  plus  loin  l'art  d'être  ennuyeux.  M.  de  Ma- 
ricourt  n'en  mérite  pas  moins  nos  remerciements  .pour  la  peine  qu'il 
a  prise  de  l'éditer,  et  de  nous  la  présenter  dans  une  Introduction  sobre 
et  fine. 

RoMAXS  DE  MŒURS.  —  19.  —  Acquittons  d'abord  une  vieille  dette 
et  réparons  un  oubh,  déjà  ancien,  en  accordant  au  recueil  de  nouvelles 
algériennes,  intitulé  :  Chez  les  Moumenin,  la  mention  qui  lui  est  due. 
Disons  d'abord  avec  l'auteur,  que  «  Moumenin  (prononcez  Moii- 
meiiine)  ou  vrais  croyants  -r-  est  le  qualificatif  dont  les  Arabes, 
qui  se  croient  le  peuple  élu,  usent  couramment  pour  se  différencier 
do  ceux  qui  reçurent  les  Écritures  avant  eux, 'c'est-à-dire  les  Juifs 
et  les  chrétiens  ».  Et  l'on  peut  juger,  par  cette  seule  ci*,ation, 
Âe  la  conscience  avec  laquelle  ont  été  faites,  ou  du  moins  rédigées 
les  sept  études  qui  composent  ce  volume.  L'écrivain  n'a  pas  la 
plume  légère,  mais  il  a  l'esprit  sérieux,  et  si  ses  écrits  manquent 
d'agrément,  ils  ont  sans  doute  une  valeur  documentaire,  qu'appré- 
cieront les  compétents.  J'ai  rema^'qué,  comme  plus  particulièrement 
dramatique,  îe  second  récit  :  Khrili,  le  gardien  des  vignes. 

20.  —  M°i6  Wharton  ne  se  borne  pas  à  peindre  les  mœurs  de  ses 
compatriotes.  Le  héros  des  Metteurs  en  scène  est  un  Français,  et  même 
un  Parisien.  Il  est  vrai  qu'il  est  le  compère  d'une  Américaine  avec 
laquelle  il  exploite  une  sorte  d'agence  matrimoniale  pour  les  aristo- 
crates pauvres  de  ce  côté-ci  de  l'Atlantique  et  les  héritières  de  l'autre 
côté.  Il  inspire  un  violent  amour  à  une  de  ces  héritières  qu'il  avait 
fiancée  à  un  prince,  devient  son  fiancé,  la  voit  mourir,  la  veille  du 
mai'iage,  et  se  décide  à  épouser  la  mère  !  —  Le  volume  contient  sept 
autres  nouvelles,  plus  américaines  pour  "les  personnages,  mais  d'un 


—  301  — 

réalisme  aussi  amer.  La  seconde  et  la  troisième  sont  un  réquisitoire 
contre  le  divorce,  où  l'on  retrouve  la  force  dramatique  et  la  finesse 
psychologique  qui  ont  placé  si  haut,  dans  l'estime  des  lettrés  des 
deux  continents,  l'auteur  de  Chez  les  heureux  du  monde. 

21.  —  Et,  à  propos  de  divorce,  n'oubhons  pas  de  mentionner  cet 
Élrange  Divorce,  qui  a  cela  d'étrange  de  n'être  pas  un  divorce,  attendu 
que  si  Robert  quitte  Denise,  il  ne  demande  pas  et  ne  demandera  ja- 
mais (il  est  chrétien  !)  la  rupture  du  lien  conjugal.  Et  pourquoi  Robert 
a-t-il  quitté  Denise?  Parce  qu'il  ne  pouvait  «  aimer  d'affection  (1), 
d'attachement  (2),  de  tendresse  (3),  de  dévouement  (4),  d'amour  com- 
plet (5)  »  une  femme  qui  lui  ressemblait  si  peu  i  11  était  clirétien,  mais 
peut-être  n'était-il  pas  assez  viril.  Dans  tous  les  cas,  ils  formaient  un 
ménage  mal  assorti.  Ils  s'en  aperçurent  vite  dés  leur  voyage  de  noces 
en  Espagne,  —  lequel  voyage  occupe  plus  de  la  moitié  du  volume. 
Les  jeunes  filles  qui  Uront  ce  roman  (je  le  leur  permets)  y  repasseront 
utilement  leur  géographie  ;  ni  Foncin,  ni  Fœ  leker  ne  sont  des  guides 
plus  complets  que  M.  de  Saint-Aulaire,  plus  abondants  en  renseigne- 
ments sur  la  population,  l'industrie,  le  climat,  les  palais,  etc.,  des  prin- 
cipales villes  de  la  péninsule,  et  j'affirme  qu'ils  sont  moins  aimables. 
Ah  !  le  charmant  compagnon  de  route  !  Un  peu  verbeux,  par  exemple  ! 
et  employant  volontiers  cinq  mots  là  où  un  seul  pourrait  suffire  I  «  Il 
n'y  aura  jamais  de  contact  (1),  de  sympathie  (2),  d'entente  (3),  d'u- 
nion possible  (4)  entre  ces  deux  âmes...  Quelle  sympathie  (1),  quelle 
harmonie  parfaite  (2),  quelle  entente  (3),  quelle  étroite  union  (4)  de 
pensées  (1),  de  goûts  (2),  d'aspirations  (3),...  etc.  »  Mais,  en  voyage, 
j'aime  assez  les  compagnons  verbeux  :  ils  dispensent  de  parler  et  même 
d'écouter  !  Toutefois,  je  puis  assurer  M.  de  Saint-Aulaire  que  si  jamais 
je  le  rencontre  en  wagon,  je  J'écouterai  de  toutes  mes  oreilles  et  do 
tout  mon  cœur.  «  C'est  un  si  brave  homme  !  » 

22.  —  Autre  roman  géographique.  Sur  les  deux  rives,  le^quel'cs  ne 
■sont  autres  que  la  rive  droite  et  la  rive  gauche  de  ...  l'Atlantique. 

L'action  s'y  passe  en  France  d'abord,  où  nous  assistons  à  la  «  liquida- 
tion »  volontaire  d'une  famille  pauvre,  m^ais  honnête;  au  Canada 
ensuite,  où  nous  voyons  ladite  famille  lutter  contre  l'adversité;  en 
France  de  nouveau,  où  nous  applaudissons  au  chauvinisme  du  fils 
aine,  qui  est  rentré  dans  son  pays  pour  y  faire  son  service  militaire; 
au  Canada  derechef,où  ledit  jeune  homme  est  récompensé  de  toutes  ses 
vertus  par  son  mariage  avec  une  belle  et  riche  Canadienne.  Mais  cette 
«  action  »,  qui  aurait  pu  être  fort  intéressante,  avec  ces  éléments  partie 
réalistes, partie  romanesques,  est  un  peu  flottante  et  vague  au  milieu  des 
descriptions  (quelques-unes,  comme  celle  du  Saint-Laurent,  très  belles), 
des  renseignements  géographiques,  industriels,  politiques,  commerciaux 
qui  remplissent  le  volume.  Le  cadre,  mal  attaché  au  tableau,  tient  trop 


—  302  — 

de  place,  et  semble  avoir  occupe  le  principal  du  travail  et  de  l'attention 
de  Taitiste.  11  est  à  craindre  que  l'attention  du  lecteur  ne  s'en  dé- 
tache au  contraire  ou  du  moins  ne  reste  un  peu  distraite.  Et  ce  serait 
infiniment  regrettable,  car  l'artiste  qu'est  M.  de  I  inseau,  même  quand  il 
lait  de  la  géographie,  est  toujours  «spirituel,  aimable,  délicieux,  etc.,  » 
comme  je  l'ai  déjà  dit  dans  plus  de  vingt  articles.  Il  n'y  a  pas,  à 
cette  heure,  un  seul  romancier,  je  dis  pas  un,  qui  avec  si  pou  d'efforts, 
avec  des  contes  si  visiblement  improvisés  et  si  peu  de  prétention  au 
grand  art,  soit  d'aussi  bonne  et  d'aussi  agréable  compagnie. 

23.  —  Quant  aux  Caquets  du  docteur,  ih  ont  précisément  pour  carac- 
tère principal  de  n'être  pas  de  bonne  compagnie.  Sans  doute  ils  visent 
plus  à  faire  rire  qu'à  intéresser,  et  la  fantaisie  y  a  plus  de  place  que 
l'observation,  une  fantaisie  de  carabin,  qui  rappelle  les  «  histoires  »  de 
la  salle  de  garde;  de  là  le  ton,  un  peu  débraillé,  de  ce  docteur.  Tout  de 
même  on  peut  l'écouter  avec  profit,  souvent  avec  plaisir.  Il  nous  ren- 
seigne sur  les  mœurs  de  la  profession,  une  des  plus  redoutables  qui 
existent...  pour  ceux  qui  ne  l'exercent  pas,  vous  entendez  bien?  Ah  ! 
lesméfaits  de  ces  anciens  buveurs  de  bocks,  joueurs  de  manille  et  piliers 
de  café,  qui  s'abattent  sur  les  petites  villes  pour  y  vivre  de  nos  misères 
et  de  nos  douleurs,  y  deviennent  pédants,  tranchants,  susceptibles, 
et  y  diffament  leurs  clients,  quand  ils  ne  sont  pas  arrivés  à  les  guérir 
ou  à  les  tuer  !  Et  comme  il  faut  être  reconnaissant  à  ces  «  docteurs  » 
de  village,  qui  n'ayant  pas  les  moyens  de  devenir  des  savants  et  des 
maîtres,  se  défient  d'eux-mêmes,  n'abusent  pas  du  pouvoir  que  nous 
leur  donnons  sur  nous,  n'attentent  pas  plus  à  la  bourse  qu'à  la  vie 
de  leurs  clients,  et  se  contentent  d'être  de  «braves  gens  »  !  Le  docteur 
de  ces  Caquets  est-il  un  brave  homme?  Il  est  bavard,  il  est  indiscret, 
il  n'a  pas  de  tenue,  il  doit  être  un  peu  ivrogne...  «  au  demeurant  le 
meilleur  fils  du  monde  »,  ou  du  moins  pas  des  pires  ! 

24.  —  L'automobiliste  de  Mes  Pannes  est  un  automobihste  pas- 
sionné, un  automobiliste  intrépide,  un  automobiliste  admirable,  com- 
plet, parfait;  mais  il  n'est  qu'automobiliste  et  ne  veut  être  qu'auto- 
mobiliste. Les  ressorts  de  sa  machine,  les  secrets  de  ses  bougies,  de 
ses  cylindres,  de  son  moteur,  de  son  essence,  de  l'allumage,  des  caout- 
choucs, il  les  conncît  et  à  fond;  le  reste,  le  cœur  humain, par  exemple, 
ou  les  secrets  du  style,  il  «  s'en  bat  encore  l'œil  !  comme  il  dit  lui- 
même.  »  Et  il  a  raison  !  Savoir  tenir  la  plume  ne  sert  à  rien  quand  il 
s'agit  de  faire  du  60  à  l'heure  !  Il  vaut  mieux  savoir  tenir  son  volant, 
et  il  a  l'air  de  le  savoir  à  merveille.  Si,  un  jour,  il  m'invite  à  me  «  con- 
voyer »  dans  son  auto,  j'accepterai  sans  crainte,  et  même  avec 
plaisir.  Car  je  dois  ajouter  que  cet  excellent  chauffeur  doit  être 
un  excellent  compagnon,  d'humeu.'  très  gaie  et  d'une  gaieté  commu- 
nicative. 


Éi 


—  303  — 

25. —  Le  recueil,  traduit  de  l'italien,  intitulé  :  Pereat  Rochas  contient 
neuf  morceaux,  de  différente  valeur,  ou  du  moins  d'une  valeur  qui  ne 
sera  pas  également  appréciée  de  ce  côté-ci  des  monts.  Je  signale  ceux 
qui  me  paraissent,  plus  que  les  autres,  accessibles  au  goût  français:  le 
premier  d'abord  (qui  donne  son  titre  au  volume),  et  qui  est  l'histoire 
d'un  pauvre  curé  qui  se  laisse  voler  et  dépouiller  de  tout,  y  compris 
sa  soutane,  et  ne  dénonce  pas  le  voleur,  lequel  était  venu  d'avance  se 
confesser  à  lui  de  son  exploit;  Pereat  miindus  et  pereat  Rochas  (il 
s'appelle  Don  Rocco)  plutôt  que  de  trahir  le  secret  de  la  confession  I 
Ce  Rocco-là  est  sans  doute  un  saint,  mais  il  est  aussi  un  benêt,  et  son 
historien  ne  dit  d'ailleurs  pas  le  contraire;  il  parle  de  son  héros  avec 
une  admiration  ironique,  si  je  puis  dire. —  Le  ton  de  la  seconde  nouvelle, 
Fidèle^  est  tout  différent,  bien  que  le  sujet,  ici  encore,  prête  à  l'iro- 
nie :  on  y  voit  un  père,  compositeur  médiocre,  mais  professeur  admi- 
rable et  passionné,  maudire  sa  fille,  son  élève,  dont  il  avait  fait  une 
artiste  merveilleuse,  parce  que,  au  lieu  de  la  vocation  du  théâtre,  elle 
a  eu  celle  du  mariage  et  de  la  vie  bourgeoise.  —  Ede/iAnto  nous  offre 
encore  le  spectacle  d'un  maniaque  ou  du  moins  d'un  anormal.  C'est  un 
vieil  érudit,  possesseur  d'un  livre  rarissime,  et  qui  préfère  le  détruire 
et  se  suicider  plutôt  que  de  le  laisser  tomber  entre  les  mains  crochues 
d'un  juif,  dont  il  est  d'ailleurs  le  débiteur  !  —  Quant  au  poème  de 
Miranda  qui  termine  le  volume,  il  est  possible  que  la  mélancolique 
«  idylle  qu'il  l'aconte  puisse  plaire  toujours  »,  comme  disent  les  traduc- 
teurs, malgré  leur  impuissance,  qu'ils  avouent,  à  repi"oduii*e  dans  leur 
prose  —  d'ailleurs  très  limpide  —  «  le  charme  et  le  rythme  des  vers  ». 

26.  —  Nous  venons  tard  pour  parler  du  Mariage  de  Mademoiselle 
Gimel,  dactylographe,  qui  est  depuis  plus  de  trois  mois  entre  toutes  les 
mains.  C'est  l'histoire  d'une  employée  de  commerce,  qu'un  lieutenant 
rencontre  et  bientôt  va  retrouver  dans  une  orémerie,  qui  raconte  hon- 
nêtement son  aventure  à  sa  mère,  et  à  qui  sa  mère  dit  :  «  Je  ne  suis  pas 
ta  mère  !  Tu  es  une  pupille  de  l'Assistance,  une  enfant  trouvée.  Tu  ne 
peux  pas  être  la  femme  d'un  officier  français.  »  Et  l'ofTicier  pense  de 
môme,  et  il  va  trouver  son  colonel  pour  lui  remettre  sa  démission.  Et 
son  colonel,  qui  est  un  brave  homme  et  un  finaud,  lui  dit  :  «  Mon  ami, 
retirez  ce  papier.  Je  vais  tout  arranger  !  »  Et  il  met  ses  gants  de  céré- 
monie, et  il  va  annoncer  partout  le  prochain  mariage  du  lieutenant 
avec  une  jeune  fille  exquise,  qu'il  connaît  bien,  qui...  que...  dont... 
dont  il  fait  croire,  sans  le  dire  expressément,  qu'il  est  le  père  !  Et  tous 
les  officiers  du  régiment,  qu'on  nous  donne  comme  incapables  de  bien 
accueillir  la  fille  adoptive  do  braves  gens,  font  fête  à  la  fille  naturelle 
du  colonel  !  Bizarre  !  —  M.  Bazin,  qui  est  habitué  à  recevoir  ici  les 
justes  hommages  dus  à  son  talent,  nous  pardonnera  de  lui  dire  tout 
haut,  ce  que  ses  lecteurs,  et  les  plus  fidèles,  ont  dû  se  dire  to';t  bas  : 


—  304  — 

«  Notre  auteur  a  été  souvent  mieux  inspiré  !  »  Mais  si  la  «  fable  »  est  ici 
contestable,  la  peinture  des  mœurs  ns  l'est  pas,  et  l'observateur  sa- 
gace.  le  moraliste  pénétrant  qu'est  d'ordinaire  M.  Bazin  se  letrouve 
dans  le  portrait  de  cette  ouvrière  parisienne,  à  qui  la  vie  hors  du  nid 
familial,  dans  les  ateliers,  dans  la  rue,  au  restaurant,  enlève  toutes 
«  les  saintes  ignorances,  ».  sans  rien  lui  faire  perdre  de  sa  vertu, 
petite  àme  vaillante  et  sereine  qui  se  fortifie  et  s'afTme  dans  le 
même  milieu  où  tant  d'autres  se  perdent  I  —  La  fantaisie  du  Pelit 
Cinq  plus  franche,  moins  mêlée  de  sentimentalité,  a  paru  un  peu  vive 
à  quelques  critiques  timorés,  d'esprit  délicat  d'ailleurs.  Évidemment, 
te  n'est  pas  du  Berquin,  mais  c'est  du  Bazin.  De  pareilles  histoires 
se  content  tous  les  jours,  et  ijeuvent  se  conter,  parmi  les  plus  honnêtes 
gens,  y  compiis  les  homiêtes  filles,  celles,  b?en  entendu,  qui  ont  cette 
honnêteté  de  ne  pas  feindre  d'ignorer  ce  qu'elles  savent  parfaitement 
et  ont  le  droit  de  savoir.  On  y  trouve  un  type,  très  amusant  et  très  bien 
«  attrapé  »,  de  vieux  beau,  gêneur  et  raseur. —  Du  Berquin,  si  vous  l'ai- 
mez, vous  en  aurez  dans  Aux  Petites  Sœurs,  histoire  d'une  jeune  fille 
qui  trouve,  sur  le  chemin  de  l'hôpital  qu'elle  suit  chaque  jour  pour 
aller  voir  ses  père  et  mère,  un  gentil  petit  mari.  Le  récit  est  longue- 
ment développé,  avec  une  apphcation  qui  n'est  pas  trop  visible,  sauf 
dans  les  résultats,  lesquels  en  sont  parfois  exquis;  quelques-uns  même 
sont  de  tout  premier  ordre.  Les  pages  relatives  aux  rapports  des  Petites 
Sœurs  avec  leurs  «  bons  petits  vieux  »,  ont,  avec  leur  discrétion  fine, 
et  leur  humour  contenu,  une  véritable  puissance  de  pathétique.  «  Vous 
voulez  dire  qu'elles  font  pleurer?  —  Oui,  Mademoiselle!  »  —  Deux 
autres  nouvelles,  de  moindre  importance,  complètent  ce  recueil. 

27.  —  U Expiatrice  est  un  roman  chrétien,  qui  ressemble  à  un  pam- 
phlet contre  le  christianisme.  L'auteur  va  protester  et  déclarer  que  le 
christianisme  qu'il  attaque  n'est  pas  celui  du  Christ,  que  c'est  celui 
de  quelques  dévotes  imbéciles  et  de  quelques  directeurs  malins,  lequel 
ne  mérite  pas  plus  de  ménagements  que  celui  de  Tartufi'e  et  de  M"^^ 
Pernelle.  Et  il  aurait  peut-être  raison  de  protester,  si  le  christianisme 
cju'il  n'attaque  pas,  celui  qu'il  oppose  implicitement  au  christianisme 
des  malins  et  des  «  poires  »,  celui  qui  se  dégage  de  ses  sympathies 
comme  de  ses  antipathies,  était  le  christianisme  du  Christ;  j'ai  peur 
qu'il  ne  soit  simplement  celui  de  M.  Ch.  Nicoullaud.  Ma  peur  ne 
prouve  évidemment  rien,  et  je  ne  la  donne  pas  pour  un  argument; 
peut-être  signifie-t-elle  seulement  qu'en  matière  de  théologie,  et  de 
théologie  mystique  surtout,  les  profanes  et  les  incompétents  (dont 
je  suis  et  M.  Ch.  Nicoullaud  de  même)  n'ont  le  choix  qu'entre  la  timi- 
dité ou  la  témérité.  Je  suis  un  timide  sans  doute;  mais  M.  Nicoullaud 
ne  Test  pas;  vous  allez  voir.  Le  vicomte  de  la  Roche-Creusay  est  mort 
en  duel;  sa  veuve  décide  de  consacrer  sa  vie  au  rachat  de  son  âme. 


—  305  — 

Mais  cette  âme  peut-elle  être  rachetée?  Séparée  du  corps  par  un  acte 
coupable,  un  péché  mortel,  n'est-elle  pas  déjà  en  enfer,  d'où  aucune 
prière,-  aucune  expiation  ne  pourra  plus  l'arracher?  C'est  ce  que  la 
vicomtesse  Louise  de  la  Roche-Creusay  va  demander  à  son  directeur, 
le  Père  Dagobert,.un  jésuite.  Mais  quel  jésuite!  Ignorant,  vaniteux, 
menteur,  gourmand  et  même  un  peu  voleur  !  II  n'en  est  pas  moins,  il 
n'en  est  que  plus  recherché  par  les  dévotes  du  faubourg  Saint-Germain  : 
c'est  un  «  Père  à  femmes  »,  comme  s'exprime  élégamment  l'auteur. 
Il  est  vrai,  s'empresse-t-il  d'ajouter,  qu'il  est  une  exception  dans  la 
Compagnie,  et  donc  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  se  scandaliser.  Mais  il  est  vrai 
aussi  que  la  Compagnie  le  tolère  et  même  qu'elle  profite  de  lui,  ce  qui 
ne  laisse  pas  d'être  troublant,  ou  plutôt  de  le  paraître.  Car,  rassurez- 
vous,  dit  encore  M.  Nicoullaud  :  «  Ce  n'est  pas  la  faute  des  Révérends  Pères 
si  le  malheur  des  temps  les  oblige  à  employer  quelquefois  des  instru- 
ments aussi  déplorables.  Ils  en  souffrent  amèrement  !  Le  Fiat  qu'ils 
prononcent  à  ce  sujet  est  plus  pénible  que  tous  les  autres,  mais  aussi 
leur  vaut-il  davantage  de  la  part  de  celui  qui  sait  faire  sortir  le  bien  du 
mal»  (p.  38).  Ce  n'est  pas  Tartuffe  qui  débite  ce  joli  couplet,  les  yeux 
levés  au  ciel,  un  trémolo  dans  la  voix;  c'est  M.  Ch.  Nicoullaud  lui- 
même.  Donc  ce  singulier  Père  Dagobert,  jésuite  unique  de  son  espèce, 
mais  si  profitable  tout  de  même  à  son  espèce,  est  embarrassé  23ar  la 
question  de  sa  pénitente.  II  est  obligé  d'aller  consulter  une  lumière 
de  son  ordre,  un  de  ces  savants,  simples,  modestes  qui  portent  toute 
la  tradition  et  toute  la  littérature  tiiéologique  dans  leur  cerveau,  et  ce 
savant,  ce  sage  s'étonne  que  son  confrère  ignore  le  fait  suivant,  rap- 
porté dans  tant  de  livres  et  de  tant  d'autorité,  et  qui  ne  remonte 
qu'au  xviiesiècle  :  l'apparition  simultanée  à  deux  religieuses,  l'une  visi- 
tandine,  l'autre  dominicaine,  de  l'âme  d'un  prince,  tué  en  durl,  mais 
échappé  à  l'enfer  par  un  acte  de  contrition  de  la  dernière  seconde,  et 
qui  venait  demander  aux  saintes  femmes  de  hâter  pai'  leurs  prières 
sa  sortie  du  Purgatoire  !  Le  savant  jésuite  prend  même  la  peine  d'é- 
crire sur  ce  sujet  un  petit  mémoire  qu'il  remet  à  son  ignorant  confrère, 
lequel  le  recopie  de  sa  main  et  l'envoie,  comme  étant  de  lui,  à  sa  péni- 
tente anxieuse.  Pleinement  rassurée  sur  l'efTicacité  possible  de  ses 
expiations,  celle-ci  se  met  donc  à  expier,  de  tout  son  cœur,  de  toutes 
ses  forces,  de  toute  sa  bourse;  elle  prie,  elle  communie,  elle  fait  des  re- 
traites, elle  s'affilie  à  des  œuvres,  dont  quelques-unes  ont  pour  pre- 
mier résultat,  sinon  de  soulager  l'âme  du  défunt,  du  moins  de  soulager 
le  corps  du  Père  Dagobert,  et  de  lui  assurer,  malgré  la  persécution  et  la 
dispersion  des  congrégations,  un  bon  gîte  et  un  bon  cuisinier.  Elle 
prie  tant,  elle  se  mortifie  tant,  elle  expie  tant,  que...  l'envie  lui  vient  de 
se  marier  !  Et  même  avec  un  homme  qui  n'est  pas  noble  et  qui  n'est  pas 
riche  !  Epouvanté  à  l'idée  de  ce  que  ce  mariage  va  lui  faire  perdre... 
Octobre  1909,  T.  CXVI.  20. 


\ 


—  306  — 

ixuir  SCS  œuvres,  le  P.  Dagobert  s'y  oppose.  Il  ordonne  de  nouvelles 
niorbifications  et  une  retraite  de  trente  jours,  qui  fut  très  dure,  mais 
qui  opéra.  Et  qu'est-ce  qu'elle  opéra?  Une  vision!  L'âme  du  mari 
apparaî':  à  sa  veuve,  la  suppliant  de  renoncer  à  un  second  mariage  si 
elle  ne  veut  pas  la  laisser  brûler  on  Purgatoire  jusqu'au  Jugement 
dernier  !  Et  pour  lui  laisser  un  souvenir  et  une  preuve  de  sa  visite, 
l'ombre  lui  serre  le  bras  et  brûle  la  manche  de  sa  chemise  !  Miracle  ! 
s'écrie  la  veuve.  Illusion  !  Hystérie  !  déclare  le  P.  Dagobert.  Sur  quoi 
la  veuve  change  de  confesseur,  en  trouve  un,  qui  ne  met  pas  en  doute 
la  réalité  de  sa  vision,  et  la  dirige  si  bien  et  dans  les  voies  d'une  vie 
surnaturelle  si  éminente,  qu'elle  y  mérite  un  second  miracle  :  Un  jour 
qu'elle  se  présentait  à  la  Sainte  TalDlé,  «  le  coips  sacré  de  Jésus  quitta 
les  doigts  consacrés  du  prêtre  pour  traverser  l'espace  et  se  poser  lui- 
même  entre  les  lèvres  ouvertes  de  Louise  ».  —  Encoi'e  une  fois,  il  ne 
m'appartient  pas  de  décider  si  les  idées  de  M.  Ch.  Nicoullaud  sur  les  con- 
fesseurs, les  communions,  les  visions,  les  apparitions,  etc.,  sont  ou  ne 
sont  pas  orthodoxes;  mais  j'ai  le  devoir  de  lui  dire  que  sa  conception 
du  «  roman  chrétien  »  est  tout  à  fait...  erronée;  je  me  sers  d'un  mot 
très  doux.  Quant  à  son  oeuvre,  il  est  difficile  de  l'apprécier  en  termes' 
aussi  aimables.  Si  je  dis  qu'elle  est  encore  plus  ennuyeuse  qu'incon- 
grue, qu'elle  est  écrite  en  style  de  sacristain  aigri,  qui  n'aurait  pas  de 
style,  qu'elle  est  remplie  de  commérages  et  de  potins,  comme  il  en 
traîne  toujours  dans  les  balayures  des  églises  et  des  maisons  d'œuvre, 
je  paraîtrai  sévère.  Et  pourtant  Dieu  seul,  qui  connaît  le  fonddescœurs, 
sait  tout  ce  qui  reste  encore  dans  le  mien  de  bile  contre  cette  «  œuvre  »  ! 
28.  —  Allons  nous  rafraîchir  l'âme  avec  la  Mésangere,  qui  n'est  pas 
un  roman  d'ailleurs,  mais  un  livre  vécu.  On  y  voit  dos  chrétiennes 
agir,  se  dévouer,  souffrir;  mais  on  n'y  entend  pas  leurs  confesaîOns,  ni 
leurs  confesseurs,  et  on  n'y  voit  pas  ce  que  j'ai  si  souvent  appelé  les 
pudenda  do  l'âme.  La  délicatesse  morale  semble  en  être  le  mérite  prin- 
cipal et  le  charme,  délicatesse  qui  se  manifeste,  çà  et  là,  mais  rarement, 
par  quelque  préciosité  dans  le  style.  —  C'est  le  journal  d'une  direc- 
trice de  garderie  enfantine.  Elle  avait  accepté  provisoirement  ces 
fonctions;  elle  s'y  attache  peu  à  peu  par  le  bien  qu'elle  y  fait;  elle  y  est 
retenue  par  les  petites  mains  de  ses  élèves.  Et  quelles  mains  !  Pas 
très  propres.  La  première  chose  qu'elle  dcib  leur  apprendre,  c'est  de  se 
laver,  de  se  peigner,  de  se  brosser,  et  même  de  s'habiller,  car,  quoique 
coquettes  déjà,  elles  ne  savent  pas, s'habiller  convenablement.  Elles  ne 
savent  pas  davantage  travailler,  ni  prier;  la  jeune  directrice  et  son 
adjointe,  qui  n'a  pas  plus  d'âge  qu'elle  mais  qui  a  autant  de  vaillance 
et  de  piété,  leur  enseignent  le  travail,  la  prière,  la  pi'opreté,  la  pudeur; 
elles  leur  enseignent  aussi  1^  respect  pour  leurs  père  et  mère,  si  peu  res- 
pectables qu'ils  soient  pai'fois.  Et,  chose  merveilleuse,  quoique  très 


—  307  — 

logique,  quelques-uns  de  ces  parents  indignes  s'essaiant  à  mériter  le 
respect  qu'ils  reçcivent  de  leurs  enfants.  Les  vertus  qu'on  enseigne  et 
qu'on  pratique  à  la  petite  école  pénètrent  dans  les  familles;  la  Mésan- 
gère  dégage  autour  d'elle  une  influence  purifiante;  elle  est  comme  un 
radiateur  d'hygiène  morale  et  physique.  Et  c'est  toute  l'histoire  !  Et  ce 
n'est  pas  une  seule  histoire;  c'est  celle  de  Claire,  de  Clairette,  de  Denise, 
de  Rose,  de  Marie,  de  Berthe,  des  élèves  et  des  deux  maîtresses.  Et 
toute  cette  poussière  de  détails  se  condense  en  une  «  monographie  », 
comme  on  disait  jadis,  qui  a  son  «  unité  collective  »,  comme  on  dit 
aujourd'hui.  Les  faits  y  ont  une  précision  réaliste;  rienn'y  est  écrit 
«  de  chic  »;  c'est  «  de  la  vie  »  observée  directement  et  notée  simplement, 
non  sans  finesse,  mais  sans  préoccupation  de  l'effet  à  produire,  pas 
môme  de  l'édification.  Et  cet  effet,  à  la  fois  esthétique  et  moral,  n'en 
est  que  plus  profond.  On  se  sait  bon  gré  d'avoir  lu  ce  livre  et  d'en  avoir 
été  ému;  il  est  de  ceux  qui  donnent  aux  lecteurs  l'impression  —  ou 
l'illusion  ■ —  qu'ils  sont  devenus  meilleurs.  Ce'  n'est  pas  l'impression 
que  donnent  ordinairement  les  livres  réalistes;  ce  n'est  pas  celle  que 
lai._-se  la  Maternelle,  de  M.  Léon  Frapié,  dont  le  sujet  est  pourtant  le 
même,  mais  dont  l'inspiration  est  si  différente.  Comment  la  première, 
toute  pénétrée  de  sympathie,  de  charité  et  d'esprit  chrétien,  peut  être 
génératrice  de  dévouement,  et  comment  la  seconde  est  plutôt  découra- 
geante par  l'amertume  de  son  accent  et  1'  «  inconsistance  de  su  doc- 
trine »,  c'est  ce  que  nous  dit  admirablement  M.  Etienne  Lamy  dans 
la  Préface  qu'il  a  mise  en  tête  de  la  Mésangère  et  où  l'on  retrouve 
toute  son  éloquence,  —  un  \ie\\  tendue  et  abstraite,  —  mais  si  vigou- 
reuse. 

29.  —  Ce  Vaisseau  de  plomb  est  un  peu  lourd;  il  risque  de.plonger 
au  sortir  du  port.  C'est  que  les  matières  qu'il  porte  n3  sont  pas  de  celles 
dont  on  charge  d'habitude  un  roman:  thèses  de  philosophie  et  de  théo- 
logie, dissertations  sur  l'objectivité,  le  subjectivisme,  le  kantisme, 
l'immanence  et  la  transcendance,  etc.,  etc.,  etc.,  avec,  à  l'appui,  et 
comane  supplément  de  lest,  des  textes  latins  et  grecs  !  En  même  temps 
et  à  côté,  ont  été  embarquées  des  théories  sur  l'avenir  de  la  Belgique, 
de  l'Éghse  belge  et  même  de  l'Eglise  catholique,  sur  les  œuvres  sociales 
et  religieuses,  etc.,  etc.,  etc.  Quelle  cargaison  !  Tout  le  talent  de  l'au- 
teur —  talent  infiniment  estimable)  —  a  été  insuffisant  à  la  rendre 
transportable.  Et  cependant  l'étude  psychologique,  à  propos  et  autour 
de  laquelle  ont  été  accumulés  tous  ces  poids  lourds,  mériterait  de  sur- 
nager. Elle  a  pour  sujet  la  double  crise  subie  par  un  jeune  prêtre, 
«  la  crise  de  la  lumière  »  et  «  la  crise  du  feu  »,  comme  disait  le  Père 
Gratry.  A  l'occasion  de  ses  succès  scolaires,  les  doctrines  modernistes 
se  sont  infîlt7'ées  dans  son  esprit;  et,  comme  conséquence  ordinaire 
des  erreurs  de  l'esprit,  les  défaillances  du   cœur  ont  suivi.  Le  mal- 


—  308  — 

heureux  arrive  au  bord  de  la  chute  :  il  va  se  révolter  contre  l'auto- 
rité ecclésiastique,  il  va  manquer  à  ses  vœux;  un  acte  de  charité,  qui 
met  sa  vie  en  péril,  affranchit  brusquement  son  âme  et  la  sauve. 
L'puteur  conclut  :  «  Aimer,  c'est  voir  «;  ce  qui  peut  s'expliquer. 
Mais  faut -il  accepter  cette  explication  :  «  Aimer,  c'est  la  seule  faculté 
de  connaître  avec  certitude.  »  (p.  336)?  Il  me  semble  que  dans  cette 
formule  l'idée  n'est  pas  plus  sûre  que  la  langue;  (à  mon  confrère, 
M.  Maisonneuve,  de  nous  le  dire).  —  Dans  tous  les  cas,  si  M.  Lechar- 
tier  a  voulu  dire  que  la  Charité  est  la  meilleure  préparation  à  la  Foi, 
en  ce  sens  qu'aimer,  c'est  mériter  de  voir,  et  si  cette  leçon  se  dégage 
bien  nettement  de  son  œuvre,  il  n'aura  pas  perdu  sa  peine,  «  qu'on 
sent  qui  a  été  grande  »,  comme  am-ait  dit  Brunetière. 

Charles  Arnaud. 


SCIENCES  BIOLOGIQUES 

1.  Les  Indiscrétions  de  l'histoire,  parle  D''  Cabanes.  6'' série.  Paris,  Albin  Michel,  s.  d., 
in-16  carré  de  xxv-408  p.,  avec  23  grav.  hors  texte,  3  fr.  50.  —  2.  La  Rançon  du 
progrès,  pai  P.  Baudin  et  le  D''  Nass.  Paris,  Juven,  s.d.,  in-12  de  xv-275  p.,  3  fr.  50. 
—  3.  Essai  sur  la  psychologie  de  la  main,  par  N.  Vaschide.  Paris,  Rivière,  1909, 
in-8  de  v-o04  p.,  avec  37  planches,  12  fr.  —  4.  De  V Illusion,  son  mécanisme  psycho- 
social, par  le  prestidigitateur  Alber.  Paris,  1909,  Bloud,  1909,  in-16  de  iii-119  p., 
1  fr.  50.  —  5.  Rééducation  physique  et  psychique,  par  le  D""  H.  Lavraxd.  Paris, 
Bloud,  1909,  in-16  de  iv-122  p.,  1  fr.  50. —  6.  V Ecolution  psychique  de  l'enfant,  par 
le  D^  H.  Bouquet.  Paris,'Bloud,  1909,  in-16  de  iv-101  p.,  1  fr.  50.—  7.  Travail  et 
Folie,  influences  professionnelles  sur  Vétiologie  psychopathique,  parles  D'^  A.  Marie 
et  R.  Martial.  Paris,  Bloud,  1909,  in-12  de  xi-110  p.,  1  fr.  50.—  8.  Le  Hach-xh, 
essai  sur  la  psychologie  des  paradis  éphémères,  par  le  D""  Raymond  Meumer. 
3«  éd.  Paris,  Bloud,  1909,  in-16  de  219  p.,  avec  3  pi.,  3  fr.  —  9.  International  Cata- 
logue of  Scientific  Litcrature.  Sixth  annual  issue.  R.  Racteriology.  London,  Harrisson  ; 
Paris,  Gauthier-Villars,  1909,  in-8  de  viii-1040  p.,  25  fr.  20. —  10.  International 
Catalogue  of  Scientific  Litcrature.  Sixth  annual  issue.  L.  General  Biology.  London, 
Harrisson;  Paris,  Gauthier-Villars,  1909,  in-8  de  viii-154  p.,  12  fr.  60. 

1.  —  Les  études  médico-historiques  entreprises  pai  le  D^  Cabanes 
sous  le  titre  :  Les  Indiscrétions  de  l'Iiistoire,  viennent  de  s'enrichir 
d'une  nouvelle  série,  la  sixième.  Bien  'les  écrivains  ont  pres.senti  tout 
le  parti  que  l'histoire  peut  tirer  des  connaissances  médicales  ou  de 
celles  qui  ont  trait  à  l'anthropologie  et  à  la  biologie.  Dès  1824,  Augus- 
tin Thierry  écrivait:  «Los  nouvelles  recherches phy.'^iulogiques, d'accord 
avec  un  examen  plus  approfondi  des  grands  événements  cfui  ont 
chanté  l'état  social  des  diverses  nations, prouvent  que  la  con>litutioD 
physique  et  morale  des  peuples  dépend  bien  plus  de  leur  descendance 
et  de  la  race  primitive  à  laquelle  ils  appartiennent  que  de  l'influencr 
du  climat  sous  lequel  le  hasard  les  a  placés.  »  Plus  tard,  Duruy  écrivait 
au  regretté  D^  Corlieu  :  «  On  nous  rendrait  service,  à  nous  autres  his- 
toriens, si  l'on  soumettait  toutes  les  morts  tragiques  des  personnages 
importants  à  une  sérieuse  étude  médicale.  »  Et  il  ajoutait  :  «  La  phy- 


—  309  — 

siologie  devient  le  fond  de  la  médecine,  et  la  pathologie  celui  d'une 
partie  de  l'histoire.  On  a  fait  une  part  trop  large  au  poison  et  au  mer- 
veilleux dans  toutes  les  morts  royales  ou  princières.  Il  y  a  une  loi  de 
pathologie  générale  devant  laquelle  doivent  s'incliner  princes  ou  vi- 
lains. Cette  loi,  c'est  l'hérédité  morbide,  plus  sûre  dans  les  coups  qu'elle 
porte  que  l'hérédité  dynastique  dans  les  couronnes  qu'elle  décerne...  » 
Sans  contester  d'une  manière  générale  ces  assertions,  le  D^"  Cabanes 
reconnaît  pourtant  que  le  problème  de  l'hérédité  n'est  pas  cnmplèce- 
ment  résolu  et  qu'il  s'en  faut  que  son  rô^e  dans  l'histoire,  en  tant  que 
loi  pliysiologique  et  pathologique,  soit  nettement  déterminé.  Mais, 
comme  l'on  convient  que  les  recherches  historiques  poursuivies  à  l'aide 
dos  connaissances  médicales  ne  peuvent  que  contribuer  à  résoudre  le 
problème  de  l'hérédité,  le  D^  Cabanes  se  flatte  qu'il  n'aura  pas  fait  une 
o?uvre  vaine  s'il  peut,  par  ses  études  nouvelles,  en  hâter  la  solution. 
C'est  dans  cet  esprit  qu'il  montre  comment  Louis  XI,  jugé  par  l'his- 
toire, peut  être  —  expliqué  —  par  la  médecine.  Peut-être  pourrait- 
on  lui  reprocher,  à  ce  sujet,  de  n'avoir  pas  suffisamment  cherché  à 
définir  en  quoi  consistait  la  lèpre,  dont  un  chroniqueur  a  prétendu  que 
ce  roi  était  atteint.  Puis  il  aborde  le  problème  de  la  mort  de  Luther  : 
chapitie  très  documenté  également.  Mais  il  a  certainement  tort,  dans 
une  note,  d'attribuer  au  chef  du  protestantisme  une  constitution 
débile.  S'il  faut  en  croix e  les  innombrables  portraits  qu'a  laissés  de  lui 
Lucas  Cranach,  et  dont  on  trouve  des  exemplaires  dans  presque  tous 
les  musées  d'Allemagne,  le  célèbre  hérésiarque  était  grand  et  fort  et 
paraissait  jouir  d'une  santé  plantureuse.  Il  est  regrettable  que  le 
D'"  Cabanes  n'ait  pas  produit  cette  peinture  qui  est  d'ailleurs  d'un  art 
parfait.  Le  chapitre  consacré  aux  sources  médicales  d'inspiration  de 
Molière  est  des  plus  instructifs  et  il  intéressera  autant  le  public  lettré 
que  les  médecins  eux-mêmes.  Dans  le  suivant  :  une  consultation  de 
S.  Simon,  on  voit  se  dérouler  les  turpitudes,  pourrait-on  dire,  d'une 
des  cours  les  plus  fameuses  de  l'Europe  du  dix-septième  siècle.  Le 
reste  de  l'ouvrage  concerne  des  personnages  illustres  des  xviii^  et 
xix^  siècles  :  Voltaire  et  la  façon  dont  il  se  soignait;  J.-J.  Rousseau, 
sa  mort  nat,urelle  et  point  volontaire  ;  Napoléon  et  Pichegru;  Napoléon 
et  son  état  de  santé  à  Waterloo;  Louis  XVlII  et  sa  conduite  à  l'égard 
du  beau  sexe;  INPi^  Savalette  de  Lange.  On  pourrait  çà  et  là  contester 
telle  assertion  de  l'auteur,  et  lui  reprocher  de  ne  pas  pousser  ses  in- 
vestigations plus  à  fond,  notamment  en  ce  qui  concerne  la  relation  de 
l'autopsie  de  Louis  XVIII  ;  mais  cette  nouvelle  série  n'en  sera  pas  moins 
bien  accueillie,  malgré  ces  quelques  très  légers  défauts,  par  le  public 
lettré  et  curieux  des  choses  de  l'histoire  et  de  la  médecine. 

2.  —  On  convient  de  dire  que  notre  époque  est  par  excellence  celle 
du  progrès,  qu'il  s'agisse  de  politique  ou  de  science.  Mais,  au  fond, 


—  310  — 

tout  n'est-il  que  gain  dans  ses  victoires  plus  ou  moins  retentissantes? 
Il  suffit  pourtant  de  regarder  les  choses  avec  un  tant  soit  peu  d'atten- 
tion pour  se  convaincre  que  la  médaille  a  bien  aussi  son  revers,  et  que 
le  progrès  ne  se  fait  qu'au  prix  d'une  rançon  le  plus  souvent  trcs  lourde. 
C'est  la  thèse  que  le  D^  Nass,  et  M.  Pierre  Baudin,  ancien  ministre, 
ont  entrepris  de  développer  dans  leur  très  intéressant  travail  :  La 
Rançon  du  progrès.  En  ce  qui  concerne  la  politique,  on  sait  t-nit  le 
développement  acquis  au  point  de  vue  de  la  liberté  individuelle  : 
«  Mais  déjà,  disent  les  auteurs,  on  aperçoit  la  rançon  dont  ce  progrès 
politique  se  paye.  Elle  est  dans  la  logomachie  facile,  dans  ces  formules 
purement  conventionnelles  qui  dominent  une  époque,  et  dont  la  li- 
berté ni  l'insti  action  n'arrivent  à  triompher.  «  Les  conquêtes  du  droit 
d'-association.  du  droit  syndical  sont  chèrement  payées  par  les  abus 
mêmes  du  syndicahsme;  le  machinisme  asservit  la  main  d'œuvre, 
dépeuple  les  campagnes,  tandis  que,  d'autre  part,  l'anarchie  et  l'auti- 
patriotisme  puisent  leur  source  dans  une  conception  absurde  de  l'idée 
de  hberté.  Le  progrès  scientifique  procure  à  l'humanité  des  conquêtes 
plus  stables  et  plus  franches  que  le  progrès  pohtique.  Toutefois  ces 
conquêtes  ne  se  font  pas  sans  entraîner  des  dommages  parfois  considé- 
rables et  même,  à  certains  égards,  de  véritables  désastres  et  la  déca- 
dence sociale.  Car,  il  faut  le  dire,  les  maladies,  l'alcoolisme,  la  tuber- 
culose, la  prostitution,  ie  paupérisme  et  la  criminalité  suivent  une 
marche  parallèle  à  celle  du  progrès,  et  toujours  croissante.  Les  auteurs 
pourtant  se  refusent  à  déclarer  que  le  progrès  soit  un  vilain  mot  :  et. 
tout  en  ayant  foi  dans  l'avenir,  ils  tiennent  à  mettre  leurs  concitoyens 
en  garde  contre  un  optimisme  qui  conduirait  aux  pires  désillusions. 
Pourtant  l'impression  qui  se  dégage  de  la  lecture  de  l'ouvrage  est 
plutôt  une  impression  de  tristesse,  et  l'on  ne  peut  qu'y  regretter 
l'absence  de  tout  idéal  supérieur,  sinon  religieux. 

3.  —  h' Essai  sur  la  psychologie  de  la  main,  de  M.  \  àschide,  form»^  le 
sixième  volume  de  la  «  Bibliothèque  de  philosophie  expérimentale  », 
fondée  par  le  professeur  Peillaube.  C'est  une  véritable  monographie  de 
l'organe  de  la  préhension  et  du  toucher,  monographie  où  l'on  trouve 
ur.  peu  de  tout  :  science,  psychologie,  métapsychique,  esthétique, 
phj^siologie  et  médecine.  L'auteur,  frappé  naguère  par  une  mort  préma- 
turée, avait  laissé  son  travail  inachevé;  mais  tous  les  documents  en 
ont  été  recueillis  et  coordonnés.  Chacun  des  divers  chapitres  forme 
un  tout  complet.  Les  premiers  sont  consacrés  à  l'étude  de  la  chiro- 
mancie qui  prétend,  par  l'inspection  des  lignes  de  la  main,  pénétrer 
les  replis  les  plus  cachés  du  caractère,  retrouver  les  événements  passés 
jusqu'aux  plus  insignifiants  et  prévoir  même  les  événements  futurs. 
Ce  ne  sont  là  qu'enfantillages,  liistoires  pour  rire,  et  dignes  des  ba- 
raques de  foire.  Cependant,  il  convient  de  reconnaître  qu'il  y  a    à 


—  311  — 

chaque  main  une  individualité  bien  nette  et  qui  n'échappera  point 
à  la  perspicacité  d'un  chacun.  De  même  qu'il  n'y  a  jDas  deux  feuilles 
absolument  semblables  dans  une  forêt,  de  même  n'y  a-t-il  pas,  parmi 
toutes  les  mains  humaines,  deux  exemplaires  absolument  identiques. 
Mains  audacieuses  et  mains  timides,  mains  sensuelles  et  mains  mys- 
tiques, mains  d'action  et  mains  de  rêve,  toutes  ces  variétés  existent; 
car  il  n'est  pas  douteux  que  la  form"  de  la  pensée  n'exerce  son  influence 
sur  la  forme  du  corps.  L'âme  se  reflète  dans  l'aspect  extérieur  de  notre 
être,  dans  la  physionomie,  les  traits  du  visage  et  la  configuration  des 
mains.  On  connaît  l'importance  de  la  main  chez  les  peintres  et  les 
sculpteurs  :  le  canon  artistique  de  la  main  et  la  main  dans  les  œuvres 
d'art  forment  deux  chapitres,  peut-être  les  plus  cmùeux  et  les  plus  in- 
téressants de  l'ouvrage.  D'autres  sont  consacrés  à  l'anatomophysio- 
logie,  à  la  psycho-physiologie  de  la  main,  aux  empreintes  digitales,  aux 
différentes  manifestations  pathologiques  qui  peuvent  se  localiser  dans 
cet  organe  ;  la  poignée  de  main  et  le  geste  n'ont  -pas  été  oubliés.  L'hau- 
teur est  amené  à  parler  du  rôle  psycho-social  de  la  main,  et  n'a  pas  do 
peine  à  établir  que  cette  main,  par  sa  forme  et  ses  mouvements,  est 
une  véritable  caractéristique  de  l'humanité,  et  qu'elle  étabht  une 
différence  entre  l'iiomme  et  les  autres  êtres.  C'est  presque  une  profa- 
nation que  d'avoir  appelé  quadrumanes  les  représentants  de  l'espèco 
simiesque  :  car,  en  réalité,  ils  n'ont  pas  de  mains.  Du  moins,  l'organe 
pourvu  de  doigts  qu'ils  portent  aux  extrémités  de  leurs  quatre  mem- 
bres n'a  que  de  lointaines  ressemblances  avec  la  main  humaine. 
Le  pouce  opposable  aux  autres  doigts  fait  de  la  main  humaine  unins- 
trument  d'une  telle  perfection  que,  par  là  même,  il  y  a,  entre  l'homme 
et  l'animal,  ce  dernier  fût-il  le  singe  le  plus  parfait,  une  différence 
essentielle.  L'habileté  de  la  main,  d'ailleurs,  n'est  qu'une  habileté 
cérébrale,  et  la  dextérité  manuelle  n'est  qu'un  phénomène  intellectuel. 
Telles  sont  les  différentes  thèses  établies  avec  force  érudition  et  origi- 
nalité dans  l'œuvre  de  M.  Vaschide,  œuvTC  qui  a  sa  place  marquée 
dans  la  bibliothèque  non  seulement  des  médeciiis,  mais  de  tout  homme 
instruit. 

4.  • —  On  a  dit,  avec  raison,  que  l'homme  a  toujours  été,  est  et  sera 
toujours  avide  du  merveilleux,  d'où  qu'il  lui  vienne  et  sous  toutes  les 
formes.  La  lecture  de  l'opuscule  de  M,  Alber  :  De  F  Illusion,  son  mécct' 
nisme  psycho-social,  montre,  avec  la  plus  parfaite  évidence,  qu'il  en 
est  bien  ainsi,  soit  que  l'être  humain  recherche  et  se  crée  la  senoation 
illusoire,  soit  qu'on  la  lui  présente  et  qu'il  l'éprouve.  Ce  n'est  point 
pourtant  un  recueil  banal,  ni  une  description  de  toutes  les  illusions 
connues,  comme  il  en  existe  de  par  ailleurs.  Le  but  de  l'auteur,  beau- 
coup plus  élevé,  a  été  d'étudier  l'illusion  au  point  de  vue  psychologique, 
d'essayer  d'en  dégager  les  causes,  ainsi  que  les  effets  et  d'en  déduire 


019  

rexplication  basée  sur  des  faits  précis  et  contrôlés  par  une  longue  expé- 
rience. La  prestidigitation,  d'ailleurs,  dispose  d'un  tel  arsenal  de  trom- 
peries et  de  moyens  destinés  à  créer  l'illusion,  qu'il  serait  difTicile  de  les 
étudier  et  de  les  expliquer  en  totalité.  Aussi  M.  Alber  s'est-il  restreint 
aux  plus  typiques,  n'hésitant  pas  à  donner  tous  les  détails  qui  peuvent 
aider  à  la  compréhension  d'une  illusion  et  de  sa  psychologie.  Telle  a 
été  la  force  de  l'illusion  que,  depuis  la  plus  haute  antiquité,  les  illu- 
sionnistes ont  toujours  conquis  les  masses.  Les  Robert  Houdiii  de 
nos  jours  n'ont  pas  eu  moins  de  succès  que  les  magiciens  de  l'ancienne 
Egypte.  C'est  que  l'homme  a  soif  d'illusions,  il  en  vit,  il  lui  arrive 
souvent  même  d'en  mourir,  tellement  cette  passion  le  domine.  G"âce 
à  M.  Alber,  il  sera  facile  de  dévoiler  les  simulateurs  et-les  charlatans; 
mais  cela  n'empêchera  vraisemblablement  pas  la  foule  d'être  toujours 
aussi  avide  d'illusions  trompeuses. 

5.  —  L'opuscule  de  D^  Lavrand  :  Rééducation  physique  et  psychique, 
établit  de  la  façon  la  plus  évidente  tout  le  parti  que  la  thérapeutique, 
à  un  trèsbref  délai,  pourra  tirer  des  progrès  des  sciences  psychologiques, 
et  d'une  connaissance  théorique  un  peu  plus  avisée  des  divers  méca- 
nismes neuro-musculaires  et  sensitivo-sensoriels.  La  physiologie  patho- 
logique des  affections  du  système  nerveux  a  été  beaucoup  étudiée  ces 
derniers  temps,  et  l'on  saisit  mieux,  aujourd'hui,  la  correspondance 
entre  les  lésions  et  leurs  symptômes.  On  comprend  mieux  dès  lors  que 
les  fonctions  de  relation  auxquelles  préside  le  système  nerveux  puis- 
sent être  développées,  perfectionnées  par  l'éducation.  Nous  savons, 
de  plus,  qu'une  fonction  supprimée  par  une  lésion  peut  parfois  être 
suppléée  dans  soii  voisinage;-  nous  avons  appris  surtout  qu'une  fonc- 
tion très  amoindrie,  empêchée  à  la  suite  d'une  altération  destructive 
incomplète,  peut  être  rétablie  plus  ou  moins  entièrement  par  une 
lééducation  mettant  en  jeu  les  éléments  anotomiques  survivants,  leur 
faisant  même  amplifier  les  services  qu'ils  nous  rendent  à  l'état  normal. 
Il  serait  facile  de  montrer  par  des  exemples  que  la  rééducation  fonc- 
tionnelle, tout  comme  l'éducation,  n'est  pas  une  chimère,  qu'elle 
constitue  non  seulement  un  moyen,  mais  une  méthode  de  plus  en  plus 
scientifique,  susceptible  de  rendre  des  services  considérables  à  une 
foule  de  malheureux.  C'est  que  le  trouble  fonctionnel  dépasse  toujours 
et  souvent  de  beaucoup  la  lésion  organique.  Aussi  le  psychisme  et  le 
physiologisme  (physique  ou  matériel),  s'entremêlant  de  la  façon  la 
plus  intime  dans  tous  nos  actes,  la  rééducation  efficace  devra  toujours 
être  à  la  fois  physique  et  psychique  à  des  degrés  divers. 

6.  —  U Évolution  psychiquecle l'enfant^  du  D^  H. Bouquet, appartient, 
comme  les  deux  ouvrages  précédenls,  à  la  «  Bibliothèque  de  psychologie 
expérimentale  et  de  métapsychie  ».  Il  est  hors  de  doute  que  la  psycho- 
logie de  l'enfant  est  d'une  étude  infiniment  plus  ardue  que  celle  de 


—  313  — 

l'iuimme  fait.  Chez  celui-ci,  elle  se  basait  presque  exclusivement  jadis 
sur  les  phénomènes  d'auto-observation;  en  dépit  de  l'introduction  do 
nouvelles  méthodes  expérimentales  de  recherches,  la  méthode  intro- 
spective  d'autrefois  continue  à  jouer  un  rôle  d'une  importance  fonda- 
mentale. La  psychologie  expérimentale  n'a  pas  manqué  d'être  appli- 
cjuée  à  l'enfant,  chez  qui  les  documents  dus  à  la  conscience  manquent 
totalement,  ou  tout  au  moins  ont  laissé  des  traces  tellement  fugaces 
qu'on  ne  saurait  les  utiliser.  L'expérimentation  a  donc,  en  l'espèce,  un 
champ  d'action  très  limité;  mais,  pour  restreint  qu'il  soit,  on  peut 
arriver  à  éclaircir  certains  points  de  cette  obscure  étude.  La  psycho- 
logie infantile  offre  d'ailleurs,  en  dépit  de  son  obscurité,  un  intérêt 
puissant  à  celui  qui  s'attache  àrétudedel'évolutiond'uneintelligence. 
On  peut  considérer  deux  périodes  dans  cette  évolution  :  l'une,  celle 
des  premières  années,  la  seule  que  retiendra  l'auteur,  presque  exclu- 
sivement constituée  par  les  acquisitions  personnelles  et  endogènes 
propres  à  l'individu;  l'autre,  au  contraire,  caractérisée  par  l'introduc- 
tion d'un  élément  nouveau  dans  la  vie  psychique  de  l'enfant,  l'éduca- 
tion et  l'instruction. 

7.  —  Le  problème  des  rapports  qui  peuvent  exister  entre  le  travail 
et  la  folie  est  des  plus  difficiles,  et  à  la  fois  des  plus  graves.  Le 
D^  A.  Marie  et  M.  Martial  ont  entrepris  de  l'aborder,  sans  toutefois  pré- 
tendre l'élucider,  dans  leur  brochure  :  Travail  et  Folie,  influences  pro- 
fessionnelles sur  Véiiologie  psychopathique.  Ils  essaient  surtout  d'y  dé- 
terminer la  part  que  prend  le  travail  manuel  ou  intellectuel  dans 
l'ensemble  étiologique  dont  relèvent  les  psychoses,  et,  d'un  autre  côté, 
la  proportion  des  travailleurs  atteints  de  psychose  comparée  à  la 
totalité  des  travailleurs.  Même  ainsi  restreinte,  leur  étude  présentera 
forcément  des  brèches,  des  points  inachevés,  la  statistique  officielle 
française  étant  par  trop  muette  à  certains  égards,  et  enlevant  ainsi 
de  précieux  éléments  de  comparaison.  C'est  surtout  un  travail  docu- 
mentaire, mais  aussi,  en  même  temps,  un  travail  de  discussion  et  de 
raisonnement  scientifiques;  car  l'étiologie  de  certaines  psychopathies 
ne  va  pas  sans  provoquer  l'examen  de  diverses  opinions,  déjà  reçues 
ou  à  présenter,  au  sujet  de  l'étiologie  sésanique. 

8.  —  De  toutes  les  substances  toxiques  susceptibles  de  procurer  aux 
hommes  l'illusion  du  bonheur,  le  hachich  est  celle  à  propos  de  laquelle 
ont  circulé  et  circulent  encore,  du  moins  en  Orient,  les  plus  alléchantes 
légendes.  M.  R.  Meunier  y  consacre  une  assez  longue  étude  :  Le 
Hachich,  essai  sur  la  psychologie  des  paradis  éphémères.  Aucun  point 
de  vue  n'a  été  négfigé.  L'auteur  commence  par  exposer  ce  qu'est  le 
hachich,  quels  sont  les  pays  où  son  usage  est  courant,  et  que]  est  l'état 
actuel  do  nos  connaissances  sur  son  chimisme  encore  peu  connu. 
Puis  vient  l'étude  psychologique  des  gens    adonnés   au    hachich,  et 


-  314  — 

€clle  de  l'ivresse  hachischique  et,  plus  loin,  de  la  folie  occasionnée  par 
l'abus  de  ce  poison.  L'auteur  établit  que  le  chanvre  indien  produit  une 
ivresse  assez  persistante  qui  se  compose  surtout  d'une  phase  d'excita- 
tion accompagnée  de  délire,  avec  intervalles  lucides,  et  d'une  phase  de 
dépression.  L'intoxication  aiguë,  souvent  répétée,  détermine  un 
hachischisme  chronique  qui  peut  conduire  à  la  fohe  et  à  la  démence. 
D'après  lui,  il  ne  semble  pas  que,  pendant  l'ivresse  hachischique,  la 
lucidité  de  l'intelligence  soit  augmentée,  comme  certains  amateurs 
l'affirment,  mais  que  l'émotivité  seule  est  exaltée.  Un  index  bibho- 
graphique  copieux,  mais  incomplet,  toutefois,  de  quelques  articles 
importants,  termine  l'ouvrage. 

9,  10.  —  1^' International  Catalogue  of  Scientific  Literature  vient  de 
s'enrichir  pour  la  biologie  générale  et  la  bactériologie,  d'un  nouveau 
fascicub  (le  sixième).  Nous  avons  déjà  expjsé  précédemment  l'écono- 
mie de  ce  catalogue,  dont  l'importance  n'échappera  à  personne,  et  qui 
est  indispensable  à  tous  ceux  qui  ont  des  recherches  à  effectuer  dans 
une  des  branches  quelconques  de  la  science.  Les  deux  nouveaux 
fascicules  comprennent  la  littéiature  de  l'année  1906,  avec  un  supplé- 
ment pour  les  années  précédentes,  1901  à  1905. 

D^"  L.  DE  Sainte-Marie. 


OUVRAGES  SUR  L'ANGIENxNE  LITTÉRATURE 
FRANÇAISE 

i.  Les  Lfigendes  épiques.  Recherches  sur  la  formation  dex  chansons  de  geste,  par  Joseph 
P.FD1ER.  I.  Le  Cycle  de  Guillaume  d'Orange.  Paris,  Champion,  1908,  in-8  de  431  p., 
8  fr.  —  2.  Études  sur  l'ancien  poème  français  du  Voyage  de  Charlem.agne  en  Orient, 
par  Jules  Goulet.  Montpellier,  Goulet  et  fils,  1907,  gr.  in-8  Je  466  p.,  15  fr.  —  3. 
Etude  sur  l'office  de  Girone  en  V honneur  de  saint  Charlemagne,  par  le  même.  Mont- 
pellier, même  librairie,  1907,  gr.  in-8  de  167  p.  —  i.La  Femme  et  F  Amour  au  xii<^ 
siècle,  d'après  les  poèmes  de  Chrétien  de  Trot/es,  par  Myrrh\  Borodine.  Paris,  A. 
Ficai'd  et  fils,  1909,  in-8  de  vi-28.5  p.,  5  fr.  —  5.  Les  Troubadours,  leurs  vies,  leurs 
œuvres,  leur  influence,  par  Joseph  Angladf..  Paris,  Colin,  1908,  in-16  de  vni-328  p., 
3  fr.  50.  —  6.  Les  Origines  de  la  littérature  française.  Jehan  Bodel,  avec  des  commen- 
taires sur  le  «  Congé  ->  de  Baude  Fastoul,  par  Emile  Laxglade.  Paris,  F.-R.  de  Rude- 
val,  1909,  gr.  in-8  de  267  p.,  6  fr.  —  7.  Aucassinrt  Nicolette.  Texte  critique,  accom- 
pagné de  paradigmes  et  d'un  lexique,  par  Herman.v  Suchier.  1"^  édition,  avec  une 
table  contenant  la  notation  musicale.  Traduction  française  par  Albert  Counsox. 
Pf.derborn,  Schœningh;  Paris,  Gamber,  1909,  in-8  de  xi-135  p.,  3  fr.  25. 

1.  —  Ce  n'est  rien  de  moins  qu'une  théorie  nouvelle  sur  la  formation 
des  chansons  de  geste,  en  contradiction  avec  celle  qui  jusqu'à  ce  jour 
était  admise  pai^  tous  les  hommes  compétents,  que  nous  expose  ou 
plutôt  nous  insinue  M,  Joseph  Bédier,  professeur  au  Collège  de  France, 
dans  ses  Légendes  épiques.  Il  en  fait,  dans  ce  premier  volume,  le  seul  qui 
soit  encore  passé  sous  nos  yeux,  une  apphcation  particulière  au  cycle 
de  Guillaume  d'Orange.  Une  note  imprimée,  jointe  au  volume,  et  à 
laquelle,  cela  est  évident,  l'auteur  n'est  pas  étranger,  précise  la  thèse 


—  315  — 

en  ces  termes  :  «  Il  n'est  point  prouvé,  comme  on  le  croit  communément, 
que  les  romans  de  chevalerie  du  xii^  et  du  xiii^  siècles  dérivent,  par 
une  tradition  littéraire  ininterrompue,  de  «  cantilènes  »  ou  de '<  chants 
lyrico-épiquos  »,  plus  vieux  de  plusieurs  centaines  d'années;  que  Ro- 
land, par  exemple,  ait  été  célébré,  dès  le  lendemain  de  sa  mort,  en  778, 
par  des  aèdes,  dont  les  chants,  sans  cesse  amplifiés  et  remaniés  à  tra- 
vers les  âges,  auraient  fini  par  aboutir,  vers  l'an  1100,  au  poème  qui 
nous  est  parvenu.  —  Ge  n'est  pas  nécessairement  dans  une  hypothé- 
tique épopée  contemporaine  de  Charlemagne  qu'il  faut  chercher  les 
origines  des  romans  du  xii^  et  du  xiii^  siècles;  c'est,  à  l'ordinaire,  dans 
les  sentiments  et  dans  les  idées,  dans  les  goûts  et  dans  les  intérêts  des 
hommes  du  xn^  et  du  xiii^  siècles.  Les  chansons  de  geste,  colportées 
par  des  jongleurs  nomades,  étaient  surtout  destinées  à  ces  publics 
forains  que  des  exhibitions  de  rehques  et  des  marchés  attiraient  autour 
des  principaux  sanctuaires.  A  peu  d'exceptions  près,  les  légendes  épiques 
du  moyen  âge  se  rattachent  chacune  à  une  certaine  abbaye,  qui  était 
alors  but  de  pèlerinage  ou  étape  do  pèlerinage,  ou  qui  se  dressait  sur 
l'emplacement   ou  sur  le  chemin  d'une  foire  illustre.  C'est  là,  aux 
abords  de  ces  divers  sanctuaires,  que  les  légendes  épiques  se  sont  for- 
mées, par  l'effort  combiné  de  moines  et  de  jongleurs,  pareillement 
intéressés  à  attirer  et  à  retenir,  à  édifier  et  à  récréer  un  même  pubhc 
de  marchands  et  de  pèlerins.  »  —  Nous  avons  lu  le  volume  dont  il  s'agit 
un  peu  tard,  peut-être,  mais  avec  le  plus  vif  intérêt  et  beaucoup  de 
fruit,  ce  qui  ne  nous  a  surpris  en  aucune  manière,   étant  donné  le 
double  talent  d'érudit  et  d'écrivain  de  M.  Dédier.  Toutefois  sa  thèse, 
jusqu'ici  du  moins,  ne  nous  a  pas  convaincu,  et  nous  aurions,  si  c'était 
le  lieu  et    si  nous  en  avions  le  loisir,  de  sérieuses  objections  de  fait 
et  de  raisonnement  à  y  opposer.  Sa  dialectique  nous  a  paru  plrs  habile 
que  décisive  et  son  argumentation  ressemble  parfois  plus  qu'il  ne  fau- 
drait à  un  plaidoyer  d'avocat  subtil.  Toutefois,  ce  à  quoinous résistons 
jusqu'à  nouvel  ordre,  c'est  à  sa  conclusion  générale,  trop  absolue  et 
trop  exclusive,  car  d  ailleurs  nous  adhérons  volontiers  à  cette  obser- 
vation partielle  :  «  Une  étude  des  épopées  françaises  est  incomplète, 
si  elle  n'est  pas  pour  une  bonne   part   une   étude   des   routes  et  des 
croisées  de  l'ancienne  France,  de  ses  marchés,  de  ses  pèlerinages,  des 
lieux  où  les  hommes  se  rencontraient  et  s'arrêtaient,  et  où,  de  leur 
contact,  naquirent  tant  de  formes  nouvelles  de  la  vie  matérielle, 
de  la  pensée  et  de  la  poésie.  »  Le  volume  de  M.  Bédier,  abstraction 
faite  de  la  conclusion  que  l'auteur  s'efforce  d'en  tirer,  est  d'ailleurs 
une  contribution  de  très  grand  mérite  à  l'étude  spéciale  des  poèmes 
dont  se  compose  le  cycle  de  Guillaume  d'Orange,  de  leur  généalogie, 
de  leurs  rapports,  de  leurs  caractères.  On  y  trouve  une  critique  ma- 
licieuse, mais  souvent  juste  et  pénétrante,  des  applications  excessives 


—  316  - 

do  la  théorie  qu'attaque  l'auteur,  et  nombre  de  remarques  d'histoire 
vt  de  littérature  ingénieuses  et  perspicaces.  Nous  y  avons  goûté  de 
belles  et  vivantes  analyses  des  chansons  de  geste,  qui  nous  ont  rap- 
pelé, avec  plus  d'élégance  et  de  finesse,  le  sentiment,  l'ardeur  commu- 
uicative  qu'apportait  Léon  Gautier  à  de  telles  études.  L'ouvrage  de 
M.  Bédier  y  marquera  fortement,  utilement  sa  trace.  Aussi,  toutes 
réserves  faites,  est-ce  avec  une  vraie  sympathie  que  nous  transcrivous 
ici  la  fin  de  la  note  précitée  :  «  Cet  ouvrage  formera  trois  volumes, 
quatre  plus  probablement  :  de  Guillaume  d'Orange  à  Girard' de  Rous- 
sillon,  de  Gharlemagne  à  Raoul  de  Cambrai  et  à  Roland,  on  y  considé- 
rera tour  à  tour  les  principaux  héros  des  romans  de  chevalerie  et  toutes 
les  grandes  légendes  épiques  du  moyen  âge  français,  c'est-à-dire  toutes 
celles  des  chansons  de  geste  qui  ne  sont  pas  des  fictions  récentes, 
purement  imaginaires,  toutes  celles  qui  ont  quelque  fond^ement 
historique  ou  quelque  ancienneté.  » 

2.  —  Le  remarquable  travail  de  M.  Jules  Coulot  :  Etudes  sur  l'ancien 
poème  français  du  Voyage  de  Charlemagne  en  Orient,  viendrait,  on  ne  peut 
le  nier,  par  les  observations  qu'il  renferme  et  les  conclusions  où  il 
aboutit,  à  l'appui  de  la  théorie  nouvelle  soutenue  par  M.  Joseph 
Bédier.  Nous  reconnaissons  et  signalons  bien  volontiers  le  mérite  de 
cet  ouvrage;  nous  saluons  chez  son  auteur  de  très  belles  qualités  d'éru- 
dit  et  de  critique.  On  y  apprend  beaucoup  soit  pour  Je  fond,  soit  pour 
les  détails,  soit  pour  la  méthode.  M.  Coulet  se  montre  parfaitement 
au  courant  de  tous  les  travaux  relatifs  à  son  sujet  et  discute  les  opi- 
nions de  ses  devanciers  avec  autant  de  vigueur  et  de  courtoisie  que  de 
compétence.  Les  siennes  seront  discutées  à  leur  tour  et  quelquefois 
sans  doute  rejetées,  non  sans  raison.  Pour  notre  part,  il  ne  nous  paraît 
guère  possible  d'admettre  l'importance  capitale  attribuée  par  l'auteur 
sur  l'origine  et  la  destinée  de  la  légende  du  voyage  de  Charlemagne 
à  Jérusalem  et  à  Constantinople,  à  la  chrojiique  de  Benoît  de  Saint- 
André.  De  plus,  il  ne  nous  semble  guère  douteux  que  les  modifications 
apportées  par  ce  chroniqueur  au  texte  d'Eginhard  qu'il  a  copié,  ne 
sont  pas,  comme  le  veut  M.  Coulet,  une  invention  personnelle  du 
compilateur,  mais  une  application  à  l'auteur  qu'il  transformait  en 
l'interpolant,  d'une  légende  préexistante,  et  dont  les  termes  mêmes  du 
récit  de  Benoît  nous  paraissent  conserver  la  marque.  Cela  étant,  la 
thèse  de  AL  Coulet  péL-herait  un  peu  par  la  base.  De  plus,  son  édifice 
critique  résulte  d'un  puissant  échafaudage  de  raisonnements,  mais 
aussi  de  conjectures,  dont  plusieurs  ne  sont  peut-être  pas  aussi  bien 
étabhes  qu'il  le  suppose.  Si  quelques-uns  des  résultats  de  ses  études 
peuvent  être  admis,  on  ne  peut  accepter  sans  réserve  ni  toutes  ses  con- 
clusions, ni  toutes  ses  assertions.  Par  exemple,  «  l'hostihté  et  le  mépris 
des  clercs  à  l'usage  des  faiseurs  de  chansons  (de  geste)  au  moyen  âge  » 


-  317  — 

ne  nous  paraît  pas  du  tout,  comme  à  M.  Goulet,  du  moins  sous  cette 
forme  absolue,  «  un  fait  incontestable  »  (p.  386-387).  Si  le  poème  du 
Voyage  de  Charlemagne  n'est  peut-être  pas,  à  proprement  parler, 
une  chanson  de  geste, il  est  permis  de  penser  que  la  définition  nouvelle 
qu'en  propose  l'érudit  professeur  de  Montpellier  :  «  poème  moral  du 
xii^  siècle  »  (p.  454),  lui  convient  moins  bien  encore.  Quoi  qu'il  en  soit, 
le  livre  dont  il  s'agit  est  de  ceux  qui  accroissent  dans  des  proportions 
notables  la  connaissance  et  l'intelligence  de  nos  origines  littéraires  et 
qui,  enregai'd  de  l'infatigable  labeur  de  l'érudition  allemande,  sou- 
tienn-^nt  l'h-onneur  de  la  science  française. 

3.  —  Un  autre  ouvrage  du  même  savant  :  Étude  sur  l'office  de  Girone 
en  l'honneur  de  saint  Charlemagne,  moins  étendu,  est  peut-être  supé- 
rieur à  l'aut^'e.  On  y  trouve  sur  le  culte  rendu  à  Charlemagne  des  no- 
tions aussi  exactes  qu'intéressantes,  et  une  discussion  très  bien  con- 
duite sur  les  rapports  et  la  généalogie  de  divers  textes  liturgiques  ou 
légendaires,  ainsi  que  sur  le  lien  plus  ou  moins  étroit  qui  les  rattache 
à  notre  épopée  chevaleresque.  Nous  y  avons  relevé  une  observation 
très  juste,  dont  l'auteur  lui-même  a  trop  négligé  de  tenir  compte  dans 
son  autre  livre  en  examinant  la  chronique  de  Benoît  de  Saint-André 
et  dont  il  est  bon  de  se  souvenir  dans  l'examen  des  écrits  historiques 
ou  légendaires  du  moyen  âge.  «  La  part  de  l'imagination  et  de  l'inven- 
tion pure  est  assez  faible,  même  dans  les  chroniques  les  plus  suspectes. 
Si  elles  accueillent  pêle-mêle  les  informations  et  si  elles  les  utilisent 
sans  critique,  leurs  histoires  les  moins  vraisemblables  s'appuient  tou- 
jours sur  quelque  témoignage,  et  leurs  erreurs  les  plus  manifestes  re- 
posent sur  une  autorité.  Leur  ambition  est  toujours  de  faire  de  l'his- 
toire et  c'est  ce  qui  garde  leurs  auteurs  d'imaginer  ou  d'inventer  de 
toutes  pièces  ce  qu'ils  racontent  »    (p.  125).  On  ne  peut  mieux  dire, 

4.  —  Dès  le  xiie  siècle  et  surtout  dans  la  seconde  moitié  vint  s'ajou- 
ter à  l'épopée  nationale,  d'origine  proprement  française,  une  autre 
poésie  épique,  chevaleresque  elle  aussi,  mais  issue,  selon  des  voies  et 
transformations  diverses,  de  la  mythologie,  de  l'histoire,  de  la  légende 
des  Celtes  de  Grande-Bretagne.  Adoptée  et  adaptée  par  nos  poètes, 
elle  gagna  la  faveur  de  la  société  aristocratique,  dont  elle  refléta  cer- 
tains goûts  et  certain3s  tendances,  et  servit  de  cadre  à  de  curieuses 
peintuTes  de  mœurs  et  à  des  études  raffinées  de  sentiments.  C'est  à  ce 
gem-c  que  se  rapporte  le  très  intéressant  ouvrage  de  M"ie  Alyn-ha  Bo- 
rodine  :  La  Femme  et  V Amour  au  xn^  siècle,  d'après  les  poèmes  de  Chré- 
tien de  Troyes.  «  Étudier  les  caractères  de  femmes  dans  l'œuvre  de 
Chrétien  de  Troyes,  nous  dit  l'auteur,  tel  est  l'unique  objet  de  ce  tra- 
vail qui  n'est  donc  rien  qu'un  essai  de  psychologie  sentimentale  appli- 
quée au  roman  courtois  du  xii^  siècle.  »  Avec  une  parfaite  connaissance 
des  travaux  de  l'érudition  sur  le  sujet  qu'elle  avait  choisi  et  une  rare 


—  318  — 

distinction  de  critique  et  d'exposition,  M'"*"  Myrrha  Borodine  a  mis 
dans  un  jour  lumineux  et  plein  de  nuances  le  beau  talent  de  Chrétien, 
qui,  grâce  à  elle,  ne  nous  semble  pas  sans  analogie,  toutes  proportions 
o'ardécs  et  malgré  l'immense  infériorité  du  style,  avec  celui  de  Racine. 
Elle  nous  a  développé,  en  l'embellissant  un  peu,  avec  une  délicatesse 
élevée  de  pensée  et  de  sentiment,  sinon  avec  une  pleine  conformité 
à  l'orthodoxie  morale,  la  psychologie  raffinée  de  ce  trouvère.  Sans 
pouvoir  approuver  toujours  sa  façon  de  voir,  nous  remercions  avec 
elle  ses  anciens  maîtres  de  l'Université  de  Saint-Pétersbourg  d'avoir 
dirigé  ses  pas  vers  la  philologie  romane  et,  pour  ainsi  dire,  fait  don 
do  son  talent  aux  études  relatives  à  nos  origines  httéraires. 

5.  —  Parmi  les  influences  qui  ont  agi  sur  l'esprit  de  Chrétien  de 
Troyes,  M^^^  Myrrha  Borodine  n'a  pas  négligé  de  signaler  «  les  chansons 
des  troubadours  avec  leur  rêve  idéaliste  et  sensuel  en  même  temps  ». 
M.  Joseph  Angiade  s'est  proposé  pour  objet  de  mettre  à  la  portée  du 
grand  public  cette  poésie  lyrique  de  la  France  méridionale,  d'abord 
en  un  cours  professé  à  l'Université  de  Nancy  pendant  le  semestre 
d'hiver  de  1907-1908,  puis  dans  un  agréable  volume  :  Les  Troubadours, 
leurs  vies,  leurs  œuvres,  leur  influence.  L'auteur  est  bien  au  fait  de 
son  sujet  et  il  l'expose  avec  élégance.  Mais  il  n'a  pu  en  éviter  la  mono- 
tonie. L'a?nour  courtois,  tel  que  l'ont  conçu  et  chanté  les  troubadours, 
est  une  abstraction  de  quintessence  qui  a  perdu  de  jour  en  jour  da- 
vantage contact  avec  la  réahté,  où  ces  poètes  n'ont  pas  su,  comme 
Chrétien  de  Troyes,  la  retremper  par  une  observation  personnelle. 
M.  Jules  Angiade  s'est  attardé  avec  eux  dans  cette  banalité  vaporeuse. 
De  plus,  se  croyant  obligé  de  ne  faire  connaître  leurs  chansons  que  par 
des  traductions,  il  s'est  privé  de  leur  principal  attrait,  qui  consiste 
dans  leur  versification  brillante  et  souple.  Son  livre  n'en  serait  pas 
moins  à  louer,  même  à  recommander  comme  instructif  aux  personnes 
du  monde,  si  l'on  ne  regrettait  d'y  rencontrer  çà  et  là  une  pointe 
—  oh  !  très  légère  ■ —  d'hostihté  contre  l'Eglise. 

6.  —  C'est  un  beau  sujet  qu'a  choisi  M.  Emile  Langlade  dans  son 
Jehan  Boclel  et  qui,  traité  à  fond,  contribuerait  fort  à  éclairer;  comme 
le  veut  l'auteur,  «  les  origines  de  la  littérature  française  ».  Ce  poète 
de  la  fin  du  xii^  et  du  commencement  du  xiii^  siècle  a  cultivé  en  effet 
avec  une  remarquable  souplesse  de  talent  plusieurs  des  genres  en  faveur 
à  son  époque,  et  nous  a  notamment  laissé  dans  son  Jeu  de  saint  Nicolas 
l'un  des  plus  anciens  et  plus  curieux  monuments  du  théâtre  en  langue 
française.  Mais  si  M.  Langlade  nous  apporte  d'intéressantes  lumières, 
fruit  de  recherches  originales  ou  d'une  érudition  bien  renseignée,  sur 
la  biographie  de  Jean  Bodel  et  le  milieu  bourgeois  d'Arras,  où  il  a 
vécu,  son  information,  en  ce  qui  concerne  les  traditions,  les  sources  et 
les  caractères  littéraires   auxquels  se  rapportent  les  œuvres  du  trou- 


—  319  — 

vère  artésien,  est  tout  à  fait  arriérée,  et  manifeste  une  regrettable 
ignorance  des  travaux  accomplis  et  des  résultats  acquis  depuis  cin- 
quante ans.  Le  seul  chapitre  que  l'on  puisse  considérer  comme  \Tai- 
ment  utile  est  le  premier  :  «  Arras  au  xiii<^  siècle.  Trouvères  et  bour- 
geois. ))  Mais  il  n'est  pas  à  négliger. 

7.  —  C'est  à  une  époque  voisine,  peut-être  contemporaine  de  celle 
où  fleurit  Bodel,  qu'a  été  composée  l'une  des  œuvï'es,  non  pas  les  plus 
morales,  mais  les  plus  gracieuses,  et  aussi  les  plus  célèbres  de  notre 
ancienne  littérature,  la  nouvelle  en  prose  et  envers  ou,  selon  l'expression 
même  de  l'auteur  anonyme,  la  chante-fable  d'Aucassin  et  Nicolette. 
Un  romaniste  très  distingué  d'Allemagne,  M.  Hermann  Suchier, 
professeur  à  l'Université  de  Halle,  s'est,  parmi  nombre  d'autres  tra- 
vaux, attaché  d'une  façon  particulière  à  l'établissement  et  au  com- 
mentaire critique,  paléogràphique  et  philologique  de  ce  texte,  dont 
il  n'a  pas  publié  moins  de  sept  éditions.  Les  plus  récentes  ont  été 
mises  à  la  portée  des  personnes  qui,  sans  savoir  l'allemand,  s'intéressent 
chez  nous  à  de  telles  études,  par  M.  Albert  Counson.  La  septième  édi- 
tion (française),  que  nous  avons  sous  les  yeux,  comprend  :  1°  la  Préface 
de  M.  Suchier,  qui  ne  laisse  pas  de  nous  surprendre  en  découvrant  et 
signalant  avec  gravité,  chez  l'auteur  de  cet  te  fantaisie  légère,  presque 
libertine,  «une  hauteur  d'esprit  rare  pour  l'époque  ».  Cette  préface  est 
accompagnée  d'indications  bibliographiques.  2°  le  texte  de  la  chante- 
fable^  pour  lequel  le  docte  éditeur  a  mis  à  profit  les  recensions  faites 
de  son  travail  en  Allemagne  et  en  France.  Oserons-nous,  quoique  in- 
digne, lui  soumettre  une  correction?  Il  nous  semble  que,  section  10, 
ligne  31,  le  mot  «  prenderoit  »  conviendrait  mieux  au  sens  que  «  pen- 
deroit  ».  3°  Une  «  Interprétation  des  abréviations  »  du  manuscrit.  4° 
Des  «  Notes  »  et  rapprochements  linguistiques  et  littéraires,  5°  Une  étu- 
de sur  le  ((  Dialecte  fourni  par  le  manuscrit  »,  celui  du  copiste,  puis  sur 
le  ((  Dialecte  primitif  »,  celui  de  l'auteur.  6°  Une  étude  grammaticale 
intitulée  :  «  Paradigmes  »  et  comprenant  le  relevé  des  formes  de  la 
«  Déclinaison  »  et  de  la  «  Conjugaison  ».  7°  Un  «  Lexique  ».  8°  Lin  fac- 
similé  de  quatre  passages  du  manuscrit.  9°  Une  «  Notation  musicale 
moderne  »,  destinée  à  nous  donner  l'idée  de  l'effet  des  parties  chantées. 
• —  On  voit  de  quelle  attention,  de  quels  soins  sont  l'objet  chez  nos 
voisins   les   monuments   de   notre  littérature   du   moyen   âge. 

M.  S. 


HAGIOGRAPHIE     ET    BIOGRAPHIE    ECCLÉSIASTIQUE 

•1.  La  Mission  de  saint  Benoît,  par  lo  cardinal  Nf.wman.  Paris,  Bloud,  s.  d.  (!909), 
in-12  de  64  p.  (Collection  Science  et  Religion).  0  fr.  60.  —  2.  La  Vie  et  la  légende  de' 
saint  Gtrennolé,  publiée  par  PrEKRE  Allier.  Paris,  Blond,  s.  d.  (1909),  in-12  de  64  p. 
(même  collection),  0  fr.  60.  —  3.  Vie  du  Vénérable  Jean  Eudes,  instituteur  de  la  Con. 


—  320  — 

^régation  de  Jésus  et  (le  Mari»  et  de  l'ordre  de  Notrc-Dame-de-Charité,  auteur  du  culte 
liturgique  des  Sacrés-Cœurs,  par  le  P.  D.  Boulay.  T.  IV.  1666-168D.  Paris,  Haton, 
1908,  gr.  in-8  de  590-111-26  p.,  6  fr.  —  4.  La  Vénérable  Anne-Marie  Javouhey.  Sa 
vie,  ses  travaux,  ses  épreuves  (1779-1851),  par  le  chanoine  L.Ch.vumont.  Paiis, 
Poussielgun,  1909,  in-8  de  xii-î89  p.,  avec  grav.,  2  fr.  25.  —  5.  Albert  Hetsch,  méde- 
cin, Allemand  et  protestant,  devenu  Français,  catholique  et  prcire,  par  X.  Paris, 
Beauchesne,  1909,  2  vol.  in-S  de  xxiv-320  et  348  p.,  10  fr.  —  6.  Constance  Teich- 
niann,  par  M.  E.  Belp.mre.  Tours,  Cattier,  s.  d.  (1909),  in-8  de  289  p.,  3  fr.  50.  — 
7.  Une  Ame  d'apôtre.  Le  P.  Victor  Delpech,  missionnaire  au  Mnduré  (1835-1887),  par 
le  P.  Pierre  Suau.  Nouvelle  édit.  Paris, Casterman,  1909,  ln-16  de  iii-307  p., avec 
40  grav.,  3  fr. 

1.  —  Le  magnifique  essai  hagiographique  que  le  maître  d'Oxford 
intitula  :  La  Mission  de  saint  Benoît  avait  sa  place  marquée  dans 
la  collection.  :  «  Science  et  Religion  ».  Ce  n'est  pas  à  proprement  parler 
une  biographie,  mais  une  véritable  apologétique  sur  le  rôle  des  moines 
au  moyen  âge,  sa  gi'andeur,  son  utilité.  Sur  ce  sujet,  on  n'a  sans  doute 
rien  écrit  de  plus  profond  et  en  même  temps  de  plus  achevé  au  point  de 
vue  littéraire.  On  trouve  dans  cette  plaquette  le  véiitable  Newman 
dans  tout  l'épanouissement  de  ses  dons  prestigieux. 

2.  —  Le  saint  abbé  G^vennolé  fut,  comme  saint  Benoît,  un  moine  dé- 
fricheur et  le  fondateur  de  la  patrie  armoricaine  au  double  point  de 
vue  temporel  et  spirituel.  Émigré  de  la  Grande-Bretagne  au  vi^  .siècle, 
de  tous  les  saints  bretons  il  n'est  pas  seulement  le  plus  saint  et  le  plus 
Breton,  mais  celui  dont  on  connaît  le  mieux  l'existence,  grâce  au  pré- 
cieux Cartulaire  de  l'abbaye  de  Landévennec  qu'il  avait  fondée. 
Ce  fut,  au  IX®  siècle  de  la  dite  abbaye,  un  abbé  de  Landévennec,  \^Tdis- 
ten,  qui  l'établit  en  s'inspirant  de  la  tradition  locale  et  des  «  Antiqua 
scripta  patrum  venerabilium  ».  Ce  ^^Tdisten  rédigea  aussi  la  vie  de  cet 
éminent  «  père  des  Moines  »,  ami  du  roi  Gradlon  et  de  Corentin,  pre- 
mier évêqu2  de  Kemper.  C'est  un  panégyrique  naïf,  respirant  un  vif 
enthousiasme  du  disciple  pour  son  père  spirituel.  Ce  texte  antique 
.sert  de  base  au  récit  de  M.  Pierre  Allier.  Il  a  d'ailleurs  puisé  à  d'autres 
sources  pour  compléter  la  figure  du  plus  populaire  des  saints  bretons. 
Ce  volume  a  été  écrit  avec  le  critique  respect  des  traditions  et  la  fleur 
de  leur  très  particulière  poésie. 

3. —  L^n  fécond  défricheur  d'âmes,  tel  fut  le  Vé  lérable  Jean  Eudes  dont 
voi.  ile  4®  vol.,  le  dernier  de  l'important  ouvrage.  L'auteur  y  aborde  la 
dernière  et  capitale  période  de  l'apôtre.  C'est  l'époque  où  l'arbre  pri- 
vilégie de  la  Providence  donne  ses  merveilleux  fruits  de  salut  et  permet 
les  plus  invraisemblables  espérances  en  œuvres  apostoliques  dans  une 
société  attaquée  d'une  part  par  le  faux  christianisme  janséniste  et,  de 
l'autre,  par  la  corruption,  fdle  du  philosophisme.  Ces  œuvres  si  vitales 
sont  tellement  nombreuses  que  leur  seule  énumération  ne  peut  entr^-r 
dans  le  cadre  nécessairement  réduit  d'un  compte  rendu.  Cette  partie 
de  l'existence  du  grand  serviteur  de  Dieu  est  caractérisée  par  la  gran- 


—  321  — 

deur,  répanouissement  et  l'opportunité  de  ses  œuvres  de  sainteté,  de 
ses  travaux  d'apostolat,  l'éminence  de  ses  vertus  intimes  et  sociales. 
Aussi  de  son  vivant  est-il  déjà  vénéré  comme  un  saint  par  les  familles 
agenouillées  sur  son  passage.  Le  R.  P.  Boulay  fait  égalemeiit  entrer 
dans  ce  dernier  volume  les  faits  miraculeux  obtenus  par  son  puissant 
intermédiaire.  Au  premier  chapitre  est  résumé  l'état  des  fondations 
du  Vénérable  en  1866  et  est  esquissée  sa  mâle  et  céleste  figure,  telle 
qu'elle  brillait  aux  yeux  de  ses  contemporains.  Voilà  pour  le  passé. 
Au  regard  de  l'avenir  y  sont  groupés,  dans  un  tableau  panoramique 
saisissant,  les  derniers  événements  de  cette  vie  surnaturelle  à  son  cou- 
chant, tous  empreints  du  «  sceau  de  la  chancellerie  du  ciel  :  le  triomphe 
de  la  Croix  ».  Cette  dernière  partie,  comme  les  précédentes  du  reste, 
est  remarquable  pai*  sa  documentation  étendue,  sa  critique  stricte, 
et  la  marche  majestueuse  du  style,  d'une  beauté  toute  classique.  Elle 
couronne  dignement  l'œuvre  conduite  avec  grand  labeur  et  succès 
et  la  termine  utilement  par  un  Épilogue  de  longue  haleine  (p.  538-582), 
qui  contient  l'histoire  abrégée  des  trois  sociétés  rehgieuses  fondées  par 
le  P.  Eudes  :  les  Prêtres  de  la  Congrégation  de  Jésus  et  de  Marie;  les 
Religieuses  de  Notre-Dame-de  -Charité;  les  Associés  du  Cœur  admira- 
ble de  la  Mère  de  Dieu.  —  Un  Appendice,  ayant  pour  objet  :  le  Propre 
(le  la  Congrégation  de  Jésus  et  de  Marie,  l'Impression  des  Constitutions 
lie  Notre-Dame-de-Charité,  une  Lettre  de  M.  de  Maupas  à  Clément  X, 
le  Récit  du  P.  de  Bonnefond  à  Lorette,  les  Brefs  de  Clément  X  relatifs 
aux  Confréries  des  SS.-  Cœurs,...  les  Lettres  des  Pères  de  l'Observa- 
toire contre  le  P.  Eudes,...  les  langue,  syntaxe,  style  et  composition 
du  P.  Eudes,...  le  Décret  de  la  S.  Congrégation  des  Rites  sur  les  miracles 
du  P.  Eudes,  l'influence  du  P.  Eudes  sur  la  dévotion  aux  SS.-Cœurs 
et  le  Vœu  de  Louis  XVI,  etc., —  une  Table  des  Errata, —  des  pages  à 
remplacer,  enfin  une  Table  alphabétique  générale  d'une  parfaite 
'•(►mmodité  pour  les  chercheurs. 

4.  —  L'humble  et  frêle  femme  que  fut  la  Vénérable  Anne- Marie 
Javouhey  nous  semble  encore  plus  prodigieuse  que  le  P.  Eudes,  dans 
ses  œuvres  d'expansion  chrétienne.  Fondatrice  d'une  congrégation 
qui  compte  aujourd'hui,  dans  toutes  les  parties  du  monde,  4  000  reli- 
gieuses vouées  aux  travaux  des  Missions,  aux  soins  des  malades,  à 
l'instruction  et  à  l'éducation;  colonisatrice  sans  peur  se  consacrant 
infatigablement  en  Afrique  et  en  Amérique  à  l'affranchissement  des 
noirs,  les  soignant  avec  la  bonté  d'une  mère,  les  administrant  avec 
une  sagesse  qui  lui  valut  les  éloges  de  tous  les  gouvernements;  femme 
d'indomptable  énergie  mais  toujours  religieuse  simple  et  aimable;  su-  • 
périeure  aux  plus  grandes  épreuves,  soutenue  qu'elle  était  par  l'ardeur 
de  sa  foi,  son  amour  pour  le  prochain,  son  abnégation  entière  et  l'in- 
tuition de  l'utilité  et  la  durée  de  son  anivre,  la  vénérable  Anne-Marie 
Octobre  1909.  T.CXVI.  21. 


—  322  — 

.lavoiihey  a  mérité  par  la  sainteté  de  sa  vie  les  premiers  honneurs  de 
l'Église  et  sa  cause  de  Béatification  s'instruit  actuellement  en  cour 
Rome.  C'est  une  des  figures  les  plus  attachantes  du  xix^  sièc! 
elle  est  une  des  plus  glorieuses  illustrations  de  cette  terre  de  Bourgo, 
qui  vit  naître  saint  Bernard.  L'auteur  a  raconté  cette  belle  vie, 
laissant  parler  les  faits  d'eux-mêmes,  en  évitant  le  fréquent  écueil, 
pareille  matière,  des  longueurs  ou  de  la  sécheresse. 

5.  —  L'apostolat  des  idées  fut  principalement  le  domaine  où  s'exen 
le  labeur  opiniâtre  et  fertile  d'Albert  II etsc//.  Né  dans  l'hérésie,  éle 
dans  le  panthéisme,  préparé  par  des  talents  de  premier  ordre  à  exer^ 
une  sérieuse  influence  sur  ses  contemporains  et  à  servir  puissamme; 
le  drapeau  dont  il  se  déclarait  le  défenseur,  objet  d'une  providentielle 
et  touchante  prédestination,  il  devint  successivement  déiste,  chrétien, 
cathoUque,  prêtre  et  fut  un  saint.  Mais  il  y  a  dans  ces  pages  autre  chose 
qu'un  édifiant  récit;  elles  renferment  encore  une  démonstration  ex- 
périmentale de  CG  que  doit  être  la  philosophie  de  la  vie  pratique, 
quand  elle  est  bien  entendue;  elles  présentent  une  vigoureuse  apologie 
de  la  foi  catholique.  Cette  biographie  anonyme  remarquable  éclaiiv 
en  même  temps  celle  de  Mgr  Dupanloup  d'un  rayon  nouveau.  le  gi'and 
prélat  avait  une  pai'ticulièrc  estime  pour  l'abbé  Hetsch.  II  lui  confia 
la  direction  du  séminaire  de  la  Chapelle-Saint-Mesmin,  où  il  obtint 
bientôt  d'éclatants  succès.  L'auteur  a  crayonné  artistement  ces  deux 
figm'es  qui  sont  d'une  scrupuleuse  vérité.  L'odyssée  intcllectuelli 
et  morale  parcourue  par  Hetsch  avant  de  devenir  le  disciple  et  le  prêti 
de  J.-C.  est  très  exactement  décrite  :  le  médecin  \\urtembergeoi- 
l'admirateur  passionné  de  ^^"ieland  et  de  Goethe,  l'étudiant  hégélien  d' 
Tubingue,  auditeur  de  Strauss  et  de  Baur,  célèbres  et  ingénieux  dé- 
molisseurs des  dogmes  de  la  religion  révélée  aussi  bien  que  des  prin- 
cipes du  spiritualisme  et  de  la  philosophie  naturelle.  Ensuite  J'auteur 
expose,  dans  des  pages  d'une  claire  philosophie,  cette  idée  de  l'Unité 
où  Albert  Hetsch  espère  trouver  les  thèses  les  plus  subversives  de 
l'hégélianisme  et  qui  devint  le  fil  conducteur  de  toute  son  orientation 
ferme  et  lumineuse  d'esprit  et  d'âme  vers  la  société  religieuse  :  l'Eglisi 
cathohque  pour  qui  l'unité  est  le  drapeau  de  ses  glorieuses  et  pacifique;- 
conquêtes  à  tous  les  points  de  l'horizon,  le  critérium  infaillible  qui  la 
distingue  de  toutes  les  associations  religieuses  enfantées  par  l'i'iérésie 
ou  par  le  schisme,  la  loi  fondamentale  de  sa  constitution,  le  lien  de  sa 
hiérarchie,  le  s'ecret  de  sa  fécondité  qui  l'adapte  aux  besoins  de  toute> 
les  civilisations.  Et  Hetsch  n'a  trouvé  satisfaction  à  son  besoin  impé- 
rieux d'unité  que  le  jour  où  il  fît  descendre  sur  l'autel  le  Dieu  de  l'Eu- 
charistie. \oi\k  pourquoi  cette  vie  de  Hetsch  est  à  la  fois  la  démonstra- 
tion expérimentale  de  ce  que  doit  être  la  philosophie  pratique  de  la  vie 
et  une  saisissante  apologie  de  la    religion.  Ce  qu'il  a  fait  pour  cette 


—  323  — 

cause  sacrée  dans  l'ordre  de  la  pensée  et  dans  Tordre  de  l'action;  avec 
quelle  persévérance,  dans  le  dernier  tiers  de  sa  vie,  iJ  a  poursuivi  la 
réalisation  de  l'idéal  qu'il  avait  longtemps  soupçonné,  mais  auquel, 
après  l'avoir  découvert,  il  sacrifia  tout  :  affections  humaine:;,  consi- 
dérations terrestres,  se  livrant  ensuite  à  l'étude  de  la  philosophie  chré- 
tienne, de  la  littérature,  des  sciences  naturelles,  de  l'esthétique  reli- 
gieuse, voilà  ce  que  ce  livre  raconte  avec  autant  d'agrément  pour  l'es- 
prit que  de  sérieux  profit  pour  l'âme.  jMais  ce  fut  surtout  dans  l'ordre 
de  l'action  qu'il  se  révéla  le  fidèle  disciple  de  J.-C.  Il  vécut  dans  une 
sorte  de  communion  habituelle  de  pensée  avec  l'évêque  d'Orléans  et 
il  trouva  la  consécration  de  sa  thèse  de  l'unité  dans  les  décisions  du 
dernier  concile  du  Vatican.  Ce  volume  sera  lu,  avec  de  particuliers 
avantages,  pai*  les  prêtres  décidés,  autant  que  le  comporte  la  faiblesse 
humaine,  à  répondre  à  leur  vocation  sublime. 

6.  —  Constance  Teichmann  ne  fut  pas  une  religieuse,  mais  une  laïque 
qui  voua  sa  vie  au  service  de  Dieu,  sans  quitter  sa  famille.  La  principale 
mission  qu'elle  se  donna  fut  de  soigner  les  malades,  infirmière  volon- 
taire dajis  un  hôpital  d'enfants;  auprès  des  cholériques  pendant  les 
épidémies  et  des  blessés  durant  la  guerre  de  1870,  elle  connut  et  adoucit 
les  plus  hideuses  souffrances.  Énergique,  inlassable,  optimiste  toujours, 
elle  savait  soutenir  et  consoler  même  dans  les  affres  de  la  mort  et  elle 
était  une  exquise  mystique.  Dans  son  journal  où,  littéralement,  elle 
causait  avec  Jésus,  la  familiaiité  ingénue  de  sa  piété  trouvait  des  pen- 
sées et  des  impressions  délicieuses.  Très  humaine,  en  même  temps 
que  très  sainte,  elle  aimait  ardemment  les  arts  et  surtout  la  musique. 
Aussi,  dans  ses  prières,  se  faisait-elle  auprès  de  Dieu  l'avocate  de  tous 
les  grands  compositeurs  contemporains,  notamment  des  désillusionrés. 

1.- —  Ce  n'est  point  dans  le  sein  aimable  de  la  famille  mais  aux  mis- 
sions lointaines  que  le  P.  Victor  Delpech  exerça  son  zèle  peur  les  âmes. 
L'essentiel  pour  lui  était  moins  de  s'agiter  que  d'attirer  les  grâces  qui 
convertissent  sur  ceux  qu'il  évangélisait.  Cette  histoire  n'est  donc  pas 
seulement  le  récit  pittoresque  d'un  apostolat  très  intéressant  :  il  in- 
dique ce  qui  est  l'âme  de  tout  apostolat.  Ce  livre  est  épuisé  depuis 
cinq  ans  et  il  a  été  souvent  redemandé;  l'éditeur  l'a  réimprimé  sans 
l'augmenter  de  beaucoup  d'additions.  Certains  prêtres  en  ont  fait  leur 
livre  de  chevet  :  dans  la  souffrance,  dans  le  tumulte  de  l'action  inten- 
sive, ils  lui  demandent  apaisement,  force  et  lumière,  union  toujours 
plus  intime  avec  Dieu.  Outre  ses  qualités  d'édification,  les  lecteurs 
seront  saisis  pai'  son  charme  littéraire  et  retiendront  comme  bouquet 
spirituel  cette  grande  et  rare  pensée  sur  le  P.  Delpech  :  «  Ce  qui  le 
fatigue  le  plus,  disait  avec  raison  l'un  de  ses  compagnons,  ce  n'est 
pas  le  travail  qu'il  fait,  c'est  celui  qu'il  ne  fait  pas  et  que  son  zèle  vou- 
drait pourtant  réahser.  »  Louis    Robert. 


—  324  — 
OUVRAGES  SUR  NAPOLÉON   ET  SON  TEMPS 

1.  L'Épopée  du  sacre, iSOi-lBOô,  par  Georges  D'EspAnnr.s  et.  Hector  Fleischmann. 
Préface  de  Henry  Houssaye.  Paris,  Aléricant,  s.  d.,  in-18  de  324  p., avec  des  estampes 
gravures,  autographes  et  documents  de  l'époque,  3  fr.  50.  —  2.  Napoléon  et  la  Po- 
logm  (1806-1807),  d'après  les  documents  des  Archives  nationales  et  les  archives  du 
ministère  des  affaires  étrangères,  par  Marcel  Handelsman.  Paris,  Alcan,  1909, 
in-8  de  iv-280  p.,  5  fr.  —  3.  Napoléon  au  printemps  de  1807.  Un  Tableau  historique, 
par  le  burgrave  Hanxibal  zn  Doh?{a;  trad.  de  l'allemand  par  Cjeoroes  Douare. 
Paris,  (Champion,  1908,  in-8  de  119  p.,  2  fr.  50.  —  4.  Autour  de  Bonaparte.  Journal  du 
comte  P.-L.  Rœperer,  tninistre  et  conseiller  d'Ëtat.  Notes  intimes  et  politiques  d'un 
familier  des  Tuileries.  Introduction  et  notes  par  Maurice  Vitpag.  Paris,  Daragon, 
1909,  in-8  de  xin-356  p.,  avec  portrait,  15  fr.  —  5.  Lettres  et  documents  pour  servir 
à  l'histoire  de  Joachim  Murât,  1767-1815,  publiés  par  S.  A.  le  prince  Murât,  avec 
une  Introduction  et  des  notes  par  Paul  Le  Bretiion.  II.  Armée  d'observation  du 
Midi  (suite).  République  cisalpine.  République  italienne.  1801-1803.  Paris,  Plon- 
Nourrit,  1909,  in-8  de  500  p.,  avec  portraits  et  fac-similés,  7  fr.  50.  —  6.  Joachim 
Murât,  roi  de  Naples.  La  Dernière  Année  de  règne  (mai  1814-mai  1815).  par  le  com- 
mandant M. -H.  Weil.  t.  I.  Les  Préliminaires  du  congrès  de  Vienne  (mai-novembre 
1814).  T.  II.  Le  Congrès  de  Vienne  (\^^  novembre  181^-27  février  1815).  Les  Ménage- 
ments de  V Autriche.  Les  Négociations  secrètes.  Le  Revirement  de  la  politique  autri- 
chienne. Paris,  Fontemoing,  1909,  2  vol.  in-8  de  lx-614  et  684  p.,  24  fr.  —  7. 
Paris  sou^  Napoléon.  Assistance  et  bienfaisance,  .approvisionnement,  par  L.  de 
I.ANZAC  DE  Laborie.  Paris,  PIon-Nourrit,  1908,  petit  in-8  de  360  p.,  5  fr.  —  8. 
Bibliographie  du  temps  de  Napoléon,  contenant  l'histoire  des  États-Unis,  par  Frépp- 
Ric  M.  Kircheisen.  t.  I.  Paris,  Champion;  Genève,  Kircheisen;  London,  Sampson 
Low,  Marston  and  C-»,  1908,  gr.  in-8  de  xliv-412  p.,  15  fr.  —  9.  Les  Bonaparte 
littérateurs.  Essai  bibliographique,  par  Gustave  Davois.  Paris,  l'Édition  bibliogra- 
phique, 1903,  in-8  de  72  p.,  3  fr. 

1.  —  C'est  avec  tristesse  que  nous  notons  dans  ]e  livre  de  MM. 
Georges  d'Esparbès  et  Hectf>r  Fl?ischniann  :  L'Épopée  du  sacre,  un 
fâcheux  emploi  du  labeur  et  du  talent.  Les  auteurs  ont  entrepi'is  de 
grouper  autour  de  ce  fait  extraordinaire,  même  dans  l'extraordinaire 
épopée  de  Napoléon,  une  multitude  de  détails  précis,  même  techniques, 
et  un  bon  nombre  de  réflexions  et  de  remarques  philosophiques  et 
historiques,  d'où,  selon  eux,  résulterait  un  tableau  vrai  et  frappant  de 
l'Empereur  et  de  son  œuvre.  Mais,  faute  de  méthode  scientifique  et 
de  bon  goût  littéraire,  ils  n'ont  abouti  qu'à  une  œuvre  hybride,  qui 
tient  de  l'histoire  et  du  poème,  mais  où  l'histoire  est  représentée  par 
un  puéril  étalage  d'érudition  indigeste,  une  accumulation  de  faits  et 
de  chiiïres  incohérents,  souvent  inutiles,  et  la  poésie  par  une  prose  à  la 
fois  incorrecte  et  affectée,  haute  en  coule'jr,  en  fausse  couleur,  qui  se 
rattache  à  cette  façon  d'écrire  que  ses  inventeurs  ont  quahfiée  naguère 
du  nom  d'«  écriture  artiste  «et  que  nous  appelons,  nous,  un  jargon  bar- 
bare et  ridicule.  Voici  un  léger  échantillon  de  ce  style  insupportable  : 
«  Dans  l'ivresse  de  toutes  ces  gloires  gueiTières,  il  faut  remarquer  Na- 
poléon, mieux  que  dans  l'apparat  du  Louvre  au  jour  du  sacre.  Là  il 
apparaît  comme  le  chef  de  la  démocratie,  il  symbolise  la  Répubhque 
délivrée  de  ses  erreurs,  consciente  enfin  de  son  rôle  dans  l'Europe 
ennemie.  Par  Napoléon  le  peuple  participe  à  la  gloire  do  son  propre 


—  325  — 

triomphe,  et  les  morts  couchés  dans  les  ravins  fie  l'Autriche,  dans 
les  moissons  mûres  de  Wagram,  sur  les  rocs  de  la  Péninsule,  dans  les 
neiges  moscovites,  mêlent  à  la  poussière  des  terres  étrangères  des  cen- 
dres jacobines  aû'ranchies  et  libres  ;;  (p.  64).  Comme  l'indicjue  la  pensée 
exprimée  avec  cette  enflure,  les  auteurs  appartiennent  à  ce  qu'on  pour- 
rait appeler  le  «  bonapartisme  de  gauche  «  ou  le  «  jacobinisme  napo- 
léonien». Ils  approuvent,  ou  peu  s'en  faut,  le  meurtre  du  duc  ù'Enghicn 
(p.  26,  273).  Ils  nous  font  même  part,  toujours  dans  le  même  stylo 
horriblement  pompeux,  de  leurs  sympathies  pour  Robespierre.  «  En 
brumaii*e,  écrivent-ils  (p.  277),  Bonaparte  a  étranglé  la  République. 
Cela  est  devenu  un  lieu  commun,  le  thème  convenu  de  toutes  les  poli- 
tiques réactioimaires.  Il  est  en  effet  hors  de  doute  que  la  République 
acheva  son  destin  ce  jour-là  et  qu'elle  s'éteignit  tandis  que  fuyaient 
ses  représentants.  Mais  quelle  République  Bonaparte  a-t-il  étranglé 
le  18  brumaire?  Est-ce  celle-là  (sic)  de  93,  qui  tint  tête  à  la  coalition 
étrangère,  à  la  banqueroute,  à  la  famine,  à  la  \'endée,  à  la  terreur 
royaliste  des  stupides  et  féroces  chouans?  Cette  République-là,  une 
autre  s'était  chargée  de  lui  dresser  son  acte  de  décès  au  9  thermidor  : 
la  Rt'publique  des  cyniques  et  des  crapules,  des  triomphants  de  la 
journée  où  avec  la  mort  de  Maximilien  de  Robespierre  s'éteignit  la 
dernière  grande  voix  de  l'éloquence  française  et  jacobine.  Sous  le  grand 
nom  d'une  grande  chose  abolie  et  morte,  opéraient  les  agioteurs 
menacés;  la  veille  de  la  chute  de  l'incorruptible,  les  fripons  de  tout 
acabit  et  les  canailles  enfin  délivrées  de  la  terreur  de  la  vertu  à  l'ordre 
du  jour.  La  France  mise  à  l'encan  dispersait  ses  lambeaux  dans  tous 
les  trafics  louches  du  Directoire,  et  l'énorme  clameur  populaire  s'éleva  : 
((  Bonaparte,  délivre-nous  de  ces  avocats  !  »  C'est  la  République  de  cos 
gens-là  qu'il  étrangla.» — D'une  façon  générale,  les  vues  et  réflexions 
contenues  dans  cet  ouvrage  ne  sont  rien  moins  que  neuves.  Ce  sont  des 
redites,  des  lieux  communs  de  parti.  Tout  ce  qui  se  rapporte  aux 
choses  religieuses  est  compris  et  traité  à  la  manière  de  Voltaire,  moins 
l'esprit.  Pie  VII  est  dépeint  et  jugé  avec  peu  d'exactitude  et  de  conve- 
nance. Les  auteurs,  quoique  non  dépourvus  d'aptitude  aux  lettres  his- 
toriques, sont  manifestement  dans  une  voie  fausse,  pour  le  fond  et  pour 
la  forme.  Le  mieux:  qu'on  puisse  leur  souhaiter,  c'est  d'en  sortir  au 
plus  tôt.  Ils  ont  sollicité  et  obtenu  de  M.  Henry  Houssaye  une  préface 
indulgente,  contestable  sm*  certains  points,  mais  dont  le  style  élé- 
gant et  simple  fait  contraste  avec  le  leur.  L'illustration  du  volume  est 
assez  intéressante,  bien  qu'elle  pèche,  elle  aussi,  par  le  défaut  de  mé- 
thode et  d'application  au  texte. 

2.  —  On  respire  quand  on  passe  d'un  ouvrage  fatigant,  peu  utile  et 
peu  lisible,  à  un  exposé  instructif  et  judicieux  comme  celui  de 
M.  Handelsman:  Napoléon  et  la  Pologne.  (1806-1807),  qui  jette  une  assez 


—  326  — 

vive  lumière  sur  le  caractère  de  l'Empereur  et  sa  politique  étrangère. 
On  peut  ne  pas  adhérer  à  tous  les  jugements  de  l'auteur;  on  peut 
surtout  regretter  son  inexpérience  dans  le  maniement  écrit  de  la  langue 
française,  qui  rend  quelquefois  un  peu  obscure  l'expression  de  sa  pen- 
sée. Mais  on  sort.de  son  livre  mieux  informé,  plus  instruit.  La  question 
des  rapports  de  Napoléon  avec  la  Pologne  n'avait  pas  encore  été 
étudiée  avec  cette  érudition  et  ce  soin  consciencieux.  Comme  le  dit 
M.  Handelsman,  «  dans  toutes  les  histoires  de  Napoléon,  d'Alexandre, 
de  la  Prusse  et  de  la  Pologne,  du  commencement  du  xix"  siècle,  il  est 
question  de  ce  problème,  mais  toujours  incidemment,  et  les  ouvrages 
consacrés  spécialement  à  ce  sujet  ne  sont  pas  nombreux.  Il  n\  a,  pour 
ainsi  dire,  qu'une  seule  brochure  de  25  pages  de  M.  Rûther...  Récem- 
ment, plusieurs  auteurs  se  sont  occupés  de  la  période  de  1806-1807, 
et  ont  contribué  à  éclairer  cette  époque.  C'est  d'abord  M.  Loret  qui 
l'envisage  au  point  de  vue  de  la  politique  autrichienne,  en  s'appuyant 
principalement  sur  les  sources  puisées  aux  archives  de  Vienne  et  de 
Dresde.  M.  Konic  vient  ensuite  avec  son  ouvrage  sur  l'organisation 
du  gouvernement  provisoire  à  Varsovie,  d'après  les  archives  de  Varso- 
vie. C'est  enfin  M.  Schottmtiller,  qui  publie  les  rapports  des  agents 
prussiens  où  l'on  trouve  la  description  de  l'insurrection  en  Pologne  en 
1806-1807.  La  préface  de  ce  volume  est  plutôt  une  œuvre  de  propagande 
nationaliste  antipolonaise  qu'une  étude  véritablement  scientifique. 
L'auteur  y  est  d'ailleurs  plus  d'une  fois  en  contradiction  flagrante 
avec  les  sources  sur  lesquelles  il  s'appuie,  ou  même  qu'il  publie.  Mais 
son  ouvrage  est  écrit  d'après  les  documents  inconnus  puisés  aux  ar- 
chives de  Berlin  et  de  Posen.  Toutes  ces  études  renferment  beaucoup 
de  matériaux  nouveaux  qui  nous  ont  permis  d'aborder  l'étude  de 
notre  problème  avec  plus  de  documents  que  notre  unique  prédécesseur. 
Nous  nous  sommes  appliqué  d'autre  part  à  compléter  les  études  citées 
plus  haut  en  puisant  principalement  dans  hs  archives  françaises.  Nous 
avons  essayé  d'esquisser  non  seulement  les  rapports  de  Napoléon  avec 
la  Pologne,  mais  aussi  ceux  de  la  Pologne  avec  l'Empereur.  Sans  cher- 
cher à  nous  attarder  aux  détails  de  l'organisation  administrative  et 
militaire,  nous  nous  sommes  efforcé  de  tracer  un  tableau  politique 
de  la  Pologne  qui  doit  servir  de  fond  à  l'action  de  Napoléon,  figurer 
l'objet  de  ses  rapports  et  de  sa  pohtique  et  faire  ressortir  les  causes 
et  le  cours  d'une  révolution  nationale.  Le  récit  commence  avec  la  Ré- 
volution (polonaise)  et  prend  fin  avec  celle-ci,  c'est-à-dire  avec  Torga- 
nisation  d'un  nouvel  État,  issue  de  l'action  combinée  de  l'Empereur 
et  de  cette  révolution.Dans  ce  sens,  c'est  le  premier  essai,  bien  imparfait 
sans  doute,  d'une  définition  scientifique  des  rapports  de  Napoléon 
et  de  la  Pologne.  »  Mais  non,  pas  si  imparfait.  M.  Handelsman  est  trop 
modeste.  Son  étude  est  un  très  bon  travail,  puisé  aux  sources  origi- 


—  327  — 

nales  et  conforme  aux  saines  méthodes.  Ilaj(tint  à  son  exposé  des^r;?,- 
nexes  ou  pièces  justificatives  ainsi  réparties  :  \.  Mémoires.  II.  Rapports 
III.  Documents  divers;  et  une  Bibliographie,  partagée  de  cette  façon  : 
A.  Journaux,  périodiques,  brochures  contemporaines.  —  B.  Recueils 
des  documents.  —  C.  Mémoires.  —  D.  Livres  et  articles.  —  M.  Han- 
delsman  a  droit  aux  remerciements  de  tous  les  amis  de  l'histoire. 

3.  —  Le  séjour  dé  Napoléon  au  château  de  Finckenstein,  où  il  s'ins- 
talla le  1er  avril  1807,  a  été  noté  par  M.  Handelsman  (p.  91)  comme 
«  le  temps  où  son  génie  se  développa  le  plus  »  et  où  il  déploya  la  plus 
étonnante  énergie.  Ce  séjour  et  cette  période,  courte  mais  si  active 
et  si  laborieuse,  de  la  vie  de  l'Empereui",  ont  fourni  le  sujet  d'une 
remarquable  étude  à  M.  le  burgrave  Hannibal  zu  Dohna,  général- 
major  dans  l'armée  allemande,  et  membre  de  la  famille  à  laquelle 
appartient  Finckenstein  :  iVrt/j»o/râ/^  au  printemps  de  1807.  Un  Tableau 
historique,  dont  M.  Georges  Douare  a  eu  tout  à  fait  raison  d'entrepren- 
dre et  de  publier  une  traduction  française.  Le  côté  local  et  spécial  du 
sujet  nous  a  valu  (p.  ISetsuiv.)  une  curieuse  et  précise  description  do 
cette  résidence.  Mais  l'intérêt  du  ti'avail  de  M.  le  burgrave  zu  Dohna 
I  est  plus  général.  L'auteur  a  visé,  non  sans  succès,  à  nous  donner  une 
idée,  une  impression  d'ensemble  du  génie  et  du  caractère  de  Napoléon 
et  aussi,  d'une  façon  plus  particulière,  de  l'évolution  qui,  après  Eylau, 
s'accomplit  à  la  fois,  selon  lui,  dans  sa  carrière  militaire  et  dans  sa  des- 
tinée politique.  On  devra, croyons-nous, ne  pas  négliger  détenir  compte 
de  ses  observations,  opposées  à  l'opinion  courante,  sur  le  fonctionne- 
ment réel  de  la  conscription  en  France,  sur  le  recrutement  et  la  consti- 
tution de  la  grande  armée  avant  et  après  1807  (p.  50  et  suiv.,  74  et 
suiv.).  Au  reste,  l'admiration  do  M.  le  burgrave  zu  Dohna  pour  l'intel- 
ligence de  l'Empereur  va  jusqu'à  l'excès.  «On  doit  convenir,  écrit-il 
(p.  112),  que,  par  son  étendue,  le  génie  de  cet  homme  extraordinaire 
est  sans  exemple.  Génie  universel,  il  s'occupe,  selon  que  le  besoin  s'en 
fait  sentir,  de  détails  dont  ses  ministres  compétents  sont  gravement 
embarrassés  et  qui,  par  leur  abondance  et  la  précision  de  la  forme 
dont  il  les  revêt,  nous  paraissent  à  la  fois  incompréhensibles  et  intan- 
gibles. Un  tel  phénomène  nous  obhge  à  reconnaître  en  Napoléon  un 
«  surhomme  »  qu'il  faut  distinguer  des  autres  homme.'-,  non  pas  gra- 
duellement, mais  d'une  façon  absolue  par  la  constitution  même  de  sa 
nature.  »  En  revanche,  le  jugement  de  M.  le  burgrave  zu  Dohna  sur 
le  caractère  moral  de  l'Empereur  est  d'une  sévérité  extrême.  Ce  génie 
qu'il  admire  tant,  il  le  qualifie  de  «  diabohque  ».  L'influence  de  Taine 
est  sensible  dans  cette  étude,  mais  elle  n'en  a  pas  moins  son  cachet 
et  son  mérite  propres.  Elle  sera  lue  avec  intérêl  par  touc  ceux  qui  ont 
à  cœur  d'examiner  de  près  la  physionomie,  encore  si  discutée^^  de  Na- 
poléon. 


—  328  —  r 

4.  —  Parmi  les  documents  déjà  mis  en  œuvre  pour  l'étude  de  cette 
personnalité  hors  ligne,  l'un  des  plus  sûrs  et  des  plus  intéressants,  ce  . 
sont  les  notes  du  conseiller  d'État  Rœderer  sur  ses  entretiens  avec  lei 
Premier  Consul,  puis  avec  l'Empereur.  Aussi  faut-i'  savoir  gré  àl 
M.  Maurice  Vitrac  de  les  avoir  mises  à  la  portée  d'un  plus  grand  nom-  • 
bre  par  sa  publication  intitulée  :  Journal  du  comte  P.-L.  Rœderer, 
ministre  et  conseiller  d'État.  Aotes  intimes  et  politiques  d'un  familier 
des   Tuileries.  «  Le  titre  de  Journal,  nous  dit-il,  ne  convient  qu'à 
demi  aux  pages  qui  suivent.  C'est  moins  et  c'est  mieux  qu'un  Journal, 
ce  sont  des  notes,  prises  par  Rœderer  au  jour  le  jour,...  griffonnées 
chaque  soir  sans  préoccupation  de  publicité,...  des  fragments  de  dia- 
logues, comme  sténographiés,   où,  sur  tous  les  sujets,  philosophie, 
littérature,  finances,  gouvernement,  se  retrouve  l'écho  de  conversa- 
tions particulières  avec  Bonapai'te.  «  Cet  écho  donne  l'impression 
vivan'e  de  la  pensée  et  de  la  parole  de  ce  génie  exceptionnel,  ardent 
et  souple,  toujours  en  mouvement,  d'une  vigueur  simple  et  d'une  com- 
plexité singuhère,  à  la  fois  spontané  et  réfléchi.  Toutefois,  il  a  lui-même 
un  jour  très  bien  remis  au  point  par  avance  l'exagération  qui  voudrait 
établir,  comme  nous  l'avons  vu  tout  à  l'heure  chez  M.  le  burgrave 
zu  Dohna,  une  différence  spécifique  entre  la  nature  humaine  et  la 
sienne  propre.  «  Je  travaille  toujours,  disait-il  à  Rœderer  dans  leur 
entretien  du  6  mars  1809  (p.  250),  je  médite  beaucoup.  Si  je  parais^ 
toujours  prêt  à  répondre  à  tout,  à  faire  face  à  tout,  c'est  qu'avant  de 
rien  entreprendre,  j'ai  longtemps  médité,  j'ai  prévu  ce  qui  pourrait" 
arriver.  Ce  n'est  pas  un  génie  qui  me  révèle  tout  à  coup,  en  secreL,  ce 
qife  j'ai  à  dire  ou  à  faire  dans  une  circonstance  inattendue  pour  les 
autres;  c'est  ma  réflexion,  c'est  la  méditation.  Je  travaille  toujours  : 
en  dînant,  au  théâtre;  la  nuit,  je  me  réveille  pour  travailler.  «Onnous 
permettra  de  renvoyer  à  ce  propos  à  l'essai  de  définition  du  génie  de 
Napoléon  présenté  par  nous,   selon  les   données   de  la  philosophie 
chrétienne,  dans  l'étude  intitulée  :  Napoléon,  son  caractère,  son  génie, 
son  rôle  historique  (Paris,  Perrin,  1894,  in-12,  p.  33  et  suiv.).  • —  Dans 
le  Journal  de  Rœderer  on  trouvera  en  outre -d'utiles  matériaux  pour 
l'histoire  politique,  législative  et  administrative    de    l'époque   napo- 
léonienne, et  surtout  du  Consulat.  On  y  trouvera  aussi  d'instructives 
notions  sur  le  règne  de  Joseph  Bonaparte  en  Espagne,  sur  le  caractère 
de  ce  prince  et  ses  démêlés  avec  son  terrible  et  tout-puissant  cadet. 

5.  —  Plus  encore  que  Joseph  peut-être,  Joachim  Murât  a  été  intime- 
ment mêlé  à  la  vie  et  à  l'œuvre  de  Napoléon.  Nous  avons  signalé  l'an 
dernier  {Polybiblion,  octobre  1908,  t.  CXIII,  p.  310)  la  grande  et  li- 
bérale publication  entreprise  par  S.  A.  le  prince  Murât  et  coiiTiée  par 
lui  aux  soins  diligents  de  M.  Paul  Le  Brethon  :  Lettres  et  docu/nents 
pour  servir  à  l'histoire  de  Joacliim  Murât.  Nous  sommes  heureux  d'en 


—  329  — 

constater  aujourd'hui  la  maixhe  réjiulière  et  do  noter  l'apparition  du 
second  volume  qui  comprend  les  pièces  61G  à  1168  et  s'étend  du 
2  juillet  1801  au  24  décembre  1803  (Armée  d'observation  du  Midi.  — 
République  cisalpine.  —  République  italienne).  Voilà  un  v.'ai  trésor 
ouvert  aux  historiens. 

6.  —  Les  derniers  temps  de  la  vie  et  de  la  carrière  de  Murât  n'ont 
pas  été  moins  singuliers,  moins  accidentés  que  tout  le  reste.  On  y  voit 
sa  destinée,  après  un  brusque  tournant,  se  précipiter  vers  une  cata- 
strophe. Sa  rupture  avec  Napoléon,  son  alliance  et  sa  coopération 
avec  l'Autriche  ont  naguère  fait  l'objet  d'un  important  ouvrage  de 
M.  le  commandant  Weil  :  Le  Prince  Eugène  et  Murât  (1813-1814). 
L'auteur  nous  explique  en  ces  termes  comment  il  a  été  amené  à  entre- 
prendre le  nouveau  livre  dont  il  nous  donne  aujourd'hui  les  deux 
premiers  volumes  :  Joachim  Murai, roi  de  Naples.  La  Dernière  Année  de 
règne  {mai  1814-wai  1815),  et  quelle  méthode  il  a  suivie  dans  ses  recher- 
ches et  dans  sa  composition:  «  Je  venais  à  peine,  nous  dit-il,  de  publier 
en  1002  les  cinq  volumes  que  j'avais  consacrés  au  pi'ince  Eugène  et  à 
Murât,  lorsque  plusieurs  de  mes  amis  d'Italie,  quelques-uns  de  ceux 
qui  avaient  eu  la  bonté  de  s'intéresser  à  mes  recherches,  m'engagèrent 
à  me  remettre  à  l'œuvre  et  à  combler  une  autre  lacune.  Il  ne  s'agissait 
de  rien  (de)  moins  que  de  reconstituer  l'histoire  des  derniers  mois  d'exis- 
tence de  ce  royaume  français  de  Naples  que,  dans  son  ardeur  de  néo- 
phyte désireux  de  se  faire  pardonner  ses  erreurs  passées  et  enccre  bien 
récentes,  Talleyrand  considérait  maintenant  comme  «  une  de  ces  créa- 
tions singulières,  éphémères  de  la  fortune  de  Napoléon  et  qui  devaient 
tomber  avec  lui  ».  ■ —  J'avais  eu  la  même  idée  que  mes  aimables  et 
savants  correspondants;  mais,  je  l'avoue  en  toute  franchise,  ce  fut 
dans  l'espoir  de  pouvoir  leur  répondre  que  le  sujet  me  semblait  épuisé 
et  la  question  définitivement  tranchée,  que  je  me  mis  à  consulter,  en 
même  temps  que  les  principaux  ouvrages  consacrés  à  l'étude  du  Congrès 
de  Vienne,  certaines  pièces  ayant  plus  particulièrement  trait  aux  af- 
faires d'Italie.  Malheureusement  pour  moi,  presque  dès  les  premières 
investigations  auxquelles  je  me  livrai  aux  archives  de  Vienne,  de  Naples, 
de  Turin  et  de  Londres,  il  me  fallut  me  rendre  à  l'évidence,  constater 
qu'il  restait  en  effet  bien  des  points  obscurs  à  élucider  et  qu'au  prix 
de  quelques  efforts,  il  serait  peut-être  possible  d'arriver  à  «  surprendre 
l'insaisissable  vérité  ».  ■ —  Plus  que  jamais  fidèle  à  la  méthode  que 
j'avais  suivie  lorsqu'il  s'était  agi  pour  moi  de  reconstituer  à  l'aide  de 
la  correspondance  et  des  rapports  des  généraux  et  des  hommes  d'État 
français  et  italiens,  autrichiens,  anglais  et  napolitains,  l'histoire  des 
derniers  moments  de  la  domination  française  dans  la  Haute-Italie, 
j'ai  cette  fois  encore  eu  recours  aux  mêmes  procédés,  mais  en  appor- 
tant d'autant  plus  de  soins  à  mes  recherches  que  le  sujet  que  je  me 


—  330  — 

proposais  do  traitor  était  particulièrement  délicat  et  épineux,  que  la 
sélection  à  faire  entre  tant  de  documents  de  valeur  et  d'importance 
bien  inégales  exigeait  un  r(>doublement  d'attention  et  augmentait  sen- 
siblement les  difllcultés  de  ma  tâche.  Cette  tâche  était  même  plus 
ardue  encore  que  je  ne  me  l'étais  représentée  au  premier  abord.  Je 
n'ai  pas  tardé,  en  effet,  à  reconnaître  qu'il  me  faudrait  aller  chercher 
les  principaux  éléments  des  convictions  que  j'espère  faire  partager 
à  mes  lecteurs,  bien  moins  dans  les  protocoles  des  conférences  et  les 
procès-verbaux  des  séances  du  Congrès,  dans  les  négociations  con- 
duites au  grand  jour  ou  les  notes  échangées  soit  enti*e  les  cabinets, 
soit  entre  les  plénipotentiaires,  que  dans  les  correspondances  latérales 
et  confidentielles,  les  conciliabules  secrets,  les  missions  dont  on  s'effor- 
çait de  dissimuler  le  caractère  et  la  portée,  dans  des  documents,  dont 
je  me  suis  attaché  à  contrôler  l'exactitude  et  l'authenticité  avec 
d'autant  de  plus  de  sévérité,  que  la  plupai't  et  surtout  les  plus  impor- 
tants d'entre  eux  avaient  échappé  aux  investigations  de  ceux  qui 
avaient  exploré  avant  moi  les  cartons  du  Record  Office,  du  A',  u.  K. 
Haus,  Hof  und  Staats-Archw  et  du  R.  Archwio  di  Stato  de  Turin.  — 
Uniquement  préoccupé  de  la  découverte  de  la  vérité,  du  souci  de  rester 
impartial,  ne  voulant  être  ni  l'apologiste  m  le  détracteur  d'aucun  des 
persoiinages  dont  je  me  proposais  de  scruter  les  actes  et  les  opinions, 
le  rôle  et  les  visées,  me  croyant  sur  une  bonne  piste,  convaincu  qu'alîn 
d'arriver  au  but  auquel  je  tendais,  il  importait  de  fouiller  les  dessous 
de  la  scène  qui  se  jouait  au  Congrès,  d'essayer  de  pénétrer  dans  les 
coulisses  des  cours  et  dés  chancelleries,  seul  moyen  de  découvrir  et  de 
dévoiler  la  politique  tortueuse  des  cabinets  de  Menne,  de  Paris  et  de 
Londres,  les  menées  occultes  de  Louis  XVIII  et  de  Mettei'iiich,  de 
Blacas  et  de  Bombelles,  de  Talleyrand  et  de  Castloreagh,  j'ai  tenu, 
je  ne  saurais  trop  insister  sur  ce  point,  A  ne  m'appuyer  que  sur  des 
pièces  d'une  authenticité  absolument  incontestable.  C'est  pour  cette 
même  raison  aussi  que  je  n'ai  pas  hésité  à  reproduire  le  texte  même 
de  documents  trop  importants  pour  qu'on  pût  se  contenter  soit  de  les 
analyser,  soit  de  n'en  publier  que  des  fragments.  J'ajouterai  même 
que,  pour  plus  de  sûreté  et  désireux  d'assumer  toute  la  responsabilité, 
afin  d'éviter  toute  erreur,  j'ai  toujours  copié  de  ma  main  toutes  les 
pièces  que  j'ai  cru  devoir  citer.  —  Qu'on  ne  me  juge  pas  trop  sévère- 
ment si  j'ai  fait  fausse  route;  mais  j'espère  cependant  que  mes  peines 
et  mes  efforts  n'auront  pas  été  absolument  inutiles,  que  la  découverte 
et  la  publication  de  certaines  dépêches  et  correcpondances,  do  rapports 
et  de  pièces  ignorées  révéleront  à  mes  lecteurs  une  suite  de  faits  qui 
leur  permettront  de  porter  en  pleine  connaissance  de  cause  un  juge- 
ment impartial  sur  un  h-jmme  auquel  on  peut  assurément  reprocher 
bien  des  erreurs,  bien  des  fautes,  mais  dont  la  conduite  pendant  la 


—  331  — 

dernière  année  de  son  règne  a  généralement  été  appréciée  avec  une 
excessive  sévérité.  »  —  On  pourra  sans  doute,  sur  tel  ou  toi  point, 
différer  d'avis  avec  M.  le  commandant  Weil;  on  pourra  aussi  trouver 
sa  composition  un  peu  touffue,  son  exposé  un  peu  prolixe,  son  style  un 
peu  négligé.  Mais  il  n'est  personne  qui  ne  doive  rendre  hommage  à 
l'ampleur  vaillante  et  laborieuse  de  son  investigation,  à  la  riche 
moisson  de  faits,  de  textes,  de  remarques  apportée  par  lui,  non  seu- 
lement à  l'histoire  de  Murât  et  de  sa  fin  de  règne,  mais,  plus  générale- 
ment, à  l'histoire  politique  et  diplomatique  de  l'Europe  pendant  les 
années  1814  et  1815.  Le  second  volume  s'arrête  au  27  février  de  cette 
dernière  année.  Nous  devons  ici  une  me7T.tion  particulière  à  la  Biblio- 
graphie placée  en  tête  du  premier. 

f'  7. —  Selon  nous,  ce  n'est  pas  un  faible  avantage  que  ce  double  mérite 
du  livre  de  M.  de  Lanzac  de  Laborie  :  Paris  sous  Napoléon^  savoir, 
la  marche  régulière  de  cette  longue  entreprise,  sans  fléchissement  de 
sa  valeur,  et  l'impression  d'art  que,  sans  nul  effort  de  l'auteur,  sans 
nulle  prétention,  la  lecture  nous  en  laisse,  à  cause  de  l'excellent  clas- 
sement et  du  lumineux  exposé  d'une  matière  en  soi  si  complexe.  Le 
volume  dont  il  s'agit  aujourd'hui  a  pour  titre  spécial  :  Assistance  et 
bienfaisance.  Approvisionnement.  Il  comprend  les  sujets  suivants  : 
Chapitre  LL'Administration  hospitalière  en  général.  IL  Les  Hôpitaux. 
III.  Les  Hospices.  IV.  Secours  aux  indigents.  V.  Philanthropie  et  cha- 
rité privée.  VI. La  Question  du  pain. La  Boulangerie.  L'Approvisionne- 
ment en  grains  et  farines  et  les  disettes.  VIL  L'Approvisionnement  en 
viande.  VIII.  Halles  et  marchés.  —  M.  de  Lanzac  de  Laborie  a  très 
habilement  su  réunir  et  fondre  l'intérêt  de  son  travail  pour  l'histoire 
administrative  et  parisienne,  et  celui  qu'il  offre  pour  une  meilleui'e  con- 
naissance de  l'Empereur,  de  son  règne  et  de  son  temps.  «  De  l'histoire 
économique,  nous  dit-il,  j'ai  essayé  de  ne  point  séparer  l'histoire  po- 
litique et  sociale  :  j'ai  tenté  surtout  de  faire  ressortir  la  constante 
application  de  Napoléon  à  ménager  sa  popularité  auprès  des  Pari- 
siens. Si  je  ne  m'abuse,  les  interventions  constantes  du  souverain  sont 
un  des  éléments  d'intérêt  de  cet  exposé.  »  Certains  traits  de  son  génie 
et  de  son  caractère  apparaissent  ici  en  effet  avec  une  instructive  nette- 
té, par  exeihple  la  mégalomanie  chimérique  qui  se  mêlait  aisément  à  la 
puissante  précision  de  ses  conceptions  administratives,  et  les  illusions 
à  demi  volontaires  qui  troublaient  parfois  son  jugement  lucide  et 
ferme.  —  Un  curieux  épisode  est  le  colloque  direct  qui  s'engagea  entre 
lui  et  les  marchands  de  la  Halle  aux  vins,  au  cours  d'une  visite  à 
cheval  qu'il  y^fit,  le  8  février  1811  (p.  348,  349).  —  Dans  l'ordre 
administratif,  certaines  questions,  redevenuos  actuelles,  sont  éclairées 
d'une  vive  lueur  par  les  exposés  simples  et  clairs  de  M.  de  Lanzac  de 
Laborie.  Telle  est  cette  page  que  nos  hommes  d'État  ou  prétendus 


tels  d(•^•l'ui(•nt  bien  lire  et  relire  :  «  Dès  ]e  début  du  Consulut,  dans  les 
classes  populaires  comme  dans  les  milieux  officiels,uii  mouvement  d'opi- 
nion presque  unanime  réclamait  le  rétablissement  des  religieuses  hos- 
pitalières. Les  protestations  indignées  ou  ironiques  de  quelques  jaco- 
bins impénitents  ne  mettaient  que  mieux  en  évidence  l'intensité  du  vœu 
général.  Avant  la  promulgation  et  même  la  conclusion  du  Concordat, 
le  conseiller  d"Etat  Lacuée,  qui  n'était  rien  moins  que  dévot,  dans  le 
rapport  où  il  parlait  sans  sympathie  des  prêtres  parisiens,  terminait 
ainsi  l'énumération  de  ses  desiderata  relatifs  aux  hospices  :  «  Rétablir, 
-multiplier  les  Sœurs  de  la  Charité.  —  Tourner  vers  cet  état  les  orphe- 
lines et  petites  filles  abandonnées.  »  Cette  dernière  conception  sentait 
à  la  vérité  son  ancien  militaire,  habitué  à  voir  les  enfants  trouvés 
s'engager  dans  l'armée  et  convaincu  qu'une  congrégation  de  femmes 
peut  se  recruter  comme  un  régiment.  Mais  Lacuée  ne  se  contentait 
pas  de  consigner  dans  un  rapport  confidentiel  son  opinion  favorable 
aux  religieuses  hospitalières;  après  avoir  personnellement  inspecté 
les  maisons  d'assistance, il  ne  négligeait  point  d'aborder  cette  question 
dans  la  harangue  très  étudiée  qu'il  adressait  au  conseil  des  hospices. 
Etablissant  d'abord  la  supériorité  des  femmes  comme  infirmières  : 
«  Vous  avez  reconnu  sans  doute,  poursuivait-il,  que  ces  femmes  doivent 
êire  célibataires,  afin  qu'elles  soient  tout  entières  à  leurs  fonctions,  et 
qu'elles  les  remplissent  avec  plus  d'abandon.  Ah  I  si  vous  pouviez  en 
trouver  qui  se  crussent  sohdaires  de  la  conduite  de  leurs  compagnes 
et  qui  fussent  animées  par  des  motifs  surnaturels,  je  deviendrais 
volontiers  le  garant  de  vos  succès.  »  L'n  peu  plus  tard,  Je  janséniste 
Camus,  l'un  des  auteurs  de  la  Constitution  civile  du  clergé  et  Je  fauteur 
des  lois  de  proscription  des  congrégations,  se  prononçait  dans  le  même 
sens,  également  par  des  considérations  d'expérience  et  d'intérêt  pra- 
tique. '<  On  regrette  dans  les  hôpitaux  le  service  des  femmes  attachées 
à  des  communautés,  qui  se  dévouaient  au  soulagement  des  indigents. 
Les  infirmiers  domient  heu  à  des  plaintes  :  il  est  extrêmement  diffi- 
cile d'arrêter  les  concussions  qu'ils  exercent  impitoyablement  sur  les 
malades  »  (p.  24,  25). 

8.  —  Comme  Napoléon  lui-même,  ^L  Frédéric  AL  Kircheisen  a  le 
goût  des  entreprises  gigantesques.  Sa  Bibliographie  du  temps  de 
Napoléon,  comprenant  l'histoire  des  Etats-Unis,  dont  nous  avons  sous 
les  yeux  le  premier  volume,  pubhé  en  même  temps  à  Paris,  à  Genève 
et  à  Londres,  n'est  qu'un  extrait  d'une  collection  manusci^ite  beaucoup 
plus  étendue  et  comprenant  environ  200  000  titres.  Cet  extrait,  «  sélec- 
tion critique  »,  nous  dit  l'auteur,  «  embrassera  environ  8  000  ouvrages 
et  articles  de  revues  des  plus  importants  et  des  plus  sérieux  )>.  L'un  et 
l'autre  répertoire  ne  sont,  dans  sa  pensée,  qu'un  prélude  à  une  compo- 
sition historique  ainsi  définie  :  «  une  exposition  générale  et  critique 


-  333  — 

de  l'époque  iiapoléoniemie,  basée  sur  toutes  les  sources  existantes 
et  avec  une  appréciation  absolument  désintéressée,  non  seulement  de 
son  prototype,  mais  aussi  des  événements  qui  relevèrent  et  qui  ame- 
nèrent ensuite  sa  chute.  «  Les  titi'es  d'ouvrages  admis  dans  le  volume 
que  nous  avons  sous  les  yeux  y  sont  répartis  dans  l'ordre  suivant  : 
\.  Histoire  générale.  II.  Histoire  des  États.  1.  France.  2.  Belgique.  3. 
Hollande.  4. Italie.  5.Allemagne.6. Suisse.  7.  GrandeBretagneet  Irlande. 
8.  Pologne.  9.  Russie.  10.  Espagne.  11.  Portugal.  12.  États  du  Nord. 
13.  États  du  Balkan.  14.  États-Unis.  III.  Guerres.  Notons  que  sous 
cette  rubrique  sont  compris  les  écrits  relatifs  au  Blocus  continental 
et  au  Congrès  de  Vienne.  Nous  relèverons  quelques-unes  des  indica- 
tions données  par  l'auteur  sur  sa  méthode.  Les  titres,  sauf  exceptions, 
sont  classés  dans  Tordre  systématique  et  chronologique  avec  préférence 
en  cas  de  doute  pour  l'ordre  systématique.  Le  format  est  indiqué  ainsi 
que  le  nombre  des  pages,  le  lieu,  l'année  de  l'apparition,  le  nom  de 
l'éditeur  et  le  prix  de  l'ouvrage.  «  Chaque  ouvrage  contenu  dans  cette 
bibUographie,  ajoute  M.  Kircheisen,  est  cité  avec  toutes  ses  éditions 
et  traductions,  connues  de  moi,  sauf  les  éditions  abrégées,  les  éditions 
populaires  ou  les  éditions  à  l'usage  des  classes.  Si  l'édition  ou  la  traduc- 
tion suivantes  ont  paru  sous  le  même  titre,  je  ne  les  ai  pas  citées  de 
nouveau  littéralemt'nt,  mais  seulement  dans  le  cas  contraire.  A-t-on 
ajouté  un  nouveau  frontispice  à  un  livre  pour  le  rajeunir,  j'ai  mis  le 
véritable  millésime  entre  parenthèses  ca^'rées.  Tous  les  écrits  publiés 
à  l'occasion  d'un  ouvrage,  les  comptes  rendus,  les  répliques,  etc.,  se 
trouvent  à  la  suite  de  l'ouvrage  lui-même.  Cependant  je  ne  pouvais 
citer  que  les  comptes  rendus,  etc.  les  plus  importants  et  les  plus  étendus 
des  trente  dernières  années, tandis  que  j'ai  cru  (devoir)  faire  une  excep- 
tion pour  les  mémoires,  correspondances  et  biographies.  Beaucoup 
d'ouvrages  parurent  en  pai'tie  ou  entièrement  avant  leur  publication 
ou  forme  de  livres  dans  des  revues.  Il  m'était  quelquefois  tiès  difficile 
de  découvrir  tous  ces  extraits,  et  si  je  me  suis  parfois  trompé,  je  de- 
manderai un  peu  d'indulgence.  «  —  Nors  avons  été  à  bon  droit  surpris 
de  ne  trouver  aucune  mention  du  Polybiblion  dans  l'indication  des 
sources  bibliographiques  auxquelles  l'auteur  a  puisé. 

9.  —  M.  Gustave  Davois  qui  a,  lui  aussi,  en  préparation  une  œuvre 
de  grande  haleine  :  Bibliographie  napoléonienne  française,  offre  au 
public,  sans  doute  comme  échantillon,  un  opuscule  intitulé  :  Les 
Bonaparte  littérateurs.  Essai  bibliographique,  qui  contient  de  plus  des 
notes  biographiques  et  des  citations  de  documents.  La  méthode  en 
laisse  à  désirer.  Nous  l'avons  pourtant  feuilleté  avec  intérêt.  Mais  nous 
y  avons  relevé  un  gros  lapsus.  Ce  n'est  pas  en  1815,  «  à  la  suite  du 
désastre  de  Waterloo  »  (p.  6),  mais  dès  1814  que  le  roi  de  Rome  avait 
dû  quitter  les  Tuileries,  puis  la  France,  en  compagnie  de  sa  mère 
Mai'ie-Louise.  ^  M.  S. 


—  334  — 
THÉOLOGIE 

l>e   itliuuiaprohaltilisnio,  auctore  Ludovigo  Wouters.    Edilin     al- 
téra. Paris,  LucofTre,  Gabalda,  1908,  in-8  de  154  p.  —   Prix  :  2  ir.  50. 

L'on  se  bat  toujours  dans  les  éct)les  do  théologie  pour  ou  contre  'e 
probabilisme.  C'est  de  lui  qu'il  s'agit  dans  cet  opuscule,  où  il  est 
visé  et  attaqué,  sous  le  nom  de  nnuiisprobabilisme,  par  un  des  plus 
savants  théologiens  disciples  de  saint  Liguori,  lequel  tient  fortement  à 
l'exemple,  assure-t-il,  du  grand  docteur,  pour  l'éqm probabilisme  contre 
les  probabilistes,  qui  se  réclament  surtout  des  jésuites;  il  soutient^ 
deux  thèses  :  1°  qu'il  n'est  pas  permis  de  suivre  une  opinion  bénigne, 
quand  on  la  juge  moins  probab-le;  2»  que,  dans  le  cas  de  doute  strict 
sur  la  persistance  de  la  loi,  on  doit  suivre  l'opinion  favorable  à  la  loi. 
Il  emprunte  ses  arguments  à  l'autorité  de  l'Église  et  de  saint  Alphonse, 
au  sens  commun,  à  l'idée  du  bien  moral,  au  caractère  relâché  et  douteux 
du  probabilisme.  Après  les  arguments,  il  résout  les  nombreuses 
objections  à  la  manière  scolastique.  C'est  là  une  bonne  dissertation 
professionnelle.  L'une  des  assertions  les  plus  frappantes  est  que  l'Eglise 
no  s'est  pas  prononcée  pour  le  probabilisme  et  pourrai  encore  le 
réprouver.  A.  Clerval. 


I^e  Besoin  et   le  devoir  religieux,  par  Maurice  Serol.  Paris, 
Beauchesne,  1C08,  in-16  de  216  p.  —Prix  :  2  fr.  50. 

Trois  voies,  nous  dit  l'auteur,  sont  ouvertes  à  l'homme  pour  parvenir 
à  cette  conclusion  qu'il  a  le  devoir  rehgieux  :  1°  la  voie  métaphysique; 
2o  la  voie  morale  ;  3°  la  voie  psychologique.  C'est  dans  cette  dernière 
voie  que  l'auteur  nous  engage  à  sa  suite.  Etudiant  les  tendances  hu- 
maines, il  y  découvre  qu'elles  échouent  dans  leurs  vraies  aspirations, 
si  elles  ne  cherchent  pas  plus  loin  que  la  vie  naturelle.  Exposant  les 
diverses  méthodes  de  salut,  il  conclut  que  la  religion  est  l'unique  so- 
lution, et  la  solution  nécessaire  du  problème  de  nos  tendances.  De  là 
le  besoin  de  croire;  de  là  le  devoir  de  croire;  et  comme  la  raison  et 
l'expérience  ne  suffisent  pas  à  établir  la  croyance  nécessaire  et  désirée, 
de  là  le  devoir  d'accepter  une  autorité  doctrinale,  qui  se  manifestera 
à  l'intérieur  de  l'âme  par  une  expression  mentale,  au  dehors  par  une 
expression  extérieure,  corporelle,  et  un  culte  public.  Travail  conscien- 
cieux, logique,  concluant,  digne  d'un  philosophe  et  d'un  chrétien. 

A.  C.    \ 


—  335  — 

SCIENCES   ET  ARTS 

liCS  Idées  et  les  ferines  (Antiquité  oriesitalr),  parPÉLAoAN. 
Paris,  Mercure  de  France,  1908,  in-12  de  357  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

C'est  une  entreprise  hardie  que  de  condenser  en  300  pages  Jes  faits 
principaux  et  les  grandes  théories  de  l'esthétique  orientale,  surtout  si 
l'on  dilate  le  sens  du  mot  «  oriental  »  jusqu'à  lui  faire  inclure  l'Egypte, 
la  Kaldée  (sic),  l'Assyrie,  la  Chine,  la  Phénicie,  la  Judée,  l'Arabie, 
l'Inde,  la  Perse,  les  Aryas  d'Asie  Mineure.  M.  Péladan  n'a  pas  hésité 
devant  cette  gageure.  Il  faut  le  complimenter  de  sa  hardiesse.  '(  Ce 
manuel,  écrit-il,  réunit  dans  un  volume  ordinaire  des  notions  certaines, 
c'est-à-dire  acceptées  à  peu  près  unanimement  sur  l'histoire  des  idées 
et  des  formes.  Ce  ne  son^  que  des  aperçus,  mais  ils  forment  un  index  de 
l'évolution  humaine.  »  Que  le  lecteur  ne  prenne  pas  cette  description 
trop  à  la  lettre  !  Les  mixtures  les  plus  pittoresques  et  les  plus  compli- 
quées des  anciens  apothicaires  peuvent  seules  donner  une  idée  à  peu 
près  exacte  de  ce  chaotique  ouvrage.  La  proportion  de  gnosticisme 
«  magique  »  est  trop  considérable.  On  en  aurait  bien  toléré  un  peu 
(quantum  satis  ad  gratam  aciditatem,  dirait  le  Codex),  mais  M.  Péladan 
abuse.  Ses  traductions  de  la  Bible,  par  exemple,  sont  tout  à  fait  hors 
de  saison;  le  burlesque  n'en  est  pas  toujours  agréable.  Voici  l'histo're 
de  Kaïn  et  d'Habel  :  «  Alors  l'entité  Kaïnique  projeta  sa  norme  vers 
son  parallèle  Hab.el;  c'était  pendant  une  élaboration  énormonique  où 
tous  deux  agissaient  ensemble  :  le  principe  Kaïnique  exultant  sa  subs- 
tance, absorba  le  principe  Habélique,  son  parallèle.  Ihoah  dit  au  prin- 
cipe Kaïnique  :  «  Où  est  le  principe  Habélique,  ton  parallèle?  «  Et 
Kaïn  dit:  «Le  sais-je;  suis-je  son  gardien?  «  etc.,.  Ne  trouvez-vous  pas 
ce  passage...  énormonique? 

Défalcation  faite  de  ces  rêveries,  le  reste  est-il  d'une  érudition  de 
bon  aloi?  Pour  les  parties  qui  sont  de  ma  compétence,  j'ai  relevé  beau- 
coup d'inexactitudes,  d'à  peu  près,  de  fautes  de  transcription  ou 
d'orthographe  qui  rendent  ces  chapitres  malaisément  utilisables. 
Mais  quand  M.  Péladan  veut  bien  rester  lui-raême,c'est-à-dire  critique 
d'art,  il  émet  des  jugements  excelleni:.s  et  rencontre  des  formules  net- 
tement et  élégamment  frappées,  celles-ci  par  exemple  :  «  Il  y  a  autant 
de  métaphysique  transcendantale  dans  un  marbre  que  dans  un  traité 
d'Aristote,  seulement  ceux  qui  lisent  sont  légion  auprès  du  petit  nom- 
bre de  ceux  qui  voient.  »  A  propos  de  la  Phônicie  :  «  Le  rite  religieux 
représente  toujours  le  plus  haut  état  des  consciences  :  ici  il  consacre 
la  négation  du  sentiment  paternel  et  do  la  loi  naturelle.  Le  Phénicien 
est  immonde  comme  type,  et  pour  tout  son  ensemble  c'est  un  frère  do 
l'Israélite,  11  faut  admirer  à  quel  point  la  différence  de  religion  peut 
séparer  deux  branches  d'une  même  race,  »  -f;l  affirme,  malheureusement 


—  336  — 

par  des  néologismes  barbares,  que  la  théorie  de  «  l'art  pour  l'art»  est 
surannée  :  «  Aujourd'hui,  l'art  pour  l'art,  qui  n'est  pas  une  doctrine, 
mais  un  fait  conséquentiel  de  l'état  social,  équivaut  à  une  théorie  de 
jiarler  pour  ne  rien  dire  et  en  piopos  individuels  et  inintéressants.  » 
En  somme,  livre  curieux  et  éti'ange  dont  on  retiendra  l'Introduction, 
et  quelques  pages  glanées  ici  et  là  par  des  lecteurs  appliqués  et  patients. 

J.  Labourt. 


Beitrii^e  zur  GescUiclite  c(er  Pliilosopliie  des  llittelal- 
<ei*s.  Munster,  Asche.idorff.  5  vol.  in-8  : 

Band  III.  Heft  2.    Wilelo.  eîn  l^liilosopli  iind  IVatiirforscIter 

de»   XIII  •lalii'l»u«derts,  von  Clemens  B>eumker.  xxii-686  p. 
—  Prix  :  27  fr.  50. 

Bani  VI.  Heft  2.  lïicolaus  von  Aiitrécourt,  sein  Leben, 
seine  Philosophie,  seine  ^icliriiten,  von  Dr.  Joseph  Lappe. 
31  +  48  p.  —Prix  :  3  fr.  50. 

Band  VI.  Heft  3.  Cieschichte  der  (■otteslte^«'ei.«ie  im  mit- 
telaltei*    bis    zum    AH!i>^an^   der     Elochscholastik,    von 

Dr.    Georg  Grunwald.  x-164  p.  —  Prix  :  6  fr.  90. 

Band  VII.  Heft  1.  Der  angeblirht*  exzessive  Realismus  des 

.Wuns  ScotMS,  von  Dr.    Partiiemus   Minges  O.  F.  M.  ix-108   p. — 
Prix  :  4fr.  70. 

Band  VIII.  Heft  1-2.  Quellenheitrage  und  HutcrsuehiDn$;en 
zur  Gescliichte  der  Ciottesbeweise  ini  dreizehnten 
•lalirhunilerl  mit  besouderer  KeriickHiclitigiiiig  des 
Arguments  im  Pro^logiiim  des   Hl.   Anselni,    von  P.   Au- 

GusTi\us  Daniels  O.  S.  B.  xii-167  p.  —  Prix  :  6  fr.  90. 

Ces  cinq  volumes  s'ajoutent  à  la  collection  déjà  si  importante,  dirigée 
par  MM.  Baeumker  et  von  Hertling,  de  travaux  sur  l'histoire  delà 
philosophie  du  moyen  âge.  Les  textes  publiés,  ordinairement  inédits, 
n'appartiennent  pas  sans  doute,  pour  la  plupart,  aux  auteurs  classiques 
de  la  scolastique.  Ils  n'en  sont  pas  moins  très  utiles  à  connaître.  On 
y  voit  bien  plus  clairement  l'état  du  milieu  où  travaillaient  les  grands 
docteurs,  les  questions  qui  étaient  posées  de  leur  temps  et  les  opinions 
dont  ils  devaient  tenir  compte.  Nul  doute  que  ces  grands  travaux  de 
l'érudition  allemande  n'amènent  un  jour  une  interprétation  plus  saine 
et  plus  claire  de  bien  des  passages  qui  nous  embarrassent. 

■ —  Le  premier  volume  concernant  Witelo  est  l'œuvre  de  M.  Baeum- 
ker lui-même.  La  publication  en  a  été  très  retardée  par  une  grave 
maladie  de  l'auteur.  Les  ouvrages  de  Witelo  ont  cela  d'intéressant 
qu'il  était  à  la  fois  philosophe  et  physicien,  peut-être  plus  physicien 
encore  que  philosophe.  Le  ti*aité  qui  lui  a  attiré  le  plus  de  réputation, 
intitulé  :  Perspective,  est  un  véritable  traité  d'optique.  On  y  i-encontre 
des  vues  qu'un  modei'ne  ne  désavouerait  pas.  Il  était  dédié  à  Guillaume 
de  Mœrbeke,  le  traducteur  d'Aristote  et  d'un  grand  nombre  d'écrits. 
grecs  et  arabes.  En  tant  que  philosophe,  Witelo  se  servait  des  travaux 


—  337  — 

d'Aristote  comme  tous  ses  contemporains,  mais  son  inspiration  était 
plutôt  platonicienne;  il  avait  élaboré  un  ouvrage  qu'il  r,e  proposait  d'in- 
tituler De  Ordine  entium.  Coi  ouvrage  est  perdu  à  moins  que  le  traité 
De  Intelligentiis,  qu'on  lui  attribue  communément,  n'en  soit  un 
fragment. 
"M.  Baeumker  réédite  ce  traité  et  les  principales  parties  de  la  Per- 
spective. Cette  édition,  critiquée  avec  soin,  porte  l'indication  de  nom- 
breuses variantes  recueillies  dans  les  bibliothèques  du  Vatican,  de 
Paris  et  de  Berlin.  Elle  est  accompagnée  des  renseignements  qu'il  a 
été  possible  de  recueillir  sur  la  vie  assez  mal  connue  de  l'auteur.  Il 
était  Polonais,  né,  ct'oit-on,  en  Silésie,  vers  1220  ou  1230.^'ers  1260,  il  se 
rendit  en  Italie  pour  étudier  à  l'Université  de  Padoue.  C'est  là  qu'il  fit 
la  connaissance  de  Guillaume  dé  Mœrbeke.  Sur  le  reste  de  sa  vie  on 
n'a  aucune  donnée  certaine.  Quelques-uns  croient  qu'il  serait  mort 
chez  les  prémontrés  à  Valenciennes.  San  grand  ouvrage  :  Perspective^ 
a  paru  vers  1270. 

M.  Baeumker  fait  suivre  cette  publication  de  dissertations  très 
approfondies  sur  les  diverses  questions  philosophiques  examinées  dans 
le  Ds  IntcUigentiis.  Il  en  recherche  les  antécédents  dans  la  première 
scolastique,  et  indique  la  manière  dont  ces  questions  ont  été  envisagées 
par  les  grands  scolastiques.  C'est  un  travail  qui  fait  le  plus  grand 
honneur  à  l'érudition  et  à  la  pénétration  de  l'auteur;  mais  les  lecteurs 
français  le  trouveront  peut-être  un  peu  trop  massif. 

■ —  Le  second  volume,  dont  l'auteur  est  le  Dr.  Lappe,  concerne  un 
penseur  français  du  xiv*^  siècle,  Nicolas  d'Autrécourt.  Nicolas  était 
du  diocèso  de  Verdun,  il  étudia  à  Paris  de  1320  à  1327  et  parvint  aux 
honneurs  de  la  maîtrise.  M.  Lappe  analyse  sa  philosophie  et  publie 
plusieurs  de  s°s  écrits  qu'il  a  retrouvés,  notamment  une  lettre  adressée 
par  Nicolas  à  Egidius  (Gilles  de  Rome)  qai  lui  reprochait  d'enseigner 
des  doctrines  dangereuses.  Nicolas  se  défendit  avec  une  subtilité  rare; 
nos  modernes  sceptiques  sont  en  retard  sur  lui  pour  l'ingéniosité  des 
arguments.  II  n'admettait  d'autre  certitude  que  celle  du  principe  de 
contradiction.  Finalement,  il  fut  condamné  par  une  sentence  du 
légat  du  Pape  rendue  dans  une  réunion  de  docteurs  tenue  à  Avignon, 
en   1346. 

—  Le  troisième  volume,  dû  au  Dr.  G.  Grunwald,  est  un  exposé 
historique  des  preuves  de  l'existence  de  Dieu  au  moyen  âge.  L'auteur 
analyse  les  différentes  preuves  données  par  les  Pères  et  les  Docteurs 
depuis  saint  Augustin  jusqu'à  saint  Thomas  d'Aquin.  Ces  preuves 
ont  pour  fondement  l'amour  du  vrai,  d-u  bien  et  du  beau  (saint  Augus- 
tin), l'idée  du  parfait  (saint  Anselme),  l'a  nécessité  d'un  créateur  de 
Tâme  humaine  (Hugues  de  Saint-V^ictor),  l'idée  de  l'être  pur  (saint 
Bonaventure),  l'idée  de  cause  (saint  Thomas),  etc.  M.  Grunwald  ne 
Octobre  1909.  T.  CXVI.  22.      - 


—  338  — 

pousse  pas  plus  loin  son  étude,  car,  dit-il,  les  scolastiques  postérieurs 
n'ont  mis  en  avant  aucune  preuve  vraiment  nouvelle. 

• —  Le  docteur  Parthenius  Minges  est  l'auteur  du  quatrième  volume 
annoncé  plus  haut.  Stockl,  dans  son  histoire  de  la  philosophie,  avait 
accusé  Scot  de  réalisme  excessii.  Le  P.  Minges,  qui  est  franciscain,  en- 
treprend de  défendre  le  grand  docteur  de  son  ordre.  Il  s'attache  à  jus- 
tifier contre  saint  Thomas  d'Aquin  la  thèse  scotiste  de  la  matière  pre- 
mière, matière  'commune  à  tcus  les  êtres  créés  qui  serait  une  réalité 
positive  et  que  Dieu  pourrait  faire  exister  seule.  Puis  il  entre  dans  la 
question  des  universaux  et  cite  un  grand  nombre  de  textes,  où  Duns 
Scot  se  montrerait  réaliste  très  modéré. 

Assurément  dans  beaucoup  de  ces  textes  on  trouve  la  négation  de  la 
réalité  objective  des  universaux  comme  universaux,  mais  d'autres 
nous  paraissent  laisser  des  doutes.  Cela  tient  peut-être  à  la  manière 
de  raisonner  de  Duns  Scot.  A  force  de  multiplier  les  distinctions  et  les 
explications,  on  finit  par  obscurcir  les  questions  au  lieu  de  les  éclaircir. 
—  Dans  le  cinquième  volume,  le  P.  Augustin  Daniels  donne  une 
suite  d'auteurs  scolastiques  qui  se  sont  prononcés  sur  les  preuves  de  • 
l'existence  de  Dieu  et  notamment  sur  celle  donnée  par  saint  Anselme 
dans  le  Proslogium.  Sur  quinze  docteurs  cités,  il  en  compte  deux 
contraires  à  l'argument  de  saint  Anselme,  à  savoir  saint  Thomas  d'Aquin 
et  Richard  Middleton;  trois  indécis  :  Albert  le  Grand,  Henri  de  Gand 
et  Pierre  de  Tarentaise.  Les  dix  autres  seraient  favorables.  C'est, 
croyons-nous,  y  mettre  beaucoup  de  bonne  volonté.  Le  plus  grand 
nombre  de  ces  dix  admettent  la  thèse  de  saint  Anselme  avec  certaine 
réserve  et  s'en  servent  plutôt  pour  prouver  que  Dieu  est  l'être  par 
essence  que  pour  prouver    son    existence    de    fait.  D.    V. 


Aux  classes  dirigeantes.  Ce  que  les  pauvres  pensent  des 
rielies.  par  Fernand  Nicolay.  Paris,  Perrin,  1909,  in-16  de 
307  p.  —  Prix  :  3  fi-.   50. 

On  ne  peut  adresser  de  plus  bel  éloge  au  volume  récent  de  I\I.  Nico- 
lay que  de  lui  trouver  quelque  rapport  avec  lea Sophiwies économiques^ 
de  Frédéric  Bastiat.  Les  aperçus  économiques  sont  moins  approfondis 
chez  M.  Nicolay;  mais,  comme  chez  Bastiat,  un  style  limpide,  des 
exemples  famihers  bien  choisis  sont  mis  par  lui  au  service  d'un  bon 
sens  à  la  portée  de  tous.  M.  Nicolay  emploie  avec  beaucoup  de  verve 
la  forme  du  dialogue  entre  un  avocat  qui  est  lui-même,  et  un  ou  plu- 
sieurs représentants  des  diverses  variétés  d'ouvriers  que  lui  a  fait 
connaître  sa  longue  expérience  de  conférencier.  A  la  fin,  il  intervient 
même  un  journaliste. 

Comme  il  l'a  indiqué  dans    le  titre  de  son  ouvrage,  M.  Nicolay 


—  339  — 

s'adresse  surtout  aux  classes  dirigeantes.  C'est  ce  qui  explique  que 
tout  en  se  montrant  économiste  compétent,  il  ait  écrit  cependant 
plutôt  en  moralisme  chrétien  qu'en  économiste.  A  coup  sûr,  le  plus 
grand  nombre  de  ses  dialogues  ou  chapitres  contiennent  de  bonnes  réfu- 
tations des  sophismes  en  cours  parmi  les  ouvriers  qui  subissent  les 
influences  sociaHstes  ;  les  titres  de  ces  chapitres  :  Si  la  grève  devenait 
générale^  Ce  que  le  socialisme  ferait  de  l'ouvrier^  Les  Retraites  ouvrières 
qui  les  paiera?  A  quoi  servent  les  riches^  etc.,  indiquent  suffisamment 
l'intérêt  des  questions  traitées;  il  y  a  un  chapitre  ;  Pourquoi  l'État 
entrave-t-il  la  bienfaisance^  qui  nous  a  paru  à  ce  point  de  vue  particu- 
lièrement bien  présenté.  Mais  M.  Nicolay,  c'est  l'originalité  de  son 
travail,  fait  surtout  dégager  ce  c/ue  les  pauvres  pensent  des  bour/^eois, 
afin  d'enseigner  aux  bourgeois  comment,  sans  nécessité  de  se  faire 
socialistes,  leurs  arguments,  et  peut-être  encore  plus  leurs  exemples, 
peuvent  arriver  à  vaincre  la  méfiance  des  classes  ouvrières.  La  con- 
clusion :  c'est  qu'ils  doivent  s'inspirer  de  la  morale  chrétienne.  Ce  n'est 
pas  une  solution  neuve,  mais  c'est  une  solution  éternelle. 

Ch.  de  Lo.aiénie. 

'       LITTERATURE 

li'Aniiée  lîiisuîstîque, publiée  sous  les  auspices  de  la  Société  de  phi- 
lologie. T.  m.  /50O-/907.  Paris,  C.  Klincksieck,  1908,  petit  in-8  de 
396  p.  —  Prix  :  6  fr. 

Nous  avons  déjà  parlé  deux  fois  {Polybiblion.,  août  1903,  t.  XCVIII, 
p.  153-154,  et  septembre  1905,  t.  ClV,  p.  241-242)  de  l'originalité  de 
cette  pubHcatiori  et  reconnu  son  mérite.  Le  tome  III  n'est  pas  au- 
dessous  des  précédents,  mais  il  présente  une  telle  variété  de  matières 
qu'il  sera  difficile  à  un  lecteur,  même  érudit,  de  l'apprécier  dans  toutes 
SCS  parties.  Nous  ne  pouvons  donc  qu'en  donner  un  simple  sommaire. 

Nous  pouvons  pourtant  signaler  comme  ayant  un  intérêt  général^ 
et  accessible  à  toute  personne  lettrée  une  fine  étude  de  M.  Ernault, 
Français  parlé  et  français  écrit,  où  il  étudie,  surtout  à  propos  du  Dic- 
tionnaire de  l'Académie  française,  un  certain  nombre  de  mots,  leur 
origine,  leur  sens  et  leur  orthographe  :  —  une  vieille  pétition  pour  la 
défense  de  nos  langues  provinciales  que  M.  de  Charencey  republie, 
trop  modestement  sous  mon  nom  seul  (à  la  table),  car  il  en  est  l'auteur 
autant  que  moi;  —  un  admirable  plaidoyer  pour  «  la  cause  des  natio- 
nalités assujetties  «,  par  le  baron  Yrjo-Koskinen;  —  une  sorte  de  con- 
cordance de  «  deux  fables  à  travers  les  âges  «,  par  M.  Decourdemanche 
(une  de  ces  deux  fables  est  celle  du  Cerf  se  voyant  dans  l'eau,  La  Fon- 
taine, VI,  8).  '.-•:?| 

Les  autres  études  de  ce  volume  ne  peuvent  guère  être  appréciées 


—  340  — 

que  des  spécialistes,  mais  elles  touchent  parfois  à  de  grands  problèmes 
d'histoire,  de  linguistique  et  d'ethnographie,  problèmes  qui  malheureu- 
sement, faute  de  documents,  empiètent  sur  la  préhistoire  des  peuples  : 
ainsi  par  M.  le  baron  Carrade  Vaux  l'historiquedela  question  étru.sque, 
question  dont  il  s'est  particulièrement  occupé  et  où  il  défend  (faute 
de  m'eux)  l'hypothèse  d'une  origine  tatare;  ainsi  encore  le  rapport  ti*ès 
complet  et  très  au  courant  de  M.  l'abbé  Bourdain  sur  les  travaux  des 
linguistes  qui  essaient  de  rattacher  les  langues  indo-germaniques  aux 
langues  sémitiques  et  même  aux  langues  chamitiques...  et  autres. 

Nous  mentionnons  pour  terminer,  non  pas  qu'ils  aient  moins  de 
mérite,  mais  parce  qu'ils  offrent  moins  d'intérêt  général,  un  rappo^'t 
de  M.  Witsch  sur  tes  laiigues  slaves  occidentales  au  xx^  siècle,  celui 
de  M.  \'inson  sur  les  études  dravidiennnes  et  particulièrement  les 
études  tamoules  de  1900  à  1906,  et  des  notices  de  M.  de  Charencey 
sur  le  basque  et  sur  des  langues  de  l'Amérique  centrale.    H.  Gaidoz. 


Cbaitts  d'avant  l'aube,  par  Algernon  Charles  Swinburne  ; 
trad.  par  Gabriel  Mourey.  Paris,  Stock,  1909,  in-12  de  vi-344  p.  — 
Prix  :  3  fr.  50. 

C'est  en  1871  que  parurent  les  Songs  before  Sunrise  {Chants  de  l'aube 
plutôt  que  d'avant  l'aube),  soulevant  en  Angleterre. à  la  fois  le  scandale 
par  leur  inspiration  révolutionnaire  et  impie  et  l'admiration  par  leurs 
mérites  poétiques,  éloquence  passionnée,  splendeur  deS  images, richesse 
de  la  langue,  harmonie  et  souorité  du  rythme.  De  ces  dernières  qua- 
lités, une  transcription  en  prose  étrangère  ne  peut  naturellement  garder 
que  peu  de  chose,  et,  remarquable  avant  tout  par  la  forme,  Swlubm'ne 
perd  encore. plus  à  la  traduction  que  certains  autres  poètes;  son  éclat 
s'éteint  à  demi,  sa  puissance  oratoire  et  son  abondance  risquent  de 
paraître  rhétorique  et  prolixité.  Quant  aux  poèm^es  eux-mêmes,  ce 
sont  des  hymnes  enthousiastes  à  la  révolution,  à  l'émancipation,  à 
la  liberté,  des  péans  en  l'honneur  de  l'unité  itahenne,  des  invectives 
furieuses  contre  la  tyrannie,  la  monarchie,  la  rehgion,  des  blasphèmes 
et  des  sarcasmes  à  l'adresse  du  Dieu  chrétien  et  de  tout  Dieu  per- 
sonnel. Le  recueil  est  congrûment  dédié  à  Mazzini;  tout  y  est  d'une 
ferveur  et  d'une  exaltation  étranges.  Malgré  quelques  anglicismes 
(tels  que  la  bizarre  locution  un  qui,  une  qui)  et  quelques  phrases 
lourdes  ou  obscures  (la  dernière  de  la  page  89  est  à  peu  près  inini,el- 
ligible),  la  traduction  de  M.  Mourey  est  facile  autant  qu'exacte,  double 
mérite  qu'ont  rarement  les  versions  de  poètes  étrangers. 

A.  Barbeau. 


—  341  — 

Un  Coin  de  littêrnture  soiis  le  second  En>|iire.  Sainte- 
Beuve  et  ritanipflcury.  liettres  «le  ('hampfleury  à  sa 
mère,  à  son  frère  et  à  divers,  par  Jules  Troubat.  Paris, 
Mercure  de  France,  1908,  in-18  de  336  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Quatre  parties  dans  ce  petit  recueil,  dont  le  titre  :  «  Un  Coin 
de  littérature  sous  le  second  Empire  »  n'est  pas  chronologiquement 
très  exact,  puisqu'il  commence  avant  et  finit  après  le  règne  de  Napo- 
léon III;  quatre  parts  faites  dans  les  papiers  de  Champfleury,  de  ses 
vrais  noms  et  prénoms  :  Jules-François-Félix  Husson-Fleury,  né 
à  Laon,  le  17  septembre  1821,  mort  en  1889.  —  1°  Lettres  de  Champ- 
fleury à  sa  mère  (p.  27  à  186);  2'^-  Sainte-Beuve  et  Champfleury  (p.  187 
à  278);  30  Lettres  de  Champfleury  à  son  frère  (p.  279);  4^  Lettres  à 
divers  (p.  293  à  327). 

Tous  ces  documents,  sur  des  sujets  très  modestes,  en  un  style 
m'égligé,  le  plus  souveait  vulgaire,  parfois  incorrect  (par  exemple  cette 
locution  à  la  fin  des  lettres  :  «  Bonjour  à  mon  père,  boniour  à  ma 
tante,  bonjour  à  tous  »,  etc.),  tous  ces  documents  n'offrent  pas  grande 
importance  ;  ils  témoignent  cependant  du  labeur  d'im  littérateur  venu 
sans  argent  à  Paris  et  faisant  son  chemin  avec  indépendance  et  sincé- 
rité. Champfleury  est  considéré  comme  un  des  précurseurs  de  l'école 
réahste,  contre-partie  des  romantiques;  il  semble,  malgré  lui,  avoir 
tout  bonnement  été  un  bourgeois  bruyant,  ayant  gardé  l'empreinte 
indélébile  de  cette  petite  bourgeoisie  provinciale  qu'il  a  dépeinte  avec 
succès,  précisément  parce  qu'il  n'y  était  pas  étranger.  Il  ne  possédait 
guère  d'idéal  plus  élevé  que  la  maxime  «  l'art  pour  l'art  »  et  sa  vision 
assez  nette  et  précise  des  choses  ne  le  sortait  pas  d'un  terre  à  terre 
étroit,  vulgaire  et  «  bohème  >>. 

M.  Troubat,  qui  fut  l'intermédiaire  habituel  de  Champfleury  et  de 
Sainte-Beuve,  était  plus  propre  que  personne  à  éditer,  avec  des  notes 
indicatrices,  ces  correspondances;  il  conn&îL  bien  l'époque,  les  gens 
et  les  choses;  comme  tout  cela  lui  rappelle  sa  propre  existence,  il  y 
prend  un  intérêt  qu'il  parvient  parfois  à  faii-e  partager  au  lecteur. 
Mais  ce  sont  là,  malgré  tout,  fumées  bien  légères  c[u'emporte  le  vent, 
sans  qu'elles  aient  laissé  tomber  sur  le  sol  une  goutte  de  rosée. 

G.  A. 


Trents  cinq  ans  d'épiscopat,  par  Mgr  de  Cabrières.  Paris,  Plon- 
Nourrit,  1909,  in-8  de  xvi-424   p.  —  Prix  :   7   fr.  50. 

Les  vingt-quatre  dernières  pages  du  volume  sont  remplies  par  la  bi- 
bliographie complète  des  écrits  du  vénérable  évêque  de  Montpelher; 
elle  comprend  environ  trois  cent  soixante-dix  articles  dont  la  série 
chronologique  commence  en  -1854  pour  se  prolonger  pendant  plus 
d'un  demi-siècle,  semblable  à  un  beau  fleuve  dont  le  cours  tranquille 


—  342  — 

et  régulier  s'élargit  à  mesure  qu'il  traverse  en  les  fertilisant  des 
campagnes  verdoyantes. 

Dans  cette  masse  énorme  de  publications  de  genres  divers,  la  pieuse 
sollicitude  de  M.  le  chanoine  Granier  a  rhoisi  une  quarantaine  d'ex- 
traits judicieusement  classés  sous  les  rubriques  suivantes  :  Notes  per- 
sonnelles. —  Œuvres  pastorales.  —  Pages  historiques  et  soeioles.  — 
Panégyriques.  —  Éloges  funèbres.  —  Pages  littéraires.  —  Pensées 
diverses. 

Ce  beau  monument  oratoire  est  présenté  au  public  dans  une  longue 
Préface  de  ^I.  Paul  Bourget,  qui  donne  aux  œuvres  de  son  illustre  ami 
le  commentaiie  d'émotion  et  d'éloges  qu'elles  méritaient. 

P.    PiSANI.  . 


lia  CliRitson  lies  ZVilielunge,    traduite    du  moyen  haut-allemand 
par  J.    FiRMERY.  Paris,  Coiin,1909,  in-18  de  310  p. —  Prix   :  3  fr.  50. 

M.  Firmery,  inspecteur  général  des  langues  vivantes,  vient  de  nous 
donner  la  traduction  de  la  chanson  des  Nibelunge,  et  non  Nibelungen, 
comme  le  fait  observer  l'auteur  avec  raison.  Le  besoin  s'en  faisait 
sentir;  car  ni  -M'"*?  Moreau  de  la  Moltière,  qui  publia  en  1839une  traduc- 
tion du  vieux  poème  allemand  sur  une  traduction  en  allemand  mo- 
derne, ni  même  M.  de  Laveleye,  dont  le  travail  est  plus  sérieux,  n'ont 
réussi  à  donner  une  idée  exacte  de  l'original.  L'autoi'ité  de  M.  Firmery, 
dans  toutes  les  questions  qui  concernent  l'ancien  et  le  moyen  haut- 
allemand,  est  universellement  reconnue  non  seulement  chez  nous, 
mais  encore  en  Allemagne.  Tout  le  monde  sait  que,  dans  l'enseignement 
des  langues  vivantes,  il  ne  veut  pas  que  l'on  se  limite  à  la  connaissance 
du  terme  usuel  et  courant;  il  se  plait  au  contraire  à  remonter  dans  le 
passé,  à  rechercher  l'origine  d'un  mot  et  à  poursuivre  son  histoire, 
depuis  sa  première  apparition  jusqu'à  sa  forme  actuelle,  et  à  travers 
ses  multiples  transformations.  Personne  n'était  donc  mieux  placé  que 
lui  pour  nous  donner  une  traduction  adéquate  du  vieux  poème. 

Il  nous  dit  dans  sa  Préface  les  raicons  qui  l'ont  déterminé  à  donner 
la  préférence  au  texte  établi  par  Lachmann.  Non  pas  qu'il  se  fasse 
illusion  sur  la  valeur  absolue  de  cette  édition,  ou  qu'il  méconnaisse  le 
bien-fondé  des  critiques  élevées  contre  elle.  On  sait  que  Lachmarxn, 
frappé  de  la  différence  de  la  langue  et  de  la  versification  dans  certains 
passages  du  poème,  a  été  amené  à  considérer  bon  nombre  de  strophes 
comme  interposées.  Il  ne  les  a  pas  supprimées,  mais,  à  l'exemple  d'Aris- 
tarque  et  des  critiques  alexandrins,  qui  marquaient  d'une  astérisque 
les  passages  des  poèmes  homériques  qui  leur  paraissaient  ajoutés 
après  coup,  il  s'est  contenté  de  faire  imprimer  en  itahques  les  strophes 
douteuses.  M.  Firmery  va  plus  loin,  et  pour  rendre  au  ^'ieux  poème 
son  aspect  primitif,  autant  qu'il  est  permis  de  le  deviner  sous  les  re- 


—  343  — 

peints  de  tant  de  siècles,  il  supprime,  à  part  quelques  quatrains,  toute 
cette  superfétation,  œuvre  des  ménétriers  ambulants  et  mendiants,  qui 
chantaient  à  travers  l'Allemagne  les  exploits  de  Siegfried  et  la  ven- 
geance de  Krimhilde.  Je  connais  des  lecteurs  qui  trouveront  ce  procédé 
un  peu  radical.  11  faut  se  souvenir,  en  effet,  que  le  même  fait  littéraire 
s'est  produit  chez  nous  avec  nos  poèmes  du  moyen  âge  :  cependant, 
les  romanistes  les  plus  éminents,  comme  Léon  Gautier,  n'ont  pas 
hésité  à  maintenir  dans  leur  texte  des  laisses  évidemment  introduites 
postérieurement  dans  le  poème  par  nos  trouvères  et  nos  jongleurs,  et 
je  ne  sache  pas  que  la  critique  les  en  ait  blâmés. 

Si  l'idéal  d'une  bonne  traduction  est  de  rendre  non  seulement  ly 
sens,  mais  encore  le  mouvement  et  la  couleur  de  l'original,  on  peut 
dire  que  la  traduction  de  M.  Firmery  n'est  pas  loin  de  réaliser  cet 
idéal.  On  félicite  souvent  Voss  d'avoir  conservé  dans  sa  traduction 
des  poèmes  homériques  la  tournure  du  vers  et  le  rythme  du  vieux 
poète  ionien,  mais  combien  son  langage  du  xviii^  siècle  est  loir  du 
mouvement  et  de  la  couleur  des  épopées  grecques  !  M.  Firm-^ry  a 
réussi  à  donner  à  sa  traduction  la  ncïveté  et  la  couleur  de  l'original. 
Tout  en  parlant  la  langue  d'aujourd'hui,  il  sait  y  faire  entrer  habile- 
ment des  expressions  et  des  tournures  d'autrefois,  empruntées  au 
parler  roman,  contemporain  de  la  Chanson  des  Nibelunge.  Il  poursuit 
l'expression  simple  et  naïve,  il  ne  recule  même  pas  devant  quelque 
tournure  lourde  de  l'original,  au  risque  de  paraître  gauche  à  nos  sty-  ' 
listes  modernes,  et  tout  cela  pour  conserver  à  son  œuvre  cette  fraîcheur 
et  ce  charme  de  la  poésie  naissante  :  on  peut  dire  vraiment  que  cette 
traduction  donne  l'impression  vivante  d'une  œuvre  originale. 

11  nous  reste  à  remercier  M.  Firmery  d'avoir  mis  en  tête  de  sa  tra- 
duction une  étude  couite,  mais  substantielle,  sur  l'origine  et  la  consti- 
tution du  poème.  Grâce  à  Dieu,  depuis  que  la  Tétralogie  de  Wagner 
est  remise  à  la  mode,  nous  sommes  famiUarisés  en  France  avec  Wotan 
et  Loki,  Albérich  et  Hagen,  Siegfried  et  Brunhilde,  autant  que  l'étaient 
nos  ancêtres  du  xvii®  siècle  avec  la  mythologie  des  Grecs  et  des  Ro- 
mains; nous  connaissons  le  Walhalla  aussi  bien  que  l'Olympe.  Ce- 
pendant, il  suffit  de  lire  l'étude  que  Richard  Muth  et  Nagl  ont  faite 
des  Nibelunge,  pour  s'apercevoir  combien  est  touffue  et  embroussaillée 
cette  forêt  de  légendes,  et  combien  il  est  difficile  de  s'y  retrouver, 
sans  un  guide  sûr.  Le  poème  a-t^il  une  base  historique  ?  Les  Burgondes 
de  Worms  sont-ils  les  mêmes  que  ceux  qui  viennent  s'établir  chez  nous 
en  Burgûndie  ?  Siegfried  n'est-il  pas  le  souvenir  éclatant  de  Sigisbert, 
le  roi  d'Australie?  Ne  retrouve-t-on  pas  dans  Brunhilde  et  Krimhilde 
la  trace  de  Brunehaut  et  de  Frédégonde  ?  en  un  mot,  quelle  est  la  part 
de  l'histoire  dans  les  Nibelunge?  D'un  autre  côté,  quelle  est  la  part  des 
croyances  religieuses  et  mythologiques  dans  la  constitution  du  poème? 


—  344  — 

Comment  h  personnage  de  Siegfried  se  rattaehe-t-il  aux  légendes  de- 
l'Edda,  ot  quelle  est  sa  parenté  avec  Sigurd  ou  Sigmund  de  la  légende 
noioise?  Comment  le  héros  aux  yeux  étincelants  est-il  devenu  chez 
Wagner  le  symbole  de  la  jeunesse  et  du  printemps,  et  sa  lutte  contre 
les  Nibelunge,  l'image  de  la  lutte  de  la  lumière  contre  les  ténèbres? 
Comment  la  Walkyre  Brunhilde  est-elle  devenue  la  Brunhilde  de 
Gunter,  l'ennemie  mortelle  de  Siegfried,  après  avoir  été  sa  fiancée 
immortelle?  Ce  sont  là  autant  de  problèmes  ardus  et  difficiles  à  résoudre. 
La  magistrale  exposition  que  M.  Firmery  fait  de  toutes  ces  légendes  en 
tête  de  son  livre,  plus  que  toutes  les  élucubrations  des  mythologues 
allemands,  jette  de  la  lumière  dans  ces  ténèbres,  et  nous  guide  à  travers 
les  fourrés  de  cette  forêt  mystérieuse.  L.  Mensch. 


HISTOIRE 


Ati  tomps    des  Phni*aoiiB,   par   A.   Moret.  Paris,    Colin,    1908, 
in-18  de  284  p.,   avec  16  planches  et  une  carte.   —  Prix  :  4  h\ 

M.  Moret,  conservateur-adjoint  du  musée  Guimet,  directeur- 
adjoint  d'égyptologie  à  l'École  des  hautes  études,  est  admirablement 
qualifié  pour  introduire  les  profanes  à  la  connaissance  de  l'ancienne 
Egypte.  Il  a  réuni  à  leur  usage  six  articles  ou  plutôt  six  conférences 
dont  voici  les  titres  :  I.La  Restauration  des  temples  égyptiens.  II.  Di- 
plomatie pharaonique.  III.  L'Egypte  avant  les  Pyramides.  IV.  Autour 
des  Pyramides.  V.  Le  Livre  des  Morts.  VI.  La  Magie  dans  l'Egypte 
ancienne.  M.  Moret  nous  initie  aux  grands  travaux  qui,  sous  la  haute 
direction  du  ser\àce  des  antiquités,  préservent  d'une  ruine  totale  les 
gigantesques  monuments  pharaoniques.  Ensuite,  dépouillant  d'une 
main  experte  la  eorrespondance  de  Tell-el  Amarna,  il  dévoile  les  secrets 
des  diplomates  d'Aménophis  IV  :  on  sait  que  ces  tablettes  sont  une 
source  d'informations  infiniment  précieuses  pour  l'histoire  d3  l'Asie 
antérieure  et  de  la  Palestine  vers  le  xv^  siècle  avant  notre  ère,  c'est- 
à-dire  deux  siècles  avant  l'exode  des  Hébreux.  La  préhistoire  des 
pharaons,  celle  des  «  dynasties  divines  »  est  clairement  exposée  dans 
le  chapitre  III^.  La  construction  et  l'aménagement  des  Pyramides, 
l'exégèse  du  Livre  des  Morts  —  rituel  funéraire  destiné  à  enseigner  au 
défunt  le  bon  chemin  du  paradis,  malgré  les  ennemis  et  leurs  embûches, 
malgré  la  redoutable  épreuve  du  jugement  dernier,- —  enfin  la  science 
occulte  des  magiciens  forment  l'objet  des  derniers  chapitres.  La  trans- 
cription de  plusieurs  noms  propres,  surtout  les  allusions  aux  totems 
préhistoriques  et  la  théorie  sur  les  rapports  de  la  magie  et  de  la  religion 
qu'on  devine  entre  les  lignes,  appelleraient  quelques  réserves.  L'ensem- 
ble est  excellent,  bien  écrit  et  agi^éable  à  lire.  J.  Labourt. 


—  345  — 

Innocent  III.  f^es  Royautés  Taasales  du  Saint-Siège,  par 

Achille  Luchaire.    Paris,  Hachette  1908,  in-16  de  279    p.  —   Prix    : 
3  fr.  50. 

Iniaocent  III.   lie  Concile  de   iLatran  et  la    Këforme  de 
rÉ(|lise,    par   le    même.  Paris,    Hachette,  1908,    ia-lG    de   x-291    p. 

—  Prix  :    3  fr.    50. 

Le  titre  du  premier  de  ce  deux  ouvrages  n'est  pas  à  prendre  tout  à 
fait  à  la  lettre,  puisqu'ilyest  question, entre  autres, des  rapports  entre 
Innocent  III  et  Philippe-Auguste,  lesquels  se  résument  on  trois  points  : 
l'afTaire  d'Ingcburge,  où  le  Roi  brave  le  Pape  en  même  temps  que  la 
morale;  les  contestations  sur  la  juridiction  ecclésiastique;  et  l'affaire 
d'Angleterre,  où  Philippe  et  son  fils  sont  tour  à  tour  les  exécuteurs 
intéressés  et  les  adversaire?  de  la  politique  pontificale.  Mais  la  cou- 
ronne de  France  est  presque  la  seule  alors  dont  le  maître  puisse  pié- 
tendre  ne  relev^er  que  de  Dieu.  Partout  ailleurs,  dans  la  péninsule 
ibérique,  en  Hongrie  et  dans  les^Etats  slaves,  en  Angleterre,  o»i  assiste 
à  l'établissement  ou  à  l'exercice  de  cette  souveraineté  universelle  que 
l'Église  revendique  et  dont  elle  ne  s'est  jamais  autant  rapprochée. 
Tout  y  pousse;  pas  de  faits  plus  différents  dans  leur  origine,  plus  sem- 
blables dans  leurs  résultats,  que  l'acte  de  Pierre  d'Aragon,  venant, 
d'un  mouvement  spontané,  recevoir  sa  couronne  à  Rome  des  mains 
d'Innocent  III,  et  l'acte  de  Jean  sans  Terre,  se  livrant,  pour  sauver 
son  trône,  à  la  tutelle  du  Saint-Siège,  si  longtemps  bravé  et  toujours 
détesté.  —  Il  faut  d'ailleurs  ajouter  que  la  suzeraineté  du  Saint-Siège, 
le  plus  souvent,  restait  théorique,  tant  ses  vassaux  se  piquaient  peu 
de  docilité. 

—  Le  dernier  volume  de  M.  Luchaire  est  consacré  au  concile 
de  Latran,  qui  fut  comme  le  couronnement  et  le  résumé  du  règne 
d'Innocent  III;  toutes  les  grandes  affaires  politiques  et  religieuses 
qui  l'avaient  occupé  y  eurent  leur  épilogue.  Après  avoir  résumé  les 
canons  qui  y  furent  votés  pour  la  réforme  de  l'Église,  M.  Luchaire 
en  prend  texte  pour  étudier  les  rapports  du  Pape  avec  le  clergé.  Il 
précise  le  point  exact  qu'avait  atteint  la  centi'alisation  ecclésiastique  au 
début  du  xiii^  siècle,  et  fait  comprendre  comment  un  homme  dont  il 
constate,  à  bien  d^es  reprises,  le  respect  pour  le  drcit  et  la  tradition 
(les  deux  choses  se  confondaient  alors),  a  tellement  contribué  pourtant 
à  précipiter  le  mouvement  qui  entraînait  l'Église.  La  conclusion  qui 
se  dégage,  c'est  que  les  Églises  nationales,  deux  siècles  plus  tard,  ont 
été  bien  mal  fondées,  en  un  sens,  à  protester  contre  une  centralisation 
qu'avaient  rendue  inévitable  les  torts  mêmes  des  autorités  et  des  corps 
ecclésiastiques  locaux.  Il  est  vrai  que  la  Papauté  aurait  eu  une  position 
plus  forte,  si  elle  n'avait,  de  son  côté  (et  cela  se  voit  dès  le  temps  d'In- 
nocent III),  apporté  bien  des  exceptions,  dictées  par  l'intérêt  du  mo- 


—  346  — 

ment,  aux  principes  mêmes  qu'elle  invoquait.  Dans  l'ensemble,  le  ta- 
bleau que  trace  M.  Luchaire  de  la  société  ecclésiastique  est  assez 
pessirniste;  trop  peut-être;  car  il  en  a  emprunté  les  éléments  à  ces 
procès,  à  ces  abus,  dont  le  récit  remplit  la  correspondance  pontificale; 
il  a  glissé  davantage  sur  les  côtés  plus  brillants,  et  notamment  sur  ces 
fondations  d'ordres  nouveaux,  qui  viennent  alors  attester  la  vitalité 
et  la  puissance  d'adaptation  de  l'Église.  E.  Jord\x. 


K«A  Veiùte  «les  biens  nationaux  pendant  la  Ré%'oIution, 

ai>ec  étude  spéciale  des  ventes  dans  les  départements  de  la  Gironde  et  du 
Cher,  par  Marcel  Marion.  Paris,  Champion,  1908,  gr.  in-8  de  xviii- 
448  p.  —  Prix:  10  fr. 

Qu'a  été  la  vente  des  biens  nationaux?  Dans  quelles  conditions  a- 
t-elle  été  opérée,  et  quels  résultats  a-t-elle produits?  C'est  une  grosse 
question  que  se  posent  les  historiens  et  les  économistes,  et  qu'il  n'est 
pas  facile  de  résoudre;  car  il  faudrait  savoir  tout  ce  qui  s'est  passé 
à  ce  sujet  dans  la  France  entière,  depuis  la  Flandre  jusqu'à  la  Guyenne, 
depuis  la  Bretagne  jusqu'à  la  Provence.  Un  très  distingué  professeur 
de  l'Université  de  Bordeaux  M.  Marion,  l'a  lenté  cependant,  en  se 
bornant  à  deux  départements  assez  éloignés  l'un  de  l'autre  et  de 
tempérament  très  différent,  la  Gironde  et  le  Cher.  Mais,  même  réduit 
à  ces  proportions,  c'est  déjà  un  travail  de  bénédictin;  car  il  y  a  des 
milliers  et  des  milliers  de  dossiers  à  étudier,  à  classer,  à  comparer. 
M.  Marion  l'a  fait  avec  une  abondance  de  détails,  un  scrupule  d'his- 
torien, un  souci  d'impartialité  tout  à  fait  remarquables. 

Il  y  "a  eu  deux  sortes  de  biens  nationaux  :  les  biens  Ju  clergé,  les 
Liens  des  émigrés  et  des  condamnés  Sous  quelque  euphémisme  qu'on 
ait  cherché  à  la  déguiser  —  mise  à  la  disposition  de  la  nation  —  la 
confiscation  des  biens  du  clergé  n'en  a  pas  m^oins  été  une  spoliation, 
la  propriété  collective  n'est  pas  moins  respectable  que  la  propriété 
individuelle.  Sans  doute,  une  meilleure  répartition  de  ces  biens 
s'imposait;  mais  cette  répartition,  l'Eglise  ne  s'y  opposait  pas:  elle  la 
souhaitait  plutôt,  et  il  eût  été  facile  de  l'opérer  d'accord  avec  elle. 
Et  s'il  ne  s'était  agi  que  de  payer  les  dettes  de  TÉtat,  pourquoi  n'a-t-on 
pas  accepté  la  proposition  de  Mgr  de  Boisgelin,  qui  off ''ait  de  contracter 
dans  ce  but  un  emprunt  de  400  milHons  gagé  sur  les  biens  de  l'Eglise 
de  France  et  garanti  par  elle?  Mais  les  meneurs  voulaient  surtout 
dépouiller  le  clergé  de  sa  fortune  territoriale  et  le  réduire  de  l'état  de 
propriétaire  à  celui  de  salarié.  Il  faut  convenir,  toutefois,  que  cette 
mesure  ne  souleva  pas  dans  lepays  la  répulsion  qu'on  aurait  pu  attendre 
M.  Marion  se  trompe,  croyons-nous,  quand  il  conclut  de  quelques 
expressions  delà  correspondance  de  Marie-Antoinette  avec  Fersen  que 
la  Reine  l'approuvait  :  cette  correspondance  est  écrite  en  un  stylo 


—  347  — 

de  convention  destiné  précisément  à  égarer  ceux  qui  l'intercepteraient, 
et  il  ne  faut  pas  la  prendre  à  la  lettre.  Mais,  en  dehors  de  la  Reine, 
beaucoup  s'apprêtaient  à  profiter  de  Ja  vente,  et  non  seulement  les 
juifs,  récemment  autorisés  à  posséder  et  dont  on  avait  escompté  la 
cupidité,  mais  des  hommes  de  toutes  les  opinions,  de  futurs  émigrés, 
de    futurs  chefs  royalistes,  et  même  des  curés  qui,  plus  d'une  fois, 
rachetèrent  leur   presbytère.  Malgré  tout,,  la  conséquence  qu'avait 
prédite    l'archevêque    d'Aix  S3  produisit.    Cette  immense    quantité 
de  biens  à  vendre,  jetée  tout  d'un  coup  sur  le  marché,  augmentée 
encore,  aggravée  par  la  multiplication  et  l'avilissement  des  assignats 
qu'on  créa  sans  compter,  quand  il  fallut  y  joindre  les  biens  des  émi- 
grés, amena  une  efî.oyable  dépréciation  de  la  valeur  des  propriétés, 
soit  comme  prix  de  vȔnte,  soit  comme  prix  de  location  :  les  bien:;  se 
vendaient  le  quart  de  leur  valeur  s'ils  étaient  petits,  le  sixième  s'ils 
étaient    grands    :    c'est  un  témoin  non  suspect  qui  le  constatait  dès 
l'an  V.  M.  Marion  en  donne  des  exemples  frappants  :  un  château 
vendu  81000  francs,  payé  1  761  francs;  une  feime,  louée  en   1792 
4  347  francs,  en  1794  :  cent   francs!  Les  témoignages    surabondent. 
Tous  ces  biens,  mis  sous  séquestre,  se  détérioraient;  les  bâtiments 
tombaient  en  ruines,  les  terres  restaient  en  friche;  les   bois  étaient 
'  sacccagés.  Q  l'on  lise  notamment  les  chapitres  Vî,  VIIÎ    et  IX  du 
livre  de  M.  Marion  :  on  verra  la  situation  lamentable  de  l'agriculture 
et  la  misère  des  campagnes  pendant  cette  triste  période  de  la  (Con- 
vention et  du  Directoire.  On  verra  aussi,  notamment  au  chapitre  X, 
les  abus,  les  fraudes,  les  inscriptioas  fausses  sur  la  liste  des  émigrés 
de  gens  dont  un  jacobin  quelconque  convoite  les  biens,  les  scandales 
de  toute  sorte  dont  retentissent  les  Assemblées  et  que  révèlent  les 
archives. 

Ces  ventes  dos  biens  nationaux  amenèrent-elles  au  moins  ce  déve- 
loppement de  la  petite  propriété  dont  on  leur  fait  souvent  honneur? 
La  chose  est  douteuse.  Les  biens  du  clergé  furent  généralement  achetés 
par  d(!S  bourgeois,  par  des  marchands,  plutôt  que  par  des  paysans. 
Si  quelques  petits  propriétaires  furent  acquéreurs,  c'étaient  des  terres 
voisines  des  leurs^  ils  agrandissaient  leurs  propriétés,  ils  n'en  fondaient 
pas  une  nouvelle.  Il  y  en  eut  pourtant  quelques-uns; et  si  «beaucoup, 
dit  M.  Marion,  passèrent,  pour  ainsi  dire,  de  1  à  2  et  à  3,  quelques- 
uns  ont  trouvé  moyen  de  passer  de  0  à  1  ».  Mais  le  grand  développe- 
ment de  la  petite  propriété,  dont  le  début  avait  marqué  déjà  la  fin 
de  l'ancien  régime,  s'est  surtout  accentué  au  courant  du  xix*^  siècle, 
sous  l'influence  de  conditions  économiques  nouvelles. 

Dans  un  substantiel  et  instructif  résumé,  M.  Marion  constate 
l'avortement  des  espérances  fondées  sur  la  vente  des  biens  nationaux, 
qui  devait  «  débarasser    l'État  de  sa  dette  »  et  qui  l'a  conduit  à  la 


—  348  — 

«  banqueroute  ».  Il  constate  aussi,  comme  nous  l'avons  dit,  l'avi- 
lissement des  propriétés,  qui  en  a  été  la  suite  inévitable  et  qui  n'a  pu 
être  conjuré  que  par  le  Concordat,  d'une  part,  de  l'autre  par  l'indem- 
nité d'un  million  accordée  aux  émigrés,  et  il  termine  par  des  paroles 
significatives:  «  Si,  après  tant  de  bouleversements...  un  droit,  en 
somme  presque  périmé,  a  su  obtenir  cette  réparation  solennelle  et  ce 
tardif  dédommagement  que  fut  la  loi  de  1825,  qu'il  a  fallu  lui  accorder 
aussi  bien  dans  l'intérêt  des  nouveaux  propriétaires  que  dans  celui 
des  anciens,  aucune  preuve  plus  positive  n'a  pu  être  donnée  aux 
populations  du  caractère  toujours  précaire  des  spoliations  légales.  » 

On  ne  saurait  mieux  dire. 

Ajoutons    que   l'Académie   des   sciences   morales   et   politiques   a 
décerné  à  la  belle  étude  do  M.  Marion  le  prix  Rossi.  C'était  justice. 

Max.  de  la  Rocheterie. 


Derniers    Iflélanges.    Pa^es    cl^tsistoire     eonteniporaine 

(  1  SÎÎÎ-ISÎ  î).  par  Louis  Vecillot.  Préface  et  notes  par  François 
Veuillot.  Tome  II  (.4nnée5  1874-1S75)  et  tome  III  (1876-15  avril  1877). 
Paris,  Lethielleux,  s.  d.  (1909),  2  vol.  in-8  de  626  et  474p.  —  Prix: 
12  fr. 

J'ai  déjà  présenté  à  nos  lecteurs  le  tome  I  des  Derniers  Mélanges, 
de  Louis  Veuillot  {Pohjbiblion,  juin  1908,  t,  CXII,  p.  519-521)  ;  il 
m'est  très  agréable  de  leur  présenter  et  de  leur  recommander  aujour- 
d'hui les  tomes  II  et  III  du  même  recueil,  qu'un  quatrième  volume 
achèvera  prcchainement.  Les  tomes  II  et  III  des  Derniers  Mélanges 
embrassent  la  période  comprise  outre  le  5  janvier  1874  et  le  9  avril 
1877.  L'intérêt  en  est  très  grand  au  point  de  vue  historique  comme 
au  point  de  vue  Httéraire.  Au  point  de  vue  littéraire,  je  n'ai  pas  besoin 
d'insister,  Louis  ^'euillot  étant  monté,  de  par  une  admiration  posthume 
qui  n'a  eu  que  le  tort  de  se  faiie  trop  attendre,  au  fout  premier 
rang  des  grands  écrivains  français;  au  point  de  vue  historique,  ce 
recueil  est  vraiment  une  histoire,  et  d'une  période  bien  faite  pour  nous 
passionner,  surtout  racontée  par  quelqu'ma  qui  l'a  si  puissamment 
vécue  et  qui  reste  pour  nous  l'un  des  grands  héros  de  ces  déjà  loin- 
taines batailles.  Pages  dliistoire  contejnporaine,  l'éditeur  a  bien  fait 
de  donner  ce  sous-titre  aux  Derniers  Mélanges^  et  de  les  accompagner 
de  notes  pour  en  combler  les  inévitables  lacunes.  Je  lui  ferai  pour- 
tant un  petit  reproche  à  ce  sujet  :  ces  notes  sont  souvent  trop  brèves  et 
surtout  elles  ne  sont  pas  assez  nombreuses.  Bien  des  événements  de 
•cette  époque  sont  aujourd'hui  si  complètement  oubhés  que,  faute 
d'éclaircissements,  maints  articles  risquent  de  n'être  pas  bien  compris 
des  lecteurs  trop  jeunes  pour  pouvoir  éclairer  ces  ohscurités  à  la  lueur 
de  leurs  souvenù's. 


—  349  — 

Notons,  sans  y  insister,  les  principaux  événements  qui  font  la  ma- 
tière de  ces  deux  volumes. 

L'année  1874  est  à  peu  près  remplie  par  l'histoire  des  derniers  mi- 
nistères catholiques  libéraux,  qui  détenaient  alors  le  pouvoir  et  en 
firent,  on  peut  bien  le  dire,  sinon  un  mauvais,  du  moins  un  insuffisant 
usage.  Car,  d'avoir  suspendu  deux  fois  l'Univers  et  une  fois  l'Union 
pour  cause  d'ultramontanJsme  et  de  royalisme,  cela  ne  leur  sera  pas, 
je  crois,  un  très  grand  titre  de  gloire.  Nous  avions  fondé  sur  eux  de 
meilleures  espérances. 

En  1875,  c'est  la  République  définitive,  remplaçant  le  Septennat,  qui 
en  avait  été  la  naturelle  préparation.  C'est  l'année  du  ministère  Buffet, 
pour  lequel  il  peut  sembler,  à  distance,  que  Louis  Veuillot  fut  peut- 
être  un  peu  sévère,  si  l'on  ne  se  rappelait  à  quels  hommes  frayait  la  voie, 
de  façon  d'ailleurs  tout  à  fait  inconsciente,  ce  premier  ministère  ré- 
publicain. Nous  signalons,  en  cette  année  1:875,  comme  caractéristique 
de  l'époque,  la  polémique  savoureuse  et  si  amusante,  un  peu  attris- 
tante aussi,  avec  le  Figaro  au  sujet  de  sa  clientèle  ecclésiastique. 

L'année  1876,  c'est  la  fin  de  l'Assemblée  nationale  et  le  début  du 
nouveau  régime,  après  la  défaite  du  parti  conservateur  aux  élections 
de  février.  Gambetba  remonte  à  l'horizon,  qui  se  fait  de  jour  en  jour 
plus  gros  de  menaces  pour  l'avenir. 

L'année  1877  ne  va  pas,  dans  le  tome  III,  au  delà  du  15  avril  et  les 
articles  sont  assez  peu  nombreux  pour  qu'on  devine  que  le  grand 
athlète,  lassé  de  la  lutte,  ne  peut  plus  y  prendre  la  part  active  d'autre- 
fois. 

En  dehors  des  articles  de  polémique  ou  de  pohtique,  qui,  naturel- 
lement, remphssent  une  bonne  part  de  ces  deux  volumes,  je  veux 
tout  particuUèrement  signaler  aux  lecteurs  une  série  d'articles  qui 
offrent  un  intérêt  et  un  charme  tout  particuliers.  Ce  sont  les  articles 
nécrologiques.  Consacrés  tantôt  à  d'humbles  amis,  tantôt  à  de  grands 
ou  de  saints  personnages  à  qui  Louis  Veuillot  offrait  son  souvenir 
ou  son  homm.age  d'adieu,  ils  sont  émus,  éloquents,  de  nature  à  toucher 
toutes  les  âmes.  Ce  sont  les  pages  où  l'auteur  a  mis  le  plus  de  son  âme 
et  de  son  cœur.  Je  note,  à  titre  d'exemple,  les  nécrologies  de  M.  Guizot, 
de  Raymond  Brucker,  du  comte  Lafond,  de  Garcia  Moreno,  de 
Mgr  Cousseau,  de  l'abbé  de  Cazalès,  de  Laurentie,  de  M"e  Elisabeth  de 
Saint-Bonnet,  du  docteur  Edme  Gagniard.  'Je  note  aussi,  à  part  les 
articles  littéraires,  si  brillants,  et  d'un  goût  si  sûr,  quelques-uns  à  peu 
près  inédits,  car  ils  n'avaient  paru  que  dans  le  supplément  mensuel 
de  l'Univers,  qui  doit  être  assez  difficile  à  trouver,  et  paimi  eux  une 
critique  de  la  Chanson  des  Gueux,  de  Richepin,  qui  ne  fait  pas  vraiment 
trop  mal  juger  du  futur  académicien;  d'autres,  bien  curieux  à  relire, 
tel  celui  sur  Alexandre  Dumas  fils,  préfacier  de  Manon  Lescaut  et  de 


—  350  — 

V Imitation  de  Jésus-Christ^  et  celui  sur  Chateaubriand,  où' l'on  peut 
voir  une  réparation  méritée  du  jugement  vraiment  un  peu  sévère 
inséré  jadis  dans  Çà  et  là.  Je  remarque  en  passant  que  l'article  sur 
Dumas  fils  détourna  l'éditeur  de  Vlmitation.  de  Jésus-Christ  illustrée 
de  la  faire  préfacier  par  l'auteur  de  la  Dame  aux  camélias,  et  c'est 
Louis  Vei'illot  qui  hérita  de  la  tâche;  l'éditeur  des  Derniers  Mélanges 
ne  nous  donnera-t-il  pas  le  plaisir  de  relire  cette  Préface,  que  le  prix 
d'une  édition  luxueuse  et  difTicile  à  trouver  aujourd'hui  no  met  pas 
à  la  portée  de  beaucoup  de  lecteurs?  Je  suis  très  loin  d'avoir  indiqué 
tout  ce  qu'on  trouve  d'intéressant  dans  ces  deux  volumes.  J'en  ai  dit 
asseij  pour  inspirer  le  désir  ou  tout  au  moins  la  curiosité  de  les  lire. 
Môme  ceux  qui,  sur  plus  d'une  question,  ne  partageraient  pas  les  idées 
de  Louis  Veuillot,  y  rencontreront  un  assez  grand  nombre  de  très 
belles  pages  dignes  d'êtres  admirées  et  goûtées  de  tous,  pour  trouver 
dans  la  lecture  des  Derniers  Mélanges  un  très  grand  plaisii-,  et  comme 
lettrés  et  comn;e  chrétiens.  Edouard   Pontal. 


■jC  Pèlerinage  de  Port-Royal,  pîr  André  Hallays.  Paris,  Perrin, 
1909,  in-8  de  360  p.,  avec  31  grav.  —  Prix  :  5  fr. 

Père  et  fille.  Phllipgie  tle  4?liaiiipi«giie  et  Sœur  Catherine 
de  Sainte- Su a?anne  à  Port-Koyal,  par  Ch.  Gailly  de  Tauri- 
nes. Paris,  Hachette,  1909,  in-16  de  260  p.,  avec  8  planches.  — 
Prix  :  3  fr.  50. 

Richement  pourvu  de  documents  jansénistes  par  l'obligeance  de 
M.  Augustin  Gazier,  M.  André  Hallays  promène  aimablement  ses 
lecteurs  à  travers  les  ruines  de  Port- Royal,  à  travers  les  souvenirs 
et  les  tombes  des  rehgieuses  et  des  solitaires.  —  Bien  des  pages  du 
volume  sont  charmantes  et  savoureuses.  Par  exemple,  celles  qui  sont 
consacrées  au  timide  et  pacifique  Nicole  (p.  39,  40,  218-233).  De  même, 
l'enthousiaste  pèlerinage  qu'en  1607  font  à  Port-Royal-des-Ghamps  six 
demoiselles  jansénistes  de  Paris  (p.  0^-126).  De  même,  les  folies,  le 
repentir  et  la  destinée  posthume  du  prince  de  Conti  :  le  corps  de  ce 
frère  du  Grand  Condé  repose  aujourd'hui  à  Port-Royal,  après  avoir 
quelque  temps  séjourné  dans  une  des  caisses  de  MgrFuzet  (p.  142-157). 
De  même  encore,  les  crédules  ferveurs  et  les  généreuses  fondations  de 
M.  Louis  Silvy,un  janséniste  du  règne  de  Louis-Philippe,  dont  quelques 
familles  parisiennes  gardent  fidèlement  l'originale  mémoire  (p.  137,  138, 
193-197,  201-204). 

M.  Hallays  parle  beaucoup  de  l'illustre  ami  de  Port- Royal  que  fut 
le  peintre  Philippe  de  Champagne  (p.  51-76,  293-3-8).  C'est  également 
de  Philippe  de  Champagne,  de  sa  fille,  religieuse  à  Port-Royal,  — ,  et  de 
plusieurs  autres  contemporains  des  solitaires,  —  que  nous  entretient 
M.  Ch.  Gailly  de  Taurines  (documenté,  lui  aussi,  par  M.  Gazier).  Bien 


—  351  - 

que  la  plupart  des  scènes  rapportées  par  M.  Gailly  de  Taurines  soient 
familières  à  quiconque  a  étudié  de  près  l'histoire  religieuse  du 
xvii^siècle,  s'est  plaisir  qde  de  les  retrouver  sous  saplume,tantlorécit 
estagréab'e  :  parfois  triste etgrave, presque toujoursalerteetmal'cieux. 
?Ientionnons  particulièrement  :  la  silhouette  des  Arnauld  (p.  25-34), 
l'existence  des  solitaires  à  Port-Royal-des-Champs  (p.  40-48),  l'origine 
et  l'apparition  des  Provinciales  (p.  49-59),  l'entrée  de  Louis  XIV  et  de 
Marie-Thérèse  à  Paris,  le  16  août  16'o0  (p.  82-96),. la  guérison  miracu- 
leuse de  Catherine  de  Champagne,  devenue  «  sœur  Catherine  de  Sainte- 
Suzanne  ))  (p.  141-151),  les  combats  tragi-comiques  entre  l'archevêque 
de  Paris,  Hardouin  de  Péréfixe,  et  les  religieuses  de  Port-Royal  pour 
la  signature  du  Formulaire  (p.  152-190),  la  lettre  (partiellement  iné- 
dite) où  sœur  Catherine  de  Sainte-Suzanne  raconte  à  son  père  un  inci- 
dent aigu  de  cette  fronde  monastique  (p.  192-196),  et  enfin  la  discussion 
entre  Philippe  de  Champagne  et  Lebrun,  à  l'Accdémie  de  peinture, 
pour  savoir  s'il  est  convenable  de  place?  des  chameaux  dans  une  toile 
représentant  la  scène  de  Rébecca  et  d'Éliézer  (p.  244-248.) 

Bref,  les  deux  volumes  de  M.  Hallays  et  de  M.  Gailly  de  Taurines 
sont  d'un  charme  très  français,  disons  même  très  parisien.  Pourquoi 
devons-nous  à  la  vérité  historique  de  signaler  combien  peu  équitable 
et  peu  exacte  est  la  physionomie  qu'ils  donnent,  l'un  et  l'autre,  au 
xvii^  siècle  religieux?  Non  pas  certes  que  les  deux  spirituels  écrivains 
soient  suspects  du  moindre  parti  pris  janséniste  :  il  est  probable  que 
pareille  inculpation  les  amuserait  beaucoup;  et,  au  reste,  ni  l'un  ni 
l'autre  no  se  prive,  le  cas  échéant,  de  faire  sentir  quelque  innocente 
égratignure  aux  héros  et  aux  héroïnes  de  Port- Royal.  Mais,  sous  l'in- 
fluence de  documents  presque  tous  jansénistes,  sous  l'influence  du 
docte  maître  de  Sorbonne  qui  a  été  lourinformateur  principal,  M.  Hal- 
lays et  M.  Gailly  de  Taurines  communiquent  à  leurs  lecteurs  l'impres- 
sicn,  plus  ou  moins  nette,  que  généralement,  au  xvii^  siècle,  la  grandeur 
morale  et  chrétienne  fut  le  monopole  des  amis  do  Port-Royal;  et  que 
le  parti  adverse,  en  d'autres  termes,  le  parti  du  Saint-Siège,  prit  le 
monopole  des  procédés  fâcheux  et  des  jalousies  méprisables.  M.  Kal- 
lays,  prévoyant  ce  reproche  de  partialité,  nous  déclare  que  son  volume 
«  ne  prétend  point  à  établir  la  vérité  historique  des  faits  »,  mais  sim- 
plement à  «  montrer  quelques  nuances  du  génie  de  Port- Royal  » 
(p.  14)  :  n'est-ce  pas  oublier  que  le  lecteur  du  monde  n'a  guère  coutume 
d'abstraire  ainci  chaque  aspect  de  la  question,  et  qu'inévitablement, 
au  contraire,  il  regardera  l'impression  dominante  du  récit  comme  bien 
conf'.rme  à  la  physionomie  générale  de  l'époque? 

Le  fond  de  la  querelle  entre  l'Église  enseignante  et  les  jansénistes 
portait  sur  un  grave  problème  de  doctrine  :  c'est,  avant  tout,  d'après 
leurs  principes  distinctifs  que  doivent  être  appréciés  les  deux  parties,  et 


—  352  — 

non  pas  d'après  leurs  procédés  de  polémique, où  les  torts  furent  quelque 
peu  réciproques.  Au  sujet  des  principes,  nous  ne  ferons  pas  à  M.  Hal- 
lays  et  à  M.  Gaiily  de  Taurines  -la  mauvaise  plaisanterie  de  leur  deman- 
der s'ils  ont  lu  YAugiistinus.  Mais  nous  pouvons  leur  garantir  que  leur 
propre  récit  aurait  un  tout  autre  aspect  s'ils  avaient  connu  en  détail 
l'idée  que  se  faisait  Jansénius  du  dogme  de  la  Rédemption  par  le 
Christ,  et  l'interprétation  qu'il  donnait  à  la  théologie  de  saint  Augus- 
tin. Ce  n'est  vraiment  pas  pour  une  petite  question  de  clocher  qu'ont 
lutté  les  adversaires  de  Port- Royal.  —  D'autre  part,  n'exagérerait-on 
pas  la  supériorité  morale  et  pénitente  du  parti  janséniste?  II  serait 
vraiment  facile  d'énumérer  en  grand  nombre,  au  xvii®  siècle,  les  écri- 
vains ascétiques,  les  saints  et  austères  personnages,  les  ecclésiastiques 
et  laïques  passiormément  adonnés  au  zèle  et  à  la  charité,  qui  comptaient 
parmi  les  adversaires  décidés  de  JaïtséniTis  et  de  Port- Royal.  —  Enfin, 
dans  la  vertu  des  solitaires  et  des  religieuses,  le  caractère  spécifique- 
ment «  janséniste  »  parait  bien  être  l'absence  de  miséricorde  et  d'onc- 
tion, la  raideur  hautaine,  l'outrance  implacable,  dont  le  livre  de  M. 
Hallays  fournit  lui-même  plus  d'un  échantillon  (p.  175-179,  315-345); 
raideur  et  outrance  qui  rendraient  la  religion  singuHèrement  découra- 
geante et  antipathique,  si  elles  émanaient  vraiment  de  l'Evangile  du 
Christ  et  non  pas  des  doctrines  de  Port-Royal.  C'est  pourquoi  nous 
craignons  que  les  aimables  et  spirituels  volumes  de  M.  Hallays  et  de 
M.  Gaiily  de  Taurines  servent  mal  la  science  historique,  en  continuant 
(pour  leur  part)  à  propager  dans  le  public  cette  «  légende  »  qu'est 
l'idylle  janséniste.  Yves  de  la  Brière. 

Figures  de  moines,  par  Ernest  Dimnet.  Paris,  Perrin,  1909,  in-16 
de  253  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Ce  volume  est  formé  d'un  recueil  d'articles  qui  se  lisent  avec  plaisir. 
L'auteur  eait  communiquer  l'intérêt  que  lui  inspirent  ses  sujets.  Il  ne 
faut  pas  lui  demander  la  documentation  exacte  et  précise  de  l'histo- 
rien; nous  avons  affaire  à  un  homme  de  lettres  dont  l'œuvre  est  avant 
tout  littéraire.  On  y  découvre  ses  impressions.  M.  Dimnet  a  beaucoup 
connu  les  bénédictins  anglais  de  Douai;  les  pages  qu'il  consacre  à  leur 
monastère-collège  font  revi\Te  lintcrienr  de  cette  maison    dans  les 
dernières  années  de  son  existence.    Le  lecteur  trouve  à  la  suite  une 
description  de  l'abbaye  roussillonaise  du  Canigou,  abandonnée  depuis 
la  Révolution.  Le  Journal  manuscrit  de  Dom  Maur  Levache,  procu- 
reur de  l'abbaye  de  Liessies,  lui  a  fourni  les  traits  d'un    intéressant 
tableau  de  ce  monastère  en  l'année  1720.  Le  chapitre  où  il  est  ques- 
tion des  moines  de  Shakespeare  montre  la  place  qu'ils  occupent  dans 
l'œu^TO    du   grand    dramaturge  anglais.   Ajout3z  à  cela  une  visite 
à  la  Trappe  et  quelques  lettres  de  moines  ayant  survécu  à  la  Révolu- 


—  353  - 

tion,  et  vous  avez  rne  idée  des  figures  sympathiques  dont  ce  volume 
contient  le  portrait.  J-  Resse. 

Prêtres  victimes  tie  la  Révolution  dans  le  diocèse  de 
Cambrai  (t  Î'9Ï-1  Î99),  par  l'abbé  J.  Dehaut.  Cambrai,  Masson, 
1909,  in-8  de  ix-680  p.,  avec!  carte. 

Le  clergé  du  diocèse  de  Cambrai  va  solliciter  l'introduction  de  la 
cause  de  héatification  de  ceux  de  ses  membres  qui  tombèrent  martyrs 
•  des  fureurs  antireligieuses  de  la  Révolution.  Ce  diocèse  a  vu  périr 
quarante-sept  de  ses  prêtres  depuis  M.  Saladin,  curé  de  la  Madeleine  de 
Lille,  massacré  pendant  une  émeute  militaire,  en  avril  1792,  mais  à 
raison  de  son  caractère  de  prêtx'e  insermonté,_  jusqu'à  M.  Heuvel,  qui, 
après  avoir  émigré,  était  venu  reprendre  son  ministère  dans  la  Flandre 
Maritime,  et  fut  fusillé  à  Douai,  en  janvier  1799.  :^ 

C'est  à  Cambrai  que,pendant  la  Terreur,  cinq  victimes  furent  immo- 
lées par  l'atroce  Joseph  Le  Bon;  c'est  à  Valenciennes  que,  sous  le 
proconsulat  de  J.-B.  Lacoste,  eut  lieu  une  véritable  hécatombe:  entre 
le  14  octobre  e*,  le  14  novembre  1794,  c'est-à-dire  postérieurement 
au  9  thermidor,  trente-sept  ecclésiastique?  furent  traduits  devant  la 
commission  militaire,  sous  la  quahfication  de  comphces  des  émigrés 
et  furent  condamnés  à  mort.  Chanoines,  curés,  vicaires,  professeurs 
religieux  chartreux,  cisterciens  ou  franciscains,  ces  prêtres  avaient 
tous  refusé  le  serment,  sai;f  un,  qui  fut  poursuivi,  précisément  parce 
qu'il  avait  regretté  ses  erreurs  et  essayé  de  les  réparer. 

Le  présent  volume  est  consacré  à  l'histoire  des  quarante-sept  ser- 
viteurs de  Dieu,  et  c'est,  à  proprement  parler,  un  mémoire  introductif 
préparé  pour  le  postulateur  de  leu"  cause.  Les  événements  qui  se 
déroulent  depuis  la  réunion  des  États  généraux  jusqu'au  18  brumaire, 
ne  sont  racontés  que  dans  la  mesure  où  les  martyrs  y  ont  été  mêlés. 
Obhgé  de  suivre  chacun  de  ses  héros  à  travers  les  péripéties  de  leur 
existence,  l'auteur  a  fait  un  livre  qui,  si  on  le  considérait  comme  une 
histoire  de  la  Révolution  dans  le  département  du  Nord,  pourrait 
paraître  un  peu  décousu.Mais,  je  le  répète, ceo  ouvrage,  composé  dans  un 
but  ^rès  spécial,  répond  à  ce  qu'on  en  attendait,  et  ce  qui  eût  été  un 
défaut  ailleurs  est  ici  une  qualité.  La  documentation  est  fort  sohdement 
étabUe  et  les  pièces  étudiées  avec  pénétration.  Obéissant  à  un  respec- 
table souci  d'impartialité,  M.  Dehaut  s'est  défendu  de  suivre  les  règles 
à  peu  près  traditionnelles  de  cette  littérature  qui  vise  à  être  édifiante 
et  qui  nuit,  plus  qu'elle  ne  profite,  aux  causes  qu'elle  prétend  servir.  La 
parole  est  maintenant  à  la  Cour  de  Rome.  Puissions-nous  avant  long- 
temps saluer  les  nouveaux  bienheureux  !  Leur  biographe  recevra  ce 
jour-là  la  récompense  qu'il  a  si  bien  méritée.  P.  Pisam. 


Octobre  1909.  T.  CXVI.  23, 


1 


—  354  — 

Tradilioiialisine  e1  Démocratie,  par  D.   Parodi.    Paris,  Colin, 

.1909,  in-16    ai   325  p.  —  Prix  :  3  fr.    50. 

M.  Parodi  a  cherché  avec  bonne  foi  à  étudier  les  deux  grand? 
courants  qui,  suivant  Jui,  déterminent  aujourd'hui,  en  France  surtout, 
la  classification  des  écoles  de  philosophie  sociale  et  des  partis  : 
courant  d'esprit  traditionaliste  et  courant  d'esprit  rationaliste, 
politique  du  fait  et  politique  de  l'idée.  Une  Introduction  de  29  pages 
expos3  comment  les  «  anciens  partis  »  ont  subi  l'influence  du  mouve- 
ment des  intelligences  à  la  fin  du  xix^  siècle,  surtout  le  prestige  de 
Renan,  de  Taine  apportant  un  immense  secours  à  l'onseignement 
d'Auguste  Comte,  et  d'écrivains  plus  récents  très  nourris  de  la  pensée 
de  ces  grands  devanciers-;  comment  ils  ont  été  amenés  ainsi  à  adopter 
une  philosophie  du  fait  et  de  l'action  qui  se  prête  «  à  la  négation  de 
l'idée,  de  sa  valeur  et  de  son  efficace  ».  Au  contraire,  dans  le  camp 
opposé,  on  s'est  efforcé  de  reprendre  appui  svir  la  science,  «  dont  la 
méthode  est  essentiellement  libre  examen  et  exercice  de  la  raison  », 
et  de  justifier  par  cette  méthode  la  confiance  dans  la  possibilité 
pour  l'homme  de  «  modeler  plus  ou  moins  la  société  d'après  un 
idéal  »,  de  «  mettre  au  moins  dans  la  société  un  peu  plus  d'ordre 
et  de  jus^^ice  ». 

Comme  conséquence  de  cet  exposé,  l'ouvrage  est  divisé  en  deux 
parties.  L'auteur  étudie  d'abord  le  traditionalisme  contemporain, 
successivement  chez  MM.  Brunetière,  Bourget,  Barrés,  dans  les  écrits 
des  hommes  qui  sont  l'âme  de  l'Action  française,  dans  les  critiques 
dont  un  li>-re  récent  de  M.  Lasserre  a  accablé  le  romxantisme.  Celles 
de  ]\I.  Parodi  contre  les  traditionalistes  ont  un  mérite  qui  est  en 
raison  inverse  de  son  sentiment  plus  ou  moins  prononcé  d'éloignemicnt 
pour  les  écrivains  qu'il  étudie.  Ferdinand  Brunetière,  auquel  il  rend 
justice  avec  un  respect  sujet  à  peu  de  dissonances,  lui  a  inspiré  des 
analyses  d'idées  assez  fines  :  citons  notamment  (p.  62-66)  un  inté- 
ressarit  passage  sur  la  part  que  la  raison  a  encore  dans  l'acte  de  fo: 
digne  de  ce  nom.  Les  chapitres  sur  ]\L  Barrés  et  sur  V Action  française 
se  rapprochent  davantage  de  la  polémique  poUtique. 

La  secondé  partie  de  l'ouvrage  est  une  démonstration  doctrinale  de  la 
nécessité  pratique  des  principes  d'égalitéetdelibertéproclamésen  1789, 
en  raison  même  de  leur  rationalité.  Il  faut  poursuivre  leur  application 
de  plus  en  plus  complète,  «  pour  nue  la  société  puisse,  en  toute  légiti- 
mité, nous  être  proposée  comme  une  fin  en  soi,  capable  de  se  vou- 
loir elle-même  et  de  tendre  raisonnablement,  à  chaque  moment, 
à  persévérer  dans  son  être  »,  et  «  pour  que  tout  être  conscient  et 
raisonnable,  en  tant  que  co-associé,  soit  par  nature  une  sorte  de  fin 
sociale  ou  partie  de  la  fin  ».  C'est  ainsi  que  le  positivisme,  chez  les 
sociologues  qui  font  autorité  pour  M.  Parodi,  M.  Durkheim,  RI.  Lévy- 


—  355  — 

Briihl,  M.  Bougie,  emprunte  aujourd'hui  à  Kant  ses  formes  mé- 
taphysiques, mais  non  pas  son  sentiment  inspirateur.  M.  Parodi  veut 
bien  ne  pas  répudier  pour  l'homme  la  faculté  d'  «  entrevoir  des  fins 
plus  hautes  encore  et  transcendantes  »,  mais  «  ces  hautes  destinées 
métaphysiques  doivent  s'harmoniser,  en  les  dépassant,  avec  les 
exigences  de  nos  idées  les  plus  humaines  ».  La  plupart  des  rationalistes 
actuels  dénient  ouvertement  à  la  raison  la  pui'5sance  de  s'élever 
aux  idées  absolues  de  la  morale  et  de  Dieu.  Leurs  prédécesseurs 
de  1789  ne  découronnaient  pas  ainsi  la  raison.  Pour  se  réclamer  d'elle, 
il  ne  faut  pas  l'amoindrir,  comme  le  fait  M.  Parodi  lui-même.  D'autre 
part,  pour  rendre  sa  force  à  la  tradition,  il  ne  faut  pas  faire  abstraction 
de  ce  qui  lui  a  permis  de  vivre,  c'est-à-dire  de  la  foi  daiLS  un  idéal 
suprasensible.  La  classification  des  tendances  intellectuelles  con- 
temporaines adoptée  par  M.  Parodi  ne  repose  que  sur  la  politique, 
plus  illogique  que  jamais  aujourd'hui;  et  le  tableau  que  nous  offre 
son  ouvrage  est  celui  des  inconséquences  auxquelles  peut  conduire, 
<à  droite  et  à  gauche,  l'adaptation  du  positivisme,  qui  leurre  notre 
époque,  aux  formules  des  partis.  Cu.  de  L. 


En  face  dit  Soleil  levant,  par   Avesnes.  Paris,  Plon-Nourrit,  1909, 
in-16  de  xn-297  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

M.  Avesnes  est,  croyons-nous,  le  pseudonyme  d'un  jeune  officier  de 
marine  qui  a  déjà  publié  le  Journal  de  bord  d'un  aspirant  et  les  Contes 
pour  lire  au  crépuscule.  Ce  nouveau  volume,  dont  une  partie  a  paru 
dans  le  Correspondant  et  qui  est  dédié  à  M.  E.  Lamy,  contient  quatre 
études,  à  savoir  :  Les  Idées  de  Jean- Jacques  Rousseau  en  Chine.  ■ —  Le 
TraditionaUsme  japonais. — Enindo-Chine. — Le  Conflit  américain-japo- 
nais et  l'Opinion  publique  américaine.  Dansées  études,  l'auteur  a  cherché 
à  constater  l'état  d'esprit  des  pays  qu'il  visitait,  en  se  servant  pour  la 
-  Chine  du  journal  réformiste  avancé  le  Nan-Fan-Paq  «  où  l'on  voit 
bouillir  tous  les  ferments,  toutes  les  colères,  tous  les  désirs,  toutes  les 
illusions  et  toutes  les  haines  qui  agitent  sourdement  le  grand  empire 
auquel  la  irort  récente  de  la  vieille  impératrice  a  fait  perdie  une  tète 
qu'il  ne  retrouvera  ppr-bablement  pas  de  sitôt  ».  Il  s'est  également  servi 
de  la  presse  pour  l'Amérique.  Quant  au  Japon,  son  étude  est  surtout 
basée  sur  les  principaux  livres  de  cet  Anglais  né  aux  îles  Ioniennes, 
marié  à  une  Japonaise,  le  cosmopolite  Lafcadio  Hearn,dont  les  travaux 
fort  intéressants  ont  été  traduits  en  français.  M.  Avesnes,  qui  a  bien 
vu  et  bien  observé  partout  où  il  est  passé,  nous  trace  un  tableau  assez 
triste  et  peu  encourageant  de  notre  grande  colonie  d'Indo-Chine, 
peuplée  de  fonctionnaires  trop  souvent,  incapables  et  dénuée  de  colons, 
sérieux.  Nous  avor^  été  heureux  de  trouver  dans  ces  pages  une  appré- 
ciation aussi  juste  que  méritée  de  la  valeur  de  nos  missionnaires. 


—  356  — 

M.  Avesnes  a  eu  le  courage  de  le  reconnaître  et  de  le  dire  hautement. 
On  voit  par  là  qu'il  préfère  ne  pas  courtiser  nos  gouvernants  en  imi- 
tant de  trop  nombreux  auteurs  qui,  afin  de  mieux  vendre  leurs  livres, 
écrasent  tout  ce  qui  est  catliolique  pour  flatter  le  pouvoir. 

A. -A.  FvuvEL. 

Un  Cadet  de  Gascogue  au  XV1«  siècle.    Biaise  de   lAloiiluc, 

par  Paul  Coijrteault.  Paris,  A.    Picard  et  fils,  1909,  in-12  de  308  p. 
—  Prix  :  3  fr.  50. 

L'année  dernière,  M.  P.  Courteault  présentait  à  la  Sorbonne  une 
thèse  de  doctorat  es  lettres  intitulée  :  Biaise  clé  Alonluc,  historien. 
C'était  un  gros  volume  de  critique  très  solide  sur  les  sources  auxquelles 
Monluc  avait  puisé  en  écrivant  ses  Commentaires,  sur  la  foi  qu'il 
fallait  attacher  à  son  témoignage,  sur  les  points  de  vue  divers  et  les 
passions  successives  avec  lesquelles  il  avait  composé  ses  écrits.  L'Aca- 
démie française  avait  récompensé  ce  gros  travail  par  le  second  prix 
Gobert.  Aujourd'hui  le  même  auteur  publie  une  autre  biographie 
du  même  personnage  en  un  joli  petit  volume,  analogue  aux  notices 
que  nous  donne  la  maison  Hachette  pour  les  grands  écrivains  français, 
sauf  pourtant  qu'il  n'y  a  point  d'«  image  de  Monluc  ».  On  comprend 
que  nul  mieux  que  M,  Courteault  n'aurait  pu  écrire  cette  vie,  dont  il 
avait  pénétré  longuement  tous  les  secrets.  Il  l'a  fait  d'une  façon 
très  attachante,  très  personnelle  et  par  quelques  côtés  très  nouvelle, 
son  «  héros  »  n'ayant  rien  de  caché  pour  lui. 

Il  faudrait  suivre  pas  à  pas  les  phases  de  la  vie  de  Monluc  pour 
analyser  cette  histoire  écrite  sans  notes,  sans  références,  sans  dis- 
cussions; mais  on  doit  se  souvenir  sans  cesse  que  c'est  là  le  résumé 
brillant  d'une  longue  série  d'études  et  qu'on  peut  chercher  «  les 
preuves  »  ailleurs. 

M.  Courteault  écrit  dans  un  français  très  pur;  avec  lui,  la  belle 
littérature  ne  perd  jamais  ses  droits. 

G.  Baguenault  de  Puchesse. 


Ducnesfe  de  Dino,  puis  ducliesse  de  Talleyrand  et  de  Sagan.  Cliro- 
uic|ue  de  tS31  à  1SI>3.  publiée,  avec  des  annotations  et  un  Index 
biographique,  par  la  princesse  Radziwill,  née  Castellane.  Tome  I. 
IHÔt-'ISÔo.  Tome  II.  ISôG- 1840.  Paris,  Plon-Nourrit,  1909,  2  vol.  in-8  de 
461  et  544  p.,  avec  portrait.  —  Prix  :  15  fr. 

Nous  avons  eu  l'occasion  de  présenter  déjà  la  duchesse  de  Dino  aux 
lecteurs  du  Polybiblion  (décembre  1£08,  t.  CXI II,  p.  537-538),  quand 
M"^^  la  comtesse  Jean  de  Castellane  a  fait  publier  les  Souvenirs  de  son 
arrière-grand'mcre,  en  confiant  ce  soin  à  M.  Etienne  Lamy.  C'était  un 
livre  fort  agréable,  ouvert  par  une  préface  charmante.  Par  malheur,  il 
s'arrêtait  trop  tôt,  au  mariage  de  la  princesse  Dorothée  de  Courlande 


—  357  — 

avec  le  comte  Edmond  de  Périgord  (avril  1809),  et  ne  nous  donnait 
que  le  récit  des  années  de  jeunesse  de  la  très  ardente  enfant  de  seize 
ans,  qui  devenait  la  nièce  de  Talleyrand  et  qui,  dans  le  monde,  allait 
bientôt  s'appeler  la  duchesse  de  Dino. 

Les  regrets  que  l'on  éprouvait  de  voir  si  vite  tarie  la  source  de  ré- 
miniscences curieuses  s'atténuent  aujourd'hui.  La  propre  petite-fdle 
de  Madame  de  Dino,  la  princesse  Radziwill,  née  Castcllane,  a  bien 
voulu  sortir  de  ses  tiroirs,  où  elle  les  laissait  dormir  respectueusement, 
attendant  l'heure  propice,  les  cahiers  de  sa  grand'mère.  Cette  Chronique 
des  événements  contemporains  va  de  1831  à  1862;  c'est  donc  une 
lacune  qui  restera  entre  1809  et  la  révolution  de  1830.  Elle  f  'rme  un 
tout,  mais  avec  des  éléments  bien  distincts  :  1°  le  propre  Journal  de 
Madame  de  Dino  pendant  1  ambassade  da  prince  de  Talleyrand  à 
Londres  (septembre  1831-août  1834);  2°  des  extraits  de  sa  correspon- 
dance avec  M.  de  BacourL,  grâce  auxquels,  mis  à  leur  date,  se  constitue 
en  effet  une  «  Chronique  »  journalière  et  très  vivante  de  l'existence 
de  la  duchesse,  de  ses  relations,  des  choses  de  son  temps.  Cela 
éclaire,  il  semble,  d'un  jour  assez  intéressant  le  procédé  de  composition 
des  fameux  Mémoires  de  M.  de  Talleyrand,  qui  furent  confiés  à  ces 
deux  mêmes  personnes  :  Madame  de  Dino  et  M.  de  Bacourt. 

Cette  Chronique  offre  un  grand  charme  de. lecture,  celle  qui  tient  la 
plume  la  maniant  à  merveille.  Femme  du  monde  de  la  plus  haute  dis- 
tinction, en  relation  par  sa  naissance  et  sa  situation  sociale  avec  les 
personnages  souverains  et  l'aristocratie  de  l'Europe,  intelligente,  fine 
et  discrète.  Madame  de  Dino  a  beaucoup  vu,  beaucoup  co^nnu,et  raco'ïvte 
avec  une  malicieuse  déhcatesse,  un  sens  exquis  des  convenances,  un 
jugement  droit  le  plus  souvent  et  désintéressé.  On  ne  saurait  analyser 
les  pages  d'un  semblable  récit,  où  il  y  a  à  deviner  autant  qu'à  retenir; 
il  suffit  de  fournir  quelques  indications,  de  noter  un  certain  nombre  de 
passages. 

M.  de  Talleyrand  est  naturellement  le  personnage  le  plus  en  vue  et 
le  plus  fréquemment  en  scène.  Parmi  les  traits  qui  le  caractérisent 
le  plus  fortement  se  trouvent  son  «  désir  incroyable  de  se  battre  en  duel» 
après  qu'il  a  défroqué  (I.  65);  sa  vie  en  Amérique  (I.  135),  et  surtout 
son  attitude  à  la  mort  de  sa  femme  (I.  379).  Tous  les  efforts  de  Madame 
de  Dino  pour  l'amener  à  quitter  les  affaires  avant  la  sénilité  et  à  se 
rapprocher  de  Dieu  avant  de  mourir  offrent  le  plus  vif  intérêt  (1.  220, 
249.  IL  226,  429).  On  trouvera  ici  la  lettre  du  10  mai  1839  sur  les 
derniers  instants  du  prince  (elle  a  paru  dans  le  Temps  du  30  avril 
1908);  on  verra  le  dévouement  de  Mgr  de  Quelen  pour  cette  conversion 
délicate  (I.  328);  le  rôle  de  l'abbé  Dupanloup  (IL  139)  qui  «  pourrait 
bien  être  ambitieux  ». 

Madame  de  Dino  est  attachante  à  suivre  pour  elle-même  :  son  goût 


—  358  — 

pour  son  château  de  Roohecotte,  sa  tentation  d'acheter  l'iôuel 
Carnavalet  (II.  47);  ses  visites  chez  ses  amis  :  Royer  Collard;  les 
Noailles  (à  Maintenon)  ;  le  duc  Adrien  de  Laval  (à  Montigny)  ;  la  du- 
chesse Mattieu  de  Montmorency  (à  Bonnétable).  Son  curieux  vo^^age, 
en  1840,  dans  ses  possessions  allemandes,  en  Silésie.  La  rnort  et- les 
obsèques  à  BerUn  du  roi  de  Prusse.  —  Elle  marque  la  physionomie  de 
Lcuis-Philippe  de  vingt  traits  bien  caractéristiques  :  son  facile  abandon 
de  rhérédité  de  la  pairie,  son  goût  royal  des  tradition,s  de  famille  et 
sa  dédaigneuse  volonté  de  ne  jamais  vouloir  porter  la  «  décoration  de 
Juillet  »  (I.  315).  Parmi  les  portraits  à  retenir,  ceux  de  Guizot  et  de 
Madame  de  Lieven  (tome  II);  de  Thievs  et  de  sa  jeune  femme;  le  juge- 
ment de  Royer  Collard  sûr  ces  deux  hommes  d'État  (II.  426);  Berryer, 
dont  «il  ne  restera  que  le  nom  «(II.  438);  l'aristocrate  duc  de  Laval; 
l'insolent  Dupin  chassé  par  Louis-Philippe  de  son  cabinet  (I.  74);  l'in- 
trigant Montrond  mis  à  la  porte  de  Valençay  (I.  251),  Mgr  Afîre 
commun  et  violent  (II.  365).  La  duchesse  de  Dino  ne  se  laisse  pas  im- 
pressionner par  l'éclat  tapageur  des  hommes  de  lettres,  et  elle  a  tracé 
au  pied  levé  des  croquis  tout  à  fait  piquants  de  certaines  visites, 
par  elle  reçues,  de  George  Sand  et  sa  «  compagnie»  (I.  247),  puis  de 
Balzac  (II.  109).  Une  description  des  châteaux  de  l'Angleterre  et  de 
son  aristocratie,  auprès  de  qui  la  princesse  de  Courlande  se  sent  à 
l'aise  et  en  communion  de  moeurs;  la  peinture  de  la  féodale  demeure: 
Warwick  Castle  (I.  39);  et  les  squares  de  Londres  (I.  75);  un  récit 
très  nouveau  et  personnel,  et  par  cela  même  digne  d'attention,  du 
retour  des  cendres  de  l'Empereur,  en  1840  (11.440),  seront  lus  avec 
agrément. 

Certaines  erreurs  ont  pu  se  glisser  çà  et  là;  ainsi  (et  cependant 
Madame  de  Dino  eut  dû  être  bien  informée)  le  domaine  de  Valençay 
ne  fut  pas  acheté  par  Talleyrand  à  la  fm  du  xviii^  siècle  (I.  26),  mais, 
d'après  l'invitation  et  les  facilités  pécuniaires  du  Premier  Consul. 
Charles  IX  ne  tira  pas  sur  les  huguenots  du  haut  du  balcon  du 
Louvre,  moins  encore  «  par  la  fenêtre  de  la  chapelle  »!  (I.  355). 

Il  n'y  a  pas  de  notes  pour  ainsi  dire  au  bas  des  pages;  mais  un  Index 
biographique  très  complet  à  la  fm  de  chaque  volume  donne  des  ren- 
seignements précis  sur  toute  personne  citée.  Il  complète  bien  l'utilité 
d'une  publication  qui  sera  à  la  fois  une  lecture  des  plus  agréables  et 
une  source  abondante  pour  l'histoire. 

Geoffroy  de  Graxd maison. 


En  marge  du  «  Temps  »,  par    Henri    Roujon.  Paris,   Hachette, 
1908,  in-16  de  268   p.  —  Prix:  3   fr.  50. 

Il  ne  faut  être  injuste  envers  personne,  même  envers  ceux  avec 
qui  on  n'a  presque  aucune  idée  commune;  aussi  me  gardorai-je  bien 


—  359  — 

de  nier  que  M.  Henry  Roujon  ait  de  l'espiit  :  il  en  a,  non  pas  du 
meilleur  sans  doute,  ni  du  plus  rare,  et  il  l'a  prodigué  dans  les  chro- 
niquettes  écrites  «  en  marge  »  du  journal  le  Temps,  et  dont  il  a  bien 
raison,  plus  peut-être  qu'il  ne  croit,  de  dire,  lui-même,  «  qu'elles 
forment  sinon  un  livre,  du  moins  un  volume.  «  Au  jour  le  jour,  et 
au  hasard  des  événements  ou  des  livres  qui  passent,  il  y  parle  de  tout, 
sur  ce  ton  de  perpétuelle  ironie,  héritée  de  Voltaire,  d'About,  et 
qui  no  laisse  pas  de  fatiguer  assez  vite  et  de  paraître  parfois  Lion  vieil- 
lotte. L'auteur  l'a  écrit  quelque  part  :  «  Rien  ne  se  démode  autant  que 
l'ironie  »,  mais  il  ne  s'en  est  pas  assez  souvenu,  et  il  arrive  que  cette 
ii'onie  porte  souvent  tout  à  fait  à  faux.  Savourez  ce  mot  sur  le  Dau- 
phin, fils  de  Louis  XV  :  «  Bien  qu'il  eût  un  faible  pour  les  jésuites, 
il  aurait  dit  mie  belle  pacole  :  Ne  persécutons  pas,  »  En  vérité,  ne 
semble-t-il  pas  à  M.  Roujon  lui-même,  qui  n'a  pas  trop  à  se  plaindre 
de  la  vie,  que  les  jésuites  ont  été  beaucoup  plus  souvent  persécutés 
que  persécuteurs,  et  qu'en  tout  cas  le  moment  est  assez  mal  choisi 
pour  les  piquer  d'une  aussi  lourde  ironie.  Sur  un  pareil  sujet,  n'eût- 
il  pas  été,  je  ne  dis  pas  plus  juste  (il  n'y  a  pas  de  justice  en  politique, 
et  ce  ne  sont  pas  les  jésuites  qui  l'ont  dit),  mais  de  meilleur  goût 
de  garder  le  silence. 

Ce  n'est  pas  la  seule  occasion  où  nous  estimons  que  M.  Roujon 
aurait  beaucoup  mieux  fait  de  se  taire,  par  exemple  sur  M^^^  Jq 
Maintenon  et  sur  Marie  Stuart,  qu'il  me  parait  assez  mal  connaître, 
ce  qui  lui  interdisait  le  droit  de  les  juger.  11  est,  au  contraire,  d'autres 
personnages,  parfois  bien  peu  estimables,  envers  qui  il  se  .  montre 
très  bienveillant,  sans  doute  en  manière  de  compensation.  J'y  vois 
une  autre  forme  d'injustice.  Comme  il  y  a  bien  une  cinquantaine 
de  sujets  traités  dans  ce  volume,  qui  n'est  pas  un  livre,  je  ne  puis 
les  énumérer  ici.  E.  S. 

li es  Grands  Hommes  de  l'Eglise  au  XIX»  sièole.  \Yind- 

thoi'st,  pai    J.   Lespinasse-Fonsegrive.  Paris,   Librairie  des  Saints- 
Pères,  s.  d.,  in-12  de  214  p.,  avec  portrait,  —  Prix  :  2  fr. 

«  Il  fallait  le  connaître  personnellement,  dit  le  député  libéral  Otto 
Arendt,  pour  avoir  une  idée  du  charme  personnel  de  cet  homme 
de  génie.»  Le  grand  homme  a  disparu,  mais  le  livre  de  M.  J.  Lespinasse- 
Fonsegrive  nous  le  fait  connaître  à  fond,  si  bien  que  nous  pouvons 
avoir  quand  même  une  idée  exacte  du  caractère  et  de  l'oeuvre  de 
l'adversaire  souvent  heureux  de  Bismarck.  Et  c'est  une  vie  attachante 
et  d'où  découlent  de  grands  enseignements  que  celle  de  Windthorst. 

Petit  de  taille,  laid  de  figure,  «caricature  vivante  détachée  de  quelque 
twle  de  Callot»,  dit  Mgr  Kannengieser,  il  fut  grand  de  caractère,  et, 
parmi  les  hommes  marquants  do  l'Église  au  xix'^  siècle,  il  est  une 


—  360  — 

des  plus  belles  figures.  Il  voit  le  jour  à  Hanovre,  en  1812,  en  paj» 
protestant.  Son  enfance  se  passe  àKaldenhof,  chez  ses  parents  :  c'est  là 
qu'il  reçoit  sa  première  éducation  catholique.  Il  fait  son  droit  à 
GÔLtingen  et  à  Heidelberg,  de  1830  à  1833. 

De  Windthorst  comme  de  beaucoup  de  ses  contemporains,  de 
Bismarck  entre  autres,  on  peut  dire  qu'il  s'est  dé^^eloppé  avec  l'Alle- 
magne. Il  a  rêvé  pour  le  Hano\Te,  son  pays  natal,  la  gloire  d'incarner 
une  Allemagne  idéale,  toujours  plus  grande,  qui  comprendrait  tout 
le  pays  du  Belt  au  Danube.  C'est  cette  idée  de  «  Grande  Allemagne  » 
qui  inspira  ses  discours  dè'j  1848,  lui  vaut  ses  premiers  succès 
pohtiques  et  le  fait  nommer  président  de  la  deuxième  chambre 
hanovrienne.  C'est  alors,  à  propos  de  l'alliance  des  trois  rois,  en  1849, 
qu'il  expose  ses  idées  sur  la  patrie  allemande.  Il  voudrait  voir  les 
Etats  allemands,  y  compris  l'Autriche,  unis  moins  par  un  lien  légal 
et  étroit  que  pai  une  idée  religieuse.  C'est  aussi  la  conception  de 
tous  les  grands  Allemands,  qui  sont  pour  la  plupart  catholiques. 
Aussi  lutteut-ils  de  toutes  leurs  forces  contre  la  suprématie  de  la 
Prusse,  monarchie  protestante,  ^^mdthorst  devient  l'âme  du  parti 
Grossdeutsch. 

Mais  tous  ces  beaux  rêves  de  Grande  Allemagne  se  dissipent  à 
Sadowa.  C'est  là  qu'est  joué  le  sort  du  Hanovre  et  de  l'Allemagne 
religieuse.  La  Prusse  a  remporté  la  victoire,  la  «  petite  protestante  )^ 
a  battu  «  la  grande  catholique  ».  Pourtant  il  y  a  encore  Guelfes  et 
Gibelins,  et  il  ne  faut  rien  moins  que  la  guerre  étrangère,- la  guerre 
contre  la  France,  pour  calmer  les  vieilles  querelles  et  faire  accepter 
ridée  de  la  Grande  Allemagne  sous  une  autre  forme. 

Déçu  dans  ses  rêves,  Windthorst  mit  alors  toutes  ses  forces  au 
service  de  l'idée  catholique,  et  ce  fut  le  Kulturkampf  qui  lui  permit 
de  donner  la  mesure  de  toutes  ses  qualités. 

Jusque-là,  il  avait  fait  son  éducation  politique  aux  parlements  de 
Hanovre  et  de  l'Allemagne  du  nord,  et  comme  ministre.  Aussi, lorsque 
la  guerre  fut  déclarée  entre  le  chancelier  et  l'Église,  la  «  petite  Excel- 
lence »  était  armée  pour  la  lutte.  Il  la  soutint  brillamment  et  avec 
succès. 

Le  3  octobre  1866,  la  Prusse  avait  officiellement  pris  possession 
du  Hano^Te  :  Windthorst  était  devenu  Prussien.  Libéral  et  patriote 
comme  il  l'était,  il  n'hésite  pas  à  solliciter  des  mandats  pour  le 
Reichstag  et  le  Landtag  pi'ussien.  Il  est  élu  dans  trois  circcnscr.'ptions 
hanovriennes  et  le  voilà  député.  C'est  alors  qu'il  fonde  avec  dou^e  de 
ses  amis  le  «  Bundes-Staatlich-Konstitutionefenverein  ».  Ce  petit 
groupe  deviendra  le  grtnd  parti  du  Centre,  ^^'indthorst  en  fut 
nommé  président.  A  partir  de  ce  moment,  il  va  se  mesurer  avec 
Bismarck.  Le  chancelier  de  fe^ voulait  mettre  «l'Empereur  universel  » 


—  361  — 

au-dessus  du  Pape;  il  voulait  faire  plier  Rome  devant  Berlin  ;  mais 
il  allait  trouver  à  qui  parler,  c;  Ce  n'est  pas  un  spectacle  banal  qu& 
de  voir  se  dresser  devant  Bismarck,  qui  voulait  fonder  une  Eglise 
nationale,  la  silhouette  du  docteur  Windthorst,  qui,  comme  un 
gnome  des  vieux  contes  germains,  démolit  tout  l'édifice  que  le  géant 
essayait  d'édifier.  « 

Mais  il  ne  faudrait  pas  croire  que  ce  duel  politique  entre  le  chan- 
celier et  la  petite  Excellence  absorba  toute  l'activité  de  Windthorst. 
Travailleur  acharné  et  infatigable,  il  s'occupe  encore  de  la  question 
sociale,  de  l'organisation  des  catholiques  en  Allemagne.  Il  fonde  le 
Volksverein,  il  préside  des  congrès  de  cathoHques,  il  travaille  jusqu'au 
dernier  moment,  puisqu'il  <3st  encore  dans  l'arène  lorsque  la  mort 
vient  le  prendre  à  quatre-vingts  ans,  le  14  mars  1891.  «  On  peut,  dit 
en  terminant  J.  Lespinasse-Fonsegrive,  on  peut  discuter  les  idées 
do  Windthorst  et  ne  pas  approuver  ses  vues,  il  n'en  reste  pas  moins 
un  exemple  d'habileté  politique  consommée,  de  talent  oratoire,  de 
travail  acharné  et  d'inlassable  énergie.  »  A.  Clerval. 


CORRESPONDANCE 

Notre  collaborateur  M.  Armand  d'Herbomez  nous  envoie  la  lettre  suivante: 

Paris,  le  15  septembre  1909. 
Cher   Monsieur, 

J'ai  rendu  compte,  dans  la  livraison  du  mois  d'août  dernier  du  Poly- 
hiblion  (p.  150),  d'un  livre  de  M.  L.  Caillot  intitulé  :  £'^Hcfc  sur  les  rela- 
tions de  la  '■ommiine  de  Lyon  avec  Charles  VII  et  Louis  XI  (1417-1483). 
J'ai  présenté  quelques  critiques.  M.  Caillet  m'écrit  qu'il  en  est  que  je 
n'eusse  pas  faites  si  j'avais  connu  certain  «  Supplément  à  l'Erratum  » 
que  l'auteur  m'envoie.  Cela  va  de  soi.  Je  ne  demande  donc  pas  mieux 
de  déclarer  que  M.  L.  Caillet  a  fait  son  petit  Mea  culpa  et  que,  de  la 
sorte',  il  a  rendu  son  importante  Étude  encore  plus  digne  du  second  prix 
Gobert  que  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres  lui  a  décerné 
cette  année. 

Veuillez  agréer,  etc.  Armand  h'Herbomez. 

M.  le  chanoùie  Crozat  nous  écrit  :  • 

Chanas,  2  octobre  1909. 

Monsieur   le   Directeur   du   Polybiblion, 

L'article  que  M.  Mangenot  vous  a  fourni  sur  mon  opuscule  :  La 
Vraie  Science  des  Ecritures^  et  que  vous  venez  de  publier  dans  le  der- 
nier numéro  de  votre  Revue,  appelle  une  réponse  :  la  voici.  \'ous  vou- 


—  362  — 

drcz  l)icn  la  donner  dans  votre  prochain  numéro  et  m'en  adresser  une 
justification. 

M.  Mangenot  se  plaint  que  je  n'ai  pas  répondu  à  ses  critiques  anté- 
rieures avec  courtoisie.  Si  je  suis  coupable  de  quelque  injure  envers  sa 
personne,  il  m'a  bien  dispensé  de  lui  faire  amende  honorable;  car  il 
s'est  payé  de  ses  mains  avec  usure.  Mais  je  le  remercie  de  m'avoir 
rappelé  à  la  modestie  et  de  me  fournir  l'occasion  de  la  pratiquer. 

Quelle  est  donc  l'injure  qui  a  fait  monter  si  haut  le  toii  du  docte 
Professeur?  J'ai  dit  en  effet  qu'il  est  inexplicable  qu'un  homme  ayant 
porté  toute  sa  vie  le  harnais  de  la  théologie  puisse  ignorer  ou  oublier 
la  distinction  des  deux  ordres  de  coiinaissances  que  reconnaît  l'Eglise. 

Si  c'est  une  injure,  j'en  suis  désolé,  car  je  suis  obligé  de  la  renouveler. 

M.  Mangenot  me  nomme  les  Papes  qui  ont  condamné  les  adversaires 
de  l'inerrance  absolue  des  Écritures.  Je  lui  réponds  que  les  Papes  n'ont 
fait  en  cela  que  leur  devoir,  car  il  est  bien  certain  qu'il  n'y  a  pas  dans 
le  texte  des  Ecritures,  une  seule  erreur  co«/re  la  révélation,  puisque  suivant 
Léon  XIII  les  écrivains  sacrés  ont  été,  lorsqu'ils  l'ont  composé, 
assistés  d'une  façon  absolument  efficace  par  la  vertu  surnaturelle  du 
Saint-Esprit  et  qu'ils  ont  écrit  àddi^une  infaillible  vérité  toutceque  Dieu 
leur  a  commandé  d'écrire,  sans  rien  en  omettre  ni  y  ajouter  de  plus 
(Enc.  Prov.  Deus  n»  24).  Mais  où  M.  Mangenot  a-t-il  vu  que  le  Saint- 
Esprit  avait  aussi  assisté  les  écri-s'ains  sacrés  pour  les  préserver  contre 
les  erreurs  de  physique  ou  d'histoire  et  que  toutes  les  idées  d'ordre  naturel 
dans  lesquelles  ils  ont  rendu  la  parole  de  Dieu  ont  toutes  été  déclarées 
par  l'Eglise  comme  exemptes  d'erreur?  Je  le  défie  bien  de  le  dire. 
Par  contre,  je  vais  lui  indique'r  les  textes  où  il  apprendra  que  l'Eglise 
ne  s'en  occupe  pas  et  qu'elle  en  abandonne  le  jugement  aux  hommes. 
D'abord,  c'est  le  décret  du  concile  de  Trente,  renouvelé  et  exphqué 
par  le  concile  du  Vatican,  lequel  déclare  «  qu'il  appartient  à  l'Eglise 
d'interpréter  souverainement  les  Ecritures  et  que  le  vrai  sens  de  celles- 
ci  est  celui  que  l'Église  leur  a  donné  et  qu'elle  leur  donne  quand  il 
s'agit  des  choses  de  la  foi  ou  des  mœurs  qui  constituent  l'édifice  de  la 
docirine  chrétienne  ».  Et  pour  les  choses  qui  n'appartiennent  ni  à  la  foi 
ni  aux  mœurs  et  qui  n'entrent  en  aucune  manière  dans  l'édifice  de  la 
doctrine  chrétienne,  qu'en  pense,  qu'en  dit  l'ÉgUse?  L'Eglise  n'en  dit 
pas  un  mot  dans  le  décret  cité,  laissant  clairement  entendre  par  là 
qu'elle  ne  s'en  occupe*pas  et  qu'elle  en  abandonne  le  jugement  à  la 
raison  individuelle. 

En  effet,  le  concile  du  \'atican,  ayant  précisé  ca  doctrine  sur  ce 
point,  a  déclaré  que  l'Eglise  reconnaît  la  souveraineté  de  la  raison 
sur  le  terrain  des  choses  scientifiques,  pourvu  qu'elle  ne  sorte  pas  des 
limites  de  son  domaine. 

Par  conséquent  l'Église,  pouvoir  surnaturel,  ne  peut  pas  dire  ni 


—  363  — 

n'a  jamais  dit  que  les  choses  naturelles,  dont  elle  ne  s'occupe  pas,  qui  sont 
du  domaine  de  la  raison,  sont  toutes  infailliblement  vraies.  Donc  on  peut 
dire  sans  aller  contre  l'enseignement  de  l'Église  qu'il  y  a  des  erreurs 
humaines. 

20  M.  Mangenot  me  reproche  encore  de  combattre  la  scolastique 
dont  Léon  XIII  et  Pie  X  ont  tant  loué  la  méthode  et  la  doctrine. 
Confusion  nouvelle.  Il  y  a  scolastique  et  scolastique;  celle  qu'ont  tant 
recommandée  les  Papes,  n'est  pas  la  scolastique  moderne  des  xvi^  et 
xvii^siècles. C'est  précisément  pour  prémunir  l'enseignement  catholique 
contre  l'obscurité,  le  vague,  la  fausseté  et  le  néant  des  principes  que 
la  scolastique  moderne  a  introduit  par  sa  méthode  dans  l'étude  de  la 
philosophie  et  de  la  théologie  que  les  Souverains  Pontifes  ont  si  forte- 
ment insisté  pour  ramener  les  esprits  à  la  méthode  scolastique  d'Al- 
bert le  Grand  et  de  saint  Thomas,  pour  ne  nommer  que  ces  deux 
Maîtres.  Je  ne  fais  donc  que  mettre  en  pratique  les  recommandations 
apostoHques  quand,  armé  de  la  simple  logique,  je  m'efforce  de  mo^ntrer 
les  erreurs  dans  lesquelles  la  scolastique  moderne  a,  par  manque  de 
logique,  jeté  et  maintenu  la  théologie  et  l'exégèse  au  mépris  des  ensei- 
gnements de  l'EgUse. 

3°  M.  MangenoL  me  dit  encore  que  je  suis  seul  entre  tous  les  théo- 
logiens. Je  le  lui  accorde,  pouvu  qu'il  dise  théologiens  modernes.  Les 
théologiens  modernes,  pour  la  pliipart,  ont  en  effet  créé  leur  théologie, 
non  d'après  les  actes  de  l'autorité  ecclésiastique,  mais  d'après  l'ensei- 
gnement de  l'exégèse  dans  l'École.  Or  aux  théologiens  modernes,  sur 
le  point  qui  nous  occupe,  j'oppose  la  théologie  que  je  jjrétends  tirer 
des  conciles  de  Trente  et  du  Vatican,  de  saint  Thomas  et  de  son  École, 
des  Pères  de  l'Église  des  quatre  premiers  siècles  et  enfin  des  Apôtres. 
Je  leur  abandonne  la  théologie  et  l'exégèse  des  écrivains  qui  ont  suivi 
Appollinaire,  l'évêque  de  Laodicée.  C'est  en  effet  cet  évêque  héré- 
tique qui  a  été  le  père  des  méthodes  théologiques  et  exégétiques  qui 
ont  produit  un  abaissement  et  une  déviation  si  funestes  dans  l'ensei- 
gnement de  la  parole  de  Dieu.  On  en  reparlera  un  jour  ailleurs. 

En  résumé,  M.  Mangenot  ne  m'attaque  et  ne  défend  l'exégèse  dont 
il  est  un  représentant  que  par  des  arguments  d'autorité  qu'il  entend 
mal  et  qui  ne  portent  pas.  Quant  à  montrer  que  mes  principes  sont 
faux  et  que  mes  conclusions  ne  riment  pas  avec  la  logique,  il  ne 
l'essaye  même  pas.  Il  ne  reste  plus  que  ses  gros  rziots  pour  m'accabler, 
écraser  mon  petit  livre  et  faire  rentrer  encore  une  fois  la  vérité  dans 
les  profondeurs  ténébreuses  de  son  puits.  Je  préviens  le  docte  profes- 
seur que  ce  n'est  pas  assez  pour  réaliser  ses  noirs  desseins. 

Le  public  en  effet  ne  manquera  pas  de  dire  que  le  livre  doit  être 
solide  par  la  force  de  ]»  vérité  qu'il  établit  et  par  celle  des  principes  sur 
lesquels  il  la  fonde,  puisque  l'on  n'ose  pas  l'attaquer  de  front,  l'analyser 


—  364  — 

au  fond  et  le  réfuter  directement.  Dès  lors  qu'on  ne  l'attaque  que  de 
loin,  par  des  arguments  extrinsèques,  c'est  un  signe  qu'on  lui  rend  in- 
volontairement hompiage. 

J'ai  l'honneur,  Monsieur  le  Directeur  du  Polybiblion,  de  vous  pré- 
senter mes  plus  respectueux  hommages. 

Votre  humble  serviteur, 
J.-B.  Crozat,  ch.  h. 

A  cette  longue  épître,  M.  E.  Mangenot  répond  dans  les  termes  c'-après: 
Je  maintiens  toutes  mes  observations  sur  les  deux  livres  de 
M.  le  chanoine  Crozat,  tant  celles  de  l'année  dernière,  qui  visaient 
le  fond  du  système,  que  les  plus  récentes,  qui  lui  opposaient  des 
arguments  d'autorité,  bien  interpré'és -et  Tatteignant  tout  droit. 
C'est  un  grave  préjugé  contre  une  tliéorie,  nouvelle,  isolée  e'o  singu- 
lière en  tous  points,  qu'elle  soit,  au  sujt?t  de  l'iner.'ance  biblique, 
en  désaccord,  non  pas  avec  la  scolastique  (  !)  moderne  du  xvi^  et 
du  xvii^  siècles,  mais  avec  l'enseignement  du  concile  du  Vatican 
et  des  Souverains  Pontifes  Lé  m  XIII  et  Pie  X.  Le  ton  vif  de  ma 
dernière  recension  tendait  à  écarter  définitivement,  si  c'était 
possible,  les  erreurs  de  M.  Crozat,  qu'il  renouvelle  i:i  même 
avec  une  obstination  digne  d'une  meilleure  cause.  Les  lecteurs 
jugeront  de  son  orthodoxie,  et  ils  estimeront  à  leur  juste  valeur  les 
insinuations  dignorance  qu'il  me  prête  en  des  matières  que  j'en- 
seigne depuis  plus  de  vingt  cinq  ans.  E.  Mangenot. 


BULLETIN 

A.ctee  cl<i  S.  S.  i»ie  X..  Encycliques,  jno'u  proprio,  brefs,  allocutions,  etc. 
Texte  latin  et  traduction  française  en  regard,  précédés  d'une  notice  bio- 
graphique, suivis  d'une  Table  générale  alphabétique.  T.  III.  Paris,  Maison 
de  la  Bonne  Presse,  s.  d.,  in-12  de  352  p.  —  Prix  :  1  fr. 

La  Maison  de  la  Bonne  Presse  vient  de  publier  le  tome  III  des  Actes  de 
S.  S.  Pie  X,  suivi  de  la  Table  générale  alphabétique  des  trois  premiers 
volumes.  On  trouvera  particulièrement  dans  ce  volume  le  texte  français 
officiel  de  la  lettre  du  Saint-Père  sur  la  Séparation,  rencyclique  «  Pascendi» 
sur  les  erreurs  des  modernistes,  le  jnotu  proprio  renfermant  les  sentences 
contre  les  modernistes,  et,  dans  les  actes  des  Congrégations  romaines,  le 
décret  Lamentabili,  avec  les  instructions  adressées  aux  Ordinaires, 
les  décrets  de  la  S.  Congrégation  du  concile  sur  l'acquittement  des 
messes,  sur  la  nouvelle  législation  du  mariage.  Parmi  les  actes  de  Ja 
S.  Pénitencerie,  citons  les  rescrits  concernant  la  spoliation  des  biens  d:s 
religieux.  C'est  dire  combien,  au  milieu  de  tant  d'autres  documents  impor- 
tants, ce  volume  en  renferme  qui  doivent  être  d'un  usage  très  fréquent  pour 
tout  ecclésiastique  ou  chrétien  désireux  de  s'appuyer  sur  les  prescriptions 
de  l'autorité  souveraine.  Le  bon  marché  exceptionnel  et  la  perfection  typo- 
graphique de  cette  précieuse  collection  des  actes  pontificaux  sont  un  double 
mérite  que  nous  ne  nous  lassons  pas  de  signaler.  G.  P. 


—  365  — 

Kants  Pi-oleguinenn  in  spraehiichen  Bearbettung,  yoîl  EmIL   KûRN. 

Gotha,  Thiennemann,  1908,  petit    in-8  de  vi-156  p.  —   Prix  :   3  fr. 

hes  Prolégomènes  de  Kantsontbeaucoup  moins  connus  que  ]3.Critiquede  la 
raison  pure  et  la  Critique  de  la  raison  pratique.  Cet  ouvrage  est  cepen- 
dant d'une  grande  importance  pour  saisir  exactement  la  pensée  intime  du 
philosophe  de  Kœnigsberg  et  juger*  comment,  dans  son  système,  une  cer- 
taine métaphysique  est  possible.  Mais  les  Prolégomènes  sont  assez  diffi- 
ciles à  comprendre.  M.  Kûhn  a  donc  entrepris  d'en  faire  une  espèce  de  tra- 
duction, non  en  en  donnant  une  édition  dans  une  autre  langue,  mais  en  les 
reproduisant  dans  un  allemand  plus  moderne  et  plus  accessible  à  la  foule 
des  lecteurs. 

Selon  le  mot  de  l'auteur,  chaque  lecteur  doit  se  faire  d'abord  une  traduc- 
tion à  soi  avant  de  se  rendre  maître  de  l'original.  La  pensée  est  juste; 
mais  comment  le  lecteur  qui  publie  sa  traduction  peut-il  assurer  qu'il  n'a 
pas  modifié  par  ses  vues  propres  le  système  qu'il  reproduit?  D.  V. 


■.e»  Pi-emiors  r*as  dans  l'oatoinoloîçle.   IVos    S)cai>abëes,     par    PauL 

Maryllis.  Paris,  Laveur,  s.  d.,  in-4  de  79  p.,  avec  4  planches  en 
chromolithographie  et  de  nombreuses  figures  dans  le  texte.  —  Prix, 
cartonné  toile  :  3  fr.  50. 

Nos  Scarabées  forment,  par  une  série  de  causeries,  un  ouvrage  vraiment 
réussi  pour  charmer  et  instruire  «  les  chers  petits  lecteurs  et  amis  »  de 
l'auteur.  C'est  dire  qu'il  est  assez  élémentaire  et  d'une  forme  enjouée 
pour  ne  pas  fatiguer  leur  intelligence  naissante  et  assez  exact  pour  qu'ils 
puissent  en  tirer  une  certaine  somme  de  connaissances  utiles.  La  chasse 
aux  insectes  exige  un  petit  outillage,  quelques  instruments  spéciaux 
et  des  soins  particuliers.  L'auteur  y  initie  sa  jeune  clientèle.  Il  indique 
fort  bien  comment  on  commence  et  on  range  une  collection,  dans  quel 
ordre.  Les  quatre  planches  coloriées  qui  terminent  ce  petit  hvre  et  en  for- 
ment un  véritable  album  seront  à  ce  point  de  vue  éminemment  utiles. 

G.    DE   S. 


Mémento  d'ua  jai-dlnier-amatetir,  par  LÉON  Chevreau.  Paris;  Li- 
brairie agricole  de  la  Maison  rustique,  1908,  in-12  cartonné  de  86  p. 
—   Prix  :  1  îr.  50. 

Le  sous-titre  indique  bien  le  but  de  l'ouvrage  :  «  Relevé  mensuel  des  tra- 
vaux effectués  dans  les  jardins  et  les  serres  au  cours  de  50  ans  de  pratique.  » 
Une  si  longue  pratique  met  de  bien  prôs  notre  amateur  au  rang  des  profes- 
sionnels et  c'est  un  recueil  des  plus  intéressants  qu'il  offre  ici  au  public.  Une 
première  partie  comprend  des  indications  diverses  dont  la  généralité 
même  les  rend  utiles  à  toute  époque  de  l'année.  Dans  la  deuxième  sont 
classés  les  travaux  qu'il  importe  de  faire  à  un  moment  plus  spécial  ou  à  une 
époque  déterminée.  C'est  un  relevé  bien  fait,  et  très  utile,  des  travaux  de 
chaque  mois  et  qu'un  véritable  amateur  risquerait  parfois  de  faire  à 
contre-temps,  si  on  ne  lui  rafraîchissait  la  mémoire  au  moment  propice. 
Une  idée  fort  heureuse  a  été  de  laisser  le  verso  de  chaque  page  à  la  disposi- 
tion du  lecteur  pour  lui  pei  mettre  d'y  transcrire  ses  notes  et  ses  observa- 
tions personnelles,  puis  d'enrichir  ainsi  chaque  année  ce  petit  volume 
d'indications  nouvelles  plus  spécialement  appropriées  à  la  situation  de 
chacun.  G.  de  S. 


—  366  — 

En  ciieminant?  par  ANDRÉ  Bessox.  Nouvelle  édition.  Lille,  Société  de 
Saint-Atigiistin,  1909,  in-32  de  124  p.  —  Prix  :  1  fr. 

Ce  petit  livre,  très  coquet  d'aspect,  est  bien-  court,  et  contient  tout 
juste  dix  petits  morceaux,  qu"on  peut  lire  en  une  heure,  mais  qui  méritent 
d'être  médités  beaucoup  plus  longtemps.  L'auteur  y  fait  preuve  d'un  talent 
très  frais,  très  poétique,  très  élevé,  où  l'émotion  voisine  avec  les  vues  pro- 
fondes de  l'âme  chrétienne.  Ce  sont  parfois  des  récits,  des  histoires,  mais, 
le  plus  souvent,  de  simples  petits  faits,  ou  même  une  impre-^sion,  un  sou- 
venir, prolongés  en  méditations,  en  élévations,  d'où  l'auteur  fait  ressortir 
de  chrétiennes  et  fortifiantes  leçons.  Un  premier  cheveu  blanc,  les  feuilles 
mortes,  une  tache  inaperçue,  une  visite  au  cimetière,  les  âmes  entrevues  à 
travers  le  mystère  des  yeux,  un  suicide  de  collégien,  les  intimités  de  la  maison 
paternelle,  sujets  mélancoliques,  attristants,  douloureux,  si  le  talent  et  la 
foi  de  l'auteur  ne  les  illuminait  de  belles  clartés  chrétiennes.  Deux  récits 
seulement  ont  un  petit  air  de  satire  :  la  Peur  d'être  jobard  et  Bayard  et 
Gavroche:  mais  la  satire  est  tout  à  fait  dénuée  de  méchanceté  et  vise,  comme 
tout  le  reste,  à  nous  faire  réfléchir  sur  noGs-mêmes  et  à  nous  rendre  meilleurs. 
Sous  des  formes  variées,  ce  petit  livre  est  donc  avant  tout  un  livre  de  foi 
ardente,  qui  nous  fait  entendre  les  appels  de  l'Éternelle  Voix.  M.  André  Bes- 
son  n'ambitionne  d'autre  rôle  que  celui  de  héraut  du  Christ  :  une  fois  de 
plus  il  a  bien  rempli  sa  mission  en  cheminant.  Je  recommande  très  chau- 
dement ce  charmant  petit  livre,  dont  j'aurai  résumé  l'inspiration  en  disant 
qu'il  fait  partie  de  la  collection  «  Vive  Dieu^  »  et  que  vraiment  il  en  est 
digne.  Édou.\rd  Poxïal. 

La    Tribuwa    roja,.  por   Berxardo   Morales    Sax    ^L\rtix.  Valencia, 
A.  Aguilar,  1909,  in-16  de  199  p.  —  Prix  :  1  fr. 

La  nouvelle  espagnole  qui  porte  ce  titre  n'est  nullement  un  de  ces  ro- 
mans-feuilletons, dont  le  seul  souci  est  de  multiplier  les  épisodes  drama- 
tiques, «  sensationnels  «,  pour  employer  l'expression  du  jour.  En  lisant  la 
Tribuna  rnja,  j'ai  pensé  plus  d'une  fois  à  P.  Bourget  et  à  Cruelle  énigme, 
car  il  y  a  beaucoup  d'analogie  entre  les  deux  ouvrages,  bien  que  les  situa- 
tions des  héros  ou  des  héroïnes  de  l'un  et  de  l'autre  drame  soient  quelque 
peu  différentes.  Milagro  est  une  pauATe  jeune  fille  égarée,  qui  s'est  laissé 
entraîner  par  les  idées  de  nos  modernes  libres  penseurs,  et  séduire  par  un 
jeune  étuaiant  de  semblable  mentalité.  Mais  Fétudiant  est  devenu  médecin; 
il  est  allé  s'installer  à  plusieurs  lieues  de  Valence;  il  se  dégagée  peu  à  peu  des 
serments  (humains)  qu'il  a  faits  à  la  jeune  femme,  tout  en  cherchant  encore 
à  l'abuser asur  ses  véritables  sentiments,  jusqu'à  ce  que  celle-ci,  complè- 
tement désillusionnée,  vienne  tomber,  repentante  et  convertie,  aux  pieds 
de  la  Vierge  des  «  desamparados  »,  avec  son  petit  enfant  abandonné.  On 
retrouve,  dans  cette  nouvelle,  toutes  les  qualités  de  l'écrivain  que  nous 
avons  signalées  en  d'autres  occasions  :  une  profonde  connaissance  du 
cœur  humain,  un  admirable  talent  de  peintre,  un  style  agréable  et  souple, 
et  le  sens  chrétien  dans  les  idées  comme  dans  la  trame  de  l'histoire. 

G.  Bernard . 


Les  Assemblées  du  clei-jjé  et   le  I*i'otestaii»lsnie,      par     I.     BOURLON. 

Paris,  Bloud,  1909,  in-12  de  12.6  p.  —  Prix  ;  1  fr.  20. 

M.  Bourlon  étudie  la  conduite  des  assemblées  du  clergé  de  France  envers 
les  protestants.  Il  divise  fort  judicieusement  cette  histoire  en  cinq  pé- 
riodes :  io  De  1560  à  l'Édit  de  Nantes;  2°  De  l'édit  de  Nantes  à  la  prise 


—  367  — 

de  la  Rochelle;  3°  De  l'Édit  de  grâce  à  la  mort  de  Mazarin;  4°  De  la  mort  de 
Mazarin  à  la  Révocation, de  l'édit  de  Nantes;  5°  De  la  Révocation  de  l'édit 
de  Nantes  à  la  Révolution.  Un  chapitre  particulier  est  consacré  au  régime 
légal  des  mariages  protestants,  et  un  autre,  fécond  en  détails  savoureux, 
à  la  caisse  des  ministres  convertis.  Ce  travail  est  réellement  instructif  et 
utile,  car  l'auteur  a  su  tirer  bon  parti  du  document  capital,  qui  est  le  texte 
même  des  procès-verhaux,  des  cahiers  et  des  remontrances  de  toutes  les  assem- 
blées générales  du  clergé  :  magnifique  recueil  publié  à  la  fin  du  règne  de 
Lou  is  XV.  M.  Bourlon  s'est  délibérément  abstenu  d'élargir  son  cadre  ea 
discutant  avec  détail  les  problèmes  qu'il  rencontre  au  passage,  ou  en  résu- 
mant la  vokm'neuse  littérature  consacrée  à  chacun  d'entre  eux  :  on  doit 
reconnaître  que  c'est  là  une  preuve  de  sagesse.  Toutefois  la  clarté  même 
du  récit  et  la  commodité  du  lecteur  auraient  exigé,  croyons-nous,  de  temps 
à  autre,  un  peu  plus  d'allusions  documentaires  et  bibliogi'aphiques.  Par 
exemple,  il  est  perpétuellement  question  des  édits,  déclarations  et  arrêts 
concernant  le  protestantisme  :  pourquoi  donc  ne  pas  renvoyer  au  recueil 
publié,  en  1885,  par  M.  Léon  Pilatte?  On  parle,  à  mainte  reprise,  des  stjno- 
des  nationaux  tenus  par  les  Eglises  protestantes  :  pourquoi  ne  pas  men- 
tionner leur  histoire,  écrite  par  M.  G.  de  Félice?  A  propos  de  l'attitude  si 
ondoyante  de  Mazarin  envers  les  huguenots,  pourquoi  ne  pas  recourir  à 
M-  Augustin  Cochin  :  Les  Églises  calvinistes  du  Midi:  le  cardinal  Mazarin 
et  Cromwell?  (Cf.  tome.  76  de  Ja  Revue  des  questions  historiques,  année  1904, 
p.  109-156).  A  propos  de  l'énergique  et  tenace  intervention  des  assemblées 
du  clergé,  en  1656  et  1660,  contre  les  protestants  (p.  49-62),  pourquoi  ne 
rien  dire  de  la  Compagnie  du  Saint-Sacrement,  aujourd'hui  bien  connue, 
qui  prépara  et  dirigea  très  savamment  la  campagne?  A  propos  de  la  con- 
sultation ^cr/«e  de  rÉpiscopat  français  en  1698  (p.  90),  pourquoi  taire  le 
volume  de  M.  Jean  Lemoine  :  Mémoires  des  évêques  de  France  sur  la  conduite 
à  tenir  à  l'égard  des  réformés?  —  Ajoutons  que  le  jugement  de  l'auteur  paraît 
un  peu  trop  sévère  pour  l'édit  de  Louis  XVI  accordant  l'état  civil  aux  pro- 
testants (p.  108);  et  que  le  dernier  mot  de  la  brochure  paraît  un  peu  trop 
indulgent  pour  les  principes  de  la  Révolution. (p.  125).  Enfin,  il  est  regret- 
table que  ce  travail,  digne  d'estime,  ne  s'achève  par  aucune  conclusion  d'en- 
semble :  les  textjs  et  les  faits  réunis  par  M.  Bourlon  fourniraient  cepen- 
dant tous  les  matériaux  d'un  jugement  impartial  et  mesuré  sur  la  conduite 
de  l'ancien  clergé  de  France  envers  le  «  petit  troupeau  qui  broutait  [pas 
toujours  en  paix]  les  mauvaises  herbes  ».  Yves  de  la  Brière. 


AutoMf -<î*un  problème.  Réfutation  c!u    livi'e  cI(î    M.     Joseph    TTùi"- 

qu:>n  sut-  L.ouis  xviir,    par  Otto  Friedrichs.  Paris,  Daragon,  1909, 
in-18  de  300  p.    —    Prix  :   3  fr. 

Noiis  avons  rendu  compte  l'année  dernière  du  livre  dans  lequel  M.  Joseph 
Turquan  a  émis  une  nouvelle  hypothèse  sur  la  mort  de  Louis  XVIL  Cette 
version,  nous  en  avons  fait  la  remarque,  avait  l'avantage  d'aplanir  les  diffi- 
cultés que  soulève  le  récit  officiel  de  la  mort  du  jeune  prince  et  de  répondre, 
danc  ce  qu'elles  ont  de  sérieux,  aux  objections  des  partisans  de  lasurviva-nce.- 
Elle  a  fort  déplu  aux  naundo^ffistes,  et  l'un  d'eux,  M:  Otto  Friedrichs;- 
s'est  appliqué  à  lui  opposer  une  réfutation  en  règle.  Il  appuie  avec  forcesur" 
le  caractère  conjectural  de  la  thèse  qu'il  combat.  Très  au  courant  de  son 
sujet,  il  élève  contre  elle,  sur  quantité  de  détails,  maintes  critiques,  dont  on 
ne  saurait  contester  le  poids,  mais  à  la  valeur  desquelles  n'ajoute  rien  le- ton 
dépourvu  de  courtoisie  qu'il  a  cru  devoir  adopter; 

H'.   Rt'BAT  DU   MÉKAC. 


—  368  — 

Lics  r*ai>IerB  <Ies  A.sseniblées  de  la  Révolution  aux  i%.i*chlves 
natiouaics.  Inventaire  de  la  t.ci-ie  c  (Constituatite,  Législative,  Con- 
vention), par  Alexandre  Tuetey.  Paris,  Cornély,  1908,  in- 8  de  xvii- 
299  p.  —  Prix  :  4   fr. 

Cet  inventaire  sommaire  peut  être  feuilleté  avec  profit  par  les  chercheurs 
désireux  de  ne  pas  perdre  trop  de  temps  en  consultant  les  inventaires  ana- 
lytiques des  Archives.  Il  est  suivi  d'une  table  des  matières,  qui  comprend 
près  du  tiers  du  volume.  Outre  les  registres  (en  secondes  minutes)  des  pro- 
cès-verbaux des  trois  principales  assemblées  révolutionnaires,  on  signale 
ici  386  dossiers  (lettres,  motions,  rapports,  etc.),  sur  lesquels  on  donne 
seulement  des  indications  très  générales.  Ces  indications  sont  un  peu  plus 
précises  en  ce  qui  concerne  les  correspondances  des  représentants  en  mis- 
sion et  des  chefs  d'armée  sous  le  règne  de  la  Convention.  Ici  aussi  figurent 
les  pièces  du  procès  de  Louis  XVI  et  les  affaires  jugées  par  le  premier 
tribunal  révolutionnaire,  les  papiers  relatifs  à  Lafayette  et  à  Dumouriez 
en  1792.  En  somme,  bon  répertoire,  mais  dont  l'impression  n'était  point 
nécessaire;  il  eût  suffi  de  le  mettre,  dans  la  salle  publique  des  Archives,  en 
fiches,  à  la  disposition  des  travailleurs.  L.  P. 


Une  Prii^on  sous  la  Tei'reur.  I.e  Couvent  des  bénédictines  an- 
glaises du  ciiamp-de-r Alouette,  par  l'abbé  Jean  Gaston.  Paris, 
Champion,  1909,  in-8  de  24  p.,  avec  2  vues  inédites.  —  Prix  :  1  fr. 

M.  l'abbé  J.  Gaston  continue  avec  succès  ses  recherches  sur  les  établisse- 
ments religieux  de  l'ancien  faubourg  Saint-Marceau.  Il  a  découvert  rue  des 
Tanneries  les  restes  du  cloître  des  bénédictines  anglaises;  deux  vues  qu'il 
en  publie  remontent  à  1862  et  1909.  Après  un  historique  de  cette  commu- 
nauté, qui  menait  au  xvii^  siècle  une  vie  pauvre  et  édifiante,  l'auteur  nous 
raconte  les  destinées  du  couvent.  Transformé  en  prison,  en  novembre  1793, 
il  reçut  des  prisonniers  de  marque;  les  sœurs  ne  furent  pas  expulsées, 
mais  constituées  prisonnières  dans  leur  propre  maison.  Elles  purent  ensuite 
retourner  en  Angleterre.  Outre  les  sources  ordinaires,  M.  l'abbé  Gaston  a 
eu  à  sa  disposition  un  curigux  historique  manuscrit  conservé  par  les  béné- 
dictines de  Cohvich  (Staffs)  et  dont  la  publication  va  être  prochainement 
achevée  dans  The  Ampleforth  Journal,  par  le  R.  P.  Parker.  Je  suis  heureux 
de  signaler  cette  excellente  contribution  à  l'ancienne  histoire  religieuse 
de  Paris.  P.  Pisani. 


Documents  sut*  l'iilstolt'e  de  la  Révolution  en  Savoie.  Procès-ver- 
baux de  V assemblée  générale  des  Allobroges.  Procès-verbauv  de  la  Com- 
mission provisoire  d'administration  des  Allobroges,  par  F,R  ANÇoiS 
Vermale  et  S.-C.  Blanchoz.  T.  I.  Paris,  Alcan,  1908,  in-8  de  245  p. 
—  Prix  :  3  fr.  50. 

Cette  publication,  dédiée  par  ses  auteurs  au  Conseil  général  de  la  Savoie, 
a  un  caractère  semi-ofïïciel.  Elle  doit  comprendre,  en  plusieurs  volumes,  les 
délibérations  des  diverses  assemblées  qui  administrèrent  le  département 
du  Mont-Blanc  jusqu'au  moment  où  la  Révolution  parut  définitivement 
organisée  sou"  le  régime  de  la  constitution  de  l'an  III.  Ce  premier  volume 
contient  :  1°  les  procès-verbaux  des  quatorze  séances  de  l'assemblée  dite 
des  Allobroges,  qui  vota  l'annexion  à  la  France,  imprimés  dès  1792;  2°  les 
procès-verbaux  inédits  de  la  commission  provisoire  d'administration  des 
Allobroges  qui  siégea  ensuite,  du  29  octobre  au  16  novembre  1792.  Cet  en- 
semble de  pièces  forme  comme  une  Introduction  à  l'histoire  de  la  Savoie 


—  369  — 

française.  Il  est  précédé  de  trois  proclamations  du  temps  qui  caractérisent 
pour  nous  l'invasion  et  la  Révolution  accomplies.  Les  éditeurs  ont  fait 
précéder  Je  tout  d'une  Introduction  de  quelques  pages,  terminée  par  une 
citation  de  Michelet,  et  ils  ont  joint  au  corps  de  l'ouvrage,  avec  une  sobriété 
digne  d'éloges,  des  notes  instructives.  L.  P. 


■>' Action  «ocijiie  <ie  Ki-sinçois»  cl%%iBsiso,  d'après  des  documents  peu, 
connus,  par  Hilaire  de  Barenton.  Pari?,  bureaux  de  1'  «Action  fran- 
ciscaine »,  s.  d.,  in-8  de  53  p.  —  Prix  :  1  fr. 

Que  l'esprit  franciscain  ait  contribué  dans  l'Italie  médiévale  à  adoucir 
les  luttes  politiques  et  à  alléger  le  poids  si  lourd  des  institutions  sociales, 
nous  nous  garderons  de  le  nier.  Jl  y  a  là  une  influence  très  certaine,  mais 
qu'il  est  dilTicile  de  déterminer  exactement  et  de  distinguer  des  autres 
causes  qui  ont  également  agi.  11  nous  semble  que  le  R.  P.  Hilaire  de  Barenton 
a  trop  simplifié  les  choses;  d'une  part,  ne  se  rendant  pas  compte  qu'on  trou- 
verait des  faits  semblables  dans  l'histoire  de  toutes  les  villes  italiennes, 
il  a  exagéré  l'originalité  de  la  «  merveilleuse  transformation  »  qui  se  serait 
passée  à  Assise  dans  la  première  partie  du  xiii"^  siècle;  d'autre  part,  il  l'at- 
tribue entièrement  à  saint  François,  qu'il  affirme,  sans  preuves  suffisantes, 
avoir  été,  de  1205  à  1210,  «  le  véritable  chef  de  sa  cité  «,  «  la  grande  et  on 
peut  dire  l'unique  autorité  dans  Assise  ».  E.  Jordan. 


Causei-ies  franco-canadienneiB.  Premier  Entretien,  par  Arthur  Savaète. 
Paris,  Savaète,  s.  d.  (1908),  in-8  de  122  p.  —  Prix  :  2  fr. 

Dans  cet  entretien,  qui  semble  devoir  être  suivi  de  plusieurs  autres, 
le  directeur  de  la  Revue  du  Monde  catholique  continue,  sous  une  forme  dif- 
férente, l'œuvre  qu'il  avait  commencée  avec  Vers  Vabîme.  Il  y  aborde 
quelques-unes  des  questions  les  plus  importantes  de  la  politique  actuelle, 
y  discute  la  personnalité  du  «  Premier  »  Canadien,  de  Sii'  Wilfrid  Laurier, 
et  y  montre  que  les  fêtes  de  jtillet  1908  n'ont  pas  tant  été  la  commémoration 
du  troisième  centenaire  de  la  fondation  de  Québec  par  Samuel  de  Cham- 
plain  que  l'apothéose  de  la  victoire  remportée  par  Wolfe  sur  Montcalm 
dans  les  plaines  d'Abraham  en  1759.  Mais  ne  va-t-il  pas  trop  loin  quand,  à 
propos  de  ces  fêtes,  il  écrit  que,  dans  l'armée  de  Wolfe,  «  chaque  régi- 
ment avait  sa  loge  particulière  dont  les  tenues  avaient  lieu  chaque  mois, 
même  en  campagne  »  (p.  116)?  Nous  aimerions  savoir  sur  quels  textes  est 
fondée  cette  assertion.  A  signaler,  comme  la  plus  importante  des  questions 
traitées  dans  ce  premier  entretien,  celle  des  biens  des  jésuites,  si  mal 
connue  d'ordinaire,  sur  laquelle  ce  fascicule  des  Causeries  franco-cana- 
diennes fournit  une  intéressante  série  de  documents  authentiques  et,  sinon 
inédits,  du  moins  totalement  ignorés.  .  H.  F.        . 


CHRONIQUE 


NÉCROLOGIE.  —  Une  personnalité  des  plus  célèbres  du  monde  religieux 
de  la  France,  le  R.  P.  Du  Lac,  est  mort  à  Paris,  à  la  fin  d'août,  à  74  ans. 
Stanislas  Du  Lac  de  Fugère  était  né  le  21  novembre  18S5.  Entré  de  bonne 
heure  dans  la  Compagnie  de  Jésus,  il  succéda,  comme  directeur  de  l'École 
de  la  rue  des  Postes,  au  P.  Ducoudray,  tué  par  la  Commune.  Après  les 
décrets  d'expulsion,  il  alla  diriger  le  collège  installé  par  les  jésuites  à  Can- 
torbery,  en  Angleterre.  Rentré  en  France,  il  continua  indirectement  son 
Octobre  1909.  T.  CXVI.  24. 


—  370  - 

rôle  d'éducateur  et  s'occupa  tout  spécialement  d'œuvres  et  d'apostolat 
populaires.  Pr.r  ses  actes,  par  ses  épreuves,  par  sa  vie  entière,  par  les  calom- 
nies et  la  persécution  dont  il  a  été  i'objet,  ie  P.  Du  Lac  représente  à  mer- 
veille l'ordre  auquel  il  dut' sa  formation.  Directeur  d'âmes  incomparable, 
orateur  distingué,  il  fut,  de  plus,  un  écrivain  de  talent,  comme  le  prouvent 
les  ouvrages  suivants,  écrits  dans  les  rares  intervalles  de  liberté  que  lui 
laissait  son  ministère  ^  France  (Paris,  1888,  in-12);  —  Henri  VIJJ  et  les 
Mofiastèi-çs  anglais,  traduit  de  l'aqglais  de  Dom  Gasquet  (Paris,  1^9^,  2  vol. 
in-8),  avec  J.  Lugné  Philipou;  • —  Le  Bazar  de  la  Charité,  discours  (Paris, 
1897,  in-8);  —  Quatre  Conférences  blanches  [couturières  et  modistes)  (Rouen, 
1^97,  in-16);  —  Jésuites  (Paipis,  1901,  in-8).  ^^.., 

—  M.  Jpan-Payl  LAFFiTxr,  écrivain  et  orateur  politique  connu,  est  mort 
à  Lion-sur-Mer  (Calvados),  au  commencement  de  septembre,  à  70  ans.  Répu- 
blicain libéral  et  parlementaire,  il  s'était  fait  remarquer  par  la  vivacité 
avec  laquelle  il  avait  combattu  par  la  plume  le  mouvement  du  16  rnai. 
Il  laisse  un  certain  nombre  d'ouvrages  sur  la  politique  intérieure  de  la  France, 
entre  autres  :  Notice  sur  Barthélémy  Laffemas,  contrôleur  général  du  com- 
mqre  sous  Hepri  IV  (Paris,  1877,  in-8);  —  La  Parole  (Paris,  1885,  in-12); 
—  Le  Paradoxe  de  l'égalité  (Paris,  1887,  in-12),  ouvrage  couronné  par  l'Aca- 
démie française;  —  Le  Suffrage  universel  et  le  Bégime  parlçmen,taire  (Paris, 
1888,  in-12);  —  Lettres  d'un  parlementaire  (Paris,  1894,  in-12);  —  Lç  Parti 
modéré.  Ce  qu'il  est.  Ce  qu'il  devrait  être  (Paris,  1896,  in-16);  —  La  Béforme 
électorale.  La  Beprésentation  proportionnelle  (Paris,  1897,  in-12).  M.  Lafïitte 
a  donné  en  outre  (^es  articles  à  la  deuxième  édition  du  Dictionnaire  des 
professions  d'Edouard  Charton,  son  beau-père,  et  il  collaborait  en  outre 
à  quelques  périodiques,  tels  que  le  Journal  des  économistes  et  le  Maga- 
sin pittoresque,  dont  il  fut  J'un  des  directeurs. 

—  Le  baron  Dominico  Carutti  di  Cantogno,  historien  et  aucien  diplo- 
niate  U^lieu,  anpien  secrétaire  général  aux  Affaires  étrangères  da^s  Iç  mi- 
^^istère  C^avour,  ancien  ministre  à  La  Haj-e,  sénateur  du  roj'aume,  direc- 
teuV  de  la  Bibliothèque  royale  de  Turin,  est  mort  dans  cette  de^'nière  ville, 
au  milieu  d'août,  à  88  ans.  Il  était  né  à  Curaiana,  le  26  novçnibre  1821. 
]\[t;mbre  de  la  Q'u^ca  et  des  Académies  des  sciences  de  Turin  et  de  Rome, 
M.  Carutti  di  Cantogno  a  publié  vers  1840  quelques  poésies  pt  uouvelles, 
riotauiirient  :  Delfijia  Dolzi,  Massimo  et  une  tragédie,  Velinda.  Mais  c'est 
sur|,out  çpn^me  historien  qu'il  s'est  fait  connaître,  grâce  à  de  nombreux 
Quvfageç,  dont  plusieurs  ont  obtenu  un  légitime  succès,  par  exemple  : 
J^ç  Eçstç  torinesi  per  la  rif^rme  del  30  ottobre,  descrizione  (Turin,  1847);  — 
Il  Piemonte  como  potenza  italiana  nd  sistema  politico  cVEuropa  (Tiirir\, 
^8^9);  — I)ei  Principii  del  governo  libero  (Turin,  1852,  et  Florence,  1861); 
■ —  Storia  del  regno  di  Yittorio  Carlo  Emanuele  III  (Turin,  1859);  --  Dellçi 
neutralitçL  délia  Savoia  nel  1703  (Turin,  1862);. —  Le  Corte  di  Torino  e  i  traî- 
tati  del  1815  (Turin,  1871);  —  Le  Bepubbliche  italiane  e  i  principati  italiani 
nel  secolo  xv  (Turin,  1873);  —  Storia  délia  diplomazia  délia  casa  di  Savoia 
(Turin,  1875-1880),  4  vol.);  —  Pi  un  iiostro  maggiore  ossia  diCassiano Dal 
Pozzo  il  Giovine  (Turin,  1876);  —  Di  Giov.  Eckio  e  délia  fondazione  delV 
Accçidemia  dei  Lincei  {1811);  —  Il  Conte  Sclopis  (1878)  ;  —  Il  Conte  Umberto 
Biancamano  e  il  re  Ardoino  (Turin,  1878);  — Délia  Contessa  Adélaïde,  del 
re  Ardoino  e  délie  origini  (Turin,  1882);  —  La  Croce  bianca  di  S^'oia, 
memoria  (Turin,  1882);  — Brève  Storia  delf  Accademia  dei  Lincei  (Turin, 
1883);  —  Degli  ultimi  tempi  e  delV  ultima  opéra  degli  antichi  Lincei  (Turin, 
1888);  —  La  Giovenlù  del  grau  principe  Eugenio  (Turin,  1885);  —  Storiç, 
délia  Casa  di  Savoia  durante  la  Bivoluzione  e  l'impero  francese   (Turin,  1892), 


—  371  — 

-'  La  Crociata  caldese  del  l^SS  e  la  Maschera  di  ierro  (Turin,  189't);  — 
//  i°  Rç  di  Casa  Savoia,  storia  di  Vittorio  Amedeo  II  (J397);  —  Storia  délia 
'  ittà  di  Pinerolo  (1897);  —  Bibliografia  Carlo  Albertina  pel  50°  cnniversario 
délia  \norte  del  re  magnanimo  (1859).  M.  Carutti  di  Cautogno  a  donné,  pn 
outre,  de  nombreux  articles  et^mémoires  à  divers  périodiques,  tels  que  : 
les  Actes  des  Académies  de  Rome  et  de  Turin,  les  Miscellanea  di  storia  ita- 
liana,  les  Curiosità  e  Hicerche  di  storia  subalpina,  les  actes  de  la  Regia 
Deputazione  di  Storia  patria,  etc. 

—  On  annonce  encore  la  mort  de  MM-  :  Charles  Abd-Allah,  professeur 
au  Conservatoire  de  Nantes,  mort  dernièrement  en  cette  ville.  —  Mp^^  la 
marquise  d'Auiiay  de  Saint-Pois,  écrivain  distingué,  qui,  après  avoir 
fait  paraître  :  Allons  au  ciel,  manuel  de  Vâme  pieuse  (Paris,  1879,  in-12),  a 
publié  sous  le  pseudonyme  de  «  Auteur  de  Allons  au  ciel  »,  un  certain  nombre 
d'ouvrages  de  piété,  remarquables  par  l'élévation  des  pensées,  morte  au 
commencement  de  septembre;  —  Jean-Baptiste  Baudau,  rédacteur  en 
chef  de  VAutunois,  mort  à  Autun,  le  l^''  septembre;  —  Arnold  Boscowitz, 
journaliste  et  écrivain  de  mérite,  mort  à  Paris,  au  milieu  de  septembre,  à 
82  ans,  lequel  a  collaboré  activement  au  Temps,  à  la  République  française, 
à  la  Faix,  à  la  Revue  germanique,  etc.,  et  a  publié  :  Les  Volcans  et  les  trem- 
blements de  terre  (Paris,  1866,  in-4;  nouvelles  éditions  en  1885  et  1888, 
in-8),  ouvrage  couronné  par  l'Académie  française,  et  ÏAme  de  la  plante  (Pa- 
ris, 1867  in-18),  livre  d'une  originalité  toute  spéciale,  souvent  imité  depuis 
et  qyi  a  inspiré  à  Charles  Darwin  son  ouvi-age  sur  les  plantes  carnivores; 
• —  Louis  BouvEAULT,  professeur  adjoint  de  chimie  organique  à  la  Sorbonne, 
ancien  président  de  la  Société  chimique  de  France,  examinateur  d'entrée 
à  l'Ecole  polytechnique,  auquel  on  doit  entre  autres  publications  :  Sur 
les  nitrites  cétoniques  et  leurs  dérivés  (Blois,  1890,  in-4),  thèse  présentée  à  la 
P'aculté  des  sciences  de  Paris,  mort  dernièrement  à  Paris;  —  le  comte  de 
Catelin,  qui  a  publié  de  nombreux  travaux  sur  les  traditions  et  les  lé- 
gendes provençales,  entre  autres  les  Miettes  de  l'histoire  de  Provence, 
mort  en  septembre,  au  château  de  Parade,  près  d'Aix,  à  l'âge  de  89  ans;  — 
Auguste  Choisy,  qui  fut  pendant  de  longues  années  professeur  à  I'ÉcoIg 
polytechnique  et  à  l'École  des  ponts-et-chaussées,  dont  les  travaux  sur 
l'architecture  sont  des  plus  estimés,  mort  en  septembre;  —  Cossart,  pro- 
fesseur de  physique  expérimentale  à  la  Faculté  des  sciences  de  Bordeaux, 
mort  en  cette  ville,  à  la  fin  d'août,  à  l'âge  de  60  ans;  —  Louis  Decori, 
artiste  et  auteur  dramatique,  auteur  d'un  drame  :  Jean  Chouan,  joué  à  la 
Gaîté,  et,  en  collaboration  avec  Foutanes,  d'un  autre  drame  intitulé  :  La 
Fille  du  garde-chasse,  représenté  à  l'Ambigu,  mort  à  La  Varenne-Saint- 
Hilaire,  le  12  août,  dans  sa  51^  année  ;  —  Charles  Fùurnier,  x3it  Jean  Dolent, 
homme  de  lettres  et  critique  d'art,  mort  en  septembre;  —  Fraissinet, 
secrétaire  de  l'Observatoire  de  Paris,  mort  à  Mandailles  (Cantal),  dans  le 
courant  de  septembre,  à  l'âge  de  63  rns;  —  Henri  Gaguel,  chargé  de  cours  à 
la  Faculté  des  sciences  de  Bordeaux,  mort  en  cette  ville,  dans  le  courant  de 
septembre; — Gustave  Guérard  de  la  Quesnerie,  professeur  honoraireau 
lycée  Saint-Louis  et  à  l'École  coloniale,  mort  dernièrement  au  Grand- 
Saconnex,  près  de  Genève;  ■ —  Paul  Guiraud,  romancier  et  auteur  drama- 
tique, mort  au  milieu  de  septembre,  à  Roquedur  (Gard),  lequel  éditait  la 
Chronique  mondaine  à  Nîmes  et  a  publié  entre  autres  romans  et  pièces  de 
théâtre  :  Jq.cques  Gendrey,  comédie  en  trois  actes  (Paris,  1882,  in-12);  Com- 
ment on  devient  duchesse  (Paris,  1887,  in-12);  Le  Caporal  Grandrigny, 
6<^  marsouins  (Paris,  1888,  in-12);  La  Conversion  de  Gaston  Ferney,  rcman 
spirite  (Paris.  1897,  in-12);  Les  Hommes  publics,  Pom-Prune,  roman   con- 


—  372  — 

temporain  (Paris,  1905,  in-lG);  —  Jean  Lassalle,  professeur  de  chant  au 
Conservatoire  national  de  musigue,  mort  à  Paris,  en  septembre,  à  l'âge  de 
62  ans;  —  Léonce  Lavigne,  rédacteur  au  Figaro,  qui  avait  appartenu 
pendant  longtemps  à  l'agence  parisienne  du  Nouvelliste  de  Lyon,  mort  en 
septembre;  —  Léonard,  professeur  de  mathématiques  au  h'cée  d'E\Teux 
(Eure),  mort  au  commencement  de  septembre,  à  45  ans;  —  Eugène-Pierre 
LÉAUTEY,  publiciste,  mort  en  septembre,  au  château  de  Kerhuel;  —  Jules 
Lion,  auteur  de  quelques  publications  d'histoire  et  d'archéologie  relatives 
aux  provinces  de  Picardie  et  d'Artois,  notamment  :  Vieil  Hesdin  (Saint- 
Omer,  1887,  in-12),  mort  à  la  fin  d'août,  à  Hesdin;  • —  Edmond  Mélan, 
pianiste  et  compositeur,  président  de  la  commission  musicale  du  Cercle 
de  l'Union  artistique,  mort  dernièrement  à  Hermance  (Suise);  —  le  D' 
Adolphe  Mon  Y,  à  qui  l'on  doit  divers  ouvrages,  entre  autres  :  Études  dra- 
matiques (Paris,  1903-1909,  4  vol.  in-16)  et  Notes  d'ambulance,  août  1870- 
février  1871  (Paris,  1907,  in-16),  mort  en  septembre,  au  château  de  Sarre, 
près  Montmarault  (Allier);  —  Eugène  Pertuiset,  le  chasseur  de  lions 
bien  connu,  mort  au  commencement  de  septembre,  à  78  ans,  lequel  a 
décrit  ses  prouesses  cynégétiques  dans  un  volume  illustré  par  lui-même  : 
Les  Aventures  d'un  chasseur  de  lions  (Paris,  1878,  in-12)  et  a  publié  également 
Le  Trésor  des  Incas  à  la  Terre  de  feu,  aventures  et  voyages  dans  F  Amérique 
du  Sud,  avec  documents  justificatifs  (Paris,  1877,  in-12);  —  Ernest  Pinard, 
mort  au  commencement  de  septembre,  à  Bourg-en-Bresse  (Ain),  à  87  ans, 
lequel  a  joué  un  rôle  important  sous  le  second  Empire  comme  magistrat 
et  homme  politique,  et  auquel  on  doit  quelques  ouvrages,  tels  que  :  Les 
Calomniateurs,  1870-1876  (Paris,  1876,  in-8);  Œuvres  judiciaires;  réquisi- 
toires, conclusions,  discours  juridiques,  plaidoyers  (Paris,  1883,  2  vol.  in-8); 
Erreurs  judiciaires  (Paris,  1884,  in-8);  —  Remy  Saint-Loup,  sous-directeur 
du  laboratoire  de  cytologie  à  l'École  pratique  des  Hautes-Études  du  Collège 
de  France,  mort  dernièrement  à  Lausanne  (Suisse),  à  48  ans;  —  M™^ 
Mathilde  Salomon,  directrice  du  collège  Sévigné,  membre  du  Conseil 
supérieur  de  l'instruction  publ'que,  morte  à  Paris,  au  milieu  de  septembre; 
—  l'abbé  Alexis  Theas,  ^^caire  général  du  diocèse  de  Tarbes,  qui  a  publié  : 
Notrt-Dame  de  Médoux,  aujourd'hui  Notre-Dame  d'Asté  (Paris,  1887,  in-8; 
2^  édit.,  Tarbes,  1888,  in-8),  mort  dans  le  courant  de  septembre;  —  Albert 
TouRNiER,  député  de  l'Ariège,  ancien  bibliothécaire  du  ministère  de  l'ins- 
truction publ'que,  qui  a  collaboré  à  la  République  française,  au  Figaro,  à 
r Evénement  et  à  diverses  revues,  mort  le  4  septembre,  à  Ussat-les-Bains 
(Ariège),  à  l'âge  de  54  ans;  —  George  Vogt,  directeur  de  la  section  technique 
de  la  manufacture  nationale  de  Sèvres,  mort  au  commencement  d'août, 
lequel  a  publié  quelques  ouvrages  sur  l'art  de  la  céramique,  notamment  : 
La  Porcelaine  (Paris,  1893,  in-8),  dans  la  «  Bibliothèque  de  l'enseignement 
des  beaux- arts  ». 

—  A  l'étranger,  on  annonce  la  mort  de  MM.  :  Otto  Henry  Bâcher, 
dessinateur  américain  de  grand  talent,  membre  de  l'Académie  nationale 
américaine,  lequel  a  fourni  d'excellentes  illustrations  à  diverses  publica- 
tions, mort  dernièrement,  à  53  ans;  —  Dr.  Anton  Bartal,  ancien  privat- 
docent  de  philologie  classique  hongrois,  directeur  du  gymnase  supérieur  de 
Budapest,  mort  dernièrement  en  cette  ville,  à  80  ans;  —  Wilhelm  Bern- 
HARDT,  professeur  allemand,  mort  dernièrement  à  60  ans,  à  Burlington 
(État  de  Vermont,  États-Unis);  —  Wladislav  Boguslawski,  écrivain  et 
traducteur  polonais,  mort  dernièrement,  à  Varsovie,  à  71  ans;  —  Edward 
M.  BoRRAJO,  bibliothécaire  de  la  Corporation  et  directeur  du  «  Guildhall 
Muséum  »  de  la  Cité  de  Londres,  mort  le  4  septembre,  à  Melbourne  (Aus- 


tralie);  —  Valentino  Cerruti,  physicien  italien,  professeur  honoraire  de 
mécanique  rationnelle  à  l'Université  de  Rome,  directeur  de  l'École  supérieure 
d'application  pour  les  ingénieurs,  sénateur  du  royaume  d'Italie,  mort  der- 
nièrement à  59  ans,  leqi.el  a  publié  les  importants  ouvrages  suivants  : 
Sistemi  elastici  articolati  (Rome,  1873);  Sulle  vibrazioni  dei  corpi  elastici 
isotropi  (Rome,  1880);  Intorno  alV  equilibrio  dei  corpi  elastici  isoirovi 
(Rome,  1882);  Sulle  deformazioni  di  involucro  sferico  isotropo  per  dati 
spostamenti  di  punii  délie  due  superficie  limiti  (Rome,  1892;  —  le  barori  de 
Chestret  de  Haneffe,  écrivain  belge  connu,  membre  de  l'Académie  de 
Belgique,  auteur  d'ouvrages  estimés,  entre  autres  d'une  Numismatique 
liégeoise  et  d'une  Histoire  de  la  maison  de  Lamarck,  mort  dernièrement  à 
Liège,  à  75  ans;  • —  Mgr  Corten,  directeur  des  établissements  d'enseigne- 
ment à  Rolduc  (Prusse  rhénane),  mort  subitement  à  Maestricht,  à  la  fin 
d'août,  à  64  ans;  —  John  Davidson,  poète  lyriqi;e  et  auteur  dramatique 
anglais,  mort  au  commencement  de  septembre,  à  Mousehole,  à  52  ans;  — - 
William  Çlyde  Fitch,  l'éminent  dramaturge  américain,  mort  dernièrement 
en  France,  à  Châlons-sur-Marne,  à  44  ans;  —  Dr.  Max  Heinze,  profes- 
seur de  philosophie  à  l'Université  de  Leipzig,  mort  en  cette  ville,  le  17  sep- 
tembre, à  74  ans;  —  Dr.  Louis  Katz,  médecin  allemand,  professeur  de 
thérapeutique  pour  les  maladies  des  oreilles  à  l'Université  de  Berlin,  mort  à 
Méran,  au  cours  d'un  voyage,  le  15  septembre,  à  62  ans;  —  Rose  Litten, 
femme  de  lettres  allemande,  morte  le  26  août,  à  Masserberg  (Thuringe), 
à  53  ans,  laquelle  a  publié  diverses  nouvelles,  eivtre  autres  :  Fraucnvercin 
in  Kràhwinkel  und  anclere  Humoresken  (Berlin,  1897,  in-8);  Hanna.  Eine 
Tagebuchnovelle  fiir  junge  Màdchen  (Berlin,  1898,  in-8);  Schatten  (Berlin, 
1898,  in-8);  —  Dr.  Hermann  Lossen,  professeur  de  chirurgie  à  l'Université 
allemande  de  Heidelberg,  mort  en  cette  ville,  le  27  août,  à  67  ans;  — ■ 
Dr.  Adalbert  Merx,  professeur  d'exégèse  de  l'Ancien  Testament  à  l'Uni- 
versité allemande  de  Heidelberg,  mort  en  cette  ville,  le  4  août,  à  71  ans, 
lequel  a  publié  ;  Idée  und  Grundlinien  einer  allgemeinen  Geschichte  der 
Mystik  (Heidelberg,  1893,  in-8);  Die  Ideen  von  Staat  und  staatsmann  im 
Zusammenhange  mit  der  geschichtlichen  Entwicklung  der  Menscheit  (  Heidelberg, 
1892,  in-8);  Documents  de  paléographie  hébraïque  et  arabe  (Leiden, 
1894,  gr.  in-4),  etc.;  —  le  capitaine  Du  Nord,  écrivain  militaire  autrichien, 
d'origine  française,  mort  dernièrement  en  Styrie;  —  Dr.  Leopold  Perl,  pri- 
vat-docent  de  médecine,  à  Berlin,  mort  en  cette  ville,  le  26  août,  à  65  ans;  ■ — 
le  R.  P.  Charles  Poppe,  savant  théologien,  chargé  de  la  direction  de  l'Œuvre 
de  Saint-François-Xavier  du  diocèse  de  Gand,  pour  laquelle  il  rédigeait  une 
petite  revue  très  estimée,  le  Xaverius'  Bode,  mort  à  Gand,  le  24  septembre; 
—  Dr.  Albei't  Roemer,  écrivain  allemand,  éditeur  de  la  Korrespondenz 
fiir  Kunst  und  W issenschaft,  mort  le  6  septembre,  à  Berlin,  à  50  ans,  auquel 
on  doit,  entre  autres  ouvrages  :  Fritz  Reuter  in  seinem  Leben  und  Schaffen. 
Mit  Erinnerungen  persônlichen  Freude  des  Dichters  und  anderen  Ueberliefe- 
rungen  (Berlin,  1896,  in-8);  Psychiatrie  und  Seelsorge.  Ein  Wegueiser  zur 
Erkennung  und  Bessitigungen  der  Nercenschàden  unserer  Zeit  (Berlin,  1899, 
in-8);  • —  l'abbé  Rémi  Rosseel,  ancien  professeur  au  petit  séminaire  de 
Saint-Nicolas,  dans  le  diocèse  de  Gand,  mort  à  Beveren-Waes,  le  27  août, 
à  29  ans;  —  Dr.  Heinrich  Max  Runge,  médecin  allemand,  professeur  de 
gynécologie  et  d'accouchement  à  l'Université  de  Gœttingue,  mort  en  cette 
ville,  le  27  juillet,  à  60  ans,  lequel  a  publié  un  certain  nombre  d'ouvrages 
estimés,  tels  que  :  Lehrbuch  der  Geburtshillfe  (Berlin,  1891,  in-8)  et  Die 
Krankheiten  der  ersten  Lebenstage  (Stuttgart,  1893,  in-8);  —  Jean  Stecher^ 
professeur  belge  qui,  pendant  près  de  40  ans,  avait  enseigné  les  littératures 


—  374  — 

française  et  belge  à  l'Université  de  Liège  et  avait  publié  une  Histoire  de  la 
littérature  flaynonde,  couronnée  par  l'Académie  royale  de  Belgique,  mort 
à  Liège,  au  commencement  de  septemDre,  à  90  ans;  —  Hugo  Steinitz, 
éditeur  allemand,  mort  à  Berlin,  le  11  septembre,  à  57  ans;  —  Èichard 
TaEndler,  éditeur  allemand,  mort  à  Helgoland,  le  14  septembre,  à  41  ans; 

—  M'"'3  Olga  Nikolaievna  Tchoumina,  femme  de  lettres  russe,  morte  der- 
nièrement; —  Georg  Wellner,  ingénieur  allerriand,  ancien  professeut* 
de  construction  de  machines  à  l'École  technique  Supérieure  de  Brunn,  nlort 
en  cette  ville,  le  8  septembre,  à  63  ans. 

Lectures  faites  a  l'Académik  des  inscriptions  et  belles-lettres. 

—  Le  3  septembre,  M.  P.  Viollet  lit  un  mémoire  sur  la  création  par 
François  I^r  de  la  charge  de  colonel  général  de  l'infanterie.  —  M.  M.  Croiset 
ht  une  étude  sur  la  légende  d'Ulysse.  —  Le  10,  M.  Croiset  termine 
l'étude  commencée  dans  la  dernière  séance.  M.  M.  Thomas  proposé  uno 
correction  à  la  lecture  d'un  manuscrit  de  la  BibHothèque  nationale  au 
sujet  du  titre  d'un  discours  composé  par  Alain  Chartier  pour  l'empereur 
Sigismond.  —  M.  H.  Cdrdier  donne  lecture  d'un  travail  concernant  les 
musulmans  en  Chine.  —  Le  17,  M.  Cleraiont-Ga,meau  exphque  la  dédi- 
cace en  sabéen  et  en  araméen  d'un  autel  découvert  à  Délos. — M.  E.  Pot- 
tier  lit  une  lettre  de  M.  Thureau-Dangin  fils  sur  l'âge  des  instriptions 
cunéiformes  cappadociennes.  —  M.  P.  FoUrnier  lit  un  mémoire  sur  la 
compétence  des  tribunaux  ecclésiastiques.  —  M.  Delaporte  parle  d'un 
sceau  provenant  de  Tello.  —  Le  29,  M.  Jean  Clédat  expose  son  opinion 
sur  l'identité  d'un  lieu  situé  dans  l'isthme  de  Suez  avec  le  Mont  Caesios, 
où  s'élevait  un  temple  de  Jupiter.  —  M.  le  comte  de  I^asteyrie  parle  de 
l'architecture  à  coupoles  en  France. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques. 
-  —  Le  4  septembre,  M.  H.  Welschinger  lit  une  lettre  ayant  trait  au  traité 
conclu  entre  l'etupereur  d'Autriche  et  Joachim  Murât  en  1814  et  révé- 
lant les  Suites  fâcheUses  de  ce  traité  pour  le  dernier  des  contractants. 
—  Le  18,  M.  E.  Lévasseur  extrait  de  sOn  Histoire  du  commerce  de  la 
Fràiicë   le  chapitre  qui  à  trait  à  la  crise  monétaii"e  du  seizième  siècle. 

Mélanges  Wilmotte.  —  Encore  un  volume  de  mélanges  !  Récemment, 
nous  annoncions  celui  qui  se  prépare  en  l'honneur  de  M.  Châtelain.  En 
voici  un  autre,  sur  le  point  de  paraître,  destiné  à  commémorer  le  25^  anni- 
versaire de  la  fondation  à  l'Université  de  Liège,  par  M.  Maurice  Wilmotte, 
du  premier  enseignement  en  Belgique  des  langues  romanes.  43  savants, 
élèves  ou  amis  du  professeur  de  L-iège,  ont  collaboré  aix  Mélanges  Wil- 
motte. Ce  sont  MM.  G.  Abel;  Le  Labeur  des  de  Concourt;  F.  Baldensperger, 
Lettres  inédites  de  Littré  et  de  son  père  à  A.  W.  Schlegel;  Bédier,  Un  Fra(j- 
jnent  du  chansonnier  inédit  du  xv^  siècle;  J.  Bonnard,  Monologue  de  la  reine 
d^ Egypte  dans  le  poème  biblique  ue  Malkaraume;  E.  Bourciez,  Le  Démons- 
tratif dans  la  Petite  Gavacherie;  A.  Bovy,  Comment  la  littérature  française 
classique  et  la  littérature  moderne  peuvent  s^ éclairer  mutuellement;  G.  Charlier, 
Z,'  «  Escoufie  »  et  «  Cuillaume  de  Dole  »;  L.  Clédat,  L" Expression  «  quitte  à  ->; 
G.  Cohen,  La  Scène  des  pèlerins  d'Emmaiis;  L.  Constans,  Un  Précurseur 
des  félibres,  Claude  Peyrot,  prieur  de  Pradinas;  M™^  Horion-Delchef,  Les 
Œuvres  de  M^^  de  Graffîgny;  les  «Lettres  péruvienne  j  ^^;  l'Exotisme  dans  la 
littératrre;  G.  Dottin,  Quelques  faits  de  sémantique  dans  les  parlers  du  Bas- 
Maine;  L.  Gauchat,  Les  Noms  gallo-romains  de  l'écureuil;  E.  Gérard-Gailly, 
Hélène  Gilltt;  une  exécution  capitale  au  xxu^siècle;  A.  Horning,  Weltgeschicht- 
liche  aus  den  Vogesen;  A.  Jeanroy,  Les  Charisons  pieuses  du  Ms.  fr.  12483 


—  375  — 

de  la  Bibliothèque  nationale;  G.  Lanson,  Le  Tableau  de  la  France  de  Michelet, 
noie  sur  le  texte  de  1833;  A.  Leîranc,  A  propos  des  «  Femmes  savantes  »; 
Leite    de    Vasconcellos,    Minçalhas    gnllegas;    Marignan,    Quelques    ivoires 
représentant   la     crucifixion   et   les   miniatures   du   sacramentaire   de   Metz\ 
JMenedez  Pidal,  Romance  del  nacimiento  de  Sancho  Aharca;  Meyer-Liibke, 
Die  Aussprache  des  altprovenzalischen  u;  G.  Monod,  Michelet  et  les  Flandres, 
voyage  de  1837;  Fr.  Novati,  La  Canzone  popolare  in  Francia  ed  in  Italia  . 
nd  pià  alto  medio  evo;  L.  Pâscha),  Les  Modes  de  la  sensibilité  chez  les  écri- 
vains; E.  Picot,  Une  Querelle  auxPalinods  de  Dieppe  auxY^  sècle;  j.  Pierson, 
Pamphlets  bas-latins  du  vu®  siècle;  M.  Prou,  Notes  sur  le  latin  des  "monnaies 
mérovingiennes;  P.  Rajna,  S.  Mommoleno  e  il  linguaggio  romanzo;  G.    Ray- 
nâi  à, Deux  nouvelles  Rédactions  françaises  delà  légende  des  Danseurs  maudits; 
E    Roy;  Notes  sur  les  deux  poètes  Jean  et  Mathurin  Régnier;  Salverda  de 
Grave,  Recherches  sur  les  sources  du  Roman  de  Thèbes;   H.   Schneegans, 
Notice  sur  un  calendrier  français  du  xiif^  siècle;  M.  Soiiriaii,  Les  Lettres  de  Ducis 
à  Népomucène  Lemercier;  Stcngo],  Huons  aus  Auvergne  Keuschheitsprobe^ 
Episode  aus  des  f rancoi  eneziani'schen  Chanson  de  geste  von  Huon  d" Auvergne; 
Stimming,  IJeufranzôsisches  «  toile  >>;  Svchier  et  Guesnon,  Deux  Trouvères 
artésiens.  Boude  Fasto'ul  et  Jacques  le  Vinier;  Thomas,  La  Genèse  de  la  phi- 
losophie et  le  symbolisme  dans  «  la  Vie  est  un  songe  «  de  Calderotl;  E.  I^lrix, 
Les  Chansons  inédites  de  Guillaume  le  Vinier  d'Arras;  Van  Hamel,  L'Ame 
littéraire  de  la  France  ;  J.  Vising,  L.a  Stylistique  est-elle  possible?  ;  C.  Wahlund^ 
Bibliographie  der  franzôsischcn  Strassburger  Eide  vom  J.   842;  miss  Jessy 
L.  Weston,  A  hitherlo  unconsidered  aspect  of  the  Round  Table.  En  plus  des 
exemplaires  réservés  aux  souscriptei;rs  (10  francs,  Secrétaire  du  Comité; 
M.  G.  Cohen,  3,  me  Severo,  Paris,  XlVe),  quelques  exemplaires  des  Mélanges 
Wilmotte  seront  mis  en  vente  (Paris,  Champion)  au  prix  de  20  ou  25  francs. 
Parts.  —  A  la  librairie  Letonzey  et  Ané,  76  5is,  rue  des   Saints-Pêres, 
Paris,  Vll'^arr., paraîtra,  à  partir  de  janvier  1910,  tous  les  deux  mois, un  pério- 
dique qui  aura  pour  titre  :  Revue  d'histoire  de  VEglise  de  France.    Chaque 
livraison,  de  format  in-8,  comptera  112  pages.  Nous  détâchons  du    pros- 
pectus   annonçant    la  prochaine  publication  les  lignes  suivantes,  qiii  en  résu- 
ment la  physionomie  :   «  Nous  avons  tenu  à  nous  limitel*  à  la  seule  histoire 
de  l'Église  de  France  parce  qu'il  nous  a  paru  que  là  le  champ  était  suffi- 
samment vaste  et  insuffisamment  exploré,  parce  qu'il  importe  aussi  aux 
heures  de  trouble  que  nous  traversons  de  fortifier  nos  coiu'ages  au  sbuvenir 
mieux  connu  des  luttes  et  des  triomphes  de  ceux  qui  nous  ont  précédés. 
C'est  donc  de  l'histoire  de  l'Église  de  France  seule  que  s'ofccupera  notre 
Revue.  Faisant  appel  à  toutes  les  collaborations,  pourvu  qu'elles  soient 
strictement  scientifiques,  la  Revue  d'histoire  de  VEglise  de  France  publiera 
des  articles  concernant  l'histoire  ecclésiastique  générale  dé  la  France  et 
l'histoire  locale  des  diocèses,  des  monographies  sur  les  évêques,  les  abbés, 
les  personnages  qui  ont  joué  un  rôle  important  ail  cours  des  siècles,  comme 
des  études  sur  les  évêchés,  les  abbayes,  les  chapitres,  les  ordres  religieux 
anciens  et  modernes,  les  grands  mouvements  d'idées  qui  peuvent  faire  con- 
naître plus  complètement  le  passé  de  notre  Église.  En  outre,  pour  faciliter 
l'étude  de  l'histoire  la  plus  contemporaine  sur  laquelle  il  n'est  souvent  pas 
très  aisé  de  se  documenter,   nous  publierons  dans  chaque    numéro    une 
«  Chroniqre  «  où  nous  noterons,  sans    commentaires,    les    faits   du    jour 
concernant  l'histoire  re]igiei?se    de    l'heure    présence.    Nous    consacrerons 
enfin   une  dernière  partie  de  notre  Revue  au    dépouillement    critique    et 
raisonné  des  revues  et  des  livres  nouveaux,  indiquant  avec  le  plus  grund 
soin  tou£  les  articles  —  mais  ceux-là  seulement  —  qui^peuvent   intéresser 


—  376  — 

l'histoire  religiei.se  de  la  France  et  la  valeur  des  publications  (Prix  de 
l'abonnement  annuel  :  France,  15  francs.  —  Étranger,  17  francs).  —  Nous 
souhaitons  grand  succès  et  longue  carrière  au  futur  périodique,  qui 
comblera  une  lacune  et  arrive  à  son  heure. 

—  Une  nouvelle  intéressante  :  la  Revue  Maine,  si  api  réciée  des  familles, 
va  se  transformer  avantageusement.  D'abord,  à  partir  du  l^""  octobre, 
présent  mois,  elle  s'intitulera  :  Revue  française.  Mais  il  y  a  beaucoup  mieuj< 
qu'un  simple  changement  de  titre  :  désireux  de  donner  à  leur  publication 
une  importance  plus  grande,  d'augmenter  son  format,  le  nombre  de  ses 
pages  et  la  variété  de  son  texte  et  de  ses  illustrations,  déjà  si  abondantes, 
les  directeurs  de  la  Reyue,  encouragés  par  le  succès,  ont  décidé  d'accorder 
32  pages  au  lieu  de  20  à  chaque  livraison,  qui  comprendra  en  moyenne  de 
15  à  20  clichés  en  simili-gravure.  Le  texte  se  composera  de  nombreux 
articles  d'actualités,  signés  des  meilleurs  écrivains  contemporains;  de  contes 
littéraires  pour  tnfants;  de  romans  choisis  avec  le  pli,s  grand  soin  et  qui 
pourront  être  lus  par  tout  le  monde;  d'une  suite  d'études  sur  tous  nos 
académiciens,  par  M.  Robert  Havard  de  la  Montagne;  d'une  chronique  du 
livre,  par  M.  H.  Chantavoine;  de  causeries  artistiques,  par  M.  H.  Bidou; 
d'une  chronique  m'isicale,  de  M.  Marcel  Bertrand;  d'une  chronique  scien- 
tifique hebdomadaire  de  M.  Francis  Marre:  d'une  causerie  sur  le  théâtre; 
d'une  chronique  médicale,  etc.  Le  prix  de  l'abonnement,  malgré  toutes  ces 
améliorations,  sera  à  peine  augmenté  :  9  fr.  50,  au  lieu  de  8  francs.  (Siège 
de  la  Revue  française  :  Paris,  17,  rue  Cassette,  VF  arr.). 

—  I/opuscule  de  M.  Édouard-L.  de  Kerdaniel:  André  de  La  Vigne, 
orateur  et  poète  (1457-1527)  (Paris,  .Daragon,  1909,  in-12  de  34  p.)  nous 
apporte  de-;  indications  utiles,  biographiques  et  bibliographiques,  sur  un 
écrivain  aujourd'hui  peu  connu  et  peu  fréquenté,  sauf  de  quelques  érudits.* 
Il  est  regrettable  que  l'auteur  ne  se  soit  pas  étendu  davantage  sur  le  Mys- 
tère de  Saint- Martin,  représenté  à  Seurre,  en  Bourgogne,  au  mois  d'oc- 
tobre 1496.  M.  de  Kerdaniel  paraît  ignorer  que  le  texte  de  cette  pièce  est 
encore  aujourd'hui  conservé  à  la  Bibliothèque  nationale  (fonds  français 
24332),  et  qu'elle  a  été  l'objet  d'une  notice  par  Petit  de  Julleville  (Les 
Mystères,  t.  II,  p.  47).  Il  aurait  trouvé  dan?  le  même  ouvrage  (T.  I,  p.  328- 
329)  des  détails  intéressants  sur  l'auteur  dont  il  s'occupait. 

- —  En  dehors  de  la  sœur  de  Balzac,  M"^c  Surville,  nous  ne  voyons  guère 
que  M™e  Geneviève  R(  xton  qui  se  soit  occupée  sérieusement  du  ciéateur 
de  la  Comédie  humaine.  Et  il  faut  reconnaître  que  cette  dernière  s'est  remar- 
quablement tirée  d'affaire,  car  le  sujet  était  épineux.  La  «  Dilecta  «  de 
Ralzac.  Ralzac  et  Madame  de  Berny  (1820-1836),  tel  est  le  titre  de  l'étude 
que  M™e  Geneviève  Ruxton  a  publiée  dans  la  Revue  hebdomadaire  des  3,  10, 
17  et  24  juillet  1909.  «Les  recherches  qui  nous  ont  amenée  à  tenter  cette 
esquisse  du  caractère  et  de  l'influence  de  M^ne  de  Berny  sur  Balzac,  explique 
l'auteur  dans  une  note  mise  au  bas  de  la  première  page  de  son  travail, 
ont  été  faites  au  moment  où  MM.  Hanotaux  et  Vicaire  rassemblaient  les 
documents  de  leur  Balzac  imprimeur;  notre  étude  nous  amenait  aux  mêmes 
conclusions  que  celles  de  leur  beau  livre.  Nous  publions  aujourd'hui  cette 
étude  parce  que  l'existence  tourmentée  de  Balzac  est  un  sujet  si  vaste,  si 
passionnant,  que  nos  commentaires  peuvent  trouver  place  peut-être  encore 
en  marge  de  cette  grande  vie;  et  ces  quelques  documents  nouveaux  que  nous 
apportons  viendront  ainsi  se  joindre  à  ceux  qu'ont  recueillis  et  publiés 
MM.  Hanotaux  et  Vicaire  «.  —  Donc,  M™e  Riixton  a  mis  principalement  à 
contribution,  dans  Je  cas  présent,  non  seulement  certaines  œuvres  du 
maître,  mais  aussi  sa  Correspondance,  ses  Lettres  à  T Étrangère,  et,  de  façon 


NOUVELLE  LIBRAIRIE  NATIONALE 

85,  rue  de  Rennes,  PARIS-VI''  Am 


LES  IDÉES  CLAIRES 


COLLECTION  SYNTHETIQUE 

FONDÉE  PAR  NOËL  A  YMÈS 


>U- 


Ln  collcclion  des  «  IDEES  CLAIRES  »  s'offre  au  public  non 
comme  un  répertoire  universel  des  connaissances  humaines, 
mais  comme  une  série  de  livres  aimables  et  véritablement 
amis  qui  envisageront  les  périodes  historiques,  les  grandes 
dates,  les  grands  problèmes  sur  lesquels  il  est  bon  d'avoir 
opinion  solide  et  renseignements  précis. 

Sans  vouloir  en  aucune  façon  faire  le  procès  de  renseigne- 
ment secondaire  actuel,  il  est  bien  certain  que  le  baccalauréat, 
sanction  de  dix  ans  d'études,  n'implique  que  des  connaissances 
littéraires,  sociales,  économiques,  assez  vagues  ;  et  la  vie 
moderne,  qui  exige  qu'on  se  spécialise,  écarte  chaque  jour 
davantage  les  esprits  cultivés  des  notions  d'ensemble  — fondées 
sur  une  documentation  sérieuse  —  sans  lesquelles  cependant 
une  intelligence  ne  saurait  être  complète  et  avertie. 

Chaque  volume  de  la  collection  tendra  donc  à  donner  une 
IDEE  CLAIBE^  légitimée  par  le  raisonnement  et  les  faits, 
du  sujet  traité.  Sj'ulhétique,  il  s'efforcera  de  grouper  dans  un 
mininunn  de  place,  sans  être  indigeste,  tout  ce  qu'un  esprit  dis- 
tingué —  ce  que  le  xyii"  siècle  appelait  1'  «  honnête  homme  » 
—  peut  et  doit  connaître  sur  tel  point  défini  ;  rédigé  sans 
préoccupation  de  politique,  ni  départi,  il  inspiiera  la  cou- 
liancc,  condition  du  succès. 


Les  livres  des  «  IDEES  CLAIRES  »  ne  seront  ainsi  ni  une 
Encyclopédie  morcelant  les  questions  selon  la  tyrannie  de 
l'ordre  alphabétique,  ni  une  liste  de  manuels  ou  trop  parti- 
culiers (manuel  d'électricité,  etc.)  ou  trop  généraux  (ma- 
nuels pédagogiques  répondant  aux  programmes  universi- 
taires). Ils  tiendront  le  milieu  entre  les  ouvrages  élémentaires 
insuffisants  à  qui  aime  savoir  et  les  travaux  de  pure  érudition 
qui  exigent  pour  être  pratiqués  avec  fruit,  souvent  une  initia- 
tion, toujours  du  temps. 

Ajoutons  que,  dans  l'esprit  du  fondateur,  cette  collection, 
écrite  par  des  Français,  suivant  les  traditions  françaises, 
s'adresse  aux  fils  de  France.  Et  nous  entendons  par  là  non 
seulement  ceux  qui,  nés  sur  notre  vieux  sol,  y  sont  demeurés, 
mais  aussi  ceux  qui,  de  race,  d'origine  ou  culture  françaises, 
ont  gardé  à  l'étranger  la  connaissance,  le  goût  de  notre  langue 
et  de  notre  esprit.  Canada,  Belgique,  Espagne,  Angleterre, 
Autriche,  Levant,  Orient,  Extrême-Orient,  Amérique  du  Nord 
ou  du  Sud,  combien  d'autres  pays  encore  oîi  des  familles 
françaises  existent  qui  aimeront  à  respirer  et  à  répandre  le 
parfum  de  France  ! 

Nous  pouvons  donc  déjà  annoncer  une  première  série  de 
volumes  dont  les  sujets  mêmes  montreront  l'unité  d'esprit  qui 
anime  la  collection,  et  la  variété  qu'on  a  voulu  y  apporter. 
«  Trente  Années  du  grand  siècle  :  la  France  de 
Louis  XIII  ')  a  été  choisi  comme  œuvre  de  début,  parce 
qu'aucune  période  de  notre  Histoire  ne  pouvait  mieux  faire 
voir  nos  intentions.  Un  roi  trop  peu  connu  et  un  ministre, 
Richelieu,  qui  intéresse,  quelque  opinion  que  l'on  professe  ; 
un  conflit  européen  :  les  suites  de  la  Réforme  et  de  la  guerre 
de  Trente  ans  ;  la  naissance  du  Classicisme  :  un  Corneille  ;  la 
naissance  du  Rationalisme  :  un  Descaries  ;  une  étude  de  mœurs 
pénétrant  dans  toutes  les  classes  :  Clergé,  Noblesse,  Bour- 
geoisie et  Peuple  ;  un  jeu  d'institutions  ;  Administration, 
Parlements,  fondé  sur  le  passé  et  expliquant  l'avenir  :  étude 
synthétique  s'il  en  fut,  et  variée  à  la  fois. 

Indiquant  notre  souci  de  traiter  les  problèmes  qui  restent 
toujours  actuels  pour  les  Français,  le  second  volume  racontera 


-  3  — 

l'Allcningne,  De  Gœthe  à  Bismarck  ;  un  nntrc,  dans  le 
même  esprit,  dira  la  genèse  des  Etats-Unis,  De  "Washing- 
ton à  l'Impérialisme  d'un  Roosevelt.  Entre  temps,  nous 
donnerons  ce  qu'il  convient  de  retenir  de  la  Grèce  antique, 
nous  rassemblerons  les  idées  et  les  faits  qui  gravitent  autour  de 
celte  date,  si  importante  chez  nous:  1830;  nous  chercherons  à 
préciser  le  rôle  et  l'influence  de  la  science  au  xix*^  siècle  ; 
dans  le  xviii^,  nous  pénétrerons  —  avec  des  documents  pour 
la  plupart  inédits  —  dans  celte  société  dont' on  parle  beau- 
coup plus  qu'on  ne  la  connaît  ;  variant  toujours,  nous  expose- 
rons les  chimères,  les  défaillances,  les  gloires  de  Notre 
Passé  colonial. 

Chacun  de  ces  livres  formera  un  tout  ;  chacun  se  reliera 
par  l'esprit  à  ses  voisins  ;  elle  premier  ensemble,  vagabondant 
à  dessein  à  travers  les  temps,  indiquera,  nous  le  souhaitons, 
la  souplesse  de  la  matière,  l'utilité  de  l'œuvre,  et  la  conception 
large  autant  qu'impartiale  qui  l'a  inspirée. 


Chaque  ouvrage  formera  un  volume  in-18  de  300  à  400  pages. 
Prix 3fr.  50 


Pour  paraître  en  octobre  1909 

La  France  de  Louis  XIII,  par  Noël  Aymès. 

Pour  paraître  en  janvier  1910  : 

De  Goethe  à  Bismarck,  par  Louis  Cons. 

Pour  paraître  en  mai  1910  : 

La  Grèce  antique,  par  Noël  Aymès. 

Pour  paraître  en  octobre  1910. 
1830,  par  Louis  Riballier. 

Poitisrt.  -  JocisU  rrangai»  a  impnfflons 


—  377  — 

assez  accessoire,  divers  ouvrages  d'écrivains  tels  que  le  D""  Véron,  George 
Sand,  Champ fleiiry,  Léoa  Daudet,  etc.  L'auteur,  du  reste,  a  tenu  plus  que 
son  titre  n'indique  :  si,  en  effet,  elle  s'occupe  d'abord  de  M™<^deBerny, 
elle  ne  néglige  pas,  pour  autant,  M"^^  Hanska,  ces  deux  femmes  s'étant,  à 
un  moment  donné,  trouvées  mêlées,  en  quelque  sorte  simultanément,  à  ia 
vie  de  Balzac.  Et  si  l'influence  de  la  première  a  été  heureuse  pour  le  déve- 
loppement du  génie  du  romancier,  il  s'en  faut  que  le  rôle  de  la  grande 
dame  polonaise  fût  aussi  avantageux.  On  suit  avec  un  intérêt  soutenu 
l'étude  à  la  fois  biographique,  littéraire  et  psychologique  de  Mi^'e  Ruxton, 
mais  on  demeure  quelque  peu  surpris  de  ne  pas  rencontrer,  sous  une  plume 
féminine,  le  moindre  mot  de  blâme  pour  la  conduite  de  Balzac  et  de  ses 
deux  maîtresses  mariées  et  mères  de  famille.  Au  contraire,  elle  poétise 
ces  graves  écarts  de  morale. —  Ne  pa.ssons  pas  sous  silence  un  détail  par- 
ticulièrement intéressant  :  on  sait  que  la  Revue  hebdomadaire  donne  en  tête 
de  chacun  de  ses  numéros  une  série  d'illustrations  dans  un  supplément  : 
L'Instantané.  Or,  on  trouvera  dans  les  quatre  livraisons  précitées  des  3,  10, 
17  et  24  juillet,  toute  une  iconographie  balzacienne  :  13  portraits  du  maître 
à  diverses  époques,  y  compris  2  plâtres  et  2  statues,  6  vues  de  maisons 
habitées  par  Balzac,  un  fac-similé  de  signature,  2  vues  de  Villeparisis  où  a 
résidé  M.™^  de  Berny  et  un  portrait  de  M^e  de  Berny  et  de  M^^e  Hanska. 

■ —  Et  puisque  nous  parlons  d'iconographie  balzacienne,  il  convient  de 
signaler  également  celle  publiée  dernièrement  par  la  librairie  H.  Didier 
dans  sa  collection  la  Littérature  par  l'image,  dont  il  a  été  question  plusieurs 
fois  ici  même.  Balzac  en  images  forme  la  «  pochette  n''  8  «  (Prix  :  1  fr.). 
Sous  forme  de  cartes  postales,  elle  renferme  12  pièces  qui  reproduisent  admi- 
rablement 6  portraits  du  romancier,  dont  2  bustes  et  une  statue,  3  carica- 
tures, des  vues  de  trois  maisons  habitées  par  Balzac,  et  une  vue  du  collège 
de  Vendôme  où  il  a  fait  ses  études,  une  épreuve  corrigée,  véritable  casse- 
tête  pour  l'imprimeur,  les  portraits  de  Mmes  de  Berny  et  Hanska  et  enfin 
12  types  ou  scènes  de  la  Comédie  humaine,  en  3  cartes.  Le  tout  avec  des  no- 
tices explicatives.  —  Les  iconographies  de  V Instantané  et  de  la  librairie 
Didier  sont  loin  d'être  complètes;  il  serait  désirable  qu'une  deuxième  série 
du  sujet  parût  quelque  jour  dans  la  Littérature  par  l'image. 

Franche-Comté.  —  Le  lieutenant  Borrey  vient  de  publier  une  brochure 
intitulée  :  Un  Épisode  de  la  campagne  de  France.  Le  Blocus  de  Besançon 
par  les  Autrichiens  (1814)  (Paris,  Charles-Lavauzelle,  s.  d.  [1909],  in-8  de 
109  p.,  avec  les  portraits  du  général  Marulaz  et  de  l'ordonnateur  Lyautey, 
un  plan  et  une  petite  carte  de  Besançon  et  de  ses  environs.  —  Prix:  2  fr.). 
Cette  étude,  dit  l'auteur  dans  son  Avant-propos,  «  forme  un  des  chapitres 
d'un  ouvrage  qui  aura  pour  titre  :  L'Invasion  de  la  Franche-Comté  en  1814, 
fct  paraîtra  prochainement  ».  Dans  le  même  Avant-propos,  M.  Borrey  nous 
avertit  que  s'il  a  «  supprimé  les  références  que  la  plupart  des  historiens 
donnent  au  bas  de  chaque  page,  c'est  pour  ne  pas  en  rendre  la  lecture  pé- 
nible ».  Voilà,  à  notre  avis,  un  tort  grave;  et  nous  pensons  que  la  simple 
indication  générale,  en  manière  de  bibliographie  sur  le  sujet,  des  manuscrits  et 
imprimés  consultés  ne  sufTit  pas.  Il  semble,  du  reste,  que  l'auteur  ait  senti 
lui-même  qu'une  précision  plus  grande  était  parfois  nécessaire,  car  en 
divers  endroits  de  son  étude  (notamment  p.  42,  77,  83)  il  fournit  des  réfé- 
rences dans  le  texte  même.  Cette  imperfection  n'empêche  pas  le  présent 
travail  d'offrir  le  plus  réel  intérêt;  il  nous  a  paru  cependant  comporter 
certaines  observations  que  nous  réserverons  pour  l'œuvre  complète  de 
M.  Borrey,  si  elle  est  soumise  à  notre  examen.  En  attendant,  nous  appel- 
lerons l'attention  de  l'auteur  sur  une  faute  dans  deux  noms  de  localités: 


—  378  — 

Dole  du  Jura  ne  prend  pas  d'accent  circonflexe;  page  15,  il  convient  de 
rectifier  Élalars  en  Étalans. 

—  La  biographie  de  Sœur  Marthe,  que  M™°  la  comtesse  R.  de  Coiiison 
a  tout  dernièrement  écrite  pour  les  Contemporains  (Paris,  5,  rue  Bavard, 
s.  d.[1909J,  s:r.  in-8  de  16  p.,  avec  portrait),  n'est  pas,  à  coup  sûr,  l'une  des 
moins  attachantes  de  cette  collection.  Anne  Biget,  si  universellement  con- 
nue sors  le  nom  de  «  Sœrr  Marthe  «  qu'elle  a  illustré,  est  née  à  Thoraise 
(Doubs),  lé  t  27  octobre  1749.  M™e  de  Courson  la  prend  dès  son  enfance, 
la  suit  au  coiivent  des  Visitandines  de  Besançon,  nous  conte  ses  faits  et 
gestes  pendant  la  Révolution  de  1789  et  surtout  durant  la  Terreur.  Elle 
esquisse  ensuite  son  rôle  charitable  auprès  des  soldats  blessés  et  des  pri- 
sonniers de  guerre,  sans  oublier  son  admirable  condrite  pendant  le  blocus 
de  Besançon,  en  1814.  La  bonne  Sœur  est  morte  à  Besançon  le  29  mars 
1824.  M"is  de  Courson  a  été  bien  inspirée  en  consacrant  à  cet  ange  de  charité 
et  de  dévouement  ces  pages  d'une  sobre  éloquonce  et  d'une  exactitude 
parfaite. 

—  Dans  notre  précédente  livraison  (p.  28.S-284),  nous  avons  mentionné 
à  cette  place  la  notice  que  M.  Georges  Gazier  a  écrite  sur  Jean-Baptiste 
Considérant,  de  Salins,  père  de  ce  Victor  Considérant  qui,  déposant  ses 
galons  de  capitaine  du  génie,  se  transforrna,  pour  nous  servir  de  l'expression 
hijmoristique  d'un  de  ses  compatriotes,  en  «  saint  Paul  du  fouriérisme  ». 
Orj  nous  recevons  de  M.  le  D""  Emile  Ledoux  une  plaquette  bien  suggestive 
sur  ce  singulier  apôtre  :  Victor  Considérant.  Trois  Lettres  inédites.  Notes 
sur  sa  /tî/nessë  (Besançon,  imp.  Dodivers,19G9,  in-8  de  16  p.). Les  trois  lettres 
en  question  adressées  à  un  ami  de  son  père,  M.  Thelmier,  sont  datées  des 
31  mai  1828,  21  février  1830  et  14  décembre  1832,  alors  que  Victor  Considérant, 
polytechnicien,  élève  de  l'Ecole  de  Metz  et  lieutenant  du  génie,  commen- 
çait à  se  Sentir  le  cerveau  troublé  par  des  rêves  de  réformes  humanitaires. 
L'une  d'elles  (la  dernière  en  date)  fait  pressentir  la  démission  de  1836  : 
«...  il  ne  me  convient  pas.  écrit-il,  d'être  militaire  et  de  traîner  de  garnison 
en  garnison  comme  un  cadavre  décrépi  (sic)  pour  faire  des  appels  et  des 
revues  de  linge  et  de  chaussures.  Il  me  faut  une  vie  indépendante  et  libre, 
errante  ou  stationnaire  à  ma  volonté.  »  M.  Ledoux  rappelle  certaine  phrase 
du  livre  sur  Victor  Considérant  dû  à  M™^  Coignet,  laquelle  qualifie  ainsi 
son  héros  :  «  C'est  un  chevalier  de  l'idéal.  »  —  Allons!  mettons  que  ce  fut 
un  idéologue,  un  songe-creux,  que  les  caricatuvistes  de  1848  ont  rendu 
plus  célèbre  que  la  plupart  de  ses  élucubrations  démodées,  —  et  accor- 
dons-lui charitablement  la  paix  éternelle  de  l'oubli. 

—  M.  G.  Canard  a  tiré  à  part  des  Annales  de  V Académie  de  Mâcon  son 
travail  sur  le  Général  tripard  (1816-1879)  (Mâcon,  imp.  Protat,  1908,  in-8 
de  ÎJ5  p.),  qu'il  avait  tout  d'abord  inséré  dans  ce  recueil.  Le  titre  semble 
annoncer  une  biogràptiie;  or,  il  s'agit  surtout  ici  du  rôle  joié  par  le  général 
Tripard  pendant  la  guerre  de  1870-1871  (p.  8  à  88).  Les  sept  premièrespages, 
à  vrai  dire,  résument  très  sommairerhent  la  vie  du  général  depuis  sa  nais- 
sance à  Lods  (Doubs),  le  19  juin  1816,  jusqu'à  l'Année  terrible.  Au  moment 
de  la  déclaration  dé  gi  erre,  Tripard,  alors  colonel,  cominàndait  le  6"  régi- 
rnent  de  lanciers,  à  SChlestadt.  Tout  de  suite,  il  eritra  en  campagne.  Pendant 
plus  de  sept  mois,  à  peine  interrompus  par  quelqi'es  semaines  d'hôpital, 
il  fit  constamment  face  à  l'ennemi.  Entraîné,  au  début,  dans  là  déroute 
depuis  Wœrth  jusqu'à  Châlons,  il  sut  échapper  à  là  capitulation  de  Sedan 
et  devint  bientôc,  aux  avant-postes  sur  la  Loire,  l'un  des  meilleurs  arti- 
sans de  l'organisation  de  la  Défense  nationale.  «  La  plupart  des  lettres  et 
documents  qu'il  a  laissés,  dit  M.  Canard,  se  rapportent  à  la  campagne  de 


—  379  — 

1870.  Ils  ont  servi  à  reconstituer  son  rôle  au  cours  de  la  campagne.  On 
verra  quelle  fut  sa  brillante  conduite,  comment  il  devint  général  de  brigade, 
puis  générai  de  division  au  titre  auxiliaire,  et  par  quelle  fatalité  il  fut  replacé 
général  de  brigade  à  la  revision  des  grades,  sans  pouvoir  reconquérir  jamais 
la  troisième  étoile  qu'il  avait  gagnée  une  première  fois  sur  le  champ  de 
bataille  de  Beaugency.  «  Mis  à  la  retraite  en  1878,  il  mourut  peu  de  temps 
après,  à  t)ijon,  et  fut  inhumé  à  Lods,  son  pays  hatal.  Cette  intéressante 
brochui'é  mérite  d'être  sj)écialement  signalée  à  ceux  qili  s'bfccupent  dé 
l'histoire  de  la  guerre  franco-allenlande. 

Languedoc.  —  Le  docte  et  vaillant  archiviste  du  département  de  l'Hé- 
rault, M.  Joseph  Ëerthelé,  continue  à  éclairer  par  ses  recherches  et  ses 
pulDlications  variées  le  passé  de  sa  province  d'adoption.  Nous   indiquerons 
ici  auelques-uns  de  ses  plus  récents  travaux  :  Montpellier  en  17B8  et  en  1836 
d'après  deux  manuscrits  inédits  (Montpellier,  19rt9,  in-fol.  de  1^8  p.  (Extrait 
des  Archives  de  la  Ville  de  Montpellier.  Inventaires  et  Documents,  t.  IV).  La 
description  anonyme  de  1768,  de  beaucoup  le  plus  important     des  deux 
documents  publiés  par  M.  Ilerthelé,  est  ainsi  divisée  :  «  I.  Le  Clergé.  IL 
Maisons  de  charité.  III.  De  la  Religion.  IV.  Juridictions.  V.  Hôtel  de  Ville. 
VI.  États  généraux  de   la  province.  VIL  Commissaires.  VIII.  Intendance. 
IX.  Corps  militaire.- X.  Université.  —  XL  Arts  et  sciences.  XII.  Collèges, 
écoles   et    instructions.    XIIÎ.    Otitl^agés   dé   littérature.    XIV.   Arctiivesj 
greffes,  dépôts  des  titres.  XV.  Noblesse.  Classés  des  habitants.  XVI.  Ordres 
de  chevalerie.  XVII.  Financés.  XVIII.  Trésoriers   et  receveurs  par  com- 
missions amovibles.   XIX.   Trésoriers  particuliers.    XX.   Emplois.    XXL 
Fermes.  XXII.  Ent'-eprises.  XXII î.  Inspecteurs.  XXIV.  ComhlerCe.  XXV. 
Martufactui-es  et  fabriques.  XXVI.    Cdrps    de   métiers.    XXVII.    Édifices 
publits.  XXyilI.  Mul^ailles,  portés,  fiieë,  promenades,  plates,  fontaines. 
XXlX.  Jardins,  inaisoiis  de  campagne,  canal,  moulins,  chemins.  XXX. 
Productions  du  terroir  dé  la  ville  et  des  envifbnS.  XXXI.  Ciiriosités  natu- 
relles, rniriés.  Carrières,  éati^c,  bains.  XXXII.  Poids  et  mesures.  XXJCIII. 
Loix  particulières  et  privilèges  de  la  ville.   XXXlV.  Langage.     XXXV. 
LuXe;  ametiblemenS,  repas.  XXXVl.  Jeux  et  diVertisseniéns.  —  Réflexions 
générales  qui  terminent  cette  description.  »  —  On  voit  tout  de  suite  quelle 
abondante  hioisson  à  faire  dans  ce  texte  pour  l'histoire  des  institutions  et 
des  mœurs  de  l'ancien  régime.  —  La  Vieille  Chronique  de  Maguelone  (Chro- 
nicon    Magaloncnsie  vetiis),   nouvelle  édition  accompagnée  d'observations 
historiques  et  d'éclaircissehiehts  topographiqu.es    (Montpellier,  1908,  in-8 
de  200  p.).  Ce  précieux  texte  est  de  la  seconde  moitié  du  xii"  siècle.  On  y 
trouve  en  particulier  lés  indications  le?  plus  intéressantes  sur  la  Construc- 
tion de  la  célèbre  Cathédrale,  restaurée  dé  nos  jours  par  les  soins  et  grâce 
à  la  munificence  d'un  sympathique  antiquair3.  —  Un  Conflit  scolaire  ait 
xiv^  siècle  (Le  Vigan,  juillet  1909,  in-8  de  8  p.  Extrait  de  la  Revu?  historique 
du  diocèse  de  Montpellier).  Il  s'agit  d'une  difficulté  survenue  entre  les  habi- 
tants de  Marsillargues  et  leur  curé  au  sujet  du  choix  d'un  maître  d'école 
et  qui  donna  lieu  à  un  mandement  du  pape  Jean  XXII,  en  date  du  8  mai 
1322.  —   Les  travaux  de  M.  Bérthelé  sur  l'histoire  du  Languedoc  he  l'em- 
pêchent pas  de  continuer  ses  recherches  sur  une  branche  spéciale  de  l'ar- 
chéologie où  il  est  passé  maître,  l'archîéologie  campanaire,  pour  laquelle 
ses  études  et  se'^,  découvertes  s'étendent  sur  un  champ  beaucoup  plus 
vaste.  C'est  ce  dont  témoignent  deux  notices  formant  les  fascicules  îlt 
et  IV  de  la  série  intitulée  :  Opuscules  campaniires,  savoir  :  Les  Fontes  de 
cloches  à  Vintéricur  des  églises,  à  propos  d'un  four  découvert  en  189^  dans 
l'église   Saint-Cvépiu   de    Château-Thierry   (Château-Thierry,    août   1908, 


—  380  — 

in-8  de  30  p.  Extrait  des  Annales  de  la  Société  historique  et  archéolog'que 
de  Château-Thierry ) . — Anciennes  cloches  municipales  de  Bordeaux,  d'Orléans 
et  d'Amiens.  Documents  inédits  (Montpellier,  juillet  1909,  in-8  de  58  p. 
Extrait  du  Bulletin  mensuel  de  V Académie  des  sciences  et  lettres  de  Mont- 
pellier) . 

Lorraine.  —  Dans  le  travail  qu'il  consacre  à  Quelques  portraits  du. 
Musée  de  Bar-le-Duc  (Bar-le-Duc,  in-8  de  15  p.  et  6  planches.  Extrait  des 
Mémoires  de  la  Société  des  lettres,  sciences  et  arts  de  Bar-le-Duc) ,  M.  H.  Dann- 
reuther  a  surtout  retracé  l'histoire  de  ce  musée,  depuis  sa  fondation 
jusqu'à  ces  dernières  années.  Les  détails  qu'il  donne  sur  ses  origines  sont 
des  plus  tîurieux.  Les  six  portraits  étudiés  ici,  dont  quelques-uns  vraiment 
remarquables,  sont  ceux  d'Antoine,  duc  de  Lorraine  et  de  Bar,  mort  en 
1544;  d'Antoine  de  Bourbon,  roi  de  Navarre,  père  d'Henri  IV;  de  François 
de  Lorraine,  duc  de  Guise,  mort  en  1563;  d'Henri  de  Lorraine,  le  Balafré, 
duc  de  Guise,  mort  en  1588;  de  Nicolas  Psaume,  évêque  et  comte  de 
Verdun,  mort  en  1575,  et  enfln  d'Alexis  Piron.  De  bonnes  reproductions 
photographiques  de  ces  six  portraits  augmentent  l'intérêt  de  la  brochure 
et  permettent  d'apprécier  la  valeur  des  originaux. 

Nivernais.  —  Le  premier  fascicule  du  tome  XIII  de  la  3*^  série  (23e  vo- 
lume de  la  collection)  de  l'excellent  Bulletin  de  la  Société  nivernaise  des  lettres, 
sciences  et  arts  (Nevers,  Mazeron,  1909,  in-8  de  112  p.,  avec  3  portraits)  est 
distribué  de  façon  bien  tardive.  Les  trois  autres,  dans  ces  conditions,  paraî- 
tront difTicilement  avant  la  fin  de  la  présente  année.  Ce  fascicule  n'en  est 
pas  moins  remarquable;  il  est  formé  des  trois  publications  documentaires 
suivantes  :  Entrée  des  duc  et  duchesse  de  Neverf.  François  de  Clèves  et  Mar- 
guerite de  Bourbon  à  Nevers,  12  février  1550  (n.  st.),  d'après  un  document 
de  la  bibliothèque  Sainte- Geneviève,  par  M.  Ch.  Barbarin  (p.  1-38,  avec  deux 
portraits  de  François  de  Clèves,  vers  1535  et  1545,  et  un  autre  de  Mar- 
guerite de  Bourbon,  vers  1540);  ■ —  Les  Compagnies  d'ordonnance  et  leurs 
officiers  nivernais  au  xvi^  siècle,  par  M.  René  de  Lespinasse  (p.  39-88);  — 
U  Arrière-Ban  du  Nivernais  en  1687  et  1689,  par  M.  Gaston  Gauthier  (p.89- 
112). 

Normandie.  —  La  savante  esquisse  de  M.  le  comte  de  Charencey  : 
Guerre  privée  et  combat  singulier  (Alençon,  1909,  in-8  de  45  p.  Extrait  du 
Bulletin  de  la  Société  historique  et  archéologique  de  l'Orne)  sera  lue  avec  inté- 
rêt par  les  personnes  qui  s'intéressent  à  l'histoire  du  droit,  à  celle  des 
institutions  et  des  mœurs.  Elle  est  ainsi  divisée.  :  I.  Du  Droit  de  guerre 
privée.  IL  Du  Duel  volontaire.  III.  Du  Duel  forcé.  IV.  Du  Harakiri  des 
Japonais.  - —  La  vaste  érudition  de  l'auteur  lui  a  permis  des  rapprochements 
qui  auraient  certainement  échappé  à  d'autres. 

Provence.  —  Le  l*^""  octobre  1771,  «  du  très  exprès  commandement 
du  Roi  »  le  Parlement  de  Provence  siégeant  à  Aix  fut  supprimé  et  ses  mem- 
bres exilés  dans  leurs  terres.  Peu  après  la  mort  de  Louis  XV,  son  succes- 
seur rappela  les  parlements  et  les  réintégra  dans  leurs  charges  et  préro- 
gatives. Ce  fut  le  3  janvier  1775  que  le  marquis  de  Rochechouart,  com- 
mandant de  la  Provence,  reçut  un  courrier  de  Paris  lui  annonçant  le  réta- 
blissement du  Parlement.  Des  lettres  de  convocation  pour  le  10  janvier 
furent  immédiatement  adressées  aux  magistrats  de  l'ancien  Parlement.  De 
grandes  fêtes  eurent  lieu  à  Aix  à  cette  occasion,  où  toute  ia  Provence 
semblait  s'être  donné  rendez-vous.  C'est  le  récit  de  toutes  ces  démonstra- 
tions que  M.  Jean  Audouard  nous  donne  dans  son  opuscule  intitulé  :  Le 


—  381  — 

Rétahlissement  du  Parlement  de  Provence  (janvier  1775),  d'après  des  docu- 
ments inédits  (Paris,  Daragon,  1909,  in-8  de  43  p.). 

Savoie.  —  L'Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts  de  Savoie  vient 
de  distribuer  le  tome  XI  de  la  4'^  série  de  ses  Mémoires  (Chambéry,  imp- 
générale  savoisienne,  1909,  in-8  de  762  p.).  Ce  fort  volume  se  compose  des 
très  intéressants  rapports  et  études  ci-après  :  Notice  sur  Benoit-Théophile 
de  Chevron- Villette,  archevêque  de  Tarentaise  (né  en  1587,  mort  à  l'âge  de 
73  ans,  après  avoir  gouverné  son  diocèse  pendant  un  quart  de  siècle), 
par  le  R.  P.  Dom  B.  Mackey  (p.  3-72).  Cette  excellente  biographie  eût  été 
complétée  utilement  par  un  portrait;  —  Le  Bilan  littéraire  de  V Académie 
de  Savoie,  par  M.  Fr.  Descotes  (p.  77-88);  —  Ropport  sur  le  concours  de 
poésie  de  1902  (fondation  Guy),  par  M.  Emmanuel  Denarié  (p.  91-115);  — 
Rapport  sur  le  concours  d'économie  rurale  de  1902  (fondation  Caffe),  par 
M.  le  comte  Eugène  d'Oncieu  de  la  Bâtie  (p.  119-134)  ;  —  Discours  prononcés 
dans  la  séance  publique  du  11  décembre  1903  pour  la  réception  de  M.  le 
comte  Marc  de  Seyssel-Cressieu  :  1°  Allocution  de  M.  François  Descostes 
(p.  137-138)  ;  2° Discours  de  réception  de  M.  le  comte  Marc  de  Seyssel-Cressieu 
(p.  139-155);  30  Répo?ise  de  M.  François  Descotes  (p.  157-173);  —  Dom 
Mabillon  en  Savoie,  notes  de  voyage  (avril  1685),  par  M.  l'abbé  J.  Burlet 
(p.  177-187);  —  Les  Repas  funèbres  en  Savoie,  par  M.  le  chanoine  Léon 
Bouchage  (p.  191-220);  —  Una  Principessa  sabauda.  sul  trono  di  Bisancio. 
Giovanna  di  Savoia,  impératrice  Anna  Paleologina,  da  Dr.  Dino  Muratore 
(p.  223-475).  Ce  travail  est  le  plus  important  du  volume;  —  Le  Premier 
Collège  de  Chambéry,  par  MM.  A.  Perrin  et  C.  Bouvier  (p.  479-512),  pre- 
mièi'e  partie  d'une  monographie  dont  la  suite  paraîtra  dans  un  prochain 
volume;  —  A  propos  de  trois  lettres  des  conventionnels  Hérault  de  Séchelles 
et  Philibert  Simond.  La  Fête  civique  de  Chambéry  du  3  'mars  1793,  par 
M.  d'Arcollières  (p.  515-561);  —  Mission  du  Père  Monod  à  Paris  en  1631, 
d'après  ses  lettres,  par  le  D""  Salvatore  Foa  (p.  565-648);  —  Un  Conseil  du 
P.  Monod  au  duc  Victor-Amé  I^^,  par  le  même  (p.  649-655);  —  Réponse 
de  M.  François  Descotes  au  discours  de  réception  de  M.  Claudius  Bouvier 
(p.  659-665).  On  ne  trouvera  pas  ici  le  discours  de  M.  C,  Bouvier,  par  le 
motif  qu'il  n'était  qu'un  fragment  d'une  vaste  étude  réservée  aux  Mémoires 
de  r  Académie  de  Savoie  et  qui  traitera  de  «  Marguerite  de  France,  fille  du 
roi  François  pr  et  sœur  du  roi  Henri  II,  devenue  duchesse  de  Savoie  par 
son  mariage  avec  Emmanuel-Philibert  )>;  —  Les  Premiers  Comtes  de  Savoie. 
Deuxième  Mémoire.  Le  Marquis  Odon  de  Savoie,  fils  d'Humbert  /er.  L'Af- 
faire du  Mariage  (1C34),  par  M.  Camille  Rénaux  (p.  667-757). 

TouRAiNE.  —  Ce  n'est  pas  une  histoire  de  la  commune  de  Saint-Avertin 
(Indre-et-Loire,  canton  et  arrondissement  de  Tours)  que  veut  retracer 
M.  Emmanuel  de  Beaufond,  dans  son  opuscule  intitulé  :  Une  Paroisse 
tourangelle.  Saint-Avertin.  (Paris,  imp.  des  Orphelins-Apprentis,  s.  d., 
iti-8  de  32  p.).  II  se  contente  de  donner  une  suite  de  notes  sur  le  passé 
de  cette  paroisse,  qui  autrefois  portait  le  nom  de  Vençay.  Il  a  divise  son 
opuscule  en  trois  parties  consacrées  successivement  au  sol,  au  clocher, 
c'est-à-dire  à  l'histoire  religieuse,  et  enfin  aux  logis  et  coutumes.  Nous  re- 
marquerons en  passant  que  la  famille  des  Plantin,  les  fameux  imprimeurs 
d'Anvers,  serait  originaire  de  la  paroisse  de  Saint-Avertin. 

Espagne.  —  A  différentes  reprises  déjà,  nous  avons  eu  occasion  de 
signaler  les  monographies  de  M.  Lucien  Briet  sur  les  Pyrénées  aragonaises; 
il  nous  faut  encore  en  annoncer  une  nouvelle,  relative  aux  gorges  du  Flumen 
et  au  Salto  de  Roldan.  Le  Flumen  est  un  torrent  du  Haut- Aragon,  né  dans 


_  382  — 

la  Sierra  de  Monrepos,  qui  coule  d'abord  d'ouest  en  est,  puis  du  nord  au 
sud;  et  son  nom  et  l'examen  de  sa  vallée  supérieure  permettent  de  penser 
qu'il  fut  ïiutrefois  beaucoup  plus  important  qu'il  n'est  aujourd'hui.  Ce  petit 
çpurs  d'eau  traverse,  avant  de  quitter  les  montagnes,  x\j\  défilé  long  de  9  à 
IQ  kilomètres,  des  gorges  qui  sont  très  imposantes  au  début  et  à  la  fin,  à 
Ja  fin  sv<rtoi.t,  où  je  galto  de  Poldan,  situé  à  2Q  kilomètres  au  nord  de 
Jlue§c$,  constitue  un  gigantesque  portail  par  lequel  débouche  en  plaine  le 
riq  Fhimen-  Sans  doute,  cette  brèche  n'est  nyllement  la  seule  qu'on  puisse 
signaler  dans  le  Haut- Aragon;  tous  les  torrents  de  ce  «  pays  des  gargantaset 
des  barrancos  »  sortent  des  montagnes  par  de  semblables  pas,  par  des 
portails  rocheux  de  naênie  nature,  très  variés  d'aspect;  niais  le  plus  saisis- 
sant, le  plus  régulier  et  le  plus  caractéristique  de  tous  est  le  Salto  deRoldan. 
iV\issi  M.  Briet  a-t-il  très  bien  fait  de  lui  consacrer  une  étude  spéciale  qu'ac- 
Gftmpagnent  de  fort  belles  vues  photographiques  et  une  carte  itinéraire  dve 
à  l'érudit  lieutenant-colonel  F.  Prudent  (Les  Gorges  du  Fluinm  et,  le  Salto 
dç  Boldqn,  Hç,ut-Ara,gon,  Espagnç.  Bagnères-de-Bigorre,  imp.  Bérot,  19Q9, 
in-8  de  se  p.,  avec  carte  et  grav.  extrait  du  Bullçtir  de  la  Société  Bafnond, 
année  19Q9). 

Italie.  —  Dans  une  communication  présentée  au  congrès  de  la  Société 
italienne  pour  l'avancement  des  sciences  -et  insérée  dans  VAteneo  Venet" 
(t.  XXXII,  fasc.  1,  1909),  M. G.  B.  Picotti  attire  l'attention  des  historiens 
sur  les  Lettere  di  Lodovico  Foscarini,  diplomate  vénitien  du  xv"^  siècle.  Ayant 
rempli  une  belle  carrière  d'administrateur  (podestat  à  Vérone,  puis  à  Bres- 
cia)  et  d'ambassadeur  (au  congrès  de  Mantoue,  à  Rome  près  Pie  II,  en 
France  près  Louis  XI),  Foscarini  a  été  témoin  des  plus  grands  événements 
de  l'histoire  italienne  de  son  temps  et  en  a  connu  les  principaux  acteurs. 
Il  comprenait  lui-même  l'intérêt  que  pourraient  un  jour  avoir  ses  lettres, 
et  il  en  avait  fait  faire  une  copie  en  deux  volumes.  Un  seul  est  présentement 
connu,  qui  contient  312  lettres.  Il  est  conservé  à  la  Bibliothèque  impériale 
de  Vienne  (n°  441),  et  malgré  les  appels  de  Mario  Foscarini,  de  Quirini,  de 
Tommaso  Gar,  encore  inédit.  Ce  que  M.  Picotti  dit  ici  de  ces  lettres  fait 
vivement  désirer  qu'il  se  charge  de  les  publier  (tiré  à  part.  Venezia,  Istituto 
di  arti  graflche,  in-8  de  31  p.). 

Brésil.  —  La  célébration  du  premier  centenaire  de  l'iniprimerie  au  Brésil 
a  fourni  à  l'infatigable  baron  de  Studart  l'occasion  de  publier  une  nouvelle 
contributiçin  à  riiistoire  de  cet  État  de  Céara,  qu'il  connaît  ci  bien.  De  mèn^e 
que,  naguère,  il  avait  établi  une  cartographie  de  cett3  partie  du  Brésil, 
de  même,  pour  commémorer  l'anniversaire  de  l'imprimerie,  il  a  dressé 
une  bibliographie  des  impressions  céaraises.  Cette  bibliographie  comprend, 
de  1824  à  1908,  951  numéros,  dont  le  baron  de  Studart  a  groupé  les  titres 
et  sur  chacun  desquels  il  a  réuni  tous  les  éclaircissements  qu'il  était  possible 
de  désirer;  elle  est  disposée  dans  l'ordre  chronologique  et  comprend  sur- 
tout des  journaux  ou  des  publications  de  circonstance.  Nous  regrettons 
qu'en  tête  de  ces  Annales,  le  baron  de  Studart  n'ait  pas  retracé,  en  quelques 
pages,  l'histoire  dont  la  bibliographie  fournit  les  éléments;  nul  ne  pouvait 
le  faire  mieux  que  lui  Primeiro  Centenario  da  Jmprensa  no  Brazil.  Annae'^ 
da  Inippensa  Cearense.  Catalogo.  Rio  de  Janeiro,  Imp.  nacional,  190S,  in-8 
de  101  p.  —  Separata  do  volume  1°  da  Parte  II  do  tomo  especial  da  Revista 
djQ  Instituto  histqriço  e  geographico  ùrazileiro). 

■ —  Ce  qu'il  n'avait  pas  fait  dans  le  travail,  dune  incontpstal)le  utilité, 
que  nous  venons  de  signaler,  le  baron  de  Studait  l'a  exéputé  dans  son 
étude  sur  l'adrainistvation  de  Barba  Alardp  de  Menezes,  qui  gouverna  le 


—  383  — 

Cearâde  juin  1S08  à  la  fin  de  décembre  1811  ;  il  a  débuté  par  en  donner  un 
minutieux  résumé  chronologique,  puis  en  a  tracé  une  esquisse  Historique 
présentant  un  aussi  grand  intérêt  au  point  de  vue  du  déi^eloppem^nt 
économique  que  de  l'évolution  politique  dij  Cearâ  (Cf.  les  p.  3Q  et  suiv.); 
nous  y  avons  relevé,  entre  auti'es  renseignements  intéressants,  la  mention 
de  la  venue  de  deux  corsaires  dieppois  à  la  fin  de  novembre  1810.  Le  baron 
de  Studart  a  terminé  cette  courte,  mais  excellente  monographie  par  un  aper- 
çu des  progrès  de  la  connaissance  du  pays  réalisés  pendant  la  période  qu'il 
étudiait  et  par  des  statistiques  de  population  dont  les  futurs  historiens 
du  Cearâ  tireront  sans  doute  grand  profit  (Admitiistmçào  B.aeb.a  Akipdo. 
Reswno  cheanologico;  resunio  historico.  Cearâ-Fortaleza,  typ.  Minerva, 
19Û8,  in-8  de  45  p.  Extrahldo  da  J^&çista  trimensal  do  tnstttuto  da  C&ava),. 

^États-Unis.  —  Suivant  l'usage,  le  volume  de  1908  des  Proceedings  of 
the  United  States  natlona,l  Muséum  (Vol.  XXXIV.  Washington,  Government 
printing  Office,  in-8  cartonné  de  xiv-777  p.,  avec  105  planches)  est  entiè- 
reinent  consacré  à  des  mémoires  originaux  décrivant  les  collections  diverses 
du  Musée  national  de  Washington.  Ces  travaux,  au  nornbre  de  42,  ont  trait 
presqje  tous  (41)  à  l'histoire  naturelle.  Un  consiste  en  un  catalogue  de  tous 
les  objets  employés  dans  le  culte  judaiqueaveclareproduçtionde  ces  objets 
en  photogravure.  Ce  procédé  a  été  également  employé  pour  l'illustration  des 
autres  articles.  De  tous  ces  travaux,  celui  qui  nous  a  paru  le  plus  intéressant 
est  celui  de  M.  Ch.  G.  Nutting,  professeur  de  zoologie  à  l'Université  d'Iowa, 
et  qui  donne  la_description  des  Àlcyonaria  recueillies  par  le  vapeur  Albatros, 
dq  Bureau  des  pêcheries  des  États-Unis,  dans  le  voisinage  des  îles  Hawai, 
en  1902.  C'est  la  première  fois  que  l'on  étudie  les  alcyonaires  de  cette 
région  et  le  résultat  est  d'une  richesse  surprenante,  puisque  sur  68  espèces 
recueillies,  il  n'y  en  a  pas  moins  de  39  nouvelles  qui  sont' toutes  décrites  et 
figurées  pour  la  plus  grande  satisfaction  des  naturalistes.  La  Smithsonian 
Institution,  chargée  du  Muséum  national  des  États-Unis,  en  plus  des  Pro- 
ceedings  et  des  A:iual  Reports,  publie  aussi  cette  année  (1909)  :  les  5*^  et  6^ 
parties  du  vol.  XII  des  Contributions  from  the  United  national  H erbarium. 
La  5e  partie  consiste  en  une  description  des  New  or  noleivorthy  plants  from 
Colombia  and  Central  America,  par  M,  Henry  Pittier,  pages  171  à  181,  illustrée 
de  2  planches  et  9  figures  dans  le  texte.  La  6^  partie  est  un  Catalogue  of  the 
'jrasses  of  Cuba,  par  M.  A.  S.  Hitchcock,  p.  183  à2  57.  On  y  trouve,  en  plus  de  la 
simple  nomenclature  des  espèces  décrites,  la  diagnose  des  espèces  nouvelles, 
au  nombre  de  30.  Il  est  regrettable  que  l'on  n'ait  pas  jugé  nécessaire  d'y 
joindre  des  planches,  ce  qui  eût  donné  beaucoup  plus  de  valeur  h  ce  travail 
déjà  fort  important  et  intéressant. 

Publications  nouvelles.  —  Épîtres  de  saint  Paul.  Leçons  d'exégèse, 
par  C.  Toussaint.  I.  Lettres  aux  Thessaloniciens-,  aux  Calâtes,  aux  Corinthiens 
(petit  in-8,  Beauchesne).  —  Critique  et  catholique,  par  le  P.  E.  Hugueny. 
I.  Apologétique  (in-12,  Letouzey  et  Ané).  —  L'Organisation  judiciaire  aux 
États-Unis,  par  A.  Nerincx  (in-8,  Giard  et  Brière).  — Le  Sens  de  l'existence. 
Excursions  d'un  optimiste  dans  la  philosjphie  contemporaine,  par  L.  Stein; 
trad.  par  A.  Chazaud  des  Granges  (in-8,  Giard  et  Brière). — Les  Fondements 
de  l'économie  politique,  par  A.  Wagner;  trad.  par  K.  L.  T.  II  (in-8,  Giard 
et  Brière). —  L'Enseignement  de  l'histoire  naturelle  à  l'école  primaire.  L'Étude 
des  êtres,  par  D^  E.  Dévaud  (in-12,  Lausanne,  Payot;  Paris,  Alcide  Picard). 
—  Géologie  agricole,  par  E.  Cord  (in-18,  Baillière).  —  Alimentation  rationnelle 
des  animaux  domestiques,  par  R.  Gouin  (in-18,  Baillière).  —  Récréations 
mathématiques  ■  et  problèmes  des  temps  anciens  et  modernes,    par  W.  Rouse 


_  384  — 

Bail.  S*'  partie  (petit  in-8,  Hermann).  —  Les  Cent  mille  Curiosités  d'hier  et 
d'aujourd'hui,  par  H.  Cordonnier  (in-16,  Roger  et  Clieinoviz).  —  Les 
Maîtres  de  l'art.  Benozo  Gozzoli,  par  U.  Mengin  (in-8,  Plon-Nourrit).  — 
Poésies  complètes,  par  A.  Guillaume  (in-18,  Dijon,  imp.  Darantière).  — 
Un  Pardon.  L'Oasis.  Le  Message.  Cendres,  par  P.  Renaudin  (in-16,  Plon- 
Nourrit).  —  Le  Confluent,  par  E.  Deverin  (in-12,  Union  internationale 
d'éditions).  —  La  Fille  du  Corsaire,  par  J.  Drault  (in-16,  Roger  et  Cher- 
noviz).  • — ■  Le  Perroquet  du  cantinier,  par  J.  Drault  (in-16,  Roger  et  Cher- 
noviz).  —  Au  bord  dn  lac,  par  M.  Auvray  (in-16,  Roger  et  Chervoviz).  — 
Chassés  du  Nid,  par  Chéron  de  la  Bruyère  (in-16,  Roger  et  Chernoviz).  — 
Mon  premier  Voyage,  par  F.  de  Noce  (in-16,  Roger  et  Chernoviz).  —  Mirage 
et  réalité,  par  F.  de  Noce  (in-16,  Roger  et  Chernoviz).  —  Trait  d'union, 
par  M.  Levray  (in-16,  Roger  et  Chernoviz).  —  Le  Roc  maudit,  par  M.  Le- 
vray  (in-16,  Roger  et  Chernoviz).  —  Muguette,  par  J.  Barbet  de  Vaux 
(in-16,  Roger  et  Chernoviz).  ■ —  Xe  Général  Dur  à  Cuire,  par  L.  des  Ages 
(in-16,  Roger  et  Chernoviz).  — La  Villa  aux  Cerises,  par  L.  des  Ages  (inl6, 
Roger  et  Chernoviz).  —  Le  Var  supérieur.  Etude  de  géographie  physique, 
par  J.  Sion  (in-8.  Colin).  —  La  Vie  privée  du  peuple  juif  à  l'époque  de  Jésus- 
Christ,  par  le  R.  P.  M.-B.  Schwalm  (in-18,  Lecofîre,  Gabalda).  —  Vie  de 
saint  François  de  Sales,  évêque  et  prince  de  Genève,  docteur  de  l'Église,  par 
M.  Hamon.  Nouvelle  édition  entièrement  revisée  par  Gonthier  et  Letour- 
neau  (2  vol.  in-8,  Lecofîre,  Gabalda).  —  Les  Entrevues  des  princes  à  Frohs- 
dorf,  1G73  et  1883.  La  Vérité  et  la  légende,  par  J.  du  Bourg  (in-16,  Perrin).  — 
Les  Universités  catholiques  de  France  et  de  l'étranger,  par  Mgr  Baudrillart 
(in-12,  Poussielgue).  ■ —  Mémoires  du  général  Griois  (1792-1822),  publiés 
par  son  petit-neveu,  avec  Introduction  et  notes  par  A..  Chuquet.  T.  II 
(in-8,  Plon-Nourrit).  —  L'Hôtel  des  Inoalides,  par  le  général  Niox  (in-18, 
Delagraye).  —  La  Conquête  socialiste  du  pouvoir  politique,  par  C.  Vérecque 
(in-18,  Giard  et  Brière).  —  Marie  Stuart  (1542-1587),  par  Lady  Blcnner- 
hassett  (in-16,  Plon-Nourrit).  —  Après  Tsoushima.  Le  Prix  du  sang,  carnet 
de  notes  du  capitaine  de  frégate  Sémenoff,  présenté  par  le  commandant  de 
Balincourt  (in-16,  Challamel).  — Robespierre  et  les  Femmes,  par  H.  Fleisch- 
mann  (in-8,  Albin  Michel).  —  La  Splendeur  catholique.  Du  Judaïsme  à 
l'Église,  par  P.  Lœwengard  (in-16,  Perrin).  —  Hommes  et  choses  de  mon 
temps,  par  le  marquis  de  Castellane  (in-16,  Plon-Nourrit).  Visenot. 


Le  Gérant  :  Chapuis. 


Imprimerie  polyglotte  Fr.  Simon,  Rennes. 


POLYBIBLION 

nEVUH  RIBLIOGRAHIIQUE  UNIVERSELLE 


JURISPRUDENCE 

Histoire  du  droit.  —  1.  Etudes  sur  la  formation  historique  de  la  Capitis  deminutio' 
I.  Ancienneté  respective  des  cas  et  des  sources  de  la  Capitis  deminutio,  par  F.  Des- 
SERTEAUX.  Paris,  Champion,  1909,  Jn-8  de  387  p.,  6  fr.  —  2.  Guillaume  du  Breuil. 
Stiliis  Curie  Parlamenti,  nouvelle  édition  critique,  publiée  avec  une  Introduction 
et  des  notes  par  Félix  Aubert.  Paris,  A.  Picard  et  fils,  1909,  in-8  de  lxxx-259  p., 
1  fr.  50.  —  3.  Travailleurs  de  France.  Servitude  et  liberté  au  xn<^  siècle  et  au  xx'',  par 
A.  Dubourguier.  Paris,  Lecoffre,  Gabalda,  1909,  in-8  de  xn-135  p.,  3  fr. 
Droit  public.  —  4.  La  Représentation  des  indigènes  musulmans  dans  les  conseils  de 
l'Algérie,  par  E.  Rouard  de  Gard.  Paris,  Pedone,  1909,  gr.  in-8  de  53  p.,  2  fr.  — 
5.  L'Organisation  judiciaire  aux  États-Unis,  par  Alf.  Niîrimcx.  Paris,  Giard  et 
Brière,  1909,  in-8  de  xi-427  p.,  10  fr. 
Droit  pénal.  —  6.  Étude  historique  sur  l'idée  de  sentences  indéterminées,  par  Georges 
de  Lacoste.  Paris,  Rousseau,  1909,  in-8  de  xvi-106  p.,  2  fr.  —  7.  Étude  critique 
du  casier  judiciaire  en  France  et  dans  les  pays  étrangers,  par  G.  Righaud.  Pari-,  Fon- 
temoing,  1909,  in-8  de  149  p.,  5  fr.  —  8.  L'Exercice  illégal  de  la  médecine  et  les 
Articles  de  réclame  médico- pharmaceutique  à  tournure  scientifique,  par  Georges  de 
Lacoste.  Paris,  Rousseau,  1909,  in-8  de  xiii-52  p.,  1  fr.  50. 
FÉMINISME.  —  9.  La  Femme  et  son  pouvoir,  par  M'"^  Anna  Lampérière.  Paris, 
Giard  et  Brière,  1909,  in-12  de  308  p.,  2  fr  50.  —  10.  La  Femme  dans  la  société, 
par  LÉON  Legavre.  Mons  et  Paris,  édition  de  la  Société  nouvelle,  1907,  in-16  de 
534  p.,  3  fr.  50.  —  11.  Un  Chapitre  du  féminisme.  L'Intellectuelle,  par  Wielaxd 
Mayr.  La  Chaux-de-Fonds  (Suisse),  Baillod,  1909,  in-12  de  50  p.,  0  fr.  75. 
Ouvrages  divers.  —  12.  Éléments  et  notions  pratiques  de  droit,  par  Henri  Michel. 
Paris,  Colin,  1909,  in-18  de  vii-704  p.,  cartonné,  6  fr.  —  13.  La  Loi  du  il  mars  1909 
et  la  loi  du  1«'  avril  1909.  De  la  Vente  et  du  nantissement  des  fonds  de  commerce,  par 
Constantin  Maréchal.  Paris,  Pichon  et  Durand-Auzias,  1909,  in-8  de  100  p., 
3  fr.  —  14.  Petit  Dictionnaire  de  droit  rural  et  usuel,  par  Léon  Lesage.  Paris,  Li- 
brairie agricole  de  la  Maison  rustique,  1909,  in-12  de  vi-139  p.,  2  fr.  —  15.  Con- 
naissances pratiques  sur  le  droit  rural  et  le  cadastre  mises  à  la  portée  de  tous  les  culti- 
vateurs, fermiers,  métayers,  etc.,  par  V.  Cayasse  et  J.-M.  Rabaté.  3«  éd.  Paris,  Cîiard 
et  Brière,  1909,  in-18  de  157  p.,  1  fr.  50.  —  16.  Élude  théorique  et  pratique  sur  la 
nullité  et  la  caducité  des  libéralités  adressées  aux  établissements  publics  et  parti'U- 
lièrement  aux  anciens  établissements  ecclésiastiques,  par  P.  Ravier  du  Magny. 
Paris,  éditions  delà  «  Revue  d'organisation  et  de  défense  religieuse  »,  1909,  in-12 
de  120  p.,  1  fr. 

Histoire  du  droit.  —  1.  ■ —  M.  Desserteaux,  profe.^seiir  à  la  Faculté 
de  droit  de  Dijon,  au  début  de  ses  Études  sur  la  formation  historique 
de  la  Capitis  deminutio,  définit  parfaitement  l'œuvre  de  restitution 
du  droit  romain  que  poursuit  l'école  historique  moderne,  a  On  est, 
dit-il,  en  présence  d'un  tableau  qui,  à  diverses  époques,  a  été  surchargé 
de  retouches;  le  travail,  délicat  entre  tous,  auquel  on  doit  se  livrer 
désormais,  consiste  à  isoler  chacune  de  ces  retouches,  à  déterminer 
son  âge  et  à  faire  ainsi  apparaître  les  grandes  lignes  du  tableau  pri- 
mitif. »  Tel  est  bien  le  procédé  qu'emploie  dans  ses  études  le  savant 
professeur.  Les  grandes  hgnes  de  son  sujet  se  trouvent  dans  .les  Ins- 
titutes  de  Gains  :  la  capitis  deminutio  y  est  indiquée  comme  étant  de 
trois  sortes  :  maxima,  média  et  minima,  suivant  qu'elle  consiste  dans 
Novembre  1909.  T.  CXVI.  25. 


—  386  — 

la  perte  de  la  liberté  ou  de  la  cité  ou  de  la  famille.  Quelle  est  l'origine 
de  cette  théorie?  C'est  là  une  question  sur  laquelle  les  romanistes  ne 
sont  pas  d'accord.  Pour  la  résoudre,  M.  Desserteaux  étudie  successi- 
vement   tous  les  textes  qui  s'y  rapportent,  en  remontant  des  plus 
récents  aux  plus  anciens.  Il  parvient  ainsi  à  reconnaître  qu'à  l'époque 
de  Cicéron  aucune  distinction  n'était  encore  faite  entre  la  perte  de  la 
liberté  et  la  perte  de  la  cité;  l'une  n'allait  pas  sans  l'autre;  pour  les 
vieux  Romains,  tout  ce  qui  n'était  pas  citoyen  était  esclave  ou  barbare. 
Ce  n'est  que  plus  tard,  vers  les  débuts  de  l'Empire,  que  la  qualité 
d'homme  libre  fut  envisagée  comme  une  condition  juridique  diffé- 
rente du  droit  de  cité.  Certaines  peines,  établies  alors,  eurent  pour 
effet  de  priver  du  titre  de  citoyen  sans  retirer  la  liberté.  Ainsi  prit 
naissance  la  média  capitis  demiuiitio.    Quant  à  la  maxima  et  à  la  mi- 
nima,  elles  sont  beaucoup  plus  anciermes.  La  première  remonte  au 
moins  à  Servius  TulHus,  qui  institua  le  cens;  elle  caractérisait  l'état 
de  celui  qui  était  rayé  du  cens  et  tombait  en  servitude.  La  seconde 
désignait  plus  spécialement  l'état  du  fds  de  famille  qui  était  «mancipé  » 
par  son  père,  et  il  est  probable  que  la  m.ancipation,  qui  devint  un  mo- 
yen d'émanciper  les  descendants  et  de  les  donner  en  adoption,  servait 
surtout  dans  les  premiers  temps  à  la  vente  des  enfants  ;  encore  au  temps 
de  Gaius,  l'enfant  in  mancipio  est  assimilé  à  l'esclave  sous  plusieurs 
rapports.  Mais,  dans  le  dernier  état  du  droit,  la  capitis  deminiitio 
minima  ne  constitue  plus  que  le  passage  d'une  famille  dans  une  autre. 
Sans  entrer  plus  avant  dans  l'examen  de  cette  question,  que  I\L  Desser- 
teaux  étudie  à  fond  et  avec  une  rare  finesse,  nous  devons  signaler  cer- 
tains  passages   de   son  ouvrage   plus   particulièrement  intéressants, 
non  seulement  pour  les  jurisconsultes,  mais  aussi  pour  les  historiens 
et  les  littérateurs.  On  y  trouve  notamment  -une  expHcation  claire  et 
précise  de  la  fameuse  définition  des  gentiles,  domiée  pai'  Qcéron  dans 
ses  Topiques  et  qui  a  soulevé  tant  de  controverses.   AL  Desserteaux 
parait  aussi  avoir  découvert  le  vrai  sens  de  certains  passages  difficiles 
du  Pro  Caecina.  Il  s'est  également  apphqué  à  déterminer  exactement 
ce  que  les  Romains  entendaient  par  capiit  :  ce  mot,  dit-il,  dont  le  sens 
^primordial  est  téie,  a  désigné,  d'une  part,  l'être  humain,  en  tant  qu'in- 
dividu, et  d'autre  part,  l'être  humain  en  tant  que  sujet  de  droits, 
c'est-à-dire  la  personnalité  juridique.  Dans  un  appendice,  M.  Desser- 
teaux cherche  à  dégager  les  différents  sens  du  mot  mancipium,  qui 
désigne   tantôt   l'esclave,   considéré   ccmme  marchandise,   tantôt  la 
mancipation,  tantôt  le  pouvoir  conféré  sur  une  personne  et  peut-être 
anciennement  le  droit  de  propriété.  Après  l'étude  analytique  qu'il 
vient  de  faire  de  la  capitis  deminutio,  en  prenant  les  textes  un  à  un 
et  en  remontant  du  connu  à  l'inconnu,    du  droit  classique  à  l'ancien 
droit,  le  savant  professeur  de  Dijon  se  propose  de  reprendre  le  même 


—  387  — 

sujet  dans  un  second  travail  où  il  exposera  l'évolution  historique 
de  la  capitis  deminiitio. 

2.  —  L'importance  qu'avait  autrefois  la  procédure  devant  les  an- 
ciens Parlements  ne  permet  pas  de  la  séparer  de  leur  histoire  :  de  là 
l'intérêt  que  peut  offrir  aujourd'hui  une  nouvelle  édition  du  Stilus 
Curie  Patiamenii  de  Guillaume  du  Breuil.  Cette  nouvelle  édition,  due  à 
M.  F.  Aubert,  vient  de  paraître  dans  la  «  Collection  de  textes  pour  servir 
à  l'étude  et  à  l'enseignement  de  l'histoire  ».  Guillaume  du  Breuil  fut  un 
dos  plus  fameux  avocats  de  la  première  moitié  du  xiv*'  siècle.  Son 
Stilus  fut  composé  vers  1330.  C'était  un  résumé  des  règles  et  des  usa- 
ges suivis  au  Parlement  de  Paris  pour  les  ajournements,  pourles  appels, 
pour  les  enquêtes,  pour  les  preuves,  même  pour  le  duel  judiciaire, 
qui,  supprimé  par  saint  Louis,  avait  été  rétabli  par  Philippe  le  Bel 
en  matière  criminelle.  L'ouvrage  de  du  Breuil  se  répandit  rapidement  : 
les  membres  du  Parlement,  les  avocats,  les  procureurs  et  les  greffiers 
voulurent  l'avoir  dans  leurs  bibliothèques.  Delà  vient  qu'il  en  est  resté 
de  nombreux   manuscrits.  Il  fut  imprimé  pour  la  première  fois  vers 
1488.  D'autres  éditions  en  furent  publiées  au  xvi®  siècle,  les  dernières 
par  Dumoulin,  en  1551  et  1558.  Indépendamment  même  des  notes 
qu'y  avait  ajoutées  Dumoulin,  le  texte  de  du  Breuil  avait  subi  de 
nombreuses  corrections  et  additions,  à  mesure  que  la  jurisprudence 
se  modifiait.  M.  Félix  Aubert  s'est  efforcé  de  se  rapprocher  le  plus 
possible  du  texte  original.  Dans  ce  but,  après  avoir  vu  et  comparé 
tous  les  manuscrits  actuellement  connus,  il  a  pris  pour  base  celui  qui 
lui  a  paru  présenter  le  moins  de  retouches,  un  majxuscrit  do  la  fin  du 
xiv*^  siècle,  déjà  signalé  par  MM.  Viollet  et  Guilhiermoz  à  la  Biblio- 
thèque nationale.  Puis,  au  bas  de  chaque  page,  il  a  établi  une  double 
série  de  notes  :  la  première  série  donne  les  principales  variantes  des 
autres  manuscrits;  la  seconde  série,  placée  au-dessous  de  la  première, 
contient,  sous  une  forme  brève,  un  certain  nombre  d'explications  et 
d'obsei'vations  destinées  à  rendre  le  Stilus  plus  intelligible  et  à  en 
faire  ressortir  l'intérêt  historique.  Il  est  permis  toutefois  de  regretter 
que  M.  Aubert  n'ait  pas  joint  au  texte  latin  de  du  Breuil  une  traduc- 
tion française,  qu'il  aurait  pu  emprunter  à  un  ancien  manuscrit  ou 
composer  lui-même.  A  tout  le  moins,  un  dictionnaire  des  mots  techni- 
ques employés  par  du  Breuil  aurait  été  fort  utile,  car  le  latin  du  vieux 
praticien  n'est  pas  toujours  limpide  pour  ceux  cjui  n'ont  pas  fait  une 
étude  spéciale  de  la  langue  judiciaire  du  moyen  âge. 

3.  ■ —  Faut-il  parler  ici  de  l'ouvrage  de  M.  Dubourguier,  Travailleurs 
de  France.  Servitude  et  liberté  au  xii*^  siècle  et  au  xx®  ?  C'est  moins  un 
livre  d'histoire  qu'un  livre  de  polémique  ou  d'apologétique,  comme 
dit  l'auteur.  Mais  l'apologétique,  comme  l'histoire  d'ailleurs,  doit 
reposer  sur  des  preuves  plus  que  sur  des  phrases.  Or,  c'est  surtout  de 


—  388  — 

phrases  qu'est  faite  celle  de  M.  Duboin'giiiei'.  Sa  thèse  consiste  à  re- 
présenter le  régime  municipal  des  villes  du  moycji  âge  comme  un  idéal 
de  gouvernement,  inspiré  par  l'Évangile.  En  fait  de  preuves,  il  se 
contente  de  citer  quelques  articles  des  chartes  de  \'ervins,  de  Beau- 
mont-en-Champagne  et  d'Amiens.  C'est  insuffisant,  même  pour  un 
livre  de  vulgarisation.  Dans  un  tel  sujet,  il  conviendrait  d'apporter 
moins  d'affirmations,  plus  de  documents  et  plus  de  circonspection. 
Quand  l'auteur  soutient  que  l'Église  a  favorisé  le  mouvement  commu- 
nal au  XI i*^  siècle,  il  s'expose  à  se  voir  objecter  qu'en  beaucoup  de 
villes  ce  mouvement  s'est  fait  contre  les  évêques,  seigneurs  féodaux. 
Faudrait-il  donc  distinguer  entre  le  haut  et  le  bas  clergé?  Mais  lequel 
représenterait  réellement  l'Église?  En  réahté,  c'est  une  erreur  d'attri- 
buer à  ce  mouvement  un  caractère  religieux.  Il  est  né  de  circonstances 
politiques  et  économiques.  Il  a  abouti  sans  doute  à  doter  les  villes 
d'institutions  dont  M.  Dubean-guier  vante  avec  raison  le  hbéralismc 
et  l'esprit  foncièrement  chrétien.  Mais  de  même  qu'il  y  a  des  esprits 
exclusifs  qui  ne  veulent  voir  de  liberté  en  France  qu'à  partir  de  1789, 
il  en  est  d'autres,  et  -M.  Dubourguier  est  un  peu  de  ceux-là,  qui  sont 
trop  portés  à  voir  tout  en  beau  avant  1789. 

Droit  public.  —  .4.  ■ —  En  présence  de  l'insuffisance  de  la  natahté 
française  et  de  la  diminution  progressive  des  contingents  anjiuels, 
le  gouvernement  songe  sérieusement,  dit-on,  à  étendre  le  principe 
du  service  obligatoire  aux  indigèaes  d'Algérie.  Le  jour  où  on  leur 
imposera  cette  lourde  charge,  les  Arabes  seront  bien  près  d'être  assi- 
milés aux  Français  :  il  sera  difficile  de  ne  pas  leur  reconnaître 
tous  les  droits  civiques.  C'est  en  vue  de  cette  éventualité  que  M.  Rouard 
de  Card,  professeur  de  droit  à  l'Université  de  T(Hilouse,  vient  de  pu- 
blier une  étude  sur  la  Représentation  des  indigènes  musulmans  dans 
les  conseils  de  l'Algérie.  Actuellement  les  indigènes  ont  déjà  des  re- 
présentants dans  tous  les  conseils  élus  de  la  c<.lonie..Sous  certaines 
conditions  que  la  loi  détermine,  ils  peuvent  participer  à  l'élection 
des  conseils  municipaux,  et  ces  conseils  peuvent  comprendre  deux 
musulmans  pour  une  population  musulmane  de  100  à  1000  habitants, 
puis  un  conseiller  de  plus  pai*  chaque  excédent  de  1  000  habitants. 
Dans  les  trois  conseils  généraux  de  l'Algérie,  six  conseillers  sont  élus 
par  les  membres  musulmans  des  conseils  municipaux.  II  existe  aussi 
une  délégation  financière  des  indigènes,  à  côté  des  délégations  des  colons 
et  des  nitn-cohai^.  Enfin,  le  Conseil  supérieur  de  l'Algérie  comprend 
sept  représentants  spéciaux  des  indigènes,  dont  quatre  élus  pai'  les 
membres  de  la  délégation  financière  et  trois  nommés  par  le  gouverneur 
général.  Après  avoir  exposé  la  situation  actuelle,  M.  Rouard  de  Card 
recherche  comment  les  indigènes  musulmans  pourraient  être  plus  large- 
ment représentés.  A  la  condition  d'exiger  des  garanties  sérieuses  pour 


—  389  — 

l'inscription  sur  les  listes  électorales,  il  estime  que  tous  les  indigènes 
insci'its  sur  ces  listes  devraient  être  admis  à  élire  eux-mêmes  les  mem- 
bres musulmans  des  conseils  généraux,  des  délégations  financ'éres 
et  du  Conseil  supérieur.  Si  la  solution  proposée  par  le  savant  professeur 
reste  sujette  à  ccnti'overse,  son  étude  a  tout  au  moins  le  mérite  de 
poser  la  question  avec  clarté  et  précision. 

5.  ■ —  De  toutes  les  institutions  américaines  celles  qui  concernent 
l'administration  de  la  justice  sont  peut-être  les  moins  connues  en 
France,  et  l'ouvrage  de  M.  Alfred  Neriney,  l'Organisation  judiciaire  aux 
États-Unis,  répond  à  un  desideratum  que  l'Académie  des  sciences 
morales  et  politiques  avait  elle-même  signalé  dans  le  programme  de 
ses  concours.  L'auteur,  professeur  de  droit  à  l'Université  de  Louvain  et 
qui  a  obtenu  le  prix  Odilcn  Barrot  en  1904,  a,  pour  la  préparation 
de  cet  ouvrage,  fait  une  enquête  personnelle  en  Amérique.  Il  ne  se 
borne  pas  à  exposer  la  structure  générale  des  tribunaux  américains; 
il  a  voulu  de  plus  en  montrer  le  fonctionnement.  Pour  cela,  il  a  pris 
soin  de  rechercher  quelle  est  la  valeur  professionnelle  de  la  magistra- 
ture et  du  bai*reau  aux  États-Unis,  comment  le  droit  y  est  compris 
et  enseigné;  il  s'est  appliqué  aussi  à  déterminer  l'influence  qu'exer- 
cent sur  l'administration  de  la  justice  certains  éléments  du  usages 
américains,  tels  que  le  jury,  l'élection  des  juges,  l'état  coutumier  du 
droit,  le  mode  de  confection  des  lois  écrites,  la  lutte  des  partis  poli- 
tiques. La  dualité  du  gouvernement  et  de  la  législation  dans  cette 
grande  république  fédérative,  composée  de  quarante-six  Etats, 
appelait  nécessairement  l'établissement  de  deux  ordres  de  juridic- 
tions :  les  cours  fédérales  et  les  tribunaux  particuliers  de  chaque  Etat. 
M.  Nerincx  étudie,  dans  une  première  pai'tie,  l'organisation  judiciaire 
fédérale,  laquelle  comprend  la  cour  suprême,  les  cours  de  circuit  ins- 
tituées en  1891  pour  suppléer  la  cour  suprême,  puis  les  cours  d'appel 
et  les  cours  de  district.  La  cour  suprême  des  États-Unis  a  mérité 
d'être  appelée  le  vivant  organe  de  la  constitution  américaine.  Elle 
est,  sans  aucun  doute,  un  des  éléments  les  plus  saillants  et  les  mieux 
compris  de  cette  constitution.  Son  rôle  le  plus  élevé,  comme  on  le  sait, 
est  de  faire  respecter  les  principes  constitutionnels  par  les  Parlements 
des  États  particuliers  et  par  le  Congrès  lui-même.  Si  elle  n'a  guère 
eu  à  infirmer,  depuis  un  siècle,  qu'une  vingtaine  de  lois  votées  par  le 
Congrès,  en  revanche  on  ne  compte  plus  les  lois  d'État  qu'elle  a  dû 
casser  pour  inconstitutionnalité.  Il  ne  faut  pas  oubher  toutefois  qu'elle 
ne  participe  pas  au  pouvoir  législatif,  mais  ne  statue  que  sur  les  litiges 
d'intérêt  privé  qui  lui  sont  soumis.  Sa  compétence  s'étendait,  d'après 
la  constitution,  non  seulement  aux  contestations  soulevées  par  l'appli- 
cation des  lois  fédérales,  mais  encore  à  tous  les  procès  entre  États  ou 
entre  citoyens  d'États  différents.  Comme  son  rôle  était  encombré 


_  390  — 

une  partie  de  ses  attributions  a  été  remise  aux  cours  d'appel  de  circuit, 
composées,  en  principe,  d'un  juge  de  la  cour  suprême  et  de  deux  juges 
pris  dans  les  cours  fédérales.  Quant  aux  cours  fédérales  de  circuit  ou 
de  district,  dont  l'institution  remonte  à  1789,  elles  constituent  les 
tribunaux  d'appel  et  de  première  instance  pour  les  affaires  de  la  com- 
pétence fédérale.  Les  magistrats  y  siègent,  soit  seuls,  soit  avec  l'assis- 
tance d'un  jury.  Tout  en  réservant  la  seconde  partie  de  son  livre  aux 
juridictions  d'État,  M.  Nerincx  n'a  pas  jugé  utile  d'exposer  l'organisa- 
tion, souvent  très  compliquée,  de  la  justice  de  cliacjue  Etat.  11  s'est 
contenté  de  faire  connaître  les  principaux  organes  de  judicature  et 
de  dégager  les  caractères  communs  que  l'on  retrouve,  avec  certaines 
altérations,  dans  la  diversité  des  systèmes  :  la  hiérarchie  des  juridic- 
tions, le  recrutement  de  la  magistrature,  le  fonctionnement  du  jury, 
l'importance  accordée  à  la  jurisprudence,  le  coût  de  la  justice,  ses 
lenteurs,  ses  incertitudes  et  les  abus  qui  en  résultent.  M.  Nerincx 
critique  plus  qu'il  ne  loue  l'admijustraticn  de  la  justice  américaine. 
Il  considère  l'organisation  judiciaire  fédérale  comme  satisfaisante, 
mais  les  juridictions  d'État  lui  pai'aissenfc  justement  mériter  les  dé- 
fiances qu'elles  inspirent  aux  justiciables.  Leurs  défectuosités  tiennent 
surtout,  suivant  lui,  à  l'abaissement  intellectuel  et  moral  du  barreau, 
à  l'abus  du  jury  en  matière  civile  et  au  manque  d'indépendance 
de  la  magistrature.  De  ces  vices  principaux  résultent  les  autres  griefs 
qu'on  pourrait  encore  énumérer  :  la  grande  difficulté,  l'impossibilité, 
même  pom*  les  pauvres,  de  se  faire  rendre  justice,  la  faiblesse  de  l'ac- 
tion répressive,  l'abus  des  exceptions  et  des  moyens  dilatoires,  la 
midtiphcité  des  appels.  En  compai*ant  les  institutions  judiciaires  des 
États-Unis  à  celles  du  continent  européen,  c'est  à  celles-ci  que  AL  Ne- 
rincx n'hésite  pas  à  donner  la  préférence.  Il  se  demande  cependant, 
en  terminant,  s'il  n'y  aurait  rien  dans  les  choses  de  la  justice  améri- 
caine que  les  Européens  auraient  avantage  à  emprunter,  et  il  ne  trouve 
à  recommander  qu'un  détail  de  procédure,  commun  d'ailleurs  aux 
États-LInis  et  à  l'Angleterre  :  l'emploi  très  étendu  de  l'instruction 
orale  à  l'audience,  aussi  bien  en  matière  civile  qu'en  matière  crimi- 
nelle. Il  y  a  toutefois  une  supériorité  incontestable  de  la  justice  amé- 
ricaine sur  celle  des  États  d'Europe,  que  M.  Nerincx  n'a  pas  manqué 
de  signaler  et  qu'il  eût  peut-être  bien  fait  de  rappeler  dans  la  conclu- 
sion de  son  livre  :  c'est  le  droit  qu'ont  tous  les  tribunaux  des  États- 
Unis  de  contrôler  la  légalité,  aussi  bien  que  la  constitutiomiahté,  de 
tous  les  actes  du  gouvernement,  sajis  en  excepter  même  ceux  du 
Président  de  la  Confédération.  Ce  principe,  à  lui  seul,  autorise  le  ci- 
toyen américain  à  se  dire  qu'il  trouve  plus  de  gai*anties  dans  les  tri- 
bunaux de  son  pays,  pour  sa  liberté  et  ses  droits,  que  tous  ou  presque 
tous  les  nationaux  des  autres  pays  civilisés. 


—  391  — 

Droit  pénal.  —  6.  —  C'est  une  idée  fort  intéressante  et  qui  pro- 
bablement, comme  on  l'a  dit,  fera  le  tour  du  monde  que  celle  dont 
M.  Georges  de  Lacoste  a  recherché  la  genèse  et  suivi  l'évolution  : 
l'idée  des  Sentences  indéterVninées.  On  se  ferait  peut-être  mieux  com- 
prendre en  disant    «  l'indétermination  des  peines  «.  Il  y  a  longtemps 
qu'on  a  proclamé  que  la  répression  pénale  a  un  double  objet  :  l'inti- 
midation et  l'amendement  du  coupable.  Le  droit  romain    lui-même, 
comme  en  témoigne  un  texte  du  jurisconsulte  Paul,  avait  déjà  pensé 
à  faire  tourner  la  peine  à  l'améhoration  du  délinquant.  Le  droit  cano- 
nique ensuite  s'est  grandement  préoccupé  des  moyens  d'obtenir  la 
conversion  et  la  réhabilitation  de  l'homme  tombé;  dans  ce  but,  les 
juridictions  ecclésiastiques  prononçaient  des  sentences  qui  condam- 
naient le  coupable  à  rester  en  prison  jusqu'à  ce  qu'il  se  fût  repenti 
et  eût  fait  pénitence.  C'est  dans  les  couvents  du  moyen  âge  qu'on  peut 
trouver  la  première  application  du  régime  inauguré,  il  y  a  quelque 
trente  ans,  aux  États-LInis,  dans  le  fameux  Rejorinatory    d'Elmira. 
Mais,  pour  s'en  tenir  aux  temps  modernes,  l'honneur  d'avoir  les  pre- 
miers recommandé  ce  système  pénitentiaire  appartient  à  quelques 
Francis  :  le  duc  de  la  Rochefoucauld-Liancourt,  celui-là  même  qui 
annonça   à   Louis   XVI   le   commencement   de   la    Révolution,   puis 
M.  Charles  Lucas,  le  docteur  Prosper  Despine.  Aux  Américains  re- 
vient le  mérite  d'avoir  fait  passer  la  théorie  dans  les  faits.  A  la  suite 
d'une    ardente    propagande    due    à    MM.    Brockway,    Wines,    Hoyt, 
Dwight,  une  loi  de  l'État  de  New  York,  en  1877,  donna  aux  juges 
le  droit  d'envoyer  dans  le  Rejormatory  tout  individu  du  sexe  mascuhn, 
âgé  de  seize  à  trente  ans,  qui  se  serait  rendu  coupable  d'un  crime  ou 
d'un  délit  grave,  et  qui,  n'ayant  pas  encore  été  condamné,  serait 
reconnu  susceptible  d'amendement.  Le  temps  de  la  détention,  sans 
être  complètement  indéterminé,  est  seulement  limité  par  le  maximum 
de  durée  de  la  peine  afférente  au  crime  ou  délit  commis;  mais  le  con- 
seil d'administration  de  l'établissement  a  la  faculté  d'accorder  au 
condamné  sa  libération  conditionnelle  ou  même  définitive.  La  fonda- 
tion d'Elmira  a  été    imitée  en  d'autres  endroits,  et  plusieurs  Etats 
de  l'Union  ont  adopté  le  principe  des  sentences  indéterminées  pour 
leurs  pénitenciers.  M.   de  Lacoste  assure   que  ce  système  a  donné 
jusqu'ici  d'excellents  résultats,  que  les  condamnés  qui  y  sont  soumis 
s'amendent  dans  la  proportion  de  70  à  90  pour  100.  Le  principe  n'en 
reste  pas  moins  très  contesté;   il  a  fait  l'objet  de  vives  discussions 
dans  les  congrès  pénitentiaires  de  ces  dernières  années.  L'ouvrage 
de  M.  de  Lacoste  contient  le  résumé  de  oes  controverses,  ainsi  que 
la  bibliographie  des  livres  et  des  aj'ticles  de  revue  sur  la  matière. 

7.  —  Sous  le  titre  d'Étude  critique  du  casier  judiciaire  en  France 
■et  dans  les  pays  étrangers,  M.  Richaud,  conseiller  à  la  cour  de  Bourges, 


_  392  — 

])iil)lit'  ii'i  intéressant  mémoire  auquel  l'Académie  des  sciences  morales 
(•t  politiques  a  décerné  le  prix  B(»rdin.  Le  casier  judiciaire  existe  en 
France  depuis  bientôt  soixante  ans.  Institué  d'abord  par  une  simple 
circulaire  ministérielle,  il  a  été  réglementé  en  1899  par  une  loi  qui,  en 
raison  de  ses  graves  défectuosités,  a  dû  être  refaite  l'année  suivante. 
Si  jamais  institution  eut  sa  raison  d'être,  c'est  bien  celle-là  :  il  est 
évident,  en  effet,  que  le  juge,  pour  doser  la  peine,  a  besoin  de  connaître 
les  antécédents  judiciaires  du  prévenu  qui  comparaît  devant  lui. 
Il  n'est  pas  moins  évident  que,  sous  un  régime  où  certaines  condam- 
nations emportent  la  privation  du  droit  de  vote,  il  faut  bien  qu'il  y 
ait  un  moyen  de  distinguer  les  citoyens  qui  ont  encouru  cette  incapa- 
cité. Le  casier  judiciaire  a  pourtant  des  ennemis  :  on  l'accuse  d'être 
un  renouvellement  de  la  peine  de  la  «  marque  »,  que  la  Révolution 
avait  abolie;  on  prétend  qu'il  est  un  obstacle  au  relèvement  du  cou- 
pable. M.  Richaud,  dans  son  livre,  écarte  sans  peine  ces  objections, 
qui  n'ont  pas  été  toutefois  sans  influence  sur  les  lois  de  1899  et  do  1908. 
La  principale  question  qui  se  pose  en  cette  matière  est  de  savoir  si 
le  casier  judiciaire  doit  rester  secret  pour  tous  autres  que  les  magis- 
trats ou  si  tout  citoyen  doit  pouvoir  en  obtenir  des  extraits  comme  pour 
les  actes  de  l'état  civil.  Le  système  de  la  publicité  avait  été  admis  à 
l'origine,  mais  le  législateur  de  1899  lui  a  substitué  celui  de  la  clan- 
destinité. La  nouvelle  loi  ne  permet  de  délivrer  une  copie  du  casier 
judiciaire  qu'à  la  personne  même  qu'il  concerne.  Cette  copie  est 
désignée  sous  le  nom  de  «  bulletin  n"  3  »,  —  le  bulletin  n°  2  étant  ré- 
servé aux  magistrats,  • —  et  la  loi  même  en  exclut  les  condamnations 
légères,  en  général  toutes  celles  de  m(fins  d'un  an  d'emprisonnement, 
lorsque  le  titulaire  du  casier  n'a  pas  été  de  nouveau  condamné.  De 
plus, au  bout  d'un  certain  délai,  qui  varie  entre  deux  ans  et  quinze  ans, 
les  condamnations  uniques,  même  pour  crimes,  ne  doivent  plus  fi- 
gurer au  bulletin  n»  3.  La  loi  de  1899  a  ainsi  institué  une  sorte  de  réha- 
bilitation de  droit,  qu'une  autre  loi  de  1908  a  étendue  aux  faillis.  M.  Ri- 
chaud,  en  analysant  ces  dispositions,  un  peu  compliquées,  a  soin 
d'en  montrer  les  avantages  et  les  inconvénients.  Il  expose  ensuite 
les  divers  systèmes  de  casiers  judiciaires  usités  dans  les  pays  étrangers, 
les  procédés  par  lesquels  se  fait  l'échange  international  des  antécé- 
dents judiciaires  des  malfaiteurs.  Il  indique  enfin  les  améliorations 
qui,  suivant  lui,  pourraient  être  encore  apportées  au  casier  judiciaire; 
il  voudrait  notamment  qu'on  y  ajoutât  un  signalement  anthropo- 
métrique ou  une  empreinte  digitale  pour  assurer  l'identification  du 
condamné. 

8.  —  Pourquoi  les  charlatans  d'autrefois  ont-ils  disparu?  Parce  que^ 
sans  parler  de  ceux  qui  sont  entrés  dans  la  poUtique,  ils  ont  tous  main- 
tenant à  leur  portée  un  moyen  bien  plus  puissant  et  bien  plus  eflficace 


—  393  — 

que  leurs  fanfares  et  leurs  bcniments  d'antan  pour  exploiter  la  cré- 
dulité de  leurs  contemporains  :  c'est  l'article  réclame,  publié  dans  les 
journaux.  Ce  genje  de  charlatanisme  commençait  déjà  il  y  a  un  siècle, 
car  en  1803  Bf-naparte,  qui  songeait  à  tout,  prit  soin  d'avertir  les 
journaux  qu'ils  devaient  s'abstenir  d'annoncer  dos  médicaments  et 
des  compositions  dont  l'efficacité  n'était  nullement  garantie.  Mais, 
aujourd'hui  que  Bonaparte  n'esl  plus,  quel  est  le  journal  qui  se  prive 
de  telles  annonces?  Toute  la  presse  en  est  remplie.  Et  plus  dangereux 
encore  que  la  sim.ple  annonce  est  l'article  réclame,  d'allure  scienti- 
fique, signé  d'un  docteur  en  médecine,  qui  commence  par  la  descrip- 
tion d'une  certaine  maladie,  dont  il  détaille  tous  les  symptômes, 
et  se  termine  par  l'indication  du  spécifique  qui  seul  peut  en  procurer 
la  guérison.  On  s'est  demandé  si  un  tel  article,  lorsque  le  prétendu 
docteur  qui  l'a  signé  n'existe  pas,  constitue  le  délit  d'exercice  illégal 
de  la  médecine.  INI.  Georges  de  Lacoste,  dans  une  brochure  consacrée 
à  cette  question,  soutient  l'affirmative,  et  son  opinion  est  approuvée 
par  M.  Georges  Rocher,  président  de  la  Société  de  médecine  légale 
de  France.  Quelle  que  soit  la  force  des  arguments  i4j,voqués  par  ces 
jurisconsultes,  il  faut  bien  reconnaître  que  la  question  reste  douteuse, 
et  il  serait  à  souhaiter  que  la  loi  de  1892,  qui  régit  l'exercice  de  la  pro- 
fession médicale,  fût  complétée  pai'  une  disposition  additionnelle 
sur  l'abus  des  réclames  médicales  ou  pharmaceutiques. 

Féminisme.  —  9.  —  Dans  son  livre  :  La  Femme  et  son  pouvoir^ 
i\Ime  Anna  Lampérière  se  sépare  presque  sur  tous  les  points  du  fé- 
minisme. Les  féministes  réclament  une  éducation  identique  pour  les 
deux  sexes;  M"^^  Lampérière  réprouve  ce  système.  «  On  a  agi  de  la 
sorte,  dit-elle,  avec  l'enseignement  secondaire  des  jeunes  filles,  qui 
est  nr>n  pas  une  adaptation,  mais  une  imitation  de  l'enseignement 
masculin,  faisant  des  simili-hommes  et  non  pas  des  femmes.  »  Les  fé- 
ministes veulent  que  la  femme  soit  indépendante  dans  le  mariage  et 
que  les  biens  des  époux  restent  séparés;  M"^^  Lampérière  leur  répond  : 
«  Si  une  femme  aime  son  mari,  elle  sera  révoltée  de  faire  des  réserves 
d'argent  envers  lui;  ils  se  confient  réciproquement  leur  propre  vie 
et  celle  de  leurs  enfants  futurs,  et  ils  ne  se  confieraient  pas  leur  bourse  ! 
...  Pour  le  meilleur  et  pour  le  pire,  l'union  de  ces  deux  êtres  doit  être  ^ 
absolue  :  ce  sont  les  risques  du  mariage.  »  Les  féministes  prétendent 
qu'aucun  emploi,  dans  tous  les  domaines  de  l'activité  humaine,  ne 
doit  être  interdit  aux  femmes;  M'"*^  Lampérière  soutient  que,  le  rôle 
social  de  la  femme  étant  tout  différent  de  celui  de  l'homme,  en  n'a 
que  trop  jusqu'ici  imposé  aux  femmes  des  fonctions  qui  les  détournent 
de  leur  véritable  vocation,  et  que  nombre  de  métiers  qu'on  appelle 
des  métiers  de  femme  pourraient  être  mieu.Y  occupés  par  des  hommes. 
Les  féministes  enfin  demandent  pour  les  femmes  le  droit  électoral; 


_  394  — 

]\lmc  Lampéi'ièro  voit  là  un  piège  dont  cllo  conseille  aux  femmes  de 
S(^  garer.  Le  droit  de  vote,  dit-elle,  leur  d<^>iinera  moins  d'influence 
qu'elles  n'en  auraient  si  elles  savaient  agir  dans  la  famille  comme  il 
convient  à  leur  sexe  et  préparer  à  la  fois  les  hommes  et  les  femmes  de 
la  génération  prochaine.  «  Toute  tendance  qui  veut  identifier  les  con- 
ditions de  vie  entre  les  deux  sexes  et  porte  la  femme  à  se  dresser  en 
concurrente  de  l'homme,  est  une  tendance  antisociale,  donc  contraire 
à  l'intérêt  réel  de  tous  les  individus,  femmes  ou  hommes.  »  A  l'encontre 
d'un  tel  système,  IM""*^  Lampérière  dresse  en  quelque  sorte  le  program- 
me des  devoirs  que  les  femmes  ont  à  remplir  et  des  connaissances 
qui  leur  sont  nécessaires.  Elle  considère,  dans  une  première  partie, 
la  femme  dans  sa  situation  normale,  c'est-à-dire  la  femme  mariée, 
et  dans  une  seconde  partie  la  femme  dans  sa  situation  anormale  ou  la 
femme  isolée.  La  femme  mariée  a  un  triple  rôle,  à  l'égard  de  son  mari, 
de  ses  enfants  et  de  la  société.  La  femme  qui  reste  isolée,  volontaire- 
ment ou  non,  n'a  pas  une  moindre  tâche  :  à  elle  de  suppléer  les  mères 
pour  la  culture  des  enfants,  de  remplacer  la  famille  pour  les  cas  anor- 
maux, de  travailler  au  bien  général,  au  point  de  vue  matériel  et  moral. 
Ce  programme  est  celui  d'un  enseignement  supérieur  féminin  que 
M"^e  Lampérière  voudrait  organiser  et  en  vue  duquel  elle  a  fondé 
la  société  «  le  Progrès  féminin  ».  Aucune  part  n'y  est  faite  à  l'idée 
religieuse;  M™^  Lampérière  s'efforce  d'édifier  tout  son  système  d'é- 
ducaùon  sur  les  théories  biologistes  et  sohdaristes.  L'éducalion  des 
couvents  lui  paieît  «  imprégnée  d'un  esprit  tout  à  fait  différent  de 
la  science  pratique  et  des  faits  exacts  ».  C'est  pourtant,  en  définitive, 
à  un  idéal  tout  semblable  à  celui  des  couvents  —  elle  le  reconnaît 
elle-même  —  que  tendrait  son  enseignement.  «  Le  couvent  n'est  autre 
chose,  comme  elle  le  dit  fort  bien,  qu'une  réunion  de  femmes  échan- 
geanl  des  services,  les  unes  par  leur  dot,  les  autres  par  leur  travail  , 
d'autres  encore  paj  leur  savoir-faire;  de  telle  sorte  que  la  dépense  est 
aussi  restreinte  que  possible,  l'organisation  répartie  entre  chacune 
des  femmes,  et  le  bénéfice  pour  la  congrégation  multiplié  dans  une 
proportion  considérable.  »  Voilà  exactement  ce  que  M"^*^  Lampérière 
voudrait  réaliser  dans  la  société.  C'est  fort  bien,  mais  pourquoi  né- 
glige-t-elle  le  feiment  rehgieux  qui  seul  jusqu'ici  a  suscité  un  pareil 
modèle  de  progrès  social?  Et  pourquoi  les  femmes  qui  sont  élevées 
avec  cet  exemple  sous  les  yeux,  auraient-elles  une  éducation  moins 
sérieuse  et  moins  pratique  que  celles  à  qui  l'union  et  la  coopération 
ne  sont  enseignées  que  d'une  manière  toute  théorique? 

10.  —  Si  l'auteur  de  la  Femme  et  son  pouvoir  ignore  la  rehgion, 
celui  de  la  Femme  dans  la  société  se  pkît  à  la  dénigrer  et  à  l'outrager. 
Il  prétend  se  garder  de  toute  exagération  et  veut  «  rechercher,  avec 
la  plus  grande  attention,  dit-il,  la  solution  de  l'important  problème 


-  395  — 

social  du  féminisme  ».  II  commence  par  refaire  l'histoire  à  sa  façon. 
Pour  lui,  l'homme  est  issu  du  singe,  et  dès  les  origines  de  l'humanité 
les  forts  ont  dominé  sur  les  faibles.  La  croyance  en  Dieu  n'a  servi 
qu'à  justifier  et  à  fortifier  l'esclavage.  Ce  fut  le  règne  du  droit  divin, 
qui  pesa  sur  la  femme  plus  lourdement  encore  que  sur  les  hommes. 
Ce  régime,  qui  fut  celui  de  toute  l'antiquité,  s'est  perpétué  pendant  le 
moyen  âge  et  jusqu'aux  temps  modernes.  «  La  Révolution  française, 
ivre  de  Uberté,  marque  une  tache  blanche  (rouge  serait  ici  plus  exact) 
dans  l'histoire  de  l'exploitation  des  faibles.  Mais  la  bourgeoisie,  la 
féodalité,  vola  la  Révolution  au  peuple.  Elle  s'empara  de  la  terre, 
désormais  vénale.  Le  peuple,  les  faibles,  les  femmes  sont  à  vendre,  et 
il  faut  que  le  peuple,  les  faibles  et  les  femmes  se  vendent,  à  peine  de 
mourir  de  faim,  et  la  bourgeoisie  a  soin  qu'ils  se  vendent  le  meilleur 
marché  possible.»  Ainsi,  c'est  bien  entendu,  et  M.  Léon  Legavre 
emploie  plus  de  cinq  cents  pages  à  le  démontrer  :  jusqu'à  nos  jours, 
les"  femmes  n'ont  pas  cessé  d'être  opprimées;  le  simulacre  de  respect 
dont  on  les  entoure  n'est  que  de  l'hypocrisie.  Le  mariage,  la  vertu, 
l'honneur,  le  droit  ne  sont  que  des  mots;  l'or  seul  compte  pour  quelque 
chose.  Avec  lui,  il  ne  reste  plus  que  u  la  force  brutale,  appelée  souve- 
raineté du  peuple  ou  démocratie,  c'est-à-dire  le  règne  de  l'absurde 
et  le  despotisme  des  imbéciles  ».  Au  bas  de  l'échelle  sociale  sont  les 
femmes, et  c'est  en  fin  de  compte  sur  les  femmes  pauvres  que  retombe 
toute  l'horreur  de  l'oppression  universelle.  \^oilà  qui  est  encore  entendu, 
et  puisque  l'homme  descend  du  singe,  il  ne  vaut  assurément  pas  mieux 
que  son  ancêtre,  car  les  singes  ne  sauraient  être  plus  cruels  que  lui 
envers  leurs  femellcF-,  Et  néanmoins  M.  Legavre  n'hésite  pas  à  nous 
annoncer,  à  la  fin  de  son  livre,  que  tout  cela  va  changer  bientôt,  que 
le  socialisme,  qui  n'est  autre  chose  que  la  science,  «  cette  législatrice 
devant  laquelle  tous  s'inclinent  »,  va  établir  l'ordre  dans  l'humanité; 
que  chacun  comprendra  alors  que  son  devoir,  identique  à  son  intérêt, 
sera  de  se  dévouer  à  ses  semblables,  et  enfin  que  «  la  terre  sera  cet  Eden 
que  les  poètes  chantent  dans  leurs  vers  et  qui  jamais  encore  ne  fut 
réalisé  dans  le  passé  ».  M.  Legavre  ne  croit  pas  en  Dieu,  mais  n'en  est 
pas  moins  un  homme  de  grande  foi  ! 

11.  —  En  attendant  l'Eden  qu'on  nous  promet,  le  féminisme  restera 
peut-être  encore  longtemps  un  sujet  de  conférences.  Et,  comme  le 
sujet  est  vaste,  on  peut  pour  une  fois  n'en  traiter  qu'un  chapitre  : 
c'est  ce  qu'a  fait,  à  Saint-Imier,  M.  Wieland  Mayr,  licencié  en  théolo- 
gie et  rédacteur  au  National  suisse.  Dans  sa  conférence  sur  l'Intellec- 
tuelle, son  but,  dit-il,  a  été  de  prouver  que  la  femme  est  faite  aussi  bien 
que  l'homme  pour  la  vie  de  l'esprit  et  qu'il  n'est  pas  juste  de  lui  en 
interdire  l'accès.  Ceci  est,  sans  contredit,  du  bon  féminisme,  mais 
ce  n'est  que  du  féminisme  théorique.  Le  difficile  surtout  est  d'en  venir 


—  396  - 

à  la  pratique.  Ainsi,  l'admission  des  femmes  dans  les  commissions 
scolaires  a  été,  parait-il,  un  grave  événement  dans  la  petite  république 
neuchâteloise.  Certains  ont  voulu  voir  là  «  le  commencement  du  règne 
du  jupon  «.  M.  Mayr  constate  que  cette  nouveauté  n'a  pas  eu  de  mau- 
vais effets.  Il  ajoute  même  qu'en  ce  qui  le  cttncerne  il  ne  voit  pas  pour- 
quoi on  refuserait  à  une  institutrice,  à  une  employée,  à  une  ouvrière, 
à  toute  femme  indépendante,  les  droits  politiques  qu'on  accorde  à 
des  hommes  qui  sont  intellectuellement  et  moralement  indignes. 
Mais,  suivant  lui,  étendre  cette  mesure  à  la  femme  mariée  serait  com- 
promettre l'unité  et  l'harmonie  de  la  famille.  Les  vieilles  filles,  dans 
son  système,  seraient  donc  des  privilégiées... 

Ouvrages  dive'rs.  ■ —  12.  —  Rien  n'est  difficile  à  faire  comme  un 
bon  manuel  élémentaire.  Si  l'on  veut  tout  expliquer,  l'ouvrage  devient 
t:'op  volumineux;  si  l'on  est  trop  bref,  on  ne  sera  plus  compris;  ^i  Ton 
n'expose  que  les  principes,  le  livre  sera  sans  utilité;  si  l'on  entre  dans 
les  détails,  il  ne  sera  plus  un  manuel.  M.  Henri  Michel  nous  paraît 
avoir  échappé  assez  heureusement  à  ces  divers  écueils.  Dans  ses  Elé- 
ments et  notions  pratiques  de  droite  il  est  parvenu  à  résumer,  en  mfiins 
de  700  pages  in- 18,  dans  une  première  partie,  toute  notre  organisation 
politique,  administrative  et  judiciaire,  et  dans  une  seconde  partie, 
tout  le  droit  civil.  C'est,  dit-il,  dans  l'exercice  de  ses  fonctions  de  sub- 
stitut près  le  tribunal  de  la  Seine  qu'ayant  pu  constater  à  quel  point 
les  notions  juridiques  les  plus  simples  s<-'nt  généraleincnt  ignorées, 
il  a  eu  l'idée  de  composer  un  ouvrage  ayant  pour  but  de  rendre  le 
droit  accessible  à  tous.  Cette  même  idée  est  venue  à  beaucoup  d'autres, 
mais  sa  réalisation  laisse  toujours  plus  ou  mdns  à  détirer,  parce  que 
la  tâche  qui  consiste  à  mebtro  la  science  à  la  portée  de  tous,. c'est-à- 
dire  même  des  ignorants,  e:  t  quelque  peu  chimérique.  L'ouvrage 
de  M.  Henri  Michel  a  toutef<»is  le  mérite  de  joindre  des  renseignements 
précis  et  vraimentpratiques  aux  notions  générales  que  contiennent  tous 
les  manuels  du  même  genre.  Ainsi,  l'on  peut  y  trouver,  dans  un  appen- 
dice,les  tarifs  des  notaires. L'utihtépratiqueenseraitencoreaugrnentée 
si  l'auteur  y  avait  ajouté  des  formules  d'actes;  il  n'en  donne  qu'une, 
celle  du  bail;  c'est  insuffisant.  Au  risque  de  grossir  encore  le  volume, 
nou-s  croyons  qu'il  devrait  insérer  en  note,  sous  l'explication  des  divers^ 
contrats,  les  formules  généralement  adoptées  pour  leur  rédaction. 

13.  —  Dans  son  petit  volume  C(  nsacré  à  la  Loi  du  17  mars  1S09  su 
la  vente  et  le  nantissement  des  fonds  de  commerce  M.  Constant) 
Maréchal  montre  peu  d'admiration  pour  ce  nouveau  chef-d'œuvre  d 
nos  législateurs.  «  La  nouvelle  loi,  dit-il,  est  tellement  diffuse,  telltmen' 
difficile  à  étudier  et  à  comprendre,  les  formalités  édictées  par  elle  sont 
tellement  compliquées  et  délicates  que  le  ccmmerçant  le  plus  avisé, 
vendeur,  acquéreur  ou  créancier,  est  exposé  à  commettre  des  erreurs 


—  397  — 

irréparables;  que  l'homme  d'affaires  le  plus  délié  et  le  plus  rompu  à 
la  pratique  est  lui-même  surpris,  et  qu'une  étude  approfondie  de  cette 
loi,  dans  ses  applicati'^ns  multiples,  permettra  seule  de  se  reconnaître 
dans  cet  arsenal  de  dispositions  juridiques,  judiciaires  et  fiscales 
trop  souvent  draconiennes.  »  Reconnaissons-le  pourtant  :  cette  loi  a 
son  utilité.  Elle  assure  la  conservation  du  privilège  du  vendeur  d'un 
fonds  de  commerce, mêm.e  en  cas  de  faillite.  Elle  prescrit  la  publication 
des  cessions  de  fonds  de  commerce  dans  l'intérêt  des  créanciers  ei  or- 
ganise la  publicité  des  nantissements.  M.  Maréchal  résume  assez  claire- 
ment le  mécanisme  de  cette  loi,  qui  d'abord  ne  devait  entrer  en  vi- 
gueur que  six  mois  après  sa  promulgation,  mais  qu'une  loi  subséquente, 
du  1*^^  avril,  a  rendue  applicable  immédiatement,  même  avant  que  le 
règlement  d'administration  publique  nécessaire  pour  en  permettre 
l'application  eût  paru  ! 

14.  —  Les  manuels  juridiques  à  l'usage  des  cultivateurs  ne  manquant 
pas,  et  il  y  en  a  de  fort  bien  faits,  mais  combien  peu  de  cultivateurs  les 
lisent  !  Pour  trouver  promptement  un  renseignement,  la  solution  d'une 
difficulté,  c'est  encore  le  dictionnaire  qui  est  le  plus  commode,  et  M. 
Léon  Lesage  a  fait  œuvre  utile  en  composant,  à  l'usage  des  proprié- 
taires et  fermiers,  son  Petit  dictionnaire  de  droit  rural  ei  usuel.  Imprimé 
en  petits  caractères,  sur  deux  colonnes,  ce  répertoire  est  suffisamment 
développé,  malgré  son  faible  format  et  son  prix  modique.  Il  contient 
sur  toutes  les  matières  qui  intéressent  les  cultivateurs  l'indication 
sommaire  du  dernier  état  de  la  législation  et  de  la  jurisprudence.  Les 
mots  adoptés  pour  le  classement  alphabétique  sont  généralement  bien 
choisis.  Cependant  quelques-uns  nous  ont  paru  critiquables.  Ainsi, 
le  cultivateur  qui  voudra  savoir  quels  animaux  sont  insaisissables 
n'aura  probablement  pas  l'idée  d'aller  chercher  ce  renseignement  sous 
le  mot  Bestiaux  insaisissables-^  cette  question  devrait  plutôt  être  traitée 
sous  le  mot  Saisie.  De  même,  c'est  sous  le  mot  Bornes,  et  non  pas  sous 
celui  de  Suppression  de  bornes,  que  devraient  se  trouver  les  règles 
relatives  au  déplacement  des  bornes.  De  telles  défectuosités  ont  leur 
importance,  surtout  dans  un  ouvrage  qui  s'adresse  à  des  personnes 
généralement  peu  lettrées;  l'auteur  fera  bien  d'y  remédier,  dans  une 
nouvelle  édition,  au  moins  par  des  renvois  d'un  mot  à  un  autre. 

15.  —  C'est  également  l'ordre  alphabétique  qu'ont  adopté  MM.  V. 
Cayasse  et  J.-N.Rabaté  dans  leur  petit  volume  intitulé  :  Connaissances 
pratiques  sur  le  droit  rural  et  usuel.  Ce  manuel  est  moins  développé 
et  moins  complet  que  celui  de  M.  Lesage;  mais  il  contient  des  rensei- 
gnements fort  utiles  sur  l'organisation  du  cadastre  et  la  manière  de 
le  consulter  pour  vérifier  les  cotes  foncières.  Sous  ce  rapport  il  peut 
rendre  de  vrais  services  aux  cultivateurs  intelligents.il  a  attunt,  d'ail- 
leurs, rapidement  sa  troisième    édition,    que  les  auteurs  annoncent 


—  398  ~ 

comme  entièrement  refondue  et  complétée.  Et  néanmoins,  bien  que 
datée  de  1909,  cette  troisième  édition  est  encore  un  peu  en  letard. 
Exemples  :  à  l'article  Bouilleurs  de  rru^  les  auteurs  reproduisent  la 
réglementation  des  lois  de  1903  et  de  1G05  comme  si  elle  avait  con- 
servé toute  son  application.  À  rarlicle  Patente,  ils  ne  paraissent  pas 
connaître  la  loi  du  15  juillet  1880.  En  matière  de  Warrants  agricoles, 
ils  ignorent  aussi  la  loi  du  30  avril  1906.  11  leur  restera  donc  bien  encore 
quelque  chose  à  faire  quand  viendra  la  quatrième  édition. 

16.  —  Tandis  que  s'accomplit  l'œuvre  d'iniquité  et  de  spoliation 
contre  l'Église  de  France,  un  jurisconsulte  de  la  Faculté  catholique 
de  droit  de  Lyon,  M.  Ravier  du  Magny,  démontre  qu'il  serait  encore 
possibl  î  d'arracher  quelques  bribes  du  patrimoine  sacré  aux  spolia- 
teurs. Parmi  l'^s  donations  faites  aux  fabriques  et  aux  autres  établis- 
sements du  culte,  il  peut  y  en  avoir,  il  y  en  a  certainement  qui 
étaient  entachées  de  uelque  irrégularité.  M.  Ravier  du  Magny 
soutient,  —  et  plusieurs  jugements  et  arrêts  l'ont  déjà  reconnu,  ■ — 
que  l'action  en  nullité  dont  la  cause  est  antérieure  à  la  loi  de  sépa- 
ration peut  encore  être  txeicée  par  les  héritiers  des  donateurs, 
même  par  les  héritiers  collatéraux  et  par  les  légataires  universels, 
nonobstant  les  déchéances  édictées  par  la  loi  du  13  avril  1908. 
Comme  l'a  fort  bien  dit  un  jugement  du  tribunal  de  Saint-Etienne^ 
«  la  loi  commune  doit  être  préférée  à  la  loi  d'exception  en  tout  ce 
que  celle-ci  n'a  pas  formellement  piévu«.  La  brochure  de  M.  Ravier 
du  Magny  sur  la  Nullité  et  la  caducité  des  libéralités  adressées  aux 
établissements  publics'  se  refommande  donc  d.'elle-même  à  toutes  les 
personnes  qu'intéresse  la  li«|uidation  des  biens  des  établissements 
ecclésiastiques.  Maurice  Lambert. 


PHILOSOPHIE 

Logique  et  Métaphysique.  —  1.  Éléments  de  logique  formelle,  par   G. -H.    Luquet, 
Paris,  Alcan,    1909,  in-8  de  xi-58  p.,  1  fr.  50.  —  2.  Essais  sur  la  connaissance,  par 
George  Fonsegrive.  Paris,  Lecoffre,  Gabalda,  1909,  in-12  de  vii-273  p.,  3  fr.  50. 
—  3.  Le  Rationalisme  comme  hypothèse  méthodologique,  par  Francis  Maugé.  Paris^_ 
Alcan,  1909,  gr.  in-8  de  xn-611  p.,  10  fr.  —  4.  UÊtre  et  le  Connaître,  par  H    Espi-j 
NASSET.  Paris,  Leroux,  1909,  in-8  de  iv-491  p.,  7  fr.  50.  — 5.  Le  Subjectivisme,  ^yAi 
Han  Ryner.  Paris,  Gastein-Serge,  s.  d.,  in-8  carré  de  47  p.,  avec  portrait,  1  fr. 
6.  Théories  fo?idamentales  de  Vacie  et  de  la  puissance  ou  du  mouvement;  le  devenirj^ 
sa  causalité,  sa  finalité,  par  Mgr  Albert  Farges.  7^   édition  entièrement  refondue. 
Paris,  Berche  et  Tralin,  1909,  gr.  in-8  de  443  p.,  6  fr.  50.  —  7.  Études  sur  Vhuma- 
nisme,  par  F.  C.  S.  Schiller;  trad.  de  l'anglais  par  S.  Jankélévitch.  Paris, AlcanJ 
1909,  in-8  de  ix-623  p.,  10  fr. 

Morale  et  Philosophie  religieuse.  —  8.  Le  Fondement  psychologique  de  la  morale,^ 
par  André  Joussain.  Paris,  Alcan,  1909,  in-16  de  viii-141  p.,  2  fr.  50.  —  9.  Lt 
Problème  de  Véducation,  essai  de  solution  par  la  critique  des  doctrines  pédagogiques^ 
par  L.  Dugas.  Paris,  Alcan,  1909,  in-8  de  iii-344  p.,  5  fr.  —  10.  Les  Principes  dé 
l'évolution  sociale,  par  Dicran  Aslanian.  2«^^  éd.  Paris,  Alcan,  1909,  in-8  de  xxiVJ 


—  399  — 

296  p.,  5  fr.  —  11.  De  la  Croyance  en  Dieu,  par  Clodius  Piat.  2«  éd  Paris  Alcan 
1909,  in-16  de  x-298  p.,  3  fr.  50. 
Histoire  et  Critique.  —  12.  Le  Cycle  mystique.  La  Dii'inité,  origine  et  fin  des  exis- 
tences indniduelles  dans  la  philosophie  antésocratique,  par  Auguste  Diès.  Paris 
Alcan,  1909,  in-8  de  a-c-iv-115  p.,  4  fr.  —  13.  La  Définition  de  l'être  et  la  nature 
des  idées  dans  le  Sophiste  de  Platon,  par  Auguste  Diès.  Paris,  Alcau,  1909,  in-8 
de  a-c-vii-140  p.,  4  fr.  —  14.  Les  Éléments  cartésiens  de  la  doctrine  spinoziste  sur 
les  rapports  de  la  pensée  et  de  son  objet,  par  Albert  Léon.  Paris,  Alcan,  1907,  gr. 
in-8  de  294  p.,  6  fr. —  15.  La  Philosophie  générale  de  John  Locke,  p&r  H.  Ollion. 
Paris,  Alcan,  1909,  in-8  de  482  p.,  7  fr.  50.  —  16.  La  Philosophie  religieuse  de 
Schleiermacher,  par  Edmond  Cramaussel.  Paris,  Alcan,  1909,  in-8  de  288  p., 
5  fr.  —  17.  Auguste  Comte  et  son  œuvre.  Le  Positivisme,  par  Georges  Deherme. 
Paris,  Giard  et  Brière,  1909,  in-18  de  128  p.,  avec  2  portraits,  2  fr.  50.  —  18.  Les 
Théories  individualistes  dans  la  philosophie  chinoise.  Fa/îg-Tc/iou,  par  Alexandra 
David.  Paris,  Giard  et  Brière,  1909,  in-18  de  150  p.  2  fr.  —  19.  Notes  sur  la  philo- 
sophie japonaise,  par  Alexandra  David.  Paris,  édition  de  la  «  Société  nouvelle  », 
1908,  in-8  de  41  p.,  1  fr.  —  20.  Chez  un  philosophe.  Deux  interviews,  par  Camille 
FoNbET.  Paris,  Giard  et  Brière,  1909,  in-18  de  vi-314  p.,  3  fr. 

Logique  et  Métaphysique.  ■ —  1.  —  M.  Luquet  avait  naguère 
essayé  de  «  mettre  du  Bergetn  à  la  portée  des  étudiants  au  baccalau- 
réat ».  Il  réalise,  aujourd'hui,  une  tentative  moins  audacieuse,  dans 
ses  Éléments  de  logique  fotmelle.  En  moins  de  soixante  pages,  il  ré- 
sume les  règles  de  l'art  de  penser.  La  théorie  du  sjdlogisme  y  est  expo- 
sée avec  soin  et  quelques  vues  nouvelles  des  logiciens  réformateurs 
ou  révolutionnaires,  indiquées  et  appréciées.  Nous  ne  reprocherions 
à  cet  opuscule  très  dense  que  sa  densité  elle-même  qui  confine  à 
l'obscurité. 

2.  ■ —  L' Inconnaissable  dans  la  pJiilosophie  jncdenie^  Généralisation 
et  Indication.,  le  Kantisme  et  la  Pensée  contemporaine,  Certitude  et 
Vérité,  ces  diverses  études  sont  rassemblées  par  M.  George  Fonsegrive, 
sous  le  titre  général  d'Essais  sur  la  connaissance.  On  en  peut  conclure 
que,  malgré  le  scepticisme,  le  positivisme  et  le  ciiticisme,»  il  y  a  quelque 
part  dans  l'cmbre  et  l'infini  silence  une  force  qui  agit  et  une  tendresse 
qui  veille  »;  —  que  la  généralisati<  n  et  l'induction  ne  sont  pas  des  opé- 
rations mentales  dont  la  forme  soit  différente;  ■ —  que  le  kantisme, 
malgré  les  éléments  de  vérité  qu'il  renferme,  décline,  s'éteint,  meurt; 
—  que  nous  sommes  capables  de  connaître  avec  certitude  des  vérités 
scientifiques,  morales,  métaphysiques  et  religieuses.  Personne  ne 
doute  que,  sur  tous  ces  sujets,  l'auteur  de  l'Essai  sur  le  libre  arbitre 
n'exprime  des  réflexions  personnelles  et  suggestives  dignes  de  l'atten- 
tion de  tous  ceux  qui  pensent;  c'est  un  esprit  ouvert,  pénétrant  et  vif 
qui  imprime  sa  marque  à  tout  ce  qu'il  touche.  Mais  on  a  pu  lui  repro- 
cher d'avoir  tenté  une  conciliation  difficile,  sinon  impossible,  entre 
des  systèmes  dont  les  principes  sent  contradictoires.  Certaines  de  ses 
formules  étonnent  les  scolastiques;  celle-ci,  par  exemple  :  «  Le  réel, 
sans  l'esprit,  n'est  que  la  possibilité  d'être  connu;  l'esprit,  sans  le  réel, 
n'est  que  la  possibihté  de  ccnnaitre  »  (p.  137).  Les   idéalistes,  d'autre 


—  400  — 

part,  ne  souscriront  pas  à  cette  effirmation  :  «  Personne,  à  cette  heure, 
n'est  subjectiviste,  c'est  Auguste  Qmte  qui  a  tri<'mplié  de  Kant  » 
(p.  126).  Mais  tous  reconnaîtront  la  vigueur  de  pensée  et  le  talent  de 
ce  philosophe  chrétien. 

3.  —  Le  Rationalisme  comme  hypothèse  méthodologique  i^^i  une  impor- 
tante thèse  de  doctorat,  par  laquelle  l'auteur,  M.Francis  Maugé, essaie 
d'expliquer  la  science.  Elle  comprend  deux  parties  :  I.  L'Expérience, 
sa  légitimité,  sa  valeur,  son  organisation  par  la  méthode,  ses  diverses 
applicalions  à  la  mécanique,  à  la  physique,  à  la  chimie,  à  la  psycholo- 
gie, à  la  sociologie;  II.  La  Systématisation  scientifique  opérée  à 
l'aide  de  la  déduction  synthétique  spécialement  étudiée  comme  un 
instrument  efficace  de  construction  dans  les  sciences  qui  ont  pour 
objet  les  phéntmènes  biologiques  et  psychiques.  L'auteur  paît  de 
la  tendance  alîective  orientée  vers  une  fin  :  la  satisfaction  des  besoins 
de  notre  nature,  dirigée  pai-  un  idéal  d'exactitude,  d'unité,  de  cohérence, 
érige  en  moyens  les  données  expérimentales.  La  valeur  de  la  connais- 
sance dépend  de  son  efficacité  à  satisfaire  les  aspirations  profondes  de 
notre  être.  C'est  une  intuition  abstraite  qui  choisit,  parmi  les  objets 
concrets, ceux  qui  sont  aptes  à  réaliser  ce  dessein.  La  raison  intellec- 
tualise ces  produits  transformés  de  notie  vie  affective,  établit  les 
corrélations  réelles  et  constantes  entre  les  termes  individuels  abstraits, 
introduit  parmi  eux  le  concept  de  causalité,  les  ordonne  et  les  féconde 
par  la  déduction.  M.  Maugé  espère  éviter  ainsi  l'empirisme  qui,  par 
lui-même,  est'stérile,  et  l'idéalisme  qui  construit  a  priori  son  système 
injustifié;  d'un  état  affectif  et  subjectif  il  veut  aboutir  ainsi  à  une  réa- 
Uté  objective.  —  Son  œuvre  décèle  une  pensée  forte,  originale,  parfois 
profonde;  mais  en  rejetant  le  critérium  de  l'évidence,  il  fait  reposer 
tout  l'édifice  intellectuel  sur  une  croyance  aveugle,  et  sa  méthode 
n'autorise  pas  l'application  des  principes  rationnels  aux  données  de 
l'expérience.  Le  positivisme  et  le  criticisme  ne  sont  réfutés  ni  atteints 
par  son  «  hypothèse  ». 

4.  —  Peut-on  enfermer  toute  la  philosophie  dans  une  formule, 
comme  le  parfum  d'un  champ  de  roses  dans  un  flacon  d'essence? 
Quelques  philosophes  l'ont  cru,  et  peut-être  M.  Espinasset  ne  les  con- 
tredirait-il pas,  s'étant  lui-même  efforcé  de  la  résumer  dans  son  livre  : 
L'Être  et  le  Connaître.  On  y  trouve  une  épistéorologie  et  une  ontologie, 
une  théodicée  et  une  esthétique,  une  théorie  de  l'univers  et  de  la 
science,  de  l'espace  et  du  temps.  Or,  tout  cela  n'est  pas  hvresque, 
classiquement  disposé,  mais  vécu,  un  peu  confus,  désordonné,  tumid- 
tueux,  très  inégal.  Du  reste,  l'auteur,  qui  a  beaucoup  lu  et  songé,  émaille 
de  citations  et  enrichit  de  considérations  nombreuses  les  divers  objets 
de  ses  spéculations  philosophiques.  Ses  idées  sont  élevées,  son  allure 
décidée  et  résolue;  il  a  le  goût  de  la  méditation  et  il  est  doué  pour  y 


—  401  — 

réussir.  Cependant,  on  est  un  peu  surpris,  en  lisant,  à  la  première  page 
de  son  Introduction  :  «  Les  réponses  (des  métaphysiciens  de  tous  les 
siècles,  de  tous  les  pays  et  de  toutes  les  écoles)  ont  toujours  paru  si 
obscures,  si  embrouillées  comme  à  plaisir,  si  opposées  entre  elles,  si 
insignifiantes  en  somme,  qu'ils  n'ont  jamais  récolté  auprès  des  gens 
tant  soit  peu  sensés  que  doute  sinon  mépi'is.  »  Philosopher  soi-même 
lorsqu'on  est  animé  de  sentiments  aussi  dédaigneux,  cela  suppose 
une  belle  confiance  en  soi...  peut-être  excessive. 

5.  —  Rabelais  a  dit  :  «  Le  rire  est  le  propre  de  l'homme  »,  et  ailleurs  : 
«  Je  ne  dis  boire  simplement  et  absolument  car  aussi  bien  boiveni  les 
bêtes  :  je  dis  boire  vin  bon  et  frais.  »  Est-ce  rire  ou  boire  en  quoi  con- 
siste le  secret  de  la  vie?  C'est-à-dire,  devons-nous  ojJter  pour  Ja  sa- 
gesse, qui  est  liberté,  ou  peur  la  science  où  règne  le  déterminisme? 
En  tous  cas,  ces  deux  aspirations  humaines  nous  engagent  en  des 
systèmes  destinés  à  définir  l'attitude  de  l'homme  en  face  de  l'univers 
et  qu'  ont  «  la  beauté  émouvante  d'un  baiser  entre  le  sujet  et  l'objet  ». 
Il  ne  faut  pas  se  mettre  en  peine  des  insolubles  antinomies  qui  résident 
au  fond  des  choses?  Y  a-t-il  seulement  des  choses?  En  tout  cas,  il  faut 
«  se  connaître  et  se  réaliser  de  plus  en  plus»  en  se  défiant  des  prêtres, 
des  juges,  des  docteurs,  des  orateurs,  et  aussi  des  philosophes  et  des 
logiciens.  »  —  V^ous  trouverez  cet  enseignement  dans  la  brochure  de 
M.  Han  Ryner  :  Le  Subjectiçisme,  d'un  romantisme  effréné,  d'une 
verve  débridée  et  d'un  scepticisme  insensé. 

6.  —  S'il  existe  un  fait  privilégié,  assez  universel  pour  s'appliquer  à 
tous  les  phénc  mènes,  révélateur  de  la  cause  qui  le  produit,  et  par  con- 
séquent de  la  substance  dont  cette  cause  est  la  force  active,  révélateur 
de  la  fin  qui  est  sa  raison  d'êtie,  et  donc  de  l'être  spirituel,  puisqu'une 
intelligence  peut  seule  connaître  et  assigner  une  raison  d'être,  c'est 
assurément  le  mouvement.  Mgr  Farges  définit  avec  raison  le  mouve- 
ment :  le  passage  de  la  puissance  à  l'acte,  y  cherche  l'explication  du 
devenir. e'  considère  cette  théoi'ie  comme  le  fcndement  delà  métaphy- 
sique. Son  ouvrage,  intitulé  :  Théorie  fondamentale  de  l'acte  et  de  la 
puissance  ou  du  mouvement;  le  devenir^  sa  causcdité,  sa  fincdité,  se  divise 
en  trois  parties  :  le  mouvement,  sa  cause  efficiente,  sa  cause  finale. 
Toutes  les  questions  si  importantes  et  si  intéressantes  qui  se  rappor- 
tent à  la  causalité  y  sont  abordées  et  traitées  de  manière  claire  et 
complète.  Aucune  objection  n'est  omise,  négligée  ou  laissée  sans  répon- 
se. Aux  savants  et  aux  philosophes,  l'auteur  emprunte  leurs  théories 
et  montre  que  tout  ce  qu'il  y  a  en  elles  de  solide  et  de  vrai  confirme 
la  doctrine  d'Aristote  et  de  saint  Thomas  en  ses  parties  essentielles. 
Depuis  la  première  édition  de  cet  ouvrage,  Bergson  et  Le  Roy  ont  en- 
trepris de  ramener  la  réaUté  au  devenir,  la  substance  à  la  durée, 
l'existence  à  l'évolution;  malgré  leur  remarquable  talent,  leurs  pres- 
NovEMBRE  19C9.  T.  CXVI.  26. 


—  402  — 

tigieuses  métaphores,  leur  souplesse  et  leur  suLtilité,  ils  n'ont  abouti 
—  Mgr  Albert  Farges  le  démontre  à  merveille  —  qu'à  la  contradiction 
et  à  l'incohérence.  Aussi  ce  livre  est  vraiment  nouveau  et  décisif.  Jl 
est  nécessaire  à  ceux  qui  veulent  étudier  sérieusement  la  métaphy- 
sique et  se  convaincre  que  la  philosophie  scolastique  est  solidement 
fondée,  admirablement  liée,  victorieusement  justifiée,  parfaitement 
adaptée  aux  données  scientifiques.  Ils  ne  sauraient  trouver  un  guide 
plus  clairvoyant  et  mieux  informé  que  l'éminent  auteur  des  Études 
philosophiques. 

7.  —  Un  professeur  de  l'Université  d'Oxford,  M.  Schiller,  a  conçu 
l'ambition  de  transformer  le  pragmatisme,  qui  se  borne  à  une  théorie 
de  la  connaissance,  en  conception  universelle  des  choses.  Les  Études 
sur  l'humanisme  (c'est  le  nom  de  son  système)  sont  un  commentaire 
et  une  défense  des  thèses  par  lesquelles  il  prétend  le  justifier.  Le  vrai, 
le  bien,  le  beau  dépendent  du  caractère  fmahste  de  notre  nature,  car 
toute  vie  mentale  est  intentionnelle.  La  logique  intellectualiste  est 
fausse  parce  qu'elle  est  abstraite;  sa  fonction  découle  de  la  psycho- 
logie, et  la  pensée  elle-même  dépend  essentiellement  de  processus 
psychologiques  tels  que  l'intérêt,  l'intention,  l'émotion  et  la  satisfac- 
tion. La  vérité  est  une  construction  dont  notre  esprit  est  l'architecte 
et  l'ouvrier;  l'idéal  qu'il  réalise  est  en  harmonie  avec  les  aspirations 
de  notre  nature  dont  il  dérive;  il  est  relatif  et  changeant  comme  toute 
réalité;    l'absolu  n'est  qu'un  postulat;  il  s'est  insinué  pour  la  vicier 
dans  la  vie  religieuse  et  morale  et  il  obscurcit  par  une  théologie  in- 
tellectuahste  le  caractère  pragmatique   du  christianisme.    L'huma- 
nisme réunit  en  lui  le  vrai  idéalisme  et  le  vrai  réalisme;  il  nous  peimet 
seul  d'échapper  au  scepticisme,  parce  qu'il  prend  la  place  d'une  mé- 
taphysique  sans   valeur   objective    et   juge    toutes   les   affirmations 
d'après  leurs  applications  et  leurs  conséquences,  seuls  critériums  de 
leur  vérité.  Laissons  Platon  et  ses  idées  éternelles  et  revenons  à  Pro- 
tagoras  d'après  lequel  l'homme  est  l'unique  mesure  de  toutes  choses. 
En  ce  livre  destructif  de  toute  pensée,  on  peut  glaner  quantité  de 
remarques  judicieuses  et  savoureuses,  à  côté  et  en  dehors  du  système 
développé  ingénieusement  par  M.   Schiller.   Les  vingt  dissertations 
qui  le  composent  furent  recueillies  et  publiées,  il   y  a  trois  ?,ns,  et 
viennent  d'être  fidèlement  traduites  en  notre  langue  par  le  D^  S.  Jan- 
kélévitcli. 

Morale  et  Philosophie  religieuse.  —  8.  —  AL  André  Joussain 
a  écrit  un  petit  volume  d'une  plume  alerte  et  facile,  intitulé  :  Le 
Fondement  psychologique  de  la  morale.  Il  est  destiné  à  nous  montrer 
comment  nous  prenons  conscience  de  la  distinction  du  bien  et  du  mal, 
d'où  naît  le  sentiment  de  l'obligation,  comment  se  forment  les  notions 
de  devoir  et  de  droit,  d'où  provient  la  sanction  intérieure  de  la  loi 


—  403  — 

morale.  L'auteur  a  dû  être  impatienté,  comme  tant  d'autres,  des 
prétentions  des  sociologues,  de  leurs  explications  collectivistes  et 
matérialistes  si  iasufllsantes  et  superficielles.  On  trouvera  dans  son 
livre  quantité  d'arguments  qui  les  atteignent  et  les  désarment.  Néan- 
moins, il  ne  résout  pas  le  problème  parce  qu'il  faut  dépasser  la  psy- 
chologie et  s'élever  jusqu'à  la  métaphysique  pour  fonder  une  morale 
certaine  et  absolue. 

9.  —  La  pédagogie  est  une  science  puisqu'elle  est  un  ensemble  de 
notions  déduites  de  principes,  un  art  puisqu'elle  formule  des  règles 
pratiques  destinées  à  rendre  efficace  la  tâche  de  l'éducation.  On  peut 
envisager  l'éducation  négative  qui  se  borne  à  favoriser  la  nature,  à 
profiter  des  penchants,  à  mettre  en  valeur  les  aptitudes,  et  l'éduca- 
tion positive  qui  prétend  inspirer  des  sentiments,  suggérer  des  idées, 
transformel  des  âmes.  Parce  que  le  corps,  l'intelligence,  la  volonté 
sont  perfectibles,  l'éducation  est  physique,  intellectuelle  ou  morale. 
Enfin,  elle  est  formelle  en  tant  qu'elle  développe  et  perfectionne  les 
facultés,  matérielle  en  tant  qu'elle  les  enrichit.  A  ces  divers  points 
de  vue,  M.  L.  Dugas  a  consacré  des  conférences  qui  sont  devenues  un 
livre  :  Le  Problème  de  l'éducation.  Si  le  croyant  ne  peut  souscrire  à 
toutes  les  assertions  de  l'auteur,  cet  ouvrage  mérite  pourtant  d'être 
lu  avec  attention  et  sjTiipathie  pour  la  netteté  des  soluticms,  l'indé- 
pendance d'esprit  et  de  caractère,  le  sens  critique  avisé  et  affiné,  dont 
il  témoigne. 

10.  —  Les  Principes  de  l'évolution  sociale,  par  j\I.  Dicran  Aslanian, 
comprend  une  méthode,  une  analyse,  une  synthèse  des  faits  sociolo- 
giques. Les  faits  s'cuientent  et  évoluent  vers  le  progrès,  sont  condi- 
tionnés par  l'instinct  et  ordonnés  par  l'intehigence  ;  ils  subissent  l'in- 
fluence de  l'imitation,  se  groupent  et  s'améliorent  par  la  solidarité, 
s'organisent  en  hiérarchies  et  interagissent  sous  la  pression  des  liens 
sociaux  :  commerce,  race,  autorité,  religion.  L'un  des  facteurs  les 
plus  efficaces  de  la  spécificité  des  divers  groupes  est  le  train  de  vie, 
qui  consiste  dans  la  manière  de  réaliser  l'existence  et  les  rapports 
sociaux.  Les  lois  suivant  lesquelles  se  développent  et  se  combinent 
les  phénomènes  sont  la  direction  :  «  Le  mouvement  évolutionniste 
prend  son  origine  dans  la  zone  chaude  et  se  propage  vers  les  zones 
froides,  »  —  l'accélération,  par  Vinventivité  qui  accroît  les  moyens  et 
les  ressources,  ' —  les  aberrations,  ou  changements  transitoires  de  di- 
rection, faces  diverses  du  principe  de  progrès  qu'implique  l'évolution. 
Pour  la  favoriser,  il  importe  de  multiplier  les  exercices  corporels,  les 
expériences  variées  de  l'individu  et  d'établir  dans  la  collectivité  la 
décentralisation  et  le  libre  échange.  M.  Aslanian  sait  observer,  classer, 
réfléchir  et  se  tient  à  distance  raisonnable  de  la  banalité  et  du  paradoxe. 
Mais  toute  sociologie  demeure  vaine  qui  ne  définit  pas  d'abord  la 


—  404  — 

destinée  humaine  et  ne  demande  pas  cette  définition  à  la  métaphy- 
sique, à  la  morale  et  à  la  religion. 

11.  —  M.  l'abbé  Piat  nous  donne  une  seconde  édition  de  son  excel- 
lent livie  :  De  la  Croyance  en  Dieu,  où  il  montrait  comment  on  peut 
trouver,  par  la  pensée  et  par  l'action,  le  principe  et  la  fin  de  tous  les 
êtres.  Certaines  preuves  avaient  semblé  trop  condensées  ou  seulement 
indiquées;  il  les  a  éclaircies  et  développées.  Surtout,  il  a  répondu  aux 
objections  nouvelles  que  les  récents  ouvrages  de  Berg£<^:n,  d'Hamelin 
ou  de  Hofîding  avaient  opposées  à  la  théologie  naturelle.  Ni  l'élan 
vital,  ni  la  synthèse  des  relations  idéales,  ni  les  jugements  de  valeui% 
ne  remplacent,  n'expliquent  la  religion  précise,  concrète  et  vivante. 
Tout  ce  qu'écrit  M.  Piat  est  marqué  par  l'empreinte  de  sa  pensée  très 
personnelle,  et  exprimé  dans  un  style  adapté  aux  questions  qu'il 
traite;  on  peut  discuter  sur  certains  points  de  détail;  il  n'est  point 
permis  de  les  négliger. 

Histoire  et  Critique.  —  12.  —  M.  A.  Diès  a  soutenu,  pour  obtenir 
le  grade  de  docteur  es  lettres,  deux  thèses,  qui  se  rapportent  à  la 
critique  et  à  l'interprétation  de  la  philosophie  grecque.  La  première, 
le  Cycle  mystique.  La  Divinité,  origine  et  fin  des  existences  individuelles 
dans  la  philosophie  antésocratique,  est  une  contribution  à  l'histoire 
de  la  religion  grecque  avant  Socrate.  Celle-ci  est  considérée,  non  dans 
sa  forme  classique  où  tout  est  ordonné,  mesuré  et  construit  d'après 
le  type  et  le  canon  de  l'espèce  humaine,  mais  dans  la  forme  mystique, 
plus  confuse  mais  plus  profonde,  et  considérant  la  divinité  ccmme 
la  source  et  la  fin  des  existences  individuelles.  Le  culte  de  Dionysios 
et  l'orphisme  subsistent,  pai*  leurs  vestiges  et  leurs  survivances,  dans 
la  religicm  que  professent  les  héros  d'Homère  et  les  personnages  de 
Sophocle;  ces  croyances  et  ces  rites  ont  pénétré   dans  certains  sys- 
tèmes tels  que  ceux  de  Pythagore  et  de  ses  disciples,  et  se  révèlent 
plus  ou  moins  transformés  chez  Thaïes,  Heraclite,  Parménide  ou  Lcu- 
cippe,  avec  la  réfraction  inévitable  qu'ils  subissent  à  travers  les  doc- 
trines des  Ioniens,  des  Êléates  et  des  atomistes.  Empédocle  d'Agri- 
gente,    prophète    et    philosophe,    concilie    des    tendances    opposées, 
mêle  des  éléments  hétérogènes  et  satisfait  à  des  aspirations  diverses. 
Thylozoïsme  et  le  monisme  servent  de  substrutum  à  ces  conceptions 
mystiques.   —   Ce   savant   chapitre   de  l'histoire   philosophique   des 
religions  se  Ut  avec  profit,  intérêt  et  agrément;  il  est  écrit  d'une  ma- 
nière très  littéraire. 

13.  —  La  deuxième  thèse  :  La  Définition  de  l'être  et  la  nature  des 
idées  dans  le  Sophiste  de  Platon  est  plus  technique  et  s'adresse  à  des 
spécialistes.  La  théorie  des  idées  est-elle  transformée  dans  le  Sophiste? 
Est-il  vrai,  comme  on  l'a  prétendu,  que  les  types  immuables  des  êtres 
y  deviennent  des  forces,  des  activités,  des  esprits?  Les  concepts  de 


—  405  — 

Platon  (si  le  Sophiste  est  son  œuvre)  sont-ils  modifiés  jusqu'à  sem- 
bler méconnaissables?  Le  progrès  de  sa  pensée  va-t-il  justifier  un  chan- 
gement de  doctrine?  Tel  n'est  pas  l'avis  de  M.  Diès;  il  estime  qu'il 
y  a  évolution,  non  révolution  :  si  les  aspects  ne  sont  plus  identiques, 
le  fond  demeure  le  même.  Le  procédé  dialectique  imaginé  pour  ex- 
pliquer le  mouvement  et  le  repos,  le  non  être  et  la  pluralité  des  genres, 
suffît  pour  rendre  intelligible  ce  nouveau  langage.  Une  étude  atten- 
tive et  minutieuse  des  textes,  un  commentaire  pénétrant,  une  discussion 
serrée,  une  érudition  de  bon  aloi  sont  les  qualités  indéniables  de  ce 
travail.  L'auteur  cite  les  philosophes  et  les  historiens  dont  il  a  consulté 
les  œuvres  ;  quelques  omissions  étonnent,  surtout  celle  des  livres  de 
M.  C.  Huit,  si  informé  de  tout  ce  qui  concerne  le  platonisme. 

14.  —  Le  mot  de  Leibniz  :  «  Le  spinozisme  est  un  cartésianisme 
immodéré  »  a  fait   fortune   parmi  les  historiens   de  la  philosophie. 
Est-il  exact,  et  à  quel  degré?  La  question  peut  être  envisagée  au  point 
de  vue  historique  et  au  point  de  vue  logique.  Le  philosophe  de  La 
Haye  habitait  une  contrée  où  le  cartésianisme  était  en  honneur  et 
en  vogue  :  on  peut  le  ranger,  à  certains  égards,  comme  un  disciple  de 
l'auteur  des  Méditations.  Mais  sa  doctrine  est-elle  proprement  carté- 
sitnne?  Telle  est  la  question  posée  par  M.  Albert  Léon  dans  son  ou- 
vrage intitulé  :  Les  Éléments  cartésiens  de  la  doctrine  spinoziste  sur  les 
rapports  de  la  pensée  et  de  son  objet.  Pour  la  résoudre,  il  rappelle  et 
confronte  les  thèses  des  deux  philosophes.  Méthode,  épistémologie, 
ontologie  et  définition  de  la  substance,  existence  et  nature  de  Dieu, 
matière  et  étendue,  unité  de  la  personne  humaine...  Les  idées  de 
Descartes  se  retrouvent  souvent  dans  VÉthique,  le  De  emendatione 
ititellectus,  les  lettres  de   Spinoza.   Néanmoins,   Descartes  avait  en 
horreur  le  panthéisme;  Spinoza  le  fait  sortir  de  la  définition  mal  in- 
terprétée de  la  substance;  l'étendue,  essence  de  la  matière,  la  pros- 
cription des  causes  finales,  Vapriorisme.,  un  certain  idéalisme,  sont 
des  traits   communs.    N'oublions  pas   que   Spinoza    subit    l'attrait 
d'Aristote,  a  fréquenté  chez  les  kabbahstes,  est  hanté  par  Giordano 
Bruno.  Mais  son  génie  est  géométrique  comme  celui  du  grand  analyste 
français.  M.  A.  Léon  a  étudié  ce  problème  consciencieusement,  sérieu- 
sement, en  usant  de  tous  les  moyens  qui  en  peuvent   fournir  la  solu- 
tion, n  semble  qu'il  eût  gagné  à  raccourcir  son  volume  et,  surtout, 
ses  phrases. 

15.  —  Plus  encore  que  Gassendi  et  Condillac,  le  philosophe  anglais 
auquel  nous  devons  Y  Essai  sur  l'entendement  humain  est  considéré 
comme  le  maître  du  sensualisme.  Joseph  de  Maistre,  V.  Cousin,  Ré- 
musat  et  bien  d'autres  ne  témoignent,  à  cet  égard,  d'aucune  hésitation. 
Ce  jugement  n'est-il  pas  trop  sommaire,  no  peut-il  pas  être  revisé? 
M,  Ollion  a  pensé  qu'il  était  trop  absolu  et  a  repris  les  pièces  du  pro- 


—  40G  — 

côs  dans  sa  thèse  de  doctorat  :  Lu  Philosophie  générale  de  John  Locke. 
La  première  partie  est  destinée  à  énumérer  les  origines  de  la  pensée 
de  Locke,  à  déterminer  ce  qu'il  doit  à  Bacon,  à  Hobhes,  à  Descartes, 
et  à  nous  apprendre  comment  il  se  prépara  à  composer  son  ouvrage. 
La  deuxième  est  une  analyse  critique  de  l'Essai  :  théorie  et  valeur  de 
l'expérience,  idées  simples  et  idées  complexes,  rôle  de  l'abstraction, 
conscience  de  la  volonté  et  de  la  liberté,  nature,  langage,  connaissance, 
vérité,  erreur.  Dans  la  troisième  sont  résumées  les  réponses  faites  par 
Locke  aux  objections  de  ses  adversaires.  Or,  loin  de  tout  réduire  à 
la  sensation,  le  philosophe  anglais  (d'après  M.  Ollion)  reconnaît  le 
pouvoir  de  l'esprit,  fait  une  part  à  l'innéité,  exalte  l'activité  mentale 
qui  détermine  certaines  conditions  de  l'existence,  établit  des  relations 
nécessaires,  imprime,  d'une  certaine  manière,  leurs  lois  aux  choses. 
Médiocrement  dogmatiste,  point  sceptique,  non  proprement  sensua- 
liste,  il  serait  plutôt  un  précurseur  de  Berkeley  et  surtout  un  criti- 
ciste  à  la  fkçon  de  Kant  qu'il  annonce  et  fait  pressentir.  M.  Ollion 
n'a  rien  négligé  pour  nous  convaincre  :  étude  minutieuse,  interpréta- 
tion clairvoyante  ou  spécieuse  des  textes,  recherche  laborieuse  des 
influences  subies,  détails  biographiques  intéressants.  Il  nous  semble 
que  certaines  affirmations  de  Locke,  contraires  au  sensualisme,  ex- 
priment seulement  son  embarras  à  ordonner  ses  pensées  à  l'aide  des 
seules  données  sensibles.  Il  a  discerné  très  nettement  les  caractères 
de  la  sensation,  sa  nécessité  pour  produire  et  fonder  la  connaissance 
humaine;  mais  quand  il  a  dû  et  voulu  la  dépasser,  il  n'a  pas  trouvé 
en  sa  métaphysique  les  sec:)urs  qui  lui  auraien^^  permis  l'accès  du  mon- 
de invisible.  De  là  ses  tâtonnements  et  ses  incohérences.  Api*ès  cela, 
il  est  très  possible  et  même  assez  plausible  qu'on  rencontre  dans  ses 
œuvres  des  «  anticipations  »  de  la  Critique  de  la  raison  pure. 

16.  —  A  ceux  qui  demanderaient  quels  sont  les  précurseurs  du  mo- 
dernisme, nous  croyons  qu'il  faudrait  répondre  :  Kant  et  Schleier- 
macher;  en  tout  cas,  ils  sont  les  pères  du  proteî^tantii^me  libéral. 
Mais  si  le  premier  est  trop  connu  quoique  souvent  mal  compris,  le 
second  est  presque  ignoré  en  France.  Nous  devrions  donc  remercier 
M.  Cramaussel,  si  son  livre  :  La  Philosophie  religieuse  de  Schleierma- 
cher,  n'était  presque  un  perpétuel  panégyrique.  Les  seize  chapitres 
qui  le  composent  sont  ainsi  divisés  :  Formation  philosophique  et  reli- 
gieuse (I  à  III).  Apologie  de  la  religion  (IV  à  VII).  Organisation  reli- 
gieuse (VIII  et  IX).  Élaboration  scientifique  de  la  doctrine  (X  à  XV). 
Évolution  ultérieure  de  la  pensée  (XVI).  A.  Ritschl  a  très  bien  dit 
que  la  religion  de  Schleiermacher  est  «  un  mélange  d'éléments  payons, 
panthéistes  et  chrétiens  ».  L'auteur  des  Discours  sur  la  religion  a  vou- 
lu se  dégager  de  l'intellectualisme  de  Kant  et  du  sentimentalisme 
de  Jacobi,  mais  il  est  plus  proche  do  celui-ci  que  de  celui-là.  II  essaie 


—  407  — 

-de  formuler  le  sentiment  de  l'infini,  qui  est  l'élément  essentiel  de  sa 
philosophie  religieuse,  mais  ses  définitions  sont  imprécises  et  fuyantes, 
sa  dogmatique  se  réduit  à  un  symbolisme  ondoyant  et  stérile  aboutis- 
sant au  subjectivisme.  La  révélation  est  en  nous  et  vient  de  nous; 
le  Christ  est  un  être  purement  humain;  sa  valeur  idéale  est  indépen- 
dante de  son  existence  historique;  son  Eglise  est  une  association  na- 
turelle et  progressive.  Dieu  lui-même  semble  se  réduire  à  une  projec- 
tion de  notre  désir.  Tout  cela  est  enveloppé  dans  un  piétisme  qui 
attire  et  séduit  les  âmes  sensibles  et  leur  offre  une  foi  qui  est  le  produit 
spontané  des  consciences.  Rien  n'est  moins  chrétien  que  ce  moralisme 
inconsistant  au  parfum  religieux.  M.  Cramaussel  n'a  pu,  malgré  son 
talent,  nous  donner  une  idée  précise  de  cette  doctrine  qui  s'écoule 
et  fuit  comme  l'eau  dans  la  main  qui  la  presse;  mais  il  l'a  étudiée  sous 
tous  ses  aspects  et  l'exprime  avec  le  sincère  et  louable  souci  de  sauve- 
garder la  pensée  et  la  vie  religieuse. 

17.  —  Il  y  a  des  philosophes  qu'on  eût  aimé  rencontrer  dans  la  vie, 
peut-être  au  risque  d'être  déçu;  je  n'éprouve  pas  cette  impression 
à  propos  d'Auguste  Comte,  qui  est  pour  M.  Deherme  l'objet  d'un 
culte  spécial.  Son  opuscule  :  Auguste  Comte  et  son  œuvre.  Le  Positi- 
visme, est  orné  des  deux  portraits  du  philosophe  et  de  son  «  ange  gar- 
dien», Clotilde  de  Vaux.  Le  fondateur  de  la  politique  positive  est,  à  la 
fois,  «  Aristote  et  saint  Paul  »,  sa  vie  sainte  «  est  écrite  avec  une  pieuse 
vénération  »,  et  «  son  œuvre  salvatrice  »  glorifiée.  M.  Deherme  mal- 
mène les  tièdes,  tels  que  Pierre  Laffitte  et  flétrit,  les  hérétiques  et  les 
apostats,  comme  Littré.  Il  cite,  avec  joie,  les  témoignages  des  critiques 
favorables  à  «  l'immortel  héros  ».  (Môme  en  se  le  représentant  avec 
l'épée  du  polytechnicien  au  côté,  A.  Comte  ne  nous  apparaît  guère 
dans  l'attitude  héroïque  !)  Son  disciple  le  loue  d'avoir  travaillé  pour 
l'émancipation  des  femmes  et  des  prolétaires,  d'avoir  tenu  en  médiocre 
estime  les  lettrés,  pédants  et  théoriciens  de- tout  acabit.  Puis  il  expose 
la  doctrine  comtiste  et  escompte  l'alhance  du  cathoHcisme  contre 
l'anarchie  sociale. Au  demeurant,  ce  livre  est  instructif  et  curieux. 

18.  —  M"^e  Alexandra  David  nous  initie  à  la  philosophie  de  Yano-- 
Tchou,  qui  vivait  vers  le  temps  de  Socrate,  mais  ne  partageait  guère 
les  idées  du  philosophe  grec.  Les  tendances  doctrinales  du  penseur 
chinois  sont  résumées  par  le  titre  de  cet  opuscule  :  Les  Théories 
individualistes  dans  la  philosophie  chinoise.  Tandis  que  Mehti  prônait 
l'altruisme  et  la  sohdarité,  Yang-Tchou  préconisait  l'anarchie  et  le 
culte  du  moi.  «  On  ne  peut  trouver,  dans  la  vie,  une  heure  de  parfait 
abandon  sans  inquiétude  ni  soucis.  »  Il  faut  pourtant  cueillir  toute  la 
joie  possible;  il  est  vain  de  la  chercher  dans  la  gloire,  qui  procède 
de  l'opinion  d'autrui;  on  ne  peut  la  savourer  que  dans  la  satisfaction 
des  désirs,  variables  et  mobiles  comme  les  tempéraments  et  les  ca- 


—  408  — 

ractèrcs.  On  doit  vivre  intégralement  sa  vie,  suivant  les  aspirations 
sensibles  et  intellectuelles  que  l'on  éprouve,  car  le  renoncement  est 
une  folie  et  un  suicide  partiel.»  Jene  devrais  pas  m'arracher  un  cheveu, 
quand  même  ce  léger  sacrifice  serait  salutaire  à  l'humanité;  car  rien 
n'est,  pour  moi,  au-dessus  de  moi.  »  M'"*"  Aloxandra  David  s'efforce 
d'interpréter  en  un  sens  favorable  les  maximes  odieuses  de  cet  amo~ 
raliste  oriental. 

19.  —  Elle  complète  cette  monographie  en  ses  Notes  sur  la  philo- 
sophie japonaise  où  elle  signale  un  double  courant  de  pensée.  \'ers  le 
troisième  siècle  de  notre  ère,  les  Coréens  importèrent  au  Japon  les 
enseignements  pratiques  de  Koung-tse,  qui  se  sont  perpétués  dans  les 
écoles  confucéistes  jusqu'à  nos  jours.  Mais  au  sixième  siècle,  le  boud- 
dhisme envahit  les  îles  nippones,  où  il  est  très  florissant.  L'auteur 
cite  quelques  noms  plus  ou  moins  célèbres,  indique  l'orientation  des 
systèmes  transplantés  de  la  Chine  et  de  l'Inde  chez  ce  peuple  essen- 
tiellement imitateur.  Tout  cela  pourrait  offrir  quelque  utihté  ou  quel- 
que intérêt,  si  ce  n'était  si  confus. 

20.  —  Un  journaliste,  Gaston  Rozy,  est  parvenu  à  forcer  la  porte 
du  comte  de  Falanges,  lequel,  après  des  malheurs  domestiques,  s'est 
confiné  dans  une  solitude  impénétrable  et  s'y  livre  à  des  réflexions 
qu'il  croit  philosophiques.  \'ous  pensez  bien  qu'il  a  abjuré  le  préjugé 
nobiliaire;  il  se  fait  appeler  Jean  Jarcot.  Le  reporter  parvient  à  lui  sou- 
tirer deux  interviews,  qui  nous  informent  sur  l'état  d'esprit  du  farou-  " 
che  solitaire  et  que  M.  Camille  Fondet  publie  sous  ce  titre  :  Chez  un 
philosophe.  Que  ce  «  philosophe  »  soit  matérialiste  et  athée,  c'est  son 
affaire,  et  cela  n^est  point  original.  Ce  qui  nous  frappe  davantage, 
c'est  la  force  des  arguments  par  lesquels  il  étaie  ses  négations.  Voici 
un  spécimen  de  sa  manière  de  raisonner  :  «  Si  par  Dieu  on  entend  l'in- 
fini et  l'éternité,  je  dis  que  l'infini,  comme  l'éternité,  ne  représentant 
qu'une  succession  de  temps  ou  d'espace,  ne  sont  ni  une  force  ni  une 
volonté  »  (p.  143).  Voilà,  j'espère,  qui  est  envoyé...  !    Ni   Pascal,  ni 
Leibniz  n'avaient  prévu  cette  objection,  choisie,  il  est  vrai,  parmi 
les  plus  troublantes  de  ce  livre.  M.  Fondet  nous  apprend  que  son  héros 
a  voulu   être   enterré  civilement,   et  il  trouve  sans   doute  naturel, 
qu'ayant  pensé  et  vécu  comme  une  bête,  il  ait  tenu  à  être  enfoui  comme 
un  chien;  mais  il  ne  saurait  s'imaginer  combien  cela  nous  est  égal. 

L.  Maisonneuve. 


SCIENCES   PHYSIQUES   ET   CHIMIQUES 
SCIENCES   MATHÉMATIQUES 

Physique.  —  1.  Les  Découvertes  modernes  en  physique,  par  O.  Manville.  2«  édition. 
Paris,  Hermann,  1909,  in-8  de  ii-463  p.  et  65  fig.,  8  fr.  —  2.  Traité  de  physique, 
par  O.-D.Chwolson;  trad.  sur  les  éditions  russe  et  allemande,  par  E.Davaux.;. 


—  409  — 

édition  revue  et  considérablement  augmentée  par  l'auteur,  '•uivie  de  Notes  sur  la 
physique  théorique,  par  E.  et  F.  Cosserat.  Paris,  Hermann,  1907-1909,  gr.  in-8. 
T.  II,  3*^  fasc.  paginé  433  à  640,  avec  159  fig  ,  9  .r.  T.  II,  4^  fasc.  paginé  641  à  1188, 
avec  182  fig.,  17  fr.  —  3.  Les  Oscillations  électromagnétiques  et  la  Télégraphie  sans 
fil,  par  J.  Zenneck  ;  trad.  de  l'allemand  par  P.  Blanchin,  G.  Guérard  et  E.  Picot. 
Paris,  Gauthier-VlHars,  1908,  2  vol.  gr.  in-8  de  xii-506  p.,  avec  419  fig.  et  de  4«9  p., 
avec  380  fig.,  34  fr.  —  4.  International  Catalogue  of  scientific  literature.  Sixth  an- 
nual  issue.  C.  Physics.  hondon,  Hairison;  Paiis,  Gauthier-Villars,  1908,  in-8  de 
viii-568  p.,  30  francs.  —  5.  La  Grammaire  des  électriciens  enseignée  aux  débutants 
par  expériences  et  mesures,  par  E.  Gossart.  T.  I.  Le  Courant  continu.  Paris,  Vuibert 
et  Nony,  1909,  in-8  de  x-444  p.,  avec  154  fig.,  6  fr. 

Chimie.  —  6.  Traité  complet  d'analyse  chimique  appliquée  aux  essais  industriels, 
par  J.  PosT  et  B.  Neumann.  2<'  éd.  française  par  L.  Gautier.  Paris,  Hermann, 
1909.  T.  I.  fasc.  3,  gr.  in-8  paginé  de  561  à  862,  avec  44  fig.,  8  fr.  50.—  7.  La  Syn- 
thèse des  pierres  précieuses,  par  Jacques  Boyer.  Paris,  Gauthier-Villars,  1909, 
in-8  de  31  p.,  avec  6  planches,  2  fr.  50. 

Mathématiques. —  8.  Théorie  des  corps  déf ormables,  pa.r  E.  et  F.  Cosserat.  Paris, 
Hermann,  1909,  gr.  in-8  de  vi-226  p.,  6  fr. —  9.  Eléments  de  la  théorie  des  probabilités, 
par  Emile  Borel.  Paris,  Hermann,  1909.  gr.  in-8  de  vii-191  p.,  6  fr.  —  10.  Initia- 
tion à  la  mécanique,  par  Ch.-Ed.  Guillaume.  Paris,  Hachette,  1909,  in-16  de 
xiv-214  p.,  2  fr. 

Histoire.  —  11.  Études  sur  Léonard  de  Vinci.  Ceux  qu'il  a  lus  et  ceux  qui  l'ont  lu, 
par  Pierre  Duhem.  Paris,  Hermann,  1906-1909,  2  vol.  gr.  in-8  de  vii-355  p. 
et  iv-474  p.,  27  fr. 

Physique.  —  1,  —  Cette  seconde  édition  des  Découvertes  modernes 
en  physique  est  presque  entièrement  m  livre  nouveau.  463  pages 
au  lieu  de  186  suffisent  à  le  prouver.  Nous  craignions  (Cf.  Polybiblion, 
t.  CXIII,  nov.  1908,  p.  422-423)  que  le  titre  de  Touvrage  fit  croire  à 
un  simple  livre  de  vulgaiisation  et  non  pas  à  l'exposé  d'une  vaste  en- 
quêie  sur  les  travaux  les  plus  récents  des  physiciens  les  plus  réputés. 
La  première  partie  intitulée  :  Electricité  et  matière,  expose  les  expé- 
riences fondamentales  et  l'évolution  des  idées,  qui  ont  conduit  les  phy- 
siciens à  la  notion  d'électron  et  par  suite  à  l'hypothèse  de  la  constitu- 
tion électrique  de  la  matière.  La  seconde  partie  passe  sucoessivement 
en  revue  la  théorie  de  la  conductibilité  électrique  à  travers  les  liquides 
et  les  gaz  ionisés,  puis  à  travers  les  milieux  gazeux  non  ionisés;  la 
théorie  des  métaux  est  complétée  par  des  comparaisons  entre  la  con- 
ductibilité calorique  et  la  conductibilité  électrique;  enfin  le  chapitre 
intitulé  :  La  Matière  et  l'éther  fait  connaître  les  bases  de  la  théorie 
électro-magnétique  de  la  lumière.  L'auteur,  dans  chaque  cas,  se  con- 
tente d'exposer  les  expériences  et  les  hypothèses  conformément  aux 
idées  propres  des  savants  qui  en  sont  les  auteurs.  II  met  les  faits  sous 
une  forme  claire  et  précise,  laissant  à  chacun  la  propre  responsabilité 
de  ses  travaux.  Tous  les  phénomènes  dans  lesquels  l'électricité  joue 
un  rôle  eiïectif  ;  tous  ceux  qui  peuvent  s'expliquer  par  les  hypothèses 
faites  sur  la  constitution  électrique  de  la  matière  sont  tour  à  tour 
passés  en  revue.  M.  Manville  laisse  seulement  de  côté  les  problèmes 
qui  n'ont  été  qu'effleurés  par  les  savants  s'en  occupant  directement, 
et  lorsque  ceux-ci,  en  plus,  émettent  personnellement  des  doutes  sur 


—  410  — 

leurs  propres  hypothèses.  Le  travail  de  iM.  Manville  est  indispensable 
à  connaître  avant  de  se  lancer  dans  une  étude  quelconque  sur  la  théo- 
rie intime  des  phénomènes  physiques. 

2.  —  Le  troisième  fascicule  de  l'important  Traité  de  physique 
de  ]\L  Chwolson  est  consacré  à  la  Photcméirie,  aux  Insiriimenis  d'op- 
tique et  à  V Interférence  de  la  lumière.  Nous  avons  eu  assez  souvent 
l'occasion  de  signaler  la  valeur  de  cet  ouvrage  pour  ne  pas  insister 
longuement  à  nouveau.  Pour  les  instruments  d'optique,  les  grands 
perfectionnements  apportés  par  l'industrie  allemande  sont  mis  en 
évidence.  A  propos  de  l'interférence,  l'auteur  s'étend  longuement 
sur  leur  application  à  la  mesure  de  diverses  quantités.  Deux  chapitres 
de  ce  fascicule  sont  consacrés  l'un  à  l'optique  physiologique,  l'autre 
aux  phénomènes  optiques  dans  l'atmosphère.  ■ —  Le  quatrième  fasci- 
cule se  compose  de  deux  parties  d'à  peu  près  égale  étendue.  La  pre- 
mière traite  de  \aiDiffraction.,de  \aDouble  réfraction  etde  Isl Polarisation 
de  la  lumière.  L'étude  mathématique  de  ces  divers  phénomènes  est 
poussée  assez  loin,  tout  en  restant  dans  les  hmites  qui  conviennent 
à  une  première  étude  sérieuse  et  approfondie  des  résultats  acquis  de 
la  physique.  Toutefois  quelques  paragraphes  ajoutés  par  le  traduc- 
teur permettent  au  lecteur  de  s'orienter  sur  des  voies  qui  ne  sont  pas 
encore  déblayées.  Pour  bien  juger  le  travail  de  M.  Chwolson,  il  ne  faut 
pas  oublier  qu'il  s'adresse  avant  tout  aux  étudiants  el  qu'il  a  cherché 
à  faire  un  ouvrage  didactique  tant  au  double  point  de  vue  théorique 
et  expérimental.  La  seconde  partie  est  un  long  mémoire  sur  la  TJiéo- 
rie  des  corps  déformahles\  nous  n'en  disons  rien  ici,  parce  qu'un  tu'age 
à  part  nous  a  permis  d'en  faire  le  compte  rendu  dans  la  partie  mathé- 
matique du  présent  article.  ■ —  Beaucoup  de  personnes  se  préocupent 
de  l'état  de  pubhcation  du  Traité  de  physique  de  M.  Chwolson. 
Actuellement  les  deux  premiers  tomes  sont  entièrement  publiés.  (Le 
premier  fascicule  du  tome  III  vient  de  parfî^re.)  Grâce  à  la  méthode 
heureuse  suivie  pai  l'auteur,  ce  sont  des  traités  complets  qu'il  est 
utile  de  se  procurer  sans  s'inquiéter  de  la  publication  des  autres  vo- 
lumes. Rappelons  que  le  tome  I,  en  dehors  des  instruments  de  mesure 
et  de  racoustique,est  consacré  à  l'étude  des  trois  états  de  la  matière  : 
solide,  Hquide,  gaz;  le  tome  II  s'occupe  de  l'énergie  rayonnante. 

3.  —  Les  traducteurs  des  Oscillations  électromagîiétiques  et  la  Té- 
légraphie sans  fil  ont  cru  devoir  conserver  la  forme  même  des  leçons 
du  professeur  Zenneck;  cela  n'a  pas  d'importance.  Par  contre  ils  ont 
presque  partout  maintenu  la  terminologie  allemande  qui  est  assez 
différente  de  la  nô*.re.  Il  faut  donc,  en  étudiant  cet  ouvrage,  bien 
se  pénétrer  de  la  valeur  des  mots;  il  suffit  d'un  peu  d'attention, 
car  tous  les  termes  spéciaux  sont  clairement  définis.  Un  tableau 
placé   au   commencement    de  chaque  volume    indique    la    notation 


—  411  — 

adoptée.  Le  professeur  Zenueck,  dans  son  enseignement  de  l'Uni- 
versité de  Strasbourg,  se  propose  de  former  des  ingénieurs  érudits, 
connaissant  à  fond  les  divers  phéncmènes  électriques,  qui  se  produi- 
sent dans  les  machines  et  dans  les  conducteurs.  Pour  chacun  d'entie 
eux,  l'auteur  étudie  les  circonstances  de  sa  production,  il  étaJilit  et 
démontre  les  lois  qui  le  régissent.  Pour  la  partie  mathématique,  l'au- 
teur, à  cause  du  public  auquel  il  s'adresse,  rejette  presque  complète- 
ment l'emploi  du  calcul  différentiel  et  intégral.  Lorsqu'il  ne  peut 
établir  rigoureusement  une  formule,  il  montre  par  des  expériences 
nombreuses  et  variées  la  nécessité  des  termes  que  renferme  la  formule. 
Si,  dans  une  question  capitale,  l'emploi  des  intégrales  donne  des  éclair- 
cissements que  rien  ne  peut  remplacer,  l'explication  est  donnée  dans 
une  note  placée  à  la  fin  de  chaque  tome.  Le  premier  volume  est  con- 
sacré aux  oscillations  industrielles,  c'est-à-dire  aux  courants  de  faible 
fréquence.  M.  Zenneck  s'occupe  de  leur  production,  de  leur  transport, 
de  leur  transformation  ainsi  que  de  leur  conversion  en  travail  méca- 
nique. De  plus,  on  trouve  également  l'étude  des  courants  de  haute 
fréquence. Le  second  volume  pourrait  presque  être  considéré  comme  un 
ouvrage  complètement  séparé  du  premier.  Il  traite  spécialement 
des  oscillations  électriques,  dont  les  oscillations  de  Hertz  sont  le  pro- 
totype. 11  étudie  leur  production,  leur  propagation  dans  les  conduc- 
teurs (point  sur  lequel  il  y  a  tant  à  faire),  leur  propagation  dans  l'air 
et  leur  réception.  C'est  donc  toute  la  télégraphie  sans  fil,  théorique 
et  pratique,  qui  est  exposée.  L'ensemble  de  cet  ouvrage  est  excellent; 
nous  regrettons  seulement  que  les  traducteurs  n'aient  pas  complété 
ces  remarquables  Iciçons  par  un  exposé  des  tout  derniers  progrès"  de 
la  télégraphie  sans  fil.  Ils  pouvaient  le  faire  sans  trahir  les  secrets  de 
la  défense  nationale,  car  nous  avons  vu  des  dispositifs  non  décrits 
employés  dans  les  marines  italienne  et  autrichienne. 

4.  —  Pour  la  sixième  fois  nous  avons  le  plaisir  de  signaler  l'appa- 
rition du  volume  de  V International  Catalogue  of  scientific  literaiure 
consacré  à  la  Physique.  11  contient  les  renseignements  recueillis  par 
la  Commission  chargée  de  sa  rédaction  entre  mai  1906  et  octobre 
1907.  Les  titres  des  mémoires  publiés  en  d'autres  langues  que  l'an- 
glais, l'allemand,  le  français  et  l'italien  sont  relativement  plus  nom- 
breux que  dans  les  volumes  précédents;  ils  sont  suivis  de  leur  traduc- 
tion on  l'une  des  quatre  largues  citées.  Ajoutons  un  renseignement 
précieux  que  nous  avions  oubUé  de  relever  précédemment  :  peur  un 
supplément,  de  1  shilling  G  par  volume,  n  ob  ient  un  exemplaire  tiré 
sur  le  recto  seul  des  pages,  ce  qui  permet  de  transformer  économique- 
ment le  volume  en  fiches. 

5.  —  Les  principes  f  mdamentaux  de  l'électrotechnique  ont  été 
enseignés  pendant  de  nombreuses  années  par  M.  Gossart  à  l'Univer- 


—  412  — 

site  de  Bordeaux.  Dans  des  conférences  s'adressant  au  public,  mais 
à  un  public  désirant  sincèrement  s'instruire,  ce  savant  professeur 
s'est  efTorcé  de  préciser  les  premières  notions  sans  lesquelles  î'  n'est 
pas  d'étude  séiieuse  de  l'électricité  possible.  Un    bon    enseignement 
primaire  supérieur  ou  secondaire  suffit  pour  comprendre  les  leçons 
de  M.  Gossart.  Il  les  a  publiées  telles  qu'il  les  a  enseignées,  c'est-à- 
dire  sous  la  forme  de  conférences  isolées.    Chacune  d'elle  traite  en 
entier  d'un  sujet.  Mais  leur  ensemble  est  coordonné  d'après  un  plan 
logique  mû 'ement  étudié.  La  grande  préoccupation  de  l'auteur  est 
de  bien  faire  comprendre  à  son  auditoire  la  nature  des  lois  et  des  phé- 
nomènes qu'il  expose;  aussi  joint-il  constamment  la  théorie  et  l'ex- 
périence. Pour  les  phénomènes  qu'il  reproduit  au  cours  de  ces  confé- 
rences, il  emploie  toujours  des  appareils  simples  et  il  emprunte  son 
électricité  au  circuit  urbain.  Nous  insistons  particulièrement  sur  ce 
point,  car  si  nous  ne  pensons  pas  que  l'ouvrage  de  M.  Gossart  puisse 
remplacer  en  totalité  un  traité  didactique,  nous  estimons  par  contre 
qu'il  peut  rendre  de  très  grands  services  de  deux  espèces.    Première- 
ment aux  conférenciers  ;  si  l'on  totalisait  le  chifïre  annuel  de  confé- 
rences données,  en  France  seulement,  sur  l'électi'otechnique,  on  arri- 
verait à  un  chiffre  colossal;  en  général,  elles  sont  faites  par  des  personnes 
possédant  leur  sujet,  mais  toutes  ne  sont  pas  douées  du  talent  spécial 
qui  fait  le  bon  conférencier  :  à  celles-(  i  nous  conseillons  de  s'inspirer 
largement  du  livre  dent  nous  parlons;  ellesne  peuvent  trouver  de  meil- 
leur modèle.  Deuxièmement,  nous  voudrions  voir  ce  livre  dans  toutes 
les  bibliothèques  accessibles  aux  ouvriers  désirant  étudier  l'électricité: 
la  manière  d(uit  il  est  rédigé  en  rend  la  lecture  facile,  il  peut  servir  à 
compléter  un  enseignement  oral  trop  concis  ou  ti:n  encore  il  peut 
servir  de  premier  livre  véritablement  scientifique. 

Chimie.  —  6- —  Depuis  quelques  années,  le  nombre  des  dérivés  du 
fer  employés  industriellement  a  augmenté  d'une  façon  considéiable; 
leur  préparation  est  pai  ticulièrement  délicate,  car  s'il  suffit  do  quan- 
tité très  faible  d'un  métal  particulier  pour  produire  un  acier  spécial, 
des  traces  d'autres  métaux  ou  de  métalloïdes  suffisent  pour  détruire 
les  qualités  qu'on  voulait  obtenir.  L'analyse  des  minerais,  des  com- 
bustibles et  des  fondants  employés  doit  donc  être  faite  de  la  façon 
la  plus  minutieuse.  M.  Ledeburg,  dans  les  120  pages  consacrées  au 
fer  du  Trailé  complet  d'analyse  chimique,  nous  fait  connaître  les  mé- 
thcdes  d'analyses  les  plus  précises  qui  ont  reçu  la  consécration  d'un 
emploi  constant  dans  la  métallurgie.  Il  nous  décrit  les  appareils  em- 
ployés, les  soins  qui  doivent  présider  au  choix  des  échantillons  et 
à  la  marche  des  expériences,  les  quantités  de  réactifs  qu'il  faut  utiliser 
et  toutes  les  conditions  accessoires  pour  la  bonne  réussite  des  analyses. 


—  413  —    . 

Mais  il  n'oublie  pas  que  certaines  fontes  et  certains  aciers  peuvent 
être  préparés  avec  moins  de  soins;  pour  les  analyses  préalables  et 
finales  relatives  à  ces  corps,  il  inc'ique  les  bonnes  nrélhodes, 
plus  grossières  tt  plus  rapides  que  les  précédentes,  mais 
dont  l'utilité  est  toujours  incontestable  dans  chaque  cas  particulier. 
M.  Neumann  expise  ensuite  les  méthodes  d'analyses  pour  les  métaux 
autres  que  le  fer  :  cuivre,  plomb,  argent,  or,  zinc,  cadmium,  nickel, 
cobalt,  étain,  bismuth,  antimoine,  arsenic,  mercure,  aluminium,  pla- 
tine, tungstène,  vanadium,  molybdène.  Tous  les  procédés  d'analyse 
d'un  caractère  réellement  pratique  pour  la  m.étallurgie  de  ces  diffé- 
rents métaux  sont  exposés  avec  la  plus  parfaite  clarté.  En 
suivant  scrupuleusement  les  modes  opératoires  indiqués,  l'expé- 
rimentateur est  ^ûr  d'arriver  à  la  plus  grande  précision  possible  dans 
chaque  cas  particulier.  Les  divers  alhages  de  ces  métaux  sont  égale- 
rnent  étudiés,  l'analyse  des  sels  est  remise  à  un  prochain  fascicule 
de  cet  ouvrage  qui  s'impose  tant  pour  la  form-ation  que  pour  le  per- 
fectionnement   des    chimistes    industriels. 

7.  —  Pour  le  rubis,  la  Synthèse  des  pierres  précieuses  a  été  réalisée; 
on  produit  une  pierre  ayant  une  réelle  valeur  commerciale.  Pour 
le  saphir,  la  pierre  reproduite  n'est  pas  comparable  à  la  pierre  natu- 
relle. Pour  l'opale,  l'émeraude  et  le  diamant, les  produits  ne  sont  encore 
que  des  curiosités  coûteuses  de  laboratoire.  Tels  sont  les  faits  que  nous 
fait  connaître  d'une  manière  claire  M.  Boyer;  mais  pourquoi  croit-il 
que  l'industrie  n'égalera  jamais  la  nature  dans  la  génération  des 
gemmes?  En  matière  de  science,  il   faut    toujours   réserver  l'avenir. 

Mathématiques.  — 8.  —  Nous  classc-ns  sous  la  rubrique  «  Mathé- 
matiques ))  la  Théorie  des  corps  défoj'mables,  quoique  ce  volume  ne 
soit  que  la  reproduction  d'un  appendice  au  Traité  de  physique  de  M. 
Chwolson,  et  cela  puur  deux  raisons.  D'abord  son  étude  n'est  permise 
qu'aux  personnes  ayant  une  fi-rte  éducation  mathématique.  Non 
seulement  il  faut  bien  posséder  le  mécanique  ratiomielle,  mais  encore 
il  faut  être  famiharisé  avec  la  théorie  générale  des  surfaces,  telle  que 
l'a  SI  magistralement  exposée  M.  Darboux.  Nous  dirons  même  que  la 
théorie  des  corps  déformables  est  la  suite  naturelle  des  leçons  de 
M.  Darboux.  Ensuite,  les  auteurs  n'ont  dc-nné  dans  ce  volume  que 
l'exposé  mathématique  par  leur  théorie,  se  réservar.t  de  publier 
plus  tard  l'applica+ion  à  la  physique.  Une  ligne  déformable  est  une 
courbe  dont  les  équations  contiennent  un  paramètre  variable,  à  chaque 
point  de  cette  ligne  correspond  des  éléments  géométriques  caracté- 
ristiques pour  les  déplacements  desquels  on  peut  étudier  les  éléments 
statiques  et  dynamiques,  d'où  une  suite  de  problèmes  qu'ont  étudiés 
à  fond  les  auteurs.  Il  en  est  de  même  pour  les  surfaces  déformables. 
Pour  le  milieu   déformable   (dont  ce  livre  fait  prévoir  l'importance 


—  414  — 

en  physique),  les  auteurs  ont  généralisé  les  notions  déjà  établies  dans 
la  théorie  de  l'élasticité.  Cet  ouvrage  se  fait  remarquer  par  sa  grande 
clarté,  il  contient  beaucoup  de  notions  nouvelles  e1  par  suite  de  défi- 
nitions de  mots.  MM.  Cosserat  se  sont  tout  particulièrement  attachés 
à  préciser  le  sens  des  mots  dont  ils  se  servent,  à  employer  des  notations 
judicieusement  choisies,  à  présenter  leurs  calculs  sous  des  formes 
toujours  symétriques;  ils  ont  ainsi  rendu  facile,  dans  la  mesure  du 
possible,  l'étude  de  leur  important  travail. 

9.  —  La  physique,  la  biologie,  les  sciences  économiques  sont  la 
source  de  nombreux  problèmes  dont  la  solution  repose  sur  le  calcul  des 
probabilités.  Il  faut  être  mathématicien  pour  aborder  de  telles  ques- 
tions, dira-t-on.  Oui,  certes.  Mais  on  peut  aller  assez  loin  avec  un  ba- 
gage assez  léger.  Comme  études  préalables  il  si-fTit,  sauf  en  quelques 
points  très  particuliers,  de  posséder  le  programme  des  matières  du 
certificat  de  mathématiques  générales  tel  qu'il  est  enseigné  dans 
toutes  nos  Universités.  Ensuite  le  meilleur  guide  est  constitué  par 
les  Éléments  de  la  théorie  des  probabilités  de  M.  Borel.  L'auteur  a 
tenu  à  être  simple  et  pratique.  Il  sépare  nettement  les  pro- 
babilités de  faits  et  les  probabilités  de  causes.  Il  subdivise  les 
premières  en  deux  classes  :  les  probabilités  discontinues  et  les  proba- 
bilités continues.  Pour  les  piemièies,  il  prend  pour  type  le  jeu  de  pile 
ou  face,  qui  fait  bien  comprendre  la  nature  de  ces  probabilités,  puis 
il  expose  tous  les  problèmes  qui  s'y  rattachent.  Nous  signalons  en 
particulier  son  chapitre  sur  les  lois  des  grands  nombres,  qui  devrait 
êtie  lu  par  tous  les  physiciens.  Pour  la  seconde  classe,  il  s'agit  de  savoir 
quelle  place  probable  occupe  un  nombre  inconnu  entre  deux  limites 
connues,  les  raisonnements  deviennent  plus  délicats,  ma's  l'auteur 
s'en  tire  toujours  à  son  plus  grand  honneur.  Pour  la  probabilité  des 
causes,  M.  Borel  ne  dissimule  pas  la  grande  incertitude  régnant  sur 
les  résultats;  il  nous  montre  que  presque  toujours  on  est  obligé  d'in- 
troduire des  hypoUièses  qui  malheureusement  sent  trop  souvent  faites 
à  la  légère  par  les  chercheurs.  M.  Borel  a  éliminé  tout  ce  qui  se  rap- 
porte à  la  science  amusante;  il  a  tenu  à  faire  un  hvre  sérieux  d'initia- 
tion. Il  y  a  parfaitement  réussi. 

10.  —  Le  quatrième  volume  de  la  «  Collection  des  initiations  scien- 
tifiques »  est  consacré  à  Y  Initiation  à  la  mécanique.  Ce  livre  ne  nous 
paraît  point  répondre  au  but  que  poursuit  le  fondateur  de  celte  col- 
lection :  donner  de  saines  notions  scientifiques  à  des  enfants  de  quatre 
à  douze  ans.  Il  faut  supprimer  la  fin  de  cette  proposition.  Cette  res- 
triction faite,  nous  n'avons  que  des  éloges  et  de  très  grands  éloges 
à  faire  à  l'auteur  de  ce  petit  livre.  Nous  sommes  particulièrement 
bien  placé  pour  savoir  que  les  jeune?  gens  sortant  de  l'enseignement 
secondaire,  s'ils  ont  retenu  quelques  vtgues  formules  de  mécanique, 


—  415  — 

ne  savent  absolument  ri-n  en  mkanique.   Les  notions    de   mouve- 
ment, force,  vitesse,  accélération,  travail,    sont  pour  eux  de  pures 
entités  mathématiques.  M.  Ch.-Ed.  Guillaume,  au  contraire,  a  cherché 
à  faire  comprendre  le  sens  intime  de  ces  mots.  Par  des  exphcations 
simples,  par  l'exposé  de  faits  expérimentaux  judicieusement  choisis, 
il    spécifie    la    portée    de    chaque     mot.     De     même     pour     les 
lois  élémentaires  de  la    mécanique,  dont    nous    avons    à    constater 
les  effets  à  chaque  instant  de  la  vie  courante,  M.  Guillaume  précise 
leur  vraie  nature,  il  redresse  de  nombreuses  erreurs  courantes  en  pre- 
nant des  exemples  que  chacun  peut  vérifier  par  soi-même.  Le  livre 
de  M.  Guillaume  est  donc  bien  un  livre  d'initiation,  il  amène  l'esprit 
à  posséder  de  bonnes  et  saines  idées  sur  les  éléments  de  la  mécanique 
et,  si  nous  ne  le  croyons  pas  utile  aux  petits,  nous  le  jugeons  indis- 
pensable  aux   grands. 

HisTofRE.  —  11.  —  Nous  avons  eu  un  plaisir  réel  à  lire  les  deux 
volumes  d'Études  sui'  Léonard  de  Vinci.  C'est  une  magnifique   contri- 
bution à  l'étude  et  à  l'évolution  des  idées  mathématiques  pendant 
une  longue  période  de  temps.  L'ouvrage  porte  en  sous-titre  :  Ceux 
qu'il  a  lus,  ceux  qui  l'ont  tu.  Pour  être  complet,  il  aurait  fallu  ajouter  : 
Ce  que  savait  Léonard.  Ces  deux  volumes  sont  la  réunion  d'articles 
séparés  mais  conçus  sous  la  direction  d'une  méthode  constante  et 
régulière,  qui  est  la  suivante  :  M.  Duhem  nous  fait  connaître  ce  qu'a 
dit  Léonard  sur  un  point  important  de  la  science  (il  ne  s'agit  pas  tou- 
jours de  mathématiques,  Léonard  était  un  esprit  encyclopédique); 
si  la  forme  du  texte  permet  des  interprétations  il  nous  fait  connaître 
les  diverses  formes  sous  lesquelles  elles  se  sont  produites,  il  les  analyse, 
les  discute  et  donne  sa  propre  opinion,  mais  sans  jamais  prétendre 
à  l'infaillibilité.  Ce  premier  travail  fait,  M.  Duhem  recherche  quels 
Sont  les  savants  antérieurs  s'étant  occupés  de  la  même  question, 
ou   d'une   question  tellement  connexe   que  l'on  peut  la  considérer 
comme  le  germe  de  l'idée  de  Léonard;  souvent  M.  Duhem  est  obligé 
de  remonter  fort  loin,  mais  il  ne  se  rebute  pas,  et  toutes  les  fois  qu'un 
savant  paraît  avoir  eu  une  influence  très  probable  sur  Léonard  il 
nous  fait  connaître,  avec  une  courte,  biographie,  les  travaux  de  ce 
savant  se  rapportant  à  la  question  étudiée.  Le  passé  ayant  été  ainsi 
fouillé  à  fond,  c'est  le  tour  de  l'avenir.  Des  diverses  études  faites 
par  M.  Duhem  il  résulte  que  l'influence  de  Léonard  a  été  considérable 
et  que  l'on  peut  effectivement  faire  remonter  à  lui   la   création   de 
plusieurs  branches  de  la  science  dont  il  a  posé  les  principes  fonda- 
mentaux. M.  Duhem  a  essayé  également  de  faire  le  jour  sur  les  ques- 
Itions  de  plagiat  si  fréquentes  au  temps  de  Léonard;  la  question  est 
souvent  très   déUcate    à    juger,  aussi   l'auteur    est-il    toujours    resté 
|dans  les  hmites  d'une  sage  prudence,  tout  en  ne  cachant  rien  de  ses 
onviction>s.  É-  Chailan. 


—  416  — 
OUVRAGES  POUR  LA  JEUNESSE 

Romans,  contks  f.t  mouvelles.  —  1.  La  Ba^ue  d'opale,  par  M.  Maryan.  Paris, 
Firmin-Didot,  s.  d.,  in-18  de  349  p.,  2  fr  50.  —  2.  Roselyne,  par  M.  Maryan.  Paris, 
Henri  Gautier,  s.  d.,  in-18  de  305  p.,  3  fr.  —  3.  La  Route  choisie,  par  Marc  Debrol. 
Paris,  Lethielleux,  s.  d.,  in-12  de  251  p.,  2  fr.  50.  —  4.  U Ame  de  Pilote,  par  Jeanne 
DE  Coulomb.  Paris,  Henri  Gautier,  s.  d'.,  in-18  de  319  p.,  3  fr."  —  5.  0  Jeunesse/ 
par  Mathilde  Aigueperse  et  Roger  Dombre.  Paris,  Henri  Gautier,  s.  d.,  in-18 
de  319  p.,  3  fr.  —  6.  Le  Mari  de  la  vcuve,  par  B.  de  Buxy.  Paris,  Henri  Gautier, 
s.  d.,  in-16  de  325  p.,  3  fr.  —  7.  Les  Féodaux,  par  Yves  Le  Febvre.  Paris,  Stock, 
1909,  in-12  de  357  p.,  3  fr.  50.  —  8.  Le  Cottage  fleuri,  par  Lucie  des  Ages.  Paris, 
Haton,  s.  d._,  in-12  de  245  p.,  2  fr.  —  9.  ^  tour  de  bras,  histoires  du  temps  présent, 
par  Jean  des  Tourelles.  Paris,  Lethielleux,  s.  d.,  in-12  de  190  p.,  1  fr.  50.  — 
10.  Petite  José,  par  Pierre  Perrault.  Paris,  Henri  Gautier,  s.  d.,  in-18  de  316  p., 
3  fr.  —  \\.  La  Famille  Ellis,^3.v  Michel  Auvray.  Paris,  Haton,  s.  d.,  in-8  de  216  p., 

2  fr.  50.  —  12.  Fidèle  à  Dieu,  par  F.  de  Noce.  Paris,  Haton,  s.  d.,  in-12  de  288  p., 

3  fr.  —  13.  Face  au  devoir,  par  Edmond  Coz.  Paris,  Maison  de  la  Bonne  Bresse,  s.  d. , 
in-12  de  302  p.,  0  fr.  75.  —  14.  De-ci,  de-là,  légendes  et  fantaisies,  par  Berthem- 
BoNTOUx.  Avignon,  Aubanel,  s.  d.,  in-12  de  x-223  p.,  3  fr.  — '■  15.  ie  Journal 
d'un  potache,  par  Jean  Vézère.  Paris,  Maison  de  la  Bonne  Presse,  s.  d.,  gr.  in-8  de 
123  p.  à  2  colonnes,  illustr.  de  Damblans,  1  fr.  —  16.  Les  Vacances  de  Suzette  pour 
1909.  Paris,  Henri  Gautier,  1909,  petit  in-8  de  192  p.,  illustré,  1  fr.  —  M.  Le  Château 
de  Pontinès,  par  V.  Mag.  Paris,  Maison  de  la  Bonne  Presse,  s.  d.,  in-12  de  vi-252,  p., 
0  fr.  75.  —  18.  La  Chevauchée  des  reîtres,  par  Charles  Lesbruyères.  Paris,  Mai- 
son de  la  Bonne  Presse,  s.  d.,  in-12  de  341  p.,  0  fr.  75.  —  19-  Jeunes  Gloires,  par 
René  Gakll.  Paris,  Maison  de  la  Bonne  Bresse,  s.  d.,  in-12  de  400  p.,  0  fr.  75.  — 
20.  Au  bord  du  lac,  parMiCHEL  Auvray.  Paris,  Roger  et  Chernoviz,  1910,  in-16 
carré  de  219  p.,  illustr.  de  Gravelle,  2  fr.  —  21.  Chassés  du  nid,  par  Chéron  de  la 
Bruyère.  Paris,  Roger  et  Chernoviz,  1910,  in-16  carré  de  286  p.,  illustr.  de  Gra- 
velle, 2  fr.  —  22.  La  Villa  aux  cerises,  par  Lucie  des  Ages.  Paris,  Roger  et  Cherno- 
viz, 1910,  in-16  carré  de  238  p.,  illustr.  de  Gravelle,  2  fr. —  23.  Mon  premier  Voyage, 
par  F.  DE  NocÉ.  Paris,  Roger  et  Chernoviz,  1910,  in-16  carré  de  268  p.,  illustr.  et 
photograv. ,  2  fr.  —  24.  La  Fille  du  corsaire,  roman  d'aventures  maritimes,  par 
Jean  Drault.  Paris,  Roger  et  Chenoviz,  1909,  in-16  carré  de  288  p.,  illustr.  de  Gra- 
velle, 2  fr.  —    25.  Mirage  et  réalité,  par  F.  de  Nocé.  Paris,  Roger  et  Chernoviz, 

1909,  in-16  carré  de  272  p.,  illustr.  de  Gravelle,  2  fr.  —  26.  Trait  d'union,  par  Mar- 
guerite Levray.  Paris,  Roger  et  Chernoviz,  1910,  in-16,  carré  de  294  p.,  illustr. 
de  Gravelle,  2  fr.  —  27.  Le  Roc-Maudit,  par  Marguerite  Levray.  Paris,  Roger 
et  Chernoviz,  1910,  in-16  carré  de  285  p.,  illustr.  de  Gravelle,  2  fr.  —  28.  Les  Cent 
mille  Curiosités  d'hier  et  d'aujourd'hui,  par  Henri  Cordonnier.  Paris,  Roger  et 
Chernoviz,  1910,  in-16  carré  de  287  p.,  2  fr.  —  29.  Muguette,  par  Jean  Barbet  de 
Vaux.  Paris,  Roger  et  Chernoviz,  1910,  in-16  carré  de  287  p.,  illustr.  et  photograv., 
2  fr.  —  30.  Le  Général  Dur  à  cuire,  par  Lucie  des  Ages.  Paris,  Roger  et  Chernoviz, 

1910,  in-16  ca^'é  de  234  p., illustr.  de  Gravelle,  2  fr.  —  31.  Le  Perroquet  du  canîi- 
nier,  par  Jean  Drault.  Paris,  Roger  et  Chernoviz,  1910,  in  16  carré  de  287  p  , 
illustr.  de  Gravelle,  2  fr.  —  32.  Le  Dernier  Duc  de  Bretagne,  par  Paul-Yves  Sé- 
billot.  Paris,  Union  internationale  d'éditions,  1909,  in-16  de  viii-204  p.,  1  fr.  50. 

Pièces  de  théâtre.  —  1.  Bernadette  et  Lourdes,  drame  historique  en  un  prologue,, 
cinq  actes  et  dix  tableaux,  par  l'abbé  Joseph  Oger.  Paris,  Haton,  1909,  in-8  de 
90  p.,  1  fr.  50.  —  2.  Lourdes  et  Bernadette,  drame  historique  en  un  prologue,    cinq 
actes  et  dix  tableaux,  parle  même.  Paris,  Haton,  1909,  in-8  de  vi-9k  p.,  1  fr.  50.  — j 
3.  La  Bienheureuse  /eanne  ci' .4rc,  drame  historique  en  quatre  actes  et  douze  tableaux, 
par  le  même.  Paris,  Haton,  1909,  in-8  de  67  p.,  1  fr.  50. —  4.  Jeanne  d'Arc,  drame' 
en  cinq  actes  pour  jeunes  filles,  par  Jehan  Grech.  Paris,  Haton,  s.  d.,  in-18  dej 
1  fr.  —  5.  Le  Cœur  de  Jeanne  d'Arc,  drame  historique  en  trois  actes  et  apothéose, 
pour  jeunes  filles,  par  le  même.  Paris,  Haton,  s. d., in-18  de  71  p.,  1  fr.  —  6.  Une 
Fille  de  Fra  Diavolo,  petit  opéra  comique  en  trois  actes  avec  prologue,  par  le  même. 
Paris,  Haton,  s.  d.,  in-16  de  81  p.,  1  fi . —  7.  Le  Jongleur  de  Lavardin,  saynète  en 
vers,  par  Simon  Davaugour.  Paris,  Haton,  s.  d.,  in-12  de  44  p.,  1  fi'.  —  8.  Le  Bar' 


—  417  — 

hier  de  Pézenas,  saynète  en  vers,  par  le  même.  Paris,  Haton,  s.  d.,  in-12  de  24  p., 
1  fr.  —  9.  Les  Bretons  de  Duguesclin,  épisode  dramatique  en  vers,  par  le  même! 
Paris,  Haton,  s.  d.,  in-12  de  23  p.,  1  fr.—  10.  Une  Séance  du  Conseil  d'Empire  soiis 
Pierre  le  Grand,  scène  dramatique  en  vers,  par  le  même.  Paris,  Haton,  s.  d.,  in-12 
de  22  p.,  Ifr.  —  11.  La  Villa  du  Doux- Repos,  comédie  en  un  acte,  par  Ch.  Le  Roy- 
ViLLARS.  Paris,  Haton,  s.  d.,  in-18  de  81  p.,  1  fr.  —  12.  La  Cage  aux  œufs  d'or, 
comédie  en  trois  actes,  par  le  même.  Paris,  Haton,  s.  d.,  in-12  de  106  p.,  1  fr.  — 
13.  La  Dernière  Farce  de  Hlarfailloux,  comédie  en  trois  actes,  par  le  même.  Paris 
Haton,  s.  d.,  in-12  de  105  p.,  1  fr.  —  14.  L'Accident  de  la  rue  Saint-Ferréol,  comédie 
en  un  acte,  par  Erin  de  Saint-Yrieix.  Paris,  Haton,  s,  d.,  in-12  de  55  p.',  l  fr. 

15.  Le  Quart  d'heure  de  Rabelais,  comédie  bouffe  en  deux  actes  et  tiois  tab.eaux 
avec  chœurs  et  couplets,  par  J.  Reginald.  Paris,  Haton,  1909, in-8  de  32  p.,  l  fr.— 

16.  J'étouffe/  j'étouffe!  monologue  comique,  par  Pancrace.  Paris,  Haton,  s.  d. 
in-12  de  7  p.,  0  fr.  50.  —  17.  Chez  l'ami  Printemps,  monologue  en  vers,  par  Eugène 
Palazzi.  Paris,  Haton,s.  d.,in-12  de  7  p.,  Ofr.  50.  —  18.  Julien  V Apostat,  àrd,m& 
chrétien  en  trois  actes  et  en  vers,  par  l'abbé  Ducousso.  Paris,  Haton  1908 
)«-12  de  59  p.,  1  fr.  —  19.  Ripoche,  drame  vendéen  en  un  acte,  par  ]"ab'bé  de' 
Martrin-Donos.  Paris,  Haton,  1909,  in-12  de  24  p.,  0  fr.   50.  i     ^  j..  ... j.j  ■■, 

RoAtAiXS,  CONTES  ET  NOUVELLES.  —  1.  —  La  Bague  d'opale  est  un 
des  plus  jolis  ouvrages  de  l'auteur  aimé  du  public  qu'est  M^e  Maryan. 
Guyonne  Lehard  est  la  fille  d'un  officier  de  marine  et  d'une  mère 
créole,  bonne,  jolie  et  langoureuse,  qui,  après  la  mort  de  son  mari, 
s'appuie  sur  la  personnalité  plus  vigoureuse  de  sa  fille  unique.  Les 
deux  femmes  habitent  à  Paris  un  modeste  appartement  et  Guyonne 
travaille  avec  courage  pour  ajouter  au  très    petit    revenu    qui    les 
fait  vivre.  Une  nouvelle  inattendue  vient  bouleverser  leur  monotone 
existence  :  Horace  Thouvelier,  richissime  banquier,  a  laissé  à  Guyonne 
un  manoir  en  Bretagne  et  une  ferme;  mais  M^ie  Lehaj-d,  qui  a  connu 
autrefois  Thouvelier,  qu'elle  déteste  et  qu'elle  craint,  voit  ce  legs 
avec  répugnance,  et  Guyonne,  influencée  par  sa  mère,  hésite  àl'accepter. 
Elle  se  décide  cependant  à  le  faire  sur  les  représentations  de  l'amiral 
Faury,  vieil  ami  de  son  père,  qui,  au  nom  de  la  raison,  combat  les 
impressions  irraisonnées  de  M'"^  Lehard.  En  arrivant  dans  son  nou- 
veau domaine,  la  jeune  fille  est  enchantée  :  le  vieux  manoir,  où  por- 
traits et  meubles  d'autrefois  sont  restés  à  leur  place,  le  pays  pittores- 
que, la  joie  d'être  chez  elle,  tout  la  ravit.  Puis,  peu  à  peu,  elle  se  rend 
compte  qu'une  influence  hostile,  mystérieuse,  mais  tenace,  la  pour- 
suit :  les  voisins  la  fuient,  le  curé  se  dérobe  à  ses  avances.  Évidemment 
un  secret  plane  sur  le  manoir.  L'amiral  Faury,  appelé  par  ses  amies, 
perce  le  mystère  :  pendant  la  Révolution,  Brutus  Thouvelier  a  commis 
un  crime  dont  l'innocente  Guyonne  est  victime  :  héritière  du  manoir, 
elle  hérite  aussi  de  la  malédiction  qui  s'attache  à  ceux  qui  l'ont  enlevé 
aux  propriétaires  légitimes.  Laissons  à  nos  lecteurs  le  plaisir  de  dé- 
couvrir comment  tout  finit  par  s'arranger  au  prix  de  souffrances  et 
de  sacrifices.  Guyonne  abandonne  Ploharnel  à  la  dernière  de  la  famille, 
jadis  frustrée  par  les  Thouvelier,  mais,  après  un  temps  d'épreuve, 
elle  y  revient,  mariée  à  Pol  de  Tréhas,  le  nouveau  maître  du  domaine, 
devenu  l'unique  descendant  des  anciens  seigneurs.  Elle  porte  au  doigt 
Novembre  1909.  T.GXVI.  27. 


—  418  — 

«  la  l)agiio  d'opale  »,  talisman  do  la  iamillo,  qui  doime  son  nom  à  ce 
joli  volume.  Inutile  d'ajouter  que  les  sentiments  y  sont  parfaits;  la 
légère  teinte  de  mystère,  qui  enveloppe  le  récit,  n'est  pas  sans  y  ajou- 
ter du  charme. 

2.  _  Rmehjne  est  veuve  sans  avoir  été  mariée;  à  dix-huit  ans, 
elle  épouse  le  baron  d'Herbelin,  qui  meurt  en  wagon,  quelques  heures 
après  la  cérémonie.  Roselyne  s'est  mariée  saas  amour,  pour  sauver 
de  la  ruine  son  grand-père,  M.  Demi^yne,  un  vieux  savant  qu'elle 
adore;  mais  cet  acte,  dont  il  ignore  le  mobile,  la  fait  juger  sévèi'ement 
par  son  cous-in,  Staiïe  de  Pontchâtel,  vraiment  trop  peu  bienveillant 
pour  sa  petite  cousine.  Il  finit  cependant  par  lui  pardonner  et  par 
l'épouser,  après  avoir  rendu  à  la  famille  d'Herbelin  la  grosse  fortune 
du  premier  mari  de  Roselyne.  L'élément  le  plus  attachant  de  ce  ro- 
man ce  sont  moins  les  malentendus  assez  ordinaires  de  Stane  et  de 
Roselyne  que  les  descriptions  vraiment  charmantes  du  manoir  breton 
de  Kerlosquen,  vieille  maison  de  famille,  simple  et  rustique,  mais 
illuminée  de  foi,  d'alîection  et  de  dévouement.  Un  vieux  prêtre  et 
deux  vieilles  filles  y  gardent  le  nid  famiUal,  largement  ouvert  à  tous, 
et  y  continuent  les  saines  traditions  des  aïeux. 

3. La  morale  de  la  Roule  choisie,  dont  les  lecteurs  du  Correspon- 
dant ont  eu  la  primeur,  peut  se  résumer  dans  la  phrase  qui  termine 
le  hvre  :  «  Les  routes  faciles  ne  sont  pas  toujours  les  meilleures,  celles 
qui  mènent  au  vrai  bonheur.  »  Jeanne  Martel,  jolie  et  fine  Parisienne, 
avec  des  instincts  plus  élevés  que  ceux  de  son  frivole  entourage, 
finit  par  apprendre  cette  vérité,  au  prix  de  quelques  souffrances. 
Elle  aime  son  cousin,  M.  de  Croisé,  riche,  oisif,  plus  brillant  que  solide 
et  qui  ne  l'aime  pas,  tandis  qu'à  côté  d'elle  Pierre  Darras,  garçon 
travailleur,  dont  la  modestie  dissimule  la  réelle  valeur,  a  pour  elle 
une  profonde  affection.  La  déception  qu'éprouve  Jeanne  du  côté 
de  son  cousin  imprime  à  son  âme  faible  et  légère  une  orientation 
nouvelle  ;  insensiblement,  la  jolie  Parisienne  s'éprend  de  Dai-ras  et 
accepte  la  vie  utile  et  austère  qu'il  lui  offre.  L'auteur  a  sur  la  vie,  son 
but,  sa  vraie  valeur,  des  idées  très  justes;  son  style  est  alerte  et  facile, 
il  indique  avec  agrément,  sans  trop  appuyer,  la  note  morale  de  ce 
volume  qui,  selon  les  termes  consacrés,  «  peut  être  mis  entre  toutes 

les  mains  «. 

4.  __  Dans  VAme  de  Pilote,  M'"^  de  Coulomb  met  en  scène  un  homme 
comme  il  y  en  a  beaucoup,—  car  les  Pilâtes  sont  de  tous  les  temps,— 
lequel,  par  faiblesse,  plutôt  encore  que  par  perversité,  trahit  sa  cons- 
cience. Guillaume  Vitalis,  sous-préfet  de  la  République,  garde  au 
fond  du  cœur  l'empreinte  des  traditions  de  foi  et  d'honneur  que  lui 
ont  léguées  une  lignée  d'ascendants  catholiques.  De  là,  ses  défaillances, 
ses  regrets,  ses  remords,  quand  sa  femme  incroyante  et  ambitieuse  et 


—  419  — 

ses  amis  politiques  font  de  lui  un  «  blocard  ».  Ce  faible  finit  pourtant 
par  se  ressaisir;  mais  alors,  sa  carrière  se  brise,  sa  femme  se  sépare 
de  lui  et  il  rentre  meurtri,  mais  repentant,  au  vieux  foyer  de  famille, 
avec  sa  fille  Nicole,  petite  âme  charmante  que  l'acte  de  son  père  va 
soustraire  aux  influences  malsaines  qui,  jusque-là,  ne  l'ont  pas  enta- 
mée. Comme  on  le  voit,  les  idées  de  l'auteur  sont  excellentes;  elle 
écrit  avec  facilité,  et  s^s  jolies  descripLions  de  la  rature  en  Auvergne, 
province  si  attachante  malgré  sa  rudesse,  ont  un  air  «  vécu  ». 

5.  —  0  Jeunesse!  est  un  roman  pai  correspondance;  les  héros  en 
sont  Pierre  d'Horvéal  et  sa  sœur  Odette.  Le  premier  refuse  de  faire 
un  mariage  sans  amour  et  s'insurge  contre  ses  tantes,  très  entichées 
de  préjugés  nobiliaires;  la  seconde  donne  son  cœur  et  promet  sa  main 
à  un  ami  d'enfance,  gentilhomme  campagnard  ?ans  particule,  mais 
possédant  toutes  les  qualités  d'un  homme  noble,  fort  et  chrétien. 
Les  lettres  d'Odette  surtout  sont  jolies  et  amusantes  et,  malgré  la 
donnée  très  simple  du  récit,  l'intérêt  se  soutient,  grâce  au  charme 
prime-sautier  de  cette  correspondance  entre  le  frère  et  la  sœur.  Tout 
finit  pour  le  plus  grand  honneur  des  intéressés,  et  les  tantes,  bonnes 
personnes  au  fend,  finiront  par  accepter  le  fait  acctmpli  avec  résigna- 
tion, sinon  avec  enthousiasme. 

6.  —  Le  volume  intitulé  :  Le  Mari  de  la  veuve,  fait  suite  à  la  Veuve 
de  Quinze  ans,  que  nous  avons  analysé  il  y  a  quelques  mois.  Jean- 
Jacques  Coronat  est  affilié  aux  sectes  anarchistes  et  ses  pai'ents, 
honnêtes  paysans  de  la  Bresse,  ne  savent  que  très  vaguement  quelle 
est  sa  coupable  et  dangereuse  carrière.  Sa  femme  Calician  n'est 
guère  mieux  renseignée.  Ce  Jean-Jacques,  fanatique  à  froid,  très 
déplaisant  du  reste,  est  tué  en  cherchant  à  faire  sauter  le  dôme  de 
Saint-Pierre;  mais  l'identité  du  coupable  n'est  pas  découverte  et  sa 
famille  qui,  seule,  connaît  le  secret,  s'engage  à  le  garder  toujours. 
De  là  pftur  Calician,  libre  sans  être  hbérée,  l'obligation  de  rester 
veuve,  sans  pouvoir  reconstituer  sa  vie.  Heureusement  peur  elle, 
la  loi  a  prévu  le  cas,  et,  après  les  délais  voulus,  elle  épouse  le  frère 
de  son  mari,  Didier  Coronat.  Ce  volume,  comme  les  autres  livres  de 
M"^e  de  Buxy,  est  inspiré  par  des  sentiments  religieux;  la  conception 
du  roman  est  originale  et  les  descriptions  de  la  nature  ont  une  note 
poétique,  mais  l'ensemble  manque  un  peu  de  clarté. 

7-  ■ —  L'auteur  des  Féodaux  a  pris  pour  personnages  principaux 
de  son  récit  le  vieux  comte  d'Aujou,  Foulques  Nerra,  et  son  fils  rebelle 
Geoffroy-Martel.  Autour  de  ces  deux  guerriers,  il  a  groupé  une  armée 
de  féodaux  du  xi*^  siècle,  natures  frustes  et  féroces,  plus  supersti- 
tieuses que  vraiment  religieuses,  affamées  de  luttes  armées.  Son  récit 
a  du  mouvement  et  de  la  couleur  locale;  au  milieu  de  ces  batailleurs, 
se  détache  la  pure  figure  d'une  jeune  fille,  Richilde  de  Montrichard 


—  420  — 

et  le  cuntraste  ne  manque  pas  de  pittoresque.  Pturquoi  faut-il  que 
dans  deux  ou  trois  passages,  très  courts  du  reste,  des  expressions 
trop  réalistes  déparent  univolume,  bien  écrit,  destiné   à  la  jeunesse? 

8.  —  Le  Cottage  fleuri  nous  transporte  dans  un  milieu  moins  mouve- 
menté. C'est  un  récit  simple,  avec  une  note  religieuse  accentuée.  La 
question  sociale,  si  fort  discutée  de  nos  jours,  y  est  traitée  de  telle 
faç  ai  qu'elle  est  accessible  même  aux  enfants,  à  qui  ce  vo- 
lume s'adresse.  L'auteur,  sans  se  répandre  en  lamentations  stériles 
sur  le  malheur  des  temps,  prêche  aux  jeunes  lecteurs,  sous  une  forme 
fictive,  le  mérite  de  l'effort  intelligent  et  dévoué,  qui  rend  le  présent 
meilleur  et  qui,  par  conséquent,  prépare  l'avenir. 

9.  —  C'est  aussi  le  but  que  se  propose  l'auteur  si  connu  de  A  tour 
de  bras,  M.  Jean  des  Tourelles;  seulement  sa  plume  alerte  est  plus 
mordante  et  plus  incisive.  11  flagelle  sans  pitié  les  lâchetés,  les  trahi- 
sons et  les  tyrannies,  renverse  les  sots  préjugés  qui  courent  les  rues 
et  fait  œuvre  d'apôtre,  sous  une  forme  famiUère, 

10.  —  Petite  José  est  un  livre  pour  les  enfants;  histoire  d'une 
petite  fille  élevée  par  sa  tante,  dont  la  vie  modeste  est  très  belle 
d'abnégation  et  de  vaillance.  Ce  volume  révèle  chez  l'auteur  des  sen- 
timents excellmts,  une  note  religieuse  juste  et  un  amour  éclairé  pour 
les  enfants,  dont  il  a  pénétré  les  petites  âmes  à  la  fois  naïves  et  sub- 
tiles; mais  l'intérêt  reste  plutôt  médiocre. 

11.  —  Nous  en  dirons  autant  de  la  Famille  Ellis,  histoire  d'un 
capitaine,  qui,  ayant  refusé,  au  moment  des  inventaires,  de 
marcher  contre  un  couvent,  voit  sa  carrière  brisée  et  sa  famille 
réduite  à  la  gêne.  Il  se  retire  à  la  campagne,  où  il  trouve  un 
modeste  emploi;  ses  deux  enfants,  Marc  et  Sabine,  sont  recueillis  par  des 
parents  riches,  et  tous,  chacun  dans  sa  sphère,  répondent  aux  espé- 
rances fondées  sur  eux;  à  la  fin,  nous  voyons  le  capitaine  en  possession 
d'une  position  meilleure,  qui  ramène  l'aisance  à  son  foyer.  La  note 
générale  est  chrétienne,  mais  le  style,  assez  ordinaire,  manque 
de  mouvement  et  de  couleur. 

12.  —  En  restant  Fidèle  à  Dihi,  Hélène  Méricourt  embrasse  une  vie 
de  martyre.  Élevée  dans  un  village  des  montagnes  entre  son  curé 
et  son  père  ii\firme,  elle  épouse  un  savant,  Gilbert  Thevenot,  qui  s'est 
épris  de  sa  jolie  figure  et  de  son  caractère  très  doux.  JMais,  rentré 
dans  son  miUeu  mondain  et  incroyant,  Gilbert  néghge  sa  femme, 
qui  est  admirable  de  dévoûment  et  de  patience,  bien  que  par  trop 
sermonneuse.  Hélène,  humiUée  par  son  mari,  tyramiisée  par  sa  belle- 
mère,  perd  son  fils  unique,  sa  seule  joie,  et  meurt  toute  jeune,  plus 
encore  de  chagrin  que  de  maladie.  Gilbert,  peu  sympathique  mais 
repentant,  se  fait  prêtre  et  missiomiaire.  Encore  un  volume  où  les 
sentiments  sont  plus  parfaits  que  le  style. 


—  421  — 

13.  —  Dans  Face  au  devoir,  une  famille  ruinée  est  obligée  de  ^e 
retirer  à  la  campagne,  et  ce  changement  de  vie  devient,  dans  la  suite, 
un  bonheur,  tant  pour  les  intéressés  que  pour  leurs  pauvres  voisins 
dont  Aliette  de  Virement  est  la  providence.  Inspirés  par  elle,  son  père 
et  son  frère  font  aussi  Face  au  devoir  et  cessent  d'être  des  inutiles. 
Tel  est  le  fond  du  récit,  sur  lequel  se  greffent  des  épisodes  secondaires; 
le  tout  est  écrit  dans  un  style  oïdinairo,  et  l'ag'encement  général  est 
assez  confus. 

14.  —  De-ci^  de-là,  est  un  recueil  d'histoires  très  courtes,  écrites 
en  un  style  aisé  et  qui  conviennent  aux  enfants.  L'auteur  des  Paillettes 
d'or  a  écrit  la  Préface  du  volume  et  l'évêque  de  Gap  loue  M.  Berthem- 
Bontoux  d'avoir  cherché  à  «  élever  les  âmes  de  la  jeunesse  ». 

15.  —  Le  Journal  d'un  potache  est  l'histoire,  contée  avec  naturel 
et  vérité,  des  tristesses,  des  faiblesses,  des  efforts,  des  difficultés, 
des  aspirations  d'un  collégien.  Le  style  de  l'auteur  est  alerte,  vivant, 
plein  de  bonne  humeur;  son  livre  convient  aux  garçons  de  douze  à 
treize  ans,  qui  y  trouveront  une  note  à  la  fois  sérieuse  et  gïie;  il 
touche,  sans  pesanteur,  aux  questi(.ns  actuelles,  et  les  traite  comme 
il  convient  quand  on  s'adresse  à  un  public  jeune  qu'il  faut  instruire, 
sans  l'ennuyer. 

16.  —  Les  Vacances  de  Suzette  conviendront  aux  toutes  petites 
filles,  qui  y  trouveront  des  contes,  des  comédies,  des  travaux  de  cou- 
ture, un  peu  de  science  même,  le  tout  approprié  à  des  lectrices  de  sept 
ou   huit   ans. 

17.  • —  Le  Château  de  Pontinès  s'adresse  à  des  lecteurs  plus  âgés; 
c'est  un  récit  mouvementé,  où  sont  réunis  tous  les  éléments 
qui  peuvent  captiver  l'intérêt  des  enfants  :  brigands  mysté- 
rieux, souterrains,  surprises,  combats,  aventures  dramatiques,  etc., 
le  tout  dans  un  esprit  excellent  et  se  terminant,  le  mieux  du  monde, 
par  trois  mariages. 

18.  —  La  Chevauchée  des  reîtres,  de  la  même  série,  nous  transporte 
au  xvi*^  siècle,  au  temps  des  Guise.  La  vaillante  figure  du  Balafré 
traverse  le  récit,  au  cours  duquel  les  ligueurs  et  les  «  reîtres  »  se 
livrent  de  rudes  combats;  aussi  l'intérêt  se  soutient-il  jusqu'à  la 
dernière  page. 

19.  —  Jeunes  Gloires  comprend  trois  récits  :  le  Messager  du  Tsar^ 
Fleurs  de  sang  et  Quand  mppie.  Comme  les  deux  volumes  précédents, 
celui-ci  est  destiné  aux  enfants  :  ce  sont  des  histoires  de  guerre  qu'ins- 
pire un  vif  sentiment  rehgieux  et  patriotique.  Excellent  petit  volume 
à  propager  dans  tous  les  milieux. 

20.  —  Au  bord  du  lac  nous  raconte  l'histoire  de  la  comtesse  de  Fon- 
teroche  et  de  ses  enfants  qui,  ruinés  par  les  imprudences  du  chef  de 
famille,  habilement  exploités  par  une  créancière  sans  pitié,  sont  obli- 


_  422  — 

^és  de  vendre  leur  beau  domaine,  au  bord  du  lac  Léman.  Ils  ge  retirent 
dans  le  Jura,  où  ils  vivent  pauvrement,  mais  avec  une  dignité  et  un 
courage  qui  sont  récompensés,  même  en  ce  monde.  M™^  Valmer, 
la  créancière  qui  a  acquis  injustement  leur  château  familial,  perd 
son  fils  unique  André,  blessé  mortellement  dans  un  combat  en  Algérie, 
assisté  et  consolé  par  le  jeune  Lionel  de  Fonteroche.  Sa  mère,  frappée 
au  cœur,  lui  survit  à  peine,  et  lègue  le  château  ylw  bord  dU  lac  à  ses 
anciens  propriétaires.  Ce  roman,  écrit  dans  un  style  simple,  est  plein 
d'excellents  sentiments;  il  conAdent  aux  enfants. 

21.  • —  Les  mêmes  remarques  s'appliquent  à  Chassés  du  nid,  de  la 
même  série.  Dans  la  famille  de  Sélanne,  il  y  a,  nous  dit-on,  des  tour- 
terelles et  des  corbeaux.  Les  tourterelles:  Hélène  de  Sélanne  et  sa  mère, 
sont  Chassées  du  nid  pai*  les  corbeaux,  qui  sont  M.  de  Sélanne,  joueur 
incorrigible,  sa  fille  Alberto,  égoïste  et  tyrannique,  et  M^^^  Terrien, 
Une  sœur  qui  sème  la  discorde  dans  l'intérieur  de  son  frère.  Hélène,  l'hé- 
roïne du  récit,  traverse  avec  un  tranquille  courage  des  épreuves 
cruelles,  dont  la  plus  dure  n'est  peut-être  pas  la  pauvreté  qui  l'oblige 
à  se  faire  maîtresse  d'école  :  cette  tourterelle  n'a  rien  de  langoureux, 
et  c'est  grâce  à  elle,  en  grande  partie,  que  son  père  meurt  repentant, 
que  sa  sœur  s'amende  et  que  le  foyer  de  famille,  un  instant  détruit, 
peut  se  reconstituer  sur  de  nouvelles  bases. 

22.  ■ —  La  Villa  aux  cerises  appartient  à  un  avocat,  ^L  Tellicr,  veuf 
sans  enfants,  déjà  âgé,  qui  recueille  les  sept  orphelins  de  son  beau- 
frère,  au  grand  scandale  de  sa  vieille  servante  Annie.  La  bonne  femme 
finit  cependant  par  s'attendrir  et  partager  l'affection  de  son  maître 
pour  les  orphelins,  dont  le  volume  qui  nous  occupe  raconte  les  des- 
tinées diverses,  les  efforts,  les  fautes,  les  vertus  et  les  succès.  Srmme 
toute,  la  charité  de  M.  TelUer  est  bien^placée  et  ses  protégés  lui  font 
honneur.  Comme  les  ouvrages  qui  précédent,  celui-ci  est  écrit  pour 
les  enfants  de  dix  à  douze  ans. 

23.  ■ —  Mon  premier  Voyage,  toujours  de  la  même  série,  s'adresse 
à  des  lecteurs  un  peu  plus  âgés.  C'est  le  récit  d'un  voyage  en  Orient; 
les  observations  y  sont  justes,  les  descriptions  intéressantes.  La  jeune 
fille  qui  raconte  ses  pérégrinations  à  travers  la  Palestine  et  1  Arabie 
le  fait  avec  une  simplicité  qui  n'est  pas  sans  charme  et,  en  sa  com- 
pagnie, les  petites  Françaises  retenues  au  foyer  apprendront  à  con- 
naître l'Orient,  avec  ses  traditions,  ses  légendes  et  sa  poésie. 

24.  —  Le  volume  de  M.  Jean  Drault,  la  Fille  du  corsaire,  est  d'allure 
plus  mouvementée.  La  fille  du  corsaire  y  joue  cependant  un  rôle 
plus  effacé  que  le  corsaire  lui-même,  nouveau  Robinson  Crus(  ë, 
échoué  dans  l'île  Maurice,  qui,  à  cette  époque  lointaine  (il  s'agit  du 
seizième  siècle),  était  encore  inhabitée.  Les  aventures  de  Jacques 
Antheaume  et  celles  de  son  jeune  compagnon  le  pilote    dieppois 


—  423  — 

Abel  Capron,  sont  racontées  dans  le  style  alerte  et  pittoresque  dont 
M.  Jean  Drault  est  coutumier;  elles  auront  un  succès  assuré  auprès 
des  petits  lecteurs  auxquels  elles  sont  destinées. 

25.  , —  Mirage  et  réalité  nous  transporte  dans  un  milieu  du  ving- 
tième siècle,  où  Denise  Cliaumont,  jeune  institutrice  d'origine  obscure 
mais  dévorée  d'ambition,  est  séduite  par  le  «  mirage  »  des  succès 
mondains,  auxquels  elle  est  peu  hai)ituée.  Le  «  mirage  »  ne  lui  apporte, 
en  fin  de  compte,  que  désillusion  et  tristesse.  Heureusement,  pour  elle, 
la  «  réalité  »  de  la  vie  lui  apparaît  alors  sous  la  forme  d'une  jeune  femme 
intelligente  et  charitable,  dont  le  charme  fait  accepter  à  Denise  les 
austères  leçons  et  qui,  avec  isn  tact  infini,  la  remet  dans  sa  vraie  sphère 
de  travail  et  de  dévoôment.  Récit  moral,  dans  une  note  simple,  d'un 
intérêt  médiocre. 

26.  ■ —  Les  aventures  du  petit  Marc  de  Botteler  sont  plus  drajnatir 
ques  :  fils  d'un  franc-tireur  alsacien  tué  pendant  la  guerre,  l'enfant, 
que  sa  mère  croit  mort  avec  son  père,  est  volé  par  des  saltimbanques. 
Avant  de  devenir  le  Trait  d'union  qui  rapproche  les  membres  divisés 
de  sa  famille,  le  pauvre  Marc  passe  par  de  rudes  épreuves  et  l'affection 
touchante  que  lui  montre  le  clown  Barnabe  est  le  seul  point  lumineux 
de  sa  douloureuse  enfance.  Plus  tajd.,  recueilli  par  le  général  de  Gièves 
et  élevé  par  ses  soins,  Marc  a  l'occasion  de  rendre  à  son  bienfaiteur 
un  service  signalé;  en  même  temps,  il  retrouve  sa  mère  qu'il  a  si  long- 
temps cherchée  en  vain.  Celle-ci  n'est  autre  que  la  fille  cadette  du 
général,  reniée  par  lui  jadis,  sous  un  prétexte  futile,  ce  qui,  avouons-le, 
parait  bien  invraisemblable,  étant  donné  le  caractère  élevé  et  les  sen- 
timents chrétiens  du  vieux  soldat.  Marc,  l'heureux  «trait  d'union  » 
de  cette  famille  longtemps  divisée,  est  un  caractère  sympathique; 
son  histoire  est  racontée  dans  un  style  facile,  avec  une  note  religieuse 
très  nette. 

27.  —  Le  Roc-Maudit  doit  son  nom  aux  légendes  tragiques  qui 
flottent  autour  du  vieux  château  en  ruines  des  seigneurs  de  Miossac; 
et  le  propriétaire  du  Château  neuf,  Christian  Lamarelle,  semble  avoir 
hérité  de  la  malédiction  qui  pèse  sur  le  lieu,  dont  le  testament  de  son 
oncle  l'a  rendu  possesseur.  Sa  sœur,  la  petite  Huguette,  arrivant  à 
seize  ans  de  son  lointain  couvent,  s'étonne  du  mystère  qui  enveloppe 
cet  homme  impénétrable  que  ses  voisins  regardent  avec  répulsion. 
Quand  elle  découvre  quelle  est  la  cause  de  cet  ostracisme,  Huguette, 
âme  pure,  généreuse  et  aimante,  se  consacre  tout  entière  au  salut 
du  frère  qu'elle  a  appris  à  aimer,  et  réussit  à  le  remettre  dans  la  voie 
droite.  Christian,  âme  noble  un  instant  dévoyée,  devient  missionnaire, 
et  Huguette,  dépouillée  de  sa  fortune  par  l'acte  réparateur  qu'elle  a 
provoqué,  retrouve  le  bonheur  et  la  paix.  Malgré  quelques  invraisem- 
blances, ce  récit  n'est  pas  sans  intérêt  et  la  pointe  de    mystère    qui 


—  424  — 

s'y  trouve  en  augmentera  le  charme   aux  yeux  des  jeunes   lecteurs. 

28.  —  Les  Deux  mille  Curiosités  d'hier  et  d'aujourd'hui  forment  un. 
de  ces  recueils  que  les  grandes  personnes,  aussi  bien  que  les  enfants, 
ouvrent  d'une  main  peut-être  distraite,  mais  qui  finit  par  les  inté- 
resser. Il  s'y  trouve  de  tout  un  peu  :  des  légendes,  des  faits  histon- 
ques  peu  connus,  des  incidents  grotesques,  des  histoires  de  collec- 
tionneurs, des  traits  piquants,  des  statistiques  curieuses,  etc.,  etc.; 
et  ce  recueil  si  varié  peut  être  mis  dans  toutes  les  mains. 

29.  —  Encore  une  histoire  d'enfant  recueilli  par  des  saltimbanques; 
mais  Muguette  n'a  pas  été  volée  à  ses  parents;  elle  a  été,  au  contraire, 
charitablement  adoptée  par  le  dompteur  Marins  Bizon  et  sa  femme  Ro- 
sine, qui  ont  eu  pitié  de  la  petite  abandonnée.  Élevée  par  ces  braves 
gens,  Muguette  devient  à  son  tour  une  «  dompteuse  »,  dont  la  célébrité 
se  répand  à  travers  toutes  les  foires  du  pays  de  Provence.  Son  instruc- 
tion religieuse  est  entreprise  par  M"^'  Daurigny,  directrice  d'une  école 
foraine,  figure  sympathique,  pour  laquelle  la  célèbre  M"e  Bonnefon  a 
évidemment  servi  de  modèle.  En  somme,  quand  Muguette  est  retrouvée 
par  son  vrai  père,  elle  est,  malgré  sa  vie  étrange,  une  charmante  petite 
fille,  aiïectueuse  et  bonne,  pieuse  et  dévouée,  qui  a  appris  à  s'occuper 
des  autres.  Cette  histoire  est  contée  avec  agrément,  les  descriptions 
de  la  Provence  sont  jolies  et  le  sentiment  religieux  anime  l'auteur. 

30. —  Le  Général  Dur-à-cuire  est  la  terreur  de  ses  voisins,  grands  et 
petits;  son  caractère  intraitable  s'est  encore  aigri  depuis  sa  séparation 
d'avec  son  fils  unique  Gérard,  avec  lequel  il  a  rompu  toutes  relations 
parce  que  Gérard  est  devenu  peintre  au  lieu  d'être  soldat  et  qu'il  a 
épousé  une  jeune  fille  d'origine. allemande.  L'influence  d'André,  son 
petit-fils,  d'abord  repoussé  par  le  général,  mais  qui  fait  ensuite  sa  con- 
quête, pénètre  la  rude  écorce  du  vieux  soldat  et,  à  la  dernière  page, 
le  Général  Dur-à-Cuire  n'existe  plus  :  il  s'est  trani formé  en  un  grand- 
père  modèle  qui  convie  à  un  goûter  monstre  les  enfants  du  village, 
dont  il  a  été  l'épouvantail. 

31.  ■ —  Le  Perroquet  du  cantinier,  comme  les  trois  autres  petites 
nouvelles  du  même  volume,  est  écrit  dans  la  note  comique,  dont 
M.  Jean  Drault  a  le  secret  et  qui  divertira  les  petits  lecteurs. 

32.  —  Autre  est  la  tendance  du  Dernier  Duc  de  Bretagne,  écrit  pour 
des  lecteurs  plus  âgés.  C'est  le  tableau  de  la  lutte  entre  la  Bretagne  in- 
dépendante et  la  France,  sa  puissante  voisine,  sous  François  II,  dont 
la  fille  Anne  apporta  en  dot  au  roi  Charles  VIII  son  beau  duché. 
Aux  récits  de  guerre  se  mêlent  les  aventures  d'Yves  de  Kergoat  et  de 
sa  fiancée  Jane  de  Lesmeur,  aventures  dramatiques  dont  les  jeunes 
lecteurs,  entraînés  par  l'intérêt,  ne  critiqueront  pas  les  invrai- 
semblances. A  la  fin  du  volume,  un  vieux  barde  évoque,  dans 
une  vision  prophétique,  aux  yeux  du  dernier  duc,  la  prochaine  réunion 


—  425  — 

de  la  Bretagne  à  la  France;  François  II  meurt  d'épouvante. 
Comme  le  dit  M.  Le  Goffic  dans  sa  préface,  «c'est  le  livre  d'ur  débu- 
tant très  bien  doué  pour  le  r<:man  d'aventures  ». 

Pièces  de  théâtre.  —  1.  —  M.  l'abbé  Joseph  Oger,  dont  nous 
avons  signalé,  il  y  a  quelques  mois,  les  Scènes  évangéliques,  nous 
donne,  sous  le  titie  de  Bernadette  et  Lourdes^  un  drame  historique, 
avec  un  prologue,  cinq  actes  et  dix  tableaux, .  pour  les  théâtres  do 
jeunes  filles.  L'auteur  a  cherché  à  garder  aux  personnages  leur  vraie 
couleur  et  leur  vr&i  caractère;  il  explique,  dans  une  note  très  claire, 
comment  le  drame  peut  être  joué  dans  les  œuvres  catholiques  et  donne, 
à  ce  sujet,  des  indications  pratiques,  qui  seront  utiles  aux  directrices 
des  patronages  et  des  écoles  chrétiennes. 

2.  —  Les  mêmes  remarques  s'appliquent  au  drame  historique 
Lourdes  et  Bernadette^  par  le  même  auteur,  sauf  qu'ici,  la  pièce  étant 
destinée  aux  œuvres  de  jeunes  gens,  M.  l'abbé  Oger  l'a  arrangée  de 
façon  à  remplacer  les  rôles  de  femmes  par  des  rôles  d'hommes  ou 
d'adolescents.  Dans  les  deux  pièces,  il  y  a  des  chœurs  qui  tiennent 
une  place  considérable  dans  l'ensemble  du  drame. 

3.  —  La  Bienheureuse  Jeanne  d'Arc^  du  même  auteur,  est,  comme 
ses  pièces  sur  Lourdes,  toute  d'actuahté.  C'est  un  drame  en  quatre 
actes  et  douze  tableaux,  avec  des  personnages  nombreux,  puisque 
t  Jute  la  vie  de  l'héroïne  s'y  déroule,  depuis  Domremy  jusqu'à  Rouen. 
La  pièce  est  précédée  d'une  lettre  de  Mgr  Rumeau,  évêque  d'Angers, 
qui  loue  cette  œuvre  de  patriotisme  et  de  foi,  propre  à  entretenir 
dans  la  jeunesse  «  l'amoui  du  devoir  >'.  Dans  une  note,  l'auteur  donne 
pour  ce  drame,  comme  pour  les  précédents,  des  indications  nettes 
et  pratiques,  qui  concernent  la  n  ise  en  scène,  les  rôles,  la  musique, 
les  décors  de  la  pièce. 

4.  —  Jeanne  d-'Arc  a  aussi  inspiré  M.  Jean  Grech,  dont  le  drame 
en  cinq  actes  convient  aux  œuvres  de  jeunes  gens.  Il  y  a  une  trentaine 
de  rôles,  sans  compter  les  personnages  miiets. 

5.  • —  Le  Cœur  de  Jeanne  d'Arc,  par  le  même,  est  écrit  pour  les  pa- 
tronages de  jeunes  filles.  Le  drame,  destiné  aux  jeunes'  gens,  est  plus 
strictement  historique  :  c'est,  en  somme,  la  vie  de  Jeanne  qui  se  pour- 
suit sous  les  yeux  du  spectateur;  celui-ci,  plus  allégorique,  comprend 
trois  actes  :  Domremy,  Orléans,  Beaurevoir  et  se  termine  par  une  apo- 
théose. Cette  apothéose  est  elle-même  divisée  en  trois  tableaux  cor- 
respondant à  trois  dates  célèbres  :  le  30  mai  1431,  jour  du  martyre 
de  Jeanne;  le  7  juillet  1456,  jour  de  sa  réhabihtation  par  le  procès 
de  Paris-Rouen;  le  18  avril  1909,  jour  de  sa  béatification  par  Pie  X. 
Une  partition  musicale,  avec  accompagnement  de  piano  par  M.  Jos. 
Blanche  n,  est  le  complément  nécessaire  de  cette  pièce,  où  le  caractère 
simple  et  fort  de  l'héroïne  est  bien  mis  en  lumière. 


—  426  — 

6.  —  Une  Fille  de  Fra  Diavolo,  par  le  même,  est  un  petit  opéra- 
comique,  gai,  facile  à  jouer.  Deux  reines  en  sont  les  héroïnes  :  Marie- 
Caroline,  reine  de  Naples,  proscrite  par  Napoléon,  et  Diavola,  reine 
des  brigands  de  CalaJore,  qui  consacre  au  service  des  Bourbons  Tin- 
fluence  dont  elle  jouit  dans  le  pays.  Il  y  a  trois  actes  et  une  dou- 
zaine de  rôles,  tous  des  rôles  de  femmes.  Cette  pièce,  qui  est  accom- 
pagnée de  musique,  convient  aux  œuvres  de  jeunes  filles. 

7.  —  Le  Jongleur  de  Lavardin  est  une  saynète  en  vers,  dont  les 
sept  personnages  sont  tous  masculins;  elle  vise  le  œuvres  de 
patronages  et  quelques-uns  des  vers  sont  d'une  gracieuse  allure. 

8.  —  Nous  en  dirons  autant  du  Barbier  de  Pézenas,  qui  a  six  rôles 
pouvant  être  joués  par  de  jeunes  garçons.  L'illustre  Molière  passe  à 
Pézenaa,et  le  barbier  du  lieu,mc.ître  Gely,  lui  décrit  d'une  si  plaisante 
façon  les  habitants  du  pays,  que  Molière,  fort  amusé  de  ses  bavar- 
dages, lui  donna  en  le  quittant  cette  assurance  :  «  On  parlera  de 
vous  dans  ma  biographie  ». 

9.  —  Les  Bretons  de  Diiguesclin  ont  une  note  plus  grave  :  plusieurs 
des  rudes  compagnons  du  héros  breton,  pris  par  le  mal  du  pays, 
songent  à  abandonner  une  guerre  interminable  et  à  rentrer  secrète- 
ment dans  leurs  foyers.  Le  jeune  barde  Yannec  réveille  par  ses  chants 
leur  ardeur  guerrière,  et  quand  Duguesclin  fait  appel  à  leur  dévoûment 
ils  sont  «  capables,  s'il  le  faut,  de  mouru'  dans  une  heure  ».  Un  souffle 
poétique  et  patriotique  a  inspiré  l'auteur  de  cet  épisode  dramatique 
qui  compte  quelques  jolis  vers.  Les  sept  rôles  sont  tous  des  rôles 
d'hommes. 

10. —  U?}e  Séance  du  Conseil  d'Empire,  du  même  auteur,  est  une 
scène  dramatique  en  vers,  qui  nous  transporte  en  Russie,  au  moment 
où  le  tsar  Pierre  le  Grand  se  prépare  à  venir  en  France.  Son  Conseil, 
d'abord  hostile  à  ce  projet,  s'y  range  ensuite  avec  un  empressement, 
qui  vient  de  la  terreur  qu'inspire  le  terrible  autocrate.  Les  six  rôles 
sont    des    rôles    d'hommes. 

IL  —  La  Villa  du  Dàux-Repos,  est  une  comédie  en  un  acte,  dont  les 
dix  rôles  sont  "des  rôles  de  femmes.  La  pièce,  destinée  aux  jeunes  filles, 
est  d'allure  gaie;  la  colonelle  de  Pcntgibard,  qui  en  est  l'héroïne,  ne 
trouve  pas  à  la  villa,  au  nom  prometteur,  le  repos  rêvé,  mais,  en  re- 
vanche, elle  finit  par  s'amuser  franchement  des  divers  incidents  qui  y 
rendent  son  séjour  très  mouvementé. 

i2.  —  La  Cage  aux  œufs  d'or  est,  comme  la  pièce  précédente,  une 
comédie  gaie,  destinée  aux  jeunes  filles.  Elle  a  trois  actes  et  comprend 
huit  rôles,  tous  des  rôles  de  femmes. 

13.  —  La  Dernière  Farce  de  Marjailloux,  comédie  en  trois  actes, 
^st  au  contraire  écrite  pour  les  jeunes  gens.  C'est,  en  somme,  a  peu 
près  la  même  donnée  que  la  pièce  précédente  :  l'histoire  burlesque 


—  427  — 

d'un  héritage.  Le  vieil  Auvergnat  dont  les  parents  pauvres  se  dispu- 
tent la  succession,  leur  laisse  à  défaut  de  l'argent  qu'ils  convoitent, 
«  le  droit  de  marcher  le  front  haut  dans  la  rue  »,  en  acquittant  leurs 
dettes,  ce  qui  n'est  pas  sans  leur  causer  une  vive  déception. 

14.  • —  L'Accident  de  la  rue  Saint-Ferréol,  comédie  en  un  acte  pour 
jeunes  filles,  comprend  six  rôles  de  fillettes  et  une  partition  musicale, 
par  M.  Jos.  Blanchon.  Petite  pièce  qui  se  passe  dans  le  Midi,  et  dont 
le  principal  mérite  est  sa  couleur  locale;  sans  grande  portée,  elle  con- 
viendrait surtout  aux  enfants. 

15.  —  Le  Quart  d'heure  de  Rabelais,  comédie  boufîe  en  deux  actes 
et  trois  tableaux,  avec  chœurs  et  couplets,  comprend  sept  rôles,  dont 
un  de  femme  peut  être  facilement  transformé  pour  un  homme,  la 
pièce  étant  destinée  aux  œuvres  de  jeunes  gens.  Le  héros  est  un 
Rabelais  légendaire,  qui,  acculé  pour  payer  son  hôtelier  et,  désirant 
par- dessus  tout  se  transporter  à  Paris  sans  bourse  délier,  y  arrive 
en  jouant  le  rôle  d'un  dangereux  conspirateur,  qui  veut  attenter  aux 
jours  du  roi  François  P^.  Le  stratagème  réussit  :  Rabelais  voyage 
pour  rien,  obtient  une  entrevue  avec  le  Roi,  qui  paie  ses  dettes  et  le 
comble  de  bontés. 

16.  ■ —  J'étouffel  j'éioujje!  est  un  monologue  comique,  en  prose, 
très  court. 

17.  —  Chez  l'Ami  Printepips,  monologue  en  vers,  dont  l'auteur 
a,  nous  dit-il,  pour  but  de  «  tenter  de  combattre  le  monologue  immoral 
par  le  monologue  moral  ». 

18.  —  Julien  l'Apostat,  drame  chrétien  en  trois  actes  et  en  vers, 
a  été  pubhé  pour  la  première  fois  en  1890;  il  a  obtenu  assez  de  succès 
pour  mériter  une  nouvelle  édition;  les  six  rôles  sont  tous  des  rôles 
d'hommes,  et  la  pièce,  destinée  surtout  aux  œuvres  cathoUques  de 
jeunesse,  a  une  allure  dramatique  justîfiant  les  lettres  élogieuses  qui 
l'accompagnent. 

19.  —  Ripoche,  drame  vendéen  en  un  acte,  est  fondé  sur  une  anec- 
dote historique  :  l'humble  héros  de  la  pièce  a  vécu,  et  il  est  mort  en 
prononçant  les  paroles  qui  lui  sont  attribuées.  Ce  genre  de  pièce 
basée  sur  des  faits  réels,  est  utile  pour  faire  connaître  à  la  jeunesse 
chrétienne  des  actes  héroïques,  plus  admirables  souvent  que  les  faits 
et  gestes  de  héros  imaginaires.  Comtesse  de  Colrson. 


THÉOLOGIE 


TriflvitiiBi    eurliaristiquc  et    Iii8tr«i*tloiis  «»ur  la  coirniu- 
iii4in  (luolitlieMue,  «l'après  les  di^ctet*    «le   t<ia    KaJuttteCé 

Pie  IL,  par  le  P.  Jules  Lintelo.  2«  éd.  Tournai  et  Paris,  Casterraan, 
1909,  in-8  de  180  p.  —  Prix  :  1  fr. 
Apré«  trcis  «n«.  àj»  l'^s'atique  «lu  déei*et  sur  la  coatNitft- 


—  428  — 

■lion  C|uoti«lienne  dans  les  qiiaisou!^  d'éducation,   par   le 

P.  Jules  Lintelo.  Tournai  et  Paris,  Casterinan,  1909,  in-8  de  47  p. — 
Prix  :   0  fr.  40. 

Le  P.  Lintelo  s'est  fait,  surtout  depuis  le  décret  du  20  décembre  1905, 
l'infatigable  propagateur,  par  la  parole  et  par  la  plume,  de  la  commu- 
nion quotidienne.  La  première  de  ces  deux  brochuies  donne  l'ensemble 
des  documents  et  instructions  utiles  à  cet  effet.  On  y  trouve  tout 
d'abord  :  le  décret  du  20  décembre  1905,  sur  la  communion  quoti- 
dienne ;  la  lettre  de  la  Congrégation  des  indulgences  à  l'Épiscopat,  10 
avrl  1907,  pour  l'institution  d'un  triduum  eucharistique  annuel  dans  les 
cathédrales  et  même,  autant  que  possible,  dans  les  éghses  de  paroisses; 
l'Instruction  aux  prêtres  associés  do  la  Ligue  eucharistique;  un  appel 
aux  prêtres  pour  qu'ils  entrent  dans  la  voie  tracée  par  Rome;  diverses 
industries  et  une  instruction  sur  ces  documents  et  sur  les  moyens  de  les 
faire  valoir.  Suivent  des  sujets  d'instructions  pour  le  triduum  eucharisti- 
que, tous  ordonnés  à  promouvoir  la  communion  qu(  tidienne,  et  à  écar- 
ter les  obstacles.  Une  troisième  partie  rappelle  les  principaux  moyens  à 
employer  dans  les  paroisses,  dans  les  patronages,  dans  les  maisons 
d'éducation.  Je  veux  signaler  en  particulier  les  pages  sur  l'abstention 
systématique  d'un  jour  par  semaine.  L'auteur  n'a  pas  de  peine  à 
montrer  que  c'est  là  un  préjugé,  et  que  les  raisons  que  l'on  en  donne 
ne  plaident  pas  pour  cette  abstention  systématique. 

—  Dans  sa  deuxième  brochure,  le  P.  Lintelo  cite  quelques  faits, 
répond  aux  craintes  et  aux  préjugés,  indique  quelques  conditions  de 
progrès. 

En  appendice,  un  appel  aux  jeunes  gens,  propagé  par  la  Ligue  de 
la  communion  quotidienne  de  Toulouse.  On  y  lit  que  la  chasteté  «  n'est 
possible  qu'avec  la  communion  quotidienne  ».  Il  y  a  bien  un  semblant 
de  correctif,  et  le  ton  est  oratoire  (avec  l'accent  méridional).  Mais  il 
reste  que  c'est  exagéré.  Il  faut  remarquer  aussi  que  le  décret  parle 
de  communion  «  fréquente  ou  quotidienne».  C'est  pour  simplifier,  sans 
doute,  qu'on  dit  «  quotidienne  »  tout  court;  et  la  simplification  est 
bien  dans  le  sens  du  décret.  Encore  est-il  qu'il  serait  bon  d'avertir, 
ne  fût-ce  que  pour  ôtér  un  prétexte  au  reproche  d'exagération. 

J.-V.  Bainvel, 


SCIENCES  ET  ARTS 

li'Idée  de  Dieu  dans  le»  sciences  oontcmiioralnes.  1.  I^e 
Firmament,  l'atome,  le  Tlonde  végétal,  par  le  D'  Louis 
MuRRET  et  le  D'  Paul  Murret.  Paris,  Téqui,  1909,  petit  in-8  de 
Lvii-464  p.  —   Prix  :  3  fr.'50. 

li'Eglise  et  le  Progrès  da  monde,  par  Charles  Stanton  De  vas; 
traduit  de  l'anglais  par  le  P.  J.-D.  Folghera.  Paris,  Lecofîre,  Ga- 
balda,  1909,  in-12  de  in-311  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Curiosités   iiistoriques.   HUtoire    sangllante   de    l'Riunia- 


—  429  — 

•lîté,  par  Fernand  Nicolay.   Paris,   Téqai,  1909,  in-12  de  312  p.    — 
Prix  :  2  fr. 

Pour  qui  sait  lire  le  livre  de  la  nature,  en  discerner  les  innombrables 
merveilles  et  remonter  à  travers  la  chaîne  des  causes  secondes 
j  usqu'à  leur  Cause  première,  tout,  à  chaque  ligne,  proclame  la  souveraine 
sagesse  de  son  Créateur  et  Ordonnateur.  Mais  encore,  de  ee  livre  lar- 
gement ouvert  à  tous,  faut-il  savoir  faire  la  lecture,  en  discerner  et 
en  comprendre  les  innombrables  caractères,  en  saisir  le  sens  et  la 
portée  infinie.  C'est  cette  lecture  que  font  pour  nous  les  docteurs  L.  et 
P.  Murreb,  en  publiant  l'Idée  de  Dieu  dans  les  sciences  contemporaines. 
Il  vient  d'en  paraîi^re  un  premier  volume,  qui  étudie  :  «Le  Firmament, 
l'Atome,  le  Monde  végétal  ».  En  deux  autres,  qui  nous  sont  annoncés, 
on  envisagera  :  «  Le  Monde  animal  et  l'Organisme  humain  «,  et  enfin 
«  les  Harmonies  générales,  physiques  et  biologiques  ».  Au  premier, 
qui  a  seul  paru  jusqu'ici,  nous  n'avons  à  décerner  que  des  éloges. 
Honoré  d'une  Préface  —  posthume,  hélas  !  —  du  regretté  Albert 
de  Lapparent,  il  justifie  pleinement  tout  ce  qu'annonce  ce  flatteur 
préambule. 

La  première  partie,  le  «  Livre  premier  »,  envisage  «  l'idée  de  Dieu  » 
dans  y  Astronomie^  et  trace,  en  un  magnifique  tableau,  le  splendide 
résumé  de  tout  ce  que  la  science  des  astres  a  accumulé  jusqu'à  ce  jour 
de  découvertes  et  de  faits  merveilleux  corroborés  par  des  calculs  de  la 
plus  rigoureuse  exactitude.  A  propos  du  fameux  problème  des 
trois  corps,  «  problème  des  plus  ardus,  presque  insoluble  »  quand  il 
s'agit  de  «  déterminer  en  vue  d'une  disposition  toujours  harmonieuse 
les  résultats  de  leurs  actions  réciproques  »,  il  est  fait  remarquer  que, 
quand,  au  lieu  de  trois  corps,  il  y  en  a  quatre,  «  c'est  fini  »,  la  science, 
l'analyse  mathématique  la  plus  transcendante,  est  impuissante  à  ré- 
soudre le  problème.  Or,  le  nombre  des  corps  et  systèmes  de  corps  se 
soutenant  dans  l'espace  en  un  harmonieux  équilibre  est  immense, 
presqu'infini  :  quelle  intelligence  assez  puissante  intégrera  jamais 
l'équation  de  leurs  multiples  mouvements?  —  Ce  détail  n'est  qu'un 
exemple  pris  entre  mille.  A  chaque  pas  ressoit  avec  évidence  cette 
finahté  des  harmonies  de  l'univers  que  seul  peut  nier  un  parti  pris 
systématique  et  préconçu. 

Le  Livre  II  :  Physique  et  chimie  moléculaires,  prend  pour  objectif 
l'atome,  et  nous  émerveille  autant  dans  les  insondables  profondeurs 
de  l'infiniment  petit,  que  tout  à  l'heure  il  nous  avait  comme  anéantis 
devant  les  magnificences  de  l'infiniment  gi*and.  L'imagination  ne 
recule-t-elle  pas  comme  effrayée  à  l'aspect  de  ce  monde,  de  cet  uni- 
vers contenu  dans  l'atome,  dont  les  composants,  proportionnellement 
à  leurs  masses,  se  meuvent,  à  une  distance  du  noyau  central,  comparati- 
vement semblable  à  celle  des  planètes  autour  du  soleil  !  Et  cet  atome 


—  430  — 

est  tellement  petit  à  nos  sens  grossiers  et  imparfaits  qu'il  échappe 
même  à  nos  instruments  optiques  les  plus  grossissants  et  ne  peut  être 
atteint  que  par  le  calcul.  Comme  au  Livre  I^'',  nous  sommes  tenus 
à  nous  borner  ici  non  pas  même  à  uTie  analyse  écourtée,  mais  à  un 
pauvre  exemple  choisi  au  hasard. 

Nous  forons  de  même  au  Livre  III,  la  Botanique,  où  la  merveilleuse 
finalité  divine  n'éclate  pas  moins  dans  la  richesse  de  la  flore  terrestre 
qu3  dans  l'histologie  des  différentes  parties  de  la  plante  :  feuille,  racine, 
tige,  fleurs  et  mj^stères  de  leur  fécondation,  graine,  etc.  Ce  livre  III 
est,  comme  on  le  voit,  un  véritable  traité  de  physiologie  végétale, 
mais  envisagé,  comme  les  précédents,  au  point  de  vue  philosophique 
en  même  temps  que  scientifique. 

Il  faudrait  disposer  de  beaucoup  plus  de  place  que  n'en  peut  ac- 
corder le  Pohjbiblion  pour  analyser  et  apprécier  complètement  et  dans 
le  détail  ce  volume,  précédé  d'une  Introduction  étendue  et  qui  est  une 
vraie  théodicée  fondée  sur  le  tableeu  de  la  nature,  en  môme  temps 
qu'une  réfutation  des  vaines  et  décevantes  doctrines  du  matérialisme. 

- —  Écrit  à  un  point  de  vue  analogue  à  celui  du  précédent  ouvrage, 
bien  que  très  différent  et  avant  tout  historique,  le  volume  qui  porte 
pour  titre  :  L''ÉgIise  et  le  Progrès  du  monde  pourrait  être  intitulé  aussi 
exactement  :  «  Introduction  à  une  philosophie  chrétienne  de  l'histoire.  » 
Il  comprend  deux  parties  de  très  inégale  étendue,  dont  lapremièie, 
sous  cette  rubrique  :  La  Civilisation,  est  comme  la  préface  de  la 
seconde  :  Le  Christianisme. 

Trois  grandes  écoles  philosophiques  proposent  une  solution  à  la 
grande  énigme  sociale  et  se  partagent  le  monde  :  Panthéisme,  Matéria- 
lisme et  Théisme.  Inanité  des  solutions  données  par  les  deux  premières, 
supériorité  du  Théisme,  lequel  ne  va  pas  toutefois  sans  rencontrer  des 
difficultés.  Paganisme,  Judaïsme,  Christianisme  :  après  ce  dernier, 
les  «Post-Chrétiens»  sont  représentés  parlTslamisme,  le  Philosophisme, 
la  patissée  révolutionnaire.  Difficultés  encore  se  rencontrent  de  toute 
part.  Or,  ces  difficultés,  le  catholicisme,  et  le  catholicisme  seul, 
prétend  les  résoudre.  Tel  e«t,  très  sommairement  indiqué,  le  sens  de  la 
«  Première  Partie  ». 

Le  Christianisme  intégral,  autrement  dit  le  Cathohcisme,  prête 
aux  attaques  des  adversaires  par  diverses  antincmies  qu'il  s'agit 
d'expliquer.  C'est  le  sujet  de  la  «  Seconde  Partie  ».  L'auteur  en  compte 
dix  :  K^  l'Église  se  montrant  tout  ensemble  opposée  et  favorable  à 
la  civilisation  intellectuelle;  2®  Opposée  et  favorable  à  la  civihsation 
matérielle;  3^  Rehgion  de  souffrance  et  de  bonheui,  morale  faite 
d'austéiité  et  de  joie;.  4^  l'Église  antagoniste  et  soutien  de  l'État, 
sa  rivale  ou  son  alUée;  5«  Égalité  spirituelle  et  inégalité  matérielle; 
6^  Scandales  et  saintetés;  7^  Favorable  et  opposée  à  la  liberté  reh- 


—  431  — 

gieuse  et  à  la  liberté  de  conscience;  8^  l'Eglise  une,  et  la  chrétienté 
divisée;  9«  l'Église  toujours  identique  à  elle-même  et  toujours  chan- 
geante; 10^  enfin,  toujours  vaincue  et  toujours  victorieuse. 

A  chacune  de  ces  antinomies  est  consacré  un  chapitre  explicatif  et 
démonstratif.  L'auteur,  qui  est  Anglais^  appuie  &3s  exposés  et  ses  con- 
sidérations sur  des  auteurs  anglais,  principalement  sur  le  cardinal 
Newmann,  sur  le  P.  Faber  et  le  P.  Tyrrel  ;  et  toutes  les  questions,  sous 
l'inspiration  d'aussi  illustres  maîtres,  sont  traitées  avec  une  grande 
hauteur  de  vues,  une  force  de  raisonnement  d'autant  plus  inébranlable 
qu'elle  est  invariablement  servie  par  une  impeccable  modération  dans 
l'expression;  de  telle  sorte  que,  quelle  que  soit  la  rigueur,  voire  la  sévé- 
rité, quand  il  y  a  lieu,  de  certains  jugements,  on  n'y  rencontre  jamais 
rien  d'offensant  pour  les  personnes. 

Dans  les  questions  de  l'Église  et  de  l'État  (4^  antinomie)  et  de  la 
Liberté  de  conscience  (7^  antinomie)  notamment,  l'autour  présente 
sous  leur  vrai  jour  ces  sujets  si  controvereés,  souvent  miême  obscurcis 
par  une  mentalité  lentement  imprégnée  des  polémiques  et  de  certains 
préjugés  ayant  cours  depuis  un  siècle  et  demi.  La  vérité  pure  est 
clairement  indiquée,  et  les  tempéraments  pratiques  nécessités  par  les 
temps,  les  lieux,  les  mœurs,  ne  sont  pas  repoussés. —  Aux  dix  chapitres 
consacrés  à  la  solution  des  dix  antinomies,  succède  un  chapitre  on- 
zième ayant  pour  objet  le  miracle.  Après  avoir  examiné  la  négation 
de  possibilité  et  la  négation  de  fait  touchant  le  miracle,  l'auteur,  pour 
ne  pas  s'écarter  de  la  méthode  scientifique  qu'il  a  toujours  suivie, 
ouvre  une  large  parenthèse  dans  laquelle  il  envisage  la  doctrine  catho- 
lique du  surnaturel  et  du  miracle,  à  titre  de  pure  hyi>ot;hèse  (une 
sorte  de  doute  méthodique  à  la  Descartes);  après  quoi  il  nous  montre 
comment  cette  «  hypothèse  »  explique  tous  les  faits  constatés  et  obser- 
vés, d'une  manière  claire,  simple  et  qui  écarte  toute  difficulté.  Fermant 
ensuite  sa  parenthèse,  M.  Stanton  Devas  montre  sans  peine  la  réalité 
objective  et  concrète  de  ce  qu'il  avait,  à  titre  provisoire,  traité  comme 
hypothèse. 

Suit,  pour  finir,  un  épilogue  avec  cet  exergue  :  Lux  inter  umbras  et 
imagines,  où  l'auteur  se  défend  modestement  ■ —  beaucoup  trop  me- 
destement,  à  nos  yeux  —  d'avoir  fait  un  ouvrage  complet,  estimant 
que  bien  des  points  y  re&tent  encore  obscure,  mais  qu'en  fixant  tou-, 
jours,  comme  on  fixe  un  visage  aimé,  le  vrai  portrait  de  l'Eglise, 
«  cette  amie  toujours  fidèle  de  l'humanité,  cette  mère  commune  de 
nous  tous  »,  on  la  connaîtra  de  plus  en  plus,  et  l'on  ne  p-eut  la  vraiment 
connaître  sans  l'aimer. 

Ajoutons,  et  ceci  est  à  l'adresse  du  traducteur,  que  le  style  de  l'ou- 
vrage, traduit  en  notre  langue,  toujours  sobre,  clai"  et  mesuré  en 
rend  la  lecture  agréable  et  facile. 


—  432  — 

— Le  même  esprit  large,  élevé,  vraiment  chrétien,  se  retrouve  encore 
en  un  sujet  bien  différent  et  sans  rapport  avec  les  précédents.  Mais  si 
documentée,  si  remplie  de  traits  curieux,  de  faits  étranges  rapportés 
à  tous  les  temps  et  à  tous  les  pays  que  soit  l'Histoire  sanglante  de  l'hu- 
manité, il  est  à  conseiller  aux  personnes  dont  la  fibre  nerveuse  est  dé- 
licate d'en  sauter  le  chapitre  ou  sont  donnés  le  récit  et  la  description 
des  supplices,  principalement  en  Orient.  Ce  volume  a,  en  eff.^t.  pour 
objet  l'histoire  et  la  description  de  tous   les  moyens  inventés  par 
l'homme  pour  donner  la  mort  à  l'homme.  Analysons-le  rapidement.  Il 
débute  par  une  dissertation  sur  la  peine  de  mort  appliquée  aux  assas- 
sins, où  sont  victorieusement  réfutés  les  motifs  de  vaine  sensiblerie 
qui,  par  une  pitié  mal  placée  pour  les  pires  scélérats,  compromet  la 
sécurité  des  hommes  paisibles  et  des  honnêtes  gens.  Suit  un  coup 
d'œil  historique  sur  la  pratique  du  meurtre  et  tout  ce  qui  s'y  rattache 
dans  l'antiquité,  au  moyen  âge  et  jusqu'à  nous.  Toutes  les  formes  du 
suicide  et  de  l'infanticide,  de  l'anthropophagie  et  les  théories  fausses 
pai  lesquelles  on  a  tenté  de  justifier  ces  criminelles  pratiques;  l'ex^^rême 
variété  et  parfois  l'extrême  cruauté  des  supplices  capitaux  aux  di- 
verses époques;  les  sacrifices  humains  dans  l'antiquité  et  presque 
jusqu'à  nos  jours,  sous  la  forme  des  sutties  de  veuves  indiennes  se 
faisant  périr  par  le  feu  auprès  du  corps  de  leur  maii;  enfin  l'homicide 
à  la  guerre  ayant  toujours  pour  compagnon,  chez  le  soldat,  l'abnéga- 
tion, le  dévouement  et  souvent  l'héroïsme;  tels  sont    les  sujets  infi- 
niment variés  traités  par  l'auteur,  accompagnés  constamment  de 
références,  de  citations  d'écrivains  de  toutes  les  époques,  fréquemment 
agrémentés  d'anecdotes,  et  jugés  à  l'aide  de  réflexions  toujours  sensées, 
toujours  exemptes  des  éloquentes  exagérations  de  Joseph  de  Maistre 
sur  le  rôle  divin  de  la  guerre,  et  du  pacifisme  (avant  la  lettre)  d'Emile 
de  Girardin,  il  y  a  quelques  cinquante  ou  soixante  ans.  Mal  en   soi, 
mais  mal  nécessaire,  la  guerre  devient  légitime  et  noble  quand  elle 
a  pour  objet  la  défense  du  pays  attaqué  ou  menacé. 

Écrit  d'un  bout  à  l'autre  dans  un  excellent  esprit,  ce  livre  sera 
utile  aux  érudits,  aux  criminalistes,  aux  historiens,  et  intéressera 
d'ailleurs  le  grand  public  lui-même.  C.  de  Kirwan. 


Traité  de  géologie,  par  Emile  Haug.  I.  Les  Phénomènes  géologiques. 
Paris,  Cohn,  1907,  in-8  de  546  p.,  avec  195  fig.  et  cai'tes  dans  le  texte  et 
71  planches  hors  texte.  —  Prix:  12  fr.  50. 

Après  la  publication  du  magistral  Traité  de  géologie  du  regretté 
A,  de  Lapparent,  si  soigneusement  tenu  à  jour,  revisé  et  complété 
par  son  auteur  jusque  dans  les  derniers  temps  de  sa  vie,  il  semblait 
qu'un  savant  français  dût  renoncer  à  entreprendre  de  rédiger  un  nou- 
vel ouvrage  du  même  genre.  De  fait,  l'œuvre  du  maître  était  si  re- 


—  433  — 

marquablc  que,  pendant  de  longues  années,  elle  est  demeurée  sans 
rivale  ;  et  peut-être  le  serait-elle  encore  si  M.  Emile  Haug,  professeur 
de  géologie  à  la  Sorbonne,  n'avait  été  amené  par  son  enseignement 
à  composer  un  nouveau  Traité  de  géologie,  dont  le  premier  volume 
a  pani  en  1907.  —  Dans  cet  ouvrage,  le  point  de  vue  auquel  s'est,  de 
préférence  à  tout  autre,  placé  l'auteur  est  (M.  Haug  le  déclare 
formellement  à  la  page  5)  le  point  de  vue  historique;  son  but  est  de 
retracer  l'histoire  des  transformations  successives  qu'a  subies  le  globe 
terrestre  au  cours  de  son  évolution.  Mais  est-il  possible  de  r^'uiplir 
ce  programme  sans  débuter  par  étudier  les  phénomènes  d'ordre  géo- 
logique qui  se  produisent  actuellement  sur  le  globe  terrestre  comme 
ils  s'y  sont  produits  aux  époques  antériem*es?  Évidemment  non.  Voilà 
pourquoi  M.  Haug  a  consacré  le  premier  volume  de  son  Traité  aux 
«  Phénomènes  géologiques  ».  —  Ces  différents  phénomènes,  multiples, 
et  complexes,  se  manifestant  généralement  dans  un  ordre  déterminé^ 
de  manière  à  former- le  «  cycle  des  phénomènes  géologiques  »  (Chap.  I), 
c'est  à  cet  ordre  même  qu'il  convient  de  recourir  pour  en  entreprendre 
l'examen,  et  c'est  bien  ainsi  que  procède  M.  Haug-  Écartant  systéma- 
tiquement comme  déjà  connues  toutes  lesnotions  générales  empruntées 
à  l'astronomie  et  à  la  géodésie,  il  débute  par  mettre  en  pleine  lumière 
les  traits  particulièi  ement  saillants  de  la  morphologie  du  globe  terres- 
tre et  par  définir  les  milieux  physiques  terrestres  et  marinsi,  ainsi  que 
les  conditions  de  l'existence  sur  les  continents-  et  dans  les  océan» 
(Chap.  II  à  VIII);  et  il  a  grand  soin  d'insister  surtout,  sinon  exclusi- 
vement, au  cours  de  ces  chapitres  de  notions-  préliminaires,  sur  les 
tiaits  susceptibles  d'avoir  une  application  géologique  directe.  Avec 
les  phénomènes  de  lithogénèse,  qui  constituent  la  première  phase  du 
•cycle  des  phénomènes  géologiques,  M.  Haug  pénètre  ensuite  au.  cœur 
même  de  son  sujet,  et  aborde  vraiment  l'examen  des  différentes 
manifestations  dont  les  milieux  continentaux  et  océaniques  sont  le 
théâtre.  Il  montre  d'abord  comment  se  forment  et  se  transforment 
les  sédiments  (et  il  en  profite  pour  traiter  dans  un  chapitre  spécial, 
le  chapitre  X,  la  question  de  la  formaticm  do  la  houille),  puis  comment 
ils  se  distribuent  et  constituent  les  «  faciès  ».  Comme,  dans  la  nature, 
a  phase  orogénésique  succède  à  la  phase  de  lithogénèse,  de  même, 
dans  son  Traité  de  géologie,  M.  Haug  consacre  aux  phénomènes 
d'orogenèse  des  pages  très  claires  et  très  précises  parmi  lesquelles  on 
remarquera  particuhèrement  celles  qui  se  rapportent  aux  phén  amènes 
volcaniques  et  aux  tremblements  de  teiTe  (Chap.  XMI-XXII);  il 
termine  par  l'étude  de  la  dernière  phase  du  cycle,  cette  phase  de  glyp, 
togénèse  au  cours  de  laquelle  ces  mêmes  agents  dynamiques  externes 
qui,  naguère,  ont  préparé  les  matériaux  de  la  sédimentation, modifient 
Novembre  1909.  T.  CXVI.  2P 


—  434  — 


la  forme  des  reliefs,  la  sculptent,  la  modèlent  et  la  transforment  sans 
cesse.   A   ces   différents   agents  :  eaux  souterraines,  agents   atmos- 
phériques, eaux  courantes,  glaciers,  vagues  du  l'ttoral,  £ont  afîectés 
des  chapitres  spéciaux,  qui  occupent  à  peu  près  un  tiers  du  volume 
(Chap.  XXIII-XXVII)  et  dent  la  conclusion  se  trouve  dans  les  der- 
nières pages  du  Uvre.  M.  Haug  y  montre  comment,  par  suite  du  dépla- 
cement des  lignes  de  rivage,  la  pénéplaine  form^ée  sur  l'emplacement 
d'une  chaîne  de  montagnes  par  l'action  prolongée  de  toutes  les  forces 
destructives  des  reliefs  peut  être  envahie  par  les  eaux,  et  devenir 
par  conséquent  le  théâtre  d'un  nouveau  cycle  de  phénomènes  géolo- 
giques; il  y  expose  comment  et  dans  quelles  conditions  se  sont  pro- 
duits à  la  surface  du  sol  les  mouvements  orogéniques  et  épirogéniques, 
mais  il  reconnaît  que  la  part  revenant  dans  ces  mouvements  aux 
divers  agents  physiques  «  nous  échappe  encore  en  grande  partie.  Ce 
n'est  que  par  des  approximations  successives  que  nous  arriverons 
à  nous  rapprocher  de  la  vérité  ».  • —  Sur  ces  paroles  s'arrête  M.  Haug, 
dont  le  volume  constitue  l'exposé  le  plus  complet  et  le  plus  précis, 
le  plus  utile  aux  géographes  comme  aux  géologues,  que  nous  possé- 
dions actuellement  du  cycle  des  phénomènes  géologiques.  Exposé  très 
simple,  à'peu  près  totalement  dégagé  de  notes  infrapaginales,  et  dont 
l'appareil  Libhographique  est  rejeté  à  la  fin  de  de  chaque  chapitre, 
ce  qui  permet  au  lecteur  de  suivre  d'un  bout  à  l'autre,  sans  interrup- 
tion d'aucune  sorte, les  développements  et  les  expHcations  de  l'auteur; 
exposé  dans  lequel  les  qualités  professorales  de  ]\I.  Haug  brillent  de 
tout  leur  éclat.  Il  semble  impossible,  en  vérité,  de  mieux  faire  compren- 
dre la  continuité  et  l'enchaînement  des  différents  phénomènes,  de 
mieux  mettre  en  relief  les  faits  essentiels.  J'ajoute  que  la  forme  en 
est  très  agréatle  et  la  langue  toujours  très  claire;  si  l'auteur  n'hésite 
pas  à  employer  les  termes  techniques,  du  moins  débute-t-il  toujours 
par  en  expUquer  soigneusement  le  sens.  Enfin  une  multitude  de  figures, 
de  cartes  et  71  planches  de  superbes  reproductions  photographiques 
constituant   un   véritable    eJbum   géographico-géologique   accompa- 
gnent le  texte  de  M.  Haug  et  fournissent  les  «  pièces  justificatives  », 
en  quelque  sorte,  de  son  exposé.  Ainsi  se  trouve  constitué  un  ouvrage 
remarquable,  très  bien  fait  et  vraiment  utile,  sur  lequel  il  convenait 
d'insister  quelque  peu.  Nous  l'avons  fait  tardivement,  sans  aucun 
doute;  mais  est-il  jamais  trop  tard  pour  parler  d'un  excellent  livre  et 
pour  en  signaler  les  mérites  de  toute  nature?  Aussi  n'avons-nous  pas 
hésité  à  nous  arrêter  avec  quelque  détail  sur  le  tom.e  1er  du  Traité  de 
géologie  de  M.   Emile   Haug.  Hen^i   Froidevaix. 


—  435  — 
LITTÉRATURE 

Dante  Alighieri.  liR  Elivine  Comédie,  traduite  et  commentée 
par  A.  MÉLioT.  Paris,  Garnier,  1908,  in-8  de  614  p.,  avec  2  portraits. 
—   Prix  :  7  fr.  50. 

Cette  nouvelle  traduction  de  la  Divine  Cométiie,  venue  après  tant 
d'autres,  est  consciencieuse  et  généralement  fidèle;  elle  témoigne  d'un 
réel  eiïort  pour  saisir  et  rendre  en  termes  concis  la  pensée  du  poète; 
mais  l'auteur  ne  serre  pas  toujours  le  texte  d'assez  près,  et  il  aurait  pu, 
dans  bien  des  cas,  Conserver  dans  sa  prose  quelqut^  chose  de  plus  du 
rythme  de  l'original;  ce  que,  suivant  en  cela  le  conseil  donné  jadis  par 
Sainte-Beuve,  il  s'est  appliqué  à  faire  pour  le  fameux  début  du 
chant  III  de  l'Enfer,  il  ne  semble  pas  avoir  suffisamment  cherché  à  le 
réaliser  ailleurs. 

Mais  ce  qui,  à  nos  yeux,  fait  le  principal  intérêt  de  cette  publication, 
c'est  moins  la  traduction  elle-même  de  la  Divine  Comédie,  que  l'impor- 
tant commentaire  qui  l'accompagne  et  qui  constitue  chez  nous  une  nou- 
veauté. Assurément,  quelques-unes  des  traductions  françaises  qui  ont 
précédé  celle-ci  ne  sont  pas  entièrement  dépourvues  de  notes  ;  rares  et 
courtes  dans  la  Divine  Comédie  de  Brizeux,  elles  sont  plus  fréquentes 
dans  l'Enfer  de  LiLtré  ;  on  trouve  aussi  des  notices  explicatives  en  tête  de 
chaque  chant,  dans  la  traduction  de  M.  de  Margerie;  mais  c'est  ici  la 
première  fois  que  l'on  olîre  au  public  français  un  commentaire  déve- 
loppé du  grand  poème  de  Dante.  Il  faut  distinguer  dans  celui-ci  deux 
sortes  de  notes  :  les  unes,  plus  nombreuses  et  plus  brèves,  sont  placées 
au  bas  des  pages  ;  les  autres,  généralement  plus  développées,  sont  re- 
jetées à  la  fin  de  chaque  chant;  ces  dernières  sont  rései'vées  aux  dis- 
cussions d'une  certaine  étendue  et  aux  éclaircissements  que  l'auteur 
a  jugés  moins  nécessaires  au  lectcu]'  pour  l'intelligence  du  texte;  on  y 
relève  çà  et  là  quelques  réflexions  superflues  qui  pourraient  être  re- 
tranchées sans  dommage;  mais,  en  somme,  ce  commentaire,  suffisam- 
ment complot,  sans  être  touffu,  comme  quelques  autres,  est  d'assez 
justes  proportions;  il  a,  entre  autres  mérites,  celui  de  la  clarté. 

Traduction  et  commentaire  sont  précédés  d'une  Introduction  sur 
«  Dante,  sa  vie  et  ses  œuvres  »,  où  il  y  aurait  bien  à  reprendre.  Ainsi 
(p.  24),  l'auteur  donne  comme  «  certain  »  le  séjour  de  Dante  à  Paris 
(en  1295;  le  poète  aurait  même  eu  Giotto  comme  compagnon  de  route; 
cf.  p.  5)  ;  rien,  au  contraire,  n'est  plus  incertain  ;  et,  dans  le  premier  cha- 
pitre de  son  grand  ouvrage  sur  Dante  e  la  Erancia,  M.  A.  Farinelli,  après 
bien  d'autres,  mais  avec  plus  de  force  que  d'autres,  a  montré  com- 
bien peu  de  cjéance  il  fallait  accorder  aux  témoignages  relatifs  à  ce  pré- 
tendu voyage.  D'autres  parties  de  cette  Introduction,  comme  les  deux 
pages  consacrée-s  aux  portraits  de  Dante,  sont  bien  insuffisantes.         î:;^ 


—  436  — 

En  revanche,  on  saura  gré  à  l'auteur  d'avoir  (p.  47-53)  essayé  de 
fixer  r  «  horaire  de  la  Divine  Comédie)^;  malheureusement,  M.  Méliot 
ne  païaît  pas  avoir  eu  connaissanGe  du  travail  capital  de  M.  Edward 
Moore  sur  la  question,  travail  publié  d'abord  en  anglais,  sous  le  titre  : 
Timc-references  in  the  D.  C,  puis,  après  revision,  traduit  en  italien  sous 
ce  nouveau  titre  :  Gli  accenni  al  tempo  nella D.  C.  ;  je  n'insisterai  pas  sur 
les  points  où  les  deux  auteurs  sont  en  désaccord;  mais  il  est  une  erreur 
singuUère  de  M.  Méhot^que  je  ne  puis  passer  sous  silence, parce  qu'elle 
trouble  toute  sa  chronologie;  elle  porte  sur  la  date  de  Pâques;  en 
l'an  1300,  cette  fête  tombait  non  le  27  mars,  comme  il  semble  le  croire 
et  comme  il  l'imprime,  mais  bien  le  10  avril. 

M.  Méliot,  qui  a  négligé,  comme  d'ailleurs  tant  d'autres  traducteurs, 
d'avertir  c{uelle  édition  avait  servi  de  base  à  son  travail  (serait-ce 
celle  de  Padoue,  1822,  qu'il  vante  tout  particuhèrement  ?),  a  donné,  à 
la  fin  de  son  volume,  une  «  Bibliothèque  sommaire  des  sources  à  con- 
sulter «;  c'est  là,  de  beaucoup,  la  partie  la  plus  faible  de  tout  le  livre. 
On  est  vraiment  surpris  de  n'y  rencontrer,  à  deux  ou  trois  exceptions 
près,  la  mention  d'aucun  ouvrage  ayant  moins  de  30  ou  35  ai;is  de  date; 
pas  une  des  innombrables  publications  dantesques  parues  en  Italie 
(si  ce  n'est  un  récent  volume  de  M.  Ricci),  en  Allemagne  ou  en  Angle- 
terre, pendant  le  dernier  quart  du  xrx*'  siècle,  et  depuis,  ne  figure  dans 
cette  maigre  liste;  pas  môme  certaines  éditions,  copieusement  com- 
mentées et  très  répandues,  qu'il  semble  que  l'auteur  eût  dû  avoir  cons- 
tamment sous  la  main,  comme  celles  de  Scartazzini  ou  de  M.  CasinL 
Il  y  a  là  une  étrange  lacune. 

Le  livre'  n'est  donc  pas  sans  défaut  ;  il  rendra  néanmoins  des  ser* 
vices;  et  la  tentative  de  M.  Méliot,  nouvelle  chez  nous,  ne  peut  qu'être 
approuvée.  L.  Ai  vr\y. 

Hîstoâi'e    élémentaire    de   la    litiérature    traii^aise,    par 

Eugène    Lintilhag.   Paris,   E.   André    fils,   1909,   in-12  de  488  p.  — 
Prix  :  3  fr.  50. 

Étudem  critiques  sur  la  tradition  littéraire  de  la  France, 

par  Maurice  Wilmotte.  Paris,  Champion,  1909,  in-16  de  xiv-323  p. — 
Prix  :  3  fr.  50. 

Ktuiiee  SIM»  la  littérature- française,  par  René  Doumic.  6^  série. 
Paris,  Perrin,  1909,  iu-16  de  359  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

M.  Eugène  Lintilhac  avait  publié  naguère  un  Précis  historique  et 
critique  de  la  littérature  française  en  deux  volumes.  Dans  son  Histoire 
élémentaire  de  la  littérature  française,  il  reprend  ce  sujet  pour  un  public 
plus  étendu.  Voici  comment  il  a  partagé  cette  ample  matière  :  Intro- 
duction. Formation  de  la  langue  française.  Langue  d'oc  et  langue 
d'oïl.  —  La  Poésie  du  Midi.  —  Les  Troubadours.  Chapitre  I.  Les  Trou- 
vères. —  Chansons  de  geste.  Les  Trois  Cycles.  IL  Les- Fabliaux.  — Le 


-  437  — 

Roman  de  Renard.  III.  Le  Roman  de  la  Rose  et  la  Poésie  allcgojique. 
Poésie  lyrique  du  Nord  des  origines  au  xv^  siècle.  IV.  Poésie  dra- 
matique :  Les  Mystères.  V.  Suite  de  la  Poésie  dramatique  :  Moralités, 
Monologues  et  Sermons  joyeux,  Sotties,  Farces.  —  Les  Acteurs  et  la 
mise  en  scène  au  moyen  âge.  VL  La  Prose.  —  Les  quatre  grands  Chro- 
niqueurs :  Villehardouin,  Joinville,  Froiseart,  Commynes.  VIL  xv« 
siècle  :  Aperçu  rapide.  —  xvi^  siècle  :  La  Renaissance,  la  Réforme. 
VIII.  La  Poésie  française  pendant  la  première  moitié  du  xvi^  siècle  : 
Clément  Marot  et  son  école.  IX.  Ronsard  et  la  Pléiade.  X.  Le  Théâtre  : 
Commencement  de  la  Tragédie  et  de  la  Comédie.  XL  La  Prose;  sa 
richesse  en  tous  les  genres.  Érudits,  Philosophes,  Théologiens,  Poli- 
tiques, Historiens,  Conteurs.  XII.  Rabelais.  ■ —  Montaigne.  XIII, 
Les  Auteurs  de  Mémoires.  • —  La  Satyre  Ménippée.  XIV.  Fin  de  l'école 
de  Ronsard  :  D'Aubigiié,  Régnier,  Malherbe.  XV.  La  Littérature  sous 
Louis  XIII,  Richeheu  et  Mazarin  :  l'Hôtel  de  Rambouillet;  l'Acadé- 
mie française.  XVI.  La  Tragédie  au  xvii*^  siècle.  XVII.  La  Comédie 
au  xvii^  siècle.  XVIII.  La  Poésie  didactique;  la  Satire;  la  Fable. 
XIX.  Les  MoraHstes.  XX.  L'Éloquence  de  la  chaire.  XXI.  Les  Lettres. 
—  Les  Mémoires.  XXII.  Montesquieu.  —  Bufïon.  XXIII.  Voltaire. 
XXIV.  Jean- Jacques  Rousseau.  XXV.  Le  Théâtre  et  la  Poésie  au 
xviiie  siècle.  XXVI.  Caractère  général  du  xviii^  siècle  :  les  Philoso- 
phes et  les  Savants.  XXVII.  La  Littérature  pendant  la  Révolution 
et  l'Empire.  XXVIII.  Le  Mouvement  littéraire  au  xix^  siècle.  —  La 
Poésie.  XXIX.  Le  Mouvement  Uttéraire  au  xYx^  siècle.  ■ — La  Prose. — 
On  remarque  dans  cet  ouvrage  une  érudition  abondante,  surabondante 
même  et  un  peu  tourbillonnante,  mais  c'est  un  tourbillon  plein  de  verve 
et  qui  entraine.  L'auteur  fait  oublier  ou  pardonner  les  lapsus,  insé- 
parables de  sa  course  hâtive,  par  le  grand  nombre  de  traits  vifs  et 
ingénieux,  souvent  justes  et  pénétrants,  qu'il  jette  dans  l'esprit  du 
lecteur.  Son  ardeur  littéraire  est  passionnée,  convaincue;  son  goût 
généralement  sain.  Nous  sommes  heureux  de  louer  en  particulier 
la  réserve  morale  qu'il  s'impose  et  ses  efforts,  sinon  d'impartialité, 
au  moins  de  prudence  doctrinale.  Toutefois,  à  ce  dernier  égard,  il 
y  a  entre  l'histoire  littéraire  et  l'histoire  religieuse,  philosophique  et 
politique  des  contacts  inévitables.  M.  Lintilhac  a  sincèrement  cherché 
à  éviter  le  plus  possible  que  ces  contacts  ne  devinssent  des  heurts 
et  il  a  même  mis  dans  cette  recherche  un  certain  courage.  Nous  ne 
pouvons  cependant  sur  tel  et  tel  des  points  où  ces  lenconties  se  pro- 
duisent, par  exemple  sur  la  Renaissance,  la  Réforme,  le  Jansénisme, 
le  mouvement  dit  philosophique  Au  xviii^  siècle,  la  Révolution,  etc. 
etc.  ne  pas  noter  ici  des  dissidences  graves  entre  lui  et  nous.  Mais  ne 
devons-nous  pas  le  féliciter  d'avoir  plutôt  tendance,  par  le  temps  qui 


—  438  — 

court,  à  les  atténuer  qu'à  les  creuser  dans  ses  livres  de  littérature? 
N'est-ce  pas,  hélas  !  devenu  un  vrai  mérite  aujourd'hui  de  ne  pas  sa- 
crifier, même  comme  écrivain,  Bossuet  à  Voltaire?  Comment  no  sau- 
riuns-nous  pas  gré  à  M.  Lintilliac  de  cette  «conclusion»  sur  le  grand 
évêque  :  «  Aucun  écrivain  ne  fut  plus  parfait,  aucun  génie  ne  fut  mieux 
discipliné,  ni  mieux  employé,  et  —  ajoutons-le,  puisqu'on  l'a  appelé, 
de  l'autre  côté  du  Rhin,  «  la  superstition  de  la  France  »  ■ —  il  n'est  au- 
cune gloire  dont  nous  devions  être  plus  fiers  »  (p.  303)?  Comment, 
d'autre  part,  pourrions-nous  ne  pas  donner  notre  assentiment  à  ce 
joli  crayon  du  Béarnais  :  «  D'Ossat  et  Jeamiin  sont  des  écrivains 
inférieurs  à  leur  roi.  Tout  historien  de  la  prose  françoise,  au  xvi® 
siècle,  doit  faire  une  place  d'honneur  à  cette  ample  correspondance 
de  Henri  IV,  d'un  style  tour  à  tour  si  sémillant  ou  si  incisif,  toujours 
si  alerte,  où  tout  est  en  action,  où  les  mots  galants  et  les  mots  d'ordre 
se  croisent  et  pétillent  avec  un  entrain  tout  gascon  ou  une  brièveté 
toute  royale.  Ces  Lettres  missives  de  Henri  IV  lui  font  une  biographie 
dont  aucun  liistorien  ne  saurait  égaler  l'intérêt  et  la  couleur  «  (p.  172)  ? 
—  Ce  sont  là  choses  sur  lesquelles  il  est  utile  que  les  Français  de  toutes 
les  opinions  s'honorent  de  ne  pas  différer  d'avis. 

—  Les  Eludes  critiques  sur  la  tradition  littéraire  en  France,  par 
M.  Maurice  \\'ilmottc,  ne  sont  pas  un  ou^Tage  spécial,  ex  professa, 
mais  un  recueil  d'articles  divers  antérieurement  publiés  par  l'auteur 
et  où  il  a  découvert,  au  moment  où  il  les  réunissait  en  un  volume, 
un  certain  nombre  d'idées  ou  d'observations  relatives  de  plus  ou  moins 
près  à  cette  tradition.  Cela  lui  a  permis  d'écrire  un  Avant-propos  quasi- 
didactique,  lequel  ne  s'ajuste  peut-être  pas  bien  exactement  à  la  série 
des  morceaux  qui  le  suivent,  et  dont  voici  l'énumératirn  :  I.  La  Nais- 
sance du  drame  liturgique.  II.  Les  Origines  de  la  chanson  populaire. 
III.  L'Elément  comique  dans  le  théâtre  rehgieux.  IV.  Le  Sentiment 
descriptif  au  moyen  âge.  V.  François  \'illon.  VI.  La  Tradition  didac- 
tique du  moyen  âge  chez  Joachim  du  Bellay.  VIL  La  Critique  Uuté- 
raire  au  xviii^  siècle.  VIII.  Jean-Jacques  Rousseau  et  les  Origines 
du  romantisme.  IX.  Eugène  From^entin  et  les  RéaUstes.  X.  L'Esthé- 
tique des  symbolistes.  —  Les  meilleures  de  ces  études  sont  celles  où 
l'érudition  spéciale  de  M.  Wilmotte  trouve  le  mieux  l'occasion  de  se 
manifester,  c'est-à-dire  les  articles  relatifs  à  la  littérature  du  moyen 
âge  et  en  particul'er  aux  origines  du  théâtre  à  cette  époque.  Elles 
ont  attiré  déjà  et  elles  méritent  de  retenir  l'attention  des.érudits, 
bien  que  sur  tel  ou  tel  point  elles  puissent  donner  lieu  à  contestation. 
Elles  renfeiment  un  bon  n"^mbre  d'observations  exactes  et  de  vues 
mgénieuseset  l'on  y  remarque,  avec  une  sc'ence  de  bon  aloi,  un  sens 
littéraire  avisé,   aiguisé,   mais  un  peu  trop  raffiné  et    pointilleux. 


—  439  — 

Ce  même  sens  littéraire  est  le  principal  mérite  des  études  relatives  à 
la  littérature  moderne  et  contemporaine  et  s'y  manifeste  avec  une 
souplesse  et  parfois  une  vigueur  de  pensée  notables,  mais  aussi  avec 
une  pointe  de  bizarrerie  et  de  paradoxe.  Nous  sornmes  obligé  de  re- 
marquer aussi  que  (notamment  dans  l'article  sur  Jean-Jacques 
Rousseau)  sous  le  littérateur  et  le  critique  perce  l'écrivain  de  parti, 
le  polémiste  libéral,  au  sens  belge  du  mot,  qui  est  loin  d'être  le  meilleur. 
Nous  regrettons  enfm  que  le  distingué  professeur  de  Liège,  dont  le 
style  montre  de  réelles  aptitudes  et  qualités  d'écrivain,  soit  trop 
souvent  tombé  lui-même  dans  les  défauts  que  précisément  il  reproche 
avec  raison  à  l'un  des  auteurs  qu'il  contredit  (p.  293,  note  9).  On  croi- 
rait vraiment  qu'il  s'est  efforcé  par  instants  de  s'approprier  ce  fâ- 
cheux jargon  appelé  par  ses  tenants  «  l'écriture  artiste  »,  Il  nous  dira, 
par  exemple,  que  tel  critique  en  renom  «  baisa  la  Renommée  sur  sa 
bouche  d'or  »  et  qu'il  «  tenta  d'écrire  l'histoire  d'un  art,  où  il  est  surtout 
besoin  d'érudition  et  de  réflexivité  »  (p.  201).  —  Boileau,  selon  lui, 
«  éjacule  ses  discrets  oracles  »  (p.  203)  et  pendant  ce  temps,  ajoute-t-il, 
«  la  critique  littéraire  est  sur  toutes  ces  jolies  lèvres  de  femmes,  arron- 
dies pour  le  baiser]  elle  tonitrue  dans  les  bivouacs,...  elle  est  distillée 
goutte  à  goutte  dans  les  salons,  où  la  perruque  de  Boileau  apparaîtrait 
broussailleuse,  etc.  »  Il  est  question  (p.  210)  d'une  «  exhumation,  dont 
les  cléments  sont  épars  dans  les  notices  »,  et  (p.  213)  de  «  cases  vides, 
où  V infiltration  des  idées  littéraires  se  fait  par  la  voie  la  plus  naturelle  ». 
L'auteur  perçoit  (p.  217)  «  l'écho  grondant  de  ce  que  les  agitations  du 
passé  ont  de  tonique  ou  de  délétère  pour  notre  vie  morale  ».  Il  nous  parle 
d'une  «  formation  lente  et  maturifiée  »  (p.  226).  Il  se  torture  en  un  mot 
pour  gâter  son  talent  à  force  de  vouloir  le  mettre  en  relief  et  en  lu- 
mière. Mais  M.  Wilmotte  a  certainement  à  sa  disposition  de  meilleurs 
moyens  de  se  distinguer  (on  le  sait  par  ses  travaux  et  ce  volume 
même  le  prouve)  que  de  se  mettre  ainsi  à  la  remorque  des  esthètes, 
des  décadents  et  des  symbolistes.  Le  cas  même  que  nous  faisons  de  son 
mérite  nous  engage  à  lui  crier  Hola  !  sur  ce  point. 

—  Nous  ne  saurions  proposer  au  docte  professeur  de  Liège  un  meil- 
leur antidote  au  poison  littéraire  dont  il  s'est  imbu  chez  de  prétendus 
artistes  que  l'excellente  langue  dans  laquelle  sont  écrites  les  Études 
sur  la  littérature  française  dont  M.  René  Doumic  vient  de  nous  donner 
une  sixième  série.  Voici  les  sujets  traités  :  I.  Les  Lettres  de  saint 
Franc 'is  de  Sales.  II.  Gui  Patin.  III.  Le  Racine  de  M.  Jules  Lemaitre. 
U'.  Les  Plagiats  des  classiques.  V.  Fontenelle.  VI.  Le  Véritable  Ber- 
nardin de  Saint-Pierre.  VIL  L'Avènement  de  Bonaparte.  VIIL  Une 
Histoire  de  1815.  IX.  Elvire  à  Aix-les-Bains.  X.  Les  Derniers  Jours 
et  la  mort  d'Elvire.  XL  Pathologie  du  romantisme.  XII.  Le  Roman' 
personnel.  XIII.  Romans  de. femmes.  XIV.  La  Littérature  de  voyages. 


—  440  - 

XV.  LaJeatme  d'/Arc  de  M.  AnaU>le  Franco.  X\\.  Un  nouvel  Histoiien 
de  V&mxe.  Appendice.  Le  séjour  d'Elvire  à  Aix-les-Bains.  —  JVIettons 
à  part  l'article  sur  la  Jeanne  d'Arc  de  l'acadéiaaicien  dont  M.  Doumic 
est  devenu  maintenant  le  confrère.  Nous  ne  saurions  souscrire  à 
l'indulgence  fleurie  dont  il  a  tempéré  un  jugement  sévère  au  fond. 
Notons  aussi  quelque  complaisance,  d'ailleurs  mieujc  fondée,  dans 
l'appréciation  des  livres  d«  M.  Henry  Houssaye  sur  les  Cent  Jours. 
Regrettons  enfin  que  les  articles,  intéressants  du  reste,  sur  l'Elvire 
■de  Lamartine,  n'aient  pas  été  réservés  pour  un  autre  recueil  où  ils 
eussent  été,  selon  nous,  mieux  à  leur  place  qu'en  celui-ci,  d'autant 
^lus  qu'il  ne  serait  pas  tout  à  fait  injuste  de  leur  appliquer  certaines 
l'emarques  de  la  «  Pathologie  du  rtmantisme  ».  ■ —  Cela  dit  et  ces  res- 
trictioiis  faites,  il  ne  nous  reste  plus  guère  qu'à  louer,  dans  son  en- 
semble, pour  le  fond  et  pour  la  forme,  un  livre  que  nous  avons  lu  et 
que  l'on  lira  avec  charme  et  avec  fruit.  M.  S. 


f dées  et  «lootrin^is  lîltéi'aîi»es  «lu  X.VIIie  «iècle  [ejctraits  des- 

£  réfaces,   traités  et   autres  écrits  théoriques),   par    Francisque    Vial    et 
lOuis  Denise.  Paris,  Delagrave,  1909,  in-18  de  viii-430  p.  —  Prix:  4  fr. 

Cet  ouvrage  fait  suite  à  un  autre  sur  le  xvii^  siècle  que  nous  avons 
annoncé  ici  même  en  son  temps  {Polybiblion.,  avril  1906,  t.  CVl,  p.  339), 
et  lui-même  sera  suivi  d'un  troisième  relatif  au  xjx<^  siècle. 

La  première  partie  du  n-ouveau  volume  se  rattache  directement 
à  la  conclusion  du  précédent  en  nous  donnant  la  suite  de  la  Querelle 
des  anciens  et  des  modernes  :  M"^^  Dacier,  La  Motte,  Fénelon,  l'Ency- 
clopédie, Voltaire,  Condorcet  et  quelques  autres  fournissent  les 
extraits  qui  remplissent  cette  première  partie.  La  deuxième  partie 
traite  de  l'Esprit  au  xviii^  siècle  et  l'Idéal  classique.  Trois  auti  es  parties 
étudient  tour  à  tour  les  différents  genres  :  IILLe  Théâtre;  IV.  Les^ 
Genres  poétiques  (épopée,  ode,  églogue,  poésie  didactique  ou  des 
criptive);  V.  Les  Genres  en  prose  (histoire,  roman,  éloquence). 

Comme  l'observent  les  auteurs,  «  le  dessein,  le  plan,  la  disposition 
générale  sont  les  mêmes  pour  ce  volume  que  pour  le  précédent  »,  et  sur- 
ce  point  nous  ne  pouvons  que  renvoyer  nos  lecteurs  à  ce  que  nous 
en  avons  dit,  il  y  a  trois  ans.  «  La  seule  différence  est  que  nous  avons 
donné,  dans  ce  second  recueil,  des  extraits  beaucoup  plus  étendus 
que  dans  le  premier.  Ce  qui  nous  y  a  déterminé  {sic),  c'est  sans  doute 
le  souci  de  satisfaire  quelques-uns  de  nos  collègues...  mais  c'est  aussi 
et  surtout  que  les  théoriciens  littéraires  du  xvin^  siècle  sont  plus 
nombreux  et  en  général  beaucoup  plus  verbeux  que  ceux  du  xvii^ 
siècle.  » 

Un  autre  passage  de  la  Préface  qu'il  importe  de  signaler  ici,  c'est. 
celui  dans  lequel  les  atiteurs  expUquent  pourquoi  «  quelques-uns  des 


—  441  — 

plus  grands  noms  du  xviii^  siècle  »,  quelques  écrivains,  «  fcf  importants 
pour  l'histoire  des  idées  »  sont  ou  passés  sous  silence  ou  à  peine  men- 
tionnés dans  leur  livre.  C'est  ainsi  que  Montesquieu  ne  figure  que  pour 
la  boutade  dos  Lettres  persanes  contre  les  poètes.  «  Les  grandes  œuvres 
du  xviii^  siècle,  observent-ils,  sont  nées  pour  ainsi  dire  en  dehors 
des  genres  classés  et  catalogués  et  n'ont  pas  soulevé  de  discussion 
d'ordre  proprement  littéraire.  «  Et  c'est  précisément  le  xviii®  siècle 
littéraire  seul  que  les  auteurs  se  sont  proposé  de  mxcttre  en  pleme  lu- 
mière. 

Aussi  MM.  Vial  et  Denise  n'ont-ils  pas  hésité  à  faire  dans  leur 
recueil  une  place,  même  assez  large,  à  des  écrivains  qui  sont  loin 
parfois  d'appartenir  au  premier  ou  au  second  ordre,  mais  qui,  par  des 
ouvrages  de  critique  littéraire,  ont  contribué  à  lancer  des  idées 
dans  la  circulation,  ou  qui,  sans  oiîrir  .peut-être  rien  de  bien  original, 
représentent  du  moins  l'opinion  courante  de  leurs  contemporains  : 
c'est  ainsi  que  les  Trubiet,  les  Fréron,  les  Batteux  figurent  dans  ce 
recueil.  Loin  de  nous  en  plaindre,  nous  pensons  que  MM.  Vial  et  Denise 
auraient  pu  étendre  davantage  ce  système.  Une  page  pour  La  Harpe 
(son  nom  ne  figure  même  pas  à  la  table)  pourra  sembler  peu  de  chose, 
si  l'on  songe  au  s-uccès  obttnu  par  son  Cours  de  littérature,  et  à  l'in- 
fluence qu'il  a  exercée  jusqu'au  milieu  du  xix^  siècle. 

A  un  point  de  vue  différent,  puisque  les  auteurs  n'ont  pas  hésité 
à  reproduire  des  vers  de  La  Faye  ou  de  Racine  le  fils,  pourquoi  n'ont-ils 
pas  fait  la  même  faveur  aux  vers  aimables  et  aisés  de  Chaulieu  «contre 
la  corruption  du  style  et  le  mauvais  goût  des  poètes  du  temps  »  (1713), 
dans  lesquels  Houdart  de  la  Motte,  Fontenelle  et  leurs  théories  sont 
joliment  égratignés.  Chaulieu  a  été  assez  lu  et  assez  goûté  de  ses  con- 
temporains pour  que  son  influence  n'ait  pas  été  nulle  et  pour  que  sa 
manière  de  penser  ne  nous  soit  pas  indifférente. 

Une  lacune  plus  grave  est  l'exclusion,  dans  les  chapitres  consacrés 
aux  genres,  de  toute  mention  relative  à  la  fable.  Je  conviens  que  la 
fable  n'a  pas  eu  au  xviii^  siècle  ce  représentant  unique  et  inimi- 
table que  le  xviii^  siècle  nous  offre  avec  le  bonhomme  La  Fontaine. 
Cependant  le  genre  a  été  cultivé  non  sans  succès;  il  a  môme  eu  son 
originalité;  et  l'on  ne  peut  prétendre  qu'aucune  idée,  aucune  doctrine 
n'ait  été  émise  à  son  sujet;  il  suffit  de  rehre  la  préface  de  Florian,  sans 
compter  tel  passage  de  La  Motte  ou  de  Marmontel. 

Comme  dans  le  volume  sur  le  xvii<^  siècle,  nous  avons  retrouvé  dans 
celui  sur  le  xviii^  quelques  doubles  emplois  :  une  phrase  de  Voltaire 
(p.  194  et  202),  une  de  La  Motte  (p.  175  et  286),  etc.,  et,  ce  qui  est 
fâcheux,  c'est  que  l'encadrement  n'est  }>as  toujours  le  même;  MM.  Vial 
et  Denise  ne  marquent  pas  régulièrement  par  des  points  suspensifs- 
les  passages  qu'ils  suppriment  dans  un  texte. 


—  442  - 

J'ai  presque  honte  de  relever  encore  deux  fautes  d'impression  : 
page  90,  note,  Hugo  de  Wries,  pour  Vn'es,  et  page  179,  note,  les 
grands  maux  pour  mots. 

En  terminant,  il  ne  me  reste  qu'à  exprimer  le  vœu  de  voir  MM.  Vial 
et  Denise  poursuivre  et  achever  l'œuvre  intéressante  et  originale 
qu'ils  ont  entreprise,  et  l'espoir  que  la  dernière  partie  de  leur  recueil 
se  fera  moins  e.ttcndre  que  la  seconde.  E.-G.  Ledos. 


HISTOIRE 


Histoire  «les  eonciles,  d'après  les  documents  originaux,  par  Charles- 
Joseph  Hefele.  Nouvelle  tradiiCtion  française  faite  sur  la  2^  édition 
allemande,  corrigée  et  augmentée  de  notes  critiques  et  bibliographiques 
par  DoM  H.  Leclercq.  Paris,  Letouzey  et  Ané,  in-8.  Tome  II,  2^  partie 
(1908).  p.  649  à  1400;  tome  III,  1"  partie  (1909),  p.  vu  et  1  à  600.  — 
Prix:  15  fr. 

La  traduction  de  l'histoire  des  conciles  d'Hefele  continue  d'avancer 
avec  la  plus  louable  rapidité.  Nous  avons  à  signaler  simultanément 
deux  demi-tomes.  Peut-être,  pour  le  dire  en  passant,  y  a-t-il,  du  point 
de  vue  de  la  commodité,  quelque  inconvénient  à  ces  tomes  énormes 
paraissant  en  deux  pai'ties;  qu'on  ne  peut  faire  relier  ensemble  sous 
peine  d'avoir  un  volume  impossible  à  manier.  On  doit  alors  se  résigner 
à  la  gêne  de  n'avoir  de  tables  que  dans  un  volume,  sur  deux.  —  La 
deuxième  partie  du  tome  II  comprend  le  siècle  qui  s'est  écoulé  depuis 
la  réunJon  du  concile  de  Chaîcédoine  jusqu'au  début  de  l'affaire  des 
trois  chapitres.  Le  morceau  de  résistance  est  naturellement  le  concile 
de  Chaîcédoine  (à  signaler,  p.  84,  une  note  intéressante  où  Dom  Le- 
clercq, revenant  sur  une  question  déjà  abordée  par  lui  dans  l'Intro- 
duction, étudie  les  conditions  dans  lesquelles  eut  heu  la  convocation 
du  concile).  Outre  l'amiotation  courante,  dans  laquelle  Dom  Leclercq 
a  déversé,  oserons-nous  dire,  avec  un  peu  de  hâte  parfois  et  d'excès, 
le  fruit  de  ses  vastes  lectures,  neuf  dissertations  étendues  sont  données 
en  appendice  {La  Législation  conciliaire  relative  aux  choréçêques]  — 
Notes  po-ur  l'histoire  du  droit  d'appel;- — Le  Canon  3^ du  concile  de  381; 
ses  origines;  ses  conséquences  schismatiques;  ■ —  La  Collection  canonique 
nestorienne;  —  Notes  sur  le  concile  d'Hippone  de  427;  —  Les  Fragments 
coptes  du  concile  d'Éphèse  et  le  synodicon  cassinense;  —  La  Législation 
conciliaire  relative  au  célibat]'- —  Le  Concile  rcfnain  de  498  ef  l' interven- 
tion du  Pape  dans  l'élection  de  son  successeur;' —  La  Collection  cano- 
nique du  diacre  Théodose.  —  L'autre  demj-tome  emJ^rasse  la  deuxième 
moitié  du  vi^  et  le  vii«  siècles.  Indépendamment  des  conciles  méro- 
vingiens, spécialement  intéressants  pour  notre  pays,  les  deux  grandes 
questions  alors  traitées  sont  l'affaire  des  trois  chapitres  et  la  querelle 
du  monothélisme.  L'ouvrage  d'Hefele  ainsi  remis  au  point  s'affirme 


—  443  — 

de   plus   en   plus   comme   un  très   pvécicux  et  même  indispensable 
instrument   de   travail.  J. 


li'liliupii'e  libéral.  î'^tudes,  B'écias,  souvenirs,  par  Emile 
Ollivier.  t.  XIV.  La  Guerre.  Paiis,  Garnier,  1909,  in-18  de  640  p. 
—  Prix  :  3  fr.  50. 

L'immense  travail  hist<:rique  et  littéraire  que  s'est  imposé  M.  Éinile 
OUivier  aboutit  à  ce  volume,  le  XIV®  de  l'Empire  libéral^  où  l'auteur 
commence  la  narration  de  la  guerre  de  1870,  ou  pour  mieux  dire  des 
événements  qui  ont  amené  la  déclaration  de  guerre.  Ces  640 
pages  sont  le  récit  du  seul  mois  de  juillet;  c'est  déjà  dire  l'ampleur 
des  développements  et  la  précision  des  détails.  M.  Ollivier,  plaidant  sa 
propre  cause,  déploie  toutes  les  ressources  de  sa  dialectique;  et  ja- 
mais «  avocat  »  ïi'a  mis  une  chaleur  plus  persuasive  à  multiplier  les 
arguments  de  son  discours.  Le  président  du  dernier  Conseil  des  mi- 
nistres de  Napoléon  III  ne  peut  se  défendre  sans  attaquer  autrui, 
ni  prouver  la  sagesse  de  sa  conduite  sans  souligner  l'injustice  de  ses 
détracteurs;  il  le  fait  avec  une  simplicité,  une  sorte  de  candeur  per- 
scnnelle  qui  désarmerait  la  critique,  avec  une  dignité  plus  pompeuse 
qu'acrimonieuse;  mais  en  sent  la  flanane  toujours  vive  d'une  passion 
que  le  temps  n'a  pas  refroidie.  II  entend  prouver  qu'il  a  voulu  la  paix, 
stui  au  prix  de  Thcnneur  de  la  Franco,  que  la  Prusse  a  macliiiié  la 
gu  rre  avec  perfidie  et  que.  Français  et  Allemands  ont  .acclamé  la 
pensée  des  hostilités  en  poussant  ainsi  diplomates  et  politiques  vers 
la  rupture.  M.  Oîhvier  se  denne  le  malin  plaisir  de  nous  faire  entendre 
les  cris  belliqueux  de  ceux  qui  l'accusaient  de  timidité  en  1870  et  qui 
depuis  lui  ont  constamment  et  violemment  rcpî'oché  sa  témérité 
imprévoyante. 

Le  récit  se  déroule  en  enirtîi-aiit  le  lecteur  émotionné,  séduit,  là 
même  où  il  ne  serait  pas  convaincu.  Il  voit  éclater  le  «  guet-apens 
liohenzollern  »,  destiné  à  conduire  un  prince  allemaiid  sur  le  trône 
d'Espagne;  il  frémit  de  ragita.tion  produite  en  France  et  en  Europe; 
il  écoute  la  déclaration  ministérielle  de  protestation  formulée  par 
le  cabinet  des  Tuileries,,  dans  le  but  d'empêcher  l'élection  du  prince 
Léopold  (6  juillet)  ;^  il  apprécie  nos  efforts  à  Madrid  et  à  Berlin,  où  les 
«  complices  »  se  dérobent  ;  la  mission  de  notre  ambassadeur  Benedetti 
à  Ems  auprès  du  roi  GuillaumiC;  la  dém.arche  secrète  d'un  agent  de 
l'ambassadeur  espagnol  Olozaga  à  Sigmaringen  (c'est  là  un  des  épi- 
sodes les  plus  intéressants  des  révélatic/ns  de  M.  Emile  Olîivier  ; 
p.  206,  227);  le  succès  de  cette  tentative  à  la  satisfaction  du  cabinet 
des  Tuilei'ies;  la  fameuse  «  demande  de  garanties  »  (12  juillet)  dont 
la  responsabilité  serait  imputable  à  l'Empereur  et  au  duc  de  Gramont, 
ministre  des  affaires  étrangères,  et  qu'auraient  désapprouvée  M.  Emile 


—  444  — 

OUivier  et,  Bencdctti,  tout  en  acceptant  le  premier  de  s'y  rallier, 
le  second  de  la  transmettre.  Nous  pouvons  apprécier  la  colère,  le 
découragement  de  M.  de  Bismarck  à  la  nouvelle  de  l'apaisement,  son 
zèle  à  raviver  la  querelle,  sa  perfidie  à  dénaturer  les  procédés  de  son 
maître,  en  cconposant  la  «  dépêche  d'Ems  «  (13  juillet)  qui,  par  son  envoi 
à  toutes  les  chancelleries  européennes,  devenait  un  «  soufflet  »  à  la 
France. 

M.  Ém.  Ollivier  expose  longuement  (p.  391  à  515)  comment,  en  ré- 
ponse à  ce  «  soufflet  »,  l'Empereur  et  tous  les  ministres  sans  exception 
décident  la  guerre;  la  déclaration  en  est  saluée  avec  acclamations  par 
le  Corps  législatif.  L'hist(>rien,  qui  est  surtout  ici  l'ancien  homme 
d'État,  analyse  mot  à  mot,  pour  le  réfuter,  le  discours  que  Thiers 
prononça  en  cette  séance  tumultueuse  du  15  juillet,  et  dont  l'opinion 
pubhque  lui  fît  tant  d'honneur  au  jour  des  désastres;  il  aime  à  mettre 
en  lumière  la  responsabilité  belliqueuse  de  Rouher,  président  du  Sénat, 
par  un  discours  plus  compromettaiit  que  la  déclaration  ministérielle; 
il  ne  manque  pas  de  souligner  l'ardeur  guerrière  de  la  France  entière 
en  ces  jours  de  surexcitation.  —  Il  resterait  à  démontrer  que  si  beau- 
coup de  gens  furent  en  effet  enthousiastes  de  la  guerre,  le  président 
du  Conseil  (qui  affirme  avoir  été  le  moins  enthousiaste  de  tous  et  le 
plus  partisan  de  la  paLx)  ne  garde  pas  cependant  le  poids  de  la  respon- 
sabilité qui  incombe  à  un  chef  du  pouvoir. 

Une  série  d'  «  Éclaircissements  »  complète  ce  très  curieux  volume 
(un  peu  trop  didactique  par  endroits)  ;  à  signaler  le  n"  3  :  «  l'Empereur 
et  le  maréchal  Le  Bœuf,  »  —  le  n"  12,  le  mot  d'Emile  Olhvier  : 
«  le  cœur  léger  »;  —  le  n°  13,  le  mot  de  l'Impératiice  :  «  C'est  ma 
guerre.  »  G.   de  G. 

Hiîet' ire  de  la  France  contemporaine  (l!^9l-190O). 
IV.  JLa  Répwbiique  parlementaire,  par  Gabriel  Hanotaux. 
Paris.  Société .  d'édition  contemporaine,  19u8,  gv.  in-8  de  viii-78;-)  p., 
avec  portraits  et  cartes.  —  Prix:  7  fr.  50. 

M.  Gabriel  Hanotaux  a  le  beau  courage  de  ses  opinions.  A  un  mo- 
ment où  précisément  la  République  parlementaire  n'obtient  pas  le 
respect  universel  des  Français,  il  retrace  les  origines,  la  formation  et 
l'organisation  de  cette  f(rme  gouvernementale,  avec  la  sympathie 
la  plus  vive  pour  ses  fondateurs.  Sa  gratitude  pour  beaucoup  d'entre 
eux  ne  craint  pas  d'aller  ju.'^qu'à  l'enthousiasme;  il  paile  des  choses, 
en  témoin  sans  doute,  mais  en  témoin  toujours  ému  par  les  souvenirs 
de  sa  jeunesse;  i\  avoue,  avec  la  meilleure  grâce  du  monde,  que  c'est 
«  le  péril  de  ces  histoires  trop  promptes  ».  Qu'il  ne  s'excuse  point;  le 
lecteur  fera  vite  le  départ  entre  l'impartialité  et  la  camaraderie  ;  et  il 
restera  un  livre  très  vivant  que  d'autres  témoins,  également  véridiques 


—  445  — 

et  sincères,  écriront  d'une  toute  autre  manière,  sur  les  mêmes  événe- 
ments, quand  ils  rapporteront  leurs  propres  souvenirs;  M.  Hanot-aux 
aura  donné  sa  note  dans  un  concert  assez  discordant  sans  doute*  il 
l'aura  fait  avec  la  double  autorité  d'un  personnage  mêlé  aux  affaires 
et  d'un  érudit  très  averti  des  méthodes  historiques. 

Impartial  absolument,  il  lui  était  impossible  de  l'être  :  il  fut  l'ami 
le  disciple,  le  protégé  de  Gambetta,  et  le  quatrième  volume  commence 
avec  le  «  16  mai»,  c'est-à-dire  à  l'époque  la  plus  chaude, la  plusvn-ulente 
la  plus  mouvementée  de  la  vie  du  célèbre  tribun.  En  utilisant  page 
par  page  les  souvenirs  les  plus  intimes  de  l'existence  de  Gambetta, 
l'historien  manifeste  une  grande  loyauté,  en  donnant  à  la  critique  des 
éléments  pour  apprécier  le  caractère  de  son  «  héros  »  dans  ses  défail- 
lances. Ceux  qui  croient  que  tout  se  tient  dans  la  can'ière  d'un  homme 
d'État  :  l'âme,  le  cœur  et  l'esprit,  sauront  mieux  formuler  leur  juge- 
ment et  peut-être,  même  après  ce  plaidoyer,  n'auront-ils  pas  à 
retrancher  beaucoup  de  leurs  anciennes  sévérités. 

Comme  la  Préface,  la  Conclusion  de  M.  Hanotaux  est  fort  optimiste- 
peut-être  même  pai'aîtra-t-elle  un  peu  oratoire;  mais  c'est  accorder 
la  forme  au  sujet,  et  on  ne  pouvait  mieux  parler  du  Parlement  où 
l'on  se  paye  assez  facilement  de  grands  mots,  heureux  encore,  et  c'est 
le  cas  ici,  lorsque  ces  mots  abritent  des  idées. 

Dix  chapitres  composent  ce  tome  IV  :  le  Seize-Mai;  la  Question 
d'Orient  (un  des  meilleurs  passages  du  livre  et  des  plus  étudiés); 
les  Élections  du  14  octobre  1877;  le  Second  Cabinet  Dufaure  et  le 
parti  libéral;  la  Guerre  russo-turque  et  le  Congrès  de  Berlin;  la  Démis- 
sion du  maréchal  de  Mac-Mahon;  la  Présidence  de  Jules  Grévy;  le 
Cabinet  Waddington-Ferry,  l'article  7;  le  Premier  Ministère  Freycinet, 
les  décret&;  le  Premier  Ministère  Jules  Ferry,  les  lois  scolaires,  la 
campagne  de  Tunisie;  le  Ministère  Gambetta. 

On  le  voit,  tout  cela  sent  encore  la  poudre;  et  il  faut  toute  la  cour- 
toisie diplomatique  de  M.  Hanotaux  pour  ne  pas  iriùter  ni  froisser 
les  sentiments  les  plus  légitimes  des  honnêtes  gens  qui  estiment  que 
de  ces  jours-là  date  la  grande  poussée  antireKgieuse  dont  la  France 
subit  encore  le  contre-coup  néfaste.  Justement,  sur  ces  questions, 
M.  HanoUux  fait  montre  d'une  impartialité  siiicère  et  un  peu  distante, 
encore  que  bien  des  détails  sur  les  gens  et  les  choses  d'Église  lui  soient 
évidemment  moins  familiers  que  sur  les  mœurs  des  «  parlementaires  >x. 

Livre  à  lire,  à  consulter,  à  méditer,  moins  pour  l'histoire  même  que 
pour  le  talent  si  intéressant  de  l'historien.  G.  G. 


—  446  — 

lEifiitttirc  religieuse  «le  la  K^-Tolulion  française,  par  Pierre 
DE  LA  GoRCE.  T.  1er.  Paris,  l'Iou-Nourrit,  1909,  in-8  de  vi-515  p. 
—  Pr'x  :  7  îr.  50. 

Eu  1872,  j'inaugurais  presque  ma  coIlahoraii<;n  au  Polyhiblion,_ 
on  y  r.uidant  compte  de  la  remarquable  Histoire  de  la  Conslitution 
civile^  du  regretté  M.  Ludovic- Sciout.  Trente-sept  ans  plus  tard,  j'ai  à 
y  parler  de  la  non  moins  remarquable  Histoire  religieuse  de  la  Révolu- 
tion française,  deM.  Pierre  de  la  Gorce. C'est  que  le  sujet  n'a  pas  vieill'", 
et  il  est  aujourd'luii  plus  actuel  que  jamais.  L'auteur  se  défend  d'avoir 
voulu  chercher  des  rapprochements  avec  les  temps  présents;  ces  rap- 
prochements, il  le  remarque  d'ailleurs  lui-mcm^e,  ce  sont  ses  lecteurs 
qui  les  feront;  car  ils  éclatent  à  chaque  page.  Au  cc-mmenccment 
du  xx^siècle,  comme  à  la  fin  du  xviii^,  c'est  la  même  haine  del'Éghse, 
la  même  audace  de  ses  ennemis,  la  même  marche  tortueuse  et  perfide, 
favorisée  par  l'inconsciente  complicité  d'une  foule  de  braves  gens, 
pour  aboutir  à  la  même  destruction,  et,  nous  vfadr.ns  l'espérer,  au 
même  relèvement. 

Quatre  périodes,  suivant  M.  de  la  Gerce,  se  partagent  ces  douze 
années  de  l'histoire  religieuse  de  la  Franco.  C'est  d'ahcrd  le  dépouille- 
ment,  puis  la  persécution  légale,  puis  la  perséci;ti(  n  sanglante  et 
enfin  la  restauration  du  culte.  C'est  à  la  prr n  ière  de  ces  péricides  qu'est 
consacré  ce  premier  volume.  L'a.utcur  débute  par  un  tableau  très  com- 
plet et  très  vivant  —  comme  il  sait  les  tracer  • —  de  l'état  rehgieux 
de  la  France, en  1789  :  le  haut  et  le  bas  clergé,  les  évoques  et  les  cha- 
noines, les  moines  et  les  curés.  Dans  cette  organisation  séculaire,  il  y 
avait  assurément  des  réformes  à  faire,  des  abus  à  corriger,  une  meil- 
leure répartition  de  la  richesse  à  établir,  certunes  abbayes  en  déca- 
dence à  supprimer,  la  situation  des  curés  de  campagne  à  relever.  Mais 
ces  réformes,  elles  avaient  été  déjà  commencées  et  il  eût  été  facile  de 
les  réaliser  par  l'accord  de  l'autorité  religieuse  et  de  l'autorité  civile. 
Le  tort  de  l'Assemblée  constituante,  poussée    par  quelques   meneurs 
que  suivaient  une  foule  d'abusés,  ce  fut  de  vouloir  légiférer  sur  la  ques- 
tion religieuse,  réglementer  l'Église  cathohque  en  dehors  du  Chef  de 
l'Eglise  et  contre  lui.  Elle  ne  comprit  pas  qu'elle  allait  créer  des  di- 
visions, surexciter  des  haines  et  que,  de  toutes  les  divisions  et  de  toutes 
les  haines,  les  plus  profondes  sont  les  divisions  rehgieuses;  elle  déchaî- 
nait, sans  le  savoir,  la  guerre  civile.  De  même,  quand  sur  la  proposition 
de  Talleyrand,  et  pour  combler  le  déficit,  elle  déclara  que  les  biens  du 
clergé  étaient  à  la  disposition  de  la  nation,  elle  ne  sentit  pas  que  cette 
première  spoliation  en  entraînerait  bien  d'autres,  que  ses  successeurs 
tireraient  les    conséquences  logiques  du  principe  ainsi  imprudemment 
posé  et,  en  outre,  qu'en  jetant  sur  le  marché  d'un  seul  coup  une  pareille 
masse  do  biens,  elle  en  avilirait  le  prix  et  que  la  création  des  assignats, 


—  447  — 

qui  en  serait  la  suite,  conduirait  le  pays  à  la  banqueroute.  La  guerre 
civile  et  la  banqueroute,  ce  furent  les  deux  filles  légitinies  de  la  Cons- 
titution civile  du  clergé.  Nl  us  ne  les  voyons  pas  dans  ce  volume,  mais 
nous  en  voyons  les  prodromes.  Dans  une  série  de  chapitres  remarqua- 
blement condensés  et  documentés,  da^ns  une  suite  de  tableaux  vivants 
et  tracés  de  main  de  maître,  où  nous  sommes  témoins  de  l'acharnement 
des  adversaires,  de  la  faiblesse  des  défenseurs,  des  douloureuses  hési- 
tations du  pauvre  Louis  XVI,  M.  de  la  Gorce  nous  montre  les  progrès 
du  dépouillement  de  l'Église;  il  nous  mène,  cf-mme  il  le  dit  lui-même, 
du  privilège  à  la  persécution.  Et  il  le  fait  avec  une  rare  impartialité, 
no  dissimulant  ni  le  mal  ni  les  fautes,  reconnaissant  le  bien  partout 
où  il  se  trouve,  chez  les  adversaires  comme  chez  les  amis,  mais  mon- 
trant les  suites  noi  maies  des  fautes  et  faisant  éclater  ainsi,  d'une  façon 
lumineuse,  les  grandes  leçons  de  l'histoire. 

Max.  de  la  Rocheterie. 


li»  Di(iIotnatîe  !9eoi*èl.e  a<;a  1S.1'BI£3  i^ièele.  ^e^s  cléBiists. 
1.  I.e  .^eeret  du  l&égenf  et  Sa  Politifgiie  fl)>  l'aiilié  l^ichois 
(ti*i|}li>  et  qiBa«Ia*JiËpie  alli»n(r4*!a)  (  1  î  t©-§  "î  1  8),  par  Emile 
Bourgeois.  Paris, '^Colin,   s.  d.,  gr.  in-8   de  xxxvi-384p.  —  PrixrlOfr. 

On  se  souvient  du  grand  succès  qu'obtint,  à  sfjn  apparition,  l'étude 
du  duc  de  Broglie  sur  le  Secret  du  Roi;  c'était  toute  une  révélation. 
Cette  diplomatie  secrète  se  poursuivant  concurremment  avec  la  diplo- 
matie officielle,  la  rectifiant,  la  contrariant  souvent,  ce  roi  qui  se  ca- 
chait de  ses  ministres,  quel  étrange  et  nouveau  spectacle  !  Pas  si  étrange 
et  pas  si  nouveau  cependant  :  s'il  faut  en  croire  M.  Emile  Bourgeois, 
le  xviii^  siècle  aurait  été  l'époque  privilégiée,  classique  en  quelquesorte, 
de  cette  diplomatie  en  partie  double.  Avant  le-secret  du  Roi.  il  y  aurait 
eu  le  secret  du  Régent  et  le  secret  du  Cardinal.  Et  l'agent,  l'inventeur 
de  cette  politique  étrange,  ce  cardinal,  étrange  aussi,  ne  serait  autre 
que  le  cardinal  Dubois.  L'auteur  ne  partage  pas  à  son  égard  les  préju- 
gés répandus  sur  Dubois  par  MoufTle  d'Angervillc;  Dubois  n'était  pas 
d'aussi  basse  extraction  qu'on  l'a  dit  et  n'avait  pas  gagné  la  confiance 
de  son  élève  par  des  complaisances  coupables.  Fils  d'un  médecin  de 
Brive,  d'une  honnête  famille  bourgeoise,  bouisier  du  collège,  lecteur, 
puis  précepteur  de  Philippe  d'Orléans,   il  avait  pris  sur  son  élève 
l'influence  que  tout  esprit  ferme  et  tenace  a  toujours  sur  un  caractère 
faible  et  irrésolu.  Ambitieux  pour  lui-même,  il  le  fut  aussi  pour  le  prince 
dont  il  avait  fait  l'éducation.  Or,  à  la  mort  de  Louis  XIV,  il  n'y  avait 
entre  le  trône  de  France  et  le  duc  d'Orléans  qu'un  enfant  de  quelques, 
années,  d'une  santé  débile  et  malingre,  à  condition  toutefois  que  la 
renonciation  à  la  couronne  de  France,  signée  par  Philippe  V  et  stipulée 
dans  le  traité  d'Utrecht,  fût  observée.  C'est  à  faire  maintenir  et  ci- 


—  448  — 

mentor  par  l'Europe  entière  cette  renonciation  que  Dubois  consacra 
tous  ses  efforts.  Contre  un  retour  possible  des  Bourbons  d'Espagne,  il 
chercha  des  appuis  chez  les  puissances  avec  lesquelles  le  Grand  Roi 
avait  été  en  guerre  incessante,  les  Anglais  et  les  Hollandais  surtout. 
Tandis  que  la  diplomatie  offîielle,  dirigée  par  le  maré^-hal  d'Huxelles, 
appuyée  par  les  anciens  serviteurs  de  Louis  XIV,  les  Tallard,  les  X'ille- 
roy,  les  Villars,  les  Noaillos,  s'efforçait  de  continuer  les  anciennes 
traditions  françaises,  la  diplcmatio  secrète  formait  de  rouveaux  liens 
et  nouait  de  nouvelles  alliances.  S.  uplL-,  intrigai\t,  retors,  peu  scrupu- 
leux surlesmoyens,  achetant  les  gens  quand  il  ne  pouvait  les  convaincre, 
Dubois  s'était  entomé  d'une  foule  d'agents  qui  allaient  en  Angle- 
terre, en  Hollande,  en  Prusse,  en  Autriche,  en  Italie,  en  Espagne  même, 
soutenir  sa  politique  et  préparer  le  succès  de  ses  manœuvres-.  Il  en 
avait  surtout  à  Paris  et  à  Vei-sailles,  pour  combattre  le  parti  de  la 
vieille  Cour  et  confirmer  dans  ses  desseins  Philippe  d'Orléans,  toujours 
hésitant.  Et,  tandis  que  l'abbé  courait  en  Angleterre,  en  Hollande, en 
Han0'^T*e,  —  car  il  n'épargnait:pas  sa  peine  —  intriguer  avec  S'anhope 
et  Basnage,  à  Versailles,  les  Noce,  les  Naneré,  les  Chavigny,  un  moment 
même  les  Torcy  et  les- Law,  soutenaient  sa  politique  et  fixraientles  ré- 
solutions du  Régent. 

Nous  ne  pouvons  pas  entrer  ici  dans  le  détail.  Il  a  fallu  les  longues 
études  et  les  recherches  approfondies  de  M.  Bourgeois  pour  pénétrer 
les  fils  singulièrement  embrouillés  de  ces  intrigues  qui  se  croisent  dans 
tous  les  sens  et  dans  tous  les  lieux,  de  Londres  à  Amsterdam,  de  Paris 
à  Stockholm,  de  Vienne  à  Madrid  et  à  Parme  et  qui  aboutissent  à  la 
triple  et  à  la  quadruple  alliances.  Quand  le  volume  s'achève,  la  diplo- 
matie secrète  a  défait  l'œuvre  de  Louis  XIV,  elle  a  abandonné  nos 
anciens  alliés,  comme  la  Suède,  chassé  le  Pi  étendant,  fils  de  Jacques  IT, 
sacrifié  notre  marine  et  nos  ports  à  l'.Ajigleterre,  notre  commerce  à 
la  Hollande,  relevé  les  Pyrénées  et  à  peu  près  rompu  avec  Philippe  V; 
mais  le  Régent  est  reconnu  comme  futui  roi  de  France,  au  cas  où 
Louis  X\^  viendrait  à  mourir  et  Dubois  est  secrétaire  d'État  des  affaires 
étrangères. 

Quant  au  hvre  lui-même,  le  regretté  M.Albert  Sorel,  dans  son  rapport 
à  l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques,  a  écrit  :  «  C'est  par 
l'étendue  des  recherches,  le  développement  des  \'ues  de  l'auteur.  !a 
nouveauté  des  documents  produits,  un  véritable  ouvrage  d'histoii^e.  » 

Après  un  tel  éloge,  sorti  d'une  telle  plume,  que  pour.'ions-nous 
ajouter?  Max.  de  lx  Rocheterie. 


—    449     -r 

I>ietionnaii*e  to|iogra|ihi(|ue  att  département  «lu  I*a8- 
de-Calai«i,  comprenant  les  noms  delieu  anciens  et  morfe/'/jes,  pai' le  comte 
DE  LoisNE.  Paris,  Leroux,  1907,  in-4  de  lxxxiv-499  p.  — Prix:  20  fr. 

Ce  nouveau  dictionnaire,  qui  forme  le  vingt-cinquième  volume  de 
la  très  utile  collection  des  Dictionnaires  topographiques  des  départe- 
ments, ne  sera  pas  moins  Lien  accueilli  que  ses  devanciers  par  les 
érudits  s'intéressant  à  notre  histoire  nationale.  M.  le  comte  de 
Loisne,  auteur  d'un  certain  nombre  de  travaux  sur  le  département 
du  Pas-de-Calais,  était  bien  désigné  pour  en  publier  le  Dictionnaire 
topQgraphique.  Comme  tous  ceux  qui  ont  paru  précédemment,  il 
se  divise  en  trois  parties  :  une  Introduction  historique  suivie  de  la 
liste  des  principales  sources  manuscrites  ou  imprimées  de  l'ouvrage; 
le  Dictionnaire  proprement  dit,  et,  à  la  fin  du  volume,  une  table  alpha- 
bétique des  formes  anciennes. 

Dans  l'Introduction,  M.  de  Loisne  s'est  attaché  à  retracer  l'histoire 
du  département  du  Pas-de-Calais,  depuis  la  période  gauloise  et  gallo- 
romaine  jusqu'à  nos  jours.  Il  fait  connaître,  pour  les  époques  les  plus 
reculées,  les  peuplades  qui  l'habitaient,  les  voies  de  communication 
que  les  Romains  y  tracèrent,  puis,  pendant  la  période  franque,  les 
civitates  et  les  pagi  dont  on  constate  l'existence  sur  l'étendue  de  son 
territoire.  Pour  la  période  féodale,  M.  de  Loisne  établit  une  bonne  liste 
des  comtés  avec  leurs  châtellenies  ;  le  reste  de  l'Introduction  est 
consacré  à  l'histoire  de  la  réunion  à  la  Couronne  des  différentes  parties 
qui  formèrent  ensuite  le  département  du  Pas-de-Calais,  aux  listes  des 
circonscriptions  judiciaires  et  ecclésiastiques,  et  enfin,  pour  la  pé- 
riode moderne,  à  l'histoire  de  la  formation  du  département  et  aux  listes 
des  circonscriptions  administratives  établies  en  1790,  en  1600  et  1801. 
Cette  simpleénumération  fera  ressortir  tout  de  suite  quelles  ressources 
cette  publication  pourra  offrir  aux  historiens  de  nos  provinces  sep- 
tentrionales. J.     VlARD. 

Kaint  Gililas  de  Kuis  et  la  Société  bretonne  au  Wl^  sièele 

(4ÎIS-ii'îO),  pai-   J.  FoNSSAGRivEs.  Paris,  Poussielgue,  1908,  in-12   de 
420  p.,  avec  6  grav.  et  2  cartes.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

M.  le  chanoine  Fonssagrives,  si  hautement  et  si  justement  estimé 
pour  ses  œuvres  d'apostolat,  a  senti  le  vif  attrait,  présent  et  passé, 
de  notre  Bretagne,  à  laquelle  le  rattachent  des  liens  de  famille  et 
d'amitié.  De  là,  et  aussi  de  son  zèle  chrétien,  procède  l'étude  qu'il  a 
entreprise  sur  Saint  Gildas  et  la  Société  bretonne  au  vi^  siècle.  La  ma- 
tière recueillie  par  ses  recherches  y  est  ainsi  répartie  :  Livre  I.  Chapitre 
I.  Le  Pays  où  naquit  saint  Gildas.  Situation  politique  et  religieuse 
de  la  Grande-Bretagne.  La  Famille.  Le  Premier  Appel  de  Dieu.  II. 
Saint  Gildas  à  l'école  du  monastère.  Le  Maître.  Les  Disciples.  Curieuses 
Novembre  1909.  T.  CXVL  29. 


—  450  — 

Légendes.  Le  Règlement  de  vie.  Les  Etudes.  III.  Voj^age  d'études  en 
Gaule.  Prédications.  Missions  dans  la  Grande-Bretagne.  IV.  Missions 
en  Irlande.  Mort  de  Hueil.  Le  De  Excidio.  Pèlerinage  à  Rome.  Ensei- 
gnement à  Llancarvan.  L'Exode.  —  Livre  IL  Chapitre  I.  L'Émigra- 
tion bretonne  en  Armorique.  L'Ile  de  Houat.  Fondation  do  l'abbaye 
de  Ruis  (538-540).  IL  Le  Monastère  de  Ruis,  ou  la  Vie  cénobitique 
en  Armorique  au  sixième  siècle,  d'après  M.  A.  de  la  Borderie  et  les 
œuvres  de  saint  Gildas.  Retour  à  Ruis  (548-550).  IV.  Saint  Gildas  et 
les  rois  bretons  en  Armorique.  Légendes  et  miracles.  Fondations  mo- 
nastiques. V.  Missions  en  Irlande.  Retour  on  Armorique.  Mort  de 
saint  Gildas.  • —  Pièces  annexes.  I.  Bio-bibliographie.  II.  Date  de  la 
naissance  de  saint  Gildas.  III.  Date  de  la  mort  de  saint  Gildas.  Réponse 
de  M.  de  la  Borderie  aux  principales  objections.  IV.  Le  Saint-Gildas 
actuel.  ■ —  Dans  la  pensée  de  M.  Fonssagrives,  ce  hvre  devait  être  tout 
ensemble  une  œuvre  d'érudition  et  d'édification,  et  il  a  en  effet  ce 
double  caractère.  Nous  serions  heureux  d'en  louer  la  méthode,  mais 
elle  diffère  trop  dé  celle  que  nous  tenons  de  nos  maîtres  et  que  nous 
sommes  accoutumé  à  pratiquer.  Le  fidéistne  naïvement  intrépide  qui 
s'y  manifeste  nous  paraît  plus  respectable  qu'imitable  et  offre,  nous 
le  craignons,  de  fâcheuses  prises  au  rationalisme  contemporain.  Les  pro- 
cédés critiques  de  l'auteur,  très  différents  de  ceux  des  bollandistes, 
sont  pourtant,  il  est  juste  de  le  dire,  en  progrès  notable  sur  ceux 
de  son  devancier  ecclésiastique,  feu  M.  l'abbé  Luco,  de  Vannes,  un 
bon  trava'lleur,  mais  dont  la  crédulité  était  sans  limites.  Les  nom- 
breuses indications  bibliographiques  jointes  à  son  texte  sont  très 
louables  et  le  seraient  plus  encore,  si  la  rédaction  en  était  plus 
claire  et  moins  semée  de  fautes  d'impression.  En  somme,  selon 
nous,  l'étude  historique  consacrée  à  saint  Gildas  par  M.  le  chanoine 
Fonssagrives  est  le  produit  d'un  zèle  ard(?nt,  d'un  vaillant  et  sérieux 
labeur  et  d'une  grande  inexpérience.  M.  S. 


Un  IVoiiYPavs  Chapitre  de  l'Stisto^re  de  la  Révolutiaii  en 
I>a«i|>ltiiié.  lie  Fé«térali»nte  flasis  l'Isère  et  François  de 
IVante»,  juin- juillet  fi  ÎWS,  par  A.  Prudhomme.  Grenoble,  Allier, 
1907,  in-8  de  241  p.,  avec  portrait. 

Le  Dauphiné,  qui  avait  pris  l'initiative  du  mouvement  libéral  à 
la  fin  de  l'ancien  régime,  avait  continué  à  être  libéral  et  modéré  après 
le  10  août  et  la  chute  de  la  Royauté  :  on  conçoit  donc  quelle  fut 
l'émotion  à  Grenoble  lorsqu'on  y  apprit  les  événements  du  31  mai 
et  du  2  juin.  Trois  commissaires  de  la  Convention,  Dubois-Crancé, 
Albitte  et  Gauthier  venaient  d'y  arriver  pour  organiser  la  défense  sur 
la  frontière  de  Savoie.  Dès  que  les  premiers  bruits  de  l'envahissement 
de  la  Convention  par  la  Commune  et  de  l'arrestation  des  girondins 


—  451  — 

y  parvinrent,  le  Directoiie  du  département  fit  demander  des  éclaiicisse- 
ments  aux  représentants.  Ceux-ci  nièrent;  mais  bientôt  des  lettres 
des  députés  de  l'Isère  confirmèrent  la  nouvelle  de  l'attentat.  Le 
conseil  s'assembla,  et,  après  une  vive  discussion,  décida  que  toutes 
les  communes  du  département  seraient  convoquées  le  16  juin  pour 
nommer  des  députés  chargés  de  prendre  les  mesures  de  sûreté  exigées 
par  les  circonstances.  L'immense  majorité  des  communes  rurales 
partageait  l'opinion  du  Directoire;  seuls  le  district  de  la  Tour-du-Pin, 
et  à  Grenoble  la  Société  populaire,  étaient  dissidents.  Le  20  juin, 
l'Assemblée  se  réunit.  Les  débats  furent  longs  et  animés;  on  tonna 
contre  la  Commune  de  Paris,  contre  les  violateurs  de  la  Convention, 
et,  tout  en  protestant  contre  le  soupçon  de  fédéralisme,  on  résolut  de 
se  mettre  en  relation  avec  la  ville  de  Lyon  et  les  départements  voisin» 
pour  une  défense  commune.  Mais  tandis  qu'on  parlait,  les  représen- 
tants agissaient.  Sous  l'énergique  direction  de  Dubois-Crancé,  ils 
convoquaient  des  troupes,  passaient  des  revues,  faisaient  saisir  les 
correspondances,  et,  sous  prétexte  qu'ils  avaient  découvert  dans  ce» 
lettres  la  preuve  d'un  complot,  révoquaient  un  certain  nombre 
d'administrateurs  de  la  ville  et  du  département.  François  de  Nantes, 
chargé  par  l'Assemblée  de  rédiger  une  proclamation  au  peuple,  au 
lieu  de  pousser  à  la  résistance,  ne  chercha  qu'à  jeter  le  trouble  et 
l'hésitation  en  faisant  entrevoir  la  probabilité  de  la  guerre  civile  et 
en  déclarant  que  l'insurrection  du  2  juin  avait  été  une  insurrection 
heureuse.  Ainsi  désavoués  par  leur  orateur,  les  chefs  de  l'Assemblée 
s'abandonnaient  eux-mêmes,  et  Dubois-Crancé  n'eut  qu'à  paraître 
pour  transformer  la  retraite  en  déroute.  L'Assemblée  départementale 
fut  dissoute  et  tout  rentra  dans  le  silence. 

La  velléité  de  résistance  à  la  tyrannie  avait  duré  un  mois.  Une  fois 
de  plus,  l'audace  avait  eu  raison  de  la  justice  et  la  force  avait  primé 
le  droit.  Max.  de  la  Rogheterie. 


lies  Toiirnaisieus  et  le  Roi  de  Bourges,  par  Maurice  Houtart^ 
Tournai,  Castei-maa,  1908,  in-8  de  xvi-604  p. 

C'est  une  belle  page  de  l'histoire  de  France  que  les  luttes  soutenues 
par  la  ville  de  Tournai  pour  rester  fidèle  au  roi  de  Bourges. 'Entourée 
par  les  Etats  bourguignons  dont  elle  tirait  sa  subsistance  et  sa  richesse, 
sollicitée  par  ses  intérêts  matériels  d'entrer  dans  la  dépendance  de 
Philippe  le  Bon,  Tournai  resta  inébranlablement  attachée  à  Charles 
VU;  elle  fut  une  des  premières  à  saluer  son  avènement;  autant  que 
sa  situation  le  lui  permit,  elle  l'assista  de  ses  secours  ;  et  quand  les 
patriciens  furent  sur  le  point  de  pactiser  avec  le  duc  de  Bourgogne, 
le  populaire  se  révolta,  s'empara  du  gouvernement  municipal  et  main- 
tint fermement  le  principe  de  la  loyauté  au  souverain  naturel.  M.  Hou- 


—  452  - 

tart  a  fait  revivre  avec  beaiicoup  d'intensité  cette  période  troublée; 
connaissant  à  fond,  grâce  à  ses  recherches  dans  les  archives  commu- 
nales et  dans  les  chroniques  locales,  la  société  toumaisienne  du 
XI v^  siècle,  il  a  pu  reconstituer,  jusque  dans  ses  moindres  détails, 
l'histoire  de  la  ville  de  Tournai,  de  sa  municipaUté,  de  ses  métiers, 
les  luttes  de  classes;  les  événements  se  seraient  passés  de  nos  jours 
qu'il  serait  impossible  de  les  connaître  mieux.  Bien  composé,  d'une 
lecture  agréable,  ce  livre  se  recommande  à  tous  ceux  qui  désireront 
connaître  cet  épisode  trop  ignoré  de  notre  histoire  nationale. 

Henri    Lemaitre. 


Rouleau  mortuaire  du  B.  Tital,  abbé  de  SaYÎgni,  contenant 
207  titres  écrits  en  H22- 1 1 23  dans  différentes  églises  de  France  et  d^ Angle- 
terre .  Édition  phototypiq,  e  avec  Introduction  par  Léopold  Delisle. 
Paris;  Champion,  1909,  in-fol.  de  ix-47  p.  et  49  pi.  —  Prix  :  40  fr. 

On  désigne,  sous  le  nom  de  rouleaux  mortuaires,  deux  classes  de 
documents  qui  ont  ceci  de  commun  qu'ils  ont  pour  objet  de  notifier  le 
décès  de  certains  personnages  et  qu'ils  affectent  la  forme  de  volumina, 
qui  se  déroulent  sous  les  yeux  des  lecteurs.  lisse  différencient,  en  ce  que 
les  uns,  que  l'on  a  qualifiés  de  perpétuels,  ne  sont  guère  que  des  né- 
crologes ou  obituaires,  destinés  à  perpétuer  dans  un  couvent  les  noms 
des  défunts  pour  lesquels  on  est  astreint  de  prier;  tandis  que  les  autres 
Sont  des  encycliques  —  on  leur  a  parfois  donné  ce  nom  —  des  lettres 
de  faire  part,  destinées  à  communiquer  aux  maisons  qui  ont  des  liens  de 
confraternité  et  de  prières  avec  un  monastère  ou  un  chapitre  le  décès 
de  personnages  pour  lesquels  on  solhcite  les  suffrages  et  à  recevoir  en 
échange  la  mention  des  défunts  de  ces  maisons  alUées.  Cette  seconde 
classe  se  subdivise  elle-même  en  rouleaux  annuels  et  en  rouleaux 
individuels,  selon  le  nom  que  leur  a  jadis  assigné  M.  Léopold  Delisle  : 
les  premiers  notifient  les  décès  survenus  dans  le  cours  de  l'année; 
les  seconds,  ceux  de  personnages  pour  lesquels  on  n'a  pas  cru  devoir 
attendre  un  aussi  long  délai. 

M.  Delisle  est  celui  qui  nous  a  le  mieux  fait  connaître  ces  documents, 
d'abord  dans  un  mémoire  qui  a  été  son  premier  essai  dans  l'érudition 
et  qui,  du  premier  coup,  s'est  annoncé  comme  une  œuvre  de  maître  : 
Des  Mohuments  paléo graphiques  concernant  l'usage  de  prier  pour  les 
morts  (Bibliothèque  de  l'École  des  chartes,  1846-1847),  puis  dans  un 
recueil  publié,  une  vingtaine  d'années  plus  tard  (1866),  sous  les  aus- 
pices de  la  Société  de  l'histoire  de  France. 

Les  rouleaux  des  morts  offrent  un  intérêt  multiple  :  historique,  car 
ils  nous  révèlent  des  noms  de  personnages,  des  dates  de  décès,  et  d'au- 
tres particularités  analogues  qui  échapperaient  autrement  à  notre 
connaissance;- — littéraire,  parce  que  plusieurs  au  moins  d'entre  eux 
nous  conservent  les  essais  poétiques  des  membres  les  plus  distingués 


—  453  — 

des  divers  monastères,  qui  s'exerçaient  à  chanter  les  louanges  du  dé- 
funt ;  —  paléographique  enfin,  parce  que  les  encycliques  du  moins  nous 
ofTrent  des  spécimens  variés  de  l'écriture  à  une  même  'époque,  mais 
sur  des  points  parfois  fort  éloignés.  Malheureusement  le  nombre  des 
rouleaux  conservés  en  original,  et  par  conséquent  utilisables  à  ce 
dernier  pomt  de  vue,  n'est  pas  fort  n>mbreux. 

L'un  des  plus  célèbres  et  des  mieux  conservés  est  le  rouleau  du  B. 
Vital,  fondateur  et  premier  abbé  de  l'abbaye  de  Savigni,  dans  la 
Manche,  mort  en  1122. 

Conservé  à  Mortam  au  commencement  du  xix^  siècle,  il  y  avait  pi- 
qué la  curiosité  toujours  en  éveil  d'un  érudit  normand,  M.  de  Gerville, 
qui  fut  l'inioiateur  de  M.  Dehsle  dans  les  travaux  d'érudition.  Quand 
son  jeune  ami  quitta  sa  province  pour  venir  étudier  sur  les.  bancs  de 
l'École  des  chartes,  M.  de  Gerville  lui  recommanda  instamment  d'aller 
examiner  aux  Archives  nationales,  où  il  avait  été  transporté,  le  pré- 
cieux manuscrit.  C'est  l'examen  qu'il  fit  de  ce  monument,  et 
le  désir  de  le  rapprocher  des  documents  du  même  genre  dont  on 
pouvait  avoir  connaissance,  qui  conduisirent  M.  Delisle  à  écrire  l'article 
de  la  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes  dont  nous  avons  ci-dessus 
parlé.  Et  quand  il  donna  son  recueil  à  la  Société  de  l'histoire  de  France, 
il  publia  intégralement  le  rouleau  du  bienheureux  Vital. 

Il  avait  ainsi  satisfait  la  curiosité  historique  et  littéraire.  Il  a  voulu 
aujourd'hui  rendre  un  nouveau  service  aux  études  paléographiques, 
qui  lui  doivent  déjà  tant,  en  publiant  une  admirable  reproduction 
phototypique  du  précieux  rouleau.  Il  facilite  ainsi  l'étude  de  l'écriture 
au  xii^  siècle,  en  mettant  à  notre  disposition  ces  spécimens  variés 
écrits  dans  le  cours  des  années  1122-1123  par  les  moines  les  plus  dis- 
tingués des  couvents  et  chapitres  les  plus  célèbres  de  France  et  d'An- 
gleterre, à  cette  époque.  Il  suffît  de  rappeler  que  le  rouleau  du  B.  Vital 
nous  a  conservé  —  la  démonstration  de  M.  Delisle  n'a  pas  rencontré 
de  contradicteur,  —  un  autographe  et  sans  doute  le  seul  autographe 
subsistant  de  la  fameuse  Héloïse. 

On  saura  gré  à  l'illustre  savant  d'avoir  reproduit,  en  tête  de  ce  vo- 
lume, son  mémoire  de  1846;  il  y  a  joint  un  supplément  à 
la  bibliographie  des  rouleaux  mortuaires  qui  accompagnait  son  recueil 
de  1866.  Cette  liste  comprend  25  articles  qui  s'échelonnent  du  x^ 
au  xvi^  siècle. 

Enfin,  dans  un  Avant-propos,  M.  Dehsle  nous  donne  sur  ses  relations 
avec  M.  de  Gerville,  sur  les  services  rendus  par  ce  savant,  sur  la  façon 
dx)nt  il  fut  amené  lui-même  à  connaître  et  à  publier  le  rouleau  du  bien- 
heureux Vital,  des  pages  instructives  qui  forment  un  fragment  de  cha- 
pitre de  l'histoire  de  l'érudition  française  au  milieu  du  xix^  siècle. 

E.-G.  L. 


—  454 


Almanachs  illustrés  du  XVIIie  sièrie,  par  le  vicomte  de 
Savigny  de  Moncorps.  Avant-Propos  de  Georges  Vicaire.  Paris, 
Leclerc,  1909,  in-8  de  viii-285  p.,  avec  des  héliogravures  hors  texte  et 
de  nombreuses  phototypies  dans  le, texte.  —  Prix:  30  fr. 

Le  titre  qui  précède  n'est  pas  complet,  car  non  seulement  le  volume 
de  M.  le  vicomte  de  Savigny  de  Moncorps  renferme  la  description,  sou- 
vent très  détaillée,  d'après  l'ordre  chronologique,  de  148  almanachsdu 
xviii^  siècle  (1733  à  1792),  mais  encore  celle  de  26  autres  almanachs 
de  modes  publiés  de  1814  à  1830. 

Dans  une  excellente  étude  intitulée  :  Coup  d'œil  sur  les  alWimiachs 
illustrés  (p.  1-26),  l'auteur  observe  que  les  almanachs  illustrés  du  xiii^ 
siècle  ont  déjà  attiré  l'attention  des  bibliographes.  11  rappelle,  à 
ce  propos,  l'ouvrage  plus  général  de  M.  Victor  Champier  sur  les  Anciens 
Abnanachs  illustrés  (1886)  et  le  guide  de  Cohen  dont  la  cinquième 
édition  a  été  revue  et  considérablement  augmentée,  en  1887,  par  le 
baron   Roger  Portalis. 

Ces  publications  «  peignent  bien  l'époque  à  laquelle  ils  appar- 
tiennent, dit  M.  de  Savigny  de  Montcorps  :  certains  d'entre  eux  nous 
renseignent  sur  les  choses  du  jour  :  expositions,  plaisirs  de  chaque 
saison,  prix  des  denrées,  prix  des  caricatures,  les  découvertes  de  l'année, 
filage  de  l'huile  pour  les  bateaux  en  cas  de  grosse  mer,  aérostation, 
fusil  à  répétition  [Un  colonel  norvégien  avait  inventé,  vers  1776, 
une  arme  à  feu  avec  laquelle  on  pouvait  tirer  de  dix  à  vingt  coups 
dans  une  minute  !],  salon  de  Curtius,  baquet  de  Mesmer,  machine 
à  engraisser  les  volailles,  recettes  nombreuses,  etc.,  etc.  [Pour  chacune 
de  ces  choses  si  diverses,  on  trouve  des  références  précises  au  bas 
de  pages];  ils  nous  racontent  de  piquantes  anecdotes  en  nous  donnant 
les-  couplets  à  la  mode,  les  ariettes  et  les  vaudevilles  les  plus  en  vogue. 
D'autres...  nous  montrent  leurs  délicieuses  gravures  [dues  parfois 
à  de  grands  maîtres],  des  scènes  prises  sur  le  vif,  avec  tout  un  petit 
monde  sémillant  et  gracieux,  et  nous  donnent  l'idée  de  ce  qu'étaient 
alors  les  grands  Boulevards,  les  Champs-Elysées,  l'assemblée  à  Long- 
champs,  le  Palais-Royal,  la  foire  Saint-Germain,  la  fête  de  Sceaux, 
la  sortie  de  l'Opéra,  le  Louvre,  etc.,  les  intérieurs  de  boutiques, 
les  représentations  théâtrales,  les  mœurs  champêtres,  etc.  D'autres 
encore  nous  fournissent  de  précieux  détails  sur  les  modes  et  costumes, 
les  coiffures,  les  fêtes  célébrées  à  Paris  à  l'occasion  de  l'heureux  accou- 
chement de  la  Reine,  en  1782;  celui  intitulé  le  Bijou  de  la  Reine,  1778, 
contient,  très  finement  gravés,  les  portraits  de  la  famille  royale  ;  tous 
nous  révèlent  le  caractère  de  l'époque,  et,  à  ce  titre,  nous  sont  des 
documents  utiles  pour  connaître  mieux  encore  la  fin  du  xviii^  siècle.  » 
Nombre  de  ces  almanachs  étaient  luxueusement  habillés  de  maro- 
quin rouge  ou  vert,  ornés  d'attributs  variés,  ou  bien  recouverts  de  soie 
peinte  à  la  gouache,  brochée  de  soie  et  d'or;  certains  même  étaient 


_  455  — 

enrichis  de  médaillons  contenant  des  miniatures  et  protégés  par  des 
étuis  de  maroquin  doublé  de  tabis  vert  ou  bleu.  —  On  faisait  bien  les 
choses  en  ce  temps-là. 

On  comprend  donc  qu'il  se  soit  rencontré  des  amateurs  avisés  et 
avertis  comme  M.  de  Savigny  de  Moncorps  pour  recueillir  ce  genre 
de  publications  que  beaucoup,  sans  y  regarder  de  plus  près,  ont  dé- 
daigné à  priori  et  à  tort;  car  sans  compter  le  plaisir  des  yeux,  qui  est 
déjà  bien  quelque  chose,  on  découvre  dans  ces  petits  volumes,  destinés, 
en  apparence,  à  ne  pas  survivre  à  l'actualité,  quantité  d'indications 
de  nature  à  éclairer  l'histoire  des  mœurs  et  même  celle  des  sciences 
et  des  arts. 

L'auteur  est  à  la  fois  un  homme  de  goût,  un  artiste  et  un  érudit  : 
le  court  Avant- Propos  de  M.  Georges  Vicc  ire  le  déclare  en  bons  termes. 
Si  d'ailleurs  il  était  resté  muet  sur  ces  points,  l'œuvre  seule  serait 
là  pour  nous  fixer.  Au  surplus,  voici  comment  M.  Vicaire  présente  le 
livre  de  M.  de  Savigny  de  Moncorps  : 

<(  En  ce  volume  coquet,  orné  de  ravissantes  images,  le  passionné 
bibliophile  a  minutieusement  décrit  les  principaux  livrets  de  son  admi- 
rable collection;  très  simplement,  mais  avec  un  art  parfait,  il  en  a 
fait  ressortir  les  grâces  et  le  charme.  Rien  de  ce  qui  pouvait  éveiller 
la  curiosité  de  l'amateur  n'a  échappé  à  ses  sagaces  investigations  et 
sa  plume  alerte  a  su  mettre  en  valeur  les  moindres  détails  de  ces  petits 
almanachs   frivoles   et   légers. 

«  Si  les  calendiiers  qu'a  vu  naître  le  siècle  de  toutes  les  élégances 
forment  la  plus  importante  partie  de  l'ouvrage  du  vicomte  de  Savi- 
gny de  Moncorps,  il  ne  faut  pas  cmettre  de  citer  le  très  curieux  cha- 
picre  relatif  aux  almanachs  de  modes  émis  dans  les  premières  années 
du  dernier  siècle,  de  1814  à  1830.  Là  encore,  l'auteur  a  fait  preuve 
d'un  goût  éclairé  et  traité  le  sujet  avec  une  impeccable  maîtrise. 
Toutes  les  divisions  du  Uvre  mériteraient,  d'ailleurs,  une  mention,  mais 
à  quoi  bon  déflorer,  par  avance,  une  étude  qui  sera,  demain,  le  guide 
indispensable  de  tous  les  collectionneurs  d'almanachs  ?  « 

A  ces  lignes,  rien  à  ajouter  que  ce  simple  détail  :  les  images, pour  la 
plupart,  ont  été  exécutées  sur  papier  spécial  et  collées  à  la  place  qu'elles 
doivent  occuper  dans  le  texte;  ce  sont  des  reproductions  phototypi- 
ques remarquables.;  on  peut  dire  qu'elles  sont  documentaires. 

Une  table  des  almanachs  classés  par  ordre  alphabétique  termine  cet 
intéressant  et  superbe  livre  dont  le  seul  tort  —  ce  n'en  sera  pas  un 
pour  ses  possesseurs,  • —   est  de  n'avoir  été  tiré  qu'à  125  exemplaires. 

E.-A.  Ghapuis. 


—  456  — 

BULLETIN 

Ainiez-lcs.    Lettrée  entre    directnîces  de  patronat ->,  par     FRANÇOISE 

Henry.  Pari?,  Lethielleux,  s.  d.,  in-12  de  236  p.  —  Prix  :  2  fr.  50. 

Ce  petit  livre  s'adres&e  spécialement  aux  dames '^et  aux  jeunes  filles 
q.ii  s'occupent  d'œuvres  de  jeunesse;  mais  il  intéressera  tout  le  monde,  car 
il  est  en  même  temps  instructif,  édifiant  et  charmant.  Une  directrice  de 
patronage,  déjà  expérimentée  dans  la  conduite  des  œuvres,  écrit  à  une 
jeune  amie  pour  l'encourager  d'abord  à  entrer  dans  cette  voie,  puis  pour  lui 
marquer,  au  fur  et  à  mesure  que  les  circonstances  le  demandent,  les  règles 
pratiques  pour  assurer  la  prospérité  et  la  bonne  direction  des  patronages. 
L'ouvrage,  en  forme  de  lettres,  n'a  d'ailleurs  rien  de  technique  ni  de  pédarrt, 
et  n'est  pas,  au  moins  dans  la  forme,  un  manuel  de  pédagogie.  C'est  l'épan- 
chement  de  deux  âmes  chrétiennes,  désireuses  de  faire  le  bien,  et  se  racon- 
tant leur  vie  de  chrétienne,  où  les  déboires  se  mêlent  naturellement  aux  con- 
solations et  aux  joies  du  bien  accompli.  Ces  deux  jeunes  filles,  d'ailleurs, 
appartenant  au  meilleur  monde,  mais  en  ayant  abjuré  les  habitudes  frivoles 
pour  se  consacrer  uniquement  à  la  pratique  du  bien,  ont  l'œil  ouvert  sur 
la  société  qui  les  entoure,  et  se  font  la  confidence  de  leurs  observatioas 
et  de  leurs  expériences,  et  de  cet  échange  de  confidences  sort  un  livre  vécu, 
qui  est  vraiment  d'un  grand  intérêt.  Il  n'y  a  pas  là  sans  doute  d'histoires 
d'amour,  bien  que  l'amour  chrétien  n'en  soit  pas  absent,  mais  il  y  en  a  beau- 
coup d'autres  dont  la  lecture  sera  plus  charmante  et  plus  profi- 
table. C'est  donc  à  la  fois  un  livre  très  intéressant  et  un  excellent  livre.  Je 
ne  saurais  assez  le  recommander  à  nos  lectrices,  et  même  à  nos  lecteurs, 
qui,  pour  peu  qu'ils  s'intéressent  aux  choses  chrétiennes,  trouveront  à  le 
lire  un  réel  plaisir.  Edouard  Pontal. 

Lee  Hallucinations  télépalhlqnee,  [par      N.     VasCHIDE.     Pai'is,     Bloud, 

1908,  in-16    de    x-98  p.    —  Prix   ;    1  fr.  50. 

I4C  Spiritisme  dans  ses  i-appoi-ls  avec  la  folîe,     par      le     D'^    ]MarCEL 

ViOLLET.    Paris,    Bloud,  1908,    in-16  de  iv-121   p.  —   Prix  :  1  fr.    50. 

Ces  deux  volumes  font  partie  de  la  Bibliothèque  de  psychologie  expéri- 
mentale dirigée  par  M.  R.  Meunier. 

—  On  sait  qu'il  s'est  créé  en  Angleterre  une  société  pour  l'étude  des  hallu- 
cinations télépathiques,  c'est-à-dire  de  sensations  correspondant  à  l'état 
généralement  douloureux  où  se  trouve  au  loin  une  personne  aimée.  Cette 
société  a  publié  un  gros  volume  d'observations  qui  semblent  confirmer 
la  réalité  du  phénomène.  Tel  n'est  pas  l'avis  de  M.  Vaschide.  Il  a  entrepris 
un  examen  attentif  d'un  grand  nombre  de  cas  qu'il  a  pu  étudier  à  fond. 
Il  en  conclut  que  ces  hallucinations  se  produi'^ent  indépendamment  du  fait 
réel  auquel  on  les  rapporte,  que  les  coïncidences  signalées  sont  rares  et 
purement  fortuites  et  qu'elles  s'expliquent  suffisamment  par  la  situation 
mentale  des  personnes  chez  lesquelles  les  phénomènes  se  sont  manifestés. 
Il  croit  que  la  commission  anglaise  a  accepté  trop  facilement  les  affirmations 
de  personnes  qui  lui  étaient  inconnues  et  dont  elle  n'avait  pu  examiner 
l'état  pathologique. 

—  Le  docteur  Viollet  ne  cherche  pas  à  définir  la  nature  et  les  cau.ses  du 
spiritisme.  Il  se  borne  à  exposer  les  faits  et  à  montrer,  par  des  exemples, 
que  les  natures  faibles  et  Imaginatives  sont  très  exposées,  en  se  donnant 
aux  pratiques  spiritistes,  à  être  atteintes  par  la  folie.  Les  unes  sont  directe- 
ment conduites  à  la  perte  de  la  raison  et  leur  folie  reproduit  les  rêveries 


—  457  — 

spirites;  d'autres,  dont  la  raison  est  altérée  par  d'autres  causes,  prennent 
dans  leur  folie  une  teinte  spirite.  La  conclusion  à  retenir  est  que  les  séances 
de  spiritisme,  sans  parler  des  condamnations  de  l'Eglise,  sont  un  vrai  danger 
pour  les  gens  à  l'esprit  peu  éqTiilibré  qui  y  assistent.  Les  médiums  ne  font 
pas  exception.  Ils  ont  un  grain  de  folie  comme  les  autres  et  se  laissent  aller 
à  des  fraudes,  tout  en  croyant  sincèrement,  avance  le  D^  Viollet,  que  ces 
actes  frauduleux  sont  des  manifestations  des  esprits  eux-mêmes.      D.  V. 


I/Intei-nelle    Consolation.     Hainte    T'IiérèHe.    I^iipenl.    Saint    Benoît 

i.abt-o.  Le  Cure  <i'A>-s,  par  J.  Barbey  d'Aurevilly.  Paris,  Bloud, 
1909,  in-12  de  67  p.  —  Prix  :  0   fr.  60. 

L'idée  est  certes  excellente;  et  qu'on  pense  ce  qu'on  voudra  de  Barbey 
d'Aurevilly  et  de  son  œuvre  prise  dans  son  ensemble,  il  "n'est  pas  douteux 
que  beaucoup  de  ses  pages  peuvent  briller  avec  éclat  parmi  les  plus  belles 
choses  de  la  littérature  catholique.  Seulement  je  trouve  qu'on  lui  a  fait 
la  part  trop  mince.  D'autres  volumes  de  la  même  collection  des  Chejs-(ïœuvre 
de  la  littérature  religieuse,  ont  200  pages,  tandis  que  celui-ci  n'en  a  que  67. 
Et  alors,  cela  me  donne  le  droit  de  regretter  qu'avec  les  six  morceaux  qu'on 
nous  donne,  et  qui  sont  tous  de  la  vieilles.se  de  Barbey  (d'ailleurs  le  Pascal 
est  très  caractéristique,  le  Saint  Benoit  Labre  et  le  Curé  d'Ars  tout  à  fait 
beaux),  on  ne  nous  ait  pas  choisi,  parmi  tant  de  chapitres  plus  substantiels 
et  d'une  poétique  plus  sobre,  les  maîtresses  pages  qu'il  a  écrites  sur  la  Pa- 
pauté, les  Jésuites,  sur  Joseph  de  Maistre,  Blanc-Saint-Bonnet,  Hello, 
Gratry,  etc.,  et  à  propos  de  la  Réforme,  de  l'anglicanisme,  du  rationalisme, 
du  renanisme,  à  propos  de  tout,  tant  d'admirables  formules  qu'il  a  trouvées 
pour  exalter  tous  les  dogmes,  tous  les  sacrements,  toutes  les  institutions 
de  l'Église  romaine.  Car  il  y  a  tout  un  Génie  du  christianisme  épars  dans  ses 
volumes,  et  plus  beau  encore  peut-être,  certainement  plus  ému  et  plus 
émouvant  que  celui  de  Chateaubriand.  Gabriel  Audiat. 


Le  Dei-iiiei*  Fils  d«  t^oiiis  XVI, par  A-  MoREL  DE  Saint-Didier.  Paris, 
Daragon,   1909,  in-8   de    80  p.    —  Prix  :  3  fr.   50. 

M.  Morel  de  Saint-Didier  était  un  brave  homme,  de  qui  Naundorfï  par- 
vint à  se  faire  reconnaître,  dans  les  premières  années  de  la  monarchie  de 
Juillet,  pour  le  fils  de  Louis  XVL  II  se  rendit  à  Prague,  en  1833,  pour  s'effor- 
cer de  faire  passer  sa  conviction  dans  l'esprit  de  la  duchesse  d'Angoulême. 
Reçu  par  l'auguste  princesse  avec  la  bienveillante  courtoisie  que  méritait 
son  honorabilité,  il  eut  le  mauvais  goût  de  revenir  à  la  charge  l'année 
suivante,  et  se  fit  donner  congé.  Il  édita,  en  1836,  le  récit  de  ses  démarches 
et  de  sa  déconvenue,  encadré  de  réflexions  morales  et  politiques  d'une 
portée  médiocre.  C'est  cette  brochure,  qu'après  trois  quarts  de  siècle  presque 
révolus,  le  groupe  remuant  des  partisans  de  la  «  survivance  »  a  cru  devoir 
remettre  sous  les  yeux  du  public.  Elle  trouvera  sans  doute  les  lecteurs  mo- 
dernes aussi  incrédules  que  leurs  grands-parents. 

H.    RUBAT    DU    MÉRAC. 

I^umennaie  à   I^a  Cliênale,   supéi-ieuf   générni    de  Isi   eon;;i-égsitlon 
A*>  t^aint-t^icrt'it,  1  «««-1  833.  —   l.e  I»ère,  l»i%i>ôl  i-e,  le  Moi-aliste, 

par  Ad.  Roussel.  Paris,  Téqai,  1909,  in-18  de  xi-301  p.  —  Prix:  2  fr. 

M.  l'abbé  Roussel  n'a  voulu  peindre  l'abbé  de  La  Mennais  que  dans  son 
rôle  de  «  Supérieur  gén'éraî  de  la  congrégation  de  Saint- Pierre  »,  charge  qu'il 
occupa  de  1828  à  1833,  pendant  toute  la  durée  de  cette  société  religieuse 


—  458  — 

qu'il  avait  fondée  dans  le  diocèse  de  Rennes  pour  «  régénérer  l'enseignement 
de  toutes  les  sciences»  et  à  qui  son  zèle  ambitieux  voulait  k ouvrir  une  mission 
européenne  >.  C'est  une  simple  esquisse,  moins  un  résumé  historique  qu'une 
publication  de  documents  afférents  à  cette  époque.  M.  Roussel,  dans  son 
Introduction,  rappelle  les  jeunes  gens  d'élite  groupés  autour  du  maître 
orthodoxe;  mais  on  peut  dire  f^u'il  n'apporte  sur  LaMennais  et  ses  disciples 
rien  de  nouveau,  puisqu'il  avait  déjà  publié  lui-même  ces  pièces  dans  ses 
précédents  ouvrages. 

Il  veut  montrer  en  La  Mennais  :  un  père,  un  apôtre,  un  moraliste.  Sous 
ces  trois  rubriques  il  classe  un  peu  arbitrairement  des  fragments  d'inégal 
intérêt  :  des  Entretiens  sur  la  vie  spirituelle  (au  nombre  de  16);  une  Retraite 
prêchée  à  La  Chênaie  en  1832,  où  l'on  relève  des  pages  admirables;  des  Pen- 
sées sur  la  vieillesse,  un  peu  banales  ;  des  Réflexions  sur  les  Evangiles,  d'assez 
mince  valeur.  Ce  petit  volume  n'est  donc  pas  sans  charme,  mais  il  n'ofîre 
point  de  particularité  saillante.  G. 


CHRONIQUE 


NÉCROLOGIE.  —  Le  très  distingué  poète  et  littérateur  Emmanuel  des 
Essarts,  ancien  doyen  de  la  Faculté  des  lettres  de  Clermont-Ferrand,  est 
mort,  au  milieu  d'octobre,  dans  son  domaine  de  Lempdes  (Haute-Loire), 
à  l'âge  de  70  ans.  Fils  d'Alfred  des  Essarts,  le  romancier  dont  le  souvenir 
n'est  pas  effacé,  M.-  Emmanuel-Adolphe  Langlois  des  Essarts  naquit 
à  Paris,  le  5  février  1839.  Après  avoir  fait  de  brillantes  études  au  lycée 
Henri  IV,  il  entra  à  l'École  normale  en  1858  et  fut  reçu  agrégé  des  lettres 
en  1861.  On  l'envoya  alors  enseigner  la  rhétorique  successivement  dans 
les  lycées  de  Moulins,  Orléans,  Nîmes  et  Nancy.  En  1871,  il  obtenait  le 
diplôme  de  docteur  es  lettres  et  était  nommé  aussitôt  après  professeur 
de  littérature  française  à  la  Faculté  de  Dijon.  En  187''*,  il  passait  à  la  Fa- 
culté des  lettres  de  Clermont-Ferrand  pour  y  occuper  une  chaire  semblable 
et,  peu  de  temps  après,  il  devenait  doyen  de  cette  Faculté,  fonction  qu'il 
conserva  jusqu'en  1907,  année  où  il  prit  sa  retraite.  Professeur,  M.  Emma- 
nuel des  Essarts  a  fait  pendant  plus  de  vingt  ans  des  cours  sur  la  littéra- 
ture française  qui  charmaient  un  auditoire  d'élite.  Poète  de  valeur,  il  fut 
le  disciple  et  l'ami  de  Victor  Hugo,  de  Théophile  Gautier,  de  Leconte  de 
Lisle,  etc.  On  a  de  cet  auteur,  outre  les  articles  qu'il  a  donnés  à  diverses 
revues  et  quelques  petites  pièces  qu'il  a  fait  jouer  à  l'Odéon  et  à  la  Comédie 
française,  un  certain  nombre  d'ouvrages  dont  nous  citerons  les  suivants  : 
Poésies  parisiennes  iPaxis,  1862,  in- 12); — Les  Élévations  (Paris,  1864,  in-12 
et  nouvelle  édition  revue  et  corrigée  en  1875,  in-181;  —  Les  Voyages  de 
Vesprit  (Paris,  1865,  in-12),  réunion  d'articles  critiques;  —  Du  Type  d'Her- 
cule dans  la  littérature  grecque,  depuis  les  origines  jusquau  siècle  des  Antonins, 
thèse  pour  le  doctorat  ès-lettres  (Paris,  1871,  in-8);  —  De  Veterum  Poe- 
tarum  tum  Graeciae  tum  Romae  apud  Miltonem  imitatione,  thèse  pour  le 
doctorat  (Paris,  1871,  in-8);  - —  Origines  de  la  poésie  lyrique  en  France  au 
seizième  siècle  (Paris,  1873,  in-8);  —  Les  Prédécesseurs  de  Milton  (Paris, 
1875,  in-8);  —  Du  Génie  de  Chateaubriand  (Paris,  1876,  in-8);  —  Éloge  de 
la  folie  d'Érasme  composé  en  forme  de  déclamation,  traduction  nouvelle  ai'ec 
une  préface,  une  étude  sur  Érasme  et  son  époque,  etc.  (Paris.  1877,  in-8);  — 
Poèmes  de  la  Révolution,  1789-1796  (Paris,  1879,  in-12) ;  —  Portraits  de 
maîtres  (Paris.  1888,  in-12). 

—  On  annonce  la  mort  à  Mantes  (Seine-et-Oise),  à  l'âge  de  73  ans,  de 


—  459  — 

M.  Charles  Diguet,  le  romancier  connu,  ancien  secrétaire  d'Alexandre 
Dumas.  Né  au  Havre,  le  3  juin  1836,  M.  Charles  Diguet  était  venu  à  Paris 
en  1861.  Presque  aussitôt  il  se  fit  une  place  dans  le  monde  des  lettres, 
grâce  à  un  premier  volume  de  vers  qu'accompagnait  une  lettre  de  Lamar- 
tine, et  il  écrivit  dès  lors  dans  plusieurs  des  journaux  littéraires  de  l'époque, 
tels  que  le  Nain  jaune,  le  Gaulois,  la  Vogue  parisienne,  le  Boulevard,  la 
Cloche,  le  D'Artagnan,  V Artiste,  etc.  M.  Charles  Diguet  a  écrit  un  grand 
nombre  d'ouvrages  dans  des  genres  très  différents,  des  romans  surtout, 
des  poésies,  des  études  et  fantaisies  littéraires,  un  vaudeville  et  enfin  divers 
volumes  sur  la  chasse.  Nous  citerons  les  suivants  seulement  :  Arithmétique 
élémentaire,  suivie  d'un  grand  nombre  d'exercices  à  V usage  des  élèves  de  qua- 
trième (Paris,  1859,  in-8);  —  Rimes  de  printemps,  avec  une  lettre  de  A.  de 
Lamartine  (Paris,  1861,  in-8);  —  Un  Cœur  de  créole.  Viola  (Paris,  1863, 
in-18)  ;  —  Une  Chaîne  de  fleurs  (Paris,  1865,  in-18)  ;  —  Tablettes  d'un  chasseur 
(Paris,  1868,  in-12);  —  L'Épopée  prussienne  (Paris,  1871,  in-12);  — 
Histoire  galante  de  Henri  IV  (Paris,  1875,  in-12);  —  Statuettes  parisiennes 
(Paris,  1875,  in-12);  —  Trois  femmes  martyres  (Paris,  1879,  in-12);  —  Moi 
tt  Vautre  (Paris,  1880,  in-12);  —  Refrains  des  belles  années  (Paris,  1883, 
in-12);  —  La  Vision  de  saint  Hubert  (Paris,  1884,  in-12);  —  Karita  (Paris, 
1885,  in-12);  —  Béatrice  Cenci  (Paris,  188'i,  in-12);  —  Chasses  de  mer  et 
de  grèves  (Paris,  1886,  in-121;  —  Cotites  du  Moulin- Joli  (Paris,  1886,  in-12); 

—  La  Chasse  au  gabioji  (Paris,  1887,  in-12); — Guide  du  chasseur  (Paris,  1887, 
in-12);  —  La  Vie  rustique  (Paris,  1888,  in-121;  —  La  Chasse  au  marais 
I Paris,  1889,  in-12); —  L'Année  cynégétique,  calendrier  du  chasseur  (Paris^ 
1889,  in-12); —  Mes  Aventures  de  chasse  (Paris,  1892,  in-12);  —  Tête-rouge. 
Retour  au  clocher  (Paris,  1884,  in-16);  —  La  Vierge  aux  cheveux  d'or  (Paris, 
1895,  in-12)  ;  —  Les  Trois  Sabots  de  Lucette  (Paris,  1897,  in-12)  ;  —  La  Chasse 
en  France  (Paris,  1896.  gr.  in-8);  —  Nos  amis...  les  bêtes  (Paris,  1896,  in-8); 

—  Récits  de  chasse  (Paris,  1900,  in-8);  —  Histoire  d'une  roulotte  (Paris, 
1901,  in-8). 

—  Le  R.  P.  Frédéric  de  Curley,  de  la  Compagnie  de  Jésus,  mort  derniè- 
rement à  Avignon,  le  15  octobre,  à  72  ans,  était  un  moraliste,  un  historien 
et  un  archéologue  remarquable.  Les  nombreux  ouvrages  dont  il  est  l'auteur 
le  prouvent  abondamment.  Voici  ceux  qai  nous  sont  connus  :  Armée  pon- 
tificale. Marie-Louis— Edme-Pie  Guérin,  de  la  Compagnie  de  Jésus.  Les  Vo- 
lontaires français  de  1860  à  1871  (Paris,  1872,  in-12);  —  Les  Congrégations 
de  la  très  sainte  Vierge  à  Avignon,  de  1752  à  1880  (Avignon,  1880,  in-8);  — 
Marie- Françoise  de  Saumaise.  Etude  nouvelle  sur  les  révélations  de  Paray- 
le-Monial  (Bruges,  1884,  in-12);  —  Le  Tombeau  de  saint  Régis  à  la  Louvesc 
(Lyon,  1886,  in-12);  —  Le  Mariage  et  les  États  (Paris,  1887,  in-12);  —  Celui 
qui  est.  Essai  (Paris,  1891,  in-8);  —  Saint  Jean- François  Régis,  prêtre  de 
la  Compagnie  de  Jésus  (Paris,  1893,  in-12); —  Les  Origines  (Avignon,  1902, 
in-12). 

—  M.  Charles-Antoine  Dolent,  romancier  et  critique  d'art,  plus  connu 
sous  son  pseudonyme  de  Jean  Dolent,  est  mort  à  Paris,  à  la  fin  de  septembre, 
à  74  ans.  Il  était  né  dans  cette  ville  le  5  juin  1835.  Rédacteur  en  chef  du  Gau- 
lois en  1869,  et  colla^borateur  de  divers  autres  périodiques,  tels  que  le  Temps, 
la  Revue  contemporaine,  etc.,  auxquels  il  donnait  des  articles  de  critique 
sur  le  Salon,  M.  Dolent  a  publié  un  certain  nombre  d'ouvrages  sur  des 
questions  d'art,  ainsi  que  des  romans,  entre  autres  :  Une  Volée  de  merles 
(Paris,  1862,  in-12,  2^  édition  en  1863);  —  Le  Roman  de  la  chair  (Paris, 
1866,  in-16);  —  Avant  le  déluge  (Paris,  1871,  in-32);  —  L'Insoumis  (Pans, 
1871,  in-12);  —  Petit  Manuel  d'art  à  l'usage  des  ignorants.  La  Peinture,  la 


i60  — 


sculpture  (Paris,  1874,  in-12);  —  Le  Livre  d'art  des  iemmes.  Peinture, sculp- 
ture (Paris.  1877,  in-12);  —  Amoureux  d'art  (Paris,  1888,  in-12);  —  Monstres 
(Paris,  1896,  in-12);  —  Maître  de  sa  joie  (Paris,  1902,  in-12). 

—  M.  Plumaxdon,  le  distingué  directeur  de  la  station  météorologique 
de  Rabanesse  (Puy-de-Dôme),  est  mort  à  Clermont-Ferrand,  au  milieu 
d'octobre,  à  61  ans.  Après  avoir  appartenu  pendant  un  certain  temps  à 
l'enseignement  primaire,  il  fut  nommé,  grâce  à  ses  aptitudes  spéciales  et  à 
la  suite  d'importants  travaux,  aide-météorologiste  à  l'Observatoire  du 
P.:y-de-Dôme,  et  un  peu  plus  tard  il  devint  directeur  de  la  station  météo- 
lorogique  de  la  plaine,  à  Rabanesse.  M.  Plumandon  a  fait  connaître  les 
résultats  des  recherches  auxquelles  il  s'est  livré  pendant  sa  longue  carrière 
scientifique  dans  d'importants  ouvrages  tels  que  :  Le  Baromètre  appliqué 
à  la  prévision  du  temps  dans  la  France  centrale  (Paris,  1882,  in-12);  —  For- 
mation dès  principaux  hydrométéores;  brouillard,  pluie,  bruine,  givre  neige, 
grésil.  Nouvelle  théorie  de  la  gréie  (Paris,  1885,  in-12);  —  Les  Courants 
de  rOcéan  d'après  les  mémoires  américains  de  W.  Ferrel  (Paris,  1887,  in-12); 

—  Les  Mouvemetits  généraux  de  V atmosphère  (Paris,  1887,  in-12);  —  Traité 
pratique  de  prévision  du  temps  (Paris,  1895,  in-16);  —  Les  Poussières  at- 
mosphériques, leur  circulation  dans  l'atmosphère  et  leur  influence  sur  la  santé 
(Paris,  1897.  in-12). 

—  On  annonce  encore  la  mort  de  MM.  :  Jules  Arbelot,  ancien  censeur 
du  petit  lycée  de  Talence,  à  Bordeaux,  mort  à  Domme,  vers  le  milieu  d'octo- 
bre, à  l'âge  de  84  ans;  —  Henri  Roland,  membre  du  Comité  des  sites  et 
monuments  et  du  Touring-Club  de  France,  mort  dernièrement  à  Paris,  à 
55  ans,  lequel,  s'était  fait  connaître  par  d'innombrables  conférences  sur  les 
beautés  pittoresques  de  notre  pays,  par  la  part  qu'il  a  prise  à  la  rédaction 
des  Guides-Joanne  et  par  la  publication  de  quelques  volumes,  tels  que  : 
Zigzags  en  France  (Paris,  1895,  in-12)  et  les  Iles  de  la  Manche  (Paris,  1904, 
in-12);  —  Léon  Bonnafy,  publiciste,  mort  en  octobre,  à  l'âge  de  29  ans; 

—  le  chanoine  Deschamps,  ancien  professeur  et  supérieur  du  collège  libre 
de  Belvès,  mort  curé-archiprêtre  de  Ribérac,  en  octobre,  à  l'âge  de  85  ans;  — • 
l'abbé  DuBouRDiEu,  directeur  du  collège  de  Tivoli  à  Bordeaux,  mort  en 
cette  ville,  vers  le  milieu  d'octobre;  —  Hippolyte  Dubois,  artiste  peintre, 
directeur  de  l'École  des  beaux-arts  d'Alger,  mort  en  octobre,  à  Samoins 
(Haute-Savoie); —  ÈlieFouRÈs,  poète  cigalier  et félibre,  auteur  d'un  poème, 
Ondeline  (Paris,  1872,  in-12),  d'une  nouvelle  inédite,  le  Premier  Amour 
deLord  Byron  (Paris,  1885,  in-32)et  d'une  Histoire  complète  des  troubadours, 
qui  reste  inachevée,  mort  à  Meudon,  au  commencement  d'octobre,  à  63  ans; 

—  François-Anatole  Gruyer,  conservateur  du  Musée  Condé  à  Chantilly, 
lequel,  s'étant  occupé  d'abord  de  travaux  agronomiques,  a  publié  entre 
autres  ouvrages  importants  :  Les  Fresques  de  Raphaël  au  J'atican  {2  vol., 
1857  et  1858);  Les  Vierges  de  Raphaël  et  l'Iconographie  de  la  Vierge  (1868); 
Les  Quarante  Fouquet  du  Musée  Condé  (1876);  La  Jeunesse  du  roi  Louis- 
Philippe,  d'après  les  portraits  et  les  tableauj:  conservés  au  Musée  Condé 
(Paris,  1909,  in- 8  carré)  et  a  collaboré  à  la  Gazette  des  beaux-arts,  la  Revue 
des  Deux  Mondes,  etc.,  mort  à  la  fin  d'octobre,  à  l'âge  de  84  ans;  —  Lemot, 
dessinateur  caricaturiste,  élève  d'André  Gill,  qui  a  fourni  de  nombreuses 
illustrations  à  divers  périodiques,  particulièrement  au  journal  la  Croix, 
mort  à  la  fin  de  septembre,  à  Asnières;  —  Millot,  bibliothécaire  de  la  ville 
de  Chalon-sur-Saône,  moit  en  cette  ville,  à  la  fin  d'octobre,  à  l'âge  de  86  ans; 

—  Paul  Pelot,  fondateur  de  la  Croix  de  Belfort,  mort  en  cette  ville,  le  l^"" 
octobre,  à  l'âge  de  62  ans;  —  Jean-Baptiste  Reygasse,  un  des  anciens 
collaborateurs  de  V Univers,  mort  dernièrement  à  Toulouse,  à  78  ans;  — 


—  461   - 

Léon  RiNGuiER  père,  directeur  de  V Écho  soissonnais,  mort  au  commence- 
ment d'octobre;  —  Jules  Romain,  sous-bibliothécaire  de  la  ville  d'Amiens, 
mort  dernièrement  en  cette  ville;  —  Ernest  Rupin,  archéologue,  botaniste 
et  dessinateur  de  grande  valeur,  créateur  et  conservateur  du  musée  de  Brive, 
mort  dernièrement  à  Brive,  lequel  laisse  plusieurs  ouvrages  très  appréciés 
dans  le  monde  des  érudits,  entre  autres  :  Sigillographie  du  Bas-Limousin 
(Paris,  1886,  in-4),  avec  Philippe  de  Bosredon;  L'Œuvre  de  Limoges  (Paris, 
1890-92,  2  vol.  in-4)  ;  Catalogue  des  mousses,  hépatiques  et  lichens  de  la  Corrèze 
(Paris,  1895,  in-8);  U Abbaye  et  les  cloîtres  de  Moissac  (Paris,  1897,  in-4); 
Noëls  du  Bas-Limousin,  avec  musique  notée  (Paris,  1898,  in-8);  Roc- 
Amadour.  Étude  historique  et  archéologique  (Paris,  1904,  in-4);  La  Légende 
de  saint  Amadour,  à  propos  d'un  Mois  de  Marie  historique  sur  Roc-Amadour 
(Paris,  1909,  in-8);  —  Max  Sacerdot,  directeur  du  Courrier  républicain, 
mort  à  Paris,  à  la  fin  d'octobre; — le  baron  Fernand  de  Schickler,  président 
de  la  Société  protestante  pour  l'encouragement  de  l'instruction  primaire, 
de  la  Société  biblique  et  de  la  Société  du  protestantisme  français,  mort  au 
commencement  d'octobre;  —  Mgr  Pierre-Paul  Servonnet,  archevêque 
de  Bourges,  prélat  d'une  haute  distinction  intellectuelle,  auteur  de  lettres 
pastorales  remarquables,  entre  autres  de  celles  qu'il  a  consacrée  à  la  bien- 
heureuse Jeanne  d'Arc  et  de  celle  qu'il  a  écrite  sur  la  Foi  au  lendemain  de 
la  publication  de  l'encyclique  Pascendi,  mort  à  Bourges,  le  18  octobre, 
à  79  ans;  —  le  R.  P.  Albert  Tesnière,  de  la  Congrégation  du  Très-Saint- 
Sacrement,  connu  par  ses  prédications  et  ses  ouvrages  sur  la  sainte  Eucha- 
ristie, mort  à  Paris,  le  27  octobre,  à  62  ans;  —  Verdalle,  principal  du  col- 
lège de  Mauriac  (Cantal),  mort  en  octobre;  —  Lucien  Wiener,  érudit 
lotharingiste,  conservateur  honoraire  du  Musée  lorrain,  qui  avait  consacré 
sa  vie  aux  études  archéologiques  et  historiques  sur  la  Lorraine,  mort  en 
octobre,  à  Nancy,  à  81  ans. 

—  A  l'étranger  on  annonce  la  mort  de  MM.  :  le  frère  Achille,  ancien 
directeur  de  l'École  normale  de  Carlsbourg  (Belgique),  fondateur  de 
la  revue  VÉcole  catholique,  auteur  de  divers  ouvrages  estimés, 
mort  le  11  octobre,  à  Grand-Bigard,  à  74  ans;  —  Dr.  Heinrich  Bas- 
sermann,  professeur  de  théologie  à  l'Université  allemande  de  Heidelberg, 
mort  le  30  août,  à  Samadan,  dans  la  Haute-Engadine,  à  60  ans,  auquel 
on  doit  de  nombreux  ouvrages,  entre  autres  :  Geschichte  der  evangelischen 
Gottesdienstordnung  in  badischen  Landen,  zugleich  ein  Beitrag  zum  litur- 
gischen  Studium  (Stuttgart,  1891,  in-8);  Katechismus  jilr  die  evangelische- 
protestantische  Kirche  im  Grossherzogthum  Baden,  zum  Gebrauch  der  Lehrer 
und  Eitern  erklàrt  (Fribourg  en  Brisgau,  1897,  in-8);  —  Beltjens,  auteur 
d'ouvrages  de  jurisprudence,  entre  autres  de  Commentaires  du  code  civil 
très  appréciés  en  Belgique  et  en  France,  mort  à  Bruxelles,  au  commencement 
d'octobre,  à  l'âge  de  74  ans;  —  S.  Exe.  Nicolas  de  Bernardaky,  conseiller 
d'Etat  russe,  qui  a  publié  :  A  la  découverte  de  la  Russie  et  le  Prince  Kosamo- 
koff,  ainsi  que  diverses  pièces  réunies  sous  le  titre  :  Théâtre  de  famille, Tdovi 
à  Paiis,  le  30  septembre,  à  l'âge  de  72  ans;  ■ —  HughBLACKBURN,  professeur 
de  mathématiques  à  l'Université  de  Glasgow  (Ecosse),  auteur  d'un  traité 
de  trigonométrie  et  éditeur,  avec  Lord  Kelvin,  d'une  édition  des  Principia 
de  Newton,  mort  à  Glasgow,  le  16  octobre;  —  Dr.  Otto  von  Bollinger, 
recteur  de  l'Université  et  directeur  de  l'Institut  pathologique  de  Munich, 
mort  en  cette  ville  le  16  aaût,  à  67  ans,  auquel  on  doit,  entre  autres  ouvrages 
fort  estimés:  Zur  Aetiologie  der  Tuberkulose  (Munich,  1883,  in-8);  Atlas 
und  Grundriss  der  pathologischen  Anatomie  (Munich,  1891,  in-8),  etc.,  ainsi 
que  de  nombreux  articles  insérés  dans  les  revues  médicales;  —  Sir  Francis 


—  462  — 

Brady,  fondateur  de  l'Académie  royale  de  musique  de  Dublin,  compositeur 
distingué  et  éditeur,  avec  le  Dr.  Esposito,  d'un  certain  nombre  de  mélodies 
irlandaises,  mort  dernièrement  à  Dublin,  à  85  ans;  —  Dr.  Wilhelm  Bucking, 
écrivain  allemand,  auteur  de  travaux  d'histoire  locale,  tels  que  :  Wegweiser 
durch  die  Strassen  und  durch  die  Geschichte  der  Stadt  Marburg  und  deren 
ndchste  Umgebung  (Marbourg,  1891,  in-8);  Die  Kirche  der  heiligen  Elisabeth 
in  Marburg  (Marbourg,  1897,  in-8);  etc.,  mort  à  Marbourg,  dans  la  Hesse, 
le  2  septembre,  à  91  ans;  —  Noël  Cauwe-d'Hont,  rédacteur  en  chef  du 
journal  catholique  belge  De  Eecloonaar,  mort^  le  24  octobre,  à  Waerschoot; 

—  Alfredo  di  Collalto,  poète  italien,  mort  dernièrement  à  Rome,  à  47  ans; 

—  Dr.  Heinrich  Degenkolb,  ancien  professeur  de  droit  civil  à  l'Université 
de  Leipzig,  mort  le  2  septembre,  à  Thusis,  en  Suisse,  à  77  ans;  —  Richard 
Engelmann,  archéologue  autrichien  de  réputation,  mort  dernièrement 
à  Gratz  (Styrie),  à  65  ans,  lequel  a  publié,  entre  autres  ouvrages  :  Beitràge 
zum  Euripides.  1.  Alkmene  (Berlin,  1882,  in-4);  Bilderatlas  zum  Homer 
(Leipzig),  1889,  in-4);  Archàologische  Studien  zu  den  Tragikern  (Berlin, 
1900,  in-8)  ;  —  Dr.  Fritz  Erk,  directeur  de  la  station  centrale  météorologique 
de  Munich,  mort  en  cette  ville,  à  59  ans;  —  Heinrich  Fechner,  pédagogue 
allemand,  mort  à  Berlin,  le  1*^''  septembre,  à  65  ans;  ■ —  Pierre  François, 
ancien  professeur  du  collège  épiscopal  d'Eecloo  (Belgique),  éditeur  du  jour- 
nal Recht  çoor  Allen,  mort  le  10  octobre,  à  49  ans;  —  Dr.  Karl  Gottsche, 
directeur  du  musée  de  minéralogie  et  de  géologie  de  Hambourg  et  professeur 
à  l'Institut  colonial  de  cette  ville,  mort  à  54  ans;  —  Dr.  Karl  Hiltz,  pro- 
fesseur de  politique  internationale  à  l'Université  de  Berne,  membre  du  Con- 
seil national  et  chef  du  département  de  justice  militaire  de  Suisse,  membre 
du  tHbunal  international  d'arbitrage  de  La  Haye,  mort  dernièrement  à 
Montreux,  à  77  ans,  lequel  était  l'éditeur  du  Politisches  Jarhrbuch  der 
schweizerischen  Eidgenossenschaft  et  l'auteur  de  divers  ouvrages  de  droit 
national  et  de  droit  international,  tels  que  :  Ùber  Statutenvon  Actiengesell- 
schaften  nach  dem  neuen  Obligationenrecht  (Berne,  1882,  in-8)-.  Die  Neutra- 
litàt  der  Schweiz  in  ihrer  heutigen  Auffassung  (Berne,  1889,  in-8);  —  le  baron 
HuRMAZACHi,  membre  de  l'Académie  roumaine,  mort  dernièrement  à 
Cernanca,  à  83  ans;  —  le  lieutenant-colonel  d'infanterie  espagnole  Don 
José  Ibanez-Marin,  directeur,  depuis  1891,  de  la  Revista  técnica  de  in- 
fanteria  y  caballeria,  dans  laquelle  il  a  publié  un  grand  nombre  d'études  mili- 
taires, auteur  d'un  important  ouvrage  sur  la  campagne  de  Prusse  en  1806. 
d'une  excellente  bibliographie  sur  la  guerre  de  l'Indépendance  espagnole  et 
de  notes  intéressantes  sur  le  centenaire  de  la  bataille  de  Baylen,  mort  le 
23  juillet,  dans  un  combat  aux  environs  de  Melilla,  à  l'âge  de  48  ans;  — ■ 
Joseph  Jacob,  musicien  et  compositeur  belge  de  talent,  professeur  au  Con- 
servatoire royal  de  Gand,  auteur  d'un  concerto,  de  jolies  pièces  pour  haut- 
bois et  de  deux  ballets,  Lilia  et  la  Légende  de  la  Perle,  mort  en  octobre,  à 
54  ans;  —  Josef  Joesten,  historien  allemand,  auteur  de  :  Zur  Geschichte 
des  Schlosses  Windeck  (Elberfeld,  1893,  in-8);  Geschichte  der  Familie  Joesten 
und  deren  Familienstiftungen  (Bonn,  1902,  in-8);  Kulturbilder  ans  dem 
Rheinland.  Beitràge  zur  Geschichte  der  geistlichen  und  sozialen  Bewegungen 
(Bonn,  1902,  in-8),  etc.,  mort  dernièrement  à  Bonn,  à  60  ans;  —  Dr.  Alfred 
Christlieb  Kalischer,  littérateur  et  musicologue  allemand,  mort  le  9  octobre, 
à  Berlin,  à  67  ans,  lequel  a  publié  de  nombreux  ouvrages,  particulièrement 
sur  Beethoven,  entre  autres  :  Heinrich  Heinè's  Verhdltnis  zur  Religion 
(Dresde,  1889,  in-8);  Gotthold  Ephraim  Lessing  als  Musik-Aesthetiker 
(Dresde,  1890,  in-8);  Die  «  Unsterbliche  Geliebte  «  Beethovens,  Giuletta  Guic- 
ciardi  oder  Thérèse  Brunswick  ?  (Dresde,  1891,  in-8);  Spartacus,  eine  soziale 


—  463  — 

Tragôdie  in  5  Aufzugen  (Berlin,  1899,  in-8); —  Sir  Arthur  Mitchell,  qui 
a  réussi  à  faire  introduire  de  grandes  réformes  dans  les  maisons  de  fous  par 
son  ouvrage  :  The  Insane  in  private  Dwellings,  et  qui  a  publié  quelques 
autres  volumes  intéressants,  tels  que  :  The  Past  in  the  Présent:  What  is  Ci- 
vilisation ?  {1880);  A  list  of  Travels  in  Scotland,  1296-1900;  About  Dreaming, 
Laughing  and  Blushing  (1905);  —  Mathias  Oeribauer,  écrivain  autrichien, 
mort  à  Vienne,  à  71  ans,  auquel  on  doit,  entre  autres  volumes  :  Fiihrer 
filr  Trient- Arco  und  Utngehung,  sowie  die  ubrigen  Curorte  Wâlschtirols 
(Reichenberg,  1884,  in-8);  - —  Oriani,  écrivain  italien  de  mérite,  à  qui  l'on 
doit  diverses  œuvres  historiques  et  dramatiques,  mort  à  Bologne,  le  21  oc- 
tobre; —  Edward  Peacock,  directeur  gérant  du  Morning  Post  et  secrétaire 
honoraire  du  célèbre  club  littéraire  et  artistique  le  «  Savage  Club  »,  mort 
à  Londres,  le  24  octobre  ;  —  le  général  allemand  von  Pelet-Narbonne,  dont 
les  articles  ont  été  souvent  remarqués  en  France,  mort  à  Berlin,  le  12  octobre 
à  l'âge  de  70  ans;  —  Cari  Pilz,  pédadogue  allemand,  directeur  du  périodique 
Cornelia,  mort  le  4  septembre,  à  Leipzig,  à  89  ans;  —  Pitonville,  professeur 
de  l'Athénée  de  Chimay,  en  Belgique,  mort  accidentellement,  au  commence- 
ment d'octobre,  à  Boutonville;  —  Eugen  Rey,  ornithologiste  allemand, 
mort  à  Leipzig,  le  30  août,  à  71  ans;  - —  Roland,  professeur  de  l'Athénée 
de  Chimay,  mort  accidentellement  au  commencement  d'octobre,  à  Bou- 
tonville; —  Léo  Sachse,  professeur  de  gymnase  allemand,  qui  a  publié, 
sous  le  pseudonyme  de  Arno  Gais,  divers  ouvrages  de  poésie,  entre  autres  : 
Zaubermârchen  und  Wundergeschichten  (léna,  1888,  in-8)  et  Waldesrand  und 
Meeresstrand.  Gedichte  (léna,  1888,  in-8),  mort  à  léna,  le  1^""  septembre, 
à  65  ans;  —  Artur  von  Scala,  ancien  directeur  du  Musée  des  beaux-arts 
de  Vienne,  mort  dernièrement  à  Lanna,  près  de  Méran,  à  66  ans;  —  Georg 
ScHERER,  écrivain  et  poète  allemand,  auteur  de  nombreux  ouvrages,  tels 
que  :  Illustrirtes  deutsches  Kinderbuch.  Altt  und  alte Lieder,  Màrchen,  Fabeln, 
Spriiche  und  Ràthsel  (Leipzig,  1873-1877^  2  vol.  in-4),  Die  schônsten  deut- 
schen  Volkslieder.  Illustrirte  Prachtausgahe  (Leipzig,  1875,  in-4),  mort  le 
21  septembre,  à  Munich,  à  82  ans;  —  Lina  Schneider,  femme  de  lettres 
allemande,  morte  dernièrement  à  Cologne,  à  79  ans,  auteur  de  :  An  den 
blauen  Wassern  des  Liwasees.  Eine  Erzàhlung  aus  baltischen  Vergangenheit 
(Mannheim,  1897,  in-8),  etc;  — -  Nicolas  Spinelli,  compositeur  italien  de 
talent,  auteur  de  l'opéra  Labilia  et  de  plusieurs  autres  œuvres  dont  la  plus 
populaire,  A  Basso  Porto,  a  été  jouée  sur  toutes  les  scènes  lyriques  de  l'Ita- 
lie, mort  à  Rome,  à  44  ans;  —  Philippe  Stein,  écrivain  allemand,  mort  à 
Berlin,  à  56  ans,  lequel  a  publié  :  Auswahl  von  Gesdngen  fur  den  gemischten 
Chor  der  Gymnasien,  Real-  und  hôheren  Burgerschulen.  Nebst  eineni  Anhang 
von  Turnliedern  fiir  den  allgemeinen  Gesang  (Cologne,  1887,  in-8),  etc;  — 
Koloman  de  Titaly,  homme  politique  hongrois,  auteur  d'une  excellente 
histoire  du  prince  François  Rakoczy  II  et  de  son  époque,  mort  le  3  octobre, 
à  Zablat,  à  70  ans;  —  l'abbé  Van  der  Elst,  écrivain  et  journaliste  belge, 
qui  a  donné  au  Journal  de  Bruxelles,  pendant  une  dizaine  d'années,  sous 
des  pseudonymes  divers,  un  grand  nombre  de  chroniques  très  appréciées, 
et  dont  l'ouvrage  le  Bréviaire  d'un  jeune  homme  du  siècle,  sorte  de  vade- 
mecum  du  dilettantisme  contemporain,  a  obtenu  un  vrai  succès,  mort  der- 
nièrement à  Molenbeck,  à  40  ans. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques.  — 
Le  2  octobie,  M.  Boutroux  analyse  l'ouvrage  de  William  James  sur  la  psy- 
chologie à  propos  de  la  traduction  de  ce  livre  par  M.  Baudin.  —  Le  16, 
M.  Gabriel  Monod  lit,  extrait  de  son  travail  sur  la  politique  des  jésuites, 


—  464  — 

un  chapitre  dans  lequel  il  nie  l'existence  de  constitutions  secrètes  à  côté 
des  règles  ostensibles  de  l'ordre. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres.  — 
Le  4  octobre,  M.  Merlin  rend  compte  des  découvertes  sous-marines  faites 
près  de  la  côte  tunisienne:  un  chargement  de  navire  portant  des  colonnes, 
des  chapiteaux  et  des  objets  d'art  remontant  au  ii"  siècle. —  M.  S.  Reinach 
croit  que  ce  chargement  appartenait  à  un  marchand  de  l'époque  de  Sylla.  — 
M.  Haussoulier  signale  l'importance  des  inscriptions  comprises  dans  cette 
découverte,  dont  l'une  a  trait  à  l'établissement  du  culte  d'Ammon  à  Athènes. 
—  Le  8,  M.  Clermont-Ganneau  explique  une  inscription  hébraïque  du  iii^ 
siècle  après  J.-G.  trouvée  en  Galilée,  àSepphora. —  M.  Maspero  rend  compte 
des  travaux  entrepris  en  Egypte  pour  défendre  les  fouilles  contre  les  inon- 
dations du  Nil  et  les  résultats  des  recherches  dans  les  monuments  anciens.  — 
M.  de  Lasteyrie  achève  la  lecture  de  son  mémoire  sur  l'architecture  à  cou- 
poles en  France.  —  Le  15,  M.  Girard  donne  lecture  d'une  notice  sur  la  vie 
et  les  œuvres  de  M.  Barbier  de  Meynard,  son  prédécesseur.  —  M.  CoUignon 
parle  de  statues  funéraires  grecques  représentant  des  serviteurs  du  défunt. 
• —  MM.  S.  Reinach,  Pottier  et  Perrot  ajoutent  quelques  observations.  — 
Le  22,  le  P.  Scheil  lit  une  notice  sur  M.  Hartwig  Derenbourg,  et  ses  travaux 
comme  arabisant.  —  M.  Clermont-Ganneau  entretient  l'Académie  d'une 
série  de  mesures  de  capacité  découverte  à  Jérusalem  par  le  P.  Germer- 
Durand.  —  M.  Homolle  donne  lecture  d'un  travail  tendant  à  démontrer 
que  c'est  le  trésor  de  Cnide  que  l'on  a  découvert  récemment  à  Delphes  et 
qui  contenait  la  plus  grande  quantité  d'objets  d'art  précieux.  —  Le  29, 
M.  Philippe  Berger  décrit  une  estampille  ancienne  apposée  sur  une  urne 
funéraire  trouvée  à  Garthage  par  le  P.  Delattre,  et  qui  contient  le  symbole 
de  la  déesse  Tanit  et  celui  de  Baal  Ammon. 

Congrès  national  eucharistique  de  Faverney.  —  En  mars  1908 
(Poiybiblion,  t.  CXII,  p.  273-275),  nous  avons  annoncé  le  Congrès  national 
eucharistique  qui  s'est  tenu  à  Faverney  (Haute-Saône)  du  20  au  24  mai  1908, 
et  nous  avons  parlé  du  volume  publié  à  cette  occasion,  dans  lequel  les  orga- 
nisateurs avaient  réuni  dix-neuf  documents  relatifs  au  miracle  du  25  mai 
1608.  Comme  nous  l'avions  prévu,  la  première  édition  de  ce  recueil  a  été 
vite  épuisée  (quelques  jours  ont  suffi  1).  Une  deuxième  n'a  pas  tardé  à  suivre. 
Le  titre  est  resté  le  même  :  Le  Miracle  des  saintes  hosties  conservées  dans 
les  flammes,  à  Faverney,  en  1608.  Notes  et  documents  publiés  à  l'occasion 
du  iii*^  centenaire  du  miracle  (Besançon,  imp.  Jacquin,  1908,  gr.in-8,  avec 
11  planches  et  fac-similés.  Se  vend  au  Secrétariat  général  du  Congrès  eucha- 
ristique, 14,  rue  Charles-Nodier,  à  Besançon,  au  prix  de  3  fr.  50).  Mais, 
cette  fois,  au  lieu  de  xi-206  p.,  le  nouveau  volume  en  compte  xiv-226.  Non 
seulement  on  trouvera  ici  la  pièce  (anonyme)  que  nous  avions  regretté  de 
ne  pas  voir  dans  la  première  édition  et  que  M.  Jules  Gauthier  a  attribuée  à 
Jean  Boyvin,  président  du  Parlement  de  Dole,  intitulée  :  Récit  miraculeux 
de  deux  sainctes  Hosties,  lesquelles  ont  esté  conservées  entières  au  milieu  du  feu. 
Ensemble  onze  miracles  qui  se  sont  faicts  en  mesme  temps  à  l'endroit  desdites 
sainctes  Hosties,  en  V Eglise  de  F  Abbaye  de  nostre  Dame  de  Faverney  près 
de  Dole,  de  V ordre  de  sainct  Benoist.  A  Paris,  chez  Claude  Vymont...  M.  DC 
XXVII  (p.  189-195),  mais  encore  cinq  autres  documents  ou  notes,  savoir  : 
Extrait  de  la  relation  fidèle  du  miracle  du  saint  Sacrement  arriué  à  Fauerney 
en  1608,  par  J.  Boyvin  (p.  196-205),  texte  reproduit  d'après  l'édition  d'A. 
Guenard  (Besançon,  1839).  Ces  deux  récits,  réunis  sous  la  rubrique  XVIII. 
Témoignage  de  Jean  Boyvin,  sont  précédés  d'une  notice  sur  ce  personnage;  — 


ff 


—  465  — 

X.  Histoire  miracvlevse  dv  S.  Sacrement  de  Vavtel  qui  est  demeuré  en  .Voir 
sans  estre  soustenu  de  rien,  V Autel  sur  lequel  il  reposait  ayant  esté  bruslé  sans 
que  le  Ciboire  fut  offensé  des  flammes.  Ce  fust  le  iour  de  Pentecoste  dernier,  en 
V Abbaye  et  Monastère  nostre  Dame  Fauuerne,  de  Vordre  de  saint  Benoist, 
en  Bourgogne.  Tiré  des  mémoires  et  attestations  que  le  grand  Prieur,  Beligieux 
de  diuers  couuents,  officiers  du  dit  lieu,  en  ont  enuoyé  à  Monseigneur  le  Reue- 
rendissime  Archevesque  de  5e5a7?pon.  A  Lyon,  par  Jean  Poyet.  M.  DC.  VIII 
(p.  147-151);  —  XIII.  Extrait  de  la   Chronologie  de  Jacques  Gaultier,  1609 
(p.  159-160,  avec  notice  sur  cp  P.  jésuite,  né  à  Annonay  en  1562);  —  XIX. 
Extrait  du  «  Candelabrum  mysticum  «  de  Jacques  Marchant,  1638  (p.  206-208, 
avec  notice  sur   l'auteur,  professeur.-  de  théologie  dans  les  abbayes  de  Flo- 
refïe  et  de  Lobbes  (Belgique),  puis  curé  de  Couvin,  sa  ville  natale);  —  XXI. 
Extrait  du  sermon  80^  du  Père  Lejeune  :  De  la  Présence  réelle  de  corps  de  J.-C. 
en  l'Eucharistie  (p.  212-214,  avec  notice  sur  ce  célèbre  oratorien,  fils  d'un 
conseiller  au  Parlement  de  Franche-Com'té,  né  en  1592).  Ce  volume  semble 
maintenant  complet  et  définitif.  —  Mais  ce  n'est  pas  tout.   Nous  nous 
attendions  bien,  dès  l'origine,  à  voir  paraître,  après  la  clôture  du  Congrès, 
un  autre  volume  qui  renfermerait  les  divers  travaux  ou  études  inspirés 
par  cette  grande  solennité  catholique.  Nous  n'avons  pas  été  déçus;  nous 
sommes  heureux,  même,  de  déclarer  que  nos  espérances  sont  dépassées. 
En  effet,  le  Compte  rendu  des  travaux  du  Congrès  eucharistique  de  Faverney, 
20-24  mai  1908.    Troisième  Centenaire  du  miracle   (Besançon,   Secrétariat 
du  Congrès,  14,  rue  Charles-Nodier,  s.  d.  [1909],  gr.  in-8  de  xlvi-594  p., 
avec  de  nombreuses  illustrations  dans  le  texte  et  hors  texte.  —  Prix  : 
7  fr.  50)  se  présente  avec  toutes  les  garanties  du  plein  succès.  Imprimé 
avec  le  soin  dont  la  maison  Jacquin  est  coutumière,  ce  fort  volume  s'ouvre 
par  un  remarquable ^c<zn<-/>ropos  sans  signature,  mais  qui,  à  n'en  pas  douter, 
a  été  rédigé  par  le  dévoué  secrétaire  général  du   Congrès,  M.  le  chanoine 
Mourot.  Il  est  impossible  de  faire,  en  si  peu  de  pages  (30  exactement)  un 
tableau  plus  animé  de  ces  cinq  jours  de   fêtes  et  d'études;  il  se  lit  avec  un 
intérêt    toujours  croissant.  Nous    voudrions  pouvoir  l'analyser  ici;  mais 
l'espace  nous  est  compté  et  il  ne  nous  reste  plus  que  la  place  indispensable 
pour  mentionner  les  nombreux  travaux,  discours  et  allocutions  qui  com- 
posent ce  beau  recueil,  largement  et  brillamment  illustré  de  vues  et  de  por- 
traits :  Documents  préliminaires  :  Instruction  pastorale  de  Mgr  V archevêque 
de  Besançon  à  V  occasion  du  Congrès  national  eucharistique  (p.   3-17);  — 
Supplique  au  Saint-Père  et  Rescrit  pontifical  accordant  des  indulgences  à 
l'occasion  du  Congrès  (p.  18-19).  —  Ouverture  du  Congrès  :  La  Portée  doc- 
trinale du  miracle  de  Faverney,  par  le  R.  P.  Janvier  (p.  23-40).  —  Etudes 
et  travaux,  l''^  section.  Le  Miracle  de  Faverney.  Première  séance,  jeudi 
21  mai  :  Allocution  d'ouverture,  par  Mgr  Fulbert  Petit,  archevêque  de  Be- 
sançon et  Télégramme  au  Pape  (p.  43-46);  — L'Abbaye  de  Faverney  en  1608, 
par  M.  Guiraud  (p.  47-58);  —  Le  Miracle  de  Faverney,  récit  composé  avec 
les  procès-verbaux  d'enquête  et  les  dépositions  des  témoins,  par  M.   le» chanoine 
Panier  (p.  59-81);  —  Lieu  précis  où  s'est  accompli  le  miracle,  identification 
de  ce  lieu  par  l'étude  comparée  des  divers  témoignages,  par  M.  l'abbé  Eberlé 
(p.  82-107);  —  La  Constatation  des  faits,  par  M.  l'abbé  Joignerey  (avec  un 
Appendice  bibliographique  et  iconographique)  (p.  108-127);  —  Notice  sur 
le  curé  Aubry,  de  Menoux  (l'un  des  premiers  témoins  du  miracle),  par  M. 
l'abbé  Munier  (p.  128-130).  Deuxième  séance,  vendredi  22  mai  :  Réponse  du 
cardinal  secrétaire  d'État  au  télégramme  adressé  au  Pape  (p.   131);  —  Etude 
critique  des  docum-ents,  par  M.  Fabbé  Bvtme  (p.  132-141);  —  Étude  juridique 

Novembre   1909  T.  CX'VI.  30. 


466 


du  procès  de  l'Ordinaire,  par  M.  l'abbé  Mauvais  (p.  142-154);  —  Le  Miracle 
de  Favernty,  ses  raisons,  sa  réalité,  étude  théologique,  par  M.  l'abbé  Tuaillon 
(p.  155-168);  —  Les  Erreurs  protestantes  réfutées  par  le  miracle  de  Faverney, 
par  M.  l'abbé  Perrod  (p.  169-179).  —  Troisième  séance,  samedi  23  mai  : 
V Influence  protestante  avant  et  après  le  miracle,  par  M.  l'abbé  Tournier 
(p.   181-191);  —  Influence  positive  du  miracle  sur  la  population  catholique 
de  la  région,  par  M.  l'abbé  Camuset  (p.  192-203);  —  La  Translation,  le  culte 
et  la  disparition  à  Dole  d'une  des  deux  Saintes  Hosties  miraculeuses  de  F  averney , 
par  M.  le  chevalier  Pidoux    (p.  204-219);  —  La  SainteHostie  de  Faverney; 
sa  conservation,  son  culte  jusqu'à  nos  fours,  par  M.  l'abbé  Lachassine  (p.  220- 
234).  —  2^  Section.  Section  sacerdotale.  Première  séance,  jeudi  21  mai  : 
Culture  des  vocations  ecclésiastiques,  par  M    le  chanoine  Boillot  (p   235-247); 
• —  Le  Chant  liturgique,  par  M.  l'abbé  Henri  Humbrecht  (p.  248-259);  — 
Sur  la  dévotion  au  Cœur  eucharistique  de  Jésus,  par  le  R._P.  Masq^^elier  (p.  260- 
264);  —  L' Assistance  à  la  messe  en  semaine,  ^ps^r  M.   le  chanoine  Guichard 
(p.  265-275 V  —  Deuxième  séance,  vendredi  22  mai  :  La  Communion  fré- 
quente et  quotidienne,  par  M.  le  chanoine  Trép}'  (p.  278-289);  —  Rapport 
complémentaire  [sur  ce  sujet],  par  le  R.  P.  l-ouis  Baille  (p.  290-293);  — 
La  Communion  pascale:  causes  ordinaires  qui  en  éloignent,  par  M.  le   cha- 
noine  Louvot   (p.    294-299);  —  Les   Congrès  eucharistiques    diocésains  et 
cantotaux,  par  M.  l'abbé  Jacquot  (p.  300-311).  —  3*^  Section.  Section  des 
dames.  Première  séance,  jeudi  21  mai  :  Allocution  de  Mgr  Dubillard,  arche- 
vêque de  Chambéry  (p.   313-314); —  La  Fetyime  et  le  Soin  de  l'Église,  par 
j\['"'^  de  Bussières  (p.  315-323);  —  La  Femme  et  le  Denier  du  clergé,  par  M^i» 
Gténiot  (p.  324-334);  —  La  Femme  et  la  Vie  chrétienne,  i)a.r 'M.  le  chanoine 
Bohhélier  (p.  335-342). —  2*^  séance,  vendredi  22  mai  :  La  Femme  et  le  Rôle 
de  la  mère  dans  V éducation  de  l'enfance,  par  M.  l'abbé  Penotet  (p.  344-358)  ;  ■ — 
La  Femme  et  les  Œuvres,  par  M^^^  Laroche  (p.  359-366);  —  L'Œuvre  des 
catéchistes  volontaires  au  diocèse  du  Puy,  par  M^^'^  Reynaud  (p.  367-376);  — 
Rapport  sur  l'œuvre  des  catéchistes  dans  le  diocèse  de  Besançon  (anonyme) 
(p.  377-380);  —  Les  Dames  adoratrices  de  Montmartre,  œuvre    d'Union    de 
prières  avec  Montmartre  (anonyme)  (p.  381-384).  ■ —  4^  Section.  Section  de 
jeunesse.  Première  séance,  samedi  23  mai  :  Les  Divers  Groupes  de  jeunesse, 
pai  M.  Georges  Mairot  (p.  385-395);  —  Les  Œuvres  militaires,  par  M.  l'abbé 
Pattinger  (p.  396-398);  ■=—  Les  Œuvres  d'apostolat,  par  M.  Joseph  Jacques 
(p.  399-409);  —  L' Apostolat  par  la  presse,  par  M.  l'abbé  Garnier  (p.  410- 
418);  —  Les  Cercles  d'études,  par  M.  l'abbé  Simonnin  (p.  419-427).  • —  2« 
séance,  dimanche  24  mai   :  Allocution  de  -Mgr  Dubois,  évêque  de   Verdun 
(p.  429);  —  Formation  intellectuelle,  morale  et  ascétique  de  la  jeunesse,  par 
]\I.  l'abbé  Bidoz  (p.  430-436);  —  La  Jeunesse  auxiliaire  du  clergé,  dans  le 
.  culte  et  dans  ses  œuvres,  par  M.  l'abbé  Moine  (p.  437-444);  —  L'Eucharistie 
est  un  foyer  de  charité,  d'apostolat  et  d'œuvres  sociales,  par  M.  l'abbe  Marmier 
(p.  445-453).  —  Discouis  solennels.  Première  journée,  jeudi  21  mai  :  L'Eu- 
charistie ?t  la  Lutte  pour  l'Église,  par  M.  l'avocat  Séjourné  (p.  457-469);  — 
Les  Leçons  de  l'Eucharistie,  par   Mgr    Delamaire,  coadjuteur  de  Cambrai 
(p.  470-480).  —  2e  journée,  vendredi  22  mai  :  L'Eucharistie,  remède  social, 
par  M.  Prtim  (p.  481-501);  —  L'Eucharistie,  remède  moral,  par  Mgr  Sevin, 
évêque  de  Châlons-si;r-Marne  (p.  502-523).  —  3^  journée,  samedi  23  mai  : 
Les  Conséquences  sociales  de  l'Eucharistie,  par  M.  le    sénateur  Jenouvrier 
(p.  524-543).  : —  Clôture  du  Congrès  :    Vœux  émis  par  le  Congrès  national 
eucharistique  (p.  544-548);  —  Rapport  final  sur  les  travaux  et  les  conclusions 
des  quatre  sections,  par  M.  le  chanoine  Laurent  (p.  549-557);  —  L'Eucharis- 
tie :  les  Périls  du  peuple  à  l'heure  présente  et  la  Puissance  divine  de  régéné- 


-  467   - 

ration  et  de  salut  de  VÉglise  catholique,  par  Mgr  Turinaz,  évêque  de  Nancy 
(p.  559-575);  —  Discours  de  clôture,  par  Mgr  Fulbert  Petit,  archevêque  de 
Besançon   (p.   577-587). 

Archéologie  préhistorique.  —  M.  Paul  Cogels  a  réuni  en  un  fort  vo- 
lume de  tirage  à  part  sous  ce  titre  :  Céraunies  et  pierres  de  ioudre,  histoire  et 
bibliographie  (Anvers,  1907,  in-8  de  406  p.)  une  série  d'étudts  publiée?; 
dans  le  Bulletin  de  V Académie  royale  d'archéologie  de  Belgique.  Appelé  à 
l'honneur  de  présider  cette  Académie,  M.  Cogels,  qui  est  naturaliste  par 
ses  études  personnelles,  a  voulu  payer  cet  honneur  par  un  volume  qui  pût 
i  ntéresser  ses  confrères,  et  nous  pensons  qu'il  y  a  réussi,  car  ce  volume 
instruira  également  ses  confrères  d'archéologie  en  tout  pays.  M.  Cogels  a  choisi 
un  sujet  qui  forme  un  point  de  contact  entre  les  sciences  naturelles  et  l'ar- 
chéologie, en  traitant  de  ce  que  le  peuple  appelle  encore  >' pierres  de  tonnerre  », 
croyant  ce  que  croyaient  les  anciens  naturalistes,  c'est-à-dire  que  c'est 
la  forme  matérielle  de  la  foudre  tombée  du  ciel  sur  la  terre,  —  ce  que  les 
archéologues  reconnaissent  aujourd'hui  être  des  haches  de  pierre  remontant 
à  l'époque  préhistorique.  Cet  ouvrage  n'est  pas  un  traité  didactique  sur  le 
sujet  :  M.  Cogels  a  fait  une  œuvre  plus  modeste  et  peut-être  plus  utile  aux 
travailleurs  :  il  a  passé  en  revue  tous  les  auteurs  qui,  depuis  Pline  et  Suétone 
jusqu'aux  premiers  temps  du  xix^  siècle,  ont,  en  savants  ou  en  curieux  ou 
en  archéologues,  parlé  des  pierres  de  foudre;  il  rapporte  leurs  témoignages, 
discute  leurs  jugements  d'après  les  connaissances  de  leur  époque  et  il  montre 
ainsi  comment  l'opinion  scientifique  est  sortie  peu  à  peu  des  erreurs  et  de 
l'ignorance  des  anciens  temps.  C'est  une  sorte  de  revue  cinématographique 
extrêmement  intéressante  pour  les  curieux  d'archéologie  et  un  recueil  très 
précieux  de  matériaux.  —  Le  volume  se  termine  par  un  index  de  plus  de 
quarante  pages  à  deux  colonnes  qui  rend  les  recherches  très  faciles.  On 
regrette  seulement  une  table  des  matières  qui  permette  de  voir  d'un  coup 
d'œil  la  suite  chronologique;  mais  nous  ne  présentons  cette  observation 
que.  comme  une  vétille. 

Almanachs  pour  1910.  —  U Almanach  du  Bon  Français  que  publie  la 
Société  bibliographique,  vient  d'atteindre  l'âge  de  majorité  :  il  compte 
vingt  et  un  ans  d'existence.  Nombre  de  nos  lecteurs  le  connaissent  depuis 
ses  origines;  à  ceux-là  il  n'est  donc  plus  utile  de  rappeler  ses  tendances  et 
son  but;  mais  pour  tous,  il  est  nécessaire  d'esquisser  la  physionomie  de  la 
publication  et  à  cet  effet  nous  donnons  ci-après  la  liste  des  principaux 
articles  que  l'on  y  trouve  :  Une  Grande  Fête  nationale.  La  Béatification  de 
Jeanne  d'Arc  (2  grav.).  —  Les  Navires  monstres  de  V Antiquité .  —  Le  Marché 
aux  crapauds. —  Le  Cataclysme  italien  (1  grav.) —  Travailleur  et  Bourgeois. — 
La  Peine  de  mort.  —  Le  Chapelet  de  V Apprenti.  —  Les  Massacres  d' Arménie 
(1  grav.).  —  Une  Merveilleuse  Guérison  du  Cinquantenaire  à  Lourdes.  — • 
Dictons  populaires  sur  le  temps  (suite).  Depuis  1905,  cette  publication  était 
interrompue.  Elle  a  repris  dans  V Almanach  de  1910  avec  les  mois  de  Juillet 
et  d'Août.  —  Tremblement  de  terre  dans  le  midi  de  la  France  (l  grav.).  — 
U  Association  Valentin  Hauij  pour  le  bien  des  aveugles.  —  Une  Belle  Conver- 
sion. —  La  Résurrection  de  Saint-Pierre  de  la  Martinique.  —  De  France 
en  Angleterre  à  travers  l'espace.  Blériot  et  son  monoplan  (  1  grav.)  — ''A  propos 
de  Danton.  —  Suicides  déniants.  —  Celles  que  Von  chasse  (religieuses  dé- 
corées). —  Les  Origines  de  la  France. —  Les  Dix  Commandements  de  Vhygiène. 
—  Les  Espagnols  au  Maroc.  L'Insurrection  de  Barcelone  (1  grav.).  — "ies 
Tribunaux  révolutionnaires.  —  L' Exécution  des  otages  en  1871.  —  Les  Progrès 
de  r Antimilitarisme.    —    Un    Vaillant  Patriote.   —  De   format   petit  in-12. 


168 


V  Almanach  du  Bon  Français  compte  72  p.,  comme  ses  devanciers.  —  Prix  ; 
l'exemplaire,  0  fr.  15;  franco,  0  fr.  20;  la  douzaine,  1  fr.  60;  franco,  2  fr.; 
le  cent,  12  fr.,  franco,  13  fr.  50;  le  mille,  port  en  sus,  100  fr.  (Adresser  les 
demandes  au  ;iège  de  la  Société  bibliographique,  5,  rue  Saint-Simon,  Paris, 
VIP.) 

L'Alniavach  Hachette,  petite  encyclopédie  de  la  vie  pratique  (in-12  de  432- 
96  p.,  avec  10  cartes  et  plans  et  1000  grav.  et  portraits.  —  Prix  :  1  fr.  broché 
3t  2  fr.  cartonné),  diffère  grandement  de  ses  aînés;  il  est,  en  outre,  en  plusieurs 
de  ses  parties,  imprimé  en  plus  gros  caractères,  ce  qui  ne  rend  la  lecture 
plus  aisée.  Les  nombreux  articles,  entièrement  inédits  et  rédigés  par  des  spé- 
cialistes, traitent  des  connaissances  les  plus  variées  réparties  en  dix-huit 
grandes  divisions.  Nous  avons  remarqué,  entre  autres  :  La  Vie  dans  V  Univers. 
—  Le  Soleil  et  les  tremblements  de  terre.  —  La  Route  des  airs  conquise.  —  La 
Télégraphie  sans  fil.  —  Les  Monde  dans  deux  cents  ans.  —  Typhus  et  fièvre 
typhoïde.  —  Le  Rein,  baromètre  de  la  santé.  —  U Affaire  du  courrier  de  Lyon 
(1796).  —  La  Comète  de  Halley  revient.  —  Libérateurs  de  peuples.  —  Histoire 
de  l'année.  —  La  Renaissance  des  canaux.  —  U Accroissement  des  cités 
monstres.  —  Z-es  Chefs-d'œuvre  de  la  littérature  allemande.  —  Les  Merveilles 
du  Louvre  vues  en  six  heures.  —  Les  Ornements  sacerdotaux.  —  L'Écriture 
révèle  les  maladies.  —  La  Situation  financière  de  la  France.  —  L'Art  de  dé- 
fendre son  argent.  —  Les  Commandements  du  rentier. — Le  Drainage,  source 
de  richesse.  —  Pour  créer  un  élevage  de  volaille.  —  Sports,  jeux.  ■ —  Ce  que 
tout  Français  doit  savoir  de  la  loi  militaire. 

L' Almc^iach  de  la  Bienheureuse  Jeanne  d'Arc  (Paris,  Œuvre  des  Orphelins- 
apprentis  d'Auteuil,  in-8  de  128  p.,  avec  de  nombreuses  gravures.  —  Prix  : 
1  fr.)  est  fort  beau.  La  première  partie  de  cet  almanach  résume  la  vie  de 
notre  héroïne  nationale;  la  seconde  a  tiait  aux  fêtes  de  la  béatification 
à  Rome  et  en  France.  L'illustration  est  abondante  et  très  soignée.  A  notei 
enfin  un  cantique  à  la  Bienheureuse  et  un  chant  à  Jeanne  d'Arc,  l'un  et 
l'autre  avec  musique.  —  A  la  même  imprimerie,  on  trouvera  VAlma- 
nach  de  l'A  mi  des  enfants  ou  Almanach  de  la  première  communion  et  de  la 
persévérance  (petit  in-12  de  63  p.  avec  grav.  —  Prix  :  0  fr.  30).  —  Mention- 
nons aussi  V Almanach  des  patronages  (11^  année,  gr.  in-8  de  72  p.  illustré 
0  fr.  50)  lequel,  ayant  bénéficié  de  six  approbations  épiscopales,  a  en  outre 
été   récompensé   par   la  Société   nationale   d'encouragement   au   bien.   — 

V  Almanach  de  la  France  illustrée  (34"  année,  in-8  de  106  p.)  qui,  par  ses  récit  j 
intéressants,  édifiants  ou  patriotiques  et  ses  jolies  gravures,  mérite  nos 
suffrages. 

Voici  les  cinq  almanachs  édités  par  la  Société  de  Saint- Vincent  de  Paul 
et  que  l'on  trouve  soit  au  bureau  de  cette  société,  6.  rue  de  Furstenberg,  à 
Paris,  et  chez  Desclée  et  de  Brouwer.  à  Paris  et  à  Lille  :  Le  Coin  du  feu 
(in-16  de  64  p.,  illustré,  0  fr.  25);  Le  Soldat  (in-16  de  64  p.,  illustré,  0  fr.  25); 
Almanach  du  laboureur  et  du  vigneron  (in-16  de  112  p.  avec  grav.,  0  fr.  20); 
Almanach  de  l'Atelier  (in-16  de  112  p.,  avec  grav.,  0  fr.  20);  Petit  Almanach 
de  V écolier  (in-32  de  61  p.,  avec  grav.,  0  fr.  05). 

Et  pour  terminer  cette  première  présentation  d'almanachs,  nous  men- 
tionnerons le  Petit  Almanach  français  (Paris,  Librairie  du  Panache,  47,  rue 
Bonaparte  (in-16  de  160  p.,  avec  de  nombreuses  gravures,  Ofr.  50).  Almanach 
de  combat  où  l'énergie  le  dispute  à  l'esprit. 

Paris.  —  Réunissant  des  articles  paras  dans  l'excellente  Revue  Henri  IV, 
M.  le  comte  Baguenault  de  Puchesse  publie  une  brochure  intitulée  :  Henri  IV 
avant  son  avènement,  1553-1589   (La  Flèche,  Besnier.  1909,  in-8  de  68  p.). 


—  469  — 

La  jeunesse  du  Béarnais  est  divisée  par  l'auteur  en  trois  périodes.  Première 
période  :  Jusqu'à  l'évasion  de  la  Cour,  en  1576.  Deuxième  période:  Jusqu'à 
la  mort  du  duc  d'Anjou,  en  1584.  Troisième  périjde  :  Jusqu'au  meurtre  de 
Henri  III,  en  1589.  Un  appendice  énumère  environ  cent  «  lettres  de  Henri  IV 
avant  son  avènement,  qui  ne  figurent  pas  dans  la  collection  des  Lettres 
missives  de  M.  Berger  de  Xivrey  ni  dans  le  Supplément  de  M.  Gi.adet  ». 
C'est  avec  une  rigueur  très  scientifique,  mais  aussi  avec  une  aisance  pleine 
d'esprit  qi.e  notre  très  distingué  collaborateur  décrit  l'enfance  de  Henri  IV, 
puis  sa  carrière  de  chef  du  parti  protestant,  puis  son  rôle  comme  héritier  de 
la  couronne. 

—  Les  jeunes  lecteurs  et  jeunes  lectrices  auront  plaisir  et  profit  à 
connaître  le  volume  de  M.  A.  Parmentier  :  La  Cour  du  Roi-Soleil  (Paris, 
Armand  Colin,  1909,  petit  in-8  de  144  p.  avec  80  gravures.  —  Prix  :  1  fr.  50). 
Composé  d'après  les  documents  les  plus  sûrs  et  d'après  les  historiens  les  plus 
dignes  de  foi,  ce  livre  donne,  croyons-nous,  une  idée  suffisamment  exacte 
et  impartiale  des  hommes  et  des  choses  de  la  Cour,  au  temps  de  Louis  XIV. 
Toutefois,  si  M.  Parmentier  avait  utilisé  davantage  les  travaux  de  M.  de 
Nolhac,  il  n'aurait  pas  dit  que  la  construction  de  Versailles  '<  absorba  plus 
d'un  demi-milliard  de  notre  monnaie  »  (p.  36)  :  c'est  là  i  ne  grosse  exagéra- 
tion. 

—  Bien  qu'il  porte  la  date  de  1906,  le  t.  II  des  Mémoires  du  comte  de  Sou- 
vigny,  lieutenant  i^énéral  des  arméi  s  du  Roi,  publié  par  M.  le  baron  Ludovic 
de  Contenson  pour  la  Société  de  l'histoire  de  France,  n'a  paru  qu'en  1908 
(Paris,  Laurens,  in-8  de  360  p.)  et  le  t.  III  vient  de  paraître  (ibid.,  1909, 
in-8  de  xxvii-388  p.).  Le  t.  II  à  lui  seul  achevait  à  peu  près  la  publication 
des  Mémoires,  comprenant  les  années  1639  à  16.'''9,  tandis  que  le  t.  III  ne 
nous  donne  que  l'année  1660.  Mais  il  est  rempli  par  un  appendice  considé- 
rable, dans  lequel  on  trouvera  :  1°  l'Avant-propos  des  Mémoires;  2°  une  gé- 
néalogie de  la  famille  Gangnières,  dont  Souvigny  était  originaire;  3°  sous 
des  rubriques  diverses,  un  riche  ensemble  de  pièces  justificatives.  On  y  trou- 
vera également  l'Introduction,  destinée  à  être  jointe  au  premier  volume, 
dans  laquelle  M.  le  baron  Ludovic  de  Contenson  nous  donne  sur  l'auteur 
des  Mémoires  des  renseignements  complémentaires  et  fait  excellemment 
ressortir  que  le  principal  intérêt  de  cette  œuvre  consiste  dans  les  traits  de 
mœurs  qu'elle  nous  présente;  la  vie  même  de  Souvigny,  parti  d'une  humble 
position,  pour  s'élever  siiccessivement  aux  hauts  grades  de  la  hiérarchie 
militaire  et  en  même  temps  à  la  noblesse,  et  s'adaptant  avec  facilité  à  sa 
nouvelle  situation,  est  particulièrement  instructive.  L'annotation  de  M.  de 
Contenson  est  toujours  précise.  On  regrettera  que  la  table  qui  complète  le 
3^  volume  ne  s'applique  pas  aux  pièces  justificatives. 

—  Le  chevalier  d'Assas  a-t-il  vraiment  été  le  héros  dont  le  dévouement 
à  Clostercamp  a  sauvé  l'armée  française  et  assuré  la  victoire  à  nos  troupes, 
ou  bien  a-t-il  simplement  bénéficié  d'une  légende  dont  Voltaire  s'est  fait 
l'interprète?  La  question  a  déjà  fait  l'objet  de  plus  d'une  discussion.  Sans 
la  résoudre  peut-être  —  il  n'y  prétend  pas  d'ailleurs,  —  M.  G.  Brunet  jette 
dans  le  débat  une  pièce  demeurée  à  peu  près  inaperçue  jusqu'ici  et  discute 
excellemment  les  textes  et  les  arguments  fournis  de  part  et  d'autre.  Ce 
texte,  c'est  la  seule  relation  qui  subsiste  d'un  témoin  oculaire,  le  chevalier 
de  Laborie,  à  l'époque  lieutenant  aux  chasseurs  d'Auvergne,  et  qui  fut 
l'informateur  de  Voltaire.  Le  malheur,  c'est  qu'il  n'est  pas  facile  de  déter- 
miner le  degré  de  confiance  que  l'on  peut  accorder  à  ce  témoignage;  et  c'est 
pour  cela  que  ces  Recherches  nouvelles  sur  la  mort  du  chevalier  d'Assas  (Revue 
des  questions  historiques,  octobre  1909)  laissent  subsister  un    doute.    Elles 


—  470  - 


n'en  sont  pas  muins  le  meilleur  travail  critique  q.i  ait  paru  sur  ce  sujet. 
■ —  Tout  le  monde  ne  peut  posséder  et  lire  les  trois  importants  volumes 
qui  forment  le  livre  écrit  par  M.  de  Marcey  sur  Charles  Chesnelong,  son  his- 
toire et  celle  de  son  temps  (1820-1899),  que  le  Polybiblion  a  présenté  à  ses 
lecteurs  dans  sa  livraison  de  juillet  1908  (t.  CXI II,  p.  64-65).  Du  moins  en 
auront-ils  une  large  idée  en  lisant  dans  la  Revue  des  sciences  ecclésiastiques 
et  la  Science  catholique  l'étude  que  notre  très  distingué  collaborateia'  M.  C. 
de  Kirwan  a  consacrée  à  Fouvrage  de  M.  de  Marcey  sous  le  titre  :  Charles 
Chesnelong,  son  rôle  sous  le  second  Empire  et  les  régimes  qui  ont  suivi  (tirage 
à  part.  Arras  et  Paris,  Sueur-Charruey,  1909,  in-8  de  40  p.).  Cette  étude 
est  ainsi  divisée  :  I.  Le  Député  au  Corps  législatif.  —  II.  Chesnelong  à 
l'Assemblée  nationale.  La  Chute  de  Thiers.  —  III.  La  Fusion  et  la  Campagne 
monarchiqt;e.  —  IV.  187.'M876.  —  V.  Chesnelong  sénateur.  «  L'auteur, 
observe  M.  de  Kirwan  en  manière  de  conclusion,  a  voulu  avant  tout  faire 
ressortir  le  caractère,  la  figure,  l'âme  du  grand  homme  de  bien  dont  il  a 
tracé  la  vie  publique...  et  quiconque  s'intéresse  aux  choses,  aux  hommes, 
aux  événements  de  la  seconde  moitié  du  siècle  qui  vient  de  se  clore  doit  avoir 
dans  sa  bibliothèque  les  trois  volumes  dont  se  compose  le  Charles  Chesnelong.» 

—  Les  séries  de  la  Littérature  par  Vimage,  collection  éditée*par  la  librairie 
Didier  (Paris,  4  et  6,  rue  de  la  Sorbonne),au  prix  de  1  fr.  la  série,  ou  «  po- 
chette», se  poursuivent  rapidement.  En  voici  deux  nouvelles.  La  première 
(pochette  n°  9)  se  rapporte  à  Chateaubriand.  Les  douze  cartes  qui  la  com- 
posent nous  montrent  le  château  de  Combourg  où  fut  élevé  l'auteur  du 
Génie  du  christianisme;  viennent  ensuite  deux  portraits  de  Chateaubriand 
à  des  époques  très  différentes  de  sa  vie;  d'autres  sont  des  reproductions 
de  gravures  illustrant  les  œuvres  les  plus  maïquantes  de  l'écrivain;  à  noter 
enfin  un  portrait  de  M^^^  Récamier,  son  amie  fidèle,  et  le  fameux  tombeau, 
au  bord  de  la  mer  qu'il  surplombe,  à  Saint-Malo.  —  Si  intéressante  que  soit 
cette  pochette  n°  9,  la  suivante  (10^,  consacrée  à  Montaigne,  l'est  davantage, 
à  notre  avis.  D'abord  la  reproduction  d'une  jolie  composition  de  Marillier 
offrant  une  sorte  de  «  Tableau  historique  de  la  vie  et  de  l'œuvre  de  Montai- 
gne )',  puis  deux  beaux  portraits,  des  plans  et  vues  du  château  et  de  la  tour 
de  Montaigne,  un  portrait  de  M^o  de  Gournay,  un  fac-.'?imilé  de  lettre  au- 
tographe, la  reproduction  du  frontispice  et  d'une  page  des  Essais  (exem- 
plaire de  Bordeaux),  et,  pour  terminer,  une  gravure  représentant  les  derniers 
moments  de  Montaigne.  —  L'ensemble  de  la  collection  la  Littérature  par 
l'image  compte,  à  ce  jour,  120  cartes  vraiment  artistiques,  toutes  pourvues 
de  notices  explicatives. 

• —  Signalons  l'opuscule  tout  d'actualité  que  M.  François  Veuillot  vient 
(le  faij'e  paraître  :  L'Union  des  catholiques  et  les  Élections  (Paris,  Lelhielleux; 
et  administration  du  journal  l'Univers,  1909,  in-12  de  16  p.  —  Prix  :  0  fr.  25). 

—  Nous  recevons  une  brochure  intitulée  :  Almanach  des  noms  de  bap- 
tême (Paris,  Daragon,  1909,  in-18  carré  de  62  p.  —  Prix  :  1  fr.  50).  «  Nous 
ignorons,  déclare  l'auteur  anonyme  dans  sa  courte  Préface,  les  noms  du 
plus  grand  nombre  des  saints  et  des  bienheureux  :  nous  ne  pouvons  donc  ni 
recourir  à  eux  ni  placer  sous  leur  patronage  les  enfants  qui  entrent  dans  la 
vie,  et  que  l'on  veut  nommer  au  baptême...  Poi.r  éclairer  la  recherche  des 
pères  et  des  pariains,  no„s  offrons  ici  une  nomenclature  comprenant  plus 
de  4500  noms  de  saints  et  bienheureux,  tant  anciens  que  modernes.  »  Ces 
noms  sont  disposés  par  mois  et  par  jour,  du  l'^'"  janvier  au  31  décembre. 

—  Notre  collaborateur  M.  É.  Chailan  publie  un  opuscule  scientifique 
clair  et  pratique  qui  s'adresse  à  tous,  mais  plus  particulièrement  aux  per- 
sonnes n'ayant  «  aucune  connaissance  antérieure  sur  la  mécanique  et  la 


—  471  — 

physique.  »  Titre  :  Système  C.  C.  S.  Mesures  industrielles  (Paris,  Poussielgue, 
1909,  petit  in-16  de  30  p.,  avec  fig.  —  Prix  :  0  fr.  30).  La  Préface  placée  en 
tète  de  l'opuscule  explique  le  but  visé  par  l'auteur;  nous  en  extrayons  les 
lignes  suivantes  :  (  Le  système  C.  G.  S.  (traduisez,  ces  initiales  par  le  centi- 
mrtre,  le  gramme.  ]d.  seconde)  est  l'ensemble  des  mesures  usitées  en  mécanique 
et  en  électricité  qui  ont  été  déterminées  après  une  entente  internationale. 
Il  est  universellement  adopté...  Les  nouvelles  unités  introduites  ne  sont  pas 
seulement  théoriques,  c'est-à-dire  se  prêtant  universellement  à  des  calculs 
faciles;  elles  sont  encore  pratiques.  Comme  il  a  été  fait  pour  le  mètre  et 
le  kilogramme,  on  a  construit  des  étalons  qui  les  représentent  d'une  manière 
efîective  et  permettent  de  graduer  des  instruments  pratiques  de  mesure. 
L'emploi  constant  du  système  C.  G.  S.  a  introduit,  dans  le  langage  courant, 
l'usage  de  termes  techniques  dont  il  importe  de  connaître  la  valeur  exacte. 
Nous  ne  faisons  pas  l'exposé  complet  du  système  C.  G.  S.  ;  nous  le  limitons 
au  strict  nécessaire.  Nous  y  avons  joint  les  autres  mesures  industrielles 
encore  en  usage.  » 

Berry.  —  L^ne  vieille  maison  de  Boi;rges  porte  i  ne  inscription  :  '<  Icy 
se  donne  le  gris  ->,  qui  a  déjà  fait  couler  beaucoup  d'encre  et  prêté  matière 
aux  interprétations  les  plus  diverses  et  les  plus  fantaisistes  parfois.  Dans  d'au- 
tres endroits  (Dun-sur-Auron.  Saint-Colombe,  par  exemple)  on  a  relevé  des 
inscriptions  analogues;  et  à  Paris  même,  il  y  avait  jadis,  sur  la  place  Notre- 
Dame,  une  statue  appelée  Pierre  le  Jeûneur,  M.  Legris  ou  le  vendeur  de  gris. 
MM.  E.  Ti.rpin  et  P.  Gauchery  reprennent  la  question,  et,  dans  de  curieuses 
Remarques  sur  V inscription  '(  Icy  se  donne  le  gris  «  (Extrait  du  23®  volume 
des  Mémoires  de  la  Société  historique,  littéraire  et  scientifique  du  Cher.  Bourges, 
'fvp.  Sire,  1909,  in-8  de  18  p.,  avec  1  flg.  et  2  pi.),  ils  la  tranchent  définitive- 
ment, semble-t-il.  On  disait  :  '(  on  vend  du  gris  »  pour  «  il  fait  grand  froid,  n 
La  situation  des  inscriptions  dans  des  passages  étroits  où  le  vent  soufTIe 
avec  violence,  celle  de  la  statue  dans  un  endroit  également  exposé  à  la  vio- 
lence du  vent,  justifient  pleinement  cette  explication. 

Bourgogne.  —  M.  Julien  Feuvrier  a. extrait  de  la  Revue  préhif^tôrique  de 
Ve.it  de  la  France  le  travail  qu'il  y  a  inséré  sous  le  litre  :  L'Enceinte  du  Grand- 
Canton,  au  territoire  de  Flagei/  {Côtt-d'Or)  (forêt  communale  de  Laberqemenl- 
lez- Auxonne)  (Dijon,  imp.  Jobard,  1909,  in-8  de  8  p.  avec  3  fig.).  L'auteur 
nous  fait  part  des  fouilles  effectuées  sous  sa  direction  dans  l'enceinte  en 
question  lesquelles,  d'ailleurs,  n'ont  pas  donné  l'importants  résultats. 
Les  enceintes  de  ce  type,  observe  M.  Feuvrier,  existent  nombreuses;  elles 
ne  sont  pas  caractéristiques  d'une  époque.  Tl  finit  cependant  par  proposer 
cette  solution  :  "  Nous  croyons,  sauf  meilleur  avis,  qu'il  faut  la  faire  remonter 
à  l'époque  de  la  Tène,  où  nos  ancêtres,  dans  les  pays  de  plaine,  établissaient 
volontiers  près  des  marais  et  au  bord  des  cours  d'eau  leurs  chétives  habita- 
tions. »  ,,ij 

Champagne.  —  A  tous  les  points  de  vue,  le  volume  des  Annales  de  la 
Société  historique  et  archéologique  de  Château-Thierry  qui  vient  d'être  mis 
en  distribution  mérite  l'attention  (Année  1908.  Château-Thierry,  Imp. 
moderne,  1909,  gr.  in-8  de  x-340  p.,  avec  de  nombreux  plans,  planches  et 
gTav.  dans  le  texte).  Là  ont  été  insérés  les  mémoires  dont  voici  les  titres, 
avec  les  noms  des  auteurs  :  Un  Chapitre  de  V histoire  de  Château-Thierry. 
Notre-Dame  du  Bourg,  par  M.  Maurice  Henriet  (p.  3-85,  avec  2  pi.)  ;  —  Note 
sur  deux  vases  gallo-romains  trouvés  à  Nogent-V Artaud,  par  M.  Médéric  Fré- 
mont  (p.  88-93);  —  Lomel  et  Ramond,  par  M.  Lucien  Briet  (p.  94-114,  avec 
2  portraits  et  une  vue  dans  le  texte);  —  L'Église  de  Fère-en-Tardenois,  par 


-  472  — 

M.  l'abbé  N.  Guyot  (p.  115-125);  —  Les  Seigneurs  de  Verdilly  et  de  Trugny 
aux  xvi*  et  xviie  siècles,  par  M.  J.  Henriet  (p.  126-129); —  Comptes  rendus 
de  divers  mémoires  archéologiques ,  par  M.  Guidonnet  de  Vallier  (p.  130-136); 

—  Quelques  particularités  bibliographiques  sur  l'œuvre  de  La  Fontaine,  par 
M.  E.  Deraine  (p.  137-150);  —  Pots  de  pharmacie  et  pièces  de  dressoir,  par 
M.  Frédéric  Henriet  (p.  151-160);  —  La  Campagne  de  1814  dans  la  Brie 
champenoise,  par  M.  E.  Deraine  (p.  161-178):  ■ —  Le  Passage  de  Lannes  de 
Montebcllo  à  Château-Thierry,  en  1810,  par  M.  l'abbé  N.  Guyot  (p.  179-181); 

—  Les  Guerres  de  religion  et  la  Ligne  en  Champagne.  François  d" Alençon, 
duc  de  Château-Thierry,  par  M.  E.  Deraine  (p.  182-210);  —  Excursioji 
archéologique  du  8  juin  1908,  par  M.  G.  Pommier  (p.  211-224);  —  Simple 
Écho  du  Congrès  des  Sociétés  savantes,  par  M.  Minoiiflet  (p.  225-234);  — 
Bouresches,  par  M.  j'abbé  N.  Guyot  (p.  235-236);  —  Nos  vieux  Murs.  Le 
Château  de  Thierry  {essai  de  reconstitution),  par  M.  G.  Pommier  (p.  239-287, 
avec  5  plans,  5  planches  et  7  vignettes).  La  publication  de  cette  intéressante 
étude  n'est  pas  complète;  la  suite  sera  donnée  dans  un  prochain  volume;  — 
Épigraphie  de  V Aisne.  Inscriptions  diverses  du  canton  de  Fère-en-Tardenois, 
par  M.  L.-B.  Riomet  (p.  289-332);  —  Le  Portrait  de  Jean  de  La  Fontaine, 
du  Musée  de  Reims,  par  M.  Frédéric  Henriet  (p.  336-337,  avec  une  repro- 
duction de  ce  portrait). 

Franche-Comté.  —  Au  congrès  de  l'Association  franc-comtoise  qui  s'est 
tenu  à  Salins  en  août  1908,  M.  Julien  Feuvrier  a  fait  une  communication 
insérée  depuis  dans  les  Mémoires  de  la  Société  d'émulation  du  Jura,  sur  l'At- 
taque de  Salins  dans  la  nuit  du  3  au  4  mars  1595  (tirage  à  part.  Dole,  Ledun, 
1909,  in-8  de  8  p.,  avec  un  fac-similé  d'autographe  de  Louis  Gollut).  Ce  fait 
d'armes,  glorieux  pour  les  Salinois  puisqu'il  aboutit  à  la  déroute  des  aven- 
turiers lorrains  de  d'Aussonville  et  de  Loupy,  qv.i  avaient  essayé  de  surpren- 
dre la  place,  a  déjà  été  conté  par  plusieurs  écrivains  comtois;  mais  M.  Feu- 
vrier a  voulu  compléter  ces  divers  récits.  Pour  cela,  il  a  mis  à  contribution 
une  Histoire  de  Salins  restée  manuscrite,  conservée  à  la  Bibliothèque  de 
cette  ville  et  composée  par  l'abbé  Robin  à  l'aide  de  documents  extraits 
des  archives  municipales  en  1846,  c'est-à-dire  à  une  époque  oii  le  registre 
du  conseildeséchevins  pour  1595,  aujourd'hui  disparu,  se  trouvait  encore  aux 
dites  archives.  M.  Feuvrier  a  donc  pu  donner  quelques  détails  inédits  sur 
cette  affaire  :  ce  n'est  pas  tout  à  fait  une  version  officielle  puisque  le  registre 
échevinal  n'existe  plus,  mais  il  ne  s'en  faut  guère. 

—  A  Buthiers,  M.  le  marquis  de  Scey  de  Brun  possède  des  archives  «  qui 
constituent  un  fonds  des  plus  précieux,  et  nul  ne  devra  se  hasarder  à  écrire 
l'histoire  du  comté  de  Bourgogne  dans  la  première  moitié  du  xvii^  siècle 
sans  en  prendre  connaissance.  »  Tel  est  l'avis  de  M.  Emile  Longin.  Or,  dans 
ces  archives  figurent  les  papiers  d'Antoine  Brun,  procureur  général  au  Par- 
lement de  Dole  et  négociateur  du  traité  de  Munster,  parmi  lesquels  M.  Emile 
Longin  a  trouvé  «  une  relation  de  la  seconde  campagne  du  duc  de  Longue- 
ville  au  bailliage  d'Aval...  elle  n'embrasse  que  deux  mois  de  la  guerre  de 
Dix  ans  [juin  et  juillet  1638],  mais  ces  deux  mois  ont  eu  pour  la  province 
[de  Franche-Comté]  les  conséquences  les  plus  graves...  »  Et  M.  Longin  a  eu 
l'excellente  idée  de  publier  ce  document  dans  les  Mémoires  de  la  Société 
d'émulation  du  Jura  et  d'en  faire  un  tirage  à  part  intitulé  :  Campagne  du 
duc  de Longueville  au  bailliage  d'Aval  (ISS6)  (Lons-le-Saunier,  imp.  Declume, 
1909,   in-8  de  27   p.).   On  remarquera  dans  cette    relation  certains  faits 
ignorés  tels  que  «  la  chasse  donnée  avec  des  chiens  par  l'armée  française  aux 
paysans  retirés  dans  les  bois  ».  On  voit  par  ce  détail  que  les  chiens  militaires 
ne  sont  pas  précisément  une  conception  de  notre  temps. 


m.-:- 


—  473  — 

—  Si  M.  Julien  Feuvrier  a  contribué  pour  sa  part  à  éclaircir  certaines 
périodes  de  l'histoire  de  la  Franche-Comté,  il  n'a  pas  non  plus  négligé  un 
autre  ordre  d'études  :  le  préhistorique.  Dans  sa  brochure  :  Les  Stations 
palustres  dans  la  région  de  Dole  (Dole,  Ledun,  1909,  in-8  de  8  p.  Extrait  du 
Quatrième  Congrès  préhistorique  de  France,  session  de  Chambérj-,  1908), 
il  raconte  les  fouilles  et  décrit  les  trouvailles  qu'il  a  faites  en  ces  derniers 
temps  dans  cette  région,  puis  il  en  arrive  à  conclure  que  «  la  partie  située 
entre  les  rivières  de  la  Saône  et  du  Doubs,  ainsi  que  le  plateau  de  Bresse,  a 
été  occupée  par  l'homme  dès  la  période  néolithique.  Les  habitants,  en  petits 
gi'oupes  disséminés,  vivaient  autour  des  marais  sur  lesquels  ils  avaient 
établi  leurs  demeures  et  sur  des  îlots.  » 

—  Encore  de  la  préhistoire.  L'opuscule  de  M.  Armand  Viré  :  Station 
larnaudienne  de  Baume-les- Messieurs  (Jura)  (Le  Mans,  imp.  Monnoyer, 
1909,  in-8  de  11  p.  Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  préhistorique  de  France) 
donne' la  description,  appuyée  de  figures,  d'objets  variés  (hache  en  bronze, 
bracelets,  anneaux,  épingles,  fibules  et  débris  de  poterie)  découverts  par 
lui  en  1895  et  1896  sur  le  territoire  de  Baume-les-Messieurs.  Une  note  sui- 
vante parle  d'une  «  petite  forteresse  préhistorique  »  dont  les  fondations, 
parfois  élevées  de  1  mètre  50,  existent  encore  au  nord  de  la  localité.  Les 
deux  dernières  pages  sont  consacrées  à  un  objet  en  granit  ayant  la  forme 
d'une  poulie  de  l'époque  du  bronze,  trouvé  également  à  Baume,  sur  lequel 
les  archéologues  consultés  n'ont  pu  se  mettre  d'accord  sous  le  rapport  de 
son  utilisation. 

—  L'origine  des  moulins  à  bras  se  perd  dans  la  nuit  des  temps.  Et  cepen- 
dant, malgré  la  création  des  moulins  à  eau  qui  fonctionnèrent  à  Rome 
dès  le  iv*'  siècle  de  notre  ère,  les  moulins  à  bras  et  à  chevaux  ne  disparurent 
pas  tout  à  fait.  En  Franche-Comté,  notamment,  l'on  se  servit  concurremment 
des  trois  espèces  de  moulins.  Et  cela  s'explique.  Province  frontière  convoitée 
par  de  puissants  voisins,  elle  était  fréquemment  envahie  :  alors,  les  moulins 
à  eau  étant  occupés  ou  détruits  par  l'ennemi,  force  était  bien  d'avoir  recours, 
pour  la  mouture  des  grains,  aux  moulins  à  bras  et  à  chevaux,  que  l'on  uti- 
lisait dans  les  enceintes  fortifiées.  M.  Feuvrier  nous  donne  la  description 
d'une  de  ces  machines  dans  son  travail  intitulé  :  Les  Derniers  Moulins  à 
bras  et  à  chevaux  en  Franche-Comté  (Besançon,  imp.  Jacquin,  1909,  in-8 
de  7  p.,  avec  1  fig.  Extrait  du  Bulletin  trimestriel  de  V Académie  de  Besançon). 
Les  musées  de  Besançon  et  de  Dole  conservent  plusieurs  de  ces  moulins; 
il  en  existe  un  aussi  au  château  du  Pin,  dans  le  Jura,  qui  date  du  xvii^  siècle. 
C'est  à  cette  époque,  du  reste,  que  la  Franche-Comté  fut  réunie  à  la  France, 
et  comme,  par  suite,  la  sécurité  lui  fut  assurée,  lesmoulins  à  bras  et  à  chevaux 
ne  trouvèrent  plus  d'emploi. 

—  Parmi  les  missionnaires  d'Indo-Chine  récemment  béatifiés,  il  en  est 
un  qui  appartient  au  département  du  Jura.  Il  fallait  donc  s'attendre  à  ce 
que  M.  le  chanoine  E.  Chamouton,  directeur  au  séminaire  de  Lons-le-Sau- 
nier,  qui  n'est  pas  un  inconnu  pour  nos  lecteurs,  écrivît  la  biographie  du 
Bienheureux  Pierre- François  Néron,  martyr  (Lon.s-le-Saunier,  Gey  et  Guy, 
1909,  in-18  de  ii-72  p.,  avec  portrait).  Né  à  Bornay,  près  Lons-le-Sai.nier, 
le  21  septembre  1818,  Pierre-François  Néron  ne  sembla  pas  tout  d'abord 
vouloir  s'engager  dans  la  bonne  voie;  mais,  vers  l'âge  de  dix-sept  ans, 
sa  conversion  était  si  complète  que,  quatre  ans  pus  tard,  il  entrait  au  petit 
séminaire  de  Nozeroy.  De  là,  en  1843,  il  prenait  le  chemin  du  petit  séminaire 
de  Notre-Dame  de  Vaux,  pour  passer  ensuite  au  grand  séminaire  de  Lons- 
le-Saunier,  qu'il  ne  devait  quitter  que  pour  être  admis  aux  Missions  étran- 
gères, à  Paris.  En  1848,  il  partait  pour  l'Extrême-Orient.  Il  faut  lire  ce  petit 


—  474  — 

volume  pour  se  rendre  compte  du  zèle,  du  dévouement  et  du  courage  dont 
Pierre-François  Néron  donna  l'exemple,  sans  défaillance,  dans  ces  lointaines 
contrées.  Là,  on  peut  le  dire,  sa  vie  fut  une  perpétuelle  immolation,  car  il 
n'avait  en  vue  que  la  gloire  de  Dieu  et  de  son  Église.  Il  désirait  le  martyre; 
ses  vœux  furent  accomplis  le  3  novembre  1860.  Trahi  par  un  mauvais 
chrétien  indigène,  qui  se  disait  son  ami,  il  fut  arrêté,  enfermé  dans  une  cage, 
accablé  de  mauvais  traitements  et  enfin  jugé  et  exécuté  :  il  eut  la  tête  tran- 
chée. 

Languedoc.  —  Vient  de  paraître  le  tome  XXXI  de  la  VII'^  série  des 
Mémoires  de  V Académie  de  Nîmes  (Année  1908.  Nîmes,  imp.  Chastanier, 
gr.  in-8  de  lxxxiv-396  p.).  Il  renferme  les  travaux  suivants  :  La  Mer  et 
les  Lois  de  Vévolution,  par  le  D''  Barrai  (p.  v-xl)  ;  —  Lou  Vieil  et  H  très  jouin 
Garçoun  {dialecte  nîmois),  œuwe  posthume  de  Jan  delà  Tourmagno  (pseudo- 
nyme de  M.  Jean  Gaidan]  (p.  xlvii-lxx);  - —  M.  Gaston  Boissicr,  causeur, 
par  M.  l'abbé  Delfour  (p.  lxxv-lxxxiv);  —  Les  Chartes  et  les  transactions 
des  seigneurs  de  Vauvert  et  de  ses  habitants,  par  M.  Prosper  Falgairolle  (p.  1- 
99);  —  La  Fortune  de  M.  de  Trouillas,  inventaire  en  langue  d'oc  de  1486, 
publié  par  M.  Edouard  Bondurand  (p.  101-111);  • —  Ballade  hippique  du 
xv^  siècle,  par  M.  Ed.  Bondurand  (p.  113-115);  —  U Église  fortifiée  de  Lan- 
glade  au  xv^  siècle,  par  le  même  (p.  117-124);  —  Examen  médical  d'un 
homme  suspect  de  lèpre  (1440),  publié  par  le  même  (p.  125-131);  —  La  Lutte 
contre  la  tuberculose  par  la  mutualité  et  la  coopération,  par  M.  Henri  Roux 
(p.  133-169);  —  Les  Sciences  physiques  et  naturelles  dans  le  livre  de  Job,  par 
M.  René  Deloche  (p.  171-248);  —  Les  Musées  archéologiques  de  Nimes. 
Recherches  et  acquisitions,  par  M.  Félix  Mazauric  (p.  249-296);  —  Les  An- 
ciennes Juridictions  de  Nîmes,  vingt  ans  avant  la  Révolution,  d'après  les 
Mémoires  inédits  de  Louis-Etienne  Ricard,  lieutenant  principal  au  présidial 
de  cette  ville,  par  M.  le  comte  E.  de  Baîincourt  (p.  297-316);  —  La  Mévente 
du  vin  à  Tarascon-sur- Rhône  et  la  Charte  de  lu  reine  Jeanne  I^^  (1376),  par 
M.  Marcellin  Clavel  (p.  317-326);  —  Le  Rôle  des  Phéniciens  dans  l'histoire 
delà  civilisation,  d'après  les  livres  homériques,  par  M.  Jules  Poinso  (p.  327- 
338);  —  La  Viticulture  et  les  applications  de  l'alcool  dénaturé  aux  usages 
industriels  en  général  et  à  V automobilisme  en  particulier,  par  M.  Gérard 
Lavergne  (p.  339-366). 

Bulgarie.  —  C'est  une  conférence  de  vulgarisation  que  le  colonel 
D.  Joaquin  de  la  Llave  y  Garcia  a  prononcée  sur  la  Bulgarie,  le  24  novembre 
1908,  devant  la  Société  de  géographie  de  Madrid;  les  géographes  la  liront 
toutefois  avec  intérêt.  Sans  doute,  ils  n'y  trouveront  pas  l'abondance  de 
détails  précis  et  les  renseignements  de  toute  nature  que  M.  L.  de  Launay 
a  réunis  dans  le  volume,  si  plein  de  faits,  qu'il  a  naguère  publié  sur  ce  pays; 
mais  le  tableau  économique  de  la  Bulgarie  tracé  par  D.  Joaquin  delà  Llave 
y  Garcia  est  complet,  bien  ordonné  et  accompagné  de  quelques  chiffres  bons 
à  retenir.  Encadré  entre  des  notions  historiques  succinctes,  une  esquisse 
ethnographique  et  quelques  indications  sur  l'essor  intellectuel  et  social 
de  la  Bulgarie  et  la  question  de  la  Macédoine,  ce  tableau  constitue  le  centre 
d'une  intéressante  conférence  que  noLS  avons  plaisir  à  signaler  ici  [Bul- 
garia.  Gonferencia...  por  D.  Joaquin  de  la  Llave  y  Garcia.  Madrid,  Imprenta 
de]  Patronato  de  Huerfânos  de  Administraciôn  militar,  1909,  in-8  de  36  p.). 

Italie.  —  M.  Vittorio  Cian  est  un  des  meilleurs  représentants  de  l'his- 
toire littéraire  en  Italie  et  un  des  professeurs  brillants  dont  s'enorgueillissent 
les  Universités  italiennes;  ses  cours  de  l'Université  de  Pise  ont  groi.pé  autour 
d»^  sa  chaire  d'assez  nombreux  élèves,  dont  plts  d'un  déjà  lui  fait  honneur 


—  475  — 

par  ses  travaux.  Vingt  et  un  d'entre  eux  viennent  de  lui  offrir  un  de  ces  vo- 
lumes de  mélanges  assez  à  la  mode  de  nos  jours  :  A  Vittorio  Cian  i  suoi  sco- 
lari  deirUnwersitd  di  Pisa,  1900-1908  (Pisa,  tip.  F.  Mariotti,  1909,  in-8 
de  viii-291  p.,  avec  portrait).  Voici,  par  ordre  alphabétique  d'auteurs,  la 
liste  de  ces  mémoires  :  1.  J.  Baroni,  Un  economista  poeta  net  700  (il  s'agit  de 
G.  M.  Ortes);  2.  V.  Biagi,  L'Ode,  la  Chiesa  di  Polenta  di  Giosuè  Carducci;  3. 
L.  Cambini,  Le  Origini  delV Indicatore  livornese;  4.  L.  Campana,  Instruzione 
di  Mons.  Gio.  de  la  Casa  al  card.  Scipione  Rebida,  legato  a  CarloVe  Filippo  II, 
per  indurli  alla  pace  con  Enrico  II ,  scritta  in  nomedo papaPaolo IV;5.  P.  Carli, 
Giuseppe  Giiisti  romanziere?  8.  G.  Cenzatti,  Un  tarda  fidenziano  (Fr.  Testa); 
7.  G.  Chiarini,  Il  caso  obliqua  senza  preposizione  nelVantico  francese;  S.M. 
Chiocci,  La  Galleria  dantesca  di  Filippo  Bigioli;  9.  E.  Clerici,  Dalla  «  Vita 
di  un  uomo  oscuro  »;  10.  G.  Dolci,  Intorno  alla  «  F'ide  »  di  L.  B.  Alberti]  11. 
G.  Fatini,  Quattro  poésie  inédite  di  Ludovico  Ariosto;  12.  L.  di  Francia, 
La  IV  jiovella  del  «  Decameron  »  e  le  sue  fonti;  13.  P.  Guerrini,  Silenzi  epici 
(Aiace,  Didonc,  Paolo);  14.  G.  Lazzeri,  Il  testamento  di  Agnolo  Torini;  15. 
A.  Mondolfi,  //  tardo  venir  di  Casella  alla  pinggia  del  Purgalorio;  16.  A.  Nic- 
colai,  Un  altro  studioso  di  Dante  jra  gli  stor ici  del  500  {F.  de  Nerli);  17.  A.  Pel- 
lizzari.  Un  sonetto  di  F.  Petrarca  e  uno  di  L.  Camoens;  18.  U.  Scoti-Ber- 
tinelli,  //  carneval  del  1495  a  Firenze;  19.  M.  Sterzi,  Attorno  aduri  operetta 
del  march.  Scipioni  Majjei  messa  alVindice;  20.  E.  Tacchi  Mochi,  L'Imita- 
zione  petrarchessa  nelle  liriche  d'amore  di  Torquato  Tassa;  21.  F.  Viglione, 
Una  nota  alV influsso  di  A.  Pope  sulla  letteratura  italiana. 

Portugal.  —  Le  20  juin  dernier,  Sa  Majesté  Manuel  II,  roi  du  Portugal, 
venait  présider  effectivement  une  assemblée  solennelle  de  l'Académie  royale 
des  sciences  de  Lisbonne.  C'est  pour  commémorer  cet  événement  que  M.  Car- 
dozo  de  Bethencourt  nous  donne  un  aperçu  sommaire  sur  la  bibliothèque 
de  cette  grande  institution  scientifique  :  A  Bibliotheca  da  Academia  real 
das  sciencias  de  Lisboa,  noticia  summaria,  avec  préface  d«  M.  Christovam 
Ayres  (Lisboa,  typ.  da  Academia,  1909,  in-8  de  31  p.).  La  bibliothèque  a 
une  double  origine  :  elle  a  été  formée  d'une  part  par  l'ancien  fonds  de  l'Aca- 
démie, qi.i  ne  date  que  du  xviii^  siècle,  et  de  l'autre  par  les  livres  de  l'ancien 
couvent  de  Notre-Dame  de  Jésus,  des  franscicains  du  tiers  ordre  de  la 
Pénitence.  Elle  contient  116  000  volumes  (sans  compter  112  incunables)  et 
1600  manuscrits.  On  peut  regretter  que,  dans  cette  brève  notice,  M.  Cardozo 
de  Bethencourt  ne  nous  fournisse  pas  des  indications  plus  précises  sur  les 
achats  «  relativement  peu  nombreux  «  mais  dont  le  nombre  cependant  «  va 
augmentant  »  depuis  1907,  faits  pour  le  compte  de  l'Académie.  Il  serait 
souhaitable  que  de  cette  brochure  de  circonstance  sortît  un  travail  plus 
complet,  qui  permît  de  se  l'endre  mieux  compte  des  ressources  que  la  Biblio- 
thèque offre  à  ses  lecteurs  et  de  l'usage  qui  en  est  fait. 

Suisse.  —  Sous  ce  titre  :  Pascal  et  les  Pascalins,  d'après  des  documents 
contemporains  (Fribourg  en  Suisse,  imprimerie  de  l'Œuvre  de  Saint-Paul, 
in-8  de  84  p.  Extrait  de  la  Reçue  de  Fribourg),  M.  Eugène  Grisolle,  toujours 
infatigable  à  la  recherclie  des  textes  relatifs  à  l'histoire  religieuse  et  à  l'his- 
toire littéraire  du  xvii"^  siècle,  a  publié,  avec  un  abondant  et  docte  commen- 
taire, des  extraits  du  manuscrit  4333  des  Nouvelles  acquisitions  françaises 
à  la  Bibliothèque  nationale,  dont  il  avait  déjà  tiré  des  renseignements  sur 
Bourdaloue,  Bossuet  et  d'autres  orateurs  du  temps.  M.  Monmerqué,  pcsses- 
seur  autrefois  de  ce  recueil,  en  avait  défini  ainsi  le  contenu  :  «  Espèce  d'Ana 
très  curieux...  Ce  sont  des  remarques  tirées  de  la  conversation  de  gens  ins- 
truits qui  se  réunissaient  en  conférence.  » 


—  476  — 

Brksii..  —  La  seconde  partie  de  la  Revista  trimcnsal  do  Instituto  do  Cearâ 
pour  l'année  1908,  formant  les  numéros  des  3^  et  4^  trimestres,  présente 
pour  les  botanistes  un  grand  intérêt  :  ils  y  étudieront  la  continuation  du 
catalogue  des  plantes  vasculaires  récoltées  en  septembre-octobre  1897  dans 
rÉtat  de  Cearâ  par  M.  J.  Huber.  Pour  les  historiens,  l'intérêt  est  moindre; 
il  est  toutefois  réel.  L'étude  du  baron  deStudart  sur  l'administration  deBarba 
Alardo,  dont  nous  avons  déjà  parlé,  se  trouve  en  effet  dans  ce  fascicule,  et 
elle  ne  s'y  trouve  pas  seule.  Sous  ce  titre  :  <■  Encore  un  centenaire  »,  le  même 
érudit  a  donné  à  la  Revista  cette  Introduction  au  Catalogue  des  impressions 
cearenses  publié  dans  la  Revista  do  Instituto  historico  e  geographico  brazi- 
leiro,  que  nous  réclamions  naguère  ici  même;  pourquoi  n"a-t-il  pas  eu  l'idée 
de  joindre  cet  article  à  son  répertoire?  A  signaler  encore  différents  documents 
historiques  relatifs  à  Cearâ,  reproduits  d'après  les  originaux  par  le  D^  Al- 
fredo  de  Carvalho,  le  baron  de  Vasconcellos  et  le  baron  de  Studart.  Ainsi 
se  trouve  complété  un  fascicule  varié  et  digne  de  ses  aînés  (Fortaleza,  typ. 
Minerva,  1908,  in-8  de  222-ii  p.). 

États-Unis.  —  Enl849,  dSinsles  Proceedin  gs  of  the  American  Association  for 
the  advancement  of  sciences,  feu  G.  Troost  avait  donné  une  liste  de  85  espèces 
de  crinoïdes  de  Tennessee;  la  description  de  ces  espèces  était  faite,  avec  celle 
de  quelques  formes  nouvelles,  dans  un  mémoire  manuscrit  que  Troost  re- 
mettait l'année  suivante  au  professeur  Hall,  pour  être  publié.  Malheureuse- 
ment, pour  des  causes  diverses,  la  publication  ayant  été  indéfiniment 
ajournée,  les  espèces  citées  par  Troost  ne  pouvaient  avoir  aucune  valeur 
scientifique.  Le  D""  Elvira  Wood  comble  cette  lacune  dans  le  Rulletin  n°  64 
of  the  Smithsonian  Institution.  United  States  national  Muséum.  Cet  ouvrage 
intitulé  :  A  critical  summary  of  TroosVs  unpublished  manuscript  on  the 
crinoids  of  Tennessee  (Washington,  Governmtnt  printing  office,  1909,  in-8 
de  115  p.,  avec  15  pi.)  nous  fournit  les  diagnoses  originales  de  toutes  les 
espèces  établies  par  Troost  et  les  complète  ou  les  rectifie  par  les  observa- 
tions que  suggèrent  les  découvertes  nouvelles  et  les  descriptions  régulière- 
ment faites  par  des  auteurs  plus  récents.  Une  trentaine  seulement  des  espèces 
publiées  dans  la  liste  de  1849  ont  pu  être  conservées;  mais  le  D''  Wood  y 
ajoute  six  autres  espèces  qui  ne  figuraient  que  dans  le  manuscrit  inédit  : 
Periechocrinus  dubius,  Barycrinus  pentasphericus,  Ensocrinus  bipartifus, 
Dimerocrinus  Rœmeri,  Siderocrinus  ornatus,Melonites  granulatus.  L'ouvra- 
ge du  D'  Wood  présente  ainsi  un  intérêt  tant  scientifique  qu'historique 
incontestable. 

Publications  nouvelles.  —  Die  Geschichtc  der  Kirchiveihe,  vom  1.- 
7.  Jahrundert,  von  Dr.  D.  Stiefenhofer  (in-8,  Munchen,  Lentner). — Dieu, 
lectures  théologiques,  par  L.  Berthé  (in-8,  Bloud).  —  Catéchisme  des  tout 
petits,  préparation  dogmatique  et  morale  à  la  première  communion,  par  l'abbé 
Maliiijoud  (in-12,  Lecoffre,  Gabalda).  —  Die  Laienbeicht  im  Mittelalter.  Ein 
Beitrag  zu  ihrer  Geschichte,  von  Dr.  G.  Gromer  (in-8,  Munchen,  Lentner).  — 
La  Valeur  sociale  de  l'Évangile,  par  L.  Garriguet  (in-16,  Bloud).  ■ —  Supple- 
mentum  editioni  quintae  Summulae  theologiae  moralis  Joseph  card.  d'Anni 
baie,  conplectens  praecipua  ex  actis  et  decretis  novissimis  S.  Sedis,  Curante 
D.  Mannajoli  (in-8,  Romae,  Desclée  et  Socii).  —  Conférences  apologétiques 
données  aux  Facultés  catholiques  de  Lyon,  par  M. M.  Bourchany,  Périer, 
Tixeront  (in-12,  Lecoffre,  Gabalda).  ■ —  Les  Apologistes  français  au  xix*^ 
siècle,  par  le  R.  P.  At  (in-8,  Savaète).  —  Les  Apologistes  espagnols  au  \ix^ 
siècle.  Jean  Donoso  Cortès,  par  le  R.  P.  At  (in-8,  Savaète).  —  Epiphanie. 
Lectures  évangéliques  pour  le  temps  de  l'Epiphanie,  par  Tabbé  A.  Dard  (in-12. 


—  477  - 

Lecofïre,  Gabalda).  —  La  Communion  fréquente  et  quotidienne,  d'après  les 
enseignements  et  les  prescriptions  de  N.  S.  Père  le  Pape  Pie  X.  Commentaire 
canonico-moral  sur  le  décret  «  Sacra  Tridentina  Synodus  »,  par  le  R.  P.  J.-B. 
Ferrerès;  trad.  de  l'espagnol  par  Tin  ancien  directeur  de  séminaire  (in-8, 
Maison  de  la  Bonne  Presse).  —  La  Dame  des  nations  dans  V Europe  catholique, 
par  l'abbé  J.  Lémann  (2  vol.  in-12,  Lecofïre,  Gabalda).  —  La  Piedad  ilus- 
trada.  Directorio  espiritual  compuesto  para  las  personas  instruidas,  por  el 
P.  R.  R.  Amado  (petit  in-16,  Madrid,  Razôn  y  Fe).  ■ —  He  perdido  la  je! 
Conierencias  sobre  la  incredulidad,  por  el  P.  R.  R.  Amado  (in-18,  Madrid, 
«  Razôn  y  Fe  »).  —  La  Femme  et  sa  mission,  retraite  aux  dames,  par  M. -M. 
Sicard  (gr.  in-8,  Savaète).  —  Deux  Années  de  méditations  à  Vusage  de  la 
jeunesse,  par  P.  Girodon.  3^  éd.  (in-12,  Lecofïre,  Gabalda).  —  La  Vie  répa- 
ratrice. Ses  principes  et  sa  pratique,  par  L.  de  Bretagne  (in-12,  Paris,  Lille, 
Bruges,  Rome,  Desclée,  de  Brouwer).  —  Les  Enfants  que  Von  pleure.  Conso- 
lations pour  ceux  qui  restent,  par  l'abbé  J.  Brugerette  (in-12,  Lethielleux).  — 
Nos  Morts,  au  purgatoire,  au  ciel,  par  l'abbé  J.-A.  Chollet  (in-12,  Lethielleux). 

—  Le  Glas.  Souvenir  des  morts,  par  l'abbé  E.  Thiriet  (in-12,  Lethielleux).  — 
EOctave  des  morts  et  Nouvel  Avent,  ou  le  Purgatoire  et  V Éternelle  Destinée, 
|iar  M. -M.  Sicard  (in-8,  Savaète).  —  Los  Esponsales  y  el  matrimonio  segûn 
la  novisima  disciplina.  Comentario  canonico-moral  sobre  el  décréta  «  Ne 
Temere  »,  por  el  R.  P.  J.  B.  Ferrerès  (in-8,  Madrid  »  Razôn  y  Fe  »).  — 
La  Théorie  de  la  personnalité  morale  et  son  application  au  droit  français,  par 
L.  Michoud.  T.  IL  (in-8,  Pichon  et  Durand-Auzias).  —  La  Propriété  artis- 
tique et  littéraire.  Répertoire  alphabétique  rédigé  d'après  la  législation,  les 
traités,  les  usages  et  la  jurisprudence  des  divers  pays,  par  L.  Poinsard  (gr. 
in-8,  carré,  Pichon  et  Durand-Auzias).  —  Le  Gouvernement  de  V Angleterre, 
par  A.  Lawrence  Lowell;  traduction  française  par  A.  Nerincx.  T.  L  (in-8, 
Giard  et  Brière).  —  Leçons  de  philosophie  et  plans  de  dissertations  à  l'usage 
des  candidats  au  baccalauréat  ès-lettres,  par  l'abbé  J.-B.  Domecq.  IL  Logique. 
Morale.  Métaphysique  (in-8  cartonné  toile.  Tours,  Cattier).  —  Leçons  de 
philosophie  scientifique  et  de  philosophie  morale,  avec  plans  de  dissertations 
à  Vusage  des  classes  de  mathématiques  A.  et  J9.,par  J.-B.  Domecq  (in-8  cartonné 
toile,  Tours,  Cattier).  —  Pragmatisme  modernisme,  protestantisme,  par 
A.  Leclère  (in-16,  Bloud).  —  Problèmes  de  psychologie  affective,  par  T.  Ribot 
(in-16,  Alcan).  —  Les  Sentiments  esthétiques,  par  C.  Lalo  (in-8,  Alcan).  — 
Le  Miroir  de  la  vie,  essais  sur  révolution  esthétique,  par  R.  de  la  Sizeranne 
(in-16,  Hachette).  —  La  Conduite  de  la  vie,  par  R.  W.  Emerson  (in-18,  Colin). 

—  Notes  sur  Auguste  Comte,  par  un  de  ses  disciples  (in-8;  Grès).  —  Les 
Pensées  de  Marc-Aurèle;  trad.  par  A. -P.  Lemercier  (in-16,  Alcan).  —  L'Édu- 
cation morale  et  ses  conditions,  par  L.  Désers  (in-12,  Lethielleux).  —  A  travers 
les  choses  et  les  hommes.  Pour  apprendre  à  vivre,  par  C.  Wagner  (in-16. 
Hachette).  —  La  Trouée  féministe,  par  T.  Joran  (in-8,  Savaète).  —  Le 
Modernisme  sociologique,  décadence  ou  régénération,  par  l'abbé  J.  Fontaine 
(in-8,  Lethielleux).  —  La  Psychologie  sociale  de  Gabriel  Tarde,  par  A.  Mata- 
grin  (in-8,  Alcan).  —  Éléments  de  science  sociale,  ou  Religion  physique, 
sexuelle  ou  naturelle,  par  G.  Drysdade  (in-8,  Librairie  du  Malthusien).  — 
L'Idéal  de  la  paix  perpétuelle  et  la  Question  sociale,  par  L.  Stein;  édition 
française  par  Chazaud  des  Granges  (in-18,  Limoges,  imp.  Jouannem).  — 
Réformes,  Révolution,  par  J.  Grave  (in-18.  Stock). —  Syndicats  et  services 
publics,  par  M.  Leroy  (in-18,  Colin).  —  Les  Végétaux,  leur  rôle  dans  la  vie 
quotidienne,  par  D.  Bois  et  G.  Gadeceau  'petit  in-8,  Roger).  —  Comision 
de  higiene  de  la  infancia.  Memoria  de  las  colonias  escolares,  organizadas  por 
el  Excmo.  Avuntamiento  de  Barcelona  en  los  anos  1906.  1907,  v  1908  (gr 


—  478  — 

in-8,  Barcelona,  imp.  Henrich).  —  Traité  de  physique,  par  O.  D.  Chwolson; 
trad.  sur  les  éditions  russe  et  allemande,  par  E.  Davaux.  Edition  revue  et 
considérablement  augmentée  par  l'auteur,  suivie  de  Notes  sur  la  physique 
théorique,  par  E.  et  F.  Cosserat.  T.  III.   l^""  fasc.   Thermométrie.  Capacité 
calorifique.  Thermochimie.  Conductibilité  calorifique  (gr.  in-8,  Hermann).  — 
Les  Sciences  physiques  et  naturelles  vulgarisées  et  les  principaux  produits 
industriels.  Leçons  de  choses,  par  J.  Leday  (in- 12  cartonné,  de  Gigord).  — : 
L'Énergie,  par  le  prof.  Dr.  W.  Ostwaid;  trad.  de  l'allemand  par  E.  Philippi 
(in-16,  Alcan).  —  L'Industrie  du  beurre  en  France  et  à  l'étranger,  par  A.  Rolet 
(2  vol.  petit  in- 18,  Laveur).  —  Traité  pratique  de  géologie,  par  J.  Geikie; 
trad.  et  adapté  de  l'ouvrage  anglais  «  Structural  and  Field  Geology  »,  par  P. 
Lemoine  (gr.  in-8,  Hermann).  —  La  Géologie  générale,  par  S.  Meunier  (in-8, 
Alcan). —  Le  Sidérolithique  suisse,  contribution  à  la  connaissance  des  phé- 
nomènes d'altération  superficielle  des  sédiments,  par  le  Dr.  E.  Fleury  (in-8, 
Fribourg,  Suisse,  imp.  Fragaière).  —  Pour  l'éducation  du  soldat,  par  E.  Le- 
sueur  (in-8.  Berger- Le vrault).  —  La  Course  à  pied,  piste,  route  cross-country, 
par  L.  Maertens  (in-12,  Laveur).  —  Les  Maîtres  de  Vart.  Peter  Vischer  et  la 
Sculpture  franconienne  du  xiv^  au  xvi^  siècle,  par  L.  Réau   (in-8  carré,  Plon- 
Nourrit).  —  Toscane  et  Ombrie,  Pise,  Florence,  Pérouse,  Assise,  Sienne,  par 
G.  Grandgeorge  (in-16,  Plon-Nourrit).  —  La   Religion  de  la  musique,  par 
C.  Mauclair  (in-12,  Fischbacher).  —  Le  Trésor  de  la  famille.  Encyclopédie 
des  connaissances  utiles  dans  la  vie  pratique,  par  J.-P.  Houzé  (in-18  cartonné. 
Laveur).  —  Gramâtica  de  la  lengua  griega,  compuesta  por  los  profesores 
del  colegio  de  Ntra.  Sra  de  Veruela  de  la  Compania  de  Jesùs  (petit  in-8, 
Madrid,  «  Razôn  y  Fe  »).  —  Le  Latin  de  saint  Avit,  évéque  de  Vienne  (450?- 
526?),  par  H.  Goelzer,  avec  la  collaboration  de  A.  Mey  (gr.  in-8,  Alcan).  — 
Contes   limousins,   recueillis   dans   l'arrondissement   de   Rochechouart.    Texte 
patois  et  texte  français,  par  D.  Roche  (in-18,  Nouvelle  Librairie  nationale).  — 
Le  Livre  de  Job,  par  E.  Pinçon  (in-18,  Lemerre).  —  Poèmes  tristes,  par  E. 
Payen  (in-18,  Lemerre).  —  La  Mer  et  la  forêt.  Les  Mirages.  Chérubin,  par 
C.  Epiy    in-18,  Lemerre).  —  L'Essor  éternel,  par  H.  Allorge  (in-16,  Plon- 
Nourrit).  —  Les  Horizons  du  rêve,  par  C.-H.  Boudhors  (in-16,  Plon-Nourrit). 

—  Poèmes,  par  S.  Tavera  (in-8,  Sansot).  —  Les  Jardins  d'Éros,  par  F.  Burthe 
(in-12  carré,  Boivin).  —  La  Croisée  des  chemins,  par  H.  Bordeaux  (in-8, 
Plon-Nourrit).  ■ —  Aimer  quand  même,  par  J.  de  La  Brète  (in-16,  Plon-Nour- 
rit). —  Marthe  Rrienz,  par  E.  Arnal  (in-16,  Plon-Nourrit).  —  Sous  les 
Déodars,  par  R.  Kipling;  trad.  d'A.  Savine  (in-18,  Stock).  —  Nouveaux  . 
Mystères  et  aventures,  par  A.  Conan  Doyle;  trad.  d'A.  Savine  (in-18,  Stock). 

—  Révoltée,  par  M™^  H.  Delas  (in-16.  Librairie  des  Saints- Pères).  —  Une 
Bonne  Affaire,  ^ax  M.  du  Campfranc  (in-18,  Abbeville,  Paillart).  —  Suzd 
et  sa  marraine.  Lettres,  par  M.  Aigueperse  (in-18,  Abbeville,  Paillart.)  — 
Le  Prêtre  et  l'ami.  Lettres  inédites  de  Lamennais  à  la  baronne  Coitu  (1818- 
1854),  publiées  avec  une  Introduction  et  des  notes,  par  le  comte  d'Hausson- 
ville  (in-8,  Perrin).  —  L'Éphèbe  de  Pergame,  par  Pétrone,  suivi  de  :  Les 
Amours,  de  Lucien;  tradviCtion,  notes,  Avant-propos  de  J.  Redni  (in-12. 
Edition  française).  • — •  L' Académie  française  sous  l'ancien  régime,  par  G. 
Boissier  (in-16.  Hachette).  —  L'Enclos  de  George  Sand,  par  J.  Ageorges. 
(in-16,  Grasset).  —  Paul  Verlaine,  poète  catholique,  par  A.  de  Bersaucourt 
(in-12,  Falque).  — ■  Au  service  des  idées  et  des  lettres,  par  E.  Lamb  (in-16, 
Bloud).  —  Leçons  d'histoire  romaine.  République  et  Empire,  par  A.  Bouché- 
Leclercq  (in-16.  Hachette).  —  Denys  d'Alexandrie,  sa  vie,  son  temps,  ses 
œuvres,  par  J.  Burel  (in-16,  Bloud).  —  Histoire  générale  de  l'Église,  par  F. 
Mourret.  T.  IH.  L'Égli"--'  et  le  Monde  barbare  iin-8,  Bloud).  —  L'Avenir  du 


—  479  — 

christianisme.  1''°  partie.  Le  Passé  chrétien.  IV.  Histoire  de  V Église  du  iii^  au 
\i^  siècle.  Le  Christianisme  et  VEmpire,  par  A.  Dufourcq  (in-16,  Bloud).  — 
Histoire  des  Papes  depuis  la  fin  du  moyen  âge,  ouvrage  écrit  d'après  un  grand 
nombre  de  documents  inédits  extraits  des  archives  secrètes  du  Vatican  et  autres, 
par  le  Dr.  L.  Pastor;  trad.  de  rallemand  par  A.  Poizat.  T.  VII  et  VIII 
(2  vol.  in-8,  Plon-Nourrit).  —  Les  Saints.  SaintSidoine  Apollinaire  (431-489). 
par  A.  Allard  (in-12,  Lecoffre,  Gabalda).  —  Miniatures  franciscaines.  Fleurs 
de  la  vie  des  saints,  par  lolanda;  trad.  de  Titalien  (in-8,  Tours,  Cattier).    — 
Dom  Guéranger,  abbé  de  Solesmes,  par  Un  Moine  bénédictin  de  la  congréga- 
tion de  France.  T.   I^r  (in-8,  Plon-Nourrit,  Oudin).  —  Trente  Années  du 
grand  siècle.  La  France  de  Louis  XIII,   par  N.   Aymès  (in-16  ,  Nouvelle 
Librairie  nationale).  —  Mémoires  du  cardinal  de  Richelieu,  publiés   d'après 
les  manu.scrits  originaux  pour  la  Société  de  l'histoire  de  France,  sous  les  aus- 
pices de  l'Académie  française.  T.  II. (  in-8,  Laurens).  —  Mémoires  de Saint- 
Hilaire,  publiés  pour  la  Société  de  l'histoire  de  France,  par  L.  Lecestre. 
T.   III.  1697-1704  (in-8,  Laurens).  —  Recueil  des  actes  du  Comité  de  salut 
public  avec  la.   Correspondance  officielle  des  représentants  en  mission  et  le 
Registre  du  Conseil  exécutif  provisoire,  publié  par  F. -A.  Aulard.  T.  XIX. 
21  décembre  1794-31  janvier  1795  (l^"^  nivôse  an  III-12  pluviôse  an     III) 
(gr.  in-8,  Leroux).  — ■  Un  Complot  de  police  sous  le  Consulat.  La  Conspiration 
de  CercCcchi  et  Aréna  {vendémiaire  an  IX),  par  G.  Hue  (in-16.  Hachette).  — 
Le  Duc  d" Angoulême  (1775-1844).  par  le  vicomte  de  Guichen  (in-8,  Emile- 
Paul).  —  L'Église  de  Paris  et  la  Révolution,  par  P.  Pisani.   II    (1792-1796) 
(in-12,  A.  Picard  et  fils).  —  La  Grande  Misère  et  les  Voleurs  au  xviii^  siècle. 
Marion  du  Faouèt  et  ses  «  associés  »  1740-1770,  d'' après  des  documents  inédits, 
par  J.  Lorédan  (petit  in-8,  Perrin).  —  Rureaux  et  bureaucrates.  Mémoires  d'un 
employé  des  P.  T.  T.,  par  A.  Cim(in-18,  Flammarion). —  Napoléon  et  V  Europe. 
Lci  Politique  extérieure  du  Premier  Consul,  1800-1803,  par  E.  Driault  (in-8, 
Alcan).  —  Souvenirs  et  causeries  d'un  diplomate,  par  le  comte  C.  de  Mouy 
(in-8,  Plon-NoL.rrit).  —  Histoire  de  l'abbaye  royale  et  de  l'ordre  des    chanoines 
réguliers  de  Saint-Victor  de  Paris,  2^  période  (1500-1791),  par  F.  Bonnard. 
T.  II.  (gr.  in-8,  Savaète).  —  Paris  sous  les  premiers  Capétiens  (987-1223). 
Étude  de  topographie  historique,  par   L.    Halphen    (in-8,  avec    un    aibum 
in-folio,  cartonné,  Leroux).  —  Livre  d'or  de  la  ville   de    Soultz    en   Haute- 
Alsace,  par  A.  Gasser.  Fasc.  I  (gr.   in-8,  Soultz,  Schreyer;  Gray,Roux). — 
Le  Parlement  de  Rretagne,  1554-1790,  par  F.  Saulnier  (2  vol.  gr.  in-4.  Rennes 
Piihon  et  Hommay). —  Le  Conseil  général  de  la  Haute-Loire.  Le  Directoire    et 
l'administration  départementale  de  1790  à  1800,  par  C.  Godard  (in-8,  Cham- 
pion). —  Les  Madones  comtadines,  par  A.  Godard  (in-16,  Perrin).  —  Pour 
V  Expansion  économique  de  la  France.  Dix-neuf  mois  au  ministère  du  commerce 
et  de  l'industrie,  par  J.  Cruppi  (in-18,  Stock).  —  Contre  la  Proportionnelle, 
par  J.-L.  Breton  (in-16,  Cornély).  —  Modernisme  et  Modernistes  en  Italie, 
en  Allemagne,  en  Angleterre  et  en  France,  par  Mgr  Delmont   (in-12,  Letheil- 
leiix).  —  Études  de  critique  et  d'histoire  religieuse,  par  E.  Vacandard.   2^ 
série  (in-12,  Lccofïre,  Gabalda).  —  La  Reine  Victoria.  Pages  choisies  de  sa 
correspondance,  1837-1861.    Traduction  française  avec  une  Introduction  et 
des  notes,  par  J.  Bardoux  (in-8  carré.  Hachette).  —  Les  Néerlandais  en 
Bourgogne,  par  A.  Germain  (in-12,  Bruxelles,  Van  Oest).  —  La  Hollande 
politique.  Un  Parti  catholique  en  pays  protestant,  par  P.  Verschave  (in-16, 
Perrin).  —  La  France  et  Rome  de  1788  à  1797.  Regeste  des  dépêches  du  car- 
dinal secrétaire  d'État  tirées  du  fonds  des  «   Vescovi  »  des  archives  secrètes  du 
Vatican,  par  G.  Bourgin  (in-8,  Fontemoing).  —  Les  Américains,  par  N.  M. 
Butler;  trad.  de  l'anglais  par  M™e  E.  Boutroux  (in-16,  Cornély).  —  Voix 


—  480  — 

canadiennes.  Vers  Vabime,  par  A.  Savaète.  T.  III  (ui-8,  Savaète).  —  Historia 
de  Nuevo  Léon  con  noticias  sobre  Coahuila,  Tejas  y  Nuevo  Mexico,  por  el 
capitan  A.  de  Léon,  un  autor  anonimo  y  el  gênerai  F.  S.  de  Zamora  [Docu- 
mentos  inéditos  à  muy  raros  para  la  historia  de  Mexico,  publicados  por  G. 
Garcia)  (in-8,  Mexico,  Viuda  C.  Bouret).  —  Le  plaisant  Abbé  de  Boisrobert, 
fondateur  de  l'Académie  française,  1592-1662.  Documents  inédits,  par  E. 
Magne  (in-18,  Mercure  de  France).  —  Le  Libertinage  devant  le  Parlement 
de  Paris.  Le  Procès  du  poète  Théophile  de  Viau  (11  juillet  1623-1^''  septembre 
1625).  Publication  intégrale  des  pièces  inédites  des  Archives  nationales,  par 
F.  Lachèvre  (2  vol.  in-8.  Champion).  —  Un  Ami  de  Port-Royal.  Mes<^ire 
Pierre-Jean-François  de  Percin  de  Montgaillard,  évêque  de  Saint-Pons 
(1633-1665-1713),  par  J.  Sahuc  (in-8,  Lechevalier).  —  La  Princesse  Louise 
de  Bourbon-Condé,  fondatrice  du  monastère  du  Temple,  par  le  R.  P.  Dom 
J.  Rabory.  2^  éd.  (gr.  in-8,  Savaète). —  Un  Drame  passionnel  à  la  finjlu 
xviii^  siècle.  Le  Crime  du  marquis  d'Entrecasteaux,  président  à  mortier  au 
Parlemeyit  de  Provence  (1784),  d'après  les  archives  du  Parlement  de  Provence 
et  des  documents  inédits,  par  J.  Audouard  (in-8,  Daragon).  —  Lettres  et  do- 
cuments pour  servir  à  l'histoire  de  Joachim  Murât,  1767-1815,  publiés  par 
S.  A.  le  prince  Murât,  avec  une  Introduction  et  notes  par  P.  Le  Brethon. 
III.  Gouvernement  de  Paris,  1804-1805  (in-8,  Plon-Nourrit).  —  Joseph 
de  Maistre,  Blanc  de  Saint-Bonnet,  Lacordaire,  Gratry,  Caro,  par  J.  Barbey 
d'Aurevilly  (in-16,  Bloud).  —  Savants  du  jour.  Henri  Poincaré.  Biographie. 
Bibliographie  analytique  des  écrits,  par  E.  Lebon  (gr.  in-8,  Gauthier- Villars). 
—  Leona  Vicario,  heroina  insurgente,  por  G.  Garcia  (in-8,  Mexico,  Museo 
nacional  de  arqueologia,  historia  y  etnologia).  —  Die  Papstgràber  und  die 
Càciliengruft  in  der  Katakombe  des  Hl.  Kallistus,  von  J.  Wilpert.  I.  Ergàn- 
zungsheft  zu  de  Rossis  Romn  Sotterranea  (gr.  in-4,  Freiburg  im  Breisgau, 
Herder).  —  Pages  d'histoire  et  de  guerre,  par  le  marquis  Costa  de  Beaure- 
gard  (in-16,  Plon-Nourrit).  Visenot. 


Le  Gérant  :  CHAPUIS. 


Imprimerie  polyglotte  Fr.  Simon,  Rennes. 


POLTBIBLION 

REVUE  BIRLIOGRAPIIIQUE  UNIVERSELLE 

RÉCENTES   PUBLICATIONS   ILLUSTRÉES 

I.  —  1.  Vittore  Carpaccio,  la  vie  et  Vœuvre  du  peintre,  par  Gustave  Ludwig  et  Pompeo 
MoLMENTi;  trad.par  H.-L.  de  Perera. Paris, Hachette,  1910,  gr.  in-8  de  xii-319  p., 
illustré  de  26  planches  en  photographie  et  de  229  grav.  tirées  hors  texte.  Broché, 
'  40  fr.;  relié,  50  fr.  —  2.  Raphaël  L'Œuvre  du  maître.  Paris,  Hachette,  1909,  gr.  in-8 
carré  de  xxxin-246  p.,  illustré  de  275  grav.  Relié  toile  pleine,  fers  spéciaux,  10  fr.  — 
3.  Au  Cœur  de  l'Antarctique,  expédition  du  «  Nimrod  »  au  Pôle  sud,  par  E.  H.  Shack- 
leton;  trad.  et  adaptation  par  Charles  Rabot.  Paris,  Hachette,  1910,  gr.  in-8 
de  xii-472  p.,  illustré  de  12, planches  en  couleurs,  272  grav.  et  une  carte  en  couleurs. 
Broché,  25  fr.;  relié,  30  et  32  fr.  —  4.  L'Egypte  d'hier  et  d'aujourd'hui,  par  Walter 
Tyndale.  Paris,  Hachette,  1910,  in-8  carré  de  255  p.,  illustré  de  44  planches  en 
couleurs,  d'après  les  aquarelles  de  l'auteur.  Broché,  20  fr.;  cartonné  toile,  25  fr.  — 
5.  Histoire  de  France  illustrée.  T.  I.  Des  Origines  à  1610.  Paris,  Larousse,  s.  d. 
(1910),  gr.  in-4  de  412  p.  à  2  colonnes,  illustré  de  930  reproductions  photographiques. 
24  planches,    5  cartes  en  couleurs  et  39  cartes  en  noir.  Broché,  27  fr.;   relié  demi- 
chagrin,  fers  spéciaux,  33  fi.  —  6.  Mon  Vieux  Besançon,  histoire  pittoresque  et  in- 
time d'une  pille,  par  Gaston  Coindre.  Besançon,  Paul  Jacquin,  190C-19L8,  2  vol. 
gr.  in-8  paginés  xvi-508  et  509-1032,  illustrés  d'un  grand  nombre  de  gravures  par 
l'auteur.  Broché,  en  4  fascicules,  24  fr. —  1.  Le  Vieux  Salins,  promenades  et  causeries, 
par  Gaston  Coindre.  Besançon,  Jacquin,  in-8  carré  de  ix-393  p.,  illustré  de  nom- 
breuses gravures  par  l'auteur. Broché,  8  fr.  —  8.  La  Ville  au  Bois  dormant.  De  Saigon 
à  Ang-Kor  en  automobile,  par  le  duc  de  Montpensier.  Paris,  Plon-Nourrit,  19  00, 
gr.  in-8  de  252  p.,  avec  80  illustr.  dans  le  texte  et  hors  texte,  d'après  des  photo- 
graphies de  l'auteur,  et  2  cartes.  Broché,  15  fr.;  relié,  22  fr.  —  9.  Visions  de  route. 
Promenade  autour  du  monde  avec  S.  A.  I.  le  grand-duc  Boris  de  Russie,  par  Ivan  de 
Sciiaeck. Paris,  Plon-Nourrit,  1910,  in-8  de  v-361  p.,  avec  100  grav.  dans  le  texte 
et  hors  texte  et  une  carte.  Broché,  10  fr.;  relié,  13  fr.  —  10.  La  Hollande  illustrée, 
ouvrage  publié  sous  la  direction  de  Maxime  Petit,  avec  la  collaboration  de  Van 
Keymeulen,   Zaborowski,   Louis  Bresson,  Boot,   Le  Cornu,   Dekking,   Pin- 
chaud,  Van  T'Veld,  Adrien  Mellion.  Paris,  Larousse,  s.  d.  (1910),  gr.  in-4  de 
196  p.  sur  2  colonnes,  avec  349  reproductions  photographies,  35  cartes  et  plans  en 
noir,  4  cartes  et  2  planches  en  couleurs.  Broché,  12  fr.;  relié,  17  fr.  —  11.  Paris 
souterrain,  par   Emile  Gérards.  Paris,  Garnier,  s.  d.  (1910),  gr.  in-8  de  667  p., 
illustré  de  19  planches  en  couleiirs,  de  87  plans,  coupes  et  dessins  en  noir,  de  2  vues 
stéréoscopiques  des  catacombes  et  de  plus  de  500  fig.  dans  le  texte.  Broché,  12  fr.- 
re'ié  toile,  tr.  dorées,  plaques  spéciales,  16  fr.  —  12.  Les  Merveilles  de  la  science, 
par  Louis  Figuier.  Nouvelle  édition  revue,  corrigée  et  mise  à  jour  par  Max  de 
Nansouty.  il  Électricité.  Paris,  Boivin,  s.  d.  (1910),  gr.  in-8  de  748  p.  à  2  colonnes 
avec  800  grav.  B''oché,  13  fr.'sO;  relié  toile,  fers  spéciaux,  15  fr.  —  13.  Les  Nau- 
fragés du  «  Jonathan  »,  pir  .Jules  Verne.  Paris,  Hetzel,  s.  d.  (1910),  gr.  in-8  de 
476  p.,  illustré  de  59  dessins  de  George  Roux  et  de  12  grandes  chromolithogra- 
phies. Broché,  9  fr.;  relié  toile,  fers  spéciauxoret  couleurs, tr.  dorées,  12  fr. Édition 
in-16,  2  vol.  de  343  et  348  p.,  illustrés.  Brochés,  6  fr.  —  14.  Les  Peintres  anciens  et 
modernes,  leur  vie,  leur  œuvre,  \yxr  E.  Bénézit. Paris, Roger  et  Chernoviz,  s.d.  (1910), 
gr.  in-4  de  327  p.,  orné  de  280  portraits  et  reproductions  de  tableaux.  Broché,  12  fr. — 
15.  Sur  les  chemins  de  Compostelle,  souvenirs  historiques,  anecdotiques  et  légendaires, 
par  Camille  Daux.  Tours,  Marne,  s.  d.  (1910),  in-folio  de  315  p.,  avec  75  grav., 
cartes  routières,  plans  et  musique.  Relié  percaline,  tr.  dorées,  9  fr.  —  16.  Ma  Tante 
Giron,  par  René  Bazin.  Tours,  Marne,  s.  d.  (1910),  petit  ia-folio  de  248  p.,  illustr. 
de  G.  Dutriac.  Reliure  bradel  fantaisie,  12  fr.  —  17.  La  Course  au  radium,  par 
Paul  d'Ivoy.  Paris,  Boivin,  s.  d.  (1910),  gr.  in-8  de  460  p.,  illustré  de  82  grav. 
dans  le  texte,  de  10  grandes  compositions  hors  texte  et  de  8  compositions  tirées 

Décembre  1909.  T.  CXVI.  31. 


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en  couleurs,  d'après  les  dessins  de  Bombled.  Broché,  10  fr.  ;  relié  toile,  tr.  dorées, 
plaque  spéciale  or  et  couleurs,    12  fr.    —    18.    Les  Mangeurs  de  sable,  pAV  Hzkri 
Leturque.  Paris,  Boivin,  s.  d.  (1910),  gr.  in-8  de  283  p.,  illustré  par  Charoufset 
et  Clérice.  Relié  toile,  tr.  dorées,  plaque  spéciale  or  et  coule\irs,  8  fr.  —  19.  Au  pied 
de  VAcropole.  Damaris  V Athénienne,   par   Henri    Guerlin.    To\irs,   Manie,  s.    d. 
(1910),  in-4  de  285  p.,  illustr.  de  G.  Dutriac.  Relié  percaline,  tr.  dorées,  7  fr.  — 
20.   riarko,  le  chevrier  de  Napoléon,  par  Jules  Chancel.  Paris,  Delagrave,  s.  d- 
(1910),  gr.  in-8  de  304  p.,  illustrations  de  L.de  la  Nézière.  Relié  toile,  fers  spéciaux 
or  et  couleurs,  tr.  dorées,  8  fr.  —  21.  La  Perle  de  sang,  par  Emtlio  Salgari;  trad. 
par  J.  Fargeau.  Paris,  Delagrave,  s.  d.  (1910),  gr.  in-8  de  304  p.,  illustrations  de 
A.  délia  Valle.  Relié  toile,  fers  spéciaux,  tr.  dorées,  8  fr.  —  22.  La  Peur  de  vivre, 
par  Henry  Bordeaux.  Paris,  Roger  et  Chernoviz,  1910,  gr.  in-4  de   301  p.,  illustr. 
de  R.  Vallet.  Broché,  8  fr.  —  23.  Contes  choisis  de  Paul  Bourget.  Paris,  Roger  et 
Chernoviz,  1910,  gr.  in-4  de  303  p.,  illustr.  de  A.  et  G.  Ghanteau.  Broché,  8  fr.  — 
24.  Pages  choisies  d'ERNEST  Daudet.  Paris,  Roger  et  Chernoviz,  1910, gr.  in-4  de 
304  p.,  illustr.  de  A.  et   G.  Chanteau.  Broché,  8  fr.  —  25.  Romans  et  contes  de  tous 
les  pays.  En  France  et  en  Amérique,  par  Th.  Bentzqn.  Paris,  Hetzel,  s.  d.  (1910), 
gr.  in-8  de  112-95-96-92  p.,  avec  100  illustrations  par  George  Roux,  H.  Meyer, 
P.  Philippoteaux  et  J.  Geofîroy.  Broché,  7  fr.;  cartonné  toile,  tr.  dorées,  10  fr.— 
2G.  La  Terre  qui  tremble,  par  Stanislas  Meunier.  Paris,  Delagrave,  s.  d.,  19r.9, 
gr.  in-8  de  240  p.,  avec  72  figures  et  photographies.  Broché,  6  fr.  ;  relié  toile,  fers 
spéciaux,  8  fr.  —  27.  E?i  vacances.  Plaisirs  et  curiosités  de  la  montagne,  par  A.  Dau- 
ZAT.  Pêche  et  chasse  au  bord  de  la  mer,  par  Loudemer.  Paris,  Hetzel,  s.  d.  (1910), 
gr.  in-8  de  216-128  p.,  avec  105  dessins  et  vues  photographiques.  Broché,  5  fr.  60; 
cartonné  toile,  tr.  dorées,  8  fr.  —  28.  Le  Roman  du  Renard,  adaptation  pour  la 
Jeunesse,  avec  Introduction  par  L.  Tarsot.  Paris,  Laurens,  s.  d.  (1910),  in-4  de  iv- 
120  p.,  illustrations  de  A.  Vimar.  Broché,  6  fr.;  relié  plaque  en  couleurs,  9  fr.  — 
29.  La  Lionne  de  Clisson,  par  Pierre  Maël.  Paris,  Roger  et  Chernoviz,  1910,  in-4 
do  304  p.  Broché,  6  fr.  —  30.  Médor  Médorovitch,  aventures  d'un  terre-neuve,  par 
Krougloff;  trad.  du  russe  par  Léon  Golschmann. Paris,  Delagrave,s.d.,  gr.  in-18 
de  239  p.,  illustrations  de  L.  Tzeytline.  Relié  toile,  fers  spéciaux, or  et  couleurs, 
tr.  dorées,  6  fr.  —  31.  Où  le  grain  tombe...,  par  Georges  de  Lys.  Tours,  Marne, 
s.  d.  (1910),  in-4  de  219  p.,  illustr.  de  G.  Dutriac.  Relié  percaline,  tr.  dorées,  5  fr. 

—  32.  Le  Ballon  fantôme,  par  Jacques  des  Gâchons.  Tours,  Marne,  s.  d.  (1910), 
in-4  carré  de  143  p.,  illustr.  de  A.  Robida.  Relié  percaline,  plaque  spéciale,  tr. 
dorées,  5  fr.  —  33.  VEnjani  de  la  falaise,  par  M"'"  Augusta  Latouche.  Paris, 
Delagrave,  s.  d.  (1910),  gr.  in-8  de  240  p.,  illustrations  de  R.  de  la  Nézière.  Relié 
toile,  fers  spéciaux,  or  et  couleiirs,  tr.  dorées,  5  fr.  —  34.  Z-a  Découverte  du  docteur 
Faldras,  par  0.  de  Traynel.  Paris,  Boivin,  s.  d.  (1910),  in-16  de  344  'p-,  illustré 
par  José  Roy.  Cartonné  toile,  genre  amateur,  tête  dorée,  5  fr.  —  35.  Elisabeth 
Faldras,  par  0.  de  Traynel.  Paris,  Boivin,  s.  d.  (1910),  in-16  de  377  p.,  illustré  par 
Géo  Dupuis.  Cartonné  toile,  genre  amateur,  tête  dorée,  5  fr. — 36.  Maître  Juponnet, 
«awZ»/'io/e«/-,  par  Chemilly  et  Paul  de  Maurelly.  Paris,  Delagrave,  s.  d.  (1910), 
gr.  in-8  de  de  240  p.,  avec  130  illustrations  de  Gambey.  Relié  toile,  fers  spéciaux^ 
or  et  couleurs,  tr.  dorées,  5  fr.  —  37.  Le  Renard  de  la  mer  {(\80k-l805),  pAV 
Georges-Gustave  Toudouze.  Paris,  Hachette,  1910,  gr.  in-8  de  285  p.,  illustré 
de  48  grav.  par  H.  Vogel.  Broché,  3  fr.;   cartonné  percaline,  tr.  dorées,  4  fr.  60. 

—  38.  Exploits  héroïques  de  ?ios  soldats  au  Maroc,  par  H.  Cordonnier.  Paris, 
Roger  et  Chenoviz,  1909,  gr.  in-8  de  311  p.,  illustrations  cl  photogr.,  4  fr.  50.  — 
39-  Musée  ce  Poupées,  par  Mi"=  Marie  Kœnig.  Paris,  Hachette,  1909,  gr.  in-8  de 
x-331  p.,  illustré  de  58  grav.  Broché,  2  fr.  60;  cartonné,  tr.  dorées,  5  fr.  —  40. 
Le  Célèbre  Galafat,  l)âi'  Hugues  Lapaire.  Paris,  Boivin,  s.  d.  (1910),  in-4  de 
144  p.,  illustré  de  67  dessins  par  Louis  Bailly.  Relié  toile,  tr.  dorées,  plaque  en 
couleurs,  4  fr.  25.  —  41.  Jean-qui-lit  et  Snobinet,  par  Jean  Métivet.  Paris 
Laurens,  s.  d.  (1910),  in-8  carré  de  115  p.,  illustré  de  4  planches  en  couleurs  et 
de  nombr.  grav.  en  noir  par  l'auteiir.  Broché,  2  fr.  50;  relié,  plaque  en  couleurs, 
3  fr.  50.  —  ^2.  Le  Cadeau  du  cousin  Lawrence,  par  E.  Hohler,  adaptation  par 
O'Neves-  Palis,  Hetzel,  s.  d.  (1910),  in-16  de  128  p.,  illustré  par  George  Roux 
et  H.  S.  Cai tonné,  2  fr.  2.^. 


—  483  - 

H.  — l>éi-io<li<riie«>  illii«ilré!i>. — 1-  Le  Tour  du  monde.  Journal  des  voyages  et  des 
voyageurs.  Année  1909.  Paris,  Hachette,  gr.  in-4  de  624-xiv-421  p.,  avec  de  nombr. 
illustrations.  Broché,  25  fr.  —  2.  Journal  de  la  jeunesse.  Nouveau  Recueil  hebdo- 
madaire illustré.  Année  1909.  Paris,  Hachette,  2  vol.  in-4  de  chacun  416  p.  Brochés, 
20  fr.  ;  reliés,  26  fr.  —  3.  Journal  des  demoiselles  et  Petit  Courrier  des  dames.  89^  année. 
Paris,  14,  rue  Drouot,  1909,  2  vol.  in-4  de  480-9  3  p.,  avec  grav.  et  planches.  Paris, 
16  fr.;  province,  19  fr.;  Union  postale;  22  fr.  —  4.  Mon  Journal,  1908-1909, 
recueil  hebdomadaire,  illustré  de  grav.  en  couleurs  et  en  noir  pour  les  enfants  de  8  à 
12  ans.  Paris,  Hachette,  19:.9,gr.in-8  de  787  p.  Broché,  8fr.;cart.,  10  fr.  —  5.  L'Ou- 
vrier,  journal  hi-hehdomadaire  illustré.  48*=  année.  Paris,  Henri  Gautier,  1908-1919 
in-4  de  835  p.,  avec  grav.  Broché,  6  fr.;  cart.  toile,  7  fr.  50.  —  6.  Les  Veillées  des 
Chaumières,  journal  bi-hehdomadaire  illustré.  32e  année.  Paii-;,  Henri  Gautier, 
1908-1909,  in-4  de  836  {3.,  avec  de  nombr.  grav.  Broché,  6  fr.  ;  cartonné  foile 
7  fr.  50.  —  7.  La  Semaine  de  Suzette.  k^  année,  2'=  semestre,  et  5"=  année,  ler  se- 
mestre. Paris,  Henri  Gautier  (1"  août  1908-30  juillet  19C9),  2  vol.  in-4  de 
chacun  418  p.,  avec  de  très  nombreuses  grav.  en  noir  et  en  couleurs.  Abonne- 
ment annuel  :  France,  Algérie,  Belgique,  6  fr.;  autres  pays,  8  fr.  Chaqui^ 
vol.  cartonné,  3  fr.  50.  —  8-  La  Semaine  de  Chapuzot,  par  Jean  Drault. 
Paris,  Henri  Gautier,  1909.  Chaque  samedi,  un  fascicule  in-16  de  16  pages, 
illustré.  Abonnement  annuel  :  France,  Belgique  et  Algérie,  5  fr.  ;  pays  étrangers 
et  colonies,  6  fr. 

III.  —  Albums.  —  1.  François  I'"'  (le  Roi  chevalier),  par  G.  Toudowze.  Paris, 
Boivin,  s.  d.  (1910),  album  gr.  in-4  de  82  p.,  illustré  de  40  aquarelles  par  A.  Robid  a- 
Relié  toile,  tr.  dorées,  plaque  spéciale,  or  et  couleurs,  15  fr.  —  2.  Dites-nous  votre 
jable,  texte  par  Alfred  Theulot,  illustré  de  12  aquarelles  et  de  24  dessins  en  noir 
par  Benjamin  Rabier.  Paris,  Boivin,  s.  d.  (1910),  album  in-4  non  paginé.  Car- 
tonné, couverture  chromo,  3  fr.  —  3.  Noël  au  pays  des  animaux,  par  J.  Jacquin. 
Paris,  Hachette,  s.  d.  (1910),  album  in-4  oblong  non  paginé,  nombr.  grav.  en  noir 
et  8  planches  en  couleurs  par  G. -H.  Thompson.  Cartonné,  couverture  en  couleurs, 
5  fr.  —  4.  Le  Capitaine  des  Cranequiniers,  par  J.  Rosnil.  Paris,  Garnier,  s.  d.  (1910), 
album  in-4  de  66  p.,  illustré  de  nombr.  grav.  en  couleurs  par  O'Galop.  Cartonnage 
bradel,  6  fr.  ;  relié  toile,  plaque  spéciale,  tr.  dorées,  8  fr.  —  5.  Scènes  de  la  vie  privée 
des  animaux,  par  Benjamin  Rabier.  Paris,  Garnier,  s.  d.  (1900),  album  in-4  oblong 
de  50  planches  en  coulexirs.  Relié  toile,  plaque  spéciale,  tr-  dorées,  7  fr.  50.  — 

6.  Robinson  malgré  lui,  par  Alphonse  Crozière.  Paris,  Garnier,  s.  d.  (1910),  album 
in-4  de  40  p.,  illustrations  en  couleurs  de  Valvérande.  Cartonnage  bradel,  4  fr. — 

7.  Les  Mésaventures  de  Jean  le  Fripon,  par  F.  Nu.\ez.  Paris,  Garnier,  s.  d.  (1910), 
album  in-4  de  24  p.,  illustrations  en  couleurs.  Cartonnage  bradel,  2  fr.  50.  —  8. Les 
Héros  comiques,  texte  et  préface  de  Emile  Faguet.  Paris,  Laurens,  s.  d.  (1910), 
album  in-4  de  69  p.,  illustré  de  27  planches  en  couleurs  par  Job.  Cartonné,  5  fr.  — 
9.  La  Merveilleuse  Aventure  d'Archibald,  par  Harry  Rountree  et  S. -H.  Hamer; 
trad.  de  l'anglais  par  Perlette.  Tours,  Mame,  s.  d.  (1910),  album  in-4  de  76  p. 
illustré  de  4  planches  en  couleurs  et  de  nombreuses  grav.  Cartonné,  couverture 
chromo,  4  fr.  —  10.  Pierrot,  Pippo  et  C-^,  texte  de  Léon  Magon,  illustrations  dans 
le  texte  et  planches  en  couleurs  de  A.  Vimar.  Tours,  Mame,  s.  d.  (1910), album 
in-4  de  51  p.  Cartonné,  couverture  chromo,  4  fr.  —  11.  Un,  deux,  trois,  quatre. 
Tours,  Mame,  s.  d.  (1910),  album  in-4  non  paginé,  illustré  de  15  planches  en  chro- 
molithographie. Cartonné,  couverture  chromo,  4  fr.  —  12.  Contes  de  fées.  Tours, 
Marne,  s.  d.  (1910),  album  in-4  de  78  p.,  illustré  de  16  planches  en  couleurs  et  de 
50  dessins.  Cartonné,  couverture  chromo,  3  fr.  —  13.  La  Guerre  des  fées,  par  G.  Le 
CoRDiER.  Paris,  Delagrave,  s.  d.  (1910),  album  in-4  oblong  de  29  p.  et  96  illustra- 
tions en  couleurs  de  J.  Pinchon.  Cartonnage  artistique  en  couleurs,  3  fr.  OJ.  — 
14.  Les  Exploits  de  Cracambole,  fantaisie  héroï-comique,  par  G.  Le  Cordier.  Paris, 
Delagrave,  s.  d.  (1910),  album  in-4  oblong  de  29  p.,  nombr.  dessins  en  couleurs  de 
R.  Giffey.  Cartonnage  artistique  en  couleurs,  3  fr.  90.  —  15.  L'Age  de  Vécole,  pro- 
verbes, fables  et  dictons  en  action,  dessins  de  J.  Geoffroy.  Paris,  Hetzel,  s.  d.  (1910)^ 
album  gr.  in-8  de  44  p.  Bradel,  2  fr.  ;  cartonné,  4  fr.  —  16.  Jésus  et  nos  petits  enfants, 
poésies,  par  M'»»  Marthe  RochenoR.  Tours,  Cattier,  s.  d.  (1910),  album  honoré, 
de  la  bénédiction  de  S.  S.  PieX,  in-4  de  48  p.,  illustrations  de  Nitram- Cartonné,  2  fr. 


—    /j,Sj    — 

1%'.  —  XouvoUo  Collection  pom*  Ist  Jf-unesee.  publiée  par  la  maison 
Hachette,  1910.  Vol.  in-8  jébus,  à  3  tr.,  brochés;  reliés,  6  fr.  —  1.  Le  Dernier  des 
Castel-Magnac,  par  H.  de  Ciiaritieu,  illustré  de  48  grav.  par  Ed.  Zier,  263  p.  — 
2.    Poucetle.  par  Pierre  Majcl,  illustré  de  48  grav.  par  Dutriac,  287  p. 

V  —  itiblioiliè(|iie  ros«»  iiiu-^iré*',  publiée  par  la  maison  Hachette,  1939. 
Volumes  in-16  à  2  fr.  25  brochés  et  3  fr.  50  reliés.  —  1.  Petite  Nièce,  par  M'"<=  Ché- 
RON  DE  L.\  Bruyère,  illustré  de  38  vignettes  par  Dutriac.  277  p. —  2.  Une  Enfant 
fe/TîMe,  par  M  ""^Charlotte  Chabrier-Rieder,  illustré  de  63  vignettes  par  Dutriac, 
269  p.  —  3.  Une  Seconde  Mère,  par  M"'«  la  comtesse  C.  d'Arjuzon,  illustré  de  46 
vignettes  par  Zier,  263  p. 

m.  —  n  l»iioiliè(|iie  <l«  «  Petit  Françjtî-»  »,  publiée  parla  maison  A-  Colin, 
1909-1910A'ol.  in-18  Jésus.  Brochés, 2  fr.;  reliés  toile  tr.  dorées,  3  fr.^  l. Le  Patron 
jVicWai/s,  par  A.  Robida,  illustré  par  l'auteur,  272  p.  —  2.  Les  Expédients  de 
Farandole,  par  Pierre  Perrault,  illustré  par  Henri  Pille,  255  p. 

VU.  —  l,a  l*eiite  Bil>lioiliè<|(i<-,  publiée  par  la  maison  A.  Colin, 1908-19G9- 
Vol.  petit  in-8.  Brochés  1  fr.  50;  cartonnés  toile,  2  fr.  10.  —  1.  La  Cour  du  Roi 
Soleil,  par  A.  Parmentier,  illustré  de  60  grav.,  iii-145  p.  —  2.  Les  Trucs  du  théâ- 
tre, d«  ctr^ue  et  de  ?a/otre,  par  Max  de  Na\souty,  illustré  de  50  grav.,  159  p.  —  3. 
Pourquoi  et  comment  visiter  nos  musées,  par  Charles  Morice,  illustré  de  40  grav., 
dont  10  hors  texte  et  2  plans,  vin-156  p.  —  !t.-Gros  et  petits  Poissons  (récits  de 
pêches),  par  Emile  Maison,  illustré  de  41  grav.,  iv-149  p. 

I.  —  1.  — ■  Cv^i  toujours  à  l'histoire  de  l'art  que  n  lUS  devons  les 
livres  d'étrennes  les  plus  attachants,  les  plus  magnifiques  et  les  plus 
durable-.  L-^i  librairie  Hachette  tient  à  honneur  de  garder  ici,  comme 
dans  le  d:  imaino  de  la  littérature  et  des  voyages,  le  tout  premier  rang. 
Le  volume  qu'elle  nous  donne  sur  Vittore  Carpaccio,  sa  vie,  son  œuvre, 
son  Umps,  prendra  place  à  côte  de  ceux  qu'elle  a  édités  en  ces  dernières 
années  sur  Rembrandt,  sur  Rubens,  sur  Pinturicc  hio  ;  si  le  charmant 
artiste  vénitien  qui  nous  est  présenté  par  MM.  Ludwig  et  Molmenti 
n'a  pas  la  célébrité  universelle  d'un  Giorgione  ou  d'un  Titien,  depuis 
longtemps  il  est  apprécié  à  sa  valeur  par  les  délicats.  M.  Pompeo 
Molmenti,  l'auteur  d'un  admirable  travail  sur  la  Vie  privée  à  Venise, 
en  même  temps  que  d'une  très  érudite  et  jolie  petite  Histoire  de  la 
peinture  vénitienne,  a  manifestement  toutes  les  qualités  requises  pour 
nous  faire  connaître  Carpaccio.    S'il  s'est  adjoint  pour  collaborateur 
le  savant  critique  allemand  Gustave  Ludwig,  c'est  que,  obligé  par 
la  maladie  de  quitter  Londres  où  il  professait  la  médecine,  réfugié  à 
Venise  où  il  s'adonna  aux  études  d'art,  Ludwig  s'était  pris  d'une 
véritable  passion  pour  le  délicieux  Carpaccio;  à  force    de    menues 
recherches  dans  les  archives  et  de  comparaisons  patientes,  il  était 
parvenu  à  débrcuiller  assez  clairement  la  question  des  origines  de 
l'altiste  et  de  ses  relations  avec  ses  contemporains.  Des  goûts  communs 
l'unirent  bientôt  à  M.  Molmenti  par  une  vive  et  profonde  amitié,  que 
la  mort  vint  dénouer  cruellement;  et  l'ami  demeuré  seul  crut  de  son 
devoir  de  m.ener  jusqu'à  l'achèvem.ent  la  tâche  depuis  longtemps 
entreprise.  Cette  tâche,  dont  une  préface  d'un  sentiment  très  élevé 
et  touchant  nous  explique  les  phases  succes.'^ives,  la  voici  sons  nos 
yeux;  c'est  un  somptueux  volume  aussi  parfa't  de  typographie  que 
d'illustration,  f'ù  non  seulement  J'art  de  Carpaccio  et  sa  vie  nous  sont 


—  485  — 

rncoiités  dans  les  moindres  détails,  mais  cet  art  et  cette  vie  nous 
dcvienneut  familiers  pai-  une  connaissance  incomparable  des  événe- 
ments et  du  milieu.  La  Venise  des  vingt-cinq  dernières  années 
du  xv^  siècle,  des  vingt-cinq  premières  armées  du  xvi^,  revit 
devant  nous  dans  son  élégance,  dans  sa  richesse  et  dans  sa 
félicité.  (V  La  société  tout  entière  au  milieu  do  laquelle  vivait  Car- 
paccio,  »  écrivent  MM.  Ludwig  et  Molmenti,  «  concourait  à  faire  de 
lui  un  artiste;  »  le  spectacle  de  fêtes  sans  cesse  renouvelées,  ces  palais 
chatoyants,  ces  canaux  illuminés  de  la  douce  clarté  du  ciel  vénitien, 
ces  foules  joyeuses  aux  costumes  étincelants,  tout  semblait  préparé 
pour  exalter  sa  peinture.  «  Il  fut  véritablement,  avec  ses  pinceaux, 
le  chroniqueur  le  plus  autorisé  d'un  peuple  à  l'apogée  de  sa  gloire, 
et  tel  de  ses  tableaux  est  une  merveilleuse  illustration  des  splendides 
cérémonies  dont  le  souvenir  nous  est  conservé,  beaucoup  moins  vif 
et  moins  éloquent,  dan?  les  vieux  documents  des  archives.  »  Les 
admirables  photographies  dont  abonde  ce  livre  nous  font  pénétrer, 
avec  ce  texte  si  instructif  et  varié,  au  sein  des  nombreuses  confréries 
ou  écoles  qui  remplissaient  alors  Venise,  et  dont  plusieurs  ont  sollicité 
le  travail  de  Carpaccio;  c'est  ainsi  que,  sur  la  commande  de  la  puissante 
famille  des  Lorédan,  patronne  de  la  confrérie  de  Sainte-Ursule,  l'ar- 
tiste composa  cette  série  exquise  de  panneaux  qui  racontent  pour  notre 
joie  la  pure  et  ravissante  légende  de  la  sainte  et  de  ses  compagnes. 
C'est  avec  la  même  perfection  de  fantaisie  ingénue  et  de  pieuse  gra- 
vité que  ce  conteur  aussi  gracieux  qu'un  Benozzo  Gozzoli  ou  qu'un 
Memling  représente  les  épisodes  de  la  lutte  de  saint  Georges  contre 
le  dragon,  et  le  mobilier  de  la  cellule  où  médite  saint  Jérôme.  Une  des 
plus  heureuses  trouvailles  de  MM.  Ludwig  et  Molmenti  nous  parait 
être  l'identification  de  bon  nombre  des  portrait?  répartis  au  travers 
de  ces  compositions  religieuses  ;  les  protecteurs  et  les  amis  du  peintre 
reprennent  enfin  pour  nous  une  figure  et  un  nom,  au  milieu  de  ces 
églises,  de  ces  palais,  de  ces  canaux  toujours  pareils  à  ceux  où  ils 
vécurent,  où  ils  passèrent.  Quelle  chose  attrayante  et  parfaite  que 
l'histoire  de  l'art  telle  qu'on  nous  la  présente  aujom'd'hui,  avec  tant 
de  fleurs  épanouies  pour  dissimuler  les  épines  de  l'érudition  ! 

2.  —  Dans  la  Nouvelle  Collection  des  classiques  de  l'art,  où  ont  ]^ 
déjà  paru  deux  volumes  contenant  tout  Albert  Durer  et  tout  Michel- 
Ange,  la  librairie  Hachette  nous  donne  aujourd'hui  Raphaël,  l'œuvre  du 
maître  en  275  reproductions.  Une  notice  sommaire,  mais  où  rien  d'essen- 
tiel n'a  été  négligé,  et  qu'illustrent  d'excellents  facsimilés  de  dessins  et 
d'estampes,  précède  ce  recueil  de  photogravures  d'une  scrupuleuse  fidé- 
lité. Tout  Raphaël  est  là,  c'est-à-dire  tout  ce  qui  fut  considéré  durant 
tant  d'années  comme  la  perfection  suprême  de  l'art,  l'expression  défini- 
tive de  la  piété,  de  la  science,  de  la  beauté.  Sans  doute  n'est-on  plus  aussi 


—  486  — 

exclusif  et  aflirmatif  désormais;  toutefois,  s'il  est  à  nos  yeux  d'autres 
divinités  non  moin?  radieusesdans  l'Olympe  del'art,  Raphaël  n'en  garde 
pas  moins  et  gardera  toujom's  le  prestige  de  sa  jeunesse  étincelante 
et  miraculeusement  féconde.  Un  recueil  comme  celui-ci  est  d'un  mer- 
veilleux enseignement.  D'année  en  année,  d'image  en  image,  on  voit 
se  développer  et  mûrir  le  génie  des  nobles  ordonnances  et  des  harmo- 
nieux équilibres;  on  suit  dans  ses  Madones  le  progrès  incessant  du 
sentiment  humain  et  chrétien  tout  ensemble;  et  dans  ses  grandes 
fresques  on  conçoit  une  splendeur  de  composition  qu'aucun  artiste 
n'a  égalée  depuis.  Il  y  a  peu  de  lectures  qui  soient  remplies  de  leçons 
aussi  hautes  et  aussi  pénétrantes.  Scientifiquement,  ce  beau  recueil 
est  au  courant  des  plus  récentes  découvertes.  Les  œuvres  douteuses 
ou  tenues  en  ces  derniers  temps  pour  inauthentiques  sont  reproduites 
et  classées  à  la  fin,  et  tout  un  commentaire  de  précieuses  notes  fait 
escorte  aux  belies  images.  \\>ilà  un  luxe  bien  entendu,  mis  à  la  portée 
des  intelligences  avides  et  des  bourses  modestes;  et  nous  sommes 
assurés  qu'un  succès  toujours  croissant  encouragera  l'active  librairie 
Hachette  à  développer  rapidement,  pour  notre  instruction  et  notre 
joie,  la  collection  des  Classiques  de  l'a'-t. 

3.  —  Le  monde  géographique  parisien  a  fait,  au  milieu  du  mois 
dernier,  une  chaleureuse  réception  au  lieutenant  E.  H.  Shackleton, 
le  vaillant  marin  anglais  qui  s'est,  durant  l'été  austral  1908-1909, 
avancé  si  près  du  Pôle  sud  qu'on  a  pu  croire  un  instant  à  la  possibilité 
de  la  conquête  du  Pôle  austral  avant  celle  du  Pôle  boréal  de  notre 
planète.  Il  n'en  a  rien  été,  et  Cook,  ou  Peary,  ou  tous  les  deux,  sont 
arrivés  au  90®  degi'é  de  latitude  septentrionale  avant  qu'ait  été-  dé- 
couvert le  point  mathématique  qu'est  le  Pôle  sud;  mars  cela  ne  nous 
doit  nulloment  faire  méconnaître  les  mérites  de  celui  qui,  au  cours 
d'un  raid  admirable,  a  poussé  jusqu'à  la  latitude  méridionale  de 
88o23',  arrivant  ainsi  jusqu'à  179  kilomètres  du  Pôle,  c'est-à-dire  à 
une  distance  analogue  à  celle  qui  sépare  Vendôme  de  Paris.  Si  digne 
d'attention  que  soit  ce  résultat,  ce  n'est  pas  le  seul  qu'ait  obtenu 
l'expédition  antarctique  dirigée  par  le  lieutenant  Shackleton;  une 
autre  des  escouades  parties  du  Nimrod  (tel  était  le  nom  du  navire 
de  l'explorateur)  est  parvenue  au  Pôle  magnétique  austral  et  en  a 
fixé  avec  précision  les  coordonnées  actuelles.  Et  quelle  admirable 
moisson  d'observations  géographiques  et  scientifiques  de  toute  nature  I 
La  découverte  de  plusieurs  reliefs  élevés  entre  le  82°  et  le  86°  do  lati- 
tude méridionale,  celle  d'un  énorme  plateau  glacé  haut  de  3  300 
mètres  au  point  extrême  atteint  par  l'a  escouade  du  sud  w  et  se  prolon- 
geant à  perte  de  vue  de  ce  point  jusque  vers  le  pôle,  une  exploration 
plus  précise  des  côtes  et  des  montagnes  occidentales  de  la  Terre  \'ic- 
t-oria,  une  minutieuse  étude  du  volcan  Érebus,  la  découverte  d'une 


—  487  — 

côte  nouvelle  dans  l'ouest  du  cap  Nord  de  la  Terre  Victoria,...  et 
combien  d'autres!  Comme  l'expédition  du  Discovery,  dont  faisait' 
naguère  partie,  sous  les  ordres  du  capitaine  Scott,  le  lieutenant  Shack- 
leton,  l'expédition  du  Nimrod  a  été  extrêmement  féconde,  et  les 
spécialistes  trouveront  profit  à  en  étudier  minutieusement,  le  jour 
où  ils  seront  publiés,  tous  les  résultats.  —  Ce  n'est  pas  là  ce  qu'on  trou- 
vera dans  Au  Cœur  de.  V Antarctique;  ce  très  beau  et  très  gros  volume 
contient  simplement  1'  «  histoire  du  voyage  »  du  Nimrod  et  des  tra- 
vaux des  membres  de  l'expédition  Shackleton  pendant  tout  le  temps 
(janvier  1908  à  mars  1909)',  qu'ils  ont  passé  dans  l'Antarctique. 
Quelle  admirable  leçon  d'énergie  et  que  de  renseignements  précieux 
les  géographes  trouveront  à  en  extraire  !  Le  Ueutenant  Shackleton 
ne  s'est  pas  interdit,  en  effet,  d'indiquer  à  quelles  conclusions  ses  com- 
pagnons et  lui-même  étaient  arrivés  sur  certains  points  déterminés 
(v.,  par  exemple,  le  chap.  XII,  consacré  aux  «  résultats  scientifiques 
de  l'ascension  de  l'Erebus  »  et  les  dernières  pages  du  chap.  XX^■); 
il  n'a  pas  craint  de  tracer  le  programme  d'explorations  nouvelles, 
il  n'a  pas  hésité  à  signaler  les  points  sur  lesquels  il  n'avait  pu 
obtenir  aucune  certitude,  en  particulier  l'existence  d'une  haute 
terre  glacée  sous  le  163^  méridien.  Pour  toutes  ces  raisons,  et  aussi 
pour  ses  précieux  appendices  scientifiques  et  pour  son  admirable 
«  illustration  »,  la  relation  modeste  et  cependant  dramatique  du  lieu- 
tenant Shackleton,  —  si  bien  traduite  et  adaptée  de  l'anglais  par 
M.  Charles  Rabot,  —  mérite  l'accueil  le  plus  favorable,  et  de  la  part 
de  tous;  les  spécialistes  y  trouveront  les  renseignements  géographiques 
et  scientifiques  les  plus  nouveaux  et  les  plus  sûrs,  tandis  que  les  simples 
curieux  y  verront  quels  services  les  automobiles  peuvent  rendre  pour 
l'exploration  des  régions  antarctiques;  ils  y  verront  surtout  comment, 
à  force  de  volonté,  d'opiniâtreté  et  d'ingéniosité,  aucan  obstacle 
n'est   insurmontable. 

4.  —  A  diverses  reprises,  pour  éprouver  sous  son  beau  ciel,  devant 
ses  monuments  et  en  présence  de  spectacles  éminemment  pittoresques 
des  jouissances  artistiques  profondes  et  intenses,  et  aussi  pour  faire 
de  la  peinture,  M.  Walter  Tyndale  s'est  rendu  en  Egypte.  Il  en  a  ob- 
servé les  aspects  anciens  et  les  transformations;  il  en  a  noté,  dans 
des  aquarelles  fort  réussies,  les  monuments  et  les  sites  les  plus  inté- 
ressants et  le?  ^lus  beaux.  Des  amis  bien  inspLiés  lui  ont-ils  conseillé 
de  publier  ses  aquarelles  en  les  accompagnant  d'un  commentaire 
explicatif?  Lui-même  a-t-il  eu  l'idée  de  les  encadi'er  dans  des  im.- 
pressions  de  voyage?  Peu  importe,  si  le  livre  est  intéressant.  Et,  de 
fait,  l'Egypte  d'hier  et  d'aujourd'hui  est  un  ouvrage  d'un  très  réel 
intétêt,  et  non  moins  agréable  à  liie  qu'à  regarder.  Quarante-quatre 
planches  en  couleurs,  exécutées  d'après  les  aquarelles  de  M.  Walter 


—  488  — 

Tyndalc,  trouvent  leur  commentaire  dans  un  texte  plein  de  vie  et 
d'humour,  où  l'auteui,  évoquant  le  souvenir  de  ses  pérégiinations 
à  travers  les  rues  du  Caire  et  les  campagnes  de  l'Egypte,  sème  à  pleine 
main  les  anecdote»,  la  description  de  spectacles  auxquels  il  a  assisté, 
des  renseignements  précis  sui  les  transformations  des  cités  et  deS 
monuments,  des  mœurs  et  des  costumes,  sur  certaines  restaurations 
malheureuses  et  sur  d'auties  plus...  intelligentes,  sur  l'époque  où  il 
a  exécuté  ses  aquarelles.  Par  là  s'explique  et  se  justifie  le  titre  du  vo- 
lume: c'est  bien  l'Egypte  d'hier  et  celle  d'aujourd'hui  que  décrivent 
ses  récits  et-  que  représentent  ses  peintures.  Récits  et  aquarelles 
peuvent  être  divisés  en  deux  groupes;  la  première  moitié  du  volume 
a  trait  au  Caire  et  à  l'art  arabe  (chap.  II  à  IX,  planchei^.  2  à  20),  tandis 
que  la  seconde  partie  (planches  21  à  42,  chap.  XII  à  XIX)  se  rapporte 
aux  monuments  de  l'ancienne  Egypte,  aux  pyramides,  aux  temples 
imposants  et  admnables  de  Thèbes,  de  Karnak  et  de  Dendera.  Ainsi 
se  trouve  constitué  un  livre  très  attrayant,  plein  de  renseignements 
de  toute  nature,  où  est  soigneusement  noté,  par  la  plume  et  par  le 
pinceau,  le  souvenir  d'un  moment  capital  et  décisif  de  l'histoire 
de  l'Egypte,  du  moment  où  la  terre  des  Phai'aons  passe  définitivement 
et  complètement  de  la  civilisation  musulmane  à  la  civilisation  eu- 
ropéenne. 

5.  —  h'Hisioire  de  France  illustrée,  dont  la  librairie  Larousse  met 
en  vente  le  tome  l^^",  semble  devoir  combler  une  véritable  lacune.  Nous 
n'avions  pas  encore  une  Histoire  de  France  populaire,  s'adressant 
au  grand  public,  qui  lui  domiât,  avec  la  suite  des  faits,  des  notions 
suffisamment  exactes  sur  l'évolution  des  mœurs,  des  institutions, 
de  l'art  et  de  la  littérature  et  qui  parlât  à  ses  yeux  par  une  illustration 
bien  choisie.  L'ouvrage  de  Bordier  et  Charton,  qui  est  peut-être  celui 
qui  se  rapproche  le  plus  de  la  pubUcation  que  nous  amionçons  ici, 
est  aujom'd'hui  bien  vieilli  et  l'illustration  ne  répond  ni  par  l'abon- 
dance ni  par  le  choix  aux  besoins  des  générations  présentes.  IJ Histoire 
de  France  illustrée,  au  contraire,  satisfera  les  plus  exigeants.  Sans  entrer 
dans  de  grands  développements,  en  s'efîorçant  au  contraire  de  de- 
meurer toujours  concis,  l'auteur  du  texte  a  voulu  donner  à  ses  lecteurs 
la  substance  des  meilleurs  travaux  publiés  sur  notre  histoire;  il  a  voulu 
leur  présenter  un  tableau  complet  de  ce  qu'il  en  faut  coimaitre.  Tou- 
jours clair  et  simple  pour  demeurer  accessible  à  la  grande  masse, 
il  ne  dédaigne  pas  de  semer  son  récit  d'anecdotes,  de  traits  qui 
en  rendent  la  lecture  plus  facile  et  qui  aident  le  lecteur  à  mieux 
saisir  la  physionomie  d'une  époque.  Il  n'y  est  pas  moins  aidé 
par  l'illustration,  d'un  choix  excellent,  d'une  abondance  extraordi- 
naire, d'une  exécution  parfaite.  Plus  de  quarante  cartes  et  plans,  dont 
cinq  sont  en  couleurs,  retracent  l'aspect  politique  du  pays  des  origines 


—  489  — 

au  xvi^  siècle,  permettent  de  suivre  les  guerres  et  les  grandes  batailles 
(plans  des  batailles  de  Bouvines,  de  Crécy,  de  Poitiers,  de  Marignan, 
de  Pavie,  d'Arqués,  d'Ivry,  etc.);  une  carte  nous  fait  connaître  la  ré- 
partition des  mégalithos  et  des  cavernes  préhistoriques  sur  notre 
territoire;  deux  plans  nous  montrent  Paris  sous  Philippe-Auguste 
et  au  xiv^  siècle.  Les  figures  sont  pour  la  plus  grande  partie  emprun- 
tées aux  documents  contemporains  :  vues  d'édifices,  statues,  médailles, 
sceaux,  pierre  tombales,  portraits,  etc.,  viennent  joindre  leur  témoi- 
gnage à  ceux  des  monuments  écrits.  A  côté  de  cette  illustra.tion  pure- 
ment documentaire,  on  a  fait  une  place,  fort  légitime,  aux  œuvres 
des  artistes,  œuvres  d'imagination  sans  doute,  mais  qui  montrent 
la  conception  que  les  maîtres  de  l'art  français  se  sont  faite  de  tel  ou 
tel  événement  et  qui  ont  leur  intérêt  pour  l'histoire  de  la  pensée 
française.  Bien  des  lecteurs  goûteront  tout  particulièrement  les  gran- 
des planches  en  couleurs,  dans  lesquelles  M.  Hoiïbauer,  l'auteur 
bien  connu  de  Paris  à  travers  les  âges,  a  voulu  reconstituer,  par 
une  série  de  petits  tgjjleaux,  la  Vie  en  France  à  travers  les  âges.  A 
côté  de  ces  planches,  où,  par  l'imagination, un  artiste^érudit  s'est  eiïorcé 
d'interpréter  les  documents  et  d'évoquer  des  tranches  de  la  vie  de 
nos  pères,  d'autres  planches,  en  noir  ou  en  couleurs,  retracent  l'his- 
toire du  mobilier  et  celle  du  costume.  On  voit  que  rien  n'a  été  épargné 
pour  rendre  ce  volume  aussi  agréable  qu'instructif,  aussi  aimable  à 
regarder  qu'intéressant  à  lire.  Si  nous  ajoutons  que  le  texte  a  été  tenu, 
sans  pédanterie  et  sans  affectation,  assez  bien  au  courant  des  travaux 
de  l'érudition  contemporaine;  que  la  bibliographie  jointe  à  cha-que 
chapitre  indique  généralement  les  piincipales  sources  et  les  meil- 
leurs livres  en  langue  française  à  consulter  pour  qui  veut  approfondir 
davantage  telle  ou  telle  partie  de  l'histoire  ;  qu'il  ne  s'est  que  fort 
peu  gUssé,  dans  ces  quatre  cents  pages,  de  grosses  erreurs;  quej'auteur 
a  observé  une  sage  prudence  dans  l'exposé  des  faits  controversés; 
qu'il  ne  s'est  pas  départi  d'une  modération  fort  recommandable; 
qu'il  a  évité  ce  qui  pouvait  froisser  les  croyances  rehgieuses,  nos  lec- 
teurs comprendront  que  ce  volume  est  vraiment  un  modèle  de  bonne  et 
intelligente  vulgarisation,  digne  de  figurer  sur  les  rayons  de  nos  bibho- 
thèques  ou  sur  la  table  do  nos  salons  et  qu'il  est  un  des  beaux  cadeaux 
que  l'on  puisse  faire  en  ces  temps  d'étrennes.  Nous  espérons  que 
l'année  prochaine  nous  fournira  l'occasion  de  dire  autant  de  bien  du 
second  volume. 

6.  —  Depuis  des  années,  M.  Gaston  Ceindre,  un  écrivain  original 
doublé  d'un  artiste  de  talent  vraiment  supérieur,  est  attelé  à  une 
œuvre  de  patriotisme  local  où  il  a  mis  tout  son  cœur.  Nous  voulons 
parler  de  Mon  Vieux  Besançon  dont  notre  Chronique,  à  diverses  re- 
prises, a  parlé  de  façon  succincte,  au  fur  et  à  mesure  de  l'apparition 


—  490  - 

des  fascicules  (véritables  volumes  par  l'importauce).  Ua  prospectus 
superbe,  signé  des  initiales  C.  B.  et  accompagnant  le  premier  fascicule, 
a  remarquablement  présenté  aux  amateurs  cet  ouvrage  de  haut  luxe. 
Nous  allons  en  extraire  les  passages  les  plus  saillants  :  «  Parvenu 
à  la  grande  notoriété,  M.  Coindre  aurait  pu,  très  légitimement,  re- 
chercher les  travaux  productifs,  aspirer  à  l'honneur  et  à  l'argent... 
C'est  le  moment  qu'il  a  choisi  pour  se  consacrer  à  l'œuvre  qu'il  por- 
tait depuis  longtemps  dans  l'âme  :  de  raconter  son  cher  Besançon, 
d'illustrer,  à  chaque  pas,  son  récit  de  planches  qui  sont  des  chefs- 
d'œuvre  d'une  sincérité  d'interprétation  qui  laisse  à  peine  soupçonner 
l'aît  consommé.  C'est  précisément  la  caractéristique  du  talent  actuel 
de  l'artiste,  d'exprimer,  dans  un  réahsme  raffiné,  la  sûreté  de  son  goût 
et  son  sentiment  profond.  Le  plan  de  M.  Coindre  n'a  rien  de  compliqué  : 
il  se  contente  de  parcourir  chaque  rue,  no  laissant  passer  aucun  sou- 
venir, qu'il  remonte  à  trois  siècles  ou  qu'il  soit  d'hier,  san?  le  noter. 
Il  nous  montre  dans  toute  leur  gravité  ces  hôtels  du  xv®  au  xviii® 
siècle,  de  grande  allure,  décorés  avec  la  plus  saine  originalité;  ces 
rez-de-chaussée   qui   seraient  bardés   de   fer   comme   des   soupiraux 
de  prison,  si  les  grilles  n'étaient  des  morceaux  de  l'ai't  le  plus  ingénieux. 
Nous  descendons  avec  lui  les  ruelles  antiques  qui  plongent,  en  pentes 
abruptes,  dans  les  bas-fonds;  il  nous  fait  suivi^e  les  traiges  [passages], 
pénétrer  dans  certaines  cours,  vrais  taudis  du  moyen  âge,  dont  la 
moisissure  féculaire  est  relevée  de    détails    charmants,    galeries  de 
bois  ciselés,  niches  votives,   débris  auxquels  le  crayon  donne  leur 
valeur...  Places,  monuments,  églises,  il  nous  les  montre  comme  Saint- 
Pierre,  par  exemple,  sous  leur  physionomie  la  plus  ancienne.  11  n'y 
a  pas  un  jardin  d'hôtel,  un  cul-de-sac  ignoré,  un  intérieur  inaccessible 
qu'il  n'ait,  pour  ainsi  dire,  interviei^vè,  et  auquel  il  n'ait  arraché  un 
détail  d'histoire  ou  d'art...  Enfin  ce  sont  mm  seulement  les  pierre» 
que  nous  raconte  noti'e  auteur,  c'est  le  Bisontin  lui-même  :  dans  son 
pèlerinage,  il  n'y  a  guère  de  maisons  dont  il  ne  reconstitue  l'histoirv? 
familiale,  où  il  n'évoque  une  légende,  une  figure  curieuse,  une  notoriété 
si  marquante  qu'elle    ait   été,    ou  si  humblement    drôle  qu'elle  soit 
restée,  et  avec  le  tact  le  plus  discret.  »  —  Ces  quelques  lignes  donnent 
une  idée  suffisante  d'un  livre  admirablement  édité,  illustré  avec  un 
goût  et  une  finesse  rares,  qui  a  le  droit  de  figurer  au  premier  rang 
des  cadeaux  d'étrennes  :  par  son  allure  littéraire  très  éloignée  de  la 
banalité  contemporaine,  il  séduira  tous  les  amateurs  de  choses  pro- 
vinciales. Il  peut,  à  notre  avis,  servir  de  modèle  dans  le  genre  à  tou^ 
les  (c  régionalistes  »,  comme  l'on  dit  aujourd'hui,  qui  rêvent  d'écrire 
sur  leur  ville  natale  une  œuvre  vivante  et  suggestive.  —  Mon  Vieux 
Besançon  n'est  pas  encore  achevé.  Nous  appelons  de  tous  nos  vœux 
l'apparition  du  troisième  et  dernier  volume. 


—  491  — 

7.  —  Paul  Jacquiii,  le  maître  imprimeur  comtois  trop  tôt  disparu, 
et  M.  Gaston  Coindre  doivent  être  rangés  parmi  les  fervents  de  la  petite 
patrie.  A  l'instigation  du  premier,  le  second,  interrompant  son  labeur 
sur  Mon  Vieux  Besançon,  lança  un  beau  jour  le  Vieux  Salins,  prome- 
nades et  souvenirs.  L'ouvrage  était  sinon  fait,  du  moins  ébauché 
depuis  longtemps.  Aussi,  lorsque  l'éditeur  vint  frapper  à  la  porte  de 
l'auteur,  celui-ci  n'eut  plus  qu'à  le  revoir,  à  le  compléter.  Tout  ce 
qui  a  été  dit  plus  haut  sur  la  façon  dont  a  été  compris  et  conduit 
Mon  Vieux  Besançon  pourrait  se  redire  du  Vieux  Salins  :  il  n'y  a  pas 
lieu  de  se  répéter.  Il  convient  toutefois  de  faire  remarquer  que  ce 
volume  est  complété  par  trois  tables  :  Table  des  chapitres,  —  Table 
analytique,  —  Table  des  noms  cités,  qui,  pour  Mon  Vieux  Besançon, 
ne  seront  publiées  qu'avec  le  dernier  tome.  Nous  signalerons  spéciale* 
ment  ce  bel  ouvrage  sur  Salins  non  seulement  aux  régiorLalistes,  qui 
se  garderont  bien  de  le  néghger,  mais  aussi  aux  personnes  qui,  tous 
^es  ans,  vont  prendre  les  eaux  dans  la  pittoresque  cité  du  Jura.  Nul 
guide  ne  saurait  tenir  lieu  de  ces  pages  attachantes,  illustrées  de  gra- 
vures documentaires  et  de  vues  admirables. 

8.  —  De  jour  eu  jour,  les  automobilistes  réalisent  de  nouveaux  ex- 
ploits. Nous  en  avons  vu  naguè/e  plusieurs  conduire  leurs  puissantes 
machines  de  Pékin  à  Paris;  en  voici  aujourd'hui  qui  couvrent  de  bien 
moindres  distances,  sans  aucun  doute,  mais  qui  surmontent  une  foule 
d'obstacles  de  toute  nature  entre  Saigon  et  les  admirables  ruines 
d'Angkor.  Pas  de  routes  à  travers  la  forêt  vierge,  pas  de  pont  pour 
franchir  les  arroyos  et  les  rivières,  mais  par  contre  des  marais,  des 
rizières,  en  attendant  la  transformation  du  pays  en  un  lac  immense, 
par  suite  des  inondations  périodiques  :  voilà  dans  quelles  conditions 
le  duc  de  Montpensier  et  ses  compagnons  n'ont  pas  craint  d'entre- 
prendre, sur  une  bonne  24/30  H.  P.  Lorraine  Diétrich,  d'un  poids 
total  de  3  700  kilogrammes,  la  conquête  de  la  Ville  au  Bois  dormant. 
A  Saïgon,  personne  ne  pouvait  croire  qu'un  tel  exploit  fût  possible; 
«  tous  nos  amis  sont  unanimes,  écrit  le  duc  de  Montpensier  (p.  29), 
à  déclarer  que  nous  n'arriverons  jamais;  ils  ne  nous  cachent  point 
l'agréable  espérance  de  nous  voir  revenir  au  bout  de  quelques  jours...» 
En  dépit  des  pronostics  sinistres,  les  audacieux  voyagem's  ont  rempli 
leur  programme;  ils  ont  conduit  leur  machine  jusqu'au  milieu  des 
ruines  de  la  plus  ancienne,  de  la  plus  merveilleuse  des  civilisations 
asiatiques,  et  ils  l'ont  ensuite  ramenée  à  leur  point  de  départ.  Comment? 
pai'  quelle  suite  d'initiatives  hardies,  d'actes  de  volonté  et  d'énergie? 
au  prix  de  quelles  peines?  au  milieu  de  quels  dangers  et  de  quelles 
péripéties  de  toute  nature?  voilà  précisément  ce  que  le  duc  de  Mont- 
pensier raconte  dans  un  Uvre  plein  de  verve  et  d'entrain,  très  amusant 
et  très  intéressant  tout  à  la  fois,  où  l'on  a  plaisir  à  rencontrer  tant  de 


—  492  — 

cràiierio  unie  à  tant  d'esprit.  No  clierchoz  pas,  par  contre,  dans  la 
Ville  au  Bois  donnant,  de  descriptions  des  ruines  du  groupe  d'Angkor 
(le  duc  de  Montpensier  s'en  est  abstenu,  et  y  a  substitué  une  collection 
d'admirables  photographies);  c'est  ici  «  un  simple  cahier  de  route  », 
mais  combien  instructif  et  combien  vivant  !  Mieux  qu'une  relation 
sévère  et  grave,  ce  superbe  volume,  si  bien  impiimé  et  si  bien  illustré) 
vous  donnera  une  impression  exacte  do  la  partie  basse  de  l'Indo-Chine 
française,  du  pays  qui  sépare  Angkor  de  Saïgon. 

9.  —  En  1901-1902,  le  chevalier  Ivan  de  Schaeck  a  accompagné  le 
grand-duc  Boris  de  Russie  dans  une  promenade  faite  par  lui  autour 
du  monde  dans  l'hémisphère  boréal;  de  ce  voyage  en  Egypte,  dans 
l'Inde,  dans  l'Indo-Chine,  au  Japon  et  aux  États-Unis,  il  a  rapporté 
des  Visions  de  route  qui  viennent  de  paraître  en  un  fort  joli  volume 
accompagné  de  nombreuses  gravures.  Faut-il  l'avouer?  La  lecture 
de  ce  volume  nous  a  déçu:  abstraction  faite  de  la  description  de  quel- 
ques fêtes  superbes  offertes  au  grand-duc  Boris,  nous  n'y  avons  rien 
trouvé  de  neuf  ni  de  digne  d'attention,  les  impressions  de  voyage  de 
M.  Ivan  de  Schaeck  ne  se  distinguant  ni  par  l'imprévu  ni  par  la 
fantaisie,  même  à  propos  de  l'Egypte,  sur  qui  ont  été  fondues  les  notes 
recueillies  par  l'auteur  en  1902  et,  postérieurement,  en  1907.  Les  pré- 
occupations gastronomiques  y  nuisent  à  des  préoccupations  d'un  ordre 
plus  relevé;  et  combien  vagues  et  imprécises  des  descriptions  comme 
celle  du  Musée  de  Gizeh;  le  célèbre  Ciieik-cl-Beled  n'y  est  même  pas 
nommé!  Est-ce  à  dire  qu'il  faille  faire  ii  du  volume  de  M.  Ivan  de 
Schaeck?  Loin  de  nous  cette  pensée;  malheureusement  son  préfacier 
a  évoqué,  à  propos  des  Visions  de  route,  la  Promenade  autour  du  monde 
du  baron  de  Hubner  !  A  présenter  ce  livre  de  manière  un  peu  plus 
modeste,  à  nous  le  dépeindre  tel  qu'il  est,  comme  un  récit  sans  pré- 
tention aucune,  comme  un  carnet  de  route  très  modeste,  mais  très 
exact  et  très  sincère,  M.  Edouard  de  Morsier  n'eût  pas  couru  le  risque 
de  nous  décevoir  et,  par  suite,  de  nous  indisposer  contre  la  Promenade 
autour  du  monde,  si  bien  illustrée,  racontée  par  M.  Ivan  de  Schaeck. 

10.  —  L'admirable  pays  que  la  Hollande  !  et  comme,  après  l'avoir 
visité,  on  aspire  à  y  retourner;  et  comme,  en  attendant  qu'on  puisse 
le  faire,  on  aime  à  en  évoquer  le  souvenir  !  Rien  ne  sera  plus  facile 
désormais,  grâce  à  la  Hollande  illustrée,  un  très  beau  volume  que  la 
librairie  Larousse  vient  de  faire  paraître  dans  la  collection  où  avaient 
déjà  été  pubUés  les  livres  de  M.  Jousset  sur  l'Allemagne,  l'ItaUe  et 
l'Espagne.  A  la  différence  des  précédents,  cet  ouvrage  est  dû  à  plu- 
sieurs collaborateurs,  les  uns  Hollandais,  d'autres  Français,  —  dont  — 
comme  il  est  d'usage  en  pareille  occurrence  —  chacun  a  traité  ce  qu'il 
connaissait  de  mieux.  L'avouerons-nous  toutefois?  Ce  qui,  dans  ce 
livre,  nous  séduit  le  plus,  ce  sont  les  magnifiques  gravures  qui  accom- 


—  493  — 

pagnent  le  texte;  par  îlles  se  trouve  constitué  un  superbe  album  de 
la  Hollande  envisagée  sous  tous  ses  aspects  :  physique,  monumental, 
artistique,  pittoresque.  Les  colonies  elles-mêmes  n'ont  pas  été  oubliées; 
on  a  eu  soin  de  leur  réserver  quelques  pages,  —  un  peu  trop  brèves,  à 
notre  avis,  —  à  la  fm  do  l'ouvrage,  de  telle  sorte  qu'on  peut,  en  lisant 
la  Hollande  illustrée  et  en  en  regardant  les  gravures,  voyager  jusque 
sous  les  tropiques,  et  se  faire  une  idée  d'ensemble  de  ce  qu'est  le 
royaume  des  Pays-Bas,  dans  ses  possessions  d'outre-mer  comme  dans 
1-^  métropole.  Naturellement,  c'est  pour  connaître  celle-là  surtout 
qu'on  recourra  au  volume  que  nous  annonçons;  on  aura  raison  de  le 
faire,  car,  bien  qu'il  passe  trop  vite  sur  des  points  tels  que  Dordrecht, 
il  n'en  est  pas  qui,  à  notre  connaissance,  donnent  une  idée  plus  exacte 
ni  plus  complète  du  sol  et  des  beautés  des  Pays-Bas. 

11,  —  Une  Préface  de  M.  Paul  Weiss,  ingénieur  en  chef  des  mines, 
et  un  Avant-propos  de  l'auteur  résument  à  merveille  le  livre  à  la  fois 
curieux  et  instruc'if  que  M.  Emile  Gérards,  sous-inspecteur  des  tra- 
vaux de  Paris,  vient  de  publier  sous  le  titre  de  Paris  souterrain. 
^c  Paris,  ville  de  plaisir  et  de  lumière  !  s'écrie  M.  Paul  Weiss.  Qui 
soupçonnerait,  en  voyant  les  Ivjulevards  fourmillant  de  monde, 
en  entendant  le  tumulte  incessant  de  ses  rues,  que,  sous  le  pavé  que 
nous  foulons  tous  les  jours,  existe  un  vaste  monde  sfuterrain,  dont 
l'immensité  surprend  tous  ceux  qui  y  pénètrent?  Sous  les  rues  s'en- 
foncent des  labyrinthes  de  galeries,  s'allongent  des  kilomètres  de  voies 
ferrées  et  s'entrecroisent  des  dédales  de  canalisations;  sous  les  mai- 
sons, dans  tous  les  quartiers  du  sud,  s'étendent  des  vides  dangereux, 
laissés  par  l'exploitation  des  anciennes  carrières,  dont  la  consolidation 
nécessite  d'importants  et  délicats  travaux.  Cette  révélation,  M.  Gé- 
rards nous  l'appoi'te...  Tl  étudie  successivement,  dans  un  style  clair 
et  précis,  la  formation  géologique  du  sol  de  Paris  et  le  régime  de  ses 
eaux  souterraines;  il  décrit  l'histoire  des  catacombes  et  nous  monti'e 
comment  on  est  parvenu  à  rendre  inofîensifs  les  espaces  vides  aban- 
donnés par  les  anciens  carriers  ;  il  nous  emmène  dans  les  égouts  et  les 
voies  ferrées  souterraines  et  nous  fait  toucher  du  doigt  les  prodiges 
réalisés  par  les  ingénieurs  de  la  ville.  L'œuvre  de  la  nature  et  celle  de 
l'homme  sont  décrites  magistralement.  »  L'auteur,  ensuite,  s'explique 
à  son  tour,  en  ces  termes  :  «  Dans  Paris  souterrain,  nous  avons  voulu 
passer  en  revue  et  étudier,  tant  au  point  de  vue  scientilique  qu'au 
point  de  vue  historique  et  descriptif,  toutes  les  curiosités  que  recèlent 
les  profondeurs  de  la  capitale.  Quelques-unes  de  ces  curiosités  avaient 
fait,  de  la  part  d'auteurs  divers,  l'objet  de  monographies  ou  de  des- 
criptions plus  ou  moins  complètes  et  sans  hen  entre  elles.  Nous  avons 
combiné,  en  les  rattachant  à  nos  propres  observations,  tous  ces  élé- 
ments épars.  Parmi  nos  recherches  personnelles,  nous  croyons  dev<.>ir 


—  494  - 

siijnaler  les  cartes  géologiques  qui  accompagnent  le  livre  I^''  et  le& 
documents  historiques  et  techniques  de  la  partie  relative  aux  carrières. 
Nous  espérons  qu'ils  font  dépasser  à  notre  humble  ouvrage  les  limites 
de  la  simple  vulgarisation  scientifique.  Ayant  dessein  d'intéresser  le 
grand  public  aussi  bien  que  les  hommes  de  science,  nous  nous  sommes 
attaché  à  donner  à  ce  livre  la  forme  la  plus  atti'ayante.  De  nombreuses 
gravures  accompagnent  le  texte;  les  termes  techniques  et  spéciaux 
sont  expliqués  aussi  souvent  qu'il  a  semblé  utile  de  le  faire...  »  Il  ne 
nous  reste  plus  qu'à  indiquer  les  grandes  divisions  de  ce  très  intéres- 
sant ouvrage,  afin  de  le  mieux  faire  comprendre  encore  :  Livre  1^^. 
Formation  et  composition  du  sol  de  Paris,  i""^  partie.  Généralités. 
2^  partie.  Le  Sol  de  Paris  aux  différents  âges  de  la  Terre.  —Livre  IL 
Les  Eaux  souterraines,  l^'e  pai'tie.  Les  Nappes  souterraines. 'impartie. 
LesEaux  canahsées.  —  Livre  III.  Carrières  et  Catacombes,  i^e  partie- 
Les  Anciennes  Cariières  de  Paris.  2^  partie.  Les  Catacombes.  ■ —  Livre 
I\*.  Les  Égouts  de  la  Bièvre.  —  Livre  V.  La  Faune  et  la  Flore  sou- 
terrf,i;ies  de  Paris.  —  Livre  \L  Les  Vcies  ferrées  souterraines:  F'^ 
partie.  Lignes  appartenant  aux  grands  réseaux.  2®  partie.  Le  Métro- 
politain municipal.  3*^  partie.  Chemin  de  fer  électrique  Noîd-Sud  de 
Paris  (ancien  tramway  Borlier).  —  Livre  MI.  Souterrains  divers.  L'ou- 
vrage se  termine  par  un  copieux  Index  alphabétique  et  une  table  des 
cartes,  plans  et  coupes,  ce  qui  rend  les  recherches  très  faciles. 

12.  —  Nombreux  sont  les  pères  de  famille  qui  se  souviennent  d'avoir 
lu  les  Merveilles  de  la  science,  de  Louis  Figuier.  Ils  avaient  puisé  dans 
cette  lecture  des  connaissances  scientifiques  sérieuses,  présentées  sous 
une  forme  simple  et  attrayante.  La  science  évoluant  sans  cesse,  il  faut 
constamment  renouveler  les  ouvrages  qui  la  font  connaître.  M.  Max 
de  Nansouty  continue  dignement  l'œuvre  de  son  prédécesseur.  Le 
nouveau  volume,  consacré  à  V Électricité,  porte  conjointement  les  noms 
de  l'ancien  et  du  nouvel  auteur.  Et  c'est  justice.  M.  de  Nansouty  a 
conservé  do  l'ancien  ouvrage  les  notions  historiques  et  scientifiques 
qui  restent  la  base  de  la  science  électrique.  Mais  il  a  rédigé  à  nouveau 
toutes  les  parties  qui  se  sont  perfectionnées;  de  plus,  il  a  exposé  les 
nombreuses  questions  nouvelles  qui  ont  surgi  dans  les  applications 
do  la  science  électrique.  Ce  livre  est  puissamment  documenté.  La  pro- 
duction industrielle  de  l'électricité,  ses  applications  à  la  mécanique, 
à  l'éclairage,  à  l'industrie  chimique  sont  successivement  étudiées, 
Les  divers  téléphones,  les  appareils  de  télégraphie  avec  fil,  sans  fil, 
sous-marine,  qui  ont  donné  lieu  à  une  exploitation  réellement  pratique, 
n'ont  plus  de  mystère  après  la  lecture  de  ce  livre.  Le  texte,  simple 
et  précis,  est  accompagné  de  nombreuses  illustrations  :  que  ce  soient 
des  reproductions  photographiques  ou  des  schémas,  le  choix  est  tou- 
ji>urs  excellent.  Si  élémentaire  que  voulût  rester  l'auteur,  il  ne  pouvait 


—  495  — 

s'empêcher  de  faire  un  peu  de  théorie  :  cela  est  indispensable,  non  seu- 
lement pour  se  rendre  compte  des  phénomènes,  mais  encore  pour  bien 
comprendre  la  signification  des  termes  techniques  qui  sont,  aujour- 
d'hui, d'un  usage  courant.  La  principale  qualité  de  cet  ouvrage  consiste 
pour  nous  en  ces  faits  :  M.  de  Nansouty,  tout  en  faisant  conuaitre 
les  principales  applications  de  l'électricité,  n'a  cherché  à  expliquer 
que  ce  qui  était  simple;  il  n'a  pas  eu  recours  à  de  mauvais  subte.'- 
fuges  pour  chercher  à  éclaircir  des  questions  sortant  du  domaine  élé- 
mentaire. La  lecture  de  ce  remarqual^le  livre  apprend  beaucoup  d<; 
choses  utiles;  il  ne  permet  pas  la  naissance  d'idées  fausses  :  c'est  donc 
un  volume   de   vulgarisation  parfait. 

13.  —  Voici  du  Jules  Verne  posthume,  assez  différent,  pom*  le  fond, 
du  Jules  Verne  d'autrefois.  Nous  avons  bien,  dans  les  Naufragés  du 
«  Jonathan  »,  des  aventures  extraordinaires,  comme  d'habitude;  mais 
le  récit  se  «  corse  »   de  l'exposé  d'une  thèse  :  l'absurdité  du  collecti- 
visme, source  de  désordres,  d'abus  et  d'esclavage  sous  l'apparence  de 
la  liberté.  L'auteur  nous  présente  d'abord  un  personnage  mystérieux, 
qui  vit  isolé,  en  compagnie  de  deux  Indiens,  le  père  et  le  fils,  dans  une 
île  de  la  Magellanie,  entre  l'Atlantique  et  le  Pacifique,  à  l'extrême- 
sud  de  l'Amérique.  Ce  genre  de  solitaire  répond  au  nom  de  «  Kaw-djer  », 
qui,  dans  la  langue  du  pays,  signifie  «  l'ami,  le  bienfaiteur,  le  sauveur  ». 
De  fait,  ce  Kaw-djer,  Européen  en  rupture  de  civilisation,  et  qui  a  pour 
devise  :  «  Ni  Dieu,  ni  maître  »,  comme  tout  bon  révolutionnaire  «  inté- 
gral »,  est  un  vérital^le  «  altruiste  ».  Quand  il  consent  à  voir  les  humains 
de  cette. latitude,  pauvres  spécimens  sous  le  rapport  de  l'intelligence, 
c'est  pour  leur  rendre  service,  surtout  pour  les  soigner  et  les  guérir 
quand  ils  sont  malades.- Cet  homme  est  universel  :  médecin,  marin, 
ingénieur,  savant  en  tous  genres.  D'où  vient-il?  Qui  est-il?  Nul  ne  le 
sait.  Un  jour,  avec  ses  deux  Indiens,  il  vole  au  secours  d'un  navire 
en  perdition  (le  Jonathan)  et  le  sauve,  au  péril  de  sa  vie,  ainsi  que  les 
douze  cents  passagers  qu'il  renferme,  épaves  de  tous  les  peuples,  en 
route  pour  fonder  une  colonie  en  Afrique,  sur  les  territoires  portugais. 
L'île  Hoste,  où  abordent  ces  émigrants,  appartient  au  Chili  qui,  dé- 
sirant la  voir  se  coloniser,  offre  aux  naufragés,  en  même  temps  que 
des  secours  en  nature,  une  indépendance  absolue.  L'affaire  conclue, 
la  partie  raisonnable  des  nouveaux  occupants  parle  de  nommer  un 
chef;  mais  le  Kaw-djer,  parfait  anarchiste,  refuse  ce  poste.  Un  avocat 
de  France,  le  socialiste  Ferdinand  Beauval,  sous  prétexte  de  hberté, 
se  pose  en  manière  de  dictateur,  soutenu  pai'  les  paresseux  qui  veulent 
vivre  aux  dépens  des  vrais  travailleurs.  Il  a,  dans  cette  circonstance, 
pour  rival   malheureux,    un  Américain  n3mmé   Doriek,   apôtre   du 
communisme  pur.  Vient  le  jour  où  tout  va  de  mal  en  pis  dans  cette 
anai'chie.  Et  la  misère  et  le  crime  s'étalent  si  amplement  que  le  Kaw- 


—  49G  — 

djor  se  décide  enfin  à  renier  (oh  !  temporairement)  ses  faux  principes_ 
Il  accepte  de  devenir  le  chef  de  la  colonie.  Tout  aussitôt  il  se  révèle 
homme  de  gouvernement  dans  la  plus  complète  acception  du  terme, 
et,  sous  son  impulsion,  ses  administrés,  graduellement,  en  arrivent 
à  un  état  voisin  de  la  prospérité.  Le  clan  Beauval  se  soumet  ;  Beauval, 
du  reste,  devient  juge  au  tribunal  institué  par  le  gouverneur;  mais  le 
parti  Dorick  ourdit  un  attentat,  heureusement  déjoué.  Tout  à  coup 
une  nouvelle  terii fiante  circule  -:  les  Patagons,  venus  des  territoires 
avoisinant  l'Argentine,  ont  envahi  l'île  Ho&te.  Le  Kaw-djer,  aussi  bon 
général  qu'excellent  médecin  et  paifait  gouverneur,  repousse  victo- 
rieusement la  hoîde  dévastât)' ice.  Cinq  ans  après,  tout  marchait 
à  souhait  dans  l'île  Hoste  lorsqu'une  découverte  fatale  vint  apporter 
le  désordre  partout  :  l'île  renfermait  des  mines  d'or  !  De  tous  les  coins 
du  globe  affluent  aussitôt  les  déclassés  et  les  criminels.  Si  bien  que  les 
premiers  colons,  menacés  dans  leurs  biens  et  dans  leuis  vies,  sont 
obligés,  sur  l'ordre  même  du  Kaw-djer  anarchiste  devenu  dictateu? 
élu,  de  massacrer  leurs  adversaires.  Dégoûté  du  pouvoir  et  même  d'une 
humanité  qu'il  avait  rêvée  tout  autre,  —  c'est-à-di?  e  pleine  de  vertu 
et  de  bonté,  parce  que  libre,  «  sans  Dieu  ni  maître  »,  —  ayant  au 
préalable  réglé  toutes  choses,  il  abdique  entre  les  mains  d'un  jeune 
homme  qui  a  été  son  élève  et  sera  son  continuateur  dans  le  gouverne- 
ment de  la  colonie.  Puis  il  se  retire  dans  un  îlot  désert  à  la  pointe 
duquel  il  a  fait  précédemment  construire  un  phare  destiné  à  guider 
les  navires  en  ces  parages  dangereux,  et  que,  seul  habitant  de  l'îlot, 
il  fera  fo,iictionner.  Et  maintenant,  si  vous  désirez  savoir  ce  qu'avait 
été  autrefois  cet  homme  étrange,  sachez  qu'il  appartenait  à  une  fa- 
mille régnant  sur  l'un  des  grands  empires  d'Europe;  ne  demandons 
pas  plus  d'éclaircissements  :  des  exemples  récents  prouvent  qu'il  y  a 
des  détraqués  partout.  Dans  tous  les  cas,  ce  Kaw-djer,  imbu  de  pré- 
jugés faux  en  dépit  d'une  éducation  et  d'une  inteUigence  supérieures, 
assiste  à  la  failhte  d'une  tentative  de  mi*e  en  pratique  des  théories 
collectivistes,  faillite  à  laquelle  il  contribue  activement,  quoique 
malgré  lui  et  poussé  par  l'inéluctable  nécessité.  Conclusion  :  nul  corp3 
n'est  viable  sans  une  tête;  nulle  société  ne  peut  durer  sans  justes  lois. 
14.  —  L'idée  était  assez  heureuse  d'étudier  sommairement  en  un 
seul  voluiTie  les  Peintres  anciens  et  modernes,  leur  çie,  leur  œuvre,  et 
d'illustrer  ce  volume  de  portraits  des  ai'tistes  et  de  gravures  repro- 
duisant leurs  principales  compositions.  M.  Bénézit  a  rédigé  pour  les 
éditeurs  Roger  et  Chernoviz  un  texte  autant  que  possible  anecdotique, 
et  qui  se  lit  agréablement,  en  suivant  l'ordre  chronologique,  et  mettant 
bout  à  bout  les  biographies  des  peintres .  Malheureusement  ce  texte 
est  gâté  par. d'assez  singulières  erreurs  ou  omissions.  On  y  apprend, 
par  exemple,  que  la  Cène  de  Léonard  de  Vinci  n'existe  plus  ;  il  nous 


—  497  — 

semblait,  au  contraire,  que  les  journaux  avaient  annoncé  tout  récem- 
ment que  la  restauration  vénal  t  d'en  être  terminée  avec  succès. 
Il  n'est  peut-êtie  pas  moins  étrange  de  consacrer  dix  pages  aux  petites 
anecdotes  sur  Michel-Ange,  et  d'oublier  de  nous  dire  ce  qu'il  a  repré- 
senté à  la  voûte  de  la  chapelle  Sixtine.  En  revanche  il  était  inutile, 
dans  un  ouvrage  destiné  à  des  enfants,  de  nous  apprendre  que  le 
moine  Filippo  Lippi  avait  séduit  une  religieuse,  mais  que  dans  le  cou- 
vent on  ne  lui  en  garda  point  rancune.  Empressons -nous  d'ajouter 
toutefois  que  sur  l'art  français,  qui  occupe  la  plus  grande  partie  du 
travail,  les  informations  semblent  exactes,  et  que  la  revue  de  nos 
peintres  même  vivants  ne  manque  pas  d'un  certain  intérêt.  Les  édi- 
teurs ont  donné  à  ce  livre  un  format  si  énorme  et  si  encombrant 
que  l'on  se  demande  vraiment  en  quel  rayon  de  bibliothèque  il  sera 
possible   de   le   caser.  • 

15.  —  Avec  Jérusalem  et  Rome,  Compostelle  a  naguère  constitué 
la  trinité  des  «  pèlerinages  majeurs  »,  de  ceux  qui  avaient  le  double 
privilège  d'être  le  plus  connus  et  d'attirer  le  plus  de  visiteurs.  Cette 
popularité,  Compostelle  la  devait  à  son  saint,  saint  Jacques  le  Majeur, 
qui,  comme  le  dit  fort  bien  M.  Camille  Daux,  était  «  pour  l'Espagne 
la  personnification  de  la  lutte  impitoyable  contre  les  infidèles  et  de  la 
glorieuse  conquête  de  la  patrie  sur  les  Maures  »,  et  n'avait  pas  tardé 
à  le  devenir  également  pour  les  provinces  françaises  méridionales  qui 
avaient  eu,  elles  aussi,  à  combattre  les  Maures  infidèles.  De  là  se 
répandit  par  toute  la  France  la  réputation  de  saint  Jacques  de  Com- 
postelle, et,  de  toutes  les  parties  de  la  France,  perdant  des  siècles, 
une  foule  de  voyageurs  appartenant  à  toutes  les  classes  de  la  société 
entreprirent  d'aller  prier  au  sanctuaire  de  Compostelle.  Ils  «consti- 
tuèrent des  associations,  celles  des  «  confrayres-pellerins,  à  honneur 
de  Dieu,  de  la  sacrée  Vierge  Marie  et  du  glorieux  apostre  Santiago  de 
Compostella  »;  ils  provoquèrent  la  fondation,  le  long  des  chemins 
plus  spécialeirtent  fréquentés  par  eux,  d'oratoires  et  d'hôpitaux; 
ils  jouèrent,  pour  tout  dire,  un  rôle  dans  la  société  du  moyen  âge 
et  des  premiers  siècles  des  temps  modernes.  De  ce  rôle,  M.  l'abbé 
Daux  ne  dit  qu'un  mot  dans  le  hvre  qu'il  vient  de  publier  et  qu'il  a 
intitulé  :  Sur  les  chemins  de  Compostelle-^  ce  qui  l'intéresse  surtout,  c'est 
l'étude  des  chemins  suivis  par  les  pèlerins,  c'est  leur  vie  durant  tout 
le  cours  de  leur  pieux  voyage,  c'eit  la  visite  et  la  description  de  la  ville 
même  de  Compostelle  et  de  son  sanctuaire.  A  l'aide  de  ce  curieux 
guide,  véritablement  officiel,  dont  la  rédaction  est  attribuée  au  pape 
Calixte  II,  —  de  ces  livrets,  recueils  et  chansons  dont  se  munissaient 
les  pèlerins  (comme  aujourd'hui  touristes  et  voyageurs  se  sei'venb 
de  «  guides  »  et  d'  «  indicateurs  »),  M.  Daux  a  écrit  un  ouvrage  très 
intéressant  et  très  curieux,  très  pittoresque  et  très  instructif,  conte- 
DÉcEMBRE  1909.  T.  CXVI.  32. 


—  498  — 

nant  une  foule  de  renseignements  précis,  au  point  de  vue  géographique 
aussi  bien  qu'au  point  de  vue  historique,  dont  un  seul  détail  nous  a 
surpris.  La  carte  de  la  page  47  porte  que  les  premières  étapes,  pour  les 
pèlerins  partis  de  Paris  ou  des  contrées  plus  septentrionales,  sont 
Orléans,  Blois  et  Tours;  or,  la  grande  route  de  Paris  en  Espagne 
passait  autrefois  non  par  Blois  (où  nous  ne  connaissons  ni  éghse,  ni 
chapelle  dédiée  à  saint  Jacques),  mais  par  Vendôme,  dont  une  cha- 
pelle, —  la  chapelle  du  lycée  Ronsard,  —  est  précisément  placée 
souj  le  vocable  de  Fapôtre  vénéré  à  Compostelle.  Que  M.  l'abbé  Daux 
fasse  quelques  recherches  de  ce  côté;  et,  si  nous  avons  raison  (comme 
nous  le  pensons  en  nous  appuyant  sur  une  inscription  qui,  il  y  a  une 
vingtaine  d'années  encore,  existait  à  Vendôme, — sur  l'existence  do 
chapelles  dédiées  à  saint  Jacques  dans  la  vallée  du  Loir,  par  exemple 
Saint-Jacques-des-Guérets,  au  pied  de  la  butte  de  Troo),  qu'il 
rectifie  sa  carte  dans  une  seconde  édition.  Cette  seconde  édition,  nous 
la  souhaitons  de  tout  cœur,  et  nous  la  souhaitons  prompte,  au  beau 
volume,  très  nouveau  et  très  bien  illustré,  qu'est  Sur  les  routes  de 
Compostelle. 

16.  —  Nous  ne  samnons  être  trop  reconnaissants  à  la  maison  Marne 
de  nous  donner  cette  année  une  aussi  belle  édition  de  Ma  Tante  Giron^ 
de  M.  René  Bazin  !  Les  illustrations  de  Dutriac  sont  de  tous  points 
charmantes  et  la  rehure  artistique  en  toile  pleine  est  semblable  à 
celle  qui,  l'an  dernier,  revêtait  si  agréablement  la  Sarcelle  bleue,  du 
même  auteur,  ^[a  Tante  Giron  ne  date  pas  d'hier,  mais  qu'importe  ! 
Le  sujet  n'est-il  pas  émouvant,  délicieux?  Nous  pourrions  sans  doute 
renvoyer  nos  lecteurs  au  compte  rendu  qu'en  a  fait  autrefois  notre 
collaborateur  Firmin  Boissin  {Pohjbiblion  d'avril  1886,  t.  XL\T, 
p.  313-314);  mais  cela  est  ancien  déjà  et  tous  nos  lecteurs  actuels 
ne  possèdent  pas  ce  volume  déjà  lointain  de  la  collection  de  la  Revue. 
Or  donc,  il  nous  a  paru  plus  simple  d'emprunter  à  ce  compte  rendu 
ses  passages  les  plus  saillants,  qui  feront  bien  connaître  l'ouvrage 
à  ceux  qui  l'ignorent  :  «  Il  s'agit  pour  la  brave  tante,  écrivait  alors 
notre  regretté  confrère  (et  elle  s'y  emploie  de  son  mieux),  de  faire, 
cesser,  par  un  bon  mariage,  le  dépit  amoureux  qui  existe,  sans  oser 
se  produire,  entre  Jacques  de  Lucé  et  Marthe  de  Seigny.  Ce  n'est  rien, 
comme  vous  voyez.  Mais  que  le  cadre  est  donc  joh  !  que  les  accessoires 
sont  donc  attrayants  !  M.  René  Bazin  nous  initie  aux  mœurs  et  aux 
superstitions  des  habitants  du  pays  de  Craon.  Cette  région  a  un  carac- 
tère très  original  et  nettement  mai'qué.  A  voir  l'ajonc  qui  pousse  sur 
ses  talus,  la  bruyère  assez  commune  dans  ses  bois,  ses  pommiers  et 
ses  sarrazins  en  fleurs,  on  dirait  :  c'est  la  Bretagne.  A  voir  ses  hommes, 
grands,  robustes,  aux  yeux  songeurs,  on  pom'rait  croire  :  c'est  la  Ven- 
dée. Ni  l'une  ni  l'autre.  C'est  le  Craonnais.  La  gi'ande  propriété  y 


—  499  — 

domino,  les  traditions  s'y  maintiennent,  la  famille  s'y  conserve. 
Indépendant  et  fier,  l'habitant  ne  reconnaît  que  l'autorité  paternelle 
et  l'autorité  sacerdotale.  Sous  la  Révolution,  il  fut  le  premier  levé, 
mais  aussi  le  plus  irrégulier  des  soldats  de  la  chouannerie.  Parmi  les 
types  dessinés  par  M.  René  Bazin,  deux  surtout,  en  dehors  de  la  tante 
Giron,  se  détachent  avec  un  singuher  relief  :  c'est  le  curé  do  Marans, 
l'abbé  Courtois,  et  le  taupier  Sébastien  Luneau.  Héros  d'aventures 
invraisemblables,  que  l'on  rencontrait  dans  les  chemins  sans  rabat 
ni  chapeau,  l'abbé  Courtois  jouait  de  la  guimbai'de,  après  dîner,  et 
fumait  la  pipe  comme  un  sapeur  :  ce  qui  ne  l'empêchait  pas  d'être  un 
saint.  Quant  à  Luneau,  son  métier  de  taupier  en  faisait  un  personnage 
redouté,  sinon  redoutable...  Et  pourtant  Sébastien  Luneau  était  l'être 
le  plus  inofîensif  du  monde.  Encore  un  que  la  Tante  Giron  et  le  curé 
Courtois  ramenèrent  dans  le  droit  chemin.  A  mentionner  enfin,  dans 
le  roman  de  M.  Bazin,  des  exploits  cynégétiques  et  des  dîners  panta- 
gruéliques d'une  franche  et  piquante  saveur.  »  Pourquoi  ajouterions- 
nous  quoi  que  ce  soit  à  cette  jolie  esquisse  de  ce  joli  roman? 

17.  —  Prenez  du  Conan  Doyle,  puis,  en  quantité  égale,  du  Jules  Verne 
et  du  meilleur,  de  celui  de  Michel  Strogoff,  du  Tour  du  monde  en  quatre- 
vingts  jours,  du  Pays  des  fourrures.  Assaisonnez  avec  un  peu  de  télé- 
graphie sans  fil  et  d'aréoplane;  ajoutez  quelques  grains  de  radium, 
confiez  le  tout  au  maître  cuisinier,  cher  aux  enfants,  qu'est  M.  Paul 
d'ivoi,  puis  goûtez;  et  nous  vous  promettons,  petits  et  grands,  que 
vous  irez,  sans  prendre  le  temps  de  respirer,  jusqu'au  bout  du  régal 
qui  vous  aura  été  servi  sous  le  nom  de  :  La  Course  au  radium,  el  dans 
lequel  de  fort  belles  gravures  remplacent  les  truffes.  Faire  allusion, 
en  parlant  d'un  roman  moderne,  aux  merveilleux  conteurs  qui  ont 
nom  Conan  Poyle  et  Jules  Verne,  c'est  vraiment  faire  le  meilleur 
éloge  possible  d'un  ouvrage  destiné  à  amuser  les  enfants  et  même  à 
distraire  les  grandes  personnes.  Quant  à  résumer  ici  la  raison  d'être 
de  ce  «  voyage  excentrique  »  et  les  multiples  péripéties  qui  en  ont 
marqué  les  étapes,  pour  aboutir  à  un  et  même  deux  mariages,  c'est 
inutile.  N'imitons  pas  les  enfants  qui,  avant  de  lire  un  ouvrage,  le 
feuillettent  rapidement  et  en  dévorent  les  dernières  pages  :  ce  serait 
leur  donner  le  mauvais  exemple  et  vous  priver  d'un  plaisir,  celui  de 
suivre  nos  héros  dans  leur  course  échevelée  autour  du  monde.  Un  re- 
gret en  terminant  :  ce  bel  ouvrage,  si  bien  présenté  par  l'éditeur,  vrai- 
ment amusant,  est  absolument  nul  tant  au  point  de  vue  de  la  morale 
qu'à  celui  de  la  reUgion.  N'est-il  vraiment  plus  possible  d'élever 
l'âme  de  nos  enfants  en  les  distrayant?  11  est  vrai  que  le  vice  est  puni, 
la  vertu  récompensée  et  que  le  mariage  a  lieu  à  l'église,  mais  c'est  tout 
et,  nous  semble-t-il,  c'est  peu. 

18.  —  Vous  êtes  un  jeune  garçon  et  vous  avez  de  huit  à  douze  ans. 


—  5O0  - 

La  nuit,  des  aventures  extraordinaires  hantent  vos  rêves  et,  au  réveil, 
vous  êtes  navré  de  vous  retrouver  dans  la  vie  plate  et  uniforme  de 
notre  existence  civilisée,  de  constater  que  les  jaguars  sont  remplacés 
par  des  chats,  les  carabines  à  longue  portée  et  à  balles  expias  ibles 
par  le  fusil  «  Eurêka  »,  sans  aucun  danger,  que  votre  oncle  vous  a  donné 
l'amiée  dernière.  Les  voyages  et  les  dangers  vous  attirent,  le  silllement 
des  balles  vous  semble  devoir  être  la  plus  eni\Tante  des  musiques, 
vous  serez  décidément  marin  ou  explorateur,  et,  quand  votre  maman 
vous  dit  de  manger  rapidement  vt^tre  soupe,  vous  songez  qu'une  ta- 
blette de  pemmican  ou  qu'une  galette  de  terre  comestible  ferait  bien 
mieux  votre  alïaire.  Si  tel  est  votre  tempérament,  si  vos  camarades, 
dans  leurs  jeux,  ne  vous  qualifient  pas  de  «  poule  mouillée  »,  lisez 
les  Mangeurs  de  sable  et  vous  y  trouverez  un  plaisir  extrême,  car, 
nous  n'en  doutons  pas,  plus  les  aventures  sont  territîajites,  moins  elles 
sont  vraisemblables,   et   plus   leiu'  récit   vous   séduit.   Avec   Clovis, 
Jacques,  César,  Marguerite,  Pastek,  et  bientôt  avec  Clair-de-Lune, 
vous  serez  entraîné  en  Corée,  en  Chine  et  dans  le  Thibet.  Avec  ces 
compagnons  intrépides  et  invulnérables,  vous  francliii'ez  la  Grande 
Muraille,  le  désert  de  Gobi  et  l'Himalaya  et,  avec  eux,  dans  notre 
belle  Provence,  vous  assisterez  avec  joie  à  deux  mariages.  Si  tout  cela 
ne  vous  suffît  pas,  si  de  plus  vous  n'êtes  pas  charmé  par  les  nombreuses 
gravures  qui  illustrent  le  volume,  c'est  que,  vraiment,  vous  êtes  diffi- 
ciles et  nous  ne  savons  plus  ce  qu'il  vous  faut;  —  à  moins,  cependant, 
que  vos  camarades  ne  se  soient  pas  encore  aperçus  que  vous  n'étiez 
qu'une  «  poule  mouillée  »,  destinée,  si  nous  osons  ainsi  nous  exprimer, 
à  devenir  «  rond  de  cuir  »,  fonctionnaire  du  gouvernement,  ce  dont 
nou;  vous  plaindrions  infiniment. 

19.  —  Dans  un  beau  volume  :  Au  pied  de  VAcropole.  Damaris 
V Athénienne^  AL  Henri  Guerlin  continue  à  exploiter  une  mine  féconde 
dont  il  a  déjà  tiré  la  Petite  Patricienne,  épisode  des  premiers  temps 
du  christianisme.  Son  nouveau  récit,  qui  nous  transporte  à  Athènes 
et  à  Éphèse,  est  écrit  avec  le  même  esprit  chrétien,  le  même  souci 
historique  et  constitue  une  page  instructive  autant  que  pitt-ore- que. 
Damari>',  jeune  Grecque,  merveilleusement  belle,  est  convertie  par 
les  prédications  de  saint  Paul  à  la  foi  du  Christ.  Cette  sœur  cadette 
de  Fabiola  et  de  Callista,  a  une  âme  héroïque;  elle  supporte  sans  se 
plaindre  les  privations  et  les  périls  qu'entraîne  sa  conversion,  mais 
un  sacrifice  plus  complet  lui  est  demandé.  A  la  prière  de  son  fiancé 
Apollonidas,  Damaris  pose  pour  sa  statue  chez  le  jeune  sculpteur, 
dont  elle  rêve  de  convertir  l'âme  sincère;  mais,  malgré  elle,  cette 
statue,  œuvre  d'art  incomparable,  est  enlevée  par  ses  concitoyens 
et  honorée  sous  le  nom  de  la  grande  déesse,  Ai'témis  d'Éphèse.  Le 
culte  idolâtrique  rendu  à  son  image  révolte  le  sens  chrétien  de  Damaris, 


—  501  ~ 

et  la  nuit,  armée  d'un  marteau,  elle  brise  sa  statue.  Dès  lors,  sa  mort 
est  certaine;  condamnée  par  le  peuple  en  délire,  la  jeune  fille  est 
attachée  au  socle  vide  :  elle  y  expire  quelques  heures  après,  bénie  par 
Paul  de  Tarse  et  réconfortée  par  l'acte  de  foi  de  son  fiancé,  conquis 
au  Christ  par  son  martyre.  Les  illustrations  qui  accompagnent  ce 
récit  en  font  un  beau  livre  d'étrennes,  dans  lequel  une  forme  attra- 
yante et  dramatique  s'unit  à  une  donnée  élevée.  Rien  de  plus  intéres- 
sant, en  effet,  même  au  point  de  vue  simplement  historique,  que  cette 
lutte  du  christianisme  naissant,  pauvre  et  austère,  avec  le  paganisme 
de  Grèce  et  de  Rome,  dont  la  corruption  se  pare  d'élégance  artistique. 

20.  —L'histoire  de  Louis  Gormas,  le  Moucheron  de  Bonaparte,  avait, 
aux  étrennes  dernières,  captivé  plus  d'un  enfant;  celle  de  Tiarko,  le 
chevrier  de  Napoléon,  n'intéressera  pas  moins  les  jeunes  lecteurs.  Ge 
Tiarko  n'est  qu'un  petit  bohémien,  mais  il  a  la  chance  d'avoir 
pour  père  adoptif  le  roi  des  Romanichels,  le  vieux  Bodog,  dont  la 
puissance  occulte  le  guide  et  le  protège;  même  après  sa  mort,  Bodog 
rendra  encore  service  à  Tenfant,  dont  il  a  rêvé  de  faire  un  Français  et 
uu  brillant  officier  de  l'Empereur.  Tel  n'est  pas  tout  à  fait  le  destin 
de  Tiai'ko;  il  débute  très  bien,  ce  petit,  après  avoir  été  recueilU  par 
notre  vieille  connaissance  le  capitaine  Cormas  et  par  sa  charmante 
femme;  aidé  par  Bodog,  il  rend  à  Napoléon,  et  à  son  nouveau  maître 
en  même  temps,  des  services  éminents;  sans  lui,  Austerlitz  eût  été 

impossible Mais,  une  fois  enfermé  comme  boursier  de  l'Empereur 

lui-même  à  Louis-le-Grand,  Tiai'ko  se  dessèche  d'ennui;  il  lui  faut  la 
vie  libre,  le  grand  air,  les  combats,  et  finalement  il  s'échappe  du  lycée- 
D'aventures  en  aventures,  il  arrive  à  devenir,  grâce  à  la  maréchale 
Lefèvre,  le  chevrier  du  petit  roi  de  Rome,  puis  son  écuyer;  bonapar- 
tiste intrépide,  il  suit  Napoléon  II  à  Schœnbrunn  après  la  chute  de 
l'Empire,  et  là,  de  concert  avec  le  colonel  Cormas,  qui  n'hésite  pas  à 
mettre  en  péril  sa  propre  vie  et  celle  de  son  fils  unique,  il  essaie  d'en- 
lever Napoléon  II  à  sa  captivité  dorée  !  Il  faut  lire,  dans  le  volume 
de  M.  Jules  Chancel,  à  la  suite  de  quelles  dramatiques  péripéties 
cette  audacieuse  entreprise,  qui  avait  d'abord  semblé  devoir  réussir, 
a  piteusement  échoué  et  pourquoi  le  Roi  de  Rome  est  demeuré  le  duc 
de  Reichstadt.  C'est  du  roman,  mais  du  roman  intéressant  toujours, 
amusant  et  même  parfois  émouvant;  il  n'y  a,  comme  aulivi'e  antérieur 
de  M.  Jules  Chancel,  qu'un  reproche  à  lui  adresser,  l'absence  totale, 
systématique  et  regrettable,  du  sentiment  religieux. 

21.  —  L'intai-issable  conteur  italien  Salgari,  que  l'éditeur  Delagrave 
s'est  donné  à  tâche  de  faire  connaître  aux  jeunes  Français,  conduit 
cette  année  ses  lecteurs  dan;^  les  îles  éparses  du  golfe  de  Bengale 
et  dans  l'île  de  Ceylan.  L'action  se  passe  d'abord  dans  un  pénitencier 
des  îles  Andaman,  puis  se  continue  dans  les  îles  Nicobar,  pour  s'achever 


-  502  — 

à  Ceylan,  après  s'être  déroulée  en  grande  partie  sur  l'Océan.  Il  s'agit 
de  retrouver  la  Perle  de  sang,  merveilleuse  de  couleur,  étonnante  de 
grosseur,  qui  ornait  le  front  d'une  colossale  statue  de  Bouddha.  La 
perle  a  été  dérobée  et  celui  qui  la  rendra  aux  prêtres  de  la  pagode 
d'Annarodgbur  recevra  en  récompem  e  la  main  de  la  plus  charmante 
des  jeunes  Cingalaises  consacrées  au  dieu.  Un  tel  don  vaut  bien  de 
courir  mille  dangers  pour  retrouver  la  perle  afin  de  l'abandonner 
entre  les  mains  des  prêtres  de  Bouddha.  L'auteur,  en  racontant  cette 
histoire,  a-t-il  voulu  montrer  que  la  possession  de  la  femme  aimée 
vaut  mieux  que  tous  les  trésors  de  la  terre?  Si  telle  a  été  son  intention, 
on  ne  pourra  que  l'en  féliciter,  car  il  va  ainsi  contre  les  enseignements 
néfastes  de  notre  société  corrompue,  pour  laquelle  l'or  est  tout.  Si, 
au  contraire,  il  a  simplement  voulu  plaire  à  nos  enfants,  il  a  pleinement 
réussi,  cai*  son  récit  captivera  au  plus  haut  point  ses  jeunes  lecteurs. 

22.  —  Notre  très  regretté  ami  et  collaborateur  Charles  Arnaud,  qui 
vient  de  mourir  subitement,  a  parlé  il  y  a  un  peu  plus  de  sept  ans  (Po/^/- 
biblion  d'octobre  1902,  t.  XCV,  'p.  301-302)  du  livre  de  M.  Hem-y 
Bordeaux  intitulé  :  La  Peur  de  vivre,  dont  la  librairie  Roger  et  Cher" 
noviz  vient  de  donner  une  édition  illustrée  dans  un  format  un  peu 
trop  majestueux.  Empruntons  à  .M.  Arnaud  les  passages  suivants  de 
son  article,  où,  après  avoir  applaudi  à  l'honnêteté  du  romancier,  à 
ses  idées  élevées,  à  son  sens  ai*tistique  très  délicat,  il  n'hésite  pas  à 
critiquer  le  sujet  t'àité  :  «  L'auteur  reproche  à  M^i^  Alice  d'avoir  eu 
peur  de  la  vie,  parce  qu'elle  a  eu  peur  de  désobéir  à  ses  parents  e^ 
d'épouser,  malgré  eux,  le  lieutenant  Marcel.  Le  courage  de  vi\Te  com- 
porte-t-il  donc  l'obligation  de  se  révolter  contre  l'autorité  paternelle? 
Il  comporte  sans  doute  l'obligation  de  n'avoir  pas  peur  de  la  pauvreté; 
mais  si  la  pauvreté  de  Marcel  efîraie  les  parents,  elle  n'efîraie  pa^ 
AUce,  et  c'est  vraiment  et  uniquement  de  ses  parents  qu'Alice  a  peur. 
D'autre  part,  l'auteur  fait  un  héros  de  ce  lieutenant,  qui,  ne  pouvant 
supporter  le  refus  d'Alice,  ne  pense  plus  qu'à  mourir  et  y  réussit, 
glorieusement  d'ailleurs,  en  se  faisant  tuer  dans  un  combat  contre 
des  peuplades  de  l'Afrique.  Est-ce  que  le  courage  de  vivre  ne  comporte 
pas  la  disciphne  de  la  sensibilité,  la  subordination  du  cœur  à  la  raison, 
et  la  force  de  supporter  des  chagrins  d'aniour?  »  —  Distingué  et  faux  : 
telle  est  la  double  épithète,  laudative  et  sévère  à' la  fois,  employée  par 
M.  Ch.  Arnaud  pour  caractériser  finalement  ce  roman;  et  il  ne  nous 
parait  pas  que  le  fait  d'une  revision  de  l'auteur  en  vue  de  mettre  son 
œuvre  à  la  portée  de  la  jeunesse  infirme  le  jugement  de  notre  collabo- 
rateur. 

23.  ■ —  Bien  imprimé  sur  beau  papier,  illustré  avec  goût,  tel  nous  appa- 
raît le  grand  volume  formé  de  Contes  choisis  de  M.  Paul  Bourget.  Les 
illustrations  de  MM.  A.  et  G.  Chanteau,  très  réussies,  ajoutent  un  at- 


—  503  — 

trait  de  plus  à  ces  contes  chai'mants  du  maître  écrivain.  Nous  eussions 
aimé  à  trouver  là  une  sorte  de  Préface  ou  d'Avant-propos  qui  eût  en 
quelque  sorte  servi  de  lien  à  ces  jolies  choses.  Comme  nous  ne  pouvons 
qu'en  regretter  l'absence,  nous  nous  bornerons  à  reproduire  les  titres 
brefs  des  treize  contes  que  l'on  trouve  ici  :  Aline.  ■ —  Le  Fils.  —  Le 
Talisman.  —  Résurrection.  ■ —  Le  Frère  de  M .  Viple.  ■ —  L'Adoration 
des  Mages.  — ■  L'Ami  d'enfance.  ■ —  Bob  Milner.  ■ —  Un  Chef.  —  Le 
Nègre.  —  Autre  joueur.  —  La  Parole  donnée.  —  Lucie. 

24.  —  M.  Ernest  Daudet  a  fait  précéder  ses  Pages  choisies,  éditées  chez 
Roger  et  Chernoviz,  d'une  Introduction  un  peu  trop  mélancoliques, 
nous  semble-t-il.  En  dépit  de  tout,  nous  ne  croyons  pas  que  les  géné- 
rations de  l'avenir,  si  mauvais  que  s'annonce  cet  avenir,  se  désinté- 
resseront des  bons  ouvrages  retraçant  l'histoire  de  la  patrie  fran- 
raise  :  l'antipatriotisme  est  une  maladie  qui  fera  son  temps  et  dispa- 
^raîtra,  comme  la  lèpre.  Mais  si  nous  ne  voyons  point  les  choses  aussi 
noires  que  M.  Daudet,  cela  ne  signifie  nullement  que  l'idée  d'où  est  né 
i^on  recueii  ne  soit  bonne,  voire  excellente.  «  Il  m'a  semblé,  dit-il, 
que  le  plus  sûr  moyen  de  me  gai*antir  contre  un  oubli  que  mes  travaux 
d'histoire  notamment  ne  méritent  pas,  c'était  de  choisir  dans  la  tota- 
lité de  mes  œuvres  quelques  extraits  propres  à  en  révéler  l'existence 
à  ceux  qui,  dans  l'avenir,  les  ignoreraient,  à  leur  apprendre  en  quel 
esprit  elles  furent  écrites  et  peut-être  même  à  leur  inspirer  le  désir  de 
lire  celles  auxquelles  ces  citations  ont  été  empruntées.  »  Et  c'est  ainsi 
que  les  jeunes  lecteurs  —  et  même  ceux  qui  ne  le  sont  plus,  jeunes, 
pourront  se  délecter  dans  treize  récits  historiques  extraits  d'ouvrages 
de  M.  E.  Daudet  (indiqués  au  bas  de  chaque  première  page)  allant 
(le  1792  à  la  mort  du  duc  d'Aumale  (1897).  Viennent  ensuite  neuf 
cimrts  extraits  de  romans,  cinq  «  Esquisses  et  paysages  »  et  quatre 
nouvelles.  L'ensemble,  bien  illustré,  plaira. 

25.  —  On  connaît  le  talent  de  M^^^  Bentzon.  Les  quatre  nouvelles, 
réunies  en  un  volume,  sous  le  titre  d'ensemble  :  Romans  et  contes  de 
tous  les  pays.  En  France  et  en  Amérique,  révèlent,  une  fois  de  plus, 
sous  une  forme  très  simple,  son  esprit  distingué,  son  style  correct, 
mesuré,  facile  et  élégant,  qui  sait  si  bien  adapter  des  récits  étrangers 
au  goût  français.  La  première  de  ces  nouvelles  :  Geneviève  Delmas  est 
la  pathétique  liistoire  d'une  jeune  fille  laide,  qui,  après  avoir  semé  le 
bonheur  autour  d'elle,  finit  par  le  rencontrer  elle-même.  Pierre  Casse- 
Cou,  écrit  pour  les  enfants,  est  adapté  d'un  roman  anglais  :  iMisun- 
derstrod,  qui,  il  y  a  plus  de  trente  ans,  obtint  un  vif  succès  en  Angle- 
terre. Certains  traits  du  récit  restent  les  mêmes,  mais  Pierre 
Casse-Cou,  le  petit  héros  du  conte,  et  son  entourage  sont  devenus 
bien  Français.  Yette  est  l'histoire  d'une  créole, enfant  terrible,  qui  finit, 
par  suite  d'efforts  persistants,  par  devenir  une  jeune  fille  accomplie; 


—  501  - 

mais  st^s  progrès  dans  la  bonne  voie  sont  semés  d 'incidents  varies  etamu- 
sauts, car  M°ie  Ben^izon,  même  quand  e]]ed<mne  des  leçons  de  morale, 
n'e^t  jamais  ennuyeuse.  La  Rose  blanche  est  d'allure  plus  mouvemen- 
tée; le  récita  pour  théâtre  la  Lousiane  pendant  la  terrible  guerre  de 
sécession;  il  donne  un  tableau  pris  sur  le  vif  des  mœurs  et  coutumes 
des  planteurs  et  de  leurs  serviteurs  :  certains  types  de  vieilles  négresses 
sont  amusants  et  la  note  émue  s'y  mêle  à  la  note  gaie.  Enfin  le  dernier 
C(oite  du  volume  :  Baby  c%/(''fs/er,adaptédeBretBarte,  est  l'histoire  très 
coui*te,  joliment  contée,  d'un  ours  gris.  On  le  voit,  ce  recueil  ne  manque 
pas  de  variété;  il  mérite,  étant  donné  le  talent  de  l'auteur  et  la  diver- 
sité des  sujets,  d'avoir  une  place  d'honneur  pai*mi  les  livres  d'étronnes. 
]\|me  Bentzon  donne  à  tout  ce  cju'elle  touche  une  note  bien  persoimelle, 
émouvante,  pittoresque  ou  amusante,  selon  les  circonstances, 

26.  : —  Le  volume  que  le  savant  professeur  de  géologie  au  Muséum 
d'histoiïe  naturelle,  M.  Stanislas   Meunier,  a  écrit  pour  la  librairie 
Delagrave,  sur  la  Terre  qui  tremble  est,  entre  tous,  un  livre  d'actualité; 
livre  d'étrennes  austère,  assurément,  n>ais  qui  satisfera  les  jeunes  cu- 
riosités en  leur  apportant  toute  l'instruction  désirable.  L'auteur  a 
voulu  éviter  l'exposé  didactique  trop  aride,  ou  du  moins  il  l'a  renou- 
velé, en  lui  donnant  la  forme  plus  animée  du  roman.  Le  point  de  dépai't 
de  son  travail  est  naturellement  l'effroyable  catastrophe  de  Messine, 
qu'il  nous  décrit  de  façon  aussi  émouvante  que  précise,  et  qui  lui  est 
un  prétexte  à  passer  en  revue  les  tremblements  de  terre  les  plus  récents, 
ceux  de  Nice  et  de  la  Provence,  de  la  Grèce  et  de  la  Turquie,  de  la 
Jamaïque,  de  San  Francisco,  du  Japon.  Une  seconde  partie  est  con- 
sacrée à  l'histoire,  et  une  troisième  et  dcTuiére  à  la  science  séismolo- 
gique,  aux  observations  et  aux  prévisions,  non  moins  qu'aux  précau- 
tions à  prendre.  Les  jeunes  lecteurs  de  M.  Stanislas  Meunier  tireront 
un  profit  durable  de  ce  beau  livre,  de  prix  modéré,  dont  l'illustration 
toute  documentaire  représente,  d'après  photographies,  les    ravages 
causés   par   les   convulsions   terrestres. 

27.  —  L'éditeur  Hetzel  a  réuni  dans  un  même  volume  sous  le  titre 
principal  commun  :  En  vacances^  deux  ouvrages  distmcts  qui  se  com- 
plètent l'un  par  l'autre.  L'idée  est  on  ne  peut  plus  heureuse.  Dans 
Plaisirs  et  curiosités  de  la  montagne,  M.  A.  Dauzat  nous  initie  à  ses 
magnificences,  à  ses  attirances  :«  11  est  évident,  dit -il  dan:  son  In- 
troduction, —  où  il  expose  les  distractions  que  la  montagne  peut  offrir 
et  les  leçons  que  donne  sa  connaissance,  —  que  la  mei  convient  mieux 
à  ceitaines  natures,  soit  au  physique,  soit  au  moral.  La  montagne  ne 
permet  pas,  comme  la  plage,  les  ébats  en  sécurité  des  tout  petits;  elle 
est  contraire  à  diverses  dispositions  organiques,  aux  cardiaques, 
aux  asthmatiques;  elle  rebute  ceux  qui  sont  dans  l'impossibilité  de 
fournir  un  effort  de  marche.  Et  la  plage,  telle  qu'elle  se  présente  au- 


—  505  — 

jourd'lmi  daas  les  stations  à  la  mode,  est  aussi  i^lus  agréable  pour  les 
paresseux  des  muscles,  qui  passent  leur  après-midi  à  deviser  sous  un 
parasol  en  regai'dant  la  mer,  sinon  en  lui  tournant  le  dos.  »  Ceci  est  bien 
un  peu  ironique.  Continuons.  Si  les  médecins  ont  découvert  «  toutes 
sortes  de  vertus  curatives  aux  bains  de  mer  et  à  l'air  salin  »,  nul  ne 
saurait  nier  que  «  l'air  des  montagnes  et  un  calmant  et  un  fortifiant 
de  premier  ordre,  généralement  excellent  contre  les  neurasthénies  que 
parfois  la- mer  irrite.  La  montagne  est  surtout  une  grande  école  d'éner- 
gie, de  patience,  de  prudence  :  elle  constitue  une  merveilleuse  leçon 
de  choses  pour  former  la  jeunesse.  Les  Anglais  et  les  AUemajids  l'ont 
bien  compris.  >>  Aux  lecteurs  de  choisir.  Donc,  M.  Dauzat  nous  pro- 
mène dans  les  Alpes  suisses,  françaises  et  italiennes.  Après  quelques 
conseils  à  «  ceux  qui  partent  »,  il  décrit  les  villes  d'eaux  et  les  centres 
d'excursions,  il  nous  apprend  comment   on  doit  faire  une  ascension; 
il  signale  les  beaux  paysages  et  les  curiosités  naturelles  des  régions 
qu'il  visite;  il  nous  renseigne  sui  les  spoits  et   distractions    auxquels 
il  convient  de  se  livrer  de  préférence  et  donne  des  détails  curieux  sur 
les  mœurs   et  les  coutumes  des  pays  qu'il  traverse,  ainsi  que  sur  les 
fêtes  auxquelles  on  peut  prendre  part  ou  qu'on  peut  voir  en  simples 
spectateurs.  En  un  mot,  il  ne  nous  laisse  rien  ignorer  de  ce  qui  peut 
être  utile  ou  agréable  aux  excursionnistes.  —  A  son  tour,  l'écrivain 
qui  signe  Loudemer  (un  pseudonyme  symbolique  vraisemblablement) 
nous  conduit  Au  bord  de  la  mer.  «  Sitôt  arrivé  à  la  mer,  affîrme-t-ih 
le  principal  souci  de  chacun  est  de  s'équiper  pour  la  pêche.  »  Et,  dans 
cette  conviction,  il  ajoute  :  «  C'est  mon  expérience  que  je  vais  mettre 
à  la  portée  de  mes  lecteurs  en  leur  facilitant  la  découverte  de  ces  secrets 
(les  secrets  des  pêcheurs)  et  en  leur  donnant  le  moyen  d'en  profiter 
avantageusement.   Je  traiterai  donc  successivement  des  différentes 
pêches  que  l'on  peut  faire  à  la  mer,  tant  sur  le  rivage  qu'en  bateau.  » 
Et  aussitôt  Loudemer  passe  en  revue  la  pêche  aux  coquillages,  aux 
crustacés,  aux  poissons.  Il  renseigne  aussi  sur  les  amorces,  les  pêcheries 
«  en  bois  et  en  filet  »,  sans  oublier  d'utiles  indications  sur  la  pêche 
en  pleine  mer  ou  pêche  de  grand  fond.  Ne  croyez  pas  qu'il  s'en  tienne 
là  :  il  vous  sert  encore  de  guide  pour  la  chasse    aux  oiseaux  d'eau  : 
le  canard,  la  bernache,  le  cormoran  et  les  grèbes.  Voilà,  certes,  un 
volume  qui  s'adresse  à  beaucoup  de  personnes  à  qui  il  rendra  des  ser- 
vices certains.  Bien  imprimé  sur  beau  papier,  il  est  gracieusement 
et  copieusement  illustré  et  relié  avec  autant  de  simphcité  que  de  goût. 
28.  —  Le  Roman  du  Renard,  adaptation  pour  la  jeunesse  du  Roman 
de  Renart,  est  un  pendant  très  réussi  aux  Fabliaux  et  contes  du  moyen 
âge,  que  nous  avons  aimoncés,  l'an  dernier,  à  pareille  époque.  L'adapta- 
teur, M.  L.  Tarsot,  s'adressant  à  l'une  de  ses  nièces,  s'exprime  ainsi 
dans  V Introduction  placée  en  tête  du  volume  :  «  Ce  qui  te  frappera 


506 


certainement  à  la  lecture,  c'est  la  vie  intense  qui  anime  tous  les  per- 
sonnages de  cette  étrange  épopée...  Dans   le  Roman  du  Renard^  les 
animaux  sont  conçus  à  la  manière  de  ceux  que  les  fables  t'ont  rendus 
familiers.  Chacun  d'eux  est  le  type  représentatif  d'une  classe  de  la 
société  ou  d'une  fonction  sociale;  par  exemple  :  Noble,  le  lion,  le  roi 
par  excellence  ;  ou  bien  encore  il  est  devenu  le  symbole  d'un  caractère 
moral  comme,  chez  Molière,   Harpagon,  Tartuffe  ou  M.  Jourdain  ; 
Belin,  c'est  la  sottise  naïve  avec  une  nuance  de  fatuité;  Brun,  la  brute 
stupide,  la  dupe  prédestinée  à  toutes  les  avanies.  ]^engrin,  le  balourd 
imprudent  et  cependant  cairteleux  dont  Renard  se  moque  et  se  sert 
à  son  gré...  Il  ne  faut  pas  t'attendre  à  trouver  de  la  moralité  dans 
le  Roman  du  Renard.  N'y  cherche  qu'un  amusement,  sans  plus,  et 
j'espère  que  tu  le  rencontreras.  Je  ne  tenterai  même  pas  de  te  dire  que 
l'excuse  de   Renai*d,  c'est  qu'il  fait  triompher    la  ruse,  c'est-à-dire 
l'esprit  aux  dépens  de  la  force.  La  ruse  de  Renard  ne  me  semble  pas 
plus  recommandable  que  la  force  de  Brun  et  d'Isengrin,   et  lorsqu'à 
la  fin  du  poème,  je  vois  l'ingénieuse  fourberie  de  Renard  avoir  raison 
de  la  vigueur  d'Isengrin,  je  m'en  amuse  assurément,  mais  je  ne  serais 
pas  autrement  choqué  si  cette  canaille  de  Renard  recevait  le  châtiment 
de  ses  méfaits.  Et  je  suis  persuadé  que  tu  penseras  comme  moi.  » 
Illustré  de  nombreuses  et  jolies  gravures  de  A.  Vimar,  dont  plusieurs 
en  couleurs,  ce  livre  amusera  les  petits  et  même  les  grands. 

29.  —  Le  beau  volume  de  M.  Pierre  Maël  que  nous  allons  examiner 
renferme  deux  nouvelles,  fondées  l'une  et  l'autre  sur  l'histoire  de  la 
Bretagne. La  première  \La  Lionne  de  Clisson.,  qui  donne  so7i  nom  au 
livre,  a  pour  héroïne  Jeanne  de  Belleville,  dame  de  Clisson,  qui  après  la 
mort  de  son  mari,  défend  contre  ses  ennemis  les  droits  de  son  fils 
Olivier.  Jeanne  vivait  à  l'époque  belHqueuse  où  les  comtes  de  Blois 
et  de  Montfort  se  disputaient  la  Bretagne;  ses  aventures,  par  mer 
et  par  terre,  son  mariage  forcé,  pour  sauver  l'héritage  de  ses  enfants, 
avec  un  Anglais,  lord  Bantley,  sa  vaillance,  ses  malheurs  et  la  gloire 
naissante  de  son  fils  Olivier  sont  racontés  dans  un  style  plein 
d'entrain. —  Plus  poignante  cependant  et  plus  intéressante,  peut-être, 
parce  qu'elle  est  plus  près  de  nous,  est  la  seconde  nouvelle  :  Yannik 
le  Rouge.  C'est  un  épisode  très  dramatique  de  la  descente  des  émigrés 
Sur  la  plage  de  Quiberon;  les  rudes  Chouans  de  Bretagne  et  les  Bleus, 
férocement  cruels,  revivent  dans  ces  pages,  dont  l'horreur  est  atténuée 
par  l'héroïsme  du  jeune  prêtre  Gildas,  type  admij^able  du  pardon 
chrétien.  Comme  tous  les  épisodes  de  cette  époque,  où  les  grands 
crimes  sont  rachetés  par  d'admirables  vertus,  celui-ci  offre  un  intérêt 
que  n'ont  pas,  le  plus  souvent,  les  romans  ordinaires. 

30.  —  Les  enfants,  et  ils  sont  nombreux,  qui  aiment  les   chiens, 
liront  avec   intérêt   l'histoire   de   Médor  Médorovitch^  c'est-à-dire  les 


—  507  — 

Aventures  d'un  terre-neuve  ]'usse  qui  fut  véritab lement  l'ami  de  ses 
jeums  maîtres,  Maroussia  et  Volodia  Gromof.  A  leurs  bons  soins, 
Médor  répond  par  un  attachement  de  chien  fidèle;  déplus,  intelligent 
et  courageux,  il  se  rend  célèbre  par  ses  prouesses  dans  l'entourage 
de  ses  propriétaires,  et  son  histoire  est  plus  mouvementée,  et,  à  coup 
sûr,  plus  morale  que  celle  de  bien  des  humains.  Elle  se  déroule  tout 
entière  en  Russie  :  ce  fait  ajoute  à  l'intérêt  très  réel  des  aventures 
de  Médor,  celui  qui  s'attache  toujours  à  un  milieu  nouveau  et  différent 
du  nôtre.  Excellent  livre  d'étrennes  à  donner  aux  enfants  de  huit  à 
dix  ans.  Les  illustrations  et  la  reliure  sont,  comme  le  texte,  très 
réussies. 

31.  —  Où  le  grain  tombe...  Le  «  bon  grain  »,  semé  par  l'officier  Hubert 
de  Sénonches  dans  l'âme  plus  faible  que  perverse    du  soldat  Benoit 
Chevru,  semble  tout  d'abord  porter  d'excellents  fruits.  Benoît,  engagé 
dans  un  bataillon  d'Afrique,  pour  une  faute  de  jeunesse,  se  montre 
accessible  à  l'influence  de  son  lieutenant  ;  fier  de  sa  confiance,  il  y  répond 
par  un  dévoiiment  absolu.  Blessé,  médaillé,  mis  à  l'ordre  du  jour,  le 
soldat  Chevru  rentre  réhabilité  dans  ses  foyera,  et,  grâce  à  l'influence 
de  son  chef,    il   y   fait   un   excellent    mariage.   Mais   Benoît   est   un 
faible  et,  malgré  la  protection  toujours  aussi  cordiale  de  son  ancien 
lieut3nant  devenu  capitaine,  il  se  laisse  gagner  par  les  fausses  théories 
des  «  frères  et  amis  »,  qui,  sous  prétexte  d'humanité,  prônent  la  révolte 
et  le  meurtre.  L'auteur,  sous  une  forme  fictive,  touche  aux  problèmes 
sociaux  qui,  à  l'heure  présente,  troublent  si  piofondément  les  esprits. 
M.  Crospièros,   chef  d'usine,  père  de  la  jeune  femme  d'Hubeit   de 
Sénonches,  est  tout  particulièrement  visé  par  les  mécontents  du  pays, 
et  une  grève  éclate.  Chevru,  employé  de  l'usine,  y  prend  part  et  se 
trouve  en  face  de  son  ancien  chef,  envoyé  avec  son  régiment  pour 
défendre   le   manufactuiier    menacé.   Les   mensonges  et  les  inepties 
dont  se  servent  les  meneurs  de  grève  pour  entraîner  les  masses  ont 
fait  leur  œuvre  :  Chevru  oublie  les  bienfaits  dont  il  a  été  comblé; 
mais,    au    moment    où   le    capitaine    de    Sénonches,    qui    est    venu 
seul  pour  parlementer  avec  les  rebelles,  va  tomber  sous  les  coups, 
son  âme  de  soldat  se  réveille  et  il  se  jette  au-devant  de  l'officier. 
Les  fusils  partent,  le  capitaine  est  sauvé,  tandis  que  Denise,  la  femme 
de  Ghevru,  victime  innocente,  reçoit  une  balle  en  pleine  poitrine.  — 
«  J'ai  payé  ta  dette  »,  dit-elle  à  son  mari,  que  cette  dure  leçon  ramè- 
nera, esp3rons-le,  à  des  idées  plus  saines.  L'auteur  écrit,  comme  on  le 
sait,  avec  facilité,  ses  théories  sociales  sont  justes  et  ses  sentiments 
excellents;  las  questions  auxquelles  il  touche,  brûlantes  par  le  temps 
qui  court,  donnent  à  son  livre  une  sorte  d'actualité. 

32. —  Le  Ballon  fantôme  a  aussi  son  actualité  aune  époque  où  l'avia- 
tion semble  devoir  entrer  dans  les  habitudes  de  la  vie.  Henry  Jackson, 


—  508  - 


jeune  milliaj'dairc  ajiiéricaiii,  fciit  construire  un  ballon  monstre  dans 
lequel  il  s'embarque  avec  de  nombreux  sacs,  qui,  au  lieu  de  sable, 
reni'ennent  des  pièces  d'or:  il  y  en  a  pour  douze  milliards,"que  le  jeune 
patron  du  ballon  compte  répandre  sur  le  muude.  Parmi  les  passagers 
se  trouve  sa  cousine  Elisabeth,  qui  devient  sa  femme,  et  le  nain  Davids^ 
son  collègue.  Le  ballon  poursuit  à  travers  l'Europe  sa  course  fantas- 
tique; nos  aéronautes  sont  aussi  des  philosophes,  et  l'agitation,  les 
folles  entrepi'ises  des  hommes,  au-dessus  desquels  ils  planent,  leur 
inspirent  l'horreur  des  centres  civilisés.  Leurs  expériences,  au  contact 
des  humains,  leur  font  souhaiter  de  trouver  une  île  déserte,  où  ils 
puissent  vivre  en  paix.  Ils  finissent  pai*  aborder  dans  cette  lie  fortu- 
née, au  milieu  du  Pacifique;  mais,  pendant  qu'enchantés  de  leur  nou- 
veau domaine,  ils  le  parcourent  entons  sens,  le  nain  Davids  paa't  avec 
le  ballon,  qui,  errant  à  travers  les  espaces,  devient  dès  lors  le  Ballon 
fantôme.  Quant  au  ménage  Jackson,  il  ne  s'alarme  pas  pour  si  peu  et 
se  réjouit  sincèrement  de  vivre  désormais  «  loin  des  hommes  vils  et 
agités  ».  Comme  on  le  voit,  la  donnée  du  volume  est  toute  de  fantaisie; 
il  est  écrit  avec  verve  et  joliment  illustré;  certaines  vignettes,  surtout 
des  cathédrales  de  France,  sont  poétiques  :  «  Au  pays  où  fleurirent 
toutes  ces  saintes  et  merveilleuses  maisons,  la  f«i  ne  saurait  mou l'ir  », 
dit  l'auteur  qui  est  un  croyant,  doublé  d'un  philosophe. 

33.  —  L'Enfant  de  la  falaise,  autrement  dit  Miette  Mole,  a  grandi, 
comme  une  plante  sauvage,  dans  une  espèce  de  grotte,  située  dans  les 
falaises,  près  de  Dieppe.  Malgré  les  influences  malsaines  qui  ont  entouré 
son  enfance,  la  petite  fille  abandonnée  est  une  nature  exquise  :  les  vices 
de  sa  mère,  ivrognesse  incorrigible,  et  de  son  frère,  fainéant  et  voleur, 
semblent,  au  contraire,  l'avoir  plus  fortement  orientée  vers  tout  ce  qui 
eSt  bon  et  bien.  L'intérêt  que  lui  témoigne  la  famille  d'un  riche  arma- 
teur, M.  Lenoir,  marque  dans  la  vie  de  la  pauvrette  un  tournant 
heureux  en  l'affermissant  dans  la  bonne  voie,  mais  sans  l'arracher 
cependant  à  sa  vie  misérable.  Miette,  habillée  en  mousse,  remplit 
tous  les  devoirs  de  son  état  avec  courage  el,  au  cours  de  sa  carrière 
aventureuse,  elle  est  dédommagée  de  ses  peines  puisqu'elle  peut 
rendre  un  signalé  service  à  ses  bienfaiteurs,  M.  et  M"i*?  Lenoir,  et  leur 
payer  ainsi  sa  dette  de  reconnaissance.  L'auteur,  conome  sa  petite 
héroïne,  aime  la  mer,  dont  elle  décrit  avec  un  sens  très  ju&te  les  mille 
aspects,  terribles  ou  séduisants;  les  mœurs  des  rudes  marins  et  les 
épisodes  de  leur  vie  journalière  sont  racontés  par  elle  d'une  façon 
vivante  et  pittoresque.  Miette  est  sympathique  et  touchante,  presque 
trop  parfaite  quand  on  songe  à  l'absence  de  tout  sentiment  religieux 
dans  sa  vie.  A  part  cette  r^^erve,  le  volume  e^t  bien  écrit,  mouve- 
menté, fait  pour  plaire  aux  jeunes  lectem's  à  qui  Usera  donné  comm^ 
livre  d'étrennes. 


—  509  — 

34.  —  En  l'an  1922,  le  docteur  Faldras,  savant  français,  commu- 
nique à  l'Académie  de  médecine  la  sensationnelle  découverte  d'un 
sérum  destiné  à  prolonger  la  vie,  en  renouvelant  l'organisme  du  corps 
humain.  Il  en  inocule  sa  fille  unique  Elisabeth,  en  présence  d'une  nom- 
breuse assemblée  qui  passe  de  la  stupeur  à  un  enthousiasme  délirant. 
D'après  lui,  la  moyenne  de  la  vie  humaine  sera  désormais,  au  mini- 
mum, de  deux  siècles  et  demi.  L'on  juge  de  la  profonde  émotion 
causée  par  cette  trouvaille;  de  tous  les  points  de  l'Europe  et  ensuite 
de  tous  les  pays  du  monde,  des  foules  avides  de  ce  merveilleux  sérum 
accourent  à  Paris;  elles  viennent  en  automobile,  en  aéroplanes,  à 
pied,  et  le  gouvernement  est  obligé  de  prendre  des  mesures  sévères 
pour  protéger  le  docteur  contre  cette  formidable  invasion.  Au  milieu 
de  l'enthousiasme  dont  il  est  l'objet,  Faldras  s'aperçoit  un  jour  que 
la  formule  du  «  séium  de  vie  »  lui  a  été  volée,  malgré  les  multiples 
précautions  qu'il  a  prises  pour  protéger  sa  découverte.  Il  a  des  raisons 
de  soupçonner  de  ce  larcin  un  Allemand,  qui,  sous  le  nom  de  Meyer, 
a  pénétré  dans  l'intimité  du  savant  et  a  forcé  le  coffre-fort,  où  se 
trouvait  la  précieuse  formule.  Alors  s'organise  une  chasse  à  l'homme 
dont  le  héros  est  le  reporter  américain  Madison.  digne  émule  de  Sher- 
lock Holmes,  de  légendaire  mémoire.  Chargé  par  le  docteur  de  recou- 
vrer à  tout  prix  la  formule,  Madison  déploie  dans  l'accomplissement 
de  sa  mission  une  activité  qui  tient  du  prodige.  Il  traque  le  voleur  eu 
Allemagne,  le  poursuit  à  travers  la  France,  le  retrouve  enfin  en  Amé- 
rique et  lui  arrache,  avec  la  vie,  la  cassette  renfermant  le  fameux 
secret.  Les  aventures  comiques  ou  tragiques  de  Madison,  ses  inventions 
ingénieuses  et  hardies,  sont  racontées  avec  entrain.  Il  est  certain  que 
la  Découverte  du  docteur  Faldras  fourmille  d'invraisemblances,  mais 
elles  ne  choquent  guère,  tant  l'animation  et  la  verve  du  conteur  donnent 
de  l'intérêt  à  son  récit,  d'une  jolie  fantaisie,  amusant  et  parfaitement 
moral.  Ajoutons  que  le  volume,  bien  relié,  bien  illustré,  est,  en  tous 
peints,  un  livre  d'étrennes  agréable  à  recevoir  par  des  enfants  de  douze 
à  quatorze  ans. 

35.  —  Elisabeth  Faldras  fait  suite  à  la  Découverte  du  docteur  Faldras. 
Le  sérum  de  vie  a  fait  son  œuvre  :  l'inventeur,  âgé  de  plus  de  deux 
cents  ans,  est  solide  comme  un  roc;  sa  fille  Elisabeth  a  cent  quatre- 
vingts  ans;  elle  est  entourée  d'une  foule  de  descendants,  dont  le 
dernier  a  trois  mois.  L'infatigable'  Madison,  inoculé  lui  aussi  par  le 
sérum,  est  toujours  là,  aussi  alerte  que  par  le  passé;  la  France  compte 
deux  cent  millions  d'habitants,  les  villes  ont  décuplé  et  il  n'y  a  plus 
dans  le  pays  de  terrains  incultes.  Malgré  cette  apparente  prospérité, 
le  savant  a  parfois  des  doutes  sur  le  résultat  final  do  son  œuvre  et, 
par  moments,  il  est  terrifié  de  la  responsabilité  qui  lui  incombe.  Une 
formidable  invasion  de  la  race  jaune  qui,  affamée,  se  précipite  sur 


510  — 


l'Europe,  justifie  ses  craintes.  La  lutte  s'engage  autant  dans  les  airs 
que  sur  la  terre,  et  Madison  y  joue  un  rôle  important,  car  les  siècles 
qui  ont  passé  sur  sa  tête  n'ont  pas  refroidi  l'activité,  ni  diminué 
l'esprit  inventif  de  cet  étonnant  personnage,  dont  les  aventures 
parmi  les  Jaunes  sont  des  plus  dramatiques.  Non  moins  fantastiques 
sont  celles  du  Marseillais  Cardaime,  l'ami  de  Faldras,  qui  porte,  au 
milieu  des  pires  dangers,  la  bonne  humeur  du  pays  du  soleil.  Quant 
au  savant  Faldras,  il  reste  fort  inquiet  des  dangers  qu'amène  la  sur- 
population, résultat  du  sérum  de  vie,  et,  de  concert  avec  sa  fille  Eli- 
sabeth, il  cherche  un  aliment  nouveau,  extrait  chimique,  qui,  sous  un 
volume  insignifiant,  suffira  pour  entretenir  l'existence.  Elisabeth 
présente  au  monde  cette  nouvelle  découverte,  qui  détruit  tout  danger 
de  famine.  Mais  si  le  sérum  prolonge  l'existence  humaine,  il  vient 
cependant  un  moment  où  les  organes  usés  refusent  de  travailler  da- 
vantage. A  près  de  trois  cents  ans,  Faldras  et  son  vieil  s  mi  Cardanne 
en  font  l'expérience  :  ils  meurent  doucement  et  s'en  vont,  d'une  façon 
un  peu  païenne,  il  faut  l'avouer,  vers  une  autre  vie  qu'ils  espèrent 
encore  plus  durable  et  plus  belle  que  celle-ci.  Comme  le  précédent 
volume,  celui-ci  est  écrit  d'un  style  alerte,  l'intérêt  n'y  languit  pas, 
les  aventures  y  sont  dramatiques  et,  si  la  note  chrétienne  en,  est  absente, 
il  n'y  a  cependant  rien  dans  ce  fantastique  récit  qui  blesse 
soit  le  sentiment  religieux,  s()it  la  morale.  On  peut  donc  le  donner 
sans  inconvénient,  comme  l'on  donne  les  récits  de  Jules  \'erne,  des- 
quels il    se  rapproche  par  certains  côtés. 

36.  —  Ce  n'est  ni  un  drame  ni  une  comédie,  que  nous  offi'ent 
MM.  Chemilly  et  Maurelly,  mais  c'est  vraiment  l'un  et  l'autre,  un 
éclat  de  rire  dramatique,  si  l'on  peut  s'exprimer  ainsi.  Maître  Juponnet, 
cambrioleur,  c'est  peut-être  la  plus  amusante  et  spirituelle  fantaisie  qui 
ait,  cette  année,  été  inventée  pour  la  plus  grande  joie  des  lecteurs, 
grands  et  petits.  Raconter  cette  folle  histoire  est  impossible,  car  son 
charme  est  fait  de  mille  détails.  Il  faut  lire  comment  Maître  Juponnet, 
avocat  au  Conseil  d'État  (et  à  la  Cour  de  cassation),  le  j^lus  pacifique 
et  honorable  des  avocats,  le  meilleui*  des  gendres,  des  époux  et  des 
pères,  est  devenu,  le  plus  naturellement  du  monde,  le  cambrioleur 
Chipolata,  chef  d'une  audacieuse  bande  d'apaches.  Il  semble,  en  lisant 
cet  amusant  volume,  qu'une  pareille  aventure  puisse  nous  arriver 
chaque  jour,  à  nous-même,  attendre  demain.  Il  nous  suffirait 
pour  cela  d'aller,  sans  notre  famille,  et  déguisé  en  apache,  à  un  bal 
masqué,  puis,  d'en  sortir  sans  pardessus  et  d'être  rencontré  par 
Sigismond  Galantine  et  Léon  La  Saucisse,  postés  au  coin  d'une  rue 
—  et  à  quel  coin  de  rue,  à  Paris,  n'y  a-t-il  pas  deux  apaches?  —  Mais 
nous  devons  nous  arrêter  là,  pour  laisser  au  lecteur  le  soin  de  méditer 
cette  aventure,  et  nous  demander  si,  à  la  place  de  Maître  Juponnet, 


—  511  — 

nous  aurions  fait  preuve  de  plus  de  sang-froid  et  de  résolution.  Les 
enfants  ne  se  poseront  pas  la  question;  ils  ne  songeront  qu'à  se  pas- 
sionner pour  les  exploits  du  héros,  qu'à  frémir  avec  lui,  bien  heureux 
de  voir  leurs  transes  se  terminer  par  un  éclat  de  rire. 

37.  —  Le  récit  de  M.  Toudouze  jntitulé  :  Le  Renard  de  la  mer  se 

déroule  pendant  les  années  1804  et  1805,  au  moment  où  Napoléon  I^^" 

projetait   la  conquête   de   l'Angleterre;    un   mince    ruban    d'argent 

séparait   le  conquérant    de  cette   He   qui  bravait   sa    puissance,   et 

parmi    ceux    dont    il    réclame  alors  le    dévoûment  pour  franchir  le 

détroit    sont    le    Renard    de    la    mer,    Jacques     ToUquet,    l'officier 

d'artillerie   Jean    Delsort     et    l'officier    de    marine    Pierre    de    Ker- 

grist.  Entre  ces  trois  hommes  unis  dans  un  dévoûment  commun   à 

leur  chef,  se  déroule  un  drame  intime,  dont  les  péripéties  se  mêlent 

au  bruit  des  batailles  sur  terre  et  sur  mer.  Le  père  de  Jean  Delsort 

a  jadis  envoyé  à  la  guillotine  la  mère  de  Renée,  la  fille  adoptive  du 

vieux  corsaire,  Jacques  Touquet;  celui-ci  s'appelle,  en  réalité,  Jacques 

d'Ymercourt,  il  est  le  frère  aîné  du  père  de  Renée,  François  d'Ymer- 

court,  réfugié  en  Angleterre  pendant  la  Révolution.  Pierre  de  Kergrist, 

officier  d'avenir,  est  le  fiancé  de  Renée,  dont  il  ignore,  du  reste,  la 

noble  origine.  Comme  on  le  sait.  Napoléon   ne  réussit  pas  à  traverse!' 

la  Manche,  et  la  victoire  de  la  flotte  anglaise  à  Trafalgar  porta  à  la 

marine  française  un  coup  terrible;  mais  les  personnages  du  volume 

de  M.  Toudouze  n'en  dépensèrent  pas  moins    leur  courage,  à  travers 

mille  dangers,    au  service  de  leur  patrie.  Comme  tout  bon  roman, 

celui-ci  se  termine  par  un  mariage;  Pierre  de  Kergrist,  revenu  des 

pontons  anglais  où  il  était  prisonnier,  épouse  Renée,  et  le  «  Renard 

de  la  mer  »,  entre  sa  fille  adoptive,  heureusement  mariée,  et  le  frère 

qu'il  a  retrouvé,  se  console  de  ses  déboires  patriotiques.  M.  Toudouze 

écrit  avec  facilité,  et  son  amour  de  la  France  éclate  à  chaque  ligne  de 

ce  récit,  où  un  fond  d'histoire  véritable  est  agrémenté  d'incidents 

fictifs.  Le  volume  convient  parfaitement  aux  jeunes  garçons,  qui  n'y 

trouveront  que  de  bons  exemples  de  courage  et  de  pa.tri<ytisme. 

38.  —  Bien  qu'on  travaille  de  façon  systématique  à  tuer  en  France, 
chez  les  générations  nouvelles,  la  foi,  le  culte  de  la  patrie  et,  en  ma- 
nière de  conséquence,  le  courage  chrétien,  foi,  patriotisme  et  courage 
subsistent  toujours  chez  nos  enfants  et  chez  nos  jeunes  soldats. 
En  faut-il  des  preuves  irrécusables  ?  On  les  trouvera  dans  le  beau  livre 
de  M.  fL  Cordonnier  intitulé  :  Exploits  héroïques  de  nos  soldats  au 
Maroc.  Cette  histoire  anecdotique  de  la  toute  récente  guerre  du  Maroc 
raconte  très  simplement,  mais  de  façon  vraiment  attachante  et  émou- 
vante, de  quelle  manière  se  sont  comportés  ceux  qui  ont  eu  l'honneur 
de  servir  au  Maroc,  comment  ils  ont  lutté  et  comment  ils  sont  morts; 
elle  expose  comment,  chacun  de  son  côté,  aumôniers  et  infirmières 


-  512  - 


bénévoles  ont  travaillé  de  leur  mieux  à  adoucir  les  soulTraaces  dos 
blessés  et  à  faciliter  aux  mourants,  • —  lorsque  la  chose  était  possible,  — 
le  passage  à  une  autre  vie.  Que  de  sacrifices  exécutés  simplement, 
saintement  !  Que  d'actes  de  foi  aussi  dans  cet  ouvrage  duquel,  dès  qu'on 
en  a  commencé  la  lecture,  on  ne  peut  plus  se  détacher  !  M.  Cordonnier  y 
a  très  habilement  groupé  et  fondu  ensemble  les  notions  géographiques 
et  historiques,  les  épisodes  militaires  et  les  enseignements  chrétiens 
qui  se  dégagent  de  tout  ce  qu'il  "raconte  (voyez  en  particulier,  aux 
pages  125-131,  l'épisode  intitulé  «  Dialogue  tragique  parmi  les  morts  »); 
ainsi  a-t-il  composé  un  volume  très  intéressant,  faisant  aimer  la  reU- 
gion  et  la  patrie,  —  un  livre  qu'il  faut  lire  et  qu'il  faut  pr<:>pager. 

39.  —  Le  Musée  de  Poupées  a  été  inspiré  par  la  curieuse  collection 
formée  par  M^^^^  Marie  Kœnig  avec  le  concours  des  institutrices  et 
des  élèves  des  écoles  de  France.  Les  poupées,  habillées  en  costumes 
paysans,  sont  presque  un  document  historique,  étant  donné  la  tendance 
de  plus  en  plus  marquée  qu'ont  les  paysannes  de  France  à  abandonner 
leurs  costumes  pittoresques  pour  adopter  les  modes  banales  des  villes. 
La  collection  de  M'^^  Kœnig,  commencée  il  y  a  environ  dix  ans,  a 
été  plusieurs  fois  exposée;  elle  a  motivé  de  nombreux  articles  de  jour- 
naux et  a  recueilli  partout  un  réel  succès.  Ce  volume  la  fera  connaître 
à  ceux  qui  ne  peuvent  pas  la  visiter;  les  illustrations  qui  l'agrémen- 
tent sont  accompagnées  d'un  texte  explicatif,  où  des  anecdotes  amu- 
santes alternent  avec  des  récits  historiques  et  des  descriptions  géo- 
graphiques, le  tout  écrit  avec  simplicité  et  agrément,  dans  un  excel- 
lent esprit.  Quelques  poupées  étrangères,  ajoutées  aux  poupées  fran- 
çaises, fournissent  à  l'auteur  l'occasion  de  donner  à  ses  petits  lecteurs 
d'utiles  notions  sur  les  pays  lointains,  «dont  ses  personnages  sont  ori- 
ginaires. En  somme,  le  Musée  des  Poupées  est  un  joli  livre  d'étrennes 
pour  les  enfants  de  dix  à  douze  ans,  qu'il  instruira  en  les  amusant. 
Nombre  de  grandes  personnes  y  trouveront  également  plaisir  et  même 
profit. 

40.  —  César  Galafat  ne  tarde  pas  à  prendre  sur  les  paysans,  ses 
concitoyens,  un  ascendant  extraordinaire.  Ces  âmes  simples  l'inves- 
tissent de  dons,  surnaturels,  et  Galafat  devient  vite  un  héros  dans 
son  pays  de  «  Ville  perdue  «.  Il  a  moins  de  prestige  à  Paris,  où  il  fait 
une  excursion  malheureuse,  et  d'où  il  revient,  sombre  et  déçu;  mais 
il  n'en  garde  pas  moins  son  prestige  aux  yeux  des  braves  gens  qui  ne 
peuvent  admettre  la  déchéance  de  leur  idole  et  pour  qui,  jusqu'au 
bout,  Galafat  reste  un  être  surhumain,  le  Célèbre  Galafat.  Cette  fan- 
taisie est  parfois  amusante;  mais  plus  séduisantes  encore  sont  les  jolies 
illustrations  qui  font  de  ce  volume  un  charmant  livre  d'étrennes  pour 
les  petits  enfants. 

41.  —  Avec  beaucoup  d'esprit,  Î\I.  Lucien  Métivet  a  écrit  Jean-qui-lit 


—  513  — 

et  Snohinet.  Et  il  lui  a  fallu  un  réel  talent  d'artiste  pour  illustrer  cette 
fantaisie  qui  renferme  une  leçon  en  partie  double.  Jean-qui-lit  et 
Snobinct  sont  deux  amis  intimes.  Le  premier  (son  nom  l'indique  assez) 
est  un  garçon  studieux,  qui  emploie  tout  son  temps  à  apprendre  :  il 
n'est  bien  qu'en  compagnie  de  ses  livres.  Snobinet  (voilà  un  nom 
symbolique,  n'est-ce  pas?),  au  contraire,  ne  pense  qu'à  soigner  sa 
personne  et  néglige  autant  l'étude  que  son  ami  Jean  se  désintéresse 
de  sa  toilette.  Assurément,  l'un  et  l'autre  ont  tort.  Mais  Snobinet  a 
encore  plus  tort  que  Jean.  Quoique  très  attachés  l'un  à  l'autre,  ils  se 
.  font  mutuellement  leur  procès  :  ep  toute  circonstance,  Snobinet i-e- 
proche  à  Jean  son  débraillé  et  Jean  ne  se  prive  pas  do  prouvera  Sno- 
binet qu'il  n'est  qu'un  ignorant.  Tant  et  si  bien  qu'un  beau  jour  ils  se 
décident  tous  deux  à  se  corriger  :  Jean  s'habillera  avec  plus  d'élégance 
et  Snobinet  travaillera  sérieusement.  Le  sujet  est  peu  compliqué 
comme  on  le  voit;  mais  il  vaut  surtout  pai*  les  détails,  qui  sont  pai^fois 
désopilants. 

42. —  Le  Cadeau  du  cousin  Lawrence  au  petit  Peter  Moberley  est  vrai- 
ment un  cadeau  royal.  Devenue  veuve,  la  mère  de  Pétera  vendu,  pour 
faire  face  à  une  situation  difficile,  l'ancienne  demeure  de  Moberley.  Elle 
n'a  pas  osé  apprendre  à  son  fils  qu'il  n'est  plus  le  maître  du  château, 
et,  par  suite  de  circonstances  imprévues,  le  petit  garçon  y  arrive, 
comme  si  de  rien  n'était,  passer  la  fête  de  Noël.  Le  cousin  Lawrence, 
riche  à  millions,  mais  célibataire,  isolé,  timide,  qui  a  passé  sa  vie  aux 
colonies,  se  garde  bien  de  détromper  l'enfant;  sa  présence  à  Moberley 
lui  apporte  un  rayon  de  joie  et  Peter  fait  innocemment  à  son  cousin 
les  honneurs  d'une  maison  qui  est  à  ce  dernier.  En  fin  de  compte,  le  cousin 
Lawrence  s'attache  profondément  au  petit  gai'çon;  sa  candeur  et  son 
cœur  affectueux  l'ont  si  bien  touché,  qu'il  lui  fait,  comme  cadeau  de 
Noël,  don  du  vieux  château,  où,  de  temps  immémorial,  a  toujours 
régné  un  Sir  Peter  Moberley.  Le  récit  est  joU,  raconté  avec  simphcité 
et  finesse,  et  le  caractère  de  l'enfant  rappelle,  par  certains  côtés, 
le  Petit  Lord  Fauntleroy,  dont  le  succès  fut  si  vif,  il  y  a  quelques 
années,    des  deux  côtés  du  détroit. 

II.  —  1. —  Fidèle  à  ses  vieilles  traditions  d'intérêt,  de  pittoresque  et 
de  variété,  le  Tour  du  monde  s'est  efforcé, en  1909  comme  au  cours  des 
années  antérieures,  de  promener  ses  lecteurs  dans  toutes  les  pai'ties  du 
globe,  et  de  leur  faire  visiter  les  pays  les  plus  divers.  11  y  a  pai'faite- 
ment  réussi;  qu'on  en  juge  !  La^^relation  du  capitaine  Roald  Amund- 
sen  de  l'Atlantique  au  Paciffque  contient  une  description  complète 
des  côtes  septentrionales  du  Nouveau  Monde  et  de  terres  arctiques 
situées  plus  au  nord  encore;  par  la  visite  du  district  ai'gentifèi'e 
mexicain  de  Temascaltepec  en  compagnie  de  M.  Albert  Bordeaux, 
et  des  villes  mortes  de  l'Amérique  centrale  étudiées  récemment  par 
DÉCEMBRE   1909  T.  CXVI.   S3 


—  514  — 


le  comto  Maurice  de  Périgny,  on  se  trouve  peu  à  peu  amené  jusqu'à 
l'Argentine  moderne,  dont  M.  Frajiçois  Crastre  esquisse  successive- 
ment, avec  beaucoup  de  verve,  les  principaux  aspects. —  Sur  la  route 
océanique  qui  conduit  des  rivages  occidentaux  de  l'Amérique  aux 
pays  de  l'Extrême-Orient  à  travers  l'Océan  Pacifique,  M.  Pierre 
de  Myrica  fait  faire  une  agréable  escale  à  la  Nouvelle-Calédonie  et 
aux  Nouvelles-Hébrides  aux  voyageurs  en  chambre  qui  peuvent 
ensuite  parcourir,  en  compagnie  de  M.  Emile  Labarte,  quelques-unes 
des  provinces  du  fond  de  la  Chine  et  pénétrer,  sous  la  conduite  de 
M.  Paul  Labbé,  chez  les  Lamas  de  Sibérie.  —  Par  les  villes  gréco' 
romaines  de  l'Asie  Mineure  :  Smyrne,  Éphèse  et  d'autres  encore, 
nous  voici  en  Europe;  autour  et  au  travers  du  Péloponèse,  dans  les 
cités  dévastées  du  Phare  de  Messine,  à  Naples  et  en  Campanie,  à 
Lausanne  et  enfin  à  Beaune  de  Bourgogne,  des  cicérones  instruits 
et  diserts,  maniant  avec  une  égale  habileté  la  plume  et  l'appareil 
photographique,  servent  de  guides  aux  lecteurs  du  Tour  du  Monde.  — 
Reste  le  continent  noir,  dont  à  eux  seuls,  naguère,  les  explorateurs 
semblaient  disposés  à  occuper  les  colonnes  du  journal;  n'y  aurait-i] 
rien  sur  lui?  Sans  y  occuper  autant  de  place  qu'autrefois,  les  «  Afri- 
cains »  remplissent  encore,  du  récit  de  leurs  recomiaissances,  de  lem'S 
excursions  et  même  de  leurs  exploits  cynégétiques,  bien  des  pages 
du  Tour  du  tnonde;  tantôt  M"^^  Chantre  raconte  ses  pérégrinations 
sur  les  routes  de  la  Tunisie,  et  le  comte  J.  de  Beaucorps  son  excursion 
sur  le  Nil  Blanc  de  Khartoum  à  Gondokoro;  tantôt  le  baron  de  Langs- 
dorf  décrit  une  chasse  à  l'éléphant  en  Ouganda:  aillem's  un  des  mem- 
bres de  la  mission  Tilho.  M.  Roserot  de  Melin,  nous  entraine  à  sa  suite 
dans  la  région  du  Tchad...  —  Mieux  que  de  longues  phrases,  une 
telle  énumération  prouve  combien  de  sujets  attrayants  sont  traités,  — 
et  illustrés  de  superbes  gravures,  —  dans  le  volume  de  1909  du  Tour 
du  monde,  dont  la  première  partie  demeure  toujours  digne  de  sa  ré- 
putation et  de  son  passé.'  —  Quant  à  la  seconde  partie,. «  A  travers 
le  monde  »,  c'est  une  mine  vraiment  inépuisable  de  renseignements 
de  toute  nature  :  com'tes  relations  de  voyages,  études  géographiques, 
aperçus  historiques  et  statistiques,  portiraits  d'explorateurs,  notes 
d'actualité,  comptes  rendus  bibliographiques  s'unissent  pour  en 
faire  un  demi  volume  aussi  attrayant  et  plus  varié  encore  que  le  Tour 
du  monde  proprement  dit;  on  y  trouvera  aussi  de  piquantes  figures 
amusantes  et  parlantes  (celles  des  pages  333  et  373  sur  la  course  au 
Pôle  nord  et  les  explorateurs  en  marche  vers  le  Pôle  sud,  par  exemple). 
-Ainsi  le  Tour  du  monde,  tout  en  se  maintenant  dans  son  cadre,  trouve 
moyen  de  se  renouveler,  de  progresser,  pour  la  plus  grande  satisfaction 
de  ses  lecteurs. 

2.  —  Au  premier  rang  des  périodiques  illustrés  figure,  depuis  ses  ori- 


,  .  —  515  - 

gines,  le  Journal  de  la  jeunesse.  La  variété  est  considérable,  les  gravures 
admirables  et  l'esprit  du  recueil  parfait  sous  tous  les  rapports  :  on 
peut  donc  lui  ouvrir  toutes  grandes  les  portes  du  foyer  le  plus  sévère. 
De  nombreux  travaux  touchant  à  l'histoire, aux  voyages, aux  beaux- 
arts,  aux  sciences,  rendent  cette  lecture  instructive.  Citons,  un  peu 
au  hasai'd  :  Animaux  bizarres,  par  M.  P»  Vincent;  Transatlantiques  de 
1885  et  de  1908, et  Ce  que  valent  les  aéroplanes  modernes,  par  M.  Daniel 
Bellet;  La  Femme  en  Chine  et  la  Femme  persane,  par  M.  L.  Viator; 
Les  Merveilles  de  la  télégraphie  sans  fil,  par  M.  Gabriel  Renaudot; 
Numance,  ses  environs,  ses  ruines,  par  M.  Auge  de  Lassus;  Les  Étapes 
de  l'art  monumental  en  France  et  Saint  Louis  et  les  cathédrales,  par 
M.  Anthyme  Saint-Paul;  Le  Tir  contre  les  ballons,  ^p a.!'  M.  L.  Picard; 
U Industrie  des  ballons,  par  M.  Daniel  Beilet;  Galeries  d'aventurierg 
et  Claude  des  Armoises,  par  M.  Jules  de  Glouvet;  La  Catastrophe  de 
Messine,  par  M.  Et.  Leroux  ;  Soldats  de  Chine  et  la  Disparition  du  Grand 
Lac  salé,  par  M.  L.  Viator;  Les  Dames  de  la  Croix-Rouge,  pai'  M.  Ed. 
Renoir;  La  Conquête  du  Pôle  sud,  par  M.  H.  Norval.  Nous  pourrion 
ainsi  continuer  et  remplir  cinq  ou  six  pages  du  Polybiblion;  il  fau^ 
donc  nous  borner  et  conseiller  aux  amateurs  de  se  rendre  compte 
par  eux-mêmes.  Cependant,  nous  devons  signaler  encordes  romans 
étendus  qui  figurent  dans  les  tomes  LXXIII  et  LXXIV  formant 
l'année  1909  du  Journal  de  la  jeunesse;  les  voici  :  Le  Renard  de  la  mer, 
paj*  M.  G. -G.  Toudouze;  Le  Dernier  des  Castel-Magnac,  par  M.  H.  de 
Charlieu;  Poucette,  par  M.  Pierre  Maël;  L'Oncle  Million,  par  M'"^  Julie 
Borrius;  Tarigagasse,  par  M.  Marc  Le  Goupils,  et  Une  Petite  Fille 
mal  élevée,  par  M™^  Charlotte  Chabrier-Rieder.  Les  trois  premiers 
de  ces  ouvrages  ont  fait  l'objet  de  volumes  spéciaux  et  nous  en  don" 
nons  l'analyse  ici  et  aujourd'hui  même. 

3.  —  A  un  point  de  vue  que  nous  qualifierons  de  technique,  qu'est 
donc  le  Journal  des  demoiselles  et  Petit  Courrier  des  dames?  —  Une 
^evue  des  choses  de  la  mode.  Tous  les  quinze  jours  M^^^  Marguerite 
de  Bets  publie  un  Courrier  de  la  mode  appuyé  d'un  Courrier  de  l'aiguille^ 
signé  Josette,  et  illustré.  Ajoutez  à  cela  de  nombreuses  planches  en 
couleurs  reproduisant  les  costumes  les  plus  nouveaux  et  donnant  des 
patrons  de  toutes  sortes,  en  papier  et  même  en  étoffe.  Les  intéressées 
sont  donc  renseignées  de  première  main  et  sans  aucun  retard.  C'est 
quelque  chose;  c'est  même  l'essentiel.  Mais  ce  périodique  sait  joindre 
l'agi^éable  à  l'utile  :  de  temps  à  autre,  l'on  trouve  encartés  dars  ses 
livraisons,  un  morceau  de  musique,  un  monologue  pour  jeune  fille,  une 
reproduction  de  tableau  ou  de  gravure,  etc.  Arrive  enfin  la  revue  lit- 
téraire qui  ne  se  compose  pas  seulement  de  romans  choisis  ayec  un  soin 
scrupuleux,  mais  aussi  d'études  historiques  attrayanies.  On  en  jugera 
par  l'aperçu  qui  suit.  Romans  :  Pour  la  vie,  par  M.  A.  Mouaiis;  .]fariob-, 


—  516  - 

par  M.  L.  do  Kérany;  L'Ombre  du  pussé^  pur  M™<^  Marie  Thiéry; 
Anne  et  ses  amis,  par  M'^*-'  Rhoda-Broughton,  adapté  de  l'anglais 
par  M.  A.  Chevalier.  —  Études  diverses  :  Jules  Breton,  peintre  et 
poète,  par  M.  C.  Lecigne;  Madame  de  Lamartine,  par  M"^^  Myriam; 
Une  Femme  politique.  La  Princesse  des  Ursins,  par  M.  Jehan;  Tartufe, 
sa  portée  morale  et  religieuse, ."^diV  M.  A.  Galvet;  Une  Vénitienne  célèbre 
au  dix-septième  siècle,  Éléna  Cornaro  Piscopia,  par  M.  A.  Chevalier; 
En  Bulgarie,  par  M.  G.  Nisson;  Les  Cent  Portraits  de  femmes,  école 
anglaise,  par  M.  Berthem  Bontoux;  Les  Cent  Portraits  de  femmes, 
école  frafiçaise,-psiY  le  même;  Causerie  sur  la  duchesse  de  Bourgogne,  par 
M.  Jehan;  Les  Deux  Pôles.  Un  Conquérant  du  Pôle  nord,  le  commandant 
fi.  E.  Peary;  Vers  le  Pôle  sud,  le  lieutenant  Shackleton,  par  M.  A. 
Braps;  Alfred  de  Vigny,  par  M.  C.  Lecigne.  Il  ne  faut  pas  négliger  non 
plus  de  noter  la  Revue  musicale  que  fait  une  fois  par  mois  M"^^  Louise 
de  Claves,  ni  la  Causerie  mensuelle  de  M^^'^  SteUina  sur  des  sujets  d'ac- 
tualité, ni  une  Chronique  (mensuelle  également)  signée  de  différents 
écrivains,  par  conséquent  très  variée  de  ton  et  de  sujets,  enfin  de  nom- 
breuses poésies  jetées  çà  et  là  dans  toutes  les  livraisons.  Pour  terminer 
nous  sommes  heureux  de  souligner  non  seulement  la  portée  morale 
de  cet  ensemble,  mais  aussi  et  surtout  son  inspiration  chrétienne 
sans  nulle  hésitation. 

4.  —  Beaucoup  de  gaîté  et  d'entrain,  des  éclats  de  patriotisme,  des 
leçons  de  saine  morale  à  tout  bout  de  page,  si  l'on  peut  dire,  des  récits 
vaj'iés  offrant  un  réel  intérêt  et  instruisant  même  assez  souvent, 
tel  est  le  bilan  du  volume  1908-1909  de  Mon  Journal.  Quant  à  la  pensée 
religieuse,  elle  est  trop  négligée,  et  c'est  dommage,  car,  n'était  cette 
lacune,  ce  très  gracieux  périodique,  qui  fliérite  d'être  noté  parmi  les 
bons,  passerait  d'emblée  dans  la  catégorie  des  excellents.  Notre  atten- 
tion, a  été  surtout  attirée  pai'  trois  romans  qui,  avec  des  qualités  di- 
verses, captiveront  les  lecteurs,  savoir  :  La  Troupe  sans  rivale,  par 
M.  A.  Bailly;  Toto,  premier  policier  de  France,  par  M.  Hem'i  de  Gorsse; 
et  Un  Petit  Comédien  sous  Louis  XV,  par  M.  Jules  Chancel.  Du  cœur 
et  du  dévouement  dans  les  deux  premiers;  de  la  finesse  et  de  l'esprit 
dans  le  troisième.  A  côté,  mais  au-dessous  de  ces  trois  morceaux 
principaux,  l'on  peut  citer  la  fantaisie  comico-morale,  de  M.  Aristide 
Fabre  :  Le  Testament  de  l'oncle  Jean;  les  contes  prestigieux  de  M.  Jé- 
rôme Doucet  sur  les  six  dernières  Filles  de  la  reine  Mah;  La  Dette, 
épisode  romanesque  de  nos  campagnes  contre  la  Chine,  par  M.  Henry 
Hardy;  Le  Chien  de  Mandrin,  par  M.  A.  de  Gériolles  (récit  de  la 
capture  du  célèbre  brigand  dauphinois);  Othon  le  colporteur,  par 
M.  Jean  Marbel;  Le  Miracle  des  sabres,  une  bonne  histoire  d'usurier 
et  de  soldats,  où  figure  le  calife  Haroun-al-Raschid,  par  MM.  A. 
Geugney  et  L.  Tupet;  La  Vocation  de  Turenne,  paj'  M.  Jan  Rosmer 


—  517  — 

(épisode  de  la  vie  de  Turenne  enfant)  ;  Un  Héros  en  jupon,  par  M.  Éric 
Ardol  (scène  de  gaîté  et  d'héroïsme  durant  le  siège  de  Sébastopol); 
Les  Prisonniers  de  Galopin,  récit  du  temps  où  le  duc  d'Enghien 
préparait  sa  victoire  de  Rocroy,  par  M.  Jan  Rosmer.  Il  convient, 
d'autre  part,  de  ne  point  laisser  dans  l'ombre  les  articles  de  M.  Paul 
Maryllis  sur  des  questions  d'histoire  naturelle,  de  même  que  certaines 
notices  8.nonymes  ou  signées  d'initiales,  telles  que  :  Joyeux  Sports; 
Animaux  de  salons;  l'Envers  d'une  féerie  (au  théâtre  du  Châtelet). 
A  noter  enfin,  sans  vouloir  pour  cela  épuiser  la  nomenclature  de  tout 
ce  qui  est  digne  d'être  cité,  la  série  intitulée  :  Nos  Découpages  (avec 
planches  en  couleurs).  Comme  d'habitude,  l'illustration  en  couleurs 
et  en  noir  de  Mon  Journal  est  pai'faite. 

5.  —  Saluons  nos  bons  amis  de  la  librairie  Henri  Gautier.  Aux  ori- 
gines, ils  se  présentaient  seulement  deux  à  nos  bureaux,  puis  trois; 
les  voici  quatre,  cette  année.  —  Place  à  l'aîné,  d'abord.  Il  s'appelh'  : 
L'Ouvrier.  Avec  ses  quarante-huit  ans,  il  reste  toujours  jeune,  amusant, 
gai,  instructif.  De  physionomie  invai'iable,  il  nous  montre  d'abord 
ses  quatorze  grands  romans  qui  ont  fait,  au  cours  de  l'année  1908-1909, 
la  joie  des  jeunes  gens,  des  jeunes  filles  et  de  leurs  parents.  Mention- 
nons les  titres,  sans  commentaires,  car  les  noms  de  la  plupart  des  auteurs 
disent  assez  ce  que  sont  les  œuvres  :  L'^we^^e  Pilate,  par  M'^^  Jeanne 
de  Coulomb;  La  Fille  du  Corsaire,  par  M.  G.  du  Tremblay  (autrement 
dit  Jean  Drault);  La  Force  cachée,  par  M.  Jean  Thiéry;  La  Glissade, 
par  M.  H.  du  Plessac;  Le  Graniteur  du  Planais,  par  M.  Pierre  Ficy; 
Larmes  fécondes,  par  M.  Francis  Charmery;  Marguerite  des  Margue- 
rite, par  M™®  B.  de  Buxy;  Le  Parapluie  de  M.  Aubert,  par  M.  Pierre 
du  Château;  Le  Parchemin  mystérieux,  par  M.  Roger  des  Fourniels; 
La  République  dans  la  Lune,  pat*  M.  Chai'les  Solo;  Sylvia,  par  M.  N. 
Ardin;  Le  Trésor,  par  M.  Mavil;  Trophée  de  bataille,  par  M.  Gaspard 
de  Weede;  Les  Vingt  Ans  de  Josie,  par  M.  Pierre  du  Château.  Parmi 
les  nouvelles,  vainétés  et  articles  de  polémique,  nous  citerons  :  A  la 
messe  de  minuit,  pai*  M.  J.  des  Tourelles;  L'Argent  maudit,  par  M.  Mar- 
cel Rosny;  Le  Billet  bleu,  par  M.  Georges  du  Lys;  Çà  et  là,  série  d'ar- 
ticles intéressants, par  M.  H.  du  Plessac,  et  une  autre  série  :  Autour 
de  la  persécution,  par  le  belliqueux  M.  Jean  Drault.  Tenons-nous  en 
à  cet  aperçu  :  il  faut  laisser  aux  nouveaux  abonnés  de  cet  excellent 
périodique  le  plaisir  de  découvrir  ce  dont  nous  ne  disons  rien  et 
qui  mériterait  d'être  noté. 

6.  —  Plus  jeune,  quoique  ayant  depuis  longtemps  doublé  le  cap  de  la 
majorité,  le  deuxième  périodique  Gautier,  bien  connu,  intitulé  : 
Les  Veillées  des  Chaumières,  est  une  sorte  de  dédoublement  de  l'Ouvrier: 
à  peine  quelques  différences  dans  les  détails.  Et  d'abord,  douze  ro- 
mans, savoir  :  I^es  Belles-Sœurs,  par  M'"*'  Bertho  de  Puybusque; 


—  51$  - 

Dana  l'ornière,  par  M.  Ajidré  Bruyère;  Les  Épreuves  de  Jacques  Mérins\ 
par  M.  Michel  Auvray;  La  Fiancée,  par  M.  Jean  Barancy;  Fierté  de 
race,  par  M.  François  du  Clos;  L'Heure  qui  passe,  pai*  M.  J.  de  Guénin, 
La  Jolie  Fille  de  Marken;  La  Maîtresse  de  piano,  par  W^^  Florence 
O'Noll;  Nadette,  par  M^^  Marie  Thierry;  Petite  José,  par  M^^^  pierre 
Perrault;  La  Roche-aux- Algues,  par  M.  L.  de  Kérany;  Roselyne,  par 
jyjme  M,  Maryan.  Et  nous  passons  ensuite  aux  contes,  nouvelles, 
variétés,  articles  de  polémique,  etc.,  etc.,  jetés  à  profusion  à  travers 
le  volume,  que  nous  engageons  parents  et  enfants  à  lire  et  quelquefois 
à  méditer  :  il  y  a  là  des  choses  attachantes  pour  tous  les  âges  et  pour 
tous  les  goûts. —  L'illustration  et  le  cartonnage  de  ces  deux  périodiques 
sont  en  tout  semblables,  cette  année,  aux  années  précédentes.  Les 
collections  offrent  donc,  sur  les  rayons  d'une  bibliothèque,  un  aspect 
parfaitement  harmonique. 

7. —  En  marche  vers  sa  sixième  année,  la  Semaine  de  Suzette  est  à  la 
fois  amusante  et  instructive.  Pour  vos  fillettes,  le  plus  attirant  se 
trouvera  d'abord  dans  les  Historiettes  illustrées  (en  couleurs)  qui  sont 
ici  fort  nombreuses.  Puis,  lorsque  les  jeunes  lectrices  se  seront  suf- 
fisamment diverties  avec  ces  fantaisies  presque  toutes  désopilantes 
mais  comportant  toujours  une  bonne  leçon,  elles  iront  tout  droit  aux 
Romans  et  aux  Nouvelles,  choisies  avec  un  soin  scrupuleux,  qui  rem' 
plissent  la  plus  importante  partie  de  chaque  livraison.  Après  quoj 
elles  passeront  à  la  multitude  de  variétés  qui  complètent  ce  périodique 
prestigieux,  illustré  d'une  invraisemblable  quantité  d'images  en  noir 
et  en  couleurs.  Nous  avons  sous  les  yeux  les  deux  derniers  volumes 
parus  de  la  Semaine  de  Suzette  (4^  année,  2^  semestre  et  5^  année, 
l^r  semestre).  Rien  à  dire  de  particulier  sur  les  Historiettes  illustrées', 
elles  sont  trop  (trop  est  une  manière  de  dire,  car  ce  n'est  pas  l'avis  de 
certaines  fillettes  de  notre  connaissance).  Mais  parmi  les  nombreux 
récits,  plus  ou  moins  importants,  auxquels  on  a  fait  une  place  dans 
les  deux  volumes  en  question,  nous  mentionnerons  :  La  Fleurette 
du  Temple,  par  M.  Jules  Chancel;  Histoire  d'une  petite  fée,  par  M.  Jul- 
lien;  Noël  sous  la  Terreur,  par  M.  Jean  Vinot-Préfontaine ;  La  Tâche 
d'Annie  Mayne,  par  M.  F.  0.  Noël;  Épreuves  de  famille,  par  M"^''  Ra- 
phaëlle  Willems;  Jeannine,  par  M^^  Anne  de  la  Contamine;  Mon 
oncle  Range-Tout,  pai'  M^^^  Pierre  Perrault;  La  Princesse  endormie, 
par  M"^e  Charlotte  May  val;  enfin,  pour  couper  court  :  Un  Voyage 
en  diligence,  par  M.  Pierre  du  Château.  Nous  avertissons  les  parents 
(pi'ils  n'échapperont,  pas  plus  que  leurs  chéries,  au  charme  de  ce 
périodique  enfantin  :  ils  le  Uront  aussi. 

—  Pour  la  première  fois  nous  signalons  à  nos  lecteurs  la  Semaine 
de  Chapuzot,  dont  M.  Jean  Drault,  ce  délicieux  ironiste,  est  l'unique 
rédacteur.  Chaque  semaine  pai'aît  un  fascicule  de  seize  pages,  illustré 


—  519  '— 

de  gi'avures  qui,  seules,  appelleraient  le  rire,  si  la  prose  de  M.  Jean 
Drault  ne  le  provoquaient  pas  de  façon  irrésistible. Voilà  bien  la  lecture 
qui  convient  aux  neurasthéniques  :  Messieurs  les  médecins,  examinez 
ce  remède  !  Voulez- vous  avoir  quelque  idée  —  un  peu  vague,  toutefois 
—  de  ce  périodique  spécial?  Lisez  ces  titres:  Le  Testament  de  Bécas- 
seau] Le  Casque  de  Bécasseau]  Bécasseau  et  les  Camelots  du  Roi;  Bé- 
casseau pontonnier]  Le  Nom  de  Bécasseau  est  dans  le  journal]  Bécasseau 
et  le  chien  empaillé]  Bécasseau  et  ses  mots  cabalistiques]  Bécasseau 
candidat  cantinier]  Le  Docteur  Bécasseau]  Bécasseau  a  hérité  de  Chau- 
chard]  Un  Viager  sur  la  tête  de  Bécasseau]  Bécasseau  met  de  la  poison 
en  bouteille]  Bécasseau  retrouve  la  mitrailleuse]  Bécasseau  aviateur. 
N'allons  pas  plus  loin  :  il  y  a,  comme  cela,  52  numéros  par  an  :  éclat 
de  rire  à  répétition. 

III.  —  1.  —  Dans  la  collection  d'albums  que  nous  vaut  la  présente 
fin  d'année,  celui  qui,  sans  discussion  possible,  détient,  comme  l'on 
dit  couramment,  le  «  record  »,  c'est  François  I^^  {le  Roi  chevalier). 
M.  G.-Gustave  Toudouze,  en  un  style  quelque  peu  maniéré,  mais  en 
somme  assez  bien  adapté  au  sujet,  résume  la  vie  si  mouvementée 
du  rival  de  Charles -Quint.  Le  passage  des  Alpes  par  l'armée  française, 
la  victoire  de  Marignan,  les  négociations  pour  la  paix,  l'élection  du 
roi  d'Espagne  comme  empereur  d'Allemagne,  l'entrevue  du  camp 
du  Drap  d'or  entre  François  1er  et  le  roi  Henri  VIII  d'Angleterre, 
la  lutte  sur  nos  frontières  du  Nord  et  de  l'Est,  la  trahison  de  Bourbon, 
la  mort  de  Bayard,  la  bataille  de  Pavie,  où  le  roi  de  France  fut  fait 
prisonnier,  bref,  le  règne  entier  de  François  I^r  est  ici  très  agréable- 
ment ra(;onté.  Mais  ce  qui  fait  surtout  la  valeur  de  cet  album, 
ce  sont  les  splendides,  les  merveilleuses  images  en  couleurs  de  M.  A. 
Robida.  On  connaît  trop  bien  le  genre  de  ce  maitre  de  l'illustration 
pour  être  surpris  de  la  façon  vraiment  magistrale  dont  il  a  in- 
terprété les  grandes  scènes  (et  même  quelques  petites)  de  la  vie  du 
«  Roi  chevalier».  Elles  sont  si  belles,  si  riches,  ces  images,  que  l'on  est 
parfois  tenté  de  disloquer,  l'album  pour  en  encadrer  les  pièces  princi- 
pales !  Le  plan  de  la  première  couverture  représente,  en  couleurs  et 
en  or,  le  roi  François  en  pied,  dans  une  attitude,  à  la  fois  gracieuse 
et  superbe,  dominant  deux  ravissantes  ligures  de  femmes,  deux  autres 
de  lansquenets  et  enlin  trois  curieuses  physionomies  de  savants  et 
d'artistes.  La  librairie  Boivin  s't  st  surpassée. 

2.  —  Le  deuxième  album  de  la  même  Ubrairie  Boivin  est  beaucoup 
plus  modeste  :  Dites-nous  cotre  fable.  Sans  viser  le  moins  du  monde  à 
échpser  les  chefs-d'œuvre  de  la  Fontaine  ou  même  de  Florian,  les 
douze  fables  que  M.  Alfred  Theuh^t  a  réunies  sous  ce  titre  offrent 
d'autant  plus  d'intérêt  qu'elles  comportent  toutes  une  «  moralité.  » 
Si  nous  avions  un  choix  à  faire,  nous  nous  déciderions  pour  Chien 


—  520  — 

et  Chat  et  pour  le  Renard,  le  Cerf  et  le  Loup.  Chaque  fable  est  accom- 
pagnée d'une  planche  en  couleurs,  très  amusante,  et  de  deux  vignettes. 

3.  —  La  librairie  Hachette  poursuit  avec  succès  une  série  d'albums 
dont  les  animaux  font  les  frais.  Nous  en  sommes  au  cinquième,  inti- 
tulé :  Noël  au  pays  des  animaux.  Les  planches  hors  texte  sont  très 
soignées  :  le  dessin  est  remarquable  et  le  coloriage  parfait;  quant 
aux  gi*avures  en  noir  elles  sont  des  plus  vivantes.  On  voit  là  d'abord 
com.ment  les  familles  Lion  et  Lourson  s'en  vont  au  bois  quérir  la 
bûche  de  Noël  :  elle  est  de  taille,  cette  bûche;  mais  ces  «  gens  »-là  sont 
forts.  On  assiste  ensuite  à  une  leçon  de  danse  professée  par  M.  Lourson. 
Puis,  dans  Acclimatationville,  on  admire  une  scène  représentant 
des  chanteurs  des  rues.  Oh  !  ces  chanteurs  1  Arrive  l'arbre  de  Noël, 
joie  des  enfants  Latrompe  et  Lourson,  des  petits  Lion,  de  la  famille 
Hippo,  etc.  On  retrouve  toutes  les  grandes  personnes  de  ces  diverses 
familles,  auxquelles  s'est  joint  M.  Croco,  rassemblées  autour  d'une 
table  où  un  plum-pudding  forme  la  pièce  de  résistance;  puis  on  passe 
à  des  jeux  variés,  après  quoi  l'on  se  quitte  heureux  et  content  :  Au 
revoir  !   A  l'année  prochaine. 

4.  —  Quatre  albums  illustrés  à  profusion  d'images  en  couleurs 
nous  sont  envoyés  par  la  librairie  Garnier.  Le  premier  se  présente 
sous  le  titre  :  Le  Capitaine  des  eranequiniers.  Ces  braves  soldats  du 
temps  de  Chai'les  VII,  alors  que  celui-ci  n'était  encore  que  le  roi  de 
Bourges,  étaient  ainsi  appelés  pai'  ce  qu'ils  «  combattaient  armés  de 
fortes  arbalètes  tendues  au  moyen  d'un  cric.  »  Maintenant  que  vous 
voilà  fixés  sur  ces  guei-iiers,  apprenez,  chers  lecteurs,  que  leur  capi- 
taine, le  vaillant  Castelbarrac,  était  un  Gascon  authentique.  Or  donc, 
certain  jour  qu'un  peu  éloigné  des  débris  de  sa  glorieuse  compagnie,  il 
se  demande  si  ses  cheveux  grisonnants  et  ses  rhumatismes  ne  lui  donnent 
pas  des  droits  certains  à  la  retraite,  il  se  trouve  tout  à  coup  environné 
par  un  parti  d'Anglais  qui  le  somme  de  se  rendre.  Le  rusé  Gascon 
parlemente.  Puis  il  raconte  à  ses  ennemis  une  histoire  de  sa  façon, 
qui  les  met  en  joyeuse  humeur,  à  ce  point  qu'il  trouve  moyen  de  les 
désarmer  tous  et  de  les  faire  prisonniers.  Nous  vous  faisons  grâce  des 
autres  exploits  de  notre  héros  qui  n'allait  pas  tarder,  au  surplus,  de 
se  voir  bien  et  dûment  échpsé  par  Jeanne,  la  bonne  Lorraine,  laquelle 
commençait  alors  sa  mission  de  libération  du  territoire  nati<inal. 

5.  —  Album  Garnier  n^  2  :  Scènes  de  la  vie  privée  des  animaux, 
par  M.  Benjamin  Rabier.  Il  se  compose  de  cinquante  planches  en 
couleurs  reproduisant  de  nombreuses  scènes,  toutes  comiques,  où 
tour  à  tour  jouent  un  rôle  l'ours,  le  lapin,  la  souris,  le  chien,  le  furet 
et  l'abeille,  le  corbeau  et  le  renard,  le  brochet,  le  pélican,  le  singe  et 
le  lion,  le  chat,  etc.,  etc.  Toute  une  ménagerie  y  passe.  Un  texte  tou- 
jours bref  (et  quelquefois  pas  de  texte  du  tout)  accompagne  ces 
scènes  qui  provoqueront  chez  nos  enfants  un  fou  rire. 


—  521  — 

G.  —  Le  Robinson  malgré  lui,  avec  lequel  M.  Alphonse  Crozière  nous 
fait  faire  connaissance  (3^  album  Garnier),  n'est  autre  qu'un  petit 
garçon  que  sa  mauvaise  tête  porte  à  l'école  buissonnière.  Il  va  rôder 
sur  les  bords  de  la  Seine  et  s'acoquine  avec  deux  vauriens  qui  lui 
jouent  un  tour  pendable.  Abandonné  dans  une  barque,  il  suit  le  cours 
du  fleuve,  au  milieu  d'un  orage,  et  finit  par  aborder  dans  une  île  déserte 
—  parfaitement  !  —  où  il  y  a  des  anthropophages  (échappés  du  Jardin 
d'acclimatation)  qui  s'apprêtent  à  faire  rôtir...  l'un  de  ses  professeurs. 
Notre  galopin  trouve  moyen  de  délivrer  la  victime  désignée  et  de 
s'enfuir  avec  elle,  en  canot.  Reconnaissant,  le  sauvé  promet  tous  les 
prix  de  l'école  à  son  sauveur,  lequel  est  d'ailleurs  l'un  de  ses  plus  mau- 
vais élèves.  La  promesse  est  tenue  à  la  grande  joie  de  toute  l'école, 
qui  se  moque  de  l'ignare.  Et  crac  1  Le  lauréat  à  bon  mai'ché  s'éveille  : 
il  avait  rêvé.  Il  réfléchit  alors;  puis  il  se  promet  de  bien  travaille)' 
à  l'avenir.  Amen  ! 

7.  —  Ce  n'est  pas  beau  d'être  à  la  fois  menteur  et  gourmand.  Les 
Mésaventures  de  Jean  le  Fripon  sont  amenées  par  ces  deux  défauts 
d'un  petit  bonhomme  qui  ne  veut  pas  aller  passer  ses  vacances  à  la 
campagne  pendant  que  ses  parents  voyageront  sans  lui.  Il  ne  semble 
pas  que  Jean,  en  dépit  de  ses  déboires  mérités,  se  trouve  en  voie 
d'amélioration-:  ce  sera  sans  doute  pour  plus  tard,  quand  d'autres 
fâcheuses  histoires  l'auront  mis  un  peu  plus  mal  en  point.  Tel  est  le 
sujet  du  quatrième  et  dernier  album  de  la  librairie  Garnier. 

8.  —  Un  seul  album  chez  l'éditeur  Laurens.  Titre  :  Les  Héros  co- 
miques. Mais  il  est  très  artistique.  Et  puis,  savez-vous  que  M.  Emile 
Faguet,  de  l'Académie  française,  n'a  pas  dédaigné  de  placer  en  tête 
un  joli  Avant-propos  sur  la  Gaîté  française.  Il  y  a  plus  :  les  héros 
comiques  étant  au  nombre  de  trois  :  le  roi  Dagobert,  Malbrough 
et  Cadet  Rousselle,  M.  Faguet  a  consacré  à  chacune  des  chansons 
burlesques,  que  l'on  trouve  ici  tout  au  long  et  qui,  parmi  le  peuple, 
ont  immortalisé  les  personnages  sus-désignés,  trois  savoureuses  no- 
tices historiques  et  littéraires.  Los  images  en  couleurs,  exécutées  par 
Job,  sont  absolument  charmantes. 

9.  —  Comme  la  librairie  Garnier,  la  maison  Marne  nous  a  gratifiés 
de  quatre  albums.  Voici  la  Merveilleuse  Aventure  d' Archibald,  une  tra- 
duction do  l'anglais.  Beaucoup  de  dessins  en  noir  et  quatre  planches 
en  couleurs.  Un  jour,  certain  canard  répondant  au  nom  de  Coincoin  le 
Cadet  invita  le  petit  Archibald  a  assister,  au  fond  d'une  grotte,  à 
une  assemblée  d'animaux.  Très  curieux,  Archibald  accepta  l'invita- 
tion. A  son  arrivée,  il  fut  proclamé  président.  On  lui  apprit  ensuite 
que  la  réunion  avait  pour  but  de  permettre  à  certains  de  ses  membres 
de  raconter  ses  aventures,  après  quoi  la  meilleure  histoire  obtiendrait 
un  prix  que  le  président  fournirait  et  décernerait.  Tour  à  tour  prirent 


—  522  — 

la  parole  :  le  Loris  paresseux,  le  Calao,  le  Lièvre  russe,  le  Raccoon, 
le  Chinchilla  et  Coincoin  le  Cadet,  l'Ours,  le  Chevrotin,  enfin  le  Rat 
Robert,  Montmorency  (un  petit  Pluvier  à  collier),  l'Alligator  et  le 
Pingouin.  Vous  pouvez  croire  qu'il  s'en  conta  de  fameuses  !  Vint 
l'heure  où  le  prix  devait  être  décerné.  Archibald  décida  que  chacun 
de  ceux  ayant  pris  pai't  au  concours  voterait  «  pour  l'histoire  qu'il 
jugerait  la  meilleiu'e;  il  n'y  aurait  qu'un  tour  de  scrutin;  si  ce  moyen 
ne  réussissait  pas,  le  prix  serait  retiré.  »  Applaudissements;  vote.  Or, 
qu'arriva- t-il?  Chacun  avait  voté...  pour  soi-même.  Alors  Archibald 
se  leva  et  dit  :  «  Mesdames  et  Messieurs,  comme  je  l'ai  déjà  annoncé? 
le  prix  sera  retiré.  Je  vous  souhaite  le  bonsoir  ».  E  finita  la  commedia  ! 

10.  —  Rien  de  plus  amusant  que  Pierrot,  Pippo  et  C^^  (2^  album 
Mame).  En  compagnie  de  ses  deux  amis,  le  chien  Pippo  et  le  chat 
Minou,  Pierrot,  fils  du  maire  de  Saint-Honoré-les-Pins,  entreprend 
une  partie  de  campagne.  Ayant  rencontré  Jeannot-Lapin,  un  artiste, 
la  bande,  ainsi  accrue,  ne  tarde  pas  à  se  joindre  au  ménage 
Papillon,  des  artistes  aussi,  accompagnés  d'un  ours,  d'un  singe  et 
d'un  charheau,  également  artistes.  Il  faut  alors  entendre  ce  Papillon 
et  sa  digne  moitié  !  Tout  le  monde  parle,  d'ailleurs  :  le  chien  Pippo 
donne  des  conseils,  le  chat  Minou  allonge  des  coups  de  griffes,  Jeannot- 
Lapin  accomplit  de  beaux  exploits.  La  bande,  au  grand  complet, 
arrive  enfin  à  Saint-Honoré-les-Pins  et  y  donne  une  représentation 
mirifique,  où  les  talents  acrobatiques  de  Pierrot  sont  applaudis  par 
les  administrés  de  son  père.  Mais  voilà  que,  soudain.  Pierrot  reçoit 
«  une  claque  retentissante.  »  C'était  son  père,  qui,  accompagné  de 
son  précepteur  et  indigné  de  le  voir  dormir  à  poings  fermés  sur  ses 
devoirs  d'écolier,  venait  de  l'éveiller  de  cette  énergique  façon.  Ce 
n'était  qu'un  songe  !  Cette  amusette,  toute  pétillante  d'esprit,  est 
illustrée  avec  une  véritable  maestria  par  Vimaj*,  le  meilleur  «  ani- 
malier »  du  temps  présent. 

11.  —  Le  troisième  album  Mame  «  pour  les  enfants  sages  »  s'offre 
avec  ce  titre  :  Un,  deux,  trois,  quatre.  C'est  une  suite  d'images  en  cou- 
leurs avec  un  texte  au  verso  qui  explique  les  jeux  auxquels  se  livrent 
petits  garçons  et  petites  filles,  avec  de  courtes  et  utiles  leçons  de  morale. 

12.  —  T>p  meilleur  marché  des  albums  Mame  :  Contes  de  fées,  n'est 
certes  pas  celui  qui  plaira  le  moins.  L'illustration,  en  couleurs  et  en 
noir,  est  de  tous  points  charmante.  Ont  été  réunis  dans  cet  agréable 
album  :  Cendriïlon,  —  La  Belle  et  la  Bête,  —  Jacques  et  les  Fèves,  — 
Richard  et  son  Chat,  —  Blanche- Neige  et  Rose- Rouge,  —  Le  Petit 
Poucet,  —  Le  Petit  Chaperon- Rouge  (où  l'on  verra  avec  plaisir  que 
le  dit  Petit  Chaperon  Rouge,  que  l'on  a  cru  jadis  dévoré  par  le  loup, 
est,  au  contraire,  sauvé  par  son  papa,  qui  tue  la  vilaine  bête),  — 
La  Belle  au  bois  dormant  et  enfin  le  Chat  botté. 


—  523  — 

18.  —  Pour  la  Guerre  des  fées^  M.  G.  Le  Cordier  a  écrit  un  texte  fort 
drôle  qui  explique  les  illustrations  en  couleurs  de  M.  R.  Pinchon, 
lesquelles  sont  d'un  comique  extravagant,  enchevêtré  parfois  dans 
le  dramatique  et  le  fantastique.  Les  nombreuses  scènes  qui  défdent 
sous  les  yeux  des  amateurs  jeunes  et  vieux  nous  montrent  la  lutte 
point  banale  du  tout  qui  éclate  et  se  poursuit  entre  les  fées  de  jadis, 
les  enchanteurs,  demi-dieux,  monstres  fabuleux,  etc.,  et  ces  fées 
d'aujourd'hui  qui  s'appellent  la  vapeur  et  l'électricité  et  tout  ce  qu'elles 
ont  créé  :  les  chemins  de  fer,  les  ballons,  les  sous-marins,  etc.  Nul 
ne  s'ennuira  en  parcourant  ce  premier  album  de  la  maison  Delagrave. 

14.^ — On  s'amusera  beaucoup,  également,  avec  les  Exploits  de  Cra- 
cambole,  que  M.  G.  Le  Cordier  nous  raconte  en  un  style  désopilant  et 
M.  Gifîey  en  des  images  burlesques  quoique  artistiques.  M.  Le  Cordier 
fait  dire  à  son  héros  :  «  Je  suis  Cracambole,  le  grand,  l'illustre,  l'incom- 
parable général  Cracambole.  J'ai  vu  la  Révolution,  l'Empire  et  le 
Tropique  du  Cancer  et  gagné  presque  toutes  les  victoires  de  Napoléon. 
Condamné  à  la  chambre  par  un  rhume  de  cerveau,  j'en  profite  pour 
écrire  mes  Mémoires.  En  avant  la  musique  !  «  N'allons  pas  plus  loin. 
Si  donc  vous  désirez  connaître  l'histoire  du  général  Cracambole,  qui, 
sans  doute  par  erreur,  n'a  pas  son  nom  inscrit  sur  l'Arc  de  triomphe 
de  l'Etoile,  prenez  ce  deuxième  album  Delagrave.  Vous  en  aurez 
pour  votre  argent. 

15.  —  -L'Age  de  l'école  est  un  album  qui  fait  partie  de  la  collection 
que  la  maison  Hctzel  intitule  :  Bibliothèque  de  Mademoiselle  Lili 
et  de  son  cousin  Lucien.  Ensemble  fort  joli  de  proverbes,  do  fables  et 
de  dictons  mis  en  action  au  moyen  de  scènes  admirablement  rendues 
par  les  dessins,  de  M.  J.  Geofîioy,un  artiste,  qui  connaît  bien  l'enfance. 
Les  images  qui  composent  cet  album  sont  réparties  logiquement  sous 
les  divisions  suivantes  :  Avant  l'école]  Après  la  classe;  A  la  maison; 
Jour  de  congé;  École  buissonnière;  Loin  de  l'école;  En  vacances.  Toutes 
comportent  une  petite  leçon  de  morale  pratique. 

16.  —  De  la  librairie  Cattier,  de  Tours,  nous  arrive  un  album  peu 
luxueux  comme  illustrations  (il  n'est  orné  que  d'humbles  vignettes)^ 
mais  qui  se  compose  d'une  série  de  charmantes,  d'excellentes  poésies 
dues  à  M"ie  Marthe  Rochenor.  Il  est  intitulé  :  Jésus  et  nos  petits  en- 
tants. Une  lettre  d'approbation  de  Mgr  l'archevêque  de  Tours  et  un 
billet  aimable  du  regi'etté  François  Coppée  précédent  ce  recueil  qui, 
béni  en  outre*  par  S.  S.  Pie  X,  se  présente  de  la  sorte  sous  la  triple 
égide  du  Pape,  d'un  prélat  et  d'un  maître  de  la  poésie  contemporaine, 
alors  que  l'auteur  elle-même  l'offre  comme  il  suit,  s'adressant  aux  en- 
fants : 

...  Dans  les  sentiers  fleuris  où  l'on  cueill.^  hs  roses 
J'ai  ti'ouvé,  devine^,  précieux  talisman. 


—  524  — 

Un  livre  renfermant  les  plus  touchantes  choses. 
Des  contes   des  réfits  qui  font  couler  les  pleurs; 
Ce  livre,   le  voilà    je  vous  en  f.iis  hommage. 
Les  feuillets  en  sont  d'or  et  parsemés  d<-  fleurs 
Et  le  nom  de  Jésus  gravé  sur  chaque  page. 

('  Si  le  bon  Dieu  bénit  ce  remarquable  travail  dans  la  mesure  de 
nos  religieux  désirs,  dit  «Mgr  l'archevêque  de  Tours,  vous  n'aurez 
qu'à  vous  louer  du  succès  qu'il  obtiendra.  »  Nous  faisons  le  même 
vœu. 

iW.  —  1,  —  Le  comte  Jean  du  Ghandoris  est  un  forçat  innocent. 
Une  terrible  erreur  judiciaire  l'a  fait  condamner  au  bagne  pour  avoir 
voulu  assassiner  son  oncle,  le  Dernier  des  Castel-Magnac.  Une  circons- 
tance fortuite  lui  permet  de  s'échapper  du  bagne,  mais  il  ne  tarderait 
pas  à  retomber  aux  mains  de  la  police,  si  la  Providence  ne  mettait 
sur  sa  route  l'agent  R<nuain  Bélair,  son  compatriote,  qui,  lors  de  son 
procès,  a  cru  à  son  innocence.  Bélair  est  de  l'école  de  Sherlock  Holmes  : 
lin,  dévoué,  hardi,  doué  de  cette  divination  subtile  qui  fait  les  grands 
policiers.  L'histoire  de  ses  recherches  est  agréablement  contée;  non 
moins  mouvementées  sont  les  aventures  du  comte  de  Ghandoris, 
qui  déjoue  avec  peine  les  menées  de  la  police  lancée  à  ses  trousses. 
Jusqu'à  la  dernière  page  du  volume,  l'identité  du  vrai  coupable  reste 
un  mystère,  mais  enfin  tout  s'explique  et  le  jeune  lecteur  assiste 
à  la  réhabilitation  du  comte  Jean  et  au  triomphe  de  l'incomparable 
policier  Romain  Bélair.  L'auteur  écrit  dans  un  style  alerte,  avec  aisance, 
et  l'intérêt  de  son  récit  ne  fléchit  pas.  Ce  roman  aura  certainement 
du  succès  auprès  de  la  jeunesse  à  laquelle  il  est  destiné. 

2.  —  Poiicette,  ou  plutôt  Gisèle  Bûcheron,  pom*  lui  donner  son  vrai 
nom,  est  la  fille  cadette  d'un  ménage  qui  se  trouve  à  peu  près  ruiné 
par  suite  de  la  guerre  de  Guba.  Bien  qu'elle  ait  des  frères  et  des  sœurs 
plus  âgés  qu'elle,  Poucette  est  la  plus  raisonnable  de  la  bande,  et,  dans 
les  malheurs  qui  fondent  sur  les  siens,  c'est  elle,  avec  une  institutrice 
dévouée,  M^^^  Bardois,  qui  met  un  peu  d'ordre  dans  la  nouvelle  ins- 
tallation de  ses  parents.  Malheureusement  Gisèle  n'est  encore  qu'une 
très  petite  fille  et,  un  peu  grisée  par  l'admiration  q  : 'elle  inspire,  elle 
se  lance  dans  une  entrepîise  audacieuse  qui  terrifie  ses  parents  et  lui 
attire  quelques  désagréments,  lesquels  auront  pour  effet  d'assagir 
Poucette,  sans  briser  son  caractère  généreux  et  tout  d'élan.  A  cet 
épisode  qui  faH  le  fond  du  récit,  s'ajoutent  d'autres  incidents  dont  les 
frères  et  les  sœurs  de  Gisèle  sont  les  héros  et  qui  ne  manqueront  pas 
d'intéresser  les  petits  lecteurs  de  huit  à  dix  ans.  Le  nom  de  son  auteur, 
M.  Pierre  Maël,  est  assez  connu  pour  qu'il  soit  inutile  d'ajouter  que 
les  sentiments  en  sont  irréprochables,  les  idées  justes  et  le  style  facile. 

V.  —  i.  —  Petite  Nièce  est  l'histoire  de  Léa  Darbeille,  petite  orphe- 
line qui,  de  l'île  de  Geylan,où  elle  aété  élevée,  est  amenée  à  Paris,  pour 


—  525  — 

y  vivre  daas  le  solem^el  hôtel  de  son  grand-oncle,  le  vieux  savant 
M.  Desmanies.  L'arrivée  de  Léa,  accompagnée  d'un  fidèle  serviteur 
cingalais  et  d'un  éléphant,  cause  une  sorte  de  stupeur  dans  la  tran- 
quille habitation  et  les  allures  de  la  fillette,  volontaire  et  indisciplinée, 
épouvantent  son  grand-oncle.  La  douceur,  un  peu  plaintive,  de  M"^^  Des- 
manies, ravie  d'avoir  une  fdle  à  elle,  finit  cependant  par  gagnei- 
le  cœur  de  l'enfant,  et  l'influence  d'une  voisine  aidant,  l'indomptable 
Léa  se  transforme  en  une  jeune  fille  modèle.  Mais  la  transformation 
n'est  pas  l'œuvre  d'un  jour  et  les  frasques  de  Léa  continueront,  à 
travers  le  volume,  à  faire  la  joie  des  pptitslecteurs,auxquelsla  conteuse 
agréable  qu'est  M^^  Chéron  de  la  Bruyère  donne  d'utiles  leçons  sous 
une  forme  familière. 

2.  —  La  pauvre  Christine,  qui  mérite  d'être  appelée  :  Une  Enfant 
terrible,  puisqu'elle  manque  à  tous  les  usages  de  la  vie  civiUsée,  est 
pourtant  bien  attachante.  Pille  unique  d'un  officier  de  marine,  élevée, 
entre  son  père  et  sa  vieille  bonne,  dans  une  atmosphère  de  tendresse 
indulgente,  elle  se  trouve,  à  la  mort  do  son  père,  transportée  chez  sa 
tante  M™®  Grandier,  sèche  et  déplaisante  personne,  qui  froisse  à 
chaque  instant  la  petite  fille  dont  on  lui  à  imposé  la  garde.  «  Ne  pas 
déranger,  ne  pas  faire  de  bruit  »,  telle  est  toute  la  morale  deM"^^  Gran- 
dier :  à  ce  prix,  son  fils  Alexandre  est  «  bien  élevé  »;  mais,  sous  l'influence 
de  Christine,  le  docile  petit  garçon  se  démoralise  et  se  fait  le  com- 
plice de  l'entreprenante  «  enfant  terrible  ».  L'histoire  de  celle-ci, 
vraiment  amusante,  est  contée  avec  verve,  non  sans  une  pointe  d'émo- 
tion; elle  révèle  une  connaissance  vraie  de  la  mentalité  des  enfants, 
et  aussi  des  grandes  personnes.  Autour  de  Christine  évolue  tout  un 
monde  dont  l'auteur  esquisse  d'une  plume  alerte  les  originahtés  et 
les  défauts  ;  en  somme,  joli  volume,  où  il  y  a  plus  d'idées,  une  psycho- 
logie plus  fine,  et  plus  d'esprit  que  dans  la  plupart  des  livres  pour  les 
petits  enfants. 

3.  • —  Jacques  et  Gina  de  Brides,  privés  de  leur  mère,  sont  élevés, 
tant  bien  que  mal,  par  leur  père  et  leur  vieille  bonne.  La  pre- 
mière partie  du  livre  nous  raconte,  dans  un  style  aisé  et  mouvementé, 
leurs  plaisirs,  leurs  voyages,  leurs  escapades.  Puis  apparaît  Une 
Seconde  Mère,  qui  donne  son  nom  au  volume.  Celle-ci  est  une 
jeune  fille  charmante,  Solange  de  Saint- Rambert,  qui  connaît  déjà 
les  enfants;  mais  cela  n'empêche  pas  les  pauvres  petits,  en  apprenant 
le  mariage  de  leur  père,  de  se  sauver  de  la  maison  pour  échapper  aux 
mauvais  traitements  que  les  sots  propos  des  domestiques  leur  ont 
annoncés.  A  leur  âge  .  on  ne  va  pas  loin;  effrayés  et  confus,  ils  sont 
ramenés  au  château  par  leurs  parents  et,  au  bout  de  peu  de  temps,  la 
bonté  et  le  dévoûment  de  leur  «  seconde  mère»  les  ont  à  jamais  conquis. 
Joli  livre  qui  nous  rappelle  la  manière  heureuâe  de  M™«  de  Ségur. 


—  526  — 

VI.  —  1.  —  Depuis  longtemps  déjà,  le  Patron  Xicklaiis  passe  sa  vie 
sur  le  Danube,  dont  il  connaît  les  moindres  détours;  au  moment  où 
commence  le  récit,  il  part  de  Linz  pour  Budapesth  avec  un  radeau 
de  belle  taille,  chargé  de  plus  de  quaj'ante  mille  florins  de  bois. Quelques 
cabanes  en  planches,  établies  sur  l'immense  train  flottant,  servent 
de  logement  au  capitaine,  à  ses  hommes,  h  la  jolie  Frida,  sa  fille  et  à 
ses  deux  servantes  :  Kunégonde  et  Pétronilla.  En  cours  de  route, 
le  patron  Nicklaus  embarque  quatre  passagers  :  le  premier,  Michel, 
pauvre,  mais  travailleur,  fait  à  tous  les  hal)itants  du  radeau  la  meil- 
leure impression;  il  en  est  diiïéremment  des  autres,  individus  à  la  mine 
suspecte,  qui  finissent  par  forcer  la  caisse  du  patron  pour  en  extraire 
quatre  cents  florins,  avec  lesquels  ils  s'enfuient;  mais  poursuivis  par 
Michel,  les  trois  sacripants  sont  obligés  de  restituer  le  bien  vole.  Ce 
Michel,  qui  rend  au  vieux  Nicklaus  un  tel  service,  se  trouve  être  un 
de  ses  neveux,  que  sa  famille  croyait  mort ,  et  c'est  à  cet  honnêce 
garçon  que  le  patron  confiera  désormais  son  radeau,  en  lui  donnant 
la  main  de  sa  cousine  Frida.  Telle  est  la  trame  du  récit  auquelles  des- 
criptions des  rives  du  Danube  ajoutent  un  charme  réel.  Le  beau 
fleuve  poursuit  son  cours  entre  les  châteaux  et  les  abbayes,  les 
rochers  et  les  forêts,  et  ces  aspects  divers  évoquent  des  légendes,  qui 
enchantent  ou  effraient  tour  à  tour.  Des  incidents  amusants  viennent 
aussi  de  temps,  en  temps,  rompre  la  monotonie  du  voyage,  qui,  mal- 
gré ses  péripéties  dramatiques,  fini+.  le  plus  heureusement  du  monde. 
Joli  livre  d'étrennes,  fort  bien  illustré  par  l'auteur  lui-même,  M. 
Robida,  et  qui  a  l'avantage  de  promener  en  pays  étranger  les  petits 
lecteurs  français;  ils  y  feront  connaissance,  tout  en  se  distrayant, 
avec  une  contrée  aussi  riche  en  souvenirs  qu'en  aspects  imposants  et 
pittoresques. 

2.' — C'est  une  bien  fantasti que  aventure  que  celle  de  Farandole, 
jeune  Français  de  seize  ans  qui,  après  la  mort  de  son  père  à  Venise, 
entreprend  de  regagner  la  Bourgogne,  son  pays  d'origine.  Les  chemins 
de  fer  n'existaient  pas  alors,  les  routes  étaient  peu  sûres,  et,  pour 
comble  de  malheur,  Farandole,  presque  au  départ,  se  laisse  dépouiller 
de  sa  petite  fortune.  D'un  esprit  ingénieux  et  d'un  caractère  hardi, 
le  jeune  homme  ne  se  décourage  pas  pour  si  peu;ilpoursuit  sonchemin, 
accompagné  d'un  prince  oriental,  qu'il  délivre  de  prison  et  qu'il 
protège  contre  ses  ennemis.  Ce  couple  étrange  passe  par  des  aven- 
tures peu  banales,  sur  terre  et  sur  mer,  avant  de  gagner  la  Bourgogne. 
Là,  Fai'andole  retrouve  une  famille,  et  rencontre  dans  le  duc  de 
Bourgogne  un  protecteur,  autant  pour  lui-même  que  pour  le  prince 
Naïva,  dont  il  s'est  constitué  le  gardien.  Il  ne  faut  pas  chercher  la 
vraisemblance  dans  les  Expédients  de  Farandole^  mais  regai'der  plutôt 
ce  volume  comme  un  conte  de  fées,  rempli  de  péripéties  dramatiques» 


—  527  — 

d'aventures  extraordinaires,  de  coïncidences  lieureuses,  racontées 
dans  un  style  facile  et  agrémentées  d'amusantes  illustrations.  Les 
petits  lecteurs  de  huit  à  dix  ans  aimeront  le  héros,  si  plein  de  bonne 
humeur  au  milieu  du  danger. 

VII.  —1.  —  Dans  un  court  Aidant-propos,  M.  Parmentier  présente 
ainsi  son  gracieux  volume  :  La  Coiir  du  Roi  iSo/ei/:»  ...  L'histoire  de  la 
cour  est  facile  à  reconstituer,  car  les  témoignages  écrits  et  figurés  sont 
nombreux  et  de  bonae  qualité;  la  littérature  et  l'art  se  réunissent 
pour  fournir  à  l'auteur  et  au  lecteur  mille  moyens  de  pénétrer  dans 
l'intimité  de  Louis  XIV  et  de  ses  contemporains.  A  l'aide  des  anec. 
dotes  nombreuses  que  l'on  peut  recueillir  dans  les  Mémoires  et  dans 
les  correspondances  de  ce  temps,  en  joignant  aux  textes  une  riche 
illustration  choisie  exclusivement  dans  les  estampes  de  l'époque,  on 
a  essayé  de  tracer  ici  un  tableau  rapide  mais  précis  de  la  vie  de  cour 
au  grand  siècle.  »  Déjà  nous  avons  parlé  de  ce  livre  dans  notre  précé- 
dente livraison  (p.  469)  et  si  nous  devons  rappeler  que  l'auteur  a 
exagéré  en  évaluant  à  «  plus  d'un  demi-milliard  de  notre  monnaie  » 
la  construction  de  Versailles,  nous  n'hésitons  pas,  cela  dit,  à  recon. 
naître  que  la  Cour  du  Roi  Soleil  plaira  à  la  jeunesse,  qui  en  tirera 
profit. 

2.  ■ —  En  un  temps  passionné,  comme  le  nôtre  l'est,  pour  le  théâtre, 
pour  les  sports  et  pour  la  science  appliquée  et  vulgarisée,  on  peut 
sûrement  croire  qu'un  bon  accueil  sera  fait  au  volume  de  M.  Max 
de  Nansouty  :  Les  Trucs  du  théâtre,  du  cirque  et  de  la  foire.  Un  exposé 
clair  et  vif,  mais  précis,  technique,  appuyé  d'utiles  gravures,  met  ses 
lecteurs  dans  le  secret  des  machines  et  procédés  qui  concourent 
à  satisfaire  la  curiosité  et  à  charnier  les  loisirs  de  tant  de  personnes 
de  tout  âge  et  de  toute  condition,  et  leur  fait  voir,  pour  ainsi  dire, 
"  le  dessous  des  cartes  ».  Après  un  chapitre  préliminaire  :  «  La  Scène, 
les  dessous,  les  cintres,  les  décors  »,  l'auteur  passe  en  revue  les  sujets 
suivants  :  I.  Petits  Trucs  et  grands  trucs.  II.  L'Emploi  des  miroirs. III. 
Les  Illusions.  IV.  Trucs  de  physique.  Y .  Grands  Mécanismes.  M. 
Grande  Acrobatie.  VII.  Paiitomimes.  VHI.  L'Art  de  se  grimer  et  de  se 
travestir.  IX.  Le  Costume  des  gymnastes  et  des  acrobates.  X.  Les 
Jeux  japonais.  XL  Les  Automates.  XII.  Cinématographie.  XIII. 
Jouets  et  petits  trucs.  —  Ce  petit  livre  sera  goûté  et  il  nous  paraît 
mériter  de  l'être. 

3.  — Le  petit  livre  de  M.  Charles  Morice  :  Pourquoi  et  Comment  visiter 
nos  musées,  est  de  ceux  qui,  dajis  leur  format  restreint,  contiennent 
infiniment  plus  que  certains  prétentieux  in-quai'tos.  Dérouté  pai'mi 
les  amas  de  merveilles  que  lui  présentent  les  musées,  le  visiteur  sent 
la  nécessité  de  principes  nets  et^  d'une  direction  logique  qui  débrouille 
le  chaos;  cette  direction,  ces  principes  lui  sont  offerts  pai"  un  critique 


—  528  — 

d'art  qui  est  en  même  temps  un  poète.  M.  Charles  Morice  a  vécu 
dans  l'intimité  d'un  grand  artiste,  Eugène  Carrière,  dont  la  conversa-, 
tion  fut  admirablement  réfléchie  et  féconde;  on  en  retrouvera  le  sou- 
venir dans  ses  pages  si  fines  et  délicates.  Son  livre  sera  pour  les  jeunes 
gens  une  excellente  préface  à  leurs  promenades  au  Louvre  et  au  Lu- 
xembourg; et,  ce  qui  permet  d'en  faire  d'économiques  mais  agréables 
étrennes,  c'est  une  illustration  aussi  bien  exécutée  que  choisie,  telle 
qu'on  était  en  droit  de  l'attendre  de  la  librairie  Armand  Colin. 

4.  —  En  décembre  1907  (t.  CX,  p.  519),  nous  avons  présenté  Poil  et 
Plume,  de  M.  Emile  Maison.  Voici  un  pendant  à  cet  ouvrage  :  Gros  et 
petits  Poissons  (récits  de  pêche),  qui  se  recommande  par  les  mêmes 
qualités.  L'auteur,  qui  a  débuté  jeune  dans  la  «  carrière  »,  connaît 
admirablement  "son  sujet.  Il  a  péché  sous  toutes  les  latitudes;  soit  à 
la  ligne,  soit  au  moyen  d'engins  variés,  il  a  accompU  plus  d'un  exploit 
dans  les  rivières  de  France,  d'Ecosse,  de  Chine,  du  Canada,  etc.  Mais  là 
ne  s'est  pas  borné  sa«  maîtrise  »;  il  a  aussi  péché  dans  bien  des  mers,  et 
soit  qu'il  donne  des  renseignements  précis  pour  arriver  à  des  résultats 
avantageux,  soit  qu'il  conte  des  histoires  et  des  anecdotes  il  reste  tou- 
jours intéressant.  Livre  d'étrennes  qui  sera  fort  apprécié  des  jeunes 
gens  et  qui,  à  n'en  pas  douter,  charmera  tous  les  âges.      Visenot. 

Hf.  B.  ■ —  Dans  notre  prochaine  livraison  nous  analyserons  les  ou- 
vrages suivants  qui  nous  arrivent  trop  tard  pour  qu'il  en  soit  question 
actuellement  :  Le  Palais  des  beaux-arts  de  la  ville  de  Paris  (Petit 
Palais),  par  Henry  Lapauze.  Paris,  Lucien  Laveur,  1910,  in-4  de 
viii-312  p.,  avec  246  illustrations  dont  28  hors  texte.  Broché,  30  fr. ; 
reliure  amateur,  40  fr. —  Vers  Jérusalem,  par  Henri  Guerlin.  Tours, 
Mame,  s.  d.  (1910),  petit  in-folio  de  252  p.,  illustré  de  150  photographies 
de  l'auteur  et  de  nombreux  croquis  à  la  plume.  Broché,  9  fr.  ;  reliure 
bradel  fantaisie,  12  fr. —  La  Défense  de  Paris.  Armées  du  Nord,  des 
Vosges  et  de  l'Est.  Siège  de  Paris,  par  Jules  Mâzé.  Tours,  Mame, 
s.  d.  (1910),  petit  in-folio  de  318  p.,  orné  de  63  grav.  Broché,  couver- 
tures en  couleurs,  7  fr.;  reliure  percaline,  plaque  or  et  couleurs,  tr. 
dorées,  9  fr.  —  L'Angleterre,  depuis  son  origine  jusqu'à  nos  jours^ 
par  E.  DE  MoussAG.  Tours,  Mame,  s.  d.  (1910),  in-4  de  398  p.,  orné 
de  75  grav.  Broché,  couverture  chromo,  5  fr.  75;  relié  percaline, 
plaque  spéciale,  tr.  dorées,  8  fr.  50. —  La  Bienheureuse  Jeanne  d'Arc, 
par  l'abbé  E.  Vaugelle.  Tours,  Mame,  s.d.  (1910),  in-4  de  322  p., 
orné  de  40  grav.  Broché, couverture  chromo,  3fr.20;  reliure  percaline, 
plaque  spéciale,  tr.  dorées,  5  fr. 


—  529  — 

THÉOLOGIE 

Hyinnes  et  proB<^8  inédites  de  Claude  Santé ul,  publiées  par  le 
chanome  Ulysse  Chevalier.  Paris,  A.  Picard  et  fils,  1909,  in-8  de 
xx-375  p.  {Bibliothèque  liturgique,  t.  XII.) —  Prix  :  10  fr. 

Le  nom  de  Santeul  n'évoque  guère  à  notre  souvenir  que  la  figure 
du  fameux  Victorin  aussi  célèbre  par  ses  vers  latins  que  par  ses  excen- 
tricités, de  cet  «  enfant  en  cheveux  gris  »  qui  a  servi  de  type  au  Théodas 
de  La  Bruyère  et  que  Boileau  ne  pouvait  entendre  déclamer  ses 
hymnes  sans  penser  voir  «  un  diable  »  que  Dieu  force  à  louer  ses  saints. 
Et  cependant  Jean  Santeul  ne  fut  pas  le  seul  poète  de  sa  famille. 
Sans  parler  de  son  neveu,  l'échevin  de  Paris,  Claude  Santeul,  dont 
on  publia  en  1722  un  recueil  d'hymnes,  il  avait  un  frère  aîné,  appelé 
aussi  Claude,  esprit  beaucoup  plus  rassis  que  lui,  et  qui,  tout  en  restant 
simple  clerc  tonsuré  et  se  dérobant  par  modestie  aux  honneurs  de  la 
prêtrise,  demeura  longtemps  pensionnaire  au  'séminaire  de  Saint-Ma- 
gloire,  d'où  il  reçut  le  surnom  de  Maglorien  comme  Jean  de  Victorin. 
Claude  aussi  faisait  des  vers  latins,  et  son  talent  était  apprécié  de  ses 
contemporains;  c'est  à  lui  que  l'archevêque  de  Paris  François  de 
Harlay  demanda  de  composer  l'hymnologie  de  son  nouveau  bréviaire  ; 
et  si  le  travail  fut  accompli  par  Jean  et  non  par  lui,  c'est  que  lui-même 
fit  agréer  son  frère  pour  le  remplacer,  voulant  le  détourner  par  là 
de  la  poésie  profane;  d'ailleurs  quelques  hymnes  de  Claude  furent 
insérées  également  dans  la  nouvelle  hturgie.  En  outre,  il  en  a  laissé  en 
manuscrit  un  nombre  considérable  qui  font  précisément  l'objet  de 
la  publication  que  nous  annonçons  ici.  Un  des  recueils  qui  les  a  con- 
servées dit  que  la  plupart  étaient  chantées  dans  diverses  éghses; 
M.  le  chanoine  Chevalier,  qui  a  vu  et  dépouillé  un  nombre  si  considé- 
rable de  livres  liturgiques,  assure  qu'elles  ne  figurent  dans  aucun. 

Tandis  que  rien  ne  nous  permet  d'apprécier  les  qualités  qui  avaient 
valu  à  Claude  Santeul  les  surnoms  de  Santeul  en  prose,  Santeul  le 
philosophe,  ni  les  raisons  qui  faisaient  recourir  à  sa  doctrine  et  à  son 
jugement  des  savants  aussi  consommés  que  les  bénédictins,  des  esprits 
aussi  critiques  que  Jean  de  Launoi,  ce  vaste  recueil,  bien  mieux 
que  les  quelques  hymnes  imprimées  dans  l'ancien  Bréviaire  de  Paris, 
permettront  d'apprécier  la  souplesse  de  son  talent  et  cette  onction 
et  cette  simplicité  que  vantait  chez  lui  Dom  Guéranger.  Ce  n'est  pas 
que  toutes  les  pièces  en  soient  également  dignes  de  louange:  quelques- 
unes  sont  demeurées  inachevées,  Claude  étant  mort  avant^'d'avoir  pu 
mettre  la  dernière  main  à  son  recueil.  Quelques  pièces  ont  dû  être 
remaniées;  c'est  ainsi  —  je  suis  surpris  que  le  savant  éditeur  n'en  ait 
pas  fait  la  remarque,  —  que  l'hymne  298  à  saint  Éloi  a  fourni  dans  les 
hymnes  traduites  par  Charles  Perrault,  avec  de  légères  modifications, 
DÉCEMBRE  1909.  T.  CXVi.  34. 


—  530  — 

les  2  premières  strophes  de  l'hymne  471  (str.  5-6  de  l'hymne  298)  et  les 
strophes  3-4  de  l'hymne  472  (str.  3-4  de  298).  Claude  Santeul  n'hésitait 
pas  d'ailleurs  à  reproduire  d'une  hymne  à  l'autre  telle  tournure,  tel 
hémistiche,  tel  membre  de  phrase  qui  sans  doute  lui  avait  plu  davan- 
tage. Entre  quelques  exemples  qiie  j'en  ai  relevés,  je  n'en  alléguerai 
ici  qu'un  seul  :  dans  l'hymne  2  (p.  1)  il  dit  à  N.  S.  :  Tôt  expetite 
saeculis  Terrisque  tôt;  dans  l'hymne  106  (p.  63),  il  applique  la  même 
expression  à  sainte  Anne  :  Tôt  expetita  saeculis  [Terrisque  tôt. 

Dans  son  intéressante  Introduction,  M.  le  chanoine  Chevalier 
insiste  sur  l'austérité  du  Maglorien,  qui  le  faisait  s'indigner  contre 
l'emploi  de  la  mythologie  païenne  dans  les  vers  chrétiens;  il  est  cu- 
rieux de  remarquer  qu'il  n'a  pu  se  défaire  complètement  lui-même 
de  souvenirs  mythologiques  si  chers  à  son  siècle  :  l'Érèbe,  le  Styx, 
l'Averne,  l'Orcus,  l'Olympe  reviennent  assez  souvent  sous  sa  plume. 

La  pubUcation  faite  avec  tout  le  soin  qu'on  peut  attendre  d'un  aussi 
excellent  érudit  que  M.  le  chanoine  Chevalier  n'est  pas  seulement 
intéressante  au  point  de  vue  liturgique,  c'est  un  document  précieux 
pour  l'histoire  de  la  poésie  latine  au  xvii^  siècle.        E.-G.  Ledos. 


SCIENCES  ET  ARTS 

El  Sisteraa  cientifico  SLiiliano.  Ars  lUagna,  ex|»9siciéii  y 
crîtica'  por  D.  Salvador  Bové.  Barcelona,  typographia  catôlica,  1907, 
in-8  de  LXYiii-596  p.  —  Prix:  10  fr.j 

Raymond  Lulle  était  Espagnol  et  Catalan  :  il  est  donc  assez  naturel 
qu'un  prêtre  de  cette  contrée  se  soit  entliousiasmé  des  œuvres  de  ce 
philosophe,  qui  n'a  pas  conquis  une  influence  durable  sur  la  philoso- 
phie classique  du  moyen  âge,  mais  qui  n'en  a  pas  moins  été  un  esprit 
d'une  grande  puissance  et  d'une  immense  érudition.  M.  Salvador 
Bové  n'est  pas  le  seul,  du  reste,  qui  s'intéresse  à  tirer  de  l'oubli  le  sys- 
tème du  grand  Catalan.  Ils  sont  une  pléiade  s'occupant  de  faire  une 
nouvelle  édition  des  oeuvres  de   Raymond  Lulle,  comme  d'autres 
essaient  de  restaurer  Duns  Scot,  l'adversaire  du  thomisme.  Le  présent 
volume,  si  fort  qu'il  soit,  n'est  qu'une  Introduction  à  l'édition  préparée. 
Raymond  Lulle  s'inspirait  à  la  fois  d'.^ristote  et  de  saint  Augustin; 
il  avait  la  subtilité  d'argumentation  du  premier  et  les  tendances  mys- 
tiques du  second.  Il  conciUait  ces  deux  tendances  par  son  système 
de  l'ascension  de  l'esprit  vers  la  vérité,  où  il  suivait  plutôt  la  logique 
d'Aristote  et  sa  descente  de  la  vérité  première  conquise  aux  vérités 
particulières,  où  il  s'inspirait  plutôt  de  Platon  ^t  de  saint  Augustin. 
Cotte  seconde  partie  est  sa  grande  originalité.  M.  Bové  ne  veut  pas 
qu'il  ait  rien  emprunté  aux  Arabes.  Cela  peut  être  vrai  de  sa  philoso- 
phie; mais  dans  la  vaste  encyclopédie  de  Raymond  Lulle  qui  a  traité 


—  531  — 

de  toutes  les  sciences,  il  nous  parait  bien  difficile  qu'il  n'ait  pas  em- 
prunté souvent  aux  Arabes,  beaucoup  plus  avancés  que  nous  à  cette 
époque  dans  les  sciences  physiques  et  médicales.  Il  savait  tout  ce 
que  l'on  savait  de  son  temps;  pourquoi  n'eût-il  pas  pris  son  bien  où 
il  le  trouvait?  D.  V. 

Clii»iîe  agricole,  cltîmîe  végétale,  par  Gustave  André.   Paris, 
Baillière,  1909,  in-18  de  xii-560  p.  —  Prix  :  5  fr. 

La  science  chimique  a,  depuis  un  certain  nombre  d'années,  fait  des 
progrès  de  géant,  et  tous  les  jours  elle  progresse  de  plus  en  plus  dans 
ses  découvertes.  Elle  scrute,  analyse,  se  rend  compte  de  tout  dans 
la  nature  et,  peu  à  peu,  expUque  tous  les  phénomènes  qu'elle  constate. 
Elle  reconnaît  bien  que  sur  quelques  points  il  reste  encore  des  mystères 
à  percer;  mais  ses  découvertes  sont  déjà  fort  avancées,  si  on  les  com- 
pare à  ce  que  nous  savions  il  y  a  peu  de  temps  encore. 

Les  premiers  chapitres  traitent  de  la  matière  végétale,  de  ses 
éléments  divers,  des  principes  de  la  formation  et  du  développement 
des  plantes  et  de  ses  diverses  parties.  Composition  de  chacune 
d'elles,  rôle  de  la  respiration,  comment  elles  s'assimilent  les  sub- 
stances que  l'air  et  le  sol  mettent  à  leur  disposition,  forment  autant 
de  chapitres  importants  et  complets,  dans  lesquels  on  suit  tous  les 
phénomènes  de  leur  croissance  et  de  leur  vie.  Ajoutons  que,  bien 
que  l'auteur  ait  voulu  écrire  un  «  ouvrage  essentiellement  élémen- 
taire »,  il  sera  surtout  utile  à  ceux  qui  auront  déjà  franchi  les 
débuts  de  la  science  et  sont  désireux  de  pénétrer,  sous  un  guide 
indiscutable,  fort  avant  dans  les  difficultés  qu'elle  présente.  On  y 
trouvera  exposé  avec  compétence  tout  ce  que  l'esprit  humain  a  pu 
reconnaître  dans  l'application  des  lois  de  la  nature  et  les  divers  ré- 
sultats qu'elles  entraînent  dans  leurs  combinaisons  infinies. 

G.  DE  S. 


Kia  narine.  lie  Haut  Coininancleinent,  me»  fautes,  sa 
réforme,  par  L.-M.  V.  et  E.  Liron.  Paris,  Chapelet,  1909,  in-12  de 
iv-144  p.  —  Prix  :  2  fr.  50. 

Cet  intéressant  volume,  pour  lequel  M.  C.  Humbert,  député,  a 
écrit  une  brève  et  substantielle  préface,  a  paru  il  y  a  déjà  quelques 
mois,  et,  cependant,  il  est  toujours  vrai,  toujours  d'actualité.  Le 
ministre  a  changé,  les  Directions  également;  mais,  hélas!  les  fautes 
n'ont  pas  disparu,  les  errements  néfastes  ont  à  peine  été  modifiés, 
l'espoir  un  instant  caressé  s'est  évanoui  et  on  se  demande  avec  an- 
xiété comment  une  si  grande  bonne  volonté,  une  telle  compétence 
produisent  si  peu,  quel  sort  a  été  jeté  sur  la  marine  française  pour 
l'empêcher  de  sortir  de  la  «  souille  »  vaseuse  où  elle  est  échouée.  L'on- 


—  532  — 

vrage  que  nous  avons  sous  les  yeux  pose  bien  la  question,  montre 
les  fautes  commises,  une  partie  de  ces  fautes  seulement,  mais  il  est 
plus  bref  lorsqu'il  s'agit  d'indiquer  le  remède.  Et,  en  efîet,  si  les  auteurs 
consacrent  97  pages  à  exposer  les  fautes,  34  à  en  rechercher  les  origines, 
13  suffisent  pour  indiquer  le  remède  :  c'est  vraiment  peu.  Cependant, 
malgré  cette  répartition  des  chapitres,  inégale  mais  bien  compréhen- 
sible, car  si  la  critique  est  aisée,  l'art  est  difricile,cette  étude  sur  la 
marine  vaut  d'être  lue  et  méditée.  C'est  une  collaboration  des  plus 
utiles  à  la  recherche  du  problème  naval  qui  hante  actuellement  tant 
de  bons  esprits.  Les  fautes,  principalement  celles  qui  sont  imputables 
à  la  direction  de  l'artillerie,  sont  bien  exposées,  quoique  sans  vues 
d'ensemble  suffisantes,  avec  une  recherche  trop  grande  des  détails, 
des  petits  faits.  Le  chapitre  consacré  à  l'étude  de  l'origine  des  fautes 
est  moins  intéressant  parce  que,  dès  les  premières  pages,  on  découvre 
sans  peine  un  parti  pris  aussi  injuste  que  regrettable  qui  oblitère 
forcément  le  jugement  des  écrivains.  Que  penser  de  l'impartialité 
d'officiers  qui  pai'ient  de  l'action  dans  la  marine  de  la  Société  se- 
crète(  ?)  de  saint  Vincent  de  Paul  1  Les  auteurs  ont  vraiment  raison  de 
mettre  à  la  base  des  réformes  la  transformation  des  écoles  et  de  leur 
recrutement,  puisque  les  écoles  actuelles  ont  contribué  à  la  formation 
d'une  telle  mentalité  d'officiers  !  J.  C.  T. 


LITTÉRATURE 


Programme  et  métliodes  de  la  linguistique  théorique. 
Psychologie  cl«i  langage,  par  Ch. -Albert  Sechehaye.  Paris, 
Champion,  1908,  in-8  de  xix-267  p.  —Prix:  7  fr.  50. 

Cet  ou\Tage  est  fort  abstrait;  il  contient  beaucoup  de  philosophie, 
et  il  dépasse  souvent  les  hmites  do  ce  qu'on  appelle  d'ordinaire  la 
linguistique.  Il  est  ordonné  d'après  une  certaine  doctrine  de  «  l'em- 
boîtement »  des  sciences,  ou  des  parties  des  sciences,  les  unes  dans  les 
autres,  qui  est  plus  philosophique  et  plus  complexe  qu'une  simple 
classification. 

M.  Sechehaye  se  rattache  à  Wundt,  l'auteur  do  la  Psychologie  du 
langage  parue  en  1900;  mais  il  pense  que  son  œuvre  est  incomplète, 
et  il  lui  reproche  de  n'avoir  pas  compris  l'importance  du  problème 
grammatical.  Quant  à  lui,  il  distingue  l'étude  du  langage  en  tant 
qu'elle  dépend  de  la  psychologie  collective  ou  de  la  psychologie 
individuelle,  le  langage  avant  la  grammaire  et  le  langage  organisé* 
il  étudie  la  genèse  du  symbole  et  son  évolution;  surtout  il  parait 
préoccupé  des  relations  de  la  sémantique  et  de  la  syntaxe;  les  lignes 
que  j'extrais  ici  (p.  242)  résument  ses  idées  sur  ce  sujet  :  «  Le  phéno- 
mène sémantique  existe  souvent  seul;  dans  bien  des  cas  cependant 
il  est  un  acheminement,  une  préparation  à  un  phénomène  d'évolutitn 


—  533  — 

syntactique.  Toutefois  l'évolution  syntactique,  quand  elle  se  produit, 
implique  toujours  un  nouveau  phénomène  sémantique;  mais  il  faut 
remarquer  que,  dans  ce  fait  complexe,  le  facteur  sémantique  est  le 
facteur  déterminant,  car  c'est  lui  qui  a  la  priorité  psychologique.  » 

Je  crois  que  les  linguistes  adonnés  à  l'étude  technique  des  langues 
trouveront  ce  livre  bien  théorique  et  peu  utile;  mais,  à  le  considérer 
au  point  de  vue  philosophique,  il  est  sans  nul  doute  méritoire,  pro- 
fondément pensé,  et  il  peut  plaire  à  quelques  esprits. 

Baron   Carra   de   Vaux. 


Pages  françaises,  par  Paul  Déboulède,  précédéfs  d'un  Essai  par 
JÉRÔME  et  Jean  Tharaud.  5®  édit.  Paris,  Blond,  19C9,  in-16  de 
Lx-404  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

M.  Paul  Déroulède  est  une  figure  bien  populaire.  Même  ses  adver- 
saires, qui  trouvent  de  la  chimère  dans  l'économie  de  ses  conceptions 
politiques,  s'accordent  à  reconnaître  qu'il  représente  avec  beaucoup 
d'allure,  de  sincérité  et  de  générosité  chevaleresque  certaines  des  plus 
estimables  qualités  de  l'âme  française  :  la  bravoure,  entre  autres,  et 
le  patriotisme.  Sa  carrière,  que  MM.  Jérôme  et  Jean  Tharaud  nous 
retracent  en  historiens  psychologues  de  l'école  de  Barrés,  est,  sous 
de  multipbs  incidents,  d'une  parfaite  unité.  Son  œuvre,  dont  les 
meilleures  pages  sont  réunies  dans  ces  morceaux  choisis,  est  d'une  ins- 
piration simple,  forte,  saine,  très  bien  adaptée  à  l'âme  populaire, 
qu'elle  vise.  On  retrouvera  ici  le  Clairon,  le  Turco,  le  Bon  Gîte  et  autres 
morceaux  célèbres  des  Chants  du  soldat,  des  Marches  et  sonneries 
des  Refrains  militaires  et  des  Chants  du  paysan;  des  scènes  de  l'Het- 
man,  de  la  Moahite,  de  Messire  Du  Guesclin,  de  la  Mort  de  Hoche;  des 
discours  prononcés  par  le  président  de  la  Ligue  des  patriotes  ;  des  récits 
tirés  des  Feuilles  de  route  (1870-1871),  tantôt  amusants,  tantôt  poi- 
gnants, toujours  animés;  au  total,  des  rythmes  naïfs  et  prime-sau- 
tiers,  des  paroles   éloquentes   et   patriotiques.  L.  C. 


HISTOIRE 


lies  Soiirees  de  riiistoire  de  France  depuis  les  origines 
jusqu'en    1**I5.    Deuxième   partie.    JLe   X.%  le  siècle   (1  lOl- 

1610),  par  H.  Hauser.  II.  François  I"  et  Henri  II  (iol5-1ao9). 
Manuels  de  bibliographie  historique.  III.  Paris,  A.  Picard  et  fils,  1909, 
in-8  de  xv-201  et  6  p.  —  Prix  :  5  fr. 

En  annonçant  ici  [Polybiblion  de  février  1907,  t.  CIX,  p.  169-170) 
le  premier  volume  de  l'ouvrage  consacré  par  M.  Henri  Hauser  aux 
sources  de  l'histoire  de  France  pendant  le  xvi*^  siècle,  nous  avons 
déjà  indiqué  les  difficultés  de  l'entreprise  et  le  bonheur  avec  lequel 
M.  Hauser  s'en  était  tiré. 


—  534  — 

Avec  les  règnes  de  François  I'^''  et  de  Henri  II,  dont  s'occupe  le 
présent  volume,  les  difficultés  ne  diminuent  point.  Comme  l'obser- 
vait, dès  1891,  M.  Lemonnier,  François  I^^  est  très  célèbreet  mal  connu; 
Henri  II,  ajoute  M;  Hauser,  est  «  presque  inconnu  et  peut-être  mé- 
connu ».  Il  semblerait  qu'une  époque  aussi  considérable  que  ce  siècle  de 
la  Renaissance  et  de  la  Réforme  aurait  dû  attirer  davantage  l'attention 
des  travailleurs  :  on  s'en  est  occupé  assurément  et,  dans  ces  dernières 
années,  on  s'est  davantage  soucié  de  mieux  connaître  cette  époque  ; 
mais  l'on  est  loin  encore  d'avoir  déblayé  le  terrain;  l'outillage  même 
dont  on  dispose  est  assez  imparfait,  et,  à  maintes  reprises,  dans  ce 
volume  que  nous  avons  sous  les  yeux,  M.  Hauser  est  obligé  de  formuler 
le  même  reproche,  d'exprimer  le  même  regret  :  nous  n'avons  pas  encore 
d'édition  critique. 

A  côté  des  sources  narratives,  M.  Hauser  a  dû  faire  dans  son  réper- 
toire une  place  plus  large  aux  recueils  de  documents  et  l'on  ne  peut  guère 
le  lui  reprocher.  Une  source  dont  il  a  dû  tenir  largement  compte,  bien 
que  là  un  choix  s'imposât,  ce  sont  les  œuvres  des  publicistes.  La  pu- 
blicistique,  même  officielle  ou  officieuse,  se  multiplie  singulièrement 
au  XV  i^  siècle  et  il  est  impossible  de  la  négliger  à  qui  veut  se  faire 
une  idée  exacte  des  choses. 

La  tâche  de  M.  Hauser  était  ardue  et  compliquée;  l'on  pourra  dans 
le  détail  le  chicaner  sur  tel  ou  tel  point  ;  il  ne  parait  pas  qu'il  ait  rien 
omis  d'essentiel.  L'on  ne  saurait  avoir  trop  de  reconnaissance  à  un 
érudit,  dont  le  temps  est  déjà  pris  en  partie  par  des  obligations  pro- 
fessionnelles, de  se  Uvrer  à  un  labeur  aussi  considérable  et  assez  in- 
grat pour  le  plus  grand  profit  des  travailleurs.  E.-G.  Ledos. 


Recueil  de.«i  aete«  dai  <'oniité  de  salut  |»ublie  ,  aTec  la 
Correspondauce  officielle  des  repréiientautii  en  miiision 
et  le  Kegistre  dn  C'oMseil  ex.éeutfi  provitgoire,  publié  par 
F.-A.  AuLARD.  T.  XVIII.  7  novembre  1794  ( /7  brumaire  an  III)- 
20  décembre  f794  {50  frimaire  an  III).  Paris,  Leroux,  1908,  in-8  de 
xxxi-850  p.  —  Prix  :  14  fr.  50. 

Dans  l'Avertissement  placé  en  tête  de  ce  volume,  M.  Aulard  répond 
aux  objections  qui  lui  ont  été  faites  sur  la  publication  des  tomes  pré- 
cédents. Il  explique  les  raisons  qui  l'ont  déterminé  à  ne  donner  parfois 
que  des  analyses  au  lieu  des  documents  complets;  il  annonce  la  pré- 
paration d'une  Table  générale  alphabétique  et  analytique. 

Le  tome  dix-huitième  de  ce  recueil  se  recommande  plus  par  la  cor- 
respondance des  représentants  en  mission  que  par  les  actes  du  Comité 
de  salut  public;  ce  dernier,  depuis  le  7  fructidor  an  II,  s'occupe  surtout 
d'affaires  militaires.  A  signaler  cependant,  à  la  date  du  11  novembre 
1794  (p.  69),  la  fermeture  du  club  des  jacobins,  prononcée  par  les  co- 
mités réunis. 


—  535  — 

Les  représentants  en  mission,  ou  bien  nous  renseignent  sur  les  opé- 
rations des  armées  de  la  République  aux  Pyrénées-Orientales,  aux 
armées  du  Rhin  et  de  la  Moselle,  du  Nord  et  de  Sambre-et-Meuse, 
des  c^ôtes  de  Brest  et  de  Cherbourg,  ou  bien  nous  informenc  de  l'état 
d'esprit  des  populations  dans  différents  départements. 

Dans  ces  deux  derniers  mois  de  1794,  deux  faits  retiennent  particu- 
lièrement l'attention  :  d'abord  l'empressement  et  le  zèle  des  représen- 
tants à  épurer,  dans  les  départements,  les  sociétés  populaires,  à  dé- 
truire l'influence  des  comités  révolutionnaires,  à  chanter  les  louanges 
de  la  Convention  nationale;  ensuite,  les  mesures  prises  ou  à  prendre 
pour  terminer  la  guerre  de  Vendée.  On  trouve  (p.  452-458)  un  long 
rapport  des  représentants  députés  à  la  Convention  par  les  départe- 
ments de  l'Ouest,  qui  expose  la  nécessitédeconquérircesdépartements 
par  la  persuasion  plutôt  que  pai'  les  armes  ;  pages  535-540,  on  lit  la 
proclamation  des  représentants  du  peuple  délégués  près  de  l'armée 
de  l'Ouest. 

Des  notes  courtes  et  précises  éclaircisscntlalecturc  de  ces  documents 
si  abondants  et  si  curieux.  G.  P. 

Paris  BOUS  les  premiers  Capétiens  (9S 9-1^*^3).  Étude  de 
topographie  historique,  par  Louis  Halphen.  Paris,  Leroux,  1909, 
in-8  de  123  p.,  avec  16  %.  dont  4  hors-texte,  et  un  atlas  in-folio  de 
11  planches,  cartonné,  —  Prix  :  9  fr.  50. 

Il  y  a  lieu  de  signaler  l'apparition  du  premier  volume  d'une  Biblio. 
thèqiie  d'histoire  de  Paris  publiée  par  les  soins  de  l'Administration 
municipale.  Cette  nouvelle  série  est  tout  à  fait  distincte  de  la  collection 
in-quarto,  dite  Collection  çerte,  qui  est  publiée,  aussi,  par  le  service  des 
Travaux  historiques  de  la  ville  de  Paris,  mais  sous  le  contrôle  d'une 
Commission  spéciale  instituée  en  1866  par  le  baron  Haussmann,  et 
qui  fonctionne  actuellement  sous  la  présidence  de  M.  Léopold  Delisle; 
elle  doit  comprendre,  paraît-il,  les  ouvrages  qui,  par  leur  nature  ou 
une  moindre  importance  matérielle,  ne  rentrent  pas  dans  le  programme 
de  son  ainée. 

C'est  M.  Louis  Halphen  qui  a  inauguré  cette  nouvelle  collection 
par  une  étude  très  serrée  et  très  consciencieuse  du  peu  que  l'on 
sait  sur  l'ancienne  topographie  parisienne  dans  la  période  qui  s'étend 
du  x^  au  xiii^  siècle.  Reprenant  les  travaux  anciens,  tels  que  ceux 
de  Géraud,  de  Bounardot,  de  Vacquer,  d'Hochereau  ou  de  Bournon 
(pour  ne  citer  que  des  morts),  les  soumettant  à  une  critique  très 
sévère,  rectifiant  les  un,s,  complétant  les  autres,  et  y  joignant  le  résultat 
de  ses  recherches  personnelles,  qui  est  considérable,  M.  Louis  Halphen 
apporte  une  très  importante  contribution  à  l'histoire  du  Paris  de 
PhiHppe-Augustp.  Ce  mince  volume,  qui  contient  beaucoup  plus  que 


—  536  — 

sa  modeste  apparence  ne  le  promet,  se  termine  par  une  Nomenclature 
des  rues,  lieux-dits  et  monuments  à  cette  époque  reculée;  les  travailleurs 
apprécieront  toute  la  valeur  et  l'utilité  de  cette  liste,  que  de  nouvelles 
trouvailles  pourront  peut-être  augmenter,  mais  qui,  du  moins,  a  le 
mérite  d'avoir  été  exclusivement  dressée  au  moyen  de  documents 
contemporains.  L'atlas  de  grand  format  qui  accompagne  le  texte 
(inconvénient  bibliothéconomique  et  bibliographique  auquel  il  eût  été 
difficile  d'obvier)  renferme  d'intéressantes  restitutions  topographiques 
tracées  par  différents  érudits,  et  complète  très  heureusement  la  sa- 
vante dissertation  à  laquelle  il  est  joint.  Paul  Lacombe. 


Histoire  de  la  paroisse  Saint- Ani brosse  de  Popiiieourt, 

par  A.  Marcel  et  J.  Garin.  Paris,    LecofTre,   Gabalda,    1909,  in-16  de 
v-592  p.,  avec  de  nombreux  plans,  portraits  et  vues.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Voici  un  livre  comme  il  serait  désirable  qu'il  en  fût  écrit  un  sur 
chacune  des  paroisses  de  Paris.  Les  auteurs  se  sont  partagé  le  travail  : 
dans  les  115  premières  pages,  ]\L  A.  Marcel  raconte  l'histoire  civile  et 
municipale  du  quartier  Saint-Ambroise;  puis,  il  passe  la  main  à  M.  l'abbé 
Garin  qui  raconte  avec  une  grande  richesse  de  détails  les  destinées  de 
cette  chapelle  des  Annonciades,  érigée  en  église  paroissiale  par  la  cons- 
titution civile,  fermée  et  transformée  en  brasserie  sous  la  Terreur, 
rouverte  au  culte  en  1800  et  devenue  le  centre  d'une  des  paroisses  les 
plus  populeuses  de  Paris. 

Un  ancien  curé  de  Saint-Ambroise,  l'abbé  Gaudreau,  depuis  archi- 
prêtre  de  Notre-Dame,  avait  fait  jadis  une  étude  monographique  do 
,  son  église,  mais  c'était  pom*  son  successeur  une  difficulté  de  plus,  car 
les  inexactitudes  fourmillent  dans  le  petit  volume  àa  M.  Gaudreau;  il 
s'agissait  bien  plus  de  rectifier  que  d'utiliser,  besogne  ingrate  dont 
M.  l'abbé  Garin  s'est  tiré  en  faisant  preuve  d'un  esprit  critique  très 
droit  et  très  prudent. 

Ses  notices  sur  les  divers  curés  de  la  paroisse  sont  des  modèles  de 
précision  et  d'exactitude;  les  quelques  épisodes  historiques  sont  traités 
avec  une  méthode  très  sûre.  Le  passage  de  l'abbé  d'Hulst  à  Saint-Am- 
broise fournit  la  matière  d'un  chapitre  singulièrement  émouvant  et  les 
événements  contemporains,  comme  la  journée  des  inventaires  en  1£06, 
les  deux  expulsions  des  Pères  rédemptoristes,  les  procès-verbaux 
pour  «  délit  de  messe  »,  sont  racontés  avec  beaucoup   de    chaleur. 

En  général,  la  documentation  est  fort  soHde;  j'aurais  demandé  que 
les  pièces  officielles  fussent  citées  d'après  d'autres  sources  que  des 
compilations  de  seconde  ou  de  troisième  main  ;  mais  les  citations  sont 
exactes,  et  c'est  le  principal. 

La  première  partie,  écrite  par  M.  Marcel,  est  traitée  avec  une  indis- 
cutable compétence;  le  défaut  de  cette  collaboration  est  que  les  deux 


—  537  — 

auteurs  s'ils  se  complètent  souvent,  se  répètent  parfois; heureusement 
ils  ne  se  contredisent  pas  ! 

Je  répète  qu'il  est  à  souhaiter  qu'un  aussi  bon  exemple  soit  suivi  et 
que  bientôt  nous  ayons  sur  les  éghses  de  Paris  autre  chose  que  des 
notices  suporficielhs  ou  des  monographies  vieillies  et  qui,  lorsqu'elles 
n'avaient  pas  encore  vieilli,  étaient  déjà  un  répertoire  d'erreurs. 

P.    PlSAiXI. 


BULLî^ïiN 

i%lix  «leunes    du    XX.^    siècle.     BJn     l^atiuet.    de    letti-es    i-eii^leu«kes 

et  piiiiosophiquee,  par  l'abbé  E.  Dessiaux.  Paris,  Téqui,  1909,  in-18 
de  xvi-165  p.  —  Prix  :  1  fr. 

Ces  letti'es,  écrites  avec  entrain,  s'adressent  spécialement  aux  jeunes 
étudiants.  Ils  y  trouveront  de  bonnes  indications,  pour  assurer,  au  moment 
où  ils  sont  livrés  à  eux-mêmes,  loin  du  collège  et  de  la  famille,  la  conduite 
chrétienne  de  leur  vie.  Ces  lettres,  oii  ne  se  trouve  aucune  trace  de  pédan- 
tisme,  traitent  successivement  des  romans,  du  théâtre,  des  arts;  puis  du 
cœur,  dç  l'imagination,  de  la  volonté,  de  la  vie  surnaturelle  et  de  la  chasteté, 
des  tentations,  des  passions,  en  un  mot  des  moyens  de  bien  gouverner  sa 
vie.  Après  les  qiiestions  d'ordre  générai,  et  qui  sont  toujouis  actuelles, 
car  l'humanit'^  ne  chonge  hm^^'c  à  ce  point  de  vue,  viennent  les  questions 
contemporaines,  les  objections  contre  la  religion,  le  Pape,  les  deux 
France,  le  monopole  de  l'enseignement,  la  persécution,  le  patriotisme,  le 
sacrifice,  les  rêves  et  réalités  de  la  vie.  Entre  temps  le  digne  curé  raconte 
ses  vacances,  et  de  ces  jolis  récits  bien  enlevés,  il  sait  toujours  faire  sortir 
de  bonnes  leçons  chrétiennes.  Et  la  dernière  lettre  est  consacrée  au  mariage 
et  à  ses  devoirs,  c'est-à-dire  à  ce  qui  est  l'aboutissement  naturel  de  l'éducation 
d'un  jeune  homme  chrétien,  quand  Dieu  ne  l'appelle  pas  à  une  vocation 
plus  haute.  Ces  sujets  notés  suffisent  à  indiquer  l'intérêt  et  le  caractère 
pratique  du  livre.  Peut-être,  en  certains  points,  le  moraliste  apparaîtra-t-il 
un  peu  sévère.  Mais  il  sait  en  donner  de  si  bonnes  raisons  et  il  s'appuie  sur 
de  si  hautes  autorités  qu'on  ne  saurait  guère  lui  en  faire  le  reproche.  Tous 
ces  conseils  dictés  par  le  bon  sens,  l'expérience  et  la  conscience  sacerdotale, 
et  assaisonnés  de  verve  et  d'esprit,  méritent  d'être  médités  et  suivis.  Ils 
sont  appelés  à  charmer  beaucoup  de  lecteurs  et  à  faire  du  bien  à  beaucoup 
d'âmes.  Edouard  Pontal. 


Lee  Sciences  physiques  et  naturelles -vuigui-tsées  et  les  pi-iiicipaux 
produits  Industriels.  Leçons  de  citoses,  par  J.  Leda\.  Paiis,  de 
Gigord,  s.   d.,  in-12  cartonné  de  viii-392  p.,  avec  gravures. — Prix  :  2  fr. 

C'est  une  véritable  petite  encyclopédie  que  ce  volume,  très  sommaire 
mais  très  complète.  Destiné  aux  cours  moyen  et  supérieur  de  l'enseignement 
primaire,  il  rendra  des  services  à  tout  le  monde.  On  y  trouve,  sur  toutes 
choses,  des  notions  non  seulement  élémentaires  mais  encore  mises  au  point 
des  dernières  découvertes  et  des  dernières  réalisations  de  la  science. 

Le  manuel  débute  par  la  chimie,  dont  les  données  générales  sont  réparties 
en  sept  leçons.  Parmi  les  dix-neuf  leçons  consacrées  à  la  physique,  figurent 
l'électricité  avec  la  définition  et  l'explicaticn  des  unités  qu'elle  emploie, 
jusqu'à  la  télégraphie  et  au  téléphone,  sans  oublier  la  navigation  aéiienne, 


—  538  — 

ballons  dirigeables  et  aéroplanes  et  les  exploits  de  Louis  Blériot.  Des  notions 
d'ensemble  sui  la  minéralogie,  la  physique  du  globe  et  la  paléontologie 
suivent,  faisant  l'objet  de  quatre  leçons.  Il  en  est  consacré  sept  à  la  phy- 
siologie et  au  fonctionnement  de  l'organisme  humain,  auxquels  succèdent 
six  autres  sur  l'hygiène,  l'alimentation,  les  abus  de  l'alcoolisme,  établis- 
sent une  transition  naturelle  aux  leçons  sur  l'usage  des  boissons  froides 
ou  chaudes,  naturelles  et  fabriquées. 

L'histoire  naturelle,  partie  zoologique  et  partie  botanique,  occupe 
deux  divisions  {vii<^  et  viiie)  en  dix-huit  leçons.  Les  treize  qui  suivent  et 
forment  la  ix^  et  dernière  division,  sont  consacrées  aux  principaux  produits 
industriels  :  sucre,  draps,  soies,  cuirs,  céramique,  'itc. 

Rédigé  de  manière  à  être  à  la  portée  même  des  jeunes  enfants,  —  car 
chaque  fois  que  se  présente  non  seulement  un  terme  technique,  mais 
également  un  mot  moins  familier  bien  qu'usuel,  l'explication  en  est  toujours 
donnée,  —  ce  manuel,  nous  l'avons  dit,  peut  être  utile  à  tout  esprit  cultivé 
non  spécialiste  dans  l'une  quelconque  des  spécialités  qui  y  sont  abordées. 
Ce  sera  un  mémento  en  ce  qui  concerne  les  choses  anciennement  sues,  et 
un  renseignement  pour  les  choses  de  découverte  ou  de  réalisation  récente- 

De  nombreuses  figures  insérées  dans  le  texte  donnent,  chaque  fois  qu'il 
est  nécessaire,  un  complément  d'explication  visuelle  aux  explications  des- 
criptives. 

Enfin  l'esprit  général  est  véritablement  scientifique  sous  une  forme 
accessible  à  tous.  L  auteur  ne  s'écarte  jamais  de  son  sujet  en  des  digressions 
étrangères  à  la  science.  Et  quand  i)  s'agii.  du  rang  de  l'homme  dans  la  série 
animale,  M.  Leday  fait  avec  raison  remarquer  qu'il  la  domine  par  son  intel- 
ligence, le  corps  humain  n'étant  que  l'exécuteur  et  non  le  moteur  de  la 
volonté  qui  le  dirige- 

En  résumé  :  ouvrage  éminemment  recommandable  et  utile. 

C-   DE    KlRWAN. 

CHRONIQUE 

NÉCROLOGIE.  —  L'Université  de  France  vient  de  perdre  un  de  ses  mem- 
bres les  plus  distingués.  M.  Henri  Weil,  le  savant  helléniste,  membre  de 
l'Institut  et  doyen  des  professeurs  de  l'enseignement  supérieur,  est  mort  à 
Paris,  le  6  novembre  à  91  ans.  M.  Henri  Weil  était -né  en  Allemagne,  à 
Francïort-sur-Ie-Mein,  le  26  août  1818.  Après  avoir  suivi  les  cours  de 
l'Université  de  Heidelberg,  où  il  se  prit  de  passion  pour  la  langue  grecque, 
il  vint  à  Paiis,  fréquenta  la  Faculté  des  lettres  et  fut  reçu  docteur  en  1845. 
n  se  fit  alors  naturaliser  Français,  et  obtint  la  chaire  de  littérature  ancienne 
à  la  Faculté  des  lettres  de  Besançon,  dont  il  devint  le  doyen  en  1873.  Le 
7  mars  1 876,  il  fut  nommé  maître  de  conférences  à  l'École  normale  supérieure 
et  directeur  adjoint  de  l'École  pratique  des  hautes  études.  Il  a  été  admis 
à  la  retraite  en  août  1891.  D'abord  correspondant  de  l'Académie  des  ins- 
criptions depuis  le  28  décembre  1866,  il  avait  été  élu  membre  de  cette 
compagnie  le  17  février  1882,  en  remplacement  de  Dulaurier.  M.  Henri 
Weil  laisse  des  éditions  critiques  d'auteurs  grecs,  qui  font  autorité,  ainsi 
que  des  ouvrages  de  grammaire  et  de  métrique.  Voici  les  titres  de  ces  pu- 
blications :  De  Tragoediarum  graecarum  ciim  rébus  publicis  conjunctione 
(Paris,  1845,  in-8),  thèse  pour  le  doctorat; —  De  l'ordre  des  mots  dans  les 
langues  anciennes  comparées  aux  langues  modernes  (Paris,  1845,  in-8), 
réimprimé  en  1869:  —  Théorie  générale  de  l'accentuation  latine  suivie  de 


—  539  — 

recherches  sur  les  inscriptions  accentuées  et  d'un  examen  des  vues  de  M.  Bopp 
sur  l'histoire  de  Vaccent  (Paris,  1855,  in-8),  avec  M.  L.  Benloew;  —  De  la 
composition  symétrique  du  dialogue  dans  les  tragédies  d'Eschyle  (Paris,  1860, 
in-8)  ;  —  La  Règle  des  trois  acteurs  dans  les  tragédies  de  Sénèque  (Paris,  1865, 
in-*);  —  Un  Papyrus  inédit  de  la  bibliothèque  de  M.  Ambroise  Firmin- 
Didot.  Nouveaux  fragments  d'Euripide  et  d'autres  poètes  grecs  (Paris,  1879, 
in-8); —  Le  Discours  de  la  couronne  de  Démosthène.  Texte  grec  accompagné 
d'une  notice,  d'analyses  et  de  notes  (Paris,  1877,  in- 16);  —  Les  Olyrithiennes 
de  Démosthène.  Texte  grec  accompagné  d'analyses  et  de  notes  (Paris,  1876, 
in-16);  —  Les  Plaidoyers  .politiques  de  Démosthène.  Texte  grec  publié  d'après 
les  travaux  les  plus  récents  de  la  philologie,  avec  un  commentaire  critique  et 
explicatif  (Paris,  1877,  in-8);  —  Les  Perses  d'Eschyle,  Texte  grec  annoté 
(Paris,  1884,  in-18);  —  Un  nouvel  Hymne  à  Apollon.  La  Musique  du  nouvel 
hymne  de  Delphes  (Paris,  1895,  in-8),  avec  M.  Th.  Reinach;  —  Etudes  sur 
le  drame  antique  (Paris,   1897,  in-12). 

—  M.  Ernest  Prarond,  littérateur,  journaliste  et  historien  de  valeur, 
mort  dernièrement  à  Abbeville  (Somme),  à  89  ans,  était  né  dans  cette 
même  ville,  le  14  mai  1821.  Après  avoir  terminé  ses  études  dans  sa  ville 
natale,  il  se  consacra  entièrement  à  la  poésie  et  aux  travaux  d'érudition, 
.sans  renoncer  toutefois  à  remplir  des  fonctions  publiques.  II  fut,  en  effet, 
plusieurs  fois  maire  d'Abbeville  et  fit  partie  du  conseil  général  de  la  Somme. 
II  était  membre  de  la  Société  des  antiquaires  de  Picardie  et  correspondant 
du  ministère  de  l'instruction  publique.  M.  Ernest  Prarond  a  publié  de 
nombreuses  poésies  et  études  littéraires  dont  nous  citerons  seulement  les 
suivantes  :  Vers  (Paris,  1843,  in-18)  ;  —  Fables  (Paris,  1847,  in-12)  ;  —  Contes 
(Paris,  1849,  in-12);  —  Fables  politiques  (Paris^  1849,  in-18);  —  Les  Voyages 
d'Arlequin  (Paris,  1850,  in-18);  —  De  quelques  écrivains  nouveaux  (Paris, 
1852,  in-18);  —  Impressions  et  pensées  (Paris,  1854,  in-18);  —  Paroles 
Sans  musique  (Paris,  1855,  in-12);  —  Dix  mois  de  révolution,  silves  politiques 
(Paris,  1864,  in-18);  —  Les  Poètes  historiens,  Ronsard  et  d'Aubigné  (Paris, 
1873,  .in-8);  —  A  la  chute  du  four,  vers  anciens  et  nouveaux,  1847-1876 
(Paris,  1876,  in-8); — Du  Louvre  au  Panthéon,  poésies  (Paris,  1881,  in-18) ;^ 
Le  Théâtre  sous  le  chêne  (Paris,  1883,  in-18);  —  Le  Jardin  des  racines  noires 
(Pacip,  1886,  in-18);  —  La  Voie  sacrée,  vers  (Pauis,  1887,  in-18);  —  Le 
Monde  aimé,  poésies  (Paris,  1892,  in-18),  etc.  Voici  maintenant  une  liste, 
qui  est  loin  d'être  complètg7  des  importants  ouvrages  d'archéologie  et  d'his- 
toire locale  ou  générale  que  l'on  doit  à  M.  Prarond  :  Les  Chasses  de  la  Somme 
(Paris,  1858,  gr.  in-8);  —  Histoire  de  cinq  villes  et  de  trois  cents  villages 
(Paris,  1860-1868,  4  vol.  in-8);  —  Notices  historiques,  topo  graphiques  et  ar- 
chéologiques sur  l'arrondissement  d'Abbeville  (Abbeville,  1854-1856,  2  vol. 
in-12);  —  Le  Canton  de  Rue,  histoire  de  seize  communes  (Paris,  1860,  in-8);  — 
Les  Annales  modernes  d'Abbeville  (Paris,  1862,  in-8);  —  Quelques  faits  de 
l'histoire  d'Abbeville  tirés  des  registres  de  l'échevinage,  suivant  les  notes  de 
la  main  de  M:  Traulle  (Paris,  1867,  in-12);  —  De  quelques  lieux  du  Ponthieu 
qui  ne  font  pas  partie  de  l'arrondissement  d'Abbeville  (Paris,  1868,  in-8);  — 
De  Montréal  à  Jérusalem  (Paris,  1869,  in-12);  —  La  Ligue  à  Abbeville, 
1576-1594  (Paris,  1870-1874,  3  vol.  in-8);  —  La  Topographie  historique 
et  archéologique  d'Abbeville  (Paris,  1871-1884,  3  vol.  in-8);  —  Journal  d'un 
provincial  pendant  la  guerre  1870-1871  (Paris,  1875,  in-8);  —  Quatre  années 
de  la  Révolution  à  Abbeville,  1790-1793  (Paris,  1878,  gr.  in-8);  —  L'Eglise 
du  Saint- Sépulcre  d'Abbeville  (Paris,  1873,  in-8);  —  Abbeville  à  table  el- 
les convivialités  de  l'échevinage,  études  gourmandes  et  morales   (Paris,  1878, 


—  540  - 

2  voi.  gi'.  in-8); —  Les  Grandes  Ecoles  et  le  collège  (T Âbbeville  (Paris,  1888, 
in-18);  —  Abbeville  avant  la  guerre  de  Cent  ans  (Pavis,  1891,  in-8),  etc. 
.  M.  Prarond  a  réédité,  en  outre,  divers  ouvrages  latins  d'auteurs  abbevillois, 
entre  autres  l'important  travail  de  Valerand  de  la  Varenne  :  De  Gestis 
Joannae  virginis,  Franciae  egregiae  bellatricis  (Paris,  1889,  in-18).  Enfin, 
M.  Prarond  a  fourni  une  active  collaboration  à  divers  périodiques  locaux, 
tels  que  le  Journal  d' Abbeville,  le  Pilote  de  la  Somme,  etc. 

—  M.  Francis  Thomé,  le  compositeur  dont  beaucoup  d'œuvres  son^  po- 
pulaires, est  mort  à  Paris,  le  17  novembre,  à  59  ans.  Né  a  Port-Louis  (Ile 
Maurice),  le  18  octobre  1850,  François-LuC;Joseph,  dit  Francis  Thomé, 
vint  très  jeune  en  France  et  entra  en  1866  au  Conservatoire  de  Paris,  où  il 
fut  l'élève  de  Marmontel  pour  le  piano  et  de  Duprato  pour  l'harmonie. 
Il  obtint  un  second  prix  d'harmonie  en  1869  et  un  premier  prix  de  fugue 
en  1870,  Ses  œuvres  sont  nombreuses  et  appartiennent  à  divers  genres. 
Outre  un  grand  nombre  d'opérettes  exécutées  dans  les  salons,  telles  que  : 
Sous  la  feuillée.  Simple  Aveu,  les  Noces  d' Arlequin,  etc.,  M.  Thomé  a  composé 
des  ballets  et  des  pantomimes,  qui  se  font  remarquer  par  leur  vivacité  et 
leur  élégance,  par  exemple  :  La  Folie  parisienne,  Djelma,  Barbe- Bleuette, 
Madame  Pygmalion,  le  Papillon,  Une  Soirée  chez  le  sous-préfet,  le  Prince 
Désir,  la  Bulle  d'amour,  la  Petite  Bohémienne,  Endymion  et  Phoebé,  etc. 
Doué  d'un  talent  spécial  pour  l'adaptation  musicale,  il  acheva  de  consacrer 
sa  réputation  en  écrivant  la  musique  de  diverses  pièces,  notamment  ; 
Boméo  et  Juliette,  VInfidèle,  les  Noces  corinthiennes,  le  Petit  Chaperon 
rouge,  la  Passion,  Quo  Vadis,  la  Belle-au- Bois-dormant,  etc.  Mais  ce  qu'il  y 
a  de  plus  connu  dans  son  œuvre,  ce  sont  ses  commentaires  musicaux  de 
certains  poèmes  comme  Lucie,  la  Fiancée  du  Timbalier,  le  Triomphe,  le 
Lac,  etc.  Ancien  vice-président  du  Cercle  de  la  critique.  M.  Francis  Thomé 
a  collaboré,  comme  critique  musical,  à  divers  journaux,  tels  que  le 
Constitutionnel,  le  Pays,  la  Souveraineté,  etc. 

—  M.  Cesare  Lombroso,  l'illustre  médecin  et  anthropologiste  italien, 
professeur  de  médecine  légale  et  de  clinique  dès  maladier  nerveuses  et  men- 
tales à  l'Université  de  Turin,  est  mort  dans  cette  ville, le  19  octobre,à  73  ans. 
Né  à  Venise  en  novembre  1836,  de  parents  Israélites,  il  fit  ses  études 
médicales  à  l'Université  de  Turin,  fut  ceçu  docteur  et  s'engagea,  comme 
médecin,  dans  l'armée  pendant  la  guerre  de  1859.  Nommé  piofesseur  des 
maladies  mentales  à  l'Université  de  Pavie,  puis  directe,ur  de  l'établissement 
des  aliénés  de  Pesaro,  il  fut  rappelé  ensuite  à  l'Université  de  Turin  en  qualité 
de  profesf-eur  de  médecine  légale  et  de  psychiatrie.  M.  Lombro-so  s'est  acquis 
une  réputation  mondiale  par  ses  lecherches  expérimentales  et  sa  doctrine 
hardie  sur  les  aliénés  et  su:  les  ciiminels.  C'est  lui  qui  a  inventé  le  criminel-né 
et  qui  a  fait  de  la  médecine  légale  une  science  philosophique  et  presque 
de  l'algèbre.  Toutefois  ses  théoiies  absolues  sur  les  relations  entre  l'orga- 
nisation physique  et  la  criminalité  ont  été  fort  discutées  et  vivement  com- 
battues. Parmi  ses  innombrables  écrits,  dont  plusieurs  ont  été  traduits 
à  l'étranger,  nous  nous  contenterons  de  citer  les  suivants  :  Sulla  pazzia  di 
Cardano  (1855)  ;  —  Influenza  délia  civiltà  sulla  pazzia  e  délia  pazzia  sulla 
ci<H.ltà  (1856)  ;  —  Bicherche sul  cretinismo  in  Lombardia  (1859^  ;  —  Frammenti 
medico-psicologici  (1860,;, —  La  Medicina  légale  délie  ali.nazioni  mentali 
studiata  col  metodo  csperimentale  (1865);  —  Algometria  eUttrica  nelVuomo 
sano  ed  alienato  (1867); —  Ulgienc  degli  opérai  dei  contadini  e  dei  soldati, 
(1869';  —  Studi  clinici  cd  csperimenti  sulla  natura,  causa  e  terapia  délia 
pellagra  ;    —    Sulla    eziologia    dJla    pdlagia    '1873  ;  —     La    Pocsia     id 


—  541  — 

il  rrimine  (1876);  — L'Uotno  delinquente  in  rapporta  alla  antropolosia,  alla 
medicina  légale  ed  aile  discipline  carcerarie  '1876);  —  iSuir  inc.reniento  del 
delitto  in  Italia  e  sui  mezzi  per  arrestarlo  (1879);  —  U Amore  nei  pazzi 
(1881); —  U  Amore  nel  suicidio  e  nel  djitto  (1881);  —  Omicidio  e  furlo  per 
amore  pazzesco  (1883);  —  SulV  'tlcoolismo  amto  e  cronico  e  sui  mezzi  par 
prevenirlo  (1882);  —  //  Delirio  di  persecuzione  neW  amore  muta  dei  monoma- 
niaci  cnsti  (1883);  —  Il  Brigante  Gasparone,  studio  (1882);  —  Delitti  di 
libiiine  (1883-1886);  —  Tre  tribuni  studiati  da  un  alienista  (1887);  —  Studi 
suir  ipnotismo  cou  riccrche  oftalmoscopiche  dei  prof tssori  Raymond,  Blanchi 
c  Sommer  (1887);  —  Troppo  presto  :  apputiti  al  nuovo  progetto  di 
codice  pénale  (1888);  —  Le  nuove  conquiste  dcUa  psichiatria  (1887);  — ■  Pa- 
limpsesti  del  carcere  :  raccolta  ufiicamtnte  destinata.  ngli  uomini  di  scienza 
(1891);  ^-  Deir  influenza  delV  orografia  nelle  stature  (1892);  —  Fossa  occi- 
pitale mediana  délie  razte  umane  (1892);  —  Microcefalia  e  cretinismo  (1892; 
■ —  Z,(*  Piaght  d' Italia  (1893)'.  —  Le  Più  recenti  scoperte  di  antropologia 
criminale  (1893);  —  L' Antisemitismo  e  le  scienze  moderne  (1894); — L' Uomo 
di  genio  in  rapporta  alla  psichiatria,  alla  storia  ed  alV  estetica  (1894);  — La 
Pazzia  nei  tempi  antichi  e  moderni  (1895);  —  Grafologia  (1895);  —  Perché 
fu  grande  Venezia  (1898);  —  La  Funzione  sociale  del  delitto  (1899);  —  Le- 
zioni  di  medicina  légale,  raccolte  da  Virgilio  Rossi  (1900).  Dans  sa  jeunesse, 
M.  Cesare  Lombroso  avait  écrit  un  certain  nombre  de  poésies,  de  romans, 
de  tragédies  et  d'études   de  philologie  et  d'archéologie. 

—  Le  26  septembre  dernier,  la  Hongrie  a  perdu  l'un  de  ses  plus  éminents 
historiens,  Kâlmân  de  Thaly,  qui  avait  consacré  tous  ses  travaux  à  l'époque 
de  François  Râkôczy,  dont  la  figura  l'enthousiasma  dès  si  jeunes  e.  Il 
rechercha  les  cendres  du  prince  de  Transylvanie,  et  quand,  avec  Mgr  Fraknôi, 
il  les  eut  découvertes  dans  la  chapelle  des  lazaristes,  à  Constantinople,  il 
employa  son  influence  politique  à  en  obtenir  le  rapatriement,  qui  eut  lieu 
en  1906.  Il  naquit  à  Csep,  le  3  janvier  1839.  Il  commença  ses  études  dans 
la  maison  paternelle  et  les  acheva  à  l'Université  de  Pest.  En  1861,  il  col- 
labora au  Pesti  Naplô,  et,  en  1864,  il  fut  nommé  professeur  au  lycée  pro- 
testant. En  1869,  il  entra  au  ministère  où  il  s'occupa  de  l'organisation  des 
Honvéds  et  de  la  réforme  de  la  langue  militaire  ju'^qu'en  1875,  époque  à 
partir  de  laquelle  il  se  consacra  tout  entier  à  l'histoire.  Il  avait  débuté  par 
des  poésies  patriotiques  dont  nous  ne  citerons  que  les  principales  :  Ames 
errantes  i  1855)  ; — •  Ne  touchez  pas  au  Magyar  (1857);  —  Forêts  vibrantes 
(1859);  — Le  Cor  de  Kà'-pàt  )1860,  2  vol.); —  Le  Cor  des  Siculàs  (1861); 

—  Aurore  de  liberté  (1861).  — •  Les  publications  historiques  de  Kâlmân 
de  Thaly  sont  les  suivantes  :  Fejéregyhàz  à  O'-Buda.  comme  sépulture 
d'Arpâd    (1860);  —    Épis    historiques    (1862);    —    Jean    Bottyan    (1864): 

—  Chants  héroïques  anciens  (1864,  2  vol.);  —  Râkôczi,  correspondance, 
décrets,  diarium,  ordres  du  jour,  etc.  (1866-1868,  2  vol.);  —  Journal  de  Thô- 
kôly  (1868);  —  Mémoires  de  François  Ràkôczi  II,  traduits  en  hongrois 
(1868); —  Correspondance  du  comte  Bercsényi  avec  Alexandre  Kàrolyi  (1868); 

—  La  Bataille  de  Nagyszombat  (1869);  —  Contributions  à  l'histoire  littéraire 
de  t époque  de  Ràkôczi  et  de  Thôkôly  (1870,  2  vol.);  —  Archivum.  Ràkôczia- 
num  (1872-1889,  10  voL);  —  Journal  historique  (1875);  —  Correspondance 
da  comte  Bercsényi  avec  François  Ràkôczi  (1877-1879,  3  vol.)  ;  —  Campagne 
sur  la  rive  au-delà  du  Danube  en  1707  (1880)  ;  —  Ladislas  Ocskay  (  1880)  ;  — 
Jeunesse  du  prince  François  Ràkôczi  (1881);  —  Etudes  sur  les  arts  et  la  lit- 
térature à  Vépoque  de  Ràkôczi  (1885);  —  La  Famille  du  comte  Bercsényi 
(  1885-1892,  3  vol.  )  ;  —  Souvenirs  de  François  Ràkôczi  en  Turquie  et  découverte 
de  ses  cendres  (1893);  — Mariage  de  Bercsényi    (1894);  —    Correspondance 


—  542  — 

d'Emeric  Thôkôly  1896);  —  Les  Sept  Monuments  commémoratifs  du  millé- 
naire (1898);  — Livre  de  camp  du  comte  Antoine  Esterhàzy  (1900);  —  Le 
Monde  des  Kouroucz  (1903);  —  Lettres  de  Turquie  et  notes  de  César  de  Saus- 
sure sur  François  Ràkôczi  II  (1909).  Kâlmân  de  Thaly  a  donné  de  nom- 
breux articles  à  des  revues  historiques.  Élu  membre  du  Parlement  en  1878, 
il  représenta,  à  partir  de  1881  jusqu'à  sa  mort,  la  ville  de  Debreczen.  Ce  fut 
lui  qui  proposa  au  Parlement  l'érection  des  monuments  commémoratifs  du 
Millénaire  et  qui  organisa  l'Exposition  historique.  Il  avait  été  le  fondateur 
de  la  Société  historique  hongroise.  En  1864,  il  avait  été  élu  membre  de 
l'Académie  hongroise;  il  était  président  de  la  Section  d'histoire.  Il  a  légué 
ses  manuscrits,  sa  bibliothèque  et  sa  fortune  à  l'Académie  et  au  Musée 
national  de  Hongrie. 

—  Le  27  octobre  est  mort  à  Pannonhalma  Mgr  Fehér,  supérieur  général 
des  bénédictins  hongrois,  né  le  10  février  1842,  à  Visk.  Il  entra  en  1858  dans 
l'ordre  des  bénédictins  et  fut  chargé,  en  1866,  de  l'enseignement  de  la  phy- 
sique; en  1874,  il  était  nommé  directeur  du  lycée  d'Esztergom.  Fréquem- 
ment chargé  de  missions,  il  parcourut  presque  toute  l'Europe  pour  y  étu- 
dier les  questions  d'enseignement  et  publia  :  L'Organisation  secondaire  en 
Bavière  (1883);  —  Les  Écoles  secondaires  en  Serbie  (1889);  —  La  Question  de 
renseignement  en  Bulgarie  (1889).  Ses  ouvrages  d'enseignement  :  L'Ensei- 
gnement de  la  chimie;  Histoire  naturelle;  L'Enseignement  des  mathéma- 
tiques, etc.,  sont  fort  appréciés.  Mgr  Fehér  avait  été  élu  supérieur  général  de 
son  ordre  en  1892;  peu  après  il  fut  appelé  à  l'Académie  hongroise.  Il 
était  membre  de  la  Chambre  haute  de  Hongrie. 

—  On  annonce  encore  la  mort  de  MM.  :  le  D''  Jean  Binot,  chef  de  labo- 
ratoire à  l'Institut  Pasteur,  membre  du  Conseil  supérieur  d'hygiène  de 
France,  mort  dernièrement  à  Paris;  — Charles  Bordes,  le  distingué  compo 
siteur  de  musique,  directeur  des  chanteurs  de  Saint-Gervais,  fondateu/ 
avec  M.  Vincent  d'indy  de  la  Sckola  Cantorutu,  qui  avait  restauré  en  France 
la  polyphonie  palestrinienne  et  avait  complété  par  avance,  conformément 
aux  vues  du  Souverain  Pontife,  l'œuvre  des  bénédictins  ayant  pour  but 
de  rétablir  dans  sa  pureté  le  chant  grégorien,  mort  subitement  à  Toulon,  le 
9  novembre;  —  le  D''  Pierre  Boyer,  médecin  et  archéologue  distingué, 
mort  dernièrement  à  Mende  (Lozère);  —  le  baron  Louis  Cavrois  de  Sa- 
TERXAULT,  membre  fondateur  de  l'Université  catholique  de  Lille,  mort 
dernièrement  à  Arras;  —  Casimir  Challet,  ancien  ministre  plénipoten- 
tiaire de  l'Amérique  centrale,  qui  s'était  fait  connaître  dans  le  monde 
archéologique  par  les  fouilles  importantes  qu'il  avait  dirigées  en  Crète- 
et  par  les  dons  précieux  qu'il  avait  faits  au  Musée  du  Louvre,  mort  au 
commencement  de  novembre;  —  Lucien  Degron,  un  des  collaborateurs 
du  journal  V Univers,  mort  dernièrement  à  Rots  (Calvados),  à  75  ans;  — • 
le  R.  P.  Delpech,  supérieur  honoraire  du  séminaire  des  missions  étrangères 
de  Paris,  ancien  professeur  au  collège  général  de  Palo-Penang  dans  la 
presqu'île  malaise,  mort  dernièrement  à  82  ans;  —  Charles  Démange,, 
jeune  poète  de  talent,  qui  a  publié  le  Livre  de  désir  (Paris,  1909,  in-16)  et 
l'un  des  fondateurs  de  la  belle  et  intéressante  revue  les  Marches  de  VEst, 
mort  dernièrement  à  Tâge  de  25  ans;  —  Gabriel  Demaxte,  le  distingué 
jurisconsulte,  ancien  professeur  à  la  Faculté  de  droit  de  Paris,  mort  der- 
nièrement à  Castelnaudary  (Aude),  à  88  ans,  auquel  on  doit  divers  ouvrages 
de  jurisprudence,  notamment  :  Principes  de  Tenregistremeiit  en  forme  de 
commentaire  delà  loi  du  22  frimaire  an  VII  (Paris,  1857,  in-8),  plusieurs  fois 
réimprimé;  Étude  historique  sur  les  gens  de  condition  mainmortable  en  France 
au  xviii^  siècle.  Appréciation  sur  ce  chef  des  lois  abolitives  du  régime  féodal 


—  543  — 

(Paris,   1894,  gr.  in-8);  —  Léonce  Faure,  professeur  à  l'Institut   agrono- 
mique, mort  dernièrement  à  Paris;   —  C.-P.  Fieffé,  ancien  conservateur 
du  musée  céramique  de  Nevers,   conservateur  du  musée  de  Cherbourg, 
mort  dans  le  courant  d'octobre,  à  70  ans,  lequel  a  publié  :  Les  Faïences 
patriotiques  nivernaises  avec  une  Introduction  par  Chanipfleury  (Paris,  1885, 
in-4),   avec  A.   Bouveault,   et  les  Faïences  patronymiques.  Caractéristiques 
des  saints  dans  la  céramique  nivernaise  (Clamecy,  1901,  gr.  in-8);  —  le  R.  P. 
Joseph  HoppENOT,  prédicateur  fort  connu  et  écrivain  distingué,  mort  à 
Nancy,  le  1.1  novembre,  à  53  ans,  lequel  a  publié  un  certain  nombre  d'ou- 
vrages estimés,  tels  que  le  Crucifix;  la  Sainte  Vierge;  la  Sainte  Messe,  et 
tout  récemment  un  Petit  Catéchisme  du  mariage,   qui  devrait  se  trouver 
dans  toutes  les  familles  ;^ — Eugène  Jacquemin,  directeur  honoraire  de  l'Ecole 
supérieure  de  pharmacie  de  Nancy,    mort  dernièrement  à  Malzéville,   à 
8  2  ans;  —  Léon  Janet,  député  du  Doubs,  président  de  la  Société  de  géologie 
de  France,  mort  à  Paris,  le  28  octobre,  à  l'âge  de  48  ans;  —  Alfred  Josset, 
compositeur  de  musique,  ancien  chef  de  musique  de  l'Ecole  des  frères  de 
Saint-Nicolas,  directeur-fondateur  de  l'Institut  musical  des  frères  de  Saint- 
Jean-de-Dieu,  mort  dernièrement;  —  Augustin  Joubert,  professeur  ho- 
noraire de  l'Université,  mort  dernièrement  à  La  Turcade,  près  de  Péiigueux, 
à  82  ans;  —  Krug-Basse,  conseiller  honoraire  à  la  cour  de  Nancy,  auteur, 
de  plu.  leurs  ouvrages  historiques  estimés,  tels  que  :  L'Alsace  avant  1789, 
ou  Etat  de  ses  institutions  provinciales  et  locales,  de  son  régime  ecclésiastique^ 
féodal  et  économique,  de  ses  mœurs  et  de  ses  coutumes  sous   V ancienne   admi- 
nistration française  (Paris,   1877,   in-8),   mort   à  Nancy,  au  commencement 
de  novembre;  —  Pierre-Maurice  Le  Comte  du  Colombier,  membre    de 
la  Société  de  botanique  de  France  et  de  la  Société  des  sciences,  belles-lettres 
et  arts  d'Orléans,  mort  dernièrement  à  79  ans;  —  Loutil,  membre  du  Con- 
seil supérieur  de  l'instruction  publique,  président  de  la  Société  des  chefs 
d'institutions  secondaires,  mort  dernièrement;  —  le  Dr.  Octave  May  et, 
ancien  médecin  des  hôpitaux  de  Lyon,   ancien  professeur    de  pathologie 
générale  à  la  Faculté  de  médecine  de  la  même  ville,  auteur  de  nombreux 
mémoires  estimés  sur  diverses  grandes  questions,  telles  que  la  pathologie 
générale  et  d'une  thèse  pour  le  doctorat  intitulée  :  Traité  de  diagnostic 
médical  et  de  séméiologie    (Paris,  1896-98,  2  vol.  in-8),  mort  au  commence- 
ment de  novembre;  —  Léon  Morand,  ancien  élève  de  l'Ecole  normale 
supérieure,  professeur  de  première  préparatoire  au  lycée  Louis-le-Grand, 
mort  subitement  à  Paris,  le  16  novembre;  —  Henry  de  Morgan,  numismate 
et  archéologue  distingué,  mort  dernièrement  au  château  d'Orbiénas  (Rhône), 
à  56  ans,  lequel  s'était  fait  connaître  par  ses  remarquables  recherches  sur 
les  temps  préhistoriques  ainsi  que  par  ses  travaux  sur  les  antiquités  cy- 
priotes et  celles  de  la  Haute-Egypte;  —  Ernest- Louis  Nicolle,  industriel 
lillois,  ancien  lieutenant  de  vaisseau,  président  de  la  Société  de  géographie 
de  Lille,  mort  à  Lille,  au  commencement  de  novembre,  à  79  ans;  —  Petit- 
collet,  sous-directeur  de  l'École  nationale  des  eaux  et  forêts,  mort  der- 
nièrement à  Gustal,  à  63  ans;  —  Alfred  Le  Petit,  artiste  caricaturiste, 
qui  a  collaboré  au  Charivari,  à  VEclipse,  au  Grelot,  à  la  Charge,  mort  der- 
nièrement, à  68  ans,  lequel  s'était  attiré  des  poursuites  judiciaires  à  cause 
de  violentes  campagnes  menées  par  lui,  à  l'aide  de  charges  satiriques, 
d'abord   contre  l'Empire  et  plus  tard  en  faveur  du  général  Boulanger;  — 
Edme  Piot,  ancien  ouvrier  terrassier,  puis  entrepreneur  delà  ville  de  Paris, 
devenu  sénateur  de  la  Côte-d'Or,  mort  à  Paris,  le  2  novembre,  à  81  ans, 
lequel  s'était  fait  l'ardent  apôtre  de  la  repopulation  en  France  et  a  publié 
sur  ce  sujet  un  grand  nombre  de  tracts,  mémoires,  brochures  et  volumes. 


—  544  — 

entre  autres  :  La  Question  de  la  dépopulation  en  France.  Le  mal,  ses  causes, 
ses  remèdes  (Paris,  1900,  in-16)  et  la  Dépopulation.  Enquête  personnelle 
sur  la  dépopulation  en  France.  Documents,  discours  et  rapports  (Paris,  1902, 
in-16);  —  Tertereau,  professeur  de  mathématiques  au  lycée  Janson-de 
Sailly,  où  il  dirigeait  depuis  1884  la  classe  préparatoire  à  l'Institut  agrono- 
mique, mort  subitement  à  Paris,  dans  le  cours  de  novembre;  —  M^'e  Renée 
Vivien,  femme  de  lettres,  morte  dernièrement,  laquelle  avait  publié,  sous 
la  forme  masculine  de  son  nom,  René  Vivien,  quelques  romans  et  des  poésies 
qui  rappellent  la  manière  de  Baudelaire,  tels  que  :  Cendres  et  poussières 
(Paris,  1903,  in-18);  Du  vert  au  violet  (Paris,  1903,  in-18);  Études  et  pré- 
ludes. Poésies  (Paris,  1904,  in-18);  La  Vénus  des  aveugles,  poésie  (Paris, 
1904,  in-18);  Une  Femme  in  apparut  (Paris,  1904,  in-18). —  Ernest  Zay, 
numismate  érudit,  mort  à  Paris  le  14  novembre,  à  80  ans,  lequel  avait 
passé  quarante  ans  à  réunir  une  collection  de  pièces  et  de  monnaies  des 
colonies  qu'il  a  donnée  à  l'Etat,  et  dont  l'ouvrage  suivant  fait  autorité 
dans  le  monde  de  la  numismatique  :  Histoire  monétaire  des  colonies  fran- 
çaises, d'après  les  documents  officiels  (Paris,  1892,  in-8). 

—  A  l'étranger  on  annonce  la  mort  de  MM.  Paul  Buschmann,  doyen 
des  imprimeurs  anversois,  qui,  dans  son  art,  s'est  acquis  une  réputation 
d'artiste,  mort  à  Anvers  vers  la  fin  de  novembre;  à  l'âge  de  63  ans;  —  Julius 
Campe,  éditeur  hambourgeois,  qui  appartenait  à  une  famille  renommée 
d'éditeurs  et  de  littérateurs,  mort  à  Hambourg,  le  13  novembre,  à  64  aiis; 
—  l'abbé  Omer  Coppin_.  chanoine  de  l'égiise  cathédrale  de  Namur  (Belgique), 
l'auteur  d'ouvrages  de  piété  et  de  divers  opuscules  concernant  l'œuvre  de 
l'Union  sacerdotale  dont  il  avait  la  direction,  mort  à  Namur,  au  commence- 
ment de  novembre;  —  le  P.  François  de  Hert,  de  la  Compagnie  de  Jésus, 
ancien  préfet  du  collège  d'Alost  (Belgique),  mort  dernièrement  à  Ratnapura. 
dans  la  mission  de  Ceylan,  à  52  ans,  lequel  est  l'auteur  de  quelques 
ouvrages  sur  les  volcans  et  les  tremblements  de  terre  et  de  divers 
mémoires  insérés  dans  la  Revue  des  questions  scientifiques  et  dans  le  Bul- 
letin de  la  Société  de  géographie  cF Anvers;  —  William  Hodgson,  journaliste 
écossais,  rédacteur  en  chef  et  propriétaire  du  Fifeshire  Journal,  ancien  ré- 
dacteur du  Glasgow  Bulletin  est  du  Caledonian  Mercury,  mort  dans  le  cou- 
rant de  novembre;  —  Dr,  I.  Huber  de  Frauenfeld,  éditeur  suisse,  mort 
le  16  novembre,  à  Zmùch,  à  81  ans;  —  Miss  Sophie  Jewett,  femme  de 
lettres  améiicaine,  professeur  de  littérature  anglaise  dans  le  collège  Wel- 
lesley  (Massachusetts),  auteur  de  The  Pilgrim  and  other  Poenis  (1896), 
Notes  to  Tennysons  Holy  Grail  1901),  God's  Troubadour,  The  Pearl,  etc., 
morte  dernièrement;'  —  William  Laffan,  le  propriétaire  bien  connu  du 
journal  The  Sun,  de  New  York,  mort  dernièrement  à  Lawrence  (Long- 
Island);' —  Henry-Charles  Lea,  éditeur  et  historien  américain,  mort  derniè- 
rement à  Philadelphie  (États-Unis),  à  84  ans,  lequel  laisse  des  ouvrages 
importants  à  cause  de  leur  documentation,  quoique  écrits  d'un  point  de 
vue  protestant,  tels  que  :  Superstition  and  Force  1866);  Studies  in  Church 
History  (1867);  A  History  of  the  Inquisition  of  the  Middle  Ages  (1888); 
Chapters  from  the  Religions  History  of  Spain  (1896);  A  History  of  Auricular 
Confession  and  Indulgences  in  the  Latin  Church  (1896);  The  Moriscoes  of 
Spain,  their  Conversion  and  Expulsion  (1901);  —  le  Dr.  Lens,  ancien  supé- 
rieuj'  du  petit  séminaire  d'Hoogstraeten,  mart  à  Liège,  en  novembre;  — 
Dr.  Alois  MoNTi.  médecin  autrichien,  professeur  de  thérapeutique  pour  les 
maladies  des  enfants,  mort  à  Vienne,  le  30  octobre,  à  70  ans,  auquel  on 
doit  divers  ouvrages  estimés,  iel?,  q\xe  Reconvalescenthàuser,  Specialanstalten 
und  Ambidatorien   in  Oesterreich  (Vienne,- 1901,  in-8),  de  nombreux  fasci- 


—  545  — 

cules  sous  le  titre  général  de  Kinderhoitkunde  in  Elnzeldarstdlungen  etc.; 

—  Mgr  Jean-ïîaptiete  Paaps,  ancien  aumônier  du  régiment  des  zouaves 
pontificaux,  ancien  curé  de  Lubbeck-lez-Louvain,  qui  avait  publié  pen- 
dant un  certain  temps  les  Annales  des  missions  àe  l'Afrique  équatoriale, 
mort  au  milieu  d'octobre,  à  Lubbeck,  à  69  ans;  —Dr.  Paul  Riedel,  astro- 
nome allemand,  mort  en  novembre,  à  59  ans;  —  Dr.  Robert  von  Schneider, 
directeur  de  l'Institut  archéologique  d'Autriche  et  conservateur  de  la  sec- 
tion des  antiquités  au  Musée  historique  de  Vienne,  mort  en  cette  ville,  n 
la  fin  d'octobre,  à  55  ans,  lequel  a  publié  :  Die  Erzstatue  vom  Helenenberg 
(Vienne,  1893,  in-8);  Album  auserles.  Gegenstànde  der  Antiken-Sammlung 
des  Allerh.  Kaiserhauses  (Vienne,  1895,  in-fol.),  etc.;  —  Ludwig  Theodor 
Schytte,  compositeur  danois,  auteur  de  nombreuses  pièces  pour  piano, 
d'un  concerto,  du  chant  bien  connu  :  Die  Verlassene,  etc.,  mort  derniè- 
rement à  Berlin;  —  Léopold  Sonnemann,  l'éminent  journaliste  et  homme 
politique  allemand,  fondateur  de  la  Gazette  de  Francfort,  lequel  fut  un  des 
chefs  du  parti  démocratique  de  l'Allemagne,  combattit  avec  acharnement 
la  politique  de  Bismarck  et  protesta  énergiquemént  contre  l'annexion  de 
l'Alsace-Lorraine,  mort  à  Francfort-sur-lé-Mein,  le  2  novembre,  à  78  ans; 

—  Dr.  George  W.  Sprott,  le  doyen  des  ministres  protestants  de  Ncrth 
Berwick  (Ecosse),  président  de  la  Société  d'ecclésiologie  d'Ecosse,  mort  le 
26  octobre,  à  Edimbourg,  à  80  ans,  lequel  a  publié  sur  diverses  questions 
de  liturgie  des  ouvrages  qui  font  autorité  en  Eiîosse,  notamment  :  Knox's 
Liturgy  (Edimbourg,  1868,  2«'  édition  en  1901);  Scottish  Liturgies  of  the 
Reign  of  James  VI  (Édiinboiu'g  1871);  The  Worship  and  Offices  of  the 
Church  of  Scotland  (1882);  The  Worship  of  the  Church  during  the  Covenan- 
ting  Period  (1893);  The  Doctrine  of  Schism  in  the  Church  of  Scotland  (1902); 

—  David  Thomson,  horticulteur  écossais,  mort  dernièrement  à  Eskbank, 
près  d'Edimbourg,  à  86  ans,  lequel  a  publié  un  volume  :  Handy  Book  of  the 
Flower  Garden,  et  a  dirigé  pendant  un  certain  temps  la  revue  The  Gardener; 
■ —  l'abbé  Verbist,  ancien  supérieur  au  petit  séminaire  de  Hoogstraeten, 
mort  à  Malines,  le  4  novembre,  î  61  ans;  —  C.  Verdeyen,  ancien  inspecteur 
principal  de  l'enseignement  primaire  en  Belgique,  mort  à  Gand,  à  58  ans; 

—  John  WiLsoN,  journaliste  anglai'-',  ancien  correspondant  du  Daily  Mail 
de  Glasgow  et  rédacteur  au  Manchester  Guardian,  l'un  des  fondateurs  de 
VEdinburgh  Ecening  News,  mort  dernièrement  à  50  ans. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres. 

—  Le  8  novembre,  M.  Léopold  D^elisle  indique  quels  sont  les  signes  paléo- 
graphiques  qui  permettent  de  distinguer  les  mss.  visigoths,  espagnols  de 
mss.  italiens  du  type  de  Nonantola.  —  M.  Edouard  Naville  lit  un  mémoire 
sur  la  découverte  de  la  Loi  sous  Josias.  —  MM.  Philippe  Berger,  Théodore 
Reinach  et  Bouché-Leclercq  présentent  à  ce  sujet  leuis  obseï valions.  — 
Le  16,  M.  Senart  parle  d'une  inscription  relative  au  roi  indo-grec  Antial- 
kidas  et  d'un  flacon  en  cristal  de  roche  contenant  des  reliques  de  Buddha 
découvertes  par  le  service  archéologique  français  de  l'Indo-Chine. —  M.  H. 
Cordier  décrit  les  dernières  découvertes  faites  en  Indo-Chine  par  le  général  de 
Beylié,  notamment  d'un  temple  du  ix*^  siècle.—  Le  R.  P.  Marie  Joseph  Viaud 
rend  compte  des  fouilles  qu'il  a  pratiquées  à  Nazareth,  dans  le  couvent 
des  franciscains  dont  il  est  le  supérieur.  —  MM.  de  Lasteyrie  et  Clermont- 
Ganneau  ajoutent  quelques  observations.  —  Le  19  novembre,  M.  Senart 
lit  une  lettre  de  M.  le  commandant  de  Lacoste  au  sujet  de»  découvertes 
faites  par  lui  à  Karakoroum  et  à  Karabelcassoun.  —  M.  Maurice  Croiset 
lit  son  mémoire  sur  l'évolution  des  poèmes  homériques.  —  M.  Capitan  rend 

DÉCEMBRE  1909.  T.  CXVI.  35. 


—  546  — 

compte  des  découvertes  faites  par  lui  près  de  Sar]at,de  concert  avec  M.  Pey- 
ronny,  instituteur.  —  Le  R.  P.  Schei!  fait  part  de  Ja  découverte  d'une  ins- 
cription en  assyrien  c'assique  rapportant  les  événements  qui  se  sont  passés 
pendant  le  règne  d'un  roi  d'Assyrie  du  viii''  siècle  avant  Jésus-Christ. 
M.  Nolet,  au  nom  de  M.  Albert  Dufourcq,  pailc  d'un  texte  nouveau  du 
décret  gélasien  (vi®  siècle  de  notre  ère). 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques.  — 
Le  17  novembre  1909,  M.  Ed.  Bonnal,  archiviste  de  l'état-major  de  l'armée, 
donne  lecture  d'un  travail  sur  Hippolyte  Passy,  oncle  de  M.  Frédéric  Passy, 
qui  fut,  avant  d'être  député,  ministre  et  pair  de  France,  officier  dans  les 
armées  de  Napoléon  I^r. —  Le  20,  M.  André  Sayous  lit  un  travail  sur  le  tarif 
américain  du  5  août  1909,  plus  protectionniste  que  fiscal,  et  qui  compromet 
gravement  nos  intérêts  commerciaux.  — Le  21,  M.  Bellom  lit  un  mémoire 
sur  les  rapports  de  l'art  avec  l'économie  politique. 

Almanachs  pour  1910.  —  Voici  notre  deuxième  et  dernière  liste.  —  En 
tête,  nous  plaçons  naturellement  VAlmanach  du  Bon  Français,  déjà  annoncé, 
avec  tous  les  détails  utiles  dans  notre  livraison  précédente  (p.  467-468). 
Et  après  avoir  engagé  nos  amis  à  se  le  procurer  et  à  le  distribuer  autour 
d'eux,  nous  enregistrons  les  deux  suivants,  édités  par  la  Maison  de  la  Bonne 
Presse  :  Almanach  du  Pèlerin  (gi.  in-8  de  128  p.,  0  fr.  50).  C'est  indiscu- 
tablement l'un  des  plm  riches  au  point  de  vue  de  l'illustration  (nombreuses 
gravures  en  couleurs  et  en  noii);  inutile  d'ajouter  que  c'est  aussi  l'un 
des  plus  intéressants  qui  existent  comme  lectures  variées,  patriotiques 
et  religieuses;  —  Mon  Almanach  (16^  année,  in-12  de  96  p.,  illustré,  0  fr.  15); 

—  Viennent  ensuite  quatorze  almanachs  que  nous  envoie  la  Société  Saint- 
Augustin  (Lille  et  Paris,  Desclée  et  de  Brouwt-r)  :  Almanach  catholique  de 
France  (31<^  année,  in-4  de  80  p.,  avec  des  gravures  soignées,  dont  une 
en  couleurs,  0  fr.  50);  —  Almanach  du  Sacré-Cœur  (12^  année,  in-4  de  88  p., 
abondamment  illustré,  0  fr.  50);  —  Almanach  de  Notre-Dame  de  Lourdes 
(in-4de  68  p.,  illustré  avec  une  couverture  en  couleur"  d'un  bel  effet, Ofr.  50); 

—  Almanach  des  Missions,  qui  se  publie  sous  le  patronage  de  l'Œuvre  de 
la  Propagation  de  la  foi  et  se  vend  au  profit  des  Missions  (in-4  de  64  p.,  avec 
de  nombreuses  gravures  dont  une  hors  texte  en  couleurs  représente  <  la 
Bienheureuse  Jeanne  d'Arc  dans  la  gloire  «,  0  fr.  50);  —  Almanach  illustré 
des  familles  (in-4  de  79  p.,  avec  de  nombreuses  grav.  en  noir  et  une  en  couleurs 
hors  texte);  —  Almanach  de  la  jeune  fille' chrétienne  (in-4  de  80  p.,  iJustré, 
0  fr.  50)  ;  —  Almanach  de  la  sainte  Famille  (in-8  de  78  p.,  illustré,  0  fr.  30)  ;  — 
Almanach  de  saint  Antoine  de  Padoue  (in-16  de  95  p.,  illustré,  0  fr.  25);  — 
Almanach  pour  tous  (in-8  de  64  p.,  illlustré,  0  fr.  25);  —  Almanach  des 
enfants  de  Marie  (in-8  de  78  p.,  illustré,  0  Ir.  30);  —  Almanach  de  la  Pro- 
pagation de  la  foi  (in-16  de  63  p.,  illustré,  22®  année,  0  fr.  20);  —  Almanach 
du  nouveau  siècle  (in-8  de  64  p.,  illustré,  .0  fr.  20); —  Petit  Almanach  des 
enfants  (in-16  de  64  p.,  illustré,  0  fr.  20);  —  Almanach  du  Rosaire  (in-16 
de  94  p.,  illustré,  0  fr.  25). 

Pour  finir  nous  n'avons  plus  qu'à  signaler  les  almanachs  de  la  librairie 
Pierron,  à  Nancy  :  Les  Almanachs  réunis  (petit  in-4,  illustré,  0  fr.  50);  Le 
Grand  Almanach  de  la  famille  (28^  année,  gr.  in-8,  avec  grav.,  0  fr.  50); 
Almanach  Jeanne  d'Arc  (24^  année,  petit  in-4,  avec  grav..  0  fr.  25);  Alma- 
nach du  travailleur  (24^  année,  petit  in-4,  avec  grav.,  0  fr.  25);  Almanach 
des  veillées  d'hiver  (24«  année,  petit  in-4,  avec  grav.,  0  fr.  25);  Almanach 
récréatif  (24^  année,  petit  in-4,  avec  grav.,..0  fr.  25);  Almanach  du  foyer 
(24«  année,  petit  in-4,  avec  grav.,  0  fr.  25);  Almanach  du  cultivateur  et  du 


—  547  — 

vigneron,  petit  in-4,  avec  grav.,  0  fr.  25);  Almanach  Sans-Pareil  (20^  année, 
petit  in-4.  avec  grav..  0  fr.  15). 

—  A  la  dernière  heure,  assez  à  temps  encore  pTur  le  f^omprendre  dans 
cette  nomenclature,  nous  recevons  l'excelent  Almanach  franciscain,  qui 
paraît  à  la  librairie  Poussielgue  (de  Gigord,  succeÊseur).  gr.  in-8  de  80  p., 
richement  illustré.  —  Prix  :  0  fr.  50). 

Paris.  —  Le  6^  déjeuner  des  rédacteurs  du  Polybiblion  a  eu  lieu  Je 
14  novembre  dernier   au  Restaurant  des  Sociétés  savantes,  8,  rue  Danton. 

—  La  librairie  Desclée  et  de  Brouwer  vient  de  mettre  en  vente  un  Petit 
Guide  du  visiteur  à  Notre-Dame  de  Paris,  par  M.  Charles  Sarazin  (Paris,  s.  d., 
in-12de  80  p. —  Prix  :  0  fr.  75)  dont  ne  manqueront  pas  de  se  munir  tous 
ceux  qui  viennent  admirer  la  merveilleuse  basilique.  M.  Charles  Sarazin, 
sans  prétention  à  une  érudition  qui  ne  serait  pas  de  mise  dans  un  manuel 
de  ce  genre,  a  su,  dans  cette  petite  notice,  résumer  un  historique  du 
monument;  il  a  su  aussi  en  signaler  les  curiosités  les  plus  intéressantes. 

—  C'est  encore  un  guide  à  l'usage  des  visiteurs  que  le  général  Niox  vient 
de  publier:  L'Hôtel  des  Invalides  (Paris,  Delagrave,  s.  d.,  in-18  de  190  p., 
avec  45  grav.  —  Prix  :  2  fr.  50)  et  l'on  ne  s'aurait  trop  louer  la  façon  dont 
l'auteur  no  as  fait  les  honneurs  du  splendide  monument  que  Louis  XIV  éleva 
à  la  gloire  de  l'armée  et  de  la  France.  Les  vrais  patriotes  n'en  auront,  il  est 
vrai,  que  plus  de  regiet'^  à  la  pensée  que  cette  belle  institution  va  dispa- 
raître, mais  le  pe+it  volume  du  général  Niox  apportera  une  compensation 
à  leur  tristesse,  en  leur  donnant  l'occasion  de  lire  les  pages  vibrantes  consa- 
crées au  courage  miataire  français  et  au  véritable  amour  que  chacun  de 
nous  doit  avoir  pour  son  pays. 

—  Paimi  les  asiles  momentanés  où  Rabelais,  dans  son  existence  mouve- 
mentée, trouva  l'hospitalité  secourable  qu'il  réclamai^  de  la  faveur  de  ses 
protecteurs,  aucun  ne  lui  a  arraché  un  témoignage  aussi  vif  de  gratitude 
que  Saint-Maur,  paradis  de  salubrité,  aménité...  et  délices.  C'est  le  titre 
de  la  courte  histoire  du  séjour  de  l'illustre  écrivain  dans  ce  château,  que 
M.  Henri  Clouzot  a  retracée  dans  le  tome  VII  (1909)  de  la  Revue  des  études 
rabelaisiennes.  L'auteur  a  fait  exécuter  un  tirage  à  part  de  son  intéressant 
travail  qui  se  présente  ainsi  sous  la  forme  d'une  luxueuse  brochure  (Paris, 
Champion,  1909,  in-8,  26  p.  et  4  planches);  elle  sera  fort  recherchée  par  les 
amateurs  de  l'histoire  littéraire  du  xvi^  sièc-e. 

—  Le  R.  P.  H.  Watrigant,  S.  J.,  poursuit  son  utile  Bibliographie  des 
récentes  publications  sur  les  exercices  spirituels  et  les  retraites.  Le  nouveau 
fascicule  qui  forme  le  n°  24  de  la  Collection  de  la  bibliothèque  des 
exercices  de  saint  Ignace,  études  et  documents  (Paris,  Lethielleux,  1909,  in-8 
de  48  p.)  comprend  les  livres  ou  articles  publiés  de  1907  à  1909  et  ceux 
de  la  période  antérieure  (1904-1907)  qui  avaient  échappé  aux  recherches 
du  P.  Watrigant  dans  sa  bibliographie  précédente.  Les  ouvrages  sont  classés 
par  langues  (allemande,  anglaise,  espagnole,  flamande,  néerlandaise,  fran- 
çaise, hindoue,  hongroise,  italienne,  latine,  polonaise  et  portugaise).  Ce 
consciencieux  travail  nous  indique  non  seulement  jes  ouvrages  ou  articles 
directement  relatifs  aux  exercices  ou  aux  retraites,  mais,  dans  la  mesure 
où  l'auteur  a  pu  en  avoir  connaissance,  ceux  même  où  il  est  traité  de 
matières  à  titre  occasionnel. 

Franche-Comté.—  De  1894  à  1908,  les  ex-libris  franc-comtois  ont  fait 
l'objet  de  diverses  études  signées  de  MM.  Ju'es  Gauthier  et  de  Lurion,  A. 
Maire  et  J.-B.  Mercier.  Après  une  publication  d'e.ssai,  pourrait-on  dire, 
dans  r  Investigateur  illustré  de  Dijon,   où  ce  dernier  érudit  avait  signalé 


—  548  — 

une  nouvelle  série  de  49  ex-libris  inédits,  le  voici,  aujourd'hui,  qui  fait  pa- 
raître un  important  recueil  intitulé  :  Ex-libris  jranc- comtois  (Dijon,  chez 
l'auteur,  3,  rue  de  la  Préfecture,  1909,  in-8  de  xvi-175  p.,  avec  72  reproduc- 
tions. Tiré  à  150  exemplaires  numérotés.  —  Prix  :  10  fr.).  Une  courte,  mais 
s\ibstantielle  Préface  de  M.  L,éon  Quantin  présente  le  volume  do  M.  Mercier 
et  pose  la  question  du  cadre  à  donner  aux  travaux  du  genre.  Il  nous  a  paru 
que  M.  Quantin  l'a  judicieusement  résolue  en  admettant,  à  côté  des  origi- 
naires de  la  province,  les  personnes  y  ayant  acquis  une  sorte  de  naturali- 
sation, en  raison  des  fonctions  publiques  qu'elles  y  ont  remplies.  Celles-ci 
donc  pourront  figurer  ailleurs  parce  qu'elles  se  rattachent  par  la  naissance 
à  d'autres  provinces,  mais  cela  ne  signifie  nullement,  à  notre  avis,  que  leuis 
ex-libris  soient  déplacés  ici.  «  Délaissant  le  fer  à  dorer,  observe  le  préfacier, 
M.  J.-B,  Mercior  ne  retient  que  Tex-libris  propromfflit  dit,  gravé  sur  cuivre, 
sur  bois  ou  sur  pierre,  et  l'étiquette  imprimée  en  typographie  ou  en  litho- 
graphie. Il  a  coordonné  tout  ce  qui  a  été  déjà  publié,  et,  par  de  patientes 
recherches,  a  pu  ajouter  plus  de  130  nouvelles  pièces.  »  Les  mesures  indiquées 
de  chaque  ex-libris  «  sont  celles,  dit  M.  Mercier  dans  son  Avertissement, 
de  la  composition  elle-même  et  non  celles  de  l'empreinte  laissée  par  la 
planche.  A  ce  propos,  je  dois  dire  que  nos  devanciers,  MM.  Jules  Gauthier 
e  t  Roger  de  Lui  ion  ont  donné,  la  plupai  t  du  temps,  les  dimen.sions  des  pièces 
d'après  la  trace  laissée  par  le  foulage  du  cuivre.  Aussi,  n'ayant  pu  mesurer 
tdiis  les  ex-libris  par  eux  décrits,...  j'ai  dû  consigner  telles  quelles  leurs  in- 
dications.... J'avoue  que  je  me  suis  attaché  principalement  aux  ex-libris 
anciens,  plus  intéressants  et  recherchés  que  les  modernes.  Je  dois  aussi 
m'ex<niser  de  l'obligation  dans  laquelle  je  me  suis  parfois  trouvé  de  copier 
textuellement  les  descriptions  de  MM.  Gauthier,  de  Lurion  et  Maire,  lors- 
qu'il s'agissait  d'ex-libris  que  je  n'avais  pu  rencontrer.  «  Ayant  ainsi  opéré, 
M.  J.-B.  Mercier  est  arrivé  à  donner  la  description  de  674  pièces,  ce  qui  est, 
pour  la  seule  province  de  Franche-Comté,  un  fort  joli  chiffre;  mais  nous 
sommes  persuadé  qu'il  en  découvrira  encore,  ce  qui,  sans  nul  doute,  nous 
vaudra  plus  taid  \m  Supplément,  déjà  commencé  d'ailleurs  au  cows  de 
l'impression  du  présent  volume,  où  il  occupe  les  pages  157  à  162,  avec 
2 1  pièces.  Pour  terminer,  une  ample  table  alphabétique  et  une  page  de  «Chiffres 
et  devises  des  ex-libris  anonymes  ».  A  l'heure  des  étrennes,  en  voici  une  qui 
charmera  les  vrais  bibliophiles  de  France  et  de  Navarre. 

ViSENOT. 


549  — 


TABLE  METHODIQUE 

DES    OUVRAGES    AITALTSÉS 


THÉOLOGIE 

Écriture  eiainte.  Exégèfge.  Der  altiestamentliche  Kanon 
der  Antiochenischen.  Scliule,  Gekronte  Preisschrift  von 
Z)''  Liidwig  Dennefeld^ 193 

La  Vraie  Science  de,s  Écritures,  ou  les  Erreurs  de  'a  scolastique 
et  l'enseignement  officiel  sur  le  viai  sens, de  la  Bible  (X)...      194 

Petite  Bible  illustrée  des  écoles  [Z.Ecker).  Édition  française  par 

Un  Père  de  la  Compagnie  de  Jésus 196 

Cours    supérieur    d'instruction    religieuse.    Israël,    Jésus-Christ,     :•- 
l'Église  catholique  [J.  Labourt)   190 

Der  Verfasser  der  Eiiu-R?den  (Job  Kap.  32-37).  Eine  kri+ische 
Untersuchung  von,  D""   Wenzel  Posselt 197 

Le  Cantique  des  cantiques.  Commentaire  philologique  et  exé- 
gétique  {P.  JoUon) 198 

L'Existence  historique  de  Jésus  et  le  Rationalisme  contempo- 
rain (L.-Cl.   Fillion)    199 

Jésus  historique  (C  Piepenbring)   200 

Jésus  de  Nazareth.  Notes  historiques  et  criti/(ues  {Etienne  Giran).     201 

L'Église  apostolique.  Actes  d'Apôtres.  Épîtres.  Apocalypse. 
Traduction  et  commentaire  par  Vabbé  Verdunoy 202 

Die  Wiederkunft  Christi  nach  paulinischen  Briefen  (D^  Fritz 
Tillmann) 203 

Ascen.«ion  d'Isaie.  Traduction  de  la  version  éthiopienne,  avec 
les  principales  variantes  des  versions  grecque,  latines  et  slave.. 
Introduction  et  notes  par  Eugène  Tisserant 205 

Le  Pays  de  l'Évangile  [E.-N.  Gaussens) 206 

liturgie.  Les  Fêtes  de  l'Église.  Élévations  sur  les  hj^mnes  [J.-D. 

Folghera) 99 

Hymnes  et  proses  inédites  de  Claude  SanteuL  publiées  par  le 
chanoine   Ulysse  Chevalier 529 

TItéologio    (Jo^inatif|ue.  Tractatus  de  veia  religione  [Joannes 

Muncunillf 43 

La  Foi  et  l'acte  de  foi  (J.-V.  Bainvel) 45 

Du  Connu  à  l'inconnu.  Simple  catéchisme  [Uauteur  du  Caté- 
chisme expliqué  sans  maître). 100 

La  Notion  du  lieu  théologique  [le  P.  A.  Gardeil) 44 

De  Minusprobabilismo  [Ludovico  Wouters) .      334 

Actes  de  S.  S.  Pie  X.  Encycliques,  motu  proprio,  brefs,  allocu- 
tions, etc.  Texte  latin  et  trad.  française  en  regard,  précédés 
d'une    notice    biographique  ,    suivis     d'une    Table     générale 

alphabétique.  T.  LU 304 

L'Imniacolata  Concezione  di  Maria  Vergine  e  la  Chiesa  greca 

ortodossa  dissidente  [Mons.  Niccolo  Marini) lo8 

Les  Modernistes  (le  P.  Maumus) 241 

Théologie  ^anorale.  Serinoitïii.  La  Caridad  sacerdotal  ô  Lec- 
ciones  de  teologia  pastoral  (P.  Aquileo  Desurmont) .  Version 
de  la  3^  ediciôn  francesa  por  el  P.   José  Pardo.  T.  1 75 


—  550  — 

Les  Miracles  de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ  exposés  et  médités, 
avec  un  appendice  sur  les  miracles  en  général  (Ch.  Lacouture).     103 

Le  Besoin  et  le  devoir  religieux  [Maurice  Serol) B34 

Après  trois  ans.  La  Pratique  du  décret  sur  la  communion  quo- 
tidienne dans  les  maisons  d'éducation  [le  P.  Jules  Lintelo)  ...      428 

Triduum  eucharistique  et  Instructions  sur  la  communion  quoti- 
dienne d'après  les  décrets  de  Sa  Sainteté  Pie  X  [le  P.  Jules 
Lintelo) 428 

Œuvres  choisies  oratoires  et  pastorales  de  Mgr  Touchet 98 

Exposition  de  la  morale  catholique.  VL  Le  Vice  et  le  péché. 
IL  Leurs  effets,  leurs  formes,  leurs  remèdes.  Contérences  et 
retraite  (Carême  de  1908)  (E.  Janvier) 98 

Pratique  de  l'amour  de  Dieu.  Aux  hommes  du  monde  (Carême 
du  1909]  [Vabbé  de  Gibergues) 106 

L'Espérance.  Conférences  peur  les  hommes  [P.  Girodon) 107 

Asvétisnif  et  Piété.  Sur  les  pas  de  Jésus,  l'e  série.  Bethléem- 
Nazareth  [le  P.  F.  Moureau)   100 

La  Passion  de  Jésus-Christ.  Courtes  méditations  pour  chaque 
jour  de  Carême  [le  R.  P.  Richard  F.  Clarke);  trad.  de  l'anglais 
par  J.  Rcymond 108 

L'Évangile  du  Sacré-Cœur.  Les  Mystères  d'amour  du  cœur  de 

Jésus  [l'abbé  Jean    Vaudou)  .  .  . 100 

Cor  Jesu.  Historique,  doctrine,  pratique  de  la  dévotion  au  Sacré- 
Cœur  de  Jé^us  [l'abbé  Lucien  Poux) 108 

Marie  et  le  Symbolisme  des  pierres  précieuses  (Vabbé  Em.  Valère).     101 

La  Vierge  Marie  dans  l'Évangile,  lectures  pour  le  mois  de  Marie, 
le  mois  du  Rosaire  et  les  fête.-  de  la  Sainte  Vierge  (  Y.  d'  Ysné)  .      102 

Voici  vo+re  Mère.  Entietiens  sur  la  Très  Sainte  Vierge  {Vabbé 
J.  Millot)    102 

Les  Merveilles  de  Massabielle  à  Lourdes.  Apparitions,  Miracles, 
Pèlerinages 108 

Joseph  d'après  l'Évangile  [Vabbé  Max  Caron) 102 

Mes  en  honor  del  patriarca  san  José,  patron  de  la  Iglesia  (José 

Torras  y  Rages) 109 

Vers  les  cimes.  Exhortation?  à  un  jeune  homme  chrétien  [Vabbé 

Chabot) 99 

Allons  à  l'Eucharistie  (.4.  Drive) 103 

Petite  Retraite  de  première  communion  avec  nombreuses  histoires 
édifiantes  [Vabbé  de  Martrin-Donos) 103 

La  Communion  des  enfants  [le  R.  P.  M  azuré) 103 

Les  Jeunes  Filles  de  l'Évangile  (Notes  d'une  retraite  de  jeunes 

filles  )[Mgr  Henri  Rolo) 104 

Lettre?  sur  l'épître  de  saint  Paul  aux  Hébreux  [Mgr  G.  Laper- 

rine  d'Hautpoul) 104 

Retraite  spirituelle  (/.  Guibert) 105 

La  Montée  du  Calvaire  [P. -Louis  Perroy) 105 

Le  Grand  Devoir  de  la  prière  enseigné  aux  enfants  du  catéchisme 
[Vabbé  J.  Millot) 106 

La  Ferveur.  Aux  dames  et  aux  jeunes  filles  [Vabbé  de  Gibergues) .  .     107 

Les  Larmes  consolées  [le  P.  Ch.  Laurent) 107 

iTIélaiigeiii.  Le  Célèbre  Miracle  de  saint  Janvier  à  Naples  et  à  Pouz- 
zolles  examiné  au  double  point  de  vue  historique  et  scientifique; 
avec  une  Introduction  sur  le  miracle  en  général  {Léon  Cavène). .      139 

L'Église  et  la  Pensée  (Esquisse  d'une  théoiie   nouvelle)  [Joseph 

Serre) 270 

Hétéroiloxie.  Les  Croyances  populaires,  l''^  série.  VIL  La  Survie 

des  ombres  [Elie  Reclus) 173 

mythologie.  La  Magie  dans  l'Inde  antique  (  Victor  Henry) 242 


—  551  — 

JURISPRUDENCE 

Histoire  du  droit.  Études  sur  la  tormation  historique  de  la 
Capitis  deminutio.    I.     Ancienneté  respective  des  cas  et  des 

sources  de  la  Capitis  deminutio  {F.  Desserteaux) 385 

Guillaume  du  Breuil.  Stilus  Curie  Parlamenii,  nouvelle  édition 
critique,    publiée   avec    une    Introduction   et   des   notes   par 

Félix  Aubert 387 

Travailleurs  de  France.  Servitude  et  liberté  au  xii^  siècle  et  au 
xx^  {A.  Dubourguier) 387 

Droit  internatioiinl.  La  Guerre  et  les  traités.  Étude  du  droit 
international  et  d'histoir3  diplomatique  [le  lieutenant  Robert 
Jacomet)     236 

lia  Représentation  des  indigènes  musulmans  dans  les  conseils  de 
l'Algérie  (E.  Rouard  de  Card) 388 

L'Organisation  judiciaire  aux  Etats-Unis  [Alf.  Nerincx) 389 

Droit  roinsnerrial.  La  loi  du  17  mars  1909  et  la  loi  du  1^'  avril 
1909.  De  la  Vente  et  du  nantissement  des  fonds  de  commerce 
[Constantin  Maréchal) 396 

Droit    rural.   Petit  Dictionnaire  de  droit   rural  et  us^usl  [Léon 

Lesage)    397 

Connaissances  pratiques  fur  le  droit  rural  et  le  cadastre  mises 
à  la  portée  de  tous  les  cultivateurs,  fermiers,  métayers,  etc. 
(  V.  Cayasse  et  J.-M.  Rabaté) " 397 

Droit  pénal.  Etude  historique  sur  l'idée  de  sentences  indéter- 
minées (  Georges  de  Lacoste) 391 

Étude  critique  du  casier  judiciaire  en  France  et  dans  les  pays 
étrangers  (  G.  Richaud) 39 1 

L'Exercice  illégal  de  la  médecine  et  les  Articles  de  réclame 
médico-pharmaceufique  à  tourriure  scientifique  (  Georges  de 
Lacoste)   392 

lioiii  d>x,ce]»tiou.  De  la  Condition  du  prêtre  dans  l'église  après  les 

lois  de  séparation  (F.  de  V allavitille) 75 

Étude  théorique  et  pratique  sur  la  nullité  et  la  caducité  des 
libéralités  adressées  aux  établissements  publics  et  particuliè- 
rement aux  anciens  établissements  ecclésiastiques  (P.  Ravier 
du  Magny)   398 

Iflélaiiges.  Éléments  et  notions prariques  de  droit  [Henri  Michel)  . .     396 

SCIENCES   ET  ARTS 

Pliîlo»o|>liie.   Généralités,   llélauges.  De  la  Croyance  en 

Dieu  [Clodius  Piat) 404 

Dieu  et  l'Agnosticisme  contemporain  (  Georges  Michelet) 243 

L'Idée  de  Dieu  dans  les  sciences  contemporaines.  I.  Le  Firma- 
ment,  l'Atome,  le  Monde  végétal   (le  D^  Louis  Murret  et  le 

_  Z)r  Paul  Murret) : 429 

Éléments  de  logique  formelle  (  G. -H.  Luquet) 399 

Essais  sur  la  connaissance  (  George  Fonsegrive) 399 

Le    Pv.ationalisme    comme    hypothèse    méthodologique    (Francis 

Maugé)    ' 400 

[:  j     L'Être  et  le  Connaître  (H.  Espinasset)   400 

■-       Le  Subjcctivisme  (Han  Ryner) 401 

h.      Kants  Prolegomena  in  sprachlicher  Bearbeitung  (E?nil  Kûhn)  .  .  365 
Théories  fondamentales  de  l'acte  et  de  la  puissance  ou  du  mou- 
vement; le  devenir,  sa  causalité,  sa  finalité  (Mgr  ^Zèeri  7*'flro:es)  401 


—  552  — 

Étiules  sur  l'humanisme  (F.  C.  S.  Schiller);  trad.  de  l'anglais  par 

S.    J ankclèvitch    402 

Positivisme  et  anarchie  [le  comte  Paul  Cottin) 271 

Chez  un  philosophe.  Deux  interviews  {Camille  Fohdet) 408 

Morale.  Erreurs  sociales  et  maladies  morales  [le  JD'  Ch.  Fressinger).  46 

Les  Conditions  du  bonheur  (Paul  Soariau) 140 

Le  Fondement  psychologique  de  la  morale  [André  Joussain).  .  .  .  402 
Aux  Jemies  du  xx^  siècle.  Un  Paquet  de  lettres  religieuses  et 

philosophiques  [Vabbé  E.  Dessiaux) 537 

L'Évolution  du  mariage  [Paul  Ahram) 174 

Nicole.  Le  Prisme.  Des  défauts  des  gens  de  bien,  etc.  Introduc- 
tion par  Henri  Brémond 174 

Pensées  de  F.  de  Lamennais  (1819-1826),  avec  une  Introduction 

et  des  notes  par  Christian  Maréchal. . 76 

Les  Idées  morales  de  Chateaubriand  [Maurice  Souriait) 173 

Les  Idées  morales  de  Lamaitine  [Jean  des  Cognets) 173 

Aphorismes,    boutades   et    propos    subversifs   d'un   ennemi    du 

peuple  et  des  lois  [Marc  Stéphane).  3<^  et  4^  ;^éries 273 

Histoire  lie  la  |ihilloso|»liie.  Le  Cycle  mysticiue.  La  Divinité, 

origine  et  fui  des  existences  individuelles  dans  la  philof^ophie 

antésocratique  [Auguste  Diès) 404 

La  Définition  de  l'être  et  la  natuie  des  idées  dans  le  «  Sophicte  » 

de  Platon  [Auguste  Diès)   404 

L'Église  e.  le  Progrès  du  monde  [Charles  Stanton  Devas)\  :rad. 

de  l'anglai?  par  le  P.  J.-D.  Folghwa 430 

Beitrage  zur  Geschichte  der  Philosophie  des  Mittelalters  :  Band 

III.    Heft   2.    Witclo     ein   Philosoph   und   Naturfor-scher   des 

XIII  Jahr-hunderts  [démens  Baeumker) 336 

Band  VI.   Heft  2.  Nicolaus  von  Autrécourt,  sein  Leben,  seine 

Philosophie,  seine  Schr'iften  (i)r  Joseph  Lappe) 337 

Band  VI.  Heft  2.  Geschichte  der  Gottesbew^eise  im  Mittelalter 

bis  zum  -Vusgang  der  Hochscholastik  (Z)'  Georg  Grûnwald) 337 

Band   VII.    Heft    J.    Der   angebliohe   exzessive   Realismus   des 

Duns  Scotus  (D'"  Parthenius  Minges)   338 

Band  VIII.  Heft  1-2.  Quellenbiitrage  und  Untersucliungen  zur 

Geschiclite    der    Gottesbeweise   im    dreizehnien    Jahrhundert 

mit  besonderer  Beriicksichtigung  de<^  Arguments  ii«  Proslo- 

gium  des  H).  Anselm  [P.  Augusthnis  Daniels) 338 

El  Sistema  cientifico  Luliano.  Ar's    RIagna,   exposiciôn  y  critica 

(D.,  Salvador  Bové) " 530 

Les  Eléments  cartésiens  de  la  doctrine  spinoziste  sur  les  rapports 

de  la  pensée  et  de  son  objei  (Albert  Léon) 405 

La  Philosophie  générale  de  John  Locke  [H.  Ollion) 405 

La  Philosophie  j'eligieuse  de  Schleiermacher  [Edmond  Crainaus- 

sel)   406 

Auguste   Corrrte  et  son  œuvre   Le    Positivisme    (  Georges    De 

hernie) 407 

Agnostiques  français.  Positivisme  et  anarchie.  Auguste  Comte, 

Littré,  Taine  [le  comte  Paul  Cottin) .'        32 

Les    Théories    individualistes     dans    la    philosophie    chinoise. 

Yang-Tchou  [Alexandra  David) 407 

Notes  sur  la  philosophie  j  aponaise  [Alexandra  David) 408 

éducation.  EitBeigiienieiit.  Notre  Œuvre  d'éducatriccs   [Une 

Religieuse  des  Sacrés-Cceurs  de  Jésus  et  de  Marie) 45 

Le  Problème  de  l'éducation,  essai  de  solution  par  la  critique  des 

doctrines  pédagogiques  (Z,.  Duga.^) 403 

Aimez-les.     Lettres    entre   directrices   de   patronage   [Françoise 

Henry) '  .  .  .      456 


—  553  — 

Lettres  sur  les  études  ecclésiastiques  (Mgr  Mignot) _. . .     141 

Pour  et  contre  le  baccalauréat.  Compte  rendu  et  conclusions 
de  l'enquête  de  la  «  Revue  universitaire  »  [Paul  Crouzet) 271 

Féminisme.  La  Femme  et  son  pouyoiv .(M^^  Arma  Lampérière)     393 

La  Femme  dans  la  société  (Léon  Legavre) 394 

Un  Chapitre  du  féminisme.  L'Intellectuelle  [Wieland  Mayr) .  .  . .     395. 

Sciencei^   politiques,  économiques    et   sociales.    Cours 

d'é(^iinomie  politique  [Charles  Gide) 20 

Manuel  d'économie  politique  [Vilfredo  Pareto);  trad.  de  l'italien 

par  Alfred  Bonnet 21 

Principes    d'économie    j  oHtique    [Alfred    Marshall):    trad.    par 

Sauvaire-Jourdan  et  J.  Savinien-Bouissy.  T.  Il 21 

L'Ai't  de  placer  et  de  gérer  sa  fortune  [Paul  Leroy- Beaulieu) 244 

Hist(jire  économique  depuis  rantiqui>:.é  jusqu'à  nos  jours  [Louis 

André) 27 

La  France  économique  et  sociale  à  la  veille  de  la  Révolu  ion 

[Maxime  Kovalewski)  I.  Los  Campagnes 28 

Il  Sespo  dal  punto  di  vista  statislico   [Corrado   Gini) 22 

Les  Trusts  et  les  .?yndi''ats  de  producteurs  (/.  Chastin) 23 

Le  Marché  financier  américain  et  sa  récente  crise  monétaire  [Her- 

mann  Schumacher)  ;  trad.  de  l'allemand  par  Jean  Lescure 23 

La  Revision  douanière  [Albin  Huart) 24' 

Régime  du  travail  [L.  Garriguet) 24 

Le  Chômage  [Ph.  de  Las  Cases) 24 

Beneficiary  features  of  American  trade-unions  [James  B.  Ken- 
nedy)            25 

Le  Problème  des  retraites  ouvrières  (  G.  Olphe-Galliard) 25 

Le  Droit  de  grève  [Ch.  Gide,  H.  Barthélémy  P.  Bureau,  A.  Keufer, 
C.    Perreau,    Ch.    Picquenard,    A.—E.    Sayous,    F.    Fagnot     et 

Vandervelde) 26 

Histoire  des  corporations  de  métiers  depuisjeurs  origines  jusqu'à 
leur  suppression  en  1791,  suivie  d'une  Étude  sur  l'Évolution 
de  l'idée  corporative  de  1791  à  nos  jours  et  sur  le'mouvement 

syndical  contemporain  [Etienne  Martin  Saint-Léon) 29 

La  Question  sociale  au  xviii"  siècle  [André  Lecocq) 176 

Une  Étude  sur  Tapprentissage  d'après  des  documents  toulousains. 

Essais  de  philosophie  sociale  [Joseph  de  Bonne) 29 

Les  Principes  de  l'évolution  sociale  [Dicran  Aslanian) 403 

La   Vie  sociale,     la   vie   économique,   programme   d'études   [la 

Fédération  régionale  des  groupes  du  Sud-Est) 30 

Le  Travail  sociologique.  La  Méthode  [Pierre  Méline)     31 

Aux  classes  dirigeantes.  Ce  cfue  les  pauvres  pensent  des  riches 

[Fernand   Nicalay) :  .  .  .  .      338 

Les  *Fléaux  nationaux.   L)épo|>ulati(in,  i  ornograpliie,  alcunlisme, 

affaissement  moral  [Btnée  Lavollée) 33 

La  Vie  ouvrière,  observations  vécues  [Jacques  Valdour) 33 

Verità,  scorribande  d'uno  sj-regiudicato  a  traver.'-'o  l'essere  e  il 

parère  délia  vita  sociale  [Lo  Forte  Bendi) 34 

Vers  la  lumière  et  la  beauté,  e.ssai  d'esthétique  sociale  [Emile 

Pierret) 34 

Le  Socialisme  conservateur  ou  municipal  [André  Mater) 35 

Cosmopolitisme    iSigurd    Tornudd) .  .        36 

Le  Socialisme  à  Tétrangor.  Angleterre,  Allemagne,  Autriche.  Ita- 
lie, Espagne,  Hongiie,  Russi  >,  Japon,  Élats-Uni.'-  iJ.  Bardoux. 
G.  Gidel,  Kinzo-Gorai,  G.  Isambert,  G.  Louis-Jaray,  A.  Mar- 
vaud,  Da  Motta  de  San  Miguel,   P.  Quentm-Bauchart,  M .  Be- 

i'on,  A.  Tardieu) 36 

Syndicalisme  révolutionnaire  et  Syndicalisme  réfoimiste  [Féli- 
cien Challaye) 37 


—  554  — 

Pourquoi  nous  sommes  socialistes  (Jules  Noël) 37 

Srîencrg  naturelles.  Les  Sciencos  physiques  et  naturelles  dans  le 

livre  do  Job  [René  Deloche) 272 

Mutation  et  traumatismes,  étude  sur  l'évolution  des  formes 
vétçétales  [L.  Bhirinshem) 48 

Espèces  et  variétés,  leur  naissance  par  mutation  [Hugo  de  Vries)  ; 
t-^ad.  de  l'anglais  pai  L.  Blavinghem 245 

Manipulations  de  zoologie  et  de  botanique.  Classe  de  philosophie 
et  de  mathématiques,  préparation  aux  écoles  [H.  Monnier 
et  M.  Kollmann) 76 

Les   Premiers    Pas   dans   l'entomologie.    Nos    Scarabées    [Paul 

Marylis)    365 

EtlinoI.»<)ie.  Classification  palethnologique  [A.  de  Mortillet) 76 

llé»i«*eîïie.  Iliiiitoire.  Cîéiiéralî#és.  Les  Indiscrétions  de  l'his- 
toire [le  D^  Cabanes).  6^  série 308 

La  Rançon  du  progrès  (P.  Baudin  et  le  D^  Nass) 309 

Hygjièn*'.^   Précis    d'hygiène    militaire    à   l'usage    des    candidats 

à  l'École  de  guerre  [le  D^  Monéry) 239 

Pathologie     et    TiiérM|)eiitiqiie.      Rééducation     physique 

et  psychique  [le  D^  H.  Lavraud) : 312 

Sciences  psychiques.  Essai  sur  la  psychologie  de  la  main  [N.  Vas- 

chide)  .'. 310 

De  l'illu&ion,   son  mécanisme  psycho-social   (le  prestidiqitateur 

Alher)    ".  . 311 

L'Évolution  psychique  de  l'enfant  [le  D^  H.  Bouquet) 312 

Travail  et  folie,  influences  professionnelles  sur  l'étiologie  psy- 

chopatique  [les  D^s  A.  Marie  et  B.  Martial) 313 

Le  Spiritisme  dans  ses  rapports  avec  la  folie  [le  /)■"  Marcel  Viollet)  456 
Le   Hachich,   essai   sur  la  psychologie  des  paradis   éphémères 

[le  D^  Bayinond  Meunier) 313 

Les  Hallucinations  télépa+hiques  [N.  Vasch'de) 456 

Les  Synesthésies  [Henry  Laures) 47 

Scîenees  iiliysiqueset  rliiiniques.  Les  Découvert'^s  modernes 

en   physique    [0.    Manville) 409 

Traité  df  phy.îique  (0.  D.  Chwolson);  trad.  sur  h.<-  éditions 
russe  et  allemande,  par  E.  Davaux;  édition  revue  et  considé- 
rablement augmentée  par  l'auteur,  suivie  de  Notes  sur  la 
physique  théorique  [E.  et  F.  Cosserot)  T.  II,  3efasc.  et  T.  II, 
4e"^fa<=c 410 

Les  Oscillations  électromagnétiques  et  la  Télégiaphie  sans  fd 
[J.  Zenneck);  trad.  de  l'allemand  par  P.  Blanchin,  G.  Gucrard 
et  E.  Picot  .' .      410 

La  Grammaire  des  électriciens  enseignée  aux  débutants  par 
expériences  et  m3sures  [E.  Gossart).  T.  I.  Le  Courant  continu.     VU 

Les  Merveilles  de  la  Science.   II.   Électiicité  [Louis  Figuier  et 

Max  de  Nnnsouty) 494 

Traité  complet  d'analyse  chimiqu'^  appliquée  aux  essais  indus- 
triels [J.  Post  et  B.  Neu?nanti).  2®  éd.  française  par  L.  Gautier.  .      412 

La  Synthèse  des  pierres  précieuses  [Jacques  Boyer) 413 

Zootechnie.    Le    Cheval  de  demi-sang.  Races  françaises  [Alfred 

Gallier)   141 

Le  Porc.  Racec,  élevage,  maladies  [H.-L.-A.  Blanchon)    142 

Agriculture.  Horticulture.  Chimie  agricole,  chimie  végétale 

(  Gustave  André) 531 

Mémento  d'un  jardinier-amateur  [Léon  Chevreau) 365 


—  555  — 

Scieuee»  niatliéinatiqueii.  Théorie  des  corps  défoi'mables  (S.  et 

F.  Cosserat) 413 

Élémt^nts  de  la  théorie  des  probabilités  (Emile  Borel)  414 

Initiation  à  la  mécanique  [Ch.-Ed.  Guillaume) 414 

.ântrononiie.    Études    nouvelles  sur  l'astronomie    [Ch.   André  et 

P.  Puisieux).  Les  Planètes  et  leur  origine  {Ch.  André) 142 

Cléol<»^g»«.  Traité  de  géologie  (^miVe.Tyawg).  I.  Les  Phénomènes  géo- 
logiques .  .  .  ■ 432 

4érouautique.    Dans    les    airs.    Aérostation,     aviation,     études 

aérostatiques  (  G.  de  la  Landelle) 38 

Les  Aéinnautes  et  les  colombophiles  du  siège  de  Paris  [François      ivi 
Mallet) 38 

Histoire  de  l'aviation.  Avions  et  aviateurs  d'hier,  d'aujourd'hui  et 

de  demain  (Turgnn)  39 

L'Aviation,  ses  débuts,  son  développement  [F.  Ferb  r) 39 

L'Homme  s'envole.  Le  Passé,  le  présent  et  l'avenir  de  l'aviation       ^-.^ 

{le  capitaine  Sazerac  de  Forge) 40 

État  actuel  et  avenir  de  l'aviation  [Rodolphe  Soreau) 40 

Aviation.    Comment   l'oi.'eau   vole,    comment   l'homme   volera' 

[Wilhelm  Kress)  ;  trad.  par  R.  Chevreau.  .  .■ 41 

Comparaison  entre  certaines  théories  relatives  aux  automobiles 
et  aux  machines  à  voler.  Cent  ans  d'études  [J.-J.  Bourcart) ....       41 

L'Aéroplane  des  frères  Wright 41 

Aéronef  dirigeable  plus  lourd  que  l'air  (hélicoptère).   Influence 

du  vent  sur  la  marche  de  l'aéronef  [Alfred  Micciollo) 42 

Les  Hélicoptères  Paul  Cornu 42 

De  la  Nécessité  urgente  de  créer  un  laboratoire  d'essais  aéro- 
dynamiques, destiné  à  fournir  aux  amateurs  des  éléments 
nécessaires  à  la  construc+ion  des  aéroplanes  et  de  la  manière 

d'organiser  ce  laboratoire   [S.  Drzewiecki) 42 

Des  Hélices  aériennes.  Théorie  générale  des  propulseurs  héli- 
coïdaux et  Méthode  de  calcul  de  ces  propulseurs  pour  l'air 
[S.   Drzewiecki)    43 

Kei^iioes  militaires.    Enseignements    tactiques    de    la    guerre 

russo-japonaise  [le  commandant  Niessel) 233 

Histoire  abrégée  de  la  guerre  russo-japonaise.  Le  Combat  d'infan- 
terie d'après  les  enseignements  de  la  guerre  [le  lieutenant  Escalle)     234 
Enseignements  de  deux  guerres  récentes  [le  général  Langlois)  ....     236 

La  Discipline  moderne  [le  capitaine  Paul  Simon) 237 

Étude  sur  la  psychologie  de  la  troupe  et  du  commandement 

{le  commandant  Gaucher)   *      237 

Notre  armée  à  l'œuvre.  Aux  grandes  manœuvres  de  1908  {Pierre 

Baudin) 238 

La  Nation  aimée.  Leçons  professées  à  l'École  des  hautes  études 
sociales  [le  général  Bazaine-Hayter,  E.  Bourgeois,  C.  Bougie, 
le  capitaine  Bourguet,  E.  Boutroux,  Croiset,  G.  Demeni),  G.  Lan- 

son,  L.  Pineau,  le  capitaine  Potez,  F.  Rauh) 238 

L'Armée  et  ses  cadres  (  A.  Mes'^imy) 239 

Pour  la  race.  Notre  soldat;  sa  caserne  {le  D^  Lachaud) 239 

Le  Service  des  renseignements  mi  itaires  en  temps  de  paix  et 

en  temps  de  guerre  {le  lieutenant- colo7\el  Rollin) 239 

L'Infanterie  au  combat  {le  lieutenant-colonel  Thomas  de  Colligny).     240 

L'Organisation  de  l'infanterie  et  de  l'artilli  rie 239 

Cours  élémentaire  de  tir  de  campagne  {le  capitaine  Tréguier) ....     240 
La  Manœuvre  de  Lorlanges,  exécutée  par  le  13®  corps,  le  12  sep- 
tembre 1908  {le  général  Percin) 240 


—  556 


Dictionnaire  militaire.  Encyclopédie  des  sciences  militaires 
(  Un  Comité  d'officiers  de  toutes  armes).  24'-'  livraison.  Théorie- 
Train  d'artillerie 240 

marine.  Le  Bilan  de  notre  marine  {J.-L.  de  Lanessani) 144 

La  Marine.  Le  Haut    Commandement,  ses    fautes,  sa    réforme 

[L.-M.   V.  et  E.  Liron) 531 

Torpilles  et  projectiles  automobiles  [H.  Noalhat) 49 

Le  Problème  de  la  marine  marchande  (Louis  Fraissaingea) 246 

Sports.  Gios  et  petits  Poissons  (récits  de  pêches)  (Emile  Maison) .  .  .     528 

Beaux-.4i't8.  Biographies  «k^crtistes.     Raphaël     L'Œuvre 

du   maîtie    485 

Vittore  Carpaccio,  la  vie  et  l'œuvre  du  peintre  (  G;/s^air  Ludivit^ 
et  Pompeo  Molmenti;  trad.  pai  H.-L.  de  Perera) 484 

Les  Peintres  anciens  et  modernes,  leur  vie,  leur  œuvre  (E.  Bé- 

nézit) 496 

Pmu'quoi  et  comment  visiter  nos  musées  (Charles  Morice) 527 

Arts  industriels.  De  la  Restitution  du  plan  au  moyen  de  la 

téléphotographie  en  ballon  (L.  Pezet) 273 

mélançies.  De  la  Méthode  dans  les  sciences  (auteurs  divers) 242 

Les  Idées-  et  les  formes  (Antiquité  orientale)  (Péladan) 335 

Études  sur  Liéonard  de  Vinci.  Ceux  qu'il  a  lus  et  ceux  qui  l'ont  lu 

(  Pierre  Duhcm) 415 

Les  Sciences  physiques  et  naturelles  vulgarisées  et  les  principaux 

produits  industriels.  Leçons  de  choses  (/.  Leday) 537 

Les  Trucs  du  théâtie,  du  cirque  et  de  la  foire  (Max  de  Nansouty)  527 

LITTÉRATURE 

Eiicyelopédies  Linguistique.  Pliilologie.  Handbucli  des 
Alt-Irischen  Grammatik.  Texte  und  Wœrterbuch  (Rudolf 
Thurmysen).  I.  Teil  :  Grammatik 246 

The  Oxford  English  Dictionary,  a  new  English  Dictionary  on 
historical  ju'inciples  (James  A.  M.  Murray).  Movement-Myz 
(Vol.  VI)  (Henrij  Bradleij) 248 

Programme  et  méthodes  de  la  linguistique  théorique.  Psycho- 
logie du  langage  (Clj.   Albert  Sechehaye) 532 

La  Parole  humaine.  Études  de  philologie  nouvelle  d'après  une 
langue  d'Amérique  (.4.  Berloin) ., 49 

La  Langue  française  d'aujourd'hui.  Évolution.  Problèmes 
actuels  (Albert  Dauzat) .•,•;••      ^^^ 

L'Année  linguistiaue,  publiée  sous  les  auspices  de  la  Société  de 
philnlngie.  T.  ni.  1905-1907 33Î 

Folk-lore.  Trente  Noëls  poitevins  du  xV?  au  xviii^  siècle,  publiés 
par  Henri  Lemaitre  et  Henri  Clouzot.  Ai' s  notés  par  Aymé 
Kunc.^ 251 

Éloqnenee.   Les  Maîtres  de  la  chaiie  en  Fiance.   Massillon.   Sa 

Prédication  sous  Louis  XIV  et  sous  Louis  XV  (Vabbé  L.  Pauthe)     251 
Trente-cinq  ans  d'épiscopat  (Mgr  de  Cabrières) ■ 341 

Poésie.  Aucassin  et  Nicolette.  Texte  critique,  accompagné  de  para- 
digmes et  d'un  lexique  (Hermann  Suchier),  avec  une  table  con- 
tenant la  notation  musicale.  Trad.  française  par  J/ètri  Counson.     319 
Les   Muses    françaises,    anthologie    des    femmes  poètes   (Alph. 

Séché).  T.  III  (xxe  siècle) 109 

Les  Poètes  du  terroir,  du  xv*"  au  xx^  siècle  (Ad.  Van  Bevcr).T.  I^"".     1 10 
L'Anthologie  du  félibrige,   morceaux  choisis  des  grands  poèces 
de  la  Renaissance  méridionale  au  xix*^  siècle  (Armand  Praviel 
et  J.  -R.  de  Brousse) 1  M 


—  557  — 

La  Poésie  de  Jean  Aicard.  Portrait  littéraire  et  choix  de  poèmes 

(J.  Calvet) 111 

Le  Sablier  (Paul  Galland) 112 

L'Amphore  [Jean  Segnstaa) 112 

Clochettes  et  bourdons  (Robert  Muchard) 113 

Par  ces  longues  nuits  d'iuver  (Raoul  Gauhert-Saint-Martial) 113 

Chants  d'adolescence  (Alphonse  Morand) ,  ., 114 

Les  Argonautiques  d'Apollonius  le  Rhodien,  trad.  en  vers  fran- 
çais (et  vers  pour  vei's)  (L  comte  Ulysse  de  Séguier) 114 

De  l'Hélicon  au  Calvaire  (le  même) 114 

Le  Livre  des  chats  (Alfred  Ruffin) 115 

Le  Mage  sans  étoile  (1902-1908)  (Raphaël  Arvor) 1L5 

Rêves  épars  (Edmond  Maguier) 116 

L'Écho  des  heures  (la  comtesse  de  Salorges) 116 

Moisson  d'étoiles  (Thérèse- Pierre  de  Libertat) 117 

Les  Ailes  de  cire  (Marcel  Pays) 117 

Nuit  d'Egypte,  escjuisses  (Jean  de  Bère) 118 

La  Pâque  des  Roses  (Touny-Lérys) ' 118 

Le  Vent  dans  les  arbres  (A.  de  Bnry)   118 

Crépuscules  d'amour  (  Georges  Batault) 119 

Heures  vécues  (Réno)   207 

Les  Beaux  Jours  (Jacques  Chenevière) 207 

Lecture  et  récitation  (Maurice  Bouchor) 207 

Le  Voile  des  choses  (Paul-Louis  Aubert) 208 

L'Ame  inquiète  (Jacques  Noir) 208 

Les  Synthèses,  poèmes  philosophiques  ij.  Bru  d^ Esquille) 208 

Le  Chapelet  d'ambre  (Chatir  Bey) 209 

Le  Luth  d'amour  (  Yvon  Sthel)   209 

Trois  années  (1905-1908)  (Francis  Eon) 209 

Les  Soivs  (Litopi  Chevalet) 209 

Les  Deux  Jeunesses  (Emile  Rochard) 210 

La  Légende  de  l'homme  (Nelson  Couytigne) 210 

Nouveaux  Rondels  païens  (Ferdinand  Lovio) 210 

Aux  Jeunes  Turcs  (Robert  Huchard) 210 

La  Guerre  (le  même) 210 

Les  Jardins  de  Bade,  ballades  des  bords  du  Rhin  (Georges  Phi- 
lippe)   210 

Vingt  Poèmes  en  prose  (Marcel  de  Malhcrbp.) 211 

Chants  d'avant  l'aube  (Algemon  Charles  Swinburne);  trad.  par 

Gabriel  Mourey 340 

La  Chanson  des  Nibelunge,  traduite   du  moyen  haut-allemand 

par  J.   Firmery    342 

Mis  Canciones,  obras  poéticas  (el  R.  P.  Restituto  del  Valle  Ruiz).  175 
Dante  Alighieri.    La  Divine   Comédie,    traduite    et    commentée 

par  A.  Méliot 435 

Théâtre.  Études  dramatiques.  T.  IV.  Le  Déluge  (Adolphe  Môny). .  211 

Œuvres  inédites  de  P.-J.  de  Béranger : 211 

Mérovée,  drame  historique  en  5  actes  en  vers  (Blanche  Schnitzler)  211 

Au  Soleil  du  rêve  (  Gaston  Sorbets) 212 

Théâtre  contre  la  guérie.  Scènes  de  gueire  de  tous  les  temps 

(Paul  Lacombe) 212 

Jeanne  d'Arc  libératrice,  tragédie  en  3  actes  (Mgr  Henri  Debout) .  212 

Dialogues  des  vivants  (Jean  de  la  Grèze) 213 

Théâtre  de  la  Révolution  (Romain  Rolland) 213 

Bernadette  et  Lourdes,  drame  historique  en  un  prologue,  cinq 

acteo  et  dix  tableaux  (Vabbé  Joseph  Oger) 425 

Lourdes  et  Bernadette,  drame  historique  en  un  prologue,  cinq 

actes  et  dix  tableaux  (le  même) 425 

La  Bienheureuse  Jeanne  d'Arc,  drame  historique  en  quatre  actes 


—  558 


et  douze  tableaux  {le  même) 'i25 

Jeanne  d'Arc,  dranae  en  cinq  actes  pour  jeunes  files  {Jehan  Grech)  425 
Le  Cœur  de  Jeanne  d'Arc,  drame  historique  en  trois  actes  et 

apothéose  pour  jeunes  filles  {le  même) 42'' 

Une  Fille  de  Fra  Diavolo,  petit  opéra  comique  en  tiois  actes  avec 

prologue  {le  même)  .  . 426 

Le  Jongleur  (^c  Lavardin,  saynète  en  vers  {Simon  Davaugour) ....  426 

Le  Barbi.-r  de  Pévenas,  saynète  en  vers  {le  même) 426 

Les  Bretons  de  DugU(Si''in,  épisode  dramatique  en  v  rs  {le  même)  426 
Une  Séance  du  Conseil  d'Empire  sous  Pierre  le  Grand,  scène 

dramatique  en  vers  {le  même) 426 

La  Villa  du  Doux-Repos,  comédie  en  un  acte  {Ch.  Le  Roy-  Villars)  426 

La  Cage  aux  œufs  d'or,  comédie  en  trois  actes  {le  même) 426 

La  Dernière  Farce  de  Marfailloux,  comédie  en  trois  actes  {lemême)  426 
L'Accident  de  la  rue  Saint-Ferréol,  comédie  en  un  acte  {Erin 

de   Saint-  Yrieix) , 427 

Le  Quart  d'heure  de  Rabelais,  comédie  bouffe  en  deux  actes  et 

trois  tableaux,  avec  chœurs  et  couplets  (J.  Reginald) 427 

J'étoufTe  !  J'étouffe  !  monologue  comique  {Pancrace)) 427 

Chez  l'ami  Print:^mps,  monologue  en  vers  {Eugène  Palazzi] 427 

Julien  l'Apostat,  drame  chrétien  en  trois  actes  et  en  vers  {Vahbé 

Ducousso)    427 

Ripoche,  drame  vendéen  en  un  acte  {Vahhé  de  Martrin-Donos)  . . .  427 

Romans    eonte<$   et  nouvelles  .Mémoires   d'une   50    H. -P. 

(  Paul  Arosa) 5 

Inferna  {Cléa  Lucius) 6 

Immortelle  Pologne  !  (  Gabriel  Dauchot) 6 

Le  Drame  du   Korosko  {Conan  Doyle);  trad.  de   l'anglais    par 

Henry    Evic 7 

Vers  plus  de  joie,  roman  de  l'année  1995  {André  Godard) 8 

Le  Prix  de  la  vie  {Henri  Davignon) 8 

LTne  Leçon  de  vie  {Laurent  Evrard) 9 

Leur  Victime  {Jules-Pliilippe  Heuzey) 9 

Au  bord  de  l'idylle  {Prosper  Dor) 10 

L'Otage  {Henry  Buteau) 10 

Sœurette  {Paul  Lacour) 11 

L'Été  de  Guil'emette  {Henri  Ardel) M 

Le  Reste  est  .'^ilence...  {Edmond  Jaloux) 12 

Les  Défenseurs  (histoires  lorraines)  {Jean  Tanet) 12 

La  Déroute  (G.  Erastoff);  trad.  de  Marie  Redgar  et  lann  Karmor.  .  .    13 

Les  Demoiseîles  de  la  poste  {Paul  Bonhomme) 13 

Sœur  Marie-Odile  {Charles  d'Ollone) 14 

Bourgeoises  artistes  {Henriette  Bezançon) 14 

L.es  Deux  Routes  {Paul  Tany) 15 

Le  Roi  des  miHiards  {Henry  Grcnlle) 16 

L'Armçiire  au  linge  blanc  {Armand  Delmas) 16 

Les  Pays  de  France.  Passions  crltes  {Charles  Le  Goffic) 17 

Trois  Troupi-rs  {Rudyard  Kipling)  ;  trad.  de  Albert  Savine) 17 

La  Lanterne  magique  [Paul  Margueritte) 18 

Colette  Baudoche,  histoire  d'une  jeune  fille  de'  Metz  {Maurice 

Barrés) 18 

Le  Livre  de  la  mort.  A  l'hôpital,  à  l'amphithéâtre,  au  cimetière 

{Edouard   Gauche] .  289 

Paysages  passionnés  (  Gabriel  Faure) 290 

Le  Roman  sournois  {Pierre  Lièvre) 290 

Mon  Prince  Charmant  {Alexis  Noël) 290 

Simone  la  Romanesque  {Lucien  Trotignon] 291 

Lequel  l'aimait  {Mary  Floran) 291 


—  559  — 

Le  Jardin  délaissé,  suivi  de  Ce  qui  ne  ressuscite  pas  (JeanGallotti).  291 

L'Eve  {Eugène  Joliclerc) 292 

Tri)is  Sœurs  {Eisa  d'Esterre  Keeling);  trad.  do  l'anglais  par  Flo- 
rence O'Noll 292 

Une  Vie  d'artiste  {Adolphe  Schmitthenner);  irad.  de  l'allemand 

par  H.  Heinecke 292 

La  Double  Confession  {Charles  Le  Goffic) 293 

La  Voie  du  mal  (  Grazia  Deltdda);  trad.  de  l'italien  par  G.  Hcrelle.  293 

Le  Miroir  aux  alouettes  (7.  de  Mestral-Comhremont) 294 

La  Voix  de  l'oiseau  {Henry  Morane) 294 

Les  Anxiétés  de  Thérèse  Lesieure  {Etienne  Bricon) 296 

Ames  juives  {Stéphen  Coubé) 297 

La  Course  à  l'abîme  {Ernest  Daudet) 299 

Les  Aventures  du  cardinal  de  Richelieu  et  de  la  duchesse  d'EIbeuf, 
récit   anonyme   extrait   des   archives   du    château    d'Acy    {le 

baron  A.  de  Maricourt) 299 

Chez  les  Moumenin,  récits  algériens  {Antonin  Mule) 300 

Les  Metteurs  en  scène  {Edith  Wharton)    ' 300 

Un  Étrange  Divorce  {le  comte  A.  de  Saint- Aulaire) 301 

Sur  les  deux  rives  {Léon  de  Tinseau) 301 

Les  Caquets  du  docteur  {Octave  Béliard) 302 

Mes  Pannes  {Henry  d"  A  grain) ■  302 

Pereat  Rochus  et  autres  nouvelles  {Antonio   Fogazzaro);  trad. 

de  l'italien ^ 303 

-     Le  Mariage  de  Mademoiselle  Gimel,  dactylographe  {René  Bazin) .  .  303 

L'Expiatrice  {Charles  Nie  ullaud) 304 

Là  Mésangère  [Myriam  Thélem) 306 

Le  Vaisseau  de  plomb  (  G.  Lechartier) - 307 

Ma  Tante  Giron  {Benc  Bazin) 498 

La  Peur  de  vivre  {Henry  Bordeaux) . 502 

Contes  choisis  {Paul  Bourget) 502 

Las  Caracolas,  cuentos  aragoneses  {Juan  Blasy  Ubide) 77 

La  Tribuna  roja  {Bemardo  Morales  San  Martin) 366 

Ouvrages  p<»tir  la  |euiiee»i«e.  La  Bague  d'opale  {M.  Maryan) . .  417 

Roselyne.  {M.  Mary^in) 418 

Iva  Route  choisie  {marc  Debrol) 41 8 

L'Ame  de  Pilate  {Jeanne  d.  Coulomb) 41  h 

O  Jeunesse  1  {Mathilde  Aigueperse  et  Roger  Doinbre) 419 

Le  Mari  de  la  veuve  (B.  de  Buxy) 419 

Léo  Féodaux  (  Yves  Le  Febvre) 419 

Le  Cottage  fleuri  {Lucie  des  Ages)  .  . 420 

A  tour  de  bras,  histoires  du  temps  présent  iJean  des  Tourelles) . .  .  420 

Petite  José  {Pierre  Perrault) 420 

La  Famille  E'iis  {Michel  Auvray) 420 

Fidèle  à  Dieu  (F.  de  Noce) .' 420 

Face  au  devoir  {Edmond  Coz) 421 

De-ci,  de-là,  légendes  et  fantaisies  {Berthem-Bontoux 421 

Le  Journal  d'un  potache  {Jean  Vczère) 421 

Le.=  Vacances  de  Suzette  pour  1909 421 

Le  Château  de  Pontinès  (  V.  Mag) 421 

La  Chevau'^hée  des  reîtres  {Charles  Lesbruyères] 421 

Jeunes  Gloires  {Berié  Gaëll) 'i'-l 

Au  bord  du  lac  {Michel  Auvray) 421 

Chassés  du  nid  {Chéron  de  la  Bruyère) 422 

La  Villa  aux  cerises  {J^ucie  des  Ages) 422 

Mon  premier  voyage  {F.  de  Noce) 422 

La  Fille  du  corsaire,  loman  d'aventures  maritimes  {Jean  Drault).  422 

Mirage  et  réalité  {F.  de  Noce) 423 


—  560  — 

Trait  d'union  (Marguerite  Levray) 423 

Le  Roc-Maudit  {Marguerite  Le^^rny) 423 

Lps   Cent   mille  curiosités  d'iror   et   d'aujouvci  hui   [Henri   Cor- 
donnier)   424 

Muguette  [Jean  Barbet  de  Vaux) y 424 

Le  Général  Dur  à  cuire  (Lucie  des  Ages) 424 

Le  Perroquet  du  cantinier  (Jean  Drault) 424 

Le  Dernier  Duc  de  Bretagne  (Paul-  Yves  Séhillot) 424 

Les  Naufragés  du  «  Jonathan  «  (Jules  Verne) 495 

La  Course  au  radium  (Paul  d'Ivoy) 499 

Les  Mangeurs  de  sable  (Henri  Leturque) 499 

Au  pied'de  l'Acropole.  Damaris  l'Athénienne  (Henri  Guerlin] ....  500 

Tiarko,    le   chevrier    do   Napoléon    (Jules    Chancel) 501 

La  Perle  de  sang  (Emilio  Snlgari)  ;  trad.  par  J.  Fargeau 502 

Romans  et  contes  de  tous  les  pays.  En  France  et  en  Améri(jue 

(Th.    Bentzon) ' 503 

La  Terre  qui  tremble  (Stanislas  Meunier) 504 

Le  Roman  du  Renard,  adaptation  pour  la  jeunesse  (Z.  Tarsot  et 

A.     Vimar) 505 

La  Lionne  de  Clisson  (Pierre  Maël) 506 

Médor    Médorovitch,    aventures    d'un    terre-neuve    (Kmugloff); 

trad.  du  russe  par  Léoji  Golschniann 506 

Où  le  grain  tombe. . .  (  Georges  de  Lys) 506 

Le  Ballon  fantôme  (Jacques  des  Gâchons) 507 

L'Enfant  de  la  falaise  (A/m^  Augusta  I^atouche) 508 

La  Découverte  du  doc^^eur  Faldras  (O.  de  Traynel] 509 

Elisabeth  Faldras  (O.  de  Traynel) 509 

Maître  Juponnet,  cambrioleur  (Chemilly  et  Paul  de  Maurelly) ....  510 

Le  Dernier  des  Castel-Maghac  (H.  de  Charlieu) * 524 

Poucette  (Pierre  Maël) 524 

Le  Renard  de  la  mer  (1804-1805)  (  Georges -Gustave  Toudouzc) 511 

Musée  de  P:)upées  (M^e  Marie  Kœnig) 512 

Petite  Nièce  (Mn^^  Chéron  de  la  Bruyère) 524 

Une  Enfant  terrible  (M^e  Charlotte  Chabrier-Rieder) 524 

Une  Seconde  Mère  (3/'""  /f,  comtesse  C.  d' Arjuzon) 524 

Le  Célèbre  Galafat  (Hugues  Lapaire) 512 

Jean-qui-lit  et  Snobinet  (Jean  Métivet) 512 

Le  Patron  Niklaus  (A.  Robida) 525 

Les  Expédients  de  Farandole  (Pierre  Perrault) 525 

Le  Cadeau  du  cousin    Lawrence    (E.   Hohler);  adaptation  par 

O'Neves 513 

En  cheminant?  (André  Besson) 366 

l*éi*iodi<iiie!«  illiisirés.  Journal  de  la  jeunesse 514  • 

Journal  des  demoiselles  et  Petit  Courrier  des  dames 515 

Mon  Journal 516 

L'Ouvrier  517 

Les  Veillée?  des  Chaumières 517 

La  Semaine  de  Suzette ' 518 

La  Semaine  de  Chapuzot 518 

Albums.  François  J«'r  (le  Roi  chevalier)  (  G.  Toudouze  et  A.  Robida).  519 

Dites-nous  votre  fable  (Alfred  Theulot  et  Benjamin  Rabier) 519 

Noël  au  pays  des  animaux  {J.  Jacquin  et  G.-  H.  Thompson) 520 

Le   Capitaine  des   Cranequiniers   (/.   Rosnil  et  O' Galop) 520 

Scènes  de  la  vie  privée  des  animaux  (Benjamin  Rabier) 520 

Le  Robinson  malgré  lui  (Alphonse  Crozière  et  Valvérande) 521 

Les  Mésaventures  de  Jean  le  Fripon  (F.  Nunez) 521 

Les  Héros  comiques  (Emile  Faguet  et  Job) 521 


—  561  — 

La    Merveilleuse    Aventure    d'ArchibaM    [Harni    llonntree    et 

S.  H.  H  amer);  trad.  de  raugiais  par  Perlette 521 

Pierrot,  Pippo  et  C'^  {Léon  Magon  et  .1.  Vimar) 522 

Une,  deux,  trois,  quatre 522 

Contes  de  fées 522 

lia  Guerre  dp&  fées  (  G.  Le  Cordier  et  J.  Pinchon) 523 

L'^s    Exploits   de   Cracambole,    fantaisie   héioï-comique   ^G.   Le 

Cordier  et  R.   Giffey] 523 

L'Age  de  l'école,  proverbes,  fables  et  dictons  en  action  (J.  Geof- 
froy)   523 

Jésus  et  nos  petits  enfants,  poésies  [Marthe  Rochenor) 523 

Épi8toli«rs.  Lettres  de  jeunesse  d'Eugène  Fromentin:  Biographie 

et  notes  (Pierre  Blanchon  [Jacques- André  Mérys}) 145 

Un  Coin  de  littérature  sous  le  second  Empire.  Sainte-Beuve  et 
Champfleury.  Lettres  de  Champfleury  à  sa  mère,  à  son  frère  et  à 
divers    {Jules    Troubat) 341 

Pelygraplaeii.    Pages    choisies    des    grands    écrivains    [Emerson); 

trad.  et  Introduction  par  M .  Dugard 52 

Pages  choisies  [Ernest  Daudet)   503 

Pages    françaises    [Paul   Déroulède),  précédées    d'un    Essai    par 

Jérôme  et  Jean  Tharaud 533 

liittérature  française.  De  la  Poésie  scientifique  [René  Ghil) .  .     250 
La  Versification  française.  Les  Genres  poétiques  [Joseph  Vincent).     249 
Les  Légendes  épiques.  Recherches  sur  la  formation  des  chansons 
;  de  geste  [Joseph  Bédier).  L  Le  Cycle  de  Guillaume  d'Orange. . .     314 
Études  sui  l'ancien  poème  français  du  Voyage  de  Chaiiemagne 

en  Orient  [Jules  Goulet) 316 

Etude  sur  l'office  de  Girone  en  l'honneur  de  saint  Chaiiemagne 

{le  même) 317 

La  Femme  et  l'Amour  au   xii^  siècle,   d'après  les  poèmes  de 

Chrétien  de  Troyes  {Myrrha  Borodine) 317 

Les  Troubadour?,  leurs  vies,  leurs  œuvres,  leur  influence  {Joseph 

Anglade) 318 

Les  Origines  de  la  littérature  française.  Jehan  Bodel,  avec  des 

commentaires  sur  le  «  Congé  »  de  Baude  F diStou].[ Emile  Lan- 

glade) 318 

Le   Théâtre  contemporain  (1869-1870)    [J.   Barbey  d'Aurevilly). 

T.  IIL 52 

Notice  sur  la  Bible  des  sept  états  du  monde  de  Geufrov  de  Paris 

[Paul    Meyer) '.........      251 

Histoire  élémentaire  de  la  littérature  française  [Eugène  Lintilhac).     436 
Études  critiques  sur  la  tradition  littéraire  de  la  France  [Maurice 

Wilmotte) 438 

Études  sur  la  littérature  française  {René  Doumic).  6*=  série 439 

Idées  et  doctrines  littéraires  du  xyiii^  siècle  (extraits  des  pré- 
faces, traités  et  autres  écrits  théoriques)  [Francisque   Vial  et 

Louise  Denise) 440 

Études  d'histoire  romantique.  Le  Cénacle  de  la  Muse  française 

1823-1827  (Documents  idédits)  [Léon  Séché), 253 

Dans  le  jardin  de  Sainte-Beuve.  Essais  (  Georges  Grappe) 146 

H.  Taine  [Charles  Picard) .' 55 

Barbey  d'Aurevilly  (De  sa  naissance  à  1909)  [Fernand  Clerget) .  .  55 

Les  Femmes   d'esprit   en   France,   histoire  .littéraire   et  sociale 

[le  comte  J.  du  Plessis) 148 

liitté ratures  étrao«çêres.  El  Doctor  D.  Manuel  Milâ  y   Fontanals; 
semblanza  literaria  [Marcelino  Ménén-dez  y  Pelayo) .  .........      255 

Obras  catalanes  [Manuel  Milâ  y  Fonta?ia.ls) .  , 255 

DÉCEMBRE     190^.  T.C:X:V1.    36 


—  562  — 

Mélanges.    Vers  mnémotechniques.   500  dates  historiques,   avec 

léi^endes,  anecdotes  et  récits  (D.-Ch.  Cellier) 175 

Le  XVI l^«  Siècle  par  les  texte?.  Morceaux  choisis    {Georges  Pe- 

lissier) 51 

De  tout  un  peu  {A.  Mézières) 147 

HISTOIRE 

CSéographie  et  Voyages.  Atlas  général  Vidal- Lahlache 214 

Revue    de   géographie   annuelle,    publiée   sous   la   direction    de 

Charles  Vélain.  T.  II,  année  1908 216 

Géographie  rapide  (Europe)  (Onésime  Reclus) 217 

Le  four  du  monde,  journal  des  voyages  et  des  voyageurs 513 

Visions  de  route.  Promenade  autour  du  monde  avec  S.  A.  I.  le 

grand-duc  Boris  de  Russie  {Ii'nn  de  Schseck) 492 

Nos  fils  et  nos  filles  en  voyage  [A.-L.  Leroy) 217 

La  France  et  ses  colonies  au  début  du  xx*^  siècle  (M.  Fallex  et 

A.  Mairey) 218 

Régions  et  pays  de  France  [Joseph  Fèvre  et  Henri  Hauser) 219 

Lie  Morvan.  Étude  de  géographie  humaine  (le  capitaine  Jacques 

Levainvillc) .      220 

Impressions  de  Corse  (Ed.  Spalikowski) 221 

La  Revanche  de  la  banquise.  Un  Eté  de  dérive  dans  la  mer  de 

Kara  (juin-septembre  1907)   [le  duc  Philippe  d'Orléans) 256 

Le  Passage  du  Nord-Ouest  [le  capitaine  Boald  Amundsen);  trad. 

par  Charles  Rabot 230 

La    Hollande   illustrée   [Maxime   Petit,    Van    Keymeulen,    Zaho- 

rowski,    Louis   Bresson,    Root,   Le   Cornu,   Dekking,    Pinchaud, 

Van  T  Veld,  Adrien  Mellion)   492 

Les  Ibères.  Étude  d'histoire,    d'archéologie   et   de   linguistique 

[Edouard  Philipon) , 221 

Le  Tour  de  l'Espagne  en  automobile.  Étude  de  tourisme  [Pierre 

Marge) 222 

Sur   les   chemins   de    Compostelle,    souvenirs   historiques,  anec- 

dotiques  et  légendaire»-  (Camille  Daux) 497 

En  Vacances.  Plaisirs  et  curiosités  de  la  montagne  [A.  Dauzat). 

Pêche  et  chasse  au  bord  de  la  mer  (Loudemer) 504 

Missions  au  Sahara  [E.-F.  Gautier  et  R.  Chudeau).  T.  II.  Sahara 

soudanais  (R.  Chudeau) 223 

Au, Pays  de  la  reine  Candace  (Jean  d' Allemagne) 224 

L'Égyjîte  d'hier  et  d'aujourd'hui  (Walter  Tyndale) 487 

Dans  les  Marches  tibétaines.  Autour  du  Dokerla  (novembre  1906- 

janvier  1908)  (Jacques Bacot) 225 

La  Ville  au  Bois  dormant.  De  Saigon  à  Ang-Kor  en  automobile 

[le  duc  de  Montpensier) 491 

Les  Régions  Moi  du  Sud  indo-.chinois.  Le  Plateau  du    Darlac 

(Hejiri  Maître) 226 

Bulletin  commémoratif  de  l'Exposition  nationale  de   1908  [la 

Direction  générale  de  statistique) 227 

L'Empire  du  Soleil.  Pérou  et  Bolivie  [le  baron  et  la  baronne  Conrad 

de  Meyendorff) 227 

Au  pays  de  l'or   noir.    Para,   Amazonas,    Matto   (Grosso   Paul 

Walie) , 228 

Les   Petites   Antilles.    Étude   sur   leur    évolution    économique. 

[P.  Chemin-Dupontès) 229 

Au  Cœur  de  l'Antarctique,  expédition  du  «  Nimrod  »  au  Pôle  sud 

[E.-H.  Shackleton);  trad.  et  adaptation  par  Charles  Rabot. .  .  .       486 

Histoire  aneienne.  Au  temps  des  Pharaons  (A.  Moret) 344 


—   563  — 

Histoire    générale.    Correspondance      inédite    de    Vempereur 

Alexandre  ei  àc  BernadoUe TpenûdiniVanvéç  l^iï.TpuhWéQ  par  X.     122 
Histoire  de  T Église.    Manuel   d'histoire  ecclésiastique,  adap- 
tation de  la  seconde  édition  hollandaise  du  R.  P.  Albers,  par  le 
B.  P.  Hedde 56 

Histoire  des  conciles,  d'après  les  documents  originaux  [Charles- 
Joseph  Hefele).  Nouvelle  traduction  française  faite  sur  la 
2*=  édition  allemande,  corrigée  et  augmentée  de  notes  critiques 
et  bibliographiques  par  Do}n  H.  Leclercq.  T.  II,  2^  partie  et 
t.  III,  l^e  partie 442 

Innocent  III.  Les  Roj^autés  vassales  du  Saint-Siège  [Achille 
Luchaire) 345 

Innocent   III.   Le  Concile  de  Latran  et  la  Réforme  de  l'Église 

[le   même) 345 

Histoire  des  ordres  religieux.  Le  Pèlerinage  de  Port- 
Royal  {André  Hallays)   350 

Père  et  fille.  Philippe  de  Champagne  et  Sœur  Catherine  de 
Sainte-Suzanne  à  Port-Royal  [Ch.  Gailly  de  Taurines) 350 

Seize  lettres  de  Dom  Mabillon,  publiées  par  Dom  Paul  Denis 77 

Les  Bénédictins  de  Saint-Germain-des-Prés  et  la  Cour  de  Rome 
en  1735  [le  même) 77 

Quelques  lettres  d'e  Dom  Louvard,  prisonnier  à  la  Bastille  (le 
même)    , 77 

Une  Prison  sous  la  Terreur.  Le  Couvent  des  bénédictines  anglaises 
du  Champ-de-l'Alouette  [Vabbé  Jean  Gaston) 368 

Figures  de  moines  [Ernest  Dimnet) 352 

Histoire  des  Missions..  La  Question  des  missions.  Les  Dolé- 
ances d'un  vieux  missionnaire  sur  les  Tribulations  d'un  vieux 
chanoine  [le  B.  P.  Damerval) 172 

Hagiograjthie.    ItiograpBtie    «rciésiastiqiie.    La  Mission 

de  saint  Benoît  [le  cardinal  Newman) 320 

La  Vie  et  la  légende  de  saint  Gwennolé,  publiées  par  Pierre 
Allier 320 

L'Action  sociale  de  François  d'Assise,  d'après  des  documents 
peu  connus  [Hilaire  de  Barenton) 369 

Vie  du  Vénérable  Jean  Eudes,  instituteur  de  la  Congrégation  de 
Jésus  et  de  Marie  et  de  l'ordre  de  Notre-Dame-de-Charité, 
auteur  du  culte  liturgique  des  Sacrés-Cœurs  [le  P.  D.  Boulay). 
T.  IV.   1666-1680.  .  .\ 320 

La  Vénérable  Anne-Marie  Javouhey.  Sa  vie,  ses  travaux,   ses 

épreuves  (1779-1851)  [le  chanoine  L.  Chaumont) 321 

La  Bienheureuse  Mère  Barat  (1779-1865)  [Geoffroy  de  Grand- 
maison)   149 

Lamennais  à  la  Chênaie,  supérieur  général  de  la  congrégation  de 
Saint-Pierre,  1822-1833.  Le  Père,  l'Apôtre,  le  Moraliste  [Ad. 
Boussel)    457 

Une  Ame  d'apôtre.  Le  P.  Victor  Delpech,  missionnaire  au 
Maduré  (1835-1887  [le  P.  Pierre  Suau) 323 

L'Internelle  Consolation.  Sainte  Thérèse,  Pascal.  Saint  Benoît 
Labre.  Le  Curé  d'Ars  (/.  Barbey  d' Aurevilly) 457 

Histoire  «lia  moyen   âge.  Figures  bvzantines  [Charles  Diehl). 

I]e  série \ 158 

Histoire  de  France.  Les  Sources  de  l'histoire  de  France  depuis  les 
origines  jusqu'en  1815.  Deuxième  partie.  Le  xyi*^  siècle  (1494- 

1610)  [H.  Hauser).  II.  François  ler  et  Henri  II  (1515-J559) 533 

Histoire  de  France  illustrée.  T.  I.  Des  origines  à  1610 488 


—  564  — 

Mémoriaux  du  Conseil  de  !66i.  publiés  pour  la  Société  do  l'his- 
toire de  France  par  Jean  de  Boislisle.  Introduction 59 

La  Cour  du  Roi  Soleil  (.4.  Panncntier) 527 

Crépuscule  d'ancien  régime  {le  vicomte  de  Guichen) 60 

Les  Papiers  des  Assemblées  de  la  Révolution  aux  Archives 
nationales.  Inventaires  de  la  série  C  (Constituante,  Législative, 

Convention)    {Alexandre   Tuetey) 368 

Le  Comité  de  salut  public  {Marcel  Navarre) 176 

Recueil  des  actes  du  Comité  de  salut  public,  avec  la  Corres- 
pondance officielle  des  représentants  en  mission  et  le  Registre 
du  Conseil  exécutif  provisoire,  publié  par  F. -A.  Aulard. 
T.  XVIII.  7  novembre  1794  (17  brumaire  an  III)-20  décem- 

•    ,  bre  1794  (30  frimaire  an  III) 534 

Etudes  révolutionnaires  [James  Guillaume)  2^  sévie 442 

La  Vente  des  biens  nationaux  pendant  la  Révolution,  avec  étude 
spéciale  des  ventes  dans  les  départements  de  la  Gironde  et 

du  Cher  {Marcel  Marion ) 343 

Le  Dernier  Fils  de  Louis  XVI  {A.  Morel  de  Saint-Didier) 457 

Autour  d'un  problème.  Réfutation  du  livre  de  M.  Joseph  Tur- 

cjuan  sur  Louis  XVII  {Otto  Friedrichs) 367 

L'Epopée   du   sacre,    1804-1805    (Georgis   d'Esparbès   et   Hector 

Fleischmann) .^ 324 

Napoléon  et  la  Pologne  (1806-1807)  {Marcel  Handelsman) 325 

Napoléon  au  printemps  de  1807.  Un  «Tableau  historique  {le 
bwgrave  Hannibal  zu  Dohna);  trad.  de  l'allemand  par  Georges 

Douarc 327 

Autour  de  Bonaparte.  Journal  du  co?nte  P.-L.  Rœdcrer,  ministre 
et  conseiller  d'État.  Notes  intimes  et  politiques  d'un  familier 
des  Tuileries.  Introduction  et  notes  par  Maurice  Vitrac.  .  .^.  .     328 
L'Empire    libéral.    Études,    récits,    souvenirs    {Emile    Ollivier). 

T.  XIV.  La  Guerre 443 

Histoire  de  la  France  contemporaine  (1871-1900).  IV.  La  Répu- 
bli(]ue  parlementaire  (  Gabriel  Hanotaux) 444 

Histoire  religieuse.   Histoire  de  l'Inquisition  en  France  {Th. 

de  Cauzons).  T.  I'^''    Les  Origines  de  l'Inquisition 57 

Les  Assemblées  du  clergé  et  le  Protestantime  {L.  Bourlon) 366 

■  Histoire  religieuse  de  la  Révolution  française  {Pierre de  la  Gorce). 

T.    1er     446 

L'Eglise  de   France  et  la  Séparation.    La  Lutte  du  Sacerdoce 

^t  de  la  République  française  {Paul  Barbier) 63 

La  Crise  intime  de  l'Eglise  de  France.  Les  Prêtres  démocrates. 
Le  Sillon.  Les  Hypercritiqu-^s  {Paul  Barbier) 78 

Pour  l'Idée  chrétienne.  Pages  de  bonne  foi  [Eugène  Franon).  .  .  .      153 

Hiiiitoiic     des    institutiofii.<s    et     fies    mœnr!*.    Curiosités 
historiques.  Histoire  sanglante  de  l'humanité  {Fernand  Nico- 

laVi) ^ .' ; 432 

L'Assistance  et  l'État  en  France  à  la  veille  de  la  Révolution 
(Généralités  de  Paris,  Rouen,  Alençon,  Orléans,  Châlons. 
Soissons,  Amiens)  (1764-1790)  [Camille  Bloch) 61 

Histoire  diplomatique  et  militaire-  La  Diplomatie  secrète 
au  xvnie  .'^iècle.  Ses  débuts. I.  Le  Secret  du  Régent  et.  la  Poli- 
tique de  l'abbé  Dubois  (triple  et  quad^-uple  alliances)  (1716- 

1718)   [Emile  Bourgeois) 447 

Correspondance  du  cornte  de  la  Forest,  ambassadeur  de  France 
en  Espagne  (1808-1813),  publiée  pour  la  Société  d'histoiie  con- 
temporaine par  Geoffroy/ de  Grandmaison.  T.  III.  Octobre  1909- 

juin  1910 ' 257 

Lettres  et  documents  pour  seivir  h  l'histoire  de  Joachim  Murât, 


1767-18J5,  publiés  par  S.  A.  le  prince  Murât,  avec  une  Intro- 
duction et  des  notes  par  Paul  Le  Brethon.  II.  Armée  d'obS'  r- 
vation  du  Midi  (suite).  République  cisalpine.  République 
italienne,  1801-1803    328 

Le  Premier  Ministre  constitutionnel  de  la  guerre  La  Tour  du 
Pin.  Les  Origines  de  l'armée  nouvelle  sous  la  Constituante  (/e 
lieutenant  Lucien  de  Chilly) 120 

Les  Armées  du  Rhin  au  début  du  Directoire.  Sambre-et-.Mpuse, 

Rhin-et-Moselle   {le  capitaine  H.   Bourdeau) 120 

Histoire  de  la  guerre  de  Vendée  (1793-1815)  [Joseph  Clemanceau), 
publiée  par  les  soins  de  Vabbé  F.   Uzureau 121 

Les  États-Majors  de  Napoléon.  Le  Lieutenant-général  comte 
Belliafd,  chef  d'état-major  de  Murât  [le  général  Derrécagaix) .  .      121 

Mémoires  du  général  Griois  (1792-1822),  publiés  par  son  petit- 
neveu,  avec  Introduction  et  notes  par  Arthur  Chuquet.  Tome  I®""     123 

Souvenirs  d'un  officier  fribourgeois  (1798-1848)  [H.  de  Schaller).       123 

Soldats  de  Napoléon.  Journal  de  route  du  capitaine  Robinaux, 

1803-1832,  publié  pai  Gustave  Schlumberger 124 

Soldats  de  Napoléon.  Lettres  du  commandant  Coudreux  à  son 
frère,  1804-1815,  publiées  par  Gustave  Schlumberger 124 

Un  Voyage  d'études  militaires  du  duc  d'Orléans,  1809-1908.  Avec 
une  lettre  de  Mgr  le  duc  d'Orléans  [le  général  Donop) 124 

Le  Maréchal  Canrobert.  Souvenirs  d'un  siècle  [Germain  Bapst). 

T.  IV 126 

Trois  Héros.  Bataille  de  Beaumont-en-Argonne  et  passage  de 
vive  force  du  pont  de  Mouzon,  les  30  et  31  août  18-70.  M'^e  BaHa- 
voine.  Maréchal-des-logis  Collignon.  Colonel  Démange  (/e  géné- 
ral Fr.  Canon  ge) " 126 

La  Défense  nationale  dans  le  Nord,  en  1870-1871  [le  comman- 
dant Camille  Lévi).  T.  II .      127 

Le  17*^  Corps  à  Loigny,  d'après  des  documents  inédits  et  les  récits 
des  combattants  [le  commandant  H.  de  Sonis) 127 

La  Guerre  en  province  (1870-1871).  Campagnes  de  la  Loir^  et  du 
Mans  [Ernest  Gai/) 127 

Sur  l'autel  de  la  patrie.  Nos  drapeaux  pendant  l'Année  terrible 

(1870-1871)  (le  commandant  A.  Richard) 238 

Historique  des  troupes  coloniales.  Campagne  du  Mexique  [le 
capitaine  Vallier) 233 

Au  Maroc  avec  le  général  d'Amade  [Reginald  Rankin);  trad. 
de  l'anglais .......     235 

Le  Combat  des  Rfakha,  près  Casablanca,  29  février  1908.  Extraits 
d'un  carnet  de  route  [le  capitaine  Paul  Azan).'. 235 

Impressions  de  campagne  et  de  manœuvres,  1907-1908.  Cam- 
pagne de  Casablanca;  manœuvres  impériales;  manœuvre.>  du 
Centre  [Reginald  Kann) 236 

Exploits  liéroïques  de  nos  soldats  au  Maroc  [H.  Cordonnier) .  ...      511 

llistoîB'e  matriCiiHe  et  coloniale.  La  France  au  dehors  (7u/e^ 

Delajosse) 128 

La  plus  grande  Franc'^.  Bilan  de  la  France  coloniale  [Henri  Vast).  129 
Une  Algérie  nouvelle.  Quelques  principes  de  colonisation  pratique 

sur  le  propos  du  Maroc  oriental  et  de  Port-Say  [Jean  Hess).  .  . .  130 
Une  Compagnie  française  dans  l'empire  du  Maroc  au  xviî^  siècle 

[E.  Rouard  de  Gard) 131 

L'Éveil  d'un  monde.  L'Œuvre  de  la  France  en  Afrique  occidentale 

[Lucien  Hubert) _ 131 

L'Afiique  occidentale  française.  Les  Grandes  Voies  commerciales, 

les  produits  d'exportation  [Pierre  Duchcsne-Fournct) 132 

Journal  d'un  spahi  au  Soudan  (1897-1899)  [le  lieutenant  Gaston 

Lautour),  publié  par  Jacques  Hérissay ^-:l  1^- 


—  566  — 

Le  Congo  français.  La  Questiuii  internationale  du  Congo  [Félicien 

Challaye) 133 

Les  Escales  françaises  sur  la  route  de  l'Inde,   1638-1731   [Paul 

Kaeppelin) 134 

La   France  dans  l'Océan   Indien.    L'Afrique  orientale  française 

[Eugène  Gallois)- • 134 

L'Ile  de  France  contemporaine  [Hervé  de  Rauville) 135 

La  France  à  Madagascar,  histoire  politique  et  religieuse  d'une 

colonisation  [Pierre  Suau) 135 

France  et  Angleterre.   Cent  années  de  rivalité  coloniale  [Jean 

Darcy).  L'Affaire  de  Madagascar 136 

Histoire  inonastiqur.  Histoire  de  l'abbaye  royale  et  de  l'ordre 
des  chanoines  réguliers  de  Saint-Victor  de  Paris.   Deuxième 

])év'\oûe  [\bQ0-\19\)    [Fourier  Bonnard).  1.   \\ 258 

HÎAtoire  provinciale    et   locale.    Paiis    sous     les    premiers 

Capétiens,  étude  de  topographie  historique  [Louis  Halphen).     535 

Paris  sous  Napoléon.  Assistance  et  bienfaisance.  Approvision- 
nement [L.  de  Lanzac  de  Laborie) 331 

Paris  souterrain  [Emile  Gérards) 493 

Histoire  de  la  paroisse  Saint-Ambroise  de  Popincourt  [A.  Mar- 
cel et  /.  Garin) .  .  .  .      536 

Dictionnaire  de  topographie  du  département  du  Pas-de-Calais, 
comprenant  les  noms  de  lieu  anciens  et  modernes  [le  comte 
de  Loisne) , 449 

Prêtres  victimes  de  'a  Révolution  dans  le  diocèse  de  Cambrai 
(1792-1799)  [Vablé  J.  Dehaul) 353 

Saint  Gildas  de  Ruis  et  Ja  société  bretonne  au  \i^  siècle  (493-570) 

,    {J.  Fonssagrives) 449 

Mon  Vieux  Besançon,  histoire  pittoresque  et  intime  d'une  ville 
(  Gaston  Coindre) 489 

Le  Vieux  Salins,  promenades  et  causeries  [Gaston  Coindre) 491 

Étude  sur  les  relations  de  la  commune  de  Lyon  avec  Charles  VII 
et  Louis  XI  (1417-1483)  [Louis  Caillet) 150 

Un  nouveau  Chapitre  de  l'histoire  de  la  Révolution  en  Dauphiné. 
Le  Fédéralisme  dans  l'Isère  et  François  de  Nantes,  juin-juillet 
1793  (.4.  PrudJwmme) 450 

Documents  sur  l'histoire  de  la  Révolution  en  Savoie.  Procès- 
verbaux  de  l'assemblée  des  Allobroges.  Procès-verbaux  de  la 
Commission  provisoire  d'administration  des  Allobroges  [Fran- 
çois Termale  et  S.-C.  Blanchoz).  T.  I 368 

Notes  historiques.  Châtillon-sur-Loing  (Loiret),  sa  seigneurie  et 
ses  anciennes  institutions  religieuses  [Eugène  Tonnellier) .  .  .  .      150 

Dictionnaire  topographique  du  département  de  la  Haute- Loire, 
comprenant  les  noms  de  lieu  anciens  et  modernes  [Augustin 
Chassaing),  con>p]été  et  publié  par  Antoine  Jacotin 62 

La  Révolutioji  à  Saint-Menoux  [Ernest  Delaigue) 151 

Diaire  de  Joseph  Guillaudeau,  sieur  de  Beaupréau  (1584-1645). 
Véritables  faits  et  gestes  du  seigneur  Benjamin  Prioleau 259 

Guerres  de  religion  dans  le  sud-ouest  de  la  France  et  principale- 
ment dans  le  Quercy,  d'après  les  papiers  des  seigneurs  de  Saint- 
Sulpice,  de  1561  à  1590.  Documents  transcrits,  classés  et  anno- 
tés par  Edmond  Cabié 152 

L'Empire  du  Soleil.  Scènes  et  portraits  félibréens  [Armand 
Praviel) 63 

L'Evolution  d'un  village  frontière  de  Provence.  Saint-Jeannet 
(Alpes-Maritimes)  [J.-E.  Malaussène) 262 

Questions  <lii  jour.  Politique  franco-allemande  [Lucine  Coquet).  65 
L'Action  française  et  l'Idée  chrétienne,  étude  critique(^.  Lugan).  263 
Traditionnalisme  et  démocratie  [D.  Parodi) 354 


—  567  — 

La  Conjuration  juive  contre  le  monde  chrétien  [Copin- Albancelli).       64 

Histoire  étrangère.  Geschichte  des  deutschen  Volkes  und  seiner 
Kultur  im  Mittelalter  (Heinrich  Gerdes).  IIP'"Band.  Geschichte 
der  Hohenstaufen  und  ihrer  Zeit 154 

Sous  les  aigles  autrichiennes.  Souvenirs  du  chevalier  de  Grueher, 
publiés  par  son  neveu  le  baron  von  St...  ;  trad.  de  l'allemand  avec 
une  préface  et  des  notes  par  le  capitaine  de  M aleyssie- M elun. .  .  .      125 

Les  Tournaisiens  et  le  Roi  de  Bourges  (Maurice  Houtart) 451 

La  Hongrie  rurale,  sociale  et  politique  [le  comte  Joseph  de  Mai- 
lath) 67 

Le  Campagn^  di  guerra  in  Piemonte  (1703-1708)  e  l'Assedi  j  di 
Torino  (  1706).  T    IV  et  VIII 240 

Joachim  Murât,  roi  de  Naples.  La  Dernière  Année  de  règne  (mai 
1814-mai  1815)  {le  commandant  M. -H.  Weil):T.  I.  Les  Prélimi- 
naires du  Congrès  de  Vienne  (mai-novembre  1814).  T.  II.  Le 
Congrès  de  Vienne  (l*''"  novembre  1814-27  février  1815).  Les 
Ménagements  de  TAutriche.  Les  Négociations  secrètes.  Le 
Revirement  de  la  politique  autrichienne 329 

Les  Roumains  {James  Caterly).  Tome  I*^"" 155 

La  Guerre  nationale  de   1812;   trad.   du  russe  par  le  capitaine 

Cazalas).  T.  V 125 

Comptes  rendus  publiés  par  le  Rouskii  Invalid  de  conférences 
sur  la  guerre  russo-japonaise  faites  à  l'Académie  Nicolas. 
8e  fasc.  Bataille  de  Moukden 234 

L'Escadre  Rodjestvensky.  Sur  le  chemin  du  sacrifice,  carnet  de 
notes  du  capitaine  de  frégate  W.  Sémenojf,  piésenté  par  le 
commandant  de  BaJ incourt  {octobre  1904-mai  1905).  L'Expia- 
tion. 2e  partie 157 

Histoire  de  la  colon)  >>  française  de  Moscou  depuis  les  origines 
,  jusqu'à  1812  {F.  Tastevin) 156 

Evénements  d'Orient  {le  général  Mahmoud  Mouktar  Pacha).  .  .  .      236 

Les  Événements  d'Orient  et  le  Congrès  de  Berlin  de  1878  {le 

comte  Adolphe  du  Chastel) 177 

La  Rénovation  de  l'empire  ottoman  (Paul  Imbert) 159 

Études  sur  les  mœurs  leligieuses  et  sociales  de  l'Extrême-Orient 
(Alfred  C.  Lyall);  trad.  de  l'anglais.  T.  II.  l^e  et  2^  parties 160 

En  face  du  Soleil  levant  (Ayesties) 355 

La  Colombie  britannique.  Étude  sur  la  colonisation  au  Canada 
{Albert  Métin) 137 

Causeries   franco-canadiennes.    Premier    Entretien    (Arthur   Sa- 

çaète).. •  •  •  •      369 

La  Intervenciôn  îrancesa  en  Mexico  segun  el  archivo  del  mariscal 
Bazaine.  Textos  espafiol  y  francés.  Partes  sexta  y  septima 
(Documentes  ineditos  pubîicados  por  Genaro  Garcia) 233 

El  Sitio  de  Puebla  en  1863,  segun  los  archives  del  gênerai  D.  Igna- 
cio Comonfort  y  de  D.  Juan  A.  de  la  Fuente  (Documentos  ine- 
ditos pubîicados  por  Genaro  Garcia) 233 

Biograipliie    irançai»>e.  Un  Cadet  de  Gascogne  au  xvie  siècle. 

Biaise  de  Montluc  (Paul  CourteauU) 356 

Un  Aventurier  gascon.  Le  Vrai  Baron  de  Batz.  Rectifications 
historique^-  d'après  dos  documents  inédits  (Ch.  de  Batz-Trcn- 
qu  Iléon) 1^1 

Un  Missionnaire  de  9o.  Mare-Antoine  Baudot  (A.  Trimoulier). . .     162 

La  Mort  de  Pichegtu.  Biville.  Paris.  Le  Temple,  1804  (Frédéric 

Barbeii) 163 

Jean  De  Bry  (1760-1835).  Le  Congrès  de  Rastait.  Une  Préfec- 
ture s  )us  le  PrcTiier  Empire  (Léonce  Pingaud) .        70 

Le  Comte  Joseph  de  Maisire  et  sa  famijle.  Etudes  et  porti'aits 
politiques  et  littéraires  (M.  de  Lescure)] 165 


—  568  — 

Le  Roman  do  Lamartine  iLéon  Séché) 165 

Le  Comte  W.  de  Mérode  (  IS16-1905)  (Al.  Estignard) 166 

Duchesse  de  Dino,  puis  duchesse  de  TaUeyrand  et  de  Sr^an.  Chro- 
rique  de  1831  à  1862  publiée  avec  des  annotations  et  un  Index 
biographique,  par  In  princesse  Badziwill,  née  Castellane.  T.  L 

1831-1835.  T.  IL  1836-1840 356 

Figures  de     femmes.   Mari^   Jenna  intime   (M^ie   Marie  Prsnel 

[Mi/riam])     264 

A'bert  Hetsch,  médecin.  Allemand  et  protestant,  devenu  Fran- 
çais, catholique  et  prêtre  (X  ) 322 

Quelques  figures  de  femmes  aimantes  ou  malheureuses  {Teodor 

de  Wyzewa) 265 

L'S  Demoiselles  de  Saint-Cyr  (1866-1793)  (Fleury  Vindry) 266 

En  marge  du  «■  Temps  «  [Henri  Roujon) 358 

Biogra|kliie  étrangère.    Les   Grands   Hommes   de   TÉglise   au 

xixe  siècle..  Windthorst  [J.  Ltspinasse-  Fonsegrive) 359 

Souvenirs,   1825-1907   [la  princesse  de  Sayn-Wittgcnstein) 168 

Une  Anglaise  convertie  (/e  P. //.  c?".4/'/-fls) 274 

Constance  Teichmann  [M.-E.  Btlpairc) 323 

La  Condésa  de  Buréta,  Dofia  Maria  Consr  laoiôn  de  Azior  y  Villa- 
vicencio  y  el  Régente  Don  Pedro  Maria  Rie  y  Monserrat.  Epi- 
sodios  y  documentDS  de  los  sitios  de  Zaragoza  [Mariano  de 
Pano  y  Ruata) 267 

Paléograpliie.  Rouleau  mortuaire  du  B.  Vital,  abbé  de  Savigni, 
contenant  207  titres  écrits  en  .1122-1123  dans  diffé"entes  église^' 
de  F.ance  et  d'Angleterre.  Édition  phototypique  avec  Intro- 
duction [Léopold  Delisle) '. 452 

]flélan^e«i.  Économie  de  Thistoire.   Théorie  de  l'évolution  {G.  de 

Molinari) 169 

Derniers  Mélanges.  Pages  d'histoire  contemporaine  (1873-1877) 
(Louis  Veuillot).  Préface  et  notes  par  François  Veiiillot.  T.  II 
(Années  1874-1875)  et  t.  III  (1876-15  a\ril  1877) 348 

Les  Disciplines  de  la  France  (Paul  Adam] 153 

Bibliographie.  Bibliothèques.  Ex-libris.  Almanaclis  illus- 
trés du  xviii^  siècle  (le  vicomte  de  Savigny  de  Moncorps) 454 

Bibliographie  du  temps  de  Napoléon,   coiitenant  l'histoire  des 

États-Unis  (Fré(Zé?-jc  M.  Kirchtisen).T.  1 332 

Les  Bonaparte  littérateurs.  Essai  bibliographique  (  Gustave 
Danois) 333 

International  Catalogue  ol  Scientific  Literature.  Sixth  annual 
issue.  L.  Gen'-ral  Biolcgy 314 

International  Catalogue  of  Scientific  Literature.  Sixth  annual 
issue.  R.  Bacteriology 314 

International  Catalogue  of  Scientific  Literaaire.  Sixth  annual 
issu-^.  C.  Physics 411 

International  Catalogue  of  Scientific  Literature.  Seventh  annual 
issue.  J.  Geography 215 

Library  of  Congress.  List  of  works  rela+ing  to  government  régu- 
lation of  Insurance,  compiled  under  the  direction  of  Apple- 
ton  Prentiss  Clark  Griffin 27 

Library  of  Congiess.  Select  list  of  leferences  on  wovkingmen's 
insurance.  comp^'^d  under  the  direction  of  Applcton  Prentiss 
Clark  Griffin .  ....        27 

Bibliografia  générale  di  Roma  (Emilio  Calvi).  I.  Bibliografia  ai 
Roma  nel   medio  evo    (476-1499).  Supplemento  I,  con  Appen- 
dice sulle  catacombe  e  sulle  chiese  di  Roma 73 

Bibliothèques.    Essai   sur  le   développement   des   bibliothèques 


—  569  — 

publiques  et  de  la  librairie  dans    les  deux    mondes  .(Fusène 

Morel] : 268 

Les  Ex-libris  de  médecins  et  de  pharmacien'^,  ouvrage  complété 
par  des  •  listes  internationales  des  ex-libris  et  devises  des 
membres  de  ces  corporations,  suivi  d'une  étude  sur  les 
marques    personnelles  macabres  {Henry -André) 74 


TABLE    ALPHABÉTIQUE 

DES  NOMS  D'AUTEURS 


Abram  (Paul) 174 

Adam  (Paul) 153 

Ages  (Lucie  des)..  .  .      420,422,424 

Agrain  (Henry  d'). 302 

AiGUEPERSE  (Mathilde) 419 

Alber  (le  prestidjgitateui  ) .  .  .  311 

Albers  (le  R.  P.) 56 

Alexandre  (l'empereur) 122 

Allemagne  (Jean  d') 224 

ALLiER(Pierre) 320 

Amundsen  (lecapitaine  Roald)  230 

André  (Ch.) 142 

André  (Gustave) 531 

Andbé  (Louis) 27 

Anglade  (Joseph) 318 

Ardel  (Henri) 11 

Arjttzon  (la  comtesse  C.  d')..  524 

Arosa  (Paul).: 5 

Arras  (leP.  H.  d') 274 

Arvor  (Raphaël).. 115 

Aubert  (Félix) 387 

AuBERT  (Paul-Louis). 208 

Aulard  (F. -A.) 534 

Aurevilly  (J.  Barbey. d').   52,  457 

Auvray  (Michel) 420,  421 

AvESNEs : 355 

AzAN  (le  capitaine  Paul) 235 

Bacot  (Jacques) 225 

Baeumker  (Clemens) 336 

Bages  (José  Torras  y) 109 

Bainvel  (J.-V.) 45 

Balincourt  (le  commandant 

de) 157 

Bapst  (Germain) 126 

Barbet  de  Vaux  (Jean)....  424 

Barbey  (Frédéric) 163 

Barbey  d'Aurevilly  (J.).     52,  457 

BARBiBR(Paul) .      63,78 

Bardoux  (  j.) 36 

Barenton  (le    P.  HiLAiRE  de).  369 


Barrés  (Maurice) 18 

Bary  (A.  de).  . ' 118 

Batault  (Georges).  .. 119 

Batz-Trenquelléon  (Ch.  de).  161 

Baudin  (Pierre) 238,  309 

Baupréau  (Joseph  Guillau- 

DEAu,  sieur  de) 259 

Bazaine-Hayter  (le  général).  238 

Bazin  (René)    .  .  . 303,  498 

BÉDiER  (Joseph)  .. ., 314 

BÉLiARD  (Octave). .' 302 

Belpaire  (M.-E.) 323 

BÉNÉziT  (E.) 496 

Bentzon  (Th.i 503 

BÉRANGER   (P.-J.    DE) 211 

BÈRE  (Jean  de) 118 

Berloin  (A.) 49 

Bernadotte 122 

Berthélemy  (H.). ........  .  26 

Berthem-Bontoux 421 

Besson  (André). . 366 

Bezançon  (Henriette) 14 

Blanchin  (P.) 410 

Blanchon  (H.-L.-A.) .  142 

BLANCHON(Piei'ie) 145 

Blanchoz(S.-C.) 368 

Blaringhem  (L.) 48,  245 

Blas  y  Ubide  (Juan) 77 

Bloch  (Camille) 69 

Boislisle  (Jean  de) 51 

BoLo  (Mgr  Henri) 104 

Bonhomme  (Paul) 13 

BoNNARD  (Fournier) 258 

Bonne  (Jo-'eph  de) 29 

Bonnet  (Alfred) 21 

BooT 492 

Bordeaux  (Henrv) 502 

BoREL  (Emile)..  .'. 414 

Borodine  (Mvrrha) 317 

Bouasse  (H.)! 243 

BoucHOR  (Maurice)  ........  207 


—  570 


BouGLÉ  (C/. 238 

BouLAY  (leP.  D.) P.20 

Bouquet  (le  D-- H..) 312 

BOURCART  (J.-J.) 41 

BouRDEAu  (le  capitaine  H.l.    .  120 

Bourgeois  (É.) 238 

Bourgeois  (Emile) 447 

Bourget  (Paul) 502 

Bourguet  (le  capitaine) 238 

BouRLON  (I.) 366 

BouTROux  (E.) 238 

BouYSSY  (J.  Savinien) 21 

BovÉ  (Salvator) 530 

Boyer  (Jacques) 413 

Bradley  (Henry) 248 

Brémo.nd  (Henri) 174 

Bresson  (Louis) 492 

Bricon  (Etienne) 296 

Brousse  (J.-R.  de) 111 

Bru  d'Esquille  (J.) 208 

Bureau  (P.) 26 

Buteau  (Henry) 10 

Buxy  (B.  de)."; 419 

Cabanes  (le  D^) 308 

Cabié  (Edmond) 152 

Carrières  (Mgr  de) 341 

Caillet  (Louis) 150 

Calvet  (J.) 111 

Calvi  (Emilio) 73 

Canonge  (le  général  Fr.  | 126 

Card  (E.  Rouard  de)...      131,  388 

Caron  (l'abbé  Max) 102 

Caterly  (James) 155 

Cauzons  (Th.  de) 57 

Cavène  (Léon) 139 

Cayasse  (V.). 397 

Cazalas  (le  capitaine) 125 

Cellier  (D.-Ch.) 175 

Chabot  (l'abbé). 99 

Chabrier-Rieder  (M"ie  char- 
lotte)   524 

Challaye  (Félicien) 37,  133 

Champfleury.'. 341 

Chancel  (Jules) 501 

Charlieu  (H.  de) 524 

Chassaing  (Augustin) 62 

Chastel   (le  comte  Alphonse 

du) 177 

Chastin  (J.) 23 

Chatir  Bey 209 

Chaumont  (le  chanoine  L.').  . .  321 

Chemilly 510 

Che.min-Dupontès  (P.) 229 

Chenevière  (Jacques) 207 

Chéron  de  la  Bruyère.  . .  422,  524 

Chevalet  (Liton)..- 209 

Chevalier  (Ulysse) 529 

Chevreau  (Léon) 365 

Chevreau  (R.) 41 


Chilly   (le   lieutenant  Lucien 

DE).'. 120 

Chudeau  (R.) 223 

Chuquet  (Arthur) 123 

Chwolson  (O.  D.) 410 

Clarke  (le  R.  P.  Richard) 108 

Clemenceau  (Joseph) 121 

Clerget  (Fernand) 55 

Clouzot  (Henri) 251 

Cognets  (Jean  des). 173 

CoiNDRE  (Gaston) 489,  491 

Colligny   (le  lieutenant-colo- 
nel Thomas  de) 240 

Copin-Albancelli 64 

Coquet  (Lucien) 65 

Cordonnier  (H.) 424,  511 

Cosserat  (E.).  . 410,413 

Cosserat  (F.) 410,  413 

CoTTiN  (le  comte  Paul)..  .      32,  271 

CouBÉ  (Stéphen) 297 

CouDREux  (le  commandant).     124 

CouLET  (Jules) 316,  317 

Coulomb  (Jeanne  de) 418 

CouNsoN  (Albert)- 319 

Courteault  (Paul) 356 

Couytigne  (Nelson) 210 

Coz  (Edmond) 421 

Cramaussel  (Edmond) 406 

Croiset 238 

Crouzet  (Paul) 271 

Croziére  (Alphonse) •  521 

Damerval  (leR.  P.) 172 

Daniels  (le  P.  Augustin) 338 

Dante  Alighieri 435 

Darcy  (Jean).. 136 

Dauchot  (Gabii^l) 6 

Daudet  (Ernest) 299,  503 

Daux  (Camille) 497 

Dauzat(A.) 248,  504 

Davaugour  (Simon) 426 

Davaux  (E.) 410 

David  (Alexandra) 407,  408 

Davignon  (Henri) 8 

Davois  (Gustave) 333 

Debout  (Mgr  Henri) 212 

Debrol  (Marc) 418 

DEHAUT(]'abbéJ.) 353 

Deherme  (Georges) 32 

Dekking 492 

Delafosse  (Jules) 128 

Delaigue  (Ernest) 151 

Delbet  (P.) 243 

Deledda  (Grazia) 293 

Delisle  (Léopold) 452 

Delmas  (Armand) 16 

Deloche  (René). ■.  272 

Demeny(G.) - 238 

Denis  (Dom  Paul)..'. 77 

Denise  (Louic) 440 


—  571  - 


Dennefeld  (D""  Ludwig) 193 

DÉRoui.ÈDE  (Paul) 533 

DFnnKCAGAix  (Je  générai).  .  .  .  121 

Desserteaux  (F.) 385 

Dessiaux  (l'abbé  E.) 537 

Desurmont  (P.  A.) 75 

Devas  (Charles  Stanton)  ....  430 

DiCRAN  Aslanian 4^3 

DiEHL  (Charles) 158 

DiÈs  (Auguste) 404 

DiMNET  (Ernest) 352 

DiNo  (la  duchesse  de) 356 

DoHNA  (le  burgrave  Hannibal 

zu) 327 

DoMBRE  (Roger) 419 

DoNop  (le  général) 124 

DoR  (Prcsper) "10 

DouARE(Georges) 327 

DouMic  (René) 439 

DoYLE  (Conan) 7 

Drault  (Jean) 422,424 

Drive  (A.) 103 

Drzewiecki(S.) 42,43 

Dubourguier(A.) 387 

Duchesne-Fournet   (Pierre).  132 

Ducousso  (l'abbé) 427 

Dugard(M.) 52 

DuGAs  (L.).. 403 

Duhem  (Pierre) 415 

DURKHEIM  (E.). 243 

Ecker  (J.) 196 

Emerson 52 

ÉoN   (Francis) 209 

Erastoff(G.) 13 

Érin  de  Saint-Yrieix 427 

Escalle  (le  lieutenant) 234 

Esparbès  (Georges  d') 324 

Espinasset  (H.) 400 

Esquille  (J.  Bru  d') 208 

ESTIGNARD   (Al.) 166 

Evic  (Henry) 7 

Evrard  (Laurent) 9 

Fagnot(E.) 26 

Faguet  (Emile).  '. 521 

Fallex(M.) 218 

Fargeau  (J.) 502 

Farges  (Mgr  Albert) 401 

Faure  (Gabriel) 290 

Ferber  (F.) 39 

Fèvre  (Joseph) 219 

Figuier  (Louis) 494 

FiLLioN  (L.-Cl.).: 199 

FiRMERY    (J.').' 342 

Fleischmann  (Hector) 324 

Floran  (Mary) 291 

FoGAZZARO  (Antonio) 303 

FoLGHERA  (leP.  J.-D.)..  .       99,430 

Fondet  (Camille)    408 

FoNSEGRivE  (Geoige) 399 


FONSSAGRIVES  (J.) 449 

FoNTANALS  (Manuel  MiLÂ  y).  255 
Forge   (le  capitaine  Sazerac 

de)    40 

Fraissaingea  (Louis)    246 

Franon  (Eugène)) 153 

Fressinger  (le  D''Ch.) 46 

Friedrichs  (Otto) 367 

Fromentin  (Eugène) 145 

Gâchons  (Jacques  des) 507 

Gaëll  (René)      421 

Gailly  DE  Taurines  (Ch.)... .  350 

Galland  (Paul) 112 

Gallier  (Alfred) 141 

Gallois  (Eugène) 134 

Gallotti  (Jean) 291 

Ganche  (Edouard) 289 

Garcia  (Genara) 233 

Gardeil  (le  P.  A.) 44 

Garin  (J.) 536 

Garriguet  (L.) 24 

Gaston  (l'abbé  Jean) 368 

G  A  U  B  e  R  T-S  A  I  N  T-M  A  R  T  l  A  L 

(Raoul) ; 113 

Gaucher  (le  commandant).  .  .  237 

Gaussens  (E.-N.) 206 

Gautier  (E.-F.) 223 

Gautier  (L.) 412 

Gay  (Ernest) 127 

Geoffroy  ( J.) 523 

Geoffroy      de      Grandmai- 

SON ^ 149,257 

Gérards  (Emile) 493 

Gerdes  (Heinrich) 154 

Ghil  (René) 250 

GiARD  (A.) 243 

GiBERGUEs  (l'abbé  de).  .  .      106.  107 

Gide  (Charles) 20,  26 

Gidel  (G.) 36 

Giffey(R.) 523 

GiNi  (Corrado) 22 

GiRAN  (Etienne) 201 

GiRODON  (P.) 107 

Godard  (André) 8 

GoLscHMANN  (Léon) 506 

Gossart(É.) 411 

Grandmaison  (Geoffroy  de) 

149,  257 

Grappe  (Georges) 146 

Grech  (Jehan) 425,  426 

Gréville  (Henry) 16 

Griffin     (Appleton    Prentiss 

Clark) 27 

Griois  dégénérai) 123 

Grunwald  (D^Georg) 337 

Grueber  (le  chevalier  de).  ..  .  125 

Guérard  (G.) 410 

Guerlin  (Henri) 500 

Guibert  (J.) 105 


572 


GuiCHEN  (le  vicomte  de) 60 

GuiLLAunEAu  (Joseph,    sipuv 

DE  Beaupréau) 259 

Guillaume  (Ch. -Ed.) 414 

Hallays  (André) 350 

Halphen   (Louis) 535 

Hamer  (S.  H.l 521 

Handelsman  (Marcel) 325 

Hanotaux  (Gabriel). 444 

Haug  (Emile) 432 

Hauser  (Henri) 219,  533 

Hautpoul    (Mgr    G.    Laper- 

RINE     d') 104 

Hedde  (leR.  P.')..' 56 

Hefele  (Charles-Joseph) 442 

Heixecke  (H.) 292 

Henry  (Françoise) 456 

Henry  (Victor) 242 

Henry-André 74 

HÉRELLE    (G.) 293 

HÉRissAY  (Jacque.«) 132 

Hervé  de  Rauville 135 

Hess  (Jean) 130 

Heuzey  (Jules-Philippe) 9 

Hîlaire  DE  Barenton  (le  P.  ).  369 

Hohler  (E.) 513 

HouTART  (Maurice) 451 

HuART  (Albin) 24 

Hubert  (Lucien) 131 

HucHARD  (Robert) 113,210 

Imbert  (Paul) 159 

I  SAMBERT  (G.  ) 36^ 

IsNÉ  'Y.  d") 102 

IvoY(PaulD') 499 

Jacomet    (le    lieutenant    Ro- 
bert)  •. 236 

Jacotin  (Antoine)-  : 62 

Jacquin  (J.) 520 

Jaloux  (Edmond) 12 

Jankélévitch  (S.) 402 

Janvier  (E.) 98 

JÉRÔME 533 

Job  (A.) 243,  521 

JoLicLERC  (Eugène) 292 

JoûON  (P.) 198 

JoussAiN  (André) 402 

Kaeppelin  (Paul) 134 

Kann  (Ré<?inald) 236 

Karmor  (lann) 13 

Keeling  (Eisa  d'Esterre).  .  .  292 

Kennedy  (James B.) 25 

Keufer  (A.) 26 

KiNzo-GoRAï. .  . 36 

Kipling  (Ruydard) 17 

KiRCHEisEN  (Frédéric  M.).  .  .  .  332 

Kœnig  (Mlle  Marie). 5^2 

KOLLMANN  (M.  ) 76 

Kovalewski  (Maxime) 28 


•  KREss(Wilhelni) 41 

Krougloff 506 

KCHN(Emil) 365 

Kunc  (Aymé) 251 

Laborie  (L.  de  Lanzac  de).  .  331 

Labourt  (J.) 196 

La    Bruyère    (M™e    Chéron 

DE) 442.  524 

Lachaud  (le  D^) 239 

Lacombe  (Paul) 212 

Lacoste  (Geoiges  de).  .  .     391,392 

Lacour  (Paul) 11 

Lacouture  (Ch.)    103 

La  FoREST  (1°  comte  de) 257 

Lagavre  (Léon) 394 

La  Gorce  (Pierre  de) 446 

La  Grèze  (Jean  de) 213 

La  Landelle  (G.  de) 38 

Lamennais  (F.  de) 76 

Lampf.rif.re  (Mme  Anna) 393 

Lanessan  (J.-L.  de) 144 

Langlade  (Emile). 318 

Langlois  (le  général) 236 

Lanzac  de  Laborie  (I;.  de).  .  331 

Lanson  (G.) 238 

Lapaire  (Hugues) 512 

Laperrine  d"Hautpoul  (Mgr 

G.) .  104 

Lappe  (Dr  Jo..eph) 337 

Las  Cases  (Ph,  DE) 24 

Latouche  (M™e  Augusta) ....  508 

Laurent  (le  P.  Ch.) 107 

Laures  (Henry) 47 

Lautour  (le  lieuti  Rt  Gas^^or.i.  132 

Lavoi  lée  (René), «...  33 

Lavrand  (leD^H.) 312 

LeBrethon  (Paul) 328 

Lechartier  (G.) 307 

Leclercq  (Dom  H.) 442 

Lecocq  (André). 176 

Le  Cordier(G.) 523 

Le  Cornu 492 

LeDantec(F.) 243 

Leday  ( j.) 537 

Le  Febvre  (Yves) 419 

Le  Goffic  (Charles) 17,  293 

Lemaitre  (Henri) 251 

LÉON  (Albert) 405 

Leroy  (A.-L.) 217 

Leroy-Beaulieu  (Paul) 244 

Le  Roy-Villars  (Ch.) 426 

Lesage  (Léon) 397 

Lesbruyères  (Charles) 421 

Lescure  (Jean) 23 

Lescure  (M.  de) 165 

Lespinasse-Fonsegrive    (J.).  359 

Leturque  (Henri) 499 

Levainville  (le  capitaine  Jac- 
ques)   220 


573 


LÉvi  (b  commandant  Camille)  127 

Lévy-Bruhl  (L.) 243 

Levray  (Marguerite) ■.  423 

LiBERTAT  (Thérèse-Pierre  de).  117 

Lièvre  (Pier.'e) 290 

LiNTELo  (le  P.  Jules) ,  .  .  .  428 

LiNTiLHAC  (Eugène) 436 

Liron(E.) 531 

Lo  Forte  Rendi 34 

LoisNE  (le  comte  de) 449 

LOUDEMER 504 

Louis- Jaray    (G.) 36 

Lovio  (Ferdinand) 210 

Luchaire  (Achille) 345 

LuGius  (Cléâ) 6 

LuDwiG  (Gustave) 484 

LuGANfA.) ; 263 

Luquet(G.-H.) 399 

LYALL(AlfiedC.) 160 

Lys  (Georges  de) 507 

Maël  (Pierre) 506.  524 

Mag(V.) 421 

Magny  (P.  Ravier  du).  . 398 

Magoîx  (Léon) 522 

Maguier  (Edmond).. .  .• 116 

Mahmoud    Mouktar'  Paciia 

(le  général) •. 236 

Mailâth  (le  comte  Joseph) ...  67 

Mairey  (A.) 218 

Maison  (Emile) 528 

Maître  (Henri) 226 

Malaussène  (J.-E.) 262 

Maleyssie-Melun  (le  capita- 

taine  de) 125 

Malherbe  (Marcel  de) 211 

Mallet  (François) 38 

Manville  (O.) 409 

Marcel  (A.) 536 

Maréchal  (Christian) 76 

Maréchal  (Constantin) 396 

Marge  (Pierre) 222 

Margueritte  (Paul ) 18 

Maricourt  (le  baron  A.  de)  .  .  299 

Marie  (le  D^  A.). 313 

Marini  (M:)ns.  Niccolo) "138 

Mariox  (Marcel; . 346 

Marshall  (Alfred) 21 

Martial  (le  D^R.) 313 

Martin  Saint-Léon  (Etienne).  29 
Martrin-Donos  (l'abbé  de).  103.42'' 

Marvand  (A.). . 36 

Maryan  (M.).. 417,  418 

Maryllis  (Paul) 365 

Mater  (André) 35 

Maugé  (Francis) 400 

Maumus  (le  p.) 241 

Maurelly  (Paul  de) 510 

Mayr  (Wieland) 393 

Mazure    (le  R.   p.  1 103 


MÉLiNE  (Pierre) 31 

Méliot(A.).  . 435 

Mellion  (Adrien) 492 

Menéndez    y    Pelayo    (Mar- 

cejino) .* .- 255 

Mérys  (Jacques- André) 145 

Messimy  (A.) 239 

Mestral-Combremont  (J.  de)  294 

Métin  (Albert) 137 

MÉTIVET  (Jean) 512 

Meunier  (fe  D^  Raymond).  .  .  313 

Meunier  (Stanislas) 504 

Mevendorff  (le  bai'on  et  la 

baronne  Con  'ad  de  ) 227 

Meyer  (Paul) ,251 

MÉziÈRES  (A.) 147 

MiccioLO  (Alfr-d) 42 

Michel  (Henri) 396 

Michelet  (Georges) 243 

Mignot  (Mgr) 141 

MiLÂ  Y  Fontanals  (Manuel).  255 

Millot  (l'ablDé  J.) 102,  106 

Minges  (D''  Parthenius) 338 

MoLiNARi  (G.  de) 169 

MoLMENTi  (Pompeo) 484 

MoNCORPS  (le  vicomte  de  Sa- 

vigny  de) 454 

MoNÉRY(]eDr) 239 

MONNIER  (H!) 76 

Monod  (G.) 243 

MÔNY  (Adolphe) 211 

MoNTPENsiER  (le  duc  de) 491 

Morand  (Alphonse^ 114 

MoRANE  (Henrv) 294 

Morel  (Eugène) 268 

MoREL  DE  Saint-Didier  (A.).  457 

Moret(A.) 344 

MoRicE  (Charles)... 527 

MORTILLET  (A.  de) 76 

MoTTA  DE  San  MiGUEL  (da).  .  36 

Moureau  (leP.  F.) 100 

MouREY  (Gabriel) 340 

MuLÉ  (Antonin) 300 

MuNcuNiLL  (Jeanne) 43 

MuRAT  (S.  A.  le  prince). .......  328 

MuRRAY  (James  A.  M.^ 248 

MuRRET(Ie  D^  Louis) 429 

Myriam  (Mlle  Marie  Pesnel).  264 

Nansouty  (Max  de) 494,527 

NASsdeDO 309 

Navarre  (Marcel) 176 

NERiNCx(Alf.) 388 

Neumann  (B.).. 412 

Newman   (le  cardinal) 320 

NicoLAï  (Fernande. .....     338,  432 

Nicole 174 

NicouLLAUD  (Charles) 304 

NiEssEL  (le  commandant^.  .  .  .  233 

NOALHAT  (H.) 49 


574 


NocÉ.(F.  de) 420,422,423 

Noël  (Alexis)..: .  290 

Noël  (Jules)    37 

Noir  (Jacques)   208 

NuNEz(F.) 521 

O'Galop 520 

Oger  (l'abbé  Joseph) 425 

Ollion  (H.) 405 

Ollivier  (Emile) 443 

Ollone  (Charles  d') 14 

Olphe-Galliard  (G.) 25 

O'Neves 513 

O'NoLL  (Florence) 292 

Orléans  (le  duc  Philippe  d").  256 

Painlevé  (P.  ) iû43 

Palazzi  (Eugène) 427 

Pancrace 427 

Pano  y  Ruata  (Maiiano  de).  267 

Pardo  (le  P.  José) 75 

Pareto  (Vilfredo) 21 

Parmentier  (A.) 527 

Parodi  (D.) 354 

Pauthe  (l'abbé  L.  ) 251 

Pays  (Marcel) 117 

PÉLADAN 335 

Pelayo    (Marcelino     Menén- 

DE?;  y) 255 

Pellissier  (Georges) 51 

Percin  (le général) 240 

Perera  (H.  L.  de) 484 

Perlette 521 

Perrault  (Pierre) 420,  525 

Perreau  (C.) 26 

Perroy  (P. -Louis) 105 

Pesnel  (Mlle  Marie  [Myriam].  264 

Petit  (Maxime) 492 

Pezet  (L.) 273 

Philipon  (Edouard) 221 

Philippe  (Georges) 210 

Piat  (Clodius) 404 

Picard  (Charles) 55 

Picard  (Emile) 243 

Picot  (E.) 410 

PiCQUENARD  (Cil.) 26 

Pie  X  (S.  S.) 364 

Piepenbring(C.) 200 

Pierret  (Emile) 34 

PiNCHAUD 492 

Pinchon  (J.) 523 

Pineau  (L.) 238 

PiNGAUD  (Léonce). ... 70 

Plessis  (le  comte  J.  du) 148 

Posselt  (D^Wenzel) 197 

Post(J. )..... 412 

PoTEZ  (le  capitaine) 238 

Poux  (l'abbé  Lucien) 108 

Praviel    (Armand) 63,  111 

Prudhomme  (A.) 450 


PuisEux(P.) 142 

Quentin-Bauchart  (P.) 36 

Rabaté(J.-M.') 397 

Rabier  (Benjamin) 519,  520 

Rabot  (Charles) 230,  486 

Radziwill,   née   Castellane 

(la  princesse) 356 

Rankin  (Reginald). 235 

Rauh(F.). 238 

Rauville  (Hervé  de) 135 

Ravier  du  Magny  (P.) 398 

Reclus  (Élie) 173 

Reclus  (Onésime) 217 

Redgar  (Marie) 13 

Reginald  (J.) 427 

RÉNO 207 

Restituto   del  Valle   Ruiz 

(elR.  P.) 175 

Revon  (M.) 36 

Reymond  (J.) 108 

RiBOT(Th.) 243 

Richard  (le  commandant  A.).  238 

Richaud(G.) 391 

Riner  (Han) 401 

RoBiDA  (A.) 519,  525 

Robinaux  (le  capitaine) 124 

RocHARD  (Emile) *.  .  .  210 

Rochenor  (Marthe) 523 

Rœderer  (le  comte  P.-L.) 328 

Rolland  (Romain) 213 

Rollin  (le  lieutenant-colonel).  239 

RosNiL  (J.) 520 

RouARD  DE  Card  (E.).  .  .      131,388 

RoujoN  (Henri) 358 

Rountree  (Harry) 521 

Roussel  (Ad.  ) 457 

Ruata  (Mariano  de  Pano  y).  267 

RuFFiN  (Alfred.) 115 

Saint-Aulaire     (le  comte  A. 

de) 301 

Saint-Didier  (A.  Morel  de).  457 

Saint-Yrieix  (Érin  de) 427 

Salgari  (Emilio) 502 

Salorges  (la  comtesse  de)  ....  116 
San-Martin  (  Bernard  0- m  ora- 
les)   366 

San  Miguel  (da  Motta) 36 

Santeul  (Claude) 529 

Sauvaire-Jourdan 21 

Savaète  (Arthur) 369 

Savigny   de    Moncorps     (le 

vicomte  de) 454 

Savine  (Albert) .  17 

Sayn-Wittgenstein  (la  prin- 
cesse de) 168 

Sayous(A.-E.) 26 


—  575 


Sazerac  de   Forge   (le  capi- 
taine)  ,  40 

ScH^CK  (Ivan  de) 492 

SCHALLER   (H.   de) 123 

Schiller  (F.  C.  S.) 402 

ScHLUMBERGER  (Gustave). ..  .  124 

Schmittheivner  (Adolphe) ..  .  292 

ScHNiTZLER  (Blanche) 211 

Schuhmacher  (Hermann). .  .  .  23 

SÉBiLLOT  (Paul-Yves) 424 

SÉCHÉ  (Léon) 109,  165,  253 

Sechehaye  (Ch. -Albert) 532 

Segrestaa  (Jean); .  .  112 

Séguier  (le  comte  Ulysse  de).  114 
Sémenoff  (le  capitaine  de  fré- 
gate W.) 157 

Serol  (Mauiice) 334 

Serre  (Joseph) 270 

Shackleton  (E.  H.) ■.  .  .  486 

SiMO.N  (le  capitaine  Paul) 237 

SoNis  (le  commandant  H.  de).  127 

Sorbets  (Gaston) 212 

Soreau  (Rodolphe) 40 

SouRiAu  (Maurice) 173 

SouRiAu  (Paul) 140 

Spalikowski  (Ed.) 221 

Stéphane  (Marc) 273 

Sthel  ( Yvon) 209 

SuAU  (Pierre) 135,  323 

Suchier  (Hermann) 319 

SwiNBURNE  (Algermon  Chai- 

les) 340 

Talleyrand  et  de  Sagan  (du- 
chesse de) 356 

Tanet  (Jean) 12 

Tannery  (J.) 243 

Tany  (Paul) 15 

Tardieu  (A.) 36 

Tarsot  (L.) 505 

Tastevin  (Fi) 156 

Taurines  (Ch.  Gailly  de).  .  .  350 

Tharaud  (Jean) 533 

Thélem  (My-iam) 304 

Theulot  (Alfred) 519 

Thomas  (F.) 242 

Thompson  (G.-H.). 520 

Thurneysen  (Rudolf) 246 

Tillmann  (Dr  Fritz) 203 

Tinseau  (Léon  de) 301 

Tisserant  (Eugène) 205 

Tonnelier  (Eugène) 150 

ToRNUDD(Sigurd) 36 

Torras  Y  Bages  (José) 109 

Touchet  (Mgr) 98 


•  TouDouzE   (Georges-Gu.-tave) 

511,  519 

TOUNY-LÉRYS 118 

Tourelles  (Jean  des) 420 

Traynel  (O.  de) 509 

Tréguier  (le  capitaine) ......  240 

Trimoulier  (A.) 162 

Trotignon  (Lucien) 291 

Troubat  (Jules) 341 

Tuetey  (Alexandre) 368 

TuRGAN 39 

Tyndale  (\yalt?r) 487 

Ubide  (JuanBLASY) 77 

UzuREAu  (l'abhé  F.) 121 

Valdour  (Jacques) 33 

Valère  (l'abbé  Em'^) 101 

Vallavieille  (F.  de) 75 

Valle  Ruiz  (el  R.  P.  Resti- 
tuée)   175 

Vallier  (le  capitaine) 233 

Valvérande 521 

Van  Bever  (Ad.) no 

Vandervelde 26 

Van    Keymeulen 492 

Van  T'Veld 492 

Vaschide(N.) 310,456 

Vast  (Henri) 129 

Vaudon   (l'abbé  Jean) 100 

Vaux  (Jean  Barbet  de) 424 

VÉLAiN  (Charles) 216 

Verdunoy  (l'abbé) 202 

Vermale  (François) 368 

Verne  (Jules) 495 

Veuillot  (François) 348 

Veuillot  (Louis) 348 

VÉzÈRE  (Jean) 421 

ViAL  (Francisque) 440 

Vidal-Lablache 214 

Vimar  (A.) 505-522 

Vincent  (Joseph) 249 

Vindry  (Fleury) 266 

VioLLET  (le  D'  Marcel) 456 

Vitrac  (Maurice) 328 

Vries  (Hugo  de) 245 

Walle  (Paul) 228 

Weil  (le  commandant  M.-H.).  329 

Wharton  (Edith) 300 

WiLMOTTE  (Maurice) 438 

WouTERs  (Ludovic) 334 

Wyzewa  (Teodor  de) 265 

Zaborowski 492 

Zennec(J.) 410 


—  576  — 


TABLE    DE    LA    CIIKONIQUE 


Nécrologie  :  Adeline  (Jules),  275. 

—  Cazalis  (le  D^  Henry),  178.  — 
Carutti  di  Cantogno,  370.  — 
CuRLEY  (le  R.  P.  Frédéric  de),  459. 

—  DiGUET  (Charles),  458.  —  Do- 
lent (Charles-Antoine),  459.  — 
Du  Lac  de  Fugère  (le  R,  P.  Sta- 
nislas), 369.  —  Essarts  (Emma- 
nuel-Adolphe Langlois   des),   458. 

—  Fehér  (Mgr),  541.  —  Goeje 
(Michel-Jean  de),  79.  —  Laffitte 
(Jean-Paul),  370.  —  Lémann  (le 
chanoine  Augustin),  78.  —  Lom- 
BRoso  (Cesai^e);  540.  —  Martens 
(Frédéric  de),  179.  —  Martin 
(Théodore),  276.  —  Méry  (Gaston), 
178.  —  Parville  (Henri  Peudefer 
de),  177.  —  Picot  (Georges-Marie- 
René),  274.  —  Plumandon,  460.  — 
Prarond  (Ernest),  539.  —  Rol- 
land (Eugène),  178.  —  Thaly 
(Kâlmân  de),  541.  —  Thomé. (Fran- 
çois-Luc-Joseph, dit   Francis),    540. 

—  Weil  (Henri),  538. 

Lectures  faites  à  l'Académie  des 
inscriptions  et  belles-lettres,  83, 
183,  278,  374,  464,  545. 

Lectures  faites  à  l'Académie  des 
sciences  morales  et  politiques,  84, 
182,  279,  374,  463,  546. 

Prix,  84,  183. 

Congrès,  279,  464. 


Correspondance,   170,  361. 

Mélanges  :  Index,  85.  —  Qui  êtes- 
vous?  Annuaire  des  contempo- 
rains français  et  étrangers,  1909- 
1910,  86.  —  Mélanges  Châtelain, 
280.  —  Mélanges  Wilmotte,  374. 

—  Archéologie  préhistorique,  467. 

—  Alnianachs  pour  1910,  467. 
546. 

Nouvelles  :  Paris,  86,  183,  280,  375, 
468,  547. —  Angoumais,  185.  — 
Anjou,    88,    281.    —   Berry,    471. 

—  Bourgogne,  88,  281,  471.  — 
Bretagne,  89,  187.  —  Champagne, 
187,  471.  —  Comté  de  Foix,   89. 

—  Dauphiné,  282.  —  Franche- 
Comté,  90,  187,  282,  377,  472,  547. 

—  Languedoc.  379,  474.  — 
Limousin,  285.  —  Lorraine,  91, 
285,  380.  —  Nivernais,  380.  — 
Normandie,  189,  380.  —  Pro- 
vence,   380.   —    Savoie,   381.  — 

Touraine,     381.    —    Angleterre, 

'    91.  —  Belgique,  91,  189,  285.  — 

Bulgarie,    474.    —    Espagne,    91, 

189,  268,      381,    —    Italie,     286, 

382,  474,     —      Portugal,      475. 

—  Suisse,  475.  —  Indo-Chine,  92. 
—  Congo,  93.  —  Maroc,  93.  — 

Brésil,   382,   476.   —  États-Unis, 

190,  287,  383,  476. 

Publications  nouvelles,  93,  190,  287, 

383,  476. 


ERRATA 


Page  348,  ligne  4,  au  lieu  de  :  miliion,    lisez  :  milliard. 
Page  371,  ligne  34,  au  lieu  de  :  Cossart,  lisez  :  Gossart. 


Le  Gérant  :  CHAPUIS. 


Imprimerie  polyglotte  Fr.  Simon,  Rennes. 


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1007 

P73 

t.ll5- 

116 


Polybiblion;  revue  bibli- 
ographique universelle 


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